En cours au Siège de l'ONU

Assemblée générale: Les petits États insulaires en développement mettent en avant l’urgence climatique, sans oublier de dénoncer « l’égoïsme vaccinal » des pays développés

Soixante-seizième session,
14e & 15e séances, matin, après-midi & soir
AG/12369

Assemblée générale: Les petits États insulaires en développement mettent en avant l’urgence climatique, sans oublier de dénoncer « l’égoïsme vaccinal » des pays développés

Doublement impactés par les changements climatiques et la pandémie de COVID-19, les petits États insulaires en développement (PEID) se sont présentés au cinquième jour du débat général de l’Assemblée générale, en rang serré, pour alerter la communauté internationale de leur vulnérabilité particulière.  Ils ont attiré l’attention sur le « fardeau disproportionné » qu’ils portent, comme en attestent l’élévation du niveau de la mer ou la récurrence des cyclones.

C’est une « alerte rouge » qui a été lancée aujourd’hui, la majorité des intervenants ayant à l’esprit le dernier rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  Le Premier Ministre des Bahamas a invité « ceux qui doutent encore » à visiter Abaco et Grand Bahama, frappés en 2019 par l’ouragan Dorian.  Si nous nous retrouvions submergés, serions-nous encore un État Membre de l’ONU? s’est interrogé le Premier Ministre de Tuvalu.  « Une catastrophe écologique imminente est à craindre si nous ne changeons pas de cap », a averti son homologue de Saint-Vincent-et-les Grenadines.

Alors même qu’ils s’efforcent de remédier aux maux inhérents aux changements climatiques, à l’insularité et aux catastrophes naturelles, les petits États insulaires en développement ont souligné que comme les autres, ils ont été confrontés à la pandémie de COVID-19, laquelle a aggravé leurs problèmes quotidiennement.  Comme de nombreux autres PEID, Sainte-Lucie fait face à la chute des investissements, du commerce et des envois de fonds des migrants, combinée à l’alourdissement du fardeau de la dette, a déploré son premier ministre, appuyé par son homologue des Fidji qui a fait observer que ces pays n’ont accès qu’à moins de 2% du financement climatique.

La décision du Fonds monétaire international (FMI) d’approuver des droits de tirage spéciaux (DTS) pour stimuler l’économie n’est tout simplement pas suffisante.  Le Premier Ministre des Tonga a exhorté les pays nantis à contribuer aux efforts de redressement des PEID et à s’acquitter de leurs engagements financiers en faveur de l’adaptation et de l’atténuation.  Les petits États insulaires en développement ont une nouvelle fois plaidé pour un indice de vulnérabilité.  Cet indice, a précisé le Premier Ministre de Sainte-Lucie, doit inclure des variables telles que la vulnérabilité à une météorologie défavorable, les désavantages historiques dus à la domination, au colonialisme et à l’exploitation, et la vulnérabilité économique aux chocs extérieurs.

Tous les intervenants ont dit avoir les yeux rivés sur la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) prévue à Glasgow, au mois de novembre de cette année.  Ils ont dit espérer des mesures ambitieuses pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius.  Il s’agit d’un « test ultime » de notre détermination collective, a prévenu la Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein. 

Au-delà de cette problématique, les petits États insulaires en développement ont critiqué la riposte mondiale à la COVID-19.  Alors que l’objectif est de vacciner 70% de la population mondiale d’ici à septembre 2022, le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda a fustigé une discrimination vaccinale « contreproductive », consistant à privilégier les vaccins fabriqués en Amérique du Nord et en Europe.  C’est « un apartheid vaccinal » qui menace l’objectif fixé, a-t-il prévenu.  C’est bien conscient de sa responsabilité vis-à-vis de l’humanité que l’Inde a repris le processus visant à fournir des vaccins à ceux qui en ont besoin dans le monde, s’est enorgueilli son premier ministre.

Cette guerre contre la pandémie est loin d’être gagnée, s’est alarmé son homologue d’Haïti.  Mais le plus urgent pour ce dernier, reste « les images du traitement réservé à plusieurs de mes compatriotes à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, lesquelles ont choqué plus d’un ».  Le Premier Ministre haïtien a rappelé que de nombreux pays « aujourd’hui prospères » ont été construits grâce à des « vagues successives de migrants et de réfugiés ». 

Sur le front des conflits, Le Premier Ministre malien a critiqué le retrait de l’opération française Barkhane amorcé « subitement », le qualifiant de « fait accompli ».  Dans ce contexte, il a « remis sur la table » la demande d’un mandat plus robuste et d’un « changement de posture » de la part de la Mission des Nations Unies au Mali.  À l’est du même continent, l’Éthiopie et le Soudan ont étalé leur désaccord autour du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne, le Soudan réitérant son « rejet de toute mesure unilatérale » et l’Éthiopie s’étonnant d’être accusée de « boire notre propre eau ».

Face aux conflits dans le monde, le monde a besoin d’unité plutôt que de division, a conseillé le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, pour qui l’ONU et son Conseil de sécurité doivent s’adapter à la réalité d’un ordre mondial polycentrique.  Sortir le monde des différentes crises « anthropologiques » exige le renouvellement de l’ONU et une plus grande fidélité aux principes et objectifs fondamentaux de la Charte, a renchéri le Saint-Siège.

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau lundi 27 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. NARENDRA MODI, Premier Ministre de l’Inde, a affirmé que son pays progressait vers un développement équitable et intégré.  L’Inde, a-t-il expliqué, fait en sorte que le développement inclue tout un chacun et pénètre toutes les sphères de la société.  Au cours des sept dernières années, le pays a ainsi permis l’entrée dans le système bancaire à 420 millions de personnes qui ne l’étaient pas.  Aujourd’hui, 320 millions de personnes y disposent d’une assurance.  En donnant à plus de 500 millions de personnes un accès gratuit aux hôpitaux, l’Inde leur a permis de bénéficier de soins de qualité.  L’eau polluée reste toutefois un grave problème.  Afin de relever ce défi, l’Inde mène une campagne pour que l’eau potable atteigne 170 millions de foyers.  L’accès aux titres de propriétés est également un autre défi que l’Inde est en train de relever pour archiver de façon numérique les propriétés et permettre aux habitants de plus de 620 000 villages de disposer d’un titre prouvant leurs droits à la propriété sur leur terre et, partant, d’avoir accès au prêt bancaire.

Aujourd’hui, une personne sur six dans le monde est indienne, a fait observer M. Modi.  Partant, quand des Indiens font des progrès, ce dernier impulse un élan au développement du monde entier.  Quand l’Inde croît le monde entier croît et quand l’Inde se réforme, le monde se transforme.  Des innovations scientifiques et technologiques intervenant en Inde peuvent avoir un grand effet sur le reste du monde, a poursuivi le Premier Ministre, qui a cité en exemple les plus de 3,5 milliards de transactions effectuées chaque mois en Inde via l’interface de paiement unifiée UPI.

La plateforme d’administration de vaccin « co-WIN » offre un soutien numérique pour enregistrer l’administration de millions de doses de vaccins en un seul jour, a déclaré M. Modi.  L’Inde qui croit au principe de la « prestation de service en tant que plus haute religion », consacre tous ses efforts à la fabrication d’un vaccin et à sa production et cela, malgré des ressources limitées.  Le Premier Ministre a ainsi informé des progrès de son pays dans la mise au point de plusieurs vaccins, y compris un vaccin à ADN utilisable pour toute personne de plus de 12 ans et un autre à ARN messager.  Des scientifiques indiens travaillent en outre actuellement à la mise au point d’un vaccin à inoculation nasale.  C’est bien consciente de sa responsabilité vis-à-vis de l’humanité, que l’Inde a repris le processus visant à fournir des vaccins à ceux qui ont en besoin dans le monde, s’est enorgueilli M. Modi, avant d’inviter les fabricants de vaccins dans le monde entier à venir les produire sur son territoire. 

Dans ce monde en constante transformation, il est important de garantir des technologies assorties de valeurs démocratiques, a encore affirmé le Premier Ministre indien.  Peu importe le pays où des docteurs, innovateurs, ingénieurs d’origine indienne vivent, nos valeurs démocratiques les inspirent pour continuer à servir l’humanité et c’est l’esprit que nous avons vu au cours de la pandémie, a-t-il ajouté.  Pour M. Modi, cette crise nous a aussi donné une autre leçon importante, à savoir que l’économie mondiale doit être plus diversifiée.  Pour ce faire, l’expansion des chaînes de valeur mondiale est nécessaire.  De fait, a-t-il confié, « notre mouvement indien d’autosuffisance est inspiré de cet esprit ».  L’Inde est devenue un partenaire démocratique et fiable pour la diversification industrielle dans le monde, at affirmé M. Modi.  Dans ce mouvement, le pays a trouvé un meilleur équilibre entre l’économie et l’écologie.  En effet, sur le plan des changements climatiques, l’Inde va de l’avant pour atteindre sa cible de production de 450 gigawatts d’énergie renouvelable.  L’Inde œuvre également à devenir le centre le plus important d’hydrogène vert.

Aujourd’hui le monde subit la menace croissante d’une pensée rétrograde et de l’extrémisme, a déclaré M. Modi.  Dans une telle situation, l’ensemble du monde doit avoir comme base de développement une réflexion rationnelle et scientifique.  C’est pourquoi l’Inde pays promeut l’apprentissage fondé sur l’expérience.  À l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de son indépendance, l’Inde prévoit ainsi de lancer dans l’espace 75 satellites construits par des collégiens et étudiants.  En revanche, a-t-il opposé, des États inspirés par des pensées rétrogrades ont recours au terrorisme comme outils politiques.  Ces pays-là doivent comprendre que le terrorisme est une menace tout aussi grande pour eux, a averti le Premier Ministre indien, qui a jugé absolument essentiel de veiller à ce que le territoire afghan ne soit pas utilisé pour propager le terrorisme et lancer des attentats.  « Nous avons également besoin d’être sur nos gardes et veiller à ce que aucun pays n’essaie de tirer profit de la situation délicate qui prévaut et d’utiliser cela pour ses étroits intérêts propres », a-t-il averti en conclusion.

Dans un message vidéo préenregistré, M. PHILIP JOSEPH PIERRE, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a dit ne pas vouloir remettre en question le modus operandi des Nations Unies, car les preuves confirmant le bon travail de cette honorable institution sont indéniables.  Mais il s’est dit préoccupé par le fait que les petits États insulaires en développement (PEID) comme Sainte-Lucie continuent de souffrir d’un certain nombre de défis, résultant de leur petite taille, de leur insularité et de leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques.  Et alors même que nous nous efforçons de formuler des solutions à ces maux, nous avons été confrontés à la pandémie de COVID-19, dont la nouveauté et le caractère évolutif sont déconcertants, et qui a étendu et aggravé les problèmes auxquels sont confrontés les PEID, a ajouté M. Pierre.

Le Premier Ministre a exprimé sa profonde gratitude aux institutions internationales telles que le Mécanisme COVAX, et aux nombreux partenaires bilatéraux tels que l’Inde et les États-Unis d’Amérique, pour leur engagement à veiller à ce que « nous, à Sainte-Lucie et, par extension, dans la région des Caraïbes », ne soyons pas davantage désavantagés par notre incapacité à accéder aux vaccins.  M. Pierre a dénoncé un « apartheid vaccinal », rappelant que certains pays qui ont stocké des vaccins étaient maintenant en plein débat sur les troisièmes doses et les rappels, tandis que d’autres pays continuent d’assister, impuissants, à l’augmentation continue des décès liés à la maladie, faute de vaccin.  Il a donc appelé à la normalisation des privilèges vaccinaux dans la communauté mondiale, en ce qui concerne la quarantaine, l’isolement et d’autres exigences connexes.

Sainte-Lucie, comme de nombreux autres pays, est confrontée à un déclin des investissements, du commerce, des envois de fonds et à une augmentation du fardeau de la dette, a ensuite déclaré le Premier Ministre.  M. Pierre a jugé urgent d’accélérer l’élan mondial vers les objectifs ambitieux affichés dans les divers accords internationaux et programmes de développement.  Un fil conducteur de ces instruments doit, selon lui, aborder les vulnérabilités uniques et les circonstances particulières des PEID.  Sainte-Lucie et tous les PEID continuent à faire face à des besoins urgents pour financer les réponses immédiates en matière de santé, qui sont « bien au-delà de nos capacités », a-t-il expliqué.  C’est pourquoi Sainte-Lucie est solidaire de tous les PEID et appelle à l’abolition des critères économiques classiques actuels pour l’accès au financement concessionnel du développement.  Ces indicateurs, a plaidé M. Pierre, brossent un tableau de la « prospérité nationale » qui contraste fortement avec les réalités existantes.

C’est dans cet esprit que Sainte-Lucie propose l’adoption d’un indice de vulnérabilité global par les institutions internationales.  Pour M. Pierre, cet indice devrait inclure des variables telles que la vulnérabilité aux systèmes météorologiques défavorables et aux catastrophes naturelles, les désavantages historiques dus à la domination, au colonialisme et à l’exploitation, et les aléas des activités économiques dont ces États ont besoin pour survivre.  Un tel indice mondial garantirait que l’accès au financement concessionnel du développement serait accordé sur la base de critères qui tiennent compte des contextes réels de nos économies fragiles, qui sont constamment menacées de régression en raison de catastrophes naturelles, anthropiques ou politiques, a argué le Premier Ministre.

Alors qu’il reste moins d’une décennie pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, la Décennie des Nations Unies pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable exige des solutions urgentes et adéquates pour sauver notre planète, a poursuivi le Premier Ministre.  Les besoins en matière de résilience et les adaptations nécessaires à l’échelle du système pour répondre à la pandémie de COVID-19 sont directement liés à la résilience et à l’adaptation requises pour les changements climatiques, a-t-il ajouté.

Malheureusement, le coût pour relever ces défis et entreprendre des activités de résilience, que ce soit pour la santé ou le climat, est bien au-delà de la portée financière de nos petites îles, a encore insisté le Premier Ministre.  Il a donc lancé un appel à tous, et en particulier à ceux qui sont les plus aptes financièrement, pour qu’ils contribuent aux efforts de redressement des PEID et qu’ils s’acquittent de leurs engagements envers les fonds d’adaptation et d’atténuation.

M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, s’est, dans une intervention préenregistrée, félicité que cette soixante-seizième session de l’Assemblée générale soit placée sous le signe de l’espoir.  En effet, malgré la crise mondiale engendrée par la pandémie de COVID-19, « tout n’est pas perdu », a-t-il soutenu, notant que l’espoir de freiner le virus reposait sur les vaccins.  Mais il n’est pas acceptable que les taux de vaccination diffèrent autant entre les pays développés et les pays en développement, a fait observer le dirigeant, pour qui il est encore temps d’éviter un « échec moral désastreux » en soutenant des systèmes tels que le Mécanisme COVAX, grâce auquel Andorre a pu administrer la dose complète de vaccin à près de 75% de sa population de plus de 16 ans.

Alors que la pandémie a eu de lourdes conséquences sur l’économie andorrane, le pays étant extrêmement dépendant du tourisme, M. Espot Zamora a expliqué que son gouvernement compte aujourd’hui sur la relance pour créer de nouveaux emplois et réorienter les dépenses publiques vers les secteurs ayant qui offrent une meilleure diversification.  Cette crise nous a aussi appris que « le présent et le futur exigent moins d’individualisme, d’égoïsme et de confrontation et plus de coopération, de résilience, d’empathie et de solidarité », a confié le Chef du Gouvernement andorran en réaffirmant son attachement aux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

À ses yeux, l’espoir est également permis en ce qui concerne l’urgence climatique.  « Il est trop tard pour rectifier nos erreurs en matière d’environnement, mais il n’est pas trop tard pour cesser d’en commettre davantage », a-t-il estimé, avant d’avertir que la COP26 de novembre à Glasgow serait « la dernière occasion pour les économies les plus puissantes de faire de leurs engagements une réalité ».  En matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, Andorre a accepté les engagements de l’Accord de Paris et mise sur la production d’énergies renouvelables et la fiscalité carbone pour réduire ses émissions et atteindre la neutralité carbone en 2050, a précisé M. Espot Zamora.  La principauté a également lancé une stratégie nationale en faveur de la biodiversité, avec pour ambition de devenir « le premier pays considéré comme réserve de biosphère ».

Dans ce contexte, le Chef du Gouvernement andorran a salué la tenue, au cours de cette Assemblée générale, du Sommet sur les systèmes alimentaires.  Selon lui, la réconciliation avec la nature est possible « si nous adoptons une approche qui associe alimentation saine, savoirs traditionnels et science ».  Il a indiqué à cet égard que son pays avait pris part à l’appel mondial visant à faire de l’objectif 2 de développement durable -l’élimination de la faim- « une réalité imminente », convaincu que l’augmentation concomitante de la faim et de l’obésité infantile dans le monde démontrait la nécessité urgente de réformer les systèmes de production et de consommation alimentaire.

Au moment où le monde est confronté à un « exercice de reconstruction » dans des domaines comme la santé, l’économie, l’environnement et l’immigration, la question reste de savoir s’il est souhaitable de revenir à la « normalité perdue », a observé M. Espot Zamora, estimant que la réponse réside dans les opportunités qu’offre le multilatéralisme pour aller de l’avant, diagnostiquer les déséquilibres et les injustices, et trouver des solutions.  L’avenir des jeunes générations dépend en grande partie des conséquences de nos actions ou de nos inactions, a-t-il dit en conclusion.  « Nous ne pouvons pas les décevoir une fois de plus. »

Pour M. CLEOPAS SIPHO DLAMINI, Premier Ministre d’Eswatini, qui s’est exprimé dans une déclaration préenregistrée, il ne fait aucun doute que la panacée pour se remettre de la pandémie de COVID-19 repose sur la vaccination des populations.  C’est pourquoi son pays a soutenu l’appel en faveur d’une dérogation temporaire à l’Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) pour les technologies liées à la prévention, au confinement ou au traitement de la COVID-19.  M. Dlamini a ensuite réaffirmé la détermination de son gouvernement à élaborer des réponses efficaces aux changements climatiques, tout en accélérant la mise en œuvre des objectifs de développement durable et d’éradication de la pauvreté.

Sur le plan économique, le Premier Ministre a salué la décision du Fonds monétaire international (FMI) d’approuver des droits de tirage spéciaux (DTS) pour stimuler l’économie mondiale, dont un montant de plus de 75 millions de dollars au profit d’Eswatini.  Cela ne pouvait arriver à un meilleur moment, a-t-il indiqué, ajoutant que, le 6 septembre dernier, le Roi Mswati III avait lancé le Fonds de reconstruction, destiné à reconstruire les infrastructures et l’économie en réponse aux mouvements sociaux provoqués par les difficultés économiques, y compris le fardeau supplémentaire résultant de la pandémie de COVID-19.   Ces fonds aideront le Gouvernement à atteindre son objectif budgétaire, a-t-il affirmé.  Quant à la lutte contre le VIH/sida, Eswatini a continué à employer tous les moyens possibles pour arrêter la propagation du virus, même pendant cette période critique de l’histoire, et a réalisé l’objectif « 95-95-95 » fixé par ONUSIDA pour 2025.

Alors que les réformes du système de développement des Nations Unies évoluent, le Premier Ministre a réitéré son appel à ce que la voix de l’Afrique soit entendue au Conseil de sécurité.  Puis il a décrit avec enthousiasme le fonctionnement du système de gouvernance Tinkhundla, qui repose sur la tradition et la culture dans lesquelles les membres des communautés désignent les candidats dans leurs chefferies pour concourir au niveau de la circonscription locale. 

M. Dlamini a dénoncé l’exclusion de la République de Chine (Taiwan) des Nations Unies et la discrimination de ses ressortissants dans un système destiné à servir les citoyens du monde.  C’est une violation flagrante des principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il accusé, avant de rappeler que, depuis le début de la pandémie de COVID-19, Taiwan, en solidarité avec les États Membres, avait apporté une contribution significative à la réalisation du thème de la session de cette année.  Il a terminé en appelant à la participation de Taiwan, en particulier à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à l’Autorité de l’aviation civile internationale et à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Avec une telle inclusion, l’ONU pourrait être davantage à la hauteur de ses objectifs et servirait également les intérêts de tous ses États Membres, a estimé le Premier Ministre.

Dans un message vidéo préenregistré, M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre des finances, du service public, de la sécurité nationale, des affaires juridiques et des affaires des Grenadines, Saint-Vincent-et-les Grenadines, a souligné qu’en ces moments graves de défis sanitaires, socioéconomiques, politiques, climatiques et sécuritaires, à l’échelle mondiale, un « nouveau paradigme a émergé ».  À ses yeux, « un leadership transformationnel est plus que jamais nécessaire ».

En tant que petit État insulaire en développement (PEID), Saint-Vincent-et-les Grenadines s’efforce de mener un programme reposant sur la résilience de sa population pour atteindre les objectifs de développement durable, a fait valoir son premier ministre.  Il a rappelé notamment les éruptions volcaniques dévastatrices d’avril 2021 et la saison des ouragans dans l’Atlantique auxquelles l’île a fait face.

En effet, a poursuivi M. Gonsalves, les défis urgents de notre temps ne peuvent être résolus en incitant au « désordre perpétuel, à l’insécurité et à la guerre ».  Il a dénoncé le « nationalisme vaccinal », « la politisation du déploiement des vaccins, pour les riches d’abord et les pauvres par la suite », faits qu’il a jugés « inacceptables ».  Il faut, selon le Premier Ministre, « se rappeler que la forme la plus noble de solidarité est de donner le peu de ce que nous disposons et non pas, ce que l’on possède en abondance et en surplus ».  À cet égard, il a remercié le Gouvernement de l’Inde pour son don rapide de vaccins Astra Zeneca/Covishield, en regrettant qu’« un pays de l’Atlantique Nord ait refusé de reconnaître le Covishield pour l’entrée de personnes sur son territoire ».

Sur le plan international, « de nombreuses querelles politiques anciennes et de longue date devraient prendre fin », a commenté le Premier Ministre.  En tête de liste, M. Gonsalves a dénoncé le refus d’Israël et de ses soutiens internationaux d’accepter l’exigence d’un État palestinien indépendant, l’embargo économique « illégal et inhumain » contre Cuba par les États-Unis, ainsi que les sanctions économiques et financières « injustes, sévères et unilatérales » à l’encontre du Venezuela et du Nicaragua.  Il a ajouté que les Nations Unies devaient « cesser d’exclure Taiwan d’une participation significative », notamment dans les organisations internationales telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« Une catastrophe écologique imminente est à craindre pour l’humanité si nous ne changeons pas de cap », en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays d’Afrique, a poursuivi M. Gonsalves.  Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui prendra part à la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques (COP26), « craint le pire », a-t-il souligné: « Nous ne vivrons peut-être pas pour trouver la réponse si l’on continue à faire comme d’habitude. »

Le Premier Ministre a ensuite cité par les autres « préoccupations urgentes » de la région caraïbe « la restructuration de la dette et une réforme de l’architecture financière mondiale ».  Pour Saint-Vincent-et-les Grenadines, le remplacement de certains critères « erronés » pour déterminer l’accès au financement pour le développement, tels que le PIB par habitant, qui devrait céder la place à un indice de vulnérabilité, est nécessaire pour que les « petites îles » puisse atteindre les objectifs de développement durable.  M. Gonsalves a également plaidé pour une politique de réparation de la part des nations européennes à l’égard du « génocide des autochtones et de l’esclavage des Africains » dont ces nations ont systématiquement profité et dont, par conséquent, « les pays des Caraïbes ont souffert d’un héritage de sous-développement »; mais également la nécessité urgente d’aider Haïti, membre de la CARICOM, qui est dans une situation périlleuse.

Enfin, le Premier Ministre a abordé la question de la réforme du Conseil de sécurité, en exigeant notamment « qu’un nouvel élan lui soit donné ».  « Le Conseil de sécurité est sous l’emprise des cinq membres permanents », a-t-il souligné, invitant à l’élargissant du nombre des membres permanents.  Saint-Vincent-et-les Grenadines achève un mandat de deux ans comme membre élu du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, et il a souhaité que l’impulsion donnée par son pays poursuivra, « en particulier en cette Décennie des Nations Unies pour les peuples d’ascendance africaine ».

M. ARIEL HENRY, Premier Ministre d’Haïti, a ouvert son intervention en remerciant à nouveau l’Assemblée générale pour l’hommage rendu, le 14 juillet dernier, à feu le Président Jovenel Moïse, assassiné une semaine plus tôt.  Dans un message vidéo préenregistré, il a réaffirmé sa détermination à tout mettre en œuvre pour trouver les auteurs, les complices et les commanditaires de ce « crime odieux », ajoutant qu’Haïti avait pour cela sollicité une entraide judiciaire.

M. Henry a ensuite salué le thème d’espoir retenu pour cette soixante-seizième session, avant d’affirmer que « seule la solidarité et la coopération entre les peuples » permettra de venir à bout de la pandémie de COVID-19, qui met tous les pays, dont le sien, à rude épreuve.  Dans le même esprit, le Chef du Gouvernement haïtien a souhaité qu’une solution durable soit apportée au « problème migratoire », invitant la communauté internationale à améliorer de manière urgente « les conditions d’existence dans les pays pourvoyeurs de réfugiés politiques ou économiques ».  Ces derniers jours, a-t-il relevé, « les images du traitement réservé à plusieurs de mes compatriotes à la frontière entre le Mexique et les États-Unis ont choqué plus d’un ».  Sans contester le droit qu’a tout État souverain de contrôler l’entrée d’étrangers sur son territoire ou de renvoyer dans leur pays d’origine ceux qui y pénètrent illégalement, il a souhaité rappeler que nombre de pays « aujourd’hui prospères » ont été construits par des « vagues successives de migrants et de réfugiés ».  Les migrations continueront tant qu’il y aura sur notre planète des zones de prospérité, « tandis que la majeure partie de la population mondiale vit dans la précarité, parfois extrême, sans perspective d’une vie meilleure », a averti M. Henry.

Le Premier Ministre a également évoqué son action à la tête du Gouvernement, où il a accédé peu avant l’assassinat du Président Moïse.  Il a indiqué que sa priorité est de permettre au pays de retrouver un fonctionnement normal « alors que la quasi-totalité des institutions démocratiques n’existent plus ou sont totalement dysfonctionnelles ».  Se disant conscient que seul un dialogue avec les partis politiques et les acteurs organisés de la société civile peut conduire à un « consensus suffisant en vue d’assurer la stabilité sociopolitique », il a fait état de rencontres et de discussions avec tous les secteurs de la vie nationale, en vue de l’organisation d’élections générales crédibles, transparentes et inclusives « dans les meilleurs délais ».  Pour M. Henry, le nouvel « accord politique pour une gouvernance apaisée et efficace de la période intérimaire » constitue une « étape importante » dans le processus de rétablissement de l’état de droit et des institutions démocratiques.  Il s’est toutefois déclaré prêt à poursuivre les discussions afin d’étendre le consensus et obtenir l’adhésion d’autres compatriotes à ce projet commun.

À la crise politique qui frappe Haïti s’ajoutent les conséquences de catastrophes naturelles à répétition, a poursuivi M. Henry, rappelant qu’après le séisme de 2010 et l’ouragan Mathew de 2016, un puissant tremblement de terre avait, le 14 août dernier, ravagé toute la presqu’île du sud du pays.  Cette catastrophe a fait au moins 2 207 morts, 344 personnes disparues et plus de 12 268 blessés, tandis que des milliers de maisons ont été détruites ou endommagées, ainsi que des hôpitaux, des écoles, des églises, des ponts et des routes, a précisé le Premier Ministre, qui a salué « l’élan spontané de solidarité » de la communauté internationale.  Au-delà des besoins humanitaires immédiats, il a appelé cette dernière à continuer d’accompagner Haïti dans le processus de reconstruction.  « Il nous faut reconstruire en mieux et de façon plus résiliente pour mieux résister aux aléas climatiques », a plaidé le Premier Ministre, pour qui il importe aussi de permettre une reprise de l’économie et d’attirer des investissements tant nationaux qu’étrangers.  « Notre population est jeune, elle a besoin d’emplois décents et de meilleures perspectives, a encore souligné M. Henry, qui a conclu sur la nécessité d’un multilatéralisme « fort et toujours renouvelé ».

M. ISMAIL SABRI YAAKOB, Premier Ministre de la Malaisie, a constaté qu’en dépit des engagements pris l’an dernier pour lutter collectivement contre la pandémie de COVID-19, « nous sommes loin de gagner la guerre contre ce virus mortel ».  Si la plupart des pays producteurs de vaccins ainsi que ceux qui ont les moyens financiers ont obtenu un « certain succès », la majorité de la population mondiale reste non vaccinée, a-t-il déploré dans une allocution préenregistrée, appelant la communauté internationale à s’engager dans une « diplomatie de la santé » plus efficace.  « Nous devons vraiment considérer la santé publique comme un bien public mondial plutôt que comme le domaine exclusif des nations individuelles », a plaidé le dirigeant, avant de dénoncer le fossé croissant creusé par la pandémie entre les « nantis et les démunis ».

En réponse à la crise actuelle, la Malaisie a élargi ses prestations de soins de santé, opéré des injections budgétaires pour sauver son économie et protégé les moyens de subsistance de sa population, a expliqué le Premier Ministre.  Elle a également lancé un plan de relance qui prévoit l’accélération des vaccinations et la réouverture de secteurs économiques clefs.  M. Yaakob s’est félicité que ces efforts aient été salués lors de l’examen national volontaire de son pays en juillet.

Évoquant ensuite la reconstruction postpandémie, le Premier Ministre a averti que les défis étaient encore plus grands pour les pays vulnérables aux catastrophes naturelles.  Consciente de cette réalité, la Malaisie a défini des plans ambitieux pour faciliter la transition vers un avenir plus durable, sobre en carbone et résilient aux changements climatiques, a-t-il expliqué, faisant notamment état de mesures d’économie circulaire et d’initiatives d’atténuation et d’adaptation.  Dans le même temps, il a jugé que les pays développés avaient la responsabilité de fournir des ressources financières et des transferts de technologie au monde en développement pour lui permettre d’entreprendre des actions durables.

Par ailleurs, après avoir réitéré l’attachement de son pays au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et son engagement à préserver la région de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en tant que Zone de paix, de liberté et de neutralité en Asie du Sud-Est (ZOPFAN), M. Yaakob exhorté tous les États Membres à parler d’une seule voix sur la nécessité d’une cessation immédiate des hostilités dans toutes les parties du monde.  À cet égard, il a jugé la situation au Myanmar « très préoccupante » et a rappelé que la Malaisie accueille actuellement plus de 154 000 réfugiés de ce pays, dont plus de 66% appartiennent à la minorité ethnique rohingya.  Dans ce contexte, il a enjoint les autorités du Myanmar à autoriser la visite de l’Envoyé spécial de l’ASEAN et à l’assister dans son travail, tout en accélérant la mise en œuvre du « Consensus en cinq points », qui prévoit un arrêt des violences, un dialogue constructif entre les parties et la fourniture d’une aide humanitaire.

Avant de conclure, le Premier Ministre a réaffirmé le soutien et la solidarité indéfectibles de son pays au peuple palestinien qui continue de subir l’occupation israélienne.  Il a également souhaité que la famille mondiale s’unisse pour soutenir l’Afghanistan « en cette période difficile ».  Enfin, il a estimé que des réformes étaient nécessaires pour renforcer l’efficacité de l’ONU en tant qu’organisation multilatérale, lui apporter plus de transparence et renforcer sa crédibilité.

Pour M. PHANKHAM VIPHAVANH, Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, sans coopération et assistance mutuelle au niveau politique ou technique, nous ne pourrons surmonter vraiment la crise sanitaire actuelle.  Le Premier Ministre a, dans une déclaration préenregistrée, exhorté la communauté internationale, en particulier les pays les plus avancés en sciences médicales, à fournir des efforts concertés dans la lutte contre la COVID-19, passant de la recherche et développement de vaccins et médicaments, à la coopération sur la recherche de l’origine du virus. 

Citant les conséquences de la pandémie qui ont remis en cause les progrès économiques réalisés dans la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social du pays (PNDES), M. Viphavanh a fait valoir les efforts déployés par le Gouvernement lao, tels que l’adoption de mesures intégrant les objectifs de développement durable dans le PNDES d’ici à cinq ans, le plan stratégique 2025 et la Vision 2030 des Nations Unies.  Il a ajouté qu’un effort a été fait pour mettre en œuvre le Programme d’action d’Istanbul, avec l’ambition de sortir le pays du groupe des pays les moins avancés (PMA).  Le Premier Ministre a ensuite plaidé pour un appui et assistance continus de la communauté internationale au Gouvernement et au peuple lao.

Sur le plan régional, dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le Premier Ministre s’est félicité d’avoir participé activement au maintien et la promotion de la paix et de la stabilité dans la région.  Il a ajouté que l’ASEAN attachait une grande importance à la coopération pour la prévention et riposte à la pandémie ainsi qu’à la reprise économique post-COVID-19, ce qui lui a permis de s’engager dans la réduction des inégalités de développement et de promouvoir la connectivité interrégionale.  L’un des événements marquants des prochains mois est l’inauguration du chemin de fer à grande vitesse Chine-Laos, prévue avant la fin de l’année, a-t-il annoncé.  Ce sera, a-t-il précisé, le tout premier chemin de fer de la République démocratique populaire lao.  « C’est l’ouverture d’une nouvelle ère », pour « transformer un pays enclavé en pays interconnecté » a-t-il ajouté.

Face aux changements climatiques, la République démocratique populaire lao a intégré les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris dans son PNDES et sa Stratégie nationale de croissance verte.  De 2000 à 2020, les émissions de gaz à effet de serre du pays ont été réduites de 34% par rapport aux émissions de référence, et l’objectif est désormais de réduire de 60% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.  À cet égard, M. Viphavanh a exhorté tous les pays du monde à revoir leurs efforts pour réaliser l’engagement de l’Accord de Paris, afin de prévenir et de minimiser la survenue de catastrophes naturelles et d’impacts dévastateurs sur notre planète.

Le Premier Ministre s’est en outre dit convaincu que le multilatéralisme, la résolution des conflits par des moyens pacifiques sous le drapeau de l’ONU, restent un mécanisme indispensable pour faire face à la crise mondiale.  Avant de conclure, il a réitéré la candidature de son pays à un siège au Conseil économique et social (ECOSOC) pour la période 2023-2025, en invitant tous les États Membres à la soutenir.

M. ABDALLA ADAM HAMDOK, Premier Ministre du Soudan, intervenant dans une allocution préenregistrée, s’est dit honoré de prendre la parole devant l’Assemblée générale deux ans après la révolution glorieuse de décembre 2019, qui a porté les aspirations du peuple soudanais: la liberté, la paix et la justice.

Les graves conséquences de la pandémie se font encore ressentir dans tous les aspects de la vie, notamment dans les pays pauvres qui ont des difficultés à assurer à leurs populations un accès au vaccin, a poursuivi le Premier Ministre.  Le seul moyen, pour lui, de réaliser le slogan « personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité » demeure la coopération internationale et l’action multilatérale.  C’est ce qui permettra de se relever de cette pandémie sur des bases qui respectent les cadres économiques internationaux convenus dont, notamment, le Programme pour le développement durable.  Il faudra en outre recourir à des méthodes innovantes qui promeuvent la durabilité environnementale, a ajouté M. Hamdok.  À cet égard, le Premier Ministre a réitéré son soutien et sa gratitude à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à son rôle efficace joué depuis le début de la pandémie, remerciant en outre tous les pays et organisations qui avaient soutenu son pays pendant la crise sanitaire.

Le Gouvernement de transition continue de mettre en œuvre ses politiques qui visent à asseoir la démocratie et l’état de droit et à promouvoir les droits humains tout en s’attaquant aux problèmes structurels chroniques de l’économie soudanaise, avec pour objectif de bâtir un Soudan sûr et stable, a expliqué M. Hamdok.  Le Premier Ministre a évoqué la mise en place d’un mécanisme national des droits de l’homme qui inclut toutes les parties concernées.

M. Hamdok a par ailleurs fait part de la détermination de son gouvernement à continuer d’œuvrer en faveur d’une amélioration de la situation sécuritaire au Darfour par la mise en œuvre de l’Accord de Djouba.

Depuis l’entrée en fonctions du Gouvernement de transition, nous avons adopté une politique étrangère basée sur les principes de respect mutuel et de coopération, une politique qui vise à servir les intérêts du Soudan et à faire valoir les valeurs de bon voisinage et de coopération régionale, a-t-il affirmé.  Le Soudan a ainsi levé les contraintes et obstacles qui entravaient l’acheminement de l’aide humanitaire vers les zones affectées par les conflits.

M. Hamdok a rappelé la question des réfugiés, stratégique pour le Soudan car elle a un impact direct sur la sécurité nationale.  Au regard de son emplacement géographique, le Soudan accueille un flux de réfugiés des pays voisins aux prises avec des difficultés politiques, économiques et sécuritaires, a rappelé le Premier Ministre.  Or, a-t-il fait valoir, les pays hôtes partagent leurs maigres ressources et ne reçoivent pas l’appui nécessaire.  C’est pourquoi il a appelé la communauté internationale à contribuer de façon efficace au développement de ces communautés.

Le Soudan d’après la révolution croit en l’importance des relations de bon voisinage, l’instauration de stabilité et la sécurité dans les pays voisins et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, a encore affirmé le Premier Ministre.  M. Hamdok a rappelé qu’en juin dernier, le Conseil de sécurité avait consacré sa deuxième réunion en un an à la question du Grand Barrage de la Renaissance, alors que l’Éthiopie avait annoncé au même moment une mesure unilatérale, à la suite de l’échec des négociations entre les pays concernés, et ce, malgré les efforts déployés par la présidence de l’Union africaine.  Il a réitéré « notre rejet de toute mesure unilatérale » et réaffirmé la nécessité de parvenir à un accord contraignant concernant la mise en eau et l’opérationnalisation du barrage, afin d’éviter des dégâts potentiels qui, a-t-il dit, menaceraient les moyens de subsistance de la moitié de la population soudanaise.

Dans un message vidéo préenregistré, M. SAMDECH AKKA MOHA SENA PADEI TECHO HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a déclaré que la COVID-19 et ses variants constituaient l’évènement le plus perturbateur de l’histoire moderne.  Il a rappelé que la campagne vaccinale du Cambodge avait commencé en février 2021 et ajouté qu’environ 80% de l’ensemble de la population devrait être vaccinée d’ici au mois de novembre.

Notant que le monde affronte une pléthore d’autres défis, notamment les guerres technologiques et commerciales, les conflits armés, le terrorisme et les changements climatiques, M. Hun Sen a souligné que l’imposition par la force de systèmes de gouvernement différents n’apportait pas de solution.  Le Cambodge, qui a connu la pire des tragédies, en est la parfaite illustration, a-t-il ajouté, avant de déplorer que ces mêmes politiques se répètent.  Il a appelé notamment à tirer les enseignements des événements survenus récemment en Afghanistan.  Il y a un grand mérite à respecter les souhaits de chaque nation et le droit à l’autodétermination de leur peuple, a-t-il souligné.  Le Premier Ministre a ensuite insisté sur l’importance de renforcer le multilatéralisme et appelé à la levée des sanctions unilatérales et des mesures économiques coercitives.

M. Hun Sen a par ailleurs estimé que le treizième Sommet de la Réunion Asie-Europe (ASEM), qui sera accueilli par le Cambodge en novembre, doit être l’occasion de souligner que le multilatéralisme accorde la priorité aux convergences, que ce soit pour lutter contre la COVID-19, faire face aux changements climatiques ou en ce qui concerne les propositions de réformes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 

Après avoir indiqué que son pays avait fourni, depuis 2006, plus de 7 500 Casques bleus ou policiers aux missions de maintien de la paix de l’ONU, M. Hun Sen a appelé l’ONU à se montrer plus réactive.  Il l’a notamment engagée à privilégier une approche plus démocratique, inclusive et représentative, et a jugé nécessaire de revigorer la relation entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Secrétariat.  Il a aussi réaffirmé l’appui de son gouvernement à la réforme du Conseil de sécurité afin d’y augmenter la représentation des pays en développement.

Le Premier Ministre a également fait savoir que, lorsqu’il présiderait l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) l’an prochain, le Cambodge mettrait l’accent sur la protection des travailleurs migrants, un programme de développement plus vert et plus inclusif, ainsi que sur la transformation numérique des microentreprises, petites et moyennes entreprises et l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes.  Il a également appelé à renforcer le multilatéralisme afin de surmonter la crise de la COVID-19, et faire avancer la paix, le développement durable et la prospérité pour tous.

Dans une déclaration préenregistrée, M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, a comparé le virus de la COVID-19 à « un feu de brousse, dont les inégalités attisent les flammes », dressant un parallèle avec les catastrophes naturelles ayant ravagé plusieurs points du globe depuis le début de l’année: « Les inondations, les vagues de chaleur, les incendies et les cyclones liés au climat ont tué des centaines de personnes et infligé des dommages économiques insoutenables.  Nous, les humains, en sommes la cause, mais nous refusons d’en devenir le remède. »

Le dirigeant fidjien a déploré les inégalités d’accès aux vaccins entre pays.  Il a dit voir un monde confronté à deux pandémies distinctes: l’une s’achevant pour les pays riches, l’autre s’aggravant pour la plupart des pays en développement.  Ce fossé grandissant « se mesure en vies perdues et en années de progrès économique anéanties », a-t-il déclaré.  Dans les pays du Sud, les promesses de développement durable s’effilochent, des centaines de millions d’emplois ont disparu: « les blessures de cette crise nous paralyseront pendant des années si elles ne sont pas traitées », a prévenu M. Bainimarama.

L’expérience des Fidji montre comment une reprise équitable démarre en « piquant des bras, sans relâche », a poursuivi le Premier Ministre.  Plus de 98% des adultes des 110 îles habitées de l’archipel ont reçu une dose de vaccin ; plus de 67% d’entre eux sont complètement vaccinés, a-t-il précisé, en remerciant l’Inde, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis pour leur aide.  La mission du Gouvernement fidjien consiste maintenant à récupérer les quelque 100 000 emplois perdus à cause de la pandémie et à compenser les 50% de perte en recettes publiques.  « Bientôt, les Fidji rouvriront leurs portes au tourisme et aux affaires régionales et internationales.  Nous chercherons à accélérer les investissements, la numérisation et la modernisation de l’économie fidjienne », a affirmé M. Bainimarama.

Pourtant, a averti le Premier Ministre, la victoire des Fidji sur le virus sera de courte durée si la communauté mondiale ne parvient pas à augmenter le rythme des vaccinations partout dans le monde.  M. Bainimarama s’est dit consterné que les pays les plus riches envisagent déjà d’administrer des troisièmes doses ou des rappels à leurs ressortissants alors que des millions de personnes dans les pays en développement -y compris les soignants en première ligne- n’ont pas encore eu accès à une seule dose.  « Le nationalisme en matière de vaccins doit cesser », s’est-il indigné.  Un nationalisme que le G7, le G20 et les institutions financières multilatérales n’ont pas réussi à entraver.  Dès lors, a-t-il ajouté, « seules les Nations Unies peuvent combler ce manque de leadership ».

M. Bainimarama a rappelé que, malgré tous les discours sur la sauvegarde de la planète, la Terre était sur la voie d’un réchauffement de 2,7 degrés Celsius, ce qui entraînerait la perte de nations entières de faible altitude dans le Pacifique, ainsi que d’énormes parties du littoral mondial.  Cette situation augure de conflits liés au climat, de migrations massives, de l’effondrement des systèmes alimentaires et des écosystèmes.  « C’est effroyable.  C’est inimaginable.  Mais c’est la direction prise », a-t-il prévenu, rappelant que, depuis mars 2020, les Fidji avaient subi trois cyclones, dont deux ont approché la catégorie 5.

Les Fidji utilisent tous les outils fiscaux à leur disposition pour faire preuve de résilience, ainsi que pour réduire leur bilan carbone.  Mais « les Fidji ne peuvent enrayer les changements climatiques à elles seules », a fait observer le Premier Ministre.  Aujourd’hui, les petits États insulaires en développement (PEID) « n’ont accès qu’à moins de 2% du financement disponible pour le climat », a-t-il dénoncé.  Pour construire des îles Fidji véritablement résilientes, il a réclamé l’accès à des subventions ciblées à déploiement rapide, à des financements concessionnels à long terme, ainsi qu’à des outils et instruments financiers mis en place dans le cadre de partenariats public-privé. 

S’agissant de la prochaine COP26, les Fidji ont estimé que les dirigeants n’ayant pas le courage de dévoiler des engagements concrets et drastiques « ne devraient pas prendre la peine de réserver un vol pour Glasgow ».  Les pays du Nord de la planète doivent verser 100 milliards de dollars par an pour financer la lutte contre les changements climatiques, et s’entendre pour porter leurs engagements financiers à au moins 750 milliards de dollars par an à partir de 2025, a demandé M. Bainimarama.  Il a jugé « criminel » que les petits États insulaires en développement vulnérables du Pacifique n’aient accès qu’à une infime partie du financement climatique actuellement disponible, pour se protéger d’une crise existentielle qu’ils n’ont pas provoquée. 

M. LOTAY TSHERING, Premier Ministre du Bhoutan, a, dans un message vidéo préenregistré, déclaré que le fait que son pays s’apprête à sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) témoignait de ce que les efforts entrepris avaient porté leurs fruits.  Remerciant l’ONU et l’Inde pour leur soutien inconditionnel pendant toutes ces années, M. Tshering a promis de continuer à travailler en étroite collaboration avec tous les partenaires du pays.  Après avoir raconté l’histoire des cinq dernières décennies du Bhoutan, y compris la création de « l’indice du bonheur national brut », le Premier Ministre a estimé qu’on pourrait tirer de nombreuses leçons de la pandémie de COVID-19, que ce soit au niveau national ou mondial.

Cette pandémie a révélé les faiblesses et les potentiels de nombreuses nations et sociétés, a estimé M. Tshering, pour qui la leçon à retenir est la nécessité d’être préparé avec un système plus résilient pour l’avenir.  La nomenclature du SRAS-CoV-2 et de la COVID-19 indique clairement qu’il y aura des éclosions successives de maladies infectieuses, a-t-il averti.  La question est simplement « quand? »  Nul ne sait où le SARS-CoV-3 est en train d’incuber, a ajouté le Premier Ministre, pour qui l’objectif de reconstruire en mieux ne peut donc jamais être le bon si nous ne mettons pas l’accent sur la santé et des soins de santé de qualité facilement accessibles et abordables pour tous.  Nous devons également coordonner les plans d’action pour faire face à la pénurie alimentaire actuelle et les moyens de subsistance à long terme, a-t-il suggéré.

Le Bhoutan continue de maintenir des normes juridiques élevées pour sauvegarder son patrimoine naturel, a par ailleurs déclaré le Premier Ministre.  Il a rappelé qu’un chapitre de la Constitution du pays était consacré à l’environnement et qu’il imposait une couverture forestière de 60% du territoire et l’obligation de transmission entre les générations des ressources naturelles.  La moitié du pays est constituée d’aires protégées.  Afin de préserver la santé des aires protégées et les moyens de subsistance des personnes qui y vivent, une charte royale a été émise pour un mécanisme de financement innovant appelé « Bhutan for Life ». 

M. Tshering a par ailleurs affirmé que malgré son caractère de petit pays en développement, le Bhoutan avait toujours cru en la paix et l’harmonie mondiales.  Rappelant que le Bhoutan avait rejoint la communauté des États contributeurs aux opérations de paix en 2014, il a annoncé la création prochaine d’une force de réaction rapide nationale et a remercié l’ONU pour la confiance qu’elle accorde à son pays. 

Dans une déclaration préenregistrée, M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre du Royaume de Thaïlande, a encouragé la communauté internationale à traduire la crise de la pandémie de COVID-19 en opportunité, notamment pour réformer la coopération multilatérale et en faire un moteur du changement.  « Cela exige une réaffirmation de la foi dans le multilatéralisme puisqu’aucune capacité nationale, aussi importante soit-elle, ne peut à elle seule suffire à effectuer un changement », a insisté le Premier Ministre.  Après avoir mis l’accent sur l’opportunité de promouvoir la couverture sanitaire universelle (CSU) et le renforcement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il a encouragé la communauté internationale à utiliser les principes de Bangkok, qui fournissent des orientations sur les aspects sanitaires du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. 

Dans le domaine de la lutte contre les effets des changements climatiques, M. Chan-O-Cha a cité un plan énergétique national pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2065-2070 et l’objectif d’augmenter la proportion d’énergies renouvelables à 50% de la production d’électricité.  Il a exhorté la communauté mondiale à prendre des mesures collectives pour garantir des résultats constructifs et concrets à la COP26. 

Concernant le financement du développement, le Premier Ministre a dit l’importance de mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba pour stimuler la reprise économique dans les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.  La Thaïlande, en tant que coordonnatrice de l’ASEAN pour la coopération pour le développement durable, s’est engagée à promouvoir les complémentarités entre la vision communautaire de l’ASEAN 2025 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin de stimuler la reprise après la pandémie de COVID-19, ainsi que de contribuer à l’immunité mondiale contre les défis futurs, a expliqué M. Chan-O-Cha.

Faisant part de la fierté de son pays d’accueillir plus de 40 agences de l’ONU, le Premier Ministre a mis l’accent sur le projet de mise aux normes parasismiques et de remplacement des équipements en fin de vie de la Commission économique et sociale de l’ONU (ESCAP) pour l’Asie et le Pacifique.  Il a ajouté que la Thaïlande, en tant que centre régional de coopération internationale et de formation, accordait une grande importance à la coopération et l’assistance au développement par le biais de la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Il a expliqué que la Thaïlande, en collaboration avec l’ESCAP et le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, coorganiserait l’Exposition mondiale sur le développement Sud-Sud à Bangkok en 2022, et serait l’hôte de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC).  La Thaïlande, a-t-il précisé, appuiera son action sur trois priorités: faciliter le commerce et l’investissement; relancer la connectivité régionale, en particulier dans l’industrie du voyage et du tourisme; et promouvoir une croissance durable et inclusive.  Le Premier Ministre a conclu en expliquant que ces priorités soulignaient l’engagement de la Thaïlande à promouvoir la coopération multilatérale pour assurer un développement équilibré dans le monde post-COVID-19.

M. BOB LOUGHMAN, Premier Ministre de la République de Vanuatu, a, dans un message vidéo préenregistré, insisté sur l’importance de la solidarité mondiale et de la coopération internationale concertée en expliquant que, pour les petits États insulaires en développement comme le sien, les menaces les plus pressantes étaient celles des changements climatiques, de la gestion des océans, sans oublier la pandémie de COVID-19.  Par conséquent, il faut des mesures globales efficaces aux niveaux mondial, régional et national et un soutien durable pour retrouver l’élan de la coopération internationale nécessaire pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, tout en construisant des économies et des sociétés résilientes.  Les dirigeants du Pacifique, lors de la récente réunion du cinquante et unième Forum des îles du Pacifique, ont également reconnu ces défis et appelé les dirigeants à opter pour la voie du dialogue Pacifique pour aborder ces défis, a-t-il rappelé.

À Vanuatu, qui est sorti de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) en décembre 2020, le défi de la pandémie a été aggravé par une catastrophe naturelle, le cyclone Harold, en avril 2020, qui a eu des effets néfastes sur l’économie, la société et les communautés à un niveau sans précédent, a expliqué M. Loughman.  Pour le Premier Ministre, le chemin du relèvement sera difficile si la pandémie n’est pas bientôt contenue, même si le Vanuatu s’en est plutôt bien sorti grâce à une fermeture rapide de ses frontières internationales qui lui a permis de gagner un peu de temps pour préparer son système de santé.  Malheureusement, ces mesures de confinement ont paralysé l’économie.  Ainsi, concrètement pour Vanuatu, la fermeture rapide des frontières internationales en mars 2020 s’est traduite par la transition d’une menace sanitaire à une urgence économique.  De nombreuses entreprises, en particulier celles qui dépendent du tourisme, ont cessé leur activité.  Plus de 8 000 emplois formels ont été menacés ainsi que les moyens de subsistance de dizaines de milliers de personnes dans le secteur informel. 

M. Loughman a expliqué que son gouvernement avait élaboré une stratégie nationale de relance qui vise à soutenir les collectivités affectées par le cyclone Harold et par la COVID-19.  Cette stratégie répond aux enjeux sociaux, économiques et aux impacts environnementaux de la catastrophe.  Elle rétablit et renforce la fonction publique pour diriger et mettre en œuvre efficacement la relève dans les domaines de la santé et de l’éducation et veille à la modernisation des infrastructures et au renforcement des services environnementaux et à la résilience.  Le Premier Ministre a remercié à cette occasion les partenaires de développement pour leur soutien grâce auquel un plan de relance a été mis en place afin de sauver les emplois, prendre en charge les frais de scolarité, offrir des avantages fiscaux et stabiliser l’économie, entre autres.  Mais, à ce jour, seulement 10% de la population est vaccinée et l’accès aux vaccins reste un défi de taille pour le Gouvernement, a fait observer le Premier Ministre.

En tant que pays qui vient de sortir de la catégorie des PMA, le Premier Ministre a estimé qu’il fallait que la communauté internationale renforce et étende son soutien à ce groupe de pays.  C’est particulièrement important aujourd’hui, étant donné les impacts de la pandémie de COVID-19 et l’impératif de renforcer leur résilience climatique en vue d’assurer une transition en douceur, a-t-il conclu. 

M. PHILIP EDWARD DAVIS, Premier Ministre et Ministre des finances, Commonwealth des Bahamas, a rappelé que la collaboration mondiale était essentielle pour mettre fin à la pandémie de COVID-19.  Dans un monde interconnecté, « nous serons en sécurité que lorsque tous les pays, y compris le mien, seront protégés », a-t-il déclaré.  Cela nécessite une distribution équitable des vaccins notamment aux petits États insulaires en développement, (PEID) qui ne sont pas des fabricants, a-t-il observé, ajoutant que « stocker ces vaccins pour soi-même est une honte ».

M. Davis a ensuite salué les dons des États-Unis, de l’Inde, de la Chine, d’Antigua-et-Barbuda et de la Dominique, ainsi que le soutien continu des partenaires incluant le Mécanisme COVAX.  Le Premier Ministre a néanmoins estimé que ces efforts n’étaient « toujours pas suffisants ».  En effet, la demande de vaccins a considérablement dépassé l’offre aux Bahamas et, selon lui, il est essentiel qu’en plus des vaccins, des médicaments et des soins sûrs soient fabriqués et accessibles à tous.

M. Davis a rappelé que, bien avant que la COVID-19 ne ferme les frontières du pays, les Bahamas avaient connu des ouragans majeurs en 2015, 2016, 2017 et en septembre 2019 avec l’ouragan Dorian, la plus grande tempête de l’histoire de l’Atlantique.  Les petits États insulaires en développement comme les Bahamas ne peuvent survivre à cette « nouvelle normalité », a-t-il insisté.  Aux côtés des pays de la CARICOM, il a exhorté un « changement radical » et rappelé au monde que les plus durement touchés par l’impact des changements climatiques ne sont pas les plus responsables.  « Nos pays portent de manière disproportionnée le fardeau du piège de la reprise, dans lequel nous tentons de reconstruire à coups de milliards, des milliards que nous n’avons jamais eus, même avant la COVID », s’est-il indigné.

Rappelant que les Bahamas participeraient à la prochaine Conférence de Glasgow des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26), M. Davis a appelé à plus d’engagement en matière de financement et d’investissement de l’action climatique.  La priorité, selon lui, tient dans des solutions de financement et d’endettement plus innovantes.  Il s’est en outre félicité que les Bahamas soient à la pointe en matière de préservation des zones humides.  Il a rappelé en passant que son pays cherchait à se faire réélire à l’Organisation maritime internationale (OMI).

Il convient de noter que le montant de la dette mondiale de financement du développement pour atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 était estimé en 2019 à 2 500 milliards de dollars et ne fait qu’augmenter, a déclaré M. Davis.  Le Premier Ministre a réitéré son appel à l’institutionnalisation d’un indice de vulnérabilité dans les processus décisionnels des institutions financières internationales et de la communauté internationale des donateurs.  Il a précisé, que les services financiers constituaient une composante cruciale de l’économie des Bahamas.  À cet égard, il a rappelé le rôle indispensable des Nations Unies pour assurer une plus grande surveillance de la lutte contre le blanchiment d’argent, une meilleure réduction des risques et un renforcement de la coopération fiscale internationale.

M. POHIVA TU’I’ONETOA, Premier Ministre des Tonga, a affirmé, dans une allocution préenregistrée, que son pays, bien qu’exempt de COVID-19, n’avait pas été épargné par les conséquences socioéconomiques qui en découlent, aggravées par la situation économique déjà catastrophique à laquelle sont confrontés de nombreux petits États insulaires en développement (PEID).

Le Royaume a eu la chance d’être le troisième pays du Pacifique à recevoir les doses de vaccin COVID-19 en mars 2021 grâce au Mécanisme COVAX, a expliqué le Premier Ministre, ajoutant qu’à ce jour, environ un tiers de la population avait été vacciné et que le pays avait pour objectif de vacciner jusqu’à 70% de sa population d’ici à la fin 2022.  En conséquence, les Tonga se joignent à d'autres pays pour demander un accès rapide et équitable aux vaccins contre la COVID-19, tout en soutenant l’idée d’une une dérogation aux Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour lesdits vaccins.

Les Tonga soutiennent le renforcement des efforts régionaux et mondiaux de planification précoce des pandémies et des catastrophes et de renforcement de la résilience.  À cet égard, le Premier Ministre a exprimé sa gratitude à tous les partenaires de développement de son pays, État ou organisations internationales, pour leur aide financière et humanitaire par le biais du Mécanisme COVAX. 

La plus grande menace pour les Tonga et pour le Pacifique reste les changements climatiques, a déclaré M. Tu’I’Onetoa.  Le Premier Ministre a rappelé que le World Risk Report 2017 avait classé les Tonga au deuxième rang des pays les plus exposés aux catastrophes naturelles telles que les cyclones, les inondations et l’élévation du niveau de la mer. 

Bien que les Tonga contribuent à une quantité négligeable des émissions mondiales de gaz à effet de serre, nous sommes néanmoins ambitieux dans le soutien de l’objectif de limiter le réchauffement climatique par la soumission de notre deuxième contribution déterminée au niveau national (NDC) en 2020, conformément au calendrier convenu dans le cadre de l’Accord de Paris, a ensuite expliqué le Premier Ministre.  Les Tonga ont également lancé le plan directeur d’efficacité énergétique des Tonga (TEEMP pour 2020 -2030) et le certificat national sur l’énergie durable (NCSE), mesures qui témoignent clairement de la volonté du pays d’atteindre un avenir énergétique durable tout en atténuant les effets des changements climatiques.

M. Tu’I’Onetoa a également rappelé que son pays avait coprésidé avec Monaco, en juin dernier, la vingt et unième réunion du Processus consultatif officieux ouvert à tous sur les océans et le droit de la mer (ICP21), dont les discussions ont porté sur l’élévation du niveau de la mer et ses impacts.  Il a rappelé la nécessité de prendre des mesures accélérées pour ralentir le rythme de l’élévation du niveau des mers.  À cet égard, les États membres du Forum des îles du Pacifique continuent de noter avec une grande inquiétude la menace que représente l’élévation du niveau de la mer et s’engagent à veiller à ce que les zones maritimes des États membres soient délimitées, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982.

Rappelant que l’utilisation durable des ressources océaniques et la préservation de la santé des écosystèmes océaniques sont essentielles pour les pays comme le sien et leur population, le Premier Ministre des Tonga a appelé à des mesures urgentes pour contribuer à cet effort d’inversion de la tendance au déclin qui touche l’océan, « notre fournisseur traditionnel » et assurer des moyens de subsistance durables tout en respectant le cadre juridique défini la Convention sur le droit de la mer.

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que la coopération au sein de l’ONU est particulièrement pertinente maintenant que le nombre des problèmes internationaux augmente, les menaces transfrontalières se multiplient et de nombreuses tensions ont un réel potentiel de déstabiliser des régions.  Le Ministre a dénoncé la tendance à privilégier « le droit à la force » au lieu de « la force du droit ».  Entre les grandes puissances, il n’y a aucun consensus sur les principes de l’ordre international.

Le Ministre a critiqué les tentatives persistantes de diminuer le rôle de l’ONU dans le règlement des problèmes actuels, de la pousser sur le côté ou d’en faire un instrument au service des intérêts égoïstes d’une poignée de pays.  Ces tentatives s’inscrivent clairement dans le prétendu concept d’« un ordre fondé sur des règles » que l’Occident ne cesse de mettre en avant dans ses discours politiques par opposition au droit international.  La Charte est certes une série de règles mais, a fait observer le Ministre, elles ont été acceptées par tous les pays du monde.  En conséquence, toute nouvelle règle régissant les relations internationales doit être agréée par les plateformes internationales et surtout par l’ONU.  Quand elles sont établies derrière des portes closes, elles ne peuvent pas, a martelé le Ministre, prétendre à une légitimité globale.

Par cette façon de faire, l’Occident veut tout simplement exclure ce qui ont d’autres points de vue du processus mondial de prise de décision.  L’Allemagne et la France viennent d’annoncer la création de l’« Alliance du multilatéralisme », alors qu’il n’est rien de plus multilatérale que l’ONU.  Berlin et Paris semblent donc penser qu’il y a trop de « conservateurs » au sein de l’Organisation, qui combattent les efforts des « avant-gardistes ».  Ils proclament d’ailleurs que l’Union européenne est l’emblème même d’un « multilatéralisme effectif ».  Dans la même veine, le Ministre a critiqué l’idée de l’Administration américaine de convoquer un « Sommet de la démocratie », laquelle idée, s’inscrit, a fait remarquer le Ministre, dans l’esprit de la guerre froide puisqu’il s’agit d’une nouvelle croisade contre les dissidents.  Ce « Sommet » constituera un autre pas vers la division de la communauté internationale, c’est à dire, « eux et nous ».

L’ordre fondé sur des règles souffre des deux poids, deux mesures, a poursuivi le Ministre.  Quand il sert les intérêts de l’Occident, le droit à l’autodétermination devient « absolu », comme en témoigne la situation au Kosovo ou aux Îles Malvinas.  Mais quand l’exercice de ce droit va à l’encontre de ses intérêts, comme en Crimée, l’Occident recourt à des sanctions.  L’ordre fondé sur des règles est également invoqué pour Cuba, le Venezuela ou le Nicaragua.  Privilégier cet ordre au détriment du respect inconditionnel du droit international peut nous ramener à l’époque des blocs mais cette fois, le bloc de l’Occident et celui du reste du monde.  Réjouissons-nous, a dit le Ministre, que plusieurs médias dans le monde aient justement perçu dans la vente des sous-marins à l’Australie par les États-Unis une riposte aux discussions sur l’« autonomie stratégique » de l’Europe, après le retrait « hâtif » des troupes américaines d’Afghanistan.

Face aux conflits mondiaux, a poursuivi le Ministre, le monde a besoin d’unité plutôt que de division.  L’ONU et son Conseil de sécurité doivent donc s’adapter à la réalité d’un ordre mondial polycentrique et accroître la représentation de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine.  Le Ministre a rappelé la proposition de son président de convoquer un sommet des cinq membres permanents du Conseil sur les questions de stabilité mondiale.  En attendant, il a rappelé l’accord de principe sur un dialogue russo-américain sur le contrôle des armes.  Mais il faut également des approches « responsables » dans d’autres domaines de la stabilité stratégique.  Il a dit attendre depuis longtemps la réponse des États membres de l’OTAN à l’engagement russe de ne pas déployer de missiles dans les régions où les États n’en déploieraient pas.

Le Ministre a ensuite attiré l’attention sur la menace que constitue la militarisation d’Internet et la course au « cyberarmement ».  Il a une nouvelle fois plaidé pour une plateforme de l’ONU chargée de la sécurité de l’information pour avancer vers un comportement et une utilisation « responsables » des nouvelles technologies et vers une convention sur la lutte contre la cybercriminalité.  S’agissant de l’espace extra-atmosphérique, le Ministre a affirmé que le projet de traité que son pays a élaboré avec la Chine est toujours sur la table.

Vingt ans après les horribles attaques terroristes à New York, a-t-il poursuivi, le Président Vladimir V. Poutin n’a cessé d’appeler à une coalition antiterroriste sans deux poids, deux mesures.  Nous attendons, a-t-il ajouté, la réponse à notre initiative sur l’élaboration d’une convention sur la lutte contre le terrorisme chimique et biologique.

S’attardant sur la situation en Afghanistan, le Ministre a vanté le travail de la « Troïka élargie » et du Format de Moscou.  Il a aussi cité le Processus d’Astana pour la Syrie et les efforts de son pays pour accélérer les réformes politiques en Libye.  Le Ministre a également milité pour la relance de négociations directes entre les Israéliens et les Palestiniens, grâce à un Quatuor redynamisé qui travaillerait en coordination avec la Ligue des États arabes.  Quant à la normalisation des relations entre l’Iran et ses voisins arabes, le Ministre a dit attendre la reprise de la pleine mise en œuvre du Plan d’action global commun.  Il faut une approche holistique, a-t-il ajouté, et c’est le sens du Concept russe actualisé sur la sécurité collective dans le golfe Persique.  Le Ministre a aussi souhaité le plein succès de la Conférence mondiale sur le dialogue interculturel et interconfessionnel prévue à Saint Petersburg, du 16 au 18 mai 2022.

Soulignant l’importance des dimensions humanitaire, socioéconomique et environnementale du travail de l’ONU, le Ministre a mis en garde contre la tentation de les transformer elles aussi en un champ « de jeux politiques et de concurrence déloyale ».  Nous sommes tous sur le même bateau, a conclu le Ministre.  Nous sommes tous différents mais ces différences ne sauraient nous empêcher de travailler pour le bien de nos nations et de l’humanité tout entière, a souligné le Ministre, en proposant le hashtag #UNCharterIsOurRules.

Mme FIAME NAOMI MATAAFA, Première Ministre du Samoa, a dit, dans une déclaration préenregistrée, qu’en ces temps incertains, les dirigeants du monde doivent rester ensemble et travailler à un avenir juste, pacifique et durable pour nos peuples et la planète.  Il n’est de plus grand défi, a-t-elle souligné, que les changements climatiques.  Les solutions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre doivent être assorties de mesures de financement et de transfert de technologie en faveur des pays les plus exposés.  La priorité de mon gouvernement, a poursuivi la Première Ministre, est de préserver la santé des océans et la biodiversité.  Les objectifs de protection marine sont alignés avec la campagne « Blue Leaders 30x30 » appelant à faire de 30% des océans du monde des zones protégées d’ici à 2030.  La sécurisation des zones maritimes et des droits associés est d’une importance fondamentale pour la région du Pacifique, a souligné la dirigeante.

Sur le front politique, elle a regretté l’interprétation qu’on fait certains des événements survenus cette année après les élections de 2021 et de la crise constitutionnelle qui a suivi.  Pour nous, a affirmé la Première Ministre, c’était le passage obligé du parcours vers une démocratie mature.  Les évènements ont certes mis à l’épreuve tous les piliers de la société, à savoir la foi, la culture et l’état de droit.  Mais le fait que je sois ici à la tribune témoigne de la survie de l’état de droit, a martelé la Première Ministre.  Aujourd’hui, la situation au Samoa est calme et même sans cas de COVID-19.  Le nouveau Gouvernement restera attaché à l’état de droit et aux droits de l’homme, en particulier ceux des groupes vulnérables.

Le Samoa, a encore dit la Première Ministre, se soumettra à son troisième examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme, au mois de novembre prochain.  Nous maintenons que nos valeurs chrétiennes, notre culture unique et nos traditions complètent les droits de l’homme et les libertés fondamentales, a souligné la Première Ministre.  Elle n’a pas manqué, avant de conclure, d’insister sur les engagements pris en vertu des Orientations de Samoa.  Nous demandons instamment que les questions en suspens soient réglées d’urgence, compte tenu de la date butoir qui approche à grands pas, a-t-elle dit.

Dans un message vidéo préenregistré, M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre de Tuvalu, a estimé qu’il ne serait possible de construire des économies résilientes et durables sans tenir compte des besoins de la planète et de la protection des droits humains.  Il a souligné que Tuvalu était extrêmement vulnérable aux effets des changements climatiques, le pays se situant à pas plus de deux mètres au-dessus du niveau de la mer.  « Pendant combien de temps encore nos îles pourront-elles soutenir nos moyens d’existence?  Y a-t-il même un futur pour nous sur nos îles?  Si Tuvalu se retrouve submergé, est-ce que le pays restera un État Membre de l’ONU? » s’est interrogé M. Natano. 

Ce sont des questions morales et politiques valables mais difficiles auxquelles nous continuons à être confrontés, a noté le Premier Ministre.  Tant que nous n’aurons pas la réponse, le développement durable sera un vœu pieux et un objectif à court terme en sursis, et non une réalité que nous pouvons accomplir, a-t-il asséné.  M. Natano a cependant déclaré que tout espoir n’était pas perdu.   « Nous nous adapterons », a-t-il indiqué, demandant à la communauté internationale des solutions pour protéger les droits des peuples affectés par les effets des changements climatiques.  Nous avons déjà continué à renforcer l’adaptation aux changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer grâce à la construction de systèmes de protection des côtes et à l’adoption de nouveaux systèmes agricoles, a notamment précisé le Premier Ministre. 

Le coût des reconstructions après chaque cyclone tropical et de l’adaptation à l’élévation du niveau de la mer laisse peu de place à des investissements pour les objectifs de développement durable, a ensuite déploré M. Natano, qui a insisté sur la nécessité de s’attaquer aux causes des changements climatiques.  À l’approche de la COP26, le Premier Ministre a appelé les pays développés et les grandes économies à faire preuve de leadership.  Il a également demandé le respect des promesses financières faites lors de l’Accord de Paris.  La COP26 sera une COP décisive, a-t-il prévenu. 

L’ONU a mis en place des systèmes afin de guider nos efforts pour « reconstruire en mieux », a relevé le Premier Ministre, citant notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mais, a-t-il ajouté, nous avons besoin d’une volonté politique forte.  M. Natano a ensuite jugé vital une revitalisation des Nations Unies.  Soulignant que la pandémie de COVID-19 avait montré la vulnérabilité de nos systèmes de sécurité alimentaire, M. Natano a affirmé qu’il était primordial de garder les océans propres et durables pour les générations à venir.  Nous attendons avec impatience la mise en place des résultats du Sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires, a-t-il ajouté. 

Évoquant les questions internationales, M. Natano a jugé regrettable « l’injustice persistante » qui consiste à interdire aux Taiwanais l’accès aux locaux de l’ONU pour des visites et des entretiens.  Le Premier Ministre a également dénoncé le fait que des journalistes et médias de Taiwan n’aient pu obtenir d’accréditations pour couvrir des réunions de l’ONU.  Il a jugé alarmant que l’espace de la société civile au sein de l’ONU et la liberté de la presse soient ainsi restreints.  De même, M. Natano a critiqué le fardeau économique du long embargo économique unilatéral contre Cuba.  Le maintien de ces mesures a empêché Cuba de recevoir l’assistance internationale dont elle a besoin pour se reconstruire après la pandémie de COVID-19. 

Réaffirmant son attachement au multilatéralisme, M. Natano a enfin lancé un appel aux États Membres pour s’unir dans la lutte contre les changements climatiques.  C’est en travaillant ensemble que nous pourrons construire un avenir durable pour la planète Terre, a-t-il conclu. 

M. GASTON A. BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, s’est dit choqué, dans une allocution préenregistrée, par la faible coopération internationale face à la pandémie de COVID-19, en jugeant « injuste » que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soit devenue « le bouc émissaire » pour une situation qui doit être imputée aux grandes puissances qui contrôlent les systèmes de santé internationaux.  Le financement international pour stopper la propagation de la COVID-19 et atténuer son impact sur la santé et l’économie est tout simplement « insuffisant », a martelé M. Browne.  La pandémie, a-t-il rappelé, continue de tuer et de ruiner les économies chaque minute de chaque jour.  Le Premier Ministre a tout de même félicité le Président américain, Joe Biden, pour avoir organisé cette semaine un Sommet mondial sur la COVID-19, et a salué la contribution de 250 millions de dollars faite par les États-Unis au fonds de la Banque mondiale pour contrer les menaces liées aux futures pandémies.

À cause de la COVID-19, a poursuivi le Premier Ministre, les petits États insulaires en développement, y compris ceux de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont vu leur PIB chuter de 20%.  « Cessons d’agir comme si la pandémie était derrière nous », s’est-il emporté.  Plus le virus circulera parmi les milliards de personnes non vaccinées, plus sera élevé le risque qu’il ne développe des variants encore plus dangereux et plus meurtriers.  Il est tout simplement « absurde » de se vanter des taux élevés de vaccination dans les pays riches si les pays pauvres n’ont pas accès aux vaccins.  Aucun de nous ne sera protégé tant que nous ne le serons pas tous, a prévenu le Premier Ministre.

Alors que l’objectif est de vacciner 70% de la population mondiale d’ici à septembre 2022, il n’a pu que fustigé une discrimination vaccinale « contreproductive », consistant à privilégier les vaccins fabriqués en Amérique du Nord et en Europe.  C’est « un apartheid vaccinal » qui menace l’objectif fixé.  M. Browne a exhorté l’OMS, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’ONU à se préparer dès maintenant aux pandémies futures et le Conseil de sécurité de l’ONU, à traiter des pandémies comme une menace majeure à la paix et à la sécurité internationales, afin que le monde ne soit plus jamais pris au dépourvu.

Le même sentiment d’urgence s’applique à la lutte contre les changements climatiques, a poursuivi le Premier Ministre qui a rappelé que 700 millions de personnes seront probablement exposées, chaque année, à de graves sécheresses prolongées d’au moins de six mois, d’ici à 2040, sans oublier le rôle du climat dans la multiplication des maladies.  Dans ce contexte, on ne saurait considérer l’aide publique au développement (APD) comme « de la charité », a dit le Premier Ministre.  Il a espéré que l’action du Danemark qui a considérablement augmenté sa contribution financière aux initiatives d’adaptation et de résilience dans les pays les plus vulnérables, servira d’exemple à suivre aux autres donateurs et rappellera la responsabilité des pays industrialisés d’aider les États les plus touchés par des changements climatiques qu’ils ont eux-mêmes créés.

L’APD doit être vue comme « un dédommagement climatique », a martelé le Premier Ministre, sans oublier de préconiser la conversion et l’annulation de la dette pour permettre aux petits États d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables.  Il ne faut pas d’argent pour annuler une dette, c’est un simple jeu d’écriture, a-t-il professé.  Il a tenu à souligner que les États particulièrement touchés par les changements climatiques pourraient saisir les tribunaux internationaux et obtenir réparation pour des dégâts avérés.

Il est tout simplement « illogique », s’est-il énervé, que les pays développés d’Amérique du Nord et d’Europe pressent les petits États vulnérables de passer aux énergies renouvelables alors qu’ils investissent eux-mêmes 1 600 milliards de dollars par an dans les combustibles fossiles, tout en ne consacrant que 2 milliards à l’aide au pays en développement.  Face à ces « contradictions », le Premier Ministre a exhorté les États à tout mettre en œuvre pour que la COP26 prévue à Glasgow, au mois de novembre, soit le succès qui donnera l’espoir d’une augmentation de la température limitée à 1,5 degré Celsius.

Dans un message vidéo préenregistré, M. MANASSEH DAMUKANA SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, a déclaré que son pays a réussi à limiter la propagation de la COVID-19 à 20 cas « importés » et à éliminer les infections dans les centres de quarantaine aux frontières.  La pandémie, a-t-il affirmé, a permis au pays d’améliorer le système et les établissements de santé.  Sachant que la meilleure défense contre le virus, c’est la vaccination, le Gouvernement s’est fixé l’objectif de vacciner au moins 90% de la population, avant d’envisager la réouverture des frontières.

La pandémie de COVID-19, a toutefois reconnu le Premier Ministre, a creusé le déficit de la balance commerciale d’environ 96 millions de dollars à la moitié de l’année, soit 24 millions de dollars de plus que l’exercice précédent.  Pour maintenir l’économie à flot, le Gouvernement a mis en œuvre des plans de relance et lancé l’initiative « Umi Tugeda Tourism ».  Les accords sur la main d’œuvre avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada ont permis d’offrir des emplois aux jeunes contribuant aux efforts de relance économique.

En tant que petit État insulaire en développement, a poursuivi le Premier Ministre, les Îles Salomon continuent de lutter contre les effets dévastateurs des changements climatiques qui menacent les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être des populations.  Il a appelé tous les plus gros pollueurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à prendre des mesures plus ambitieuses pour placer le monde sur une trajectoire inférieure à 1,5 °C de réchauffement de la planète.  Le Premier Ministre a aussi appelé à un soutien plus fort au Mécanisme international de Varsovie et à la création d’un fonds d’adaptation pour soutenir l’Accord de Paris sur le climat.

Nous sommes également déterminés, a souligné le Premier Ministre, à négocier un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale.  Nous appuyons aussi, a-t-il ajouté, le travail de la Commission du droit internationale sur l’élévation du niveau de la mer et la souveraineté.  Une fois qu’elles seront déposées aux Nations Unies, les zones maritimes nationales ne devraient plus être contestées.  Les droits doivent être respectés quel que soit le niveau d’élévation de la mer.  C’est le principe d’équité et de justice de la Convention sur le droit de la mer qui consacre les principes de stabilité, de sécurité, de certitude et de prévisibilité.

Les Îles Salomon, a rappelé le Premier Ministre, sont sur le point de sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) et probablement d’ici à 2024.  Toutefois, compte tenu de l’impact de la COVID-19, il faudra au préalable mener une analyse approfondie du système de santé et de l’économie.  En attendant cette analyse, a estimé le Premier Ministre, la date du retrait de la catégorie des PMA devrait être reportée.  Il a appelé ses partenaires au développement à aligner leur appui et leurs programmes prioritaires avec la Stratégie nationale de développement.  Le Premier Ministre a conclu sur la réforme du Conseil de sécurité, en réclamant un siège pour les petits États insulaires en développement.

« C’est une lapalissade d’affirmer que le Mali et les pays du Sahel sont, de nos jours, confrontés à l’hydre du terrorisme, à l’extrémisme violent et à l’instabilité », a déclaré M. CHOGUEL KOKALLA MAIGA, Premier Ministre du Mali.  À notre quotidien fait d’angoisses et de tragédies est venue s’ajouter la pandémie de COVID-19, avec ses impacts négatifs sur l’économie et sur les conditions de vie de nos populations, déjà précaires du fait des défis économiques, politiques et humanitaires.  « Rarement un pays ou une région aura été aussi durement éprouvé par l’empilement des crises plus que le Mali et le Sahel », a affirmé le Chef du Gouvernement malien. 

C’est dans ce contexte difficile que le peuple malien, « après plusieurs mois de soulèvements populaires », a placé tous ses espoirs dans le processus de transition politique en cours, a expliqué M. Maiga.  Le Gouvernement, qu’il dirige depuis le 11 juin 2021, comprend les représentants des forces vives du Mali, ainsi que des membres des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, et des représentants des forces politiques et sociales du pays.

Aussitôt installés, a affirmé le Premier Ministre, nous avons œuvré à l’élaboration du Plan d’action du Gouvernement de transition, qui érige la sécurité au rang de « priorité élevée », répondant à l’aspiration profonde de notre peuple.  En effet, a-t-il reconnu, depuis mars 2012, la situation du Mali ne s’est guère améliorée, « des pans entiers du territoire national échappent au contrôle du Gouvernement », malgré le soutien international et la présence d’une opération de paix de l’ONU, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), et de forces internationales: l’opération française Barkhane, la Force européenne TAKUBA et la Force conjointe du G5 Sahel. 

Appelant à « changer de paradigme » sécuritaire au Sahel, le Chef du Gouvernement a rappelé certaines des dispositions des résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2164 (2014), qui demandait à « la MINUSMA d’utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat » et lui enjoignait, en particulier, « d’étendre sa présence, notamment grâce à des patrouilles de longue portée […] dans le nord du pays, au-delà des principales agglomérations et en particulier dans les zones où les civils sont en danger ».  Devant les tueries de masse, les villages rasés de la carte et d’innocentes vies civiles fauchées, dont des femmes et des nourrissons souvent brûlés vifs, la population malienne a le net sentiment que la mission assignée à la MINUSMA a « changé en cours de route », et notamment depuis 2015, après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, alors même que les défis qui ont justifié son déploiement sont restés constants. 

Dénonçant la « métastase » de l’« environnement terroriste », le Premier Ministre a critiqué le fait que l’opération française Barkhane amorce « subitement » son retrait en vue, « dit-on », d’une transformation en « Coalition internationale » dont tous les contours ne sont pas encore connus, « en tout cas pas de mon pays ».  Il a argué que cette décision n’a pas tenu compte du lien tripartite qui lie l’ONU, le Mali et la France.  La nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane, plaçant le Mali devant le « fait accompli » et l’exposant à une « espèce d’abandon en plein vol », nous conduit, a dit le Premier Ministre, à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autre partenaires, de manière à combler le vide sécuritaire provoqué par le départ de cette force.

À la lumière de ce constat, nous devrions, a-t-il estimé, « remettre sur la table » la demande d’un mandat plus robuste et d’un « changement de posture » de la part de la MINUSMA, pour lui donner les moyens de s’acquitter convenablement de son mandat.  M. Maiga a souligné que cette demande est régulièrement relayée auprès du Conseil de sécurité.  Pour autant, a-t-il dit, nous sommes conscients de nos obligations, s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, notamment le programme accéléré de désarmement, démobilisation et de réinsertion (DDR) portant sur l’intégration de 3 000 ex-combattants. 

Après avoir expliqué que débuteraient, dans les tous prochains jours, les Assises nationales de la refondation (ANR), dont les recommandations auront « force exécutoire », aussi bien pour la période de transition en cours que pour la poursuite des politiques publiques à venir, le Premier Ministre a déclaré que son gouvernement a l’intention d’organiser des élections générales transparentes, crédibles et inclusives devant marquer le retour à l’ordre constitutionnel au Mali.  Elles seront le « baromètre » de la réussite de la transition, a résumé le Chef du Gouvernement, en précisant que sera institué à cet égard un organe unique indépendant de gestion des élections (OUIGE), qui supervisera la relecture de la loi électorale, l’installation d’un directoire national et des démembrements aux niveaux régional, local et dans les ambassades et consulats du Mali. 

Dans une déclaration préenregistrée, Le cardinal PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a apprécié le thème de ce débat général, « Construire la résilience par l’espoir », car il concentre notre attention sur l’importance cruciale de l’espoir dans les affaires humaines.  L’espoir est différent de l’optimisme, qui est une attente que les choses se passent bien ou l’idée que d’une manière ou d’une autre l’histoire se développera inévitablement sur une trajectoire ascendante.  Au lieu de cela, a intimé le cardinal Parolin, nous savons que nos réalisations ne sont pas inattaquables: le maintien de la paix, la protection et la promotion des droits de l’homme, le développement humain et le souci de notre maison commune ne doivent jamais être tenus pour acquis, mais doivent être « recherchés et sécurisés par chaque génération ».  Alors que de nouvelles crises surviennent et que d’autres persistent, nous avons besoin d’espoir pour persévérer dans leur résolution.  L’espoir nous maintient motivés lorsque les problèmes et les désaccords semblent insolubles.  « Il facilite le pardon. »

Pour mieux sortir de la pandémie de COVID-19, nous devons nous appuyer sur un sens renouvelé de la solidarité fraternelle, a fait valoir le cardinal.  La pandémie nous a appris qu’aucun État n’est capable de résoudre seul la crise.  Nous devons œuvrer ensemble à remédier à la situation de ceux qui sont en marge des découvertes pharmaceutiques, a-t-il dit.  Selon lui, « les vaccins doivent être accessibles à tous », notamment dans les zones de conflit et de crise humanitaire.  Ensuite, la pandémie a eu un impact négatif sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cinq ans de progrès sur les 17 objectifs de développement durable ont été interrompus voire inversés par le virus et ses conséquences.  « Faire du développement durable une réalité d’ici à 2030 est devenu un défi si redoutable que des efforts considérables seront nécessaires », a prévenu le cardinal Parolin.

La récente aggravation de la situation humanitaire en Afghanistan et les tensions politiques persistantes en Syrie et au Liban, ainsi que dans d’autres endroits, sont un rappel brutal de l’impact que les conflits exercent sur les peuples et les nations.  Le Saint-Siège appelle les États à tenir compte de l’appel du Secrétaire général et du pape François pour un cessez-le-feu mondial et une responsabilité humanitaire partagée.  D’après le cardinal, la menace des armes nucléaires, détenues sous le couvert de la dissuasion nucléaire, crée « une éthique de la peur » basée sur l’anéantissement mutuel, et empoisonne les relations entre les peuples, entrave le dialogue et sape l’espoir.  Il faut mettre fin à la course aux armements nucléaires et prendre des mesures efficaces en faveur du désarmement, de la non-prolifération et de l’interdiction nucléaires.

Le pape François considère que l’une des causes les plus sérieuses de préoccupation dans le monde d’aujourd’hui est la « crise des relations humaines » découlant d’un mode de vie dominé par l’égoïsme et par la culture du gaspillage, où les valeurs humaines et la dignité transcendante de la personne sont souvent « piétinés ».  Cette « crise anthropologique », a expliqué le Secrétaire d’État du Saint-Siège, n’est pas un différend philosophique ou académique, mais une crise aux conséquences pratiques énormes pour les droits humains.  Pour aider le monde à mieux sortir des différentes crises auxquelles nous sommes confrontés, l’ONU doit être constamment renouvelée, en revenant avec plus de fidélité et de détermination aux principes et objectifs fondamentaux consacrés dans sa Charte, a conclu le cardinal Parolin.

La pandémie a révélé l’énorme potentiel de la recherche scientifique au service de l’humanité, a relevé M. DEMEKE MEKONNEN HASSEN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, qui a cité la découverte des vaccins contre la COVID-19.  Malheureusement, l’Afrique, avec un taux de vaccination « négligeable », doit attendre de recevoir « les miettes » laissées par les autres, compte tenu du « nationalisme vaccinal ».  La dévastation économique causée par la pandémie dans les pays en développement n’a pas encore fait l’objet de mesures économiques et financières significatives.  Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas, a martelé le Vice-Premier Ministre.

M. Hassen a ensuite évoqué le réchauffement de la planète, comme le facteur de pauvreté le plus alarmant.  Les communautés et les économies agraires et pastorales comme la nôtre sont confrontées à un défi existentiel, a-t-il prévenu.  Les objectifs que nous nous sommes fixés en termes d’environnement et de développement durable ont pris du retard, a-t-il poursuivi, espérant que la COP26 ouvre, entre autres, la voie des financements.

L’Éthiopie a toujours fermement défendu les institutions multilatérales, a rappelé M. Hassen.  Cependant, nous constatons qu’il est nécessaire de remettre l’accent sur les valeurs fondamentales de l’égalité souveraine, de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et de la coopération basée sur les avantages et respect mutuels.  Le multilatéralisme n’atteindra ses objectifs que si les États sont libres de gérer leurs affaires intérieures et extérieures, a-t-il estimé.

Il y a trois ans, a-t-il poursuivi, l’Éthiopie s’est engagée dans un processus de réformes prometteur mais difficile.  Le Vice-Premier Ministre a accusé certains groupes de vouloir créer et maintenir l’anarchie.  À cause de ces « barons » de l’instabilité, a-t-il expliqué, nos citoyens ont subi des attaques « incroyablement inhumaines » qui ont culminé en une attaque contre l’armée éthiopienne.  Nous avons été victimes, a martelé le Vice-Premier Ministre, d’une campagne de propagande fallacieuse, agrémentée d’images horribles d’incidents mis en scène.  Le fait que le Gouvernement éthiopien respecte ses obligations humanitaires n’a ralenti en rien ces campagnes, a dénoncé le Vice-Premier Ministre.  Accusés par des médias attirés par le profit et condamnés par des politiciens dans l’erreur, nous subissons désormais des mesures coercitives unilatérales, alors qu’elles n’ont jamais amélioré une situation.

Les mesures prudentes que nous continuerons de prendre sont à la hauteur du défi existentiel auquel nous sommes confrontés, a affirmé M. Hassen.  Il a ajouté que son pays respectera l’obligation « solennelle » de préserver son intégrité territoriale et rappelé que ce défi ne concerne pas seulement l’Éthiopie.  Aider l’Éthiopie à vaincre ce groupe criminel revient à appuyer la paix régionale, a-t-il avancé.

Mon pays est ouvert à toute initiatives de paix sincère, a promis le Vice-Premier Ministre.  Nous travaillerons avec l’Union africaine (UA) et son Haut Représentant pour la Corne de l’Afrique sur un dialogue national dirigé par nous-mêmes.  Il a espéré que l’UA aura la marge de manœuvre nécessaire pour « imposer sa propre sagesse ».  M. Hassen a également souligné l’engagement sans réserve de son gouvernement en faveur de l’aide humanitaire, pour autant qu’elle respecte les principes de neutralité et d’indépendance.

En ce moment historique, l’Éthiopie exige et mérite de jouir de la coopération qu’elle a elle-même garantie à d’autres pays quand leurs institutions ont été pris pour cible, a demandé M. Hassen.  Nous espérons qu’il y aura davantage de pays qui agiteront le drapeau du multilatéralisme que de l’unilatéralisme, a-t-il lancé.  M. Hassen a par exemple indiqué que son pays est prêt à actionner des mécanismes bilatéraux et diplomatiques pour résoudre le différend frontalier avec le Soudan.

Le dirigeant a conclu sur le Grand Barrage la Renaissance éthiopienne, regrettant que l’« humble » tentative d’électrifier les foyers de millions d’Éthiopiens soit politisée devant les instances internationales.  Ironiquement, s’est-il amusé, « nous sommes accusés de boire notre propre eau ».  Il a espéré que ses partenaires sont prêts, « à travers des négociations », à trouver une solution gagnant-gagnant sous la houlette de l’Union africaine.  Rappelant pour finir que son pays a déployé des troupes dans les opérations de maintien de la paix au Darfour et à Abyei, il a demandé à ses deux voisins de régler leur différend à l’amiable pour que « nos sacrifices ne restent pas vains ».

Abordant le sort du peuple afghan, Mme DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a appelé ceux qui exercent effectivement le contrôle du pays à respecter pleinement les droits et libertés des femmes et des filles, en particulier les droits à une éducation et à un travail de qualité ainsi qu’à la liberté de mouvement.  Dix-huit mois après le début de la pandémie de COVID-19, nous ne savons toujours pas où nous en sommes, a ensuite constaté la Ministre.  Globalement, le soutien au Mécanisme COVAX, auquel le Liechtenstein a apporté sa contribution, a été jusqu’à présent insuffisant pour permettre l’accès de tous au vaccin.  « Il ne s’agit pas seulement d’une obligation vis-à-vis de ceux qui sont économiquement défavorisés, mais aussi d’un investissement que nous devons tous faire. »

La pandémie, a poursuivi Mme Hasler, a fait comprendre « avec force » la nécessité de prendre des mesures décisives et de le faire avec « le plus grand sentiment d’urgence ».  Le premier des défis auxquels nous sommes confrontés est la crise climatique et la prochaine COP26 à Glasgow est « le test ultime » de notre détermination collective.  À cet égard, le Liechtenstein est fier d’être « le leader mondial de l’énergie solaire par habitant », s’est enorgueillie la Ministre.

Depuis sa création, a-t-elle poursuivi, l’ONU a défendu l’état de droit, le fait que le droit international doit régir les relations entre les États mais aussi entre les États et les individus.  Nous avons tous convenu de cela dans les objectifs de développement durable, a rappelé la Ministre.  Dans le même temps, les personnes ont le droit fondamental de participer aux processus décisionnels, soit directement, soit par l’élection libre et équitable de leur représentant.  C’est le principe de base de la démocratie que le Liechtenstein défendra contre les tendances autoritaires et les abus de pouvoir, a promis Mme Hasler.

La Ministre a évoqué les nombreuses situations de crise dans le monde qui, de la Syrie au Myanmar, illustrent la nécessité d’établir les responsabilités.  À cet égard, a-t-elle insisté, la Cour pénale internationale (CPI) mérite tout notre soutien.  Préoccupé par les violations massives du droit international, en particulier du droit de la guerre et des droits de l’homme, le Liechtenstein considère que l’Assemblée générale doit assumer ses responsabilités et aller de l’avant dans de telles situations, comme elle l’a parfois fait dans le passé, a conclu la Ministre, en ajoutant que l’Assemblée doit se saisir systématiquement d’une situation chaque fois que le Conseil de sécurité est bloqué par un veto.

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a mis en avant quatre domaines clefs qui exigent l’attention urgente de l’Assemblée: la santé publique, les changements climatiques, les océans et la révolution numérique.  Concernant la santé publique, mon pays, a souligné le Ministre, a distribué des doses de vaccin à ses partenaires et voisins via le Mécanisme COVAX, ainsi que du matériel médical et de l’oxygène.  En tant que nœud de transports mondial de marchandises, Singapour, a—t-il dit, a toujours joué son rôle pour que les fournitures essentielles soient acheminées là où elles sont le plus nécessaires.  À plus long terme, selon le Ministre, la communauté internationale devra suivre les recommandations du G20 visant à combler les principales lacunes en matière de préparation aux futures pandémies, renforcer son soutien à l’OMS et donner davantage de ressources aux Nations Unies pour assurer la sécurité de tous.

Pour les petits États insulaires comme Singapour, les changements climatiques sont une menace « directe et palpable ».  Fervente défenseur de l’Accord de Paris et partisan d’une approche multilatérale face à cette « calamité », Singapour, a rappelé le Ministre, a dévoilé cette année son Plan vert à l’horizon 2030 qui définit une approche du développement durable et fixe des objectifs ambitieux et concrets, pour les 10 prochaines années.  Singapour, a-t-il annoncé, s’est engagée à planter 1 million d’arbres supplémentaires, à quadrupler ses capacités en énergie solaire et à réduire considérablement la quantité de déchets.  Singapour s’est aussi engagée à investir dans de nouveaux domaines tels que le financement vert et l’énergie propre.  Le Ministre a par ailleurs dit attendre avec impatience des résultats substantiels à la prochaine COP26 de Glasgow. 

Située au confluent des principales routes maritimes du monde, Singapour dépend fortement du commerce maritime.  Nous défendons donc avec force la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, un texte « fondamental » pour le maintien des routes commerciales et voies de communication maritimes, a estimé le Ministre.  La commémoration, l’année prochaine, du quarantième anniversaire de la Convention, sera l’occasion pour Singapour de réaffirmer son engagement et de plaider pour sa mise en œuvre efficace.  Singapour, a poursuivi le Ministre, croit aussi fermement à l’importance de conserver et d’assurer la durabilité de l’environnement marin.  Nous attendons donc avec impatience la quatrième session du Comité préparatoire sur l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant relatif à la conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Nous attendons également avec impatience la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans, qui sera organisée conjointement par le Kenya et le Portugal l’année prochaine.

Le Ministre a ensuite parlé de la révolution numérique et de son impact sur le développement durable.  Déjà bien engagée avant la COVID-19, cette révolution s’est accélérée avec la pandémie, a estimé le Ministre, avec pour conséquence majeure, le creusement du fossé entre les nantis et les démunis du numérique.  Aujourd’hui, 3,8 milliards de personnes sont toujours déconnectées.  Si nous ne réduisons pas la fracture numérique, nous n’atteindrons pas les objectifs de développement durable, a prévenu le Ministre qui a jugé nécessaire de discuter d’un cadre mondial répondant aux défis posés par cette révolution numérique, les inégalités qu’elle entraîne mais aussi la désinformation en ligne et le partage des données.  Plusieurs voies sont possibles pour définir ce cadre, a-t-il affirmé, en citant d’abord la proposition du Secrétaire général relative à un pacte numérique international.  Il a aussi défendu l’idée d’une convention des Nations Unies sur la transformation numérique au service du développement durable et l’élaboration d’un cadre de normes et de principes.  Dans tous les cas, nous devons en discuter au niveau mondial, a jugé M. Balakrishnan.

Droit de réponse

En réponse à la déclaration du Premier Ministre de Vanuatu, la représentante de l’Indonésie s’est dite « choquée » par l’instrumentalisations de l’Assemblée générale pour « saper » l’intégrité territoriale et la souveraineté de son pays, avec une agression « motivée politiquement » et « mal intentionnée ».  Nous rejetons, a-t-elle dit, les allégations « sans fondement » de Vanuatu qui tente de créer « un espoir vain » et d’« impressionner » le monde, à l’aide de prétendues préoccupations face aux droits de l’homme, alors que lui-même ferme les yeux sur les agissements des groupes terroristes « séparatistes », qui tuent les ouvriers ou les enseignants.  Pourquoi Vanuatu reste-t-il silencieux face à de tels crimes?  Où est Vanuatu quand la population de Papouasie-Nouvelle-Guinée voit ses infrastructures détruites?  La représentante a souligné que l’Indonésie est une démocratie « vibrante » et respectueuse des droits de l’homme.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: en des « temps incertains », les priorités vont à la défense de l’environnement et à la défense stratégique

Soixante-seizième session,
12e & 13e séances - matin, après-midi & soir
AG/12368

Assemblée générale: en des « temps incertains », les priorités vont à la défense de l’environnement et à la défense stratégique

Au quatrième jour de son débat général annuel, la tribune de l’Assemblée générale a permis aux chefs d’État de partager plusieurs constats.  Avant tout, celui d’une nécessaire collaboration pour affronter les crises climatique et sanitaire.  Le Président du Conseil de l’Union européenne (UE), M. Charles Michel, n’a pas mâché ses mots: « en perpétrant des tortures sur notre environnement, en abusant les ressources naturelles, en maltraitant les forêts et les océans, ce sont des actes de guerre que nous avons déclenchés ».  Ensuite, les intervenants se sont à divers niveaux inquiétés du retour à des tendances unilatéralistes.  Ces « ambitions de domination », selon la formule de M. Michel, entraînent en réaction un réalignement des priorités stratégiques vers la défense chez certains membres.

Le Président de l’Allemagne, M. Frank-Walter Steinmeier, pour qui l’ONU n’est pas « un ring de boxe à la disposition des puissances mondiales », a ainsi informé l’Assemblée qu’« en ces temps incertains », son pays investissait davantage dans ses capacités de défense.  Notant que les États-Unis établissaient des « priorités nouvelles et différentes », il a jugé qu’aucun avantage à court terme ne méritait de créer des fissures dans l’unité transatlantique.  M. Michel a, lui, évoqué « des valeurs à promouvoir, des citoyens à protéger et des intérêts à défendre »: c’est dans cet esprit que l’UE développe son « autonomie stratégique », y compris dans ses capacités de sécurité et de défense.

La région indopacifique a fait l’objet d’une attention croissante pendant le débat général.  De la part de l’Australie d’abord, pour qui « l’environnement stratégique mondial s’est détérioré à nombreux égards » dans ladite région.  Le Premier Ministre, M. Scott Morrison, a fait état de tensions basées sur des revendications territoriales, une modernisation militaire rapide, une « ingérence étrangère », des cybermenaces et des coercitions économiques, entre autres.  C’est aussi dans cette région que 40% du commerce européen transite, a encore expliqué le Président du Conseil de l’UE, pour qui la sécurité et la liberté de navigation en mer de Chine méridionale et dans l’océan Indien doivent être garanties conformément au droit international.  Il a prévenu que sur ce point « l’UE prendra sa pleine part de responsabilité ».

Dans un virulent réquisitoire, le Premier Ministre du Pakistan, M. Imran Khan, après avoir déclaré que « la pire forme d’islamophobie est au pouvoir en Inde », a accusé ce pays de créer un climat de terreur au Jammu-et-Cachemire.  Selon lui, c’est à l’Inde qu’incombe la création d’un environnement propice à un engagement fructueux avec le Pakistan, et, pour cela, elle doit commencer par « abroger les mesures unilatérales et illégales » en place dans ce territoire depuis 2019.  Évoquant la situation en Afghanistan, M. Khan a regretté que son pays ait été montré du doigt après les derniers évènements.  « Je veux que vous sachiez tous que le pays qui a le plus souffert, après l’Afghanistan, est le Pakistan lorsque nous avons rejoint la guerre des États-Unis contre le terrorisme après le 11 septembre », a-t-il lancé.  Quant au futur du pays, il n’y a pour M. Khan qu’une seule option: « renforcer et stabiliser l’actuel Gouvernement, pour le bien de la population afghane ».

La crise du multilatéralisme a été remarquée par le Président chypriote, M. Nicos Anastasiades, pour qui les « intérêts égoïstes » entravent les principes fondateurs de l’ONU et appellent à une réforme d’envergure.  « Le chacun pour soi ne nous sortira pas de la pandémie » a formulé le dirigeant sénégalais, M. Macky Sall, déçu, comme son homologue paraguayen, M. Mario Abdo Benítez, par la réponse du système multilatéral sur la distribution des vaccins contre la COVID-19.

La Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina, a relevé que la pandémie avait eu un impact disproportionné sur les pays vulnérables aux changements climatiques.  Elle a donc appelé les pays riches et industrialisés à réduire leurs émissions, à compenser les pertes et les dommages, et à assurer un financement et un transfert de technologie adéquats pour l’adaptation et le renforcement de la résilience.  La prochaine COP26 à Glasgow serait l’occasion d’appuyer ces idées nouvelles et inclusives, selon la dirigeante.  Plusieurs chefs d’État, comme le Premier Ministre irlandais, M. Micheál Martin, ont souligné qu’il était essentiel de respecter l’engagement collectif de verser 100 milliards de dollars de financement aux pays en développement.  Car ces derniers ne pourront « réussir la transition énergétique et renoncer aux schémas pollueurs des pays industrialisés, sans une alternative viable, juste et équitable », a prévenu le Président sénégalais.

L’écosystème méditerranéen est particulièrement sensible aux conséquences de la hausse des températures, a témoigné le Premier Ministre de la Grèce, M. Kyriakos Mitsotakis, dont le pays a été marqué par de méga-incendies de forêt l’été dernier.  Deux Chefs d’État ont évoqué la menace imminente d’une crise hydrique: au Paraguay, elle est déjà une réalité pour la population, selon le Président Benítez.  Le Président slovène, M. Borut Pahor, a estimé qu’il faut repenser l’innovation, la gouvernance et la collaboration autour de cette ressource essentielle.

La résolution du conflit israélo-palestinien, au cœur des préoccupations de l’Organisation, semble plus que jamais dans l’impasse.  M. Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, a accusé Israël de poursuivre son « entreprise expansionniste et coloniale », regrettant que les décisions de l’ONU ne soient pas concrètement mises en œuvre, ce qui a pour conséquence de déresponsabiliser Israël.  L’absence de sanctions lui permet, tout en « prétendant être un État démocratique », d’agir « comme un État au-dessus des lois », de s’adonner à « l’apartheid » et à un « nettoyage ethnique », a dénoncé M. Abbas.  Les « menaces israéliennes » constituent aussi le principal souci de l’État libanais.  Son président, M. Michel Aoun, a évoqué des prospections israéliennes de gaz et de pétrole le long de ses frontières maritimes.  Le Liban, qui ploie sous une accumulation de crises sanitaire, financière et sociale, a réitéré son appel à la communauté internationale afin de l’aider à supporter la crise des déplacés syriens et palestiniens vivant sur son sol.

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, samedi 25 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

Le Président de la République de Chypre, M. NICOS ANASTASIADES, a regretté l’écart qui se creuse entre les paroles des dirigeants à l’Assemblée et leurs actes, entre les engagements et les résultats.  Dans quelle mesure la faiblesse ou la mise en œuvre insuffisante de nos décisions perpétue-t-elle les conflits et encourage-t-elle les violations, multipliant à leur tour les crises humanitaires? a lancé le Président.  Il a également évoqué les promesses non tenues dans le cadre de la pauvreté, la faim, la mortalité infantile, l’exclusion économique, la santé, l’éducation, ainsi que la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Malheureusement, a-t-il constaté, les intérêts égoïstes entravent les principes fondateurs de l’ONU.  Une seule réponse peut permettre d’y parvenir: multilatéralisme, solidarité tangible et partenariats renforcés, a-t-il prôné.  C’est pourquoi il a appelé à la réforme de l’Organisation pour la rendre plus efficace.

Le Président de Chypre a dit parler au nom d’un pays qui, malheureusement, subit encore les conséquences de la violation flagrante des principes fondamentaux des Nations Unies, à la suite de l’invasion militaire illégale de la Turquie et l’occupation en cours.  « Et malgré de nombreuses résolutions onusiennes, rien n’a changé. »  Présentant la réalité sur le terrain, il a relevé que 37% du territoire de la République de Chypre, un État membre de l’Union européenne (UE), reste sous tutelle de l’occupation militaire, avec plus de 40 000 soldats toujours sur son sol.  Après l’invasion turque de 1974, a-t-il rappelé, un tiers des Chypriotes grecs ont été contraints de quitter leurs foyers ancestraux, et les Chypriotes turcs qui possédaient environ 14% des terres privées ont aujourd’hui usurpé 37% de l’île.  Le Président de Chypre a aussi parlé de ces centaines de milliers de ressortissants turcs dans les zones occupées, modifiant ainsi la démographie de l’île.  Il a accusé la Turquie d’avoir établi « une entité illégale dans les zones occupées, sous son contrôle absolu », ce qui a conduit aux dénonciations mêmes de la majorité des Turcs Chypriotes.

Au sujet de la frontière maritime, M. Anastasiades a rappelé que la Turquie n’est pas partie à la Convention sur le droit de la mer, laquelle codifie le droit international coutumier en la matière.  Le Président de Chypre a accusé la Turquie de tabler sur une solution à deux États, et c’est pourquoi il n’est pas possible de parvenir à un compromis lorsque l’une des parties s’écarte du cadre de l’ONU.  Pour nous, il n’y a qu’un seul plan pour parvenir à un règlement sur la base d’un accord bizonal, bicommunal, pour une fédération avec l’égalité politique, comme indiqué dans les résolutions du Conseil de sécurité et conformément aux principes sur lesquels l’UE est fondée.

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a remercié la communauté internationale pour sa réponse concertée face à la COVID-19.  Le Nigéria, qui a déployé des efforts considérables, est passé de seulement quatre laboratoires dotés de capacités de test et de détection à plus de 140 aujourd’hui.  Des centres d’isolement et des services hospitaliers d’urgence ont été construits en un temps record dans tout le pays; des séquençages génomiques dans des laboratoires sont pratiqués pour détecter les variants en circulation.  Le Nigéria reste reconnaissant de l’aide reçue de nos partenaires et amis du monde entier, notamment les États-Unis, la Turquie, l’Inde, la Chine, l’Union européenne et d’autres pays pour les vaccins fournis.  Toutefois, le Président Buhari a réitéré son appel en faveur d’une distribution plus juste et plus équitable des vaccins à tous les pays: la vague montante de nouvelles souches plus contagieuses rend cet appel encore plus urgent, selon lui.

Profondément préoccupé par le commerce, le transfert et la circulation illicites d’armes légères et de petit calibre, le Président nigérian a déclaré que leur accumulation excessive et leur propagation incontrôlée dans de nombreuses régions du monde avaient des conséquences humanitaires et socioéconomiques dévastatrices, notamment sur le continent africain.  Il a appelé à l’application mondiale du Traité sur le commerce des armes pour codifier les responsabilités dans le commerce des armes conventionnelles, essentiel à la sécurité des nations.  Il a aussi souligné la nécessité d’un large partenariat mondial dans la lutte contre les crimes transfrontaliers, y compris le terrorisme et la piraterie.  Déplorant, en Afrique de l’Ouest notamment, l’érosion des acquis démocratiques des dernières décennies, M. Buhari a jugé que la récente tendance à la prise de pouvoir inconstitutionnelle, parfois en réaction à des changements unilatéraux de constitution par certains dirigeants, ne devait pas être tolérée par la communauté internationale.  Il a appelé ses confrères dirigeants à adhérer aux dispositions constitutionnelles de leur pays, notamment concernant la limitation des mandats afin d’éviter des crises et des tensions politiques dans la région.

Au Nigéria le groupe terroriste Boko Haram, bien que fragmenté par des conflits internes et affaibli par nos forces de défense, est « toujours actif » et « s’attaque à des cibles faciles », a poursuivi M. Buhari.  Le Nigéria, qui continuera à travailler avec l’ONU pour mettre un terme à ce fléau, n’a pas ménagé ses efforts pour endiguer les activités de Boko Haram dans le nord-est du pays et dans la région du lac Tchad; ni pour combattre le banditisme, dans le nord-ouest et le centre-nord du pays.  Les forces de sécurité nigérianes ont enregistré des « succès considérables » dans la lutte contre le terrorisme, a assuré le Président.

Par ailleurs, l’impact des changements climatiques se manifeste de diverses manières au Nigéria: déclenchement de conflits, insécurité alimentaire, assèchement de lacs, perte de moyens de subsistance et migration des jeunes, entre autres.  Dans ces circonstances, a indiqué le Président, le Nigéria a l’intention de construire une économie résiliente s’alignant sur les ODD, avec l’objectif de libérer des opportunités économiques tout en protégeant les ressources pour les générations actuelles et futures.  Le système alimentaire mondial est très affecté par la croissance démographique, la disponibilité et l’accessibilité des terres arables et des ressources en eau, les changements climatiques et la perte de biodiversité, a constaté M. Buhari.  Les chocs imprévisibles, tels que la pandémie actuelle, exacerbent encore plus les vulnérabilités du système alimentaire mondial, et cela requiert l’attention urgente de l’ONU.

Dans une allocution préenregistrée, M. MICHEL AOUN, Président de la République libanaise, a remercié le Secrétaire général de l’ONU pour les efforts qu’il a déployés en faveur du Liban et pour sa contribution à la tenue de trois conférences de soutien au peuple libanais après la tragédie du port de Beyrouth.  Il a également remercié les chefs d’État qui ont participé à ces conférences, ainsi que les institutions gouvernementales et les organisations non gouvernementales, et tous ceux qui ont contribué à cet appui au Liban.  Le Président a noté que plusieurs peuples, surtout au Moyen-Orient, ont payé un lourd tribut dans la guerre contre le terrorisme déclenchée après le 11 septembre 2001.  Aujourd’hui, la région cherche à panser ses blessures et à se relever, comme l’a fait New York.  

Sur le plan national, M. Aoun a déclaré que maintenant que le Gouvernement libanais a été formé, conformément au mécanisme prévu dans la Constitution, après une longue crise politique qui a duré plus d’un an, le Liban est entré dans une nouvelle phase.  Il a constaté que les politiques financières et économiques suivies depuis des décennies et basées sur le système rentier, auxquelles se sont greffés le gaspillage et la corruption aggravés par une mauvaise gestion administrative et l’absence de la demande de comptes, ont fait basculer le Liban dans une crise monétaire et financière sans précédent.  Cette crise a créé l’affaiblissement de l’économie, l’augmentation du chômage, l’émigration et la pauvreté.  Le Gouvernement s’est engagé à réaliser les réformes financières et économiques urgentes et requises.  Il veut aussi lutter contre la corruption et mettre au point un plan de redressement financier dans le cadre de la poursuite des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). 

J’ai demandé, a poursuivi le Président libanais, à la communauté internationale de nous aider à assurer le retour sûr des déplacés syriens chez eux, malheureusement, nul ne m’a entendu et les aides ont continué à être données à ces déplacés au Liban, au lieu de leur être distribuées chez eux dans leur patrie.  Selon lui, cela est de nature à les encourager à rester là où ils sont.  Il a donc réitéré son appel à la communauté internationale afin qu’elle aide le Liban à supporter les poids terribles résultant de la crise des déplacés.  Mais en premier lieu, elle doit œuvrer pour leur retour sûr chez eux.  Le Liban, qui a mis au point un plan complet pour ce retour, réaffirme son refus catégorique de toute forme d’intégration des déplacés, tout comme il réaffirme son refus total de toute forme d’implantation des réfugiés palestiniens, en se basant sur la nécessité de trouver une solution à la cause palestinienne, selon les résolutions internationales qui l’évoquent et qui reconnaissent notamment le droit au retour. 

En même temps, les menaces israéliennes se poursuivent contre le Liban et constituent le principal souci de l’État libanais.  La dernière manifestation de ces menaces est liée aux tentatives israéliennes de prospecter le gaz et le pétrole dans la région controversée le long des frontières maritimes, a dit le Président.  Le Liban condamne et dénonce toute tentative de porter atteinte à la zone économique qui lui revient et qui consacre son droit sur les ressources pétrolières et gazières en profondeur.  Le Liban réclame la reprise des négociations indirectes pour le tracé des frontières maritimes au sud, selon les lois internationales et il affirme qu’il ne fera aucune concession sur ce sujet, ni aucun compromis. 

En dépit des conséquences néfastes de la COVID-19 au Liban, le pays a pu vacciner 30% de la population et entend dépasser les 40% d’ici la fin de l’année.  Au milieu de toutes ces crises, la tragédie du port de Beyrouth a encore augmenté les souffrances des Libanais, a témoigné M. Aoun.  Plus d’un an après cette catastrophe, notre capitale est toujours une ville sinistrée et silencieuse, ployant sous le drame, a-t-il témoigné.  En plus de l’aide à la reconstruction, il a appelé à une autre aide dans l’enquête « pour connaître la vérité sur cette explosion et faire régner la justice ». 

M. MACKY SALL, Président de la République du Sénégal, a déclaré que « l’urgence est au Sahel » où des groupes terroristes continuent leurs attaques et pillages meurtriers contre des populations innocentes.  Le Sénégal, qui contribue aux troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) avec 1 350 éléments, continue de plaider pour qu’elle soit dotée d’un mandat robuste pour lutter efficacement contre les groupes terroristes.  À défaut, il est essentiel que les pays membres du G5 Sahel bénéficient « d’un appui conséquent » dans le combat qu’ils mènent, a-t-il souligné.  « Nous ne devons pas accepter que l’Afrique devienne le sanctuaire du terrorisme international. »  

Poursuivant, M. Sall a indiqué que le Sénégal a opté pour une gestion transparente de la COVID-19 dès le premier cas testé positif, le 2 mars 2020, en publiant au quotidien l’état de la situation.  Il a aussi fait valoir que le pays a déployé un Programme de Résilience économique et sociale de près de deux milliards de dollars, pour soutenir les ménages, les entreprises, les travailleurs et la diaspora; assurer la gratuité des tests et des soins; et acquérir des vaccins.  Saluant l’élan solidaire déployé dans le cadre du Mécanisme COVAX, le Président a néanmoins dénoncé « la fracture entre pays vaccinés, au Nord, et non vaccinés, au Sud, qui ne cesse de s’élargir ».  « Le chacun pour soi ne nous sortira pas de la pandémie! »  Il a qualifié le projet de production de vaccins par l’Institut Pasteur de Dakar d’« initiative majeure, au service de l’Afrique », et a confirmé sa participation au financement du projet avec une partie des droits de tirage spéciaux du pays.  

Le Chef d’État a ensuite indiqué que c’est grâce au consensus réalisé au sein du G20 que le premier objectif du Sommet de Paris a été atteint avec l’émission historique de droits de tirage spéciaux à hauteur de 650 milliards de dollars par le Fonds monétaire international (FMI).  Le continent africain, qui a pu disposer de 33 milliards de dollars, aurait toutefois besoin, selon lui, d’un financement additionnel d’au moins 252 milliards de dollars d’ici à 2025 pour contenir le choc et amorcer sa relance économique.  À ce propos, il a appelé la communauté internationale à travailler ensemble « pour réaliser le deuxième objectif de Paris » et réallouer, en faveur des pays africains, 67 milliards de dollars, mobilisables sur les quotas de DTS des pays riches qui y consentent, pour atteindre le seuil des 100 milliards convenus.  « C’est ainsi que nous pourrons asseoir les prémices d’un New Deal avec l’Afrique par une gouvernance économique et financière mondiale réformée, plus juste et plus inclusive, » a souligné M. Sall.  Il a appelé à faire en sorte que les paradigmes relationnels avec le continent reposent plus sur le partenariat que sur l’aide publique au développement avant d’engager « à l’assouplissement des règles de l’OCDE pour libérer le potentiel de l’investissement en Afrique ».   

Soulignant ensuite l’importance des efforts de transition énergétique du Sénégal, « portant les énergies renouvelables à plus de 30% de ses capacités électriques installées », le Président a indiqué que l’objectif était désormais de l’ordre de « 100% d’énergies propres avec l’exploitation prochaine des ressources gazières ».  Toutefois, il a précisé que « nos pays ne peuvent réussir la transition énergétique et renoncer aux schémas pollueurs des pays industrialisés, sans une alternative viable, juste et équitable », en mentionnant que « l’exploitation du gaz naturel comme énergie de transition doit être soutenue ».  L’arrêt des financements de la filière gazière, sous prétexte que le gaz est une énergie fossile, sans tenir compte du fait qu’il est « aussi et surtout » une énergie propre, serait une grave atteinte à nos efforts de transition énergétique, d’accès universel à l’électricité, de compétitivité et de développement économique et social, a-t-il dit.  Les pays africains « qui subissent déjà le poids écrasant de l’échange inégal ne sauraient porter le fardeau d’une transition énergétique inéquitable », a affirmé M. Sall, en appelant au maintien des mécanismes de financement du gaz comme énergie de transition.

Enfin, le Président du Sénégal a déploré « le long chemin qui nous sépare » de l’objectif d’élimination de toute forme d’inégalité, de discrimination et de violence contre les femmes et les filles et a fait état de l’adoption, dans son pays, d’une loi criminalisant depuis janvier 2020 les actes de viol et de pédophilie.  Il a également appelé à poursuivre la mobilisation générale en faveur de la protection et de l’autonomisation des femmes et des jeunes, à travers notamment la promotion de la finance inclusive.  

M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Président de la République fédérale d’Allemagne, a tout d’abord rappelé que son pays était en pleine transition politique, des élections pour élire un nouveau parlement et le successeur de la Chancelière étant prévues ce dimanche.  Il a ensuite estimé que la situation internationale « donne à réfléchir », la chute de Kaboul ayant marqué un tournant.  Malgré d’immenses efforts et investissements, nous n’avons pas été capable d’établir un ordre politique autonome en Afghanistan, a-t-il regretté.  Appelant à tirer les leçons de cet échec, il a estimé que ce moment de « désenchantement politique » appelle à être « plus honnête, plus intelligent et plus fort ».  Le dirigeant a tout d’abord invité à se montrer plus réaliste lors de la définition et de la priorisation des objectifs, et « plus intelligent » dans l’établissement des priorités.  La politique étrangère de l’Allemagne et de l’Europe ne peut pas se limiter à « avoir raison et condamner les autres », a-t-il estimé, appelant à plus d’ouverture pour trouver un terrain d’entente, « même avec ceux différents de nous ».

Il a aussi appelé à se renforcer en termes de moyens, précisant qu’en ces temps incertains, l’Allemagne investit davantage dans ses capacités de défense.  Cependant, « la force militaire sans le courage de forger une entente et de s’engager dans la diplomatie ne rend pas le monde plus pacifique », a insisté le dirigeant pour qui les États-Unis, la Chine et la Russie ont une responsabilité particulière à assumer envers les États plus petits.  « Les Nations Unies ne sont pas un ring de boxe dépourvu de valeurs à la disposition des puissances mondiales. »

Le Président a ensuite appelé les Européens, dont les Allemands, à faire davantage pour leur propre sécurité et pour la paix dans la région et dans le monde, en citant la Libye, l’Ukraine et le Moyen-Orient.  Nous avons besoin d’une politique commune étrangère et de sécurité forte, a-t-il estimé.  Seule une Europe forte peut à la fois chercher à coopérer avec la Chine lorsque la coopération est dans l’intérêt des deux parties et nécessaire, et en même temps exiger d’elle le respect des droits humains.  Notant en outre que les États-Unis étaient en train d’établir des priorités nouvelles et différentes, il a martelé qu’aucun avantage à court terme ne méritait de créer des fissures dans l’unité transatlantique.  

Poursuivant sur les menaces liées à la crise climatique, le dirigeant a notamment rappelé les inondations dévastatrices en Allemagne durant l’été, qui ont coûté la vie à près de 200 personnes.  Dans ce contexte, le recul vers des égoïsmes nationaux nous vole notre avenir en commun, a-t-il lancé.  Il a exhorté les États Membres à prendre « ensemble » des « décisions fortes » à Glasgow, appelant à combler le fossé « trop large » entre les objectifs ambitieux affichés et les stratégies concrètes pour lutter contre les changements climatiques.  « Nous ne pouvons pas échouer, car c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu! » s’est-il exclamé.

Le Président a ensuite reconnu qu’aucun système politique n’est parfait que ce soit en Europe, en Amérique ou ailleurs, et a estimé qu’on ne peut donc ni les exporter, ni les imposer.  Il a souligné que la démocratie n’est pas un instrument occidental de pouvoir politique, mais un « projet ouvert » pour la liberté et la dignité humaine.  « La puissance de tir de l’armée la plus puissante a une fin mais l’attrait de la démocratie dans le cœur des gens demeure », a conclu M. Steinmeier. 

M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie, a fait remarquer que face à la COVID-19, la science a su démontrer son « rôle décisif » mais que la solidarité mondiale a été éprouvée, pour ensuite indiquer que son pays s’est engagé à verser 500 000 euros au Mécanisme COVAX.  Alarmé par les conclusions du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il a assuré que la Slovénie fera tout son possible pour contribuer au succès de la COP26.  Il est impératif de progresser sur le plan de l’atténuation, l’adaptation et le financement afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, a-t-il souligné, exhortant à se mettre à l’écoute des scientifiques et des experts.  Il a estimé que la transition verte doit aller de pair avec la transformation numérique et appelé à atteindre la neutralité climatique grâce à des réformes et des investissements dans les domaines de l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, la mobilité durable ainsi que dans des « modèles commerciaux circulaires ».

Notant que la compétition pour les ressources en eau ne fera que s’intensifier, le Président a souligné la menace imminente que représente la crise hydrique tout en estimant que celle-ci doit être l’occasion de repenser l’innovation, la gouvernance et la collaboration pour tout ce qui a trait à l’eau.  Il a par ailleurs relevé que la famine qui sévit à Madagascar est la première attribuée exclusivement au réchauffement climatique et a évoqué l’aide apportée par la Slovénie.  Après s’être félicité de l’inauguration, en mars, à Ljubljana, du Centre international de recherche sur l’intelligence artificielle (IRCAI), M. Pahor s’est inquiété de la vulnérabilité de l’espace numérique aux cyberattaques, notamment en ce qui concerne les infrastructures critiques et l’économie.

La pandémie de COVID-19 continue de nous donner des leçons et elle a mis en lumière certaines réalités, a relevé M. MARIO ABDO BENÍTEZ, Président de la République du Paraguay dans un message vidéo préenregistré.  Ce dernier a notamment avoué qu’il avait été difficile d’annoncer à son peuple, qu’en dépit du paiement à temps des vaccins par le biais du Mécanisme COVAX, ceux-ci n’étaient pas arrivés à temps.  Le Paraguay a toujours fait le pari du multilatéralisme.  Cependant nous ne cachons pas notre déception quant à la réponse du système multilatéral sur la distribution des vaccins, a appuyé le dirigeant.  Il a demandé une évaluation de la situation lors de l’Assemblée générale afin de préparer des mesures correctives.

M. Benítez a ensuite expliqué que l’économie du Paraguay est principalement fondée sur la production de denrées alimentaires pour le monde, et que son enclavement entraîne des conséquences très fortes sur son développement.  Il a insisté sur la nécessité de faciliter le projet du couloir bi-océanique unissant le Pacifique à l’Atlantique en traversant le Paraguay, afin de permettre l’intégration physique du pays.  Affirmant la volonté du Paraguay de favoriser les énergies renouvelables, M. Benítez a évoqué les crises hydriques qui frappent la région, remettant en question l’accès à l’eau pour les populations et l’alimentation des sources énergétiques.  Nous soulignons donc l’importance d’honorer les décisions prises dans le cadre de l’Accord de Paris, notamment au sujet du soutien aux pays en développement, a appuyé le Chef d’État.

Le terrorisme, le trafic de drogue sont des menaces bien réelles, a ensuite relevé le Président.  Le Paraguay s’est engagé dans la lutte contre son financement et au blanchiment des avoirs, a-t-il précisé.  Il a assuré que son gouvernement continuera de lutter contre les groupes criminels, condamnant fermement l’utilisation d’enfants par la criminalité organisée.

Le Chef d’État a par ailleurs affirmé qu’il était nécessaire de renforcer le rôle de l’Assemblée générale et de travailler à la réforme du fonctionnement du Conseil de sécurité.  Il a également appuyé l’inclusion de Taiwan au sein du système des Nations Unies.  Il est temps de laisser de côté nos différences afin d’approfondir le dialogue pour lutter contre la pauvreté, l’inégalité et pour promouvoir le développement durable, a conclu M. Benítez.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a rappelé à l’Assemblée que cette année marquait le soixante-treizième anniversaire de la « Naqba ».  M. Abbas, sa famille et de nombreux autres Palestiniens possèdent encore les actes de propriété de leurs terres; ces actes sont enregistrés dans les archives de l’ONU.  Il a montré le sien à l’Assemblée, expliquant que « de nombreux Palestiniens ont le leur, comme ils gardent encore aujourd’hui les clefs de leurs maisons ».  Ces Palestiniens n’ont pas été en mesure de récupérer leurs propriétés en raison de lois israéliennes violant le droit international et les résolutions de l’ONU, a poursuivi M. Abbas.  Des textes affirmant le droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leur patrie, à récupérer leurs propriétés et à recevoir une juste compensation, plus particulièrement tel qu’inscrit dans la résolution 194 (1948) de l’Assemblée générale.  « Au mépris de ces droits », Israël déplace illégalement et par la force les Palestiniens de Cheikh Jarrah et Silwan à Jérusalem.  Cela ne peut être qualifié, en vertu du droit international, que de « nettoyage ethnique », selon M. Abbas.

Alors que les Palestiniens sont restés attachés à tous les éléments de l’Accord d’Oslo de 1993, acceptant toutes les initiatives pour parvenir à une solution politique sur la base de la légitimité internationale, y compris l’Initiative de paix arabe de 2002 et la feuille de route du Quatuor de 2003, « Israël n’a pas honoré ses obligations », poursuivant au contraire son « entreprise expansionniste et coloniale », détruisant la perspective d’un règlement politique basé sur la solution des deux États, a poursuivi M. Abbas.  Le Chef d’État a mis « ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de partenaire palestinien pour la paix » au défi de démontrer que la Palestine a rejeté une seule initiative authentique et sérieuse pour la paix.  Il a regretté que les décisions de l’ONU concernant une solution à la question de Palestine n’aient pas été mises en œuvre, ayant pour conséquence de déresponsabiliser Israël, de ne pas le sanctionner et de lui permettre, tout en « prétendant être un État démocratique », d’agir « comme un État au-dessus des lois ».  S’adressant aux pays refusant de reconnaître qu’Israël pratique « l’apartheid et le nettoyage ethnique », et déclarant partager des « valeurs communes » avec Israël, M. Abbas leur a demandé quelles pouvaient bien être ces valeurs communes.

En matière de politique intérieure, M. Abbas a répété que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) était le représentant légitime et unique du peuple palestinien, engagé pour la tenue d’élections législatives, présidentielle et du Conseil national palestinien « dès que la tenue de ces élections à Jérusalem sera garantie, conformément aux accords signés ».  M. Abbas a appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour que ces élections aient lieu à Jérusalem, « car nous ne pouvons continuer à être privés d’élections ».  Il a tenu à préciser que l’OLP n’avait pas annulé les élections, seulement reportées, faute de pouvoir les organiser à Jérusalem.  En attendant, l’OLP s’efforce de créer les conditions nécessaires à la formation d’un « gouvernement d’union efficace », afin de pouvoir aider le peuple palestinien dans le monde et de planifier la reconstruction de la bande de Gaza.  « Cela nécessite la fin totale de l’agression sur l’ensemble du territoire de l’État de Palestine », a-t-il bien précisé.  Des élections municipales syndicales et étudiantes sont prévues dans les mois à venir.

S’agissant du dialogue « en cours » avec les États-Unis pour relancer leurs relations bilatérales, M. Abbas a souhaité créer les conditions propices à une évolution rapide vers un règlement politique mettant fin à l’occupation de son pays.  Cependant, a-t-il poursuivi, les Gouvernements israéliens actuel et précédent ont persisté à éluder la solution des deux États, poursuivant au contraire l’occupation et le contrôle militaire du peuple palestinien.  Ces « plans unilatéraux » n’apporteront ni la sécurité ni la stabilité, a prévenu M. Abbas.  Déplorant que les dirigeants israéliens n’aient « plus aucune honte » à affirmer leur opposition catégorique à cette solution, M. Abbas a prévenu que cette politique ouvrirait la voie à « d’autres alternatives » imposées par la situation sur le terrain.  Si les autorités d’occupation israéliennes « continuent à ancrer la réalité d’un seul État d’apartheid comme c’est le cas aujourd’hui », le peuple palestinien et le monde entier ne toléreront pas une telle situation; les circonstances sur le terrain imposeront inévitablement des droits politiques égaux et complets pour tous, sur la terre de la Palestine historique, au sein d’un seul État.  « Israël doit choisir », a prévenu M. Abbas.  Conformément aux principes du droit international, M. Abbas a appelé le Secrétaire général à se baser sur les résolutions pertinentes pour développer un mécanisme international de protection et l’activer sur les frontières de 1967, y compris Jérusalem-Est.  En parallèle, il a appelé le Secrétaire général à convoquer une conférence de paix internationale, conformément aux résolutions pertinentes; ainsi qu’à l’Initiative de paix arabe, sous les seuls auspices du Quatuor international.

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil de l’Union européenne (UE), a comparé la lutte contre les changements climatiques à une guerre déclenchée par l’espèce humaine.  « En perpétrant des tortures sur notre environnement, en abusant les ressources naturelles, en maltraitant les forêts et les océans, ce sont des actes de guerre que nous avons déclenchés.  La nature réagit.  Elle se retourne contre nous » et nous appelle à l’humilité, a poursuivi M. Michel.  La pandémie actuelle a entraîné des mesures hors du commun, comme des confinements massifs, entravant la vie sociale et les libertés.  Elle a aussi rappelé, selon M. Michel, que « nos vies et notre santé sont inextricablement liées à la santé de nos champs, de nos forêts, de nos océans et des faunes qui les peuplent ».  Appelant l’espèce humaine à « poser l’acte d’armistice » et à « offrir un traité de paix à la nature » par égard aux génération suivantes, il a recommandé de s’inspirer de la Charte des Nations Unies pour revenir à l’essentiel, à savoir « la raison et le discernement ».

Déplorant que « l’unilatéralisme brutal » prenait trop souvent le pas sur l’approche multilatérale, M. Michel a estimé que les « ambitions de domination » créaient de nouvelles dépendances, provoquant tensions et conflits.  « Les démocraties sont sous pression.  De l’intérieur ou de l’extérieur.  Des régimes autoritaires, masqués ou non, minent méticuleusement les principes de liberté, chez eux et même chez les autres », s’est inquiété le Président du Conseil.  Il a évoqué un modèle de développement économique « à bout de souffle » souffrant de failles de plus en plus visibles: « l’exploitation extrême des ressources et l’accroissement des inégalités constituent un cercle vicieux dont nous devons sortir », a-t-il déclaré.

M. Michel a assuré que l’Union européenne contribuait à soutenir le Programme 2030, en commençant par la recherche, la production et l’exportation de vaccins.  L’UE a déjà exporté 700 millions de doses vers 130 pays et investi 3 milliards d’euros dans le Mécanisme COVAX.  M. Michel a cependant reconnu que l’écart vaccinal entre pays était « inacceptable », et les États membres de l’UE ont promis de distribuer 200 millions de doses avant la fin de cette année.  D’autres projets concrets sont lancés par l’UE, comme le développement de capacités de production pharmaceutique dans plusieurs pays d’Afrique tels que le Sénégal, le Rwanda et l’Afrique du Sud, mobilisant 1 milliard d’euros.  Des partenariats sont en cours d’élaboration en Amérique latine.  Un traité international sur les pandémies, proposé par l’UE avec le Directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), fera l’objet d’une Assemblée extraordinaire en novembre prochain.

Concernant la menace climatique, les 27 membres de l’UE ont montré la voie en s’engageant pour la neutralité carbone d’ici à 2050; dans le même esprit, l’UE a rehaussé à 55% ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030.  L’UE a appelé à une tarification mondiale du carbone, qu’elle a entamée à son niveau, avec le « système d’échange d’émissions ETS ».  M. Michel a aussi appelé à verdir les économies, à s’entendre pour une approche globale et à fixer un cadre réglementaire à la « finance verte ».  Conscient des différences de moyens et de responsabilités historiques entre pays, M. Michel a remarqué que les promesses des 100 milliards de dollars annuels pour financer la lutte contre le réchauffement avait rarement été tenues.  L’UE, pour sa part, a versé 127 milliards d’euros entre 2013 et 2019, soit un tiers du total.

Promettant que la nouvelle donne en Afghanistan ne signifiait pas la fin de l’engagement européen auprès des populations afghanes, l’UE souhaite préserver tant que possible les acquis des 20 dernières années, « spécialement pour les droits des femmes et des jeunes filles ».  Par ailleurs, c’est parce que 40% de son commerce transite par la région indopacifique que l’UE a décidé de renforcer sa coopération avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a expliqué M. Michel.  La sécurité et la liberté de navigation en mer de Chine méridionale et dans l’océan Indien doivent être garanties conformément au droit international, et « l’UE prendra sa pleine part de responsabilité ». 

M. Michel a enfin rappelé que l’UE finançait un quart du budget ordinaire de l’ONU, soit 650 millions d’euros; 30% du budget total du maintien de la paix; et la moitié de l’aide au développement mondiale.  L’UE a des valeurs à promouvoir, des citoyens à protéger et des intérêts à défendre: c’est dans cet esprit qu’elle développe son « autonomie stratégique », y compris dans ses capacités de sécurité et de défense.  « Pour être moins dépendants.  Pour renforcer notre influence positive.  Et pour consolider notre Alliance atlantique », a conclu le Président de l’UE.  « Des alliés plus forts font une alliance plus forte.  Dans la transparence et la loyauté. »

Mme ISATOU TOURAY, Vice-Présidente de la Gambie, a appelé à une plus grande solidarité internationale et un fort leadership des Nations Unies pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et des changements climatiques compte tenu de leurs impacts délétères sur le développement de l’Afrique.  Elle a mis l’accent sur une situation économique et sécuritaire alarmante au Sahel.  « Une réponse urgente et globale aux problèmes du Sahel est nécessaire », a-t-elle plaidé avant de prévenir que l’Afrique de l’Ouest restera à la traîne en matière de développement sans un Sahel stable.  Dans ce contexte, la Vice-Présidente gambienne a appelé la communauté internationale à s’unir et à agir de manière cohérente pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et du redressement en Afrique en adoptant de nouvelles approches mieux adaptées aux exigences contemporaine.

Par ailleurs, Mme Touray a invité la communauté internationale à intensifier ses efforts collectifs pour accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable et des objectifs et cibles de l’Agenda 2063, notamment en faisant taire les armes en Afrique.  « Nous devons également renforcer le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine en formulant des réponses conjointes aux menaces existantes et émergentes à la paix, à la sécurité et au développement sur le continent », a-t-elle insisté.  Elle a favorisé des approches donnant la priorité à la prévention, la transformation et la durabilité pour aider les pays africains dans leur reprise postpandémie et leur développement à long terme.

La dirigeante s’est inquiétée de l’impact de la pandémie sur la capacité des pays africains de réaliser les objectifs de développement durable (ODD) alors que la croissance du produit intérieur brut de l’Afrique a été négative en 2020, avec -3,4%.  Au niveau national, le Gouvernement gambien a récemment achevé la revue à mi-parcours du Plan national de développement 2018-2021 pour faire le point sur les réussites et les lacunes existantes.  Mme Touray a espéré que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) sera l’occasion pour la communauté internationale de s’engager dans des actions concrètes pour appuyer une reprise résiliente et la réalisation des ODD au cours de cette décennie.  « En tant que PMA, la Gambie estime qu’il est crucial que les gouvernements soient dotés des outils nécessaires et des ressources adéquates pour financer leurs priorités de développement », a insisté Mme Touray.  Elle a vue en outre dans la tenue des élections présidentielle en décembre 2021 et législatives en 2022 l’occasion de renforcer encore la démocratie dans le pays.  

Dans un message vidéo préenregistré, Mme MARIAM CHABI TALATA, Vice-Présidente de la République du Bénin, qui s’exprimait au nom du Président Patrice Talon, a salué la priorité majeure accordée par les Nations Unies « à la recherche d’une solution définitive » à la crise de la COVID-19.  Notant des taux de vaccinations appréciables dans le monde, mais encore faibles en Afrique, la Vice-Présidente a souligné que le continent continue d’affronter d’autres infections mortelles, telles que la malaria et le VIH/sida.  Plaidant en faveur de l’anticipation, pour éviter la survenue des futurs fléaux, Mme Chabi Talata a affirmé que les actions isolées et ponctuelles ne suffisent plus.  Elle a demandé à chaque État de s’ouvrir aux autres.

Évoquant ensuite les problèmes d’insécurité liés à l’extrémisme violent et au banditisme, la Vice-Présidente a évoqué deux situations de crise: le péril terroriste qui constitue une menace réelle à ses frontières nord et la piraterie maritime au sud.  Mme Chabi Talata a souligné que le Bénin s’associe à toutes les initiatives, régionales et internationales, afin de garantir à ses citoyens et aux autres la paix, la libre circulation et la sécurité.  Une collaboration également nécessaire, selon la Vice-Présidente béninoise, pour « sauver une planète exposée à toutes sortes d’abus ».  « Il faut, au-delà de nos souverainetés individuelles, nous violenter, nous contraindre à planifier ensemble toutes les actions relatives aux besoins des pays et de la planète », a martelé Mme Chabi Talata.

Estimant que l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) est « le moyen le plus concret et le plus sûr » pour garantir le respect des droits de la personne, Mme Chabi Talata a déclaré se battre pour mobiliser des ressources permettant au peuple béninois d’avoir accès à un système alimentaire adéquat avec des cantines scolaires dans l’ensemble du pays; à une éducation de qualité; à des soins de santé à travers le système d’Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH) qui protège les plus démunis; à l’eau potable par l’extension des réseaux de distribution et; enfin, à l’énergie par l’extension du réseau électrique et les énergies propres.  « Notre pays a pu mobiliser l’essentiel des ressources indispensables à l’atteinte de la majorité des ODD », s’est félicité Mme Chabi Talata, mentionnant également les garanties données sur le plan politique pour la bonne gouvernance, l’organisation des élections et la lutte contre la corruption.

« Les progrès réalisés par notre pays sont sensibles, palpables, concrets ces dernières années et nous poussent à estimer que nous méritons pour cela de siéger au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies au titre de la période 2022-2024 », a plaidé Mme Chabi Talata, rappelant que la candidature du Bénin avait été déjà formellement endossée par l’Union africaine.  Il a appelé les États Membres à soutenir celle-ci lors des élections à New York en octobre 2021.

La Vice-Présidente a enfin appelé à une réforme de l’institution des Nations Unies, arguant que « le monde a évolué », et demandant un « esprit de consensus pour faire des Nations Unies une institution moderne, libre et juste ».  Mme Chabi Talata a également rappelé son soutien aux initiatives diplomatiques visant la création d’un État palestinien viable avec la pleine souveraineté internationale et vivant dans une coexistence pacifique avec l’État d’Israël.  Il a en outre dit son soutien aux efforts des Nations Unies sur la question du Sahara occidental.  « Le Bénin appelle à la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis », a enfin déclaré Mme Chabi Talata, rappelant la résolution adoptée par l’Union africaine en février 2021 sur la nécessité de lever le blocus économique contre Cuba.

Mme REBECCA NYANDENG DE MABIOR, Vice-Présidente de la République du Soudan du Sud, qui s’exprimait au nom du Président Salva Kiir Mayardit, a passé en revue les récents développements survenus dans son pays depuis juillet 2011, date à laquelle le Soudan du Sud a émergé d’une « longue lutte de libération contre l’oppression et la domination ».  Pourtant, moins de trois ans plus tard, le pays s’est effondré dans une nouvelle guerre déclenchée par une lutte de pouvoir intestine.  Cette guerre a été précédée par deux accords négociés par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine, l’ONU et d’autres nations amicales.  L’accord a créé un environnement propice, qui a permis la formation du Gouvernement transitoire d’unité nationale en 2020.  Malheureusement, a-t-elle déploré, notre détermination à mettre en œuvre l’accord a rencontré de nombreux écueils, notamment la pandémie de COVID-19 et les ressources limitées nécessaires à sa mise en œuvre.  Depuis, a-t-elle poursuivi, le Président Mayardit a lancé le dialogue national pour compléter l’accord.  Mais, a reconnu Mme de Mabior, nous sommes encore loin de construire une nation capable de fournir les services de base et le développement de notre peuple.

Elle a dit ne pas être ici « pour nier nos erreurs passées en tant que dirigeants nationaux », ni non plus être « sur la défensive » en réponse à la déception de nos amis et du monde entier à notre égard.  Au contraire, la Vice-Présidente est venue pour prendre part à un dialogue constructif avec nos partenaires internationaux.  L’occasion pour elle de souligner quelques points, d’abord assurer à « nos amis et partenaires que nous sommes déterminés à ouvrir une nouvelle page en nous engageant à ne jamais revenir à la guerre ».  Alors qu’il ne devrait y avoir aucun doute sur la bonne volonté du Président Mayardit et du gouvernement qu’il dirige de garantir la paix et le bien-être général, nous devons identifier et traiter les raisons objectives de ces échecs.  La Vice-Présidente a regretté la fin du soutien au renforcement des capacités, estimant nécessaire de se prémunir contre la conséquence involontaire de la dépendance à l’égard de l’aide humanitaire: il est « douloureux et honteux » qu’un pays doté de vastes terres fertiles soit considéré comme pauvre, a-t-elle déploré.  Nous devons garantir la paix et la sécurité dans le pays et encourager nos concitoyens à retourner dans leurs régions d’origine et à cultiver et tirer profit d’une jeunesse estimée à 73,6% de la population et de la contribution des femmes au développement économique.

Sur le plan bilatéral, la Vice-Présidente s’est réjouie d’annoncer que les relations avec le Soudan se sont considérablement améliorées.  Elle a reconnu, toutefois, qu’« il reste des problèmes à résoudre entre nos deux pays ».  La première et la plus importante est, à ses yeux, la question de la zone contestée d’Abyei, regrettant l’absence d’accord sur la mise en œuvre du protocole d’Abyei, citant les nombreux accords supplémentaires conclus sans pour autant parvenir à une solution définitive.  Tout arrangement alternatif prendra du temps et laissera un dangereux vide sécuritaire dans la région, a-t-elle mis en garde.  Cependant, cette question peut être résolue pacifiquement par un arrangement qui donnera au peuple Abyei liberté et dignité.  En tout état de cause, a conclu la Vice-Présidente, le Soudan du Sud est déterminé à tirer les leçons du passé et impatient de s’engager dans un dialogue constructif, de revitaliser la coopération et d’être plus efficace dans la poursuite de nos objectifs communs.  « Nous devons faire en sorte que l’accord de paix revitalisé réussisse, et nous ne pouvons y parvenir qu’avec le soutien de nos partenaires régionaux et internationaux. »

Dans un message vidéo préenregistré, M. NIKOL PASHINYAN, Premier ministre de l’Arménie, a mis l’accent sur la situation au Caucase du Sud, marquée par l’« agression », à l’automne 2020, du Haut-Karabakh.  « Cette guerre, qui a duré 44 jours, a coûté la vie à des milliers de personnes et fait des dizaines de milliers de déplacés », a dit M. Nikol Pashinyan, avant de fustiger une agression accompagnée de nombreuses violations flagrantes du droit international par les forces armées azerbaïdjanaises.  Illustrant son propos, il a cité des attaques délibérées contre des civils et des infrastructures vitales, des exécutions extrajudiciaires de prisonniers de guerre et d’otages civils, des actes de torture et de nombreux autres crimes documentés.  Le Chef du Gouvernement a aussi indiqué que les régions du Haut-Karabakh, après être passées sous contrôle de l’Azerbaïdjan, ont subi un « nettoyage ethnique complet » du peuple arménien.  Il a regretté que la communauté internationale n’ait pu empêcher ces atrocités, saluant toutefois la médiation de la Fédération de Russie, qui a permis d’arrêter l’effusion de sang en soulignant que les forces de maintien de la paix russes déployées dans le Haut-Karabakh, y assurent aujourd’hui stabilité et sécurité.

Dans ce contexte, le Premier Ministre s’est félicité que l’Assemblée nationale de la République d’Arménie ait, le mois dernier, approuvé un plan d’action du gouvernement pour 2021-2026, dont une disposition clé est d’ouvrir une ère de développement pacifique pour l’Arménie et la région.  « Conformément aux résultats des élections législatives anticipées tenues le 20 juin 2021, le peuple arménien a donné au Gouvernement le mandat de progresser vers cet objectif », a indiqué M. Pashinyan avant de se féliciter de la tenue de cette deuxième élection en Arménie après la « Révolution populaire non violente de velours » de 2018.

Après avoir déclaré que l’Arménie détenait des preuves d’exécutions sommaires de prisonniers arméniens et de tortures toujours pratiquées par les forces azerbaïdjanaises, M. Pashinyan a jugé urgent l’ouverture des communications régionales énoncées dans la déclaration trilatérale signée par le Président russe, son homologue de l’Azerbaïdjan et le Premier Ministre d’Arménie, les 9 novembre 2020 et 11 janvier 2021.

« L’Arménie est prête à un dialogue constructif, qui devrait conduire à l’instauration d’une paix durable dans la région », a dit le Premier Ministre avant de proposer d’achever le processus de retour des prisonniers de guerre, otages et autres captifs.  Il a aussi jugé nécessaire de résumer le processus de paix pour le règlement du conflit du Haut-Karabakh sous les auspices des Coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE.  Il a déclaré que la situation créée par l’usage de la force ne peut être légitimé du point de vue du droit international et le droit du peuple d’Artsakh à l’autodétermination suspendu par l’usage de la force.  Après avoir insisté que le conflit ne peut être considéré comme résolu par le recours à la force, le Premier Ministre a affirmé que « le conflit du Haut-Karabakh attend son juste règlement ».  Il a espéré que les contacts négociés par les Coprésidents du Groupe de Minsk permettront aux parties de trouver un terrain d’entente et d’aborder les questions difficiles.

Le Chef du Gouvernement a jugé difficile d’imaginer un processus de délimitation des frontières entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur fond d’échanges de tirs quasi quotidiens et de provocations diverses à la frontière arméno-azerbaïdjanaise, alors que des forces azerbaïdjanaises ont infiltré le territoire arménien le 12 mai 2021 dans la section Sotk-Khoznavar.  Pour surmonter cette situation, le Premier Ministre arménien a proposé que les forces armées de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan se retirent simultanément à la frontière de l’époque soviétique, autour de laquelle des observateurs internationaux seraient déployés.  En conclusion, M. Pashinyan a souligné la volonté de l’Arménie de contribuer au renforcement de l’ordre international basé sur les principes de la Charte de l’ONU, la promotion de développement durable et la protection des droits de l’homme.

M. PRAVIND KUMAR JUGNAUT, Premier Ministre de la République de Maurice, a déclaré, dans un message vidéo préenregistré, que la pandémie de COVID-19 a braqué les projecteurs sur l’étendue de l’inter-connectivité mondiale.  Il a constaté que de nombreux pays peinent à obtenir des vaccins abordables et efficaces, alors que les économiques avancés sont parvenus à une « vaccination de masse. »  Il a appelé à produire plus de vaccins, plus rapidement, et à décentraliser leur production pour répondre aux besoins des populations du monde entier.  Les installations multilatérales telles que le Mécanisme COVAX devraient être entièrement financées et prêtes à redistribuer les doses de vaccin excédentaires.  Il a également plaidé pour un partage des technologies et des ressources nécessaires avec les pays en développement pour permettre le déploiement de vaccins et un retour plus rapide à la normale.  Dans le même ordre d’idées, a ajouté le Premier Ministre, les sanctions économiques unilatérales devraient être revues à la lumière de l’urgence humanitaire de lutter contre la pandémie. 

La COVID-19 n’a pas épargné Maurice et notre PIB s’est contracté de 14,9% en 2020, a regretté M. Jugnaut, demandant une nouvelle architecture financière mondiale axée sur une plus grande marge budgétaire et la viabilité de la dette pour les petits États insulaires en développement (PEID).  Il a également fait part de son plein appui à la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel permettant de déterminer le type d’appui que nécessiterait chaque pays.

Passant à l’environnement, le Premier Ministre a relevé que les océans abritent d’énormes quantités et variétés de biodiversité qui doivent être protégées, pour ensuite apporter son appui à l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur la biodiversité au-delà de la juridiction nationale qui permettrait un partage équitable des avantages.  Il a également fait part de son soutien à la création d’une convention de lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles.

M. Jugnaut a par ailleurs dénoncé le recours à la force pour légitimer des gouvernements ainsi que la résurgence de l’extrémisme violent en Afrique pour ensuite faire part de sa solidarité envers le peuple afghan et appeler à un règlement juste et durable de la question palestinienne.  Il a également exhorté à accélérer le processus de réforme du Conseil de sécurité.  L’Afrique doit avoir la place qui lui revient dans un Conseil de sécurité élargi qui devrait également inclure un siège pour les PEID, a-t-il estimé.

Le Premier Ministre de Maurice a ensuite décrié l’inaction de la « puissance coloniale », plus de deux ans après que la Cour internationale de Justice (CIJ) ait statué que le Royaume-Uni devait retirer son « administration illégale » de l’archipel des Chagos aussi rapidement que possible.  Il a souligné qu’une Chambre spéciale du Tribunal international du droit de la mer avait statué que les décisions de la CIJ étaient juridiquement contraignantes et qu’en adoptant la résolution 73/295, l’Assemblée générale avait défini des modalités pour l’achèvement de la décolonisation de Maurice.  Il a également fait savoir que cette Chambre spéciale va à présent procéder à la délimitation de la frontière maritime entre Maurice et les Maldives sur la base du fait que Maurice est l’État côtier par rapport à l’archipel des Chagos.  M. Jugnaut a en outre réitéré l’engagement de Maurice à assurer le fonctionnement continu de l’installation de défense de Diego Garcia.  À cet égard, Maurice, « en tant que souverain sur l’archipel des Chagos, qui comprend Diego Garcia », est prête à conclure un accord à long terme avec les États-Unis à ce sujet.

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a rappelé, dans un message vidéo préenregistré, que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire de l’adhésion de la Suède aux Nations Unies.  Pour lui, les défis mondiaux d’aujourd'hui démontrent le besoin urgent de renforcer la coopération internationale, avec une ONU moderne en son centre.  Il a noté que l’impact dévastateur de la pandémie a mis à l’épreuve la résilience de nos sociétés et fait pression sur le système multilatéral.  Plus de la moitié de la population mondiale n’a pas encore été vaccinée contre la COVID-19, a-t-il regretté, en plaidant pour que la priorité soit de rendre les vaccins accessibles à tous, de manière équitable.  Dans ce contexte, le Mécanisme COVAX reste notre meilleur instrument et la Suède en est son plus gros contributeur par habitant, s’est félicité le Premier Ministre, en assurant que le pays entend accroître son soutien à l’accès mondial aux vaccins.

En outre, les phénomènes météorologiques extrêmes dont nous avons été témoins, avec les incendies de forêt, les inondations et canicules, soulignent l’urgence d’agir contre les changements climatiques, a relevé M. Löfven.  Il a demandé d’écouter la science et de transformer nos sociétés.  Il faut maintenir en vie l’objectif de 1,5 degré Celsius, a-t-il demandé, en invitant à agir de manière prioritaire en faveur de la réduction des émissions, de l’adaptation et de la protection de la biodiversité.  Se remettre de la pandémie offrira la possibilité de reconstruire plus vert, a-t-il espéré.  Rappelant que l’année prochaine fera 50 ans que le monde s’était réuni à Stockholm pour la toute première Conférence des Nations Unies sur l’environnement, le Premier Ministre a indiqué qu’en juin prochain, le pays accueillera « Stockholm+50 », qui, a-t-il espéré, sera un catalyseur pour des actions transformatrices pour un changement systémique en ce qui concerne l’environnement et les changements climatiques.  Pour lui, c’est l’occasion de redéfinir la relation entre l’humanité et la nature.

En outre, le Premier Ministre a appelé à un engagement renouvelé pour le renforcement de la coopération internationale qui doit se fonder sur notre responsabilité commune de faire respecter la loi.  Les droits de l’homme sont universels et s’appliquent à tous, a-t-il rappelé.  Il s’est inquiété de voir que le respect de la démocratie continue de diminuer globalement.  La Suède continuera à soutenir fermement les institutions et processus démocratiques, et les défenseurs de la démocratie, a-t-il promis, notamment grâce à l’initiative interrégionale suédoise « Drive for Democracy » qui vise à lutter contre l’autoritarisme et à promouvoir la démocratie dans le monde.

Notant que la pandémie a exacerbé des écarts critiques en matière d’égalité, en particulier l’égalité des sexes, il a indiqué que les femmes et les filles ont été disproportionnellement affectées.  Pourtant, le développement durable, la paix et la sécurité ne sont pas possibles lorsque les femmes et les filles sont laissées pour compte, a-t-il relevé, expliquant pourquoi son gouvernement est « un gouvernement féministe ».  Le Premier Ministre a déclaré que la solidarité internationale fait partie de l’ADN suédois.  À cet égard, il a mentionné que le pays reste ferme dans ses engagements mondiaux, notamment celui de fournir 1% du revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD).  De même, en tant que Président du Conseil d’administration du Bureau international du Travail (BIT) cette année, la Suède entend promouvoir les droits du travail.  Il a également exhorté les États Membres à augmenter de toute urgence le financement pour sauver des vies et soulager les souffrances, rappelant que la Suède reste l’un des plus grands donateurs humanitaires. 

Le Premier Ministre a demandé de trouver de nouvelles façons d’aider le peuple afghan à soutenir les réalisations accomplies au cours des 20 dernières années.  Au Yémen, il a plaidé pour la mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad.  Et alors que la Suède préside l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), il a dit que le principe directeur du pays est de revenir à l’essentiel en défendant l’ordre sécuritaire européen fondé sur le respect et le droit international et la Charte des Nations Unies.  Enfin, M. Löfven a appelé tous les États, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, à œuvrer pour le désarmement nucléaire.  Alors que c’est son dernier discours à l’ONU en tant que Premier Ministre de Suède, il a conclu en disant que si les défis mondiaux deviennent de plus en plus pressants, « ensemble, nous avons également fait des progrès importants ».  Et la Suède reste un champion actif de la recherche de solutions communes aux défis auxquels nous sommes confrontés ensemble, a-t-il estimé, tout en présentant des exemples d’actions qu’il a impulsées sur la scène internationale en tant que Premier Ministre de Suède.

« Nous n’avons pas fait bouger les choses! », a déploré Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, notant que lors de son premier discours, en 2018 à la tribune des Nations Unies, elle avait déjà fait observer que « le monde semblait dangereusement similaire à celui d’il y a 100 ans ».  À travers une série de questionnements, elle a décrié les inégalités d’accès aux vaccins et dénoncé l’inaction de certains face à la pandémie.  Combien de variantes de la COVID-19 doivent apparaître, avant qu’un plan de vaccination mondial ne soit mis en œuvre?  Combien de décès avant que 1,7 milliard de vaccins excédentaires ne soient partagés? s’est-elle insurgée.

Elle a poursuivi en abordant le sujet de la citoyenneté numérique à l’époque des fausses informations.  Relevant que les États Membres s’étaient réunis avec empressement pour défendre le droit des États à taxer les entreprises numériques, elle a déploré le manque de protection des citoyens face aux fausses informations dans ce même espace.  Elle a appelé à un leadership stratégique mondial pour répondre à toutes ces questions.

« Combien de crises mondiales doivent-elles se produire avant de se rendre compte que le système international divise, au lieu de nous élever? »  Elle a affirmé que la communauté internationale, dispose, selon elle, des « moyens de donner à chaque enfant une tablette, à chaque adulte un vaccin et d’investir dans la protection des plus vulnérables contre les changements climatiques, « mais nous avons choisi de ne pas le faire ».

La Première Ministre a ensuite décrié, à travers une autre série de questionnements, le manque de représentativité au niveau des institutions internationales, le racisme structurel, ou encore les promesses faites « avant le retour du nationalisme et du militarisme », ajoutant que, l’époque actuelle ressemble dangereusement « à la veille de la Grande Dépression et de la guerre mondiale ».  Ce qui se déroule actuellement, n’est « pas un film de science-fiction mais bien la réalité », a-t-elle déclaré, avant d’affirmer que l’heure est au leadership.  « Nos voix doivent être entendues et doivent compter », a-t-elle assuré, en invitant les États et peuples du monde entier à indiquer la direction dans laquelle aller « pour sauver notre planète ».

À l’occasion de sa dix-septième participation à l’Assemblée générale de l’ONU, Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a relevé que cette année marque le « jubilé d’or » de l’indépendance de son pays et le centenaire de la naissance de son défunt père, Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman, « père de la nation » et « ardent défenseur du multilatéralisme ».  Grâce aux efforts consentis pour réaliser le « rêve inachevé » de ce « leader visionnaire », le Bangladesh fait désormais partie des cinq économies à la croissance la plus rapide au monde, au quarante et unième rang en termes de PIB, s’est-elle félicitée.  Au cours de la dernière décennie, nous avons réduit le taux de pauvreté de 31,5% à 20,5% et notre revenu par habitant a plus que triplé.  Dans le même temps, a-t-elle ajouté, le taux de mortalité infantile a été réduit à 23,67 pour mille et des progrès impressionnants ont été accomplis pour l’autonomisation des femmes, ce qui a contribué à notre « développement transformateur ».

La dirigeante s’est ensuite félicitée que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le Bangladesh ait été « bien moindre que ce que l’on craignait », et ce, principalement grâce au renforcement opportun du système de santé national.  De plus, 28 plans de relance d’un montant total de 14,6 milliards de dollars ont été mis en œuvre pour maintenir l’économie à flot, tandis qu’un effort budgétaire de 1,61 milliard de dollars était alloué aux vaccins et que de l’argent et d’autres types d’aide étaient distribués à près de 40 millions de personnes.  La résilience de notre peuple nous a permis d’atteindre une croissance économique de plus de 5% en 2020, s’est-elle enorgueillie.  Si l’humanité a survécu à d’autres catastrophes de ce type par le passé, la crise actuelle risque néanmoins de durer, a estimé Mme Hasina, avant d’appeler la communauté internationale à promouvoir des moyens inclusifs de lutte contre cet « ennemi commun », le premier d’entre eux devant être l’accès universel et abordable aux vaccins.  Jugeant que le transfert immédiat des technologies pourrait permettre d’assurer l’équité vaccinale, elle a assuré que son pays était prêt à produire des vaccins à grande échelle si le savoir-faire technique était partagé et si une dérogation aux brevets était accordée.

La Première Ministre a par ailleurs relevé que la pandémie a eu un impact disproportionné sur les pays vulnérables au climat.  Elle a donc appelé les pays riches et industrialisés à réduire leurs émissions, à compenser les pertes et les dommages, et à assurer un financement et un transfert de technologie adéquats pour l’adaptation et le renforcement de la résilience.  À ses yeux, la prochaine COP26 à Glasgow est l’occasion d’appuyer ces idées nouvelles et inclusives.  « Ne laissons pas passer cette opportunité, » a-t-elle insisté.  De même, Mme Hasina a souhaité que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), prévue à Doha en janvier, contribue à aider un plus grand nombre de PMA à sortir durablement de cette catégorie.  Le Bangladesh, a-t-elle souligné, est sur le point d’y parvenir malgré les défis sans précédent liés à la COVID-19.

Mme Hasina a d’autre part déploré que plus de cinq ans après le début de la crise des Rohingya, aucun ressortissant du Myanmar déplacé de force n’ait pu être rapatrié au Myanmar.  Ce pays doit créer les conditions propices à leur retour dans l’État rakhine, a-t-elle plaidé, avant de se dire prête à travailler avec la communauté internationale sur cette « priorité impérieuse ».  Invitant les dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) à intensifier leurs efforts à cette fin, elle a indiqué que, pour assurer leur séjour temporaire, le Bangladesh a dû transférer une partie des déplacés rohingya sur l’île de Bashan Char, tout en menant des campagnes de vaccination dans les camps pour freiner la propagation de la COVID-19.

Enfin, après avoir souligné la grande contribution du Bangladesh aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et appelé à une protection accrue des Casques bleus, Mme Hasina a rappelé qu’elle réclame toujours justice pour le massacre, il y a 46 ans, de 18 membres de sa famille, dont son père, alors Président du pays.  Depuis mon retour d’exil, j’ai consacré ma vie à réaliser le rêve de mon père d’un Bangladesh heureux et prospère.  « Si Dieu le veut, je continuerai à le faire tant que je vivrai », a-t-elle déclaré en conclusion.  

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a voulu se concentrer sur la lutte contre le coronavirus et la reprise postpandémie, l’impact dévastateur de la crise climatique et la réponse à y apporter, ainsi que la situation en Afghanistan.  Le défi le plus important auquel nous sommes confrontés est de trouver un moyen de sortir de la pandémie de COVID-19, a déclaré M. Rutte.  « La solidarité mondiale n’est pas simplement la bonne chose à faire, c’est la seule chose que nous pouvons faire pour mettre fin à la pandémie », a plaidé le Premier Ministre qui, à cette fin, a exhorté à intensifier la production de vaccins et le partage équitable des doses disponibles.  D’ici la fin de l’année, les Pays-Bas espèrent avoir fait don de plus de 20 millions de vaccins aux pays dans le besoin via le Mécanisme COVAX, a annoncé M. Rutte.  Le Premier Ministre a aussi jugé important de travailler à une reprise socioéconomique qui profite à tous. 

Pour contrer les impacts des changements climatiques, il est plus vital que jamais que la COP26 en novembre réussisse, a-t-il poursuivi.  « Nous ne pouvons pas permettre que les tensions politiques entre les pays nous empêchent de réaliser ces objectifs. »  Il a souligné que l’adaptation climatique est dans l’ADN du Royaume des Pays-Bas.  Illustrant son propos, il a dit que le pays a accueilli le sommet en ligne sur l’adaptation au climat au début de l’année, qui a été l’occasion de lancer le Programme d’action pour l’adaptation.  Ce programme vise à transformer les paroles en actes, a informé M. Rutte.  

Passant à la « tragédie en Afghanistan » que nous avons vue cet été, il a jugé la situation « désespérée ».  Lors de la conférence des donateurs du 13 septembre, les Pays-Bas ont promis 13,5 millions d’euros supplémentaires pour le Fonds humanitaire pour l’Afghanistan et le Plan régional de préparation et d’intervention en faveur des réfugiés, a-t-il indiqué.  Les peuples du monde et le peuple afghan comptent sur l’ONU, a dit en conclusion le Premier Ministre. 

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a observé qu’après des mois de souffrances et de perturbations dues à la pandémie de COVID-19, « un espoir renaît de la coopération ».  Saluant le « miracle scientifique collectif » que constitue la découverte et la production de vaccins contre cette maladie, il s’est félicité que l’Europe ait « ouvert la voie » tant en matière d’approvisionnement aux États Membres que de dons à des pays extérieurs à l’Union européenne (UE), notamment via le Mécanisme COVAX.  De plus, a relevé le Chef du Gouvernement grec, un plan de relance budgétaire sans précédent a été décidé par l’UE, ce qui entraîne une reprise économique soutenue à travers le continent.  Cette riposte a prouvé que, lorsque le monde avait besoin de se tenir debout et solidaire, il pouvait faire face à des problèmes véritablement mondiaux, a-t-il souligné, estimant à moins de six semaines de la COP26 à Glasgow que « notre réponse collective à la crise climatique doit faire de même ».

À cet égard, M. Mitsotakis a noté que l’écosystème méditerranéen est particulièrement sensible aux conséquences de la hausse des températures et que son pays n’est « bien sûr pas à l’abri », comme l’ont rappelé les méga-incendies de forêt de l’été dernier.  Exprimant sa reconnaissance aux 23 pays qui ont aidé Athènes à faire face à ce phénomène naturel, il s’est réjoui que vendredi dernier, aux côtés de la Grèce, les dirigeants de huit autres pays méditerranéens aient fait de la crise climatique le point central du huitième sommet annuel de l’EuroMed.  Il a ajouté que, face à la crise climatique, son pays a décidé d’avancer à 2025 la fermeture de toutes ses usines de production d’électricité alimentées au lignite.  La Grèce investit en outre dans la transition verte et se préoccupe de la pollution plastique sur terre et en mer.  Elle prévoit par ailleurs de transformer 10% de son espace maritime en zone protégée d’ici à 2030, a dit le Premier Ministre. 

Évoquant ensuite la complexité croissante des relations internationales, le Premier Ministre a fait état de points de vue divergents entre son pays et la Turquie.  Après avoir rappelé que la Charte de l’ONU interdit l’usage ou la menace de la force, il a regretté que, depuis 1995, la Grèce soit confrontée à une « menace formelle, régulièrement renouvelée et clairement illégale et inacceptable » de recours à la force par la Turquie.  En tant que puissance maritime, nous sommes pleinement attachés au droit de la mer, a-t-il fait valoir, indiquant que son pays a récemment signé des accords de délimitation maritime avec l’Italie et l’Égypte, tout en convenant avec l’Albanie de renvoyer un litige devant la Cour internationale de Justice.  C’est cet état d’esprit qui définit notre approche de la Turquie, a assuré M. Mitsotakis, avant de déplorer que l’an dernier, Ankara ait « inutilement soulevé des tensions », menaçant d’un affrontement entre deux alliés de l’OTAN.  À ses yeux, cette « attitude agressive » compromet les perspectives d’une relation mutuellement bénéfique et met en péril la sécurité et la stabilité régionales, tout en compliquant les relations de la Turquie avec l’Europe.  Plutôt que de livrer des « batailles du siècle dernier », nous devrions unir nos forces et coopérer contre de nouveaux « ennemis communs » tels que les changements climatiques et la crise migratoire illégale, a plaidé le Premier Ministre.  

Il s’est en revanche déclaré « moins optimiste » sur la question de Chypre, jugeant regrettable que la Turquie continue d’ignorer les résolutions de l’ONU et d’insister sur la militarisation de l’île.  Malgré les violations répétées d’Ankara, notamment concernant la zone clôturée de Varosha, la Grèce reste pleinement engagée à soutenir les efforts de l’ONU en faveur d’une reprise, dès que possible, des négociations sur un règlement viable de la question chypriote, a-t-il assuré, ajoutant que cette solution ne peut être trouvée que sur la base des résolutions du Conseil de sécurité.  « Toute discussion concernant une solution à deux États est tout simplement inacceptable », a martelé le Premier Ministre, avant d’aborder une autre crise « dans notre voisinage immédiat », celle de la Libye en proie à une guerre civile depuis 10 ans.  Le peuple libyen mérite un avenir pacifique, « libre de la présence de troupes étrangères, de mercenaires et de combattants étrangers », et doit pouvoir élire librement son propre gouvernement, sans intervention étrangère, a-t-il plaidé.  « Nous les soutenons », a-t-il affirmé.  Enfin, après avoir souhaité que le prochain sommet UE-Balkans fasse progresser l’intégration européenne, il a plaidé pour une « autonomie stratégique » de l’Europe.  Selon lui, loin de nuire aux liens transatlantiques, une Union européenne de la défense « renforcera l’OTAN ».  De fait, a-t-il dit avant de conclure, nos intérêts stratégiques en Méditerranée orientale, au Moyen-Orient et au Sahel nous obligent à relever ce défi avec un « sentiment d’urgence renouvelé ».  « Car il y aura des missions où l’OTAN et l’ONU ne seront pas présentes, mais où l’UE devrait l’être. »

S’exprimant par visioconférence, M. SUGA YOSHIHIDE, Premier Ministre du Japon, a rappelé l’importance d’assurer un accès équitable aux vaccins partout dans le monde en créant un environnement où tous les pays et toutes les régions peuvent les obtenir sans conditions préalables sur les plans politique ou économique.  M. Suga a annoncé que son gouvernement fournira jusqu’à 60 millions de doses de vaccin au total qui seront livrées dans les centres de vaccination de chaque pays et région grâce au programme « Last One Mile Support ».  Au total, il aura fourni une assistance de l’ordre de 3,9 milliards de dollars dans le monde et continuera de déployer tous les efforts possibles pour surmonter la COVID-19.  Le Premier Ministre a ensuite évoqué quatre points « pour orienter notre monde vers un avenir meilleur », à commencer par la création des systèmes de santé mondiaux plus résilients.  La pandémie, a-t-il ajouté, a conduit à une reconnaissance renouvelée de l’importance de la couverture sanitaire universelle afin d’assurer un accès équitable aux services de soins de santé et la protection des vulnérables.  À cet égard, le Japon proposera une « Stratégie de santé mondiale », pour contribuer à la construction d’une nouvelle architecture de sécurité sanitaire mondiale, en collaboration avec la communauté internationale.  Le Japon accueillera en outre le Sommet de Tokyo sur la nutrition pour la croissance en décembre de cette année afin d’améliorer la nutrition des populations du monde entier.

Par ailleurs, le Chef du Gouvernement a préconisé de créer une société verte et durable, a avancé M. Suga.  Le Japon vise à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 46% avant 2030 et fixe un objectif ambitieux à long terme de zéro émission nette d’ici à 2050.  Il fournira en outre un financement à l’action climatique aux pays en développement, y compris les petits États insulaires, pour un montant total d’environ 60 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, de 2021 à 2025.  De plus, le Premier Ministre a souligné l’importance d’un ordre international libre et ouvert fondé sur l’état de droit y compris dans la région indopacifique.  Le Japon collaborera étroitement avec des pays et des régions partageant les mêmes idées et travaillera stratégiquement pour réaliser cette vision, a insisté M. Suga.  Dans le domaine de la technologie numérique, le Japon exercera son leadership dans l’élaboration de règles visant à faire progresser la libre circulation sûre des données.

Le Premier Ministre a annoncé que son pays sera candidat à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2022.  Il a appelé à l’ouverture de négociations concrètes pour la réforme de cet organe afin de le rendre plus efficace et davantage à l’image des réalités du XXIe siècle.  Seul pays à avoir connu la dévastation des bombardements atomiques, le Japon s’efforcera de combler les écarts entre les pays ayant des positions différentes et de contribuer aux efforts internationaux visant à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires, a plaidé M. Suga.  Sur le plan régional, il a affirmé la nécessité d’empêcher que l’Afghanistan ne redevienne un refuge pour les terroristes.  Les Taliban doivent respecter leurs engagements annoncés publiquement.

Condamnant le dernier lancement de missiles balistiques par la « Corée du Nord », le Premier Ministre a souhaité que ce pays s’engage dans des efforts diplomatiques et que les dialogues entre les États-Unis et la Corée du Nord sur la dénucléarisation progressent.  La question des enlèvements par la Corée du Nord est un sujet de grave préoccupation pour la communauté internationale et aussi une priorité absolue pour le Japon, a souligné M. Suga pour lequel il n’y a plus de temps à perdre alors que les familles des victimes continuent de vieillir.  S’agissant du Myanmar, le Japon a dit appuyer les initiatives prises par l’ASEAN en vue d’une percée dans la situation actuelle.  Il organisera l’année prochaine la TICAD 8, qui se tiendra en Tunisie, a rappelé M. Suga annonçant également la sixième Assemblée mondiale des femmes l’an prochain pour réaliser l’égalité entre les sexes et promouvoir l’autonomisation des femmes à travers le monde.

Dans une déclaration préenregistrée, M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de la République de Malte, a souligné que ce n’est pas la rhétorique qui permettra de surmonter la pandémie de COVID-19, mais la mobilisation et la fourniture de suffisamment de ressources.  Notant que le taux de pauvreté avait augmenté significativement pour la première fois en 20 ans, il a plaidé en faveur d’une distribution équitable des vaccins.  Il a indiqué que 91% de la population de Malte avait été vaccinée et que son pays avait par ailleurs fait don de 40 000 doses de vaccin à la Libye.

Il est de la plus haute importance de garantir une reprise économique, environnementale et sociale qui soit équitable et inclusive, a ensuite souligné le Premier Ministre, insistant sur l’importance des garanties de dette, de l’aide financière et des prêts des institutions financières internationales.  L’appui à une « compétition équitable » doit être au cœur des efforts de relèvement économique postpandémie.  Le Premier Ministre a également appelé à veiller au succès de la COP26, précisant au passage que la neutralité carbone est l’un des cinq grands piliers de la vision économique pour 2030 de Malte qui est l’un des pays les plus vulnérables aux changements climatiques de l’Union Européenne.  Le lien entre le climat et la sécurité comptera en outre parmi les priorités de Malte si elle est élue au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024.

Après avoir attiré l’attention sur les bienfaits du numérique, M. Abela a exprimé son inquiétude face à l’augmentation des violences contre les femmes dans le monde.  Il a noté que les accords de paix durent plus longtemps si les femmes et les jeunes sont autour de la table des négociations.  C’est notre responsabilité de veiller à ce que les femmes disposent de l’espace nécessaire pour devenir des acteurs du changement, a donc appuyé M. Abela. 

Le dirigeant a ensuite évoqué la situation en Libye, exhortant la communauté internationale à apporter un soutien aux autorités libyennes pour s’assurer que la transition politique soit un succès.  Il a appelé au respect de l’embargo sur les armes et aux retraits des combattants et mercenaires étrangers.  Évoquant l’appui qu’accorde Malte au développement économique de la Libye, il s’est réjoui du premier vol commercial reliant les deux pays il y a quelques jours.  Mais nous ne pouvons pas ignorer l’impact des développements politiques de la région sur la Libye, a affirmé le Premier Ministre pour qui la fragilité de la situation au Sahel nécessite une approche portée par un engagement politique fort.  Car l’instabilité dans la région aura des implications dans d’autres domaines, comme celui du terrorisme et de la migration, a noté M. Abela qui a appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme et de la radicalisation, et à lutter contre le financement du terrorisme.  Le Premier Ministre a enfin mis en évidence la nécessité de renforcer les capacités des systèmes pénaux nationaux afin d’administrer une justice équitable et efficace contre les auteurs de crimes terroristes. 

Poursuivant, M. Abela a réaffirmé son engagement en faveur d’une résolution du conflit israélo-palestinien passant par la solution des deux États.  Saluant la normalisation des relations diplomatiques entre l’État d’Israël et le Maroc, les Émirats arabes unis, le Soudan et le Bahreïn, il a appelé à poursuivre les efforts pour la paix dans la région, notamment en préparant la tenue d’élections en Palestine.  Au sujet de l’Afghanistan, M. Abela a appelé les forces en présence au respect du droit international et des droits humains et à permettre à tous les citoyens afghans qui le souhaitent de quitter le pays.  L’accès humanitaire est crucial, a-t-il souligné, incitant à s’unir pour s’assurer que l’Afghanistan ne soit plus jamais un refuge pour des organisations terroristes. 

Évoquant enfin la Syrie, M. Abela a exprimé sa grande inquiétude devant les rapports faisant état de violences sexuelles et d’attaques contre des enfants, des hôpitaux et des écoles.  Chaque année, des dizaines de milliers d’enfants sont touchés par les conflits, a dénoncé le Premier Ministre.  La protection des enfants doit être au centre de nos politiques, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-il affirmé.

Nous avons entendu cette semaine les alarmes retentir au sujet des conflits, de la COVID-19 et du climat et nous devons y maintenant répondre, a lancé M. MICHEÁL MARTIN, Premier Ministre de l’Irlande (Taoiseach).  Et il faut pour cela un système multilatéral juste, efficace et solide, a ajouté le dirigeant.  Soulignant le rôle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Martin a appelé à la soutenir politiquement et financièrement, ajoutant que l’Irlande avait quadruplé son financement à l’OMS en réponse à la pandémie.  La pandémie a révélé que les progrès pour réduire la pauvreté, améliorer l’accès aux soins et combattre la crise climatique ont été insuffisants, a regretté M. Martin.  Il a ensuite alerté sur le fait qu’il restait moins d’une décennie pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD).  « Nous avons une rare opportunité aujourd’hui de reconstruire en mieux, en plus juste et en plus écologique », a-t-il souligné. 

L’adhésion de l’Irlande à l’Union européenne nous a montré qu’unir nos souverainetés les renforce, et qu’obéir au droit international apporte de nombreux bénéfices, a assuré le Premier Ministre.  Évoquant l’entrée de l’Irlande au Conseil de sécurité, il a souligné ne pas prendre cette responsabilité à la légère, appelant les membres du Conseil à mettre leurs différends politiques de côté.  Pour beaucoup, le conflit en Syrie est un échec emblématique de l’ONU et du Conseil de sécurité, a dénoncé M. Martin.  Il a insisté sur la nécessité que l’aide humanitaire arrive à ceux qui en ont besoin.  « Mais l’aide humanitaire ne peut pas remplacer une solution politique », a-t-il insisté.  Évoquant ensuite la région du Tigré en Éthiopie, le dirigeant a appelé à l’unité en soutenant l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu et d’un accès humanitaire sans entrave. 

Réaffirmant la priorité d’un monde sans armes nucléaires, le dirigeant irlandais a exhorté l’Iran à reprendre les pourparlers à Vienne et à se conformer pleinement à l’accord sur le nucléaire iranien.  Il a ensuite évoqué le conflit israélo-palestinien, soulignant sa frustration face au silence du Conseil de sécurité lors des dernières hostilités.  Une paix globale, juste et durable est possible, a assuré le dirigeant, exprimant sa détermination à parvenir à une solution des deux États.  Poursuivant sur la situation en Afghanistan, M. Martin a insisté sur la nécessité de protéger les personnes les plus vulnérables.  Évoquant ensuite la crise climatique, le Premier Ministre irlandais a annoncé que l’Irlande lancera une discussion pour une résolution au Conseil de sécurité sur le climat et la sécurité.  Le pays réduira ses émissions de 51% d’ici à 2030 comparé au niveau de 2018, a promis M. Martin.  Il a ensuite souligné qu’il était essentiel de respecter l’engagement collectif de verser 100 milliards de dollars de financement aux pays en développement. 

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a affirmé que son pays a fait preuve d’un fort esprit de collaboration en échangeant des informations et des données sur la situation de la pandémie aussi bien avec l’OMS qu’avec les pays de la région.  Deux groupes de 30 médecins et infirmiers albanais se sont rendus l’année dernière en Italie pour aider leurs collègues de la région de Lombardie, tout comme nous avons reçu un groupe de médecins italiens pour nous aider à combattre la pandémie, a-t-il témoigné.  « Ces expériences de solidarité, d’assistance professionnelle, d’échanges et de coopération parlent d’elles-mêmes sur la nécessité d’une approche commune à une situation de pandémie mondiale. »  Jusqu’à présent, a indiqué M. Rama, la moitié de la population albanaise a été vaccinée et nous prévoyons de vacciner la quasi-totalité de la population recommandée dans environ 10 mois.  Le défi de la pandémie nécessite un leadership mondial pour un système de santé mondial adapté à ce millénaire, a-t-il estimé.

Le Premier Ministre s’est dit convaincu que les Nations unies, 75 ans après leur création, restent la pierre angulaire de la coopération multilatérale fondée sur des règles, dont bénéficie la communauté mondiale dans son ensemble.  C’est avec la même foi dans les institutions multilatérales et avec un engagement inébranlable en faveur de la sécurité internationale que l’Albanie a posé sa candidature, pour la première fois, au Conseil de sécurité des Nations Unies, a dit M. Rama, expliquant que son pays brigue un siège de membre non permanent pour la période 2022-2023.  Il s’est dit « touché et encouragé » par le soutien massif des pays membres de l’ONU à cette candidature.

L’Albanie, a-t-il poursuivi, entend jouer un rôle proactif dans la réponse aux défis mondiaux, en soutenant les efforts et les approches des Nations Unies et de l’Union européenne (UE), afin de créer des stratégies globales visant à renforcer les partenariats entre les États en matière de prévention des conflits.  L’Albanie encourage l’adhésion universelle et la mise en œuvre intégrale de tous les traités et conventions en matière de non-prolifération et de désarmement, a-t-il ajouté.

Le Premier Ministre a aussi fait part de l’engagement de l’Albanie dans la lutte contre le terrorisme international, l’extrémisme violent et toute radicalisation.  L’Albanie apportera aux travaux du Conseil de sécurité sa longue expérience positive en matière d’harmonie religieuse et de respect des différences culturelles, en tant que bonne pratique qui s’oppose à la montée de l’intolérance et de l’extrémisme violent, a-t-il promis.

Soulignant que les changements climatiques sont une autre priorité de plus en plus importante dans l’agenda national et régional de son pays, il a plaidé pour une réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre et l’adoption de modes de production et de consommation durables, conformément à l’Accord de Paris et au Programme 2030.

Sur le plan régional, le processus d’intégration européenne représente un point d’ancrage pour la démocratisation de l’Albanie, la consolidation des institutions et surtout le renforcement de l’état de droit dans le pays, a expliqué M. Rama.  Il a fait part, à cet égard, de la détermination de son pays à préserver et à défendre les valeurs fondamentales de l’UE, le respect des droits fondamentaux, y compris les droits des minorités, la démocratie et l’état de droit.  L’intégration à l’UE est une aspiration régionale, a-t-il insisté.  Les pays des Balkans occidentaux ont convenu de renforcer la coopération économique dans la région en développant un marché régional commun, fondé sur les règles et les normes de l’UE, afin d’accroître l’attrait et la compétitivité de la région et la rapprocher des marchés de l’UE, a-t-il expliqué.

« Il n’y aura pas de stabilité et de progrès dans les Balkans sans la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo », a enfin plaidé M. Rama.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, l’Albanie soutient fermement la reprise du dialogue entre le Kosovo et la Serbie, en coordination avec les partenaires stratégiques du Kosovo, l’UE et les États-Unis.

Après avoir salué l’Assemblée générale en maori, Mme JACINDA ARDERN, Première Ministre de la Nouvelle-Zélande, a reconnu, dans une déclaration préenregistrée, qu’avec la pandémie de COVID-19, son pays ressent son éloignement plus vivement.  « Le vaste océan qui entoure nos îles a pris une plus grande importance à une époque où les contrôles aux frontières sont notre première ligne de défense. »  Dans le même temps, la pandémie a montré à quel point nous sommes tous étroitement liés, a-t-elle observé, avant de rappeler qu’aucune communauté, nation ou région ne peut lutter seule contre la COVID-19.  Il s’agit d’un problème mondial qui nécessite une solution globale, et l’accès équitable à des vaccins sûrs et efficaces est essentiel à notre réponse et à notre rétablissement, a fait valoir la Cheffe du Gouvernement néo-zélandais.  À cet égard, elle a indiqué que la Nouvelle-Zélande travaille avec d’autres pays, dont l’Australie, pour garantir une couverture vaccinale complète dans les pays insulaires du Pacifique.

Si cette pandémie a causé des souffrances incommensurables à travers le monde, c’est aussi l’occasion d’ajuster certains paramètres fondamentaux et de se mettre en meilleure position pour « reconstruire en mieux », a estimé Mme Ardern.  Selon elle, le moment est venu de nous réengager envers les objectifs de développement durable, ne serait-ce que pour répondre à l’une des crises les plus omniprésentes de notre époque, celle liée aux changements climatiques.  Tout le monde est concerné mais les pays du Pacifique sont parmi les plus touchés, bien qu’ils aient le moins contribué au problème, a-t-elle relevé, jugeant que toute réponse mondiale qui ne parviendrait pas à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux de l’ère préindustrielle serait « inacceptable ».  La Nouvelle-Zélande, a-t-elle précisé, a fait de cette limite le cœur de sa législation nationale sur les changements climatiques.  Cette année, le pays a effectué sa première évaluation des risques liés à cette menace et, d’ici deux ans, il disposera d’un plan national d’adaptation.  Avant cela, il prévoit de planter un milliard d’arbres d’ici à 2028.  Cela permettra de stocker du carbone, mais aussi d’appuyer la résilience des forêts, de prévenir l’érosion, d’améliorer la biodiversité et de soutenir nos communautés rurales et indigènes, a expliqué Mme Ardern.

Au-delà des contributions déterminées au niveau national, il y a aussi des actions collectives que nous devons entreprendre, a-t-elle ajouté, citant la fin des subventions aux combustibles fossiles, la mise en commun des ressources et des connaissances par le biais de l’Alliance mondiale pour la recherche et la négociation d’un accord sur les changements climatiques, le commerce et la durabilité.  La Nouvelle-Zélande y travaille, tout comme elle œuvre à la préservation des zones maritimes menacées par l’élévation du niveau de la mer en raison des changements climatiques, ainsi qu’en atteste la Déclaration signée, en août, avec le Forum des leaders des Îles du Pacifique.  Cette crise planétaire étant liée à la perte de biodiversité, la Nouvelle-Zélande a adopté, en 2020, une stratégie nationale pour inverser cette tendance.  Pour espérer réaliser le Programme 2030, il importe d’adopter et de mettre en œuvre un cadre mondial post-2020 ambitieux lors de la prochaine Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique, a plaidé la Première Ministre, ajoutant que la biodiversité océanique est aussi importante que la biodiversité terrestre.

Cela étant, plus de 120 millions de personnes sont tombées dans l’extrême pauvreté en raison de la pandémie et trop de gens ont faim chaque jour, a constaté Mme Ardern.  Un changement transformationnel est nécessaire pour garantir que chacun ait accès à la nutrition dont il a besoin, a-t-elle soutenu, assurant que son pays prend sa part dans ces efforts, notamment en reconnaissant le leadership des peuples autochtones dans les systèmes alimentaires et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture.  Dans le même temps, il faut un commerce plus ouvert et inclusif, a-t-elle poursuivi, y voyant un moyen de sortir des populations de la pauvreté et de la faim, fléaux souvent à l’origine des conflits et de l’instabilité.  À ce sujet, la Nouvelle-Zélande est impatiente de rejoindre la Commission de consolidation de la paix en 2022, a indiqué la Première Ministre. 

S’il y a une leçon à tirer des événements des 18 derniers mois, c’est la nécessité de plus de coopération et le besoin d’institutions mondiales plus réactives, y compris l’ONU, a conclu Mme Ardern, en remerciant le Secrétaire général de ses recommandations pour faire avancer « Notre Programme d’action commun », une « feuille de route » pour rendre le multilatéralisme plus efficace et ne laisser personne de côté.

M. R. JAMES MARAPE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a souhaité sensibiliser sur les nombreux enfants et leurs familles qui vivent dans les mers du monde dans la peur de lendemains incertains, « au moment où nous nous réunissons et continuons de parler des changements climatiques dans l’ambiance feutrées de nos salons, à l’instar de cette auguste Assemblée de l’ONU ».  Il a expliqué la peur de ces enfants et familles par le fait que, au cours de leur vie, ils ont vu leurs terres arables et sûres disparaître à cause de l’élévation du niveau de la mer, et ils regardent les structures sur lesquelles leur vie est construite s’effondrer.  Dès lors, il est temps que les grands émetteurs de carbone de la planète se reconnaissent et s’excusent auprès des petits États insulaires et de toutes les autres victimes des changements climatiques, a-t-il martelé.

C’est pourquoi il a lancé un appel à chacun d’entre nous, et en particulier aux grandes nations émettrices de carbone qui profitent actuellement de leurs transformations économiques nationales grâce à l’industrialisation, pour qu’elles fassent une pause, réfléchissent et prennent leurs responsabilités pour sauver notre planète.  Il s’est dit cependant réconforté par les récents engagements du Président des États-Unis et du Premier Ministre du Royaume-Uni qui ont fait part de leurs intentions respectives de mieux s’attaquer aux problèmes des changements climatiques.  Il a relevé les mêmes réponses positives de la part de la Chine.

« C’est pour la survie de la Terre qu’il faut agir maintenant! »  Alors, « assez de paroles », s’est-il écrié avant d’inviter les États Membres à prendre des mesures proportionnelles au volume des émissions de leurs industries.  Il s’agit pour lui de sauver la planète car, a-t-il averti, ce qui se passe en Afrique affectera l’Europe, ce qui se passe en Asie affectera l’Amérique, et ce qui se passe au Moyen-Orient affectera ceux d’entre nous qui vivent dans le Pacifique.

Son pays est « béni » avec environ 13% des forêts tropicales humides du monde et 6% de sa biodiversité.  Des « atouts mondiaux » que son pays compte préserver, a-t-il précisé.  Poursuivant, il a indiqué qu’une des leçons retenues de la pandémie de COVID-19 est que l’oxygène est le besoin numéro un de l’humanité, sinon la Terre est exposée à la suffocation et à la mort.  Faisant un parallèle entre le corps humain et la nature, il a estimé que si le réservoir mondial de forêts tropicales était le poumon de la planète, alors une part importante de cet organe qui permet au monde de respirer se trouverait dans son pays.  En tant que Président de la Coalition des nations à forêt tropicale, la Papouasie-Nouvelle-Guinée se trouve à un carrefour important en tant qu’absorbeur net de carbone dans l’atmosphère, a-t-il fait remarquer en expliquant que la capacité d’absorption de ses forêts est de plus de 100 millions de tonnes par an, tandis que les émissions énergétiques de son pays sont actuellement d’environ 10 millions par an.

La préservation et la conservation, ainsi que l’exploitation et l’utilisation durables des ressources forestières, peuvent constituer « notre engagement envers vous tous » pour le maintien de la Terre, en tenant compte du « code rouge pour l’humanité » lancé par le Secrétaire général de l’ONU, a estimé le Premier Ministre.

M. Marape a ensuite invoqué le sixième rapport d’évaluation du GIEC, paru récemment, qui indique clairement que les actions humaines sont la cause de l’aggravation de la crise climatique.  C’est pourquoi des mesures doivent être prises pour changer cette trajectoire, eu égard notamment à la réalité du lien entre le climat et la sécurité que le Conseil de sécurité ne peut continuer à nier au risque d’un manquement à ses devoirs envers tous les peuples du monde, a-t-il plaidé.  Il s’est toutefois félicité du soutien croissant dont bénéficie cet ordre du jour important au Conseil.

Le Premier Ministre a fait part de sa volonté de faire progresser un certain nombre de questions au nom de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de l’économie bleue du Pacifique au sens large, lors de la prochaine COP26, prévue à Glasgow en novembre prochain.  À cet égard, il a invité les États Membres à finaliser un marché du carbone solide et équitable dans le cadre de l’Accord de Paris afin de débloquer de nouveaux flux de financement qui tiennent mieux compte des intérêts de développement durable de pays comme le sien. 

Pour finir, il s’est félicité de l’adoption, le mois dernier, d’une déclaration commune par les dirigeants du Forum des îles du Pacifique visant la préservation de « nos zones maritimes » face à l’élévation du niveau de la mer, une conséquence des changements climatiques.

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a estimé que nous étions à un tournant qui nous oblige à faire le choix d’agir pour un avenir meilleur, plus vert et plus sûr.  En tant que Membre fondateur de l’ONU, le Luxembourg est prêt à « répondre à l’appel du Secrétaire général pour mettre sur pied un système multilatéral plus solide, plus efficace, plus inclusif, travaillant davantage en réseau », a insisté le Premier Ministre avant de rappeler que la pandémie de COVID-19 nous a poussés à faire des choix difficiles.  Il a dit que le nombre de 6 milliards de doses de vaccin administrées dans le monde, bien qu’impressionnant, reste insuffisant, puisqu’il faudrait 11 milliards de doses pour que soit dépassé le seuil de 70% de la population mondiale vaccinée pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie.  Pour atteindre cet objectif, le Premier Ministre du Luxembourg a mis l’accent sur l’importance de la « solidarité vaccinale » avant de préciser que le Luxembourg partagera 350 000 doses de vaccin avec ses pays partenaires en développement en Afrique et en Asie.  « Nous avons aussi mis à disposition des respirateurs pour l’Inde, pour le Népal et pour la Tunisie et des réfrigérateurs pour vaccins au Laos, au Soudan, au Burkina Faso et au Sénégal », a précisé M. Bettel avant d’appeler au renforcement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)

Six ans après l’accord historique conclu à Paris, M. Bettel a dit l’insuffisance des progrès réalisés depuis dans la lutte contre les changements climatiques.  Il a prévenu que la température s’élèvera de 2,7 degrés Celsius d’ici la fin du siècle si nous restons sur la trajectoire actuelle, alors que le réchauffement doit être limité à 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels.  Dans ce contexte, il a salué les engagements forts pris par l’Union européenne de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030, et d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050.  Le Luxembourg a précisé qu’il a doublé sa production d’énergies renouvelables au cours des cinq dernières années, et décidé de doubler son financement climatique international, pour le porter à 200 millions d’euros sur la période 2021-2025.  Il a estimé que la COP26 qui s’ouvre en novembre à Glasgow, sera un moment de vérité, avant de préciser que plus d’un milliard d’enfants sont exposés aux chocs climatiques.

En outre, le Premier Ministre a espéré que le Luxembourg sera élu cet automne au Conseil des droits de l’homme pour le mandat 2022-2024.  Il a expliqué que le Luxembourg souhaitait s’y engager autour de quatre priorités: l’appui à l’état de droit, à l’espace civique et aux défenseurs des droits humains et la lutte contre l’impunité; le développement durable et l’action climatique fondés sur les droits humains; l’égalité des genres et la lutte contre toutes les discriminations; les droits des enfants.  Par ailleurs, le Premier Ministre s’est réjoui que la Commission européenne ait annoncé l’organisation, à la demande du Luxembourg notamment, d’une conférence sur la réinstallation d’Afghans vulnérables.

M. IMRAN KHAN, Premier Ministre du Pakistan, a indiqué, dans un message vidéo préenregistré, que l’islamophobie est un phénomène pernicieux qui doit être combattu collectivement et exhorté le Secrétaire général à organiser un dialogue mondial à cette fin.  Il a déclaré que « la pire forme d’islamophobie est au pouvoir en Inde ».  L’idéologie « Hindutva », propagée par le régime fasciste RSS-BJP, a en effet instauré un règne de peur et de violence pour les 200 millions de musulmans d’Inde.  Le Premier Ministre a dénoncé « les pogroms réguliers » comme celui qui s’est déroulé à New Dehli l’année dernière, les lois sur la nationalité discriminatoires afin de « purger » l’Inde de ses musulmans et les campagnes de destruction des mosquées dans ce pays.

« New Dehli s’est également engagé dans ce qu’il a sinistrement appelé ‘ la solution finale ’ dans le différend du Jammu-et-Cachemire. »  M. Khan a accusé l’Inde de créer un climat de terreur avec sa force d’occupation de 900 000 hommes, de réprimer les médias, de supprimer violemment des manifestations pacifiques, de torturer des centaines de Cachemiriens et de détruire des villages entiers.  Il a également dénoncé les efforts illicites visant à modifier la composition démographique de ce territoire occupé et à faire de la majorité musulmane une minorité.  Les actes de l’Inde violent les résolutions du Conseil, ainsi que le droit international, et s’apparentent à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a-t-il accusé.  M. Khan a déclaré que le plus récent exemple de la « barbarie indienne » a été l’enlèvement forcé à sa famille de la dépouille du grand dirigeant cachemirien, Syed Ali Shah Geelani, empêchant des funérailles selon le rite musulman.  Il a donc demandé à l’Assemblée générale de demander que la dépouille soit enterrée dans « le cimetière des martyrs », selon ledit rite.

Le Premier Ministre a affirmé que le Pakistan veut la paix avec l’Inde, « comme avec tous ses voisins », avant d’ajouter qu’une paix durable dépend du règlement de ce différend, dans le respect des résolutions du Conseil et des aspirations de la population.  Il a estimé que c’est à l’Inde qu’incombe la création d’un environnement propice à un engagement fructueux avec le Pakistan.  « Pour cela, elle doit agir: premièrement, abroger les mesures unilatérales et illégales en place depuis le 5 août 2019; deuxièmement, cesser son oppression et ses violations des droits humains à l’encontre de la population cachemirienne et troisièmement, inverser les changements démographiques dans le territoire occupé. »  C’est essentiel pour empêcher un nouveau conflit entre le Pakistan et l’Inde, a averti le Premier Ministre.

Évoquant la situation en Afghanistan, M. Khan a regretté que son pays ait été montré du doigt après les derniers développements dans ce pays.  « Je veux que vous sachiez tous que le pays qui a le plus souffert, après l’Afghanistan, est le Pakistan lorsque nous avons rejoint la guerre des États-Unis contre le terrorisme après le 11 septembre. »  Il a déclaré que 80 000 Pakistanais sont morts et que 3,5 millions ont été déplacés.  « La seule raison pour laquelle nous avons tant souffert c’est parce que nous sommes devenus l’allié des États-Unis et de la coalition dans la guerre en Afghanistan. »  Il a rappelé que des attaques ont été perpétrées contre le Pakistan depuis le sol afghan, en déplorant qu’aucune attention n’ait été portée à son pays.  « Imaginez alors comment nous nous sentons lorsque nous sommes critiqués pour le changement intervenu en Afghanistan. »

M. Khan a déclaré qu’après 2006, il était devenu « évident pour toute personne familière avec ce pays et son histoire » qu’il ne pourrait pas y avoir de solution militaire en Afghanistan.  « Je me suis rendu aux États-Unis, j’ai parlé devant des think tanks, j’ai rencontré M. Joe Biden, alors sénateur, les sénateurs John Kerry et Harry Reid, j’ai essayé de leur expliquer qu’un règlement politique était la seule solution », a-t-il dit, avant d’ajouter que « personne n’a compris ».  Il a estimé que les États-Unis ont eu tort de s’enferrer dans la recherche d’une solution militaire.  « Si le monde veut aujourd’hui savoir pourquoi les Taliban sont de retour au pouvoir, la seule chose qu’il a à faire est de se demander sérieusement comment l’armée afghane, bien équipée, forte de 300 000 hommes - et rappelons ici que les Afghans sont parmi les plus courageux au monde – a pu abandonner sans combattre. »  Le monde saura alors pourquoi les Taliban sont revenus au pouvoir et ce n’est pas la faute du Pakistan, a martelé M. Khan.

Pour le futur du pays, le Premier Ministre a indiqué qu’il n’y a qu’une seule option.  « Nous devons renforcer et stabiliser l’actuel gouvernement, pour le bien de la population afghane. »  Il a rappelé que les Taliban ont promis de respecter les droits humains, de former un gouvernement inclusif et de ne pas laisser leur territoire être utilisé par les terroristes.  Si le monde les encourage à traduire ces engagements en actes, alors ce sera une solution gagnant-gagnant pour tous, a assuré M. Khan, en rappelant qu’il s’agissait des conditions posées lors du dialogue États-Unis-Taliban de Doha.  « Si le monde peut les inciter à aller dans cette direction, alors la présence pendant deux décennies des forces de la coalition n’aura pas été vaine, parce que le sol afghan ne sera plus utilisé par les groupes terroristes internationaux. »  En conclusion, estimant que le temps presse, le Premier Ministre a demandé la fourniture immédiate d’une aide humanitaire et la mobilisation de la communauté internationale afin d’aller dans cette direction.

M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a déclaré que si son pays est jeune, ses valeurs et traditions sont profondément enracinées.  La Géorgie est un « diamant brut », qui cherche encore à se polir afin de révéler tout son potentiel, a-t-il dit.  Il s’est dit fier de son pays et du travail abattu par le parti au pouvoir « Rêve géorgien » afin de renforcer la démocratie et l’économie et d’offrir un avenir meilleur à la population.  Le Premier Ministre a insisté sur les « progrès spectaculaires » accomplis par la Géorgie pour devenir un des pays leaders dans la région.  Des avancées considérables ont été faites en ce qui concerne la lutte contre la corruption et la préservation de la liberté de la presse et des droits humains, a-t-il dit. 

« Petit pays », la Géorgie a toujours apporté d’importantes contributions à la sécurité internationale, a-t-il poursuivi, en mentionnant les 32 soldats géorgiens morts en Afghanistan.  La Géorgie a en outre apporté un soutien logistique lors des évacuations dans ce pays.  Cet été, aux côtés des États-Unis, la Géorgie a aussi œuvré à la libération de 15 détenus arméniens en Azerbaïdjan, a précisé le Premier Ministre.  M. Garibashvili a déclaré que son pays n’a qu’un seul objectif: l’intégration européenne et euro-atlantique.  « Nous ne nous reposerons pas tant que nous ne serons pas devenus membres de l’Union européenne et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ».  Notre cheminement vers les structures européennes et euro-atlantiques est un retour au bercail, un choix de civilisation, a poursuivi M. Garibashvili, en ajoutant qu’une majorité absolue de la population de son pays appuie ce choix.  « Cette décision historique de rejoindre la famille européenne et euro-atlantique est le principe fondamental qui guide notre politique étrangère. »  Il a insisté sur les progrès remarquables accomplis depuis 2012 dans la promotion de la démocratie, des droits humains et de l’état de droit.  « Ce sont là des valeurs fondamentales que nous partageons avec les institutions européennes », a-t-il déclaré, ajoutant que son pays devrait présenter, en 2024, sa candidature pour devenir membre de l’Union européenne. 

Rappelant que les six élections qui se sont tenues depuis 2012 en Géorgie ont été déclarées libres et transparentes, M. Garibashvili a dénoncé les assauts menés contre les démocraties, ces « forces irrationnelles et sombres à l’œuvre, souvent encouragées et aidées par des saboteurs à l’extérieur ».  Si nous ne croyons plus aux élections, alors c’est la démocratie elle-même qui est en danger, a-t-il mis en garde, en appelant au respect de la volonté du peuple. 

Le Premier Ministre a ensuite exhorté à mettre un terme à l’occupation illégale des territoires géorgiens souverains par la Fédération de Russie qui, a-t-il rappelé, non seulement occupe 20% du territoire géorgien mais cherche activement à saper les aspirations de la Géorgie à rejoindre la famille européenne et euro-atlantique.  La liberté pour laquelle nous avons tant combattu est menacée chaque jour, a-t-il déclaré.  Il a mentionné que les régions d’Abkhazie et de Tskhinvali sont le théâtre d’une crise humanitaire qui est de la seule responsabilité de la Puissance occupante.  « J’appelle aujourd’hui la communauté internationale à agir de manière concertée pour remédier aux violations des principes fondamentaux du droit international dans les territoires occupés. »  Il a déclaré que, chaque jour, le territoire géorgien est l’objet d’une annexion rampante, incluant des enlèvements et des détentions illégales, qui doit être vue pour ce qu’elle est: « un projet de nettoyage ethnique visant à pousser les Géorgiens ‘ethniques’ dehors ».  S’adressant à ses « frères » dans ces territoires, le Premier Ministre a indiqué qu’ils font partie de la même patrie, au nom géorgien de « Sakartvelo ».

En conclusion, le Premier Ministre a souligné la puissance de l’action collective pour relever les défis, que ce soit la lutte contre la pandémie ou le maintien de la sécurité internationale

Dans une déclaration préenregistrée, M. SCOTT MORRISON, Premier Ministre d’Australie, a dit prendre la parole depuis Canberra, l’ancienne terre du peuple Ngunnawal, « l’un des nombreux peuples autochtones qui ont pris soin de ce continent pendant 60 000 ans ».  Évoquant l’année écoulée qui a été une année d’adversité extraordinaire du fait de la pandémie de COVID-19, il a souligné que « chaque génération navigue vers son propre destin au milieu de l’anxiété et de l’espoir ».  Il a parlé des trois défis mondiaux les plus urgents.  Le premier, c’est la pandémie de COVID-19 et la reprise économique.  Après le développement des vaccins, notre tâche collective est maintenant de les déployer à travers le monde.  En Australie, plus de 70% de la population adulte a reçu la première dose de vaccin, a témoigné le Premier Ministre.  Les vaccinations sont également la clef de la sécurité de nos voisins, a-t-il dit.  L’Australie a déjà livré plus de trois millions de doses aux pays de sa région, et des millions de doses supplémentaires sont en route.  Le pays a investi plus de 620 millions de dollars pour acheter des millions de doses de vaccin, et fournir des conseils techniques, former des agents de santé et soutenir la chaîne du froid dans les pays amis et voisins.  Étant donné qu’il faut prévenir de futures pandémies, l’Australie appuie les appels à un renforcement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) afin qu’elle soit plus indépendante, avec une surveillance renforcée et des pouvoirs de réponse aux pandémies.  M. Morrison a également demandé d’accélérer les efforts pour identifier comment la COVID-19 est apparue pour la première fois, non pas comme un enjeu politique, mais tout simplement pour empêcher la prochaine pandémie. 

Le Premier Ministre a ensuite relevé que l’environnement stratégique mondial s’est détérioré à nombreux égards, en particulier dans la région indopacifique où on relève notamment des tensions sur les revendications territoriales; la modernisation militaire rapide; l’ingérence étrangère; les cybermenaces; la désinformation; ainsi que les coercitions économiques.  Pour relever ces défis, il a prôné une coopération et un objectif commun entre les nations partageant les mêmes idées et tous ceux qui partagent cet objectif de paix, de stabilité et de sécurité.  Les intérêts de l’Australie sont inextricablement liés à un Indopacifique ouvert, inclusif et résilient, a-t-il affirmé, dans une région où les droits de tous les États, quelle que soit leur taille, sont protégés.  L’Australie continue de travailler de manière constructive sur cet objectif, notamment par le biais du Forum des îles du Pacifique, et avec « ses amis et alliés de longue date », les États-Unis et le Royaume-Uni avec qui les relations se sont renforcées la semaine dernière avec l’annonce du nouveau partenariat trilatéral de sécurité, conçu pour faire avancer la cause de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région.

Au sujet des changements climatiques, M. Morrison a affirmé que l’Australie est déterminée à jouer son rôle pour relever le défi mondial du climat, alors que le monde effectue la transition vers une économie mondiale neutre en carbone.  Pour sa part, l’Australie a déjà dépassé ses engagements concernant le Protocole de Kyoto.  Les émissions du pays jusqu’en mars 2021 étaient de 21% inférieures aux niveaux de 2005.  En Australie, « nous avons déjà la plus forte consommation d’énergie solaire sur les toits au monde », s’est-il enorgueilli, ajoutant que le pays est même en voie de dépasser son engagement par rapport à l’Accord de Paris.  Pour assurer cette transition énergétique dans le monde, il a prôné l’adoption de technologies évolutives et commercialement viables.  C’est pourquoi l’Australie investit environ 20 milliards de dollars pour commercialiser de nouvelles technologies prometteuses comme l’hydrogène propre, l’acier vert, le stockage d’énergie de longue durée et la capture du carbone, lesquelles sont vitales pour accomplir la tâche mondiale d’atteindre zéro émission.  L’Australie a également mis de côté 1,5 milliard de dollars pour le financement climatique pratique à l’échelle mondiale, avec un accent particulier dans le Pacifique. 

M. NAWAF AL AHMAD AL JABER AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a souligné « l’ampleur des cicatrices » provoquées par la pandémie de COVID-19, du grand nombre de victimes au fardeau insupportable pour les systèmes de santé en passant par le ralentissement économique, l’aggravation de l’insécurité alimentaire, la diminution des services éducatifs et le coup porté aux objectifs de développement durable.  Cela étant, a-t-il nuancé, cette crise a aussi permis « l’émergence de modèles modernes de créativité, d’innovation et d’adaptation », sans oublier bien sûr la « percée de la recherche scientifique » qui s’est concrétisée par la production de vaccins.  Il reste à présent à « tirer le meilleur parti » de ce choc en assurant une reprise juste et durable, ce qui nécessite, selon lui, d’investir dans les infrastructures de données et d’information, mais avant tout de garantir une distribution équitable et sûre des vaccins.  Le Premier Ministre a précisé à cet égard que le Koweït a d’ores et déjà fourni un vaccin à 72% de ses citoyens et résidents, tout en contribuant à hauteur de 327,4 millions de dollars aux efforts internationaux de lutte contre la pandémie. 

Abordant ensuite les crises qui affectent le Moyen-Orient, le Premier Ministre a averti que la tension et l’instabilité persisteront dans la région tant que le peuple palestinien n’obtiendra pas tous ses droits politiques légitimes et qu’Israël, « la Puissance occupante », ne mettra pas fin à ses pratiques et violations du droit international humanitaire.  À cette aune, il a appelé à une relance des négociations selon un calendrier fixé, pour parvenir à une paix juste et globale, à la fin de l’occupation israélienne et à la création d’un État palestinien indépendant.  Pour ce qui est de la crise syrienne, le Premier Ministre a regretté que ce « conflit sanglant » se prolonge du fait de l’absence de consensus international et de la persistance d’interventions extérieures.  Se disant convaincu qu’il n’y a « pas de solution militaire à ce problème », il a souligné l’importance d’œuvrer à un règlement politique, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

S’agissant de la crise au « Yémen frère » et des menaces croissantes qu’elle fait peser sur la paix et la stabilité régionales, le dirigeant koweïtien a jugé que la seule issue possible à cette crise est la solution politique basée sur l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les résultats de la Conférence de dialogue national et les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a également salué le « rôle constructif » joué par l’Arabie saoudite au travers de la mise en œuvre de l’Accord de Riyad, avant de condamner les agressions et attaques auxquelles le territoire saoudien a été soumis.  Quant à la Libye, il s’est félicité des progrès réalisés par le Forum de dialogue politique, tout en exhortant les autorités à garantir la tenue des élections à la date prévue, à savoir le 24 décembre prochain.

Après avoir évoqué la menace terroriste, que les effets de la pandémie tendent à favoriser, le Premier Ministre a dit suivre avec attention les développements en Afghanistan.  Il a appelé le « mouvement taliban » et toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter les effusions de sang, à assurer une protection totale aux civils, à respecter les obligations internationales et à préserver la sécurité et la stabilité du pays.  Au nom des règles de « bon voisinage », il a également invité la République islamique d’Iran à entamer un dialogue basé sur le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, la réduction des tensions dans le Golfe et la liberté de navigation maritime.  Par ailleurs, il a souhaité le succès de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, dont le Koweït présidera la deuxième session en novembre au Siège des Nations Unies à New York.

Mme ANA BRNABIĆ, Première Ministre de la Serbie, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a placé les nations à un carrefour « entre l’isolement et la collaboration, entre la panique et l’espoir, entre le chaos et l’ordre ».  Elle a remis en question certains des principes de base de l’ordre international ouvert et coopératif alors que les échanges mondiaux, la communication internationale et le commerce transfrontalier ont tous connu une baisse considérable.  En Serbie, la pandémie menaçait d’anéantir les résultats des réformes difficiles initiées en 2014, et de ramener le pays à l’époque du chômage élevé, de l’augmentation de la dette publique, d’un déficit incontrôlable et du désespoir généralisé.  Mais la Serbie est restée forte, s’est félicitée la Première Ministre, et les réformes lancées avant la pandémie l’ont rendue plus résistante que jamais.  Malgré les effets de la crise, la Serbie a réussi à préserver une stabilité financière et économique.  En 2020, elle a enregistré une baisse du PIB de seulement 0,9%, l’un des meilleurs résultats en Europe.  Sa dette publique est restée inférieure à 60% de son PIB, le salaire moyen a continué de croître de près de 10%, et le nombre de personnes employées a augmenté de plus de 3%, a détaillé Mme Brnabić qui a ajouté que la reprise, cette année, a été plus forte que prévue avec une augmentation du PIB d’environ 7%. 

Les investissements innovateurs de la Serbie lui ont également permis de diversifier ses capacités lorsque le virus a frappé – grâce à l’administration en ligne, l’éducation en ligne et aux manuels scolaires numériques, ainsi qu’à un système logiciel central qui a permis un déploiement réussi de la vaccination.  La décision de mettre la géopolitique de côté et l’humain au centre de ses politiques est la raison pour laquelle la Serbie a pu acquérir des vaccins plus vite que la plupart des autres nations, a expliqué la Première Ministre, qui a précisé que les négociations se sont faites avec tous les producteurs de vaccins sûrs « sans aucune discrimination ».  Au total, la Serbie a fait don ou alloué plus d’un million de doses de vaccin – 230 000 doses pour sa région; 300 000 pour les ressortissants étrangers venus se faire vacciner en Serbie; et 570 000 doses supplémentaires pour les pays d’Afrique et d’Asie.

Passant aux changements climatiques et à la protection de l’environnement, la Première Ministre a dit être attachée à la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris.  La Serbie est sur le point de soumettre ses contributions révisées déterminées au niveau national pour contribuer à cet effort mondial essentiel et a déjà annoncé son intention de réduire les gaz à effet de serre d’au moins 33,3% par rapport à 1990, et 13,2% par rapport à 2010.  

Mais de tous les défis auxquels la Serbie est confrontée, a poursuivi Mme Brnabič, le plus préoccupant est le maintien de la paix et de la stabilité dans la « province serbe méridionale du Kosovo-Metohija ».  Depuis plus de deux décennies, la Serbie n’a eu de cesse d’attirer l’attention internationale sur les problèmes auxquels la population non albanaise de cette province est confrontée.  La sécurité physique et le respect et la protection des droits humains, en particulier des communautés minoritaires, sont loin d’être satisfaisants, a estimé la Première Ministre, faisant aussi état d’une augmentation constante du nombre d’attaques visant les Serbes, leurs biens et le patrimoine religieux au Kosovo-Metohija, dont 100 depuis le début de 2021.  Et le monastère de Visoki Dečani a récemment été classé, par Europa Nostra, parmi les sept sites du patrimoine les plus menacés d’Europe en 2021.

Malgré tous les défis et provocations quotidiens, a-t-elle poursuivi, la Serbie reste fermement attachée à trouver une solution basée sur un compromis qui assurera une paix et une stabilité durables, a-t-elle assuré, précisant que le dialogue et la mise en œuvre des accords conclus sont le seul moyen approprié de résoudre tous les problèmes en suspens.  Cependant, près de neuf ans après la conclusion de l’Accord de Bruxelles sur la normalisation entre Belgrade et Priština, la création de la Communauté des municipalités serbes, « l’épine dorsale de cet accord », n’a même pas encore commencé.  La Première Ministre a donc lancé à nouveau un appel à la communauté internationale, et en particulier à l’Union européenne, en tant que garant de l’accord précité pour qu’elles insistent fermement que les institutions provisoires d’administration autonome de Priština doivent commencer à mettre en œuvre tous les accords conclus. 

Dans un message vidéo préenregistré, Mme Mette Frederiksen, Première Ministre du Danemark, a commencé par rappeler qu’en tant que membre fondateur de l’ONU, son pays reste une voix forte pour des solutions communes, car aujourd’hui, plus que jamais, « nous avons besoin d’une coopération mondiale » pour relever les défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés.  D’abord sortir de la pandémie en garantissant l’accès aux vaccins dans le monde entier.  En effet, a poursuivi Mme Frederiksen, le Danemark s’est engagé en faveur de la solidarité vaccinale et du Mécanisme COVAX.  Elle en a voulu pour preuve le don de 3 millions de doses de vaccin, annoncé au printemps dernier.  Cette semaine, son pays compte doubler les efforts en annonçant l’objectif de faire don de plus de six millions de doses, sans oublier l’engagement du Danemark envers COVAX avec plus de 15 millions de dollars, s’est-elle enorgueillie.  La solidarité internationale a aussi le pouvoir d’empêcher une catastrophe climatique.  Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montre clairement que nous nous trouvons à un carrefour mondial.  C’est pourquoi elle a exhorté à poursuivre « notre chemin vers un avenir vert », à maintenir l’objectif de l’Accord de Paris et à limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 degré Celcius.

Les changements climatiques frappent le plus durement les communautés les plus pauvres et les plus faibles du monde, a rappelé la Première Ministre.  C’est pourquoi son pays répondra à l’appel du Secrétaire général et augmentera massivement le financement de la lutte contre les changements climatiques à travers des subventions, pour atteindre au moins 500 millions de dollars par an d’ici à 2023.  Au total, le Danemark entend contribuer à hauteur d’au moins 1% à l’objectif collectif de 100 milliards de dollars.  Dans le même temps, il compte se concentrer pleinement sur la réduction de ses propres émissions, a-t-elle dit, promettant que son pays sera climatiquement neutre au plus tard en 2050.

Mais d’ici à 2030, le Danemark s’est d’ores et déjà engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 70%, et à mettre fin à la production de pétrole et de gaz, en plus de construire les premières îles énergétiques du monde.  Avec le temps, celles-ci fourniront de l’énergie propre à des millions de foyers européens, a-t-elle annoncé, invitant l’ensemble des pays à « nous suivre » et de le faire de toute urgence.

Évoquant par ailleurs la situation actuelle « inquiétante » en Afghanistan, elle a plaidé en faveur d’une réponse forte et coordonnée.  La contribution à la Conférence internationale des donateurs la semaine dernière a été, à ses yeux, une étape importante.  Mais au-delà, a poursuivi Mme Frederiksen, aucune personne dans les zones de conflit ne doit être négligée.  Nous devons inclure ceux qui ont été exclus.  Les femmes et les jeunes ont un rôle vital à jouer dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits et le Danemark reste engagé dans le programme « femmes, paix et sécurité ».  Elle a en outre abordé la question de la migration, regrettant que « nous laissions le destin de trop de personnes entre les mains des passeurs », estimant que le système actuel d’asile et de migration ne répond pas aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.  « Nous devons travailler ensemble pour assurer une migration sûre et ordonnée », a souligné l’intervenante.  Pour finir, Mme Frederiksen a rappelé l’engagement du Danemark en faveur d’une ONU forte et efficace, et plaidé pour le renouvellement du contrat social entre les gouvernements et les peuples, aussi bien dans nos propres sociétés qu’au niveau mondial.

« Nous devons susciter l’espoir pour sortir de cette pandémie, meilleurs et plus forts que nous ne l’étions auparavant », a constaté M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre de la Jamaïque, dans un message préenregistré, observant que, sous l’effet d’une pandémie qui exacerbe les inégalités structurelles, « les petits États insulaires en développement, tels que la Jamaïque, font déjà face à des ressources limitées ».  Selon lui, le rôle des Nations Unies est central, afin de permettre « l’intensification de la production et la distribution équitable des vaccins contre la COVID-19 ».  Le Mécanisme COVAX, « expression du multilatéralisme et porteur d’espoir généralisé », « n’a pas répondu aux attentes », a-t-il regretté, en ajoutant qu’elle a dévié de sa noble mission, mutant vers « un nationalisme vaccinal », à un moment où la pandémie nécessite un effort collectif.

Le Premier Ministre a ensuite estimé que la « fracture numérique » est un domaine qui nécessite un soutien identique.  Notant que la pandémie a forcé écoliers et salariés à pratiquer la distanciation sociale, et que la moitié de la population mondiale n’est toujours pas reliée à Internet, il a appelé à un engagement accru des secteurs public et privé pour financer cette connectivité universelle, sûre et abordable pour une plus grande participation à l’économie numérique mondiale et la réalisation d’un développement inclusif et durable.  « Ne laisser personne exclu aujourd’hui signifie ne laisser personne hors ligne », a-t-il précisé.

Les multiples défis associés à la pandémie de COVID-19 ont exercé une forte pression sur notre économie, a-t-il poursuivi.  M. Holness a déclaré que les nations les plus vulnérables ont besoin d’un soutien financier de la part de la communauté internationale pour leur permettre de réaliser leurs ODD.  Soulignant les difficultés particulières des petits États des Caraïbes d’ordre socioéconomique et environnemental, le Premier Ministre de la Jamaïque a appelé à une révision des critères de notations financières pour les petits États insulaires en développement (PEID), car, selon lui, le système actuel « n’est tout simplement pas approprié ».

« Notre capacité à parvenir au développement durable sera compromise si nous ne trouvons pas de vraies solutions à l’urgence climatique actuelle », a-t-il poursuivi.  Le Premier Ministre a décrit une économie confrontée à la crise climatique en cours, le poussant à se joindre à tous les PEID pour demander « le décaissement de 100 milliards de dollars par an, promis en 2015, par la communauté internationale ».  Les questions prioritaires du financement climatique, des pertes et dommages, ainsi que l’élaboration de plans efficaces seront abordées lors de la COP26, a-t-il ajouté.

Évoquant les problèmes sécuritaires dus à la prolifération des armes légères et de petit calibre en Jamaïque, il a déclaré travailler avec tous ces partenaires pour renforcer la capacité des États Membres à traiter les questions liées à la maîtrise des armements et de désarmement, afin d’empêcher leur détournement vers le marché illicite.  « Une priorité pour la Jamaïque », a-t-il insisté avant de solliciter « l’aide des partenaires bilatéraux, régionaux et internationaux pour régler le problème ».

M. JOHN BRICEÑO, Premier Ministre du Belize, a dit que pour une petite île et un État côtier de faible altitude comme le Belize, qui a célébré il y a trois jours 40 ans d’indépendance politique, le monde est aujourd’hui hostile et précaire.  Personne ne peut nier que la planète se réchauffe.  Le niveau de la mer monte.  La COVID-19 a mis l’économie bélizienne à genoux.  Le chômage touche 30% de la population alors que des milliers de Béliziens ont perdu leur emploi, a énuméré le dirigeant.  Le PIB a baissé de 14%.  La dette a grimpé à 130% du PIB.  Le taux de pauvreté est passé à 60%.  Déjà 399 Béliziens ont perdu la vie à cause de la COVID-19 et nous avons un taux de mortalité de 2,05%, a-t-il encore ajouté.

M. Briceño a dénoncé la lenteur et l’inadaptation de la réponse mondiale immédiate par rapport à l’ampleur et la profondeur de la crise sanitaire.  Seulement 0,4% des doses de vaccin ont été allouées aux pays à faible revenu, alors que les pays avec un taux important de vaccination s’apprêtent à administrer des injections de rappel.  Le Premier Ministre a insisté sur l’importance de trouver des solutions « ensemble ».  Il a informé que son gouvernement poursuit, avec le Guatemala, le règlement final et pacifique de la revendication du Guatemala sur le territoire bélizien devant la Cour internationale de Justice (CIJ).  Si l’on veut que le système multilatéral soit notre bouée de sauvetage collective, il doit être réorienté, a-t-il ajouté.

Le Premier Ministre a ensuite appuyé la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel qui permettrait aux pays comme le Belize d’accéder à un financement abordable, précisant que chaque année, le Belize subit des pertes annuelles de près de 4% de son PIB en raison de catastrophes naturelles.  Contre les répercussions des changements climatiques, a-t-il poursuivi, le Belize a élaboré une stratégie à long terme pour parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050.  Les pays développés doivent fournir un appui financier et technique pour nous permettre de tenir ces engagements, a prié le Premier Ministre, y inclus le respect de l’engagement de 100 milliards de dollars fait à Copenhague, il y a 12 ans.

Revenant à la pandémie, M. Briceño a constaté que l’affaiblissement du Mécanisme COVAX, par les interdictions d’exportation, la thésaurisation des vaccins et les achats prédateurs, a provoqué une extrême inégalité d’accès aux vaccins.  Or, notre santé et notre rétablissement à tous dépendent de la capacité de notre système à répondre rapidement aux besoins de tous les pays, a-t-il souligné.

Le Premier Ministre a ensuite demandé la levée de l’embargo imposé à Cuba, qualifiant celui-ci de cruel.  Alarmé, en outre, par le « traitement inhumain » infligé aux réfugiés haïtiens, il a appelé l’ONU à mobiliser les États Membres et son système de développement pour appuyer une solution dirigée par les Haïtiens pour rétablir la stabilité et la sécurité de leur pays.

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre de la Belgique, s’est demandé si l’on pouvait vraiment se sentir soulagé aujourd’hui alors que la COVID-19 est toujours bien présente et que trop de personnes ne sont pas encore vaccinées; et alors que, pour un nombre croissant de personnes, les changements climatiques deviennent une question de vie ou de mort?  Y a-t-il de la place pour le soulagement quand les droits de l’homme sont remis en cause dans tant d’endroits et que, partout dans le monde, des personnes perçues comme « différentes » sont confrontées à des discours et crimes haineux?  Et pouvons-nous vraiment être soulagés lorsque la « nouvelle normalité » des femmes et filles afghanes est de rentrer chez elles et de garder le silence?  Fermement attachée au multilatéralisme, à un ordre international fondé sur l’état de droit, la Belgique est convaincue que ce n’est que par le multilatéralisme qu’il sera possible d’apporter des réponses à long terme aux crises complexes d’aujourd’hui.

Parmi les trois vulnérabilités majeures qui exigent une action commune, M. De Croo a commencé par la COVID-19.  Alors que la Belgique fait partie des pays les mieux vaccinés au monde, avec 85% de sa population adulte entièrement vaccinée, elle est également l’un des principaux exportateurs de vaccins, a expliqué le Premier Ministre, en précisant qu’elle a exporté plus de 530 millions de vaccins vers le reste du monde.  Si nous voulons surmonter cette pandémie, la solidarité vaccinale est une condition cruciale, a-t-il martelé, appelant à soutenir le Mécanisme COVAX et à promouvoir la production locale de vaccins.  C’est là l’un des objectifs de Team Europe avec un investissement d’au moins un milliard d’euros.  Pour être mieux préparé à la prochaine pandémie, le Premier Ministre a soutenu l’idée d’un nouveau traité sur les pandémies qui permettrait de créer des systèmes de santé résilients et d’augmenter l’accès aux soins de santé décents et à des médicaments de qualité.  Il a également appelé à adapter l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour lui permettre de diriger ces efforts. 

Quant à la crise climatique et l’urgente nécessité de placer la durabilité au cœur de tous les efforts, le Premier Ministre a appelé à « agir et à agir maintenant », notamment lors de la COP26 à Glasgow.  Avec le Green Deal, a-t-il indiqué, l’Union européenne entend être climatiquement neutre d’ici à 2050 et réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030.  Il a espéré que plus de pays suivront les ambitions de l’Europe, arguant que cette transition vers la durabilité est une opportunité économique majeure capable de déclencher l’innovation et stimuler une nouvelle croissance.  C’est l’avenir que nos jeunes exigent, a-t-il martelé.  M. De Croo a aussi insisté sur le renforcement de la résilience climatique des pays les plus fragiles, ce qui passe par le respect de l’engagement de financement de 100 milliards de dollars.  Il a ensuite annoncé que la Belgique envisage d’augmenter sa contribution au financement climatique international. 

Passant à son dernier point, la sécurité internationale, il a rappelé que la Belgique est l’un des membres fondateurs de la Coalition contre l’EIIL et qu’elle a activement participé à la lutte contre le terrorisme.  Dans tout le Sahel, sa coopération bilatérale englobe à la fois le développement et la défense parce que la sécurité n’est pas suffisante pour assurer la stabilité, a soutenu le Premier Ministre.  Il a rappelé en outre que la Belgique est l’un des grands donateurs humanitaires en Syrie, et à l’avenir en Afghanistan notamment.  Le monde, a-t-il insisté, ne peut tourner son dos à l’Afghanistan.

Constatant que la bataille contre la COVID-19 n’est pas encore finie, M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a plaidé, dans un message vidéo préenregistré, pour un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux technologies.  En tant que pays bénéficiaire du Mécanisme COVAX, il a remercié la communauté internationale pour sa mobilisation qui a permis à 66% de la population adulte de Saint-Kitts-et-Nevis d’être entièrement vaccinée.  Il s’est dit conscient de la nécessité de continuer à investir dans un système de santé résilient et des services de santé publique complets.  La santé mentale et le bien-être sont également essentiels, a-t-il poursuivi, en expliquant que le nouveau plan de santé mentale complet prévoit de fournir un soutien psychosocial par le biais du Centre national de conseil.  Malheureusement, l’impact économique de la pandémie se fera sentir pendant des années à venir, a-t-il dit, expliquant qu’au début de la pandémie, le tourisme, le principal moteur économique de l’île, s’est arrêté, ce qui a provoqué un chômage et un sous-emploi importants.  Un programme de protection sociale a été mis en place pour y répondre ainsi qu’un plan de relance post-COVID-19 de 120 millions de dollars.  L’impôt sur les sociétés pour les employeurs qui ont maintenu au moins 75% de leur main-d’œuvre a été diminué et des exonérations de TVA et des droits d’importation pour les produits liés à la pandémie ont été accordées.

Alors que la crise climatique s’intensifie et que les petits États insulaires en développement y sont particulièrement exposés, le Premier Ministre a parlé de l’érosion des côtes due à l’élévation du niveau des mers; de la lutte des pêcheurs pour préserver leurs moyens de subsistance face au déclin de la diversité océanique et des familles obligées de déménager loin des zones côtières en raison de l’acharnement de chaque saison des ouragans qui passe.  Il a également souligné que ces mêmes pays n’ont pas les infrastructures nécessaires pour faire face à la numérisation galopante qu’a provoquée la pandémie.   Pour lui, toute relève durable suppose que l’on réévalue l’accessibilité du numérique à un prix abordable et l’assistance technique afin que chaque pays, quel que soit son niveau de revenu ou sa situation géographique, puisse exploiter l’économie numérique dans un monde correctement connecté. 

M. Harris a ensuite remis en question le bien-fondé de l’unique critère de mesure du niveau de développement –à savoir le PIB par habitant– qui, selon lui, est biaisé parce qu’il ne tient pas compte de certains facteurs, ce qui le rend « simpliste et imparfait ».  Dans le cas de Saint-Kitts-et-Nevis, ce critère ignore les vulnérabilités de l’île et l’empêche d’accéder à une aide au développement essentielle.  Avant de conclure, M. Harris a souligné l’importance des partenariats pour le développement, et a renouvelé l’appel de Saint-Kitts-et-Nevis à l’inclusion de Taiwan, l’un de ses partenaires de choix, dans la communauté internationale.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, l’Inde a dénoncé la tentative du Pakistan visant à ternir l’image de l’ONU en diffusant de fausses informations.  Ce n’est pas la première fois que le Pakistan détourne l’attention de la situation dans son pays, où les minorités ne peuvent exercer leurs droits, a dit la déléguée.  Elle a accusé le Pakistan de former et d’appuyer les terroristes.  C’est une politique d’État, a-t-elle dit, ajoutant en outre que ce pays continue de glorifier Oussama ben Laden.  « Le Pakistan déclenche l’incendie et se fait passer pour un pompier. »  Elle a dénoncé le génocide culturel commis il y a 50 ans contre le Bangladesh, avant de dénoncer la répression des libertés perpétrée au Pakistan.  « Contrairement à ce pays, l’Inde est une démocratie », a-t-elle souligné, avant d’inviter le Pakistan à se livrer à son introspection avant de prendre la parole et de se couvrir de ridicule.  Jammu-et-Cachemire fera toujours partie de l’Inde, a déclaré la déléguée.

« Jammu-et-Cachemire n’est ni un territoire faisant partie intégrante de l’Inde, ni une question interne à l’Inde », a rétorqué le Pakistan.  C’est un territoire occupé par l’Inde dont le statut final doit être décidé par un plébiscite, comme le demandent plusieurs résolutions de l’ONU, a tranché la représentante, décriant « le mensonge » qui sous-tend la politique étrangère et électorale de l’Inde.  Le Pakistan a évoqué la « dégringolade » des droits humains au Jammu-et-Cachemire, et le refus des autorités indiennes d’y mettre fin.  Au lieu de cela, les ONG, comme Amnesty international, qui ont dénoncé ces crimes, ont fait l’objet de persécution.  La délégation a réclamé l’envoi d’une commission d’enquête de l’ONU sur place et a appelé à faire pression pour que l’Inde accepte d’organiser le plébiscite.

Le Pakistan a également accusé l’Inde de pratiquer un terrorisme d’État au Jammu-et-Cachemire; de soutenir des organisations terroristes dont les attaques visent le Pakistan; et de financer des mercenaires dans le but d’entraver le développement dans la région.  L’Inde est guidée par une idéologie suprématiste qui banalise l’islamophobie, a poursuivi la représentante du Pakistan qui a même parlé de pogroms à Mumbai et Delhi.  L’Inde, a-t-elle déclaré, ne réussira jamais à empêcher les Cachemiriens qui vivent sous son occupation à revendiquer et obtenir leur droit à l’autodétermination.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’Assemblée générale, les États africains, mis à rude épreuve par la pandémie, plaident pour un accès équitable aux vaccins et au développement durable

Soixante-seizième session,
10e & 11e séances plénières, matin, après-midi & soir
AG/12367

À l’Assemblée générale, les États africains, mis à rude épreuve par la pandémie, plaident pour un accès équitable aux vaccins et au développement durable

La pandémie de COVID-19 a changé pour toujours la nature de notre engagement multilatéral, a résumé le Président de la République sud-africaine, M. Cyril Ramaphosa, à l’ouverture du troisième jour du débat annuel de l’Assemblée générale.  Cette pandémie a réduit à néant dans certains pays, notamment du continent africain, des années de progrès en matière de développement et creuse les inégalités préexistantes.  C’est pourquoi la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) est aujourd’hui plus essentielle que jamais, se sont accordés à dire une majorité d’intervenants.

Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Afrique n’a reçu que 2% des doses mondiales de vaccin.  « Apartheid vaccinal » et « iniquité vaccinale », ont dénoncé les Présidents de la Namibie, M. Hage Geingob, et du Botswana, M. Mokgweetsi Masisi, qui ont demandé un accès universel aux vaccins anti-COVID-19, tandis que leurs homologues du Zimbabwe et de l’Ouganda, MM. Emmerson Mnangagwa et Yoweri Museveni, appelaient à la fin du « nationalisme vaccinal ».

« Nous ne pouvons pas nous permettre de nous réfugier derrière la COVID-19 comme excuse pour ne pas faire suffisamment de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable », a enchaîné la Présidente de la Tanzanie, Mme Samia Suluhu Hassan, seule intervenante féminine de la journée.  « La pandémie a révélé les faiblesses et vulnérabilités de nos économies ainsi que de nos systèmes de santé, nous contraignant aujourd’hui à penser autrement nos modèles de développement afin de les rendre plus résilients », a reconnu le dirigeant du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba.  Afin de renforcer la résilience par l’espoir, a plaidé son homologue du Libéria, M. George Weah, il faut continuer à appuyer les sociétés vulnérables et les pays en développement, en particulier les moins avancés.

Dans l’ensemble, la pandémie n’a pas affecté la dynamique sous-jacente des conflits armés, mais elle a pu créer de nouvelles zones de tension.  La situation sécuritaire au Sahel a continué d’inquiéter les dirigeants du Burkina Faso, M. Roch Marc Christian Kaboré, et du Tchad, M. Mahamat Idriss Déby Itno, qui ont tous deux demandé au Conseil de sécurité de placer le mandat de la Force conjointe du G5 Sahel sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.

Si M. Déby Itno a affirmé que le Tchad est engagé dans une transition politique, la Libye, par la voix du Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale, M. Mohamed Younis Menfi, a confié qu’elle traversait une étape critique, « voire fatidique »: soit elle réussit sa transition démocratique par la tenue d’élections libres, équitables, transparentes et acceptables, en décembre prochain, soit elle échoue et renoue avec la division et le conflit armé.

Pour sa part, le leader angolais, M. João Lourenço, a reproché à la communauté internationale sa léthargie face aux « changements d’ordre institutionnel qui se produisent fréquemment par l’usage de la force militaire dans les pays africains », « comme nous l’avons vu au Mali et, plus récemment, en Guinée ».

Ailleurs, en Europe, les Présidents du Monténégro et de la Macédoine du Nord, MM. Milo Đukanović et Stevo Pendarovski, ont signalé que les aspirations européennes des pays des Balkans occidentaux se heurtent à de sérieux défis.  Le dirigeant monténégrin a évoqué « des théories destructrices qui prétendent que, du fait de son retard, cette région ne peut pas vivre comme une communauté multiethnique et multiconfessionnelle ».  En outre, face à « une vague migratoire potentiellement nouvelle et plus forte », il a appelé à une réponse globale à la crise des réfugiés et des migrants et à un partage équitable des responsabilités.  Son homologue de la Macédoine du Nord a rappelé à ce sujet que son pays était prêt à accueillir des réfugiés afghans.

Pendant ce temps fort de la diplomatie multilatérale qu’est le débat général de l’Assemblée, l’action climatique est un sujet récurrent, notamment dans les interventions des petits États insulaires.  Ainsi le Président de la Micronésie, M. David Panuelo, s’est-il inquiété des « jours sombres » qui se profilent si une action urgente n’est pas entreprise face aux changements climatiques.  Les États ne peuvent plus se permettre de savoir s’ils sont étiquetés « développés » ou « en développement »: tout le monde a un rôle à jouer, a-t-il souligné, appuyé par son homologue de Nauru, M. Lionel Aingimea.  Concrètement, le Chef d’État de Kiribati, M. Taneti Maamau, a attiré l’attention sur l’importance vitale, pour son pays, de sécuriser les limites de ses frontières maritimes face à la montée du niveau des eaux.

Toujours sur cette thématique, le Président iraquien, M. Barham Salih a reconnu que son pays traverse des moments difficiles avec la désertification et la rareté des ressources en eau.  Mais le pays peut être « un point de rencontre environnementale des États du Moyen-Orient », a-t-il espéré.

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, vendredi 24 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

La pandémie de COVID-19 a changé pour toujours la nature de notre engagement multilatéral, a affirmé M. CYRIL RAMAPHOSA, Président de la République sud-africaine, à l’entame de son message préenregistré.  Citant les ravages causés par l’épidémie, le Chef de l’État a souligné que les liens forts de solidarité entre les États avaient permis de surmonter les plus grands défis.  Mais si les vaccins sont considérés comme la meilleure manière de se défendre, il est très inquiétant que la communauté internationale n’ait pas respecté les principes de solidarité et de coopération pour en assurer un accès équitable, a dénoncé M. Ramaphosa.  Il a rappelé que 82% des doses de vaccin mondiales ont été obtenues par des pays riches alors que moins d’1% ont été attribuées aux pays à faible revenu.  Dans ce contexte, il a lancé un appel à une distribution juste et équitable.  Le Président a ensuite plaidé en faveur d’une levée temporaire de certaines clauses de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, afin de permettre à davantage de pays de produire des vaccins contre la COVID-19. 

M. Ramaphosa a ensuite appelé à augmenter les investissements pour donner aux pays à faible revenu les moyens de mettre en place les objectifs de développement durable (ODD), dans un contexte de pandémie.  Il en a profité pour saluer l’initiative du gel de la dette du G20.  Quant à l’allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) d’un montant de 650 milliards de dollars, elle est significative mais non suffisante, a tranché le Président.  « L’Afrique du Sud renouvelle son appel pour que 25% de la somme soit mise à la disposition du continent africain. »

Sur le sujet des changements climatiques, le Président a souligné que « les pays africains sont parmi ceux qui en paient les plus grands frais alors qu’ils en sont le moins responsables ».  Il a donc appelé à plus d’ambition et de progrès pour le sommet de la COP26 prévu à Glasgow.  La COP26 doit lancer un programme formel de travail pour mettre en œuvre l’objectif mondial sur l’adaptation, a-t-il réclamé. 

Expliquant que la pandémie avait rappelé notre dépendance mutuelle, M. Ramaphosa a plaidé en faveur d’un approfondissement des relations entre l’ONU et l’Union africaine (UA).  L’Afrique du Sud va continuer ses efforts pour contribuer à la paix mondiale et à la sécurité, a-t-il promis.  Il a ensuite évoqué la question de Palestine: « Nous croyons profondément qu’il n’y aura ni paix ni justice tant que le peuple palestinien ne sera pas libéré de l’occupation et capable d’exercer ses droits. ».  Le Sahara occidental a le droit à l’autodétermination, a ensuite déclaré le Président de l’Afrique du Sud.  Il a enfin affirmé sa solidarité avec le peuple cubain et a appelé à la levée de l’embargo économique. 

Le Président sud-africain a aussi regretté que, 16 ans après le Sommet mondial de 2005, où les leaders du monde entier se sont mis d’accord sur une réforme du Conseil de sécurité, « nous n’avons pas respecté cet engagement ».  L’Afrique du Sud renouvelle son appel pour une réforme urgente et des négociations directes sur un texte, a-t-il lancé, espérant ainsi qu’un accord puisse finalement être conclu.  « Nous devons remédier au problème de la sous-représentation du continent africain dans le système de l’ONU et s’assurer que la voix du continent soit renforcée au sein du système multilatéral. »  Le Président a également attiré l’attention sur l’importance de la question de la parité entre les genres au sein de l’ONU. 

Hier, nous avons célébré le vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, a rappelé M. Ramaphosa.  « Nous avons une responsabilité commune pour combattre à la fois l’héritage du racisme passé et sa manifestation de nos jours. »  Citant les défis de la reprise économique, de l’égalité des genres, des changements climatiques, de la paix, de la sécurité, et de la pauvreté, M. Ramaphosa a fait valoir que ces questions pourront être réglées seulement grâce à un système multilatéral réformé, avec en son centre l’ONU. 

M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président de la République du Guyana, a relevé que les peuples du monde vivent sous « un nuage d’incertitude » du fait des ravages de la COVID-19 et des changements climatiques, dont les capacités de destruction augmentent chaque jour.  La pandémie a joué un rôle de révélateur, mettant en évidence les faiblesses du système international et encourageant les nationalismes et « les intérêts nationaux égoïstes », a-t-il noté avec pessimisme.  La pandémie a aussi saccagé le Programme de développement durable à l’horizon 2030: « les acquis en termes de développement ont été annulés, la pauvreté s’est étendue et les inégalités se sont creusées ».  Il a rappelé l’appel du Gouvernement guyanais à augmenter les ressources à disposition des États en fonction de leurs vulnérabilités et pas seulement sur la base du niveau de revenu par habitant, qualifié d’« instrument de mesure trompeur ».  Faute de quoi, la croissance des pays en développement ne sera pas rétablie et les politiques économiques et sociales ne seront pas réalignées sur le Programme 2030, a prévenu M. Ali. 

Ces répercussions seront également ressenties par les pays riches, le virus ne connaissant pas de frontières, et « ceux qui, au début de la pandémie, se sont concentrés sur leur sécurité, comprennent maintenant qu’ils ne seront pas en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », a noté le Président.  À cet égard, il a salué la tenue d’un sommet sur la COVID-19 organisé par le Président des États-Unis, sommet ayant abouti à des engagements en faveur d’une action mondiale conjointe ainsi qu’à l’allocation de ressources supplémentaires.  M. Ali s’est aussi félicité qu’en début de mois, les dirigeants du FMI, de la Banque mondiale, de l’OMS et de l’OMC aient rencontré les dirigeants de grands laboratoires privés pour discuter des stratégies visant à améliorer l’accès aux vaccins dans les pays à faible revenu et en Afrique.

Concernant la lutte contre les changements climatiques, le dirigeant guyanais a émis l’espoir que « les pires émetteurs de gaz à effet de serre », menaçant le bien-être de l’humanité, se rendent compte qu’au bout du compte, il ne leur servirait pas à grand-chose d’être « les rois d’un monde de poussière ».  Arguant qu’il y reste « moins de 5% de chances de maintenir les températures bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et moins de 1% de chances d’atteindre l’objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris », il a déploré que les pays pollueurs n’aient pas encore tenu parole et que « la méfiance règne dans l’air désormais ».  Les petits États insulaires et les pays côtiers de faible élévation, comme le Guyana, seraient les premiers à en subir de plein fouet les effets, a-t-il craint. 

Le Président a fait valoir que le Guyana est un pays absorbeur de carbone: ses forêts en absorbent bien plus que n’en produit l’activité humaine.  « Dans ces circonstances, nous estimons avoir le droit d’insister sur un système équitable de partage des charges », a pointé M. Ali.

Le Président du Guyana a enfin porté l’attention de l’Assemblée sur « un contentieux territorial l’opposant à la République bolivarienne du Venezuela » et sur « les menaces manifestes et continues que le Venezuela fait peser sur l’intégrité territoriale et la souveraineté du Guyana ».  Récemment, a-t-il indiqué, un accord a été conclu à Mexico entre les factions en conflit au Venezuela: « elles y ont renouvelé une revendication sans fondement sur les deux tiers du territoire du Guyana ».  « Le Guyana ne sera pas sacrifié pour régler les différends politiques internes du Venezuela », a fermement prévenu son président.  Il a rappelé que dans un accord signé à Genève en 1966, le Venezuela avait consenti à laisser le Secrétaire général de l’ONU décider des moyens de régler la controverse.  Le Secrétaire général avait choisi la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il souligné, appelant dès lors les deux parties à s’en tenir à la décision finale de la Cour. 

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président de la République du Botswana, a relevé que l’histoire regorge d’exemples de grandes choses qui peuvent être accomplies lorsque l’espoir est préféré à la peur et au désespoir.  Notre grande Organisation, qui a été fondée après la dévastatrice Seconde Guerre mondiale, est en soi un produit et une manifestation d’espoir.  Même au milieu de la pire pandémie depuis un siècle, nos actions devraient être motivées par la conviction que les choses peuvent et iront mieux, a-t-il souhaité.  Étant donné que la science a livré les vaccins, il a jugé qu’il est maintenant temps que les dirigeants mondiaux, guidés par les idéaux de la Charte des Nations Unies, veillent à ce que cette ressource vitale soit distribuée équitablement.  Selon lui, une campagne mondiale de vaccination pourrait contenir la propagation de ce virus mortel et de ses variants les plus transmissibles.  C’est pour cette raison que le Botswana partage la frustration de beaucoup et soutient fermement l’appel à ce que les vaccins soient traités comme un bien public mondial, a-t-il dit.  N’oublions pas qu’un variant quelque part est un variant partout, a-t-il rappelé.  Il a affirmé que son gouvernement a accordé la priorité à la protection de sa population en achetant des vaccins contre la COVID-19.  Mais le pays est confronté à des problèmes logistiques d’approvisionnement qui entravent ses plans de vaccination, a-t-il regretté, déplorant cette « iniquité vaccinale qui est le vrai problème et le reflet des faiblesses inhérentes à notre système multilatéral ».  Pour y remédier, il a préconisé le partage et le transfert de connaissances et la renonciation aux droits de propriété intellectuelle sur la production de vaccins. 

Dans la perspective de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), le Président du Botswana a estimé que tout n’est pas perdu.  Pour lui, si nous appuyons sur le bouton de réinitialisation et réaffirmons notre attachement aux idéaux multilatéraux, nous pourrons accélérer la mise en œuvre des ODD au cours de cette Décennie d’action.  Le financement, le commerce, la technologie et la viabilité de la dette sont quelques-unes des conditions préalables pour atteindre les objectifs, a-t-il analysé.  Dans la perspective de la reconstruction post-COVID et dans un contexte de plus en plus interdépendant, M. Masisi a prévenu que la trajectoire de développement du Botswana est inextricablement liée à celle du reste du monde.  « Aujourd’hui plus que jamais, le multilatéralisme, la coopération internationale et la solidarité mondiale sont impératifs. »  Il incombe donc à l’Assemblée générale, en tant que principal organe délibérant, décisionnel et représentatif de l’ONU, de lutter pour un monde meilleur, a-t-il lancé.  « Un monde où aucun pays n’est laissé pour compte dans la réalisation des 17 objectifs mondiaux. »  Le Président a dit espérer que les leçons tirées de cette pandémie permettront aux Nations Unies de trouver des moyens innovants de renforcer la collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales, pour assurer la préparation aux futures pandémies et épidémies.

Alors que la dernière décennie avait déjà été la plus chaude de notre planète, le Président a relevé que, ces derniers mois, des températures record et d’autres incidents provoqués par les changements climatiques signalent « un réel danger de réchauffement planétaire accru ».  « J’aimerais encore croire que nous pouvons éviter que la situation ne s’aggrave et apporter des solutions innovantes. »  Il a terminé en insistant sur la revitalisation et le renforcement de l’action et de la coordination entre les principaux organes des Nations Unies, avant de plaider pour la réforme du Conseil de sécurité, appelant à faire fi de nos différences, afin de ne pas laisser ce chantier aux générations futures.

« Nous vivons une époque incertaine », a constaté M. MIGUEL MARIO DÍAZ-CANEL BERMÚDEZ, Président de Cuba, dans un message vidéo préenregistré, observant que, sous l’effet d’une pandémie qui exacerbe les inégalités structurelles, le rôle du multilatéralisme et des Nations Unies est devenu de plus en plus important.  Pourtant, a-t-il regretté, la coopération internationale reste insuffisante et l’application de « recettes néolibérales » a réduit les capacités des États à répondre aux besoins de leurs populations.  De fait, les plus vulnérables sont laissés sans protection, tandis que les nations riches, les élites et les sociétés pharmaceutiques transnationales augmentent leurs profits.  Il est donc « moralement urgent », selon lui, de conjuguer les efforts pour le bien de l’humanité, a fortiori quand des centaines de millions de personnes dans les pays à faible revenu attendent toujours leur première dose de vaccin contre la COVID-19.  Pendant ce temps, a-t-il dénoncé, les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2020 près de 2 000 milliards de dollars.  Combien de vies auraient pu être sauvées si ces ressources avaient été utilisées pour la santé ou la production et la distribution de vaccins?  À ses yeux, la réponse à cette question passe par la transformation d’un ordre international « profondément inégal ».  Une ONU « revitalisée, démocratisée et renforcée » est appelée à jouer un rôle central dans cet effort, a plaidé le Président cubain.

M. Díaz-Canel Bermúdez s’est ensuite élevé contre « l’abus pernicieux » des mesures de coercition économique, qui sont devenues un instrument central de la politique étrangère des États-Unis.  Par ce biais, le Gouvernement de ce pays fait pression sur des États souverains pour qu’ils agissent contre ceux qu’il identifie comme des adversaires.  Il exige de ses alliés qu’ils forment des coalitions pour renverser les gouvernements légitimes, enfreindre les engagements commerciaux, interdire certaines technologies et appliquer des mesures judiciaires injustifiées contre les citoyens des pays qui ne s’y soumettent pas.  Bref, a-t-il pointé, nous assistons aujourd’hui à des pratiques politiques inacceptables dans le contexte international, qui vont à l’encontre de l’engagement universel de respecter la Charte des Nations Unies, y compris le droit souverain à l’autodétermination.

Depuis plus de 60 ans, le Gouvernement des États-Unis n’a cessé d’attaquer Cuba, a poursuivi M. Diaz-Canel Bermúdez, estimant qu’en ces temps de pandémie, une telle agressivité « dépasse les limites ».  Alors que le blocus le plus long jamais appliqué contre une nation est exacerbé par cette crise, l’administration démocrate actuelle maintient en vigueur les 243 mesures de coercition adoptées par le Gouvernement de Donald Trump, y compris l’incorporation de Cuba à la liste « fallacieuse et immorale » des pays qui parrainent le terrorisme, a-t-il souligné, fustigeant les campagnes de manipulation et de mensonges menées par les États-Unis pour renvoyer une image fausse de la réalité cubaine, déstabiliser le pays et justifier un changement de régime.  « Nos ennemis doivent savoir que nous ne renoncerons jamais à la patrie et à la Révolution que plusieurs générations de patriotes nous ont léguées », a averti le Président cubain.  Dans ce contexte, les défis colossaux ne nous intimident pas, a-t-il assuré, rappelant que son pays, fidèle à sa tradition de solidarité, a envoyé plus de 4 900 collaborateurs, organisés en 57 brigades médicales, dans 40 pays et territoires touchés par la COVID-19.  Ces mêmes personnes se sont portées au secours du peuple haïtien après le récent tremblement de terre, s’est-il enorgueilli, se disant également fier de la communauté scientifique cubaine qui, malgré d’énormes lacunes, a créé trois vaccins et deux candidats vaccins contre la COVID-19.  Nous aspirons à immuniser totalement la population d’ici fin 2021, a-t-il précisé.

Affirmant par ailleurs soutenir l’aspiration à l’indépendance totale de la région d’Amérique latine et des Caraïbes et son engagement à être une zone de paix, le Chef d’État a dit s’opposer aux tentatives de déstabilisation et de subversion de l’ordre constitutionnel au Venezuela.  De même, a-t-il ajouté, nous réitérons notre ferme soutien au « peuple frère nicaraguayen » et à son gouvernement de réconciliation et d’unité nationale, tout comme nous accompagnons les nations des Caraïbes dans leurs demandes de justes réparations pour les horreurs de l’esclavage et de la traite négrière.  Le Président cubain s’est d’autre part prononcé pour l’indépendance de Porto Rico, tout en appuyant les revendications de l’Argentine sur les « îles Malvinas ».  Il a aussi exigé la cessation des ingérences extérieures en Syrie, appelé à la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens et condamné les mesures coercitives unilatérales imposées à la République islamique d’Iran et à la République populaire démocratique de Corée.  Enfin, il a jugé que les Nations Unies « ne peuvent ignorer la leçon de l’Afghanistan », laquelle a démontré que « là où les États-Unis interviennent, l’instabilité, les décès et les souffrances augmentent, et il y a des cicatrices durables ».

M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, notant que la lutte contre la COVID-19 et ses variants se poursuit, a estimé que les efforts combinés, sans distinction entre riches et pauvres, sont la seule voie à suivre pour un retour complet à la vie normale.  Le Président s’est dit choqué par la disparité entre certaines nations et d’autres en ce qui concerne la disponibilité des vaccins.  « Ces disparités permettent d’administrer des troisièmes doses, dans certains cas, alors que, dans d’autres cas, comme en Afrique, la grande majorité de la population n’a même pas reçu la première dose. »  À son avis, le vaccin contre la COVID-19 doit être reconnu comme un bien pour toute l’humanité, avec un accès universel.  La pandémie a eu un fort impact sur la vie économique et sociale de l’Angola, a déploré M. Lourenço, même si le Gouvernement a pu agir pour maintenir les niveaux de contagion dans les limites de la capacité de réponse de ses structures de santé.  Aujourd’hui, a-t-il fait valoir, nous devons engager une réflexion profonde pour trouver des solutions pérennes pouvant servir de base à la reconstruction de nos économies. 

Le dirigeant a rappelé que l’Angola avait déployé des efforts considérables pour contribuer à la paix et à la stabilité en Afrique centrale, dans la région des Grands Lacs et dans d’autres parties du continent.  Notre sensibilité vis-à-vis des questions de paix et de guerre est le résultat de notre long conflit interne, ce qui nous donne une perspective claire sur l’importance de rechercher des solutions aux différends par le dialogue et la compréhension entre les parties en conflit, a-t-il témoigné.  M. Lourenço s’est dit préoccupé par « les changements d’ordre institutionnel qui se produisent fréquemment par l’usage de la force militaire dans les pays africains ».  Il a estimé que ces actes inconstitutionnels n’ont pas suscité une réaction suffisante de la part de la communauté internationale pour décourager de telles actions, « comme nous l’avons vu au Mali et, plus récemment, en Guinée ».  « Nous ne pouvons pas continuer à laisser des exemples récents, comme celui de la Guinée et d’autres, réussir en Afrique et sur d’autres continents.  C'est une belle occasion pour les chefs d’État et de gouvernement réunis ici de réclamer, d’une seule voix, la libération immédiate et inconditionnelle du Président de la République de Guinée, le professeur Alpha Condé », a-t-il insisté.

Le Président angolais s’est également inquiété des menaces à la paix et à la sécurité mondiales résultant des actions de groupes extrémistes dans le Sahel africain, en République démocratique du Congo, au Mozambique et dans d’autres parties du monde.  Malheureusement, a-t-il regretté, nous assistons à un retour à l’utilisation de mercenaires, avec le recrutement de professionnels sans armée, qui sont payés pour tuer, déstabiliser des pays et évincer des politiciens et des régimes « démocratiquement élus mais gênants ».  Ce phénomène était autrefois fermement condamné et combattu mais, malheureusement, il est maintenant encouragé et alimenté par des forces puissantes « qui se cachent derrière l’anonymat ».  L’ONU, l’Union africaine et la communauté internationale en général doivent encourager les autorités éthiopiennes à mettre fin au conflit dans la région du Tigré et contrer la menace d’une catastrophe humanitaire avant qu’elle ne s’aggrave et qu’il ne soit trop tard, a conclu M. Lourenço.  

Dans son message vidéo préenregistré, M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, a d’entrée plaidé pour « un multilatéralisme encore plus renforcé et plus engagé ».  En effet, a fait observer M. Kaboré, outre le défi de la pandémie de COVID-19, de nombreux pays dans le monde font face aujourd’hui à d’autres fléaux tels que le terrorisme, le dérèglement climatique, la pauvreté.  Tout indique que si la tendance se maintient, les objectifs de développement durable, à l’horizon 2030, ne seront malheureusement pas atteints, a averti le Président burkinabé.

S’agissant particulièrement de la maladie à coronavirus, il a fait valoir que, grâce au Mécanisme COVAX et grâce à des gouvernements de pays amis, le Burkina Faso a reçu des doses de vaccin.  Le programme de vaccination est donc en cours.  Le Président a saisi cette occasion pour lancer un appel pressant à une plus grande solidarité́ internationale afin de nous permettre d’être véritablement à l’abri des effets dévastateurs de cette pandémie.  En outre, la lutte contre la COVID-19 ne doit pas nous faire oublier la lutte contre le VIH-Sida, considérée aussi comme une pandémie, a-t-il demandé.

Le terrorisme demeure un autre grand défi auquel nous devons faire face au regard des nombreuses victimes à travers le monde, a poursuivi M. Kaboré.  Il a fait savoir que la situation sécuritaire au Burkina Faso continue de se dégrader, surtout dans la zone des trois frontières (Burkina Faso, Mali, Niger), mais aussi dans d’autres régions du pays.  Il a promis que tout sera mis en œuvre pour garantir la sécurité́ dans toutes les régions menacées du pays, voulant rassurer la communauté́ internationale sur le fait que les opérations militaires, à l’instar de celles déjà réalisées, seront menées dans le strict respect des droits humains. 

Le Président a tenu à dire que la stabilité, la sécurité et la paix au Sahel ne sont pas seulement l’affaire des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), « surtout que la situation résulte de l’effondrement de la Libye en 2011 ».  Il s’agit de paix et de sécurité internationales, a-t-il martelé, jugeant dès lors nécessaire, voire même urgent pour la communauté internationale et particulièrement le Conseil de sécurité, de soutenir les pays du G5 Sahel.  La meilleure façon de le faire, selon lui, serait de placer le mandat de la Force conjointe du G5 Sahel sous le Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies.  Pour l’heure, il a salué les efforts de coordination et de coopération des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la lutte commune contre le terrorisme.

Sur le volet économique, il a évoqué le Plan national de développement économique et social (PNDES II) 2021-2025, un nouveau référentiel de développement dans son pays qui va nécessiter 19 000 milliards de FCFA, soit environ 34 milliards de dollars américains, dont 63% seront assurés par le budget national.  Il a saisi cette tribune pour remercier tous les partenaires techniques et financiers, bilatéraux, multilatéraux et privés, qui « nous ont accompagnés ».

En ce qui concerne la question des changements climatiques, il a dit que la fréquence des évènements extrêmes avec leurs terribles conséquences « nous interpelle sur l’urgence d’une action forte et concertée ».  D’autant plus, a-t-il souligné, qu’au Burkina Faso, on estime à 34% du territoire la superficie totale des terres de production dégradées du fait non seulement de l’action de l’homme, mais aussi et surtout de la sécheresse et des inondations endémiques.

Face aux différents défis ardus auxquels le monde fait face, le Président burkinabé a appelé, pour finir, à une Organisation des Nations-Unies encore plus forte, à un multilatéralisme plus renforcé et à une communauté internationale plus que jamais engagée. 

M. LAURENTINO CORTIZO COHEN, Président de la République du Panama, a constaté que la pandémie de COVID-19 nous a révélé dans toute sa dureté les profondes inégalités dans nos sociétés, non seulement au niveau régional, mais aussi au niveau mondial.  Face à cette réalité, nous pouvons choisir la voie qui nous conduit à la division, au conflit, à l’indifférence, ou prendre le chemin de l’unité et de la solidarité, a-t-il dit.  Selon lui, la pandémie a mis en exergue le fait que dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, la seule façon pour l’humanité de survivre est la solidarité.  Pour sa part, le Panama s’est engagé à construire un avenir durable et inclusif, et pour cela, même au milieu de pandémie, le Gouvernement a tenu un dialogue national afin de prendre de bonnes décisions qui durent au-delà de son mandat.  Ce dialogue, le Pacte du bicentenaire, a donné lieu à une large consultation, avec l’appui des Nations Unies, afin de jeter les bases d’un Panama plus juste, plus inclusif et plus solidaire, a expliqué le Président.

Pour se prémunir de la COVID-19, le Panama a acheté assez de vaccins pour sa population, et le pays est désormais à quelques semaines de parvenir à l’immunité collective, s’est-il enorgueilli.  Sur le plan social, le Gouvernement soutient les familles par des transferts de fonds et la distribution de denrées alimentaires et autres fournitures à ceux qui vivent dans des régions éloignées difficiles d’accès, a-t-il ajouté.  Il a misé sur ce plan, en vigueur depuis mars 2020, qui évolue en fonction de la dynamique de la pandémie.

Abordant la question de la migration irrégulière, « un phénomène historique et constant auquel on ne peut être indifférent », M. Cortizo a révélé que depuis le début de cette année, plus de 80 000 migrants irréguliers ont traversé le territoire panaméen.  Pour comprendre le drame de la situation, le Président a donné des chiffres criants: le Panama est passé de 800 migrants en janvier de cette année à 30 000 le mois dernier.  La plupart de ces migrants, originaires des Caraïbes et d’Afrique, voyagent dans des conditions difficiles, a-t-il souligné en assurant que le Panama leur assure un traitement digne et leur offre, pour la première fois au cours de leur périple, un abri temporaire, une assistance médicale et de la nourriture.  Le Président a précisé que le pays doit pour ce faire consacrer une part importante de ses ressources limitées, avant d’appeler la communauté internationale à faire, dès que possible, un effort conjoint.

En ce qui concerne les changements climatiques, le Président du Panama a estimé que tous les grands problèmes auxquels notre planète est confrontée sont liés aux changements climatiques.  De quoi d’autre les dirigeants du monde ont-ils besoin pour comprendre cette réalité dramatique? a-t-il lancé.  Sur cette question, le Panama fait sa part, a-t-il dit en soulignant que le pays est l’un des trois au monde taxé de « négatif » en matière d’émissions.  Dans ce pays de transit à vocation logistique, « nous avons compris que ce qui est bon pour la planète est bon pour l’économie », a—t-il expliqué.

M. MILO ĐUKANOVIĆ, Président du Monténégro, a jugé la pandémie de COVID-19 comme la crise la plus grave depuis la création de l’Organisation mondiale.  Il a prôné une approche plus responsable qui pourrait permettre de tirer des leçons de chaque crise.  « Cette fois, la leçon est un avertissement fort sur l’importance d’être solidaire. »  Il lui a semblé que le monde est à la croisée des chemins: nous pouvons soit opter pour un isolationnisme accru et une érosion de la confiance, en tolérant la montée de la xénophobie, du nationalisme et des idées de droite, en ignorant les avertissements alarmants sur l’état de l’environnement et en acceptant en silence l’augmentation de l’inégalité dans tous les domaines; ou nous pouvons avancer pour assurer un meilleur avenir commun.

Préoccupé par la détérioration générale de la situation sécuritaire et humanitaire, le Président a dit se préparer à une vague potentiellement nouvelle et plus forte de migrants qui aura sans aucun doute des répercussions régionales et mondiales.  Il a appelé à une réponse globale à la crise des réfugiés et des migrants.  « Nous devons partager la responsabilité, comme nous l’avons envisagé dans les accords mondiaux pour les réfugiés et les migrants.  Nous devons coopérer dans la recherche de solutions et aider également les pays d’accueil et les pays d’origine. »  M. Đukanović a rappelé que le Monténégro est la seule des républiques de l’ex-Yougoslavie à ne pas avoir eu de guerre sur son territoire pendant les conflits des années 1990.  À cette époque, le Monténégro a accueilli plus de 100 000 réfugiés et personnes déplacées, soit plus de 20% de l’ensemble de sa population.  « En tant que membre de l’ONU, le Monténégro a beaucoup de mal à comprendre et à accepter toute autre approche que la solidarité et le soutien aux plus vulnérables. »

Cela fait 15 ans que le Monténégro a restauré son indépendance, a noté le Chef de l’État, reconnaissant que le chemin parcouru n’avait pas été facile.  Les défis et menaces pesant sur la démocratie multiethnique dans les Balkans n’ont pas diminué, a-t-il alerté.  « Les Balkans occidentaux sont encore une fois un champ de bataille pour des intérêts géopolitiques conflictuels, dont la conséquence est le ralentissement de l’intégration des sociétés dans leur cadre européen naturel, ce qui sape la confiance et l’adoption des valeurs européennes. »  M. Đukanović a évoqué « des théories destructrices qui prétendent que, du fait de son retard, cette région ne peut pas vivre comme une communauté multiethnique et multiconfessionnelle et que ses États ne peuvent être fonctionnels ».  Notre détermination à combattre ces idées rétrogrades et dangereuses n’a pas faibli, a toutefois assuré le dirigeant monténégrin.  Donc aujourd’hui, depuis ce lieu, le Monténégro met en garde contre le danger renouvelé que les Balkans occidentaux soient déstabilisés et les horizons de ses perspectives européennes réduits, a-t-il conclu.

M. HAGE GEINGOB, Président de la République de Namibie, a rendu hommage aux milliers de victimes de la pandémie et salué les efforts mondiaux pour la conception de vaccins, y voyant la preuve d’un véritable « triomphe scientifique » et un « témoignage de l’ingéniosité humaine ».  Le Président a cependant déploré avec véhémence que le vaccin n’ait pas été distribué équitablement parmi les pays: un phénomène qu’il a qualifié d’« apartheid vaccinal ».

En cette période volatile de pandémie et de changements climatiques irréversibles, la Namibie vise à déployer des approches innovantes pour assurer un développement économique durable, a indiqué son président.  Compte tenu de ses riches ressources renouvelables -solaires, éoliennes, océaniques-, la Namibie a décidé de donner la priorité au développement de son économie verte et bleue.  Sa récente adhésion au groupe de haut niveau sur la viabilité des océans, dont l’objet est de concevoir et défendre une économie bleue durable, devrait contribuer à développer sa base économique et créer des emplois ardemment recherchés, tout en luttant contre les changements climatiques, a expliqué le Président.  Il a assuré que, dans le cadre de cette transition énergétique, la Namibie a progressé dans le secteur de la production « d’hydrogène vert » et d’ammoniac, avec le développement en cours de plusieurs sites destinés à l’exportation d’hydrogène vert.

Concernant la vie démocratique sur le continent africain, le Président a noté avec optimisme que les dirigeants ont inauguré pour de bon une nouvelle ère, définie par des élections démocratiques et la limitation des mandats présidentiels.  Troisième Président de la Namibie depuis l’indépendance acquise en 1990, M. Geingob a dit poursuivre son second et dernier mandat qui s’achèvera le 20 mars 2025.  « C’est la nouvelle donne sur le continent », s’est-il réjoui.  En matière de transition démocratique, le Chef de l’État a admis qu’il demeurait des blocages, « mais partout où de tels incidents ont lieu, l’Union africaine, soutenue par les communautés économiques régionales, s’assure que les auteurs de tels actes soient ostracisés ».   M. Geingob a évoqué une « nouvelle Afrique », aux principes reposant sur l’ordre constitutionnel.

Le Président a aussi déclaré que la Namibie, convaincue qu’il ne peut plus y avoir de place pour les discriminations de toutes natures, demeure engagée dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, qui incarne l’engagement de la communauté internationale pour éliminer les fléaux du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance.

Favorable à une solution à deux États concernant le conflit israélo-palestinien, ainsi qu’à la fin de l’embargo des États-Unis qui frappe Cuba, la Namibie est engagée dans la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, a aussi indiqué son président.  En tant que membre du Comité des Dix de l’Union africaine, le M. Geingob a appelé les États Membres à soutenir la réforme du Conseil, conformément au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.

M. STEVO PENDAROVSKI, Président de la Macédoine du Nord, a déclaré que « le monde est aujourd’hui loin d’être un endroit sûr où vivre ».  Les conflits, le terrorisme, les défis complexes menacent la paix et notre mode de vie, les droits de l’homme et les libertés; ils provoquent des catastrophes humanitaires et des vagues de réfugiés.  Le Président s’est dit notamment préoccupé par les derniers développements en Afghanistan.  La Macédoine du Nord, a-t-il rappelé, a immédiatement annoncé qu’elle était prête à accueillir des réfugiés afghans, en particulier les catégories les plus vulnérables et les personnes qui travaillent pour les organismes des Nations Unies dans ce pays depuis de nombreuses années.  Les nouveaux développements en Afghanistan n’ont fait qu’accentuer les menaces du terrorisme et de l’extrémisme violent, s’est inquiété M. Pendarovski demandant une approche multidimensionnelle pour s’attaquer aux causes du terrorisme.  « Le multilatéralisme est le moyen d’assurer la sécurité, la démocratie, la liberté, les droits de l’homme, le développement durable et la prospérité pour tous. » 

Le Président a estimé que la COVID-19 appelle à repenser notre attitude à l’égard de la santé publique, l’éducation et la science.  Cela exige de nouveaux partenariats pour restructurer les économies et pour changer l’état d’esprit qui nous retient en arrière et qui n’apporte pas de progrès, a-t-il analysé.  La dignité humaine doit être au centre des efforts, tant au niveau national qu’international, a encore déclaré le Président pour qui l’éradication de la pauvreté n’est qu’un point de départ pour garantir au moins les droits et les besoins fondamentaux de tous.  Il a plaidé pour un leadership responsable et visionnaire à l’intérieur de nos propres frontières et au-delà, comme moyen important pour atteindre ces nobles objectifs.

Aucune ressource ni aucun effort ne doit être épargné pour l’autonomisation structurelle des femmes, dans le but ultime de l’égalité totale des sexes dans tous les domaines de la société, que ce soit dans l’entrepreneuriat, la sécurité, l’éducation ou la politique étrangère, a continué le Président.  Il a demandé d’ouvrir un débat sur la démocratie, au moment où celle-ci est menacée à l’échelle mondiale, et de continuer à investir dans les valeurs démocratiques tout en réprimant les tendances autoritaires, la corruption de haut niveau et les violations systémiques des droits de l’homme.  M. Pendarovski a apporté son appui à l’idée du Président Biden de convoquer un sommet pour la démocratie en décembre de cette année. 

Le Président a encouragé à apprendre de nos échecs.  Relevant que « nous empruntons cette Terre à nos enfants », il a appelé à ouvrir un espace pour leur contribution, leur liberté et leur créativité.  Il a plaidé pour une éducation universelle accessible à tous, afin de préparer les jeunes à faire face aux défis modernes et faire du monde un lieu de vie plus digne qu’il ne l’est aujourd’hui. 

Soulignant le consensus pour relever le plus grand défi de notre époque, que sont les changements climatiques, il a toutefois constaté les difficultés à mobiliser les forces contre cette menace, avant de réitérer que la Macédoine du Nord reste attachée à l’Accord de Paris. 

S’agissant des questions régionales ou nationales, le Président a dit que les Balkans occidentaux sont confrontés à de sérieux défis face aux aspirations de leurs populations à l’intégration européenne.  L’impasse actuelle dans ce processus provoque la frustration des citoyens et diminue constamment leur enthousiasme pour un changement positif, a-t-il prévenu.  « L’état actuel de l’intégration européenne dans la région est-il conforme à la vision conçue par ses Pères fondateurs il y a des décennies? »  Si nous nous soucions d’une région des Balkans occidentaux stable et prospère en tant que lien important de la stabilité et de la sécurité continentales et transcontinentales, nous devons comprendre qu’une percée dans l’intégration européenne est un besoin urgent, a exhorté M. Pendarovski. 

La Macédoine du Nord a prouvé sa capacité, avec la Grèce, sous la médiation des Nations Unies, à résoudre des questions même complexes, comme la soi-disant « question du nom », contribuant ainsi à une stabilité accrue dans la région, a fait remarquer le Président.  Nous sommes prêts à engager un dialogue constructif avec la Bulgarie, afin d’assurer la pleine mise en œuvre du Traité de bon voisinage et de coopération, a-t-il terminé. 

M. LIONEL ROUWEN AINGIMEA, Président de la République de Nauru, dans un message vidéo préenregistré, a décrit une année marquée par les catastrophes, les conflits et les souffrances humaines, « le tout aggravé par la pandémie de COVID-19 ».  « Les obstacles auxquels fait face la communauté internationale en ce moment reflètent l’histoire de Nauru », qui a subi des épidémies dévastatrices et a dû se reconstruire après le fléau des guerres mondiales, a d’ailleurs remarqué son président.  Rappelant qu’une épidémie d’un côté du globe peut produire une vague de destruction de l’autre, M. Aingimea a appelé chacun à travailler à changer de cap et à tenir la promesse du multilatéralisme.  Car les approches précédentes n’ont pas réussi à rendre le monde plus sûr, a regretté le Président de Nauru, pour qui il est temps d’adhérer de nouveau à la vision du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Président d’un des plus petits États Membres de l’ONU et l’un des plus vulnérables, M. Aingimea a affirmé son fort attachement au multilatéralisme, « le seul moyen pour avancer ensemble ».  Le dirigeant a cependant appelé à ouvrir les yeux sur ses échecs actuels.  « Les stratégies et les plans pour empêcher d’autres catastrophes ont été négociés et adoptés dans les couloirs de l’ONU mais n’ont fait l’objet que de tentatives de mise en œuvre médiocres et sont restés sur les étagères ou dans les disques durs », a asséné le Président. 

Les inégalités augmentent à un rythme rapide et la pandémie aggrave les divisions, a ensuite relevé M. Aingimea reconnaissant que Nauru n’est pas une exception avec la pandémie de COVID-19 qui a exacerbé son isolement de la communauté internationale.  Aucun cas de coronavirus n’a été enregistré dans le pays, s’est toutefois réjoui le Président.  Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas été touchés par les conséquences de la pandémie, a-t-il nuancé.  Se plaignant que les mesures d’urgence et les coûts ne cessent d’augmenter, il a vu le défi de l’accessibilité de l’approvisionnement comme « une dure réalité », alors que le pays dépend de produits importés. 

M. Aingimea a ensuite insisté sur la nécessité d’un accès juste à des vaccins sûrs, efficaces et abordables économiquement, arguant que personne n’est en sécurité tant que nous ne sommes pas tous vaccinés.  Pourtant l’accès aux vaccins reste inégal et difficile, a dénoncé le Président de Nauru.  Or, la pandémie de COVID-19 représente une grave menace sur les systèmes de santé du Groupe des petits États insulaires en développement, a-t-il rappelé.  M. Aingimea a regretté qu’en raison de sa faible population et de l’absence de cas, Nauru ait été exclue des qualifications requises pour avoir accès à des vaccins supplémentaires.  

Sur le plan international, M. Aingimea a lancé un appel à l’ONU pour qu’elle intègre Taiwan « qui partage des défis internationaux communs ».  Soulignant la réponse modèle de Taiwan contre la pandémie de COVID-19, et sa volonté de rejoindre l’Assemblée mondiale de la Santé, le Président a affirmé que Taiwan devrait avoir le droit de participer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

« Personne ne doit être laissé de côté » avec l’ONU 2.0, a déclaré M. Aingimea, citant notamment les pays du Groupe des petits États insulaires en développement et du Pacifique.  M. Aingimea a ensuite rejeté le classement de Nauru comme « pays à haut revenu », ce qui l’empêche d’avoir accès à des financements à des conditions favorables.  « Sans une aide prévisible et adéquate de la part de la communauté internationale, Nauru et beaucoup d’États insulaires ne pourront pas réaliser les ODD, ni lutter contre les conséquences des changements climatiques. »

« Tous les dirigeants et toutes les nations doivent agir » pour le climat, a insisté ensuite le Président qui s’est prononcé une nouvelle fois en faveur de la création d’un bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité.  De même, nous demandons au G20 de supprimer progressivement toutes les subventions aux combustibles fossiles d’ici à 2023, a lancé M. Aingimea.  De son côté, a-t-il rappelé, Nauru avait invoqué une clause de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer afin que l’Autorité internationale des fonds marins fournisse un cadre pour l’exploitation minière sous-marine.  Cela permettra à Nauru, et à d’autres pays en développement, de participer à cette nouvelle industrie et d’avoir accès à des ressources précieuses.  

Enfin, l’éducation et le développement des compétences restent des priorités et des domaines d’investissement-clefs afin d’assurer aux jeunes de Nauru une éducation de qualité accessible à tous, a conclu M. Aingimea.  

Dans un message vidéo préenregistré, M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président de la République du Zimbabwe, a appelé à la fin du « nationalisme vaccinal » et à une distribution plus équitable des vaccins dans le monde.  Soulignant que l’éradication de la pauvreté et de la faim sont toujours les priorités absolues de son pays, il a ajouté que les changements climatiques et les conditions météorologiques erratiques qui en résultent, et la croissance démographique, associés aux effets de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire, exigent de repenser les systèmes traditionnels de production, de transformation et de distribution de la nourriture.

Nous avons su, a-t-il affirmé, promouvoir une production alimentaire soutenue grâce au programme de redistribution des terres et un soutien accru aux petits exploitants.  Cela a conduit à des revenus plus larges et plus durables pour la majorité de la population rurale laquelle contribue désormais à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays.  Le Président a espéré que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires offrira des solutions innovantes pour assurer des progrès dans la réalisation de tous les objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris sur le climat.

Mon pays, a-t-il poursuivi, a lancé sa Vision 2030, une vision inclusive et transformatrice qui conduit à des emplois plus décents, à la réduction des inégalités et à l’élargissement de l’accès à des services sociaux de qualité.  Le Président a rappelé que son pays s’est soumis à son deuxième examen national volontaire cette année au Forum politique de haut niveau, où il a pu démontrer des progrès remarquables dans la couverture sanitaire universelle et les avancées d’un système éducatif tout entier orienté vers une économie axée sur les connaissances.

Le Président s’est aussi vanté des efforts visant à ancrer la démocratie, le constitutionnalisme et la primauté du droit par le biais d’une législation saine et une administration juste et impartiale de la justice.  Nous avons approuvé, a-t-il dit pour illustrer ses propres, la visite du Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’impact négatif des mesures unilatérales coercitives sur la jouissance des droits humains.  Il a remercié la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Union africaine et les autres nations progressistes qui continuent d’appeler à la levée inconditionnelle des sanctions « illégales, injustes et injustifiées » imposées à son pays.

S’attardant sur le fléau du terrorisme en Afrique, il a plaidé pour que les nations africaines soient dotées de moyens efficaces de lutte.  Il a conclu, en appelant, entre autres, à la réforme du Conseil de sécurité et à la revitalisation de l’Assemblée générale, sans oublier de fustiger la tendance de certains organes de l’ONU à empiéter sur les prérogatives de cette dernière. 

Évoquant la pandémie de COVID-19, M. MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO, Président du Conseil militaire de transition du Tchad, a, dans un message vidéo préenregistré, souligné que les pays en développement en général, et ceux d’Afrique en particulier, sont profondément impactés en raison de leurs vulnérabilités structurelles.  S’il a salué l’élan de solidarité des partenaires bilatéraux et multilatéraux, il a souhaité cependant que la mobilisation et la vigilance restent de mise pour soutenir durablement les efforts de relèvement post-COVID.  M. Déby Itno a regretté en particulier que l’inégalité dans l’accès aux vaccins demeure extrêmement profonde.  Les pays riches ont atteint une couverture vaccinale à plus de 50%, tandis que la plupart des pays africains sont à moins de 2%.  « Rien ne justifie ce déséquilibre. »  Le virus, a-t-il insisté, ne connaît pas de continent, ni de frontières, moins encore de nationalité ou de statut social.  À cet égard, il a salué les appels répétés du Secrétaire général et du Directeur général de l’OMS en faveur de l’accessibilité du vaccin pour tous.

Le dirigeant tchadien a demandé à tous les partenaires du Nord d’honorer leurs engagements vis-à-vis des pays vulnérables en vue de contribuer à une meilleure reprise économique et à la réalisation des ODD à l’échéance de 2030.  Dans cette perspective, le Tchad réitère l’appel lancé par les pays membres du G5 Sahel relatif à l’annulation de la dette de ces pays durement frappés par le terrorisme et les changements climatiques.  M. Déby Itno a rappelé que l’absence de perspectives pour la jeunesse au Sahel pousse celle-ci à tomber dans « le piège des idéologies extrémistes » et à emprunter le chemin de l’immigration clandestine vers l’Europe avec tous les risques que cela comporte.

Abordant la situation politique et sécuritaire de son pays, M. Déby Itno a rappelé qu’après la disparation tragique de l’ancien Président, le Maréchal Idriss Déby Itno, le 20 avril dernier, le Tchad a entamé une période de transition politique.  Un Conseil militaire de transition a été mis en place pour assurer la continuité de l’État et garantir la sécurité du pays, « gravement mises en péril par des assaillants lourdement armés qui écument le sud de la Libye ».  Un Gouvernement de large ouverture, dirigé par un Premier Ministre civil, a été mis en place le 2 mai 2021, et travaille d’arrache-pied pour tenir les échéances devant boucler le processus de transition, sur la base d’une feuille de route, adoptée en juillet dernier.  Au regard d’énormes difficultés d’ordre sécuritaire, économique, financier et sanitaire auxquelles le Gouvernement de transition fait face, le Tchad en appelle à un soutien fort de la communauté internationale, a poursuivi le Président du Conseil militaire de transition.  Dans le même élan, a-t-il assuré, toutes les dispositions nécessaires sont prises pour la tenue d’un dialogue national inclusif, dont les modalités d’organisation et de déroulement sont en train d’être examinées par un comité mis en place à cet effet.

M. Déby Itno a déploré que le Tchad qui partage avec la Libye plus de 1 000 kilomètres de frontières et qui est lié à ce pays frère par l’histoire, la géographie et la culture, subisse de plein fouet les conséquences de la crise libyenne, en termes d’attaques armées récurrentes lancées depuis le sud de ce pays.  Il a exprimé sa préoccupation devant la forte pression de la communauté internationale exigeant un départ immédiat de Libye des mercenaires, combattants étrangers et autres bandes armées irrégulières.  « Un tel départ des ressortissants tchadiens recrutés, formés, encadrés, armés et financés pour le besoin de la guerre en Libye, n’est pas sans conséquence sur la sécurité du Tchad. »  C’est pourquoi le Tchad demande avec insistance à la communauté internationale, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, de faire prendre toutes les mesures nécessaires pour la mise en place d’un mécanisme d’encadrement d’un départ planifié et coordonné de ces éléments. 

Enfin, M. Déby Itno s’est inquiété de la situation sécuritaire dans le Sahel et son voisinage, marquée par l’expansion du terrorisme, le crime organisé et les trafics illicites des armes, de drogues et d’êtres humains.  Il a réitéré l’appel lancé par la Conférence des Chefs d’État du G5 Sahel au Conseil de sécurité de l’ONU, relatif à l’octroi à la Force conjointe du G5 Sahel d’un mandat sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies afin de lui assurer un financement pérenne et prévisible.

M. AZALI ASSOUMANI, Président de l’Union des Comores, a d’abord rendu hommage aux experts ainsi qu’aux laboratoires pour leur investissement dans la recherche et la production de vaccins contre le coronavirus, saluant des « élans de solidarité salutaires qui ont permis d’éviter le pire ».

La pandémie a ralenti le cours de la vie, exacerbé les inégalités, perturbé les économies nationales.  Elle a également révélé l’ampleur de l’écart technologique entre les pays, selon M. Assoumani, qui a mis en évidence l’importance cruciale des technologies de l’information et des communications (TIC) et la nécessité d’agir vite pour réduire le fossé.  De même, les inégalités observées dans l’accès au vaccin rappellent, selon lui, le rôle primordial du multilatéralisme.  Cette session offre une opportunité pour évaluer les performances de l’Organisation en vue de garantir une meilleure représentation des pays en développement.  Notamment ceux du continent africain qui, a-t-il rappelé, renferment à la fois des zones de croissance économique dynamiques et des conflits sanglants.

Sur le plan diplomatique, le Président comorien a réitéré le caractère nécessaire d’une solution rapide, juste et équitable à la question de Palestine.  Il a dit comprendre la position de « certains pays frères du monde arabe » de renouer des relations avec l’État d’Israël: il appartient désormais à ce dernier de prendre la mesure de ces initiatives audacieuses et d’en tenir compte dans l’intérêt de tous.  Par ailleurs, dans la perspective d’un règlement durable de la question du « Sahara marocain », M. Assoumani a encouragé les efforts engagés par le Maroc.  Il a espéré qu’ils permettront au Royaume « de recouvrer son autonomie et son intégrité territoriale sur cette province marocaine ».  Saluant toute initiative contribuant à assurer la paix dans cette région, il a fortement encouragé le dialogue entre le Maroc et l’Algérie.  À propos de Taiwan, M. Assoumani a réitéré sa position selon laquelle la Chine devait « recouvrer son intégrité » sur le territoire.

S’agissant du différend territorial entre son pays et la France relatif à la question de « l’Île comorienne de Mayotte », le Chef d’État a remarqué que ce dossier avait été marqué, ces dernières années, par une volonté des deux parties de « capitaliser sur les acquis » de leur passé commun, de maintenir un dialogue franc et constructif en vue d’aboutir à une « solution définitive », respectueuse du droit international. 

Concernant les changements climatiques, qui n’épargnent aucun pays, le cas des PEID mérite une plus grande attention selon M. Assoumani.  D’autant plus qu’ils sont confrontés à d’autres phénomènes dangereux comme la piraterie maritime, la traite humaine en mer, le trafic de drogue, la pêche illicite et le pillage des ressources en mer.  Les Comores s’associent à toutes les initiatives nationales et mondiales pour les combattre.

Au niveau national, il s’est dit conscient de la nécessité d’une stabilité politique de l’Union des Comores.  Il a dénoncé des « fausses informations véhiculées çà et là », notamment sur les réseaux sociaux, n’ayant d’autre objectif que de nuire à un climat serein.  Décidé à engager un dialogue politique national, le Président a dit espérer qu’il contribuerait à rassembler davantage le peuple comorien autour d’objectifs essentiels tels que la paix, la sécurité et l’unité nationale en vue du développement socioéconomique de l’Union des Comores.  Le Gouvernement a mis en place un Conseil supérieur de la Magistrature et fait adopter la révision du Code pénal comorien, dans le but de « doter le pays d’un cadre politico-juridique adéquat », a ajouté le Président.

Dans un message vidéo préenregistré, M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a estimé que la conjugaison de toutes nos forces pour venir à bout de la pandémie à coronavirus est une opportunité de surmonter d’autres crises d’envergure.  « La COVID-19 a révélé les faiblesses et vulnérabilités de nos économies ainsi que de nos systèmes de santé, nous contraignant aujourd’hui à penser autrement nos modèles de développement afin de les rendre plus résilients », a insisté M. Bongo Ondimba avant d’exhorter l’Afrique à s’inscrire dans ce changement de paradigme.  Il a dit que cela passait aussi par la construction d’infrastructures de base à même de garantir la sécurité des populations, une tolérance zéro vis-à-vis de la corruption et une gestion efficace des ressources publiques.  Il a jugé indispensable que les économies africaines s’industrialisent pour créer davantage de richesses en tirant pleinement profit dudit capital humain et de nos ressources naturelles. 

En matière de changements climatiques, il a espéré que la COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre prochain, sera l’occasion de permettre de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre et de préserver la biodiversité, tout en favorisant les investissements dans les infrastructures vertes des pays en développement.  M. Bongo Ondimba a estimé que l’agenda politique international a besoin d’une hausse significative des ressources consacrées à l’adaptation aux changements climatiques.  Il a jugé indispensable une coopération internationale pour soutenir l’action locale en matière d’adaptation pour renforcer la sécurité internationale et d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD). 

Par ailleurs, le Président du Gabon a dit que le Gabon saisira l’opportunité de son mandat de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2022-2023 pour mettre l’accent sur la paix et de la sécurité climatiques.  Il saisira chaque opportunité pour appeler à l’avènement d’un ordre international plus juste, marqué par une réforme du Conseil intégrant aussi bien une représentation équitable en son sein qu’une amélioration de ses méthodes de travail, en phase avec la Position commune africaine exprimée par le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.  En outre, le Président a mis l’accent sur l’importance du transfert des technologies « propres » et de l’amélioration de l’accès des peuples aux énergies renouvelables, afin d’accélérer leur passage à une industrie décarbonée, respectueuse de l’environnement.  M. Bongo Ondimba a indiqué que le Gabon, grâce à son investissement pour la sécurité climatique, séquestre annuellement l’équivalent de 140 000 tonnes de carbone, alors qu’il n’en émet que 35 000.  Il a expliqué que cette différence de plus de 100 000 tonnes représentait une action déterminante du Gabon pour l’avenir de l’humanité tout entière. 

Notant que le Gabon, à l’instar de nombreux pays producteurs de pétrole, a subi de plein fouet l’impact de la baisse drastique des cours des matières premières, M. Bongo Ondimba a cité la mise en place d’un Plan d’accélération de la transformation (P.A.T) pour accélérer la transition vers l’après-pétrole.  Il s’est aussi félicité du renforcement des capacités énergétiques du Gabon par la finalisation imminente de nouvelles centrales solaires ou hydroélectriques en vue de donner une nouvelle impulsion à son processus d’industrialisation. 

Mme SAMIA SULUHU HASSAN, Présidente de la République-Unie de Tanzanie, a remercié tous les États Membres des Nations Unies pour les messages de condoléances à la suite du décès prématuré du Président John Pombe Joseph Magufuli, le 17 mars dernier.  Elle a dit avoir fait le voyage de New York, son premier hors d’Afrique depuis sa prise de fonction, pour marquer sa conviction profonde et sa foi dans le multilatéralisme pour résoudre une multitude de défis auxquels notre monde est confronté aujourd’hui.  Parmi lesquels figure l’impact socioéconomique de la COVID-19, a relevé la Cheffe d’État, en appelant la communauté internationale à aider les pays en développement.  Nous ne pouvons pas nous permettre de nous réfugier derrière la COVID-19 comme excuse pour ne pas faire suffisamment de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle argué.  Elle a mentionné la campagne de vaccination qui a débuté en juillet dans son pays, notamment au sein des communautés les plus vulnérables.  Au rythme actuel, il est peu probable que nous atteignions le seuil de l’OMS qui tablait sur au moins 40% de gens vaccinés dans le monde fin 2021, et au moins 70% d’ici le premier semestre 2022.  Elle a ainsi dénoncé « le niveau d’iniquité vaccinale qui est épouvantable ».  Selon elle, il est vraiment décourageant de constater que si la plupart de nos pays ont inoculé moins de 2% de leur population, d’autres en revanche parlent d’une troisième dose, une dose de rappel, disent-ils.  Elle a souhaité que les pays ayant un surplus de doses de vaccin contre la COVID-19 puissent les partager avec d’autres.  

Sur le plan économique, la République-Unie de Tanzanie n’a pas été épargnée par la pandémie, a reconnu la Présidente.  Elle essaie de relancer son secteur touristique qui a été durement impacté par les restrictions de voyage.  Tout en essayant de relancer la plupart des activités économiques, le Gouvernement continue d’œuvrer à améliorer l’environnement des affaires et à attirer plus d’investissements.  Conscient du lien entre croissance économique et gouvernance, son gouvernement a réussi à maintenir la paix et la stabilité politiques, avec une démocratie dynamique et des pratiques de bonne gouvernance institutionnalisées.  En tant que première femme Présidente de l’histoire de mon pays, le fardeau de l’attente de mener à bien l’égalité entre les sexes pèse lourdement sur mes épaules, a-t-elle confié.  Son gouvernement œuvre donc à la mise en œuvre de plans macroéconomiques avec un accent sur les problématiques de genre, de réformes budgétaires et plans de relance, pour aider à réduire le nombre de femmes et de filles vivant dans la pauvreté.

En ce qui concerne les changements climatiques, le Gouvernement tanzanien dépense 2 à 3% du Produit intérieur brut (PIB) pour atténuer et renforcer la résilience des communautés, ce qui représente beaucoup pour un pays aux prises avec la pauvreté et l’urgence de la COVID-19, a expliqué la Présidente.  Elle a en conclusion appelé les pays développés à remplir leur engagement de contribuer à hauteur de 100 milliards de dollars par an à l’action climatique d’ici à 2025.  

M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a souligné, dans son message vidéo préenregistré, que depuis le début de la Décennie d’action pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le monde a été englouti par une pandémie qui a mis à rude épreuve notre faculté de mettre en œuvre le Programme 2030, au risque même d’annuler les gains enregistrés jusqu’ici.  Afin de renforcer la résilience par l’espoir, a plaidé M. Weah, nous devons continuer à aider les sociétés vulnérables et les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés.  Une reprise durable doit se fonder sur le principe d’inclusion et de solidarité, a déclaré le Président, en rappelant la tenue de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés (LDC-5) à Doha, au Qatar, en janvier 2022, et le nouveau Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie à venir. 

En réponse à la pandémie, a expliqué M. Weah, mon gouvernement, conformément au « Programme en faveur des pauvres pour la prospérité et le développement » (PADP), a élaboré un plan de relance économique post-COVID qui vise à booster les investissements dans les secteurs clefs de l’agriculture, du tourisme et des infrastructures.  L’économie libérienne, s’est félicité le dirigeant, commence déjà à montrer des signes de reprise, et malgré l’impact négatif du coronavirus, les projections de croissance du PIB sont désormais positives et devraient atteindre 4% en 2022.

S’agissant de l’action climatique, le Président a indiqué que l’inventaire des forêts qui vient d’être réalisé avec le soutien de la Banque mondiale et de la Norvège a révélé que le Libéria est doté de près de sept millions d’hectares de forêt, soit près de la moitié des forêts de Haute-Guinée, en Afrique de l’Ouest.  Si vous ajoutez à cela nos 1,9 million d’hectares d’agroforesterie et de mangroves côtières, il devient évident que près de 90% de notre masse continentale séquestre le carbone, a précisé M. Weah.  Il est donc impératif que les forêts du Libéria soient préservées à l’avenir, a-t-il insisté.  « Nous voulons continuer à maintenir nos forêts et nos écosystèmes, ainsi que notre incroyable biodiversité, tout en adoptant des approches agricoles et minières intelligentes face au climat.  Cependant, pour ce faire et laisser ses forêts intactes, a prévenu le Président, le Libéria a besoin de partenariats significatifs avec les États-Unis et le reste du monde développé.

M. BARHAM SALIH, Président de la République d’Iraq, a énuméré les défis sanitaires imposés par la pandémie, la violence et le terrorisme, sans oublier la question du développement durable et des changements climatiques, des défis qui soulignent encore une fois le rôle central des Nations Unis.  Il a appelé à les affronter de manière collective.

Le Président a indiqué que, malgré des infrastructures médicales limitées, le Gouvernement iraquien avait pris une série de mesures sanitaires nécessaires.  L’Iraq, a-t-il ajouté, était un des premiers pays à rejoindre le Mécanisme COVAX.  Durant les 40 dernières années, l’Iraq a souffert de guerres, d’embargo, de campagnes de génocide, de l’utilisation d’armées chimiques, et de l’emprise du terrorisme, a expliqué le Président, en indiquant que les Forces armées iraquiennes poursuivent leurs mobilisations pour venir à bout des dernières cellules terroristes.  Nous ne pouvons amoindrir le danger que représente le terrorisme, a ensuite mis en garde M. Salih, ajoutant que « notre laxisme et notre dispersion dans les conflits régionaux verront le retour de l’obscurantisme ».  Il a appelé une nouvelle fois à la coopération et à la solidarité dans la lutte contre le terrorisme.

Demandant à la communauté internationale son soutien dans la reconstruction des villes libérées, le Président a ensuite salué l’adoption de la loi sur les rescapés yézidis en vue de leur garantir une justice.  Il est revenu sur le problème de la corruption qui représente « une vraie bataille nationale ».  Nous devons veiller à la restitution des fonds qui ont fait l’objet de pillages, a-t-il dit, indiquant travailler sur un projet de loi pour la restitution des avoirs pillés.  « Je lance un appel à la communauté internationale pour nous aider à retrouver et restituer l’argent pillé d’Iraq. »  Le Président a aussi appelé à former une alliance internationale pour la lutte contre la corruption et la restitution des biens pillés.  On ne peut éliminer le terrorisme qu’à travers l’éradication de la corruption, a-t-il martelé.

Poursuivant sur les problèmes liés aux changements climatiques, M. Salih a appelé une fois encore à l’unité dans la lutte contre ces défis.  L’Iraq traverse des moments difficiles, a reconnu le Président, citant notamment la désertification et la rareté des ressources en eau.  Mais le pays peut être un point de rencontre environnementale des États du Moyen-Orient, a-t-il espéré, indiquant cependant que cela nécessite un soutien international.

L’Iraq a adopté une politique équilibrée se basant sur le dialogue, a poursuivi M. Salih.  Pour lui, il est nécessaire de créer une nouvelle organisation se basant sur la coopération et les liens économiques des pays de la région afin de répondre aux défis communs.  L’Iraq, qui était synonyme de conflit, est désormais un point de rencontre, a assuré le Président.  Évoquant le conflit syrien et ses retombées humanitaires – jugées inacceptables -, le dirigeant a mis en garde contre le réveil permanent de poches dangereuses de terrorisme.  Il a ensuite appelé à garantir au peuple palestinien un État indépendant, sans quoi il n’y aura pas de paix durable dans la région.

Le mois prochain, l’Iraq fera face à une échéance nationale déterminante, celle des élections législatives anticipées pour parvenir à des réformes cruciales, a-t-il annoncé.  Des élections qui seront déterminantes et auront un effet sur l’Iraq et éventuellement sur la région tout entière.  M. Salih a reconnu qu’il était primordial de restaurer la confiance des Iraquiens dans les élections, car une des causes des tensions politiques réside dans le manque de confiance populaire dans les précédents processus électoraux.  Il a remercié, dans ce cadre, la Mission des Nations Unis en Iraq pour son soutien.

« Nous avons besoin de solidarité pour mettre un terme à la détérioration de l’environnement et à la lutte contre les guerres », a conclu M. Salih.

Dans un message vidéo préenregistré, M. DAVID W. PANUELO, Président des États fédérés de Micronésie, a fait savoir que son pays continue d’être exempt de la COVID-19, grâce notamment à la fermeture de ses frontières, et que 75% de la population adulte y a reçu au moins une dose de vaccin.  La pandémie a cependant provoqué des pertes d’emplois et des retards dans la mise en œuvre de projets d’infrastructure, et nombre de ressortissants du pays se sont retrouvés bloqués à l’étranger, a-t-il déploré, notant que malgré les efforts de rapatriement, des centaines de familles attendent le retour de leur proche.  « À tous les Micronésiens bloqués à l’étranger, je vous donne ma parole que nous vous ramènerons », a-t-il lancé.  Le Chef d’État a ensuite appelé à venir à bout de la pandémie et à se préparer à la prochaine en créant une architecture de santé plus vigoureuse.

M. Panuelo s’est ensuite inquiété des « jours sombres » qui se profilent si une action urgente n’est pas prise pour faire face aux changements climatiques.  Les États ne peuvent plus se permettre de se préoccuper de savoir s’ils sont étiquetés « développés » ou « en développement ».  Tout le monde a un rôle à jouer, a-t-il souligné.  Il a expliqué que la Micronésie vise à protéger 30% de son territoire océanique et 50% de son territoire côtier et terrestre.  L’importation de la plupart des plastiques est dorénavant interdite et le pays a amorcé sa transition vers l’utilisation d’énergies renouvelables.  Exhortant à une action globale, le Président s’est félicité du retour des États-Unis à l’Accord de Paris.  « Le monde a besoin des États-Unis pour résoudre la crise des changements climatiques », tout comme il a besoin de la Chine, du Japon et de l’Australie, a-t-il noté.  Il a ensuite appelé l’ensemble des États Membres à soumettre des contributions prévues déterminées au niveau national plus ambitieuses.  Pour leur part, les principaux émetteurs doivent ratifier l’Amendement de Kigali et supprimer les hydrofluorocarbures, a-t-il exhorté.

Dans son intervention, le Chef d’État a également parlé des efforts déployés par la Micronésie pour renforcer l’état de droit.  Il a notamment indiqué qu’une législation sur la cybercriminalité doit être adoptée et que le pays s’attaque également à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.  Notant que la capacité de son pays à faire respecter l’état de droit dépend en grande partie de son Accord de libre association avec les États-Unis, il a exhorté le Gouvernement américain à conclure les négociations sur certaines dispositions dudit Accord avant leur expiration fin 2023.

M. Panuelo a par ailleurs attiré l’attention sur la Déclaration sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau des mers liée aux changements climatiques, adoptée le mois dernier par les États insulaire du Pacifique.  Ce texte, a-t-il expliqué, stipule que les zones maritimes établies en accord avec la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, et les droits qui en découlent, doivent être maintenues quels que soient les changements physiques provoqués par la montée des eaux.  Il serait fortement injuste qu’un petit État insulaire en développement comme la Micronésie doive céder ses droits maritimes, notamment sur les ressources halieutiques de sa zone économique exclusive, en raison de la montée du niveau de la mer, a-t-il argué.

Préoccupé en outre par les « ravages » provoqués par les maladies non transmissibles relatives à l’alimentation, le Président de la Micronésie a salué la tenue du Sommet sur les systèmes alimentaires.  Il a fait savoir qu’un tiers des Micronésiens souffrent de diabète et d’hypertension en raison de leur préférence pour une nourriture importée et à haute transformation.  Décriant un système alimentaire intenable, il a fait part de l’engagement de son gouvernement à le « re-indigéniser ».  M. Panuelo a par ailleurs salué l’ouverture imminente, en Micronésie, du Bureau multipays de l’ONU pour le Pacifique Nord.

M. ÉVARISTE NDAYISHIMIYE, Président de la République du Burundi, a noté que cette soixante-seizième session de l’Assemblée Générale coïncide avec le soixantième anniversaire de l’indépendance de son pays.  Avec le rétablissement de la paix, la sécurité, la stabilité et la cohésion sociale au Burundi, le Président a estimé que le seul ennemi des Burundais, outre la pandémie de COVID-19, c’est la pauvreté.  Face à cette réalité, il a expliqué que son pays a identifié plusieurs priorités, inscrites à la feuille de route du Plan National de Développement du Burundi (PND 2018-2027).  Parmi elles, il a cité la bonne gouvernance et la justice sociale, en mettant l’accent sur lutte contre la corruption, les malversations économiques et l’impunité.  Il a cité aussi les efforts pour garantir l’indépendance et l’impartialité de la magistrature et le bon fonctionnement du processus de justice transitionnelle pour répondre aux attentes des victimes des conflits passés.

Préoccupé par la prolifération du terrorisme dans la sous-région, le Président a dénoncé les violences de l’ADF et du Red TABARA, deux organisations basées dans l’est de la RDC qui recrutent des jeunes chômeurs et tuent aveuglement des citoyens innocents.  Face à ce fléau, il a jugé indispensable une coopération internationale.  Soulignant la contribution de son pays à la paix et à la sécurité internationales, il a indiqué que le Burundi met des contingents militaires et de police à la disposition de l’ONU et de l’Union africaine depuis 2007.  Par ailleurs, le chef d’État a invité certains partenaires, notamment au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à reconnaître les efforts déployés par le Burundi.  « Toute tendance à pointer du doigt le Burundi en mettant en place des mécanismes spéciaux en matière des droits de l’homme est tout simplement contreproductif », a-t-il estimé, avant de rappeler que son pays dispose d’une commission nationale indépendante des droits de l’homme, d’un Observatoire national pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et autres crimes contre l’humanité, d’une commission vérité et réconciliation, d’un conseil national pour l’unité nationale, d’une Commission des terres et des biens immobiliers et d’un ombudsman.  Illustrant les initiatives de son pays en matière de droits de l’homme, il a cité la réouverture de médias fermés après l’insurrection de 2015, la libération de 5 000 prisonniers par grâce présidentielle, la participation effective des partis politiques et de la société civile dans la gestion de la vie politique et sociale du pays.

S’agissant de la pandémie de COVID-19, il a affirmé que le Burundi avait pris des mesures ayant permis de maintenir la positivité aux tests à un taux inférieur à 3%.  Le Gouvernement du Burundi, a indiqué son Président, a pour ambition d’assurer la gratuité de soins de santé pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes qui accouchent dans les structures sanitaires publiques.  Il a aussi vanté les succès des politiques de lutte contre la pauvreté qui ont fait de son pays l’un des rares à ne pas importer de denrées alimentaires.  « Nous avons assuré la gratuité de l’enseignement pour permettre à chaque enfant d’aller à l’école », s’est aussi félicité M. Ndayishimiye, avant de citer l’objectif d’une « école pour chaque colline de recensement ».  Enfin, il a souligné son ambition de développer un enseignement technique et professionnel pour disposer d’une jeunesse formée à répondre à tous les besoins de tous les secteurs économiques.  Soulignant les succès de son pays en matière d’aide au retour des réfugiés, il a indiqué que 75 000 réfugiés sont rentrés volontairement chez eux entre juillet 2020 et septembre 2021, auxquels s’ajoutent 50 000 rapatriés qui n’ont pas transité par les organismes spécialisés de l’ONU.

Il a indiqué que son pays a adhéré à une vingtaine de conventions internationales sur la protection de l’environnement et s’efforce, notamment à travers son programme « EWE BURUNDI URAMBAYE » (Burundi couvert dans sa totalité), de mobiliser les moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre de projets liés à la biodiversité, à la dépollution des eaux, à la protection des sols et à la protection de la couche d’ozone.

Sur le plan diplomatique, le Président du Burundi a salué la décision historique du Conseil de sécurité de l’ONU et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de retirer le Burundi de leurs ordres du jours en guise de reconnaissance du retour à la paix et la stabilité durable du pays.  Il a aussi cité le processus de normalisation de ses relations avec l’Union européenne à travers un dialogue politique constructif.  Au niveau continental, le Président a dit que le Burundi avait ratifié l’accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), visant à terme à intégrer à l’ensemble des 55 États de l’Union africaine au sein d’un même bloc de libre-échange, en phase avec l’Agenda 2063 qui vise la libre circulation des personnes, des biens et services sur le continent.  Il a cité en exemple le projet de chemin de fer en cours entre le Burundi, la Tanzanie et la RDC, pour relier le port de Dar es-Salaam au Burundi et à l’est de la RDC.  Enfin, le Président a estimé que l’Afrique, en tant que seul continent non représenté parmi les membres permanents du Conseil de sécurité et continent sous-représenté dans la catégorie des membres non permanents, continuait de subir une injustice historique.

M. LUIS ALBERTO ARCE CATACORA, Président constitutionnel de l’État plurinational de Bolivie, a relevé que la pandémie de COVID-19 avait révélé les grandes inégalités entre les pays d’un « capitalisme du centre » et ceux qui se trouvent à sa périphérie.  La hausse de la pauvreté extrême et l’accaparement injuste des vaccins par les pays développés ont été dénoncés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rappelé le Président.  Or, cet accès doit être décrété comme un droit humain, a-t-il asséné, notant que la disponibilité des vaccins, en particulier pour les pays situés à la périphérie du capitalisme, était limitée.  Le dirigeant a plaidé pour l’ouverture des brevets des multinationales, demandant notamment à l’ONU de travailler à un accès juste et équitable aux vaccins.

Rendant hommage aux « serviteurs de la santé », le dirigeant a évoqué les accords en Europe ou aux États-Unis afin que des milliards de dollars puissent être injectés dans l’économie.  Mais en Amérique latine, en Afrique, les États ne disposent pas d’organismes qui pensent à « la bataille qu’il faut mener pour la vie », a constaté avec regret M. Arce Catacora.  Au contraire, des organisations comme l’Organisation des États américains nous divisent et provoquent la déstabilisation, a accusé le Président bolivien.  Il a ensuite appelé à protéger les travailleurs, les populations autochtones, les micro- et moyennes entreprises de la même façon que le sont les banques et multinationales.  Le dirigeant a ensuite souligné l’importance des mesures prises par les institutions financières internationales, notamment celles qui ne supposent pas une augmentation de la dette des États bénéficiaires. 

L’ordre mondial actuel est injuste, a insisté M. Arce Catacora, mettant en cause la fracture numérique.  La Bolivie propose de travailler au rééchelonnement ou à l’allégement de la dette extérieure au niveau mondial, a-t-il poursuivi.  Il est important que les mécanismes financiers internationaux octroient des prêts à des conditions préférentielles, a continué le dirigeant.  Notre planète continue de souffrir des conséquences graves de la consommation à l’extrême, a mis en garde M. Arce Catacora, en citant le système capitaliste comme cause principale des changements climatiques. 

Le dirigeant bolivien a ensuite proposé aux États Membres de réfléchir à plusieurs questions à l’occasion du Sommet de la COP26 à Glasgow.  Les pays du capitalisme du centre doivent reprendre à leur compte la dette climatique et indemniser les autres, a-t-il préconisé, en appelant aussi à la répartition du budget carbone entre les pays. 

Évoquant le droit international, le Président s’est élevé contre les pays hégémoniques qui prennent des mesures unilatérales.  Cela affaiblit le multilatéralisme, a-t-il dénoncé, en rejetant « toute mesure visant à empêcher nos pays de déterminer librement nos systèmes politiques et sociaux ».  Citant le blocus imposé à Cuba, M. Arce Catacora l’a qualifié de crime contre l’humanité, accusant ses responsables de faire fi des appels de la communauté internationale.  

Rappelant le coup d’état de novembre 2019, puis les élections d’octobre 2020, le Président bolivien a souligné que son pays avait retrouvé sa démocratie.  Il a ensuite accusé l’OEA et l’Argentine, entre autres, d’être responsables en partie de la rupture de l’ordre constitutionnel en Bolivie.  Citant le dernier rapport d’un groupe d’experts indépendants qui fait état de graves violations des droits humains, M. Arce Catacora a assuré que son gouvernement souhaitait rendre la justice.  Nous entendons défendre notre indépendance en tant qu’État libre et souverain, a par ailleurs affirmé le Président bolivien, qui a réclamé le droit à obtenir un accès à l’océan Pacifique par le biais d’un dialogue avec le Chili. 

Pour M. NAYIB ARMANDO BUKELE, Président de la République d’El Salvador, parfois les crises sont des avertissements pour changer de voie, pour se demander si ce que nous faisons est vraiment ce que nous voulons faire, réfléchir à l’avenir dans lequel nous aimerions vivre.

De fait, a constaté M. Bukele dans une déclaration préenregistrée, « nous sommes dans un monde qui devient plus accéléré, plus désuni, plus anxieux, plus pessimiste et plus individualiste ».  Un monde où presque personne ne sait où nous allons, ou du moins où nous aimerions aller, a-t-il ajouté.  Il a remarqué que le monde actuel essaye de résoudre les problèmes momentanément, de sauter d’une crise à l’autre jusqu’à ce que nous atteignions une crise que nous ne pourrons pas résoudre.  La société et le monde souffrent, et nous semblons de plus en plus éloignés de la résolution des causes de cette souffrance, s’est-il inquiété.

Il a décrit un monde toujours en proie à une pandémie, où nous avons vu le pire et le meilleur de notre espèce; une pandémie dont la réponse collective n’a fait que multiplier l’anxiété mondiale; une pandémie qui a aggravé la crise qui existait déjà.  Pour lui, cette crise est celle, depuis des décennies, qui nous rapproche le plus de l’effondrement de la civilisation.  Il a continué à décrire une civilisation fragile, qui ne parvient pas à avancer.  Une crise de plus, a-t-il averti, et nous pourrions perdre beaucoup plus, et beaucoup plus vite, que ce que nous pensons possible.

Dès lors, il a pressé à tirer les leçons des civilisations passées, de leurs réussites et de leurs erreurs, car « nous avons une responsabilité envers l’histoire, envers tous ceux qui nous ont précédés, pour poursuivre les progrès de l’humanité et avancer aussi loin que possible ».  Nous avons encore le temps de tirer les leçons de cette crise et d’analyser si nous faisons ce que nous devons vraiment faire, a-t-il insisté, en estimant que nous avons tous les outils pour le faire.  M. Bukele a en effet rappelé que nous vivons dans un monde interconnecté et mondialisé, doté de la technologie nécessaire pour résoudre facilement tous ces problèmes.  Toutefois, sans la volonté de le faire, a-t-il regretté.

Pour aller de l’avant, le Président a invité à « faire ce qui nous rend vraiment heureux, à maintenir nos traditions, prendre soin de nos familles et les valoriser ».  Il nous faut enseigner à nos enfants ce que nous avons appris de nos parents, de nos professeurs, a-t-il ajouté.  Comme philosophie, il a proposé d’être optimiste quant à l’avenir et au potentiel de l’être humain, se référant à Confucius et à Goëthe et annonçant l’intention de son pays de s’engager dans cette nouvelle voie.  « Ce ne sera pas facile, mais nous tirerons le meilleur parti du temps que Dieu nous a donné. »

Pour finir, M. Bukele a invité à suivre les personnes du monde entier qui pensent aussi de cette façon.  Des personnes qui n’ont pas encore été absorbées par l’hypercommunication du système et qui croient au potentiel illimité de l’imagination et de la créativité humaines.  « Dieu a déjà décidé si nous allons réussir. »  C’est notre destin et nous ferons de notre mieux pour l’atteindre, a-t-il conclu.   

Dans un message vidéo préenregistré, M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a déclaré que la crise en Afghanistan représente une menace sérieuse pour la stabilité régionale, précisant que ce pays partage avec le sien 1 400 kilomètres de frontière.  L’émergence des Taliban, désignés comme terroristes par le Conseil de sécurité, a encore détérioré la situation géopolitique déjà complexe de la région, a-t-il indiqué, se déclarant profondément préoccupé que ces derniers n’aient pas honoré leur engagement à créer un gouvernement cohésif.  Il a condamné toutes les formes d’oppression infligées au peuple afghan et déploré le silence des organisations de droits humains face aux violations des droits de minorités et des femmes afghanes.  Des violations tragiques des droits de l’homme sont notamment commises dans la province du Panshir où la population n’a accès ni à l’alimentation, ni à l’aide humanitaire, le Comité internationale de la Croix rouge ne pouvant y pénétrer, a-t-il signalé.

Le Chef d’État a insisté sur l’impératif de nouer le dialogue avec toutes les tranches de la société afghane afin d’instaurer une paix et une stabilité durable dans le pays.  Les Tadjiks d’Afghanistan, qui représentent 46% de la population, ont le droit de participer à la sphère publique, a-t-il plaidé, avant d’appeler à former un gouvernement à l’issue d’élections permettant la participation de tous.  La structure de celui-ci devra être déterminée par le truchement d’un référendum, a-t-il recommandé.  Former un gouvernement sans prendre en compte l’avis de tous peut mener à des résultats catastrophiques, a-t-il averti, rappelant par ailleurs les conséquences de la « catastrophe » du 11 septembre 2001.

Déplorant la « décision insensée » qu’a été, selon lui, le départ des troupes étrangères, le Président du Tadjikistan a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour stabiliser la situation sécuritaire et politique par des moyens pacifiques.  Il a également appelé l’ONU et le CICR à fournir une assistance immédiate à la population.  Il a par ailleurs dénoncé les meurtres brutaux d’anciens membres des forces armées et de fonctionnaires et a décrié la libération de « milliers » de membres de Daech et d’Al-Qaida des prisons du pays.  « L’Afghanistan est en train de devenir à nouveau le terreau fertile du terrorisme », s’est-il alarmé.

Poursuivant, M. Rahmon a passé en revue les efforts déployés par son gouvernement pour lutter contre le terrorisme, précisant qu’il s’est doté d’une nouvelle stratégie antiterroriste pour les cinq prochaines années.  Le Tadjikistan se mobilise également pour contrecarrer le trafic de substances psychotropes et leurs précurseurs, qui sont une importante source de financement du terrorisme.  Il a adopté une stratégie de contrôle du trafic de stupéfiant.

Le Président a par ailleurs appelé à revoir à la hausse le nombre de Tadjiks qui contribuent au maintien de la paix de l’ONU, pour ensuite annoncer la candidature du Tadjikistan à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2028-2029.  S’agissant de la COVID-19, il a salué la riposte mise sur pied par l’ONU ainsi que l’OMS, notamment pour ce qui est de la fourniture de vaccins.

Dans son allocution, le Président tadjik s’est également attardé sur la question des changements climatiques.  Il a indiqué que 93% du territoire du Tadjikistan est recouvert de montagnes et que son pays est confronté au problème du stress hydrique.  Chaque année, des centaines de milliers de dollars s’évaporent suite à des catastrophes liées à l’eau qui provoquent des pertes humaines et la destruction d’infrastructures, a-t-il déploré.  Il a aussi fait savoir que 1 000 des 13 000 glaciers des montagnes du Tadjikistan avaient complétement fondus, et que le glacier Fedtchenko s’était contracté de 11 kilomètres carrés et avait perdu 2 kilomètres cubes de glace.  Précisant que 60% des ressources hydriques de l’Asie centrale se trouvent dans les glaciers du Tadjikistan, il a appelé à faire de 2025 l’année internationale pour la protection des glaciers afin d’attirer l’attention sur le phénomène de leur fonte.

Dans un message vidéo préenregistré, M. YOWERI MUSEVENI, Président de la République de l’Ouganda, a appelé à une action plus vigoureuse au niveau international pour favoriser un accès équitable aux vaccins pour tous, avant de fustiger les conséquences du « nationalisme vaccinal ».  Il a noté que la pandémie de COVID-19 avait renforcé les obstacles préexistants à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) en mettant à nu les lacunes existantes.  M. Museveni a félicité le Secrétaire général pour son plaidoyer continu et son engagement permanent en faveur d’un accès équitable aux vaccins, avant d’espérer que cette question de l’accès figurerait au cœur des efforts de reprise.

Il a espéré que le succès de la mise en œuvre du troisième plan national de développement de l’Ouganda sur le thème de « l’industrialisation durable pour une croissance, des emplois et une richesse inclusifs » serait déterminant pour la réalisation des 17 ODD.  Tout en reconnaissant que la pandémie avait freiné certains secteurs économiques, M. Museveni a noté que cette crise avait aussi donné un nouvel élan à la campagne d’industrialisation du pays.  Néanmoins, M. Museveni s’est inquiété des effets croissants des changements climatiques qui réduisent le capital naturel de son pays. 

Bien que l’Ouganda contribue peu aux changements climatiques, M. Museveni a indiqué que l’Ouganda entreprend des actions ciblées, notamment en réalisant des investissements dans des mesures d’adaptation et d’atténuation.  Illustrant son propos, il a cité la promotion de la consommation d’énergie propre et l’expansion de la couverture forestière et des zones humides, entre autres, conformément aux contributions fixées au niveau national.  Le Président a aussi cité les efforts en cours pour restaurer 64 000 hectares de zones humides dégradées au profit de 4 millions d’agriculteurs et reboiser 200 000 hectares avec l’objectif de faire passer la couverture forestière de l’Ouganda de 12,4% en 2015 à 24% en 2030. 

M. Museveni a réaffirmé la volonté de son pays de maintenir sa politique de porte ouverte aux réfugiés en expliquant que l’Ouganda en accueille actuellement 1,4 million, soit le plus grand nombre pour un seul dans toute l’Afrique.  Après avoir souligné la récente décision d’accueillir des Afghans, le dirigeant a expliqué que l’approche de son pays en faveur des réfugiés est ancrée dans la conviction que personne ne choisit de fuir son pays ou d’être un réfugié et que ces personnes méritent d’être traitées avec dignité. 

Par ailleurs, le Président de l’Ouganda a jugé plus urgent et plus impératif que jamais de réformer le Conseil de sécurité pour parvenir une représentation équitable du continent africain.  Il a dit l’importance de promouvoir les droits humains sans les politiser, en indiquant que l’Ouganda se soumettra à l’examen périodique universel lors de la prochaine session du Conseil des droits de l’homme, qui se tiendra en janvier et février 2022.

Depuis le début, l’Azerbaïdjan a pris des mesures vigoureuses et concrètes pour protéger la population et atténuer l’impact négatif de la pandémie de COVID-19, s’est enorgueilli M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de la République d’Azerbaïdjan, dans un message vidéo préenregistré.  Son pays a lancé une campagne d’immunisation dès la mi-janvier 2021 et un plan de relance de l’économie à hauteur de 2,7 milliards de dollars a été mis en place.  Le Président s’est réjoui que les efforts du pays aient été internationalement reconnus, en soulignant que l’Azerbaïdjan avait mené ces programmes en utilisant ses propres fonds.  Dix millions de dollars ont été par ailleurs versés à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et plus de 150 000 doses de vaccin fournies gratuitement à quatre pays, a-t-il ajouté.  

Mais une plus grande solidarité mondiale est nécessaire pour surmonter la pandémie, a réclamé M. Aliyev.  À plusieurs reprises, l’Azerbaïdjan a exprimé son mécontentement face à la constitution de réserves de doses par certains pays riches.  Critiquant une nouvelle fois la persistance du « nationalisme vaccinal » et les inégalités croissantes entre pays développés et pays en développement dans l’accès aux vaccins, le Président a annoncé que le sien prendrait l’initiative d’une résolution sur le sujet lors de l’Assemblée générale.  Nous suggérons aussi d’établir un groupe de haut niveau de l’ONU sur la reprise mondiale à la suite de la pandémie, a ajouté M. Aliyev. 

Rappelant que l’Azerbaïdjan avait été réélu à la présidence du Mouvement des pays non alignés jusqu’à 2023, il a précisé que la mise en œuvre des objectifs de développement durable était d’une importance particulière pour son pays.  L’Azerbaïdjan est à la cinquante-cinquième place sur 165 pays dans le Rapport sur les objectifs de développement durable 2021, s’est enorgueilli son président.  Évoquant ensuite l’Accord de Paris sur le climat, M. Aliyev a réitéré son objectif de réduire de 35% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.  Il a aussi annoncé son objectif d’accroître la part de renouvelables dans la capacité électrique totale de 17% à 30% d’ici à 2030. 

M. Aliyev a ensuite consacré son discours au conflit opposant l’Azerbaïdjan à l’Arménie.  « Je peux aujourd’hui dire avec fierté que l’Arménie a été battue sur le champ de bataille et que l’Azerbaïdjan a mis fin à son occupation », s’est réjoui le Président.  Revenant sur l’occupation de 20% du territoire azéri pendant 30 ans, M. Aliyev a dénoncé les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par l’Arménie.  Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté quatre résolutions en 1993 demandant le retrait des forces armées arméniennes des territoires d’Azerbaïdjan occupés, a rappelé le dirigeant.  Mais toutes ont été ignorées par l’Arménie, a accusé M. Aliyev, citant également celles de l’Assemblée générale des Nations Unies ou du Parlement Européen.  « C’est clairement le signe d’un deux poids, deux mesures », a estimé M. Aliyev, en appelant à la mise en place d’un mécanisme pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. 

M. Aliyev a ensuite rappelé avoir soulevé à plusieurs reprises la nécessité d’imposer des sanctions contre l’Arménie.  Des appels restés sans suite, a regretté le dirigeant.  Accusant l’Arménie d’avoir délibérément détruit le processus de négociations entre les deux pays, M. Aliyev est revenu sur le déroulement des affrontements à partir de juillet 2020.  Il a incriminé l’Arménie pour la mort de plus de 100 civils, dont 11 enfants, et pour avoir fait plus de 450 blessés, assurant que l’Azerbaïdjan n’avait jamais visé de civils.  Précisant ensuite qu’il n’y avait pas de zone territoriale appelée Nagorno-Karabakh en Azerbaïdjan, M. Aliyev a demandé aux États Membres de l’ONU de ne pas utiliser d’appellations « juridiquement inexistantes ou biaisées politiquement ». 

Revenant sur les « actes de barbarie commis par l’Arménie », le Président a expliqué que chaque délégation à l’ONU recevrait un livre illustré montrant les destructions commises par l’Arménie.  Ce pays a commis un « gécocide très grave » dans les anciens territoires occupés d’Azerbaïdjan, a ensuite accusé M. Aliyev, en citant notamment la pollution de la rivière Okhchuchay et l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Le dirigeant a ensuite sommé l’Arménie de fournir des informations sur le sort de 4 000 citoyens déclarés disparus après la première guerre du Karabakh.  M. Aliyev a appelé aussi le pays à prendre la responsabilité des agressions militaires et des autres crimes commis contre l’Azerbaïdjan. 

L’Azerbaïdjan est l’un des pays les plus minés au monde, a déploré M. Aliyev, accusant l’Arménie de refuser de rendre public une carte précise des mines situées dans les territoires libérés et appelant à l’intervention de la communauté internationale.  Nous avons déjà exprimé la volonté d’entamer des négociations de paix avec l’Arménie afin d’amener la paix et la coopération dans la région mais nous n’avons pas vu de réponse positive de l’Arménie, a regretté M. Aliyev.  La communauté internationale doit jouer son rôle positif à ce sujet en incitant l’Arménie à réaliser qu’il n’y a pas d’alternative autre que la paix, a conclu le Président. 

M. MOHAMED YOUNIS MENFI, Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale de la Libye, a consacré son intervention aux derniers développements dans son pays, en prévision des échéances électorales prévues en décembre prochain.  La Libye traverse une étape critique, voire fatidique: soit elle réussit sa transition démocratique par la tenue d’élections libres, équitables, transparentes et acceptables, avant de progresser vers une stabilité et une prospérité permanentes, soit elle échoue et renoue avec la division et le conflit armé.

Au vu de cette situation difficile et des craintes qu’elle reflète, il faut de réelles garanties pour parvenir au succès auquel aspirent les Libyens pour parvenir à un État civil et démocratique.  Malgré les réalisations que nous cherchions à obtenir, que ce soit en consolidant le cessez-le-feu et en s’attaquant à toute tension de nature à éloigner encore davantage les parties, ainsi qu’en travaillant avec le Comité militaire pour ouvrir la liaison entre l’est et l’ouest de la Libye, le problème de l’expulsion des forces étrangères et des mercenaires du pays demeure un véritable défi.  C’est pourquoi le Président du Conseil a appelé la communauté internationale à s’acquitter de ses responsabilités pour soutenir les efforts en cours afin de parvenir à la conduite d’élections de manière sûre, libre, équitable et inclusive.

Depuis que nous avons assumé nos responsabilités, nous nous sommes efforcés de traiter plusieurs dossiers importants, d’obtenir les avantages requis et d’aller de l’avant avec tous les efforts possibles pour veiller à la pleine mise en œuvre des engagements convenus, en particulier la feuille de route émanant du Forum de dialogue politique, du processus de Berlin et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Cependant, nous sommes confrontés à de réels défis et à des évolutions rapides qui nous poussent à réfléchir à des options plus réalistes et pratiques en vue d’éviter les risques de blocage qui pourraient saper le processus politique, « au risque de nous ramener à la case départ ».

C’est pourquoi il a annoncé différentes mesures visant à préserver le processus politique et à éviter au pays d’entrer dans une nouvelle crise.  Il a ainsi invité à une réunion des parties prenantes concernées, notamment les dirigeants des institutions politiques et militaires pour faciliter la recherche d’un consensus pour maintenir le processus politique et organiser des élections sûres, transparentes, justes et acceptables.  Une telle voie requiert, en premier lieu, une concession de la part de chacun, un sens des responsabilités, et de placer l’intérêt de la nation au-dessus de tout autre, a insisté M. Menfi.

Ces dernières années, de nombreuses initiatives et propositions internationales ont été présentées à la Libye pour tenter de résoudre la crise, sans succès.  C’est pourquoi, dans l’intérêt de l’appropriation et du leadership libyens, son pays prend l’initiative d’accueillir une rencontre internationale en octobre prochain, dans le cadre d’une proposition qui traite de diverses pistes politiques.  L’initiative vise à assurer la poursuite du soutien international de manière unifiée et cohérente, conformément à une vision nationale globale. 

Sur le plan économique, M. Menfi a indiqué que le Conseil présidentiel libyen avait examiné avec beaucoup d’intérêt et d’engagement les résultats de la piste économique parrainée par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), à laquelle ont participé des experts libyens d’élite.  Nous pensons que ces recommandations sont l’une des pierres angulaires d’une solution pour désamorcer le conflit en Libye, a insisté M. Menfi.  S’adressant en conclusion au « grand peuple libyen, fier et libre », il s’est dit confiant qu’ensemble avec une forte volonté et une solide détermination , il sortira renforcé de cette épreuve.

Dans un message vidéo préenregistré, le Prince Albert II de Monaco a indiqué que le monde post-COVID-19 se doit d’être plus résilient et durable et exige de repenser les modes de production et de consommation.  « Une gestion rigoureuse de la crise et un soutien conséquent à sa population et à ses entreprises ont permis à la Principauté de surmonter jusqu’ici cette tempête inédite. »  L’action publique a démontré qu’elle conservait une place essentielle dans la résolution des défis mondiaux, a-t-il poursuivi, regrettant néanmoins que la réponse soit demeurée fragmentée.  Le Prince a estimé que la solution ne peut venir que d’une action collective déterminée dont la clef de voûte est le multilatéralisme.  « Le multilatéralisme n’est pas une option, c’est une nécessité. »  Nous devons faire le choix de la coopération équilibrée, celle qui accepte les discussions, les désaccords, les médiations, pour trouver des solutions communes, guidées par les principes et idéaux de la Charte des Nations Unies, a-t-il martelé. 

Le Prince a déclaré que la réduction de la fracture numérique apparaît comme une priorité alors que 3 milliards de personnes n’ont pas accès à l’Internet.  « Il y a trois ans, je lançais le programme Extended Monaco, pour bâtir le Monaco de demain, plus écologique et mieux connecté », a-t-il rappelé.  Mieux préparée, la Principauté a su maintenir l’activité économique, ses services sociaux, éducatifs et culturels, même au plus fort de la crise, a-t-il argué.  Il a déclaré qu’un subtil équilibre reste à trouver « entre, d’une part, la désinformation, le discours de haine, les théories complotistes et, d’autre part, le respect des libertés fondamentales ».  Les mesures prises pour enrayer l’épidémie ont également eu de lourdes conséquences sur la santé mentale et le bien-être des populations, a poursuivi le Prince.  « Cet aspect a d’ailleurs été probablement sous-estimé et il est essentiel que chacun puisse retrouver une vie normale. »  Pour un très grand nombre d’entre nous, un épanouissement personnel s’exprime aussi par la pratique d’une activité sportive, a-t-il noté, en ajoutant que le sport contribue de fait à la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a souligné la nécessité de ne pas laisser la pandémie retarder la réalisation desdits objectifs, ajoutant que celle-ci a mis en lumière les inégalités inhérentes aux systèmes agroalimentaires. 

Le Prince a aussi appelé tous les États à faire preuve de la plus haute ambition lors de la révision de leurs contributions déterminées au niveau national dans la lutte contre les changements climatiques et à adopter des mesures fortes lors de la prochaine COP26 de Glasgow.  « La reconstruction post-COVID se doit d’être verte et durable et, j’irai plus loin, fondée sur la nature. »  La pandémie nous a rappelé à quel point la destruction des écosystèmes pouvait s’avérer coûteuse et dangereuse pour l’être humain, a-t-il dit, en plaidant en faveur de « mesures concrètes » pour la protection de la nature.  À ce titre, la COP15 de la CDB (Convention sur la diversité biologique) nous offre une occasion unique d’adopter un cadre mondial ambitieux pour la préservation de la biodiversité, a-t-il espéré.  Il a en outre estimé que la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable offre une opportunité pour une action collective en vue de lutter contre la dégradation des océans et les menaces provenant de l’activité humaine.  Le Prince a ajouté que Monaco concentre son action au niveau international sur la lutte contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Il a salué la récente nomination de la nouvelle mandataire mondiale pour « Toutes les femmes, tous les enfants », Mme Kersti Kaljulaid, Présidente de la République d’Estonie, « dont la noble mission sera de nous mobiliser sur les besoins en matière de santé des femmes et des enfants ». 

Mettant en garde contre une faillite commune face à la crise climatique, il a indiqué que le point de non-retour est extrêmement proche.  « Face à un risque existentiel, il n’est plus possible de temporiser. »  Le Prince a donc appelé à « replacer le multilatéralisme au cœur de notre action, utiliser tous les outils à notre disposition pour accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et répondre aux besoins de nos peuples et de la planète avant que nos excès ne deviennent irréversibles ». 

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a, dans un message vidéo préenregistré, proposé la tenue d’une conférence internationale sur les causes et les conséquences de la pandémie de COVID-19, et le soutien aux pays les plus faibles.  Si la pandémie a exacerbé des problèmes endémiques tels que les conflits, l’extrême pauvreté ou les migrations, elle a également aggravé la crise économique provoquée par la chute du prix du pétrole sur les marchés internationaux.  La Guinée équatoriale a programmé et appliqué des politiques sur la diversification de l’économie, en essayant de redynamiser d’autres secteurs qui ne sont pas aussi vulnérables ou fluctuants que celui des hydrocarbures, a expliqué le Président.  Malheureusement, ces efforts ont subi un revers important avec les explosions accidentelles à Bata le 7 mars, qui ont causé plus d’une centaine de pertes en vies humaines, de nombreux blessés, ainsi que des dégâts matériels importants, avec un effet très négatif sur l’économie nationale. 

Le Président a tenu à féliciter les gouvernements et les acteurs politiques de la Libye, de la Guinée Bissau et de la République centrafricaine pour leurs efforts en vue de restaurer la paix et la stabilité.  La Guinée équatoriale, a-t-il souligné, est un État souverain qui se garde de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres et s’attend en retour à ce que sa souveraineté soit respectée, a souligné M. Obiang Nguema Mbasogo.  Il a de nouveau plaidé en faveur de la réforme du Conseil de sécurité, conformément au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte, qui reflètent la Position commune africaine.  Par ailleurs, le Président a observé avec « une grande inquiétude » la tendance dangereuse de certains pays à imposer des valeurs étrangères, sans tenir compte de l’histoire, de la culture, des traditions et des priorités des autres.  Enfin, il a souligné la situation d’instabilité et d’insécurité croissantes dans la sous-région d’Afrique centrale, où la criminalité transnationale organisée prend la forme de la piraterie.  Le golfe de Guinée est devenu une zone instable qui menace l’existence même des pays côtiers et du trafic maritime international.  Ce problème, a fait valoir M. Obiang Nguema Mbasogo, mérite la même attention mondiale que celle que la communauté internationale avait accordée à la situation dans le golfe d’Aden. 

Dans un message vidéo préenregistré, M. TE BERETITENTI TANETI MAAMAU, Président de la République de Kiribati, a constaté que, face à des défis sans précédent, la réalisation des ODD s’axe dorénavant sur le redressement et le renforcement de la résilience.  Il a déclaré que la consolidation de cette résilience est un des fondements de la vision sur 20 ans qu’a défini son gouvernement pour créer une nation plus prospère, plus pacifique et en meilleure santé.  Cette vision, a-t-il précisé, s’aligne notamment sur l’Agenda 2030 et les Orientations de Samoa.  Il a également indiqué que, pour ne laisser personne de côté, son gouvernement œuvre sans relâche à réduire les inégalités et à mobiliser un appui ciblé à l’intention des communautés marginalisées.  Il a en outre indiqué que Kiribati s’était soumis à l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme en 2020, saluant au passage un processus qui respecte la souveraineté des États Membres.

M. Maamau a ensuite fait savoir que Kiribati peine à atténuer les effets adverses de la pandémie en raison de sa dépendance aux importations, notamment s’agissant des articles médicaux, pour répondre à ses besoins essentiels.  Il a plaidé pour des politiques commerciales holistiques et en synergie avec les priorités de développement de son pays, signalant au passage que son gouvernement privilégie l’amélioration de la connectivité numérique en raison du potentiel qu’elle recèle en matière de croissance inclusive et de développement socioéconomique.  Il a par ailleurs fait savoir que Kiribati est en bonne voie pour vacciner plus de 50% de sa population, et que 70% des Kiribatiens qui se trouvaient à l’étranger avaient pu être réunis avec leur famille.  Mais depuis la découverte du variant Delta, les personnes restantes, notamment les gens de mer, se retrouvent de nouveau bloqués, s’est-il inquiété, assurant de son engagement sans relâche à rapatrier les ressortissants kiribatiens qui demeurent bloqués.

Poursuivant, le Chef d’État a attiré l’attention sur l’importance vitale, pour son pays, de sécuriser les limites de ses frontières maritimes face à la montée du niveau de la mer et aux changements climatiques.  Lorsque la délimitation des frontières maritimes de Kiribati sera achevée, celle-ci doit être permanente et ne saurait être affectée par ces deux phénomènes, a-t-il souligné.  Il a ensuite appelé les États Membres à se réengager en vertu des obligations auxquelles ils ont souscrit dans le cadre de l’Accord de Paris et à revoir à la hausse leurs ambitions en matière de biodiversité et d’adaptation aux changements climatiques.

Dans un message vidéo préenregistré, M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a estimé d’emblée que, ces deux dernières années, la communauté mondiale n’a pas réussi à aborder de manière adéquate certains des problèmes les plus urgents de notre temps, à commencer par la pandémie de COVID-19.  Alors que la disponibilité et la distribution des vaccins sont au cœur de la reprise mondiale, « les faits parlent d’eux-mêmes »: sur 554 millions de doses promises par les nations les plus riches, seulement 91 millions, soit 16%, ont été livrées, a-t-il déploré.  Et en Afrique, moins de 3,5% des habitants ont été vaccinés, ce qui est « honteux ».  À ses yeux, « il y a un virus bien plus terrible que la COVID-19, c’est le virus de l’inégalité ».  Pour que le Mécanisme COVAX puisse remplir son mandat, il importe que les engagements pris par les nations les plus riches soient honorés « et non utilisés comme un levier à court terme », a martelé le Chef d’État, avant d’exhorter la communauté internationale à aider les économies les plus vulnérables du monde à améliorer leur résilience aux chocs futurs.

L’économie des Seychelles, comme celle de nombreux autres petits États insulaires en développement (PEID), a été « mise à genoux » par la pandémie en raison de l’effondrement de l’industrie touristique, a rappelé M. Ramkalawan, pour qui les « insuffisances » dans la réponse à cette crise soulignent le besoin urgent de mesures collectives plus fortes entre les États Membres.  Les vulnérabilités des PEID sont « bien connues », a-t-il fait remarquer, en estimant à cet égard qu’une approche « taille unique » pour l’allégement de la dette et les financements concessionnels n’est « certainement pas la plus appropriée pour nous ».  De fait, l’application de l’Indice de vulnérabilité reste pour les PEID « la seule solution cohérente et viable » pour ces États dont beaucoup, au prix d’un travail acharné, ont atteint le statut de pays à revenu intermédiaire.  Or, l’examen des critères d’aide au développement et d’accès au financement font encore l’objet de débats incessants dans d’innombrables forums, ce qui pénalise gravement les PEID, lesquels sont en outre frappés de manière disproportionnée par « l’injustice environnementale » due aux changements climatiques.  « Nous en sommes les moins responsables, et pourtant nous en payons le plus lourd tribut », a dénoncé le Président.

Malgré « l’énormité du péril » auquel son pays est confronté, M. Ramkalawan a dit croire en des solutions collectives qui conduisent à un monde plus durable et plus vert.  Cependant, les promesses et les engagements doivent être tenus, a-t-il dit, en évoquant la prochaine COP26 à Glasgow.  Il a donc appelé la communauté internationale, « en particulier les plus gros émetteurs du G20 », à accroître leurs contributions déterminées au niveau national « à un niveau qui atteigne voire dépasse les exigences du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ».  En conclusion, il s’est dit convaincu que, grâce au multilatéralisme, le monde parviendra à surmonter les défis auxquels il est confronté, « par l’action collective, la solidarité mondiale et la volonté politique ».

Alors que nous nous dirigeons vers la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), à Doha, l’année prochaine, M. MOEKETSI MAJORO, Premier Ministre du Royaume du Lesotho, a dit garder l’espoir de l’adoption par consensus d’un nouveau programme d’action ambitieux qui devrait faire en sorte que ces pays ne soient pas laissés de côté dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Lesotho, a-t-il promis, entend demander à la communauté internationale d’augmenter le financement des systèmes de santé et d’accroître les investissements dans les infrastructures physiques, le développement scientifique et technologique et la recherche dans les PMA.

Nous pensons que de telles mesures audacieuses nous aideraient à nous remettre sur la trajectoire de la mise en œuvre complète des objectifs de développement durable, a dit le Premier Ministre.  Abordant la problématique des changements climatiques, il a mentionné les initiatives et programmes mises en œuvre par son gouvernement, en parlant de son intention de réduire, sans condition, les émissions nettes de gaz à effet de serre de 10 % d’ici à 2030 et de faire pression pour obtenir une réduction supplémentaire de 25 %.  Guidé par le principe de ne laisser personne de côté, le Lesotho, a rappelé le Premier Ministre, ne cesse de prier la communauté internationale et d’autres organisations régionales et internationales de soutenir les efforts d’adaptation et d’atténuation et de renforcer la résilience, en particulier des pays vulnérables.  C’est la seule de mettre à leur portée la réalisation des objectifs de développement durable.

Sur un autre registre, le Premier Ministre s’est dit vivement préoccupé par le fléau du racisme qui persiste dans toutes les parties du monde.  Il a demandé instamment à tous les États Membres de promouvoir et de protéger collectivement les droits de l’homme et de restaurer la dignité des peuples qui ont été les plus durement touchés par les fléaux du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance.  Il a ensuite affirmé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale doit rester une priorité, surtout en cette période où il existe un besoin urgent de solidarité et d’engagement inébranlable envers le multilatéralisme et l’ONU.

Le Premier Ministre a rappelé que la dernière réforme des Nations Unies remonte à 1963, soit à plus de cinq décennies.  Il s’est dit convaincu que le moment est venu de soulever des questions cruciales pour permettre à l’Organisation de faire face aux menaces du XXIe siècle, « lourde tâche s’il en est ».

M. MARIO DRAGHI, Président du Conseil des Ministres de l’Italie, a, dans un message vidéo préenregistré, tout d’abord constaté un affaiblissement progressif du multilatéralisme qui a garanti la paix, la sécurité et la prospérité depuis l’après-guerre.  Dans le même temps, a-t-il observé, nous sommes confrontés à des problèmes que nous ne pouvons pas résoudre seuls, qu’il s’agisse de la pandémie, des changements climatiques, de la relance économique, de la lutte contre les inégalités et l’insécurité alimentaire, du règlement des conflits ou encore du combat contre le terrorisme.  Autant de questions qui sont au cœur de l’Assemblée générale d’aujourd’hui mais aussi à l’ordre du jour de la présidence italienne du G20. 

Pour M. Draghi, il importe de relancer le multilatéralisme afin de relever les défis de notre temps.  Cela passe, selon lui, par un meilleur accès des pays pauvres aux vaccins et la levée des obstacles logistiques à leur distribution là où ils sont le plus nécessaires.  Nous devons aussi garantir au niveau mondial la libre circulation des vaccins et des matières premières nécessaires à leur fabrication, a-t-il plaidé, réaffirmant le plein soutien politique et financier de son pays au Mécanisme COVAX. 

Alors que la pandémie a eu des effets particulièrement graves dans les pays à faible revenu, le G20 présidé par l’Italie a adopté un train de mesures économiques pour les aider à surmonter cette crise et les accompagner dans leur développement, a indiqué le Chef du Gouvernement italien.  Nous avons soutenu la décision du Fonds monétaire international (FMI) d’émettre de nouveaux droits de tirage spéciaux à hauteur de 650 milliards de dollars, dont 33 milliards de dollars pour les pays africains.  Nous avons aussi accéléré la reconstitution du Fonds IDA-20 de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres et nous souhaitons faciliter une restructuration durable de leur dette, a-t-il ajouté, avant d’assurer que l’Italie maintiendra son soutien au continent africain, qui est « de plus en plus central pour la sécurité et la croissance économique à l’échelle mondiale ».

L’autre urgence est de protéger la planète, les économies et les générations futures face aux changements climatiques, a poursuivi M. Draghi.  En tant que Présidente du G20 et Coprésidente de la COP26 avec le Royaume-Uni, l’Italie entend atteindre des objectifs ambitieux sur les trois piliers de l’Accord de Paris: l’atténuation, l’adaptation et le financement, a-t-il précisé, réitérant son soutien à l’engagement de l’Union européenne (UE) de réduire ses émissions de CO2 de 55% d’ici à 2030 et de parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050.  Il a cependant tenu à rappeler que l’UE ne représente actuellement que 8% des émissions mondiales, contre 75% pour les pays du G20.  À ses yeux, il faut au plus vite éliminer les subventions aux combustibles fossiles et promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables. 

Cette transition aura un coût important mais sera aussi un moteur de la croissance économique, a-t-il soutenu, avant de souhaiter que la table ronde sur le climat annoncée lundi dernier par le Secrétaire général de l’ONU et le Premier Ministre du Royaume-Uni donne un « nouvel élan » aux négociations qui mèneront au Sommet du G20 à Rome et à la COP26 à Glasgow.

Évoquant ensuite la situation en Afghanistan, M. Draghi a mis en garde contre les risques liés à la présence de groupes affiliés à Al-Qaida et à Daech.  Face à la menace terroriste, la communauté internationale doit coopérer efficacement, à commencer par le partage de renseignements, a-t-il souligné, invitant également les États à combiner leurs objectifs de sécurité avec la prévention, la protection des droits de l’homme et le respect de l’état de droit.  « Tous ceux qui ont signé la Charte des Nations Unies et qui adhèrent aux valeurs fondatrices de cette Organisation doivent s’engager dans la résolution de cette crise », a plaidé le Chef du Gouvernement italien, selon lequel la communauté internationale doit notamment exiger que les femmes afghanes préservent leurs droits fondamentaux. 

Active sur ces questions, l’Italie l’est aussi sur le plan humanitaire, alors qu’une personne sur trois en Afghanistan est confrontée à l’insécurité alimentaire et que l’exode de réfugiés se poursuit.  Cette crise appelle également une réflexion sur l’avenir des missions internationales, a estimé M. Draghi qui a réaffirmé l’engagement de son pays en tant que « plus gros contributeur de Casques bleus parmi les pays occidentaux ».  Enfin, après avoir fait état du soutien de son pays au processus de transition en Libye, « sans ingérence extérieure et sous l’égide de l’ONU », il a appelé de ses vœux une « réforme consensuelle » du Conseil de sécurité afin d’assurer une répartition géographique plus équitable des sièges grâce à une augmentation du nombre de membres élus, autre condition d’un « multilatéralisme efficace ». 

M. JAKUB KULHÁNEK, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a d’emblée rappelé qu’il y a deux semaines, nous commémorions le vingtième anniversaire des horribles attaques terroristes commises contre les États-Unis.  Mais cet acte de terrorisme barbare n’était pas seulement dirigé contre les États-Unis, mais aussi contre nos valeurs communes.  Ce crime nous rappellera toujours avec force que nous devons rester unis dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent sous toutes leurs formes, a-t-il dit.  La menace du terrorisme international n’a malheureusement pas diminué, les groupes terroristes et extrémistes violents ayant démontré leur capacité à s’adapter aux nouvelles circonstances, même pendant la pandémie de COVID-19.  « Notre vigilance est donc plus que jamais nécessaire », a mis en garde le Chef de la diplomatie tchèque.

Poursuivant, il a évoqué la situation en Afghanistan qui constitue un défi majeur.  Il importe désormais d’unir nos forces pour y éviter une catastrophe humanitaire, poursuivre notre lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée et prévenir les déplacements forcés et les migrations illégales.  Lors de la Conférence des donateurs à Genève, la République tchèque s’est engagée à accroître son soutien humanitaire aux personnes dans le besoin en Afghanistan.  Notre contribution s’élèvera à environ 5 millions de dollars, a annoncé le Ministre, en insistant sur le fait que l’ONU reste un acteur clef sur le terrain.  Les Taliban doivent garantir un accès libre et sûr à l’ensemble du territoire du pays pour tout le personnel humanitaire et des Nations Unies, y compris le personnel féminin, a soutenu M. Kulhánek.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par les actions des Taliban dirigées contre les femmes et les filles.

Une autre région où la population a été durement éprouvée, selon lui, est le Sahel.  « Avec nos partenaires internationaux et africains, la République tchèque continuera à participer à des activités conjointes de stabilisation pour apporter la paix et la prospérité à cette partie du continent. »  La République tchèque a d’ailleurs mis en œuvre un programme national doté d’un budget annuel de plus de 14 millions de dollars qui soutient les pays africains confrontés aux déplacements forcés et à la migration irrégulière.

Évoquant la pandémie de COVID-19, il a souligné le rôle particulier de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le renforcement des systèmes de santé et la préparation aux pandémies.  Le Chef de la diplomatie tchèque a précisé, dans ce contexte, que dans le cadre de l’Équipe Europe, son pays aura donné plus de deux millions de doses de vaccin d’ici à la fin de 2021, principalement par le biais du Mécanisme COVAX.

Sur un autre sujet, il a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris constituent les pièces maîtresses de nos efforts communs face au réchauffement planétaire.  M. Kulhánek a également alerté sur les profondes fractures numériques mises en évidence par la pandémie, se disant consterné par l’augmentation des cyberattaques contre les infrastructures critiques qui fournissent des services essentiels à nos citoyens.

Poursuivant, il s’est élevé contre un type de haine particulièrement méprisable: la montée de l’antisémitisme et la négation de l’Holocauste.  La République tchèque s’est engagée à prévenir et à combattre l’antisémitisme, tant hors ligne qu’en ligne.  En 2022, elle accueillera une conférence internationale de suivi de la Déclaration de Terezín (2009), approuvée par 47 pays.  Notre ambition, a conclu le Ministre, est de progresser vers la rectification des injustices patrimoniales datant de l’Holocauste et de créer des fonds pour l’éducation et la lutte contre l’antisémitisme, la xénophobie et la haine.

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral aux affaires européennes et internationales de l’Autriche, a commencé par rappeler que « la pandémie n’est pas encore derrière nous », soulignant que nous avons perdu des décennies de gains en développement durement acquis.  Le Ministre a constaté que ce recul serait d’autant plus grave si nous ne garantissons à tout le monde accès au vaccin « dans les plus brefs délais ».  C’est pourquoi, a-t-il dit, l’Autriche figure parmi les principaux contributeurs au Mécanisme COVAX.  Mon pays, a-t-il ajouté, a été le premier à fournir aux voisins des Balkans occidentaux des doses de vaccin via le mécanisme de l’Union européenne.  Mon pays a fait également don de plus de deux millions d’euros de doses de vaccin aux partenaires de la Géorgie, du Liban, de la Tunisie, de l’Ukraine et de l’Iran, a dit le Ministre.

La COVID-19, a-t-il alerté, a nourri le feu des tensions géopolitiques existantes.  Il a cité les situations au Yémen, en Syrie, en Éthiopie, au Haut-Karabakh, au Bélarus, au Myanmar ou encore au Nicaragua.  Il a qualifié de « revers amer » la situation en Afghanistan, en soulignant qu’après 20 ans d’engagement, il semble que nous retournions à la case départ.  Nous ne pouvons pas tourner le dos au peuple afghan, a martelé le Ministre, avant d’annoncer que l’Autriche fournira un total de 20 millions d’euros en aide humanitaire d’urgence à l’Afghanistan et à la région.  Mais, a-t-il souligné, nous devons exprimer clairement nos attentes vis-à-vis des nouvelles autorités au pouvoir à Kaboul.

Le Ministre a ensuite déclaré que les nouvelles technologies ne sont pas « une frontière où les droits de l’homme n’existent pas ».  Selon lui, il faut définir les lignes à ne pas dépasser et cela inclut de prendre du recul par rapport à la création d’armes létales autonomes.  Il a fustigé les systèmes où un algorithme décide en une fraction de seconde qui vit et qui meurt.  Le Ministre a rappelé que l’Autriche a organisé une Conférence sur le maintien du contrôle humain sur ces armes, dans le but d’aboutir à l’interdiction de ces « robots tueurs ».  Il s’est aussi réjoui du fait que son pays accueillera la première Assemblée du Traité d’interdiction des armes nucléaires à Vienne, au mois de mars 2022.  Avant de conclure, le Ministre a souligné l’importance du multilatéralisme et plaidé en faveur « d’une ONU 2.0 ». 

La pandémie a mis en évidence la nécessité d’un système multilatéral fort et efficace, a dit M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Ministre des affaires étrangères du Mexique, jugeant inacceptable que les espaces de la solidarité la plus élémentaire entre les États soient fermés.  En lieu et place, la désinformation, le déni des preuves scientifiques et le repli xénophobe ont gagné du terrain, a-t-il mis en garde.  Selon lui, cette crise sans précédent ne peut être surmontée par des mesures unilatérales ou isolées mais par une coopération renouvelée et une véritable solidarité internationale.

Dès le début, le Mexique a soulevé la nécessité de garantir un accès équitable et universel aux médicaments, vaccins et autres fournitures médicales et le fait à nouveau avec un sentiment d’urgence, soulignant la compétence de l’OMS.  C’est pourquoi le Mexique a présenté une proposition au G20 pour que l’ensemble de la communauté internationale reconnaisse l’OMS en tant qu’« autorité de certification » des vaccins.  Son pays, a poursuivi M. Casaubón contribuera au processus de réforme du système sanitaire international.  D’ores et déjà, le Mexique l’a prouvé en faisant don de plus d’un million de vaccins à des pays frères d’Amérique latine et des Caraïbes.

Sur le volet des changements climatiques, le Mexique a réitéré son soutien à l’Accord de Paris, a dit le Chef de la diplomatie de son pays, en évoquant l’un des plus grands programmes de reforestation au monde « Sembrando Vida » promu par le Gouvernement mexicain.  Sept cent millions d’arbres ont été plantés, ce qui contribue non seulement à lutter contre la dégradation de l’environnement, mais aussi à créer des emplois décents et à améliorer la qualité de vie.  Dans son adresse, M. Casaubón s’est aussi inscrit en faveur de la revitalisation de l’ONU et a souligné, s’agissant de la réforme du Conseil de sécurité que son pays continuera à être un acteur constructif pour que cette instance soit plus représentative, démocratique, transparente et efficace.  De fait, face à la paralysie fréquente de cet organe, le Mexique, avec la France a proposé de réglementer le droit de veto des cinq membres permanents.  Plus d’une centaine d’États nous soutiennent dans cette initiative, s’est réjoui le Ministre.

Il a, par ailleurs, indiqué que son pays continuera d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le commerce et le trafic irresponsable d’armes, ainsi que sur son lien avec la hausse de la violence, des homicides et des crimes qui affectent la sécurité des citoyens et limitent leurs possibilités de développement.  « Nous espérons que le Conseil pourra prendre des mesures en vue d’un contrôle plus strict des armes légères et de petit calibre, car elles alimentent les conflits dans le monde. »

Évoquant la situation régionale, le responsable s’est félicité du rôle de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), une plateforme permettant d’amplifier la voix de l’Amérique latine et des Caraïbes dans les forums multilatéraux.  Il s’est, en outre, félicité du lancement du processus de négociation au Venezuela, facilitée par la Norvège et dont les réunions se sont tenues au Mexique.  « Nous considérons que c’est par le dialogue et la négociation qu’une solution doit être trouvée au bénéfice du peuple vénézuélien », a-t-il insisté.

Pour finir, M. Casaubón a réaffirmé son engagement à respecter les objectifs du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et sur les réfugiés.  « La migration n’est pas un phénomène pernicieux », a-t-il dit.  Au contraire, toutes nos sociétés ont bénéficié, à un certain moment de leur histoire.  Il est de la responsabilité de chacun de respecter et de défendre les droits de toutes les personnes, quel que soit leur statut migratoire.  Dès lors, a-t-il conclu, la coopération internationale est cruciale pour les communautés d’origine, de transit et de destination afin de développer leurs capacités sans avoir à recourir à l’émigration.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, s’est tout d’abord réjoui que cette soixante-seizième session de l’Assemblée générale se tienne en présentiel, « c’est là l’essence de la diplomatie ».  Il a ensuite noté qu’après 18 mois de pandémie de COVID-19, la situation s’est améliorée tout en restant « très incertaine ».  Il a toutefois tenu à remercier la communauté scientifique mondiale qui a rendu possible « la seule réponse à cette crise », à savoir la vaccination.  Mais comme il s’agit d’une « attaque mondiale », la réponse doit l’être aussi, a fait valoir le Chef de la diplomatie hongroise, souhaitant que tout soit fait pour les vaccins soient produits « dans autant de régions possibles dans le monde ».  De même, soulignant que sauver des vies ne doit être « ni idéologique ni politique », il a invité les organes de régulation et les autorités nationales et internationales à mener des procédures fondées sur les faits pour l’autorisation des vaccins, « en mettant de côté toute politisation ».

Pour le Ministre, cette crise n’est pas seulement sanitaire mais économique, comme en attestent les millions de pertes d’emploi, la baisse de 48% des flux commerciaux et la contraction de 5,3% du PIB mondial.  « Notre devoir est de sauver le plus d’emplois possibles et de les remplacer par des nouveaux », et ce, en privilégiant « le travail plutôt que l’aide sociale ».  Nous devons aussi penser aux familles qui font face à un « double fardeau » en devant travailler tout en élevant leurs enfants, parfois privés d’école.  M. Szijjártó a indiqué, à cet égard, que si la croissance atteint 5,5% d’ici à la fin de l’année en Hongrie, le Gouvernement remboursera les impôts payés par les familles pour 2021.  Alors que la pandémie a « transféré des pans entiers de nos vies au monde numérique », il a également fait état d’une réglementation nationale stricte destinée à protéger les jeunes et les familles contre les abus en ligne.

« Si nous sommes incapables de surmonter les défis liés à la COVID-19, nous serons impuissants à l’avenir face à des défis encore plus grands », a averti le Ministre, mettant en garde notamment contre des « vagues migratoires » de grande ampleur.  Qualifiant de « cercle vicieux » le lien existant entre la pandémie et la migration, il a estimé que cette dernière « n’est plus seulement un risque civilisationnel mais aussi un risque sanitaire ».  Il a ensuite évoqué la situation en Afghanistan et « l’échec cuisant » enregistré après 20 ans de présence dans ce pays.  S’il faut « identifier les erreurs commises », notre devoir est d’abord de « limiter les dégâts », d’éviter que le pays ne redevienne un « havre pour les terroristes » et de « prévenir les flux migratoires », a-t-il affirmé, y voyant des « menaces directes » pour les pays voisins et l’Europe.

Il a rappelé à ce sujet qu’en 2015, des millions de migrants ont pu entrer en Europe alors que de nombreux terroristes se cachaient parmi eux.  Depuis, les programmes d’intégration ont échoué et certains quartiers de villes européennes sont devenus des « zones inaccessibles », a constaté M. Szijjártó, avant d’appeler à ne pas commettre les mêmes erreurs avec les Afghans.  De son côté, a-t-il dit, la Hongrie a rempli son « devoir moral » en accueillant 400 Afghans, y compris les membres de leurs familles, qui avaient aidé les troupes hongroises.  « Mais nous n’accepterons personne d’autre », a-t-il tranché.  « Nous protégerons nos frontières et nous résisterons à la pression migratoire ».  En 2015, a encore rappelé le Ministre, nous avions rejeté les quotas obligatoires sur la distribution des migrants et « nous ferons de même cette fois ».  Quant au Pacte mondial sur les migrations, que la Hongrie a refusé de ratifier en 2018, « tout le monde convient, trois ans plus tard, que son approche est un échec total », a-t-il renchéri, non sans préciser que son pays s’emploie à aider les populations tentées par l’émigration, comme les chrétiens du Moyen-Orient, à rester chez elles.  Enfin, considérant que la COVID-19 a insufflé l’espoir d’une plus grande coopération, il a souhaité que celle-ci prenne une forme « plus pragmatique » entre l’Est et l’Ouest.  « Nous en connaissons l’importance en Europe centrale », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Une réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur « le climat et la sécurité » confirme les désaccords entre ses membres sur le rôle qui lui incombe

8864e séance – matin
CS/14644

Une réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur « le climat et la sécurité » confirme les désaccords entre ses membres sur le rôle qui lui incombe

Un débat de haut niveau au Conseil de sécurité a été aujourd’hui l’occasion pour les membres du Conseil d’étaler au grand jour leurs profondes divergences sur la pertinence ou non d’inscrire « le climat et la sécurité » à l’ordre du jour de l’organe principal du système de Nations Unies chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Organisé par l’Irlande, Présidente du Conseil pour ce mois de septembre, le débat avait vocation à mieux faire comprendre les rapports entre les risques de sécurité liés au climat et les travaux du Conseil de sécurité et à étudier les mesures concrètes qui peuvent être prises par celui-ci.  Dans la note de cadrage du débat, la présidence faisait valoir que les risques de sécurité liés au climat étaient de plus en plus largement reconnus et ajoutait qu’on observait un engagement multilatéral croissant en faveur de la lutte contre les changements climatiques dans le cadre des efforts visant à promouvoir la paix et la stabilité.

Dans sa déclaration liminaire, le Secrétaire général de l’ONU a rappelé le caractère particulièrement alarmant du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié le mois dernier, qu’il a qualifié d’« alerte rouge » pour l’humanité.  Il a une nouvelle fois rappelé l’urgence d’une action climatique beaucoup plus audacieuse avant même la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26), prévue à Glasgow en novembre.  Comme devant l’Assemblée générale deux jours plus tôt, M. António Guterres a répété que la marge d’action pour prévenir les pires impacts climatiques se réduit rapidement et a réclamé « un engagement sans ambiguïté et des actions concrètes pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ». 

Pour le Secrétaire général, il n’est pas trop tard pour faire en sorte que l’action climatique contribue à la paix et à la sécurité internationales mais il faut pour cela que l’adaptation aux changements climatiques et la consolidation de la paix se renforcent mutuellement.  Il en a illustré la possibilité par l’exemple des plateformes de dialogue pour la gestion coopérative des ressources naturelles mises en place dans la région du lac Tchad et soutenues par le Fonds pour la consolidation de la paix, qui ont favorisé le reboisement et amélioré l’accès à des moyens de subsistance durables.

Devant le Conseil, M. Micheál Martin, Premier Ministre de l’Irlande, a estimé que ce dernier devait disposer des informations et des outils pour analyser et traiter les risques de sécurité liés au climat.  Il a de tels outils, a-t-il ajouté, en rappelant l’existence d’un groupe d’experts informel de membres du Conseil de sécurité, qui se réunit depuis 2020 pour soutenir les travaux du Conseil sur le climat et la sécurité, sous la coprésidence de l’Irlande et du Niger.

Mettant en garde contre l’« abdication de notre responsabilité » que représenterait le refus d’utiliser ces outils, M. Martin a déclaré que son pays organiserait dans les prochains jours une discussion en vue de l’adoption par le Conseil d’une résolution thématique sur le climat et la sécurité.  Il a demandé à tous les membres du Conseil de s’engager de manière constructive sur cette résolution. 

L’Estonie, la Norvège, le Niger, la Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines ont soutenu cette proposition dans laquelle la Ministre des affaires étrangères de la Norvège, Mme Ine Eriksen Søreide, a vu « un premier pas pour guider l’action du Conseil ».

La France, le Niger, la Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines ont aussi répondu favorablement à une autre proposition de l’Irlande: nommer un représentant spécial pour les risques de sécurité liés au climat.  Son rôle serait de sensibiliser et de promouvoir une plus grande cohérence, a précisé M. Martin.  Il ou elle devrait donner plus de visibilité à cette dimension des conflits, a expliqué M.  Hassoumi Massoudou, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Niger.

Estimant que le Conseil de sécurité avait un rôle vital à jouer, le Secrétaire d’État des États-Unis, M. Anthony Blinken, a demandé qu’on cesse de débattre de la question de savoir si la crise climatique avait sa place à son ordre du jour.  Pourtant, les prises de positions de l’Inde, de la Chine et de la Fédération de Russie ont montré que la question était bel et bien en suspens, confirmant les propos du Premier Ministre de l’Irlande, qui s’était dit conscient des points de vue différents autour de la table du Conseil sur le rôle que celui est appelé à jouer.

« Considérer les conflits dans les zones les plus pauvres du monde par le prisme des changements climatiques ne peut qu’entretenir un récit biaisé alors que les raisons desdits conflits sont ailleurs », a averti la Secrétaire au Ministère des affaires extérieures de l’Inde, qui a mis en garde contre une trop grande simplification des causes de conflit.  À ses yeux, les changements climatiques peuvent être un facteur d’aggravation des conflits « mais ne peut être identifié comme une cause ».

Pour la Fédération de Russie, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social travaillent déjà sur la question des changements climatiques.  Intégrer celle-ci dans les travaux du Conseil mettrait en cause son efficacité.  « Le Conseil a-t-il les instruments pour remédier à cette question sans saper les mandats d’autres organes onusiens? » s’est-il interrogé, avant de citer un proverbe russe: « trop de cuisiniers gâtent la sauce ».  La Fédération de Russie était d’ailleurs représentée à un niveau peu élevé lors de la séance.

C’était le cas aussi de la Chine, qui estime que le Conseil de sécurité a des compétences limitées pour ce qui est des liens entre le climat et la sécurité.  Elle considère donc comme inapproprié que le Conseil se substitue à un organe intergouvernemental chargé de la question.  La Chine s’est toutefois voulue ouverte aux discussions.  Affichant une position moins négative que la Fédération de Russie sur l’intégration de la dimension climatique dans le mandat des opérations de maintien de la paix, elle a toutefois ajouté que le Conseil pourrait en délibérer au cas par cas, mais à condition d’éviter de saper les mandats du maintien de la paix, de créer des doublons et de chercher à intégrer la question climatique à tous les conflits.   

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Climat et sécurité

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait publié le mois dernier un rapport profondément alarmant.  Ce rapport montre que le dérèglement climatique causé par les activités humaines est généralisé et s’intensifie.  Il constitue une alerte rouge pour l’humanité.  Pour M. Guterres, une action climatique beaucoup plus audacieuse est nécessaire avant la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26, qui doit se tenir en novembre à Glasgow avec les pays du G20).   Notre fenêtre d’opportunité pour prévenir les pires impacts climatiques se referme rapidement, s’est-il alarmé, rappelant qu’aucune région n’était à l’abri, les incendies de forêt, les inondations, les sécheresses et autres phénomènes météorologiques extrêmes affectant tous les continents.

Les effets des changements climatiques sont particulièrement profonds lorsqu’ils se combinent à la fragilité et aux conflits, passés ou actuels, a continué le Secrétaire général, pour qui il est clair que les changements climatiques et la mauvaise gestion de l’environnement sont des facteurs de multiplication de risques.  Lorsque les capacités d’adaptation sont limitées, il y a une dépendance accrue à l’égard des ressources naturelles et des écosystèmes, tels que l’eau et les terres fertiles, et les griefs et les tensions peuvent exploser, compliquant les efforts visant à prévenir les conflits et à maintenir la paix.

Ainsi, a illustré le Secrétaire général, en Somalie des sécheresses et des inondations plus fréquentes et plus intenses compromettent la sécurité alimentaire, accroissent la concurrence pour les ressources rares et exacerbent les tensions communautaires existantes, ce qui profite aux Chabab.  Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une baisse importante des précipitations et une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes nuisent à la sécurité de l’eau et de la nourriture. 

L’année dernière, plus de 30 millions de personnes ont été déplacées par des catastrophes liées au climat, a précisé le Secrétaire général.

M. Guterres a rappelé que 90% des réfugiés venaient de pays qui sont parmi les plus vulnérables et les moins capables de s’adapter aux effets des changements climatiques.  Beaucoup de ces réfugiés sont à leur tour accueillis par des pays qui souffrent également des impacts des changements climatiques, aggravant les défis pour les communautés d’accueil et les budgets nationaux.  Alors que la dévastation causée par la pandémie de COVID-19 continue de provoquer d’immenses souffrances, elle sape la capacité des gouvernements à répondre aux catastrophes climatiques et à renforcer la résilience, a aussi constaté le Chef de l’ONU.

Les menaces sont claires et actuelles, a insisté M. Guterres.  Pour le Secrétaire général, il n’est pas trop tard pour faire en sorte que l’action climatique contribue à la paix et à la sécurité internationales.  Il a mis en avant trois priorités absolues en matière d’action climatique.

Premièrement, nous avons besoin d’un engagement sans ambiguïté et d’actions crédibles de la part de tous les pays pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C afin d’éviter les impacts les plus catastrophiques des changements climatiques.  Le Secrétaire général a exhorté tous les États Membres à faire preuve de plus d’ambition dans leurs contributions déterminées sur le plan national d’ici à la COP26 et à traduire leurs engagements en actions concrètes et immédiates.  Collectivement, nous avons besoin d’une réduction de 45% des émissions mondiales d’ici à 2030, a-t-il ajouté.

 Deuxièmement, pour faire face aux impacts déjà désastreux des changements climatiques sur la vie et les moyens de subsistance des populations du monde entier, nous avons besoin d’une percée en matière d’adaptation et de résilience.  Il est essentiel qu’au moins 50% du financement climatique dans le monde soit orienté vers le renforcement de la résilience et le soutien à l’adaptation, a précisé M. Guterres.  Ce besoin est urgent, comme nous le rappellent quotidiennement les impacts climatiques croissants.  Les coûts annuels d’adaptation dans les pays en développement sont estimés à 70 milliards de dollars et devraient atteindre jusqu’à 300 milliards de dollars par an d’ici à 2030, a rappelé le Secrétaire général, qui s’est désolé des énormes lacunes qui subsistent dans le financement de l’adaptation pour les pays en développement.  Pour le Secrétaire général, nous ne pouvons tout simplement pas atteindre nos objectifs climatiques communs ni espérer une paix et une sécurité durables si la résilience et l’adaptation continuent d’être la moitié oubliée de l’équation climatique.  Cette négligence met gravement en péril nos efforts collectifs.  Les pays développés doivent, avant la COP26, tenir leur promesse de fournir 100 milliards de dollars de financement climatique par an au monde en développement et s’assurer que ces sommes bénéficient aux populations les plus touchées.  La qualité de ce financement est également essentielle.  Le financement sous forme de dons est fondamental, car les prêts ajouteront au fardeau de la dette déjà écrasant dans les pays les plus vulnérables au climat.

 Troisièmement, l’adaptation aux changements climatiques et la consolidation de la paix peuvent et doivent se renforcer mutuellement.  Le Secrétaire général a cité en exemple ce qui se passe dans la région du lac Tchad, où des plateformes de dialogue pour la gestion coopérative des ressources naturelles, soutenues par le Fonds pour la consolidation de la paix ont favorisé le reboisement et amélioré l’accès à des moyens de subsistance durables.  En Afrique de l’Ouest et du Centre, les projets transfrontaliers ont permis le dialogue et favorisé une gestion plus transparente des ressources naturelles rares, facteur de paix.  Comme les changements climatiques ont un impact sur les ressources en eau dans le monde entier, nous devons tirer parti de l’eau pour la paix, en tirant les leçons du passé, a poursuivi M. Guterres.  Par exemple, a-t-il fait valoir, dans le bassin de la Save en Europe de l’Est, la coopération transfrontalière en matière d’eau a été le point de départ de la réconciliation et de la coopération régionales après la guerre meurtrière dans les Balkans dans les années 1990.

 Dans tous ces efforts, les femmes sont des agents essentiels du changement, a encore insisté le Secrétaire général, qui a rappelé que le Conseil de sécurité reconnaissait depuis longtemps le rôle des femmes dans le maintien de la paix et cherchait à le renforcer.  Les femmes et les filles sont confrontées à de graves risques dus aux changements climatiques et aux conflits, et leur participation et leur leadership significatifs apportent des résultats plus durables qui profitent à un plus grand nombre de personnes, a-t-il insisté.

Mme ILWAD ELMAN, Elman Peace and Human Rights Centre, a estimé que l’urgence environnementale que connaît la planète risquait de rendre plus difficile encore le maintien de la paix et de la sécurité.  Elle a déploré le soutien insuffisant apporté aux militants dans le domaine de la sécurité climatique, ainsi que la réponse inadéquate aux besoins des communautés affectées.

Mme Elman a ensuite précisé le rôle de son organisation, fondée en Somalie au début des années 1990, qui cherche à prévenir l’extrémisme violent, à encourager le désarmement et la réhabilitation des jeunes et à faciliter la réforme du secteur de la sécurité.  « Nous avons fondé le premier centre de crise face aux viols en Somalie et nous travaillons pour mettre fin à la violence sexuelle », a-t-elle expliqué.

Mme Elman a indiqué que son travail d’activiste était à l’intersection de la sécurité et des changements climatiques: « Nous avons compris que nos efforts de consolidation de la paix et de médiation ne pourront pas être pérennes sans remédier aux questions environnementales plus larges liées à la sécurité ».  Parmi ces questions, elle a cité la pénurie de ressources due à la sécheresse et aux invasions de criquets et qui augmente les risques de conflit clanique, ainsi que la diminution des stocks de thons, qui pousse les pêcheurs somaliens vers la piraterie.

Pour y remédier, Mme Elman a proposé d’appuyer les organisations de la société civile.  Elle a demandé que les praticiens de la consolidation de la paix puissent avoir accès aux informations d’évaluation de risques par le biais du mécanisme de sécurité climatique.  Elle a appelé le Conseil de sécurité et le système onusien à être plus réceptifs aux « solutions venues du bas » et aux processus dirigés par les communautés.  Les dirigeants politiques doivent en outre créer les conditions propices à l’émergence de solutions locales et pérennes, a-t-elle dit, en soulignant la nécessité que les personnes affectées soient associées à l’élaboration des politiques et des processus de paix.  Elle a préconisé un déploiement accru de conseillers à la sécurité environnementale.  « L’élan autour de la question de la sécurité climatique est indéniable, il est temps pour les dirigeants politiques de la traduire en des politiques cohérentes façonnant l’avenir de la consolidation de la paix », a-t-elle conclu.

Pour M. MICHEÁL MARTIN T.D, Premier Ministre de l’Irlande (Taoiseach), les changements climatiques sont le défi majeur de notre génération.  Le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a exposé, en termes clairs, ce qui se passe sur notre planète et ce que l’avenir pourrait nous réserver si nous n’agissions pas, a-t-il rappelé.  Il a donc appelé à agir maintenant pour empêcher un nouveau réchauffement en atteignant des émissions nettes nulle de gaz à effet de serre aussi rapidement que possible.  Il faut redoubler d’efforts pour assurer le succès de la COP26 à Glasgow plus tard cette année, a poursuivi M. Martin, ce qui passe selon lui par une réponse multilatérale concertée urgente aux changements climatiques, impliquant tous les organes de l’ONU.

Cette réponse doit inclure ce Conseil, a souligné M. Martin.  Du Sahel à l’Iraq, ce Conseil a reconnu que les changements climatiques sont l’un des facteurs de conflit et de fragilité, a-t-il rappelé.  Autour du lac Tchad, la combinaison des conflits et de l’impact des changements climatiques a conduit à des violences entre communautés.  Dans la Corne de l’Afrique, des sécheresses répétées sapent les capacités d’adaptation des communautés et perturbent les moyens de subsistance.  Des groupes armés ont pu exploiter ces conditions précaires à des fins de recrutement.  La nécessité d’agir est claire, a tranché le Taoiseach.

L’instabilité provoquée par les effets néfastes des changements climatiques se fait sentir dans le monde entier, a ajouté M. Martin: en Europe, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, au Moyen-Orient, en Asie du Sud et dans de nombreux petits États insulaires en développement (PEID).  Le lien entre climat et instabilité a été reconnu par l’Union africaine, l’Union européenne et le Forum des îles du Pacifique.  L’élévation du niveau des mers, le déplacement et la compétition pour les ressources contribuent aux tensions. 

Pour que le Conseil de sécurité puisse s’acquitter de sa responsabilité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, il doit disposer des informations et des outils pour analyser et traiter les risques de sécurité liés au climat, a affirmé M. Martin.  Un groupe d’experts informel de membres du Conseil de sécurité s’est réuni depuis 2020 pour soutenir les travaux du Conseil sur le climat et la sécurité, a-t-il rappelé, ajoutant que l’Irlande était fière de servir, avec le Niger, en tant que Coprésident de ce groupe.  Ce dernier, a-t-il résumé, offre une plateforme aux membres du Conseil pour comprendre comment intégrer les risques de sécurité liés au climat aux travaux de prévention des conflits, de maintien de la paix, de règlement des conflits et de stabilisation postconflit.  Il fournit ainsi des données et des preuves pour éclairer les actions futures du Conseil.

Ce Conseil peut et doit faire plus, a ajouté le Taoiseach.  À ses yeux, il en a le mandat et les outils.  Ne pas les utiliser « est une abdication de notre responsabilité », a-t-il lancé.  Conscient des points de vue différents autour de la table du Conseil, il a de nouveau insisté sur l’importance de mieux comprendre l’interaction entre les changements climatiques et les situations nationales et régionales inscrites à l’ordre du jour du Conseil.  L’Irlande, a-t-il aussi rappelé, a proposé que le Conseil invite le Secrétaire général à lui présenter un rapport périodique sur cette question et à nommer un représentant spécial pour les risques de sécurité liés au climat, afin de sensibiliser et promouvoir une plus grande cohérence.

Pour faire avancer ces propositions, l’Irlande organisera dans les prochains jours une discussion sur une résolution thématique sur le climat et la sécurité, a annoncé le Ministre, qui a demandé à tous les membres du Conseil de s’engager de manière constructive sur cette résolution.

M. NGUYEN XUAN PHUC, Président du Viet Nam, a estimé que les conséquences des changements climatiques pourraient bien dégénérer en tensions et instabilité géopolitiques et qu’ils nuiraient ainsi à la paix, à la sécurité, au développement et à la prospérité des États et des nations.  Il s’agit vraiment d’une « alerte rouge » et d’une guerre sans coups de feu, qui cause des dommages économiques et des pertes en vies humaines aussi graves que les guerres et les conflits réels, a ajouté le Président.

Le Président a donc avancé trois propositions.  Premièrement, le Conseil de sécurité doit assumer son rôle dans la mise en place de mécanismes d’évaluation, de prévision et d’alerte des risques pour la sécurité climatique à un stade précoce.  La prévention des conflits, les missions de maintien de la paix, l’aide humanitaire et les efforts de reconstruction après les conflits sous les auspices du Conseil de sécurité doivent inclure la sécurité climatique de manière appropriée, a suggéré M. Phuc, proposant que l’ONU établisse un système complet de base de données sur les impacts multidimensionnels de l’élévation du niveau de la mer à l’appui de la formulation de politiques de réponse mondiale.

En deuxième lieu, a continué le Président, l’intérêt des populations, en particulier celui des groupes vulnérables, doit occuper une place centrale si nous voulons aborder harmonieusement la relation inséparable entre la sécurité, le développement et l’humanitarisme.  Le Viet Nam appuie la pleine application des résolutions 2532 (2020) et 2573 (2020) du Conseil de sécurité afin de parvenir à un cessez-le-feu mondial le plus tôt possible et de protéger les civils et les infrastructures essentielles dans les zones de conflit armé.

En troisième lieu, a poursuivi M. Phuc, nous devons continuer à préserver la souveraineté, le rôle clef et la résilience des nations dans les efforts d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.  Nous devons également intensifier la coopération internationale pour compléter et coordonner les ressources afin de réaliser efficacement les objectifs de développement durable, l’Accord de Paris et d’autres traités internationaux.  Il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre avec les pays développés comme chef de file.  Des ressources suffisantes devraient également être allouées aux pays en développement en matière de financement, de technologies et de savoir-faire, afin de garantir qu’aucun pays ne soit laissé de côté dans la lutte commune contre les changements climatiques. 

Le Viet Nam, a déclaré son Président, est l’un des pays les plus durement touchés par les changements climatiques qui mettent en péril les moyens de subsistance et la vie quotidienne de vingt millions de personnes, ainsi que la sécurité alimentaire de l’ensemble du pays et de la région.  Pour cette raison, nous sommes déterminés à développer une économie verte, durable et à faible émission de carbone, comme promis lors de la COP21.

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a appelé à ne pas oublier celles et ceux qui sont les plus vulnérables aux changements climatiques et qui auront besoin d’une assistance internationale.  C’est pour cette raison que l’Estonie a alloué près de 9 millions d’euros pour la période 2011-2020 », a-t-elle ajouté.  Elle a estimé que le Conseil de sécurité disposait des outils pour remédier aux risques de sécurité liés au climat, de manière à la fois efficace et systémique.  La Présidente a estimé que la prévention des conflits devait être la première priorité du Conseil.  Prônant une approche systémique sur le sujet, elle a appelé le Conseil à adopter une résolution sur le climat et la sécurité « c’est comme cela seulement que nous pourrons faire avancer les choses ».

Mme Kaljulaid a souligné l’importance que le Secrétaire général reçoive mandat pour collecter les données et coordonner les politiques dans ce domaine.  Elle a aussi souhaité que les risques sécuritaires liées au climat soient intégrés dans les activités des missions onusiennes, alors qu’actuellement peu de missions disposent de mandats prenant en compte ces questions.  Soulignant l’importance des politiques nationales, la Présidente a noté que la « transition verte » impliquait un élément de compétition entre pays, « certains faisant mieux que d’autres ».  Afin d’éviter toute marginalisation, nous devons nous assurer que cette transition est juste et inclusive, a-t-elle affirmé.

Mme Kaljulaid a estimé que la coopération internationale dans ce domaine, pour être fructueuse, devait être basée sur la confiance, avant de souligner l’importance de disposer de données de qualité pour le développement du multilatéralisme et la prévention des conflits.  Enfin, la Présidente de l’Estonie a rappelé combien la COP26 à Glasgow serait cruciale pour l’action climatique.

M. HASSOUMI MASSOUDOU, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la Coopération du Niger, a déclaré qu’en tant que Coprésident du groupe d’experts informel de membres du Conseil de sécurité qui s'est réuni depuis 2020 pour soutenir les travaux du Conseil sur le climat et la sécurité, le Niger partageait les préoccupations de l’Irlande relatives à l’impact du climat sur la paix et la paix et la sécurité.  Les changements climatiques, « cette autre pandémie, cette fois sans vaccin », se manifestent d’ores et déjà sous nos yeux, a martelé le Ministre rappelant que dans son récent rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait dépeint une situation des plus alarmantes qui appelle à l’action.

Le Niger, et plus généralement les pays du Sahel, vivent de plein fouet cette nouvelle réalité climatique, qui sape leur développement et alimente la compétition autour des ressources fourragères et hydriques, a poursuivi M. Massoudou.  Pour y faire face, les États du Sahel ont mis en place une Commission climat qui a développé un plan d’action ambitieux en vue d’accroître les capacités d’adaptation et de résilience des populations sahéliennes, « mais pour réussir à relever ce défi, il faut tous avancer ensemble ».

Le Ministre a plaidé pour une approche intégrée de la question du lien entre climat et paix par le Conseil de sécurité, et pour que celui-ci investisse dans des actions de prévention des changements climatiques.  Le Conseil de sécurité doit mieux appréhender l’impact des changements climatiques sur la sécurité à travers un rapport du Secrétaire général, a-t-il poursuivi.  Le Niger appelle à une prise en compte systématique de ces risques par le Conseil, qui devrait s’appuyer autant que possible sur les travaux de la Commission de consolidation de la paix et de son Groupe informel d’experts.  Ces travaux lui permettent d’avoir une perspective éclairée des problématiques régionales et nationales des pays et conflits inscrits à son ordre du jour.  Le Niger est également favorable à la nomination d’un représentant spécial pour les risques sécuritaires liés au climat afin de donner plus de visibilité à cette dimension des conflits.  Il soutient également l’adoption par le Conseil d’une résolution sur ce lien.

M. ANTONY J. BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique, a rappelé que le Président Joseph R. Biden avait fait de la lutte contre la crise climatique un élément central de sa politique étrangère et intérieure.  Il a rappelé que la ville et la région de New York avaient au début du mois subi une tempête dévastatrice qui avait tué plusieurs dizaines de personnes, déversant une pluie torrentielle en une heure.  La crise climatique n’est pas en devenir, elle est déjà là, a souligné le Secrétaire d’État, qui a aussi indiqué qu’à deux reprises au cours de la dernière année, le Président Biden avait annoncé un doublement du financement public du climat aux États-Unis.

Pour le Chef du Département d’État, le Conseil de sécurité a un rôle vital à jouer.  Il a donc demandé qu’on cesse de débattre de la question de savoir si la crise climatique avait sa place à son ordre du jour.  Il faut explorer plutôt les moyens de tirer parti de ses outils uniques pour aider ceux qui en ont le plus besoin, a avancé M. Blinken.

Le Secrétaire d’État américain a estimé que les missions des Nations Unies sur le terrain devraient intégrer les risques climatiques et sécuritaires dans leurs mandats comme cela a été fait dans le cas de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  L’ONU devrait du reste intégrer la sécurité climatique dans toute sa planification stratégique, a ajouté M. Blinken, qui a aussi appelé tous les pays à prendre des mesures audacieuses et immédiates pour progresser rapidement vers un monde à zéro émission.  Il a notamment appelé les États à afficher les ambitions les plus élevées possibles à la table de la prochaine COP26, à Glasgow.

M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a livré « trois convictions ».  « La première, c’est que nous devons nous efforcer d’anticiper et de parer aux conséquences des drames climatiques ».  M. Le Drian a ainsi souligné la nécessité d’améliorer la cartographie des personnes vulnérables aux risques, afin de concevoir des plans d’urgence qui incluent des financements préétablis.  Le Ministre a cité l’assurance ARC (African Risk Capacity), institution spécialisée de l’Union africaine avec laquelle les Nations Unies sont très engagées et qui aide les gouvernements africains à améliorer leur capacité à planifier et préparer les réponses aux événements météorologiques extrêmes et aux catastrophes naturelles.  L’initiative CREWS (Climate Risk and Early Warning Systems) lancée lors de la COP21 à Paris, financée chaque année par la France, vise à augmenter de manière significative dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement les capacités des systèmes d’alerte intégrés afin d’améliorer la prévention et l’information sur les risques d’événements climatiques dangereux.  Le Ministre a aussi appelé à apporter aux victimes des catastrophes climatiques l’aide humanitaire d’urgence dont elles ont besoin.

En deuxième lieu, « nous devons empêcher les groupes violents et les terroristes de tirer parti de la confusion et de la détresse générées par les effets des changements climatiques dans des zones déjà marquées par les tensions et les fragilités », a poursuivi M. Le Drian.  Il a insisté sur l’importance de voir le Conseil guidé dans son action par la nécessité d’atténuer les effets des catastrophes climatiques sur les populations et de limiter les conséquences qui pourraient en découler sur le développement de conflits.  « Là où planent de graves menaces sécuritaires, il s’agit de construire un cercle vertueux entre développement et action pour le climat », a-t-il affirmé.  Il a cité en exemple le projet de la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel, programme-phare pour combattre les changements climatiques et la désertification et lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté du Sénégal à Djibouti et dont la relance a été actée à l’occasion du dernier One Planet Summit à Paris.

« Ensemble, nous devons enfin travailler à mieux prendre en compte la dimension sécuritaire des questions climatiques et environnementales », a enfin déclaré le Ministre.  M. Le Drian a ainsi suggéré la préparation par le Secrétaire général d’un rapport bisannuel, destiné à ce Conseil, sur les conséquences des dérèglements climatiques sur la paix et la sécurité internationales.  Le Ministre a aussi proposé la nomination d’un envoyé spécial pour la sécurité climatique afin d’animer l’action de la communauté internationale.

En conclusion, soulignant que le coût de l’inaction serait immense, M. Le Drian a exhorté tous les États à s’engager pour faire de la COP26 un succès en prenant des engagements de réduction des gaz à effet de serre à la hauteur des enjeux pour la planète.

Pour M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Ministre des affaires étrangères du Mexique, le lien entre changements climatiques et paix et sécurité est une thématique au centre des enjeux internationaux.  Depuis le début de la pandémie de COVID-19, il est devenu clair que les menaces pour la paix et la sécurité internationales sont multiples, a noté le Ministre, et l’une d’entre elles tient aux conséquences des changements climatiques, qui peuvent exacerber des conflits existants, voire en provoquer de nouveaux.  Le rapport 2021 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est sans appel, a-t-il insisté.  Malheureusement certains des changements dont il y est fait cas sont déjà irréversibles et aux conséquences graves pour l’activité humaine.  Le Ministre a également relevé que le rapport concluait sur le non-respect de la promesse d’investir jusqu’à 100 milliards de dollars par an dans l’action climatique.  Nous n’agissons pas assez et nous sommes en deçà des objectifs que nous nous sommes nous-mêmes fixés, s’est impatienté M. Casaubón.  Pourtant, a-t-il rappelé, 11 des pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix (CCP) sont directement frappés par les effets des changements climatiques.

Pour le Mexique, il faut pouvoir s’appuyer sur le multilatéralisme pour une action climatique efficace et intégrer les effets des changements climatiques dans la prise de décision au Conseil.  C’est pourquoi il soutient l’idée d’un rapport quinquennal sur les implications sécuritaires de l’impact climatique, l’enjeu étant d’agir à temps en s’appuyant notamment sur la diplomatie préventive et des données pertinentes. 

La création du groupe informel d’experts sur le climat et la sécurité au Conseil de sécurité a été un pas dans la bonne direction, a concédé le Ministre, mais, a-t-il tempéré, il s’agit aujourd’hui de tenir compte de ses recommandations et d’assurer un suivi des objectifs que nous nous sommes fixés.  Le Mexique est déterminé à combattre les changements climatiques avec toutes les parties intéressées afin de trouver des solutions globales et multidimensionnelles, a conclu M. Casaubón.

Mme INE ERIKSEN SØREIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a rappelé que la moitié des 20 pays les plus vulnérables aux changements climatiques étaient également le théâtre d’un conflit armé.  À cette aune, elle a invité le Conseil à s’emparer de cette question.  Elle a cité le cas de l’Iraq, où le manque de ressources en eau nourrit les tensions et les risques d’escalade, ainsi que le Soudan du Sud, où les pertes en bétail peuvent aboutir à des conflits communautaires.  La Ministre a précisé qu’un milliard d’enfants, soit près de la moitié des enfants du monde, vivaient dans des pays soumis à « un risque extrêmement élevé » en raison des changements climatiques.

Pour y remédier, la Ministre a souhaité que le Conseil adopte une approche plus systémique.  Un premier pas serait l’adoption d’une résolution thématique sur le climat et la sécurité afin de guider son action, a-t-elle dit, en précisant qu’il ne s’agit pas pour ce Conseil de s’emparer des tâches d’autres organes onusiens.

Mme Eriksen Søreide a exhorté le Secrétaire général à inclure les risques sécuritaires liés au climat dans ses rapports au Conseil, avant de souhaiter que ces risques soient inclus dans les mandats des missions onusiennes.  « Nous devons renforcer la coordination et garantir une réponse cohérente à l’échelle du système onusien. »  Elle a aussi souhaité que les efforts de médiation et la diplomatie préventive prennent en compte ces risques liés au climat.  Le Conseil a besoin d’informations fiables et de qualité sur les risques climatiques pour chacune des situations inscrites à son ordre du jour, a poursuivi la Ministre.  « Parce que les changements climatiques sont le défi majeur de notre temps, le Conseil doit jouer un rôle de chef de file et s’acquitter des responsabilités inhérentes à son mandat », a-t-elle conclu.

Mme RAYCHELLE OMAMO, Secrétaire aux affaires étrangères du Kenya, a aussi déclaré que les changements climatiques entraînaient des effets profonds à l’échelle mondiale notamment des conditions météorologiques extrêmes, les migrations, la concurrence sur les ressources, les moyens de subsistance et les économies.  Ces conditions réunies exacerbent la fragilité des pays en conflit, en particulier au Sahel, dans la Corne de l’Afrique, au Moyen-Orient et dans les petits États insulaires en développement, a ajouté la Ministre.  Mme Omamo a indiqué que l’adaptation aux changements climatiques devra permettre de prévenir et de résoudre les conflits. 

Mme Omano a aussi souligné que l’ensemble des preuves sur le lien entre le climat et la sécurité devait être développé avec les États et les institutions des pays du Sud, où le défi est le plus vivement ressenti.  L’action climatique doit s’appuyer sur les connaissances et les pratiques locales qui ont fait leurs preuves, en particulier pour renforcer la résilience des communautés face aux aléas climatiques, a-t-elle plaidé.  La majeure partie des ressources pour l’adaptation au climat devra provenir des ressources nationales, a-t-elle ajouté, soulignant également la nécessité de développer des systèmes d’alerte précoce qui mettent en exergue les points chauds des changements climatiques.

M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger de la Tunisie, a appuyé les priorités fixées par le Secrétaire général pour combattre les changements climatiques.  Le monde est en bute à des défis émergents qui menacent la survie même de la planète et des générations futures, a constaté M. Jerandi en citant notamment les aléas climatiques et les pandémies, qui sont des défis collectifs.  Il est nécessaire d’intégrer ces risques dans le travail du Conseil de sécurité, a-t-il estimé, compte tenu de l’impact climatique sur la sécurité alimentaire et la sécurité en général, en particulier en Afrique.

Notant que les groupes les plus fragiles seront moins capables de faire face aux chocs climatiques, le Ministre a appelé à tenir compte du développement dans toute stratégie de paix et de sécurité, et en particulier de l’objectif 13 de développement durable sur l’action climatique.  La Tunisie appelle à une réforme du système financier international afin de répondre aux besoins des pays en développement et de leur permettre de s’adapter aux effets des changements climatiques.  C’est une responsabilité à la fois des pays du Nord et du Sud, a souligné M. Jerandi.  La Tunisie n’épargnera aucun effort, aux côtés de la communauté internationale, pour réduire la menace de la crise climatique, a-t-il assuré, annonçant qu’elle s’est engagée à relever son niveau d’engagement en ce sens, et qu’elle fera des annonces concrètes en ce sens lors de la COP26 à Glasgow.

Avant de conclure, le Ministre a appelé à la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général sur le climat et la sécurité et il a souhaité que le Conseil de sécurité adopte une résolution sur le climat et la sécurité.

M. TARIQ AHMAD, Ministre d’État pour le Commonwealth et le développement, les Nations Unies et l’Asie du Sud du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, a souligné que, si la crise climatique constitue une menace existentielle non seulement pour notre environnement commun mais pour notre sécurité commune, les nations les plus touchées par cette crise étaient déjà parmi les plus fragiles du monde.  Une dizaine des pays les plus vulnérables subissent déjà le poids des conflits armés.  Or, les changements climatiques agissent dans ce cas comme un multiplicateur « cruel », aggravant des situations déjà difficiles.  Avec des institutions défaillantes, des communautés déplacées et des sociétés peu sûres, les nations déchirées par des conflits sont mal équipées pour faire face aux impacts du changement climatique. 

Non seulement cette situation risque de pousser les régions fragiles à leurs limites, a poursuivi M. Tariq, mais elle pourrait provoquer des déplacements de personnes par millions, alors que des villes et des villages seraient rayés de la carte.  Notant aussi que les conséquences des changements climatiques touchent particulièrement les femmes et les filles, M. Tariq a évoqué les risques de violence dans les camps de personnes déplacées et la menace de mariages précoces liés à la pauvreté.

Le monde attend donc de ce Conseil qu’il agisse et qu’il agisse rapidement, a poursuivi M. Tariq, qui a salué les efforts déployés dans de nombreux domaines par l’ONU pour s’atteler à ce problème.  Le Royaume-Uni attend du système des Nations Unies qu’il rende compte de manière exhaustive des liens qui existent entre le climat et la sécurité, afin de pouvoir disposer d’informations pertinentes pour éclairer ses décisions.  Cela signifie notamment d’avoir les bonnes personnes, avec la bonne formation et l’expérience requise, au sein des missions de l’ONU, afin d’anticiper et de répondre à la crise climatique.  Des missions qui, a ajouté M. Tariq, se doivent d’être propres et vertes.  Le Conseil de sécurité doit en outre être à l’écoute des pays qui subissent directement l’impact de l’aggravation de l’insécurité causée par les changements climatiques.  En outre, a-t-il ajouté, les femmes et les filles doivent jouer un rôle significatif dans la lutte contre les changements climatiques, si nous voulons lutter contre les inégalités entre les sexes.  

Inclusifs et unis, nous pouvons faire preuve de leadership mondial face aux menaces mondiales, a estimé le Ministre d’État, qui a ensuite évoqué la COP26 qui doit se dérouler en novembre à Glasgow, un rendez-vous où les efforts requis doivent se transformer en actions urgentes, menées par tous.  Nous devons agir maintenant si nous voulons empêcher les augmentations de température de dépasser 1,5 degré Celsius, a insisté M. Tariq en plaidant en faveur des engagements nets zéro, de contributions déterminées au niveau national ambitieuses et de politiques nécessaires pour les mettre en œuvre.  Il a également insisté sur l’impératif d’obtenir les financements nécessaires pour aider les États vulnérables à s’adapter à notre climat changeant.  Pour sa part, le Royaume-Uni a pris les devants et s’est engagé dès l’année dernière à réduire ses émissions d’au moins 68% d’ici à 2030, -« le taux de réduction le plus rapide de toutes les grandes économies »- et a débloqué une enveloppe de 16 milliards de dollars sur cinq ans pour le financement climatique, a précisé le Ministre d’État.

Mme REENAT SANDHU, Secrétaire au Ministère des affaires extérieures de l’Inde, a souligné la nécessité de remédier à tous les aspects des changements climatiques.  L’action climatique doit être basée sur des principes fondamentaux agréés, dont le plus important est le principe de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives, a-t-elle dit.  À cette aune, elle a estimé que discuter d’un seul aspect des changements climatiques, en l’occurrence de la sécurité climatique, dans une enceinte qui n’est de surcroît pas équipée pour faire face à tous les aspects précités, n’est pas souhaitable.  Elle a en effet pointé le risque de saper la discussion globale sur ce sujet, parmi les plus importants.  « Quand nous délibérons de la sécurisation du climat, nous devons veiller à ne pas mettre en place une discussion climatique parallèle », a-t-elle averti, appelant à poursuivre dans cette voie inclusive de prise de décision, agréée par les États Membres.

« Considérer les conflits dans les zones les plus pauvres du monde par le prisme des changements climatiques ne peut qu’entretenir un récit biaisé alors que les raisons desdits conflits sont ailleurs », a poursuivi Mme Sandhu.  Le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) montre clairement que l’effet de cette évolution climatique sur la violence est contesté, a-t-elle argué, ajoutant que « les changements climatiques peuvent aggraver un conflit mais ne peuvent être identifiés comme une cause » de ces derniers.  Elle a ainsi mis en garde contre une trop grande simplification des causes de conflit et a invité à se concentrer sur le but à atteindre: combattre les effets des changement climatiques.

À ce titre, Mme Sandhu a précisé que l’Inde, qui joue un rôle de chef de file dans l’action climatique, est en passe de s’acquitter de ses engagements au titre de l’Accord de Paris.  Elle a souligné la nécessité d’honorer les engagements en ce qui concerne le financement climatique et les transferts de technologie.  Pour nombre de pays en développement, en particulier en cette période de pandémie qui a asséché les ressources, un financement climatique robuste est des plus importants, a-t-elle dit.  Tout en prenant note des appels pour un financement innovant, Mme Sandhu a mis en garde contre « toute comptabilité créative » dans ce domaine, 100 milliards de dollars de financement climatique étant nécessaires pour atteindre les cibles prévues par l’Accord de Paris.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a déclaré que, pour faire face aux risques de sécurité liés au climat, il est important de renforcer les capacités et l’expertise de l’ensemble du système des Nations Unies.  La représentante a suggéré des conseillers en matière de sécurité climatique dans les opérations et les missions de maintien de la paix.  Elle a aussi proposé la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général pour les risques de sécurité liés au climat.  Le Conseil ne doit pas se soustraire de sa responsabilité de s’attaquer aux incidences des changements climatiques sur la sécurité, a poursuivi M. King.

Le Conseil peut prendre des mesures concrètes, a encore estimé la représentante, avant de demander que soient améliorés les rapports sur le climat et la sécurité, et que soit renforcée la coordination avec les acteurs concernés aux niveaux local, national et régional.  Il faut en outre adopter une résolution ciblée pour mieux permettre au Conseil de faire face aux risques liés au climat et à la sécurité, a ajouté la représentante, qui a par ailleurs encouragé une coordination plus étroite entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil, notamment sur les questions liées au climat, à la sécurité et à la consolidation de la paix.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit que son pays partageait les préoccupations mondiales en ce qui concerne les changements climatiques et leurs effets dévastateurs.  Il a souligné l’importance de mobiliser la volonté politique pour y faire face, en prévision notamment de la COP26.

Le représentant a mentionné les efforts de son pays pour diminuer son empreinte carbone.  Il a ensuite rappelé que l’Assemblée générale et l’ECOSOC travaillaient sur la question des changements climatiques, avant de dénoncer la volonté de certains États de l’intégrer dans les travaux du Conseil.  « Est-ce efficace?  Le Conseil a-t-il les instruments pour remédier à cette question sans saper les mandats d’autres organes onusiens? » s’est-il interrogé, avant de citer un proverbe russe: « trop de cuisiniers gâtent la sauce ».

Se voulant « franc », le représentant de la Fédération de Russie a affirmé que les tentatives obstinées d’inclure cette question dans les travaux du Conseil ne pourraient aboutir qu’à des « mesures bancales et vaines ».  Il a aussi indiqué que l’inscription d’un sujet à l’ordre du jour du Conseil n’était pas un critère d’évaluation de son importance, comme la question climatique le montre bien.  « Il n’y a aucun intérêt à inclure cette question dans les travaux du Conseil », a-t-il martelé, en mettant en garde contre les risques de confusion et de doublons.  M. Polyanskiy a aussi rejeté l’idée d’inclure l’évaluation des risques climatiques dans le mandat des missions onusiennes, les Casques bleus n’ayant ni l’expertise ni les instruments pour ce faire.  Un tel élargissement des mandats aurait en outre un coût qui pourrait porter préjudice à l’exécution des tâches principales des missions.  « Ne diluons pas nos efforts », a-t-il conclu.

M. ZHANG JUN (Chine) a relevé que le dernier rapport du GIEC disait clairement que les changements climatiques représentent une grave menace.  Par conséquent la Chine appelle la communauté internationale à assumer ses responsabilités, à coopérer et à agir.  La Chine attend des engagements concrets en ce sens lors de la COP26.

Toutefois, a souligné le représentant, les liens entre climat et sécurité sont extrêmement complexes et le Conseil de sécurité a des compétences limitées pour ce qui est de la discussion de cette question.  La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l’Accord de Paris sont les plateformes les plus légitimes pour ce faire.  À cet égard, la Chine insiste sur l’impératif d’honorer les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris pour pouvoir avancer dans la lutte contre les effets des changements climatiques.  Il serait inapproprié, selon elle, que le Conseil de sécurité vienne se substituer à un organe intergouvernemental.

Le représentant a également souligné la responsabilité « historique » des pays développés en termes de changements climatiques et a appelé à ne pas perdre de vue cette réalité.  Ces pays doivent assumer leurs responsabilités en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et s’acquitter de leurs engagements, notamment en termes de financement de l’action climatique.  La Chine leur demande un calendrier concret de 2021 à 2025, ainsi que des objectifs clairs pour la période allant au-delà de 2025.  Elle espère pouvoir compter sur des réponses rapides de la part des pays développés, car ce n’est qu’ainsi que l’on pourra parvenir aux objectifs de l’Accord de Paris.

M. Zhang a ensuite souligné que les changements climatiques étaient le fruit de modes de développement non durables, ce qui signifie qu’il va falloir en tenir compte dans les programmes de développement et opter pour une feuille de route pour une économie verte.  La Chine est ouverte à l’idée d’intégrer la dimension climatique au cas par cas dans les délibérations du Conseil mais, a répété le représentant, il faut éviter de saper les mandats du maintien de la paix, de créer des doublons et de chercher à intégrer la question climatique à tous les conflits.

Pour sa part la Chine va revoir à la hausse l’appui aux pays en développement en termes de financement climatique.  Elle s’est engagée à ne plus investir dans l’énergie à base de charbon à l’étranger, a rappelé le représentant.  Sur la scène internationale, la Chine entend poursuivre des efforts durables pour construire « ensemble » une planète propre et belle.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: Les appels à « défendre la démocratie » et à régler les conflits dominent la seconde journée du débat général

Soixante-seizième session,
6e, 7e & 9e séances - matin, après-midi et soir
AG/12366

Assemblée générale: Les appels à « défendre la démocratie » et à régler les conflits dominent la seconde journée du débat général

Au second jour de son débat général annuel, l’Assemblée générale a entendu de vigoureux plaidoyers en faveur de la démocratie, attaquée de toutes parts pendant la pandémie de COVID-19, selon le Président du Ghana; certains États accusant les régimes autoritaires « d’exporter la peur », comme la Présidente de l’Estonie.  Cette journée a été aussi marquée par les appels à régler les conflits actuels, à commencer par le plus ancien d’entre eux, le conflit israélo-palestinien.  « La situation actuelle n’est tout simplement pas tenable », a déclaré le Roi de Jordanie.

L’un des premiers orateurs de la journée, le Roi Salman bin Abdulaziz al-Saud d’Arabie saoudite, a ainsi rappelé son attachement au règlement pacifique des différends et rappelé que son pays contribue « activement » à la recherche d’une solution aux questions liées au Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.  Il a en revanche regretté que les houthistes au Yémen misent sur une solution militaire et espéré que les pourparlers avec l’Iran débouchent « sur une relation basée sur le respect mutuel et la non-ingérence ».  Il s’est néanmoins dit préoccupé par le programme nucléaire iranien, « même si l’Iran persiste à dire qu’il est de nature pacifique ».

Pour ce qui est de la Palestine, le Roi saoudien s’est dit attaché à la réalisation de l’Initiative de paix arabe, tandis que le Roi Abdallah II de Jordanie estimait que la sécurité véritable ne viendra que de la solution des deux États.  Le Roi jordanien a assuré que son pays continuera de préserver le statu quo juridique et historique des lieux saints, en tant que garant.  « J’ai la conviction que la sainteté de Jérusalem pour les chrétiens, les musulmans et les juifs peut nous réunir », a déclaré le Roi.

Les conflits en Europe ont été largement abordés, notamment par le Président de l’Ukraine, M. Volodymyr Zelenskyy, qui a évoqué « le fracas des explosions et des armes dans le Donbass ».  Il a rappelé qu’en 2019, il avait parlé des dizaines de milliers de vies fauchées par ce conflit et des centaines de milliers d’Ukrainiens contraints de fuir.  « Chaque année, nous répétons ces mêmes chiffres », s’est-il désolé, voyant pourtant dans ces sinistres bilans « le prix de la liberté et de l’indépendance ».  C’est pourquoi, selon lui, l’ONU devrait « se faire plus souple et plus agile », notamment en se rendant là où les problèmes surviennent.

De son côté, Mme Maia Sandu, Présidente de la République de Moldova, s’est dite résolue à trouver une solution pacifique et politique au conflit dans la région de Transnistrie, fondée sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays.  La Présidente a réaffirmé la position de son gouvernement sur le retrait complet et inconditionnel des forces russes.  « Nous comptons sur le soutien de la communauté internationale, à cet égard », a déclaré Mme Sandu. 

Évoquant la situation au Mali et en Guinée, le Président du Ghana, M. Nana Akufo-Addo, a précisé que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a suspendu ces deux pays en attendant le retour de la démocratie.  Six mois ont été accordés à la Guinée, a-t-il dit, et la CEDEAO a fait part aux dirigeants militaires maliens qu’elle n’a pas l’intention de reporter la date des élections.  « Un gouvernement démocratique doit être mis en place dès que possible », a déclaré le Président ghanéen.

M. Akufo-Addo a aussi lancé un appel à la défense de la démocratie dans le monde, à l’instar de la Présidente de l’Estonie, Mme Kersti Kaljulaid, qui a accusé les régimes autoritaires d’exporter ce qui se passe chez eux, « dont la peur ».  C’est pourquoi nous devons parler de la répression au Bélarus, nous montrer solidaires face au comportement « agressif et déstabilisateur du régime d’Alexander Loukachenko et reconnaître que la volonté de la nation du Bélarus doit seule façonner son avenir », a affirmé la Présidente.

Alors que l’Estonie est en pointe dans l’utilisation des technologies numériques, la Présidente a indiqué que celles-ci doivent aller de pair avec le respect intégral des libertés fondamentales.  Elles doivent être utilisées au bénéfice des citoyens, et pas pour leur oppression.  Le Président de la Bosnie-Herzégovine, M. Zeljko Komšić, a lui aussi dénoncé le « mépris » des droits de l’homme, y compris dans son propre pays, où « l’égalité des droits n’existe tout simplement pas ».

Les citoyens n’ont pas les mêmes droits devant le système électoral ou l’accès à l’emploi, parce que le système politique privilégie l’ethnicité, a expliqué le Président.  Il a aussi vilipendé ces politiciens qui essayent « d’envahir » le système constitutionnel et juridique de la Bosnie-Herzégovine pour obtenir les clefs du pouvoir, dans ce qui est une stratégie pour s’approprier des parties du territoire.  « Ces tendances sont complètement inacceptables mais aussi extrêmement dangereuses. »

De son côté, le Président du Venezuela, M. Nicolás Maduro, a indiqué que son pays a avancé cette année dans deux « directions fondamentales »: la préparation des élections, le 21 novembre prochain, et le lancement des pourparlers de paix avec l’opposition à Mexico.  Il s’agit, a-t-il souligné, d’un processus très important qui vise à faire revenir à la politique, à la Constitution et à la voie électorale les opposants les plus extrémistes « qui voulaient mener un coup d’état au Venezuela, ont conduit une invasion étrangère et préparé des plans pour m’assassiner ».

Tranchant avec la tonalité alarmiste des discours entendus lors de la première journée, le Président de la Sierra Leone, M. Julius Maada Bio, a pris le parti de « l’optimisme ».  Notre démocratie pacifique, a-t-il affirmé, s’est enracinée et est devenue la norme.  Également optimiste, le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Boris Johnson, a axé tout son discours sur la lutte contre les changements climatiques.  « Nous sommes formidables dans notre capacité à changer les choses et à nous sauver nous-mêmes », a-t-il assuré.

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, jeudi 23 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. ŽELJKO KOMŠIĆ, Président de la présidence de la Bosnie-Herzégovine, a estimé que la pandémie de COVID-19 a été une leçon cruciale sur la facilité avec laquelle le système international peut être secoué mais aussi sur l’importance, pour répondre aux crises, de l’endurance et de la résilience des institutions internationales fondées sur le multilatéralisme.  Soudainement, les relations internationales se sont vues menacées alors que les droits de l’homme étaient érodés.  Le fossé entre les pays riches et tous les autres s’est révélé plus large encore qu’on ne le croyait comme en témoignent les inégalités d’accès aux produits et équipements médicaux, y compris aux vaccins.  Le seul espoir, c’est la santé des économies et des systèmes sanitaires ainsi que celle de l’ONU pour combattre la pandémie et accéder aux vaccins.  

Le Président a tout de même insisté sur l’importance de la coopération que son pays a reçue des voisins et amis.  Cette solidarité, en a-t-il conclu, justifie les investissements dans la coopération régionale.  Mais compte tenu des circonstances, il faut aussi, a estimé le Président, regarder les objectifs de développement durable sous un nouvel angle, en sachant qu’une des questions les plus importantes est celle des besoins de la planète.  Rechercher des réponses aux changements climatiques coûte cher mais il serait encore plus onéreux de ne pas prendre au sérieux les efforts d’atténuation.  En la matière, la facture risque d’être élevée pour les pays les moins avancés et les pays en développement qui dépendent encore de l’énergie fossile et qui n’ont pas les moyens de procéder à une transition rapide vers l’énergie verte.  Le Président a donc plaidé pour un soutien financier.  Il a expliqué que son pays a une capacité d’énergie verte d’environ 40% mais que la fermeture graduelle des centrales thermiques et donc des mines, prévue dans les 25 à 30 prochaines années, provoquera une pénurie d’électricité difficile à combler.

Le Président a soulevé un autre problème, celui de la fuite des cerveaux.  Près de 10% de la population active bosnienne a émigré à la recherche d’opportunités.  Pour stopper cette saignée, il a mis l’accent sur la promotion des droits de l’homme, droits, a-t-il regretté, marqués par la sélectivité et les deux poids, deux mesures.  Il s’est dit inquiet de « la politique ethnique » dans les Balkans occidentaux, fondée sur l’exclusivité et le chauvinisme auxquels s’ajoutent l’intolérance religieuse et l’érosion du sécularisme.  Ces dernières années, s’est-il alarmé, notre société est confrontée à des tentatives de dégrader les droits de l’homme et d’éliminer l’individu et le citoyen, comme détenteur de droits.  Le système complexe des institutions du pays fondé sur les Accords de Dayton rend difficile tout consensus politique sur le fonctionnement de l’État et la perspective de son entrée à l’Union européenne et à l’OTAN.

Le système de valeurs, fondé sur l’égalité des droits, n’existe tout simplement pas en Bosnie-Herzégovine, a tranché le Président.  Les citoyens n’ont pas les mêmes droits devant le système électoral ou l’accès à l’emploi.  Le système politique privilégie au contraire l’ethnicité qui donne plus ou moins de droits.  Le Président a rejeté les pressions, notamment celles de ses pays voisins, pour que son pays fasse de cette ethnicité un facteur fondamental.  Ce qui veut dire, s’est-il indigné, que les droits collectifs auraient la primauté sur les droits individuels.  « C’est tout simplement inacceptable. »  Certains acteurs, a-t-il encore accusé, militent pour créer une atmosphère favorable à l’autodétermination des communautés ethniques, avec pour objectif ultime de démembrer la Bosnie-Herzégovine et d’annexer des parties de son territoire.  Des prix sont attribués à des criminels de guerre glorifiés, sans scrupule ni remords, en violation du droit international et de la Charte de l’ONU.

Dans le même temps, a poursuivi le Président, les principes de la compétence universelle sont manipulés à des fins politiques, au risque de compromettre le droit pénal, la sécurité juridique et donc les droits de l’homme, sans oublier la confiance dans les mécanismes judiciaires.  En plus, certains politiciens essayent « d’envahir » le système constitutionnel et juridique de la Bosnie-Herzégovine pour obtenir la clef du pouvoir, dans ce qui est une autre stratégie pour s’approprier des parties du territoire.  Toutes ces tendances, a martelé le Président, se fondent sur un mépris certain des droits de l’homme.  C’est non seulement complètement inacceptable, mais aussi extrêmement dangereux.

Le Président a dit espéré que le Haut Représentant de la communauté internationale dans son pays reconnaîtra la nécessité de protéger le droit international, les droits de l’homme et l’égalité des droits de tous les citoyens.

Le Roi Abdallah II de Jordanie a insisté sur l’ampleur des défis à relever: une pandémie meurtrière, les changements climatiques, des conflits violents exploités par les extrémistes au niveau mondial, une crise des migrations continue.  « Nos pays ont un intérêt commun à y répondre de manière efficace », a-t-il dit, en appelant de ses vœux une action collective.

Le Roi a estimé qu’un partenariat mondial est essentiel pour résoudre l’un des plus longs conflits de l’histoire moderne, le conflit israélo-palestinien, ajoutant que la guerre à Gaza cette année a montré combien la situation actuelle n’est pas durable.  Il a souligné la nécessité de continuer de financer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui apporte un soutien vital à 5,7 millions de réfugiés palestiniens.  « Combien d’enfants devront encore mourir avant que le monde ne se réveille? »  Le Roi a estimé qu’une sécurité véritable pour les deux parties, et partant pour le monde entier, ne pourra résulter que de la solution des deux États.  « Jérusalem est au cœur de cette paix. »  Il a assuré que son pays continuera de préserver le statu quo juridique et historique de Jérusalem et des Lieux saints musulmans et chrétiens.  « J’ai la conviction que la sainteté de Jérusalem pour les chrétiens, les musulmans et les juifs peut et doit nous réunir. »  Avec un appui international, la Ville sainte peut être, non une cause pour la division, mais un symbole d’unité pour tous, a-t-il poursuivi. 

Évoquant la situation humanitaire et économique critique traversée par le Liban, le Roi jordanien a demandé à la communauté internationale d’apporter son plein soutien au peuple libanais afin de l’aider à surmonter la crise.  « Cela demande une réponse internationale bien planifiée et coordonnée, qui nous engage tous », a-t-il dit, ajoutant que le monde ne doit pas oublier les millions de réfugiés accueillis par le Liban.  Le Roi Abdallah a jugé vital de continuer de soutenir le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le Programme alimentaire mondial.  Il a ensuite affirmé que la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme est loin d’être achevée, « même si nous avons remporté quelques batailles ».  Il a plaidé pour une action collective et mondiale, avant d’évoquer le Processus d’Aqaba qui est une approche holistique permettant de réunir les dirigeants concernés afin d’échanger les bonnes pratiques et de développer de nouvelles stratégies. 

Le Roi a ensuite abordé le défi le « plus existentiel » des temps actuels, à savoir la crise climatique.  Très pauvre en eau, la Jordanie connaît douloureusement l’acuité de cette menace, a-t-il dit, avant de mentionner le plan d’action national pour une croissance verte élaboré par son pays pour y répondre.  « Aucun pays ne peut combattre seul les changements climatiques. »  Cette crise nous rappelle la nécessité de développer de nouvelles façons de répondre aux défis que nous connaissons, a insisté le Roi.  « Nous sommes prêts à nous appuyer sur notre localisation stratégique –au carrefour de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe– pour faciliter la réponse internationale la plus large. »  Le Roi a estimé que chaque pays et région a des forces et capacités pour faciliter une telle réponse.  Ensemble, nous pouvons repenser le monde et le protéger du danger, a-t-il conclu.  « Maintenant, ensemble, prenons les décisions dont nous avons besoin. »

Notant que face à « cette guerre contre le virus, nous n’étions pas tous égaux », M. ANDRY NIRINA RAJOELINA, Président de Madagascar, a expliqué que son pays a dû miser sur des solutions endogènes: l’intelligence de ses scientifiques et de sa pharmacopée traditionnelle.  Il s’est enorgueilli du fait que l’Afrique et les pays « dit » vulnérables ont réussi à mieux encaisser l’impact de la COVID-19 et « à en tirer du positif », contrairement aux prévisions.  Madagascar, a-t-il dit, est même en train d’écrire l’histoire d’une transformation profonde.  La COVID-19 ne l’a pas empêchée de poursuivre les efforts engagés pour rattraper son retard de développement.   Dans le domaine des infrastructures de santé, l’objectif est d’instaurer une santé pour tous en construisant des hôpitaux et des centres de santé de base dans toutes les régions et districts. 

Le plus grand stade de football de l’océan Indien vient d’être inauguré et d’autres infrastructures sportives sont en construction.  Nous investissons dans le sport, car le sport fédère et unit le peuple, a expliqué M. Rajoelina.  Il a également parlé de la nouvelle ville de Tana-Masoandro qui est en construction et qui sera la vitrine de l’océan Indien, ainsi que de la modernisation des réseaux de transport en commun de la capitale et de la construction de logements sociaux.  Madagascar est en pleine construction, s’est-il enorgueilli.  Le pays entre dans une nouvelle ère.  On le constate, on le ressent, s’est réjoui le Président, parlant d’une nouvelle génération de leaders animés d’un sentiment patriotique et d’une vision pragmatique qui impulse le changement.

Il n’en reste pas moins, a-t-il rappelé, que Madagascar est touchée par les changements climatiques, notamment des vagues de sècheresse dans le sud où les sources d’eaux se tarissent et toutes les activités de subsistances deviennent quasi-impossibles.  Pour y remédier, le Président a dit miser sur des actions stratégiques pour apporter un changement radical et durable, notamment par la construction d’un grand pipeline pour alimenter cette région en eau.  Ce grand projet de pipeline reste à réaliser et représente un défi historique, a-t-il concédé.  En matière de lutte climatique, il a appelé chaque État à agir de façon équitable et à hauteur de ses actions polluantes, parce qu’à défaut, « tous les efforts seront vains ».

Mettant l’accent sur l’importance de la souveraineté et de l’unité nationale, le Président a expliqué que parmi les principaux enjeux de Madagascar sur ces sujets, il y a la question des Îles Éparses ou Nosy Malagasy, une question toujours sans solution malgré deux résolutions de l’Assemblée générale demandant à la France d’initier sans tarder des négociations avec Madagascar pour la réintégration de ces Ileś séparées de façon arbitraire.  Des discussions étant actuellement en cours avec le Président Emmanuelle Macron, dans le cadre d’une Commission mixte, M. Rajoelina a espéré une issue positive, juste et apaisée.  Il a invité l’ONU à endosser son rôle pour veiller à cela de façon bienveillante et cohérente.

M. NANA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a souligné sa volonté, en tant que Président nouvellement élu, de construire une économie qui ne dépende pas de la charité et de l’assistance, parce que celles-ci ne durent pas.  « Nous voulons construire un pays solide », a -t-il dit, avant de souligner les conséquences de la pandémie pour les économies africaines: 103 millions d’emplois ont ainsi été détruits.  Il a appelé à vacciner 70% de la population africaine et à promouvoir la production de vaccins sur le continent, en précisant que le Ghana a reçu 5 millions de doses.  « Cela ne suffit pas », a-t-il toutefois prévenu.  Nous espérons vacciner 20 millions de nos citoyens d’ici à la fin de l’année, a poursuivi le Président.  Il s’est étonné des difficultés de déplacement en Europe des Africains ayant reçu le vaccin AstraZeneca, ce vaccin étant devenu à son avis un « instrument de contrôle de l’immigration ».

Pointant du doigt les lacunes dans le financement du développement, il a estimé que la pandémie est une « occasion en or » pour y remédier.  Si la conférence de San Francisco avait lieu aujourd’hui, la Charte de l’ONU serait bien différente, a-t-il dit, en rappelant que nombre de pays africains et des Caraïbes n’étaient pas présents à l’époque.  Il a ensuite dénoncé les Cassandre qui prédisaient que les cadavres joncheraient les rues africaines en raison de la COVID-19, avant de se féliciter que le taux d’infection soit demeuré relativement bas.  « Dieu merci. » 

Le Président du Ghana a appelé à reconstruire en mieux, en précisant que les recettes fiscales ont diminué de 150 milliards de dollars en Afrique en raison de la pandémie.  Plaidant pour un financement du développement novateur, il a indiqué que les 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI sont une autre « occasion en or » pour lutter contre les inégalités mises à nu par la pandémie.  Il a souhaité que 35% de ces droits soient octroyés aux pays africains, avant de souligner la nécessité d’un repositionnement des institutions de Bretton- Woods et du G20 afin qu’elles soient véritablement inclusives.  Il a ainsi proposé que l’Union africaine ait un siège au G20. 

Le Président a redit la détermination de son pays à lutter contre les changements climatiques, ajoutant qu’il ferait des propositions en prévision de la réunion de Glasgow.  Le Président a appelé à défendre la démocratie dans le monde, celle-ci ayant été attaquée de toutes parts pendant la pandémie.  Il a dénoncé les atteintes contre la démocratie au Mali et en Guinée, ajoutant que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a suspendu ces deux pays de ses instances en attendant un retour de la démocratie.  Six mois ont été accordés à la Guinée à cette fin, a-t-il dit.  Concernant le Mali, le Président du Ghana a déclaré que la CEDEAO a indiqué aux dirigeants militaires maliens qu’elle n’a pas l’intention de reporter la date des élections prévues dans ce pays.  Un gouvernement démocratique doit être mis en place dès que possible, a conclu le Président.

Pour M. GOTABAYA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, faire en sorte que tout le monde, partout, soit vacciné est le meilleur moyen de sortir de la pandémie de COVID-19.  Le Sri Lanka, s’est enorgueilli le Président, a multiplié les succès dans son programme de vaccination.  Toutes les personnes de plus de 30 ans sont presque complètement vaccinées, celles de plus de 20 ans le seront d’ici la fin du mois d’octobre et la campagne de vaccination des plus de 15 ans commencera dans un proche avenir.  La pandémie ayant eu des conséquences graves sur la réalisation des objectifs de développement, le Président a plaidé pour le financement du développement et l’allégement de la dette. 

S’agissant des changements climatiques et de la perte de la biodiversité, il a appelé à des actions multilatérales « décisives », arguant de l’héritage philosophique du Sri Lanka, profondément enraciné dans les enseignements du Bouddha, qui souligne l’importance de la préservation de l’environnement.  C’est dans ce contexte, a souligné le Président, que le Sri Lanka est devenu le champion de la Charte bleue du Commonwealth et qu’il dirige le Groupe d’action sur la restauration des mangroves.  En adoptant la Déclaration de Colombo sur la gestion durable de l’azote, qui vise à réduire de moitié les déchets d’azote d’ici 2030, le Sri Lanka contribue également aux efforts mondiaux visant à réduire la pollution. 

M. Rajapaksa a aussi rappelé que son pays a subi les destructions causées par les terroristes religieux extrémistes, après avoir souffert pendant 30 ans, une guerre terroriste séparatiste.  Le terrorisme, a insisté le Président, est un défi mondial qui nécessite une coopération internationale, en particulier sur des questions telles que le partage de renseignements.  Mon gouvernement, a-t-il affirmé, a la ferme intention de bâtir un avenir prospère, stable et sûr pour tous les Sri-Lankais, quelle que soit leur origine ethnique, leur religion ou leur sexe.  Il a conclu en priant l’ONU et la communauté internationale de protéger le patrimoine bouddhiste de l’Afghanistan. 

Dans un message vidéo préenregistré, le Roi SALMAN BIN ABDULAZIZ AL-SAUD d’Arabie saoudite, a estimé que les défis auxquels la communauté internationale se heurte aujourd’hui nécessitent le renforcement des institutions internationales, du multilatéralisme et de la coopération internationale.  Pour sa part, le Royaume a soutenu la riposte à la COVID-19 par des injections de fonds en faveur des plus touchés.  Bailleur de fonds le plus important du monde arabe et l’un des plus importants au niveau international, le Royaume travaille à la reprise de l’économie mondiale, a affirmé le Roi qui a tenu à rassurer la communauté internationale sur la stabilité du prix du pétrole. 

S’agissant des changements climatiques, il a parlé de l’Initiative verte du Royaume et du Moyen-Orient qui devrait permettre aux pays concernés d’atteindre les objectifs internationaux.  Il a partagé sa vision d’une « économie pionnière » et de solutions énergétiques novatrices, sans oublier l’amélioration de la condition de la Saoudienne et des jeunes. 

Également attaché au règlement pacifique des différends, le Roi a rappelé que l’Arabie saoudite soutient, entre autres, l’Iraq dans ses efforts de redressement et de retour dans la communauté des nations.  Nous contribuons aussi activement à la recherche d’une solution durable et pacifique aux questions liées au Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne et œuvrons à la stabilité en Afghanistan, a affirmé le Roi.  Pour ce qui est de la Palestine, il s’est dit attaché à la réalisation de l’Initiative de paix arabe et pour ce qui est du Yémen, il a regretté que les milices houthistes misent sur une solution militaire, en prenant pour cible les infrastructures civiles et les voies maritimes, ce qui met en danger le mouvement des pétroliers dans la région.

Défenseur de la souveraineté de tous les États, le Roi a revendiqué le droit légitime de l’Arabie saoudite à la légitime défense contre les attaques de drones et de missiles balistiques.  L’Iran est un pays voisin, a souligné le Roi, et nous espérons que les pourparlers déboucheront sur une relation basée sur le respect mutuel, la non-ingérence et la fin du soutien aux milices sectaires et aux groupes terroristes.  Il est important, a conclu le Roi, que le Moyen-Orient soit débarrassé des armes de destruction massive.  Il s’est donc dit préoccupé par le programme nucléaire iranien, « même si l’Iran persiste à dire qu’il est de nature pacifique ».  Avant de conclure, le Roi a souligné à nouveau sa ferme opposition à tous ceux qui soutiennent, financent ou abritent des groupes terroristes.

M. ALEJANDRO EDUARDO GIAMMATTEI FALLA, Président du Guatemala, a estimé que face aux répercussions de la COVID-19 et des changements climatiques, la communauté internationale doit montrer que le multilatéralisme et la coopération internationale sont des outils efficaces pour aller de l’avant.  Mon gouvernement, a-t-il dit, est en train de relever cinq défis majeurs: la protection de l’environnement, l’éradication de la faim et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la protection des migrants, la croissance et le développement économiques, et la sécurité régionale par la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues.

M. Giammattei Falla s’est appesanti sur cet « énorme fléau » qui fauche d’innombrables vies, corrompt les sociétés, affecte considérablement l’économie, et conduit à réaffecter des fonds qui auraient pu être consacrés au développement humain.  Je parle du trafic de drogue, un mal qui nous fait souffrir alors que la demande vient en particulier des États-Unis, a dénoncé le Président.  Depuis le début de mon mandat, a-t-il poursuivi, 15 cartels de la drogue ont été démantelés et 6 ont été démobilisés, 2 855 personnes ont été arrêtées, 52 font ou ont fait l’objet de procédures d’extradition pour trafic de drogue et 7, pour d’autres infractions.  Quelque 19 953 kilos de cocaïne et 7 066 livres de marijuana ont été saisis, 1 565 811 plantes de coca ont été détruites ainsi que 4 299 800 de marijuana et 25 929 475 de pavot.

Hier, cela faisait 114 jours qu’aucun vol lié au trafic de drogue n’a été enregistré sur le territoire, soit la plus longue période jamais connue qui démontre l’engagement dans la lutte contre ce fléau.  La réduction notable du trafic par les eaux territoriales du Pacifique est due à la présence permanente des Forces navales spéciales, a encore expliqué le Président qui a dit ne pas comprendre pourquoi ces succès ne pas reconnus par les pays consommateurs, lesquels portent la plus grande responsabilité dans cette « chaîne insensée ».  Le Président a demandé le renforcement de la lutte contre le blanchiment d’argent et des efforts pour rapatrier l’argent de la drogue, décriant au passage le fait que cet argent dort dans les banques des pays consommateurs.

S’agissant des changements climatiques, M. Falla a demandé que la région d’Amérique centrale soit reconnue comme une région très vulnérable aux catastrophes naturelles et déclarée éligible aux financements climatiques.  Concernant la revitalisation de l’ONU, il a voulu que le Conseil de sécurité assume sa responsabilité sans parti pris idéologique et avec objectivité et équité.  Les membres permanents doivent exercer leur droit de veto avec responsabilité et éviter d’aggraver les crises internationales.  Taïwan, a-t-il aussi plaidé, doit être autorisé à apporter son expérience, ses capacités et ses connaissances au multilatéralisme.  Le Président n’a pas manqué de souligner l’importance d’un désarmement complet, irréversible et transparent et condamné, avant de réaffirmer son engagement de résoudre de manière permanente et définitive, devant la Cour internationale de Justice (CIJ), le différend territorial, insulaire et maritime qui oppose son pays à Belize, « avec lequel nous aspirons à une relation privilégiée pour le règlement pacifique des problèmes communs ».

Dans son message vidéo préenregistré, M. DAVID KABUA, Président des Îles Marshall, a déclaré que les petites nations vulnérables comme la sienne avaient un besoin urgent d’une ONU plus forte et a rappelé que, « sans être naïf », son pays ne pouvait oublier que l’ONU avait été créée tant pour inclure la diversité mondiale que pour travailler sans cesse à la réalisation des idéaux communs de démocratie, de sociétés libres et sûres et de principes universels fondamentaux.

M. Kabua a rappelé que la région du Pacifique faisait face à l’émergence d’une menace de sécurité prenant la forme d’une concurrence géopolitique entre les plus grandes puissances du monde.  Il a renouvelé son engagement en faveur d’une région indo-pacifique libre et ouverte et a appelé à se démarquer de tous ceux qui voudraient « nous faire échanger nos valeurs fondamentales contre une incitation facile ».  Il a salué le dialogue sur la défense tenu récemment entre le Japon et les îles du Pacifique, y voyant une « mesure de confiance clef contre l’influence autoritaire ».  Alors même que les Îles Marshall s’éloignent actuellement du Forum des îles du Pacifique, M. Kabua a salué le renforcement du Sommet des présidents micronésiens dans le Pacifique Nord, et s’est dit impatient de forger une voix commune pour s’attaquer aux menaces sécuritaires émergentes.

Abordant la pandémie de COVID-19, le Président s’est félicité du « succès solide » de son pays, qui « reste fièrement sans COVID », en matière de vaccination de « presque toutes les personnes éligibles » et a remercié les États-Unis pour leur action active et précoce.  Il a toutefois rappelé que les frontières de son pays restaient en grande partie fermées, celui-ci n’ayant pas les moyens de faire face même à de petites épidémies.  Alors que la principale activité économique, la pêche, commence à peine à se redresser, le pays reste contraint de réduire ses efforts dans les principaux domaines de développement.  M. Kabua a donc jugé essentiel que le système international continue de renforcer ses efforts pour lutter contre les impacts sociaux et économiques de la pandémie dans les petits pays insulaires éloignés.

Ce sont toutefois les changements climatiques qui restent la plus grande menace pour la sécurité et le bien-être de la région, en particulier pour les pays formés d’atolls de faible altitude comme les Îles Marshall, a poursuivi M. Kabua, qui a rappelé qu’une « majorité mondiale écrasante » exigeait l’application de l’Accord de Paris « par des actes et non par des paroles creuses ».  Le monde, et en particulier les pays plus vulnérables, ne peut pas se permettre de ne pas maintenir la hausse des températures en dessous de 1,5 degré Celsius, a insisté le Chef d’État, qui a dénoncé le fait que les promesses de financement en matière de climat ne soient toujours pas tenues et restent difficilement accessibles à ceux qui en ont le plus besoin.

M. Kabua s’est ensuite félicité des progrès récemment accomplis pour restaurer la Conférence des Nations Unies sur les océans, désormais fixée en 2022.  Il a rappelé que l’action mondiale sur les océans ne pouvait se limiter à des approches fragmentaires et a demandé une volonté politique plus forte.

Face aux atteintes aux droits humains dans le monde, M. Kabua a estimé que de nombreuses situations complexes méritaient « plus d’attention et de diplomatie que les approches génériques ne peuvent le permettre ».  Il a estimé que l’Assemblée générale avait parlé « haut et fort » sur le Myanmar et a rappelé les préoccupations exprimées par l’Assemblée générale et le Conseil des droits de l’homme concernant la situation au Xinjiang et à Hong Kong.  Il a également demandé que le « gouvernement démocratique de Taiwan » soit autorisé à participer de manière égale et digne au système des Nations Unies, y compris l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ainsi qu’aux activités liées aux objectifs de développement durable.

Mme MAIA SANDU, Présidente de la République de Moldova, a déclaré que la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, les défis en matière de sécurité internationale et la fragilité de l’ordre international fondé sur des règles exigent que tous travaillent ensemble pour trouver des solutions durables.  La République de Moldova est confrontée à quatre défis, a annoncé la Présidente, dont la pandémie de COVID-19.  La population a pu être vaccinée dès le mois de mars, grâce aux partenaires extérieurs, a-t-elle dit, en précisant que le pays dispose maintenant d’un approvisionnement suffisant en vaccins.  Le deuxième défi est celui que posent les changements climatiques qui se traduisent par de graves sécheresses, des inondations, des récoltes et moyens de subsistance en ruine.  Pourtant, a-t-elle informé, l’empreinte climatique de la République de Moldova est faible et le pays s’engage à la maintenir ainsi en modernisant l’économie, en améliorant la gestion des forêts, en passant à une économie verte et circulaire, en promouvant l’énergie propre, en préservant les ressources en eau et en promouvant une production et une consommation responsables et durables. 

Le troisième défi, pour la Présidente, est la sécurité internationale.  Elle s’est dit gravement préoccupée par la détérioration de la situation en matière de sécurité dans la région de la mer Noire tout en restant résolue à trouver une solution pacifique et politique au conflit dans la région de Transnistrie, fondée sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République de Moldova.  Nous continuerons à promouvoir des mesures de confiance en mettant l’accent sur la protection des libertés et droits fondamentaux dans la région de Transnistrie qui est « une question prioritaire pour mon pays », a déclaré Mme Sandu.  Elle a réaffirmé la position de son gouvernement sur le retrait complet et inconditionnel des forces russes, y compris l’enlèvement ou la destruction des stocks de munitions de Cobasna, qui constituent une menace pour la sécurité et l’environnement de la région dans son ensemble.  « Nous comptons sur le soutien de la communauté internationale à cet égard. »

Pour Mme Sandu, l’érosion de la démocratie et le déclin de la confiance dans l’État qu’elle entraîne est un autre défi mondial important.  En tant que communauté internationale, nous devons promouvoir la transparence et l’obligation de rendre des comptes au niveau international, a-t-elle plaidé, demandant d’unir les efforts pour lutter contre le blanchiment d’argent et enquêter sur les flux financiers illicites.  Nous devons faire un meilleur usage des outils de saisie des avoirs et travailler ensemble pour réprimer le crime organisé, a encore demandé la Présidente. 

Le monde n’ayant aucun plan lorsque la pandémie a éclaté, chaque pays a dû développer sa propre formule, a dit avoir constaté M. LUIS LACALLE POU, Président de l’Uruguay.  La meilleure version de cette pandémie est que l’humanité a su montrer sa faculté d’adaptation et de survie, et la mauvaise, c’est que la COVID-19 a révélé des inégalités structurelles et des problèmes éthiques dans toutes les sociétés.  Soulignant la « vocation démocratique » de l’Uruguay, le Président a affirmé que les libertés individuelles y sont sacrées et dénoncé la fausse dichotomie entre ces libertés et l’action publique.  Les libertés individuelles, a-t-il professé, ne peuvent être conçues sans la responsabilité et la solidarité.  En Uruguay, les citoyens ont montré que l’exercice responsable de leurs libertés permet une meilleure gestion de la pandémie. 

Au niveau national, a poursuivi le Président, le monde a vécu la course contre la montre pour développer les vaccins, lesquels ont été mis sur le marché en un temps record.  Mais les pays ont dû les acheter eux-mêmes, alors qu’un vaccin est essentiel pour recouvrer les libertés individuelles, dont la liberté de commerce et d’accès aux marchés.  Au moment où l’Uruguay s’ouvre davantage au monde, a dit le Président, il nous faut plus de coordination entre les blocs et les grandes puissances.  Il en a profité pour s’attarder sur les violations des droits de l’homme commises par certains gouvernements, devant lesquelles « nous ne pouvons rester silencieux ».  L’abus de pouvoir, a martelé le Président, est contraire aux libertés, et il semble, a-t-il estimé, que certains gouvernements « ont peur » de leur propre peuple.  Il a conclu en appelant à la création d’un mécanisme financier qui permettrait aux pays de poursuivre leurs progrès en matière de développement durable.

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a souligné que le monde a pu rester en contact pendant la pandémie grâce à Internet.  « À travers les larmes que nous avons versées pour nos chers disparus, du fin fond du désespoir et de la dévastation, des solutions ont émergé qui nous permettront de devenir des sociétés meilleures, plus égalitaires. »  La Présidente a estimé que la pandémie a montré que le monde, s’il concentre ses efforts, peut relever tous les défis.  Elle s’est ainsi dite encouragée par la lutte contre les changements climatiques, aussi périlleuse que celle contre la pandémie.  Si nous luttons avec la même ferveur que celle dont nous avons fait preuve pour trouver des vaccins, alors cette décennie pourrait être celle du grand relèvement, a dit la Présidente.  « Si nous échouons, elle marquera au contraire le début de la fin. »

Elle a ensuite déploré les guerres en Ukraine et en Syrie, avant de dénoncer les régimes autoritaires, comme celui du Bélarus, qui use de nouveaux outils hybrides pour attaquer les sociétés démocratiques.  Elle a insisté sur l’énormité des besoins humanitaires en Afghanistan, plus de 18 millions de personnes ayant besoin d’une aide.  Elle a mis en garde contre un recul pour les Afghanes, avant d’indiquer que les femmes ont été très touchées par la pandémie partout dans le monde.  La Présidente a appelé à renforcer la campagne vaccinale dans le monde pour mettre fin à la pandémie et favoriser la reprise.

La transformation technologique, a-t-elle poursuivi, doit aller de pair avec le respect intégral des libertés fondamentales.  Elle a insisté sur le potentiel du numérique pour combler le fossé entre les pays, « évidemment, sans conforter dans leur position les régimes répressifs ».  Les outils numériques doivent être utilisés au bénéfice des citoyens, et pas pour leur oppression.  La Présidente a rappelé que son pays est l’un des créateurs du cadre normatif pour un comportement responsable des États dans le cyberespace, dont le cœur doit être le respect du droit.  L’Estonie, membre du Conseil de sécurité, a organisé les premières discussions de l’année.  

Les pays répressifs, a-t-elle encore dit, exportent ce qui se passe chez eux, dont la peur.  C’est pourquoi nous devons parler de la répression au Bélarus, nous montrer solidaires face au comportement « agressif et déstabilisateur du régime d’Alexander Loukachenko » et reconnaître que la volonté de la nation du Bélarus doit seule façonner son avenir.  Elle a aussi voulu que l’on n’oublie pas la situation en Crimée et dans l’est de l’Ukraine.  La sécurité de l’Ukraine est aussi la nôtre, a-t-elle martelé, et a souligné que son pays a veillé au Conseil de sécurité à ce que l’agression de la Fédération de Russie dans le Donbass et son annexion illégale de la Crimée demeurent inscrites à l’ordre du jour.  En conclusion, elle a appelé à la solidarité dans la réponse aux défis actuels.

Pour le Président du Suriname, M. CHANDRIKAPERSAD SANTOKHI, les tournants imprévisibles du paysage politique et économique mondial démontrent que la coopération multilatérale, la solidarité internationale et les actions concrètes sont plus que jamais nécessaires.  La pandémie de COVID-19 a clairement mis en évidence les échecs du multilatéralisme et de la solidarité internationale et dévoilé les faiblesses des mécanismes internationaux et de l’infrastructure juridique internationale.  Malheureusement, le principe d’efforts et de responsabilité collectifs a été remplacé par une approche plus individualiste, faisant passer la nation au premier plan, a regretté M. Santokhi. 

Le Président a plaidé pour des mesures innovantes ancrées dans les technologies modernes pour renforcer les systèmes de santé.  Il a également attiré l’attention sur les aspects sociaux et psychologiques de la pandémie, l’élargissement du fossé dans l’éducation, la fracture numérique et les inégalités d’accès aux vaccins.  Le Président a regretté que de nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes, connus comme une région à revenu intermédiaire, n’aient « malheureusement » pas bénéficié des différentes solutions d’allégement de la dette multilatérale présentées dans le contexte de la COVID-19.  Il a plaidé pour la mise en place d’un fonds de relance COVID-19, avec l’appui des institutions financières internationales et du secteur privé.  La « nouvelle normalité » post-COVID-19 doit supprimer tous les obstacles au commerce et aux investissements. 

Au-delà du grave impact de la COVID-19, le Suriname, a poursuivi le Président, a connu comme d’autres des difficultés financières et économiques, dont un fardeau de la dette particulièrement lourd.  L’accès à des financements concessionnels est donc d’une importance cruciale pour relancer l’économie, a souligné le Président qui a dénoncé les critères « irréalistes, injustes et contre-productifs » de classification des pays.  Il a dit attendre avec impatience de nouvelles méthodes de soutien financier, basées sur la réalité socioéconomique des pays concernés.  Il a fermement soutenu l’indice de vulnérabilité multidimensionnel, défendu par les petits États insulaires en développement et la levée des barrières bureaucratiques qui réduisent l’accès à l’aide.

Passant à l’impact des changements climatiques, le Président Santokhi a parlé des pays à faible élévation, dont le sien, qui sont particulièrement vulnérables, même s’ils ont le moins contribué à ce problème.  Le Suriname est un pays à faible déforestation, avec une couverture forestière d’environ 93%.  Il contribue de manière significative à l’atténuation des effets des changements climatiques et il est l’un des rares pays au monde à avoir un bilan carbone négatif.  Pourtant, s’est étonné le Président, nous ne bénéficions pas pleinement des arrangements liés à la gestion saine des forêts ni d’un accès équitable aux financements climatiques.  À la veille de la COP26, a conseillé le Président, il faut garder à l’esprit que les nobles idéaux et les engagements politiques prétendument forts n’auront aucun sens, s’ils ne sont pas soutenus par des financements adéquats.  La COP26, a-t-il martelé, doit donc se traduire par des engagements « ambitieux et réalisables », y compris celui des pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir les pays en développement, comme convenu dans l’Accord de Paris sur le climat. 

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a plaidé pour une riposte robuste à la pandémie, dont un accès égal aux vaccins, avant de saluer les textes adoptés par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur la pandémie.  Il a souligné l’incidence de la pandémie sur le financement du développement, de nombreux pays accusant des retards dans la réalisation du Programme 2030.  « Faisant néanmoins le choix de l’optimisme », il a détaillé la politique économique de son pays, articulée autour de la diversification de l’économie et de l’augmentation des exportations.  La Sierra Leone a réussi à minimiser le nombre de décès liés à la pandémie, a-t-il dit, en saluant la réception des vaccins envoyés par la Chine mais aussi par la France et les États-Unis.  La Sierra Leone, a dit le Président, ne veut plus être perçue comme un pays « perclus de problèmes », confronté à l’instabilité politique quand il ne se relève pas d’une flambée d’Ebola.  

Notre démocratie pacifique s’est enracinée, elle est devenue la norme, a-t-il déclaré.  Les droits de l’homme sont garantis et une loi liberticide vient même d’être abrogée.  Aucun journaliste n’est poursuivi et la peine de mort a été abolie.  Le Président a aussi affirmé que son pays est engagé dans la lutte contre la violence sexuelle et compte bientôt présenter un projet de résolution sur ce sujet à l’Assemblée générale.  Il a ensuite pointé les lacunes dans le financement climatique, particulièrement dommageables pour les pays les moins avancés.  Il a estimé qu’il est possible de faire advenir un monde plus juste après la pandémie, arguant que nous ne pouvons plus ignorer le milliard de voix que compte l’Afrique et les 54 pays qui la composent.  Les principales structures du pouvoir internationales ont été créées, il y a 75 ans.  Or « nous voulons être des égaux ».  

Le Président a donc demandé la réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus transparent, représentatif et responsable, jugeant qu’il faut imprimer un nouvel élan aux discussions sur ce sujet.  Il a insisté sur son attachement au Consensus d’Ezulwini, en réclamant pour l’Afrique deux nouveaux sièges permanents avec droit de veto et deux sièges non permanents supplémentaires au Conseil de sécurité.

Dans son message vidéo préenregistré, M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président du Venezuela, s’est félicité qu’en dépit de la pandémie de COVID-19, qui affecte les travaux de l’Assemblée générale pour la deuxième session consécutive, les dirigeants du monde continuent d’échanger.  Cet échange de vues, a estimé le Président, doit permettre l’essor d’un nouveau monde de paix, de coopération et de dialogue, dénué de colonialisme, d’impérialisme et d’hégémonie dominante.  Il s’est prononcé pour un monde multipolaire et « pluri-centrique », selon la doctrine du Mouvement des pays non alignés, et a salué les dizaines d’États Membres qui ont fait preuve de solidarité à l’égard du Venezuela, ces dernières années.  Rappelant que son pays dénonce depuis longtemps la « campagne féroce » menée par les élites américaines, M. Maduro Moros s’est élevé contre une « agression permanente » à coups de sanctions économiques, financières et pétrolières « cruelles ».  Il a parlé d’une attaque contre le droit à la liberté économique, déplorant que le Venezuela soit empêché d’acheter ce dont il a besoin et de vendre ce qu’il produit.  De plus, a-t-il dit, les réserves d’or de la Banque centrale sont bloquées à Londres et les comptes bancaires de milliards de dollars, saisis aux États-Unis et en Europe.

Face à cette persécution « systématique, cruelle et criminelle », a poursuivi M. Maduro Moros, le peuple vénézuélien a réagi en cette année qui marque le deux centième anniversaire de la victoire indépendantiste de Carabobo.  Le pays est ainsi passé d’une phase de résistance à une phase de reprise et de croissance soutenue grâce à la science, l’innovation, la technologie et la « capacité spirituelle d’un peuple travailleur » qui « refuse de plier ».  Le Président a appelé les États-Unis et l’Union européennes à lever leurs sanctions et a exprimé sa solidarité avec Cuba, confrontée elle aussi à un blocus.  Il a souhaité à cet égard que l’Assemblée générale diffuse les conclusions du Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’impact négatif des mesures unilatérales coercitives sur la jouissance des droits humains, lequel s’est rendu cette année au Venezuela et a recommandé la levée des sanctions et le respect du droit international.

Le Président vénézuélien a par ailleurs indiqué que son pays a avancé cette année dans deux « directions fondamentales »: la préparation des élections régionales, municipales et locales prévues le 21 novembre prochain et la création des instances de dialogue ainsi que le lancement des pourparlers de paix avec l’opposition à Mexico.  Il s’agit, a-t-il souligné, d’un processus très important qui vise à faire revenir à la politique, à la Constitution et à la voie électorale les opposants les plus extrémistes « qui voulaient mener un coup d’État au Venezuela, ont conduit une invasion étrangère et préparé des plans pour m’assassiner ».  Maintenant, a ajouté le Président, avec le soutien du Mexique, l’aide diplomatique de la Norvège et la présence directe de la Fédération de Russie et des Pays-Bas, nous avançons sur la voie de la reprise socioéconomique.  Avant de conclure, M. Maduro Moros a plaidé une nouvelle fois pour un monde multilatéral qui permette d’en finir avec les anciennes hégémonies et la « prétention de certains de devenir les gendarmes et les juges de tous les peuples du monde ».

Pour M. UKHNAA KHURELSUKH, Président de la Mongolie, le fait que la Mongolie et beaucoup d’autres pays asiatiques aient traversé la pandémie sans conflits importants en matière de droits de l’homme montre « l’avantage de la culture communautaire des Asiatiques sur la culture individualiste ».  La pandémie a exercé une pression énorme sur la santé mondiale, en particulier sur les ressources humaines, les infrastructures et la chaîne d’approvisionnement, et révélé au grand jour la réalité de l’injustice sociale, a noté le Président.  Elle a montré que le secteur de la santé était d’une importance « égale à celle du secteur de la défense », selon lui.

À ce jour, le Mécanisme COVAX a permis de livrer 190 millions de doses de vaccins à 138 pays, représentant un soutien inestimable pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, a poursuivi M. Khurelsukh.  Il a précisé qu’en Mongolie, 65% de la population a été entièrement vaccinée contre la COVID grâce au soutien d’autres pays et à l’action du Gouvernement mongol.  

Rappelant que cette année marque le soixantième anniversaire de l’adhésion du pays à l’ONU, il a fait remarquer que cela avait constitué une garantie supplémentaire de son indépendance et de sa souveraineté.  « C’est un événement important de l’histoire nationale, et célébré comme tel. » 

Revenant encore dans le passé, le Président Khurelsukh a tenu à balayer le cliché selon lequel son lointain ancêtre Gengis Khan était un conquérant cruel.  L’histoire montre qu’il était bien au contraire « un fin diplomate » et un « pacificateur ».  Son rêve s’est concrétisé par une paix solide qui a duré près de 200 ans sur le grand échiquier de l’Eurasie, a-t-il précisé.  Les spécialistes du monde entier appellent cette période « Pax Mongolica » ; elle a apporté une contribution remarquable au développement de l’humanité.  Aujourd’hui, a fait remarquer le Président, la Mongolie est reconnue internationalement comme une nation démocratique et pacifique.  L’adhésion de la Mongolie à plus de 290 traités internationaux est une preuve de son rôle et de ses responsabilités croissantes sur la scène internationale, via notamment la présentation de plus de 90 résolutions de l’Assemblée générale, sa participation aux opérations de maintien de la paix et la création, à Oulan-Bator, du tout premier organe intergouvernemental pour les pays en développement sans littoral.  Avec près de 20 000 Casques bleus déployés depuis 2002, la Mongolie se classe parmi les premières nations mondiales en termes de déploiement de Casques bleus par habitant, s’est-il félicité.

Sur le plan économique, M. Khurelsukh a rappelé que les investissements directs étrangers continueraient à jouer un rôle clef dans les pays en développement après la pandémie.  Dans cette optique, la création d’un environnement commercial favorable ainsi que la promotion des investissements directs étrangers demeurent un objectif fondamental de l’économie mongole.  Le Président s’est réjoui de travailler plus activement que jamais avec les investisseurs étrangers sur une base « mutuellement bénéfique ».

Le savoir-faire ancestral consistant à laisser les pâturages en jachère est une sagesse des bergers mongols, a encore rappelé M. Khurelsukh.  Dans la lutte contre les changements climatiques, le Président a invité à s’inspirer de la civilisation nomade traditionnelle mongole en combinant respect de la nature et apports de la technologie moderne.  Il a aussi fait observer que la désertification menace les moyens de subsistance de plus de deux milliards de personnes dans le monde et en Mongolie, les tempêtes de sable et de poussière devenant un problème majeur.  Une grande partie du territoire est affectée par la dégradation des sols à un certain degré.  Pour l’enrayer, la Mongolie a lancé une campagne visant à planter « des milliards d’arbres d’ici à 2030 », a informé le Président.

M. UHURU KENYATTA, Président de la République du Kenya, a souhaité, dans son message vidéo préenregistré, que le monde prenne au sérieux l’avertissement du Secrétaire général sur le risque d’effondrement de l’humanité.  De ce fait, il a demandé instamment des actions multilatérales immédiates, en commençant par placer un accès mondial équitable aux vaccins au cœur de la reconstruction post-COVID-19.  Ensuite, il a demandé de fournir un soutien financier tangible pour le climat aux pays en développement et veiller à ce qu’une part importante des « usines vertes » soit située dans les pays en développement.  De même, a-t-il poursuivi, nous devons aligner nos outils de règlement des conflits aux changements stratégiques des menaces à la paix et à la sécurité régionales et internationales.  Il a également plaidé pour le renforcement de la compétence des États à gérer la diversité et la confiance entre les citoyens et les institutions, comme celle entre les citoyens et leurs dirigeants.

Le Président kenyan a indiqué que son pays avait réagi rapidement et avec audace pour contenir la pandémie, même si les conséquences économiques ont été importantes.  Pour reconstruire avec succès, il a prôné une réponse mondiale qui permette à la production et à la consommation de rebondir aux niveaux d’avant la pandémie.  Le moyen le plus sûr d’y parvenir serait de rendre le vaccin disponible dans le monde entier, de manière équitable et accessible, a-t-il recommandé, en se désolant que ce ne soit malheureusement pas encore le cas.  Pour M. Kenyatta, l’effort mondial pour « reconstruire en mieux » doit être accompagné de changements structurels concertés pour permettre une augmentation des investissements et des transferts de technologie, pas sous la forme d’actes de charité, mais plutôt avec la motivation de l’intérêt et de la solidarité.  Une Afrique en plein développement offrira au monde entier le bénéfice de ses dividendes démographiques, a-t-il avancé avant de dire que l’Afrique peut devenir un moteur de croissance mondiale durable et un exportateur de paix, de stabilité et de prospérité transformatrice.

M. Kenyatta a en outre appelé à une reconstruction qui soit couplée à l’action climatique.  À l’approche de la COP26, il a appelé à clarifier les engagements qui contribuent aux investissements des pays en développement dans les infrastructures dont ils ont besoin.  Il a ainsi appelé à une reconstruction qui crée des emplois et une prospérité partagée, tout en facilitant l’action climatique.  M. Kenyatta a déclaré que le Kenya est prêt à devenir un pays leader de l’industrie verte.  Le Kenya a d’ailleurs une « stratégie d’économie verte et un plan de mise en œuvre (2016-2030) », ce qui devrait lui permettre d’atteindre une croissance économique plus élevée et de soutenir une trajectoire de développement sobre en carbone.  Le Kenya a également identifié une série de priorités d’adaptation basées sur l’océan et est impatient de coorganiser la deuxième édition de la Conférence des Nations Unies sur les océans avec le Portugal, fin juin 2022, a-t-il dit.

Le Président a aussi mis en avant la mise en place de programmes au Kenya qui permettent de soutenir les plus vulnérables.  « D’ici l’année prochaine, nous aurons atteint une réduction de 27% de la malnutrition des enfants de moins de 5 ans, créé 1 000 PME agroalimentaires et 600 000 nouveaux emplois. »  En octobre 2021, le Kenya assumera la présidence du Conseil de sécurité, a rappelé le Chef de l’État qui entend présider des séances spéciales: une sur la diversité et la construction de l’État et la recherche de la paix; une sur l’impact du commerce illicite des armes légères et de petit calibre sur les missions de la paix; et une sur la promotion de la participation des femmes dans le maintien et la consolidation de la paix.

Depuis son élection en 2014, M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a dit avoir débattu devant l’Assemblée générale de l’impact des changements climatiques; du faible prix du café; de l’instabilité monétaire, et des inégalités d’accès aux vaccins.  Sur ce point, M. Hernández Alvarado a proposé à l’Assemblée « une transformation du système international de santé » et la création d’un fonds d’urgence, financé à la fois par les bailleurs de fonds et les pays en développement pour obtenir des garanties et préparer l’avenir.  2020, a-t-il dit, a été une année « catastrophique » pour le Honduras.  En plus de la COVID, deux ouragans ont ravagé les moyens de production et tué des milliers de personnes.  Les pertes s’élèvent à présent à 4 milliards de dollars, soit 30% du budget annuel.  Les dérèglements climatiques touchent le Honduras alors que 55% de son territoire est couvert de forêts et qu’il contribue très faiblement aux émissions de gaz à effet de serre.  Critiquant un Fonds pour le climat inégalement réparti, le Chef d’État a demandé aux pays industrialisés de financer massivement et sans tarder la transition climatique.

En 2014, a-t-il poursuivi, le Honduras était « le pays le plus violent sur terre », avec une économie en lambeaux.  Aujourd’hui, quelques mois avant la fin de son second mandat, M. Hernández Alvarado a affirmé que son pays est désormais méconnaissable, avec d’excellentes statistiques macroéconomiques et des industries manufacturière et touristique florissantes et créatrices d’emplois.  Il s’est enorgueilli de sa politique de transparence, de son plan de lutte contre la corruption, l’impunité et la criminalité, mené de concert avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONDC).  Les données de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a-t-il signalé, montrent que les programmes gouvernementaux en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) ont jugulé les effets délétères de la pandémie.  Quelque 46 000 logements ont été construits, les infrastructures se sont améliorées et la production agricole a augmenté, s’est réjoui le dirigeant. 

M. Hernández Alvarado a consacré la seconde et plus large partie de son discours à la lutte contre le trafic de stupéfiants dans le pays de transit vers les États-Unis qu’est le Honduras.  En 2010, a-t-il rappelé, l’insécurité était rampante et le pays détenait le triste record des homicides.  Depuis lors, des lois sécuritaires « redoutées par les trafiquants de drogue », ont été adoptées et depuis sa prise de fonction, le Président a dit avoir réduit le transit des drogues de 95%.  « C’est historique et sans pareil », s’est-il réjoui, brandissant un graphique.  Quarante-quatre des plus gros trafiquants de drogue honduriens ont été arrêtés et sont aujourd’hui emprisonnés aux États-Unis.  La police hondurienne, « hier infiltrée par les criminels », a été « refondée » et le taux d’homicides a diminué de 60%.

M. Hernández Alvarado a brandi un autre document contenant la retranscription d’enregistrements secrets de narcotrafiquants honduriens, mis sur écoute par la « Drug Enforcement Agency (DEA) » en 2013.  Les producteurs de la série Narcos, diffusée sur la plateforme Netflix, étudient d’ailleurs ces enregistrements, a-t-il noté.  Aujourd’hui, a-t-il affirmé, les trafiquants se plaignent de ne pas pouvoir négocier avec moi.  Ils disent que je les tiens en échec et évidemment dans des mots plus vulgaires.  « Ils ont raison! », a confirmé le Président, en expliquant qu’en 2014, le FBI et l’Ambassadeur des États-Unis l’ont informé d’une tentative d’assassinat fomentée par des mercenaires mexicains.  Le Chef de l’État a longuement accusé les narcotrafiquants honduriens d’avoir fait de faux témoignages pour lui nuire et obtenir des réductions de peines, dans leurs procès aux États-Unis.  Mais si, s’est emporté le Président, des assassins coopèrent avec la DEA, en faisant de faux témoignages récompensés par les États-Unis, que devons-nous penser des alliances entre pays dans la lutte contre la drogue.   L’honneur des institutions, qui ont cru à cette alliance internationale, est en jeu, a-t-il prévenu, tout de même confiant que les États-Unis renonceront à récompenser ces faux témoignages, y compris l’idée que les militaires honduriens transportent de la drogue. 

Dans son message vidéo préenregistré, M. JOKO WIDODO, Président de la République d’Indonésie, a souligné qu’il était nécessaire d’apporter l’espoir que la lutte contre la pandémie de COVID-19 puisse être « rapide, équitable et égale ».  Car la capacité et la cadence des pays à combattre la COVID-19, notamment pour la vaccination, diffèrent largement entre les pays, a rappelé le Chef de l’État, soulignant que la politisation et la discrimination à l’égard du vaccin se poursuivent.  M. Widodo a donc appelé à réorganiser le système de sécurité sanitaire mondiale en créant notamment de nouveaux mécanismes afin de mobiliser les ressources en santé mondiale plus rapidement et plus équitablement.  Il a aussi invité à définir un protocole sanitaire standardisé concernant les critères de vaccination et les résultats de tests dans le contexte d’activités transfrontalières.

« La reprise économique mondiale ne peut être atteinte que si les pays s’aident les uns les autres », a poursuivi le Président en assurant que « l’Indonésie est ouverte aux investissements de qualité ».  L’engagement du pays en faveur de la résilience aux changements climatiques, des faibles émissions de carbone et de la technologie verte, est ferme et clair, a-t-il dit.  Le Président indonésien a tenu à préciser que le processus de transformation énergétique et technologique « doit faciliter la participation des pays en développement ».  La pandémie de COVID-19, a-t-il relevé, rappelle l’importance de la diversification des centres de production à travers le monde.

Il faut être sévère dans notre combat contre l’intolérance, les conflits, le terrorisme et la guerre, a ensuite déclaré le dirigeant, affirmant notamment que la protection des droits des femmes et des minorités doit être respectée.  Les inquiétudes sur la marginalisation des femmes et la violence en Afghanistan, la question de l’indépendance incertaine de la Palestine ainsi que la crise politique au Myanmar doivent figurer à l’agenda commun, a considéré le Président.  Sur cette dernière question, M. Widodo a rappelé la rencontre des dirigeants de l’ASEAN à Djakarta et l’accord sur un consensus en cinq points, dont la mise en place dépend cependant du plein engagement de l’armée du Myanmar.

En 2022, l’Indonésie assumera la présidence du G20 sur le thème de « Recover Together…Recover Stronger », dont la priorité sera l’inclusion de tous (pays développés et en développement, pays du Nord et du Sud, pays archipels et États insulaires, ainsi que les groupes vulnérables).  L’économie verte et durable sera une autre priorité, a également annoncé le Président indonésien, conscient de la place stratégique de l’Indonésie sur la question des changements climatiques.  Le pays a d’ailleurs réduit ses feux de forêt de 82% entre 2019 et 2020 et la déforestation est à son plus bas niveau depuis 20 ans, s’est félicité son Président.

Face à ces défis internationaux, l’Indonésie réaffirme son soutien au multilatéralisme: « il est impératif pour nous de protéger un multilatéralisme efficace, qui s’accompagne de travaux concrets et de résultats », a conclu M. Widodo.

« Il est l’heure de se réveiller », a lancé M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, à l’entame de son intervention.  Avouant que, depuis qu’il préside son pays, chaque nuit avant une Assemblée générale de l’ONU a été une « nuit blanche » et a assuré que l’Ukraine « s’est réveillée il y a bien longtemps ».  En fait, l’Ukraine ne dort plus depuis la grande famine d’Holodomor et l’horreur de l’Holocauste, a-t-il souligné, avant d’affirmer qu’en 1945, son pays été un des fondateurs de l’ONU.  Aujourd’hui, alors que se pose encore la question du droit de la personne, les fondateurs doivent se demander ce que nous avons fait de ces 76 dernières années, a observé le Président.  Selon lui, la pandémie de COVID-19 nous apporte la réponse: « nous sommes égaux, certes, mais l’accès aux vaccins revient aux passagers de première classe ».  Pour sa part, a-t-il fait valoir, l’Ukraine n’a pas attendu l’aide des autres et a même prêté assistance à des pays, comme l’Italie.  

Dans ce contexte, a poursuivi M. Zelenskyy, « l’Ukraine n’a pas honte de vouloir revitaliser l’ONU ».  Invitant la communauté internationale à « repenser la Charte » de l’Organisation, il a constaté que le monde a « raté le test de l’unité ».  « Qui aurait pu imaginer qu’un jour les médicaments deviendraient des instruments de discrimination », a-t-il relevé.  Alors que la COVID-19 est encore loin d’être éliminée, malgré les campagnes de vaccination, nous n’avons aucune garantie qu’un autre virus ne menacera pas à nouveau le monde. 

« L’Ukraine n’a jamais dormi », a enchaîné le Président, évoquant le fracas des explosions et des armes dans le Donbass.  Il a rappelé qu’en 2019, il avait parlé des dizaines de milliers de vies fauchées par ce conflit et des centaines de milliers d’Ukrainiens contraints de fuir.  « Chaque année, nous répétons ces mêmes chiffres », s’est-il désolé, voyant pourtant dans ces sinistres bilans « le prix de la liberté et de l’indépendance ».  C’est pourquoi, selon lui, l’ONU devrait « se faire plus souple et plus agile », notamment en se rendant là où des problèmes se posent.  « Nous avons besoin de vérité », a insisté M. Zelenskyy, avant d’exhorter tous ceux qui ont de l’influence à soutenir les efforts de maintien de la paix dans le monde.  À cet égard, il a estimé que la participation de 46 pays à la Plateforme contre l’occupation de la Crimée représente l’attachement de ces derniers à la Charte de l’ONU.  « Dans notre appel à revitaliser l’ONU, nous rappelons qu’il n’y pas d’intouchables », a-t-il ajouté, demandant à l’ensemble des nations, y compris la Fédération de Russie, de soutenir la Plateforme et d’exprimer leur opposition à la modification des frontières par la force. 

Exprimant sa crainte que « l’égoïsme remplace la coopération » et qu’il ne subsiste que « la loi du plus fort », M. Zelenskyy a dit savoir « ce que pense Moscou ».  Début septembre, a-t-il rappelé, le Premier Vice-Président du Mejlis des Tatars de Crimée a été emprisonné de manière illicite au motif qu’il aurait tenté de faire exploser une conduite de gaz.  « C’est là le prix de la protection des droits de l’homme », a déploré le Président, appelant à la libération de tous les Ukrainiens détenus illégalement dans les « territoires temporairement occupés », a-t-il dit, non sans remercier toutes les délégations qui ont mentionné l’Ukraine dans leurs interventions, « en parlant d’occupation et d’agression sans craindre que quelqu’un ne quitte la salle ». 

Après avoir rappelé qu’en 1945, la Conférence de Yalta a conduit à la création de l’ONU, M. Zelenskyy s’est demandé comment revitaliser l’Organisation « si son berceau même demeure occupé par un membre permanent du Conseil de sécurité ».  Au moment où le monde débat de la protection de l’environnement, la Crimée mériterait davantage d’attention, a-t-il renchéri, alertant sur la dévastation de l’écosystème de la péninsule.  Regrettant que le monde « ne s’attaque pas à ces problèmes », le Président a également déploré que les dirigeants agissent « comme des politiciens qui ne font que protéger leurs intérêts ».  

Pour M. Zelenskyy, l’Assemblée générale devrait être l’occasion d’un débat général « dynamique », où chacun aurait la possibilité de poser des questions.  Par exemple, a-t-il dit, on pourrait s’interroger sur les 100 000 Ukrainiens qui ont dû prendre un passeport russe, au mépris du droit international.  On pourrait également évoquer les Ukrainiens que l’on force à participer aux élections russes, a-t-il ajouté, considérant qu’il n’est « pas trop tard pour revitaliser l’ONU » et bâtir un « monde meilleur ».  En créant cette Organisation, les États Membres ne pouvaient prévoir que le droit de veto serait transformé par une nation en un « instrument de chantage ».  Aujourd’hui, a-t-il plaidé, « nous devons retrouver foi en nous-même » et nous souvenir que, malgré les critiques dont elle fait l’objet, l’ONU a permis d’apporter l’eau potable, de vaincre l’apartheid, de déployer des Casques bleus, de sauvegarder des sites comme l’Acropole ou Versailles et de protéger les enfants dans plus de 190 pays.  « Montrons notre engagement à renforcer la coopération et agissons en tant qu’humains, nations et nations unies », a-t-il conclu.  

Dans une déclaration préenregistrée, M. LAZARUS McCARTHY CHAKWERA, Président et Ministre de la défense du Malawi, a pronostiqué qu’au moment où il finira de parler, près de cinq mille nouveaux nés seront entrés dans notre monde troublé.  Il a aussi noté que pendant les sept jours de ce débat général, 3 millions d’enfants vont naître et des milliards d’autres au cours des 80 prochaines années dont la vie dépendra des décisions prises par les dirigeants du monde au sein de l’Assemblée générale.  Nous devons choisir pour nos enfants un avenir avec zéro émission de dioxyde de carbone ou catastrophes climatiques quotidiennes, a-t-il déclaré.  Il a présenté deux options: un avenir de solidarité, d’hospitalité et de générosité transcendant les frontières et les identités nationales en temps de crise mondiale ou alors un avenir de cupidité accumulant les technologies, les médicaments et les vaccins dans un hémisphère tandis que l’autre est dépouillé de ses matières premières et laissé pour mort. 

Selon le Président, le choix doit se faire ici et maintenant.  Il a donc invité la communauté internationale à avancer avec vitesse et synergie pour sauver la civilisation d’une épave qui coule.  Ici et maintenant, nous devons répondre aux quatre crises: la crise climatique, la crise de la COVID-19, la crise du développement durable et la crise de la gouvernance de l’ONU.  Pour la crise climatique, M. Chakwera a demandé à la communauté internationale d’honorer ses engagements.  Cela fait plus de 10 ans, a-t-il rappelé, que les pays développés, plus grands pollueurs de notre planète, ont promis de mobiliser la somme de 100 milliards de dollars pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.  Ces pays nous qualifient pourtant de corrompus et pas dignes de confiance quand ils nous accusent de dire une chose et en faire une autre.  Ces pays nous disent qu’ils sont les leaders du village global et bien, s’est impatienté le Président, il est temps qu’ils nous montrent leur leadership, a dit le Chef d’État qui a ajouté qu’« honorer un engagement, ce n’est pas un don ».  Ce sont « des frais de nettoyage, car si vous polluez la planète, notre maison, il est juste que vous payiez pour la nettoyer », a-t-il expliqué. 

Notant que 500 millions de doses de vaccins conservés dans les pays développés expireront dans trois mois, il leur a demandé de « libérer les doses de vaccin et les brevets pour sauver des vies humaines ».  Il a rappelé que dans les 46 pays les moins avancés (PMA), les taux de vaccination sont inférieurs à 2%, et il serait même de 0% sans le Mécanisme COVAX.  Pour se relever de la pandémie, il a réclamé l’annulation de la dette, afin d’aider les pays en développement comme le Malawi à reconstruire en mieux sans faire de laissés pour compte.  Quant à la crise du développement durable, le point de départ du progrès est de travailler ensemble pour réaliser le Programme 2030.  Enfin, le Président a appelé à la réforme de l’ONU et a rappelé le Consensus d’Ezulwini qui consacre l’idée de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité, avec droit de veto, et cinq sièges non permanents.  Il est temps que l’ONU mette en pratique les valeurs de la démocratie qu’elle prêche, a-t-il lancé. 

M. JORGE CARLOS DE ALMEIDA FONSECA, Président de Cabo Verde, a dépeint son « petit pays insulaire », dispersé à travers la ceinture sahélienne atlantique.  C’est aussi une grande nation, a-t-il dit, avec une vaste diaspora répartie aux quatre coins du monde.  Mais l’émergence de la pandémie de COVID-19, de manière brutale, a déconstruit l’économie qui avait connu une croissance d’environ 6%, attaquant les secteurs de base tels que le tourisme, et les transports et la demande intérieure, et entraînant un manque de protection sociale, le chômage et l’aggravation de la pauvreté.  Avec l’inflation, le déficit budgétaire, la dette, et une croissance économique « en chute libre », la pandémie a généré une récession sans précédent, s’est plaint le Président. 

Mon pays n’a pas réagi avec résignation, mais avec détermination, a toutefois témoigné M. Fonseca.  Le Cabo Verde a défini une vision commune pour 2030, intitulée « Cabo Verde Ambition 2030 », afin de relancer le processus de développement durable et de mieux reconstruire à partir des leçons apprises et des opportunités qui ont émergé de la crise.  S’il s’agit notamment d’attirer les investissements directs étrangers à court et moyen terme, la priorité actuelle reste de lutter contre la COVID-19.  Des succès importants et constants ont été enregistrés, tant dans la réduction des taux de transmission que dans le taux de vaccination de la population éligible dont 74% ont déjà reçu au moins une dose, l’objectif étant d’atteindre 85% d’ici à la fin du mois d’octobre.  La reconnaissance réciproque des certificats de vaccination et la révision des avertissements aux voyageurs sont des mesures sur lesquelles le Cabo Verde a travaillé pour booster le secteur du tourisme, a indiqué le Président.

Il a ensuite rappelé que le Cabo Verde est membre de l’Association des petits États insulaires (AOSIS) qui milite en faveur de mesures de soutien international globales et différenciées.  Dans ce contexte, a-t-il plaidé, l’adoption par consensus de l’Indice de vulnérabilité multidimensionnelle (MVI) applicable aux petits États insulaires en développement (PEID), en ce qui concerne les trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale-, devraient pouvoir faciliter à la fois la classification du niveau de développement de ces pays et leur éligibilité à des mesures de soutien, permettant ainsi la mise en œuvre effective des engagements établis dans les Orientations de Samoa.  Enfin, a conclu M. Fonseca, les PEID, leurs problèmes, défis et solutions, devraient être présents au Sommet du futur recommandé par le Secrétaire général.  

M. NGUYEN XUAN PHUC, Président de la République socialiste du Viet Nam, a noté que la pandémie a révélé les lacunes du système international de gouvernance et mis en évidence l’inégalité croissante entre les nations.  De plus, la hausse des tensions entre les grandes puissances a conduit à la division et à un système international instable, a-t-il ajouté.  Le Président a regretté que la montée des politiques de puissance, le mépris des relations internationales ainsi que les actes unilatéraux de coercition et d’entrave contre les pays aient toujours lieu dans de nombreuses régions.  Il a prévenu que notre tâche urgente est maintenant de contenir rapidement la COVID-19 à l’échelle mondiale.  « Le monde ne sera pas sûr tant qu’une seule personne ou un seul pays souffrira de cette pandémie. » 

Dans ce contexte, le Président a appelé à la solidarité et à l’intensification de la coopération.  Selon lui, les pays en développement devraient être autorisés à s’engager dans la production de vaccins et dans les chaînes d’approvisionnement.  De même, la solution clef pour contenir la pandémie et favoriser le relèvement économique réside dans les efforts de renforcement de la résilience de chaque pays.  Et la résilience ne peut être durable que si elle est basée sur la coopération et la connectivité entre les nations, particulièrement à un moment où les défis sécuritaires non traditionnels sont devenus des problèmes de tous les pays du monde, a observé M. Phuc.

En outre, le Président vietnamien a invité à transformer les défis au développement en opportunités.  Il a par exemple relevé que la pandémie peut être l’occasion de nous tourner vers la numérisation, et que c’est aussi une chance de poursuivre la transformation verte et durable des économies.  « Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 nous offre une excellente feuille de route pour saisir de telles opportunités. » 

Le Président a aussi fait valoir que la coopération pour atténuer et prévenir les effets désastreux des changements climatiques est plus cruciale que jamais.  Les pays développés devraient prendre les devants en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tandis que les pays en développement devraient bénéficier de l’assistance en matière de financement, de technologies et de renforcement des capacités, afin de réduire et améliorer la prévention et l’atténuation des catastrophes et se tourner vers une économie verte et circulaire, a-t-il recommandé. 

Pour le Chef d’État, la clef pour favoriser la reprise et la croissance dans la période postpandémique est de maintenir la paix, la sécurité et la stabilité dans chaque pays, chaque région, et dans le monde en général.  Le Viet Nam a donc appelé tous les pays à s’efforcer de parvenir à un cessez-le-feu mondial.

Pour sa part, le Viet Nam poursuit une approche centrée sur l’être humain et s’efforce de réaliser le progrès social et l’égalité, de préserver les valeurs culturelles et de protéger l’environnement, tout en favorisant un développement durable et inclusif, a-t-il expliqué.  Assurant que le Viet Nam a toujours soutenu le multilatéralisme, avec l’ONU au centre et le droit international comme fondement, le Président a insisté sur l’importance de la paix, de la stabilité, de la sécurité, de la liberté de navigation et de survol en mer de Chine méridionale.  Il a appelé les parties à résoudre les différends par des moyens pacifiques qui soient conformes à la Charte des Nations Unies et au droit international, y compris la Convention sur le droit de la mer.  Avec sa volonté d’aller plus loin dans sa contribution aux travaux de l’ONU, le Viet Nam brigue un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025, a-t-il indiqué.

M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président de la République du Togo, a jugé urgent de se pencher sur la question de la dette des pays en développement pour leur permettre de se relever des chocs de la pandémie de COVID-19.  Tout en saluant la décision du G20 d’approuver l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI), le Président togolais a réitéré l’appel lancé par l’Union africaine ainsi que les institutions onusiennes en faveur de l’annulation ou de l’allègement du poids de la dette des pays en développement.  Il a jugé important que la communauté internationale s’efforce de répondre aux conclusions du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines pour permettre à ces pays une reprise économique durable post-COVID-19. 

Par ailleurs, M. Gnassingbé a salué le dispositif accélérateur « ACT », codirigé par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), le Gavi, l’Alliance du vaccin, et l’OMS, en partenariat avec l’UNICEF et la Banque mondiale.  Il a jugé inadmissible que seulement 1% de la population africaine ait pu être vaccinée alors que des millions de doses stockées ailleurs arrivent à péremption.  Le Président du Togo s’est inquiété des risques d’une reprise mondiale fractionnée avec d’un côté les économies avancées qui ont accès aux vaccins et qui peuvent espérer une normalisation rapide des activités et, de l’autre, les pays qui y ont peu eu accès et qui resteront confrontés à une résurgence des infections et à l’augmentation du nombre de décès.  Face à ce « tableau d’un monde bipolarisé face à une adversité commune », M. Gnassingbé a appelé à une reprise mondiale qui bénéficie à tous, grâce à un multilatéralisme s’appuyant sur la coopération, l’état de droit, l’action collective et les principes d’une coprospérité planétaire.

Parce que l’urgence du moment est aussi environnementale, M. Gnassingbé a considéré que les changements climatiques représentent le plus grand défi auquel l’humanité est confrontée.  Il a précisé que les efforts collectifs actuels devront donc être multipliés par cinq pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de 1,5 °C préconisé par le rapport spécial du GIEC.  C’est pourquoi le Président du Togo a encouragé tous les gouvernements, les entreprises, les villes et les institutions financières à adhérer à la coalition mondiale pour la neutralité carbone.  Il s’est réjoui que, dans la perspective de la COP26 prévue à Glasgow, les pays représentant plus de 65% des émissions mondiales de carbone aient pris des engagements ambitieux en la matière.

M. Gnassingbé a souligné l’impact délétère de la pandémie de COVID-19 sur les investissements publics et la capacité du Togo de promouvoir le développement humain en lien avec les objectifs de développement durable (ODD), la sécurité humaine et le bien-être des populations.  Face à ces défis, il a vanté les mérites de son Plan national de développement qui s’articule autour de trois axes stratégiques, dont la feuille de route pour la période 2020-2025 qui vise à faire du Togo une nation moderne avec une croissance économique inclusive et durable.  Il a également cité le programme national d’accompagnement médical et financier de la femme enceinte et du nouveau-né, dénommé « Wezou », lancé le 26 août 2021, et le projet de loi en cours instituant l’assurance maladie universelle.

Dans le domaine de l’éducation, le Président du Togo a cité la mise en place de cantines dans les écoles primaires publiques et l’exemption des frais de scolarité en faveur des élèves des collèges et lycées publics.  Pour ce qui est de la représentation des femmes dans les instances décisionnelles, il s’est félicité qu’elle soit passée de 23% en 2019 à 35% en 2021.  Il a indiqué que le Togo a adhéré au mouvement de solidarité mondiale pour plus d’égalité et d’équité genre dénommé « HeForShe », lancé par ONU-femmes et dont la campagne nationale a été officiellement lancée à Lomé le 23 juillet 2021. 

Après avoir salué les progrès économiques de son pays, le Président du Togo s’est inquiété de la propagation spectaculaire de Daech sur le continent africain au cours des six derniers mois, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger, avec des incursions répétées au Nigéria, au Cameroun, au Tchad, au Mozambique et en République-unie de Tanzanie.  Face à ce danger, il a appelé à une réponse mondiale urgente pour soutenir les efforts des pays africains et des organisations régionales.  « Pour ce faire, les difficultés de financement du G5 Sahel et même de la MINUSMA doivent être surmontées diligemment » a-t-il insisté, jugeant « incompréhensible » qu’à ce jour, près de 50% des contributions annoncées n’aient pas été décaissées et que la MINUSMA soit, elle aussi, confrontée à des contraintes budgétaires pour assurer son soutien logistique au G5 Sahel.

Pour faire face à la pandémie de COVID-19, a expliqué M. LUIS RODOLFO ABINADER CORONA, Président de la République dominicaine, mon gouvernement a promu un programme de vaccination gratuite très réussi: 57% de la population éligible est complètement vaccinée, environ 70% a reçu au moins une dose et plus de 10% une troisième dose, avec un taux de létalité de 1,14%, soit l’un des plus bas au monde.  De plus, s’est félicité le Président, la République dominicaine a fait don de quelque 820 000 doses à des pays de sa région.  Cependant, bien que nous ayons commencé à surmonter la pandémie, cela ne suffira pas à surmonter la crise économique et financière, a-t-il averti.  Pour M. Abinader Corona, il va falloir, dans l’intérêt du maintien de la paix sociale, résoudre l’énorme endettement auquel les pays à revenu intermédiaire ont été contraints pour faire face aux ravages économiques et sociaux générés par la pandémie.  Or, il n’existe actuellement aucun mécanisme d’accès aux financements concessionnels permettant à ces pays de résoudre cette crise de liquidités.  « Pour surmonter ce défi, nous sommes obligés de rechercher des solutions nouvelles et urgentes. »

Le Président a indiqué avoir réuni « tous les secteurs de la vie nationale » pour engager un dialogue ouvert et pluriel afin de réaliser des réformes qui contribuent au renforcement de l’état de droit social et démocratique en République dominicaine.  Ceci implique « une gestion absolument transparente », a-t-il ajouté.  Dans les circonstances actuelles, l’opinion publique continue d’exiger que nous agissions avec courage contre la corruption.  Sur le plan économique, M. Abinader Corona s’est voulu optimiste, prévoyant de terminer 2021 avec une croissance de 10% et de maintenir un taux de croissance de 5% pour les années suivantes. 

La République dominicaine, en tant que petit État insulaire en développement, est l’un des pays qui émet le moins de gaz à effet de serre mais qui est le plus touché par les changements climatiques, a déploré le dirigeant.  Il a jugé le moment venu de promouvoir une transformation globale de l’économie « en phase avec les niveaux de développement » afin que les normes requises n’imposent pas des charges excessives qui se traduisent par des surcoûts préjudiciables à la compétitivité et à la production de nos biens et services.  Selon lui, il est également juste et nécessaire que les pays qui ont généré le plus de CO2, soient ceux qui assurent les énormes investissements nécessaires à la restauration des ressources naturelles affectées par le réchauffement de la planète.

Enfin, le Président s’est inquiété de la situation en Haïti, qui risque de devenir un facteur d’insécurité dans la région.  Depuis des années, chaque jour, notre pays fait face, pratiquement seul, aux conséquences de la crise haïtienne, a-t-il regretté.  Aucune action unilatérale ne suffisant à surmonter cette situation dramatique, M. Abinader Corona a jugé impératif de déclarer de la manière la plus forte et la plus directe possible que la communauté internationale ne doit pas et ne peut pas abandonner le peuple haïtien « à un moment où les niveaux d’insécurité le poussent à l’autodestruction ».  La République dominicaine a montré et continuera de montrer sa solidarité et sa collaboration avec le peuple haïtien, mais « il n’y a pas, et il n’y aura jamais de solution dominicaine à la crise en Haïti », a-t-il conclu. 

M. ÙMARO SISSOCO EMBALÒ, Président de la Guinée-Bissau, a déclaré que seul un espoir renouvelé permettra de renforcer la résilience pour faire face aux difficultés socioéconomiques et humanitaires causées par la crise sanitaire mondiale et répondre de manière adéquate et durable aux défis actuels.  Dans un monde de plus en plus globalisé, le Président a souligné la nécessité de mener les réformes nécessaires dans toutes les entités des Nations Unies, dont le Conseil de sécurité, afin de redynamiser le système dans son ensemble.  Nous devons soutenir les plus vulnérables, promouvoir des systèmes de santé adéquats et veiller à ce que tous les pays, sans distinction, aient un accès rapide et égal aux vaccins.

Par ailleurs, le Président a expliqué que son pays, après avoir bénéficié durant de nombreuses années du soutien la communauté internationale, se concentre aujourd’hui sur la réalisation effective de ses objectifs nationaux, tels que la consolidation de la paix et la création de meilleures conditions de vie pour la population.  Alors que la Mission du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BANUGBIS) est arrivée aux termes de son mandat fin 2020, M. Embalò a remercié le Secrétaire général et tous les amis et partenaires de la Guinée-Bissau pour leur appui à la stabilité politique et au bon fonctionnement des institutions nationales.

S’inquiétant de l’impact des changements climatiques sur les pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID), le Président a vanté les plans d’adaptation à moyen et long terme mis en place par son pays, avant de citer l’augmentation de la superficie des zones terrestres et marines protégées qui couvrent maintenant 26% du territoire national.  Il a réitéré l’engagement de son pays à travailler avec ses partenaires au développement et la communauté internationale en général pour trouver des solutions innovantes, inclusives et réalisables aux défis de la pandémie de COVID-19.  « Nous sommes convaincus qu’ensemble, nous pouvons donner un espoir renouvelé à nos peuples et construire un monde plus solidaire et plus fraternel », a-t-il conclu.

M. ISMAIL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, qui s’exprimait par message vidéo préenregistré, a constaté que la pandémie de COVID-19 continue d’avoir un impact dévastateur sur les populations, au premier chef les pauvres et les personnes vulnérables.  D’où l’urgence d’un plan de vaccination mondial avant que les variants actuellement en circulation ne mutent et ne remettent ainsi en cause les gains obtenus jusque-là dans la lutte contre la COVID-19, a-t-il préconisé.  « À Djibouti, nous avons pris immédiatement la mesure du danger et mis en place, dès l’apparition des premiers cas, un dispositif de gestion et de riposte qui a permis de contenir la propagation du virus », a expliqué le Chef d’État, en précisant avoir adapté la stratégie avec l’apparition des variants.  Djibouti a également élaboré un plan de vaccination qui a permis l’installation de vaccinodromes dans la capitale ainsi que dans les régions de l’intérieur et favorisé l’approche communautaire de proximité par le biais du déploiement de vaccinobus, a-t-il encore fait valoir.

En raison des confinements imposés à la suite de la pandémie de COVID-19 dans le monde entier, les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, la forte contraction de l’économie, le creusement des déficits publics et les conséquences économiques dévastatrices, nous voilà confrontés à l’urgence de mobiliser des solutions visant à stimuler la reprise, a observé le Président.  « Dans cette quête, le soutien précieux des institutions financières internationales et l’appui des pays amis sera crucial. » 

Abordant un autre sujet, il a déploré que « les efforts que nous avions déployés en vue de la normalisation des relations avec l’Érythrée n’aient pu à ce jour donner les résultats escomptés ».  Comme le note le Secrétaire général dans sa lettre du 30 juillet 2021, adressée au Président du Conseil de sécurité, « nous déplorons l’absence de progrès notables sur les questions en suspens, à savoir le différend frontalier et le sort des 13 prisonniers de guerre djiboutiens.  Nous réitérons notre appel afin que l’Érythrée accepte de résoudre ces questions par le biais du dialogue bilatéral, la médiation ou un arbitrage international contraignant ».  Le Chef d’État a également exhorté ses voisins érythréens à procéder au démantèlement du camp d’Anda’ali comme mesure de confiance propice à instaurer un meilleur climat dans les relations entre les deux pays.

Il a en outre dit suivre avec attention l’évolution de la situation en Éthiopie.  « Djibouti partage avec ce pays des liens historiques et a développé des relations bilatérales riches et fructueuses dans les domaines politique, économique et culturel. »  Ces relations, a-t-il ajouté, sont destinées à croître et à prospérer.  Réitérant son soutien à un règlement pacifique du conflit, le Président a nourri l’espoir que, dans un proche avenir, émerge une Éthiopie pacifiée, réconciliée avec elle-même et qui renoue avec la croissance et le développement économique.  S’agissant de la Somalie, Djibouti se déclare encouragée par les progrès accomplis par le pays, a indiqué M. Guelleh.  Il a néanmoins partagé les préoccupations exprimées par les membres du Conseil de sécurité relatives aux désaccords politiques entre les membres du Gouvernement et sur leur possible impact négatif sur le respect du calendrier électoral somalien.  « La Somalie est à la croisée des chemins — tout doit être mis en œuvre afin que la trajectoire positive que la Somalie a connue ne soit mise en péril! », a ajouté en conclusion le Chef d’État.

Dans son message vidéo préenregistré, M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Président du Kazakhstan, a considéré qu’il était urgent de ménager un accès universel et équitable aux vaccins, pour des raisons d’éthique et de solidarité internationales.  L’injuste « écart vaccinal » est un « multiplicateur de disparités » économiques, a-t-il résumé, avant de rappeler que son pays avait produit avec succès son propre vaccin, QazVac.  Mais le monde en développement, a relevé le Chef d’État, a également besoin d’une coopération plus ciblée entre les gouvernements et l’industrie pharmaceutique s’agissant des licences, des transferts de technologie et de l’assistance technique.  En attendant, la reprise économique est soumise à de nombreuses autres « inconnues connues », notamment les tensions technologiques.  Un scénario de « rideau de fer économique », dans lequel différentes technologies et règles diviseraient l’économie mondiale, devient de plus en plus probable, a mis en garde M. Tokayev.  Il limiterait alors gravement les États qui le souhaitent à pouvoir faire du commerce international, ne leur laissant pas d’autre choix que de former un « Mouvement de non-alignement technologique » pour atténuer les risques situés à l’intersection des technologies et de la géopolitique.

Face aux changements climatiques, le Kazakhstan a l’intention d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, a poursuivi le Président.  « Nous lançons le mois prochain une stratégie nationale de développement pour réduire l’intensité énergétique du PIB de 50% par rapport aux niveaux de 2008 », a déclaré le Chef d’État.  Étant donné que près de 70% de la production d’électricité du Kazakhstan dépend du charbon, notre transition énergétique présente des défis importants, a reconnu le Président.  Il a aussi relevé que l’accès au financement vert et aux technologies vertes sera essentiel à cette transition, son pays prévoyant de venir à la prochaine conférence COP26 à Glasgow avec un engagement clair sur ces questions.  « En l’absence de financement vert ambitieux, une action climatique ambitieuse est vide », a-t-il mis en garde. 

En ce qui concerne l’Afghanistan, M. Tokayev a soutenu l’appel du Conseil de sécurité à la mise en place, par le biais de négociations, d’un nouveau gouvernement inclusif et représentatif.  « Un système consensuel doit être mis en place dans le cadre duquel des groupes de valeurs ou d’origines ethniques, religieuses et de genres différents peuvent coexister au sein d’une seule et même nation indépendante et souveraine vivant en paix avec elle-même et ses voisins.  L’Afghanistan doit continuer à respecter ses obligations internationales et s’assurer que son territoire est exempt de terroristes, de drogue et de trafiquants d’êtres humains, a-t-il exigé.  « Quelles que soient nos affiliations politiques ou nos sentiments personnels, nous ne devons pas abandonner le peuple afghan maintenant », a déclaré le Président.

Après 30 ans d’indépendance, le Kazakhstan est déjà une nation « mature et accomplie », a-t-il poursuivi.  Au cours des dernières années, nous avons commencé à passer d’une construction nationale descendante –qui s’est avérée extrêmement efficace au début de l’État– à un développement démocratique plus ascendant, a indiqué son chef d’État.  Conformément au concept d’un État à l’écoute de ses citoyens, depuis 2019, son administration a lancé quatre blocs de réformes démocratiques essentielles pour renforcer les droits de l’homme, l’état de droit et la lutte contre la corruption.  « Par exemple, j’ai récemment proposé d’appliquer le récent quota de 30% de femmes et de jeunes sur les listes électorales des partis.  « Il n’y a pas de place pour la complaisance.  Notre objectif est d’améliorer encore l’efficacité de l’État, la transparence et la compétitivité du processus politique », a affirmé en conclusion M. Tokayev.

M. BORIS JOHNSON, Premier Ministre du Royaume-Uni, a livré un discours axé entièrement sur l’urgence climatique.  Si l’on inspecte la chronique des fossiles pendant les 178 millions dernières années, l’on s’aperçoit que les mammifères existaient pendant environ un million d’années avant de se transformer ou de disparaître, a expliqué M. Johnson.  L’humanité existe depuis 200 000 ans et nous faisons un calcul à partir de la durée de vie humaine, « nous fêtons nos 16 ans ».  Mais notre adolescence touche à sa fin.  Nous devons montrer, a dit le Premier Ministre, que nous sommes capables d’assumer enfin nos responsabilités pour la destruction de la planète et la nôtre.  Nous avons fait de cette magnifique planète, un endroit inhabitable et c’est la raison pour laquelle la COP26 à Glasgow est un tournant pour l’humanité.  

Le Premier Ministre a appelé à limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius, estimant qu’il est encore temps d’agir.  Malgré notre jeunesse insouciante, a-t-il rappelé, nous avons su tirer de l’énergie renouvelable du vent, des vagues et du soleil.  Nous avons libéré l’énergie de l’atome et de l’hydrogène et nous nous sommes dotés de tous les outils pour une révolution industrielle verte.  Mais le temps presse, a prévenu le Premier Ministre.  La communauté internationale, a-t-il souligné, est responsable des phénomènes météorologiques extrêmes aux Îles Marshall, aux Maldives ou encore au Bangladesh.

Si nous continuons sur cette voie, la température pointera vers les 2,7 degrés Celsius, voire plus, d’ici la fin du siècle, avec les risques de désertification, de sécheresse et de déplacements massifs que cela implique, et nos petits-enfants sauront que nous en sommes coupables.  Pour limiter l’augmentation de la température, le Premier Ministre a prôné la neutralité carbone d’ici à 2050.  Mais, a-t-il dit, il faut aller plus loin et plus vite, et « Je ne considère pas le mouvement écologique comme un prétexte pour une attaque en règle du capitalisme ».  

Le Premier Ministre a expliqué que, grâce aux nouvelles technologies vertes, le Royaume-Uni réduit ses émissions et entend mettre fin à la production de charbon d’ici à 2024.  À ce stade, s’est-il enorgueilli, « nous produisons tellement d’énergie offshore que je réfléchis à changer mon nom en Boreas Johnson, en honneur au vent du nord ».  C’est vrai, a-t-il reconnu.  Il est difficile de demander aux pays en développement de renoncer au charbon d’ici à 2040, et aux pays développés, d’ici à 2030.  Mais « l’expérience du Royaume-Uni montre que cela est possible ».  Le Premier Ministre a salué le Président chinois pour avoir interdit le financement des mines de charbon dans le monde.  Il l’a appelé à aller plus loin et à mettre fin au recours au charbon dans son propre pays.

M. Johnson a aussi évoqué l’expansion du marché des voitures électriques, le Royaume-Uni ayant interdit la vente des véhicules à combustion interne après 2030.  Tout le monde doit faire pareil d’ici à 2040, en arguant que son pays va même plus loin puisqu’il met en place une des plus grandes contributions déterminées au niveau national (CDN), en promettant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 68% d’ici à 2030 par rapport au taux de 1990.

Mettant en avant la nécessité de protéger les arbres et la biodiversité, le Premier Ministre a appelé à des efforts en prévision du Sommet « crucial » de Kunming en Chine.  Il a rappelé son engagement à verser la somme de 11,6 milliards de livres sterling pour aider le reste du monde à affronter le défi des changements climatiques.  Mais il a estimé qu’il faut faire en sorte que les institutions financières internationales, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, travaillent avec les gouvernements partout dans le monde pour produire un effet de levier dans le secteur privé.  Hier, s’est enorgueilli le Premier Ministre, la première obligation verte souveraine du Royaume-Uni a levé 10 milliards de livres sterling sur les marchés, avec à la clef plusieurs millions d’emplois.  

L’homme n’est pas simplement effrayant, il est aussi extraordinaire, a conclu le Premier Ministre, en citant Sophocle.  Nous sommes formidables dans notre capacité de changer les choses et de nous sauver nous-mêmes.  J’espère que la COP26 sera un seizième anniversaire après lequel nous ferons le choix de grandir, de reconnaître l’ampleur de notre tâche et de faire ce que la postérité nous réclame, a conclu le Premier Ministre. 

M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement d’Espagne, a déclaré que son pays attendait avec beaucoup d’espoir une reprise économique après une campagne qui a permis de vacciner 75% de la population.  Il a expliqué avoir rendu visite le 21 août 2021, avec le président du Conseil européen, M. Charles Michel, et la Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula Von der Leyen, aux premiers Afghans en provenance de Kaboul, qui sont arrivés à la base aérienne de Torrejón de Ardoz, à la périphérie de Madrid.  Marqué par cette expérience, le Président du Gouvernement a indiqué qu’il venait aujourd’hui à l’Assemblée générale lancer un triple appel: défendre l’existence d’états solides avec des ressources qui peuvent garantir le bien-être des citoyens dans la justice, le progrès et l’égalité; défendre la démocratie comme seule alternative à toute dérive totalitaire; et défendre la coopération internationale et le multilatéralisme comme seuls moyens d’offrir de vraies solutions aux défis contemporains.  « Tels sont, à mon sens, les trois principes qui doivent guider -de manière transversale- nos démarches dans la nouvelle séquence que nous entamons », a insisté le Président du Gouvernement, avant d’estimer que la nouvelle époque qui s’annonce s’articulera autour de trois objectifs complémentaires que sont la vaccination, la relance socioéconomique et la transition écologique.  

Mettant l’accent sur le relèvement par la vaccination, il a rappelé que personne ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous immunisés.  C’est pourquoi il a appelé à « agir maintenant, par éthique et par intelligence », annonçant que l’Espagne augmentera ses dons de vaccins à des pays tiers de 22,5 millions à 30 millions.  Face aux inégalités criantes en termes de besoins, M. Sánchez Pérez-Castejón a souligné la gravité de la situation en Amérique latine et dans les Caraïbes, région qui représente 9% de la population mondiale, mais concentre 30% des décès mondiaux provoqués par le coronavirus.  C’est pourquoi, comme annoncé lors du Sommet ibéro-américain 2021, l’Espagne après avoir déjà envoyé plus de 7,5 millions de doses à cette région, renverra 7,5 millions de doses supplémentaires.  « En outre, nous allons allouer 7,5 millions de doses à l’Afrique subsaharienne et aux pays voisins méridionaux de l’Union européenne », a-t-il ajouté.  

Soucieux de favoriser une reprise socioéconomique mondiale juste, M. Sánchez Pérez-Castejón a dit que seul le multilatéralisme permettra de ne laisser personne de côté.  C’est pourquoi, après avoir salué l’accord historique sur la fiscalité internationale conclu en juillet, il s’est tourné vers les institutions financières internationales en mesure de fournir le soutien financier dont de nombreuses économies en développement et émergentes ont actuellement besoin.  Il a également salué les réalisations importantes telles que l’Initiative de suspension du service de la dette et le Cadre commun du G20 pour le traitement de la dette, ou la nouvelle allocation des droits de tirages spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international.  Il a souhaité que le cadre commun du G20 profite également aux pays à revenu intermédiaire, avant d’appuyer la création d’un outil, dans le cadre du FMI, pour permettre le transfert de droits de tirage spéciaux des pays avancés vers les plus vulnérables, quels que soient leurs niveaux de revenu, afin qu’ils puissent financer les réformes nécessaires au redressement durable et lutter contre les changements climatiques, la pauvreté et les inégalités. 

Le Président du Gouvernement a ensuite dit que les changements climatiques étaient un problème commun, avec des causes communes auxquelles apporter des réponses partagées.  Rappelant que l’un des principaux enjeux de la COP26 est d’accroître l’ambition de financement climatique, en particulier dans le domaine de l’adaptation, il a appelé à respecter les engagements pris en vertu de l’Accord de Paris et à augmenter considérablement les engagements futurs.  Il a annoncé que l’Espagne contribuera à cet objectif en allouant 30 millions d’euros au Fonds d’adaptation en 2022 et œuvrera au succès de la COP26.  Il a aussi jugé qu’il était temps de se mettre d’accord sur un nouveau cadre mondial pour la protection de la biodiversité au-delà des objectifs fixés pour 2020.

Après avoir souligné les priorités de son pays face aux défis régionaux contemporains, le Président du Gouvernement a redit la nécessité de promouvoir la démocratie partout dans le monde.  À l’aune de la crise afghane, M. Sánchez Pérez-Castejón a affirmé que la démocratie est la seule forme de gouvernement qui garantit la protection des droits humains et des libertés individuelles et qu’elle continuera d’être la boussole et le fil conducteur de l’action de son pays.  « Nous continuerons à défendre notre conviction que chaque société humaine, dans tous les recoins de la planète, devrait être libre de vivre conformément aux principes fondamentaux de liberté, de dignité et de justice sociale, en respectant les lois établies et la volonté de la majorité, ainsi que les droits des minorités », a-t-il insisté en conclusion.   

Mme ERNA SOLBERG, Première Ministre de la Norvège, a déclaré, dans son message vidéo préenregistré, que la triple crise –sanitaire, économique et climatique– que le monde connaît exige une réponse internationale coordonnée.  « Nous ne devons pas oublier notre force collective », a-t-elle dit en indiquant que les crises peuvent renforcer l’unité et la détermination à agir.

Évoquant les changements climatiques, elle a plaidé pour une action collective afin de limiter à 1,5 degré Celsius l’augmentation des températures, conformément à l’Accord de Paris.  La Première Ministre a appelé à miser sur les énergies renouvelables et sur la tarification du carbone.  « Davantage de pays, en particulier les économies les plus importantes, doivent revoir à la hausse leurs ambitions en prévision de la COP26. »  Mme Solberg a précisé que son pays s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions d’environ 55% d’ici à 2030.  Elle a aussi souligné la nécessité de protéger les océans, puisque « sans océans en bonne santé, nous ne pouvons que faire face à un avenir d’incertitudes ».  Elle a exhorté tous les États côtiers à parvenir à une gestion durable de leurs mers d’ici à 2025.

Le Première Ministre a appelé de ses vœux un renforcement de l’architecture sanitaire mondiale afin de prévenir et répondre aux nouvelles menaces, plaidant notamment pour un rôle central de l’OMS, qui doit être dotée de ressources suffisantes.  Elle a pointé du doigt les différences dans le taux de vaccination –un Africain sur 20 est vacciné contre un Européen sur deux– qui aboutissent à un monde à deux vitesses.  « Cela est inacceptable et dangereux », a-t-elle dit, en rappelant que la pandémie n’est pas terminée.  Elle a souhaité une accélération de la campagne de vaccination dans le monde et des investissements accrus afin de se préparer aux pandémies futures.

Mme Solberg a ensuite affirmé que des systèmes fiscaux efficaces sont cruciaux pour réaliser les ODD et qualifié de « pas en avant important » le nouveau cadre pour une réforme fiscale mondiale agréé par l’OCDE.  Elle a plaidé pour une diminution des barrières entravant les échanges commerciaux, ajoutant que le libre-échange, à la différence du protectionnisme, aboutit à des « solutions gagnant-gagnant ».

Elle a appelé à défendre les valeurs fondamentales de la démocratie, en indiquant qu’elle s’exprime aujourd’hui en tant que Première Ministre qui vient d’être battue aux élections.  Après huit années au pouvoir, mon gouvernement va passer le flambeau à une nouvelle équipe, a-t-elle dit, en espérant que celle-ci réussisse à faire avancer la Norvège.  « Je dis cela parce que des transitions sans heurts ne peuvent être considérées comme acquises. »  Mme Solberg a dénoncé les graves violations des droits de l’homme dans le monde, notamment au Venezuela, dans le Tigré ou au Myanmar.  Elle s’est dite attristée par les récents développements en Afghanistan et a appelé à préserver les gains obtenus de haute lutte dans ce pays, en particulier en ce qui concerne les femmes et les minorités.  « Nous jugerons les Taliban à l’aune de leurs actes, pas de leurs discours. »

En conclusion, la Première Ministre a réitéré son appel à une action collective robuste.  « Nous connaissons la voie à suivre, le Programme 2030 est notre feuille de route.  Unissons nos forces et mettons-nous au travail. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Dans une déclaration politique, l’Assemblée générale réaffirme son engagement à mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban

Soixante-seizième session
5e & 8e séances – matin & après-midi
AG/12365

Dans une déclaration politique, l’Assemblée générale réaffirme son engagement à mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban

À l’occasion du vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, l’Assemblée générale a réaffirmé aujourd’hui, que l’ensemble des documents adoptés dans le cadre de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée et de son suivi « offrent aux Nations Unies un dispositif général et détaillé sur lequel fonder solidement la lutte » contre ces fléaux.  Les États Membres ont également réaffirmé leur « engagement à les mettre en œuvre pleinement et effectivement ».

Intitulée « Unis contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée », la déclaration politique, qui a été adoptée sans vote lors d’une réunion commémorative de haut niveau, réaffirme notamment que les fléaux cités « vont à l’encontre des buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme, et que l’égalité et la non-discrimination sont des principes fondamentaux du droit international ».

Le texte « reconnaît et regrette profondément » les souffrances provoquées du fait de l’esclavage, de la traite des esclaves, de la traite transatlantique des esclaves, du colonialisme, de l’apartheid, des génocides et des tragédies passées.  Il se félicite des progrès réalisés depuis 2001, saluant en particulier la récente création de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine, mais note que le racisme et l’intolérance persistent partout.  Il constate en outre avec une profonde inquiétude la montée de la discrimination, de la stigmatisation et des discours de haine.

À l’ouverture de cette réunion de haut niveau, le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, a estimé que, si les objectifs de Durban n’avaient toujours pas été atteints, cela ne signifiait pas l’échec de la Déclaration mais plutôt que « nous n’en avons pas fait assez pour nous attaquer à l’omniprésence du racisme ».

À l’heure de la pandémie de COVID-19, la déclaration politique note en outre « avec préoccupation » que celle-ci a « creusé de manière disproportionnée les inégalités qui existaient déjà dans nos sociétés ».  Elle regrette que, dans ce contexte, les personnes appartenant à des minorités raciales et ethniques ou à d’autres groupes, « notamment les Asiatiques et les personnes d’ascendance asiatique, en particulier les femmes et les filles », aient été victimes de violence raciste, de menaces de violence, de discrimination et de stigmatisation.

Dans son allocution, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, avait dénoncé le fait que, dans certains groupes marginalisés, les taux de mortalité étaient trois fois plus élevés que la moyenne, ajoutant que la pandémie fournissait « la preuve accablante que nous sommes bien loin d’avoir corrigé les erreurs du passé ».  Au nom du Groupe des États d’Afrique et de la Communauté des Caraïbes, le Président de la République démocratique du Congo a quant à lui rappelé que les PMA et les PEID n’avaient encore eu accès qu’à une faible quantité de vaccins.

Au-delà de la pandémie, M. Guterres a appelé à prendre acte ensemble des « crimes d’un passé qui, résonnant jusqu’à ce jour, continue de hanter notre présent ».  Pour « inverser les conséquences de générations d’exclusion et de discrimination », il a demandé que des mesures soient prises, « notamment par le biais de cadres de justice réparatrice ».  

Le thème de la réunion commémorative étant « Réparations, justice raciale et égalité pour les personnes d’ascendance africaine », la notion de justice réparatrice a été largement évoquée dans les discours, en particulier par les représentants des pays africains et caribéens, mais aussi par la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet.  Celle-ci a estimé que les réparations devraient avoir une large assise et inclure des mesures visant à la restitution, la réhabilitation et la satisfaction, ainsi qu’à des garanties de non-répétition.

Dans l’unique explication de vote présentée après l’adoption de la déclaration politique, la représentante de la Jamaïque, qui a parlé de « l’impératif social majeur d’une justice réparatrice », a précisé que la Déclaration et le Programme d’action de Durban prenaient déjà note des excuses présentées, des remords et regrets exprimés et des réparations versées par certains États, tout en incitant les autres à suivre leur exemple.

Comme les pays africains et de la CARICOM, Mme Bachelet a toutefois ajouté que les réparations ne sauraient être uniquement symboliques et exigeraient un capital politique, humain et financier.  En effet, a-t-elle fait observer, les économies de certains pays ont bénéficié de l’esclavage et de l’exploitation, alors que, comme l’a rappelé le Président de l’Afrique du Sud, « des millions de descendants d’Africains qui ont été vendus en esclavage restent piégés dans des vies de sous-développement, de désavantages, de discrimination et de pauvreté ».

L’atmosphère consensuelle de la réunion a été quelque peu troublée par la déclaration d’une représentante de la société civile, Mme Barryl Biekman, qui a dénoncé « l’affaiblissement et la diffamation dont a été la cible la Déclaration au cours des 20 dernières années et qui se sont maintenant intensifiés à l’extrême ».  Elle a notamment déploré qu’aucun haut responsable de l’ONU ne se soit élevé contre « la désinformation et la fausse propagande » qui a précédé l’anniversaire de la Déclaration, provoquant l’absence d’un certain nombre de pays à cette commémoration.  

Lors de l’une des deux tables rondes organisées dans le cadre de l’événement, le Ministre des affaires étrangères du Guatemala a « profondément regretté » que les discours de la Conférence de Durban n’aient « pas reflété correctement l’antisémitisme et par extension l’Holocauste, le crime le plus grave commis du fait de sentiments racistes dans l’histoire de l’humanité ».  Il y a vu un « aspect inachevé » de la Déclaration de Durban, au moment où de graves manifestations d’antisémitisme ont lieu dans le monde.

RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE POUR LA CÉLÉBRATION DU VINGTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA DÉCLARATION ET DU PROGRAMME D’ACTION DE DURBAN

Thème: réparations, justice raciale et égalité pour les personnes d’ascendance africaine

Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban - Décision sur le projet de résolution A/76/L.2

Déclarations d’ouverture

M. ABDULLA SHAHID (Maldives), Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a rappelé que lorsque la Déclaration et le Programme d’action de Durban ont été adoptés en 2001, l’accent a été mis sur la lutte contre la discrimination raciale et l’intolérance.  Malheureusement, deux décennies plus tard, cet objectif n’a toujours pas été atteint, a-t-il déploré.  Mais il ne s’agit pas de dire que la Déclaration et le Programme d’action de Durban ont échoué, mais plutôt de reconnaître que « nous n’en avons pas fait assez » pour nous attaquer à l’omniprésence du racisme, de la discrimination raciale, de l’intolérance et de la xénophobie.  Pour M. Shahid, s’attaquer au racisme et à toutes ses formes est une responsabilité morale pour la justice.  « Le racisme engendre la violence, le déplacement et l’inégalité.  Il vit parce que nous le permettons.  Il pénètre la société parce que nous ne reconnaissons pas la diversité », a indiqué le Président de l’Assemblée générale.

Dès lors, a-t-il estimé, le thème « réparations, justice raciale et égalité pour les personnes d’ascendance africaine » vient à point nommé pour nous rappeler que, dans nos efforts pour nous protéger de la pandémie, il est nécessaire de reconnaître le passé et de s’attaquer au racisme qui sévit dans nos sociétés.  C’est d’ailleurs dans cette optique que sa présidence de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale comprendra « cinq lueurs d’espoir », dont l’une sera spécifiquement axée sur les droits humains et la lutte contre le racisme sous toutes ses formes.

M. Shahid a ensuite relevé que la pandémie mondiale a exacerbé les conditions sous-jacentes et exposé les lignes de faille.  « Il en va de même pour le racisme. »  En effet, a-t-il martelé, nous avons vu, et voyons encore, les personnes marginalisées et vulnérables prendre encore plus de retard.  Beaucoup se sont vu refuser l’égalité d’accès à la santé, à l’éducation et à la sécurité.  Ces faiblesses structurelles préexistantes constituaient déjà un désastre avant la COVID-19, et la pandémie n’a fait qu’aggraver la division et l’injustice.

Il a appelé à reconnaître ces lacunes et rechercher l’égalité raciale.  Il faut également exclure la division et renforcer la capacité d’adaptation de ceux qui ont été laissés pour compte.  Pour que leurs droits puissent se refléter de manière significative et se traduire par des politiques réalisables, ils doivent faire partie de la conversation, a insisté le Président pour qui le moment est venu de tourner la page sur le racisme et l’intolérance.

M. Shahid a également insisté sur l’importance de la reconnaissance du passé, que ce soit dans le cadre d’une apologie formelle ou par d’autres moyens, notant que « l’on ne peut pas surmonter ce qui n’est pas reconnu ».  Il a ensuite encouragé la communauté internationale, les individus, les dirigeants et les parties prenantes à s’engager dans un dialogue approfondi et honnête pour aborder cette question globale.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que la Déclaration originale de Durban se plaçait dans la voie tracée par la Déclaration universelle des droits de l’homme puis la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et qu’elle visait à faire du XXIe siècle un siècle de droits humains et à éradiquer le racisme sous toutes ses formes et manifestations odieuses.  Le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action offre une occasion importante de réfléchir à notre position et à la direction à prendre.

Or, a constaté M. Guterres, le racisme et la discrimination raciale imprègnent encore les institutions, les structures sociales et la vie quotidienne de chaque société.  Le racisme structurel comme l’injustice systématique continuent de priver de leurs droits humains fondamentaux de multiples personnes qui restent confrontées à la haine, à la stigmatisation, à la discrimination et à la violence.  La xénophobie, la misogynie, les complots haineux, la suprématie blanche et les idéologies néo-nazies se répandent, amplifiés dans les chambres d’écho de la haine.  Et le racisme est souvent le « catalyseur cruel » des violations flagrantes des droits humains comme de leurs transgressions rampantes.

Le Secrétaire général a également jugé indéniables les liens entre le racisme et l’inégalité entre les sexes.  Il a dénoncé une montée inquiétante de l’antisémitisme, « signe avant-coureur à travers l’histoire de la discrimination contre les autres ».  Il a appelé à condamner « sans hésitation ni réserve » le racisme, le sectarisme croissant dont sont victimes les musulmans, les mauvais traitements infligés aux chrétiens minoritaires et d’autres formes d’intolérance.

M. Guterres a toutefois vu se profiler à l’horizon « une lueur d’espoir » grâce à l’apparition d’un mouvement pour la justice et l’égalité raciales « d’une force, d’une portée et d’un impact sans précédent », souvent mené par les femmes et les jeunes.  Il a en outre rappelé les actions menées par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et le Conseil des droits de l’homme, ainsi que la création récente par l’Assemblée générale de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine.  Et il a demandé à chaque État Membre de prendre des mesures concrètes pour soutenir ces différentes démarches aux niveaux national et mondial.

Appelant à prendre acte ensemble des « crimes d’un passé qui, résonnant jusqu’à ce jour, continue de hanter notre présent », le Secrétaire général a demandé que soient « inversées les conséquences de générations d’exclusion et de discrimination, notamment par le biais de cadres de justice réparatrice ».

La pandémie de COVID-19 est la preuve accablante que nous sommes bien loin d’avoir corrigé les erreurs du passé, a fait observer M. Guterres, qui a rappelé que, dans certains groupes marginalisés, les taux de mortalité étaient trois fois plus élevés que la moyenne, alors que les femmes issues de groupes minoritaires subissaient une hausse de la violence de genre, étaient plus nombreuses à perdre leur emploi et l’accès à l’éducation et restaient les laissées-pour-compte des mesures de relance budgétaire.

La Déclaration et le Programme d’action de Durban visaient à briser le cercle vicieux dans lequel la discrimination conduit à la privation et la pauvreté aggrave la discrimination, a rappelé le Secrétaire général.

M. Guterres a appelé à reconnaître la diversité comme une richesse et a invité chacun à corriger les déséquilibres de pouvoir enracinés dans la domination coloniale, l’esclavage et l’exploitation qui continuent de ternir notre présent.  Il faut s’unir autour de notre humanité commune, a-t-il insisté.  « Personne ne naît raciste.  Les gens doivent apprendre à haïr », a poursuivi le Secrétaire général en citant Nelson Mandela, qui ajoutait que si les hommes peuvent apprendre à haïr, « on peut leur apprendre à aimer, car l’amour vient plus naturellement au cœur humain que son contraire ».

Dans un message vidéo préenregistré, Mme MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que 20 ans après Durban, les inégalités et les souffrances que le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée génèrent, continuent de freiner toutes nos sociétés et de nuire au développement durable et à la cohésion sociale.  Elle a jugé essentiel de dépasser les controverses du passé et de s’unir pour combattre le racisme et les discriminations qui y sont liées.  D’ores et déjà, les mesures prises ont jeté les bases solides d’un véritable changement, s’est-elle réjouie, citant notamment la proclamation de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, la création d’un nouveau mécanisme d’experts pour faire progresser la justice raciale dans l’application des lois et la mise en place de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine.  Elle a également indiqué qu’en juillet, elle avait présenté un programme en quatre points intitulé « Vers un changement transformateur en faveur de la justice et de l’égalité raciales », qui définit les éléments constitutifs d’un progrès tangible et durable.

Alors que des millions de personnes continuent de porter le fardeau des formes passées et contemporaines du racisme et de l’exclusion, Mme Bachelet a jugé important de s’attaquer à leurs conséquences durables, notamment par des formes appropriées de réparations.  Celles-ci, a-t-elle détaillé, doivent avoir une large assise et inclure des mesures visant à la restitution, à la réhabilitation, à la satisfaction et à des garanties de non-répétition.  Il peut aussi s’agir de reconnaissance et d’excuses officielles, de commémoration et de réformes institutionnelles et éducatives.

Ces efforts, a-t-elle poursuivi, doivent cependant aller au-delà du symbolisme et nécessitent un capital politique, humain et financier.  Elle a estimé que ces coûts doivent être considérés en tenant compte de l’enrichissement qu’ont connu de nombreuses économies grâce à l’esclavage et à l’exploitation.  La reconnaissance de cette réalité devrait encourager une véritable réflexion sur des réparations substantielles, a-t-elle ajouté.

Mme Bachelet a également appelé à renforcer et améliorer la coopération internationale pour accroître l’égalité des chances en matière de commerce, de croissance économique et de développement durable.  Il est aussi essentiel, à ses yeux, de promouvoir l’égalité non seulement au sein des pays, mais aussi entre eux pour renforcer la durabilité sociale, économique et environnementale.  Elle a encouragé à un plus grand engagement international sur ces questions de justice réparatrice.  Pour s’attaquer efficacement à la discrimination raciale et à l’inégalité dont sont victimes les personnes d’ascendance africaine, il faut en outre adopter une approche globale avec des stratégies concrètes et des objectifs réalisables et assortis de délais, a-t-elle insisté.

La Haute-Commissaire a également appelé à tenir compte des manifestations multiples et intersectionnelles de la discrimination raciale et intégrer cette reconnaissance dans les lois et les politiques visant à traiter et réparer l’inégalité et le racisme, notamment en intégrant une perspective de genre.

Le programme de lutte contre la discrimination nous concerne et nous appartient tous, sans distinction de race, de couleur, d’ascendance, d’origine ethnique ou nationale, d’affiliation, de religion ou de conviction, a-t-elle insisté.  Elle a appelé à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les objectifs définis à Durban, pour ensuite saluer le courage et la résilience des organisations de la société civile qui luttent contre le racisme.  La mobilisation militante d’aujourd’hui apporte une promesse supplémentaire que la justice raciale peut être réalisée, s’est-elle félicitée.

M. MATAMELA CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, dans une déclaration enregistrée, a déclaré que l’esclavage a été l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité et un crime d’une barbarie sans précédent, notant que son héritage persiste dans les Amériques, les Caraïbes, l’Europe, le Moyen-Orient et en Afrique même.  « Des millions de descendants d’Africains qui ont été vendus en esclavage restent piégés dans des vies de sous-développement, de désavantages, de discrimination et de pauvreté », a-t-il ajouté.

Il a appelé l’ONU à mettre la question des réparations pour les victimes de la traite des esclaves à son ordre du jour et a dit soutenir l’adoption de mesures spéciales, « y compris des programmes d’action positive et une aide financière ciblée », en guise de restitution aux communautés dont les ancêtres ont été vendus comme esclaves.  L’Afrique du Sud soutient en outre une représentation croissante des personnes d’ascendance africaine dans les institutions mondiales et aux postes de direction.

Alors que nous nous efforçons de corriger les torts du passé, nous devons combattre le racisme, le sexisme et le chauvinisme national du présent, a ensuite fait observer le Président sud-africain.  Parlant du racisme dirigé « contre les minorités ethniques, les migrants, les réfugiés, la communauté LGBTQI+ et d’autres groupes marginalisés », il a estimé qu’il avait conduit « au déni d’opportunité, à la discrimination institutionnalisée et à la violence ».

Rappelant que la Conférence de Durban avait donné naissance à un programme de lutte contre la discrimination apportant « un nouvel espoir et un changement dans la vie de millions de personnes », M. Ramaphosa a comparé l’unité faite dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 à celle qui doit aboutir au réengagement et à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Faisant appel à l’énergie et à la bonne volonté de chacun, le Président a conclu en appelant chacun à laisser « l’humanisme être notre guide et la solidarité être notre force la plus forte ».

M. FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République démocratique du Congo (RDC), au nom du Groupe des États d’Afrique et de la Communauté des Caraïbes, s’est inquiété de la résurgence alarmante de la discrimination raciale à travers le monde, notant que la pandémie de COVID-19 a encore exacerbé cette pratique.  Il a notamment décrié le fait que les PMA et les PEID n’ont accès qu’à une quantité minimale de vaccins contre la COVID-19.  « Des efforts réels sont nécessaires pour garantir la réalisation des buts et objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Durban », a-t-il estimé.

Il s’est dit « toutefois satisfait » des États Membres qui ont mis en œuvre, depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, des mesures législatives et administratives progressistes pour lutter efficacement contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Il a notamment félicité, « ceux qui apprécient et respectent le savoir et la contribution des personnes d’ascendance africaine dans leurs sociétés », pour ensuite saluer la création de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine le 2 août 2021, « démonstration de la coopération et de l’engagement des États Membres dans le processus de guérison pour les personnes d’ascendance africaine ».  Il a précisé que cette entité servira aussi bien de mécanisme consultatif que de plateforme pour améliorer la sécurité, la qualité de vie et les moyens de subsistances des personnes d’ascendance africaine.

Poursuivant, M. Tshisekedi Tshilombo a appelé les gouvernements à renforcer la protection contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée en veillant à ce que toutes les personnes aient accès à des recours efficaces et adéquats et jouissent du droit de demander aux tribunaux nationaux compétents des réparations pour tout dommage résultant d’une telle discrimination.  Selon lui, les réparations pour l’esclavage et le colonialisme devraient non seulement comprendre la responsabilité pour les torts historiques, mais aussi l’éradication des « cicatrices » de l’inégalité raciale, de la subordination et de la discrimination qui ont été construites sous l’esclavage, l’apartheid et le colonialisme, ainsi que la remise de dette.

« Tant que subsisteront les séquelles de l’esclavage et du colonialisme, notamment la pauvreté, l’accès inéquitable à l’éducation, au logement et à la justice, l’appel à la justice réparatrice restera une priorité des plus critiques pour les personnes d’ascendance africaine », a-t-il souligné.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Asie-Pacifique, a estimé que la déclaration politique qui sera adoptée aujourd’hui reflète les préoccupations communes des États Membres dans le domaine de la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie ainsi que l’intolérance qui y est associée.  Il y a aussi vu le reflet d’un engagement ferme de la communauté internationale à lutter contre ce fléau.  Le texte reconnaît que le racisme est une source de préoccupation internationale et que son éradication requiert des efforts intensifs, a-t-il indiqué.  Le représentant a ensuite déploré que malgré les efforts déployés par la communauté internationale ces 20 dernières années, de nombreuses personnes continuent de souffrir encore du racisme, entre autres.

Aujourd’hui, a-t-il enchaîné, nous sommes rassemblés pour nous rappeler les objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, revitaliser nos objectifs et nos efforts, réaffirmer l’importance des droits de la personne et accorder une valeur ajoutée aux efforts déployés par la société civile.  Il a également appelé à éviter que le monde en développement ne soit laissé pour compte.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES, (Équateur), au nom du Groupe de l’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC), a déclaré que les États membres de cette région avaient activement participé aux travaux visant à promouvoir les buts et objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Le GRULAC reconnaît les progrès accomplis mais aussi qu’il reste encore beaucoup à faire, en particulier dans l’intérêt des peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine.  À cet égard, une coopération internationale renforcée est nécessaire, a-t-il estimé.

Le représentant a condamné dans les termes les plus énergiques la résurgence actuelle du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée dans de nombreuses régions du monde.  Il y a vu de graves obstacles à la pleine jouissance de tous les droits humains, et un déni de cette vérité évidente que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.  À ses yeux, le dialogue interculturel, la tolérance, l’éducation et le respect de la diversité sont des approches utiles pour lutter contre ces fléaux.

De nombreux pays de la région sont constitués de populations multiethniques, multiculturelles et multilingues, a rappelé le représentant, qui a ajouté que cette diversité faisait leur force.  C’est en encourageant la pleine participation et la contribution de tous nos peuples que le développement durable sera réalisé, a-t-il ajouté.  Et c’est également en luttant contre la montée de la discrimination, des discours de haine, de la stigmatisation, du racisme et de la xénophobie liés à la pandémie de COVID-19 qu’on pourra lutter contre celle-ci.  Le délégué s’est ensuite déclaré convaincu que le processus de Durban peut aboutir à l’éradication de toutes les formes de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.

Mme BARRYL A. BIEKMAN, Coordonnatrice du Groupe chargé du suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban et des personnes d’ascendance africaine de TIYE International, a déclaré que sa participation, il y a 20 ans, à l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban fut l’un des plus grands événements de sa vie.  Les personnes d’ascendance africaine sont sans doute celles qui apprécient le plus la Déclaration, car notre épreuve a été reconnue en tant que premier groupe de victimes de la traite des esclaves transatlantiques et l’esclavage a été reconnu comme un crime contre l’humanité.

« La vérité est dotée du pouvoir inhérent d’apporter les changements escomptés », a-t-elle affirmé, soulignant que la lutte contre les formes multiples de racisme ne réussira que si nous tenons nos promesses.  Il s’agit, a-t-elle souligné, de défendre et de promouvoir la pleine mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, le document universel le plus fort des programmes des Nations Unies pour réaliser les droits de toutes les victimes du racisme dans une perspective intersectionnelle, notamment en tenant compte de l’afrophobie, la discrimination raciale, et la justice réparatrice et climatique.

Elle a vivement regretté les campagnes négatives visant à discréditer et sous-estimer la Déclaration et le Programme d’action de Durban qui, a-t-elle insisté, ne proclament en aucun cas le racisme, en particulier l’antisémitisme.  Cet affaiblissement structurel de la Déclaration est un coup dur pour tous ceux qui ont fait campagne pour la tenue de la troisième Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Sans la Déclaration et le Programme d’action de Durban, nous ne serions pas aussi près que nous le sommes aujourd’hui de disposer, au sein de l’ONU, d’une plateforme mondiale positionnée pour reconnaître les droits non réalisés des Africains et des personnes d’ascendance africaine.

Nous ne pouvons pas rester silencieux face à l’affaiblissement et la diffamation dont a été la cible la Déclaration au cours des 20 dernières années et qui se sont maintenant intensifiés à l’extrême, a lancé l’intervenante.  Mme Biekman a notamment fustigé le fait qu’aucun haut responsable de l’ONU ne se soit prononcé contre la désinformation et la « fausse propagande » qui a précédé l’anniversaire de la Déclaration, provoquant l’absence de différents pays à cette commémoration.  Combien de vies auraient pu être sauvées si les résolutions de l’Assemblée générale sur le programme de communication de la Déclaration avaient été mises en œuvre et que les populations du monde avaient connaissance de son contenu?

L’intervenante a également insisté sur l’importance que revêt l’octroi de réparations.  Il s’agit tout simplement du paiement d’une dette due pour des crimes contre l’humanité qui ont été commis et se sont poursuivis sous différentes formes jusqu’au XXIe siècle.  « Ils nous ont volés.  Ils nous ont vendus.  Ils nous doivent des réparations maintenant! » s’est-elle exclamée.

Mme CATHERINE LABIRAN, fondatrice du Praxis Project et représentante de la jeunesse, a déclaré que ce serait un tort d’affirmer que « nous ne sommes pas épuisés de parler du racisme », notant que cette question n’est pas nouvelle.  « Cet épuisement est ancestral.  Or, j’aimerais tant parler de nos vies, de notre esprit, de toutes les parties de nos vies qui sont négligées lorsque l’on ne parle de nous qu’en tant que Noirs. »  Elle a souligné que le fait de sauver quelqu’un change non seulement une vie mais également une famille et une communauté entière, pour ensuite saluer les actions de l’an dernier et la réponse de la diaspora.  Aucun gouvernement, ni entreprise ne peut prendre à son compte la révolution que nous voyons, a-t-elle affirmé. 

Elle a appelé à penser aux parents et aux grands-parents contraints de rééduquer leurs enfants et petits-enfants en raison de la désinformation qui est propagée dans les écoles et pour éviter qu’ils ne se retrouvent en prison.  « Il faut insister qu’être noir c’est être beau », a-t-elle déclaré.  Elle a également affirmé que la libération ne pourra pas être possible sans la liberté des femmes noires transgenres « qui font avancer leur identité sexuelle et la culture noire ».  

Mme Labiran a ensuite salué les personnes qui mettent en œuvre des réseaux d’aide dans le contexte de la pandémie qui a frappé de plein fouet les communautés noires et latinos.  Il faut bien comprendre comment ces réseaux d’aide mutuelle fonctionnent et permettent aux communautés de se renforcer en dépit des mesures de distanciation sociale, a-t-elle estimé. 

L’intervenante a également attiré l’attention sur le rôle de la créativité qui « nous a permis de penser au racisme au-delà de l’expérience propre ».  « Nous sommes des individus, mais également une collectivité », a-t-elle rappelé avant de saluer le travail des thérapeutes noirs qui gomment le stress du racisme et d’appeler à ne pas perdre de vue tout ce qui est fait pour contrer le racisme et ses conséquences.  Mme Labiran a également appelé à cesser de considérer que les conversations sur les réparations sont exagérées, insistant sur l’importance de la reddition de comptes et la prise de conscience.

Table ronde 1: « Réparations, justice raciale et égalité pour les personnes d’ascendance africaine – Où en sommes-nous 20 ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban? »

Présidée par la Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, la table ronde a vu se succéder une trentaine d’orateurs, dont neuf chefs d’État, la plupart de ces derniers s’exprimant dans des messages vidéo préenregistrés.

Tous ont rappelé l’actualité de la Déclaration de Durban, à l’exemple du Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Portugal, cofacilitateur de la réunion de haut niveau.  Ils ont demandé, à l’image de la Ministre des affaires étrangères du Lesotho, sa pleine mise en œuvre.  Ils ont dénoncé les méfaits du colonialisme et les atrocités de l’esclavage, mais aussi les formes persistantes de discrimination raciale, en mettant l’accent sur les personnes d’ascendance africaine, à l’instar du Ministre des affaires étrangères de l’Algérie qui a insisté sur les effets néfastes de la colonisation en Afrique.

La pandémie de COVID-19 n’est pas restée en dehors du sujet.  Le Président du Zimbabwe a ainsi estimé que le nationalisme vaccinal affiché par certains pays dans le contexte de la lutte contre la pandémie était sous-tendu par des aspects racistes.  La question des vaccins a pour le moins mis en évidence des discriminations, a ajouté la Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie.  Le Président de Cuba a, pour sa part, mentionné les exclusions et les inégalités structurelles de l’ordre économique capitaliste.  Plus généralement, le Président de la Guinée équatoriale ou encore la Ministre des affaires étrangères du Mozambique ont appelé à faire tomber toutes les barrières qui se dressent devant les minorités dans l’accès aux vaccins contre la COVID-19.

L’héritage de la violence coloniale, de l’injustice et des inégalités économiques fondées sur le racisme perdure et pollue l’ordre politique actuel, a également estimé le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui a rappelé que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) s’était faite la championne d’une justice réparatrice, qu’il a présentée comme un impératif moral indiscutable qui s’adresse à l’ensemble des anciennes puissances coloniales.  La Première Ministre de la Barbade a réclamé la tenue d’une réunion avec les anciennes puissances coloniales européennes pour négocier un programme d’annulation de la dette et des transferts de capitaux afin d’apporter aux peuples de la région « un semblant de justice qui n’a que trop tardé ».  Elle a en outre suggéré une coordination Union africaine-CARICOM pour s’entendre sur les types de réparation à mettre en place.  Dans le même sens, le Président du Guyana a exigé des « excuses complètes et inconditionnelles » des responsables et a demandé la tenue d’un sommet international destiné à mettre en place une justice réparatrice pour les victimes de la traite transatlantique des esclaves.

Les droits déniés dans le passé devaient être rétablis, a renchéri le Président du Malawi, pour qui les injustices commises à l’encontre des personnes d’ascendance africaine constituent « un crime trop grand pour être puni ».  Il a donc réclamé un mélange de pardon et de réparations, ces dernières, a-t-il précisé, devant aller au-delà d’une compensation financière et inclure la reconnaissance des injustices commises, des formes de restitution et de réhabilitation, des excuses, des réformes institutionnelles et l’assurance que de telles injustices ne seront pas répétées.

Outre les réparations pour les victimes, le Président des Seychelles a demandé des réformes institutionnelles, estimant qu’elles s’imposent pour réparer des siècles d’exploitation et de discrimination.  Nous avons les outils pour mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban, a-t-il ajouté.  Toutefois, les réformes institutionnelles à elles seules ne suffisent pas, a ajouté le Président du Kenya, qui a appelé à faire davantage.  Il a aussi, comme d’autres intervenants telle la Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, son homologue du Sénégal ou la Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Angola, présenté certaines mesures prises sur le plan national pour lutter contre la discrimination raciale et promouvoir la réconciliation et la bonne entente entre communautés.  Pour le Conseiller d’État de la Chine, tous les États doivent perfectionner leur cadre de lutte contre le racisme et renforcer un dialogue « respectueux et sans arrogance » entre les différentes cultures afin d’en finir avec le cercle vicieux par lequel le racisme et l’injustice sociale se renforcent mutuellement.  La Vice-Présidente du Costa Rica a surtout appelé à accélérer le mouvement et à passer des discours aux faits en prenant les mesures économiques nécessaires et en adoptant des politiques publiques concrètes et des mesures locales, nationales et internationales.  Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie a surtout mis en avant le soutien de son pays aux pays africains et à l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.

Plusieurs intervenants ont également rappelé que les engagements de Durban avaient été réitérés à différentes occasions, en particulier en Afrique par l’Union africaine, qui a étendu en 2011 l’appel de Durban à de nouvelles formes de racisme.  Toutefois, a fait observer le Ministre des affaires étrangères de Maurice, les Nations Unies restent le point central des efforts de lutte contre le racisme.  C’est pourquoi il s’est félicité de la création, le mois dernier, de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine, dont il a souhaité la rapide mise en pratique.  Tout en appelant les États Membres à démontrer leur leadership et leurs engagements contre toutes les formes de discrimination par l’adoption de lois et l’octroi d’une aide économique et financière ciblée, le Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud a réclamé une revitalisation des institutions multilatérales.  Le Président des Comores a ainsi appelé à un renforcement du rôle du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  De son côté, la Vice-Première Ministre de la Namibie a demandé l’adoption d’une déclaration contraignante des Nations Unies sur la promotion et le plein respect des personnes d’ascendance africaine.

Plusieurs orateurs ont fait observer que le racisme et l’intolérance faisaient florès dans les situations d’instabilité.  Pourtant, a rappelé le Président des Maldives, notre avenir commun dépend de l’acceptation de ceux qui sont différents et notre force repose sur l’unité dans la diversité.  La diversité est une richesse, a également rappelé le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte.  En ce sens, le Président de Cuba a, pour sa part, mis en avant le métissage de ses concitoyens, qui forment « un seul peuple afro-latino, caraïbe et métis », constituant un « tronc unique, vigoureux, doté d’une identité propre, ouvert au monde ».  Le représentant du Brésil a également mis l’accent sur la diversité ethnique de son pays.

Certains ont rappelé les risques que les technologies numériques font peser en facilitant la propagation des discours de haine et la propagande raciste, à l’exemple du Premier Ministre des Fidji, qui a insisté sur la responsabilité des grandes plateformes numériques.  Ce dernier a également expliqué que son pays finançait la dénonciation des discours de haine sur ces plateformes, en particulier pour ceux qui sont postés dans des langues vernaculaires, lesquelles échappent souvent à la surveillance exercée directement par les entreprises.  Le représentant de l’Inde s’est lui aussi inquiété des méfaits de la désinformation.

Si la plupart des intervenants ont parlé des populations africaines ou d’ascendance africaine, certains ont décrit la situation difficile d’autres groupes ethniques.  Le Ministre des affaires étrangères du Bangladesh a ainsi mentionné les exactions commises contre les Rohingya du Myanmar.  Le Ministre de la culture du Pérou a rappelé que c’est la population d’origine autochtone qui, avec 30%, constituait la part la plus importante de la population du pays, ce qui ne l’empêche pas de se trouver largement en situation d’exclusion.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Syrie a dénoncé la « désinformation raciste » dont auraient été victimes son pays et sa population.  Le Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine a quant à lui dénoncé le racisme dont est victime son peuple, ainsi que le boycott par certains États de la Conférence de Durban comme de la présente réunion.

Enfin, le Ministre des affaires étrangères du Guatemala a « profondément regretté » que les discours de la Conférence de Durban n’aient pas reflété correctement l’antisémitisme et par extension l’holocauste « le crime le plus grave commis du fait de sentiments racistes dans l’histoire de l’humanité ».  Il existe dans le monde de graves manifestations d’antisémitisme qui méritent notre attention, a-t-il fait observer, en estimant qu’il y avait là un « aspect inachevé » de la Déclaration de Durban.

La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a pour sa part attiré l’attention sur le sort des femmes et des filles victimes de racisme, notamment dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et a appelé à lutter contre les pratiques néfastes.  Elle s’est également inquiétée du manque de données ventilées.

La Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée est également intervenue, de même que la Directrice exécutive du Congressional Black Caucus Institute.

Table-ronde 2: « Réparations, justice raciale et égalité pour les personnes d'ascendance africaine - Comment appréhender le passé pour mieux aller de l’avant? »

C’est sous le mot d’ordre de la mobilisation pour l’espoir contenu dans un message vidéo du Président de l’Assemblée générale que la seconde table ronde, présidée par le Ministre des affaires étrangères du Gabon, a entamé ses travaux.  Cette plateforme a permis aux nombreux orateurs, comprenant des représentants des États Membres et un large éventail de parties prenantes, de mettre en lumière les succès et les défis rencontrés dans la lutte contre ce phénomène récurrent et qui est loin d’avoir disparu comme l’a souligné le Ministre d’État des affaires étrangères et de la coopération régionale de l’Ouganda, qui a déploré l’absence de progrès en matière des droits humains, notamment pour les minorités.  Après avoir dressé un état des lieux mitigé depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, les intervenants ont discuté de la manière dont le traitement de la discrimination raciale passée et l’octroi de réparations pourraient contribuer à faire avancer la lutte contre le racisme.

« Nous ne pouvons pas changer le passé mais sommes aptes à forger l’avenir », a reconnu la Belgique.  Alors, abordons ce passé aussi douloureux soit-il pour les uns et honteux pour les autres pour aller de l’avant, a estimé le Ministre des affaires extérieures du Cameroun, soutenu par le Ministre de la coopération et du développent du Burundi qui a appelé à une mobilisation collective pour octroyer une réparation aux victimes.  À ce stade, l’ONU doit jouer son rôle de chef de file, a plaidé pour sa part la Ministre des affaires étrangères et du commerce international de la Jamaïque.  Il s’agit d’une obligation morale pour Haïti qui a saisi cette occasion pour dénoncer les atrocités commises à la frontière américano-mexicaine.  

La Vice-Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale a, elle aussi, plaidé pour un programme transformateur incluant les réparations, regrettant l’absence aujourd’hui de plusieurs États qui devraient « être ici et s’excuser ».  Il faut donner justice aux victimes pour bâtir des sociétés basées sur la coexistence et l’harmonie, a souligné le Ministre d’État aux affaires étrangères du Qatar.

Si tous sont d’avis que l’« on ne peut surmonter ce qui n’est pas reconnu », de nombreux intervenants se sont interrogés sur le meilleur moyen d’aborder le passé pour aller de l'avant.  Les clefs de la réparation passent par l’acceptation des méfaits du passé et la garantie qu’un tel état de souffrance humaine ne se reproduira plus à l’avenir, a estimé le Népal appuyé par le Sri Lanka.  Le Niger a, pour sa part, insisté sur l’importance de de la coopération et du partenariat.

Le Vice-Chancelier de la University of the West Indies a proposé des pistes de réflexion, insistant notamment sur l’impératif de déraciner le legs de la colonisation et d’appuyer la légalité et la justice pour tous.  Il a également demandé à l’ONU de poursuivre ses efforts pour créer un contexte permettant à l’humanité de s’élever et s’épanouir aux plans éthiques et du développement.

La situation des peuples autochtones a par ailleurs été abordée par de nombreux États d’Amérique Latine, à l’instar du Ministre des affaires étrangères du Nicaragua qui a indiqué que son pays leur avait restitué des titres de propriétés équivalant à 38 000 kilomètres carrés.  Ces populations ont enrichi nos valeurs et c’est un devoir de premier ordre de leur rendre justice, a renchéri le Venezuela.

Pour pouvoir être considéré comme des égaux, il est essentiel de reconnaître et respecter la culture des peuples autochtones, a insisté à son tour le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, pour qui l’édification de sociétés plus justes ne peut intervenir que si l’on reconnaît cette souffrance passée.  Le multilatéralisme doit être la base de l’édification d’un avenir meilleur, a souligné la Vice-Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, tandis que l’Argentine a partagé certaines des initiatives à l’avant-garde menées dans son pays.

Au cours de cette discussion, plusieurs délégations se sont inquiétées de la recrudescence des formes contemporaines de racisme dans le contexte de la pandémie de COVID-19, à l’instar de l’Érythrée qui a dénoncé la diffusion de discours de haine en ligne, notant que leur propagation s’était aggravée durant la pandémie.  Le Ministre des affaires étrangères des Philippines a regretté que dans de nombreux pays, les migrants d’ascendances asiatiques ont souffert de disparités dans l’accès aux services économiques et sanitaires, y compris aux vaccins, le responsable philippin y soupçonnant même, « une volonté inavouée - peut-être dans l’espoir que le virus fasse le travail à leur place » pour se « débarrasser de cette population » Selon les estimations de la Présidente du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, l’octroi de réparations aurait permis de réduire de 30% l’impact de la pandémie sur certains groupes marginalisés.   

Beaucoup d’intervenants ont également fait part de leur préoccupation face à l’intolérance religieuse, une source de conflit, a admis le Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran.  Tançant l’islamophobie, ce dernier a appelé à recenser les principaux obstacles qui empêchent de venir à bout de ce fléau.  Il a également regretté que le monde soit le théâtre de nouvelles discriminations raciales, évoquant le cas de George Floyd, tombé sous la violence policière aux États-Unis.  Le Ministre des affaires étrangères du Pakistan a pour sa part encouragé la création d’une alliance mondiale contre la montée et la propagation des formes contemporaines de racisme, notamment provenant de groupes islamophobes, antisémites et autres groupes nationalistes et racistes violents.

Tout comme l’Irlande et le Japon, la Belgique a rejeté en des termes les plus vigoureux l’antisémitisme, l’occasion également pour le Chili de rappeler les millions de victimes de l'Holocauste et de souligner que de tels événements, qui horrifient l'ensemble de l'humanité, ne doivent pas se reproduire. De son côté, la Malaisie a décrié les graves injustices commises sur les populations palestiniennes par l’occupant israélien.  Le Saint-Siège s’est quant à lui inquiété de la « pratique insidieuse » de l’eugénisme qui se cache souvent derrière les techniques de procréation artificielle et les côtés sombres des diagnostics prénataux.

La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine est à la peine, a constaté le Conseil latino-américain de sciences sociales (CLACSO) qui a refusé de les poser « uniquement en victime, car nous sommes aussi la solution alternative ».  « L’histoire nous montre qu’il nous a fallu tout le XIXe siècle pour déraciner l’esclavage verbal du monde moderne, tout le XXe siècle pour traduire les promesses de l’émancipation en droits civils et en droits humains.  Et maintenant, ce XXIe siècle culmine dans cette lutte pour la justice », a par ailleurs déclaré le Vice-Chancelier de la University of the West Indies à qui est revenu le mot de la fin.

Segment de clôture

Dans un premier temps, Mme NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, et M. PACÔME MOUBELET BOUBEYA, Ministre des affaires étrangères du Gabon, ont présenté un résumé des tables rondes qu’ils ont respectivement présidées.

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, intervenant au nom de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a déclaré que la route vers un monde exempt de racisme est longue et ardue et pour ensuite appeler à la pleine mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  À cette fin, une coopération et une participation renforcées des gouvernements, des autorités locales, des associations de victimes, de la société civile et des institutions nationales des droits humains, entre autres, sont cruciales.

Elle a mis en exergue la nécessité de poursuivre un dialogue constructif sur les réparations, les jugeant essentielles pour transformer les relations de discrimination et d’iniquité et créer un avenir de dignité, d’égalité et de non-discrimination pour tous.  Elle a également appelé à examiner de plus près l’impact du racisme systémique sur des groupes spécifiques, notamment les Africains et les personnes d’ascendance africaine, les peuples autochtones, les Asiatiques et les peuples d’origine asiatique.  Il est également impératif de prêter attention aux formes de discrimination croisées et fondées sur l’identité de genre ou encore la religion, a-t-elle ajouté.  Mme Kehris a de même exhorté à examiner les structures de pouvoir et les pratiques institutionnelles existantes et à supprimer les lois, règles et pratiques discriminatoires.  Elle a également parlé des systèmes de justice pénale, soulignant que « le racisme pénètre tous les domaines de la société, y compris la santé, l’éducation, l’emploi, le logement, la sécurité sociale et alimentaire ».

Estimant que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’urgence de respecter les engagements de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, la Sous-Secrétaire générale a souhaité que la couverture maladie universelle et les régimes de protection sociale soient étendus à tous et que tous les groupes marginalisés aient un accès égal aux nouvelles technologies de l’information et des communications.  Tout obstacle, à cet égard, pourrait accroître la portée et l’ampleur de la discrimination raciale, a-t-elle averti.  Elle a ensuite insisté sur l’importance d’être à l’écoute des victimes afin d’assurer le respect, la protection et la jouissance de leurs droits.

Le Président de l’Assemblée générale, M. ABDULLA SHAHID, a conclu la célébration du vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban en indiquant que les points de vue et les recommandations soulevés aujourd’hui devraient servir de guide pour la construction d’une société inclusive et égalitaire, essentielle pour réaliser l’Agenda 2030.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’entame de son débat annuel, l’Assemblée générale résonne d’appels pour rétablir le multilatéralisme et sauver un monde « au bord du précipice »

Soixante-seizième session,
3e & 4e séances – matin & après-midi
AG/12364

À l’entame de son débat annuel, l’Assemblée générale résonne d’appels pour rétablir le multilatéralisme et sauver un monde « au bord du précipice »

Plus que jamais « au bord du précipice », « le monde doit se réveiller », s’est alarmé ce matin le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, dans son réquisitoire à l’ouverture du débat général annuel de l’Assemblée générale.  Notoirement absents l’an dernier en raison de la pandémie de COVID-19, les chefs d’État ont été nombreux aujourd’hui à se succéder à la tribune pour, comme l’a fait le Président des États-Unis, réaffirmer leur adhésion à un multilatéralisme durement éprouvé.

« Nous sommes moralement coupables de l’état du monde dans lequel nous vivons », a lancé M. Guterres, en donnant l’exemple de la lutte contre le coronavirus.  Alors que plus de 90% d’Africains attendent toujours leur première injection, des vaccins sont « jetés à la poubelle » dans certains pays, comme si les succès fulgurants de la science se heurtaient à un manque « tragique » de volonté politique, s’est indigné le Chef de l’Organisation, suivi sur ce point par les Présidents des Philippines et de la Colombie, MM. Rodrigo Duterte et Iván Duque.  Soucieux lui aussi d’« équité vaccinale », le Président de l’Assemblée générale et Ministre des affaires étrangères des Maldives, M. Abdulla Shahid, a annoncé son intention d’organiser une réunion de haut niveau pour réfléchir aux obstacles, tandis que le Secrétaire général suggérait la constitution d’une équipe spéciale d’urgence pour exécuter le plan mondial de vaccination.

M. Guterres a axé son discours sur les « six fossés » qu’il voudrait voir combler, à commencer par celui qui nous sépare de la paix.  Il a aussi attiré l’attention sur le fossé climatique, le fossé entre riches et pauvres, le fossé entre les genres, le fossé numérique et le fossé entre les générations.  Pour le dernier, il a exprimé son intention de nommer un Envoyé spécial pour les générations futures et de créer un bureau des Nations Unies pour la jeunesse.  Le danger que représente la propagation du jihadisme en Afrique a, lui, été mis en avant par le Président de la République démocratique du Congo (RDC) et Président en exercice de l’Union africaine.

Après le Mali, le Niger, le Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Burkina Faso et le nord du Mozambique, l’intégrisme islamiste a atteint l’est de la RDC, a signalé M. Félix Tshisekedi en invitant la communauté des nations à adopter une stratégie globale et efficace pour éradiquer ce fléau, au risque de voir se concrétiser une menace réelle pour la paix et la sécurité internationales.

Dénonçant aussi les inégalités criantes, qui pourraient être résumées par « la balade des milliardaires dans l’espace » pendant que des millions de personnes ont faim sur Terre, le Secrétaire général a prévenu que les populations pourraient perdent confiance dans leurs gouvernements, mais aussi dans les valeurs fondatrices de l’ONU.  « L’interdépendance est la logique du XXIe siècle » et « c’est l’idée qui guide l’ONU », a argué M. Guterres, en appelant à relancer le multilatéralisme, rétablir la confiance et inspirer l’espoir.

Un appel semble-t-il entendu par M. Joe Biden, dans ce qui était sa première intervention à l’Assemblée, en tant que Président des États-Unis.  Il s’est dit fier de pouvoir dire qu’en 20 ans, c’est la première fois que son pays n’est pas partie à un conflit.  Quelques semaines après le départ des derniers soldats américains d’Afghanistan, il est temps de substituer à l’« exemple de notre pouvoir » le « pouvoir de notre exemple », a-t-il dit, prêt à consacrer les ressources disponibles aux défis d’aujourd’hui et de demain, plutôt qu’aux « guerres d’hier ».  « Je le répète, nous ne cherchons pas une nouvelle guerre froide et un monde divisé en blocs rigides », a-t-il insisté.  « Nous voulons trouver des solutions communes et améliorer la démocratie, car aucune n’est parfaite », et « cela vaut aussi pour les États-Unis ». 

Aucun pays n’a le monopole de la démocratie, a renchéri le Président de la Chine, M. Xi Ping qui a pointé le doigt sur les derniers évènements internationaux pour démontrer les conséquences « désastreuses » des « prétendues transformations démocratiques » par la « force militaire ».  Rejetant la mentalité des « clubs exclusifs » et les « jeux à somme nulle ».  La logique du « fait accompli » a été dénoncée par M. Recep Tayyip Erdoğan, Président de la Turquie, qui a pris pour exemple la situation en Afghanistan.  Cette année, a ajouté son homologue de l’Iran, les deux évènements marquants ont été la vision d’Afghans tombant d’un avion américain mi-août, à Kaboul, précédée par la prise d’assaut du Capitole à Washington, le 6 janvier dernier.  Pour M. Ebrahim Raisi, le message est clair: l’hégémonie des États-Unis n’a plus « aucune crédibilité », que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de leur territoire.  Malgré sa « méfiance » face aux promesses de l’Administration Biden, M. Raisi a tout de même appuyé l’organisation de pourparlers sur la levée des « sanctions oppressives », prévue par le Plan d’action global commun (PAGC). 

« La différence entre 1,5 degré et 2 degrés est une condamnation à mort pour les Maldives », a tout simplement déclaré le Président de ce petit État insulaire, M. Ibrahim Mohamed Solih, qui n’a pas été le seul à exprimer son angoisse devant la montée des eaux et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.  Toutes les nations doivent revoir à la hausse leurs ambitions à la Conférence des États parties à la Convention sur les changements climatiques (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au mois de novembre, a pressé le Président Biden, avec en main une enveloppe de 11,4 milliards de dollars pour le climat.  Son homologue du Portugal, M. Marcelo Rebelo de Sousa, a rappelé la tenue à Lisbonne, en 2022, de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans, une « dimension essentielle de l’action climatique ».

Le débat général se poursuivra demain, mercredi 22 septembre, à 11 heures.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION - A/76/1

Présentation du rapport par le Secrétaire général

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré être venu pour « tirer la sonnette d’alarme » car « le monde doit se réveiller ».  « Nous sommes au bord du précipice –et nous continuons de nous en approcher.  Jamais notre monde n’a été aussi menacé.  M. Guterres a cité non seulement la pandémie de COVID-19, qui a « amplifié des inégalités déjà flagrantes », la crise climatique, mais aussi les bouleversements qui, de l’Afghanistan à l’Éthiopie en passant par le Yémen, viennent menacer la paix.  Il y a ajouté « l’embrasement de méfiance et de désinformation » qui polarise les gens et paralyse les sociétés; les menaces pesant partout sur les droits de l’homme; et les attaques contre la science.

Face à cette situation, l’aide économique destinée aux plus vulnérables, à supposer qu’elle leur parvienne, est insuffisante et arrive trop tard, a poursuivi le Secrétaire général, pour qui la solidarité fait défaut au moment où elle est le plus nécessaire.  Le Secrétaire général l’a illustré par l’image de vaccins contre la COVID-19 jetés à la poubelle dans certaines parties du monde alors que plus de 90% des Africains attendent toujours leur première dose.  Il a opposé les succès de la science, capable de mettre au point ces vaccins en un temps record, au manque tragique de volonté politique, égoïsme et méfiance, estimant que « Nous sommes moralement coupables de l’état du monde dans lequel nous vivons. »

M. Guterres est ensuite revenu sur la crise climatique, rappelant le « code rouge pour l’humanité » que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) représente.  Températures torrides, perte de biodiversité choquante, pollution de l’air, des eaux et des espaces naturels, les signes avant-coureurs de la catastrophe sont visibles sur chaque continent, a-t-il poursuivi, rappelant que même New York, la capitale financière du monde, n’est pas à l’abri.  M. Guterres a rappelé que, s’il est encore possible de tenir l’objectif de 1,5 degré fixé lors de l’Accord de Paris sur le climat, « la fenêtre pour le faire se ferme rapidement » et qu’au rythme des engagements nationaux actuels, la planète serait condamnée à « une situation infernale » d’augmentations de température d’au moins 2,7 degrés au-dessus des niveaux préindustriels.  Nous sommes à quelques semaines de la Conférence des Nations Unies sur le climat de Glasgow, mais apparemment à des années-lumière d’atteindre nos objectifs, a-t-il ajouté, appelant les dirigeants à s’y mettre sérieusement et à agir vite.

Pour M. Guterres, la COVID-19 et la crise climatique ont mis en lumière les « profondes fragilités » des sociétés et de la planète.  Aussi a-t-il dénoncé l’orgueil qui prévaut sur l’humilité nécessaire face à ces « défis formidables », l’absence de solidarité et le « fléau de la méfiance » qui se répand, face aux promesses non tenues, la corruption ou les inégalités, illustrées par les promenades dans l’espace de milliardaires pendant que des millions de personnes ont faim sur terre.  Les personnes que nous servons et représentons risquent de perdre confiance non seulement dans leurs gouvernements et leurs institutions mais aussi dans les valeurs de paix, de droits humains et de dignité qui animent le travail des Nations Unies depuis plus de 75 ans, a averti le Secrétaire général, qui a mis en garde contre la « rupture des valeurs » à laquelle peut mener la rupture de confiance.  « À quoi bon des promesses si les gens ne voient pas de résultats dans leur vie quotidienne. »

Pour le Secrétaire général, « l’heure de vérité a sonné » et le moment est venu de rétablir la confiance et de redonner de l’espoir.  « Et de l’espoir, j’en ai! », a-t-il ajouté, car « les problèmes que nous avons créés sont des problèmes que nous pouvons résoudre ».  Toutefois, a ajouté M. Guterres, le système multilatéral actuel a ses limites dans ses instruments et ses capacités, par rapport à ce qui est nécessaire et trop « axé sur le court terme » pour gérer efficacement les biens publics mondiaux.  Le Secrétaire général a donc demandé un renforcement de la gouvernance mondiale et le renouvellement du contrat social, en se concentrant sur l’avenir.

M. Guterres a rappelé que son dernier rapport, « Notre programme commun », fournit une analyse à 360 degrés de l’état de notre monde et présente 90 recommandations spécifiques pour relever les défis d’aujourd’hui et renforcer le multilatéralisme de demain.  Ce programme, a-t-il insisté, s’appuie sur la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, étant également conforme au mandat confié au Secrétaire général par la Déclaration de l’ONU75.

Pour parvenir à ce monde meilleur, il faudra combler six grands fossés, a expliqué M. Guterres, qui les a ensuite présentés successivement.

Il a d’abord cité le fossé de la paix, dressant un panorama des instabilités, des coups de force, de l’impunité, ou encore les deux approches géostratégiques divergentes qui font naître le spectre d’un monde beaucoup plus instable et plus dangereux que celui de la guerre froide.  « Pour redonner confiance et raviver l’espoir, nous avons besoin de coopération.  Nous avons besoin de dialogue.  Nous devons nous entendre. »

Il a ensuite cité le fossé climatique entrer Nord et Sud et demandé davantage d’ambition dans les trois domaines clefs de l’atténuation, du financement et de l’adaptation aux changements climatiques.  « N’attendez pas que les autres fassent le premier pas, faites votre part », a-t-il lancé à l’adresse de chacun des États Membres, en rappelant qu’il s’agit d’une « urgence planétaire ».  Il a notamment souhaité que 50% de tous les financements climatiques fournis par les pays développés et les banques multilatérales de développement soient consacrés à l’adaptation, rappelant que la Banque africaine de développement avait montré la voie en 2019.

Le Secrétaire général a ensuite appelé à réduire le fossé entre riches et pauvres, y compris dans le cadre de la pandémie par l’adoption d’un plan de vaccination permettant d’au moins doubler la production de vaccins et de protéger ainsi 70% de la population mondiale avant la fin du premier semestre 2022.  Suggérant la constitution et la composition d’une équipe spéciale d’urgence pour exécuter le plan de vaccination mondial, il a aussi suggéré aux économies avancées de réaffecter l’excédent de leurs DTS (droits de tirage spéciaux) aux pays qui en ont vraiment besoin.  Mais, « les DTS ne sont pas la panacée », a-t-il reconnu.  M. Guterres a également demandé la poursuite de la suspension de la dette jusqu’en 2022 et la réforme des système fiscaux.  Il a plaidé pour la mise en place d’un nouveau contrat social, avec une couverture sociale universelle notamment.

S’exprimant en français, M. Guterres a aussi appelé à combler le fossé entre les genres, en rappelant notamment les effets disproportionnés de la pandémie sur les femmes et les filles.  « L’égalité des femmes est essentiellement une question de pouvoir », a-t-il dit en appelant à changer l’équilibre du pouvoir.  Il a ainsi recommandé de veiller à ce que les femmes soient pleinement représentées et puissent apporter la pleine contribution partout.  Il a exhorté les gouvernements, les entreprises et les autres organisations à prendre des mesures audacieuses, y compris des critères de référence et des quotas, pour établir la parité hommes-femmes à tous les niveaux de la hiérarchie, offrant l’exemple de ce que l’ONU est parvenue à réaliser au sein de l’équipe dirigeante et parmi les responsables de bureaux de pays.  Il a aussi plaidé pour que soit adopté un plan d’urgence pour lutter contre la violence de genre dans chaque pays.

Pour « redonner confiance et raviver l’espoir », le Secrétaire général a appelé à réduire la fracture numérique, vu que la moitié de l’humanité n’a pas accès à Internet.  Souhaitant que tout le monde soit connecté d’ici à 2030, il a rappelé la vision de son Plan d’action de coopération numérique.  Il s’est inquiété de l’usage fait des données collectées par les plateformes numériques ou les États, parlant de « vaste bibliothèque d’informations » en train d’être constituée sur chacun d’entre nous, et de « contrat à terme » sur nos comportements et habitudes qui deviennent des produits.  « Ce n’est pas de la science-fiction.  C’est notre réalité.  Et cela exige un débat sérieux. »  Quels cadres juridiques nous permettraient de faire face à une cyberattaque massive, a-t-il lancé, regrettant le manque de consensus sur la façon de réglementer ces technologies.  Nous devons placer les droits humains au centre des efforts visant à un avenir numérique sûr, ouvert et équitable, a-t-il aussi insisté.

Enfin, M. Guterres s’est exprimé en espagnol sur le sujet du fossé entre les générations, qu’il a appelé à réduire, en rappelant que ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui hériteront des décisions prises par leurs ainés.  « Il faut les laisser s’asseoir à la table des négociations. »  C’est pourquoi il a annoncé la création d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse et la nomination prochaine d’un Envoyé spécial pour les générations futures.  Il a aussi rappelé que son rapport propose la tenue, l’an prochain, d’un sommet sur la transformation de l’éducation.

Avec un engagement réel, nous pouvons tenir la promesse d’un monde meilleur et plus pacifique, a conclu le Secrétaire général, pour qui la meilleure façon pour un État de promouvoir les intérêts de ses ressortissants est de faire avancer les intérêts de notre avenir commun.  « L’interdépendance est la logique du XXIe siècle » et « c’est l’idée qui guide l’Organisation des Nations Unies », a-t-il lancé en appelant en à relancer le multilatéralisme, rétablir la confiance et inspirer l’espoir, en commençant dès maintenant.

M. ABDULLA SHAHID (Maldives), Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, s’est dit honoré d’accueillir les délégations alors que débute la Semaine de haut niveau.  Il n’a pas caché sa joie de voir cette session se tenir à nouveau en personne, après une année et demie où « nous avons souffert en silence et dans l’angoisse ».  Il a ensuite exprimé sa profonde gratitude à son prédécesseur, M. Volkan Bozkir, avant de remercier le Secrétaire général pour son leadership et sa sagesse.  Il a également su gré au Président Ibrahim Mohamed Solih et au peuple des Maldives de lui avoir accordé leur confiance.  « Je suis vraiment touché et profondément fier de me tenir en tant que petit insulaire à cette grande tribune au nom de notre peuple », a-t-il confié.

Avant d’aborder les nombreux défis auxquels la communauté mondiale doit faire face, M. Shahid a souhaité célébrer les accomplissements des deux dernières années.  En un « temps record », l’humanité a développé plusieurs vaccins viables contre la COVID-19, a-t-il relevé, saluant les scientifiques et les chercheurs qui ont collaboré à cet « exploit remarquable d’ingéniosité humaine ».  Et si le plus grand déploiement de vaccins de l’histoire de l’humanité, actuellement en cours, n’est pas sans défauts, « il est monumental dans son entreprise », a souligné le Président de l’Assemblée générale, selon lequel « rien que pour ces réalisations, nous devrions être fiers ».

Où voulons-nous être à cette époque l’année prochaine?  Qu’est-ce que nous, en tant que peuple, avons l’intention d’accomplir au cours des 12 prochains mois?  Selon M. Shahid, la réponse à ces questions est claire: « le monde veut la tranquillité d’esprit ».  Pourtant, les défis ne manquent pas, a-t-il admis, évoquant « la fragilité, les conflits, la COVID-19 et les changements climatiques ».  Ces problèmes et bien d’autres « alimentent une anxiété collective et la peur que les choses empirent progressivement ».  Les gens craignent que nous n’en fassions pas assez pour résoudre les problèmes auxquels notre monde est confronté, et « ils n’ont pas tort ».  De fait, a assuré le Président de l’Assemblée générale, « nous pouvons faire plus ».  Pour la COVID-19 comme pour les changements climatiques, il ne nous manque que « que le soutien politique et les financements associés ».  S’agissant des conflits et de l’instabilité, « nous avons un désir quasi universel de désarmement et de non-prolifération nucléaires, mais nous hésitons à l’approche de la ligne d’arrivée, laissant les traités non ratifiés ».  Quant à la question humanitaire, « nous avons suffisamment de nourriture et d’eau pour subvenir aux besoins de la planète plusieurs fois, mais il existe une véritable crainte de voir le retour de la famine et les effets de la sécheresse ».  Résultat: des centaines de millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire d’ici à la fin de l’année.

Pour le Président de l’Assemblée générale, ce moment est un « tournant » de l’histoire.  « Nous pouvons choisir une voie d’isolationnisme, de destruction mutuelle, de lent recul de l’expérience humaine, ou nous pouvons forger ensemble une nouvelle voie, une voie durable et résiliente qui change l’avenir de notre planète ».  Si la COVID-19 a été une « tragédie de la plus grande ampleur », elle nous a aussi averti des dangers auxquels nous sommes confrontés si nous continuons à « traîner les pieds », a-t-il observé, affirmant croire sincèrement au « pouvoir de l’humanité » pour surmonter ces défis.  « Vous ne pouvez pas vivre aux Maldives et faire face à la menace existentielle de l’élévation du niveau de la mer sans espoir », a insisté M. Shahid avant d’énumérer les « cinq lueurs d’espoir » sur lesquelles il entend s’appuyer pour orienter les travaux de l’Assemblée générale cette année.

Tout d’abord, il a dit vouloir soutenir fermement la nécessité d’assurer l’équité vaccinale et de « vacciner le monde ».  Il entend ainsi accueillir une réunion de haut niveau sur cette seule question et aborder les obstacles pratiques qui sont apparus autour de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution.  Pour ce qui concerne la reprise à plus long terme, il prévoit d’appuyer une reconstruction en mieux, « plus forte, plus verte et plus bleue ».  En suivant les voies tracées par le Programme 2030, « nous pouvons nous éloigner des pratiques destructrices et embrasser un avenir meilleur », a-t-il soutenu.

Troisièmement, nous devons porter notre attention sur la crise climatique, « qui a pris le pas sur la COVID-19 », a-t-il souligné.  Estimant que le rapport du GIEC et d’autres « parlent d’eux-mêmes », il a averti que « nous sommes au bord d’une falaise ».  Pour répondre à cette urgence, il a annoncé qu’il organiserait une série d’événements sur l’action climatique.  Le premier, dans la perspective de la COP26, « contribuera à renforcer l’ambition et à garantir que l’action figure bien à l’ordre du jour ».  Il s’agit de réunir les capacités nécessaires pour réellement tenir nos promesses climatiques, a-t-il expliqué, souhaitant que tout pays ou toute communauté puisse « absorber » les technologies renouvelables innovantes.  Plus tard, un deuxième événement rendra hommage aux autres efforts environnementaux majeurs en cours sur l’océan, la désertification et la biodiversité, avec pour objectif d’aborder ces questions imbriquées lors d’une « supersession sur l’environnement ».

M. Shahid a indiqué que sa quatrième « lueur d’espoir » porte sur les droits humains.  Nous devons respecter les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en particulier en période de conflit, tout en nous efforçant de toujours responsabiliser et soutenir les personnes les plus vulnérables, a-t-il plaidé, en se disant déterminé à adopter une « approche transversale du genre » durant sa présidence.  Enfin, il a appelé de ses vœux la poursuite de la réforme et de la revitalisation de l’ONU.  À ses yeux, ce n’est pas une question d’équilibre des pouvoirs mais une « question d’efficacité ».  À cet égard, il a dit vouloir donner la priorité à l’écoute.  En nous engageant mieux avec les organisations de la société civile et en attirant plus de jeunes, nous saurons ce qui compte pour les gens et découvrirons de nouvelles façons de faire la différence, a-t-il avancé.

Avant de conclure, M. Shahid a souhaité rappeler que, pour les sept milliards de personnes dans le monde, l’ONU représente des dirigeants qui débattent non pas pour savoir s’il faut aider mais comment aider.  « Ne les laissons pas tomber ».  Nous n’avons jamais été aussi connectés, nous n’avons jamais eu la richesse, les ressources ou le savoir-faire que nous avons maintenant.  Il n’y a rien sur notre chemin pour nous arrêter si ce n’est nous-mêmes, a-t-il dit. « Soyons l’ONU que les gens veulent que nous soyons » et « donnons-leur de l’espoir maintenant. »

OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. JAIR MESSIAS BOLSONARO, Président du Brésil, a déclaré avoir fait le déplacement jusqu’à l’Assemblée générale pour « montrer un Brésil qui diffère de celui qui est représenté dans les journaux ou à la télévision ».  Le Brésil, a-t-il affirmé, a beaucoup changé « depuis notre accession au pouvoir en janvier 2019 ».  Pas un seul de cas de corruption n’a été signalé au cours des deux années et huit mois derniers, et le Brésil a un Président qui croit en Dieu, respecte l’armée et les valeurs familiales, a-t-il dit.  « C’est beaucoup si l’on tient compte du fait que nous étions au seuil du socialisme. »

Les entreprises de l’État qui croulaient sous des milliards de dollars en dette sont à présent lucratives et le Brésil dispose maintenant du plus important programme de partenariat public-privé de son histoire, s’est-il félicité, se félicitant en outre que le pays ait « regagné sa crédibilité ».  M. Bolsonaro a notamment indiqué que 100 milliards de dollars de nouveaux investissements avaient été contractés et que des contrats pour un montant de 6 milliards de dollars avaient été conclus pour créer de nouvelles lignes de chemin de fer.  Le Gouvernement promeut d’ailleurs la revitalisation du système ferroviaire, entraînant ainsi une diminution de la consommation de combustible fossile et des coûts opérationnels associés aux affaires au Brésil, en particulier pour ce qui est de la production alimentaire.  Des progrès notables ont également été réalisés dans le domaine de l’assainissement avec la concession au secteur privé des services de distribution d’eau et d’assainissement à Rio de Janeiro.  Il a aussi annoncé l’organisation « au cours des prochains jours » d’une vente aux enchères pour la mise en application de la technologie du G5 au Brésil.

Poursuivant, le Président Bolsonaro a indiqué que le Brésil fait face à d’importants défis environnementaux, précisant que 66% de son territoire est encore recouvert par la même végétation native que lors de la « découverte » du pays.  Et le biome amazonien, où 84% de la forêt est intacte, abrite la plus grande biodiversité de la planète.  Il a indiqué que son gouvernement entend atteindre la neutralité climatique et que des ressources humaines et financières ont été mobilisées pour renforcer les agences environnementales dans le but d’éliminer la déforestation illégale.  Dans l’Amazone, la déforestation a d’ailleurs diminué de 32% en août comparativement à la même période l’an dernier, s’est-il félicité.  « Existe-t-il un autre pays au monde avec une politique de protection de l’environnement comparable à la nôtre? »  En outre, a ajouté le Président, 83% de l’énergie consommée dans le pays provient de sources renouvelables.  Et lors de la COP26, a-t-il fait savoir, le Brésil cherchera à obtenir un consensus sur les règles du marché mondial des crédits carbone.  Il a ensuite appelé les pays industrialisés à honorer leurs engagements de financement climatique.

M. Bolsonaro a par ailleurs indiqué que 14% du territoire national, soit une superficie équivalant à la taille de la France et de l’Allemagne réunies, abrite des « réserves » de peuples autochtones et que le Brésil a en outre accueilli 400 000 Vénézuéliens déplacés par la crise provoquée par la « dictature bolivarienne ».  Nous accorderons en outre des visas humanitaires aux Chrétiens, femmes, enfants et juges d’Afghanistan, a-t-il informé.

Abordant le sujet de la pandémie, le Président brésilien a déploré l’inflation provoquée par les mesures de confinement.  Il a fait savoir que son gouvernement avait accordé, en 2020, une indemnisation d’urgence de 800 dollars à 68 millions de personnes dans le besoin, « contraintes de rester chez elles par décision des gouverneurs et des maires » et qui avaient perdu leurs sources de revenu.  L’action du Gouvernement a également permis au Brésil de finir l’année 2020 avec plus d’emplois formels que l’année précédente, s’est-il félicité, précisant qu’au cours des sept premiers mois de 2021, environ 1 800 000 emplois avaient été créés.

En outre, le Gouvernement a distribué plus de 260 millions de doses de vaccin et 90% de la population adulte a reçu au moins une dose, avec 80% de la population autochtones entièrement vaccinée, s’est félicité le Président Bolsonaro.  S’il a indiqué appuyer la vaccination, il a précisé que son gouvernement s’oppose au « passeport sanitaire » et à tout autre obligation vaccinale.  Nous appuyons également l’autonomie des médecins pour ce qui est de la recherche d’un traitement précoce, a-t-il ajouté, précisant qu’il en avait lui-même fait l’essai.  Nous ne comprenons pas pourquoi tant de pays ainsi qu’une proportion importante des médias s’opposent aux traitements précoces, a dit le Président.  « L’histoire et la science les tiendront responsables. »

Le Brésil vit une nouvelle époque, a déclaré le Chef d’État.  En termes économiques, nous avons l’une des meilleures performances parmi les pays émergents, s’est-il enorgueilli.  Il a aussi fait valoir que son gouvernement avait restauré la crédibilité extérieure du Brésil qui est aujourd’hui « l’une des destinations les plus prometteuses pour les investissements ».

M. JOSEPH BIDEN, Président des États-Unis d’Amérique, a commencé par rappeler que plus de 4,5 millions de personnes dans le monde entier avaient perdu la vie dans la pandémie de COVID-19, soulignant que « notre avenir commun » dépendra de notre capacité à envisager un « avenir partagé », face à des crises qui sont autant d’opportunités.  L’une des tâches les plus urgentes selon lui est de se préparer collectivement à faire face à la prochaine pandémie, « car prochaine pandémie il y aura ».  Et allons-nous relever le défi des changements climatiques ou choisirons-nous de subir les incendies, les sécheresses, les ouragans et les vagues de chaleur qui nous accablent? a demandé le Chef d’État.  Allons-nous laisser les principes universels auxquels nous sommes tous tenus être foulés au pied dans une « quête de pouvoir pure et simple »?  La question est de savoir si nous sommes prêts à nous battre pour notre avenir commun qui aura des conséquences pour les générations futures, a insisté M. Biden, considérant que nous sommes arrivés à un « point d’inflexion ».  Selon lui, aucun doute: au lieu de continuer à livrer les guerres d’hier, nous devons consacrer les ressources disponibles à relever les défis d’aujourd’hui et de demain.

Nous avons mis fin à 20 ans de conflit en Afghanistan, a-t-il rappelé, en précisant que Washington utilise le pouvoir de son aide au développement pour venir en aide aux populations qui en ont besoin partout dans le monde.  Le Président américain a réaffirmé la volonté de son gouvernement de renforcer sa coopération avec ses partenaires et les organisations multilatérales pour relever les défis qu’il a identifiés et œuvrer à l’avènement de cet « avenir commun ».  Parmi ces partenaires, il a cité l’OTAN, l’Union européenne et le Dialogue quadrilatéral pour la sécurité entre les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde.  Nous avons en outre repris notre coopération avec l’OMS, rejoint l’Accord de Paris sur le climat et briguons un siège au sein du Conseil des droits de l’homme l’an prochain, a rappelé M. Biden.  Nous voulons donner « l’exemple de notre pouvoir » mais aussi « le pouvoir de notre exemple ».  Pour défendre nos intérêts vitaux, il faut que notre mission soit « claire et réaliste », et dans la mesure du possible menée « en partenariat avec nos alliés ».

Considérant que la force ne doit être utilisée qu’en dernier recours, le Président des États-Unis a déclaré que « les bombes et les balles » ne serviront à rien contre les variants de la COVID-19.  Nous devons donc agir maintenant pour étendre l’accès aux tests et aux vaccins, a-t-il plaidé, en précisant que, d’ores et déjà, les États-Unis ont consacré plus de 15 milliards de dollars à la lutte contre la pandémie.

M. Biden a ensuite rappelé que scientifiques et experts sont formels: nous arrivons à un « point de non-retour » en matière de réchauffement planétaire.  Toutes les nations doivent revoir à la hausse leurs ambitions lors de la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques (COP-26), qui se tiendra en novembre.  « J’ai annoncé l’intention des États-Unis de réduire de 50 à 52%, d’ici à 2030, les émissions de gaz à effet de serre par rapports aux niveaux de 2005 », s’est enorgueilli le Président.  En avril, a-t-il ajouté, j’avais annoncé que nous allions doubler le montant de l’aide pour permettre aux pays en développement de mettre en place des mesures d’adaptation aux changements climatiques.  Mon administration travaille désormais avec le Congrès pour « doubler à nouveau ce montant », a fait encore valoir le Chef d’État.

Alors que les nouvelles technologies ne cessent d’évoluer, nous ferons en sorte qu’elles soient utilisées pour régler des problèmes et non pour « bâillonner la dissidence » ou violer les droits humains, a poursuivi M. Biden.  Outre une amélioration des infrastructures informatiques, il a annoncé l’adoption d’un « code de conduite pour le cyberespace », avant d’avertir que les États-Unis se réservent le droit de riposter aux cyberattaques lancées contre eux.

Pour le Président, toutes les grandes puissances doivent bien gérer leur relations pour privilégier une « concurrence responsable » aux logiques de conflit.  « Je le répète, nous ne cherchons pas une nouvelle guerre froide et un monde divisé en blocs rigides », a-t-il insisté, en affirmant vouloir œuvrer à la recherche de solutions communes même si nous avons parfois des « désaccords profonds ».  Il a déclaré être opposé à l’acquisition de l’arme nucléaire par la République islamique d’Iran, à laquelle il a demandé de respecter ses obligations en vertu du Plan d’action global commun (PAGC).  Après avoir annoncé que les États-Unis comptaient consacrer 10 milliards de dollars à la lutte contre la famine aux niveaux national et international, et investir des centaines de millions dans des projets d’infrastructure internationaux en coopération avec ses partenaires du G-7, le Président Biden a souligné l’importance des négociations politiques pour parvenir à la paix au Moyen-Orient.  Il s’est déclaré convaincu que la solution des deux États est la seule possible pour Israël et la Palestine, même s’il a reconnu que « nous sommes encore loin de cet objectif ».  Mais nous ne pouvons pas renoncer à régler ce conflit, ou ceux qui sévissent aussi en Éthiopie et au Yémen, a-t-il relevé. 

Aucune démocratie n’est parfaite, « et cela vaut pour les États-Unis », mais nous continuerons à tout mettre en œuvre pour l’améliorer et permettre au potentiel humain « de pleinement s’exprimer », a-t-il assuré.  Pour le Président Biden, le moment est venu de réaffirmer cette humanité.  « Choisissons de faire plus.  Faisons reculer les changements climatiques, renforçons notre résilience et garantissons un avenir où la technologie sera au service des générations actuelles et futures et non une menace pour elles. »  Le Président s’est réjoui que, pour la première fois depuis 20 ans, les États-Unis ne soient pas en guerre.  « Toutes les énergies doivent se concentrer sur demain, et non hier. »  Demain, nous jouerons un rôle de premier plan sur tous les fronts, mais nous le ferons avec tous nos partenaires désireux de bâtir un avenir commun, a-t-il espéré.  Il a conclu son discours en invitant, « ensemble », à préserver notre planète et à choisir un monde meilleur.

M. IBRAHIM MOHAMED SOLIH, Président des Maldives, s’est dit fier, 56 ans après l’indépendance de son pays, de pouvoir s’adresser à la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU dans sa langue maternelle, le dhivehi.  « Les Maldives sont peut-être de petite taille mais les Maldiviens sont grands par la richesse de leur culture et de leur patrimoine », s’est-il enorgueilli à la tribune, avant de saluer la « présidence de l’espoir » de son compatriote Abdulla Shahid avec ses cinq « lueurs d’espoir ».

Pour les Maldives, comme dans le monde entier, la pandémie a été un « défi sans précédent », a témoigné M. Solih en rappelant que l’économie de son pays repose sur l’accueil des touristes.  De plus, a-t-il souligné, les Maldives « importent presque tout ».  Après avoir fermé nos frontières, nous avons été confrontés à des « résultats catastrophiques »: les touristes ont cessé d’arriver, les recettes en devises ont chuté, les entreprises ont coulé et le confinement a entravé le bien-être social.  Cela a retardé des années de scolarité pour nos enfants bien-aimés mais « nous avons réussi à gérer la pandémie en suivant avec détermination les consignes données par nos professionnels de santé ».  Aujourd’hui, s’est-il plu à dire, nous avons vacciné 95% de tous les écoliers et 85% de tous les résidents des Maldives.  Les écoles ont repris leurs cours, les entreprises ont redémarré et les frontières ont été rouvertes, relançant l’activité des stations balnéaires.  « Les Maldives sont redevenues le côté ensoleillé de la vie.  Venez nous rendre visite », a-t-il lancé.

Pourtant, a averti le Président maldivien, la COVID-19 persistera tant qu’elle ne sera pas vaincue partout, et il a appelé à vacciner le monde le plus tôt possible et de le faire équitablement.  Avec le temps, il faudra nous résoudre, collectivement, à faire en sorte qu'une telle catastrophe ne se reproduise plus.  « Nos concitoyens comptent sur tous ceux qui sont ici présents pour s’assurer que nous mettons en commun nos ressources, nos efforts, nos connaissances, nos compétences et nos découvertes pour prévenir la prochaine pandémie mondiale ». Pour l’heure, a-t-il relevé, l’urgence est de reconstruire notre économie, de restaurer les moyens de subsistance et de garantir un retour à une vie normale.

Dans le même temps, a souligné M. Solih, il existe des preuves scientifiques accablantes que l’urgence climatique serait catastrophique pour l’humanité.  Citant les conclusions du dernier rapport du GIEC, il a noté que les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et que le taux d’élévation du niveau de la mer a triplé par rapport à la période allant de 1901 à 1970.  Alors que nous avons déjà provoqué une augmentation de 1,1 degré Celsius du réchauffement de la planète, il est recommandé de réduire les émissions mondiales de 45% d'ici à 2030 et d’atteindre le « zéro émission net » d’ici à 2050 pour limiter le réchauffement à 1,5 degré.  « La différence entre 1,5 degré et 2 degrés est une condamnation à mort pour les Maldives », a-t-il prévenu, ajoutant que la catastrophe environnementale subie actuellement par les petits États insulaires rattrapera sans aucun doute les plus grandes nations.  De fait, a-t-il asséné, « il n’y a aucune garantie de survie pour une nation dans un monde où les Maldives cesseraient d'exister ».

Cela étant, nous gardons espoir que la bataille n’est pas perdue, a indiqué M. Solih, venu porter le plaidoyer d’enfants maldiviens pour le climat de notre monde.  Il a souhaité que les pays adoptent des mesures plus strictes pour arrêter leurs émissions et que les nations riches aident les petites nations à recevoir un soutien sous forme de renforcement des capacités, de transferts de technologies et de ressources financières pour renforcer leurs défenses dans la lutte contre le climat.  Cela nous oblige également à renoncer à notre dépendance aux combustibles fossiles et à adopter des technologies plus propres et plus intelligentes pour notre consommation d’énergie, a-t-il affirmé, se disant déterminé à « ne pas attendre passivement sur le front climatique ».

Autres « problèmes mondiaux urgents », le terrorisme et l’extrémisme violent restent d’actualité, a encore observé M. Solih, non sans préciser que les Maldives se sont toujours targuées d'être un pays musulman modéré dans lequel prévaut un islam « pluraliste et rationaliste ».  Toutefois, « nous ne sommes pas à l’abri de la menace que représentent les extrémistes radicalisés », comme est venue le rappeler, le 6 mai dernier, la tentative d’assassinat ciblé contre le président du Parlement maldivien, l’ancien Président Mohamed Nasheed.  « Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que d'autres attaques aussi lâches sont planifiées et alors que de plus en plus de jeunes esprits sont empoisonnés par des interprétations fausses et violentes de la religion », a martelé le Président maldivien, réitérant son engagement indéfectible à travailler avec la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme de manière coordonnée et globale.

Enfin, après avoir réaffirmé sa solidarité avec le peuple palestinien et appelé à la pleine reconnaissance de la Palestine en tant qu’État indépendant, M. Solih s’est dit préoccupé, en tant que voisin de la région d’Asie du Sud, par la paix et la stabilité à long terme en Afghanistan.  Il a souhaité que les droits des femmes et des filles y soient protégés et qu’un gouvernement inclusif et représentatif du peuple y soit formé.  L’Afghanistan pourra ainsi démontrer son engagement à bâtir un pays pacifique, durable et prospère, a-t-il dit, avant de se féliciter en conclusion que les Nations Unies soient « la plateforme mondiale la plus importante de délibération et de prise de décision pour résoudre les défis les plus importants du monde ».

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, a considéré que la pandémie avait révélé les forces et les faiblesses de la communauté internationale, et mis en échec le multilatéralisme.  Il en a vu pour preuve les écarts persistants et « sans précédent » dans l’accès au processus de vaccination.  « Alors que certains pays acquièrent des doses supplémentaires six ou sept fois supérieures à leur population et annoncent des campagnes de rappel, d’autres n’ont pas été en mesure d’injecter une seule dose », s’est-il indigné.  Mais la pandémie a exacerbé d’autres crises dont les effets sont tout aussi menaçants, a fait observer le Chef d’État.  Il a pointé les changements climatiques et les inégalités toujours plus grandes causées par les récessions économiques et les crises migratoires qui poussent des populations à « fuir les dictatures et les régimes honteux ».

M. Duque a expliqué que son pays avait suivi trois approches pour affronter la pandémie: la santé, la prise en charge des plus vulnérables et la relance économique.  Outre la mise en œuvre du plan national de vaccination pour couvrir au moins 70% des Colombiens, la Colombie a rejoint le Mécanisme COVAX, en assumant le leadership régional en coordination avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), a noté le Président, en insistant sur la nécessité de renforcer le multilatéralisme en matière de santé et de faire progresser l’équité pour la distribution des vaccins.  « C’est notre devoir moral. »

Le Chef d’État a ensuite soutenu que son gouvernement, en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, « a lancé l’agenda social le plus ambitieux de ce siècle en Colombie et, peut-être, de son histoire ».  Jusqu’en décembre 2022, a-t-il dit, nous maintiendrons un revenu de base d’urgence, dit de solidarité, pour prêter assistance à plus de quatre millions de ménages vulnérables, en fournissant un soutien économique direct à plus de 25% de la population.  Il a aussi mentionné l’aide à l’emploi mise en place pour protéger plus de quatre millions de travailleurs déclarés et le régime de remboursement de la TVA adopté qui bénéficie à plus de deux millions de ménages vulnérables.  À cela s’ajoutent le versement de 25% des coûts de l’embauche des jeunes et la gratuité indéfinie des frais de scolarité dans les établissements publics pour les foyers dans le besoin et la classe moyenne émergente. 

Ces réalisations dans les domaines de la santé, des soins sociaux et d’autres dans la stabilité fiscale font partie de l’« Engagement envers la Colombie », un programme de relance que le Président a qualifié de « New Deal colombien ».  Grâce à un mélange d’investissements privés, publics et public-privé, les résultats économiques au deuxième trimestre 2021 constituent les meilleurs résultats enregistrés pendant « ce siècle », avec un taux de croissance prévisionnel de plus de 7% pour cette année.  Face aux difficultés rencontrées par d’autres pays émergents, M. Duque a lancé un appel en faveur d’un « consensus mondial », sous l’impulsion du Fonds monétaire international (FMI) et des banques multilatérales de développement, pour établir de nouveaux « critères de risque budgétaire minimum pendant la phase de réactivation post-COVID ».  Sinon, a-t-il mis en garde, à court terme, compte tenu de la demande d’endettement et d’une hausse générale des coûts du capital, une crise de la dette pourrait se profiler, susceptible d’entraîner de nouveaux revers et des effets récessifs sur le plan mondial.

Le Président a ensuite déclaré que les dialogues avec le gouvernement intérimaire du Venezuela, qui incarne la résistance démocratique à la « narco-dictature », doivent aboutir à une élection présidentielle, libre, transparente.  « Toute issue qui perpétue la honte dictatoriale et permet au régime de gagner du temps aggravera la plus grande catastrophe humanitaire que notre continent connaisse.  La fin de la dictature EST la seule voie viable pour le bien-être du peuple vénézuélien, et ce doit être le but de l’action internationale », a tranché M. Duque.

D’autre part, la Colombie a également progressé dans la construction de la paix nationale, a dit le Président.  La mise en œuvre de l’accord de paix signé en 2016 avec le « groupe terroriste » FARC a aujourd’hui fait des progrès significatifs dans le processus de réintégration des ex-combattants, comme l’a vérifié la Mission de l’ONU déployée en Colombie.  Grâce à des plans de développement axés sur une approche territoriale et qui accordent une attention aux zones les plus touchées par la violence, davantage de progrès ont été accomplis ces trois dernières années qu’au cours des 20 premiers mois de la mise en œuvre, a reconnu le Bureau de l’Ombudsman de Colombie.  Toutefois, les défis demeurent, car les « dissidents des FARC, de l’ELN et d’autres groupes criminels » qui n’ont jamais misé sur la paix, selon le Président, persistent dans leurs tentatives de porter atteinte à la vie des leaders sociaux, des chefs de file environnementaux et des personnes en voie de réintégration, a-t-il dénoncé.

CHEIK TAMIN BEN HAMAD AL THANI, Émir du Qatar, a fait remarquer que l’épreuve difficile de la COVID-19 avait révélé les failles et les vulnérabilités du système de sécurité collective.  Elle a également fait ressortir l’importance de protéger la santé et les moyens de subsistance, ainsi que le rôle de l’État dans le règlement des crises.  Il a insisté sur l’importance de lutter contre le scepticisme vaccinal « qui a déferlé avec une violence égale à celle de la pandémie. »  Pour sa part, a-t-il dit, le Qatar s’est mobilisé pour aider les pays à répondre à leurs besoins, notamment dans le cadre de l’Alliance GAVI.

M. Al-Thani a ensuite insisté sur l’importance de trouver une issue aux conflits qui sévissent au Moyen-Orient.  Concernant la région du Golfe, le Qatar a souligné à mainte reprises l’importance du Conseil de coopération du Golfe dans le règlement des différends par le dialogue, a-t-il rappelé.  En outre, il a plaidé pour le respect mutuel et le dialogue qui doivent prévaloir pour assurer le retour de l’Iran au Plan d'action global commun.  L’Émir du Qatar a également dénoncé les agressions d’Israël contre des lieux saints, notamment la mosquée Al-Aqsa, et les incursions dans la bande de Gaza qui y ont aggravé la situation humanitaire.  Il a appelé à la création d’un État palestinien sur la base des frontières de 1967, déplorant que celle-ci reste en suspens et regrettant la « marginalisation » de la question palestinienne.

Le retrait des États-Unis de l’Afghanistan est un tournant majeur pour ce pays, a-t-il poursuivi, appelant à parvenir à un règlement politique global de la crise dans cet État.  Il a parlé de l’appui apporté par le Qatar à l’évacuation de milliers d’Afghans et rappelé que son pays avait accepté d’accueillir un bureau des Taliban afin de privilégier le dialogue.  Le Qatar entend tout faire pour préserver les accords conclus à Doha et veiller à leur mise en œuvre, a—t-il souligné, avant d’appeler la communauté internationale à aider l’Afghanistan, à dépolitiser l’aide humanitaire et à poursuivre le dialogue avec les Taliban.  Les boycotter ne fera qu’attiser la polarisation, a-t-il prévenu, notant que les Taliban ont vaincu un système politique imposé depuis l’extérieur.  Malgré les sommes colossales dépensées, cette tentative a échoué, a-t-il remarqué en concluant qu’on ne peut imposer un système politique depuis l’extérieur et par les armes.  « Chaque pays doit choisir le système qui lui correspond. »

En venant à la crise en Syrie, l’Émir a appelé à ne pas tourner le dos aux souffrances des Syriens, pointant le récent bombardement de Deraa. Il a également appelé à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité pour préserver l’intégrité de la Syrie. Il a estimé par ailleurs que l’évolution du dossier libyen incite à un optimisme prudent et a appelé les parties à veiller au bon déroulement des élections. S’agissant du Yémen, il a estimé que la seule solution à la crise passe par les négociations entre les parties et la mise en œuvre de la résolution 2216 (2015). Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, il a appelé l’ONU à diriger le processus pour prévenir l’utilisation des progrès scientifique en matière de cyber sécurité à des fins malveillantes. L’Émir a par ailleurs insisté sur l’importance d’assurer la réussite de la COP26 en indiquant que le Qatar déploie tous les efforts utiles pour développer des technologies propres.

Mme ZUZANA ČAPUTOVÁ, Présidente de la Slovaquie, tout en se disant optimiste que la science offre des solutions pouvant permettre de surmonter les défis actuels et de demain, a regretté que les promesses faites l’an dernier n’aient pas été tenues.  Elle a fait remarquer que sur les cinq milliards de doses de vaccins contre la COVID-19 administrées dans le monde, 10 pays ont concentré près de 75% des doses.  Cinquante pays ont un taux de vaccination inférieur à 5%, dont la moitié ont un taux d’à peine 1%, s’est-elle indignée, en dénonçant « l’égoïsme vaccinal ».  La solidarité devrait être un principe contraignant, pas une option, a plaidé Mme Čaputová en assurant que la Slovaquie continuera à soutenir l’effort COVAX.

« Notre tâche commune est de sauver notre planète », a dit la Présidente en souscrivant aux priorités fixées par le Secrétaire général de l’ONU.  Mme Čaputová a insisté sur l’urgence à agir, une tâche qui incombe aux dirigeants d’aujourd’hui et qui ne peut plus être repoussée.  S’appuyant sur les conclusions « choquantes » du récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Mme Čaputová a appelé à accélérer la réponse à la crise climatique.  En moins de six mois, nous avons pu conclure un accord sur une fiscalité mondiale équitable, a-t-elle noté, en invitant à faire de même pour conclure un accord sur les émissions mondiales de carbone.  Dès lors, la prochaine COP26 à Glasgow doit donner le ton à une adaptation beaucoup plus rapide et à des réductions radicales des émissions, a-t-elle espéré.

La Présidente de la Slovaquie a annoncé vouloir réduire les émissions de son pays de 55% d’ici à 2030 et devenir climatiquement neutre d’ici à 2050.  D’ici à 2023, le charbon ne sera plus utilisé pour produire de l’électricité et de la chaleur et, dans les années à venir, la Slovaquie consacrera près de 6% de son PIB à la relance économique dont un tiers ira à la transition verte, a-t-elle annoncé.  La Présidente a également exhorté la communauté internationale à correctement financer le Fonds vert pour le climat et à le rendre accessible.  Au sommet de Kunming, nous devrons tous jouer un rôle pour protéger la biodiversité, a-t-elle renchéri, en expliquant qu’en Slovaquie, la moitié du territoire des parcs nationaux sera libre d’intervention humaine d’ici à 2025 et les trois quarts dans 10 ans.

« Sauver la planète, c’est aussi faire respecter un ordre international fondé sur des règles et l’état de droit, sur le plan national comme à l’étranger. »  La Présidente a souligné la responsabilité principale du Conseil de sécurité en la matière, regrettant que, « trop souvent, on le voit incapable d’agir ».  Arrêter la violence et fournir un accès humanitaire ne saurait être quelque chose de négociable mais une priorité collective absolue, a-t-elle tranché.

Appelant aussi à tirer les enseignements de l’Afghanistan, elle a mis l’accent sur l’impératif de fournir d’urgence une aide humanitaire à la population afghane et de protéger les droits légitimes des femmes afghanes.  Avec les Premières Ministres islandaise et néo-zélandaise, et d’autres femmes dirigeantes politiques, nous avons lancé un appel pour soutenir les filles et les femmes afghanes, a annoncé Mme Čaputová en appelant ses pairs à unir leurs forces pour que cela se concrétise.  Elle a conclu son discours sur un appel à l’inclusion pour réussir à relever, ensemble, les défis d’aujourd’hui et de demain.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal, a commencé par féliciter M. Abdulla Shahid pour son mandat, estimant que l’Assemblée générale a accordé sa confiance « à la bonne personne, au bon moment ».  Il a ensuite fait observer que la pandémie de COVID-19, les crises économiques et sociales qui en résultent et les récents développements en Afghanistan nous confrontent à des « évidences » que nous ne pouvons ni ne devons ignorer, la première étant que le monde est multipolaire.  « Aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut faire face, seul ou avec quelques partenaires, aux changements climatiques, aux pandémies, aux crises économiques et sociales, au terrorisme, à la désinformation, ni promouvoir la circulation sûre et ordonnée des personnes, la protection des personnes les plus vulnérables et les droits de l'homme. »

Pour le Président portugais, la deuxième « évidence » est que la gouvernance d’un monde multipolaire nécessite un engagement et un accord entre les nations, « et cela signifie le multilatéralisme ».  Face à des défis qui dépassent les frontières et nécessitent des réponses communes, celui-ci doit s’appuyer sur le droit international, les valeurs de la Charte et le renforcement des organisations internationales, à commencer par les Nations Unies et ses agences spécialisées, a-t-il ajouté, y voyant une troisième « évidence ».

La quatrième « évidence » procède, selon lui, du fait que « chaque fois que nous hésitons sur le multilatéralisme, chaque fois que nous remettons en question le droit international et le rôle des organisations internationales, nous échouons », comme cela s’est vérifié dans la réponse à la pandémie ou aux crises émergentes, et dans la promotion de la paix et de la sécurité.  De fait, a-t-il argué, « Notre Programme commun » et les idées novatrices avancées dans le récent rapport du Secrétaire général constituent « notre meilleure feuille de route ».

Cinquième « évidence », à ses yeux: la nécessité d’élargir, approfondir et accélérer les réformes aux Nations Unies, à la fois dans la gestion, la paix et la sécurité, et le système de développement.  Mais il convient aussi d’avancer dans la réforme du Conseil de sécurité afin qu’il reflète les « réalités du XXIe siècle », a-t-il souligné, plaidant pour qu’au moins un État d’Afrique figure parmi les membres permanents, ainsi que le Brésil et l’Inde.  M. Rebelo de Sousa a convenu que ces réformes nécessitent des moyens financiers supplémentaires.  « Affirmer le rôle des Nations Unies, mais lutter contre les réformes et nier les ressources revient, dans la pratique, à affaiblir le multilatéralisme et à favoriser des situations de crise, avec des effets négatifs pour tous », a-t-il averti.

Assurant que le Portugal et l’Union européenne (UE) défendent le multilatéralisme, le Chef d’État a rappelé que son pays s’est engagé à réformer l’OMS, à soutenir un traité international sur les pandémies et à garantir que les vaccins soient un « bien public mondial ».  Le Portugal est aussi attaché au Programme 2030, à l’allègement de la dette extérieure des pays les plus vulnérables et à la mise en œuvre du Pacte mondial pour les migrations.  En 2022, il accueillera à Lisbonne, avec le Kenya, la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans, une « dimension essentielle de l’action climatique ».  De plus, a ajouté M. Rebelo de Sousa, le Portugal participe aux opérations de maintien de la paix, soutient le dialogue UE-Afrique et l’action internationale pour la stabilisation du Sahel, la sécurité maritime dans le golfe de Guinée et la coopération avec le Mozambique dans sa lutte contre le terrorisme.

« Le Portugal n’a jamais changé de cap », a-t-il insisté, évoquant la participation de son pays à la Communauté des pays de langue portugaise ou encore l’initiative audacieuse de feu le Président Jorge Sampaio offrant une plateforme mondiale pour les étudiants syriens, désormais étendue aux réfugiés afghans.  « Nous ne changeons pas nos principes.  Et nous tiendrons ce cap si vous nous faites confiance pour un mandat au Conseil de sécurité dans cinq ans », a-t-il affirmé, avant de condamner l’isolationnisme, le protectionnisme, l’unilatéralisme, l’intolérance, le populisme et la xénophobie, lesquels « conduisent inévitablement à des impasses ».  De fait, a-t-il conclu, 20 ans après le 11 septembre 2001, six ans après l’Accord de Paris et un an et demi après le début de la pandémie, nous avons plus que jamais besoin d’un multilatéralisme efficace.  « Il n’y a vraiment plus de temps à perdre. »

Dans son message vidéo préenregistré, M. SADYR ZHAPAROV, Président du Kirghizistan, a considéré que le plus grand exploit que son pays a réussi cette année a été l’avènement de la démocratie, « un chemin dont il n’est pas question de dévier ».  En une année, s’est-il enorgueilli, nous avons pu rétablir la stabilité économique, sociale et politique.  Après l’élection présidentielle de janvier 2021, dont les résultats ont été certifiés par la communauté internationale, nous nous préparons aux élections législatives prévues pour le 28 novembre, a affirmé le Chef d’État, en conviant les organisations régionales et internationales à déployer leurs observateurs.

M. Zhaparov a annoncé que son pays, soucieux d’apporter sa pierre aux efforts internationaux, brigue des sièges au Conseil des droits de l’homme et au Conseil de sécurité.  Il s’est vanté des relations de bon voisinage mutuellement bénéfiques que son pays entretient et a attiré l’attention sur le futur Sommet d’Asie centrale consacré à la sécurité.  Compte tenu de sa localisation géographique, le Kirghizistan, a ajouté le Président, a toujours été la passerelle des initiatives internationales, comme l’initiative « Une ceinture, une route ».  Dans les pays sans littoral d’Asie centrale, nous constatons, a dit le Président, le développement actif du chemin de fer et des terminaux logistiques.  Il a d’ailleurs évoqué l’autoroute nord-sud qui dessert aujourd’hui son pays ainsi que des projets régionaux de logistique.  Mais pour optimiser ces projets d’infrastructure, il faut créer les conditions propices au transport international, notamment en levant les obstacles à la coopération économique et les barrières douanières.

Évoquant la situation en Afghanistan, M. Zhaparov a annoncé son intention de redoubler d’efforts dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il a annoncé l’opérationnalisation d’un système national d’informations anticipées sur les passagers, souhaitant par ailleurs que l’ONU contribue au rapatriement de ses compatriotes qui se trouvent encore en Syrie.  Enfin, a-t-il dit, dans le cadre de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, un centre de lutte contre le terrorisme a été créé à Bichkek, a encore indiqué le Président.

S’agissant de la lutte contre la COVID-19, il a remercié la Chine, la Fédération de Russie, le Kazakhstan et la Suède pour avoir fourni des vaccins par le Mécanisme COVAX ou sur le plan bilatéral.  Mais il a fait observer que son pays a dû réaffecter les lignes budgétaires initialement prévues pour la réalisation des objectifs de développement durable à la lutte contre la pandémie et à la dette extérieure.  Il a plaidé pour l’annulation pure et simple de cette dette, avant de conclure sur l’attachement de son pays à la protection de l’environnement et la résolution que son pays a présentée à l’UNESCO sur la protection des montagnes et des glaciers.

M. GITANAS NAUSÉDA, Président de la Lituanie, a tout d’abord relevé que relevé que cette année marque un anniversaire spécial pour son pays puisqu’il y a 30 ans, il est devenu un État Membre des Nations Unies.  L’appartenance à l’ONU a fait de la Lituanie un membre à part entière de la communauté internationale, s’est-il félicité, saluant au passage la décision importante prise en 1992 par l’Assemblée générale d’appeler au retrait complet des forces militaires étrangères des États baltes.  C’était une puissante manifestation de solidarité mondiale, une solidarité dont nous avons encore souvent besoin aujourd’hui, a-t-il dit, établissant un parallèle avec l’effort mondial contre les conséquences de la COVID-19.

Bien que ce combat ne soit pas encore terminé, « nous sommes sur la bonne voie », a estimé le Chef d’État, avant d’appeler à l’accès généralisé à des vaccins sûrs et efficaces.  Au-delà des effets aggravants de la pandémie sur la pauvreté et les inégalités, M. Nauséda s’est dit alarmé par la dangereuse « infodémie » qui atteint des millions de personnes, contribuant à des décès prématurés.  Il a donc félicité les Nations Unies pour leurs efforts visant à lutter contre la désinformation, notamment par le biais de la campagne « Verified ».

Le Président lituanien a ensuite déploré la détérioration de la situation sécuritaire dans de nombreuses régions du monde.  Nous avons vu des États autoritaires continuer de renforcer leur arsenal militaire et intensifier la répression contre l’opposition politique, les médias libres et la société civile, a-t-il dénoncé, refusant d’accepter cette « nouvelle normalité ».  Il a, par exemple, dénoncé les pressions de la Fédération de Russie sur les juges et procureurs lituaniens qui enquêtent sur les atrocités commises par l’armée soviétique d’occupation en Lituanie en 1991.  Il s’est également souvenu avec tristesse des événements de l’année dernière au Bélarus, où un mouvement de protestation « né après une élection présidentielle truquée » a été brutalement réprimé.  Les actes irresponsables des autorités bélarussiennes pourraient avoir un impact plus important sur la sécurité internationale, comme l’a démontré le détournement du vol Ryanair le 23 mai dernier.

Ces actes, a estimé le Président, devraient être traités comme des « actes de terrorisme parrainés par l’État ».  Il a accusé le « régime bélarussien » de tester de nouvelles « méthodes d’action hybrides », notamment en orchestrant des flux artificiels de migrants clandestins pour faire pression sur l’Union européenne.  De plus, a ajouté M. Nauséda, le Bélarus a entamé l’exploitation commerciale d’une centrale nucléaire près de la frontière lituanienne, et ce, au mépris des normes fondamentales de sécurité agréées sur le plan niveau international.  Résoudre ce problème est d’une importance cruciale pour notre environnement et « une question de sécurité pour tous les citoyens européens », a affirmé le Président.

Pour la septième année, a-t-il poursuivi, nous assistons à la poursuite de l’agression militaire contre l’Ukraine, ainsi qu’à l’annexion et à l’occupation illégales de la Crimée.  Il a réitéré son respect au choix européen et euro-atlantique de l’Ukraine, avant d’alerter l’Assemblée générale sur l’aggravation de la situation des droits de l’homme et de la sécurité dans les régions d’Abkhazie et de Tskhinvali, en Géorgie.  « Notre devoir est de veiller à ce que l’agresseur soit comptable de ses actes. »

Dans ce contexte, a soutenu M. Nauséda, un Conseil de sécurité « efficace » est nécessaire à une ONU « pertinente et forte ».  Chaque cas d’inaction du Conseil encourage les agressions et menace le système multilatéral.  Le Président a donc appuyé l’initiative visant à renoncer à l’exercice du droit de veto dans les cas d’atrocités de masse, de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Mon pays, a-t-il annoncé, est candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme pour 2022-2024 et au Conseil exécutif de l’UNESCO pour 2021-2025.

M. SHAVKAT MIRZIYOYEV, Président de l’Ouzbékistan, s’exprimant par message vidéo préenregistré, a d’entrée pointé les menaces transnationales de plus en plus nombreuses à la paix, la sécurité et au développement durable ainsi que le déclin des valeurs traditionnelles.  Dans un environnement aussi complexe, l’importance et le rôle des Nations Unies et de ses agences spécialisées ne cessent de croître, a-t-il fait remarquer.  « C’est l’ONU qui doit continuer à jouer un rôle de premier plan dans ces importants processus du destin mondial. »  C’est pourquoi, M. Mirziyoyev a dit soutenir les efforts du Secrétaire général de l’ONU pour renforcer la solidarité et l’entente dans les relations internationales ainsi que pour accroître l’efficacité et la transparence de l’Organisation.

Face à la pandémie de COVID-19, qui est devenue « une catastrophe mondiale », le Président de l’Ouzbékistan a dit soutenir pleinement l’approche des Nations Unies qui garantit un accès égal et équitable aux vaccins, sur la base du principe selon lequel « personne ne doit être laissé pour compte ».  Le Président Mirziyoyev a saisi cette occasion pour exprimer sa gratitude à ses partenaires étrangers qui ont fourni une assistance pratique dans le cadre de la plateforme mondiale COVAX.

Poursuivant, il a proposé d’organiser à Tachkent une conférence internationale consacrée à l’étude des problèmes de la reprise économique mondiale, et à la mise en œuvre des meilleures pratiques en matière de réduction de la pauvreté dans la période postpandémique.  Il a de même annoncé l’organisation prochaine, à Samarcande, d’un forum éducatif mondial dans le cadre d’un dialogue régulier sur les droits de l’homme pour poursuivre les efforts dans cette direction.

Sur le plan régional, il a fait part de sa détermination à consolider un environnement politique complètement nouveau dans la région de l’Asie centrale, dans un esprit de compréhension et de respect mutuels, de bon voisinage et de partenariat stratégique.  À cet égard, il a rappelé avoir présenté une proposition d’adoption d’une résolution spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le renforcement de l’interconnexion de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud, réitérant que l’Afghanistan fait partie intégrante de l’Asie centrale.  « Ce n’est pas seulement nous et les États voisins, mais aussi le monde entier, qui sommes intéressés par l’établissement de la paix et de la tranquillité dans ce pays, car en ces temps difficiles, il est impossible d’isoler l’Afghanistan et de le laisser à l’écart. »  Pour le Président ouzbek, l’influence et la voix des Nations Unies sur l’Afghanistan doivent être entendues aujourd’hui plus que jamais.

Évoquant, par la suite, le nombre croissant de menaces et de conflits dans le monde, il a plaidé pour un renforcement de la coopération internationale.  Il a misé sur la présentation des résultats du plan décennal de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU en Asie centrale à Tachkent, en novembre de cette année, et la tenue d’une conférence internationale sur les perspectives dans ce domaine.

Abordant les questions liées aux changements climatiques, la protection de l’environnement et la biodiversité, il a tenu à exprimer sa profonde gratitude à tous les États Membres après l’adoption d’une résolution spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies déclarant la région de la mer d’Aral comme une zone d’innovations et de technologies écologiques.  Il a annoncé, à cet égard, l’organisation en 2022 d’un forum international de haut niveau en coopération avec les Nations Unies sur « l’énergie verte » dans cette région.

Pour finir, M. Mirziyoyev a proposé de tenir la sixième Assemblée de haut niveau sous les auspices des Nations Unies en 2023 en Ouzbékistan pour des discussions approfondies sur les priorités de la politique environnementale mondiale.

M. FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a prévenu que la victoire contre la COVID-19 n’est possible et durable que si le combat demeure une affaire de tous et si nous atteignons un taux d’immunité collective suffisant pour l’ensemble de l’humanité.  L’Afrique n’a pas croisé les bras, a-t-il affirmé, en citant le Fonds de réponse à la COVID-19 et la plateforme de fournitures médicales pour garantir l’accès aux équipements et fournitures nécessaires.  Le Président a aussi cité la signature, le 28 mars 2021, de l’African Vaccine Acquisition Trust (AVAT), un accord pour l’achat de 220 millions de doses de vaccins.  D’ici à janvier 2022, le nombre de vaccins à distribuer dépassera, sur le continent, les 25 millions par mois, a-t-il aussi affirmé, avant d’attirer l’attention sur les chercheurs africains de renommée mondiale qui ont proposé une gamme des remèdes efficaces méritant d’être soutenues.  

Pour renverser définitivement la tendance actuelle, le Président a préconisé l’augmentation de la capacité des tests dans les pays qui ne disposent pas des produits de laboratoires requis; un approvisionnement suffisant et rapide en médicaments et équipements; la généralisation de la vaccination et le soutien au projet de création de l’Agence africaine des médicaments; la promotion de la recherche médicale, et l’appui à la réforme des structures sanitaires et l’élargissement de la couverture santé dans les pays en développement.   

La COVID-19 est aussi un virus de l’économie mondiale, a-t-il poursuivi.  Les économies africaines, a-t-il plaidé, ont grandement besoin de financement pour se redresser.  Il a jugé insuffisant les 33 milliards des droits de tirage spéciaux DTS alloués à son continent et appelé à un appui à l’objectif du Sommet de Paris visant à atteindre 100 milliards de DTS pour l’Afrique, dont une partie pourrait contribuer à l’augmentation du capital de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque mondiale.  Le Président a aussi demandé « un soutien massif » des partenaires techniques et financiers à l’initiative de l’Alliance sur l’entreprenariat en Afrique, sans oublier « l’impératif » d’alléger la dette des pays africains et de matérialiser toutes les promesses faites en compensation des sacrifices consentis afin de préserver l’humanité contre le réchauffement climatique.  À ce propos, a-t-il comptabilisé, l’Afrique aura besoin de 30 milliards de dollars américains par an pour s’adapter, un montant qui devrait passer à environ 50 milliards d’ici à 2040. 

« L’Afrique n’a pas besoin d’aumône! », a ensuite martelé le Président.  Elle a besoin de partenariats constructifs et « gagnant-gagnant » pour mettre en valeur ses « fabuleuses » richesses naturelles.  Cependant, a-t-il prévenu, le fléau de l’insécurité provoquée par les cohortes de terroristes, de groupes armés, de mercenaires et de criminels de tous bords met à mal la stabilité institutionnelle de « nos jeunes démocraties » et annihilent les efforts de nombreux dirigeants africains pour développer leurs pays.  Après le Mali, le Niger, le Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Burkina Faso et le nord du Mozambique, l’intégrisme islamiste a atteint l’Est de la RDC.  Le Président s’est d’ailleurs félicité de la décision de la Coalition mondiale contre le terrorisme, dont son pays est devenu membre, de créer en son sein un groupe de travail sur le terrorisme en Afrique.   

Si, a-t-il insisté, la communauté des nations minimise le danger que représente la propagation du jihadisme en Afrique et n’adopte pas une stratégie globale et efficace pour éradiquer ce fléau, les plaies ouvertes dans la zone saharienne, en Afrique centrale et australe continueront à se métastaser jusqu’à faire jonction pour devenir une menace réelle pour la paix et la sécurité internationales.  Le Président a réclamé des politiques sécuritaires concertées et le renforcement des moyens des États, notamment par la mutualisation des ressources et l’échange d’informations sécuritaires.  Tant que les injustices et les inégalités entre les nations et les individus persisteront dans le monde, le terrorisme trouvera toujours un terreau fertile pour son émergence et sa propagation, a-t-il souligné. 

Réussir la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), a-t-il aussi souligné, et la transformer en un vaste marché de plus d’un milliard de consommateurs, devient ainsi un enjeu et un défi majeurs.  Depuis son accession à la présidence en exercice de l’Union Africaine, le Président de la RDC a dit s’être employé à faciliter le règlement du différend qui divise l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie sur l’opérationnalisation du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.  Il a annoncé la reprise des discussions dans un avenir proche. 

Sur le plan national, il s’est félicité de ce que son pays soit entré en programme avec le FMI au mois de juin dernier et qu’il bénéficie de l’assistance de la Banque mondiale pour réaliser des grands projets sociaux et des infrastructures de base.  La croissance économique a dépassé les 5% l’an, l’inflation s’est décélérée et la monnaie nationale s’est stabilisée sur le marché des changes.  La lutte contre la corruption, les détournements des deniers publics et l’impunité a conduit à une augmentation « substantielle » des recettes depuis le second trimestre de cette année. 

Des accords de partenariat ont été conclus avec plusieurs pays et groupes d’investisseurs privés mais, a avoué le Président, « une lourde hypothèque » pèse, celle de l’insécurité dans le nord-est de la RDC contre laquelle l’état de siège a été proclamé, avec des résultats qui constituent une opportunité d’en finir, une fois pour toutes, avec le cycle infernal de la violence imposée par les forces.  Il est essentiel, a souligné le Président, que les mesures de notification au Comité des sanctions imposées par la résolution 1807, pour toute importation d’effets militaires ou toute assistance aux Forces armées congolaises soient levées, que des sanctions soient prises contre tous les réseaux mafieux qui exploitent illégalement les minerais et alimentent les groupes armés en armes et munitions et que le retrait de la MONUSCO soit progressif, responsable et ordonné.  Le Président a rappelé que son gouvernement a souscrit au Plan de transition pour le retrait échelonné, responsable et durable de la MONUSCO laquelle, avec la Brigade d’intervention rapide, doit avoir tous les moyens nécessaires à l’exécution de son mandat.  Le Président a conclu en confirmant l’organisation d’élections libres, transparentes, inclusives et crédibles en 2023.

Dans une déclaration préenregistrée, M. SEYYED EBRAHIM RAISI, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré que deux évènements ont marqué cette année: la prise d’assaut du Capitole américain, le 6 janvier dernier, et la vision d’Afghans tombant d’un avion américain au mois d’août, à Kaboul.  Du Capitole à Kaboul, un message clair a été envoyé au monde: l’hégémonie des États-Unis n’a aucune crédibilité, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de leur territoire.  Ce que l’on voit dans notre région, aujourd’hui, prouve que le projet d’imposer « une identité occidentalisée » a lamentablement échoué, provoquant effusion de sang et instabilité et, finalement, la défaite et la fuite.  Les États-Unis ne quittent pas l’Iraq et l’Afghanistan: ils en ont été expulsés.  Aujourd’hui, ce sont les peuples opprimés de la Palestine à la Syrie, en passant par le Yémen et l’Afghanistan, qui doivent payer pour « cet irrationnalité », tout comme d’ailleurs le contribuable américain.

Les sanctions, a encore dénoncé M. Raisi, sont devenues la nouvelle arme de guerre des États-Unis.  Imposer de telles mesures sur l’achat de médicaments pendant la pandémie de COVID-19 doit être considéré comme un crime contre l’humanité, a affirmé le Président qui a rejeté toute mesure restrictive aux secteurs de la santé, de la protection de l’environnement ou de l’humanitaire.  Le Chef d’État a également condamné les sanctions américaines illégales qui ciblent des articles humanitaires.  Alors que nous nous empressions d’importer des vaccins contre la COVID-19, les sanctions « inhumaines » nous ont poussés à les fabriquer nous-mêmes, a ajouté le Président.

Poursuivant, M. Raisi a indiqué que le modèle de sécurité privilégié par l’Iran repose sur une diplomatie sans ingérence étrangère et un attachement à la stabilité et à l’intégrité territoriale de tous les pays de la région.  Sans nos efforts aux côtés des Gouvernements et des peuples de Syrie et d’Iraq, Daech serait, aujourd’hui, « le voisin méditerranéen » de l’Europe, a-t-il affirmé.  Il a prévenu que les velléités de créer une division « digne de la guerre froide » ne contribueront pas à améliorer la sécurité.  C’est la vie moderne « vide de sens et de spiritualité » ainsi que l’aggravation de la pauvreté, la discrimination et l’oppression qui ont contribué à la montée du terrorisme, et le « terrorisme autochtone » en Occident témoigne de cette amère vérité.  Le Président a mis en garde contre l’utilisation du terrorisme comme instrument de politique étrangère, soulignant que l’on ne peut pas créer un groupe terroriste, comme Daech, dans un endroit et prétendre le combattre dans un autre.

De même, la présence militaire américaine en Syrie et en Iraq est la plus grande entrave à la démocratie, et si un gouvernement inclusif avec la participation de toutes les ethnies ne voit pas le jour en Afghanistan, il n’y aura pas de sécurité, a encore prévenu le Président.  Il a aussi appelé à la fin « de l’agression » au Yémen, à l’accès de l’aide humanitaire et à des pourparlers constructifs entre les parties yéménites.  M. Raisi n’a pas manqué de dénoncer les agissements du « régime d’occupation sioniste ».  Face à l’échec du « soi-disant accord du siècle », il a rappelé la proposition iranienne d’organiser un référendum avec la participation de tous les Palestiniens musulmans, chrétiens ou juifs.

Le Président s’est attardé sur les violations du Plan d’action global commun (PAGC).  Il a décrié la « politique de pression maximale », arguant que 15 rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA) ont confirmé que son pays honore bien ses obligations, alors que les États-Unis ne se sont pas encore acquittés des leurs, à savoir la levée des sanctions.  « Les Américains ont violé le Plan, s’en sont retirés et ont imposé encore plus de sanctions à mon peuple, croyant "à tort" semer le désespoir et la dévastation. »  Avouant sa « méfiance » face aux promesses de l’Administration actuelle, M. Raisi a tout de même appuyé l’organisation de pourparlers sur la levée de toutes les « sanctions oppressives ».

M. SEBASTIAN PIÑERA ECHENIQUE, Président du Chili, a rappelé à ceux « d’entre nous » aujourd’hui qui ouvrent cette Assemblée générale, leur mission et leur responsabilité envers les générations futures.  Car, a averti M. Piñera, les décisions ou omissions d’aujourd’hui définiront le cours de l’humanité pour les décennies à venir.  L’époque exige un diagnostic serein et, surtout, la sagesse, la volonté et le courage de prendre les mesures efficaces et urgentes dont nous avons besoin, a-t-il lancé.  Il a cité, à cet égard, la pandémie de COVID-19 qui a clairement marqué le triomphe de la science face à l’échec de la politique.  Il en a voulu pour preuve le nombre de pays qui n’ont ni les vaccins ni les équipements pour protéger leur population.

De même, a-t-il poursuivi, la pandémie a engendré une crise sociale et économique sans précédent, provoquant une énorme perte de revenus et d’emplois pour les familles, la faillite de nombreuses entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, et une hausse de la pauvreté et des privations parmi les classes moyennes.  La crise a également entraîné une augmentation explosive des déficits budgétaires et de l’endettement public et privé, qui menacent la stabilité macroéconomique.  Ces maux ont touché plus durement les pays et les secteurs les plus vulnérables, en particulier les femmes, creusant ainsi les écarts entre les sexes, a-t-il relevé.

En revanche, a-t-il fait observer, la pandémie a accéléré l’installation de la société numérique, qui a changé notre façon de travailler, de nous éduquer, de nous informer et d’interagir dans la société, des changements qui sont là pour rester.  « Le Chili fait de son mieux pour monter dans ce train. »  De fait, après une baisse de 5,8% l’année dernière, l’économie du pays connaîtra cette année une croissance d’environ 10%, s’est réjoui le Président.

Poursuivant sur un autre registre, il a tiré la sonnette d’alarme, sur les questions liées à l’environnement, appelant à empêcher la crise climatique de se transformer en apocalypse environnementale, « et cela est la mission de notre génération », selon lui.

M. Echenique s’est, par ailleurs, attardé sur l’état des démocraties qui ont connu ces dernières années un processus de détérioration constante et progressive.  Si le diagnostic est unique, en revanche les raisons de cette situation sont, à ses yeux, multiples.  En Amérique latine, il a cité les raisons endémiques -faible croissance économique, pauvreté généralisée, inégalités persistantes, corruption et inefficacité de l’État- qui s’ajoutent à la pandémie de coronavirus et d’autres maladies tout aussi toxiques et mortelles pour les démocraties.

Aujourd’hui, a-t-il mis en garde, la principale menace vient des gouvernements démocratiquement élus, c’est-à-dire dotés d’une légitimité d’origine, qui manœuvrent pour rester éternellement au pouvoir.  Il y a 32 ans, le Chili a connu une transition exemplaire vers la démocratie, a rappelé le Président.  Il s’est félicité qu’au cours de ces trois dernières décennies, le pays ait atteint une croissance économique et un développement humain élevés, avec une diminution de la pauvreté et des inégalités, tout en respectant les libertés et les droits de l’homme de tous les citoyens. 

Toutefois, a-t-il reconnu, le Chili n’est pas à l’abri de ces menaces.  Le déchaînement social de 2019 a intégré des revendications sociales légitimes, mais a aussi entraîné une vague de violences « irrationnelles, inhabituelles et inacceptables ».  Mais son pays a su canaliser ce sursaut social, s’est-il remémoré, rappelant qu’après un plébiscite transparent et participatif, il s’est doté d’une Convention constitutionnelle démocratiquement élue qui devra proposer aux citoyens le texte d’une nouvelle constitution.  Celle-ci, en améliorant et en corrigeant tout ce qui doit être modifié, intègre une plus grande équité et justice sociale, protège les libertés et reflète une tradition républicaine et les valeurs de la société chilienne.

Sur le plan mondial, le Président chilien a préconisé des ajustements majeurs et une profonde réorganisation des institutions internationales qui doivent combiner, selon lui, deux principes: une légitimité reposant sur la participation la plus large possible et un système de prise de décision qui ne soit pas perturbé par des antagonismes, des vetos, des blocages ou des consensus très difficiles à obtenir.

M. MOON JAE-IN, Président de la République de Corée, a noté que dans le contexte de la lutte contre le coronavirus, les frontières ont été franchies pour partager des informations génomiques; une collaboration internationale étroite a permis de lancer des vaccins avec succès; et des traitements se développent à un rythme rapide.  Pour triompher du coronavirus il a fallu briser les barrières, a-t-il déclaré.  Il y a vu l’avènement d’une communauté mondiale, tout en relevant que ce sont toujours les pays à économie avancée qui sont en tête.  Pourtant, a-t-il souligné, toutes les nations sont appelées à évoluer en tandem pour réaliser le développement durable.  En tant que pierre angulaire d’une telle coopération, l’ONU devra recommander un nouvel ensemble de règles et d’objectifs pour cette nouvelle ère, renforcer la confiance entre les nations, et rassembler l’engagement et les capacités de la communauté des nations pour galvaniser l’action. 

Le Chef d’État a mis l’accent sur l’impératif de veiller à une relève inclusive de la crise du coronavirus, exhortant les États Membres de l’ONU à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Pour sa part, la République de Corée honorera son engagement de verser 200 millions de dollars au « COVAX AMC » et, en tant que centre de production de vaccins, elle œuvrera pour un approvisionnement équitable et rapide en vaccins contre la COVID-19.  Sur le plan national, le pays renforce l’emploi et les filets de sécurité sociale dans le cadre d’une politique de « New Deal humain ».  Et pour aider les pays en développement, la République de Corée prévoit d’augmenter son aide publique au développement (APD), notamment dans l’économie verte, le numérique et la santé.

Notant par ailleurs que la planète se réchauffe plus rapidement qu’il n’avait été anticipé, M. Moon a appelé à un nouvel élan collectif pour parvenir à la neutralité carbone, un objectif que son pays s’est fixé pour 2050.  Les centrales électriques au charbon ont été fermées plus tôt que prévu et des efforts sont en cours pour accélérer la production d’énergie renouvelable.  Grâce à son New Deal écologique, a-t-il ajouté, la Corée traduit son engagement de neutralité carbone en opportunité pour la création d’emplois et le développement de nouvelles industries.  Le Président a également annoncé la mise en place d’un fonds d’affectation spéciale du New Deal écologique en vue de soutenir le travail de l’Institut mondial de la croissance verte.  La République de Corée aimerait en outre accueillir la COP28 en 2023.

Le Président Moon a ensuite souligné que la paix dans la péninsule coréenne « commence toujours » par le dialogue et la coopération et a appelé à la reprise rapide du dialogue entre les deux Corée et entre les États-Unis et la « Corée du Nord ».  J’espère que la péninsule coréenne sera la démonstration de la puissance du dialogue et de la coopération au service de la paix, a-t-il affirmé.  Il a rappelé qu’il avait proposé, l’an dernier, une déclaration de fin de guerre dans la péninsule coréenne, pour ensuite exhorter la communauté internationale à se mobiliser à cette fin.  Ce n’est que lorsque les parties concernées se rapprocheront et proclameront la fin de la guerre qu’il sera possible de faire des progrès irréversibles en matière de dénucléarisation et qu’une ère de paix complète pourra commencer, a-t-il affirmé.  M. Moon a notamment appelé la communauté internationale à se maintenir prête et désireuse de tendre la main à la « Corée du Nord » dans un esprit de coopération, notant que lorsque la Corée du Sud et la Corée du Nord seront engagées ensemble dans des plateformes régionales, une réponse plus efficace aux maladies infectieuses et aux catastrophes naturelles deviendra possible.

M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, est revenu sur les récents évènements qui ont secoué le monde, estimant que « nos joies comme nos peines, nos souffrances comme nos succès, nos problèmes comme nos solutions sont communs » et lorsque l’on agit dans une logique de « fait accompli », c’est l’humanité entière qui en paie la facture, et pas seulement certains grands pays.  Cela, M. Erdoğan l’a constaté en Afghanistan, et de façon très douloureuse, car les problèmes ne peuvent être résolus en imposant des méthodes qui ne tiennent pas compte des réalités et du tissu social sur le terrain.  Le peuple afghan a été laissé seul avec les conséquences de l’instabilité et des conflits qui durent depuis plus de 40 ans, a-t-il déploré.  Quel que soit le processus politique, l’Afghanistan a besoin de l’aide et de la solidarité de la communauté internationale, a-t-il insisté.  Pour sa part, a assuré M. Erdoğan, la Turquie, continuera de remplir son devoir fraternel envers le peuple afghan pendant ses jours difficiles.

Poursuivant, il a souligné que 10 ans ont passé depuis le début du drame humanitaire en Syrie, qui a causé la mort de centaines de milliers de personnes et le déplacement de millions de personnes sous les yeux du monde entier.  Alors que son pays accueille près de quatre millions de Syriens, il combat également sur le terrain « les organisations terroristes qui ont noyé la région dans le sang et les larmes », a-t-il dit.  « Nous sommes le seul allié de l’OTAN à avoir combattu l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) corps-à-corps et à avoir vaincu cette organisation terroriste », s’est-il enorgueilli.

Là encore, a-t-il poursuivi, grâce à notre présence sur le terrain, nous avons pu mettre un terme aux massacres et aux activités de nettoyage ethnique commis par les extensions de « l’organisation terroriste Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) » en Syrie.  Nous devons faire preuve d’une volonté plus forte pour trouver une solution politique au problème, basée sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité des Nations Unies, et qui réponde aux attentes du peuple syrien, a souhaité le Chef d’État.  Il a tenu à saluer le renouvellement pour 12 mois du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière dans le nord-ouest de la Syrie.  Il a souhaité que l’approche conciliante affichée sur cette question soit imitée pour faire avancer le processus politique.  À cet égard, M. Erdoğan a jugé « inacceptable » de « faire une quelconque distinction » entre les organisations terroristes dans la région et de les utiliser comme sous-traitants.  « Notre lutte contre les organisations terroristes qui menacent l’intégrité territoriale de la Syrie et notre sécurité nationale se poursuivra avec détermination », a-t-il martelé à l’adresse des États Membres.

Dans son pays, à l’exception des Syriens, il y a aussi des migrants sous différents statuts, dont le nombre dépasse le million.  En raison des développements en Afghanistan, nous sommes confrontés à la possibilité d’un afflux de migrants provenant également de ce pays, a-t-il anticipé.  « En tant que pays qui a sauvé la dignité humaine dans la crise syrienne, nous n’avons plus le potentiel, ni la tolérance pour absorber de nouvelles vagues d’immigration. »  Dès lors, a plaidé le Président, il est grand temps que toutes les parties prenantes fassent leur part sur cette question.

Il a, par ailleurs, évoqué la situation en Libye et réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne le gouvernement légitime, qui représente toutes les régions du pays.  S’agissant du conflit israélo-palestinien, « qui alimente l’instabilité et menace la paix et la sécurité dans notre région », il a exhorté à la relance, sans plus attendre, du processus de paix et de la vision d’une solution des deux États.

Dans le Caucase, des étapes importantes ont été franchies récemment en matière de stabilité, s’est-il félicité.  Il a, par ailleurs, appelé la communauté internationale à évaluer les points de vue des Chypriotes turcs avec un esprit ouvert et sans préjugés.  Le maintien d’un environnement calme en Méditerranée orientale est dans notre intérêt commun, a-t-il aussi fait valoir, réitérant la proposition de son pays d’organiser une « Conférence de la Méditerranée orientale », qui est toujours sur la table.  M. Erdoğan, a également réaffirmé la détermination de son pays dans le processus d’adhésion à l’Union européenne.

Sur le plan de l’environnement, il a tenu à « annoncer au monde entier, ici, depuis l’Assemblée générale des Nations Unies », la décision prise par son gouvernement suite aux progrès réalisés récemment dans ce cadre.  « Nous prévoyons de présenter l’Accord de Paris sur le climat pour approbation au Parlement le mois prochain. »

Avant de clore son propos, le Président turc a réitéré sa conviction qu’« un monde plus juste est possible », malgré les difficultés auxquelles nous sommes confrontés.  Dans cette optique, la Turquie continue à considérer les Nations Unies comme la plateforme unique pour résoudre les problèmes qui concernent l’humanité tout entière.

M. GUY PARMELIN, Président de la Confédération helvétique, a commencé par rappeler son passé de vigneron.  La viticulture m’a enseigné la patience, la persévérance et la confiance, a-t-il confié, avant d’estimer que la pandémie de COVID-19 est « un peu à l’image de la grêle ou du gel qui peut soudainement ravager les vignes: imprévue et déstabilisante ».  Une telle catastrophe humaine, sociale et économique nous fait réaliser qu’il faut anticiper les prochaines crises, nous préparer à y faire face et faire preuve de solidarité afin de bâtir un monde résilient, a-t-il souligné, jugeant à cet égard que la bonne gestion des données est primordiale.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la Suisse est fière d’accueillir le prochain Forum mondial des Nations Unies sur les données à Berne en octobre.  Face aux risques, il faut selon lui investir dans la prévention et donner la priorité à la recherche, l’éducation et la formation professionnelle, tout particulièrement celle des filles et des femmes.  Plaidant pour des « solutions communes », il a appelé à défendre un multilatéralisme fondé sur des règles.  Dans ce cadre, la Suisse a beaucoup à apporter, a assuré M. Parmelin, indiquant que son pays est prêt à contribuer aux travaux du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2023-2024.

Avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous avons déjà le cadre dont nous avons besoin pour répondre aux défis du monde contemporain, a-t-il affirmé.  À cette aune, il a rappelé que la Suisse, pays hôte de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), s’engage pour un accès équitable et abordable aux vaccins, traitements et diagnostics.  Elle contribue, entre autres, à l’Alliance pour les vaccins et soutient l’initiative COVAX à hauteur de 155 millions de dollars.  Jugeant essentiel de renforcer la résilience des sociétés sans recourir à des mesures protectionnistes, il a ensuite appelé à améliorer la sécurité juridique et la prévisibilité en temps de crise, avec le soutien de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a par ailleurs souligné l’importance des approches technologiques innovantes pour les projets de développement et de lutte contre la pauvreté, tout en notant que des risques existent.  Pour y faire face, la Suisse s’implique pour l’application du droit international dans le cyberespace et participe aux efforts de lutte contre la cybercriminalité.

M. Parmelin a d’autre part appelé à prendre « au sérieux » les changements climatiques, précisant qu’il serait personnellement présent à la COP26 à Glasgow pour réaffirmer l’engagement suisse à mettre en œuvre, efficacement et de manière uniforme, l’Accord sur le climat.  Au niveau national, a-t-il relevé, la Suisse s’est engagée à la neutralité climatique d’ici à 2050.  Son pays invite les autres à faire de même, en soumettant des objectifs climatiques ambitieux pour 2030, a-t-il ajouté.  Enfin, il a rappelé que, fidèle à sa tradition, la Suisse offre « une plateforme neutre, propice aux échanges ».  Elle a ainsi accueilli, cette année, à Genève, le Forum de dialogue politique libyen et la conférence humanitaire sur l’Afghanistan convoquée par le Secrétaire général.  « Mettons-nous au travail en vue d’un monde toujours mieux éduqué, plus innovant, plus résilient et plus juste », a-t-il lancé en conclusion.  « Et cultivons ce monde qui est le nôtre comme j’ai appris à prendre soin de ma vigne. » 

Dans un discours préenregistré, le Président de la Chine, M. XI JINPING, a rappelé que l’année 2021 marque le centenaire de la création du Parti communiste chinois et le cinquantenaire du rétablissement de la République populaire de Chine dans son siège « légitime » aux Nations Unies, un évènement historique qui sera d’ailleurs solennellement commémoré en Chine.  Avec la pandémie de COVID-19, a-t-il dit, notre monde est entré dans une période de turbulences et de transformations nouvelles.  Il faut gagner « ce grand combat » crucial pour l’avenir de l’humanité, a encouragé le Président, en soulignant que l’histoire de la civilisation humaine est aussi une histoire de lutte contre les pandémies.  Malgré la férocité de la COVID-19, nous finirons par triompher, a-t-il promis.  Il a prôné une réponse coordonnée sur le plan international, afin de réduire autant que possible les risques de transmission transfrontalière.  Il a rappelé son appel à des vaccins, arme puissante contre le virus, un bien public mondial afin d’en assurer l’accès aux pays en développement.  L’urgence, a insisté le Président, est d’assurer une distribution juste et équitable des vaccins partout dans le monde.

Il a promis que cette année, la Chine s’efforcera de fournir au total deux milliards de doses.  En plus du don de 100 millions de dollars de vaccins au Mécanisme COVAX, elle fera don de 100 millions de doses supplémentaires aux pays en développement cette année.  La Chine continuera aussi de participer à l’identification scientifique de l’origine du virus et elle s’oppose fermement à toute manipulation politique de cette question.

M. Xi a ensuite appelé à la relance de l’économie mondiale, afin de parvenir à un développement plus fort, plus vert et plus sain partout dans le monde.  Face aux graves impacts de la COVID-19, nous devons œuvrer ensemble pour orienter le développement vers une nouvelle phase de croissance équilibrée, coordonnée et inclusive, a—t-il prôné.  À cet égard, il a proposé une initiative consistant à renforcer la coordination des politiques entre les principales économies mondiales.  Nous devons bâtir des partenariats mondiaux marqués par plus d’égalité et d’équilibre, promouvoir les synergies entre les différents processus de coopération au développement et accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Président a aussi préconisé de placer la personne au cœur de nos préoccupations, ce qui exige un « développement pour le peuple, par le peuple et au profit du peuple ».  I faut ce faisant, porter une grande attention aux besoins particuliers des pays en développement, par des mesures comme la suspension de la dette, l’aide publique au développement et autres.  Il faut, a encore estimé le Président, promouvoir l’innovation.  M. Xi a voulu que l’on saisisse les chances historiques offertes par la nouvelle révolution scientifique et industrielle pour accélérer la conversion des acquis scientifiques et technologiques en forces productives réelles, offrir un environnement ouvert, impartial, équitable et non discriminatoire à la science et à la technologie, explorer de nouveaux moteurs de croissance économique, et réaliser, « main dans la main », un développement rapide et vigoureux.

Dans ce cadre, le Président a souligné la nécessité de lutter activement contre les changements climatiques.  La Chine, a-t-il annoncé, s’efforcera d’atteindre la neutralité carbone avant 2060.  Elle soutiendra vigoureusement le développement des énergies vertes et faibles en carbone dans les pays en développement et ne construira plus de nouvelles centrales à charbon à l’étranger.  Pour les trois années, mon pays, a promis le Président, a prévu une aide supplémentaire de 3 milliards de dollars pour soutenir la lutte contre la COVID-19 dans les pays en développement et la reprise économique.

La démocratie, a tenu à souligner le Président, n’est pas le monopole d’un pays ou un autre.  Or l’évolution récente de la situation internationale a prouvé que la prétendue transformation démocratique par la force militaire a des conséquences désastreuses.  Rejetant la mentalité des « clubs exclusifs et des jeux à somme nulle », le Président a dit privilégier le dialogue et l’ouverture, au détriment de la confrontation et de l’exclusion.  Il a insisté sur des relations internationales fondées sur le respect mutuel, l’équité, la justice et une coopération « gagnant-gagnant ».  Il n’y a qu’un seul système international, c’est celui qui est centré sur les Nations Unies et fondé sur le droit international, a déclaré M. Xi.  Il revient donc à l’Organisation, a conclu le Président, d’assurer un ordre international stable, de respecter le droit de parole des pays en développement et de promouvoir, en tant que chef de file, la démocratie et l’état de droit dans les relations internationales.  

Dans un message vidéo préenregistré, M. ZORAN MILANOVIĆ, Président de la Croatie, a déclaré « qu’il est de notre responsabilité en tant que dirigeants de regagner la confiance des peuples et de leur redonner espoir ».  Il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme et à la coopération internationale, a-t-il martelé, en rappelant l’engagement de son pays en faveur des efforts collectifs pour relever les défis actuels.  Le Président s’est ainsi dit en faveur d’un accès sans discrimination aux vaccins contre la COVID-19 et d’une action climatique robuste. 

Il a aussi souligné l’importance pour son pays d’avoir des Balkans occidentaux stables et prospères.  Il a exprimé son ferme soutien aux perspectives d’élargissement de l’Union européenne dans la région et a prévenu que la Bosnie-Herzégovine est la pierre de touche de la sécurité régionale.  Ce pays connaît une situation complexe et il faut espérer qu’il progresse sur la voie de l’accession à l’Union européenne et que l’égalité entre ses trois peuples constitutifs soit respectée.  M. Milanović a pointé dans ce pays deux aspirations à la fois « injustes et inatteignables » : une gouvernance centralisée et le séparatisme.  Ces deux approches sont, chacune, contraires au cadre constitutionnel hérité de l’Accord de Dayton-Paris qui, a-t-il poursuivi, n’est pas sans défaut. 

Il ne faut pas, a encore prévenu le Président croate, sous-estimer les sensibilités et les complexités bien connues de ce pays, lequel ne doit pas faire l’objet d’une « expérimentation qui s’écarterait dangereusement des principes fondateurs de l’Accord de Dayton ».  La Bosnie-Herzégovine, a-t-il insisté, a besoin d’un cadre de partage du pouvoir, basé sur les principes du fédéralisme, de la décentralisation et d’une représentation légitime.  La notion des trois peuples constitutifs est souvent interprétée fallacieusement comme un obstacle à l’égalité des droits de tous les citoyens bosniens.  Ce qu’il faut, a professé le Président, ce sont des réformes électorales permettant aux trois peuples de choisir leurs représentants à tous les niveaux politiques.  Il n’est pas étonnant que les Croates de Bosnie-Herzégovine, qui n’ont pas pu exercer un tel droit, se sentent marginalisés.  « Cela doit changer  » a martelé le Président. 

Il a dûment salué l’adoption par cette Assemblée à une majorité écrasante d’une résolution sur la responsabilité de protéger et la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité.  Il a apporté son soutien à la Cour pénale internationale et exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Statut de Rome.  La justice et la vérité doivent être au cœur des priorités de l’ONU dans le domaine des droits humains, a estimé le Président, en rappelant que la Croatie est toujours à la recherche de 1 858 de ses citoyens portés disparus après la guerre de 1991-1995.  Il a exhorté les pays voisins à coopérer de bonne foi et à respecter leurs engagements.  « Je dois confesser que je ne comprends pas les lacunes dans le partage des informations et l’accès aux archives sur les possibles emplacements des fosses communes et de tombes, tant d’années après le conflit.  »  En conclusion, M. Milanović a souligné l’acuité de la menace posée par le trafic illicite d’armes légères, notamment dans les Balkans occidentaux, et plaidé en faveur d’une action multilatérale efficace pour y remédier. 

Dans un message vidéo préenregistré, le Président de l’Égypte, M. ABDEL- FATAH Al SISI, a d’emblée insisté sur l’impératif de garantir un accès équitable et universel aux vaccins contre la COVID-19 à tous les peuples du monde, et en particulier au continent africain.  Il a expliqué que l’Égypte a commencé à produire les vaccins à l’échelle nationale afin de répondre à ses propres besoins ainsi que pour les exporter vers les autres pays d’Afrique.  Il a appelé à augmenter l’appui de la communauté internationale au monde en développement, compte tenu du poids démographique de ces pays qui, a-t-il fait valoir, sont le moteur de la croissance mondiale. Évoquant en outre l’émission prochaine de droits de tirage spéciaux par le FMI, le Président égyptien a appelé à réduire le fardeau de la dette des pays en développement et leur offrir des taux préférentiels. Il s’agit là de mesures primordiales pour appuyer leur développement dans le contexte difficile actuel, a-t-il estimé.  Pour sa part, a-t-il enchainé, l’Égypte a adopté des réformes économiques et des programmes sociaux ambitieux, notamment en faveur des groupes minoritaires et défavorisés.  Pour ce qui est de la dégradation environnementale et des changements climatiques, l’Égypte ne ménage en outre aucun un effort en faveur de l’action climatique pour éviter « un point de non-retour ».  M. Al Sisi a ensuite rappelé que son pays accueillera la COP27 en 2022. 

Poursuivant, le Président égyptien a souligné que le terrorisme, l’un de plus grands défis que connait la communauté internationale, nuit aux efforts des gouvernements pour le développement.  Il a appelé à son éradication, ce qui passe, selon lui, par l’élimination de l’idéologie takfiriste.  M. Al Sisi a aussi réclamé des efforts nationaux et une coopération internationale pour assécher les sources de financement du terrorisme et renforcer l’échange d’informations, insistant en outre sur l’impératif de la reddition de compte des pays qui soutiennent le terrorisme. 

Abordant le conflit israélo-palestinien, le Président Al Sisi a insisté sur l’urgence d’une solution et de la création d’un État palestinien indépendant et viable.  En attendant, il a appelé à la consolidation du cessez-le-feu du 20 mai 2021 et à l’amélioration des conditions de vie du peuple palestinien.  Pour cela il faut notamment soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), en vue du processus de reconstruction de la bande de Gaza, a-t-il dit, précisant que l’Égypte va y allouer 500 millions de dollars.  M. Al Sisi a également décrié la mise à mal du concept de l’état-nation au Moyen-Orient en raison de divisions ethniques, sectaires ou autres, notamment en Iraq, au Liban et en Libye.  Le concept de l’état-nation inclusif doit primer au Moyen-Orient, a-t-il insisté. 

Dans son intervention, M. Al Sisi a également rappelé l’importance de la coopération réciproque.  Il a indiqué que son pays souffre de stress hydrique et souligné que le Nil est « l’artère de l’Égypte », pour ensuite se pencher sur la question du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.  Décriant la politique du fait accompli, il a expliqué que l’Égypte avait saisi le Conseil de sécurité pour soutenir les efforts africains de médiation sur ce dossier en espérant pouvoir arriver à un accord juridiquement contraignant pour la gestion de l’utilisation des ressources hydriques du fleuve.  Le multilatéralisme est la « planche de salut de l’humanité » et la seule voie à suivre pour répondre aux différends de ce monde et relever les défis actuels, a insisté M. Al Sisi. 

M. PEDRO CASTILLO TERRONES, Président du Pérou, a indiqué qu’en l’élisant en juillet dernier, le peuple péruvien a, pour la première fois, placé à la tête de l’État un instituteur issu du monde rural.  « Cette responsabilité fait de moi l’obligé des pauvres, des marginalisés, des populations vulnérables, des entrepreneurs et des classes moyennes qui ont tant souffert de la pandémie », a-t-il affirmé, avant d’assurer que le Pérou, pays multiculturel et multiethnique, parie sur son gouvernement pour construire un État aux racines populaires, « avec une intégration sociale qui élimine les inégalités et une répartition inéquitable des richesses et qui construit une société démocratique solide ».  Cela étant, a-t-il reconnu, le pays présente des indicateurs d’inégalité et d’exclusion extrêmes.  Par conséquent, une transformation sociale est nécessaire, qui permette à tous les Péruviens de jouir de leurs droits économiques et sociaux, en plus des libertés fondamentales et des droits civils et politiques, a estimé M. Castillo Terrones, appuyant, à cet égard, le « nouveau contrat social mondial » préconisé par le Secrétaire général pour rectifier l’iniquité dans la répartition des richesses. 

Alors que ce débat général se tient à nouveau dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le Président péruvien a constaté que cette crise nous montre l’incapacité du système international à coopérer selon les principes de solidarité et d’efficacité.  Nous avons besoin d’accords qui garantissent l’équité dans l’accès aux vaccins, a-t-il plaidé, souhaitant, en outre, que le nouveau « Programme commun » de l’ONU prévoie des actions multilatérales vigoureuses contre la pandémie, permette l’accès de tous les pays, notamment les plus pauvres, aux vaccins et ait une couverture santé complémentaire.  À ses yeux, il est impératif que ces vaccins puissent être produits dans d’autres pays.  Il a donc proposé la signature d’un accord mondial entre les Chefs d’État et les détenteurs de brevets pour garantir un accès universel, sans discrimination ni privilège. 

M. Castillo Terrones a ensuite observé qu’en raison des effets aggravants de la pandémie, la pauvreté et la marginalisation sont désormais une « réalité mondiale ».  Selon lui, les objectifs de développement durables doivent être une priorité à tous les niveaux de responsabilité, mais il convient de les adapter aux nouvelles réalités du monde postpandémique, où trop de personnes souffrent de discrimination et d’exclusion, en particulier les populations autochtones, les femmes, les migrants et toutes les personnes vulnérables.  Dans ce cadre, l’objectif « Faim Zéro » devrait mobiliser la communauté internationale, a-t-il soutenu, attirant l’attention sur l’action menée par son pays pour évoluer vers un système universel de protection sociale.  De même, le nouveau contrat social voulu par le Secrétaire général devrait mettre l’accent sur l’universalisation de l’accès à l’éducation et sur la nécessité de faire progresser les droits des femmes et des filles, a souhaité le Président péruvien.  Il a jugé urgent de mettre la composante sociale « en avant » dans les relations internationales et de faire en sorte que toutes les actions et ressources du système des Nations Unies soient liées à la réalisation des objectifs de développement durable. 

Après avoir réaffirmé son attachement à la paix et à la sécurité internationale, M. Castillo Terrones a annoncé une plus grande participation du Pérou aux opérations de paix.  Nous augmenterons le nombre de soldats péruviens qui travaillent déjà de manière solidaire pour le règlement des conflits et la paix internationale, a-t-il indiqué, avant de s’interroger, à son tour, sur la « viabilité de la planète », menacée par les changements climatiques.  Le moment est venu de repenser nos activités pour parvenir à un développement durable en harmonie avec la planète, avec l’ambition de laisser un monde habitable aux générations futures.  Le Chef d’État a précisé que le Pérou a pour objectif de devenir un pays neutre en carbone d’ici à 2050 et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% à 40%, par rapport à ce qui est projeté pour 2030. 

Par message vidéo préenregistré, M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a estimé que la réalité mondiale ainsi que la nature et les tendances des processus politiques, économiques et sociaux exigent une coopération plus étroite et plus coordonnée entre pays et entre grandes organisations internationales pour parvenir à l’objectif principal de la paix et de la sécurité internationales, des progrès dans le développement durable et de la préservation de la base juridique et institutionnelle de l’ordre mondial moderne.  L’efficacité d’une telle coopération, a-t-il prévenu, dépendra de la faculté à trouver un dénominateur commun entre les intérêts nationaux et les priorités et objectifs mondiaux.  Aurons-nous le sens des responsabilités, la vision et la volonté politique nécessaires pour surmonter les désaccords, les différends tactiques et les différences d’approches et d’évaluation pour nous concentrer sur la matérialisation des objectifs de développement et résoudre les problèmes mondiaux les plus aigus ? s’est demandé le Président. 

Très franchement, a-t-il avoué, nos efforts contre la COVID-19 et ses conséquences socioéconomiques sont toujours insuffisants.  La pandémie, a-t-il estimé, a révélé les échecs systémiques de la réponse internationale.  Ce n’est qu’unis, a-t-il prévenu, que les États membres et les institutions de l’ONU pourront créer les conditions nécessaires au succès.  Le Président a promis qu’il poursuivra ses efforts pour redynamiser « la diplomatie scientifique ».  Il a voulu qu’au cours de cette session, l’on institutionnalise par exemple le Centre d’Asie centrale pour l’épidémiologie, la virologie et la bactériologie.  Il faut aussi travailler à la résilience du système de transport international face aux situations d’urgence, a-t-il ajouté, en citant la résolution sur les modes de transport au service du développement pendant et après la pandémie que l’Assemblée a adoptée, à l’initiative de son pays, le 29 juillet dernier. 

Le Président a cité une autre résolution de l’Assemblée, celle sur l’importance des politiques de neutralité pour le maintien de la paix et la sécurité internationales et pour le développement durable, adoptée le 7 décembre 2020, une nouvelle fois, à l’initiative de son pays.  Également à l’origine de la proclamation de 2021 comme Année internationale de la paix et de la confiance, le Turkménistan, a poursuivi le Président, compte convoquer une conférence internationale, au mois de décembre, sur cette question qui devrait devenir un élément permanent de l’agenda stratégique des Nations Unies.  Nous avons aussi, a-t-il dit, présenté un projet de résolution sur la coopération régionale et internationale au service de la paix, de la stabilité et du développement durable en Asie centrale, afin de créer des mécanismes de dialogue en Asie centrale.  Le Président n’a pas oublié d’attirer l’attention sur sa proposition d’établir une zone de paix, de confiance et de coopération dans sa région. 

Le monde entier, a-t-il reconnu, suit la situation en Afghanistan.  Il a promis une aide économique et humanitaire globale, dont la finalisation des projets d’infrastructures.  Notre disposition de « pays voisin et neutre » à nouer des contacts et à créer les conditions nécessaires à la réalisation rapide de la paix, de l’harmonie et de l’unité en Afghanistan demeure inchangée, a souligné le Président.  Il a conclu sur la question du financement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et proposé la convocation d’une conférence sur la question, avant d’exprimer son attachement à la recherche de solutions à la catastrophe écologique de la Mer d’Aral et à l’idée de créer, à cet égard, un programme spécial des Nations Unies. 

Dans un message vidéo préenregistré, M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a indiqué que tous les défis actuels exigent une réponse globale apportée avec « le bon état d’esprit ».  Il a évoqué la signature de l’Acte final d’Helsinki en 1975, axé sur la sécurité et la coopération en Europe.  « Mais son esprit peut encore avoir une signification à l’échelle mondiale si nous réussissons à le ressusciter et à l’élargir. »  Il a rappelé que « l’esprit d’Helsinki » résidait dans la volonté de rivaux de s’engager dans le dialogue et de rechercher des dénominateurs communs.  « C’est cet esprit dont le monde et l’ONU ont aujourd’hui besoin. » 

M. Niinistö a rappelé que seule une solution globale permettra de mettre fin à la pandémie, avant de se dire en faveur de « la solidarité vaccinale » par le biais notamment du Mécanisme COVAX.  Il a souligné la nécessité de disposer d’une OMS au fonctionnement efficace et de remédier aux retards dans la réalisation des objectifs de développement durable, notamment en raison de la pandémie.  Rappelant que cette pandémie a entraîné des mesures extrêmes, il s’est demandé si l’on peut vraiment dire la même chose des efforts pour sauver la planète.  « Nous devons agir », a-t-il lancé, en regrettant que l’urgence climatique ne se reflète pas dans les actions entreprises jusqu’à présent.  M. Niinistö a ainsi insisté sur l’importance de plans ambitieux de réduction des émissions, en prévision de la Conférence de Glasgow, et d’une accélération de la transition énergétique.  « Nous devons améliorer la qualité, la quantité et l’accessibilité du financement climatique, en particulier pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. » 

Évoquant les « événements tragiques » en Afghanistan, le Président finlandais a exhorté la communauté internationale à ne pas oublier « les filles et les femmes afghanes ».  Il a également appelé à faire bon usage de la « boîte à outils » prévue par la Charte pour prévenir les conflits, priorité de son pays.  Soulignant l’importance des droits humains, il a indiqué que son pays est candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme pour 2022 à 2024.  En tant que membre, nous ferons tout notre possible pour mettre nos priorités dans le domaine des droits humains au service de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans le monde.  La promotion des droits des plus vulnérables, en particulier les personnes handicapées, est une priorité de la Finlande, a souligné le Président. 

M. Niinistö a aussi plaidé pour le renforcement de l’architecture de non-prolifération, avant de souhaiter de nouvelles solutions aux défis nouveaux et émergents dans ce domaine.  « Nous devons anticiper », a-t-il estimé.  Il a dûment salué la prorogation du Traité New START car la nécessité d’unir nos forces et de sauver notre planète pour les générations futures n’a jamais été aussi impérieuse.  L’ONU, a-t-il ajouté, est au centre du multilatéralisme « que nous voulons renforcer ».  Aucune organisation ne donne autant d’espoir en un monde meilleur à autant de personnes.  Pour autant, l’ONU ne pourra réussir que si ses Membres s’unissent et font ce qui est attendu d’eux et cela exige plus de dialogue, plus de confiance et plus de « cet esprit d’Helsinki », a-t-il conclu.  

M. RODRIGO ROA DUTERTE, Président des Philippines, s’est attardé d’emblée sur les inégalités qui se sont creusées depuis le début de la pandémie.  « C’est la façon de les résoudre qui définira notre avenir commun », a-t-il prédit.  Or, un avenir d’inégalités signifie un ordre injuste qui est intrinsèquement volatile, a-t-il fait valoir, rappelant aux gouvernements le défi à relever de concilier leurs obligations envers leurs propres citoyens avec leur responsabilité envers le reste de l’humanité.  Seul un multilatéralisme inclusif peut y arriver, avec l’équité, l’égalité et le respect pour socle de l’engagement des uns envers les autres, a-t-il estimé.  S’indignant face à la « sécheresse causée par l’homme de vaccins contre la COVID-19 », il a reproché aux pays riches d’accumuler les vaccins et de ne donner aux pays pauvres que des miettes.  Alors qu’ils parlent de doses de rappel, les pays en développement envisagent d’administrer des demi-doses juste pour s’en sortir.  C’est choquant et égoïste, a dit le Président, pour lequel ce comportement n’a aucune justification rationnelle ou morale.  Ce n’est qu’une fois le virus vaincu partout que cette pandémie prendra fin, a-t-il rappelé, soulignant que les vaccins sont essentiels pour cela.  Ayant versé un million de dollars au mécanisme COVAX, M. Duterte a appelé les « partenaires privilégiés » à pleinement le soutenir sans tarder. 

Tout comme la COVID-19 a eu un impact inégal sur les peuples, le fardeau du réchauffement climatique n’est simplement pas le même pour tout le monde, a poursuivi le Président, en prévenant que nous sommes à un point de basculement critique, où l’inaction aura des conséquences cataclysmiques pour l’ensemble de l’humanité.  Les Philippines se sont fixées pour objectif de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 75% d’ici à 2030, a informé M. Duterte, en mentionnant, à cet égard, le moratoire qu’il a décrété sur la construction de nouvelles centrales au charbon et la directive publiée pour explorer l’option de l'énergie nucléaire.  Mais cette contribution sera inutile si les plus gros pollueurs décident de faire « comme toujours », a-t-il constaté, en demandant à « ceux qui peuvent faire pencher la balance » de s’engager résolument dans une action climatique urgente.  Les pays développés doivent honorer leurs engagements de longue date en termes de financement climatique, transfert de technologie et renforcement des capacités des pays en développement, a-t-il plaidé, en demandant que la transition vers une économie verte ne se fasse pas au détriment de la vitalité économique des pays en développement. 

Les Philippines sont une économie à revenu intermédiaire et une démocratie florissante, s’est enorgueilli le Président, tout en concédant que des défis difficiles demeurent.  À ce titre il a parlé des conditions de travail inhumaines de millions de Philippins à l’étranger, et demandé la fin du système de kafala « au nom de la justice et de la décence ».  Les Philippines recherchent des partenariats plus solides pour protéger les droits des Philippins et réaliser le plein potentiel de la nation, a-t-il expliqué.  M. Duterte a insisté sur le principe suivant lequel la loi s’applique à tous.  Il a également dit avoir chargé le Ministère de la Justice et la police de revoir la campagne contre les drogues illégales.  Il a aussi annoncé la finalisation récente avec les Nations Unies d’un programme conjoint sur les droits de l’homme. 

Dans une période de profond changement géopolitique, il est vital que tous les pays, petits et grands, s’engagent à respecter l’état de droit, a souhaité M. Duterte, car un monde sans loi est un monde où les plus faibles sont à la merci du plus fort.  Il faut, en outre, régler pacifiquement les différends, mais alors que la démocratie et la transparence sont des concepts qui résonnent dans les couloirs de l’ONU, « ironiquement, le Conseil de sécurité viole tous ces principes », a-t-il accusé.  Il a jugé cet organe « ni démocratique ni transparent » dans sa représentation et ses processus, estimant que cela n’est « tout simplement pas correct ».  En conclusion, il a appelé à la réforme de l’ONU au nom de l’espoir de l’humanité. 

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a salué l’avènement du Mécanisme COVAX comme une illustration de l’esprit de solidarité et d’équité mondiales dont l’Organisation doit faire preuve.  Néanmoins, il a appelé à faire plus pour accélérer la distribution des vaccins et combler le déficit vaccinal de l’Afrique.  Il a invité à exploiter la dynamique positive manifestée face à la COVID-19 pour renforcer la résilience à long terme en cas de pandémie.  « La coopération au G7 et au G20 pour émettre de nouveaux droits de tirage spéciaux est un autre exemple positif », a dit M. Kagame en ajoutant que la nouvelle allocation de droits de tirage spéciaux aux pays qui en ont le plus besoin contribuera à créer l’espace budgétaire nécessaire à une reprise plus rapide et plus équitable après la pandémie. 

Face aux retards dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), le Président Kagame a appelé â transformer « ce sentiment d’urgence » en un engagement politique durable pour les ODD.  « Cet engagement doit placer l’atténuation des changements climatiques au centre de nos efforts », a-t-il insisté avant de s’inquiéter de la gravité croissante des catastrophes liées aux conditions météorologiques.  Après avoir jugé indispensable le succès de la COP26 en novembre prochain, il a souligné l’importance d’une gouvernance axée sur les citoyens pour garantir non seulement le bien-être et le progrès matériel, mais aussi la sécurité, la stabilité et la confiance. 

Par ailleurs, le Président du Rwanda a demandé que « les idéologies extrémistes qui nourrissent le terrorisme et les génocides soient nommées, identifiées suffisamment tôt et démantelées, sans ambiguïté ni hésitation ».  Le Président a fait siennes les craintes du Secrétaire général s’agissant d’une possible rupture du système multilatéral face aux conséquences conjuguées de la pandémie de COVID-19, de l’aggravation des conflits, de l’urgence climatique et de la pauvreté chronique.  C’est pourquoi, le Plan d’action du Secrétaire général mérite tout notre soutien, a-t-il dit, plaidant en particulier pour un plan mondial de vaccination, un renouveau de la confiance entre les gouvernements et les citoyens, une plus grande attention aux besoins des jeunes et un engagement renouvelé envers le raisonnement et la science fondés sur des faits.

Enfin, il a rappelé que la capacité des États Membres de se réunir en présentiel lors de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale en 2022 ou lors du Sommet du futur proposé par le Secrétaire général, dépendra des mesures déterminées que les États prendront dans les mois à venir. 

M. ALBERTO FERNÁNDEZ, Président de l’Argentine, a dit se présenter à ce grand forum à un moment unique pour l’humanité, qui fait face à une triple pandémie aux origines communes: la pandémie des inégalités mondiales, la pandémie des changements climatiques et la pandémie de COVID-19.  Il ne s’agit pas d’un simple changement de tendance, mais bien d’un véritable changement d’époque.  Les cris de la terre blessée s’unissent aux cris des populations vulnérables.  La pandémie, a souligné le Président, a montré la mondialisation des injustices et une vulnérabilité généralisée. La pandémie a également réveillé les risques de cupidité, de gaspillage et de réticence à offrir des réponses solidaires aux problèmes mondiaux.  Je suis convaincu, a martelé le Président, que les vaccins contre le COVID-19 doivent être considérés comme des biens publics mondiaux.  

Le monde, a-t-il poursuivi, doit s’attaquer non seulement aux conséquences sanitaires de la pandémie mais au redressement socioéconomique, ce qui va de pair avec notre mission de prendre soin de « notre maison commune, la planète ».  L’engagement de l’Argentine en faveur de l’Accord de Paris sur le climat est « total », a affirmé le Président, en insistant sur la détermination de son pays à contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C et à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.  Cependant, a-t-il averti, rien de tout ceci ne sera possible si nous ne nous attaquons pas à « l’épée de Damoclès » qu’est l’architecture financière internationale. 

À l’instar du Secrétaire général de l’ONU, le Président a jugé « affligeant » qu'en 10 ans, l'engagement de mobiliser la somme de 100 milliards de dollars en faveur de l’action climatique dans les pays en développement soit resté lettre morte.  La justice climatique, a-t-il pronostiqué, restera une chimère sans une justice financière et fiscale, alors que l’on craint une explosion généralisée de la dette extérieure des pays du Sud.  Déjà, a expliqué le Président, la région d’Amérique latine et les Caraïbes consacrent 57% de leurs revenus à l’exportation du paiement du service de la dette.  Le Président a dit s’attarder sur cette question « avec une douleur particulière », compte tenu de la dette « toxique et irresponsable » que son pays a réussi à contracter auprès du Fonds monétaire international (FMI).  

Pour illustrer l'ampleur de ce « detticide », il a cité un chiffre: les ressources qu’a versées le FMI à l’Argentine atteignent un total de 57 milliards de dollars, soit l’équivalent de tout ce qu’il a déboursé l'année de la pandémie en faveur de 85 pays dans le monde.  Je ne vois, s’est emporté le Président, aucune rationalité technique, aucune logique éthique ni aucune sensibilité politique qui puisse justifier une telle aberration.  Il faut, a-t-il plaidé, sauver les principes de viabilité de la dette agréés dans la résolution 69/319 de l’Assemblée générale.  Le Président a fermement soutenu la conclusion d’un accord multilatéral inclusif sur la restructuration de la dette souveraine.  

Le Président n’a pas manqué de soulever une autre question « d’une grande importance ».  Il a réaffirmé les droits légitimes et imprescriptibles et la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Ce sont, a-t-il réitéré, des territoires illégalement occupés par le Royaume-Uni depuis plus de 188 ans.  Il n’a vu aucune raison au maintien d’une telle situation, sinon l’intention du Royaume-Uni de maintenir une situation coloniale manifestement illégitime.  Ce dernier, a-t-il accusé, persiste dans son attitude et aggrave le différend, en promouvant l’exploitation illégale et unilatérale des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, une action contraire à la résolution 31/49 (1976) de cette Assemblée.  Le Président a dit avoir demandé au Secrétaire général de renouveler ses efforts dans le cadre de la mission de bons offices qui lui a été confiée par cette Organisation. 

Tout comme nous rejetons toute forme de colonialisme, nous comprenons également que notre humanité est confrontée au défi de combiner un changement technologique exponentiel et de s’attaquer à une dégradation environnementale terminale, grâce à une vision de développement humain intégral et de justice sociale planétaire.  Ce n’est pas un choix: la solidarité ou l'extinction.  Le temps presse.  C’est maintenant ou jamais car l'histoire nous jugera non pas sur nos paroles mais sur nos actes, a martelé le Président. 

M. SURANGEL WHIPPS, Président de la République des Palaos, a évoqué l’époque « inouïe » qu’ont traversé les Nations Unies du fait de la pandémie.  À ce jour, s’est-il réjoui, pratiquement toute la population palaosienne a reçu des vaccins et aucun décès lié à la COVID-19 n’a été déploré dans l’archipel.  Le Président a particulièrement loué Taïwan pour l’aide qu’il a fournie à son pays, via notamment l’instauration d’un pont aérien ayant permis une collaboration dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Le Chef d’État en a profité pour plaider avec ferveur en faveur de l’intégration de Taïwan au système des Nations Unies. 

Optimiste quant à la riposte internationale contre la pandémie, dont l’élaboration rapide de vaccins, il a espéré que la communauté internationale adoptera la même attitude face aux changements climatiques.  Cette année, a-t-il rappelé, un typhon a balayé l’archipel, minant sa sécurité alimentaire.  Les Palaos et bien d’autres petits États insulaires en développement (PEID) dépendent beaucoup des importations de produits alimentaires en raison de leur isolement géographique et de leur petite taille.  La destruction graduelle de l’agriculture palaosienne par les changements climatiques nécessite des mesures multilatérales d’urgence, a insisté le Président, en particulier des actions climatiques centrées sur les océans, pour réduire les gaz à effet de serre et éviter que l’archipel, à terme, ne disparaisse.  Le fait que les Palaos et les PEID en général n’aient accès qu’à 2% du financement climatique -sous la forme de prêts, qui plus est– est tout à fait insuffisant, a insisté le Chef d’État. 

Les Palaos dépendant de l’océan et de la pêche pour leur subsistance, le Président a cité plusieurs études évoquant des modifications importantes du taux d’oxygène des océans mettant en danger la vie aquatique.  Il en sera question à la prochaine Conférence sur les océans, prévue en février 2022 dans l’archipel des Palaos, a-t-il indiqué.  M. Whipps a parlé de la sécurité dont a bénéficié l’archipel grâce à la tutelle américaine qui a toutefois imposé « des limites économiques » dont l’archipel souffre encore.  Il s’est dit convaincu que l’actuelle Administration américaine saura corriger le tir.  M. Whipps a conclu par un second plaidoyer pour que Taïwan soit pleinement intégré aux Nations Unies. 

Le Président de la Roumanie, M. KLAUS WERNER IOHANNIS, a relevé que bien que la pandémie ait affecté presque tous les aspects de notre vie, elle nous a également fourni des occasions d’apprendre, de s’adapter et de mieux faire les choses. Les défis mondiaux nécessitent des solutions communes, la solidarité et la coopération, a-t-il dit.  Pour la Roumanie, les valeurs démocratiques et un ordre international fondé sur des règles, avec l’ONU en son cœur, sont fondamentaux pour construire un avenir meilleur et plus sûr.  Le Président a relevé que la pandémie nous a également montré que nous devons trouver des moyens de reconstruire en mieux et plus écologiquement.  Nous devons nous réengager à réaliser des économies durables, résilientes, justes et inclusives, et à développer des sociétés où « personne n’est laissé pour compte », a dit le Président.  Il a dès lors invité à accorder une attention particulière aux besoins des personnes vulnérables, ce qui nécessite la solidarité dans l’action.  La communauté internationale a également besoin d’une approche intégrée et innovante pour répondre simultanément à toute une gamme de défis interdépendants tels que la santé, les changements démographiques, les migrations, la gestion des ressources naturelles, les changements climatiques, la perte de biodiversité, l’extrême pauvreté et la faim, a noté M. Iohannis, en faisant remarquer que nous sommes à un « point d’inflexion ». 

Travailler avec d’autres États et des organisations internationales pour répondre aux changements climatiques est une priorité de son mandat de Président de la Roumanie, a-t-il assuré.  Il a également appelé à garantir un accès sûr à l’Internet, renforcer la cybersécurité et promouvoir un comportement responsable dans le cyberespace, tout en luttant contre la propagation numérique de la haine et la désinformation.  Pour sa part, Bucarest apporte sa contribution en accueillant le Centre européen de cybersécurité.  Dans la lutte contre la pandémie, il a plaidé pour des systèmes de santé plus résilients.  Dans le même temps, il a attiré l’attention sur une priorité urgente, celle d’assurer un accès mondial aux vaccins et aux traitements contre la COVID-19.  La Roumanie soutient pleinement l’adoption d’un instrument juridique international pour la préparation et la riposte aux pandémies. 

Par ailleurs, le Président roumain a souligné l’impératif de lutter contre les discriminations et les discours de haine, y compris l’antisémitisme.  Son pays a adopté, cette année, sa première stratégie nationale de prévention et de lutte contre l’antisémitisme, la xénophobie, la radicalisation et les discours de haine.  La Roumanie continuera d’œuvrer à la réalisation de ces objectifs, notamment en poursuivant un mandat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023–2025.  Sur la crise humanitaire et sécuritaire en Afghanistan, le Président a rappelé que la Roumanie a accueilli des groupes vulnérables d’Afghans, avant de plaider pour que les droits humains, en particulier les droits des femmes, des enfants et des minorités soient respectés en Afghanistan. 

Alors qu’elle assure la présidence de la Communauté des démocraties, la Roumanie entend continuer de travailler pour le respect de tous les principes démocratiques, a assuré M. Iohannis qui a rappelé que les conflits prolongés dans le voisinage de la Roumanie continuent de menacer la sécurité de l’Europe.  La Roumanie soutient le règlement pacifique et durable de ces conflits, par le biais des négociations politiques, a-t-il dit.  Il a jugé prioritaire d’assurer la résilience stratégique, tant au niveau de l’État que de la société, prenant l’exemple du Centre euro-atlantique pour la résilience, créé par son pays.  Un centre qui sera ouvert à tous les pays partenaires, destiné à gérer divers programmes et à faire progresser la résilience, qu’elle soit sociétale ou dans le domaine des technologies, des systèmes de communication, ainsi que la résilience aux crises et urgences complexes.  Enfin, « permettez-moi de rappeler qu’une organisation internationale est aussi forte que la volonté politique de ses États Membres de la rendre pertinente et adaptée à l’époque que nous vivons », a déclaré le Président roumain.  « Unissons nos efforts pour atteindre les nobles objectifs des Nations Unies », a-t-il lancé en conclusion. 

M. CARLOS ALVARADO QUESADA, Président du Costa Rica, a rappelé que l’idée centrale du multilatéralisme et de la sécurité humaine dans un monde interdépendant, c’est le fait que la sécurité de tous dépend de la sécurité du plus faible.  Or, seulement 20% de la population des pays à bas et moyen revenu ont eu accès à la première dose de vaccin contre 80% dans les pays développés.  Le Mécanisme COVAX, a tranché le Président, est donc insuffisant.  Pour accélérer le rythme, il faut que les vaccins soient considérés comme un bien public mondial, a-t-il martelé, en pronostiquant que les variants de la COVID-19 qui se multiplient dans les pays défavorisés finiront par frapper tôt ou tard les pays développés si tout n’est pas mis en œuvre pour vacciner tout le monde.  Il est « absurde voire incompréhensible », s’est emporté le Président, que nous n’ayons pas été capables de vacciner toute la planète alors que les dépenses militaires mondiales augmentaient considérablement en 2020.  

Le Président a aussi fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité, en rappelant les dangers pour notre planète si la température augmente de 4,4 degrés Celsius d’ici à 2100.  Il a exhorté les États Membres à prendre des engagements « concrets et quantifiables » pour un redressement économique favorable à la réalisation des objectifs de développement durable.  Revenant sur la pandémie, il a prié les États à rejoindre le nouveau Groupe d’accès aux technologies contre la COVID-19 (C-TAP) qui vise à accélérer la mise au point des médicaments, leur fabrication à plus grande échelle et la suppression des obstacles à leur accès. 

S’attardant sur le redressement post-COVID, il a salué le nouveau fonds de 650 milliards de droits de tirage spéciaux mais a dénoncé le fait que 40% de ce montant ira à des pays déjà riches.  Je rêve, a avoué le Président, d’un accord de coopération qui viendrait remplacer la concurrence entre les Etats-Unis et la Chine et aider le monde et ses parties les plus défavorisées à mieux s’en sortir.  Le Président a souligné l’importance des trois conventions issues du Sommet de la Terre de Rio en 1992.  Il a espéré que la COP26 à Glasgow et la 15ème Conférence des parties â la Convention sur la diversité biologique contribueront à l’objectif “absolu” de la neutralité carbone d’ici à 2050. 

Le Président a également attiré l’attention des Etats-Membres sur la Coalition internationale, initiée par son pays, la France et le Royaume Uni, à laquelle se sont joints 70 pays pour faire de 30% des espaces terrestres et marins des zones protégées d’ici à 2030.  Cette démarche, s’est-il expliqué, est indispensable pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.  Le Président a dûment salué la création récente du Forum permanent pour les personnes d’ascendance africaine.  Le bicentenaire de l’indépendance du Costa Rica, a-t-il affirmé, a été l’occasion de rappeler la contribution de ces personnes à la construction du pays.  Le Président a conclu en exhortant les Etats à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) et en insistant sur l’appartenance des Iles Malvinas à l’Argentine.  Les parties doivent régler ce différend territorial par le dialogue. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a fait de la solidarité le mot d’ordre de son intervention.  Ce concept est au cœur de la politique de son pays dans la lutte contre la COVID-19, a-t-il dit, en se souvenant comme tout le monde de l’horreur de ces premiers mois.  Mais est-ce que nous avons réussi l’examen de la solidarité ?  Nous rendons hommage à ceux qui ont gagné la bataille des vaccins dans les laboratoires mais l’accès a-t-il été équitable ?  Le vaccin est un droit de l’homme et pas une marchandise, a martelé M. Duda.  La Pologne, a-t-il assuré, a essayé de protéger tout un chacun avec le même engagement. Elle a déployé ses médecins à l’étranger et fait un don de 6 millions de doses de vaccins à des pays du sud. 

Le droit le plus important de chaque nation, c’est le droit à l’autodétermination, a ensuite fait valoir le Président polonais.  Chaque nation a le droit de protéger ses frontières et son système de gouvernance, et de légiférer avec l’assentiment de sa population. M. Duda a ainsi regretté que la pandémie de COVID-19 ait éclipsé les « faits tragiques » qui se déroulent autour de la frontière polonaise, à commencer par la guerre en Ukraine.  La réaction du « nord nanti » a été de construire deux grands gazoducs partant de la Fédération de Russie vers l’ouest, avec des milliards de dollars de revenus pour l’agresseur, s’est-il ainsi indigné.  La pandémie a aussi éclipsé les évènements qui se trament au Belarus où sont durement réprimées les manifestations démocratiques, a-t-il déploré en tant que dirigeant d’un pays dans lequel près de 150 000 Bélarussiens ont trouvé refuge.

La riposte du « régime autoritaire » du Belarus a pris la forme d’une attaque « hybride » contre les frontières orientales de la Pologne, de la Lettonie et de la Lituanie, en charriant des dizaines de milliers de personnes du Moyen-Orient, a accusé le Président. Or nous devons protéger nos frontières en tant que membres de l’Union européenne. 

La pandémie, a-t-il poursuivi, n’a pas dépourvu les nations de leurs aspirations démocratiques ni porté atteinte à l’espoir de dignité des différentes régions du monde, a voulu croire le dirigeant qui a partagé l’enthousiasme des électeurs de Moldova qui ont « repris le pouvoir des mains des oligarques ».  Chaque nation a ses valeurs mais le fait de partager la même planète nous amène à coexister dans le respect du droit international, a ajouté M. Duda dont le pays présidera l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCSE) en 2022. 

Enfin, la pandémie a aussi éclipsé la lutte contre les changements climatiques, a-t-il regretté.  Nous devons prendre conscience de ce qu’il faut faire pour protéger les populations, a-t-il plaidé.  Les pays riches du nord ne se soucient-ils que de leurs statistiques ? a-t-il demandé.  Pour sa part, a-t-il affirmé, la Pologne a réduit de plus de 30% ses émissions de CO2 en trente ans, et trace la voie de sa transition énergétique d’ici 2040 « Notre pays est plus vert » et lorsque nous présidions la COP24, nous avions insisté pour que l’on rende les dispositions de l’Accord de Paris sur le climat plus transparentes et plus équitables pour toutes les parties. 

Élu au mois de mai dernier, M. GUILLERMO LASSO MENDOZA, Président de l’Équateur, a évoqué le mouvement citoyen qui conduit aujourd’hui son pays « vers une nouvelle ère de compréhension avec la planète ».  Après avoir connu une situation catastrophique au début de la pandémie, l’Équateur remporte des succès en matière de vaccination contre la COVID-19.  Saluant à cet égard la diplomatie mondiale, M. Lasso a précisé que 62% des doses de vaccins reçues depuis son arrivée au pouvoir proviennent de Chine.  Il a ajouté avoir reçu un don de deux millions de doses des États-Unis et entamé des pourparlers avec la Fédération de Russie qui pourraient mener à la construction, sur le sol équatorien, du premier laboratoire latino-américain de production de vaccins Spoutnik.  En 100 jours, a-t-il encore résumé, la population vaccinée est passée de 3% à 52%.  

La phrase « plus dÉquateur dans le monde, et plus de monde en Équateur » synthétise notre idéal d'un pays plus compétitif, a poursuivi le chef d’État.  Mais ceux qui pensent que cette phrase parle exclusivement davantages économiques se trompent.  Au contraire, a-t-il développé, il s’agit d’un engagement profond envers toutes les causes que l'humanité défend et qui sont la raison d'être de l’ONU.  Il a cité une série d’actions qu’il a prises à cette fin, de la lutte contre la corruption en partenariat avec l’ONU à la création d’un ministère de la transition écologique.  L’Équateur étant l’un des pays les plus riches en biodiversité au monde, il est naturel que nous nous intéressions à la mise en œuvre de politiques de réduction des émissions de carbone, ainsi quà tout mécanisme traitant de la dégradation accélérée de lenvironnement, a souligné le dirigeant. 

Enfin, M. Lasso a consacré une partie de son discours à « la tragédie de la migration forcée ».  Face au départ de millions de ressortissants vénézuéliens de leur patrie, lÉquateur a réagi de manière fraternelle, a-t-il assuré, accueillant environ 433 000 personnes qui ont bénéficié dun processus de régularisation solidaire leur permettant daccéder aux avantages du travail et de la sécurité sociale.  Cependant, en Équateur, nous avons également subi une augmentation de notre population migrante, qui s’expose à « des risques inimaginables » pour entrer dans des pays comme les États-Unis, a déploré le Président.  Selon lui, la migration est le signal clair que les citoyens du monde veulent plus dintégration, pas moins.  Cest pourquoi il a lancé un appel à tous les pays qui souhaitent approfondir leurs relations commerciales avec lÉquateur car lune des solutions à ce problème réside précisément dans le rapprochement entre les marchés et les citoyens.  Faisons-en sorte que les opportunités viennent aux citoyens, et pas le contraire, a conclu M. Lasso. 

M. EGILS LEVITS, Président de la Lettonie, a salué la pertinence des stratégies présentées par le Secrétaire général dans son rapport intitulé « Notre programme commun », alors que la pandémie de COVID-19 n’est pas encore dernière nous.  Mettant l’accent sur la contribution de son pays à la lutte contre cette pandémie, M. Levits a indiqué que la Lettonie a envoyé des vaccins en Afrique et en Asie et entend continuer à le faire via le Mécanisme COVAX. 

Il s’est ensuite attardé sur la porosité de la frontière entre la désinformation et la liberté d’expression et rappelé que son pays a appuyé la résolution que l’Assemblée générale a adoptée en 2020 sur la promotion de l’éducation aux médias et à l’information qui appelle à une coopération internationale pour lutter contre la désinformation.  Il ne s’est pas pour autant opposé à l’innovation numérique, se vantant des initiatives pour rapprocher les niveaux de vie entre zones rurales et urbaines en Lettonie.  Le Président letton a tout de même mis l’accent sur les nouveaux risques nés de la transformation numérique et de l’intelligence artificielle.  Face aux menaces à la cybersécurité, il a souligné la nécessité d’un nouveau cadre juridique pour protéger à la fois le droit des personnes et la liberté d’expression.  Il faut, a-t-il insisté, atténuer la menace de l’intelligence artificielle et sa capacité d’influence voire de manipulation de la pensée humaine. 

M. Levits a prôné une transformation numérique inclusive propre à combler la fracture numérique entre pays développés et pays en développement et soucieuse de la protection des langues les moins répandues.  Il a poursuivi sur la prochaine COP26, soulignant qu’ici aussi, son pays, qui fait partie du Groupe des Amis de la lutte contre la pollution plastique dans les mers, recourt aux technologies numériques pour favoriser la gestion durable de ses forêts.  

Dans le domaine de la gouvernance, le Président s’est inquiété des « évènements dramatiques » au Bélarus, avant de fustiger les agissements du « régime Loukachenko » contre la société civile et les médias indépendants.  Il a accusé son homologue du Bélarus d’organiser des flux migratoires artificiels vers la Lituanie, la Lettonie et la Pologne pour les déstabiliser.  La crise au Bélarus, a-t-il estimé, ne pourra être réglée que par une élection présidentielle, en présence d’observateurs internationaux.  Le Président a par ailleurs plaidé pour le respect de l’intégrité territoriale de la Géorgie et illustrant la contribution de son pays au maintien de la paix, il a rappelé que 158 experts lettons ont participé à huit missions internationales.  Nous prendrons, a-t-il promis, une part active à la Commission de consolidation de la paix en 2022 et nous brigueront un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2026-2027.   

« Le multilatéralisme est la clef de notre futur », a souligné dans son message vidéo préenregistré, M. RUMEN RADEV, Président de la Bulgarie.  Mon pays, a-t-il dit, soutient l’approfondissement des partenariats stratégiques de l’Union européenne dans le monde et son engagement actif avec les États et les organisations régionales.  Pour M. Radev, plusieurs tâches urgentes nous attendent et d’abord la lutte contre la propagation du coronavirus, la reprise économique et la réduction des disparités économiques croissantes. Il est également nécessaire, a-t-il poursuivi, d’accélérer les progrès dans la lutte contre les changements climatiques et pour le développement durable. Enfin, il faut combattre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, et améliorer la cybersécurité. 

Soulignant l’importance de la solidarité avec les pays et les peuples les plus vulnérables, sous la supervision de l’ONU et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Radev a rappelé que la Bulgarie s’était jointe aux efforts pour fournir des vaccins à ceux qui en avaient besoin, grâce aux mécanismes de l’UE et aux accords bilatéraux.  La pandémie de COVID-19 et les changements climatiques ont fait perdre une décennie entière de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a déploré M. Radev.  Il ne fait aucun doute, a-t-il argué, que la durabilité ne pourra être réalisée sans une lutte contre les effets des changements climatiques, la dégradation de l’environnement et la perte de biodiversité. De même, « nos efforts doivent être dirigés contre les cyberattaques croissantes qui exploitent les vulnérabilités de nos sociétés démocratiques », a ajouté le dirigeant. 

Citant la situation en Afghanistan, au Moyen-Orient ou encore en Ukraine, le Président s’est dit profondément inquiet des menaces sur la sécurité et la stabilité dans de nombreux endroits du monde.  Il a exprimé sa grande inquiétude quant à la détérioration de la situation sécuritaire depuis le retour au pouvoir des Taliban et devant les attaques de Daech - Province de Khorassan.  Le Président a appelé tous les États à renforcer les efforts multilatéraux contre le terrorisme et à maintenir l’engagement humanitaire en Afghanistan. Il a fermement appuyé celui de l’Union européenne qui travaille à des solutions durables pour les réfugiés afghans et la situation des pays d’accueil. 

Également préoccupé par les violences dans le Territoire palestinien occupé, le Président a renouvelé son soutien politique et financier au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA).  Il a enfin appelé au règlement de la crise en Ukraine par une pleine mise en œuvre des Accords de Minsk. 

Le Président a conclu en renouvelant son attachement à l’ONU et en insistant, à cet égard, sur le respect des droits de l’homme et la lutte contre l’islamophobie, l’antisémitisme et les discours de haine.  Il a exprimé sa préoccupation face aux problèmes de liquidités persistants qui affectent l’ONU. Après avoir apporté son soutien à la réforme de l’Organisation, il a dit: « nous avons besoin d’une ONU revitalisée ». 

Elu au mois d’août dernier, M. HAKAINDE HICHILEMA, Président de la Zambie, s’est dit fier de diriger un pays « où les gens aspirent à une société libre et juste dans laquelle ils peuvent faire entendre leur voix ».  Il a salué la mémoire et les valeurs du « père fondateur » de son pays, le Président Kenneth David Kaunda, qui vient de décéder. Face à la pandémie de COVID-19, et malgré le plan de riposte national, la Zambie n’a réussi à vacciner que 3% de sa population environ, a déploré M. Hichilema, en dénonçant l’accès inéquitable des pays en développement aux vaccins.  Il a appuyé des initiatives telles que l’African Vaccine Acquisition Trust (AVAT) et le Mécanisme COVAX.  Il a ensuite appelé à des efforts concertés pour promouvoir les investissements dans les capacités locales et le transfert de technologie en matière de vaccins, ainsi que la recherche et le développement en général. 

La lutte contre la corruption sera au centre de mon agenda, a promis le Président zambien. Il s’est également engagé à promouvoir les médias et la société civile.  La priorité des priorités de mon Gouvernement, a-t-il toutefois souligné, est de rétablir « la stabilité macroéconomique » par la croissance et « la viabilité budgétaire », tout en gérant la dette.  À cette fin, la Zambie s’efforcera de garantir un environnement prévisible pour attirer les investisseurs directs locaux, régionaux et étrangers.  Pour compléter ses efforts, a poursuivi M. Hichilema, mon pays s’est engagé dans un programme de transformation économique et sociale « ambitieux » en vue de réduire la pauvreté et de créer des opportunités équitables pour les jeunes et les femmes.  Pour affronter les changements climatiques, le dirigeant, dont l’administration a créé un Ministère de l’économie verte et de l’environnement, a appelé à une coopération plus étroite au niveau international. 

Enfin, sur le volet paix et sécurité, M. Hichilema a réaffirmé l’engagement de la Zambie à jouer un rôle actif dans la mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC)au Mozambique pour rétablir la paix dans la province de Cabo Delgado.  De plus, son pays reste engagé en faveur de la feuille de route de Lusaka sur l’initiative “Faire taire les armes” en Afrique, laquelle est appuyée par tous les États Membres de l’Union africaine. L’initiative a d’ailleurs été prolongée jusqu’en 2030. 

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a estimé que la crise sanitaire que traverse le monde ne sera vaincue que par une solidarité agissante de la communauté internationale.  Pour en limiter les effets sur la population centrafricaine, mon pays veille, a-t-il affirmé, à la sauvegarde de ses capacités de financement du développement, en maintenant le cap des réformes du système de gestion des finances publiques.  Le Président a appelé à investir davantage dans le système de veille sanitaire et estimé que l’accès universel aux vaccins devrait relever d’une « urgence de sécurité internationale », au nom de principes fondamentaux de solidarité humaine. 

La mobilisation contre la COVID-19 ne doit pourtant pas faire oublier les autres défis auxquels nous sommes confrontés, a poursuivi le chef de l’État, qui a rappelé que le premier d’entre eux consiste à répondre aux besoins de la planète.  M. Touadera a rappelé la « modeste part » que son pays a prise à cette lutte par l’adoption d’une Stratégie nationale de développement durable. 

M. Touadera a rappelé les succès méritoires enregistrés en 75 ans par l’ONU grâce à « l’intelligente mutualisation de nos efforts ».  Il a toutefois réclamé une réforme profonde du système des Nations Unies, dont une étape majeure sera d’accorder au continent africain une représentation permanente au sein du Conseil de sécurité. 

Affirmant la volonté de la République centrafricaine de respecter et promouvoir les droits de l’homme, M. Touadera a affirmé la volonté de son pays de lutter contre l’impunité.  C’est dans ce cadre, a-t-il expliqué, qu’a été créée, le 4 mai dernier, une Commission d’enquête spéciale chargée de faire la lumière sur les présumées graves atteintes aux droits de l’homme dont se seraient rendues coupables les Forces armées centrafricaines, selon un rapport publié par la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).  M. Touadera a, en outre, présenté l’opérationnalisation de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation comme une contribution majeure au succès du processus de paix en cours dans son pays.  Il a également mentionné la poursuite de la réforme du secteur de la sécurité et l’accélération de la mise en œuvre du plan de développement post-conflit. 

« Le respect scrupuleux des engagements contenus dans l’Accord politique pour la paix et la réconciliation reste ma boussole » a affirmé M. Touadera, qui a appelé à une solidarité sans équivoque face aux groupes armées signataires de l’Accord qui poursuivent leurs exactions.  C’est à cette fin qu’il a demandé, une nouvelle fois, la levée totale de l’embargo sur certaines catégories d’armes imposé par le Conseil de sécurité, qui « pèse injustement sur notre armée nationale » et l’empêche d’accomplir pleinement sa mission.  Enfin, M. Touadera a rendu hommage aux Casques bleus de la MINUSCA, aux forces alliées russes et rwandaises, qui ont « défendu les droits fondamentaux, la démocratie et la paix » dans son pays, ainsi qu’aux différents facilitateurs de l’Accord de paix et au Secrétaire général. 

Pour le Président de la Somalie, M. MOHAMED ABDULLAHI MOHAMED FARMAJO, la priorité est de renforcer la résilience par l’espoir, le travail acharné et des partenariats multipartites pour une reprise équitable et holistique post-COVID-19. La pandémie mondiale a mis à nu les inégalités dans le monde et le large fossé entre le monde développé et le monde en développement.  Le Président a plaidé pour un accès égal au vaccin, avant d’affirmer que dans son pays, la pandémie a galvanisé le « peuple somalien et sa résilience », y compris le secteur privé et la diaspora, ainsi que les partenaires internationaux.  La Somalie, a-t-il promis, est déterminée à faire en sorte que ses stratégies nationales de redressement soient conformes à son neuvième Plan de développement national axé sur l’édification d’une société forte, cohésive et juste, soutenue par des institutions solides et des opportunités multiples. 

M. Farmajo s’est engagé à poursuivre les réformes économiques essentielles pour élargir l’assiette fiscale, renforcer la transparence et la bonne gouvernance, et à travailler encore plus étroitement avec le peuple et tous les partenaires au développement pour garantir un redressement rapide et durable.  La protection de l’environnement, a-t-il dit, est une autre priorité de la Somalie qui subit de plein fouet les effets dévastateurs des changements climatiques, notamment des cycles d’inondations et de sécheresses aux conséquences humaines et économiques graves, dont l’insécurité alimentaire et les déplacements massifs vers les grands centres urbains comme Mogadiscio.  Le Président s’est alarmé d’une situation intenable certainement pas propice au développement auquel le Gouvernement et le peuple somaliens aspirent. 

Le Président a conclu, en encourageant les États Membres à travailler ensemble pour revitaliser l’ONU et lui faire jouer son rôle qui est de « nous connecter pour faire face aux graves menaces à notre développement commun ».  En tant qu’État Membre, la Somalie est fière de sa contribution à l’ONU et du partenariat solide qu’elle entretient avec les agences de l’ONU. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée adopte l’ordre du jour de sa soixante-seizième session placée sous le signe de l’espoir, le redressement post-COVID, les droits de l’homme et la revitalisation de l’ONU

Soixante-seizième session,
2e séance plénière – matin
AG/12363

L’Assemblée adopte l’ordre du jour de sa soixante-seizième session placée sous le signe de l’espoir, le redressement post-COVID, les droits de l’homme et la revitalisation de l’ONU

L’Assemblée générale a adopté, ce matin, l’ordre du jour de sa soixante-seizième session qui a pour thème « Miser sur l’espoir pour renforcer la résilience afin de se relever de la COVID-19, reconstruire durablement, répondre aux besoins de la planète, respecter les droits des personnes et revitaliser l’Organisation des Nations Unies ».  L’Assemblée a entériné par la même occasion les programmes de travail de chacune de ses six grandes Commissions mais a dû passer par un vote, à la demande de la Fédération de Russie, pour réinscrire le point relatif à « la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés » à l’ordre du jour. 

L’Assemblée générale, qui entame son débat général annuel mardi 21 septembre à partir de 9 heures, a procédé aujourd’hui sur la base du premier rapport de son Bureau* qui souligne que la pandémie de COVID-19 continuera d’influer sur les modalités pratiques de la soixante-seizième session, s’agissant notamment du maintien ou non de certaines manifestations, de leur déroulement et du nombre de participants.  Des aménagements devront être apportés à la lumière de l’évaluation des risques et de l’avis du Comité pour la santé et la sécurité au travail de la Cellule de gestion des crises, lequel tient compte des directives de la ville de New York et de l’État hôte, les États-Unis. 

L’Assemblée générale a donc décidé qu’en cas de mesures de quarantaine ou de restriction aux déplacements, les intervenants qui ne sont pas représentant d’un État Membre ou d’une délégation observatrice, pourront faire diffuser des déclarations préenregistrées.  La Fédération de Russie et le Bélarus ont réagi à ces règles d’accès à l’Assemblée, en se référant à la lettre que la délégation russe a adressée au Président de l’Assemblée, le 16 septembre dernier. 

En raison des contraintes financières, le service des séances tenues au Siège ne sera pas assuré au-delà de 18 heures ou le weekend.  En conséquence, les séances devront commencer à 10 heures précises et être levées à 18 heures au plus tard les jours de semaine.  Le débat général se tiendra jusqu’au 27 septembre, y compris le samedi.  Ensuite les grandes Commissions tiendront leurs travaux jusqu’au 10 décembre au plus tard, avant que l’Assemblée générale ne suspende la partie principale de sa session le lundi 13 décembre 2021.  La session devrait être clôturée le lundi 12 septembre 2022.  

En adoptant les points de son ordre du jour, sur recommandation de son Bureau, l’Assemblée a dû passer par un vote pour entériner par 65 voix pour, 11 contre et 37 abstentions l’inscription du point relatif à « la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés ».  La Fédération de Russie, qui avait demandé la mise aux voix et voté contre, a argué qu’il n’existe pas de territoires temporairement occupés en Ukraine, mais bien « une guerre civile ».  Le titre de ce point, « inventé à Kiev », ne cadre pas avec la réalité sur le terrain, a-t-elle affirmé. 

La Slovénie, au nom de l’Union européenne, et les États-Unis, ont milité pour le maintien du point à l’ordre du jour.  L’Ukraine a avoué que « cet autre 17 septembre » est un jour triste pour la Fédération de Russie qui s’oppose à un point le même jour qu’en 1939, lorsque ses troupes avaient pris parti pour l’Allemagne nazie après l’invasion de la Pologne.  Tenter un rapprochement entre Hitler et Staline n’a aucun sens, a riposté la Fédération de Russie qui a rappelé que des Ukrainiens sont morts à côté d’autres dans la lutte contre le nazisme. Qualifiant de « honteux » les propos de l’Ukraine, elle a dit les avoir pris comme « une insulte à ses ancêtres ».  La Syrie a, quant à elle, mis en garde contre la tendance à consacrer des ressources à des questions qui aggravent les dissensions entre États. 

L’Assemble générale a aussi décidé que les ONG, les organisations de la société civile, les institutions universitaires et les représentants du secteur privé participeront à sa réunion de haut niveau pour commémorer le vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’Action de Durban (A/76/L.1).  Elle a enfin prévu que l’État de Palestine, le Saint-Siège et l’Union européenne participeront à ses travaux, sans autre besoin d’explication préalable avant leurs interventions.  

*A/76/250

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG clôt sa session de 2021 et adopte son rapport final

Reprise de la session de 2021,
35e séance plénière – matin
ONG/929

Le Comité des ONG clôt sa session de 2021 et adopte son rapport final

Le Comité chargé des ONG, présidé par M.  Mohamed Sallam, du Soudan, a adopté, ce matin, le rapport final de sa reprise de session, tenue du 30 août au 17 septembre, soumettant pour approbation au Conseil économique et social (ECOSOC) sept projet de décision. 

Le Rapporteur du Comité, M. Michael Baror, d’Israël, a rappelé qu’ont été examinés au total 651  dossiers d’ONG dont 264 ont été recommandées pour l’obtention d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC. 

Le Comité, qui est composé de 19 États Membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs.    Le premier, le statut consultatif général est attribué aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.    Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.  

Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.    Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.    Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.  

Au cours de sa reprise de session, le Comité a reporté sa décision sur 320 ONG priées d’apporter des réponses aux questions supplémentaires.   Il a aussi pris note de sept changements de nom et de 323 rapports quadriennaux sur un total de 407.   Quelque 65 dossiers ont été clos sans préjudice; les ONG concernées n’ayant pas répondu aux trois rappels du Comité. 

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Afghanistan: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MANUA et demande aux parties afghanes d’assurer la sécurité du personnel de l’ONU

8862e séance – matin
CS/14639

Afghanistan: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MANUA et demande aux parties afghanes d’assurer la sécurité du personnel de l’ONU

Le Conseil de sécurité a décidé aujourd’hui de proroger le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) jusqu’au 17 mars 2022.  Par la résolution 2596 (2021) (document à paraître S/RES/2596(2021)), adoptée à l’unanimité de ses membres, le Conseil demande par ailleurs à toutes les parties afghanes et internationales d’assurer « la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé dans tout le pays ». 

Le Conseil prie en outre le Secrétaire général de lui présenter un rapport écrit, d’ici au 31  janvier 2022, sur les recommandations stratégiques et opérationnelles relatives au mandat de la MANUA, « compte tenu des récents événements survenus dans les domaines politique, social et de la sécurité ».  Le Secrétaire général informera le Conseil de la situation en Afghanistan et des activités de la MANUA tous les deux mois, jusqu’au 17 mars 2022. 

Dans le préambule de la résolution, le Conseil souligne en outre l’importance en Afghanistan de la mise en place d’un gouvernement « inclusif et représentatif », de la participation « pleine, égale et effective » des femmes et du respect des droits humains, « notamment en ce qui concerne les femmes, les enfants et les membres des minorités ». 

Dans leurs explications de vote, plusieurs délégations, dont celles du Mexique et de l’Irlande, ont appelé au respect des droits des femmes en « ces temps troublés » que connaît l’Afghanistan.  « Les Taliban seront jugés à l’aune de leurs actes, non pas de leurs discours », a notamment déclaré la déléguée du Royaume-Uni.

Explications de votes

« En adoptant cette résolution à l’unanimité, le Conseil a envoyé un signal d’unité », a déclaré la déléguée de la Norvège, au nom de l’Estonie, tous deux porte-plumes de ce texte.  Elle a estimé que ce texte est un « pas en avant vital » pour l’ONU et souligné la nécessité d’accompagner la population afghane. 

La représentante des États-Unis a estimé que ce texte constitue un « pas en avant essentiel », en rappelant que l’ONU travaille en Afghanistan depuis 1948.  « Nous montrons par ce texte que nous sommes attachés au rôle vital de l’ONU dans ce pays. »  Mentionnant la détérioration des conditions sécuritaires dans le pays, elle a exhorté l’ONU à protéger le personnel national travaillant pour elle. 

La représentante de la Fédération de Russie a espéré que le personnel onusien évacué d’Afghanistan pourra retourner rapidement à Kaboul, avant de saluer la volonté des autorités afghanes de coopérer avec l’ONU et de garantir la sécurité de son personnel.  Elle a déploré que la version finale du texte ne comprenne pas une évaluation objective de la menace posée par l’EIIL, ainsi que du défi posé par le trafic de stupéfiants.  « Il est inadmissible de minimiser ces défis. »

Le délégué du Mexique a regretté que la question du respect scrupuleux des droits humains, en particulier ceux des femmes, ne figure pas dans la résolution. Il a en outre souhaité que le rapport précité du Secrétaire général sur les recommandations relatives à la MANUA ménage une large place à cette question cruciale des droits des femmes et des filles. 

La déléguée du Royaume-Uni a souligné la situation très difficile en Afghanistan et exhorté les Taliban à respecter les engagements qu’ils ont pris à Doha.  Le pays ne doit plus être un sanctuaire pour les terroristes.  Elle a aussi affirmé que les Taliban seront jugés à « l’aune de leurs actes, non pas de leurs discours », avant de dénoncer les représailles menées par ces derniers contre le personnel de l’ONU.  

Le délégué de la Chine a dit que le pays est engagé dans une « transition du chaos vers la stabilité », avant de dénoncer le « retrait hâtif » des États-Unis et de leurs alliés qui a créé de « nouvelles difficultés ».  Alors que le risque terroriste est « bien connu » dans le pays, il a espéré que les nouveaux dirigeants afghans rompront tout lien avec les groupes terroristes.  Enfin, il a estimé que les sanctions unilatérales et le gel des avoirs afghans aggravent les difficultés que connaît le pays. 

Tout en reconnaissant que la résolution n’évoque pas tous les défis qui se posent au pays « en ces temps troublés », la représentante de l’Irlande a souligné que l’Afghanistan doit respecter toutes ses obligations en vertu du droit international et garantir un accès humanitaire sans entraves.  Elle a également insisté sur la nécessité de faire respecter les droits des Afghans, notamment des femmes. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.