9370e séance - matin
CS/15347

Yémen: appels multiples au Conseil de sécurité pour ne pas laisser échapper l’opportunité actuelle de conclure un cessez-le-feu durable

Immédiatement après avoir prolongé d’un an, à l’unanimité, le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), le Conseil de sécurité a tenu ce matin sa séance mensuelle consacrée à la situation au Yémen. L’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Hans Grundberg, s’est félicité des derniers développements positifs et a appelé les parties yéménites à se préparer à un cessez-le-feu durable à l’échelle nationale, appuyé en cela par les membres du Conseil, qui ont appelé à ne pas gâcher l’opportunité actuelle. 

Constatant que, malgré l’expiration, en octobre 2022, de la trêve conclue en avril de la même année, le pays traverse la plus longue période de calme relatif depuis le début du conflit, l’Envoyé spécial a affirmé que celle-ci ouvrait la voie à des discussions sérieuses en vue de mettre fin au conflit.  M. Grundberg a rappelé que son bureau avait récemment réuni les parties à Amman pour discuter de nouvelles libérations de détenus, en s’appuyant sur les libérations massives obtenues en mars en partenariat avec le Comité international de la Croix-Rouge.  Il a aussi indiqué que les violations graves contre les enfants avaient diminué de 40% depuis le début de la trêve et que le carburant continuait d’affluer régulièrement dans les ports de la province de Hodeïda. 

À la suite de l’Envoyé spécial, plusieurs des membres du Conseil ont salué la reprise des vols commerciaux entre Sanaa et l’Arabie saoudite, interrompus depuis août 2016, ainsi que les libérations de prisonniers, y voyant des signes favorables en vue de l’instauration d’un cessez-le-feu global.  À l’exemple de la Chine, qui a estimé que « la fenêtre d’opportunité pour la paix ne restera pas ouverte à jamais », plusieurs ont appelé les parties à ne pas gaspiller une occasion d’avancer vers un tel cessez-le-feu et une solution politique inclusive, estimant qu’il était temps de dépasser les mesures symboliques. 

Les Émirats arabes unis ont eux aussi souligné le besoin impérieux d’accélérer la conclusion d’un accord de cessez-le-feu permanent, tout en accusant les houtistes de renforcer leur arsenal militaire en violation de la résolution 2216 (2015).  Le représentant du Yémen a vanté les concessions faites par son gouvernement et sa volonté de restaurer les institutions de l’État dans tout le pays, mais dénoncé les agissements des houthistes contre une paix durable.  Il les a aussi accusés de rechercher l’escalade, mais la Fédération de Russie a estimé que l’état d’esprit des parties au conflit n’était pas à l’escalade. 

M. Grundberg a toutefois noté que la situation restait difficile et que les armes ne s’étaient pas tues, notamment à Dalea, Taëz, Hodeïda, Mareb et Chaboua.  Il a également regretté que la lutte continue aussi sur le front économique, notamment pour le contrôle des ports générateurs de revenus, des routes commerciales, du secteur bancaire, de la monnaie et des richesses en ressources naturelles.  Plusieurs délégations, dont le Brésil et le Japon, ont, elles aussi, déploré les entraves persistantes au transport des biens commerciaux des zones contrôlées par le Gouvernement vers celles contrôlées par les houthistes.  Le Japon s’est par ailleurs dit préoccupé par les mesures des houthistes visant à saper la capacité économique du Gouvernement yéménite, une inquiétude partagée par la France, qui les a exhortés à s’abstenir de tout acte susceptible de nuire davantage à l’économie yéménite, citant notamment le blocage des importations de gaz depuis Mareb. 

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Joyce Msuya, a estimé que la détérioration de la situation économique était l’un des principaux facteurs à l’origine de l’immensité des besoins humanitaires au Yémen.  Elle a jugé à cet égard essentielle la reprise des exportations de pétrole des zones tenues par le Gouvernement, notamment pour payer les salaires du secteur public. 

Sur la situation humanitaire proprement dite, Mme Msuya a indiqué que la communauté humanitaire s’efforçait d’atteindre cette année 17,3 millions de personnes sur les 21,6 millions ayant besoin d’aide.  Mais elle a déploré que le financement, à mi-parcours, du plan d’intervention humanitaire 2023 ne soit assuré qu’à hauteur de 29%, soulignant par exemple que les activités de traitement de la malnutrition du Programme alimentaire mondial (PAM) ne couvrent que 40% des besoins.  Les États-Unis ont mis en garde contre un « sous-financement dangereux » et exhorté les bailleurs de fonds bilatéraux, en particulier ceux de la région, à accentuer leur effort. 

Mme Msuya a en outre dénoncé les contraintes d’accès rencontrées par les humanitaires sur le terrain, notamment celles imposées par les houthistes au personnel national féminin, et a rappelé que deux employés des Nations Unies sont détenus depuis novembre 2021 tandis que cinq membres du personnel de l’ONU enlevés à Abyan en février 2022 sont toujours portés disparus.  Plusieurs membres du Conseil lui ont fait écho, dont Malte et l’Équateur.  D’autres délégations, dont l’Albanie, le Royaume-Uni ou les États-Unis, se sont inquiétées de la détention par les houthistes de plusieurs membres de la communauté baha’ie. 

La situation du pétrolier Safer a été une nouvelle fois évoquée.  Le Coordonnateur résident des Nations Unies au Yémen et Coordonnateur des opérations humanitaires, M. David Gressly, a décrit les progrès en cours et annoncé que le Gouvernement yéménite avait aujourd’hui même accordé l’autorisation de transfert de plus d’un million de barils sur le pétrolier de secours Nautica.  Le Vice-Ministre des infrastructures et de la gestion de l’eau des Pays-Bas, M. Jaap Slootmaker, dont le pays a contribué à l’appel de fonds visant à permettre le transfert de la cargaison du Safer et éviter ainsi la catastrophe humanitaire, environnementale et économique que constituerait une marée noire dans la zone, a mis en avant l’expertise de son pays.  Il a aussi rappelé, comme M. Gressly et la représentante des États-Unis, qu’il manquait encore 25 millions de dollars pour assurer le bouclage financier de l’opération.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a salué la plus longue période de calme relatif depuis le début du conflit, malgré l’expiration de la trêve, relevant que les violations graves contre les enfants avaient diminué de 40%.  Il a toutefois critiqué l’attaque au mortier de la semaine dernière qui a blessé cinq enfants dans le district de Hays au sud de Hodeïda, et appelé les parties à respecter leurs obligations au titre du droit international. 

L’Envoyé spécial a salué la récente reprise des vols commerciaux entre Sanaa et l’Arabie saoudite après sept ans d’interruption, permettant notamment à des pèlerins de participer au hadj.  Il a aussi souligné que le carburant continue d’affluer régulièrement dans les ports de Hodeïda.  Notant que cette période de calme relatif avait ouvert la voie à des discussions sérieuses en vue de mettre fin au conflit, M. Grundberg a remercié les acteurs régionaux, l’Arabie saoudite et Oman, pour leurs efforts constants en ce sens.  Il a rappelé que son bureau avait récemment réuni les parties à Amman pour discuter de nouvelles libérations de détenus, en s’appuyant sur les libérations massives obtenus en mars en partenariat avec le Comité international de la Croix-Rouge (CIRC). 

M. Grundberg a toutefois noté que la situation restait difficile et que les armes ne s’étaient pas tues, notamment à Dalea, Taëz, Hodeïda, Mareb et Chaboua.  Il a appelé les parties à mettre fin aux actions militaires provocatrices et à la rhétorique violente, qui font planer le spectre d’une nouvelle escalade.  Il a regretté que la lutte continue aussi sur le front économique, notamment pour le contrôle des ports générateurs de revenus, des routes commerciales, du secteur bancaire, de la monnaie et des richesses en ressources naturelles.  Il a notamment rappelé que la valeur du riyal yéménite par rapport au dollar américain avait diminué de plus de 25% au cours des douze derniers mois à Aden, avec les citoyens yéménites pour premières victimes.  S’inquiétant du doublement des coûts de transport des marchandises en raison du conflit, il a aussi insisté sur l’urgente nécessité d’accroître le nombre de vols à l’aéroport de Sanaa.  Il a aussi fait observer que l’obligation pour les femmes et les filles de voyager accompagnées d’un parent de sexe masculin s’était considérablement accrue au cours de l’année écoulée, en particulier dans les zones contrôlées par Ansar Allah, les empêchent d’accéder à leurs besoins fondamentaux, de profiter des opportunités économiques et de participer à la vie politique et aux efforts de rétablissement de la paix. 

En conclusion, l’Envoyé spécial a appelé les parties à se préparer à un cessez-le-feu durable à l’échelle nationale, notant que des plans pour sa mise en œuvre étaient actuellement en discussion.  Les appelant également à procéder immédiatement à une « désescalade économique » et à assurer le paiement régulier des salaires du secteur public dans l’ensemble du pays, il a plaidé en faveur d’un renforcement des liens économiques entre les différentes régions du pays, notamment en rouvrant les routes.  Enfin, il a encouragé les parties à relancer de toute urgence un processus politique intra-yéménite sous les auspices des Nations Unies. 

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a déclaré qu’il ne fait pas de doute que les besoins humanitaires au Yémen resteront élevés dans un avenir prévisible.  Cette année, la communauté humanitaire s’efforce de venir en aide à 17,3 millions de personnes, sur les 21,6 millions qui ont besoin d’assistance, a-t-elle indiqué, précisant que les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés, qui représentent autour de 300 000 personnes, figurent parmi les plus vulnérables, et que leur nombre ne cesse d’augmenter selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Bien qu’ils ne constituent pas le groupe vulnérable le plus important au Yémen en termes de nombre, les migrants sont confrontés à de graves risques en matière de protection puisqu’une fois au Yémen, ils sont souvent victimes d’exploitation et de violence, notamment d’extorsions, d’enlèvements, d’abus physiques et de violences fondées sur le genre. Mme Msuya a donc appelé les parties concernées à s’acquitter de leur obligation de répondre aux besoins essentiels -tels que la santé, la nourriture, l’eau et les abris- de tous les civils sous leur contrôle, en rappelant que les personnes déplacées à l’intérieur du pays sont également confrontées à une réalité précaire au Yémen. 

La détérioration de la situation économique est, selon la Sous-Secrétaire générale, l’un des principaux facteurs à l’origine de l’immensité des besoins humanitaires au Yémen.  Ce n’est qu’en stabilisant l’économie qu’il sera possible de réduire le nombre impressionnant de personnes dans le besoin.  À cet égard, la reprise, attendue depuis longtemps, des exportations de pétrole des zones tenues par le Gouvernement est essentielle, notamment pour payer les salaires du secteur public.  Il faut également s’attaquer à l’obstruction persistante au transport des biens commerciaux des zones contrôlées par le Gouvernement vers celles contrôlées par les houthistes et faire davantage pour générer des revenus et améliorer le pouvoir d’achat de la population, et pour assurer la fourniture des services de base comme l’approvisionnement en électricité, a insisté Mme Msuya.  Les Nations Unies travaillent avec leurs donateurs et leurs partenaires pour s’attaquer aux causes sous-jacentes des besoins et améliorer la situation économique, conformément au cadre économique des Nations Unies, a-t-elle expliqué.  Dans le cadre de ce travail, les Nations Unies renforcent par exemple leur présence dans la ville divisée de Taëz afin de travailler avec les autorités locales et les communautés pour améliorer l’accès à l’eau potable des deux côtés de la ville et soutenir le développement socioéconomique. 

Toutefois, la Sous-Secrétaire générale a dénoncé les contraintes d’accès constantes et significatives que connaissent les opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur le terrain, expliquant notamment que, dans les zones contrôlées par les autorités de facto des houthistes, les restrictions imposées aux déplacements du personnel national féminin continuent d’entraver la capacité du Bureau à mener à bien des projets vitaux pour les femmes et les filles.  Elle a également évoqué des retards dans l’obtention de l’autorisation d’effectuer des évaluations et à des tentatives d’ingérence dans les processus d’appel d’offres.  S’agissant des zones contrôlées par le Gouvernement du Yémen, Mme Msuya a salué le fait que les autorités ont commencé à traiter les permis de travail pour le personnel de l’aide internationale après quelques retards.  Elle les a encouragées à poursuivre cette tendance positive.  L’OCHA plaide auprès des autorités compétentes pour qu’elles élargissent son espace opérationnel et demande à nouveau aux parties de s’acquitter de leur obligation de faciliter le passage rapide et sans entrave de l’aide humanitaire, a souligné la haute responsable. 

La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a déploré que le financement, à mi-parcours, du plan d’intervention humanitaire 2023 ne soit assuré qu’à hauteur de 29%.  La triste conséquence de cette situation est que certaines activités doivent être réduites, a-t-elle mis en garde, citant à titre d’exemple les activités de traitement de la malnutrition du Programme alimentaire mondial (PAM) qui ne couvrent que 40% des besoins.  En outre, la sécurité du personnel de l’ONU reste une préoccupation majeure, a assuré Mme Msuya, qui a rappelé que cinq membres du personnel de l’ONU enlevés à Abyan en février 2022 sont toujours portés disparus et que deux employés des Nations Unies sont détenus depuis novembre 2021.  Elle a demandé leur libération immédiate et la protection de tout le personnel humanitaire. 

La Sous-Secrétaire générale a conclu en estimant que si le processus politique progresse, il faut rester vigilants et actifs sur le front humanitaire.  Avec un meilleur financement et un accès plus large, nous pouvons étendre notre portée et améliorer la protection des civils, a-t-elle déclaré, mais nous avons également besoin d’un soutien pour les mesures visant à améliorer l’économie du Yémen. 

M. DAVID GRESSLY, Coordonnateur résident des Nations Unies au Yémen et Coordonnateur des opérations humanitaires, a fait le point sur la situation de la mission des Nations Unies mise en place afin d’éviter une marée noire catastrophique autour du pétrolier Safer.  Depuis l’arrivée du navire sur le site, à la fin mai, les prestataires engagés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont déployé des efforts importants afin de préparer le retrait de plus d’un million de barils de pétrole du navire, y compris une inspection de chaque partie du navire et une évaluation complète de la quille, qui semblerait pouvoir résister au transfert.  Des mesures susceptibles de réduire les risques d’incendie et d’explosion ont été prises, a-t-il expliqué, en ajoutant que le vaisseau pourrait être amarré au Nautica pour un nettoyage plus rapide et plus efficace.  Dans ce contexte, le PNUD a été informé que le transfert de pétrole pouvait débuter avec un niveau de risque acceptable.  Le Safer a donc été pleinement stabilisé afin de permettre le transfert du pétrole d’un navire à l’autre, bien qu’un risque résiduel subsiste, a reconnu le Coordonnateur résident.  Les Nations Unies et leurs partenaires ont toutefois mis en place une équipe de gestion de crise située à Hodeïda, avec l’appui de Sanaa, afin de pouvoir réagir adéquatement en cas d’incident. 

En vertu du mémorandum d’accord signé avec les autorités yéménites, le comité technique du Safer continue de faciliter l’opération en fournissant un accès et un appui sécuritaire et technique, tout en assurant une coordination étroite avec l’ONU, a expliqué M. Gressly, qui a annoncé que le Gouvernement yéménite avait accordé aujourd’hui même l’autorisation de transfert du pétrole du Safer. Le navire de remplacement commencera à récupérer le pétrole au début de la semaine prochaine et l’opération devrait durer deux semaines.  Ainsi, a poursuivi le Coordonnateur, le pire cas de figure, celui d’une catastrophe humanitaire, environnementale et économique due à une marée noire, a pu être évité.  La prochaine étape consistera en l’installation, avant octobre, d’une ancre caténaire pour le remplacement du vaisseau. 

Un appui financier est essentiel pour assurer le succès de cette opération, a prévenu M. Gressly, qui a noté que l’unité du Conseil de sécurité sur cette question avait permis de parvenir au résultat actuel avec un budget de 143 millions de dollars, dont 118 millions proviennent des États Membres de l’ONU, d’autres contributions étant venues du secteur privé et de groupes environnementaux tels que Greenpeace et Holm Akhdar.  Le PNUD, l’Organisation maritime internationale (OMI) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont en outre partagé leur expertise, a précisé M. Gressly, tandis que l’OCHA a accordé un prêt de 20 millions de dollars provenant du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF).  Toutefois, a noté le Coordonnateur résident, il manque toujours 25 millions de dollars au budget afin de mettre un terme à cette menace environnementale et économique.

Mme BARBARA WOODWARD, (Royaume-Uni) a salué les progrès réalisés en vue d’écarter la menace de marée noire causée par le pétrolier Safer, notamment grâce aux efforts des Nations Unies et des donateurs publics et privés.  Elle a insisté sur l’urgence d’entamer le transfert de pétrole, rappelant que l’ONU avait encore besoin de 25 millions de dollars pour achever le travail.  La représentante s’est inquiétée de la politique anti-vaccination des houthistes, la qualifiant de « menace sérieuse pour la santé publique » et demandant instamment aux autorités compétentes de débloquer la situation.  Souhaitant attirer l’attention sur la détention de 13 membres de la communauté baha’ie par les houthistes, et malgré la libération encourageante de quatre d’entre eux, la déléguée leur a demandé de respecter la liberté de croyance et de libérer les autres détenus, notamment ceux qui ont besoin de soins médicaux urgents. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), a fait part de son « optimisme prudent » quant aux perspectives de paix au Yémen.  Parmi les développements positifs, il a cité la tenue de la huitième réunion du Comité de supervision de l’application de l’Accord de Stockholm sur l’échange de prisonniers le mois dernier, en Jordanie. Insistant sur la nécessité de préserver le calme relatif actuel pendant que les négociations se poursuivent, il a demandé aux parties de s’abstenir d’attiser les tensions, de donner la priorité aux intérêts de la population et de démontrer leur engagement total en faveur du processus de paix en prenant des mesures concrètes pour améliorer la situation sécuritaire fragile dans le pays. 

Le représentant a également mis l’accent sur l’importance des efforts régionaux dans la recherche d’une solution durable au conflit, reconnaissant le rôle essentiel joué par Oman et l’Arabie saoudite.  Il a noté que la crise humanitaire au Yémen est aggravée par la dégradation de la situation économique qui continue de réduire le pouvoir d’achat de nombreux Yéménites, les prix des produits de première nécessité étant hors de portée.  La situation est en outre gravement affectée par la mainmise des houthistes sur la capacité du Gouvernement à exporter du pétrole, ce qui limite sa capacité à honorer pleinement ses obligations financières, s’est-il inquiété.  Il a appelé le Conseil à étudier les moyens de mettre fin au blocus économique afin d’alléger les souffrances du peuple yéménite.  En ce qui concerne le pétrolier Safer, le représentant a salué le démarrage sans heurts du transfert des hydrocarbures du navire en décomposition.  À ce stade, la coopération de toutes les parties prenantes est essentielle pour garantir une opération de sauvetage sûre, rapide et ininterrompue, a-t-il fait valoir. 

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a appelé à la vigilance alors que la situation sur le terrain demeure volatile. Il a appelé les parties au conflit, notamment les houthistes, à consentir les efforts nécessaires pour parvenir à un cessez-le-feu national durable, étape indispensable à ses yeux pour mettre fin à cette situation de « ni guerre ni paix » et pour lancer un processus politique sous l’égide de l’ONU.  Dans cette optique, le représentant a exhorté les houthistes à s’abstenir de tout acte susceptible de nuire davantage à l’économie yéménite, citant notamment le blocage des importations de gaz depuis Mareb et les pressions exercées sur le mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies. 

Sur le plan diplomatique, le délégué a réitéré son soutien à l’Envoyé spécial et salué les efforts déployés par des acteurs régionaux tels que Oman et l’Arabie saoudite.  « Seule une solution politique globale et inclusive prenant en compte les préoccupations et les intérêts de tous les Yéménites permettra de mettre fin au conflit, » a martelé le représentant.  Malgré une insécurité alimentaire croissante, le financement du plan de réponse humanitaire demeure insuffisant, a-t-il déploré.  Il s’est ensuite félicité de la baisse du nombre de recrutements d’enfants en 2022.  S’agissant du pétrolier Safer, le délégué s’est réjoui des progrès réalisés dans l’opération de sauvetage et de l’arrivée du pétrolier de secours Nautica

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est félicité des progrès continus réalisés depuis la trêve, notamment la reprise des vols depuis Sanaa vers l’Arabie saoudite pour le pèlerinage du hadj et la libération progressive des détenus sur le principe « tous pour tous ».  Il a appelé les parties à ne pas gaspiller ces fenêtres d’opportunités en vue d’un cessez-le-feu global et d’une solution politique inclusive, estimant qu’il était temps de dépasser les mesures symboliques.  Il a estimé que la récente attaque des houthistes à Dalea ayant causé la mort de six soldats prouvait la fragilité de la situation, s’inquiétant en outre du fait qu’ils continuent de bloquer les flux de biens essentiels du sud vers le nord, notamment de carburant, ce qui aggrave la crise humanitaire. Le délégué les a aussi appelés à libérer immédiatement les baha’is enlevés.  Il a également exhorté les groupes armés à libérer immédiatement les employés de l’ONU, des ONG et les civils victimes de disparitions forcées. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a jugé essentiel de maintenir les engagements de la trêve, notant que la libération de prisonniers a marqué une étape importante dans la mise en place de mesures de confiance.  Il a espéré que des progrès pourront être réalisés lors de la deuxième étape de libération des prisonniers, dans le cadre de l’accord sur l’échange de détenus.  Il a encouragé les parties à parvenir à un accord inclusif qui conduira à un cessez-le-feu définitif et à une paix durable.  C’est la seule voie possible pour que le Yémen puisse consacrer tous ses efforts à son redressement politique, économique et social, a-t-il estimé.  Le représentant s’est inquiété des obstacles qui continuent d’être imposés à l’acheminement de l’aide humanitaire et au travail du personnel féminin dans les zones les plus nécessiteuses du territoire.  Le libre accès des opérateurs humanitaires doit être garanti afin de soutenir les quelque 4,5 millions de personnes déplacées et le nombre croissant de Yéménites qui se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire, a-t-il exigé.  Il a également insisté sur la nécessité de consolider la mise en œuvre du plan d’action de 2014 et de la feuille de route de 2018 pour mettre fin et prévenir le recrutement d’enfants, ainsi que pour appuyer les actions entreprises pour sensibiliser et former les parties à la protection des enfants dans le cadre du conflit.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) s’est félicité des mesures de réconciliation entre les parties prises ces derniers mois, notamment la reprise des vols directs entre le Yémen et l’Arabie saoudite pour la première fois depuis sept ans.  Afin de profiter de cet élan, il a exhorté les parties à s’engager de manière constructive dans des pourparlers de paix visant à instaurer un cessez-le-feu officiel et permanent.  Un processus politique inclusif, dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU, est le seul moyen d’apporter une paix durable au Yémen, a fait valoir le représentant. 

Malgré ces avancées, la situation humanitaire dans le pays reste désastreuse, s’est inquiété le représentant, notant que 21 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.  Il a appelé la communauté internationale à intensifier sa réponse pour aider les millions de personnes déplacées à travers le Yémen, y compris les migrants et les réfugiés.  Les contraintes bureaucratiques et administratives continuent en outre d’entraver les opérations humanitaires, a-t-il relevé, en exhortant les parties au conflit à faciliter l’acheminement sans entrave des secours humanitaires.  Le délégué a également exprimé sa préoccupation face aux informations faisant état de recrutements, de meurtres et de mutilations d’enfants au Yémen, ainsi que de l’utilisation d’écoles et d’hôpitaux par l’armée yéménite.  Il a salué en terminant les progrès réalisés afin d’éviter une marée noire provenant du pétrolier Safer, tout en invitant le États Membres à accroître le financement des opérations.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a salué la prorogation par consensus du mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).  La représentante a estimé que le maintien de la présence de la Mission à Hodeïda et son rôle de soutien aux parties dans la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda restent essentiels.  Alors que le Conseil de sécurité s’est engagé à soutenir les progrès d’un processus de paix durable au Yémen, sous l’égide des Nations Unies, les parties au conflit doivent comprendre qu’il n’y a pas de solution militaire, a-t-elle insisté.  Pour sa part, le Japon réitère son soutien total aux efforts de l’Envoyé spécial pour faciliter le processus visant à mettre en place des pourparlers politiques yéménites inclusifs sous les auspices des Nations Unies. 

Se disant consternée d’apprendre qu’au Yémen, des enfants sont encore recrutés comme soldats et qu’ils font l’objet de détentions arbitraires et sont également exposés au danger des mines terrestres et des restes explosifs de guerre, la représentante a déclaré qu’aucun enfant ne devrait vivre dans la crainte d’attaques, ni être contraint de se battre sur les lignes de front des conflits armés. 

Soulignant l’importance de la stabilité économique au Yémen, la représentante a rappelé que le Japon a fourni une assistance à cette fin, mais s’est dite préoccupée par le fait que les houthistes imposent des mesures visant à saper la capacité économique du Gouvernement yéménite, ce qui finira par nuire aux moyens de subsistance de la population.  Une économie plus forte, des services publics essentiels et un secteur privé actif à l’abri des interférences et des intimidations sont des éléments clefs pour la stabilité d’une nation, a affirmé la représentante, avant d’exhorter les houthistes à cesser toute action susceptible de nuire davantage à l’économie du Yémen, et à coopérer avec les Nations Unies.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est félicité du renouvellement du mandat de la MINUAAH, rappelant que son pays avait toujours soutenu les activités de la Mission, notamment en fournissant des observateurs militaires, et soulignant l’importance économique et humanitaire des ports du gouvernorat de Hodeïda pour l’ensemble du pays.  Il s’est inquiété de l’impact persistant des mines terrestres sur la population civile du gouvernorat qui, à la faveur de la stabilisation de la situation militaire, se rend plus facilement dans d’anciennes zones de front contaminées.  Il a appelé à renforcer les capacités de lutte antimines et d’accroître les projets connexes. Le représentant a également pris note de la complexité de l’opération concernant le pétrolier Safer et a espéré que le retrait du pétrole pourra commencer prochainement. 

Se félicitant de l’augmentation récente des vols commerciaux entre Sanaa et Amman, ainsi que du premier vol entre Sanaa et l’Arabie saoudite depuis 2016, le délégué y a vu des signes d’amélioration de l’environnement politique régional.  Il s’est toutefois dit vivement préoccupé par le déficit de financement du mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies qui facilite l’acheminement vers les ports yéménites de cargaisons commerciales dont le pays a grand besoin.  Il a plaidé en faveur de la reprise des exportations de pétrole, de la suppression des obstacles au transit terrestre des marchandises commerciales et de l’amélioration de la fourniture d’électricité.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a salué l’adoption unanime, ce matin, de la résolution prorogeant la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda - MINUAAH.  Il a demandé aux houthistes de se conformer pleinement à la résolution et de supprimer tous les obstacles à la liberté de mouvement de la Mission, notamment les visites sans préavis dans les ports.  Tout en reconnaissant les développements positifs ainsi que les mesures prises pour maintenir le calme depuis un an, le représentant a estimé le moment venu d’établir une paix globale allant au-delà des cessez-le-feu transitoires, une paix porteuse d’une véritable réconciliation nationale et d’une répartition équitable des richesses entre tous les Yéménites.  Dans ce contexte, il a réaffirmé le plein appui de son pays aux efforts humanitaires et politiques déployés par l’ONU, ainsi qu’à ceux consentis par Oman et l’Arabie saoudite afin d’apaiser les tensions dans le pays. 

Le représentant a « exigé » que les houthistes cessent immédiatement leurs attaques, accusant en outre ce groupe de continuer à renforcer son arsenal militaire depuis le début de la trêve d’avril 2022, en violation de la résolution 2216 (2015).  Pour les Émirats arabes unis, il donc impérieux d’accélérer la conclusion d’un accord de cessez-le-feu permanent, assorti de mesures de confiance telles que l’ouverture de routes, l’unification de l’économie, le paiement des salaires et l’échange de prisonniers. 

Dans l’intervalle, le Yémen demeure confronté à d’immenses défis humanitaires, a poursuivi le représentant, pour qui ces défis sont exacerbés par les restrictions à l’acheminement de l’aide et à la circulation du personnel humanitaire imposées par les houthistes.  Le représentant a en outre dénoncé une « guerre économique » livrée par les houthistes contre le peuple et le Gouvernement yéménites, notamment en ciblant les installations pétrolières et les ports.  Enfin, il a salué le début du transfert sûr du pétrole du Safer, avec l’appui des Nations Unies et des Pays-Bas.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a constaté un optimisme prudent au Yémen, notant qu’aucune hostilité d’ampleur n’avait été menée depuis plus d’un an et parlant d’une relative accalmie depuis la fin officielle, en octobre 2022, de la trêve.  La représentante a estimé que l’état d’esprit des parties au conflit n’était pas à l’escalade et a salué l’augmentation des vols au départ et à l’arrivée du Yémen ainsi que l’accord conclu en vue d’échanges de prisonniers.  À partir de là, les parties devraient être en mesure de parvenir à un compromis, a estimé la représentante. Pour y parvenir, elle a suggéré d’unir les efforts internationaux et régionaux de rapprochement des positions des parties au conflit, tout en exhortant les principales forces yéménites à trouver des solutions mutuellement acceptables et à renforcer la confiance.  L’objectif de la médiation internationale doit être de trouver une solution durable aux nombreux problèmes du Yémen, a-t-elle ajouté. 

Saluant le travail de l’Envoyé spécial, la représentante a fait part de la nécessité de réviser et d’actualiser le cadre juridique international en vue d’un règlement réaliste de la situation politico-militaire actuelle.  Elle s’est opposée aux sanctions internationales qui pèsent sur le pays, ajoutant que les résolutions du Conseil devraient être utilisées pour promouvoir un règlement pacifique, et non pour attiser les turbulences politiques dans la région.  Elle a protesté contre les interprétations élargies des résolutions du Conseil et contre la présence militaire étrangère dans les eaux internationales du Yémen qui procède à des inspections de navires. 

La représentante a appelé les parties yéménites à s’abstenir de toute mesure unilatérale et demandé que soit permis un accès sans entrave à la nourriture, aux médicaments et aux autres biens essentiels partout dans le pays.  S’agissant du pétrolier Safer, elle a dit espérer que les efforts en cours mettront enfin fin à cette menace, qu’elle a qualifiée de « bombe à retardement ».

M. GENG SHUANG (Chine) s’est félicité de l’ouverture de vols commerciaux de Sanaa à Djedda.  Avertissant que la fenêtre d’opportunité pour la paix ne restera pas ouverte à jamais, il a espéré que les parties feront preuve de la souplesse nécessaire pour avancer étape par étape vers une solution au conflit.  S’inquiétant des combats récents à Taëz, il a appelé les parties au conflit à la retenue.  Soulignant que la situation humanitaire au Yémen était la plus grave des pays à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, il a rappelé que des pluies torrentielles avaient entraîné des inondations dans plusieurs gouvernorats, provoquant des déplacements de population.  Il appelé à renforcer l’aide humanitaire pour le Yémen et à lever toutes les restrictions déraisonnables à son accès.  Le représentant s’est ensuite félicité de l’action des pays de la région pour le dialogue et la réconciliation, ce qui permettait d’espérer un règlement politique de la situation au Yémen.  Il a également pris note des progrès réalisés en ce qui concerne le pétrolier Safer. Qualifiant son pays « d’ami et de partenaire des pays de la région », il l’a dit prêt à travailler avec toutes les parties afin de mettre en œuvre « un vrai multilatéralisme » et parvenir à la paix au Yémen et à la stabilité à long terme au Moyen-Orient.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a salué les progrès dans « l’opération Safer », y voyant un modèle pour la coopération internationale au Yémen, et appelant à préserver cet élan et à trouver les 25 millions de dollars supplémentaires pour achever les deux dernières phases de cette opération et éviter une catastrophe environnementale, économique et humanitaire.  Pour la représentante, il est impératif de trouver un équilibre entre les efforts comme l’opération Safer et le fait de continuer à fournir une aide humanitaire vitale au Yémen.  Elle a mis en garde contre le sous-financement dangereux du plan de riposte humanitaire pour le Yémen, ce qui entraînera des conséquences graves pour les Yéménites.  Elle a notamment exhorté les bailleurs de fonds bilatéraux, et en particulier ceux de la région, à le financer. 

La représentante s’est félicitée de la prorogation de douze mois du mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), tout en soulignant que la Mission devait avoir la marge de manœuvre nécessaire pour mener à bien ses activités vitales. 

Seize mois après l’entrée en vigueur de la trêve facilitée par l’ONU au Yémen, Mme Thomas-Greenfield a estimé que les mesures restent toutefois insuffisantes pour faire parvenir l’aide aux nombreux Yéménites dans le besoin, lesquels n’en ressentent pas encore les effets.  La représentante a également reproché aux houtistes de continuer à bloquer les exportations de pétrole du pays, aggravant encore la crise humanitaire et économique dans le pays et entravant les versements des salaires dans le secteur public.  Les États-Unis appellent les parties à coopérer avec l’Envoyé spécial de l’ONU, qui cherche à faciliter les pourparlers intra-yéménites, y compris sur la question de l’exploitation des ressources du pays. 

La représentante a appelé à libérer immédiatement et sans condition tout le personnel local de l’ambassade américaine détenu à Sanaa depuis dix-huit mois, ainsi que les 13 baha’is yéménites et les détenus juifs yéménites.  « Tous les Yéménites doivent pouvoir pratiquer leur religion sans crainte », a-t-elle fait valoir, avant d’appeler à nouveau à tout faire pour mettre un terme à cette guerre. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) s’est félicité du renouvellement du mandat de la MINUAAH. Il s’est dit préoccupé de l’effet amplificateur des changements climatiques sur la crise au Yémen, qui exacerbe les tensions autour de l’accès aux ressources, notamment à l’eau, alors que le pays est déjà fragilisé par des catastrophes naturelles et l’insécurité alimentaire.  Il s’est par ailleurs félicité des progrès accomplis dans le cadre du plan de sauvetage du pétrolier Safer et a salué l’engagement du Coordonnateur résident et du système onusien pour éviter une catastrophe environnementale en mer Rouge. 

Relevant l’engagement des acteurs régionaux sur la question yéménite, le représentant a salué la tenue de discussions à Amman le mois dernier, en vue d’un potentiel échange de prisonniers.  Il a encouragé les parties au conflit à poursuivre ces échanges et réaffirmé la disponibilité de la Suisse pour accueillir de futures discussions à ce sujet. 

Appelant les parties à faciliter un acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire, le représentant s’est préoccupé de la situation des réfugiés et des migrants arrivant de la Corne de l’Afrique, qui sont exposés à des risques accrus d’exploitation, de détention arbitraire et de refoulement.  Il s’est également inquiété de l’augmentation des discours de haine de certains dirigeants politiques à l’encontre de ces groupes vulnérables.  En conclusion, il a déploré le manque de respect des règles relatives à la conduite des hostilités par les parties au conflit, évoquant notamment l’arrestation et la détention arbitraire des membres de la communauté baha’ie à Sanaa.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour progresser vers la transition à laquelle s’attendent les Yéménites.  Dénonçant ensuite les agissements des houthistes contre une paix durable, le représentant a énuméré les actions du Gouvernement qui, a-t-il affirmé, n’a malheureusement pas de partenaires pour la paix alors qu’il entend notamment restaurer les institutions de l’État dans tout le pays. 

Le représentant a affirmé que le Gouvernement yéménite envisage toutes les options pour la paix, et qu’il a fait des concessions et des efforts pour respecter la trêve, ce qui n’est pas le cas des milices houthistes, qui veulent l’escalade, aggravant ainsi la souffrance humanitaire.  Les houthistes rejettent tous les efforts de paix, violent le droit international et restreignent les libertés, a accusé le représentant.  Ils continuent le blocus de la province de Taëz.  Ils ont recours au chantage humanitaire et envoient leurs combattants au front.  Ils continuent de recruter des enfants, imposent le tutorat des hommes sur les femmes, abusent des minorités y compris religieuses.  Ils ont enlevé des baha’is et se livrent à des disparitions forcées.  En bref, les houthistes ne respectent pas la trêve et rejettent la paix, a-t-il accusé. 

La communauté internationale doit faire pression sur les houthistes et l’Iran pour qu’ils optent pour la paix, a exhorté le représentant, qui a dénoncé la guerre économique qu’ils mènent contre les populations en dressant des obstacles aux efforts du Gouvernement pour déployer les fonctionnaires dans les provinces, entraînant ainsi la diminution des recettes publiques.  Pour sa part, le Gouvernement poursuit la réforme de l’administration en menant notamment la lutte contre la corruption, pour la responsabilisation et pour assurer l’augmentation des recettes fiscales.  Saluant l’appui de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis à son gouvernement dans les domaines économiques et humanitaires, le représentant a salué la prorogation du mandat de la MINUAAH avant de dénoncer une fois de plus les houthiste, les accusant de ne pas respecter l’Accord de Stockholm.  Il a enfin salué les efforts réalisés pour sauver le pétrolier Safer. 

M. JAAP SLOOTMAKER, Vice-Ministre des infrastructures et de la gestion de l’eau des Pays-Bas, a prévenu, s’agissant du pétrolier Safer, que l’inaction entraînera des conséquences dévastatrices, tout d’abord sur la situation humanitaire déjà désastreuse au Yémen, mais également sur l’environnement national et régional.  Une marée noire perturberait en effet des voies maritimes et des chaînes d’approvisionnement énergétique et alimentaire vitales.  Pour prévenir un tel scénario, une opération de sauvetage est techniquement faisable, a assuré le Vice-Ministre, qui a ajouté que son pays possède les connaissances et l’expertise nécessaires pour éviter la catastrophe.  « Le coût de la prévention l’emporte toujours sur le coût et les souffrances d’une catastrophe » a-t-il ajouté. 

Pour cette raison, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont mené une collecte de fonds, à laquelle ont répondu plus de 20 États Membres et des donateurs privés, a expliqué le Vice-Ministre.  Ces fonds, a-t-il rappelé, ont permis d’obtenir un navire de remplacement, de contracter une entreprise de sauvetage et de démarrer les opérations. Toutefois, l’ONU a un besoin urgent de 25 millions de dollars pour mener à terme l’opération, y compris la mise en place d’une solution permanente pour empêcher qu’une crise similaire ne se reproduise à l’avenir.  Le Vice-Ministre a donc appelé les États Membres et le secteur privé à accroître leurs contributions pour atteindre cet objectif dans les plus brefs délais.  Une société néerlandaise de sauvetage a déjà effectué les inspections nécessaires et les derniers préparatifs sont en cours, a-t-il indiqué.

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