9608e séance – matin & après-midi 
CS/15669

Conseil de sécurité: face à un Moyen-Orient « au bord du précipice », le Secrétaire général de l’ONU exhorte à la désescalade

« Le Moyen-Orient est au bord du précipice », a mis en garde le Secrétaire général de l’ONU, ce matin, à l’occasion d’un débat public du Conseil de sécurité consacré à la situation dans la région, « y compris la question de Palestine ».  Organisé au niveau ministériel à l’initiative de Malte, qui préside le Conseil en avril, cette séance a été l’occasion pour M. António Guterres d’encourager la communauté internationale à se lancer dans une « désescalade », sous peine que ne se produise l’« impensable » – un conflit régional « dévastateur ». 

Après avoir condamné à la fois l’attaque à grande échelle lancée par la République islamique d’Iran contre Israël le 13 avril et celle perpétrée par Israël contre le consulat iranien à Damas quelques jours plus tôt, le Chef de l’Organisation a considéré que « mettre fin aux hostilités à Gaza désamorcerait considérablement les tensions ».  Aussi a-t-il réitéré son appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à la libération immédiate de tous les otages restants détenus par le Hamas, appuyé en cela par la plupart des membres du Conseil. 

À Gaza, a poursuivi le Secrétaire général, sept mois d’opérations militaires israéliennes ont créé un « paysage humanitaire infernal », plombé par les restrictions draconiennes imposées par Tel-Aviv à l’acheminement de l’aide aux habitants du territoire.  Les engagements récemment pris par Israël pour améliorer la fourniture de cette aide se sont traduits par « quelques progrès limités », même s’ils ont souvent été réduits à néant par des retards et des restrictions ailleurs.  Il en va ainsi des autorisations données aux convois humanitaires, souvent accordées trop tard dans la journée pour que les livraisons puissent être effectuées à temps et en toute sécurité: « Notre personnel ne peut opérer la nuit tombée dans une zone de guerre jonchée de munitions non explosées », a résumé M. Guterres.  Israël doit donc faciliter les opérations humanitaires par le biais d’un système de notifications efficace et de communications améliorées et directes entre humanitaires et décideurs militaires sur le terrain, a exigé le Chef de l’Organisation. 

Si de nombreux membres du Conseil ont abondé dans le sens des demandes du Secrétaire général, le débat d’aujourd’hui a surtout été pour les deux parties au conflit l’occasion d’opposer leurs arguments sur le projet de résolution qui sera mis aux voix en fin de journée pour décider de l’octroi du statut de membre de plein droit de l’État de Palestine au sein des Nations Unies. 

Accorder une adhésion à part entière lèverait « une partie » de l’injustice historique à laquelle les générations palestiniennes successives ont été soumises, a déclaré le Représentant spécial du Président de l’État de Palestine, M. Ziad Abu Amr, appuyé par le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. Ahmed Attaf.  En quoi cela nuirait-il aux perspectives de paix entre la Palestine et Israël? s’est-il demandé, ajoutant que son adoption donnerait aux Palestiniens l’espoir d’une vie décente et protégerait la solution des deux États.  S’adressant à ceux qui affirment que la reconnaissance d’un État palestinien doit se faire par la négociation et non par une résolution de l’ONU, il a rappelé que la création d’Israël a été reconnue par la résolution 181 de l’Assemblée générale de 1947. 

Le représentant d’Israël a jugé pour sa part le projet de texte mis aux voix ultérieurement totalement « déconnecté » de la réalité sur le terrain et de nature à saper toute chance de dialogue.  Six mois après les attaques du 7 octobre, cet organe entend récompenser ceux qui ont perpétré ces atrocités en leur accordant le statut d’État, s’est-il indigné. Et qui serait responsable de cet État, a-t-il ajouté, pointant l’absence d’un leadership palestinien unifié avec le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.  La seule chose qu’apporterait la reconnaissance forcée d’un État palestinien, c’est de rendre impossible toute négociation future. Et la réunion d’aujourd’hui sur l’admission à l’ONU d’un « État palestinien nazi » entrera dans l’histoire comme le début de l’effondrement de l’ONU, a présagé le représentant. 

Le délégué israélien s’est ensuite indigné de la présence dans la salle du Conseil du Ministre iranien des affaires étrangères, M. Hossein Amir-Abdollahian, membre du Corps des gardiens de la révolution islamique.  Cet homme est un terroriste, a-t-il accusé reprochant au Conseil de tolérer sa présence alors que l’Iran est à deux doigts de se doter de l’arme nucléaire. 

L’intéressé a exhorté pour sa part le Conseil de sécurité à contraindre le « régime voyou et rebelle d’Israël » à mettre immédiatement fin à la guerre et au génocide à Gaza, et à cesser « tout nouvel aventurisme militaire » contre les intérêts iraniens.  Dans le cas contraire, a-t-il averti, l’Iran « n’hésitera pas un seul instant à exercer son droit inhérent à riposter de manière décisive et appropriée », comme il l’a fait en lançant une attaque « limitée et proportionnée » contre Israël le 1er avril. 

De son côté, la Fédération de Russie a déploré que le Conseil, « en raison de l’opposition des pays occidentaux », n’ait toujours pas condamné les frappes israéliennes contre le consulat iranien à Damas.  À l’inverse, condamnant « l’attitude irresponsable » de l’Iran, les États-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions à l’encontre de Téhéran, avant d’encourager les alliés et partenaires de son pays à en faire de même pour entraver la prolifération d’armements iraniens et démanteler ses réseaux. 

Pour la Chine, le plus urgent, c’est de prendre des mesures concrètes pour remédier à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza où la population reste la proie d’une famine créée par l’homme, véritable « nadir pour la conscience de l’humanité ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

« Le Moyen-Orient est au bord du précipice », a déclaré M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  « Un mauvais calcul, une mauvaise communication, une erreur pourraient conduire à l’impensable – un conflit régional dévastateur », a-t-il prévenu.  Il a condamné à la fois l’attaque à grande échelle lancée par la République islamique d’Iran contre Israël le 13 avril et celle perpétrée par Israël contre le consulat iranien à Damas quelques jours plus tôt, exhortant à mettre fin au cycle sanglant des représailles.  Aussi a-t-il encouragé à promouvoir une action diplomatique globale en faveur de la désescalade au Moyen-Orient, à commencer par Gaza.  « Mettre fin aux hostilités dans ce territoire désamorcerait considérablement les tensions dans la région », a analysé le Chef de l’Organisation qui a réitéré ses appels à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à la libération immédiate de tous les otages détenus à Gaza. 

À Gaza, sept mois d’opérations militaires israéliennes ont créé un paysage humanitaire infernal, a poursuivi M. Guterres, qui a fait état d’un bilan de plus de 13 900 enfants palestiniens tués dans des attaques soutenues, souvent aveugles.  Sans compter les sévères restrictions imposées par les autorités israéliennes à l’acheminement de l’aide humanitaire aux Gazaouites, qui sont confrontés à une famine généralisée.  Israël, a précisé le Secrétaire général, a récemment pris un certain nombre d’engagements pour améliorer la fourniture de cette aide et il y a eu quelques progrès limités, même s’ils ont souvent été annulés par des retards et des restrictions ailleurs. 

Par exemple, a-t-il expliqué, bien que les autorités israéliennes aient autorisé davantage de convois humanitaires, elles sont souvent accordées trop tard dans la journée pour que les livraisons puissent être effectuées à temps et en toute sécurité: « Notre personnel ne peut opérer dans l’obscurité dans une zone de guerre jonchée de munitions non explosées ». Et au cours de la semaine du 6 au 12 avril, Israël a refusé plus de 40% des demandes de l’ONU exigeant le passage par des points de contrôle israéliens, a déploré M. Guterres.  Pour éviter une famine imminente et de nouveaux décès évitables dus à la maladie, un bond en avant dans l’aide humanitaire apportée aux Palestiniens de Gaza est nécessaire, a insisté le Secrétaire général.  La fourniture d’une aide à grande échelle requiert donc d’Israël qu’il facilite les opérations humanitaires par le biais d’un système de notifications efficace et de communications améliorées et directes entre humanitaires et décideurs militaires sur le terrain, a-t-il préconisé. 

Si un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza est nécessaire, a poursuivi le Secrétaire général, une approche globale de la désescalade doit également inverser la situation explosive en Cisjordanie occupée, où plus de 450 Palestiniens, dont 112 enfants, ont été tués depuis le 7 octobre, la majorité par les forces israéliennes.  D’autres ont été tués par des colons israéliens armés, parfois en présence des forces de sécurité israéliennes « qui seraient restées les bras croisés » et n’auraient rien fait pour empêcher ces meurtres, s’est indigné le Chef de l’Organisation.  Il a indiqué que 2023 a vu le plus grand nombre d’attaques de ce type et d’incidents de violence et d’intimidation contre les communautés palestiniennes depuis que l’ONU a commencé à les enregistrer en 2006.  En outre, 17 Israéliens, dont un enfant, ont été tués en Cisjordanie occupée et en Israël depuis le 7 octobre. 

La toile de fond de cette effroyable montée de la violence est l’expansion continue des colonies israéliennes –en soi une violation du droit international– et les opérations israéliennes répétées à grande échelle dans les zones palestiniennes, a tranché le Secrétaire général.  « Les déclarations selon lesquelles certaines zones constituent désormais des terres israéliennes, ainsi que les décisions juridiques qui renforcent les colonies et augmentent potentiellement les démolitions et les expulsions, risquent de saper la contiguïté d’un futur État palestinien et de priver d’espoir une génération de Palestinien », a-t-il mis en garde. 

Les efforts de désescalade régionale doivent également s’attaquer à la situation extrêmement tendue au Liban, en particulier le long de la Ligne bleue, a poursuivi le Secrétaire général.  Alors que les échanges de tirs entre les forces israéliennes et le Hezbollah font déjà payer un lourd tribut aux communautés civiles en Israël et au Liban, des frappes en profondeur au Liban et en Israël pourraient déclencher une confrontation encore plus grave.  Aussi le Secrétaire général a-t-il appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à éviter de nouvelles violations de l’accord de cessation des hostilités dans le respect de la résolution 1701 (2006).  Enfin, la sécurité de la navigation en mer Rouge doit être garantie, a demandé M. Guterres, qui a dénoncé les attaques des houthistes contre les navires marchands qui continuent de perturber le commerce mondial. 

L’incapacité à progresser vers la solution des deux États ne fera qu’accroître les risques qui pèsent sur des centaines de millions de personnes dans la région, qui continueront de vivre sous la menace constante de la violence. Le Secrétaire général a donc exhorté tous les gouvernements concernés à user de leur influence pour promouvoir un effort global de désescalade au Moyen-Orient, afin d’y ouvrir la voie à la paix et à la prospérité. 

M. ZIAD ABU AMR, Représentant spécial du Président de l’État de Palestine, a tout d’abord défendu la demande d’octroi du statut de membre de plein droit de l’État de Palestine aux Nations Unies.  Le peuple palestinien souffre depuis plus d’un siècle.  Il est victime d’une histoire qu’il n’a pas forgée, d’une catastrophe en 1948 et de l’occupation israélienne depuis 1967. Mais le peuple palestinien a soif de liberté, de sécurité, de paix et de son droit à l’autodétermination dans un État indépendant.  L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui, a-t-il souligné, est le seul représentant légitime du peuple palestinien, a montré qu’elle était prête à tourner la page des conflits et à s’asseoir à la table des négociations pour trouver une solution juste, complète et permanente à la question palestinienne. Elle a déployé tous les efforts possibles pour parvenir à une paix fondée sur une solution à deux États et garantir la création d’un État de Palestine indépendant et souverain.  Il a également estimé que pour résoudre la question des réfugiés palestiniens, il faut un État de Palestine vivant côte à côte avec ses voisins dans la paix et la sécurité. 

Accorder à la Palestine une adhésion à part entière à l’ONU lèverait « une partie » de l’injustice historique à laquelle les générations palestiniennes successives ont été soumises, a-t-il déclaré.  En quoi cela nuirait-il aux perspectives de paix entre la Palestine et Israël?  S’adressant à ceux qui affirment que la reconnaissance d’un État palestinien doit se faire par la négociation et non par une résolution de l’ONU, il a rappelé que la création d’Israël a été reconnue par la résolution 181 de l’Assemblée générale de 1947.  Ceux qui tentent d’empêcher l’adoption d’une résolution pour la Palestine n’aident en rien les perspectives de paix, a-t-il souligné, ajoutant que son adoption donnerait aux Palestiniens l’espoir d’une vie décente et protégerait la solution des deux États. 

Il a dénoncé ceux qui s’efforcent d’entraver l’adoption de cette résolution notamment les États-Unis, tout en soulignant que la résolution souhaitée ne remplacera pas les négociations politiques pour régler les questions en souffrance entre Israéliens et Palestiniens.  Il a ensuite fustigé l’intransigeance du Gouvernement israélien qui s’oppose à cette solution.  « Il faut nous donner une chance de devenir partie intégrante de la famille internationale », a plaidé M. Amr qui a exhorté à ne pas oublier ce qui se passe dans la bande de Gaza.  Il a donc appelé le Conseil à contraindre Israël à mettre fin à son agression, à autoriser l’acheminement de l’aide à un peuple affamé, à se retirer immédiatement de Gaza et à se conformer au droit international.  « Nous comptons sur les nations éprises de paix pour mettre fin à cette guerre », a-t-il insisté.

Le représentant d’Israël a fustigé le fait que le Conseil de sécurité ne s’est pas réuni une seule fois pour discuter des voies et moyens de libérer les otages israéliens ou pour condamner les atrocités du Hamas.  Au lieu de cela, il se réunit aujourd’hui pour voter une résolution recommandant l’octroi du statut d’État Membre à part entière à un État palestinien, une résolution tellement déconnectée de la réalité sur le terrain qu’elle n’aura aucun effet positif pour qui que ce soit et sapera toute chance de dialogue future, selon lui.  Six mois après le 7 octobre, le Conseil entend récompenser ceux qui ont perpétré ces atrocités en leur accordant le statut d’État, s’est-il indigné. 

Il a rappelé les conditions d’admission à l’ONU, à savoir un territoire clairement défini, un gouvernement capable d’entretenir des relations avec d’autres États et un pays épris de paix, affirmant ensuite que la Palestine ne remplit pas ces critères. Qui sera responsable de cet État, a-t-il lancé, pointant l’absence d’un leadership palestinien unifié avec le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.  Qui plus est, les deux entités palestiniennes se situent aux antipodes de la paix et sont éprises de génocide.  Il a dénoncé la nature purement politique de cette demande d’adhésion au mépris de la Charte des Nations Unies et du droit international « qui n’importe que lorsqu’il est question de l’utiliser à l’encontre d’Israël ».  En accordant aux terroristes du 7 octobre le statut de membre à part entière de l’ONU, le Conseil de sécurité les récompenserait, a fulminé le délégué israélien, selon qui la seule chose qu’apporterait la « reconnaissance forcée » d’un État palestinien serait de rendre impossible toute négociation future.  Tant que les Palestiniens, qui ont rejeté tous les plans de paix, estiment pouvoir exploiter à volonté cette instance, quelle serait leur motivation de s’asseoir à la table de négociations?  L’ONU n’est plus une instance multilatérale, mais une instance qui promeut le terrorisme, a-t-il accusé, exhortant à ne pas soutenir une résolution aussi dangereuse.

Passant à l’Iran, le délégué s’est indigné de la présence dans la salle du Conseil du Ministre iranien des affaires étrangères, M. Hossein Amir-Abdollahian, qui, a-t-il affirmé, est membre du Corps des gardiens de la révolution islamique.  Cet homme est un terroriste, a-t-il tonné reprochant à l’ONU de tolérer sa présence. Accusant l’Iran d’avoir permis au Hamas de perpétrer l’attaque terroriste du 7 octobre et condamnant l’attaque sans précédent lancé contre Israël la semaine dernière, le délégué a reproché au Conseil de ne pas se soucier du fait que l’Iran est à deux doigts de se doter de l’arme nucléaire.  Qu’a fait le Conseil pour demander des comptes à l’Iran la semaine dernière?  « Rien ».  Vous restez les yeux rivés sur Gaza alors que le reste du monde est à feu et à sang, ignorant le droit international et les droits humains, a-t-il fulminé.  Selon lui, le régime iranien a des supplétifs à l’ONU qui empêchent le Conseil de condamner le Hamas et le Hezbollah comme organisations terroristes. 

Ironisant sur le fait qu’il s’agit aujourd’hui de la quatrième réunion ministérielle sur Gaza depuis le 7 octobre alors qu’aucune réunion de ce type n’a eu lieu sur le Soudan, le délégué y a vu l’une des preuves du « deux poids, deux mesures » de l’instance onusienne.  « À l’exception de Gaza, le reste du monde c’est hakuna matata », a-t-il tonné avant de déclarer que le jour viendra où l’ONU fermera ses portes et qu’une « réelle instance se souciant des droits humains » prendra sa place.  La réunion d’aujourd’hui sur l’admission à l’ONU d’un « l’État palestinien nazi » entrera dans l’histoire comme le début de l’effondrement de l’ONU, a présagé le représentant. 

M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères de Malte, a appelé les parties à faire preuve de retenue afin d’éviter le déclenchement d’un conflit à grande échelle.  La « spirale descendante » observée depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre dernier et le début de l’action militaire d’Israël à Gaza démontrent selon lui l’importance d’un cessez-le-feu immédiat et d’un horizon politique au Moyen-Orient.  « Il est profondément inquiétant et totalement inacceptable que la demande de ce Conseil en faveur d’un cessez-le-feu conformément à la résolution 2728 (2024) ait été ignorée par les parties », a dit le Ministre. 

Tout en reconnaissant que le traumatisme du 7 octobre « hantera à jamais le peuple israélien », le Ministre a noté qu’à Gaza, ce ne sont pas seulement les otages qui souffrent.  Là, plus de 33 700 Palestiniens ont été tués, pour la plupart des femmes et des enfants, et des milliers sont portés disparus sous les décombres de quartiers en ruine.  La perspective d’une nouvelle escalade à Rafah, où plus d’un million de civils déplacés luttent quotidiennement pour survivre, est à ses yeux « inadmissible ».  Dans cette optique, le Ministre a jugé que les ordonnances provisoires de la Cour internationale de Justice (CIJ) doivent être respectées.  Il a souhaité une résolution juste de ce conflit permettant d’embrasser les aspirations légitimes des Palestiniens à la création d’un État et à l’adhésion à l’ONU.

M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a dit que l’examen de la demande d’admission de l’État de Palestine à l’ONU est l’occasion de débattre de l’essence même de la question palestinienne, à savoir le droit historique du peuple palestinien à disposer d’un État.  Ce droit historique, qui ne s’est pas encore réalisé, est la cause de ce conflit prolongé et de l’instabilité de notre région, qui ne connaît pas la quiétude depuis des décennies, a-t-il dit.  Il a déclaré que Gaza a révélé au grand jour les desseins israéliens, à savoir la liquidation de la cause palestinienne. 

La guerre génocidaire à Gaza, l’asphyxie de la Cisjordanie et la judaïsation de Jérusalem se poursuivent, a déploré le Ministre, en accusant Israël de vouloir liquider les bases d’un État palestinien.  Il est temps d’octroyer à la Palestine le statut de membre à part entière.  Ce Conseil a une responsabilité historique qui est celle d’agir et de sauvegarder la solution des deux États, sur laquelle plane un danger mortel, a déclaré le Ministre. Il a appelé à « sauver » cette solution avant qu’il ne soit trop tard et ajouté que cela passe par l’octroi de statut de membre à l’État de Palestine.  « Rendons justice au peuple palestinien, c’est un devoir d’humanité et de civilisation. »

Mme RENATA CVELBAR BEK, Secrétaire générale au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovénie, a proposé trois étapes pour aider à nous « éloigner du bord du gouffre ».  Tout d’abord, les résolutions du Conseil de sécurité et les ordonnances de la CIJ relatives au conflit à Gaza doivent être mises en œuvre, tous les États Membres ayant l’obligation de respecter la Charte des Nations Unies, notamment en mettant en œuvre les résolutions du Conseil, a-t-elle rappelé. Elle a demandé en outre que tous les acteurs concernés et leurs partenaires régionaux fassent preuve de la plus grande retenue.  « Les missiles et les drones ne s’attaqueront pas aux causes profondes de la crise.  Ce ne sont pas des solutions, tout comme les représailles ne sont pas un dialogue.  La diplomatie est la seule voie à suivre », a résumé la Secrétaire générale. 

Enfin, Mme Bek a appelé à lancer et à soutenir le processus politique menant à la solution des deux États.  À cet égard, elle a souhaité que le Conseil joue son rôle dans le processus politique, saluant le projet de résolution proposé par la France.  Nous pensons que la solution des deux États doit être basée sur leur égalité souveraine, a-t-elle dit en réitérant son soutien à leur statut égal au sein de l’ONU.  Cela renforcerait le rôle de l’Autorité palestinienne et contribuerait également à la sécurité d’Israël, a-t-elle fait valoir.

M. UEMURA TSUKASA, Envoyé spécial pour la paix au Moyen-Orient du Japon, a regretté que le conflit qui a commencé avec l’attaque du Hamas en octobre dernier se poursuive depuis plus de six mois.  Le monde ne veut plus voir ces pertes en vie humaine et ces cycles de violence.  Il a appelé à la mise en œuvre de la résolution 2728 (2024) pour parvenir à un changement radical de la situation catastrophique à Gaza.  Le Conseil doit soutenir les efforts pour obtenir la libération des otages et un cessez-le-feu durable.  Une opération militaire à Rafah serait une catastrophe, a prévenu l’Envoyé spécial, avant de condamner fermement l’attaque de l’Iran contre Israël, la spirale de violence entre Israël et le Hezbollah et les attaques des houthistes contre les navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.  Pour mettre fin à la tragédie actuelle et parvenir à une paix et une stabilité durables au Moyen-Orient, il n’y a pas d’autre solution que la coexistence pacifique entre Israël et la Palestine. Le Japon continuera de contribuer à la réalisation d’une solution à deux États. 

Le représentant de la Fédération de Russie a fait le bilan de ce que le Conseil a fait et n’a pas fait s’agissant de la situation à Gaza, en rappelant qu’il a été saisi de pas moins de 10 projets de résolutions.  Il a accusé les États-Unis d’avoir mis son veto à trois reprises afin de laisser à son allié israélien toute latitude pour « purger » Gaza.  Chaque veto américain a eu un prix épouvantable, à savoir la mort de milliers de civils, a déploré le délégué.  Il a estimé qu’en réalité, Israël dicte ses conditions à Washington, dénonçant les libellés des différents projets de résolution présentés par les États-Unis.  « Notre veto a empêché Washington d’imposer des situations délétères. » 

Le représentant a déploré que la situation à Gaza ne s’améliore pas, malgré l’adoption de la résolution 2728 (2024).  Il a accusé Israël de bloquer l’aide humanitaire.  Le délégué a en outre déploré que le Conseil, en raison de l’opposition des pays occidentaux, n’ait pas condamné les frappes israéliennes contre le consulat iranien à Damas.  Enfin, rappelant qu’Israël s’est vu octroyer le statut de membre de l’ONU, il a demandé que la Palestine dispose du même statut d’égal.  « C’est un devoir moral. »

La représentante du Royaume-Uni a condamné l’attaque de l’Iran contre Israël et appelé à la désescalade.  Elle a réclamé à un cessez-le-feu permanent et pérenne à Gaza, afin d’acheminer l’aide humanitaire.  Nous devons rester concentrés sur l’acheminement de cette aide et la libération des otages, a dit la déléguée.  Elle a redit l’engagement de son pays à apporter une aide accrue aux personnes dans le besoin à Gaza.  Elle a défendu la solution des deux États et réitéré son attachement à un État palestinien. Nous reconnaîtrons un tel État lorsque ce sera favorable au processus de paix, a-t-elle promis, en voulant que l’on se concentre d’abord sur les éléments vitaux de la crise actuelle, à savoir notamment la libération des otages et la neutralisation du Hamas qui ne saurait continuer de gouverner à Gaza.

M. TIMOTHY MUSA KABBA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone a appuyé la demande d’admission de l’État de Palestine en tant que membre des Nations Unies.  Cette demande est légitime et pourrait ouvrir la voie à un horizon politique, fondé sur les principes de la solution des deux États, s’est-il expliqué.  Le Ministre a réitéré l’appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza et au respect par les parties des résolutions 2712 (2023), 2720 (2023) et 2728 (2024) et des résolutions précédentes du Conseil de sécurité « qui non seulement sont toutes valables mais aussi contraignantes ».  Il a appelé à la désescalade et à la poursuite des efforts politiques et diplomatiques. 

S’attardant sur la situation humanitaire, le Ministre a appelé toutes les parties concernées à soutenir l’UNRWA, une entité qui ne peut être remplacée par aucune autre, car le travail qu’elle accomplit pour les Palestiniens, non seulement à Gaza mais dans toute la région, est incommensurable.  Le Ministre a également insisté sur la nécessité pour les parties au conflit de se conformer à leurs obligations en vertu du droit international, y compris le droit international humanitaire pour protéger les civils et les biens à caractère civil.  En guise de conclusion, il a appelé de ses vœux une conclusion rapide des négociations entre Israël et le Hamas, impliquant l’Égypte, les États-Unis et le Qatar.

Le représentant de la Chine a estimé que depuis le début du présent conflit israélo-palestinien, son pays a endossé ses responsabilités en appelant, de concert avec la communauté internationale, à la cessation des hostilités afin d’éviter une escalade du conflit.  Il a appelé à la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat, la poursuite des combats ne procurant à l’évidence aucune garantie de sécurité aux parties. Le représentant a donc demandé à Israël de mettre en œuvre la résolution 2728 (2024), de cesser ses opérations militaires contre Gaza et d’abandonner tout plan d’attaque contre Rafah. Les États susceptibles d’exercer une influence sur les parties doivent selon lui faire preuve d’impartialité et déployer des efforts concrets en vue d’un cessez-le-feu. 

Des mesures concrètes doivent être prises pour remédier à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza où la population reste la proie d’une famine créée par l’homme, véritable « nadir pour la conscience de l’humanité », selon les mots du représentant.  Israël doit en outre se conformer à l’ordonnance de la CIJ et aux résolutions du Conseil de sécurité en levant le blocus de Gaza, en ouvrant des points de passage terrestres et en assurant un accès sûr de l’aide humanitaire.  À cet égard, le rôle de l’UNRWA est irremplaçable, a-t-il souligné, en mettant en garde contre toute action malveillante à son endroit.  Dans ce contexte, le délégué s’est dit favorable à la convocation d’une conférence de paix internationale pour élaborer un calendrier permettant de réaliser la solution des deux États.  « La Palestine doit pouvoir rejoindre la famille de l’ONU en tant que membre à part entière », a-t-il conclu. 

Le représentant de l’Équateur a rappelé que la mise en œuvre intégrale de toutes les résolutions du Conseil de sécurité est nécessaire pour atténuer les difficultés auxquelles est confrontée la population civile de Gaza. Il est essentiel, a-t-il dit, de faciliter l’arrivée en toute sécurité d’une aide humanitaire suffisante et opportune à tous ceux qui en ont besoin.  À cette fin, un cessez-le-feu humanitaire est « inévitable », comme l’exige ce Conseil dans sa résolution 2728, a souligné le délégué. Les événements préoccupants de ces derniers jours en Cisjordanie rappellent que la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 est également nécessaire, a-t-il poursuivi.  Le représentant a réitéré son engagement à œuvrer en faveur d’une solution pacifique, définitive et équitable pour les parties, avec la coexistence de deux États, la Palestine et Israël, vivant côte à côte dans les frontières de 1967, conformément aux résolutions pertinentes.

Pour la représentante de la France, la région a connu un développement majeur avec l’attaque sans précédent menée par l’Iran et ses substituts contre Israël. Elle a condamné cette attaque qui menace la paix, la stabilité et la sécurité de la région et a appelé les parties à faire preuve d’une retenue maximale, afin d’éviter toute escalade. À Gaza, a-t-elle ajouté, il faut conclure, sans plus de délai, un accord sur un cessez-le-feu qui garantisse la protection de tous les civils.  Elle a demandé que les entraves à l’aide humanitaire soient levées et qu’Israël facilite l’utilisation de tous les points de passage dans le nord de la bande et par un couloir terrestre direct avec la Jordanie, ainsi que par la mer. 

Après avoir rappelé la solidarité de la France avec le peuple israélien, la représentante a demandé que la colonisation et le cycle de violence en Cisjordanie prennent fin.  Les colons qui commettent des attaques à l’encontre de la population palestinienne doivent répondre de leurs actes.  Elle a également dit être préoccupée par la poursuite des affrontements à la frontière entre le Liban et Israël et a demandé la mise en œuvre la résolution 1701 (2006).  Elle a ensuite indiqué que sa délégation a proposé un projet de résolution sur la situation au Proche-Orient, car la solution des deux États est la seule qui puisse permettre de construire une paix juste et durable dans la région. 

Le représentant des États-Unis a condamné l’attaque directe lancée par l’Iran contre Israël et assuré que l’engagement des États-Unis aux côtés d’Israël pour assurer sa sécurité ne faiblira jamais.  Il a également condamné « l’attitude irresponsable » de l’Iran qui menace directement la stabilité de la région et son propre peuple. En réaction, les États-Unis ont annoncé ce matin de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran, a-t-il fait savoir avant d’encourager les alliés et partenaires de son pays à en faire de même pour entraver la prolifération d’armements iraniens et démanteler ses réseaux. 

Il a affirmé que l’Iran arme le Hezbollah et les houthistes au mépris des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et viole le droit international en saisissant des navires commerciaux dans le golfe Persique.  En outre, l’Iran finance et forme l’aile militaire du Hamas qui s’est rendue coupable d’actes indescriptibles le 7 octobre dernier, contribuant à la crise actuelle à Gaza, a-t-il argué en mettant en exergue la responsabilité collective du Conseil pour que l’Iran respecte ses résolutions et cesse de violer le droit international. 

Le représentant a assuré que les États-Unis sont décidés à continuer d’œuvrer pour un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza dans le cadre d’un accord sur la libération des otages du Hamas ainsi que pour l’acheminement d’une aide humanitaire accrue aux civils dans le besoin de l’enclave.  Il a reproché au Hamas de continuer à refuser les offres d’Israël, l’accusant d’être aujourd’hui le seul obstacle à un cessez-le-feu. 

Le Président Biden a appelé Israël à mettre en œuvre une série de mesures concrètes pour protéger les civils et les travailleurs humanitaires à Gaza, a rappelé le représentant, ajoutant que leur mise en œuvre par Israël déterminera la politique américaine vis-à-vis de Gaza.  Face à la famine imminente à Gaza, il a demandé des actions concrètes, en assurant du soutien américain aux efforts de la Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza.  D’autre part, les États-Unis continueront d’imposer des sanctions aux personnes impliquées dans des activités violentes en Cisjordanie. Avant de conclure, le représentant a fait part de la détermination des États-Unis à continuer à œuvrer, notamment par l’intermédiaire de leurs efforts diplomatiques, à la normalisation des relations entre Israël et ses voisins, et à ouvrir un horizon politique pour une solution à deux États pour qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre côte à côte dans la paix. 

Le représentant du Mozambique a constaté que depuis l’adoption de la résolution 2728 (2024) par ce Conseil, exigeant un cessez-le-feu immédiat, le conflit se poursuit sans relâche dans la bande de Gaza.  Le nombre de victimes ne cesse d’augmenter.  Les rapports indiquent qu’au cours des six derniers mois, plus de 33 000 Palestiniens ont été tués et un grand nombre blessés, notamment par la destruction insensée et injustifiée d’infrastructures. En ce moment critique, il a souligné l’importance capitale de la recherche de la paix et de la stabilité dans la région avant de mettre en exergue la responsabilité première du Conseil de sécurité de poursuivre cet objectif. 

Favorables aux actions visant à une réponse globale de toutes les parties concernées pour atténuer l’impact des hostilités à Gaza, conformément aux résolutions 2712, 2720 et 2728 du Conseil de sécurité, le délégué a appelé Israël à se conformer à ces résolutions et aux décisions de la Cour internationale de Justice en la matière.  Il a souligné que ces décisions obligent Israël à prendre toutes les mesures possibles pour minimiser les décès de civils et de travailleurs humanitaires et pour augmenter l’aide humanitaire vitale.  À cette fin, l’ouverture d’un plus grand nombre de points de passage pour l’aide est une question de la plus haute priorité, a-t-il estimé avant d’exprimer son ferme soutien au travail de l’UNRWA et de l’ensemble de son personnel. Fermement attaché au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination, à l’indépendance politique et à la souveraineté, le Mozambique défend fermement la vision d’une solution à deux États, a-t-il conclu. 

La représentante du Guyana a considéré que la question palestinienne est une question de justice refusée au peuple de Palestine depuis plus de sept décennies.  Elle a dénoncé le non-respect des décisions juridiquement et moralement contraignantes de l’ONU et du Conseil de sécurité ainsi que l’absence de responsabilité pour ce non-respect.  Or, les proportions catastrophiques du dernier cycle de violence dans la bande de Gaza démontrent selon elle que le Conseil a besoin d’une nouvelle approche susceptible de produire des résultats durables. 

Bien que la Puissance occupante, Israël, ait indiqué que cette guerre ne visait qu’à détruire les capacités du Hamas, en réalité, ce conflit « détruit des femmes et des enfants de manière disproportionnée », a poursuivi la déléguée.  Les privations auxquelles est soumise la population gazaouite depuis le 7 octobre suggèrent selon elle une stratégie délibérée de punition collective infligée au peuple palestinien.  Or, a-t-elle ajouté, la Puissance occupante se doit de respecter ses obligations au titre du droit international et mettre en œuvre les ordonnances de la CIJ.  Nous devons donc mettre fin à cette injustice et honorer l’engagement pris depuis des décennies par la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, en faveur de la création d’un État indépendant de Palestine. 

Le représentant de la République de Corée a estimé que, pour mettre fin au cercle vicieux au Moyen-Orient, la réalisation de la solution des deux États est nécessaire.  Le lendemain de ce conflit ne devrait pas ressembler à la veille des attaques terroristes du Hamas, a-t-il prévenu, espérant voir le jour où deux États démocratiques coexistent dans la paix, la sécurité et la dignité dans des frontières sûres et reconnues.  Pour une paix permanente au Moyen-Orient, la solution des deux États n’est pas une option, mais bien une nécessité, a insisté le délégué.  Pour reprendre le dialogue entre les parties, il faut un cessez-le-feu immédiat qui débouche sur une cessation durable des hostilités durable, et ceci, le plus rapidement possible.  Trop de gens ont perdu la vie, dont plus de 13 000 enfants.  Il est temps de mettre fin aux atrocités qui durent depuis six mois, a enjoint le représentant, qui a jugé « inacceptable » toute opération terrestre à Rafah.

La représentante de la Suisse a appelé à la désescalade et condamné les attaques coordonnées de l’Iran contre Israël et la frappe israélienne contre le consulat iranien à Damas.  Elle a insisté sur le respect de la Charte, du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Depuis les actes de terreur du Hamas le 7 octobre dernier, le Conseil, a rappelé la représentante, a adopté trois résolutions qui ne sont toujours pas mises en œuvre.  Elle a tout de même salué le fait qu’Israël ait dit vouloir augmenter la quantité de l’aide humanitaire vers Gaza.  En tant que Puissance occupante, Israël a l’obligation de répondre aux besoins essentiels de la population sous son contrôle, comme l’a souligné la Cour internationale de Justice (CIJ).

Après avoir réclamé, une nouvelle fois, la libération de tous les otages, la représentante s’est attardée sur la situation en Cisjordanie où la population palestinienne est en proie à la violence des colons israéliens.  Il est temps, s’est-elle impatientée, que les parties respectent le droit international humanitaire et protègent la population civile.  Les Conventions de Genève universellement ratifiées, établissent des normes d’humanité minimales à respecter dans toute situation de conflit armé.  Il faut cesser de sacrifier la population civile et contribuer à bâtir un meilleur avenir.  Le fondement d’une paix durable reste une solution à deux États démocratiques. 

Convaincu de « la nécessité urgente d’un État de Palestine souverain, sûr et pacifique, aux côtés d’un État d’Israël souverain, sûr et pacifique », le Haut-Représentant de l’Union européenne pour le processus de paix au Moyen-Orient a proposé « une nouvelle façon d’y parvenir »: la convocation d’une conférence de paix, avec au préalable l’instauration d’un cessez-le-feu et la tenue d’une réunion préparatoire.  Pour commencer, a-t-il expliqué, il conviendrait de déterminer les modalités de notre soutien à une solution à deux États et de réitérer le cadre évident de la paix israélo-palestinienne.  Les parties seraient « invitées séparément à nous dire ce qu’elles attendent de nous pour accompagner leur paix », a poursuivi le Haut-Représentant, soucieux également que soient précisées « les conséquences d’un engagement ou d’un non-engagement à une telle initiative mondiale ». 

En pratique, il s’agirait d’indiquer aux parties ce qui peut leur être apporté. « Comment pouvons-nous tous contribuer à assurer la sécurité d’Israël?  Comment pouvons-nous contribuer à une Palestine stable?  Comment les deux parties peuvent-elles être intégrées dans la région, politiquement et économiquement, dans une coopération en matière de sécurité, d’eau, d’énergie et de changements climatiques?  Que peut signifier la normalisation régionale pour Israël et la Palestine? »  En tant que « contributeurs à la paix », nous pouvons commencer à aborder ces questions dès aujourd’hui, même si une ou plusieurs parties ne sont pas prêtes, a plaidé le responsable de l’UE.  « Nous n’avons pas besoin d’une autre feuille de route incertaine. » 

Rappelant que son pays est à l’origine de cette proposition, le Ministre espagnol des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération s’est félicité qu’elle ait été approuvée par l’UE, ainsi que par la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique, soit plus de 80 pays au total.  Il a invité le Conseil et le Secrétaire général de l’ONU à l’approuver à leur tour, afin que la diplomatie multilatérale contribue à « ouvrir une nouvelle page de l’histoire du Moyen-Orient: celle de la paix définitive ».  De l’avis du Ministre, la meilleure façon de garantir que cette solution à deux États sera appliquée est d’admettre l’État de Palestine comme membre à part entière de l’ONU, ce qui implique sa reconnaissance par tous, « comme l’ont déjà fait la grande majorité de ses membres et comme l’Espagne va le faire ». Une position reprise par les Ministres des affaires étrangères de la Colombie et de la Sierra Leone, selon lesquels la fin de la violence et le règlement de la question palestinienne nécessitent la reconnaissance de l’État de Palestine et son admission à l’ONU comme membre de plein droit. 

Pour le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie, accepter la Palestine en tant que membre à part entière de l’ONU est effectivement « le choix à faire pour préserver la justice et rejeter la violence », alors que « les extrémistes du Gouvernement israélien ne font que pousser la région vers la destruction et un chaos catastrophique ».  Dans le même temps, a-t-il préconisé, la communauté internationale doit agir pour permettre à la région d’élaborer un plan permettant d’appliquer la solution des deux États dans un calendrier arrêté.  L’admission de la Palestine permettrait de « réparer par des moyens pacifiques une injustice historique à l’égard de l’aspiration légitime de la Palestine à un État », a soutenu le Chef de la diplomatie du Brésil, non sans rappeler que l’État de Palestine est déjà membre à part entière de diverses organisations régionales et internationales, ainsi que d’entités des Nations Unies, telles que l’UNESCO.

« Le peuple palestinien a le droit légitime à l’autodétermination et à l’exercice de sa souveraineté », a appuyé à son tour la Ministre des affaires étrangères de l’État plurinational de Bolivie, rejointe par son homologue de la République islamique d’Iran, pour qui une « solution globale, juste et permanente » nécessite de créer les conditions d’une réalisation complète du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination en organisant un référendum parmi tous les résidents palestiniens d’origine, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs, avec l’aide des Nations Unies, en vue de l’établissement d’un gouvernement sur la terre historique de Palestine.  Dans l’intervalle, il a appelé le Conseil de sécurité à contraindre le « régime voyou et rebelle d’Israël » à mettre immédiatement fin à la guerre et au génocide à Gaza, et à cesser « tout nouvel aventurisme militaire » contre les intérêts iraniens.  Dans le cas contraire, a-t-il averti, l’Iran « n’hésitera pas un seul instant à exercer son droit inhérent à riposter de manière décisive et appropriée », comme il l’a fait en lançant une attaque « limitée et proportionnée » contre Israël le 1er avril. 

Israël doit être traduit devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, a renchéri le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Türkiye, rappelant que le droit international s’applique à tous sans distinction.  Alors que, selon l’ONU, le bilan humain à Gaza est le pire depuis le génocide au Rwanda, Israël continue d’ignorer les résolutions du Conseil, sans que ce dernier réagisse, a-t-il dénoncé, avant d’estimer que la pleine reconnaissance de l’État de Palestine, « correction d’une injustice historique », est « la condition sine qua non de la solution des deux États ».  Sur la même ligne, le Secrétaire général adjoint de la Ligue des États arabes a jugé qu’octroyer le statut d’État Membre à la Palestine rendrait toute négociation entre Israéliens et Palestiniens plus équitable.  « Ce serait une solution pour la paix et non un obstacle, comme le prétendent ceux qui appuient la Puissance occupante », a-t-il fait valoir. 

Face aux horreurs que subit le peuple palestinien, le Conseil de sécurité n’a pas fait son travail et a même échoué à faire appliquer ses propres résolutions, a constaté le Secrétaire principal du Président des Maldives en charge des relations extérieures, pour qui le point de départ d’une solution pérenne repose sur l’adhésion de l’État de Palestine en tant que membre de plein droit de l’ONU.  À ses yeux, le Conseil a l’occasion de « se placer du côté de la justice », ce qui signifie s’opposer à l’occupation et aux colonies illégales, et « dire oui à la reconnaissance de l’État de Palestine ». 

Le Liechtenstein a, pour sa part, estimé que la Palestine remplit « tous les critères de base pour devenir un État en vertu du droit international ».  Un avis partagé par un grand nombre de délégations, notamment par les Émirats arabes unis, qui, à l’instar du Bangladesh, ont dit ne pas comprendre ce qui retient le Conseil de sécurité de répondre favorablement à la demande d’adhésion à part entière de la Palestine, alors qu’une majorité écrasante de l’Assemblée générale s’est prononcée pour et que 140 pays ont déjà reconnu son statut d’État.  Le droit du peuple palestinien à disposer de son propre État totalement indépendant doit être reconnu par tous et son aspiration à devenir membre des Nations Unies doit être soutenue, ont abondé l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite, l’Égypte et le Qatar, ce dernier exigeant en outre un cessez-le-feu « d’un an ou deux » et des pourparlers menant à la création formelle d’un État palestinien sur les frontières de 1967. 

Le Président du Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien a joint sa voix à ce concert de soutiens à la candidature palestinienne, considérant lui aussi que cette « étape cruciale » soutiendrait le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et la réalisation de la solution des deux États.  Saluant les efforts continus des pays de l’Union européenne qui envisagent de reconnaître l’État de Palestine, il s’est également félicité de la nomination d’un nouveau Premier Ministre palestinien afin de contribuer à rationaliser les efforts de relèvement et de reconstruction.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne a quant à lui souligné la nécessité d’un dialogue constructif entre Israël, l’Autorité palestinienne et la communauté internationale pour ouvrir la voie à un partenariat propice au règlement du conflit.  Nous devons encourager et soutenir le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, mais avons également besoin d’un « engagement clair de l’Autorité palestinienne pour garantir la sécurité d’Israël », a-t-il dit. 

 

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