Libye: le Conseil de sécurité proroge de quatre mois le mandat de la MANUL
Le Conseil de sécurité a décidé à l’unanimité, cet après-midi, de proroger jusqu’au 31 janvier 2022 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) comme mission politique spéciale intégrée. L’adoption de la résolution 2599 (2021) constitue le deuxième renouvellement technique du mandat de la MANUL en l’espace de deux semaines, puisque le Conseil avait déjà décidé d’une prorogation de deux semaines du mandat par sa résolution 2595 (2021) du 15 septembre dernier.
Créée en 2011, la MANUL est, entre autres, chargée de faire progresser un processus politique inclusif en Libye, d’aider le Gouvernement provisoire d’unité nationale à consolider la gouvernance, la sécurité et les mesures économiques, d’appuyer l’instauration de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020 et de soutenir les étapes ultérieures de la transition libyenne, y compris le processus constitutionnel, l’organisation des élections, l’exécution de la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen, la poursuite de l’application de l’Accord politique libyen et un processus de réconciliation nationale.
Sept des pays membres du Conseil ont pris la parole après le vote. La représentante du Royaume-Uni pays « porte-plume » sur la Libye, a rappelé qu’au cours des dernières semaines, son pays avait essayé de parvenir à un consensus, avant de juger regrettable qu’il n’ait pas obtenu le soutien de tous pour un texte de compromis plus substantiel. Elle a en outre appelé à la tenue effective des scrutins prévus pour le 24 décembre, tout en plaidant pour le retour de la paix, lequel passe par le retrait sans délai de toutes les forces étrangères et les mercenaires du pays. Le Royaume-Uni salue l’examen stratégique indépendant de la MANUL et sa représentante a insisté sur la mise en œuvre de ses recommandations, y compris celle préconisant le retour de l’Envoyé spécial du Secrétaire général en Libye. Le Royaume-Uni poursuivra les discussions en ce sens avec les autres membres du Conseil avant la date butoir du 31 janvier.
Nous devons soutenir le peuple libyen, a affirmé le représentant de la France, qui a appelé le Conseil de sécurité à procéder à la restructuration de la MANUL dans le cadre du renouvellement du mandat de janvier prochain. Afin de consolider l’unité de la communauté internationale sur la question libyenne, la France a annoncé une conférence internationale au niveau des chefs d’État et de gouvernement le 12 novembre prochain à Paris, en partenariat avec l’Italie, l’Allemagne et les Nations Unies. Pour la délégation, le but est d’œuvrer à la stabilisation du pays, tout en prenant en compte les implications régionales de la crise libyenne. C’est dans la même veine que le représentant de la Chine a demandé que les mercenaires et groupes armés étrangers se retirent du pays afin de préserver sa stabilité et celle de la région. Elle a également appelé la MANUL à aider à trouver une solution politique à la crise libyenne.
Le représentant des États-Unis a, lui, jugé « fâcheux » le vote de ce jour, à la fois pour ce Conseil et pour le peuple libyen. Il a regretté que les recommandations stratégiques du Secrétaire général ne soient pas pleinement mises en œuvre, alors que l’appui onusien aux élections de décembre est de la plus haute importance. Il a rappelé que la préférence des Libyens allait à une présence du Chef de la Mission à Tripoli, avant de s’interroger sur les meilleurs moyens d’aider ces derniers et de consolider les gains enregistrés en Libye. Les États-Unis aideront la Libye pour la tenue desdites élections et ont souligné l’importance d’une solution politique et d’un retrait des forces étrangères du pays.
Le représentant de la Tunisie a regretté l’absence de consensus sur le renouvellement du mandat de la Mission à un stade aussi critique de la transition en Libye. S’il a noté l’absence de convergence totale des vues sur ce dossier, il a néanmoins estimé qu’il y avait unanimité sur les bases d’un règlement de la crise. Le représentant du Kenya a de son côté dénoncé l’incapacité du Conseil à s’entendre, ajoutant qu’un mandat plus étoffé aurait permis de statuer sur des sujets de grande importance comme la réconciliation nationale et la prise en compte des questions importantes pour les pays voisins et ceux de la région. Il faut que le Conseil soit à l’écoute de la Libye et à l’écoute de l’Afrique, a-t-il insisté, en appelant à placer des Africains à la tête du processus de décision de cette question africaine.
Le Représentant de la Fédération de Russie a, lui, expliqué qu’il avait voté en faveur du texte en estimant qu’il n’existait pas d’autre option qu’un rôle central de l’ONU dans la transition libyenne. Les recommandations stratégiques du Secrétaire général, y compris sur le nouveau format de la présence onusienne, devront être réalisées après la fin du processus électoral, a-t-il ajouté.
Texte du Projet de résolution S/RES/2021/838
Le Conseil de sécurité,
Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye, dont les résolutions 2259 (2015), 2510 (2020), 2542 (2020) et 2570 (2021),
Rappelant que, dans sa résolution 2213 (2015), il a considéré que la situation en Libye continuait de menacer la paix et la sécurité internationales,
1. Décide de proroger jusqu’au 31 janvier 2022 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, mission politique spéciale intégrée chargée de s’acquitter de son mandat, tel qu’énoncé dans la résolution 2542 (2020) et au paragraphe 16 de la résolution 2570 (2021) ;
2. Décide de rester activement saisi de la question.