Conseil de sécurité: inquiétudes face à l’intensification des tirs de missiles balistiques par la RPDC, sur fond d’appels au renforcement des sanctions
La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a tiré plus de missiles balistiques ces cinq derniers mois qu’au cours des deux années précédentes combinées, a constaté cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix, estimant que ces actions constituent des violations manifestes des résolutions du Conseil et contribuent à accroître les tensions dans la région et au-delà. Face à ces développements alarmants, auxquels s’ajoute la possibilité d’un nouvel essai nucléaire, la plupart des délégations, notamment des États voisins de la RPDC, ont appelé au renforcement des sanctions contre ce pays, une option désapprouvée par la Chine et la Fédération de Russie.
À l’entame de son exposé, M. Khaled Khiari a rappelé que, le 4 mai, la RPDC a tiré un missile utilisant la technologie des missiles balistiques, qui a parcouru 470 kilomètres et atteint une apogée de 780 kilomètres. Depuis le même site de Sunan, près de Pyongyang, elle avait lancé un missile balistique « de possible portée intercontinentale » le 24 mars, a-t-il précisé, ajoutant que, le 7 mai, un autre missile « tiré peut-être d’un sous-marin » semble avoir couvert 600 kilomètres et atteint une apogée de 60 kilomètres. Tout aussi inquiétant, le pays a procédé, le 16 avril, au premier lancement d’un système destiné à ses « opérations nucléaires tactiques », tandis que le dirigeant nord-coréen laissait entendre, les 25 et 30 avril, que la RPDC pourrait utiliser ses armes nucléaires à titre préventif.
Qualifiant ces annonces de profondément préoccupantes, le haut fonctionnaire a également fait état d’une reprise des activités de construction sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri, qui avait été déclaré fermé en 2018. Ces développements sont tous liés à la poursuite du programme nucléaire de la RPDC, laquelle continue ainsi à défier les demandes répétées que lui a adressées le Conseil, a-t-il déploré, avant de réaffirmer l’engagement du Secrétaire général à travailler avec toutes les parties pour une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. Dans l’immédiat, a-t-il souligné, le chef de l’ONU exhorte la RPDC à se conformer aux décisions du Conseil et à remettre le cap sur le dialogue diplomatique, tout en offrant un accès sans entrave à l’aide humanitaire.
Cet appel a été repris par la République de Corée, selon laquelle les derniers développements démontrent que le « régime nord-coréen » persiste à donner la priorité à ses programmes d’armes de destruction massive et de missiles balistiques aux dépens de son propre peuple, celui-ci continuant de souffrir d’une situation humanitaire désastreuse. Face aux « provocations répétées » de la RPDC, elle a appelé le Conseil à adopter une nouvelle résolution assortie de « mesures robustes », afin de faire comprendre à Pyongyang que son comportement d’escalade doit prendre fin. Une position partagée par le Japon, qui a lui aussi plaidé pour un alourdissement des sanctions, seul moyen selon lui de dissuader la RPDC de mettre à exécution son plan de développement de nouveaux missiles balistiques intercontinentaux et d’armes nucléaires tactiques. La délégation japonaise a dit soutenir, à cet égard, l’initiative portée par les États-Unis.
Ces derniers ont regretté que le Conseil soit resté trop longtemps silencieux face aux agissements de Pyongyang et ont insisté sur l’importance de mettre à jour le régime des sanctions contre la RPDC, mentionnant à ce sujet un projet de résolution auquel ils apportent la dernière main. Ils ont été appuyés par le Royaume-Uni et la France, celle-ci estimant qu’au vu de l’« escalade » que représentent l’essai d’un missile balistique mer-sol par la RPDC et la probabilité d’un essai nucléaire imminent, un allégement des sanctions « n’aurait pas de sens ».
La Fédération de Russie a défendu un avis contraire, faisant valoir que, depuis quatre ans, le Conseil n’a pas su prendre la mesure du démantèlement par les « Nord-Coréens » de leur site d’essais nucléaires et du respect par Pyongyang du moratoire sur les essais nucléaires et le lancement de missiles balistiques intercontinentaux. Au contraire, le Conseil n’a fait que renforcer ses restrictions, « ignorant les signaux positifs adressés par la RPDC », a-t-elle observé, avant de s’opposer à un nouveau renforcement des sanctions contre ce pays. Selon elle, il serait totalement vain d’attendre de Pyongyang un désarmement inconditionnel sous la menace d’une « cascade de sanctions » et d’une « garantie de promesses » non fondées.
Sur cette même ligne, la Chine a jugé contre-productives les pressions américaines qui visent à alourdir des sanctions aux conséquences humanitaires néfastes. Rappelant à son tour que la RPDC a pris une série de mesures qui ont permis un apaisement après 2018, elle a regretté que les États-Unis n’aient pas saisi cette occasion pour répondre aux propositions de Pyongyang sur la base du principe de réciprocité. En tant que pays voisin de la RPDC, elle s’est dite favorable au dialogue et à la dénucléarisation de la péninsule coréenne dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales, non sans pointer le fait que certains affirment officiellement poursuivre cet objectif tout en promouvant la coopération dans le domaine des sous-marins nucléaires ou en développant des programmes de missiles hypersoniques.
Dans ce contexte, Russes et Chinois ont tous deux rappelé que leur projet d’accord politico-humanitaire sur la RPDC reste sur la table du Conseil de sécurité. Toutefois, a averti la délégation russe, l’absence de progrès sur le volet politique, dont une partie pourrait être la résolution mentionnée par les États-Unis, « menace d’accroître encore les tensions sur la péninsule ». Plus conciliant, le Ghana a appelé à la reprise d’un dialogue constructif et crédible entre les « parties concernées » et la RPDC afin de trouver une solution durable et pacifique aux problèmes de la péninsule coréenne. Pour cela, il importe de prendre en considération les préoccupations sécuritaires régionales et mondiales des parties, a-t-il soutenu, rejoint par le Kenya et le Mexique.
De son côté, la Norvège a relevé que la capacité de la RPDC à agir s’appuie en partie sur sa capacité à financer et à se procurer des matériaux et des technologies pour ses programmes illégaux, y compris par des moyens cybernétiques. Sur cette question, le Japon s’est dit favorable à des actions internationales concernant le cyberespace, lequel a été identifié par le Groupe d’experts du Comité de sanctions 1718 comme une importante source de revenus pour la RPDC.
NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE
Déclarations
M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique aux Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et des opérations de paix, a tout d’abord noté que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a accéléré le rythme de ses lancements de missiles balistiques. Elle a ainsi lancé plus de missiles ces cinq derniers mois qu’au cours des deux années précédentes combinées. Le 4 mai, a-t-il rappelé, la RPDC a lancé depuis la région de Sunan, près de Pyongyang, un missile utilisant la technologie des missiles balistiques qui a parcouru 470 kilomètres et atteint une apogée de 780 kilomètres. Depuis ce même site, la RPDC avait lancé un missile balistique « de possible portée intercontinentale » le 24 mars. La RPDC a tiré un autre missile le 7 mai, peut-être d’un sous-marin, qui aurait couvert 600 kilomètres et atteint une apogée de 60 kilomètres, a ajouté le haut fonctionnaire, observant que le pays n’a publié aucune information publique sur ce tir, ni de notification sur la sûreté maritime ou aérienne. Le Secrétaire général condamne fermement la poursuite du développement par la RPDC de missiles utilisant la technologie des missiles balistiques, a-t-il affirmé, soulignant que de telles actions constituent des violations manifestes des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et contribuent à accroître les tensions dans la région et au-delà. Il a rappelé à cet égard que la résolution 2397 (2017) a réaffirmé la décision du Conseil selon laquelle la RPDC ne doit procéder à aucun autre lancement en utilisant la technologie des missiles balistiques.
D’autres développements « alarmants » sont survenus depuis la dernière séance d’information du Conseil, le 25 mars, a poursuivi M. Khiari, avant de rappeler que, le 16 avril, la RPDC a procédé au premier lancement d’un système destiné à ses « opérations nucléaires tactiques ». Le système en question avait une portée de 110 kilomètres et sa mise au point figurait parmi les programmes de défense prévus pour la période 2021-2025 par le huitième Congrès du Parti des travailleurs coréens, en janvier 2021. De plus, le dirigeant de la RPDC a fait des déclarations, les 25 et 30 avril, laissant entendre que Pyongyang pourrait utiliser ses armes nucléaires à titre préventif. De tels propos sont profondément préoccupants, a dit le Sous-Secrétaire général, faisant également état d’une reprise des activités de construction au site d’essais nucléaires de Punggye-ri, qui avait été déclaré fermé en 2018. Pour le haut fonctionnaire, ces développements sont tous liés à la poursuite du programme nucléaire de la RPDC. Rappelant que les armes nucléaires constituent une « menace existentielle » pour l’humanité et que leur existence même augmente le risque d’escalade involontaire ou d’erreur de calcul, il a appelé à l’intensification des efforts pour les éliminer. En poursuivant son programme d’armement nucléaire, y compris la mise au point de missiles balistiques, la RPDC continue de défier les demandes répétées que lui a adressées le Conseil, a-t-il constaté.
Le Secrétaire général, a précisé M. Khiari, réaffirme son engagement à travailler avec toutes les parties pour une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. Il exhorte la RPDC à se conformer aux décisions du Conseil, à remettre le cap sur le dialogue diplomatique, a-t-il ajouté, indiquant que l’ONU encourage les contacts réguliers et la coopération entre les parties de la péninsule. Le Secrétaire général réitère également l’importance de répondre aux besoins humanitaires critiques des habitants de la RPDC, a souligné le haut fonctionnaire, selon lequel l’ONU se tient prête à aider les personnes dans le besoin en RPDC, dont la vulnérabilité a probablement augmenté avec la pandémie et la fermeture des frontières en 2020. Réitérant son appel à l’entrée du personnel international, y compris celui du Coordonnateur résident, et à l’accès sans entrave des fournitures humanitaires, il a salué le travail des États Membres visant à résoudre le problème de canal bancaire des opérations humanitaires.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a dit que le Conseil de sécurité ne peut pas simplement attendre une catastrophe imminente avant de montrer son engagement. Il a réitéré son appel à la RPDC pour qu’elle revienne dès que possible dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le régime des garanties de l’AIEA. Il a rappelé que, depuis le début de cette année, nous avons été témoins du lancement de plusieurs missiles balistiques de haute technologie par la RPDC, des missiles qui menacent la péninsule coréenne et la sécurité régionale et mondiale. Aujourd’hui, alors que l’on parle du quinzième essai du « régime », cette fois un missile balistique lancé par sous-marin le 7 mai, le message est clair selon le délégué: la RPDC continue sur sa voie dangereuse et irréversible vers la prolifération de ses programmes d’armes de destruction massive.
La communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent agir maintenant pour empêcher une nouvelle aggravation des tensions et de l’instabilité dans la péninsule coréenne, ce qui aurait d’énormes conséquences dans le monde entier, a-t-il plaidé. Le représentant a fait observer que la RPDC met également en œuvre une politique de menace à grande échelle dans le cyberespace, comme le laissent voir de récents reportages dans les médias qui ont montré que le « régime » a mené plusieurs cybers attaques pour recueillir des renseignements et générer des revenus illégaux, lesquels revenus financent ses efforts de militarisation et de prolifération. Pour le délégué, la patience du Conseil a été mal interprétée par le « régime », et le manque d’unité a protégé ses provocations. Il a donc appelé à une action forte, concrète et résolue afin de renforcer des mesures contre le « régime ».
Mme CAÍT MORAN (Irlande) a condamné les récents tirs de missiles effectués par la RPDC, ainsi que ceux des six derniers mois. Les actions de la RPDC ne font qu’aggraver les tensions, menaçant la paix et la stabilité de la péninsule coréenne et de la région, a-t-elle fait valoir en constatant qu’elles risquent également de saper l’architecture mondiale de non-prolifération. C’est tout simplement inacceptable, a estimé la représentante en soulignant que cela contrevient directement aux préoccupations exprimées par la communauté internationale et aux décisions du Conseil. Celui-ci est d’ailleurs resté silencieux trop longtemps, a tranché Mme Moran en saluant les efforts en cours en vue d’une possible nouvelle résolution du Conseil. Dans ce contexte, l’Irlande souhaiterait voir un Conseil uni, fort et déterminé pour répondre aux actions de la RPDC, a-t-elle exprimé.
Il ne peut y avoir qu’une solution diplomatique et pacifique aux problèmes de la péninsule coréenne, a poursuivi la représentante, exhortant la RPDC à le comprendre et à accepter, de bonne foi, les offres de dialogue des États-Unis et de la « Corée du Sud », sans conditions préalables. Elle a conclu en exigeant de la RPDC qu’elle remplisse ses obligations, telles qu’énoncées dans les résolutions du Conseil de sécurité, et qu’elle abandonne son programme de missiles balistiques et ses programmes nucléaires et autres armes de destruction massive, de manière complète, vérifiable et irréversible. En attendant, a-t-elle dit, l’Irlande voudrait que le régime de sanctions du Comité 1718 soit pleinement appliqué et que l’on redouble d’efforts pour éviter le contournement des sanctions par la RPDC, arguant que cela contribue à financer ses programmes illégaux.
Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a dit être préoccupée par l’escalade de la situation dans la péninsule coréenne alors que, a-t-elle dénombré, la RPDC a effectué 14 tirs de missiles balistiques depuis le début de l’année en violation des résolutions du Conseil de sécurité. La représentante s’est émue de la détermination de pays à mettre au point des armes nucléaires. Ces actes risquent de faire basculer la région dans la course aux armements, a-t-elle prévenu craignant aussi les graves répercussions socioéconomiques et sécuritaires pour les pays du Sud. Elle a appelé la RPDC à cesser toute provocation et à respecter les résolutions du Conseil et les garanties de l’AIEA. Elle a appelé au dialogue qui devra tenir compte des préoccupations des parties. Elle a également exhorté les États qui ont une influence à relancer les efforts diplomatiques. La déléguée a ajouté qu’elle est également préoccupée par la dégradation de la situation humanitaire en RPDC. Toutes les parties devraient songer à résoudre la situation humanitaire des citoyens nord-coréens, a-t-elle lancé.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a condamné la dernière série en date de nouveaux essais de missiles tirés par la RPDC, qui s’ajoutent aux missiles lancés depuis septembre, notamment le missile balistique lancé par un sous-marin le 7 mai, ainsi que le missile balistique intercontinental lancé en mars. Le Conseil de sécurité doit donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une nouvelle détérioration de l’environnement sécuritaire dans la péninsule coréenne et un préjudice supplémentaire au programme mondial de non-prolifération. Pour le représentant, il importe, à ce moment critique, que la communauté internationale maintienne un message clair sur l’importance de la non-prolifération et qu’elle poursuive des efforts robustes pour garantir le respect total des règles par tous les États Membres.
En ce qui concerne les sanctions qui pourraient nuire au développement de la RPDC et avoir un impact sur la stabilité de la région, le délégué a dit que son pays est prêt à travailler avec les autres membres du Conseil, les autres États Membres, y compris les voisins de la RPDC, et la communauté internationale pour y répondre, tout en veillant à ce que le Conseil s’acquitte de sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales. Dans ce contexte, les Émirats appellent la RPDC à reprendre le dialogue avec les parties prenantes concernées, a-t-il dit en notant que la RPDC et son peuple bénéficieraient de nombreux retours économiques et de développement si elle s’engageait dans un véritable processus de dénucléarisation. Enfin, profondément préoccupé par la situation humanitaire, il a insisté pour que les ressources limitées du pays soient orientées vers la satisfaction des besoins et des nécessités de base de sa population. Pour que la communauté internationale et l’ONU puissent aider la population nord-coréenne, le Gouvernement de la RPDC devrait engager un dialogue constructif avec les fonctionnaires de l’ONU, y compris le coordonnateur résident de l’ONU, et leur permettre de retourner dans le pays et de mener à bien leur travail essentiel, a ajouté M. Abushahab.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a condamné avec la plus grande fermeté les tirs de missiles balistiques effectués par la RPDC les 4 et 7 mai en notant que les 17 missiles tirés en 2022, à chaque fois en violation des résolutions du Conseil de sécurité, constituent une accélération dangereuse du rythme de ces tirs. Elle a estimé que la volonté de la RPDC de continuer à mettre au point ses programmes interdits constitue une menace à la sécurité régionale et mondiale. Face à ce risque, la représentante a exhorté les membres du Conseil de sécurité à présenter un front uni. Elle a appuyé sans faille les initiatives des États-Unis pour mettre à jour la liste des sanctions pour mieux contrer cette menace. Elle s’est particulièrement inquiétée de la capacité du régime nord-coréen de contourner les sanctions en levant des fonds pour financer son programme de missiles. Illustrant son propos, elle a notamment cité le vol de 620 millions de dollars de crypto-monnaie. Par ailleurs, la représentante a invité la RPDC à permettre aux travailleurs humanitaires d’avoir accès au pays pour effectuer une évaluation indépendante des besoins humanitaires. Elle a estimé que l’investissement par la RPDC de ses ressources dans des programmes de missiles illicites est responsable de la détérioration de la situation humanitaire dans le pays. Elle a invité la RPDC à reprendre un dialogue de fond avec les États-Unis pour parvenir à une dénucléarisation complète et irréversible.
M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a exprimé sa profonde inquiétude après les derniers tirs de missiles balistiques par la RPDC, le plus récent remontant au 7 mai. Ces tirs constituent une nouvelle provocation et foulent au pied les résolutions du Conseil de sécurité et le système multilatéral fondé sur la paix et le droit international, a-t-il dit, avant de condamner les déclarations de la RPDC sur une éventuelle utilisation d’armes nucléaires. Pour le représentant, les lancements incessants de missiles, couplés à l’avancée d’un programme militaire nucléaire aux intentions offensives claires, entravent les efforts multilatéraux visant à instaurer un climat de stabilité et de coopération en Asie du Nord-Est. Face au refus de la RPDC de suspendre le développement de ses systèmes de missiles et à une possible reprise de ses essais nucléaires, il est urgent, selon lui, que le Conseil se prononce à l’unisson, avant toute action contraire à la paix et à la sécurité internationales. Le délégué a aussi souligné la nécessité que les acteurs influents, notamment les membres du Conseil, ne ménagent pas leurs efforts pour contribuer à la détente. Avant de conclure, il a appelé à la retenue maximale et a souhaité qu’un dialogue se noue avec la RPDC afin de parvenir à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.
M. JOAO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a regretté que le Conseil de sécurité soit resté silencieux face à la violation de ses résolutions par la RPDC. Relevant que tous les membres du Conseil ont condamné les violations commises par ce pays, il a estimé cependant que ces condamnations individuelles n’ont aucune valeur si le Conseil ne parle pas d’une seule voix. Il a reconnu avoir personnellement oublié le nombre de fois où sa délégation a prononcé de telles condamnations. Rester silencieux quand la RPDC se fait entendre vient confirmer la position de ceux qui estiment que le Conseil de sécurité est désormais obsolète, a-t-il mis en garde, avant d’appeler l’organe onusien en charge du maintien de la paix et la sécurité internationales à agir, afin de ne pas confirmer cette assertion concernant son obsolescence.
M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) a pris note des informations faisant état d’un nouveau tir de missile par la RPDC le 7 mai. Cela fait suite au lancement du missile balistique intercontinental par la RPDC en mars et à d’autres tirs successifs, a-t-il constaté en estimant que ces tirs constituent une violation des résolutions du Conseil de sécurité relatives à ce pays. Ils affectent la paix et la sécurité de la région et au-delà, a-t-il regretté. Le représentant a, par conséquent, appelé à la mise en œuvre intégrale des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la RPDC et à s’attaquer de toute urgence à la prolifération des technologies nucléaires et de missiles liées à la RPDC. Il a réitéré la position constante de l’Inde qui soutient le dialogue comme moyen de résoudre les problèmes dans la péninsule coréenne. Il a également réitéré le soutien continu de son pays à la dénucléarisation pour la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne. Alors que le Conseil s’est réuni plusieurs fois sur la RPDC depuis le début de l’année, il a rappelé que l’Inde a demandé un rapport du Groupe d’experts sur ces lancements dans le contexte des résolutions du Conseil. Il a dit attendre ce rapport le plus tôt possible.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est inquiété des tirs de missiles balistiques effectués par la RPDC et de ses intentions déclarées d’accélérer le développement de ses capacités nucléaires au « rythme le plus élevé possible » ainsi que la menace d’utiliser des armes nucléaires si son intérêt national est menacé. Les implications de ce nouveau développement pour la paix et la sécurité internationales, y compris pour les voisins immédiats de la RPDC, sont des plus graves. Il a exhorté le Conseil à agir de manière unie pour appeler la RPDC à prendre des mesures concrètes, immédiates et urgentes pour désamorcer les tensions dans la péninsule coréenne.
Le délégué a aussi appelé à la reprise d’un dialogue constructif et crédible entre les parties concernées et la RPDC afin de trouver une solution durable, globale et pacifique aux problèmes de la péninsule coréenne. Il faut prendre en considération les préoccupations sécuritaires régionales et mondiales des parties, a-t-il estimé. Il a encouragé les États-Unis à maintenir leur offre de dialogue avec la RPDC sans conditions préalables, exhortant ensuite la RPDC à accepter celle-ci de bonne foi. Également préoccupé par la situation humanitaire désastreuse dans le pays, il a demandé à la RPDC de permettre le retour des agences humanitaires des Nations Unies. Il a en outre soutenu les efforts du système des Nations Unies pour rétablir le canal bancaire avec la RPDC.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le tir d’un missile balistique mer-sol, effectué par la RPDC le 7 mai. Cet essai, le quinzième depuis le début de l’année, représente une menace à la paix et à la sécurité internationales et constitue une nouvelle violation inacceptable des résolutions de ce Conseil, a-t-il dénoncé jugeant particulièrement préoccupant l’essai d’un missile balistique mer-sol. Il a affirmé que la RPDC cherche à acquérir une composante océanique crédible, à même de lui assurer une capacité de seconde frappe. « L’escalade est réelle », a-t-il mis en garde en estimant que « tout laisse à penser que la Corée du Nord pourrait conduire un nouvel essai nucléaire dans les prochaines semaines, voire les prochains jours ».
Il a exhorté le Conseil à agir et à condamner unanimement cette nouvelle provocation. « Ne rien faire poserait un risque majeur pour la stabilité régionale et pour l’architecture internationale de non-prolifération. » Face à ces provocations répétées, nous soutenons les efforts des États-Unis et souhaitons que le Conseil de sécurité puisse s’exprimer de manière unie, a dit le délégué. Enfin, il a déclaré qu’un allégement des sanctions n’aurait pas de sens dans le contexte actuel. « Il faut au contraire mettre en œuvre le régime de sanctions avec plus de fermeté. »
M. ZHANG JUN (Chine) s’est inquiété de l’escalade des tensions avant d’appeler à la promotion de la réconciliation entre les deux Corées. Il a appelé à examiner la question de la péninsule coréenne d’un point de vue historique en rappelant que la RPDC a pris une série de mesures qui ont permis un apaisement après 2018. Il a regretté que les États-Unis n’aient pas saisi cette occasion et n’aient pas répondu aux propositions de la RPDC sur la base du principe de réciprocité. Après avoir insisté sur sa certitude que la consultation et le dialogue sont le seul moyen de résoudre le problème, le représentant de la Chine a exhorté les États-Unis à répondre aux inquiétudes légitimes de sécurité de la partie coréenne pour créer les conditions d’une reprise de dialogue. Face à ce constat, il a jugé contre-productives les pressions américaines qui se manifestent par l’accroissement de sanctions aux conséquences humanitaires néfastes. Il a regretté que les États-Unis aient décidé d’ignorer la proposition conjointe de la Chine et de la Russie. En tant que voisin proche de la RPDC, le représentant de la Chine s’est dit favorable à la dénucléarisation de la péninsule dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales. Il a néanmoins mis l’accent sur la contradiction des pays qui appellent à la dénucléarisation de la péninsule coréenne alors qu’ils promeuvent la coopération dans le domaine des sous-marins nucléaires ou développent des programmes de missiles hypersoniques.
Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est dite convaincue que la recherche de solutions politiques et diplomatiques mutuellement acceptables est le seul moyen de résoudre pacifiquement les problèmes de la péninsule coréenne et de développer des mécanismes sécuritaires dans la région. Elle a regretté que, depuis quatre ans, le Conseil n’a pas su réagir au démantèlement par les « Nord-Coréens » de leur site d’essais nucléaires, au respect par Pyongyang du moratoire sur les essais nucléaires et le lancement de missiles balistiques intercontinentaux. Dans chacune de ses résolutions sur la RPDC depuis 2006, le Conseil a exprimé sa volonté de revoir les restrictions en fonction du respect par Pyongyang des instruments pertinents. Malheureusement, jusqu’à présent, le Conseil n’a fait que renforcer ces restrictions, ignorant les signaux positifs adressée par la RPDC, a déploré la représentante. À cet égard, a-t-elle poursuivi, l’évolution actuelle est en grande partie la conséquence d’une telle « myopie » de la part de « certains ici présents », qui ne sont pas prêts à aller au-delà du « paradigme des sanctions », lequel n’a pas réussi à garantir la sécurité dans la région.
Désapprouvant un nouveau renforcement des sanctions contre la RPDC, la représentante a rappelé à ses « collègues américains » que les négociations sont une « voie à double sens ». Il est totalement vain d’attendre de Pyongyang un désarmement inconditionnel sous la menace d’une « cascade de sanctions ». De plus, les nouveaux blocs militaires dans la région, tels que l’alliance entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie (AUKUS), suscitent de sérieux doutes quant aux bonnes intentions de ces pays et ne sont pas propices au dialogue. Quant aux sanctions secondaires, dites « autonomes », imposées à la RPDC et à d’autres États par Washington et ses alliés, elles sont encore plus répugnantes et les tentatives visant à « bénir » ces restrictions par l’autorité du Conseil de sécurité ou de son Comité 1718 sont « inacceptables ». La déléguée a rappelé que le projet russo-chinois pour un accord politico-humanitaire reste sur la table. Toutefois, l’absence de progrès sur le volet politique, dont une partie pourrait être la résolution susmentionnée, menace d’accroître encore les tensions sur la péninsule, a -t-elle mis en garde.
Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a relevé que dans un contexte sécuritaire mondial particulièrement tendu, « ce quatorzième tir de missile de la RPDC accroît un peu plus l’ampleur de la menace potentielle sur la paix et la sécurité, non seulement dans la péninsule coréenne, mais aussi au niveau global ». Elle a condamné ces lancements de missiles et a marqué sa préoccupation devant les annonces récentes de la RPDC concernant sa volonté d’accélérer le développement de ses capacités nucléaires. Elle s’est en outre dite préoccupée par la tendance à la banalisation de la menace nucléaire ces derniers mois, ce qui ne laisse rien augurer de bon pour la paix et la sécurité collectives. Cependant, selon elle, c’est exactement parce que le péril nucléaire est à la porte que les parties prenantes aux négociations doivent redoubler d’efforts et faire preuve d’audace pour ramener la RPDC à la table pour des discussions. Elle a rappelé que la RPDC est l’objet du régime le plus élevé et le plus complet de sanctions. Pour autant, ces mesures coercitives ne semblent pas avoir une incidence sur la poursuite du programme nucléaire de ce pays, a-t-elle remarqué, notant aussi que la situation humanitaire y est des plus alarmantes. Elle a donc appelé toutes les parties à s’engager dans les négociations diplomatiques, sur la base des sillons tracés en 2017.
Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a condamné les tirs de missiles balistiques par la RPDC, notamment les derniers qui remontent au 4 et 7 mai. Profondément préoccupée par les capacités croissantes démontrées par le schéma intensif de ces tirs et le développement continu d’armes nucléaires et de missiles balistiques par la RPDC, la représentante y a vu une menace directe pour la paix et la sécurité régionales et internationales et une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité. Au cœur de la capacité de la RPDC à agir se trouve sa capacité à financer et à se procurer des matériaux et des technologies pour ses programmes illégaux - y compris par des moyens cybernétiques, a souligné la représentante en appelant le Conseil à agir. Elle a appelé la RPDC à se conformer pleinement à ses obligations internationales, à inverser sa trajectoire et à rejoindre le régime international de non-prolifération par le biais du Traité sur la non-prolifération et des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). La représentante s’est par ailleurs déclarée profondément découragée de voir que le Gouvernement continue de canaliser ses ressources vers le développement d’armes, au lieu de logements, de nourriture et de vaccins dont son propre peuple a tant besoin. Elle a exhorté la RPDC à mettre fin au blocus qu’elle s’est elle-même imposée et à permettre à l’ONU, à son coordonnateur résident et à d’autres organisations internationales de rentrer dans le pays et de reprendre leur travail humanitaire.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné avec la plus grande fermeté les derniers tirs de missiles de la RPDC, notant que ce pays a effectué 17 essais en 2022, dont trois de portée intercontinentale. Tous ces tirs violent les résolutions du Conseil et sapent le régime de non-prolifération, a-t-elle dénoncé. Elle a déclaré que le Conseil est resté silencieux parce que deux membres ont affirmé que la retenue encouragerait la RPDC à revenir à la table des négociations. Cette retenue n’a pas fonctionné et c’est tout le contraire qui s’est produit, a-t-elle dit, en ajoutant que cette campagne d’essais de la RPDC n’est pas de nature défensive. Elle a affirmé que la RPDC interprète le silence du Conseil comme une autorisation pour poursuivre dans cette voie. La représentante a donc jugé nécessaire de mettre un terme à cette « autorisation tacite ».
La déléguée a aussi insisté sur l’importance de mettre à jour le régime des sanctions contre la RPDC tout en regrettant l’opposition de ces deux membres, qui encourage la RPDC à poursuivre ses agissements. Nous ne pouvons plus rester silencieux, a-t-elle martelé, en mentionnant un projet de résolution auquel son pays apporte la dernière main. « La RPDC fait peser une menace planétaire », selon la représentante. Souhaitant répondre à la Chine et à la Russie, elle a défendu l’idée d’un durcissement des sanctions contre la RPDC et rappelé que l’alliance AUKUS ne viole pas le Traité sur la non-prolifération. « La Chine et la Russie le savent pertinemment. » Enfin, Mme Thomas-Greenfield a jugé inquiétant que ces deux membres cherchent à détourner l’attention du Conseil du dossier de la RPDC avec des allégations sans fondement.
M. CHO HYUN (République de Corée) a condamné dans les termes les plus fermes les récents tirs de missiles balistiques par la RPDC, y voyant une menace significative pour la péninsule coréenne, ainsi qu’un sérieux défi pour le régime de non-prolifération. Il s’est également dit alarmé par les dernières déclarations de la RPDC dans lesquelles elle a menacé d’avoir un recours préventif à ses armes nucléaires. La position de la RPDC devient de plus en plus agressive, se rapprochant de l’utilisation réelle de ses capacités nucléaires, a-t-il averti. Si le Conseil manque à répondre avec fermeté à cette escalade, cela conduira inévitablement davantage d’États Membres à ignorer délibérément leurs obligations en vertu de plusieurs résolutions du Conseil, a pronostiqué le représentant.
Le délégué a appelé à l’adoption d’une nouvelle résolution dotée de mesures robustes, correspondant à la gravité du comportement de la RPDC. Le moment est venu de prendre des mesures rapides et fortes pour envoyer un message ferme à Pyongyang que son comportement d’escalade doit prendre fin, a plaidé le délégué pour lequel le silence du Conseil suite aux innombrables tirs de missiles balistiques de la RPDC n’a fait qu’enhardir davantage Pyongyang. Le Conseil doit l’avertir clairement qu’un essai nucléaire fera l’objet d’une réponse très ferme, y compris des mesures résolues et unies. Le représentant a ensuite exhorté la RPDC à participer à un dialogue constructif sur la dénucléarisation avec la République de Corée et les États-Unis et à répondre aux efforts pour construire une paix durable dans la péninsule coréenne par le biais d’une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a constaté que, depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité fin mars sur ce point de l’ordre du jour, la RPDC n’a fait qu’accélérer ses programmes nucléaires et de missiles, profitant ainsi de l’absence de réaction ferme du Conseil. Qualifiant les tirs de missiles balistiques opérés les 4 et 7 mai de violations flagrantes des résolutions pertinentes du Conseil, il a précisé que l’un des engins utilisés semble avoir été lancé par un sous-marin, ce qui démontre une grande diversification de l’arsenal de missiles de la RPDC. Le délégué a condamné fermement ces actes dangereux et déstabilisants, souhaitant que l’absence d’annonce publique par la RPDC ne lui garantisse pas l’impunité. Il a ensuite rappelé que la RPDC a annoncé, à la mi-avril, avoir effectué une autre série de tirs de missiles destinés à « renforcer l’efficacité de ses opérations nucléaires tactiques ». Ce pays a ensuite indiqué publiquement, fin avril, qu’il développerait ses forces nucléaires « le plus rapidement possible », évoquant une possible utilisation d’armes nucléaires à d’autres fins que la dissuasion. En outre, a poursuivi le représentant, des informations font état d’activités en cours sur un site d’essais nucléaires en RPDC, ce qui pourrait être le signe d’un essai en préparation.
Nous ne devons pas tolérer que le développement d’armes nucléaires et de missiles par la RPDC devienne une « nouvelle normalité », a martelé le délégué, pour qui cette situation, plus préoccupante encore que celle de 2017, constitue une menace grave et imminente pour la sécurité du Japon et au-delà. Cela défie l’autorité même de ce Conseil, augmente les risques de prolifération dans le monde et menace la paix et la sécurité internationales, a-t-il souligné, avant d’appeler le Conseil à agir en adoptant une nouvelle résolution sur les sanctions. Alors que la RPDC a annoncé qu’elle mettait en œuvre son plan quinquennal, qui comprend le développement de nouveaux missiles balistiques intercontinentaux (MBI) et d’armes nucléaires tactiques, seule une nouvelle résolution pourrait la décourager et la faire revenir au dialogue diplomatique, a-t-il estimé, affirmant soutenir l’initiative menée à cette fin par les États-Unis. Selon lui, il essentiel que ce nouveau texte donne suite aux dispositions de la résolution 2397 (2017), laquelle prévoit de nouvelles sanctions sur le pétrole en cas de tir de MBI. Il s’est également dit favorable à des actions dans le cyberespace, identifié par le Groupe d’experts du Comité de sanctions 1718 comme une importante source de revenus pour la RPDC.