Conseil de sécurité: débat ministériel sur l’intégration des jeunes de la Méditerranée dans les actions favorisant la sécurité et la paix
Un débat ministériel a été mené ce matin au Conseil de sécurité, à l’initiative de Malte, présidente du Conseil ce mois d’avril, sur le « rôle des jeunes face aux problèmes de sécurité en Méditerranée ». Les intervenants ont été unanimes sur la nécessité de mettre en œuvre les trois résolutions du Conseil exhortant les États Membres à accroître la représentation inclusive des jeunes dans la prise de décisions, en particulier dans une région méditerranéenne où les jeunes représentent 55% de la population. Parmi les difficultés multiformes affectant la région, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a prévenu que si aucune action climatique n’était prise, 19 millions de jeunes deviendraient des migrants climatiques d’ici à 2050.
Mme Rosemary Dicarlo a d’abord relevé que, malgré les prescriptions de la résolution 2250 (2015), le nombre de jeunes invités à faire un exposé au Conseil a diminué au cours des deux dernières années. Elle a prié de les intégrer davantage aux discussions sur l’avenir des sociétés, un argument repris tout au long du débat par les délégations, notamment lorsqu’il s’agit de processus de paix. Le Ministre des affaires étrangères de Malte a lancé un appel en ce sens, pour que les jeunes se voient offrir un espace leur permettant de se manifester en tant que « force positive pour l’édification de sociétés pacifiques et résilientes ».
Une autre préoccupation majeure au cœur de la séance a été le sort des jeunes qui se lancent dans la périlleuse traversée de la Méditerranée pour fuir les conflits et la pauvreté. Mme DiCarlo a parlé à ce sujet de « calamité ». À ces migrations de jeunes s’ajoutent celles causées par les changements climatiques. « Les jeunes héritent d’une planète en feu », s’est désolée Mme DiCarclo, à l’instar de nombreuses délégations, notamment la Sierra Leone qui a appelé à réduire la vulnérabilité des jeunes aux changements climatiques.
Les actions positives incluant les jeunes et misant sur leurs atouts ont été présentées à tour de rôle par les participants au débat. Mme DiCarlo a donné l’exemple d’une série de consultations numériques avec les jeunes, de la Libye au Liban, qui ont aidé à mieux comprendre leurs aspirations. Elle a demandé de créer un espace politique permettant aux jeunes de s’engager dans les initiatives de paix et de sécurité comme dans la mission de l’ONU en Libye qui a lancé, en septembre dernier, l’initiative « Former les futurs leaders libyens ». La Suisse a, elle, vanté les bienfaits de son projet « Youth for change » mené en Bosnie-Herzégovine.
Parmi les mesures prises au niveau de l’ONU, la Secrétaire générale adjointe a mis en avant la Stratégie du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix pour la jeunesse, la paix et la sécurité, qui s’appuie sur l’initiative de promotion de la jeunesse du Fonds du Secrétaire général pour la consolidation de la paix. Ce fonds a investi, depuis 2016, 128 millions de dollars dans 97 projets en faveur de l’inclusion des jeunes dans plus de 30 pays.
L’action au niveau régional a en outre été plébiscitée par le groupe EUMED9 (Croatie, France, Grèce, Italie, Malte, Slovénie, Espagne, Portugal et Chypre) pour qui les organisations régionales et sous-régionales ont un rôle indispensable à jouer. L’Union pour la Méditerranée (UPM), par exemple, a lancé en 2021 une stratégie pour la jeunesse 2030 visant la création d’emplois pour les jeunes, comme l’a rappelé M. Nasser Kamel, son Secrétaire général. Il a souligné que la mer Méditerranée génère une valeur économique de 450 milliards de dollars par an, ce qui pose des risques pour la stabilité de la région. L’UPM travaille sur les causes profondes de ces défis, « afin de transformer la région d’un point chaud en un lieu d’espoir pour nos jeunes ». Les 60 millions de jeunes âgés de 15 à 29 ans de la Méditerranée « méritent un avenir sans injustice, sans violence et sans instabilité », a renchéri Mme Sarra Messaoudi, Cheffe régionale de la coalition MENA pour la jeunesse, la paix et la sécurité.
Le Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie a évoqué en particulier la crise libyenne et l’agression injuste des territoires palestiniens occupés qui empêchent les jeunes de rêver de pays capables de répondre à leurs aspirations. Il a en conséquence prôné « une approche collective », en se fondant sur le développement, la prévention et la coopération. Il faut une « action concertée de la communauté internationale », a aussi plaidé la France en demandant d’agir sur les plans de la sécurité, de la solidarité et du développement. Elle-même contribue notamment aux démantèlements des réseaux de passeurs et à la formation des garde-côtes afin d’empêcher de nouveaux drames en mer Méditerranée.
Parmi les autres initiatives régionales, la Secrétaire générale au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovénie a attiré l’attention sur l’Université euro-méditerranéenne EMUNI, basée dans son pays, qui favorise la collaboration, les partenariats et les initiatives d’engagement dans le sud de la Méditerranée. Elle a exhorté l’Afrique subsaharienne et la région Méditerranée à privilégier la coordination régionale dans la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes, à la paix et à la sécurité.
Les interventions de beaucoup n’ont pas manqué de mentionner les souffrances de la jeunesse en Israël et à Gaza, en particulier depuis l’attaque du 7 octobre. Le Conseil doit agir à Gaza pour les jeunes, y compris en œuvrant pour la levée du blocus de Gaza, a demandé la Chine, tandis que la délégation américaine a jugé essentielle leur participation au dialogue afin de parvenir à une paix durable, misant sur le dialogue intergénérationnel lors des processus de négociations.
Toutefois, a tempéré la Fédération de Russie en interprétant la résolution 2250 (2015), les enfants (moins de 18 ans) ne doivent pas être entraînés en politique, sinon ils risquent d’être manipulés. Elle a aussi fait remarquer qu’au nord et au sud de la Méditerranée, les jeunes ont des possibilités différentes de réaliser leur potentiel. L’Union européenne veut s’enfermer dans son « « jardin fleuri » et ne veut pas accueillir les migrants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, a accusé la délégation russe en comparant avec le soutien social qu’elle apporte aux réfugiés d’Ukraine.
Ce débat du Conseil se poursuivra la semaine prochaine.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES :LE RÔLE DES JEUNES FACE AUX PROBLÈMES DE SÉCURITÉ EN MÉDITERRANÉE S/2024/288
Exposés
Mme ROSEMARY A. DICARLO, Secrétaire général adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé que la résolution 2250 (2015) exhorte les États Membres à accroître la représentation des jeunes dans les processus de décisions à tous les niveaux. Le potentiel et l’opportunité de renouveau que représentent les jeunes ainsi que leurs vulnérabilités souvent disproportionnées font qu’ils doivent faire partie des discussions qui façonnent les sociétés. Dans le sud et l’est de la Méditerranée, les jeunes représentent 55% de la population, a indiqué Mme DiCarlo en rappelant qu’ils avaient participé aux vagues de manifestations de 2011, protestant contre la privation du droit de vote et le manque d’opportunités économiques et d’emplois. Cependant, des réseaux extrémistes ont exploité ces griefs pour attirer les jeunes dans leurs rangs, s’est-elle désolée, notant aussi que les jeunes constituent la majorité de ceux qui se lancent dans la périlleuse traversée de la Méditerranée pour fuir les conflits et la pauvreté.
Elle a rappelé qu’un jeune sur quatre dans le monde est touché par la violence ou les conflits armés et que plus de 90% de tous les décès directs liés aux conflits surviennent chez de jeunes hommes. Ces chiffres sont confirmés par la calamité qui se déroule dans une partie de la Méditerranée, a observé Mme DiCarlo rappelant que l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et la guerre à Gaza ont détruit de nombreuses vies de jeunes. Elle a indiqué que 70% de la population de Gaza a moins de 30 ans, presque tous étant exposés à des niveaux sans précédent de traumatismes, de violence, de maladies et d’insécurité alimentaire. De plus, toutes les écoles de la bande de Gaza sont fermées, ce qui affecte plus de 625 000 élèves. Si l’impact de la guerre et de la violence sur les jeunes est bien connu, on ne connait pas suffisamment les nombreuses façons dont les jeunes peuvent rendre la recherche de la paix plus durable et plus efficace, a-t-elle fait remarquer.
La Secrétaire générale adjointe a dit être témoin de l’esprit d’innovation des jeunes dans les missions politiques où les nouvelles technologies ont été déployées pour organiser des consultations numériques avec les jeunes. De la Libye au Liban, ces dialogues ont aidé à mieux comprendre leurs points de vue et leurs aspirations, et à les intégrer dans notre travail. Il faut créer un espace politique permettant aux jeunes de s’engager dans les initiatives de paix et de sécurité. Par exemple, a-t-elle déclaré, la mission de l’ONU en Libye a lancé, en septembre dernier, l’initiative « Former les futurs leaders libyens », ce qui a permis à des jeunes femmes d’accéder au Parlement européen pour discuter de l’impact du conflit sur les jeunes en Libye.
Les jeunes héritent d’une planète en feu, a établi Mme DiCarlo reconnaissant que la Méditerranée est particulièrement vulnérable aux changements climatiques avec un rythme de réchauffement de 20% plus rapide que la moyenne mondiale. La Banque mondiale prévoit que jusqu’à 19 millions de personnes deviendraient des migrants climatiques internes rien qu’en Afrique du Nord d’ici à 2050 si aucune action climatique concrète n’était prise. Pour autant, les jeunes jouent un rôle de premier plan en influençant, en défendant et en exigeant une plus grande volonté politique et des mesures concrètes pour lutter contre les changements climatiques. Les jeunes femmes sont souvent à l’avant-garde de ces mouvements, plaidant pour une perspective de genre à toutes les étapes de la politique et de la prise de décision liées aux risques climatiques.
À Chypre, l’ONU a aidé les jeunes de tous bords à s’unir autour de préoccupations communes en matière de durabilité environnementale et à préparer des positions communes pour la COP28 en décembre dernier. Citant le rapport du Secrétaire général sur la jeunesse et la paix et la sécurité, Mme DiCarlo a souligné les stéréotypes négatifs qui voient les jeunes comme des agents de troubles et de violence, contribuant à leur marginalisation et à leur stigmatisation.
Pour renforcer le rôle des jeunes en tant qu’agents positifs du changement, le Secrétaire général plaide fermement en faveur d’une participation active des jeunes aux processus décisionnels, a fait valoir Mme DiCarlo. Elle a aussi cité le rapport sur la mobilité humaine du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) selon lequel, en accédant à la formation, à l’éducation et aux opportunités économiques dans d’autres sociétés, les jeunes, en particulier les femmes, peuvent être des agents de changement. En outre, la Stratégie du Département des affaires politiques et de consolidation de paix pour la jeunesse, la paix et la sécurité s’appuie sur l’Initiative de promotion de la jeunesse du Fonds du Secrétaire général pour la consolidation de la paix.
Depuis 2016, le Fonds a investi 128 millions de dollars dans 97 projets en faveur de l’inclusion des jeunes dans plus de 30 pays. Mais il faut un financement plus adéquat, prévisible et durable, a plaidé la Secrétaire générale adjointe qui a aussi souligné le rôle important des organisations régionales dans ce domaine. Elle a félicité à ce titre la stratégie Jeunesse 2030 de l’Union pour la Méditerranée, qui soutient les opportunités d’emploi pour les jeunes dans le sud de la Méditerranée. « Investir dans la jeunesse, c’est investir dans la paix », a conclu Mme DiCarlo rappelant que dans son troisième rapport de mise en œuvre de la résolution 2250 (2015), le Secrétaire général a noté la diminution du nombre des représentants des jeunes présentant un exposé au Conseil au cours des deux dernières années. Le Conseil doit créer davantage d’opportunités pour les jeunes et défendre le programme jeunesse et paix et sécurité, qui est essentiel pour la région méditerranéenne et au-delà.
M. NASSER KAMEL, Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UPM), a fait remarquer que la mer Méditerranée, qui est à la croisée de trois continents, exerce une influence particulière à l’échelle mondiale puisqu’elle représente un quart du commerce maritime international, abrite environ 11% de toutes les espèces marines et génère une valeur économique de 450 milliards de dollars par an, soit environ 20% du PIB mondial annuel. C’est aussi un point névralgique de nombreux défis qui posent des risques à plusieurs niveaux pour notre paix, notre sécurité et notre stabilité, notamment pour nos jeunes générations, a-t-il ajouté, assurant que l’UPM, en tant que seule organisation intergouvernementale à l’échelle régionale, a compris l’intérêt de travailler sur les causes profondes de ces défis, « afin de transformer la région d’un point chaud en un lieu d’espoir pour nos jeunes ».
De l’avis de M. Kamel, le principal défi auquel la région est confrontée est celui des changements climatiques. Il a rappelé à cet égard les conclusions du tout premier rapport d’évaluation méditerranéen sur ce phénomène, préparé par MedECC, un réseau indépendant d’environ 190 scientifiques et experts de 25 pays qui travaillent en étroite collaboration avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et avec le soutien de l’UPM. Il en ressort que le bassin méditerranéen se réchauffe 20% plus vite que le reste du monde, à tel point qu’au rythme actuel, les températures régionales augmenteront de 2,2% d’ici à 2040 et de 6,8% d’ici à 2100. Aujourd’hui, a-t-il souligné, ces températures sont déjà supérieures de 1,5% aux niveaux préindustriels et la pénurie d’eau est devenue l’image la plus communément associée à cette urgence dans une grande partie de la Méditerranée. Avec une population en croissance rapide et plus de 180 millions de personnes touchées par la pauvreté en eau, cela constitue une menace directe pour notre sécurité et notre stabilité régionales, a alerté le Secrétaire général de l’UPM, avant d’appeler à des politiques d’adaptation au climat qui soient liées à la justice, à l’équité, à la réduction de la pauvreté, à l’inclusion sociale et à la redistribution.
Notant que la population du sud et de l’est de la Méditerranée est de 14 ans plus jeune que celle du nord et que 50% de la population régionale est âgée de moins de 24 ans, M. Kamel a constaté que ces jeunes connaissent des taux de chômage parmi les plus élevés au monde. Plutôt que de désespérer, il importe selon lui d’attirer l’attention sur la Méditerranée, « non seulement comme un foyer de défis mondiaux, mais aussi comme un laboratoire de solutions ». À cette fin, l’UPM travaille non seulement pour les jeunes, mais aussi avec eux, afin qu’ils puissent construire un avenir plus inclusif et durable, a-t-il expliqué, rappelant que l’organisation a lancé en 2021 une stratégie pour la jeunesse 2030, avec un appel à l’action construit en partenariat avec les jeunes de la région et reposant sur trois piliers: l’environnement et l’action climatique; l’éducation et l’emploi; et l’inclusion et la participation sociales - le tout dans une perspective transversale de genre. Il s’agit, a-t-il précisé, de contribuer à la création d’emplois pour les jeunes, de renforcer leurs capacités et de mieux les inclure dans les processus de prise de décision, dans les étapes initiales comme dans les phases de suivi et de contrôle. « Leur enthousiasme et leur capacité à influencer les décisions constituent une ressource que nous ne pouvons plus nous permettre de négliger », a-t-il conclu.
Mme SARRA MESSAOUDI, Cheffe régionale de la coalition MENA pour la jeunesse, la paix et la sécurité, a évoqué la situation des 60 millions de jeunes âgés de 15 à 29 ans de la Méditerranée, « une population de jeunes qui mérite un avenir sans injustice, sans violence et sans instabilité ». Elle a identifié cinq défis clefs en ce qui les concerne. Premièrement, l’espace civique des jeunes est attaqué et ils ont des besoins de protection croissants. C’est pourquoi les jeunes se rassemblent sous forme de mouvements, de réseaux et coalitions, créant des plateformes pour se connecter, collaborer et mettre sur pied un espace sûr de solidarité et de soutien.
Deuxièmement, les jeunes sont confrontés à des obstacles systématiques face à leur envie de participation aux processus politiques, de paix et de sécurité. Elle a appelé à un partenariat intergénérationnel et multi-acteurs. Elle a aussi recommandé la tenue d’un débat public du Conseil de sécurité pour discuter du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la jeunesse, la paix et la sécurité qui est publié tous les deux ans. Cet agenda doit être intégré dans tous les domaines de travail du Conseil, et il conviendrait de créer un groupe d’experts du Conseil sur la jeunesse, la paix et la sécurité pour soutenir ses efforts et connecter les jeunes aux travaux de l’organe.
Troisièmement, Mme Messaoudi a souligné que le défi de la mobilité dans la région méditerranéenne empêche les jeunes d’atteindre leur plein potentiel. De même, les jeunes qui doivent traverser la route migratoire la plus meurtrière du monde manquent de systèmes de soutien social adéquat. Elle a souhaité que la Méditerranée soit « une mer d’espoir et d’opportunités pour les jeunes du monde »; une mer où les politiques migratoires sont fondées sur le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine. « Nous voulons que la mer Méditerranée soit une mer de paix, et non pas une mer de mort », a—t-elle déclaré.
Quatrièmement, elle a parlé du besoin urgent de faire face aux risques de sécurité en rapport au climat, en particulier avec la hausse de températures et les inondations qui ont marqué la Méditerranée en 2023. En Palestine par exemple, la lutte consiste à sauver ce qui reste des terres agricoles du réseau des colonies illégales. La cinquième question urgente est celle du financement de la prévention et de la consolidation de la paix, a-t-elle argué, notant que la préférence est donnée à l’action humanitaire avec peu d’investissement dans les efforts de prévention et de consolidation de la paix. Dans ce contexte, les jeunes explorent des moyens innovants de financer leurs efforts, tels que les investissements du secteur privé et la philanthropie communautaire.
Nous nous demandons pourquoi les gouvernements choisissent d’investir dans des guerres et des armes qui tuent, a-t-elle lancé, avant de s’interroger sur l’imposition aux jeunes d’accords de paix qu’ils n’ont pas façonnés, et qui ne parviennent pas à répondre à leurs attentes. Selon Mme Messaoudi, les jeunes artisans de la paix ne peuvent plus être qualifiés de « trop radicaux » ou de « trop militants ». Elle a rappelé qu’il y a 13 ans, lors du Printemps arabe, il y avait un énorme mouvement en faveur des droits humains. Nous sommes prêts à construire et à maintenir un mouvement pour la paix, parce que pour nous, la révolution n’a pas pris fin, mais elle continue sous plusieurs formes, a-t-elle conclu.
Déclarations
M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères de Malte, a estimé que la complexité des défis sécuritaires en mer Méditerranée nécessite une approche globale pour les résoudre et remédier efficacement à leurs causes profondes. Il a prôné une coopération étroite entre les pays de la région, notamment par le biais des organisations régionales et sous-régionales, pour créer les conditions idoines au renforcement des initiatives conjointes, sachant que la société civile a également un rôle clef à jouer à cet égard. Ces initiatives doivent inclure la résolution et la prévention des conflits, l’aide humanitaire, la coopération au développement et les solutions durables, a précisé le Chef de la diplomatie maltaise. Elles doivent également prévoir la lutte contre la désinformation, qui peut avoir de graves répercussions en termes d’érosion de la confiance, de propagation de discours clivants et d’affaiblissement des institutions et des processus démocratiques. Par ailleurs, a précisé M. Borg, compte tenu de l’extrême sensibilité de la Méditerranée aux changements climatiques, des mesures d’adaptation et d’atténuation doivent être envisagées conjointement.
Alors que la région méditerranéenne compte également l’une des populations les plus jeunes au monde, avec une personne sur trois âgée de moins de 25 ans, cette catégorie de la population est inexplicablement exclue des processus de prise de décision, s’est-il désolé. Cela les empêche d’accéder au soutien nécessaire pour leurs initiatives de prévention des conflits et de consolidation de la paix. Le Ministre s’est aussi soucié des jeunes victimes de stéréotype et de discrimination, car ils sont parfois perçus uniquement comme des fauteurs de troubles ou prompts à l’extrémisme violent et à la radicalisation. De plus, de nombreux jeunes ont encore du mal à exercer leurs droits fondamentaux à une éducation de qualité, à des soins de santé et à un travail décent, sans parler des risques qui pèsent sur eux dans les situations de conflit, en particulier s’agissant des filles et des jeunes femmes. Aussi, des mesures décisives sont-elles nécessaires pour inverser ces tendances, a déclaré M. Borg.
Notant que les jeunes sont à l’origine d’un changement positif en matière de paix et de sécurité en Méditerranée, il s’est réjoui que, selon le troisième rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité, des progrès ont été réalisés dans plusieurs piliers soutenant la participation significative des jeunes aux questions de paix et de sécurité. Cependant, malgré l’adoption de trois résolutions du Conseil de sécurité, la mise en œuvre effective reste lente, a regretté le Ministre. Il a recommandé d’en faire davantage pour offrir aux jeunes un espace leur permettant de se manifester en tant que force positive pour l’édification de sociétés pacifiques et résilientes. Ce point à son ordre du jour devrait être discuté plus fréquemment et les jeunes intervenants être invités davantage, a-t-il ajouté avant de suggérer aussi d’intégrer les éléments jeunes, paix et sécurité dans le renouvellement des mandats des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies, ainsi que des équipes de pays des Nations Unies et des coordonnateurs résidents. Dans le cadre de ces efforts, le Conseil devrait collaborer étroitement avec le Bureau de la jeunesse nouvellement créé et le nouveau Sous-Secrétaire général pour la jeunesse afin de garantir la réactivité aux questions liées à la jeunesse dans l’ensemble de l’architecture de paix et de sécurité.
M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a commencé par rappeler que la région méditerranéenne n’a pas été épargnée par les crises et les conflits, évoquant la crise libyenne qui se prolonge en raison des nombreuses divisions et des « ingérences étrangères qui peuvent être considérées comme le principale obstacle sur la voie de la paix ». Il a parlé également de l’agression injuste des territoires palestiniens occupés qui dure depuis plus de six mois et qui empêche les jeunes de rêver d’un pays capable de répondre à leurs aspirations.
Le bassin méditerranéen est à un carrefour de civilisation, a poursuivi le Ministre en regrettant qu’il soit l’épicentre de nombreuses crises, citant le terrorisme, les changements climatiques et la migration illégale parmi les défis actuels. Dans ce contexte, il a misé sur les jeunes qui, s’ils sont les principales victimes de l’insécurité, sont ceux en qui réside la solution. Il a prôné une approche collective à la mesure des ambitions et des attentes des jeunes. Il a recommandé pour cela d’adopter une approche fondée sur le développement et sur la prévention, en privilégiant une culture de la paix et de la tolérance. Une approche fondée également sur la coopération, en tenant compte des deux rives de la Méditerranée, et sur le droit international, en mettant fin à l’occupation de territoires comme le Territoire palestinien occupé ou le Sahara occidental, à l’abri de toute ingérence étrangère. Il a souligné que les pays de la Méditerranée méridionale sont particulièrement touchés par ces problèmes, a-t-il noté.
Le Ministre a voulu également une approche fondée sur les principes de bon voisinage, demandant à tous les pays de la région de s’y engager. Il a souligné que certains cherchent à inonder les populations de drogues, une arme meurtrière visant les jeunes. Pour ce qui concerne l’Algérie, il a dit qu’elle a présenté une résolution à l’Assemblée générale sur la paix en Méditerranée pour contribuer à ces approches. Le Ministre a assuré ne pas avoir ménagé ses efforts pour promouvoir le règlement pacifique des conflits et le développement dans la région. L’Algérie continue de participer au développement des ressources humaines africaines, avec des bourses d’enseignement supérieur notamment. Il a aussi témoigné de son engagement dans la lutte contre les changements climatiques, notamment avec une coopération avec l’Allemagne.
Mme RENATA CVELBAR BEK, Secrétaire générale au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovénie a estimé que la participation des jeunes est essentielle pour relever les défis sécuritaires. Il faut garantir leur engagement politique et civique et renforcer leur participation à la vie économique, culturelle et politique, y compris à la prise de décision et aux processus électoraux. Les jeunes ont également besoin d’avoir accès à la protection sociale et à des possibilités d’intégration sur le marché du travail. Elle a attiré l’attention sur l’importance de l’Université euro-méditerranéenne EMUNI, basée en Slovénie et créée par l’Union pour la Méditerranée, dont les travaux, a-t-elle affirmé, permettront de favoriser davantage la collaboration, les partenariats et les initiatives d’engagement dans le sud de la Méditerranée.
Notant par ailleurs que l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée sont confrontées à des défis comparables en matière de paix et de sécurité et partagent un vaste potentiel inexploité des jeunes, elle a conseillé aux deux régions de privilégier la coordination régionale dans la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes, à la paix et à la sécurité. Elle a également insisté sur l’importance d’une participation pleine, efficace et significative des jeunes à l’action climatique. L’avenir appartient aux jeunes. Ils doivent donc avoir leur mot à dire pour le façonner, a-t-elle souligné.
Le représentant de la République de Corée a estimé que la région de la Méditerranée, qui relie trois continents, est un exemple de l’intersection des défis actuels en matière de sécurité, d’extrémisme violent, d’insécurité alimentaire et de changements climatiques. À ses yeux, les jeunes de cette région sont des agents du changement, comme le sont leurs contemporains d’autres régions, dont le rôle est essentiel pour façonner notre avenir collectif. C’est particulièrement le cas dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, a-t-il souligné, estimant que les jeunes ont le potentiel de faire du monde un endroit plus sûr.
S’agissant de la problématique « climat, paix et sécurité », le représentant a dit voir dans la jeunesse une « force motrice » dans l’engagement en matière de riposte mondiale aux changements climatiques et à leurs effets. Si les jeunes de la Méditerranée sont engagés face à l’élévation du niveau de la mer, aux migrations forcées et aux pénuries d’eau, ceux du Nord-Est de l’Asie se mobilisent pour promouvoir la coopération en matière d’action climatique, a-t-il relevé, signalant l’initiative menée par de jeunes défenseurs de la paix de Mongolie, du Japon, de Chine et de République de Corée pour créer un conseil de la jeunesse dans le domaine climatique. Enfin, après s’être réjoui que l’adoption de la résolution 2250 (2015) par le Conseil de sécurité ait mené au programme sur la jeunesse, la paix et la sécurité, il a réaffirmé l’engagement de son pays à renforcer cette dimension à l’ONU et dans ses politiques nationales.
La représentante de la Suisse a constaté que trop de jeunes en Méditerranée portent aujourd’hui le triple fardeau des conflits, de la marginalisation et de l’insécurité économique. Elle a expliqué que ce fardeau les pousse à perdre la confiance dans les institutions étatiques, et à emprunter des routes migratoires dangereuses, comme c’est le cas en Bosnie-Herzégovine, en Syrie ou encore en Libye. Et ce fardeau risque de s’alourdir à mesure que s’accentuent les effets des changements climatiques, qui à leur tour accentuent les inégalités et la pauvreté, a mis en garde la déléguée. Il est donc dans l’intérêt de toute la région et au-delà de soutenir les jeunes de la Méditerranée dans le développement de leurs compétences économiques et sociales, a-t-elle estimé en indiquant que la Suisse le fait notamment à travers son projet « Youth for change » en Bosnie-Herzégovine.
Mais si l’autonomisation est nécessaire, elle n’est pas suffisante. Il s’agit également de valoriser les jeunes en tant qu’actrices et acteurs du changement, a encore fait valoir la représentante qui a appelé à considérer leur dynamisme comme une chance pour la paix et le développement durable et non comme un danger. Il faut lever les obstacles à la participation des jeunes et les encourager dans leur engagement, plutôt que d’assécher leurs idées avant même qu’elles ne germent, a-t-elle martelé. Appelant à passer de la parole aux actes, elle a signalé que les agendas « Jeunesse, paix et sécurité » et « Femmes, paix et sécurité » montrent des pistes pour renforcer réellement la participation, « si la volonté politique est là ».
Le représentant de la Sierra Leone a jugé fondamental de garantir une participation significative des jeunes aux processus de prise de décision à tous les niveaux, en particulier s’agissant des situations de conflit. Cependant, de nombreux facteurs entravent encore leur participation aux efforts de paix et de sécurité, tels que le déplacement, l’exclusion politique et le manque d’opportunités d’éducation et d’emploi. Nous devrions donc soutenir la participation des jeunes aux efforts de consolidation de la paix, notamment en renforçant leurs capacités et en garantissant la fourniture de ressources adéquates pour de telles initiatives, a suggéré le délégué. La communauté internationale doit également selon lui s’engager à intensifier son action et son soutien, à travers le développement, le transfert volontaire et le déploiement de technologies selon des conditions mutuellement convenues et le renforcement des capacités, conformément aux engagements existants visant à renforcer la capacité d’adaptation des pays de la région et de réduire leur vulnérabilité aux changements climatiques.
Les jeunes doivent jouer un rôle significatif dans tout cela, a estimé le représentant en faisant valoir que les jeunes contribuent positivement à la prévention des conflits, à la paix, à la sécurité et au développement national. Le représentant a apporté son soutien à un cadre de développement inclusif qui responsabilise les jeunes, en leur fournissant une plateforme pour partager leurs points de vue et s’engager dans des discussions et des actions sur les conflits, la sécurité et le développement socioéconomique. Il a également mis l’accent sur une approche qui englobe les perspectives variées des jeunes sur le développement de solutions et de connexions durables et innovantes entre les générations, les secteurs et les zones géographiques. Les stratégies en cours d’élaboration, qui seront mises en œuvre notamment par les agences de l’ONU, devraient donc faire appel aux connaissances et à l’expertise des jeunes, a-t-il recommandé en misant aussi sur l’éducation.
Le représentant de l’Équateur a rappelé que selon les données de l’ONU, environ 15% des migrants internationaux sont des jeunes, dont 70% sont des femmes. Il a appelé à s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène, avant de s’inquiéter de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour recruter et inciter les jeunes à la violence. Le représentant a également insisté sur l’importance d’associer les jeunes aux solutions à apporter à la question cruciale des changements climatiques. Ces points devraient, selon lui, guider la conception des programmes de coopération au développement des institutions financières qui, a-t-il ajouté, exigent des pays développés qu’ils respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement.
En outre, le délégué a plaidé pour une participation des jeunes à la fois substantielle et sensible au genre dans tous les domaines, y compris les processus de consolidation de la paix; au renforcement des institutions qui garantissent la responsabilité et la justice; et à la mise en place d’une approche axée sur la prévention, la promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales.
Le représentant du Japon a noté que la Méditerranée est une région tourmentée, évoquant notamment les naufrages de navires transportant des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile, et la présence de réseaux transcontinentaux de trafic de migrants. Pour éviter que les jeunes ne perdent l’espoir dans un avenir prospère et ne soient pas la cible de l’extrémisme violent et de la criminalité, il est impératif d’adopter une approche globale fondée sur l’appropriation nationale, l’autonomisation des jeunes, et la lutte contre les causes profondes de la pauvreté, a-t-il affirmé.
Il a relevé qu’en Méditerranée, les partenariats internationaux sont renforcés par une coopération multiforme entre l’Union africaine, l’Union européenne et la Ligue des États arabes. Il a appelé les organismes de l’ONU à renforcer davantage ces partenariats afin d’aider les pays de la région à garantir la participation pleine, sûre et significative des jeunes aux espaces politiques et sociaux. Pour mieux se préparer aux catastrophes naturelles, le représentant a jugé impératif de bâtir des institutions fiables et compétentes qui reflètent les voix et les besoins des femmes et des jeunes.
La représentante de la France a fait observer que la Méditerranée concentre des défis multiples sur le plan sécuritaire, humanitaire et climatique, qui requièrent une action concertée de la communauté internationale alliant sécurité, solidarité et développement. Ils appellent aussi à une solidarité accrue avec les pays voisins des zones de conflit, qui sont en première ligne face aux déplacements de population, a-t-elle affirmé, relevant que la France apporte un soutien important à ces pays à travers l’aide publique au développement en étant le quatrième donateur mondial en 2023. De plus, face à la situation préoccupante des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en Méditerranée, la France contribue aux efforts de démantèlement des passeurs et de formation des garde-côtes afin d’empêcher de nouveaux drames en mer, a ajouté la déléguée, avant de souligner le rôle essentiel des jeunes pour parvenir à des solutions durables aux crises qui secouent la région euro-méditerranéenne. Appelant à ce qu’ils soient pleinement associés et représentés dans les processus politiques, elle s’est félicitée des efforts déployés dans ce sens par les Nations Unies. Elle a également réitéré l’appel de la France à la libération immédiate et sans condition des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre, dont plus de 40 jeunes, ainsi qu’à un cessez-le-feu immédiat et à un accès humanitaire complet et sans entrave à Gaza, où plus de 33 200 civils palestiniens ont été tués, dont de nombreux jeunes et enfants.
« Les enfants et les jeunes, qui représentent aujourd’hui près de 60% de la population du bassin méditerranéen, sont notre avenir », a poursuivi la représentante, avant de déplorer qu’ils restent largement exclus des processus décisionnels, des institutions politiques et du marché du travail. Face à ce constat, la communauté internationale doit renforcer son engagement envers la jeunesse, a-t-elle plaidé, prenant pour exemple le Forum coorganisé en 2020 par la France, le Mexique et ONU-Femmes à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur les droits des femmes. En outre, a-t-elle encore rappelé, à travers la résolution 2535 (2020) du Conseil de sécurité, la France et la République dominicaine ont appelé le Secrétaire général à publier un rapport biannuel consacré au programme sur les jeunes et la paix et la sécurité afin de s’assurer qu’il reste une priorité pour les États.
Le représentant de la Chine a estimé que la question la plus pressante de la Méditerranée est le conflit à Gaza qui a déjà fait près de 40 000 morts. Il faut donc que le Conseil agisse à Gaza pour les jeunes, y compris en œuvrant pour la levée du blocus de Gaza, a-t-il réclamé. Il a aussi évoqué la situation dramatique des réfugiés et migrants en Méditerranée. Personne ne souhaite partir de chez soi, c’est pourquoi il faut que les pays développés intensifient leur aide aux pays en développement, a-t-il indiqué. En outre, il faut éradiquer le terrorisme, a estimé le délégué en rappelant que les groupes terroristes comme Daech enrôlent de nombreux jeunes de la région. Comme le terrorisme ne peut pas être éliminé seulement par les armes, il faut investir dans le développement durable des pays du Sud et briser le cercle de la pauvreté qui alimente le terrorisme, a plaidé le délégué.
Étant donné que la Méditerranée connecte trois continents -l’Afrique, l’Europe et l’Asie- le représentant a mis en avant son rôle pour renforcer la coexistence pacifique. Il a recommandé de favoriser le dialogue entre civilisations, appelant les pays de la Méditerranée à travailler à cette fin. À son avis, les jeunes de la région doivent jouer un rôle de chef de file pour la coopération à cet effet.
Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que la résolution 2250 (2015) stipule que la participation politique commence à 18 ans. Il ne faut pas entraîner les enfants dans la politique en les privant de leur enfance sinon ils risquent d’être manipulés par des groupes politiques, a-t-il averti. De même, les tentatives visant à mettre sur un pied d’égalité les droits des ONG, des jeunes et des États sont contre-productives, a-t-il estimé. Il faut se focaliser sur les problèmes réels auxquels les jeunes sont confrontés. Pour le représentant, les jeunes du Nord et ceux des pays du Sud ont des possibilités différentes de réaliser leur potentiel. La Méditerranée en est une parfaite illustration avec d’un côté une Europe prospère, un « jardin fleuri », et de l’autre, une région qui est secouée par des conflits et l’instabilité. La Libye ne s’est pas encore remise des conséquences dévastatrices de l’intervention occidentale et Gaza est en proie aux flammes, a pointé le délégué.
Le délégué a relevé qu’un grand nombre de jeunes du littoral sud de la Méditerranée sont privés du droit à un avenir prospère, qui est garanti à ceux qui sont nés du côté nord, et tentent de surmonter cela en traversant la mer Méditerranée au péril de leur vie. Mais l’Union européenne veut s’enfermer dans son « jardin fleuri » et ne veut pas accueillir les migrants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, alors qu’elle accorde un soutien social aux réfugiés d’Ukraine, s’est-il offusqué. Selon lui, les jeunes ne veulent plus un monde unipolaire, et sont déterminés à construire un nouvel ordre mondial juste basé sur la coopération, l’égalité et le respect mutuel. C’est pour cette raison que la Fédération de Russie poursuivra le Festival mondial de la jeunesse. Il a également indiqué que les universités russes accueillent chaque année environ un million d’étudiants de différents pays, y compris de la région méditerranéenne.
La représentante du Guyana a déclaré que l’adoption de la résolution 2250 (2015) sur la jeunesse, la paix et la sécurité a marqué un tournant important dans la perception du rôle des jeunes, qui sont passés du statut de victimes ou d’auteurs de violences à celui d’agents positifs de changement. Elle a notamment estimé que les jeunes sont en première ligne pour plaider en faveur de l’action climatique, notant que la Méditerranée est l’une des régions du monde les plus vulnérables aux risques climatiques. Alors que nous préparons le Sommet de l’avenir, nous devons placer les changements climatiques au centre de nos préoccupations en tant que multiplicateur de risques dans les situations de conflit, a-t-elle dit. Elle a noté que face à la sécheresse, aux déplacements et à l’insécurité alimentaire chronique, des groupes extrémistes capitalisent sur les griefs et la vulnérabilité des jeunes pour favoriser le recrutement et la radicalisation. Des mesures ciblées doivent être prises pour offrir des opportunités et renforcer la résilience des jeunes et des plus vulnérables afin de résister à ces défis, a-t-elle souhaité, citant notamment l’accès à l’éducation, à la science et à la technologie. De même, la participation significative des jeunes aux processus de paix et aux décisions peut instaurer la confiance et briser les cycles de violence, aboutissant ainsi à des résultats positifs et durables.
La représentante du Royaume-Uni a estimé que la réalisation d’une paix durable nécessite d’adopter une approche à l’échelle de l’ensemble de la société. Sans les points de vue diversifiés qu’offrent les jeunes et les groupes marginalisés, nous aurons du mal à bâtir des sociétés pacifiques, prospères et stables, a-t-elle fait valoir, avant de souligner le rôle crucial que joue le Fonds pour la consolidation de la paix pour promouvoir le rôle des jeunes en tant qu’agents de la paix. Après avoir signalé que le Royaume-Uni a versé plus de 35 millions de dollars à ce Fonds depuis 2020, elle s’est réjouie de la mise en œuvre du plan d’action stratégique de la Commission de la consolidation de la paix, qui comprend une réunion annuelle sur les jeunes et la paix et la sécurité. La représentante a ensuite constaté que les jeunes, en particulier les jeunes femmes et les filles, sont frappés de manière disproportionnée par les effets des changements climatiques, lesquels sont exacerbés par les inégalités existantes. Toutefois, a-t-elle salué, ces mêmes jeunes sont des agents essentiels de la riposte contre ces défis.
Dans la région de la Méditerranée, a-t-elle poursuivi sur ce sujet, les vagues de chaleur, les inondations, le stress hydrique et les tempêtes de sable mettent en péril la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, ce qui influe directement sur la migration. Face à ces phénomènes, il importe selon elle de reconnaître le rôle que jouent les jeunes dans la fourniture de solutions d’adaptation, qui donnent des possibilités de subsistance durable aux populations touchées afin qu’elles ne migrent pas. Enfin, rappelant que des millions de jeunes vivent avec les effets de conflits qu’ils n’ont pas déclenchés, elle a souhaité qu’ils puissent participer aux décisions qui concernant leur avenir, y compris au sein du Conseil de sécurité. Celui-ci doit maintenant traduire ses engagements en actes en renforçant l’inclusion des jeunes dans les processus de prévention des conflits et de médiation, a conclu la déléguée.
Le représentant du Mozambique a salué la stratégie de l’Union pour la Méditerranée (UPM) axée sur la confiance, l’autonomisation des jeunes et le développement durable, jugeant qu’elle offre une voie vers la paix et la sécurité. En effet, a-t-il relevé, elle envisage une Méditerranée où les jeunes façonnent activement leur avenir et contribuent à une société prospère et inclusive. À ses yeux, c’est en développant le potentiel des jeunes leaders que nous pouvons conduire des transformations positives dans les paysages politiques, économiques et sociaux. Cela vaut également dans le domaine de la paix et de sécurité, a-t-il ajouté, appelant de ses vœux un financement adéquat du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, cadre essentiel pour promouvoir l’engagement actif des jeunes dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le relèvement postconflit.
Dans cette même optique, le Conseil de sécurité peut, selon lui, faire progresser la paix et la sécurité en Méditerranée et au-delà, en intégrant les perspectives des jeunes et en favorisant leur participation, à l’image du Cadre continental pour la jeunesse, la paix et la sécurité créé par l’Union africaine (UA). Il a estimé à cet égard que le partenariat fructueux existant entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA pourrait être reproduit, dans la mesure du possible, avec l’UPM afin de permettre aux jeunes de participer à la prévention des conflits, à la consolidation de la paix, à la justice postconflit et à la justice transitionnelle dans la région.
La représentante des États-Unis a suggéré d’ajouter des libellés dans le mandat des missions de la paix et des missions politiques spéciales en rapport à la jeunesse et la paix et la sécurité, comme cela se voit déjà avec les libellés relatifs aux femmes. Elle s’est inquiétée pour les jeunes de la Méditerranée qui font aujourd’hui face à des traumatismes. Elle a mentionné notamment les jeunes en Israël et à Gaza qui sont durement affectés par les conflits, jugeant essentielle leur participation au dialogue afin de parvenir à une paix durable.
Lorsque les jeunes jouent des percussions, les anciens peuvent également danser, a visualisé la représentante américaine en parodiant un proverbe congolais. Elle a fait valoir que les missions de maintien de la paix jouent un rôle essentiel pour impliquer les jeunes dans les questions de paix et de sécurité dans leur société. C’est pourquoi elle a souhaité des mandats clairs à ce sujet, avant de prôner le dialogue intergénérationnel lors des processus de négociations. La déléguée a parlé des changements climatiques, des opportunités économiques et des conflits parmi les défis majeurs de la région méditerranéenne, des secteurs où à son avis les jeunes peuvent jouer un rôle majeur pour trouver des solutions.
L’Union européenne (UE) a souligné la nécessité d’assurer la participation significative des jeunes au développement et à la mise en œuvre des politiques climatiques. Il est de ce fait important de garantir que leurs voix soient systématiquement intégrées aux délibérations sur le climat, un point de vue qu’a repris à son compte le Ministre des affaires étrangères de la Türkiye. M. Ahmet Yildiz a d’ailleurs rappelé que le Président Erdogan a proposé d’organiser une conférence consacrée à la Méditerranée orientale, à laquelle la jeunesse pourrait être associée à la recherche de solutions durables et pacifiques aux problèmes de la région.
Pour sa part, en 2022, l’UE a lancé son plan d’action jeunesse, lequel contribue à la mise en œuvre de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sur la jeunesse, la paix et la sécurité. Elle soutient d’ailleurs en ce moment plus de 30 projets de prévention des conflits axés sur les jeunes sur quatre continents, a indiqué la délégation européenne, qui s’est félicitée que le prochain Sommet de l’avenir offre une occasion d’annoncer de nouveaux engagements en faveur de la participation des jeunes dans le processus de prise de décision à tous les niveaux. S’exprimant au nom des EUMED9 (Croatie, France, Grèce, Italie, Malte, Slovénie, Espagne, Portugal et Chypre), Chypre a considéré que dans cette perspective, les organisations et institutions régionales et sous-régionales ont un rôle indispensable à jouer. Cette délégation a cité le programme pour la paix et la sécurité des jeunes, dont font partie l’UE, l’UPM, y compris l’Université euro-méditerranéenne, la Fondation Anna Lindh, le Conseil de l’Europe et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les EUMED9 ont également plaidé pour l’attribution de fonds substantiels, par le biais d’organismes tels que le Fonds pour la consolidation de la paix, pour financer des actions en faveur de la jeunesse et de la consolidation de la paix.
De son côté, l’Italie a indiqué qu’elle codirige, avec le PNUD, l’initiative mondiale Youth4Climate, qui vise à fournir aux jeunes les moyens nécessaires de mettre en œuvre des projets de lutte contre la crise climatique. Les meilleures pratiques développées dans ce cadre seront également présentées au Forum des jeunes de l’ECOSOC, qui se déroule parallèlement à cette séance.
La première conférence locale des jeunes s’est tenue au Liban l’an dernier en coopération avec l'UNICEF, a indiqué le représentant de ce pays, avec pour résultat la première déclaration d’engagement climatique. Le message général adressé par les signataires était d’exiger que les jeunes soient inclus dans les processus de prise de décision et reçoivent un soutien pour mettre en œuvre leurs initiatives. Sensible à cet appel, le Liban a réussi à porter le nombre de jeunes à hauteur de 43% de la délégation officielle libanaise à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), y compris au sein des négociateurs techniques, a précisé le délégué.
Le Maroc a regretté que la Méditerranée soit touchée par le non-respect du droit international, l’expansion du terrorisme, l’ingérence dans les affaires intérieures et le recours aux groupes armés séparatistes, citant le cas du Maroc avec l’intégrité territoriale du Sahara. Il a ensuite indiqué que les jeunes occupent une place de choix dans la société marocaine, vantant les mérites d’une politique d’immigration qui offre aux jeunes migrants une terre d’accueil leur garantissant un accès égal à l’éducation, au logement, à la santé, à la formation professionnelle et à l’emploi, ce qui n’est malheureusement pas le cas des pays voisins qui continuent selon le délégué de faire subir aux migrants les pires violations des droits de l’homme, y compris en les abandonnant en plein désert. Ces même pays continuent également de faire subir aux populations vivant dans les camps de réfugiés les pires violations de leurs droits élémentaires, comme c’est le cas dans les camps de Tindouf, a ajouté le représentant.
Pour sa part, l’Égypte a estimé que la question des migrations en Méditerranée doit être traitée d’une manière qui tienne compte des causes profondes des migrations irrégulières, avant de souligner l’importance d’investir dans la formation des jeunes dans les sciences et technologies.
(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)