En temps de crise, le DCG est un rempart contre la « désinformation » et la « mésinformation », selon la Secrétaire générale adjointe Melissa Fleming
À l’ouverture des travaux du Comité de l’information, ce matin, la Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies s’est félicitée que tous les participants à cette séance inaugurale puissent être réunis dans la même salle, après deux ans de formats distanciels et hybrides imposés par la pandémie de COVID-19. Mais si les choses semblent « presque normales » au Siège de l’ONU, Mme Melissa Fleming a prévenu que la crise sanitaire continue d’avoir des « effets dévastateurs », d’autant qu’une autre épidémie fait rage parallèlement: celle de la désinformation, qui continue de poser un « risque existentiel pour l’humanité ».
Un proverbe souvent cité dit que « la première victime de la guerre est la vérité », a rappelé la haute fonctionnaire. C’est ce qui rend la mission du Département de la communication globale (DCG), qu’elle dirige, si cruciale, a-t-elle souligné devant les membres du Comité, qui la convient chaque année à dresser le bilan de son action. En temps de crise, l’ONU entend devenir la voix principale pour « définir le narratif » et, dès le début de l’invasion russe en Ukraine, a-t-elle indiqué, le DCG a planché 24 heures sur 24 pour couvrir ce conflit et ses répercussions, depuis New York, mais aussi sur le terrain, permettant d’accroître le nombre d’internautes qui consultent les plateformes de l’Organisation pour y trouver un contenu « faisant autorité et digne de confiance ».
ONU Info a ainsi rendu compte de la façon dont les personnels onusiens aident les Ukrainiens touchés, en anglais, en russe et dans sept autres langues, a fait valoir la Secrétaire générale adjointe. Depuis le 20 février, les visites de la page Web en anglais ont augmenté de 35% et celles du site Web en russe de 130%, par rapport à la même période en 2021. Ces derniers mois, grâce à la télévision Web des Nations Unies et à la chaîne YouTube de l’ONU, une couverture vidéo complète des réunions du Conseil de sécurité a été assurée, celle du 17 mars relative à la situation humanitaire en Ukraine ayant enregistré plus de 1,2 million de vues rien que sur YouTube.
La Lettonie et l’Union européenne ont saisi l’occasion pour reprocher à la Fédération de Russie de se servir de la désinformation comme d’une arme contre l’Ukraine et d’un outil d’« endoctrinement » de son propre peuple. Une « propagande » élaborée au nom de la « nouvelle idéologie » du Kremlin qui serait le « russisme » ou le « poutinisme », selon la Lettonie. L’Union européenne a renchéri, exhortant l’ensemble du système des Nations Unies à communiquer sur l’« agression russe » contre l’Ukraine conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et aux déclarations du Secrétaire général. Des propos catégoriquement rejetés par la Fédération de Russie, qui s’est demandé dans quelle mesure une telle communication respecterait les principes d’impartialité et de neutralité qui doivent orienter l’action du DCG dans son traitement de l’information.
La fiabilité des informations a d’ailleurs été évoquée à plus d’un titre par la Secrétaire générale adjointe, qui a rappelé que l’initiative Verified était l’« épine dorsale » des efforts du DCG s’agissant de la lutte contre les infox autour de la COVID-19. Basée sur des informations sûres et des données scientifiques, elle renforce la confiance dans les messages relatifs à la santé et à la vaccination tout en offrant des moyens de repérer et de stopper la désinformation et la mésinformation, s’est félicitée Mme Fleming. Depuis son lancement en 2020, plus de 2 000 contenus vérifiés ont ainsi atteint, dans 60 langues, des millions de personnes dans le monde entier.
Pour le Président du Comité, M. Cristian Espinosa, la pandémie a mis en évidence l’importance de la lutte contre la désinformation, car elle a montré que les outils mêmes qui rendent possible une communication mondiale efficace, souple et participative peuvent être détournés pour « répandre de fausses nouvelles, susciter des rumeurs, créer des craintes injustifiées et même provoquer la violence ». Cette tendance croissante, notamment sur les réseaux sociaux, exacerbe les discordes et les nationalismes, tout en contribuant à la montée du racisme, de la xénophobie, des stéréotypes négatifs et d’autres formes d’intolérance, s’est inquiété de son côté le Pakistan au nom du Groupe des 77 et la Chine. D’où l’importance pour le DCG d’intensifier ses efforts pour que l’ONU mette à disposition des contenus factuels et multilingues sur ses différentes plateformes, ont convenu les deux intervenants.
Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, composé de 20 États Membres répartis sur trois continents, la Colombie a considéré que le multilinguisme est non seulement une garantie d’efficacité et de transparence, mais aussi une « source fiable de connaissances ». Dans ce cadre, elle a appelé le DCG à mieux concevoir la présentation de ses informations dans les différentes langues, regrettant que l’objectif de parité linguistique n’ait toujours pas été atteint s’agissant des messages et communications de l’ONU. Pour Djibouti, qui prenait la parole au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, le DCG, ce « maillon essentiel de la chaîne des acteurs engagés en première ligne » pour relever le défi de la désinformation, devrait produire des contenus dans les six langues officielles. Une même exigence qui devrait s’appliquer aux contenus produits pour les comptes de réseaux sociaux de l’ONU, a-t-il ajouté.
Après cette première journée de session, coïncidant avec la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Comité de l’information, qui est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale, poursuivra ses travaux demain, mercredi 4 mai à 10 heures.
OUVERTURE DE LA SESSION
M. CRISTIAN ESPINOSA (Équateur), Président de la quarante-quatrième session du Comité de l’information, a rappelé qu’en 1945, sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, les peuples du monde avaient décidé de se réunir et de coopérer pour un avenir meilleur. À peine l’ONU était-elle née, le 13 février 1946, que l’Assemblée générale, consciente que cette organisation ne pourrait atteindre ses objectifs « que si les peuples du monde sont pleinement informés de ses objectifs et de ses activités », créait le Département de l’information, devenu aujourd’hui le Département de la communication globale (DCG). Un peu plus de trois décennies plus tard, en 1978, l’Assemblée générale créait cet important comité en lui donnant pour mandat d’examiner les politiques et activités d’information de l’Organisation, d’évaluer et de compléter les efforts déployés, et de promouvoir la libre circulation de l’information et sa diffusion large et équilibrée. Depuis lors, a relevé le Président du Comité, les développements technologiques ont radicalement changé notre rapport à l’information, nous fournissant des outils et des opportunités tout en présentant de nouveaux défis pour nous acquitter de la tâche qui nous a été confiée.
La pandémie de COVID-19 a chamboulé tous les aspects de nos vies, a poursuivi M. Espinosa en notant que les changements se sont accélérés et que les opportunités et les défis sont devenus plus importants. Il y a un an, au début de la quarante-troisième session, la pandémie a mis en évidence l’importance de la lutte contre la désinformation, car on a constaté que les outils mêmes qui rendent possible une communication mondiale efficace, souple et participative peuvent être utilisés à mauvais escient et détournés pour répandre de fausses nouvelles, susciter des rumeurs, créer des craintes injustifiées et même provoquer la violence, a constaté le Président. La lutte contre la désinformation reste une priorité et le besoin d’informations fiables, neutres et objectives est plus important que jamais, a-t-il souligné.
En outre, il nous incombe de soutenir les efforts visant à mettre en œuvre le multilinguisme dans les activités de l’Organisation, qui –comme le souligne à juste titre la résolution 76/84 de l’Assemblée générale– est une valeur fondamentale des Nations Unies, a-t-il rappelé. Il a mis en évidence l’importance cruciale des travaux de ce comité pour que l’ONU, par l’intermédiaire de son Département de la communication globale, puisse contribuer à la réalisation de ces objectifs. Il s’est dit reconnaissant de l’honneur fait à l’Équateur de présider ce comité dont il a espéré que le travail sera fructueux et productif.
Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies, s’est félicitée que tous les participants à cette séance puissent être assis dans la même salle, après deux ans de formats distanciels et hybrides en raison de la pandémie de COVID-19. Même si les choses semblent presque normales au Siège de l’ONU, son équipe et elle-même continueront d’attirer l’attention sur les nombreuses populations qui souffrent encore des effets sanitaires, économiques et sociaux dévastateurs de cette pandémie, a-t-elle assuré.
Parallèlement à celle du coronavirus, l’épidémie de désinformation continue en outre de poser un risque existentiel pour l’humanité, alors que les inégalités se creusent et la crise climatique s’aggrave.
En temps de crise, l’ONU entend devenir la voix principale pour « définir le narratif » et esquisser une voie durable pour l’avenir, c’est l’un des objectifs clefs de notre stratégie de communication mondiale, a affirmé Mme Fleming. Pour y parvenir, une collaboration vigoureuse au sein du système des Nations Unies est d’une importance capitale. Le Département de la communication globale (DCG), a-t-elle expliqué, réunit les communicateurs onusiens pour qu’ils travaillent ensemble dans des « cellules », où nous discutons de notre stratégie et alignons nos messages, ce qui a permis à l’Organisation de réagir avec agilité et rapidité sur des questions allant de la pandémie de COVID-19 à la crise en Éthiopie, en passant par les développements en Afghanistan et la guerre en Ukraine.
Dès le début de l’invasion russe en Ukraine, le DCG a commencé à travailler 24 heures sur 24 pour couvrir la guerre et ses répercussions, depuis New York, mais aussi sur le terrain, élargissant la couverture médiatique de l’ONU, ce qui a permis d’accroître le nombre d’internautes qui visitent nos plateformes pour obtenir un contenu faisant autorité et digne de confiance.
ONU Info présente des informations de dernière minute et des articles centrés sur l’être humain qui témoignent de la solidarité et de la compassion envers les personnes touchées par la guerre. Le site rend également compte de la façon dont les équipes de l’ONU travaillent pour aider les Ukrainiens touchés, en anglais, en russe et dans sept autres langues. Depuis le 20 février, les visites de la page Web en anglais ont augmenté de 35%, et celles du site Web en russe de 130%, par rapport à la même période en 2021. Ces derniers mois, grâce à la télévision Web des Nations Unies et à la chaîne YouTube de l’ONU, notre équipe a assuré une couverture complète des réunions du Conseil de sécurité, celle du 17 mars intitulée « Situation humanitaire en Ukraine » ayant enregistré plus de 1,2 million de vues rien que sur YouTube. Les messages sur les réseaux sociaux liés à la guerre ont également connu des niveaux d’engagement sans précédent, l’un d’entre eux, portant sur l’adoption d’une résolution de l’Assemblée générale, ayant été vu 5,7 millions de fois sur l’ensemble des plateformes.
Abordant la question du réchauffement planétaire, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’après l’« alerte rouge » déclenché par le Secrétaire général pour la planète, le DCG a décidé d’adopter une approche à deux volets, consistant à mettre en évidence la gravité du problème à partir de données scientifiques, tout en offrant de l’espoir et des solutions concrètes. Dans ce cadre, il a largement promu les deux récents rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), avec un contenu qui a été repris de manière significative par les principaux organes de presse, ainsi que par les influenceurs des réseaux sociaux. Et à l’automne 2021, nous avons également déployé à la COP 26 à Glasgow une équipe qui a disséminé de nombreux éléments multimédia à différents publics, s’est félicitée Mme Fleming, en faisant valoir que plus de 8,2 millions de personnes se sont connectées à ONU Info pendant la Conférence, dans les neuf langues disponibles, tandis que la série de podcasts No Denying It a recueilli plus de deux millions de téléchargements. Plus récemment, l’ONU s’est associée à Netflix pour produire une vidéo sur l’action climatique liée au film Don’t Look Up, visionnée près de 400 000 fois sur les chaînes YouTube de l’ONU et sur Netflix. Ce type de partenariat nous a permis de diffuser nos messages à un public qui n’a pas l’habitude de consulter le site Internet de l’ONU. De même, a encore mentionné la haute fonctionnaire, nous nous sommes associés à Google pour faire en sorte que des contenus factuels et dignes de confiance soient accessibles à un large public mondial, en priorisant les résultats issus des plateformes de l’ONU.
Alors que la pandémie et les changements climatiques ont démontré que « personne n’est en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », la Secrétaire générale adjointe a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reste la « pièce maîtresse » de l’action du DCG qui s’efforce notamment d’élever la voix des jeunes. Le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a apporté des contributions importantes à cet objectif, par le biais d’un outil de plaidoyer basé sur des données, le Youth SDG Dashboard, qui est le premier du genre, a relevé Mme Fleming. Par ailleurs, le Centre d’information de l’ONU à Genève a accueilli le Sommet des jeunes activistes 2021, où des initiatives novatrices de six jeunes leaders ont été mises en lumière, un événement qui a généré une couverture médiatique dans 33 médias internationaux, nationaux et locaux, s’est-elle félicitée.
Mme Fleming a ensuite rappelé que l’initiative Verified était l’épine dorsale des efforts du DCG s’agissant de la COVID-19. Basée sur des informations fiables et fondées sur des données scientifiques, elle renforce la confiance dans les messages relatifs à la santé et à la vaccination et offre des moyens de repérer et de stopper la désinformation et la mésinformation. Depuis son lancement, plus de 2 000 contenus vérifiés ont atteint, dans 60 langues, des millions de personnes dans le monde entier. Et alors que nous sommes entrés dans la troisième année de la pandémie, les plateformes d’information et les comptes de réseaux sociaux du DCG continuent de présenter des articles sur l’impact de la COVID-19, y compris sur l’action entreprise par l’ONU à travers le monde, tandis que nos partenaires amplifient le message de l’ONU auprès de leurs publics.
La promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales constituent l’une de nos principales priorités pour 2022, a poursuivi Mme Fleming, le Département ayant lancé le mois dernier un nouveau portail dédié aux efforts de l’ONU pour lutter contre les discours de haine. Il s’apprête également à lancer d’une campagne multilingue sous le hashtag #NoToHate. Face aux défis multiples de notre époque, le DCG s’efforce en outre de tirer parti des opportunités existantes, tout en testant de nouvelles technologies et activités, a commenté la Secrétaire générale adjointe. Il a notamment appuyé la participation de l’ONU à l’Expo 2020 qui s’est tenue à Dubaï, générant plus de 400 000 engagements à appuyer les ODD et l’action climatique. De même, un studio de télévision ultramoderne, ouvert en 2021 grâce à un don des Pays-Bas, est depuis utilisé pour des événements en direct et hybrides axés sur la promotion des ODD.
Alors qu’aujourd’hui marque également la Journée mondiale de la liberté de la presse, a fait observer la Chef du DCG, nous voyons toute une série d’acteurs malveillants exploiter la demande sincère d’informations sur des questions telles que la COVID-19 ou l’urgence climatique. « Ils font circuler des contenus mensongers, trompeurs ou déformés pour fausser notre compréhension des événements et obtiennent ce faisant des millions de vues », s’est-elle alarmée. Certains de ces promoteurs de la désinformation souhaitent semer la confusion dans les esprits tandis que d’autres ne font qu’exploiter la sympathie du public à des fins financières. Un problème d’autant plus grave dans le domaine numérique, selon elle, où les réseaux sociaux –aussi utiles soient-ils– n’ont pas été conçus pour nous tenir informés, mais pour attirer les annonceurs et capturer notre attention. Amplifiés par les algorithmes, ce sont les messages les plus provocateurs et farfelus qui caracolent en tête de nos fils d’actualité, a-t-elle observé. Appelant de ses vœux une place publique numérique inclusive et sûre pour tous, la Secrétaire générale adjointe a considéré que nos « biens numériques communs » devraient être gérés comme un « bien public mondial ». À cette fin, son équipe œuvre à l’élaboration d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information publique, pour lequel elle a l’intention de consulter les États Membres dans les mois à venir.
Un proverbe souvent cité dit que « la première victime de la guerre est la vérité ». C’est ce qui rend la mission du Département de la communication globale si cruciale: montrer ce qui ne va pas dans le monde et mettre en lumière ce qui va bien, ce qui est possible et comment une ONU forte peut faire la différence, a-t-elle déclaré en conclusion de son intervention.
DÉBAT GÉNÉRAL
Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a rappelé que le Comité de l’information est un outil essentiel pour projeter les objectifs et les activités des Nations Unies et construire un large soutien pour l’Organisation. Il a constaté que le Département de la communication globale (DGC) joue un rôle essentiel dans l’accomplissement de cette tâche alors que le monde est confronté aux crises engendrées par la pandémie de COVID-19, les changements climatiques et le manque de progrès dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). Alors que l’ordre mondial créé par la Charte des Nations Unies il y a 75 ans fait face à une « pression sévère » provoquée par la multiplication des conflits, la nouvelle course aux armements et la montée de la xénophobie et des discours de haine, il s’est félicité que le DCG continue d’agir pour le « multilatéralisme renouvelé », le renforcement de la coopération et la lutte contre la désinformation.
Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, le Groupe estime que la tendance croissante des fausses nouvelles et de la désinformation sur les plateformes en ligne exacerbe les discordes et les nationalismes, tout en contribuant à la montée du racisme, de la xénophobie, des stéréotypes négatifs et d’autres formes d’intolérance. Il demande donc instamment au DCG d’intensifier son soutien aux efforts déployés par le système de l’ONU dans la lutte contre la désinformation. Il réitère son appel à la diffusion d’informations factuelles, ponctuelles, ciblées, claires, accessibles, multilingues et basées sur la science sur toutes les plateformes. En cette décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable, il souligne également l’importance du cadre multilatéral existant pour atteindre les ODD.
Se disant profondément préoccupé par les disparités numériques qui représentent une nouvelle forme d’inégalité entre et au sein des États, le représentant a exhorté la communauté internationale à prendre, sous l’égide de l’ONU, les mesures nécessaires pour corriger les déséquilibres du développement actuel des technologies de l’information et des communications pour rendre le monde des médias plus juste, équitable et impartial. Il convient, selon lui, de tirer parti des technologies numériques pour permettre le développement socioéconomique, faciliter la gouvernance et rendre les services publics plus efficaces. À ses yeux, le DCG reste bien positionné pour combler l’écart existant entre les pays développés et en développement dans le domaine crucial de l’information du public.
M. Akram a ensuite encouragé le DCG à mobiliser les ressources adéquates pour promouvoir le multilinguisme et la diversité culturelle, qui, de l’avis du Groupe, constituent des « valeurs cardinales du multilatéralisme ». Appelant à maximiser leur rayonnement, il a pour cela préconisé d’explorer les options de financement innovantes ainsi que les contributions volontaires. Il a d’autre part salué les campagnes promotionnelles du DCG mettant en valeur les pays contributeurs de contingents et a souhaité que le Département continue de renforcer les centres d’information des Nations Unies en concertation avec les États Membres concernés, les pays desservis et ceux de la région. Enfin, après avoir réaffirmé l’attachement du G77 à la liberté d’expression et à l’accès à l’information, il a exhorté le DCG à approfondir ses partenariats avec les médias nouveaux et traditionnels.
Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, composé de 20 États Membres répartis sur trois continents, M. FRANCISCO GUTIÉRREZ (Colombie) a dit que le multilinguisme est une garantie d’efficacité et de transparence des travaux des Nations Unies et une garantie pour devenir une source fiable de connaissances. Le représentant a appelé le DCG à mieux penser la présentation de nos informations pour qu’elles répondent aux besoins des personnes qui voient le monde dans différentes langues. Il a regretté que l’objectif de parité linguistique ne soit pas toujours respecté dans le cadre de messages et communications des Nations Unies, soulignant les grandes différences qui subsistent entre les six langues officielles. Il a jugé particulièrement grave que le site des Nations Unies consacré à la société civile soit uniquement disponible en anglais alors que la société civile est constituée d’une grande diversité d’expressions linguistiques. Seul un véritable multilinguisme peut garantir l’inclusion de toute la diversité de la société civile et sa participation égale aux travaux des Nations Unies, a-t-il argué. C’est pourquoi, il a exhorté le DCG à adapter tous les contenus aux intérêts et préférences linguistiques du public. Il a également jugé indispensable que toutes les informations soient mises à jour en temps réels dans les langues officielles. C’est pourquoi, il a particulièrement salué la valeur ajoutée des centres d’information des Nations Unies dans le monde pour créer des contenus dans un maximum de langues pour adapter les messages aux langues des publics locaux. Le représentant a souhaité que les services de communication soient composés de personnels représentants les six langues officielles. Il a noté avec fierté la montée en puissance de la langue espagnole puisque 46% des visites sur le site des Nations Unies proviennent de pays hispanophones. Le représentant a par ailleurs regretté l’absence de sous-titrages des documentaires diffusés sur la télévision Web des Nations Unies.
M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti), qui prenait la parole au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, a déclaré d’emblée que le multilinguisme, en tant que valeur fondamentale de l’ONU, constitue l’ADN du multilatéralisme et le ressort incontournable de son efficacité, de sa légitimité auprès des peuples et donc de sa revitalisation. Soulignant d’une part que la désinformation alimente les crises, entrave la pleine jouissance des droits et libertés fondamentaux en même temps qu’elle sape les efforts multilatéraux pour répondre à l’urgence climatique et sanitaire, le représentant a également estimé que pour enrayer la défiance croissante à laquelle elles sont confrontées, les opérations de paix menées sous l’égide des Nations Unies doivent elles aussi relever un double défi sur le front de l’information: éclairer les populations des pays hôtes sur leur mandat et contrer la poussée sans précédent de fausses nouvelles.
Estimant que le DCG est un maillon essentiel de la chaîne des acteurs engagés en première ligne pour relever ces défis, le représentant a mis en avant cinq points prioritaires, à commencer par le fait que chaque pays doit disposer des mêmes opportunités d’accès à l’information dans les langues officielles de l’ONU. Il est impératif de parvenir à ce que l’ensemble des stratégies, des interventions publiques et des documents développés à des fins d’information des États Membres sur l’action du DCG soient disponibles dans les six langues officielles des Nations Unies, a exigé le représentant. Les langues ont un impact sur la substance et sur les politiques, a-t-il argué. Il est par conséquent crucial de ne pas seulement traduire les contenus de l’anglais vers les autres langues officielles, mais également de produire des contenus dans l’ensemble des langues officielles, afin de véritablement refléter la diversité culturelle et de pensée de notre monde, a-t-il fait valoir. Il a ainsi plaidé pour la pleine parité entre les six langues officielles sur tous les sites Web de l’ONU. Ces mêmes exigences s’appliquent aux contenus produits pour les médias sociaux de l’ONU, a-t-il ajouté en appelant à respecter une répartition équitable des ressources financières et humaines affectées par le DCG aux comptes de médias sociaux créés dans chacune des langues officielles.
Le représentant a également encouragé les entités des Nations Unies, en particulier le DCG et le Bureau des technologies de l’information et des communications, à travailler en synergie pour développer des solutions innovantes et améliorer le multilinguisme sur les plateformes numériques tout en veillant au développement des canaux traditionnels de communication. Il a salué au passage l’élargissement de la couverture radiophonique de l’ONU, en soulignant qu’elle est particulièrement nécessaire pour atteindre un public qui ne dispose pas d’un accès aux infrastructures numériques.
Dans le cadre des événements organisés par les organes principaux des Nations Unies, il est indispensable, selon le représentant, que le matériel de communication, les bannières, les vidéos et les logos ne soient pas disponibles qu’en une seule langue. Notant que les langues ont aussi un impact déterminant sur la culture de travail au sein de l’Organisation, le représentant a réitéré l’importance de la diversité linguistique au sein du personnel onusien et insisté sur le fait que multilinguisme soit intégré dans les communications internes à l’Organisation. Dans le cadre des négociations sur la résolution de l’Assemblée générale relative au multilinguisme, il a assuré que des recommandations réalistes ont été formulées pour améliorer la prise en compte du multilinguisme dans la communication interne et externe du Secrétariat de l’ONU.
S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, il a dit la fierté de Djibouti de faire maintenant partie du Comité en tant que membre. Il a déploré la circulation des discours de haine et de la mésinformation et a appelé à combattre la désinformation. Il a plaidé pour une bonne information sur la pandémie de COVID-19, avant de saluer la campagne Verified. Il a encouragé le Département à rajeunir son personnel et à renforcer la représentation géographique équitable.
S’exprimant au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLC), Mme MARIA DE JESUS FERREIRA (Angola) a considéré que, plus que jamais, la mise à disposition d’informations correctes, impartiales, complètes et en plusieurs langues est nécessaire. Elle a donc encouragé le DCG à continuer de diffuser les idéaux et les activités de l’Organisation dans le plus grand nombre de langues possible, compte tenu de la diversité linguistique des nations et de leurs différents degrés de développement numérique. Elle a recommandé au Département de continuer à utiliser une combinaison de médias basés sur Internet et de moyens de communication traditionnels, tels que la télévision, les documents imprimés et la radio, disponibles dans de nombreux foyers des pays en développement où l’accès à Internet est encore limité.
Elle a ensuite salué les efforts de coopération du DCG en Angola pour rendre opérationnel le Centre d’information des Nations Unies dans la capitale du pays, Luanda, et répondre ainsi aux besoins des pays africains lusophones. Elle a souligné le travail du Centre d’information de Rio de Janeiro, qui promeut et diffuse les articles d’actualité publiés en portugais sur le site Web de l’équipe de pays des Nations Unies, qui atteint en moyenne 10 millions de personnes par mois, tandis que les comptes Facebook, Instagram, TikTok, Twitter, Vimeo et YouTube en portugais ont atteint plus de 2,4 millions d’internautes à la mi-novembre 2021.
Elle a souligné que la diffusion et la promotion du message de l’ONU au-delà des six langues officielles des Nations Unies renforce l’importance d’informer efficacement un large public, tout en reflétant le respect du multilinguisme et de la diversité culturelle dans le monde. La déléguée s’est félicitée du fait que l’ONU recoure à des dizaines de langues dans leurs produits d’information et encouragé le DCG à renforcer son travail en portugais, en kiswahili et en hindi. Le portugais est à lui seul une langue officielle pour environ 260 millions de personnes dans le monde, la langue la plus parlée dans l’hémisphère Sud, a fait observer Mme Ferreira.
M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a salué la communication du DCG à travers l’ensemble des piliers de l’action de l’Organisation. Sur l’action climatique et environnementale et sur la mise en œuvre du Programme 2030 en particulier, il a salué les messages du Secrétaire général qui reflètent l’urgence d’agir, une dimension qui doit également être exprimée par l’ensemble du système onusien. Le représentant de l’Union européenne a aussi fortement encouragé le Département à continuer de communiquer sur l’ensemble des droits humains, ainsi que sur la lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination et de violence.
Mettant l’action sur la détermination de l’UE à lutter contre la manipulation et l’interférence de l’information, y compris la désinformation, le représentant a déclaré que le DCG joue un rôle essentiel pour faire de l’ONU une source fiable d’informations dans un environnement d’information hautement pollué. C’est pourquoi, il a salué la détermination du Secrétaire général à relever ce défi avant de plaider pour que l’initiative Verified, qui a contribué à sauver des vies pendant la pandémie, soit développée pour contrer la désinformation partout.
Tout en reconnaissant que la liberté d’opinion et d’expression, y compris la liberté des médias, sont des droits humains fondamentaux qui doivent être universellement protégés, le représentant a souhaité voir mieux équiper les citoyens du monde entier pour identifier la manipulation et l’ingérence de l’information. Il a jugé essentiel d’investir dans l’éducation aux médias, l’éducation et la sensibilisation, avant d’exhorter le DCG et les États Membres à tirer pleinement parti de la Semaine internationale de l’éducation aux médias et à l’information mondiale proclamée l’année dernière dans une résolution de l’Assemblée générale adoptée par consensus. « Le Sommet de l’éducation transformatrice de septembre sera également l’occasion de faire des progrès considérables à cet égard », a insisté M. Gonzato.
Après avoir noté que la crise de la COVID-19 a montré à quel point la désinformation sur le virus lui-même peut tuer, le représentant a aussi souligné comment la manipulation et l’interférence de l’information sont utilisées par l’agresseur russe en Ukraine pour tromper sa propre population et la communauté internationale et tenter de justifier une agression armée. Il a dès lors exhorté l’ensemble du système des Nations Unies à communiquer sur l’agression russe contre l’Ukraine de manière conforme aux résolutions de l’Assemblée générale et aux déclarations du Secrétaire général.
M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a reproché à la Fédération de Russie d’utiliser l’information comme une arme contre l’Ukraine. L’agression de la Russie contre l’Ukraine a une forte dimension informationnelle, or, comme dans le cas de la COVID-19, la désinformation tue des gens, a-t-il rappelé. Notant que la désinformation et la propagande de guerre de la Russie pour justifier son agression armée contre l’Ukraine tuent également de nombreuses personnes en Ukraine, le représentant a estimé que cela devrait être un sujet de préoccupation pour le Comité de l’information. Pendant des années, la Russie a utilisé son espace d’information pour préparer le terrain et endoctriner son peuple en vue de l’invasion de l’Ukraine, a-t-il affirmé, y voyant l’explication de certains Russes à « l’opération militaire spéciale » menée par leur pays en Ukraine. Le représentant a également accusé les forces russes d’avoir pris pour cible et détruit les infrastructures civiles liées à l’information en Ukraine, telles que les tours de télévision et les émetteurs Internet, sachant aussi que 7 journalistes sont morts et 15, portés disparus depuis le début des hostilités. Le représentant n’a pas hésité à dire que la Russie impose la censure des médias, la propagande de guerre, les discours de haine et l’incitation à la violence. Comme certains l’ont dit, le but de cette propagande est de « désukrainiser » le peuple ukrainien, ce qui implique que les autorités russes nient l’identité ukrainienne et la langue ukrainienne, et même le nom de l’Ukraine en tant que pays. « Le russisme ou le poutinisme sont la nouvelle idéologie du Kremlin, qui est aussi dangereuse que le nazisme ou le fascisme, et le monde doit s’unir pour combattre ce mal », a-t-il dit en citant le Ministre letton des affaires étrangères. Le représentant a en outre affirmé qu’une partie des médias indépendants russes se trouve aujourd’hui en Lettonie et que son pays leur fournit un soutien pratique afin de garantir qu’ils puissent poursuivre leur travail à l’étranger. Beaucoup ont déjà utilisé cette opportunité comme Meduza, Novaya Gazeta et d’autres, a-t-il signalé.
La Lettonie condamne fermement le nouveau durcissement de la censure et la suppression complète des médias indépendants, les attaques contre les journalistes et les travailleurs des médias en Russie, a poursuivi le représentant avant de souligner le rôle crucial que jouent les médias indépendants dans toutes les sociétés. Il a plaidé pour que les journalistes et le personnel des médias soient autorisés à effectuer leur travail en toute sécurité, en particulier en temps de guerre. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui que nous célébrons la Journée mondiale de la liberté de la presse, a-t-il conclu.
Quant au rôle de l’ONU, il a insisté sur le fait que l’ensemble du système des Nations Unies devrait utiliser la terminologie appropriée, issue des trois résolutions de l’Assemblée générale relatives à l’agression contre l’Ukraine, en parlant d’invasion ou de guerre, dans le contexte de ce conflit. Il a également encouragé le DCG à utiliser ses outils et réseaux de communication en russe pour informer sur la guerre en Ukraine. L’ONU doit continuer sa lutte contre la désinformation, que ce soit dans le contexte de la COVID-19 ou de ce conflit, a poursuivi le représentant avant de saluer le Secrétaire général et d’autres hauts responsables de l’ONU pour avoir clairement nié les accusations russes selon lesquelles l’Ukraine commettrait un génocide dans sa partie orientale.
M. JOSÉ BLANCO (République dominicaine) s’est félicité de constater qu’alors que le monde commençait à émerger de la pandémie, le grand public s’est tourné vers les sources onusiennes pour obtenir des informations précises, impartiales, multilingues et, surtout, fiables sur les questions liées aux Nations Unies, telles que les changements climatiques, la santé, la paix et les droits de l’homme. Une fiabilité dans laquelle le DCG a joué un rôle de premier plan, a-t-il relevé. Au cours de l’année écoulée, a poursuivi le représentant, le Département a également favorisé les partenariats, en faisant participer le public et en partageant les connaissances par le biais d’un engagement direct avec la société civile et le secteur privé, de sites Web spécialisés, d’événements publics virtuels et de commémorations, de réseaux sociaux et de publications imprimées et électroniques. M. Blanco a également apprécié les efforts accrus du DCG pour s’attaquer au problème de la désinformation, afin d’aider les gens à distinguer les faits de la fiction, comme la campagne Verified, pour encourager les gens à vérifier la validité de toute information qu’ils partagent sur leurs réseaux sociaux.
Le représentant a souligné les activités entreprises par le DCG dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et dans les efforts de réalisation du développement durable. Il a estimé nécessaire de mettre un accent supplémentaire sur la récession économique dans les pays en développement et sur le sérieux défi posé à la réalisation des ODD et du Programme 2030. Il a apprécié que le Département prenne le leadership dans l’élaboration d’un code de conduite mondial pour promouvoir l’intégrité de l’information publique, conformément à la vision exprimée par le Secrétaire général dans son rapport sur « Notre Programme commun ». Enfin, le représentant a rappelé l’importance vitale du multilinguisme pour le travail de cette Organisation, plaidant dès lors pour que les mesures prises par le Département soient renforcées avec la production de contenus spécifiques adaptés aux besoins des publics, afin de toucher le public le plus large possible, notamment ceux des pays en développement.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a dit que son pays attache une grande importance au multilinguisme et qu’il entend continuer à soutenir les efforts visant à atteindre le plus grand nombre possible de personnes dans leurs langues respectives. Au-delà des six langues officielles, elle a salué les efforts entrepris pour mener des activités de sensibilisation dans les langues locales ou ethniques. Tout en soulignant l’importance d’Internet, des médias sociaux et d’autres moyens numériques, la représentante a appelé à ne pas négliger la pertinence d’autres moyens de communication plus traditionnels tels que la presse écrite, la radio et la télévision. Elle a également appelé à redoubler d’efforts pour réduire la fracture numérique et faire d’Internet abordable pour tous une réalité, avant de souligner l’importance cruciale des partenariats avec la société civile, le secteur privé et les entreprises de médias sociaux.
La représentante a souligné aussi la nécessité d’investir dans l’accessibilité pour garantir l’accès des personnes handicapées à des informations vérifiées et factuelles. Elle a expliqué que Malte, qui brigue un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité, souhaitera, une fois élu, y mettre l’accent sur les liens entre l’alphabétisation et la paix internationale et la sécurité. « Nous considérons l’alphabétisation comme une question transversale qui ne se limite pas à la capacité de lire et écrire », a insisté la représentante. Elle a ajouté que l’alphabétisation peut servir d’outil général à l’ensemble de la société pour la consolidation de la paix et la prévention des conflits, en donnant aux individus les moyens de contrer les programmes qui appellent à la violence et à l’extrémisme violent.
M. OMAR HILALE (Maroc) a félicité le DCG pour avoir rendu l’ONU plus visible pendant la pandémie et pour son engagement et sa capacité d’adaptation qui ont permis d’assurer la continuité de son mandat et de lutter contre la désinformation et la mésinformation, « deux phénomènes qui ont pris une nouvelle dimension ces deux dernières années ». Il a insisté sur l’urgence d’une information fiable, neutre et authentique en provenance de l’ONU, en remarquant notamment la méfiance des populations vis-à-vis de la vaccination COVID-19. M. Hilale a cité, à cet égard, l’impact et la pertinence de la campagne Verified.
Le DCG joue aussi un rôle important dans la mise en œuvre et l’adaptation de ses campagnes au niveau des pays sur certaines thématiques clef de l’ONU et de la stratégie de communication globale de l’ONU, a noté M. Hilale, en citant notamment l’action climatique et l’exploitation sexuelle dans le contexte de conflits. Il a appelé à pleinement soutenir les centres d’information des Nations Unies (CINU), notamment celui de Rabat, qui font la promotion des activités phare de l’ONU, au niveau local. Le Maroc se félicite de la création d’une page Web de l’ONU pour célébrer la Journée internationale de l’Argan, a confirmé, en outre, le représentant.
Sur un autre registre, M. Hilale a salué l’engagement constant du DCG dans la promotion des activités de maintien de la paix de l’ONU. Le CINU de Rabat a d’ailleurs mis en avant la cérémonie de remise de médailles aux Casques bleus marocains, a-t-il mentionné. Le Maroc, en tant que hub entre l’Europe et l’Afrique, reste aussi l’un des plus grands défenseurs du multilinguisme, a précisé le représentant, avant d’appeler à doter le DCG des ressources nécessaires pour qu’il puisse pleinement s’acquitter de son mandat.
M. MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a remercié le DCG pour la qualité de son travail et ses efforts pour continuer à fournir des modalités virtuelles de couverture, d’interprétation et de diffusion de l’information sur les activités de l’ONU, malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19. À une époque où la désinformation et la mésinformation se multiplient et se propagent rapidement, les CINU sont en mesure de sensibiliser les publics en donnant aux messages de l’Organisation une résonance locale et en rapprochant l’ONU des personnes au service desquels elle est, a-t-il apprécié.
Le délégué a ensuite applaudi les campagnes de communication du DCG, en particulier #OnlyTogether, en faveur de la hausse de la fabrication et d’un meilleur financement des vaccins contre la COVID-19 pour tous. Il a ensuite souligné la nécessité d’intégrer le multilinguisme dans toutes les activités de communication et d’information des Nations Unies, dans la limite des ressources existantes et sur une base équitable. L’Afrique du Sud soutient les efforts déployés par le DCG et l’ensemble du système des Nations Unies pour éradiquer toutes les formes de racisme, de haine, d’intolérance et de discrimination. Mais elle est préoccupée par la fracture numérique au sein des nations et entre elles, « qui continue de se creuser », a relevé le représentant.
Pour lui, le réseau des CINU est l’un des principaux moyens par lesquels l’ONU fait connaître son action dans le monde. L’Afrique du Sud réaffirme donc le rôle essentiel que jouent les CINU pour promouvoir une meilleure compréhension par le public des objectifs et des activités des Nations Unies. Il a aussi salué les centres de Pretoria, du Caire et de Mexico qui jouent un rôle déterminant dans le renforcement stratégique des centres des pays voisins afin de développer et mettre en œuvre des plans de communication sur les thèmes prioritaires des Nations Unies d’une manière ayant une résonance particulière dans leurs régions respectives.
M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a salué le lancement, fin juin 2021, de l’initiative Marquons une pause dans le cadre de la campagne Verified et qui vise à freiner la propagation de désinformation sur la COVID-19. Il a jugé regrettable qu’au siècle des nouvelles technologies de l’information et des communications, l’analphabétisme touche encore 781 millions de jeunes et d’adultes, qui n’ont pas les compétences de base en lecture et en écriture.
Le représentant a ensuite estimé à 37 520 578 dollars le montant des dommages économiques causés par le blocus sur le secteur des télécommunications à Cuba pendant la période de janvier à juillet 2021. Il a condamné l’agression radio et télévisuelle permanente du Gouvernement des États-Unis contre Cuba, pointant notamment la diffusion de programmes spécialement conçus aux États-Unis pour inciter au renversement de l’ordre constitutionnel établi par le peuple cubain. De même, 20 830 heures d’émissions ont été diffusées illégalement sur 20 fréquences depuis le territoire des États-Unis vers Cuba au cours des trois premiers mois de l’année 2022. L’utilisation des technologies de la communication doit être pleinement compatible avec les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies et respecter la souveraineté, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et les normes internationalement reconnues de coexistence pacifique entre ceux-ci, a-t-il souligné.
Mme EGRISELDA LÓPEZ (El Salvador) a appelé à parier sur une approche globale coordonnée et déclinée localement. Pour ce qui est de la communication stratégique, elle a salué l’approche coordonnée du DCG dans un contexte de pandémie, notamment en s’appuyant sur les coordonnateurs résidents, et a conseillé d’appliquer cette approche à toutes les activités de communication globale de l’ONU. Saluant la campagne Verified pour contrer les désinformations dans le cadre de la COVID-19, elle a souhaité là encore que le DCG reprenne cette approche dans d’autres domaines. Elle a aussi appelé le Département à élargir la portée de ses campagnes et à communiquer davantage sur les contributions des pays aux efforts de maintien de la paix de l’ONU.
Le nombre de visites du site de l’ONU en espagnol affiche toujours une tendance à la hausse avec une augmentation de l’ordre de 26%, a par ailleurs noté Mme López. Il en va de même pour les tweets en espagnol, a-t-elle dit en appelant à saisir cet élan pour renforcer le contenu des sites en espagnol du DCG. Mme López a également salué les partenariats élaborés par le Département, en particulier pour toucher les jeunes, en citant la campagne Impact universitaire, tout en estimant que l’on peut intervenir davantage auprès des universités du monde. La diversité du public et les difficultés d’accès à l’information sur les différentes plateformes devraient toujours être à l’esprit du DCG, a ajouté Mme López en insistant sur l’impératif du respect du multilinguisme. Elle a aussi appelé le Département à communiquer davantage sur l’action de l’Assemblée générale auprès du public mondial.
Droit de réponse
Réagissant aux propos tenus par la Lettonie et l’Union européenne, le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que ces deux délégations ont trahi et contredit ce qui, selon la majorité des membres de ce comité, constitue les principes mêmes d’impartialité et de neutralité de l’information. « Qu’il me soit permis de demander dans quelle mesure les accusations fallacieuses qui ont été prononcées par la Lettonie contribuent à ces objectifs? » Le représentant russe a néanmoins espéré que la session en cours se déroulera dans un esprit constructif, avant de remercier tous les intervenants qui se sont concentrés sur les travaux de l’ONU relatifs à l’information.