Assemblée générale: Au dernier jour du débat général, les pays du Moyen-Orient attirent l’attention sur la menace du terrorisme
Le sixième et dernier jour du débat général a été marqué par l’intervention d’un grand nombre de pays du Moyen-Orient, y compris la Syrie et le Yémen, qui sont inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, qui se sont succédé à la tribune de l’Assemblée générale pour attirer l’attention sur le fléau du terrorisme. Si les défis de la pandémie et de l’impact des changements climatiques qui ont dominé les débats sont bien réels pour ces pays aussi, c’est la lutte contre le terrorisme et son financement qui ont le plus préoccupé les dirigeants de cette région décrite par le Premier Ministre israélien, comme une mer agitée.
Tout en saluant les « lueurs d’espoir » que représentent à ses yeux les Accords d’Abraham, M. Naftali Bennett s’en est vivement pris à l’Iran, accusant ce pays de soutenir moult groupes terroristes dans plusieurs pays de la région. Le dirigeant israélien a également estimé que le programme nucléaire iranien a atteint un point critique et décrié l’inaction de la communauté internationale, soulignant que les « paroles ne stoppent pas les centrifugeuses ».
Toutes les lignes rouges ont été franchies, les inspections sont ignorées, l’accord sur les garanties de l’AIEA est violé, l’Iran enrichit désormais l’uranium à 60% tandis que les preuves qui démontrent clairement son intention de créer des armes nucléaires dans des sites secrets sont ignorées. « Et l’Iran s’en tire », s’est indigné M. Bennett qui a averti que « la patience d’Israël a des limites ».
Le Ministre des affaires étrangères de la France a, lui aussi, estimé que la poursuite du programme nucléaire iranien exige la plus grande fermeté. « Les positions américaines d’hier ne peuvent justifier que l’Iran continue de violer les engagements qu’il a pris au titre du Plan d’action global commun (PAGC) », a souligné M. Jean-Yves Le Drian, pour qui le seul chemin possible demeure celui d’un accord permettant d’établir que l’Iran respecte à nouveau ses obligations et un retour indispensable à la négociation.
L’Iran était également dans la ligne de mire du Ministre des affaires étrangères du Yémen qui a reproché aux milices houthistes « soutenues par l’Iran » d’avoir transformé « un printemps du dialogue en automne de souffrances et de destructions » et de n’avoir de cesse de saper le processus de transition politique. Que ce soient les initiatives de l’ancien Envoyé spécial des Nations Unies, M. Martin Griffiths, ou de l’Arabie saoudite, elles ont toutes été rejetées par les rebelles et les Iraniens, a regretté M. Ahmed Awad Ahmed Binmubarak, leur reprochant de poursuivre une politique d’escalade et de carnage.
Rappelant que la Syrie a été l’un des pays les plus touchés par le terrorisme, son ministre des affaires étrangères a dénoncé pour sa part ceux qui continuent de soutenir les terroristes en Syrie, citant nommément la Turquie. M. Faissal Mekdad a asséné que ces pays font un pari dangereux et voué à l’échec et que « tôt ou tard, cela reviendra les hanter ».
Plusieurs pays du Sahel se sont également succédé à la tribune pour attirer l’attention sur les conséquences du terrorisme dans leur région, à l’instar du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Niger, qui a rappelé que ce phénomène a notamment été favorisé par la prolifération d’armes qui a suivi les évènements survenus, en 2011, en Libye. M. Hassoumi Massoudou a indiqué qu’en menant son combat pour la paix et la sécurité, le Niger ne renonce pas pour autant à celui du développement. À ses yeux, le redéploiement de l’administration et des services publics de l’État dans les zones affectées constitue le prolongement indispensable de l’action militaire.
De son côté, le Chef de la diplomatie tunisienne est venu rassurer la communauté internationale, expliquant qu’alors que son pays est confronté à des « menaces et clivages croissants », le Président Saïed a pris des « mesures exceptionnelles » fondées sur le fait que la Constitution se doit de garantir « la voie démocratique », conformément à la volonté du peuple tunisien. Les droits démocratiques en Tunisie sont une « option irréversible » et il n’y a « pas de recul », a assuré M. Othman Jerandi qui a souligné que la construction d’un État « stable » est une condition préalable à la paix sociale, au développement durable et au respect des droits humains.
Le même ton rassurant a été employé par le représentant de la Guinée qui a indiqué que le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), « qui a pris en main les destinées de la Guinée sous le leadership du Colonel Mamadi Doumbouya » le 14 septembre, a pris des mesures pour décrisper la situation sociopolitique et économique du pays, ainsi que des dispositions pour permettre aux partis politiques et à la société civile d’exercer librement leurs activités. Dans cette entreprise historique de refondation nationale, a ajouté M. Aly Diane, les nouvelles autorités guinéennes sollicitent l’accompagnement de tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux, en vue de faire de la Guinée un véritable État de droit.
La Ministre des affaires étrangères de l’intégration africaine et de la diaspora de la République de Côte d’Ivoire a, de son côté, fait le point sur l’état du chantier de la réconciliation nationale, évoquant les entretiens entre le Président Ouattara et ses prédécesseurs, MM. Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Le processus de réconciliation nationale continuera de se fonder sur une justice indépendante, un engagement constant au plus haut niveau de l’État ainsi que sur une appropriation nationale forte, a assuré Mme Kandia Kamissoko Camara.
Dans un autre registre, la France a souhaité la tenue d’un sommet des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité pour établir « un programme d’action commun », afin de rendre au Conseil la capacité d’exercer tout son mandat et d’engager le dialogue sur les sujets clefs du contrôle des armements et de la sécurité collective. « Dans un monde d’échanges et d’interdépendances, un monde en état d’urgence environnementale, un monde en proie à des préoccupantes logiques de brutalisation et à la tentation persistante de l’unilatéralisme, tout ce que nous faisons collectivement –ou à l’inverse manquons de faire– nous engage tous », a notamment déclaré M. Le Drian.
Au cours des six jours de débat général, l’Assemblée générale a entendu en tout 194 orateurs, dont 100 chefs d’État, 52 chefs de gouvernement, 3 vice-présidents et 34 ministres. Le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, a cependant déploré que seul 18 de ces intervenants étaient des femmes, exhortant à redoubler d’efforts pour rectifier ce déséquilibre.
SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
Israël est un phare dans une mer agitée, un bastion de démocratie, innovant de par sa nature et désireux de contribuer à la vie du monde, même s’il se trouve dans la région la plus difficile du monde, a déclaré M. NAFTALI BENNETT, Premier Ministre d’Israël. Pendant bien trop longtemps, Israël a été défini par les guerres avec ses voisins, a regretté le Ministre, alors que ce n’est pas ce qui définit les Israéliens qui, comme chacun et chacune, veulent bâtir une vie meilleure pour leurs enfants, « ce qui signifie parfois aller sur le champ de bataille. » Israël ne devrait pas être jugé à l’aune de ces actions, a-t-il estimé, assurant que son pays reste tourné vers l’avenir.
Deux fléaux frappent actuellement le tissu même de la société israélienne et de nombreux autres pays, a-t-il poursuivi en parlant de la COVID-19 et de « la maladie de la polarisation politique », deux phénomènes qui, s’ils ne sont pas maîtrisés, peuvent être dévastateurs sur les nations. Dans un monde où la droite et la gauche évoluent dans des bulles numériques closes, les sociétés se déchirent parce qu’on ne s’écoute plus, s’est inquiété M. Bennett. « Et nos pays, déchirés de l’intérieur, ne fonctionnent plus. »
En Israël, a-t-il poursuivi, après la tenue de quatre élections en l’espace de deux ans, la population était à la recherche d’une antidote: une tentative honnête pour atteindre une normalité politique. Le Premier Ministre s’est targué d’avoir constitué le Gouvernement le plus divers de l’histoire d’Israël, avec l’unité pour objectif. Il n’en a pas moins insisté sur l’importance vitale des divergences d’opinion, notant qu’un « débat sain » est l’un des principes de la tradition juive et un des « secrets » du succès de la « nation start-up ». Israël a prouvé que même à l’ère des médias sociaux il est possible de débattre sans haine, a-t-il affirmé.
Passant au coronavirus, M. Bennett a expliqué que pour en venir à bout, Israël conjugue le savoir des scientifiques à l’action politique. Pour le Premier Ministre, l’impératif aujourd’hui est de faire en sorte que le pays reste ouvert, que les enfants aillent à l’école et les parents au travail. Les confinements à long termes ne sont plus la solution, a-t-il estimé, et plutôt que d’enfermer les gens et de les réduire à des acteurs passifs, le Gouvernement israélien cherche à les associer à l’action en demandant par exemple aux parents de tester leurs enfants chez eux. Le Premier Ministre a également insisté sur l’importance des vaccins, expliquant que face à la flambée du variant Delta, le Gouvernement avait décidé d’administrer une troisième dose avant même son approbation par la Food and Drug Administration (FDA) pour éviter d’entraîner Israël dans un nouveau cycle de confinement. Israël a été pionnier en matière de rappels ce qui lui a permis d’échapper à une quatrième vague sans que son économie ait eu à en pâtir, s’est-il félicité. Une équipe spéciale nationale a également été mise en place pour poser des actions rapides et contourner la lenteur administrative: « lorsque que quelque chose fonctionne, Israël le maintient, et, à défaut, passe à autre chose ».
Le dirigeant israélien a ensuite indiqué que son pays est entouré par le Hezbollah, des milices chiites, le Hamas et le Jihad islamique, des groupes terroristes qui veulent détruire Israël et qui sont tous soutenus par l’Iran qui, a-t-il accusé, cherche à dominer la région en déployant un « parapluie nucléaire ». Depuis 30 ans, l’Iran n’a cessé de répandre le carnage et la destruction au Moyen-Orient, a affirmé M. Bennett en citant le Liban, l’Iraq, la Syrie, le Yémen et Gaza.
Il a affirmé que l’Iran dispose désormais d’un « essaim » de drones tueurs, appelés Shahed 136, qui ont déjà été utilisé pour attaquer l’Arabie saoudite, des cibles américaines en Iraq ainsi que des navires civils. Et l’Iran prévoit de fournir ses mandataires au Yémen, en Iraq, en Syrie et au Liban ave des centaines de milliers de ces engins mortels. Vous ne pouvez continuer de l’ignorer, s’est-il impatienté, parce que l’expérience a montré que ce qui commence au Moyen-Orient se propage un jour ou l’autre. M. Bennett est aussi revenu sur les « commissions de la mort » qui avaient commandité le meurtre de 5 000 opposants politiques en Iran. Établies en 1988, a-t-il rappelé, celles-ci étaient constituées de quatre membres, dont le nouveau Président iranien, M. Ebrahim Raisi, ce qui lui a valu d’être surnommé « le boucher de Téhéran ». Voilà à qui nous avons affaire, s’est-il inquiété.
Le dirigeant israélien a également indiqué que le programme nucléaire iranien a atteint un point critique. Selon lui, toutes les lignes rouges ont été franchies, les inspections sont ignorées, l’accord sur les garanties de l’AIEA est violé et l’Iran enrichit désormais l’uranium à 60%. En outre, les preuves qui démontre clairement l’intention qu’a l’Iran de créer des armes nucléaires dans des sites secrets à Toorkooz-abad, Téhéran et Marivan sont ignorées. « Et l’Iran s’en tire », s’est-il indigné en reprochant à la communauté internationale son inaction. Mais les « paroles ne stoppent pas les centrifugeuses » et la patience d’Israël a des limites, a-t-il poursuivi, expliquant qu’Israël ne permettra pas à l’Iran d’acquérir des armes nucléaires.
Mais tout n’est pas sombre du Moyen-Orient; il y a également des lueurs d’espoir, a poursuivi M. Bennett, citant les Accords d’Abraham qui ont permis de normaliser les relations entre Israël et certains pays de la région, notamment les Émirats arabes Unis, le Bahreïn et le Maroc. De plus en plus de nations comprennent la place historique qu’occupe Israël dans le monde, a relevé le Ministre, se vantant aussi des amis de longue date comme les États-Unis. Il a aussi salué « l’échec », la semaine dernière, de la Conférence « raciste et antisémite » de Durban, notant que 38 pays avaient décidé de ne pas y participer. Attaquer Israël ne rend pas moralement supérieur. Attaquer la seule démocratie du Moyen-Orient ne rend pas « woke ». Et adopter des clichés sur Israël sans faire l’effort d’apprendre les faits, c’est de la pure paresse, a-t-il lancé. Israël est une nation pétrie d’histoire, une nation dont l’esprit est irréductible, a martelé le Premier Ministre en filant à nouveau la métaphore du phare dans la mer agitée qui se tient fort, haut et dont la lumière est plus vive que jamais.
M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères de la République du Bélarus, a dénoncé un monde régi par l’égoïsme économique, les ambitions et le chantage. Il a pointé du doigt les tentatives incessantes de certains États d’imposer un modèle de développement socioéconomique et mis en cause la politique « barbare » de sanctions imposées contre les États jugés indésirables. L’ingérence ouverte d’acteurs politiques dans les affaires intérieures d’États souverains est la norme aujourd’hui, a-t-il critiqué. Revenant sur les traumatismes subis lors de la Deuxième Guerre mondiale, M. Makei a regretté les tendances dangereuses actuelles qui en donnent une analyse déformée. « Nous sommes opposés à toute tentative de blanchir les nazis. »
Le Bélarus a été poussé contre sa volonté dans l’abîme d’une guerre géopolitique, a poursuivi le Ministre, dénonçant les pressions agressives de l’Occident. Certains parlent de mesures d’aide à la démocratie et d’assistance à la population, mais, a-t-il dénoncé, « la nature de ces mesures est claire: l’Occident ne peut accepter le choix de la majeure partie des électeurs du Bélarus ». Or le peuple du Bélarus est uni aujourd’hui, a-t-il affirmé, citant la réforme constitutionnelle inclusive en cours dans le pays. « L’Occident a fabriqué de toutes pièces une situation de conflit avec les réfugiés à la frontière occidentale », a ensuite accusé M. Makei. Aujourd’hui, des milliers de réfugiés veulent trouver refuge en Europe mais ils y trouvent porte close. En Pologne et dans les États baltes, les réfugiés sont passés à tabac et leurs corps transportés à notre frontière, a-t-il affirmé. Selon M. Makei, le Bélarus n’est pas en mesure de mener une guerre hybride contre l’Union européenne (UE). « Nous proposons à l’UE depuis le mois d’avril de mener des consultations sur les migrations illégales mais sans succès. » Il a pointé du doigt l’interruption du financement par l’UE de tous les projets luttant contre les migrations illégales et rappelé que le Bélarus avait toujours été à l’avant-garde des efforts pour lutter contre la traite.
Évoquant la question des droits de l’homme, M. Makei a dénoncé « une arme contre des pays indociles ». La démocratie découpée selon les gabarits de l’Occident ne colle pas à la situation dans différents pays, a-t-il estimé en citant l’Afghanistan en exemple. Les tentatives de certains pays développés de définir de manière arbitraire le degré de démocratisation d’un pays rappellent clairement les méthodes des nazis, a-t-il insisté. M. Makei a également condamné « l’autre pratique favorite des États occidentaux, à savoir la prise de mesures unilatérales restrictives », car le recours aux sanctions viole le droit international. L’utilisation de sanctions financières et économiques de manière arbitraire doit appartenir à jamais au passé, a-t-il réclamé, appelant l’ONU à jouer un rôle fondamental. Mais l’ONU sert de théâtre pour certains États; l’ONU est commercialisée et ses programmes se transforment en politique occidentale, a-t-il déploré. Il a également mis en garde contre la tentative de donner aux ONG fondées à l’étranger un statut semblable à celui d’États Membres de l’ONU. C’est inacceptable, a-t-il tranché.
M. AHMED AWAD AHMED BINMUBARAK, Ministre des affaires étrangères et des expatriés du Yémen, a déclaré qu’une guerre est imposée depuis huit ans au peuple yéménite par les rebelles houthistes, qu’il a qualifiés de « milices » soutenues par l’Iran. Au Yémen, l’Iran demeure une partie du problème plutôt que la solution, et les milices ont transformé « un printemps du dialogue en automne de souffrances et de destructions ». Le Ministre a cité entre autres leur responsabilité dans des destructions de maisons, de lieux de culte et de villes historiques et les a également accusés d’avoir commis des actes de tortures et des exécutions. Il a rappelé le rôle fondamental joué par l’ONU pour appuyer la transition politique dans son pays, notamment via le « mécanisme pour la transition ». Cette initiative a été suivie d’un dialogue national, de consultations, puis d’un référendum qui a servi de base à la tenue d’élections, a-t-il rappelé. Mais les milices n’ont de cesse de mettre des bâtons dans les roues et de saper ce processus, a regretté le Ministre.
Saluant la désignation, le 6 août dernier, de M. Hans Grundberg en tant qu’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Binmubarak a informé l’Assemblée que son gouvernement accepterait « tout format permettant de préserver l’intégrité du Yémen ». Il a rappelé que le Gouvernement avait déjà accepté les initiatives de son prédécesseur, M. Martin Griffiths, et de l’Arabie saoudite, se fondant sur un cessez-le-feu global visant à résoudre les problèmes humanitaires comme l’accès à l’aéroport et aux ressources pétrolières via le port de Hodeïda, « véritable pont humanitaire pour des millions de Yéménites ».
Mais, a-t-il déploré, ces efforts ont été rejetés par les rebelles et les Iraniens qui poursuivent une politique d’escalade et de carnage. À l’heure actuelle, selon le Ministre, des missiles balistiques sont lancés sur la capitale, ciblant des civils et des infrastructures civiles, et l’Arabie saoudite est aussi visée. Ces attaques déstabilisent des zones comme la province de Chaboua, pourtant un exemple de stabilité. Le Ministre a aussi mentionné l’attaque de Mokha, seul port de la côte occidentale yéménite. Tout cela dresse un portrait clair de l’attitude de ces milices qui n’utilisent que le « cercle vicieux de l’agression », a-t-il déclaré, en les comparant à Daech et à Al-Qaida. M. Binmubarak a invité la communauté internationale à faire pression sur les dirigeants houthistes pour mettre fin à la violence et créer un environnement propice à l’accès de l’aide humanitaire.
Après avoir évoqué le respect que son gouvernement voue à la résolution 1325 (2000) et aux droits des femmes, auxquelles est d’ailleurs consacré un plan national, le Ministre a indiqué que l’économie nationale se contracte et que la valeur des devises s’effondre. Il a également alerté que la famine menace. Il a indiqué que les efforts financiers des pays donateurs et de l’ONU sont sapés par les milices houthistes qui continuent d’imposer diverses taxes et droits de douanes entre les villes elles-mêmes, afin d’alimenter leur machine de guerre et de payer leurs combattants. Elles contournent toutes les règles pour accéder aux denrées de base, détournent des milliards de dollars d’aide et les réinvestissent pour recruter des enfants, a accusé l’orateur.
Le Ministre a appelé à faire pression sur les rebelles afin qu’ils rendent leurs fonds récoltés sous la forme de taxes et déposés à la banque centrale. Il faut également « canaliser » les fonds humanitaires, afin qu’ils ne tombent pas entre de mauvaises mains, et favoriser la relance de l’économie, en déposant davantage de fonds à la Banque centrale yéménite. Enfin, concernant le Mécanisme COVAX, le Ministre a appelé les pays donateurs à redoubler d’efforts pour distribuer des doses de vaccins, afin d’éviter une « catastrophe potentielle ».
M. KHALIFA SHAHEEN AL MARAR, Ministre d’État aux affaires étrangères des Émirats arabes unis, a rappelé que son pays s’apprête à accueillir l’Expo 2020 Dubaï, reportée d’un an du fait de la pandémie de COVID-19, et à laquelle 190 pays doivent participer. Il a souhaité que cet événement international contribue au relèvement après la pandémie et insuffle « de l’espoir et de l’optimisme ». Pour mettre fin au cycle de conflit dans la région arabe, a martelé M. Al Marar, « l’ingérence flagrante dans les affaires arabes, en particulier en Syrie, au Yémen, en Libye et en Iraq, doit être stoppée ». Il existe selon lui une opportunité pour parvenir à une paix durable au Yémen, qui inclue un cessez-le-feu complet et une solution politique durable sous les auspices de l’ONU. Cependant, a-t-il constaté, les milices houthistes poursuivent leurs actions « provocatrices et agressives » qui entravent le processus politique et les efforts de l’ONU. À cet égard, le Ministre a réaffirmé l’importance de mettre en œuvre l’Accord de Riyad et de s’engager pour unifier le peuple yéménite. Il faut également mettre fin à l’occupation de tous les territoires palestiniens et arabes, appeler à un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux résolutions internationales pertinentes et au consensus arabe et international. Un an après la signature des Accords d’Abraham avec Israël, accord soutenu par les États-Unis, il s’est dit « encouragé » par l’établissement de nouvelles relations dans la région.
Concernant les conflits en cours dans la région arabe, exacerbés par la pandémie, s’est inquiété le Ministre, les groupes terroristes tels que les houthistes, Daech, Al-Qaida et les Frères musulmans et le Hezbollah continuent de recruter de nouvelles générations de jeunes « pour alimenter la violence et la haine ». Il a assuré que son pays ne relâchera pas les efforts pour faire face à ce fléau. À cet égard, il a souligné la nécessité de protéger la sécurité des approvisionnements énergétiques, la liberté de navigation et les routes commerciales tout en travaillant à la désescalade des conflits. Parvenir à une entente commune avec l’Iran, qui réponde à toutes les préoccupations régionales et internationales, demeure une exigence fondamentale, a poursuivi M. Al Marar. Après avoir rappelé sa volonté de poursuivre le règlement pacifique des différends avec l’Iran, dont le désarmement nucléaire, le Ministre a réitéré la souveraineté de son pays sur les îles de Grande et Petite Tounb et d’Abou Moussa, occupées par l’Iran depuis 1971, « en violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies ». Il a ajouté que les Émirats arabes unis ne cesseront pas de demander à l’Iran de rendre ces territoires à leurs propriétaires légitimes, en réglant pacifiquement cette question par des négociations directes, ou par la saisine de la Cour internationale de Justice (CIJ).
Sur la récente situation en Afghanistan, « nous suivons l’évolution rapide et évaluons leurs répercussions politiques, sécuritaires et humanitaires », a-t-il déclaré. Le Ministre a annoncé soutenir les efforts humanitaires internationaux en Afghanistan, tout en facilitant les efforts d’évacuation des Afghans, mais également des personnes d’autres pays par l’intermédiaire des Émirats arabes Unis. Avant de conclure, M. Al Marar a remercié les États Membres d’avoir élu son pays au Conseil de sécurité pour le mandat 2022-2023.
M. FAYSSAL MEKDAD, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Syrie, a noté qu’en ces temps difficiles, les percées médicales et les gestes de solidarité humaine provenant d’un certain nombre de nations représentent une lueur d’espoir. Mais il a aussi relevé un « côté sombre », certains ayant profité de la pandémie pour intensifier leurs mesures économiques coercitives unilatérales contre les pays et les personnes qui diffèrent d’eux, malgré l’impact humanitaire catastrophique de telles mesures. Ils l’ont fait en ignorant les appels répétés des Nations Unies et des agences humanitaires à lever ou réduire ces mesures qui n’ont fait qu’aggraver la situation, s’est indigné le Ministre. Cela l’a amené à se demander si ces mêmes pays sont en mesure de reconstruire de manière durable et respecter les droits des personnes. Vont-ils tirer les leçons du passé et abandonner leurs politiques erronées qui ont mis en péril la sécurité et la stabilité internationales?
Rappelant que la Syrie a été l’un des pays les plus touchés par le terrorisme, le Ministre a expliqué que ces terroristes ont reçu un soutien militaire, financier, médiatique et logistique de pays connus pour parrainer le terrorisme. Mais grâce aux sacrifices de notre peuple et de nos forces armées, et avec le soutien précieux de nos alliés et amis, nous avons fait des progrès significatifs dans la lutte et l’éradication du terrorisme, s’est félicité M. Mekdad. Les Syriens, a-t-il affirmé, seront à jamais connus comme le peuple qui a défendu non seulement son pays, mais le monde entier, contre le terrorisme. Et la Syrie poursuivra ce « noble combat » jusqu’à ce que nous extirpions tous les terroristes de notre terre, restaurons l’autorité de l’État et la sécurité et la stabilité, a-t-il déclaré. S’adressant à ceux qui continuent de soutenir et d’investir dans les terroristes, il leur a asséné qu’ils font un pari dangereux et voué à l’échec. « Tôt ou tard, cela reviendra les hanter. »
Poursuivant, le Ministre a affirmé qu’alors que la Syrie s’est engagée sérieusement dans le processus d’Astana, en espérant qu’il contribuerait à la lutte contre le terrorisme ainsi qu’à la sécurité et la stabilité du pays, la Turquie continue de soutenir et protéger les groupes terroristes opérant dans le nord-ouest de la Syrie, en particulier le Front el-Nosra. Il a même accusé ce pays d’y mener une « turquification » et des politiques de changement démographique forcé, et d’avoir réduit le niveau d’eau de l’Euphrate à moins de la moitié des niveaux convenus entre les deux pays en 1987, provoquant un danger humanitaire. La Syrie a donc exigé que le Conseil de sécurité se saisisse d’urgence de ces violations et crimes pour y mettre fin immédiatement.
M. Mekdad a également réitéré que toute présence étrangère sur le sol syrien sans le consentement du Gouvernement syrien est illégale et constitue une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies, et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Les Forces turques et américaines occupent les territoires syriens sous de faux prétextes et pillent les ressources naturelles appartenant au peuple syrien, a-t-il tonné, exigeant que cela cesse immédiatement sans aucune condition préalable. Tout comme nous avons réussi à éliminer les terroristes de la majeure partie de la Syrie, nous mettrons fin à l’occupation avec la même détermination en utilisant tous les moyens possibles en vertu du droit international, a assuré le Ministre, ajoutant que « l’histoire montre que la Syrie chasse toujours tôt ou tard les occupants ».
Sur un ton plus conciliant, il a affirmé que le Gouvernement syrien a toujours été ouvert à toute initiative politique authentique et impartiale visant à aider le pays à surmonter la crise, rappelant sa participation aux pourparlers de Genève, aux consultations de Moscou et aux réunions d’Astana. Toutefois ce processus doit être dirigé et contrôlé par les Syriens, sans ingérence extérieure, de même que la Constitution, ainsi que toutes les questions connexes. Le Ministre a ensuite appelé l’Envoyé spécial pour la Syrie à se concentrer sur son rôle de facilitateur et rendre compte des débats d’une manière honnête, impartiale et objective. Il a également dit que les portes de la Syrie sont largement ouvertes pour le retour sûr et volontaire de tous les réfugiés syriens dans leur pays. Il a souligné que l’action humanitaire doit respecter la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie et être menée en coordination avec le Gouvernement syrien. Il a réclamé la fermeture du « soi-disant » mécanisme d’aide transfrontalier à la suite d’incidents de corruption et d’échecs, en particulier le détournement de l’aide vers des groupes terroristes.
Sur le dossier des armes chimiques syriennes, le Ministre a regretté que, « malheureusement », certains pays ont cherché à explicitement politiser cette question. Ils ont porté des accusations sans fondement contre la Syrie, en s’appuyant sur des informations provenant de terroristes et de leurs partisans, a-t-il indiqué. Ils ont remis en question la coopération de la Syrie avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et ont publié des rapports qui manquent de crédibilité et de professionnalisme. Il a également accusé les États occidentaux d’avoir imposé une décision à l’encontre de la Syrie lors de la vingt-cinquième session de la Conférence des États parties à la Convention sur les armes chimiques, avertissant que cette décision constitue un précédent dangereux.
S’agissant du Golan syrien occupé, il a réaffirmé que son pays reste fermement déterminé à exercer son droit à recouvrer ce territoire et a décrié l’échec de la communauté internationale à contraindre Israël à respecter la résolution 497 (1981) du Conseil de sécurité. Il a aussi exprimé le plein soutien et la solidarité de la Syrie avec l’Iran « face aux mesures illégales et irresponsables des États-Unis à son encontre ». M. Mekdad a en outre salué les efforts de la Fédération de Russie et de la Chine pour faire respecter le droit international face aux politiques hégémoniques et aux tentatives d’ingérence de certains pays.
M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale au développement de l’Islande, a, dans une déclaration préenregistrée, jugé essentiel de travailler ensemble pour que les vaccins parviennent à tous les pays et à tous les peuples -riches et pauvres-, et ce, le plus tôt possible, dans l’intérêt de tous. « L’Islande a contribué un milliard de couronnes islandaises à l’initiative COVAX » s’est félicité le Ministre. Fustigeant les dangers de l’isolationnisme, de la désinformation et de la méfiance, M. Thórdarson a appelé à apprendre à la fois de nos succès et de nos échecs afin de mieux prévenir les futures crises, de s’y préparer et d’y répondre.
S’agissant de l’urgence climatique, M. Thórdarson a rappelé que la science nous intime d’honorer les engagements de l’Accord de Paris à deux mois de la COP26 de Glasgow. Il a précisé que l’ambition de l’Islande est d’aller au-delà des engagements de Paris avec une neutralité carbone totale d’ici à 2040 et l’élimination des combustibles fossiles d’ici à 2050. Toute l’électricité islandaise et près de 85% de la consommation énergétique totale de l’Islande proviennent d’énergies renouvelables, a souligné le Ministre des affaires étrangères avant de vanter une politique à long terme qui se concentre sur l’augmentation substantielle de l’efficacité énergétique et l’utilisation multiple des ressources énergétiques. La capture et la fixation du carbone sont un pilier des efforts islandais: « l’Islande abrite la plus grande usine au monde capable d’extraire le dioxyde de carbone directement de l’air et le transformer en roche grâce à la méthode dite Carbfix ». Il a indiqué que cette technologie a été développée à partir de l’industrie de l’énergie géothermique et sera applicable dans de nombreuses parties du monde pour capturer et stocker le CO2 sous forme de roche à l’état solide.
Tout en notant que l’Islande a doublé son financement climatique international depuis 2018, le Ministre a souligné l’apport de son pays en matière d’expérience des solutions énergétiques vertes qui en fait « un champion mondial de la transition énergétique juste et inclusive ». S’inquiétant de la santé des océans du monde, de plus en plus sous pression, il a appelé à des mesures concrètes pour renforcer la coopération régionale et internationale sur les affaires maritimes. Il a cité le travail exemplaire du Conseil de l’Arctique qui rassemble des gouvernements, des peuples autochtones, des scientifiques et divers intervenants pour partager des connaissances et façonner des politiques et des actions pour protéger les océans. Il a expliqué que la récente présidence islandaise de ce Conseil a été l’occasion de mettre l’accent sur la protection des écosystèmes marins et côtiers, ce qui a donné lieu à un plan d’action régional pour lutter contre les déchets marins dans l’Arctique. Enfin, il a souligné que l’Islande fait partie d’un petit groupe de pays qui demandent « un accord mondial contre la pollution marine par les plastiques ».
M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a déclaré qu’en dépit des défis imposés, la pandémie offrait l’opportunité de « réparer les erreurs du passé ». Il a mis l’accent sur la réforme de l’ONU, afin d’améliorer ses performances et de renforcer ses capacités à assumer ses mandats, et notamment la revitalisation du rôle central de l’Assemblée générale et la réforme du Conseil de sécurité, de manière à garantir une représentation géographique équitable à réparer l’injustice historique subie par le continent africain. Profondément préoccupé face à l’absence de perspectives d’une solution juste et définitive à la question palestinienne, le Ministre a condamné les pratiques « répressives » de l’occupation israélienne et son déni du droit international. Il a enjoint le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, en permettant au peuple palestinien d’établir un État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale.
Concernant le Sahara occidental, l’Algérie a réaffirmé son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. M. Lamamra a appelé l’ONU à « assumer ses responsabilités juridiques envers le peuple sahraoui », et à « garantir ses droits inaliénables ». Il a appelé à l’organisation d’un référendum libre et équitable pour permettre à ce « vaillant peuple » de déterminer son destin. L’« État occupant » au Sahara occidental a failli à plusieurs reprises à ses obligations internationales, en particulier celles découlant du Plan de règlement élaboré par l’ONU, a dénoncé M. Lamamra. Le sort du Sahara occidental est « une question de décolonisation », ne pouvant trouver de solution qu’à travers l’application du principe de l’autodétermination, a-t-il martelé. Dans ce contexte, l’Algérie a appuyé la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de lancer des négociations directes entre le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique, deux pays membres de l’Union africaine.
Concernant la Libye, le Ministre s’est dit opposé aux mesures unilatérales coercitives, et prêt à poursuivre ses efforts et son soutien pour organiser une réconciliation nationale. Au Mali, l’Algérie est déterminée à poursuivre son rôle à la tête du Comité de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, a-t-il assuré. Il s’est félicité des progrès enregistrés, malgré l’extension de la menace terroriste dans ce pays et dans tout le Sahel.
Enfin, sur le plan intérieur, l’Algérie a annoncé poursuivre la consolidation de sa démocratie, consacrant l’état de droit et la justice sociale, à travers l’amendement de sa constitution et la tenue d’élections législatives. Un plan, adopté il y a quelques jours par le Gouvernement, prévoit ainsi la modernisation de la justice, la promotion des libertés et le dialogue, la liberté de réunion, de manifestation pacifique et de la presse.
M. OLIVER JOSEPH, Ministre des affaires étrangères, du commerce, et des affaires de la CARICOM de la Grenade, a attiré l’attention sur l’impact négatif de la COVID-19 sur l’économie des petits États, en particulier des petits États insulaires en développement, et sur la réalisation des objectifs de développement durable. La Grenade est confrontée aux effets dévastateurs de la pandémie, à une croissance négative et un taux de chômage élevé, qui sont largement dus à l’impact significatif de la pandémie sur les secteurs du tourisme, et du transport aérien, a-t-il déclaré. Néanmoins, le Gouvernement de la Grenade continue de mettre en œuvre des politiques et des mesures visant à protéger sa population, à travers son Plan d’action à moyen terme pour la période 2022-2024.
Le Ministre a réitéré son appel à la reclassification du statut de son pays par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), estimant que cette décision aurait entraîné une diminution du montant de l’aide publique au développement accordé à la région. Il a appelé à une révision des critères de notations financières, soulignant que le produit intérieur brut par habitant ne reflète pas la véritable nature de la vulnérabilité des États des Caraïbes. Il a réclamé la création, d’ici à la fin de 2022, d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel et plaidé pour un accès aux financements à des taux préférentiels.
De même, face aux changements climatiques, il a insisté sur l’importance du maintien de l’aide, notamment pour renforcer les capacités en matière de ressources humaines. Nous avons également besoin de ressources supplémentaires pour assurer la survie de notre secteur agricole grâce à des pratiques intelligentes face aux changements climatiques, a-t-il ajouté, avant d’attirer l’attention sur l’importance que revêt la protection des océans, évoquant le programme « Blue Growth » adopté par son gouvernement dans le but d’assurer une utilisation durable de son territoire maritime.
Poursuivant, M. Joseph a salué la création de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine, soulignant que la communauté internationale ne peut aborder la question du développement durable sans tenir compte de son interconnectivité avec les droits humains. Après s’être félicité du succès du premier Sommet Afrique-CARICOM, le Ministre a appelé à la levée de l’embargo contre Cuba et à mobiliser une réponse mondiale beaucoup plus forte pour aider Haïti.
Dans un message préenregistré, M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a déclaré que la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, et le risque croissant de rivalités internationales ont mis en évidence les failles de la gouvernance mondiale et nationale.
Selon lui, les politiques peu judicieuses menées après la guerre froide par des groupes d’intérêts aux États-Unis et en Europe n’ont pas permis de faire émerger une période de stabilité et de prospérité internationales dans le monde. Même dans les pays avancés, les disparités de revenus entre les quelques riches et la majorité des autres citoyens sont devenues ridiculement énormes. Et au niveau international, les politiques draconiennes d’endiguement et d’encerclement ont alimenté et alimentent encore un climat de confrontation.
M. Saleh Mohammed a ensuite insisté sur la nécessité d’une ONU plus forte et représentative pour combattre les menaces croissantes liées aux changements climatiques et pour répondre à celles pesant sur la paix internationale et la sécurité. Permettez-moi de renouveler notre appel en faveur de la refonte du système des Nations Unies dont l’autorité et l’efficacité ont été écornées ces dernières décennies, a-t-il lancé. Il a accusé les institutions multilatérales d’être devenues impuissantes à cause des actions unilatérales d’une poignée de personnes.
Dans la Corne de l’Afrique, les problèmes économiques liés à la pandémie de COVID-19 ont été aggravés par un conflit dangereux qui découle de décennies de politiques erronées de certains acteurs majeurs, a expliqué le dirigeant. À cela s’ajoutent les tensions croissantes de ces derniers mois dans la région sur des questions portant sur des différends frontaliers et le Barrage de la Renaissance. Sur ce dernier point, il a averti que les instances hostiles et internationalisées risquent d’entraver la conclusion d’un accord durable et global répondant aux besoins de l’Éthiopie, du Soudan et de l’Égypte.
Évoquant la Déclaration conjointe de paix et d’amitié signée par l’Érythrée et l’Éthiopie en juillet 2018, M. Saleh Mohammed a affirmé que celle-ci avait ouvert une nouvelle époque d’espoir et d’optimisme. Mais le Front populaire de libération du Tigré (FPLT) n’a pas pu l’accepter et s’est lancé dans de multiples attaques pour saborder le processus de paix et reprendre le pouvoir en Éthiopie par la force, a-t-il déploré.
Le dirigeant a rappelé que lorsque le FPLT était au pouvoir en Éthiopie, celui-ci avait continué à occuper des territoires érythréens, en violation flagrante du droit international. En Éthiopie également, le FPLT a eu recours à divers subterfuges illicites pour faire reculer le processus positif fondé sur la volonté du peuple, a-t-il appuyé, avant de mentionner l’insurrection massive lancée contre le commandement nord des forces de défense éthiopiennes dans le but de prendre le pouvoir par la force, ainsi que des actes d’agression commis contre son propre pays. Il a décrié la position « inexcusable » des États-Unis et de leurs alliés européens qui défendent l’insurrection « illicite et dangereuse » du FPLT et cherchent à le réhabiliter « à tout prix ».
Décriant l’insuffisance structurelle du système de gouvernance mondiale, il a déclaré que les injustices infligées à l’Érythrée par des puissances pensant pouvoir piétiner la souveraineté des nations et des peuples doivent prendre fin.
M. ABDULLATIF BIN RASHID ALZAYANI, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, a noté que la coopération et les partenariats ont été essentiels pour faire face à la pandémie. Pour sa part, même avant son premier cas, le Bahreïn a mobilisé ses capacités pour offrir les meilleures conditions de santé à tous les citoyens et protéger la société dans sa réponse à la COVID-19. Une équipe médicale spécialisée pilotait l’action sanitaire, une stratégie de communication a été développée alors que le pays a réussi à rester ouvert tout au long de la pandémie. En août, 74% de la population totale était pleinement vaccinée et en tout plus de six millions de tests PCR y ont été effectués. Parallèlement, le Royaume a pris des mesures pour préserver l’économie et les moyens de subsistance de la population par un plan de relance de 12 milliards de dollars. Le Ministre s’est en outre dit fier que Manama ait été désignée comme première ville saine au Moyen-Orient par l’OMS.
M. Alzayani a ensuite évoqué la récente déclaration d’intention signée entre le Ministère des affaires étrangères et le Bureau du Coordonnateur résident des Nations Unies pour participer à la préparation du rapport national sur les droits humains au Bahreïn, signe du renforcement de sa coopération avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Il a assuré qu’une attention particulière était accordée à la promotion des droits des femmes et à l’intégration de leurs besoins dans le plan de développement national du Bahreïn. S’agissant des changements climatiques, le Ministre a fait état d’efforts visant à en atténuer les effets, citant notamment un plan intégré visant à accroître la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du Royaume et réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Le Ministre a affirmé que le Bahreïn reste attaché à la cohésion au sein du Conseil de coopération du Golfe, compte tenu de l’importance de son rôle pour la paix et la stabilité de la région. Il a souligné l’importance des engagements pris dans la Déclaration du Sommet d’Oula qui vise à promouvoir l’interdépendance entre les membres de la région ainsi que plus de coopération et d’intégration. Pour sa part, le Bahreïn œuvre à promouvoir une culture de la paix, de la fraternité, du dialogue, de la coopération et du respect mutuel et à combattre l’idéologie de l’extrémisme, de l’intolérance et de la haine, a assuré M. Alzayani.
Rappelant avoir signé un accord avec Israël pour consolider la culture de la paix et la coexistence pacifique, le Bahreïn a souligné la nécessité de trouver une solution juste et pérenne à la question palestinienne pour garantir le droit des Palestiniens de vivre dans une nation sûre, stable et prospère avec Jérusalem-Est comme capitale. Le Ministre a également soutenu l’initiative pour un cessez-le-feu au Yémen, lancée par l’Arabie saoudite pour ensuite appeler au règlement urgent de la question du Barrage de la Renaissance en veillant à préserver les droits de l’Égypte et du Soudan. Il a aussi appelé à soutenir l’autorité intérimaire en Libye, au retrait des troupes étrangères et des mercenaires et à la tenue d’élections qui reflètent la volonté du peuple libyen. Pour ce qui est du Maroc, le Royaume a reconnu les droits légitimes de ce pays sur ses provinces du sud dans le cadre de l’initiative d’autonomie. Le Ministre a également réaffirmé le soutien du Bahreïn au peuple afghan et au choix qu’il a fait de s’affranchir de l’ingérence étrangère. Il a appelé à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, et a soutenu les efforts internationaux visant à empêcher l’Iran de se doter de telles armes en l’appelant à pleinement coopérer avec l’AIEA. Par ailleurs, le Bahreïn continue de s’attaquer aux sources de financement du terrorisme et le Ministre a fait état de progrès considérables en termes de lutte contre le blanchiment d’argent.
Dans un message préenregistré, M. LUCA BECCARI, Ministre des affaires étrangères de Saint-Marin, a expliqué que son pays a payé très cher la crise de la COVID-19 avec l’un des plus hauts taux de mortalité au monde. Enfin remis de ce fléau grâce à des politiques fondées sur le principe de l’équité, Saint-Marin a réussi aussi grâce au sens extraordinaire de la solidarité de son peuple et des autres pays, a noté le Ministre. Pourtant, même pour nous, une nation relativement riche au milieu de l’Europe, cette crise a représenté une lutte exceptionnelle, a-t-il concédé, expliquant que le simple fait d’être un petit État a posé des problèmes d’approvisionnement en vaccins alarmants. Dès lors, M. Beccari a appelé la communauté des nations à tirer les leçons de cette crise. Il faut garantir un accès uniforme dans le monde entier aux vaccins, tests et traitements pour lutter contre la COVID-19, afin de prévenir les mutations du virus et les nouveaux groupes d’infection.
Profondément préoccupé par les crises actuelles en Afghanistan, au Myanmar, en Syrie, au Yémen, en Palestine et ailleurs, Saint-Marin a dit notamment soutenir tout effort visant à fournir une aide humanitaire aux Afghans et a demandé à toutes les parties de garantir un accès complet, sûr et sans entrave à l’ONU, à ses agences spécialisées et partenaires, ainsi qu’à tous les acteurs humanitaires. Le Ministre a soutenu l’engagement du Secrétaire général à renforcer la capacité du système des Nations Unies à faire face aux différents conflits dans une perspective axée sur la prévention.
La lutte collective contre les changements climatiques représente la plus grave urgence de notre temps, a poursuivi M. Beccari, y voyant la priorité absolue des efforts collectifs. Pour relever ce défi, il a insisté sur l’impératif de pleinement appliquer l’Accord de Paris et de promouvoir des investissements importants dans l’adaptation et la résilience climatique. Sortir de la pandémie de COVID-19 pourrait représenter une opportunité pour mieux travailler sur la transition verte dans les secteurs de l’énergie, des transports, du tourisme, de l’aviation, de l’agriculture, de l’industrie et des infrastructures, a-t-il estimé. Le Ministre a également plaidé la cause des personnes handicapées en encourageant à construire des sociétés accessibles, inclusives et non discriminatoires.
Dans une déclaration préenregistrée, M. SAYYID BADR BIN HAMAD BIN HAMOOD AL BUSAIDI, Ministre des affaires étrangères du Sultanat d’Oman, a déclaré que le pays a pu, grâce à des mesures préventives et à une campagne nationale de vaccination, limiter de manière effective la propagation de la COVID-19, permettant le retour à la normale des activités économiques, sociales et commerciales. Cependant, a-t-il recommandé, la communauté internationale doit renforcer la coopération et la solidarité, et veiller à ce que les ressources pour lutter contre la pandémie, en particulier les vaccins, soient équitablement réparties, en particulier dans les régions les moins développées, où les installations médicales sont limitées.
Le Ministre a réitéré le soutien de son pays aux revendications « légitimes et justes » du peuple palestinien et à la création d’un État indépendant de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale. Par ailleurs, aux côtés de l’Arabie saoudite, des États-Unis ainsi que de l’Envoyé spécial des Nations-Unies, Oman appelle toutes les parties au Yémen à se rassembler autour de la table des négociations, afin de parvenir à une solution pacifique et consensuelle au conflit en cours. À cet égard, M. Al Busaidi a demandé à tous de redoubler d’efforts pour acheminer une aide humanitaire, en raison de la situation critique et des souffrances de la population yéménite. « Le dialogue vaut mieux que la guerre », a-t-il appuyé. Concernant la récente situation en Afghanistan, le Ministre a dit espérer que toutes les parties afghanes œuvreront à la réconciliation, et qu’elles accorderont la priorité aux intérêts du peuple, tout en établissant des relations positives dans la région mais également avec la communauté internationale.
M. Al Busaidi a ensuite indiqué que, cette année, le Sultanat d’Oman a pris des mesures importantes pour restructurer et moderniser son appareil à travers ses trois axes économiques et sociaux et l’intégration des 17 objectifs de développement durable (ODD) dans sa Vision 2040. « Nous accueillons et soutenons tout programme d’investissement et de diversification économiques figurant parmi les priorités des plans de développement du Sultanat d’Oman », a-t-il ajouté. Il a également évoqué la mise en œuvre du projet de stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques.
Avant de conclure, M. Al Busaidi a affirmé l’engagement de son pays à autonomiser les femmes et les jeunes pour leur permettre de participer au processus de « construction, de développement, de créativité et de prospérité ».
Mme EDITE RAMOS DA COSTA TEN JUA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des communautés de Sao Tomé-et-Principe, a dit que l’éradication de la pauvreté, sous toutes ses formes et dimensions, doit constituer la priorité absolue des Nations Unies. Après avoir rappelé que la pauvreté est la cause de conflits armés, de déplacements de population et de flux migratoires, Mme Ten Jua a invité les pays d’origine et de destination des migrants à mieux se coordonner en vue d’atténuer les effets néfastes des migrations et de redonner une dignité aux personnes concernées.
Mme Ten Jua s’est particulièrement inquiétée de la persistance du conflit israélo-palestinien, et des conflits syrien et libyen, alors que les groupes terroristes prolifèrent au Sahel, en Afrique de l’Est, avec les Chabab, et en Afrique centrale et de l’Ouest, avec Boko Haram. Elle s’est inquiétée aussi de l’instabilité politique et militaire persistante dans de nombreux pays africains qui exige des efforts concertés de la communauté internationale pour faire taire les armes et mettre un terme aux souffrances des peuples. En ce qui concerne la situation au Sahara occidental, la Ministre a salué les efforts de l’ONU pour désigner un représentant spécial et aider les parties à trouver une solution politique à leur différend régional sur la base des résolutions pertinentes de l’ONU et de l’Union africaine.
Mettant l’accent sur les effets dévastateurs des changements climatiques, elle a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Elle a expliqué que la multiplication des catastrophes naturelles et l’augmentation de leur intensité ne laissent aucun doute sur l’urgence d’une action renouvelée pour préserver l’avenir des générations futures. Pour gagner en efficacité, elle a jugé indispensable que la réforme de l’Organisation devienne une réalité. À cet égard, elle a particulièrement mis l’accent sur la réforme du Conseil de sécurité afin d’y assurer une digne représentation du continent africain. Notant ensuite que Sao Tomé-et-Principe devrait entrer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire en décembre 2024, la Ministre a indiqué que ce nouveau statut était certes un acte de reconnaissance des efforts et progrès accomplis, mais ouvrait aussi la voie à d’énormes défis. C’est pourquoi elle a appelé la communauté internationale à accompagner son pays dans ce voyage de transition ardu, pour l’aider à réaliser les ODD.
Mme KANDIA KAMISSOKO CAMARA, Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères de l’intégration africaine et de la diaspora de la République de Côte d’Ivoire, a appelé à garantir un accès équitable aux différents vaccins. Cela passe par un financement adéquat des initiatives en cours, la levée des brevets et le développement des capacités de production de ces vaccins, notamment sur le continent africain jusque-là insuffisamment servi, a souligné la Ministre. Saluant des dispositifs tels que le Mécanisme COVAX ou l’initiative de l’Équipe spéciale africaine d’acquisition de vaccins (AVATT) de l’Union africaine, elle a précisé que cela ne pourrait fonctionner que dans un climat de paix et de stabilité.
Notre engagement à consolider le chantier de la réconciliation nationale n’a jamais faibli, malgré les défis, a ensuite assuré Mme Camara. Elle a évoqué les entretiens entre le Président Ouattara et ses prédécesseurs, MM. Konan Bédié et Laurent Gbagbo, et mentionné la création d’un ministère spécialement dédié à la réconciliation nationale et la mise en place de l’indemnisation des victimes de la crise post-électorale de 2010-2011. Le processus de réconciliation nationale continuera de se fonder sur une justice indépendante, un engagement constant au plus haut niveau de l’État ainsi que sur une appropriation nationale forte, a insisté Mme Camara.
Abordant les changements climatiques, la Ministre a rappelé que la Côte d’Ivoire visait une réduction de ses émissions de CO2 de 28% à l’horizon 2030.
Elle a souligné que la capacité des États à mobiliser les ressources nécessaires au financement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 était fortement affectée. La crise de la croissance mondiale, le fardeau de la dette et l’absence de liquidités limitent de manière drastique nos marges de manœuvre budgétaires. Mme Camara a plaidé en faveur de l’accroissement de l’aide publique au développement, de l’annulation de la dette et de la promotion de financements innovants.
Mme Camara a appuyé le processus de négociation au Sahara occidental sous l’égide de l’ONU, en appelant les parties à faire preuve de compromis. Elle a ensuite relevé la recrudescence d’attaques terroristes dans la sous-région ouest africaine et au Sahel. En Côte d’Ivoire, nous avons enregistré depuis le début de cette année 2021 pas moins de cinq attaques, a noté la Ministre. Ces menaces commandent d’intensifier la coopération sous-régionale, régionale et internationale, a-t-elle appelé.
Affirmant son attachement à un multilatéralisme inclusif, Mme Camara a précisé que cela impliquait une réforme courageuse de l’ONU, y compris du Conseil de sécurité. Elle a appuyé la position commune africaine en faveur d’une réparation de « l’injustice historique faite à l’Afrique » et d’une réforme égalitaire du Conseil.
M. DATO SERI PADUKA AWANG HAJI ERYWAN BIN PEHIN DATU PEKERMA JAYA HAJI MOHD YUSOF, Ministre des affaires étrangères de Brunei Darussalam, a indiqué, dans une déclaration préenregistrée, que son pays fait face à une nouvelle vague de contamination à la COVID-19. Dans ce contexte, il s’est alarmé que 75% des vaccins produits n’aillent que dans une dizaine de pays. Il est donc urgent, selon lui, que les États Membres collaborent avec les sociétés pharmaceutiques pour s’assurer que le Mécanisme COVAX soit en mesure de fournir et de livrer des vaccins accessibles et abordables pour tous. Il a d’autre part averti qu’un vaste problème de santé mentale se fait jour en raison des confinements et des quarantaines répétés. « Si rien n’est fait, notre prochaine génération de main-d’œuvre et la génération suivante seront grandement affectées, ce qui entraînera un ralentissement de l’économie mondiale et des progrès de développement », a-t-il mis en garde, avant de se féliciter qu’un indicateur sur la préparation à la fourniture d’un soutien psychosocial en cas d’urgence ait été inclus dans le Plan d’action global pour la santé mentale de l’Assemblée mondiale de la Santé. Il a ajouté qu’au niveau régional, son pays travaille avec l’Australie et la Malaisie pour faire adopter une déclaration sur la coopération en matière de santé mentale lors du prochain Sommet de l’Asie de l’Est en octobre.
Alors que des efforts de relance sont entrepris pour remettre les économies à flot, le Ministre a souhaité que la communauté internationale continue de défendre le commerce et les investissements libres et ouverts, encourage des transferts technologiques accrus et renforce la coopération mondiale au développement pour garantir qu’aucun pays ne soit laissé pour compte. Il a également appelé à intégrer dans ces plans des « initiatives vertes » tenant compte de la menace des changements climatiques. Affirmant attendre un « résultat significatif » de la COP26 à Glasgow, il a précisé que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a d’ores et déjà défini un cadre pour l’économie circulaire afin de réduire le gaspillage des ressources finies tout en réduisant la pression sur l’environnement.
Le Ministre a aussi évoqué la situation au Myanmar, pays membre de l’ASEAN qu’il n’a pas souhaité nommer. Estimant que cette situation représente un risque pour la stabilité de la région, il s’est félicité que les dirigeants de l’ASEAN se soient mis d’accord rapidement sur un « consensus en cinq points » destiné à assurer un retour pacifique à la démocratie dans cet État membre. Au nom du groupe régional, il a exprimé sa gratitude aux partenaires extérieurs, y compris l’ONU, pour leur assistance ainsi que pour les généreuses contributions humanitaires annoncées le mois dernier.
M. ISMAËL OULD CHEIKH AHMED, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Mauritaniens à l’étranger de la République islamique de Mauritanie, a estimé que les mesures prises pour lutter contre la pandémie sont loin d’être à la hauteur des attentes. C’est pourquoi il a appelé à redoubler d’efforts et à une véritable coordination pour permettre aux pays en développement et pauvres d’accéder aux vaccins en quantités suffisantes. Il s’agit également de renforcer la capacité technique pour accélérer, d’une part, le rythme de la vaccination et, d’autre part, contenir les dommages humanitaires, économiques et sociaux inhérents à cette crise, a-t-il ajouté. Il a appelé à l’annulation totale et définitive de la dette extérieure des pays du continent africain, afin de pouvoir surmonter les conséquences économiques causées par la crise du coronavirus. Il a, dans ce contexte, passé en revue les différentes mesures phares entreprises par son pays pour lutter contre la pandémie, évoquant de vastes campagnes de vaccination sur le territoire national. Près de 15% de la population sera bientôt vaccinée, a-t-il ajouté.
La Mauritanie a également lancé un plan intégré de relèvement économique dans le but de traiter et surmonter les effets négatifs de la pandémie de COVID-19. Ce programme, a détaillé le Ministre, vise à créer davantage de perspectives d’emploi et d’assurer une utilisation optimale de nos ressources naturelles dans les domaines de l’agriculture, de l’exploitation minière et de la pêche. Parallèlement à ce programme, il a aussi cité les différents plans gouvernementaux qui visent à garantir l’accès universel aux services de base tels que l’électricité, l’eau potable, la santé et l’éducation, en luttant contre la pauvreté et en promouvant la solidarité sociale. Il s’agit également de former les jeunes et de permettre aux femmes de jouer leur rôle dans la vie politique et publique et la conduite des affaires. En outre, ce programme entend consolider l’unité nationale et renforcer la cohésion sociale à travers des consultations approfondies avec les différents acteurs nationaux et de jeter les bases de la bonne gouvernance.
Passant à la sécurité et la lutte contre le terrorisme, M. Cheikh Ahmed a indiqué que la Mauritanie est attachée à développer une stratégie efficace et efficiente de lutte contre le terrorisme et les diverses formes d’extrémisme dans une approche prenant en compte les aspects sécuritaires, le dialogue religieux, les dimensions économique et sociale. Cette approche est mise en œuvre en coopération et en concertation avec nos partenaires régionaux pour neutraliser le terrorisme et tarir ses sources de financement, et ce, dans le strict respect des droits de l’homme, a-t-il précisé.
Il a également évoqué le lancement, sous la présidence mauritanienne du G5 Sahel, de la Coalition pour le Sahel. Ce cadre, a-t-il expliqué, vise à élargir l’appui aux pays du Sahel qui ont été témoins, ces dernières années, d’une détérioration dramatique de la situation en matière de sécurité, de migration forcée, de changements climatiques et de signes d’une crise alimentaire aiguë. Cette année, en raison du manque notable de pluie et de sa dispersion spatiale, la crise alimentaire déjà structurelle risque de s’accentuer, a-t-il fait savoir. Environ 14 millions de personnes souffrent de pénuries alimentaires, tandis que 29 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, a-t-il précisé. Dans ce contexte, il est de l’obligation morale de nos partenaires internationaux d’aider les États du Sahel à relever ces défis. Mais il est également clair que les dirigeants politiques de notre sous-région doivent tenir leurs promesses de bonne gouvernance et de retour à l’ordre constitutionnel, pour mieux répondre aux aspirations de leurs citoyens et améliorer leurs conditions de vie, notamment dans les zones fragiles.
Le Ministre a ensuite réaffirmé l’attachement de la Mauritanie à sa position inchangée concernant le conflit du Sahara occidental et son appui à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité en vue de parvenir à une solution durable sur cette question. Dans ce contexte, le Ministre a exhorté le Secrétaire général de l’ONU à désigner dans les « plus courts délais » un envoyé spécial pour raviver le processus interrompu, il y a deux ans, à la suite de la démission de l’ancien Envoyé. M. Cheikh Ahmed a par ailleurs réitéré son appui aux efforts internationaux en vue de mener à bien la période de transition en Libye et de garantir son unité et son intégrité territoriale.
M. HASSOUMI MASSOUDOU, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Niger, a averti qu’en raison de la propagation de nouveaux variants du coronavirus et la lenteur dans la distribution des vaccins dans les pays en développement, les perspectives de redressement et de croissance à court et moyen terme seront compromises si des initiatives vigoureuses ne sont pas lancées, dont en premier lieu la vaccination de masse. Au Niger, a-t-il ajouté, malgré la faiblesse du tissu économique et la persistance d’autres chocs, notamment sécuritaire et climatique, le Gouvernement a su, à travers la prise de mesures hardies, maintenir une croissance positive à 3% en 2020.
Il a salué les efforts du G20, des Nations Unies, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale en faveur d’un moratoire sur la dette des États les plus fragiles, tout en estimant qu’un moratoire ne suffira pas au regard de l’immensité des défis à relever. Il a donc appelé à concevoir et mettre en œuvre un nouveau paradigme pour prendre en charge les besoins de développement de ces États. Le relèvement des économies dépendra aussi de la qualité et du dynamisme du partenariat ainsi que de la libéralisation des échanges entre les pays en développement, a-t-il noté, mettant en avant les mérites de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Malgré le retard enregistré dans son entrée en vigueur, le Ministre s’est dit confiant que la ZLECAf permettra à l’Afrique de mettre en place un marché unique, de soutenir la croissance économique, et de créer la prospérité à travers notamment, la création d’emplois pour les jeunes.
Le Ministre a ensuite parlé des sécheresses récurrentes, de la dégradation des terres agricoles dont le Niger perd 100 000 hectares par an, des inondations et les infestations de criquets. Il a appelé à plus de volonté politique pour respecter l’Accord de Paris, et à saisir l’occasion de la COP26 pour élaborer une position commune de nature à surmonter les défis restants, insistant notamment sur le financement des politiques d’adaptation climatique et les transferts de technologie en faveur des pays en développement. En tant que Coprésident, avec l’Irlande, du Groupe d’experts informel du Conseil de sécurité sur cette question, le Niger a dit travailler à ce que le Conseil adopte une résolution sur le dérèglement climatique en tant que facteur aggravant des conflits.
M. Massoudou a par ailleurs rappelé que, depuis les évènements survenus en 2011 en Libye, qui ont favorisé la prolifération d’armes dans la région du Sahel, les pays de la région font face aux attaques de hordes terroristes aussi bien dans le bassin du lac Tchad à l’est que dans la zone dite « des trois frontières », à l’ouest. Tout en menant son combat pour la paix et la sécurité, le Niger ne renonce pas pour autant à celui du développement, a expliqué le Ministre. À ses yeux, le redéploiement de l’administration et des services publics de l’État dans les zones affectées constitue le prolongement indispensable de l’action militaire.
Il a également appelé à prendre en compte les dimensions genre et jeunesse dans les différents processus de développement et de restauration de la paix, notant que les femmes et les enfants sont les premières victimes des groupes terroristes. En outre, dans la région du Sahel central, près de 5 000 écoles ont fermé du fait d’attaques terroristes depuis 2017, perturbant l’éducation de plus de 700 000 enfants et privant plus de 20 000 enseignants de la possibilité d’exercer leur métier, a-t-il détaillé. Il a appelé à des actions concrètes pour la protection des écoles, et à une attention accrue pour la Déclaration présidentielle sur la protection des écoles contre les attaques, adoptée en septembre 2020, sous la présidence du Niger au Conseil de sécurité.
Avant de conclure, le Ministre a estimé que la revitalisation de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC, du Conseil de sécurité, mais également des institutions financières internationales, doit être poursuivie à son terme de façon à répondre aux impératifs du monde contemporain. S’agissant, en particulier, de la réforme du Conseil de sécurité, le Niger a réitéré son attachement à la Position africaine commune telle qu’exprimée à travers la Déclaration de Syrte et le consensus d’Ezulwini.
Notre sécurité, notre santé, notre planète sont désormais des biens communs, qu’il nous revient de travailler à préserver ensemble, a déclaré M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la République française, dans une déclaration préenregistrée. « Car, dans un monde d’échanges et d’interdépendances, un monde en état d’urgence environnementale, un monde en proie à de préoccupantes logiques de brutalisation et à la tentation persistante de l’unilatéralisme, tout ce que nous faisons collectivement –ou à l’inverse manquons de faire– nous engage tous », a mis en garde M. Le Drian. La France appelle de ses vœux la tenue d’un sommet du P5 pour établir « un programme d’action commun », afin de rendre au Conseil de sécurité la capacité d’exercer tout son mandat et afin d’engager le dialogue sur les sujets clefs du contrôle des armements et de notre sécurité collective. Le Ministre a indiqué que son pays continuera d’agir en faveur de la paix et de la stabilité dans l’espace indo-pacifique avec ses partenaires de bonne volonté dans cette région et avec les autres Européens à ses côtés. « La France, en tant que nation de l’Indo-Pacifique y a des intérêts majeurs, tout comme l’Europe qui vient de se doter d’une stratégie en la matière. »
En Afghanistan, notre devoir est d’apporter à la population l’aide humanitaire dont elle a besoin et notre intérêt commun est de porter une exigence politique et sécuritaire claire à l’égard du régime de Kaboul: « tout lien avec les organisations terroristes doit être rompu », a insisté le Ministre français. « Vingt ans après le choc du 11 Septembre, nous savons ce que la reconstitution d’un sanctuaire terroriste impliquerait pour nous tous. » Au Levant et au Sahel, pour la même raison, il a dit qu’il fallait poursuivre le combat contre la menace terroriste, agir pour rétablir le dialogue là où il est rompu et redonner des perspectives aux populations, à travers les combats de la stabilisation et du développement. La France organisera, à Paris, le 12 novembre prochain, la Conférence internationale de soutien au processus politique et au rétablissement de la souveraineté libyenne, a annoncé M. Le Drian. En outre, selon lui, la poursuite du programme nucléaire iranien exige la plus grande fermeté. « Les positions américaines d’hier ne peuvent justifier que l’Iran continue de violer les engagements qu’il a pris au titre du Plan d’action global commun (PAGC). » Pour la France, le seul chemin possible demeure celui d’un accord permettant d’établir que l’Iran respecte à nouveau ses obligations. M. Le Drian a donc jugé indispensable que la négociation reprenne très rapidement.
Abordant le défi de la COVID-19, le Ministre des affaires étrangères a refusé de voir se creuser la « fracture vaccinale » qui existe aujourd’hui entre le Nord et le Sud. Il est urgent d’obtenir une accélération des livraisons, de nous assurer que chaque vaccin livré soit bien administré et de renforcer nos capacités de production sur tous les continents. M. Le Drian a confirmé que la France donnera 60 millions de doses d’ici à la fin de l’année et qu’elle contribue à financer un projet de transfert de technologie en Afrique du Sud qui devra permettre de développer sur le continent des capacités autonomes de production de vaccins à ARN messager. La solidarité internationale doit aussi prévaloir face au défi de la relance économique. L’initiative de suspension de la dette que nous avons prise au G20, puis l’établissement d’un cadre commun pour son traitement ont d’ores et déjà permis d’apporter une réponse à l’urgence, a relevé M. Le Drian. Mais il faut aller plus loin, en construisant, avec l’Afrique, le nouveau pacte que le Président Macron a appelé de ses vœux au Sommet sur le financement des économies africaines en mai dernier. Le G20 doit s’engager pour que l’allocation des droits de tirage spéciaux décidée au FMI soit rapidement complétée par la réallocation d’une partie d’entre eux aux pays qui en ont le plus besoin.
Avant qu’il ne soit trop tard, nous devons nous retrouver autour de l’objectif de neutralité climatique à l’horizon 2050, a continué M. Le Drian. Là encore, la France sera solidaire: elle apportera 6 milliards d’euros par an et consacrera plus d’un tiers de ses financements à l’adaptation climatique. Ce combat pour le climat doit aller de pair avec le combat pour la biodiversité, a-t-il ajouté. Dans cette période de redémarrage de l’économie mondiale, nous devons, enfin, veiller à ce que nos pratiques commerciales soient bien compatibles avec notre volonté de solidarité internationale et nos objectifs climatiques et environnementaux. La France, a-t-il avancé, préconise de nouveaux leviers conformes au droit de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « comme le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières que nous voulons mettre en place en Europe pour lutter contre les fuites de carbone, de la même manière que nous voulons lutter contre la déforestation importée et contre les violations des droits sociaux tout au long de nos chaînes de valeur ».
Préoccupé par les comportements « de plus en plus irresponsables » qui prospèrent dans l’espace numérique, M. Le Drian a appelé tous les États à approuver la mise en place d’un impôt universel minimal de 15% pour les entreprises multinationales, qui pourrait, selon lui, contribuer à apporter « une réponse normative internationale à même de réguler ces dérives et d’y faire respecter les droits et les libertés de tous ».
Dans une déclaration lue par son Ministre des relations extérieures, M. PAUL BIYA, Président du Cameroun, s’est réjoui que ce débat général ait pris l’espoir pour thème alors que l’humanité fait face à la pandémie de COVID-19. En effet, les conséquences désastreuses de cette crise remettent non seulement en cause les avancées obtenues dans la lutte contre la pauvreté mais hypothèquent aussi l’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Il a donc lancé un appel en faveur d’un « élan renouvelé de solidarité humaine » afin d’assumer notre « communauté de destin ». Pour cela, a-t-il souligné, nous ne pouvons continuer à nous dérober aux engagements souscrits dans l’Accord de Paris sur le climat et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. De même, il importe de rattraper d’urgence le retard pris dans la mise en œuvre du Programme 2030, a ajouté le Chef d’État avant de plaider pour un renforcement du multilatéralisme, ce qui, selon lui, doit passer par une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU. « L’Afrique devrait y retrouver sa place, avec deux sièges permanents, dotés de tous les droits associés, et de deux sièges non permanents supplémentaires, tels que revendiqués par notre continent dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte », a-t-il fait valoir.
Des promesses, il convient de passer aux engagements fermes pour rendre effectif l’accès égal aux vaccins contre la COVID-19 et accompagner les pays à faible revenu dans la voie de la science et de la technologie, a poursuivi le Président. Après avoir appelé à une réforme du système économique mondial, il a salué la proposition d’un taux d’imposition minimum mondial sur les sociétés multinationales, formulant l’espoir que sa concrétisation sera effective dans des délais brefs. M. Biya s’est par ailleurs félicité de la tenue prochaine de la COP26, tout en jugeant impératif que les partenaires bilatéraux et multilatéraux tiennent leurs engagements de fournir aux pays en développement les ressources financières et technologiques nécessaires à la mise en œuvre des programmes d’atténuation et d’adaptation aux dérèglements climatiques.
Le Cameroun, a-t-il rappelé, continue de « mener la guerre » contre le terrorisme de Boko Haram dans sa partie septentrionale et, en coopération avec d’autres pays, dans le bassin du lac Tchad. En tant que contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, le Cameroun fait preuve d’un engagement constant en faveur de la paix et de la sécurité internationales, a relevé le Président, avant de présenter les efforts déployés par son pays pour mettre fin aux tensions sociopolitiques entretenues par des groupes armés dans les régions du nord-ouest et sud-ouest. « L’action du Gouvernement porte déjà des fruits, visibles à travers le retour progressif à la paix », a-t-il assuré, observant qu’en dépit de « quelques actes isolés de banditisme », la situation « s’améliore de jour en jour ». Face à ces défis multiples, a conclu M. Biya, il nous appartient d’œuvrer solidairement « pour l’avènement d’un monde de paix, de sécurité, de bien-être pour chacun et pour tous ».
Selon M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Congolais de l’étranger de la République du Congo, l’ONU reste la seule organisation capable de rassembler toutes les nations du monde face à un danger existentiel tel qu’une pandémie mondiale. Malgré ces nobles intentions, des millions de personnes meurent chaque année de faim et de maladies curables dans le monde, et, aujourd’hui, « ce sont des personnes sans vaccin qui meurent », a souligné M. Gakosso, appelant à l’union et à la solidarité. Au Congo, dès l’apparition de la maladie, le Gouvernement a adopté des mesures vigoureuses. Près de 5,21% de la population du pays est aujourd’hui totalement vaccinée, grâce notamment aux Mécanismes COVAX et AVAT.
Le Ministre a rappelé qu’en 2015, la lutte contre la pauvreté et la promotion de la santé pour tous avaient été inscrite dans l’adoption des objectifs de développement durable (ODD). Depuis, les écarts entre pays riches et pauvres n’ont fait que s’aggraver; ce défi touche à la crédibilité même de l’ONU auprès des peuples du monde. Saluant le retour des États-Unis au sein de l’Accord de Paris, le Congo s’est attelé à répondre concrètement aux défis climatiques, renforçant ses capacités d’adaptation face aux mutations. Le Ministre a cité l’initiative « Biodev 2030 », dont la vocation est d’encourager des financements conjoints secteur privé/société civile pour préserver la biodiversité congolaise. Il a aussi appelé les partenaires du développement à investir dans la gestion intelligente des tourbières abritées par le bassin du fleuve Congo, dont le soubassement, selon les scientifiques, abriterait des milliards de tonnes de carbone menaçant de s’échapper dans l’atmosphère.
La résurgence des conflits appelle, plus que jamais, à une gouvernance mondiale efficace, notamment au sujet de l’Afrique, un continent concerné par 60% des opérations de maintien de la paix. M. Gakosso a jugé essentiel de mettre fin à « l’incohérence » et à « l’anachronisme » de ne pas avoir de siège permanent africain au Conseil de sécurité. Un Organe qu’il a souhaité plus transparent, dynamique, démocratique et représentatif de la diversité du monde. Dénonçant l’embargo infligé à Cuba, M. Gakosso a réclamé de la tempérance et de la sagesse aux dirigeants étasuniens, notamment aux plus jeunes n’ayant plus de rapport avec « cet avatar suranné de la guerre froide ». Concernant enfin la crise libyenne, il a appelé toutes les parties à s’engager dans la direction du processus de Berlin, à savoir la consolidation du cessez-le-feu, le respect de l’embargo sur les armes, et un retrait graduel des combattants étrangers. Les Libyens doivent transcender les rancœurs et oublier les « valeurs sectaires qui les embastillent parfois », a conclu le Ministre congolais.
M. KENNETH DARROUX, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et des relations avec la diaspora du Commonwealth de la Dominique, a dit, dans une déclaration préenregistrée, que son pays a assisté ces dernières semaines à un pic et aux premiers décès liés à la COVID-19. Le Gouvernement a dû réorienter ses ressources déjà limitées pour lutter contre cette flambée, tout en augmentant les investissements dans les services de soins de santé primaires. Pour M. Darroux, les vaccins sont un moyen important de sortir de cette pandémie, et une réponse coordonnée à la COVID-19 n’est pas possible sans un système multilatéral ouvert et solidaire. Vivre avec la pandémie de COVID-19 et se préparer à de futures pandémies doivent maintenant devenir des éléments essentiels du développement durable, a ajouté le Ministre invitant les partenaires internationaux de développement, bilatéraux et multilatéraux, à se sensibiliser à ces nouvelles réalités. Il a préconisé des instruments financiers plus créatifs qui tiennent compte de ces nouvelles réalités. L’accès universel à des soins de santé de qualité doit être poursuivi de manière plus agressive, de même l’accès à une éducation de qualité et pertinente, si l’on veut que les petits États puissent renforcer leurs capacités et faire progresser leurs programmes nationaux de développement durable, a déclaré M. Darroux.
Le Ministre a informé que le dernier ouragan « Maria » a touché tous les secteurs économiques et sociaux de la Dominique avec un impact estimé à 226% du PIB. Il a appelé « les principaux pollueurs » à prendre des mesures plus agressives pour réduire le réchauffement climatique et à assumer leurs responsabilités pour aider les petits États insulaires en développement à atteindre ces objectifs. La Dominique attend avec impatience la reprise des discussions à la COP26 dans quelques semaines, où les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris devront être révisés et réalisés, en particulier en ce qui concerne le financement climatique, a-t-il plaidé. Enfin, M. Darroux a attiré l’attention sur le sort d’Haïti et appelé à la levée de l’embargo économique, financier et commercial imposé à Cuba.
M. NASSER BOURITA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger du Royaume du Maroc, a constaté, dans une intervention préenregistrée, que la pandémie de COVID-19 a mis « nos capacités à gouverner à l’épreuve ». Au niveau international, a-t-il ajouté, cette crise a contribué à la création d’inégalités émergentes entre les nations et menace de saper les progrès accomplis depuis des décennies. De fait, « l’action multilatérale n’a pas été à la hauteur de la tâche », a martelé le Chef de la diplomatie marocaine, regrettant que la prise de conscience de « l’interdépendance de nos destins » en soit restée à des « déclarations politiques ». Le défi de la vaccination est l’occasion d’incarner un « nouvel élan », a-t-il estimé, appelant à assurer l’accessibilité universelle aux vaccins et la distribution équitable de ces derniers dans tous les pays et toutes les sociétés. Avertissant que le risque existe d’une « rechute épidémique généralisée », il a salué le travail de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), notamment dans la surveillance des menaces sanitaires émergentes. Il a dit soutenir l’élaboration d’un traité international sur les épidémies, tout en indiquant que son pays s’est engagé à participer à la fabrication de vaccins contre la COVID-19 dans le cadre de sa « politique africaine de solidarité ». À ses yeux, le fait que le taux de vaccination en Afrique ne dépasse pas 2% est « inacceptable » et incite au « travail collectif » pour le surmonter. Car « l’Afrique doit devenir la priorité des stratégies de santé mondiale ainsi que des politiques nationales d’aide au développement », a insisté M. Bourita.
Pour le Ministre, la pandémie ne doit pas faire oublier les « questions transversales », à commencer par celle des migrations. Rappelant que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été adopté à Marrakech en décembre 2018, il a noté que Rabat, la capitale marocaine, est devenue, fin 2020, le siège du premier observatoire sur les migrations de l’Union africaine. Le Maroc est également actif face à la menace terroriste, comme en atteste l’ouverture à Rabat d’un bureau du programme de l’ONU pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique. Quant aux changements climatiques, a poursuivi M. Bourita, le Maroc y fait face en conduisant un plan de transition vers les énergies renouvelables et de diversification des sources d’énergie propres, son objectif étant désormais de réduire ses émissions de gaz à effet de serre à 5,45% d’ici à 2030.
Le Ministre a aussi souligné l’attachement du Maroc au maintien de la paix. Outre sa contribution aux opérations de l’ONU en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Soudan du Sud, il a rappelé que son pays accueillera en 2022 la deuxième Réunion ministérielle sur le maintien de la paix en environnement francophone. M. Bourita a ensuite indiqué que le Maroc continue d’œuvrer au règlement définitif du différend territorial sur le « Sahara marocain ». Il s’est félicité qu’à l’occasion des élections législatives, régionales et locales qui ont eu lieu le 8 septembre, cette région ait enregistré le taux de participation le plus élevé, 63%, ce qui démontre, selon lui, l’attachement des habitants à l’intégrité territoriale du Royaume et leur souhait de bénéficier du nouveau modèle de développement dans les provinces du sud. Selon lui, l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie pour le Sahara occidental reste le « seul horizon » pour régler définitivement ce « conflit régional artificiel ». Réitérant la volonté du Maroc de parvenir à une solution fondée sur le consensus, il a averti que celle-ci ne peut être envisagée que si l’Algérie « assume ses responsabilités ». À cet égard, le Ministre s’est alarmé du sort des habitants des camps de Tindouf, que l’Algérie a « abandonnés » à un groupe séparatiste armé, en violation du droit international humanitaire. Il a appelé la communauté internationale à amener le pays hôte à honorer ses engagements et à permettre au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) de procéder au recensement de cette population. Par ailleurs, le Ministre a indiqué que le Maroc travaille à établir des relations pacifiques avec Israël afin de faire avancer la cause de la paix dans la région.
Mme VERÓNICA NATANIEL MACAMO DLHOVO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a dit que le Gouvernement a pris des mesures importantes, telles que le confinement, le dépistage, la sensibilisation communautaire et les campagnes de soins préventifs dans la lutte contre la COVID-19. Le secteur privé et les partenaires de la coopération internationale ont un rôle crucial à jouer dans la fourniture d’un soutien et la construction de l’infrastructure essentielle nécessaire à l’administration des vaccins, a ajouté la Ministre. Le Mozambique, a-t-elle déclaré, est favorable à une dérogation temporaire à certaines clauses de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), afin de permettre une réponse efficace à la pandémie de COVID-19.
La pandémie a eu un impact négatif sur l’économie mozambicaine en 2020 et la reprise économique, cette année, serait de 1,3% du PIB, a informé Mme Dlhovo. Dans ce contexte, le renforcement de la coopération et des efforts conjoints sont essentiels pour promouvoir le programme de développement durable et un monde plus juste, équitable, équilibré et sûr. Sur le plan sécuritaire, a continué la Ministre, les activités terroristes ont frappé certaines régions de la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique. Nous comptons sur le soutien de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Force de défense du rwandaise. L’Union européenne, d’autres partenaires internationaux et des pays amis ont fourni une aide humanitaire, une formation et une modernisation de nos forces de défense et de sécurité, a-t-elle reconnu.
La situation géographique du Mozambique le rend sujet aux catastrophes naturelles, en particulier aux cyclones, qui se produisent avec une fréquence plus élevée ces derniers temps, a déploré Mme Dlhovo, rappelant que plus d’un an et demi après que le pays a été frappé par le cyclone Idai, des efforts sont toujours en cours pour la reconstruction et le relèvement socioéconomique. C’est pour cette raison que le Mozambique attache une importance particulière aux efforts concertés visant à atténuer les effets des changements climatiques dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et de l’Accord de Paris. Les coupes dans le financement international des programmes visant à promouvoir la résilience et l’adaptation aux changements climatiques ont eu un impact négatif et constituent un défi majeur pour les pays en développement, a regretté la Ministre. Le manque de ressources pourrait sérieusement compromettre la réalisation des 17 objectifs de développement durable, si les schémas actuels de mobilisation et de décaissement des ressources restaient inchangés, a encore averti Mme Dlhovo, laquelle a annoncé la candidature de son pays à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2023-2024.
Dans une allocution préenregistrée, M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères et de la CARICOM de Trinité-et-Tobago, a constaté que la pandémie de COVID-19 est devenue une « pandémie de non vaccinés », dont la majorité vit dans les pays du Sud. « En tant que communauté de nations responsable, nous devons prendre des mesures immédiates pour assurer un accès et une distribution équitables des vaccins à travers le monde », a-t-il plaidé, témoignant des difficultés rencontrées par son pays pour s’en procurer sur le marché libre « en raison, nous a-t-on dit, de notre taille relativement petite et des problèmes de faible demande ». Face à ces réponses « méprisantes et injustes », il a indiqué que Trinité-et-Tobago appuie le principe d’un sommet mondial sur la disponibilité des vaccins. Cela étant, le Ministre a adressé ses remerciements à tous les pays et mécanismes, à commencer par le Mécanisme COVAX, dont l’assistance a permis d’intensifier une campagne de vaccination agressive.
Abordant ensuite la menace existentielle que représentent les changements climatiques pour les petits États insulaires en développement (PEID), M. Browne a estimé qu’il est de « de notre responsabilité morale » d’assurer la mise en œuvre pleine et effective de l’Accord de Paris. Dans ce cadre, l’engagement pris par les pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir l’atténuation et l’adaptation dans les pays en développement « doit être tenu », a-t-il souligné. Il a précisé qu’en dépit d’une contribution minime aux émissions mondiales, son pays s’est engagé dans sa contribution déterminée au niveau national à une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30% dans le secteur des transports publics et à une diminution cumulée de 15% dans les autres principaux secteurs émetteurs de carbone d’ici à 2030. Ces engagements « élimineraient plus de 100 millions de tonnes de dioxyde de carbone de notre atmosphère » et placeraient Trinité-et-Tobago « parmi les plus ambitieux de notre région », a fait remarquer le Ministre, avant d’espérer que la COP26 « acceptera de régler les questions en suspens ».
« Notre vulnérabilité aiguë aux changements climatiques découle de nos vulnérabilités structurelles », lesquelles « piègent » les PEID dans un « bourbier de risques aggravants », a encore relevé M. Browne, regrettant que le statut de pays à revenu intermédiaire rende des pays comme le sien inéligibles à l’accès au financement concessionnel et à l’aide publique au développement. « Tout se passe comme si le système international, presque à dessein, perpétuait les conditions qui étouffent nos progrès durement gagnés mais fragiles », a-t-il déploré. À cet égard, il a applaudi les efforts du Secrétaire général visant à faire avancer le développement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel, qui refléterait les « défis composites » des PEID et leur ouvrirait la porte à un financement essentiel. À ses yeux, le système économique et financier international doit être « transformé » pour mieux accompagner les pays les plus vulnérables.
Le Ministre s’est par ailleurs élevé contre la criminalité transnationale organisée, mais aussi la prévalence de la violence à l’égard des femmes et des filles, et l’utilisation abusive de la technologie numérique, avant d’estimer que la réunion de haut niveau sur la Déclaration et le Programme d’action de Durban revêt une importance encore plus grande avec la création récente de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine et la convocation du premier sommet Afrique-CARICOM il y a quelques semaines. Avant de conclure, il a réitéré son appel à la levée inconditionnelle de l’embargo contre Cuba, conformément aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.
M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, s’est félicité à son tour que l’espoir d’un relèvement de la pandémie de COVID-19 soit le thème retenu pour cette session de l’Assemblée générale. « Cela nous oblige, en tant qu’organisation internationale, à mettre en place les mécanismes nécessaires pour transformer cet espoir en une réalité tangible pour les citoyens du monde », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de mettre en place des politiques fondées sur la solidarité et la justice, qui soient plus constructives et résilientes face aux crises. Il s’agit, a-t-il relevé, de trouver des solutions pour les millions de personnes qui ont sombré dans l’extrême pauvreté, les millions d’enfants qui n’ont plus accès à l’éducation, les millions de personnes déplacées et de réfugiés, et les millions d’autres menacées par la famine, la malnutrition, les changements climatiques et les conflits. Mais cet espoir ne peut se construire par le biais de politiques protectionnistes, a averti le Ministre, plaidant pour un « cadre multilatéral fort », qui réponde aux « besoins et aspirations des peuples ».
À cette même aune, a expliqué le Ministre, alors que le pays est confronté à des « menaces et clivages croissants », le Président de la Tunisie a pris des « mesures exceptionnelles » fondées sur le fait que la Constitution se doit de garantir « la voie démocratique », conformément à la volonté du peuple tunisien. À cet égard, M. Jerandi a tenu à assurer que les droits démocratiques en Tunisie sont une « option irréversible » et qu’il n’y a « pas de recul », tant pour les droits de la personne humaine que pour les libertés publiques et individuelles, lesquels sont protégés par des institutions s’appuyant sur l’état de droit et les principes de bonne gouvernance. Convaincu qu’on ne peut avoir un système « véritablement démocratique et sain » sans combattre la corruption et s’attaquer à la politique d’impunité, il a souligné que la construction d’un État « stable » est une condition préalable à l’établissement de la paix sociale, à la réalisation du développement durable et au respect des droits de l’homme.
Observant par ailleurs que l’appartenance de la Tunisie au Conseil de sécurité a permis de contribuer de manière constructive à la recherche de solutions à de nombreux problèmes internationaux, le Ministre a indiqué que son pays ne ménagera aucun effort pour « revitaliser » les Nations Unies, conformément à « Notre Programme commun ». La Tunisie entend également poursuivre son rôle d’influence « dans son environnement immédiat » en apportant soutien et assistance à ses « frères et sœurs en Libye » afin que se concrétisent les résultats politiques, électoraux et sécuritaires attendus. Mais la cause palestinienne reste pour la Tunisie la « cause centrale », a-t-il affirmé, estimant que la situation en Palestine ne peut demeurer telle qu’elle est aujourd’hui « si nous voulons vraiment que le monde se relève ». À ses yeux, il ne peut pas non plus y avoir de reprise sans un règlement en Syrie et au Yémen, ni sans aider le continent africain à « régler les conflits qui drainent ses énergies ».
M. Jerandi a rappelé que son pays a toujours été un « pont de communication » entre les différentes cultures et sphères régionales et internationales. C’est pourquoi, a-t-il dit, la Tunisie accueillera le dix-huitième Sommet de la francophonie sur l’Île de Djerba, les 20 et 21 novembre prochains, avant de recevoir l’an prochain la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD).
M. NARAYAN KHADKA, Ministre des affaires étrangères du Népal, a dit apprécier les efforts de la communauté internationale, y compris du système des Nations Unies, pour relever les défis posés par la COVID-19, tout en réclamant davantage d’engagement face à l’aggravation de l’inégalité vaccinale. Malgré les contraintes, 20% de la population népalaise a été vaccinée, grâce au soutien des voisins indiens, chinois, ainsi que de pays amis comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et d’autres. Attachant une grande importance à la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix de l’ONU ainsi qu’à la nécessité d’une formation adéquate, le Népal, a poursuivi le Ministre, soutient la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard des abus sexuels. Étant l’un des plus grands pays contributeurs de troupes, le Népal a aussi estimé qu’il méritait des postes de plus haut niveau, tant au Siège que sur le terrain, à la hauteur de son investissement.
Qu’il s’agisse de la montée du niveau des mers ou de la fonte des glaciers de l’Himalaya, des ouragans, des tempêtes, des inondations ou des incendies, les changements climatiques sont devenus une menace existentielle pour l’humanité. « Le Népal abrite 8 des 14 plus hauts sommets du monde, dont le Sagarmatha, ou Mont Everest, icône des aventuriers et du patrimoine himalayen. » Face aux préoccupations environnementales de plus en plus urgentes, M. Khadka a appelé à sensibiliser davantage les populations à la défense de l’environnement. Notamment les alpinistes du monde entier que le pays accueille: davantage de coopération est attendue de leur part pour ramener les déchets des hautes montagnes, afin de préserver leur caractère sacré. Le Népal possède de nombreuses rivières himalayennes faisant vivre un cinquième de la population mondiale en aval. Le pays s’efforce de composer entre la diligence écologique requise et le développement la région de l’Himalaya, et s’engage à devenir neutre en émission carbone d’ici à 2050. La COP26 de Glasgow doit permettre une avancée décisive, selon M. Khadka, et les pays en développement doivent pouvoir compter sur un soutien financier et technologique pour s’adapter et atténuer les mutations. Il a espéré que la COP26 servira de passerelle vers une transition énergétique plus verte, plus propre et plus intelligente. Enfin, en tant qu’un des pays les moins avancés (PMA) et pays en développement sans littoral, les défis structurels du Népal sont uniques. Le pays ambitionne de sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2026. Il espère cette sortie durable et irréversible. À cet égard, le Ministre a dit attendre avec impatience la cinquième Conférence annuelle des PMA, qui se tiendra à Doha au début de l’année prochaine.
M. DENIS RONALDO MONCADA COLINDRES, Ministre des relations extérieures de la République du Nicaragua, a dénoncé l’accaparement des vaccins par les pays développés « oubliant toute humanité ». Il faut garantir les transferts de technologie et déclarer que les vaccins sont un bien commun, a dit le Ministre, en appelant à un multilatéralisme robuste. M. Moncada Colindres a ensuite appelé à ne pas oublier la crise des réfugiés et les souffrances des migrants, pointant du doigt la responsabilité des interventions et guerres orchestrées par les puissances occidentales. Soulignant que le Nicaragua est un État libre, il a dénoncé « les forces impérialistes qui entravent la réalisation des objectifs de développement durable ». Nous avons besoin d’une ONU qui veille à la paix et à la justice, a-t-il indiqué, ajoutant que la réinvention de l’ONU était une tâche qui n’avait pas encore été réalisée. Affirmant que le Nicaragua est un pays épris de paix, M. Moncada Colindres a appelé à un désarmement complet et salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
Évoquant l’Afghanistan, le Ministre a appelé les pays européens et les États-Unis à faire preuve de rationalité et à abandonner leurs cultures et pratiques guerrières. La situation en Afghanistan prouve, selon lui, l’inefficacité des politiques étrangères et des sanctions unilatérales. En Amérique centrale, nous resterons un facteur de stabilité, a-t-il promis. Les mesures coercitives illégales doivent cesser sans attendre, a-t-il insisté, avant de réaffirmer son opposition au blocus économique contre Cuba et d’exprimer sa solidarité avec le Gouvernement vénézuélien. M. Moncada Colindres s’est ensuite intéressé aux difficultés liées aux changements climatiques, notamment dans les pays en développement. Il faut insister sur le respect des engagements pris pour la justice climatique, a-t-il appuyé. « Il est fondamental que les grands émetteurs reconnaissent les pertes qu’ils nous ont causées et contribuent au relèvement de notre écosystème. »
Sur les dossiers internationaux, le Ministre a exprimé son soutien à la cause du peuple palestinien et appelé à une solution à deux États. Les agressions contre le Gouvernement syrien doivent cesser, a-t-il ensuite souligné. Après avoir exprimé son soutien envers la lutte du peuple sahraoui, le Ministre a également appelé à « la décolonisation complète du continent américain » et à la restitution des îles Malvinas à l’Argentine. Il a également condamné les attaques politiques hégémoniques américaines contre la Fédération de Russie, la Chine et la République populaire démocratique de Corée, avant d’appeler au respect du principe de non-ingérence au Bélarus. Indiquant respecter tous les gouvernements, le droit international et le principe de non-ingérence, M. Moncada Colindres a appelé au même respect vis-à-vis de son pays. Enfin, le Ministre a évoqué les élections générales au Nicaragua, prévues le 7 novembre, en citant la liste des partis politiques participant au scrutin. « Ce ne sont pas aux États-Unis de choisir les dirigeants du Nicaragua », a-t-il conclu.
M. MARC GARNEAU, Vice-Ministre des affaires étrangères du Canada, a fait état de son expérience d’ancien astronaute qui lui a permis d’observer la planète depuis l’espace et de prendre conscience que nous ne pourrons aller nulle part ailleurs si la terre est endommagée. Le Vice-Ministre canadien a aussi tenu à rendre hommage à cette terre traditionnelle du peuple Lenape, devenue aujourd’hui Siège de l’ONU. M. Marc Garneau a d’abord insisté sur la nécessité de solutions multilatérales aux défis pressants des changements climatiques en relevant que la côte ouest du Canada a été frappée par une vague de chaleur record —atteignant par endroits plus de 49 degrés Celsius— qui a fait des centaines de victimes et détruit une ville entière dans la province de la Colombie-Britannique. Il a dit la nécessité de réussir la COP26 cet automne, en indiquant que le Canada a fixé le prix du carbone à 170 dollars la tonne d’ici à 2030, augmenté ses objectifs de réduction des émissions, et doublé son financement international de la lutte contre les changements climatiques pour le porter à 5,3 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. De tels défis nous rappellent qu’une réponse multilatérale est indispensable et que le coût du repli sur soi sera catastrophique pour les populations du monde entier.
Par ailleurs, M. Garneau s’est particulièrement inquiété des conséquences de la pandémie de COVID-19, qui a entamé la réalisation de certains objectifs de développement durable et augmenté l’extrême pauvreté pour la première fois en trois décennies. « La pandémie nous a obligés à faire le point sur les inégalités croissantes au sein de nos propres sociétés, les personnes âgées, les femmes, la communauté LGBT et les peuples autochtones subissant le pire du ralentissement économique », a souligné M. Garneau, avant de s’inquiéter aussi de l’impact de la pandémie sur le racisme et l’antisémitisme et l’islamophobie mais aussi sur les inégalités croissantes entre riches et pauvres. Le Vice-Ministre a appelé à lutter contre la montée de l’autoritarisme en assurant que « le Canada continuera de s’opposer fermement aux forces du mensonge et de la peur, de l’oppression et de la haine, de la criminalité et de la corruption ». Illustrant son propos, il a précisé que le Canada soutiendra tous les efforts visant à mettre fin à la dictature militaire et à défendre les droits de tous les peuples du Myanmar. Tout en reconnaissant le droit d’Israël de vivre en paix et en sécurité, M. Garneau a estimé qu’une solution à deux États est la meilleure façon de répondre aux besoins et aux préoccupations des Israéliens et des Palestiniens. Il a vanté la tradition d’accueil de son pays qui vient de décider d’accueillir 40 000 réfugiés afghans, afin qu’ils puissent eux aussi, comme les réfugiés syriens, « contribuer à la réussite du Canada ».
Enfin, le Vice-Ministre canadien a rapporté que les droits des peuples autochtones ont fait l’objet d’une profonde réflexion nationale au Canada, en raison des défis persistants auxquels sont confrontées les Premières Nations, les Métis et les Inuits. « Nous avons adopté la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et nous avons fait de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones la loi du pays », a précisé M. Garneau avant de citer des initiatives en réponse à la tragédie des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.
M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a dit la difficulté de son pays à faire face à la pandémie de COVID-19 en raison de facteurs extérieurs alors que la pandémie a fait 4,7 millions de morts dans le monde. Néanmoins, le représentant de la RPDC a vanté les progrès économiques et sociaux réalisés par son pays malgré la crise sanitaire et les conditions climatiques anormales. Il a imputé ces progrès au Parti des travailleurs de Corée qui maintient un niveau d’activités qui assure au peuple coréen une vie prospère. Il a expliqué que tous les enfants du pays ont accès à des aliments nutritifs tels que des produits laitiers aux frais de l’État et que des dizaines de milliers de maisons sont construites chaque année et mises à la disposition des nécessiteux, « grâce à la politique humaine du Gouvernement de la RPDC ».
Après avoir rappelé que la RPDC est devenue le cent soixantième État Membre des Nations Unies, il y a 30 ans en septembre 1991, le représentant de la RPDC a regretté les ingérences qui ont empêché la réunification de la Corée. Souhaitant clarifier la position de la RPDC sur la question encore non résolue de la péninsule coréenne, M. Kim a imputé les tensions coréennes à l’hostilité des États-Unis qui n’ont jamais voulu reconnaître la RPDC. Fustigeant les contradictions américaines, le représentant a dit qu’il n’y avait pas un seul soldat étranger ni une seule base militaire étrangère sur le territoire de la RPDC, alors que 30 000 soldats américains sont répartis dans de nombreuses bases en République de Corée. « La RPDC n’a jamais mené aucun exercice militaire près des États-Unis, alors que les États-Unis organisent des exercices annuellement autour de la péninsule coréenne », a souligné le délégué. Il a indiqué que la capacité de dissuasion développée par son pays est la seule garantie pour éviter la guerre. Il a assuré du désir de paix de son peuple avant de déclarer qu’aucun autre pays au monde ne doit vivre sous une telle menace constante de guerre.
Le représentant de la RPDC a dit que le seul moyen pour les États-Unis de contribuer à la paix et à la stabilité de la péninsule coréenne était de mettre un terme à une hostilité anachronique qui perdure depuis 70 ans envers la RPDC. Si les États-Unis cessent de se montrer hostiles, « d’excellentes perspectives existeront entre nos deux pays », a-t-il dit. M. Kim a également exhorté le Conseil de sécurité à cesser son « deux poids, deux mesures », déplorant notamment qu’il ne penche pas sur l’accumulation d’armes nucléaires par les États-Unis, faisant de lui un « club très fermé pour une poignée de privilégiés ». Pour prévenir le « caractère arbitraire » de l’Organe, il a appelé à accroître en son sein le nombre de sièges réservés aux pays en développement et de réviser le règlement pour permettre aux résolutions du Conseil de sécurité d’être rejetées par l’Assemblée générale, si les États Membres le juge nécessaire.
M. ALY DIANE (Guinée) a d’entrée fait observer que la pandémie de COVID-19 a démontré la dépendance du monde à la technologie et à la connectivité numérique auxquelles plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès. Cet état de fait accroît les inégalités, compromet la résilience des plus vulnérables et nécessite des mesures urgentes parmi lesquelles la restructuration de l’architecture financière internationale, la construction des infrastructures numériques, ainsi que la production et la distribution égalitaire des vaccins, a-t-il estimé.
C’est dans ce cadre, a-t-il fait savoir, que la République de Guinée se réjouit des mesures des institutions financières et organisations spécialisées, notamment le FMI, la Banque Mondiale, l’OMS et l’OMC pour l’allègement de la dette publique, l’allocation de 650 milliards de dollars américains au titre de droits de tirage spéciaux et le financement du Mécanisme COVAX qui, a-t-il insisté, doivent tenir compte de la disproportionnalité des conséquences de la COVID-19 sur les États.
Après avoir passé en revue l’action menée par son pays pour faire face à la pandémie, le représentant s’est inquiété de la recrudescence des attaques terroristes dans la région du Sahel. Il a réitéré son soutien total aux actions de la Force conjointe du G5 Sahel et renouvelé l’appel pour une assistance accrue de la communauté internationale. Il a également évoqué l’approche de la COP26 pour indiquer que la Guinée, qui assure la présidence du Groupe des 77 et de la Chine depuis le 18 janvier 2021, est préoccupée par le retard enregistré dans le financement du climat, ainsi que le non-respect des engagements pris par les grands pollueurs.
Au plan interne, le représentant a rappelé que le 5 septembre dernier, le Comité national de rassemblement et de développement (CNRD), sous le leadership du colonel Mamadi Doumbouya, a pris en main les destinées de la Guinée. Dans le souci ardent de répondre aux légitimes aspirations du peuple de Guinée à la paix et au progrès démocratique, le CNRD a initié depuis le 14 septembre 2021, des concertations nationales devant conduire à une transition inclusive et apaisée pour un retour à l’ordre constitutionnel. D’ores et déjà, a fait savoir M. Diane, le CNRD a pris des mesures allant dans le sens de la décrispation de la situation sociopolitique et économique, notamment la libération de personnes arrêtées lors de manifestations de l’opposition, la réouverture des frontières aériennes, terrestres et maritimes pour assurer la liberté de circulation des personnes et des biens et promouvoir les relations de bon voisinage. Des dispositions ont également été prises pour permettre aux partis politiques et à la société civile d’exercer librement leurs activités. Dans cette entreprise historique de refondation nationale, a-t-il ajouté, les nouvelles autorités guinéennes sollicitent l’accompagnement de tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux, en vue de faire de la Guinée un véritable État de droit.
La pandémie de COVID-19 a engendré des défis mondiaux à l’impact dévastateur sur le secteur socioéconomique, a dénoncé M. KARLITO NUNES (République démocratique du Timor-Leste). Il a appelé l’ONU à continuer à servir de plateforme de coopération et de solidarité internationales afin de reconstruire de manière plus durable, en mettant l’accent sur les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littéral (PDSL) et les pays en conflit ou post-conflit. La COVID-19 a mis une forte pression sur notre système de santé déjà faible, a ensuite noté M. Nunes, précisant que le Timor-Leste avait enregistré plus de 19 000 cas. Il a appelé la communauté internationale à garantir l’accès aux vaccins pour tous. Sans cela, de nombreux pays, dont le Timor-Leste, ne seront pas en mesure de protéger leurs citoyens contre le virus.
Évoquant ensuite la priorité donnée par le Timor-Leste à la lutte contre les changements climatiques, M. Nunes a souligné que son pays faisait face à des inondations, des épisodes de sécheresse et à l’élévation du niveau de la mer. Il a indiqué avoir nommé un Envoyé spécial et ambassadeur itinérant pour s’assurer que la voix de son pays soit entendue. Le Timor-Leste espère un résultat positif pour la COP26 et « pour protéger notre planète sur la base de responsabilités communes mais différenciées », a-t-il souligné. « Nous sommes loin d’atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a continué le représentant, notant que les pays les moins avancés étaient les plus en retard. De même, il a souligné ne pas avoir vu beaucoup de progrès dans la réalisation du Programme d’action d’Istanbul pour les PMA.
Le Timor-Leste est considéré comme l’un des exemples de réussite de l’engagement des Nations Unies dans la réalisation du principe du droit à l’autodétermination, a fait valoir M. Nunes, rappelant le processus de réconciliation avec l’Indonésie après son invasion et son occupation. Ainsi, le Timor-Leste continue de promouvoir la consolidation de la paix à travers la coopération Sud-Sud et le G7+. Par ailleurs, le représentant a exprimé son inquiétude quant aux situations de conflit au Myanmar et en Afghanistan. Revenant sur le multilatéralisme, il a plaidé en faveur d’une intégration du portugais parmi les langues officielles de l’ONU. M. Nunes a invité l’ONU à s’engager dans le travail du Comité spécial de la décolonisation (C-24) qui vise à réaliser la décolonisation des 17 territoires non autonomes restants. Soulignant l’urgence d’une réforme de l’ONU, il a apporté son soutien à la réforme du Conseil de sécurité puis réaffirmé son engagement pour la protection et la promotion des droits de l’homme, notamment des droits des femmes. Le Timor-Leste a fait des progrès considérables en termes de respect des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, a-t-il encore assuré, annonçant la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2024-2026.
« Nous y sommes arrivés », a déclaré avec fierté le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, M. ABDULLA SHAHID, des Maldives, dans ses remarques de clôture du débat général. Les Nations Unies ont passé le cap le plus audacieux à ce jour pour sortir de la pandémie de COVID-19 et la ville de New York a été un hôte exceptionnel, comme toujours, a dit le Président, en remerciant notamment la mairie de New York pour avoir mis à la disposition des délégués en visite des stations de vaccination. Environ 93 d’entre eux se sont fait vacciner et 843 autres ont profité des tests gratuits.
Après avoir remercié les délégations et les différents services du Secrétariat des Nations Unies, M. Shahid a annoncé que cette année ce sont 194 orateurs, dont 100 chefs d’État, 52 chefs de gouvernement, 3 vice-présidents et 34 ministres qui se sont exprimés de la tribune de l’Assemblée générale ou par message préenregistré, ce qui a contribué au succès de cette semaine de haut niveau.
Beaucoup de choses ont été dites mais une série claire de questions a surgi à maintes reprises dont la COVID-19, y compris le processus de redressement postpandémie et la nécessité d’accélérer l’accès de tous aux vaccins. La menace des changements climatiques, les dangers de l’inaction et la nécessité d’assurer le succès de la COP26 sont également revenus souvent, tout comme les questions de la paix et de la sécurité, et les risques d’instabilité.
Le fait que chacun de ces problèmes ait été si prédominant en dit long sur ce que le monde attend de nous, a souligné M. Shahid, appelant les dirigeants du monde et le système des Nations Unies, à traiter de ces questions d’une manière qui transforme chaque défi en opportunité, l’opportunité de renforcer le multilatéralisme et d’obtenir des résultats sur le terrain.
Le temps n’est pas à la complaisance. Le monde exige plus d’actions et pas moins, a tranché le Président.
Compte tenu des réunions de haut niveau prévues sur la COVID-19, le climat, l’environnement, l’autonomisation des femmes et des filles et la participation des jeunes et de la société civile aux processus de prise de décision, le Président a pronostiqué une soixante-seizième session active et inclusive.
Pour lui, les deux leçons tirées de ces six derniers jours sont, d’une part, que nous partageons tous les mêmes préoccupations et le même engagement à surmonter les obstacles, et, d’autre part, que le multilatéralisme est bel et bien vivant et que le monde continue de croire au dialogue et à la diplomatie, et a foi dans une Organisation des Nations Unies capable et prête à agir.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, la Serbie a réagi aux propos tenus par le Premier Ministre de l’Albanie au sujet du Kosovo. La délégation a rappelé que la résolution 1244 stipule que le Kosovo est une province autonome au sein de la Serbie. La Serbie a également appelé l’Albanie à respecter à la lettre les dispositions du Conseil de sécurité dans lequel elle va siéger à partir de janvier prochain. Pour les Nations Unies le Kosovo n’est pas un État, a souligné la délégation serbe.
Le représentant de la République islamique d’Iran a répondu aux « allégations infondées » prononcées, ce matin, par le Premier Ministre israélien, « qui a fait de son mieux pour diffuser de multiples informations et allégations erronées » contre son pays. D’après le représentant iranien, le Premier Ministre israélien a essayé de présenter « son régime » comme étant innocent. Or, a-t-il estimé, « la duperie a toujours fait partie de la tactique d’Israël, dont l’objectif est de poursuivre ses pratiques criminelles dans la région ». Le représentant iranien a aussi accusé Israël d’avoir envahi tous ses voisins, lui reprochant également de ne pas faire référence au « blocus inhumain et illégal imposé à la bande de Gaza » ni aux morts recensés dans cette région, en mai 2021, dont beaucoup étaient des enfants. Le représentant a ensuite dénoncé la campagne systématique menée par Israël contre le programme nucléaire iranien, alors que le « régime israélien » continue de mettre en péril la paix et la sécurité dans la région. Nous avons un programme nucléaire pacifique, a affirmé le représentant, avant de pointer du doigt « l’arsenal nucléaire israélien bien connu ».
Le représentant a ensuite répondu aux « allégations erronées des Émirats arabes unis contre l’intégrité territoriale » de son pays concernant les îles de Grande et Petite Tounb et d’Abou Moussa. Notre position de principe est bien connue, a-t-il dit: nous ne reconnaissons pas l’existence d’un différend entre l’Iran et les Émirats. Il a insisté sur les principes de bon voisinage et rappelé être prêt à discuter de manière bilatérale avec les Émirats pour supprimer tout malentendu au sujet de ces îles.
L’Albanie a alors déclaré que le statut de la « République de Kosovo » ne peut pas être remis en question, affirmant que le Kosovo est un État indépendant depuis 2008 et reconnu par 108 États Membres. Le Kosovo s’apprête en outre à adhérer à l’Union européenne et est membre de six organisations internationales. L’adhésion du Kosovo à ces organisations internationales ne fera que contribuer au développement durable et pacifique de notre région, s’est félicitée la délégation de l’Albanie, qui a insisté sur l’importance du dialogue pour ouvrir la voie à une reconnaissance mutuelle entre le Kosovo et la Serbie.
Le représentant de la Lituanie, parlant également au nom de l’Estonie, de la Pologne et de la Lettonie, a répondu à la déclaration du Bélarus prononcée ce matin. Il a déclaré que des allégations erronées ont été prononcées. Ce « régime » a créé des flux artificiels de migration, a-t-il dit. Le représentant a rappelé que l’Union européenne (UE) avait présenté sa position systématique en ce qui concerne les violations du droit par les autorités du Bélarus, « qui ont utilisé ces migrants en essayant de faire pression auprès de l’UE et de ses États membres ». Il a demandé au Bélarus de cesser ces attaques et de régler la crise conformément à ses obligations internationales.
La Chine a répondu à l’intervention du Canada dont le Ministre a mentionné dans sa déclaration l’affaire d’une citoyenne chinoise détenue au Canada et celle de deux citoyens canadiens détenus en Chine. Elle a rejeté les allégations du Canada en expliquant que la Chinoise en question, qui a passé 128 jours en détention arbitraire au Canada, est rentrée en Chine. Cette affaire a été montée de toutes pièces par les États-Unis et le Canada pour freiner les avancées de la Chine en matière technologique, a accusé la délégation. En ce qui concerne les deux Canadiens qui se trouvent en Chine, elle a affirmé que ces derniers s’adonnaient à des actes qui mettaient en danger la sécurité en Chine et qu’ils ont reconnu ces faits. Ces deux affaires sont donc fondamentalement différentes.
La représentante des Émirats arabes unis a exercé leur droit de réponse à la suite de la déclaration faite par l’Iran. Elle a tenu à dire que les trois îles mentionnées font partie intégrante du territoire des Émirats arabes unis, condamnant en conséquence l’occupation de ces îles par l’Iran. Elle a demandé à ce pays de répondre positivement à son appel en faveur d’un règlement pacifique et a dit recourir à la Cour internationale de Justice (CIJ) en l’absence d’un tel règlement.
Répondant à la déclaration conjointe sur la migration prononcée par la Lituanie au nom de l’Estonie, de la Lettonie et de la Pologne, le Bélarus a affirmé n’être pas à l’origine d’une confrontation, se targuant d’avoir toujours honoré les obligations qui lui incombent en vertu du droit international. Mes collègues européens ont fort conscience des raisons qui expliquent la situation, a dit la délégation, insistant sur l’importance pour les parties de s’asseoir à la table des négociations pour résoudre « calmement » la question.
Le représentant du Canada a tenu à rappeler que la ressortissante chinoise détenue au Canada avait été traitée avec respect, dans la transparence. Les deux citoyens canadiens détenus en Chine n’ont pas eu les mêmes égards que la ressortissante chinoise au Canada, a affirmé le délégué.
Reprenant la parole en réponse aux Émirats arabes unis, le représentant de la République islamique d’Iran a réaffirmé que les îles mentionnées font partie intégrante du territoire iranien. Il a répété que l’intégrité territoriale de son pays n’était pas négociable.
Le représentant de la Chine, répondant au Canada, a estimé que les faits ne pouvaient être niés, et que c’est l’histoire qui portera à terme un jugement définitif sur les deux citoyens canadiens détenus en Chine.