En cours au Siège de l'ONU

La Cinquième examine les propositions budgétaires pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix et cinq missions des Nations Unies

Soixante-seizième session,
16e séance plénière – matin
AG/AB/4384

La Cinquième examine les propositions budgétaires pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix et cinq missions des Nations Unies

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné ce matin les justificatifs de l’enveloppe de 372 millions de dollars que le Secrétaire général demande pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix.  La Commission s’est également penchée sur les propositions budgétaires des missions à Abyei, en République centrafricaine, au Mali, au Sahara occidental et en Somalie. 

La somme de 372 millions de dollars demandée par le Secrétaire général pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix doit servir à financer 940 postes d’administrateur et fonctionnaire de rang supérieur et de 414 agents des services généraux et des catégories apparentées, pendant la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.  Pour la même période, c’est une enveloppe de 2,6 milliards qui est demandée pour la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). 

Quant au Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), les crédits requis sont de 524 696 700 dollars.  Les budgets du compte d’appui et des cinq opérations ont été revus à la baisse par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le Pakistan a insisté sur le fait que l’enveloppe du compte d’appui doit être proportionnelle aux mandats, au nombre, à la taille et à la complexité des opérations.  Dans son rapport, le CCQAB réclame également une vue d’ensemble de toutes les ressources consacrées au progiciel de gestion intégré estimées à 18 588 600 dollars et constate que les informations données continuent d’être transmises de manière décousue et sans cohérence. 

Le Mali a, pour sa part, affirmé que chez lui, il n’existe aucun sentiment anti-MINUSMA, mais simplement des populations exaspérées par les attaques incessantes qui déciment des familles entières et privent les survivants de leurs moyens de subsistance.  Dans ce contexte, il a estimé qu’une action renforcée de la Mission en matière de protection des civils, en appui aux efforts du Gouvernement malien, est indispensable pour briser le cycle de violences et prévenir les attaques contre les populations locales.  Compte tenu du contexte sécuritaire marqué par le retrait de certaines forces internationales du Mali, le Mali a aussi a appelé à la mise à niveau technique, opérationnelle et financière de la MINUSMA pour mieux aider ses forces à combler le vide sécuritaire ainsi créé.

La Cinquième Commission a prévu une autre réunion jeudi 12 mai à partir de 15 heures pour discuter de la situation financière de l’ONU.

ASPECTS ADMINISTRATIFS DU FINANCEMENT DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, le point de l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix (A/76/808)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné ceux du Secrétaire général (A/76/596) et (A/76/725).  Le Comité consultatif reste préoccupé par l’augmentation du budget du compte d’appui, qui se poursuit malgré la fermeture de missions et la réduction des effectifs militaires et civils.  Il considère que davantage d’efforts auraient pu être faits pour moduler les ressources du compte d’appui, notamment en ce qui concerne les fonctions transversales et stratégiques ou les fonctions relatives au retrait des missions et à la liquidation.  Le Comité recommande à l’Assemblée générale d’inviter le Secrétaire général à revoir les études précédemment menées et à actualiser les données sur la base d’une analyse de la charge de travail, dans les limites des ressources existantes, et de tenir compte des résultats obtenus dans le prochain projet de budget du compte d’appui de façon à prévoir une meilleure modulation des ressources et des gains d’efficience plus importants.

En ce qui concerne les dépenses autres que le coût des postes à financer au moyen du compte d’appui, le Comité consultatif recommande des réductions de 92 700 dollars au titre des consultants et services de consultants; de 662 700 dollars au titre des voyages officiels; et de 151 500 dollars au titre des communications et de l’informatique.  Le projet de budget du compte d’appui pour 2022/23 serait ainsi ramené de 373 596 000 dollars à 371 787 000 dollars.  Ce montant comprend: 255 371 700 dollars pour les postes et 75 879 700 dollars pour les autres objets de dépense; 17 196 900 dollars pour le progiciel de gestion intégré; 868 500 dollars pour le dispositif de prestation de services centralisée; 3 881 600 dollars pour la préparation des moyens de maintien de la paix; et 18 588 600 dollars pour les services de maintenance et d’appui relatifs à Umoja.

Discussion générale

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUHAMMAD JAWAD AJMAL (Pakistan) a déclaré que les États qui contribuent financièrement aux budgets des missions de maintien de la paix représentent également la plus grande partie des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police.  L’instabilité politique dans laquelle ces opérations sont menées et la complexité de leurs mandats exigent l’allocation de ressources adéquates.  Le niveau du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix doit être proportionnel aux mandats, au nombre, à la taille et à la complexité des opérations, a insisté le représentant.  Lorsque l’on ferme ou réduit les effectifs des missions, il faut continuer à les soutenir financièrement pour réussir leur retrait ou la planification de la transition.  Seules les activités et initiatives examinées et approuvées par l’Assemblée générale doivent être budgétisées et les ressources requises, reflétées dans le compte d’appui après approbation de l’Assemblée générale. 

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX POUR L’EXERCICE ALLANT DU 1ER JUILLET 2022 AU 30 JUIN 2023

Rapport du CCQAB sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.8)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 596 400 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 2 222 700 dollars correspondant aux autres recettes et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les crédits demandés soient réduits de 711 600 dollars et ramenés de 263 374 800 dollars à 262 663 200 dollars. 

Rapport du CCQAB sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.10)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 1 393 900 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, ainsi que le montant de 20 170 800 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les crédits demandés soient réduits de 4 722 200 dollars et ramenés de 1 087 084 900 dollars à 1 082 362 700 dollars.  Il recommande donc à l’Assemblée générale d’ouvrir des crédits de 1 082 362 700 dollars aux fins du fonctionnement de la Mission.

Rapport du CCQAB sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.9)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 80 025 500 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 48 772 500 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande également que les crédits demandés soient réduits de 8 124 600 dollars et ramenés de 1 262 069 700 dollars à 1 253 945 100 dollars. 

Rapport du CCQAB sur la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.13)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 1 284 900 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 1 274 400 dollars correspondant aux autres produits et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il ajoute que les crédits demandés soient réduits de 446 500 dollars et ramenés de 61 039 200 dollars à 60 592 700 dollars. 

Rapport du CCQAB sur l’exécution du budget du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie pour l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.12)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 24 992 900 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, ainsi que le montant de 16 858 800 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Pour le prochain exercice, les crédits demandés doivent être réduits de 2 236 900 dollars et ramenés de 526 933 600 dollars à 524 696 700 dollars. 

Discussion générale

M. MOHAMED TRAORE (Mali) a pris note de la proposition budgétaire du Secrétaire général pour la Mission des Nations Unies dans son pays qui indique une augmentation de 90,4 millions de dollars, soit 7,7%.  Les conditions difficiles de travail du personnel de la Mission rappellent notre responsabilité collective d’allouer les ressources nécessaires pour la mise en œuvre effective du mandat dans toutes ses composantes.  Au nombre de ces composantes, a-t-il expliqué, le Mali met un accent particulier sur la protection des civils.  Le représentant a estimé qu’une action renforcée de la MINUSMA dans ce domaine, en appui aux efforts du Gouvernement malien, premier responsable de la protection de ses populations, permettra de briser le cycle de violences, en privilégiant la prévention des attaques prévisibles contre les populations locales.

La persistance des attaques asymétriques des groupes armés terroristes et extrémistes contre les populations civiles mais aussi contre les forces nationales et internationales, appelle à davantage de coordination entre les forces présentes sur le terrain, et, par conséquent, à des ressources humaines, techniques et financières adéquates.  Compte tenu du contexte sécuritaire marqué par le retrait de certaines forces internationales du Mali, le représentant a appelé à la mise à niveau technique, opérationnelle et financière de la Mission pour mieux accompagner les forces armées maliennes à combler le vide sécuritaire ainsi créé.

Concernant le personnel civil de la Mission, le délégué a dit vouloir comprendre pourquoi, malgré les résolutions de l’Assemblée générale et les recommandations du CCQAB relatives à la nationalisation des postes, aucun effort dans ce sens n’ait été constaté.  La création prévue de 10 postes et emplois temporaires ne concernent que le personnel recruté sur le plan international.  Enfin, M. Traore a assuré qu’il n’existe au Mali aucun sentiment anti-Mission des Nations Unies.  Il existe simplement des populations exaspérées par les attaques incessantes qui déciment des familles entières et privent les survivants de leurs moyens de subsistance. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente clôt ses travaux par un appel à la promotion des langues autochtones et au respect du consentement libre, préalable et éclairé

Vingt et unième session,
12e séance plénière – après-midi
DH/5472

L’Instance permanente clôt ses travaux par un appel à la promotion des langues autochtones et au respect du consentement libre, préalable et éclairé

L’Instance permanente sur les questions autochtones a achevé, cet après-midi, sa vingt et unième session en adoptant par consensus et tel qu’oralement amendés plusieurs projets de rapport par lesquels elle appelle au respect du principe de consentement libre, préalable et éclairé et formule une série de recommandations pour l’observation de la Décennie internationale des langues autochtones.

Elle recommande également au Conseil économique et social (ECOSOC) de convoquer une réunion d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Vérité, justice transitionnelle et mécanismes de réconciliation » au cours de la vingt-deuxième session de l’Instance permanente qui devrait se tenir au Siège de l’ONU du 17 au 28 avril 2023.

Pour ce qui est du consentement libre, préalable, et éclairé, l’Instance engage les États Membres à prendre de toute urgence des mesures pour garantir la participation suffisante et effective des peuples autochtones à la conception et à la mise en œuvre de plans nationaux de transition vers des énergies propres et vertes.

Elle demande à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) d’adopter un document juridiquement contraignant protégeant les connaissances traditionnelles et la propriété intellectuelle des peuples autochtones, et invite l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à préparer une analyse des différentes façons dont les peuples autochtones sont affectés par les accords et traités commerciaux internationaux.  De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), est appelée à élaborer un programme global pour le développement des entreprises et de l’industrie de la création autochtones.

L’Instance souhaite en outre que le projet d’instrument international juridiquement contraignant sur la réglementation des activités des sociétés transnationales affirme les droits des peuples autochtones, notamment en ce qui concerne le consentement préalable, libre et éclairé.

Alors qu’a débuté cette année la Décennie internationale des langues autochtones 2022-2032, l’Instance permanente recommande à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) d’entamer des travaux sur les données relatives aux langues autochtones, en prévoyant un financement suffisant pour contribuer aux priorités pour l’après-2030.  Elle appelle aussi les États Membres à développer les écoles et les programmes d’immersion en langue autochtone et les écoles bilingues afin d’aider les jeunes autochtones à se réapproprier leurs langues, invitant par ailleurs à créer, d’ici à 2025, un incubateur de méthodologies internationales en matière d’éducation multilingue, y compris des études sur les meilleures pratiques de revitalisation des langues.

Elle souhaite également qu’au cours de cette Décennie, les États Membres et les peuples autochtones entament des discussions sur les ramifications d’une éventuelle convention de l’UNESCO pour la sauvegarde et la revitalisation des langues en voie de disparition.

Ayant à l’esprit les contributions des médecines traditionnelles des peuples autochtones au relèvement après la pandémie, elle invite par ailleurs l’Assemblée mondiale de la Santé à déclarer une année internationale des médecines traditionnelles des peuples autochtones d’ici à 2025.

De même, l’Instance permanente demande l’organisation d’une « Conférence mondiale sur les peuples autochtones + 10 » en août 2024.  Elle souhaite aussi inclure dans son ordre du jour un point permanent sur les objectifs de développement durable afin de préparer les contributions et la participation aux réunions annuelles du forum politique de haut niveau annuel sur le développement durable, y voyant l’occasion de conférer davantage de visibilité à aux sujets de préoccupation des peuples autochtones.

Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Instance permanente, M. Darío José Mejía Montalvo (Colombie), a constaté les défis persistants des peuples autochtones ne font que s’aggraver en particulier en ce qui concerne la propriété foncière et intellectuelle.  Il a demandé aux industries extractive et créative de dialoguer et de prendre conscience des conditions des peuples autochtones alors que les mégaprojets se poursuivent sans leur consentement. 

« Il est inacceptable aujourd’hui d’entendre des menaces contre les défenseurs des droits des peuples autochtones y compris les femmes », a dénoncé le Président qui a par ailleurs souligné l’importance de promouvoir et de revitaliser les langues autochtones pour assurer l’éducation des jeunes autochtones.  Nous devons être fiers de nos enfants qui parlent nos langues, a insisté M. Montalvo, avant d’inviter l’assistance à visionner une vidéo commémorant les défenseurs des peuples autochtones « passés de l’autre côté » l’année dernière.

Les délégations ont également entendu M. Sven-Erik Soosaar, membre de l’Instance (Estonie) attirer l’attention sur le recrutement forcé des jeunes autochtones par les forces russes en Ukraine et en Russie. 

Les documents et projets de rapports adoptés aujourd’hui tel qu’oralement amendés figurent dans les documents suivants: E/C.19/2022/L.2; E/C.19/2022/L.3; E/C.19/2022/L.4/Rev.1; E/C.19/2022/L.5/Rev.1; E/C.19/2022/L.6/Rev.1; E/C.19/2022/L.7; E/C.19/2022/L.8; et E/C.19/2022/L.9.  Ils seront transmis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour approbation finale.

Au cours de cette séance, qui s’est tenue en présentiel, l’Instance a également adopté l’ordre du jour provisoire de sa vingt-deuxième session.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur des appels à relever les défis de la numérisation jugée « très prometteuse »

Session de 2022,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, 3e et 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7083

ECOSOC: le forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur des appels à relever les défis de la numérisation jugée « très prometteuse »

Le septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable a pris fin aujourd’hui, après avoir tenu, en deux jours, six sessions thématiques autour du thème central de cette année: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Dans ses remarques de clôture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Collen Vixen Kelapile, a estimé que ce forum sur les STI est arrivé à point nommé pour contribuer à trouver des solutions à un certain nombre de défis mondiaux qui se chevauchent: la pandémie de COVID-19, l’impact toujours plus présent des changements climatiques, ainsi que les conséquences économiques mondiales de la guerre en Ukraine.  Il a rappelé que ces crises ont inversé les progrès du développement dans de nombreux pays, menaçant de mettre les objectifs de développement durable (ODD) hors de portée.

Pour renverser ces tendances, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a appelé, comme de nombreux intervenants des sessions thématiques, à miser sur la numérisation qui est « très prometteuse » dans la mesure où elle permet l’accès à des services essentiels, comme l’éducation et les soins de santé.  Mme Amina J.  Mohammed a aussi prôné le partage des connaissances pour la mise en œuvre de solutions technologiques aidant à surmonter un large éventail de défis.  Elle a insisté sur le fait que les STI doivent être orientées vers la réduction des inégalités, l’élimination des préjugés et de la discrimination, et l’atténuation des compromis pour atteindre les ODD.  Cela ne pourra se faire qu’en travaillant non pas en silos mais en collaboration entre les disciplines, a-t-elle souligné.

Dans leur résumé de la session, les deux Coprésidents, les Représentants permanents de la République-Unie de Tanzanie et de l’Ukraine, ont également appelé à accélérer les progrès pour relever les défis de l’économie numérique.  Il s’agit avant tout d’assurer une connectivité significative pour les 2,9 milliards de personnes qui n’ont toujours pas accès à Internet dans le monde.  La pandémie de COVID-19 a montré le bénéfice des biens publics numériques tels que les infrastructures numériques, mais davantage d’investissements sont nécessaires dans ces infrastructures, y compris de la part du secteur public, ont-ils noté.  Le Président de l’ECOSOC a appelé à des efforts accrus pour aider les pays en développement, les pays les moins avancés (PMA) en particulier, à combler la fracture numérique et à renforcer leurs capacités à tirer parti de l’économie numérique.  Sur la question cruciale du financement, il a regretté le fait que le Mécanisme de facilitation des technologies et le forum sur les STI n’aient pas encore reçu un soutien financier approprié, ce qui limite la portée de leurs actions.

Il faut d’ailleurs éviter des pressions financières trop fortes dans ce domaine si l’on veut assurer la pertinence et la pérennité des biens publics numériques dans le monde en développement, a prévenu la Coprésidente de Digital Public Goods Alliance.  Mme Liv Marie Nordhaug a ainsi invité à s’appuyer sur une utilisation ciblée de l’aide publique au développement (APD).  Pour sa part, la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations et Envoyée par intérim du Secrétaire général pour les technologies, Mme Maria Francesca Spatolisano, a évoqué le rôle crucial que pourrait jouer le futur pacte numérique mondial prévu par le Secrétaire général.  Ce pacte est une chance unique de tirer pleinement parti de l’ère numérique et d’éviter d’en subir les inconvénients, a-t-elle affirmé.  Cela correspond au « modèle multipartite » qu’il faut pour la gouvernance mondiale d’Internet, a confirmé M. Paul Mitchell, Président du Forum pour la gouvernance d’Internet.

Pour la Vice-Secrétaire générale, le potentiel du numérique ne peut toutefois pas être exploité lorsque seulement 63% de la population mondiale utilise Internet.  Selon elle, les STI constituent, par conséquent, la meilleure raison d’espérer.  En effet, les discussions sur les technologies d’élimination du dioxyde de carbone, les pédagogies d’apprentissage numérique, les bio et nanotechnologies, ainsi que les scénarios STI ont mis en évidence les « outils incroyables » dont nous pouvons user pour améliorer notre avenir.  Le Coprésident ukrainien du forum sur les STI a salué en particulier le rôle de la technologie numérique dans la poursuite des activités éducatives pour des millions de personnes pendant la pandémie, même si le passage aux outils éducatifs numériques a entraîné une baisse des résultats scolaires et des problèmes de santé mentale.  Son homologue de la République-Unie de Tanzanie a appelé à accroître les investissements dans les systèmes nationaux d’innovation, non seulement en termes de recherche et développement, avant de rappeler que le Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies a proposé de créer un réseau international de banques d’idées et de fonds pour l’innovation en tant que référentiel pour l’identification des problèmes, des opportunités et des solutions, ouvert à tous.

« Il faut que toutes les parties prenantes nationales soient impliquées dans la mise en œuvre de l’écosystème local d’innovation », a plaidé Mme Carolina Rojas, de Engineering for Change, représentant le grand groupe des enfants et des jeunes.  Elle a mis en garde contre les incidences négatives des innovations et recommandé à cet égard d’en évaluer les répercussions éthiques.  Elle a aussi conseillé d’impliquer les jeunes, qui doivent s’approprier ces innovations, dans une approche de solidarité intergénérationnelle.  Même son de cloche du côté de la Directrice exécutive de Open Knowledge Foundation, Mme Renata Avila, qui a invité à donner la place qu’ils méritent aux jeunes et à miser sur une vision positive de l’avenir. 

Par ailleurs, au cours d’une brève séance tenue après la clôture du forum, l’ECOSOC a élu par acclamation Mme Miia Rainne (Finlande) à sa vice-présidence, afin de terminer le mandat de son collègue de la Mission finlandaise, M. Jukka Salovaara, jusqu’à la fin de la présente session du l’ECOSOC.

SEPTIÈME FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION AU SERVICE DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Thème: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »

Session thématique 3: « Les systèmes d’innovation mondiaux, nationaux et locaux »

Cette session était animée par M. JOSÉ RAMÓN LÓPEZ-PORTILLO ROMANO, Conseiller du Gouvernement du Mexique en diplomatie scientifique; cofondateur et Président de Q-Element; et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies.  Les intervenants ont présenté diverses approches d’innovation, aux niveaux local et national, notamment pour soutenir l’innovation et l’adaptation des technologies dans le cadre de la promotion des objectifs de développement durable (ODD).

Un premier exemple a été donné par la République-Unie de Tanzanie par M. AMOS NUNGU, Directeur général de la Commission nationale de la science et de la technologie, qui a indiqué que c’est en 2018 que son gouvernement a mis sur pied des directives devant réguler le secteur des innovations.  Depuis lors, une semaine nationale de l’innovation a lieu chaque année, a-t-il dit, en ajoutant que le pays a surtout besoin de financements pour renforcer ses capacités d’innovation.  La Chine n’a pas ce problème, puisque le pays a dépensé 2 700 milliards de yuan en 2021 dans le cadre de la recherche-innovation, a témoigné la délégation chinoise.  En République de Corée, le Gouvernement a trouvé la formule pour mobiliser le secteur privé, a expliqué M. JOO HYUNGHWAN, enseignant à l’École de commerce de l’Université nationale de Séoul.  Celui qui fut Ministre du commerce et de l’industrie dans son pays a ainsi expliqué que les entreprises privées sont astreintes à rendre public leur budget dédié à la recherche-innovation, afin de recevoir un classement en fonction des efforts consentis.  Il a également parlé de l’importance cruciale du renforcement de l’éducation et des capacités pour dynamiser les secteurs de la recherche et de l’innovation.

Justement, en Ukraine, c’est sur l’éducation que le Gouvernement a misé avant que l’invasion de la Fédération de Russie ne vienne casser la dynamique, a indiqué la Cheffe du Groupe d’experts sur l’innovation de la Direction de la science et de l’innovation au Ministère de l’éducation et de la science.  Mme OKSANA KRUKEVICH a également signalé que les autorités ukrainiennes ont mis en place des mécanismes de protection des droits de la propriété intellectuelle.  L’accent a également été mis sur cette question au Kenya, a confirmé M. TOM PETER MIGUN OGADA, Directeur exécutif du Centre africain pour l’étude technologique, qui a également décrit les mesures nationales visant à mettre en œuvre une feuille de route sur l’innovation, avant de préciser que les efforts nationaux dans le domaine recherche-innovation sont orientés vers la réalisation des ODD.  Mme ANGELINA BEKASOVA, experte senior en politique de l’espace et de l’innovation au Ministère de l’économie de la Lettonie, a également décrit un programme national focalisé sur une mission à l’horizon 2030.  Il est question, a-t-elle expliqué, d’encourager les innovateurs nationaux à se focaliser sur l’objectif national de dépollution de la mer Baltique.

Il est de bon aloi que les feuilles de route nationales sur l’innovation tiennent compte des écosystèmes locaux, a suggéré M. ALESSANDRO RAINOLDI, du Centre commun de recherche de la Commission européenne.  Abondant dans ce même sens, M. SLAVO RADOSEVIC, professeur d’industrie et d’études sur l’innovation de University College London, a appelé les différents États Membres à maîtriser d’abord leur environnement d’innovation, selon la fameuse formule du « connais-toi toi-même ».  Selon lui, il ne faut pas oublier que les trajectoires technologiques ne sont pas les mêmes et que, par conséquent, chaque pays a un écosystème distinct des autres.  Qu’à cela ne tienne, « il faut que toutes les parties prenantes nationales soient impliquées dans la mise en œuvre de l’écosystème local d’innovation », a plaidé Mme CAROLINA ROJAS, de Engineering for Change, représentant le grand groupe des enfants et des jeunes.  Elle a mis en garde contre les incidences négatives des innovations et recommandé, à cet égard, d’en évaluer les répercussions éthiques.  Elle a aussi conseillé d’impliquer les jeunes, qui doivent s’approprier ces innovations, dans une approche de solidarité intergénérationnelle.

La solidarité a été également magnifiée par le Ministre de l’industrie, de la science, de la technologie et de l’innovation du Cambodge.  M. PRASIDH CHAM a affirmé que l’écosystème national tient compte des réalités locales, même s’il a été mis en place grâce à des fonds onusiens.  Enfin, pour un pays comme le Japon résolument tourné vers l’innovation, il est aussi important de partager l’expérience nationale avec d’autres, comme le fait déjà son pays avec la Zambie et le Kenya dans le cadre du partage des meilleures pratiques en matière de STI. 

Session thématique 4: « Biens publics numériques mondiaux, numérisation, intelligence artificielle - connectons le monde d’ici à 2030 » 

Dans ses propos introductifs, la modératrice de cette session, Mme ANITA GURUMURTHY, qui est Directrice exécutive de IT for Change à Bangalore (Inde) et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a d’emblée misé sur la connectivité universelle, dans la perspective de « démocratiser l’accès à Internet dans le monde ».  Elle a encouragé les membres du panel à réfléchir à ce que serait un paradigme juste du numérique. 

Rebondissant sur ces remarques, Mme LIV MARTE NORDHAUG, Coprésidente de Digital Public Goods Alliance, a rappelé que ces « biens publics numérisés » sont définis dans la feuille de route du Secrétaire général sur la question du « numérique mondial », en disant qu’il faut tirer profit de solutions communes pour relever les défis dans ce domaine transformateur.  Il faut notamment pouvoir compter sur des financements suffisants et une mobilisation de la recherche au profit de tous, ce qui implique une approche hautement collaborative, y compris avec les industries, pour mettre en place ces biens publics numériques mondiaux, a-t-elle précisé.  Répondant à une question sur le rôle de l’aide publique au développement (APD) dans le financement de ces biens publics mondiaux dans les pays en développement, Mme Nordhaug a expliqué qu’il faut éviter qu’il y ait des pressions financières pour assurer la pérennité et la pertinence de ces biens dans le monde en développement.  L’APD pourrait, selon elle, être utilisée de manière bien plus efficace dans ce domaine.

À l’aune du Sommet pour l’avenir de l’ONU, la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations et Envoyée par intérim du Secrétaire général pour les technologies, Mme MARIA FRANCESCA SPATOLISANO, a évoqué le rôle que pourrait jouer à cet égard le futur pacte numérique mondial prévu par le Secrétaire général.  Face aux changements technologiques rapides et aux transformations à l’échelle mondiale apportées par la technologie numérique, elle a invité à mobiliser la coopération pour tirer parti pleinement de l’ère numérique et éviter d’en subir ses inconvénients.  Ce pacte est une chance unique de le faire puisqu’il regroupe les États Membres et la société civile, qui devront réfléchir ensemble aux principes devant régir le monde numérique.  Pour préparer le terrain, le Bureau de Mme Spatolisano organise des tables-rondes sur divers aspects du sujet et travaille avec les partenaires, au sein des Nations Unies et au-delà, pour parvenir à un monde numérisé plus sûr et prêt à la connectivité universelle.  Mais pour l’instant, plus de 2,9 milliards de personnes ne sont toujours pas connectées à Internet, a-t-elle regretté en soulignant que le numérique est pourtant devenu un outil efficace pour lutter contre les inégalités dans le monde.  Elle a donc appelé à forger une nouvelle vision de la coopération mondiale dans le domaine du numérique.  Pour que les États Membres puissent soumettre leurs idées et recommandations relatives au futur Pacte numérique mondial, Mme Spatolisano a précisé qu’une page Web sera mise en place par son Bureau.  L’objectif du Web doit être de servir l’humanité, a-t-elle conclu: « alors, travaillons ensemble maintenant pour l’avenir. »

Parmi ceux qui doivent participer à la gouvernance numérique, la Directrice exécutive de la Open Knowledge Foundation, Mme RENATA AVILA, a invité à donner la place qu’ils méritent aux jeunes et à miser sur une vision positive de l’avenir.  Les jeunes qui ont accès au numérique vont pouvoir contribuer aux solutions de demain, a-t-elle espéré.  Pour éviter « l’utopie du numérique », elle a souligné l’importance non seulement des législations nationales mais aussi de la coopération dans ce domaine pour atteindre une plus grande équité numérique parce que, même s’il existe un certain élan à financer l’infrastructure numérique dans le monde, l’hémisphère Sud n’a toujours pas suffisamment de moyens pour rattraper son retard numérique et pour investir dans l’innovation.  Dans ce contexte, Mme Avila a même parlé du « UNverse », en clin d’œil au « Metaverse ». 

Rebondissant sur cette question pour parler du financement de l’infrastructure numérique en Afrique, le représentant du Sénégal a estimé que les efforts à mener pour diminuer la fracture numérique doivent commencer au niveau national en mobilisant les forces propres de chaque pays.  Cependant, a-t-il concédé, cela dépend aussi de la coopération internationale qui reste nécessaire pour accompagner la numérisation de sociétés africaines. 

Abondant en ce sens, M. ALLY NYAMAWE, Directeur de AI4D, un laboratoire de recherche multidisciplinaire anglophone d’Afrique, basé en République-unie de Tanzanie, a appelé à réfléchir aux moyens pour l’Afrique de tirer profit des progrès de l’intelligence artificielle (IA) et de la numérisation, y voyant des outils précieux pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), notamment à travers des gains de productivité et dans les domaines de la santé et de l’éducation.  M. Nyamawe a affirmé que l’Afrique essaye de rattraper son retard en termes d’infrastructures numériques, mais expliqué que le continent se heurte aussi à un problème de qualifications et d’accès.  Son laboratoire de cherche, par exemple, a développé des programmes de mentorat pour les jeunes, mais cela suppose que ces jeunes aient accès au numérique et au matériel, comme des ordinateurs.  Il a donc recommandé d’adopter non seulement des politiques favorables au développement de la technologie et de l’intelligence artificielle, mais aussi des réglementations pour l’utilisation de l’IA.  Il a conclu son intervention en soulignant à son tour l’importance de la collaboration et de la coopération pour pouvoir aller plus loin en matière d’infrastructures numériques et de données en Afrique.

C’est un « modèle multipartite » qu’il faut pour la gouvernance mondiale d’Internet, a confirmé M. PAUL MITCHELL, le Président du Forum pour la gouvernance d’Internet, forum fondé sur l’idée d’une collaboration multipartite pour cet écosystème émergeant, par opposition à une approche individuelle descendante pour chaque pays.  Le Forum a pu répondre à des besoins spécifiques concernant les bonnes pratiques et les pratiques régionales, a-t-il fait valoir en indiquant qu’il compte plus de 24 coalitions; il a aussi permis de mieux comprendre les nouveaux marchés et d’accélérer les partenariats dans ce domaine.  Notant que, cette semaine, plus de 60 pays ont signé une déclaration sur Internet interfonctionnel, libre et sûr, M. Mitchell a annoncé que le prochain Forum pour la gouvernance d’Internet se tiendra cette année en Éthiopie.

Lui emboîtant le pas, M. ABDEL KARIM SAMAKIE, Directeur de Innovation Driven Enterprises, Digital Cooperation Organization, une organisation multilatérale créée en novembre 2020 pour promouvoir une croissance inclusive de l’économie numérique, a mis l’accent sur l’importance des biens publics numériques mondiaux pour permettre la connectivité à travers des politiques numériques nationales inclusives.  Son organisation se consacre notamment à la coopération entre gouvernements et secteur privé dans ce domaine dans le but de permettre aux entrepreneurs de participer à la pérennisation des biens publics numériques, a-t-il expliqué.  De son côté, la représentante du grand groupe sur la science et la technologie, Mme REINE ESSOBMADIE, de la Fédération mondiale des organisations d’ingénieurs (FMOI), a mis en avant le rôle des ingénieurs pour façonner des sociétés se basant sur le principe d’équité et ouvrir la voie à un monde connecté d’ici à 2030, alors que la représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, Mme ONA AMBROZAITE, a plaidé, comme Mme Avila, en faveur de la participation des jeunes à la gouvernance numérique, le but étant d’élaborer des politiques inclusives et des stratégies qui veillent à la viabilité à long terme des biens publics numériques. 

Session thématique 5: « Technologies émergentes d’élimination du dioxyde de carbone pour lutter contre les changements climatiques ». 

Modérée par Mme CHERRY MURRAY, Coprésidente du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies et professeure de physique à l’Université de l’Arizona, cette session thématique a offert l’opportunité aux participants d’échanger sur les besoins croissants en matière de technologies d’élimination du dioxyde de carbone (EDC), le déploiement de ces technologies dans le monde et l’état des connaissances à leur sujet.  Le dernier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne la nécessité d’accroître l’utilisation de ces technologies pour restreindre l’augmentation des températures dans les limites prévues par l’Accord de Paris, a fait remarquer la modératrice, ajoutant que faute d’atteindre cet objectif, des mesures correctives seront indispensables. 

Premier panéliste à s’exprimer, M. KEYWAN RIAHI, Directeur du programme énergie, climat et environnement de l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués (Autriche) et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a expliqué qu’il existe différentes possibilités pour retirer le CO2 qui s’est accumulé dans l’atmosphère en quantités gigantesques.  En le retirant, nous pouvons réduire les niveaux de concentration du principal gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique, a-t-il précisé.  Dans son sixième rapport d’évaluation, le GIEC conclut que les technologies EDC sont nécessaires pour stabiliser le climat parce qu’elles peuvent s’ajouter aux autres mesures d’atténuation, en plus de la réduction des émissions carbonées, a poursuivi le chercheur.  Une fois atteint l’objectif de « zéro émission nette », 90% des actions climatiques pourraient, d’après lui, prendre la forme de mesures d’atténuation, les 10% restants étant réalisés par des technologies d’élimination.  Mais ces technologies doivent encore passer à la phase de recherche à celle du développement et de la mise à l’échelle, ce qui implique des investissements massifs. 

À sa suite, M. JAN MINX, professeur à l’Institut de recherche Mercator (Allemagne) et contributeur au sixième rapport du GIEC, a relevé que si les technologies EDC sont nécessaires pour atteindre l’objectif de zéro émission nette, il appartient à chaque pays de choisir la méthode qui lui convient.  Selon lui, les méthodes disponibles vont de la biologie terrestre (reboisement, biochar) à la biologie océanique (gestion du carbone bleu), en passant par la géochimie et la chimie, via la capture et le stockage directs du carbone dans l’air.  Il a toutefois reconnu qu’il n’existe pas de « technologie EDC miracle ».  Pour l’heure, le monde est à la traîne dans le déploiement et la mise à l’échelle de telles technologies, a-t-il averti, jugeant essentiel d’en promouvoir le développement en stimulant la demande.  Beaucoup reste à faire en termes de vérifications, de suivi et de développement pour progresser sur le plan technologique et aller de l’avant sur le plan politique, a reconnu le scientifique. 

La parole a ensuite donnée à des « praticiens », en commençant par M. ALLY MASOUD KIPANYA, Directeur général de Kaypee Motors (République-Unie de Tanzanie), dont l’entreprise a conçu une voiture respectueuse de l’environnement.  Depuis trop longtemps, a-t-il dit, l’Afrique est traitée comme un « dépotoir » et beaucoup de ses habitants y contribuent en utilisant des véhicules d’occasion usés et polluants.  J’ai voulu y remédier en participant à l’effort environnemental, a confié cet entrepreneur, qui a travaillé durant deux ans sur un prototype de voiture propre avant d’en lancer la commercialisation il y a un mois.  Il reste encore à obtenir l’homologation du bureau des normes tanzanien mais l’accueil est bon, a-t-il confié, reconnaissant cependant qu’acheter une voiture neuve reste « étrange » en Afrique.   

Lui emboîtant le pas, M. ANIRUDDHA SHARMA, Directeur général de Carbon Clean Solutions (Inde), a présenté son entreprise fondée en 2007 et centrée sur l’élimination des émissions de carbone des industries émettant le plus de gaz à effet de serre.  Cela concerne tout particulièrement les secteurs de l’acier, du ciment et de l’industrie pétrochimique, a-t-il précisé.  Son entreprise s’appuie sur des technologies EDC pour planifier des opérations de captage du dioxyde de carbone et arriver au net zéro.  En forte croissance, elle compte aujourd’hui 44 sites et propose ses services à des pays développés tels que le Japon, la Suisse et l’Allemagne.  Entre 2010 et 2020, les capacités d’installation pour ces technologies ont progressé de 1 600%, s’est-il félicité, jugeant toutefois important qu’un débat ait lieu, sous l’égide de l’ONU, sur le déploiement de l’EDC dans les pays en développement. 

Le représentant de la Fédération de Russie a souligné l’importance qu’accorde son pays au bilan carbone de ses vastes écosystèmes, qu’il s’agisse de forêts ou de terres agricoles.  Nous créons des sites de traitement du carbone et recueillons des données au sol en recourant à l’intelligence artificielle, a-t-il expliqué, le but étant de créer un système fiable de surveillance des gaz à effet de serre sur la base d’observations spatiales, de capteurs au sol et de technologies numériques.  Il importe maintenant que les systèmes russes de surveillance du carbone se synchronisent avec d’autres systèmes nationaux dans un esprit de reconnaissance mutuelle, a-t-il plaidé, rappelant au passage que les écosystèmes et les sols sont capables d’absorber 1 000 milliards de tonnes de gaz à effet de serre accumulés dans l’atmosphère et de les ramener à des niveaux sûrs.  Avec 20% des forêts mondiales sur près de 10 millions de kilomètres carrés, mais aussi au travers de son agriculture, la Russie développe des méthodes de séquestration du carbone et est ouverte à des collaborations technologiques au niveau international, a indiqué le représentant. 

Intéressée par cette présentation, Mme LEE KHENG HENG, Cheffe de section à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en charge du centre conjoint FAO/AIEA sur les techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture, a fait observer que l’agriculture contribue à 25% des émissions de gaz à effet de serre anthropiques.  Dans le même temps, elle constitue un puits de carbone majeur, qui absorbe environ un tiers des émissions de CO2.  En adoptant des pratiques agricoles intelligentes face au climat, telles que l’incorporation de résidus de cultures, le biochar, les engrais verts, les rotations de cultures et le contrôle de l’érosion des sols, il est possible, selon elle, d’augmenter le carbone dans les plantes pour qu’il soit séquestré dans le sol.  Ces processus doivent cependant être acceptés par toutes les parties prenantes et considérés dans le contexte de la sécurité alimentaire, a-t-elle fait valoir, jugeant que leur intérêt réside dans l’équilibre à long terme entre l’absorption et la libération du carbone. 

Mme KATHLEEN DRAPER, Présidente du Conseil d’administration de l’ONG Biochar Initiative et Directrice de l’Ithaca Institute for Carbon Intelligence (États-Unis), s’est pour sa part étendue sur le biochar, qui est le fruit d’un amendement du sol issu de la pyrolyse de biomasse.  Notant que le biochar est probablement la plus ancienne solution anthropique d’élimination du dioxyde de carbone, elle l’a présenté comme sûr, évolutif et prêt à l’emploi.  Il peut aider les pays à accroître leur ambition climatique tout en soutenant 12 des 17 ODD des Nations Unies.  Elle a dit compter sur ce forum onusien pour mieux faire connaître cette solution de séquestration à long terme du carbone atmosphérique, obtenir des financements pour la mise à l’échelle des projets en préparation et encourager les pays à développer des plans de décarbonisation basés sur le biochar. 

À contre-courant des précédentes interventions, Mme SILVIA RIBEIRO, Directrice du Groupe ETC pour l’Amérique latine (Uruguay), a constaté qu’aucune des technologies d’élimination du dioxyde de carbone proposées ne s’attaque aux causes profondes des changements climatiques, telles que les combustibles fossiles, les systèmes alimentaires industriels et les modes de consommation et de production.  À l’instar des autres propositions de géo-ingénierie, toutes les technologies EDC ont d’importants impacts environnementaux et rien ne prouve qu’elles puissent permettre de lutter contre les changements climatiques, a-t-elle observé.  En effet, plus de 80% des installations actuelles de captage et de stockage du carbone sont utilisées pour accéder au pétrole en profondeur, ce qui entraîne une augmentation des émissions de CO2.  De plus, les propositions de capture aérienne directe sont extrêmement coûteuses et énergivores, ce qui pourrait également entraîner une augmentation des émissions ou une grave concurrence pour les sources renouvelables.  Par ailleurs, outre le fait que certains projets risquent d’empiéter sur des territoires autochtones, les technologies EDC fournissent une excuse aux industries polluantes et aux gouvernements pour éviter de réduire leurs émissions de carbone, moyennant une compensation technologique théorique à l’avenir.  « C’est un pari dangereux » car cela « gaspille le temps limité et les ressources publiques », a tonné Mme Ribeiro, pour qui il serait plus judicieux de mettre en place des mécanismes d’évaluation de la technologie impliquant une diversité de perspectives, y compris celles des femmes, des jeunes et des peuples autochtones. 

En réponse à ces remarques et observations, M. Minx a indiqué que, pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius, les technologies EDC sont « nécessaires mais pas suffisantes ».  Il faut parvenir à zéro émission nette et ce ne sera pas possible sans l’EDC, a-t-il insisté, invitant les pays à réfléchir à leurs ambitions en la matière.  Les modèles existants font apparaître qu’il reste des émissions résiduelles qu’il faut compenser.  Il est donc important de pouvoir disposer des technologies qui permettent de le faire, avec plus ou moins de stockage de CO2.  Un avis partagé par M. Aniruddha Sharma, qui a confirmé qu’il n’y a pas de solution unique pour éliminer le CO2.  Dans certains endroits, il est préférable de recourir à l’EDC couplé au biochar, ailleurs ce peut être l’EDC avec la décarbonisation ou encore l’EDC et la capture de carbone.  En tout état de cause, il faut réfléchir aux trajectoires les moins coûteuses par régions, a-t-il préconisé.  De son côté, M. Keywan Riahi a réaffirmé que les technologies EDC n’ont pas vocation à remplacer les mesures d’atténuation mais à les compenser.  Selon lui, l’ONU a un rôle majeur à jouer en proposant un cadre dans lequel les pays pourraient collaborer autour de stratégies de réduction des risques. 

Suite de la session ministérielle: « La science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des ODD et une reprise durable après la pandémie de COVID-19 »

« Nous avons besoin de normes internationales pour régir la bonne utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) », a insisté le représentant de la Bolivie, après avoir précisé que la pandémie de COVID-19 avait aggravé la fracture numérique entre pays en développement et pays développés.  Il a insisté pour que l’accès à Internet soit un droit, précisant ensuite que son pays était lancé dans le développement de la connectivité à la fibre optique et des relais radios.  Son homologue de la Fédération de Russie a précisé que l’Académie russe des sciences fêterait son trois centième anniversaire en 2024 et que son gouvernement avait proclamé 2022-2031 décennie de la science en Russie. 

Session thématique 6: « Atteindre les objectifs de développement durable: les prochaines étapes pour le Mécanisme de facilitation des technologies et ses partenaires »

Comme l’a rappelé le Président de cette session, le Président de l’ECOSOC lui-même, M. COLLEN VIXEN KELAPILE, le Mécanisme de facilitation des technologies a été créé par le Programme d’action d’Addis-Abeba en 2015 pour soutenir la réalisation des ODD.  Depuis lors, ce forum sur le STI a mobilisé des milliers d’acteurs scientifiques et technologiques, dont beaucoup n’avaient jamais collaboré auparavant avec l’ONU.  Lors de cette session thématique, les panélistes ont apporté des mises à jour sur les principales activités du Mécanisme, y compris l’Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies pour la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des ODD et le Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, et discuté des moyens de renforcer leur impact.  Certaines des initiatives prises par les partenaires du Mécanisme ont également été mises en avant.  Ces interventions devraient fournir une base supplémentaire pour identifier les priorités clefs pour le Mécanisme à l’avenir, a espéré le Président. 

C’était au tour des deux Coprésidentes du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM et Mme CHERRY MURRAY, et des deux Coprésidents du septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable, M. KENNEDY GODFREY GASTORN (République-Unie de Tanzanie) et M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), de faire le point sur les enseignements retenus de ces deux journées. 

Mme Abdool Karim a essayé de synthétiser ce « que nous devrions faire » pour accélérer la réalisation des ODD à travers une approche inclusive.  Alors que la pandémie n’est pas finie, elle a mis en garde contre la survenance de nouvelles pandémies et de catastrophes naturelles, en plaidant pour une meilleure préparation, notamment grâce au renforcement des capacités locales et des partenariats.  Il faut en outre examiner la manière dont les STI ont permis de faire des bonds en avant et remédier aux fossés qui se sont creusés pendant la pandémie.  L’interface politique/société doit permettre de déboucher sur des approches axées sur la personne plus efficaces, avec des partenariats essentiels sur cette voie.  Il faut « un écosystème de l’innovation » pour identifier les problèmes communs et y apporter des réponses, puis les décliner au niveau local, a poursuivi la panéliste.  Elle a ensuite mis l’accent sur l’impératif d’un enseignement inclusif et axé sur les sciences, sans pour autant se laisser dépasser par les événements.  Avant de conclure, Mme Abdool Karim a lancé l’idée d’organiser le prochain forum sur les STI dans un pays à faible revenu, une proposition que Mme Murray a d’ailleurs soutenue. 

Partageant l’analyse de Mme Abdool Karim, Mme Murray s’est dite très optimiste après ces deux jours et elle a dit avoir le sentiment d’un élan positif malgré les défis à relever dans le monde et les retours en arrière en termes de développement et de pauvreté.  Il y a un vrai enthousiasme à poursuivre les partenariats et les initiatives à travers le Mécanisme de facilitation des technologies, s’est réjouie Mme Murray avant de souligner que l’un des aspects sur lesquels le Mécanisme devrait travailler sont de meilleures solutions pour les biens publics numériques.

M. Gastorn a recommandé d’accélérer les progrès pour relever les défis de l’économie numérique.  Il s’agit avant tout d’assurer une connectivité significative pour les 2,9 milliards de personnes qui n’ont toujours pas accès à Internet.  La pandémie de COVID-19 a montré le bénéfice des biens publics numériques tels que les infrastructures numériques, mais davantage d’investissements sont nécessaires dans ces infrastructures, y compris de la part du secteur public.  Il est également nécessaire d’assurer une gouvernance inclusive et participative d’Internet, de soutenir un environnement en ligne sûr, d’assurer une protection et une confidentialité adéquates des données et de minimiser les impacts environnementaux négatifs.  M. Gastorn a également retenu des échanges de cette session qu’il faut éviter la transposition des préjugés existants sur la sphère en ligne ce qui suppose une approche multipartite de la gouvernance de l’Internet. 

Deuxièmement, le forum a souligné la nécessité de renforcer les capacités en STI dans les pays en développement, qui investissent souvent une part beaucoup plus faible de leurs revenus dans l’innovation, a-t-il poursuivi, en mentionnant le potentiel du développement de partenariats plus larges, y compris des partenariats Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaires, et de la nécessité non seulement d’un transfert de technologies, mais aussi d’une assistance pour leur adoption et leur mise en œuvre.  En effet, la technologie doit être adaptée aux besoins et aux priorités locales.  Enfin, M. Gastorn a retenu qu’il faut accroître les investissements dans les systèmes nationaux d’innovation, mesurés non seulement en termes de recherche et développement, mais aussi en termes d’enseignement secondaire et supérieur, de financement de l’innovation et de soutien public à la recherche fondamentale.  En outre, les participants au forum ont souligné l’importance des engagements multipartites dans l’identification des priorités.  Il faut aussi pouvoir s’appuyer sur des réseaux mondiaux ainsi que sur des partenariats public-privé dans la mise en œuvre des innovations, a-t-il ajouté.  Le travail de l’Équipe spéciale interinstitutions peut jouer un rôle important à cet égard, a estimé le Coprésident, espérant qu’il puisse guider efficacement les efforts menés avec les STI pour réaliser les ODD de manière articulée, homogène, évolutive, équitable, systémique, collaborative et mondiale.  Il a de plus rappelé que le Groupe des 10 hauts représentants a proposé de créer un réseau international de banques d’idées et de fonds pour l’innovation en tant que référentiel pour l’identification des problèmes, des opportunités et des solutions, ouvert à tous.

Lui emboîtant le pas, M. Kyslytsya a mis l’accent sur le rôle crucial joué par les STI dans la riposte à la pandémie de COVID-19, en particulier dans les efforts mondiaux pour développer des vaccins, des thérapies et des diagnostics en un temps record.  Cependant, l’expérience a également montré la nécessité de renforcer la préparation, d’assurer un plus grand partage de données et d’informations, et de bien collaborer sur la recherche et le partage des leçons apprises.  Il est également nécessaire de surmonter les inégalités en matière de distribution des vaccins, de développer des capacités de fabrication dans davantage de pays, de lutter contre la désinformation et de poursuivre les efforts de recherche pour combattre les futurs variants du virus. 

Quant aux STI dans l’éducation, le représentant de l’Ukraine a souligné le rôle clef de la technologie numérique, qui a permis la poursuite des activités éducatives pour des millions de personnes pendant la pandémie.  Cependant, il a été noté que la technologie n’était pas une solution miracle, a-t-il relevé puisque le passage à l’éducation en ligne a révélé une forte fracture numérique: plus d’un milliard d’enfants sans accès à Internet ont risqué d’être laissés pour compte.  Des efforts supplémentaires sont donc nécessaires pour combler ce fossé numérique et renforcer la formation aux compétences numériques.  En outre, le passage aux outils éducatifs numériques a entraîné une baisse des résultats scolaires et des problèmes de santé mentale.  Il faudra en tenir compte à l’avenir dans les nouveaux programmes et dans le développement professionnel continu des enseignants.  M. Kyslytsya a souligné qu’il a été dit que trop souvent les investissements dans la technologie éducative étaient axés sur la technologie plutôt que sur l’être humain.  Selon lui, il faut des politiques fondées sur des données probantes et des partenariats multipartites pour avoir un impact.  Les différences de capacités entre les pays doivent également être reconnues pour combler les inégalités existantes.  Enfin, alors que les femmes ne représentent qu’un tiers de la main-d’œuvre dans les STI, M. Kyslytsya a encouragé des initiatives pour promouvoir la présence des femmes dans ce domaine.

Tous ont soutenu et approuvé les feuilles de route du Partenariat en action sur les STI pour les ODD et ont appelé les autres États Membres à se joindre à eux en partageant leurs expériences et leurs bonnes pratiques, et en établissant une plateforme de partenaires partageant les mêmes idées sur les STI pour les ODD.

M. KN (GUNA) GUNALAN, du grand groupe des entreprises et de l’industrie, a, lui aussi, soutenu le Mécanisme de facilitation des technologies et l’a appelé à collaborer plus étroitement avec le Grand groupe en faisant valoir qu’avec la COVID-19, les scientifiques et les ingénieurs sont devenus les leaders.

Clôture du forum

En clôture de ce septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), Mme AMINA J.  MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a constaté qu’à l’approche du point médian du Programme 2030, les promesses risquent de ne pas être tenues, notamment pour ce qui est d’assurer l’accès à une éducation de qualité, une énergie propre et des soins de santé.  Indéniablement, a-t-elle reconnu, nous avons perdu du terrain ces deux dernières années en raison des effets de la pandémie de COVID-19, qui a fait au moins six millions de morts et détruit des moyens de subsistance.  Il est impératif, selon elle, de tirer les leçons de cette crise, comme cela a été réitéré ces deux derniers jours, et de reconstruire en mieux en prenant des décisions plus intelligentes fondées sur la science et les preuves.  De fait, a souligné Mme Mohammed, nous pouvons faire des choix qui transforment notre relation avec la nature, inversent la montée des inégalités et renforcent la résilience en vue de la prochaine crise, qu’il s’agisse d’un conflit, d’une catastrophe naturelle ou d’une nouvelle pandémie. 

De l’avis de la Vice-Secrétaire générale, l’un des développements les plus prometteurs des trois dernières années a été la pleine compréhension du potentiel transformateur des STI pour les vies humaines.  « Nous avons observé en temps réel ce que la science peut accomplir en quelques mois quand les efforts sont alignés et les connaissances mutualisées autour d’un objectif commun », a-t-elle relevé, rappelant à cet égard que des vaccins contre la COVID-19 ont été développés et diffusés à une vitesse sans précédent.  De plus, les nouvelles technologies ont permis aux étudiants de poursuivre leurs études à distance lorsque les établissements d’enseignement étaient fermés, avec le potentiel de rendre plus accessible l’éducation de qualité.  Cela étant, ces évolutions ont aussi fait apparaître des divisions menaçant de perpétuer des inégalités existantes et d’en créer de nouvelles, a nuancé Mme Mohammed, avant d’observer que l’accès au vaccin, construit sur des décennies de recherche publique, reste très inégal, ce qui prolonge la pandémie. 

À ses yeux, la numérisation est très prometteuse dans la mesure où elle permet l’accès à des services essentiels, comme l’éducation et les soins de santé, ainsi que le partage des connaissances pour la mise en œuvre de solutions technologiques à un large éventail de défis.  Toutefois, ce potentiel ne peut être exploité lorsque seulement 63% de la population mondiale utilise Internet, a averti la Vice-Secrétaire générale, pour qui les STI constituent, par conséquent, la meilleure raison d’espérer.  En effet, les discussions sur les technologies d’élimination du dioxyde de carbone, les pédagogies d’apprentissage numérique, les bio et nanotechnologies, et les scénarios STI ont mis en évidence des outils incroyables dont nous pouvons user pour améliorer notre avenir.  Mais, comme cela a été rappelé au cours de ce forum, les STI doivent être orientées vers la réduction des inégalités, l’élimination des préjugés et de la discrimination, et l’atténuation des compromis pour atteindre les ODD.  Cela ne pourra se faire qu’en travaillant non pas en silos, mais en collaboration entre les disciplines et en cocréant des connaissances avec ceux dont nous voulons faire profiter des STI, a-t-elle souligné. 

Il convient donc de collaborer « au-delà des frontières et des disciplines », a conclu Mme Mohammed, non sans rappeler que, dans son rapport sur un « Notre Programme commun », le Secrétaire général a insisté sur le rôle crucial des STI pour la gestion des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration de l’éducation et des systèmes de santé, l’expansion des soins de santé et le renforcement de la résilience. 

M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé, à la clôture des travaux, que ce forum sur les STI est arrivé à point nommé car il a fourni l’occasion d’aider à trouver des solutions à un certain nombre de défis qui se chevauchent et auxquels le monde est confronté aujourd’hui: la pandémie actuelle de COVID-19, l’impact toujours plus présent des changements climatiques, ainsi que les conséquences économiques mondiales de la guerre en Ukraine.  Il a rappelé que ces crises ont inversé les progrès du développement dans de nombreux pays, menaçant de mettre les ODD hors de portée et conduisant à une décennie perdue pour le développement. 

Des solutions innovantes basées sur la science, la technologie et l’innovation, comme celles présentées à ce forum, sont donc plus que jamais nécessaires car elles peuvent contribuer à un environnement inclusif et résilient pour soutenir la réalisation des ODD, a-t-il souligné.  Évoquant le potentiel des STI, il a tout de même souligné les dangers et craintes qui leurs sont associés, et le besoin de les exploiter en toute sécurité, de manière éthique et dans le respect des droits de l’homme.  Pour renforcer l’impact positif des STI dans les pays en développement, il a mentionné l’importance de prendre des mesures pour soutenir la transition vers le numérique, notamment en veillant à supprimer la fracture numérique entre pays et entre sexes.  Alors que nous assistons à une croissance sans précédent du rôle du numérique dans l’économie mondiale, ce qui offre d’importantes opportunités pour contribuer à la réalisation des ODD, le Président de l’ECOSOC a appelé à des efforts accrus pour aider les pays en développement, et les pays les moins avancés (PMA) en particulier, à combler la fracture numérique et à renforcer leurs capacités à tirer parti de l’économie numérique.  Enfin, sur la question cruciale du financement, il a regretté le fait que le Mécanisme de facilitation des technologies et le forum sur les STI n’aient pas encore reçu un soutien financier approprié, ce qui limite la portée de leurs actions. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ukraine: le Conseil de sécurité soutient fermement les efforts déployés par le Secrétaire général afin de parvenir à une solution pacifique

9028e séance – après-midi
CS/14884

Ukraine: le Conseil de sécurité soutient fermement les efforts déployés par le Secrétaire général afin de parvenir à une solution pacifique

Exprimant sa profonde inquiétude concernant le maintien de la paix et de la sécurité de l’Ukraine, le Conseil a, cet après-midi, apporté son ferme soutien aux efforts déployés par le Secrétaire général afin de parvenir à une solution pacifique.

Aux termes d’une déclaration présidentielle adoptée par consensus, le Secrétaire général est prié de le tenir informé « en temps utile » après l’adoption de ce texte. 

Le Conseil, dont la présidence est assurée par les États-Unis pour le mois de mai, rappelle également que tous les États Membres ont souscrit, en vertu de la Charte des Nations Unies, à l’obligation de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques.

Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité exprime sa profonde inquiétude concernant le maintien de la paix et de la sécurité de l’Ukraine. 

Le Conseil rappelle que tous les États Membres ont souscrit, en vertu de la Charte des Nations Unies, à l’obligation de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques.

Le Conseil soutient fermement les efforts déployés par le Secrétaire général afin de parvenir à une solution pacifique.

Le Conseil prie le Secrétaire général de le tenir informé en temps utile après l’adoption de la présente déclaration.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Secrétaire général fait le point sur l’opération menée pour évacuer des civils de l’usine Azovstal à Marioupol, en Ukraine

9027e séance – après-midi 
CS/14882

Conseil de sécurité: le Secrétaire général fait le point sur l’opération menée pour évacuer des civils de l’usine Azovstal à Marioupol, en Ukraine

Le Conseil de sécurité, réuni pour la quinzième fois sur la situation en Ukraine depuis le 24 février dernier, a entendu cet après-midi un exposé du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, sur sa récente visite en Fédération de Russie et en Ukraine, où il a rencontré le Président Putin et le Président Zelenskyy, les 26 et 28 avril respectivement.  M. Guterres s’est dit heureux de pouvoir signaler « un certain succès » dans l’opération de secours menée pour évacuer des civils piégés dans l’aciérie Azovstal à Marioupol, en Ukraine. 

Cette séance d’information, initiée par la présidence américaine du Conseil pour le mois de mai, a également fait intervenir, par visioconférence, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, ainsi qu’une représentante de la société civile. 

À Moscou, « j’ai demandé instamment l’ouverture d’un corridor humanitaire sûr et efficace pour permettre aux civils de se mettre en sécurité depuis l’usine Azovstal », a rapporté le Secrétaire général.  Peu de temps après, il a reçu la confirmation d’un accord de principe.  Nous avons immédiatement lancé les préparatifs avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ainsi qu’avec des représentants russes et les autorités ukrainiennes, a expliqué M. Guterres.  Notre objectif était de permettre dans un premier temps l’évacuation en toute sécurité de ces civils de l’usine Azovstal et plus tard du reste de la ville, dans la direction de leur choix, et d’acheminer l’aide humanitaire.  M. Guterres a fait le point sur une opération humanitaire « d’une grande complexité, tant sur le plan politique qu’en termes de sécurité ». 

Saluant cette opération « vraiment exceptionnelle », M. Griffiths a félicité les autorités de l’Ukraine et de la Fédération de Russie pour leur coopération étroite et constructive.  Pour le responsable onusien, « cela nous a démontré qu’il y a suffisamment de bonne volonté et de terrain d’entente pour travailler ensemble pour sauver des vies ». 

Jusqu’à présent, deux convois sécurisés ont réussi à passer.  Lors du premier, terminé le 3 mai, 101 civils ont été évacués de l’usine Azovstal, ainsi que 59 civils d’une région voisine.  Lors de la deuxième opération, achevée la nuit dernière, plus de 320 civils ont été évacués de la ville de Marioupol et des environs.  Une troisième opération est en cours, a annoncé le Secrétaire général, refusant toutefois d’en livrer les détails avant qu’elle ne soit terminée pour éviter de compromettre ses chances de succès.  « Il est bon de savoir que même en ces temps d’hypercommunication, la diplomatie silencieuse reste encore possible et qu’elle est parfois le seul moyen efficace de produire des résultats », a encore noté M. Guterres. 

Si la majorité des délégations ont, à l’instar de la France, salué l’action de M. Guterres qui a permis l’évacuation de centaines de civils, la Fédération de Russie a en revanche évoqué une « opération médiatique ».  Selon son représentant, l’impression est délibérément créée que l’Ukraine et l’ONU ont réussi à « persuader » la Russie d’ouvrir un couloir humanitaire pour l’évacuation des civils d’Azovstal, alors que ces couloirs sont ouverts régulièrement, s’est-il défendu, accusant les « bandits » d’Azov d’utiliser les personnes comme « boucliers humains ».  Fustigeant « le tissu de mensonges » proférés par son homologue russe, le délégué de l’Ukraine a rappelé les atrocités commises par les forces russes contre des civils ukrainiens, avant de dénoncer l’inertie du Conseil de sécurité.  « Cette salle n’est plus une enceinte de délibération, on peut y sentir l’odeur du sang des civils ukrainiens », a-t-il lancé.

Depuis le début de l’attaque armée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a enregistré 6 731 victimes civiles, a informé Mme Bachelet, convaincue que les chiffres réels sont « considérablement plus élevés ».  Elle a rappelé que depuis plus de huit ans, son Bureau, par le biais de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, suit la situation sur le terrain.  La mission vérifie les allégations de violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans le cadre de cette attaque.  Nombre de ces allégations concernent des violations qui pourraient s’apparenter à des crimes de guerre, a averti Mme Bachelet.  Le nombre de civils tués ou blessés ne cesse de croître, et le sort de milliers de personnes est inconnu, a abondé Mme Tetiana Luzan, de l’organisation Right to Protection, alertant sur le nombre de déplacés qui s’établissait à plus de 7,7 millions de personnes fin avril, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Au-delà des violations des droits de l’homme et du coût humanitaire du conflit, des délégations comme le Brésil, le Kenya ou le Gabon ont mentionné les répercussions économiques négatives de la guerre dans le monde entier, notamment dans les pays en développement.  À ce sujet, le Secrétaire général, qui s’est rendu ultérieurement en Afrique de l’Ouest, a souligné que ses rencontres avec les dirigeants russe et ukrainien ont également porté sur la question cruciale de la sécurité alimentaire.  Nous avons besoin, a précisé M. Guterres, d’une action rapide et décisive pour garantir la libre circulation des vivres et de l’énergie sur des marchés ouverts, en levant les restrictions à l’exportation, en allouant les excédents et des réserves à ceux qui en ont besoin, et en s’attaquant à la hausse des prix des denrées alimentaires. 

Lors de cette réunion, plusieurs délégations ont déploré que Kiev ait été la cible de frappes russes lors de la visite du Secrétaire général, le signe, selon les États-Unis, que la Fédération de Russie ne « respecte pas l’ONU et ne peut être considérée comme un acteur responsable de la communauté internationale ».

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a évoqué devant le Conseil de sécurité sa récente visite en Fédération de Russie et en Ukraine, où il a rencontré le Président Putin et le Président Zelenskyy, les 26 et 28 avril respectivement.  Dans le cadre de cette visite régionale, le Secrétaire général a également eu des entretiens avec le Président Erdogan à Ankara, en Turquie, et le Président Duda à Rzeszów, en Pologne.

« Tout au long de cette visite, je n’ai pas mâché mes mots », a assuré M. Guterres.  « J’ai dit la même chose à Moscou qu’à Kiev », a-t-il poursuivi, à savoir que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est une violation de son intégrité territoriale et de la Charte des Nations Unies.  Elle doit cesser pour le bien des peuples ukrainien, russe et de l’ensemble du monde. 

Le Secrétaire général a dit s’être rendu à Moscou et à Kiev avec une compréhension claire des réalités sur le terrain.  « J’ai pénétré une zone de guerre active en Ukraine sans la possibilité immédiate d’un cessez-le-feu national et dans le cadre d’une attaque à grande échelle dans l’est du pays. »

Avant cette visite, a informé M. Guterres, le Gouvernement ukrainien lui avait lancé un appel personnel sur la détresse des civils dans la ville dévastée de Marioupol et en particulier dans l’usine Azovstal.

Lors de sa rencontre avec le Président Putin, M. Guterres a donc souligné l’impératif de permettre l’accès humanitaire et les évacuations des zones assiégées, y compris et avant tout Marioupol.

« J’ai demandé instamment l’ouverture d’un corridor humanitaire sûr et efficace pour permettre aux civils de se mettre en sécurité depuis l’usine Azovstal », a rapporté le Secrétaire général.  Peu de temps après, il a reçu la confirmation d’un accord de principe.  Nous avons immédiatement lancé les préparatifs avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ainsi qu’avec des représentants russes et les autorités ukrainiennes, a expliqué M. Guterres.  Notre objectif était de permettre dans un premier temps l’évacuation en toute sécurité de ces civils de l’usine Azovstal et plus tard du reste de la ville, dans la direction de leur choix, et d’acheminer l’aide humanitaire.

« Je suis heureux de faire état d’un certain succès », a dit M. Guterres.  Ensemble, l’ONU et le CICR mènent une opération humanitaire d’une grande complexité, tant sur le plan politique qu’en termes de sécurité.

Cette opération a commencé le 29 avril et a nécessité une coordination et un plaidoyer considérables avec la Fédération de Russie et les autorités ukrainiennes.

Jusqu’à présent, deux convois sécurisés ont réussi à passer.  Lors du premier, terminé le 3 mai, 101 civils ont été évacués de l’usine Azovstal, ainsi que 59 civils d’une région voisine.  Lors de la deuxième opération, achevée la nuit dernière, plus de 320 civils ont été évacués de la ville de Marioupol et des environs.

Une troisième opération est en cours, a annoncé le Secrétaire général, refusant toutefois d’en livrer les détails avant qu’elle ne soit terminée pour éviter de compromettre ses chances de succès. 

« Il est bon de savoir que même en ces temps d’hypercommunication, la diplomatie silencieuse reste encore possible et qu’elle est parfois le seul moyen efficace de produire des résultats », a noté M. Guterres.

Jusqu’à présent, ce sont près de 500 civils qui ont été rescapés, a résumé M. Guterres.  Des mères, des enfants et des grands-parents très frêles ont parlé des traumatismes qu’ils ont subis.  Certains avaient un besoin urgent de soins médicaux.  Le Secrétaire général a espéré que la poursuite de la coordination avec Moscou et Kiev conduira à davantage de pauses humanitaires.  « Nous devons continuer de tout mettre en œuvre pour sortir les gens de ces enfers », a-t-il martelé.  Comme il en a discuté hier avec le Président Zelenskyy, l’ONU va continuer à intensifier les opérations humanitaires pour sauver des vies et réduire les souffrances.

M. Guterres a souligné ensuite que ses rencontres avec les deux dirigeants ont également porté sur la question cruciale de la sécurité alimentaire.  En effet, les implications mondiales de cette guerre sont apparues de manière visible dans son voyage ultérieur en Afrique de l’Ouest.  Nous avons besoin, a-t-il précisé, d’une action rapide et décisive pour garantir la libre circulation des vivres et de l’énergie sur des marchés ouverts, en levant les restrictions à l’exportation, en allouant les excédents et des réserves à ceux qui en ont besoin, et en s’attaquant à la hausse des prix des denrées alimentaires.  Toutefois, a-t-il averti, une solution significative à l’insécurité alimentaire mondiale nécessite de réintégrer la production agricole ukrainienne ainsi que la production alimentaire et d’engrais de la Fédération de Russie et du Bélarus sur les marchés mondiaux, en dépit de la guerre.

Je ferai de mon mieux pour aider à faciliter un dialogue à cette fin, a promis M. Guterres.

Le Secrétaire général a rappelé qu’il a créé le Groupe mondial d’intervention en cas de crise alimentaire, énergétique et financière pour mobiliser les institutions onusiennes, les banques de développement multilatéral et autres institutions internationales pour aider les pays à relever ces défis.  Nous ferons des propositions lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, a-t-il indiqué.

« La guerre contre l’Ukraine est insensée dans son ampleur, impitoyable dans ses dimensions et illimitée dans son potentiel de nuisance mondiale », a conclu M. Guterres.  « Le cycle de mort, de destruction, de dislocation et de perturbation doit s’arrêter. »

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a noté que si des progrès diplomatiques se font jour, les souffrances civiles s’aggravent.  En effet, a-t-il constaté, la destruction des infrastructures civiles caractérise désormais ce conflit et plus de 13 millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur foyer, dont 7,7 millions sont déplacés à l’intérieur du pays.  Beaucoup d’autres, souvent des personnes vulnérables, n’ont pas pu fuir et se retrouvent coincées au milieu des combats.  À cela s’ajoutent la menace de violence sexiste, y compris la violence sexuelle liée aux conflits, les abus sexuels et la traite des êtres humains, qui a considérablement augmenté depuis le début de la guerre, a indiqué le haut fonctionnaire.  De plus, les routes sont jonchées d’engins explosifs, mettant la vie des civils en danger et empêchant les convois humanitaires de les atteindre.

Face aux besoins croissants des populations, l’ONU et ses partenaires humanitaires -qui sont au moins 217 à ce jour- ont intensifié leur action à une vitesse record, a souligné M. Griffiths.  Nous avons maintenant plus de 1 400 employés déployés à travers le pays, qui opèrent à partir de huit centres au-delà de Kiev, avec du personnel, des entrepôts et des fournitures dans 30 emplacements, a-t-il dit, précisant que ces efforts ont permis d’aider plus de 4,1 millions de personnes dans les 24 oblasts du pays. 

Selon lui, cette réponse humanitaire comporte trois aspects principaux.  Tout d’abord, des services d’assistance et de protection sont fournis aux personnes déplacées, notamment celles qui commencent à retourner dans des localités gravement frappées.  Cela comprend aussi le rétablissement de services essentiels, a-t-il expliqué, en prenant l’exemple de la réparation d’une infrastructure hydraulique à Irpin par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Dans ces zones, l’injection d’une aide en espèces permet aux civils de choisir ce dont ils ont besoin, tout en contribuant à maintenir les marchés ouverts et les chaînes d’approvisionnement en mouvement.  D’ici à fin mai, nous prévoyons d’atteindre 1,3 million de personnes de cette manière, a ajouté le Secrétaire général adjoint, non sans relever que cette opération a demandé une liaison technique pour se connecter au système de protection sociale ukrainien.  Maintenant que cet objectif est largement atteint, l’aide en espèces va augmenter rapidement, a-t-il assuré. 

Une deuxième partie de la réponse humanitaire de l’ONU consiste à travailler sur le prépositionnement des fournitures vers les bases d’opérations avancées et à accroître la préparation dans les zones où la guerre pourrait se déplacer, a poursuivi M. Griffiths, avant d’indiquer que le troisième volet de ce dispositif consiste à presser les parties pour qu’elles aident à permettre l’acheminement de l’aide aux civils dans les zones de conflit actif ou à négocier afin d’aider les civils à partir vers des zones plus sûres.  À ce jour, a-t-il dit, nous avons été en mesure d’organiser cinq convois d’aide interorganisations vers certaines des zones les plus durement touchées.  Ces bouées de sauvetage pour les civils encerclés par les combats apportent des fournitures médicales, de l’eau, des rations alimentaires, des articles non alimentaires, des systèmes de réparation d’eau et des générateurs. 

Évoquant ensuite l’évacuation, le 2 mai, de plus de 100 civils de l’usine Azovstal à Marioupol, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, M. Griffiths a indiqué qu’une soixantaine de personnes supplémentaires ont rejoint le convoi à la périphérie de la ville et ont ensuite pu se mettre en sécurité.  Qualifiant cette opération de « vraiment exceptionnelle », il a exprimé sa reconnaissance au CICR et aux « premiers intervenants » de l’ONU.  Il a également félicité les autorités de l’Ukraine et de la Fédération de Russie pour leur « coopération étroite et constructive ».  Pour le responsable onusien, « cela nous a démontré qu’il y a suffisamment de bonne volonté et de terrain d’entente pour travailler ensemble pour sauver des vies ». 

Depuis hier, nous avons pu déplacer plus de 320 civils hors de la région de Marioupol, là encore en étroite collaboration avec le CICR et avec la coopération des deux parties au conflit, a poursuivi M. Griffiths, avant de faire état d’une troisième opération, lancée aujourd’hui dans le but d’évacuer davantage de civils de Marioupol et d’Azovstal.  Sans vouloir en dire plus à ce stade, il y a vu « les fruits de notre travail au cours de ces dernières semaines » afin d’obtenir des cessez-le-feu locaux, des pauses ou des fenêtres d’accalmie.  Il s’est dit heureux et « surtout soulagé » de voir que des progrès sont réalisés : les pauses dont dépendaient ces dernières opérations ont, en grande partie, été respectées, a-t-il constaté, promettant de continuer à faire pression pour que davantage de civils puissent quitter librement Marioupol et Azovstal s’ils le souhaitent.  Dans le même temps, nous continuons d’explorer toutes les options pour atteindre davantage de personnes dans les endroits où les besoins sont les plus grands, a affirmé le haut fonctionnaire, selon lequel l’ONU reste fermement déterminée à ne ménager aucun effort pour sauver des vies.  « Le monde attend cela de nous, le peuple ukrainien le mérite. » 

Mme MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire aux droits de l’homme, a rappelé que depuis plus de huit ans, son Bureau, par le biais de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, surveille la situation sur le terrain.  À ce jour, près de 50 rapports périodiques et thématiques ont été publiés, a informé Mme Bachelet.  Le 24 février 2022, comme des millions d’Ukrainiens, le personnel de son Bureau a déménagé dans d’autres régions du pays, a dit la Haute-Commissaire, « fière » qu’il n’ait pas interrompu un seul jour son travail.  Actuellement, la mission a du personnel à Uzghorod, Kiev, Lviv, Dnipro, Donetsk et Odessa et elle effectue des visites de terrain dans diverses parties du pays, y compris la semaine dernière dans les régions de Kiev et de Tchernihiv. 

La mission continue de vérifier les allégations de violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans le cadre de l’attaque armée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Nombre de ces allégations concernent des violations qui pourraient s’apparenter à des crimes de guerre, a averti Mme Bachelet.  Sur la base des travaux de la mission, son Bureau a informé fin mars le Conseil des droits de l’homme, et présentera, lors de la prochaine session du Conseil en juin, un rapport sur la situation des droits de l’homme en Ukraine couvrant la période du 24 février au 15 mai.  « Toutes nos préoccupations restent valables et la situation continue de se détériorer », a-t-elle déploré.

Au soixante et onzième jour de l’escalade des hostilités, Mme Bachelet a évoqué un conflit qui dure depuis huit ans et s’étend aujourd’hui à toutes les régions du pays.  Des incidents meurtriers comme les attaques contre l’hôpital n°3 et le théâtre de Marioupol, la gare de Kramatorsk, ou encore les quartiers résidentiels d’Odessa, sont devenus d’une fréquence choquante.  Plutôt que d’essayer de décrire ce que vivent les victimes, permettez-moi, a-t-elle dit, d’utiliser leurs mots.  « Il a été tué devant sa femme et ses enfants »; « son corps est resté sous les décombres de sa maison, nous n’avons même pas pu l’enterrer »; ou encore, « mon oncle est mort après avoir perdu tout son sang.  Je sais seulement qu’il a été enterré dans une fosse commune ».  Ce sont là quelques messages échangés sur Telegram par des habitants de Marioupol que Mme Bachelet a voulu partager.

La semaine dernière, le 28 avril, alors que le Secrétaire général de l’ONU se rendait à Kiev pour rencontrer le Président de l’Ukraine, M. Volodymyr Zelenskyy, la ville a été touchée par deux missiles.  Au moins une journaliste a été tuée et quatre civils ont été blessés dans l’attaque.  Une équipe du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) était également à Kiev ce jour-là, se préparant à visiter Boutcha.  Le même jour, nous avons confirmé 22 morts civils et 40 blessés civils dans d’autres endroits de l’Ukraine, a dénoncé la responsable onusienne.  Depuis le début de l’attaque russe le 24 février, le HCDH a enregistré 6 731 victimes civiles, a-t-elle informé, se disant convaincue que les chiffres réels sont « considérablement plus élevés ».  La plupart de ces pertes ont été causées par l’utilisation d’armes explosives à large rayon d’impact dans des zones habitées, par des frappes aériennes et des missiles.

Poursuivant, Mme Bachelet a mentionné les conséquences dévastatrices du conflit sur d’autres droits humains.  Dans les zones autour de Kiev, à partir de fin février et pendant environ cinq semaines, les forces armées russes ont pris pour cible des civils de sexe masculin, qu’ils considéraient comme suspects.  Des hommes ont été arrêtés, battus, sommairement exécutés et, dans certains cas, emmenés au Bélarus et en Russie, à l’insu de leurs familles, dans des centres de détention provisoire.  Son personnel a rencontré des familles désespérées à la recherche de leurs proches.

Dans d’autres zones contrôlées par les forces armées russes et des groupes armés affiliés, telles Kharkiv, Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, le HCDH continue de documenter des détentions arbitraires et les allégations de disparitions forcées de représentants des autorités, journalistes, militants de la société civile, militaires retraités des forces armées, et d’autres civils.  Depuis le 4 mai, le Haut-Commissariat a documenté 180 cas de ce type, cinq victimes ayant finalement été retrouvées mortes.

La Haute-Commissaire a également indiqué que ses collaborateurs ont entendu parler de cas de femmes violées par les forces armées russes dans des zones qui étaient sous leur contrôle, ainsi que d’autres allégations de violence sexuelle par les deux parties au conflit.  Et pourtant, la stigmatisation autour du viol et de la violence sexuelle continue d’empêcher les victimes et leurs familles de le signaler.  Cela ne fait que souligner l’importance d’assurer des services de soutien adéquats et sûrs aux victimes, a-t-elle insisté.

Son Bureau est également en train de recueillir des preuves de torture, de mauvais traitements et d’exécutions sommaires de prisonniers de guerre commis par les deux parties, a poursuivi Mme Bachelet.  Pour mettre fin à ces horreurs, les forces armées doivent respecter pleinement leurs obligations en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Il est essentiel, a-t-elle plaidé, que toutes les parties donnent des instructions claires à leurs combattants pour protéger les civils, ainsi pour distinguer les biens civils des biens militaires.  Les commandants des forces armées doivent faire comprendre à leurs membres que quiconque est surpris ou impliqué dans de telles violations sera poursuivi et tenu pour responsable.

En attendant, a conclu Mme Bachelet, les systèmes judiciaires nationaux jouent un rôle crucial, en exhortant les parties au conflit à enquêter sur toutes les violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises par leurs forces armées.  Elle a tenu à saluer les efforts de l’Ukraine à cet égard.  Quant à son Bureau, il s’engage pleinement à soutenir ces systèmes et les travaux de la Commission d’enquête sur l’Ukraine et à coopérer avec le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) et d’autres mécanismes de justice internationale. 

Mme TETIANA LUZAN, Coordonnatrice du plaidoyer à Right to Protection, a déclaré que le monde civilisé doit relever un énorme défi posé par l’invasion par la Russie, relevant en outre que la guerre dure depuis déjà huit ans.  Elle a indiqué que fin avril, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) déclarait que le nombre de déplacés en Ukraine causés par l’invasion russe s’établissait à 7 710 000 personnes, lesquelles ont besoin d’une protection.  « N’oublions pas non plus ces Ukrainiens qui ont dû quitter leur localité à destination de la Russie sans leurs documents d’identité, ces ceux derniers mois », s’est alarmé l’intervenante, en soulignant la nécessité de veiller à ce que ceux qui souhaitent revenir en Ukraine ou se rendre dans d’autres pays puissent le faire.  Les difficultés que rencontrent les enfants ou les femmes en temps de guerre sont colossales, certains enfants ayant dû être envoyés à l’étranger avec des gens qu’ils ne connaissent pas du tout.  Le nombre de civils tués ou blessés ne cesse de croître, et le sort de milliers de personnes est inconnu, s’est-elle encore inquiétée.

Mme Luzan a souligné que les Ukrainiens doivent voir leurs droits respectés pour se prémunir, notamment contre la traite des personnes et recevoir des services psychosociaux.  Les ressortissants d’autres pays qui vivaient en Ukraine doivent également recevoir la même protection, a plaidé l’oratrice.  Elle s’est également préoccupée du sort des milliers de civils qui n’ont pas voulu quitter leurs maisons endommagées et qui doivent recevoir un appui indéfectible, notamment des matériaux de construction et les outils dont ils ont besoin.  Qui plus est, cette destruction sans précédent d’infrastructures civiles nécessite des solutions pérennes de la part des autorités ukrainiennes avec le soutien de la communauté internationale.  Mme Luzan a ensuite appelé tous les membres du Conseil de sécurité, les organisations internationales et les gouvernements à aider sans faille les Ukrainiens en cette période si sombre, au nom des milliers de personnes qui ont déjà péri en Ukraine.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a salué les efforts déployés par l’ONU pour obtenir l’évacuation de civils de l’usine Azovstal de Marioupol.  Il s’est également déclaré fier de tout ce que fait le système de l’ONU pour le peuple ukrainien.  Alors que cette guerre « non provoquée et absurde » entre dans son troisième mois, le monde assiste à une « tragédie sans fin », a constaté le représentant.  Des trêves ont beau avoir été demandées pour Pâques et l’Eïd, les civils continuent d’être bombardés et des actes assimilables à des crimes de guerre se multiplient, a-t-il relevé, ajoutant que les agissements de la Russie ne concernent pas seulement l’Ukraine puisque la transformation du grenier à blé en champ de bataille menace désormais le monde entier.  Dans ce contexte, les Ukrainiens présentés par le Kremlin comme des « frères » sont victimes de toutes sortes de crimes, terrorisés par les forces russes et parfois abattus d’une balle dans la tête. 

« Lorsque vous ne pouvez gagner sur le champ de bataille, vous vous livrez à des atrocités », a-t-il lancé à la Fédération de Russie, avant de dénoncer la rhétorique de Moscou sur une possible guerre nucléaire, appuyée par sa « propagande effrénée ».  Pour le délégué, la Russie peut encore faire marche arrière, s’en remettre à la diplomatie et respecter ses voisins.  Après plusieurs échecs, l’évacuation de civils de Marioupol montre que la diplomatie peut fonctionner lorsque la bonne volonté est de mise, a-t-il souligné.  Il a toutefois indiqué que des personnes évacuées ont été interrogées par le Service fédéral de sécurité (FSB) pour obtenir des renseignements sur les tunnels du complexe d’Azovstal.  Il s’est par ailleurs indigné des déclarations du chef de la diplomatie russe sur le « sang juif de Hitler », une « théorie du complot » qui, selon lui, va encore plus loin que la volonté affichée de « dénazifier » un pays dont le Président est juif.  Enfin, il a jugé scandaleux que Kiev ait été bombardée au moment où le Secrétaire général s’y trouvait.  « On a rarement vu un tel mépris pour l’ONU », a-t-il regretté, se disant certain que le Kremlin imputera cette attaque aux Ukrainiens. 

Dans l’attente d’une cessation des hostilités et de progrès vers une solution diplomatique, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a demandé de mettre l’accent sur la fourniture urgente d’une aide humanitaire et sur la protection de la population civile et des infrastructures nécessaires pour répondre aux besoins fondamentaux.  Le Mexique suivra de près les développements entourant l’enquête annoncée par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI)sur la situation en Ukraine.  Ces enquêtes sont fondamentales, a insisté le délégué, car le droit international est le fondement de cette Organisation, mais aussi du multilatéralisme et de toutes les formes de coexistence respectueuse entre États souverains.  La position du Mexique a été sans équivoque : nous prônons la diplomatie préventive, nous privilégions le dialogue et une solution politique fondée sur le droit international et, surtout, nous plaçons les personnes au centre de l’action de ce Conseil.  Aucune exception, ne doit être toléré, a-t-il rappelé.  Tous les États ayant ratifié la Charte des Nations Unies se sont engagés à respecter la souveraineté, l’indépendance politique et l’intégrité territoriale des États. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué la visite du Secrétaire général à Kiev et à Moscou qui a permis l’évacuation de centaines de civils.  « Mais combien sont encore là-bas, terrés dans les tunnels de l’aciérie Azovstal, bloqués dans les recoins de Marioupol, pilonnés par l’armée russe? » s’est-il alarmé, en jugeant essentiel que l’évacuation des civils se poursuive en toute sécurité et sur la base du volontariat, « en laissant le choix aux personnes évacuées de la destination ».  Le représentant a ensuite condamné la reprise de l’offensive par la Russie et le maintien du siège de la ville au mépris du droit international humanitaire, de même que les frappes indiscriminées qui ont touché Kiev lors de la visite du Secrétaire général.  Pour M. de Rivière, elles traduisent la « faible estime » dans laquelle la Russie tient l’ONU depuis le début de cette guerre.

La priorité est à la cessation immédiate des hostilités et au plein respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, a martelé M. de Rivière.  L’accès humanitaire doit être garanti de toute urgence, à Marioupol et dans toutes les villes assiégées, alors que plus de 15 millions de personnes ont besoin d’aide.  La France continuera à prendre sa part à cet effort, a assuré le représentant, en précisant qu’elle a déjà acheminé plus de 815 tonnes d’aide en réponse à la crise ukrainienne.  Et plus de 22 000 tonnes d’aide d’urgence ont été livrées par l’Union européenne, a-t-il ajouté.  Notre soutien global à l’Ukraine va s’accroître et atteindre deux milliards de dollars comme annoncé lors de la conférence des donateurs organisée par la Pologne et la Suède.  Au-delà de l’Ukraine, le monde entier est affecté par cette guerre qui risque de faire basculer un cinquième de la population mondiale dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire, a dénoncé M. de Rivière.  « Je le dis avec fermeté : les criminels de guerre seront traduits en justice.  Nous soutenons à cet égard le déploiement rapide de mécanismes de reddition de comptes. »  La France continuera ainsi à être résolument engagée aux côtés des Ukrainiens et des juridictions et mécanismes internationaux, notamment la Cour pénale internationale (CPI). 

M. ZHANG JUN (Chine) a rappelé que depuis deux mois, son pays n’a eu de cesse de dire que plus le conflit en Ukraine durera, plus les souffrances seront grandes.  Appelant de ses vœux un arrêt des hostilités, il a salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour créer les conditions propices à un dialogue, faire cesser les combats et soulager les souffrances humaines.  Le délégué s’est félicité qu’à la suite de la visite du Secrétaire général en Russie puis en Ukraine, les parties au conflit aient convenu d’une trêve pour permettre l’évacuation de centaines de civils piégés à Marioupol.  Dans ce contexte, il a une nouvelle fois demandé aux parties de faire montre de toute la retenue possible pour éviter de frapper des personnes et des infrastructures civiles.  La priorité doit aller à l’aide humanitaire, a-t-il dit, appelant à la mise sur pied d’un dispositif de plus grande ampleur grâce à la mobilisation de la communauté internationale. 

Préoccupé par ce conflit prolongé, le délégué a jugé que la fourniture d’armes à l’Ukraine ne permettra pas de ramener la paix.  Le dialogue est la seule solution pour y parvenir, a-t-il assuré, avant d’appeler à la création d’un environnement favorable aux négociations.  Il a également mis en garde ceux qui voudraient « profiter de ces troubles », y voyant un « jeu dangereux avec une possibilité d’effet boomerang ».  La poursuite des combats en Ukraine affecte tous les pays, notamment les pays en développement qui font face à une augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie.  Cela crée davantage d’incertitude et met en péril la sécurité internationale, a-t-il observé, jugeant que « l’insécurité n’est bonne pour personne ».  À ses yeux, l’extension de l’OTAN vers l’Est depuis la guerre froide n’a pas permis de sécuriser l’Europe mais a « fait le lit de ce conflit ».  L’OTAN a pris des mesures qui ont « entraîné une catastrophe », a insisté le délégué, non sans rappeler que son pays marquera, le 7 mai, l’anniversaire du bombardement par l’OTAN de l’ambassade de Chine à Belgrade, durant la guerre en ex-Yougoslavie.  De fait, a-t-il poursuivi, l’OTAN doit « revoir sa copie » et « faire des ajustements » sans créer de confrontations en Europe.  « Le monde ne peut se permettre une nouvelle guerre froide. »

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a déclaré qu’une action urgente est impérative pour endiguer les crises humanitaires croissantes et rétablir l’espoir de paix qui a jusqu’à présent échappé au peuple ukrainien.  Évoquant le récent déplacement du Secrétaire général à Moscou et à Kiev, il a encouragé à continuer de déployer ses bons offices pour appuyer l’effort international visant à mettre fin à la guerre et faciliter une solution diplomatique aux crises sécuritaire et humanitaire en cours en Ukraine.  Le représentant a regretté que les bombardements lourds et les frappes aériennes visant l’aciérie Azovstal aient repris avant que toutes les personnes aient pu être mises en sécurité.  Des efforts intenses doivent être déployés pour assurer l’évacuation immédiate de près de 1 000 personnes, a-t-il indiqué, exhortant les parties à négocier de nouvelles pauses humanitaires ainsi que des couloirs humanitaires démilitarisés dans toutes les zones assiégées.

Le représentant a par ailleurs signalé que les répercussions de la guerre se font déjà ressentir sur les systèmes alimentaires, énergétiques et financiers, provoquant une augmentation sans précédent du coût de la vie dans le monde.  Ces effets économiques accablants, ainsi que les difficultés de la pandémie de COVID‑19, ont le potentiel d’exacerber les tensions sociopolitiques et l’instabilité, notamment dans les économies en développement qui ont peu d’espace budgétaire pour contenir les chocs, a-t-il mis en garde.  Mettre fin à la guerre en Ukraine est urgent non seulement pour éviter une crise humanitaire directe pour les Ukrainiens, mais également pour atténuer un effondrement mondial qui aurait de graves répercussions sur l’économie, la sécurité et l’ordre multilatéral.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a déclaré que la guerre en Ukraine, provoquée par la violation armée de l’intégrité territoriale de ce pays par la Russie, provoque des souffrances extrêmes.  Mais aussi important qu’il soit pour le Conseil de sécurité d’être clair dans sa condamnation de ceux qui violent nos valeurs et règles communes, il est plus urgent d’arrêter le cycle actuel d’escalade, a-t-il estimé.  La guerre elle-même et ses objectifs sont communiqués comme étant d’ordre « existentiel », avec des mentions répétées dans les médias de l’utilisation possible d’armes nucléaires, un « ton apocalyptique » qui pourrait conduire à une escalade bien plus dangereuse, s’est-il inquiété. 

Le représentant a souligné que le monde entier a intérêt à une cessation immédiate des hostilités à des fins humanitaires, suivie d’un cessez-le-feu permettant des négociations constructives entre l’Ukraine et la Russie.  En outre, si nous voulons que les marchés mondiaux jouent un rôle dans le développement des pays du Sud, « plutôt que l’inverse », alors l’ordre sécuritaire de l’Europe doit être stabilisé, a préconisé M. Kimani.  Pour lui, la répartition actuelle des forces géopolitiques dans un conflit croissant rendra pratiquement impossible d’entreprendre une action ambitieuse contre les changements climatiques.  À ce rythme, le système multilatéral risque de ne pas survivre aux multiples crises majeures que nous provoquons tout en minant sa capacité à les résoudre, a-t-il mis en garde.  Il a ensuite exhorté les États Membres à faire davantage confiance aux bons offices du Secrétaire général. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), non sans déplorer les violations des droits de l’homme et les coûts humanitaires du conflit en Ukraine, s’est alarmé de son impact négatif sur les économies du monde entier.  Il a cité l’envolée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, avec leurs graves conséquences, en particulier pour les pays en développement.  Le délégué a insisté sur l’importance pour toutes les parties au conflit de respecter pleinement le droit humanitaire international, notamment les dispositions relatives à la protection des civils.  Pour sa part, le Brésil contribue aux efforts humanitaires en offrant une aide aux citoyens qui fuient le conflit armé en Ukraine.  Depuis mars dernier, a précisé le délégué, le pays a accordé des visas temporaires et une autorisation de résidence à des ressortissants ukrainiens ou personnes apatrides qui ont été affectés ou déplacés par les événements en Ukraine.  Pour finir, il a jugé nécessaire d’envisager des négociations diplomatiques afin de trouver une solution pacifique et durable à la crise.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déclaré que les attaques qui ont frappé Kiev lors de la visite du Secrétaire général montrent une nouvelle fois le mépris de la Russie pour l’ONU.  Elle a condamné les odieuses violations des droits humains commises en Ukraine et demandé que toutes les allégations fassent l’objet d’enquêtes.  Elle a déclaré que les destructions des habitations et l’emploi d’armes à sous-munitions par la Russie ne peuvent être qualifiés de « fake news ».  L’ampleur des destructions en Ukraine invalide toute tentative de la Russie de déformer la réalité, a poursuivi la déléguée.  Elle a exhorté la Russie à permettre à tous ceux qui veulent quitter l’Ukraine de le faire en toute sécurité et pour la destination de leur choix.  La Russie doit cesser son agression, respecter le droit international et retirer toutes ses forces de manière inconditionnelle du territoire ukrainien, a conclu Mme Byrne Nason.  « Il n’est jamais trop tard pour faire ce qui est juste. »

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souhaité que la présidence américaine du Conseil de sécurité pour le mois de mai se déroule dans la transparence, « contrairement à celle du mois précédent ».  Il a aussi demandé à la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, de s’en tenir à son mandat et ne pas s’occuper d’autres thématiques comme le maintien de la paix et de la sécurité internationales « qui ne relèvent pas de ses prérogatives ».  Depuis deux mois maintenant, nous discutons des événements en Ukraine, a déclaré le représentant.  Depuis deux mois, outre un flot de mensonges, de haine et d’insultes, nous entendons la même question: « comment la Russie pourrait-elle, sans provocation, attaquer une Ukraine souveraine, démocratique, non agressive, indépendante et pacifique? »

M. Nebenzia a moqué l’idée que l’Ukraine ne représenterait aucune menace pour la Russie.  Parmi ceux qui tiennent de tels propos, il y a certes des personnes sincères « qui n’ont pas compris ce qui s’est réellement passé pendant toutes ces années », mais il y a tous les autres, ces pays qui rêvent depuis longtemps de faire de l’Ukraine un « tremplin » pour la bataille contre la Russie et qui l’alimentent aujourd’hui en armes.  Le représentant a rappelé avoir évoqué dans cette salle, à plusieurs reprises, des difficultés de traduction.  « Les autorités ukrainiennes vous disent ce que vous voulez entendre.  Nous connaissons leur ruse, leur incapacité à négocier, leurs mensonges, y compris à leur propre peuple. »

La « russophobie » est devenue le principal produit intérieur du Gouvernement ukrainien et son principal produit d’exportation, a ironisé M. Nebenzia.  Il a dénoncé une « guerre par procuration de l’Occident avec la Russie » et si guerre mondiale il y a, alors c’est une guerre qui se déroule sans aucun doute dans le domaine économique.  Le représentant a d’ailleurs accusé l’Occident de s’y être préparé depuis longtemps au vu de la vitesse avec laquelle il a lancé sa « machine de répression », puisant dans « ses meilleures traditions ».  Il a ainsi dénoncé les innombrables sanctions et interdictions, la saisie de biens privés de citoyens russes et le gel de comptes appartenant à la Russie pour un montant de 300 milliards de dollars.  « De quel droit international parle-t-on? » s’est-il emporté n’y voyant rien de moins que chaos et pillage.  « Les masques tombent!  Il est devenu à la mode de blâmer la Russie pour la crise énergétique et alimentaire que vous avez vous-même créée. »  Depuis huit ans, a rappelé M. Nebenzia, nous vous parlons de la souffrance des habitants du Donbass, des bombardements par les forces armées ukrainiennes et les bataillons nationalistes, des victimes civiles.  « Ce n’est pas le Donbass qui a attaqué Kiev, mais le contraire. »  Il a reproché aux autorités ukrainiennes d’avoir refusé de respecter les accords de Minsk.  Tout ce qui se passe actuellement n’a pas commencé fin février, a-t-il argué.  Cela a commencé beaucoup plus tôt, avec les encouragements et le soutien des États-Unis et de leurs satellites occidentaux. 

M. Nebenzia a accusé l’Occident d’avoir rejeté « avec arrogance » les préoccupations de la Russie en matière de sécurité et d’avoir rapproché l’OTAN de ses frontières.  « Vous parlez déjà du rôle mondial de l’Alliance, y compris en Asie. »  Vous avez souhaité entraîner l’Ukraine dans l’OTAN, a-t-il continué.  « Si ce n’est pas aujourd’hui, alors ce sera demain. »  Le représentant a dit ne se faire aucune illusion.  L’Ukraine n’est pas nécessaire à l’Occident en tant que telle, mais en tant que théâtre d’affrontement avec la Russie, a-t-il ajouté.  Le représentant a blâmé ensuite la désinformation au sujet des prétendues « atrocités » de l’armée russe, du bombardement délibéré d’immeubles résidentiels et du meurtre de la population civile et, plus encore, rejeté l’idée « complètement folle » d’un « génocide du peuple ukrainien ».  À l’inverse, M. Nebenzia a accusé les Ukrainiens de se cacher derrière la population civile, de placer des points de tir près des maisons et dans les appartements des citoyens.  « Il existe de nombreux témoignages en ce sens et par des Ukrainiens eux-mêmes.  Seulement vous ne voulez pas les entendre. »  Des prisonniers de guerre russes ont été torturés par des nationalistes ukrainiens.  Enfin, le représentant a évoqué le voyage du Secrétaire général de l’ONU en Russie et en Ukraine qui a été présenté, selon lui, comme une opération médiatique.  Ainsi, l’impression est délibérément créée que l’Ukraine et l’ONU ont réussi à « persuader » la Russie d’ouvrir un couloir humanitaire pour l’évacuation des civils d’Azovstal, alors que ces couloirs sont ouverts régulièrement et même aujourd’hui, s’est-il défendu, accusant les « bandits » d’Azov d’utiliser les personnes comme « boucliers humains ». 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a relevé que bien qu’on n’ait pas encore pris la mesure de l’impact du conflit en Ukraine à l’échelle mondiale, des répercussions se font déjà clairement ressentir à travers la hausse des prix des matières premières et les perturbations dans l’approvisionnement et le système financier mondial.  Le Conseil a mis en place un cadre pour renforcer la protection des civils et des biens de caractère civil, notamment en adoptant à l’unanimité la résolution 2573 il y a un peu plus d’un an, a rappelé Mme Nusseibeh, en saluant les efforts des acteurs internationaux pour fournir des outils et des mécanismes permettant de rendre ce cadre opérationnel.  Nous appelons les parties à s’engager dans l’élaboration de solutions urgentes, notamment pour un passage sûr et volontaire, a-t-elle poursuivi, avant de se dire encouragée par les progrès récents concernant le passage en toute sécurité de civils depuis Marioupol grâce à une action coordonnée de l’ONU, des autorités ukrainiennes et russes et du CICR.  Cependant, des initiatives telles que les corridors ne modifient pas l’obligation qu’ont les parties de faire respecter le droit international humanitaire, a fait observer la déléguée.  La proposition du Secrétaire général de créer un groupe de contact est un point de départ bienvenu pour mettre en œuvre des mesures supplémentaires soutenant la mise en œuvre du droit international humanitaire , a-t-elle ajouté.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a salué la « hardiesse » du Secrétaire général dans sa recherche de solutions pour mettre fin au conflit en Ukraine et apporter une assistance aux personnes en détresse.  La guerre se poursuit et avec elle une situation humanitaire en constante détérioration, a-t-il constaté.  Après 71 jours de guerre, ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut, avec des milliers de morts, plus de 13 millions de personnes déplacées et de nombreuses villes complètement détruites.  Appelant les belligérants au strict respect du droit international humanitaire, le représentant a rappelé que les infrastructures civiles ne devraient jamais être prises pour cibles.  Dans l’immédiat, il importe, selon lui, de permettre l’évacuation des civils qui veulent quitter les zones de combat, notamment ceux qui restent entassées dans le complexe Azovstal de Marioupol.  Mais il est également essentiel de tenir compte de l’onde de choc de ce conflit, qui est ressentie au-delà des frontières ukrainiennes et suscite l’inquiétude dans de nombreux pays du monde, a souligné le représentant, relevant que les prix des denrées alimentaires et des carburants atteignent des niveaux alarmants et font déjà des « victimes collatérales ».  Alors que l’escalade verbale s’amplifie entre les parties, l’issue à ce conflit ne peut être trouvée que par le dialogue, a-t-il plaidé, souhaitant que la fin de cette guerre soit le « moteur » de tous les efforts diplomatiques, à commencer par ceux du Conseil de sécurité.  Enfin, après s’être dit horrifié par les atrocités commises en Ukraine, il a demandé à ce que des enquêtes indépendantes soient diligentées pour garantir une reddition des comptes.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a relevé que la Fédération de Russie poursuit délibérément une guerre destinée à terroriser le peuple ukrainien.  Selon elle, les actions de la Fédération de Russie sont des violations manifestes du droit international humanitaire, ainsi que des résolutions 2286 (2016), 2417 (2018) et 2573 (2021) du Conseil de sécurité.  En ce qui concerne la protection des civils, elle a indiqué que la solution la plus simple serait que la Russie mette fin à sa guerre illégale et retire ses troupes d’Ukraine.  Tant que l’invasion se poursuit, le droit international humanitaire doit être strictement observé et l’accès humanitaire complet aux civils doit être facilité, a-t-elle plaidé.  Mme Woodward a salué le travail du Secrétaire général et de son équipe et leurs efforts qui ont sauvé la vie de civils évacués de l’aciérie Azovstal.  Elle a également fait remarquer que la guerre de la Russie est soutenue par une campagne de propagande, y compris au sein du Conseil de sécurité, afin de « déshumaniser et diaboliser les Ukrainiens en les qualifiant de néo-nazis ».  Pour la représentante, ce discours de haine est extrêmement dangereux.  À l’approche de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle y a vu un manque de respect pour les sacrifices de tous ces Russes, Ukrainiens et ressortissants de nombreux autres pays qui se sont battus pour mettre fin au véritable nazisme.  Elle a promis que le Royaume-Uni continuera de soutenir le peuple ukrainien.  Le pays a d’ailleurs annoncé aujourd’hui 45 millions de livres supplémentaires d’aide humanitaire en faveur de l’Ukraine.

Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé que c’est la Russie qui a choisi de déclencher une guerre d’agression non provoquée contre l’Ukraine, et qu’elle doit prendre des mesures pour y mettre fin.  Elle s’est ensuite félicitée de la déclaration conjointe d’hier d’un groupe interrégional de titulaires de mandats pour la liberté d’expression.  C’est précisément en temps de guerre et de conflit armé que le droit à la liberté d’expression et le libre accès à l’information doivent être vigoureusement défendus, a-t-elle ajouté.  Elle a dit être soulagée que l’opération pour évacuer les civils de l’aciérie Azovstal ait réussi à mettre certains en sécurité, tout en constatant que le mauvais état de bon nombre d’entre eux souligne l’urgente nécessité de permettre également le passage volontaire en toute sécurité de milliers de civils et de centaines de blessés hors de la ville.  Il existe de nombreuses indications de crimes de guerre à grande échelle, des atrocités qui ne seront pas oubliées, a ajouté Mme Juul. 

La représentante s’est félicitée que la Cour pénale internationale et la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine se coordonnent et collaborent avec d’autres pour enquêter sur d’éventuelles violations des droits humain et du droit international humanitaire.  En outre, plus tôt cette semaine, l’ONU a signé un cadre de coopération avec l’Ukraine sur la prévention et la réponse aux violences sexuelles liées aux conflits, s’est félicitée la déléguée.  Il s’agit d’un exemple clef de partenariat positif que les bons offices du Secrétaire général peuvent générer, a-t-elle souligné, en soutenant tous les efforts déployés pour renforcer la responsabilisation, l’atténuation des risques contre la traite et l’accès à des services complets pour les survivants. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a condamné les assassinats de civils à Boutcha et appelé à une enquête indépendante.  La priorité immédiate doit être l’évacuation des civils des zones en proie aux affrontements les plus violents.  Il a ensuite noté les répercussions mondiales du conflit avec la hausse en flèche des prix des céréales et des engrais.  Le délégué a appuyé la recommandation d’exempter les achats de nourriture par le PAM à des fins humanitaires de toute restriction aux exportations.  Tous les États Membres qui contribuent à cet effort humanitaire mondial devraient aussi pouvoir bénéficier de ces exemptions, a-t-il ajouté.  Il a exhorté la communauté internationale à continuer de répondre aux besoins humanitaires.  L’action humanitaire doit être guidée par les principes de l’assistance humanitaire, à savoir l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, a souligné le délégué.  « Ces mesures ne doivent jamais être politisées. »

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a constaté que rien n’indique que la guerre provoquée par la Russie s’essouffle.  Si les forces russes ont semble-t-il renoncé à vouloir s’emparer de Kiev, elles continuent de terroriser les civils partout en Ukraine, a-t-elle observé, faisant état d’attaques systématiques contre des objectifs civils ces dernières semaines.  Des missiles russes ont ainsi frappé Odessa, tuant des civils, atteint une centrale énergétique à Kremenchuk et détruit cinq gares routières dans le pays.  Deux roquettes ont même survolé une centrale nucléaire, a relevé la représentante, pour qui toutes ces attaques ont culminé le 28 avril avec le bombardement de Kiev alors que le Secrétaire général s’y trouvait pour débattre de l’aide humanitaire.  La Russie a ignoré l’appel lancé à l’unisson pour qu’elle mette fin à cette guerre.  « Elle ne respecte pas l’ONU et ne peut être considérée comme un acteur responsable de la communauté internationale », a-t-elle martelé.  Malgré ces appels incessants, nous avons vu la Russie continuer de mener une guerre non provoquée, brutaliser les civils et s’en prendre à des infrastructures civiles de toutes sortes, a poursuivi la déléguée.  À ses yeux, la Russie a menti à maintes reprises au Conseil de sécurité en s’appuyant sur des théories du complot et sur la désinformation.  Après avoir assuré qu’elle n’avait nullement l’intention d’envahir l’Ukraine, elle affirme maintenant que ses attaques n’ont pas eu lieu et c’est l’Ukraine qui foule au pied sa propre démocratie.  De fait, a-t-elle insisté, « la Russie est la seule responsable de cette guerre ».  Alors que le monde doit apprendre à vivre avec les faits atroces qui sont imputées à la Russie, cette dernière est la seule à pouvoir faire cesser cette guerre.  Il lui faut pour cela embrasser la diplomatie, a plaidé la représentante.

Évoquant ensuite la situation à Marioupol, où les forces russes ont assiégé des civils piégés dans les souterrains d’une aciérie pendant des semaines, Mme Thomas-Greenfield a salué le fait qu’un groupe de personnes ait enfin pu être mis en sécurité, félicitant l’ONU et le CICR d’avoir rendu possible cette évacuation.  Elle a également appelé à l’envoi de convois humanitaires dans les zones assiégées, réclamant un accès sans entrave au territoire ukrainien pour que l’ONU et ses partenaires puissent atteindre les personnes dans le besoin.  Pour la déléguée, « la seule norme acceptable est le retour à une vie normale pour l’Ukraine, sans la présence illégale de forces russes sur son territoire ».  Le Conseil de sécurité et l’ONU dans son ensemble peuvent y contribuer en soutenant le peuple ukrainien et en exigeant de la Russie qu’elle rende des comptes, a-t-elle fait valoir.  À ce sujet, les États-Unis ont annoncé ce matin à Varsovie le versement de 387 millions de dollars supplémentaires au titre de l’aide humanitaire, ce qui porte leur appui à plus de 688 millions de dollars depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. 

Nous devons être tout aussi attentifs aux incidences qu’a cette guerre par-delà l’Ukraine, a ajouté la représentante, se disant inquiète de la crise mondiale de l’alimentation qui se dessine et menace toute particulièrement l’Afrique et le Moyen-Orient.  La Russie empêche la production agricole ukrainienne et bloque les ports qui, jadis, fournissaient des denrées aux populations dans le besoin, a-t-elle dénoncé, avant d’appeler à tout faire pour empêcher une famine et à allouer aux pays en difficulté une assistance alimentaire « au nom de la décence et de l’humanité ».  Ces questions liées à l’insécurité alimentaire et aux conflits seront débattues au Conseil lors d’un débat public convoqué par les États-Unis ce mois-ci, a-t-elle indiqué.  Avant de conclure, elle a souhaité que tous ceux qui, en Russie, ont fomenté et encouragé les crimes de guerre commis en Ukraine soient tenus responsables.  Affirmant soutenir les efforts déployés à cette fin par la CPI, elle a assuré que les États-Unis se tiennent aux côtés de l’Ukraine et de l’écrasante majorité des membres de la communauté internationale qui défendent la liberté et la démocratie. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a souligné l’importance de la visite du Secrétaire général en Ukraine.  Il a pu voir de ses propres yeux les crimes de guerre commis par la Russie, a dit le délégué, en le remerciant pour ses efforts en ce qui concerne les évacuations à Marioupol.  Il a indiqué que plus de 300 personnes ont pu être évacuées de Marioupol et appelé à la poursuite des opérations.  Il a expliqué que la Russie essuie de lourdes pertes et a recours à la « terreur » par les missiles en Ukraine pour faire céder ce pays.  La Russie portera la responsabilité de la mort de tous les héros tombés en Ukraine, a prévenu le délégué, en demandant un appui pour son pays pour vaincre cette terreur.  Il a aussi dénoncé les « centres de filtration » tenus par les forces russes par lesquels les civils doivent transiter pour être évacués.  Ces derniers y subissent de mauvais traitements. 

M. Kyslytsya a accusé la Russie de faire main basse sur les réserves céréalières en Ukraine et de détruire des installations agricoles contribuant à aggraver l’insécurité alimentaire mondiale.  La Russie bloque aussi l’ensemencement des champs en Ukraine.  Il a demandé des sanctions renforcées contre la Russie pour mettre fin à l’agression russe et empêcher une grave crise alimentaire.  Il a fustigé les surenchères de la Russie à l’approche du 9 mai et dénoncé les attaques antisémites du Ministre des affaires étrangères russe à l’encontre du Président ukrainien.  « Ce ministre a insulté la mémoire de millions de Juifs tués par les Nazis. »  Il a ensuite mentionné les atrocités commises par les forces russes contre des civils ukrainiens, avant de dénoncer l’inertie du Conseil de sécurité.  « Cette salle n’est plus une enceinte de délibération, on peut y sentir l’odeur du sang des civils ukrainiens », a lancé le délégué, en fustigeant le tissu de mensonges proférés par le délégué russe.

M. PIOTR GLIŃSKI, Vice-Premier Ministre et Ministre de la culture et du patrimoine national de la Pologne, a déclaré que son pays ne va pas cesser de fournir de l’aide à l’Ukraine et d’être un partenaire fiable des institutions onusiennes impliquées dans l’effort humanitaire en faveur de l’Ukraine.  Les conséquences de cette guerre vont bien au-delà de l’Ukraine et de l’Europe, a poursuivi le délégué, en soulignant son incidence sur la sécurité alimentaire, énergétique et financière mondiale.  La communauté internationale doit s’engager en faveur de politiques à court et plus long terme afin d’atténuer les conséquences de cette guerre et de renforcer la résilience face aux chocs internationaux, a-t-il souligné.  Le délégué a indiqué que cette crise est aussi une « crise de valeurs et une crise de paix » et déclaré que la première mesure à prendre est d’exiger de la Russie de cesser cette guerre et de retirer toutes ses forces du territoire ukrainien.  Une fois la paix revenue, la communauté internationale devra élaborer des mesures efficaces pour protéger les valeurs fondamentales de la Charte qui ont été foulées aux pieds par un membre permanent du Conseil, a conclu le délégué. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a indiqué que son pays a un intérêt particulier pour la région de Marioupol qui abrite une communauté grecque établie depuis des siècles et qui compte aujourd’hui plus de 120 000 personnes, une partie productive des sociétés locales.  En tant que Grecs, nous vivons de l’intérieur la crise humanitaire actuelle, a-t-elle dit.  C’est pourquoi les consuls à Odessa et Marioupol, faisant preuve d’un courage et d’un altruisme sans précédent, sont restés sur place et ont mené au total six opérations, appelées Nostos -le mot grec pour retour au pays- pour l’évacuation des citoyens grecs et des Grecs de la diaspora d’Ukraine. 

La représentante a appelé à intensifier les opérations humanitaires, en renforçant la capacité de la chaîne d’approvisionnement et en fournissant une aide humanitaire ciblée aux personnes touchées.  La récente évacuation de l’usine Azovstal, une opération réalisée grâce aux efforts persistants de l’ONU, a démontré que lorsqu’il y a une volonté, on peut agir, a-t-elle constaté.  Elle a indiqué que la Grèce apporte son assistance humanitaire à l’Ukraine et fait aussi preuve de solidarité envers les États Membres en première ligne qui accueillent des milliers de réfugiés ukrainiens.  La déléguée a promis que son pays était prêt à œuvrer à la reconstruction d’Odessa et de Marioupol.  Elle a par ailleurs souligné que la perpétration de crimes de guerre doit faire l’objet d’enquêtes approfondies.

Au nom des États baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a salué les visites « importantes » du Secrétaire général à Kiev et à Moscou, ainsi que son plaidoyer et son engagement humanitaires, qui semblent avoir débouché sur une action « vitale » sur le terrain, notamment à Marioupol.  Il s’est aussi félicité de la coopération étroite entre l’ONU et le CICR, tout en reconnaissant que ces efforts sont encore loin de résoudre la crise sécuritaire et humanitaire provoquée par l’agression russe contre l’Ukraine.  Appelant une nouvelle fois la Russie à cesser immédiatement ses hostilités et à permettre l’évacuation en toute sécurité des civils toujours piégés dans l’usine Azovstal, il a plaidé pour l’établissement de couloirs humanitaires offrant aux personnes concernées le choix de leur destination.  Il s’est dit préoccupé par les informations faisant état de centaines de milliers d’Ukrainiens déplacés de force vers des « camps de filtration » puis dirigés vers le territoire russe, les enfants étant souvent non accompagnés de leurs parents.  Après avoir dénoncé les dénégations, les tromperies, les mensonges, la désinformation et la propagande de guerre de la Russie, il a assuré que les États baltes continueront de soutenir tous les efforts visant à garantir la tenue d’enquêtes indépendantes et efficaces sur les crimes commis par la Russie en Ukraine, notamment les efforts du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI). 

Le représentant a par ailleurs rappelé que l’invasion russe risque d’aggraver la menace de famine qui pèse sur de nombreux pays.  Outre la flambée des prix sur les marchés mondiaux, les bombardements empêchent les agriculteurs ukrainiens de semer et la Russie bloque des centaines de navires remplis de blé en mer Noire.  De plus, 20 millions de tonnes de céréales de la récolte de l’année dernière sont retenues en Ukraine en raison du blocus russe, du bombardement du port d’Odessa et de la fermeture militaire des voies maritimes de la mer Noire, a-t-il souligné, y voyant le résultat de l’intervention militaire de la Russie « et non des sanctions, comme le suggère la propagande de ce pays ».  Il a donc appelé la Russie à débloquer les ports ukrainiens et à rétablir la liberté de navigation, encourageant également le Conseil de sécurité et les agences compétentes de l’ONU à examiner les moyens d’assurer le passage en toute sécurité des navires de transport de céréales vers les eaux territoriales de l’Ukraine à travers la mer Noire. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a réaffirmé le caractère fondamentalement illégal de la guerre déclenchée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui n’alimente pas seulement l’une des crises humanitaires les plus graves en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, mais exacerbe également une crise alimentaire mondiale.  Il a soutenu la proposition du Secrétaire général de créer un groupe de contact humanitaire, formé de la Fédération de Russie, de l’Ukraine et de l’ONU.  Pour sa part, l’Italie a transféré 110 millions d’euros au Gouvernement ukrainien au titre de l’appui budgétaire et annoncé un nouveau prêt d’un montant de 200 millions d’euros.  « De plus, nous avons contribué à hauteur de 36 millions d’euros au soutien des activités humanitaires menées par le système des Nations Unies et la Croix-Rouge en Ukraine et dans les pays voisins », a précisé le représentant.  Il s’est également félicité de toutes les mesures visant à appliquer le principe de responsabilité aux auteurs de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en Ukraine, et a soutenu pleinement la commission d’enquête créée par le Conseil des droits de l’homme et l’enquête ouverte par les autorités nationales et la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes de guerre.  C’est pourquoi, l’Italie, avec plus de 40 États parties, a effectivement déféré la situation de l’Ukraine au Procureur de la CPI.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a souhaité rappeler que, si les civils paient le prix le plus élevé dans le conflit en Ukraine, la faute en revient à l’agresseur, qui a commencé la guerre et a décidé de jouer à la « roulette russe » avec des innocents.  Après avoir lancé cette soi-disant « opération militaire spéciale » au motif d’une « dénazification » de l’Ukraine, la Russie affirme désormais, par la voix de son ministre des affaires étrangères, qu’Adolf Hitler était en partie juif, ce qui est particulièrement hideux et confirme la nécessité de lutter contre la désinformation russe, a ajouté le représentant.  Il a indiqué que son pays, qui est voisin de l’Ukraine, est particulièrement alarmé par la crise des réfugiés engendrée par l’agression russe.  Depuis le début de la guerre, environ 394 000 personnes sont entrées en Slovaquie qui, a-t-il ajouté, est l’un des premiers donateurs par habitant en matière d’aide militaire, humanitaire et financière.  Il a fait état d’une contribution de 500 000 euros aux organisations humanitaires internationales, annoncée aujourd’hui à Varsovie par son Premier Ministre lors de la conférence internationale des donateurs pour l’Ukraine. 

Dans quelques jours, le monde commémorera le jour où la Seconde Guerre mondiale déclenchée par l’Allemagne nazie a pris fin, a rappelé Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne).  Soixante-dix-sept ans après ce moment décisif, a-t-elle accusé, la « propagande russe » tente de créer un lien scandaleux entre les combats héroïques de l’Armée rouge contre le régime nazi et l’agression actuelle perpétrée par le Kremlin contre l’Ukraine.  Le but manifeste?  Créer une réalité alternative, dans laquelle le Président de l’Ukraine dirige un État défaillant qui doit être « dénazifié ».  La déléguée y a vu « une absurdité totale qui dépasse le cynisme ».  Le monde entier peut voir à quoi ressemble la prétendue libération russe.  Les images de Marioupol, d’Irpin et de Boutcha parlent d’elles-mêmes, a estimé la déléguée, pour qui ces atrocités de masse et crimes contre l’humanité doivent cesser et leurs auteurs être tenus responsables de leurs actes.  À cette fin, a-t-elle dit, l’Allemagne contribuera à la Cour pénale internationale (CPI) par des financements supplémentaires et un détachement d’experts.  Entre-temps, le Procureur général fédéral allemand a ouvert des enquêtes structurelles, préparant ainsi le terrain à des inculpations pour crimes de guerre. 

L’Allemagne a jusqu’à présent accueilli plus de 400 000 réfugiés, dont 90 000 enfants ukrainiens qui fréquentent les écoles allemandes, a poursuivi la déléguée.  Par ailleurs, s’est-elle alarmée, nous sommes au bord d’une crise mondiale de sécurité alimentaire sans précédent.  L’Allemagne qui renforce sa réponse humanitaire, notamment par le biais du Programme alimentaire mondial (PAM), est déterminée à faire de la sécurité alimentaire mondiale une priorité, notamment lors des prochaines réunions du G7.  Le Gouvernement allemand a déjà annoncé 430 millions d’euros de financement supplémentaire pour répondre à cette crise qui prouve que la guerre dépasse les frontières de l’Europe.  « Mon message aux pays économiquement touchés par les répercussions de la guerre d’agression de la Russie est le suivant: vous pouvez compter sur notre soutien », a déclaré la déléguée.  Pour la première fois dans l’histoire, un membre permanent de ce Conseil tente d’annexer de nouveaux territoires par la force.  Si nous permettons à la Russie de créer un précédent, qui sera le prochain?  Si nous ne voulons pas ouvrir les portes à une recolonisation, le monde doit s’unir pour faire reculer la Russie, a conclu la déléguée.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Science, technologie et innovation au service du développement durable: le forum de l’ECOSOC s’engage à « reconstruire en mieux » le monde de l’après-pandémie

Session de 2022,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, 1re et 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7082

Science, technologie et innovation au service du développement durable: le forum de l’ECOSOC s’engage à « reconstruire en mieux » le monde de l’après-pandémie

Le septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable a entamé aujourd’hui ses travaux.  Plusieurs discussions ont eu lieu autour d’un même objectif: reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en avançant sur la voie d’une pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le Secrétaire général de l’ONU et les Présidents du Conseil économique et social (ECOSOC) et de l’Assemblée générale ont donné le ton dans leurs déclarations d’ouverture de cet événement au cours duquel se tiendra, pendant deux jours, une session ministérielle et des tables rondes d’experts du secteur privé, du monde académique et des entités partenaires des Nations Unies. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, s’exprimant au nom de M. António Guterres, a alerté sur le risque bien réel de voir émerger un monde « où certains pays se remettent de la crise de la COVID-19 » -grâce aux vaccins, à des mesures fortes de relance et à une accélération numérique- « alors que d’autres s’enfoncent toujours plus dans un cycle d’incertitude, de pauvreté et de faim ».  Le message du Secrétaire général a été d’inviter les participants à travailler ensemble pour que la science et la technologie profitent à tous, arguant que la coopération multipartite restera la clef pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

Le Président de l’ECOSOC, M. Collen Vixen Kelapile, a quant à lui souhaité que le forum « attise les feux de l’inspiration » de la jeunesse et mette sur la table des solutions apaisant les craintes des citoyens lorsqu’est exploité le pouvoir de la science, de la technologie et de l’innovation aux fins de développement durable.  « Science, technologie et innovation doivent être une source d’espoir, la vitrine de l’ingéniosité humaine », a-t-il déclaré. 

« Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons réaliser des percées incroyables, stimuler la croissance sociale et économique, créer des emplois et des moyens durables de subsistance, lutter contre les inégalités endémiques et autonomiser les femmes et les filles, et cela, à l’horizon 2030 », a pour sa part estimé le Président de l’Assemblée générale.  M. Abdulla Shahid a demandé au forum de se montrer ambitieux en envisageant notamment des mesures qui réduiraient les émissions de gaz à effet de serre tout en autonomisant des milliards de personnes. 

Des pays ont présenté leurs politiques en matière de STI, lesquelles, a-t-il été répété, doivent être articulées avec les actions nationales et régionales de mise en œuvre des ODD.  Les États de l’Amérique latine et des Caraïbes, qui ont dit s’attacher à réduire la facture numérique pour fournir à tous une information universelle sur la santé dans le contexte de la pandémie de COVID-2019, ont en même temps souligné l’importance des savoirs médicaux ancestraux.  Le Honduras a ainsi plaidé pour que l’investissement dans les technologies innovantes répondent aux besoins des communautés traditionnelles.  Ses homologues régionaux ont également conseillé aux pays industriels de prendre en compte des croyances des populations autochtones pour les aider à avancer vers le développement durable.  Ces mêmes pays ont d’ailleurs mis en avant le rôle confié aux femmes autochtones dans la constitution de leurs écosystèmes numériques nationaux.  « Plus de 1 000 femmes, y compris des femmes issues des communautés autochtones, ont été formées aux outils numériques ces dernières années en suivant des formations publiques », a par exemple indiqué le Guatemala. 

« Il faut numériser la reprise post-COVID pour tirer vers l’avant la mise en œuvre des ODD », a déclaré un membre du Gouvernement chinois qui a évoqué l’établissement en Chine de « zones ODD » où les acteurs se concentrent localement tant sur la réduction de la pauvreté que sur le développement des STI favorables à l’essor des énergies vertes.  Le représentant du Gouvernement malaisien a indiqué, quant à lui, que son pays vise l’autonomie vaccinale dans les cinq prochaines années.  « Les percées technologiques dans les domaines de la santé doivent être étendues à l’agriculture pour parvenir aux ODD dans les temps », ont renchéri les Philippines. 

Les experts internationaux du secteur de la santé, dont le Président du Global Virus Network et ancien Président de l’Institut Pasteur en France, M. Christian Bréchot, ont appelé à se préparer aux futures pandémies, l’effort devant porter sur le partage des données et la formation d’épidémiologistes à l’échelle mondiale.  M. Bréchot a également souhaité la duplication de réseaux qui, comme le sien, privilégient une approche globale des pandémies et le développement de solutions innovantes.  Le monde universitaire, représenté notamment par Mme Anusha Nathan, du Programme des sciences et technologies de la santé à la Harvard Medical School, a tenu à saluer la mobilisation des jeunes scientifiques, qui, comme elle, se mobilisent pour apporter des vaccins anti-COVID aux groupes marginalisés dans le monde.

Parce que les STI ne sauraient être réservées à la reprise économique postpandémie, Mme Susan Liautaud, du Partenariat mondial pour l’éducation, a partagé diverses expériences menées en Afrique par cette entité créée en 2002 pour accélérer les progrès vers l’objectif du Millénaire pour le développement d’une éducation primaire universelle d’ici à 2015.  Le Malawi a distribué des tablettes à énergie solaire avec des contenus éducatifs et a connecté élèves et enseignants via WhatsApp, a-t-elle raconté, ajoutant qu’en Zambie, un programme d’apprentissage à distance par radio financé par le Pacte avait réussi à toucher 4,4 millions d’élèves.  « Les filles et les enfants les plus pauvres y ont reçu des radios à énergie solaire pour réduire la fracture numérique », a-t-elle encore précisé. 

Le forum poursuivra les travaux de sa septième édition, demain, vendredi 6 mai. 

SEPTIÈME FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION AU SERVICE DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Thème: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »

Ouverture du forum

M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que la science, la technologie et l’innovation peuvent être source d’admiration « mais aussi de peur ».  Le forum de cette année, a-t-il ajouté, vise ainsi à « attiser les feux de l’inspiration » et à discuter des solutions qui peuvent apaiser les craintes des citoyens lorsqu’est exploité le pouvoir de la science, de la technologie et de l’innovation aux fins de développement durable.  En regardant les images des catastrophes naturelles, de famine, de guerre, celles décrivant les conséquences de l’instabilité économique et les divisions au sein de nos sociétés, il est facile de se laisser aller au désespoir, a reconnu le Président de l’ECOSOC.  Dans ce contexte, il a attiré l’attention sur la nécessité d’intéresser en particulier les jeunes en leur proposant des exemples pertinents de la façon avec laquelle la recherche, l’innovation et la recherche de nouvelles solutions peuvent aider à gérer les problèmes épineux auxquels notre monde actuel est confronté.  Science, technologie et innovation devraient être une source d’espoir, la vitrine de l’ingéniosité humaine, a-t-il dit.

Assurant ensuite que les discussions de ce forum éclaireront les prochains examens des objectifs de développement durable (ODD) lors du forum politique de haut niveau pour le développement durable, en juillet, il a demandé aux participants de s’attacher à impliquer surtout les femmes et les filles dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.  Historiquement, a-t-il rappelé, celles-ci ne représentent qu’environ un tiers de la main-d’œuvre dans ces domaines, et les écarts entre les sexes restent particulièrement élevés dans certains des emplois les mieux rémunérés et à la croissance la plus rapide comme l’informatique et l’ingénierie. 

Poursuivant, M. Kelapile a indiqué que la COVID-19 a suscité la peur des vaccins et une défiance à l’égard de la science.  Selon lui, il est nécessaire de restaurer et renforcer la confiance dans la science et la recherche, cela en montrant que les gouvernements écoutent leurs citoyens et s’attaquent à des problèmes complexes tels que la désinformation, le potentiel mais aussi les limites de l’intelligence artificielle, ou encore les questions concernant la confidentialité et l’accès aux données personnelles.  Nous devons garantir des freins et contrepoids et envisager des mécanismes de gouvernance appropriés autour de ces questions, a-t-il enfin plaidé. 

M. ABDULLA SHAHID, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a déclaré que le monde, confronté à une myriade de défis liés aux changements climatiques, aux inégalités, aux conflits, à la pauvreté et à la faim, dispose pourtant des capacités de les surmonter.  Ce n’est qu’en travaillant ensemble, a-t-il ajouté, que nous pourrons, non seulement réaliser des percées incroyables, mais aussi stimuler la croissance sociale et économique, renforcer les services publics, créer des emplois et des moyens durables de subsistance, lutter contre les inégalités endémiques et autonomiser les femmes et les filles, et cela, à l’horizon 2030. 

Le Président de l’Assemblée générale s’est dit convaincu que, jamais, les pays avaient disposé d’autant d’atouts techniques pour avancer vers la réalisation du développement durable sous tous ses aspects.  Il a ainsi invité les participants à se montrer ambitieux pour que la relève post-COVID se saisisse des idéaux de la science, de la technologie et de l’innovation pour soutenir les efforts d’autonomisation et de protection de chacun, et ce, « en ne laissant vraiment personne de côté ».  « L’heure est venue de partager les ressources, d’investir judicieusement et de relever les défis qui continuent d’entraver le progrès humain », a-t-il encore déclaré, estimant que, « grâce à la science, à la technologie et à l’innovation, il devient réellement possible de mettre fin aux inégalités qui divisent notre monde ». 

M. Shahid s’est plu à imaginer un monde sans fracture numérique, une croissance économique ouvrant l’accès à toutes et tous aux secteurs émergents, et une extension des énergies renouvelables partout dans le monde.  Ces mesures réduiraient d’un seul coup les émissions de gaz à effet de serre tout en autonomisant des milliards de personnes, a-t-il affirmé, invitant le forum à viser de telles transformations et ambitions. 

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, s’exprimant au nom du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a rappelé d’emblée qu’alors que les personnes, la planète et la prospérité sont au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030, au cours de l’année dernière, 120 millions de personnes supplémentaires ont été plongées dans l’extrême pauvreté et environ 100 millions d’enfants sont tombés en dessous des niveaux minimaux de compétence en lecture, tandis que les inégalités se sont aggravées dans de nombreux pays.  Le risque est bien réel aujourd’hui de voir un monde fortement divergent où certains pays se remettent de la crise de la COVID-19 grâce à de larges déploiements de vaccins, à de fortes mesures de relance et à une accélération numérique alors que d’autres s’enfoncent toujours plus dans un cycle d’incertitude, de pauvreté et de faim, a mis en garde M. Liu.

« Le monde risque sérieusement de perdre une décennie pour le développement durable. »  Alors qu’il ne reste que huit ans avant 2030, nous devons agir maintenant en tant que communauté mondiale pour accélérer le changement vers un monde meilleur pour tous, a martelé le Secrétaire général adjoint.  C’est pourquoi le forum sur la science, la technologie et l’innovation d’aujourd’hui est si important, a-t-il observé en expliquant qu’il doit permettre de braquer les projecteurs sur tous les efforts impressionnants déployés par les États Membres, le système des Nations Unies et toutes les parties prenantes, pour donner une impulsion à des actions encore plus nombreuses.

Il a invité à travailler ensemble, par-delà les frontières, les secteurs et les disciplines, pour que la science et la technologie profitent à tous, arguant que la coopération multipartite restera la clef pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), la lutte contre les changements climatiques, mais aussi pour inverser la perte de biodiversité, mettre fin aux crises de pollution et relever efficacement les défis communs.  Le Mécanisme de facilitation des technologies des Nations Unies a été conçu dans cet esprit pour rapprocher les Nations Unies du « pouls du progrès technologique » et pour promouvoir la collaboration multipartite sur la science et la technologie au service du développement durable.  Il en va de même pour la feuille de route sur la coopération numérique, que le Secrétaire général a lancée l’année dernière, a-t-il ajouté.  S’adressant à la salle, il a dit compter sur ce forum pour faire avancer la vision qui prévoit d’exploiter le plein potentiel de la science et de la technologie au service de tous.

Selon Mme LEELA DEVI DOOKUN-LUCHOOMUN, Vice-Première Ministre et Ministre de l’éducation, de l’enseignement supérieur, des sciences et de la technologie de Maurice, la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 demande des actions urgentes sur différents fronts.  Utiliser l’immense potentiel des STI peut accélérer la réalisation de nombreux objectifs de développement durable, a-t-elle relevé en citant notamment l’accès à l’eau et l’assainissement ou encore la réduction des déchets.  Elle a vu les nouvelles technologies comme une promesse d’avenir meilleur: alors que la pandémie a exposé beaucoup de fragilités, elle a aussi démontré la puissance et l’importance des nouvelles technologies, ainsi que leur potentiel gigantesque pour le développement durable. 

Paradoxalement, a-t-elle analysé, les nouvelles technologies ont aussi augmenté les inégalités et créé d’immenses fossés numériques entre pays et entre citoyens des pays.  La Ministre a également dressé un parallèle, qu’elle a estimé choquant, entre l’avènement du tourisme spatial, qui a récemment fait les gros titres, et le sort de pays comme Maurice, dont l’existence même est en danger du fait des changements climatiques.  Elle a estimé que les investissements énormes dans le secteur du tourisme spatial pourraient être utilisés pour des causes plus en lien avec le bien commun.  Il faut mettre à profit l’innovation pour les populations les plus pauvres et les plus en danger, a-t-elle souhaité.

En matière d’éducation, a-t-elle poursuivi, la dépendance aux nouvelles technologies est devenue évidente avec la pandémie, les fermetures d’écoles et les confinements.  Elle a témoigné que, comme de nombreux pays, Maurice a dû repenser son enseignement public dans sa totalité et le faire migrer en ligne.  Une chaîne de télévision nationale a été mise à contribution, ainsi que des applications sociales comme Teams de Microsoft et des programmes en ligne.  Des bornes Wi-Fi ont été installées partout sur l’archipel.  Tout a été fait pour que chaque enfant, quel que soit son niveau de vie, bénéficie d’un accès égal à Internet et à l’enseignement, a décrit la Ministre.  Elle a aussi fait l’éloge du concept de « science ouverte », à savoir l’accès ouvert à des ressources intellectuelles et à des documents de recherche.  Le partage de connaissances scientifiques pour développer des nouvelles technologies innovantes sera bénéfique pour tous, a estimé la Ministre mauricienne.  Enfin, les gouvernements ne pouvant tout résoudre dans les pays en développement, dont les finances sont grevées et l’espace fiscal réduit, les partenariats public-privé sont une solution à étudier de près par les pays en développement pour développer leur secteur des nouvelles technologies, a-t-elle estimé.

M. FRANCIS COLLINS, Conseiller scientifique principal du Président des États-Unis, a relevé que la pandémie a permis un partage rapide des informations scientifiques, « dont on peut être fier », dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.  Toutefois, le monde a été confronté à de nombreux échecs et il faut faire preuve d’humilité pour apprendre de nos erreurs en vue d’être mieux préparé aux pandémies futures, a-t-il relevé.  Alors que les sous-variants Omicrons se multiplient, on prend bien conscience du fait que la COVID-19 n’est toujours pas terminée, mais, pour M. Collins, c’est aussi l’occasion de saluer la collaboration scientifique internationale et notamment la contribution de la communauté scientifique de pays comme l’Afrique du Sud, le Botswana, le Royaume-Uni ou encore Israël.  En revanche, alors que le développement des vaccins a été remarquable, ce n’est malheureusement pas le cas de l’accès équitable aux vaccins, a concédé M. Collins en faisant remarquer que sans un engagement véritable en ce sens, la pandémie risque de durer.  C’est dans ce contexte qu’il a annoncé la décision des États-Unis de fournir 1 500 milliards de doses de vaccins au monde, notamment à travers leur partenariat avec le Mécanisme COVAX.

Le Conseiller scientifique a ensuite mis en exergue l’urgence qu’il y a à mobiliser les financements nécessaires pour développer des tests et des traitements vitaux, mais aussi pour lutter contre la désinformation et se préparer dès aujourd’hui aux prochaines crises sanitaires.  Les États-Unis continueront à aider les gouvernements étrangers sur ce front afin de promouvoir une vision positive de l’avenir des STI et reconstruire en mieux, a-t-il assuré.  Il a souligné les effets positifs de la coopération scientifique au XXIsiècle, tout en appelant à aller plus loin à travers la collaboration internationale et à apprendre de l’expérience d’autres pays, comme l’Inde dans le domaine de l’énergie verte ou le Costa Rica et le Rwanda pour leurs systèmes de santé publique mis en place à moindre coûts. 

Dans ce contexte, les États-Unis sont persuadés de la pertinence de ce forum et d’une ONU efficace, a dit le Conseiller en soulignant le rôle important des Nations Unies pour promouvoir une coopération scientifique et technologique en faveur d’une reprise post-COVID-19 et une coopération de bonne foi fondée sur les « valeurs scientifiques d’ouverture, de diversité et d’humilité ».  Remarquant que les progrès dans les sciences sont souvent le fruit de la dissidence, quand sont mises au défi des idées et des théories, M. Collins a dit vouloir encourager cela dans la communauté scientifique internationale sans peur de représailles.  Il a aussi appelé à réfléchir au chemin parcouru dans le développement des sciences, avant de dénoncer « la guerre de choix » de la Fédération de Russie contre l’Ukraine qui est « une gifle », selon lui, pour les valeurs et principes que l’on cherche à défendre ici, notamment en termes d’accès à la coopération scientifique.  C’était l’occasion pour lui de réaffirmer le soutien des États-Unis au peuple ukrainien. 

En guise de conclusion, M. Collins a dit que l’objectif est clair: établir des réseaux robustes entre pays, entreprises et universités liés par des valeurs et un engagement communs pour créer des technologies et de sciences pour le bien de tous et encourager la liberté de penser, qui est au cœur de la science. 

Session ministérielle: La science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des ODD et une reprise durable après la pandémie de COVID-19

En préambule de cette session, le Secrétaire général adjoint aux affaires économique et sociales, M. LIU ZHENMIN, a réitéré la conviction du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, que seules des solutions multilatérales et multipartites permettront de réduire les inégalités.  À elles seules, les STI ne seront pas suffisantes pour solidifier la reprise post-COVID et réaliser les ODD dans les temps, a-t-il ainsi jugé, appelant à des efforts de développement durable mondiaux et inclusifs.  M. Liu a souligné que des dispositifs comme ce forum avaient été créés pour unifier et catalyser ces efforts et pour ajouter aux progrès nationaux des progrès supplémentaires apportant une valeur ajoutée pour que le Programme 2030 devienne une réalité. 

La vingtaine de représentants de gouvernements et de délégations qui a pris la parole, dont de nombreux ministres, a répondu à cet appel en présentant des politiques en matière de STI, lesquelles, a-t-il été répété, doivent être articulées avec les mesures nationales et régionales de mise en œuvre des ODD. 

Les ministres du Guatemala, de la République dominicaine, de l’Équateur et du Honduras ont attiré l’attention sur les particularités de leur région.  Pour ces pays, il faut lutter chaque jour contre la fracture numérique pour étendre à l’ensemble de l’Amérique latine et des Caraïbes la fourniture d’Internet, un outil indispensable à l’information universelle sur la santé dans le contexte de la pandémie de COVID-2019.  Les responsables guatémaltèque, équatorien et hondurien ont en outre souligné l’importance de redonner toute la place qu’ils méritent aux savoirs médicaux ancestraux, que la science occidentale a, selon eux, mis à l’index.  Ainsi, le ministre hondurien a-t-il plaidé pour que l’investissement dans les technologies et l’innovation répondent d’abord aux besoins des populations, y compris les communautés et cultures traditionnelles, « qui, elles, tolèrent l’erreur ».  Ses homologues régionaux ont également demandé que les pays industriels tiennent davantage compte des réalités, valeurs, croyances et particularités locales pour répondre aux problèmes socioéconomiques que rencontrent les populations autochtones.  Ces mêmes pays ont mis en avant le rôle dévolu aux femmes autochtones dans le renforcement des écosystèmes numériques nationaux et régionaux.  « Plus de 1 000 femmes, y compris des femmes issues des communautés autochtones, ont été formées aux outils numériques ces dernières années en suivant des formations publiques », a par exemple indiqué le ministre guatémaltèque.

Par ailleurs, les intervenants ont insisté sur la nécessité que les STI s’appliquent à d’autres domaines que la santé dans le monde de l’après-pandémie.  Les ministres de la Chine, des Philippines et de la Malaisie ont évoqué des plans stratégiques soutenus par le développement des STI dans des secteurs comme l’agriculture et l’éducation, cela pour assurer la sécurité alimentaire de tous et la formation des jeunes aux nouveaux métiers de l’industrie numérique.  Pour ces pays, l’ONU, dans un monde en constante évolution technologique et mis sous pression par la multiplication des crises, doit tenir le cap en endossant le rôle de catalyseur des efforts de développement durable menés en réseaux à l’échelle nationale et régionale.  « Il faut numériser la reprise post-COVID pour tirer vers l’avant la mise en œuvre des ODD », a clamé le ministre chinois, qui a mentionné la création de zones « ODD » en Chine, où les acteurs se concentrent localement tant sur la réduction de la pauvreté que sur le développement des STI favorables à l’essor des énergies vertes.  De son côté, le représentant du Gouvernement malaisien a indiqué que son pays visait l’autosuffisance sanitaire dans les cinq prochaines années par la mise au point d’un « écosystème vaccinal autonome ».  « Les percées technologiques dans les domaines de la santé doivent être étendues à l’agriculture pour parvenir aux ODD dans les temps », a renchéri le ministre philippin. 

De leur côté, les ministres de l’Arménie et de l’Afrique du Sud ont confié l’ambition de leurs pays de devenir rapidement des pays producteurs de technologies de pointe pour répondre aux préoccupations environnementales et en matière de progrès humains.  Pour l’Afrique du Sud, la coopération internationale doit aller dans le sens du soutien aux solutions innovantes responsables pour les pays en développement, son homologue arménien, quant à lui, indiquant qu’à date, 40% des postes du secteur informatique de son pays sont occupés par des femmes. 

Les ministres du Japon et de l’Inde ont mentionné les feuilles de route de leurs gouvernements respectifs pour intégrer l’innovation numérique à tous les niveaux d’activité de la société et des administrations publiques.  Les principes de ces stratégies destinées à relever les défis technologiques mais également sociaux s’exportent autant que les équipements et matériels, a précisé le ministre japonais, qui a cité des projets agricoles au Kenya prévoyant l’intégration de la chaîne de blocs (blockchain en anglais) aux petites exploitations innovantes.  Pour l’Inde, les STI, pour être inclusives et contribuer à l’égalité de genre, doivent être fondées sur des technologies rapidement disponibles, faciles d’utilisation et abordables. 

Le représentant d’Oman a noté que la pandémie a poussé les jeunes à être innovants, de nombreuses startups ayant développé en un temps record des applications vitales pour protéger les populations les plus vulnérables.  Son homologue de l’Arabie saoudite a souhaité que les outils numériques mis au point à ce niveau soient déclinés durablement dans l’économie circulaire qui se développe dans les secteurs de l’énergie et de l’éducation.  C’est par ce biais que pourront être bâties les villes à taux d’émission zéro de demain, a-t-il notamment relevé. 

La guerre en Ukraine s’est invitée dans la discussion, par la voix du représentant de ce pays.  Celui-ci a reconnu que « l’agression militaire russe, qui a tué des gens par milliers et a obligé des millions d’Ukrainiens à fuir leur pays », a donné un coup d’arrêt au développement national des STI.  Il est difficile de mener des travaux scientifiques et d’innovation sous les bombes, a-t-il reconnu, ajoutant que 1 500 sites éducatifs ont été détruits par les Russes à ce jour.  « L’Ukraine, qui, en début d’année, avait participé aux travaux de l’Union européenne en matière de STI et de développement, se bat pour choisir sa voie et rester libre et indépendante. »

Enfin, le représentant du Portugal a expliqué que son pays met l’accent sur la réalisation de l’ODD no 14 relatif à la vie aquatique.  La Conférence sur les océans, qui se tiendra à Lisbonne en juin et juillet prochains, sera l’occasion de parler de la nécessité de sauver les objectifs de développement durable en investissant dans les STI et de rappeler l’importance, pour la protection de l’environnement, du futur pacte numérique mondial proposé par le Secrétaire général de l’ONU, a-t-il en outre annoncé. 

La session ministérielle du septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable reprendra demain, à 16 heures. 

Session thématique 1: « Science, technologie et innovation dans le contexte de la pandémie de COVID-19 »

Cette session avait pour objectif d’explorer les leçons de la pandémie de COVID-19 pour forger une meilleure interface science-politique-société, planifier une reprise résiliente, durable et inclusive et adopter des solutions rapides aux défis mondiaux.  Les participants ont présenté leurs vues pour répondre à cette question, sous la houlette de M. KENNEDY GODFREY GASTORN (République-Unie de Tanzanie), qui est Vice-Président du Septième forum sur la science, la technologie et l’innovation

Cette session était animée par Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM, Coprésidente du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, qui a présenté l’accès aux découvertes scientifiques comme un élément essentiel pour pouvoir progresser.  Alors que six vaccins ont été mis au point en moins d’un an, ce qui est sans précédent, la COVID-19 est pourtant toujours présente et de nouveaux variants et sous-variants nous forcent à faire preuve d’humilité, alors qu’il ne reste que huit ans pour atteindre les ODD, a rappelé Mme Abdool Karim, qui est aussi professeure en épidémiologie clinique à Columbia University.

Il faut d’autant plus nous préparer, aux niveaux national et international, aux futures pandémies, a renchéri M. CHRISTIAN BRÉCHOT, Président du Global Virus Network et ancien Président de l’Institut Pasteur en France, pour qui la science sera essentielle à cet égard si nous savons comment utiliser les progrès scientifiques et les mettre à disposition de tout le monde.  L’interface humains-animaux doit notamment faire l’objet d’une surveillance particulière, selon M. Bréchot.  Les vaccins ont démontré que l’innovation mise en œuvre est essentielle mais, à ce stade, la durée de la protection est insuffisante, a-t-il constaté en espérant le développement de vaccins de deuxième génération et la garantie de l’accès à ces vaccins pour tous.  Pour se préparer aux futures pandémies, M. Bréchot a aussi mis l’accent sur le partage des données, un aspect qui a été renforcé pendant la pandémie de COVID-19.  À l’ère de l’épidémiologie moderne, cela sera au cœur de prochaines batailles contre les virus, a estimé l’expert.  Il a également soulevé le problème du manque d’experts en épidémiologie à l’échelle mondiale.  Il a donc appelé à plus de synergies entre toutes les institutions qui forment la nouvelle génération d’experts, en souhaitant des partenariats robustes dans ce domaine.  Par ailleurs, il a appelé à repenser les structures organisationnelles existantes pour pouvoir réagir plus rapidement en cas de pandémie.  Le Global Virus Network est pionnier dans ce domaine, a-t-il expliqué en vantant les mérites de ce réseau souple d’experts mondiaux qui plaide pour une approche globale des pandémies.  En ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle, il a suggéré de travailler dans un contexte moins formel pour pouvoir développer des idées innovantes. 

Lui emboîtant le pas, M. MOHAMMED ABDULAZIZ, Chef de la Division de surveillance et du contrôle des maladies aux Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (le CDC africain), a parlé de certaines leçons tirées en termes de réponse sanitaire, à commencer par le besoin frappant d’institutions sanitaires robustes en Afrique.  Il a aussi prôné l’amélioration de la production locale de médicaments essentiels, notamment pour le diagnostic et les vaccins.  M. Abdulaziz est également revenu sur l’importance du partage d’informations scientifiques.

Mme ANUSHA NATHAN, du Programme des sciences et technologies de la santé, à Harvard Medical School, où elle travaille sur son doctorat en virologie pour créer des vaccins contre certains virus en misant sur les cellules T, s’est réjouie des progrès faits dans les vaccins à ARNm au cours des deux dernières années.  Elle a toutefois souligné que la durée de protection de ces vaccins est trop courte, souhaitant voir créer de nouveaux vaccins qui travaillent sur les cellules T pour lutter contre les nouveaux variants de SARS-COVID-2.  En ciblant ces cellules, il devrait à son avis être possible d’ouvrir la voie à un vaccin à spectre plus large, englobant notamment le SARS-COVID-2.  Par ailleurs, en tant que doctorante, la jeune scientifique a observé et salué la mobilisation des jeunes scientifiques comme elle qui cherchent à apporter des vaccins aux groupes marginalisés dans le monde entier.

M. DAI BING (Chine) a fait le point sur la philosophie du Gouvernement chinois qui cherche à utiliser au mieux les STI au service du Programme 2030.  Alors que la Chine lutte depuis deux ans contre la COVID-19, il a assuré que l’individu est au cœur de son approche non seulement en termes de diagnostic et de traitement, mais aussi pour garantir une chaîne d’approvisionnement sûre et la réouverture de l’économie.  La Chine mise pour cela sur les STI et promeut activement la coopération scientifique et technologique, a affirmé le représentant, en rappelant notamment que ce sont les chercheurs chinois qui ont analysé en premier le génome du coronavirus et qui ont partagé ces résultats avec la communauté scientifique mondiale.  Le représentant n’a pas manqué de mentionner les dons substantiels de vaccins de la Chine à plus de 120 pays et ses efforts pour développer des structures de fabrication de vaccins à l’étranger. 

Un autre témoignage national a été donné par Mme HYUNJOO OH (République de Corée), qui a notamment évoqué la mise en place récente du Comité sur les technologies neutres en carbone et du Bureau de liaison pour le Mécanisme technologique de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  La déléguée de la République de Corée a également mis l’accent sur l’importance des femmes et des filles dans les STI.  Elle a fait valoir la loi en ce sens adoptée dans son pays pour augmenter le nombre de scientifiques et d’ingénieurs femmes. 

Apportant une expérience concrète de l’utilisation des STI au service de la production agricole et de la sécurité alimentaire aux Philippines, Mme JUANA TAPEL, de la Fédération mondiale des organisations d’ingénieurs, a expliqué qu’il y avait eu, pendant la pandémie, à la fois des pénuries alimentaires dans la métropole de Manille et une offre excédentaire dans les zones de production en raison d’une distorsion imprévue des systèmes de distribution.  L’accès à des aliments sains et nutritifs était également limité car de nombreuses personnes se sont retrouvées sans emploi en raison de la fermeture de nombreuses entreprises, a-t-elle ajouté.  Elle a également parlé des difficultés de transport et de distribution qui ont entraîné des gaspillages dus à la périssabilité des aliments.  Les fournisseurs de machines agricoles n’ont pas été en mesure d’entretenir et de fournir des machines, ce qui a eu un impact indirect sur l’approvisionnement alimentaire, a encore expliqué la panéliste.  Mais l’ingénierie et la technologie ont permis d’apporter des solutions innovantes, a-t-elle témoigné, citant notamment l’utilisation du numérique dans la distribution logistique des produits agricoles ainsi que la disponibilité d’identifiants à code QR pour l’entretien des machines agricoles.  Les outils scientifiques ont aussi permis de minimiser le gaspillage grâce à une distribution rapide dans les chaînes de valeur et d’utiliser les produits de l’agro-pêche comme aide « de secours » dans les zones touchées ou les installations de quarantaine.

Malheureusement, les interventions de M. PETER MAJOR, le Vice-Président de la Commission des Nations Unies sur la science et la technologie au service du développement (CSTD), de M. EAMONN MURPHY, Directeur exécutif adjoint du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), et du représentant de la Fédération de Russie n’ont pas pu être interprétées à cause de problèmes techniques.

Session thématique 2: « Innovations dans l’éducation: vers un accès à l’enseignement de qualité et le bien commun »

Durant cette seconde session thématique, les panélistes se sont penchés sur les grandes tendances et les grands défis en termes d’accès à un enseignement de qualité dans le monde.  Le modérateur, M. TALIS JUHNA, vice-recteur de l’Université technique de Riga en charge de la recherche, professeur et Président du Conseil consultatif de surveillance du Conseil letton de la science, et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a axé son introduction sur le sort de millions d’enfants qui ont décroché en lecture et souffrent de problèmes de santé mentale à cause de l’isolement: ces incidences augmentent dans les foyers vulnérables (pauvres, réfugiés, enfants handicapés).  Il a aussi constaté un écart se creusant entre les pays connectés et les autres.

Si les nouvelles technologies ont parfois constitué une bouée de sauvetage pour les systèmes éducatifs, les panélistes ont mis en garde contre une fausse solution miracle, sans « travail de fond ».  Vis-à-vis de « l’enseignement technologique », les avis ont oscillé entre l’enthousiasme, le scepticisme et la franche opposition.  Mme NESHA HANIFF, Directrice de « La pédagogie d’action » à l’Université du Michigan, s’est par exemple déclarée contre la dépendance aux technologies et pour un retour sans ambages à un « enseignement oral, traditionnel ».  Elle pense que les technologies rendent les étudiants « passifs » et les ravale au rang d’« observateurs ».  Elle a expliqué que malgré ses bienfaits, dont celui de nous garder en lien durant la pandémie, les nouvelles technologies ont trop tendance à être considérées comme une solution miracle, au détriment d’un investissement plus direct dans les populations.  Pour elle, la technologie ne remplacera pas le travail sur le terrain. 

Mme VERNA LALBEHARIE, Directrice exécutive du hub EdTech, a semblé aller dans le même sens.  Si la technologie promet beaucoup pour résoudre la crise mondiale de l’apprentissage, il n’existe pas de solution miracle en matière d’éducation et la technologie n’en est certainement pas une, a-t-elle estimé.  Elle a de plus remarqué que de nombreuses interventions axées sur l’achat de nouveau matériel ont échoué ou ont accru les inégalités en raison d’une mauvaise mise en œuvre ou d’une faible adaptation au contexte. 

Cela ne semblait pas être l’avis de Mme SUSAN LIAUTAUD, la Vice-Présidente du Conseil du Partenariat mondial pour l’éducation, une entité qui a mobilisé 500 millions de dollars afin d’aider ses pays partenaires à concevoir et à « mettre en œuvre des solutions technologiques adaptées à leurs besoins ».  Mme Liautaud a mis en avant le Malawi, qui a distribué des « tablettes à énergie solaire » avec des contenus éducatifs, et a connecté élèves et enseignants via WhatsApp.  Elle a aussi cité la Zambie et son programme d’apprentissage à distance par radio, qui a touché 4,4 millions d’élèves.  « Les filles et les enfants les plus pauvres ont reçu des radios à énergie solaire pour réduire la fracture numérique », a précisé Mme Liautaud. 

Pour aller de l’avant, Mme Lalbeharie a préconisé une politique à plusieurs niveaux pour toucher d’abord le système (accès aux données et flux de données), puis les enseignants, en mettant l’accent sur la formation professionnelle, et enfin les élèves.  Elle a particulièrement insisté sur la formation continue des enseignants et sur un rafraîchissement des contenus de leur formation initiale, afin de mettre l’accent sur le développement des compétences.

L’enseignement à distance est là pour durer, mais le manque de contact humain semble avoir des conséquences négatives, surtout chez les filles défavorisées, confrontées à la maison à un environnement abusif, a observé Mme PAOLA BETTELI, avocate.  Le contact avec les enseignants les guide et les rassure; ce rôle est primordial et irremplaçable en virtuel, a-t-elle commenté.

La panéliste de l’Université du Michigan a, elle, dénoncé un « sexisme » et un « préjugé de genre », selon elle, incrustés dans l’architecture des nouvelles technologies et dans la manière dont les codes sont élaborés.  « La plupart de ces codes sont écrits par des hommes blancs, ce qui rend la conduite de ces technologies culturellement et racialement biaisée. »  Quand les filles apprennent à coder, apprennent-elles aussi à naviguer dans le sexisme institutionnel?  Le fait de savoir coder suffira-t-il à réduire l’inégalité des femmes? a-t-elle demandé à l’assemblée.

En fin de séance, l’intervenante du Conseil du Partenariat mondial pour l’éducation a résumé son propos en appelant à se concentrer sur l’accès à Internet, sur les jeunes filles et sur les handicapés, et à davantage impliquer les entreprises privées et les ONG.  Le représentant de la Bolivie a parlé de la difficulté de fermer les écoles publiques et des inégalités inhérentes en matière d’accès aux nouvelles technologies, particulièrement dans les zones rurales et isolées.  Il a estimé qu’Internet était tellement indispensable que son accès devrait être un « droit fondamental ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: après l’embellie du début de l’année, la situation financière de l’ONU s’assombrit de nouveau  

Soixante-seizième session,
14e et 15e séances plénières – matin & après-midi 
AG/AB/4383

Cinquième Commission: après l’embellie du début de l’année, la situation financière de l’ONU s’assombrit de nouveau  

Après l’embellie du début de l’année, des nuages passent de nouveau sur la situation financière de l’ONU, a prévenu aujourd’hui la Secrétaire générale adjointe aux stratégies et politiques de gestion et de la conformité devant la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires. 

Sur un budget ordinaire de 2,9 milliards de dollars pour 2022, au 30 avril dernier, les arriérés se chiffraient à 1,58 milliard de dollars, a indiqué Mme Catherine Pollard.  Le ciel ne semble pas plus dégagé du côté des opérations de maintien de la paix, puisqu’à la même date, les impayés s’élevaient à 2,8 milliards de dollars, soit 2,4 milliards pour les opérations actives et 396 millions pour les opérations clôturées.  Pour la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) conseille à la Commission de ramener à 1 milliard de dollars le budget de la Mission en République démocratique du Congo (MONUSCO) et 1,1 milliard, celui de la Mission au Soudan du Sud (MINUSS), autant de coupes budgétaires que le Kenya, au nom du Groupe des États d’Afrique, a vivement dénoncé. 

Les 29 missions clôturées ayant un solde de 162 millions de dollars, le Pakistan, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a dit attendre avec intérêt les nouvelles orientations du Secrétaire général contre la pratique des emprunts aux comptes de ces opérations pour financer le déficit du budget ordinaire de l’ONU.  Le Pakistan n’a pas manqué de soulever la question du remboursement des pays contributeurs et de personnel de police, alors que les missions clôturées accusent des arriérés de 367,9 millions de dollars. 

La Cinquième Commission s’est aussi penchée aujourd’hui sur les efforts « décevants », selon les mots des États-Unis, pour améliorer l’accès des personnes handicapées aux conférences et réunions du système des Nations Unies.  Dans son rapport, le CCQAB dit ne voir aucune approche commune au Siège, dans les commissions régionales et dans d’autres bureaux.  Pensez, se sont impatientés les États-Unis, à ce que vous prenez pour acquis pour vos réunions : l’enregistrement en ligne et l’accès aux bâtiments ou aux couloirs, avec des tourniquets et des escaliers qu’il faut franchir.  Que feriez-vous si vous étiez en chaise roulante ? Non, ont-ils martelé, il faut des améliorations « concrètes », comme des sièges réservés de façon permanente aux personnes handicapées, des entrées pour les chaises roulantes et un processus d’enregistrement uniforme pour toutes les réunions et conférences.  Outre l’accessibilité physique, il faut aussi de l’accessibilité virtuelle. 

Dans son rapport, le CCQAB estime que les efforts en la matière devraient être menés, sous la coordination d’une personne référente à l’échelle mondiale, au niveau de direction le plus élevé et dans la limite des ressources disponibles.  Il insiste surtout sur la mise en œuvre des 10 recommandations du Corps commun d’inspection.  Celles du Comité des commissaires aux comptes (CCC) sur les opérations de maintien de la paix ont été commentée par le Pakistan qui a, à son tour, dénoncé les retards d’application.  Dans son rapport, le CCQAB réaffirme que les constatations présentées chaque année par le Comité des commissaires aux comptes constituent un pilier essentiel du cadre de contrôle de l’ONU, garantissent la conformité avec le Règlement financier et les règles de gestion financière de l’ONU et représentent un outil précieux pour améliorer sa gestion et contribuer à l’efficacité et à l’efficience des opérations de maintien de la paix. 

La Cinquième Commission débattra de la situation financière de l’ONU jeudi 12 mai à partir de 15 heures. 

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Déclaration

Mme CATHERINE POLLARD, Secrétaire générale adjointe aux stratégies et politiques de gestion et de la conformité, a indiqué si cette année a commencé avec un surplus de 307 millions de dollars au titre du budget ordinaire, l’ONU n’est pas pour autant dans une meilleure situation financière, compte tenu des retards de paiement.  Le budget ordinaire étant de 2,93 milliards de dollars, soit 21 millions de moins qu’en 2021, les versements effectués, au 30 avril, n’étaient que de 1,79 milliard de dollars.  À cette date, 96 États membres s’étaient acquittés de la totalité de leur dû, soit deux de moins que l’année dernière.

S’agissant du budget des opérations de maintien de la paix, a poursuivi Mme Pollard, malgré des versements de 1,6 milliard, légèrement plus élevés que le 1,5 milliard de l’année dernière, nous en étions au 30 avril dernier, à des impayés de 2,8 milliards de dollars, soit 2,4 milliards pour les opérations actives et 396 millions pour les opérations clôturées.  Sur la somme de 2,4 milliards pour les opérations actives, 1,6 milliard concerne le budget de cette année et 826 millions, les impayés de 2021 et des années précédentes.  Au 30 avril, 51 États Membres avaient payé la totalité de leur dû, et ici aussi, deux de moins que l’année dernière.  Au 30 avril, le montant disponible était de 2,1 milliards de dollars pour les opérations actives, les opérations clôturées et le Fonds de réserve dont l’utilisation est strictement réservée aux nouvelles opérations et à l’élargissement des opérations actives.  Chaque mission a son propre compte et les emprunts croisés ne sont autorisés par l’Assemblée générale que lorsque les circonstances l’imposent. Quant aux comptes des opérations clôturées, ils ne peuvent être ponctionnés que pour combler le déficit du budget ordinaire.

Concluant sur les Tribunaux pénaux internationaux, Mme Pollard a indiqué que les impayés s’élevaient, au 30 avril dernier, à 91 millions de dollars.  Enfin, elle a précisé qu’à ce jour, soit ce 5 mai, 43 États Membres sur 193 se sont acquittés de la totalité de leur dû dans les trois catégories.

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur la situation financière au 30 juin 2021 des opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé (A/76/738)

Dans ce rapport, le CCQAB recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de restituer aux États Membres un montant de 80 843 000 dollars (représentant le montant total net des liquidités des 29 missions de maintien de la paix clôturées) sur le solde net de 162 478 000 dollars disponible dans 24 missions présentant un excédent net de liquidités, au 31 janvier 2022, ce qui laisse un solde de 81 635 000 dollars, qui permettrait de régler les sommes dues depuis longtemps aux pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police au titre des missions clôturées.

Déclaration

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme RABIA IJAZ (Pakistan) a rappelé que le rapport du Secrétaire général présente la situation financière de 29 missions de maintien de la paix clôturées au 30 juin 2021.  Cinq d’entre elles avaient un déficit de trésorerie de 85,6 millions de dollars, principalement dû aux arriérés de paiement.  La représentante a dit craindre que ce déficit n’empêche ces missions d’honorer leurs obligations vis-à-vis des fournisseurs et des États Membres, en particulier les pays contributeurs de troupes et de personnel de police qui attendent depuis de nombreuses années leur remboursement.

La représentante a dit attendre avec intérêt les nouvelles stratégies du Secrétaire général pour régler cette situation mais arrêter d’emprunter aux opérations clôturées pour combler le déficit du budget ordinaire de l’ONU, ici aussi dû aux arriérés de paiement.  S’agissant des 29 missions clôturées, le total des arriérés s’élevait à 367,9 millions de dollars, au 30 juin 2021, a souligné la représentante, en insistant sur l’obligation des États Membres de s’acquitter de leurs contributions à temps, en totalité et sans condition.  Elle a aussi estimé que la résolution A/73/307 de l’Assemblée générale autorisant, à titre expérimental sur une période de trois ans, les emprunts croisés entre les opérations de paix actives ont permis de réduire considérablement les emprunts aux opérations clôturées, une pratique financière « nocive », a-t-elle souligné, qui n’a pas été approuvée par l’Assemblée générale.

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

Rapport du CCQAB sur la Mission de stabilisation de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) : exécution du budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.4)

Le CCQAB recommande que le montant de 73 217 000 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, ainsi que le montant de 23 103 000 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les ressources demandées soient réduites de 2 007 100 dollars et ramenées de 1 037 277 000 dollars à 1 035 269 900 dollars, pour couvrir l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.

Rapport du CCQAB sur la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) : exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour lexercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.7)

Le CCQAB recommande que le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, soit 6 613 800 dollars et les autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021, soit (27 123 800 dollars), soient portés au crédit des États Membres.  Compte tenu des observations et recommandations qu’il a formulées plus haut, le Comité consultatif recommande que les crédits demandés soient réduits de 2 231 300 dollars et ramenés de 1 122 939 000 dollars à 1 120 707 700 dollars, pour la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.

Déclaration

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a rendu hommage aux Casques bleus récemment décédés en République démocratique du Congo.  Elle a noté le taux d’exécution élevé de la Mission dans ce pays et de celle au Soudan du Sud, deux opérations, a-t-elle fait observer, qui ont néanmoins dépassé le niveau des dépenses prévues.  La représentante a voulu en connaître les raisons, tout en soulignant l’importance pour les missions de mener des projets à impact rapide afin de gagner la confiance des populations.  Elle a par ailleurs salué les progrès accomplis pour réduire l’empreinte écologique de ces deux missions, tout en notant les risques pour l’environnement de l’abandon de matériel.  Elle n’a pas manqué de dénoncer la faible quantité des achats effectués par les missions dans leurs zones respectives, avant de se dire préoccupée par les coupes prévues, s’agissant en particulier du budget de la Mission au Soudan de Sud.  La déléguée a insisté sur la nécessité d’un soutien humanitaire accru au Soudan du Sud et appelé à un financement adéquat.

CORPS COMMUN D’INSPECTION

Rapport du CCQAB sur l’amélioration de l’accès des personnes handicapées aux conférences et réunions du système des Nations Unies (A/76/787)

Pour l’établissement de son rapport, le Comité consultatif a examiné celui du Secrétaire général (A/76/694).  De manière globale, des progrès notables ont été accomplis dans l’accessibilité des personnes handicapées, mais il n’existe pas d’approche commune au Siège, dans les commissions régionales et dans d’autres bureaux.  Le Comité recommande donc à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général d’élaborer des règles et normes communes à l’ensemble du système des Nations Unies.  Il estime aussi que les efforts devraient être menés, sous la coordination d’une personne référente à l’échelle mondiale, au niveau de direction le plus élevé et dans la limite des ressources disponibles.

Il faut, ajoute le Comité consultatif, recueillir des données statistiques, y compris sur les obstacles qui empêchent les personnes handicapées de participer aux réunions et aux conférences, sur la fréquence à laquelle elles y participent et sur l’utilisation qu’elles font des outils technologiques, afin de s’assurer que les solutions d’accessibilité sont adaptées à leurs besoins.  Le Comité compte d’ailleurs que le Secrétaire général fournira une vue d’ensemble complète de toutes les initiatives liées aux technologies de l’information et des communications menées au Siège pour améliorer l’accessibilité, qui comprendra des informations ventilées par département et par initiative, et qui précisera les incidences financières correspondantes.  Le Comité consultatif dit son intention d’examiner cette question plus avant dans le cadre du projet de budget-programme pour 2023 et des projets de budget relatifs aux travaux de construction.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme RABIA IJAZ (Pakistan), a  déploré le fait que le Secrétariat ne soit toujours pas en mesure de mettre en œuvre un certain nombre de recommandations du Corps commun d’inspection, y compris l’élaboration et la présentation d’un projet de politique sur l’accessibilité des personnes handicapées aux conférences et réunions.  Pour que la Stratégie des Nations Unies soit véritablement mise en œuvre, la déléguée a demandé que tous les instruments politiques, y compris les normes et procédures opérationnelles, soient mis en œuvre par les chefs de secrétariat, et ce, dès que possible.  Elle a invité ces derniers à suivre les recommandations du Corps commun d’inspection, notamment en donnant des instructions nécessaires au Bureau de l’informatique et des communications, en permettant que les bureaux de gestion entreprennent des évaluations périodiques sur l’accessibilité des installations et services dédiés aux conférences et réunions et en s’assurant que les organisations de personnes handicapées soient consultées de manière adéquate à toutes les étapes du processus.

Le représentant des (États-Unis) a déclaré que l’amélioration de l’accessibilité des personnes handicapées est une priorité « absolue » de sa délégation.  Rappelant que les États-Unis coprésident avec Antigua-et-Barbuda le Comité directeur sur le handicap mis en place par l’Assemblée générale, le représentant a constaté que, des années après la Conférence sur les droits des personnes handicapées, la réalité reste décevante, les institutions onusiennes ne prévoyant toujours pas une pleine accessibilité.  Pensez à ce que vous prenez pour acquis pour vos réunions, a-t-il lancé à ses homologues : l’enregistrement en ligne et l’accès aux bâtiments ou aux couloirs, avec les tourniquets et les escaliers qu’il faut franchir.  Que feriez-vous si vous étiez en chaise roulante ? Quel membre du personnel de l’ONU vous aurait aidé ?  Que vous arriverait-il si vous visitiez le Siège de l’ONU pour la première fois ?  Non, s’est impatienté le délégué, il faut des améliorations « concrètes », comme des sièges réservés de façon permanente aux personnes handicapées, des entrées pour les chaises roulantes et un processus d’enregistrement uniforme pour toutes les réunions et conférences.  Outre l’accessibilité physique, l’environnement virtuel doit aussi être accessible pour tous, notamment sur la plateforme e-deleGATE, a-t-il plaidé, avant de saluer les efforts déployés par le Secrétariat pour améliorer la situation, notamment les toilettes plus accessibles, la création de quelques entrées pour les chaises roulantes depuis la rue et l’élaboration d’un plan d’accès à la tribune de l’Assemblée générale.  Hélas, a-t-il regretté, tous ces projets ne sont pas encore lancés.  Il a conclu en invitant tous les États intéressés à rejoindre le Comité directeur sur le handicap.

M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a considéré que la question de l’accessibilité des personnes handicapées à l’ONU ne devrait plus constituer un problème depuis bien longtemps, 30 ans après qu’il a été décrété qu’il s’agit d’un droit humain fondamental.  L’inclusion et la participation pleine et entière des personnes atteintes de handicap afin de ne laisser véritablement personne de côté est une nécessité, a-t-il insisté, en regrettant les retards importants accumulés, à cet égard, en raison de la pandémie.  Le représentant s’est donc félicité du rapport qui tombe à point nommé.  Il a plaidé pour un accès physique aux salles, un plan des sièges réservés aux représentants, représentantes, diplomates, visiteurs, visiteuses, ambassadeurs et ambassadrices, avant de demander que le braille soit disponible dans les salles de conférence.  Le délégué a aussi souhaité que soit améliorée la traduction en langage des signes.  « Ce n’est pas trop demander que ces problèmes soient réglés de toute urgence », a-t-il dit.  Antigua-et-Barbuda, a ajouté le représentant, appuie les 10 recommandations du Corps commun d’inspection et du Secrétaire général et exhorte les agences, fonds et programmes de l’ONU à les mettre en œuvre sans préjuger de la stratégie d’inclusion des Nations Unies à l’échelle du système.

RAPPORTS ET ÉTATS FINANCIERS AUDITÉS ET RAPPORTS DU COMITÉ DES COMMISSAIRES AUX COMPTES

Rapport du comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le Rapport du Comité des commissaires aux comptes relatif aux comptes des opérations de maintien de la paix et sur le rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Comité des commissaires aux comptes concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour l’exercice clos le 30 juin 2021 (A/76/735)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné celui du Comité des commissaires aux comptes 2021 [A/76/5 (Vol. II)] et du Secrétaire général sur la suite donnée aux recommandations dudit Comité (A/76/723).  Les observations du CCQAB concernant certaines des constatations formulées par le Comité des commissaires aux comptes figurent également dans son rapport (A/76/760) et dans ceux consacrés aux diverses missions.

Le Comité des commissaires aux comptes, relève le CCQAB, indique que le budget des opérations de maintien de la paix approuvé pour l’exercice 2020/21 était de 6,82 milliards de dollars, soit une augmentation de 0,01 milliard de dollars par rapport à l’exercice antérieur.  Les dépenses ont été ramenées de 6,71 milliards de dollars en 2019/20 à 6,61 milliards de dollars en 2020/21, soit une diminution de 1,5%.  Un montant de 0,21 milliard de dollars n’a pas été utilisé en 2020/21.  À propos de la liquidation de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), le CCQAB souscrit à la recommandation du Comité des commissaires aux comptes et recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de lui présenter, à titre prioritaire, la politique de gestion des ressources humaines relative à la réduction des effectifs et à la liquidation, et compte que cette politique portera, entre autres, sur la question du départ prématuré des hauts fonctionnaires des missions lors des phases de réduction des effectifs et de liquidation.  Le CCQAB prend note des observations du Comité des commissaires aux comptes concernant le recours à l’examen comparatif pour le choix des équipes de liquidation et compte que de nouvelles consultations seront menées avec l’Administration pour répondre aux préoccupations du Comité des commissaires aux comptes.

Le CCQAB prend aussi note de la recommandation du Comité des commissaires aux comptes tendant à ce que l’Administration veille à ce que le Statut et le Règlement du personnel de l’Organisation des Nations Unies soient respectés afin d’éviter que des indemnités injustifiées soient versées aux fonctionnaires dont la réaffectation n’a pas été possible, et souscrit à la recommandation tendant à ce qu’une indemnité majorée ne soit versée qu’après examen de chaque cas individuellement.

Venant aux cas de fraude ou de présomption de fraude, le CCQAB se déclare à nouveau préoccupé par leur nombre et réaffirme que le Secrétaire général doit mettre davantage l’accent sur la sensibilisation et la prévention.  Il espère que des informations sur les montants récupérés seront fournies à l’Assemblée générale.  De manière générale, le CCQAB note avec préoccupation l’absence de progrès dans l’application de recommandations approuvées par l’Assemblée générale.  Il rappelle que cette dernière a demandé, à plusieurs reprises, au Secrétaire général de veiller à ce que les recommandations du Comité des commissaires aux comptes soient promptement appliquées dans leur intégralité et d’exposer en détail les raisons des retards pris dans l’application des recommandations en suspens, les causes profondes des problèmes récurrents et les mesures à prendre.

Le Comité réaffirme que les constatations présentées chaque année par le Comité des commissaires aux comptes dans ses rapports d’audit constituent un pilier essentiel du cadre de contrôle de l’Organisation, garantissent la conformité avec le Règlement financier et les règles de gestion financière de l’ONU et représentent un outil précieux pour améliorer sa gestion et contribuer à l’efficacité et à l’efficience des opérations de maintien de la paix.

Déclaration

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme RABIA IJAZ (Pakistan) a dit accorder une grande importance aux travaux du Comité des commissaires aux comptes pour assurer le contrôle nécessaire de l’aspect financier des opérations de maintien de la paix, en suivant les dépenses et l’exécution des mandats.  Ces travaux complètent ceux d’autres mécanismes de contrôle, comme le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et le Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit.  Ayant examiné attentivement le rapport de cette année, la représentante s’est dite préoccupée par les retards dans la mise en œuvre de certaines des recommandations précédentes et actuelles.  Nous réitérons notre appel au Secrétariat pour qu’il redouble d’efforts et mette en œuvre efficacement les recommandations du Comité des commissaires aux comptes, au nom de la transparence, de l’efficacité et du bon fonctionnement des opérations de maintien de la paix, a insisté la représentante, avant de regretter la récurrence de recommandations similaires ou connexes.  Notant que le présent rapport met en évidence des lacunes importantes dans différents domaines, dont la gestion des stocks et la faiblesse du contrôle, la représentante a espéré que les prochaines consultations entre États Membres permettront d’examiner comment le Secrétariat pourrait régler rapidement les problèmes identifiés et prendre les mesures correctives qui s’imposent.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La lutte contre la désinformation, le respect du multilinguisme et le rôle des CINU pour relayer l’information en langues locales dominent le débat au Comité de l’information

Quarante-quatrième session,
3e et 4e séances – matin & après-midi
PI/2300

La lutte contre la désinformation, le respect du multilinguisme et le rôle des CINU pour relayer l’information en langues locales dominent le débat au Comité de l’information

Au deuxième et dernier jour du débat général du Comité de l’information, une trentaine de délégations se sont succédé pour reconnaître et souvent saluer le travail accompli par le Département de la communication globale des Nations Unies (DCG), qui a su s’adapter à un environnement difficile marqué par la pandémie et s’acquitter de son mandat de « messager » ou de « voix des Nations Unies » à travers la diffusion d’informations fiables.

La lutte contre la désinformation et la mésinformation menée par le Département, en particulier dans le contexte de la réponse sanitaire de l’ONU à la COVID-19, à travers son initiative Verified, a fait l’objet d’un soutien unanime des membres du Comité.  Comme l’ont soulevé les États-Unis, Internet et les technologies de l’information et des communications (TIC) ont permis à la désinformation de proliférer, aggravant les défis mondiaux les plus urgents.  La délégation américaine a fustigé notamment les affirmations infondées qui ont mis en doute un large consensus scientifique sur les vaccins anti-COVID-19, alors que la rumeur et la peur ont érodé la confiance dans les institutions de santé publique. 

Le Portugal a appelé à se demander pourquoi, dans une « société de l’information » comme celle d’aujourd’hui, de plus en plus de citoyens s’éloignent des sources fiables.  C’est un problème de confiance et celle-ci doit à tout prix être restaurée, a-t-il plaidé.  Avec un flot incessant d’informations sur les réseaux sociaux, la première victime est la vérité, a dénoncé à son tour le Liban en relevant que l’information est devenue fragmentée et ses consommateurs plus dispersés et plus isolés de la réalité et de la vérité.  Abondant en ce sens, l’Inde s’est indignée que des outils comme Internet et les plateformes de médias sociaux, « fer de lance de la révolution de l’information », soient utilisés à mauvais escient pour répandre des mensonges. 

Dans le monde d’aujourd’hui, les guerres d’information peuvent engendrer de l’instabilité et constituer une menace pour la paix et la sécurité, a mis en garde la Malaisie.  À ce sujet, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été citée comme exemple de la façon dont la manipulation de l’information, y compris la désinformation, est utilisée pour tenter de justifier une agression militaire illégale et non provoquée contre un autre État.  Le Portugal l’a également relevé ainsi que l’Ukraine elle-même, qui a dénoncé la propagande russe.  De son côté, le Venezuela a déploré « la décision des États-Unis et du Royaume-Uni d’approuver des ressources pour influencer les agendas des médias locaux, subvertir l’ordre constitutionnel et faire avancer des opérations secrètes qui visent non seulement à promouvoir leur infâme politique de changement de régime, mais aussi à attenter à la paix sociale du Venezuela ».

Que ce soit le Venezuela, le Népal, l’Inde, le Japon, le Bangladesh, le Brésil, l’Argentine ou encore la Fédération de Russie, les délégations ont été nombreuses à souligner la contribution inestimable des centres d’information des Nations Unies (CINU), qui sont un maillon clef du Département pour diffuser l’information de l’ONU dans les langues locales, un pari déjà relevé pour 125 langues.  La couverture multilingue de l’actualité élargit le spectre de la sensibilisation du public aux activités de l’ONU, ont fait valoir les délégations, qui ont apprécié qu’elle contribue à la qualité et à la fiabilité des informations.  Dès lors, les appels se sont multipliés pour renforcer les moyens humains et techniques de ces centres à travers le monde.  L’Égypte a d’ailleurs exprimé sa déception face à la décision de réduire les ressources du CINU du Caire et de transférer l’excédent dégagé à d’autres centres.

Si le DCG a ainsi été encouragé à intégrer plus systématiquement le portugais, le népalais, l’hindi et d’autres langues non officielles dans ses supports et campagnes de communication, le respect des six langues officielles a lui aussi été revendiqué par les membres du Comité de l’information, qui ont appelé à tenir compte du niveau de développement des infrastructures numériques de chaque pays et du fossé numérique.  La Chine a notamment plaidé pour qu’une place plus prépondérante soit donnée à la langue chinoise dans tous les supports développés par le Département en rappelant au passage qu’il s’agit d’une des langues les plus parlées au monde et d’une des langues officielles de l’ONU. 

Lui faisant écho, les pays hispanophones ont regretté que la parité linguistique ne soit toujours pas devenue une réalité.  L’Argentine a d’ailleurs dénoncé le fait que les communiqués de presse de l’ONU ne soient disponibles qu’en anglais et en français, une revendication qui revient depuis plusieurs années par la voix du Groupe des Amis de l’espagnol.  Les pays hispanophones ont aussi mis en garde contre la tendance à se limiter à de simples traductions des contenus anglais diffusés par le DCG, plaidant pour davantage de contenus originaux pour respecter les nuances linguistiques et culturelles.  Du même avis, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a estimé que « trop d’événements donnent aujourd’hui l’impression que l’ONU ne parle qu’une seule langue ». 

L’OIF a aussi mis en exergue toute l’importance de la célébration des journées des langues officielles, qui représentent de réelles opportunités pour rappeler l’étendue des enjeux liés au plein respect de la diversité linguistique et promouvoir les acteurs qui font vivre au quotidien cette diversité.  Demain, le 5 mai, sera d’ailleurs célébré la Journée internationale de la langue portugaise.

Le Comité de l’information poursuivra ses travaux en séances informelles et sa prochaine réunion publique sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. EDUARDO MANUEL DA FONSECA FERNANDES RAMOS (Portugal) a affirmé que, dans un contexte où nous avons accès à l’information comme jamais auparavant, un pourcentage toujours plus grand de la population est constamment exposé à une quantité proportionnellement croissante de désinformation et de mésinformation.  « Récemment, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que nous condamnons fermement, a montré comment la manipulation de l’information, y compris la désinformation, est utilisée pour tenter de justifier une agression militaire illégale et non provoquée contre un autre État », a dénoncé le représentant.  Si nous avons parfois trouvé des moyens de contrer les fausses informations et la désinformation, il nous faut chercher à les prévenir, a-t-il recommandé.  Il a appelé à se demander pourquoi, dans une « société de l’information » comme celle-ci, de plus en plus de citoyens s’éloignent des sources fiables afin de pouvoir nous attaquer aux causes profondes de ce défi.  À son avis, la réponse est la confiance, qu’il faut restaurer. 

Le représentant a ensuite tenu à souligner que l’ONU, par le biais de ses centres d’information, diffuse déjà des informations en 125 langues, un « exploit remarquable ».  La couverture multilingue de l’actualité élargit largement le spectre de la sensibilisation du public aux activités de l’ONU, en ajoutant à la qualité et à la fiabilité des informations disponibles.  Par ailleurs, la portée mondiale et l’universalité de la langue portugaise constituent un atout important pour la préservation et la promotion du multilinguisme, a-t-il ajouté en encourageant le DCG à développer davantage l’utilisation de la langue portugaise.  Depuis 2013, l’unité portugaise a établi des partenariats à coût neutre avec des médias dans les pays lusophones et dans d’autres pays ayant d’importantes diasporas lusophones, élargissant ainsi la portée des informations en provenance de l’ONU, a-t-il salué. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a relevé le rôle du DCG dans la diffusion d’informations fondées sur des preuves et la lutte contre les fausses informations grâce à sa campagne Verified dans le contexte de la COVID-19;  mais aussi la mobilisation autour de la mise en œuvre des ODD, des changements climatiques, du maintien de la paix, du désarmement nucléaire, de l’avenir numérique et de la lutte contre le terrorisme, entre autres.  Le Département pourrait, selon lui, aider l’ONU à obtenir un soutien public mondial pour faire avancer ces programmes en partageant des informations précises, opportunes et pertinentes.  Soulignant que la diversité linguistique fait partie intégrante du multilatéralisme, il a apprécié que le Département a publié des informations en 125 langues ainsi qu’en braille, saluant en outre les vidéos produites par le CINU de Katmandou en langue des signes népalaise.  Il a ensuite encouragé le DCG à inclure le népalais dans son panier de langues.  Le représentant a également appelé le Département à concevoir des stratégies de communication plus efficaces pour mettre en évidence les contributions des pays contributeurs de contingents de manière équitable. 

Alors que la fracture numérique aggrave les inégalités entre les États, le représentant a estimé que l’ONU devrait continuer à promouvoir les technologies numériques en tant que bien public mondial et permettre aux pays en développement d’en tirer parti pour faire un bond en avant dans leur développement.  Le Département devrait aussi continuer à faciliter la coopération internationale visant à la coopération numérique par le biais des médias, de l’information et des services de communication.  Il a également souhaité que les CINU soient renforcés avec des capacités techniques et infrastructurelles leur permettant d’atteindre un public toujours plus large. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a salué les efforts inlassables du Département de la communication globale (DCG) pour promouvoir l’action de l’ONU à travers le monde.  De même, il s’est félicité des efforts déployés par le DCG pour promouvoir une coopération étroite avec le Département des opérations et celui de l’appui aux missions.  La pandémie de coronavirus, a souligné le représentant, a en effet mis en évidence la nécessité d’un effort collectif pour relever les défis communs, comme en témoigne aussi la coopération du DCG avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’initiative Verified, qui a permis de renforcer la confiance dans le vaccin.  Il a par ailleurs exhorté à respecter les résolutions de l’Assemblée générale concernant le soutien à apporter aux centres d’information des Nations Unies (CINU), ainsi qu’à leurs pays hôtes.  Le délégué a appelé en conclusion le DCG à poursuivre le programme d’information spécial sur la question de Palestine, y compris les séminaires internationaux sur cette question. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a noté qu’au milieu de tout le flot de contenus sur les réseaux sociaux, la première victime est la vérité.  L’information est devenue fragmentée et ses consommateurs plus dispersés et plus isolés de la réalité et de la vérité, a-t-elle expliqué en estimant que c’est donc le moment le plus transformateur qui soit mais aussi le plus dangereux pour trouver et rechercher la vérité.  Selon elle, les sociétés vivent dans une « période postvérité » comme l’a exprimé M. Dmitry Muratov, le lauréat russe du prix Nobel.  Évoquant ce qui est désormais nommé « infodémie », la déléguée a expliqué que l’une des principales raisons pour lesquelles la pandémie a été difficile à combattre est la désinformation, les fausses nouvelles.  Les campagnes de désinformation contre les vaccins ont envahi Internet à une époque où la majorité des gens obtiennent leurs informations en ligne, a-t-elle rappelé.  Elle a indiqué qu’au Moyen-Orient, 86% des internautes acquièrent leurs informations à travers les réseaux sociaux.  En Amérique latine, ce taux est de 82%, tandis qu’il est de 76% en Afrique, 66% en Asie et Pacifique et 65% en Europe.  Elle a cité le Washington Post qui révèle que les informations circulant sur les principaux réseaux sociaux sont de plus en plus façonnées par les milliardaires et autres dynasties riches.  Lorsqu’elle est propagée et amplifiée par les réseaux sociaux, la désinformation peut induire en erreur, ternir le discours politique, influencer des élections, semer la discorde politique et diminuer la confiance dans les institutions, les fonctionnaires et les élus, a-t-elle recensé.  La représentante a donc appelé à lutter contre la désinformation, y compris celle qui cible les enfants et menace leur avenir.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a été d’avis que le DCG doit informer de manière exacte le public du monde entier pour contrer et prévenir la désinformation sous toutes ses formes dans un monde interconnecté.  Il est impératif, a-t-il poursuivi, de réduire la fracture numérique entre les pays développés et en développement et de mettre les technologies de l’information et des communications (TIC) au service du développement de manière équitable et juste.  Le DCG devrait à son avis jouer un rôle plus efficace et plus grand dans la sensibilisation du public sur cette question.  Il a ajouté que l’utilisation des technologies doit être compatible avec les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Le représentant a condamné l’utilisation inappropriée par certains pays de ces technologies pour la désinformation contre l’Iran.  Il a aussi exhorté le DCG à poursuivre ses efforts de sensibilisation sur les impacts négatifs des mesures coercitives unilatérales qui frappent certains pays et les populations civiles.  Il a en outre demandé à la communauté internationale de condamner l’intolérance et la haine de l’islam et des musulmans.  Le DCG devrait s’attaquer à ce phénomène y compris durant la Journée internationale contre l’islamophobie, a-t-il demandé.  Le représentant a, enfin, souligné la responsabilité de l’ONU sur la question de Palestine.  Il faut sensibiliser la communauté internationale sur les conséquences négatives de l’occupation et du blocus du peuple palestinien, a-t-il dit.  .   

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a regretté qu’Internet et les TIC aient permis à la désinformation de proliférer.  La désinformation et la manipulation aggravent les défis mondiaux les plus urgents, a-t-il déploré en ajoutant que des affirmations infondées mettent en doute un large consensus scientifique, et que la rumeur et la peur érodent la confiance dans les institutions de santé publique.  Les théories du complot amènent beaucoup à remettre en question la sécurité des vaccins, a-t-il encore constaté.  Il a souligné à cet égard l’importance de la campagne du DCG qui envoie des conseils fiables et vitaux sur la COVID-19 dans les langues du monde entier pour lutter contre la propagation de fausses informations.  Le représentant s’est dit également préoccupé par la propagation de la désinformation dans les zones de conflit, qui met en péril la sûreté et la sécurité des Casques bleus, érode la confiance du public dans l’ONU et entrave les efforts des missions pour mettre en œuvre leurs mandats.  Il a soutenu les efforts du DCG pour s’attaquer directement aux risques que la désinformation et la mésinformation font peser sur les soldats de la paix et les missions. 

Le délégué a déploré l’utilisation de la désinformation par la Russie pour justifier « sa guerre ».  De la diffusion délibérée de mensonges et de théories du complot à l’utilisation de prétextes fallacieux, la Russie utilise un manuel de jeu bien connu, a-t-il décrit.  Pire encore, a ajouté le délégué, le Kremlin a muselé la dissidence, fermé des médias indépendants et bloqué l’accès aux médias sociaux et aux informations indépendantes sur la guerre en Ukraine.  Il s’est dit encouragé par le fait que les États Membres aient rejeté les efforts de la Russie pour propager des mensonges, semer le doute et obscurcir la vérité en Ukraine, mais a appelé à rester vigilants, car le mensonge de la Russie a, selon lui, le potentiel de causer des dommages durables à la vérité et de saper les efforts de faire respecter le principe de responsabilité.  Il a salué les efforts du DCG pour promouvoir la liberté d’expression et partager des informations exactes et fiables dans plusieurs langues à travers le monde afin de lutter contre la propagation de la désinformation.  « Nous devons tous faire plus pour dénoncer la dangereuse manipulation de la vérité », a-t-il terminé. 

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a mis l’accent sur la nécessité d’appuyer le DCG en tant que « messager responsable » de l’ONU, dont l’objectif est de fournir des informations exactes et fiables.  Il a salué la campagne Marquons une pause qui encourage les médias et autres consommateurs d’informations à vérifier la validité des informations partagées afin d’arrêter la propagation de désinformation en ligne.  Il a souhaité plus de détails sur la proposition du Secrétaire général d’établir un code de conduite mondial de l’intégrité dans l’information.  Après avoir salué les travaux du Comité de l’information et du DCG pour contrer la prolifération de la désinformation relative à la pandémie de COVID-19, le représentant a jugé crucial que les informations publiées par l’ONU permettent aux États Membres de fournir leur point de vue, évoquant certains cas où des imprécisions ont été relevées lorsqu’une information provenant d’une partie tierce n’avait pas été suffisamment étayée.  Cette situation a eu un impact négatif sur les États Membres, a-t-il affirmé.  Compte tenu des inquiétudes suscitées par la désinformation, il est essentiel que l’information soit soigneusement corroborée pour garantir transparence et impartialité, a-t-il estimé.

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a salué les efforts déployés par l’ONU sur le plan de l’information, afin notamment de renforcer l’accès aux vaccins contre la COVID-19 et de lutter contre la désinformation sur la pandémie.  Il s’est félicité à cet égard des campagnes Verified et Marquons une pause lancées par le DCG pour combattre plus efficacement la propagation de fausses nouvelles.  Plus largement, le délégué a qualifié de louable le lancement d’un tableau de bord sur les objectifs de développement durable (ODD) et la mise au point d’un code de conduite global en matière de communication.  Applaudissant les efforts onusiens menés en faveur du multilinguisme, il s’est particulièrement réjoui que le Centre d’information des Nations Unies au Bangladesh promeuve les langues des minorités.  Il a souhaité à cet égard que le Centre bénéficie de davantage de moyens pour atteindre les populations vivant dans des zones rurales reculées.  Il a, d’autre part, appelé le Département à intensifier ses efforts de numérisation et à rétablir toutes les activités qu’il menait préalablement à la pandémie.  Invitant par ailleurs le DCG à davantage mettre l’accent sur la tolérance et la non-violence, il a salué la campagne engagée contre le racisme aux côtés du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Il s’est aussi réjoui que des campagnes de communication saluent les efforts des pays fournisseurs de contingent aux missions de l’ONU sur le terrain.  Avant de conclure, le représentant a encouragé le DCG à davantage sensibiliser le public sur les « génocides passés ou oubliés », notamment « celui perpétré au Bangladesh en 1971 », ainsi que sur les « crimes atroces » commis contre les Rohingya au Myanmar. 

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a exhorté le Département à redoubler d’efforts pour communiquer sur l’importance du respect des droits humains des migrants, et les contributions qu’ils apportent aux communautés d’accueil.  Il a également appelé le DCG à continuer de renforcer l’accessibilité des sites et plateformes des Nations Unies pour les personnes handicapées.  Il a voulu que la lutte contre la désinformation demeure une priorité fondamentale de l’ONU, alertant des conséquences négatives de la négligence de l’infodémie.  L’initiative Verified s’est d’ailleurs avérée un outil important pour promouvoir le traitement correct de l’information, a-t-il estimé.  Le représentant a d’autre part demandé au DCG de renforcer ses liens avec les organisations de la société civile, les universités et le secteur privé.  Les séances d’information pour la société civile et l’accréditation des ONG qui souhaitent participer aux différents événements qui se déroulent à l’ONU sont des éléments essentiels pour promouvoir et diffuser le travail effectué par les Nations Unies, mais aussi pour contribuer au travail intergouvernemental, a fait valoir le représentant.  Le délégué a par ailleurs appelé à respecter la parité linguistique des six langues officielles de l’Organisation sur tous ses supports et plateformes.  Cela signifie aussi qu’il faut aller au-delà de la simple traduction de contenus initialement produits en anglais, en reconnaissant l’importance des nuances dans la langue et dans la manière de communiquer avec les publics locaux, a-t-il indiqué.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a constaté que l’accès aux technologies de l’information et des communications continue de faire face à des défis majeurs, la fracture numérique entre le Nord et le Sud continuant de se creuser quotidiennement.  Or, la pandémie de COVID-19 nous a montré le rôle important que jouent ces technologies dans un monde de plus en plus interconnecté.  La réalité, c’est que les politiques d’agression poursuivies par certaines puissances au travers de l’application de mesures coercitives unilatérales illégales sapent les efforts nationaux, à cet égard, a dénoncé le représentant.

Il a ensuite souligné les contributions du DCG pour lutter contre les infodémies, les « fake news » et les informations erronées et non scientifiques, notamment dans le cadre de ses campagnes numériques Verified et #Ensemble, ainsi que son rôle dans la sensibilisation à l’importance de la vaccination contre la COVID-19, notamment dans les langues locales.  Il a également indiqué que le multilinguisme reste une priorité pour son gouvernement.  M. Pérez Ayestarán a par ailleurs rejeté les tentatives de restreindre le droit inaliénable de rechercher, de recevoir et de diffuser librement des informations et des idées, à la suite de la récente censure et du blocage des médias, y compris des réseaux sociaux, pour des raisons purement idéologiques.  Il a dénoncé la coordination entre les grands monopoles des médias traditionnels et numériques « à partir desquels la guerre est promue », fustigeant des actions hostiles qui visent, selon lui, à imposer une pensée unique comme stratégie de guerre communicationnelle afin d’atteindre des objectifs d’hégémonie et de domination en fomentant la confrontation entre blocs.

Le représentant a dénoncé, dans ce contexte, la décision des États-Unis et du Royaume-Uni d’approuver des ressources pour influencer les médias locaux, subvertir l’ordre constitutionnel et faire avancer des opérations secrètes qui visent, selon lui, non seulement à promouvoir leur infâme politique de changement de régime, mais aussi à attenter à la paix sociale du Venezuela.  Il a ensuite exprimé sa vive inquiétude face à la tendance croissante du portail ONU-Info et du compte Twitter officiel de l’ONU, notamment dans leur version espagnole, à « éditorialiser » leurs publications.  Nous espérons que cette plainte, que nous adressons avec des preuves et directement au DCG depuis au moins 2018, sera traitée « une fois pour toutes », dans l’intérêt de préserver à la fois la crédibilité et le professionnalisme de l’Organisation.

Mme LEE HYUN GOO (République de Corée) a affirmé l’importance d’une bonne communication et du partage d’informations, surtout dans le contexte de la pandémie.  Elle a indiqué que la propagation de la désinformation, également connue sous le nom d’« infodémie », peut être aussi dangereuse pour la santé publique que la pandémie elle-même.  Elle s’est dite profondément préoccupée face à la manipulation d’informations visant à justifier une agression militaire illégale et non provoquée contre d’autres États Membres.  Elle a estimé que la désinformation peut avoir un impact négatif sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales, ainsi que sur les objectifs de développement durable.  Cependant, la liberté d’expression ne peut être sacrifiée pour lutter contre la désinformation, a-t-elle ajouté.  La déléguée a salué le travail du DCG, notamment l’initiative Verified qui vise à diffuser des informations publiques précises sur la santé, tout en luttant contre la désinformation et la mésinformation.  Elle a, enfin, plaidé pour que l’ONU mène des campagnes de communication plus robustes afin d’engager les jeunes à participer à des événements pertinents.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué les initiatives prises par le DCG pour lutter contre la propagation de fausses nouvelles concernant la COVID-19 et les vaccins contre cette maladie.  Il s’est félicité des campagnes de sensibilisation menées par le Département dans le cadre de la riposte sanitaire des Nations Unies, appelant à consolider les acquis de cette communication stratégique visant à fournir au public des informations factuelles, opportunes et fondées sur des données scientifiques probantes.  Il a également souhaité que soient renforcés les programmes destinés à lutter contre toutes les formes de haine, d’intolérance et de discrimination.  Alors que la pandémie a mis en évidence l’importance des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans tous les aspects de la vie, il est nécessaire de réduire la fracture numérique et d’améliorer l’accès à Internet dans les pays en développement, a poursuivi le représentant, qui a dit attendre avec intérêt les conclusions du sommet prévu en septembre prochain sur la transformation de l’éducation aux fins d’un usage sûr et sécurisé d’Internet.  Il s’est ensuite réjoui de l’adoption de plusieurs résolutions de l’Assemblée générale relatives au renforcement du multilinguisme au sein de l’ONU, tout en constatant que l’écart entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles ne cesse de se creuser.  Il a donc plaidé pour un emploi équitable des six langues officielles mais aussi pour une plus large utilisation des langues locales par les missions onusiennes déployées sur le terrain afin de permettre une meilleure interaction avec les populations cibles.  À cet égard, il s’est prononcé pour la prise en compte de la dimension linguistique dans le recrutement du personnel affecté au maintien et à la consolidation de la paix ainsi qu’au missions politiques spéciales. 

M. FABIÁN ODDONE (Argentine) a tout d’abord salué les efforts du DCG pour lutter contre la désinformation et s’assurer qu’il n’y ait aucun laissé pour compte en matière informationnelle, notamment pour ce qui concerne la pandémie de COVID-19.  Il s’est également félicité que le Département s’emploie à promouvoir des contenus multilingues sur la pandémie et ses incidences sur les sociétés afin de sensibiliser le plus grand nombre.  Le multilinguisme est une valeur fondamentale et son intégration à l’ensemble des activités des Nations Unies est indispensable, a insisté le délégué, avant d’appeler le DCG à passer d’une culture de traduction de l’anglais et une culture multilingue à toutes les étapes de ses actions de communication.  À cet égard, il s’est réjoui de l’augmentation des consultations de contenus en langue espagnole sur les différents sites de l’ONU, constatant que la demande des publics hispanophones va croissante.  Il a aussi salué la collaboration entre le DCG et les différents centres d’information des Nations Unies en Amérique latine, qui mettent l’accent sur les défis des pays de la région.  Le représentant a en revanche regretté la disparité entre les langues officielles sur les sites onusiens.  Il a notamment déploré que les communiqués de presse de l’Assemblée générale et de ses organes subsidiaires, qui permettent la mémoire institutionnelle, ne soient disponibles que dans deux langues officielles, ce qui ne correspond pas au mandat desdits organes.  Ces communiqués doivent être publiés dans l’ensemble des langues officielles de l’ONU, a-t-il plaidé. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué le travail du DCG dont les indicateurs sont revenus comme ceux d’avant la pandémie.  Puis le représentant a dénoncé les États-Unis qui n’ont pas donné le visa d’entrée dans ce pays à temps pour certains membres de la délégation russe.  Ensuite, il a noté l’érosion de la liberté d’expression, de l’accès à l’information et de la protection des journalistes pour des raisons politiques, des poursuites et d’exclusion dans les démocraties qui bloquent les informations alternatives.  Protestant contre un ensemble d’agressions contre la Russie ces derniers mois dans certains pays, le délégué a dit avoir vu des attaques dans les organes des Nations Unies.  Cela empoisonne le dialogue et paralyse notre capacité à travailler ensemble.  Le représentant a demandé une évaluation du fait que l’ONU est devenue un outil de publication de nouvelles antirusses.

Le représentant a protesté contre le recours à des médias dans différentes opérations visant à s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays.  Ce n’est ni déontologique ni professionnel.  Il a aussi dénoncé la russophobie dans ces attaques.  La Russie est également la cible de cyberattaques contre ses infrastructures civiles, a annoncé le délégué.  Il a accusé les géants d’Internet qui profitent de leur monopole pour censurer ceux qui devraient avoir accès à leur plateforme.  Cela aussi appelle une réponse collective, selon le représentant.  À cet égard, il a souligné la nécessité d’un système de protection des journalistes, des médias et des droits de l’homme, de l’accès à l’information et du pluralisme des opinions.  Pour lui, il n’y a pas d’autre solution que l’ONU pour l’élaboration de mesures dans ce sens.  Avant de terminer, le délégué a réitéré son inquiétude suscitée par différents cas à l’ONU, y compris parmi les responsables du Secrétariat dont les rapports proviennent de sources non vérifiées.  Il a appelé le DCG à avoir une vision équilibrée des événements, notamment dans les pays en situation militaire difficile afin de réduire les tensions et de focaliser sur les aspects humanitaires.

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a salué les efforts inlassables déployés par le DGC au cours de ces deux dernières années de pandémie pour s’adapter à la situation requise par la diplomatie numérique.  Il s’est également réjoui que, face au fléau de la désinformation, le Département ait lancé la Stratégie de communication globale de l’ONU, qui permet de contrer les mensonges et de doter le public d’informations précises et fiables.  Le Japon, a-t-il relevé, a activement participé à l’initiative Marquons une pause et soutient toutes les mesures visant à limiter l’« infodémie » en cours.  À ses yeux, les objectifs du Département n’auraient pu être atteints sans l’appui du vaste réseau de centres d’information et de bureaux des coordonnateurs résidents des Nations Unies, qui diffusent des informations sur les activités de l’ONU en langues locales.  À cet égard, il a félicité le CINU de Tokyo, dont la Directrice, Mme Kaoru Nemoto, a reçu en 2021 le prix de la « Personnalité de l’année » décerné par la « Public Relations Society of Japan ».  Enfin, le représentant a dit partager les objectifs du DCG visant à rendre le rôle de l’ONU plus visible pour le grand public.  Prenant note des mesures créatives prises par le Département pour promouvoir les travaux de l’Assemblée générale à l’Exposition universelle 2020 de Dubaï, il s’est déclaré impatient de collaborer avec lui à l’approche de l’Expo 2025 d’Osaka. 

Mme SOFYA MARGARYAN (Arménie) a estimé que la lutte contre le racisme, la haine et la discrimination doit rester une priorité essentielle des activités du DCG.  Elle a appuyé la Stratégie des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine qui représente « une menace pour les valeurs démocratiques, la stabilité sociale et la paix ».  Elle a ensuite salué le lancement d’un nouveau portail dédié à la lutte contre les discours de haine, ainsi que les efforts du Département pour plaider en faveur de la mise en œuvre ou de l’amélioration des politiques des plateformes de réseaux sociaux relatives aux discours de haine et au racisme.

La représentante a ensuite dit soutenir les efforts du Département pour commémorer les dates et anniversaires importants, 2023 marquant le soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que celui de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  Elle a rappelé une série de résolutions consensuelles sur la prévention du génocide initiées par l’Arménie et approuvées par l’Assemblée générale et le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, avant de demander au DCG de contribuer à la commémoration de ces instruments historiques de défense des droits de la personne.

M. ZARFATI (Israël) a appelé l’ONU à redoubler d’efforts pour lutter contre l’antisémitisme tout en saluant la pertinence du Programme de commémoration de l’Holocauste qui s’appuie sur un large éventail d’outils éducatifs dans les six langues officielles des Nations Unies, en coopération avec de grandes institutions d’enseignement de l’Holocauste et du génocide.  Néanmoins, le représentant d’Israël a regretté que les débats sur la situation au Moyen-Orient soient souvent ponctués de discours erronés, voire de discours de haine ciblant Israël, renforçant les tensions plutôt que favorisant la paix.  Il est regrettable que des déclarations encourageant la haine et ciblant Israël soient entendues périodiquement dans les réunions des Nations Unies, a-t-il insisté.  Le représentant a également regretté que l’exposition permanente sur la question de la Palestine promeuve un discours partial faisant fi de certaines réalités et stigmatise parfois Israël.  C’est pourquoi, il a appelé à mesurer les conséquences de l’information non objective qui ne fait qu’attiser la haine.

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a mis l’accent sur trois aspects ‑l’évolution des défis en matière de communication, la désinformation russe et les usines à trolls‑ avant de féliciter la Secrétaire générale adjointe pour les innovations du Département dans sa réponse aux défis complexes de communication.  Il a salué les nouvelles initiatives comme le Code de conduite mondial sur l’intégrité de l’information publique, qui va de pair avec la demande mondiale croissante de données exactes, impartiales et complètes sur les problèmes les plus pressants du monde.  Il a estimé que les communications de l’ONU ont prouvé que celle-ci peut faire face à la désinformation et aux défis de la désinformation entourant à la fois la pandémie et le discours autour des changements climatiques.

Le représentant a expliqué qu’une recherche financée par le Royaume-Uni a, cette semaine, révélé une opération de désinformation russe à grande échelle, qui utilise une usine à trolls payée pour répandre des mensonges sur les réseaux sociaux, y compris Telegram, Twitter, Facebook et TikTok.  Il a indiqué que les cibles sont notamment des publics au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et en Inde, et des comptes de médias sociaux des dirigeants mondiaux.  Le représentant a appelé à prendre des mesures pour contrer les actions d’information hostiles de la Russie qui déstabilisent l’ordre international.  Il a espéré que le travail du Comité de l’information permettra au DCG, en collaboration avec les plateformes concernées, de monter une forte réponse internationale à la désinformation et préserver un espace propice aux rapports impartiaux.

M. LUÍS GUILHERME PARGA CINTRA (Brésil) a souligné que le multilinguisme est une valeur fondamentale des Nations Unies qui doit imprégner son travail et ses activités.  Il a encouragé le DCG à continuer à diffuser les idéaux et les activités de l’Organisation dans autant de langues que possible, compte tenu de la diversité linguistique des pays et leurs différents degrés de développement numérique.  Les campagnes mondiales et les messages des Nations Unies doivent également être adaptés aux différents contextes locaux, a—t-il plaidé.  C’est pourquoi il a invité le DCG à continuer d’utiliser une combinaison d’Internet et des moyens de communication traditionnels, tels que la télévision, les journaux et la radio, ces derniers étant disponibles dans de nombreux ménages dans les pays en développement où il y a encore un accès limité à Internet.

Le représentant a indiqué que le multilinguisme nécessite une action dans bien plus que les six langues officielles de l’ONU, et il a salué le fait que l’Organisation utilise des dizaines de langues dans ses produits d’information.  Il a encouragé le DCG à renforcer son approche multilingue dans la promotion des principes et des travaux des Nations Unies.  Le Secrétaire général lui-même délivre constamment des déclarations dans toutes les langues qu’il parle couramment, y compris son portugais natal, a souligné le délégué.  Il a rappelé que le portugais est la langue officielle d’environ 260 millions de personnes dans le monde et que c’est la langue la plus parlée dans l’hémisphère Sud.  Dans le cadre de la célébration, le 5 mai, de la Journée de la langue portugaise aux Nations Unies, le Brésil entend offrir une collection de livres pour enfants en portugais à l’ONU, a-t-il annoncé.  Le délégué a aussi salué le fait que le nombre de téléchargements de ONU-Info en portugais ait plus que doublé en seulement un an.  Dans la même veine, la consultation du profil de l’ONU en portugais a connu une augmentation de 10% l’année dernière et est actuellement troisième parmi les sites onusiens les plus consultés, devant même des langues officielles de l’Organisation.

Mme HANA BINTI NORDIN (Malaisie) s’est inquiétée, avec le recours accru à l’information et à la communication, de la propagation de la désinformation et de la mésinformation, qui peuvent être utilisées, entre autres, pour induire en erreur, inciter à la violence, à la haine, à la discrimination ou à l’hostilité.  Dans le monde d’aujourd’hui, les guerres d’information peuvent engendrer de l’instabilité et constituer une menace pour la paix et la sécurité, a-t-elle souligné.  Le DCG joue un rôle important dans la diffusion d’informations factuelles, opportunes, claires, accessibles et fondées sur des preuves, a-t-elle rappelé, une mission que la Malaisie soutient tout comme elle soutient pleinement le multilinguisme.  La déléguée a argué que la promotion du multilinguisme garantit l’inclusivité, la diversité, la tolérance et permet d’augmenter la participation de toutes les parties aux travaux des Nations Unies, tout en favorisant de meilleurs résultats.  Le multilinguisme favorise également les échanges de connaissances et la compréhension interculturelle et il renforce les relations internationales, a poursuivi la représentante avant de demander à l’ONU et à toutes les parties prenantes de mettre l’accent sur la diversité linguistique, non seulement des six langues officielles mais aussi des langues locales, notant que davantage peut être fait, grâce à l’utilisation des moyens modernes d’information et de communication.  Avant de conclure, elle a déclaré que la Malaisie est heureuse de devenir membre du Comité de l’information et de pouvoir travailler en étroite collaboration avec d’autres États Membres pour renforcer « le bon travail de l’ONU, grâce à une communication efficace ».

Pour M. NITISH BIRDI (Inde), la reprise durable après la pandémie doit commencer par les vaccins et, par conséquent, l’accent doit être mis sur l’équité en matière de vaccins.  À cet égard, il a salué les efforts déployés par le DCG pour mettre en évidence cette question par le biais de nouvelles présentées de manière créative et de campagnes sur les réseaux sociaux, notamment avec l’initiative Ensemble seulement.  Passant à un autre défi mondial auquel les États Membres et leurs gouvernements ont été confrontés en ces temps difficiles, il a parlé de la mésinformation et de la désinformation qui se sont propagées « aussi rapidement que le virus lui-même ».  Internet et les plateformes de médias sociaux, « fer de lance de la révolution de l’information », sont malheureusement utilisés à mauvais escient pour répandre des mensonges, a-t-il souligné, en encourageant le DCG à travailler avec les États Membres, d’autres organisations onusiennes et internationales et les entreprises de médias, nouveaux et traditionnels, pour organiser des campagnes d’éducation et de sensibilisation sur ce problème. 

Le représentant a également invité à renforcer le rôle des CINU, souhaitant que les personnes qui y occupent des postes de direction possèdent une connaissance et une compréhension suffisantes de la culture locale et des langues des régions dans lesquelles elles opèrent.  En outre, a souhaité le représentant, les CINU doivent respecter les principes d’impartialité et de neutralité dans leurs messages, en particulier sur les réseaux sociaux.  Prenant note du travail « considérable » accompli par le Département pour promouvoir le multilinguisme dans ses contenus et sa communication, le représentant a mentionné la contribution de l’Inde qui, depuis 2018, travaille en partenariat avec le Département pour faire évoluer un modèle unique visant à intégrer et consolider les actualités et le contenu multimédia en hindi sur le portail d’actualités et les médias sociaux.  Grâce à cette contribution volontaire au cours des cinq dernières années, la capacité du DCG a été renforcée et une vaste partie de l’audience mondiale a pu être touchée.  Le représentant a donc encouragé le Département à rechercher des moyens innovants similaires pour diffuser son contenu dans d’autres langues non officielles également.

Mme MARIAM SHAIKH (Pakistan) s’est félicitée des efforts déployés par le DCG, notamment par le biais de son initiative #MarquonsUnePause, pour freiner la pratique croissante de la diffusion de fausses informations.  Face à la prolifération de la désinformation, en particulier via les plateformes en ligne et les réseaux sociaux, elle a jugé que la mise en œuvre de la résolution 76/227 de l’Assemblée générale est la voie à suivre pour la communauté internationale.  Observant que certains pays se servent de la désinformation pour calomnier ou isoler diplomatiquement un ennemi, et ce, au mépris de leur crédibilité intellectuelle et des idéaux journalistiques, elle a estimé que cette question mérite l’attention urgente de l’ONU.  Il importe aussi que les entreprises, y compris les plateformes en ligne, s’assurent que leurs objectifs commerciaux ne portent pas atteinte aux droits de l’homme et ne permette pas la diffusion de la désinformation, facteur de haine et de polarisation, a-t-elle plaidé, souhaitant que tout futur pacte numérique prévoie des défenses contre ces utilisations abusives.  La représentante a ensuite invité le DCG à continuer de fournir, par le biais de ses activités de sensibilisation, des informations précises, impartiales, complètes, équilibrées, pertinentes et multilingues afin de renforcer le soutien international aux activités de l’ONU.  À cet égard, elle s’est félicitée des campagnes du Département mettant en évidence les pays contributeurs de contingents aux missions de paix onusiennes.  Enfin, elle a exhorté le DCG à sensibiliser la communauté internationale au phénomène alarmant de l’islamophobie ainsi qu’aux autres formes de racisme, de xénophobie et de stigmatisation en promouvant un message de tolérance, de coexistence pacifique et d’harmonie interreligieuse et culturelle.

Pour M. SERHII DVORNYK (Ukraine) la guerre dans son pays n’aurait jamais été possible sans « la boîte à outils de la guerre de l’information de l’agresseur russe ».  Il a accusé « les journalistes de la propagande russe » d’avoir rendu possibles des atrocités de masse avec des milliers de morts à Marioupol, Boutcha et de nombreux autres villes et villages ukrainiens.  Aujourd’hui, a continué le représentant, la propagande et la diplomatie russes déploient leurs efforts dans la production de faux afin d’échapper à la responsabilité de leurs crimes.  Le délégué a dit être préoccupé de constater que l’ONU n’a été qu’une autre plateforme permettant à la Fédération de Russie de diffuser des informations fausses et falsifiées posant la question de savoir en quoi cela correspond au mandat du DCG.  Selon lui, l’utilisation abusive de la plateforme de l’ONU n’est pas la seule attaque de la Russie contre les Nations Unies, ses valeurs et ses principes.  Jeudi dernier, a-t-il dit, alors que le Secrétaire général était à Kiev, « la Russie lui a adressé ses salutations en bombardant le centre de la ville ».  C’était une manifestation délibérée de l’attitude réelle de la Russie envers l’ONU, son Secrétaire général, ses efforts pacifiques et le multilatéralisme en général, a-t-il constaté en précisant que l’un des missiles a frappé un bâtiment résidentiel et tué la journaliste Vira Hyrych, qui a été enterrée hier, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.  Elle était la vingt-deuxième travailleuse des médias tuée par les envahisseurs russes, a précisé le représentant. 

Poursuivant, il a dit que cette « triste liste » a été ouverte le 1er mars, lorsque l’armée russe a bombardé la tour de télévision de Kiev, tuant Yevhen Sakun, caméraman de la chaîne de télévision locale LIVE.  « Des journalistes ukrainiens, mais aussi leurs collègues des États-Unis, de Lituanie, d’Irlande et de Russie, qui ont essayé de dire la vérité au monde sur la guerre de la Russie contre mon pays, ont été tués. »  L’ONG ukrainienne Institute of Mass Information a enregistré 243 crimes contre les médias et les journalistes, commis par la Russie, plus de deux mois après son invasion de l’Ukraine, a cité le délégué: outre les meurtres de journalistes, la liste comprend des enlèvements et des disparitions forcées, des menaces de mort et des tirs les visant, des bombardements de tours de télévision, des cybercrimes et le blocus numérique des médias ukrainiens.  Les forces russes ont voulu désactiver la radiodiffusion ukrainienne, les réseaux mobiles ukrainiens et des services Internet dans les territoires occupés, a encore indiqué le représentant qui s’est aussi plaint de la censure, de la fermeture de tous les médias indépendants, du blocage des réseaux sociaux, et des lois sur les fausses nouvelles visent à couper les citoyens russes de toute information alternative sur la guerre.  Le représentant a aussi exprimé sa préoccupation quant à la détérioration de la situation en ce qui concerne la liberté d’expression et le travail des journalistes en Crimée, en Ukraine occupée.  Il a annoncé l’élaboration d’un document condamnant la propagande agressive russe et encouragé le DCG à se pencher sur des mesures qui pourraient être prises contre la propagande qui menace la paix mondiale. 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a salué les efforts déployés par le Département pour répondre à la désinformation et la mésinformation, en particulier au sujet de la pandémie, par le biais d’informations précises, équilibrées et s’appuyant sur la science.  Il a, d’autre part, estimé que si le DCG veut contribuer à la réalisation des ODD, il doit renforcer le multilinguisme dans toutes ses activités en diffusant des messages ciblés dans les langues officielles et non officielles des Nations Unies.  À cette même fin, il importe d’optimiser le travail de communication des centres d’information des Nations Unies dans les différentes régions, a souligné le représentant, selon lequel l’accent doit être placé sur les questions de paix et de sécurité, les changements climatiques, le maintien et la consolidation de la paix et les droits humains, sans oublier les ODD.  Il a toutefois regretté que le Secrétariat ait décidé, sans consulter l’Égypte, de réduire le budget du CINU au Caire et de transférer l’excédent dégagé à d’autres centres.  Il a donc demandé au Secrétariat de respecter les résolutions de l’Assemblée générale et de consulter à l’avenir les pays hébergeant de tels centres.  Il a par ailleurs dénoncé l’usage fait des réseaux sociaux, qui propagent la haine, l’extrémisme et le terrorisme, en particulier au Moyen-Orient.  S’il n’est pas envisageable de restreindre la liberté d’expression en tant que droit garanti par le droit international, il convient de reconnaître que le détournement de ce droit porte atteinte à la sécurité et nous oblige à équilibrer nos efforts de réponse entre ces deux notions, a-t-il fait valoir.  Il a souhaité que, face à la prolifération de la désinformation, le processus de communication stratégique de l’ONU souligne l’importance des principes clefs de la Charte, en particulier la non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.

Mme MARIA-IULIANA NICULAE (Roumanie) s’est félicitée des efforts et initiatives entrepris par le DCG pour promouvoir les activités de l’Organisation avant de souligner la pertinence d’approches globales complémentaires rapprochant les États.  Elle a plaidé pour une meilleure coopération entre les médias et la société civile pour contribuer à renforcer la transparence des informations qui, a-t-elle insisté, doivent être fournies en temps opportun.  La déléguée a indiqué que son pays était disposé à jouer un rôle actif dans un contexte de grands défis, en soulignant l’importance de contrer les campagnes de désinformation et de mésinformation.  Elle a enfin dénoncé l’agression militaire injustifiée de la Russie contre l’Ukraine et l’absence d’une information objective et impartiale dans ce pays, où les journalistes sont sous une pression sans précédent.

Mme MA YUANCHUN (Chine) a invité l’ONU à regrouper ses ressources et à se concentrer sur l’agenda prioritaire de l’ONU dans ses communications, notamment le maintien de la paix et la sécurité internationales, la défense du multilatéralisme et la lutte contre la pandémie.  Elle a ajouté d’autres domaines de première importance comme la distribution équitable des vaccins, le relèvement postpandémie et les ODD, y compris la lutte contre les changements climatiques.  Elle a ensuite invité le Secrétariat de l’ONU à renforcer la coordination pour que la voix des Nations Unies reflète la position de la majorité des États Membres.  Dans ce cadre, elle a souhaité que le DCG s’efforce de fournir des informations complètes, exactes, objectives et équilibrées, et de sévir résolument contre l’incitation à la discrimination, à la haine et au racisme.  Dans le même temps, selon les conditions nationales et les caractéristiques de l’audience, le DCG devrait utiliser différentes plateformes telles que les médias traditionnels et les nouveaux médias, et tirer pleinement parti des technologies et du matériel informatique modernes pour faire en sorte que la voix de l’ONU parvienne aux quatre coins du monde.

En outre, concernant le multilinguisme, la déléguée a invité le Département à s’y consacrer résolument en dépassant les goulots d’étranglement tels que le manque de financement et de personnel.  Elle a évoqué le déséquilibre entre l’usage de l’anglais et des autres langues officielles de l’Organisation.  Selon elle, bien que le chinois soit la langue officielle des Nations Unies la plus utilisée dans le monde, la production et le taux d’utilisation des produits d’information des Nations Unies en langue chinoise sont restés faibles.  La représentante a donc appelé le DCG à prendre des mesures pour combler ce déficit de contenus ciblant les publics s’exprimant en chinois.

Mme FATIMATOU FAYE (Sénégal) a exprimé son soutien sans faille à la Stratégie et au Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine, lancés par le Secrétaire général ainsi qu’à l’initiative Verified et son dérivé « Marquons une pause » du Département de la communication globale, tout en continuant à plaider pour que l’ONU porte une attention particulière à ces défis.  Elle a salué en outre la pertinence du Programme spécial de renforcement de capacités des journalistes palestiniens, tenu du 19 novembre au 22 décembre 2021.  Elle a appelé l’ONU et ses partenaires au développement à renforcer leur appui aux pays en développement et à adopter des mesures aptes à combler le fossé numérique.  Elle a estimé qu’une communication multilingue via les centres, services et bureaux d’information des Nations Unies, dont l’antenne de Dakar, participe aussi de la diffusion rapide et actualisée de l’information. 

Après avoir invité l’Organisation à veiller à un traitement équitable entre les six langues officielles et à mieux assumer le choix du français comme langue de travail, la représentante du Sénégal a insisté sur le respect de la disponibilité, dans les délais et dans les six langues officielles, des documents officiels des Nations Unies sur les plateformes pertinentes.  Elle a réaffirmé l’impératif du respect et de la promotion du multilinguisme dans les opérations de maintien de la paix et la nécessité de prendre en considération le poids du facteur linguistique dans la réussite de ces opérations en veillant au principe d’équilibre entre les langues maîtrisées dans la publication des documents et dans le choix des différents acteurs appelés à servir sur le terrain et au Siège.  « Si le message des Nations Unies a pour ambition d’être mieux reçu et compris par l’ensemble des États et des peuples du monde, y compris au sein des opérations de maintien de la paix, il apparaît alors nécessaire que celui-ci soit véhiculé dans le plus grand nombre de langues possibles. »  La représentante a, enfin, exhorté le DCG à continuer l’élaboration de partenariats dans des domaines clefs et de mobiliser des ressources extrabudgétaires en vue d’atteindre ses objectifs.

M. ISMAÏL MERABET (Algérie) s’est inquiété de la persistance du fossé numérique entre pays développés et pays en développement ainsi que de la propagation coordonnée de fausses nouvelles pour donner une image erronée de la réalité.  Il a noté que ces deux défis sont exacerbés lorsque des peuples vivent dans des contextes de menaces à la sécurité et de conflits armés, ainsi que sous l’emprise de l’occupation.  Il a appelé à coopérer avec le DCG, les commissions pertinentes de l’ONU et les coordonnateurs résidents pour aider les peuples opprimés et leur permettre d’obtenir des informations justes et fiables sur leur situation.  Il a également jugé nécessaire de réfléchir à la définition de cadres juridiques capables de limiter les effets négatifs et malveillants des technologies de l’information.  Il a expliqué que cette nécessité a poussé l’Algérie à prendre la présidence du comité intergouvernemental chargé de l’élaboration d’une convention internationale sur la lutte contre l’utilisation des TIC à des fins criminelles. 

M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a jugé regrettable que l’information publique de l’ONU ne remplisse pas correctement son mandat et ne contribue pas au niveau souhaité au progrès et à la prospérité.  Pour le représentant, cela est principalement imputable au fait que certains pays développés disposant d’une suprématie technologique dans le secteur de l’information poursuivent de « sinistres objectifs politiques ».  Sous prétexte de liberté d’expression et de presse, ces pays font assaut de propagande, de diffamation et de perturbations idéologiques et culturelles, principalement contre les pays indépendants, afin d’inciter au désordre social, voire à des mouvements subversifs, a-t-il dénoncé.  Face à cette « dure réalité », qui empêche toute égalité dans les relations internationales, il est urgent, selon lui, d’établir sans délai un ordre international équitable de l’information, dans lequel l’impartialité et l’objectivité de l’information seraient correctement assurées et les activités d’information contribueraient de manière substantielle à la paix internationale, à l’amitié entre les pays et à la prospérité de l’humanité.  Pour cela, il serait également primordial que les activités d’information publique se conforment aux principes de respect de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures, a insisté le délégué.  À ses yeux, une attention particulière devrait, en outre, être accordée à la réduction de la fracture technologique entre les pays dans le secteur de l’information publique et à l’augmentation de la capacité d’information des pays en développement, ce qui suppose de renforcer la coopération internationale par le biais de transferts de technologies de pointe, d’une formation du personnel et d’une amélioration des infrastructures. 

M. EVGENY SHAEV (Bélarus) a salué le travail du DCG sur les activités de l’ONU, tout en dénonçant une approche sélective dans le choix des sujets traités avec une prédominance d’articles politiques au détriment de sujets importants comme la sécurité alimentaire, le développement économique durable, et la protection de l’environnement.  Le représentant a aussi dénoncé l’intervention du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation à la réunion du Conseil de sécurité sur « les conflits et la faim », tenu le 21 avril 2022, affirmant que ce dernier a masqué les véritables causes de la détérioration de la situation alimentaire mondiale, à savoir les mesures coercitives unilatérales.  De même, il a fustigé le silence de l’ONU face à la volonté de certains États d’interdire la participation de sportifs sous leurs drapeaux nationaux à des compétitions internationales. 

Le délégué a ensuite attiré l’attention du DCG sur l’enfouissement de déchets nucléaires à proximité du Bélarus en violation des règlements de construction, s’inquiétant en outre de la sécurité physique des installations de stockage.  Pendant ce temps, les Nations Unies continuent d’inclure des conclusions hâtives et émotionnelles qui ne sont pas étayées par des faits dans leurs documents d’information, déformant souvent la réalité qui prévaut sur le terrain.  Rejetant les allégations selon lesquelles Minsk aurait participé au conflit ukrainien, il a attiré l’attention sur les perquisitions et les arrestations de blogueurs et sur la fermeture du service d’information Spoutnik par plusieurs États européens.

Mme LOUREEN O. A. SAYEJ, de l’État de Palestine, a considéré que le programme d’information spécial sur la question de Palestine contribue à sensibiliser la communauté internationale aux droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à son indépendance, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  La question de Palestine est née dans les couloirs des Nations unies, a rappelé la représentante.  C’est la question la plus ancienne posée à l’ONU, laquelle, dès lors, a une responsabilité « permanente » envers le peuple palestinien jusqu’à ce que la question soit résolue sous tous ses aspects, a estimé Mme Sayej.  Par conséquent, les tentatives d’« une délégation » de faire planer les doutes sur le programme spécial sont « moralement répréhensibles », a-t-elle indiqué.  De même, les attaques calculées contre le programme spécial sapent le dialogue et les efforts pour parvenir à un règlement juste, durable et pacifique de la question de Palestine.  Cette rhétorique incendiaire contre le programme fait partie intégrante de la campagne israélienne d’effacement du passé, du présent et de l’avenir de la Palestine menée depuis 75 ans, a-t-elle dénoncé.

Elle a mis en garde contre l’escalade des crimes systématiques d’Israël visant les journalistes et les défenseurs des droits humains palestiniens.  Elle a salué la campagne multilingue du DCG de septembre dernier marquant le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban sur la lutte contre le racisme, l’intolérance et la discrimination.  Compte tenu de l’objectif de Durban, qui est de mettre fin à des « comportements bien enracinés d’exceptionnalisme et de supériorité », elle a regretté la décision prise par certains États de boycotter cet événement.

Mme IFIGENEIA KONTOLEONTOS, Observatrice permanente de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a salué les réalisations du DCG au cours de l’année écoulée, « en particulier le travail de la Section des communiqués de presse, d’ONU Info, de même que celui des centres d’information des Nations Unies ».  Après avoir exprimé sa reconnaissance au Département pour les initiatives qui ont pu être menées de concert avec l’OIF, elle a insisté sur l’importance de la célébration des journées des langues officielles, qui sont de réelles opportunités pour rappeler l’étendue des enjeux liés au plein respect de la diversité linguistique et promouvoir les acteurs qui font vivre au quotidien cette diversité.  Elle a relevé que le multilinguisme est un ressort évident de la revitalisation du multilatéralisme en vue de le rendre plus démocratique et inclusif, et partant, plus proche des populations.  La mise en œuvre du multilinguisme, valeur fondamentale de l’ONU, demeure pourtant inachevée, a-t-elle relevé, dans un contexte marqué tant par la remise en cause de l’efficacité de l’action multilatérale que par la progression des phénomènes de désinformation et de propagation de fausses nouvelles, les infox.  Elle a appelé à non seulement traduire des contenus d’information et de communication de l’ONU dans les langues officielles, mais également à les produire dans d’autres langues pour refléter la diversité des cultures.  Pour l’Observatrice, la communication vers le grand public sur les événements organisés par les organes principaux de l’ONU mérite aussi une attention particulière.  Trop d’événements donnent aujourd’hui l’impression que l’ONU ne parle qu’une seule langue, a-t-elle déploré.

Mme Kontoleontos a rappelé qu’en mars 2022, la Francophonie a publié la nouvelle édition du Rapport sur la langue française dans le monde, élaboré au sein de l’Observatoire de la langue française.  Il en ressort que si le français demeure la cinquième langue la plus parlée dans le monde avec une progression du nombre de locuteurs francophones estimée à 321 millions de personnes, le français et le multilinguisme sont battus en brèche dans la plupart des organisations internationales et régionales où les textes sont produits et circulent essentiellement dans une seule langue.  C’est dans ce contexte que l’OIF a mis en place un dispositif de veille, d’alerte et d’action pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales, sous l’impulsion de la Secrétaire générale de la Francophonie, a indiqué Mme Kontoleontos.  Elle a en outre précisé que l’OIF collabore actuellement avec le Secrétariat des Nations Unies dans plusieurs domaine, notamment dans le cadre de l’élaboration du nouveau cadre d’action stratégique pour le multilinguisme.

Elle a aussi parlé de la contribution de l’OIF à la lutte contre la désinformation, avec un « projet phare » depuis 2021 qui vise à soutenir quatre axes principaux d’intervention: renforcer les capacités des vérificateurs de faits francophones; lutter contre la désinformation par des formes de régulation démocratiques; sensibiliser et protéger les publics des effets de la désinformation par l’éducation aux médias et à l’information; et encourager la recherche francophone et la diffusion de connaissances sur les phénomènes de désinformation.  De même, l’OIF a lancé en mars 2022 la « plateforme francophone des initiatives de lutte contre la désinformation – ODIL ».  Cette plateforme constitue une réponse nouvelle, à l’échelle de la Francophonie, aux désordres de l’information qui portent atteinte au débat démocratique et à la cohésion sociale.  Aujourd’hui, cette plateforme répertorie déjà plus de 60 initiatives de vérification des faits sur 224 recensées dans l’espace francophone.  Elle offre aussi un portail d’information sur les politiques publiques de lutte contre la désinformation, développées dans les 88 États et gouvernements membres de l’OIF. 

Exercice de droits de réponse à la fin de la séance du matin

Réagissant aux propos de la Fédération de Russie, le représentant des États-Unis a appelé les individus, y compris les diplomates, à soumettre leurs demandes de visas le plus rapidement possible, assurant que son gouvernement se montre conciliant à cet égard dans la mesure du possible.  Mais, a-t-il ajouté, nous ne pouvons pas commenter des cas individuels.  Il a ensuite reproché à la Fédération de Russie de maintenir ses citoyens dans l’« obscurité de la désinformation ».

Le représentant de la Fédération de Russie a réagi aux propos des États-Unis en soulignant que la fabrique des fausses informations est le fruit de médias et des structures d’information du monde occidental, ajoutant que l’ONU en est consommateur.  Pour ce qui est du contexte du conflit en Ukraine, il a regretté que ce soient les habitants de l’Ukraine, de la Fédération de Russie et du monde entier qui en fassent les frais. 

S’adressant ensuite à son homologue du Royaume-Uni, il a affirmé que la chaîne de télévision RT, qui a été interdite de diffusion au Royaume-Uni, diffusait des informations fiables, mais que cela ne semble plus être la norme.  Le représentant russe a ensuite dit au délégué du Royaume-Uni, qui avait accusé la Fédération de Russie de manipulation des textes, que lors de son intervention hier, la Fédération de Russie n’avait fait que citer les documents fondateurs du Comité de l’information sur la mise en place d’un ordre de l’information plus objectif.  Si quelque chose manquait, cela était probablement lié à une mauvaise interprétation, a-t-il expliqué.

Exercice de droits de réponse à la fin de la séance de l’après-midi

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la Fédération de Russie a attiré l’attention de son homologue de l’Ukraine sur le fait que son pays avait vaincu le nazisme, qui est toujours vivant selon lui en Ukraine.  La Rada ukrainienne a d’ailleurs organisé une audience sur la sécurité et les médias, lors de laquelle il a été souligné qu’à partir de 2013, de nombreux journalistes ont été tués en Ukraine, a dit le délégué russe, en rejetant les accusations portées par son collègue ukrainien.  La plupart des faux qui circulent sur Internet sont inventés par les médias occidentaux et sont parvenus à tromper de nombreux « consommateurs », tout en dissimulant des informations sur l’évacuation des civils des corridors humanitaires, a assuré le représentant.

Le représentant de l’Ukraine a réagi aux propos tenus par son homologue de la Fédération de Russie en précisant toutefois qu’il avait hésité à exercer son droit de réponse, n’étant pas sûr qu’il faille répondre à ceux qui colportent le « faux » ou discuter avec les auteurs de la propagande.  « On récolte ce qu’on sème », leur a-t-il dit, en évoquant en particulier le cas de sa propre ville, Boutcha.  Les auteurs des crimes qui y ont été commis seront traduits en justice, a-t-il assuré, en recommandant à son « collègue russe » de bien y réfléchir.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission ouvre sa deuxième reprise de session en examinant la proposition budgétaire de 526 millions de dollars pour quatre opérations de paix

Soixante-seizième session,
13e séance plénière – matin
AG/AB/4382

La Cinquième Commission ouvre sa deuxième reprise de session en examinant la proposition budgétaire de 526 millions de dollars pour quatre opérations de paix

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, a ouvert, ce matin, sa deuxième reprise de session consacrée à l’examen des budgets annuels des opérations de paix pour la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.  Si elle suit son Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), la Commission aura à décider d’un montant de 668,4 millions de dollars pour les opérations à Chypre, au Kosovo, au Liban et celle chargée d’observer le désengagement des forces israéliennes et syriennes.

Pour ces quatre missions, le CCQAB propose en effet des coupes budgétaires.  Rappelant que la Force chargée d’observer le désengagement a été créée, il y a plus de 53 ans, la Syrie a estimé que la responsabilité de la financer devrait incomber à la Puissance occupante.  Elle a dit ne pas comprendre pourquoi, dans son rapport, le Secrétaire général met sur un pied d’égalité « la force occupante et la force victime ».

La Serbie a, quant à elle, dit partager l’inquiétude du CCQAB au sujet de la détérioration de la trésorerie de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) dont elle a salué le travail.  Dans un environnement de « tensions », elle a plaidé pour que le mandat de la Mission reste inchangé, car certaines tâches clefs restent inachevées, notamment la création des conditions d’un développement durable, le retour des déplacés et la protection des populations non albanaises, des religieux serbes et du patrimoine culturel.  La capacité du personnel existant n’est pas suffisante pour la pleine réalisation des objectifs de la Mission, a-t-elle fait observer, tout en appelant les États à payer leur contribution à temps.

La Cinquième Commission, qui a adopté son programme de travail, a entendu plusieurs délégations plaider pour que l’on exploite la pratique de ces deux dernières années de pandémie de COVID-19, en maintenant l’équilibre entre les réunions en personne et les réunions à distance . C’est d’un autre équilibre dont l’Union européenne a parlé, celui entre vie privée et vie professionnelle, car, a-t-elle dit, personne ne peut se réjouir de passer des heures dans les sous-sols du Secrétariat de l’ONU.  Après un échec de cinq ans, toutes les délégations ont dit attendre une résolution sur les questions transversales pour donner des directives claires au Secrétariat.  Ces questions, a martelé le Royaume-Uni, « doivent être examinées comme un point distinct et ne pas être abordées dans les résolutions budgétaires », a ajouté l’Union européenne.

La Cinquième Commission a prévu une autre séance publique, jeudi 5 mai à partir de 10 heures, sur l’amélioration de la situation financière de l’ONU.

ORGANISATION DES TRAVAUX (A/C.5/76/L.29)

Discussion générale

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme RABIA IJAZ (Pakistan) a souligné l’importance de terminer les travaux à temps pour que les opérations de paix soient dotées des ressources nécessaires à l’exécution de leur mandat.  Elle a rendu hommage aux Casques bleus morts au Mali et en République démocratique de Congo (RDC) et insisté sur l’ampleur des risques qu’ils courent.  Leur sûreté et leur sécurité nécessitent des ressources, a martelé la représentante, en appelant aussi à l’établissement des responsabilités pour les crimes commis contre les soldats de la paix.  La représentante s’est aussi dite prête à étudier toutes les options sur la gestion des opérations clôturées et des contributions non acquittées.  Elle a aussi insisté sur les questions relatives à l’accessibilité des personnes handicapées et à la prévention de l’exploitation et des abus sexuels.

M. THIBAULT CAMELLI, Union européenne, a promis de ne ménager aucun effort sur les questions transversales.  Voulant que ces questions restent un point distinct, il s’est opposé à l’idée de les aborder dans les résolutions budgétaires.  Le représentant s’est dit déterminé à renforcer le maintien de la paix dans le cadre de ses 8 priorités et s’agissant des missions clôturées, il s’est dit prêt à débattre des modalités sur un financement plus durable et plus prévisible du Fonds pour la consolidation de la paix.  Il a conclu sur les méthodes de travail de la Commission et argué qu’il faut tirer les enseignements de ces dernières années et respecter l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, car personne ne peut se réjouir de passer des heures dans les sous-sols du Secrétariat de l’ONU.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a demandé des recommandations sur l’organisation des séances, compte tenu de l’augmentation des cas de COVID-19 à New York.  Il a ensuite mentionné le débat à venir sur le stress post-traumatique et sur le remboursement des pays fournisseurs de contingents . Il a conclu en insistant pour les délégations de tenir compte des risques sanitaires, au cours de cette session.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. FELIX-FILS EBOA EBONGUE (Cameroun) a rendu hommage aux soldats de la paix qui ont perdu la vie cette année, avant de qualifier d’insuffisants les efforts « perceptibles » pour soumettre les rapports à temps.  La « lancinante » question du multilinguisme demeure, s’est expliqué le délégué, en déplorant que lesdits rapports ne soient pas disponibles dans toutes les langues, en même temps.  Sur le fond, il a insisté sur la nécessité d’investir dans la consolidation de la paix, avec un financement prévisible et pérenne.

Au nom du Groupe CANZ –Canada, Australie, Nouvelle-Zélande-, M. RICHARD ARBEITER (Canada) a relevé qu’alors que la Commission examine les ressources à allouer au maintien de la paix de l’ONU, l’invasion non provoquée et injustifiée de l’Ukraine se poursuit sans relâche.  Tant que la Fédération de Russie continuera sa guerre, les besoins humanitaires et les pressions financières augmenteront, mettant à rude épreuve la faculté de l’ONU à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité internationales, les droits de l’homme et le développement.

Au cours de cette session, le CANZ, a dit le représentant, continuera de donner la priorité au programme « femmes, paix et sécurité », tout en soulignant la nécessité de la participation pleine, effective et significative des femmes aux opérations de paix.  Il a appelé à renforcer la politique de tolérance zéro du Secrétaire général face aux cas d’exploitation et d’abus sexuels, afin d’assurer une réponse centrée sur les victimes et les survivants.  Il a appelé les États Membres à investir davantage dans le Fonds pour la consolidation de la paix, parce qu’investir dans la paix maintenant, réduit la possibilité des réponses plus coûteuses aux crises et aux conflits.  Malgré les résultats impressionnants du Fonds pour la consolidation de la paix, notamment du fait de sa flexibilité et sa réactivité, un déficit critique existe entre les besoins et les ressources disponibles, a constaté le délégué.

Le CANZ veut une ONU efficace et efficiente, effectuant un travail pertinent et responsable pour les objectifs collectifs des États Membres.  L’ONU, a plaidé le représentant, doit donc disposer des liquidités nécessaires à l’exécution de ses mandats « que nous, les États Membres, nous nous sommes fixés ».  Il a donc exhorté les États Membres à régler l’intégralité de leurs contributions, à temps et sans conditions.  Enfin, il a jugé essentiel que l’ONU ait en place les bons systèmes pour veiller à ce que les personnes handicapées puissent accéder, participer et contribuer à ses travaux.

Mme MONA JUUL (Norvège) a dit que les questions d’égalité entre les sexes sont essentielles à l’efficacité des opérations de paix.  Elle a également mis l’accent sur la question fondamentale de l’exploitation et des atteintes sexuels.  La déléguée a en outre réclamé l’adoption d’une résolution contenant des directives sur les questions transversales, ce qui n’a pas été fait depuis 5 ans.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a insisté sur l’importance de doter les opérations de paix des ressources humaines et financières nécessaires à l’exécution de leur mandat, en faisant fond sur les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19.  La Commission, a-t-il poursuivi, doit agir sur les questions transversales parce qu’elles sont essentielles pour l’ONU.  Le représentant a aussi insisté sur les questions liées aux taux de remboursement, à la sécurité et à la santé physique et mental du personnel de maintien de la paix.  Il a également dit attendre avec intérêt les discussions sur les questions liées au stress post-traumatique et à la prévention de l’exploitation et des abus sexuels.  Il a appelé l’ensemble du système à rester engagé sur les questions de culture organisationnelle en matière de prévention, de riposte et d’appui aux survivantes et survivants.  Après avoir insisté sur le fait que les opérations de paix sont les plus grands contributeurs aux changements climatiques, du moins au sein de l’ONU, il a appelé à des progrès mais aussi pour ce qui est de l’accessibilité des personnes handicapées pour garantir leur participation égale à toutes les réunions et conférences des Nations Unies.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a estimé que la Commission doit parvenir à un équilibre entre les réunions en personne et les réunions à distance.  À son tour, il a rappelé que cela fait cinq ans que la Commission ne parvient pas à s’entendre sur une résolution relative aux questions transversales, alors même que le paysage du maintien de la paix de l’ONU a été bouleversé ces six dernières années.  Le représentant a également estimé que la Commission devrait discuter des missions de maintien de la paix de façon globale, comme un tout.  S’agissant des taux de remboursement, il a rappelé la résolution 67/268 qui a fait l’objet d’un accord « historique ».  Pour ce qui est de la prévention des cas d’exploitation et d’abus sexuels, il a insisté sur la responsabilité, en particulier celle des hauts responsables.  Le représentant a dit être attaché au strict respect de la tolérance zéro.  Tous les membres sans exception de la grande famille diversifiée des Nations Unies doivent pouvoir se sentir en sécurité sur le lieu de travail et savoir que les auteurs d’infractions ou de crimes seront comptables de leurs actes à tous les niveaux de l’échelle hiérarchique.

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a promis que son pays s’engagera de manière constructive dans les négociations relatives au budget des missions de maintien de la paix, afin de s’assurer qu’elles sont suffisamment financées pour s’acquitter pleinement de leur mandat.  Toutefois, a-t-il précisé, cela doit aller de pair avec la garantie d’une utilisation efficace et efficiente des ressources.  Le délégué a aussi rappelé que depuis cinq ans, aucune résolution n’a été adoptée sur les questions transversales.  Pour lui, il est de la responsabilité des États Membres de donner des orientations aux opérations de paix sur un large éventail de politiques administratives et budgétaires.  Nous comptons, a dit le représentant, assurer des progrès sur ce point de l’ordre du jour.  Tout en saluant la reprise des séances en présentiel, le représentant a appelé au maintien de la pratique adoptée pendant la pandémie de COVID-19, pour plus d’efficacité.

Le représentant du Rwanda a rappelé que les soldats rwandais sont nombreux à servir sous pavillon onusien, avant de plaider pour que les opérations de maintien de la paix soient dotées des ressources nécessaires.  Il s’est dit inquiet des coupes annoncées par le Secrétaire général lesquelles pourraient avoir des conséquences négatives pour l’efficacité des missions.

À son tour, le représentant de la Chine a demandé que les opérations de maintien de la paix soient dotées des ressources nécessaires.  Chaque centime doit être bien employé, a dit le délégué, en appelant à l’efficacité dans l’utilisation des ressources.  Les pays fournisseurs de contingents doivent être remboursés dans les temps, a-t-il poursuivi.  Il a aussi réclamé des mesures pour améliorer la sécurité des Casques bleus.  Le budget de la consolidation de la paix, a-t-il conclu, doit être élaboré dans le respect des règles financières de l’ONU et sans fardeau supplémentaire pour les États Membres, en particulier les pays en développement.  Le représentant a aussi demandé des recommandations sur la tenue des séances maintenant que la pandémie de COVID-19 connaît un nouveau rebond à New York.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a rappelé que plus de 6 500 ressortissants du Bangladesh sont déployés dans les opérations de paix et que parmi eux, plusieurs ont payé le sacrifice ultime.  La représentante a fait le lien entre efficacité des opérations de paix et dotation de ressources.  Elle a donc appelé les États à verser les contributions à temps et a insisté pour que les budgets soient en adéquation avec le mandat et la situation du terrain.  Elle a conclu en appelant à investir dans une meilleure participation des femmes aux opérations de paix.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a rappelé que la plupart des forces de maintien de la paix actives de l’ONU se trouvent sur le continent africain et constituent un rouage essentiel pour soutenir l’avènement d’un continent stable, en paix avec lui-même et prospère.  En tant que membre actuel de la Commission de consolidation de la paix (CCP), l’Afrique du Sud, a dit la représentante, partage l’avis du Secrétaire général selon lequel les activités d’appui à la consolidation et au maintien de la paix peuvent contribuer à sauver des vies et à éviter que des ressources soient dépensées dans de nouvelles crises.  Elle a donc dit attendre un engagement constructif sur la proposition du Secrétaire général d’ouvrir un crédit total de 100 millions de dollars pour le Fonds pour la consolidation de la paix, pour la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.

Mme JUN JI SUN (République de Corée) a dit que depuis près de deux ans, nous sommes au bord d’une nouvelle crise mondiale en raison de la guerre en Ukraine qui entraîne une flambée des prix des denrées alimentaires et des combustibles.  C’est un moment crucial pour les Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales dont les opérations doivent être financées pour une bonne exécution des mandats.  Dans ce cadre, a estimé le représentant, il faut trouver un consensus sur les questions transversales et donner ainsi au Secrétariat des instructions claires.  S’agissant du rapport du Comité des commissaires aux comptes, il est important de se pencher sérieusement sur les lignes directrices relatives au retrait des opérations.  La représentante a également insisté sur l’importance de garantir un financement prévisible et adéquat de la consolidation de la paix.

Le budget des opérations de maintien de la paix est la question numéro 1 du cycle 2022-2023, compte tenu de son volume et de sa place très importante dans l’action de l’ONU a déclaré M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO.(Mexique).  Le représentant s’est donc dit très intéressé par les résultats de l’évaluation des opérations et de l’exécution de leur budget.  Il a attiré l’attention sur les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et du Comité des commissaires aux comptes.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a regretté que depuis cinq ans la Commission ait été incapable de s’entendre sur une résolution relative aux questions transversales.  Il a aussi réclamé que tous les engagements financiers du Secrétariat vis-à-vis des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police soient honorés.  Les coupes envisagées, a-t-il poursuivi, ne doivent en rien porter préjudice à l’exécution des mandats.  S’agissant de la situation en Ukraine mentionnée par plusieurs délégations, le représentant a dit : « vous avez tout mis en œuvre pour multiplier les menaces contre mon pays. Vous avez jeté de l’huile sur le feu avec vos sanctions et vos fournitures d’armes ».  Le représentant a mis en garde contre cette « diplomatie agressive » qui ne peut que nuire aux délibérations sur les questions techniques dont la Commission est chargée.

La crédibilité de l’ONU dépend de la bonne exécution des mandats des opérations de maintien de la paix, a souligné Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya).  Or, il se trouve que l’Afrique accueille la plupart de ces opérations et qu’elle constate, en outre, la réticence de certains États à appuyer celles de l’Union africaine mandatées par le Conseil de sécurité.

M. RICARDO STEVANO RURU (Indonésie) a souligné que la pandémie de COVID-19 rend encore plus difficile le travail des Casques bleus qui méritent d’être dotés de ressources adéquates.  Après avoir insisté sur le remboursement à temps des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, le représentant a plaidé pour que ces derniers soient pris en compte dans la sélection des responsables des opérations de paix, tant sur le terrain qu’au Secrétariat.

RAPPORT SUR LES ACTIVITÉS DU BUREAU DES SERVICES DE CONTRÔLE INTERNE (BSCI)

Activités concernant les opérations de paix au cours de la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2021 (A/76/281 (Part II))

Le BSCI dit avoir établi en 2021, 313 rapports sur les opérations de maintien de la paix, qui comportaient 544 recommandations portant sur des risques notables, mais aucune n’était considérée comme étant critique pour la sûreté et la sécurité, les opérations, les finances ou la réputation des missions.

Évaluation thématique des activités relevant des affaires politiques au sein des opérations de maintien de la paix (A/76/697)

Pour évaluer ces activités, le BSCI dit s’être employé à déterminer, de manière aussi systématique et objective que possible, la pertinence, l’efficience et l’efficacité des composantes affaires politiques des missions.  Il s’est concentré, en particulier, sur l’établissement d’accords de paix et l’instauration de dialogues politiques.  Il a examiné les missions du Kosovo, du Mali, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo et du Soudan du Sud.

Le BSCI a formulé trois recommandations : renforcer l’évaluation de la performance de la composante affaires politiques et la communication d’informations à ce sujet ; élaborer pour chaque mission une stratégie politique et la communiquer clairement aux parties prenantes concernées ; et accroître l’utilité des analyses politiques produites par la composante affaires politiques.

Le BSCI a également adressé une recommandation importante au Département des opérations de paix visant à ce que ce dernier évalue les structures en place dans les missions en vue d’améliorer globalement l’efficience et l’efficacité de l’action menée.

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les dispositions visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles  (A/76/774)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif a examiné une version préliminaire du rapport du Secrétaire général (A/76/702).  En conséquence, il prend note de l’intention de ce dernier de nommer un(e) coordonnateur(trice) spécial(e) à temps plein relativement aux dispositions spéciales visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles, du rôle de cette personne dans la mise en œuvre de mesures rapides et de la collaboration prévue entre celle-ci et le Secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité.  Le Comité recommande tout de même à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de fournir des précisions et des informations complémentaires sur les attributions et responsabilités attachées au poste de coordonnateur(trice) spécial(e).

Le Comité estime en outre qu’il est possible de brosser un tableau plus complet de tous les mécanismes et moyens d’intervention liés à la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles au sein des entités du système des Nations Unies, et attend avec intérêt de recevoir de plus amples informations sur l’application de ces instruments et les mesures correspondantes.  Il estime également que, pour éviter les doubles emplois et renforcer la coordination, les entités du système des Nations Unies devraient tâcher d’œuvrer au sein d’un même système de vérification des antécédents, dans lequel les informations seraient connectées, intégrées et partagées entre les utilisateurs dans toute la mesure possible.  Il recommande donc que le Secrétaire général, en sa qualité de Président du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, veille à ce que l’ensemble du système des Nations Unies adopte la base de données Clear Check et le système de divulgation des fautes professionnelles du Comité directeur pour la réaction humanitaire.

Le Comité remarque aussi que le rapport du Secrétaire général, ainsi que les informations complémentaires transmises au Comité, ne contiennent pas d’informations suffisamment détaillées et complètes sur les ressources humaines consacrées à la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles à l’échelle du système.  Par conséquent, il recommande de nouveau que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général, en sa qualité de Président du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, de faire figurer dans son prochain rapport un aperçu complet de ces ressources afin de mettre en place les dispositions administratives et financières appropriées aux fins de la mise en œuvre continue et coordonnée de sa stratégie (voir A/75/847, par. 7).  Dans ses rapports sur la question (A/76/760 et additifs), le Comité présente ses observations et recommandations sur les propositions relatives aux effectifs consacrés à la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles figurant dans les projets de budget des opérations de maintien de la paix pour la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.

S’agissant de l’élaboration d’une déclaration d’impact sur la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles afin de recenser et d’anticiper les risques prévisibles dans le cadre des activités de terrain menées par l’ONU, le Comité dit attendre avec intérêt les propositions correspondantes et compte que la méthode d’élaboration de cette déclaration d’impact tiendra compte du large éventail de facteurs contribuant au profil de risque lors de l’établissement d’une présence des Nations Unies sur le terrain.

En ce qui a trait à la mise à l’essai de l’outil d’évaluation des capacités, le Comité consultatif recommande que le Secrétaire général joue un rôle de premier plan pour donner de l’ampleur à cette initiative et faire en sorte qu’elle imprègne non seulement la coordination interinstitutions, mais aussi le travail du Secrétariat de l’ONU.  Il constate avec préoccupation que des données fiables sur les tendances et les progrès accomplis en matière de suivi et de traitement des allégations visant des partenaires de réalisation font toujours défaut.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le cadre relatif aux troubles post-traumatiques touchant le personnel en tenu (A/76/782)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif a examiné celui du Secrétaire général (A/76/662).  Il note que la proposition du Secrétaire général tendant à établir un fonds de réserve qui couvrirait les coûts de toutes les demandes d’indemnisation en cas de décès ou d’invalidité, y compris s’agissant de troubles post-traumatiques, liées aux missions de maintien de la paix clôturées, sort du cadre des recommandations qu’il a formulées et qui ont été approuvées par l’Assemblée générale.  Le Comité note également que le fonds qu’il est proposé de créer est censé couvrir l’ensemble des demandes d’indemnité de décès ou d’invalidité, tandis que l’analyse présentée par le Secrétaire général ne porte que sur l’estimation de la prévalence des troubles post-traumatiques et sur la procédure d’indemnisation correspondante et ses incidences.

Le Comité consultatif estime que le montant annuel de 51 millions de dollars prévu par le Secrétariat au titre de l’indemnisation des troubles post-traumatiques n’est pas justifié, notamment en raison de l’incertitude quant au taux de prévalence de ces troubles.  Il note aussi que ce montant dépasse largement ceux des indemnités déjà versées et celles restant à verser.  Le montant excède également le passif correspondant à toutes les demandes d’indemnité de décès ou d’invalidité défini d’après les données communiquées pour 2021 et les demandes présentées à ce jour.  Le Comité estime donc que la création d’un fonds de réserve annuel n’est pas justifiée.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les résultats de l’enquête révisée sur le calcul des taux standard de remboursement aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police (A/76/757)

Le Comité consultatif a examiné pour l’établissement de ce rapport celui du Secrétaire général (A/76/676).  Il estime que l’examen des résultats de l’enquête est une question de politique générale qui relève de la compétence de l’Assemblée générale.

Discussion générale

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme RABIA IJAZ (Pakistan) a regretté le fait que l’Assemblée générale n’a pas été en mesure d’adopter une résolution sur les questions transversales depuis sa soixante dixième session.  Elle a réaffirmé son ferme attachement à la politique de tolérance zéro vis-à-vis de l’exploitation et des abus sexuels, et appelé l’ONU à ne pas rester silencieuse ou passive face aux incidents signalés.  L’Organisation doit apporter protection et soutien aux victimes.  La représentante s’est ensuite félicitée de l’utilisation accrue des technologies numériques pour améliorer la sûreté et de la sécurité du personnel des opérations ainsi que le rendement des missions.  La performance de ces opérations, a-t-elle souligné, est un effort collectif qui implique la participation de tous les États Membres, du Secrétariat, de tous les civils et agents en uniforme.  Toute tentative de se servir de l’évaluation des performances pour pousser plus loin les coupes arbitraires dans les budgets du maintien de la paix ne ferait que saper l’exécution des mandats voire éroder les progrès réalisés.

La représentante a aussi demandé des informations sur l’application des programmes et initiatives visant à combler la faible représentation dans les opérations de paix des ressortissants de certains pays, en particulier les pays fournisseurs de contingents et les pays en développement qui font des contributions incalculables aux efforts de maintien de la paix de l’ONU.  La déléguée a promis d’examiner attentivement les projets de budget, en appelant le Secrétariat à la discipline financière et au respect des mandats énoncés dans les résolutions pertinentes.  La seule manière logique de remédier à la situation financière toujours difficile des opérations de paix, c’est de veiller à ce que tous les États Membres paient leurs contributions statutaires dans leur intégralité, dans les délais et sans aucune condition, a-t-elle conclu.

Parlant aussi au nom du Liechtenstein, le représentant de la Suisse a salué le rapport du Secrétaire général qui met en évidence les différentes mesures et outils mis en place au cours des cinq dernières années afin de lutter contre l’exploitation et les abus sexuels.  Il a dit l’importance de la politique de tolérance zéro du Secrétaire général, avant d’ajouter que l’augmentation du nombre d’allégations dans le cadre des missions sur le terrain souligne que cette question doit rester une priorité absolue dans l’agenda de chacun.  Le représentant a aussi appelé à veiller à ce que toutes les mesures nécessaires continuent d’être prises pour lutter contre ces actes odieux et a salué les efforts déployés pour élargir et approfondir l’approche centrée sur les victimes et l’impact positif du Bureau de la défenseuse des droits des victimes.  En outre, le représentant a encouragé le Secrétaire général à poursuivre les efforts visant à améliorer la réponse du système des Nations Unies à l’exploitation et aux abus sexuels et à promouvoir les synergies et l’harmonisation de l’approche systémique.

De même, la délégation de pouvoirs aux opérations de maintien de la paix par le biais de la décentralisation des autorités administratives vers les responsables sur le terrain reste fortement soutenue par nos délégations, a-t-il insisté.  Pour relever les défis, où les équipes sont obligées de s’adapter et de répondre rapidement aux circonstances locales, un système solide de délégation de pouvoirs est absolument central pour accroître l’efficacité du travail de l’Organisation.  Le représentant a donc demandé que l’on continue à investir dans le développement et le maintien de la capacité de gouvernance des équipes de gestion.  Il s’est félicité des conclusions du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) dont les recommandations doivent être dûment mises en œuvre.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. FELIX-FILS EBOA EBONGUE (Cameroun) a souligné l’importance de renforcer la confiance dans les missions de paix, en particulier celle au Kosovo.  Il a donc regretté l’absence d’appui à cette question et la diminution des ressources globales.  Si la pandémie constitue une menace à la sécurité du personnel de ces opérations et des pays hôtes, il ne faut pas pour autant oublier l’impact des changements climatiques.  Ces écueils doivent être pris en compte pendant l’examen des budgets.  Pour ce qui est des cas d’exploitation et d’abus sexuels, le représentant a plaidé pour un système d’alerte précoce, appuyé sur la politique de tolérance zéro.  Pour ce qui est du remboursement aux pays fournisseurs de contingents, il s’est dit favorable aux taux standards actualisés.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a attiré l’attention sur la position du Secrétaire général sur l’industrie du sexe et s’est étonné de l’appel à la dépénaliser.  Pourquoi le Secrétaire général parle de lever les politiques qui érigent en infractions l’industrie du sexe ?  Comment comprendre cette recommandation et la position du Secrétaire général sur la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels ?

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) s’est dit vivement préoccupé par l’augmentation du nombre de cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles.  Il a demandé une application scrupuleuse de la politique de tolérance zéro pour y remédier, en rappelant que chaque cas est un cas de trop.  L’augmentation du nombre de ces cas, qui concerne deux missions très spécifiques, est inadmissible, a poursuivi le délégué, en souhaitant l’adoption d’une résolution sur ce sujet.

FINANCEMENT DES OPERATIONS DE PAIX

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre : exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet au 30 juin 2020 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.11)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 23 800 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 829 200 dollars correspondant aux autres recettes et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2021, soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les crédits demandés soient réduits de 489 100 dollars et ramenés de 54 507 700 dollars à 54 018 600 dollars dont 23 603 400 dollars financés au moyen des contributions volontaires du Gouvernement chypriote (17 103 400 dollars) et du Gouvernement grec (6 500 000 dollars).

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo : exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023. (A/76/760/Add.3)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 144 500 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 126 500 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande également que les crédits demandés soient réduits de 98 700 dollars et ramenés de 41 947 300 dollars à 41 848 600 dollars.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement : exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.2)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 3 060 900 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 233 300 dollars soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande que les crédits demandés soient réduits de 199 300 dollars et ramenés de 64 868 800 dollars à 64 669 500 dollars.

Rapport du CCQAB sur la Force intérimaire des Nations Unies au Liban : rapport sur l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.1)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 11 915 800 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 3 910 700 dollars correspondant aux autres recettes et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande que les crédits demandés soient réduits de 2 802 900 dollars et ramenés de 507 223 400 dollars à 504 420 500 dollars.

Rapport du CCQAB sur la liquidation définitive des actifs de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (A/76/801)

Le Comité consultatif rappelle la recommandation du Comité des commissaires aux comptes tendant à ce que l’Administration crée un mécanisme central d’analyse et de contrôle de l’exécution permettant d’analyser les immobilisations corporelles et les stocks de l’ensemble des missions et centres de services, de façon à réaliser des économies d’échelle, à repérer les éventuels excédents de stock et prendre les mesures correctrices voulues, à garantir la gestion continue de la cession des actifs et à lever les obstacles auxquels se heurtent les missions et les centres de services, notamment les frais de transport à payer en cas de partage d’actifs excédentaires.

Le Comité compte que le Secrétaire général veillera à l’application de la recommandation du Comité des commissaires aux comptes afin de réduire au minimum les pertes entraînées pour l’Organisation.  Il réaffirme qu’il importe de documenter, d’actualiser et de communiquer les enseignements tirés des récentes liquidations d’actifs et les meilleures pratiques en la matière.  Le Comité réaffirme également que, dorénavant, les rapports sur la liquidation d’actifs devront inclure des informations sur les difficultés et les meilleures pratiques observées en la matière.  Il compte que le Secrétaire général actualisera et appliquera les enseignements tirés de la liquidation des actifs de la MINUJUSTH.

Rapport du CCQAB sur l’exécution du budget de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour pour l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 (A/76/807)

Compte tenu des caractéristiques particulières de l’Opération, de son historique financier, du niveau de son déficit de trésorerie et de l’incertitude planant quant aux délais de versement des arriérés de contributions, le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale, à titre exceptionnel, de prendre note du montant total de 18 953 000 dollars comprenant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, d’un montant de 7 344 300 dollars, et les produits divers de cet exercice, d’un montant de 11 608 700 dollars.  L’Assemblée devra se prononcer sur l’affectation du montant total de 18 953 000 dollars, après avoir examiné le rapport final sur la situation financière de la mission.

Discussion générale

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. FELIX-FILS EBOA EBONGUE (Cameroun) a fait une déclaration générale pour toutes les opérations de maintien de la paix dont le budget global doit être à la hauteur des mandats.  Il a estimé que le taux d’exécution peut être encore amélioré et a souhaité des informations supplémentaires sur les coûts d’entretien et d’appui à Umoja.  Il a aussi souhaité des informations sur les coupes prévues, en plaidant pour la multiplication des visites sur le terrain et pour une nouvelle approche.  Les missions, s’est-il expliqué, opèrent dans un environnement toujours plus complexe, aggravé encore par la menace de la pandémie.  Les missions, a-t-il estimé, doivent être logées dans des installations dignes de ce nom et non plus dans des préfabriqués.  Le délégué a enfin demandé des mesures concrètes permettant aux sous-traitants africains de répondre aux appels d’offre sur un pied d’égalité.

M. ESSAM ALSHAHIN (République arabe syrienne) a rappelé que la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) a vu le jour il y a plus de 53 ans et a estimé que la responsabilité de la financer incombe à la Puissance occupante.  Il a fait mention des nombreuses violations du cessez-le-feu commises des Forces de sécurité israéliennes, se désolant de constater que le rapport du Secrétaire général met sur le même pied d’égalité une force occupante et un pays victime.

Mme JELENA PLAKALOVIĆ (Serbie) a salué le travail de la Mission au Kosovo et a rappelé que, malheureusement, il y a encore de nombreux incidents à motivation ethnique comme les discours de haine, les intimidations, les violations du droit à un procès équitable ou des libertés de mouvement et de religion.  Un tel environnement crée des tensions, lesquelles, à leur tour, font obstacle au retour de plus de 200 000 personnes déplacées dont moins de 2% sont retournés chez eux après 23 années.  Dans ces circonstances, il est clair que la Mission doit rester engagée avec un mandat inchangé, car certaines tâches clefs restent inachevées, notamment la création des conditions d’un développement durable, le retour des déplacés et la protection des populations non albanaises, des religieux serbes et du patrimoine culturel.

Mme Plakalović a dit partager l’inquiétude exprimée par le CCQAB au sujet de la persistante détérioration de la trésorerie de la Mission.  Elle a espéré que tous les États Membres, qui ne l’ont pas fait, s’acquitteront de leurs quotes-parts dans leur intégralité, à temps et sans condition.  Nous espérons également que tous les postes vacants seront pourvus dès que possible, a-t-elle plaidé, en soulignant que la capacité du personnel existant n’est pas suffisante pour la pleine réalisation des objectifs de la Mission.  La déléguée a prévenu qu’elle s’opposera à la proposition du Secrétariat de transformer et de réaffecter un poste de juriste adjoint(e) de première classe (P-2) relevant de la Section des affaires judiciaires et pénitentiaires du Bureau de l’état de droit en un poste de spécialiste de la gestion des programmes (adjoint(e) de première classe) (administrateur(trice) recruté(e) sur le plan national) au secrétariat du Bureau de l’état de droit.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

En temps de crise, le DCG est un rempart contre la « désinformation » et la « mésinformation », selon la Secrétaire générale adjointe Melissa Fleming

Quarante-quatrième session,
1re et 2e séances – matin & après-midi
PI/2299

En temps de crise, le DCG est un rempart contre la « désinformation » et la « mésinformation », selon la Secrétaire générale adjointe Melissa Fleming

À l’ouverture des travaux du Comité de l’information, ce matin, la Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies s’est félicitée que tous les participants à cette séance inaugurale puissent être réunis dans la même salle, après deux ans de formats distanciels et hybrides imposés par la pandémie de COVID-19.  Mais si les choses semblent « presque normales » au Siège de l’ONU, Mme Melissa Fleming a prévenu que la crise sanitaire continue d’avoir des « effets dévastateurs », d’autant qu’une autre épidémie fait rage parallèlement: celle de la désinformation, qui continue de poser un « risque existentiel pour l’humanité ».

Un proverbe souvent cité dit que « la première victime de la guerre est la vérité », a rappelé la haute fonctionnaire.  C’est ce qui rend la mission du Département de la communication globale (DCG), qu’elle dirige, si cruciale, a-t-elle souligné devant les membres du Comité, qui la convient chaque année à dresser le bilan de son action.  En temps de crise, l’ONU entend devenir la voix principale pour « définir le narratif » et, dès le début de l’invasion russe en Ukraine, a-t-elle indiqué, le DCG a planché 24 heures sur 24 pour couvrir ce conflit et ses répercussions, depuis New York, mais aussi sur le terrain, permettant d’accroître le nombre d’internautes qui consultent les plateformes de l’Organisation pour y trouver un contenu « faisant autorité et digne de confiance ». 

ONU Info a ainsi rendu compte de la façon dont les personnels onusiens aident les Ukrainiens touchés, en anglais, en russe et dans sept autres langues, a fait valoir la Secrétaire générale adjointe.  Depuis le 20 février, les visites de la page Web en anglais ont augmenté de 35% et celles du site Web en russe de 130%, par rapport à la même période en 2021.  Ces derniers mois, grâce à la télévision Web des Nations Unies et à la chaîne YouTube de l’ONU, une couverture vidéo complète des réunions du Conseil de sécurité a été assurée, celle du 17 mars relative à la situation humanitaire en Ukraine ayant enregistré plus de 1,2 million de vues rien que sur YouTube.

La Lettonie et l’Union européenne ont saisi l’occasion pour reprocher à la Fédération de Russie de se servir de la désinformation comme d’une arme contre l’Ukraine et d’un outil d’« endoctrinement » de son propre peuple.  Une « propagande » élaborée au nom de la « nouvelle idéologie » du Kremlin qui serait le « russisme » ou le « poutinisme », selon la Lettonie.  L’Union européenne a renchéri, exhortant l’ensemble du système des Nations Unies à communiquer sur l’« agression russe » contre l’Ukraine conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et aux déclarations du Secrétaire général.  Des propos catégoriquement rejetés par la Fédération de Russie, qui s’est demandé dans quelle mesure une telle communication respecterait les principes d’impartialité et de neutralité qui doivent orienter l’action du DCG dans son traitement de l’information.

La fiabilité des informations a d’ailleurs été évoquée à plus d’un titre par la Secrétaire générale adjointe, qui a rappelé que l’initiative Verified était l’« épine dorsale » des efforts du DCG s’agissant de la lutte contre les infox autour de la COVID-19.  Basée sur des informations sûres et des données scientifiques, elle renforce la confiance dans les messages relatifs à la santé et à la vaccination tout en offrant des moyens de repérer et de stopper la désinformation et la mésinformation, s’est félicitée Mme Fleming.  Depuis son lancement en 2020, plus de 2 000 contenus vérifiés ont ainsi atteint, dans 60 langues, des millions de personnes dans le monde entier. 

Pour le Président du Comité, M. Cristian Espinosa, la pandémie a mis en évidence l’importance de la lutte contre la désinformation, car elle a montré que les outils mêmes qui rendent possible une communication mondiale efficace, souple et participative peuvent être détournés pour « répandre de fausses nouvelles, susciter des rumeurs, créer des craintes injustifiées et même provoquer la violence ».  Cette tendance croissante, notamment sur les réseaux sociaux, exacerbe les discordes et les nationalismes, tout en contribuant à la montée du racisme, de la xénophobie, des stéréotypes négatifs et d’autres formes d’intolérance, s’est inquiété de son côté le Pakistan au nom du Groupe des 77 et la Chine.  D’où l’importance pour le DCG d’intensifier ses efforts pour que l’ONU mette à disposition des contenus factuels et multilingues sur ses différentes plateformes, ont convenu les deux intervenants.

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, composé de 20 États Membres répartis sur trois continents, la Colombie a considéré que le multilinguisme est non seulement une garantie d’efficacité et de transparence, mais aussi une « source fiable de connaissances ».  Dans ce cadre, elle a appelé le DCG à mieux concevoir la présentation de ses informations dans les différentes langues, regrettant que l’objectif de parité linguistique n’ait toujours pas été atteint s’agissant des messages et communications de l’ONU.  Pour Djibouti, qui prenait la parole au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, le DCG, ce « maillon essentiel de la chaîne des acteurs engagés en première ligne » pour relever le défi de la désinformation, devrait produire des contenus dans les six langues officielles.  Une même exigence qui devrait s’appliquer aux contenus produits pour les comptes de réseaux sociaux de l’ONU, a-t-il ajouté. 

Après cette première journée de session, coïncidant avec la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Comité de l’information, qui est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale, poursuivra ses travaux demain, mercredi 4 mai à 10 heures.

OUVERTURE DE LA SESSION

M. CRISTIAN ESPINOSA (Équateur), Président de la quarante-quatrième session du Comité de l’information, a rappelé qu’en 1945, sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, les peuples du monde avaient décidé de se réunir et de coopérer pour un avenir meilleur.  À peine l’ONU était-elle née, le 13 février 1946, que l’Assemblée générale, consciente que cette organisation ne pourrait atteindre ses objectifs « que si les peuples du monde sont pleinement informés de ses objectifs et de ses activités », créait le Département de l’information, devenu aujourd’hui le Département de la communication globale (DCG).  Un peu plus de trois décennies plus tard, en 1978, l’Assemblée générale créait cet important comité en lui donnant pour mandat d’examiner les politiques et activités d’information de l’Organisation, d’évaluer et de compléter les efforts déployés, et de promouvoir la libre circulation de l’information et sa diffusion large et équilibrée.  Depuis lors, a relevé le Président du Comité, les développements technologiques ont radicalement changé notre rapport à l’information, nous fournissant des outils et des opportunités tout en présentant de nouveaux défis pour nous acquitter de la tâche qui nous a été confiée. 

La pandémie de COVID-19 a chamboulé tous les aspects de nos vies, a poursuivi M. Espinosa en notant que les changements se sont accélérés et que les opportunités et les défis sont devenus plus importants.  Il y a un an, au début de la quarante-troisième session, la pandémie a mis en évidence l’importance de la lutte contre la désinformation, car on a constaté que les outils mêmes qui rendent possible une communication mondiale efficace, souple et participative peuvent être utilisés à mauvais escient et détournés pour répandre de fausses nouvelles, susciter des rumeurs, créer des craintes injustifiées et même provoquer la violence, a constaté le Président.  La lutte contre la désinformation reste une priorité et le besoin d’informations fiables, neutres et objectives est plus important que jamais, a-t-il souligné. 

En outre, il nous incombe de soutenir les efforts visant à mettre en œuvre le multilinguisme dans les activités de l’Organisation, qui –comme le souligne à juste titre la résolution 76/84 de l’Assemblée générale– est une valeur fondamentale des Nations Unies, a-t-il rappelé.  Il a mis en évidence l’importance cruciale des travaux de ce comité pour que l’ONU, par l’intermédiaire de son Département de la communication globale, puisse contribuer à la réalisation de ces objectifs.  Il s’est dit reconnaissant de l’honneur fait à l’Équateur de présider ce comité dont il a espéré que le travail sera fructueux et productif.

Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies, s’est félicitée que tous les participants à cette séance puissent être assis dans la même salle, après deux ans de formats distanciels et hybrides en raison de la pandémie de COVID-19.  Même si les choses semblent presque normales au Siège de l’ONU, son équipe et elle-même continueront d’attirer l’attention sur les nombreuses populations qui souffrent encore des effets sanitaires, économiques et sociaux dévastateurs de cette pandémie, a-t-elle assuré. 

Parallèlement à celle du coronavirus, l’épidémie de désinformation continue en outre de poser un risque existentiel pour l’humanité, alors que les inégalités se creusent et la crise climatique s’aggrave. 

En temps de crise, l’ONU entend devenir la voix principale pour « définir le narratif » et esquisser une voie durable pour l’avenir, c’est l’un des objectifs clefs de notre stratégie de communication mondiale, a affirmé Mme Fleming.  Pour y parvenir, une collaboration vigoureuse au sein du système des Nations Unies est d’une importance capitale.  Le Département de la communication globale (DCG), a-t-elle expliqué, réunit les communicateurs onusiens pour qu’ils travaillent ensemble dans des « cellules », où nous discutons de notre stratégie et alignons nos messages, ce qui a permis à l’Organisation de réagir avec agilité et rapidité sur des questions allant de la pandémie de COVID-19 à la crise en Éthiopie, en passant par les développements en Afghanistan et la guerre en Ukraine. 

Dès le début de l’invasion russe en Ukraine, le DCG a commencé à travailler 24 heures sur 24 pour couvrir la guerre et ses répercussions, depuis New York, mais aussi sur le terrain, élargissant la couverture médiatique de l’ONU, ce qui a permis d’accroître le nombre d’internautes qui visitent nos plateformes pour obtenir un contenu faisant autorité et digne de confiance. 

ONU Info présente des informations de dernière minute et des articles centrés sur l’être humain qui témoignent de la solidarité et de la compassion envers les personnes touchées par la guerre.  Le site rend également compte de la façon dont les équipes de l’ONU travaillent pour aider les Ukrainiens touchés, en anglais, en russe et dans sept autres langues.  Depuis le 20 février, les visites de la page Web en anglais ont augmenté de 35%, et celles du site Web en russe de 130%, par rapport à la même période en 2021.  Ces derniers mois, grâce à la télévision Web des Nations Unies et à la chaîne YouTube de l’ONU, notre équipe a assuré une couverture complète des réunions du Conseil de sécurité, celle du 17 mars intitulée « Situation humanitaire en Ukraine » ayant enregistré plus de 1,2 million de vues rien que sur YouTube.  Les messages sur les réseaux sociaux liés à la guerre ont également connu des niveaux d’engagement sans précédent, l’un d’entre eux, portant sur l’adoption d’une résolution de l’Assemblée générale, ayant été vu 5,7 millions de fois sur l’ensemble des plateformes. 

Abordant la question du réchauffement planétaire, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’après l’« alerte rouge » déclenché par le Secrétaire général pour la planète, le DCG a décidé d’adopter une approche à deux volets, consistant à mettre en évidence la gravité du problème à partir de données scientifiques, tout en offrant de l’espoir et des solutions concrètes.  Dans ce cadre, il a largement promu les deux récents rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), avec un contenu qui a été repris de manière significative par les principaux organes de presse, ainsi que par les influenceurs des réseaux sociaux.  Et à l’automne 2021, nous avons également déployé à la COP 26 à Glasgow une équipe qui a disséminé de nombreux éléments multimédia à différents publics, s’est félicitée Mme Fleming, en faisant valoir que plus de 8,2 millions de personnes se sont connectées à ONU Info pendant la Conférence, dans les neuf langues disponibles, tandis que la série de podcasts No Denying It a recueilli plus de deux millions de téléchargements.  Plus récemment, l’ONU s’est associée à Netflix pour produire une vidéo sur l’action climatique liée au film Don’t Look Up, visionnée près de 400 000 fois sur les chaînes YouTube de l’ONU et sur Netflix.  Ce type de partenariat nous a permis de diffuser nos messages à un public qui n’a pas l’habitude de consulter le site Internet de l’ONU.  De même, a encore mentionné la haute fonctionnaire, nous nous sommes associés à Google pour faire en sorte que des contenus factuels et dignes de confiance soient accessibles à un large public mondial, en priorisant les résultats issus des plateformes de l’ONU. 

Alors que la pandémie et les changements climatiques ont démontré que « personne n’est en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », la Secrétaire générale adjointe a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reste la « pièce maîtresse » de l’action du DCG qui s’efforce notamment d’élever la voix des jeunes.  Le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a apporté des contributions importantes à cet objectif, par le biais d’un outil de plaidoyer basé sur des données, le Youth SDG Dashboard, qui est le premier du genre, a relevé Mme Fleming.  Par ailleurs, le Centre d’information de l’ONU à Genève a accueilli le Sommet des jeunes activistes 2021, où des initiatives novatrices de six jeunes leaders ont été mises en lumière, un événement qui a généré une couverture médiatique dans 33 médias internationaux, nationaux et locaux, s’est-elle félicitée. 

Mme Fleming a ensuite rappelé que l’initiative Verified était l’épine dorsale des efforts du DCG s’agissant de la COVID-19.  Basée sur des informations fiables et fondées sur des données scientifiques, elle renforce la confiance dans les messages relatifs à la santé et à la vaccination et offre des moyens de repérer et de stopper la désinformation et la mésinformation.  Depuis son lancement, plus de 2 000 contenus vérifiés ont atteint, dans 60 langues, des millions de personnes dans le monde entier.  Et alors que nous sommes entrés dans la troisième année de la pandémie, les plateformes d’information et les comptes de réseaux sociaux du DCG continuent de présenter des articles sur l’impact de la COVID-19, y compris sur l’action entreprise par l’ONU à travers le monde, tandis que nos partenaires amplifient le message de l’ONU auprès de leurs publics. 

La promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales constituent l’une de nos principales priorités pour 2022, a poursuivi Mme Fleming, le Département ayant lancé le mois dernier un nouveau portail dédié aux efforts de l’ONU pour lutter contre les discours de haine.  Il s’apprête également à lancer d’une campagne multilingue sous le hashtag #NoToHate.  Face aux défis multiples de notre époque, le DCG s’efforce en outre de tirer parti des opportunités existantes, tout en testant de nouvelles technologies et activités, a commenté la Secrétaire générale adjointe.  Il a notamment appuyé la participation de l’ONU à l’Expo 2020 qui s’est tenue à Dubaï, générant plus de 400 000 engagements à appuyer les ODD et l’action climatique.  De même, un studio de télévision ultramoderne, ouvert en 2021 grâce à un don des Pays-Bas, est depuis utilisé pour des événements en direct et hybrides axés sur la promotion des ODD.

Alors qu’aujourd’hui marque également la Journée mondiale de la liberté de la presse, a fait observer la Chef du DCG, nous voyons toute une série d’acteurs malveillants exploiter la demande sincère d’informations sur des questions telles que la COVID-19 ou l’urgence climatique.  « Ils font circuler des contenus mensongers, trompeurs ou déformés pour fausser notre compréhension des événements et obtiennent ce faisant des millions de vues », s’est-elle alarmée.  Certains de ces promoteurs de la désinformation souhaitent semer la confusion dans les esprits tandis que d’autres ne font qu’exploiter la sympathie du public à des fins financières.  Un problème d’autant plus grave dans le domaine numérique, selon elle, où les réseaux sociaux –aussi utiles soient-ils– n’ont pas été conçus pour nous tenir informés, mais pour attirer les annonceurs et capturer notre attention.  Amplifiés par les algorithmes, ce sont les messages les plus provocateurs et farfelus qui caracolent en tête de nos fils d’actualité, a-t-elle observé.  Appelant de ses vœux une place publique numérique inclusive et sûre pour tous, la Secrétaire générale adjointe a considéré que nos « biens numériques communs » devraient être gérés comme un « bien public mondial ».  À cette fin, son équipe œuvre à l’élaboration d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information publique, pour lequel elle a l’intention de consulter les États Membres dans les mois à venir. 

Un proverbe souvent cité dit que « la première victime de la guerre est la vérité ».  C’est ce qui rend la mission du Département de la communication globale si cruciale: montrer ce qui ne va pas dans le monde et mettre en lumière ce qui va bien, ce qui est possible et comment une ONU forte peut faire la différence, a-t-elle déclaré en conclusion de son intervention.

DÉBAT GÉNÉRAL

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a rappelé que le Comité de l’information est un outil essentiel pour projeter les objectifs et les activités des Nations Unies et construire un large soutien pour l’Organisation.  Il a constaté que le Département de la communication globale (DGC) joue un rôle essentiel dans l’accomplissement de cette tâche alors que le monde est confronté aux crises engendrées par la pandémie de COVID-19, les changements climatiques et le manque de progrès dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Alors que l’ordre mondial créé par la Charte des Nations Unies il y a 75 ans fait face à une « pression sévère » provoquée par la multiplication des conflits, la nouvelle course aux armements et la montée de la xénophobie et des discours de haine, il s’est félicité que le DCG continue d’agir pour le « multilatéralisme renouvelé », le renforcement de la coopération et la lutte contre la désinformation.

Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, le Groupe estime que la tendance croissante des fausses nouvelles et de la désinformation sur les plateformes en ligne exacerbe les discordes et les nationalismes, tout en contribuant à la montée du racisme, de la xénophobie, des stéréotypes négatifs et d’autres formes d’intolérance.  Il demande donc instamment au DCG d’intensifier son soutien aux efforts déployés par le système de l’ONU dans la lutte contre la désinformation.  Il réitère son appel à la diffusion d’informations factuelles, ponctuelles, ciblées, claires, accessibles, multilingues et basées sur la science sur toutes les plateformes.  En cette décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable, il souligne également l’importance du cadre multilatéral existant pour atteindre les ODD. 

Se disant profondément préoccupé par les disparités numériques qui représentent une nouvelle forme d’inégalité entre et au sein des États, le représentant a exhorté la communauté internationale à prendre, sous l’égide de l’ONU, les mesures nécessaires pour corriger les déséquilibres du développement actuel des technologies de l’information et des communications pour rendre le monde des médias plus juste, équitable et impartial.  Il convient, selon lui, de tirer parti des technologies numériques pour permettre le développement socioéconomique, faciliter la gouvernance et rendre les services publics plus efficaces.  À ses yeux, le DCG reste bien positionné pour combler l’écart existant entre les pays développés et en développement dans le domaine crucial de l’information du public. 

M. Akram a ensuite encouragé le DCG à mobiliser les ressources adéquates pour promouvoir le multilinguisme et la diversité culturelle, qui, de l’avis du Groupe, constituent des « valeurs cardinales du multilatéralisme ».  Appelant à maximiser leur rayonnement, il a pour cela préconisé d’explorer les options de financement innovantes ainsi que les contributions volontaires.  Il a d’autre part salué les campagnes promotionnelles du DCG mettant en valeur les pays contributeurs de contingents et a souhaité que le Département continue de renforcer les centres d’information des Nations Unies en concertation avec les États Membres concernés, les pays desservis et ceux de la région.  Enfin, après avoir réaffirmé l’attachement du G77 à la liberté d’expression et à l’accès à l’information, il a exhorté le DCG à approfondir ses partenariats avec les médias nouveaux et traditionnels. 

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, composé de 20 États Membres répartis sur trois continents, M. FRANCISCO GUTIÉRREZ (Colombie) a dit que le multilinguisme est une garantie d’efficacité et de transparence des travaux des Nations Unies et une garantie pour devenir une source fiable de connaissances.  Le représentant a appelé le DCG à mieux penser la présentation de nos informations pour qu’elles répondent aux besoins des personnes qui voient le monde dans différentes langues.  Il a regretté que l’objectif de parité linguistique ne soit pas toujours respecté dans le cadre de messages et communications des Nations Unies, soulignant les grandes différences qui subsistent entre les six langues officielles.  Il a jugé particulièrement grave que le site des Nations Unies consacré à la société civile soit uniquement disponible en anglais alors que la société civile est constituée d’une grande diversité d’expressions linguistiques.  Seul un véritable multilinguisme peut garantir l’inclusion de toute la diversité de la société civile et sa participation égale aux travaux des Nations Unies, a-t-il argué.  C’est pourquoi, il a exhorté le DCG à adapter tous les contenus aux intérêts et préférences linguistiques du public.  Il a également jugé indispensable que toutes les informations soient mises à jour en temps réels dans les langues officielles.  C’est pourquoi, il a particulièrement salué la valeur ajoutée des centres d’information des Nations Unies dans le monde pour créer des contenus dans un maximum de langues pour adapter les messages aux langues des publics locaux.  Le représentant a souhaité que les services de communication soient composés de personnels représentants les six langues officielles.  Il a noté avec fierté la montée en puissance de la langue espagnole puisque 46% des visites sur le site des Nations Unies proviennent de pays hispanophones.  Le représentant a par ailleurs regretté l’absence de sous-titrages des documentaires diffusés sur la télévision Web des Nations Unies. 

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti), qui prenait la parole au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, a déclaré d’emblée que le multilinguisme, en tant que valeur fondamentale de l’ONU, constitue l’ADN du multilatéralisme et le ressort incontournable de son efficacité, de sa légitimité auprès des peuples et donc de sa revitalisation.  Soulignant d’une part que la désinformation alimente les crises, entrave la pleine jouissance des droits et libertés fondamentaux en même temps qu’elle sape les efforts multilatéraux pour répondre à l’urgence climatique et sanitaire, le représentant a également estimé que pour enrayer la défiance croissante à laquelle elles sont confrontées, les opérations de paix menées sous l’égide des Nations Unies doivent elles aussi relever un double défi sur le front de l’information: éclairer les populations des pays hôtes sur leur mandat et contrer la poussée sans précédent de fausses nouvelles.

Estimant que le DCG est un maillon essentiel de la chaîne des acteurs engagés en première ligne pour relever ces défis, le représentant a mis en avant cinq points prioritaires, à commencer par le fait que chaque pays doit disposer des mêmes opportunités d’accès à l’information dans les langues officielles de l’ONU.  Il est impératif de parvenir à ce que l’ensemble des stratégies, des interventions publiques et des documents développés à des fins d’information des États Membres sur l’action du DCG soient disponibles dans les six langues officielles des Nations Unies, a exigé le représentant.  Les langues ont un impact sur la substance et sur les politiques, a-t-il argué.  Il est par conséquent crucial de ne pas seulement traduire les contenus de l’anglais vers les autres langues officielles, mais également de produire des contenus dans l’ensemble des langues officielles, afin de véritablement refléter la diversité culturelle et de pensée de notre monde, a-t-il fait valoir.  Il a ainsi plaidé pour la pleine parité entre les six langues officielles sur tous les sites Web de l’ONU.  Ces mêmes exigences s’appliquent aux contenus produits pour les médias sociaux de l’ONU, a-t-il ajouté en appelant à respecter une répartition équitable des ressources financières et humaines affectées par le DCG aux comptes de médias sociaux créés dans chacune des langues officielles. 

Le représentant a également encouragé les entités des Nations Unies, en particulier le DCG et le Bureau des technologies de l’information et des communications, à travailler en synergie pour développer des solutions innovantes et améliorer le multilinguisme sur les plateformes numériques tout en veillant au développement des canaux traditionnels de communication.  Il a salué au passage l’élargissement de la couverture radiophonique de l’ONU, en soulignant qu’elle est particulièrement nécessaire pour atteindre un public qui ne dispose pas d’un accès aux infrastructures numériques.

Dans le cadre des événements organisés par les organes principaux des Nations Unies, il est indispensable, selon le représentant, que le matériel de communication, les bannières, les vidéos et les logos ne soient pas disponibles qu’en une seule langue.  Notant que les langues ont aussi un impact déterminant sur la culture de travail au sein de l’Organisation, le représentant a réitéré l’importance de la diversité linguistique au sein du personnel onusien et insisté sur le fait que multilinguisme soit intégré dans les communications internes à l’Organisation.  Dans le cadre des négociations sur la résolution de l’Assemblée générale relative au multilinguisme, il a assuré que des recommandations réalistes ont été formulées pour améliorer la prise en compte du multilinguisme dans la communication interne et externe du Secrétariat de l’ONU.

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, il a dit la fierté de Djibouti de faire maintenant partie du Comité en tant que membre.  Il a déploré la circulation des discours de haine et de la mésinformation et a appelé à combattre la désinformation.  Il a plaidé pour une bonne information sur la pandémie de COVID-19, avant de saluer la campagne Verified.  Il a encouragé le Département à rajeunir son personnel et à renforcer la représentation géographique équitable.

S’exprimant au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLC), Mme MARIA DE JESUS FERREIRA (Angola) a considéré que, plus que jamais, la mise à disposition d’informations correctes, impartiales, complètes et en plusieurs langues est nécessaire.  Elle a donc encouragé le DCG à continuer de diffuser les idéaux et les activités de l’Organisation dans le plus grand nombre de langues possible, compte tenu de la diversité linguistique des nations et de leurs différents degrés de développement numérique.  Elle a recommandé au Département de continuer à utiliser une combinaison de médias basés sur Internet et de moyens de communication traditionnels, tels que la télévision, les documents imprimés et la radio, disponibles dans de nombreux foyers des pays en développement où l’accès à Internet est encore limité. 

Elle a ensuite salué les efforts de coopération du DCG en Angola pour rendre opérationnel le Centre d’information des Nations Unies dans la capitale du pays, Luanda, et répondre ainsi aux besoins des pays africains lusophones.  Elle a souligné le travail du Centre d’information de Rio de Janeiro, qui promeut et diffuse les articles d’actualité publiés en portugais sur le site Web de l’équipe de pays des Nations Unies, qui atteint en moyenne 10 millions de personnes par mois, tandis que les comptes Facebook, Instagram, TikTok, Twitter, Vimeo et YouTube en portugais ont atteint plus de 2,4 millions d’internautes à la mi-novembre 2021. 

Elle a souligné que la diffusion et la promotion du message de l’ONU au-delà des six langues officielles des Nations Unies renforce l’importance d’informer efficacement un large public, tout en reflétant le respect du multilinguisme et de la diversité culturelle dans le monde.  La déléguée s’est félicitée du fait que l’ONU recoure à des dizaines de langues dans leurs produits d’information et encouragé le DCG à renforcer son travail en portugais, en kiswahili et en hindi.  Le portugais est à lui seul une langue officielle pour environ 260 millions de personnes dans le monde, la langue la plus parlée dans l’hémisphère Sud, a fait observer Mme Ferreira. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a salué la communication du DCG à travers l’ensemble des piliers de l’action de l’Organisation.  Sur l’action climatique et environnementale et sur la mise en œuvre du Programme 2030 en particulier, il a salué les messages du Secrétaire général qui reflètent l’urgence d’agir, une dimension qui doit également être exprimée par l’ensemble du système onusien.  Le représentant de l’Union européenne a aussi fortement encouragé le Département à continuer de communiquer sur l’ensemble des droits humains, ainsi que sur la lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination et de violence.

Mettant l’action sur la détermination de l’UE à lutter contre la manipulation et l’interférence de l’information, y compris la désinformation, le représentant a déclaré que le DCG joue un rôle essentiel pour faire de l’ONU une source fiable d’informations dans un environnement d’information hautement pollué.  C’est pourquoi, il a salué la détermination du Secrétaire général à relever ce défi avant de plaider pour que l’initiative Verified, qui a contribué à sauver des vies pendant la pandémie, soit développée pour contrer la désinformation partout.

Tout en reconnaissant que la liberté d’opinion et d’expression, y compris la liberté des médias, sont des droits humains fondamentaux qui doivent être universellement protégés, le représentant a souhaité voir mieux équiper les citoyens du monde entier pour identifier la manipulation et l’ingérence de l’information.  Il a jugé essentiel d’investir dans l’éducation aux médias, l’éducation et la sensibilisation, avant d’exhorter le DCG et les États Membres à tirer pleinement parti de la Semaine internationale de l’éducation aux médias et à l’information mondiale proclamée l’année dernière dans une résolution de l’Assemblée générale adoptée par consensus.  « Le Sommet de l’éducation transformatrice de septembre sera également l’occasion de faire des progrès considérables à cet égard », a insisté M. Gonzato.

Après avoir noté que la crise de la COVID-19 a montré à quel point la désinformation sur le virus lui-même peut tuer, le représentant a aussi souligné comment la manipulation et l’interférence de l’information sont utilisées par l’agresseur russe en Ukraine pour tromper sa propre population et la communauté internationale et tenter de justifier une agression armée.  Il a dès lors exhorté l’ensemble du système des Nations Unies à communiquer sur l’agression russe contre l’Ukraine de manière conforme aux résolutions de l’Assemblée générale et aux déclarations du Secrétaire général.

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a reproché à la Fédération de Russie d’utiliser l’information comme une arme contre l’Ukraine.  L’agression de la Russie contre l’Ukraine a une forte dimension informationnelle, or, comme dans le cas de la COVID-19, la désinformation tue des gens, a-t-il rappelé.  Notant que la désinformation et la propagande de guerre de la Russie pour justifier son agression armée contre l’Ukraine tuent également de nombreuses personnes en Ukraine, le représentant a estimé que cela devrait être un sujet de préoccupation pour le Comité de l’information.  Pendant des années, la Russie a utilisé son espace d’information pour préparer le terrain et endoctriner son peuple en vue de l’invasion de l’Ukraine, a-t-il affirmé, y voyant l’explication de certains Russes à « l’opération militaire spéciale » menée par leur pays en Ukraine.  Le représentant a également accusé les forces russes d’avoir pris pour cible et détruit les infrastructures civiles liées à l’information en Ukraine, telles que les tours de télévision et les émetteurs Internet, sachant aussi que 7 journalistes sont morts et 15, portés disparus depuis le début des hostilités.  Le représentant n’a pas hésité à dire que la Russie impose la censure des médias, la propagande de guerre, les discours de haine et l’incitation à la violence.  Comme certains l’ont dit, le but de cette propagande est de « désukrainiser » le peuple ukrainien, ce qui implique que les autorités russes nient l’identité ukrainienne et la langue ukrainienne, et même le nom de l’Ukraine en tant que pays.  « Le russisme ou le poutinisme sont la nouvelle idéologie du Kremlin, qui est aussi dangereuse que le nazisme ou le fascisme, et le monde doit s’unir pour combattre ce mal », a-t-il dit en citant le Ministre letton des affaires étrangères.  Le représentant a en outre affirmé qu’une partie des médias indépendants russes se trouve aujourd’hui en Lettonie et que son pays leur fournit un soutien pratique afin de garantir qu’ils puissent poursuivre leur travail à l’étranger.  Beaucoup ont déjà utilisé cette opportunité comme Meduza, Novaya Gazeta et d’autres, a-t-il signalé.

La Lettonie condamne fermement le nouveau durcissement de la censure et la suppression complète des médias indépendants, les attaques contre les journalistes et les travailleurs des médias en Russie, a poursuivi le représentant avant de souligner le rôle crucial que jouent les médias indépendants dans toutes les sociétés.  Il a plaidé pour que les journalistes et le personnel des médias soient autorisés à effectuer leur travail en toute sécurité, en particulier en temps de guerre.  C’est d’autant plus vrai aujourd’hui que nous célébrons la Journée mondiale de la liberté de la presse, a-t-il conclu.

Quant au rôle de l’ONU, il a insisté sur le fait que l’ensemble du système des Nations Unies devrait utiliser la terminologie appropriée, issue des trois résolutions de l’Assemblée générale relatives à l’agression contre l’Ukraine, en parlant d’invasion ou de guerre, dans le contexte de ce conflit.  Il a également encouragé le DCG à utiliser ses outils et réseaux de communication en russe pour informer sur la guerre en Ukraine.  L’ONU doit continuer sa lutte contre la désinformation, que ce soit dans le contexte de la COVID-19 ou de ce conflit, a poursuivi le représentant avant de saluer le Secrétaire général et d’autres hauts responsables de l’ONU pour avoir clairement nié les accusations russes selon lesquelles l’Ukraine commettrait un génocide dans sa partie orientale.

M. JOSÉ BLANCO (République dominicaine) s’est félicité de constater qu’alors que le monde commençait à émerger de la pandémie, le grand public s’est tourné vers les sources onusiennes pour obtenir des informations précises, impartiales, multilingues et, surtout, fiables sur les questions liées aux Nations Unies, telles que les changements climatiques, la santé, la paix et les droits de l’homme.  Une fiabilité dans laquelle le DCG a joué un rôle de premier plan, a-t-il relevé.  Au cours de l’année écoulée, a poursuivi le représentant, le Département a également favorisé les partenariats, en faisant participer le public et en partageant les connaissances par le biais d’un engagement direct avec la société civile et le secteur privé, de sites Web spécialisés, d’événements publics virtuels et de commémorations, de réseaux sociaux et de publications imprimées et électroniques.  M. Blanco a également apprécié les efforts accrus du DCG pour s’attaquer au problème de la désinformation, afin d’aider les gens à distinguer les faits de la fiction, comme la campagne Verified, pour encourager les gens à vérifier la validité de toute information qu’ils partagent sur leurs réseaux sociaux. 

Le représentant a souligné les activités entreprises par le DCG dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et dans les efforts de réalisation du développement durable.  Il a estimé nécessaire de mettre un accent supplémentaire sur la récession économique dans les pays en développement et sur le sérieux défi posé à la réalisation des ODD et du Programme 2030.  Il a apprécié que le Département prenne le leadership dans l’élaboration d’un code de conduite mondial pour promouvoir l’intégrité de l’information publique, conformément à la vision exprimée par le Secrétaire général dans son rapport sur « Notre Programme commun ».  Enfin, le représentant a rappelé l’importance vitale du multilinguisme pour le travail de cette Organisation, plaidant dès lors pour que les mesures prises par le Département soient renforcées avec la production de contenus spécifiques adaptés aux besoins des publics, afin de toucher le public le plus large possible, notamment ceux des pays en développement. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a dit que son pays attache une grande importance au multilinguisme et qu’il entend continuer à soutenir les efforts visant à atteindre le plus grand nombre possible de personnes dans leurs langues respectives.  Au-delà des six langues officielles, elle a salué les efforts entrepris pour mener des activités de sensibilisation dans les langues locales ou ethniques.  Tout en soulignant l’importance d’Internet, des médias sociaux et d’autres moyens numériques, la représentante a appelé à ne pas négliger la pertinence d’autres moyens de communication plus traditionnels tels que la presse écrite, la radio et la télévision.  Elle a également appelé à redoubler d’efforts pour réduire la fracture numérique et faire d’Internet abordable pour tous une réalité, avant de souligner l’importance cruciale des partenariats avec la société civile, le secteur privé et les entreprises de médias sociaux.

La représentante a souligné aussi la nécessité d’investir dans l’accessibilité pour garantir l’accès des personnes handicapées à des informations vérifiées et factuelles.  Elle a expliqué que Malte, qui brigue un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité, souhaitera, une fois élu, y mettre l’accent sur les liens entre l’alphabétisation et la paix internationale et la sécurité.  « Nous considérons l’alphabétisation comme une question transversale qui ne se limite pas à la capacité de lire et écrire », a insisté la représentante.  Elle a ajouté que l’alphabétisation peut servir d’outil général à l’ensemble de la société pour la consolidation de la paix et la prévention des conflits, en donnant aux individus les moyens de contrer les programmes qui appellent à la violence et à l’extrémisme violent.

M. OMAR HILALE (Maroc) a félicité le DCG pour avoir rendu l’ONU plus visible pendant la pandémie et pour son engagement et sa capacité d’adaptation qui ont permis d’assurer la continuité de son mandat et de lutter contre la désinformation et la mésinformation, « deux phénomènes qui ont pris une nouvelle dimension ces deux dernières années ».  Il a insisté sur l’urgence d’une information fiable, neutre et authentique en provenance de l’ONU, en remarquant notamment la méfiance des populations vis-à-vis de la vaccination COVID-19.  M. Hilale a cité, à cet égard, l’impact et la pertinence de la campagne Verified.

Le DCG joue aussi un rôle important dans la mise en œuvre et l’adaptation de ses campagnes au niveau des pays sur certaines thématiques clef de l’ONU et de la stratégie de communication globale de l’ONU, a noté M. Hilale, en citant notamment l’action climatique et l’exploitation sexuelle dans le contexte de conflits.  Il a appelé à pleinement soutenir les centres d’information des Nations Unies (CINU), notamment celui de Rabat, qui font la promotion des activités phare de l’ONU, au niveau local.  Le Maroc se félicite de la création d’une page Web de l’ONU pour célébrer la Journée internationale de l’Argan, a confirmé, en outre, le représentant. 

Sur un autre registre, M. Hilale a salué l’engagement constant du DCG dans la promotion des activités de maintien de la paix de l’ONU.  Le CINU de Rabat a d’ailleurs mis en avant la cérémonie de remise de médailles aux Casques bleus marocains, a-t-il mentionné.  Le Maroc, en tant que hub entre l’Europe et l’Afrique, reste aussi l’un des plus grands défenseurs du multilinguisme, a précisé le représentant, avant d’appeler à doter le DCG des ressources nécessaires pour qu’il puisse pleinement s’acquitter de son mandat.

M. MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a remercié le DCG pour la qualité de son travail et ses efforts pour continuer à fournir des modalités virtuelles de couverture, d’interprétation et de diffusion de l’information sur les activités de l’ONU, malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19.  À une époque où la désinformation et la mésinformation se multiplient et se propagent rapidement, les CINU sont en mesure de sensibiliser les publics en donnant aux messages de l’Organisation une résonance locale et en rapprochant l’ONU des personnes au service desquels elle est, a-t-il apprécié. 

Le délégué a ensuite applaudi les campagnes de communication du DCG, en particulier #OnlyTogether, en faveur de la hausse de la fabrication et d’un meilleur financement des vaccins contre la COVID-19 pour tous.  Il a ensuite souligné la nécessité d’intégrer le multilinguisme dans toutes les activités de communication et d’information des Nations Unies, dans la limite des ressources existantes et sur une base équitable.  L’Afrique du Sud soutient les efforts déployés par le DCG et l’ensemble du système des Nations Unies pour éradiquer toutes les formes de racisme, de haine, d’intolérance et de discrimination.  Mais elle est préoccupée par la fracture numérique au sein des nations et entre elles, « qui continue de se creuser », a relevé le représentant.

Pour lui, le réseau des CINU est l’un des principaux moyens par lesquels l’ONU fait connaître son action dans le monde.  L’Afrique du Sud réaffirme donc le rôle essentiel que jouent les CINU pour promouvoir une meilleure compréhension par le public des objectifs et des activités des Nations Unies.  Il a aussi salué les centres de Pretoria, du Caire et de Mexico qui jouent un rôle déterminant dans le renforcement stratégique des centres des pays voisins afin de développer et mettre en œuvre des plans de communication sur les thèmes prioritaires des Nations Unies d’une manière ayant une résonance particulière dans leurs régions respectives.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a salué le lancement, fin juin 2021, de l’initiative Marquons une pause dans le cadre de la campagne Verified et qui vise à freiner la propagation de désinformation sur la COVID-19.  Il a jugé regrettable qu’au siècle des nouvelles technologies de l’information et des communications, l’analphabétisme touche encore 781 millions de jeunes et d’adultes, qui n’ont pas les compétences de base en lecture et en écriture. 

Le représentant a ensuite estimé à 37 520 578 dollars le montant des dommages économiques causés par le blocus sur le secteur des télécommunications à Cuba pendant la période de janvier à juillet 2021.  Il a condamné l’agression radio et télévisuelle permanente du Gouvernement des États-Unis contre Cuba, pointant notamment la diffusion de programmes spécialement conçus aux États-Unis pour inciter au renversement de l’ordre constitutionnel établi par le peuple cubain.  De même, 20 830 heures d’émissions ont été diffusées illégalement sur 20 fréquences depuis le territoire des États-Unis vers Cuba au cours des trois premiers mois de l’année 2022.  L’utilisation des technologies de la communication doit être pleinement compatible avec les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies et respecter la souveraineté, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et les normes internationalement reconnues de coexistence pacifique entre ceux-ci, a-t-il souligné.

Mme EGRISELDA LÓPEZ (El Salvador) a appelé à parier sur une approche globale coordonnée et déclinée localement.  Pour ce qui est de la communication stratégique, elle a salué l’approche coordonnée du DCG dans un contexte de pandémie, notamment en s’appuyant sur les coordonnateurs résidents, et a conseillé d’appliquer cette approche à toutes les activités de communication globale de l’ONU.  Saluant la campagne Verified pour contrer les désinformations dans le cadre de la COVID-19, elle a souhaité là encore que le DCG reprenne cette approche dans d’autres domaines.  Elle a aussi appelé le Département à élargir la portée de ses campagnes et à communiquer davantage sur les contributions des pays aux efforts de maintien de la paix de l’ONU. 

Le nombre de visites du site de l’ONU en espagnol affiche toujours une tendance à la hausse avec une augmentation de l’ordre de 26%, a par ailleurs noté Mme López.  Il en va de même pour les tweets en espagnol, a-t-elle dit en appelant à saisir cet élan pour renforcer le contenu des sites en espagnol du DCG.  Mme López a également salué les partenariats élaborés par le Département, en particulier pour toucher les jeunes, en citant la campagne Impact universitaire, tout en estimant que l’on peut intervenir davantage auprès des universités du monde.  La diversité du public et les difficultés d’accès à l’information sur les différentes plateformes devraient toujours être à l’esprit du DCG, a ajouté Mme López en insistant sur l’impératif du respect du multilinguisme.  Elle a aussi appelé le Département à communiquer davantage sur l’action de l’Assemblée générale auprès du public mondial.

Droit de réponse

Réagissant aux propos tenus par la Lettonie et l’Union européenne, le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que ces deux délégations ont trahi et contredit ce qui, selon la majorité des membres de ce comité, constitue les principes mêmes d’impartialité et de neutralité de l’information.  « Qu’il me soit permis de demander dans quelle mesure les accusations fallacieuses qui ont été prononcées par la Lettonie contribuent à ces objectifs? »  Le représentant russe a néanmoins espéré que la session en cours se déroulera dans un esprit constructif, avant de remercier tous les intervenants qui se sont concentrés sur les travaux de l’ONU relatifs à l’information. 

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