Colombie: le Représentant spécial se félicite des progrès réalisés dans le cadre des dialogues entre le Gouvernement et différents groupes armés
Réunis pour faire le point sur la mise en œuvre de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable en Colombie, les membres du Conseil de sécurité ont entendu, cet après-midi, le Représentant spécial du Secrétaire général se féliciter des progrès réalisés dans plusieurs domaines depuis la prise de fonction du Président Petro.
M. Carlos Ruiz Massieu a notamment mis en valeur l’approche holistique adoptée par le Gouvernement colombien pour prioriser la poursuite du dialogue avec les principaux acteurs et groupes armés, une démarche qui a permis la récente signature d’un accord de cessez-le-feu bilatéral temporaire avec l’Armée de libération nationale (ELN), qui doit entrer en vigueur le 3 août. Elle est également à l’origine de l’annonce de la reprise des négociations de paix avec État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP), premier pas vers la mise en œuvre d’un cessez-le-feu.
Le Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie a également fait état des nombreuses dispositions du plan national de développement liées à la paix, l’attention accrue portée à la réforme rurale globale et l’allocation de fonds indispensables à la mise en œuvre de l’accord de paix. De même, il a salué la création du Ministère de l’égalité, et les initiatives prises pour faire progresser la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord. Cela marque des étapes importantes pour l’amélioration de la situation des communautés autochtones et afro-colombiennes et d’autres groupes vulnérables, s’est-il réjoui, tout en appelant à une planification et coordination solides pour maximiser le potentiel de ces initiatives. À cette fin, le Représentant spécial a insisté sur l’importance de donner suite à la décision de nommer, au sein de la présidence, un haut fonctionnaire chargé de superviser la mise en œuvre de l’accord de paix.
Assurant que le dialogue continuera d’être l’épine dorsale de la politique nationale de paix globale de son pays, le Ministre des affaires étrangères de la Colombie a d’ailleurs affirmé que c’est précisément dans le cadre de ces nouveaux dialogues, et surtout « lorsque nous progressons sur des engagements concrets », que la participation de la communauté internationale, en tant que garante de ce qui a été convenu, revêt la plus grande importance pour le succès des processus.
Compte tenu de ces développements positifs, les membres du Conseil ont largement soutenu la proposition d’élargir le mandat de la Mission de vérification afin qu’elle puisse surveiller et appuyer la mise en œuvre des différents engagements et cessez-le-feu. La France a estimé qu’un tel l’élargissement serait essentiel pour faire reculer la violence qui touche encore plusieurs régions de Colombie et qui est particulièrement inquiétante à l’approche des élections locales d’octobre prochain. Le Brésil a souhaité en outre que la Mission évalue les synergies et leur impact sur le terrain, compte tenu du fait que certains groupes armés restent en conflit pour contrôler des territoires. La délégation brésilienne a également invité l’État colombien à élargir sa présence dans les zones touchées par le conflit et qui ont été historiquement marginalisées, notant qu’en ce sens, l’approbation du plan national de développement est une « réalisation importante ».
En dépit des progrès, nombre de délégations se sont inquiétées de l’insuffisance des garanties de sécurité pour les anciens combattants, les défenseurs des droits humains et les représentants de la société civile. À ce sujet, le Ministre colombien a fait savoir qu’un processus participatif de recontextualisation de l’accord et de sa mise à jour est en cours, et qu’un plan stratégique de sécurité et de protection devrait être approuvé au cours du mois d’août. Mais, pour avoir des résultats significatifs, il faut diminuer les indices de violence dans le pays, a indiqué M. Álvaro Leyva Durán, notant que les dialogues avec les autres groupes et auteurs de violence sont essentiels pour y parvenir.
Le Gouvernement colombien a également été appelé à poursuivre sa nouvelle approche qui met l’accent sur la réconciliation, l’accès à la terre, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes afin d’offrir de nouvelles opportunités socioéconomiques viables aux populations qui ont souffert du conflit et continuent de subir la violence des groupes armés et criminels.
Le faible taux de participation des femmes et des transgenres à la prise de décisions a cependant été pointé du doigt par Mme Diana Salcedo López, de la Instancia Especial de Mujeres para el Enfoque de Género en la Paz, qui a demandé une intégration systématique de l’approche sexospécifique et des mesures spéciales dans les programmes de développement et la réforme agraire.
Les États-Unis ont exhorté pour leur part le Gouvernement colombien à fournir des efforts supplémentaires pour combattre l’exclusion des peuples autochtones et d’ascendance africaine dans la mise en œuvre de l’Accord final, soulignant que son application doit être orientée par les besoins de minorités.
LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53) S/2023/477
Déclarations
M. CARLOS GABRIEL RUIZ MASSIEU AGUIRRE, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, a indiqué que depuis la prise de fonction du Président Petro, l’an dernier, la mise en œuvre de l’Accord final progresse dans plusieurs domaines, y compris ceux qui ont le plus grand potentiel de s’attaquer aux causes profondes du conflit. Il a notamment évoqué les nombreuses dispositions du plan de national de développement liées à la paix, l’attention accrue portée à la réforme rurale globale et l’allocation de fonds indispensables à la mise en œuvre de l’accord de paix. Il a également cité la création du Ministère de l’égalité, dirigé par la Vice-Présidente Francia Márquez, et les initiatives prises pour faire progresser la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord. Cela marque des étapes importantes pour l’amélioration de la situation des communautés autochtones et afro-colombiennes et d’autres groupes vulnérables, s’est-il réjoui. Une planification et une coordination solides seront toutefois importantes pour maximiser le potentiel de ces initiatives en vue d’obtenir des résultats tangibles en termes de paix, a-t-il concédé. À cette fin, il a réitéré l’importance de donner suite à la décision de nommer, au sein de la présidence, un haut fonctionnaire chargé de superviser la mise en œuvre de l’accord de paix final.
Le Représentant spécial a noté les progrès réalisés par la Juridiction spéciale pour la paix, y compris de nouveaux actes d’accusation. Il a dénoncé les menaces de mort proférées lors des audiences organisée à Dabeiba, dans la province d’Antioquia, au cours desquelles des membres de la force publique ont livré des témoignages choquants, reconnaissant leur responsabilité dans des exécutions extrajudiciaires. La présence de plusieurs ministres et fonctionnaires du Gouvernement à cette audience représente en outre un pas important vers l’objectif impératif de non-répétition, a-t-il estimé.
En ce qui concerne le processus de réintégration, M. Ruiz Massieu a salué la nouvelle approche du Gouvernement qui met l’accent sur la réconciliation, l’accès à la terre, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. L’approbation de nouveaux projets collectifs, un soutien supplémentaire aux initiatives individuelles et l’accès à l’emploi permettront, selon lui, d’améliorer considérablement les moyens de subsistance de milliers d’anciens combattants et d’ancrer leur transition vers la vie civile. M. Massieu a toutefois regretté que la violence continue d’entraver la réalisation du plein potentiel de l’accord et a espéré que les récentes améliorations concernant les garanties de sécurité porteront bientôt leurs fruits. Il a aussi fait état d’une augmentation de la violence à l’encontre des dirigeants paysans et des revendicateurs de terres, ainsi que des obstacles dont pâtissent les fonctionnaires qui travaillent sur la réforme agraire. Également préoccupé par la violence persistante à l’encontre d’anciens combattants, le Représentant spécial a appelé à faire plus pour protéger ceux qui défendent les droits de communautés entières, ainsi que ceux qui ont déposé les armes de bonne foi dans le cadre de l’accord de paix.
Le haut fonctionnaire a ensuite indiqué que les efforts déployés par le Gouvernement pour mettre en œuvre des aspects essentiels de l’accord de paix se sont accompagnés d’efforts visant à engager un dialogue avec différents groupes armés. Les résultats obtenus à Cuba lors du troisième cycle de négociations entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN) sont très encourageants à cet égard, et la semaine dernière, la cessation des actions offensives entre les parties a marqué un pas en avant vers l’entrée en vigueur, le 3 août, d’un cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire. De plus, le Comité national de participation débutera ses travaux dans quelques jours, ce qui favorisera une large implication de la société dans le processus de paix, a indiqué M. Massieu qui a ensuite salué l’annonce conjointe du Gouvernement et de l’État-major central des FARC-EP, le 8 juillet, concernant l’établissement d’un processus de négociations.
Arguant qu’à ce moment critique, la volonté déterminée des parties, avec le soutien de la communauté internationale, peut consolider les processus de paix naissants, le Représentant spécial a jugé essentiel de préserver ce qui a été réalisé, d’affronter résolument les défis en matière de sécurité et de privilégier le dialogue. Dans cette fenêtre d’opportunité, le soutien du Conseil est décisif, a-t-il insisté.
Mme DIANA SALCEDO LÓPEZ, de la Instancia Especial de Mujeres para el Enfoque de Género en la Paz, a appelé à dépasser l’objectif de 12% des dispositions relatives à l’égalité entre les sexes de l’accord de paix. Elle a regretté le faible taux de participation des femmes et des transgenres à la prise de décisions, demandant une intégration systématique de l’approche sexospécifique et des mesures spéciales dans les programmes de développement et la réforme agraire. S’agissant de la participation politique, l’intervenante a salué l’adoption de la loi sur la violence à l’égard des femmes en politique et sur leur participation à tous les niveaux. Elle a demandé une participation accrue des femmes dans le suivi de la mise en œuvre de l’accord de paix afin d’assurer la transparence de l’administration publique et la bonne utilisation des ressources. Elle a regretté le manque de perspective pour la participation politique des transgenres.
Concernant la sécurité et les garanties pour le travail des femmes dans les régions, Mme Salcedo López a salué la création, par le Gouvernement, du Programme complet de garanties pour les femmes dirigeantes et les défenseurs des droits humains. Elle a aussi insisté sur l’importance de la réinsertion économique des femmes dans le processus de paix. Préoccupée par la persistance des violences sexuelles à l’encontre des femmes dans les régions, elle a appelé à mettre en place des programmes de prévention de ce type de violence. À cet égard, elle a rappelé la volonté des signataires de l’accord de paix de travailler avec les communautés locales dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi.
Mme Salcedo López a exhorté le Gouvernement à améliorer la sécurité des anciens combattants, appelant à élaborer une politique de défense et de sécurité à visage humain. S’agissant de la production illégale de drogues pour la consommation locale, elle a conseillé de promouvoir les cultures de substitution, d’améliorer la participation des personnes transgenres dans ces programmes et de reconnaître les niveaux élevés de violence dans cette catégorie de la population, insistant en outre sur l’importance de l’égalité entre la population générale et les personnes transgenres en matière de développement et de réparation. La mise en œuvre de l’accord de paix, en particulier les mesures relatives à l’égalité des sexes, peut favoriser une paix totale et donner un exemple pour d’autres conflits dans le monde, a affirmé l’intervenante pour qui le respect de la vie des femmes, des personnes transgenres et la dignité des peuples est la voie vers la paix.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué les efforts déployés par le Gouvernement colombien pour mettre en œuvre l’Accord final ainsi que l’adoption du plan national de développement, qui comprend notamment des investissements en faveur de la paix. De tels investissements seront, à ses yeux, nécessaires pour mettre en œuvre les réformes et renforcer la présence de l’État colombien dans l’ensemble du pays. Notant que les femmes dirigeantes et les ex-combattantes continuent d’être confrontées à la violence sexuelle liée au conflit, la représentante a également estimé que le chapitre portant sur les questions de genre est un élément essentiel de l’Accord final. À l’approche des élections régionales d’octobre, la déléguée a encouragé les autorités colombiennes à renforcer la sécurité des signataires de la paix qui souhaitent participer au processus démocratique. Elle a condamné à cet égard la violence perpétrée contre les anciens combattants des FARC, les défenseurs des droits humains et les dirigeants sociaux, en notant que depuis la signature de l’Accord final, plus de 375 anciens membres des FARC ont été tués. Suite à l’annonce, en juin, d’un cessez-le-feu entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), la représentante a dit suivre de près les pourparlers en vue d’un accord de cessez-le-feu avec l’État-major central des FARC-EP.
M. GENG SHUANG (Chine) a rappelé que la réforme agraire et la réinsertion des anciens combattants sont des éléments importants du plan de paix. Il a souligné que le développement économique est crucial pour parvenir à la paix, avant d’émettre l’espoir que la communauté internationale va appuyer le Gouvernement sur cette voie. Il a ensuite salué les initiatives pour endiguer la violence, se félicitant en outre du cessez-le-feu conclu entre les autorités et l’ELN. Il a salué la poursuite des pourparlers avec d’autres groupes armés et souhaité que le Conseil élargisse le mandat de la Mission de vérification pour qu’elle puisse assurer le suivi des accords de paix avec les groupes armés.
M. ADAM KUYMIZAKIS (Malte) a salué les progrès significatifs dans la mise en œuvre de l’accord de paix, complétés par la politique de « paix totale » du Gouvernement. Il a notamment mentionné l’approbation par le Congrès du plan national de développement, qui comprend des éléments clefs de l’accord de paix ainsi que celle de projets de loi importants relatifs à la réforme rurale globale et à l’acquisition de terres. L’aboutissement du troisième cycle des négociations de paix entre le Gouvernement et l’ELN à Cuba et l’accord sur un cessez-le-feu bilatéral national de six mois constituent également des développements positifs, a renchéri le représentant qui a également salué l’annonce par le Gouvernement de pourparlers avec plusieurs groupes armés illégaux.
Prenant acte de la demande formulée par le Gouvernement colombien, le 14 février, en vue d’un nouvel élargissement du mandat de la Mission de vérification, le représentant a promis de travailler en étroite collaboration avec ses collègues du Conseil pour soutenir les efforts du Gouvernement pour des cessez-le-feu durables et permanents. Profondément préoccupé par les niveaux élevés de violence perpétrés par les groupes armés illégaux et les organisations criminelles, il a condamné les actes et menaces visant des juges et des hommes politiques, des défenseurs des droits de l’homme, des leaders sociaux et des personnes de la communauté LGBTI et les civils. Les autorités gouvernementales doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour endiguer cette violence, a-t-il estimé, notamment en redoublant d’efforts pour étendre la présence de l’État dans les zones rurales.
Mme SHINO MITSUKO (Japon) a salué l’adoption du plan national de développement du Gouvernement par le Congrès dont la mise en œuvre effective permettra de combler les écarts entre les régions urbaines et rurales et de promouvoir le développement national. La représentante a réitéré l’importance de mettre en place des institutions et des systèmes résilients et transparents, ainsi que de renforcer les capacités de chaque individu, en plaçant la sécurité humaine au centre de tous les efforts. Les efforts de consolidation de la paix ne seront efficaces que s’ils sont dirigés par un gouvernement qui a la confiance du peuple, a-t-elle prévenu.
Elle a plaidé pour des élections départementales et municipales pacifiques et encouragé les autres groupes armés non signataires de l’accord de paix à engager un dialogue constructif avec le Gouvernement pour parvenir à un cessez-le-feu. Elle a pris note de la demande du Gouvernement d’élargir le mandat de la Mission de vérification afin d’appuyer ses efforts de dialogue avec les groupes armés. La création d’un environnement propice à la réinsertion sera essentielle pour faire face à l’insécurité à long terme, a estimé la représentante, en soulignant que la stabilité à long terme n’est atteinte que quand un processus de paix est façonné par les parties prenantes, dont les femmes et les jeunes, selon leur propre vision et avec leur pleine appropriation.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) s’est félicité des mesures prises par le Gouvernement colombien pour mettre en œuvre l’Accord final, y compris l’adoption du plan national de développement. Si les mesures consacrées à l’élargissement de la participation politique des femmes sont importantes, elles doivent, selon lui, s’accompagner de mesures visant à renforcer leur sécurité, s’agissant en particulier de la violence sexuelle liée aux conflits. Le représentant s’est également félicité de l’approche adoptée par le Conseil national de réintégration pour mettre en place une stratégie durable de réintégration des anciens combattants, comme le prévoit l’Accord final, y compris des garanties de sécurité. Malgré la persistance de la violence dans le pays, il a reconnu l’engagement des parties en faveur des pourparlers de paix en cours, comme en témoigne l’accord de cessez-le-feu de six mois, conclu avec l’ELN.
M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a salué la conclusion, le 9 juin, d’un accord sur un cessez-le-feu national de six mois entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale. Il a dit espérer que cette première étape permettra d’aboutir à un cessez-le-feu durable. Il a aussi salué les efforts déployés par les autorités colombiennes pour parvenir à d’autres cessez-le-feu avec plusieurs groupes armés, en particulier avec le groupe FARC-EMC. Il a dit soutenir la demande de la Colombie d’une extension du mandat de la Mission de vérification afin qu’elle puisse surveiller et appuyer la mise en œuvre de ces différents engagements. Cela est essentiel, a-t-il estimé, pour faire reculer la violence qui, malheureusement, touche encore plusieurs régions de Colombie et qui est particulièrement inquiétante à l’approche des élections locales prévues en octobre prochain.
En dépit des progrès, les garanties de sécurité demeurent insuffisantes pour les anciens combattants, les défenseurs des droits de l’homme et les représentants de la société civile, a-t-il constaté. Le délégué a tout de même salué les récentes initiatives prises en matière de réforme rurale et d’accès à la terre, en particulier la création d’une nouvelle juridiction agraire. Il a également salué la priorité donnée par le Gouvernement à la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord de paix. Il a enfin salué les progrès que multiplie la Juridiction spéciale pour la paix, avant de condamner fermement les menaces formulées à l’encontre des magistrats colombiens. Certes, il reste du chemin à parcourir, mais la Colombie est sur la bonne voie et la France se tient prête à lui apporter tout son appui, a—t-il conclu.
Au nom des A3 –Gabon, Ghana et Mozambique-, M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), a félicité le Président Petro pour sa quête incessante de la paix ainsi que les dirigeants de l’Armée de libération nationale (ELN) pour la conclusion fructueuse du troisième cycle de négociations de paix à Cuba. Il s’est réjoui de l’approche stratégique du Gouvernement colombien visant un dialogue inclusif et constructif avec les groupes armés, quelle que soit leur classification. En promouvant la compréhension mutuelle et la réconciliation, le Gouvernement favorise une paix et une sécurité durables dans le pays, a estimé le représentant. Il a également salué les efforts en cours pour améliorer la sécurité dans les zones touchées par le conflit, grâce à l’adoption de politiques et de plans stratégiques visant à renforcer progressivement la présence des forces militaires et de police.
Le représentant a insisté sur le fait que pour parvenir à la paix en Colombie et remédier aux inégalités historiques qui ont alimenté les conflits, il est essentiel de mettre en œuvre des politiques équitables et inclusives pour les communautés autochtones et afro-colombiennes. À cet égard, il a félicité le Gouvernement colombien qui tient compte des autochtones et des Afro-Colombiens dans le processus de distribution des terres, en plus des ex-combattants des FARC-EP. Parlant des prochaines élections, le représentant a plaidé pour une participation représentative des hommes et des femmes et pour la protection de ces dernières ainsi que des anciens combattants qui souhaitent s’engager dans le processus électoral.
M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) s’est dit heureux de constater que la mise en œuvre de l’accord de paix constitue l’un des axes centraux de la stratégie gouvernementale du Président Petro. Il a invité l’État colombien à élargir sa présence dans tous les coins du pays, en particulier dans les zones touchées par le conflit et qui ont été historiquement marginalisées. En ce sens, l’approbation du plan national de développement par le Congrès est une réalisation importante, a-t-il relevé. Selon le délégué, la consolidation de la paix nécessite la mise en œuvre intégrale de l’accord de paix et le contrôle de la violence qui est toujours perpétrée par des groupes armés. Cette violence a du reste un impact disproportionné sur les Afro-Colombiens, les peuples autochtones, les femmes et les enfants, ainsi que les populations les plus vulnérables.
Le représentant a salué la tenue, en ce moment, à La Havane, des pourparlers entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN). Il a estimé que la Mission de vérification doit jouer un rôle capital pour le succès de la mise en œuvre des étapes agréées, comme l’accord de cessez-le-feu. Outre le degré d’avancement de chaque dialogue et accord de cessez-le-feu, le délégué a souhaité que la Mission évalue les synergies et leur impact sur le terrain, compte tenu du fait que certains groupes armés restent en conflit entre eux pour contrôler des territoires. Dans ce contexte, il a suggéré de favoriser des avancées simultanées dans diverses négociations, sachant que tout incident avec un groupe en particulier peut avoir un impact négatif sur d’autres processus et exacerber les conflits. Il a donc appelé le Conseil de sécurité à évaluer soigneusement la manière d’optimiser sa contribution au déroulement parallèle de ces processus.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est félicité de l’accord sur le cessez-le-feu conclu à Cuba entre le Gouvernement de Colombie et l’ELN, soulignant que son pays n’a cessé de promouvoir le dialogue avec ce groupe. Il a appuyé la demande de l’ELN d’élargir le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies pour lui permettre de vérifier les accords avec d’autres groupes, une fois que ces accords seront conclus, rappelant dans la foulée que tous les signataires doivent participer à la mise en œuvre de l’Accord final. Le délégué a aussi salué l’adoption de la loi sur la réforme agraire en Colombie. Il a ensuite appelé à assurer la protection physique des anciens combattants des FARC-EP, des dirigeants sociaux et des plus vulnérables, se déclarant préoccupé par le niveau élevé et continu de violence contre les anciens combattants. Sans garanties de sécurité, il serait impossible d’intégrer les anciens combattants dans la société et l’économie, a-t-il souligné, exprimant l’espoir que la situation s’améliorera de manière significative à l’approche des élections régionales et locales d’octobre.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) s’est félicitée de l’allocation de ressources spécifiques et des engagements inclus dans le plan national de développement afin d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord final. Elle a également salué les récents progrès réalisés dans la législation relative à la paix, la Juridiction spéciale pour la paix ainsi que l’application des sanctions. Établi pour la recherche des personnes disparues, le mécanisme de coordination interinstitutionnel est parvenu à de premiers résultats tangibles, a poursuivi la représentante. À la demande de la Colombie, le Conseil fédéral suisse a approuvé un accord visant à sauvegarder, en Suisse, une copie numérique des archives de la Commission de la vérité, a-t-elle annoncé.
Malgré ces avancés, la déléguée a exprimé sa préoccupation face à la poursuite de la violence contre la population civile. Les affrontements entre groupes armés continuent de se propager dans les régions prioritaires de mise en œuvre de l’Accord final, a-t-elle noté, avant d’appeler les autorités colombiennes à prioriser les garanties de sécurité pour les membres de partis politiques, de la société civile et des anciens combattants. Compte tenu de l’augmentation du recrutement d’enfants, elle a encouragé le Gouvernement colombien à redoubler d’efforts pour prévenir et mettre fin aux violations graves des droits de l’enfant. Enfin, la représentante a salué l’approche holistique adoptée par le Gouvernement colombien dans la poursuite du dialogue avec les principaux groupes armés, notant au passage la récente signature d’un accord temporaire de cessez-le-feu bilatéral avec l’Armée de libération nationale (ELN) et la reprise des négociations de paix avec l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC-FARC), premiers pas en vue de la mise en place d’un cessez-le-feu.
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué la vision et le courage du Gouvernement du Président Petro pour faire de la paix une réalité. Notant que la paix n’est pas possible sans justice sociale, elle a insisté sur l’importance du dialogue national et l’intégration de la société civile dans la mise en œuvre de l’Accord final. Elle s’est dite encouragée par les négociations en cours entre le Gouvernement et l’ELN, ainsi que par les progrès dans la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final et la réinsertion des anciens combattants par le truchement du plan de sécurité et de protection. Mais il reste encore beaucoup à faire, a constaté la déléguée, notamment pour ce qui est du dialogue avec l’EMC FARC-EP ou de la justice transitionnelle. Elle a ensuite appuyé l’élargissement du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie à la vérification des cessez-le-feu.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a rappelé que les États-Unis ont contribué 1,5 milliard de dollars à la mise en œuvre de l’Accord final depuis 2017. Il a exhorté le Gouvernement colombien à fournir des efforts supplémentaires pour combattre l’exclusion des peuples autochtones et d’ascendance africaine dans la mise en œuvre de l’Accord final, notamment en effaçant les inégalités historiques dont ils sont les victimes. L’application de l’accord doit être orientée par les besoins de minorités et des personnes d’ascendance africaine, a martelé le délégué qui a souligné l’importance de défendre les droits des victimes du conflit. Il a indiqué suivre de près les efforts pour élargir les négociations de paix avec l’ELN et les autres groupes issus des FARC-EP. Saluant le dernier accord sur le cessez-le-feu, le représentant a souligné qu’il devrait entrer effectivement en vigueur en août prochain, exhortant l’ELN à mettre un terme à la violence, aux enlèvements et aux recrutements.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a souligné l’approbation du plan national de développement par le Congrès colombien, qui prévoit des mesures de mise en œuvre de l’Accord final, une réforme rurale globale, la réintégration des anciens combattants, la substitution des cultures illicites, ainsi qu’une justice transitionnelle. De même, l’approbation d’un cessez-le-feu bilatéral entre le Gouvernement colombien et l’ELN, ainsi que le récent accord de cessez-le-feu conclu avec l’EMC FARC-EP, sont autant de mesures susceptibles de mener à une paix durable. Le représentant a appelé à l’arrêt des violences liées au conflit, en particulier contre les femmes, les défenseurs des droits humains, les dirigeants sociaux et les anciens combattants, en majorité d’origine afrocolombienne et autochtone. Il a ensuite incité les parties à privilégier un dialogue inclusif et à poursuivre leurs efforts visant à accroître la présence de l’État colombien dans les zones rurales. Il s’est félicité de l’engagement de la Juridiction spéciale pour la paix envers la défense des droits des victimes, en espérant que la coopération technique établie avec la Cour pénale internationale (CPI) saura porter ses fruits. Selon le délégué, la capacité logistique de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie peut apporter une contribution importante à la mise en œuvre des accords de cessez-le-feu.
M. ÁLVARO LEYVA DURÁN C., Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a indiqué que le dialogue entre les parties à l’accord de paix de 2016 est un élément essentiel dans la mise en œuvre de ce dernier, et que ce dialogue continuera d’être l’épine dorsale de la politique nationale de paix globale. Il a fait savoir que le Gouvernement a mis en place une série d’initiatives institutionnelles et législatives qui permettent d’avancer vers la paix. Il a cité comme exemples le plan national de développement et la nouvelle politique de sécurité et de défense qui mettent l’accent sur la sécurité humaine, le renforcement du contrôle du territoire et le démantèlement des structures criminelles. Et ce qui est intéressant derrière ces initiatives nationales, a-t-il ajouté, c’est qu’elles ont cherché à maintenir le dialogue entre les différents acteurs, y compris la société civile, tout en restant à l’écoute des demandes des signataires de l’accord comme cela avait été convenu.
Face aux enjeux ethniques, le Ministre a souligné les processus de dialogue dans lesquels l’Agence pour la réintégration et la normalisation a proposé la participation des signataires d’appartenance ethnique, afin de garantir leur réinsertion efficace au sein de leurs communautés. Il a souligné que le plan national de développement comprend, pour la première fois, l’adoption d’une politique étrangère avec une approche sur le genre, élaborée sur la base du dialogue avec la société civile et qui envisage la mise en œuvre des dispositions de l’accord de paix sur le sujet. Au sujet de la Juridiction spéciale pour la paix, il a jugé utile de toujours l’ajuster à ce qui a été convenu dans l’accord de 2016. Il est question d’une justice réparatrice qui, comme toute justice, doit exalter le principe de « pas de punition sans loi », a-t-il affirmé, assurant ensuite que le Gouvernement entend faire appliquer les peines qui avaient été communément approuvées entre les parties.
M. Durán C. a reconnu que la plus grande préoccupation du Conseil, ainsi que des deux signataires de l’accord de 2016, a été le respect des garanties de sécurité pour les anciens combattants. Il a promis que le Gouvernement allait continuer de travailler pour renforcer les régimes de sécurité des signataires. Un processus participatif de recontextualisation de l’accord et de sa mise à jour est en cours, et un plan stratégique de sécurité et de protection devrait être approuvé au cours du mois d’août, a-t-il précisé. Mais, pour avoir des résultats significatifs, il faut diminuer les indices de violence dans le pays, a-t-il dit, notant que les dialogues avec les autres groupes et auteurs de violence sont essentiels pour y parvenir ainsi que pour garantir la sécurité des signataires de l’accord de paix et de la population civile. Il a fait savoir que les discussions avec l’ELN avancent de façon positive avec des résultats concrets. De même, il y a de grandes attentes concernant les premiers résultats des dialogues avec le groupe autoproclamé État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP). C’est fort de cela que nous avons demandé au Conseil de sécurité d’accompagner le pays dans la vérification des cessez-le-feu proposés par les parties dans le cadre de la transition vers la paix totale, a justifié le Ministre colombien.