9610e séance – matin
CS/15671

Conseil de sécurité: le conflit ukrainien au centre de l’exposé annuel du Président de l’OSCE

Le Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a indiqué, ce matin au Conseil de sécurité, avoir placé la question ukrainienne en tête de l’ordre du jour de son organisation, soulignant que la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine sert de rappel brutal des épreuves auxquelles le système multilatéral est actuellement confronté.  Il a également exhorté la Russie à libérer les trois membres de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine détenus illégalement depuis plus de 700 jours, un appel relayé par plusieurs délégations. 

M. Ian Borg, qui est par ailleurs Ministre des affaires étrangères et européennes et du Commerce de Malte, a aussi indiqué que sa présidence donnera la priorité au rôle de l’OSCE dans la réponse à d’autres conflits dans la région, notamment au Haut-Karabakh, en Abkhazie et dans le sud de l’Ossétie, et en Transnistrie.  Au cours de ce mandat, Malte, qui préside en outre le Conseil de sécurité, entend également tirer parti de ses initiatives diplomatiques concernant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, tablant sur le fait que les capacités des femmes sont cruciales pour favoriser des dialogues significatifs et renforcer les politiques de sécurité. 

Estimant que 2024 représente un tournant décisif pour Malte et son engagement en faveur du multilatéralisme, M. Borg a affirmé que le double rôle de son pays lui offre un point de vue unique pour défendre et renforcer la coopération entre l’OSCE et les Nations Unies.  Au carrefour de l’Est et de l’Ouest, de l’Europe et de l’Afrique, Malte est bien placée pour servir de pont dans ce paysage mondial instable, a-t-il ajouté. 

Réagissant à cet exposé, le représentant de la Fédération de Russie a regretté l’« ukrainisation » du programme de travail de l’OSCE, au détriment d’autres crises sécuritaires qui ont cours dans son espace de compétence. Il a accusé le Président en exercice de l’OSCE de se focaliser sur l’application d’instructions politiques des Occidentaux pour dénigrer la Russie dans le contexte de la situation en Ukraine.  L’action de l’OSCE est un fiasco total, a-t-il fustigé, l’accusant en outre d’ignorer les « monstrueuses » attaques des forces armées du « régime Zelenskyy » contre des villes russes. 

Le représentant a néanmoins estimé qu’il existe encore un potentiel de médiation pour l’OSCE, à condition, a-t-il prévenu, qu’elle renonce aux tentatives persistantes de faire des ultimatums et travaille de bonne foi pour rétablir la confiance.  L’interaction entre l’ONU et l’OSCE ne peut être viable qu’en tenant compte des intérêts russes, a-t-il souligné. 

La Slovénie a jugé au contraire fondamental d’assurer la présence continue de l’OSCE en Ukraine, par le biais de son programme de soutien, un appel suivi par la France qui a déploré que l’organisation doivent faire face dans son fonctionnement quotidien à « l’obstructionnisme systématique » de la Russie. 

« Alors que les risques sécuritaires qui planent sur le continent européen ne cessent de croître, l’OSCE doit jouer un rôle croissant pour renforcer la confiance et promouvoir le respect des préoccupations légitimes de sécurité de tous ses États membres », a déclaré la Chine.  Le principe de sécurité indivisible, qui a vu le jour dans l’Acte final d’Helsinki, est plus pertinent que jamais dans le contexte actuel, a-t-elle appuyé.  Pour la Suisse, l’une des forces de l’OSCE réside dans le Mécanisme de Moscou qui vise à enquêter sur les allégations de graves violations des droits humains par les États participants, actuellement enclenché en Ukraine, et le Mécanisme de Vienne, qui permet aux États participants de demander des informations relatives à la situation des droits humains au sein d’un État participant. 

Jugeant essentiel d’observer l’impartialité requise dans le traitement de toutes les situations dont l’organisation est saisie, la délégation algérienne a par ailleurs fait valoir que l’agression « barbare » israélienne contre des civils innocents à Gaza ne saurait en aucun cas être considérée sous un angle partial ou unilatéral. 

Le Mozambique a suggéré pour sa part la création d’une plateforme pour traiter des questions d’intérêt mutuel entre l’OSCE et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, notamment la participation des femmes et des jeunes à la prévention des conflits, à la consolidation de la paix, à la justice postconflit et à la justice transitionnelle. 

EXPOSÉ DU PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE

Exposé

M. IAN BORG, Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)et Ministre des affaires étrangères et européennes et du Commerce de Malte, a indiqué que 2024 représente un tournant décisif pour Malte et son engagement en faveur du multilatéralisme.  Il a souligné qu’en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU, ce double rôle offre au pays un point de vue unique pour défendre et renforcer la coopération entre l’OSCE et l’ONU.  Il a indiqué que la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine sert de rappel brutal des épreuves auxquelles le système multilatéral est confronté.  En effet, l’ordre international fondé sur des règles, conçu pour préserver les générations futures du fléau de la guerre est rigoureusement mis à l’épreuve en ces temps sans précédent.  Pourtant, c’est face à de tels défis que notre détermination doit être renforcée, a-t-il argué.  Et grâce à sa position unique au carrefour de l’Est et de l’Ouest, de l’Europe et de l’Afrique, Malte est bien placée pour servir de pont dans ce paysage mondial instable, a-t-il ajouté.  Tout au long de notre présidence, a-t-il promis, nous maintiendrons une position cohérente et de principe sur la base des normes sans équivoque convenues collectivement et énoncées dans l’Acte final d’Helsinki et la Charte de Paris, tout en utilisant l’OSCE comme plateforme de responsabilisation pour les actes commis en violation des principes.  Et c’est pourquoi nous maintiendrons la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine en tête de l’ordre du jour, a-t-il expliqué. 

M. Borg a ensuite appelé à la libération de Vadym Golda, Maxim Petrov, et Dmytro Shabanov, trois membres de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine qui sont actuellement détenus illégalement.  Il a appelé la communauté internationale à se joindre à l’OSCE pour exhorter la Russie à les libérer immédiatement.  Il a ensuite indiqué que sa présidence donnera également la priorité au rôle de l’OSCE dans la réponse à d’autres conflits dans la région, notamment au Haut-Karabakh, en Abkhazie et dans le Sud de l’Ossétie, et en Transnistrie.  Au cours de ce mandat à la tête de l’OSCE, Malte entend également tirer parti de ses initiatives diplomatiques au Conseil de sécurité concernant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, tablant sur le fait que les capacités des femmes sont cruciales pour favoriser des dialogues significatifs et renforcer les politiques de sécurité. 

Reconnaissant le lien entre le bien-être des citoyens, la stabilité économique et la durabilité environnementale, la présidence maltaise donnera aussi la priorité aux efforts visant à réduire les fractures numériques, faciliter un accès plus large aux compétences et technologies numériques, et favoriser une collaboration accrue en matière de résilience, d’adaptation et d’atténuation climatiques.  Simultanément, nous intensifierons notre engagement à lutter contre la corruption et renforcer la sécurité alimentaire, a-t-il indiqué.  En outre, nous participerons activement aux efforts visant à lutter contre la violence à l’égard des femmes, et placerons le milliard d’habitants de la région au premier plan et au centre de toutes les initiatives de l’OSCE.  Il s’agira notamment d’intégrer l’approche genre et d’accroître l’engagement des jeunes dans tous les domaines, a-t-il précisé.

Déclarations

Le représentant de la République de Corée a déclaré que la guerre illicite et brutale livrée par la Russie contre l’Ukraine remet en question l’efficacité de l’architecture multilatérale internationale s’agissant de la protection des civils et de la réponse aux crises humanitaires.  « Nous sommes dans une situation sans précédent où un membre de l’OSCE qui est aussi membre permanent de ce Conseil a envahi un autre État Membre. »  Il a estimé que la Russie avait violé des principes fondamentaux de l’OSCE, tels que le respect de la souveraineté de tous les États et le règlement pacifique des différends.  Enfin, il a estimé que malgré les défis que l’OSCE connaît, celle-ci demeure une plateforme pertinente pour les 57 pays participants et leurs 11 partenaires.

Le représentant de l’Algérie a soutenu le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OSCE, notamment dans les domaines de la prévention et de la résolution des conflits, afin de trouver des solutions concrètes aux multiples défis sécuritaires auxquels la région est confrontée.  Il a rappelé que l’Algérie a participé activement aux négociations de l’Acte final d’Helsinki de 1975, et a contribué depuis à la mise en place du partenariat méditerranéen de l’OSCE.

Le délégué a ensuite appelé à surmonter les défis auxquels le travail de l’OSCE est actuellement confronté en raison des dynamiques politiques antagonistes qui empêchent son fonctionnement.  Le dialogue, « essence même d’un multilatéralisme efficace », doit être utilisé pour identifier les bases communes que les différents membres pourraient partager.  Ce n’est que sur ces bases communes que la paix peut être construite et la sécurité assurée, a-t-il argué.  En ce qui concerne la crise en Ukraine, a-t-il ajouté, il faut se concentrer sur les efforts de l’Organisation pour trouver une solution durable au conflit et renforcer les pourparlers de paix entre les parties. 

En troisième lieu, le représentant a mis l’accent sur l’importance du respect des règles de procédure et des pratiques établies de l’OSCE pour préserver sa crédibilité et son impartialité.  Jugeant essentiel d’observer l’impartialité requise dans le traitement de toutes les situations dont l’Organisation est saisie, il a fait valoir que l’agression « barbare » israélienne contre des civils innocents à Gaza ne saurait en aucun cas être considérée sous un angle partial ou unilatéral.

La représentante du Japon a considéré que jamais le rôle de l’OSCE en tant que mécanisme stabilisateur ou de renforcement de la confiance n’a été aussi nécessaire.  Elle a rappelé avoir organisé un débat public au Conseil, le mois dernier, sur la promotion de la prévention des conflits, qui a insisté sur l’importance de prévenir les tragédies humaines et les conséquences politiques, socioéconomiques et financières dévastatrices des conflits.  Dans le cadre de ces efforts, Tokyo est devenu le premier partenaire de coopération de l’OSCE il y a plus de 30 ans, en 1992, s’est enorgueillie la déléguée.  Depuis, le Japon travaille avec cette Organisation pour relever les défis de sécurité au niveau mondial, basant cette coopération sur la ferme conviction que la paix et la stabilité dans la région de l’OSCE sont directement liées à celles de la communauté internationale, y compris dans la région Asie-Pacifique.

La représentante a ensuite estimé que le monde est confronté à une situation inacceptable, qui veut qu’un État membre de l’OSCE, qui est aussi un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, poursuive sa guerre d’agression contre un autre État Membre, bien qu’il soit mandaté pour prévenir et mettre fin aux conflits.  Aussi a-t-elle rappelé la déclaration des dirigeants de l’OSCE en février dernier qui exige la fin immédiate de l’agression russe contre l’Ukraine. Aujourd’hui est une autre bonne occasion de renouveler notre engagement en faveur de la paix et de la sécurité dans le cadre de la Charte des Nations Unies, a observé la déléguée.

Le représentant de la Chine a relevé que le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales est un objectif qui figure dans la Charte des Nations Unies, et une manifestation du multilatéralisme.  Alors que les risques sécuritaires qui planent sur le continent européen ne cessent de croître, l’OSCE doit jouer un rôle croissant pour renforcer la confiance entre ses États membres.  Forte de sa riche expérience en la matière, cette Organisation a déjà mis en place des mécanismes de règlement et de prévention des conflits.  Le principe de sécurité indivisible, qui a vu le jour dans l’Acte final d’Helsinki, est plus pertinent que jamais dans le contexte actuel, selon le représentant. 

Pour parvenir à la sécurité commune envisagée, l’OSCE doit promouvoir le respect des préoccupations légitimes de sécurité de tous les États membres et contribuer à forger une architecture de sécurité équilibrée en Europe, a fait valoir le délégué.  « Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle guerre froide; toutes les nations peuvent croître et s’épanouir », a-t-il ajouté. 

Le représentant s’est vivement inquiété de la poursuite de la crise en Ukraine, les « effets domino » de ce conflit se faisant sentir de façon de plus en plus tangible.  La poursuite de la guerre entraînant des risques toujours plus imprévisibles, pour le continent européen comme pour le monde, le délégué a appelé à un cessez-le-feu et à un règlement politique de la crise. 

Le représentant de la Suisse a constaté que, près de 50 ans après l’adoption de l’Acte final d’Helsinki par la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, l’architecture de sécurité européenne et la confiance entre les États participants se trouvent bouleversées.  L’agression militaire russe contre l’Ukraine a en effet violé les principes de l’Acte final ainsi que les principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il déploré, saluant toutefois la poursuite de l’engagement de longue date de l’OSCE en Ukraine au travers du programme de soutien.  Par ailleurs, le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan continue de demander toute l’attention de l’OSCE, laquelle joue aussi un rôle essentiel dans la prévention et la gestion pacifique des conflits en Ossétie du Sud et en Abkhazie.  Le délégué s’est également félicité de l’engagement de l’OCSE dans le processus de règlement transnistrien et dans la promotion de la gouvernance démocratique dans les Balkans occidentaux. 

Aux yeux du représentant, l’une des forces de l’OSCE réside dans ses instruments, notamment le Mécanisme de Moscou, qui vise à enquêter sur les allégations de graves violations des droits humains par les États participants, actuellement enclenché en Ukraine, et le Mécanisme de Vienne, qui permet aux États participants de demander des informations relatives à la situation des droits humains au sein d’un État participant.  De même, ses activités d’observation indépendante des élections contribuent de manière essentielle à la mise en place d’une gouvernance démocratique, a-t-il relevé, saluant aussi les actions de prévention des conflits et de suivi postconflit menées par l’OSCE sur le terrain.  De fait, l’atout de cette Organisation réside dans son approche holistique de la sécurité, a conclu le délégué, non sans rappeler que l’OSCE reste un partenaire indispensable de l’ONU en tant que plateforme de dialogue inclusive, conformément au Chapitre VIII de la Charte. 

La représentante de Guyana a salué l’approche de l’OSCE pour faire face aux défis sécuritaires, axée notamment sur le développement économique, l’utilisation durable des ressources naturelles, la promotion des droits humains et le règlement des conflits.  Elle a félicité l’OSCE pour ses contributions à la stabilité régionale.  L’OSCE et le Conseil de sécurité ont la responsabilité commune de prévenir et mettre fin aux conflits, de défendre l’état de droit et de promouvoir les droits humains, a-t-elle souligné. 

La déléguée a estimé que le travail de l’Organisation sur le continent et en Asie centrale est vital pour la désescalade des tensions et la recherche de solutions durables aux conflits prolongés.  La représentante a appelé les parties aux conflits en Europe à s’engager pleinement dans la diplomatie pour parvenir à une paix durable.  Elle a misé sur l’expertise de l’OSCE dans un large éventail de domaines, qui est essentielle pour aborder les conflits en Europe.  Le leadership régional est essentiel pour maintenir la paix et la sécurité internationales et pour soutenir les efforts du Conseil, a-t-elle conclu.

Le représentant de la Fédération de Russie a regretté que le Président en exercice de l’OSCE, au lieu de mettre en œuvre le mandat que lui ont donné les 57 États membres de l’Organisation, se focalise sur l’application d’instructions politiques des Occidentaux pour dénigrer la Russie dans le contexte de la situation en Ukraine.  Il l’a accusé d’avoir placé la question ukrainienne en tête de liste des priorités de sa présidence.  Dans quelles circonstances les 57 États qui participent aux travaux de l’OSCE vous ont-ils autorisé à tenir des paroles antirusses? lui a-t-il lancé.  Au lieu de s’atteler au dialogue, le Président de l’OSCE a délibérément parié sur la destruction et la désunion.  L’action de l’OSCE dans le contexte de la crise en Ukraine est un fiasco total, a-t-il fustigé.  Selon lui, la Mission spéciale d’observation de l’OSCE a échoué en tant que médiateur dans le cadre des accords de Minsk, d’autant plus, a-t-il accusé, que des membres de ses équipes de surveillance sur le terrain collectent et transmettent des informations pour le compte de Kiev.  Malheureusement, votre jeu avec le régime de Kiev a des conséquences très précises, a poursuivi le représentant russe qui a parlé d’« ukrainisation » du programme de travail de l’OSCE, au détriment d’autres crises sécuritaires qui ont cours dans l’espace de l’OSCE. 

Le délégué russe a aussi accusé la présidence maltaise de l’Organisation d’ignorer les « monstrueuses » attaques des forces armées du « régime Zelenskyy » contre des villes russes.  Cet aveuglement sélectif est regrettable, a-t-il lancé, évoquant les frappes ukrainiennes contre un marché de Donetsk plus tôt cette année qui ont fait 27 morts et des dizaines de blessés.  Il n’y avait aucun personnel militaire à proximité du marché, a-t-il déploré en parlant « d’attentat terroriste ».  Il a aussi évoqué le cas de cet avion russe, l’IL-76, abattu par les forces ukrainiennes alors qu’il transportait 65 soldats capturés des forces armées ukrainiennes pour un échange de prisonniers.  À plusieurs reprises, les services de renseignement ukrainiens ont publiquement reconnu devant des médias étrangers avoir préparé et commis des crimes sur le territoire russe, a-t-il relevé, en déplorant le manque de condamnation de l’OSCE. 

Le représentant a néanmoins estimé qu’il existe encore un potentiel de médiation pour l’OSCE, à condition qu’elle renonce aux tentatives persistantes de faire des ultimatums et commence à travailler de bonne foi pour rétablir la confiance et contribuer au maintien de la paix et la sécurité mondiales.  En outre, l’interaction entre l’ONU et l’OSCE ne peut être viable qu’en tenant compte des intérêts russes, et si elle délaisse son esprit russophobe et basé sur le concept de « jeux à somme nulle ». 

Le représentant des États-Unis a salué la direction avisée et objective de la présidence maltaise de l’OSCE.  Il a estimé que l’OSCE a joué son rôle de lanceur d’alerte en Ukraine en recourant à plusieurs reprises au Mécanisme de Moscou.  Les violations des droits humains de la Russie en Ukraine démontrent la nécessité d’une riposte unie et déterminée de la communauté internationale, a-t-il ajouté.  Il a ensuite salué l’initiative conjointe entre l’OSCE et le Bureau de lutte contre le terrorisme pour consolider la défense du Tadjikistan face au terrorisme. L’appui de l’OSCE au travail de l’ONU ne date pas d’hier, a-t-il fait observer, évoquant le partenariat robuste, vieux de 30 ans, noué autour de la Bosnie-Herzégovine.  De même, il a salué les efforts de l’OSCE dans le cyberespace, avant de plaider pour une coopération renforcée avec l’ONU. 

Le représentant du Mozambique a dit accorder une attention particulière au rôle de l’OSCE dans la facilitation du dialogue et de la coopération entre ses États membres sur de multiples questions émergentes, notamment le terrorisme et l’extrémisme violent conduisant au terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le contrôle des armes et la migration.  Ces questions se posent également aux organisations régionales et sous-régionales en Afrique, a-t-il souligné ajoutant que l’initiative de l’Union africaine visant à « faire taire les armes » est alignée sur le mandat de l’OSCE.  Le représentant a suggéré la création d’une plateforme pour traiter des questions d’intérêt mutuel, notamment la participation des femmes et des jeunes à la prévention des conflits, à la consolidation de la paix, à la justice postconflit et à la justice transitionnelle, par le biais d’une coopération régionale entre l’OSCE et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Le délégué a également appelé à réfléchir sur la contribution de l’OSCE, pour développer une architecture de sécurité nouvelle et équilibrée qui minimise la volatilité et favorise la collaboration tout en œuvrant activement au règlement des conflits en cours et potentiels.

La représentante de la Slovénie a considéré que l’OSCE et l’ONU partagent les mêmes principes et engagements fondamentaux et que leur partenariat est essentiel pour maintenir la paix et la stabilité en Europe et au-delà.  Elle a apporté le soutien de son gouvernement aux priorités de la présidence en exercice de Malte et notamment celle donnée à l’Ukraine.  « Il est fondamental d’assurer la présence continue de l’OSCE sur le terrain, par le biais de son programme de soutien à l’Ukraine », a précisé la représentante.  Elle a également appuyé les efforts de l’OSCE visant à garantir l’entière responsabilité des violations flagrantes du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits humains, liées à l’agression russe.  Des violations confirmées par les rapports de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, ainsi que par l’Initiative de surveillance de l’Ukraine (UMI) du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme et par le Mécanisme de Moscou. La déléguée a ensuite salué la promotion, par l’OSCE, du rôle et de l’inclusion des jeunes et des femmes dans son programme de paix et de sécurité.

Compte tenu de l’incertitude mondiale, le représentant de l’Équateur a estimé que l’OSCE doit préserver son rôle essentiel en faveur de la paix et de la sécurité du continent européen, en tant que plateforme de dialogue entre ses 57 États membres.  Afin de rétablir la confiance, il a jugé crucial que les membres de cette Organisation réaffirment leur engagement envers les principes consacrés dans les accords d’Helsinki en vue de la résolution des conflits.  À cet égard, le représentant a salué la priorité accordée par Malte à la résolution des différends dans la région de l’OSCE d’une manière pacifique et durable, se disant convaincu que le renforcement des opérations de terrain contribuera à la réalisation de cet objectif.  Il a également apprécié le soutien vital qu’apporte l’OSCE à l’Ukraine, par le biais notamment de programmes visant à atténuer les effets de la guerre.

La représentante de la France a estimé que la guerre d’agression que la Russie mène contre l’Ukraine viole tous les engagements issus des textes fondateurs de l’OSCE sur lesquels repose la stabilité de l’Europe.  L’Organisation doit en outre faire face dans son fonctionnement quotidien à « l’obstructionnisme systématique » de la Russie, a-t-elle déploré, avant de se féliciter que l’OSCE utilise tous ses instruments pour soutenir l’Ukraine et contribue à documenter les exactions russes.  Elle a appelé à la libération des trois employés de l’Organisation toujours illégalement détenus par la Russie avant de plaider pour que l’OSCE continue de soutenir les autres pays qui subissent le plus violemment les conséquences de la guerre d’agression de la Russie, en particulier la République de Moldova. Elle a applaudi le fait que la présidence maltaise de l’Organisation mette l’accent sur le renforcement de la résistance à la désinformation et sur la promotion d’une citoyenneté bien informée. 

Malgré l’agression russe, l’OSCE doit pouvoir continuer à remplir son mandat, a souligné la représentante, pour qui les missions de terrain de l’Organisation demeurent essentielles au renforcement de la sécurité des États participants et de leurs citoyens dans les Balkans occidentaux, en Asie centrale et en République de Moldova.  Tout en se réjouissant de l’engagement continu de l’OSCE dans les discussions internationales de Genève, seule plateforme où sont abordées les conséquences du conflit entre la Russie et la Géorgie depuis 2008, elle a jugé que l’Organisation devrait pouvoir s’engager davantage dans le Caucase du Sud.  Après avoir exigé la mise en œuvre de la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 17 novembre 2023 demandant à l’Azerbaïdjan de veiller à ce que toute personne qui aurait quitté le Haut-Karabakh et souhaiterait y retourner soit en mesure de le faire en toute sécurité, la déléguée a rappelé que la France soutient la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dans le respect du droit international et de l’intégrité territoriale des deux pays.  Elle a enfin regretté que les autorités russes et bélarusses n’aient pas invité les observateurs du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme à leurs élections, notant que cette décision est contraire aux engagements pris par Moscou et Minsk dans le cadre de l’OSCE. 

Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que la Russie a lancé son invasion brutale et barbare de l’Ukraine en dépit des efforts inlassables de l’OSCE pour prévenir cette catastrophe.  L’OSCE a œuvré pour assurer la mise en œuvre des accords de Minsk que la Russie affirmait appuyer tout en se préparant à la guerre.  En février 2022, des diplomates russes ont dit à l’OSCE que la clef pour une paix pérenne était la mise en œuvre des accords de Minsk, trois jours plus tard la Russie envahissait l’Ukraine, a-t-il rappelé.  Il a également évoqué le sort des trois responsables de l’OSCE détenus illégalement depuis plus de 700 jours par les autorités russes.  « Nous demandons leur libération immédiate ». 

Le représentant a rappelé à l’Arménie et l’Azerbaïdjan la possibilité qui s’offre à eux pour conclure un accord de paix, soulignant le rôle de premier plan que joue l’OSCE pour appuyer la démocratie et les droits humains dans la région.  Il a dit être préoccupé face au refus de la Russie d’inviter les observateurs de l’OSCE lors de la récente élection présidentielle, avant d’appeler au renforcement de l’OSCE et de la coopération entre le Conseil de sécurité et l’OSCE. 

La représentante de la Sierra Leone a souligné l’importance de préserver le fonctionnement de l’OSCE et de parvenir à un consensus sur des éléments cruciaux, tels qu’un budget unifié, afin de garantir l’efficacité de la réponse de l’OSCE aux défis sécuritaires.  « À cet égard, nous invitons ses membres à la recherche du consensus et à la coopération. »  Elle a salué les efforts de l’OSCE visant au règlement du conflit en Transnistrie. Elle a insisté sur l’importance des efforts de l’OSCE en vue de répondre aux violations des droits humains dans les zones en proie à un conflit.  Le rôle de l’OSCE est crucial pour la promotion de l’état de droit, a dit la déléguée.  Enfin, elle a mis en exergue le rôle des organisations régionales dans le maintien de la paix.

La représentante de Malte a soutenu le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OSCE, précisant que le leadership de Malte au sein de l’OSCE remonte à la signature de l’Acte final d’Helsinki.  Il ne peut y avoir de sécurité européenne sans sécurité méditerranéenne, a-t-elle fait valoir, notant la position unique de son pays au carrefour de l’Est et de l’Ouest, de l’Europe et de l’Afrique.  Pointant la guerre d’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine, elle a assuré que Malte continuera d’adopter une position cohérente et fondée sur des principes en utilisant tous les moyens disponibles pour garantir la responsabilité des actions qui violent les principes et les engagements convenus collectivement.  Le Mécanisme de Moscou de l’OSCE est un excellent exemple d’instrument clef qui promeut la responsabilité et protège les droits humains. Elle a ensuite exigé la libération immédiate des trois membres du personnel de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, détenus en captivité russe depuis plus de 700 jours.

La représentante a ensuite indiqué que Malte est déterminée à soutenir les opérations de terrain de l’Organisation en cours en République de Moldova, en Europe du Sud-Est et en Asie centrale, en vue de renforcer les capacités et les compétences nationales des pays hôtes.  Elle a également précisé que son pays continuera à plaider en faveur de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité tant au Conseil de sécurité qu’à l’OSCE.

Reprenant la parole, le Président en exercice de l’OSCE a regretté la situation actuelle, où un état participant à l’OSCE foule aux pieds ses valeurs les plus importantes.  Cela ne doit pas nous empêcher de nous concentrer sur l’avènement de la paix dans la région, a-t-il ajouté.  Notre coordination avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) est fondamentale au travers d’activités de renforcement des capacités, notamment dans le sud-est de l’Europe et l’Asie centrale, où se pose la question de la cybercriminalité, a-t-il expliqué.  Il s’est en outre félicité des contributions de l’OSCE aux efforts de non-prolifération, notamment pour mettre en œuvre la résolution 1540 (2004), en aidant les États participants à promouvoir les pratiques optimales.

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