En cours au Siège de l'ONU

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

Soixante-seizième session,
1re séance – après-midi
AG/DSI/3662

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a tenu aujourd’hui sa première séance sous la présidence de M.  Omar Hilale (Maroc) et a approuvé son programme de travail pour la soixante-seizième session de l’Assemblée générale.

En présentant le programme de travail, M. Hilale a fait observer que la pandémie de COVID-19 faisait toujours peser sur la Commission un risque sanitaire élevé, même si la situation s’est améliorée depuis l’année dernière, notamment grâce à la disponibilité accrue des vaccins.  Les modalités du programme en tiennent compte, a poursuivi le Président, qui a insisté sur le fait que ces dernières « constituent une mesure temporaire prise à titre exceptionnel au regard des circonstances extraordinaires découlant de la pandémie de COVID-19 et qu’elles ne créeront aucunement un précédent pour les travaux de la Commission ». 

Signe d’un certain retour à la normale, les travaux de la Première Commission, prévus pour comprendre 18 séances de fond en présentiel et 3 séances virtuelles consacrées à des débats, reprennent cette année leurs trois phases habituelles: le débat général, les discussions thématiques et les prises de décisions (adoption de résolutions) sur la base des propositions de la Commission.

Le débat général durera du 4 au 13 octobre et comprendra six séances, toutes en présentiel.  Les déclarations pourront néanmoins être faites en personne ou sous forme d’interventions préenregistrées.  Lors de l’une d’elles, le Président de l’Assemblée générale viendra s’adresser à la Commission mais, a précisé M. Hilale, la date reste encore à confirmer, compte tenu du calendrier de ses déplacements. 

Deuxième phase des travaux, le débat thématique sur des questions précises et la présentation des différents projets de résolution et de décision occuperont sept séances classiques entre le 13 et le 22 octobre.  Là encore, les déclarations pourront être faites en personne ou sous forme de vidéo préenregistrée.  M.  Hilale a en outre fait observer qu’il avait été proposé, pour cette année, de faire des déclarations portant sur plusieurs groupes de questions plutôt que sur chacun des sept points.  Ces derniers, a-t-il rappelé, sont: armes nucléaires; autres armes de destruction massive; espace extra-atmosphérique (aspects relatifs au désarmement); armes classiques; autres mesures de désarmement et sécurité internationale; désarmement et sécurité sur le plan régional; mécanismes de désarmement.

Toujours lors de cette deuxième phase, trois séances informelles et virtuelles de deux heures chacune seront organisées - les 8, 15 et 21 octobre - afin de permettre à la Première Commission de tenir des dialogues interactifs sur certains sujets.  Les Membres de la Commission pourront ainsi échanger avec la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement sur la suite donnée aux résolutions et aux décisions adoptées lors des précédentes sessions, présenter des rapports, échanger avec la société civile et tenir des tables rondes auxquelles participeront des experts indépendants et d’autres responsables de haut rang choisis sur proposition des groupes régionaux.

Enfin, la troisième phase des travaux, consacrée à la prise de décisions sur les différents projets de résolution et de décision, est prévue pour occuper 5 séances entre le 27 octobre et le 3 novembre, les travaux de la Commission se clôturant officiellement le 5 novembre.

Le calendrier des différentes séances de travail figure dans le document A/C.1/76/CRP.1.  Le document A/C.1/76/CRP.2 présente le calendrier et le programme des discussions thématiques.

Avant l’adoption du Programme de travail, les représentants de plusieurs États Membres sont intervenus sur la question de la possibilité, ou non, pour les grandes commissions, dont la Première Commission, d’étudier des questions dont l’examen n’a pas fait l’objet d’un consensus lors de la dernière session du Comité du programme et de la coordination (CPC).  Les représentants du Brésil, de la République arabe syrienne, de l’Égypte, de la Bolivie, de la Chine, de Cuba, de la Fédération de Russie et de la République islamique d’Iran ont plaidé en ce sens, alors que les représentants du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie, des États-Unis et de l’Union européenne estimaient que c’est à la Cinquième Commission qu’il appartiendra de se prononcer.  Le Président a pris note de ces remarques en faisant observer que la question concernait plusieurs instances – en particulier le CPC et les différentes grandes commissions, dont la Cinquième, qui devront trouver un langage commun.

La Première Commission a par ailleurs complété son Bureau en élisant par acclamation M.  Andrès Fiallo, de l’Équateur, au troisième poste de Vice-Président, qui restait à pouvoir.  Le Bureau de la Première Commission sera donc constitué lors de cette soixante-seizième session de M.  Omar Hilale, Président, de MM.  Amir Hamzah Mohd Nasi (Malaisie), Saša Milanović (Bosnie-Herzégovine) et Andrès Fiallo (Équateur), Vice-Présidents; et de Mme Sanna Leena Orava (Finlande), Rapporteure.

La prochaine réunion de la Première Commission aura lieu lundi, 4 octobre, à partir de 10 heures.  La Commission entamera alors son débat général.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Libye: le Conseil de sécurité proroge de quatre mois le mandat de la MANUL

8870e séance, après-midi
CS/14651

Libye: le Conseil de sécurité proroge de quatre mois le mandat de la MANUL

Le Conseil de sécurité a décidé à l’unanimité, cet après-midi, de proroger jusqu’au 31 janvier 2022 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) comme mission politique spéciale intégrée.  L’adoption de la résolution 2599 (2021) constitue le deuxième renouvellement technique du mandat de la MANUL en l’espace de deux semaines, puisque le Conseil avait déjà décidé d’une prorogation de deux semaines du mandat par sa résolution 2595 (2021) du 15 septembre dernier.

Créée en 2011, la MANUL est, entre autres, chargée de faire progresser un processus politique inclusif en Libye, d’aider le Gouvernement provisoire d’unité nationale à consolider la gouvernance, la sécurité et les mesures économiques, d’appuyer l’instauration de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020 et de soutenir les étapes ultérieures de la transition libyenne, y compris le processus constitutionnel, l’organisation des élections, l’exécution de la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen, la poursuite de l’application de l’Accord politique libyen et un processus de réconciliation nationale.

Sept des pays membres du Conseil ont pris la parole après le vote.  La représentante du Royaume-Uni pays « porte-plume » sur la Libye, a rappelé qu’au cours des dernières semaines, son pays avait essayé de parvenir à un consensus, avant de juger regrettable qu’il n’ait pas obtenu le soutien de tous pour un texte de compromis plus substantiel.  Elle a en outre appelé à la tenue effective des scrutins prévus pour le 24 décembre, tout en plaidant pour le retour de la paix, lequel passe par le retrait sans délai de toutes les forces étrangères et les mercenaires du pays.  Le Royaume-Uni salue l’examen stratégique indépendant de la MANUL et sa représentante a insisté sur la mise en œuvre de ses recommandations, y compris celle préconisant le retour de l’Envoyé spécial du Secrétaire général en Libye.  Le Royaume-Uni poursuivra les discussions en ce sens avec les autres membres du Conseil avant la date butoir du 31 janvier.

Nous devons soutenir le peuple libyen, a affirmé le représentant de la France, qui a appelé le Conseil de sécurité à procéder à la restructuration de la MANUL dans le cadre du renouvellement du mandat de janvier prochain.  Afin de consolider l’unité de la communauté internationale sur la question libyenne, la France a annoncé une conférence internationale au niveau des chefs d’État et de gouvernement le 12 novembre prochain à Paris, en partenariat avec l’Italie, l’Allemagne et les Nations Unies.  Pour la délégation, le but est d’œuvrer à la stabilisation du pays, tout en prenant en compte les implications régionales de la crise libyenne.  C’est dans la même veine que le représentant de la Chine a demandé que les mercenaires et groupes armés étrangers se retirent du pays afin de préserver sa stabilité et celle de la région.  Elle a également appelé la MANUL à aider à trouver une solution politique à la crise libyenne.

Le représentant des États-Unis a, lui, jugé « fâcheux » le vote de ce jour, à la fois pour ce Conseil et pour le peuple libyen.  Il a regretté que les recommandations stratégiques du Secrétaire général ne soient pas pleinement mises en œuvre, alors que l’appui onusien aux élections de décembre est de la plus haute importance.  Il a rappelé que la préférence des Libyens allait à une présence du Chef de la Mission à Tripoli, avant de s’interroger sur les meilleurs moyens d’aider ces derniers et de consolider les gains enregistrés en Libye.  Les États-Unis aideront la Libye pour la tenue desdites élections et ont souligné l’importance d’une solution politique et d’un retrait des forces étrangères du pays.

Le représentant de la Tunisie a regretté l’absence de consensus sur le renouvellement du mandat de la Mission à un stade aussi critique de la transition en Libye.  S’il a noté l’absence de convergence totale des vues sur ce dossier, il a néanmoins estimé qu’il y avait unanimité sur les bases d’un règlement de la crise.  Le représentant du Kenya a de son côté dénoncé l’incapacité du Conseil à s’entendre, ajoutant qu’un mandat plus étoffé aurait permis de statuer sur des sujets de grande importance comme la réconciliation nationale et la prise en compte des questions importantes pour les pays voisins et ceux de la région.  Il faut que le Conseil soit à l’écoute de la Libye et à l’écoute de l’Afrique, a-t-il insisté, en appelant à placer des Africains à la tête du processus de décision de cette question africaine.

Le Représentant de la Fédération de Russie a, lui, expliqué qu’il avait voté en faveur du texte en estimant qu’il n’existait pas d’autre option qu’un rôle central de l’ONU dans la transition libyenne.  Les recommandations stratégiques du Secrétaire général, y compris sur le nouveau format de la présence onusienne, devront être réalisées après la fin du processus électoral, a-t-il ajouté.

Texte du Projet de résolution S/RES/2021/838

Le Conseil de sécurité

Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye, dont les résolutions 2259 (2015)2510 (2020)2542 (2020) et 2570 (2021)

Rappelant que, dans sa résolution 2213 (2015), il a considéré que la situation en Libye continuait de menacer la paix et la sécurité internationales, 

1. Décide de proroger jusqu’au 31 janvier 2022 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, mission politique spéciale intégrée chargée de s’acquitter de son mandat, tel qu’énoncé dans la résolution 2542 (2020) et au paragraphe 16 de la résolution 2570 (2021) ; 

2. Décide de rester activement saisi de la question. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, adapte de nouveau ses modalités de travail à la pandémie de COVID-19

Soixante-seizième session,
1re séance – matin
CPSD/728

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, adapte de nouveau ses modalités de travail à la pandémie de COVID-19

Chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, la Quatrième Commission a approuvé, ce matin, son programme de travail et son calendrier pour la soixante-seizième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  L’occasion pour sa Présidente, Mme Egriselda Aracely González López, d’El Salvador, d’annoncer que, pour la deuxième année consécutive, elle ne se réunira pas de manière habituelle, en raison des contraintes imposées par la pandémie de COVID-19.

Au lieu de 23 séances publiques en 2019 (contre 12 en 2020), la Commission en tiendra 15, dont une hybride et une autre virtuelle.  Ses travaux de fond débuteront le lundi 4 par l’examen du point relatif à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Son débat général sur tous les points inscrits à son ordre du jour s’achèvera le 11 novembre.  Du 9 au 11 novembre, la Commission se prononcera sur ses projets de résolution et de décision, a précisé la Présidente, en remerciant les délégations de leur souplesse et en les assurant que ces modalités provisoires ne constituent en aucun cas un précédent.

Les membres du Bureau de la Commission pour la soixante-seizième session sont MM. Angelito Ayong Nayan (Philippines), Lukáš Peter Prvý (Slovaquie) et Mathew Edbrooke (Liechtenstein), élus aux postes de vice-présidents, ainsi que M. Youssouf Aden Moussa (Djibouti) élu Rapporteur.

La Commission entendra les interventions des représentants des 17 territoires non autonomes qui figurent à son ordre du jour.  Parmi eux, figurent le Vice-Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, le Président de la Polynésie française, le Ministre en chef de Gibraltar et le Lieutenant-Gouverneur de Guam.  Et 2021 marquera le retour des pétitionnaires, 138 au total, qui s’exprimeront en personne sur les questions relatives aux Samoa américaines, aux Bermudes, aux Îles Vierges britanniques, à la Polynésie française, à Guam, aux îles Turques et Caïques, aux Îles Vierges américaines et au Sahara occidental.

Comme l’an dernier, le débat général commun portera sur la totalité des points à l’ordre du jour, sans doute le plus éclectique des six grandes commissions: y seront abordés des sujets aussi variés que les effets des rayonnements ionisants et les utilisations pacifiques de l’espace; la question des opérations de maintien de la paix; le Rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés; les activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes; ou encore les questions relatives à l’information et à l’assistance à la lutte antimines, pour n’en citer que quelques-unes.

S’agissant du point relatif à la planification des programmes, le Brésil a fait remarquer au Bureau de la Commission que deux d’entre eux, à savoir les Opérations de maintien de la paix et la Communication globale, n’ont pas fait l’objet d’un consensus au sein du Comité du programme et de la coordination (CPC) ni obtenu l’approbation de la Cinquième Commission lors de la soixante-quinzième session.  Le Brésil, Cuba, la Fédération de Russie, l’Égypte et la Chine ont donc demandé que la Quatrième Commission planifie « au plus tôt » une séance de travail pour examiner ces programmes avec pour objectif de faire des recommandations à la Cinquième.  La Présidente leur a assuré qu’elle dégagera le temps nécessaire à la tenue de ce débat de fond.

S’agissant de l’organisation du débat général commun, la Présidente a indiqué que les délégations devront s’inscrire sur la « liste évolutive des orateurs » avant le 20 octobre à 18 heures et qu’elles parleront par ordre d’inscription.  Concrètement, a-t-elle dit, cela signifie que les délégations doivent être prêtes à intervenir à tout moment, en fournissant au besoin un résumé de leurs déclarations si elles sont trop longues.

Les séances publiques de la Commission seront retransmises en direct sur le Webcast de l’ONU et les communiqués de presse résumant les délibérations de chaque séance publique publiés le jour même en français et en anglais sur le site: https://www.un.org/press/fr.

La Commission tiendra sa prochaine séance plénière le lundi 4 octobre, à partir de 15 heures, dans la salle de l’Assemblée générale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité reconduit pour un an son autorisation aux États d’inspecter des navires en haute mer au large de la Libye pour lutter contre les trafics de migrants

8868e séance – matin
CS/14649

Le Conseil de sécurité reconduit pour un an son autorisation aux États d’inspecter des navires en haute mer au large de la Libye pour lutter contre les trafics de migrants

Le Conseil de sécurité a reconduit aujourd’hui pour une nouvelle période de 12 mois son autorisation donnée aux États de poursuivre, au large des côtes libyennes, les opérations de lutte contre le trafic de migrants et la traite d’êtres humains.  Adoptée à l’unanimité, la résolution 2598 (2021) (document à paraître S/RES/2598/(2021)), reconduit ainsi les dispositions adoptées initialement dans la résolution 2240 (2015) du 9 octobre 2015.  

Par ce texte, le Conseil autorisait les États à inspecter les bateaux naviguant en haute mer au large des côtes libyennes s’ils ont des motifs raisonnables de soupçonner qu’ils sont utilisés pour le trafic de migrants ou la traite d’êtres humains en provenance de Libye.  Les États, soulignait le Conseil, peuvent saisir les navires inspectés dont ils ont la confirmation qu’ils sont utilisés à ces fins.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial demande que la « pause » observée dans les activités de colonisation israélienne devienne permanente

8869e séance – matin
CS/14650

Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial demande que la « pause » observée dans les activités de colonisation israélienne devienne permanente

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, a déclaré ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les activités de colonisation israélienne en Cisjordanie ont connu une « pause » ces trois derniers mois.  « Cette pause doit devenir permanente », a demandé le Coordonnateur spécial, qui a aussi plaidé pour « des efforts revigorés » afin de promouvoir la solution des deux États.  Le Conseil a aussi entendu deux activistes, dont l’une, Mme Meredith Mishkin, a préconisé d’investir « dans une paix sociale » plutôt que de miser sur des négociations qui ont peu de chance d’aboutir. 

Le Coordonnateur spécial a présenté le dix-neuvième rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), en rappelant que celle-ci demande à Israël de cesser immédiatement ses activités de colonisation illicites au regard du droit international.  « Pendant la période à l’examen, aucun nouveau plan de colonie de peuplement n’a été avancé, approuvé ou proposé », s’est-il félicité.  M. Wennesland a également précisé que près de 50 familles de colons ont quitté l’avant-poste d’Evyatar. 

« Les démolitions et les saisies de propriétés palestiniennes ont en revanche continué en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est », a-t-il regretté.  Ainsi, en raison d’une absence de permis de construire, quasiment impossible à obtenir pour un Palestinien, 302 structures ont été démolies ou saisies.  Le Coordonnateur spécial a précisé que 907 Palestiniens font face à un risque d’expulsion à Jérusalem-Est, avant d’exhorter Israël à cesser de telles démolitions et expulsions, conformément à ses obligations en vertu du droit international. 

Même son de cloche du côté de Mme Mai Farsakh, responsable de la planification du Centre d’aide juridique et des droits de l'homme de Jérusalem, qui a dénoncé le « mépris flagrant » d’Israël.  « La population de colons s’élève désormais à près de 670 000 personnes, réparties dans 132 colonies et 140 avant-postes dans la zone C et 13 blocs de colonies à Jérusalem-Est, et contrôlant près de 43% du territoire de la Cisjordanie. »  Elle a précisé qu’environ 60 000 colons supplémentaires se sont installés depuis l’adoption de la résolution.  « Israël sape intentionnellement la solution viable des deux États », a-t-elle accusé. 

Sur le plan diplomatique, le Coordonnateur spécial a mentionné la réunion des Présidents égyptien, jordanien et palestinien au Caire le 2 septembre.  « Les trois dirigeants se sont engagés à relancer les négociations. »  M. Wennesland a aussi noté l’assouplissement des restrictions imposées par Israël à Gaza après l’escalade de mai.  Lors de la réunion entre le Président palestinien Mahmoud Abbas et le Ministre israélien de la défense Benny Gantz fin août –la première depuis l’annonce du nouveau Gouvernement israélien- Israël a annoncé un prêt à l’Autorité de 150 millions de dollars, a-t-il salué. 

Le Coordonnateur spécial s’est aussi dit encouragé par le fait que de nombreux Palestiniens et Israéliens demeurent engagés en faveur de la solution des deux États, malgré les « défis considérables » qui subsistent.  Concluant son intervention, M. Wennesland a appelé à des « efforts revigorés » et à « des mesures pratiques » afin d’établir un horizon politique en vue de faire cesser l’occupation et de promouvoir cette solution.  

« Des négociations au plus haut niveau diplomatique n’aboutiraient pas à une paix substantielle pour le moment », a tempéré Mme Rothbart, cofondatrice et directrice exécutive d’Amal-Tikva, qui s’est exprimée en tant que « juive israélienne » et « sioniste religieuse ».  Elle a aussi estimé que les Accords d’Oslo ont échoué parce qu’ils étaient le fruit d’un « processus secret entre des dirigeants de l’élite, sans femmes, sans chefs religieux et sans représentants de ceux qui souhaitaient perturber le processus par la violence ».  

S’appuyant de son expérience sur le terrain, l’intervenante a demandé d’investir davantage dans « une paix sociale ».  Ce n’est pas une coïncidence si c’est la présidence irlandaise du Conseil qui m’a invitée aujourd’hui, a-t-elle noté, car les Irlandais connaissent bien le pouvoir de la construction de la paix par la société civile.  Mme Rothbart a donc demandé au Conseil de s’inspirer du processus de paix irlandais et d’investir dans les infrastructures nécessaires à la paix. 

Dans leurs interventions, les délégations ont, dans leur grande majorité, souligné l’illégalité des activités de colonisation israélienne et appuyé la solution des deux États.  « C’est la seule option à ce jour susceptible d’apporter une paix juste et durable dans la région, de garantir la sécurité d’Israël de répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens », a déclaré le délégué de la France.  Il a appuyé toutes les mesures « concrètes et réciproques » visant à restaurer la confiance entre les parties, notamment dans le cadre du groupe d’Amman. 

« La tenue récente du sommet palestino-jordano-égyptien au Caire pourrait être un premier pas pour sortir du statu quo actuel », a commenté la délégation de la Fédération de Russie.  De son côté, le délégué de la Tunisie a appuyé la proposition de tenir une conférence internationale de la paix pour le Moyen-Orient, « dans les meilleurs délais ».  Le représentant des États-Unis a enfin annoncé que son pays est déterminé à élargir le «  cercle de la paix  » entre Israël et ses voisins, y compris palestiniens.  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a présenté le dix-neuvième rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), en rappelant tout d’abord que celle-ci demande à Israël de cesser immédiatement ses activités de colonisation.  « Pendant la période à l’examen, aucun nouveau plan de colonie de peuplement n’a été avancé, approuvé ou proposé. »  Près de 50 familles de colons ont quitté l’avant-poste d’Evyatar, illicite au regard du droit israélien.  Mais les démolitions et les saisies de propriétés palestiniennes ont continué en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.  En raison d’une absence de permis de construire, quasiment impossible à obtenir pour un Palestinien, 302 structures ont été démolies ou saisies, a dit M. Wennesland.  Il a précisé que 907 Palestiniens font face à un risque d’expulsion à Jérusalem-Est. 

Le Coordonnateur spécial a regretté la poursuite de la violence, alors que la résolution précitée appelle à la prise de mesures pour la réduire.  Il a indiqué que 24 Palestiniens, dont 2 femmes et 4 enfants, ont été tués par les forces israéliennes, tandis que 4 674 Palestiniens ont été blessés.  Un soldat israélien a été tué et 29 blessés dans des incidents.  Il a aussi déploré que, contrairement au texte, certains responsables palestiniens et israéliens continuent d’user d’une rhétorique « incendiaire ». 

M. Wennesland a évoqué la situation à Gaza et indiqué que l’ONU a lancé son programme d’assistance financière pour venir en aide à 100 000 familles dans le besoin à Gaza.  Israël a par ailleurs assoupli les restrictions qui avaient été imposées à la suite de l’escalade de mai dernier.  Il a précisé que l’acheminement de biens commerciaux et de construction pour des projets internationaux a été facilité.  Ces entrées sont revenues à leur niveau d’avant l’escalade.  Le 1er septembre, Israël a annoncé qu’il augmenterait les permis d’entrée de 2 000 à 7 000 pour les commerçants et hommes d’affaires, qu’il étendrait la zone de pêche à Gaza de 12 à 15 miles nautiques et qu’il accroîtrait l’approvisionnement en eau de cinq millions de mètres cubes. 

Abordant la grave crise budgétaire que connaît l’Autorité palestinienne, le Coordonnateur a mentionné la réunion du 30 août entre le Président Mahmoud Abbas et le Ministre de la Défense israélien Benny Gantz – la première réunion des deux parties depuis l’annonce du nouveau Gouvernement israélien -, au cours de laquelle Israël a annoncé un prêt à l’Autorité de 150 millions de dollars.  Israël a aussi annoncé l’octroi de 15 000 permis supplémentaires pour les travailleurs palestiniens afin d’entrer dans le pays.  L’Autorité palestinienne a par ailleurs annoncé la tenue d’élections locales le 11 décembre prochain pour tous les villages et municipalités de catégorie C, les autres élections municipales devant se tenir avant la fin du prochain trimestre de l’année prochaine.  Si l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a ouvert ses écoles pour plus de 300 000 élèves, l’Agence connaît toujours des difficultés de financement lors des derniers mois de l’année. 

Rappelant que la résolution précitée appelle les parties à relancer des négociations crédibles, le Coordonnateur spécial a mentionné la réunion du Quatuor le 15 juillet et la réunion des Présidents égyptien, jordanien et palestinien au Caire le 2 septembre.  Les trois dirigeants se sont engagés à relancer les négociations, sous les auspices du Quatuor. 

M. Wennesland a rappelé que les colonies de peuplement sont illégales au regard du droit et sapent la solution des deux États.  « La pause observée durant la période à l’examen doit devenir permanente. »  Il a exhorté Israël à cesser ses démolitions de biens palestiniens, ainsi que ses expulsions, conformément à ses obligations en vertu du droit international humanitaire.  Il a appelé les forces de sécurité à faire preuve de la plus grande retenue et à user de la force létale lorsque cela est inévitable et pour protéger la vie.  Préoccupé par la poursuite de la violence perpétrée par les colons en Cisjordanie, il a rappelé qu’Israël, en tant que Puissance occupante, a l’obligation d’assurer la sécurité des Palestiniens et d’enquêter sur les attaques.  Le lancement de roquettes et de ballons incendiaires en direction de zones israéliennes peuplées viole le droit et doit cesser.  M. Wennesland a rappelé que deux civils israéliens et les dépouilles de deux soldats israéliens sont aux mains du Hamas à Gaza et demandé à ce dernier des informations à ce sujet.  Il a aussi critiqué la pratique d’Israël consistant à conserver les corps de Palestiniens et demandé qu’ils soient retournés à leurs familles. 

S’il a salué l’accès élargi et plus régulier à Gaza, il a souhaité que tous les biens nécessaires à la mise en œuvre du Plan de réponse humanitaire pour 2021 soient autorisés à entrer dans Gaza.  Le Hamas doit cesser d’entraver l’acheminement d’une aide humanitaire cruciale.  Il a aussi encouragé les donateurs à apporter un soutien urgent à l’Autorité palestinienne.  Il a salué les récents contacts de haut niveau entre les parties et les a encouragées à prendre des mesures urgentes pour renforcer l’économie et les institutions de la Palestine.  Le Coordonnateur spécial a appelé à fournir à l’UNRWA les ressources nécessaires à l’exécution de son mandat.  La situation à Gaza exige des solutions politiques mettant l’accent sur des mesures visant à promouvoir l’unité intrapalestinienne, à lever le blocus et à revenir à la table des négociations, a déclaré M. Wennesland. 

Il a jugé que l’unité palestinienne est cruciale pour la promotion de la solution des deux États et appelé à la poursuite des efforts de réconciliation intrapalestiniens emmenés par l’Égypte.  Il a exhorté l’Autorité palestinienne à reprendre le processus électoral le plus tôt possible, la tenue d’élections étant une avancée cruciale sur la voie de l’unité palestinienne.  Il s’est aussi dit encouragé que de nombreux Palestiniens et Israéliens demeurent engagés en faveur de la solution des deux États, malgré les défis considérables, et a exhorté la communauté internationale à promouvoir la paix. 

En conclusion, le Coordonnateur spécial a appelé à des « efforts revigorés » afin d’établir un horizon politique en vue de faire cesser l’occupation et de promouvoir la solution des deux États.  « J’exhorte de nouveau les Israéliens, les Palestiniens, les États de la région et la communauté internationale à prendre des mesures pratiques qui permettraient aux deux parties de se réengager en faveur de la paix. » 

Mme MAI FARSAKH, Responsable de la planification du Centre daide juridique et des droits de l’homme de Jérusalem, est venue témoigner au Conseil du « mépris flagrant » pour le droit international dont fait preuve l’État d’Israël dans son expansion continue des colonies de peuplement sur le territoire palestinien occupé, au détriment du droit individuel des Palestiniens au logement et de leur droit collectif à l’autodétermination, et, avec l’émergence de la violence des colons, de leur sécurité personnelle. 

La population de colons s’élève désormais à près de 670 000 personnes, réparties dans 132 colonies et 140 avant-postes dans la zone C et 13 blocs de colonies à Jérusalem-Est, et contrôlant près de 43% du territoire de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.  Mme Farsakh a précisé que depuis l’adoption de la résolution 2334 (2016), environ 60 000 colons supplémentaires se sont installés dans les territoires palestiniens occupés grâce aux 43 nouveaux avant-postes et à l’expansion des colonies existantes.  Depuis, d’autres plans ont été annoncés en 2021, impliquant 9 000 logements dans la colonie d’Atarout au sud de Ramallah, et 3 412 logements dans la zone E1 de la périphérie de Jérusalem, entre autres.  Plus menaçants encore sont les plans avancés pour autoriser rétroactivement des avant-postes illégaux situés sur des terres privées palestiniennes en déclarant ces terres comme terres de l’État, tel l’avant-poste d’Evyatar construit en mai 2021 dans le gouvernorat de Naplouse. 

Pour l’intervenante, il ne fait pas de doute que la violence des colons, activement ou tacitement soutenue par l’armée israélienne, fait partie des mesures qu’ils emploient pour construire et entretenir des colonies et des avant-postes sur les terres palestiniennes.  Ces violences prennent la forme d’agressions verbales et d’intimidation, d’agressions physiques pouvant aller jusqu’au meurtre, de destruction de biens, ou encore de clôtures de terrain.  Selon les données collectées par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 441 attaques de colons ont été documentées contre des Palestiniens et des biens palestiniens dans les territoires occupés au cours des cinq premiers mois de 2021, soit trois fois plus que la moyenne mensuelle de l’année précédente. 

Mme Farsakh a également parlé des politiques de zonage d’Israël qui facilitent le processus d’expansion des colonies et empêchent concrètement les Palestiniens d’obtenir et/ou d’accorder des permis de construire et laissent la grande majorité des résidents exposés à la menace de démolition.  Cela concerne en particulier les 241 villages dans la zone C, presque toutes les communautés bédouines et au moins un tiers de toutes les maisons palestiniennes à Jérusalem-Est qui n’ont pas de permis de construire délivrés par Israël.  Concrètement, a-t-elle détaillé, entre janvier 2016 et août 2021, ce sont 3 255 structures palestiniennes qui ont été démolies, entraînant le déplacement de 5 622 personnes.  Mme Farsakh a évoqué les implications psychologiques, financières et sociales graves de cette politique, y compris les enfants.  Elle a conclu en disant que son témoignage atteste de « la sape intentionnelle » par Israël d’une solution viable des deux États et de la perspective de paix dans la région. 

S’exprimant par visioconférence depuis Jérusalem, Mme MEREDITH MISHKIN ROTHBART, cofondatrice et directrice exécutive dAmal-Tikva, a présenté sa perspective de « juive israélienne » et « sioniste religieuse » ayant fondé une association avec un Palestinien, Basheer Abu-Baker.  Amal-Tikva travaille avec des dirigeants d’ONG, des philanthropes et des experts de terrain pour renforcer les efforts de paix. 

Son expérience du terrain lui permet d’affirmer que « des négociations au plus haut niveau diplomatique n’aboutiraient pas à une paix substantielle pour le moment ».  Selon Mme Rothbart, les Accords d’Oslo ont échoué parce qu’ils étaient le fruit d’un « processus secret entre des dirigeants de l’élite, sans femmes, sans chefs religieux et sans représentants de ceux qui souhaitaient perturber le processus par la violence ».  Or, pour Mme Rothbart, non seulement la consolidation de la paix par la société civile fonctionne, mais elle est une condition préalable indispensable à la négociation d’un accord de paix. 

Afin de construire la paix entre Israéliens et Palestiniens, l’intervenante a demandé d’investir davantage dans « une paix sociale ».  Ce n’est pas une coïncidence si ce sont les Irlandais qui l’ont invitée aujourd’hui, a-t-elle noté, car les Irlandais connaissent bien le pouvoir de la construction de la paix par la société civile.  Elle a demandé au Conseil de s’inspirer du processus de paix irlandais et d’investir dans les infrastructures nécessaires à la paix, d’établir des partenariats entre des centres communautaires adjacents à Jérusalem, de soutenir les femmes entrepreneurs, et de rendre leurs quartiers plus sûrs. 

Si les circonstances actuelles sont à la fois difficiles et préoccupantes, a déclaré M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis), des mesures peuvent être prises pour améliorer la vie des peuples israélien et palestinien, et pour préserver la possibilité d’une solution négociée de deux États.  M.  Mills a appelé à un accès régulier, prévisible et durable à Gaza pour les acteurs humanitaires.  Les points de passage devraient rester ouverts, aux heures normales, au trafic commercial habituel et au transit rapide des biens humanitaires; les matériaux nécessaires aux efforts de secours et de relèvement doivent pouvoir atteindre les zones touchées.  Il est aussi urgent de fournir de l’eau à la bande de Gaza.  Le représentant a demandé aux autorités de facto de Gaza de s’abstenir d’interférer dans les activités humanitaires et les efforts de reconstruction soutenus par la communauté internationale. 

Rappelant que les États-Unis ont déjà versé plus de 300 millions de dollars à l’UNRWA cette année, M. Mills a appelé les autres pays à remédier au manque de financement de l’Office pour ses services de base.  Il a en outre exhorté l’UNRWA à apporter des améliorations opérationnelles et de gestion pour fournir une assistance efficace aux réfugiés.  L’UNRWA, a-t-il ajouté, doit « respecter ses engagements » pour ce qui est de promouvoir la tolérance, la transparence et la responsabilité.  Le représentant a annoncé que sa délégation est déterminée à élargir le « cercle de la paix » entre Israël et ses voisins, y compris palestiniens.  Israéliens et Palestiniens doivent faire preuve de retenue et s’abstenir d’actions et de déclarations provocatrices, a-t-il conclu, évoquant un avenir où Israéliens et Palestiniens pourront vivre dans des conditions égales de liberté, de dignité, de sécurité et de prospérité. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a appuyé la proposition de tenir une conférence internationale de la paix sous les auspices du Quatuor pour le Moyen-Orient, dans les meilleurs délais.  Il a fustigé la persistance des autorités d’occupation à imposer un fait accompli en essayant de changer la réalité démographique, historique et le statut juridique de la ville de Jérusalem, en procédant à des démolitions de maisons et déplacements de population palestinienne, et en poursuivant le siège injuste de la bande de Gaza. 

Face à ces exactions, le représentant de la Tunisie a exhorté la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, à assumer pleinement ses responsabilités pour obliger la Puissance occupante à respecter ses obligations en vertu du droit international, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, et de cesser toute action unilatérale qui compromettrait toute chance de parvenir à la paix et de restaurer la stabilité et la sécurité dans la région.  Il a aussi dit la nécessité de protéger la population civile palestinienne contre la violence des colons et les forces d’occupation. Compte tenu de la détérioration de la situation économique et humanitaire dans les territoires palestiniens occupés, dont la bande de Gaza, le représentant a souligné l’importance de faciliter l’accès humanitaire, de s’abstenir d’entraver la reconstruction et d’assurer un financement durable et prévisible pour l’UNRWA.  Il a aussi dit l’importance d’efforts de réconciliation palestinienne et de l’organisation d’élections générales en Palestine. 

L’Inde appuie sans réserve une solution des deux États négociée débouchant à la création d’un État palestinien souverain, a affirmé M. SRINIVAS GOTRU (Inde).  Il a rappelé que l’Inde avait toujours appelé à des négociations de paix directes entre Israël et la Palestine.  Nous prenons note des efforts de communication entre le Gouvernement israélien et les autorités palestiniennes, a-t-il déclaré.  Il a également salué les annonces faites par Israël pour alléger les conditions socioéconomiques en Cisjordanie.  Le prêt de 500 millions de Shekel prévu pour l’Autorité Palestinienne, la délivrance de permis de construction supplémentaires pour des maisons palestiniennes ainsi que des permis de travail sont « des pas dans la bonne direction », a-t-il souligné. 

L’Inde n’a cessé d’insister sur le développement socioéconomique du peuple palestinien, a poursuivi M. Gotru.  Il a souligné la nécessité d’un accès de l’Autorité palestinienne à des revenus stabilisés et accrus.  De même, il a plaidé en faveur d’une entrée régulière de matériaux de construction à Gaza, appelant les bailleurs internationaux à appuyer la reconstruction de Gaza via l’Autorité Palestinienne.  Le début d’un programme de transfert en espèce aux familles vulnérables à Gaza via l’ONU les aidera grandement, a-t-il ensuite affirmé.  Il a également appelé au transfert régulier d’aide et d’articles essentiels pour alléger la situation humanitaire.  Les rencontres de haut niveau récentes entre Israël, la Palestine et les grands États régionaux ouvrent la voie à la reprise des négociations directes, a souligné le représentant indien.  Le Conseil de sécurité, la communauté internationale et le Quatuor pour le Moyen-Orient devraient saisir cette occasion pour reprendre les négociations. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique), constatant l’absence de progrès dans le processus de paix au Moyen-Orient, a demandé instamment, conformément à la résolution 2334 (2016), que soit mis fin à la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés et aux actions qui limitent l’accès de la population palestinienne à l’eau potable.  Le représentant s’est d’autre part félicité que la Commission électorale centrale palestinienne ait annoncé l’organisation d’élections municipales en décembre prochain.  Il a en revanche dénoncé les attaques visant des organisations palestiniennes et des défenseurs des droits humains, avant de saluer les efforts déployés pour traduire en justice les responsables de la mort du militant palestinien Nizar Banat. 

Sur le plan sécuritaire, M. de la Fuente Ramirez a condamné les tirs de roquettes et d’engins incendiaires contre Israël depuis Gaza, ainsi que l’usage disproportionné de la force par Israël contre les manifestants palestiniens à proximité de la frontière. Soulignant l’importance d’un renforcement du cessez-le-feu à Gaza, il s’est réjoui de la récente rencontre entre le Premier Ministre israélien et le Président égyptien.  Il a également jugé positive l’annonce d’initiatives pour la reconstruction économique de Gaza ainsi que l’assouplissement de certaines restrictions du blocus. 

Le représentant a par ailleurs salué l’engagement pris au début du mois par l’Autorité palestinienne, l’Égypte et la Jordanie de reprendre les négociations politiques et de travailler avec les pays partenaires pour réactiver le processus de paix.  Il a également applaudi la coopération en matière civile et de sécurité entre Israël et la Palestine, tout en réitérant le soutien du Mexique à la solution des deux États.  Enfin, il a annoncé que son pays apporterait une contribution supplémentaire pour appuyer les opérations de santé et l’approvisionnement en fournitures médicales de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Pour M. SHUANG GENG (Chine), la situation sur le territoire palestinien occupé demeure précaire: Israël doit faire preuve de retenue et s’abstenir de tout acte hostile pour éviter un engrenage du cycle de la violence. 

Invitant l’Égypte et d’autres pays de la région à la médiation, le représentant a rappelé l’appui de la Chine à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans ses efforts d’amélioration de la situation en Palestine. 

Israël devrait impérativement renoncer à bloquer les points d’entrée vers la bande de Gaza, qui entravent l’acheminement de matériaux de construction, a déclaré le représentant pour qui, plus largement, Israël devrait lever entièrement son blocus. 

La question des colonies de peuplement est une question cruciale, a poursuivi le représentant.  Conformément à la résolution 2334 (2016), la Chine appelle Israël à cesser de démolir des maisons palestiniennes et d’étendre ses colonies.  Elle l’invite aussi à en revenir à la solution des deux États, et à l’initiative de paix arabe. 

 Le représentant a rappelé que, dans son allocution lors du débat général de l’Assemblée générale, le Président de l’Autorité palestinienne s’était dit prêt à travailler sur le règlement du statut final.  Fin août, l’autorité palestinienne a établi des contacts de haut niveau.  La Chine espère donc que les parties saisiront cette occasion pour renouer le dialogue rapidement.  Dans le même esprit, le représentant a rappelé que son pays avait récemment souhaité voir renforcer les liens entre le Conseil de sécurité, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et la Ligue des États arabes.   

Appelant les États exerçant « une influence particulière » sur les parties à « s’abstenir de prendre parti ou « d’utiliser le deux poids, deux mesures », le représentant a fait observer que la question palestinienne avait été la plus fréquemment mentionnée à l’Assemblée générale durant le débat général.  La plupart des délégations ont plaidé pour le respect des droits des Palestiniens et de la solution des deux États basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, a-t-il ajouté, y voyant le reflet de la volonté de la communauté internationale de se situer en faveur de l’équité et de la justice. 

M. IVAN P. KHOROSHEV (Fédération de Russie) a regretté la poursuite d’actions unilatérales comme l’expropriation et la destruction de biens palestiniens, la construction de colonies, les arrestations arbitraires, la violation du statut des lieux saints.  Il a exhorté les autorités israéliennes à cesser les démarches unilatérales qui visent à imposer de nouvelles réalités de terrain.  Il a également jugé nécessaire de prendre en compte les préoccupations légitimes de sécurité d’Israël, pour créer les conditions d’une reprise du processus de paix, visant à la solution des deux États.  Face à la persistance des tensions en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, le représentant russe a exhorté les deux parties à s’abstenir de démarches unilatérales et actes de provocation.  Il a estimé que la tâche principale pour la période à venir est de fournir une aide humanitaire d’urgence à toutes les personnes dans le besoin dans la bande de Gaza.  Il faut aussi aider l’Autorité palestinienne à surmonter les difficultés socioéconomiques, alors que les Palestiniens semblent incapables de faire face seuls à la pandémie de COVID-19. 

« Nous continuons d’interagir avec les parties en conflit et les acteurs internationaux et régionaux intéressés », a assuré M. Khoroshev avant de citer l’entrevue du 9 septembre dernier entre M. Sergueï Lavrov, Ministre des affaires étrangères russe et M. Yair Lapid, son homologue israélien.  Le représentant a dit la nécessité de surmonter la division palestinienne et d’organiser des élections, et de consolider le consensus international en faveur d’une solution juste au problème palestinien.  Selon lui, le Quatuor pour le Moyen-Orient reste le seul mécanisme internationalement reconnu pour accompagner le règlement palestino-israélien.  Enfin, soulignant l’importance des efforts de l’Égypte pour surmonter la division palestinienne, il a salué la tenue récente du sommet palestino-jordano-égyptien au Caire et espéré qu’il sera un premier pas pour sortir du statu quo actuel. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a salué la rencontre directe en août entre le Président Abbas et le Ministre de la défense Benny Gantz, y voyant une première étape cruciale vers un engagement plus large.  La représentante a encouragé les parties à élargir davantage ce dialogue, y compris aux questions politiques.  Nous sommes également encouragés par la situation apparemment plus stable à Gaza, a poursuivi Mme Juul, qui a jugé essentiel que l’aide continue d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin.  En outre, les efforts visant à obtenir un cessez-le-feu durable et à long terme doivent être renforcés.  La représentante a appelé les dirigeants de facto de Gaza à maintenir le calme, à agir dans le meilleur intérêt de la population de Gaza et à protéger les civils.  La séance d’information du Coordonnateur spécial d’aujourd’hui a une fois de plus mis en évidence l’impact négatif de l’activité des colonies israéliennes, des démolitions de maisons, des expulsions et de la violence des colons, a insisté Mme Juul. 

La Norvège est préoccupée par le fait que le nombre de démolitions de maisons en 2021 a augmenté de 40% par rapport à l’année dernière, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), les déplacements ont doublé.  Cette tendance est alarmante et inacceptable, a ajouté Mme Juul, qui s’est également dite préoccupée par la situation sécuritaire en Cisjordanie, y compris le nombre élevé d’affrontements violents entre les manifestants et les forces de sécurité israéliennes.  La Norvège est particulièrement préoccupée par le fait que les enfants continuent d’être victimes de violence alors qu’ils ne devraient jamais être pris pour cibles ou mis en danger.  La représentante a exhorté tous les acteurs à désamorcer la situation et à s’abstenir d’actions et de déclarations qui enflamment les tensions.  Mme Juul a par ailleurs regretté le report de la réunion ministérielle du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, initialement prévue le 23 septembre. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a condamné tous les actes de violence et autres violations de la résolution 2334 (2016) par l’ensemble des parties.  Cependant, il a relevé qu’il n’y avait pas eu d’avancement de l’expansion des unités d’habitations depuis le mois de juin.  Le Kenya continue de condamner fermement les récents tirs de roquettes depuis Gaza par le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres factions.  M. Kimani a également attiré l’attention sur l’utilisation d’infrastructures civiles comme lieu de dépôt d’armes. 

La mise en œuvre complète de la résolution 2334 (2016) devra aborder la question des colonies, de la contiguïté territoriale et de la viabilité de la solution à deux États, a souligné le représentant.  M. Kimani a ainsi dénoncé l’établissement par Israël de colonies de peuplement dans le territoire palestinien, « obstacle majeur à la réalisation de la vision d’une solution des deux États ». Le représentant a également appelé au renforcement de l’assouplissement récent des restrictions à l’entrée des marchandises entre Gaza et Israël. 

M. Kimani a souligné la nécessité de renforcer le rôle et le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour relever les défis socioéconomiques dans le territoire palestinien occupé.  Nous ne devons pas perdre de vue les défis sécuritaires et économiques en Cisjordanie, a-t-il poursuivi.  Pour le Kenya, tout effort visant à faire progresser le processus de paix au Moyen-Orient par le biais des acteurs locaux, des dirigeants israéliens et palestiniens et des partenaires régionaux doit être encouragé. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déploré que plus de quatre mois après la dernière série de violences à Gaza et dans ses environs, les tensions et la violence entre les parties ne se soient pas apaisées. 

La poursuite des tirs de roquettes et de ballons incendiaires en direction d’Israël étant inacceptable, Israël a le droit de se défendre, tout en assurant la sécurité et la protection de la population civile, a ajouté le représentant. L’Estonie appelle les parties à continuer à respecter le cessez-le-feu et à faire tout leur possible pour éviter de nouvelles violences. 

La poursuite des incidents violents en Cisjordanie souligne une fois de plus la nécessité d’efforts internationaux et régionaux pour rétablir les conditions de négociations directes, a estimé le représentant.  Celles-ci devant viser une solution des deux États fondée sur le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, seule voie viable vers une paix durable.  

M. Jürgenson s’est toutefois félicité de la tenue, le 29 août, de la première réunion de haut niveau depuis des années entre Israël et l’Autorité palestinienne.  Il y a vu une étape importante vers la restauration de la confiance et a dit espérer qu’elle ouvrira la voie à un dialogue politique soutenu, ainsi qu’à une coopération pratique plus poussée entre les deux parties, qui serait bénéfique tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens. 

L’Estonie souhaite que le processus de reconstruction de Gaza commence rapidement et salue les propositions visant à améliorer la situation socioéconomique des Palestiniens.  M. Jürgenson ne s’en est pas moins dit préoccupé par les projets israéliens d’expansion des colonies en Cisjordanie, ainsi que par la poursuite des démolitions et des expulsions de biens palestiniens.  Il a appelé Israël à s’abstenir de ces activités contrevenant au droit international. 

Enfin, M. Jürgenson a réitéré son inquiétude face aux récentes arrestations de manifestants palestiniens en relation avec la mort du militant politique Nizar Banat.  Il a appelé l’Autorité palestinienne à garantir la liberté d’expression et la liberté de réunion. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a réitéré le soutien de la France en faveur de la solution des deux États, conforme au droit international, aux paramètres agréés et aux résolutions de ce Conseil, dont la résolution 2334 (2016).  « C’est la seule option à ce jour susceptible d’apporter une paix juste et durable dans la région, de garantir la sécurité d’Israël, avec laquelle nous ne transigerons jamais, et de répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens. »  Il s’est dit préoccupé par la multiplication de tendances négatives sur le terrain, qui met en péril la solution des deux États. 

La hausse record des démolitions en 2021, y compris de structures financées par l’Union européenne et la France, est inacceptable, en particulier dans le contexte de la pandémie, a déclaré le délégué.  « La délivrance de permis de construction à des Palestiniens en zone C ne peut en aucun cas justifier les avancées de la colonisation, qui est contraire au droit international. »  M. De Rivière a appelé les autorités israéliennes à cesser l’expansion des colonies, à geler les démolitions et à suspendre définitivement les procédures d’expulsion à Jérusalem-Est.  Il a rappelé l’obligation pour tous les États de faire la distinction dans leurs échanges entre le territoire d’Israël et les territoires occupés de 1967. 

Le délégué a condamné tout tir de ballons incendiaires ou de roquettes contre le territoire israélien, qui met en danger la vie de civils.  Il a également demandé à l’Autorité palestinienne à faire toute la lumière sur l’assassinat de Nizar al Banat et à assurer le respect des droits de l’homme dans les territoires sous son contrôle.  Il a salué la reprise de contacts entre les parties qui doit s’accompagner de la mise en œuvre de mesures de confiance.  Il a, à ce titre, accueilli favorablement les premières mesures prises par Israël, y compris pour permettre l’acheminement de biens vers Gaza.  « La France reste déterminée à soutenir toutes les mesures concrètes et réciproques visant à restaurer la confiance entre les parties, notamment dans le cadre du groupe d’Amman avec ses partenaires allemand, égyptien et jordanien », a conclu M. de Rivière. 

M. BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est félicité de l’engagement récent entre le Gouvernement israélien et les dirigeants palestiniens, y compris la rencontre du 29 août entre le Président palestinien, M. Abbas et le Ministre israélien de la défense, M. Gantz.  Il a appelé les deux parties à travailler ensemble pour faire face aux menaces immédiates et à long terme à la paix et à la stabilité, y compris sur des initiatives économiques, pour aider à soutenir la reprise de Gaza, stimuler l’économie palestinienne et améliorer la vie de tous les Palestiniens vivant dans le Territoire palestinien occupé. 

Dans ce contexte, le représentant s’est dit préoccupé par l’expansion continue des colonies israéliennes, ainsi que par la démolition de biens palestiniens et le déplacement de personnes, dont les démolitions et les expulsions potentielles à Silwan, Oualaja et Cheikh Jarrah.  Il a cité le nombre croissant de Palestiniens tués par les tirs à balles réelles par des forces de défense israéliennes en 2021, en particulier autour de Beïta où huit Palestiniens ont été tués depuis mai.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par l’attaque signalée contre Tareq Zubeidi, un Palestinien de 15 ans, le 26 août, en ajoutant que les communautés doivent être protégées contre la violence et le harcèlement.  Face à ces évolutions, il a demandé que des enquêtes israéliennes transparentes soient menées en cas d’usage excessif de la force afin que les responsables répondent de leurs actes. 

En outre, le représentant britannique a exhorté l’Autorité palestinienne à adhérer aux normes internationales sur la liberté d’expression, d’association et de réunion.  Il a suggéré des réformes pour rétablir la confiance du public avant de condamner les attaques aveugles du Hamas contre Israël et d’exhorter le Hamas et les autres groupes terroristes à cesser définitivement leurs tirs de roquettes contre Israël.  Après avoir salué le discours du Ministre israélien des affaires étrangères proposant des suggestions politiques positives pour soutenir le développement économique de Gaza et une plus grande sécurité pour Israël, il a jugé nécessaire une solution à long terme pour Gaza pour mettre fin au cycle de violence et progresser vers la solution des deux États. 

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a regretté que l’oppression continue du peuple palestinien sape ses revendications légitimes en matière de dignité, d’égalité et de droits de l’homme.  La crise humanitaire actuelle à Gaza continue d’être exacerbée par le blocus israélien qui dure depuis 14 ans, a déploré Mme King.  La représentante a une fois de plus appelé Israël à lever le blocus pour permettre l’accès humanitaire, les matériaux de construction et les équipements de construction pour la reconstruction de Gaza.  En outre, elle a condamné toutes les mesures punitives contre le peuple palestinien qui exacerbent, selon elle, la crise humanitaire.  Sur une note positive, elle a toutefois salué les plans de reconstruction de Gaza, qui débuteront en octobre.  

Mme King a salué les efforts continus de l’UNRWA et ce, malgré les nombreux défis.  La certitude du soutien de la communauté internationale à l’UNRWA est essentielle à la capacité de l’Office de promouvoir le développement humain et à répondre aux besoins humanitaires les plus urgents des réfugiés palestiniens, a insisté Mme King. 

Se faisant l’écho de l’avertissement du Président palestinien, elle a mis en garde contre les obstacles dressés devant la solution des deux États basée sur le droit international et les résolutions de l’ONU.  Pour Mme King, ils représentent une porte ouverte à « d’autres alternatives imposées » aux Palestiniens par la situation sur le terrain. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a exprimé sa vive préoccupation face à la récente augmentation de la violence dans le territoire palestinien occupé.  Il a souligné que le nombre de victimes depuis le début de l’année 2021 était cinq fois plus élevé qu’en 2020.  Des incidents dans d’autres parties du territoire palestinien occupé et des affrontements dans les zones frontalières de Gaza pourraient conduire à des hostilités de grande ampleur, a-t-il mis en garde.  M. Dang a exhorté les autorités israéliennes à respecter leurs obligations au titre du droit humanitaire international et à mettre fin à l’usage excessif de la force et aux attaques des colons.  

Nous restons préoccupés par la politique de colonisation constante des autorités israéliennes, a poursuivi M. Dang.  Il a demandé aux autorités israéliennes de suspendre définitivement les procédures d’expulsion des familles palestiniennes de Silwan et de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est.  Le représentant a ensuite salué les récents contacts entre le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne.  Nous espérons que ces contacts et cette coopération pourront tracer la voie à des dialogues et des négociations significatives, a-t-il espéré. 

M. Dang a ensuite souligné la nécessité de garantir un accès régulier à l’entrée et à la sortie de Gaza, notamment à des fins humanitaires et de reconstruction.  Mais le soutien humanitaire et économique extérieur ne peut à lui seul répondre aux difficultés auxquelles la bande de Gaza est confrontée, a-t-il ajouté.  Soulignant que le taux de chômage atteint les 67%, le représentant du Viet Nam a exhorté Israël à lever le blocus imposé à Gaza dès que possible.  Il a enfin appelé les donateurs internationaux à augmenter le niveau d’assistance et de réponse humanitaire dans le territoire palestinien occupé.   Nous réaffirmons notre soutien à une solution des deux États et à l’établissement d’un État de Palestine indépendant et souverain, a-t-il conclu. 

M. ABDOU ABARRY (Niger) s’est félicité de l’annonce par le Gouvernement israélien d’un plan de réhabilitation de la bande de Gaza ainsi que de la première rencontre officielle depuis 11 ans entre des responsables israéliens et palestiniens.  Ces « beaux gestes », annonciateurs d’une phase de détente et d’un retour de la confiance, doivent être consolidés et exploités au mieux, a plaidé le représentant, qui a souhaité que les deux parties donnent « toutes ses chances » à la relance de ce processus.  Pour cela, Israël doit mettre fin à sa politique de colonisation « effrénée » dans les territoires palestiniens occupés et s’engager à respecter les paramètres internationaux ainsi que les résolutions des Nations-Unies consacrant la solution des deux États, a affirmé le représentant, avant d’appeler à l’arrêt des violences de part et d’autre.  Pour le Niger, il importe également que le Quatuor et les membres du Conseil ayant une influence sur les parties en présence, ainsi que les acteurs régionaux, continuent d’œuvrer au rapprochement entre Israéliens et Palestiniens.  

Dans le cadre de ces efforts, la levée du blocus illégal sur la bande de Gaza et l’amélioration de la situation humanitaire doivent être considérées comme des priorités, a poursuivi M. Abarry, qui a réclamé des réponses urgentes pour la reconstruction et le redressement de Gaza ainsi que pour la protection de sa population.  À cet égard, le représentant a souhaité que la communauté internationale appuie les programmes vitaux de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient et qu’Israël, en tant que Puissance occupante, s’acquitte de toutes ses obligations en vertu du droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la lutte contre la pandémie de COVID-19. 

L’Irlande reste convaincue que la solution des deux États offre les meilleures perspectives de paix durable, a déclaré Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande).  Si les contacts permanents entre les parties et au sein de la région sont les bienvenus, ils ne remplacent pas des négociations directes, dans le cadre d’un processus politique plus large, a-t-elle souligné en regrettant que les colonies restent un obstacle majeur à la paix.  Elle s’est dite préoccupée par l’augmentation des démolitions, des expulsions et des saisies de structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. L’Irlande demande aux autorités israéliennes de cesser ces activités et de fournir des permis de construction adéquats dans les communautés palestiniennes, permettant le développement des territoires palestiniens.  Insistant sur l’importance de maintenir le statu quo sur les lieux saints, en particulier à Haram el-Charif, Mme Byrne a déclaré « soyons clairs » : ces actes de violence, y compris les attaques à la roquette de Gaza vers Israël, continuent d’éroder la confiance entre les parties et au sein même des communautés, ce qui rend un règlement politique plus difficile. 

S’inquiétant également de l’augmentation de la violence dans les territoires palestiniens occupés, la représentante a demandé aux autorités israéliennes de veiller à ce que les responsables de ces actes aient à rendre des comptes et de mettre fin à la culture de l’impunité.  Elle a exhorté le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne à user de leur influence et de leur autorité pour réduire les tensions, prévenir la violence et contribuer au règlement de problèmes anciens.  L’Irlande a renouvelé son appel à Israël pour qu’il mette fin au blocus de Gaza et s’est félicitée de la décision d’Israël d’autoriser davantage de matériel de reconstruction à entrer à Gaza, de son extension de la zone de pêche et de l’octroi de davantage de permis de travail aux habitants de Gaza.  « C’est le minimum que l’on puisse faire pour aider les habitants de Gaza sur la voie de la reprise. »  Avant de conclure, Mme Byrne a estimé qu’il incombe au Conseil, au Quatuor, aux partenaires de la région et à la communauté internationale de faire respecter le droit international et de rester pleinement engagés dans les travaux visant à résoudre le conflit israélo-palestinien. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie annonce l’envoi des invitations pour la prochaine session de la Commission constitutionnelle

8866e séance – matin
CS/14647

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie annonce l’envoi des invitations pour la prochaine session de la Commission constitutionnelle

L’Envoyé spécial pour la Syrie a annoncé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, qu’après huit mois de facilitation intensive, des invitations ont été envoyées pour une sixième session de la Commission constitutionnelle. 

Placée sous l’égide de l’ONU, cette Commission constitutionnelle se trouve après deux ans d’existence à un tournant, a souligné M. Geir Pedersen, qui a reconnu l’absence de progrès véritable quant à la rédaction de la prochaine constitution syrienne.  «  Mais aujourd’hui, j’ai le plaisir d’annoncer qu’un accord est en place sur la méthodologie et que des invitations ont été envoyées pour une sixième session de la Commission » s’est-il félicité, précisant que l’organe restreint de la Commission se réunira pour sa part à Genève à partir du 18 octobre. 

Si la Syrie a pris note de ces invitations, elle a souligné que l’Envoyé spécial doit s’en tenir à son rôle de facilitateur et transmettre ses messages de manière « neutre et impartiale ».  La délégation syrienne a également assuré que son Gouvernement avait facilité les travaux de la Commission, avant de s’élever contre les tentatives d’imposer des « échéances artificielles », une demande également formulée par la Fédération de Russie.  Dénonçant par ailleurs les frappes israéliennes « incessantes » contre la Syrie, la Russie a également appelé –comme la République islamique d’Iran– à cesser la « politisation » de l’aide humanitaire et à renforcer la « transparence » de la fourniture de cette aide transfrontalière.   

Évoquant la situation sur le terrain, la délégation syrienne a également estimé que l’heure était venue de mettre fin à la présence des forces militaires des États-Unis et de Turquie dans son pays, ainsi qu’aux sanctions en vigueur.  Elle a tout particulièrement mis en cause le « régime turc » pour sa pratique de la « turquisation » des régions où son armée est déployée et où elle se livre à des « pillages de richesses ».  Le Conseil de sécurité doit s’opposer aux « crimes de l’occupation turque », a exigé la Syrie.  

Pour la Turquie en revanche, le « régime syrien » et ses soutiens doivent adhérer pleinement au cessez-le-feu.  « C’est le minimum qu’ils puissent faire pour avoir une quelconque crédibilité dans le processus politique ».  La délégation a par ailleurs estimé que le Parti des travailleurs du Kurdistan et les Unités de protection du peuple continuent eux aussi de représenter une « menace majeure » pour la sécurité de la Syrie.  Elle fustigé les attaques menées contre des civils par cette organisation terroriste et ses « alliés » des Forces démocratiques syriennes, avant de s’étonner du « silence » de la communauté internationale face à ces « crimes contre l’humanité ».  « Quand cette hypocrisie prendra-t-elle fin ? », s’est demandée la Turquie, en assurant le Conseil que jamais son pays « ne tolérera le soutien au terrorisme sous le prétexte de combattre Daech ». 

Le Conseil a également entendu la Fondatrice et Directrice de Sawa for Development and Aid, une organisation à but non lucratif qui soutient les réfugiés syriens au Liban, qui a jugé impératif que la situation syrienne reste en bonne place sur « l’agenda international » et que les demandes du peuple syrien parviennent aux tables de négociation.  Cela étant, Mme Rouba Mhaissen s’est félicitée que les femmes syriennes aient brisé le « mur de la peur » et réussi à participer à titre officiel aux pourparlers dirigés par l’ONU, notamment au sein de la Commission constitutionnelle et du Comité consultatif des femmes.  Toutefois, les contributions des femmes au niveau communautaire restent « invisibles » et leurs demandes sont toujours ignorées dans le processus de paix, a-t-elle déploré.  L’intervenante a également averti que la prolongation du statu quo actuel au niveau du processus politique ne sera pas propice à un retour volontaire durable des réfugiés, regrettant que ces questions se retrouvent rarement dans les discussions politiques. 

Pour qu’un règlement politique puisse réussir, nous devons nous concentrer sur le renforcement de la « résilience locale » et sur le soutien aux Syriens, en particulier les femmes, a plaidé Mme Mhaissen pour qui il est temps d’activer le rôle des femmes en tant que médiatrices communautaires. 

Dans son intervention, l’Envoyé spécial a également attiré l’attention sur une statistique « sinistre » qui rappelle l’étendue des souffrances et des pertes épouvantables endurées par le peuple syrien après plus de 10 ans de conflit: 350 000 morts confirmés, le chiffre véritable étant probablement « beaucoup, beaucoup plus élevé ».  Pour M. Pedersen, ce bilan accablant justifie d’autant plus, malgré un calme relatif ces 18 derniers mois, de parvenir à un règlement politique de la crise sur la base de la résolution 2254 (2015).  

« Le peuple syrien a désespérément besoin d’un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens eux-mêmes », a plaidé le haut fonctionnaire, en rappelant la nécessité de maintenir un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  « Je continue de plaider en faveur de cette approche, notamment en raison du risque que les épisodes de violence ne dégénèrent en une confrontation totale », a-t-il mis en garde.  Il a par ailleurs évoqué la rencontre, demain, entre les Présidents de la Fédération de Russie et de Turquie, se disant certain que la situation sur le terrain à Edleb et ailleurs sera une question importante  pour les deux dirigeants. 

Horrifiés comme l’Envoyé spécial par le chiffre de 350 000 morts communiqué par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les États-Unis ont souhaité attirer l’attention sur une autre statistique : 149 000, soit le nombre de Syriens se trouvant en détention arbitraire « ou dont on ignore le sort », et qui devraient être immédiatement remis en liberté en guise de mesure de confiance en appui au processus politique en cours, comme l’a lui-même suggéré M. Pedersen.  Cet appel a trouvé un écho auprès de la France, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, du Kenya et du Mexique.  

LA SITUATION EN SYRIE

Déclarations

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a déclaré que, la semaine dernière, une annonce sinistre est venue rappeler l’étendue des souffrances et des pertes épouvantables endurées par le peuple syrien.  La Haut-Commissaire aux droits de l’homme a confirmé que 350 000 personnes avaient été tuées au cours de la première décennie du conflit.  Compte tenu du grand nombre de personnes encore introuvables, le chiffre réel est probablement « beaucoup, beaucoup plus élevé »  À ce nombre « horrible » de morts, s’ajoutent les plus de 12 millions de Syriens déplacés, soit la moitié de la population syrienne d’avant le conflit, a relevé l’Envoyé spécial.  « Des dizaines de milliers de personnes sont toujours détenues, enlevées ou portées disparues. Les niveaux de pauvreté approchent les 90% après une décennie de conflit, de mauvaise gestion et de corruption, et maintenant l’impact de l’effondrement économique libanais, de la COVID et des sanctions », a constaté le haut fonctionnaire.  La Syrie est divisée de facto en plusieurs zones, avec de nombreux acteurs internationaux, sur fond d’épisodes violents qui continuent de mettre à l’épreuve le calme relatif des 18 derniers mois. 

« Le peuple syrien a désespérément besoin d’un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens eux-mêmes », a poursuivi M. Pedersen.  Et dans ce cadre, ils ont également besoin de l’attention soutenue de la communauté internationale à l’appui d’un effort plus large de nature à atténuer leurs souffrances et avancer sur la voie du rétablissement de la souveraineté, de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie et répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien à déterminer son propre avenir.  Il a rappelé qu’il s’agit là des piliers de la résolution 2254 qui, a-t-il ajouté, reconnaît le lien étroit entre un cessez-le-feu à l’échelle nationale et un processus politique parallèle.  « Je continue de plaider en faveur de cette approche, notamment en raison du risque que les épisodes de violence ne dégénèrent en une confrontation totale », a-t-il indiqué.  

À Edleb, a-t-il poursuivi, beaucoup de personnes de retour chez elles dans le sud de la province ont à nouveau été déplacées, sur fond de bombardements nourris, de tirs de roquette et de multiplication de frappes aériennes.  De nombreuses frappes se sont concentrées au sud de la M4, ainsi que dans la zone de désescalade, y compris près des camps de personnes déplacées situés à la frontière turco-syrienne.  « Entre-temps, un accord a ramené le calme à Deraa el-Balad, et j’espère qu’il s’avérera durable », s’est réjoui le haut fonctionnaire. 

M. Pedersen a aussi indiqué qu’il existe de multiples sources d’inquiétude ailleurs en Syrie, citant notamment les escarmouches en cours entre les groupes armés non étatiques et l’armée turque dans le nord-ouest de la Syrie et dans le nord des faubourgs d’Alep.  Des informations font également état d’une hausse des frappes de drones turcs sur le territoire syrien, ainsi que d’une autre série de frappes aériennes attribuées à Israël sur des cibles près de Damas.  En outre, l’EIIL a attaqué un gazoduc alimentant la centrale électrique de Deïr Ali, provoquant une panne de courant dans tout le pays, a relevé l’Envoyé spécial pour qui une action antiterroriste conforme au droit international humanitaire est « possible et nécessaire ». 

« Je suis sûr que la situation sur le terrain à Edleb et ailleurs sera une question importante lorsque les Présidents Putin et Erdogan se rencontreront demain », a noté l’Envoyé spécial en appelant ceux qui ont de l’influence à promouvoir le calme.  Entre-temps, a-t-il fait savoir, les contacts russo-américains pour poursuivre les progrès sur le front humanitaire dans le cadre de la résolution 2585 se sont poursuivis, et l’ONU s’est engagée à faire tout son possible pour appliquer pleinement la résolution sous tous ses aspects. 

Après avoir appelé à éviter et atténuer les répercussions des sanctions sur le sort des Syriens ordinaires, le haut fonctionnaire a rappelé qu’il s’est engagé de manière intensive avec les parties syriennes, à savoir le Gouvernement syrien et la Commission de négociation syrienne de l’opposition.  Il ressort clairement de toutes les discussions que la confiance est « faible » mais que des intérêts communs existent, et qu’il y a toutes les raisons d’essayer maintenant de parvenir à un effort politique plus efficace, a-t-il indiqué.  

Il a également souligné que la Commission constitutionnelle se trouve maintenant à un moment important.  Il a rappelé que bien qu’elle ait été approuvée il y a deux ans par le Gouvernement syrien et la Commission syrienne de négociation, la Commission constitutionnelle n’avait pas encore réalisé de progrès constants dans l’accomplissement de son mandat.  « Mais aujourd’hui, la bonne nouvelle, c’est qu’après huit mois de facilitation intensive avec les coprésidents, j’ai le plaisir d’annoncer qu’un accord est en place sur la méthodologie et que des invitations ont été envoyées pour une sixième session de la Commission » s’est-il félicité, précisant que l’organe restreint de la Commission se réunira pour sa part à Genève à partir du 18 octobre. 

Pour M. Pedersen, on peut à présent s’attendre à ce que la Commission constitutionnelle commence à travailler sérieusement sur le processus d’élaboration d’une réforme constitutionnelle.  « Si tel est le cas, nous aurons alors un processus constitutionnel différent et crédible, ce dont nous avons besoin si nous voulons établir un minimum de confiance », a souligné l’Envoyé spécial.  Les trois délégations –celles du gouvernement, de l’opposition et de la société civile– ont d’importantes contributions à apporter à cet égard.  Nous devons, en effet, parvenir à un véritable dialogue politique intrasyrien et à travers cela, un véritable processus de réforme politique syrienne.  Et je suis convaincu que Genève peut être le lieu où les Syriens attachés à une paix durable peuvent commencer à travailler les uns avec les autres de manière constructive, a ajouté M Pedersen.  

Après avoir plaidé pour la participation des femmes au processus politique, l’Envoyé spécial a souligné l’importance d’agir sur le dossier « crucial » des détenus, des personnes enlevées et des personnes disparues, comme mesure de renforcement de la confiance.  Il a également indiqué que si les conditions sont loin d’être réunies pour assurer le retour des réfugiés en Syrie, il est toutefois possible de commencer à examiner comment éliminer certains des obstacles aux retours, notamment en termes de sécurité, de législation, de ressources, de moyens de subsistance et avec les autorités compétentes envoyant des signaux clairs et crédibles.  « Cela enverrait un signal d’espoir concret à des millions de Syriens ». 

Comme je l’ai souvent souligné, les problèmes ne sont pas uniquement entre les mains des Syriens, a rappelé l’Envoyé spécial.  Mais nous avons besoin d’une diplomatie syrienne constructive pour aider à sauver des vies, soulager les souffrances, promouvoir la stabilité et mettre en œuvre la résolution 2254.  

Mme ROUBA MHAISSEN, Fondatrice et Directrice de Sawa for Development and Aid, une organisation à but non lucratif qui soutient les réfugiés syriens au Liban, a constaté qu’en raison des problèmes socioéconomiques et politiques que connaissent de nombreux États, de l’escalade des conflits en Afghanistan, au Yémen ou au Soudan, et de la nature prolongée du conflit syrien, « c’est aujourd’hui un défi de garder la Syrie à l’ordre du jour prioritaire ».  Pourtant, a-t-elle déploré, les exigences pour lesquelles le peuple syrien est descendu dans la rue en 2011 n’ont toujours pas été satisfaites.  Il est donc impératif, selon elle, que la situation syrienne reste en bonne place sur « l’agenda international » et que les demandes du peuple syrien parviennent aux tables de négociation.  Cela étant, elle s’est félicitée que les femmes syriennes aient brisé le « mur de la peur » et progressé en matière de représentation.  Certes, a convenu cette militante, « les succès sont modestes », mais des femmes ont réussi à participer à titre officiel aux pourparlers dirigés par l’ONU, notamment au sein de la Commission constitutionnelle et du Comité consultatif des femmes, sans oublier les représentantes de la société civile qui ont informé le Conseil de sécurité.  Toutefois, les contributions des femmes au niveau communautaire restent « invisibles » et leurs demandes sont toujours ignorées dans le processus de paix, a-t-elle déploré.  

Alors que les droits des Syriens et des Syriennes continuent d’être violés au quotidien, « nous sommes encore loin de la paix ou de la construction de la paix en Syrie », a souligné Mme Mhaissen.  Selon elle, c’est d’autant plus vrai que les questions de sécurité, de moyens de subsistance, de logement et de droit à l’éducation sont le plus souvent cataloguées comme « purement humanitaires ».  Or, a-t-elle relevé, « les préoccupations des Syriens ordinaires sont ce qu’il y a de plus politique ».  En effet, la politique contrôle l’aide humanitaire permet de poursuivre le soutien transfrontalier aux communautés, documente les violations des droits humains, aide à négocier la libération des êtres chers et contribue à forger de nouveaux espaces civils, a fait valoir la Directrice de Sawa for Development and Aid

S’agissant des réfugiés, Mme Mhaissen a observé qu’en dépit des difficultés rencontrées par les pays voisins de la Syrie, les intentions de retour sont aujourd’hui « à leur plus bas niveau ».  De plus, nous continuons de voir des preuves de rapatriés quittant à nouveau la Syrie et de grandes vagues de migration interne forcée se poursuivent, a-t-elle alerté.  Les réfugiés et les personnes déplacées continuent leur recherche d’une vie décente, affluant vers l’Égypte, la Turquie et l’Europe par le biais de canaux de trafic nouvellement formés.  De fait, la prolongation du statu quo actuel au niveau du processus politique ne sera pas propice à un retour volontaire durable des réfugiés, a averti la jeune femme, regrettant que ces questions se retrouvent rarement dans les discussions politiques.  À ses yeux, des compromis sont nécessaires, mais ils doivent se faire « aux dépens des intérêts des parties plutôt que du peuple ».  

Pour qu’un règlement politique puisse réussir, nous devons nous concentrer sur le renforcement de la « résilience locale » et sur le soutien aux Syriens, en particulier les femmes, a plaidé Mme Mhaissen.  Une telle approche « populaire » permettrait selon elle de renforcer l’unité du peuple syrien et de guérir les divisions et les traumatismes causés par 10 années de conflit.  À cette aune, a-t-elle insisté, il est temps d’activer le rôle des femmes en tant que médiatrices communautaires.  Il est également temps que le Conseil passe de la politique des grandes puissances à un « échange dynamique » avec les communautés touchées par le conflit.  « Mettez les Syriens au premier plan de vos stratégies », a-t-elle lancé en conclusion.  « Investissez en nous si vous voulez vraiment parvenir à une paix durable et juste en Syrie, exempte d’oppression, de violence et d’extrémisme, et faire progresser la paix et la sécurité mondiales .» 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a salué les progrès enregistrés dans la relance des travaux de la Commission constitutionnelle, en ajoutant que son pays insiste sur la nécessité d’une telle relance dans ses contacts avec les parties syriennes.  Nous comptons sur une reprise rapide du dialogue intrasyrien, sans ingérence extérieure et sans imposition de délais artificiels, a-t-il dit, en souhaitant que l’ONU joue un rôle neutre.  Il a estimé que la formulation d’exigences artificielles ne facilite pas la poursuite des négociations.  La situation sur le terrain demeure difficile, a-t-il dit, avant d’évoquer le cessez-le-feu obtenu autour de la ville de Deraa.  Il a déclaré que les « terroristes » d’Edleb tentent d’exploiter l’instabilité dans cette zone, avant de se préoccuper de la détérioration de la situation dans les zones sous le contrôle des forces turques.  M. Nebenzia a également dénoncé les frappes israéliennes « incessantes » contre la Syrie, avant de plaider pour le rétablissement complet de la souveraineté de ce pays.  Il faut mettre un terme à la présence internationale illégale en Syrie et œuvrer à la défaite finale des terroristes, a martelé le délégué.  M. Nebenzia a également appelé à cesser la « politisation » de l’aide humanitaire, en estimant que la question de la levée des sanctions reste d’actualité.  « Près de 90% de la population syrienne vit en-dessous du seuil de pauvreté. »  Il a également souhaité un renforcement de la transparence dans la fourniture de l’aide humanitaire transfrontalière.  « Le temps est compté en Syrie », a averti le délégué, en appelant à des avancées sur le terrain. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a déclaré que, la semaine dernière, « après une décennie de conflit en Syrie, un chiffre s’est imposé: 350 209 ».  C’est le chiffre que la Haut-Commissaire aux droits de l’homme a publié après des recherches minutieuses de l’ONU en vue d’identifier tous ceux qui ont été tués depuis le début du soulèvement.  Et comme l’a noté l’Envoyé spécial, il s’agit très certainement d’une estimation prudente, étant donné l’incroyable difficulté de recueillir des données lors d’un conflit en cours.  « Bien que nous ne puissions pas ramener ceux qui sont morts, il y a une autre statistique contre laquelle le régime d’Assad pourrait faire quelque chose en ce moment: 149 000.  C’est le nombre estimé de Syriens en détention arbitraire ou dont on ignore le sort », a lancé le représentant américain, en réitérant l’appel de son gouvernement au « régime » syrien à les remettre en liberté et à partager des informations sur le sort de ceux qui sont portés disparus. 

La délégation s’est déclarée d’accord avec l’Envoyé spécial sur la nécessité de progresser sur la question des détenus, comme mesure de confiance pour renforcer le processus politique.  « Nous n’avons pas encore vu d’efforts significatifs de la part du régime syrien, malgré ses annonces occasionnelles d’amnisties présumées.  Ainsi, les États-Unis réitèrent leur soutien aux efforts continus de l’Envoyé spécial pour résoudre ce problème de longue date, et appelons ceux qui ont une influence sur le régime à s’en servir. »

Les États-Unis ont déploré que deux ans aient passé depuis l’inauguration de la Commission constitutionnelle, « sans que ses membres ne discutent d’une seule clause ou d’une seule phrase de la constitution ».  Aussi se sont-ils réjouis des progrès annoncés aujourd’hui et de la tenue d’une nouvelle session, en exhortant maintenant toutes les parties à y participer de bonne foi.  « Et nous appelons le régime d’Assad à cesser de bloquer le processus et à participer de manière significative », a ajouté M. Richard Mills.  « Il est temps que le régime d’Assad et toutes les parties concernées prennent place à la table des négociations, suivent la feuille de route fixée par la résolution 2254 (2015) et mettent un terme au conflit syrien une fois pour toutes. » 

M. SHUANG GENG (Chine) s’est alarmé du grand nombre de morts et de populations déplacées en Syrie depuis le début du conflit.  Alors que le pays reste confronté à une violence incessante, à des activités terroristes et à des besoins humanitaires croissants, il a souligné l'importance d’une solution politique, appelant de ses vœux un processus contrôlé et dirigé par les Syriens.  À cet égard, le représentant s’est félicité du « pas en avant » que constitue l’annonce du lancement du sixième cycle des travaux de la Commission constitutionnelle.  Il a souhaité que ces discussions soient productives, tout en avertissant que la confiance entre les différentes parties restera faible tant que des « plans de changement de régime » seront toujours en place.  De fait, les forces étrangères internationales présentes sur le territoire sans autorisation du Gouvernement syrien devraient se retirer immédiatement, a-t-il plaidé, avant d’appeler également à la levée des sanctions unilatérales illégales.  « S’opposer au Gouvernement syrien ne peut justifier de punir le peuple syrien », a encore affirmé le délégué, estimant en conclusion que la communauté internationale doit respecter le droit de ce dernier de choisir sa propre voie de développement. 

Espérant que le prochain cycle de négociations fera avancer le processus constitutionnel de manière substantielle et tangible, Mme  MONA JUUL (Norvège) a exhorté les parties à contribuer concrètement à l’élaboration d’une nouvelle constitution.  Des progrès dans ce domaine peuvent accroître la confiance et ouvrir la voie à des progrès dans d’autres parties de la résolution 2254 (2015).  L’intervention du docteur Mhaissen aujourd’hui illustre l’importance d’être à l’écoute de la société civile et d’assurer un processus inclusif, a reconnu la représentante. 

La situation humanitaire, économique et sécuritaire désastreuse sur le terrain doit être améliorée.  La Norvège continuera de soutenir activement tous les efforts déployés à cette fin, a déclaré Mme Juul, mais les causes profondes du conflit doivent également être traitées.  Elle a appuyé l’appel lancé par l’Envoyé spécial aux parties syriennes pour qu’elles avancent dans leur dialogue.  Ainsi que son appel aux acteurs internationaux engagés en Syrie à se rassembler et à identifier des mesures concrètes qui peuvent faire avancer le processus politique.  En conclusion, la représentante a redit l’importance de poursuivre la lutte contre Daech en Syrie. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que les récents affrontements dans la région de Deraa et les attaques croissantes « du régime » et de la Russie sur la poche d’Edleb montrent que la guerre n’est pas finie.  « Elle ne pourra pas l’être tant qu’un règlement politique du conflit ne sera pas mis en œuvre. »  C’est la raison pour laquelle, la France ne cesse de rappeler l’importance de mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) dans tous ses volets, a-t-il dit, ajoutant que cette résolution demeure la feuille de route commune à tous les membres du Conseil de sécurité.  Il a aussi appelé à des progrès urgents sur la question des détenus entre les mains du régime et des personnes disparues, précisant qu’il s’agit d’une demande clef de toutes les franges de la société syrienne.  « Cela passe aussi par des avancées sur une cessation durable et vérifiable des hostilités à l’échelle nationale. » 

Évoquant la tenue de la sixième réunion de la Commission constitutionnelle en octobre, le délégué de la France a jugé impératif que les représentants du « régime » y participent « enfin » de bonne foi pour permettre des avancées tangibles.  « En d’autres termes, nous voulons voir cette commission mettre en œuvre son mandat et rédiger une constitution. »  Il a demandé que la pleine participation des femmes soit assurée dans ce processus.  « Sans solution politique solidement enclenchée, nos positions sur la levée des sanctions, la normalisation et la reconstruction demeureront inchangées. »  Enfin, le représentant a demandé que les responsables des crimes commis en Syrie répondent de leurs actes. 

M. SRINIVAS GOTRU (Inde) a constaté que ces dernières semaines ont été marquées par des développements « intéressants » sur le plan politique, citant notamment le déplacement de l'Envoyé spécial à Damas au début du mois, les discussions informelles entre les « pays importants » exerçant une influence sur la Syrie ainsi que les engagements de haut niveau entre la Syrie et la Fédération de Russie.  Il a estimé que le processus de rédaction de la constitution doit commencer, engageant tous les acteurs externes à s’abstenir d’influencer de manière adverse les parties concernées.  Il a également appelé à la convocation de la sixième réunion de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle.  Les trois parties, a-t-il ajouté, doivent s’engager de manière constructive avec l'Envoyé spécial sur ses « propositions de rapprochement ». 

Le représentant a ensuite salué l’accord de cessez-le-feu conclu à Deraa, mais s’est inquiété de la situation qui prévaut dans le nord-est et le nord-ouest de la Syrie.  Un cessez-le-feu global à l’échelle nationale est indispensable pour la population civile, ainsi que pour assurer les livraisons d’aide humanitaire par-delà les lignes de front, a-t-il souligné.  Le délégué s’est par ailleurs préoccupé de l’implication d’acteurs externes en Syrie et de leur impact sur l’augmentation du terrorisme, citant notamment les activités de l’EIIL et de Hay’at Tahrir el-Cham. 

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a répété qu’il n'y a pas de solution militaire au conflit en Syrie, avant de réitérer son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial pour faciliter un processus politique plus large, dont la Commission constitutionnelle fait partie intégrante.  Après l’annonce de la convocation d’une sixième session de la Commission en octobre, elle a encouragé toutes les parties à travailler dans un esprit de respect mutuel et de compromis. Elle a également souhaité que la participation des femmes au processus politique soit garantie. 

Notant qu’il existe un lien étroit entre un cessez-le-feu à l’échelle nationale et le processus politique parallèle, la représentante a déploré que la poursuite des hostilités empêche la réalisation des buts et objectifs de la résolution 2254 (2015).  Elle a donc exhorté les parties au conflit à faire preuve d’un maximum de retenue et à respecter pleinement leurs obligations en vertu du droit international, notamment pour la protection des populations et des infrastructures civiles.  Elle a d’autre part plaidé pour une « approche ciblée » concernant les entités terroristes désignées par le Conseil de sécurité, lesquelles continuent de représenter une grave menace pour le peuple syrien, ainsi que pour la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.  Après avoir appelé à tenir les auteurs d’atrocités comptables de leurs actes et à régler la question des détenus et des personnes enlevées ou disparues, Mme King a souhaité que des actions concrètes soient décidées par la communauté internationale pour remédier au sort des Syriens, à commencer par la levée immédiate des mesures coercitives unilatérales qui frappent la population civile.  Elle a aussi demandé que soit prévu un retour sûr, digne et volontaire des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays, ce qui passe par un effort de reconstruction avec un soutien international.  Enfin, la déléguée a réclamé le retrait des forces étrangères non autorisées en Syrie, y voyant une question prioritaire. 

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a jugé plus urgente que jamais la recherche d’une solution politique en Syrie, avant d’apporter son soutien à un processus dirigé et contrôlé par les Syriens, conformément à la résolution 2254 (2015), dans le respect de l’indépendance et de l’unité de la Syrie.  Il a plaidé pour un dialogue substantiel au sein de la Commission constitutionnelle et espéré un accord sur la méthodologie de travail afin de faciliter ledit dialogue.  Pour appuyer ces efforts, un esprit de coopération entre les interlocuteurs internationaux doit retrouver un second souffle, a déclaré le délégué.  Il a estimé que la proposition de l’Envoyé spécial d’un nouveau format pourrait être une sortie possible de l’impasse actuelle. 

Le délégué a appelé les parties à faire montre de la plus grande retenue, avant d’appeler au maintien des efforts contre les terroristes désignés comme tels par le Conseil.  « Dans le même temps, ces efforts doivent être bien coordonnés pour garantir le respect du droit. »  Enfin, le délégué du Viet Nam a insisté sur l’importance de l’unité de la communauté internationale dans le soutien qu’elle apporte à la Syrie. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a salué les efforts continus de l’Envoyé spécial pour promouvoir la transition politique et exhorté les parties à se joindre de manière constructive au processus facilité par l’ONU.  Il a encouragé la participation des représentants de la société civile afin de promouvoir et soutenir un processus politique large et inclusif qui assure la participation des femmes, des jeunes et des minorités.  Malgré le gel relatif des fronts de conflit, la violence continue, s’est encore inquiété le représentant. Condamnant « les tactiques de siège contre la population civile », il appelé à l’arrêt immédiat des hostilités et exhorté les forces associées au régime syrien à respecter la liberté de mouvement. 

Aujourd’hui, plus de 13 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, a rappelé M. De la Fuente.  « Il est évident que les conditions nécessaires au retour volontaire, sûr et digne de la population réfugiée n’existent pas. »  Le Mexique fait en outre écho aux appels à libérer les détenus et à clarifier les faits de ceux qui ont disparu.  Il demande à tous les États de coopérer avec le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé d’enquêter sur les violations les plus graves du droit international en Syrie et appuyé l’appel du Secrétaire général pour que ce Conseil porte la situation devant la Cour pénale internationale (CPI). 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué l’annonce d’un sixième cycle de discussions de la Commission constitutionnelle à Genève à la mi-octobre.  Félicitant M. Pedersen pour ses efforts en vue d’obtenir un accord sur la poursuite des pourparlers, elle a jugé qu’il appartenait maintenant aux parties syriennes d’avancer.  Il est temps, selon elle, que le régime syrien cesse de retarder « artificiellement » le processus, et que des progrès substantiels soient réalisés sur la rédaction d’une nouvelle constitution, comme le prévoit la résolution 2254 (2015).  Mme Woodward s’est inquiétée de l’escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie, qui a récemment entraîné la mort de nombreux civils et travailleurs humanitaires, notamment lors du bombardement intensif de zones résidentielles, et la destruction d’installations médicales.  Elle a espéré que la prochaine réunion entre la Turquie et la Russie, qui se tiendra à Sotchi, conduira à la mise en œuvre intégrale de l’accord de cessez-le-feu du 5 mars 2020. 

Préoccupée en outre par la possibilité d’une reprise du conflit dans le reste de la Syrie, comme les récentes hostilités à Deraa l’indiquent, la représentante du Royaume-Uni s’est tout de même félicitée du récent cessez-le-feu dans cette région.  Celui-ci, tout comme celui conclu à Edleb, devrait faire partie d’un large cessez-le-feu national, à conclure parallèlement aux prochains pourparlers politiques, conformément à la résolution 2254 (2015).  Car tant que des progrès ne seront pas réalisés dans le processus politique et qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu à l’échelle nationale, les souffrances du peuple syrien se poursuivront et les millions de personnes déplacées ne pourront pas rentrer chez elles, a prévenu Mme Woodward, en se basant sur le dernier rapport de la Commission d’enquête documentant de nombreuses atrocités. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a dit suivre avec préoccupation l’évolution de la situation en Syrie à l’aune de l’escalade de la violence constatée dans plusieurs régions. Face à ces développements qui représentent un grand défi sécuritaire et sapent les efforts internationaux visant à régler la crise et à atténuer l’épidémie de COVID-19 dans le pays, il a appelé à un retour urgent à la stabilité, au travers d’une désescalade et de mesures de protection des civils.  Pour le représentant, les « arrangements » actuels ne constituent que des « solutions de court terme ».  Il a ainsi regretté que ne soit pas traitée la question de la neutralisation des éléments terroristes, de manière qu’ils ne puissent plus opérer en Syrie.  Il a également déclaré attendre toute mesure qui permettrait de sortir de l’impasse politique, notamment la tenue d’une sixième session de la Commission constitutionnelle en octobre à Genève. 

À cet égard, le délégué a souhaité que les efforts internationaux permettent de relancer un processus politique « élargi » et de créer la confiance entre les parties.  Pour progresser, il convient selon lui de s’attaquer à tous les « problèmes interdépendants », y compris un cessez-le-feu global et durable, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le relèvement du pays après la pandémie, la lutte contre les cellules terroristes et l’ouverture du dossier des prisonniers.  Pour cela, a-t-il ajouté, il faut déterminer les « facteurs communs » entre les parties afin de placer l’intérêt du peuple syrien au-dessus de toute autre considération, ce qui ne peut se faire sans le soutien du Conseil de sécurité.  Avant de conclure, il a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) afin de permettre un retour de la stabilité en Syrie tout en préservant sa souveraineté, son intégrité territoriale et son indépendance. 

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a jugé urgent de remettre le processus politique sur la bonne voie, conformément à la résolution 2254 (2015), avant de se dire préoccupé par la poursuite des hostilités sur des zones habitées par des civiles, notamment au sud et dans le nord-ouest.  Il a salué le cessez-le-feu entre l’opposition armée et les forces gouvernementales, négocié sous les auspices de la Russie dans la ville de Deraa.  C’est un développement positif qui a permis à la population de la ville d’avoir un répit et pour beaucoup de familles, de regagner leurs foyers, a déclaré M.  Aougi.  Il a appelé les parties à un cessez-le-feu général dans le pays, en exhortant la Syrie, « dans l’exercice de sa souveraineté », à poursuivre sans relâche la lutte contre le terrorisme.  « Toute tentative de remise en cause de sa souveraineté et de son intégrité territoriale est tout simplement inacceptable. » 

Le délégué s’est félicité de la réunion de la Commission constitutionnelle prévue en octobre et a appelé toutes les parties prenantes à faire montre de flexibilité pour faire avancer le processus politique.  « Le Niger reste convaincu que les progrès dans les travaux de la Commission constitutionnelle et la cessation des hostilités doivent aller de pairs avec les autres aspects de la crise comme la fin des ingérences extérieures, le soutien apporté aux groupes armés ou encore le pillage des ressources syriennes. » 

Pour M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), la réalisation d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et la garantie d’un accès humanitaire sans entrave restent une priorité.  En plus de la violence, il s’est inquiété des moyens de subsistance du peuple syrien.  En effet, les difficultés économiques de la région, en particulier dans le Liban voisin, affectent grandement la Syrie, tandis que les sanctions internationales ciblées jouent un rôle « minime ».  De plus, a noté le représentant, la crise économique est le résultat de facteurs internes: la corruption généralisée, les seigneurs de la guerre et le manque de bonne gouvernance entravent tout développement positif potentiel. 

M. Jürgensen a souligné que l’absence de mesures significatives vers une solution crédible se reflète également dans le processus politique plus large.  Le Comité constitutionnel est dans une impasse, n’ayant pas pu se réunir pour le sixième cycle de pourparlers à Genève.  Enfin, sans justice pour les victimes, il n’y aura pas de paix réelle en Syrie. « Le Conseil de sécurité doit agir de manière décisive contre les violations généralisées et systématiques du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire en Syrie. »  L’Estonie et l’Union européenne appellent à la création d’un mécanisme international pour localiser les personnes disparues ou leurs restes, a indiqué le représentant. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a estimé que ce n’est qu’en travaillant ensemble, comme il l’a fait lors de l’adoption de la résolution 2585 (2021), que le Conseil pourra faciliter le consensus tant souhaité dans la recherche d’une solution politique dirigée et contrôlée par les Syriens.  Il s’est félicité des développements positifs qui ont marqué la visite de l’Envoyé spécial à Damas au début du mois et a noté qu’après une impasse prolongée, les réunions de la Commission constitutionnelle sont appelées à reprendre à partir du 18 octobre.  Pour le représentant, les parties ont pris là une « décision cruciale » qui contribuera de manière significative à atteindre les étapes politiques nécessaires pour ramener la paix, la sécurité et la stabilité.  M. Kiboino s’est également réjoui de la réunion du Conseil consultatif des femmes, prévue du 26 septembre au 1er octobre à Helsinki, souhaitant que son engagement permette de faire entendre la voix des femmes syriennes. 

Abordant la situation sécuritaire, caractérisée par une légère hausse des violences dans le nord-ouest, le nord-est et le sud, le délégué a condamné les attaques « vicieuses » menées par Daech contre des civils et des travailleurs humanitaires.  Dans ce contexte, il a enjoint toutes les parties à respecter le cessez-le-feu national et à s’assurer de son maintien.  Il a aussi appelé à une « action unifiée renouvelée » contre les groupes terroristes, notamment en obligeant les auteurs de crimes odieux à répondre de leurs actes.  Enfin, a-t-il conclu, toutes les parties, y compris les armées étrangères, doivent faire preuve d’une retenue maximale et s’abstenir de toute action qui mettrait en danger la sécurité des personnes et du pays. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déploré les progrès politiques extrêmement limités en Syrie et exhorté le Gouvernement syrien à coopérer avec l’Envoyé spécial.  Elle a évoqué la tenue de la prochaine réunion de la Commission constitutionnelle et estimé qu’il s’agit d’une opportunité à saisir pour toutes les parties.  Elle a plaidé pour une solution politique dans le droit fil de la résolution 2254 (2015), en demandant que les femmes participent à toutes les étapes du processus politique.  Les femmes syriennes jouent un rôle crucial dans le règlement du conflit, a-t-elle souligné, avant de saluer leur courage et leur résilience. 

Elle s’est dite très préoccupée par le fait que des réfugiés revenant en Syrie sont pris pour cibles, avant d’insister sur l’importance que tous les retours soient sûrs, volontaires et dignes.  Mme Byrne Nason a appelé les parties syriennes à libérer les personnes détenues et enlevées.  Elle a déploré l’escalade de la violence dans le nord-ouest syrien, alors que la pandémie de COVID-19 flambe, et qualifié d’inacceptables les informations faisant état d’attaques indiscriminées contre les civils.  « Il nous incombe, ici au Conseil, de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour appuyer les efforts de l’Envoyé spécial. »

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a rappelé que le Gouvernement syrien a toujours été disponible pour régler cette crise, et ce, « malgré les obstacles dressés sur le chemin de la paix et de la stabilité par plusieurs pays ».  Il a assuré également que son pays avait facilité les travaux de la Commission constitutionnelle, tout en soulignant qu’il fallait s’abstenir d’imposer des « échéances artificielles » à ses travaux.  Les autorités syriennes continuent également de coopérer avec M. Geir Pedersen, qui a effectué une visite à Damas à la mi-septembre, a-t-il ajouté.  Prenant note de l’invitation lancée par l’Envoyé spécial, le représentant a fait observer que celui-ci doit conserver son rôle de facilitateur et transmettre ses messages de manière « neutre et impartiale ». 

« La patience et la sagesse des Syriens », de même que les efforts de nos « amis russes », ont permis de rétablir des conditions de sécurité dans plusieurs régions du pays de manière à permettre aux réfugiés de rentrer dans leurs communautés d’origine, a-t-il poursuivi.  La guerre qui nous a été imposée par « des gouvernements que nous connaissons tous » a mis à mal les réalisations d’une très « ancienne civilisation » et hypothéqué les avancées réalisées par les Syriens depuis des décennies.  Pour le représentant, l’heure est venue de mettre fin à la présence des forces militaires des États-Unis et de Turquie sur le sol syrien, ainsi qu’aux sanctions imposées par ces pays et soutenues par d’autres.  Le délégué a jugé regrettable que les efforts de la Syrie et de ses partenaires soient affaiblis par les tentatives de certains d’« infliger la souffrance ».  D’aucuns en effet utilisent les rapports de comités qui ont démontré à maintes reprises qu’ils ne sont pas neutres ni objectifs politiquement pour « écorner » l’image de la Syrie, a-t-il accusé.  Il a également décrié certaines pratiques du « régime turc » qui pratique une « turquisation » dans les régions où il est présent tout en se livrant à des pillages de richesses pour atteindre des objectifs politiques régionaux.  La Syrie a donc demandé au Conseil de sécurité de s’opposer aux « crimes de l’occupation turque ». 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) s’est dit heureux d’apprendre que les efforts déployés ces derniers mois par l’Envoyé spécial ont enfin été couronnés de succès, les parties syriennes s’étant entendues sur la méthodologie d’une sixième session de la Commission constitutionnelle.  « Il est maintenant temps d’accélérer », a-t-il estimé, souhaitant que la Commission produise des résultats concrets.  « Il n’y a pas de place pour la répétition, les tactiques de blocage ou les jeux politiques », a insisté le représentant.  Précisant que son pays est activement engagé dans ces efforts, il s’est dit convaincu que l’opposition maintiendra une « approche positive », comme lors des sessions précédentes.  Il a donc réitéré son appel à toutes les parties pour qu’elles conservent une attitude constructive envers la Commission et qu’elles fassent preuve d’un engagement véritable pour avancer sur la voie politique. 

Le délégué s’est en revanche déclaré consterné par l’aggravation de la situation sur le terrain, notamment à Edleb.  Selon lui, les violations continues du cessez-le-feu risquent non seulement de déclencher une nouvelle vague de migration, mais mettent également en péril les perspectives d’une solution politique.  En outre, cette escalade dangereuse « jette une ombre noire » sur le compromis permettant la poursuite du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière, a-t-il averti, jugeant inacceptable que des civils soient pris pour cibles.  Pour M. Sinirlioğlu, le « régime » et ses soutiens doivent adhérer pleinement au cessez-le-feu, « c’est le minimum qu’ils puissent faire pour avoir une quelconque crédibilité dans le processus ». 

Le représentant a également estimé que le Parti des travailleurs du Kurdistan et les Unités de protection du peuple continuent eux aussi de représenter une « menace majeure » pour la sécurité de la Syrie.  Il a dénoncé les attaques menées contre des civils par cette organisation terroriste et ses alliés des Forces démocratiques syriennes, avant de s’étonner du « silence » de la communauté internationale face à ces « crimes contre l'humanité », qui sont « documentés » par la Commission d’enquête.  « Quand cette hypocrisie prendra-t-elle fin? », a-t-il demandé aux membres du Conseil, assurant que son pays « ne tolérera jamais le soutien au terrorisme sous prétexte de combattre Daech ». 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran)a jugé encourageante la tenue de la prochaine session de la Commission constitutionnelle.  Il a invité les coprésidents de la Commission à travailler dans un « esprit de compromis et de flexibilité ».  La Commission doit poursuivre ses travaux sans pression ni interférence extérieure, a dit le délégué.  Il a déclaré que l’imposition de délais artificiels ou de toutes conditions préalables ne fait qu’affecter négativement les travaux de la Commission, en se prononçant en faveur d’un processus dirigé et contrôlé par les Syriens, facilité par l’ONU.  L’occupation par des forces étrangères de zones de la Syrie doit cesser, a déclaré le délégué.  « En conséquence, toutes les forces étrangères qui n’ont pas été sollicitées doivent quitter le pays sans conditions et dans les meilleurs délais. » 

M. Ravanchi a jugé pareillement important que le Conseil s’acquitte de ses responsabilités et fasse pression sur le « régime israélien » pour qu’il cesse ses actes d’agression contre la Syrie.  Il a appelé à poursuivre « sans relâche » la lutte contre les groupes terroristes tant leur présence et activités criminelles menacent la sécurité de la Syrie et la paix dans la région.  Il a en outre rejeté les « activités séparatistes » en Syrie, en appelant au plein respect de son unité et intégrité territoriale.  La reconstruction de la Syrie et le retour des réfugiés et personnes déplacées doivent aller de pair avec le processus politique, a déclaré le délégué, en appelant à une « dépolitisation » de l’aide humanitaire.  Il a enfin demandé la levée immédiate des sanctions contre la Syrie qui sont selon lui l’une des principales causes de la situation humanitaire actuelle dans le pays. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« L’anéantissement de l’humanité ne tient qu’à un malentendu », prévient António Guterres devant la séance de l’Assemblée générale consacrée aux armes nucléaires

AG/12371

« L’anéantissement de l’humanité ne tient qu’à un malentendu », prévient António Guterres devant la séance de l’Assemblée générale consacrée aux armes nucléaires

« L’anéantissement de l’humanité ne tient qu’à un malentendu, un faux pas, une erreur de calcul, un simple bouton pressé », a prévenu, ce matin, le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, à l’ouverture d’une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale marquant la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, commémorée depuis 2013 chaque 26 septembre.

En marge d’une journée qui a vu une centaine de délégations, dont plusieurs dizaines de ministres, dire leur frustration face à un désarmement nucléaire incertain et incomplet, M. Guterres a affirmé que la multiplication de ces armes ne relevait pas d’un acte d’autodéfense mais « d’un acte suicidaire qui pousse le monde au bord de la catastrophe nucléaire ».  Face à une multiplication des zones de tensions et de risques sans précédent depuis 40 ans, il a appelé à « rejeter la logique toxique de la compétition nucléaire », à dissiper une bonne fois le nuage de la menace nucléaire et inaugurer une nouvelle ère de dialogue, de confiance et de paix pour tous.

« Éliminer le risque nucléaire signifie éliminer les armes nucléaires », a insisté le Secrétaire général en rappelant que cet objectif est au cœur de son programme de désarmement.  « Mais jusqu’à ce que les armes nucléaires soient éliminées, il faut que tous les États empêchent toute utilisation possible », a-t-il ajouté, avant d’appeler les États à tout mettre en œuvre afin que des catastrophes que l’on pensait encore inimaginables hier ne viennent pas frapper nos vies demain.

« Soixante-seize ans après l’explosion des deux bombes nucléaires qui ont fait 300 000 morts à Nagasaki et Hiroshima, près de 15 000 têtes nucléaires restent disséminées dans le monde, dont plusieurs centaines prêtes à l’utilisation » s’est effrayé le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, qui a rappelé que la première résolution adoptée par l’Assemblée générale en 1946 appelait à un désarmement nucléaire mondial.

Comme le Secrétaire général, M. Shahid s’est pourtant félicité de lueurs d’espoir.  Il a ainsi salué la prorogation jusqu’en 2026 entre les États-Unis et la Fédération de Russie du Traité « New START » sur des mesures de réduction et limitations des armements stratégiques offensifs, associée à des négociations stratégiques, ainsi que l’entrée en vigueur, le 22 janvier dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).  Les deux dirigeants ont exhorté les États à soutenir les objectifs du TIAN et à reconnaître sa place dans l'architecture mondiale du désarmement.  Ils ont aussi appelé à tirer parti, en janvier 2022, de la tenue, longtemps retardée, de la dixième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Après l’interdiction des armes biologiques en 1975 et l’interdiction des armes chimiques en 1993, l’entrée en vigueur le 22 janvier 2021 du TIAN a été saluée unanimement comme une « grande victoire pour les peuples du monde et l’histoire de l’humanité », fruit de la volonté des 122 États à avoir signé ce texte le 7 juillet 2017.

Invitant les États à s’inspirer de la volonté politique de son pays, le Président du Kazakhstan, M. Kassym-Jomart Tokayev, a rappelé que celui-ci avait, il y a 30 ans, fermé son site d’essais nucléaires de Semipalatinsk et renoncé au quatrième stock d’armes nucléaires de la planète.  « Quinze ans plus tard, les États d’Asie centrale ont fait de cette région la première zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) de l’hémisphère Nord », s’est-il félicité, expliquant par son exemple que la réflexion stratégique n’était pas vouée à être figée.

« Réaliser le désarmement nucléaire mondial et éliminer la menace des armes nucléaires est une responsabilité juridique, politique et morale pour tous les États, en général, et les États dotés de l’arme nucléaire, en particulier », a insisté le Vice-Ministre des affaires étrangères et des affaires juridiques et internationales de l’Iran.  Celui-ci a particulièrement regretté que les États dotés de l’arme nucléaire continuent de renforcer leurs arsenaux nucléaires, en violation flagrante de l’esprit et de la lettre du TNP, avant de dénoncer la responsabilité de « l’agressivité politique » des États-Unis dans l’impasse actuelle.

La Chine a pour sa part dénoncé la persistance d’une mentalité de guerre froide de certains pays.  Elle a souhaité que l’engagement pris la semaine dernière par « un pays en particulier » de ne pas chercher à générer une nouvelle guerre froide se traduirait par des actes concrets et la fin de réflexes géopolitiques égoïstes.  Le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, détentrice de l’arme nucléaire, a dit l’attachement de son pays à un désarmement vérifiable débouchant sur l’élimination de toutes les armes nucléaires grâce à une approche graduelle sous-tendue par un cadre multilatéral convenu et non discriminatoire.

De nombreux États ou groupes régionaux ont rappelé le rôle joué par les différentes zones exemptes d’armes nucléaires.  Les pays latino-américains et de la Caraïbe ont ainsi mis en avant le rôle précurseur du Traité de Tlatelolco et les États africains ont vanté le Traité de Pelindaba.  Les nations insulaires du Pacifique ont rappelé qu’elles continuaient de payer les conséquences sanitaires de 300 essais nucléaires menées dans le Pacifique et le représentant des Îles Marshall, qui ont connu 67 essais nucléaires entre 1946 et 1958, a pointé l’inertie passée de l’ONU en rappelant que deux résolutions du Conseil de tutelle avaient à l’époque validé ces essais dont la population insulaire ne voulait pas.  Quant au Groupe des États arabes, il a appelé la communauté internationale à favoriser le succès de la deuxième session de la Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient, prévue en novembre.

Au nom des 120 pays du Mouvement des pays non alignés, l’Azerbaïdjan a mis l’accent sur les liens entre désarmement nucléaire et efforts de développement.  Le Ministre des affaires étrangères de Cuba s’est dit scandalisé que des « milliers de milliards » de dollars soient consacrés annuellement à l’armement alors que 800 millions de personnes souffrent de faim et que 130 millions vont tomber dans la pauvreté extrême en 2021 en marge de la pandémie de COVID-19.  Le Ministre des relations extérieures du Mexique a noté que le seul entretien des armes nucléaires coûtait 72 milliards de dollars par an.

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU POUR CÉLÉBRER ET PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION TOTALE DES ARMES NUCLÉAIRES

Déclarations liminaires

M. ABDULLA SHAHID (Maldives), Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a inauguré la réunion en rappelant qu’il y a plus de 76 ans, le monde avait été témoin des conséquences horribles des armes nucléaires.  Les deux bombes atomiques qui ont dévasté les villes d’Hiroshima et de Nagasaki -et tué près de 300 000 personnes- ont dramatiquement augmenté la capacité de destruction de l’humanité.  En même temps, elles ont démontré, peut-être pour la première fois, notre capacité très réelle à éliminer la totalité de la race humaine, a-t-il déploré.

Alors que de nombreux pays continuent de s’époumoner et d’investir dans les armes nucléaires pour leur sécurité, le résultat est en fait tout le contraire, a affirmé M. Shahid.  De fait, 15 000 armes nucléaires environ sont encore disséminées dans le monde, dont plusieurs centaines en état d’alerte et prêtes à être lancées à la moindre alerte, ce qui est profondément alarmant et rend collectivement le monde dangereux.

L’Assemblée générale des Nations Unies a depuis longtemps reconnu ces dangers, à tel point que la toute première résolution adoptée par l’Assemblée générale en 1946 appelait à un désarmement nucléaire mondial.  Cette lutte se poursuit encore aujourd’hui, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale.  Il a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), le 22 janvier 2021, comme une étape importante dans nos efforts pour lutter contre le désarmement nucléaire.  Dès lors, a-t-il ajouté, l’adhésion universelle à ce traité est cruciale pour notre quête d’un monde sans armes nucléaires.

M. Shahid a par ailleurs qualifié l’accord conclu entre la Fédération de Russie et les États-Unis d’Amérique en vue de proroger le Traité « New START » pour une période supplémentaire de cinq ans, jusqu’en 2026, d’initiative extrêmement bienvenue.  Mais, a-t-il ajouté, si des progrès ont été accomplis, il existe « au moins 15 000 raisons » pour lesquelles il reste beaucoup à faire.

Alors qu’on vient de célébrer le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption du Traité d’interdiction complète des essais d’armes nucléaires (TICE), il est urgent de doter ce traité d’un cadre juridique efficace, a pressé M. Shahid.  C’est pourquoi il a exhorté les États Membres qui n’ont pas encore signé ou ratifié le traité de le faire sans tarder, en particulier ceux dont la ratification est nécessaire pour que le traité puisse entrer en vigueur.

Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste la pierre angulaire du régime de désarmement nucléaire et de non-prolifération, a rappelé le Président de l’Assemblée générale.  C’est pourquoi la prochaine Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléairess (TNP), qui aura lieu en 2022, est si importante.

Alors, « profitons de cette occasion pour renouveler nos engagements » en faveur de la non-prolifération des armes, du désarmement nucléaire et de l’utilisation pacifique des armes nucléaires, a exhorté M. Shahid.

Depuis 2013, le 26 septembre est célébrée chaque année comme la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, a rappelé le Président de l’Assemblée générale.  L’objectif de cette commémoration est de mobiliser l’engagement politique en vue de débarrasser le monde de ses armes nucléaires et c’est ce que « nous faisons aujourd’hui », en démontrant notre engagement envers un monde meilleur, a poursuivi M. Shahid.  Si la COVID-19 a renforcé la réflexion sur le type de monde dans lequel nous voulons vivre, les armes nucléaires ne sont pas compatibles avec notre vision collective de ce nouveau monde, comme le montrent les résultats de la campagne ONU75, a-t-il ajouté.

Nos concitoyens attendent un monde d’espoir, où l’humanité est en harmonie avec la nature, où l’on se mesure à nos efforts pour une cause commune et juste, et où les générations futures pourront être fières que vos actions d’aujourd’hui aient permis de créer une planète en paix avec elle-même, a encore déclaré le Président de l’Assemblée générale.  Sous sa « présidence d’espoir », il a promis d’engager le dialogue avec les États Membres pour voir comment nous pouvons rapidement et de manière exhaustive répondre aux besoins du monde en matière d’armes nucléaires.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que la première résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1946 appelait à la création d’une commission pour l’élimination des armes nucléaires et autres armes de destruction massive.  Il a averti qu’un simple problème de confiance risquait de mener à une destruction mutuelle et à l’éradication de toute vie sur la planète.  Il a regretté que les États se soient engagés dans une compétition périlleuse à l’arme atomique dans les décennies qui ont suivi, en oubliant la terrible réalité qu’un conflit nucléaire ne peut pas connaître de vainqueur mais seulement des victimes.

Pour M. Guterres, la multiplication de ces armes sous prétexte d’autodéfense a poussé le monde au bord de la catastrophe nucléaire et la constitution des arsenaux nucléaires s’est révélée être un geste suicidaire.  Même si leur nombre total a diminué, près de 14 000 armes nucléaires sont stockées dans le monde et, a ajouté le Secrétaire général, nous observons des signes inquiétants d’une nouvelle course aux armements et d’une modernisation des arsenaux, sources de tensions et qui nuisent à la confiance.

Malgré cette réalité de la menace nucléaire, qu’il a jugée d’un niveau jamais atteint depuis 40 ans, le Secrétaire général s’est félicité de signes d’espoir.  Il a ainsi salué la prorogation jusqu’en février 2026 du Traité entre les États-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie sur des mesures visant de nouvelles réductions et limitations des armements stratégiques offensifs « New START Treaty », associée à des négociations stratégiques, ainsi que l’entrée en vigueur, le 22 janvier 2021, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).  M. Guterres a appelé tous les États à soutenir les objectifs du TIAN et à reconnaître sa place dans l’architecture mondiale du désarmement.  Il a ensuite précisé que 2022 offrirait aux États Membres de nouvelles opportunités de tirer parti de ces développements avec la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), longtemps retardée.

Après s’être félicité de cette nouvelle fenêtre d’opportunité, le Secrétaire général a insisté sur le fait « qu’éliminer le risque nucléaire signifie éliminer les armes nucléaires ».  C’est pourquoi il a appelé à continuer de travailler vers cet objectif qui est au cœur de son programme de désarmement -l’élimination des armes de destruction massive– tout comme la lutte contre la prolifération des technologies conventionnelles et nouvelles sur le champ de bataille.

« Mais jusqu’à ce que les armes nucléaires soient éliminées, il est dans l’intérêt de tous les États d’empêcher toute utilisation possible », a réaffirmé le Secrétaire général, qui a appelé les États à tout mettre en œuvre afin que les catastrophes que l’on pensait inimaginables hier ne viennent pas frapper nos vies demain.

Notant que l’anéantissement de l’humanité ne tient qu’à un malentendu, un faux pas, une erreur de calcul, un simple bouton pressé, le Secrétaire général a appelé à saisir les opportunités qui se présenteront cette année pour nous rapprocher de notre objectif d’éliminer ces armes.  Il a appelé à rejeter la logique empoisonnée de la compétition nucléaire, à dissiper une bonne fois le nuage de la menace nucléaire pour inaugurer une nouvelle ère de dialogue, de confiance et de paix pour tous.

Déclarations

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, qui intervenait dans une déclaration vidéo préenregistrée, a jugé important de réfléchir sur les conséquences des explosions et des armes nucléaires de ces cinq dernières décennies.  Il est urgent d’éliminer les armes nucléaires, a ajouté le Président.  Alors que les différentes crises actuelles, notamment les problèmes socioéconomiques et sanitaires, exigent des ressources adéquates, l’élimination des armes nucléaires pourrait permettre de libérer des ressources nouvelles, a expliqué le Président.

Conscient des conséquences néfastes de l’arme nucléaire, le continent africain a adopté le Traité de Pelindaba visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, a rappelé M. Buhari.  Le Chef de l’État a également souligné l’importance de mettre fin à la prolifération des armes nucléaires et a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), encourageant les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer.  Il a également appelé à ne pas oublier de faire respecter le droit à l’usage bénéfique de l’énergie nucléaire et a demandé en conclusion de continuer à respecter le moratoire de fait sur les essais nucléaires.

Dans une vidéo préenregistrée, M. DAVID KABUA, Président des Îles Marshall, a rappelé que son pays n’a pas été entendu par les Nations Unies lorsque sa population a, en 1954, réclamé la fin des essais nucléaires sur son territoire.  Au contraire, deux résolutions du Conseil de tutelle ont autorisé ces essais qui se sont élevés au nombre de 67, entre 1946 et 1958, dont l’impact se fera ressentir pendant des siècles.  Le représentant a demandé que soient divulguées toutes les informations importantes sur l’impact de ces essais et les déchets transportés ou abandonnés sur les côtes.  Pendant des décennies, nous avons essayé d’attirer l’attention du monde sur l’injustice et les violations de nos droits que nous avons subies, s’est impatienté le représentant.

Dans une vidéo préenregistrée, M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Président du Kazakhstan, a présenté comme l’exemple de la volonté politique en matière d’élimination des armes nucléaires.  Mon pays, s’est enorgueilli le Président, a commémoré cette année le trentième anniversaire de la fermeture du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk et de l’abandon du quatrième plus grand stock nucléaire de la planète.  Quinze ans plus tard, les États d’Asie centrale ont déclaré leur région zone exempte d’armes nucléaires, la première de l’hémisphère Nord.  La réflexion sur la stratégie sécuritaire n’a pas vocation à rester figée et les armes nucléaires relèvent d’un « choix politique », a insisté le Président.

Dans une vidéo préenregistrée, M. TE BERETITENTI TANETI MAAMAU, Président de la République de Kiribati, a appelé à des progrès vers la réalisation de l’objectif commun d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Ressortissant d’une des trois petites nations du Pacifique dont l’atmosphère, l’océan et la terre ont été gravement endommagés et contaminés par 34 explosions nucléaires, dans les années 50 et 60, le représentant s’est dit préoccupé par les dernières annonces sur l’utilisation d’appareils nucléaires dans sa région.  Cette nouvelle, a-t-il avoué, nous a surpris et a fait renaître en nous l’anxiété de l’époque des essais nucléaires.  Le représentant a appelé les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à adopter un plan d’action robuste prévoyant des mesures pratiques d’aide aux victimes, des dédommagements pour dégâts écologiques et le renforcement de la coopération internationale.  Kiribati, a-t-il dit, se prépare à accueillir un centre régional de formation au TNP, qui sera installé dans un endroit aux liens historiques avec les essais nucléaires menés dans le Pacifique.

Dans une vidéo préenregistrée, M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président de Guyana, a dit avoir lu une étude, en janvier 2020, qui disait que les États nucléaires possèdent plus de 10 000 ogives dont un grand nombre peut être lancé en quelques minutes.  Cela veut tout simplement dire, s’est indigné le Président, que des ressources énormes sont investies dans l’armement nucléaire alors que l’on doit encore surmonter la pauvreté et la faim dans le monde.  L’impact multidimensionnel de la pandémie de COVID-19, a-t-il estimé, doit nous obliger à repenser notre approche de l’agenda du désarmement, en particulier le lien entre paix et développement durable.  On ne peut tout simplement pas continuer à consacrer des fortunes à des instruments de guerre quand de nombreux pays dans le monde nécessitent une aide pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

N’oublions pas, a dit le Président, Hiroshima et Nagasaki.  Il a donc espéré que la commémoration de cette année servira à renforcer l’engagement en faveur de l’élimination des armes nucléaires.  Il a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction de ces armes, heureux que le monde ait désormais comblé le fossé juridique du régime international de désarmement.  Le Ministre a tout de même rappelé que l’impact juridique même du Traité est compromis quand aucun État nucléaire ne l’a signé et encore moins ratifié.  Il s’est aussi inquiété de ce que le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires ne soit toujours pas entrée en vigueur, 25 ans après son ouverture à la signature. La paix et la sécurité internationales, a tonné le Président, dépendent d’un régime de désarmement fort et en l’occurrence, la coopération de tous les États est essentielle.

Dans une vidéo préenregistrée, M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président de la République du Malawi, a déclaré parler au nom de nombreux Africains lorsqu’il dit que la prolifération et le stockage continus d’armes nucléaires parmi des nations que nous considérons comme civilisées et que nous appelons nos amis nous attristent et nous effraient.

En tant que tel, ce ne sont pas les nations africaines comme le Malawi qui doivent se tenir ici et s’engager en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, a-t-il fait observer, avant de pointer du doigt les deux grandes menaces pour le rêve d’un monde sans nucléaire.  La première est la poursuite du stockage d’armes nucléaires par les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.  La seconde est l’ambition nucléaire des nations qui souhaitent suivre leurs traces, a-t-il conclu.

Pour M. JOSAIA V. BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, qui s'exprimait dans une vidéo préenregistrée, le TNP a été une grande réussite, mais 50 ans après son entrée en vigueur, il reste encore beaucoup à faire pour réaliser un monde exempt d’armes nucléaires.  Les Fidji restent préoccupées par la lenteur du désarmement nucléaire.  Elles ont signé et ratifié le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) parce que « c’était la bonne chose à faire, pour nous-mêmes, nos communautés et pour la famille mondiale ».  Elles exhortent tous les États Membres à en faire de même, afin de libérer le monde des armes nucléaires et de le rendre plus sûr aujourd’hui et pour les générations futures. 

L’engagement des nations insulaires du Pacifique en faveur de l’élimination des armes nucléaires n’est pas basé sur une abstraction, mais sur une expérience réelle des conséquences des retombées nucléaires, qui est à l’origine de notre sentiment d’urgence, a poursuivi le Premier Ministre, qui a rappelé que, depuis le premier essai nucléaire sur l’atoll de Bikini en 1946, plus de 300 essais nucléaires avaient été effectués à travers le Pacifique.  Les impacts intergénérationnels de ces essais menés dans l’atmosphère, sous terre et sous la mer continuent de faire des ravages sur la santé, le bien-être, l’environnement et les moyens de subsistance des peuples du Pacifique, a-t-il souligné.

Pour les Fidji, il est vital que le désarmement nucléaire progresse au-delà de son état actuel.  « En effet, nous semblons être bloqués », a-t-il déploré.  Si le monde veut progresser vers l’élimination totale des armes nucléaires, il faudra un effort collectif et concerté, a déclaré M. Bainimarama.  Tous les États Membres doivent respecter les lois et normes internationales.  En outre, des mesures de transparence, de dialogue et de confiance sont essentielles.  Les traités de désarmement nucléaire existants comme le TNP et le TIAN ont besoin de notre soutien collectif, a insisté le Premier Ministre, qui a appelé à un engagement, une vigilance et une attention politiques renouvelés et constants pour qu’ils restent pertinents et pour faire avancer l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.

Dans une vidéo préenregistrée, Mme NETUMBO NANDI-NDAITWAH, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Namibie, a rappelé que son pays avait signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) le 20 mars dernier.  Elle a estimé qu’aucun pays n’avait besoin d’armes nucléaires pour régler les conflits, ajoutant qu’aucun pays ne méritait de vivre sous l’épée de Damoclès d’armes nucléaires pouvant s’abattre sur lui.  Selon elle, il est évident que personne ne sortirait gagnant d’une guerre nucléaire.  C’est pourquoi la Namibie a proposé que soit décrétée une décennie d’action pour l’élimination des armes nucléaires placée sous l’égide des Nations Unies et assortie d’objectifs concrets.  Pour la Ministre, le dialogue et la diplomatie sont les armes les plus puissantes pour régler les différends entre pays.  La dixième Conférence d’examen des parties au TNP, prévue l’an prochain, sera l’occasion de renforcer la responsabilisation quant aux décisions prises auparavant, a-t-elle souhaité.

Dans une vidéo préenregistrée, M. JEYHUN AZIZ OGLU BAYRAMOV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé que le Mouvement était un fervent partisan de la diplomatie multilatérale et a réaffirmé sa détermination à promouvoir le multilatéralisme comme principe fondamental des négociations dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.

Le Mouvement des pays non alignés prend note de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) le 22 janvier 2021 et espère que le TIAN contribuera à la réalisation de l’objectif de l’élimination totale des armes nucléaires.  Les États membres du Mouvement réaffirment en outre l’importance de la Conférence du désarmement en tant qu’unique organe multilatéral de négociation sur le désarmement et appellent à l’ouverture urgente de négociations sur de nouvelles mesures efficaces de désarmement nucléaire pour parvenir à l’élimination totale de ces armes, y compris, en particulier, à une convention générale sur les armes nucléaires.

Dans une vidéo préenregistrée, M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Secrétaire d’État aux relations extérieures du Mexique, s’est félicité que, pour la première fois, l’Assemblée générale se réunisse pour parler de l’élimination totale des armes nucléaires alors que ces armes sont désormais proscrites par le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires entré en vigueur le 22 janvier dernier.  En 2021, a-t-il déploré, il y a encore plus de 13 000 armes nucléaires dans le monde, dont environ 2 000 sont prêtes à l’emploi.  Il a aussi décrié les 72,6 milliards de dollars dépensés en 2020 pour entretenir ces armes, alors que l’urgence était de répondre aux besoins de santé.  Après avoir souhaité que la dixième Conférence d’examen du TNP, reportée à janvier 2022, jette les bases de nouveaux progrès en matière de désarmement nucléaire, notamment sous l’angle des conséquences humanitaires d’une explosion, il s’est dit reconnaissant aux États-Unis et à la Fédération de Russie d’avoir prolongé la validité du Traité « New START ».

Dans une vidéo préenregistrée, M. RUSLAN KAZAKBAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a, dans une déclaration vidéo préenregistrée, affirmé que la région d’Asie centrale contribuait grandement à l’élimination des armes nucléaires au niveau international.  Cette zone est une pionnière parce qu’elle est la première zone exempte d’armes nucléaires dans l’hémisphère Nord, a-t-il expliqué.  Rappelant que les États de la région avaient signé en 2014 un accord de garanties négatives de sécurité, le Ministre a demandé aux États-Unis de le ratifier également.  M. Kazakbaev a informé que son gouvernement présenterait bientôt une résolution visant à créer une journée internationale de sensibilisation au désarmement et la non-prolifération.  Il a déploré la destruction du mécanisme de contrôle des armes nucléaires, parlant de tendance dangereuse, et a donc appelé à réinventer un nouveau système de contrôle des armes nucléaires.  Cela doit être la priorité absolue de la communauté internationale.

M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a accusé les États-Unis et leurs alliés d’adopter des doctrines nucléaires plus agressives et de moderniser ou élargir leurs arsenaux sous prétexte d’éviter qu’un adversaire ait un avantage sur eux.  Quelque 13 850 armes nucléaires existent encore dans le monde, a noté le Ministre, soulignant que les États-Unis, seul pays à avoir lancé « criminellement » deux bombes atomiques, en possèdent le plus grand nombre.  Appelant à l’interdiction et à l’élimination totale des armes nucléaires, le Ministre a réaffirmé le droit au développement et à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a enfin souhaité l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires que son pays a dûment ratifié.

Dans une vidéo préenregistrée, M. FAISAL BIN FARHAN AL-SAUD, Ministre des affaires étrangères d’Arabie saoudite, a insisté sur l’usage pacifique de la technologie nucléaire.  Il a invité la communauté internationale à prendre ses responsabilités devant la violation des traités internationaux en matière de technologie nucléaire par l’Iran.  Malgré l’unanimité internationale et le désir des pays de la région d’établir une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, Israël refuse toujours d’adhérer au TNP et de soumettre ses installations aux inspections, a par ailleurs déploré le Ministre, qui a plaidé pour un monde exempt d’armes nucléaires, afin de préserver les générations présentes et futures.

Dans une vidéo préenregistrée, Mme ANN CHRISTIN LINDE, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a souligné que les cicatrices humanitaires et environnementales des armes nucléaires sont toujours visibles aujourd’hui et pourtant la menace nucléaire, elle, est toujours présente.  La Ministre a décrit un moment où la sécurité collective est profondément préoccupante, la polarisation et le manque de méfiance entre États perdurent et où le développement rapide des technologies conjugué à la modernisation des arsenaux, voire l’augmentation de leur nombre dans certains États, créée un cocktail explosif.

Un monde exempt d’armes nucléaires passe tout simplement par l’élimination de ces armes, a martelé la Ministre qui a rappelé qu’avec 15 autres États, son pays a lancé en 2019 l’Initiative de Stockholm pour le désarmement nucléaire en prévision de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Par cette initiative, a-t-elle expliqué, nous voulons mobiliser un appui politique à un ordre du jour du désarmement nucléaire pragmatique et axé sur les résultats, autour duquel les États parties peuvent s’unir.  À ce stade, les membres de l’Initiative se sont réunis au niveau ministériel quatre fois et ont adopté, il y a un an à Berlin, une déclaration contenant 22 propositions concrètes, dénommées « Les tremplins ».  L’Initiative a aussi présenté un document de travail sur la réduction des risques qui avance plusieurs idées sur la marche à suivre.  La Ministre a invité tous le États parties au TNP à étudier le travail accompli par l’Initiative et à y adhérer comme l’ont fait plusieurs autres États.

ABDUL MOMEN, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a estimé que la communauté internationale devait être unie face à la détention d’armes nucléaires par une poignée d’États.  Pour lui, le concert des nations doit rejeter l’emploi des armes nucléaires et appuyer l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  M. Momen a aussi mis en garde contre le risque de récupération de ces armes par des groupes terroristes.  Il a enfin demandé que les États dotés de l’arme nucléaire donnent aux autres des garanties contre l’emploi des armes nucléaires à leur encontre.  Enfin, il a souligné que l’élimination des armes nucléaires supposait une action concertée et une volonté politique forte de la communauté internationale.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, Mme NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a déclaré que cette commémoration s’inscrit dans l’espoir né de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en janvier dernier.  Ce traité vient compléter le TNP qui reste la pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  Cette année, a fait observer la Ministre, marque le trentième anniversaire de l’accession de l’Afrique du Sud au TNP, comme État non nucléaire.  Il a souhaité un plein succès à la dixième Conférence d’examen du TNP et de la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).

La Ministre a une nouvelle fois appelé les États dotés d’armes nucléaires qui ont signé ou ratifié le Protocole du TNP à retirer leurs réserves et interprétations unilatérales.  Elle s’est dite profondément préoccupée par le non-respect des engagements pris en vertu de l’article VI du TNP.  L’accent mis de manière sélective sur les mesures de non-prolifération et l’absence de progrès dans le désarmement nucléaire compromettent l’intégrité même du Traité, a prévenu Mme Pandor qui n’a pas manqué d’insister sur le droit inaliénable des États à l’utilisation pacifique de l’énergie et des technologies nucléaires.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. LISANDRO ROSALES BANEGAS, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a réaffirmé, dans un discours préenregistré, l’attachement de son pays aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, en particulier le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a plaidé pour l’abolition des essais nucléaires et l’élimination d’armes de destruction massive par le biais d’accords multilatéraux et en respectant les principes de vérification, de réversibilité et de transparence.  Notre pays est signataire du Traité visant l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, le Traité de Tlatelolco, a-t-il rappelé, tout en saluant le fait que la région fut la toute première zone exempte d’armes nucléaires au monde.  Pour le Ministre, ces zones contribuent au rejet des armes de destruction massive et deviennent une solide base pour promouvoir l’interdiction universelle des armes nucléaires.  M. Rosales Banegas a enfin réitéré l’appel de son pays à tous les pays du monde pour qu’ils s’engagent à n’utiliser l’énergie nucléaire qu’à des fins pacifiques et dans un cadre de coopération scientifique, afin d’éviter des tragédies comme celles de la Seconde Guerre mondiale.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. MAURICIO MONTALVO SAMANIEGO, Ministre des affaires étrangères de l’Équateur, a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Dans cette perspective, l’Équateur s’engage à apporter son plein soutien et sa contribution au développement de la Réunion des États parties à ce traité, qui se tiendra du 22 au 24 mars 2022, tout en reconnaissant le rôle précieux qu’a joué la société civile dans l’origine du traité et la promotion de sa mise en œuvre.  Ce traité, selon le Ministre, n’affaiblit pas et, au contraire, renforce la mise en œuvre effective du TNP.  M. Montalvo Samaniego a aussi plaidé en faveur de l’entrée en vigueur rapide du TICE, avant de rappeler que l’Amérique latine est la première région du monde à avoir été déclarée Zone exempte d’armes nucléaires.

Mme RETNO L.P. MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a souligné que le désarmement nucléaire subissait régulièrement des revers.  La menace d’une guerre nucléaire est omniprésente, a-t-elle relevé.  La Ministre a ensuite invité à préserver le caractère sacré du TNP, en particulier le pilier du désarmement sur lequel les progrès sont bien lents.  Nous devons saisir l’occasion que nous offre la dixième Conférence d’examen du TNP afin de restaurer la confiance des pays dotés de l’arme nucléaire, a-t-elle appuyé.  Mme Marsudi a ensuite appelé à renforcer l’architecture du désarmement nucléaire, estimant que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaire (TIAN) entré en vigueur, cette année, constituait un cadre juridique permettant de délégitimer les armes nucléaires.  Le TIAN vient compléter le TNP et non l’affaiblir, a-t-elle ajouté.  La Ministre a dit attendre avec intérêt l’entrée en vigueur du TICE ainsi que l’adhésion des États dotés de l’arme nucléaire aux différentes zones exemptes d’armes nucléaires

M. MATSEPO RAMAKOAE, Ministre des affaires étrangères et des relations internationales du Lesotho, a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, au mois de janvier dernier, comme une autre étape importante du désarmement, rappelant que son pays fait partie des 50 premiers signataires.  Toutefois, a-t-il poursuivi, l’accumulation « massive » de ces armes et leur modernisation jettent une ombre sur les perspectives d’un monde non nucléaire.  Les armes nucléaires, a souligné le Ministre, créent un faux sentiment de sécurité puisqu’elles existent du risque qu’un État ou un autre les utilise.  Travaillons à l’interdiction des armes nucléaires et au bout du compte à leur élimination totale, mais n’oublions pas de souligner que le plein respect du TNP est un élément essentiel et que l’adhésion de tous les États ne peut plus être reportée.  Le Ministre a dit attendre avec importance la première réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, à New York en 2022.  Il a prévenu que les citoyens du monde veulent voir comment nous allons de l’avant et consolidons les efforts pour relever les défis actuels.

M. THOMAS BYRNE, Ministre d’État aux affaires européennes de l’Irlande, s’est dit à son tour préoccupé par la perspective d’une nouvelle course aux armements, compte tenu de la modernisation actuelle des programmes nucléaires.  Le désarmement nucléaire, a-t-il dit, est au cœur de la diplomatie de l’Irlande depuis son accession aux Nations Unies.  Le Ministre a d’ailleurs estimé que la prochaine Conférence d’examen du TNP, au mois de janvier prochain, sera un moment crucial pour s’unir et renouveler les engagements.  Il a appelé à des progrès sur le plier « désarmement » du Traité, lesquels ont été trop lents, cette dernière décennie.  Il a exhorté tous les États à réaffirmer leurs engagements en faveur des résultats consensuels obtenus jusqu’ici dont celui des États dotés de procéder à l’élimination totale de leurs arsenaux.  À cet égard, le Ministre a attiré l’attention sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qu’il a qualifié de « compatible avec le TNP » et de « chemin » pour honorer les obligations en matière de désarmement.

Le Ministre a conclu en tirant les enseignements de la pandémie de COVID-19: l’interconnexion du monde et la nécessité de travailler ensemble pour résoudre les problèmes mondiaux, et la manière dont les menaces peuvent conduire à des conséquences dévastatrices.  Cela est vrai aussi pour la menace nucléaire, a fait observer le Ministre, en ajoutant que les armes nucléaires n’offrent aucune sécurité.  La seule façon de prémunir l’humanité de leurs conséquences dévastatrices, c’est de les détruire, a tonné le Ministre.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. FÉLIX PLASENCIA GONZÁLES, Ministre du pouvoir populaire pour les relations extérieures du Venezuela, a exhorté à la mise en œuvre des engagements volontaires et obligations juridiques dans le domaine du désarmement nucléaire, ce qui exige une volonté politique unanime de la part des États détenteurs de l’arme nucléaire.  Il a appelé ces derniers à adopter des mesures orientées vers un désarmement général et complet.  Comme État qui n’en possède pas, le Venezuela a toujours condamné la production, le stockage, l’utilisation et la menace des armes de destruction massive, dont les armes nucléaires, a-t-il rappelé.  Cette position ferme, soutenue depuis des décennies, avant même l’adoption du traité de Tlatelolco, a été favorisée et renforcée par le consensus régional existant depuis que la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a été déclarée zone de paix en 2014.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. SAMEH CHOUKRI, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a appelé la communauté internationale à soutenir les travaux de la deuxième session de la Conférence des Nations Unies sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, prévue en novembre 2021.  Cette Conférence représente, selon lui, une réelle opportunité pour tous les pays de la région d’engager un dialogue et d’exprimer leurs préoccupations, afin de parvenir à un traité contraignant pour établir une zone exempte dans un cadre consensuel et avec la libre volonté des pays de la région.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. EVARIST BARTOLO, Ministre des affaires étrangères et des affaires européennes de Malte, s’est dit fermement convaincu que les armes nucléaires sont un danger pour l’humanité et représentent un risque « inacceptable », compte tenu des tensions stratégiques croissantes et des éventuels mauvais calculs.  Seuls le dialogue et la diplomatie peuvent résoudre les nombreux problèmes du monde.  Saluant le rôle important joué par la société civile dans les questions de désarmement, le Ministre a souligné que son pays a été l’un des premiers à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Maintenant qu’il est entré en vigueur, nous exhortons, a dit le Ministre, tous les États à y adhérer pour envoyer un signal politique fort contre la production, le stockage et l’utilisation de ces armes.  Il a dit espérer que l’universalisation du Traité imprimera l’élan nécessaire pour s’embarquer vers des discussions sérieuses et attendues depuis trop longtemps.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, Mme KRISHNAKOEMARI MATHOERA, Ministre de la défense du Suriname, a prévenu que la menace « terrifiante » des armes nucléaires s’ajoute à la peur des incertitudes et de l’insécurité face à la criminalité transnationale organisée, aux catastrophes naturelles et désormais à la pandémie de COVID-19.  La Ministre a rappelé que son pays fait partie de la région d’Amérique latine et des Caraïbes, laquelle a été déclarée zone exempte d’armes nucléaires.  Nous n’en possédons pas, n’en fabriquons pas, n’en vendons pas et nous n’avons aucune intention d’en acheter.  Nous devons comprendre, a poursuivi la Ministre, que les conflits ne peuvent être résolus que par le dialogue et que « le jeu de la course aux armements » n’a été que depuis trop longtemps le modus operandi des relations internationales, jetant le monde au bord du conflit et de la guerre.  Société aux multiples cultures et traditions, le Suriname, a conclu la Ministre, tient au dialogue comme seul moyen de résoudre les problèmes.  Nous croyons au règlement pacifique et constructif des conflits et nous ne saurions tolérer les armes nucléaires.  Il est temps de travailler à leur élimination, a asséné la Ministre.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. ÓSCAR JOSÉ RICARDO MAÚRTUA DE ROMAÑA (Pérou) a martelé que l’emploi ou la menace d’emploi d’armes nucléaires constitue un crime contre l’humanité et une violation grave des principes de la Charte des Nations Unies.  Le multilatéralisme et le droit international sont les meilleurs outils pour lutter contre la possession, l’utilisation et la prolifération des armes nucléaires, a-t-il souligné.  Demandant la pleine application du TNP, il a exhorté les États dotés d’armes nucléaires à respecter leurs obligations au titre de l’article VI.  Il a estimé que l’entrée en vigueur du TIAN marque un point de départ juridique et moral d’un long chemin vers le désarmement nucléaire.  Le Gouvernement péruvien s’efforce de ratifier rapidement le traité, a promis le représentant.  Il a aussi appelé les États parties au TICE à accélérer sa ratification.  Le délégué a reconnu que le désarmement et la non-prolifération nucléaire se trouvent dans une mauvaise passe, s’inquiétant de la domination des États à qui appartiennent les 14 000 armes nucléaires dans le monde.  D’où l’importance de réaliser l’aspiration universelle à un monde exempt d’armes nucléaires et à la paix et la sécurité internationales, qui ont motivé la création de l’ONU, a-t-il souligné. 

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères et des affaires de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) de Trinité-et-Tobago, a rappelé que la menace d’utiliser des armes nucléaires constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Compte tenu de leur capacité de destruction, nous pensons, a-t-il dit, que pour maintenir la paix et la sécurité internationales, il faut s’engager à éliminer ces armes.  Partie d’une région qui a créé la première zone exempte d’armes nucléaires avec le Traité de Tlateloco, Trinité-et-Tobago, a poursuivi le Ministre, ne peut que saluer l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui est en tout point conforme aux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Ministre a dûment salué la confirmation par deux puissances nucléaires du principe selon lequel « une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ».  C’est la raison pour laquelle, a conclu le Ministre, nous exhortons tous les pays à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « option d’une action immédiate sur le désarmement nucléaire ».

Dans un discours préenregistré, le Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, M. RAMTANE LAMAMRA, a appelé les États dotés à démontrer une réelle volonté de traduire en faits leurs engagements sans équivoque liés au désarmement nucléaire.  Il a misé sur la prochaine Conférence d’examen du TNP pour que les États parties entreprennent une évaluation complète de l’état actuel du Traité.  Le Ministre a salué la récente entrée en vigueur du TIAN dont l’Algérie fut l’un des premiers signataires.  Il a expliqué que l’engagement de l’Algérie dans les efforts de désarmement nucléaire découle de son expérience marquée par les ravages des essais nucléaires menés sur son territoire national par la France.  M. Lamamra a ensuite appelé les huit pays de l’annexe 2 à signer et ratifier le TICE dans les plus brefs délais.  En sa qualité de coprésident de la conférence sur l’article 14 du TICE entre 2019 et 2021, l’Algérie n’a ménagé aucun effort pour travailler en faveur de l’entrée en vigueur de ce traité, a-t-il souligné.  Il a rappelé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, exprimant l’espoir de voir cet exemple suivi dans d’autres parties du monde, notamment au Moyen-Orient.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. PHIL TWYFORD, Ministre du désarmement et de la maîtrise des armements de la Nouvelle-Zélande, a jugé important de garder à l’esprit les conséquences horribles de Hiroshima et Nagasaki et les ravages des essais nucléaires dans le Pacifique sur les communautés et les écosystèmes.  En dépit des grandes étapes franchies par la communauté internationale, ces dernières décennies, pour un monde exempt d’armes nucléaires, les progrès ont été lents ces derniers temps, a constaté le Ministre qui a trouvé cela « inacceptable ».  Un résultat fort à l’issue de la Conférence d’examen du TNP, l’année prochaine, donnerait un signal fort, a-t-il espéré, tandis qu’un échec nous amènerait dans un territoire inconnu.  Il a aussi souhaité que les État dotés de l’arme nucléaire participent de manière constrictive et efficace à des initiatives pour l’élimination totale de leurs arsenaux.  « Le monde vous regarde. »  Avec la montée des rivalités entre les grandes puissances, il est temps de redoubler les efforts multilatéraux de désarmement, rétablir la confiance et diminuer les risques de guerre, a-t-il conclu.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. SANTIAGO ANDRÉS CAFIERO, Ministre des relations extérieures et du commerce international de l’Argentine, a indiqué que son pays maintenait un programme nucléaire exclusivement pacifique depuis plus de 70 ans, et ce, dans le plus strict respect des normes inscrites dans le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).  Qualifiant le TNP de « pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération mondiale », le représentant a souhaité que la prochaine Conférence de révision du Traité soit l’occasion de réaffirmer l’engagement des États parties.  Soulignant d’autre part le statut pionnier de l’Amérique latine en matière de désarmement et de non-prolifération, confirmé dès 1967 par la signature du Traité de Tlatelolco, il a rappelé que son pays et le Brésil avaient créé voilà 30 ans l’Agence argentino-brésilienne de comptabilité et de contrôle des matières nucléaires (ABACC), qui devrait être une source d’inspiration pour les autres régions du monde.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. PEDRO BROLO VILLA, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a réitéré sa position en faveur d’un désarmement nucléaire complet, irréversible et transparent dans des délais clairement établis, et a condamné tout essai nucléaire ou toute menace d’utilisation de la force avec ce type d’armes, qui mettent en danger la continuité de la vie sur Terre.

C’est dans cet esprit que le Guatemala se trouve dans la phase interne finale de ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a expliqué le représentant, pour qui cette journée représente l’aspiration de la grande majorité des États à atteindre l’objectif commun d’un monde exempt d’armes nucléaires.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Jamaïque, a salué, à son tour, l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et souligné qu’il s’agit du premier traité international qui met au ban ces armes de destruction massive.  Le travail, qui a été fait, nous a appris de nombreuses leçons mais la plus importante est peut-être celle sur la volonté collective des États qui permet d’avancer pendant les moments difficiles, un principe qui peut être utilisé dans le contexte de la pandémie de COVID-19, a estimé la Ministre.  Elle a dit attendre avec impatience la première réunion des États parties, prévue en mars 2022.  Si nous pouvons être fiers du chemin parcouru jusqu’ici, n’oublions, a-t-elle prévenu, que la prochaine étape c’est l’impératif de la mise en œuvre.  Elle a donc appelé l’Assemblée générale à rester vigilante et à suivre de près le respect des obligations et des cibles.

Sur le plan national, la Ministre a attiré l’attention sur la loi sur la sécurité nucléaire et la protection contre les radiations que son pays a adoptée, créant en même temps le mécanisme d’application qu’est l’Autorité de régulation des substances dangereuses.  Nous avons mis en place ces règles, conscients, a-t-elle expliqué, des conséquences sur un petit État insulaire en développement, d’une explosion nucléaire par accident, par mauvais calcul ou par acte délibéré.  Les armes nucléaires sont une menace à la paix et à la sécurité internationales mais elles privent aussi de ressources les objectifs de développement durable, a souligné la Ministre qui a voulu que l’on remette en question l’idée selon laquelle la possession d’armes nucléaires est une stratégie de sécurité « viable ».  Il faut arrêter de les fabriquer et de les moderniser, détruire les stocks et universaliser les textes sur la non-prolifération et sur l’interdiction des armes et des essais nucléaires.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. DATO’ SAIFUDDIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères de Malaisie, a rappelé que, lors de la Conférence d’examen du TNP de 1996, son pays avait prévenu que la prorogation indéfinie ne servirait pas d’incitation à l’universalité du traité, mais donnerait carte blanche aux États dotés d’armes nucléaires pour conserver indéfiniment ces armes.  Outre ces préoccupations qui restent vraies, il a fait remarquer que l’architecture du désarmement nucléaire, du contrôle des armements et de la non-prolifération est mise à rude épreuve et se désagrège.  Il a souhaité voir les États parties réaffirmer leurs engagements à l’égard du TNP lors de la dixième Conférence d’examen et faire progresser sa mise en œuvre.  Quant au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, il a estimé qu’il complète, sans les affaiblir, d’autres instruments juridiques internationaux relatifs au désarmement et à la non-prolifération nucléaires.

Pour M. HARSH VARDHAN SHRINGLA, Ministre des affaires étrangères de la République de l’Inde, le désarmement nucléaire peut être atteint grâce à une approche graduelle.  La résolution annuelle présentée depuis 1982 par l’Inde à l’Assemblée générale sur la « Convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires », jouit d’un large soutien des États Membres, a affirmé le Ministre.  L’Inde appelle la Conférence du désarmement à entamer des négociations pour trouver un accord sur une Convention internationale interdisant l’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires en toutes circonstances.

Sans réduire la priorité qu’elle accorde au désarmement, l’Inde appuie l’amorce de négociations au sein de la Conférence du désarmement sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.  En tant qu’État responsable doté de l’arme nucléaire, l’Inde a une doctrine nucléaire de dissuasion minimale incluant une politique de non-utilisation en premier de ces armes et de non-utilisation à l’encontre des États non dotés de l’arme nucléaire, a conclu M. Shringla.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. ALAN GANOO, Ministre des affaires étrangères de Maurice, a appelé à intensifier les efforts au niveau mondial pour éliminer les armes nucléaires et à réorienter les ressources vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Réaffirmant solennellement sa position de principe contre les armes nucléaires, le Ministre a rappelé que l’un des premiers actes internationaux de l’île après son indépendance avait été la signature du TNP en juillet 1968, ratifié un an plus tard.  Maurice a été l’un des premiers pays à ratifier en 1996 le Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, également connu sous le nom de Traité de Pelindaba.  Le Ministre a ajouté que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, entré en vigueur au début de cette année, figure avec le TNP parmi « les réalisations exceptionnelles des Nations Unies ».

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. THOMAS KAGISO MMUSI, Ministre de la défense, de la justice et de la sécurité du Botswana, a rappelé que son gouvernement a ratifié le TIAN pour démontrer son engagement total en faveur du désarmement et veiller à ce que la technologie nucléaire soit utilisée à des fins de développement et pacifiques.  Il a estimé que le TIAN renforce les dispositions du TNP et le régime de désarmement nucléaire et de non-prolifération: il réaffirme les interdictions déjà en vigueur dans le TNP et établit un moyen pour les États dotés d’armes nucléaires de s’acquitter de leur obligation de poursuivre le désarmement nucléaire en vertu de l’article VI du TNP.  Le TIAN comble une lacune en établissant une interdiction légale pour la seule catégorie d’armes de destruction massive qui n’est pas encore interdite, a rappelé M. Mmusi pour qui les processus de vérification demeurent essentiels.  Alors que de nouvelles menaces surgissent et compliquent la question du désarmement, il a jugé plus importantes que jamais la lutte contre le désarmement nucléaire, l’utilisation d’armes dans l’espace et les menaces à la cybersécurité.  Il a conclu en exhortant toutes les autres régions du monde à travailler ensemble à la création de zones exemptes d’armes nucléaires.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. SIMEON OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République de Guinée équatoriale, a déploré que la doctrine de la dissuasion nucléaire persiste comme élément des politiques de sécurité de tous les États dotés de l’arme nucléaire, malgré l’engagement de nombre de ces pays.  La Guinée équatoriale estime que seul un désarmement nucléaire total offre une garantie pour atteindre un espace, une sécurité et une stabilité durable dans le monde.  C’est pourquoi elle a signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, dont le processus de ratification est en cours.  De même, le pays réaffirme son attachement au Traité de non-prolifération des armes nucléaires en tant que pilier fondamental pour parvenir au désarmement total.

Le Ministre s’est félicité de la relance en cours du multilatéralisme, notamment du fait de la Fédération de Russie et des États-Unis, ainsi que de la prorogation du Traité « New START » et de l’annonce formelle par les États-Unis de leur retour dans les accords sur le programme nucléaire iranien.  Il a regretté des « facteurs négatifs » comme l’abandon du Traité « Ciel ouvert » par plusieurs pays importants ou la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en 2019.  Rappelant par ailleurs le report pour cause de pandémie de la dixième Conférence des parties de 2020 chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires prévue au printemps 2020, il a rappelé que la communauté internationale était particulièrement impatiente de concrétiser cet événement.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. FRANCISCO BUSTILLO, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a indiqué qu’en tant qu’État ne possédant pas d’armes nucléaires, son pays est fermement déterminé à renforcer le régime de désarmement et de non-prolifération.  C’est pourquoi l’Uruguay est partie au TNP depuis 1970 et au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires depuis 2018.  Dans le même esprit, il a signé et ratifié le Traité de Tlatelolco, qui crée une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi que le TICE, qui n’est toujours pas entré en vigueur faute d’avoir obtenu un nombre suffisant de ratifications.  Le représentant a donc appelé les États dont la ratification est nécessaire à s’en acquitter sans tarder.  Il a par ailleurs estimé que l’utilisation de l’énergie à des fins pacifiques peut être canalisée pour faire face aux défis actuels tels que les changements climatiques et le développement durable, assurant à cet égard de son plein soutien au rôle et au travail de l’AIEA.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. SEDAT ÖNAL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a souligné que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires avait fourni le cadre juridique nécessaire à la réalisation du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  Cependant, nous n’avons pas encore réalisé de progrès notables en ce qui concerne l’article VI du TNP, qui vise un désarmement total et complet, a-t-il ajouté, appelant à une action concertée et coordonnée des États parties en ce sens.  Le Vice-Ministre a également dit espérer des résultats tangibles de la Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP.  Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires est un autre instrument juridique important, a-t-il ensuite ajouté, appelant à son entrée en vigueur dès que possible et invitant les États qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, Mme ANA LUISA CASTRO, Vice-Ministre chargée des affaires multilatérales et de la coopération du Panama, a rappelé que, le 6 août 1945, la première bombe atomique de l’histoire avait tué 80 000 personnes et provoqué de graves dommages pour l’environnement.  Depuis, a-t-elle relevé, nos connaissances sur les conséquences de l’utilisation de telles armes ont progressé de manière significative, ce qui devrait susciter l’engagement de tous en faveur du désarmement et de la non-prolifération des armes nucléaires.  Rappelant également que l’Amérique latine et les Caraïbes ont été la première région habitée exempte d’armes nucléaires, grâce au traité de Tlatelolco en 1967, elle a appelé à la coopération et à l’engagement de tous les États pour qu’à l’avenir, nous puissions dire que nous vivons dans un monde sans armes nucléaires.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. BORITH OUCH, Ministre délégué auprès du Premier Ministre et Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a rappelé que le TNP, qui incarne la promesse de la non-prolifération et du désarmement, est essentiel au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Disant soutenir le Programme de désarmement lancé par le Secrétaire général en 2018, M. Ouch a jugé impératif que les États fassent preuve de volonté politique et de souplesse en travaillant vers le but commun de « paix, sécurité et développement pour tous ».  Fier d’avoir ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le Cambodge plaide pour son universalisation, a dit le Ministre qui a aussi appelé de ses vœux l’entrée en vigueur du TICE.  Il a, enfin, mis en avant ce qui est fait dans sa région -l’Asie du Sud-Est- qui est une zone exempte d’armes nucléaires.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. JOHN MULIMBA, Ministre d’État des affaires étrangères de l’Ouganda, s’est dit gravement préoccupé par la lenteur des progrès accomplis par les États dotés d’armes nucléaires dans l’élimination de leurs arsenaux.  Il a appelé à la mise en œuvre des mesures et les engagements convenus dans le cadre du Traité par ces États.  M. Mulimba a réitéré l’engagement sans faille de son gouvernement dans le cadre du Traité de Pelindaba, qui réaffirme le statut de l’Afrique comme une zone exempte d’armes nucléaires et protège le continent, y compris par le fait de prévenir le dépôt d’armes nucléaires et d’interdire les essais de ces armes en Afrique.  Le Ministre a souligné l’importance de respecter le droit inaliénable à l’utilisation à des fins pacifiques de l’énergie atomique et a souligné le rôle central de l’Agence internationale de l’énergie atomique à cet égard.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. VIJAVAT ISARABHAKD, Vice-Ministre des affaire étrangères de Thaïlande, a dit avoir bon espoir qu’en janvier prochain, la dixième Conférence d’examen du TNP, tant attendue, aurait enfin lieu.  Deux mois plus tard, les États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires tiendront leur première réunion depuis l’entrée en vigueur historique du traité au début de cette année, a-t-il fait observer.  Maintenant que nous avons réussi à inscrire nos efforts de désarmement nucléaire dans le cadre du droit international, nous devons nous concentrer sur la mise en œuvre des fruits de notre dur labeur, a-t-il plaidé.

Obtenir des résultats concrets pour les deux conférences devrait donc être la priorité absolue, a ajouté le Vice-Ministre.  De bons résultats non seulement feront progresser le programme de désarmement et de non-prolifération nucléaires, mais ils témoigneront également de la collaboration multilatérale qui œuvre pour le bien de l’humanité, a-t-il estimé, exhortant donc toutes les parties à s’engager de manière constructive dans la mise en œuvre de ces cadres.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. REZA NAJAFI, Vice-Ministre des affaires étrangères et des affaires juridiques et internationales de la République islamique d’Iran, a affirmé que son pays rejetait fermement la conservation, le stockage, le développement, l’utilisation et la prolifération des armes nucléaires aux niveaux régional et mondial.  « Réaliser le désarmement nucléaire mondial et éliminer la menace des armes nucléaires est une responsabilité juridique, politique et morale pour tous les États, en général, et les États dotés de l’arme nucléaire en particulier », a insisté le Ministre.  Il a particulièrement regretté que les États dotés de l’arme nucléaire continuent de renforcer leurs arsenaux nucléaires en violation flagrante de l’esprit et de la lettre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), avant de dénoncer la responsabilité de « l’agressivité politique » des États-Unis dans l’impasse nucléaire.

M. KAHTAN JANABI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, s’associant au Mouvement des pays non alignés et au Groupe arabe, a appelé à la relance des efforts multilatéraux visant à éliminer les armes nucléaires.  Il a aussi réaffirmé l’attachement de l’Iraq à toutes les conventions et traités applicables en la matière.  L’adhésion mondiale à tous les traités et conventions sur l’élimination des armes nucléaires est la seule garantie efficace contre leur utilisation, a-t-il souligné.  Il a ensuite appelé à des efforts internationaux et régionaux concertés pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  À cet égard, il a exhorté les États Membres à faire pression sur Israël pour qu’il adhère aux traités pertinents, qu’il se dénucléarise et qu’il respecte les mesures de sauvegarde prévues par l’AIEA.

M. ABDOUL WAHAB DJIBO KAINA, Président de la Haute Autorité pour l’énergie atomique du Niger, a rappelé que son pays avait ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE) et le Traité de Pelindaba qui fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires.  Le Niger a également signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a-t-il précisé.  Pour édifier un monde sans armes nucléaires, l’ONU doit poursuivre ses efforts afin de permettre l’entrée en vigueur du TICE, a poursuivi M. Kain.  Le TICE, le TNP et le Traité établissant une zone exempte d’armes nucléaires sont trois traités susceptibles d’atteindre cet objectif, a-t-il souligné.  Avec un peu plus de volonté politique, nous pouvons créer un monde exempt de la menace des armes nucléaires, a-t-il conclu.

M. YOUSEF LARAM, Directeur du Département des organisations internationales, Ministère des affaires étrangères, Qatar, a noté que la prolifération des armes nucléaires au Moyen-Orient venait s’ajouter aux immenses défis que connaît déjà la région.  L’élimination des armes nucléaires et de destruction massive pourrait contribuer à la stabilité régionale, a-t-il affirmé.  M. Laram a souligné que le Qatar était en faveur de la tenue de la deuxième session de Conférence des Nations Unies sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires, jusqu’ici reportée à cause de la pandémie de COVID-19.  Il est également important d’élaborer des programmes pacifiques d’utilisation de l’énergie nucléaire, a-t-il ensuite précisé.  Il a enfin appelé à partager toute information pertinente avec les pays concernés pour prévenir des catastrophes humanitaires.

Dans une déclaration vidéo préenregistrée, M. KMENTT, Directeur du Département du désarmement, de la maîtrise des armements et de la non-prolifération, Ministère des affaires étrangères, Autriche, a déclaré que le désarmement nucléaire est l’une des grandes priorités de la politique étrangère de son gouvernement.  Il s’est réjoui de l’entrée en vigueur du TIAN grâce à la cinquantième ratification et à la coopération internationale.  Il a estimé que les armes nucléaires fournissent une illusion de sécurité, alors qu’en réalité elles sont une épée de Damoclès suspendue au-dessus de l’humanité.  Soulignant l’urgence du désarmement nucléaire, il a dit que « l’horloge de l’apocalypse est aujourd’hui plus proche de minuit qu’à tout autre moment de la guerre froide ».  Il s’est inquiété de voir des arsenaux se moderniser, de nouveaux types d’armes être mis en service, pendant que la transparence décline et que la rhétorique dangereuse sur le nucléaire ne faiblit pas.  L’idéologie de la dissuasion nucléaire prévaut encore dans de nombreux pays, a-t-il regretté.  Il a appelé à mettre un terme à ces développements dangereux et à s’engager de manière constructive avec les arguments qui fondent le TIAN.  Rappelant que la première réunion des États parties à ce Traité est prévue à Vienne du 22 au 24 mars 2022, il a invité tous les pays à venir, « quelle que soit leur position sur le TIAN ».

Au nom du Groupe des États arabes, M. TAHER ELSONNI (Libye) a dit que cette journée de commémoration montre la volonté de la communauté internationale d’éliminer toutes les armes nucléaires.  Ces armes privent l’économie de ressources et détruisent l’environnement.  Réitérant la nécessité d’éliminer toutes les menaces d’utilisation des armes nucléaires, le représentant a souligné l’importance d’avoir une vision complète qui permettra de parvenir à l’objectif d’éliminer les armes nucléaires, d’interdire tout nouvel essai atomique et d’empêcher la production de matières fissiles.  C’est une façon de garantir que l’humanité ne soit pas confrontée à cette menace, a ajouté M. Elsonni.

Pour le Groupe des États arabes, les États dotés de l’arme nucléaire doivent respecter leurs engagements et les accords relatifs aux contrôles de ces armes.  Le Groupe condamne toute doctrine qui met en avant l’arme nucléaire et qui affirme que l’environnement n’est pas propice à leur élimination.  Il appelle ces États à éliminer leurs arsenaux, à revoir leurs politiques et à ratifier le TICEN. 

M. Elsonni a également dénoncé les États qui poursuivent des programmes nucléaires clandestins ou des programmes prétendument pacifiques.  Pour lui, l’entrée en vigueur du TIAN fait de ce traité une nouvelle source du droit international.  Il a dénoncé le refus d’Israël d’adhérer au TIAN et a demandé de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive et d’armes nucléaires.

M. MICHEL XAVIER BIANG, (Gabon), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a mis en exergue le besoin urgent de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a appuyé le principe d’un désarmement complet, « condition sine qua non du maintien de la paix et de la sécurité internationales ».  Saluant l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le représentant a estimé que ce traité venait renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Le Groupe des États d’Afrique appelle tous les États Membres à se saisir de cette occasion pour signer et ratifier ce traité.

Le Groupe des États d’Afrique a dit à nouveau sa préoccupation face à la lenteur des progrès des États dotés d’armes nucléaires en termes de désarmement et a insisté sur l’impératif d’appliquer tous les engagements pris par ces États sous les différents traités pertinents.  Le Groupe a également vanté les mérites des zones exemptes d’armes nucléaires en réaffirmant son attachement au Traité de Pelindaba.  Il a appelé à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et a pris note du succès de la récente conférence qui s’est tenue sur cette question sous les auspices des Nations Unies.  Le représentant a tenu à rappeler aux pays responsables des blocages que la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient demeure une partie intégrante de l’ensemble des mesures sur lesquelles un consensus avait été dégagé pour ce qui est de l’extension du TNP.  Dans l’attente de la Conférence d’examen du TNP de 2022, le Groupe a insisté sur la réalisation des objectifs déjà fixés ainsi que sur le droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et de développement.  Affirmant que le TICE est source d’espoir pour la non-prolifération des armes nucléaires, le Groupe des États d’Afrique souhaite le voir entrer en vigueur dans les plus brefs délais.  Quant à l’impasse de la Conférence du désarmement, il l’a appelé à reprendre ses travaux de fond sans plus tarder.

Au nom du Forum des îles du Pacifique, M. SATYENDRA PRASAD, (Fidji), a indiqué que le Forum commémore cette année le trente-cinquième anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité sur la zone dénucléarisée du Pacifique Sud (Traité de Rarotonga) et les 25 ans écoulés depuis la fin des essais nucléaires dans la région.  Malheureusement, ces menaces demeurent aujourd’hui, a-t-il tempéré.  Il a plaidé pour l’élimination totale des armes nucléaires, « la priorité absolue » de sa région en matière de désarmement.  « Nous appelons à la fin de toutes les actions incompatibles avec l’article VI du TNP », a-t-il lancé, citant notamment l’amélioration qualitative des armes nucléaires existantes et la mise au point de nouveaux types d’armes.  Se félicitant que sa région soit une zone exempte d’armes nucléaires, il a salué les quatre États dotés d’armes nucléaires qui ont signé et ratifié les Protocoles au Traité de Rarotonga.  Rappelant que les États-Unis ont annoncé en 2010 leur intention de ratifier tous les Protocoles au Traité, il a appelé ce pays à passer à l’action.

Le porte-parole du Forum des îles du Pacifique a ensuite réitéré sa détermination à faire en sorte que la richesse et la beauté de l’espace océanique, du territoire terrestre et de l’espace aérien des îles du Pacifique restent à perpétuité l’héritage des peuples de la région.  En tant que deuxième zone exempte d’armes nucléaires au monde dans une zone peuplée, le Pacifique a servi de source d’inspiration pour d’autres régions du monde, a-t-il souligné en précisant qu’il existe neuf zones, États et régions géographiques exempts d’armes nucléaires, couvrant plus de 100 États et couvrant l’hémisphère Sud.  Nous nous engageons à poursuivre la coopération avec toutes les zones exemptes d’armes nucléaires dans la poursuite de nos intérêts et objectifs communs, y compris dans la période précédant la Conférence d’examen du TNP en 2022, a déclaré M. Prasad.

Il a ensuite demandé à tous les États dotés d’armes nucléaires parties au TNP d’honorer leurs obligations en matière de désarmement en vertu de l’article VI du Traité; et à tous les États restants d’adhérer au TICE.  Après avoir noté l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, il a souligné la lutte des îles du Pacifique contre l’héritage des essais nucléaires, citant la contamination des maisons et des habitats et le nombre plus élevé de malformations congénitales et de cancers.  « Cela confère au Pacifique à la fois un droit juridique et un statut moral pour exiger que les États dotés d’armes nucléaires s’engagent à respecter leurs obligations respectives en matière de désarmement en vertu du droit international. »  M. Prasad a aussi rappelé les préoccupations concernant les impacts environnementaux de l’accident du réacteur nucléaire de Fukushima Daiichi en 2011, assurant que la région accélère ses efforts de prévention et saluant les efforts du Japon en ce sens. 

« Nous soulignons avec force l’obligation juridique des États d’empêcher le déversement de déchets nucléaires radioactifs et d’autres matières radioactives dans les océans et d’empêcher toute action visant à aider ou à encourager quiconque, y compris tout État, à déverser des déchets nucléaires dans notre région. »  Notant aussi l’intérêt croissant pour l’énergie nucléaire en tant que forme d’énergie propre, le Forum des îles du Pacifique a exhorté tous les États à respecter pleinement les garanties du TNP sur les activités nucléaires pacifiques, et toutes les obligations connexes du droit international.

M. ISHIKANE KIMIHIRO, (Japon), a rappelé qu’il y a 76 ans, des bombes atomiques étaient larguées sur Hiroshima et Nagasaki, emportant plus de 200 000 vies précieuses en un clin d’œil et réduisant ces villes en cendres en un instant.  Hiroshima et Nagasaki ne doivent jamais se répéter, a déclaré le représentant.  La communauté internationale doit être unie devant l’objectif commun de réaliser un monde exempt d’armes nucléaires.  Le représentant s’est dit convaincu que le souvenir d’Hiroshima et de Nagasaki ne peut que nous unir, avant de réitérer l’engagement ferme du Japon en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.

Mme AMAL MUDALLALI, (Liban), a regretté que le seul pays du Moyen-Orient censé posséder des armes nucléaires, Israël, n’ait pas pris part à la conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient », qui s’est tenue ici à New York, en 2019.

La conférence sur la zone d’interdiction de survol au Moyen-Orient, prévue en novembre prochain sous la direction du Koweït, sera une occasion, a-t-elle espéré, de montrer son engagement en faveur d’une région pacifique en s’engageant de manière constructive à débarrasser la région des armes nucléaires.  Un autre moyen de commencer le processus d’élimination des armes nucléaires est, selon le Liban, de garantir l’universalité et l’entrée en vigueur du TICE.

M. ENKHBOLD VORSHILOV, (Mongolie), a déclaré que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) marquait une étape importante dans les efforts internationaux visant à interdire ces armes désastreuses.  La Mongolie a participé activement à la négociation de ce traité, a-t-il souligné, ajoutant que le processus interne de ratification était en cours.  Le représentant a ensuite appelé à des résultats productifs lors de la prochaine Conférence d’examen du TNP.  Il a ensuite rappelé que la Mongolie avait déclaré son territoire « zone exempte d’armes nucléaires » en 1992.  La Mongolie est attachée à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a enfin souligné M. Vorshilov, ajoutant qu’il fallait sur ce point l’engagement de toutes les parties concernées.

M. GENG SHUANG, (Chine), a assuré d’emblée être en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a rappelé qu’au cours de la guerre froide, les États-Unis et la Fédération de Russie s’étaient ciblés avec des centaines de milliers d’ogives et avaient effectué des centaines d’essais nucléaires dans le Pacifique Sud, mettant à de maintes reprises le monde au bord d’une guerre nucléaire.  Il a regretté que, 30 ans plus tard, la menace de guerre nucléaire persiste, à cause de l’ombre persistante de la guerre froide qui subsiste dans les esprits.  Il a donc prôné l’élimination complète de la mentalité de la guerre froide.  Mais, selon lui, certains pays ont décidé de suivre cette mentalité en cherchant à créer des cercles exclusifs et à provoquer la confrontation.  Plusieurs pays ont annoncé « fièrement » leur coopération en matière de sous-marins nucléaires, ce qui met en péril les efforts internationaux dans le domaine du désarmement, a dénoncé le représentant.  Relevant les propos d’un pays, « il y a une semaine dans cette même salle », qui a assuré ne pas chercher à créer une nouvelle guerre froide, le représentant chinois a espéré que cette annonce publique se traduirait par des actes concrets.  Il a espéré que « ce pays » se déferait de sa « mentalité reléguée à l’époque de la guerre froide » et de ses perspectives géopolitiques égoïstes.

Depuis que la Chine a pu le faire, elle a plaidé en faveur de l’élimination complète des armes nucléaires, a souligné le représentant, en rappelant qu’elle a dit ne pas vouloir être la première à employer les armes nucléaires.  Il a aussi rappelé que la Chine s’est engagée à ne pas utiliser ni à menacer d’utiliser des armes nucléaires contre des États non dotés ou contre des zones exemptes de ces armes.  Il a aussi assuré qu’elle ne cherche pas à concurrencer des pays en termes de nombre d’armes nucléaires ni à se lancer dans une course à l’armement nucléaire.  La Chine, a ajouté le représentant, a toujours respecté ses obligations en matière de contrôle de l’armement et de désarmement nucléaire; elle maintient sa force nucléaire à un niveau minimum.  Au cours des 50 dernières années, la Chine a beaucoup participé au désarmement, aux Nations Unies, a-t-il conclu, en disant vouloir continuer de participer à ces efforts.

M. DANG DINH QUY, (Viet Nam), a souligné la menace que constitue l’existence de 15 000 armes nucléaires dans le monde, dénonçant les rivalités géopolitiques, le manque de confiance entre les États, les intérêts égoïstes et le défaut de mise en œuvre du droit international.  Il a appelé à davantage d’efforts pour instaurer la confiance et l’amitié entre les nations, et pour protéger l’humanité de la menace des armes nucléaires.  Il a noté, à cet égard, l’extension du Traité « New START » par la Fédération de Russie et les États-Unis, jusqu’en février 2021.  Il a aussi plaidé pour le strict respect des obligations découlant du droit international, dont les traités et les résolutions du Conseil de sécurité.  Davantage de mesures concrètes devraient être prises, a-t-il ajouté, pour la mise en application de l’article VI du TNP concernant les négociations de bonne foi.  Enfin, il a appelé au renforcement du régime de non-prolifération et de désarmement afin d’assurer l’entrée en vigueur du TICE.  Le Viet Nam, qui respecte ses obligations en vertu des différents traités, ainsi que les dispositions des résolutions du Conseil de sécurité, poursuivra ses efforts en faveur de la cause commune de l’élimination des armes nucléaires, a assuré le représentant.

Mme THILMEEZA HUSSAIN, (Maldives), a déclaré que le monde devait faire preuve de détermination pour éliminer les armes nucléaires.  Rappelant la création de l’AIEA, la représentante a déclaré que c’est en temps de crise que la communauté internationale montre ce qu’elle a de mieux à offrir.  Les efforts qui ont été déployés ont eu de nombreuses formes mais ils visent tous au désarmement nucléaire.  Ils ont abouti à la première résolution de l’Assemblée générale sur l’élimination totale de l’arme nucléaire.  Malheureusement, a ajouté Mme Hussain, les neuf pays de dotés d’armes nucléaires continuent de consacrer beaucoup d’argent à ces armes.  La représentante a exhorté à ne pas oublier Nagasaki et Hiroshima, leurs morts et la destruction de leur environnement.  Ces bombes font peser une menace constante sur l’humanité ; éliminer les armes nucléaires, c’est la seule façon de prévenir leur utilisation, a-t-elle conclu.

Pour M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS, (Sri Lanka), la commémoration de ce jour nous rappelle les menaces que nous encourons.  Nous sommes au bord de l’abysse à cause de la cupidité d’une poignée d’États, a dénoncé le représentant qui a rappelé qu’en 1959, l’Assemblée générale avait voté à l’unanimité une résolution sur élimination totale des armes nucléaires et un désarmement complet.  Pour autant, aucun progrès n’est enregistré.  Dès lors, il faut nous engager davantage pour l’élimination de ces armes de destruction massive.  Le Sri Lanka est préoccupé par la modernisation des armes nucléaires alors que des millions de personnes meurent de faim ou sont sans abri.  Déplorant qu’aucune arme nucléaire n’ait été physiquement détruite en 76 ans, le représentant a rappelé qu’un immense risque de destruction subsisterait tant que les armes nucléaires existeront et s’est dit « inquiet » qu’elles puissent tomber entre les mains de terroristes.

Pour M. JOSÉ A. BLANCO CONDE, (République Dominicaine), il est temps que les États dotés d'armes nucléaires donnent des garanties inconditionnelles et fermes contre l'emploi ou la menace d'employer ces armes aux États qui n’en possèdent pas. Le représentant a exhorté les dirigeants à réfléchir à cette question, les encourageant à consacrer les ressources allouées à la modernisation et à l'augmentation de leurs arsenaux à des projets de développement et de coopération, notamment pour atténuer les crises émergentes dans le secteur de la santé, y compris à la pandémie de COVID-19.  Préoccupé par la lenteur des progrès vers le désarmement nucléaire, il a dit espérer que la dixième Conférence d'examen du TNP parviendrait à un consensus sur des mesures concrètes et progressives pour pouvoir réaliser les obligations qui y sont stipulées.

Dans un autre ordre d'idées, la République dominicaine a salué l'entrée en vigueur du TIAN et a exhorté les États qui ne l'ont pas encore fait à y adhérer. En outre, le représentant a demandé aux États figurant à l'Annexe 2 du TICE qui n'ont pas encore ratifié ce traité de le faire au plus vite pour faciliter son entrée en vigueur dans les plus brefs délais.  En guise de conclusion, M. Blanco Conde a jugé incontestable le fait que l'existence même des armes nucléaires représente un obstacle à la réalisation des objectifs de développement durable.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD, (Jordanie), a souligné la nécessité de l’engagement d’Israël dans le processus international de désarmement nucléaire.  C’est pourquoi la Jordanie, qui a présidé la première session de la Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient, renouvelle son appel à Israël pour adhérer sans condition à cet objectif.  Il s’agit, a expliqué le représentant, de contribuer au renforcement de la paix et de la sécurité internationales à travers l’élaboration d’un accord juridique contraignant pour les pays de la région.

Pour M. ISSIMAIL CHANFI, (Comores), le chemin reste encore long à parcourir pour parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires dans le monde.  Ainsi, les pays qui possèdent de tels armements auraient financé des plans à long terme pour les moderniser.  C’est une situation fortement alarmante, a souligné le représentant, qui a dénoncé la doctrine de la dissuasion nucléaire mise en avant par certains pays pour légitimer l’usage de telles armes.  Le représentant s’est félicité de la ratification par son pays du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ajoutant que chaque nouvelle signature et ratification de cet important instrument juridique nous rapproche d’un monde libéré de la menace nucléaire. Il a ensuite précisé que les Comores avaient également ratifié le TICE et le Traité de Pelindaba.

Mme BESIANA KADARE (Albanie) a plaidé pour l’universalisation de tous les traités relatifs au désarmement, en particulier celui sur l’interdiction des armes nucléaires.  Elle a indiqué que, pour son pays, la priorité reste la lutte contre le trafic de substances radioactives, arguant que le risque que des groupes terroristes acquièrent des armes de destruction massive est une menace constante pour l’ordre mondial.  La représentante a aussi réclamé l’entrée en vigueur dans un avenir proche du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires.

M. FATUMANAVA DR. PAOLELEI LUTERU (Samoa) a rappelé que, dès les années 1970, Samoa et d’autres membres fondateurs du Forum des îles du Pacifique avaient adopté une position unie contre les essais d’armes nucléaires dans la région du Pacifique.  La création de la zone exempte d’armes nucléaires du Pacifique Sud, couverte par le Traité de Rarotonga en 1986, en a découlée et célèbrera son trente-cinquième anniversaire en décembre 2020.  Cette région du « Pacifique bleu » a également affirmé sa détermination à devenir une région exempte de pollution de l’environnement par des déchets et autres matières radioactives.  Le secrétaire général du Forum a ainsi publié une déclaration plus tôt cette année, en tant que dépositaire du Traité de Rarotonga, concernant le projet de rejet de l’eau traitée du système avancé de traitement de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi dans l’océan Pacifique.

De tels traités régionaux jouent un rôle crucial en encourageant la paix et la stabilité régionales, la protection de nos peuples et de nos ressources naturelles, a fait valoir le représentant.  Samoa y voit aussi des outils au service de la promotion des efforts mondiaux de désarmement et de non-prolifération et continuera d’agir en ce sens.  Samoa a fait en outre partie du premier groupe de pays à avoir signé le TIAN et salue son entrée en vigueur.  Samoa a également ratifié le TNP.  Petit État insulaire du Pacifique, Samoa ne peut pas se protéger de la menace nucléaire - en fait, aucune nation ne le peut – et, a ajouté le représentant, « notre seul bouclier est la règle du droit, des traités internationaux et de la protection vitale qu’ils offrent à tous les États ».

M. RONALDO COSTA FILHO, (Brésil), a rappelé l’importance de l’adoption du TIAN, qui a eu pour effet d’élever les enjeux moraux en ce qui concerne l’utilisation des armes nucléaires, et s’est félicité de l’entrée en vigueur de ce traité.  Soulignant que cette année marque le vingt – cinquième anniversaire de la signature du TICE, il a souhaité que les États qui ne l’ont pas encore fait le signent et le ratifient, en particulier ceux figurant à l’Annexe 2.  Le représentant a prôné des mesures concrètes pour aller de l’avant avec ces instruments.  Le délégué a aussi rappelé que le TNP est fondé sur un arbitrage entre le désarmement et la non-prolifération.  Mais tant que les États dotés ne feront pas leur part dans son application, le risque de prolifération ne disparaîtra pas, a-t-il prévenu.  Lors de la prochaine Conférence d’examen du TNP, l’an prochain, le Brésil espère que nous pourrons pour le moins réaffirmer les engagements passés, notamment les 13 mesures pratiques et le plan d’action, a déclaré le représentant.  « Mais elle aura échoué si elle ne reconnaît pas les conséquences désastreuses sur le plan humanitaire de l’utilisation de toute arme nucléaire. »  Il a conclu en soulignant l’importance de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, avant de se dire fier d’être partie au traité de Tlatelolco et en espérant que la création de mêmes zones puisse être une nouvelle étape dans l’objectif d’un monde totalement exempt de l’arme nucléaire.

Cette journée nous rappelle, a déclaré M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines), dans une vidéo préenregistrée, que la prospérité, la paix et la sécurité auxquelles nous travaillons tous peuvent être annihilées en un clin d’œil par un seul incident nucléaire.  Il est donc tout à fait logique de tendre vers l’élimination des armes nucléaires.  Le représentant a dit partager les préoccupations de nombreux États face à la modernisation et la fabrication de ces armes par les États dotés.  Plaidant pour une bonne mise en œuvre du TNP, il a dit son attachement aux 13 mesures pratiques et au Plan d’action en 64 points adoptés lors de la Conférence d’examen du TNP de 2010.  Il a appelé les huit pays de l’Annexe II du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires à accélérer son entrée en vigueur.  Il a, à ce propos, salué l’opérationnalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui est conforme à la Constitution Philippine et au Traité de Bangkok.  Le représentant a dit attendre des États dotés une participation constructive à la dixième Conférence d’examen du TNP, au mois de janvier.  L’utilisation d’armes nucléaires est une violation de la Charte des Nations Unies, et compte tenu de leurs conséquences humanitaires catastrophiques, la seule et unique garantie contre cette utilisation, c’est l’élimination totale de ces armes, a martelé le représentant.

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné l’existence de la menace nucléaire pour mieux mettre en exergue la nécessité du désarmement et de la non-prolifération.  Les armes nucléaires n’offrent aucune garantie de sécurité ou de stabilité aux niveaux national, régional ou international, a-t-il martelé, arguant que la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient sera la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement dans la région.  Il appelé à l’entrée en vigueur du TICE et estimé que les différentes menaces nucléaires montrent l’impératif d’œuvrer sans relâche à l’élimination de ces armes et de rendre le désarmement irréversible.  Le représentant a réitéré son appui au Traité de Pelindaba et autres traités faisant de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) s’est inquiété de l’évolution rapide des armes et de la technologie numérique et a déploré la course au développement et à la possession d’armes nucléaires.  En tant que fervent partisan du multilatéralisme, il a appelé à un effort collectif de tous les pays et autres parties prenantes et a salué l’initiative des dirigeants mondiaux pour trouver des solutions communes afin de réduire le nombre de centrales nucléaires, empêcher l’utilisation d’armes nucléaires et les éliminer.  Saluant l’entrée en vigueur du TIAN, dont le Timor-Leste est signataire, le représentant a indiqué que son pays se prépare à le ratifier.  Faisant partie de la région Asie-Pacifique, nous connaissons très bien les conséquences humanitaires dévastatrices des armes nucléaires, a rappelé le représentant en invoquant Hiroshima et Nagasaki.  L’existence de plus de 13 000 armes nucléaires dans le monde pose un risque pour notre sécurité nationale et collective, a-t-il martelé, arguant que la détonation d’une seule d’entre elles entraînerait une dévastation inacceptable et, à long terme, un préjudice énorme pour l’humanité.  En conclusion, il a déclaré que le Timor-Leste ne croit pas aux avantages des armes nucléaires et n’adhère pas à la théorie de la dissuasion pour améliorer notre sécurité nationale ou collective.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a souligné qu’en tant qu'État signataire, son pays se félicite de l’entrée en vigueur, le 22 janvier 2021, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Des processus nationaux sont, actuellement, en cours au Ghana pour la ratification du Traité et le dépôt ultérieur des instruments de ratification, a-t-il annoncé.

C’est dans cet esprit que le Ghana estime que la course actuelle aux armements nucléaires menée par certains États est une entreprise dénuée de sens qui, si elle n’est pas empêchée collectivement, ne peut que conduire à un scénario apocalyptique que l’on ne peut laisser se produire.

M. KENNEDY GASTORN (République-Unie de Tanzanie) a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires TIAN le 22 janvier 2021.  Il a estimé qu’il s’agissait d’une « grande étape de l’histoire de l’humanité » pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires.  Le représentant a particulièrement souligné le travail important accompli par l’AIEA dans la promotion de l’utilisation pacifique et sûre de l’énergie nucléaire.  Il a également dit que les garanties et vérifications de l’AIEA sont de la plus haute importance.  C’est pourquoi il a exprimé la volonté de la Tanzanie de continuer à adhérer à toutes les mesures arrêtées par l’AIEA, avant d’exhorter les autres États Membres à en faire de même.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a salué l’entrée en vigueur en janvier 2021 du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qu’il a qualifié d’accord historique vers l’élimination de ces armes.  Pour le Paraguay, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) offre un cadre juridique qui complète les autres instruments internationaux tels que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE).  Le représentant s’est aussi félicité des efforts consentis pour permettre la tenue en janvier 2022 de la dixième Conférence d’examen du TNP et de la première réunion sur les conséquences catastrophiques et durables des armes nucléaires pour la santé humaine, l’environnement, le climat, la production alimentaire et le développement socioéconomique.

Pour M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie), le désarmement nucléaire n’est pas seulement une obligation juridique internationale, c’est un impératif moral.  « Nous pensons qu’il n’est ni défendable ni tenable pour certains États d’affirmer que les armes nucléaires sont un garant indispensable, légitime et illimité de leur propre sécurité et de celle de leurs alliés. »  Tant que de telles armes existent, il est presque inconcevable qu’un jour elles ne soient pas utilisées, que ce soit par accident, par erreur de calcul ou délibérément, a craint le délégué.  Et ce serait catastrophique, a-t-il martelé.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en tant qu’accord international juridiquement contraignant, nous donne l’espoir qu’un jour les armes nucléaires seront éliminées dans leur totalité. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) s’est félicité qu’en dépit des nombreuses incertitudes, le monde ait été témoin, le 22 janvier 2021, d’une lueur d’espoir lorsque le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est entré en vigueur malgré l’apathie de certains milieux.

En célébrant ce succès, nous ne devons pas oublier la douleur indicible d’Hiroshima et de Nagasaki et la responsabilité de la communauté internationale dans l’élimination totale des armes nucléaires, a ajouté le représentant.  C’est pourquoi le Népal préconise que les milliards de dollars destinés aux programmes nucléaires soient redirigés vers la lutte contre la pandémie de COVID-19 et la réalisation des objectifs de développement durable.

M. SEYDOU SINKA (Burkina Faso) a considéré l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des armes nucléaires le 22 janvier dernier comme une grande victoire pour tous les peuples du monde.  Un nouveau processus s’engage donc avec pour objectif clair: l’élimination totale et définitive des armes nucléaires, a ajouté le représentant.  Mais la non-tenue de la Conférence du désarmement constitue une menace sérieuse à la paix et la sécurité internationales et favorise la course à l’armement nucléaire, a averti le représentant, qui a ajouté que les États dotés d’armes nucléaires devaient s’acquitter de leurs obligations en vertu du Traité et des engagements convenus et s’abstenir de toute action susceptible de compromettre l’objectif de l’élimination totale des armes nucléaires et la prévention d’une course aux armements.

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Somalie: le Conseil de sécurité étudie une plus grande participation des femmes à la vie politique du pays, dans un contexte sécuritaire précaire

8867e séance – après-midi
CS/14648

Somalie: le Conseil de sécurité étudie une plus grande participation des femmes à la vie politique du pays, dans un contexte sécuritaire précaire

Comment rendre une société plus inclusive et favorable aux femmes alors qu’elle tient fragilement sur ses bases?  C’est ce défi, posé actuellement au Gouvernement fédéral somalien et aux États membres de la fédération, qui a été présenté au Conseil de sécurité cet après-midi par la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohamed, après sa visite à Mogadiscio le 12 septembre dernier.  

Avec l’aide de l’ONU, le Gouvernement somalien tente, dans un contexte politique et sécuritaire tendu, d’organiser des élections législatives en temps voulu, tout en parvenant à un quota de 30% de femmes parlementaires.  Les femmes ont demandé à leurs dirigeants d’appliquer intégralement tous les accords politiques liés aux élections, a rapporté Mme Mohamed, dont l’appel à l’inclusion des femmes a fait l’unanimité au Conseil.  Au titre de mesures concrètes en ce sens, elle a évoqué la réduction des frais de candidature pour les femmes, ainsi que la nomination d’ambassadeurs de bonne volonté, chargés de soutenir et de défendre ce quota auprès des dirigeants des États membres fédérés. 

Toutefois, a rapporté la Vice-Secrétaire générale, des défis subsistent.  Les femmes rencontrées lui ont parlé d’obstacles « permanents » : elles ont du mal à obtenir un soutien financier pour organiser des campagnes et ne disposent pas non plus des réseaux et des relations politiques de leurs homologues masculins. Dans certains États fédérés, les candidates ne peuvent pas louer de bureaux de campagne – « un moyen simple et efficace de les empêcher d’être élues ».  Dans tous les cas, les femmes ont évoqué avec Mme Mohamed la nécessité d’être mieux protégées contre les intimidations, le harcèlement et la violence. 

Car le quotidien des femmes politiques somaliennes reste dangereux.  Il y a quelques jours à peine, une conseillère pour les affaires féminines et les droits de l’homme au sein du cabinet du Premier Ministre, Mme Hibaq Abukar, a été tuée dans un attentat à la bombe à Mogadiscio.  Mme Mohamed et plusieurs délégations lui ont rendu hommage, ainsi qu’à toutes les femmes somaliennes qui prennent des risques chaque jour en se battant pour leurs droits.  Pour les femmes vivant dans les zones contrôlées par le groupe terroriste des Chabab, les problèmes de sécurité sont encore plus aigus, les empêchant de faire campagne ouvertement. 

À l’écoute de la Directrice exécutive du Centre d’études des femmes somaliennes, Mme Shukria Dini, le Conseil a appris que les femmes somaliennes n’avaient pas baissé les bras, tirant même profit de leur marginalisation au sein du système clanique pour « gagner la confiance de tous les clans » et s’unir, transformant leur handicap en force.  L’intervenante a témoigné que la condition des femmes avait changé en Somalie à cause du conflit, les femmes étant celles qui « mettent le pain sur la table et protègent les familles ».  

Le fait de ne parler que des quotas électoraux « nous aveugle », a pourtant observé le Kenya.  Souhaitant élever le débat « au-delà de la seule dimension parlementaire et électorale », il a jugé le sort réservé aux femmes en Somalie comparable à celui d’autres pays au contact de groupes terroristes comme Al-Qaida. Si, dans des pays comme les États-Unis, on parle de « masculinité toxique » pour décrire les comportements d’hommes dommageables pour les femmes, le Kenya a appelé le Conseil à se souvenir de Daech, des Taliban d’avant 2001 et des zones tombées sous le contrôle des Chabab.  « Vous comprendrez alors que promouvoir le programme femmes, paix et sécurité est une nécessité pour s’opposer aux Chabab. »

La Fédération de Russie a averti à son tour que les efforts d’inclusion seront impossibles si les conditions de sécurité ne sont pas renforcées dans le pays.  Les Chabab continuent de perpétrer des attaques et d’avoir recours à des tactiques de guerre asymétriques, s’en prenant aux forces de l’ordre et à la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).  Et la situation humanitaire demeure difficile avec un nombre croissant de réfugiés et de personnes déplacées.  L’Estonie, préoccupée par le désaccord entre le Président Farmajo et le Premier Ministre Roble, a exhorté les parties à résoudre leur différend par le dialogue et à assurer la tenue d’élections transparentes et crédibles selon le calendrier défini. 

Les États-Unis ont quand même tenu à saluer les progrès « considérables » enregistrés par les élections en Somalie au cours des trois derniers mois.  Dans cet esprit, l’Inde a jugé rassurantes les élections en cours à la chambre haute, espérant que les élections à la chambre basse se tiendront aux dates convenues. 

Alors que les tensions politiques augmentent, la Somalie ne doit pas retomber dans les divisions et les conflits du passé, a enfin mis en garde la Vice-Secrétaire générale.  Elle a encouragé les parties à trouver une solution de compromis et à tenir des élections qui renforceraient la stabilité de toute la Corne de l’Afrique.  Se voulant optimiste, elle a constaté elle aussi que le processus électoral en Somalie avait pris « un élan considérable ». 

LA SITUATION EN SOMALIE

Déclarations

Selon Mme AMINA J. MOHAMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, la Somalie a franchi une étape importante lors des élections de 2016, avec 24% des sièges parlementaires occupés par des femmes.  Des chiffres qui démontrent que des progrès sont possibles, même dans les circonstances les plus difficiles.  Ils demeurent cependant en deçà de l’engagement pris par les dirigeants politiques somaliens d’atteindre 30% de représentation des femmes au parlement.  Or, « chaque femme compte », a plaidé Mme Mohamed, s’inquiétant que les niveaux de représentation des femmes aillent en diminuant, malgré les promesses, à l’issue des prochaines échéances électorales. 

Durant son récent séjour à Mogadiscio, la Vice-Secrétaire générale a rencontré MM. Farmajo et Roble, respectivement Président et Premier Ministre somaliens, ainsi que des membres du Conseil consultatif national.  Elle les a entendus s’engager avec force en faveur du principe de la participation égale des femmes et du quota de 30%. 

Elle a également apprécié des mesures concrètes prises pour renforcer la représentation des femmes.  Ces mesures comprennent la réduction des frais de candidature pour les femmes, ainsi que la nomination d’ambassadeurs de bonne volonté, chargés de soutenir et de défendre le quota de 30% auprès des dirigeants des États membres fédérés.  Elle s’est aussi réjouie d’avoir entendu des figures tutélaires reconnaître le rôle central des femmes dans la promotion de la paix et de la sécurité en Somalie: « tous se sont engagés sur la question de l’inclusion des femmes ». 

Pourtant, selon Mme Mohamed, les défis subsistent.  Les Somaliennes lui ont d’ailleurs parlé d'obstacles « permanents ».  Elles ont du mal à obtenir un soutien financier pour organiser des campagnes; elles ne disposent pas non plus des réseaux et des relations politiques de leurs homologues masculins.  L'environnement politique en général n’est pas propice à la représentation des femmes et de nombreux dirigeants masculins continuent de promouvoir des candidats masculins. 

Ces difficultés, a poursuivi Mme Mohamed, sont aggravées par la violence et la discrimination à l’encontre des femmes.  Concrètement, certaines ont signalé que, dans certains États fédérés, les candidates ne peuvent pas louer de bureaux de campagne - un moyen simple et efficace de les empêcher d’être élues.  Dans tous les cas, les femmes ont évoqué avec la Vice-Secrétaire la nécessité de mieux les protéger contre les intimidations, le harcèlement et la violence.  Il y a quelques jours à peine, une conseillère pour les affaires féminines et les droits de l’homme au sein du cabinet du Premier Ministre, Mme Hibaq Abukar, a été tuée dans un attentat à la bombe à Mogadiscio.  Mme Mohamed a rendu hommage à Mme Abukar, ainsi qu’à toutes les femmes somaliennes qui prennent des risques chaque jour en se battant pour leurs droits.  Pour les femmes vivant dans les zones contrôlées par les Chabab, les problèmes de sécurité sont encore plus aigus, sapant leurs efforts pour faire campagne ouvertement.  

Les femmes rencontrées par la Vice-Secrétaire générale ont demandé la mise en place d’un mécanisme « concret » pour garantir la mise en œuvre du quota de 30%, ainsi qu’une évolution vers des élections directes sur le format « une personne, une voix ».  En effet, le format actuel de sélection indirecte laisse la prise de décision politique entre les mains des anciens des clans, qui sont tous des hommes. 

Les femmes ont demandé à leurs dirigeants d’appliquer intégralement tous les accords politiques liés aux élections, a rapporté Mme Mohamed.  Il s’agit notamment de l’accord du 17 septembre, de l’accord du 27 mai et du communiqué du 22 août, dans lequel les dirigeants du Gouvernement fédéral de Somalie et des États membres fédérés se sont engagés à respecter le quota de 30% de femmes.  Elles ont également appelé à des réformes constitutionnelles pour réserver une proportion de sièges parlementaires aux femmes, et pour inclure des femmes dans les comités électoraux, en tant que déléguées et candidates.  Au niveau de l’État, les ministres de la condition féminine rencontrées sur le terrain ont encouragé l’ONU à continuer de soutenir ce processus de révision constitutionnelle et un système électoral multipartite, pour accroître la participation des femmes aux futures élections et processus politiques. 

Alors que les tensions politiques augmentent, la Somalie ne doit pas retomber dans les divisions et les conflits du passé, a mis en garde la Vice-Secrétaire générale.  Elle a encouragé les parties à trouver une solution de compromis et à tenir des élections qui renforceraient la stabilité de toute la Corne de l’Afrique.  Se voulant optimiste, elle a constaté que le processus électoral en Somalie avait pris « un élan considérable ». 

En conclusion, Mme Mohamed a exhorté les dirigeants à donner la priorité à la mise en œuvre intégrale de l’accord électoral, et à établir des mécanismes concrets pour appliquer le quota de 30% tout en renforçant les efforts visant à protéger les femmes contre la violence. 

Mme SHUKRIA DINI, Directrice exécutive du Centre d’études des femmes somaliennes, a centré son intervention autour de l’importance de la participation des femmes aux processus politiques et de parvenir à 30% de femmes parlementaires. La condition des femmes a changé en Somalie en raison du conflit, les femmes étant celles qui mettent le pain sur la table et protègent les familles.  Elles ont été aux premières loges de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits en Somalie, a témoigné l’intervenante, avant de regretter qu’elles ne soient pas suffisamment représentées dans le processus de paix.  Elle a qualifié d’historique la récente visite de la Vice-Secrétaire générale, avant de rappeler l’importance de ce quota de 30% de femmes parlementaires.  

« La participation des femmes aux processus électoraux et politiques est cruciale pour bâtir une Somalie pacifique et inclusive », a poursuivi Mme Dini, en insistant sur l’occasion à saisir que constitue les prochaines élections.  Elle a indiqué que les femmes ont une expertise et des qualités qui peuvent enrichir le processus politique en le démocratisant.  Les femmes ont tiré profit de leur marginalisation au sein du système clanique pour gagner la confiance de tous les clans et s’unir tout en venant en aide aux plus vulnérables.  Elle a aussi estimé que la présence des femmes permettra de réduire les tensions entre les candidats. « Les femmes ont appelé toutes les parties prenantes à mettre de côté leurs rivalités politiques et à appuyer une élection pacifique pour le bien du pays. » 

La mise en œuvre du quota de 30% doit être la priorité de ce processus électoral, a-t-elle appuyé, avant de se dire préoccupée par sa réalisation, malgré les promesses des dirigeants politiques.  Ces préoccupations se sont confirmées avec les résultats des élections sénatoriales.  Elle a insisté sur l’importance des ambassadrices de bonne volonté pour parvenir à ce quota.  « Nous nous sommes rendues dans les États fédérés et avons engagé directement les parties prenantes pour réaliser ce quota. »  Elles ont également offert des recommandations en vue d’instaurer un mécanisme pour la réalisation de ce quota, a-t-elle dit.  Mme Dini a exhorté le Conseil à convaincre les dirigeants somaliens que la solution politique est la seule possible, que les élections doivent se dérouler sans délais et que ce quota doit voir le jour.  À cette fin, elle a demandé de réserver 83 sièges pour les femmes lors des élections à la Chambre du peuple et 10 sièges sur les 25 sièges au Sénat restants.  Elle a aussi demandé des mesures de protection pour les femmes pendant le processus électoral.  Enfin, Mme Dini a exhorté la communauté internationale à ne pas appuyer les élections si ce quota n’est pas respecté. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a commencé par relever que les femmes et les filles somaliennes ne sont pas seulement affectées passivement par la politique et la sécurité, elles peuvent aussi être de « puissants agents de changement ».  Elle a constaté que la pandémie de COVID-19 et les crises politiques persistantes en Somalie ont empêché des progrès substantiels sur les autres priorités du pays, notamment le programme « femmes, paix et sécurité ».  Or, l’inégalité entre les sexes et le cycle perpétuel de violence contre les femmes et les filles contribuent à l’insécurité prolongée, à l’instabilité et à l’insurrection des Chabab, a-t-elle noté, avant d’appeler les dirigeants somaliens à donner la priorité à l’adoption du projet de loi sur les infractions sexuelles dès que possible et à mettre en œuvre ses dispositions. 

Pour résoudre ces problèmes, a poursuivi la représentante, il convient que les femmes aient « une place à la table lorsque les décisions sont prises ».  Saluant l’intervention de Mme Shukria à cet égard, elle a exhorté les dirigeants somaliens à veiller à ce qu’un minimum de 30% des sièges parlementaires reviennent aux femmes lors des élections en cours, conformément aux accords électoraux de 2020 et 2021.  Elle a toutefois jugé décevant qu’alors que le processus électoral de la Chambre haute approche de sa conclusion, ces mêmes dirigeants somaliens n’aient pas respecté leur engagement.  Elle les a donc enjoints à respecter leur engagement lors des prochaines élections à la Chambre basse. 

Enfin, Mme Woodward a encouragé la Somalie à accélérer la finalisation, l’adoption et la pleine mise en œuvre de son plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, en étroite coopération avec la société civile.  Il s’agit, selon elle, d’un élément essentiel des efforts visant à renforcer la participation des femmes à la consolidation de la paix et au progrès socioéconomique. 

M. BING DAI (Chine) a salué les efforts concrets du Gouvernement somalien pour encourager la représentation des femmes en politique, efforts que la communauté internationale doit encourager.  L’unité nationale en Somalie devrait créer les conditions propices à la participation des femmes, a-t-il ajouté, citant en exemple les mesures de financement des frais encourus par les candidates somaliennes. 

Cependant, beaucoup de problèmes n’ont pas été réglés en Somalie: la situation sécuritaire difficile, notamment, inquiète la Chine.  Le représentant a espéré que l’Union africaine et l’ONU continueront leurs efforts de médiation.  Au cours des prochaines élections, toutes les parties doivent respecter les engagements pris au courant de l’année, a-t-il appuyé tout en encourageant la Somalie à respecter le calendrier établi par celles-ci.  Enfin, a-t-il conclu, la communauté internationale doit fournir l’aide financière et technique malgré les difficultés, et le Conseil de sécurité doit poursuivre les efforts qui devraient permettre à la Somalie d’avancer. 

Mme HALIMAH AMIRAH FARIDAH DESHONG (Saint-Vincent-et-les Grenadines) s’est félicitée de l’engagement pris par le Gouvernement fédéral somalien d’atteindre le quota de 30% pour la participation des femmes au processus électoral.  Elle a toutefois pris note des préoccupations exprimées quant à la nécessité d’un accord des États Membres fédérés et des chefs de clans sur les sièges réservés aux femmes, appelant les différentes institutions somaliennes à garantir que l’objectif relatif à l’élection de femmes au Parlement soit « atteint ou dépassé ».  Pour la représentante, la transformation de la société somalienne nécessite la participation politique et le leadership des femmes. 

La déléguée a ensuite salué le soutien fourni au pays par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).  Selon elle, les visites récentes effectuées dans les États Membres fédérés par les chefs de ces Missions ainsi que par des représentants de l’Union européenne et de la Suède ont joué un rôle crucial dans la préparation des élections et l’appui à la participation politique des femmes.  Elle s’est également réjouie qu’en soutien du Comité national de sécurité des élections, l’Union africaine s’emploie aux côtés des forces de sécurité somaliennes à empêcher les Chabab de perturber les opérations électorales. 

Pour Mme DeShong, les élections à venir sont cruciales pour normaliser la situation sécuritaire, répondre aux besoins humanitaires urgents et accélérer le développement socioéconomique du pays.  Mais si les femmes n’ont pas accès aux postes décisionnels à tous les niveaux, « la possibilité d’un développement équitable et juste restera insaisissable », a-t-elle averti, non sans rappeler que la Somalie a réalisé en 2016-2017 ce qu’une majorité de pays, y compris développés, n’ont pas réussi à faire: 24% des sièges parlementaires occupés par des femmes.  Les prochaines élections sont, par conséquent, « une autre étape importante » dans la réalisation des aspirations des femmes somaliennes. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) s’est félicité de la tenue de cette réunion sur la situation des femmes somaliennes mais il a souhaité aller au-delà de la seule dimension parlementaire et électorale.  Selon lui, le sort réservé aux femmes en Somalie est comparable à celui qui prévaut dans d’autres pays où sévissent des organisations terroristes.  En Afghanistan, a-t-il relevé, nous avons entendu des promesses sur le statut des femmes depuis la prise du pouvoir par les Taliban, mais nous n’avons obtenu aucune garantie.  Exprimant sa crainte des idéologies extrémistes, le représentant a jugé que la situation des femmes afghanes est comparable à celle des femmes de Somalie, du Kenya, du Sahel et de la Corne de l’Afrique qui sont au contact de groupes tels qu’Al-Qaida.  Alors que, dans des pays comme les États-Unis, on parle de « masculinité toxique » pour décrire les comportements des hommes qui sont dommageables pour les femmes, « souvenez-vous de Daech, des Taliban d’avant 2001, des zones tombées sous le contrôle des Chabab et vous comprendrez que promouvoir le programme femmes, paix et sécurité est une nécessité pour s’opposer aux Chabab », a martelé le délégué.  

À ses yeux, il est essentiel que le Conseil de sécurité prête attention à cette question car le fait de ne parler que des quotas électoraux « nous aveugle ».  Bien entendu, a ajouté le délégué, nous soutenons ces quotas de représentation des femmes mais nous voulons aussi que ces dernières soient davantage intégrées aux efforts militaires et de police, qu’elles accèdent à des postes à responsabilité et qu’elles soient mieux protégées de l’influence des Chabab et de leur idéologie.  Précisant s’être entretenu personnellement avec des femmes tombées sous le joug des Chabab, il a indiqué que toutes ont fait état de violences sexuelles graves.  De fait, a-t-il déclaré en conclusion, infliger une défaite militaire aux Chabab et les priver de leurs ressources financières est d’une importance capitale si l’on veut protéger les femmes de la région. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a regretté le nombre insuffisant de femmes élues en Somalie, y compris à la Chambre haute après les récentes élections.  Elle a demandé que ce quota de 30% de femmes soit respecté dans les deux chambres du Parlement somalien.  La déléguée de la Norvège a ensuite encouragé la MANUSOM à participer à la mise sur pied du Conseil national des femmes.  Les femmes somaliennes ont montré leurs capacités à jeter des passerelles entre les différents clans, a déclaré la déléguée.  Elles ont de l’influence et des ressources, a-t-elle continué.  Enfin, elle a déclaré que la Norvège appuie le plan des femmes somaliennes pour la réconciliation en Somalie. 

M. ADEL BEN LAGHA (Tunisie) a exprimé ses condoléances aux familles des victimes ainsi qu’au peuple et au Gouvernement somaliens, à la suite de l’attaque terroriste de la semaine dernière, près du palais présidentiel à Mogadiscio, revendiquée par les Chabab.  Réitérant l’importance de la tenue d’élections libres, équitables et inclusives en Somalie, il a espéré que l’accord conclu sur le quota minimum de 30% de femmes dans les élections parlementaires serait respecté et ouvrirait la voie à une plus forte représentation et participation des femmes à l’avenir.  Il a salué à cet égard les efforts déployés par le Gouvernement somalien, tels que la réduction des frais d’inscription pour les femmes candidates, ainsi que la nomination d'ambassadeurs chargés de promouvoir une plus grande inclusion. 

Jugeant important, à ce stade, de s’accorder sur la manière précise dont le quota de 30% serait mis en œuvre, le représentant tunisien a encouragé le Gouvernement somalien à continuer de plaider pour la pleine représentation des femmes à tous les niveaux de prise de décision.  Il a aussi jugé nécessaire de répondre aux préoccupations relatives à la situation générale des femmes somaliennes, notamment concernant le niveau élevé de violence et d’insécurité auquel elles sont confrontées.  Cette violence, a-t-il insisté, entrave leur pleine participation à la vie politique et économique. 

Selon Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie), le Conseil de sécurité doit tenir compte des réalités politiques de chaque pays, et établir des priorités adéquates.  Il incombe aux Somaliens d’achever le processus électoral et d’organiser des élections nationales.  Malheureusement, dans un contexte d’instabilité politique, les élections nationales ont dû être reportées, et ne devraient pas se tenir avant la fin du mois de novembre, au mieux. 

La déléguée russe a indiqué que pour son pays la priorité actuelle est d’éviter la dégradation des conditions de sécurité.  Le Gouvernement fédéral a pris des mesures en ce sens.  Mais le groupe des Chabab continue de perpétrer des attaques et d’avoir recours à des tactiques de guerre asymétriques, s’en prenant aux forces de l’ordre et à la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), comme cette récente attaque ayant fait 10 victimes dirigé contre le palais présidentiel de Mogadiscio.  En outre, a-t-elle poursuivi, la situation humanitaire demeure difficile dans le pays: quatre millions de personnes vivent dans une zone dangereuse, et le nombre de déplacés et de réfugiés est en hausse. La mission de Mme Mohamed dans le contexte de la Somalie concerne aussi le développement: cet aspect devrait être renforcé et intensifié, a conclu la déléguée. 

M. SRINIVAS GOTRU (Inde) a considéré que la tenue d’élections et la formation d’un nouveau gouvernement sont aujourd’hui une priorité absolue pour la Somalie.  Il a souhaité que les dirigeants somaliens continuent d’aller de l’avant avec le processus électoral en cours, la tenue pacifique des scrutins dans les délais convenus et conformément aux accords du 17 septembre et du 27 mai étant d’une importance cruciale pour l’avenir démocratique de la Somalie.  Au vu des récents développements reflétant le désaccord au sein du Gouvernement somalien, les élections en cours à la chambre haute sont rassurantes, a ensuite relevé le représentant, qui a espéré que les élections à la chambre basse se tiendront également aux dates convenues. 

L’Inde a par ailleurs déclaré soutenir l’appel à l’inclusion des femmes dans tous les secteurs de la société pour faire progresser la paix et la stabilité en Somalie.  « Nous espérons que le quota de 30% de représentation des femmes au parlement sera réalisable étant donné que les candidates ont remporté 24% du total des sièges parlementaires lors de ses dernières élections. »  La délégation a en outre regretté que les retards pris dans l’organisation des élections aient permis aux Chabab de consolider leur emprise et de gagner encore du terrain. 

Mme TRA PHUONG NGUYEN (Viet Nam), a insisté sur les progrès notables enregistrés en ce qui concerne la participation et la représentation des femmes dans le processus politique en Somalie.  Les élections parlementaires sont l’occasion de faire fond sur ces progrès et de contribuer à une plus grande stabilité du pays, a dit la déléguée.  Elle a demandé que la proportion minimale de 30% de femmes parlementaires soit garantie et demandé la création d’un mécanisme spécifique à cette fin.  La déléguée a aussi appelé au renforcement des mesures de protection des civils pendant le processus électoral.  « Les préparatifs de ces élections doivent être vus selon ces deux prismes de protection et de participation. » 

La déléguée a condamné les violences, y compris sexuelle, commises contre les civils, en particulier les femmes et les enfants, et demandé que leurs auteurs soient traduits en justice.  Elle a exhorté la communauté internationale à davantage appuyer la Somalie afin de surmonter ses nombreux défis, socioéconomiques et environnementaux.  Nous appuyons tous les efforts internationaux visant à faire entendre la voix des femmes, a conclu la représentante du Viet Nam. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est félicité des progrès considérables enregistrés par les élections en Somalie au cours des trois derniers mois, jugeant toutefois impératif que le différend actuel entre le Président et le Premier Ministre ne perturbe pas le processus et qu’il soit résolu de manière pacifique. « Parce que les femmes sont souvent victimes de discrimination et d’oppression, il est vital que leurs voix soient entendues aux plus hauts niveaux du gouvernement », a-t-il ensuite plaidé.  C’est pourquoi il est essentiel de finaliser les dispositions pour atteindre le quota de 30% de représentation des femmes au parlement, conformément aux accords politiques somaliens.  Comme l’Irlande et le Mexique l’ont souligné dans leur lettre du 19 juillet au Secrétaire général, les femmes actives dans le système politique sont plus susceptibles que les hommes d’être victimes de harcèlement et de violence pendant la période électorale, a souligné le représentant.  Aussi les efforts visant à promouvoir la participation devraient inclure la finalisation des préparatifs de la sécurité électorale avec « une optique centrée sur le genre » pour garantir que le vote puisse avoir lieu dans un environnement sûr et sécurisé. 

Nous savons que les sociétés qui autonomisent les femmes sont plus stables, pacifiques et prospères à la fois économiquement et politiquement, a fait valoir M. Delaurentis.  Les États-Unis sont activement engagés avec des partenaires du monde entier pour soutenir les efforts visant à faire progresser la participation des femmes à la prise de décision politique et sécuritaire.  Les États-Unis ont donc appelé tous les États Membres à adopter et à mettre en œuvre des plans d’action et des stratégies nationales sur les femmes, la paix et la sécurité. « Ensemble, nous devons nous donner comme priorité d’élever et d’amplifier la voix des femmes, de veiller à ce qu’elles soient entendues, de garantir la sûreté et la sécurité des femmes et des filles et de veiller à ce qu’elles puissent jouer un rôle moteur dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales », a ajouté le délégué américain. 

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a brièvement salué les avancées dans la mise en œuvre du quota de 30% de femmes parlementaires, avant d’appeler les dirigeants somaliens à y parvenir.  Le délégué a insisté sur l’importance d’un processus politique inclusif et participatif et exhorté la communauté internationale à l’appuyer. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a considéré que l’avenir de la Somalie dépend de la participation pleine et égale des femmes au processus politique et aux autres sphères de la vie publique.  Leur implication est essentielle pour parvenir à une paix et un développement durables.  Dans ce contexte, le Mexique souligne l’importance d’intensifier les efforts pour respecter l’engagement pris par les Somaliens eux-mêmes à atteindre au moins 30% de représentation féminine au sein de leurs institutions.

Il est toutefois inquiétant qu’à ce jour, aucun État fédéré n’ait atteint le quota de 30% lors des élections à la chambre haute, a poursuivi la déléguée.  Outre des contraintes financières, les candidates sont confrontées à d’autres défis, notamment sur le plan sécuritaire.  « Il est donc impératif de renforcer leur protection afin de garantir leur participation au processus électoral.  Il est tout aussi important qu’un soutien et des ressources soient fournis aux femmes nouvellement élues pour qu’elles remplissent un rôle législatif efficace et courageux », a insisté Mme Buenrostro Massieu.  Elle a condamné tout type de violence et d’insécurité envers les femmes. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a partagé les préoccupations exprimées et les recommandations formulées, à savoir que l’augmentation des violences sexuelles et fondées sur le genre est inadmissible et que les responsables de ces violences doivent répondre de leurs actes.  La « diplomatie féministe » poursuivie par la France fait de la mise en œuvre universelle de l’agenda « Femmes, paix et sécurité » une priorité, a déclaré la représentante en rappelant l’organisation du Forum Génération Égalité, avec ONU-Femmes et le Mexique, à Paris, en juin 2021.  

En Somalie, a poursuivi Mme Broadhurst Estival, la pleine et égale participation des femmes dans toutes les sphères pertinentes est une urgence: le changement doit intervenir dans tous les pans de la société.  « Aujourd’hui, en Somalie, une jeune fille sur trois a subi des mutilations génitales, et une jeune fille sur 12 est mariée avant ses 15 ans », a-t-elle souligné.  Elle a enjoint la Somalie à mettre en œuvre ses engagements internationaux et régionaux, en adoptant les textes législatifs appropriés pour la protection des femmes et des filles et pour judiciariser, condamner et réprimer les auteurs de violences sexuelles.  Respecter le quota de 30% de femmes élues au parlement facilitera la prise de conscience de la nécessaire, légitime et juste inclusion de la moitié de la population dans les décisions du pays, a-t-elle ajouté. 

S’agissant de la crise politique actuelle paralysant la Somalie, la représentante a déploré que comme souvent, les femmes étaient impactées « de façon disproportionnée ».  Selon elle, les élections doivent être organisées sans délai, conformément aux accords de septembre 2020 et mai 2021, comme rappelé par ce Conseil le 18 septembre dernier.  Le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération doivent œuvrer conjointement pour que les échéances électorales soient respectées, a-t-elle déclaré.  Sur le plan sécuritaire, la présence des Chabab sur une vaste partie du territoire somalien représente une menace constante pour tous les Somaliens, en particulier les femmes, victimes de violences et de mariages forcés, a poursuivi Mme Broadhurst Estival, appelant à poursuivre les efforts pour lutter contre ce groupe et à mettre en œuvre le plan de transition somalien, avec l’appui des partenaires régionaux et internationaux de la Somalie.  Comme le prévoit la résolution 2568 (2021), la lutte passe également par la mise en place d’une mission reconfigurée de l’Union africaine à compter de 2022, a-t-elle conclu. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est dit très préoccupé par le désaccord entre le Président Farmajo et le Premier Ministre Roble.  Il a exhorté les parties à éviter toute action susceptible d’engendrer de la violence, à résoudre leur différend par le biais du dialogue et à assurer la tenue d’élections transparentes et crédibles selon le calendrier défini.  La tenue fructueuse d’élections est le seul moyen permettant la poursuite des efforts de consolidation des institutions étatiques. 

Le représentant a invité les dirigeants à honorer leurs engagements en ce qui concerne la participation politique des femmes et à respecter le quota de 30% de femmes parlementaires.  Il a ensuite dénoncé la persistance de la violence sexuelle et en raison du genre et appelé les autorités à y remédier.  « Il est capital que les droits des femmes soient consacrés par la constitution révisée. » Enfin, jugeant que la priorité du Gouvernement doit être de vaincre les Chabab, il a demandé une accélération de la mise en œuvre du plan de transition somalien. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a insisté sur la corrélation qui existe entre la participation politique des femmes et la paix et la stabilité.  « La participation des femmes à tous les aspects de la vie publique est un impératif. » Elle a estimé que les prochaines élections en Somalie sont l’occasion de progresser davantage dans cette voie, en appelant à assurer une proportion de femmes parlementaires d’au moins 30%, comme convenu par les dirigeants somaliens. Il manque encore un mécanisme pour assurer une telle proportion, a-t-elle regretté, en appelant lesdits dirigeants à y remédier.  Elle a dénoncé les informations faisant état d’intimidations à l’endroit de femmes candidates et exhorté le Gouvernement à instaurer un environnement sûr. 

La déléguée a également dénoncé l’augmentation alarmante de la violence sexuelle et en raison du genre.  Elle a exhorté le Gouvernement à y répondre et à conduire immédiatement une enquête approfondie sur la disparation de Mme Ikran Tahlil.  En conclusion, Mme Byrne Nason a invité les dirigeants somaliens à, de toute urgence, mettre en œuvre le processus politique, y compris en assurant une proportion de 30% de femmes parlementaires.  « La population somalienne ne mérite rien de moins. » 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: Au dernier jour du débat général, les pays du Moyen-Orient attirent l’attention sur la menace du terrorisme

Soixante-seizième session,
16e & 17e séances - matin, après-midi & soir
AG/12370

Assemblée générale: Au dernier jour du débat général, les pays du Moyen-Orient attirent l’attention sur la menace du terrorisme

Le sixième et dernier jour du débat général a été marqué par l’intervention d’un grand nombre de pays du Moyen-Orient, y compris la Syrie et le Yémen, qui sont inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, qui se sont succédé à la tribune de l’Assemblée générale pour attirer l’attention sur le fléau du terrorisme.  Si les défis de la pandémie et de l’impact des changements climatiques qui ont dominé les débats sont bien réels pour ces pays aussi, c’est la lutte contre le terrorisme et son financement qui ont le plus préoccupé les dirigeants de cette région décrite par le Premier Ministre israélien, comme une mer agitée.

Tout en saluant les « lueurs d’espoir » que représentent à ses yeux les Accords d’Abraham, M. Naftali Bennett s’en est vivement pris à l’Iran, accusant ce pays de soutenir moult groupes terroristes dans plusieurs pays de la région.  Le dirigeant israélien a également estimé que le programme nucléaire iranien a atteint un point critique et décrié l’inaction de la communauté internationale, soulignant que les « paroles ne stoppent pas les centrifugeuses ».

Toutes les lignes rouges ont été franchies, les inspections sont ignorées, l’accord sur les garanties de l’AIEA est violé, l’Iran enrichit désormais l’uranium à 60% tandis que les preuves qui démontrent clairement son intention de créer des armes nucléaires dans des sites secrets sont ignorées.  « Et l’Iran s’en tire », s’est indigné M. Bennett qui a averti que « la patience d’Israël a des limites ».

Le Ministre des affaires étrangères de la France a, lui aussi, estimé que la poursuite du programme nucléaire iranien exige la plus grande fermeté.  « Les positions américaines d’hier ne peuvent justifier que l’Iran continue de violer les engagements qu’il a pris au titre du Plan d’action global commun (PAGC) », a souligné M. Jean-Yves Le Drian, pour qui le seul chemin possible demeure celui d’un accord permettant d’établir que l’Iran respecte à nouveau ses obligations et un retour indispensable à la négociation.

L’Iran était également dans la ligne de mire du Ministre des affaires étrangères du Yémen qui a reproché aux milices houthistes « soutenues par l’Iran » d’avoir transformé « un printemps du dialogue en automne de souffrances et de destructions » et de n’avoir de cesse de saper le processus de transition politique.  Que ce soient les initiatives de l’ancien Envoyé spécial des Nations Unies, M. Martin Griffiths, ou de l’Arabie saoudite, elles ont toutes été rejetées par les rebelles et les Iraniens, a regretté M. Ahmed Awad Ahmed Binmubarak, leur reprochant de poursuivre une politique d’escalade et de carnage.

Rappelant que la Syrie a été l’un des pays les plus touchés par le terrorisme, son ministre des affaires étrangères a dénoncé pour sa part ceux qui continuent de soutenir les terroristes en Syrie, citant nommément la Turquie.  M. Faissal Mekdad a asséné que ces pays font un pari dangereux et voué à l’échec et que « tôt ou tard, cela reviendra les hanter ».

Plusieurs pays du Sahel se sont également succédé à la tribune pour attirer l’attention sur les conséquences du terrorisme dans leur région, à l’instar du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Niger, qui a rappelé que ce phénomène a notamment été favorisé par la prolifération d’armes qui a suivi les évènements survenus, en 2011, en Libye.  M. Hassoumi Massoudou a indiqué qu’en menant son combat pour la paix et la sécurité, le Niger ne renonce pas pour autant à celui du développement.  À ses yeux, le redéploiement de l’administration et des services publics de l’État dans les zones affectées constitue le prolongement indispensable de l’action militaire.

De son côté, le Chef de la diplomatie tunisienne est venu rassurer la communauté internationale, expliquant qu’alors que son pays est confronté à des « menaces et clivages croissants », le Président Saïed a pris des « mesures exceptionnelles » fondées sur le fait que la Constitution se doit de garantir « la voie démocratique », conformément à la volonté du peuple tunisien.  Les droits démocratiques en Tunisie sont une « option irréversible » et il n’y a « pas de recul », a assuré M. Othman Jerandi qui a souligné que la construction d’un État « stable » est une condition préalable à la paix sociale, au développement durable et au respect des droits humains.

Le même ton rassurant a été employé par le représentant de la Guinée qui a indiqué que le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), « qui a pris en main les destinées de la Guinée sous le leadership du Colonel Mamadi Doumbouya » le 14 septembre, a pris des mesures pour décrisper la situation sociopolitique et économique du pays, ainsi que des dispositions pour permettre aux partis politiques et à la société civile d’exercer librement leurs activités.  Dans cette entreprise historique de refondation nationale, a ajouté M. Aly Diane, les nouvelles autorités guinéennes sollicitent l’accompagnement de tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux, en vue de faire de la Guinée un véritable État de droit.

La Ministre des affaires étrangères de l’intégration africaine et de la diaspora de la République de Côte d’Ivoire a, de son côté, fait le point sur l’état du chantier de la réconciliation nationale, évoquant les entretiens entre le Président Ouattara et ses prédécesseurs, MM. Konan Bédié et Laurent Gbagbo.  Le processus de réconciliation nationale continuera de se fonder sur une justice indépendante, un engagement constant au plus haut niveau de l’État ainsi que sur une appropriation nationale forte, a assuré Mme Kandia Kamissoko Camara.

Dans un autre registre, la France a souhaité la tenue d’un sommet des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité pour établir « un programme d’action commun », afin de rendre au Conseil la capacité d’exercer tout son mandat et d’engager le dialogue sur les sujets clefs du contrôle des armements et de la sécurité collective.  « Dans un monde d’échanges et d’interdépendances, un monde en état d’urgence environnementale, un monde en proie à des préoccupantes logiques de brutalisation et à la tentation persistante de l’unilatéralisme, tout ce que nous faisons collectivement –ou à l’inverse manquons de faire– nous engage tous », a notamment déclaré M. Le Drian.

Au cours des six jours de débat général, l’Assemblée générale a entendu en tout 194 orateurs, dont 100 chefs d’État, 52 chefs de gouvernement, 3 vice-présidents et 34 ministres.  Le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, a cependant déploré que seul 18 de ces intervenants étaient des femmes, exhortant à redoubler d’efforts pour rectifier ce déséquilibre.

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

Israël est un phare dans une mer agitée, un bastion de démocratie, innovant de par sa nature et désireux de contribuer à la vie du monde, même s’il se trouve dans la région la plus difficile du monde, a déclaré M. NAFTALI BENNETT, Premier Ministre d’Israël.  Pendant bien trop longtemps, Israël a été défini par les guerres avec ses voisins, a regretté le Ministre, alors que ce n’est pas ce qui définit les Israéliens qui, comme chacun et chacune, veulent bâtir une vie meilleure pour leurs enfants, « ce qui signifie parfois aller sur le champ de bataille. »  Israël ne devrait pas être jugé à l’aune de ces actions, a-t-il estimé, assurant que son pays reste tourné vers l’avenir.

Deux fléaux frappent actuellement le tissu même de la société israélienne et de nombreux autres pays, a-t-il poursuivi en parlant de la COVID-19 et de « la maladie de la polarisation politique », deux phénomènes qui, s’ils ne sont pas maîtrisés, peuvent être dévastateurs sur les nations.  Dans un monde où la droite et la gauche évoluent dans des bulles numériques closes, les sociétés se déchirent parce qu’on ne s’écoute plus, s’est inquiété M. Bennett.  « Et nos pays, déchirés de l’intérieur, ne fonctionnent plus. » 

En Israël, a-t-il poursuivi, après la tenue de quatre élections en l’espace de deux ans, la population était à la recherche d’une antidote: une tentative honnête pour atteindre une normalité politique.  Le Premier Ministre s’est targué d’avoir constitué le Gouvernement le plus divers de l’histoire d’Israël, avec l’unité pour objectif.  Il n’en a pas moins insisté sur l’importance vitale des divergences d’opinion, notant qu’un « débat sain » est l’un des principes de la tradition juive et un des « secrets » du succès de la « nation start-up ».  Israël a prouvé que même à l’ère des médias sociaux il est possible de débattre sans haine, a-t-il affirmé.  

Passant au coronavirus, M. Bennett a expliqué que pour en venir à bout, Israël conjugue le savoir des scientifiques à l’action politique.  Pour le Premier Ministre, l’impératif aujourd’hui est de faire en sorte que le pays reste ouvert, que les enfants aillent à l’école et les parents au travail.  Les confinements à long termes ne sont plus la solution, a-t-il estimé, et plutôt que d’enfermer les gens et de les réduire à des acteurs passifs, le Gouvernement israélien cherche à les associer à l’action en demandant par exemple aux parents de tester leurs enfants chez eux.  Le Premier Ministre a également insisté sur l’importance des vaccins, expliquant que face à la flambée du variant Delta, le Gouvernement avait décidé d’administrer une troisième dose avant même son approbation par la Food and Drug Administration (FDA) pour éviter d’entraîner Israël dans un nouveau cycle de confinement.  Israël a été pionnier en matière de rappels ce qui lui a permis d’échapper à une quatrième vague sans que son économie ait eu à en pâtir, s’est-il félicité.  Une équipe spéciale nationale a également été mise en place pour poser des actions rapides et contourner la lenteur administrative: « lorsque que quelque chose fonctionne, Israël le maintient, et, à défaut, passe à autre chose ». 

Le dirigeant israélien a ensuite indiqué que son pays est entouré par le Hezbollah, des milices chiites, le Hamas et le Jihad islamique, des groupes terroristes qui veulent détruire Israël et qui sont tous soutenus par l’Iran qui, a-t-il accusé, cherche à dominer la région en déployant un « parapluie nucléaire ».  Depuis 30 ans, l’Iran n’a cessé de répandre le carnage et la destruction au Moyen-Orient, a affirmé M. Bennett en citant le Liban, l’Iraq, la Syrie, le Yémen et Gaza.

Il a affirmé que l’Iran dispose désormais d’un « essaim » de drones tueurs, appelés Shahed 136, qui ont déjà été utilisé pour attaquer l’Arabie saoudite, des cibles américaines en Iraq ainsi que des navires civils.  Et l’Iran prévoit de fournir ses mandataires au Yémen, en Iraq, en Syrie et au Liban ave des centaines de milliers de ces engins mortels.  Vous ne pouvez continuer de l’ignorer, s’est-il impatienté, parce que l’expérience a montré que ce qui commence au Moyen-Orient se propage un jour ou l’autre.  M. Bennett est aussi revenu sur les « commissions de la mort » qui avaient commandité le meurtre de 5 000 opposants politiques en Iran.  Établies en 1988, a-t-il rappelé, celles-ci étaient constituées de quatre membres, dont le nouveau Président iranien, M. Ebrahim Raisi, ce qui lui a valu d’être surnommé « le boucher de Téhéran ».  Voilà à qui nous avons affaire, s’est-il inquiété.

Le dirigeant israélien a également indiqué que le programme nucléaire iranien a atteint un point critique.  Selon lui, toutes les lignes rouges ont été franchies, les inspections sont ignorées, l’accord sur les garanties de l’AIEA est violé et l’Iran enrichit désormais l’uranium à 60%.  En outre, les preuves qui démontre clairement l’intention qu’a l’Iran de créer des armes nucléaires dans des sites secrets à Toorkooz-abad, Téhéran et Marivan sont ignorées.  « Et l’Iran s’en tire », s’est-il indigné en reprochant à la communauté internationale son inaction.   Mais les « paroles ne stoppent pas les centrifugeuses » et la patience d’Israël a des limites, a-t-il poursuivi, expliquant qu’Israël ne permettra pas à l’Iran d’acquérir des armes nucléaires.  

Mais tout n’est pas sombre du Moyen-Orient; il y a également des lueurs d’espoir, a poursuivi M. Bennett, citant les Accords d’Abraham qui ont permis de normaliser les relations entre Israël et certains pays de la région, notamment les Émirats arabes Unis, le Bahreïn et le Maroc.  De plus en plus de nations comprennent la place historique qu’occupe Israël dans le monde, a relevé le Ministre, se vantant aussi des amis de longue date comme les États-Unis.  Il a aussi salué « l’échec », la semaine dernière, de la Conférence « raciste et antisémite » de Durban, notant que 38 pays avaient décidé de ne pas y participer.  Attaquer Israël ne rend pas moralement supérieur.  Attaquer la seule démocratie du Moyen-Orient ne rend pas « woke ».  Et adopter des clichés sur Israël sans faire l’effort d’apprendre les faits, c’est de la pure paresse, a-t-il lancé.  Israël est une nation pétrie d’histoire, une nation dont l’esprit est irréductible, a martelé le Premier Ministre en filant à nouveau la métaphore du phare dans la mer agitée qui se tient fort, haut et dont la lumière est plus vive que jamais.

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères de la République du Bélarus, a dénoncé un monde régi par l’égoïsme économique, les ambitions et le chantage.  Il a pointé du doigt les tentatives incessantes de certains États d’imposer un modèle de développement socioéconomique et mis en cause la politique « barbare » de sanctions imposées contre les États jugés indésirables.  L’ingérence ouverte d’acteurs politiques dans les affaires intérieures d’États souverains est la norme aujourd’hui, a-t-il critiqué.  Revenant sur les traumatismes subis lors de la Deuxième Guerre mondiale, M. Makei a regretté les tendances dangereuses actuelles qui en donnent une analyse déformée.  « Nous sommes opposés à toute tentative de blanchir les nazis. »

Le Bélarus a été poussé contre sa volonté dans l’abîme d’une guerre géopolitique, a poursuivi le Ministre, dénonçant les pressions agressives de l’Occident.  Certains parlent de mesures d’aide à la démocratie et d’assistance à la population, mais, a-t-il dénoncé, « la nature de ces mesures est claire: l’Occident ne peut accepter le choix de la majeure partie des électeurs du Bélarus ».  Or le peuple du Bélarus est uni aujourd’hui, a-t-il affirmé, citant la réforme constitutionnelle inclusive en cours dans le pays.  « L’Occident a fabriqué de toutes pièces une situation de conflit avec les réfugiés à la frontière occidentale », a ensuite accusé M. Makei.  Aujourd’hui, des milliers de réfugiés veulent trouver refuge en Europe mais ils y trouvent porte close.  En Pologne et dans les États baltes, les réfugiés sont passés à tabac et leurs corps transportés à notre frontière, a-t-il affirmé.  Selon M. Makei, le Bélarus n’est pas en mesure de mener une guerre hybride contre l’Union européenne (UE).  « Nous proposons à l’UE depuis le mois d’avril de mener des consultations sur les migrations illégales mais sans succès. »  Il a pointé du doigt l’interruption du financement par l’UE de tous les projets luttant contre les migrations illégales et rappelé que le Bélarus avait toujours été à l’avant-garde des efforts pour lutter contre la traite.

Évoquant la question des droits de l’homme, M. Makei a dénoncé « une arme contre des pays indociles ».  La démocratie découpée selon les gabarits de l’Occident ne colle pas à la situation dans différents pays, a-t-il estimé en citant l’Afghanistan en exemple.  Les tentatives de certains pays développés de définir de manière arbitraire le degré de démocratisation d’un pays rappellent clairement les méthodes des nazis, a-t-il insisté.  M. Makei a également condamné « l’autre pratique favorite des États occidentaux, à savoir la prise de mesures unilatérales restrictives », car le recours aux sanctions viole le droit international.  L’utilisation de sanctions financières et économiques de manière arbitraire doit appartenir à jamais au passé, a-t-il réclamé, appelant l’ONU à jouer un rôle fondamental.  Mais l’ONU sert de théâtre pour certains États; l’ONU est commercialisée et ses programmes se transforment en politique occidentale, a-t-il déploré.  Il a également mis en garde contre la tentative de donner aux ONG fondées à l’étranger un statut semblable à celui d’États Membres de l’ONU.  C’est inacceptable, a-t-il tranché.

M. AHMED AWAD AHMED BINMUBARAK, Ministre des affaires étrangères et des expatriés du Yémen, a déclaré qu’une guerre est imposée depuis huit ans au peuple yéménite par les rebelles houthistes, qu’il a qualifiés de « milices » soutenues par l’Iran.  Au Yémen, l’Iran demeure une partie du problème plutôt que la solution, et les milices ont transformé « un printemps du dialogue en automne de souffrances et de destructions ».  Le Ministre a cité entre autres leur responsabilité dans des destructions de maisons, de lieux de culte et de villes historiques et les a également accusés d’avoir commis des actes de tortures et des exécutions.  Il a rappelé le rôle fondamental joué par l’ONU pour appuyer la transition politique dans son pays, notamment via le « mécanisme pour la transition ».  Cette initiative a été suivie d’un dialogue national, de consultations, puis d’un référendum qui a servi de base à la tenue d’élections, a-t-il rappelé.  Mais les milices n’ont de cesse de mettre des bâtons dans les roues et de saper ce processus, a regretté le Ministre. 

Saluant la désignation, le 6 août dernier, de M. Hans Grundberg en tant qu’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Binmubarak a informé l’Assemblée que son gouvernement accepterait « tout format permettant de préserver l’intégrité du Yémen ».  Il a rappelé que le Gouvernement avait déjà accepté les initiatives de son prédécesseur, M. Martin Griffiths, et de l’Arabie saoudite, se fondant sur un cessez-le-feu global visant à résoudre les problèmes humanitaires comme l’accès à l’aéroport et aux ressources pétrolières via le port de Hodeïda, « véritable pont humanitaire pour des millions de Yéménites ».

Mais, a-t-il déploré, ces efforts ont été rejetés par les rebelles et les Iraniens qui poursuivent une politique d’escalade et de carnage.  À l’heure actuelle, selon le Ministre, des missiles balistiques sont lancés sur la capitale, ciblant des civils et des infrastructures civiles, et l’Arabie saoudite est aussi visée.  Ces attaques déstabilisent des zones comme la province de Chaboua, pourtant un exemple de stabilité.  Le Ministre a aussi mentionné l’attaque de Mokha, seul port de la côte occidentale yéménite.  Tout cela dresse un portrait clair de l’attitude de ces milices qui n’utilisent que le « cercle vicieux de l’agression », a-t-il déclaré, en les comparant à Daech et à Al-Qaida.  M. Binmubarak a invité la communauté internationale à faire pression sur les dirigeants houthistes pour mettre fin à la violence et créer un environnement propice à l’accès de l’aide humanitaire.  

Après avoir évoqué le respect que son gouvernement voue à la résolution 1325 (2000) et aux droits des femmes, auxquelles est d’ailleurs consacré un plan national, le Ministre a indiqué que l’économie nationale se contracte et que la valeur des devises s’effondre.  Il a également alerté que la famine menace.  Il a indiqué que les efforts financiers des pays donateurs et de l’ONU sont sapés par les milices houthistes qui continuent d’imposer diverses taxes et droits de douanes entre les villes elles-mêmes, afin d’alimenter leur machine de guerre et de payer leurs combattants.  Elles contournent toutes les règles pour accéder aux denrées de base, détournent des milliards de dollars d’aide et les réinvestissent pour recruter des enfants, a accusé l’orateur.

Le Ministre a appelé à faire pression sur les rebelles afin qu’ils rendent leurs fonds récoltés sous la forme de taxes et déposés à la banque centrale.  Il faut également « canaliser » les fonds humanitaires, afin qu’ils ne tombent pas entre de mauvaises mains, et favoriser la relance de l’économie, en déposant davantage de fonds à la Banque centrale yéménite.  Enfin, concernant le Mécanisme COVAX, le Ministre a appelé les pays donateurs à redoubler d’efforts pour distribuer des doses de vaccins, afin d’éviter une « catastrophe potentielle ».

M. KHALIFA SHAHEEN AL MARAR, Ministre d’État aux affaires étrangères des Émirats arabes unis, a rappelé que son pays s’apprête à accueillir l’Expo 2020 Dubaï, reportée d’un an du fait de la pandémie de COVID-19, et à laquelle 190 pays doivent participer.  Il a souhaité que cet événement international contribue au relèvement après la pandémie et insuffle « de l’espoir et de l’optimisme ».  Pour mettre fin au cycle de conflit dans la région arabe, a martelé M. Al Marar, « l’ingérence flagrante dans les affaires arabes, en particulier en Syrie, au Yémen, en Libye et en Iraq, doit être stoppée ».  Il existe selon lui une opportunité pour parvenir à une paix durable au Yémen, qui inclue un cessez-le-feu complet et une solution politique durable sous les auspices de l’ONU.  Cependant, a-t-il constaté, les milices houthistes poursuivent leurs actions « provocatrices et agressives » qui entravent le processus politique et les efforts de l’ONU.  À cet égard, le Ministre a réaffirmé l’importance de mettre en œuvre l’Accord de Riyad et de s’engager pour unifier le peuple yéménite.  Il faut également mettre fin à l’occupation de tous les territoires palestiniens et arabes, appeler à un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux résolutions internationales pertinentes et au consensus arabe et international.  Un an après la signature des Accords d’Abraham avec Israël, accord soutenu par les États-Unis, il s’est dit « encouragé » par l’établissement de nouvelles relations dans la région.

Concernant les conflits en cours dans la région arabe, exacerbés par la pandémie, s’est inquiété le Ministre, les groupes terroristes tels que les houthistes, Daech, Al-Qaida et les Frères musulmans et le Hezbollah continuent de recruter de nouvelles générations de jeunes « pour alimenter la violence et la haine ».  Il a assuré que son pays ne relâchera pas les efforts pour faire face à ce fléau.  À cet égard, il a souligné la nécessité de protéger la sécurité des approvisionnements énergétiques, la liberté de navigation et les routes commerciales tout en travaillant à la désescalade des conflits.  Parvenir à une entente commune avec l’Iran, qui réponde à toutes les préoccupations régionales et internationales, demeure une exigence fondamentale, a poursuivi M. Al Marar.  Après avoir rappelé sa volonté de poursuivre le règlement pacifique des différends avec l’Iran, dont le désarmement nucléaire, le Ministre a réitéré la souveraineté de son pays sur les îles de Grande et Petite Tounb et d’Abou Moussa, occupées par l’Iran depuis 1971, « en violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies ».  Il a ajouté que les Émirats arabes unis ne cesseront pas de demander à l’Iran de rendre ces territoires à leurs propriétaires légitimes, en réglant pacifiquement cette question par des négociations directes, ou par la saisine de la Cour internationale de Justice (CIJ).  

Sur la récente situation en Afghanistan, « nous suivons l’évolution rapide et évaluons leurs répercussions politiques, sécuritaires et humanitaires », a-t-il déclaré.  Le Ministre a annoncé soutenir les efforts humanitaires internationaux en Afghanistan, tout en facilitant les efforts d’évacuation des Afghans, mais également des personnes d’autres pays par l’intermédiaire des Émirats arabes Unis.  Avant de conclure, M. Al Marar a remercié les États Membres d’avoir élu son pays au Conseil de sécurité pour le mandat 2022-2023.

M. FAYSSAL MEKDAD, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Syrie, a noté qu’en ces temps difficiles, les percées médicales et les gestes de solidarité humaine provenant d’un certain nombre de nations représentent une lueur d’espoir.  Mais il a aussi relevé un « côté sombre », certains ayant profité de la pandémie pour intensifier leurs mesures économiques coercitives unilatérales contre les pays et les personnes qui diffèrent d’eux, malgré l’impact humanitaire catastrophique de telles mesures.  Ils l’ont fait en ignorant les appels répétés des Nations Unies et des agences humanitaires à lever ou réduire ces mesures qui n’ont fait qu’aggraver la situation, s’est indigné le Ministre.  Cela l’a amené à se demander si ces mêmes pays sont en mesure de reconstruire de manière durable et respecter les droits des personnes.  Vont-ils tirer les leçons du passé et abandonner leurs politiques erronées qui ont mis en péril la sécurité et la stabilité internationales?

Rappelant que la Syrie a été l’un des pays les plus touchés par le terrorisme, le Ministre a expliqué que ces terroristes ont reçu un soutien militaire, financier, médiatique et logistique de pays connus pour parrainer le terrorisme.  Mais grâce aux sacrifices de notre peuple et de nos forces armées, et avec le soutien précieux de nos alliés et amis, nous avons fait des progrès significatifs dans la lutte et l’éradication du terrorisme, s’est félicité M. Mekdad.  Les Syriens, a-t-il affirmé, seront à jamais connus comme le peuple qui a défendu non seulement son pays, mais le monde entier, contre le terrorisme.  Et la Syrie poursuivra ce « noble combat » jusqu’à ce que nous extirpions tous les terroristes de notre terre, restaurons l’autorité de l’État et la sécurité et la stabilité, a-t-il déclaré.  S’adressant à ceux qui continuent de soutenir et d’investir dans les terroristes, il leur a asséné qu’ils font un pari dangereux et voué à l’échec.  « Tôt ou tard, cela reviendra les hanter. »

Poursuivant, le Ministre a affirmé qu’alors que la Syrie s’est engagée sérieusement dans le processus d’Astana, en espérant qu’il contribuerait à la lutte contre le terrorisme ainsi qu’à la sécurité et la stabilité du pays, la Turquie continue de soutenir et protéger les groupes terroristes opérant dans le nord-ouest de la Syrie, en particulier le Front el-Nosra.  Il a même accusé ce pays d’y mener une « turquification » et des politiques de changement démographique forcé, et d’avoir réduit le niveau d’eau de l’Euphrate à moins de la moitié des niveaux convenus entre les deux pays en 1987, provoquant un danger humanitaire.  La Syrie a donc exigé que le Conseil de sécurité se saisisse d’urgence de ces violations et crimes pour y mettre fin immédiatement. 

M. Mekdad a également réitéré que toute présence étrangère sur le sol syrien sans le consentement du Gouvernement syrien est illégale et constitue une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies, et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Les Forces turques et américaines occupent les territoires syriens sous de faux prétextes et pillent les ressources naturelles appartenant au peuple syrien, a-t-il tonné, exigeant que cela cesse immédiatement sans aucune condition préalable.  Tout comme nous avons réussi à éliminer les terroristes de la majeure partie de la Syrie, nous mettrons fin à l’occupation avec la même détermination en utilisant tous les moyens possibles en vertu du droit international, a assuré le Ministre, ajoutant que « l’histoire montre que la Syrie chasse toujours tôt ou tard les occupants ».

Sur un ton plus conciliant, il a affirmé que le Gouvernement syrien a toujours été ouvert à toute initiative politique authentique et impartiale visant à aider le pays à surmonter la crise, rappelant sa participation aux pourparlers de Genève, aux consultations de Moscou et aux réunions d’Astana.  Toutefois ce processus doit être dirigé et contrôlé par les Syriens, sans ingérence extérieure, de même que la Constitution, ainsi que toutes les questions connexes.  Le Ministre a ensuite appelé l’Envoyé spécial pour la Syrie à se concentrer sur son rôle de facilitateur et rendre compte des débats d’une manière honnête, impartiale et objective.  Il a également dit que les portes de la Syrie sont largement ouvertes pour le retour sûr et volontaire de tous les réfugiés syriens dans leur pays.  Il a souligné que l’action humanitaire doit respecter la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie et être menée en coordination avec le Gouvernement syrien.  Il a réclamé la fermeture du « soi-disant » mécanisme d’aide transfrontalier à la suite d’incidents de corruption et d’échecs, en particulier le détournement de l’aide vers des groupes terroristes.

Sur le dossier des armes chimiques syriennes, le Ministre a regretté que, « malheureusement », certains pays ont cherché à explicitement politiser cette question.  Ils ont porté des accusations sans fondement contre la Syrie, en s’appuyant sur des informations provenant de terroristes et de leurs partisans, a-t-il indiqué.  Ils ont remis en question la coopération de la Syrie avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et ont publié des rapports qui manquent de crédibilité et de professionnalisme.  Il a également accusé les États occidentaux d’avoir imposé une décision à l’encontre de la Syrie lors de la vingt-cinquième session de la Conférence des États parties à la Convention sur les armes chimiques, avertissant que cette décision constitue un précédent dangereux.

S’agissant du Golan syrien occupé, il a réaffirmé que son pays reste fermement déterminé à exercer son droit à recouvrer ce territoire et a décrié l’échec de la communauté internationale à contraindre Israël à respecter la résolution 497 (1981) du Conseil de sécurité.  Il a aussi exprimé le plein soutien et la solidarité de la Syrie avec l’Iran « face aux mesures illégales et irresponsables des États-Unis à son encontre ».  M. Mekdad a en outre salué les efforts de la Fédération de Russie et de la Chine pour faire respecter le droit international face aux politiques hégémoniques et aux tentatives d’ingérence de certains pays. 

M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale au développement de l’Islande, a, dans une déclaration préenregistrée, jugé essentiel de travailler ensemble pour que les vaccins parviennent à tous les pays et à tous les peuples -riches et pauvres-, et ce, le plus tôt possible, dans l’intérêt de tous.  « L’Islande a contribué un milliard de couronnes islandaises à l’initiative COVAX » s’est félicité le Ministre.  Fustigeant les dangers de l’isolationnisme, de la désinformation et de la méfiance, M. Thórdarson a appelé à apprendre à la fois de nos succès et de nos échecs afin de mieux prévenir les futures crises, de s’y préparer et d’y répondre. 

S’agissant de l’urgence climatique, M. Thórdarson a rappelé que la science nous intime d’honorer les engagements de l’Accord de Paris à deux mois de la COP26 de Glasgow.  Il a précisé que l’ambition de l’Islande est d’aller au-delà des engagements de Paris avec une neutralité carbone totale d’ici à 2040 et l’élimination des combustibles fossiles d’ici à 2050.  Toute l’électricité islandaise et près de 85% de la consommation énergétique totale de l’Islande proviennent d’énergies renouvelables, a souligné le Ministre des affaires étrangères avant de vanter une politique à long terme qui se concentre sur l’augmentation substantielle de l’efficacité énergétique et l’utilisation multiple des ressources énergétiques.  La capture et la fixation du carbone sont un pilier des efforts islandais: « l’Islande abrite la plus grande usine au monde capable d’extraire le dioxyde de carbone directement de l’air et le transformer en roche grâce à la méthode dite Carbfix ».  Il a indiqué que cette technologie a été développée à partir de l’industrie de l’énergie géothermique et sera applicable dans de nombreuses parties du monde pour capturer et stocker le CO2 sous forme de roche à l’état solide.

Tout en notant que l’Islande a doublé son financement climatique international depuis 2018, le Ministre a souligné l’apport de son pays en matière d’expérience des solutions énergétiques vertes qui en fait « un champion mondial de la transition énergétique juste et inclusive ».  S’inquiétant de la santé des océans du monde, de plus en plus sous pression, il a appelé à des mesures concrètes pour renforcer la coopération régionale et internationale sur les affaires maritimes.  Il a cité le travail exemplaire du Conseil de l’Arctique qui rassemble des gouvernements, des peuples autochtones, des scientifiques et divers intervenants pour partager des connaissances et façonner des politiques et des actions pour protéger les océans.  Il a expliqué que la récente présidence islandaise de ce Conseil a été l’occasion de mettre l’accent sur la protection des écosystèmes marins et côtiers, ce qui a donné lieu à un plan d’action régional pour lutter contre les déchets marins dans l’Arctique.  Enfin, il a souligné que l’Islande fait partie d’un petit groupe de pays qui demandent « un accord mondial contre la pollution marine par les plastiques ».

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a déclaré qu’en dépit des défis imposés, la pandémie offrait l’opportunité de « réparer les erreurs du passé ».  Il a mis l’accent sur la réforme de l’ONU, afin d’améliorer ses performances et de renforcer ses capacités à assumer ses mandats, et notamment la revitalisation du rôle central de l’Assemblée générale et la réforme du Conseil de sécurité, de manière à garantir une représentation géographique équitable à réparer l’injustice historique subie par le continent africain.  Profondément préoccupé face à l’absence de perspectives d’une solution juste et définitive à la question palestinienne, le Ministre a condamné les pratiques « répressives » de l’occupation israélienne et son déni du droit international.  Il a enjoint le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, en permettant au peuple palestinien d’établir un État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale.

Concernant le Sahara occidental, l’Algérie a réaffirmé son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.  M. Lamamra a appelé l’ONU à « assumer ses responsabilités juridiques envers le peuple sahraoui », et à « garantir ses droits inaliénables ».  Il a appelé à l’organisation d’un référendum libre et équitable pour permettre à ce « vaillant peuple » de déterminer son destin.  L’« État occupant » au Sahara occidental a failli à plusieurs reprises à ses obligations internationales, en particulier celles découlant du Plan de règlement élaboré par l’ONU, a dénoncé M. Lamamra.  Le sort du Sahara occidental est « une question de décolonisation », ne pouvant trouver de solution qu’à travers l’application du principe de l’autodétermination, a-t-il martelé.  Dans ce contexte, l’Algérie a appuyé la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de lancer des négociations directes entre le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique, deux pays membres de l’Union africaine.

Concernant la Libye, le Ministre s’est dit opposé aux mesures unilatérales coercitives, et prêt à poursuivre ses efforts et son soutien pour organiser une réconciliation nationale.  Au Mali, l’Algérie est déterminée à poursuivre son rôle à la tête du Comité de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, a-t-il assuré.  Il s’est félicité des progrès enregistrés, malgré l’extension de la menace terroriste dans ce pays et dans tout le Sahel.

Enfin, sur le plan intérieur, l’Algérie a annoncé poursuivre la consolidation de sa démocratie, consacrant l’état de droit et la justice sociale, à travers l’amendement de sa constitution et la tenue d’élections législatives.  Un plan, adopté il y a quelques jours par le Gouvernement, prévoit ainsi la modernisation de la justice, la promotion des libertés et le dialogue, la liberté de réunion, de manifestation pacifique et de la presse.

M. OLIVER JOSEPH, Ministre des affaires étrangères, du commerce, et des affaires de la CARICOM de la Grenade, a attiré l’attention sur l’impact négatif de la COVID-19 sur l’économie des petits États, en particulier des petits États insulaires en développement, et sur la réalisation des objectifs de développement durable.  La Grenade est confrontée aux effets dévastateurs de la pandémie, à une croissance négative et un taux de chômage élevé, qui sont largement dus à l’impact significatif de la pandémie sur les secteurs du tourisme, et du transport aérien, a-t-il déclaré.  Néanmoins, le Gouvernement de la Grenade continue de mettre en œuvre des politiques et des mesures visant à protéger sa population, à travers son Plan d’action à moyen terme pour la période 2022-2024.

Le Ministre a réitéré son appel à la reclassification du statut de son pays par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), estimant que cette décision aurait entraîné une diminution du montant de l’aide publique au développement accordé à la région.  Il a appelé à une révision des critères de notations financières, soulignant que le produit intérieur brut par habitant ne reflète pas la véritable nature de la vulnérabilité des États des Caraïbes.  Il a réclamé la création, d’ici à la fin de 2022, d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel et plaidé pour un accès aux financements à des taux préférentiels.

De même, face aux changements climatiques, il a insisté sur l’importance du maintien de l’aide, notamment pour renforcer les capacités en matière de ressources humaines.  Nous avons également besoin de ressources supplémentaires pour assurer la survie de notre secteur agricole grâce à des pratiques intelligentes face aux changements climatiques, a-t-il ajouté, avant d’attirer l’attention sur l’importance que revêt la protection des océans, évoquant le programme « Blue Growth » adopté par son gouvernement dans le but d’assurer une utilisation durable de son territoire maritime.

Poursuivant, M. Joseph a salué la création de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine, soulignant que la communauté internationale ne peut aborder la question du développement durable sans tenir compte de son interconnectivité avec les droits humains.  Après s’être félicité du succès du premier Sommet Afrique-CARICOM, le Ministre a appelé à la levée de l’embargo contre Cuba et à mobiliser une réponse mondiale beaucoup plus forte pour aider Haïti.

Dans un message préenregistré, M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a déclaré que la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, et le risque croissant de rivalités internationales ont mis en évidence les failles de la gouvernance mondiale et nationale.

Selon lui, les politiques peu judicieuses menées après la guerre froide par des groupes d’intérêts aux États-Unis et en Europe n’ont pas permis de faire émerger une période de stabilité et de prospérité internationales dans le monde.  Même dans les pays avancés, les disparités de revenus entre les quelques riches et la majorité des autres citoyens sont devenues ridiculement énormes.  Et au niveau international, les politiques draconiennes d’endiguement et d’encerclement ont alimenté et alimentent encore un climat de confrontation. 

M. Saleh Mohammed a ensuite insisté sur la nécessité d’une ONU plus forte et représentative pour combattre les menaces croissantes liées aux changements climatiques et pour répondre à celles pesant sur la paix internationale et la sécurité.  Permettez-moi de renouveler notre appel en faveur de la refonte du système des Nations Unies dont l’autorité et l’efficacité ont été écornées ces dernières décennies, a-t-il lancé.  Il a accusé les institutions multilatérales d’être devenues impuissantes à cause des actions unilatérales d’une poignée de personnes. 

Dans la Corne de l’Afrique, les problèmes économiques liés à la pandémie de COVID-19 ont été aggravés par un conflit dangereux qui découle de décennies de politiques erronées de certains acteurs majeurs, a expliqué le dirigeant.  À cela s’ajoutent les tensions croissantes de ces derniers mois dans la région sur des questions portant sur des différends frontaliers et le Barrage de la Renaissance.  Sur ce dernier point, il a averti que les instances hostiles et internationalisées risquent d’entraver la conclusion d’un accord durable et global répondant aux besoins de l’Éthiopie, du Soudan et de l’Égypte.

Évoquant la Déclaration conjointe de paix et d’amitié signée par l’Érythrée et l’Éthiopie en juillet 2018, M. Saleh Mohammed a affirmé que celle-ci avait ouvert une nouvelle époque d’espoir et d’optimisme.  Mais le Front populaire de libération du Tigré (FPLT) n’a pas pu l’accepter et s’est lancé dans de multiples attaques pour saborder le processus de paix et reprendre le pouvoir en Éthiopie par la force, a-t-il déploré.

Le dirigeant a rappelé que lorsque le FPLT était au pouvoir en Éthiopie, celui-ci avait continué à occuper des territoires érythréens, en violation flagrante du droit international.  En Éthiopie également, le FPLT a eu recours à divers subterfuges illicites pour faire reculer le processus positif fondé sur la volonté du peuple, a-t-il appuyé, avant de mentionner l’insurrection massive lancée contre le commandement nord des forces de défense éthiopiennes dans le but de prendre le pouvoir par la force, ainsi que des actes d’agression commis contre son propre pays.  Il a décrié la position « inexcusable » des États-Unis et de leurs alliés européens qui défendent l’insurrection « illicite et dangereuse » du FPLT et cherchent à le réhabiliter « à tout prix ».

Décriant l’insuffisance structurelle du système de gouvernance mondiale, il a déclaré que les injustices infligées à l’Érythrée par des puissances pensant pouvoir piétiner la souveraineté des nations et des peuples doivent prendre fin.

M. ABDULLATIF BIN RASHID ALZAYANI, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, a noté que la coopération et les partenariats ont été essentiels pour faire face à la pandémie.  Pour sa part, même avant son premier cas, le Bahreïn a mobilisé ses capacités pour offrir les meilleures conditions de santé à tous les citoyens et protéger la société dans sa réponse à la COVID-19.  Une équipe médicale spécialisée pilotait l’action sanitaire, une stratégie de communication a été développée alors que le pays a réussi à rester ouvert tout au long de la pandémie.  En août, 74% de la population totale était pleinement vaccinée et en tout plus de six millions de tests PCR y ont été effectués.  Parallèlement, le Royaume a pris des mesures pour préserver l’économie et les moyens de subsistance de la population par un plan de relance de 12 milliards de dollars.  Le Ministre s’est en outre dit fier que Manama ait été désignée comme première ville saine au Moyen-Orient par l’OMS.

M. Alzayani a ensuite évoqué la récente déclaration d’intention signée entre le Ministère des affaires étrangères et le Bureau du Coordonnateur résident des Nations Unies pour participer à la préparation du rapport national sur les droits humains au Bahreïn, signe du renforcement de sa coopération avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Il a assuré qu’une attention particulière était accordée à la promotion des droits des femmes et à l’intégration de leurs besoins dans le plan de développement national du Bahreïn.  S’agissant des changements climatiques, le Ministre a fait état d’efforts visant à en atténuer les effets, citant notamment un plan intégré visant à accroître la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du Royaume et réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Le Ministre a affirmé que le Bahreïn reste attaché à la cohésion au sein du Conseil de coopération du Golfe, compte tenu de l’importance de son rôle pour la paix et la stabilité de la région.  Il a souligné l’importance des engagements pris dans la Déclaration du Sommet d’Oula qui vise à promouvoir l’interdépendance entre les membres de la région ainsi que plus de coopération et d’intégration.  Pour sa part, le Bahreïn œuvre à promouvoir une culture de la paix, de la fraternité, du dialogue, de la coopération et du respect mutuel et à combattre l’idéologie de l’extrémisme, de l’intolérance et de la haine, a assuré M. Alzayani.

Rappelant avoir signé un accord avec Israël pour consolider la culture de la paix et la coexistence pacifique, le Bahreïn a souligné la nécessité de trouver une solution juste et pérenne à la question palestinienne pour garantir le droit des Palestiniens de vivre dans une nation sûre, stable et prospère avec Jérusalem-Est comme capitale.  Le Ministre a également soutenu l’initiative pour un cessez-le-feu au Yémen, lancée par l’Arabie saoudite pour ensuite appeler au règlement urgent de la question du Barrage de la Renaissance en veillant à préserver les droits de l’Égypte et du Soudan.  Il a aussi appelé à soutenir l’autorité intérimaire en Libye, au retrait des troupes étrangères et des mercenaires et à la tenue d’élections qui reflètent la volonté du peuple libyen.  Pour ce qui est du Maroc, le Royaume a reconnu les droits légitimes de ce pays sur ses provinces du sud dans le cadre de l’initiative d’autonomie.  Le Ministre a également réaffirmé le soutien du Bahreïn au peuple afghan et au choix qu’il a fait de s’affranchir de l’ingérence étrangère.  Il a appelé à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, et a soutenu les efforts internationaux visant à empêcher l’Iran de se doter de telles armes en l’appelant à pleinement coopérer avec l’AIEA.  Par ailleurs, le Bahreïn continue de s’attaquer aux sources de financement du terrorisme et le Ministre a fait état de progrès considérables en termes de lutte contre le blanchiment d’argent.

Dans un message préenregistré, M. LUCA BECCARI, Ministre des affaires étrangères de Saint-Marin, a expliqué que son pays a payé très cher la crise de la COVID-19 avec l’un des plus hauts taux de mortalité au monde.  Enfin remis de ce fléau grâce à des politiques fondées sur le principe de l’équité, Saint-Marin a réussi aussi grâce au sens extraordinaire de la solidarité de son peuple et des autres pays, a noté le Ministre.  Pourtant, même pour nous, une nation relativement riche au milieu de l’Europe, cette crise a représenté une lutte exceptionnelle, a-t-il concédé, expliquant que le simple fait d’être un petit État a posé des problèmes d’approvisionnement en vaccins alarmants.  Dès lors, M. Beccari a appelé la communauté des nations à tirer les leçons de cette crise.  Il faut garantir un accès uniforme dans le monde entier aux vaccins, tests et traitements pour lutter contre la COVID-19, afin de prévenir les mutations du virus et les nouveaux groupes d’infection.

Profondément préoccupé par les crises actuelles en Afghanistan, au Myanmar, en Syrie, au Yémen, en Palestine et ailleurs, Saint-Marin a dit notamment soutenir tout effort visant à fournir une aide humanitaire aux Afghans et a demandé à toutes les parties de garantir un accès complet, sûr et sans entrave à l’ONU, à ses agences spécialisées et partenaires, ainsi qu’à tous les acteurs humanitaires.  Le Ministre a soutenu l’engagement du Secrétaire général à renforcer la capacité du système des Nations Unies à faire face aux différents conflits dans une perspective axée sur la prévention.

La lutte collective contre les changements climatiques représente la plus grave urgence de notre temps, a poursuivi M. Beccari, y voyant la priorité absolue des efforts collectifs.  Pour relever ce défi, il a insisté sur l’impératif de pleinement appliquer l’Accord de Paris et de promouvoir des investissements importants dans l’adaptation et la résilience climatique.  Sortir de la pandémie de COVID-19 pourrait représenter une opportunité pour mieux travailler sur la transition verte dans les secteurs de l’énergie, des transports, du tourisme, de l’aviation, de l’agriculture, de l’industrie et des infrastructures, a-t-il estimé.  Le Ministre a également plaidé la cause des personnes handicapées en encourageant à construire des sociétés accessibles, inclusives et non discriminatoires.

Dans une déclaration préenregistrée, M. SAYYID BADR BIN HAMAD BIN HAMOOD AL BUSAIDI, Ministre des affaires étrangères du Sultanat d’Oman, a déclaré que le pays a pu, grâce à des mesures préventives et à une campagne nationale de vaccination, limiter de manière effective la propagation de la COVID-19, permettant le retour à la normale des activités économiques, sociales et commerciales.  Cependant, a-t-il recommandé, la communauté internationale doit renforcer la coopération et la solidarité, et veiller à ce que les ressources pour lutter contre la pandémie, en particulier les vaccins, soient équitablement réparties, en particulier dans les régions les moins développées, où les installations médicales sont limitées.  

Le Ministre a réitéré le soutien de son pays aux revendications « légitimes et justes » du peuple palestinien et à la création d’un État indépendant de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Par ailleurs, aux côtés de l’Arabie saoudite, des États-Unis ainsi que de l’Envoyé spécial des Nations-Unies, Oman appelle toutes les parties au Yémen à se rassembler autour de la table des négociations, afin de parvenir à une solution pacifique et consensuelle au conflit en cours.  À cet égard, M. Al Busaidi a demandé à tous de redoubler d’efforts pour acheminer une aide humanitaire, en raison de la situation critique et des souffrances de la population yéménite.  « Le dialogue vaut mieux que la guerre », a-t-il appuyé.  Concernant la récente situation en Afghanistan, le Ministre a dit espérer que toutes les parties afghanes œuvreront à la réconciliation, et qu’elles accorderont la priorité aux intérêts du peuple, tout en établissant des relations positives dans la région mais également avec la communauté internationale.

M. Al Busaidi a ensuite indiqué que, cette année, le Sultanat d’Oman a pris des mesures importantes pour restructurer et moderniser son appareil à travers ses trois axes économiques et sociaux et l’intégration des 17 objectifs de développement durable (ODD) dans sa Vision 2040.  « Nous accueillons et soutenons tout programme d’investissement et de diversification économiques figurant parmi les priorités des plans de développement du Sultanat d’Oman », a-t-il ajouté.  Il a également évoqué la mise en œuvre du projet de stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques.   

Avant de conclure, M. Al Busaidi a affirmé l’engagement de son pays à autonomiser les femmes et les jeunes pour leur permettre de participer au processus de « construction, de développement, de créativité et de prospérité ».

Mme EDITE RAMOS DA COSTA TEN JUA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des communautés de Sao Tomé-et-Principe, a dit que l’éradication de la pauvreté, sous toutes ses formes et dimensions, doit constituer la priorité absolue des Nations Unies.  Après avoir rappelé que la pauvreté est la cause de conflits armés, de déplacements de population et de flux migratoires, Mme Ten Jua a invité les pays d’origine et de destination des migrants à mieux se coordonner en vue d’atténuer les effets néfastes des migrations et de redonner une dignité aux personnes concernées.

Mme Ten Jua s’est particulièrement inquiétée de la persistance du conflit israélo-palestinien, et des conflits syrien et libyen, alors que les groupes terroristes prolifèrent au Sahel, en Afrique de l’Est, avec les Chabab, et en Afrique centrale et de l’Ouest, avec Boko Haram.  Elle s’est inquiétée aussi de l’instabilité politique et militaire persistante dans de nombreux pays africains qui exige des efforts concertés de la communauté internationale pour faire taire les armes et mettre un terme aux souffrances des peuples.  En ce qui concerne la situation au Sahara occidental, la Ministre a salué les efforts de l’ONU pour désigner un représentant spécial et aider les parties à trouver une solution politique à leur différend régional sur la base des résolutions pertinentes de l’ONU et de l’Union africaine. 

Mettant l’accent sur les effets dévastateurs des changements climatiques, elle a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.  Elle a expliqué que la multiplication des catastrophes naturelles et l’augmentation de leur intensité ne laissent aucun doute sur l’urgence d’une action renouvelée pour préserver l’avenir des générations futures.  Pour gagner en efficacité, elle a jugé indispensable que la réforme de l’Organisation devienne une réalité.  À cet égard, elle a particulièrement mis l’accent sur la réforme du Conseil de sécurité afin d’y assurer une digne représentation du continent africain.  Notant ensuite que Sao Tomé-et-Principe devrait entrer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire en décembre 2024, la Ministre a indiqué que ce nouveau statut était certes un acte de reconnaissance des efforts et progrès accomplis, mais ouvrait aussi la voie à d’énormes défis.  C’est pourquoi elle a appelé la communauté internationale à accompagner son pays dans ce voyage de transition ardu, pour l’aider à réaliser les ODD.

Mme KANDIA KAMISSOKO CAMARA, Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères de l’intégration africaine et de la diaspora de la République de Côte d’Ivoire, a appelé à garantir un accès équitable aux différents vaccins.  Cela passe par un financement adéquat des initiatives en cours, la levée des brevets et le développement des capacités de production de ces vaccins, notamment sur le continent africain jusque-là insuffisamment servi, a souligné la Ministre.  Saluant des dispositifs tels que le Mécanisme COVAX ou l’initiative de l’Équipe spéciale africaine d’acquisition de vaccins (AVATT) de l’Union africaine, elle a précisé que cela ne pourrait fonctionner que dans un climat de paix et de stabilité.

Notre engagement à consolider le chantier de la réconciliation nationale n’a jamais faibli, malgré les défis, a ensuite assuré Mme Camara.  Elle a évoqué les entretiens entre le Président Ouattara et ses prédécesseurs, MM. Konan Bédié et Laurent Gbagbo, et mentionné la création d’un ministère spécialement dédié à la réconciliation nationale et la mise en place de l’indemnisation des victimes de la crise post-électorale de 2010-2011.  Le processus de réconciliation nationale continuera de se fonder sur une justice indépendante, un engagement constant au plus haut niveau de l’État ainsi que sur une appropriation nationale forte, a insisté Mme Camara.

Abordant les changements climatiques, la Ministre a rappelé que la Côte d’Ivoire visait une réduction de ses émissions de CO2 de 28% à l’horizon 2030.

Elle a souligné que la capacité des États à mobiliser les ressources nécessaires au financement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 était fortement affectée.  La crise de la croissance mondiale, le fardeau de la dette et l’absence de liquidités limitent de manière drastique nos marges de manœuvre budgétaires.  Mme Camara a plaidé en faveur de l’accroissement de l’aide publique au développement, de l’annulation de la dette et de la promotion de financements innovants.

Mme Camara a appuyé le processus de négociation au Sahara occidental sous l’égide de l’ONU, en appelant les parties à faire preuve de compromis.  Elle a ensuite relevé la recrudescence d’attaques terroristes dans la sous-région ouest africaine et au Sahel.  En Côte d’Ivoire, nous avons enregistré depuis le début de cette année 2021 pas moins de cinq attaques, a noté la Ministre.  Ces menaces commandent d’intensifier la coopération sous-régionale, régionale et internationale, a-t-elle appelé.

Affirmant son attachement à un multilatéralisme inclusif, Mme Camara a précisé que cela impliquait une réforme courageuse de l’ONU, y compris du Conseil de sécurité.  Elle a appuyé la position commune africaine en faveur d’une réparation de « l’injustice historique faite à l’Afrique » et d’une réforme égalitaire du Conseil.

M. DATO SERI PADUKA AWANG HAJI ERYWAN BIN PEHIN DATU PEKERMA JAYA HAJI MOHD YUSOF, Ministre des affaires étrangères de Brunei Darussalam, a indiqué, dans une déclaration préenregistrée, que son pays fait face à une nouvelle vague de contamination à la COVID-19.  Dans ce contexte, il s’est alarmé que 75% des vaccins produits n’aillent que dans une dizaine de pays.  Il est donc urgent, selon lui, que les États Membres collaborent avec les sociétés pharmaceutiques pour s’assurer que le Mécanisme COVAX soit en mesure de fournir et de livrer des vaccins accessibles et abordables pour tous.  Il a d’autre part averti qu’un vaste problème de santé mentale se fait jour en raison des confinements et des quarantaines répétés.  « Si rien n’est fait, notre prochaine génération de main-d’œuvre et la génération suivante seront grandement affectées, ce qui entraînera un ralentissement de l’économie mondiale et des progrès de développement », a-t-il mis en garde, avant de se féliciter qu’un indicateur sur la préparation à la fourniture d’un soutien psychosocial en cas d’urgence ait été inclus dans le Plan d’action global pour la santé mentale de l’Assemblée mondiale de la Santé.  Il a ajouté qu’au niveau régional, son pays travaille avec l’Australie et la Malaisie pour faire adopter une déclaration sur la coopération en matière de santé mentale lors du prochain Sommet de l’Asie de l’Est en octobre.

Alors que des efforts de relance sont entrepris pour remettre les économies à flot, le Ministre a souhaité que la communauté internationale continue de défendre le commerce et les investissements libres et ouverts, encourage des transferts technologiques accrus et renforce la coopération mondiale au développement pour garantir qu’aucun pays ne soit laissé pour compte.  Il a également appelé à intégrer dans ces plans des « initiatives vertes » tenant compte de la menace des changements climatiques.  Affirmant attendre un « résultat significatif » de la COP26 à Glasgow, il a précisé que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a d’ores et déjà défini un cadre pour l’économie circulaire afin de réduire le gaspillage des ressources finies tout en réduisant la pression sur l’environnement.

Le Ministre a aussi évoqué la situation au Myanmar, pays membre de l’ASEAN qu’il n’a pas souhaité nommer.  Estimant que cette situation représente un risque pour la stabilité de la région, il s’est félicité que les dirigeants de l’ASEAN se soient mis d’accord rapidement sur un « consensus en cinq points » destiné à assurer un retour pacifique à la démocratie dans cet État membre.  Au nom du groupe régional, il a exprimé sa gratitude aux partenaires extérieurs, y compris l’ONU, pour leur assistance ainsi que pour les généreuses contributions humanitaires annoncées le mois dernier.

M. ISMAËL OULD CHEIKH AHMED, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Mauritaniens à l’étranger de la République islamique de Mauritanie, a estimé que les mesures prises pour lutter contre la pandémie sont loin d’être à la hauteur des attentes.  C’est pourquoi il a appelé à redoubler d’efforts et à une véritable coordination pour permettre aux pays en développement et pauvres d’accéder aux vaccins en quantités suffisantes.  Il s’agit également de renforcer la capacité technique pour accélérer, d’une part, le rythme de la vaccination et, d’autre part, contenir les dommages humanitaires, économiques et sociaux inhérents à cette crise, a-t-il ajouté.  Il a appelé à l’annulation totale et définitive de la dette extérieure des pays du continent africain, afin de pouvoir surmonter les conséquences économiques causées par la crise du coronavirus.  Il a, dans ce contexte, passé en revue les différentes mesures phares entreprises par son pays pour lutter contre la pandémie, évoquant de vastes campagnes de vaccination sur le territoire national.  Près de 15% de la population sera bientôt vaccinée, a-t-il ajouté.

La Mauritanie a également lancé un plan intégré de relèvement économique dans le but de traiter et surmonter les effets négatifs de la pandémie de COVID-19.  Ce programme, a détaillé le Ministre, vise à créer davantage de perspectives d’emploi et d’assurer une utilisation optimale de nos ressources naturelles dans les domaines de l’agriculture, de l’exploitation minière et de la pêche.  Parallèlement à ce programme, il a aussi cité les différents plans gouvernementaux qui visent à garantir l’accès universel aux services de base tels que l’électricité, l’eau potable, la santé et l’éducation, en luttant contre la pauvreté et en promouvant la solidarité sociale.  Il s’agit également de former les jeunes et de permettre aux femmes de jouer leur rôle dans la vie politique et publique et la conduite des affaires.  En outre, ce programme entend consolider l’unité nationale et renforcer la cohésion sociale à travers des consultations approfondies avec les différents acteurs nationaux et de jeter les bases de la bonne gouvernance. 

Passant à la sécurité et la lutte contre le terrorisme, M. Cheikh Ahmed a indiqué que la Mauritanie est attachée à développer une stratégie efficace et efficiente de lutte contre le terrorisme et les diverses formes d’extrémisme dans une approche prenant en compte les aspects sécuritaires, le dialogue religieux, les dimensions économique et sociale.  Cette approche est mise en œuvre en coopération et en concertation avec nos partenaires régionaux pour neutraliser le terrorisme et tarir ses sources de financement, et ce, dans le strict respect des droits de l’homme, a-t-il précisé.

Il a également évoqué le lancement, sous la présidence mauritanienne du G5 Sahel, de la Coalition pour le Sahel.  Ce cadre, a-t-il expliqué, vise à élargir l’appui aux pays du Sahel qui ont été témoins, ces dernières années, d’une détérioration dramatique de la situation en matière de sécurité, de migration forcée, de changements climatiques et de signes d’une crise alimentaire aiguë.  Cette année, en raison du manque notable de pluie et de sa dispersion spatiale, la crise alimentaire déjà structurelle risque de s’accentuer, a-t-il fait savoir.  Environ 14 millions de personnes souffrent de pénuries alimentaires, tandis que 29 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, a-t-il précisé.  Dans ce contexte, il est de l’obligation morale de nos partenaires internationaux d’aider les États du Sahel à relever ces défis.  Mais il est également clair que les dirigeants politiques de notre sous-région doivent tenir leurs promesses de bonne gouvernance et de retour à l’ordre constitutionnel, pour mieux répondre aux aspirations de leurs citoyens et améliorer leurs conditions de vie, notamment dans les zones fragiles.

Le Ministre a ensuite réaffirmé l’attachement de la Mauritanie à sa position inchangée concernant le conflit du Sahara occidental et son appui à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité en vue de parvenir à une solution durable sur cette question.  Dans ce contexte, le Ministre a exhorté le Secrétaire général de l’ONU à désigner dans les « plus courts délais » un envoyé spécial pour raviver le processus interrompu, il y a deux ans, à la suite de la démission de l’ancien Envoyé.  M. Cheikh Ahmed a par ailleurs réitéré son appui aux efforts internationaux en vue de mener à bien la période de transition en Libye et de garantir son unité et son intégrité territoriale.

M. HASSOUMI MASSOUDOU, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Niger, a averti qu’en raison de la propagation de nouveaux variants du coronavirus et la lenteur dans la   distribution des vaccins dans les pays en développement, les perspectives de redressement et de croissance à court et moyen terme seront compromises si des initiatives vigoureuses ne sont pas lancées, dont en premier lieu la vaccination de masse.  Au Niger, a-t-il ajouté, malgré la faiblesse du tissu économique et la persistance d’autres chocs, notamment sécuritaire et climatique, le Gouvernement a su, à travers la prise de mesures hardies, maintenir une croissance positive à 3% en 2020.  

Il a salué les efforts du G20, des Nations Unies, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale en faveur d’un moratoire sur la dette des États les plus fragiles, tout en estimant qu’un moratoire ne suffira pas au regard de l’immensité des défis à relever.  Il a donc appelé à concevoir et mettre en œuvre un nouveau paradigme pour prendre en charge les besoins de développement de ces États.  Le relèvement des économies dépendra aussi de la qualité et du dynamisme du partenariat ainsi que de la libéralisation des échanges entre les pays en développement, a-t-il noté, mettant en avant les mérites de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).  Malgré le retard enregistré dans son entrée en vigueur, le Ministre s’est dit confiant que la ZLECAf permettra à l’Afrique de mettre en place un marché unique, de soutenir la croissance économique, et de créer la prospérité à travers notamment, la création d’emplois pour les jeunes.

Le Ministre a ensuite parlé des sécheresses récurrentes, de la dégradation des terres agricoles dont le Niger perd 100 000 hectares par an, des inondations et les infestations de criquets.  Il a appelé à plus de volonté politique pour respecter l’Accord de Paris, et à saisir l’occasion de la COP26 pour élaborer une position commune de nature à surmonter les défis restants, insistant notamment sur le financement des politiques d’adaptation climatique et les transferts de technologie en faveur des pays en développement.  En tant que Coprésident, avec l’Irlande, du Groupe d’experts informel du Conseil de sécurité sur cette question, le Niger a dit travailler à ce que le Conseil adopte une résolution sur le dérèglement climatique en tant que facteur aggravant des conflits. 

M. Massoudou a par ailleurs rappelé que, depuis les évènements survenus en 2011 en Libye, qui ont favorisé la prolifération d’armes dans la région du Sahel, les pays de la région font face aux attaques de hordes terroristes aussi bien dans le bassin du lac Tchad à l’est que dans la zone dite « des trois frontières », à l’ouest.  Tout en menant son combat pour la paix et la sécurité, le Niger ne renonce pas pour autant à celui du développement, a expliqué le Ministre.  À ses yeux, le redéploiement de l’administration et des services publics de l’État dans les zones affectées constitue le prolongement indispensable de l’action militaire. 

Il a également appelé à prendre en compte les dimensions genre et jeunesse dans les différents processus de développement et de restauration de la paix, notant que les femmes et les enfants sont les premières victimes des groupes terroristes.  En outre, dans la région du Sahel central, près de 5 000 écoles ont fermé du fait d’attaques terroristes depuis 2017, perturbant l’éducation de plus de 700 000 enfants et privant plus de 20 000 enseignants de la possibilité d’exercer leur métier, a-t-il détaillé.  Il a appelé à des actions concrètes pour la protection des écoles, et à une attention accrue pour la Déclaration présidentielle sur la protection des écoles contre les attaques, adoptée en septembre 2020, sous la présidence du Niger au Conseil de sécurité. 

Avant de conclure, le Ministre a estimé que la revitalisation de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC, du Conseil de sécurité, mais également des institutions financières internationales, doit être poursuivie à son terme de façon à répondre aux impératifs du monde contemporain.  S’agissant, en particulier, de la réforme du Conseil de sécurité, le Niger a réitéré son attachement à la Position africaine commune telle qu’exprimée à travers la Déclaration de Syrte et le consensus d’Ezulwini. 

Notre sécurité, notre santé, notre planète sont désormais des biens communs, qu’il nous revient de travailler à préserver ensemble, a déclaré M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la République française, dans une déclaration préenregistrée.  « Car, dans un monde d’échanges et d’interdépendances, un monde en état d’urgence environnementale, un monde en proie à de préoccupantes logiques de brutalisation et à la tentation persistante de l’unilatéralisme, tout ce que nous faisons collectivement –ou à l’inverse manquons de faire– nous engage tous », a mis en garde M. Le Drian.  La France appelle de ses vœux la tenue d’un sommet du P5 pour établir « un programme d’action commun », afin de rendre au Conseil de sécurité la capacité d’exercer tout son mandat et afin d’engager le dialogue sur les sujets clefs du contrôle des armements et de notre sécurité collective.  Le Ministre a indiqué que son pays continuera d’agir en faveur de la paix et de la stabilité dans l’espace indo-pacifique avec ses partenaires de bonne volonté dans cette région et avec les autres Européens à ses côtés.  « La France, en tant que nation de l’Indo-Pacifique y a des intérêts majeurs, tout comme l’Europe qui vient de se doter d’une stratégie en la matière. »

En Afghanistan, notre devoir est d’apporter à la population l’aide humanitaire dont elle a besoin et notre intérêt commun est de porter une exigence politique et sécuritaire claire à l’égard du régime de Kaboul: « tout lien avec les organisations terroristes doit être rompu », a insisté le Ministre français.  « Vingt ans après le choc du 11 Septembre, nous savons ce que la reconstitution d’un sanctuaire terroriste impliquerait pour nous tous. »  Au Levant et au Sahel, pour la même raison, il a dit qu’il fallait poursuivre le combat contre la menace terroriste, agir pour rétablir le dialogue là où il est rompu et redonner des perspectives aux populations, à travers les combats de la stabilisation et du développement.  La France organisera, à Paris, le 12 novembre prochain, la Conférence internationale de soutien au processus politique et au rétablissement de la souveraineté libyenne, a annoncé M. Le Drian.  En outre, selon lui, la poursuite du programme nucléaire iranien exige la plus grande fermeté.  « Les positions américaines d’hier ne peuvent justifier que l’Iran continue de violer les engagements qu’il a pris au titre du Plan d’action global commun (PAGC). »  Pour la France, le seul chemin possible demeure celui d’un accord permettant d’établir que l’Iran respecte à nouveau ses obligations.  M. Le Drian a donc jugé indispensable que la négociation reprenne très rapidement.

Abordant le défi de la COVID-19, le Ministre des affaires étrangères a refusé de voir se creuser la « fracture vaccinale » qui existe aujourd’hui entre le Nord et le Sud.  Il est urgent d’obtenir une accélération des livraisons, de nous assurer que chaque vaccin livré soit bien administré et de renforcer nos capacités de production sur tous les continents.  M. Le Drian a confirmé que la France donnera 60 millions de doses d’ici à la fin de l’année et qu’elle contribue à financer un projet de transfert de technologie en Afrique du Sud qui devra permettre de développer sur le continent des capacités autonomes de production de vaccins à ARN messager.  La solidarité internationale doit aussi prévaloir face au défi de la relance économique.  L’initiative de suspension de la dette que nous avons prise au G20, puis l’établissement d’un cadre commun pour son traitement ont d’ores et déjà permis d’apporter une réponse à l’urgence, a relevé M. Le Drian.  Mais il faut aller plus loin, en construisant, avec l’Afrique, le nouveau pacte que le Président Macron a appelé de ses vœux au Sommet sur le financement des économies africaines en mai dernier.  Le G20 doit s’engager pour que l’allocation des droits de tirage spéciaux décidée au FMI soit rapidement complétée par la réallocation d’une partie d’entre eux aux pays qui en ont le plus besoin.

Avant qu’il ne soit trop tard, nous devons nous retrouver autour de l’objectif de neutralité climatique à l’horizon 2050, a continué M. Le Drian.  Là encore, la France sera solidaire: elle apportera 6 milliards d’euros par an et consacrera plus d’un tiers de ses financements à l’adaptation climatique.  Ce combat pour le climat doit aller de pair avec le combat pour la biodiversité, a-t-il ajouté.  Dans cette période de redémarrage de l’économie mondiale, nous devons, enfin, veiller à ce que nos pratiques commerciales soient bien compatibles avec notre volonté de solidarité internationale et nos objectifs climatiques et environnementaux.  La France, a-t-il avancé, préconise de nouveaux leviers conformes au droit de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « comme le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières que nous voulons mettre en place en Europe pour lutter contre les fuites de carbone, de la même manière que nous voulons lutter contre la déforestation importée et contre les violations des droits sociaux tout au long de nos chaînes de valeur ».

Préoccupé par les comportements « de plus en plus irresponsables » qui prospèrent dans l’espace numérique, M. Le Drian a appelé tous les États à approuver la mise en place d’un impôt universel minimal de 15% pour les entreprises multinationales, qui pourrait, selon lui, contribuer à apporter « une réponse normative internationale à même de réguler ces dérives et d’y faire respecter les droits et les libertés de tous ».

Dans une déclaration lue par son Ministre des relations extérieures, M. PAUL BIYA, Président du Cameroun, s’est réjoui que ce débat général ait pris l’espoir pour thème alors que l’humanité fait face à la pandémie de COVID-19.  En effet, les conséquences désastreuses de cette crise remettent non seulement en cause les avancées obtenues dans la lutte contre la pauvreté mais hypothèquent aussi l’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Il a donc lancé un appel en faveur d’un « élan renouvelé de solidarité humaine » afin d’assumer notre « communauté de destin ».  Pour cela, a-t-il souligné, nous ne pouvons continuer à nous dérober aux engagements souscrits dans l’Accord de Paris sur le climat et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  De même, il importe de rattraper d’urgence le retard pris dans la mise en œuvre du Programme 2030, a ajouté le Chef d’État avant de plaider pour un renforcement du multilatéralisme, ce qui, selon lui, doit passer par une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU.  « L’Afrique devrait y retrouver sa place, avec deux sièges permanents, dotés de tous les droits associés, et de deux sièges non permanents supplémentaires, tels que revendiqués par notre continent dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte », a-t-il fait valoir.

Des promesses, il convient de passer aux engagements fermes pour rendre effectif l’accès égal aux vaccins contre la COVID-19 et accompagner les pays à faible revenu dans la voie de la science et de la technologie, a poursuivi le Président.  Après avoir appelé à une réforme du système économique mondial, il a salué la proposition d’un taux d’imposition minimum mondial sur les sociétés multinationales, formulant l’espoir que sa concrétisation sera effective dans des délais brefs.  M. Biya s’est par ailleurs félicité de la tenue prochaine de la COP26, tout en jugeant impératif que les partenaires bilatéraux et multilatéraux tiennent leurs engagements de fournir aux pays en développement les ressources financières et technologiques nécessaires à la mise en œuvre des programmes d’atténuation et d’adaptation aux dérèglements climatiques.

Le Cameroun, a-t-il rappelé, continue de « mener la guerre » contre le terrorisme de Boko Haram dans sa partie septentrionale et, en coopération avec d’autres pays, dans le bassin du lac Tchad.  En tant que contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, le Cameroun fait preuve d’un engagement constant en faveur de la paix et de la sécurité internationales, a relevé le Président, avant de présenter les efforts déployés par son pays pour mettre fin aux tensions sociopolitiques entretenues par des groupes armés dans les régions du nord-ouest et sud-ouest.  « L’action du Gouvernement porte déjà des fruits, visibles à travers le retour progressif à la paix », a-t-il assuré, observant qu’en dépit de « quelques actes isolés de banditisme », la situation « s’améliore de jour en jour ».  Face à ces défis multiples, a conclu M. Biya, il nous appartient d’œuvrer solidairement « pour l’avènement d’un monde de paix, de sécurité, de bien-être pour chacun et pour tous ».

Selon M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Congolais de l’étranger de la République du Congo, l’ONU reste la seule organisation capable de rassembler toutes les nations du monde face à un danger existentiel tel qu’une pandémie mondiale.  Malgré ces nobles intentions, des millions de personnes meurent chaque année de faim et de maladies curables dans le monde, et, aujourd’hui, « ce sont des personnes sans vaccin qui meurent », a souligné M. Gakosso, appelant à l’union et à la solidarité.  Au Congo, dès l’apparition de la maladie, le Gouvernement a adopté des mesures vigoureuses.  Près de 5,21% de la population du pays est aujourd’hui totalement vaccinée, grâce notamment aux Mécanismes COVAX et AVAT.

Le Ministre a rappelé qu’en 2015, la lutte contre la pauvreté et la promotion de la santé pour tous avaient été inscrite dans l’adoption des objectifs de développement durable (ODD).  Depuis, les écarts entre pays riches et pauvres n’ont fait que s’aggraver; ce défi touche à la crédibilité même de l’ONU auprès des peuples du monde.  Saluant le retour des États-Unis au sein de l’Accord de Paris, le Congo s’est attelé à répondre concrètement aux défis climatiques, renforçant ses capacités d’adaptation face aux mutations.  Le Ministre a cité l’initiative « Biodev 2030 », dont la vocation est d’encourager des financements conjoints secteur privé/société civile pour préserver la biodiversité congolaise.  Il a aussi appelé les partenaires du développement à investir dans la gestion intelligente des tourbières abritées par le bassin du fleuve Congo, dont le soubassement, selon les scientifiques, abriterait des milliards de tonnes de carbone menaçant de s’échapper dans l’atmosphère.

La résurgence des conflits appelle, plus que jamais, à une gouvernance mondiale efficace, notamment au sujet de l’Afrique, un continent concerné par 60% des opérations de maintien de la paix.  M. Gakosso a jugé essentiel de mettre fin à « l’incohérence » et à « l’anachronisme » de ne pas avoir de siège permanent africain au Conseil de sécurité.  Un Organe qu’il a souhaité plus transparent, dynamique, démocratique et représentatif de la diversité du monde.  Dénonçant l’embargo infligé à Cuba, M. Gakosso a réclamé de la tempérance et de la sagesse aux dirigeants étasuniens, notamment aux plus jeunes n’ayant plus de rapport avec « cet avatar suranné de la guerre froide ».  Concernant enfin la crise libyenne, il a appelé toutes les parties à s’engager dans la direction du processus de Berlin, à savoir la consolidation du cessez-le-feu, le respect de l’embargo sur les armes, et un retrait graduel des combattants étrangers.  Les Libyens doivent transcender les rancœurs et oublier les « valeurs sectaires qui les embastillent parfois », a conclu le Ministre congolais.

M. KENNETH DARROUX, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et des relations avec la diaspora du Commonwealth de la Dominique, a dit, dans une déclaration préenregistrée, que son pays a assisté ces dernières semaines à un pic et aux premiers décès liés à la COVID-19.  Le Gouvernement a dû réorienter ses ressources déjà limitées pour lutter contre cette flambée, tout en augmentant les investissements dans les services de soins de santé primaires.  Pour M. Darroux, les vaccins sont un moyen important de sortir de cette pandémie, et une réponse coordonnée à la COVID-19 n’est pas possible sans un système multilatéral ouvert et solidaire.  Vivre avec la pandémie de COVID-19 et se préparer à de futures pandémies doivent maintenant devenir des éléments essentiels du développement durable, a ajouté le Ministre invitant les partenaires internationaux de développement, bilatéraux et multilatéraux, à se sensibiliser à ces nouvelles réalités.  Il a préconisé des instruments financiers plus créatifs qui tiennent compte de ces nouvelles réalités.  L’accès universel à des soins de santé de qualité doit être poursuivi de manière plus agressive, de même l’accès à une éducation de qualité et pertinente, si l’on veut que les petits États puissent renforcer leurs capacités et faire progresser leurs programmes nationaux de développement durable, a déclaré M. Darroux.

Le Ministre a informé que le dernier ouragan « Maria » a touché tous les secteurs économiques et sociaux de la Dominique avec un impact estimé à 226% du PIB.  Il a appelé « les principaux pollueurs » à prendre des mesures plus agressives pour réduire le réchauffement climatique et à assumer leurs responsabilités pour aider les petits États insulaires en développement à atteindre ces objectifs.  La Dominique attend avec impatience la reprise des discussions à la COP26 dans quelques semaines, où les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris devront être révisés et réalisés, en particulier en ce qui concerne le financement climatique, a-t-il plaidé.  Enfin, M. Darroux a attiré l’attention sur le sort d’Haïti et appelé à la levée de l’embargo économique, financier et commercial imposé à Cuba.

M. NASSER BOURITA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger du Royaume du Maroc, a constaté, dans une intervention préenregistrée, que la pandémie de COVID-19 a mis « nos capacités à gouverner à l’épreuve ».  Au niveau international, a-t-il ajouté, cette crise a contribué à la création d’inégalités émergentes entre les nations et menace de saper les progrès accomplis depuis des décennies.  De fait, « l’action multilatérale n’a pas été à la hauteur de la tâche », a martelé le Chef de la diplomatie marocaine, regrettant que la prise de conscience de « l’interdépendance de nos destins » en soit restée à des « déclarations politiques ».  Le défi de la vaccination est l’occasion d’incarner un « nouvel élan », a-t-il estimé, appelant à assurer l’accessibilité universelle aux vaccins et la distribution équitable de ces derniers dans tous les pays et toutes les sociétés.  Avertissant que le risque existe d’une « rechute épidémique généralisée », il a salué le travail de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), notamment dans la surveillance des menaces sanitaires émergentes.  Il a dit soutenir l’élaboration d’un traité international sur les épidémies, tout en indiquant que son pays s’est engagé à participer à la fabrication de vaccins contre la COVID-19 dans le cadre de sa « politique africaine de solidarité ».  À ses yeux, le fait que le taux de vaccination en Afrique ne dépasse pas 2% est « inacceptable » et incite au « travail collectif » pour le surmonter.  Car « l’Afrique doit devenir la priorité des stratégies de santé mondiale ainsi que des politiques nationales d’aide au développement », a insisté M. Bourita.

Pour le Ministre, la pandémie ne doit pas faire oublier les « questions transversales », à commencer par celle des migrations.  Rappelant que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été adopté à Marrakech en décembre 2018, il a noté que Rabat, la capitale marocaine, est devenue, fin 2020, le siège du premier observatoire sur les migrations de l’Union africaine.  Le Maroc est également actif face à la menace terroriste, comme en atteste l’ouverture à Rabat d’un bureau du programme de l’ONU pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique.  Quant aux changements climatiques, a poursuivi M. Bourita, le Maroc y fait face en conduisant un plan de transition vers les énergies renouvelables et de diversification des sources d’énergie propres, son objectif étant désormais de réduire ses émissions de gaz à effet de serre à 5,45% d’ici à 2030.

Le Ministre a aussi souligné l’attachement du Maroc au maintien de la paix.  Outre sa contribution aux opérations de l’ONU en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Soudan du Sud, il a rappelé que son pays accueillera en 2022 la deuxième Réunion ministérielle sur le maintien de la paix en environnement francophone.  M. Bourita a ensuite indiqué que le Maroc continue d’œuvrer au règlement définitif du différend territorial sur le « Sahara marocain ».  Il s’est félicité qu’à l’occasion des élections législatives, régionales et locales qui ont eu lieu le 8 septembre, cette région ait enregistré le taux de participation le plus élevé, 63%, ce qui démontre, selon lui, l’attachement des habitants à l’intégrité territoriale du Royaume et leur souhait de bénéficier du nouveau modèle de développement dans les provinces du sud.  Selon lui, l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie pour le Sahara occidental reste le « seul horizon » pour régler définitivement ce « conflit régional artificiel ».  Réitérant la volonté du Maroc de parvenir à une solution fondée sur le consensus, il a averti que celle-ci ne peut être envisagée que si l’Algérie « assume ses responsabilités ».  À cet égard, le Ministre s’est alarmé du sort des habitants des camps de Tindouf, que l’Algérie a « abandonnés » à un groupe séparatiste armé, en violation du droit international humanitaire.  Il a appelé la communauté internationale à amener le pays hôte à honorer ses engagements et à permettre au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) de procéder au recensement de cette population.  Par ailleurs, le Ministre a indiqué que le Maroc travaille à établir des relations pacifiques avec Israël afin de faire avancer la cause de la paix dans la région.

Mme VERÓNICA NATANIEL MACAMO DLHOVO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a dit que le Gouvernement a pris des mesures importantes, telles que le confinement, le dépistage, la sensibilisation communautaire et les campagnes de soins préventifs dans la lutte contre la COVID-19.  Le secteur privé et les partenaires de la coopération internationale ont un rôle crucial à jouer dans la fourniture d’un soutien et la construction de l’infrastructure essentielle nécessaire à l’administration des vaccins, a ajouté la Ministre.  Le Mozambique, a-t-elle déclaré, est favorable à une dérogation temporaire à certaines clauses de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), afin de permettre une réponse efficace à la pandémie de COVID-19.

La pandémie a eu un impact négatif sur l’économie mozambicaine en 2020 et la reprise économique, cette année, serait de 1,3% du PIB, a informé Mme Dlhovo.  Dans ce contexte, le renforcement de la coopération et des efforts conjoints sont essentiels pour promouvoir le programme de développement durable et un monde plus juste, équitable, équilibré et sûr.  Sur le plan sécuritaire, a continué la Ministre, les activités terroristes ont frappé certaines régions de la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique.  Nous comptons sur le soutien de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Force de défense du rwandaise.  L’Union européenne, d’autres partenaires internationaux et des pays amis ont fourni une aide humanitaire, une formation et une modernisation de nos forces de défense et de sécurité, a-t-elle reconnu. 

La situation géographique du Mozambique le rend sujet aux catastrophes naturelles, en particulier aux cyclones, qui se produisent avec une fréquence plus élevée ces derniers temps, a déploré Mme Dlhovo, rappelant que plus d’un an et demi après que le pays a été frappé par le cyclone Idai, des efforts sont toujours en cours pour la reconstruction et le relèvement socioéconomique.  C’est pour cette raison que le Mozambique attache une importance particulière aux efforts concertés visant à atténuer les effets des changements climatiques dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et de l’Accord de Paris.  Les coupes dans le financement international des programmes visant à promouvoir la résilience et l’adaptation aux changements climatiques ont eu un impact négatif et constituent un défi majeur pour les pays en développement, a regretté la Ministre.  Le manque de ressources pourrait sérieusement compromettre la réalisation des 17 objectifs de développement durable, si les schémas actuels de mobilisation et de décaissement des ressources restaient inchangés, a encore averti Mme Dlhovo, laquelle a annoncé la candidature de son pays à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2023-2024.  

Dans une allocution préenregistrée, M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères et de la CARICOM de Trinité-et-Tobago, a constaté que la pandémie de COVID-19 est devenue une « pandémie de non vaccinés », dont la majorité vit dans les pays du Sud.  « En tant que communauté de nations responsable, nous devons prendre des mesures immédiates pour assurer un accès et une distribution équitables des vaccins à travers le monde », a-t-il plaidé, témoignant des difficultés rencontrées par son pays pour s’en procurer sur le marché libre « en raison, nous a-t-on dit, de notre taille relativement petite et des problèmes de faible demande ».  Face à ces réponses « méprisantes et injustes », il a indiqué que Trinité-et-Tobago appuie le principe d’un sommet mondial sur la disponibilité des vaccins.  Cela étant, le Ministre a adressé ses remerciements à tous les pays et mécanismes, à commencer par le Mécanisme COVAX, dont l’assistance a permis d’intensifier une campagne de vaccination agressive.

Abordant ensuite la menace existentielle que représentent les changements climatiques pour les petits États insulaires en développement (PEID), M. Browne a estimé qu’il est de « de notre responsabilité morale » d’assurer la mise en œuvre pleine et effective de l’Accord de Paris.  Dans ce cadre, l’engagement pris par les pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir l’atténuation et l’adaptation dans les pays en développement « doit être tenu », a-t-il souligné.  Il a précisé qu’en dépit d’une contribution minime aux émissions mondiales, son pays s’est engagé dans sa contribution déterminée au niveau national à une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30% dans le secteur des transports publics et à une diminution cumulée de 15% dans les autres principaux secteurs émetteurs de carbone d’ici à 2030.  Ces engagements « élimineraient plus de 100 millions de tonnes de dioxyde de carbone de notre atmosphère » et placeraient Trinité-et-Tobago « parmi les plus ambitieux de notre région », a fait remarquer le Ministre, avant d’espérer que la COP26 « acceptera de régler les questions en suspens ».

« Notre vulnérabilité aiguë aux changements climatiques découle de nos vulnérabilités structurelles », lesquelles « piègent » les PEID dans un « bourbier de risques aggravants », a encore relevé M. Browne, regrettant que le statut de pays à revenu intermédiaire rende des pays comme le sien inéligibles à l’accès au financement concessionnel et à l’aide publique au développement.  « Tout se passe comme si le système international, presque à dessein, perpétuait les conditions qui étouffent nos progrès durement gagnés mais fragiles », a-t-il déploré.  À cet égard, il a applaudi les efforts du Secrétaire général visant à faire avancer le développement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel, qui refléterait les « défis composites » des PEID et leur ouvrirait la porte à un financement essentiel.  À ses yeux, le système économique et financier international doit être « transformé » pour mieux accompagner les pays les plus vulnérables.

Le Ministre s’est par ailleurs élevé contre la criminalité transnationale organisée, mais aussi la prévalence de la violence à l’égard des femmes et des filles, et l’utilisation abusive de la technologie numérique, avant d’estimer que la réunion de haut niveau sur la Déclaration et le Programme d’action de Durban revêt une importance encore plus grande avec la création récente de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine et la convocation du premier sommet Afrique-CARICOM il y a quelques semaines.  Avant de conclure, il a réitéré son appel à la levée inconditionnelle de l’embargo contre Cuba, conformément aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.

M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, s’est félicité à son tour que l’espoir d’un relèvement de la pandémie de COVID-19 soit le thème retenu pour cette session de l’Assemblée générale.  « Cela nous oblige, en tant qu’organisation internationale, à mettre en place les mécanismes nécessaires pour transformer cet espoir en une réalité tangible pour les citoyens du monde », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de mettre en place des politiques fondées sur la solidarité et la justice, qui soient plus constructives et résilientes face aux crises.  Il s’agit, a-t-il relevé, de trouver des solutions pour les millions de personnes qui ont sombré dans l’extrême pauvreté, les millions d’enfants qui n’ont plus accès à l’éducation, les millions de personnes déplacées et de réfugiés, et les millions d’autres menacées par la famine, la malnutrition, les changements climatiques et les conflits.  Mais cet espoir ne peut se construire par le biais de politiques protectionnistes, a averti le Ministre, plaidant pour un « cadre multilatéral fort », qui réponde aux « besoins et aspirations des peuples ».

À cette même aune, a expliqué le Ministre, alors que le pays est confronté à des « menaces et clivages croissants », le Président de la Tunisie a pris des « mesures exceptionnelles » fondées sur le fait que la Constitution se doit de garantir « la voie démocratique », conformément à la volonté du peuple tunisien.  À cet égard, M. Jerandi a tenu à assurer que les droits démocratiques en Tunisie sont une « option irréversible » et qu’il n’y a « pas de recul », tant pour les droits de la personne humaine que pour les libertés publiques et individuelles, lesquels sont protégés par des institutions s’appuyant sur l’état de droit et les principes de bonne gouvernance.  Convaincu qu’on ne peut avoir un système « véritablement démocratique et sain » sans combattre la corruption et s’attaquer à la politique d’impunité, il a souligné que la construction d’un État « stable » est une condition préalable à l’établissement de la paix sociale, à la réalisation du développement durable et au respect des droits de l’homme.

Observant par ailleurs que l’appartenance de la Tunisie au Conseil de sécurité a permis de contribuer de manière constructive à la recherche de solutions à de nombreux problèmes internationaux, le Ministre a indiqué que son pays ne ménagera aucun effort pour « revitaliser » les Nations Unies, conformément à « Notre Programme commun ».  La Tunisie entend également poursuivre son rôle d’influence « dans son environnement immédiat » en apportant soutien et assistance à ses « frères et sœurs en Libye » afin que se concrétisent les résultats politiques, électoraux et sécuritaires attendus.  Mais la cause palestinienne reste pour la Tunisie la « cause centrale », a-t-il affirmé, estimant que la situation en Palestine ne peut demeurer telle qu’elle est aujourd’hui « si nous voulons vraiment que le monde se relève ».  À ses yeux, il ne peut pas non plus y avoir de reprise sans un règlement en Syrie et au Yémen, ni sans aider le continent africain à « régler les conflits qui drainent ses énergies ».

M. Jerandi a rappelé que son pays a toujours été un « pont de communication » entre les différentes cultures et sphères régionales et internationales.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la Tunisie accueillera le dix-huitième Sommet de la francophonie sur l’Île de Djerba, les 20 et 21 novembre prochains, avant de recevoir l’an prochain la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). 

M. NARAYAN KHADKA, Ministre des affaires étrangères du Népal, a dit apprécier les efforts de la communauté internationale, y compris du système des Nations Unies, pour relever les défis posés par la COVID-19, tout en réclamant davantage d’engagement face à l’aggravation de l’inégalité vaccinale.  Malgré les contraintes, 20% de la population népalaise a été vaccinée, grâce au soutien des voisins indiens, chinois, ainsi que de pays amis comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et d’autres.  Attachant une grande importance à la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix de l’ONU ainsi qu’à la nécessité d’une formation adéquate, le Népal, a poursuivi le Ministre, soutient la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard des abus sexuels.  Étant l’un des plus grands pays contributeurs de troupes, le Népal a aussi estimé qu’il méritait des postes de plus haut niveau, tant au Siège que sur le terrain, à la hauteur de son investissement.

Qu’il s’agisse de la montée du niveau des mers ou de la fonte des glaciers de l’Himalaya, des ouragans, des tempêtes, des inondations ou des incendies, les changements climatiques sont devenus une menace existentielle pour l’humanité.  « Le Népal abrite 8 des 14 plus hauts sommets du monde, dont le Sagarmatha, ou Mont Everest, icône des aventuriers et du patrimoine himalayen. »  Face aux préoccupations environnementales de plus en plus urgentes, M. Khadka a appelé à sensibiliser davantage les populations à la défense de l’environnement.  Notamment les alpinistes du monde entier que le pays accueille: davantage de coopération est attendue de leur part pour ramener les déchets des hautes montagnes, afin de préserver leur caractère sacré.  Le Népal possède de nombreuses rivières himalayennes faisant vivre un cinquième de la population mondiale en aval.  Le pays s’efforce de composer entre la diligence écologique requise et le développement la région de l’Himalaya, et s’engage à devenir neutre en émission carbone d’ici à 2050.  La COP26 de Glasgow doit permettre une avancée décisive, selon M. Khadka, et les pays en développement doivent pouvoir compter sur un soutien financier et technologique pour s’adapter et atténuer les mutations.  Il a espéré que la COP26 servira de passerelle vers une transition énergétique plus verte, plus propre et plus intelligente.  Enfin, en tant qu’un des pays les moins avancés (PMA) et pays en développement sans littoral, les défis structurels du Népal sont uniques.  Le pays ambitionne de sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2026.  Il espère cette sortie durable et irréversible.  À cet égard, le Ministre a dit attendre avec impatience la cinquième Conférence annuelle des PMA, qui se tiendra à Doha au début de l’année prochaine.

M. DENIS RONALDO MONCADA COLINDRES, Ministre des relations extérieures de la République du Nicaragua, a dénoncé l’accaparement des vaccins par les pays développés « oubliant toute humanité ».  Il faut garantir les transferts de technologie et déclarer que les vaccins sont un bien commun, a dit le Ministre, en appelant à un multilatéralisme robuste.  M.  Moncada Colindres a ensuite appelé à ne pas oublier la crise des réfugiés et les souffrances des migrants, pointant du doigt la responsabilité des interventions et guerres orchestrées par les puissances occidentales.  Soulignant que le Nicaragua est un État libre, il a dénoncé « les forces impérialistes qui entravent la réalisation des objectifs de développement durable ».  Nous avons besoin d’une ONU qui veille à la paix et à la justice, a-t-il indiqué, ajoutant que la réinvention de l’ONU était une tâche qui n’avait pas encore été réalisée.  Affirmant que le Nicaragua est un pays épris de paix, M. Moncada Colindres a appelé à un désarmement complet et salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Évoquant l’Afghanistan, le Ministre a appelé les pays européens et les États-Unis à faire preuve de rationalité et à abandonner leurs cultures et pratiques guerrières.  La situation en Afghanistan prouve, selon lui, l’inefficacité des politiques étrangères et des sanctions unilatérales.  En Amérique centrale, nous resterons un facteur de stabilité, a-t-il promis.  Les mesures coercitives illégales doivent cesser sans attendre, a-t-il insisté, avant de réaffirmer son opposition au blocus économique contre Cuba et d’exprimer sa solidarité avec le Gouvernement vénézuélien.  M. Moncada Colindres s’est ensuite intéressé aux difficultés liées aux changements climatiques, notamment dans les pays en développement.  Il faut insister sur le respect des engagements pris pour la justice climatique, a-t-il appuyé.  « Il est fondamental que les grands émetteurs reconnaissent les pertes qu’ils nous ont causées et contribuent au relèvement de notre écosystème. »

Sur les dossiers internationaux, le Ministre a exprimé son soutien à la cause du peuple palestinien et appelé à une solution à deux États.  Les agressions contre le Gouvernement syrien doivent cesser, a-t-il ensuite souligné.  Après avoir exprimé son soutien envers la lutte du peuple sahraoui, le Ministre a également appelé à « la décolonisation complète du continent américain » et à la restitution des îles Malvinas à l’Argentine.  Il a également condamné les attaques politiques hégémoniques américaines contre la Fédération de Russie, la Chine et la République populaire démocratique de Corée, avant d’appeler au respect du principe de non-ingérence au Bélarus.  Indiquant respecter tous les gouvernements, le droit international et le principe de non-ingérence, M. Moncada Colindres a appelé au même respect vis-à-vis de son pays.  Enfin, le Ministre a évoqué les élections générales au Nicaragua, prévues le 7 novembre, en citant la liste des partis politiques participant au scrutin.  « Ce ne sont pas aux États-Unis de choisir les dirigeants du Nicaragua », a-t-il conclu. 

M. MARC GARNEAU, Vice-Ministre des affaires étrangères du Canada, a fait état de son expérience d’ancien astronaute qui lui a permis d’observer la planète depuis l’espace et de prendre conscience que nous ne pourrons aller nulle part ailleurs si la terre est endommagée.  Le Vice-Ministre canadien a aussi tenu à rendre hommage à cette terre traditionnelle du peuple Lenape, devenue aujourd’hui Siège de l’ONU.  M. Marc Garneau a d’abord insisté sur la nécessité de solutions multilatérales aux défis pressants des changements climatiques en relevant que la côte ouest du Canada a été frappée par une vague de chaleur record —atteignant par endroits plus de 49 degrés Celsius— qui a fait des centaines de victimes et détruit une ville entière dans la province de la Colombie-Britannique.  Il a dit la nécessité de réussir la COP26 cet automne, en indiquant que le Canada a fixé le prix du carbone à 170 dollars la tonne d’ici à 2030, augmenté ses objectifs de réduction des émissions, et doublé son financement international de la lutte contre les changements climatiques pour le porter à 5,3 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.  De tels défis nous rappellent qu’une réponse multilatérale est indispensable et que le coût du repli sur soi sera catastrophique pour les populations du monde entier.

Par ailleurs, M. Garneau s’est particulièrement inquiété des conséquences de la pandémie de COVID-19, qui a entamé la réalisation de certains objectifs de développement durable et augmenté l’extrême pauvreté pour la première fois en trois décennies.  « La pandémie nous a obligés à faire le point sur les inégalités croissantes au sein de nos propres sociétés, les personnes âgées, les femmes, la communauté LGBT et les peuples autochtones subissant le pire du ralentissement économique », a souligné M. Garneau, avant de s’inquiéter aussi de l’impact de la pandémie sur le racisme et l’antisémitisme et l’islamophobie mais aussi sur les inégalités croissantes entre riches et pauvres.  Le Vice-Ministre a appelé à lutter contre la montée de l’autoritarisme en assurant que « le Canada continuera de s’opposer fermement aux forces du mensonge et de la peur, de l’oppression et de la haine, de la criminalité et de la corruption ».  Illustrant son propos, il a précisé que le Canada soutiendra tous les efforts visant à mettre fin à la dictature militaire et à défendre les droits de tous les peuples du Myanmar.  Tout en reconnaissant le droit d’Israël de vivre en paix et en sécurité, M. Garneau a estimé qu’une solution à deux États est la meilleure façon de répondre aux besoins et aux préoccupations des Israéliens et des Palestiniens.  Il a vanté la tradition d’accueil de son pays qui vient de décider d’accueillir 40 000 réfugiés afghans, afin qu’ils puissent eux aussi, comme les réfugiés syriens, « contribuer à la réussite du Canada ». 

Enfin, le Vice-Ministre canadien a rapporté que les droits des peuples autochtones ont fait l’objet d’une profonde réflexion nationale au Canada, en raison des défis persistants auxquels sont confrontées les Premières Nations, les Métis et les Inuits.  « Nous avons adopté la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et nous avons fait de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones la loi du pays », a précisé M. Garneau avant de citer des initiatives en réponse à la tragédie des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a dit la difficulté de son pays à faire face à la pandémie de COVID-19 en raison de facteurs extérieurs alors que la pandémie a fait 4,7 millions de morts dans le monde.  Néanmoins, le représentant de la RPDC a vanté les progrès économiques et sociaux réalisés par son pays malgré la crise sanitaire et les conditions climatiques anormales.  Il a imputé ces progrès au Parti des travailleurs de Corée qui maintient un niveau d’activités qui assure au peuple coréen une vie prospère.  Il a expliqué que tous les enfants du pays ont accès à des aliments nutritifs tels que des produits laitiers aux frais de l’État et que des dizaines de milliers de maisons sont construites chaque année et mises à la disposition des nécessiteux, « grâce à la politique humaine du Gouvernement de la RPDC ».

Après avoir rappelé que la RPDC est devenue le cent soixantième État Membre des Nations Unies, il y a 30 ans en septembre 1991, le représentant de la RPDC a regretté les ingérences qui ont empêché la réunification de la Corée.  Souhaitant clarifier la position de la RPDC sur la question encore non résolue de la péninsule coréenne, M. Kim a imputé les tensions coréennes à l’hostilité des États-Unis qui n’ont jamais voulu reconnaître la RPDC.  Fustigeant les contradictions américaines, le représentant a dit qu’il n’y avait pas un seul soldat étranger ni une seule base militaire étrangère sur le territoire de la RPDC, alors que 30 000 soldats américains sont répartis dans de nombreuses bases en République de Corée.  « La RPDC n’a jamais mené aucun exercice militaire près des États-Unis, alors que les États-Unis organisent des exercices annuellement autour de la péninsule coréenne », a souligné le délégué.  Il a indiqué que la capacité de dissuasion développée par son pays est la seule garantie pour éviter la guerre.  Il a assuré du désir de paix de son peuple avant de déclarer qu’aucun autre pays au monde ne doit vivre sous une telle menace constante de guerre.

Le représentant de la RPDC a dit que le seul moyen pour les États-Unis de contribuer à la paix et à la stabilité de la péninsule coréenne était de mettre un terme à une hostilité anachronique qui perdure depuis 70 ans envers la RPDC.  Si les États-Unis cessent de se montrer hostiles, « d’excellentes perspectives existeront entre nos deux pays », a-t-il dit.  M. Kim a également exhorté le Conseil de sécurité à cesser son « deux poids, deux mesures », déplorant notamment qu’il ne penche pas sur l’accumulation d’armes nucléaires par les États-Unis, faisant de lui un « club très fermé pour une poignée de privilégiés ».  Pour prévenir le « caractère arbitraire » de l’Organe, il a appelé à accroître en son sein le nombre de sièges réservés aux pays en développement et de réviser le règlement pour permettre aux résolutions du Conseil de sécurité d’être rejetées par l’Assemblée générale, si les États Membres le juge nécessaire.

M. ALY DIANE (Guinée) a d’entrée fait observer que la pandémie de COVID-19 a démontré la dépendance du monde à la technologie et à la connectivité numérique auxquelles plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès.  Cet état de fait accroît les inégalités, compromet la résilience des plus vulnérables et nécessite des mesures urgentes parmi lesquelles la restructuration de l’architecture financière internationale, la construction des infrastructures numériques, ainsi que la production et la distribution égalitaire des vaccins, a-t-il estimé.

C’est dans ce cadre, a-t-il fait savoir, que la République de Guinée se réjouit des mesures des institutions financières et organisations spécialisées, notamment le FMI, la Banque Mondiale, l’OMS et l’OMC pour l’allègement de la dette publique, l’allocation de 650 milliards de dollars américains au titre de droits de tirage spéciaux et le financement du Mécanisme COVAX qui, a-t-il insisté, doivent tenir compte de la disproportionnalité des conséquences de la COVID-19 sur les États.

Après avoir passé en revue l’action menée par son pays pour faire face à la pandémie, le représentant s’est inquiété de la recrudescence des attaques terroristes dans la région du Sahel.  Il a réitéré son soutien total aux actions de la Force conjointe du G5 Sahel et renouvelé l’appel pour une assistance accrue de la communauté internationale.  Il a également évoqué l’approche de la COP26 pour indiquer que la Guinée, qui assure la présidence du Groupe des 77 et de la Chine depuis le 18 janvier 2021, est préoccupée par le retard enregistré dans le financement du climat, ainsi que le non-respect des engagements pris par les grands pollueurs.

Au plan interne, le représentant a rappelé que le 5 septembre dernier, le Comité national de rassemblement et de développement (CNRD), sous le leadership du colonel Mamadi Doumbouya, a pris en main les destinées de la Guinée.  Dans le souci ardent de répondre aux légitimes aspirations du peuple de Guinée à la paix et au progrès démocratique, le CNRD a initié depuis le 14 septembre 2021, des concertations nationales devant conduire à une transition inclusive et apaisée pour un retour à l’ordre constitutionnel.  D’ores et déjà, a fait savoir M. Diane, le CNRD a pris des mesures allant dans le sens de la décrispation de la situation sociopolitique et économique, notamment la libération de personnes arrêtées lors de manifestations de l’opposition, la réouverture des frontières aériennes, terrestres et maritimes pour assurer la liberté de circulation des personnes et des biens et promouvoir les relations de bon voisinage.  Des dispositions ont également été prises pour permettre aux partis politiques et à la société civile d’exercer librement leurs activités.  Dans cette entreprise historique de refondation nationale, a-t-il ajouté, les nouvelles autorités guinéennes sollicitent l’accompagnement de tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux, en vue de faire de la Guinée un véritable État de droit.

La pandémie de COVID-19 a engendré des défis mondiaux à l’impact dévastateur sur le secteur socioéconomique, a dénoncé M. KARLITO NUNES (République démocratique du Timor-Leste).  Il a appelé l’ONU à continuer à servir de plateforme de coopération et de solidarité internationales afin de reconstruire de manière plus durable, en mettant l’accent sur les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littéral (PDSL) et les pays en conflit ou post-conflit.  La COVID-19 a mis une forte pression sur notre système de santé déjà faible, a ensuite noté M. Nunes, précisant que le Timor-Leste avait enregistré plus de 19 000 cas.  Il a appelé la communauté internationale à garantir l’accès aux vaccins pour tous.  Sans cela, de nombreux pays, dont le Timor-Leste, ne seront pas en mesure de protéger leurs citoyens contre le virus.

Évoquant ensuite la priorité donnée par le Timor-Leste à la lutte contre les changements climatiques, M. Nunes a souligné que son pays faisait face à des inondations, des épisodes de sécheresse et à l’élévation du niveau de la mer.  Il a indiqué avoir nommé un Envoyé spécial et ambassadeur itinérant pour s’assurer que la voix de son pays soit entendue.  Le Timor-Leste espère un résultat positif pour la COP26 et « pour protéger notre planète sur la base de responsabilités communes mais différenciées », a-t-il souligné.  « Nous sommes loin d’atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a continué le représentant, notant que les pays les moins avancés étaient les plus en retard.  De même, il a souligné ne pas avoir vu beaucoup de progrès dans la réalisation du Programme d’action d’Istanbul pour les PMA.

Le Timor-Leste est considéré comme l’un des exemples de réussite de l’engagement des Nations Unies dans la réalisation du principe du droit à l’autodétermination, a fait valoir M. Nunes, rappelant le processus de réconciliation avec l’Indonésie après son invasion et son occupation.  Ainsi, le Timor-Leste continue de promouvoir la consolidation de la paix à travers la coopération Sud-Sud et le G7+.  Par ailleurs, le représentant a exprimé son inquiétude quant aux situations de conflit au Myanmar et en Afghanistan.  Revenant sur le multilatéralisme, il a plaidé en faveur d’une intégration du portugais parmi les langues officielles de l’ONU.  M. Nunes a invité l’ONU à s’engager dans le travail du Comité spécial de la décolonisation (C-24) qui vise à réaliser la décolonisation des 17 territoires non autonomes restants.  Soulignant l’urgence d’une réforme de l’ONU, il a apporté son soutien à la réforme du Conseil de sécurité puis réaffirmé son engagement pour la protection et la promotion des droits de l’homme, notamment des droits des femmes.  Le Timor-Leste a fait des progrès considérables en termes de respect des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, a-t-il encore assuré, annonçant la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2024-2026.

« Nous y sommes arrivés », a déclaré avec fierté le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, M. ABDULLA SHAHID, des Maldives, dans ses remarques de clôture du débat général.  Les Nations Unies ont passé le cap le plus audacieux à ce jour pour sortir de la pandémie de COVID-19 et la ville de New York a été un hôte exceptionnel, comme toujours, a dit le Président, en remerciant notamment la mairie de New York pour avoir mis à la disposition des délégués en visite des stations de vaccination.  Environ 93 d’entre eux se sont fait vacciner et 843 autres ont profité des tests gratuits.

Après avoir remercié les délégations et les différents services du Secrétariat des Nations Unies, M. Shahid a annoncé que cette année ce sont 194 orateurs, dont 100 chefs d’État, 52 chefs de gouvernement, 3 vice-présidents et 34 ministres qui se sont exprimés de la tribune de l’Assemblée générale ou par message préenregistré, ce qui a contribué au succès de cette semaine de haut niveau.

Beaucoup de choses ont été dites mais une série claire de questions a surgi à maintes reprises dont la COVID-19, y compris le processus de redressement postpandémie et la nécessité d’accélérer l’accès de tous aux vaccins.  La menace des changements climatiques, les dangers de l’inaction et la nécessité d’assurer le succès de la COP26 sont également revenus souvent, tout comme les questions de la paix et de la sécurité, et les risques d’instabilité.

Le fait que chacun de ces problèmes ait été si prédominant en dit long sur ce que le monde attend de nous, a souligné M. Shahid, appelant les dirigeants du monde et le système des Nations Unies, à traiter de ces questions d’une manière qui transforme chaque défi en opportunité, l’opportunité de renforcer le multilatéralisme et d’obtenir des résultats sur le terrain.

Le temps n’est pas à la complaisance.  Le monde exige plus d’actions et pas moins, a tranché le Président.

Compte tenu des réunions de haut niveau prévues sur la COVID-19, le climat, l’environnement, l’autonomisation des femmes et des filles et la participation des jeunes et de la société civile aux processus de prise de décision, le Président a pronostiqué une soixante-seizième session active et inclusive.

Pour lui, les deux leçons tirées de ces six derniers jours sont, d’une part, que nous partageons tous les mêmes préoccupations et le même engagement à surmonter les obstacles, et, d’autre part, que le multilatéralisme est bel et bien vivant et que le monde continue de croire au dialogue et à la diplomatie, et a foi dans une Organisation des Nations Unies capable et prête à agir.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, la Serbie a réagi aux propos tenus par le Premier Ministre de l’Albanie au sujet du Kosovo.  La délégation a rappelé que la résolution 1244 stipule que le Kosovo est une province autonome au sein de la Serbie.  La Serbie a également appelé l’Albanie à respecter à la lettre les dispositions du Conseil de sécurité dans lequel elle va siéger à partir de janvier prochain.  Pour les Nations Unies le Kosovo n’est pas un État, a souligné la délégation serbe.

Le représentant de la République islamique d’Iran a répondu aux « allégations infondées » prononcées, ce matin, par le Premier Ministre israélien, « qui a fait de son mieux pour diffuser de multiples informations et allégations erronées » contre son pays.  D’après le représentant iranien, le Premier Ministre israélien a essayé de présenter « son régime » comme étant innocent.  Or, a-t-il estimé, « la duperie a toujours fait partie de la tactique d’Israël, dont l’objectif est de poursuivre ses pratiques criminelles dans la région ».  Le représentant iranien a aussi accusé Israël d’avoir envahi tous ses voisins, lui reprochant également de ne pas faire référence au « blocus inhumain et illégal imposé à la bande de Gaza » ni aux morts recensés dans cette région, en mai 2021, dont beaucoup étaient des enfants.  Le représentant a ensuite dénoncé la campagne systématique menée par Israël contre le programme nucléaire iranien, alors que le « régime israélien » continue de mettre en péril la paix et la sécurité dans la région.  Nous avons un programme nucléaire pacifique, a affirmé le représentant, avant de pointer du doigt « l’arsenal nucléaire israélien bien connu ».

Le représentant a ensuite répondu aux « allégations erronées des Émirats arabes unis contre l’intégrité territoriale » de son pays concernant les îles de Grande et Petite Tounb et d’Abou Moussa.  Notre position de principe est bien connue, a-t-il dit: nous ne reconnaissons pas l’existence d’un différend entre l’Iran et les Émirats.  Il a insisté sur les principes de bon voisinage et rappelé être prêt à discuter de manière bilatérale avec les Émirats pour supprimer tout malentendu au sujet de ces îles.

L’Albanie a alors déclaré que le statut de la « République de Kosovo » ne peut pas être remis en question, affirmant que le Kosovo est un État indépendant depuis 2008 et reconnu par 108 États Membres.  Le Kosovo s’apprête en outre à adhérer à l’Union européenne et est membre de six organisations internationales.  L’adhésion du Kosovo à ces organisations internationales ne fera que contribuer au développement durable et pacifique de notre région, s’est félicitée la délégation de l’Albanie, qui a insisté sur l’importance du dialogue pour ouvrir la voie à une reconnaissance mutuelle entre le Kosovo et la Serbie.

Le représentant de la Lituanie, parlant également au nom de l’Estonie, de la Pologne et de la Lettonie, a répondu à la déclaration du Bélarus prononcée ce matin.  Il a déclaré que des allégations erronées ont été prononcées.  Ce « régime » a créé des flux artificiels de migration, a-t-il dit.  Le représentant a rappelé que l’Union européenne (UE) avait présenté sa position systématique en ce qui concerne les violations du droit par les autorités du Bélarus, « qui ont utilisé ces migrants en essayant de faire pression auprès de l’UE et de ses États membres ».  Il a demandé au Bélarus de cesser ces attaques et de régler la crise conformément à ses obligations internationales.

La Chine a répondu à l’intervention du Canada dont le Ministre a mentionné dans sa déclaration l’affaire d’une citoyenne chinoise détenue au Canada et celle de deux citoyens canadiens détenus en Chine.  Elle a rejeté les allégations du Canada en expliquant que la Chinoise en question, qui a passé 128 jours en détention arbitraire au Canada, est rentrée en Chine.  Cette affaire a été montée de toutes pièces par les États-Unis et le Canada pour freiner les avancées de la Chine en matière technologique, a accusé la délégation.  En ce qui concerne les deux Canadiens qui se trouvent en Chine, elle a affirmé que ces derniers s’adonnaient à des actes qui mettaient en danger la sécurité en Chine et qu’ils ont reconnu ces faits.  Ces deux affaires sont donc fondamentalement différentes.

La représentante des Émirats arabes unis a exercé leur droit de réponse à la suite de la déclaration faite par l’Iran.  Elle a tenu à dire que les trois îles mentionnées font partie intégrante du territoire des Émirats arabes unis, condamnant en conséquence l’occupation de ces îles par l’Iran.  Elle a demandé à ce pays de répondre positivement à son appel en faveur d’un règlement pacifique et a dit recourir à la Cour internationale de Justice (CIJ) en l’absence d’un tel règlement.

Répondant à la déclaration conjointe sur la migration prononcée par la Lituanie au nom de l’Estonie, de la Lettonie et de la Pologne, le Bélarus a affirmé n’être pas à l’origine d’une confrontation, se targuant d’avoir toujours honoré les obligations qui lui incombent en vertu du droit international.  Mes collègues européens ont fort conscience des raisons qui expliquent la situation, a dit la délégation, insistant sur l’importance pour les parties de s’asseoir à la table des négociations pour résoudre « calmement » la question.

Le représentant du Canada a tenu à rappeler que la ressortissante chinoise détenue au Canada avait été traitée avec respect, dans la transparence.  Les deux citoyens canadiens détenus en Chine n’ont pas eu les mêmes égards que la ressortissante chinoise au Canada, a affirmé le délégué.

Reprenant la parole en réponse aux Émirats arabes unis, le représentant de la République islamique d’Iran a réaffirmé que les îles mentionnées font partie intégrante du territoire iranien.  Il a répété que l’intégrité territoriale de son pays n’était pas négociable.

Le représentant de la Chine, répondant au Canada, a estimé que les faits ne pouvaient être niés, et que c’est l’histoire qui portera à terme un jugement définitif sur les deux citoyens canadiens détenus en Chine.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: appels en faveur de l’entrée en vigueur du traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires, 25 ans après son adoption

8865e séance – matin
CS/14645

Conseil de sécurité: appels en faveur de l’entrée en vigueur du traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires, 25 ans après son adoption

À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’adoption du Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE), le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui une réunion visant à promouvoir ce texte fondamental pour le désarmement nucléaire mais qui n’est toujours pas entré en vigueur.  Tous les orateurs ont salué le régime de vérification mis en place et les effets du texte sur le régime de non-prolifération, de même qu’ils se sont engagés à soutenir le Traité, y compris les trois États membres du Conseil –Chine, États-Unis et Inde– qui ne l’ont pas encore ratifié, l’empêchant ainsi d’exercer tous ses effets juridiques.  

Le TICE a atteint une adhésion quasi universelle, avec 185 signataires et 170 ratifications, a ainsi rappelé Mme Izumi Nakamitsu, la Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les affaires de désarmement au Conseil de sécurité.  Le Secrétaire exécutif de l’Organisation du TICE, M. Robert Floyd, a mis en avant son régime de vérification mondial de pointe, presque complet, et insisté sur sa capacité à répondre aux exigences de vérification du traité, qui a été démontrée à maintes reprises.  Il a rappelé que les équipements du régime de vérification fournissaient également des données utiles à d’autres fins civiles et scientifiques, notamment l’alerte aux tsunamis et les études sur les changements climatiques. 

M. Floyd, qui s’est également félicité d’un « réel appétit pour l’engagement de la société civile et des jeunes sur le TICE », a en outre rappelé que les États signataires avaient tenu la semaine dernière une « Conférence de l’Article XIV », du nom de l’article du TICE concernant la promotion et l’entrée en vigueur du traité.  L’Italie et l’Afrique du Sud, coprésidents de la Conférence, ont d’ailleurs pris la parole devant le Conseil. 

Certains des États membres du Conseil de sécurité ont rappelé que ce dernier avait, à l’occasion du vingtième anniversaire du texte, adopté la résolution 2310 (2016) par laquelle il exhortait l’ensemble des États qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier le TICE.  La France, État doté partie au TICE, a souhaité que « cet appel fort et univoque du Conseil de sécurité soit entendu ».  Dans la même situation, le Royaume-Uni a mis l’accent sur son soutien à l’OTICE et son action, officiel ou non, auprès des États non encore parties au traité.  Plusieurs orateurs ont également rappelé que le Conseil de sécurité avait condamné le seul pays à avoir depuis lors effectué un essai nucléaire –la République populaire démocratique de Corée (RPDC)– et avait pris de lourdes sanctions à son égard. 

Les États-Unis, qui ont signé mais pas ratifié le TICE, ont affirmé qu’ils entendaient jouer un rôle de « fer de lance pour redynamiser les efforts à l’international » en faveur du Traité, et ont insisté sur le rôle déjà très important qu’il joue avant même son entrée en vigueur.  Il a en effet permis de mettre en place une « norme politique », presqu’universelle qui interdit les « essais nucléaires explosifs », a expliqué le représentant.  Les États-Unis entendent continuer de respecter leur moratoire sur de tels essais. 

L’Italie s’est félicitée du soutien affiché par les États-Unis à l’entrée en vigueur du TICE au travers d’initiatives de sensibilisation et d’éducation.  Elle n’en a pas moins estimé que seule l’entrée en vigueur du Traité pourrait décourager les États à s’engager dans une dangereuse course aux armements.  Plusieurs autres délégations ont insisté sur ce point. 

Il ne faut pas oublier qu’un moratoire volontaire sur les essais nucléaires est une mesure « temporaire et intérimaire » qui ne peut remplacer les obligations juridiques des États en vertu d’un traité international, a ainsi rappelé la Fédération de Russie.  Partie au TICE, la Fédération de Russie entend continuer d’observer le moratoire sur les essais, mais « sous réserve d’une approche similaire des autres puissances nucléaires ».  La Norvège a elle aussi estimé qu’un moratoire volontaire ne pourrait jamais se substituer à un accord juridique global, universellement contraignant.  Même son de cloche pour l’Afrique du Sud, pour qui « un moratoire ne doit pas être considéré comme un remplacement viable sur le long terme de l’engagement juridiquement contraignant des États signataires du TICE » et risque même de détourner l’attention sur l’urgence d’un tel engagement. 

Dans la même situation juridique que les États-Unis, la Chine a dénoncé les États dotés de l’arme nucléaire qui font de « grandes déclarations » en faveur de la non-prolifération tout en aidant des pays à se doter de sous-marins à capacité nucléaire.  État figurant parmi les premiers à avoir signé le TICE- mais sans le ratifier ensuite– la Chine a affirmé qu’elle ne « serait jamais un obstacle » à son entrée en vigueur.  

Quant à l’Inde, qui n’a pas signé le Traité, elle a rappelé qu’elle avait activement participé aux négociations du texte mais n’avait pu y adhérer car celui-ci ne répondait pas à un certain nombre de ses préoccupations.  L’Inde, qui maintient toutefois elle aussi un moratoire volontaire et unilatéral sur les essais d’explosifs nucléaires, s’est également dite engagée à continuer de travailler au renforcement de l’architecture du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. 

Enfin, le Mexique a estimé que l’adoption de mesures concrètes avec des dates impératives pour parvenir à l’entrée en vigueur du Traité constituerait un élément clef pour le succès de la prochaine Conférence d’examen du TNP, initialement prévue au printemps 2019 et repoussée à cause de la pandémie de COVID-19.  Pour la délégation, l’entrée en vigueur du TICE représentait « une promesse en suspens qu’attendent tous les rescapés des essais nucléaires ». 

NON-PROLIFÉRATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE - TRAITÉ D’INTERDICTION COMPLÈTE DES ESSAIS NUCLÉAIRES

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a salué l’heureuse conclusion de la douzième conférence sur la promotion de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), connue également comme la Conférence de l’article XIV, qui s’est tenue la semaine dernière, pour la première fois dans un format virtuel.  Elle a affirmé que la norme contre les essais nucléaires était l’un des gains les plus durement gagnés de l’après-guerre froide.  Cette norme n’a été violée que par un seul État au cours de ce siècle, a-t-elle rappelé. 

Des déserts du Nevada aux steppes de Semipalatinsk en passant par l’Outback australien et les atolls du Pacifique Sud, les essais nucléaires ont causé des dommages durables à l’environnement, la santé humaine et à certaines des communautés les plus vulnérables de notre famille internationale, a rappelé Mme Nakamitsu.  Pour la Haute-Représentante, ce seul fait devrait suffire à interdire les essais nucléaires à perpétuité.  Pourtant, plus de 2 000 tests ont été effectués depuis 1945, et c’est pour cette raison que le TICE est reconnu comme un élément essentiel du désarmement nucléaire et un élément constitutif d’un monde exempt d’armes nucléaires. 

Mme Nakamitsu a indiqué que le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption du TICE était à la fois source de célébrations et de réflexion sur ce que nous pouvons faire pour surmonter les défis qui nous attendent encore.  Depuis son adoption par l’Assemblée générale et son ouverture à la signature en septembre 1996, le Traité a atteint une adhésion quasi universelle, avec 185 signataires et 170 ratifications, a rappelé la Secrétaire générale adjointe.  C’est donc l’un des traités les plus largement soutenus, non seulement dans le domaine du désarmement mais dans celui de la diplomatie multilatérale en général, a-t-elle fait valoir.  De même, le système international de surveillance qui fournit des informations en temps réel 24 heures sur 24 sur toute activité nucléaire explosive sur terre est maintenant réalisé à plus de 90%, avec plus de 300 stations certifiées.  Ce système représente une avancée majeure qui a déjà démontré sa valeur à plusieurs reprises, a-t-elle salué.  De ce fait, aucun essai nucléaire mené ne peut échapper aux yeux vigilants de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), renforçant la norme mondiale forte contre tout essai nucléaire.  

Pourtant, malgré toutes ces réalisations remarquables, il reste encore de nombreux défis à relever a reconnu Mme Nakamitsu.  Ainsi, a-t-elle déploré, on constate ces dernières années une tendance inquiétante à la modernisation et à l’expansion des arsenaux nucléaires.  Alors que le régime mondial de contrôle des armements s’effondre, la diplomatie multilatérale du désarmement nucléaire s’est atrophiée.  Alors que les relations continuent de décliner parmi les États qui possèdent des armes nucléaires, nous ne pouvons tenir pour acquis que la norme contre les essais nucléaires tiendra.  

Aussi, un quart de siècle après que les États ont accepté d’interdire définitivement tous les essais nucléaires, il est également plus que jamais important d’œuvrer au respect de cette norme et d’ouvrir la voie à un monde exempt d’armes nucléaires.  La meilleure façon de faire respecter cette norme est de réaffirmer et de renforcer le soutien au Traité d’interdiction et de renforcer ses atouts existants et d’œuvrer pour son entrée en vigueur, a plaidé Mme Nakamitsu. Pour y parvenir, la Haute-Représentante a demandé de responsabiliser les jeunes du monde, sur les épaules de qui repose la responsabilité de poursuivre l’important travail du désarmement nucléaire et de la non-prolifération.  L’OTICE a fait de grands progrès dans ce domaine, avec son initiative de jeunes qui compte maintenant près de 1 000 participants, a ajouté la Haute-Représentante.  Pour le Bureau qu’elle dirige, les jeunes font également partie intégrante des activités de promotion du désarmement et du contrôle des armements, y compris par le biais du « Youth4Disarmament initiative » lancée par le Bureau.  Ses membres se sont récemment impliqués dans diverses initiatives pour commémorer la Journée internationale contre les essais nucléaires.  

Mme Nakamitsu a en outre souligné que le TICE ne pouvait voir tout son potentiel déployé que s’il fonctionne en tandem avec d’autres processus liés au désarmement et à la non-prolifération nucléaires.  La prochaine Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est donc une occasion de le faire.  En effet, a-t-elle affirmé, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le TICE sont inextricablement liés. L’interdiction des essais nucléaires est considérée comme l’élément crucial à la fois du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, comme le mentionne le préambule du TICE.  La Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires donnera donc une impulsion pour renforcer le soutien au TICE et à l’interdiction mondiale des essais nucléaires, a espéré Mme Nakamitsu. 

La Haute-Représentante a enfin appelé à continuer à soutenir le système de surveillance internationale et renforcer encore plus les capacités techniques de l’OTICE pour détecter les activités liées aux essais nucléaires.  Des capacités techniques améliorées du système pour détecter tous les essais nucléaires auraient un effet dissuasif pour tout État qui pourrait avoir des projets de développement d’armes nucléaires, a-t-elle argué. 

Enfin, la Secrétaire générale adjointe a dit espérer que la célébration de ce vingt-cinquième anniversaire incitera la communauté internationale à renforcer les réalisations accomplies jusqu’à présent et offrira un forum afin d’échanger librement des idées et suggestions sur la façon de renforcer le régime de surveillance et consolider la norme mondiale contre les essais nucléaires et, partant, de parvenir à l’entrée en vigueur la plus rapide du Traité. 

Pour M. ROBERT FLOYD, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), l’importance du TICE, et même de son vingt-cinquième anniversaire, doit être comprise dans le contexte plus large de l’objectif collectif de désarmement nucléaire universel, non discriminatoire et vérifiable.  Et même si les avis divergent sur la meilleure façon d’atteindre cet objectif, une interdiction vérifiable et exécutoire des essais nucléaires doit être, selon M. Floyd, une composante essentielle de l’architecture juridique et technique d’un monde sans armes nucléaires. 

Les anniversaires sont un moment pour la réflexion, a poursuivi M. Floyd, invitant les États Membres à comparer la situation actuelle avec le monde d’avant l’adoption du traité, où le rendement explosif moyen des essais nucléaires effectués chaque année était équivalent à près de « 1 000 bombes de la taille d’Hiroshima ».  Les essais nucléaires ont non seulement créé une instabilité géopolitique et favorisé le développement d’armes nucléaires plus puissantes et plus meurtrières, mais ils ont également causé des souffrances humaines et des dommages environnementaux indicibles, a-t-il affirmé, ajoutant que, « grâce au TICE, ce monde est loin derrière nous ». 

Le TICE est déjà une grande réussite, a estimé le Secrétaire exécutif de l’OTICE.  L’interdiction des explosions nucléaires prévue par le traité fait l’objet d’une adhésion quasi universelle.  Avec 185 signatures et 170 ratifications, l’universalisation du TICE a beaucoup progressé.  L’objet et le but du traité est un objectif commun partagé par l’ensemble de la communauté internationale.  Son régime de vérification mondial de pointe est presque complet, et sa capacité à répondre aux exigences de vérification du traité a été prouvée à maintes reprises.  Plus de 90% des 337 installations de surveillance dans le monde sont en place, et nos capacités de traitement et d’analyse des données continuent de s’améliorer. 

L’élément d’inspection sur place du régime de vérification est déjà à un stade avancé de préparation, a poursuivi M. Floyd.  Outre la mission principale de surveillance des essais nucléaires, le régime de vérification du traité fournit également des données utiles à d’autres fins civiles et scientifiques, notamment l’alerte aux tsunamis et les études sur les changements climatiques.  Tous les États signataires ont droit à un accès égal aux données et à bénéficier de programmes de formation technique et de renforcement des capacités. 

Les États signataires ont donné le coup d’envoi de notre vingt-cinquième année la semaine dernière lors de la Conférence de l’article XIV en s’engageant à prendre des mesures concrètes pour obtenir des signatures et des ratifications supplémentaires, a poursuivi M. Floyd.  Il a tenu à féliciter, à cette occasion, l’Italie et l’Afrique du Sud, coprésidentes de la conférence, pour cet événement très réussi et s’est réjoui de coordonner « nos efforts pour accueillir encore plus d’États » dans la communauté du TICE.  Chaque signature et ratification que nous obtiendrons au cours de l’année à venir sera un motif de grande célébration, a-t-il ajouté. 

Le Secrétaire exécutif a également noté le « réel appétit pour l’engagement de la société civile et des jeunes sur le TICE », se félicitant de la présence de Mme Magdalene Wanyaga, membre kenyan du Groupe de la jeunesse de l’OTICE, qui partagera son « point de vue » sur la manière dont la société civile et les jeunes peuvent contribuer de façon créative à notre mission. 

En attendant, l’objectif ultime reste, pour le Secrétaire exécutif de l’OTICE, l’élimination totale des armes nucléaires.  Un objectif qui ne sera atteint qu’à travers une interdiction des essais nucléaires universellement appliquée, non discriminatoire et vérifiable.  Et quelle meilleure façon, pour lui, de célébrer le vingt-cinquième anniversaire du TICE que de rapprocher le monde de ce noble objectif.  Alors, a-t-il conclu, « unissons nos efforts pour faire de la promesse du TICE une réalité ». 

Mme MAGDALENE WANGUI WANYAGA, membre du groupe des jeunes de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a déclaré que le TICE constituait un pas en direction d’un monde débarrassé de l’arme nucléaire, tout en rappelant qu’il n’était pas encore entré en vigueur.  Elle a rappelé que l’OTICE, dotée d’un Système de surveillance internationale dernier cri, visait à faire en sorte qu’aucun test nucléaire n’échappe à l’attention de la communauté internationale.  Les données recueillies par le Système sont également utilisées en ce qui concerne les risques de tsunamis et de secousses sismiques, a-t-elle précisé. 

Pour Mme Wanyaga, faire un usage accru des données dudit Système, en particulier de la part de la communauté scientifique, serait l’un des moyens de promouvoir le TICE.  Un autre moyen pourrait être une sensibilisation accrue autour de l’importance du Traité.  Elle a ainsi mentionné le travail accompli au sein de son groupe de jeunes, où ces derniers sont sensibilisés à l’importance du TICE par des webinaires, des bourses d’études et autres initiatives.  Elle a également souhaité que les jeunes générations soient associées aux dialogues et plateformes relatifs au désarmement. 

Les jeunes, qui sont toujours les agents du changement, sont les meilleurs avocats de la non-prolifération afin d’édifier un monde de paix et de justice, a poursuivi Mme Wanyaga.  Elle a donc exhorté les organisations et entités aux niveaux international, régional et national à fournir aux jeunes les outils nécessaires pour promouvoir ces nobles valeurs car « la voix des jeunes mérite d’être entendue ».  Elle a enfin demandé que les dirigeants du monde incluent les idées des jeunes dans leurs actions.  Nous ne pourrons fermer définitivement la porte des essais nucléaires que si nous rappelons constamment aux gouvernements, aux communautés et aux dirigeants qu’il s’agit de l’une de nos tâches les plus urgentes, a-t-elle conclu. 

M. THOMAS BYRNE, Secrétaire d’État aux affaires européennes de l’Irlande, a rappelé la contribution de longue date de son pays au désarmement nucléaire multilatéral, « qui remonte aux premiers jours de notre adhésion à l’ONU, lorsque nous avons présenté les résolutions irlandaises », lesquelles ont conduit à l’adoption du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  

La réunion d’aujourd’hui permet de réfléchir aux succès du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), au cours de ses 25 ans d’existence, et de renouveler les efforts collectifs pour poursuivre l’entrée en vigueur et l’universalisation de ce traité essentiel, a expliqué M. Byrne, en rappelant que le traité compte actuellement 185 États signataires, dont 170 États l’ont ratifié, et en soulignant le soutien vigoureux dont il bénéficie.  « Il s’agit d’un élément essentiel de l’architecture de désarmement et de non-prolifération nucléaires qui a joué un rôle crucial dans l’établissement et le respect de la norme internationale contre les essais nucléaires », a-t-il insisté.

Les essais nucléaires ont affecté la vie et la santé de générations de peuples à travers le monde et ont également imprimé une marque durable sur l’environnement.  Depuis 1998, à une exception près, tous les États ont respecté la norme internationale créée par le TICE et maintenu des moratoires sur les essais, s’est félicité le Secrétaire d’État.  « Il est important de noter que chacun des rares essais nucléaires effectués depuis l’ouverture à la signature du TICE a été condamné par ce Conseil, qui a imposé des sanctions dans chaque cas », a-t-il relevé.

En interdisant tous les essais nucléaires, le TICE empêche les États de développer de nouvelles armes nucléaires, une étape importante sur la voie d’un monde sans armes nucléaires, a affirmé M. Byrne.  Le Ministre a pleinement souscrit à la récente réaffirmation des présidents des États-Unis et de la Fédération de Russie selon lesquels la guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée.

Il y a cinq ans, à l’occasion du vingtième anniversaire du TICE, ce Conseil a adopté la résolution 2310 (2016), qui reprenait la déclaration des cinq membres permanents du Conseil selon laquelle « une explosion expérimentale d’armes nucléaires ou toute autre explosion nucléaire irait à l’encontre de l’objet et du but du TICE », a rappelé le Secrétaire d’État.  Il a donc encouragé les cinq Membres permanents à renouveler et à réaffirmer leur engagement en faveur d’un moratoire sur les essais d’armes nucléaires.

« Le CTBT établit un régime de vérification mondial unique et complet, qui comprend un réseau mondial de stations de surveillance, le Système de surveillance international (SSI), composé de 337 stations de surveillance sismiques, hydroacoustiques, infrasons et radionucléides dans le monde.  Ce régime a prouvé à maintes reprises qu’il fonctionnait », a plaidé M. Byrne.  Le SSI a également démontré des avantages scientifiques et pratiques en améliorant la capacité de la communauté internationale à détecter, analyser et prévenir des activités sismiques et des tsunamis.  De cette manière, le Traité contribue déjà de manière significative à la réduction des risques de catastrophe et des besoins humanitaires.  En outre, le SSI a également apporté une contribution très concrète à la stabilité régionale en tant que mesure de confiance importante, en renforçant le régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires.

Tout cela, a fait observer le Ministre, a été réalisé indépendamment de l’entrée en vigueur du Traité.  Pour l’Irlande, il est clair qu’il peut apporter bien plus encore à la suite de son entrée en vigueur, en cimentant la norme internationale contre les essais.  Aussi a-t-il exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité sans délai, en particulier chacun des huit États figurant à l’Annexe 2 du Traité.

M. REIN TAMMSAAR, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a déploré que le TICE ne soit pas encore entré en vigueur et a exhorté les huit États de l’Annexe 2 qui n’ont pas encore ratifié le traité à le faire le plus rapidement possible.  Si le TICE n’est pas encore formellement entré en vigueur, il a néanmoins créé une norme robuste contre les essais nucléaires, a poursuivi M. Tammsaar en rappelant les 185 signatures et 170 ratifications du traité.  Il a rappelé que, depuis 1998, tous les États, sauf un, ont de facto respecté cette norme et observé un moratoire sur les essais nucléaires.  L’essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a été fermement et unanimement condamné par le Conseil, a-t-il ajouté.  M. Tammsaar a en outre jugé impératif que la RPDC prenne des mesures concrètes en vue d’une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible et exhorté ce pays à s’engager en faveur d’une paix durable dans la péninsule coréenne. 

Le Système de surveillance internationale vise à faire en sorte qu’aucun essai nucléaire n’échappe à l’attention de la communauté internationale, a poursuivi le Vice-Ministre, en soulignant son impact dissuasif pour la conduite d’un essai nucléaire.  M. Tammsaar a indiqué que des mesures de vérification supplémentaires seraient possibles une fois le TICE entré en vigueur, y compris la possibilité d’inspections sur place en cas d’activités suspicieuses.  L’Estonie est en faveur d’une entrée en vigueur du TICE dans les meilleurs délais, a conclu M. Tammsaar, en espérant des ratifications supplémentaires, dont celles de tous les États figurant à l’Annexe 2. 

M. HARSH VARDHAN SHRINGLA, Secrétaire des affaires étrangères de l’Inde, a souligné le rôle de premier plan joué par son pays dans les efforts mondiaux en faveur du désarmement nucléaire.  L’Inde a ainsi été le premier pays à demander l’interdiction des essais nucléaires, en 1954, et un traité non discriminatoire sur la non-prolifération des armes nucléaires, par opposition à la non-dissémination, en 1965, a-t-il rappelé.  L’Inde, a-t-il ajouté, est attachée à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires et à l’élimination complète des armes nucléaires, conformément à la plus haute priorité accordée au désarmement nucléaire par le document final de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement.  

Pour l’Inde, cet objectif peut être atteint par un processus progressif sous-tendu par un engagement universel et un cadre multilatéral mondial et non discriminatoire convenu, comme le souligne le document de travail sur le désarmement nucléaire que le pays a soumis à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2006.  Abordant le thème d’aujourd’hui, M. Shringla a expliqué que l’Inde avait participé aux négociations du projet de TICE à la Conférence du désarmement.  Toutefois, l’Inde n’a pas pu adhérer au traité car, a-t-il expliqué, celui-ci ne répondait pas à un certain nombre de ses préoccupations essentielles.  Cependant, a-t-il fait observer, l’Inde maintient un moratoire volontaire et unilatéral sur les essais d’explosifs nucléaires. 

L’Inde continuera à travailler dans le cadre de la triade du désarmement, qui comprend la Conférence du désarmement, la Commission du désarmement des Nations Unies et la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, afin de renforcer l’architecture du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. 

De fait, a fait valoir le Secrétaire aux affaires étrangères, en tant qu’unique forum multilatéral de négociation sur le désarmement, la Conférence du désarmement est bien placée pour faire progresser le programme mondial de désarmement et négocier des instruments juridiquement contraignants sur les points figurant à son ordre du jour. 

Sans préjudice de la priorité accordée au désarmement nucléaire, l’Inde soutient l’ouverture de négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, au sein de la Conférence du désarmement, a également rappelé M.  Shringla.  Elle a activement soutenu et contribué au renforcement de l’architecture mondiale de sécurité nucléaire et a participé au processus du Sommet sur la sécurité nucléaire.  Elle participe également régulièrement aux conférences internationales sur la sécurité nucléaire organisées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle promeut en outre depuis 2002 la résolution annuelle de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les « mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive », qui est adoptée par consensus. 

L’Inde considère par ailleurs que la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité constitue un instrument important pour les efforts mondiaux de non-prolifération.  Elle juge donc nécessaire que la communauté internationale accorde une plus grande attention à la prolifération illicite des réseaux d’armes nucléaires, de leurs vecteurs, de leurs composants et des technologies correspondantes. 

Dans le but de renforcer l’architecture de non-prolifération, l’Inde a également rejoint divers régimes de contrôle des exportations, à savoir le Groupe d’Australie, l’Arrangement de Wassenaar et le Régime de contrôle de la technologie des missiles (RCTM), a encore précisé M.  Shringla.  Elle a aussi harmonisé ses contrôles avec les listes du Groupe des fournisseurs nucléaires.  En conclusion, le Secrétaire aux affaires étrangères a encouragé la communauté internationale à continuer à œuvrer à la réalisation de notre aspiration collective à un monde sans armes nucléaires. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a déclaré que, ferme dans ses principes et ses convictions, le Mexique présenterait, avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la résolution annuelle à la Première Commission visant à promouvoir le Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE).  Cette résolution traduit le soutien de la communauté internationale à l’interdiction des essais nucléaires, a-t-il ajouté. 

En commémoration de la Journée internationale contre les essais nucléaires, le 8 septembre, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, le Mexique a réitéré la ferme condamnation de la région de tout type d’essai, n’importe où dans le monde, a ensuite rappelé M.  de la Fuente Ramirez.  Le Mexique appelle les États qui ne l’ont pas encore fait, notamment ceux énumérés à l’Annexe 2 du traité, à le ratifier, afin qu’il puisse entrer en vigueur.  Pour le représentant, le Conseil de sécurité ne doit pas reculer devant son rôle important dans ce domaine.  Dans le passé, il a condamné divers essais nucléaires.  Nous espérons que vous resterez ferme dans cette position en cas de nouvel incident, que nous espérons ne pas se produire, a-t-il ajouté. 

Ainsi qu’il est reconnu dans la résolution 2310 (2016) du Conseil de sécurité, les installations du Système international de surveillance du Traité, dont cinq sont situées au Mexique, contribuent à la stabilité régionale en tant que mesure de confiance importante et renforcent le régime de non-prolifération et désarmement nucléaire, a fait valoir M. De la Fuente.  Le représentant a dit espérer que le Conseil continuerait d’appuyer sans équivoque tous les traités internationaux de désarmement et de non-prolifération.  Il a estimé que l’adoption de mesures concrètes avec des dates impératives pour parvenir à l’entrée en vigueur du traité constituerait un élément clef qui contribuerait au succès de la prochaine Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  En concluant, il a affirmé que l’entrée en vigueur du TICE représentait « une promesse en suspens qu’attendent tous les rescapés des essais nucléaires ».

Mme INGA RHONDA KING, au nom des A3+1, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Afrique du Sud, Tunisie et Niger, a déclaré que le TICE est une composante essentielle de l’architecture mondiale de non-prolifération.  L’engagement de l’Afrique et des Caraïbes en faveur d’une élimination totale des armes et essais nucléaires est indéfectible, a-t-elle dit.  Elle a mentionné les Traités de Tlatelolco et de Pelindaba créant des zones exemptes d’armes nucléaires en Amérique latine et les Caraïbes et en Afrique, respectivement.  Dans ce droit fil, Mme King a salué la convocation d’une Conférence des Nations Unies sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. 

La déléguée a estimé que l’énergie nucléaire doit être utilisée à des fins exclusivement pacifiques et peut appuyer la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a appelé à la reconnaissance et au respect des droits souverains des États pour ce faire, sous la supervision de l’AIEA.  Elle a salué les activités de l’OTICE visant à renforcer les capacités nationales des signataires et à promouvoir la coopération internationale.  Mme King a rappelé que le TICE a le soutien écrasant de la communauté internationale, comme ses 185 signatures et 170 ratifications en attestent.  Elle a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait, en particulier ceux de l’Annexe 2, à rejoindre le TICE. En conclusion, Mme King a déclaré que le TICE est un instrument essentiel pour édifier un monde plus sûr, débarrassé de l’arme nucléaire.  « Aujourd’hui, réengageons-nous en faveur de cet objectif pour le bien de l’humanité. » 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a réaffirmé son attachement inébranlable à l’objectif d’une cessation complète et définitive des essais nucléaires à travers le monde : « Depuis 1991, notre pays observe un moratoire sur les essais nucléaires et n’a été responsable au cours de cette période d’aucune explosion nucléaire », a ainsi affirmé le représentant.  Cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), que la Fédération a ratifié en 2000.  À cette occasion, a rappelé M. Polyanskiy, le Président russe Vladimir Putin a fait une déclaration soulignant que « l’élaboration de ce document historique visant au renforcement du régime de non-prolifération nucléaire a confirmé que même les questions les plus complexes de sécurité mondiale peuvent et devraient être décidées dans le cadre des négociations ».  Le représentant a considéré chaque ratification est extrêmement importante car elle constitue « un pas de plus » vers l’universalisation de ce traité. 

Cependant, cette atmosphère festive est assombrie par le fait que le TICE n’est jamais entré en vigueur et que les perspectives à cet égard restent très incertaines, a constaté à regret M. Polyanskiy.  Malheureusement, a-t-il dit, les huit pays figurant dans l’Annexe 2 du Traité dont la ratification est requise pour son entrée en vigueur, n’ont pas encore été en mesure de le signer et/ou le ratifier.  « Une situation dans laquelle des accords internationaux ne peuvent commencer à fonctionner pleinement 25 ans après leur finalisation peut difficilement être qualifiée de normale », a jugé le représentant.  La Fédération de Russie considère comme « inacceptable toute tentative visant à obtenir des avantages stratégiques tout en refusant de prendre part à des accords internationaux ». 

La Fédération de Russie, qui est favorable à la poursuite du développement progressif du régime de vérification dans le cadre du TICE, y a apporté une contribution significative en œuvrant à la mise en place du deuxième plus important réseau national de surveillance, qui, une fois achevé, comprendra 32 installations, dont 29 ont déjà été mises en service, a fait valoir M. Polyanskiy.  Pour le représentant, le potentiel du programme relatif au contrôle du respect des dispositions par l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE) est unique et peut être largement utilisé.  Cependant, a-t-il averti, cette situation ne justifie pas son utilisation illimitée et inappropriée. Le mécanisme de vérification est créé pour des tâches spécifiques qui sont clairement énoncées dans l’Accord.  Son objectif principal est de vérifier le respect des obligations découlant du traité et les travaux sur la création d’un mécanisme de contrôle devraient être menés en stricte conformité avec les dispositions du TICE », a précisé le représentant.  

La Fédération de Russie a donc rappelé qu’en attendant l’entrée en vigueur du TICE, les éléments du mécanisme de vérification ne pouvaient fonctionner et être exploités qu’à titre temporaire.  Toute participation des États Membres à des activités connexes (y compris le transfert de données depuis les stations du système de surveillance international) est « purement volontaire jusqu’à l’entrée en vigueur du TICE », a-t-il insisté, « en signant et en ratifiant le TICE, nous avons accepté d’y participer précisément à ces conditions.  La Fédération de Russie espère donc que la situation actuelle, devenue une conséquence forcée de la non-entrée en vigueur du TICE, ne « s’éternisera pas ».  La Fédération de Russie appelle les « dirigeants des pays dont dépend le sort du TICE à faire preuve de volonté et de responsabilité politiques et à prendre des décisions concrètes sur sa signature et/ou sa ratification dans les plus brefs délais ».  Le représentant a assuré que, pour sa part, son pays entendait continuer d’observer le moratoire actuel sur les essais, « sous réserve d’une approche similaire des autres puissances nucléaires ».  Il ne faut pas oublier qu’un moratoire volontaire sur les essais nucléaires est une mesure « temporaire et intérimaire » qui ne peut remplacer les obligations juridiques des États en vertu d’un traité international, a rappelé en conclusion M. Polyanskiy. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) était un instrument essentiel non seulement de désarmement, mais également de non-prolifération.   Ainsi, a-t-il estimé, le TICE a produit une discipline remarquable.  L’adhésion volontaire à l’interdiction des essais est désormais un acquis et un seul  État, la Corée du Nord, a procédé à des essais nucléaires au XXIe siècle. 

M. de Rivière a rappelé que la France fut l’un des premiers  États  dotés à signer le TICE, dès 1996, puis à le  ratifier.    Depuis lors, a-t-il fait valoir, la France a posé des actes forts et concrets.   En 1998, la France a démantelé de manière  irréversible  et transparente  son site d’expérimentations  nucléaires  en Polynésie française, en partenariat avec l’AIEA et l’OTICE.   Sur le plan technique, la France est l’unique État doté à avoir achevé sa contribution au  système de vérification de l’OTICE:  elle opère 16 stations  sur son territoire, 8 à l’étranger et 1 laboratoire radionucléaire.   

 Aujourd’hui, le Traité est doté de l’ensemble des instruments lui permettant d’être efficace, a argué M. de Rivière, ajoutant que les moyens du Secrétariat technique provisoire (STP) étaient pleinement opérationnels que et le Système de surveillance international fonctionnait.  Il a d’ailleurs permis de détecter avec précision le dernier essai de la Corée du Nord en 2017.  

Le représentant a aussi rappelé qu’à ce jour, 185 États avaient signé le TICE.  Les cinq États dotés ont adopté des moratoires sur les essais.  L’enjeu  consiste donc aujourd’hui à avancer vers l’entrée en vigueur du  traité.  Huit États dits de l’Annexe 2 manquent toujours à l’appel, a-t-il toutefois constaté, rappelant que, sans eux, le TICE ne pouvait entrer en vigueur.  Pourtant, la résolution 2310 (2016) adoptée par ce  Conseil  il y a cinq ans, et coparrainée par la France, exhortait l’ensemble des États qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier le TICE, a-t-il rappelé.  Cet appel fort et univoque du Conseil de sécurité doit être entendu. En ce vingt-cinquième anniversaire, la France, avec l’Union européenne et ses partenaires, réitèrent son engagement résolu en faveur de l’entrée en vigueur, dès que possible, du TICE. 

Pour M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis), alors que nous célébrons aujourd’hui le vingt-cinquième anniversaire du TICE, il est important de reconnaître, le rôle très important que joue le traité même avant même son entrée en vigueur.  Le TICE a permis, selon lui, de maintenir et mettre en place une « norme politique », presqu’universelle qui interdit les « essais nucléaires explosifs ».  Le représentant a saisi cette occasion pour réaffirmer l’appui des États-Unis au TICE et leur intention de travailler avec tous les États pour favoriser son entrée en vigueur, tout en étant conscient des difficultés à surmonter pour atteindre cet objectif. 

Conformément aux objectifs du Traité, les États-Unis continuent de respecter leur moratoire sur les essais nucléaires explosifs, a ajouté le représentant, appelant, à cet égard, tous les États disposant d’armes nucléaires à les déclarer et suivre ce même moratoire.  Maintenir la norme internationale à l’encontre des essais nucléaires va dans l’intérêt de tous les États, a-t-il martelé.  Cette norme est, pour les États-Unis, fondamentale pour maintenir le régime de non-prolifération internationale et, partant, contribuer à un monde plus sûr et plus pacifique. 

Pour ce qui est de l’avenir du traité, les États-Unis entendent jouer un rôle de fer de lance pour redynamiser les efforts à l’international, a affirmé le représentant.  Ils se félicitent de la participation de tous les États qui partagent leur volonté de mettre en place des mesures efficaces pour arriver à un monde exempt d’armes nucléaires. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a indiqué que son pays œuvrait activement à l’entrée en vigueur du TICE, notamment en encourageant, officiellement comme officieusement, les huit Etats figurant à l’Annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer.  « Notre objectif est simple: mettre un terme aux explosions d’essais nucléaires partout dans le monde », a déclaré le représentant.  Il a rappelé que son pays n’avait pas conduit d’essais nucléaires depuis 1991 et avait été l’un des premiers à signer le TICE, avant de le ratifier en 1998.  Le représentant a condamné les programmes de missiles balistiques et nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et plaidé pour sa dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.  « J’exhorte la RPDC à reprendre le dialogue avec la communauté internationale et à rejoindre le TICE », a-t-il ajouté. 

S’agissant de l’OTICE, le représentant a estimé qu’il était de « notre responsabilité collective » de pérenniser son mécanisme de vérification, que ce soit techniquement ou financièrement.  « Le Royaume-Uni est l’un des principaux contributeurs de l’OTICE, à hauteur de 4,5 millions de livres sterling par an », a-t-il rappelé.  En conclusion, M Kariuki a appelé à œuvrer pour l’entrée en vigueur du Traité en engageant les huit États restants de l’Annexe 2 mais aussi les jeunes et la société civile, au service de la réalisation de l’objectif commun qu’est un monde débarrassé de l’arme nucléaire. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) constituait une pièce maîtresse du régime de désarmement et de non-prolifération depuis maintenant 25 ans.  Et bien qu’il ne soit toujours pas entré en vigueur, il a établi une norme importante contre les essais nucléaires, s’est-elle félicitée. 

Malgré cela, a poursuivi la représentante, nous ne pouvons oublier ou ignorer les conséquences humaines et environnementales tout à fait inacceptables posées par les essais nucléaires.  Et c’est aussi pourquoi une norme, ou un moratoire imposé de manière volontaire sur les essais nucléaires, ne peut jamais se substituer à un accord juridique global, universellement contraignant.  « Il demeure impératif que nous n’épargnions aucun effort pour encourager de nouvelles signatures et ratifications du Traité, afin qu’il puisse entrer en vigueur dès que possible », a souligné la représentante. 

La dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires a un rôle important à jouer et les États parties devraient demander l’entrée en vigueur du TICE sans délai, a poursuivi Mme Juul.  La Norvège est quant à elle fière de contribuer au régime de vérification mis en place par le TICE : « Nous avons rempli nos responsabilités », a-t-elle déclaré, expliquant qu’il existait six stations de surveillance sur le territoire norvégien, qui transmettent toutes leurs données en continu au Centre international de données. Nous continuons également de contribuer financièrement au renforcement des capacités du TICE, y compris des cours de formation pour les pays en développement, a ajouté la représentante. 

La Norvège note avec regret la déclaration faite par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en janvier de l’année dernière, dans laquelle elle a déclaré qu’elle ne se considérait plus liée par un engagement vis-à-vis des essais nucléaires.  « Nous sommes gravement préoccupés par les intentions déclarées publiquement de la RPDC et ses efforts continus pour développer des armes de destruction massive », a poursuivi Mme Juul.  La Norvège exhorte la RPDC à abandonner ses programmes nucléaires et balistiques d’une manière complète, vérifiable et irréversible, comme indiqué dans plusieurs résolutions du Conseil de sécurité. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a estimé que c’est grâce au TICE que les essais nucléaires ont diminué, avec seulement 10 essais au cours des 25 dernières années. Il a salué les efforts du Conseil de sécurité pour traiter de cette question, comme en témoigne la résolution 2310 (2016) qui souligne l’importance et l’urgence de l’entrée en vigueur du Traité, notamment en appelant à sa ratification par les huit États restant de l’Annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait.  

Le Viet Nam a également salué l’initiative de la Fédération de Russie et des États-Unis qui ont décidé, en février 2021, de prolonger le traité New Start de réduction des armements stratégiques.  Le représentant a rappelé que le Viet Nam soutenait tous les efforts de non-prolifération et de désarmement, avec le but de parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires.  Le Viet Nam soutient également le droit inaliénable des États à mener des recherches sur l’utilisation de l’énergie nucléaire de manière pacifique. 

M. JUN ZHANG (Chine) a dit que le TICE avait constitué un pas important vers un monde exempt d’armes nucléaires et réduisait les risques d’un affrontement nucléaire.  C’est un pilier majeur de l’architecture internationale de non-prolifération, a poursuivi le représentant, qui a appelé à une entrée en vigueur rapide du Traité.  Il a souhaité l’instauration d’un environnement propice à une telle entrée, en appelant à rejeter la mentalité héritée de la guerre froide et à choisir le multilatéralisme.  Il convient de soutenir les objectifs du traité, a poursuivi M. Zhang, en appelant les pays à respecter leurs engagements.  Il a ensuite invité la communauté internationale à renforcer le Système de surveillance internationale, ainsi que les capacités des pays en développement. 

Le représentant de la Chine a défendu un ordre international fondé sur le droit et rejeté toute approche du type « deux poids, deux mesures ».  Il a ainsi dénoncé ces États dotés de l’arme nucléaire qui font de « grandes déclarations » en faveur de la non-prolifération tout en aidant des pays à se doter de sous-marins à capacité nucléaire.  Ces pays doivent respecter leurs engagements dans le domaine de la non-prolifération, a-t-il martelé.  Enfin, le représentant a rappelé que la Chine, l’un des premiers pays à signer le TICE, ne serait jamais un « obstacle » à son entrée en vigueur. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a rappelé que la déclaration finale de la Conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui s’est tenue les 23 et 24 septembre 2021, sous la coprésidence de l’Italie, avait permis d’identifier des mesures destinées à faciliter l’entrée en vigueur du Traité et son universalisation.  Le représentant s’est félicité de l’engagement pris par les États-Unis à soutenir l’entrée en vigueur du TICE au travers d’initiatives de sensibilisation et d’éducation, et sa ferme conviction que seule l’entrée en vigueur pourra décourager les États à s’engager dans une dangereuse course aux armements.  L’Italie s’est pour sa part dite engagée à soutenir le renforcement du Système de surveillance international, y compris avant l’entrée en vigueur du TICE, en faisant ainsi valoir sa station nationale de surveillance sismologique et son laboratoire de radionucléides. 

Pour M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO, (Afrique du Sud), un moratoire ne doit pas être considéré comme un remplacement viable sur le long terme de l’engagement juridiquement contraignant que constituera pour les « États parties au TICE leur adhésion, lors de l’entrée en vigueur du traité.  De fait, a-t-il averti, il pourrait même détourner l’attention de l’urgence d’un tel engagement juridique contraignant. 

L’Afrique du Sud a compris très tôt cette urgence, et l’importance qu’elle attache au TICE et à ses objectifs a été démontrée par le fait que « nous avons été l’un des premiers pays à signer et à ratifier le Traité et que nous continuons à soutenir fermement l’entrée en vigueur du Traité », a poursuivi le représentant.  Cependant, a-t-il fait observer, il semble que pour certains, l’escalade de l’avancement vertical et du stockage, et la propagation horizontale du développement des arsenaux nucléaires et de leurs vecteurs, restent des facteurs mal conçus dans leur réflexion stratégique.  L’Afrique du Sud exhorte donc les États dotés d’armes nucléaires et ceux qui possèdent ces armes horribles à progresser de toute urgence vers l’élimination totale des armes nucléaires. 

Pour l’Afrique du Sud, le TICE constitue une base solide pour la réalisation d’un monde sans armes nucléaires.  C’est pourquoi elle reste préoccupée par « le manque de progrès » dans la ratification du TICE, en particulier par les huit États restants de l’Annexe 2.  Toutefois, l’Afrique du Sud reconnaît des évolutions positives depuis 2019.  Le représentant a cité à titre d’exemple les ratifications du Traité par les Comores et par Cuba en 2021. 

Pour sa part, et en tant que coprésident de la Conférence de l’Article XIV et participant du Groupe des membres éminents, l’Afrique du Sud continuera de jouer un rôle actif dans les travaux de l’OTICE, tant d’un point de vue technique que politique, a affirmé M. Mabhongo. 

Il s’agit notamment pour ce pays de soutenir les mesures concrètes et réalisables en vue de l’entrée en vigueur rapide et de l’universalisation du traité, telles que l’utilisation de moyens pour encourager de nouvelles signatures et ratifications ainsi que des initiatives de sensibilisation, ce que « notre participation à cette réunion du Conseil illustre aujourd’hui».  L’Afrique du Sud encourage donc tous les États parties au TICE à mettre pleinement en œuvre ces mesures et à s’y engager. 

Pour finir, M. Mabhongo a demandé à ce Conseil, dans l’intérêt de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales, de soutenir les efforts de tous pour réaliser l’entrée en vigueur du TICE dès que possible, car on ne peut « ignorer la menace catastrophique que représentent ces armes et leurs essais pour nos populations et notre environnement ».

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