En cours au Siège de l'ONU

Session de 2024 - Forum de la jeunesse
3e séance – après-midi
ECOSOC/7156

ECOSOC: le forum de la jeunesse se penche sur le financement climatique et la sécurité alimentaire mondiale

Au deuxième jour du forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC), les jeunes délégués et les États Membres ont exploré, dans la matinée, les moyens d’assurer un financement durable de la lutte contre la crise climatique, en mettant l’accent sur l’équité intergénérationnelle.  La seconde séance plénière de la journée portait quant à elle sur l’identification d’actions concrètes permettant de forger des systèmes agroalimentaires résilients. 

Comme l’ont rappelé certains intervenants, le sujet de la première séance plénière de l’après-midi était étroitement lié au thème du forum de cette année, soit le rôle des jeunes dans la poursuite de solutions durables et innovantes afin de renforcer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’éliminer la pauvreté malgré les crises multiformes. 

« Il ne saurait y avoir d’action climatique sans financement », a lancé la jeune boursière pour le climat au Fonds d’investissement pour le climat, Mme Renee Cooper, à l’ouverture du segment « coup de projecteur » qui a précédé la première séance plénière de l’après-midi. À cette fin, elle a souligné la nécessité d’accroître les flux financiers dans la durée, notamment à destination des pays en développement, dans le cadre d’une « transition économique » fondée, entre autres, sur des partenariats entre les organisations jeunesse et le secteur privé.

Financer notre avenir: vers un système de financement climatique solide pour les générations actuelles et futures

Signe de l’importance de la voix des jeunes dans cette réflexion, M. Nnaemeka Phil Eke-Okocha, du Réseau des solutions pour le développement durable (SDSN), a ouvert la séance consacrée au financement climatique en appelant à un « changement systémique » en faveur de la résilience climatique, afin de passer d’un modèle fondé sur la croissance à un autre plus résilient.  Pour y parvenir, il nous faut « révolutionner » l’architecture financière internationale afin de permettre aux pays en développement d’atteindre une croissance équilibrée tout en évitant le surendettement. 

Si le financement climatique requiert, selon Mme Olivia Karp, jeune défenseuse du climat, une approche collective appuyée par les jeunes, Mme Ayisha Siddiqa, du Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques, a noté qu’il n’existe pas de définition agréée de cette notion.  Une telle définition doit selon elle prendre en compte la justice climatique et les communautés vulnérables, et s’opposer à l’évasion fiscale qui prive les sociétés de ressources cruciales à leur développement. 

Pour financer ces actions, Mme Carla Conceição da Graça Lima, analyste à la Banque centrale européenne (BCE), a mis l’emphase sur la complémentarité des financements publics et privés.  Des instruments novateurs tels que les obligations vertes ont le potentiel d’aider les investisseurs à surmonter leurs hésitations afin de progresser vers la mobilisation de ressources permettant de s’attaquer à la crise climatique.  En retour, a-t-elle ajouté, ce financement devrait être dirigé vers les communautés et les pays les plus vulnérables, lesquels sont touchés de façon disproportionnée par les changements climatiques bien que leur contribution à ceux-ci soit négligeable. 

Trop souvent, les pays les plus touchés par les effets des changements climatiques n’ont eux-mêmes qu’une faible empreinte carbone, a renchéri le Malawi.  Or, ce sont précisément ces pays qui manquent des ressources financières, de l’expertise et des infrastructures nécessaires pour réaliser les investissements indispensables au développement durable.  Les jeunes attendent des organisations internationales davantage de soutien à leur action climatique sur le terrain et une coopération transfrontière accrue, selon la représentante de Jeunes Leaders pour les objectifs de développement durable (ODD). 

Gardiens de quelque 80% de la biodiversité mondiale, les peuples autochtones paient néanmoins le plus lourd tribut de la crise climatique, sans contrepartie financière, a appuyé M. Onel Inanadinia Masardule Herrera, militant autochtone pour le climat.  Toute initiative à cet égard devrait selon lui se fonder sur le consentement libre et éclairé préalable des peuples autochtones. Pour la modératrice et doctorante à Cornell University, Mme Maria Teresa Parreira, la surexploitation des ressources constitue un « colonialisme générationnel » qui a pour effet de spolier les générations futures de leurs ressources. 

Loin de n’être qu’un phénomène environnemental, la question climatique concerne aussi les droits humains, a noté l’Irlande.  « Nous ne sommes pas que spectateurs mais aussi acteurs du changement », ajouté son délégué jeunesse, avant d’appeler à son tour à révolutionner le système financier. 

Au nom de la justice intergénérationnelle dans un contexte de « crime climatique », Mme Siddiqa a reconnu que les tribunaux ont un rôle limité à jouer en matière de justice transitionnelle.  Afin de garantir que les initiatives portées par les jeunes soient appuyées par les responsables politiques et les institutions financières, l’analyste à la BCE a misé sur la collaboration entre les différents secteurs de la société, l’autonomisation et la participation des jeunes aux décisions concernant les changements climatiques, ainsi que le renforcement des capacités. 

Pour l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), la justice climatique est capitale afin d’accorder davantage de pouvoir aux personnes et aux communautés afin qu’elles puissent revendiquer leurs droits, en investissant dans des législations centrées sur l’humain et en assurant l’état de droit au nom de l’équité intergénérationnelle. 

« Les secteurs les plus puissants de l’humanité luttent contre la vie sur la planète Terre, et nous sommes des rebelles qui doivent risquer jusqu’à leur vie pour la défendre », a lancé le Vice-Ministre de la jeunesse de la Colombie, en se réclamant d’une « rébellion joyeuse ». 

Inclure les jeunes et les faire participer de manière significative à l’action en faveur d’un avenir plus durable ne consiste pas seulement à s’assurer de leur soutien, mais aussi à leur donner un siège à la table et à amplifier leurs voix, a dit la Slovénie.  « Il s’agit d’une solidarité et d’un dialogue intergénérationnels. »

Nourrir l’avenir: les jeunes et les systèmes alimentaires durables pour tous

Lors d’un événement « coup de projecteur » jeunesse et sécurité alimentaire mondiale, Mme Nikita Bhusal, de YPARD, a rappelé que 600 millions de personnes souffriront d’une insécurité alimentaire chronique en 2030.  L’absence de résilience des systèmes alimentaires est une préoccupation majeure. Elle a souligné l’apport des jeunes à l’examen de cette thématique et avancé quelques recommandations.  Les préoccupations des jeunes sont les suivantes: un revenu durable pour les petits agriculteurs, une bonne qualité de la nourriture, le souhait de systèmes de production agroalimentaire durables.  Pour les jeunes, les premiers exécutants de l’ODD 2 (Faim Zéro) doivent être les gouvernements.  Les jeunes veulent être inclus dans les instances gouvernementales pertinentes et être associés dès la phase de conception des politiques gouvernementales, a-t-elle dit.

La séance plénière intitulée « Nourrir l’avenir: la jeunesse et des systèmes alimentaires durables pour tous » a eu pour objectif de mettre en lumière les meilleures pratiques en ce qui concerne l’application de l’ODD 2.  Les apports des peuples autochtones ont notamment été soulignés.

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