L’Assemblée adopte deux textes sur l’élimination du paludisme d’ici à 2030 et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique

Soixante-quinzième session,
104e séance plénière – matin
AG/12359

L’Assemblée adopte deux textes sur l’élimination du paludisme d’ici à 2030 et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique

L’Assemblée générale a adopté, ce matin, sans vote sa résolution annuelle sur la consolidation des acquis, l’intensification de la lutte contre le paludisme et son élimination dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, d’ici à 2030*.  Elle a aussi adopté toujours sans vote son autre résolution annuelle sur l’application des recommandations du Secrétaire général relatives à la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique**, après avoir approuvé les modalités de la réunion internationale « Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance »***. 

Dans sa résolution dotée d’un dispositif de 50 paragraphes de fond, l’Assemblée générale rappelle d’abord l’objectif de réduire de 90%, d’ici à 2030, le taux de mortalité due au paludisme.  Elle demande aux États Membres de garantir l’accès « universel » aux outils de prévention, de diagnostic et de traitement et ce faisant, prévient que le montant nécessaire par an est de 8,7 milliards de dollars d’ici à 2030.  L’Assemblée demande aussi à la communauté internationale d’aider les pays impaludés à renforcer leur système de santé, leur production de médicaments et leurs ressources humaines de manière à assurer une couverture sanitaire universelle.  Aux partenaires, il est demandé d’éliminer les obstacles financiers et les problèmes de logistique et d’approvisionnement qui sont responsables des ruptures de stocks de moustiquaires imprégnés, d’insecticides à effet rémanent pulvérisables, de tests de dépistage rapide et de polythérapies à base d’artémisinine. 

L’Assemblée invite instamment la communauté internationale à appuyer le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour lui permettre de faire face à ses obligations financières et appelle à l’accélération de la recherche sur des vaccins, des médicaments et des tests de dépistage abordables.  Elle constate, à cet égard, l’importance de l’innovation, y compris le rôle de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), en particulier sa plateforme Re:Search.  Elle réaffirme d’ailleurs le droit de se prévaloir pleinement des dispositions de l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). 

L’Union européenne et le Royaume Uni se sont agacés du peu de temps qui a été laissé aux délégations pour négocier ce texte, demandant, en conséquence, à l’Assemblée d’examiner cette question non plus tous les ans mais tous les deux ans. 

Dans son autre texte annuel de 30 paragraphes de fond, sur l’application des recommandations du Secrétaire général pour la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, l’Assemblée générale demande instamment qu’un appui continue d’être apporté aux mesures contre la pauvreté, la faim, et pour l’emploi et le développement durable en Afrique, notamment, la mobilisation des ressources nationales, l’allègement de la dette, l’accès élargi aux marchés ou encore l’intégration régionale et le commerce intra-africain, y compris grâce à la Zone de libre-échange continentale africaine.  L’Assemblée insiste aussi sur les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD), d’investissements étrangers directs (IED) et de transfert de technologie. 

L’Assemblée souligne l’importance d’un appui aux efforts pour améliorer la résilience en Afrique, en particulier le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel, l’Initiative sur les politiques foncières et le Plan d’action de l’Union africaine pour la relance verte.  Gravement préoccupée par la menace croissante du terrorisme et de l’extrémisme violent, elle demande au Bureau de lutte contre le terrorisme et aux membres du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme d’intensifier les activités de renforcement des capacités en Afrique. 

L’Assemblée souligne également l’importance fondamentale d’envisager la prévention des conflits sous un angle régional et de s’attaquer à la criminalité transnationale organisée, au trafic de drogues et ressources naturelles et au commerce illicite d’armes légères et de petit calibre.  Le Groupe des États d’Afrique et le Groupe 77 et la Chine ont insisté sur le respect de l’appropriation nationale et du leadership africain.  Le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne, « première partenaire commercial de l’Afrique », ont salué le consensus sur une résolution « plus ciblée et plus orientée vers l’action ».  L’Union européenne s’est dite prête à continuer d’appuyer des initiatives telles que la « Feuille de route pour faire taire les armes en Afrique ».  

Les États-Unis ont exprimé leur attachement à la lutte contre la corruption et pour la transparence, alors que la « Championne du multilatéralisme », la Chine, regrettait que certains continuent de politiser les questions de développement pour s’ingérer dans les affaires africaines.  Réclamant une meilleure préparation de la résolution, l’année prochaine, le Japon a émis l’espoir que la prochaine Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), prévue en Tunisie en 2022, soit l’occasion d’appuyer le relèvement de l’Afrique après le la pandémie de COVID-19.  Il vaut mieux veiller à la prospérité du continent plutôt que d’encourager la migration, ont martelé la Hongrie et la République tchèque, en dissociant de toute référence au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Chili a en revanche a annoncé une législation de suivi du Pacte. 

Après l’adoption des modalités de la Conférence « Stockholm+50 », prévue les 2 et 3 juin 2022, l’Union européenne a souhaité que cette manifestation soit l’occasion de tirer les enseignements des rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Le CANZ -Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, a insisté sur la participation de la société civile, une participation, a tranché la Chine, qui doit être en tout point conforme au Règlement intérieur de l’Assemblée générale.  Cofacilitatrice avec le Kenya des négociations sur la résolution, la Suède a milité pour des approches multilatérales propres à promouvoir une stratégie de relèvement durable après la pandémie de COVID-19, avant d’appeler, « par souci de cohérence », à confier la présidence de « Stockholm+50 » au Directeur exécutif du PNUE. 

À la veille de la clôture de sa soixante-quinzième session, l’Assemblée générale a supprimé plusieurs points de son ordre du jour.  Elle ouvrira sa soixante-seizième session demain à partir de 10 heures, avec une déclaration liminaire de son nouveau Président et Ministre des affaires étrangères des Maldives, M. Abdulla Shahid. 

*A/75/L.136

**A/75/L.112.Rev.1

***A/75/L.135

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité : en Libye, la tenue des élections législatives et présidentielle est un enjeu politique et sécuritaire, souligne l'Envoyé spécial

8855e séance – après-midi
CS/14630

Conseil de sécurité : en Libye, la tenue des élections législatives et présidentielle est un enjeu politique et sécuritaire, souligne l'Envoyé spécial

Il incombe aux acteurs politiques de tout mettre en œuvre pour que des élections législatives et présidentielle inclusives soient organisées en Libye le 24 décembre 2021, conformément à la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen, et que leurs résultats soient acceptés, a déclaré, cet après-midi le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays.  Un appel repris à leur compte par l’ensemble des membres du Conseil de sécurité, devant lesquels le haut fonctionnaire s’est exprimé en visioconférence. 

Au cours des derniers mois, M. Jan Kubiš, qui est également le Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), s’est entretenu à plusieurs reprises avec l’ensemble des parties prenantes pour les encourager à garantir dans les délais impartis la tenue des scrutins, « de l’avis de tous une issue préférable à leur report », malgré des conditions qui, a-t-il reconnu, « sont loin d’être idéales ».  Dans son rapport, le Secrétaire général demande aux autorités et aux institutions libyennes d’assumer leur responsabilité de « clarifier la base constitutionnelle des élections » et d’adopter les lois électorales nécessaires « pour répondre aux aspirations du peuple ».  Ces textes sont en cours d’examen par la Chambre des députés. 

« Ces élections sont une nécessité politique et sécuritaire pour permettre à la Libye de sortir d’une situation de conflit permanente et entamer une phase de reconstruction », a insisté l'Envoyé spécial, qui a salué les efforts déployés par la Haute Commission électorale nationale pour préparer les scrutins.  Plus d’un demi-million d’électeurs supplémentaires sont inscrits cette année, portant le corps électoral à plus de 2,8 millions de votants, dont 40% de femmes, s’est encore félicité le haut fonctionnaire.  « Les autorités libyennes et leurs dirigeants ne doivent pas leur faire défaut », a-t-il mis en garde, en plaidant vigoureusement pour la mise au point d’une feuille de route très claire. 

Cofondatrice du Tamazight Women’s Movement et du Khalifa Ihler Institute, Mme Asma Khalifa, une représentante de la société civile, s’est justement inquiétée de l’absence d’accord sur la base juridique et constitutionnelle sur laquelle doivent se dérouler les élections prévues en décembre.  « Les préparatifs sont marqués par l’incertitude, les processus conflictuels abondent et certains doutent que ces élections auront effectivement lieu », a-t-elle mis en garde.  Tout en reconnaissant l’urgence de tenir ces élections, elle a considéré qu’un scrutin mal préparé, sans base démocratique solide et procédure régulière serait « dangereux », avec des risques de « fracture », voire de « conflit armé violent » 

Le Royaume-Uni a renchéri en disant « que le temps presse pour convenir cette base juridique et constitutionnelle», se félicitant toutefois des efforts déployés par la Chambre des représentants pour trouver une solution à ce problème.  Les parties prenantes ont la responsabilité historique de s’accorder urgemment sur la mise en œuvre effective des priorités contenues dans la feuille de route approuvée, a insisté de son côté le Niger. 

Le représentant de la Libye s’est voulu rassurant, en évoquant des avancées politico-administratives ces derniers mois, y compris la mise sur pied d’un comité ministériel pour accompagner et faire réussir les élections en soutenant le travail de la Haute Commission électorale nationale.  Le Ministère des affaires étrangères, a-t-il fait valoir, a également supervisé le processus d’inscription des électeurs à l’étranger, et un plan global a été préparé pour sécuriser les bureaux de vote en formant trente mille policiers au ministère de l’intérieur. 

Force est de constater, a cependant relevé « avec regret » la Fédération de Russie, que des voix ont déjà commencé à se faire entendre en faveur du transfert ou de la séparation de l’élection présidentielle et des législatives en deux étapes.  Pour la délégation, une telle évolution des événements risque d’annuler tous les progrès accumulés ces derniers mois. 

Les membres du Conseil ont clairement lié les volets électoral et sécuritaire, en soulignant la nécessité de progresser rapidement dans la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020.  À cet égard, nombreux ont été ceux qui ont salué l’annonce de la réouverture de la route côtière Syrte-Misrata fin juillet qui, outre la libre circulation de milliers de Libyens, facilite aussi la délivrance de l’aide humanitaire, a par exemple noté la France. 

Prévu par l’accord de cessez-le-feu, le retrait des forces et mercenaires étrangers constitue une autre condition essentielle pour retrouver une Libye stable, unie et souveraine, ont insisté les délégations.  La Tunisie a souligné la nécessité que ce retrait se fasse en coordination étroite afin d’éviter aux pays voisins, dont elle fait partie, et à la région, toute répercussion sur leur sécurité et leur stabilité.    Pour la France, un programme de désarmement, démobilisation et réintégration doit accompagner ces retours pour ne pas mettre en péril la stabilité de la région du Sahel.  

Pour le représentant libyen, il s’avère nécessaire de répondre à la demande « souveraine intransigeante » de son peuple, qui souhaite, a-t-il dit, que tous les combattants et mercenaires étrangers puissent quitter le pays simultanément, sous la supervision directe de l’État libyen, et en veillant à ce que le conflit ne soit pas transféré aux pays voisins.  Dans ce contexte, l’activation de l’accord quadripartite conjoint entre la Libye, le Niger, le Tchad et le Soudan a été annoncée, afin d’assurer la sécurité aux frontières communes, a-t-il plaidé.

LA SITUATION EN LIBYE (S/2021/716)(S/2021/752)                                                        

Déclarations

M. JÁN KUBIŠ, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Libye et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), a déclaré qu’au cours de sa visite la plus récente dans le pays, il s’était entretenu avec l’ensemble des parties prenantes pour les encourager à garantir la tenue des élections présidentielle et législatives le 24 décembre, une issue de l’avis de tous préférable à leur report, malgré des conditions qui, a-t-il reconnu, sont loin d’être idéales.  Il s’est ensuite félicité des amendements envisagés pour la loi relative à la procédure électorale, considérant qu’il incombe maintenant à la Commission électorale de fixer un échéancier précis pour les scrutins.  Afin d’aider à garantir l’intégrité du processus électoral, M. Kubiš  a demandé à toutes les organisations régionales pertinentes de dépêcher sur place des observateurs.  Le président du Conseil de la présidence a proposé de tenir un dialogue politique pour faciliter la transition et le Gouvernement d’unité nationale a organisé, le 17 août, une conférence dans laquelle figure un plan de sécurité assez complexe visant à garantir la sécurité de ces scrutins, a encore noté M. Kubiš.  « Ces élections sont une nécessité politique et sécuritaire pour permettre à la Libye de sortir d’une situation de conflit permanente pour entamer une phase de reconstruction », a insisté M. Kubiš, qui a salué les efforts déployés par la Commission nationale électorale pour préparer les élections.  Plus d’un demi-million d’électeurs supplémentaires sont inscrits cette année, portant le corps électoral à plus de 2,8 millions de personnes, dont 40% de femmes, s’est encore félicité le haut fonctionnaire.  « Les autorités libyennes et leurs dirigeants ne doivent pas leur faire défaut », a-t-il mis en garde, en plaidant vigoureusement pour une feuille de route très claire. 

M.  Kubiš a ensuite constaté que plusieurs zones côtières continuent d’être livrées à l’instabilité, notamment à des trafics illicites et à des affrontements, avant de réaffirmer que le retrait des mercenaires doit être mené à bien de manière transparente et en coopération avec les pays voisins.  Il est important, a-t-il dit, que la Libye et les pays de la région contrôlent leurs frontières, afin de gérer les flux migratoires, mais aussi pour faire échec aux groupes armés non étatiques qui y opèrent.  À cet égard, des accords transfrontières devraient être conclus, comme celui du quatuor formé par le Soudan, le Niger, le Libye et le Tchad, que l' Envoyé spécial a cité en exemple.  Il a souligné qu’il était impératif de procéder à la mise en œuvre complète de l’accord de cessez-le-feu signé à Genève le 23 octobre 2020, y compris le retrait des mercenaires et des forces étrangères et l’ouverture de la route côtière comme mesure de confiance.  Il s’est enfin félicité des récentes évolutions pour que soient remis en liberté tous les prisonniers détenus de manière illégale en Libye. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde), intervenant en sa capacité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, a rendu compte du travail du Comité au cours des mois écoulés, y compris la séance de travail tenue récemment pour discuter du dernier rapport de son Groupe d’experts.  Au cours de la période couverte par ce compte rendu, le Comité a approuvé une dérogation initiée par les Pays-Bas en rapport avec l’embargo sur les armes.  Le Comité a reçu 7 rapports d’inspection et trois autres sur des tentatives d’inspection.  S’agissant du gel des avoirs, le Comité a envoyé une lettre de demande d’information à la Suisse.  De même, il a approuvé une prolongation de six mois, pour raisons humanitaires, de trois dérogations concernant des individus frappés par l’interdiction de voyage. 

Mme ASMA KHALIFA, cofondatrice du Tamazight Women’s Movement et du Khalifa Ihler Institute, s´est inquiétée de l’absence d’accord sur la base juridique et constitutionnelle sur laquelle doivent se dérouler les élections prévues en décembre.  Les préparatifs sont marqués par l’incertitude, les processus conflictuels abondent et certains doutent que ces élections auront effectivement lieu.  Tout en reconnaissant l’urgence de tenir ces élections, elle a averti qu’un scrutin mal préparé, sans base démocratique solide et procédure régulière sera dangereux. 

Selon elle, si les élections n’ont pas lieu, ou si les résultats sont contestés comme ils l’ont été en 2014, la société n’en sera que plus fracturée et un conflit armé violent pourrait détruire tout ce qui reste du pays.  Pour éviter un tel scénario, Mme Khalifa a insisté sur l’importance d’établir une base juridique et constitutionnelle solide pour la tenue des élections, base qui, a-t-elle insisté, doit inclure tous les peuples de Libye et assurer la protection des droits des peuples autochtones.  « Au mieux, l’élection présidentielle sera une tentative imparfaite d’instaurer la démocratie, au pire elle laissera la porte ouverte à une autre dictature despotique. »  Elle a également noté que la base constitutionnelle actuelle s’avère déjà très conflictuelle: les documents juridiques actuels sont basés sur l’exclusion et la division systématiques des peuples autochtones dans le système électoral qui divise la Libye en trois régions qui ne reflètent pas les réalités démographiques du pays. 

L’intervenante a insisté sur l’importance d’un processus dépolitisé de vérité et de réconciliation ainsi que sur l’inclusion des différents groupes ethniques de la Libye.  Elle a aussi appelé à mieux définir le mandat de la MANUL dont le rôle, a-t-elle souligné, doit être axé sur la médiation afin de négocier l’unification militaire, la base constitutionnelle  et le processus de vérité et de réconciliation.  La perception actuelle parmi les Libyens est que la MANUL permet aux élites politiques corrompus et aux éléments perturbateurs de définir l’agenda pour la paix en Libye, a-t-elle signalé, appelant à réparer les dommages infligés à la confiance dans la Mission en promouvant l’inclusivité et accordant un espace aux divers groupes de la société civile. 

Poursuivant, Mme Khalifa a déclaré que les femmes libyennes n’ont cessé d’être ignorées au cours de la dernière décennie, « punies d’exclusion pour avoir été les acteurs non violents durant ce conflit ».  Elle a dénoncé le manque de volonté politique à mettre en œuvre des accords et des politiques pour intégrer les femmes de manière significative dans différents processus.  Leur travail et leurs visions pour la paix en Libye ne sont pas pris au sérieux alors qu’elles ont été touchées de manière disproportionnée par le conflit, représentent la moitié de la population déplacée et dirigent davantage de ménages suite à la disparition des membres masculins de leur famille.  Et à cela s’ajoute le fait que les femmes en Libye sont confrontées à la violence systématique des organes gouvernementaux, ce qui en fait des citoyennes de seconde zone.  En outre, l’espace de la société civile s’est rétréci à tel point que tout travail lié au conflit et à la politique est devenu dangereux.  Les femmes défenseuses des droits humains travaillent chaque jour en Libye au péril de leur vie, mais aussi de leur famille et de leurs proches.  

Mme Khalifa a ensuite appelé à appuyer la mobilisation d’experts juridiques locaux et internationaux pour définir le processus électoral et ses bases constitutionnelles, ainsi que la mise en place d’un organe indépendant pour minimiser la corruption et les abus de pouvoir. 

Le retrait des combattants étrangers, des milices internationales et des mercenaires est une autre priorité clef pour renforcer la stabilité en Libye. L’intervenante a aussi estimé que la mission de surveillance du cessez-le-feu de la MANUL devrait être rendue indépendante de la MANUL, et doté d’un mandat adapté aux problèmes actuels plutôt qu’aux problèmes qui existaient avant sa création.  Un processus de vérité et de réconciliation doit être mis en place pour appuyer la responsabilisation et la justice pour les griefs historiques, et il faut prioriser la protection des militants de la société civile et des défenseurs des droits humains.  L’avenir de la Libye peut sembler compliquer ou incertain, a-t-elle reconnu, mais la solution repose en partie sur le bon sens: un gouvernement légitime, la création d’un secteur de la sécurité exempt de milices soutenues par l’étranger et l’établissement d’un processus de vérité et de réconciliation centré sur les victimes. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déclaré que le temps presse pour convenir d’une base juridique et constitutionnelle pour les élections en Libye.  « Nous sommes à un point critique.  Il y a une demande claire du peuple libyen de participer aux élections et de faire entendre sa voix.  Il est essentiel que les autorités qui les représentent se mettent d’accord sur la tenue d’élections et qu’elles s’engagent à en accepter les résultats », a-t-elle souligné.  La représentante s’est félicitée des efforts déployés par la Chambre des représentants pour trouver une solution à ce problème et encouragé un engagement accru afin de permettre un accord complet sur la tenue des élections présidentielle et parlementaires du 24 décembre.  Les étapes nécessaires n’ont pas changé depuis que la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen a été approuvée par ce Conseil dans la résolution 2570, a rappelé la délégation britannique.  Mais la tâche est devenue de plus en plus urgente, a-t-elle souligné.  

En outre, le Royaume-Uni reste déterminé à défendre la participation pleine, égale et significative des femmes en Libye, les élections de décembre offrant une opportunité pour leur participation pleine et significative en tant qu’électrices, candidates et décideuses dans le processus politique.  La représentante a par ailleurs salué l’ouverture de la route côtière le mois dernier, félicitant la Commission militaire mixte 5+5 d’avoir franchi cette étape vers l’instauration de la confiance entre l’Est et l’Ouest.  « Il est essentiel maintenant, à un peu plus d’un mois de l’anniversaire de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre, que l’on passe des paroles aux actes.  Toutes les forces étrangères et les mercenaires doivent se retirer de Libye sans délai », a tranché la déléguée.  Nous attendons avec impatience le déploiement initial des observateurs du cessez-le-feu de l’ONU à l’appui du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, a-t-elle ajouté à cet égard.  Quant aux recommandations de l’examen stratégique indépendant de la MANUL, elles doivent maintenant être mises en œuvre pour que la MANUL soit la mieux placée pour aider à faciliter le processus politique dirigé et contrôlé par la Libye et s’appuyer sur les gains réalisés par le Représentant spécial et son équipe, a préconisé la représentante. 

M. NIANDOU AOUGUI (Niger) a déploré la persistance des actes, fort regrettables, d’ingérence étrangère et de violations de l’embargo sur les armes, des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité et des engagements pris durant les deux Conférences de Berlin par certains acteurs impliqués dans la guerre en Libye.  Pour le délégué, il est clair que la stabilisation de la Libye passe par l’impératif de tenir les élections qui soient crédibles, inclusives et transparentes le 24 décembre 2021.  À cet égard, les parties prenantes ont la responsabilité historique de s’accorder urgemment pour la mise en œuvre effective des priorités contenues dans la feuille de route approuvée.  Il s’est réjoui de l’annonce des futures démarches de l’Union africaine (UA) pour préparer le terrain nécessaire à la tenue de la Conférence sur la réconciliation nationale interlibyenne en coordination avec les pays voisins. 

Sur le plan sécuritaire, a-t-il relevé, la Commission militaire mixte 5+5 a permis d’enregistrer des progrès tangibles.  Il a salué la récente réouverture de la route côtière reliant l’est et l’ouest de la Libye; encouragé la poursuite de mise en œuvre des accords du cessez-le-feu, et jugé primordial d’œuvrer urgemment à l’unification des institutions militaires.  Pour M. Aougui, cela est d’autant crucial vu que le voisinage immédiat de la Libye continue de subir les effets de l’insécurité et des menaces à leur intégrité territoriale du fait des activités des groupes armés de tout genre.  Il s’est félicité de l’établissement d’un cadre de coopération transfrontalière entre le Tchad, le Niger, la Libye et le Soudan visant à surveiller, sécuriser et développer conjointement les zones frontalières. 

Sur le plan humanitaire, le délégué a évoqué les conditions déplorables et inhumaines de vie des migrants et des réfugiés en Libye.  Il est grand temps de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à ces abus et violations auxquels ils sont en permanence assujettis, a-t-il plaidé.  Enfin, il a rappelé, qu’en l’état actuel des choses, le rapatriement et débarquement des migrants repêchés en mer en Libye viole le droit international humanitaire.  Ces personnes vulnérables secourues en mer ont besoin de protection et non pas d’être ramenées en Libye où elles subiront détention arbitraire et autres abus de la part des geôliers qui échappent à l’autorité de l’État, a-t-il expliqué. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) s’est félicité que les autorités libyennes aient réaffirmé leur engagement à tenir les élections présidentielle et législatives à la date prévue, à savoir le 24 décembre prochain, conformément à la résolution 2570 (2021).  Le représentant a salué à cet égard les efforts déployés par la MANUL pour préparer la tenue de ces scrutins, notamment en facilitant les travaux du Forum de dialogue politique interlibyen et de ses commissions.  Il a également réitéré l’importance du rôle du voisinage et des organisations régionales pour faire avancer cette voie démocratique et aider les Libyens à renforcer leur unité nationale.  

Applaudissant les mesures positives prises récemment dans le cadre du renforcement de la confiance, en particulier la réouverture de la route côtière reliant l’est et l’ouest du pays et la formation d’une force conjointe pour sécuriser l’approvisionnement en eau, le délégué a estimé que le respect continu du cessez-le-feu est une garantie essentielle pour le succès du processus de règlement politique en Libye.  De ce point de vue, il a renouvelé son appel à toutes les parties libyennes pour qu’elles maintiennent leur engagement en faveur de la pleine mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, notamment en accélérant le départ des mercenaires et des combattants étrangers.  Il a souligné la nécessité que ce retrait se fasse en coordination étroite afin d’éviter aux pays voisins et à la région toute répercussion sur leur sécurité et leur stabilité.  

À ce propos, le représentant a invité les acteurs régionaux et internationaux, dont la MANUL, à soutenir les autorités libyennes et la Commission militaire mixte 5+5.  Il a également jugé nécessaire que toutes les parties s’engagent à appliquer l’embargo sur les armes imposé à la Libye et à respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de ce pays, sans s’ingérer dans ses affaires intérieures.  Enfin, il a salué les efforts continus d’unification des institutions libyennes du Gouvernement d’unité nationale pour faire avancer l’économie libyenne et améliorer les services fournis aux Libyens, réitérant l’engagement de la Tunisie de continuer à apporter toutes formes de soutien à la « Libye sœur ».  

Mme HALIMAH AMIRAH FARIDAH DESHONG (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a insisté sur l’urgence de finaliser les arrangements sur le cadre juridique électoral et la clarification de la base constitutionnelle.  Elle a salué le fait que l’Accord de cessez-le-feu continue de tenir, même si des progrès tangibles dans sa mise en œuvre sont limités.  Nous réitérons notre appel à son strict respect, au retrait inconditionnel des combattants et mercenaires étrangers de Libye, ainsi qu’au plein respect de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité, a-t-elle lancé.  Selon elle, ce retrait doit être mené de manière supervisée et ordonnée, afin d’éviter de graves ramifications pour le Sahel et la région, et s’accompagner d’une bonne planification du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration (DDR) et de la réforme du secteur de la sécurité (RSS).  

Selon Mme Deshong, les mesures de confiance, y compris la libération d’anciens responsables, sont positives et de bon augure pour le processus politique, la réconciliation nationale, l’unité, la paix et la stabilité.  Le rôle de soutien de l’Union africaine dans l’assistance au processus global de réconciliation nationale sera également déterminant.  La représentante a ensuite plaidé pour l’adoption rapide du projet de loi sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et à l’achèvement du Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité.  Elle a également réitéré l’appel de sa délégation pour leur pleine protection et sécurité, en particulier celles qui se trouvent dans les centres de détention, avant de rappeler que la Libye reste un port de débarquement dangereux pour les migrants et les réfugiés. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a pleinement appuyé les recommandations de l’examen stratégique indépendant et leur mise en œuvre dans le cadre du renouvellement du mandat de la MANUL.  Comme l’a clairement exprimé ce Conseil, les élections présidentielle et parlementaires devraient se tenir comme prévu le 24 décembre de cette année.  « Ce n’est pas seulement l’attente de la communauté internationale, mais aussi du peuple libyen lui-même.  Des élections libres, équitables et inclusives sont essentielles pour que la Libye progresse et pour éviter une nouvelle déstabilisation de la Libye dans son ensemble. »  La délégation s’est félicitée de l’adoption par la Chambre des représentants de la loi sur les élections présidentielle et demandé instamment que le cadre des élections législatives soit finalisé dès que possible.  Il est essentiel que la Haute Commission électorale nationale soit dotée de la législation nécessaire pour poursuivre sa préparation aux élections, a souligné la Norvège.  

Beaucoup a été accompli, comme l’illustrent l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020 et la formation du Gouvernement d’unité nationale cette année.  Il est essentiel maintenant que ces gains soient préservés et la feuille de route du Forum de dialogue politique libyen de novembre 2020 mise en œuvre.  Mme Juul a déclaré qu’elle espérait voir des progrès dans la mise en place d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, y compris le déploiement d’observateurs du cessez-le-feu, comme mandaté dans la résolution 2570.  « Et permettez-moi de réitérer l’importance que toutes les forces étrangères et tous les mercenaires quittent le pays – comme les Libyens eux-mêmes l’ont demandé dans l’accord de cessez-le-feu », a-t-elle ajouté. 

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a déclaré partager les inquiétudes exprimées quant au peu de progrès réalisés ces derniers mois en Libye sur les plans politique et sécuritaire.  Il importe, selon lui, de préserver l’élan positif impulsé au début de l’année.  Il est notamment crucial que les préparatifs électoraux soient achevés afin que les scrutins prévus se tiennent à la fin de 2021, conformément à la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen.  Le représentant a appelé les parties à surmonter leurs divergences à cet égard, soulignant en outre l’importance d’une participation pleine et entière des femmes.  Il a également estimé que la MANUL joue un rôle essentiel à l’appui du processus politique conduit par les Libyens. 

Le délégué a ensuite exhorté toutes les parties à respecter les dispositions de l’accord de cessez-le-feu et de son processus de suivi, et ce, avec l’appui de la MANUL.  Il s’est néanmoins déclaré préoccupé par les conséquences pour la région de certains aspect sécuritaires.  À cet égard, il a déclaré appuyer le retrait de toutes les forces étrangères et des mercenaires présents en Libye, conformément à la résolution 2570 (2021).  Ce retrait, a-t-il plaidé, doit être réalisé rapidement et de manière coordonnée et complète sans créer d’instabilité.

Le représentant a également juger essentiel d’aider la Libye à relever les défis économiques et humanitaires auxquels elle est confrontée.  Appelant les partenaires internationaux à continuer à apporter leur appui au pays, notamment à ses groupes de population les plus vulnérables, il a salué les efforts déployés par l’ONU pour mener à bien des campagnes de vaccination contre la COVID-19.  Il s’est par ailleurs félicité que les routes côtières aient été rouvertes en Libye et que des opérations de déminage y aient lieu. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que la paix est à portée de main en Libye, et qu’il faut rester mobilisé pour que cette fenêtre d’opportunité ne se referme pas.  Il a jugé impératif que les acteurs libyens respectent les échéances électorales qu’ils se sont eux-mêmes fixés, notamment les élections parlementaires et présidentielle qui doivent se tenir le 24 décembre prochain.  Toute remise en cause de cette échéance pourrait menacer le processus de transition politique et la relative accalmie que connaît la Libye ces derniers mois, a—t-il dit.  Le représentant a encouragé la Chambre des représentants à transmettre sans délai la loi électorale pour l’élection parlementaire à la Haute Commission électorale. C’est indispensable pour que celle-ci puisse lancer rapidement l’organisation des deux scrutins conformément aux attentes du Conseil de sécurité, a-t-il expliqué. 

La seconde priorité selon M. de Rivière est de progresser rapidement dans la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020.  Il a salué l’annonce de la réouverture de la route côtière Syrte-Misrata fin juillet qui, outre la libre circulation de milliers de Libyens, facilite aussi la délivrance de l’aide.  Le représentant y a vu une mesure symbolique qui souligne la détermination des forces armées du pays à agir ensemble avec en vue leur réunification ainsi que la preuve de l’efficacité de la Commission militaire mixte 5+5 sur les questions sécuritaires.  Le déploiement d’observateurs de la MANUL sera une étape essentielle pour assurer la mise en œuvre du cessez-le-feu, a—t-il poursuivi.  Et le retrait des forces et mercenaires étrangers constitue une autre condition essentielle pour retrouver une Libye stable, unie et souveraine.  De l’avis du représentant, un programme de désarmement, démobilisation et réintégration doit accompagner ces retours pour ne pas mettre en péril la stabilité de la région du Sahel. 

M. de Rivière a par ailleurs souligné que l’unification des institutions économique et financière libyennes est essentielle.  Une répartition juste, équitable et transparente des ressources doit être garantie au profit de l’ensemble de la population libyenne.  Il a enfin appelé les autorités libyennes à pleinement coopérer avec la Cour pénale internationale, comme le prévoient les décisions du Conseil de sécurité. 

M. BING DAI (Chine) a déclaré que le processus politique en Libye se trouvait à la croisée des chemins, souhaitant que les parties prenantes fassent émerger un consensus sur la loi électorale pour organiser des scrutins dans les délais agréés par elles.  Il a encouragé la Libye à associer les pays voisins et l’Union africaine dans la mise au point d’une stratégie méticuleuse de retrait progressif de tous les combattants et mercenaires étrangers pour éviter une nouvelle déstabilisation de la région.  Le représentant a enfin appuyé le renouvellement du mandat de la MANUL. 

Intervenant cette fois à titre national, M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a observé qu’un « sentiment d’optimisme prudent » a entouré la situation en Libye ces derniers mois, notamment depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu, le 23 octobre 2020.  Il a noté que le Conseil s’est lui-même félicité des progrès politiques réalisés, notamment dans la mise en place du Gouvernement d’unité nationale chargé de conduire les élections du 24 décembre 2021.  Cependant, a-t-il nuancé, malgré les progrès, « il y a encore des motifs d’inquiétude ».  La situation sécuritaire reste en effet fragile, l’implication de forces extérieures dans les affaires intérieures de la Libye a un impact négatif et les forces terroristes ont de nouveau relevé la tête dans le pays.  Dans ce contexte, a-t-il dit, il incombe à la communauté internationale et au Conseil de sécurité en particulier de continuer à apporter leur soutien au pays afin que les progrès politiques réalisés ne s’effritent pas. 

Pour ce faire, a poursuivi le représentant, les élections doivent avoir lieu à la date prévue et être équitables.  À cette fin, il est crucial que la base constitutionnelle et légale pour la conduite de ces scrutins soit convenue dans les temps.  Regrettant qu’un consensus n’ait pas encore été atteint, il a appelé les parties à travailler ensemble pour parvenir à un accord mutuellement acceptable.  Il a d’autre part souhaité que la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Libye soient sauvegardées.  À ses yeux, le processus de paix doit être entièrement dirigé et contrôlé par la Libye, sans imposition ni ingérence extérieure.  

Le délégué a ensuite appelé au respect des dispositions de l’accord de cessez-le-feu et des résolutions du Conseil.  Malheureusement, ces dispositions continuent d’être bafouées, en particulier celles liées au retrait des forces étrangères et des mercenaires.  Il est tout aussi alarmant, selon lui, que l’embargo sur les armes continue d’être violé de manière flagrante, ce qui implique que le Conseil réfléchisse à des mesures supplémentaires pour garantir que ses décisions sont bien mises en œuvre.  De même, nous devons veiller à ce que les groupes terroristes et les entités affiliées ne soient pas autorisés à opérer en Libye, a-t-il ajouté, jugeant très inquiétantes la présence et les activités continues de Daech en Libye et la possibilité d’un « effet domino » dans toute la région du Sahel.  M. Tirumurti s’est également prononcé pour la planification du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration (DDR) des groupes armés et des acteurs armés non étatiques, saluant l’aide proposée par la MANUL dans ce processus.  

M.  JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a condamné les flambées de violence à Tripoli qui menacent les progrès réalisés depuis le cessez-le-feu du 23 octobre. Notant que les progrès politiques sont essentiels à la sécurité régionale, il a jugé indispensables que les élections nationales aient lieu en décembre comme prévu.  Pour se faire, les parties doivent s’accorder d’urgence sur un cadre juridique et constitutionnel pour leur tenue.  Il a appelé le Forum de dialogue politique interlibyen à résister à la polarisation et la Chambre des représentants à adopter immédiatement les aménagements constitutionnels et législatifs nécessaires. 

Notant que des mercenaires et des forces étrangères restent en Libye et que les armes continuent d’affluer dans le pays malgré les décisions du Conseil, le représentant des États-Unis a appelé au respect des injonctions du Conseil de sécurité et du le cessez-le-feu et réclamé le retrait des forces étrangères.  Il s’est également inquiété des allégations selon lesquelles Saadi Qadhafi aurait quitté la Libye sans notifier le Comité au préalable.  

« La violation des droits de l’homme par toute partie est inacceptable », a poursuivi le représentant qui a exhorté les autorités à mettre fin aux arrestations arbitraires.  Il a souligné que les détenus doivent bénéficier d'un procès équitable et dénoncé le traitement inhumain des détenus, exhortant dans la foulée les autorités à fermer les centres de détention de migrants.  Notant par ailleurs que la situation sur le terrain a évolué depuis le dernier renouvellement du mandat de la MANUL, le représentant des États-Unis a appuyé la proposition de relocaliser le Chef de la Mission à Tripoli afin de renforcer la présence et l’engagement de la MANUL.  

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a jugé essentiel que les acteurs politiques libyens agissent de manière responsable et avancent dans l’unification des institutions étatiques de leur pays.  Selon la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen, il est plus urgent que jamais que les bases juridiques pour l’organisation des élections du 24 décembre soient adoptées rapidement.  La délégation a ensuite considéré qu’étant donné la date proche des élections législatives et présidentielle, les efforts de la MANUL devraient se concentrer sur la construction de passerelles entre les différents groupes politiques pour parvenir à un processus électoral inclusif, libre et crédible.  Elle a, à cet égard, salué les avancées dans la négociation des bases juridiques et l’allocation d’un budget électoral, et appelé la Commission militaire mixte 5+5 à s’accorder sur une opération sécuritaire qui permette la mobilisation des électeurs sur l’ensemble du territoire libyen.  Le Mexique a exprimé son souhait de voir le déploiement rapide du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, y compris la composante des Nations Unies autorisée par ce Conseil.  De même, le risque pour le processus électoral que représente la présence de combattants et de mercenaires étrangers est évident, aussi insistons-nous, « une fois de plus », sur leur « départ rapide et coordonné » de Libye. 

Par ailleurs, le Mexique a reconnu que, grâce à l’accord de cessez-le-feu, les besoins humanitaires avaient été réduits.  Il ressort, par exemple, que le nombre de déplacés à l’intérieur du pays a diminué d’environ 180 000 personnes de novembre 2020 à juillet dernier.  « C’est sans aucun doute l’un des dividendes les plus importants du processus de paix », s’est félicité le représentant.  Pourtant, un demi-million de personnes en situation de vulnérabilité dépendent encore du travail des organisations humanitaires pour se nourrir, avoir accès à un logement décent, à l’eau potable ou aux services de santé, particulièrement nécessaires dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Pour cette raison, nous réitérons notre appel aux autorités libyennes pour faciliter le fonctionnement des acteurs humanitaires, a déclaré le Mexique, qui a exprimé sa préoccupation face aux difficultés que les organisations internationales non gouvernementales travaillant en Libye ont récemment rencontrées pour obtenir les visas nécessaires pour leur personnel. 

Le Mexique a ensuite renouvelé sa demande à la MANUL pour le déploiement rapide de conseillers pour la protection des femmes et des enfants, jugeant impératif de renforcer la capacité de la mission à répondre aux besoins de ces deux groupes dans des situations particulièrement vulnérables.  Son déploiement s’inscrit dans le cadre des recommandations issues de l’examen stratégique indépendant de la mission, « dont mon pays soutient et juge pertinentes les conclusions », a ajouté le représentant. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a relevé que les Libyens ont commencé à surmonter progressivement la méfiance mutuelle causée par le conflit à long terme et à prendre des mesures communes pour unir les structures et les institutions de l’État.  Il s’est inquiété du fait que la mise en œuvre de la « feuille de route » pour le règlement, approuvée par le Forum de dialogue politique interlibyen est sur la mauvaise voie.  Nous espérons que les Libyens sauront surmonter toutes les divergences accumulées et trouver un dénominateur commun, l’avenir du peuple libyen étant en jeu, a-t-il espéré.  Il a déploré que des voix ont déjà commencé à se faire entendre en faveur du transfert ou de la séparation en deux étapes des élections présidentielle et législatives.  Une telle évolution risque d’annuler tous les progrès accumulés ces derniers mois, a-t-il mis en garde. 

M. Polyanskiy a souligné que la cessation des hostilités, il y a plus d’un an, a été une grande réussite dans le domaine militaire.  Cependant, de nouveaux progrès vers un règlement complet et définitif du conflit armé en Libye nécessitent un travail actif.  Les décisions prises dans le cadre de la Commission militaire mixte 5+5 restent largement sur le papier, et un accord définitif est attendu pour l’ouverture totale de la route côtière entre l’ouest et l’est du pays.  Dans le même temps, les parties s’attribuent mutuellement la responsabilité du manquement aux obligations.  Pour le représentant, une situation aussi précaire est directement liée au problème non résolu de la présence militaire étrangère en Libye.  Il a préconisé une évacuation progressive et synchronisée dans le temps de tous les groupes et unités armés non libyens.  Il a également salué l’initiative du Président du Conseil de la présidence de lancer un projet de réconciliation nationale globale, dans le cadre duquel des mesures concrètes ont déjà été prises pour rétablir la confiance entre les différentes forces libyennes.   

Le délégué a ensuite dit demeurer préoccupé par le problème de la migration illégale et de la prolifération des armes en Libye, ce qui affecte la sécurité tant dans le pays et dans la région saharo-sahélienne dans son ensemble.  Nous comptons sur des actions d’inspection plus efficaces au large des côtes libyennes, a-t-il dit, en référence à l’embargo sur les armes.  Enfin, dans la perspective d’une nouvelle résolution prorogeant le mandat de la MANUL, la Fédération de Russie entend veiller à réviser les tâches et la structure de la Mission.  Nous sommes convaincus que l’essentiel est désormais de préserver tous les progrès et potentiels accumulés de la MANUL, notamment lors de la phase préélectorale si importante pour le pays, a expliqué le représentant.  Selon lui, l’ONU devrait concentrer ses efforts sur cette piste, et non les disperser. 

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a salué les grands progrès réalisés en Libye dans les domaines politique, sécuritaire et économique au cours de l’année écoulée.  Il importe toutefois de ne pas s’arrêter là, a-t-il dit, souhaitant que tout soit fait pour que des élections libres, équitables, inclusives et crédibles aient lieu le 24 décembre prochain, comme indiqué dans la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen et dans la résolution 2570 (2021) du Conseil.  À cet égard, il s’est dit encouragé par l’annonce, hier, de l’adoption par les députés libyens d’un projet de loi pour la prochaine élection présidentielle et a appelé à établir la base juridique des prochaines élections législatives.  Il a d’autre part plaidé pour une participation pleine et significative des femmes et pour l’inclusion des jeunes à tous les stades de la vie publique.  

Le délégué a ensuite applaudi les avancées réalisées dans la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre, en particulier l’ouverture de la route côtière Misrata-Syrte.  Selon lui, il est de la plus haute importance de poursuivre la pleine mise en œuvre de cet accord, en particulier le retrait rapide de tous les combattants et mercenaires étrangers.  De même, jugeant crucial de mettre en œuvre le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, il s’est félicité des assurances du Secrétaire général quant au déploiement initial d’une composante évolutive de la MANUL chargée de cette surveillance et a dit attendre avec intérêt l’envoi de l'équipe d’appui internationale. 

Avant de conclure, le représentant s’est déclaré alarmé par la situation humanitaire en Libye, en particulier par le manque d’accès pour l’aide et les travailleurs humanitaires.  Il a également déploré la situation des migrants et des demandeurs d’asile, estimant que la détention arbitraire, l’exposition à la violence, y compris la violence sexuelle et sexiste, doivent cesser. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a commencé par saluer un certain nombre de mesures positives récentes, qu’il s’agisse de la réouverture historique de la route côtière Misrata-Syrte, de l’inscription des électeurs, y compris pour les Libyens à l’étranger, et de la poursuite du dialogue au sein de toutes les voies existantes.  Il a cependant noté que des éléments critiques du processus de paix sont en suspens, créant un obstacle à son progrès.  « Nous pensons que le désir et la décision du peuple libyen d’organiser des élections le 24 décembre peuvent être mieux réalisés s’il existe un cadre juridique approprié et une dotation budgétaire adéquate », a recommandé le représentant.  Il s’est ensuite félicité de l’annonce officielle du lancement du projet global de réconciliation nationale par le Président du Conseil de la présidence au début de cette semaine. 

Ce Conseil, a rappelé M. Kiboino, a appelé à maintes reprises à un engagement en faveur de l’accord de cessez-le-feu et au respect de l’embargo sur les armes, notamment par le biais de ses résolutions 2570 et 2571 ainsi que des déclarations présidentielles, entre autres.  « On ne saurait trop insister sur la nécessité pour toutes les parties d’entendre cet appel », a-t-il ajouté, soulignant l’effet déstabilisateur de la présence continue de forces étrangères et de mercenaires non seulement en Libye, mais aussi dans la région, en particulier le Sahel.  « Leur sortie attendue depuis longtemps devrait avoir lieu sans plus tarder pour que le processus de paix souhaité, véritablement dirigé et contrôlé par la Libye puisse être réalisé », a déclaré le délégué. 

Ce dernier a ensuite noté que les avoirs libyens doivent être préservés au profit du peuple libyen, conformément à la résolution 1970.  Le Kenya a donc demandé instamment que la mise en œuvre du gel des avoirs se fasse toujours en liaison avec les autorités libyennes.  Un examen périodique servira à garantir que ses objectifs sont atteints, a-t-il estimé. 

M. JIM KELLY (Irlande) a jugé vitale la tenue d’élections législatives et présidentielle nationales le 24 décembre pour une transition politique réussie, dirigée et contrôlée par les Libyens.  « Nous avons été heureux que la Chambre des représentants ait récemment adopté une loi autorisant les présidentielle et appelons les autorités compétentes à résoudre d’urgence les désaccords en suspens afin de garantir que les législatives se déroulent également dans les délais », a-t-il déclaré. 

Il a insisté sur le rôle indispensable joué par les femmes, les jeunes et la société civile au sens large dans la construction de communautés inclusives et pacifiques, saluant notamment la contribution des 17 femmes membres du Forum de dialogue politique libyen (LPDF).  Cependant, s’est indigné le représentant, « nous sommes consternés par les informations faisant état de violences visant des femmes politiquement actives, y compris des défenseuses des droits humains et condamnons fermement tous ces incidents ».  La recommandation de l’examen stratégique de mettre en œuvre une « capacité d’appoint » au sein des unités de conseil sur les questions de genre et de droits de l’homme de la MANUL doit être mise en œuvre de toute urgence, en particulier le déploiement rapide de conseillers pour la protection des femmes.  Les personnels de la MANUL doivent être en mesure d’effectuer leur travail essentiel dans la sûreté et la sécurité et disposer des ressources nécessaires pour lutter contre toutes les formes de violence sexuelle, a ajouté M. Kelly.  

L’Irlande s’est félicitée de l’ouverture de la route côtière le 30 juillet et a dit attendre avec impatience le déploiement prochain des premiers observateurs du cessez-le-feu des Nations Unies en Libye, une étape importante dans la mise en œuvre du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu.  « Le retrait de toutes les forces et mercenaires étrangers, tel que stipulé par la résolution 2570, doit être achevé dès que possible et en consultation avec toutes les parties prenantes », a demandé la délégation.  Elle a ensuite appelé la Chambre des représentants et le Gouvernement d’unité nationale à donner la priorité à un accord sur le budget national, qui sera vital pour la fourniture de services, encore entravée par les pénuries de carburant et les perturbations de l’approvisionnement en eau et en électricité. 

M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a parlé des avancées politico-administratives de ces derniers mois en Libye, y compris la mise sur pied d’un comité ministériel pour accompagner et assurer la réussite des élections en soutenant le travail de la Haute Commission électorale.  Le ministère des affaires étrangères a également supervisé le processus d’inscription des électeurs à l’étranger, et un plan global a été préparé pour sécuriser les bureaux de vote en formant trente mille policiers au ministère de l’intérieur. 

Il a indiqué que les initiatives nationales visant à résoudre la crise en Libye constituent la base à partir de laquelle travailler pour parvenir à la stabilité.  Et parvenir à une stabilité durable repose sur deux volets importants : le volet sécuritaire et le volet économique.  Sur le plan sécuritaire, a-t-il expliqué, cela passe par l’établissement de structures militaires et sécuritaires sous autorité civile, le remplacement et l’intégration des combattants et le monopole de l’État sur les armes.  En ce qui concerne l’économique, il est question de lancer une stratégie économique fondée sur la justice sociale, la répartition équitable des richesses et la reconstruction.  Dans ce contexte, le délégué a invité la communauté internationale à apporter son soutien, y compris en participant à la conférence internationale convoquée par le Gouvernement le mois prochain avec le soutien de l’ONU et d’autres partenaires internationaux du pays. Ce sera l’occasion pour la communauté internationale de prouver ses bonnes intentions et de réparer les erreurs du passé, a-t-il dit. 

Le représentant a noté le rôle central des pays voisins dans l’instauration de la sécurité et de la stabilité en Libye et dans la région, remerciant notamment l’Algérie qui a accueilli, il y a quelques jours, une réunion ministérielle des pays voisins.  Soulignant que la solution à la crise libyenne est purement libyenne, il a appelé au retrait simultané de tous les combattants et mercenaires étrangers sous la supervision directe de l’État libyen, et en veillant à ce que le conflit ne soit pas transféré aux pays voisins.  C’est dans ce contexte, l’activation de l’accord quadripartite conjoint entre la Libye, le Niger, le Tchad et le Soudan a été annoncée, afin d’assurer la sécurité aux frontières communes, a-t-il fait savoir. 

En ce qui concerne la situation des droits humains, le représentant a dit que le Gouvernement travaille sérieusement pour assurer leur respect.  Il a réaffirmé l’importance de trouver une solution au phénomène des migrations et d’œuvrer à la recherche de mécanismes globaux de coopération internationale pour appuyer le développement des pays dont les migrants sont originaires.  Il a réaffirmé que la Libye est un pays de transit et non de destination, mais la Libye avec sa stabilité peut contribuer à faire face à ce phénomène, notamment en raison de ses relations historiques avec ses voisins. 

En matière de réconciliation, le délégué s’est félicité de la poursuite des échanges de détenus et de l’ouverture de la route côtière entre l’Est et l’Ouest, précisant qu’une force conjointe a été formée pour sécuriser plusieurs emplacements stratégiques.  Il a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts de réconciliation nationale promue par le Président du Conseil de la présidence.  Nous assurons à tous que la Libye a commencé à se redresser et sera encore plus forte, a-t-il lancé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale convoque les 2 et 3 juin 2022 le Sommet « Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous »

 Soixante-quinzième session , 103e séance – matin
AG/12358

L’Assemblée générale convoque les 2 et 3 juin 2022 le Sommet « Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous »

L’Assemblée générale a décidé aujourd’hui de tenir à Stockholm, les 2 et 3 juin 2022, une réunion internationale intitulée « Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance ».* 

Prévu à la veille du cinquantième anniversaire de la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Sommet réfléchira aux moyens d’agir en faveur d’une planète saine et de la prospérité de toutes et de tous; d’assurer un relèvement durable et inclusif après la pandémie de COVID-19 et d’accélérer la mise en œuvre du volet environnemental du développement dans le cadre de la « Décennie d’action ».  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la Guinée a refusé l’idée que le Sommet conduise à une renégociation des accords multilatéraux et regretté que sa proposition sur la participation des ONG n’ait pas été retenue.    

L’Assemblée a aussi adopté une résolution recommandée par son Groupe de travail spécial sur la revitalisation de ses travaux.  Le texte de 90 paragraphes** tournent autour des quatre thématiques que sont le rôle et les pouvoirs de l’Assemblée générale; ses méthodes de travail; la sélection et la nomination du Secrétaire général et des autres chefs de secrétariat; et le renforcement de la responsabilité, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Bureau de la présidence de l’Assemblée.  Le Groupe de travail, dont le mandat a été reconduit pour une période de deux ans, présente aussi un tableau actualisé sur l’application ou non de ses recommandations précédentes. 

Le CANZ -Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Australie- a salué l’idée de limiter le nombre des manifestations de haut niveau organisées en marge du débat général de l’Assemblée, avant que le Royaume-Uni ne salue une résolution qui va plus loin que toutes les précédentes sur les méthodes de travail, la désignation de points focaux sur l’allègement de la charge de travail de l’Assemblée et le processus de sélection du futur Secrétaire général.  Sur ce dernier point, le Groupe ACT –Acountability, Coherence and Transparency- a estimé qu’il faut encore progresser sur le calendrier.  À l’instar du Costa Rica, il a jugé urgent qu’une femme soit enfin nommée secrétaire générale « afin de mettre fin à 80 ans de patriarcat à la tête de l’ONU ».  

La Slovaquie a, pour sa part, salué l’accent sur l’amélioration des interactions entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Comme le Groupe ACT, l’Équateur et l’Union européenne, elle s’est félicitée de la décision de modifier l’article 1 du Règlement intérieur de l’Assemblée pour laisser plus de temps dès la soixante-dix-huitième session aux préparatifs du débat général.  

L’Assemblée générale poursuivra l’adoption de ses dernières résolutions lundi 13 septembre 2021 à partir de 10 heures.

*  A/75/L.135
** A/75/973/Par. 27

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le retrait du statut consultatif de 9 ONG soudanaises sur recommandation du Soudan et achève sa reprise de session

Reprise de la session de 2021,
32e & 33e séances plénières – matin & après-midi
ONG/928

Le Comité des ONG recommande le retrait du statut consultatif de 9 ONG soudanaises sur recommandation du Soudan et achève sa reprise de session

Le Comité des ONG a terminé les travaux de la reprise de sa session 2021, prévoyant d’adopter son rapport le 17 septembre prochain.  Aujourd’hui il a décidé de reporter sa décision sur le dossier de 11 organisations et recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) de clore ceux des 65 autres qui n’ont répondu aux questions supplémentaires, après trois rappels. 

À l’issue d’un débat intense et de deux votes, le Comité a également recommandé à l’ECOSOC de retirer le statut consultatif à neuf ONG soudanaises accusées « d’avoir mené des activités criminelles contraires aux intérêts du Gouvernement du Soudan », violant ainsi la Charte des Nations Unies et la résolution 1996/31 de l’Assemblée générale, texte fondateur du Comité.  Sont donc menacées de perdre leur statut El Birr & El Tawasoul, Al Zubair Charitable Foundation; Global Health Foundation ; International Peace and Development organization ; MAARIJ Foundation for Peace and Development ; SANAD Charity Foundation; Society Studies and Consultations; Sudanese Women General Union; Women Research Center. 

Le Comité, qui est composé de 19 États Membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC.    Le premier, le statut consultatif général est attribué aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.    Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.  

Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.    Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.    Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.  

En début d’après-midi, le Comité a adopté son programme de travail provisoire 2022 * qui prévoit une session ordinaire du 24 janvier au 2 février, et le 14 février, puis une reprise, du 17 au 25 mai et le 7 juin.  Dans ses remarques de clôture, le Président du Comité a rappelé qu’en 2020, compte tenu de la pandémie de COVID-19, la reprise de session s’était limitée à une demi-journée.  Il a donc salué le fait que le Comité ait été en mesure de rattraper le temps perdu et d’examiner plus de 1 380 nouvelles et anciennes demandes de statut consultatif, et de prendre note d’un millier de rapport quadriennaux.  « C’est un record », s’est-il enorgueilli: « Le Comité a combattu la pandémie et en est sorti vainqueur!» 

*(E/C.2/2021/L.1) 

Examen des demandes reportées de statut consultatif  

Le Bahreïn a demandé des informations sur les partenariats de Bahrain Center for Human Rights (Danemark) au-delà de celles déjà communiquées au Comité dans la mesure où la partie sur les partenariat ne figure pas dans la demande.  La Fédération de Russie a demandé la liste des pays où travaille le Ceasefire Centre for Civilian Rights (Royaume-Uni).  Elle a aussi réclamé des informations sur l’appui financier reçu par Eurazijos žalos mažinimo asociacija (Lithuanie) de la Open Society. 

La Chine a voulu obtenir une liste des partenaires de European Foundation for South Asian Studies (Pays-Bas).  Quels sont les projets que compte mener European network on cultural management and policy (Belgique) entre 2021 et 2022? s’est-elle aussi interrogée.  Elle a par ailleurs constaté qu’en 2017, Global Detention Project (Suisse) a reçu des financements d’un gouvernement.  S’agit-il d’une mesure spéciale ou habituelle?  L’ONG reçoit-elle des financements d’autres gouvernements ?  

Poursuivant, elle a demandé à Gulf Centre for Human Rights (GCHR) Limited (Irlande) de préciser la nature de ses activités au Liban et au Danemark, notant que ces deux pays ne sont pas repris dans la liste fournie par l’organisation.  La Fédération de Russie a de nouveau exprimé ses doutes quant à la nature « non gouvernementale » de la Commission Internationale des Droits de l’homme Mezinárodní komise pro lidská práva - nadační fond, ve zkrácené formě IHRC - nadační fond (Tchéquie).  Pourquoi s’est-elle présentée au Gouvernement tchadien comme une organisation intergouvernementale, avec documents à l’appui?  La Chine a demandé la liste des projets mis en œuvre en 2020 par Interregional non-governmental human rights organization "Man and Law" (Fédération de Russie).  Nous voulons en savoir plus sur les coûts et les partenariats.  

Cuba a voulu des renseignements plus détaillés sur l’ensemble des pays et des projets de Social Progress Imperative, Inc. (États-Unis) en Amérique latine et aux Caraïbes.  La Chine s’est interrogée sur la contribution du Center for Bioethics and Culture (États-Unis) aux travaux de l’ECOSOC. 

N’ayant pas reçu de réponses à ses questions, après trois rappels, le Comité a recommandé à l’ECOSOC de clore l’examen des 65 demandes de statut consultatif reportées lors de précédentes sessions et du reclassement de Widows for Peace through democracy

Il est ensuite revenu sur la requête du Soudan de retirer le statut consultatif à neuf ONG soudanaises, laquelle requête a été examinée, le 10 septembre.  Demandant de nouveau plus de temps, les États-Unis ont proposé le report de la décision à la prochaine session.  Nous avons, s’est impatienté le Soudan, présenté notre requête au mois de mai dernier, avec des preuves sur les violations par ces ONG de la Charte des Nations Unies et de la résolution 1996/31 de l’Assemblée générale.  Ces ONG, a-t-il une nouvelle fois, accusé, ont mené des activités criminelles contraires aux intérêts de notre Gouvernement qui les a d’ailleurs dissoutes.  Nous avons, a poursuivi le Soudan, fourni toutes les informations demandées par « une délégation » dont le Comité a pris le 31 août dernier, avant de recevoir, le 7 septembre, la réponse des neuf ONG concernées. 

Devant les multiples appels au report de la décision, le Soudan a estimé avoir fait preuve d’une flexibilité suffisante, « par souci du consensus ».  Le Comité doit trancher aujourd’hui, a-t-il martelé, et par vote, si nécessaire. Retirons-nous ou maintenons-nous le statut consultatif des neuf ONG?  Le vote, ont estimé les États-Unis, devrait plutôt porter sur le report ou non de la décision à la prochaine session.  Après un long débat entre les membres du Comité et le secrétariat sur la procédure à suivre, et une suspension de séance, et à la demande du Soudan, le Président du Comité a invité les États membres à voter d’abord sur le report ou non de la décision.  Par 11 voix contre, 5 pour et 1 abstention, sur 17 votants, le report a été rejeté. 

Ensuite par 11 voix pour, l’opposition des États-Unis et les abstentions du Brésil, de l’Estonie, de la Grèce, d’Israël et du Mexique, le statut consultatif a été retiré aux neuf organisations; la décision finale revenant à l’ECOSOC.  Sont donc menacées de perdre leur statut El Birr & El Tawasoul, Al Zubair Charitable Foundation ; Global Health Foundation ; International Peace and Development organization ; MAARIJ Foundation for Peace and Development ; SANAD Charity Foundation ; Society Studies and Consultations ; Sudanese Women General Union ; Women Research Center.  

La participation de la société civile aux travaux de l’ONU est de la plus haute importante mais à condition que les organisations concernées respectent la résolution 1996/31, a tranché le Mexique qui a avoué qu’il aurait tout de même préféré avoir plus de temps et d’informations pour pouvoir prendre une décision informée.  Nous sommes, ont martelé, les États-Unis, de fervents défenseurs de la société civile et des protecteurs acharnés de l’espace civique.  Nous demeurons convaincus que nous n’avions pas tous les éléments en main pour décider du retrait du statut consultatif.  Il nous aurait fallu plus de temps, a estimé, à son tour, l’Estonie

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: face aux « complexités » du conflit au Yémen, la reprise d’un processus politique « ne sera pas facile », avertit le nouvel Envoyé spécial

8854e séance – matin
CS/14629

Conseil de sécurité: face aux « complexités » du conflit au Yémen, la reprise d’un processus politique « ne sera pas facile », avertit le nouvel Envoyé spécial

Entré en fonction voilà seulement quatre jours, le nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Hans Grundberg, s’est dit déterminé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, à avancer sur la voie d’un règlement global dans ce pays ravagé par la guerre depuis plus de six ans.  Il a toutefois reconnu que, compte tenu des « complexités » du conflit, permettre la reprise d’un processus de  transition politique pacifique, inclusif, ordonné et dirigé par les Yéménites eux-mêmes « ne sera pas facile ».   

Observant que le processus de paix est au point mort « depuis trop longtemps », faute de discussions entre les parties, M. Grundberg a jugé urgent que les belligérants s’engagent dans un dialogue pacifique, sous l’égide de l’ONU et sans conditions préalables.   À cette fin, il a dit vouloir évaluer les efforts passés, identifier ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné, et écouter « autant d’hommes et de femmes yéménites que possible ».  Il a également indiqué que, dans le cadre de ses consultations, il se rendrait prochainement à Riyad pour y rencontrer le Président yéménite, avant de s’entretenir avec les dirigeants d’Ansar Allah, la branche politique des houthistes, et des acteurs régionaux.    

Avant cela, l’Envoyé spécial a mis l’accent sur l’impact de ce conflit armé sur la population civile, notamment dans la province de Mareb, cible depuis début 2020 d’une offensive houthiste.  Les habitants et les nombreuses personnes déplacées qui y ont trouvé refuge vivent dans une peur constante, a-t-il déploré, appelant à l’arrêt immédiat des hostilités.  Il s’est d’autre part déclaré préoccupé par la situation dans le sud de la province d’Hodeïda, même si les violations du cessez-le-feu sont en baisse notable dans la ville portuaire.  Quant aux provinces du Sud, elles empêcheront toute paix durable au Yémen tant que l’Accord de Riyad ne sera pas mis en œuvre et que le Gouvernement ne remplira pas ses fonctions depuis Aden, a prévenu M. Grundberg. 

De la violence incessante aux pénuries de carburant et d’électricité  en passant par la flambée  des  prix des denrées alimentaires, « chaque détail de la vie quotidienne au Yémen est lié à des questions politiques difficiles qui exigent une résolution globale », a fait valoir le haut fonctionnaire.   Dans l’immédiat, il a souhaité que la liberté de circulation des personnes et des biens à l’intérieur et à l’extérieur  du pays puisse être garantie, ce qui suppose, entre autres, la reprise du trafic commercial à l’aéroport de Sanaa et l’allègement des restrictions à l’importation  de carburant et de marchandises via le port d’Hodeïda, où transite une large part de l’aide humanitaire.  

 À cet égard, la Directrice adjointe des opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a rappelé que le Yémen abrite la plus grande opération d’aide humanitaire au monde, un titre peu enviable mais qui « témoigne de l’engagement de la communauté internationale ».  Elle a précisé que, ces derniers mois, les financements sont en hausse, ce qui permet au plan de réponse humanitaire de disposer à cette heure de 50% de ses besoins pour 2021, soit 1,9 milliard de dollars.  Ce soutien a contribué à prévenir une famine au cours des huit premiers mois de l’année, a expliqué Mme Ghada Eltahir Mudawi, ajoutant qu’en juin, l’ONU a fourni une aide vitale à 12,8 millions de personnes, soit 3,3 millions de plus que le mois précédent.  Reste que plusieurs secteurs restent gravement sous-financés, y compris certains qui sont essentiels pour lutter contre l’insécurité alimentaire, comme la santé, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, sans oublier le nécessaire déminage du pays. 

Témoignant de la situation sur le terrain, la Directrice exécutive de la Marib Girls Foundation for Development a averti que la crise humanitaire ne fera qu’empirer si un cessez-le-feu effectif n’est pas instauré, singulièrement à Mareb où plus d’un quart des déplacés internes vivent désormais, 80%  étant des femmes et des enfants.  Au-delà des menaces de nouveaux déplacements, les conditions dans les camps sont désastreuses, a alerté Mme Entesar Al-Qadhi.  Selon elle, les populations y sont privées d’eau potable, d’assainissement, de latrines et de soins de santé, ce qui  favorise la propagation du  choléra et  de la COVID-19.  

 Dans ce contexte, Mme Al-Qadhi a regretté que, bien qu’elles jouent un rôle essentiel dans la lutte pour la paix, les femmes yéménites soient exclues des processus de prise de décision.   Partout dans le pays, on assiste à un recul de la participation des femmes à la vie publique, a-t-elle constaté, rappelant que, dans le  Nord, les houthistes ont inscrit le sectarisme religieux dans l’éducation  et imposent la ségrégation entre les sexes dans les  réunions  publiques.  Elle a donc appelé le Conseil de sécurité à soutenir un processus de paix inclusif et d’assurer à toutes les étapes la participation pleine, égale et significative des  femmes et des jeunes. 

Salué par plusieurs délégations, l’engagement de cette représentante de la société civile a été particulièrement relevé par l’Irlande.  « Du renforcement du rôle des partis politiques dans la consolidation de la paix au développement de mécanismes locaux de résolution des conflits avec des acteurs tribaux, des femmes yéménites comme Entesar font la paix, pas la guerre », a souligné la Présidente du Conseil, selon laquelle tous les Yéménites, quels que soient leur sexe, âge ou origine, doivent avoir la possibilité de jouer un rôle substantiel dans l’élaboration de leur avenir. 

Plus généralement, les membres du Conseil ont rappelé qu’une relance du processus de paix ne pourra survenir sans un cessez-le-feu global, une réouverture de l’aéroport de Sanaa et du port d’Hodeïda, et des négociations entre les différents acteurs pour trouver une solution politique globale et inclusive.  Au préalable, a noté la France, il est impératif que les houthistes cessent leurs « agissements inacceptables », à la fois dans la zone de  Mareb  et contre le territoire saoudien.   Il importe également qu’ils permettent l’accès de la mission d’inspection des Nations Unies au pétrolier SAFER qui représente des risques pour l’environnement, les opérations humanitaires et la navigation dans la région, ont plaidé les délégations.   

La Fédération de Russie a préféré réclamer la levée d’un « blocus » qui empêche les nécessiteux de bénéficier d’une aide humanitaire indispensable, laquelle doit être fournie de «  manière dépolitisée », tandis que la Chine a sommé les différents acteurs impliqués au Yémen à renoncer à l’option militaire, ajoutant qu’il est dans l’intérêt des pays voisins de régler  ce conflit qui menace les équilibres géopolitiques de la région.  

À l’instar du Royaume-Uni et du Mexique, les États-Unis ont quant à eux appelé à soutenir l’économie yéménite, se félicitant de la récente allocation de 665 millions de dollars en droits de tirage spéciaux au Yémen  par le Fonds monétaire international (FMI).

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (YÉMEN)

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a indiqué avoir officiellement pris ses fonctions il y a quatre jours, et rappelé qu’il a commencé à travailler sur le Yémen voilà plus de 10 ans.  Cependant, a-t-il confié, mon expérience me fait aussi douloureusement prendre conscience des complexités de la situation, lesquelles « se multiplient à mesure que le conflit s’éternise ».  De fait, a-t-il reconnu, permettre la reprise d’un processus de transition politique pacifique, inclusif, ordonné et dirigé par les Yéménites, qui réponde aux aspirations légitimes du peuple yéménite, tel que mandaté par ce Conseil, « ne sera pas facile ». 

Constatant que le conflit armé se poursuit sans relâche depuis plus de 6 ans aux dépens de la population civile, M. Grundberg a noté que l’épicentre de la confrontation militaire s’est déplacé au fil du temps.  Depuis début 2020, l’accent est mis sur l’offensive d’Ansar Allah sur la province de Mareb.  Alors que les habitants et les nombreuses personnes déplacées qui ont trouvé refuge vivent dans une peur constante, l’ONU et la communauté internationale ont été claires dans leur message: cette offensive doit cesser, a martelé le nouvel Envoyé spécial. 

À Hodeïda, a-t-il relevé, la ville continue de connaître une baisse notable des violations du cessez-le-feu.  En revanche, les hostilités dans les districts du sud de la province sont particulièrement préoccupantes.  Dans ces conditions, la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) poursuit son travail vital, notamment en exhortant les parties à dialoguer, a expliqué le haut fonctionnaire avant d’évoquer la situation dans les provinces du sud, elles sont aussi très inquiétantes du fait de flambées de violence régulière et de la forte détérioration des services de base.  La mise en œuvre de l’Accord de Riyad continue de se heurter à des défis et le Gouvernement ne remplit pas ses fonctions depuis Aden.  Pour l’Envoyé spécial, l’impact du conflit sur la diversité des griefs et des demandes dans les provinces du Sud ne peut être ignoré.  « La paix au Yémen ne sera pas durable à long terme si les voix du Sud ne contribuent pas à la construire de manière responsable », a-t-il souligné.

M. Grundberg a également expliqué que le conflit au Yémen menace la sécurité régionale et les voies navigables internationales.  À cet égard, il s’est dit particulièrement préoccupé par le ciblage des civils et des infrastructures civiles à l’intérieur de l’Arabie saoudite.  Selon lui, il est essentiel que les acteurs externes encouragent la désescalade du conflit.  Leur implication devrait être basée sur le soutien à un règlement politique dirigé par les Yéménites, a-t-il plaidé, jugeant cette condition cruciale pour la stabilité régionale.

De la violence incessante aux pénuries de carburant et d’électricité en passant par la flambée des prix des denrées alimentaires, chaque détail de la vie quotidienne au Yémen est lié à des questions politiques difficiles qui exigent une résolution globale, a fait valoir l’Envoyé spécial.  De plus, les Yéménites dans tout le pays sont confrontés à de graves limitations à leur liberté de circulation en raison des combats en cours, des contrôles et des restrictions routières, portuaires et aéroportuaires. À ce sujet, a-t-il dit, la position de l’ONU reste inchangée: la liberté de circulation des personnes et des biens à l’intérieur et à l’extérieur du pays doit être garantie.  Les routes doivent être ouvertes et l’aéroport de Sanaa doit reprendre son trafic commercial.  De même, les restrictions à l’importation de carburant et de marchandises via le port d’Hodeïda doivent être allégées. 

Pour M. Grundberg, le processus de paix est au point mort « depuis trop longtemps ».  Les parties au conflit n’ont pas discuté d’un règlement global depuis 2016, ce qui laisse les Yéménites dans un état de guerre indéfini, sans aucune voix claire pour aller de l’avant, a-t-il déploré.  Il est donc grand temps, selon lui, que les parties au conflit s’engagent dans un dialogue pacifique sous l’égide de l’ONU pour faciliter les termes d’un règlement global, sans conditions préalables.  À cette fin, il s’est dit déterminé à évaluer les efforts passés, à identifier ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné, et à écouter « autant d’hommes et de femmes yéménites que possible ».  Dans ce cadre, a-t-il assuré, mon Bureau et moi-même ferons tout notre possible pour assurer la participation significative des femmes dans tous les aspects de notre engagement et d’intégrer les perspectives de genre dans toutes les questions. 

« Nous avons tous une responsabilité partagée dans nos différentes capacités pour mettre fin au conflit au Yémen », a encore affirmé l’Envoyé spécial, ajoutant que les initiatives des voisins du Yémen et des membres du Conseil à l’appui des efforts de l’ONU ont été appréciés et devront continuer.  Alors que ses premières consultations avec les acteurs yéménites, régionaux et internationaux vont bientôt commencer, M. Grundberg a indiqué qu’il se rendra prochainement à Riyad pour rencontrer le Président Hadi et d’autres membres du Gouvernement yéménite.  Il entend également rencontrer les dirigeants d’Ansar Allah et d’autres acteurs politiques à travers le Yémen, ainsi que les dirigeants de la région. 

Mme GHADA ELTAHIR MUDAWI, Directrice adjointe des opérations du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), a rappelé que le Yémen abrite la plus grande opération d’aide humanitaire au monde.  « C’est, bien sûr, un titre qu’aucun pays ou peuple ne souhaiterait à lui-même – mais il témoigne de l’engagement de la communauté internationale à se tenir aux côtés du peuple yéménite au moment où il en a besoin », a-t-elle déclaré.  Or, au cours des derniers mois, nous avons assisté à une hausse des financements des donateurs, a relevé la haute fonctionnaire, en expliquant que le plan de réponse humanitaire du Yémen est désormais l’un des appels les mieux financés au monde, avec plus de 1,9 milliard de dollars jusqu’à présent cette année, soit 50% de ses besoins.  Un soutien qui a permis à l’ONU et à ses partenaires d’intensifier l’assistance vitale à travers le pays et d’éviter la famine au cours des huit premiers mois de cette année.  « Les organisations humanitaires sont actives dans les 333 districts du Yémen.  En juin, nous avons fourni une aide vitale à 12,8 millions de personnes, soit 3,3 millions de personnes de plus que ce que nous avons pu atteindre le mois précédent », s’est-elle enorgueillie.  Des réalisations importantes, « mais aussi fragiles et inégales » selon elle.

En effet, la menace de famine est loin d’être terminée au Yémen.  Un certain nombre de secteurs restent gravement sous-financés, y compris certains qui sont essentiels pour lutter contre l’insécurité alimentaire, a prévenu Mme Mudawi.  La santé, par exemple, ainsi que l’eau, l’assainissement et l’hygiène n’ont reçu qu’un dixième du financement requis pour cette année, menaçant ces services vitaux à un moment où le Yémen est aux prises avec de multiples épidémies, notamment le choléra, la dengue et la diphtérie.  Une troisième vague meurtrière de COVID-19 expose la population du pays –et son système de santé fragile– à un risque supplémentaire.  Même la sécurité alimentaire et l’agriculture –l’un des secteurs les mieux financés de l’appel– font actuellement face à un déficit de financement de 750 millions de dollars, a souligné l’intervenante.  « Sans soutien supplémentaire, nous pourrions voir des coupures dans cette aide dès les prochaines semaines », a-t-elle averti.

Un autre secteur confronté à des pénuries critiques dans la réponse humanitaire est la protection.  Au cours des six premiers mois de l’année, les partenaires n’ont pu atteindre qu’une fraction des personnes dans le besoin en raison du manque de fonds.  Or, le Yémen est un endroit incroyablement difficile à vivre pour les femmes et les filles.  Partout au pays, la violence sexiste est endémique, les mariages et les grossesses précoces, y compris les mères-enfants, sont monnaie courante.  Les femmes et les filles sont souvent les dernières à manger, à consulter un médecin ou à aller à l’école.  En outre, le Yémen est la quatrième plus grande crise de déplacement interne au monde, avec des chiffres qui augmentent de jour en jour alors que les gens fuient la violence ainsi que d’importantes inondations et autres catastrophes climatiques dans diverses régions du pays, a encore observé la Directrice adjointe.

Mme Mudawi a également parlé du risque de protection supplémentaire que posent les mines terrestres et les restes explosifs de guerre.  Depuis 2018, les mines terrestres, les engins explosifs improvisés et les munitions non explosées ont tué ou blessé plus de 1 400 civils au Yémen, dont de nombreux enfants.  En plus de causer des dommages directs et mortels, ces armes et restes explosifs –qui jonchent de vastes étendues du pays– sèment la terreur parmi les communautés et ont un impact profondément négatif sur les moyens de subsistance et l’économie en général.  De nombreuses fermes et communautés de pêcheurs au Yémen sont inactives en raison de la présence ou de la peur des mines terrestres et marines, a-t-elle expliqué.  Aussi a-t-elle exhorté toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, notamment en s’abstenant d’utiliser des armes qui sont par nature aveugles, et en veillant constamment à épargner les civils et les biens civils tout au long de leurs opérations militaires.

« Je demande également que des mesures pratiques soient prises. L’intensification du déminage humanitaire et son soutien, notamment en laissant entrer et en accélérant le passage du matériel de déminage dans le pays, contribueraient grandement à protéger les civils », a déclaré la Directrice adjointe.  Elle a ensuite annoncé la tenue, le 22 septembre, d’une manifestation parallèle de haut niveau sur le Yémen en marge de l’Assemblée générale.  Coorganisé par l’Union européenne, la Suède et la Suisse, ce sera une opportunité clef pour discuter des défis de la protection et galvaniser le soutien aux plus vulnérables du pays, a-t-elle estimé.  Lors de cet événement, les donateurs pourront également annoncer de nouvelles contributions depuis la conférence de haut niveau sur les annonces de contributions début mars.  

Mme ENTESAR AL-QADHI, Directrice exécutive de la Marib Girls Foundation for Development, a indiqué que son ONG promeut la paix et les droits des femmes au Yémen.  Se disant reconnaissante d’avoir l’opportunité d’informer le Conseil sur les événements dans son pays, elle a déclaré vivre au quotidien cette guerre cruelle qui a déjà fait plus de 233 000 morts.  Elle a expliqué que l’offensive en cours sur Mareb terrorise les civils, perturbe l’accès humanitaire et augmente la probabilité de nouveaux fronts dans les provinces voisines.  Confiant d’avoir récemment perdu deux de ses neveux, tous deux âgés de moins de 15 ans, lors d’une attaque houthiste, elle a averti que la crise humanitaire à Mareb ne fera qu’empirer s’il n’y a pas de cessez-le-feu.  En effet, a-t-elle précisé, plus d’un quart des déplacés yéménites vivent désormais dans cette province et 80% sont des femmes et des enfants.  Je leur rends visite régulièrement à travers mon activité à la Marib Girls Foundation et j’écoute leurs récits qui pèsent sur ma conscience. Déplacées jusqu’à cinq fois, ces familles risquent la mort, même dans les camps de déplacés, en raison des vols de drones et des tirs de missiles balistiques. 

Au-delà de ces menaces, les conditions dans les camps sont désastreuses et nous manquons d’assistance et de prestations de service, a alerté la jeune femme. Les services publics n’existant plus à Mareb, les gens sont privés d’eau potable, d’assainissement, de latrines et de soins de santé, ce qui favorise la propagation du choléra et de la COVID-19, a-t-elle expliqué, avant de dénoncer les conditions de scolarité dans le camp d’Al-Jufainah, le plus grand site de déplacement du pays, qui dispose de 12 salles de classe pour plus de 7 000 écoliers, et le sort des femmes, qui manquent de produits d’hygiène et sont sujettes à divers abus. Pour elles, les opportunités d’emplois sont rares et la plupart des filles sont obligées de rester à la maison pour subvenir aux besoins de leur famille. Maintenant, les filles que nous rencontrons rêvent de sécurité au lieu de leur avenir, a souligné la militante, indiquant que sa fondation s’efforce de répondre aux problèmes de protection et aux normes sociales néfastes par le biais d’ateliers avec les membres de la communauté et les autorités. 

Mme Al-Qadhi a regretté que, bien qu’elles jouent un rôle essentiel dans la lutte pour la paix, les femmes yéménites soient exclues de la représentation au gouvernement et des processus de prise de décision.  Pourtant, a-t-elle fait valoir, elles négocient directement avec les parties au conflit, agissant en tant que médiateurs, assurant la libération de prisonniers et gardant ouverts des couloirs humanitaires ou des routes stratégiques.  Or, elles ne sont même pas consultées et encore moins incluses.  Partout dans le pays, on assiste à un recul de la participation des femmes à la vie publique, a-t-elle constaté, rappelant que, dans le Nord, les houthistes ont inscrit le sectarisme religieux dans l’éducation et imposent la ségrégation entre les sexes dans les réunions publiques.  Quant au nouveau gouvernement, il a exclu les femmes pour la première fois en deux décennies, malgré le quota de 30% prévu par le processus de dialogue national. 

De l’avis de Mme Al-Qadhi, travailler avec des représentants de la société civile, en particulier les femmes et les jeunes, sera essentiel au succès du nouvel Envoyé spécial.  Invitant ce dernier à soutenir un processus de paix inclusif, qui ne soit pas imposé par des projets régionaux ou des intérêts internationaux, elle l’a aussi appelé à consulter régulièrement la société civile et à veiller à ce que les femmes participent directement à toutes les étapes et s’engagent dans des négociations.

La jeune femme a d’autre part estimé que les appels conjoints de la communauté internationale ne suffiront pas pour parvenir à un arrêt immédiat des attaques houthistes contre Mareb, cité stratégique dont dépend l’alimentation énergétique du pays.  Nous savons que les parties au conflit imposent des conditions préalables à un cessez-le-feu et à des pourparlers de paix axés sur leurs intérêts, pas sur les besoins des civils, a-t-elle fait observer.  À cette aune, elle a exhorté le Conseil de sécurité à exiger la cessation des attaques houthistes contre sa ville, y compris par le biais d’une résolution sur un cessez-le-feu.  Elle lui a également demandé de soutenir un processus de paix inclusif et d’assurer la participation pleine, égale et significative des femmes, des jeunes et de la société civile à toutes les étapes du processus de paix.  Enfin, elle l’a enjoint de sommer les parties au conflit à permettre un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave, et d’appeler les États Membres à combler le déficit de financement de 1,9 milliard de dollars du Plan de réponse humanitaire pour le Yémen. Selon elle, le Conseil devrait aussi coordonner un plan de sauvetage économique, qui contribuerait à stabiliser l’économie yéménite et à renforcer la situation financière pour empêcher de nouvelles hausses des prix des denrées alimentaires. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a appelé les parties yéménites a démontré leur attachement envers la paix en rencontrant le nouvel Envoyé spécial.  Elle a condamné les attaques transfrontières des houthistes qui sont soutenus par l’Iran.  Elle a fait part de sa préoccupation face à la situation dans le Sud du Yémen notamment, invitant le Conseil de transition du Sud à faciliter le retour de tout le Gouvernement.  Pour la représentante, l’économie doit rester une priorité essentielle dans le cadre du plan de paix des Nations Unies.  Elle a déploré l’inflation et a plaidé pour une assistance financière plus solide en faveur du pays. 

M. SHUANG GENG (Chine) a considéré qu’il fallait à tout prix renoncer à l’option militaire au Yémen, et qu’il est dans l’intérêt des pays voisins de régler ce conflit qui menace les équilibres géopolitiques de la région.  Le représentant s’est déclaré préoccupé par l’effondrement du secteur de la santé yéménite en pleine pandémie de COVID-19, précisément au moment où le pays est touché de plein fouet par une troisième vague.  Revenant à l’aspect politique de la crise, il a apporté son soutien à la promotion d’une solution solide à long terme.  Après des années de conflit, nous constatons qu’une méfiance s’enracine parmi les parties prenantes, a observé la Chine, pour qui l’Envoyé spécial doit se concentrer sur des questions telles que celles de l’échange de prisonniers de guerre.  Selon la délégation, les mesures de confiance mutuelles et la volonté politique doivent prévaloir.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté qu’après sept années de conflit au Yémen, aucune perspective de sortie de crise ne se dessine sur le terrain et a espéré que la nomination d’un nouvel Envoyé spécial représente une opportunité pour relancer le processus de paix, actuellement au point mort.  À ses yeux, les paramètres requis pour sortir de la crise sont bien connus: un cessez-le-feu global, une réouverture de l’aéroport de Sanaa et du port d’Hodeïda et des négociations entre les différents acteurs pour trouver une solution politique globale et inclusive.  Au préalable, a-t-il souligné, il est impératif que les houthistes cessent leurs agissements inacceptables, à la fois dans la zone de Mareb et contre le territoire saoudien. 

Le représentant a également condamné le refus des Houthistes de permettre l’accès de la mission d’inspection des Nations Unies au pétrolier SAFER, jugeant ce « chantage » inacceptable.  S’ils refusent un accès immédiat et sans préconditions, ils seront responsables d’une catastrophe écologique majeure, qui aura des conséquences environnementales, économiques et humanitaires désastreuses au Yémen et dans l’ensemble de la région, a-t-il averti.  Il s’est par ailleurs déclaré inquiet des tensions dans le Sud avant d’appeler au retour du Gouvernement yéménite à Aden.  Selon lui, « l’enlisement du conflit conduira à la fragmentation du pays, qui fera avant tout le jeu des extrémismes et du terrorisme ». 

Alors que le peuple yéménite continue de subir les conséquences de l’absence de solution politique, il subit aussi la dégradation de la situation humanitaire, a déploré M de Rivière.  Nous devons intensifier les efforts pour faire face au risque de famine à grande échelle et contrer la propagation de la pandémie de COVID-19, notamment en accélérant la campagne de vaccination, a-t-il plaidé, appelant à la levée de tous les obstacles bureaucratiques, notamment en zone houtiste, pour garantir l’accès de l’aide. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a relevé que le consensus international est clair: la violence au Yémen doit cesser, un processus politique large et inclusif doit reprendre et la crise humanitaire doit être atténuée.  La nomination de l’Envoyé spécial Grundberg peut contribuer à donner un nouvel élan à ces efforts, a-t-il argué, précisant que les parties doivent s’engager sérieusement avec ce dernier, et sans conditions préalables.  Les parties doivent choisir de déposer les armes, de s’asseoir en face des autres Yéménites et de discuter de ce à quoi ressemblera le Yémen après la guerre.

Malheureusement, a-t-il déploré, les houthistes continuent de saper ces efforts.  Le 29 août, une attaque de drones et de missiles sur la base aérienne d’Al-Anad a tué au moins 30 personnes.  Cette frappe portait toutes les caractéristiques d’une attaque houthiste, a-t-il affirmé.  Deux jours plus tard, le 31 août, ils ont lancé une nouvelle attaque de drones contre l’aéroport commercial d’Abha, en Arabie saoudite, laquelle a blessé huit civils.  Les États-Unis condamnent fermement ces attaques.  M. Mills a précisé que rien qu’en 2021, les houthistes ont lancé plus de 240 attaques en Arabie saoudite, mettant en danger des civils dans tout le pays, dont les 70 000 citoyens américains qui y résident.  Les houthistes poursuivent également leur blocage prolongé, inutile et dangereux des négociations avec l’ONU sur l’évaluation et la réparation du pétrolier SAFER.  Les risques environnementaux, de santé publique et économiques associés au SAFER sont trop graves et trop vastes pour être utilisés comme monnaie d’échange politique, a-t-il déploré.  

Poursuivant, le représentant a exhorté la communauté internationale à contribuer au plan de réponse humanitaire de l’ONU pour le Yémen.  Dans le cadre de l’effort américain, le pays a fourni 151 000 doses du vaccin Johnson & Johnson contre la COVID-19 au Yémen.  Il a par ailleurs exhorté l’Arabie saoudite, le Gouvernement yéménite et les houthistes à prendre des mesures pour garantir que le carburant est correctement importé et distribué dans tout le Yémen à des prix équitables.  Il a salué la récente allocation de 665 millions de dollars en droits de tirage spéciaux au Yémen par le Fonds monétaire international (FMI), ce qui offre une opportunité de commencer à inverser le déclin de l’économie yéménite. Seul un accord de paix durable peut commencer à aider à inverser la grave crise humanitaire qui est le résultat de sept années de guerre et de l’érosion de l’économie et des services de base, a-t-il dit.

M. VASSILY A.NEBENZIA (Fédération de Russie) a considéré qu’un rôle essentiel peut être joué par les pays de la région dans le règlement du conflit au Yémen, « rôle que nous sommes toujours disposés à soutenir. »  Il a considéré que la communauté internationale faisait preuve d’unité sur la question du dossier yéménite, notre but étant de régler un conflit complexe qui porte aussi atteinte aux intérêts de la région.  Le représentant a plaidé pour la levée d’un blocus qui empêche les nécessiteux de bénéficier d’une aide humanitaire indispensable, laquelle doit être fournie de « manière dépolitisée ».  La Fédération de Russie a en outre appelé les parties belligérantes à respecter la lettre du droit humanitaire international et à cesser toute action susceptible d’endommager les infrastructures civiles.

Se déclarant alarmé par la situation dramatique au Yémen, et particulièrement dans la province de Mareb, M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a réclamé un cessez-le-feu national, avant d’appeler toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue.  Il a également condamné les attaques menées contre des cibles en Arabie saoudite, estimant qu’elles ne font qu’exacerber les tensions.  Alors que le processus politique continue de stagner, la méfiance entre les parties approfondit la division géographique et sociale du pays, a-t-il constaté, exhortant les dirigeants houthistes à s’engager sans conditions préalables dans une démarche constructive et à s’engager dans le dialogue facilité par l’Envoyé spécial. 

Évoquant ensuite la situation économique, le représentant a noté que l’approbation des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI) et les injections de devises saoudiennes n’ont pas suffi à empêcher la dépréciation de la monnaie yéménite, provoquant une détérioration conséquente du pouvoir d’achat de la population.  À cela s’ajoutent des restrictions à l’importation de nécessités de base, principale cause de l’insécurité alimentaire et du risque de famine qui sévit dans le pays, a-t-il déploré, exhortant à la fois Ansar Allah et le Gouvernement du Yémen à éliminer les restrictions à la l’importation de denrées alimentaires et de biens essentiels, et à permettre un accès sans obstacles à l’aide humanitaire.  Il a également enjoint la communauté internationale à tenir ses promesses financières pour couvrir les besoins humanitaires. 

Enfin, après avoir appelé de ses vœux l’arrivée de doses supplémentaires de vaccins contre la COVID-19 afin de faire face à la nouvelle vague d’infections dans le pays, le délégué a conclu son propos en évoquant à nouveau les risques que représente le pétrolier SAFER pour l’environnement, les opérations humanitaires et la navigation dans la région.  Il a exhorté la direction houthiste à permettre au navire d’être inspecté et réparé sans délai. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a fait part de ses préoccupations devant les récentes escalades militaires dans plusieurs régions du Yémen, en particulier à Mareb.  Il a appelé les parties concernées à cesser toutes les opérations militaires, reprendre le dialogue et coopérer pleinement avec le nouvel Envoyé spécial en vue de réaliser rapidement des progrès substantiels dans les négociations.  Il a souhaité que toute solution garantisse le respect de l’indépendance, de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriales du Yémen, ainsi que la participation significative et la représentation adéquate des femmes et des jeunes.  Dans le même temps, l’Accord de Stockholm et celui de Riyad devraient être pleinement mis en œuvre.

Préoccupé par la situation humanitaire désastreuse au Yémen, le représentant a indiqué que des contributions financières supplémentaires sont nécessaires de toute urgence afin que les programmes vitaux essentiels puissent être intensifiés et maintenus jusqu’à la fin de cette année et au-delà.  Il a également invité toutes les parties à assurer la protection des infrastructures civiles.  Le délégué a en outre réitéré l’appel à supprimer les restrictions à l’importation via le port d’Hodeïda, afin que cela contribue à maintenir l’approvisionnement en biens essentiels, à réduire l’inflation et les pénuries de carburant et à atténuer les difficultés économiques du Yémen.  Il a aussi exhorté les parties concernées à travailler de manière constructive avec l’ONU sur la question du pétrolier SAFER.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a déclaré qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit au Yémen.  Or, il est profondément préoccupant que depuis notre dernière réunion il y a deux semaines, des rapports fassent état d’une escalade des combats dans un certain nombre de régions.  Et la recrudescence des violences à Mareb, qui a fait plus de 80 morts depuis le début de cette semaine seulement, est particulièrement inquiétante, a-t-il ajouté.   Le Kenya a fermement condamné ces violences meurtrières, y compris la récente attaque de drones sur la base aérienne d’Al-Anad qui a tué au moins 30 soldats et en a blessé de nombreux autres – sapant encore plus les perspectives d’un cessez-le-feu.  Le chaos le long des lignes de front crée des opportunités idéales pour les organisations terroristes comme Al-Qaïda de prospérer et d’étendre leurs réseaux, a observé la délégation qui a appelé à rester extrêmement vigilants face à ces menaces émergentes et prendre des mesures préventives.  Autrement, le Yémen pourrait devenir un exportateur net de terrorisme et d’extrémisme violent dans la région et à travers le golfe d’Aden jusqu’à la Corne de l’Afrique et au-delà.

Le représentant a rappelé à toutes les parties prenantes yéménites qu’il est temps pour elles de reconsidérer leurs positions dures et d’accepter de s’engager de manière constructive dans un processus inclusif dirigé et contrôlé par les Yéménites, avec le soutien de l’ONU ainsi que des partenaires régionaux et internationaux.  Il leur appartient de faire les compromis nécessaires pour sortir de l’impasse actuelle, de convenir d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale dans un délai convenu et de travailler intentionnellement à une solution politique négociée qui inaugurerait en fin de compte un environnement d’espoir pour une économie durable.  Le délégué a par ailleurs appelé les autorités qui gèrent le pétrolier SAFER à s’engager d’urgence et de manière constructive pour éviter une catastrophe environnementale.

Mme MONA JUUL (Norvège) a jugé urgent de parvenir à une désescalade militaire dans le pays.  Elle s’est déclarée préoccupée par le fait que l’offensive des houthistes sur Mareb s’est intensifiée au cours de la semaine dernière, tandis que des combats se poursuivent dans d’autres provinces, notamment à Hodeïda.  À cela, a-t-elle encore déploré, s’ajoutent la détérioration de la situation sécuritaire dans le Sud et les attaques transfrontalières perpétrées en Arabie saoudite, tout récemment contre l’aéroport international d’Abha, le 31 août.  Dans ce contexte, il est essentiel de saisir toutes les occasions de faire avancer le processus de paix, a souligné la représentante, appelant les parties yéménites à relancer le processus politique et à coopérer sans délai.  Reconnaissant qu’il n’y aura pas de solution politique rapide et que la situation exigera de faire des compromis, elle s’est dite encouragée par l’engagement de l’Envoyé spécial en faveur d’une approche inclusive.  Selon elle, la participation et le leadership pleins, égaux et significatifs des femmes yéménites sont indispensables pour des solutions durables. 

Compte tenu de la gravité de la crise humanitaire, la déléguée a également appelé à la levée des restrictions qui empêchent la nourriture et le carburant d’entrer dans le port d’Hodeïda.  Dénonçant les obstacles bureaucratiques croissants à l’intérieur du Yémen, elle a exhorté tous les acteurs à garantir immédiatement un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Elle a ajouté que son pays participera à l’événement de haut niveau prévu ce mois-ci pour répondre aux défis de la situation humanitaire.  Enfin, alertant le Conseil sur l’impact qu’a le conflit sur la population civile, notamment les femmes et les enfants, elle a réitéré que tout auteur de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, y compris les violences sexuelles, doivent être tenus pour responsables de leurs crimes.

M. NIANDOU AOUGUI (Niger) a condamné avec la plus grande fermeté les attaques répétées à l’encontre du territoire saoudien qui mettent en péril la vie de milliers de civils et menacent la paix et la sécurité dans la région.  Cette tendance à l’élargissement du spectre de la violence au-delà du Yémen doit cesser car elle ne fera que complexifier davantage la situation et retarder la sortie de crise, a-t-il averti.  Il a appelé les autorités d’Ansar Allah à faire preuve de responsabilité en mettant fin à leurs offensives meurtrières aussi bien au Yémen qu’au-delà de ses frontières.  Ce n’est qu’à travers un accord politique global que les Yéménites pourront se réconcilier et faire la paix dans le pays, a-t-il affirmé.

En plus du nombre incalculable de morts, le principal corollaire de la guerre au Yémen demeure la grave crise humanitaire dans laquelle le pays est plongé depuis quelques années, a noté M. Aougui.  Il a appelé les pays donateurs et en particulier ceux de la région à plus de générosité et de compassion à l’égard de la population tant éprouvée du Yémen.  S’agissant de la situation du pétrolier SAFER, il a invité, une fois encore, les houthistes à honorer leurs engagements, en délivrant les autorisations et garanties nécessaires à l’équipe des Nations-Unies.

Mme ISIS AZALEA MARIA GONSALVES (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat entre les parties au conflit yéménite.  L’interception récente de trois missiles lancés en Arabie saoudite par Ansar Allah au Yémen ne fait que souligner la nécessité urgente pour toutes les parties de s’engager à cet égard.  « Avant même que la poussière ne retombe, nous devons avoir une conversation ouverte et franche sur la réconciliation entre les parties, dont une composante indispensable est l’établissement des responsabilités », a souligné l’intervenante.  

L’impact du conflit prolongé est évident dans l’effondrement des institutions yéménites et la fragmentation du tissu social, a poursuivi la délégation.  La situation humanitaire globale continue de se détériorer, parallèlement à l’économie, car de nombreux Yéménites n’ont pas le pouvoir d’achat nécessaire pour se procurer de la nourriture et des produits de première nécessité, a-t-elle relevé.  À cet égard, la représentante a reconnu la nécessité d’un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire, en particulier dans le contexte d’une troisième vague de pandémie de COVID-19 et d’une saison des pluies active qui a déclenché, pour la deuxième fois cette année, le plan national de préparation aux inondations.  Elle a appelé la communauté internationale à maintenir et à accroître son soutien au Plan de réponse humanitaire, tout en reconnaissant que l’aide humanitaire n’est qu’un palliatif.  « La seule solution viable au conflit est une solution politique inclusive dirigée par les Yéménites, détenue par les Yéménites et axée sur les Yéménites qui reflète les complexités sur le terrain et s’attaque aux causes profondes du conflit », a affirmé la représentante.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est dit profondément préoccupé par l’intensification des activités militaires au Yémen au cours des dernières semaines, en particulier à Mareb.  Il a également dénoncé les attaques perpétrées par les houthistes contre des cibles civiles en Arabie saoudite, notamment l’aéroport international d’Abha. Exhortant toutes les parties à ne pas s’en prendre aveuglément à des infrastructures civiles, il les a aussi appelées à dialoguer de manière constructive avec le nouvel Envoyé spécial, à faire preuve de volonté de compromis et à accepter un cessez-le-feu durable et la reprise d’un processus politique inclusif, avec la participation des femmes et des jeunes.  Il a d’autre part enjoint le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud à reprendre la mise en œuvre de l’Accord de Riyad et de s’abstenir de toute action qui augmenterait encore les tensions. 

Pour le délégué, les combats au Yémen doivent cesser immédiatement car ils ont un effet dévastateur sur la vie des populations.  Constatant que l’absence d’un accord à long terme entre les parties au conflit sur l’importation de carburant via le port d’Hodeïda contribue à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et donc à l’exacerbation de l’insécurité alimentaire, il s’est félicité de la tenue prochaine d’une réunion de donateurs, coorganisée par la Suède et la Suisse, afin de soutenir les efforts d’aide humanitaire au Yémen.  Face aux vulnérabilités des femmes et des enfants, exacerbés par la détérioration des conditions économiques et humanitaires, il a également réitéré son appel à toutes les parties pour qu’elles s’abstiennent de violations et abus, et coopèrent avec le Groupe d’experts éminents qui, malheureusement, pour la troisième année consécutive, n’a pas été en mesure d’accéder au Yémen et à d'autres pays de la coalition.  Avant de conclure, il a appelé à son tour les houthistes à permettre à la mission d’expertise de l’ONU d’accéder immédiatement au pétrolier SAFER.  

M. ALI CHERIF (Tunisie) a indiqué que l’entrée en fonctions de l’Envoyé spécial et la lettre qu’il a adressée au peuple yéménite représentent un message clair de la communauté internationale aux parties au conflit, les exhortant à s’engager activement sur la voie d’un règlement politique du conflit.  Le représentant a affirmé qu’il n’y a pas d’alternative à une solution négociée globale qui place l’intérêt du peuple yéménite au-dessus de toutes considérations et lui évite de nouvelles tragédies et souffrances.  Il a appelé également les parties au conflit à respecter les exigences du droit international humanitaire et à épargner les civils et les installations civiles.  Il a renouvelé la condamnation par la Tunisie des attaques répétées sur le territoire de l’Arabie saoudite et du ciblage des civils, et a appelé les houthistes à mettre un terme à de telles violations.  M. Cherif a également appelé à faciliter l’accès sans entrave de l’aide humanitaire et médicale, à lever les restrictions sur les ports et à ouvrir les aéroports, ainsi qu’à fournir un financement approprié pour l’opération humanitaire afin de répondre aux besoins urgents du peuple yéménite. 

Par ailleurs, le délégué a jugé urgent de remédier à la situation du pétrolier SAFER qui représente une grave menace de catastrophe environnementale, économique et humanitaire sans précédent dans la région.  Il a plaidé pour que soient facilitées les procédures de déplacement des experts internationaux pour effectuer les inspections techniques et les réparations nécessaires dans les meilleurs délais. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a appelé toutes les parties à renoncer aux affrontements militaires, à œuvrer à la protection des vies et à l’instauration d’une paix durable.  Sa délégation s’est dite préoccupée par la poursuite des attaques transfrontalières de missiles et de drones contre l’Arabie saoudite, qui compromettent la sécurité et la stabilité dans la région du Golfe ainsi que l’approvisionnement et la sécurité des flux énergétiques mondiaux.  La prise pour cible délibérée d’infrastructures civiles est également une violation flagrante du droit international, a indiqué le représentant qui a appelé à une application stricte de l’embargo sur les armes telle qu’envisagée dans la résolution 2216. 

Pour la délégation, la situation sécuritaire chaotique au Yémen et les récents développements dans la région pourraient donner un nouvel élan à des groupes terroristes comme Al-Qaida.  Il est important que ce Conseil continue de se concentrer sur les activités de ces organisations au Yémen et leurs liens avec le réseau terroriste mondial, a-t-elle préconisé.  L’Inde demeure en outre extrêmement préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire au Yémen, exhortant toutes les parties au conflit à permettre le passage libre, régulier et sans entrave de la nourriture, du carburant, et des médicaments, entre autres.  La paix et la stabilité à Hodeïda sont également essentielles pour assurer la fluidité de l’aide humanitaire et d’autres produits essentiels au Yémen.  Notant que près de 50% des besoins de financement du plan de réponse humanitaire du Yémen ne sont toujours pas satisfaits, le représentant a averti que sans financement supplémentaire, les agences humanitaires pourraient être contraintes de réduire ou de fermer leurs programmes à partir de ce mois, y compris dans les secteurs de l’assainissement et de la santé.  Les conséquences d’une telle réduction seraient endurées par des millions de Yéménites.  À cet égard, la conférence humanitaire sur le Yémen coorganisée par l’UE, la Suède et la Suisse à la fin du mois est une évolution bienvenue.  Nous espérons que cela fournira l’occasion de faire face à la crise avec de nouveaux fonds, a ajouté le représentant. 

Enfin, pour l’Inde, une solution urgente à la question du pétrolier SAFER est nécessaire pour éviter toute catastrophe environnementale imminente et assurer un passage maritime international ininterrompu à travers la mer Rouge.  La délégation a réitéré son appel à un accès immédiat et complet au pétrolier SAFER pour l’équipe des Nations Unies. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé tous les acteurs yéménites à dialoguer avec l’Envoyé spécial de manière constructive et de bonne foi.  Elle a ensuite jugé inacceptable l’offensive menée par les houthistes sur Mareb, notant que son impact sur la population locale, en particulier les femmes et les filles, est « horrible ». S’alarmant par ailleurs de l’escalade de la violence à Taëz et à Hodeïda, elle a aussi dénoncé les attaques transfrontalières contre des infrastructures civiles en Arabie saoudite.  Selon elle, un engagement constructif de toutes les parties sur un cessez-le-feu à l’échelle national est nécessaire de toute urgence pour permettre un dialogue politique sous les auspices du nouvel Envoyé spécial. 

Alors qu’une famine continue de menacer des millions de Yéménites, Mme Byrne Nason a constaté que le conflit a de lourdes conséquences économiques.  Le passage inadéquat du carburant dans les ports yéménites de la mer Rouge aggrave la crise actuelle et sape la réponse humanitaire, a-t-elle déploré, ajoutant qu’à cela s’ajoute le paiement irrégulier des fonctionnaires.  « Les Yéménites ne meurent pas de faim parce qu’il n’y a pas de nourriture », a-t-elle résumé, avant d’exhorter les parties à assurer qu’un flux de carburant et de matières premières parviennent à ceux qui en ont désespérément besoin. 

Mme Byrne Nason a ensuite salué le travail accompli par Mme Entesar Al-Qadhi à la tête de la Marib Girls Foundation for Development.  « Du renforcement du rôle des partis politiques dans la consolidation de la paix au développement de mécanismes locaux de résolution des conflits avec des acteurs tribaux, des femmes yéménites comme Entesar font la paix, pas la guerre », a-t-elle souligné, notant que l’action de cette fondation pour les enfants est essentielle à la construction d’une paix durable.  Tous les Yéménites, quels que soient leur sexe, leur âge ou leur origine, doivent avoir la possibilité de jouer un rôle substantiel dans l’élaboration de leur avenir, a-t-elle conclu, avant de rappeler aux membres du Conseil que, collectivement et individuellement, ils ont la responsabilité d’agir face à une telle souffrance immense. 

« Il y a une limite à ce que les humains peuvent supporter, » a déclaré M.  ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen), faisant référence au « martyr » des populations yéménites.  Il a indiqué que la nomination du nouvel Envoyé spécial fait renaître l’espoir.  Il a affirmé qu’alors que le Gouvernement est toujours disposé à la paix, les houthistes pour leur part ont tourné le dos aux négociations de paix.  Il a donc invité le nouvel Envoyé spécial à adopter le langage de la fermeté avec eux.  Il a aussi invité la communauté internationale à faire pression sur les houthistes et leur allié iranien afin qu’ils cessent leurs attentats et n’empiètent plus sur l’assistance humanitaire.  Il faut également soutenir la monnaie et améliorer les conditions de vie de la population, a plaidé M. Al-Saadi. 

Le représentant a par ailleurs averti que le pétrolier SAFER continue de menacer la sécurité des pêcheurs dans la mer Rouge.  Il a jugé irresponsable l’attitude des houthistes qui utilisent la question du SAFER comme levier de négociations.  Il a appelé Conseil à faire pression sur ces milices afin qu’elles acceptent l’inspection du navire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale fixe au 14 septembre la fin de sa soixante-quinzième session et convoque en juin 2022 la Conférence de l’ONU sur la conservation des océans

Soixante-quinzième session,
102e séance plénière – matin
AG/12357

L’Assemblée générale fixe au 14 septembre la fin de sa soixante-quinzième session et convoque en juin 2022 la Conférence de l’ONU sur la conservation des océans

L’Assemblée générale, qui met aujourd’hui la dernière main à son programme de travail, a décidé de reporter la clôture de cette soixante-quinzième session au mardi 14 septembre* et de tenir l’édition 2020, retardée à cause de la pandémie de COVID-19, de la Conférence des Nations Unies sur la réalisation du quatorzième objectif de développement durable qui se tiendra à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet**.  Ledit objectif porte sur la conservation et l’exploitation durables des océans, des mers et des ressources marines. 

L’Assemblée a aussi décidé de convoquer, chaque année, la Conférence des Nations Unies pour les annonces de contributions aux activités de développement menées par les entités du système des Nations Unies, peu après le débat de la session du Conseil économique et social (ECOSOC) sur la question, afin de tirer parti des discussions qui y auront eu lieu.  Tout en exhortant les États à envisager d’augmenter leurs contributions, l’Assemblée appelle aussi les entités de l’ONU à améliorer la visibilité des contributions reçues, y compris celles faites aux ressources de base et aux fonds de financement commun. 

Les entités sont priées de faire de même pour les résultats obtenus*** , dans un contexte où la COVID-19 fait peser une menace sans précédent sur les gains économiques et de développement durement acquis, reconnaît d’ailleurs l’Assemblée générale dans sa résolution sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  

Elle note que des mesures de soutien supplémentaires s’imposent pour limiter les effets de la pandémie sur la réalisation par le continent du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Dans ce texte doté d’un dispositif de 30 paragraphes de fond, l’Assemblée insiste sur l’accès équitable à des vaccins en Afrique, y compris par l’intermédiaire de l’Organisation mondiale de la Santé OMS et du Mécanisme COVAX****

Le Groupe de États d’Afrique, le CANZ -Canada, Australie et Nouvelle-Zélande-, la Suisse, le Royaume-Uni, la République de Corée et le Japon ont salué l’adoption par consensus de ce texte, comme une occasion de mettre l’accent sur les domaines « cruciaux et indispensables » à la réalisation du Programme 2030 en Afrique.  Le Japon a insisté sur un processus mené par les Africains eux-mêmes alors que Chine vantait les mérites de la coopération Sud-Sud, en citant les nombreux accords qu’elle a conclus avec les pays africains, dans les domaines du commerce, des investissements et de l’allègement de la dette. 

Les États-Unis se sont justement dissociés de plusieurs dispositions concernant la dette, la Hongrie et la République tchèque, de la référence au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Elles ont réitéré leur position selon laquelle il vaut mieux aider les pays à garantir la paix et la prospérité à leurs populations plutôt que de promouvoir les migrations.  La Chine n’a pas manqué de dénoncer « les manipulations politiques » de certains pays pour s’opposer au Programme 2030.  La manière dont le processus s’est déroulé est tout simplement décevant, a critiqué, à son tour, l’Union européenne, accusant « une délégation » d’avoir tenté de faire adopter des dispositions non consensuelles. L’Union européenne en a profité pour rappeler sa coopération sanitaire avec l’Afrique et l’acheminement d’un milliard de doses de vaccin par le Mécanisme COVAX. 

L’Assemblée a également adopté deux résolutions sur la coopération entre l’ONU et la Communauté des Caraïbes ainsi que l’Organisation de la coopération économique*****.  S’agissant du premier texte, les États-Unis se sont dissociés, une nouvelle fois, de certaines dispositions relatives à la dette.  Quant au second texte, l’Union européenne, soutenue par Chypre, s’est dissociée de la référence à la Déclaration de Bakou du 16 octobre 2012 et à la Déclaration finale de la quatorzième Réunion au sommet des chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Organisation de coopération économique, le 4 mars 2021.  Elle a dit avoir décelé dans ces documents des dispositions sur Chypre, contraires aux résolutions du Conseil de sécurité et à l’Assemblée et de manière générale, au droit international. 

La Turquie a rejeté cette « position subjective », avant que l’Arménie ne conteste aussi les contenus « contestables » dans les documents incriminés par l’Union européenne, cette fois, sur le conflit du Nagorno-Karabakh.  Avec l’Azerbaïdjan, elle a échangé des accusations sur les causes de ce conflit.  Les États-Unis ont également émis des réserves et l’Argentine a affirmé qu’elle a lancé un mandat d’arrêt contre le Secrétaire général de l’Organisation de la coopération économique pour participation à l’attentat terroriste de 1994.  Elle a été critiquée par l’Iran pour sa tentative de manipuler l’Assemblée à des fins politiques. 

Enfin l’Assemblée a décidé de poursuivre à sa prochaine session l’examen de neuf questions dont la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés****** (A/75/974).  La résolution pertinente a été adoptée par 71 voix pour, 12 voix contre et 45 abstentions.  La Fédération de Russie a jugé que la décision de maintenir à l’ordre du jour cette question montre combien l’Assemblée générale peut-être l’otage des États Membres.  Elle a jugé inadmissible que certains tentent de réduire ce conflit à une agression russe.  Il s’agit, a-t-elle martelé, d’une guerre qui dure depuis six ans entre Kiev et les habitants du Donbass opposés au coup d’État de 2014.  C’est bien l’occupation russe de la Crimée et la militarisation de la région qui est à l’origine de toutes les tensions, a rétorqué l’Ukraine, soutenue par l’Union européenne, les Pays nordiques, les Pays baltes, le Royaume-Uni, les États-Unis et la Géorgie.  Cette question est déjà réglée, a estimé l’Iran, en parlant de l’Accord de Minsk.  Son inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée risque de creuser les divisions alors qu’un processus international de règlement est déjà en cours. 

L’Assemblée générale poursuivra l’adoption de ses dernières résolutions demain vendredi 10 septembre à partir de 10 heures. 

*A/75/L.133  

**A/75/L.130  

***A/75/L.134 (sans vote) 

****A/75/L.111/Rev.1  

*****A/75/L.132 et A/75/131  

******A/75/974. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale pour l’Afghanistan appelle les Taliban à démontrer qu'ils sont attachés à la sécurité et à la prospérité du peuple afghan

8853e séance – après-midi
CS/14628

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale pour l’Afghanistan appelle les Taliban à démontrer qu'ils sont attachés à la sécurité et à la prospérité du peuple afghan

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan a déclaré, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que le moment était venu pour les Taliban de démontrer  clairement au peuple afghan qu’ils sont attachés à chacun d’entre eux et à garantir leur sécurité, leurs libertés, leur santé, leur éducation et leur prospérité.  

« Les manifestations qui ont court dans tout le pays  démontrent  que  si  les Taliban ont conquis le pouvoir, ils n’ont pas encore  acquis la confiance de tout le peuple afghan », a-t-elle notamment estimé.  

Au cours de cette séance, marquée par l’intervention de Mme Wazhma Frogh, du Réseau afghan des femmes artisanes de la paix, et de la prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, Mme Deborah Lyons a également alerté du risque de crise imminente que représentent les milliards d’avoirs et de fonds de donateurs qui ont été gelés par des membres de la communauté internationale afin qu’ils ne tombent pas entre les mains de l’administration de facto des Taliban.   Elle a averti que ce gel risque de provoquer un grave ralentissement économique qui pourrait plonger des millions de personnes dans la pauvreté et la faim, générer une vague massive de réfugiés afghans et faire reculer l’Afghanistan pour des générations.  

Un moyen doit être trouvé rapidement pour permette à l’argent d’affluer vers l’Afghanistan pour éviter un effondrement total de l’économie et de l’ordre social, a plaidé la Représentante qui a souhaité que l’économie puisse être relancée pour quelques mois, « afin de donner aux Taliban la chance de démontrer leur flexibilité et une réelle volonté de faire les choses différemment cette fois-ci, notamment en ce qui concerne les droits humains, le genre et la lutte contre le terrorisme ».  

La Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a également indiqué que la composition du gouvernement intérimaire des Taliban, annoncé il y a deux jours, va appeler le Conseil à décider des mesures à prendre au sujet de la Liste des sanctions sur laquelle figure nombre des 33 membres du cabinet, y compris le Premier Ministre, les deux Vice-Premiers Ministres et le  Ministre des affaires  étrangères.   Elle a également déploré le fait qu’aucune femme n’a été désignée dans ce gouvernement qui ne compte pas de membres non Taliban, pas de personnalités du gouvernement précédent ou de dirigeants reconnus de groupes minoritaires.  

Rappelant que le Conseil s’est à plusieurs reprises engagé à ne pas reconnaître un gouvernement d’exclusion, le représentant de l’Afghanistan a appelé à faire pression sur les Taliban pour qu’ils ouvrent la voie à un gouvernement inclusif et à refuser toute reconnaissance de l’administration annoncée jusqu’à ce qu’ils forment un véritable gouvernement inclusif et tracent une ligne rouge fondamentale concernant le traitement des femmes et des filles et le respect des droits de tous les Afghans.  Le délégué afghan a aussi appelé le Conseil à réévaluer l’octroi des exemptions d’interdiction de voyager aux dirigeants Taliban figurant sur la liste des sanctions, affirmant que ces derniers utiliseront ce mécanisme à mauvais escient dans le but d’obtenir une reconnaissance internationale de leur gouvernement non inclusif. 

Dans une intervention marquée par l’émotion, Mme Wazhma Frogh a témoigné de la situation des femmes afghanes, dont « la vie a basculé depuis le 15 août ».  Elle a alerté que les femmes fonctionnaires ont reçu l’ordre de rester chez elles et que des milliers de travailleuses d’ONG se cachent, tandis que les filles de plus de 12 ans ne vont plus à l’école.  « Notre État moderne n’avait que 20 ans, mais nous avions 500 femmes juges et procureurs, ainsi que 12 000 femmes dans la police et l’armée.  Aujourd'hui, elles se cachent, craignant pour leur vie », s’est alarmée la militante qui a souhaité que le Conseil facilite une rencontre entre une délégation de femmes afghanes et les Taliban. 

« Il faut envoyer un message clair et sans équivoque aux Taliban selon lequel une condition fondamentale de toute coopération avec eux est le respect du droit des filles à l’éducation », a renchérit Mme Malala Yousafzai, qui a témoigné de son enfance au Pakistan sous l’emprise de l’extrémisme et le terrorisme et plus particulièrement par sa prise pour cible délibérée par un tireur, alors qu’elle n’avait que 15 ans. 

À l’instar du Ministre des affaires étrangères et de la défense d’Irlande, M. Simon Coveney, la vaste majorité des membres du Conseil de sécurité ont insisté sur l’importance de la participation pleine, équitable et significative des femmes et appelé au respect de leurs droits.  Ils ont également été nombreux à appeler les Taliban  à veiller à ce que tout Afghan ou étranger souhaitant quitter l’Afghanistan puisse le faire sans  restriction.  Les Taliban ont pris des engagements concrets sur ce point dans leur déclaration du 27 août 2021 et il est impératif qu’ils les respectent, en vertu notamment de la résolution 2593 (2021) du Conseil de sécurité, a appuyé la France. 

Les États-Unis ont invité le nouveau pouvoir à faciliter l’action des acteurs humanitaires et à respecter ses engagements, en particulier pour la protection des civils et le départ de ceux qui veulent quitter le pays.  Ce faisant, les Taliban contribueront à la stabilité de la région, et les États-Unis ne travailleront avec eux qu’à ces conditions, a souligné la délégation avant d’affirmer que « la légitimité se gagne ». 

À ce stade, rien ne sert de céder à la panique, a estimé pour sa part la Fédération de Russie pour qui le plus important est de se concentrer sur la fourniture de l’aide humanitaire.  À ce sujet, de nombreuses délégations font part de leur appui à la réunion de haut niveau sur la situation humanitaire en Afghanistan qui sera convoquée le 13 septembre à Genève par le Secrétaire général. 

La délégation russe s’est également préoccupée des tentatives de trouver « à la hâte » une solution au problème afghan, et a appelé à une approche équilibrée et réfléchie basée sur les leçons apprises.  Répéter les erreurs de calcul passées coûtera beaucoup plus cher, a-t-elle averti.   Deux jours avant le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre, la Fédération de Russie a par ailleurs signalé que l’activité terroriste risque de déborder d’Afghanistan et de mettre en danger la sécurité en Asie centrale, une préoccupation partagée par plusieurs États de la région, dont le Pakistan.  Le Kazakhstan a annoncé de son côté qu’il avait accepté la demande de l’ONU de relocaliser le personnel de la MANUA à Almaty. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN - S/2021/75

Déclarations

Mme DEBORAH LYONS, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a déclaré qu’avec la chute de Kaboul le 15 août, la population de la ville et le peuple afghan ont été confrontés à une réalité nouvelle et, pour beaucoup, inquiétante.  Elle a également estimé que les manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays montrent que si les Taliban ont conquis le pouvoir, ils n’ont pas encore acquis la confiance de tout le peuple afghan.  La nouvelle réalité est que la vie de millions d’Afghans dépendra de la façon dont les Taliban choisiront de gouverner, a-t-elle expliqué.  Ceux qui espéraient et encourageaient l’ouverture seront déçus, a-t-elle avoué en évoquant la composition du gouvernement intérimaire.  « Il n’y a pas de femmes dans la liste des noms annoncés », a-t-elle relevé, soulignant aussi qu’il n’y a pas de membres non Taliban, pas de personnalités du gouvernement précédent ou de dirigeants reconnus de groupes minoritaires.  Il contient bon nombre des mêmes personnages qui faisaient partie de la direction des Taliban en 1996 et 2001.  Et sur les 33 noms présentés, beaucoup figurent sur la Liste des sanctions des Nations Unies, y compris le Premier Ministre, les deux Vice-Premiers Ministres et le Ministre des affaires étrangères.  « Vous devrez tous décider des mesures à prendre concernant la Liste des sanctions », a-t-elle indiqué au Conseil de sécurité.  

La Représentante spéciale a signalé que la crise humanitaire préexistante, principalement dans les zones rurales, ne fait que s’aggraver.  La résolution de cette crise ne peut pas attendre les décisions politiques concernant la levée des sanctions, a-t-elle martelé, notant que des millions d’Afghans ordinaires ont désespérément besoin d’aide.  Il y a en outre des pays qui ont leurs propres sanctions qui s’appliquent à certains membres ou groupes qui font désormais partie de l’autorité de facto.  Elle a dit attendre avec impatience la tenue le 13 septembre à Genève de la conférence de haut niveau sur la crise humanitaire dans le pays. 

Mme Lyons a également attiré l’attention du Conseil de sécurité sur une autre crise imminente: celle des milliards d’avoirs et de fonds de donateurs qui ont été gelés par des membres de la communauté internationale afin qu’ils ne tombent pas entre les mains de l’administration de facto des Taliban.  L’effet inévitable, cependant, sera un grave ralentissement économique qui pourrait plonger des millions de personnes dans la pauvreté et la faim, générer une vague massive de réfugiés afghans et faire reculer l’Afghanistan pour des générations, a-t-elle averti.  Alors que la monnaie afghane s’effondrait, les prix du carburant et de la nourriture ont grimpé en flèche, a-t-elle expliqué.  Dans le même temps, les banques privées n’ont plus d’argent à distribuer, ce qui signifie que même les Afghans possédant des actifs ne peuvent y accéder et les salaires ne peuvent être payés.  L’Afghanistan est du reste fortement tributaire des importations et sera incapable de financer ses importations de nourriture et de médicaments, ainsi que de carburant, d’électricité et d’autres articles essentiels. 

La responsable a plaidé pour qu’un moyen soit trouvé rapidement pour permette à l’argent d’affluer vers l’Afghanistan pour éviter un effondrement total de l’économie et de l’ordre social.  Des garde-fous doivent également être trouvés pour s’assurer que cet argent est dépensé là où il doit l’être, et qu’il ne soit pas utilisé à mauvais escient par les autorités de facto.  Elle a demandé que l’économie puisse être relancée pour quelques mois, afin de donner aux Taliban la chance de démontrer leur flexibilité et une réelle volonté de faire les choses différemment cette fois-ci, notamment en ce qui concerne les droits humains, le genre et la lutte contre le terrorisme. 

Tout en faisant part de sa déception au sujet de la composition du « soi-disant cabinet intérimaire des Taliban », elle a tempéré en notant que la nouvelle réalité en Afghanistan est encore en train de se dessiner.  À quelques exceptions près, les locaux des Nations Unies en Afghanistan ont été respectés.  Nous sommes cependant de plus en plus préoccupés par le nombre croissant d’incidents de harcèlement et d’intimidation à l’encontre de notre personnel national, a-t-elle dit, promettant de continuer à faire tout son possible pour soutenir le personnel et les protéger des dangers. 

Elle s’est également inquiétée des allégations crédibles d’assassinats en représailles du personnel des forces armées et la détention de fonctionnaires qui travaillaient pour l’administration Ghani et des membres de leur famille. 

Nous avons reçu des informations selon lesquelles des membres des Taliban effectuaient des perquisitions maison par maison et saisissaient des biens, en particulier à Kaboul, a-t-elle dit.  Et tandis que les Taliban ont fourni de nombreuses assurances au sujet de la garantie des droits des femmes dans le cadre de l’Islam, de plus en plus d’informations indiquent que les Taliban ont interdit aux femmes d’apparaître dans les lieux publics sans chaperons masculins et ont empêché les femmes de travailler, a expliqué la Représentante spéciale.  Les Taliban ont également limité l’accès des filles à l’éducation, ont démantelé les départements des affaires féminines dans tout l’Afghanistan et ont ciblé les ONG de femmes.  En outre les Afghans qui manifestent contre le régime taliban sont la cible d’une violence croissante, caractérisée par des tirs autour des foules, des passages à tabac persistants, l’intimidation des médias et d’autres mesures répressives.  Au lieu de cela, les Taliban devraient chercher à comprendre les griefs légitimes de ces nombreux Afghans qui craignent pour leur avenir, a-t-elle préconisé. 

Malgré ces problèmes, nous pouvons peut-être encore façonner cette nouvelle réalité dans une direction plus positive, a-t-elle espéré.  Lors de nos premiers engagements avec certains dirigeants taliban, nous avons reçu un message clair selon lequel ils ont besoin d’une assistance internationale, a-t-elle témoigné.  Certains ont demandé de la patience et même des conseils alors qu’ils tentaient de passer d’une insurrection militaire à un gouvernement.  Par ailleurs, de nombreux pays voisins s’inquiètent de la façon dont le régime taliban affectera leur propre sécurité, a indiqué Mme Lyons qui a cité, entre autres, l’effet d’un Daech élargi que les Taliban ne peuvent contenir, la perspective d’une vague de réfugiés, les conséquences de la quantité d’armes laissée en Afghanistan ou encore les répercussions de l’économie illégale et le flux de drogue en provenance d’Afghanistan.  Mme Lyons a aussi insisté sur l’importance de la lutte contre le terrorisme, notant que des membres d’Al-Qaida restent en Afghanistan, « visiblement bien accueillis et abrités par les autorités talibanes de facto » et que Daech-Khorasan reste actif et pourrait se renforcer. 

Elle a fait part de la détermination des Nations Unies à servir le peuple afghan et a souligné que cet engagement signifie de devoir dialoguer avec les Taliban sur les questions opérationnelles et de sécurité.  Elle a ensuite exprimé son admiration pour le personnel des Nations Unies, national et international, qui se trouve actuellement en Afghanistan, confronté aux incertitudes quotidiennes.  « Leur présence et leur persévérance sont la preuve de notre engagement à apporter notre soutien », a-t-elle indiqué.  Au sujet du mandat de la MANUA qui doit être renouvelé dans une semaine environ, la Représentante spéciale a dit attendre les discussions en cours concernant le rôle de l’ONU en Afghanistan en cette période critique. 

Le meilleur résultat, encore réalisable, selon elle, serait que les Taliban démontrent qu’ils cherchent à créer un Afghanistan où les gens ne vivent pas dans la peur, où ceux qui ont des talents sont invités à participer à la reconstruction de leur pays, et où garçons et filles, jeunes femmes et hommes, peuvent recevoir le type d’éducation qui permettra à ce développement de se poursuivre.  Le moment est venu pour les Taliban de démontrer clairement au peuple afghan, à tout le peuple afghan, qu’ils sont attachés à chacun d’entre eux, à garantir leur sécurité, leurs libertés, leur santé, leur éducation et leur prospérité.  De l’autre côté, il est clair que le peuple afghan aura encore besoin de ce Conseil et de la communauté internationale, a-t-elle conclu. 

Mme WAZHMA FROGH, membre du Réseau afghan des femmes artisanes de la paix, a dit parler au Conseil de sécurité « le cœur brisé ».  Elle a expliqué qu’il y a 20 ans, elle avait été inspirée par la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité, qui s’adressait à des millions de femmes témoins de la guerre et soucieuses de bâtir la paix.  Or, aujourd’hui, un nombre innombrable d’hommes, de femmes et d’enfants sont bloqués dans la vallée du Panshir après des semaines de bombardement, a-t-elle déploré.  Cette semaine, le monde a vu des femmes et des hommes courageux d’Afghanistan descendre dans les rues de Kaboul et d’autres villes pour montrer leur angoisse face à la façon dont ils sont traités.  Le droit de manifester leur est désormais retiré et l’accès à Internet est en train d’être limité.  Pas plus tard qu’hier, a ajouté Mme Frogh, une jeune fonctionnaire du Ministère des affaires féminines, à présent inopérant, a dû brûler ses certificats de travail et d’éducation parce que les domiciles de militantes et d’employées du Gouvernement ont été perquisitionnés.  Aujourd’hui, la meilleure chance de survie de cette jeune femme est de disparaître.  Pourquoi?  Parce que le monde ne nous a pas écoutés, nous les femmes, lorsque nous avons mis en garde contre l’absence de règlement politique et une prise de pouvoir militaire soudaine.  Vous nous avez mis à l’écart lorsque nous avons demandé à nous asseoir aux tables de négociations en tant que bâtisseurs de la paix.  Pourtant, a-t-elle relevé, notre travail a été la plus grande réalisation des 20 dernières années en Afghanistan. 

Avec le Réseau afghan des femmes artisanes de la paix, qui comprend une centaine de membres dans 34 provinces de l’Afghanistan, Mme Frogh a dit avoir œuvré pour des programmes locaux de paix et de règlement des conflits pendant plus d’une décennie.  Nous étions ceux qui prônaient des négociations de paix inclusives et significatives, a-t-elle relaté.  Nous savions qu’un règlement politique avec la participation des Taliban serait nécessaire.  Les femmes membres du Haut Conseil pour la paix de l’Afghanistan ont ainsi tendu la main aux communautés, aux mères des combattants sur le terrain et ont lancé le premier dialogue national.  Nous avons travaillé à un cessez-le-feu et à un processus de paix national.  Nous avons contacté les dirigeants locaux des Taliban et plaidé pour que les doléances de leurs jeunes et de leurs familles qui ont souffert soient également prises en compte.  Nous voulions que les pourparlers de Doha aboutissent à un accord intérimaire et à un gouvernement de transition reflétant la vraie diversité de notre nation et conduisant à la participation démocratique. Mais, au bout du compte, nous avons été trahis par tous, y compris par les dirigeants du Gouvernement afghan. 

Maintenant, a-t-elle poursuivi, les Taliban ont annoncé leur gouvernement intérimaire.  Tous les membres sauf trois appartiennent à un seul groupe ethnique, ce qui signifie que seulement trois membres du cabinet représentent 60% de la population, soit 18 millions de personnes.  De plus, a constaté la militante, « la vie des femmes a basculé depuis le 15 août ».  Écartées de la gouvernance, elles ne peuvent plus aller travailler et les filles de plus de 12 ans ne vont plus à l’école.  Dans ce contexte, a-t-elle indiqué, les femmes fonctionnaires ont reçu l’ordre de rester chez elles et des milliers de travailleuses des organisations non gouvernementales se cachent.  Notre État moderne n’avait que 20 ans, mais nous avions 500 femmes juges et procureurs travaillant dans tout le pays.  Nous avions 12 000 femmes dans la police et l’armée.  Aujourd'hui, elles se cachent, craignant pour leur vie, a expliqué Mme Frogh.  Face à tant de dégâts évitables et inutiles, elle a dit vouloir croire au pouvoir du Conseil de sécurité.  Si nous n’agissons pas ensemble maintenant, de toute urgence, les répercussions se feront sentir dans toute la région et dans le monde, a-t-elle insisté avant d’inviter l’ONU et le Conseil de sécurité à agir dans quatre domaines. 

Elle a tout d’abord souhaité que des femmes soient intégrées dans les équipes de médiation et que le Conseil facilite une rencontre entre une délégation de femmes afghanes et les Taliban.  Elle a ensuite appelé la communauté internationale à accueillir et à accorder des visas aux milliers de femmes et d’hommes de la société civile qui risquent des représailles en Afghanistan.  Par ailleurs, alors qu’une crise humanitaire se profile, elle a exhorté l’ONU à assurer la protection des travailleuses humanitaires et communautaires afghanes, compte tenu de l’idéologie sexiste du nouveau régime.  Elles sont essentielles à la distribution et à l’acheminement de l’aide aux plus nécessiteux, a-t-elle souligné.  Enfin, il importe que les Taliban démontrent leur engagement pour la paix à travers leurs actions, a plaidé Mme Frogh.  Demandez-leur d’arrêter de battre les femmes dans la rue et de leur tirer dessus, a-t-elle lancé aux membres du Conseil, des larmes dans la voix.  Demandez-leur d’arrêter de torturer les journalistes, d’arrêter de fouiller les maisons des gens et de les menacer.  Demandez-leur d’assumer la responsabilité de protéger et de respecter tous les Afghans, quel que soit leur âge, leur sexe ou leur origine ethnique.  

Mme MALALA YOUSAFZAI, Cofondatrice et Présidente du conseil d’administration du Fonds Malala pour le droit des filles à l’éducation, a tenu à rappeler à quoi ressemble la vie d’une fille vivant sous l’extrémisme et le terrorisme.  « J’ai entendu des bombes, des coups de feu et des explosions.  Mes frères et moi avons couru dans les bras de nos parents pour nous protéger.  J’avais 10 ans.  J’ai vu des banderoles à l’entrée des centres commerciaux annonçant que les femmes n’étaient pas autorisées à y pénétrer.  J’ai vu des affiches sur les portes des écoles déclarant que les filles y étaient interdites.  J’ai vu des femmes flagellées dans les rues.  J’avais 11 ans.  J’ai vu ma maison, un lieu de paix, devenir un lieu de peur en seulement trois ans.  J’ai vu des milliers de personnes déplacées.  J’ai vu des maisons et des écoles détruites.  J’avais 12 ans.  J’ai vu l’injustice et j’ai élevé la voix pour le droit de chaque fille d’aller à l’école. « J’ai vu un tireur arrêter mon autobus scolaire, appeler mon nom et tirer une balle sur moi.  J’avais 15 ans. » 

Maintenant, a ajouté Mme Yousafzai, j’ai 24 ans et je porte les cicatrices de six interventions chirurgicales pour réparer les blessures de cette seule balle.  « C’est une histoire que de nombreuses filles afghanes pourraient partager si nous n’agissons pas », a-t-elle mis en garde.  

Alors que les femmes afghanes revendiquent le droit de choisir leur propre avenir, à Kaboul, leurs protestations ont été accueillies par des gaz lacrymogènes, des crosses de fusil et des matraques métalliques, s’est désolée l’intervenante.  Aujourd’hui, a-t-elle annoncé, je suis ici pour appeler le Conseil de sécurité à protéger les Afghanes et l’avenir de cette nation de quatre manières.  Premièrement, a-t-elle dit, il faut envoyer un message clair et sans équivoque aux Taliban selon lequel une condition fondamentale de toute coopération avec eux est le respect du droit des filles à l’éducation, conformément aux traités et conventions internationaux.  « Les déclarations ne suffisent pas.  Le gouvernement taliban doit garantir et protéger les droits des femmes et des filles », a-t-elle tranché. 

Deuxièmement, a poursuivi Mme Yousafzai: il faut s’appuyer sur la résolution 2593 du Conseil de sécurité en soutenant un mécanisme de surveillance solide pour suivre et surveiller les violations des droits humains en Afghanistan, avec un accent particulier sur l’éducation des filles.  Troisièmement, il faut mettre en œuvre la résolution 2593 avec une hausse significative de l’aide humanitaire et du développement pour garantir que toutes les écoles puissent fonctionner en toute sécurité.  À l’heure actuelle, a relevé l’intervenante, le peuple afghan est confronté à une crise politique, à une sécheresse de plusieurs mois et à la pandémie de COVID-19.  Elle a appelé le Conseil à soutenir une aide supplémentaire aux pays voisins et contribuer à l’éducation des enfants réfugiés, pour ensuite exhorter les dirigeants à la conférence sur l’aide d’urgence de lundi à convenir d’un plan de financement généreux pour garantir que tous les enfants afghans puissent retourner à l’école dès que possible.  

Enfin, la présence de l’ONU dans chaque région de l’Afghanistan est plus que jamais nécessaire.  Pour ce faire, un mandat et des ressources renforcés pour la Mission d’assistance des Nations Unies et les autres agences onusiennes en Afghanistan sont essentiels.  Un Conseil de sécurité uni —parlant d’une seule voix sur l’éducation des filles— peut contraindre les Taliban à de réelles concessions, a insisté Mme Yousafzai.  C’est vital non seulement pour les femmes et les filles afghanes elles-mêmes, mais aussi pour la sécurité à long terme dans la région et dans notre monde. 

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, a exhorté les Taliban à faciliter l’accès sur et sans entraves des organisations humanitaires et de leur personnel, quel que soit leur sexe.  Pour assurer cet accès, ainsi que le droit des Afghans et des ressortissants étrangers de quitter l’Afghanistan en toute sécurité, il est essentiel d’assurer l’ouverture et le fonctionnement de l’aéroport de Kaboul et des frontières terrestres.  Le Ministre a également estimé que la communauté internationale doit continuer d’appuyer l’aide humanitaire et a indiqué que l’Irlande participera, le 13 septembre, à la réunion de haut niveau sur la situation humanitaire en Afghanistan. 

Le Ministre a signalé que l’Afghanistan fait face à une crise de gouvernance, soulignant qu’un gouvernement qui ne met pas à profit la force, le talent et la diversité du peuple afghan –et qui n’autorise pas le droit de manifester pacifiquement, ni des médias libres et indépendants ne peut pas jeter les bases d’un Afghanistan pacifique et sûr.  Une participation pleine, équitable et significative des femmes est une condition préalable à une paix durable et à une stabilité politique, a-t-il souligné pour ensuite exhorter le Conseil à accorder la priorité à la participation des femmes aux processus qui façonnent leur avenir.  M. Coveney a aussi insisté sur le droit des femmes et des filles à l’éducation, à la santé et à la liberté de mouvement.  Ces droits, a-t-il affirmé, ne sont pas réservés aux femmes et aux filles de certains pays ou de certaines traditions religieuses, mais appartiennent à l’ensemble de la population mondiale. 

Notant que toute nouvelle administration doit respecter les obligations de l’Afghanistan en vertu du droit international, le Ministre irlandais a appelé le Conseil à envoyer un message sans équivoque: ceux qui violent les lois internationales et commettent des violations des droits de l’homme doivent être tenus pour responsables.  M. Coveney a par ailleurs constaté que les évènements du 26 août rappellent que le terrorisme demeure un danger pour l’Afghanistan.  Les Taliban, a-t-il dit, doivent rompre sans équivoque les liens avec toutes les organisations terroristes internationales ou continuer à faire face à des sanctions et à l’isolement.  Il a par ailleurs estimé que le renouvèlement du mandat de la MANUA doit être l’occasion pour le Conseil de sécurité de se montrer uni. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a estimé que l’une des rares évolutions positives concernant l’Afghanistan a été l’appel urgent lancé pour répondre à la situation humanitaire de plus en plus précaire dans le pays.  Parallèlement à la réunion ministérielle convoquée par le Secrétaire général lundi prochain, nous espérons que cela permettra une augmentation de l’aide au peuple afghan, a-t-il dit, tout en reconnaissant que les efforts d’assistance se heurtent encore à des obstacles, notamment dans la prestation de services de santé essentiels pour les femmes et les filles, particulièrement impactées par les changements des trois dernières semaines.  Le délégué a donc réitéré son appel à toutes les parties à permettre un accès immédiat, sûr et sans entrave aux acteurs humanitaires, à commencer par les agences des Nations Unies.  

Alors que septembre marque le début d’une nouvelle année scolaire pour les enfants de nombreux pays dont le sien, le représentant a souhaité que toutes les filles d’Afghanistan puissent poursuivre leur scolarité en toute sécurité et que leurs mères ainsi que toutes les autres femmes afghanes soient autorisées à continuer de se déplacer librement et à participer à l’emploi.  À cet égard, il a indiqué que la coopération de l’Estonie avec les dirigeants afghans reposera sur leur volonté de défendre les réalisations positives des dernières décennies et à agir selon les normes du droit international, y compris le droit international des droits de l’homme.  Il a ainsi condamné le récent recours à la violence contre des manifestants pacifiques mais aussi des journalistes, pour qui l’Afghanistan continue d’être l’un des endroits les plus dangereux au monde où travailler. 

Évoquant le gouvernement intérimaire annoncé par les Taliban, le délégué s’est dit déçu par son absence de diversité et par l’exclusion des femmes.  Cela va à l’encontre des attentes de la communauté internationale, sape le droit à une participation pleine et égale à la prise de décision et alimente les inquiétudes quant à la poursuite de l’instabilité dans le pays, a-t-il déploré.  À ses yeux, ces décisions ne correspondent pas non plus aux déclarations publiques antérieures faites par les Taliban.  Or, une paix durable en Afghanistan ne peut être garantie que par un règlement politique inclusif, qui défende les protections constitutionnelles et les droits de tous les Afghans, en particulier les femmes, les enfants et les personnes appartenant à des minorités, a-t-il fait valoir avant d’exprimer ses remerciements au personnel de la MANUA pour ses efforts au profit du peuple afghan en cette période de crise.  

Mme MONA JUUL (Norvège) a considéré qu’une paix durable en Afghanistan ne peut être obtenue que par un règlement politique inclusif, prenant note qu’un gouvernement intérimaire avait maintenant été annoncé à Kaboul.  Mais la composition de ce gouvernement suscite de vives inquiétudes, a-t-elle observé, car, contrairement aux indications données par les Taliban, ce gouvernement n’est « ni inclusif, ni représentatif ».  Un nouveau gouvernement doit avoir la participation pleine, égale et significative des femmes.  En Afghanistan –comme partout ailleurs– il ne peut y avoir de compromis entre sécurité, stabilité et progrès; et les droits des femmes.  Au contraire, l’égalité des genres et l’inclusion des femmes dans la vie publique, « c’est la sécurité, c’est la stabilité et c’est une voie de progrès », a plaidé Mme Juul. 

La délégation a également souligné que le territoire afghan ne doit pas être utilisé pour menacer ou attaquer un pays; abriter ou entraîner des terroristes; ou planifier ou financer des actes terroristes.  « Nous tiendrons le nouveau gouvernement responsable à cet égard », a-t-elle mis en garde.  Prenant note des assurances données par les Taliban selon lesquelles les employés du gouvernement, militaires ou civils, ne subiront aucune rétribution et que les femmes et les filles auront accès au travail et à l’éducation, la Norvège a prévenu qu’elle suivrait de près comment cela se traduit en action.  Elle a ensuite appelé toutes les parties à veiller à ce que les ressortissants afghans et étrangers qui souhaitent quitter le pays puissent le faire de manière sûre et ordonnée.  Par ailleurs, a rappelé la représentante, les choix que nous ferons dans les prochains jours au sujet du mandat de la MANUA seront déterminants.  « En tant que cotitulaire de la plume pour l’Afghanistan, nous encourageons nos collègues membres du Conseil à parvenir à un consensus sur ce mandat indispensable. » 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a affirmé que l’approche du Conseil sera façonnée par ce que feront maintenant les Taliban.  La résolution 2593 (2021) définit les attentes minimales de ce Conseil, a-t-elle noté, avant d’appeler les Taliban à se distancer du terrorisme et à respecter les engagements qu’ils ont pris lors des pourparlers de Doha.  Il est dans l’intérêt commun de tous les pays, a—t-elle insisté, que l’Afghanistan ne redevienne plus jamais un refuge pour Al-Qaida, Daech et d’autres groupes terroristes, et ne compromette pas la stabilité régionale.  Elle a ensuite salué l’engagement des Taliban à permettre le passage en toute sécurité des ressortissants étrangers et des citoyens afghans munis de documents de voyage. 

Le Royaume-Uni double son aide à l’Afghanistan à 286 millions de livres sterling cette année, a poursuivi la déléguée, avant d’inviter les Taliban à créer l’environnement sûr nécessaire pour fournir une aide humanitaire.  Il faut notamment garantir un accès sans entrave aux travailleurs humanitaires et s’abstenir de toute ingérence dans le travail des agences des Nations Unies et des ONG.  Elle a en outre insisté sur le besoin de protéger les droits humains et les acquis des deux dernières décennies, en particulier l’éducation des filles, l’emploi des femmes et les droits des minorités.  Au vu de la composition du Gouvernement intérimaire annoncée le 7 septembre, elle a appelé les Taliban à poursuivre une politique inclusive. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a commencé par saluer le dévouement et le travail de la MANUA.  Le 31 août, a-t-il observé, un nouveau chapitre s’est ouvert dans son travail avec l’Afghanistan, lequel a plus que jamais besoin de l’ONU.  Le représentant a également applaudi le travail de plaidoyer de Malala Yousafzai, qui vient rappeler l’enjeu de la situation actuelle pour les femmes et les filles. Notant par ailleurs que, selon l’UNICEF, un million d’enfants afghans de moins de 5 ans pourraient bientôt souffrir de malnutrition aiguë, il a rappelé que les États-Unis sont le plus grand bailleur d’aide humanitaire en Afghanistan.  Nous appuyons les acteurs humanitaires sur le terrain mais les besoins sont énormes, a-t-il dit, soulignant le rôle vital que joue l’ONU pour prêter assistance à la population, garantir une reddition de comptes en cas de violations des droits humains, protéger les enfants et les civils, et coordonner l’aide humanitaire. 

À cet égard, le délégué s’est dit préoccupé pour la sécurité du personnel de la MANUA et sa capacité à protéger l’acheminement de l’aide.  Appelant les Taliban à respecter leurs obligations au titre du droit international humanitaire et à respecter la neutralité de l’ONU et de son personnel, il a indiqué que les États-Unis réfléchissent aux voies et moyens de renforcer la protection des membres de la Mission.  Il s’est par ailleurs élevé contre le fait que les femmes, en particulier les membres féminins du personnel onusien, ne puissent plus se rendre sur leur lieu de travail sans « chaperon masculin ».  Tout le personnel de l’ONU doit pouvoir s’acquitter de son travail sans discrimination, a-t-il plaidé avant d’inviter le nouveau pouvoir à faciliter l’action des acteurs humanitaires et à respecter ses engagements, en particulier pour la protection des civils et le départ de ceux qui veulent quitter le pays.  Ce faisant, les Taliban contribueront à la stabilité de la région, a ajouté le représentant, affirmant que son pays ne travaillera avec eux qu’à ces conditions, sans se contenter de leur faire confiance.  « La légitimité se gagne », a-t-il conclu. 

S’exprimant au nom des A3+1, à savoir le Kenya, la Tunisie, Saint-Vincent-et-les Grenadines et le Niger, M. NIANDOU AOUGI (Niger) a considéré que la priorité en Afghanistan devait être donnée à l’accès humanitaire, en prenant bonne note de l’intention exprimée par les Taliban de coopérer et de garantir la poursuite de cette aide.    Il s’est félicité de la conférence humanitaire ministérielle de haut niveau sur l’Afghanistan qui se tiendra le 13 septembre à Genève, souhaitant qu’elle permette de mobiliser les ressources nécessaires pour aider le peuple afghan.    Le groupe des A3+1 a ensuite regretté le manque d’inclusivité du gouvernement intérimaire annoncé par les Taliban.  « Pour qu’une paix soit durable et la reconstruction postconflit soit réussie, la participation des femmes, des jeunes et des minorités ethniques est essentielle », a souligné M. Niandou.  Les A3+1, a-t-il ajouté, encouragent les pays de la région à renforcer leur  coopération  afin de créer des conditions plus stables et favorables à un règlement pacifique en Afghanistan et à la sécurité régionale.   En ce qui concerne le renouvellement du mandat de la MANUA, le groupe a annoncé qu’il reste engagé à soutenir la  paix durable, le développement et les droits de l’homme en  Afghanistan, et disposés à travailler de manière constructive  dans les prochaines négociations.  

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que le 11 septembre, exactement 20 ans se seront écoulés depuis les événements tragiques qui ont coûté la vie à près de 3 000 innocents à New York et marqué le début de la présence américaine en Afghanistan.  S’agissant de l’annonce par les Taliban, le 7 septembre, de la composition du gouvernement intérimaire, il a espéré que les structures de pouvoir qui se forment refléteront les intérêts de l’ensemble du peuple afghan, de toutes les forces ethno politiques, car, a-t-il souligné, c’est le seul moyen de parvenir à la paix.  Selon le représentant, les événements qui se sont déroulés indiquent clairement que la société afghane n’accepte pas la gestion et le contrôle de l’extérieur sur son pays et les modalités de son développement.  À ce stade, il ne vaut pas la peine de céder à la panique, a-t-il conseillé, pour ensuite espérer que dans les conditions actuelles, la présence de l’ONU en Afghanistan sera assurée, ainsi que la sécurité et son inviolabilité.  

Pour M. Nebenzia, à ce stade, le plus important est de se concentrer sur les questions les plus urgentes liées principalement à la fourniture en temps voulu d’une aide humanitaire à tous ceux qui en ont le plus besoin.  Il a constaté que les humanitaires ne rencontrent pas de problèmes sérieux pour apporter leur aide, et a dit espéré que les principaux donateurs apporteront, non pas en paroles, mais en actes, l’aide nécessaire à la reconstruction socioéconomique de l’Afghanistan.  Il a indiqué que malgré des injections financières sans fin et une présence militaire étrangère depuis plus de 20 ans, les problèmes de pauvreté et de pénurie alimentaire en Afghanistan n’ont pas été résolus.  Une nouvelle dégradation de la situation socioéconomique et humanitaire n’augure rien de bon et conduira inévitablement à la déstabilisation, a-t-il averti.  Il a prédit une crise humanitaire plus importante, et par conséquent, une complication de la situation migratoire dans la région et dans le monde dans son ensemble.  Il a également espéré que l’accès à tous les avoirs afghans gelés sera ouvert. 

En outre, la présence continue de Daech-Khorasan dans le pays, dont l’activité terroriste risque de déborder d’Afghanistan et de mettre en danger la sécurité des États voisins en Asie centrale et au-delà, reste un sujet de préoccupation.  N’oubliez pas que Daech ne vise pas à établir la paix et la stabilité en Afghanistan et poursuit toujours l’objectif ultime de construire un califat mondial, a rappelé le représentant.  Le risque d’infiltration de militants dans la région, y compris sous couvert de réfugiés, ne peut qu’inquiéter les partenaires d’Asie centrale de la Fédération de Russie.  Il a également relevé que l’Afghanistan continue d’être le plus grand fournisseur d’opiacés au monde, avant de souhaiter que les nouvelles autorités sauront résoudre les problèmes du terrorisme et de la drogue. 

Quant à l’assistance directe au règlement de la crise afghane, le représentant a évoqué le rôle de la troïka élargie dont une réunion est prochainement prévue à Kaboul.  Il a relevé que la situation en Afghanistan est maintenant discutée sur presque toutes les plateformes internationales, et que de nombreux États, y compris ceux qui sont éloignés de la région, tentent de trouver à la hâte une solution au problème afghan, en essayant des modèles standard et en imposant leurs propres recettes.  Rappelant que de nombreuses erreurs ont été commises, pour lesquelles le peuple afghan a dû payer, il a appelé à une approche équilibrée et réfléchie basée sur les leçons apprises.  Répéter les erreurs de calcul passées coûtera beaucoup plus cher, a-t-il averti. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a relevé que la sécurité du personnel onusien sur place doit demeurer une préoccupation constante.  Aux Taliban, elle a demandé le départ sûr et sans entrave des Afghans et des ressortissants étrangers qui souhaitent quitter le pays.  C’est le cœur de la résolution 2593 (2021) portée par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, a-t-elle rappelé.  Les Taliban ont pris des engagements concrets sur ce point dans leur déclaration du 27 août 2021 et il est impératif qu’ils les respectent, a-t-elle déclaré.  Elle a indiqué que l’une des priorités est que celles et ceux qui souhaitent quitter l’Afghanistan puissent notamment le faire via l’aéroport de Kaboul dont l’accès doit être libre, sûr et sécurisé. 

Il s’agit ensuite de garantir l’accès humanitaire sur l’ensemble du territoire afghan, alors que près de la moitié de la population afghane dépend à présent de l’aide humanitaire extérieure.  Évoquant la réunion ministérielle du 13 septembre prochain à Genève, la représentante a souligné que l’aide n’est rien si elle ne parvient pas à tous ceux qui en ont le plus besoin, y compris les femmes et les filles.  La protection des personnels humanitaires et médicaux doit être garantie, a-t-elle ajouté, notant que les Taliban ont pris des engagements et « nous ne contenterons pas de mots, nous attendons des actes concrets et des garanties ». 

Mme Broadhurst a par ailleurs souligné que la protection des droits acquis par les Afghanes est une priorité absolue et la violation de ces droits ne restera pas impunie.  Ainsi, les filles doivent pouvoir continuer à prendre le chemin de l’école et rêver à des postes de responsabilités.  Leurs ainées doivent pouvoir continuer à travailler et à jouir sans entrave de leurs droits et libertés fondamentales. 

En outre, l’Afghanistan ne doit pas redevenir un sanctuaire pour les groupes terroristes.  La France, a-t-elle fait savoir, a exigé des Taliban qu’ils rompent tout lien direct ou indirect, y compris financier, avec les groupes terroristes, en particulier Al-Qaida.  La déléguée a par ailleurs constaté que la composition du nouveau gouvernement intérimaire annoncé par les Taliban ne répond en rien à l’exigence d’ouverture. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a tout d’abord exprimé l’appréciation de son pays pour le travail qu’accomplit la MANUA.  Ce travail est encore plus important aujourd’hui pour la protection et la promotion des droits humains, la promotion de l’égalité des sexes et la coordination humanitaire, a-t-il dit, ajoutant que les témoignages entendus aujourd’hui montrent clairement que le peuple afghan a plus que jamais besoin de l’appui des Nations Unies et de la communauté internationale. 

Nous suivrons attentivement la réunion ministérielle de haut niveau du 13 septembre convoquée par le Secrétaire général pour évaluer la situation humanitaire en Afghanistan, a indiqué le délégué, jugeant essentiel que ceux qui gouvernent le pays garantissent les droits de la population civile et respectent leurs obligations internationales.  De surcroît, a-t-il ajouté, le Mexique et l’Irlande, en tant que coprésidents du Groupe informel sur les femmes, la paix et la sécurité, demandent instamment que tout futur gouvernement de l’Afghanistan inclue la pleine et entière participation des femmes, ce qui n’est pas le cas de l’« administration intérimaire » présentée par les Taliban.  

Conformément à la résolution 2593 (2021), le représentant a appelé le nouveau pouvoir à garantir l’accès à l’aide humanitaire de manière complète, sûre et inconditionnelle, ainsi que la sécurité de tous les travailleurs humanitaires. Il a également exhorté les Taliban à veiller à ce que tout Afghan ou étranger souhaitant quitter l’Afghanistan puisse le faire sans restriction.  Il les a enjoints à respecter et protéger les droits humains de tous les Afghans, y compris les minorités, et à assurer la participation pleine, effective et significative des femmes dans tous les processus de prise de décision.  Enfin, à la veille des commémorations des attentats du 11 septembre 2001, il a souhaité que l’Afghanistan ne redevienne pas une plateforme ou un refuge pour les terroristes.  

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a appelé toutes les parties concernées en Afghanistan à s’abstenir de recourir à la force et à respecter leurs obligations en vertu du droit international et de la résolution 2593 du Conseil de sécurité.  La fourniture de services de base indispensables doit se poursuivre, a souligné le représentant, qui a attiré l’attention sur le sort des personnes les plus vulnérables.  Il s’est dit préoccupé par les incidents sécuritaires concernant des personnels de l’ONU en Afghanistan au cours des derniers jours, comme relevé par le Secrétaire général dans son rapport.  Alors que la crise humanitaire concerne 18 millions de personnes, soit la moitié de la population afghane, un accès immédiat, sûr, et sans entrave de l’accès humanitaire doit être ménagé pour avoir accès aux nécessiteux.  La délégation a conclu en annonçant qu’elle participerait aux négociations en vue de renouveler le mandat de la MANUA. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a rappelé que la résolution 2593 (2021) du Conseil de sécurité a souligné, entre autres, que le territoire afghan ne doit pas être utilisé pour menacer ou attaquer un pays, ni pour abriter ou entraîner des terroristes, ni pour planifier ou financer des actes terroristes.  Comme en témoigne l’attentat terroriste déplorable à l’aéroport de Kaboul le mois dernier, le terrorisme continue de constituer une menace sérieuse pour l’Afghanistan.  Il est donc important que les engagements pris à cet égard soient respectés.  De même, la résolution 2593 a également pris note de la déclaration des Taliban selon laquelle les Afghans pourront voyager à l’étranger sans encombre.  « Nous espérons que ces engagements seront également respectés, notamment en ce qui concerne le départ sûr, sécurisé et ordonné des Afghans et de tous les ressortissants étrangers », a souhaité le représentant. 

Il a réitéré la nécessité de faire entendre la voix des Afghanes, de réaliser les aspirations des enfants afghans et de protéger les droits des minorités.  De même, il a demandé que l’aide humanitaire soit fournie d’urgence et a souligné la nécessité de fournir un accès sans entrave aux Nations Unies et aux autres agences humanitaires.  Nous appelons la communauté internationale à s’unir, au-dessus de tout intérêt partisan, pour se tenir aux côtés du peuple afghan dans son désir de paix, de stabilité et de sécurité dans le pays, a dit le représentant, qui a appelé tous les membres du Conseil à se concentrer sur le peuple afghan lorsqu’ils vont décider de l’avenir du mandat de la MANUA.  M. Tirumurti a par ailleurs indiqué que l’Inde a contribué de manière significative au cours de la dernière décennie au développement de l’Afghanistan, notamment avec plus de 500 projets de développement dans chacune des 34 provinces de l’Afghanistan. 

M. SHUANG GENG (Chine) a observé que le développement de l’Afghanistan a connu de nombreux défis ces 20 dernières années et que la division continue de régner dans le pays.  Il a également constaté que les forces terroristes n’ont pas été éradiquées et qu’elles sont même plus audacieuses que jamais.  Selon le représentant, les événements récents rappellent que les interventions militaires ne peuvent être synonymes de popularité.  Ce que les pays impliqués dans ces interventions ont fait s’est soldé par un échec, a-t-il martelé, appelant ces pays à en tirer les conséquences et à régler les problèmes plutôt que de laisser l’Afghanistan et ses voisins s’en charger.  Ces pays doivent honorer leurs engagements à l’égard du peuple afghan, a insisté le délégué, avant de saluer l’annonce par le nouveau pouvoir taliban d’un gouvernement provisoire.  C’est une étape nécessaire après la période de guerre qui a précédé, elle doit servir à restaurer l’ordre socioéconomique, a-t-il plaidé.  Il a ensuite invité les Taliban à unir les groupes ethniques, à construire une architecture politique à large base, à respecter les droits des femmes et des enfants, à combattre le terrorisme et à développer des relations amicales avec les autres pays. 

Jugeant que l’Afghanistan est « à la croisée des chemins », le délégué a espéré que le nouveau pouvoir saura prendre les « bonnes décisions » et trouver la voie du développement.  À ses yeux, la communauté internationale doit jouer un rôle constructif en respectant l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.  Elle doit davantage dialoguer avec les autorités et se garder de tout préjugé, a-t-il professé, souhaitant que, de leur côté, les Taliban respectent leurs obligations et évitent que le pays redevienne un havre pour le terrorisme.  Le représentant s’est félicité à cet égard de la réunion sur l’Afghanistan convoquée le 13 septembre à Genève par le Secrétaire général.  Il a espéré qu’à cette occasion, la communauté internationale reverra à la hausse le niveau de son aide.  Il a aussi estimé que l’une des plus grandes difficultés pour le pays réside dans le gel des avoirs des Taliban à l’étranger.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention du Conseil sur la situation des pays voisins qui se trouvent en première ligne face à la menace terroriste et à l’exode de ressortissants afghans.  La communauté internationale doit reconnaître leurs sacrifices et les appuyer dans leurs efforts, a-t-il dit.  Enfin, après avoir annoncé l’envoi en Afghanistan de trois millions de doses de vaccins chinois, il a réitéré le soutien de la Chine à la MANUA, en l’encourageant à aider le pays à réussir une transition harmonieuse.  

M. GHULAM M. ISACZAI (Afghanistan) a déclaré que la situation dans son pays continue de se détériorer.  Depuis la dernière réunion du Conseil sur l’Afghanistan le 30 août, les Taliban continuent de commettre des violations des droits humain et d’éventuels crimes de guerre, aggravant la situation humanitaire. « Malgré le blocus total par les Taliban de la vallée du Panshir, nous avons des témoignages oculaires de leurs atrocités généralisées, perpétrées avec le soutien de combattants terroristes étrangers et de moyens de renseignement et militaires étrangers », a déclaré le représentant, qui a soutenu qu’ils avaient procédé à des exécutions ciblées, coupé les lignes de communication et imposé un blocus humanitaire qui empêche les vivres d’arriver dans la province.  Il a réitéré son appel au déploiement de toute urgence d’une mission d’établissement des faits pour évaluer les violations des droits de l’homme au Panshir, ainsi qu’à Spin Boldak, au Malistan et dans d’autres provinces d’Afghanistan. 

Les Taliban, a poursuivi M. Isaczai, ont également violemment réprimé des manifestations pacifiques à Kaboul, Herat, Mazar et dans d’autres villes d’Afghanistan.  « J’appelle la communauté internationale à condamner la répression par les Taliban de ces manifestations pacifiques et à soutenir les femmes afghanes qui défendent leurs droits », a-t-il lancé.  Hier, « leur soi-disant Ministère de l’intérieur » a interdit toutes les manifestations publiques qui n’avaient pas leur approbation préalable.  Ils ont également interdit la musique, les sports féminins et empêché la plupart des travailleuses de reprendre le travail jusqu’à nouvel ordre, s’est indigné le représentant.  Ces actions prouvent que les promesses antérieures des Taliban de permettre aux médias indépendants afghans de fonctionner librement et en toute sécurité, et de respecter les droits humains de tous les Afghans, y compris les femmes, ne sont que des « paroles creuses » destinées à leurrer la communauté internationale. 

Les membres de ce Conseil ont dit à juste titre que vous ne jugeriez pas les Taliban sur leurs paroles mais sur leurs actes, a rappelé le représentant.  « Ils ont maintenant agi et le Conseil ne peut rester silencieux dans sa réponse.  Après beaucoup d’attente et d’appréhension, les Taliban ont annoncé leur soi-disant cabinet le 7 septembre, qui comprend uniquement des membres supérieurs des Taliban issus principalement d’un seul groupe ethnique », a-t-il constaté.  Rappelant que le Conseil s’est à plusieurs reprises engagé à ne pas reconnaître un gouvernement d’exclusion ni à soutenir le rétablissement de l’Émirat islamique comme stipulé dans sa résolution 2513, il a déclaré que « le peuple afghan attend de vous que vous teniez cette promesse et que vous fassiez pression sur les Taliban pour qu’ils ouvrent la voie à un gouvernement inclusif que tous les segments de notre société puissent accepter et dont ils se sentent partie prenante ».  Je vous demande donc de refuser toute reconnaissance de la prétendue administration annoncée des Taliban jusqu’à ce qu’ils forment un véritable gouvernement inclusif et tracent une ligne rouge fondamentale concernant le traitement des femmes et des filles par les Taliban, et le respect des droits de tous les Afghans, a affirmé le délégué. 

Ce dernier a ensuite appelé le Conseil à utiliser tous ses outils diplomatiques, y compris la pleine mise en œuvre des sanctions multilatérales existantes, pour amener les Taliban à s’engager dans des pourparlers sincères et authentiques en vue d’un règlement global.  Il devrait également réévaluer son approche visant à accorder des exemptions d’interdiction de voyager aux dirigeants Taliban figurant sur la Liste des sanctions de l’ONU après avoir échoué à résoudre le conflit par des moyens pacifiques.  « Toute nouvelle extension de ce mécanisme serait utilisée à mauvais escient dans le but d’obtenir une reconnaissance internationale pour leur nouveau gouvernement non inclusif », a mis en garde le représentant afghan. 

Alors que les Taliban célèbrent leur victoire en tirant en l’air dans les rues de Kaboul, une catastrophe humanitaire se déroule, s’est alarmé M. Isaczai.  Une tempête parfaite se prépare – l’impact dévastateur de la deuxième grande sécheresse en Afghanistan en quatre ans se fait ressentir, un hiver froid et dangereux approche, la pandémie continue de se propager, l’économie est en train de s’effondrer et il n’y a pas de gouvernement à même de fournir les services les plus basiques, a-t-il encore averti   La récolte 2021 devrait être inférieure à la moyenne, la prochaine soudure devrait être plus intense et plus longue et la malnutrition sévère touchera 50% des enfants afghans.  Des milliers d’autres sont susceptibles d’être déplacés et de quitter le pays.  Il a donc exhorté tous les membres du Conseil à s’engager à accroître leur financement au cours de la conférence humanitaire de haut niveau pour l’Afghanistan qui se déroulera le 13 septembre. 

Notant en outre que la négociation du mandat de la MANUA intervient à un moment de défis extrêmes pour l’Afghanistan, il a demandé aux membres du Conseil de sécurité d’envisager un mandat complet et vigoureux et de donner à la MANUA les moyens de faire face à la crise humanitaire, de surveiller et de faire rapport sur les droits de l’homme sur le terrain. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a relevé que le Gouvernement intérimaire d’Afghanistan sait qu’il sera tenu pour responsable de toute violation des droits humains, et notamment des droits des femmes.  Il a plaidé pour la tenue d’un dialogue constant avec les Taliban, arguant que ces derniers seront jugés non pas pour leurs paroles, mais pour leurs actes.  Il a ensuite indiqué qu’au cours des dernières semaines, la Turquie et le Qatar ont fait des efforts pour veiller au bon fonctionnement de l’aéroport de Kaboul, afin de connecter les Afghans au monde.  C’est aussi la voie la plus rapide et la plus sûre pour assurer le transfert de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin, a-t-il dit. 

Le représentant a relevé que des efforts mondiaux sont nécessaires de toute urgence pour répondre à la détérioration de la situation humanitaire en Afghanistan.  La réunion ministérielle de haut niveau qui sera accueillie par le Secrétaire général de l’ONU la semaine prochaine offrira certainement une occasion importante de mobiliser la communauté internationale dans cette direction, a-t-il espéré.  Nos efforts devraient également inclure les pays voisins qui accueillent déjà un grand nombre de réfugiés afghans et qui sont aux prises avec un impact socioéconomique conséquent, a plaidé M. Sinirliogl.  Une paix et une stabilité durables exigent une réconciliation politique, a poursuivi le délégué, avant de rappeler qu’une demande immédiate du peuple afghan au Conseil de sécurité est la présence continue de l’ONU en Afghanistan dans tous les domaines. 

M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan) a appelé au rétablissement immédiat de la sécurité et de l’ordre civil et constitutionnel ainsi qu’à la tenue de pourparlers « urgents » pour résoudre la crise actuelle de l’autorité en Afghanistan.  Il faut parvenir à un règlement pacifique par le biais d’un processus de réconciliation nationale dirigé et contrôlé par les Afghans.  Toute solution durable au conflit ne peut être obtenue que par un règlement politique inclusif, juste, durable et réaliste qui respecte les droits humains, notamment pour les femmes, les enfants et les minorités, a-t-il insisté.  Il a également appelé à garantir un accès immédiat, sûr et sans entrave à tous les acteurs humanitaires dans le pays.     

Le représentant a par ailleurs indiqué qu’en raison des circonstances actuelles, l’ONU a demandé à relocaliser à Almaty, au Kazakhstan, le personnel de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  Acceptée par les autorités kazakhes, cette mesure permettra de rationaliser le travail de l’ONU dans la région « en ces temps difficiles », a-t-il noté, ajoutant que le bâtiment des organisations à Almaty abrite déjà 18 agences des Nations Unies avec des mandats multi-pays, sous-régionaux et régionaux.   

M. Ilyassov a aussi rappelé que son pays offre depuis plus de 10 ans des bourses à de jeunes Afghans pour qu’ils étudient dans les universités kazakhes.  En collaboration avec l’Union européenne, le Kazakhstan travaille également à un projet d’autonomisation économique des femmes afghanes par le biais de l’enseignement secondaire et de la formation, a-t-il précisé, avant d’assurer que, dès que la situation en Afghanistan se stabilisera, des visas seront à nouveau délivrés aux étudiants afghans.   

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que quatre décennies de guerre et de conflit en Afghanistan avaient tué plus d’un million d’Afghans, blessé, mutilé et traumatisé bien d’autres et dévasté une économie et un régime politique déjà fragiles.  Outre le peuple afghan, a-t-il argué, c’est le Pakistan qui a été le plus durement touché par les conséquences du conflit en Afghanistan.  Dans la soi-disant « guerre contre le terrorisme », 80 000 Pakistanais ont été tués dans des attaques terroristes et des milliers d’autres blessés.  Notre économie a subi des dommages estimés à plus de 150 milliards de dollars, a-t-il encore déploré.  Alors même que le monde redoute un afflux de réfugiés afghans, le Pakistan continue d’accueillir plus de trois millions de réfugiés afghans avec le soutien « symbolique » de la communauté internationale, a rappelé le représentant, pour qui le rétablissement de la paix et de la stabilité en Afghanistan est un impératif.  Aussi a-t-il émis l’espoir que le « gouvernement intérimaire » à Kaboul réussira à rétablir l’ordre public et un sentiment de sécurité dans le pays, de même que les services de base pour la population et permettra la distribution rapide de l’aide humanitaire internationale en coordination avec l’ONU et ses agences.  Le Pakistan a jusqu’à présent aidé à évacuer d’Afghanistan plus de 12 000 personnes en provenance de 30 pays, y compris des personnels diplomatiques et d’organisations internationales.  Et il continuera de jouer son rôle dans le règlement de la situation humanitaire en Afghanistan, a assuré M. Akram. 

En coordination avec les agences de l’ONU, le Pakistan a établi un « pont aérien humanitaire » pour l’approvisionnement de l’Afghanistan en denrées alimentaires et articles médicaux essentiels, a annoncé le représentant.  Hier, a-t-il dit, nous avons accueilli une réunion virtuelle des Ministres des affaires étrangères des voisins immédiats de l’Afghanistan –Chine, Iran, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan, à l’issue de laquelle une déclaration commune a été adoptée.  Le Pakistan reste également membre de la troïka élargie sur l’Afghanistan qui comprend le Pakistan, la Chine, la Russie et les États-Unis, et a un rôle crucial à jouer pour l’avenir de ce pays.  Pour la délégation, la menace posée par les groupes terroristes doit être traitée « de manière globale et coopérative ».  Le Pakistan a subi des centaines d’attaques terroristes du TTP, avec le parrainage d’« agences de renseignement hostiles ».  Plus d’une centaine d’attaques ont été lancées en 2020.  Nous travaillerons avec les autorités de Kaboul pour mettre un terme au terrorisme du TTP.  Un Afghanistan pacifique, avec le Pakistan, peut servir de pont entre l’Asie centrale et la mer d’Oman, offrant d’immenses possibilités économiques aux deux pays et à la région.  Mais une approche « fragmentée et placée sous le signe de la concurrence gaspillera l’opportunité de promouvoir la paix, la sécurité et la prospérité en Afghanistan et dans toute la région », a prévenu M. Akram. 

Pour M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) la situation en Afghanistan est le résultat direct de l’intervention des États-Unis et d’autres forces étrangères sur place et de leur retrait « irresponsable ».  « Lorsqu’ils sont entrés en Afghanistan, ils ont apporté la catastrophe aux Afghans, et lorsqu’ils s’en sont retirés, ils ont laissé la catastrophe aux Afghans ».  De 2001 et 2021, près de 165 000 Afghans ont été tués et le nombre d’enfants victimes directes du conflit est estimé à environ 33 000, a rappelé le représentant en exigeant que les crimes de guerre commis par les forces étrangères en Afghanistan ne restent pas impunis.  Pour sa part, l’Iran est prêt à faciliter le transfert d’aide humanitaire vers l’Afghanistan via les ports maritimes, aéroports, chemins de fer, routes et postes frontaliers iraniens. 

Pendant plus de quatre décennies, l’Iran a accueilli des millions de réfugiés afghans et après la récente crise, il y a eu un nouvel afflux massif, a rappelé le représentant en appelant la communauté internationale à assumer ses responsabilités.  Aujourd’hui, la priorité doit être d’aider le peuple afghan à parvenir à une paix, une stabilité et une prospérité durables.  Cela doit être facilité et fortement soutenu par la communauté internationale, en particulier les pays voisins.  À cet égard, le représentant est revenu sur la tenue, hier, de la première réunion ministérielle des voisins de l’Afghanistan, et a annoncé que la prochaine se tiendra bientôt à Téhéran. 

Appelant les dirigeants afghans à placer les intérêts de tous les Afghans au-dessus des intérêts de certains segments de la société, le représentant iranien a plaidé en faveur de pourparlers intra-afghans avec la participation active et égale des véritables représentants de tous les groupes ethniques, linguistiques et religieux dans le but de trouver une solution juste, pacifique et durable à la crise.  Ces pourparlers doivent permettre de parvenir à la réconciliation nationale et de mettre en place un gouvernement véritablement inclusif et pleinement représentatif, issu d’élections libres et équitables, avec la pleine participation des femmes à la fois en tant qu’électrices et candidates.  L’Iran a insisté en outre sur le fait que ce gouvernement doit lutter contre le terrorisme et le crime organisé pour garantir et protéger, « sur la base de véritables enseignements et principes islamiques », les droits humains de tous les Afghans, y compris des minorités ethniques, linguistiques et religieuses et des femmes.  Un tel gouvernement bénéficiera du soutien de l’Iran, a assuré le représentant en insistant pour que le territoire afghan ne soit en aucun cas utilisé pour menacer ou attaquer un pays, pour abriter ou entraîner des terroristes, ou pour planifier ou financer des actes terroristes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour « entrepreneurs Council of India » et 7 autres organisations

Reprise de la session de 2021,
30e & 31e séances plénières – matin & après-midi
ONG/927

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour « entrepreneurs Council of India » et 7 autres organisations

Le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à « Entrepreneurs Council of India » et 7 autres organisations.   Il a reporté sa décision sur 123 ONG, dont certaines attendent de connaître leur sort depuis la session précédente.  Elles doivent aujourd’hui comme les autres répondre à des questions supplémentaires.   

Le Comité, qui est composé de 19 États Membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC.    Le premier, le statut consultatif général est attribué aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.    Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.  

Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.    Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.    Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.  

Entrepreneurs Council of India (ECI) dit représenter la communauté d’entrepreneurs la plus influente d’Inde.  Elle soutient les patrons dans tous les aspects de leur parcours.  Dotés d’un réseau solide dans le secteur privé, l’ONG milite pour un climat des affaires favorable à l’investissement, à l’innovation et à la croissance. 

Le Comité a aussi recommandé le statut consultatif spécial pour l’ONG britannique « TheEnvironmental Association forUniversities and Colleges (Royaume-Uni) » qui dit promouvoir le développement durable par la préservation, la conservation et la protection de l’environnement et l’utilisation « prudente » des ressources naturelles.  L’organisation dit contribuer à faire progresser la sensibilisation du public, et en particulier les étudiants et enseignants des universités. 

Le Comité poursuivra ses travaux demain, vendredi 10  septembre, à partir de 10  heures.  

Octroi du statut consultatif spécial  

  1. The Environmental Association for Universities and Colleges (Royaume-Uni) 
  1. Entrepreneurs Council of India (Inde)
  1. Sargakshetra Charitable Trust (Inde)
  2. The World Community Service Centre (Inde) 
  3. World Fund for Development and Planning (WFDP) (Kenya)
  4. International Communities Organisation Limited (Royaume-Uni)
  5. Action contre les Violations des Droits des Personnes Vulnérables (République démocratique du Congo)

Examen des nouvelles demandes de statut consultatif  

La Fédération de Russie a demandé à Health and Environment Justice Support e.V. (Allemagne) la liste de ses partenaires dans les pays mentionnés dans sa réponse datée du 1er septembre.  Elle a voulu savoir si ces partenaires sont enregistrés.  Le Pakistan a aussi demandé à International Youth Federation (Royaume-Uni) des détails sur les projets financés par le secteur privé, sachant que la principale source de revenus de l’ONG sont les cotisations de ses membres.  Dans quels pays travaillent cette organisation? a-t-il aussi voulu savoir.  Quelle est, s’est inquiété Israël, la nature des relations de Kuwait Bar Association (Koweït) avec le Gouvernement du koweitien.  Comment cette ONG peut-elle préserver son indépendance ? 

Les États-Unis ont demandé à Regional Public Organization for the Protection of Citizens' Rights "Zolochevsky Team" (Fédération de Russie) des détails sur la nature de ses projets et sur la manière dont elle contribue au travail de l’ECOSOC.  Le Pakistan a également souhaité plus de détails sur les projets de The Omani Center for Human Rights (Royaume-Uni) pour protéger les défenseurs des droits de l’homme.  La Grèce a souhaité plus d’informations sur les partenariats de Turkish Marine Research Foundation (TUDAV) (Turquie). 

Elle a aussi voulu des exemples concrets de la participation de Österreichischer Rat Für Nachhaltige Entwicklung - Österreichischer Nachhaltigkeitsrat für soziale, ökologische und ökonomische Angelegenheiten (Autriche) aux manifestations européennes relatives à la durabilité.  Le Pakistan a, à son tour, réclamé des détails sur les projets de Dr. APJ Abdul Kalam International Foundation (Inde) s’agissant de l’autonomisation des femmes.  Les projets ont-ils été réalisés et grâce à quel financement?  Cuba a souhaité savoir avec quelles organisations d’Amérique latine Fundación para el Desarrollo de Políticas Sustentables (Argentine) coopère sur ses projets régionaux et dans quels pays. 

L’Inde est revenue sur les états financiers de News Network (Bangladesh) qui indiquent que la majorité de ses ressources est affectée aux frais administratifs.  Comment l’organisation finance-t-elle ses projets?  Peut-on obtenir les états financiers des deux dernières années?  L’Inde a demandé à Noble World Records (Inde) dans quels pays elle travaille et quelles activités y mène-t-elle?  Comment sont financés les projets?  Le Nigéria a voulu obtenir des informations détaillées sur les relations de Solidariteit/Solidarity (Afrique du Sud) avec ses organisations affiliées. 

La Chine a noté que dans sa réponse, The Emmanuel Ivorgba Foundation (Nigéria) dit avoir l’intention de nouer des partenariats et de signer des accords avec d’autres organisations pour des projets d’autonomisation des jeunes.  Où l’organisation en est-elle à cet égard?  La Chine a également noté que Common Good Foundation Inc (États-Unis) dit avoir participé à une manifestation sur les droits des peuples autochtones en Asie.  Peut-on en savoir plus?  La même Chine a remarqué que dans sa réponse, Congregation Pirchei Shoshanim, a New Jersey Nonprofit Corporation (États-Unis) n’a pas changé la terminologie de « Taiwan ». Elle l’a donc pressé de le faire. 

La Fédération de Russie a souhaité savoir si des projets ont été menés avec l’organisation partenaire De Regenboog Groep (Pays-Bas) sur son territoire.  Si oui, qu’en est-il du financement?  La Chine a demandé des informations supplémentaires sur les travaux des quatre comités régionaux créés par Disability:IN (États-Unis), et en particulier la manifestation organisée au mois de mai 2021 en Asie.  Elle a pris note de la correction apportée au site Web de For All Moonkind, Inc. (États-Unis) concernant les bailleurs de fonds, mais a relevé qu’il est toujours fait mention de la « République de Taiwan » au lieu de « Taiwan, province de Chine ». 

Israël s’est interrogé sur la nature des recettes générées par les contrats, qui représentent 27% du budget de Fundació Josep Irla (Espagne).  À la lecture de la liste des organisations partenaires de Global Doctors for Choice, LLC (États-Unis), la Chine a souhaité savoir si elle en a aussi dans la région Asie-Pacifique.  La Fédération de Russie a remarqué que presque la moitié des dépenses de l’Instituto RIA (Mexique) est consacrée à des cours de formation.  À qui sont-ils dispensés ?  

Elle a aussi demandé une liste des projets menés à bien par Inštitut za raziskave in razvoj « Utrip » (Slovénie), en collaboration avec la Commission européenne.  Cuba a estimé que la réponse à la question posée la semaine dernière à l'institut européen de droit international et les relations internationales (IEDI) (Belgique) demeure insuffisante.  Les réponses aux questions 15 et 16 sont toujours incohérentes alors qu’il s’agit de savoir si oui ou non l’ONG a des organisations parmi ses membres.  Si oui, peut-on obtenir la liste?  La Fédération de Russie a voulu savoir dans quelle région de la Syrie se trouve le centre médical dont il est question dans la réponse datée du 2 septembre de Natan - International Humanitarian Aid (R.A.) (Israël). 

Notant que dans sa réponse à la question 11, la Nations Global Consulting LLC (États-Unis) dit avoir un bureau en Syrie, la Fédération de Russie a souhaité savoir si ce bureau est enregistré auprès des autorités syriennes.  Cuba a remarqué que l’organisation QHR Foundation (Suisse) n’a pas de site Web.  Peut-on avoir des informations sur ses zones d’opération et sur les pays dans lesquels elle opère?  Comment l’ONG explique-t-elle un déficit de près de 5 millions de dollars?  Après avoir examiné le site Web de The Conflict and Environment Observatory (Royaume-Uni), la Chine a constaté que Taiwan figure comme pays dans la liste des bailleurs de fonds, tout comme Hong Kong et Macau.  L’ONG doit corriger ces erreurs et respecter la terminologie officielle de l’ONU, a-t-elle martelé. 

Les États-Unis ont demandé à The Global Energy Association on Development of International Research and Projects in the Field of Energy (Fédération de Russie) quelles sont les réunions de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires auxquelles elle a participé et quelles ont été ses contributions.  La Fédération de Russie a demandé à Transitional Justice Working Group (République de Corée) de donner des renseignements sur le coût des projets mentionnés dans sa réponse datée du 3 septembre.  Remarquant que 61% des ressources de UAAR - Unione degli Atei e degli Agnostici Razionalisti (Italie) sont des dons, Cuba a souhaité en connaître l’origine pour évaluer l’indépendance de l’ONG. 

Le Pakistan a demandé des détails sur le programme de sécurité numérique de "The Awakening" A Society for Social & Cultural Development (Pakistan).  Il a aussi souhaité savoir comment Anukulan (Inde) fait la distinction entre une organisation membre et membre tout court.  Il a également demandé des détails sur le programme de développement durable de Arab Media Union (Égypte).  Dans quels pays africains l’organisation opère-t-elle? 

L’Inde a noté que dans sa réponse, Arab Organization for Arabization and Communication (Maroc) dit avoir une organisation membre, alors qu’ailleurs elle dit ne pas autoriser des organisations à se joindre à elle.  Qu’en est-il et qui sont ces membres?  La Fédération de Russie a remarqué que dans la réponse datée du 2 septembre, Asia Pacific Transgender Network (Thaïlande) dit être en contact avec des partenaires dans 25 pays auxquels elle verse des subventions.  Qui sont ces partenaires et quelle est le volume des subventions?  Le Nicaragua a demandé plus d’information sur la manière dont Associación Red de Mujeres Afrolatinoamericanas, Afrocaribeñas y de la Diáspora (Nicaragua) évalue l’efficacité de ses projets auprès des peuples d’origine africaine, en particulier sur son propre sol. 

Le Pakistan a voulu en savoir plus sur les projets menés entre 2018 et 2020 par Association for Social Solidarity and Empowerment Training Trust (ASSET) (Inde) dans le domaine de l’éducation. Comment ont-ils été financés ? Il a également demandé des détails sur le financement de Aurat Publication and Information Service Foundation Lahore (Pakistan) puisque le Gouvernement pakistanais y contribue. Dans quelles régions l’organisation collecte-t-elle ses données ? S’agissant de Baghbaan (Pakistan), il a réclamé  plus de détails sur les projets financés par les donateurs. 

Les États-Unis ont demandé si Beijing People’s Association for Friendship with Foreign Countries (Chine) a l’intention de participer aux réunions de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires. Peut-elle expliquer les contributions envisagées ?  Le Pakistan a souhaité des détails sur les programmes menés par Blue Cross & Blue Crescent Society (Inde)contre le féminicide. Dans quelles régions l’organisation opère-t-elle? Les États-Unis sont revenus sur les pays dans lesquels  Chinese Culture Promotion Society (Chine) a l’intention de mener ses activités. Peut-on en savoir plus sur la nature de ces dernières ?  

Le Pakistan a demandé comment Confederation of NGOs of Rural India (Inde) aide les agriculteurs à parvenir à ses objectifs.  La Grèce a voulu savoir de Diplomatic Mission Peace And Prosperity (Albanie) avec quels autres gouvernements, hormis l’Albanais, elle coopère.  Le Pakistan s’est interrogé sur la nature des projets de Direct Focus Community Aid (Pakistan) en faveur des groupes vulnérables. 

La Fédération de Russie a voulu plus de précisions sur les procédures permettant au Drug Policy Network South East Europe (Serbie) de renvoyer un de ses membres.  Une plainte a-t-elle été déposée?  Le Pakistan a souhaité des informations sur les « clubs » que Environmental and Societal Development Foundation (Pakistan) a créées pour promouvoir le développement durable.  Les États-Unis ont demandé la liste des initiatives législatives et politiques proposées par la Fundación Género con Clase (Venezuela).  Quels en sont les résultats? 

Le Pakistan a demandé davantage d’informations sur les bailleurs de fonds de Global Village Forum Chakwal c/o Shaheen Degree College Chappar Bazar Chakwal (Pakistan) et la part qu’ils représentant sur le financement total de l’organisation.  Il a ensuite demandé à Human Welfare Charitable Trust (Inde) de fournir plus d’informations sur les projets financés par l’étranger et leurs résultats.  En outre, le Pakistan a voulu connaître des fonds consacrés aux programmes de réduction des risques de catastrophes naturelles par Humanitarian Aid International (Inde). 

Il a également souhaité savoir combien d’étudiants ont bénéficié des bourses d’études de Incentive Care Foundation (Pakistan).  Quelle est l’origine des fonds? International Anti Terrorism Movement (Inde) a été invitée à fournir la liste des huit membres de son Conseil d’administration ainsi que leur nationalité.  Quant à Janmitra Nyas (Inde), le Pakistan a voulu des informations sur les progrès des projets dédiés au bien-être.  

Il a ensuite demandé plus d’informations à Kafka Welfare Organization (Pakistan) sur ses programmes et activités concernant la mise en œuvre des objectifs de développement durable et leur coût.  Il a posé les mêmes questions sur les programmes relatif aux changements climatiques de Mentor Amiable Professional Society (Pakistan) et aux droits environnementaux de Mukti (Inde).  La Fédération de Russie a demandé à Mulabi Association Latin American Work Group For Sexual Rights Civil Association (Costa Rica) quels projets elle a réalisés sur son territoire. 

Les États-Unis se sont demandés comment Nikan Mammut Charity Foundation (Iran) décide-t-elle de l’efficacité de ses initiatives caritatives en Iran.  Peut-on obtenir la liste de ces projets et leur coût?  L’Inde a souhaité des détails sur les activités que Organisation Tamaynut (Maroc) entend mener en 2022. Le Pakistan a demandé des détails sur les programmes de Pak Special Persons Welfare Society (Pakistan) dans le domaine de la planification familiale ainsi que sur leurs coûts. 

Il a également souhaité des détails sur les cibles et objectifs de Pakistan Press Foundation (Pakistan) dans le domaine du développement durable.  Israël a constaté que sur son site Internet, Palestinian Association for Human Rights (Witness) (Liban) dit avoir un partenariat avec d’autres ONG alors que dans sa réponse au Comité elle affirme le contraire.  Qu’en est-il exactement?  Le Pakistan a souhaité obtenir des détails sur les projets liés à l’eau potable de Piramal Swasthya Management and Research Institute (Inde).  Dans quels pays ou régions ces projets sont-ils menés? 

La Chine a noté que Réveil communautaire d’assistance aux victimes (Burundi) indique dans sa réponse au Comité mener des activités nationales, régionales et internationales.  Peut-on en savoir plus sur les partenaires de la société civile? Le Pakistan a souhaité plus de renseignements sur le programme de protection de la vie privée et de plaidoyer de SFLC.in- Software Freedom Law Center (Inde).  Les États-Unis ont demandé à Shenzhen Foundation for International Exchange and Cooperation (Chine) de préciser la manière dont elle utilise les fonds qu’elle reçoit du Gouvernement chinois.  Peut-on obtenir les prévisions budgétaires pour 2022? 

Les États-Unis ont demandé à Silk Road Chamber of International Commerce (Chine) de fournir la liste des projets menés cette année et des entreprises qui y ont participé.  Quelle est la nature des projets relatifs aux changements climatiques menés par Social Services Trust (Inde) ? a voulu savoir le Pakistan.  Qui sont les entités nationales ou internationales, publiques ou privées, qui sont partenaires de The New Woman Foundation (Égypte) ? a questionné Cuba. 

Peut-on en savoir plus sur les projets de The Voice Society (Pakistan) et sur leur coût ? a interrogé le Pakistan.  Qui sont les membres d’United Global Organization of Development (U-GOOD) (Pakistan) ?  Est-ce qu’ils contribuent financièrement ? a demandé le Pakistan.  West Papua Interest Association (Indonésie) travaille-t-elle avec son gouvernement ? Avec quels ministères ? a voulu savoir la Chine

Quel est le lien entre World Historic and Cultural Canal Cities Cooperation Organization (Chine) et le Gouvernement chinois ?  Ce dernier finance-t-il l’ONG ? Comment compte-t-elle contribuer au travail de l’ECOSOC ? ont demandé les États-Unis.  Que ODD Y4D Foundation (Inde) réalise-t-elle ? a interrogé le Pakistan.  Le Bahreïn a demandé comment le Centre Idriss El Fakhouri des Etudes et de Recherches en Sciences Juridiques Oujda (Maroc) entend contribuer au travail de l’ECOSOC.  L’ONG peut-elle apporter des clarifications sur son budget? S’est inquiété le Nicaragua

La Chine a demandé à General union of arab experts (Chine) la liste complète de ses bureaux à l’étranger actuellement et par le passé.  Quelle est la nature de la coopération qu’Arab-European Center of Human Rights and International Law (AECHRIL) (Norvège) entretient avec ses partenaires? a interrogé Bahreïn.  Arabian Rights Watch Association (États-Unis) a été priée par la Chine d’en dire plus sur son financement.  

La Turquie a voulu comprendre pourquoi les recettes représentent le double des fonds d’Asociatia Romanian Women’s Lobby (Roumanie).  Combien de personnes l’Association of Non-for- Profit Organizations to Facilitate the Drug Prevention and Socially Dangerous Behaviour « National Anti-Drug Union » (Fédération de Russie) a traité avec succès?  Avec quelles méthodes et quelle est l’expertise médicale ?  Qu’a fait en Azerbaïdjan l’ONG en 2021 ?  Travaille-t-elle avec les autorités locales ? ont questionné les États-Unis.  La Fédération de Russie a voulu savoir comment sont élus les dirigeants de Bell Global Justice Institute (États-Unis).  Qui peut se porter candidat ? 

Quels ministères financent Center for Military Human Rights Korea (CMHRK) (République de Corée) ? a demandé la Chine.  Cuba a prié Citizens' Alliance for North Korean Human Rights (République de Corée) comment elle maintient son indépendance alors que 75% de son budget est assuré par le Gouvernement ?  La Chine a demandé à Coptic Solidarity (États-Unis) la nature de sa coopération avec le Gouvernement des États-Unis

Database Center for North Korean Human Rights (NKDB) (République de Corée) a été priée de donner à la Fédération de Russie le nom de l’ONG dotée du statut consultatif avec laquelle elle a participé aux délibérations au Conseil des droits de l’homme.  Quels sont les critères utilisés par Diakonia (Suède) pour choisir ses partenaires ? a voulu savoir le Nicaragua.  Comment Eiropas demokrātijas attīstības centrs (Lettonie) coopère-t-elle avec ses partenaires financiers ?  Ses activités sont-ellescontrôlées par le Gouvernement ? a interrogé l’Estonie

Quels sont les projets que Emberi Méltóság Központ(Hongrie) a menés en 2021 et en 2022 ? a demandé Israël.  La même délégation a voulu qu’Euro-Mediterranean Human Rights Monitor (Suisse) s’explique sur la nature de son partenariat avec son bailleur de fonds principal.  La Turquie s’est interrogée sur la nature des activités de Global Minorities Alliance (Royaume-Uni) en 2021. 

Global Network of Women Peacebuilders, Inc. (États-Unis) a été priée par le Pakistan de détailler ses projets en Amérique latine: financement, partenaires et bénéficiaires.  Quelles sont les sources de financement de Hope Worldwide Pakistan (Nouvelle-Zélande)? a demandé le Pakistan.  Quels sont les projets que Human Concern International (HCI) (Canada) mène en faveur des jeunes ? ont demandé les États-Unis

Human Rights At Sea (Royaume-Uni) a-t-elle participé à la Conférence sur les migrations ? a interrogé la Chine.  La Fédération de Russie a demandé à Humanitarian Tracker (États-Unis) de quelle manière elle vérifie le transfert des données personnelles.  La Fédération de Russie s’est demandée pourquoi le partenariat d’INPUD Limited (Royaume-Uni) avec Open Society Foundation s’est arrêté ? 

Quelle est la nature du partenariat d’Institute for Development of Freedom of Information (IDFI) (Géorgie) avec l’ONG « Memorial » ? a voulu savoir la Fédération de Russie.  Quelle est la nature des projets qu’InterPride (États-Unis) a menés en 2020 et 2021 ? a demandé la Fédération de Russie.  Quels sont les projets en faveur des femmes qu’a menés International Association for the Development of the Abaza-Abkhaz Ethnos « Alashara » (Fédération de Russie) ont questionné les États-Unis

La Fédération de Russie a voulu des informations sur la participation d’Inti Raymi Fund, Inc. (États-Unis) à des manifestations de l’ONU sans statut consultatif.  La même délégation a voulu savoir pourquoi les revenus d’Intl. WeLoveU Foundation (République de Corée) ne sont pas inclus dans son budget.  La Chine s’est interrogée sur la mission médicale d’Islamic Medical Association of North America Inc (États-Unis) en Haïti.  Qui l’a financée ? 

Israël a voulu de Muslim Hands (Royaume-Uni) des informations financières actualisées.  Peut-on faire des dons financiers à NAUH (Now Action & Unity for Human rights) (République de Corée) sans être membre ? a voulu savoir la Chine.  La Turquie a interrogé Peace Without Limits (PWL) International Organization, Inc. (Suisse) dans quels autres continents elle veut ouvrir des bureaux. 

Peut-on adhérer à Secours Islamique France (France) si on n’habite pas en Europe ? a demandé Cuba.  Que fait Sheikh Abdullah Al Nouri Charity Society (Koweït) au Moyen-Orient ? a interrogé Israël.  Avec quel statut Solidarity for Peace and Reunification of Korea (République de Corée) a participé à des manifestions à l’ONU ? a questionné la Fédération de Russie

Quel type de contributions South Asian Legal Clinic (Ontario) (Canada) a faites à l’ONU ? a demandé le Pakistan.  Comment Su Politikaları Derneği (Turquie) fait avancer la coopération transfrontalière sur l’eau ? a interrogé la Grèce.  L’Inde a demandé à Tai Studies Center (États-Unis) ce qui la distingue de son partenaire dénommé « ASC ». 

Cuba a vu des contradictions dans les réponses de The International Center for Supporting Rights and Freedoms (Suisse) sur ses activités dans le domaine des droits de l’homme. 

Le Comité a pris note de la décision de Democracy Reporting International gGmbH (Allemagne) de retirer sa demande de statut consultatif auprès de l’ECOSOC. 

La Chine a demandé à The ONE Campaign (États-Unis) la liste de ses projets en Afrique.  Comment United for Human Rights (Suisse) s’y prendra-t-elle pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable? a interrogé la Chine.  Cette même délégation a voulu que Urgent Action Fund for Women’s Human Rights (États-Unis) parle de toutes ses activités en 2020 et en 2021. 

Comment World Without Genocide (États-Unis) lutte contre le racisme ? a demandé le Pakistan.  La Turquie a voulu que « Mission Armenia » Charitable Non-governmental Organization (Arménie) confirme ou informe l’information selon laquelle elle est déjà dotée du statut consultatif spécial.  Cuba a demandé à Asociación Campaña Colombiana contra Minas CCCM (Colombie) le montant du budget de tous ses projets. 

Quelle est la nature des projets menés par Aurosikha Welfare Centre for Rural & Social Development (Inde) en 2020 et en 2011 ? a voulu savoir le Pakistan.  La Turquie a prié Engineering Association for Development and Environment (Iraq) de fournir des informations supplémentaires sur les contributions financières étrangères.  Cuba a prié Generations For Peace (Jordanie) d’expliquer la différence entre « personnel direct et personnel indirect ». 

Mwatana Organization for Human Rights (Yémen) devra répondre à la question de Bahreïn sur l’origine des 3 millions de riyals qu’elle a reçus.  Comment sont prises les décisions au sein de The Union of Non-governmental Associations "The International Non-governmental Organization "The World Union of Cossack Atamans" (Kazakhstan) ? a interrogé la Fédération de Russie.  

Dialogue interactif avec les ONG 

InterPride (États-Unis) a expliqué qu’elle est l’un des principaux organisateurs du « World Pride ».  L’ONG a dit aussi dit soutenir les organisations des droits des LGBTIQ+ dans les pays du Sud.  Peut-on, a demandé la Fédération de Russie obtenir par écrit la liste de vos activités en 2021? Êtes-vous présentés sur le territoire russe?  En 2020, plus de 90 millions de personnes ont suivi la « World Pride » en ligne, s’est enorgueillie l’ONG.  Elle a annoncé pour novembre 2021, un « World Pride » en ligne et en personne.  Dans la Fédération de Russie a-t-elle précisé, nous travaillons avec nos partenaires russes à la sensibilisation et au soutien technique.  Pourquoi vous n’avez pas répondu à nos questions en 2018 ? a demandé la Chine. 

Montagnard Indigenous People Christian Organization (MIPCO) (États-Unis) a été priée de donner la liste de ses membres et de ses bailleurs de fonds.  China Biodiversity Conservation and Green Development Foundation (Chine) a vanté les mérites de son  plaidoyer auprès des entreprises chinoises sur protection de l’environnement, de la faune et de la pharmacopée traditionnelle.  Quelle a été la nature de votre participation à la Conférence sur la protection des animaux? a voulu savoir la Fédération de Russie

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité demande aux opérations de l’ONU de planifier la phase de transition du maintien à la consolidation de la paix

8852e séance – après-midi   
CS/14627

Le Conseil de sécurité demande aux opérations de l’ONU de planifier la phase de transition du maintien à la consolidation de la paix

Conscient du rôle crucial que jouent les opérations de paix, le Conseil de sécurité a, cet après-midi, insisté sur l’importance que celles-ci entament « le plus tôt possible » une planification et une coordination intégrées de la transition, en tenant compte de problèmes plus généraux tels que les risques à la stabilité, à la gouvernance et à l’état de droit, ainsi que du contexte politique, économique, humanitaire, de développement et des droits humains.

Dans la résolution 2594 (2021), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil a instamment prié le Secrétaire général de planifier des transitions qui s’intègrent dans une « transition vers la paix plus large », propre à chaque pays, et d’élaborer des stratégies tendant à la reconfiguration de l’empreinte et de la capacité de la présence des Nations Unies dans le pays hôte.

Les gouvernements des pays hôtes sont de leur côté engagés par le Conseil à élaborer et à appliquer des politiques, des stratégies et des plans d’ensemble nationaux concernant la protection des civils, qui comprennent des objectifs de référence nationaux préalablement à la transition opérée dans le cadre des opérations de paix.

Dans ce contexte, la résolution souligne l’importance d’énoncer des mandats « clairs, réalisables, échelonnés et priorisés », reposant sur des informations exactes et fiables concernant la situation sur le terrain et une évaluation réaliste des menaces contre les civils et le personnel des Nations Unies.  Le Secrétaire général est donc prié de fournir au Conseil des analyses intégrées, reposant sur des données factuelles, des évaluations stratégiques et des conseils francs pour faciliter la réévaluation de la composition et du mandat de la mission, « en se fondant sur les réalités sur le terrain ».

Aux termes de cette résolution, le Conseil souligne aussi l’importance d’une présence des Nations Unies « configurée et dotée des aptitudes et capacités nécessaires pour appuyer la protection des efforts civils durant les transitions », notamment en entérinant la mise en place de systèmes d’alerte et d’intervention rapide, en déployant des équipes mobiles de surveillance, en facilitant la médiation locale en cas de crise, et en utilisant des stratégies de communication et de sensibilisation auprès des populations qui courent le risque de violence, entre autres mesures.

Présentée par l’Irlande, qui préside les travaux du Conseil pour le mois de septembre, cette résolution a été précédée hier d’un débat public sur cette question, où les situations au Libéria et au Soudan ont notamment été discutées.

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Texte du projet de résolution (S/2021/771)

Le Conseil de sécurité

Rappelant les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et réaffirmant qu’il a pour responsabilité principale, en vertu de la Charte, le maintien de la paix et de la sécurité internationales, 

Rappelant ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur les questions de maintien de la paix et réaffirmant les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels que le consentement des parties, l’impartialité et le nonrecours à la force, sauf en cas de légitime défense ou pour la défense du mandat, 

Soulignant que la primauté du politique devrait être la marque distinctive de la stratégie de l’Organisation des Nations Unies en matière de règlement des conflits, notamment par la médiation, les bons offices, le contrôle du respect du cessez-le-feu et la fourniture d’une aide pour l’application des accords de paix, 

Soulignant l’importance du maintien de la paix comme l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour assurer la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et réaffirmant qu’une paix durable ne peut être réalisée ni maintenue uniquement au moyen d’interventions militaires et techniques, mais nécessite des solutions politiques, et fermement convaincu que de telles solutions devraient éclairer la conception et le déploiement d’opérations de paix des Nations Unies, et entendant par opérations de paix des Nations Unies des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, 

Constatant le rôle fondamental que joue le maintien de la paix sur le plan de la création de conditions propices à la stabilité et à une paix durable et la nécessité de doter les opérations de paix des Nations Unies de stratégies intégrées définissant clairement la voie vers la transition et l’instauration d’une paix durable et soulignant que la transition des opérations de paix des Nations Unies s’entend au sens de processus stratégique collectif menant vers une reconfiguration de la stratégie, de l’empreinte et de la capacité des Nations Unies, de façon à appuyer les objectifs de consolidation de la paix et l’élaboration d’une paix durable, de manière à accompagner et à renforcer une prise en main nationale, éclairée par le contexte opérationnel et par les priorités nationales et les besoins de l’État hôte et de sa population, ce qui comprend une mobilisation auprès de la population et de la société civile et, selon qu’il convient, des organisations régionales et sous-régionales et des autres parties prenantes, avec la participation pleine, égale et véritable des femmes et l’inclusion des jeunes et des personnes handicapées, 

Déclarant de nouveau que c’est aux États qu’il incombe au premier chef de protéger la population sur l’ensemble de leur territoire, constatant que la reconfiguration des missions peut comporter des risques accrus pour les civils, en particulier les femmes, les jeunes, les personnes handicapées et, selon qu’il conviendra, la nécessité de renforcer la capacité des États de protéger leurs propres civils, insistant sur l’importance de la réforme du secteur de la sécurité, des mesures de réduction de la pauvreté, de l’égalité des genres, de la surveillance des droits humains et de la communication de l’information y relative, de la promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance et de l’extension de l’autorité légitime de l’État, pour garantir la protection des civils sur le long terme et la consolidation de la paix et de la stabilité, et prenant note des liens qui existent entre la justice transitionnelle, les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration inclusifs, les services opérationnels de protection de l’enfance, la gestion nationale des armes légères et de petit calibre et les mesures de lutte contre la criminalité organisée et la corruption, visant à accroître la stabilité, réaffirmant que le développement, la paix et la sécurité et les droits humains sont étroitement liés et se renforcent mutuellement, et rappelant également la résolution 70/1 de l’Assemblée générale intitulée « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », 

Considérant que c’est aux États qu’il incombe au premier chef de respecter et de garantir les droits fondamentaux de toutes les personnes présentes sur leur territoire et qui relèvent de leur juridiction, conformément aux dispositions du droit international, et constatant le rôle important que jouent les défenseurs des droits humains, les organisations de la société civile, les journalistes et les autres professionnels des médias dans la promotion et la protection de ces droits, 

Réaffirmant sa volonté de remédier aux effets des conflits armés sur les femmes, les jeunes et les enfants, et rappelant sa résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité, sa résolution 1265 (1999) sur la protection des civils en période de conflit armé, sa résolution 2250 (2015) sur les jeunes et la paix et la sécurité, sa résolution 1261 (1999) sur les enfants et les conflits armés et sa résolution 2475 (2019) sur les répercussions disproportionnées des conflits armés et des crises humanitaires qui en découlent sur les personnes handicapées, ainsi que ses résolutions ultérieures sur ces questions, 

Réaffirmant sa détermination d’inclure dans les mandats des opérations de paix la description de la situation à laquelle il souhaite aboutir et de prioriser clairement et de manière échelonnée les tâches à accomplir à cette fin, selon qu’il conviendra, compte tenu de la nécessité de créer des conditions favorables à une paix durable, entendant par priorisation l’attention portée par la mission aux tâches critiques précises qui lui ont été confiées, en fonction d’une planification et d’une analyse actualisée du conflit, dont on estime qu’elles répondent à l’évolution des besoins sur le terrain, et entendant également par échelonnement l’exécution logique et souple du mandat au fil du temps, conformément à la vision stratégique énoncée dans le mandat, et compte tenu des besoins de l’État hôte sur le plan de la paix et de la sécurité, en vue de la consolidation de la paix, 

Constatant que l’exécution effective des mandats de maintien de la paix relève de la responsabilité de toutes les parties prenantes et qu’elle dépend de plusieurs facteurs déterminants, notamment des mandats bien définis, réalistes et réalisables, la volonté politique, le bon encadrement, l’efficacité et la responsabilité à tous les niveaux, des ressources, une politique, une planification et des directives opérationnelles appropriées, la formation et l’équipement, et se félicitant de toute nouvelle mobilisation et dialogue entre les pays fournissant des contingents ou du personnel de police et les autres parties prenantes concernées en vue d’améliorer la performance et de définir les mandats sur la base de décisions éclairées, 

Se déclarant à nouveau convaincu que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment les processus de transition des missions, sont le fruit d’une collaboration singulière au niveau mondial à laquelle contribue et est attachée la totalité du système des Nations Unies, et réaffirmant sa détermination à renforcer ce partenariat, notamment en veillant à des démarches cohérentes, intégrées et planifiées en matière de transition, dans les meilleurs délais possibles, 

Notant l’action menée par le Secrétaire général pour mobiliser tous les partenaires et toutes les parties prenantes à l’appui d’un maintien de la paix des Nations Unies qui soit plus efficace, au moyen de ses initiatives « Action pour le maintien de la paix » et « Action pour le maintien de la paix Plus », qui mettent l’accent sur la nécessité de faire avancer les solutions politiques, de renforcer la protection des civils, d’améliorer la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix, d’appliquer le programme relatif aux femmes et à la paix et à la sécurité, d’accompagner l’exécution efficace du mandat et le respect du principe de responsabilité, d’intensifier les partenariats de maintien de la paix, de renforcer la conduite des opérations et du personnel de maintien de la paix et d’accroître l’incidence du maintien de la paix sur la consolidation et la pérennisation de la paix, 

Réaffirmant que la « pérennisation de la paix » doit être comprise au sens large comme étant un objectif et un processus tendant à la définition d’une vision commune de la société, compte tenu des besoins et des droits humains de tous les groupes de la population, ce qui suppose des activités telles que la promotion de la justice et l’application du principe de responsabilité, visant à prévenir le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence des conflits, à s’attaquer à leurs causes profondes, à aider les parties à mettre fin aux hostilités, à veiller à la réconciliation nationale et à s’engager sur la voie du relèvement, de la reconstruction et du développement, et soulignant que la pérennisation de la paix constitue une tâche et une responsabilité partagées que doivent assumer le gouvernement et toutes les autres parties prenantes nationales, qu’elle devrait être reflétée dans chacun des trois piliers de la stratégie d’engagement des Nations Unies à tous les stades du conflit et dans toutes ses dimensions, et qu’elle requiert l’attention et l’assistance constantes de la communauté internationale, 

1. Souligne le rôle crucial que jouent les opérations de paix dans la recherche de solutions politiques durables et dans la consolidation de la paix et, à cet égard, insiste sur l’importance, pour les opérations de paix, d’entamer le plus tôt possible une planification et une coordination intégrées de la transition, avec les coordonnateurs résidents, les équipes de pays des Nations Unies, les autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies, l’État hôte et les autres parties prenantes nationales, dont la société civile, et souligne également que pour être durable, le processus de planification de la transition doit tenir compte de problèmes plus généraux tels que les risques à la stabilité, à la gouvernance et à l’état de droit, ainsi que le contexte politique, économique, humanitaire, de développement et des droits humains ; 

2. Prie instamment le Secrétaire général de planifier des transitions, sur le plan des opérations de paix des Nations Unies, qui s’intègrent dans une transition vers la paix plus large, propre au pays, et d’élaborer des stratégies tendant à la reconfiguration de la stratégie, de l’empreinte et de la capacité de la présence des Nations Unies, éclairées par l’apport des parties prenantes à tous les niveaux, notamment en étroite concertation avec les autorités nationales, les coordonnateurs résidents et les équipes de pays des Nations Unies, les populations et les organisations locales, notamment ceux qui contribuent à la consolidation de la paix, avec la participation pleine, égale et véritable des femmes et l’inclusion des jeunes, les organisations régionales et sous-régionales, ainsi que les institutions financières internationales et les fonds, programmes et institutions des Nations Unies compétents, et demande que ces stratégies de mission précisent les rôles et les responsabilités de toutes les parties prenantes du système des Nations Unies et, selon qu’il convient, des objectifs de référence et des indicateurs clairs, pertinents et réalistes, qui mesurent les facteurs et conditions pouvant influer sur la reconfiguration, afin de garantir une transition aboutie et durable ; 

3. Engage les gouvernements à élaborer et à appliquer des politiques, des stratégies et des plans d’ensemble nationaux concernant la protection des civils, qui comprennent des objectifs de référence nationaux préalablement à la transition opérée dans le cadre des opérations de paix, et prie instamment le Secrétaire général de donner pour instruction aux opérations de paix des Nations Unies de se mobiliser auprès des gouvernements des États hôtes, d’autres entités des Nations Unies, de la société civile, notamment des femmes et des jeunes, des défenseurs des droits humains, des institutions financières internationales et de toutes les parties prenantes concernées, afin d’aider, lorsque le Gouvernement de l’État hôte en fait la demande, à l’élaboration, à l’application et à la surveillance des stratégies et plans nationaux de transition, notamment sur la protection des civils, les droits humains et l’accès à la justice, conformément à la stratégie de transition des opérations de paix des Nations Unies ; 

4. Souligne l’importance d’énoncer des mandats clairs, réalisables, échelonnés et priorisés, le cas échéant, reposant sur des informations exactes et fiables concernant la situation sur le terrain et une évaluation réaliste des menaces contre les civils et le personnel, les locaux et les actifs des Nations Unies, à l’issue de consultations menées avec toutes les parties prenantes concernées, prie le Secrétaire général de lui fournir des analyses intégrées, reposant sur des données factuelles, des évaluations stratégiques et des conseils francs pour faciliter, selon que de besoin, la réévaluation de la composition et du mandat de la mission, en se fondant sur les réalités sur le terrain, réaffirme qu’il lui importe d’être davantage sensibilisé aux conséquences qu’ont ses décisions sur la sécurité, les moyens et l’appui aux missions, et d’obtenir une communication transparente des informations sur ces questions dans les instances compétentes des Nations Unies, souligne l’importance de veiller à l’accomplissement des tâches concourant à la protection des civils sur le terrain, et demande que les progrès accomplis en matière d’exécution des tâches prioritaires énoncées dans ses résolutions soient évalués par rapport à des objectifs de référence clairs, réalistes et mesurables ; 

5. Souligne l’importance d’une présence des Nations Unies qui soit configurée et dotée des aptitudes et capacités nécessaires pour appuyer la protection des efforts civils durant les transitions, et exprime son intention, le cas échéant, d’envisager des mesures appropriées par lesquelles la présence mandatée et reconfigurée des Nations Unies pourrait fournir cet appui, notamment en entérinant la mise en place de systèmes d’alerte et d’intervention rapide et la formation à l’utilisation de ces systèmes, en déployant des équipes mobiles de surveillance, en facilitant la médiation locale en cas de crise, en utilisant des stratégies de communication et de sensibilisation auprès des populations qui courent le risque de violence, notamment de violence sexuelle et fondée sur le genre, en faisant progresser la prévention et l’atténuation des conflits et la réconciliation, notamment en encourageant et en appuyant le dialogue intercommunautaire et la réduction des violences intercommunautaires, en renforçant la confiance entre les autorités de l’État et les populations locales et en favorisant les initiatives de police de proximité et d’autres méthodes de protection des civils sans avoir recours aux armes, et rappelle la responsabilité principale des États de protéger la population sur l’ensemble de leur territoire ; 

6. Prie le Secrétaire général de veiller à prévoir une analyse globale et des compétences techniques concernant les questions de genre dans toutes les phases de la planification, de l’exécution et de l’examen de la mission et tout au long du processus de transition, à intégrer une perspective de genre et à assurer la participation pleine, égale et véritable des femmes et l’inclusion des jeunes, ainsi que des mesures visant à préserver les intérêts des personnes handicapées, et prie également le Secrétaire général de veiller à ce que leurs besoins soient pleinement intégrés de manière priorisée et échelonnée dans toutes les phases du mandat et de la transition des missions ; 

7. Prie le Secrétaire général de renforcer davantage la coordination entre les activités policières, judiciaires et pénitentiaires des Nations Unies, ainsi qu’entre les activités des composantes en tenue des Nations Unies et, selon qu’il convient, les autorités compétentes des États hôtes, en vue d’appuyer la capacité des États d’assumer les fonctions critiques dans ces domaines, constate que, conformément aux besoins des États hôtes, le renforcement des capacités d’un secteur de la sécurité qui soit représentatif, réactif et responsable, dans l’État hôte, et d’institutions garantes de l’état de droit, qui soient conformes au droit international applicable, est essentiel pour l’élaboration d’une paix durable, et prie également le Secrétaire général de procéder à un examen de l’exécution des mandats au niveau des missions de maintien de la paix, à l’appui du rétablissement et de l’extension de l’autorité légitime de l’État et de la réforme du secteur de la sécurité, l’idée étant de répertorier les enseignements tirés en vue de la planification de la transition et, dans les rapports périodiques sur les opérations de maintien de la paix qu’il lui présente, d’intégrer des informations sur les problèmes recensés, les pratiques optimales et les enseignements tirés de l’exécution des mandats, afin d’aider au rétablissement et à l’extension de l’autorité légitime de l’État et à la réforme du secteur de la sécurité, en vue de faciliter la planification de la transition ; 

8. Insiste sur l’importance de renforcer la sécurité et la sûreté du personnel de maintien de la paix, conformément aux dispositions de sa résolution 2518 (2020) et d’autres résolutions sur la question, dont la résolution 2589 (2021) sur le renforcement de l’application du principe de responsabilité concernant les crimes commis contre des membres du personnel du maintien de la paix, et le plan d’action visant à améliorer la sûreté et la sécurité lié au rapport sur l’amélioration de la sécurité des Casques bleus des Nations Unies, note les risques particuliers encourus avant et durant une transition et, à cet égard, prie le Secrétaire général de continuer de prendre toutes les mesures appropriées pour améliorer la sécurité et la sûreté du personnel des opérations de maintien de la paix, notamment en lui fournissant des conseils reposant sur une analyse intégrée, fondée sur des données factuelles et des évaluations stratégiques, pour faciliter le cas échéant une réévaluation des risques de sécurité et de la composition et du mandat de la mission, en fonction de la réalité sur le terrain ; 

9. Demande au Secrétaire général et aux missions de mettre à profit les enseignements tirés des transitions afin d’élaborer davantage et d’appliquer les politiques et directives des Nations Unies s’y rapportant, notamment la directive pour la planification de l’élaboration de processus de transition des Nations Unies cohérents et homogènes du Secrétaire général et la Politique d’évaluation et de planification intégrées, et demande également au Secrétaire général de continuer de renforcer la planification et la gestion des processus de transition et d’améliorer davantage l’apprentissage institutionnel et les directives y relatives ; 

10. Constate qu’il importe d’établir, conformément à sa résolution 2282 (2016), une coordination, une cohérence et une coopération fortes avec la Commission de consolidation de la paix et, à cet égard, compte solliciter régulièrement les conseils spécialisés, stratégiques et ciblés de la Commission, les examiner et s’en inspirer, notamment pour ce qui est d’avoir une vision à long terme propice à la consolidation et à la pérennisation de la paix lors de l’établissement, de l’examen ou de la reconfiguration d’une opération de paix ; 

11. Engage vivement la Commission de consolidation de la paix à continuer de mettre pleinement son rôle à profit pour convoquer les organes de l’Organisation des Nations Unies, les États Membres, les autorités nationales et toutes les autres parties prenantes concernées, notamment les organisations régionales et sous-régionales et les institutions financières internationales, afin de veiller à une démarche intégrée, stratégique, cohérente, coordonnée et tenant compte des questions de genre à l’égard de la consolidation et de la pérennisation de la paix, et en particulier de faciliter l’élaboration d’objectifs et de priorités conjoints avant toute transition et, à ce propos, prie le Secrétaire général d’établir des contacts avec la Commission de consolidation de la paix, préalablement aux rapports présentés au Conseil, en vue de faciliter la fourniture de conseils complémentaires et opportuns que celle-ci pourrait formuler à son intention ; 

12. Est conscient de la contribution des organisations régionales et sous-régionales à la consolidation de la paix et aux transitions, et prie le Secrétaire général de consulter les organisations régionales et sous-régionales concernées, selon qu’il convient, au sujet de la planification et de l’exécution des processus de transition et de veiller à ce que les plans en la matière définissent clairement les rôles que pourraient avoir ces organisations ; 

13. Constate que le financement de la consolidation de la paix reste un défi majeur, prend note de la décision de l’Assemblée générale de tenir une réunion de haut niveau à sa soixante-seizième session en vue d’approfondir, d’étudier et d’envisager des solutions permettant d’assurer un financement adéquat, prévisible et durable pour la consolidation de la paix, et réaffirme l’importance de doter les opérations de paix des Nations Unies de ressources suffisantes, notamment pendant les phases de transition des missions, afin d’accompagner la stabilité à long terme et la continuité des activités de consolidation de la paix ; 

14. Prie le Secrétaire général d’intégrer des informations détaillées sur l’état d’avancement des transitions en cours des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans les rapports périodiques qu’il présente sur les missions dans des pays donnés, et de faire le point des transitions concernant toutes les opérations de paix des Nations Unies, notamment celles qui ont été effectuées durant les 24 derniers mois précédents, en intégrant les mises à jour fournies par les coordonnateurs résidents et les équipes de pays des Nations Unies, ainsi que l’avis de la Commission de consolidation de la paix, dans le cadre de l’exposé annuel complet qu’il lui a été demandé de présenter dans sa résolution 2378 (2017)et prie également le Secrétaire général de lui présenter, avant le 30 juin 2022, un rapport sur l’état d’avancement des transitions dans toutes les opérations de paix des Nations Unies concernées, notamment celles qui se sont déroulées durant les 24 derniers mois précédents ; 

15. Décide de rester saisi de la question. 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale commémore la Journée internationale contre les essais nucléaires, en présence de deux survivants

Soixante-quinzième session,
101e séance plénière – matin
AG/12356

L’Assemblée générale commémore la Journée internationale contre les essais nucléaires, en présence de deux survivants

La Journée internationale contre les essais nucléaires, le 29 août de chaque année depuis 2009, a été commémorée avec quelques jours de retard aujourd’hui dans le cadre d’une réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale.  Deux survivants des essais ont parlé des souffrances humaines et de graves dégâts environnementaux qui persistent après 60 ans.

Les radiations nous sont arrivées par le vent alors que personne n’était prévenue des conséquences des essais nucléaires, a raconté Mme Sue Coleman-Haseldine, de l’ethnie Kokatha de la côte occidentale australienne, survivante des essais effectués par les gouvernements australien et britannique.  Ma communauté voit toujours des maladies des glandes thyroïdes et des malformations chez les nouveau-nés, 60 ans après ces essais, alors que les décharges des déchets représentent une nouvelle menace pour les générations futures. 

Parmi les 67 essais effectués par les États-Unis dans les Îles Marshall, Mme Danity Laukon, ancienne membre de l’Association des étudiants, s’est attardée sur les retombées radioactives du tir « Bravo » du 1er mars 1954, 1 000 fois plus puissant que la bombe d’Hiroshima.  Depuis, l’eau et la nourriture sont contaminées, sans compter les nombreux cancers et l’impact des déchets radioactifs dans l’atoll d’Enewetak qui polluent l’Océan et les nappes phréatiques. 

Les victimes et les survivants des essais nucléaires ont été dûment salués par M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale qui a rappelé que l’adoption à l’ONU dès 1946 de la toute première résolution sur le désarmement nucléaire.  Il y a 25 ans, l’adoption du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) a été « un moment pivot du multilatéralisme et du désarmement nucléaire », une contribution à la non-prolifération nucléaire, un obstacle robuste au développement de nouvelles armes et un frein à la course aux armements nucléaires, a poursuivi la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement. 

À l’instar des autres intervenants, Mme Izumi Nakamitsu a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier le Traité, et rappelé « la responsabilité particulière » de la Chine, l’Égypte, les États-Unis, l’Inde, l’Iran, Israël, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le Pakistan dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur dudit Traité. 

Cette Réunion de haut niveau est l’occasion de souligner l’urgence en la matière, « une priorité absolue », a affirmé l’Union européenne qui a exhorté tous les États à dégager rapidement un consensus sur le projet de déclaration ministérielle de la Conférence sur l’article XIV du TICE relatif à l’entrée en vigueur, laquelle est prévue à New York le 23 septembre prochain.  Un monde exempt d’armes nucléaires est à notre portée, s’est dit convaincu M. Robert Floyd, Secrétaire exécutif de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

La commémoration de la Journée internationale coïncide cette année avec le trentième anniversaire de la fermeture du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk au Kazakhstan, « le plus grand » de l’Union soviétique, où plus de 450 essais nucléaires ont été effectués.  Nous avons, s’est enorgueilli le Kazakhstan, pu renoncer au quatrième plus grand stock nucléaire au monde, sans mettre en péril ni notre sécurité ni notre développement.  De nombreuses délégations ont exhorté la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) à en faire autant alors que le Groupe des États arabes insistait sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU VISANT À CÉLÉBRER ET À PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE CONTRE LES ESSAIS NUCLÉAIRES

Nous sommes ici pour commémorer ensemble et ce, pour la douzième fois, la Journée internationale contre les essais nucléaires, a souligné M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous commémorons aussi la fermeture du site de Semipalatinsk au Kazakhstan, le 29 août 1991. Nous nous souvenons des victimes des essais nucléaires, nous saluons les survivants et nous examinons l’héritage des impacts des armes nucléaires, dont les déchets. 

Plus de 2000 essais nucléaires ont été effectués à ce jour, a rappelé le Président de l’Assemblée, en notant les conséquences durables pour la santé et l’environnement.  Rappelant aussi que l’Assemblée générale a adopté sa première résolution sur le désarmement nucléaire dès 1946, le Président s’est félicité des progrès enregistrés l’année dernière, compte tenu des défis représentés par la pandémie de COVID-19.  Il a cité l’entrée en vigueur, le 22 janvier dernier, du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, après le dépôt, le 24 octobre 2020, du cinquantième instrument de ratification.  Le Président a aussi cité la prorogation du Nouveau Traité START signée entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie, jusqu’au 4 février 2026. 

Mais, a prévenu le Président, il y a encore beaucoup à faire.  Il a pointé le doigt sur la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) au plus tard en février 2022 et de la quatrième Conférence sur les zones exemptes d’armes nucléaires.  À l’approche de la fin de son mandat le Président de l’Assemblée générale, M. Bozkir a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer ou ratifier le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires et ce, « le plus tôt possible ». 

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a souligné à son tour que cette année marque le trentième anniversaire de la fermeture du site de Semipalatinsk au Kazakhstan, le plus grand site d’essais nucléaires de l’ex-Union soviétique.  La fermeture d’un endroit où plus de 450 essais nucléaires ont été effectués, a signalé la fin d’une ère d’essais sans limite.  Cinq ans plus tard, le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires était adopté, moment pivot du multilatéralisme et du désarmement nucléaire.   

Ce Traité, a souligné la Haute-Représentante, est une contribution « de valeur » à la non-prolifération nucléaire, un obstacle robuste au développement de nouvelles armes et un frein à la course aux armements nucléaires.  Toutefois, a-t-telle reconnu, le Traité n’est toujours pas entré en vigueur.  Elle a une nouvelle fois appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier, sans délai.  Les huit États dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur ont une « responsabilité particulière », a-t-elle martelé, en ajoutant tout de même que tous les États doivent s’engager en faveur d’une interdiction juridiquement contraignante. 

M. ROBERT FLOYD, Secrétaire exécutif du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), a souligné que la seule façon de mettre en place une interdiction vérifiable des essais nucléaires est une adhésion universelle au TICE qui s’est avérée être une mesure efficace pour la non-prolifération et le désarmement nucléaires.  Mais, a-t-il estimé, nous devons reconnaître que notre travail n’est pas encore complètement terminé.  Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l’entrée en vigueur du Traité et la finalisation de son régime de vérification.  Le monde, a ajouté le Secrétaire exécutif, ne doit plus souffrir des conséquences désastreuses des essais nucléaires.  Il faut réduire les risques nucléaires, prévenir une guerre nucléaire; et à construire un monde plus sûr pour les générations futures, en prenant des mesures concrètes pour faire progresser la non-prolifération et le désarmement nucléaires, a insisté le Secrétaire exécutif.  Ces nobles objectifs peuvent être réalisés si l’on saisit toutes les occasions pour faire avancer l’entrée en vigueur et l’universalisation du TICE.  « Un monde exempt d’armes nucléaires est à notre portée. »

Mme VIVIAN OKEKE, Directrice du Bureau de liaison de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a souligné que son Agence contribue directement à la réalisation de neuf des 17 objectifs de développement durable et qu’elle aide notamment des pays d’Afrique et d’Asie à tirer parti de la technologie nucléaire, en toute sécurité.  En tant que forum international, l’AIEA sert de plateforme aux pays qui élaborent des normes de sécurité.  Nous sommes, s’est-elle enorgueillie, le chef de file de la sécurité nucléaire.  À cet effet, l’Agence offre une formation à la sécurité des installations nucléaires et aide les États à veiller à ce que les armes nucléaires ne tombent pas entre les mains de groupes non étatiques.  L’AIEA envoie également des inspecteurs qui visitent les sites afin de s’assurer que les États n’y mènent que des activités nucléaires à des fins pacifiques.  Enfin, pendant cette pandémie de COVID-19, l’AIEA a lancé une initiative pour aider les pays à prévenir les pandémies grâce à la technologie nucléaire.  

Mme SUE COLEMAN-HASELDINE, International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (Australie) s’est présentée comme membre de l’ethnie Kokatha et survivante des essais nucléaires menés sur la côte occidentale de l’Australie par les Gouvernements britannique et australien.  Les radiations sont arrivées vers nous par le vent et personne n’a prévenu notre peuple des conséquences de ces essais, a-t-elle déclaré, avant de préciser que son peuple voit toujours, 60 ans après, des maladies des glandes thyroïdes et des malformations chez les nouveau-nés.  Les décharges de déchets nucléaires sont, a-t-elle averti, une nouvelle menace pour les générations futures.  Tous les pays dont l’Australie adhère au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

Mme DANITY LAUKON, Ancienne membre de l’Association des étudiants des Îles Marshall, a raconté l’histoire des terres et des océans détruits par les 67 essais nucléaires menés par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale.  Elle s’est en particulier attardée sur le tir « Bravo » du 1er mars 1954, qui était 1000 fois plus puissant que la bombe atomique d’Hiroshima.  Les retombées radioactives de cet essai, qui a effacé plusieurs îles, a brûlé les cheveux et la peau de nombreux enfants et a contaminé l’eau et les sources de nourriture de leurs familles. Aujourd’hui, le peuple se bat pour guérir les cancers et les écosystèmes contaminés alors que les déchets radioactifs sur l’atoll d’Enewetak polluent l’océan et les eaux souterraines.  En tant que mère, a-t-elle dit, je refuse que la tragédie des essais nucléaires soit l’histoire que nous transmettons à nos enfants.  Nous voulons que notre peuple soit traité avec respect et amour, et la Journée internationale contre les essais nucléaires est l’occasion de déclarer que chaque vie touchée par une tragédie nucléaire a une valeur incalculable. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon)a souligné que l’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie contre leur utilisation ou la menace de les utiliser.  Leur présence même représente une menace existentielle à la survie de l’humanité.  Insistant sur un désarmement nucléaire complet, le représentant a exhorté la communauté internationale, en particulier les États dotés de l’arme nucléaire, de saisir l’occasion de cette commémoration pour signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

Il a plaidé pour le respect de tous les engagements pris par les États dotés en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), y compris la nécessité de créer des zones exemptes de ces armes.  Le représentant a d’ailleurs rappelé le statut de continent exempt d’armes nucléaires qu’a l’Afrique, laquelle ne saurait servir de site d’essais ou de stockage de ces armes. 

Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, M. JOAN JOSEP LÓPEZ LAVADO (Andorre) a souligné le rôle essentiel joué par les gouvernements, les organisations intergouvernementales, la société civile, les milieux universitaires et les médias.  Il a aussi souligné l’importance que revêt de ce fait l’éducation en tant qu’outil au service de la paix, la sécurité, du désarmement et de la non-prolifération.  Il ne faut, a poursuivi le représentant, ménager aucun effort pour mettre fin aux essais nucléaires afin d’écarter la menace de leurs effets dévastateurs et nocifs sur la vie et la santé des populations et sur l’environnement. 

Il a condamné, dans les termes plus forts, les six essais nucléaires auxquels la République populaire démocratique de Corée a procédé, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a réaffirmé son appui à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne de manière pacifique, et encouragé toutes les parties à s’engager dans la poursuite du dialogue.  Le représentant a souligné l’importance « vitale » et l’urgence de parvenir à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a exhorté tous les États qui n’ont pas encore ratifié le Traité, en particulier ceux dont la ratification est nécessaire pour qu’il entre en vigueur, à le faire dès que possible. 

Le représentant a prié instamment tous les États de s’abstenir de procéder à des explosions expérimentales d’armes nucléaires et à toutes autres explosions nucléaires, de déclarer ou maintenir leurs moratoires à cet égard et de s’abstenir de tout acte contraire à l’objet et au but du Traité. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a salué le fait que de nombreux États aient signé et ratifié le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ce qui le rapproche de son universalisation.  Il a donc invité les États visés à l’annexe 2 du Traité à le ratifier au plus vite.  Il a prévenu que l’utilisation ou la menace d’utiliser des armes nucléaires s’apparente à un crime contre l’humanité.  Il s’agit, a-t-il martelé, d’une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunei Darussalam) a estimé que les derniers développements du paysage mondial de la sécurité, dont la rivalité entre superpuissances, la modernisation des arsenaux nucléaires ou encore les tensions sur la péninsule coréenne demeurent bien réelles et pour le moins « alarmantes ».  Elle a appelé tous les États Membres et en particulier les États dotés, de faire preuve de bonne foi, de promouvoir la compréhension mutuelle, de renforcer la coopération et d’enclencher une action responsable et collective pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires. 

La représentante a insisté sur l’universalisation du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaire que tous les États de l’ASEAN ont ratifié.  Elle a exhorté les États de l’annexe 2 à faire de même pour accélérer l’entrée en vigueur dudit Traité.  Elle réitère l’engagement de l’ASEAN à rester une zone exempte d’armes nucléaires, avant d’appuyer tous les efforts visant à créer une telle zone au Moyen-Orient.  Elle a aussi appuyé l’agenda du Secrétaire général de l’ONU sur le désarmement ; les armes nucléaires représentant une réelle menace pour le monde. 

Au nom des petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique, M. SATYENDRA PRASAD (Les Fidji) a prévenu, à son tour, qu’il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-il estimé, vient en complément de celui sur la non-prolifération.  Il a donc invité tous les États à le ratifier, avant de rappeler qu’entre 1946 et 1956, plus de 300 essais nucléaires ont été effectués dans le Pacifique dont les conséquences perdurent jusqu’à ce jour.  Le fait que les océans soient contaminés par les essais nucléaires ne peut qu’entraver les efforts pour réaliser les objectifs de développement durable, a averti le représentant qui a appelé la communauté internationale à agir pour que justice soit rendue aux victimes des essais dans le Pacifique et le monde entier. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a déclaré que cette réunion de haut niveau est l’occasion de souligner à nouveau la nécessité d’une entrée en vigueur et de l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), « une priorité absolue de l’UE ».  Le TICE, a poursuivi le représentant, est l'un des piliers du désarmement international et de l’architecture de non-prolifération, dont la forte légitimité, la vitalité et l’importance pour la sécurité collective est soulignée dans la résolution 2310 du Conseil de sécurité de l’ONU et les résolutions annuelles de l’Assemblée générale.  Le représentant a exhorté tous les États à dégager rapidement un consensus sur le projet de déclaration ministérielle de la Conférence prévue à New York le 23 septembre prochain. 

Il a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à s’acheminer sur la voie d’un désarmement complet et vérifiable. Il a par ailleurs salué le travail de l’Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (OTICE) et souligné qu’elle ne peut s’acquitter de ses fonctions que si elle dispose des moyens financiers nécessaires. Le représentant a attiré l’attention sur le fait que l’UE a versé à l'OTICE plus de 29,5 millions d'euros depuis 2006 pour financer une variété de projets techniques visant à renforcer le régime de vérification et le renforcement des capacités dans les pays en développement. La plus récente contribution volontaire de 6,3 millions d'euros, versée le 1er décembre 2020, permet de garantir la pérennité des capacités de surveillance et de vérification de l'OTICE. 

Au nom de la Ligue des États arabes, M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a jugé possible d’éliminer les armes nucléaires de la planète et a d’emblée tous les arguments qui présentent ces armes comme un garant de la paix internationale.  Il a exhorté les États dotés à honorer leurs engagements, en se débarrassant de leurs arsenaux. Malgré les tensions au Moyen-Orient, a poursuivi le représentant, les États arabes ont fait preuve de bonne foi, en adhérant au Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires et en continuant d’appuyer les efforts de non-prolifération. Le Moyen-Orient est d’ailleurs un exemple des défis en la matière puisqu’Israël viole les règles et les normes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a insisté sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et de l’AIEA. 

M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan) a estimé que ce débat et cette Journée internationale démontrent la détermination de la communauté internationale à parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Il y a 30 ans, a-t-il rappelé à son tour, mon pays a décidé de fermer son site d’essais nucléaires de Semipalatinsk et renoncé à son arsenal nucléaire, « le quatrième du monde ».  Le représentant s’est enorgueilli des efforts « exemplaires » pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Mon pays, a-t-il conclu, a prouvé qu’il est possible de renoncer aux armes nucléaires, tout en garantissant sa sécurité et son développement.  Il est urgent de renforcer la confiance entre les États Membres pour contrer « le risque d’holocauste ». 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a dénoncé les États-Unis qui poursuivent leurs essais nucléaires, plus de 75 ans après Hiroshima et Nagasaki.  Son pays ayant ratifié le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires en février 2021, le représentant s’est dit fier d’appartenir à la toute première zone exempte d’armes nucléaires.  L’interdiction et l’arrêt de tous les essais nucléaires sont « fondamentaux » pour parvenir à la non-prolifération, a-t-il souligné, en insistant tout de même sur le droit de tous les pays d’utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a déclaré que sur les 2 000 essais nucléaires effectués depuis 1945, 1 054 l’ont été par les États-Unis, avant d’appeler la communauté internationale à condamner le fait qu’Israël soit un État doté.  Soulignant que les moratoires contre les essais ne sauraient remplacer un instrument juridiquement contraignant, le représentant a appelé à l’entrée en vigueur du TICE.  Il a en revanche salué celle du Traité d’interdiction des armes nucléaires. Il n’a pas manqué de souligner la pertinence de la résolution 64/35 de l’Assemblée générale qui rappelle que l’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie contre leur utilisation. 

En tant que Coordonnateur de la Conférence sur l’article 14 du Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires, M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a salué la récente décision du Président français, M. Emmanuel Macron, sur la fin des essais nucléaires et la compensation des victimes de ceux-ci.  Le chemin menant à un monde exempt d’armes nucléaires passe par l’arrêt des essais, première étape avant le désarmement nucléaire, a souligné le représentant.  Il a invité la Chine, Israël, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Pakistan et l’Inde à ratifier le Traité pour assurer son entrée en vigueur.  Il a salué le rôle de la société civile, dont les physiciens et les survivants qui sensibilisent l’opinion publique aux conséquences néfastes des armes nucléaires. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a déclaré que la meilleure façon de rendre hommage aux victimes des essais nucléaires est de garantir l’entrée en vigueur du TICE.  D’ici là, il a jugé important d'observer les  moratoires sur tous les essais.  Notant que la région de l’Amérique latine a été la première zone densément peuplée à se déclarer exempte d’armes nucléaires, le représentant a insisté sur les graves dommages à l’environnement et à la santé des populations du monde entier.  Nous maintiendrons, a-t-il conclu, nos stations dans les îles Galápagos pour renforcer le système de surveillance internationale. 

Mme PAULA AGUIAR BARBOZA (Brésil) a déploré que plus de 20 ans après son adoption, le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires ne soit toujours pas entré en vigueur.  Il faut que l’interdiction des essais soit juridiquement contraignante partout dans le monde, a-t-elle insisté, saluant la sensibilisation croissante de l’opinion publique.  Elle a aussi salué l’entrée en vigueur, au mois de janvier dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « preuve » de l’engagement des États en faveur de l’élimination totale de ces armes. 

M. MUHAMMAD ZAYYANU BANDIYA (Nigéria) a regretté que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur, 25 ans après son ouverture à la signature.  L’existence des armes nucléaires, a-t-il souligné, constitue une menace existentielle et le développement de ces armes est tout simplement « scandaleux et inexcusable ».  Le représentant a accusé les États dotés de faire trainer les choses.  Faisant valoir le droit de tous les pays à la technologie nucléaire à des fins pacifiques, il a voulu que l’élimination totale des armes soit l’objectif de tous les processus intergouvernementaux.  Il a invité tous les États Membres à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, lesquels sont des sources de tensions et de dégradation de l’environnement. 

M. JIANJUN WU (Chine) s’est dit très attaché à la non-prolifération, ainsi qu’au principe de ne pas le premier à utiliser l’arme nucléaire. Il a fermement soutenu le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires et dit attendre avec impatience son entrée en vigueur. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie), a déclaré que l’on ne saurait perdre aucune occasion de rejeter la perspective et le risque d’un anéantissement nucléaire.  Nous ne pouvons nous offrir « une erreur de calcul » alors que nous sommes déjà confrontés à une myriade de défis, et la communauté internationale ne saurait pas abuser de ses ressources dans la course aux armements.  Le représentant n’a vu aucune raison de tester des armes nucléaires, soulignant, à cet égard, la responsabilité particulière des États dotés dans la sécurité collective.  Plaidant enfin pour l’examen des conséquences des essais, le représentant a insisté sur une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

M. DANIEL ANDREAS ROETHLIN (Autriche) a jugé qu’il est grand temps que les pays qui ne l’ont pas encore fait ratifient le TICE sans délai, pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Nous devons éliminer ces armes de destruction massive dont l’utilisation aurait des conséquences catastrophiques, a martelé le représentant, en ajoutant qu’au vu de l’évolution de la recherche, les effets des armes modernisées seraient encore plus dévastateurs qu’Hiroshima et Nagasaki. 

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a rendu hommage à toutes les victimes des essais nucléaires et à tous ceux dont la vie a été affectée par les 2 000 essais nucléaires effectués depuis 1945. Alors que nous marquons le 25è anniversaire de l’ouverture à la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il faut reconnaître que les moratoires volontaires ne remplaceront jamais la nature juridiquement contraignante d’un traité, a prévenu le représentant.  Il a noté que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) est le seul pays à avoir effectué des essais nucléaires au XXIe siècle et l’a appelée à ratifier sans tarder le TICE. 

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