En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité proroge d’un an, jusqu’au 17 septembre 2022, le mandat de l’équipe d’enquêteurs chargée d’amener Daech à répondre de ses crimes en Iraq

8863e séance – matin
CS/14640

Le Conseil de sécurité proroge d’un an, jusqu’au 17 septembre 2022, le mandat de l’équipe d’enquêteurs chargée d’amener Daech à répondre de ses crimes en Iraq

À l’unanimité de ses membres, le Conseil de sécurité a décidé ce matin de reconduire pour un an, jusqu’au 17 septembre 2022, le mandat de l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) à répondre de ses crimes, ainsi que celui de son Conseiller spécial.  Il s’agit du troisième renouvellement de l’Équipe d’enquêteurs créée par la résolution 2379 (2017) pour une durée initiale de deux ans. 

Portée par le Royaume-Uni, porte-plume pour ce dossier, la résolution 2597 (2021) (document à paraître S/RES/2597(2021)) adoptée aujourd’hui précise que toute nouvelle prorogation doit être décidée « à la demande du Gouvernement iraquien ou de tout autre gouvernement qui prierait l’Équipe de recueillir des éléments de preuve concernant des actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide commis par l’EIIL (Daech) sur son territoire ».

Lors de la création de l’Équipe d’enquêteurs en 2017, le Conseil a demandé au Secrétaire général de la constituer à l’appui des efforts engagés à l’échelle nationale, pour « amener l’EIIL (Daech) à rendre des comptes, en recueillant, conservant et stockant des éléments de preuve en Iraq d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide ».  L’Équipe d’enquêteurs est actuellement dirigée par M. Christian Ritscher, qui a été nommé à ce poste le 7 septembre. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Libye: le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 30 septembre 2021 le mandat de la MANUL

8858e séance plénière  
CS/14635

Libye: le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 30 septembre 2021 le mandat de la MANUL

Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité, ce matin, la résolution 2595 (2021) qui proroge jusqu’au 30 septembre 2021, du mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), “comme mission politique spéciale intégrée”.  

Créée en 2011, la MANUL est, entre autres, chargée de faire progresser un processus politique inclusif en Libye, d’aider le Gouvernement provisoire d’unité nationale à consolider la gouvernance, la sécurité et les mesures économiques, d’appuyer l’instauration de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020 et de soutenir les étapes ultérieures de la transition libyenne, y compris le processus constitutionnel, l’organisation des élections, l’exécution de la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen, la poursuite de l’application de l’Accord politique libyen et un processus de réconciliation nationale.   

Après le vote, la Fédération de Russie a fait part de son empressement à trouver des solutions mutuellement acceptables sur les questions en suspens au lié au fonctionnement à venir de la MANUL.  L’objectif principal des membres du Conseil de sécurité, a-t-elle estimé, doit être d’aider les Libyens à respecter le calendrier des élections présidentielle et législatives prévues en décembre.  

De leur côté, les États-Unis ont déploré l’absence de consensus pour doter la MANUL d’un nouveau mandat et ont appelé à mettre en œuvre les recommandations émanant de l’examen stratégique indépendant de la Mission.  Ce processus avait notamment conclu que la situation sur le terrain a changé depuis le dernier renouvellement du mandat de la MANUL; l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020 lui ayant notamment permis de nouer des contacts sur le terrain.  La relocalisation du Chef de la MANUL à Tripoli a en outre été jugée prioritaire à ce stade du processus politique en Libye, ont relevé les Etats-Unis.   

Ils ont également souligné que les recommandations émanant de l’examen stratégique indépendant ne préjugent pas de la restructuration de la Mission, ni du choix de la personne qui la dirigera.  

LA SITUATION EN LIBYE - S/2021/716 et S/2021/752 

Texte du projet de résolution (S/2021/795) 

Le Conseil de sécurité,   

Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye, notamment les résolutions 2259 (2015), 2510 (2020), 2542 (2020) et 2570 (2021),   

Rappelant qu’il a constaté dans sa résolution 2213 (2015) que la situation en Libye continue de constituer une menace pour la paix et la sécurité internationales,  

1. Décide de proroger jusqu’au 30 septembre 2021 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, mission politique spéciale intégrée, afin que celle-ci puisse s’acquitter de son mandat, tel que défini dans la résolution 2542 (2020) et au paragraphe 16 de la résolution 2570 (2021);  

2. Décide de demeurer activement saisi de la question. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: de retour de Syrie, M. Griffiths évoque une réalité humanitaire encore plus terrible que les chiffres ne peuvent le décrire

8861e séance – après-midi
CS/14638

Conseil de sécurité: de retour de Syrie, M. Griffiths évoque une réalité humanitaire encore plus terrible que les chiffres ne peuvent le décrire

De retour d’un déplacement en Syrie, au Liban et en Turquie, le Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que les besoins humanitaires en Syrie sont plus importants qu’ils ne l’ont jamais été, « même si les médias en parlent moins », précisant qu’environ 13,4 millions de personnes ont besoin d’aide, soit une augmentation de 21% par rapport à l’année dernière. 

M. Martin Griffiths, qui est également Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a aussi indiqué avoir constaté au cours de sa visite que le manque d’accès à l’eau potable a un impact disproportionné sur la santé en générale et la santé reproductive des femmes et des filles en particulier.  La situation actuelle est intenable pour toute la région, a-t-il noté, appelant les parties concernées à travailler ensemble pour trouver une solution convenue. 

Le Secrétaire général adjoint a en outre relevé que même si les promesses de don au plan de réponse humanitaire pour la Syrie s’élèvent à 4,2 milliards de dollars, seulement 27% des fonds attendus ont été débloqués.  Et même si ce total augmente dans les prochains mois, le financement ne suit pas le rythme des besoins croissants des Syriens, a-t-il signalé. 

M. Griffiths a par ailleurs indiqué que pendant son séjour à Alep, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait achevé sa première opération par-delà les lignes de front vers le nord-ouest de la Syrie depuis 2017, permettant ainsi d’acheminer des rations alimentaires pour quelque 50 000 personnes dans le besoin. 

Cependant, les défis rencontrés mettent en évidence à la fois la difficulté de déployer des opérations entre les lignes de front et le fait qu’à ce stade, les opérations transfrontalières restent le moyen le plus efficace et le plus prévisible d’atteindre des millions de personnes dans le besoin, a-t-il estimé. Néanmoins, les Nations Unies veulent capitaliser sur cette initiative du PAM, et une opération interorganisations par-delà les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie est en cours de planification. 

La plupart des délégations ont salué cette première mission entre les lignes de front, même si pour certaines, comme les États-Unis, celle-ci ne saurait remplacer l’aide transfrontalière.  Le mécanisme transfrontalier de l’ONU reste le seul outil pour maintenir en vie quatre millions de personnes et insuffler de l’espoir pour l’avenir, a confirmé la Turquie.  Le renouvellement de ce mécanisme pour 12 mois a été un soulagement, mais nous savons tous que cela est insuffisant pour répondre aux besoins, a également affirmé la France, avant d’encourager les agences onusiennes à intensifier les convois transfrontaliers afin de prépositionner de l’aide humanitaire avant l’hiver.  

Même si des pays occidentaux continuent d’appuyer le mécanisme d’aide transfrontalière, mon pays restera fidèle à l’objectif d’apporter une aide depuis l’intérieur de la Syrie, a déclaré pour sa part le délégué syrien qui a appelé à mettre un terme à ce mécanisme « politisé » qui viole la souveraineté syrienne.  Le délégué syrien a par ailleurs espéré que la récente visite de M. Griffiths permettra de « corriger » la relation de la Syrie avec OCHA.  « Il faut éviter toute politisation et tout diktat des pays occidentaux dans la livraison de l’aide », a-t-il asséné. 

À l’instar de l’appel de l’Iran à la levée des sanctions unilatérales la Fédération de Russie s’est appuyée sur un rapport de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) qui indiquerait que les sanctions américaines ont contribué de manière significative à la dévaluation de la livre syrienne, restreint le commerce, et conduit à une augmentation des activités criminelles et du marché noir.  « Les données publiées par l’USAID démontrent la véritable ampleur de l’impact des sanctions antisyriennes américaines sur chaque Syrien », a souligné la délégation qui a regretté que « certains de nos collègues européens » tentent d’en rejeter la responsabilité sur Damas, en dépit de statistiques évidentes et des appels internationaux. 

La Fédération de Russie s’est par ailleurs déclarée préoccupé par la situation dans le camp de déplacés de Hol, faisant état de 74 meurtres depuis le début de l’année et d’une « radicalisation active » des résidents, rappelant que la « Puissance occupante » est responsable de tout ce qui s’y passe. 

La Norvège, au nom des porte-plumes sur le dossier humanitaire syrien (Irlande et Norvège) a pour sa part dénoncé les entraves à l’éducation en Syrie où 7000 écoles ont été endommagées tandis que deux millions d’enfants ne sont pas scolarisés. 

« Il faut protéger ceux qui risquent leur vie pour sauver celle des autres », a également plaidé la délégation, en écho au cri du cœur lancé par Mme Amany Qaddour, la Directrice  Régionale  de  Syria  Relief and  Development, qui a pris la parole au nom de  2000  travailleurs  humanitaires  qui  fournissent  des services de  santé  et  autres  services  vitaux  en  Syrie  depuis 10 ans.  Elle a fait état d’une augmentation des cas de viol et d’autres formes de violence sexuelle ainsi que d’une augmentation des suicides chez les jeunes et les enfants « dont la vie entière a été imprégnée de conflits ». 

Précisant que moins de 2% de la population est vaccinée contre la COVID-19, Mme Qaddour s’est inquiétée de l’augmentation exponentielle des nombres de cas face à une pénurie massive de vaccins.  Elle a également indiqué que la pandémie constitue un obstacle critique à l’accès à l’école, le système éducatif syrien paralysé n’ayant tout simplement pas la capacité de maintenir ou même de faciliter l’apprentissage à distance. 

La situation au Moyen-Orient

Déclarations

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. MARTIN GRIFFITHS, a dit être rentré la semaine dernière d’un déplacement en Syrie, au Liban et en Turquie, sa première mission dans la région dans le cadre de ses nouvelles fonctions.  Il a déclaré que les besoins humanitaires en Syrie sont plus importants qu’ils ne l’ont jamais été, « même si les médias en parlent moins ».  Environ 13,4 millions de personnes en Syrie ont besoin d’une aide humanitaire, soit une augmentation de 21% par rapport à l’année précédente et le chiffre le plus élevé depuis 2017, a-t-il précisé.  La réalité vécue en Syrie est encore plus terrible que les chiffres ne peuvent le décrire, a témoigné le Coordonnateur des secours d’urgence. 

À Alep par exemple, il a dit avoir parlé avec des femmes, des hommes et des enfants des effets profonds de plus de 10 ans de conflit.  Les enfants ont demandé de l’aide pour apprendre, recevoir des soins de santé et du carburant pour rester au chaud pendant l’hiver à venir.  Les ménages dirigés par des femmes ont parlé des difficultés qu’ils ont à trouver des revenus pour que leurs familles survivent.  Les patients et leurs familles doivent voyager depuis la périphérie de la ville d’Alep pour recevoir des traitements, en supposant qu’ils soient même disponibles, dans une clinique tenue par une ONG locale et qui fonctionne avec une électricité et une eau courante limitées et peu de médicaments. 

Les familles vivent avec le chagrin au quotidien car le manque de pièce d’identité, de passage sûr et de garanties de sécurité empêchent leurs retrouvailles avec leurs proches.  M. Griffiths a indiqué avoir constaté par lui-même et avec inquiétude les répercussions de la crise prolongée de l’eau qui touche de nombreuses régions de la Syrie.  Le manque d’accès à l’eau potable a un impact disproportionné sur la santé générale et la santé reproductive des femmes et des filles en particulier, a-t-il expliqué.  La situation actuelle est intenable pour toute la région, a-t-il noté, appelant les parties concernées à travailler ensemble pour trouver une solution convenue. 

Le Secrétaire général adjoint a relevé que les donateurs restent généreux dans leur soutien au plan de réponse humanitaire en Syrie qui s’élève à 4,2 milliards de dollars, le plus important au monde.  Cependant, les besoins humanitaires dépassent les ressources disponibles, car seulement 27% des fonds attendus ont été débloqués.  Et même si ce total augmentera dans les prochains mois, le financement ne suit pas le rythme des besoins croissants des Syriens, a-t-il affirmé. 

M. Griffiths a dit avoir rencontré sur le terrain des communautés déterminées à recommencer leur vie, mais qui ont désespérément besoin d’un soutien au relèvement rapide pour tracer leur propre chemin vers un avenir meilleur.  Un investissement accru dans les activités de résilience est un moyen important d’y parvenir, a-t-il estimé, arguant que le fait de ne pas investir dans des activités de résilience provoquera probablement des besoins humanitaires et des tensions accrues. 

Les programmes de relèvement rapide et de moyens de subsistance sont déjà une partie essentielle de la réponse humanitaire en Syrie, a—t-il noté, rappelant que l’ONU et ses partenaires aident les élèves à avoir de l’eau potable dans leurs écoles, les familles déplacées à se loger plus durablement et les agriculteurs à labourer de nouveau leurs champs.  Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour mettre les Syriens sur la voie du rétablissement: l’ONU et ses partenaires doivent concevoir de nouveaux programmes, les autorités doivent faciliter encore plus d’activités, et les donateurs doivent investir davantage dans le relèvement rapide.  L’autonomie est le meilleur moyen d’aider les Syriens à retrouver un sens de l’avenir en Syrie, a-t-il confié. 

M. Griffiths a par ailleurs témoigné que pendant son séjour à Alep, le Programme alimentaire mondial (PAM) a achevé la première opération par-delà les lignes de front vers le nord-ouest de la Syrie depuis 2017, permettant d’acheminer des rations alimentaires pour quelque 50 000 personnes.  La mission a demandé des efforts considérables, de la confiance et de la négociation, a-t-il avoué, y voyant la preuve de la détermination de l’ONU et de ses partenaires à aider les personnes dans le besoin à travers toutes les modalités possibles. 

Mais il en faut beaucoup plus, a-t-il tempéré, notant que les fournitures du PAM ne suffisent à couvrir qu’une fraction des énormes besoins alimentaires du nord-ouest de la Syrie.  De plus, les défis rencontrés mettent en évidence à la fois la difficulté de déployer des opérations entre les lignes de front et le fait qu’à ce stade, les opérations transfrontalières restent le moyen le plus efficace et le plus prévisible d’atteindre des millions de personnes dans le besoin. Néanmoins, les Nations Unies veulent capitaliser sur cette initiative du PAM, et une opération interorganisations par-delà les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie est en cours de planification. 

Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs dit avoir fait part de ses préoccupations aux autorités syriennes concernant la protection des civils, la nécessité d’un accès humanitaire et le bien-être des plus de 36 000 personnes déplacées par les hostilités à Dera, dans le sud du pays.  Il a salué la nouvelle du cessez-le-feu récent, ainsi que le rétablissement de l’accès humanitaire.  L’ONU et ses partenaires utiliseront les évaluations des prochains jours afin d’orienter les futurs efforts de secours, a-t-il promis. 

Constatant que la Syrie est prise dans une spirale descendante, il a prédit que le pays continuera d’être un lieu de tragédie, de besoin et de souffrance, « du moins à court terme ».  Il nous incombe donc d’identifier, de développer et d’investir dans des moyens durables et efficaces d’apporter de l’aide, a-t-il dit. 

Mme AMANY QAADOUR, Directrice régionale de Syria Relief and Development, a pris la parole au nom de 2 000 travailleurs humanitaires qui fournissent des services de santé et autres services vitaux en Syrie depuis 10 ans dans un contexte qui s’apparente à « l’enfer sur terre » et malgré des défis insurmontables quotidiens. 

Elle a indiqué que l’escalade des hostilités dans le nord-ouest de la Syrie au cours de l’année écoulée a touché les civils et les travailleurs humanitaires et réduit les espaces où les civils étaient en sécurité.  En ce qui concerne les groupes les plus vulnérables, elle a fait état d’une augmentation de la violence qui touche les femmes et les enfants.  « Nous avons constaté une augmentation des cas de viol et d’autres formes de violence sexuelle chez les enfants et les adolescents », a-t-elle précisé.  De même, elle a dénoncé l’exploitation, le recrutement et le travail des enfants, y compris des travaux manuels lourds dans la construction et l’exploitation minière pour des enfants dès l’âge de 10 ans.  « Nous avons vu une augmentation des suicides chez les jeunes et les enfants dont la vie entière a été imprégnée de conflits », a-t-elle en outre alerté. 

Mme Qaadour a aussi témoigné de l’incapacité des enfants à aller à l’école, en raison des déplacements continus, mais aussi à cause du désespoir économique qui contraint de nombreuses familles à prendre des décisions difficiles et de demander à leurs enfants de travailler pour subvenir aux besoins de la famille.  La pandémie de COVID-19 constitue un autre obstacle critique à l’accès à l’école alors que le système éducatif syrien paralysé n’a tout simplement pas la capacité de maintenir ou même de faciliter l’apprentissage à distance.  

Précisant que moins de 2% de la population est vaccinée contre la COVID-19, Mme Qaadour s’est inquiétée de l’augmentation exponentielle des nombres de cas face à une pénurie massive de vaccins.  À cause de la pandémie, certaines tranches de la population sont devenues plus isolées, comme les personnes âgées ou handicapées qui ont été difficiles à atteindre et en même temps incapables d’accéder aux services vitaux dont elles ont besoin en dehors de leur domicile. 

Au nom des porte-plumes sur le dossier humanitaire syrien, l’Irlande et la Norvège, Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a salué la générosité des pays qui accueillent les Syriens, ainsi que le premier acheminement de l’aide entre les lignes de démarcation dans le nord-ouest de la Syrie, depuis 2017.  Elle a appelé tous les acteurs à faciliter ces acheminements, avant de s’inquiéter de la situation « très fragile » dans la ville de Deraa. La représentante a dénoncé des tirs de mortier contre un hôpital de cette ville, le 30 août et a rappelé les risques sécuritaires que prend le personnel de santé; 27 membres de ce personnel ayant trouvé la mort cette année.  La représentante a aussi dénoncé les entraves à l’éducation en Syrie où 7 000 écoles ont été endommagées, privant deux millions d’enfants d’éducation. Notant pour finir l’augmentation des besoins humanitaires, aggravés par la pandémie, elle s’est prononcée en faveur d’une opération humanitaire encore plus large. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a réitéré d’emblée qu’il n’y a pas d’alternative viable à un règlement politique du conflit.  Il faut, a-t-il dit, remettre la Syrie sur la voie de la sécurité et du développement, et la communauté internationale doit l’accompagner par une aide humanitaire adéquate pour répondre aux risques nés de la violence, du conflit, de la COVID-19 et des changements climatiques.  Saluant l’accent qui a été mis sur le dialogue et la négociation pour éviter une escalade à Deraa, le représentant a espéré un cessez-le-feu sur tout le territoire syrien.  Il a également espéré que les Nations Unies et leurs partenaires soutiendront les efforts du Gouvernement syrien pour le retour à la normalité.  

Prenant note du déploiement du premier convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) à travers les lignes de front, le représentant a appelé toutes les parties à collaborer de manière positive et à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et médicale.  Les Nations Unies, a-t-il ajouté, doivent mobiliser les ressources nécessaires pour pouvoir apporter une réponse à la hauteur des besoins. Le représentant a dit suivre avec préoccupation la tendance actuelle du terrorisme et des déplacements en Syrie et dans la région.  Il faut, a-t-il conclu, veiller à ce que la Syrie ne redevienne pas une bastion pour les terroristes.  Son peuple aspire à un avenir meilleur qui peut être créé par des moyens dignes, a ajouté le représentant. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé urgent de mettre en place une cessation immédiate des hostilités, sous supervision des Nations Unies à l’échelle nationale, ainsi qu’une pause humanitaire, conformément aux résolutions 2532 (2020) et 2254 (2015) et à l’appel du Secrétaire général.  Le représentant a demandé que le droit international humanitaire soit strictement respecté par tous, rappelant aussi que depuis mars dernier, 19 agents humanitaires ont été tués au nord-ouest de la Syrie.  Il a condamné ces attaques, précisant ensuite qu’elles ne resteront pas impunies et assurant que la France continuera à apporter son plein soutien aux mécanismes de lutte contre l’impunité, notamment au Mécanisme international, impartial et indépendant et à la Commission d’enquête pour la Syrie.  

Il a réclamé un accès humanitaire sûr et sans entrave, y compris à Deraa et au nord-est.  Dans le contexte de la pandémie, il est à cet égard essentiel d’accélérer les campagnes de vaccination contre la COVID-19, a-t-il dit.  M. de Rivière a ensuite déclaré qu’il est important que l’assistance acheminée par les lignes de front ne se limite pas à l’aide alimentaire et se fasse dans le plein respect des principes humanitaires.  Selon lui, le mécanisme transfrontalier sera nécessaire aussi longtemps que l’aide humanitaire ne parviendra pas à toutes les populations qui en ont besoin sur l’ensemble du territoire syrien, et ce, sur la base d’une évaluation objective.  Le renouvellement de ce mécanisme pour 12 mois a été un soulagement. Mais nous savons tous que cela est insuffisant, a-t-il ajouté, avant d’encourager les agences onusiennes à intensifier les convois transfrontaliers afin de prépositionner l’aide avant l’hiver.  Sans solution politique crédible, la position de la France et de ses partenaires sur la normalisation, la reconstruction et les sanctions restera inchangée, a-t-il conclu. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a tout d’abord axé son propos sur l’aide humanitaire à la Syrie, saluant les efforts qui visent à en accroître l’accès pour les plus de 13,4 millions de personnes dans le besoin.  Il s’est félicité à cet égard que la première mission menée entre les lignes de conflit dans le Nord-Ouest ait pu avoir lieu.  Cette opération a permis le passage de 14 camions chargés de produits alimentaires, depuis des zones sous contrôle gouvernemental vers Sarmada, a-t-il salué, espérant que ce mécanisme sera renforcé.  Le représentant a toutefois relevé que le nombre de camions entrés par cette voie « contraste fortement avec le millier qui, en moyenne, traverse le point de passage de Bab el-Haoua tous les mois ».  Cela étant, a-t-il ajouté, les deux modes de livraison sont nécessaires et complémentaires, notamment pour augmenter le nombre de vaccins contre la COVID-19 atteignant la population.  

Le délégué s’est ensuite déclaré préoccupé par les combats de ces derniers mois dans le nord-ouest mais aussi le sud-ouest de la Syrie.  Dans cette région, la Fédération de Russie a, certes, facilité un accord de cessez-le-feu à Deraa, mais la situation reste très fragile, a-t-il noté, indiquant que plus de 36 000 personnes ont été déplacées en raison des violences.  D’autre part, à Edleb, nous avons encore une fois assisté à la mort de civils innocents, a déploré M. de la Fuente Ramirez, avant d’appeler à un cessez-le-feu national durable. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est dit vivement préoccupée par l’escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie, en violation de l’accord de cessez-le-feu.  Elle a précisé que la région d’Edleb essuie environ 20 frappes aériennes par jour et rappelé que 19 travailleurs humanitaires ont été tués cette année depuis le mois de mars.  Il est capital de respecter l’accord de cessez-le-feu, a-t-elle martelé.  Elle a déploré la situation difficile autour de la ville de Deraa, en rappelant que 20 000 personnes ont un accès limité à l’eau.  Elle a demandé un accès humanitaire sans entraves à cette ville, avant de saluer le plan de réponse élaboré par l’ONU pour faire face à la crise de l’eau dans le nord-est syrien.  La déléguée a aussi demandé le renforcement de l’aide transfrontalière pour faire face aux besoins dans le nord du pays.  Elle a salué la première opération de livraison à travers les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie et rendu hommage à la mémoire des deux soldats turcs tués ce weekend. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a déclaré que seule une solution politique permettra de résoudre la crise humanitaire, dans tous ses aspects.  Il s’est inquiété de la présence de forces étrangères et de groupes armés soutenus par l’étranger qui ne font qu’aggraver la situation.  Il a cité des informations qui montrent que des groupes terroristes mis au ban par les Nations Unies, tels que Hayat Tahrir al-Sham et Daech, continuent d’attaquer des civils dans les zones rurales d’Edleb, de Hama et dans le nord-est.  Le représentant s’est aussi inquiété de l’aggravation de la situation dans des camps de déplacés, comme celui de Hol. 

Mettant l’accent sur une aide humanitaire essentielle, il a appelé à des mesures concrètes pour surmonter les obstacles à l’acheminement transfrontalier. Il a souligné l’importance d’un mécanisme de surveillance efficace, impliquant les autorités syriennes, pour permettre une aide fluide et efficace.  La communauté internationale, a-t-il dit, doit donner la priorité au financement du plan de réponse humanitaire et à la reconstruction.  Le représentant a souligné que son pays a élargi son aide et son soutien au renforcement des capacités humaines syriennes grâce à des subventions et des lignes de crédit pour financer projets, achats de médicaments et de nourriture, appareillage de membres artificiels et des programmes de formation. 

M. SHUANG GENG (Chine) s’est félicité de la récente visite de M. Griffith en Syrie et a espéré que l’OCHA maintiendra sa collaboration avec les autorités syriennes.  La communauté internationale doit renforcer l’aide humanitaire et allouer les fonds nécessaires, a poursuivi le représentant, en insistant sur l’importance des projets de relèvement rapide dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de la santé, de l’éducation et des abris, comme il est stipulé dans la résolution 2585 du Conseil de sécurité.  Notant que le Gouvernement syrien vient de prendre des mesures pour promouvoir la vaccination contre la COVID-19, promouvoir le secteur agricole et soutenir les petites et moyennes entreprises, il a dénoncé le fait que ces efforts soient entravés par les sanctions unilatérales.  Il a donc réclamé leur levée et demandé au Conseil de sécurité de renforcer la surveillance du mécanisme d’aide transfrontalier et de faire preuve d’impartialité.  Le représentant a salué le premier convoi humanitaire à travers les lignes de front dans le nord-ouest ainsi que le cessez-le-feu conclu par les deux parties à Deraa. S’inquiétant de la réémergence de groupes terroristes en Syrie, il a exhorté la communauté internationale à soutenir les efforts antiterroristes du Gouvernement syrien. 

Se disant vivement préoccupée par la situation sécuritaire en Syrie, Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a constaté que les hostilités ont encore exacerbé les déplacements et entravé l’accès humanitaire vital.  Alors que la crise économique est aggravée par la pandémie de COVID-19 et que des millions de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire à l’approche de l’hiver, la représentante a estimé que l’acheminement transfrontalier de l’aide humanitaire est d’une importance cruciale.  Cependant, ce mécanisme « ne suffit pas à lui seul », a-t-elle souligné, jugeant que d’autres modalités indispensables telles que les livraisons par-delà les lignes de front sont nécessaires pour le compléter.  Elle s’est réjouie à cet égard que la première opération par-delà les lignes de front vers le nord-ouest ait pu avoir lieu fin août et a exhorté toutes les parties à continuer de travailler ensemble pour étendre ce mode de livraison, notamment pour permettre une distribution efficace des vaccins contre la COVID-19. 

Au-delà de l’aide humanitaire, d’autres mesures doivent être prises pour aider les Syriens dans le besoin, a-t-elle poursuivi, avant d’appeler à la levée de toutes les mesures coercitives unilatérales imposées au pays.  Ces mesures ont eu un impact négatif indirect sur la population civile et sont incompatibles avec le droit international, a-t-elle martelé, réclamant en outre une assistance pour la reconstruction de la Syrie et les efforts de réhabilitation.  Ces efforts couteux nécessitent le soutien de la communauté internationale, a ajouté la déléguée, rappelant qu’ils conditionnent également le retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays.  

Attirant l’attention du Conseil sur la sécheresse que connaît la Syrie, la pire depuis des décennies, la représentante a averti que la crise de l’eau, accentuée par la menace existentielle des changements climatiques, met des millions de vies et de moyens de subsistance en péril.  Enfin, elle a souligné que ces défis multidimensionnels sont aggravés par la présence de forces étrangères non autorisées sur le territoire souverain de la Syrie.  Selon elle, une « diplomatie internationale constructive » doit être encouragée pour appuyer un processus politique qui répond aux aspirations du peuple syrien.  

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a déclaré que la situation humanitaire en Syrie est loin de s’améliorer.  Au chapitre sécuritaire, bien que l’accord russo-turc sur la zone de désengagement au nord-ouest tienne toujours, il faut néanmoins déplorer la persistance de violence et des affrontements sporadiques, qui continuent d’affecter des populations civiles prises au piège.  Le représentant a salué l’accord trouvé entre l’opposition armée et les forces gouvernementales dans la ville de Deraa mais a estimé que la situation sécuritaire dans le camp de Hol doit faire l’objet d’un traitement judicieux de la part de la communauté internationale. 

Il a salué le début, les 30 et 31 août, de la première livraison d’aide entre les lignes de démarcation dans le nord-ouest de la Syrie comme « une étape cruciale ».  Nous aimerions, a-t-il avoué, plus de coopération de ce type entre tous les acteurs humanitaires des deux côtés.  Enfin, M. Aougi a appelé à l’allègement ou à la suspension des sanctions économiques unilatérales qui pèsent « lourdement » sur la capacité de la Syrie à s’attaquer à la pandémie de COVID-19 et à sa crise économique. 

Préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire M. ANDRE LIPAND (Estonie) a condamné fermement la poursuite des bombardements contre les zones urbaines à Edleb, où plusieurs civils ont été tués dans une série d’attaques menées par les forces gouvernementales et leurs alliés.  Les civils doivent être protégés à tout moment et les attaques contre les biens civils doivent cesser, a-t-il insisté, avant de s’inquiéter des fortes tensions à Deraa, malgré l’accord trouvé entre le « régime syrien » et les forces locales.  Le représentant a jugé urgent d’améliorer la situation humanitaire « désastreuse » des 36 000 personnes déplacées, principalement des femmes et des enfants. 

Il s’est aussi inquiété de l’augmentation du nombre des cas de COVID-19, en particulier dans le nord-ouest de la Syrie, et des épidémies d’origine hydrique dans le nord-est.  Tout en estimant que l’acheminement d’un premier convoi à travers les lignes de front dans le nord-ouest est un pas dans la bonne direction, le représentant a prévenu que ces convois ne sauraient remplacer l’acheminement transfrontalier « indispensable ».  Il a ensuite plaidé en faveur des femmes, des enfants et des personnes handicapées qui restent exposés à des risques accrus.  Il a exigé la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement et des prisonniers politiques, avant d’appeler à la fin de l’impunité pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité. 

« Mois après mois, nous nous habituons à entendre parler de la situation dramatique qu’endurent plus de 13 millions de personnes en Syrie en raison d’une crise à la fois sécuritaire, économique, alimentaire, hydrique et sanitaire », a déploré M. HAI ANH PHAM (Viet Nam).  À ses yeux, cette situation nécessite qu’un accès humanitaire sûr et sans entrave soit garanti.  Saluant à cet égard l’adoption à l’unanimité de la résolution 2585 (2021) qui permet de poursuivre l’acheminement transfrontalier de l’aide humanitaire dans le nord-ouest du pays, le délégué s’est réjoui que des livraisons par-delà les lignes de front aient également atteint cette région les 30 et 31 août, après des mois de négociations.  Nous encourageons une coordination plus poussée entre les parties concernées afin d’améliorer la fréquence et la quantité de ce mode de livraison, a-t-il dit, souhaitant que l’aide arrive dans le nord-ouest par « tous les canaux appropriés » avant les difficultés liées à l’hiver.  Il s’est par ailleurs félicité des progrès réalisés dans les livraisons par-delà les lignes de front au nord-est, où les pénuries d’eau et de matériel médical se font sentir.  

Compte tenu de l’évolution préoccupante de l’épidémie de COVID-19 en Syrie, le représentant a également souhaité qu’une attention particulière soit accordée à la distribution de vaccins dans tout le pays.  En écho à l’appel du Secrétaire général, il a une nouvelle fois demandé la levée des sanctions qui entravent la réponse humanitaire à la pandémie.  Enfin, appelant à un soutien continu à la Syrie en ces temps difficiles, il a souhaité que « l’esprit de coopération » de ces derniers mois soit entretenu.  À plus long terme, a-t-il conclu, la seule voie viable pour mettre fin à la crise humanitaire actuelle passe par la réalisation d’une solution politique globale, par et pour les Syriens, conformément à la résolution 2254 (2015). 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a encouragé le Gouvernement américain à poursuivre son travail avec le Gouvernement syrien et toutes les autres parties prenantes, en vue d’assurer l’acheminement efficace de l’aide humanitaire à chaque Syrien dans le besoin.  Il s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans le nord-ouest, le nord-est et le Sud de la Syrie où il y a eu des bombardements et des frappes aériennes incessants et leur lot de victimes.  De même, il a évoqué l’insécurité persistante dans le camp de Hol où 59 000 personnes vivent dans une peur constante d’attaques effrénées.  Le représentant a demandé aux pays concernés de rapatrier leurs citoyens pour apaiser les tensions dans le camp.  

Pour lui, il est essentiel que toutes les parties respectent le cessez-le-feu national et que tous les responsables de violations soient poursuivis.  Il s’est également inquiété de la situation économique, notamment de l’inflation galopante qui affecte l’accès aux produits de première nécessité dont la nourriture.  Il faut d’ailleurs fait observer que les mesures coercitives unilatérales ont considérablement contribué à la situation économique et aux difficultés qu’a le Gouvernement syrien de subvenir aux besoins des plus vulnérables.  M. Kiboino a réclamé la levée de ces mesures, d’autant plus que les opérations humanitaires sont également affectées. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a déclaré que la situation en Syrie ne fait que s’aggraver, avec notamment une augmentation des cas de COVID-19 alors que les moyens de dépistage manquent.  Les besoins de protection vont s’accroître et il est crucial d’apporter une aide à des millions de Syriens, a-t-il dit.  Il s’est dit préoccupé par la situation dans la ville de Deraa et dénoncé le fait que le « régime syrien » ait fait des déplacements forcés une véritable « tactique ».  Le délégué a demandé un accès humanitaire sans entrave et exhorté les parties à respecter le cessez-le-feu.  Il a en outre demandé une solution à long terme à la situation dans le camp de Hol.  Il a salué la première opération de livraison d’aide à travers les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie, tout en soutenant toutes les modalités d’acheminent de l’aide.  L’aide à travers les lignes de front ne saurait remplacer l’aide transfrontalière, a-t-il martelé, à son tour.  Il a une nouvelle fois souligné l’insuffisance d’un seul point de passage et réclamé la réouverture de deux autres.  En Syrie, la seule solution viable est politique, a conclu le délégué. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) s’est tout d’abord félicité de la « réussite » de la première opération humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) menée à Edleb en traversant les lignes de front.  Soulignant les difficultés de coordination de l'envoi de ce convoi à l’entrepôt de Sarmada, il a exhorté toutes les parties concernées à ne pas se contenter de ce résultat « encore modeste et ponctuel ».  En l’absence d’un mécanisme, la distribution de la nourriture livrée n’a pu avoir lieu et l’aide est maintenue dans un entrepôt « sous la surveillance de partenaires anonymes  mais soi-disant vérifiés », a-t-il relevé, demandant à cet égard si ces derniers sont membres des 80 ONG mentionnées dans le dernier rapport du Secrétaire général. 

Le représentant a insisté sur la nécessité d’établir des approvisionnements humanitaires stables par-delà les lignes de front dans le nord-ouest.  « Les demi-mesures ne permettront pas de résoudre ce problème », a-t-il prévenu, reprochant aux « membres occidentaux du Conseil » de ne pardonner aucun retard à Damas dans la délivrance de permis de travail au personnel de l’ONU, alors qu’ils ne montrent pas le même zèle pour faire pression sur les groupes terroristes qu’ils « protègent » à Edleb.  « Il s’agit là d’un deux poids, deux mesures », a-t-il regretté. 

Il a ensuite pris note avec satisfaction de la « normalisation » de la situation dans la province de Deraa, obtenue grâce aux efforts de Damas et à la médiation militaire russe.  Les civils rentrent déjà chez eux et l’aide humanitaire arrive dans la province grâce à l’ONU et au Croissant-Rouge arabe syrien, s’est-il réjoui, reconnaissant toutefois que les Syriens ont d’autres problèmes beaucoup plus urgents à résoudre.  En particulier, a-t-il pointé, « nous continuons d’entendre au Conseil les représentants d’un certain nombre de pays occidentaux parler des effets des sanctions prétendument ciblées qu’ils ont imposées aux responsables syriens et assurer que ces mesures n’affectent en rien la vie des Syriens ordinaires ». 

Parallèlement, a poursuivi le délégué, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a publié en août un « intéressant rapport » qui analyse la situation en Syrie dans le contexte de la pandémie de COVID-19 entre juillet 2020 et juillet 2021.  Donnant lecture de plusieurs passages de ce rapport, il a notamment cité un extrait selon lequel « les sanctions américaines, entrées en vigueur en juin 2020, ont contribué de manière significative à la dévaluation de la livre syrienne et à l’augmentation de la crise économique ».  À un autre moment, le rapport indique que « le commerce a également été restreint par les sanctions américaines, qui ont conduit à une augmentation des activités criminelles et du commerce informel sur le marché noir  ».  Il est également précisé que « les précautions contre la COVID-19, les pénuries de carburant, la dépréciation de la devise, les sanctions économiques, les restrictions à l’importation et les coûts de transport élevés ont tous contribué à une augmentation globale des prix des principaux intrants et produits agricoles depuis mars 2020 ».  

Pour le représentant, les données publiées par l’USAID démontrent la véritable ampleur de l’impact des sanctions antisyriennes américaines sur chaque Syrien.  Il a donc regretté que « certains de nos collègues européens » tentent d’en rejeter la responsabilité sur Damas, en dépit de statistiques évidentes et des appels internationaux, dont celui du Secrétaire général. 

Le délégué s’est par ailleurs déclaré préoccupé par la situation dans le camp de déplacés de Hol, faisant état de 74 meurtres depuis le début de l’année et d’une « radicalisation active » des résidents.  Notant qu’une situation similaire est observée dans la région de Tanf, il a rappelé que la « Puissance occupante » est responsable de tout ce qui se passe dans ces territoires.  Alertant également sur la question de l’eau qui constitue une menace pour les populations et les récoltes dans le nord de la Syrie et sur la rive orientale de l’Euphrate, il a appelé les bailleurs de fonds à y prêter attention et à fournir à l’ONU le soutien nécessaire à la mise en œuvre des dispositions pertinentes de la résolution 2585 (2021).   

Enfin, se disant soucieux que, cet hiver, le Conseil n’ait aucun problème avec l’extension du mandat du mécanisme transfrontalier d’aide humanitaire, le représentant a exhorté l’ONU et tous les membres du Conseil à commencer à organiser des approvisionnements à travers les lignes de front, ainsi qu’à contribuer à normaliser la situation humanitaire en Syrie et à renforcer son intégrité territoriale.  À ce sujet, il a rappelé que la résolution 2585 ne prévoit « aucun automatisme », ajoutant que « tout dépendra des progrès réalisés dans la mise en œuvre de ses dispositions ». 

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a affirmé que son gouvernement poursuit son travail « constructif » avec l’ONU pour améliorer la situation humanitaire.  Il a espéré que la récente visite de M. Griffiths permettra de « corriger » la relation de son pays avec l’OCHA.  Il faut, a-t-il conseillé, éviter toute politisation de l’aide et rejeter les « diktat » des pays occidentaux.  Il a salué le premier convoi du PAM à travers les lignes de front, tout en rappelant que ce convoi était approuvé « depuis des mois » par les autorités syriennes.  Il a rendu hommage au soldat syrien tué lors de la sécurisation de ce convoi « par une mine posée par des groupes terroristes ».  Il a accusé la Turquie d’entraver l’acheminement de l’aide à travers les lignes de front dans le nord-ouest.  Dans le nord-est, a-t-il poursuivi, 227 camions par mois, ont apporté l’aide à travers les lignes de front, entre janvier et juillet de cette année, soit bien plus que l’année dernière à la même période.  Cela n’aurait pas été possible sans la coopération des autorités syriennes, a fait observer le représentant.  

Même si des pays occidentaux continuent d’appuyer le mécanisme d’aide transfrontalière, mon pays, a-t-il prévenu, restera fidèle à l’objectif d’apporter une aide à l’intérieur de son territoire.  Il faut supprimer le mécanisme « politisé » qui viole la souveraineté syrienne, a tranché le représentant, avant de dénoncer les « effets inhumains » des sanctions et d’accuser le Royaume-Uni d’avoir entravé la livraison du matériel nécessaire au dépistage de la COVID-19. Le représentant a exigé le respect intégral de la souveraineté de son pays et réclamé le départ des forces turques et américaines qui cherchent « par leur présence illégale » à prolonger la crise.  Le régime turc doit cesser de faire de l’eau une arme de guerre, a conclu le représentant, sans oublier de réclamer la fin du « blocus » imposé par les États-Unis et l’Union européenne. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a relevé que l’escalade de la violence par le « régime d’Assad » continue de faire de plus en plus de victimes civiles et de provoquer d’importants déplacements depuis le cessez-le-feu à Edleb.  Dans ces conditions, le mécanisme transfrontalier de l’ONU reste le seul outil pour maintenir en vie 4 millions de personnes et insuffler de l’espoir pour l’avenir.  Nous avons été nombreux à souligner l’urgence de maintenir les opérations transfrontalières afin d’éviter les retombées de la COVID-19 dans la région.  Et il est clair que l’absence du mécanisme à ce moment critique serait dévastatrice.  Le délégué a indiqué qu’avec la résolution 2585 (2021) adoptée en juillet dernier, des millions de personnes vulnérables dans le nord-ouest continueront de bénéficier d’une aide transfrontalière au moins pendant un an.  Il a réitéré l’appel de la Turquie à mener des opérations par-delà les lignes de front dans le nord-est. 

Par ailleurs, M. Sinirlioğlu a affirmé que les atrocités commises par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK/YPG) et ses ramifications syriennes, les soi-disant Forces démocratiques syriennes, vont des attentats à la bombe contre des hôpitaux et des écoles au recrutement d’enfants et aux assassinats ou enlèvements.  Il a appelé à la responsabilité pour ces crimes, ajoutant que le moment venu, le régime sera tenu pour responsable des massacres systématiques et des énormes destructions qu’il a commis dans toute la Syrie. 

Malheureusement, a regretté Mme ZAHRA ERSHADI (Iran), les Syriens souffrent plus que jamais, comme l’a constaté M. Griffiths lors de sa récente visite.  La communauté internationale, a estimé la représentante, a la lourde responsabilité politique, morale et éthique de résoudre cette situation désastreuse.  Elle a salué le fait que le Coordonnateur des secours d’urgence se soit dit encouragé par ses discussions avec les responsables du Gouvernement syrien et par les développements ultérieurs sur le terrain, y compris la première opération humanitaire à travers les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie, depuis 2017. 

L’acheminement de l’aide humanitaire à Deraa, avec la coopération du Gouvernement syrien, est également une évolution importante, a noté la représentante qui a insisté sur la nécessité urgente d’une aide au relèvement et de l’amélioration des services sociaux de base en Syrie.  Elle a donc appelé à la mise en œuvre « pleine et effective » de la résolution 2585, dans laquelle le Conseil de sécurité appelle tous les États Membres à répondre par des mesures pratiques aux besoins urgents du peuple syrien.  Dans cette résolution, le Conseil demande également que ces efforts et ces mesures comprennent le soutien aux  services sociaux essentiels, grâce à des projets de relèvement rapide dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de la santé, de l’éducation et des abris. 

La représentante s’est félicitée de ce que le Coordonnateur des secours d’urgence ait dit qu’il faut considérablement augmenter l’aide au relèvement rapide et elle a jugé décevant que les besoins en Syrie ne cessent de croître alors que les financements ne font que diminuer.  Dès lors les contributions financières doivent augmenter mais cela ne suffira pas, a prévenu la représentante, sans la levée des sanctions unilatérales et l’arrêt du pillage du pétrole et des richesses de la Syrie.  L’eau ne saurait être transformée en arme et le retour des réfugiés et des déplacés doit être facilité.  La solution ultime c’est, bien sûr, la fin du conflit, le retrait total de toutes les forces étrangères non invitées, la défaite des terroristes et la garantie de l’intégrité territoriale, de l’unité et de l’indépendance politique de la Syrie, a déclaré la représentante.  En attendant, il a espéré que les derniers développements positifs résultant de la coordination et de la coopération entre le Gouvernement syrien et la communauté humanitaire produiront de nouveaux résultats et remplaceront les approches de la confrontation par celles de la coopération. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité demande à l’Égypte, à l’Éthiopie et au Soudan de reprendre les négociations sur le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne 

8860e séance – après-midi
CS/14637

Le Conseil de sécurité demande à l’Égypte, à l’Éthiopie et au Soudan de reprendre les négociations sur le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne 

Dans une déclaration présidentielle adoptée cet après-midi, le Conseil de sécurité a engagé l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan à reprendre les négociations, à l’invitation du Président de l’Union africaine, sur la question du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.  L’objectif est d’arrêter « rapidement le texte définitif d’un accord mutuellement acceptable sur la mise en eau et l’exploitation du Grand Barrage, dans un délai raisonnable ».  

Le Conseil engage également les observateurs conviés à participer aux négociations, ainsi que les autres observateurs que ces trois pays décideraient d’inviter de façon consensuelle, à faciliter le règlement des questions techniques et juridiques en suspens.  Les trois pays doivent faire avancer le processus de négociations « de manière constructive et dans un esprit de coopération », précise la déclaration.   

Enfin, le Conseil rappelle que la présente déclaration n’établit pas de principe ou de précédent dans tout autre différend portant sur les eaux transfrontalières.   

Le représentant de l’Inde a insisté sur cette dernière disposition, arguant que le Conseil de sécurité n’a aucune compétence sur les questions liées au partage des eaux transfrontalières.  

Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité 

Le Conseil de sécurité garde à l’esprit les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et sa responsabilité principale pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales et rappelle ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence.

Le Conseil note l’Accord sur la Déclaration de principes sur le projet de Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne signé entre l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan le 23 mars 2015.

Le Conseil prend note des négociations entreprises sur la question du Grand Barrage sous l’égide de l’Union africaine.

Le Conseil engage l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan à reprendre les négociations à l’invitation du Président de l’Union africaine, afin d’arrêter rapidement le texte définitif d’un accord mutuellement acceptable et contraignant sur la mise en eau et l’exploitation du Grand Barrage, dans un délai raisonnable.

Le Conseil engage les observateurs qui ont été conviés à participer aux négociations menées sous l’égide de l’Union africaine et tous autres observateurs que l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan décideraient, de façon consensuelle, d’inviter conjointement, à continuer d’appuyer les négociations en vue de faciliter le règlement des questions techniques et juridiques en suspens.

Le Conseil demande aux trois pays de faire avancer le processus de négociations mené sous l’égide de l’Union africaine de manière constructive et dans un esprit de coopération.

Le Conseil souligne que la présente déclaration n’établit aucun principe ou précédent dans tout autre différend portant sur les eaux transfrontalières.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial s’inquiète de la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud

8859e séance – matin
CS/14636

Conseil de sécurité: le Représentant spécial s’inquiète de la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud

Trois ans après la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, le Représentant spécial du Secrétaire général, a averti ce matin, devant le Conseil de sécurité, que la réalisation des dispositions transitoires en matière de sécurité représente un important défi pour le processus de paix. 

Selon, M. Nicholas Haysom la lenteur dans la mise en œuvre de ces dispositions a amené à une fracture au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition.  Il a notamment alerté que la désertion des forces dirigées par les généraux Gatwech, Olony and Thomas Dhul, ainsi que les conflits entre ces groupes et les forces de Riek Machar, saperont le processus de paix, tandis qu’au niveau politique, cette situation a exacerbé le déséquilibre entre les principales parties à l’Accord. 

« Il est impératif que les parties mettent de côté les antagonismes pour travailler en tant que gouvernement d’unité en faveur de la paix », a martelé le Représentant spécial qui a appelé les deux factions à résoudre leurs différends politiquement.  Il a également averti que les divisions au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition pourraient déclencher des violences au sein des camps de déplacés.  

Le Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS)a en outre souligné que la réalisation des dispositions transitoires en matière de sécurité est d’autant plus importante que le processus électoral ne peut être garanti que par des institutions de sécurité impartiales et unifiées.  De même, il s’est inquiété de l’absence de consensus sur les délais exacts dans lesquels les élections auraient lieu, l’interprétation la plus généreuse fixant leur tenue au début de 2023, « ce qui suppose que l’enregistrement de tous les électeurs soit finalisé d’ici á la fin de 2022 ». 

« À défaut de préparations techniques et politiques adéquates, cette élection pourrait être une catastrophe au lieu d’un tournant national positif », a mis en garde le Représentant spécial qui a demandé au Conseil d’encourager tous les acteurs concernés, y compris la communauté internationale, à concentrer leur attention sur cette tâche. 

« Ces élections sont essentielles pour l’édification d’un État autosuffisant et démocratique mais elles doivent s’accompagner d’un processus constitutionnel et de la création d’espaces pour l’expression des mécontentements », a renchérit la délégation des États-Unis qui s’est inquiétée des efforts déployés par le Gouvernement pour s’opposer à des groupes de la société civile. 

Les préoccupations de M. Haysom ont également trouvé écho dans l’intervention de Mme Merekaje Lorna Nanjia, une activiste sud-soudanaise, qui a qualifié les mesures prises pour la mise en œuvre de l’Accord revitalisé de « minimes, incohérentes, intermittentes et lentes ».  De nombreux citoyens estiment que cette mise en œuvre retardée ne sert que l’intérêt de l’élite politique, a-t-elle expliqué, appelant à plus de pression pour que les choses aillent plus vite.   La France a pour sa part insisté auprès des autorités pour qu’elles préparent dès maintenant le cadre juridique des élections, l’opérationnalisation de la commission électorale nationale et l’affectation des ressources nécessaires à l’organisation des élections.  À l’instar du Mexique, de nombreuses délégations ont en outre appelé à des efforts supplémentaires pour que soit respecté l’objectif de 35% de participation des femmes au sein du gouvernement. 

Cette séance a également été marquée par l’intervention de la Directrice des opérations au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) qui a alerté que la population du Soudan du Sud fait aujourd’hui face au plus haut niveau d’insécurité alimentaire jamais enregistré depuis l’indépendance.  Plus de 60% des Sud-Soudanais souffrent d’une insécurité alimentaire sévère, et plus de 8,3 millions de personnes ont actuellement besoin d’une assistance humanitaire, dont 1,4 million d’enfants, a-t-elle notamment précisé. 

Mme Reena Ghelani a également indiqué que le Plan de réponse humanitaire pour le Soudan du Sud de 1,7 milliard de dollars n’est financé qu’à hauteur de 56% et que les défis liés au financement ont contraint depuis avril le Programme alimentaire mondial (PAM) à réduire les rations dans tous les sites de protection des civils et les camps de déplacés, affectant 700  000 personnes.  « Si nous avons évité une catastrophe cette année, nous devons plus que jamais rester vigilants afin que nous ne nous retrouvions pas de nouveau au bord de la famine », a-t-elle déclaré.  

Cette situation a alarmé la majorité des membres du Conseil, à l’instar de la Norvège qui a fait observer que même si le conflit est le principal moteur de la situation humanitaire, on ne saurait ignorer les effets directs et indirects des changements climatiques, y compris les inondations, qui agissent comme un « amplificateur et multiplicateur de la crise »

Le représentant du Soudan du Sud est également intervenu au cours de cette réunion.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2021/784

Déclarations

M.  NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a rappelé que le 12 septembre a marqué le troisième anniversaire de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud. Le 30 août, l’Assemblée législative nationale provisoire reconstituée a été inaugurée et ses membres ont ensuite prêté serment le 2 août.  Le Soudan du Sud est entré dans l’Histoire avec la nomination, pour la première fois, d’une femme Présidente de l’Assemblée législative nationale provisoire reconstituée et Vice-Présidente du Conseil des États.  Ces mesures positives doivent maintenant être complétées par la reconstitution des corps législatifs sous-nationaux des États. 

Il a précisé que des projets de loi prioritaires ont été préparés par le Comité national d’amendement de la Constitution, lesquels portent notamment sur la réforme des institutions sécuritaires, financières, judiciaires, constitutionnelles et électorales.  Un groupe de travail ministériel a présenté un projet de loi sur le processus d’élaboration de la Constitution au Ministère de la justice et à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  C’est un grand pas en avant vers un nouveau contrat social, s’est réjoui le Représentant spécial, ajoutant que la MINUSS et l’équipe de pays des Nations Unies travaillent avec des organisations locales pour garantir que les consultations constitutionnelles soient inclusives et que les voix extérieures aux élites politiques, en particulier au niveau local, soient entendues. 

Les préparatifs électoraux doivent être menés parallèlement à l’élaboration de la Constitution, a poursuivi le Représentant spécial. Le président Kiir a d’ailleurs récemment reconnu qu’un tel processus est essentiel et que sa préparation doit être lancée rapidement.  Toutefois, a noté M. Haysom, il n’y a pas encore de consensus sur les délais exacts et l’interprétation la plus généreuse verrait des élections au début de 2023, ce qui suppose que l’enregistrement de tous les électeurs soit finalisé d’ici á la fin de 2022. « À défaut de préparations techniques et politiques adéquates, cette élection pourrait être une catastrophe au lieu d’un tournant national positif », a mis en garde le Représentant spécial.  Il a demandé au Conseil d’encourager tous les acteurs concernés, y compris la communauté internationale, à concentrer leur attention sur cette tâche. 

Après avoir salué le lancement du processus consultatif de la Commission vérité, réconciliation et apaisement, M. Hayson a indiqué que le comité de coordination de haut niveau composé de hauts représentants du Gouvernement et de la MINUSS, avait amélioré la liberté de mouvement des patrouilles de la MINUSS. Par conséquent, le soutien de la Mission à la livraison de biens et de services humanitaires, sa capacité à se déplacer librement vers les points chauds et le réapprovisionnement de ses bases opérationnelles temporaires se sont également améliorés.  

Le Représentant spécial a évoqué les réformes économiques envisagées afin d’améliorer la stabilité macroéconomique et la transparence des finances publiques. L’une des premières tâches du nouveau parlement sera d’adopter le budget, a-t-il souligné, rappelant que les efforts de gestion des finances publiques, avec l’appui de la Banque mondiale, du PNUD et du FMI, ont permis au Soudan du Sud de régler les arriérés de salaires et d’harmoniser les taux de change.  Il est essentiel d’encourager le gouvernement à poursuivre sur cette voie, a-t-il estimé.  

Poursuivant, M. Hayson a indiqué que la réalisation des dispositions transitoires en matière de sécurité représente un important défi pour le processus de paix.  C’est d’autant plus important que le processus électoral ne peut être garanti que par des institutions de sécurité impartiales et unifiées, a-t-il souligné.  Le Président Kiir a fait état d’un accord imminent au sujet des structures de commandement et de contrôle unifiées des institutions de sécurité nationales et de la remise des diplômes au personnel en uniforme actuellement stationné dans les centres de formation. 

Cependant, la lenteur de la mise en œuvre de ces dispositions a amené à une fracture au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition.  La désertion des forces dirigées par les généraux Gatwech, Olony and Thomas Dhul, ainsi que les conflits entre ces groupes et les forces de Riek Machar saperont le processus de paix, a-t-il alerté.  Et au niveau politique, cette situation a exacerbé le déséquilibre entre les principales parties à l’Accord de paix revitalisé.  Il est impératif que les parties mettent de côté les antagonismes pour travailler en tant que gouvernement d’unité en faveur de la paix, a martelé le Représentant spécial qui a appelé les deux factions à résoudre leurs différends politiquement.  La MINUSS suivra en tout état de cause de près l’évolution des divisions au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition, étant donné qu’elles pourraient déclencher des violences au sein des camps de déplacés.   

M. Haysom s’est également inquiété de l’augmentation de la violence sous-nationale, en particulier au Grand Tonj et à Tambura, notant que cette situation est aggravée par la prolifération d’armes légères et, en dehors de Djouba, par des structures étatiques de gouvernance et de sécurité sous-financées.  Il a exhorté tous les participants au processus de paix à continuer à travailler ensemble de manière respectueuse et inclusive, et à élargir l’espace civique et politique pour un dialogue intrasoudanais. 

Le Représentant spécial a par ailleurs mis en exergue les défis humanitaires auxquels se heurte le Soudan du Sud, notant que plus de 60% de la population vit dans une insécurité alimentaire grave.  La récente annonce du Programme alimentaire mondial n’en est que plus alarmante puisqu’il a épuisé ses ressources pour l’année en cours et n’est plus en mesure de distribuer des rations d’aide alimentaire avant 2022. 

« La population au Soudan du Sud fait face au plus haut niveau d’insécurité alimentaire jamais enregistré depuis l’indépendance », a déclaré Mme REENA GHELANI, Directrice des opérations au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), en précisant que plus de 60% des Sud-Soudanais souffrent d’une insécurité alimentaire sévère.  Plus de 8,3 millions de personnes ont actuellement besoin d’une assistance humanitaire, dont 1,4 million d’enfants. L’ONU estime en outre que 2,4 millions d’enfants ont fait face à une insécurité alimentaire sévère entre avril et juillet 2021.  Près de 108 000 personnes ont connu une insécurité alimentaire catastrophique au plus haut de la saison sèche. Face à ce défi, elle a indiqué que les agences humanitaires ont renforcé leur réponse afin de prévenir toute détérioration de la crise, en apportant une aide à plus de 500 000 personnes entre janvier et juin.  Cette réponse robuste, cruciale pour éviter la famine, fait partie d’efforts plus larges en vue d’aider 4,4 millions de personnes dans tout le pays sur la même période.  Malgré ces gains, Mme Ghelani a précisé qu’il y a eu un changement limité dans le comportement des groupes armés non-étatiques et de certains groupes de jeunes qui continuent d’entraver l’accès humanitaire.  Depuis le début de l’année, quatre travailleurs humanitaires ont été tués et plus de 170 ont dû se réinstaller en raison de menaces à leur sécurité.  Elle a également déploré les attaques fréquentes sur les convois humanitaires et civils, y compris le long des principales routes d’approvisionnement. 

Cette situation difficile a été aggravée par l’émergence de nouveaux besoins en raison de la violence à l’échelle régionale, a poursuivi Mme Ghelani.  Ainsi, le conflit armé dans l’Équatoria-Central, impliquant principalement des parties non-signataires à l’Accord de paix revitalisé, a conduit au déplacement de 120 000 personnes depuis le début de l’année.  Mme Ghelani a également mentionné les inondations exceptionnelles qui ont touché, pour la troisième année consécutive, le pays affectant plus de 426 000 personnes.  Le risque d’inondation pourrait conduire à une insécurité alimentaire extrême l’année prochaine, a-t-elle averti. 

La responsable de l’OCHA a indiqué que le Plan de réponse humanitaire pour le Soudan du Sud de 1,7 milliard de dollars n’est financé qu’à hauteur de 56%.  Les défis liés au financement ont contraint depuis avril le Programme alimentaire mondial à réduire les rations dans tous les sites de protection des civils et les camps de déplacés, affectant 700 000 personnes.  En octobre, si rien n’est fait, l’agence devra cesser son appui aux camps de personnes déplacées de Bor, Djouba et Wau.  « Si nous avons évité une catastrophe cette année, nous devons plus que jamais rester vigilants afin que nous ne retrouvions pas de nouveau au bord de la famine. »  

Mme Ghelani a ensuite exhorté tous les acteurs clefs à œuvrer à une désescalade de la violence.  Les civils veulent la paix, a-t-elle dit, en déplorant la très lente mise en œuvre du processus de paix.  Elle a rappelé que les acteurs humanitaires ont besoin d’un appui continu du Gouvernement sud-soudanais afin de venir en aide aux personnes dans le besoin.  Enfin, tout en soulignant les besoins en financement du Plan de réponse humanitaire, la responsable a exhorté les donateurs à apporter des ressources suffisantes au début de l’année 2022 afin d’anticiper sur les besoins.  

Mme MEREKAJE LORNA NANJIA, activiste de la société civile sud-soudanaise, a déclaré que le peuple du Soudan du Sud est confronté à de nombreuses incertitudes et dilemmes concernant l’avenir immédiat de « notre pays ».  Selon elle, les mesures prises pour la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé de 2018 sont pour la plupart minimes, incohérentes, intermittentes et à un rythme lent.  De nombreux citoyens estiment que cette mise en œuvre retardée ne sert que l’intérêt de l’élite politique, a-t-elle expliqué, appelant à plus de pression pour que les choses aillent plus vite.  

Selon Mme Nanjia, si la signature de l’Accord revitalisé a été suivi d’une réduction de la violence associée au conflit politique au niveau national, il y a eu depuis 2018 une augmentation systématique de l’ampleur et de l’intensité des conflits intercommunautaires dans presque toutes les régions du pays.  Les femmes et les filles en particulier ont été touchées par la violence sexuelle liée au conflit et cela a conduit à l’augmentation continue des déplacements.  Les citoyens ne savent plus à qui faire confiance et il est donc prudent pour le Gouvernement de transition d’accélérer l’unification des forces et de mettre en œuvre un plan de sécurité global passant par le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) à l’échelle nationale, et ce, sans discrimination ou faveur, a-t-elle estimé.  Elle a également regretté la tendance à reporter des questions critiques telles que la gestion des diversités et de l’ethnicité.  Elle a souhaité que de tels processus soient dirigés par des personnalités sud-soudanaises indépendantes et réputées qui n’ont pas participé aux accords de gouvernance transitoire précédents ou actuels.  

Poursuivant, l’intervenante a dénoncé les violations des droits humains dans le pays.  Elle a évoqué le maintien des soldats dans les zones de cantonnement et des camps d’entraînement pour plus d’un an, avec un accès minimal à la nourriture, à l’eau, à un abri ou aux installations sanitaires.  Elle a également parlé de l’environnement opérationnel intimidant pour la société civile, les groupes de femmes, les médias et le secteur privé, ainsi que des restrictions à la liberté d’association avec l’exigence d’une autorisation pour tout rassemblement public. C’est ainsi que le 30 août, le Gouvernement a déployé du matériel militaire lourd et des soldats dans les rues de Djouba pour dissuader un projet de manifestation. Et les commerçants qui avaient gardé leurs magasins fermés le 30 août en raison de la peur ont été condamnés à une amende. 

Cela peut être difficile à croire, mais depuis l’indépendance, pas une seule école primaire ou secondaire n’a été construite grâce à une allocation budgétaire nationale, a-t-elle enchainé.  « L’éducation, la santé, l’eau et les routes ne semblent pas faire partie des priorités nationales. »  Dans le même temps, le taux de chômage des jeunes est très élevé et les femmes restent largement exclues des processus nationaux.  Mme Nanjia a rappelé que la lutte et le sacrifice du peuple du Soudan du Sud pour l’indépendance ont été fait en quête d’émancipation et en vue de l’établissement d’un État où tous jouissent de la justice, de la liberté et de la prospérité.  Cependant, c’est le contraire qui est vrai aujourd’hui, a-t-elle regretté, affirmant que seuls quelques élus profitent du fruit de l’indépendance.  Le Soudan du Sud aurait pu faire mieux et peut faire mieux si seulement le leadership est engagé, a-t-elle conclu. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) s’est félicité que le Gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé du Soudan du Sud ait remis en place l’Assemblée législative nationale provisoire reconstituée.  Il y a vu un « pas en avant important », tout en enjoignant les dirigeants du pays à tenir leurs engagements et à appliquer l’Accord de paix revitalisé de 2018 en déployant des forces unifiées, en amorçant la rédaction d’une Constitution permanente et en préparant des élections libres et régulières. Selon le représentant, ces élections sont essentielles pour l’édification d’un État autosuffisant et démocratique mais elles doivent s’accompagner d’un processus constitutionnel et de la création d’espaces pour l’expression des mécontentements.  À cet égard, il a dit partager la préoccupation du Représentant spécial face aux efforts déployés par le Gouvernement pour s’opposer à des groupes de la société civile. 

Le délégué s’est également dit inquiet de la poursuite de violences dans toutes les régions du pays et de la présence de groupes lourdement armés.  À Tamboura, a-t-il relevé, plusieurs dizaines de civils sont victimes des affrontements entre factions, lesquels ont entraîné le déplacement de 35 000 personnes et perturbé l’acheminement de l’aide humanitaire.  Dans l’Équatoria-Occidental, a poursuivi M. Mills, des centaines d’hommes armés s’en sont pris à un camp de réfugiés, ont pillé des entrepôts humanitaires et violé des femmes.  Se disant alarmé par ces flambées de violence, il appelé à des mesures immédiates pour protéger les populations civiles, en particulier les déplacés internes, les femmes et les enfants. Il a aussi souhaité que les auteurs de violations à l’encontre de civils, y compris les travailleurs humanitaires répondent de leurs actes, avertissant que, dans l’immédiat, ils pourraient être visés par des mesures de sanction. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a fait écho aux appels à l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, en particulier les parties liées aux arrangements de sécurité.  Après avoir exhorté les différentes factions de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition à résoudre leurs différends de manière pacifique et à respecter la protection des civils, le représentant a souligné que l’Accord reste le seul cadre viable pour la paix.  Par ailleurs, il a exhorté les dirigeants de l’État d’Équatoria-Occidental et d’autres régions touchées par les récents affrontements à travailler en étroite collaboration avec la MINUSS pour réduire la violence, dans le strict respect des normes internationales des droits humains.  Notant que les troubles récents affectent de manière disproportionnée les femmes et les filles, il a appelé à davantage d’efforts pour garantir la responsabilité pour les crimes commis à leur encontre.  Il a également appelé à davantage d’actions pour répondre aux besoins de ceux qui souffrent de déplacements, de malnutrition, d’inondations et des impacts de la pandémie de COVID-19.  En outre, le représentant du Mexique a demandé au gouvernement de garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Il a aussi jugé nécessaire des efforts supplémentaires pour que soit respecté l’objectif de 35% de participation des femmes au sein du gouvernement. 

M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) a salué le nouvel élan donné à la réalisation de l’accord de paix revitalisé au Soudan du Sud, notamment la reconstitution du Parlement et l’investiture de ses membres en août.  Cependant il faut revigorer le processus de réconciliation intranational, a souligné le représentant qui a insisté sur l’importance de la mise sur pied de la Commission réconciliation, vérité et apaisement.  

Sur le front de la sécurité, le cessez-le-feu a continué d’être largement respecté, même s’il y a eu des violences armées dans certains états du Sud. I l a appelé à établir un commandement unifié des forces armées, afin de mettre un terme aux violences entre les factions rivales.  Préoccupé par la situation humanitaire alarmante, il a également appelé la communauté internationale à combler le déficit de financement de la réponse humanitaire pour le Soudan du Sud.  Il a condamné la prise pour cible d’acteurs humanitaire et de leurs fournitures. 

En tant que l’un des principaux fournisseurs de contingents à la MINUSS avec 135 personnels, l’Inde s’est dite convaincue que le maintien de la paix doit reposer sur les technologies et les innovations.  En ce moment charnière, le Soudan du Sud mérite le soutien de la communauté internationale et de l’IGAD pour la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, a conclu le représentant. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya), au nom des A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines) a félicité la population sud-soudanaise en ce dixième anniversaire de l’indépendance du Soudan du Sud tout en l’invitant « à faire son introspection ».  Il a salué les progrès louables accomplis dans le pays, dont la création de la Commission vérité, réconciliation et apaisement.  Il a exhorté la nouvelle Assemblée à prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre l’Accord de paix revitalisé, avant de se féliciter qu’elle soit pour la première fois présidée par une femme.  Malgré ces résultats, nous sommes préoccupés par la persistance de la violence armée dans certaines zones et par les conflits ethniques qui gagnent en vigueur, a déclaré le délégué.  Il a engagé tous les acteurs à renoncer à la violence et à appliquer l’Accord précité, ainsi que les recommandations de l’IGAD, dont il a souligné le rôle positif.  Les parties doivent par ailleurs accélérer la mise en œuvre de la transition sécuritaire en finalisant notamment l’examen stratégique de défense et de sécurité.  Enfin, le représentant du Kenya a insisté sur le rôle de protection majeur que joue la MINUSS et s’est félicité de la baisse des violations de l’accord sur le statut des forces. 

Mme SHERAZ GASRI (France) a relevé des avancées dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, notamment la formation de l’Assemblée nationale législative de transition et des étapes franchies vers l’opérationnalisation de la Commission pour la vérité et la réconciliation.   La France s’est dite prête à concrétiser la main tendue par le Conseil de sécurité au Soudan du Sud, à condition que les objectifs fixés  par le Conseil  soient atteints par le Gouvernement, avec le soutien de la MINUSS.   Si plusieurs engagements ont récemment été renouvelés, l’essentiel des mesures reste en attente, en particulier s’agissant de la réforme du secteur de la sécurité  et la mise en œuvre des instances de justice transitionnelle, a indiqué la déléguée. 

Le Conseil de sécurité a défini une orientation stratégique dans le mandat de la MINUSS, qui est guidée par la tenue des élections prévues à l’issue de la transition, a rappelé Mme Gasri.  Elle a appelé les autorités à préparer  dès maintenant  le cadre juridique des élections, l’opérationnalisation de la Commission électorale nationale et l’affectation des ressources nécessaires à l’organisation des élections.   En outre, la représentante a appelé les autorités à garantir les droits d’expression et de manifester  pacifiquement, et à lutter contre  l’impunité  des auteurs des violations.   Enfin, alors que les besoins humanitaires sont immenses et que le risque de famine s’accroît, les personnels humanitaires et médicaux doivent pouvoir circuler  librement  et délivrer une assistance aux populations sans entrave et sans peur d’être pris pour cible, a-t-elle conclu.  

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que l’installation du Gouvernement provisoire d’union nationale au Soudan du Sud et l’achèvement de la période de « prétransition » créent les conditions nécessaires pour faire avancer le pays vers la stabilité politique et la réconciliation. Appelant de ses vœux la fin de la formation du Parlement et la poursuite des travaux sur la création de forces armées unifiées, il a exhorté les parties non-signataires de l’Accord de paix à rejoindre le processus d’édification de l’État.  À cet égard, la représentante a salué la tenue de pourparlers sous l’égide de la  Communauté de Sant’Egidio.  Elle a également rendu hommage aux efforts de médiation de l’Union africaine et des pays membres de l’IGAD pour soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix et établir une trêve entre les factions du Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition. 

Déplorant la poursuite d’affrontements armés intercommunautaires dans plusieurs régions du pays, la déléguée a jugé impératif que l’aide humanitaire puisse atteindre ceux qui en ont cruellement besoin.  Elle a ainsi rappelé que, selon les statistiques de l’ONU, entre avril et juin, 7,2 millions de personnes ont été confrontées à l’insécurité alimentaire et que 1,4 million d’enfants souffrent de malnutrition.  Dans ce contexte, a-t-elle affirmé, nous condamnons fermement toute violation de l’accord de cessez-le-feu et les actes de violence contre des civils, y compris les travailleurs humanitaires.  La représentante s’est déclarée convaincue qu’à mesure que la situation se normalisera au Soudan du Sud, il faudra procéder à un réexamen du régime de sanctions visant ce pays. Enfin, s’agissant de l’assouplissement de l’embargo sur les armes, elle a espéré que les autorités sud-soudanaises pourront progresser vers les paramètres établis par la résolution 2577 (2021). 

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) s’est félicité des progrès continus du processus de paix au Soudan du Sud avant d’appeler le gouvernement et les autres parties à intensifier la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé.  Il a appelé à tout mettre en œuvre pour permettre l’aboutissement des élections nationales et aider les parties concernées à régler leurs différends et éviter tout impact négatif sur le processus de paix.  En outre, il a souhaité que l’objectif de 35% de femmes au gouvernement soit respecté.  Le représentant a également exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à lutter plus activement contre la violence intercommunautaire et à assurer la sécurité des travailleurs humanitaires et des civils. Il a indiqué qu’il continuera de soutenir activement le travail de la MINUSS, en encourageant le déploiement de femmes soldats de la paix. 

Par ailleurs, le délégué a estimé que la lutte contre le niveau élevé et croissant de l’insécurité alimentaire et d’autres défis humanitaires au Soudan du Sud reste cruciale.  C’est pourquoi, il a exhorté la communauté internationale à renforcer son soutien financier pour éviter la menace de famine, lutter contre la propagation du COVID-19 et accélérer la vaccination.  En ce qui concerne les sanctions, il a exhorté le Conseil à continuer d’examiner les progrès du Soudan du Sud par rapport aux critères énoncés dans la résolution 2577 (2021) en vue de lever les mesures imposées. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a noté que la violence a augmenté au Soudan du Sud et reste à un niveau inacceptable.  La lenteur de la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé provoque du mécontentement et fournit des incitations à des défections déstabilisatrices, comme en témoigne la scission du M/APLS dans l’opposition dans le Haut-Nil.  À cet égard, la Norvège a salué la réponse rapide de l’IGAD, notamment la convocation d’une réunion du Conseil des ministres et l’envoi d’une délégation de haut niveau à Djouba.  Un effondrement de l’Accord de paix pourrait avoir des conséquences désastreuses pour toute la région, a mis en garde la représentante, en appelant à former immédiatement des forces unifiées et à unifier la structure de commandement. 

Soulignant que l’Accord de paix revitalisé stipule que la période de transition doit déboucher sur des élections libres et équitables, la représentante a exhorté le Gouvernement et l’Assemblée législative de transition à fournir la base juridique d’une conférence constitutionnelle dès que possible.  Il est crucial que ce processus soit dirigé et contrôlé par le peuple du Soudan du Sud, a-t-elle exigé avant d’exprimer ses préoccupations face aux récentes arrestations, détentions et réductions au silence de militants de la société civile et des médias.  Elle a également appelé à lutter contre la corruption et l’impunité, en saluant le renforcement des capacités de la MINUSS dans ces domaines.  Sur le plan humanitaire, la Norvège a exhorté toutes les parties à garantir un accès sûr et sans entrave aux travailleurs humanitaires.  Les conflits sont le moteur le plus important des besoins humanitaires, a noté Mme Juul, mais les changements climatiques agissent comme un « amplificateur et multiplicateur de la crise ». Ainsi, la Norvège s’est réjoui des efforts de la MINUSS pour créer un groupe de travail sur les changements climatiques et la sécurité. 

M. BING DAI (Chine) a noté les « progrès remarquables » du processus de paix du Soudan du Sud, en louant la détermination de ses dirigeants.  Il a rappelé que l’Accord de paix revitalisé est le seul cadre possible pour une paix pérenne et exhorté les parties à préserver la dynamique en cours.  Le Soudan du Sud est le seul responsable de ses affaires intérieures, a dit le délégué, avant de souligner le rôle actif joué par l’IGAD.  « Les sanctions frappant le pays doivent être levées le plus rapidement possible. »  Il a exhorté toutes les parties à régler leurs divergences par le dialogue et à appuyer le processus de paix.  Enfin, le délégué a souhaité que la MINUSS, dont son pays est l’un des principaux contributeurs, joue un rôle accru dans la protection des civils et l’application de l’Accord précité.  

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a salué les actions positives sur lesquelles le Gouvernement a travaillé avec succès, notamment l’avancement du programme de justice transitionnelle, l’inauguration de l’Assemblée le 30 août, et la perspective des prochaines élections.  Il a appelé le Gouvernement du Soudan du Sud à continuer d’œuvrer aux réformes énoncées dans l’Accord de paix, sinon, les prochaines élections ne pourront pas être considérées comme transparentes, crédibles et inclusives. 

Le représentant s’est dit très préoccupé par la suppression de l’espace civique.  Les arrestations arbitraires, les détentions, le harcèlement de militants des droits humains et la fermeture des principaux fournisseurs d’accès à Internet sont inacceptables.  Il a appelé à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées lors des manifestations, rappelant que la société civile doit pouvoir opérer librement au Soudan du Sud.  C’est dans l’intérêt d’un avenir pacifique pour le pays, a-t-il argué. 

M. Jürgenson a appelé les factions opposées du M/APLS dans l’opposition à s’abstenir d’alimenter l’animosité, avant de saluer l’intervention rapide de l’IGAD pour trouver une solution à leurs différends.  Il a ensuite déploré les exécutions extrajudiciaires perpétrées à Warrap et Lakes, appelant le Gouvernement à enquêter sur ces meurtres.  Nous devons voir des améliorations à la situation des droits humains dans le pays, en particulier en ce qui concerne les violences sexuelles liées aux conflits, a-t-il plaidé.  Le représentant a en outre relevé que la situation humanitaire continue d’être très dramatique, affectée par les tensions et les conflits dans la région et exacerbée par les inondations extrêmes et l’impact socioéconomique de la COVID-19.  Il incombe au Gouvernement de garantir un environnement sûr et sécurisé dans lequel les partenaires humanitaires puissent travailler, a-t-il conclu. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a constaté que la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé au Soudan du Sud est encore loin de répondre aux attentes, ce qui favorise l’instabilité et exacerbe les divisions politiques.  Se faisant l’écho des préoccupations exprimées quant aux dissensions internes au Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition (MPLS) et aux diverses manœuvres de déstabilisation politique, il s’est félicité de l’action menée par l’IGAD pour réduire les divergences entre les factions en conflit.  Il a par ailleurs appelé tous les acteurs à œuvrer pour une meilleure situation sécuritaire tout en reconnaissant que le renforcement de la confiance entre l’État et le peuple sud-soudanais dépendra d’une participation de ce dernier à la gouvernance du pays.  

À cet égard, le représentant s’est déclaré préoccupé par les restrictions à la liberté d’expression imposées par le Gouvernement du Soudan du Sud en réponse aux appels publics à des manifestations pacifiques.  Les actes d’intimidation, les menaces et les détentions préventives d’acteurs de la société civile sont inacceptables, a-t-il martelé, avant d’appeler les dirigeants du pays à respecter les libertés prévues par la Constitution de transition et à garantir que les premières élections nationales seront ouvertes, inclusives et équitables. 

Évoquant ensuite la situation humanitaire et le fait que 60% de la population est menacée d’insécurité alimentaire aiguë dans les prochains mois, le délégué a souligné que les tensions politiques contribuent directement aux souffrances des millions de Sud-Soudanais et perturbent l’acheminement de l’aide. « C’est déplorable et doit cesser », a-t-il affirmé, plaidant en conclusion pour la mise en place de « briques fondamentales », telles que la fin de la violence, le respect des droits humains, l’accès humanitaire et des élections inclusives et crédibles. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a jugé insuffisants les progrès réalisés depuis la signature de l’Accord de paix revitalisé.  Un cessez-le-feu ne suffit pas à lui seul pour garantir la paix et un processus politique à grande échelle est nécessaire pour consolider la paix, a-t-il souligné.  Le représentant a appelé les autorités sud-soudanaises à garantir la participation pleine, équitable et significative des femmes, en gardant à l’esprit l’objectif du quota de 35% de femmes, ainsi que celui de l’inclusion des jeunes.  Mettant l’accent sur les nombreux obstacles auxquels le pays est confronté, le représentante s’est notamment inquiété du rétrécissement de l’espace de la société civile, l’insécurité alimentaire généralisée, les exécutions extrajudiciaires et le mécontentement croissant des jeunes.  Cependant, il a estimé que ces obstacles n’étaient pas insurmontables.  Il s’est dit persuadé qu’un engagement renouvelé des dirigeants du Soudan du Sud, allié à la détermination du peuple et au soutien de la communauté internationale et humanitaire, permettra de surmonter ces défis.  Rappelant que la protection des civils est au cœur du mandat de la MINUSS, Il a dit la nécessité de respecter les droits humains des personnes déplacées. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a remercié le Secrétaire général d’avoir mis en lumière dans son rapport certaines réalisations positives dans l’Accord de paix revitalisé, et a assuré que les parties de l’accord s’attèlent à dépasser les difficultés restantes en espérant pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale.  Il a exprimé la gratitude du Soudan du Sud pour le soutien dont il a bénéficié, en particulier de l’IGAD et de l’Afrique du Sud, et a précisé que le FMI et le Gouvernement du Soudan du Sud sont tombés d’accord sur un mécanisme efficace pour stabiliser la monnaie nationale. 

Le représentant a ensuite annoncé « avec fierté » que la délégation du Soudan du Sud pour le segment de haut niveau de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale sera dirigée par une femme, la Vice-Présidente, Mme Rebecca Nyandeng De Mabior, qui sera accompagnée de cinq ministres.  Il a expliqué que cela illustre l’engagement du Gouvernement à respecter le quota de 35% pour la représentation des femmes.  Avant de conclure, le représentant a encouragé les membres du Conseil à rencontrer la délégation sud-soudanaise en réunions bilatérales pour pouvoir se faire une meilleure opinion de la situation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale et Ministre des affaires étrangères des Maldives présente ses « cinq lueurs d’espoir »

Soixante-seizième session,
1re séance plénière – après-midi
AG/12362

Le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale et Ministre des affaires étrangères des Maldives présente ses « cinq lueurs d’espoir »

Élu le 7 juin dernier, le Ministre des affaires étrangères des Maldives, M. Abdulla Shahid a pris aujourd’hui les rênes de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale sur le thème « Bâtir la résilience par l’espoir ».  Le nouveau Président de l’Assemblée a présenté ses « cinq lueurs d’espoir »: la vaccination contre la COVID-19 « pour un relèvement rapide »; un relèvement post-pandémie durable; la défense de la dignité humaine et de l’égalité des droits; la participation des jeunes à la prise de décision; et la revitalisation de l’ONU.   

La pandémie, s’est expliqué M. Abdulla Shahid, a réaffirmé notre humanité commune et notre force collective en tant que « nations unies ».  Nous devons tirer les leçons de cette humanité commune, a estimé M. Shahid.  Une nouvelle session s’ouvre et le choix que nous avons, c’est le confort et les systèmes et procédures bien connus de la machine onusienne ou la marche en avant.  « Nous pouvons choisir d’écrire un nouveau chapitre », a encouragé le nouveau Président de l’Assemblée générale. 

L’esprit de partenariat, d’union pour une cause commune, est au cœur du travail de l’ONU et « cet esprit est plus important que jamais » a commenté le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, saluant l’élection d’un homme d’expérience qui apportera la perspective unique des petits États insulaires en développement.  Le Secrétaire général a alerté sur une époque de défis et de divisions créés par des systèmes économiques qui excluent les plus pauvres et les plus vulnérables, par la corruption débridée qui détruit notre planète, par les plaies toujours ouvertes du colonialisme et par la soif de domination politique et idéologique qui alimentent les troubles sociaux, la méfiance, le terrorisme et les conflits armés.   

Il faut travailler ensemble « comme une famille humaine », a-t-il plaidé. Nous devons réanimer les valeurs qui ont guidé l’ONU dès le premier jour: droits de l’homme, soutien aux plus vulnérables, paix par le dialogue et solidarité face aux défis qui nous menacent tous.  Nous sommes ici, a conclu le Secrétaire général, parce que nous croyons en ces valeurs et que nous croyons en un monde meilleur.  Il faut garder cela à l’esprit, chaque jour de la session à venir.  

Toujours aujourd’hui, l’Assemblée générale a élu les Bahamas, Bhoutan, le Chili, la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la Namibie, la Sierra Leone et la Suède à la Commission de vérification des pouvoirs.  

OUVERTURE DE LA SOIXANTE-SEIZIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations

Après avoir salué l’élection de M. Abdulla Shahid, M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a estimé que la longue expérience de ce dernier, y compris celle de Ministre des affaires étrangères, l’aidera certainement dans son nouveau rôle.  Le nouveau Président, a encore estimé le Secrétaire général, apportera la perspectives des petits États insulaires en développement.  Il a souligné que l’esprit de partenariat, d’union pour une cause commune, est au cœur du travail de l’ONU.  « Cet esprit est plus important que jamais. »

Nous voici réunis, s’est expliqué le Secrétaire général, dans une période marquée par des défis et des divisions.  Il a dit parler des conflits, des changements climatiques, de l’aggravation de la pauvreté, de l’exclusion et des inégalités et d’une pandémie de COVID-19 qui continue de menacer la vie, les moyens de subsistance et l’avenir des populations. Ces problèmes, a poursuivi le Secrétaire général, sont aggravés par les divisions de notre monde et les écarts entre riches et pauvres, et entre ceux qui prennent pour acquis les services sociaux de base et ceux pour qui ces services essentiels ne sont qu’un rêve lointain.   Entre ceux, a ajouté le Secrétaire général, qui ont accès à une salle de classe et aux compétences nécessaires pour se ménager un avenir meilleur et ceux qui se voient refuser cette possibilité en raison de leur pauvreté ou de leur genre, et enfin entre ceux qui peuvent bénéficier d’un vaccin salvateur contre la COVID-19 et les autres. 

Pour le Secrétaire général qui entame aussi un deuxième mandat de cinq ans à la tête de l’ONU, les défis et les divisions sont créés par les hommes, par des systèmes économiques qui excluent les plus pauvres et les plus vulnérables, par la corruption débridée qui détruit notre planète, par les plaies toujours ouvertes du colonialisme et par la soif de domination politique et idéologique qui alimentent les troubles sociaux, la méfiance, le terrorisme et les conflits armés.  

Mais, a déclaré M. Guterres, ces défis et ces divisions peuvent aussi être corrigés si nous travaillons ensemble, aujourd’hui, comme une famille humaine, si nous nous unissons dans notre travail, si nous nous rassemblons autour de l’esprit du multilatéralisme qui lui donne vie et si nous prenons au sérieux la nécessité de traduire les paroles en actes pour les plus vulnérables. 

Comme la COVID-19 et les changements climatiques le prouvent chaque jour, les défis et les menaces n’ont pas de frontière, a insisté le Secrétaire général. Ils nous affectent tous.  Avant que la pandémie ne frappe, le monde était sur la bonne voie pour atteindre de nombreux objectifs de développement durable, a-t-il rappelé.  Or, la COVID-19 vient de mettre ces objectifs hors de portée. 

Le Secrétaire général a donc plaidé pour l’accélération de la riposte à la COVID-19, grâce à un accès de tous aux vaccins, aux traitements et aux équipements, et pas seulement pour de ceux qui en ont le plus.  Il faut investir dans tous les systèmes qui soutiennent le développement humain: soins de santé, nutrition, eau, éducation, protection et pleine égalité pour les filles et les femmes, a martelé le Secrétaire général de l’ONU qui a appelé les pays à s’engager pour atteindre des objectifs climatiques audacieux à la COP26 à Glasgow. 

La guerre contre notre planète doit cesser, a encore plaidé M. Guterres ainsi que les guerres des uns contre les autres.  Il est temps de se concentrer sur la lutte contre l’ennemi commun de l’humanité: la pandémie.  Les membres de cette Assemblée doivent dire d’une seule voix  « nous avons besoin de paix, maintenant ».  Nous devons réanimer les valeurs qui ont guidé l’ONU dès le premier jour : droits de l’homme, soutien aux plus vulnérables, paix par le dialogue et solidarité face aux défis qui nous menacent tous. 

Nous sommes ici, a conclu le Secrétaire général, parce que nous croyons en ces valeurs et que nous croyons possible un monde meilleur. Il faut garder cela à l’esprit, a exhorté le Chef de l’ONU, chaque jour de la session à venir. M. le Président de l’Assemblée générale, a-t-il conclu, tout le Secrétariat de l’ONU est à votre disposition. 

Le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, M. ABDULLA SHAHID, a d’emblée estimé que les priorités du Secrétaire général qui sont de rétablir la confiance et inspirer l’espoir, exige une approche fondée sur la prévention des conflits et la lutte contre les changements climatiques, les pandémies, la pauvreté et les inégalités.  « Vous aurez en moi un partenaire de bonne volonté lorsqu’il s’agit de la parité, du dialogue mondial pour un meilleur avenir pour tous ou pour améliorer la réponse de l’ONU à la pandémie », a promis le nouveau Président. 

Après avoir rappelé les millions de mort et les restrictions dues à la COVID-19, le nouveau Président s’est attardé sur les conséquences de la pandémie dont le confinement, les limites imposées aux mouvements, les hôpitaux surchargés, la hausse du chômage, les difficultés économiques.  Chacun de nous, a-t-il souligné, a vécu dans la peur, l’angoisse, l’insécurité, le deuil et le désespoir. 

Mais la COVID-19 n’est pas la seule responsable.  M Shahid pointant du doigt les changements climatiques, les catastrophes, l’instabilité et les conflits. Notre discours doit changer et nous devons être les initiateurs du changement, a-t-il exhorté, ajoutant que l’Assemblée générale doit faire sa part pour satisfaire les aspirations des peuples. 

La pandémie a aussi réaffirmé notre humanité commune et notre force collective en tant que « nations unies ».  Nous devons tirer les leçons de cette humanité commune, a estimé M. Shahid qui en fait le thème de sa présidence.  Il a donc présenté ses « cinq lueurs d’espoir » à commencer par la vaccination contre la COVID-19 pour un relèvement rapide.  Il a, à cet égard, annoncé un débat thématique de haut niveau sur l’égalité d’accès aux vaccins. 

Le deuxième « lueur d’espoir », c’est de reconstruire de manière durable après la pandémie en travaillant avec le Conseil économique et social (ECOSOC), le système des Nations Unies et les institutions financières internationales pour assurer un relèvement tourné vers l’avenir, c’est-à-dire « un futur plus bleu, plus vert et plus résilient ».  La cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés qui se tiendra à Doha en janvier 2022 s’inscrit dans ce cadre.   

Le Président a aussi annoncé la relance dans les prochains jours, du Conseil consultatif sur les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, et la convocation d’une manifestation de haut niveau sur les changements climatiques, au mois d’octobre, avant la COP26; l’objectif étant de galvaniser notre ambition collective et de pousser à des actions concrètes.  Pour la fin de la soixante-seizième session, il a dit avoir prévu un débat thématique de haut niveau sur les efforts nécessaires pour relever les défis complexes auxquels l’environnement est confronté. 

Pour M. Shahid, le respect de la dignité humaine et des droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine sera au cœur de tout processus que nous, États Membres, entamerons au cours de la soixante-seizième session.  Il a dit s’apprêter à reconstituer le Conseil consultatif sur l’égalité des sexes et à ne participer qu’aux groupes d’experts respectueux de la parité.  J’ai instruit tout le personnel de mon bureau de suivre le cours de formation sur l’égalité des sexes et la prévention du harcèlement sexuel, a-t-il annoncé.  

La participation des jeunes à la prise de décision figure également parmi les priorités importantes de cette présidence, a-t-il poursuivi, en attirant l’attention sur le « Programme de bourses du Président de l’Assemblée générale pour les jeunes »

En ce qui concerne la réforme et la revitalisation de l’ONU, nous devons une fois de plus faire de l’Organisation un forum pour tous, a suggéré le Président de l’Assemblée générale qui a promis de renforcer la participation des organisations de la société civile.  Rappelant sa promesse d’avoir un cabinet équilibré entre les sexes, multinational et ancré dans la diversité géographique, M. Shahid a annoncé que son équipe respectera l’équilibre entre les sexes, y compris dans les postes les plus élevés.  Il a parlé d’une équipe, dont l’âge moyen est de 40 ans et où sont représentés plus de 30 pays et les cinq groupes régionaux. 

Une nouvelle session qui s’ouvre, a conclu M. Shahid, et le choix que nous avons c’est le confort et les systèmes et procédures bien connus de la machine onusienne ou la marche en avant.  « Nous pouvons choisir d’écrire un nouveau chapitre », a encouragé le nouveau Président de l’Assemblée générale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale clôt une soixante-quinzième session marquée par les ravages de la pandémie de COVID-19 dans le monde

Soixante-quinzième session,
105e séance plénière – après-midi
AG/12360

L’Assemblée générale clôt une soixante-quinzième session marquée par les ravages de la pandémie de COVID-19 dans le monde

En présence du Secrétaire général de l’ONU, M. Antònio Guterres, le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, a remis aujourd’hui le marteau à son successeur M. Abdulla Shahid, Ministre des affaires étrangères des Maldives, donnant le coup d’envoi de la soixante-seizième session.   

Dans son discours de clôture, le Président de la soixante-quinzième session a parlé d’uneannée « tumultueuse, historique, transformatrice, inégale, stimulante et révolutionnaire » au cours de laquelle, a embrayé le Secrétaire général, la pandémie de COVID-19 a décimé les économies mondiale et nationale, asséché les sources de revenus et plongé des millions de personnes dans l’extrême pauvreté, en rognant les gains durement acquis grâce à des décennies de progrès économiques.  

La pandémie, s’est tout de même réjoui, le Président de l’Assemblée générale, a eu le mérite de renforcer la foi en une ONU plus efficace et plus réactive.  M. Volkir a tiré les enseignements de cette situation inédite et a fait des recommandations sur la marche à suivre parce que « la complexité croissante des défis qui nous attendent exigent des changements ».  Nous n’avons, s’est-il impatienté, que trop d’exemples d’une ONU qui suit les crises plutôt que de les résoudre.  Il a ensuite attiré l’attention sur le manque de personnel et de fonds qui rendent inefficace le bureau du Président de l’Assemblée générale.  Il a enfin critiqué le temps accordé par les États Membres aux procédures au détriment du fonds, et fustigé la faible synergie entre l’Assemblée et le Conseil de sécurité. L’Assemblée, a-t-il asséné, ne saurait se limiter à du verbiage parce que « le monde voit dans cette Assemblée, l’organe le plus démocratique, son porte-voix qui travaille en son nom ».   

L’ONU, a rappelé le Secrétaire général, a été créée pour rassembler le monde entier autour de défis communs, établir un consensus en faveur de l’action et toujours venir en aide et protéger les plus vulnérables.

CLÔTURE DE LA SOIXANTE-QUINZIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations

M ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que cette session a été une des plus « compliquées » depuis la Seconde Guerre mondiale, compte tenu des défis imposés par la pandémie de COVID-19.  Le Secrétaire général a dit parler d’une pandémie qui a décimé les économies mondiale et nationale, asséché les sources de revenus et plongé des millions de personnes dans l’extrême pauvreté, en rognant les gains durement acquis grâce à des décennies de progrès économiques.  Le Secrétaire général s’est aussi attardé sur les « terribles » conflits et catastrophes naturelles qui menacent toujours nos vies et s’est inquiété en particulier des conséquences des changements climatiques « qui met notre planète en feu ». 

M. Guterres a rappelé que ces défis nous rappellent que nous ne pourrons surmonter les crises qu’en étant solidaires et que nous devons œuvrer, ensemble, comme « une seule et même famille humaine ».  Il a souligné que l’ONU a été créée pour surmonter ce genre de situation, pour rassembler le monde entier autour de défis communs, établir un consensus en faveur de l’action et toujours venir en aide et protéger les plus vulnérables. 

Nous pouvons être fiers que l’Organisation soit restée opérationnelle tout au long de cette période difficile – et cela même si de nombreux aspects de notre travail sont devenus virtuels, s’est enorgueilli le Secrétaire général.  Depuis le début de la pandémie, a-t-il indiqué, 2 300 membres de missions permanentes et de missions d’observation nous ont rejoints.  

Le Siège de New York a facilité près de 850 réunions en présentiel, plus de 3 000 réunions virtuelles et une centaine de réunions hybrides.  Près de 1 500 réunions ont bénéficié de services d’interprétation.  Grâce à la détermination des États Membres et de notre personnel, nos efforts ont porté leurs fruits, s’est encore enorgueilli le Secrétaire général. 

Pendant ce moment « difficile et historique », a-t-il poursuivi, nous avons eu la chance de pouvoir compter sur le leadership du Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, grâce auquel cet organe s’est rallié autour de la nécessité d’un redressement durable, ancré dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et intensifiant l’appui aux pays et communautés qui reconstruisent des systèmes brisés par la pandémie. 

M. Bozkir, a souligné le Secrétaire général, a tout fait pour que le système des Nations Unies ait l’appui de l’Assemblée et puisse renforce les systèmes de santé, fournir tests, traitements et équipements contre la COVID-19 et contribuer à la campagne de vaccination la plus ambitieuse de l’Histoire.  M. Bozkir, a ajouté le Secrétaire général, a dirigé un travail essentiel sur la paix et la sécurité, le désarmement, les droits de l’homme, l’égalité des sexes et le développement durable.  Il a supervisé l’adoption d’un certain nombre de résolutions importantes sur les questions clefs de la consolidation de la paix, du contreterrorisme ou encore de la prévention du génocide et des crimes contre l’humanité, sans oublier le renforcement du Conseil économique et social, la lutte contre les changements climatiques et le traite des personnes. 

Ce qui est remarquable, a fait observer le Secrétaire général, c’est que ces résolutions ont souvent été discutées, débattues et adoptées sans négociation ni réunion en personne.  En bref, sous le leadership de M. Bozkir, l’Assemblée n’a cessé de prouver la valeur du multilatéralisme et d’un système international fondé sur des règles.  Elle a montré ce que nous pouvons faire quand nous travaillons comme un seul homme.  Cela est d’autant plus important que les enjeux sont élevés et le chemin difficile.  La confiance et la cohésion parmi tous les États Membres sont donc essentielles.  Grâce à vous, a dit le Secrétaire général aux délégations, l’Assemblée est l’endroit où le multilatéralisme prend vie. 

« Plus que jamais dans l’histoire de l’humanité, nous partageons un destin commun.  Nous ne pouvons le maîtriser que si nous y faisons face ensemble.  Et c’est pourquoi nous avons les Nations Unies », a déclaré le Président sortant de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, M. VOLKAN BOZKIR, en paraphrasant l’ancien Secrétaire général Kofi Annan. 

Pendant une année qui a été tumultueuse, historique, transformatrice, inégale, stimulante et révolutionnaire, a-t-il estimé, la COVID-19 n’a fait que renforcer la foi en une ONU plus efficace et plus réactive.  En septembre 2019, a-t-il rappelé, l’ONU était fermée, l’Assemblée générale reportait réunion après réunion et les vaccins et tests crédibles n’étaient qu’au stade de l’élaboration. Aujourd’hui, M. Bozkir s’est dit fier du travail accompli, comme en atteste les plus de 120 décisions and 328 résolutions adoptées. 

Toutefois, tirant les enseignements de la pandémie, le Président a avoué qu’à ses yeux, l’on n’utilise pas vraiment la plateforme unique de l’Assemblée générale avec efficacité.  Nous sommes limités par des « excuses bureaucratiques » et renonçons à nos responsabilités « pour préserver le calme ».  L’unité, a-t-il martelé, ne suffit plus.  L’Assemblée et les Nations Unies doivent montrer qu’elles agissent contre les défis les plus critiques de notre temps. 

Il faut, a poursuivi le Président, s’unir derrière le système multilatéral et savoir que les solutions nationalistes ne sauraient relever les défis d’un monde de plus en plus interconnecté et interdépendant.  Or, au lieu d’actionner les outils dont nous disposons, nous avons privilégié les approches unilatérales, ce qui a prolongé la pandémie de COVID-19, a accusé le Président. 

Cette pandémie, a-t-il dit, a dévoilé l’ampleur des inégalités mondiales, dans un monde où beaucoup ne savent rien de l’existence de l’application Zoom.  Il est temps, a martelé le Président, de s’attaquer à la fracture numérique.  Si nous voulons réaliser le Programme 2030, nous devons réduire toutes les inégalités. 

Le Président s’est d’ailleurs attardé sur l’égalité des sexes et la protection des droits des femmes.  Soyons honnêtes, a-t-il dit, nos sociétés demeurent largement inégales.  Il a illustré ses propos par la situation en Afghanistan où les dernières informations font état de violations des droits durement acquis par les femmes et les filles qui risquent désormais de les perdre. 

Enfin, comme dernière leçon, le Président a insisté sur le fait que les objectifs de développement durable sont la feuille de route de la paix et de la prospérité, pour les gens, notre planète, pour aujourd’hui et pour demain.  Or, au rythme auquel nous avançons, nous allons rater la date butoir de 2030, a prévenu le Président, en appelant à redoubler d’efforts.  

Si je suis fier de notre niveau de coopération, a-t-il poursuivi, après avoir égrené quelques succès, mais la complexité grandissante des défis qui nous attendent exigent des changements.  Le Président a d’abord parlé de la nécessité de renforcer l’Assemblée générale qui n’a fait que des progrès « petits et tardifs ».  Nous n’avons que trop d’exemples d’une ONU qui suit les crises plutôt que de les résoudre.  Cela montre que soient les outils de la diplomatie préventive sont peu utilisés soient ils doivent être modifiés. 

Il est temps, a ajouté M. Bozkir, d’institutionnaliser plus avant et de soutenir davantage le Bureau du Président de l’Assemblée.  Les retards et l’inefficacité due à un manque de personnel et de fonds ne sont plus acceptables.  Le Président a aussi voulu que les délégations se rendent compte qu’elles accordent trop de temps aux procédures au détriment du fond.  Nous devons par exemple limiter le nombre des réunions de haut niveau ou mandatées car quantité ne veut pas dire qualité.  Ce que nous appelons réunion de haut niveau doit conduire à un engagement de haut niveau autour d’un ordre du jour rationalisé et orienté vers les priorités, a martelé le Président. 

Le monde, a-t-il aussi souligné, voit dans l’Assemblée générale, organe le plus démocratique, son porte-voix qui accompli un travail en son nom.  Pour finir, le Président a plaidé pour une meilleure coopération avec le Conseil de sécurité lequel avec l’Assemblée générale sont les deux jambes d’un même corps.  Il a pointé du doigt le manque de synergie en prenant l’exemple de l’examen des situations au Myanmar, en Syrie ou en Palestine dans lequel l’Assemblée ne saurait se limiter à du verbiage. 

Le Président a dit s’être demandé pendant ces dernières semaines comment remercier le Secrétaire général et les États Membres pour leur soutien.  Et puis, a-t-il raconté, j’ai entendu une chanson de la grande Bette Midle, produite par Arif Mardin, un musicien turc gagnant de plusieurs Grammy.  Je vous dédie « Wind beneath my wings », a conclu le Président. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial recommande un soutien opérationnel à la MINUATS en appui aux efforts de surveillance du cessez-le-feu au Soudan

8857e séance – matin
CS/14633

Conseil de sécurité: le Représentant spécial recommande un soutien opérationnel à la MINUATS en appui aux efforts de surveillance du cessez-le-feu au Soudan

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, M. Volker Perthes, a recommandé ce matin, devant le Conseil de sécurité, d’apporter un appui opérationnel à la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) afin d’aider les autorités soudanaises à surveiller le cessez-le-feu et faire face aux défis « immenses de la transition », dont la violence au Darfour.  « L’ONU n’aura pas de rôle actif de surveillance sur le terrain », a-t-il précisé, alors que la MINUATS, « mission de taille réduite », a pris au 1er janvier le relais de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Le mandat de la MINUATS, mais aussi les droits des femmes, ont été au cœur des interventions.  

Le Représentant spécial a d’emblée rappelé que la MINUATS concentre désormais ses efforts sur les domaines clefs, tels que les pourparlers de paix, la surveillance du cessez-le-feu et l’appui à la protection nationale des civils.  En juin, la Mission a ainsi facilité les négociations du Gouvernement avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N)-faction Abdelaziz Hélou, qui ont abouti à des progrès certains sans pour autant qu’un cadre global soit agréé, a précisé M. Perthes.  

Au Darfour, la MINUATS a commencé à opérationnaliser le Comité du cessez-le-feu permanent, en suivant les dispositions de l’Accord de Djouba, a-t-il poursuivi.  « Les parties ont clairement fait savoir qu’elles attendent un soutien logistique et financier international pour la mise en œuvre des arrangements sécuritaires », a précisé M. Perthes, en exhortant les États membres à accéder à cette demande.  Le Soudan, a-t-il poursuivi, a commencé de mettre en œuvre lesdits arrangements sécuritaires.  

Le Représentant a souligné les « attentes erronées » entourant ce Comité en ce qui concerne la protection des civils.  Ce Comité, s’il peut contribuer à la stabilité, est doté d’un mandat et d’un rôle distincts, à savoir la surveillance, les efforts de réconciliation mais pas « la protection physique », a-t-il précisé. Estimant que la Mission aura besoin d’un soutien additionnel, M. Perthes a recommandé au Secrétariat la création d’une capacité initiale opérationnelle afin de permettre à la MINUATS de s’acquitter de ses fonctions en tant que Présidente du Comité de cessez-le-feu permanent au Darfour.  Le concept pour un tel déploiement serait « léger et mobile », avec un accent mis sur la capacité de déploiement d’équipes légères afin de réagir aux violations du cessez-le-feu, en cas de demande par les parties, a-t-il précisé. 

M. Perthes a aussi souligné la nécessité de remédier aux lacunes dans le maillage de la Mission, y compris en ce qui concerne l’appui aux forces soudanaises.  « En remédiant aux lacunes critiques de la Mission, j’espère que nous pourrons répondre efficacement aux défis de la transition au Soudan », a-t-il affirmé. 

Afin « d’éclairer les discussions » du Conseil sur le mandat de la MINUATS, le délégué du Royaume-Uni a invité le Représentant spécial à partager avec lui les conclusions de la Mission en ce qui concerne la consolidation de la paix au niveau national.  « Une approche commune dans l’ensemble du système onusien en vue de conduire une telle évaluation et d’apporter un appui au Soudan sera cruciale pour maximiser les ressources et les résultats », a-t-il dit.   De son côté, la France a appelé à la mise en œuvre rapide du plan national de protection des civils et à l’accélération du déploiement de la force conjointe prévue par l’Accord de Djouba. 

Même son de cloche du côté du représentant des États-Unis qui a rappelé que la protection des civils est une responsabilité qui incombe d’abord aux autorités soudanaises.  Les dirigeants soudanais doivent s’assurer de l’intégrité de la nouvelle force conjointe afin que toutes les parties prenantes aient pleinement confiance dans ses troupes, a-t-il dit.  « La MINUATS est là pour aider à bâtir la confiance entre les habitants du Darfour et ladite force. »  À l’instar de la majorité des membres du Conseil, l’Estonie a souligné qu’il importe de renforcer les institutions qui constituent l’épine dorsale de toute démocratie, appelant les autorités à accélérer la formation du Conseil législatif de transition, avec une représentation de 40% de femmes.   La Chine a pour sa part appelé la MINUATS à aligner ses activités avec les priorités stratégiques du pays. 

Le délégué du Soudan a, lui, demandé un appui financier et technique international pour mettre en œuvre l’Accord précité.  Aujourd’hui, a-t-il ajouté, le Darfour traverse une transition importante du maintien à la consolidation de la paix, une transition pour laquelle il attend le soutien de la communauté internationale aux efforts du Gouvernement de transition pour établir la sécurité, la paix et une stabilité durable dans la région.  « Les conditions politiques et économiques sont très complexes au Soudan », a-t-il reconnu.  

Les droits des femmes ont été au cœur de cette séance, avec l’intervention de Mme Hala Alkarib, Directrice régionale de l’Initiative stratégique pour les femmes dans la Corne de l’Afrique (SIHA).  « Comme c’était le cas avant la révolution, les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la violence, la détérioration des services et la lenteur des réformes », a-t-elle déploré.  Elle a notamment invité le Conseil à assurer la participation et le leadership pleins, égaux et significatifs des femmes dans les organes du Gouvernement de transition et dans le processus de paix en cours. 

« Malgré le quota de 40% demandé dans la Déclaration constitutionnelle, les femmes se battent toujours pour être représentées », a-t-elle observé, relevant qu’une seule femme siège au Conseil souverain.  Les délégations ont été unanimes à regretter cette sous-représentation des femmes soudanaises.  « Au Soudan, comme ailleurs, la cause des droits des femmes est la cause de la paix et de la démocratie », a déclaré la déléguée de l’Irlande.  Le pays entend prendre des mesures, notamment législatives, visant à protéger les droits de femmes, a assuré le représentant soudanais. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

M. VOLKER PERTHES, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) a mentionné les progrès mais aussi les revers enregistrés dans la transition au Soudan, tels que la violence au Darfour et dans l’est, ainsi qu’une situation économique difficile.  Le Gouvernement de transition a pris des mesures pour y faire face, a dit M. Perthes, en citant l’initiative lancée en juin par le Premier Ministre Hamdok appelée « La crise nationale et les défis de la transition, la voie à suivre ».  En août, ce dernier a établi un mécanisme de suivi du dialogue afin de renforcer le consensus national autour d’objectifs clefs, tels que la réforme du secteur de la sécurité, l’économie ou encore la justice.  Le Représentant spécial a noté le soutien dont bénéficie cette initiative au sein des forces appuyant la transition et estimé que celle-ci, si elle est mise en œuvre, pourra répondre aux attentes des Soudanais.  La semaine dernière, les Forces pour la liberté et le changement –la coalition au pouvoir au sein du Gouvernement de transition– a donné son accord pour une structure plus inclusive.  Il a espéré que cela conduira à la formation d’un conseil législatif de transition comprenant au moins 40% de femmes.  M. Perthes a noté l’élan dans les préparatifs pour un nouveau processus constitutionnel, un projet de loi ayant été adopté, désormais soumis à des consultations publiques. 

Sur le plan économique, il a précisé que la Soudan, grâce à ses réformes économiques, est devenu éligible à un allègement de la dette, ce qui permettra de débloquer des ressources cruciales pour renforcer l’économie et remédier à la pauvreté.  Le Représentant spécial a souligné le besoin d’un financement flexible, les besoins humanitaires ne faisant qu’augmenter dans le pays.  « Entre janvier et août 2021, il y a eu 418 000 personnes nouvellement déplacées en raison d’attaques armées dans le Soudan, principalement au Darfour, dans le Kordofan et le Nil bleu, soit six fois plus par rapport à la même période l’année dernière. »  Sur le plan régional, M. Perthes s’est dit préoccupé par les conséquences du conflit en Éthiopie pour le Soudan.  Il a également pointé les tensions frontalières entre le Soudan et l’Éthiopie, ainsi que l’impasse en ce qui concerne le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne. 

Le Représentant spécial a ensuite rappelé que la MINUATS concentre désormais ses efforts sur les domaines clefs, tels que les pourparlers de paix, la surveillance du cessez-le-feu et l’appui à la protection nationale des civils.  En juin, la Mission a facilité les négociations du Gouvernement avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord-faction Abdelaziz Hélou.  « Si les parties ont réalisé des progrès certains sur des éléments clefs, ils n’ont pas été en mesure d’agréer un cadre global pour guider le processus », a-t-il indiqué.  Au Darfour, la MINUATS a également commencé à opérationnaliser le Comité du cessez-le-feu permanent, en suivant les dispositions de l’Accord de Djouba.  Les parties ont clairement fait savoir qu’elles attendent un soutien logistique et financier international pour la mise en œuvre des arrangements sécuritaires, a précisé M. Perthes, en exhortant les États Membres à accéder à cette demande pour stabiliser le Darfour.  De son côté, le Soudan doit assumer sa part de responsabilité et a commencé de mettre en œuvre lesdits arrangements sécuritaires.  

Il a souligné les « attentes erronées » entourant ce Comité en ce qui concerne la protection des civils.  Ce Comité, s’il peut contribuer à la stabilité, est doté d’un mandat et d’un rôle distincts, à savoir la surveillance et les efforts de réconciliation mais pas « la protection physique ».  Mentionnant la résurgence de la violence au Darfour, il a souligné la nécessité d’appuyer la police soudanaise et le déploiement des forces conjointes de maintien de la sécurité.  « Le Comité ne saurait se substituer à ces forces », a-t-il insisté.  M. Perthes a aussi indiqué que la Mission aura besoin d’un soutien additionnel pour fournir l’appui renforcé attendu.  Il a ainsi recommandé au Secrétariat la création d’une capacité initiale opérationnelle afin de permettre à la MINUATS de s’acquitter de ses fonctions en tant que Présidente du Comité du cessez-le-feu permanent au Darfour.  Il a précisé que le concept pour un tel déploiement serait « léger et mobile », avec un accent mis sur les fonctions de conseil et la capacité de déploiement d’équipes légères afin de réagir aux violations du cessez-le-feu, en cas de demande par les parties.  « Cela ne comprendra pas un rôle onusien actif de surveillance sur le terrain, cette responsabilité étant celle principalement des parties soudanaises. »  Le Représentant spécial a aussi souligné la nécessité de remédier aux lacunes dans le maillage de la Mission, y compris en ce qui concerne l’appui aux forces soudanaises.  « En remédiant aux lacunes critiques de ce qui est une mission d’une taille modeste, j’espère que nous pourrons répondre efficacement aux défis de la transition au Soudan », a conclu le Représentant spécial, en qualifiant ces défis « d’immenses ».  

Mme HALA ALKARIB, Directrice régionale de l’Initiative stratégique pour les femmes dans la Corne de l’Afrique (SIHA), a indiqué que son organisation défend les droits des femmes au Soudan, y compris au Darfour.  Comme c’était le cas avant la révolution, les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la violence, la détérioration des services et la lenteur des réformes, a-t-elle déploré, ajoutant que la récession économique et la pire crise alimentaire de l’histoire du Soudan poussent aujourd’hui les familles au désespoir.  Selon elle, les femmes dans les zones touchées par le conflit telles que le Darfour, le Nil Bleu, les monts Nouba et le Kordofan souffrent de marginalisation ethnique et de pauvreté en raison des politiques discriminatoires du régime précédent.  En outre, elles restent exposées au viol, au déplacement et à la mort en raison du conflit armé en cours, tandis que la COVID-19 aggrave tous ces défis, en particulier la violence sexiste. 

La Directrice régionale de SIHA a ensuite regretté que, bien qu’elles aient mené la révolution, les femmes ne bénéficient pas d’une participation égale et significative à chaque étape de la transition.  Nos appels à mettre fin à la violence sexuelle, à garantir des lois familiales justes et à permettre un accès égal aux ressources, l’éducation et l’emploi continuent d’être ignorés, a-t-elle dénoncé, jugeant que le non-respect des droits des femmes pousse ces dernières hors de la vie publique et rend également plus difficile une transformation inclusive et démocratique au Soudan.  De fait, a relevé la responsable féministe, les femmes se demandent si elles sont mieux loties qu’elles ne l’étaient sous le régime oppressif d’Omar Al-Bashir.  

Dans ces conditions, elle a identifié trois domaines que le Conseil de sécurité devrait traiter d’urgence, à commencer par la nécessité d’assurer la participation et le leadership pleins, égaux et significatifs des femmes dans les organes du Gouvernement de transition et dans le processus de paix en cours. Malgré le quota de 40% demandé dans la Déclaration constitutionnelle, les femmes se battent toujours pour être représentées, a-t-elle observé, relevant qu’une seule femme siège au Conseil souverain et que seulement quatre des 26 ministres du Cabinet et deux des 18 gouverneurs des États sont des femmes.  De plus, au Darfour et ailleurs, les responsables de l’ancien régime dominent les autorités locales et les administrations, laissant peu d’espoir que la réforme soit en route, a ajouté Mme Alkarib, avant de plaider pour que les femmes aient un espace pour parler de l’impact de la guerre sur leurs communautés et partager leur vision de l’avenir du Soudan.  

En deuxième lieu, la Directrice régionale de SIHA a souligné la nécessité de réformer d’urgence le système juridique pour assurer la protection des droits des femmes, y compris la prévention de la violence basée sur le genre.  C’est essentiel pour permettre aux femmes de participer pleinement à la vie publique, a-t-elle fait valoir, déplorant à cet égard que la loi pénale et la loi sur le statut personnel du Soudan continuent de protéger les auteurs de violences à l’égard des femmes et des filles, d’autoriser le mariage précoce de filles et de donner aux tuteurs masculins les moyens de contrôler le droit des femmes au mariage, au divorce et à la citoyenneté.  De surcroît, a alerté Mme Alkarib, des femmes continuent d’être arrêtées pour de prétendues transgressions morales, et les punitions comprennent la flagellation, l’emprisonnement et, dans certains cas, l’exécution, des formes inhumaines de châtiment et de torture, notamment les amputations et la crucifixion, demeurant encore une pratique du droit soudanais. Les femmes y sont particulièrement vulnérables, particulièrement dans les zones de conflit armé. 

Troisièmement, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement de transition doit assurer une réforme du secteur de la sécurité inclusive et sensible au genre. Notant que la présence incontrôlée de milices armées 

dans les zones civiles du Darfour et d’autres régions du pays a conduit à une augmentation de la violence sexuelle, perpétrée en toute impunité, elle a estimé que ces tendances inquiétantes compromettent non seulement les chances du Soudan de parvenir à une transition, mais risque de faire retomber le pays dans le chaos.  Favorable que le Plan national de protection des civils en tant que cadre d’atténuation de la violence actuelle, elle a cependant dit craindre que seule l’élite politique soit impliquée dans son exécution.  De fait, a-t-elle souligné, la MINUATS doit s’assurer que la mise en œuvre du Plan inclue les femmes en tant que leaders et participantes actives.  La Mission doit aussi aider le Gouvernement de transition à travailler avec les plateformes existantes, telles que les réseaux de protection des femmes au Darfour et les organisations de femmes de la société civile, a-t-elle plaidé.  

Rappelant en conclusion que son pays est actuellement « sous le contrôle d’un système gouvernemental hybride composé de civils, d’hommes politiques et de militaires soudanais », Mme Alkarib a exhorté le Conseil à appeler toutes les parties à remplir leurs obligations et engagements en vertu de la Déclaration constitutionnelle, de l’Accord de Djouba pour la paix et du Plan national de protection des civils, et d’assurer la protection et la promotion de l’ensemble des droits des femmes au Soudan. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué l’initiative lancée par le Premier Ministre soudanais le 22 juin, ainsi que le renforcement de la coopération entre le Soudan et la Cour pénale internationale.  Il a déploré l’augmentation de la violence intercommunautaire et appelé le Gouvernement à accélérer la mise en œuvre du plan national de protection des civils.  Le délégué a salué les pourparlers avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N)-faction Abdelaziz Hélou et appelé à leur reprise.  Il a jugé « évident » que les efforts des autorités soudanaises, pour être durables, doivent s’appuyer sur des investissements significatifs dans la consolidation de la paix.  Afin d’éclairer les discussions du Conseil sur le mandat de la MINUATS, le délégué a encouragé le Représentant spécial à partager avec ce dernier les conclusions de la Mission en ce qui concerne la consolidation de la paix au niveau national.  « Une approche commune dans l’ensemble du système onusien en vue de conduire une telle évaluation et d’apporter un appui au Soudan sera cruciale pour maximiser les ressources et les résultats. » 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a réitéré son soutien à la transition démocratique au Soudan.  Elle a salué les réformes économiques du Gouvernement, qui ont permis d’amorcer le processus d’allègement de la dette et pris note de l’initiative lancée par le Premier Ministre, « la voie à suivre », qui vise à consolider l’agenda de réforme du Gouvernement.  « Ces efforts doivent se poursuivre par la mise en place des institutions clefs de la transition, au premier rang desquelles le Conseil législatif de transition, avec une représentation des femmes à hauteur d’au moins 40%. »  

La déléguée s’est dite préoccupée par les fragilités au Darfour mais aussi dans l’est du pays.  Elle a appelé à la mise en œuvre rapide du plan national de protection des civils et à l’accélération du déploiement de la force conjointe au Darfour prévue par les Accords de Djouba.  La protection des civils, y compris des personnels humanitaires, ainsi que la garantie d’un accès humanitaire doivent rester des priorités, a insisté Mme Broadhurst.  Elle s’est dite encouragée par l’opérationnalisation de la MINUATS et les liens de coopération établis entre la mission et les autorités soudanaises.  « La France attache en outre une importance particulière à l’assistance technique de la MINUATS en matière de protection des civils, en particulier des femmes et des enfants », a-t-elle ajouté. 

Enfin, elle a appuyé les efforts de médiation de l’Union africaine et encouragé les pays de la région à reprendre les discussions en vue du règlement des différends d’El-Fashaga et du Barrage de la Renaissance.  

M. BING DAI (Chine) a appelé à recourir à une démarche multiple pour faire progresser le processus de paix au Soudan.  Il a salué le cadre de réglementation globale proposé par les autorités et a appelé à la création du Conseil de transition.  Pour sa part, la MINUATS doit aligner ses activités avec les priorités stratégiques du pays. 

Le représentant a ensuite appelé à redoubler d’efforts pour assurer la stabilité au Darfour.  Il a noté que suite au retrait de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) de nombreux mécanismes ont été créés pour mettre en œuvre les accords sécuritaires.  Des incidents sécuritaires et des heurts intercommunautaires se sont cependant produits dans un contexte marqué par la COVID-19 et les catastrophes naturelles, a-t-il déploré, engageant la communauté internationale à protéger les civils au Darfour. 

Poursuivant, le délégué a pris note des progrès réalisés en matière de stabilité macroéconomique et de réforme économique.  La situation économique reste cependant très grave, marqué par des pénuries en eau notamment.  Il a appelé la communauté internationale à honorer ses engagements en matière d’allègement de la dette et d’appui à l’agriculture et l’éducation.  Le représentant a aussi exhorté à lever les sanctions le plus rapidement possible, conformément à la dynamique en cours sur le terrain.  Les critères fixés par le Conseil de sécurité doivent être clairs, a-t-il ajouté. 

Au nom de l’A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. TAREK LADEB (Tunisie) s’est félicité des récents progrès réalisés par le Gouvernement du Soudan pour faire avancer la voie de la transition politique, malgré les difficultés économiques et humanitaires.  Il a salué les efforts déployés pour mettre en œuvre l’Accord de paix de Djouba, en particulier la formation du Haut Comité militaire pour les arrangements de sécurité et du Comité du cessez-le-feu permanent au Darfour.  Il s’est cependant dit préoccupé par la poursuite de violences intercommunautaires et d’affrontements entre les forces gouvernementales et certains groupes armés non-signataires de l’Accord.  Ces incidents témoignent de la nécessité de poursuivre les efforts pour s’attaquer aux causes profondes du conflit, a-t-il dit, avant d’applaudir les avancées dans les pourparlers entre le Gouvernement de transition et le MPLS-N-faction Abdelaziz Hélou.  

Le représentant a ensuite salué l’engagement du Gouvernement soudanais à fournir une protection totale des civils et s’est félicité de la ratification par le Soudan de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.  Il s’est également réjoui des mesures prises par le Gouvernement de transition pour améliorer la législation sur la protection de l’enfance. 

Évoquant le processus de paix au Soudan, et notamment le manque de ressources financières et techniques nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de paix, le délégué s’est félicité de la création du « Fonds pour la paix au Soudan », remerciant au passage l’Allemagne, la Suisse et le Royaume-Uni pour leurs contributions.  Il a par ailleurs salué l’appui fourni par la MINUATS aux autorités soudanaises pour renforcer la participation et l’inclusion des femmes dans le processus. 

Enfin, le représentant a noté que la situation humanitaire déjà désastreuse au Soudan a été encore aggravée par la crise économique, l’insécurité alimentaire, la COVID-19, les effets néfastes des changements climatiques, la violence intercommunautaire et le déplacement prolongé des populations.  À cet égard, il a félicité les Soudanais d’avoir accueilli des réfugiés et d’avoir partagé des ressources avec eux.  Cette situation difficile, qui touche plus de 13 millions de personnes, nous invite à faire preuve de responsabilité et de solidarité avec le Soudan, en vue d’atténuer l’impact de la situation humanitaire sur le processus actuel de consolidation de la paix, a-t-il conclu. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est félicité des progrès réalisés par les autorités soudanaises ces derniers mois, citant notamment l’appui dont bénéficie l’initiative sur la transition annoncée par le Premier Ministre le 22 juin.  Il a appelé à remédier aux retards rencontrés dans la mise en place des institutions de la transition, notamment le Conseil législatif de transition et le Conseil supérieur de la magistrature.  Il a pris note des avancées notables réalisée sur le plan de la réforme économique qui ont permis au Soudan d’obtenir un allégement de sa dette.  Le représentant a aussi salué les efforts déployés par le Gouvernement pour apaiser les tensions au Darfour et améliorer la législation sur la protection de l’enfance. 

Le délégué s’est inquiété de la persistance des accrochages intercommunautaires et de la prise pour cible du personnel de l’ONU et a engagé le Gouvernement de transition à prendre des mesures pour assurer la sécurité de ce dernier.  Il a aussi appelé les autorités à poursuivre leurs efforts pour permettre au retrait de la MINUAD d’être un exemple de collaboration effective entre l’ONU et la Soudan. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a appuyé le mandat de la MINUATS tout en se disant préoccupé par la persistance de la violence communautaire au Darfour, leurs causes profondes existant toujours.  Il a rappelé que la protection des civils est une responsabilité qui incombe au premier lieu aux autorités soudanaises et appelé à la pleine mise en œuvre du plan national de protection des civils.  Les dirigeants soudanais doivent s’assurer de l’intégrité de la nouvelle Force conjointe de sécurité afin que toutes les parties prenantes aient pleinement confiance dans ses troupes.  « La MINUATS est là pour aider à bâtir la confiance entre les habitants du Darfour et ladite Force. »  M. Mills a appelé de ses vœux la formation d’un conseil législatif de transition.  Il a ensuite abordé la question de la liquidation des biens de la MINUAD, en se disant préoccupé par les risques sécuritaires potentiels pour le personnel onusien.  Il a souhaité que la liquidation de ces biens se poursuive sans menace ni interruption.  Les autorités ont la responsabilité de protéger ces biens contre tout pillage supplémentaire, a conclu le délégué, en rappelant que ces biens ont été donnés au peuple soudanais. 

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est déclarée encouragée par l’intensification de la présence de la MINUATS dans le pays, permettant une coopération accrue avec le Gouvernement soudanais à tous les niveaux.  Elle a aussi salué les efforts déployés par le Gouvernement et le MPLS-N-faction Abdelaziz Hélou pour conclure un accord de paix.  En outre, la formation de 500 femmes déplacées dans la police, la création de 50 bureaux de genre et de 18 unités de protection de la famille et de l’enfance sont indicatifs des progrès réalisés dans la réforme du secteur de la protection et de la sécurité. 

Après avoir indiqué que la Norvège accueillera, le 30 septembre avec le Secrétaire général, un événement parallèle pour appuyer la transition au Soudan, la représentante a noté que de nombreux défis persistent dans le pays.  Elle s’est notamment inquiétée de la prévalence de l’insécurité alimentaire qui affecte 9,8 millions de personne, de l’aggravation de la situation des personnes déplacées au Darfour et de l’augmentation des conflits intercommunautaires dans certaines régions.  Les retards dans la mise en œuvre de l’Accord de Djouba et le Plan national de protection des civils sont également préoccupants.  Elle a souligné qu’il incombe au gouvernement de mettre en œuvre les dispositions de sécurité de l’Accord de paix, et a exhorté à la formation rapide du mécanisme de suivi et d’évaluation de l’Accord.  Elle a aussi appelé à inclure un pourcentage important de femmes au sein des forces de police, de sécurité et militaires de la Force conjointe de maintien de la sécurité au Darfour qui est en cours de formation. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a tout d’abord salué la bravoure et la résilience des femmes soudanaises, sans qui le Soudan ne serait pas sur la voie d’une transition historique.  Il a donc exhorté le Gouvernement de transition à redoubler d’efforts pour assurer la participation pleine, égale et significative des femmes, notamment dans les instances de décision.  Le délégué s’est ensuite félicité des progrès accomplis dans le cadre de la transition, tout en observant que celle-ci reste confrontée à de nombreux défis.  Pour garder le cap, tel qu’envisagé par la révolution et la Déclaration constitutionnelle, il importe de renforcer les institutions qui constituent l’épine dorsale de toute démocratie, a-t-il fait valoir, avant d’appeler les autorités à accélérer la formation du Conseil législatif de transition, avec une représentation de 40% de femmes. 

Tout en se félicitant des efforts déployés pour mettre en œuvre l’Accord de paix de Djouba, le représentant a jugé nécessaire d’en accélérer la mise en œuvre afin de répondre aux espoirs de la population.  Pour cette raison, il a exhorté le Gouvernement de transition à donner la priorité à l’opérationnalisation des comités chargés de relever les défis liés à la sécurité.  Il a également encouragé les parties qui n’ont pas encore adhéré à l’Accord de paix à le faire d’urgence, se disant préoccupé par la précarité de la situation sécuritaire, en particulier dans certaines parties du Darfour, et par les conséquences dévastatrices des violences intercommunautaires.  Enfin, demandant au Gouvernement de transition d’accélérer la mise en œuvre de son Plan national de protection des civils, il a appelé au déploiement des forces conjointes de maintien de la sécurité et à la responsabilisation des auteurs de violences.  « Il n’y aura pas de paix sans justice », a-t-il souligné. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a salué les efforts du Gouvernement du Soudan à avancer dans sa phase de transition, deux ans après la révolution de 2019.  Si les défis restent multiples et nécessitent une action coordonnée et soutenue de toutes les parties prenantes, les réformes menées par le Gouvernement sont un signal encourageant, a-t-il estimé, observant que l’initiative de transition annoncée le 22 juin par le Premier Ministre soudanais offre de nouvelles possibilités à ce processus.  Malgré ces avancées, il est clair, selon le représentant, que le fondement d’une paix durable au Soudan exige que tous les groupes armés qui ne font pas partie du processus de paix s’y joignent et participent aux négociations. Qualifiant de positives les discussions entre le Gouvernement et le MPLS-N-faction Abdelaziz Hélou, il s’est félicité des efforts déployés par la MINUATS, ONU-Femmes et le PNUD pour promouvoir une perspective de genre dans le cadre de ce processus de dialogue. 

Le délégué a ensuite exprimé son inquiétude quant à la détérioration de la situation sécuritaire au Darfour et dans d’autres régions du pays, ainsi qu’à l’augmentation des niveaux de violence intercommunautaire.  Appelant le Gouvernement de transition à accélérer la mise en œuvre du Plan national de protection des civils et établir une force de sécurité conjointe au Darfour, il a aussi enjoint les groupes armés ayant une présence dans les pays voisins à se retirer immédiatement.  Il a d’autre part demandé au Gouvernement de s’appuyer sur la MINUATS pour lutter contre la prolifération des armes légères au Darfour. Enfin, après avoir salué l’adoption d’un projet de loi visant à ratifier le Statut de Rome, il a invité le Conseil souverain à l’approuver dans les plus brefs délais.  À ses yeux, la signature du protocole d’accord entre le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) et le Ministère de la justice renforcent la coopération et démontrent la priorité que les autorités soudanaises accordent au transfert à La Haye des personnes contre lesquelles des mandats d’arrêt ont été émis.  

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a reconnu les efforts des autorités soudanaises pour redresser la situation du pays, y compris en prenant des « décisions douloureuses ».  Il est également important de prendre en compte l’humeur de la population, qui est principalement affectée par les difficultés économiques, a-t-elle relevé.  À cet égard, elle a dit espéré que les activités de la MINUATS contribueront à renforcer le potentiel de Khartoum dans des domaines aussi importants que la consolidation de la paix, les transformations socioéconomiques, ainsi que le maintien la paix et de l’ordre.  Dans ces conditions, a-t-elle suggéré, nous attachons une grande importance à maintenir des contacts équilibrés avec toutes les autorités soudanaises, en appuyant leurs efforts pour mettre en œuvre la Déclaration constitutionnelle du 17 août 2019 visant à la stabilisation interne.  Nous notons la disposition des dirigeants de la République à normaliser davantage la situation au Darfour, a encore relevé le représentant, tout en exhortant l’ensemble des groupes armés qui restent en dehors du processus de paix à adhérer à cet accord.  Elle a notamment regretté qu’Abdul Wahid refuse toujours d’entamer un dialogue avec Khartoum, avant d’affirmer que la mise en œuvre rapide du plan national de protection des civils sera certainement une aide importante en vue de traiter des causes profondes des conflits.  De même, la réponse coordonnée des autorités aux incidents confirme l’engagement de Khartoum en faveur d’une approche globale pour stabiliser la situation, a-t-elle estimé. 

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a salué à son tour les efforts déployés par le Gouvernement du Soudan pour mettre en œuvre la transition et a jugé impératif de progresser en se conformant à l’Accord de paix de Djouba.  Appelant les parties à régler leurs différends dans ce cadre, il a souhaité que la mise en place des institutions clefs soit accélérée pour avancer sur la voie d’une transition politique inclusive et durable.  Il a également réitéré son soutien à une participation pleine et entière des femmes à ce processus, avant d’enjoindre tous les groupes armés à se joindre aux discussions de paix, dans l’intérêt du peuple soudanais et de la stabilité du pays. 

Le représentant a ensuite exhorté le Gouvernement de transition à protéger les populations civiles.  Outre la mise en œuvre du plan national de protection des civils, il importe de rechercher les causes sous-jacentes des violences intercommunautaires au Darfour et de promouvoir la réconciliation entre les tribus et communautés, a-t-il plaidé, félicitant par ailleurs le Gouvernement pour le renforcement de la législation sur la protection des enfants.  Dans ce contexte, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit continuer à soutenir les autorités soudanaises pour les aider à relever les défis socioéconomiques et à faire reculer la COVID-19.  Alors que le pays fait aussi face à une grave crise humanitaire, le délégué s’est réjoui de la création d’un Fonds pour la paix au Soudan et des efforts menés par le Fonds monétaire international (FMI) pour alléger la dette du pays.  Enfin, s’agissant des sanctions, il a souhaité qu’elles soient revues en permanence, en fonction des progrès sur le terrain, conformément à la résolution 2562 (2021). 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a salué le rôle transformateur joué par les femmes au Soudan.  « Le courage des femmes qui se sont dressées contre l’oppression a été d’une puissance qu’aucune arme, munition ou bombe ne pourra jamais atteindre. »  Au Soudan, comme nous le voyons souvent dans notre travail, la cause des droits des femmes est la cause de la paix et de la démocratie, a-t-elle dit.  Elle a qualifié de « lent » et d’« inégal » le processus de transition au Soudan tout en se félicitant que l’accord de partage du pouvoir continue de tenir.  Elle a salué la récente initiative du Premier Ministre visant à le renforcer.  Elle a aussi appelé à la mise en place du Conseil législatif de transition.  Elle a exhorté les autorités soudanaises à s’acquitter de leurs engagements en ce qui concerne la participation des femmes, la proportion de celles-ci au sein du Gouvernement de transition étant très en deçà du quota de 40% agréé.  Elle a appelé tous les groupes non-signataires à rejoindre l’Accord de Djouba avant de saluer le rôle d’appui de la MINUATS aux femmes.  Enfin, la déléguée a salué la coopération renforcée entre le Soudan et la CPI. 

M. ABDALLA ADLAN ALI OMBALI (Soudan) a indiqué que le Gouvernement de transition au Soudan continue de faire des progrès constants dans la mise en œuvre des tâches de la période de transition, comme stipulé dans le document constitutionnel.  Ainsi, le Gouvernement continue de mettre en œuvre ses politiques visant à réaliser la transformation démocratique, l’état de droit et assurer le respect des droits humains, en plus de travailler pour remédier aux distorsions structurelles héritées de l’économie soudanaise.  Il a souligné que tous ces programmes et politiques visent à construire un Soudan sûr et stable dans lequel tout le monde jouit de la paix, de la prospérité, et de la justice, « comme l’expriment les glorieux slogans de la révolution de décembre ».  

Le représentant a déclaré que depuis son dernier compte rendu devant le Conseil de sécurité, le Gouvernement soudanais s’est efforcé de compléter les structures de transition dans le pays.  À cet égard, les consultations se sont poursuivies avec diverses forces politiques et parties prenantes afin de former le Conseil législatif de transition, et un des dirigeants des groupes signataires de l’Accord de paix de Djouba a été nommé gouverneur.  Le délégué a souligné que le Gouvernement est déterminé à respecter le cessez-le-feu et à faire taire les armes.  Il est également ouvert au dialogue avec les parties non-signataires de l’Accord de paix de Djouba, dans l’optique de leur inspirer confiance et les inciter à rejoindre le processus de paix.  Le délégué a invité la communauté internationale à partager les charges en fournissant l’appui financier et technique nécessaire à la mise en œuvre de l’Accord.  Aujourd’hui, a-t-il ajouté, le Darfour traverse une transition importante du maintien à la consolidation de la paix, une transition pour laquelle il attend le soutien de la communauté internationale aux efforts du Gouvernement de transition pour établir la sécurité, la paix et une stabilité durable dans la région.  

M. Ombali a ensuite évoqué les conditions politiques et économiques très complexes au Soudan, avant de mentionner une initiative nationale globale qui comprend plusieurs axes, notamment l’économie, la justice, la réforme du secteur de la sécurité, la paix et le démantèlement de la structure du régime de Béchir. Cette initiative cible également la lutte contre la corruption, la politique étrangère, la souveraineté nationale, la sécurité nationale, et la formation du Conseil législatif de transition.  En outre, malgré l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les conditions économiques délicates du pays, le Gouvernement déploie des efforts intensifs pour réformer la structure du système économique. 

Les efforts du Gouvernement soudanais se poursuivent également pour mettre en œuvre des réformes institutionnelles et juridiques capables de renforcer la protection des civils et la promotion des droits humains et de l’état de droit. Dans ce contexte, le Conseil des ministres soudanais a approuvé l’adhésion du Soudan au Statut de Rome.  Les autorités soudanaises ont également facilité la visite dans le pays du nouveau Procureur de la CPI dans l’optique d’obtenir justice pour les victimes de la guerre au Darfour.  Dans le même temps, le Soudan a déposé ses instruments d’adhésion à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.  Le pays entend également prendre d’autres mesures législatives et juridiques visant à abolir les lois restreignant les libertés, protéger les droits de femmes et promouvoir la liberté d’opinion, d’expression et de réunion pacifique. 

Sur le front humanitaire, le représentant a rappelé que le Soudan a ouvert ses portes pour accueillir des réfugiés venant d’Éthiopie et du Soudan du Sud, devenant ainsi le plus grand pays d’accueil de réfugiés en Afrique.  Il a exhorté la communauté internationale à renforcer son appui envers le pays les vagues de demandeurs d’asile provoquant des pressions croissantes sur les gouvernements locaux et les communautés d’accueil qui font déjà face à une situation économique difficile et à la propagation de la COVID-19. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Président du Comité 1591 sur le Soudan signale des retards dans la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba

8856e séance – matin
CS/14632

Conseil de sécurité: le Président du Comité 1591 sur le Soudan signale des retards dans la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba

Le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan a indiqué ce matin, au Conseil de sécurité, que l’insécurité persiste dans plusieurs régions du Darfour.  Il a également souligné que les sanctions ciblées visent à contrecarrer ou à empêcher des actions susceptibles de nuire à la paix, une position contestée par le Soudan qui a réclamé leur levée, estimant que celles-ci ne sont plus conformes à la réalité qui prévaut actuellement sur le terrain au Darfour. 

Dans un premier temps, M. Sven Jürgenson (Estonie), a informé le Conseil de sécurité des travaux de l’organe qu’il préside pour la période allant du 14 juin 2021 à aujourd’hui et au cours de laquelle le Comité a tenu sa première consultation informelle en personne depuis le début de la pandémie de COVID-19, réunion au cours de laquelle le Groupe d’experts pour le Soudan a informé le Comité de son rapport intérimaire. 

Le Groupe d’experts a notamment rendu compte de la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba, précisant qu’à l’exception des accords de partage du pouvoir, son application avait connu des retards.  Des combats sporadiques ont éclaté dans le nord du Jebel Marra entre les forces du Gouvernement et celles de l’Armée de libération du Soudan-Abdul Wahid qui, grâce aux revenus miniers, a augmenté ses capacités en termes de recrutement, d’entraînement et d’armement.  Les mouvements signataires de l’Accord de paix sont retournés au Darfour, certains se livrant à des activités de recrutement, tout en gardant également un certain nombre de troupes et d’armes en Libye.  Les mouvements armés non-signataires se trouvant en Libye ont également continué à recruter et à se développer, bien que plusieurs d’entre eux aient exprimé le souhait de rejoindre le processus de paix et de retourner au Soudan. 

En outre, le Groupe a noté qu’en raison des retards dans la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba, en particulier du chapitre sur la sécurité, l’insécurité persiste dans de nombreuses régions du Darfour.  Malgré l’engagement du Gouvernement à améliorer la sécurité, le Groupe d’experts a signalé que des violences intercommunautaires, des attaques menées contre des civils par l’Armée de libération du Soudan-Abdul Wahid, et des violations des droits humains, y compris des actes de violence sexuelle en période de conflit, avaient été enregistrées.  Le recours à davantage de mesures pour renforcer la protection des civils au Darfour reste d’une importance primordiale et doit être accéléré, a plaidé le Groupe qui a en outre relevé que certains facteurs sous-jacents du conflit au Darfour ont été exacerbés par la concurrence pour les rares ressources locales.  En outre, le gel des avoirs demeure un défi et un nouveau cas de violation d’une interdiction de voyager a été constaté avec le voyage de Musa Hilal au Tchad en avril 2021. 

Le Président du Comité a par ailleurs rappelé que les mesures ciblées et l’embargo sur les armes au Darfour ont pour seul objectif d’aider le Soudan à parvenir à la paix.  Les sanctions ciblées visent à contrecarrer ou à empêcher des actions susceptibles de nuire à la paix, tandis que l’embargo sur les armes actuellement en vigueur au Darfour sert en définitive à empêcher une nouvelle prolifération des armes, a notamment affirmé M. Jürgenson. 

« Les sanctions ne sont plus conformes à la réalité qui prévaut actuellement sur le terrain au Darfour », a rétorqué le Représentant du Soudan.  Vu que la situation sécuritaire s’améliore régulièrement au Darfour, où un cessez-le-feu est respecté dans toutes les zones de la région, le Conseil de sécurité doit reconsidérer ces mesures, a insisté M. Mahmoud Youssef Ahmed Al-Hussein.  L’Accord de paix de Djouba est en cours de mise en œuvre et le Gouvernement soudanais procède notamment à la collecte des armes non autorisées, s’attaque aux problèmes des personnes déplacées et des réfugiés, et met en œuvre le plan national de la protection des civils.  Il intègre en outre le Mouvement Abdul Wahid au processus de paix et prend des mesures pour empêcher le déclenchement de combats tribaux, a détaillé le diplomate. 

Pour M. Al-Hussein, la levée des mesures imposées en application de la résolution 1591 et des résolutions connexes permettra au Gouvernement soudanais de reconstituer la capacité des forces de sécurité et des forces de l’ordre à maintenir et à consolider la paix non seulement au Darfour, mais dans toute les régions où des groupes criminels organisés sont impliqués dans le trafic d’êtres humains et d’armes et d’autres activités criminelles transnationales.  La levée de ces mesures rendra ainsi le Soudan plus capable de devenir un pays en paix avec lui-même et avec son environnement régional, a-t-il plaidé. 

Le délégué a ensuite noté, « avec une grande préoccupation », les négociations en cours au Conseil de sécurité sur le projet d’une déclaration présidentielle, porté par certains membres qui entendent « imposer des normes déraisonnables et étendre la portée des mesures imposées par la résolution 1591 pour inclure toutes les régions du Soudan en plus du Darfour ».  Alors qu’il procède à un changement global, pas uniquement au Darfour, mais dans toutes les régions du pays, le Soudan devrait être traité équitablement et objectivement par certains États membres du Conseil de sécurité, a-t-il estimé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée adopte deux textes sur l’élimination du paludisme d’ici à 2030 et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique

Soixante-quinzième session,
104e séance plénière – matin
AG/12359

L’Assemblée adopte deux textes sur l’élimination du paludisme d’ici à 2030 et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique

L’Assemblée générale a adopté, ce matin, sans vote sa résolution annuelle sur la consolidation des acquis, l’intensification de la lutte contre le paludisme et son élimination dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, d’ici à 2030*.  Elle a aussi adopté toujours sans vote son autre résolution annuelle sur l’application des recommandations du Secrétaire général relatives à la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique**, après avoir approuvé les modalités de la réunion internationale « Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance »***. 

Dans sa résolution dotée d’un dispositif de 50 paragraphes de fond, l’Assemblée générale rappelle d’abord l’objectif de réduire de 90%, d’ici à 2030, le taux de mortalité due au paludisme.  Elle demande aux États Membres de garantir l’accès « universel » aux outils de prévention, de diagnostic et de traitement et ce faisant, prévient que le montant nécessaire par an est de 8,7 milliards de dollars d’ici à 2030.  L’Assemblée demande aussi à la communauté internationale d’aider les pays impaludés à renforcer leur système de santé, leur production de médicaments et leurs ressources humaines de manière à assurer une couverture sanitaire universelle.  Aux partenaires, il est demandé d’éliminer les obstacles financiers et les problèmes de logistique et d’approvisionnement qui sont responsables des ruptures de stocks de moustiquaires imprégnés, d’insecticides à effet rémanent pulvérisables, de tests de dépistage rapide et de polythérapies à base d’artémisinine. 

L’Assemblée invite instamment la communauté internationale à appuyer le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour lui permettre de faire face à ses obligations financières et appelle à l’accélération de la recherche sur des vaccins, des médicaments et des tests de dépistage abordables.  Elle constate, à cet égard, l’importance de l’innovation, y compris le rôle de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), en particulier sa plateforme Re:Search.  Elle réaffirme d’ailleurs le droit de se prévaloir pleinement des dispositions de l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). 

L’Union européenne et le Royaume Uni se sont agacés du peu de temps qui a été laissé aux délégations pour négocier ce texte, demandant, en conséquence, à l’Assemblée d’examiner cette question non plus tous les ans mais tous les deux ans. 

Dans son autre texte annuel de 30 paragraphes de fond, sur l’application des recommandations du Secrétaire général pour la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, l’Assemblée générale demande instamment qu’un appui continue d’être apporté aux mesures contre la pauvreté, la faim, et pour l’emploi et le développement durable en Afrique, notamment, la mobilisation des ressources nationales, l’allègement de la dette, l’accès élargi aux marchés ou encore l’intégration régionale et le commerce intra-africain, y compris grâce à la Zone de libre-échange continentale africaine.  L’Assemblée insiste aussi sur les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD), d’investissements étrangers directs (IED) et de transfert de technologie. 

L’Assemblée souligne l’importance d’un appui aux efforts pour améliorer la résilience en Afrique, en particulier le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel, l’Initiative sur les politiques foncières et le Plan d’action de l’Union africaine pour la relance verte.  Gravement préoccupée par la menace croissante du terrorisme et de l’extrémisme violent, elle demande au Bureau de lutte contre le terrorisme et aux membres du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme d’intensifier les activités de renforcement des capacités en Afrique. 

L’Assemblée souligne également l’importance fondamentale d’envisager la prévention des conflits sous un angle régional et de s’attaquer à la criminalité transnationale organisée, au trafic de drogues et ressources naturelles et au commerce illicite d’armes légères et de petit calibre.  Le Groupe des États d’Afrique et le Groupe 77 et la Chine ont insisté sur le respect de l’appropriation nationale et du leadership africain.  Le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne, « première partenaire commercial de l’Afrique », ont salué le consensus sur une résolution « plus ciblée et plus orientée vers l’action ».  L’Union européenne s’est dite prête à continuer d’appuyer des initiatives telles que la « Feuille de route pour faire taire les armes en Afrique ».  

Les États-Unis ont exprimé leur attachement à la lutte contre la corruption et pour la transparence, alors que la « Championne du multilatéralisme », la Chine, regrettait que certains continuent de politiser les questions de développement pour s’ingérer dans les affaires africaines.  Réclamant une meilleure préparation de la résolution, l’année prochaine, le Japon a émis l’espoir que la prochaine Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), prévue en Tunisie en 2022, soit l’occasion d’appuyer le relèvement de l’Afrique après le la pandémie de COVID-19.  Il vaut mieux veiller à la prospérité du continent plutôt que d’encourager la migration, ont martelé la Hongrie et la République tchèque, en dissociant de toute référence au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Chili a en revanche a annoncé une législation de suivi du Pacte. 

Après l’adoption des modalités de la Conférence « Stockholm+50 », prévue les 2 et 3 juin 2022, l’Union européenne a souhaité que cette manifestation soit l’occasion de tirer les enseignements des rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Le CANZ -Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, a insisté sur la participation de la société civile, une participation, a tranché la Chine, qui doit être en tout point conforme au Règlement intérieur de l’Assemblée générale.  Cofacilitatrice avec le Kenya des négociations sur la résolution, la Suède a milité pour des approches multilatérales propres à promouvoir une stratégie de relèvement durable après la pandémie de COVID-19, avant d’appeler, « par souci de cohérence », à confier la présidence de « Stockholm+50 » au Directeur exécutif du PNUE. 

À la veille de la clôture de sa soixante-quinzième session, l’Assemblée générale a supprimé plusieurs points de son ordre du jour.  Elle ouvrira sa soixante-seizième session demain à partir de 10 heures, avec une déclaration liminaire de son nouveau Président et Ministre des affaires étrangères des Maldives, M. Abdulla Shahid. 

*A/75/L.136

**A/75/L.112.Rev.1

***A/75/L.135

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