En cours au Siège de l'ONU

8757e séance – matin
CS/14301

Yémen: au moment où le spectre de la famine refait surface, l’Envoyé spécial, devant le Conseil de sécurité, recommande aux parties de faire des compromis

Au lieu de faire taire les armes et de reprendre le processus politique, le Yémen semble s’être détourné de la voie de la paix, a regretté ce matin M. Martin Griffiths, l’Envoyé spécial pour le Yémen, en faisant son exposé mensuel devant le Conseil de sécurité.  Les combats se sont intensifiés, la crise humanitaire est plus aigüe et la pandémie de COVID-19 y fait des ravages, a-t-il constaté tout en estimant qu’il est possible, ensemble, de revenir vers la recherche d’une solution à ce conflit.  Cela signifie que les parties doivent faire un choix: continuer sur la trajectoire actuelle de l’escalade de la violence et des souffrances humanitaires, ou faire les compromis nécessaires à la relance du processus politique et au règlement politique.

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a alerté qu’aujourd’hui, le spectre de la famine est revenu au Yémen, alors que des millions de vies ont pu être sauvées au cours des deux dernières années.  Il a pointé du doigt ceux qui sont en mesure d’aider, et qui ont une responsabilité particulière de le faire, en citant notamment l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, qui, jusqu’à présent, n’ont pas contribué au financement de l’opération d’aide humanitaire de l’ONU en 2020.  Cette opération n’est financée à ce jour qu’à hauteur de 30%, s’est-il indigné reprochant aux donateurs de faire des promesses qu’ils ne tiennent pas.  Or, « derrière les faits et les chiffres, il y a de vraies personnes », leur a-t-il rappelé.

Ce sont neuf millions de personnes qui ont été directement touchées par l’aggravation des réductions des programmes d’aide, y compris pour l’alimentation, l’eau et les soins de santé.  Continuer à retenir l’argent de la réponse humanitaire revient à une condamnation à mort pour de nombreuses familles, a prévenu M. Lowcock. 

Comme pour M. Griffiths, c’est l’escalade de la situation dans la province de Mareb qui inquiète le Coordonnateur des secours d’urgence, une région où plus d’un million de personnes ont trouvé refuge depuis 2015.  Il a appelé les parties à convenir d’un cessez-le-feu national, y compris à Mareb, et à adopter des mesures de désescalade.  Si cette région tombe, a averti à son tour M. Griffiths, cela sapera les perspectives d’un processus politique inclusif à même d’apporter une transition basée sur le partenariat et la pluralité.

Aux yeux de l’Envoyé spécial, le moment est venu pour les parties de conclure rapidement les négociations et de finaliser la déclaration commune dont il leur a remis un avant-projet la semaine dernière.  L’appel de M. Griffiths est simple: « Choisissez la paix.  Mettez fin à ce conflit.  Travaillez avec nous de toute urgence sur la déclaration commune ».

Allant dans le même sens, le Royaume-Uni a prévenu que seule une solution politique peut mettre un terme à la situation humanitaire désastreuse, enjoignant à cette fin les parties à coopérer avec l’Envoyé spécial. 

Pourtant, comme l’a dit la Chine, l’Accord de Stockholm est au point mort, tandis que la mise en œuvre de l’Accord de Riyad est loin d’être acquise.  La France a également exigé la pleine mise en œuvre de l’Accord de Riyad et la finalisation des discussions sur la formation d’un nouveau gouvernement, y voyant « une étape importante pour la reprise des pourparlers politiques ».  Compte tenu de ce contexte, la plupart des délégations ont demandé aux parties yéménites de s’engager pleinement et sans délai dans un dialogue avec l’Envoyé spécial et de s’accorder sur le projet de déclaration conjointe qu’il a proposé.

Le Yémen leur a répondu que son gouvernement avait accepté sans réserve les propositions de M. Griffiths en ce qui concerne la déclaration conjointe de cessez-le-feu ainsi que les mesures humanitaires et les propositions politiques, affirmant que ce sont les houthistes qui s’y opposent, tout comme ils sapent l’Accord de Stockholm et compromettent la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.  Il a même affirmé que les « milices houthistes » cherchent à empêcher l’accès au port de Hodeïda, tout comme elles ont menacé de fermer l’aéroport de Sanaa aux vols humanitaires de l’ONU et d’autres partenaires, ce qui a suscité de vives inquiétudes de la part des membres du Conseil.  Compte tenu de cela, son gouvernement a appelé au transfert du quartier général de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) vers un endroit plus neutre. 

Les membres du Conseil se sont également inquiétés de la situation du pétrolier SAFER abandonné au large du port de Hodeïda, qui crée un risque de catastrophe environnementale imminente, et du fait que l’équipe technique de l’ONU n’ait toujours pas pu commencer son travail.  Les procédures et délais imposés par les houthistes à cet égard sont, aux yeux du Yémen, « une nouvelle preuve de l’instrumentalisation de ce dossier à des fins politiques ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

L’Envoyé spécial pour le Yémen, M. MARTIN GRIFFITHS, a regretté qu’au lieu de faire taire les armes et de reprendre le processus politique, le Yémen semble s’être détourné de la voie de la paix: des combats intenses, une crise humanitaire plus aigüe et la pandémie de COVID-19 y font toujours des ravages.  « Cela ne veut pas dire pour autant qu’ensemble nous ne puissions tourner la page et revenir vers la recherche d’une solution à ce conflit. »  Mais cela signifie que les parties doivent choisir, a-t-il martelé, ajoutant que tout le monde sait quels choix doivent être faits pour que le Yémen puisse sortir de ce conflit.

L’Envoyé spécial a dit avoir envoyé, la semaine dernière, un avant-projet de déclaration commune aux deux parties.  Ce projet reflète et équilibre les commentaires des cycles précédents de ces discussions et intègre les contributions de la société civile et des femmes yéménites, a-t-il expliqué.  À ses yeux, le moment est venu pour les parties de conclure rapidement ces négociations et de finaliser la déclaration commune.  Son appel est simple: « Choisissez la paix.  Mettez fin à ce conflit.  Travaillez avec nous de toute urgence sur la déclaration commune. »

Nulle part l’importance de ce choix n’est plus évidente que dans Mareb, a souligné l’Envoyé spécial rappelant que de violents combats s’y déroulent, notamment le long de ses frontières avec les provinces de Jaouf, de Sanaa et de Bayda.  La situation à Mareb est préoccupante à bien des égards, a-t-il expliqué citant le niveau élevé de pertes de vies et la menace réelle qu’elle représente pour des centaines de milliers de personnes déplacées et dans le besoin.  Mareb était jusque-là un havre de paix pour ces personnes, a précisé M. Griffiths, or les combats risquent de les pousser à se déplacer à nouveau.  Il a également rappelé l’importance politique de Mareb et prévenu que si cette région tombe, cela sapera les perspectives d’un processus politique inclusif à même d’apporter une transition basée sur le partenariat et la pluralité.

Passant à la situation à Hodeïda, M. Griffiths a indiqué que des violations du cessez-le-feu sont signalées quotidiennement alors que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda, la MINUAAH, continue de subir des restrictions qui entravent ses opérations.  Il a également fait part de sa profonde préoccupation face aux conséquences humanitaires des pénuries de carburant dans les régions du nord du Yémen contrôlées par Ansar Allah.  M. Griffiths en a profité pour exiger que les flux d’importations commerciales essentielles restent assurés, y compris la nourriture, le carburant et les fournitures médicales, et leur distribution à travers le Yémen aux civils.  Il s’est inquiété de l’annonce récente faite par Ansar Allah de la fermeture de l’aéroport de Sanaa aux vols humanitaires, appréhendant l’impact que cela aura sur les opérations de l’ONU et sur l’aide humanitaire critique.

L’Envoyé spécial a également rappelé que si les dispositions logistiques le permettent, les parties doivent se réunir cette semaine en Suisse pour poursuivre leurs discussions sur la mise en œuvre des échanges de prisonniers, sous les auspices conjoints de son Bureau et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Les parties se sont engagées à libérer les prisonniers et détenus liés au conflit en 2018 à Stockholm, a-t-il rappelé, et ont poursuivi leurs discussions pour respecter cet engagement à Amman plus tôt cette année.  M. Griffiths a espéré que cette réunion aboutira à la libération urgente de ces prisonniers, compte tenu notamment de la menace de la COVID-19 dans les lieux de détention.

Bien que la situation soit désastreuse, M. Griffiths a insisté sur le fait que les parties au conflit au Yémen ont un choix à faire: continuer sur la trajectoire actuelle de l’escalade de la violence et des souffrances humanitaires, ou faire les compromis nécessaires à la relance du processus politique et à un règlement politique.  L’ONU et les membres du Conseil doivent, et feront, tout leur possible pour promouvoir et soutenir cette dernière alternative, leur a-t-il assuré, tout en reconnaissant que, en fin de compte, le choix est entre les mains des parties au conflit.  « La communauté internationale et le peuple du Yémen suivront de près ce qu’elles feront. »

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que deux ans après l’appel contre la famine au Yémen, des progrès ont été réalisés: les donateurs ont alloué plus de fonds, répondant à près de 90% des besoins de financement.  Il a ajouté que les bénéficiaires de l’aide alimentaire sont passés de 8 millions à 12 millions de personnes par mois, que les programmes de santé, d’éducation, d’eau et d’autres programmes ont également été renforcés, tandis que des mesures pour soutenir l’économie ont été prises.  Les injections de devises ont stabilisé le rial yéménite, a-t-il aussi signalé en constatant que les résultats sont là: des millions de vies ont été sauvées.  « Il n’y a pas eu de famine à grande échelle au Yémen. »

« Mais aujourd’hui, le spectre de la famine est revenu », a alerté M. Lowcock.  Ceux qui sont en mesure d’aider, et qui ont une responsabilité particulière de le faire, choisissent surtout de ne pas le faire, a-t-il dénoncé.  Il a indiqué que le conflit n’a cessé de s’intensifier ces dernières semaines, en particulier dans le centre du Yémen.  En août, plus de civils ont été tués à travers le pays que n’importe quel autre mois cette année.  Aujourd’hui, une victime civile sur quatre au Yémen est tuée et blessée chez elle.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a dit être inquiet pour Mareb, où plus d’un million de personnes ont trouvé refuge depuis 2015.  Il a appelé les parties à convenir d’un cessez-le-feu national, y compris à Mareb.  Des mesures de désescalades sont nécessaires, comme il y a deux ans, a-t-il lancé. 

Concernant l’accès humanitaire, M. Lowcock a déploré l’insécurité et les obstacles bureaucratiques dans le sud du pays, et le fait que les autorités d’Ansar Allah aient fermé l’aéroport de Sanaa aux vols humanitaires et à l’ONU.  Les autorités attribuent cette décision à des pénuries d’essence dans le nord, a-t-il rapporté en estimant cependant que cela ne justifie pas la fermeture de l’aéroport.  Le haut fonctionnaire a souligné la nécessité cruciale d’un transport sûr et fiable pour le personnel humanitaire et demandé une solution rapide.  Dans les semaines à venir, a-t-il informé, environ 100 tonnes de fret humanitaire devraient être déchargés à l’aéroport de Sanaa, y compris des vaccins essentiels et d’autres fournitures médicales.  Réitérant la nécessité d’un environnement plus sûr pour les organisations humanitaires, M. Lowcock a constaté qu’un an après l’accord relatif à l’enregistrement biométrique des bénéficiaires de l’aide alimentaire, cela n’a toujours pas commencé.

S’agissant du pétrolier SAFER, l’ONU a présenté une proposition révisée pour la mission initiale d’évaluation et de réparation et a tenu plusieurs séries de discussions techniques constructives avec les autorités de fait, a rappelé le Coordonnateur des secours d’urgence, qui a souhaité que la nouvelle proposition soit rapidement approuvée afin que les travaux puissent commencer. 

S’agissant du financement de l’opération d’aide humanitaire, M. Lowcock a dit que cette année, 30% de ce qui est nécessaire a été reçu avant de dénoncer plusieurs donateurs dont « l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, qui ont une responsabilité particulière, mais n’ont jusqu’à présent rien donné au plan de l’ONU de cette année ».  Il a déploré le fait de promettre de l’argent et de briser ensuite les espoirs en ne tenant pas les promesses.  Il a rappelé que plus de neuf millions de personnes ont été touchées par l’aggravation des réductions des programmes d’aide, y compris l’alimentation, l’eau et les soins de santé.  Continuer à retenir l’argent de la réponse humanitaire sera une condamnation à mort pour de nombreuses familles, a enfoncé M. Lowcock.  Il a ainsi appelé tous les donateurs à tenir leurs promesses dès maintenant et à accroître leur soutien.

Pour ce qui est de l’économie du Yémen, a-t-il continué, elle a diminué de 45% depuis 2015.  Les envois de fonds de l’étranger ont diminué jusqu’à 70% depuis le début de la pandémie.  Les Yéménites ont beaucoup moins d’argent pour nourrir leur famille ou payer leurs factures médicales, a dit le haut fonctionnaire notant que le rial s’est encore effondré et que les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 140%.  Les coûts du carburant sur le marché informel sont maintenant plus du double du taux officiel dans de nombreux domaines.  En raison du blocus, plus de trois mois de carburant sont bloqués à l’extérieur du port de Hodeïda en attendant l’autorisation du Gouvernement d’entrer.

Cette situation affecte directement les services fournis par les agences humanitaires, a déclaré le Coordonnateur des secours d’urgence.  Les pénuries de carburant ont jusqu’à présent réduit d’au moins 2,5 millions de personnes le nombre de bénéficiaires de l’aide en matière d’eau et d’assainissement.  L’aide alimentaire a été interrompue pour au moins un demi-million de personnes, tandis que 300 000 autres sont en danger, a-t-il averti.  Pour M. Lowcock, le règlement du différend à l’origine du blocus pétrolier est essentiel pour mettre fin à la dérive du Yémen vers la famine.  Il a appelé les partenaires du Yémen à injecter régulièrement des devises dans l’économie du pays car cela aidera à baisser les prix des produits de base et permettra à davantage de personnes de se nourrir.

Concernant la paix, le Secrétaire général adjoint a fait part de données qui montrent très clairement que la plus grande famine au Yémen se trouve principalement dans les zones touchées par le conflit.  Il a informé au passage que c’est la trente et unième première fois qu’il informe le Conseil sur la situation au Yémen depuis sa nomination. 

Derrière les faits et les chiffres, il y a de vraies personnes, a-t-il rappelé en relayant les messages au Conseil de quatre personnes.  Jamila, une mère de quatre enfants, veut dire au Conseil que ses membres tiennent dans leurs mains la vie des gens.  Abdulrahman, un père de famille de six enfants, veut souligner que les Yéménites sont des êtres humains qui méritent le respect.  Il espère que le Conseil renouvellera son soutien humanitaire pour sa famille.  Pour Samia qui vit à Aden, la pandémie de COVID-19 a tué ceux qui gagnaient de l’argent dans sa famille qui n’a maintenant aucune source de revenus.  Samia demande de regarder le Yémen avec compassion et humanité, au moins d’offrir de la nourriture et des médicaments.  Mohammed, réfugié vivant à Sanaa, n’a pas de réponse à ses enfants qui lui demandent à manger.  Il espère que le Conseil fera quelque chose pour les aider.  Sa peur, a informé M. Lowcock, c’est que le monde oublie les des gens comme lui, ou pire, que le monde décide de ne rien faire. 

Des millions de gens ressemblent à ces quatre témoins, a conclu M. Lowcock en soulignant que « ce sont des gens comme nous », mais qu’ils sont victimes d’individus et de forces sur lesquels ils n’ont aucune influence ou contrôle.  Le Yémen se trouve dans cette situation parce que ceux qui ont le pouvoir et l’influence ont décidé qu’il y a des choses plus importantes que le sort de ces gens, a constaté M. Lowcock qui a conclu: « n’est-il pas temps de prendre une décision différente? »

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a qualifié de « désespérée » la situation au Yémen en notant le risque accru de famine, dans un contexte de pandémie, même si le pic semble dépassé.  « Les parties doivent être transparentes sur les cas de COVID-19. »  Il a détaillé la crise économique en cours au Yémen et demandé le financement de l’appel humanitaire pour prévenir la famine dans le pays.  Près de sept millions de Yéménites pourraient se voir privés d’une aide alimentaire si des financements supplémentaires ne sont pas trouvés d’ici à octobre, a-t-il prévenu.  Une solution politique est cruciale pour mettre un terme à cette situation humanitaire, a-t-il dit, en enjoignant les parties à coopérer avec l’Envoyé spécial.

Le représentant a salué l’unité du Conseil sur ce dossier et appelé à la préserver, en appui aux efforts de l’Envoyé spécial.  Le représentant a rappelé que le pétrolier SAFER demeure toujours une menace et souhaité que la mission onusienne puisse démarrer le plus rapidement possible.  Les experts onusiens doivent pouvoir monter à bord du bateau, a conclu le délégué, en appelant les houthistes à s’acquitter de leurs engagements.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a regretté la résurgence du conflit au Yémen avec son risque d’escalade militaire.  Aider le Yémen passe par un abandon des combats et la conduite d’un dialogue positif, tel que préconisé par l’Envoyé spécial, a-t-il déclaré.  « L’option militaire ne pourra qu’aggraver la violence dans le pays. »  Le délégué a exhorté les parties belligérantes à cesser les combats et à placer l’intérêt des Yéménites au-dessus de toute autre considération.  Le délégué tunisien a déploré l’aggravation des souffrances des Yéménites en raison du virus et la détérioration économique du pays, avec un risque de famine.  Il a souligné l’importance d’un bon acheminement de l’aide humanitaire.  S’agissant du pétrolier SAFER, le représentant a appelé à la facilitation du travail des experts de l’ONU afin d’éviter une catastrophe environnementale majeure.

M. GENG SHUAN (Chine) a insisté sur les souffrances inimaginables des Yéménites, avant de noter les efforts diplomatiques consentis par le passé et d’appuyer les bons offices de l’Envoyé spécial.  L’Accord de Stockholm est au point mort, tandis que la mise en œuvre de l’Accord de Riyad est loin d’être acquise, a déploré le délégué.  Estimant que la recherche d’une solution politique est le seul cap à tenir, il a exhorté toutes les parties à cesser les combats.  L’ONU doit mener des consultations avec les parties en vue d’aboutir à un retour à la table des négociations, a-t-il recommandé.

Le représentant chinois a aussi souhaité un échange de prisonniers à grande échelle et exhorté les pays voisins à exercer une influence positive sur la situation dans le pays.  Il a exhorté les pays donateurs à honorer leurs engagements humanitaires et appelé l’ONU à appuyer la lutte contre la pandémie.  Peu d’avancées ont été enregistrées sur le dossier du navire SAFER, a-t-il déploré, en souhaitant que les équipes techniques puissent apporter leur concours pour son règlement.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a exhorté le Gouvernement du Yémen et les houthistes à travailler avec l’Envoyé spécial pour parvenir à un accord sur le projet final de la déclaration commune, regrettant au passage l’absence de progrès sur ce dossier alors même que le peuple yéménite est aux prises avec une crise économique, l’insécurité alimentaire, des pénuries de carburant, le COVID-19 et un conflit.  La délégation a attiré l’attention sur « l’autre force déstabilisatrice » dans le pays, à savoir la République islamique d’Iran, qui n’a guère intérêt à favoriser la stabilité et la sécurité au Yémen ou ailleurs dans la région.  Au contraire, a expliqué la représentante, « l’Iran continue d’envoyer une aide meurtrière aux houthistes », alimentant l’offensive en cours à Mareb et ailleurs.  Le 20 août, les États-Unis ont lancé le processus pour rétablir pratiquement toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran, qui avaient été levées en vertu du paragraphe 7 (a) de la résolution 2231 (2015), a indiqué la délégation, expliquant que l’embargo sur les armes est un élément essentiel des efforts américains visant à freiner les actions de déstabilisation de Téhéran au Yémen.  Pour Mme Norman-Chalet, « le Conseil a échoué dans sa mission de maintenir la paix et la sécurité internationales en permettant à l’Iran de maintenir et d’étendre sans entrave ses activités de déstabilisation dans la région ».  Pour justifier sa position, la délégation a notamment cité les attaques aériennes transfrontalières « inacceptables et persistantes » des houthistes contre des infrastructures civiles en Arabie saoudite, y compris l’aéroport d’Abha.

Encouragée par la reprise des discussions sur la formation du cabinet entre le conseil de transition du Sud et le Gouvernement du Yémen, la représentante a exhorté les deux parties à poursuivre les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad. S’agissant spécifiquement de la situation humanitaire, elle a s’est inquiétée des déficits de financement des opérations d’aide cette année et des conséquences potentielles de la détérioration des perspectives économiques sur l’aggravation de l’insécurité alimentaire.  L’Administration Trump a versé plus de 1,3 milliard de dollars d’aide humanitaire au Yémen au cours des deux dernières années, a indiqué la déléguée, expliquant que même avec une suspension partielle de certaines opérations dans les zones contrôlées par les houthistes, les États-Unis restent le plus grand donateur humanitaire.  Elle a appelé les autres partenaires et pays donateurs, y compris ceux de la région, à se mobiliser et à contribuer au Plan d’intervention humanitaire, en particulier ceux qui n’ont pas encore honoré leurs promesses de contribution pour 2020.

Parallèlement, la délégation a appelé les houthistes à arrêter d’entraver les opérations d’aide, soulignant que la circulation sans entrave des biens essentiels vers et dans tout le Yémen est plus vitale que jamais, étant donné l’insécurité alimentaire croissante qui sévit.  Elle a également demandé aux houthistes et au Gouvernement du Yémen d’accepter sans délai la demande de l’Envoyé spécial de tenir des discussions sur les importations de carburant et les décaissements des recettes connexes.  De plus, elle a appelé les houthistes à revenir sur leur décision annoncée de fermer l’aéroport de Sanaa aux Nations Unies et à d’autres avions de secours internationaux.  Ceci est simplement un autre exemple d’extorsion des houthistes qui instrumentalisent l’aide internationale, a estimé la délégation, alors que le peuple yéménite continue de souffrir.  « C’est inexcusable. »

M. GERT AUVAART (Estonie) a jugé inacceptable de chercher des gains territoriaux et de mener une guerre économique aux dépens des Yéménites et appelé les parties à rejoindre sans tarder la déclaration commune, en vue de l’entame de la prochaine phase d’un processus politique complet. Le délégué a déclaré que toutes les parties au conflit ont commis des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Il a exhorté les parties à protéger les civils et à remédier au problème de violence sexuelle. Il a ensuite appuyé la recommandation faite à ce Conseil d’intégrer davantage à son ordre du jour la dimension droit de l’homme du conflit yéménite. 

Sur le plan humanitaire, le représentant a regretté la réduction des opérations en raison du manque de ressources financières, compte tenu notamment du risque de famine qui pèse sur le pays. Il a plaidé pour des efforts accrus afin de trouver une solution de long terme en vue de permettre les importations commerciales et de pétrole via le port de Hodeïda. Enfin, le représentant a exhorté les houthistes à prendre des mesures immédiates et concrètes, sans conditions préalables, en vue de permettre à la mission de l’ONU d’accéder au pétrolier SAFER pour éviter une catastrophe.

M. JERRY MATTHEWS MATIJA (Afrique du Sud) a déclaré que la situation humanitaire désastreuse au Yémen, intensifiée par la pandémie de COVID-19, est inextricablement liée à l’impasse politique.  Il a exhorté les parties à travailler avec l’Envoyé spécial pour assurer à nouveau l’approvisionnement en pétrole par le port d’Hodeïda.  Notant que les organismes des Nations Unies sont contraints de réduire ou de fermer les programmes humanitaires en raison du manque de financement, il a appelé les donateurs à respecter leurs engagements pour empêcher au Yémen de sombrer dans la famine.  Il a également appelé à un ensemble unifié de mesures pour réduire la COVID-19, améliorer l’accès humanitaire et soulager les souffrances.

Concernant l’impasse politique, le représentant a exhorté toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités, conformément à la résolution 2352 (2020) et à convenir de mesures de confiance, telles que le paiement des salaires des fonctionnaires, la réouverture de l’aéroport de Sanaa aux vols humanitaires et la levée des restrictions à l’importation.  En outre, il a appelé toutes les parties à s’engager de bonne foi avec l’Envoyé spécial et il a demandé aux autorités houthistes de respecter l’engagement qu’elles ont pris de permettre aux Nations Unies d’accéder au pétrolier.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a souligné la situation dramatique que connaît le Yémen et apporté son plein appui aux efforts de l’Envoyé spécial, notamment ceux visant à un réengagement des parties en faveur du processus politique.  Il a également salué l’approche de l’Envoyé spécial concernant la place des femmes, un élément clef pour son pays.  Pour être durables, la déclaration commune et le processus de l’Accord de Riyad doivent être inclusifs en prenant en compte les voix des femmes et des groupes marginalisés.

M. Heusgen a jugé déplorables les violations du droit international par toutes les parties, en dénonçant le harcèlement des travailleurs humanitaires, l’empêchement des importations de nourriture et de carburant et la fermeture à l’aide humanitaire de l’aéroport de Sanaa.  « Peut-on faire pire que cela? »  Le délégué a demandé aux Iraniens de « faire pour une fois quelque chose de positif » et d’accroître la pression sur les houthistes pour permettre l’accès de l’aide humanitaire, ouvrir l’aéroport et autoriser une évaluation par l’équipe de l’ONU du pétrolier SAFER.

M. Heusgen a dénoncé la poursuite des frappes aériennes qui touchent les civils de manière disproportionnée.  Rappelant que l’Allemagne s’est engagée en 2020 en faveur du Yémen à hauteur de plus de 360 millions de dollars -décaissés à plus de 90%-, il a déploré que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis n’aient pas honoré leurs engagements.  « Comment peut-on être aussi cynique en promettant de donner de l’argent pour aussitôt doucher les espoirs? »  En conclusion, le représentant a exhorté ces pays à honorer de toute urgence leurs engagements.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) s’est déclarée alarmée par les rapports récents concernant la suspension de tous les vols onusiens et humanitaires vers Sanaa par les houthistes et a insisté sur la nécessité de se mettre d’accord d’urgence sur les questions en suspens dans les négociations de la déclaration conjointe.  Elle a également dit être très préoccupée par la montée de la violence à Mareb et Hodeïda qui menace un processus politique déjà fragile.

S’appuyant sur les conclusions du troisième rapport du Groupe d’experts éminents internationaux et régionaux sur le Yémen, Mme Van Vlierberge a exhorté vivement toutes les parties à s’acquitter de leurs obligations au titre du droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants, et de leurs obligations au titre du droit international des droits de l’homme.  « Assurer la justice pour les auteurs de toutes les violations commises au Yémen reste essentiel. »

S’agissant de la « saga » du pétrolier SAFER, elle a évoqué la nouvelle fuite d’eau, qui s’est produite à bord de la salle des machines et qui a apparemment pu être contenue.  « Mais un jour, et ce jour peut arriver bientôt, nous n’aurons pas cette chance », a-t-elle dit en soulignant que cet incident démontre pourquoi il est essentiel qu’une équipe d’experts de l’ONU ait un accès complet et immédiat au SAFER.  Elle a donc incité les dirigeants houthistes à cesser de retarder le processus.  « Il faut empêcher une catastrophe environnementale, humanitaire et économique imminente. »

M. VASSILY NEBENZIA (Fédération de Russie) a fait part de ses préoccupations non seulement face aux affrontements armés au Yémen, mais aussi aux problèmes humanitaires et au manque de financement des programmes d'aide, ce qui conduit à une réduction de ces programmes, y compris ceux visant à assurer la sécurité alimentaire de la population, l'accès à l’eau potable et aux services médicaux.  Une action collective est nécessaire pour aider les Yéménites à répondre à la pandémie, a poursuivi le représentant en appelant les donateurs, dont les pays de la région, à renforcer leur soutien.  « La situation humanitaire dans le pays ne pourra cependant pas s’améliorer tant que le conflit ne trouvera pas un règlement politique et diplomatique. »  M. Nebenzia a regretté que jusqu'à présent, la mise en œuvre d'arrangements majeurs comme l’Accord de Riyad, l’Accord de Stockholm et l’Accord sur Hodeïda, n’ait pas produit les résultats escomptés, à savoir un cessez-le-feu universel et un dialogue intra-yéménite inclusif.  Le blocage de ces accords pourrait entraîner une nouvelle escalade qui ne profitera qu’aux terroristes et aux extrémistes, a-t-il craint.  Ces derniers risquent d’utiliser le Yémen pour étendre leur influence bien au-delà des frontières de ce pays, a mis en garde le représentant qui a dit soutenir les efforts de M. Griffiths.

Le plus important, à ses yeux, c’est que les parties au Yémen reconnaissent qu’elles ont besoin d’un dialogue à l’échelle nationale pour parler de l’avenir de leur pays.  Il est donc essentiel que l’opinion de tous les groupes politiques, sociaux, ethniques et religieux du Yémen soit prise en compte.  Soulignant que « le diable est dans les détails », le représentant a affirmé que c’est la raison pour laquelle le plan proposé par M. Griffiths n’a pas encore été entériné.  La Russie entretient des contacts avec toutes les parties intéressées au Yémen et à l’étranger.  Elle continue d’encourager la recherche de compromis pour soutenir les efforts de l’ONU et M. Griffiths personnellement. Le représentant a ajouté que son pays œuvre en faveur de la MINUAAH en espérant que ses collègues du Conseil, ainsi que les partenaires internationaux, suivront la même voie.

Fermement convaincue que les efforts visant à régler le conflit au Yémen et à faire face à la situation d’autres pays de la région doivent être liés entre eux et s’accompagner de mesures visant à une désescalade générale au Moyen-Orient, la Russie s’est dite prête à coopérer.  Son représentant a d’ailleurs proposé un concept de sécurité collective pour la zone du golfe Persique et a pris note des autres initiatives de paix sur cette voie, toutes unies par le principe directeur de l’inclusivité.  La Russie s’oppose à toute tentative cherchant à rejeter la faute sur un côté ou sur un pays, « comme certains l’ont fait aujourd’hui », d’autant plus que les pays de la région, y compris celui qui a été pris à partie aujourd’hui, peuvent jouer un rôle positif dans la désescalade générale au Yémen. Avant de conclure la délégation a constaté que « certains pays de la région se montrent prêts à normaliser leurs relations », les invitant à être tout aussi constructifs à l’égard d’autres voisins.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a jugé urgent de trouver une solution politique à la crise au Yémen et a appelé les parties yéménites  à  arrêter les hostilités, en particulier les houthistes dans la province de Mareb.  Il a condamné avec la plus grande fermeté les attaques menées par les houthistes  en territoire saoudien, exigeant qu’elles cessent immédiatement.   Déplorant aussi les affrontements dans le sud du pays, il a demandé la pleine mise en œuvre de l’Accord de Riyad et a souhaité que les discussions sur la formation d’un nouveau gouvernement aboutissent, « une étape importante pour la reprise des pourparlers politiques ».   Dès lors, il a demandé aux parties yéménites de s’engager pleinement et  sans délai dans le dialogue avec l’Envoyé spécial et de s’accorder sur le projet de déclaration conjointe qu’il a proposé.  Dans ce contexte, il est également essentiel que les accords de Stockholm  soient entièrement mis en œuvre, y compris s’agissant du versement des salaires, alors que la situation à Hodeïda se dégrade.

Constatant une situation humanitaire extrêmement préoccupante et le spectre de la famine qui se profile de nouveau, au moment où la pandémie de COVID-19 s’étend, le représentant a appelé à tout faire collectivement pour éviter une telle catastrophe.  Alors que les besoins augmentent, le Plan de réponse humanitaire reste sous-financé, s’est-il inquiété, notant que de nombreux programmes humanitaires sont suspendus.   De plus, la décision des houthistes  de fermer l’aéroport de Sanaa aux vols onusiens et humanitaires est  inacceptable et la France les appelle à revenir dessus, a-t-il dit.    S’agissant du pétrolier SAFER, M. de Rivière a demandé aux houthistes d’autoriser sans délai  ni précondition  l’accès de la mission d’experts  des Nations Unies.  « Une fuite de pétrole aurait des conséquences catastrophiques d’un point de vue environnemental, humanitaire et économique pour toute la région. » 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé que tant que les différentes parties yéménites font preuve de volonté politique, des progrès restent envisageables.  Plaidant pour un processus politique, seul moyen de résoudre les crises au Yémen, il a regretté que chaque composante des questions posées par ce conflit soit devenue « une monnaie d’échange politique » pour les parties.  Prenant acte de la fermeture de l’aéroport de Sanaa, qui affectera les livraisons de fournitures sanitaires et médicales pour l’assistance humanitaire, le représentant a exhorté les houthistes et le Gouvernement yéménite à continuer de travailler avec l’Envoyé spécial en vue d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  Il a condamné à cet égard la poursuite des attaques perpétrées par les houthistes, notamment contre l’Arabie saoudite.

Le représentant a ensuite souhaité que tout soit fait pour éviter une catastrophe humanitaire découlant du conflit, à une époque d’épuisement des ressources et de pandémie de COVID-19.  Face à la violence croissante, le Yémen est aujourd’hui au bord de la famine, a-t-il alerté, invitant à nouveau les parties à faire montre de « sagesse » en privilégiant une solution politique.  Il a enfin évoqué le sort du pétrolier SAFER, appelant le Conseil à débattre à nouveau de cette question et exhortant les houthistes à permettre rapidement à l’équipe des Nations Unies d’entamer ses travaux.  Enfin, revenant à la situation dans le pays, il a fait valoir que tous les accords antérieurs et la contribution du Conseil de sécurité restent pertinents pour tracer la voie d’un règlement politique au conflit.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a estimé que la situation au Yémen exige une action urgente et que la communauté internationale doit plus que jamais respecter ses engagements.  Si la fenêtre d’opportunité pour la paix ne s’est pas encore fermée, elle se rétrécit à vue d’œil, a-t-elle mis en garde, craignant que le Yémen ne tombe dans l’abîme.  Il faut agir rapidement pour le sauver, a-t-elle exigé évoquant les années de conflit, la pandémie de Covid-19, la menace de famine, les pluies torrentielles, l’adversité économique et un Plan d’intervention humanitaire sous-financé.  À cet égard, la représentante a exhorté tous les donateurs qui ont promis des fonds à faire les versements nécessaires dès que possible.  

Constatant que la situation en matière de sécurité reste extrêmement tendue et instable, elle a réaffirmé la nécessité d’un processus politique inclusif, dirigé et contrôlé par les Yéménites.  Le respect du principe de la responsabilité face à toutes les infractions au droit international, y compris les violations des droits de l’homme, est tout aussi important pour une paix durable, a estimé la déléguée.  Elle a ainsi encouragé la communauté internationale et tous les acteurs concernés à soutenir le système judiciaire du Yémen par le renforcement de ses capacités, afin de permettre des poursuites efficaces contre ces crimes et pour promouvoir ainsi la justice et la réconciliation.  Avant de conclure, elle a appelé les parties à prendre des mesures concrètes pour régler le problème du pétrolier SAFER.  À cette fin, elle a lancé un appel à toutes les parties pour qu’elles accordent la priorité à l’environnement et au peuple du Yémen, et plus largement à toute la région.

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) s’est préoccupée de la détérioration de la situation au Yémen, citant notamment les attaques indiscriminées, les disparitions forcées, la torture et la répression des journalistes, « un sombre tableau encore assombri par l’absence de justice ».  Les souffrances de la population sont encore aggravées par la pandémie de COVID-19 et la situation économique intenable, a-t-elle ajouté.

La déléguée a exhorté les parties à coopérer de manière constructive avec l’Envoyé spécial pour trouver une solution aux pénuries de carburant.  Elle s’est ensuite inquiétée du risque posé par le manque d'accès au pétrolier SAFER et de la fermeture imminente des programmes d'aide humanitaire en raison du manque de fonds, ce qui, a-t-elle ajouté, pourrait provoquer une situation de famine d’ici à la fin de l’année.  « L’intensification des combats entrave en outre les mesures de lutte contre les criquets pèlerins. »  Soulignant que seul un accord politique « peut montrer la voie », la délégation a exhorté toutes les parties à appuyer sans délai la Déclaration conjointe de l’Envoyé spécial.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) s’est inquiété des récentes escalades militaires au Yémen et de l’annonce, le 25 août 2020, par le conseil de transition du Sud (CST), de la suspension de sa participation aux consultations en cours pour la mise en œuvre de l’Accord de Riyad.  Il s’est dit également préoccupé par le rapport du Conseil des droits de l’homme selon lequel des adolescents yéménites ont été recrutés et exploités à des fins de violence, y compris de violence sexuelle.  Les auteurs de ces abus doivent être traduits en justice, a exigé le représentant.  Il a exhorté les parties yéménites à cesser les combats et à reprendre les pourparlers afin que les négociations sur un cessez-le-feu national puissent reprendre.  Il a en outre souligné la nécessité d’offrir un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire.  Il a appelé les houthistes à rouvrir l’aéroport international de Sanaa afin que les fournitures d’aide de l’ONU puissent être apportées au Yémen en temps opportun.  À la communauté internationale, aux Nations Unies et aux donateurs, il a demandé de poursuivre les efforts pour trouver une issue au financement de l’aide humanitaire au Yémen.  

Rappelant l’initiative de deux jeunes Londoniens, Ayaan Moosa et Mikaeel Ishaaq, qui ont vendu de la limonade pour lever des fonds au bénéfice du peuple yéménite, le représentant souligné qu’ils ont reçu d’importantes promesses de don de Mme Angelina Jolie.  Cette histoire, a noté le délégué, montre qu’un petit acte peut aussi répandre l’inspiration et apporter de l’espoir au peuple yéménite.  Concernant le problème du pétrolier SAFER, il a exhorté les houthistes à faciliter les procédures nécessaires afin que l’équipe technique des Nations Unies puisse faire son travail.  Il a terminé en soulignant l’importance pour les parties de mettre pleinement en œuvre l’Accord de Stockholm et l’Accord de Riyad.  « La participation significative des femmes au processus politique devrait également être assurée et encouragée. »

N. ABDOU ABARRY (Niger) a constaté que le conflit au Yémen semble  se  transformer  aujourd’hui  en un véritable «  bourbier  »  dont la tendance la  plus inquiétante est l’élargissement du spectre de la violence au-delà des frontières yéménites.    « Si une telle dynamique se confirmait, le conflit au Yémen prendrait définitivement une nouvelle dimension qui laisserait présager de graves menaces à  la paix et  à la  sécurité dans la région. »   En dépit  des efforts inlassables des Nations Unies et des nombreuses initiatives  de  l’Envoyé spécial, à l’impasse militaire  semble s’ajouter  une impasse dans les négociations  en raison de l’intransigeance accrue sur les conditions ainsi qu’un climat de méfiance grandissant, a constaté le représentant en plaidant pour une solution politique, seul moyen de parvenir à une paix durable.  Il a salué l’intérêt exprimé par le  Gouvernement  yéménite  et les houthistes pour les propositions de l’Envoyé spécial, appelant à tout faire pour faire fructifier cette lueur d’espoir et relancer les pourparlers de paix.   Le représentant a aussi invité les acteurs régionaux ainsi que les membres du Conseil ayant une influence sur les parties  au conflit à ne ménager aucun effort  afin d’amener celles-ci à honorer leurs engagements pris dans le cadre des  Accords de Stockholm et de Riyad. 

Bien avant la pandémie de COVID-19, la situation humanitaire  au  Yémen suscitait déjà la plus grande inquiétude, a rappelé le délégué en notant qu’aujourd’hui, elle est exacerbée par la combinaison de plusieurs facteurs, notamment la propagation rapide de la pandémie, la précarité du système de santé, les inondations, l’insécurité alimentaire, la crise du carburant et les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Pour éviter toute détérioration supplémentaire, il a lancé un appel à la communauté internationale pour plus de générosité, afin d’assurer la continuité des programmes d’assistance, dont plusieurs millions de personnes dépendent aujourd’hui. 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a assuré que son gouvernement fait son possible pour faire progresser le processus global de paix.  Il a réitéré son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial, M. Griffiths, avant d’accuser les milices houthistes d’hypothéquer ces efforts, en particulier dans la province de Mareb.  Les houthistes minent l’action humanitaire, volent des cargaisons d’aide humanitaire et imposent des taxes illégales, ce qui représente un précédent grave, a affirmé le représentant avant de passer en revue d’autres techniques repréhensibles contre des civils.

Il a assuré que son gouvernement fait son possible pour appliquer l’Accord de Riyad, en mentionnant notamment le récent décret présidentiel proposant la nomination de candidats dans différentes provinces.  Le Gouvernement s’efforce en effet de normaliser la situation dans les différentes provinces, a assuré M. Al-Saadi en expliquant aussi que le nouveau gouvernement sera composé d’acteurs compétents qui seront chargés de mener à bien les réformes nécessaires, y compris la lutte contre la corruption. 

Le représentant a également accusé les milices houthistes de compromettre la mise en œuvre de l’Accord de Hodeïda et d’enfreindre les opérations de la MINUAAH.  Les violations fréquentes commises par ces milices se multiplient, a affirmé le représentant en affirmant qu’elles cherchaient notamment à bloquer l’accès au port de Hodeïda.  C’est la raison pour laquelle son gouvernement a appelé au transfert du quartier général de la Mission vers un endroit neutre. 

Nous souhaitons également la paix et le respect de l’Accord de Stockholm, a ensuite assuré le représentant avant d’affirmer que ceux qui le sapent sont les houthistes.  La proposition de M. Griffiths en ce qui concerne la déclaration conjointe de cessez-le-feu ainsi que les mesures humanitaires et les propositions politiques ont été acceptées par son gouvernement sans aucune réserve, alors que les houthistes s’y opposent, a-t-il indiqué.

Abordant, enfin, les risques environnementaux liés à la situation du pétrolier SAFER, le représentant a également imputé les retards dans la date de début des travaux de l’équipe spéciale des Nations Unies aux houthistes qui, à ses yeux, exploitent ce dossier à des fins politiques. 

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