En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité décide d’augmenter les effectifs des agents pénitentiaires de la Mission de l’ONU en République centrafricaine

7617e séance – matin   
CS/12235

Le Conseil de sécurité décide d’augmenter les effectifs des agents pénitentiaires de la Mission de l’ONU en République centrafricaine

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2264 (2016) par laquelle il décide que l’effectif maximal autorisé d’agents pénitentiaires de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) sera de 108, soit une augmentation de 68 agents supplémentaires.

Il décide également que l’effectif militaire maximal autorisé de la Mission reste le même, soit 10 750 militaires, y compris 480 observateurs militaires et officiers d’état-major.  L’effectif maximal autorisé de policiers est, quant à lui, maintenu à 2 080, dont 400 n’appartenant pas à des unités de police constituées.

Constatant que la situation en République centrafricaine constitue toujours une menace contre la paix et la sécurité internationales, il prie le Secrétaire général de continuer de suivre de près l’évolution des effectifs militaires, policiers et pénitentiaires de la MINUSCA.

Texte du projet de résolution S/2016/52

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations sur la République centrafricaine, en particulier les résolutions 2121 (2013), 2127 (2013), 2134 (2014), 2149 (2014), 2181 (2014), 2196 (2015), 2212 (2015) et 2217 (2015), ainsi que la déclaration de son président en date du 20 octobre 2015, publiée sous la cote S/PRST/2015/17,

Prenant note de la lettre datée du 21 décembre 2015 adressée à sa présidente par le Secrétaire général,

Constatant que la situation en République centrafricaine constitue toujours une menace contre la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide que la MINUSCA comptera au maximum 10 750 militaires, y compris 480 observateurs militaires et officiers d’état-major; 2 080 policiers, dont 400 n’appartenant pas à des unités de police constituées; et 108 agents pénitentiaires, soit 68 agents supplémentaires;

2.    Prie le Secrétaire général de continuer de suivre de près l’évolution des effectifs militaires, policiers et pénitentiaires de la MINUSCA;

3.    Décide de rester activement saisi de la question.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: les jeunes exigent le droit d’être entendus, écoutés et impliqués dans la création de « l’avenir que nous voulons »

Cinquante-quatrième session,
8e & 9e séances – matin & après-midi
SOC/4835

Commission du développement social: les jeunes exigent le droit d’être entendus, écoutés et impliqués dans la création de « l’avenir que nous voulons »

Aujourd’hui à la Commission du développement social, l’optimisme du Secrétaire général de l’ONU quant à la capacité du Programme de développement durable à l’horizon 2030 d’apaiser les frustrations d’un monde en proie aux inégalités et à l’exclusion n’a pas vraiment convaincu les jeunes qui ont continué de réclamer leur droit d’être entendus, écoutés et impliqués dans la création de « L’avenir que nous voulons »*.

Comme l’a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, la Commission du développement social, qui est la première Commission technique à travailler sur la mise en œuvre du Programme 2030, s’occupe directement de 1,2 milliard de jeunes, de plus de 900 millions de personnes âgées et d’1 milliard de personnes handicapées dans le monde.  Nous vivons, a reconnu M. Ban, dans un monde de tensions et de troubles, marqué par l’insécurité, les inégalités, l’exclusion et une croissance trop peu inclusive, trop peu durable et incapable de mener au progrès social.  Les gens sont frustrés par les impasses qu’ils voient et se demandent: « nos dirigeants nous entendent-ils? ». 

Oui, a répondu le Secrétaire général, en faisant écho au « oui retentissant » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur le climat.  « Oui, nous allons mettre fin à la pauvreté mondiale d’ici à 2030.  Non, nous n’allons laisser personne de côté et oui, nous allons bâtir une vie de dignité pour tous sur une planète saine », a-t-il affirmé. 

Le changement que nous demandons, ont commenté les deux jeunes gens de la délégation allemande, part d’un simple fait: nous sommes la plus grande génération de jeunes de l’histoire de l’humanité.  Nous représentons la moitié de la population mondiale et à ce titre, nous réclamons une représentation conforme à notre taille.  Nous voulons, ont-t-ils insisté, décider de l’avenir de notre planète que les générations actuelles détruisent.  Nous exigeons le droit d’être entendus, écoutés et impliqués dans nos communautés, nos pays et dans cette institution même.  Laissez-nous participer à la création de « l’avenir que nous voulons ». 

Les deux jeunes ont dénoncé l’explosion des droits d’inscription dans l’enseignement, le chômage qui touche leur tranche d’âge que l’on exploite de plus en plus comme un vivier de stagiaires professionnels non rémunérés, même à l’ONU, ont-ils souligné.  Les jeunes gens ont prévenu que le monde ne peut pas s’offrir « une génération perdue » au risque de souffrir de la radicalisation, de la violence et des guerres.  Le mur de Berlin est tombé mais dans notre monde contemporain, plusieurs murs continuent de nous séparer et de nous diviser, ont-ils constaté.  Nous devons les abattre et savoir que l’égalité, la justice et les droits de l’homme ne sont pas des biens qu’on achète avec sa nationalité, son statut et son argent.  Ils appartiennent à tout le monde.

On attend beaucoup des Nations Unies, cette année, a reconnu le Président de la Commission du développement social, M. Ion Jinga, de la Roumanie, en prévenant que la tâche ne sera pas aisée.  Le Secrétaire général a d’ailleurs mentionné le rapport qu’il vient de présenter à l’Assemblée générale sur les étapes critiques d’un suivi et d’un examen cohérents, efficaces et inclusifs de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce rapport vise, a-t-il dit, à aider les États Membres à assurer une mise en œuvre ancrée dans la réalité des gens et à clarifier les rôles respectifs de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC), de ses commissions techniques et autres plateformes.  Dans ce cadre, le rôle de la Commission du développement social sera crucial.

En attendant de faire une lecture approfondie du rapport, près de 50 États, représentants d’agences de l’ONU et de la société civile ont dit leur avis sur ce que doit être cette mise en œuvre.  Sachant que le développement social ne se réalisera pas sans porter une attention particulière aux groupes les plus vulnérables, les intervenants ont donné des exemples de ce qu’ils ont pu réaliser au niveau national.

En début de journée, la Directrice de la Division des politiques sociales et du développement du Département des affaires économiques et sociales (DAES), Mme Daniela Bas, a présenté la proposition de cadre stratégique pour la période 2018-2019 pour le sous-programme de l’ONU intitulé « politique sociale et développement ».**  La Commission devra l’étudier en vue de faire des recommandations au Secrétaire général.

La Commission du développement social se réunira à nouveau en séance publique vendredi 12 février, à partir de 10 heures, pour le dernier jour de sa cinquante-quatrième session. 

*Titre du Programme d’action de Rio +20 sur le développement durable

**E/CN.5/2016/CRP.1.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)

Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/3)

Suite et fin du débat général

2016 doit être l’année de la « traction nationale » pour les objectifs de développement durable, a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.  Le travail de la Commission du développement social, a-t-il rappelé, concerne, entre autres, 1,2 milliard de jeunes, plus de 900 millions de personnes âgées et 1 milliard de personnes handicapées dans le monde.  La Commission a fait beaucoup pour mettre en avant la dimension humaine des efforts de développement internationaux et maintenant, il faut exploiter ce succès, a encouragé le Secrétaire général.  Nous vivons, a-t-il rappelé, dans un monde de tensions et troubles, marqué par l’insécurité, les inégalités, l’exclusion et une croissance trop peu inclusive, trop peu durable et incapable de mener au progrès social.  Les gens sont frustrés par les impasses qu’ils voient et se demandent « nos dirigeants nous entendent-ils? ». 

Oui, a répondu le Secrétaire général, en faisant écho au « oui retentissant » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur le climat.  « Oui, nous allons mettre fin à la pauvreté mondiale d’ici à 2030.  Non, nous n’allons laisser personne de côté et oui, nous allons bâtir une vie de dignité pour tous sur une planète saine », a-t-il affirmé. 

Vos directives seront cruciales, a dit le Secrétaire général, à la Commission, en mentionnant le rapport qu’il vient de présenter à l’Assemblée générale sur les étapes critiques d’un suivi et d’un examen cohérents, efficaces et inclusifs de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, au niveau mondial.  Ce rapport vise à aider les États Membres à assurer une mise en œuvre ancrée dans la réalité des gens et à clarifier les rôles respectifs de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC), de ses commissions techniques et autres plateformes.  Dans ce cadre, le rôle de la Commission du développement social sera crucial, a conclu le Secrétaire général.

On attend beaucoup des Nations Unies, cette année, a confirmé le Président de la Commission du développement social, M. ION JINGA, de la Roumanie, en rappelant le changement de paradigme que constitue le Programme 2030 qui intègre la dimension humaine du développement durable.  M. Jinga n’a pas caché que la tâche ne sera pas aisée compte tenu des conséquences de la crise économique et de l’extrémisme violent sur les mesures de réduction de la pauvreté.  Pour créer la dynamique nécessaire, il a appelé à des partenariats entre tous les acteurs du développement, prônant le partage des expériences et des pratiques exemplaires, aux plans régional et international.  La Commission, a-t-il assuré, va donner des directives pour que les politiques sociales ne laissent personne sur le côté, en particulier les groupes vulnérables.

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique), au nom des 16 pays du Groupe des amis du Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, a invité les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole, soulignant que le respect de tous les droits de l’homme serait un gage d’égalité pour tous et d’intégration sociale.  Elle a souhaité que la Commission du développement social intègre le Programme 2030, en coordination avec les autres commissions techniques de l’ECOSOC.  Elle a aussi suggéré que le thème principal de la session de fond de l’ECOSOC soit intégré aux programmes de travail de ses organes subsidiaires.

Mme PAULINE IRÈNE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a déclaré que durant les deux dernières décennies, le Gouvernement s’est attelé à faire de l’autonomisation des groupes sociaux vulnérables, un devoir de solidarité devant sous-tendre la stratégie de développement indispensable à l’éclosion et à l’épanouissement d’une société camerounaise moderne et inclusive.  Cet engagement a été marqué par l’adoption en 2003 du Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté, actualisé en 2009 sous le label de Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) qui a pour objectifs, pour la période 2010-2020, de porter la croissance à 5,5% en moyenne annuelle et ramener le sous-emploi de 75,8% à moins de 50% en 2020 et le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 2020.  Au chapitre de l’élimination de la pauvreté, la mise en œuvre des grands projets structurants imposant la haute intensité de main-d’œuvre a permis de réduire le taux de chômage des jeunes camerounais.  À cet effet, plus de 340 954 emplois ont été créés en 2015.

La Ministre a aussi énuméré les mesures visant à promouvoir l’accès aux services sociaux de base, à l’éducation et à la santé pour tous, particulièrement pour les groupes sociaux vulnérables tels que les personnes âgées, les personnes handicapées, les anciens enfants de la rue et les populations autochtones vulnérables comme les Pygmées et Mbororo.  Elle a évoqué notamment l’instauration de la gratuité de l’école primaire publique et la gratuité du traitement du paludisme pour les enfants de 0 à 5 ans, la distribution des mousquetaires imprégnées de longue durée d’action aux populations et le renforcement du programme élargi de vaccination. 

La Ministre a avoué que la mise en œuvre de la politique gouvernementale en matière de développement social se heurte à quelques difficultés comme l’insuffisance des ressources financières permettant de prendre en charge toutes les personnes vulnérables identifiées, l’insuffisance qualitative et quantitative des institutions de prise en charge et la faiblesse d’un système de protection sociale.  Face à cette situation, trois grands axes stratégiques ont été déployés, à savoir la poursuite de la mise en œuvre du DSCE, le renforcement des actions sectorielles et la mise en œuvre du Plan d’urgence triennal pour 2015-2017 dont le but est l’accélération de la croissance et la mise en place des conditions préalables à l’industrialisation du pays. 

M. RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a déclaré que le Gouvernement du Bélarus a mis sur pied un Programme de développement dans le sillage du Programme 2030.  Ce Programme national s’appuie sur le principe selon lequel c’est la richesse de l’individu qui conduit à la richesse de l’État.  Le Belarus entend ainsi développer le potentiel de sa jeunesse pour la faire participer pleinement à l’essor du pays.  Cette approche met l’accent sur la science et la formation à l’entrepreneuriat des jeunes.  Mais, a reconnu le Vice-Ministre, le pays a un problème majeur, c’est celui du vieillissement de sa population qui a incité les autorités à réformer les systèmes de pension.  Des initiatives sont en cours pour favoriser le travail des séniors, notamment le recyclage et autre formation en continu.  Dans l’optique de permettre aux familles de s’épanouir pleinement, le Gouvernement met en place des mesures visant à permettre aux parents de concilier vie professionnelle et vie familiale.  Des mesures ont aussi été prises pour offrir des facilités aux familles de plus de deux enfants.

M. SOKHUBOD (Mongolie) a indiqué que son pays s’était doté d’un système de protection sociale relativement développé, qui prévoit notamment l’octroi d’une allocation universelle à la naissance d’un enfant et d’une pension de réversion pour l’époux survivant.  Mon gouvernement veille également à améliorer la protection des Mongols vivant et travaillant à l’étranger, a-t-il dit, précisant que des accords avaient été signés avec certains pays afin que les ressortissants mongols puissent bénéficier d’une pension de retraite.  Détaillant les réformes entreprises par son pays pour harmoniser sa législation avec les normes internationales, le délégué a indiqué que la Mongolie avait ratifié les Conventions principales de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et présenté, en mai 2015, son deuxième rapport dans le cadre de l’Examen périodique universel mené par le Conseil des droits de l’homme.

Un projet de loi visant à fournir un appui de l’État plus important aux familles est en cours d’examen au Parlement, a continué le délégué.  Rappelant que les jeunes et les enfants représentaient 71,5% de la population de son pays, il a expliqué que son gouvernement, avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), était en train d’ouvrir des centres pour le développement de la jeunesse offrant des prestations, telles que des formations et des soins de santé.  Le représentant a insisté sur les défis qui demeurent, tels que la pauvreté, le taux de chômage, les inégalités ou bien encore un secteur minier peu efficace et peu transparent.  Sur un territoire peu peuplé, la fourniture de prestations sociales est difficile, a-t-il expliqué, ajoutant que la moitié des gardiens de troupeau, des travailleurs indépendants et du secteur informel ne jouissent pas d’une sécurité de revenu.  En conclusion, le délégué a insisté sur la nécessité de repenser le développement urbain et d’améliorer les conditions de vie dans les zones rurales.

M. ILIYAK (Kazakhstan) a souligné que le succès du Programme 2030 dépendra de l’engagement de chaque État.  La communauté internationale doit se servir des leçons du passé pour initier un changement transformateur en faveur des groupes les plus marginalisés, notamment les enfants, les femmes et les filles, les personnes handicapées et les réfugiés.  Le Kazakhstan, a-t-il souligné, est déterminé à se joindre à l’effort international de promotion de la paix et de la stabilité, d’élimination de la pauvreté et des inégalités, de lutte contre les maladies chroniques et les impacts des changements climatiques.  Dans ce contexte, le Kazakhstan est candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2017-2018, une candidature qui se base sur quatre piliers: la dénucléarisation, la nutrition, l’énergie et la sécurité de l’eau.  Le représentant a insisté sur le fait que l’Afrique et les petits États insulaires en développement (PEID) sont la priorité de son pays. 

Il a rappelé que son Président avait suggéré que chaque État alloue 1% de ses dépenses militaires au Fonds pour le développement durable des Nations Unies.  Pour prouver cet engagement social et en dépit de la crise économique, le Gouvernement kazakh a triplé l’enveloppe budgétaire de sa politique sociale et est prêt à partager son expérience avec d’autres pays en développement.  Le représentant a aussi invité tous les États à participer à l’exposition internationale « Expo-2017 » prévue à Astana sur le thème « l’énergie du futur ».

M. MAYANK JOSHI (Inde) a affirmé que les objectifs de développement de son pays reflétaient ceux du Programme de développement durable à horizon 2030 et que la priorité avait été donnée aux femmes, aux jeunes, aux personnes âgées et autres personnes vulnérables.  L’éradication de la pauvreté et une meilleure intégration économique sont au cœur de nos politiques de développement, a-t-il dit.  Il a rappelé que l’Inde mettait en œuvre le plus important programme de transfert de fonds au monde, doté de 5 milliards de dollars, tout en veillant à ce que les habitants des zones rurales, en particulier les plus vulnérables, reçoivent des soins médicaux de qualité et peu coûteux.  Des campagnes nationales de développement ont été lancées afin de renforcer le secteur de la manufacture, d’augmenter les taux d’emploi et d’améliorer les structures d’assainissement, a-t-il dit.  M. Joshi a également mentionné les efforts en vue de mettre en place un système de protection sociale universel.  Le délégué a ensuite rappelé que les objectifs de développement agrées au niveau international ne pourront pas être atteints sans un financement adéquat et un renforcement des capacités.  Les promesses des pays développés doivent être, à cet égard, honorées, a-t-il dit, avant de souligner l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Enfin, le délégué a affirmé que son pays ne ménagera aucun effort pour que la vision du Programme de développement à horizon 2030 se réalise.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé que l’on ne saurait trop souligner l’importance d’une approche centrée sur l’homme et celle de la responsabilité intergénérationnelle pour parvenir à un développement inclusif et durable.  Il est temps, a-t-il plaidé, d’abandonner les solutions « sparadrap » à court terme et de rechercher les causes des crises, des inégalités et des discriminations.  « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » doit vouloir dire, selon le représentant, renouveler avec force nos efforts pour promouvoir le développement social mais aussi le décliner de manière différente, en reconnaissant les liens entre le social, l’économique et l’environnemental, afin de, pour utiliser une expression éculée, « ne laisser personne sur le côté ».  Aujourd’hui, la cohésion sociale, érodée par les crises financières, identitaires ou sanitaires, est encore plus importante pour combler les fossés sociaux qui donnent lieu à la pauvreté, au manque de protection sociale et aux violations du droit du travail, a insisté le représentant.  Il a conclu en attirant l’attention sur le nouveau Plan national de son pays contre la pauvreté et l’exclusion sociale et sur la nouvelle loi pour l’emploi.

Mme LEMUS DE VASQUEZ (El Salvador) a expliqué que son gouvernement avait élaboré une vision et des stratégies à l’horizon 2034 qui doivent donner une impulsion à des transformations profondes, en faisant le lien entre la société, l’État, l’économie et la nature.  L’homme est placé au cœur des politiques publiques, a-t-elle affirmé.  Elle s’est réjouie que les gouvernements, dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, aient présenté une vision transformatrice du développement, en s’engageant à ne laisser personne sur le côté.  Elle a expliqué qu’une des avancées d’El Salvador est la reconnaissance de la dimension multidimensionnelle de la pauvreté, soit la nécessité d’aller plus loin que l’augmentation des revenus.  On tient ainsi compte des facteurs significatifs de la qualité de vie, comme l’éducation, les conditions de logement, le travail, la sécurité sociale, la santé, les services de base et la sécurité alimentaire.  Parmi les programmes sociaux, elle a mentionné le Programme Ville-Femmes, un autre sur la couverture santé et encore un sur les programmes scolaires.  Enfin, elle a signalé un accord de collaboration avec le système des Nations Unies, conclu à la fin de 2015, qui a permis de placer les objectifs de développement durable au plus haut niveau de priorité.  Nous avons déjà rassemblé des acteurs du Gouvernement, du secteur privé et de la société civile, pour établir un programme national de développement durable, a-t-elle annoncé. 

M. G. HOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), a salué le fait que 9 des 17 objectifs du développement durable aient un lien direct avec le développement social.  Il a noté qu’un monde divisé, où les 62 personnes les plus riches du monde ont davantage que la moitié de la population mondiale, à savoir les pauvres, et où les plus riches des riches qui constituent 1% de la population mondiale ont autant que les 99 autres pourcents, n’est pas du tout un monde enviable.  Lutter contre les inégalités entre et au sein des pays est de la plus grande importance, a-t-il dit.  Le représentant a prévenu que le développement social restera hors de portée tant que des actions déterminantes ne seront pas engagées à l’échelle internationale, soit un vrai transfert de technologies et un système commercial, monétaire et financier international qui soutiennent véritablement le développement social.

Comme les conflits ont un impact des plus destructeurs sur les réalisations sociales, il a mis en garde contre la nouvelle menace qu’est le soutien, le financement et l’armement des groupes terroristes pour aller déstabiliser des pays tiers.  Il a parlé de l’initiative « WAVE », l’acronyme anglais de la vision d’un monde débarrassé de l’extrémisme violent, promue par le Président iranien, et qui part du postulat que la pauvreté et les inégalités sont le ferment de cet extrémisme et du terrorisme.  Dans ce contexte, a-t-il expliqué, combattre la pauvreté aura des répercussions qui dépasseront la sphère économique.  En dépit des sanctions économiques « cruelles et illégales », l’Iran s’est efforcé d’investir dans le développement social, comme le démontre son embellie constante dans l’Index du développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et ce depuis 40 ans.

M. NDEYE OUMY GUEYE (Sénégal) a indiqué que son gouvernement avait accéléré le processus visant une croissance économique inclusive et durable, avec le Plan Sénégal Émergent (PSE) qui repose sur le principe de consolidation de l’état de droit et la préservation des droits de toutes les catégories sociales.  Le Sénégal met l’accent sur la promotion du développement humain durable par le renforcement des capacités productives en vue d’autonomiser les populations les plus démunies.  De nombreux programmes de filets sociaux sont initiés pour enclencher les mécanismes appropriés, capables de maintenir et de consolider la tendance amorcée vers un développement humain qui repose sur des ressources humaines de qualité. 

L’État a fait l’option de bâtir une économie de développement basée sur une croissance forte et soutenue, profitable à toute la population.  Cette volonté politique vise, entre objectifs majeurs, l’élimination des inégalités et de toutes les formes de discrimination surtout celles liées au genre.  Le Gouvernement s’appuie donc sur un certain nombre de cadres stratégiques et opérationnels d’intervention et parallèlement au secteur formel de l’éducation, il a lancé le Programme d’alphabétisation et d’apprentissage des métiers pour la lutte contre la pauvreté.  Une Agence nationale de promotion de l’emploi des jeunes a également été mise en place de même qu’un Programme des domaines agricoles communautaires.  L’État a aussi créé le Conseil national des jeunes et élaboré un Programme d’appui à l’Initiative nationale de protection sociale.  Par ailleurs, une version opérationnelle du Plan Sénégal Émergent en milieu rural a été mise en place avec un financement propre de 113 milliards rien que pour sa phase pilote 2015-2017.

Mme IMANE-NORA BELLOUT (Algérie) a fait observer qu’en dépit des efforts colossaux consentis par l’Afrique dans la lutte contre l’extrême pauvreté, le continent africain « continue de subir les contrecoups des crises venues d’ailleurs et qui s’ajoutent aux effets néfastes des catastrophes naturelles et des fluctuations spéculatives des produits de base ».  Face à ce constat, elle a déclaré que l’aide publique au développement (APD) devrait être revisitée « dans un esprit de partenariat conforme aux principes relatifs à son efficacité », et elle a plaidé pour « le respect de l’intégralité des engagements pris dans le cadre du Consensus de Monterrey qui consacre clairement l’allègement de la dette, la promotion de l’investissement productif et la réforme de la gouvernance économique mondiale ».  Elle a souligné que les plans nationaux de développement qui ont été mis en œuvre en Algérie depuis l’an 2000 ont visé des objectifs stratégiques tels que la réduction de la pauvreté, la création d’emplois décents, la revitalisation des espaces ruraux et la réduction des disparités territoriales mais également des objectifs structurants comme l’investissement, la création d’entreprises et l’extension des infrastructures de base.

Mme NAOMI KURODA (Japon) a jugé important de viser en premier la réduction de la pauvreté des familles avec enfants lesquels doivent pouvoir recevoir une bonne éducation, quel que soit leur environnement, pour pouvoir briser la pauvreté intergénérationnelle.  Dans ce contexte, le Gouvernement du Japon a mis en place une politique de lutte contre la pauvreté des enfants en août 2014.  Chaque pays doit en effet assumer la responsabilité première de son développement, a souligné la représentante, reconnaissant néanmoins que les efforts nationaux doivent être soutenus par un bon environnement économique international.  Dans sa coopération au développement, a-t-elle rappelé, le Japon juge crucial de promouvoir la sécurité humaine.  Le pays a donc amendé la Charte de son aide au développement, pour la première fois depuis 12 ans, pour y inclure les concepts de protection et d’autonomisation des personnes, en accordant une attention particulière aux groupes vulnérables comme les enfants, les femmes, les personnes handicapées, les personnes âgées, les réfugiés et les déplacés.  Le Japon, via sa Conférence internationale sur le développement de l’Afrique (TICAD VI), qui se tiendra cette année en août au Kenya, vise à promouvoir « une croissance de qualité » qui garantisse la sécurité humaine, ce qui veut dire, accélérer le développement économique mais aussi renforcer les systèmes de santé et appuyer le développement social, y compris l’éducation pour tous et l’autonomisation des femmes.

Avez-vous déjà joué au lotto? a demandé CARINA LANGE, la déléguée de la jeunesse de l’Allemagne.  La plupart des joueurs ne gagnent pas et naître dans ce monde ressemblent furieusement à une loterie.  Choisissez vos chiffres, a proposé le jeune, ah, pas de chance, vous êtes une des 60 millions de personnes qui doit fuir la guerre et errer sur les routes dans la crainte d’être attaquée ou déportée.  Choisissez d’autres chiffres.  Oh quelle chance, vous êtes l’une des 62 personnes de la planète qui ont autant que la moitié de la population mondiale.  Partout ailleurs les gens travaillent et se couchent affamés alors que vous, votre argent continue de se multiplier pendant que vous êtes plongés dans votre sommeil.  Choisissez vos derniers chiffres.  Ah, bienvenue petite fille qui n’ira pas à l’école, qui travaillera pratiquement sans salaire, qui sera exposée à la violence sexuelle et qui, à compétence égale et à ambition égale, n’ira pas aussi loin qu’un garçon.

Aux Nations Unies, a poursuivi la jeune fille, les 193 États Membres sont responsables de plus de 7 milliards de personnes, soit 7 milliards de tickets de loterie.  Nous ne sommes pas la somme des habitants de la planète, nous sommes, chacun d’entre nous, partie du développement social.  Le changement que nous demandons part d’un simple fait: nous sommes la plus grande génération de jeunes de l’histoire de l’humanité, a souligné le jeune gens.  Nous représentons la moitié de la moitié mondiale et à ce titre, nous réclamons une représentation conforme à notre taille.  Nous voulons, a-t-il insisté, décider de l’avenir de notre planète que les générations actuelles détruisent.  Nous exigeons le droit d’être entendu, écouté et impliqué dans nos communautés, nos pays et dans cette institution même.  Laissez-nous participer à la création de l’avenir que nous voulons. 

Le Programme de développement durable et la Déclaration universelle des droits de l’homme doivent être nos compas, a poursuivi ALEXANDER KAUSCHANSKI, un autre jeune allemand.  Nous sommes la génération la plus formée et pourtant les droits d’inscription explosent, a-t-il dénoncé, pointant aussi le doigt sur le chômage des jeunes et le statut des stagiaires non rémunérés comme à l’ONU.  Arrêtez d’exploiter les stagiaires.  Payez-les, s’est-il écrié, en disant « offrez des perspectives d’avenir aux millions de jeunes qui n’ont plus rien à perdre ».  On ne peut s’offrir, a-t-il prévenu, « une génération perdue » au risque de souffrir de la radicalisation, de la violence et des guerres.  Le mur de Berlin est tombé avant ma naissance, a précisé le jeune homme, mais dans notre monde contemporain, plusieurs murs continuent de nous séparer et de nous diviser.  Nous devons les abattre et savoir que l’égalité, la justice et les droits de l’homme ne sont pas des biens qu’on achète avec sa nationalité, son statut et son argent.  Ils appartiennent à tout le monde.

M. DIEGO TITUAÑA (Équateur) a indiqué que son pays avait adopté une vision multidimensionnelle du développement, en veillant à promouvoir une vie dans la dignité et en harmonie avec la nature.  Son pays a notamment adopté un Plan national pour le bien-être et une stratégie pour l’éradication de la pauvreté.  Le Gouvernement place les gens au premier plan, a-t-il assuré, avant de s’enorgueillir du fait que son pays ait dépassé certains des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), grâce aux politiques publiques visant l’intégration des personnes, des collectivités et des populations historiquement exclues, comme les autochtones, les femmes, les nomades, les personnes handicapées, les enfants et les adolescents.

M. Tituaña a indiqué que la pauvreté avait ainsi diminué en Équateur entre 2007 et 2015, passant de 36,7% à 23,3%.  Les progrès ont été accomplis notamment grâce à une politique publique intersectorielle.  Le représentant, qui a aussi fait remarquer l’importance des droits des personnes handicapées pour le développement social, a plaidé en faveur de la nomination d’un envoyé spécial du Secrétaire général sur le handicap, une proposition dont son pays est à l’origine.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a déclaré que le gouvernement a élaboré un Plan national de développement « Vision 2025 » fondé sur les valeurs de la solidarité, de l’harmonie et du respect de tous sans discrimination.  Le Plan vise à créer une société où le bien-être des femmes et des enfants est assuré, où les jeunes sont autonomisés et les faibles et les vulnérables protégés par des programmes de soutien au revenu, des régimes d’assurance - maladie et des opportunités d’emplois avec des quotas spécifiques pour les personnes handicapées et les personnes âgées.  Le représentant a indiqué qu’à la fin de l’année, les Programmes spéciaux de santé offriront des traitements gratuits pour les sept maladies les plus invalidantes et dont les traitements sont particulièrement chers.  Quelque 63 000 cartes de santé seront distribuées dans les districts choisis pour la phase pilote. 

S’agissant de la jeunesse, le Programme de crédit aux jeunes entrepreneurs offre des micro-financements à des centaines de milliers de jeunes.  La moitié des fonds sera consacrée aux femmes, en particulier les veuves et les personnes handicapées pour lesquels un quota de 5% a été fixé.  Ce régime sera complété par le Programme de développement des compétences qui est conçu pour assurer la formation de 250 000 jeunes dans les 100 activités fixées en fonction de la demande.  Le Gouvernement a aussi créé des programmes pour le bien-être et la protection des personnes âgées qui comprennent notamment les pensions de retraite et des réductions de tarifs pour les transports ferroviaire et aérien.  L’Ordonnance sur les personnes handicapées de 1981 a fixé un quota que doivent respecter les employeurs.  Des écoles, des instituts spécialisés et des centres médicaux ont été créés, a ajouté le représentant avant d’indiquer que l’éradication de la pauvreté et le développement social requièrent une croissance économique constante, des politiques nationales efficaces et une coopération internationale forte à travers l’aide au développement, l’allègement de la dette, l’accès aux marchés internationaux, le renforcement des capacités et un système commercial international équitable et non discriminatoire.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que dans la vision du Qatar à l’horizon 2030, le pilier social occupe une place de choix.  Elle s’est félicitée de ce que son pays soit parmi les premiers du « monde arabe » dans l’Indice du développement humain du PNUD, soulignant que cette reconnaissance témoigne des investissements consentis par son gouvernement dans le social.  Elle a aussi souligné l’importance de la famille comme « unité de base de la société », ajoutant que l’épanouissement de la famille est un facteur déterminant du développement durable.  La représentante a également décrit un certain nombre de programmes mis en place par le Qatar en faveur des jeunes, notamment une Fondation qui leur est dédiée et qui soutient leurs initiatives dans toute la région.

M. BERZACK MAPHAKWANE, Secrétaire du Conseil pour le développement rural du Botswana, a déclaré que la bonne gouvernance a permis au Gouvernement d’élaborer un programme de développement social efficace.  Des efforts concertés sont menés pour autonomiser les citoyens à travers des structures de gouvernance au niveau des villages et des districts.  La participation au développement de tous les citoyens est fondamentale et est assurée par des fora consultatifs traditionnels comme le « Kgotla » au sein duquel chacun est libre de participer au processus de prise de décisions communautaires indépendamment de son statut.  Les résultats de ces fora sont acceptés par consensus et éclairent toute action à prendre. 

M. Maphakwane a ajouté que le Gouvernement a mis en place des programmes d’éradication de la pauvreté qui portent des fruits.  Le nombre des personnes vivant sous le seuil de la pauvreté est passé de 59% en 1985 à 20,7% en 2010-2011.  Le pays a aussi introduit un système de protection sociale qui comprend le transfert d’argent pour protéger et autonomiser les groupes vulnérables.  Il a également mis en œuvre un environnement favorable à l’accès universel aux services sociaux.  Concernant les défis auxquels font face les jeunes, le Gouvernement a lancé des programmes d’autonomisation et de renforcement de capacités dans l’entreprenariat.  S’agissant de l’autonomisation socioéconomique, l’agriculture reste la priorité du Gouvernement qui a créé des subventions pour promouvoir la production vivrière et l’accumulation d’actifs comme le petit bétail qui peuvent aider les pauvres à préserver la sécurité alimentaire et sortir de la pauvreté.  Avant de terminer, M. Berzack Maphakwane a reconnu que malgré les efforts, de nombreux défis restent comme la sècheresse, le chômage des jeunes, la pauvreté, le fléau du VIH/sida, les prix des produits de base et la faiblesse des recettes publiques. 

M. PER THORESSON (Suède) a relevé que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est guidée par des principes essentiels comme l’égalité entre les sexes et le respect des droits de l’homme.  Il a souligné l’importance de la perspective du genre pour garantir une vie en bonne santé et le bien-être de toutes les tranches d’âge de la population.  Il a expliqué, par exemple, que si les femmes vivent en général plus longtemps que les hommes, elles ont en revanche en général une moins bonne santé pendant la durée de leur vie.  La perspective de droits de l’homme est aussi essentielle pour bien prendre en compte les personnes âgées et les personnes ayant un handicap cognitif comme la démence, a-t-il ajouté, avant de donner l’exemple de ce que fait son pays dans ce domaine.

Le représentant suédois a assuré par ailleurs que la Suède était pleinement engagée à mettre en œuvre le Programme 2030, tant au plan national qu’au plan international.  Il a plaidé en faveur d’une meilleure responsabilisation des gouvernements, des pays développés comme en développement, pour garantir aux femmes et aux filles l’égalité des droits.  M. Thoresson a souhaité que la perspective genre imprègne toutes les parties du Programme 2030.  Après avoir souligné la responsabilité des gouvernements, il a aussi voulu s’appuyer sur la société civile qui a un rôle important à jouer dans cette mise en œuvre.

Mme ODWYER (Institut de la Sainte Vierge Marie) a estimé que l’effort de chacun en faveur du développement durable se base sur le fait que nous devons tous nous reconnaître comme membres de la famille humaine.  Pour que chacun soit à même de ressentir cette appartenance, elle a prôné l’éducation à la citoyenneté universelle, afin de faire de tous les hommes des citoyens du monde.  Elle a appelé le système onusien à soutenir une telle initiative afin que les États Membres se l’approprient.

Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a détaillé les mesures prises par son gouvernement pour garantir l’égalité des chances, expliquant tout d’abord que des soins de qualité et peu coûteux étaient fournis à tous les Kenyans, y compris les plus vulnérables.  Trente pourcents des appels d’offre publics sont réservés aux jeunes, aux femmes et aux personnes handicapées, afin de développer l’esprit entrepreneurial de ces groupes, a-t-elle affirmé.  Au titre de la politique d’emploi en faveur des jeunes, elle a mentionné les actions entreprises pour doter les jeunes des compétences demandées sur le marché du travail.  Un projet est en cours visant à fournir des ordinateurs portables aux élèves des écoles primaires, a-t-elle ajouté.  La déléguée du Kenya a également mentionné le Fonds doté de 700 millions de dollars par an pour apporter à quelque 100 000 jeunes femmes entrepreneurs le capital nécessaire à la création de leur entreprise.  Mon gouvernement est en train de mettre en œuvre un programme de transfert de fonds au bénéfice des personnes lourdement handicapées, a-t-elle aussi annoncé.  En conclusion, elle a exhorté la communauté internationale à consacrer ses ressources et son énergie à la réalisation des objectifs de développement durable.

Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a déclaré que la nouvelle Constitution du Népal, adoptée en septembre 2015, renforce la participation des femmes à la vie publique en leur réservant, entre autres, 30% des sièges au Parlement.  Elle a indiqué que le Gouvernement népalais met l’accent sur la réduction de la pauvreté avec comme objectif de faire qu’à l’horizon 2020, le statut de pays à revenu intermédiaire lui soit reconnu.  Elle a relevé que ces efforts ont été freinés par le séisme dévastateur qui a touché le pays l’an dernier.  Elle a également assuré que son gouvernement œuvre au renforcement de la scolarisation des jeunes filles et des minorités ethniques.  Elle a par ailleurs appelé les partenaires au développement à apporter leur assistance au Népal qui entend mettre en œuvre le Programme 2030.

M. ROLANDO CASTRO-CÓRDOBA (Costa Rica) a estimé qu’il faut donner la priorité à des normes axées sur les personnes, en cherchant notamment à leur donner un emploi productif et décent.  Les êtres humains doivent pouvoir mener leur vie dans une pleine liberté et participer à la vie politique et sociale de leur pays.  Depuis les années 1940, a poursuivi le représentant, le Costa Rica est un État social de droit qui représente un modèle de bien-être social.  C’est un pays à revenu intermédiaire où l’on jouit de la démocratie.  M. Castro-Córdoba a toutefois reconnu les nombreuses vulnérabilités qui persistent dans son pays où le Gouvernement accorde une attention particulière aux populations les plus vulnérables.  Les programmes de santé couvrent 80% de la population, a-t-il notamment indiqué.  En outre, depuis 2014, les dépenses publiques ne peuvent pas descendre en dessous du seuil de 8% du PIB.  Malgré tous nos efforts, il reste beaucoup d’écarts en termes social, a-t-il cependant regretté, tout en se prévalant de la stratégie sociale adoptée autour des trois piliers: croissance économique, réduction des inégalités, gouvernance transparente et efficace.  Le représentant a aussi assuré que l’éducation reste une priorité pour le Costa Rica.

Mme LAURIE SHESTACK PHIPPS (États-Unis) a plaidé pour que toutes les formes de famille aient le respect et le soutien qui leur sont dus.  Elle a indiqué que les États-Unis ont énormément progressé dans le domaine de l’éducation en mettant en œuvre des programmes qui facilitent la scolarisation des jeunes originaires de familles démunies, que ce soit au primaire, au secondaire ou à l’université.  Elle a en outre fait part de la volonté de son pays de lutter contre la xénophobie et le racisme.  Dans ce contexte, elle a fait observer que le Groupe d’experts des Nations Unies sur les personnes d’ascendance africaine avait sillonné quelques grandes villes des États-Unis.  Elle a aussi fait mention d’un programme conjoint avec le Brésil qui vise à favoriser l’autonomisation économique des populations d’ascendance africaine.  

La représentante a par ailleurs plaidé pour l’inclusion des jeunes qui ont une orientation sexuelle qui les expose aux brimades, notamment les gays, lesbiennes, transgenres et autres.  De même, a—telle relevé, des mesures ont été prises par les autorités américaines pour favoriser l’essor des populations autochtones, notamment leur autonomisation financière.  Dans cette même veine, des jeunes autochtones des États-Unis ont la possibilité d’apprendre de leurs pairs grâce à une plateforme virtuelle créée par le Gouvernement sur Internet.

Mme MELISSA BOISSIÈRE (Trinité-et-Tobago) a déclaré que la Politique nationale pour la jeunesse 2012-2017, élaborée en consultation avec les jeunes, vise à remédier aux principaux défis qu’ils rencontrent, y compris les grossesses précoces, le chômage, la toxicomanie ou bien encore la délinquance.  Rappelant que plus de 10% de la population de son pays était âgée de plus de 60 ans, une proportion qui passera à 30% en 2050, Mme Boissière a détaillé la politique suivie pour répondre aux défis du vieillissement.  Les personnes âgées peuvent recevoir des allocations pour l’achat de lunettes, de nourriture ou bien encore pour des réparations dans leur maison, a-t-elle dit, ajoutant que celles qui souffrent de maladies non transmissibles reçoivent gratuitement des médicaments.

La déléguée a ensuite déclaré que son pays avait en juin dernier ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées et mettait la dernière main à la création d’un fichier national des personnes handicapées, détaillant les causes et conséquences de leur handicap et leur situation financière.  Les personnes handicapées représentent 4% environ de la population, a noté Mme Boissière.  Elle a également dit qu’un service de bus assurait le transport gratuit pour les personnes âgées et handicapées et que les personnes handicapées bénéficiaient de toute une série de prestations contribuant à la satisfaction de leurs besoins médicaux, alimentaires ou bien encore vestimentaires.  La déléguée a ensuite insisté sur le travail accompli par l’organe national d’appui à la famille qui vise notamment à la promotion de conditions de vie saines.  Cet organe est également chargé de remédier aux cas de violence sexuelle et domestique, de toxicomanie et de délinquance, a-t-elle affirmé.  En conclusion, elle a assuré de l’engagement de son pays à mettre en œuvre le Programme 2030.

Au moment où nous nous embarquons dans la mise en œuvre du Programme 2030, M. AHMED SAREER (Maldives) a exhorté la communauté internationale à réitérer son engagement à la Déclaration de Copenhague et au Programme d’action sur le développement social.  Il a ajouté que la population doit rester au cœur du développement et qu’elle devrait être inclue dans la formulation des politiques pour faire valoir ses droits.  L’éducation, la santé, le travail décent et la protection sociale sont les priorités du Gouvernement des Maldives dont le programme national de développement se focalise sur l’autonomisation de tous, y compris les femmes, les jeunes, les personnes handicapées et les personnes âgées.  Comme 46% de la population des Maldives sont constituées de jeunes, un accent particulier a été mis sur le développement des compétences et la création d’emplois pour les jeunes. 

Durant les deux dernières années, plus 7 000 emplois ont été créés et plusieurs programmes de développement des compétences ont été lancés.  Avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le premier programme d’entrepreneuriat des jeunes, « GetSet », a été lancé.  En outre, la construction de « Youth City » est en cours avec un pont qui reliera Male, la capitale, à Hulhumale, l’île la plus grande.  Ce projet offrira plus de logements, d’emplois, d’infrastructures et des services à un grand nombre de population en assurant l’amélioration de leurs droits sociaux.  Avant de terminer, le représentant a déclaré que les Maldives sont en première ligne du changement climatique.  Le coût de notre adaptation au climat est élevé mettant un fardeau supplémentaire sur notre budget déjà maigre pour les dépenses de développement social.  Bâtir des sociétés résilientes à travers des mécanismes d’adaptation durable pour contrer les effets secondaires du changement climatique sera fondamentale pour la survie et la viabilité des petits États insulaires en développement comme les Maldives.  

Mme NIPOMICI (République de Moldova) a prôné une nouvelle approche du développement qui aille au-delà des politiques sociales.  Il faut, a-t-elle expliqué, une vision cohérente du développement avec une approche bien coordonnée de tous les secteurs.  En 2012, son pays a adopté la Stratégie nationale de développement Moldova 2020, qui vise un développement économique de qualité en vue de réduire la pauvreté.  Des domaines comme la protection sociale, la santé et la protection de l’environnement sont définis comme essentiels pour parvenir à cet objectif.  La République de Moldova a atteint l’objectif d’éradication de la pauvreté et de la faim, a-t-elle fait valoir.  Elle a aussi exprimé la détermination de son gouvernement à œuvrer en faveur des personnes handicapées, avec notamment la mise en place d’un Conseil national.  Ces personnes ont droit à certaines indemnisations, a-t-elle ajouté.  Avec un taux relativement faible du chômage qui ne dépasse les 9%, le nombre de personnes sans emploi ne cesse de baisser au Moldova, a indiqué la représentante en y voyant les fruits de la politique gouvernementale et l’appui de l’OIT.  Elle a ensuite assuré que la dimension « égalité des sexes » était incluse dans tous les domaines politiques. 

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a déclaré que l’Initiative nationale pour le développement humain, lancée par le Roi Mohammed VI du Maroc depuis 11 ans, a contribué à endiguer la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion tout en réduisant les inégalités interrégionales.  Elle a indiqué que l’Agence marocaine de développement social (ADS) cible les personnes en situation de handicap, les femmes et les jeunes, et appuie des programmes locaux dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’inclusion sociale par le sport et la culture.  Elle a par ailleurs souligné que la crédibilité de tout programme de développement est tributaire des moyens de financements qui y sont alloués.  Pour cette raison, elle a affirmé que la coopération internationale doit être en phase avec la nouvelle réalité internationale. 

Elle a ajouté que cette coopération doit s’affranchir de l’héritage du passé, des calculs géopolitiques et des conditions rédhibitoires attachées à l’obtention d’un soutien.  Elle a en outre relevé que la paix et la sécurité sont des conditions sine qua none du développement durable.  Elle a poursuivi en faisant observer que le drame que vivent les migrants, notamment dans la région de la Méditerranée, est l’une des manifestations de l’instabilité et de l’insécurité que vivent de nombreux pays.  Elle a aussi souligné qu’il n’y a pas de modèle unique de développement, ajoutant que chaque région et chaque pays a ses propres spécificités et son propre modèle de développement, et qu’il s’agit donc de voir comment enclencher une transformation des sociétés en se servant des atouts qui leur sont propres.

M. VILBARD T. USIKU, Commissaire à l’équité en matière d’emploi de la Namibie, a déclaré que son pays a connu l’apartheid et des pratiques discriminatoires fondées sur la race, le genre et le handicap.  Ces politiques ont laissé un héritage de graves inégalités de revenus et d’injustice dans la répartition du travail et des postes.  C’est contre ce contexte que le Parlement a voté l’« Affirmative Action Law » pour que la priorité soit donnée à des groupes désignés.  Les récentes données trouvées dans les rapports annuels des employeurs fournies à la Commission de l’équité qui ont révélé que peu de progrès ont été faits dans la représentation des femmes, des personnes handicapées et des races précédemment désavantagées, particulièrement dans le secteur privé.  Les chiffres indiquent que les postes de direction sont disproportionnellement déséquilibrés en faveur des employés blancs, les employés noirs représentent 97% de la population active.  Les personnes handicapées sont encore moins représentées avec moins de 1% à chaque niveau d’emploi.

La création de la Commission de l’équité a permis au Gouvernement de surveiller les statistiques pour guider les employeurs.  La Namibie est considérée aujourd’hui comme l’un des pays le plus déséquilibré s’agissant de la répartition des revenus, avec un coefficient Gini de 0,63.  Les niveaux de revenus restent encore malheureusement définis par les races.  Le représentant a énuméré les mesures prises par le Gouvernement en faveur des personnes âgées.  Il a parlé de la création en mars 2015 du Ministère de l’éradication de la pauvreté et du bien-être social.  Les programmes d’éradication de la pauvreté sont transversaux, développés et mis en œuvre par différents ministères mais ils requièrent coordination et attention. 

Mme SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a rappelé que, dans un monde qui compte plus d’un milliard de pauvres, il fallait mettre en place des institutions publiques ouvertes, inclusives et transparentes, tout en assurant la redevabilité.  Cela vaut aussi pour les organisations internationales et les institutions financières internationales, a-t-elle précisé avant d’appeler à réformer ces dernières pour les rendre plus démocratiques et les faire mieux contribuer au développement social.  La représentante a souligné le rôle fondamental des États et de leurs politiques publiques pour promouvoir les différents aspects du développement social, en coordination avec les autres acteurs du développement.  Nous devons obtenir que ceux-ci prennent très au sérieux leurs engagements en matière d’aide au développement, a-t-elle ajouté avant de plaider en faveur d’une collaboration internationale qui cherche vraiment à régler les graves problèmes de l’humanité, et cela sans poser de conditions politiques.  Elle a jugé positive et nécessaire l’analyse sur le mandat de la Commission du développement social dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Elle a aussi évoqué le blocus économique, commercial et financier qui a fait obstacle au développement de son pays pendant 50 ans, mais qui ne l’a pas empêché de rester solidaire avec d’autres pays en développement, notamment dans le domaine de la santé.

M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) a déclaré que dans le cadre de sa politique de développement social, le Bénin a mis en place ces dernières années des politiques d’autonomisation en faveurs des groupes sociaux vulnérables aux fins d’améliorer leurs conditions de vie.  En 2015, a-t-il dit, mon pays peut se féliciter des progrès accomplis dans la combat contre l’extrême pauvreté.  La cible des OMD relative à la réduction de moitié de la proportion de la population qui souffre de la faim a été atteinte, même s’il reste des défis à relever.  Des progrès remarquables ont été aussi accomplis dans les domaines de la scolarisation dans le primaire, la parité garçons/filles dans les différents cycles d’enseignement, la couverture en soins prénataux et la proportion d’enfants de moins de cinq ans dormant sous moustiquaire imprégnée d’insecticide.  Le Bénin poursuit sa politique de gratuité de la césarienne et la lutte contre les maladies prioritaires.  Concernant l’emploi, le représentant a parlé notamment des 5 000 jeunes qui ont bénéficié du Programme d’appui à l’emploi salarié en 2015 dans le cadre de la mise en œuvre des politiques actives du marché du travail.  10 000 nouveaux emplois sont créés dans le domaine des technologies de l’information et des communications et des centres d’appel.  

M. Zinsou a reconnu que beaucoup d’efforts restent à faire.  Le Bénin a entamé la mise en place d’un cadre d’élaboration de la stratégie nationale d’opérationnalisation des Objectifs de développement durable (ODD) pour l’appropriation et l’alignement des politiques nationales et sectorielles.  Un Ministère à la Présidence chargé de la coordination des politiques de mise en œuvre des ODD et des grands travaux a été créé.  Les groupes vulnérables et les couches sociales défavorisées ont été identifiés et font l’objet d’une attention particulière dans le cadre de la répartition des ressources budgétaires avec à la clef des programmes spécifiques pour les aider à surmonter leurs contraintes et établir des passerelles solides pour leur transition sociale dans le cadre des transformations structurelles en cours.

M. HARAI (Libye) a déclaré que malgré tous les défis auxquels le Gouvernement libyen fait face, notamment les défis sécuritaires, le développement social reste au centre de ses préoccupations.  Il a affirmé que les autorités de son pays entendent investir en faveur de la formation des jeunes et la création d’emplois décents.  Il a également souligné que les groupes défavorisés tels que les personnes âgées et les handicapés sont pris en compte dans tous les programmes et actions du Gouvernement libyen.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a souligné que le développement social jouera un rôle crucial dans la mise en œuvre du Programme 2030, étant donné qu’il est impératif pour éliminer la pauvreté dans toutes ses formes et ses dimensions.  Elle a rappelé qu’en 2000 quand les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient adoptés, le Rwanda se battait encore avec les effets dévastateurs du génocide et essayait de surmonter une énorme crise humanitaire et un énorme déficit des ressources humaines.  Dans la Vision 2030 du Rwanda, la réponse aux besoins sociaux, économiques et de santé est la priorité des priorités, une priorité qui aura un grand impact sur le développement social et influera sur les perspectives de développement durable.  Le Programme 2030 qui place l’homme au centre est totalement conforme à la Vision 2020, en ce qu’il énumère les facteurs favorables au développement social. 

Après avoir énoncé les mesures prises par son pays et passé en revue les succès, la représentante a souligné que relever les défis du développement exige la participation systématique de toutes les parties prenantes.  Il faut forger de nouveaux partenariats et mobiliser les ressources internes pour mettre en place un modèle de développement équitable, conjuguant une croissance économique constante, la réduction de la pauvreté, et l’intégration sociale.  Le Rwanda compte beaucoup sur le secteur privé, a ajouté la représentante.

M. TIMOTHY HERRMANN, Saint-Siège, a expliqué que les évènements négatifs tels que les changements climatiques et la crise économique pouvaient être exacerbés par une « mondialisation de l’indifférence » engendrant de nouvelles formes de pauvreté et d’injustice aux graves conséquences pour la paix et la sécurité.  Faisant siens les mots du pape François, il a plaidé pour une « mondialisation de la solidarité », celle dont la communauté internationale a fait preuve en adoptant le Programme de développement à horizon 2030.  « Fondamentalement, ce Programme signifie, œuvrer de manière solidaire afin que chaque individu bénéficie du minimum matériel et spirituel nécessaire pour vivre dans la dignité et fonder une famille, qui est la cellule de base du développement social », a-t-il dit.  En conclusion, M. Herrmann a estimé que le développement social pour les prochaines années exigera des gouvernements qu’ils honorent leurs engagements et mobilisent un soutien international plus robuste.  Le rôle de cette Commission sera de s’assurer que le Programme 2030 bénéficie d’un tel soutien, a conclu le délégué.

La réduction de la pauvreté ne signifie pas seulement que l’objectif de deux dollars de revenu par jour est atteint, a prévenu M. NURUL ALAM, de Partners in Popualtion (PPD), une alliance d’organisations intergouvernementales engagée dans la promotion de la coopération Sud-Sud.  Il a expliqué qu’étant donné que la pauvreté est un phénomène à plusieurs facettes, il serait opportun, dans l’optique de sa réduction, d’adopter une approche globale qui cible ses diverses manifestations ainsi que ses racines.  Il a ajouté que le développement social est de ce fait indispensable dans cette approche.  Il a invité la communauté internationale à s’inspirer des expériences du passé, notant qu’au cours des 20 dernières années, de nombreuses expériences à succès ont été menées au sein des pays, et qu’elles pourraient servir de sources d’inspiration pour des solutions efficaces.  M. Alam a aussi fait observer que ces expériences pourraient être partagées à travers la coopération Sud-Sud. 

M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, Ordre souverain militaire de Malte, a plaidé pour un développement axé sur l’être humain et la justice sociale.  Il a conseillé à la Commission d’user de son rôle directeur pour appuyer la mise en œuvre des mesures sociales et veiller à ce que celles-ci soient appliquées au bénéfice des plus exclus.  Il a aussi demandé de faire des efforts particuliers pour toucher les plus démunis et les plus vulnérables.  L’Ordre de Malte a toujours affirmé que c’est l’absence de solution politique qui nous mène à des crises prolongées, a-t-il rappelé.  Nous devons bâtir des ponts et éviter les guerres, a-t-il dit avant d’exiger impérativement des politiques sociales fortes et universelles pour promouvoir la famille et l’inclusion et, au final, « ne laisser personne de côté ».

M. VINICIUS PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué que les personnes sans emploi étaient aujourd’hui, au niveau mondial, au nombre de 197,1 millions, un chiffre qui s’est accru de 0,7 million en 2015.  Cette augmentation s’est produite en totalité dans les pays en développement en raison des défis sociaux plus aigus que ces pays connaissent, a-t-il affirmé.  Il a expliqué que la situation était encore plus grave pour les jeunes, lesquels ont trois fois plus de chances d’être sans emploi que la moyenne.  Soixante-onze millions de jeunes devraient être à la recherche d’un emploi en 2016, a-t-il affirmé, en insistant sur le manque d’emplois décents.

Face à cette situation, M. Pinheiro a plaidé pour l’intégration de cibles explicites de plein emploi dans les politiques macroéconomiques, y compris budgétaires et monétaires.  Il a détaillé les actions entreprises par l’OIT, mentionnant l’Initiative de la jeunesse pour des emplois décents qui réunit 20 agences onusiennes.  Le nouveau Programme international sur la protection sociale lancé en 2016 vise à appuyer la mise en place de normes minimales de protection sociale dans 21 pays, a-t-il déclaré.  Enfin, le représentant a mentionné le programme directeur de l’OIT intitulé « Better work » qui vise à promouvoir des conditions de travail décentes au bénéfice d’un million de salariés travaillant au sein de milliers d’entreprises dans 8 pays, en particulier dans le secteur de l’habillement. 

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que 800 millions de personnes ont toujours faim et souffrent d’insécurité alimentaire, sans pouvoir jouir du droit fondamental à l’alimentation.  Elle a aussi attiré l’attention sur la situation des femmes vivant en milieu rural qui souffrent de manière disproportionnée de la pauvreté et l’exclusion, avant d’énumérer tous les groupes vulnérables qu’il faut autonomiser, comme les personnes âgées.  Des systèmes de protection sociale fiables peuvent aider les pauvres à relever les défis financiers et à gérer les risques, a-t-elle indiqué en constatant les écarts qui se réduisent lorsque les systèmes de protection sont opérationnalisés à grande échelle.  Ces systèmes ont en effet permis à 73 pays sur 129 d’atteindre l’OMD sur la faim, a-t-elle rappelé.  Mme Mucavi a également recommandé d’assurer un engagement politique, de renforcer les partenariats et de prévoir un financement suffisant pour mettre en œuvre les programmes et projets visant la réduction des inégalités et l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables.

M. ZELENEV, Conseil international du bien-être social, a appelé la communauté internationale à investir en priorité dans les politiques de protection sociale, arguant que cela était un prérequis pour le développement social, et partant le développement durable.  Il a invité les États à adopter des mesures de protection sociale partout et pour tous.  Allant même plus loin, il a appelé le Conseil économique et social à adopter une résolution sur un « plancher de protection sociale », prévoyant notamment des garanties de base applicables universellement.  Une telle résolution ciblerait tous les groupes vulnérables de la société en premier lieu, afin de réduire les inégalités.

Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies (A/70/61–E/2015/3)

Mme GARCIA (Colombie) a invité la Commission à analyser en première instance les nouveaux thèmes à étudier après l’adoption du Programme 2030, pour donner des directives aux États.  La Commission doit proposer des programmes structurels conformes aux objectifs de développement durables, dont la réduction de la pauvreté et la mobilité sociale.  La Commission ne devrait pas se contenter de répéter les débats de la Troisième Commission mais devrait plutôt les enrichir.  La communauté internationale n’est pas encore parvenue à se mettre d’accord sur la notion de « famille », ce qui empêche de progresser vers l’intégration de la famille dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Elle a demandé à la Commission de faire avancer ce débat, en ne niant pas l’évolution des sociétés et des lois nationales.

M. LEONAR AGUILAR HECHAVARRIA (Cuba) a déploré que les investissements disponibles au sein des États soient surtout orientés vers des programmes militaires aux dépens des besoins sociaux.  Il s’est félicité du fait qu’à Cuba, plus de 280 000 personnes handicapées ont reçu un soutien public au cours de ces dernières années.  Il a aussi salué l’expansion du Programme d’accessibilité dont bénéficient les handicapés.  Il a déclaré que Cuba a une politique de la jeunesse qui place les jeunes au cœur de la dynamique de transformation sociale. 

S’agissant du vieillissement et des droits des personnes âgées, il a plaidé pour un instrument juridique international contraignant.  En 2030, Cuba aura plus de trois millions d’habitants de plus de 60 ans, ce qui est une raison supplémentaire pour que les autorités établissent des politiques cohérentes en leur faveur.  

Après avoir souligné les progrès économiques réalisés par l’Afrique, M. TAKYIWAA MANUH, Directeur de la Division de la politique de développement social de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a énuméré les défis qui attendent le continent comme le chômage des jeunes qui représentaient 35% de la population active en 2015.  Le Directeur a noté qu’il y a peu d’emplois décents qui offrent une sécurité de l’emploi et une protection sociale et que moins de 20% des jeunes travailleurs africains trouvent un emploi salarié.  Les travailleurs pauvres en Afrique constituent 80% du total des employés, plus du double de la moyenne mondiale de 39%. 

Si la migration vers l’Europe attire une attention considérable ces jours-ci, il est pertinent de noter que la migration intra-africaine domine les flux migratoires du continent.  Plus de la moitié de tous les migrants africains migrent en Afrique, la plupart à la recherche d’emplois et de moyens de subsistance sûrs.  Seule une petite proportion migre en Europe.  En outre, les travailleurs hautement qualifiés sont plus susceptibles d’émigrer que les moins éduqués.  Près de 15% des travailleurs ayant atteint un niveau de formation supérieure émigrent et privent ainsi le continent des gens nécessaires pour casser le cycle de la pauvreté et ouvrir la voie à une transformation structurelle.  Les pays africains font face à une sérieuse pénurie de compétences à cause de la migration de nombreux personnels qualifiés. 

À ces défis s’ajoutent deux autres que sont le taux de croissance urbaine le plus rapide du monde et les graves conséquences du changement climatique.  En raison de la montée des températures, près de 90 millions de personnes sont susceptibles d’être exposées au paludisme, qui est déjà le plus important tueur en Afrique, excepté l’Afrique du Nord.  Mais le défi le plus important est de libérer le potentiel des ressources du continent grâce à des politiques macroéconomiques et sociales appropriées qui mèneront à une forte croissance économique et à un développement social inclusif. 

M. PARTOW (ONUSIDA) a fait valoir qu’une des leçons apprises dans la lutte contre le sida est l’importance de l’inclusion, de l’intégration et des partenariats.  Nous savons, a-t-il dit, que nous n’arriverons pas à endiguer l’épidémie d’ici à 2030 si nous ne nous attaquons pas de front aux facteurs structurels comme la pauvreté, les inégalités, la marginalisation sociale et les lois discriminatoires.  Il a expliqué que les investissements dans la protection sociale donnent des résultats en matière de lutte contre le VIH/sida.  En Afrique du Sud, par exemple, lorsque les adolescents ont reçu des liquidités et un soutien social, l’incidence du VIH/sida et les comportements à risques se sont réduits de moitié chez les garçons et les filles.  Le représentant a aussi appelé à mener des actions directes pour lutter contre le VIH/sida, en investissant dans cette lutte, ce qui, a-t-il assuré, aura des répercussions positives sur la santé, les droits de l’homme et le développement.

M. FREDERICO NETO, de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a déploré que le taux d’analphabétisme des personnes handicapées de l’Asie occidentale soit sept fois supérieur à celui du reste de la population.  Il s’est aussi inquiété de la quasi absence de programmes d’aide aux handicapés la preuve étant que 6 pays sur 18 seulement ont ratifié la Convention sur les droits des personnes handicapées.  Il a appelé les États de la région à investir dans leur jeunesse et la prise en charge des personnes âgées, souhaitant en outre que les programmes sociaux soient élaborés et mis en œuvre avec la participation active des groupes vulnérables.

M. SOCIAS, Fédération internationale pour le développement de la famille, a indiqué que cette organisation avait dispensé une formation sur ce sujet dans 66 pays.  En outre, 1 800 participants étaient présents au Congrès international organisé par la Fédération à Mexico le mois dernier.  Faisant valoir la grande contribution de la famille au développement social, il a appelé les États à les soutenir.  Les familles sont déjà intégrées, a-t-il fait remarquer en expliquant que leur « intégration » n’était donc pas l’objectif à poursuivre.  Pour réaliser les objectifs de développement durable efficacement, il ne faudra laisser aucune famille à la traine, a-t-il recommandé.  Il a conseillé de suivre une approche par famille, c’est-à-dire en visant deux générations à la fois et en offrant des programmes de qualité aux parents comme aux enfants.  Les personnes âgées doivent être aussi visées par des mesures spécifiques, a-t-il ajouté avant de prôner la promotion d’une vie saine et d’une éducation de qualité.  Le représentant a, en outre, invité à prendre en compte la dimension économique du travail au foyer.  Ses autres chevaux de bataille ont été la violence domestique et le chômage des jeunes.

Mme KATHERINE KLINE, Association américaine des personnes retraitées (AARP) a fait savoir que son organisation plaide pour les droits des personnes âgées.  Elle a invité les États à adopter des politiques et budgets qui tiennent compte des besoins de ces personnes.  Elle a notamment demandé des politiques de discrimination positive et souhaité que la question du vieillissement soit dûment prise en compte dans la mise en œuvre du Programme 2030, notamment dans ce monde vieillissant.

M. ALVAREZ, Centre latino américain des droits de l’homme (CLADH), a jugé la famille essentielle pour apprendre les comportements et les apporter à la société, ce qui a un impact sur le développement social.  Il a donc souligné l’importance de respecter les droits fondamentaux de chaque membre de la famille et a encouragé la promotion du bien-être des groupes qui ont besoin d’une attention particulière comme les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Il a demandé que le Programme 2030 n’oublie pas la réalité familiale, lançant un appel aux États Membres à cet égard.  La Commission du développement social doit y veiller, a-t-il dit.

M. PATRIK ANDERSSON, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a plaidé pour l’implication de tous les trois piliers du développement durable dans les politiques de développement des États d’Asie et du Pacifique.  En 2016, a-t-il annoncé, la CESAP va mener une vaste étude sur les inégalités dans la région et développer des modules de formation en ligne sur les questions d’égalité.  Toujours cette année, la Commission va aussi publier un rapport sur l’accessibilité et un ouvrage sur la gestion des catastrophes en rapport avec le handicap.  Mais ceci ne doit pas faire oublier que la problématique des droits des personnes âgées est de la première importance pour la CESAP, étant donné qu’en 2050, une personne sur 4 aura plus de 60 ans dans la région.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: multiplication des propositions pour mettre le Programme de développement durable au service des groupes vulnérables

Cinquante-quatrième session
6e & 7e séances – matin & après-midi
SOC/4834

Commission du développement social: multiplication des propositions pour mettre le Programme de développement durable au service des groupes vulnérables

Qu’il s’agisse des personnes handicapées, du troisième âge ou des jeunes, la Commission du développement social a entendu aujourd’hui une multitude de propositions pour mettre véritablement le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au service de ces groupes vulnérables.

La Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, Mme Catalina Devandas Aguilar, s’est réjouie d’avoir en main un Programme de développement durable qui mentionne sept fois les personnes handicapées alors qu’« il y a un peu plus de 15 ans, nous étions complètement absents des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ».  Le Programme 2030 et la Convention sur les droits des personnes handicapées sont complémentaires, a-t-elle argué, car cette dernière n’est pas seulement un instrument des droits de l’homme, elle est aussi un outil de développement social qui offre une autre perspective à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, celle du handicap et ses cadres conceptuel et normatif.

La Rapporteuse spéciale a donc proposé au Conseil économique et social (ECOSOC) de créer un cadre permanent où les agences de l’ONU et le Comité sur les droits des personnes handicapées, viendraient périodiquement présenter leurs activités liées à la mise en œuvre du Programme 2030, dans sa relation avec les personnes handicapées.  Ce cadre, a-t-elle plaidé, permettrait à la Commission de recevoir des informations utiles pour plaider auprès du Forum politique de haut niveau et pour jouer un rôle important de coordination.  Le cadre alerterait aussi les États sur les défis de la mise en œuvre du Programme 2030 tout en leur permettant de parler de leurs bonnes pratiques, de leurs échecs, de leurs défis et de leurs besoins techniques.  La représentante de la Fédération chinoise des personnes handicapées a carrément rêvé d’une « ONU-Handicap » à l’instar d’ONU-Femmes.  Celui du Koweït a proposé la création d’un « centre ».

Le Programme 2030 doit aussi être l’occasion d’intégrer les questions liées aux personnes âgées, a plaidé, pour sa part, le représentant d’El Salvador, au nom du Groupe des Amis des personnes âgées.  Rares sont en effet les mentions explicites de ces personnes dans les documents internationaux, a dénoncé son homologue du Brésil qui a proposé l’idée d’un instrument international, en espérant que la Convention interaméricaine pour la protection des droits des personnes âgées, adoptée l’année dernière, donnerait l’élan à une future convention de l’ONU. 

C’est aussi d’un élan que les jeunes ont dit avoir besoin pour booster la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse qui fête, cette année, ces 20 ans, et dont, ont-ils argué, le succès du Programme 2030 dépend.  Nous sommes, ont plaidé les deux jeunes de la délégation néerlandaise, une ressource importante pour le développement et de vrais agents du changement social, du développement économique et de l’innovation technique.  Nous sommes les experts des questions qui nous affectent. 

Les deux jeunes gens ont dénoncé l’échec des décideurs politiques qui se bercent de l’illusion que la politique doit être laissée aux spécialistes et que les jeunes n’ont ni les compétences, ni l’expertise, ni les connaissances nécessaires.  Pourtant, la participation aux décisions qui affectent leur vie est un moyen pour les jeunes de mieux comprendre leur communauté et de s’en sentir partie, sans compter qu’en participant, ils offrent un modèle civique aux autres jeunes et épargnent ainsi à leur pays le coût énorme de l’apathie, de la frustration et de l’exclusion sociale.  

Une exclusion, qui selon le représentant de l’Afrique du Sud, la famille peut contribuer à éviter en tant que « cadre de promotion de la vie sociale ».  Son homologue de l’Union européenne a tenu à rappeler que la famille a changé et continue de changer avec le temps, prouvant qu’elle est une entité vivante et dynamique.  Si dans ses programmes sociaux, le Brésil n’avait pas visé tous les types de familles, y compris les familles monoparentales, de même sexe, sans enfant ou sans parents, il n’aurait jamais pu sortir 36 millions de personnes de la pauvreté et aurait, au contraire, contribué à accentuer les vulnérabilités et les discriminations, a tranché le représentant brésilien.

La Commission du développement social reprendra ses travaux lundi 8 février à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)

Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/3)

Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies (A/70/61–E/2015/3)

Table ronde sur le thème « Mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour l’après-2015 à la lumière de la Convention relative aux droits des personnes handicapées »

Il y a un peu plus de 15 ans, nous étions complètement absents des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a souligné d’emblée Mme CATALINA DEVANDAS AGUILAR, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées.  « Nous ne faisions partie ni des discussions, des agendas, des buts, des indicateurs et encore moins des processus de mise en œuvre.  Nous n’avions ni statistiques ni méthodologies comparables sur le plan international et contrairement à aujourd’hui, personne ne comprenait vraiment l’importance cruciale qu’il y avait à mobiliser tout le monde dans la guerre contre la pauvreté ou pour l’accès universel à la santé et à l’éducation. »  Aujourd’hui, s’est félicitée la Rapporteuse spéciale, nous avons appris que « l’inclusion des plus exclus » est essentielle à l’efficacité des programmes publics.  Nous avons appris, a-t-elle poursuivi, que les politiques qui incluent les personnes handicapées constituent un investissement sûr dans la société, et que l’exclusion a des coûts économiques et sociaux qu’aucun pays ne peut plus ignorer. 

L’ONU a fait sa part, a reconnu la Rapporteuse spéciale, en citant la Convention sur les droits des personnes handicapées, le Comité d’experts de la Convention et la Conférence des États parties à la Convention.  Elle a aussi cité le Groupe d’appui interinstitutions à la Convention, le Fonds des Nations Unies pour la promotion des droits des personnes handicapées et plus récemment, le mandat du Rapporteur spécial qu’elle exécute.  Elle a également cité les efforts des agences de l’ONU et du Groupe de Washington, pour créer des méthodologies sur la collecte des données statistiques.

Saluant le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 prenne effectivement en compte la question du handicap, Mme Devandas Aguillar s’est tout de même posée quelques questions: comment faire en sorte que les mécanismes de suivi et d’évaluation dudit Programme prendront en compte les personnes handicapées? comment mesurer les progrès pour savoir si nous sommes effectivement en train de créer des communautés plus respectueuses des besoins des personnes handicapées? comment faire en sorte que les efforts des différentes parties prenantes se renforcent les uns les autres et fassent avancer les objectifs communs de manière coordonnée?

D’abord, a répondu la Rapporteuse spéciale, la volonté politique au plus haut niveau est tout simplement « fondamentale »: à l’échelle internationale, le Forum politique de haut niveau devrait examiner comment l’implication des personnes handicapées dans la mise en œuvre du Programme 2030 est suivie, et au niveau national, il faut faire en sorte que les priorités établies dans les processus de mise en œuvre tiennent dûment compte des personnes handicapées.

La Rapporteuse spéciale a, en deuxième lieu, insisté sur les systèmes de suivi et d’évaluation adéquats dont l’efficacité dépend d’une bonne collecte et d’une bonne ventilation des données.  En troisième lieu, Mme Aguilar a défendu une plus grande participation des personnes handicapées et de leurs organisations dans les processus de mise en œuvre du Programme 2030, ajoutant que leur implication dans la prise de décisions n’est pas seulement une obligation internationale mais une pratique élémentaire de bonne gouvernance assurant l’efficacité des politiques.

En quatrième lieu, la Rapporteuse spéciale a jugé impératif que toutes les parties prenantes du développement inclusif et de la promotion des droits des personnes handicapées alignent leurs activités avec le Programme 2030.  Ce dernier et la Convention sur les droits des personnes handicapées sont complémentaires.  La Convention, s’est-elle expliquée, n’est pas seulement un instrument des droits de l’homme, elle est aussi un outil de développement social qui offre une autre perspective à la mise en œuvre du Programme 2030, celle du handicap et ses cadres conceptuel et normatif.   

La Rapporteuse spéciale a proposé aux États deux lignes d’action: mettre sur pied des systèmes de protection sociale qui répondent aux besoins des personnes handicapées, réduit leur niveau de pauvreté et promeuve leur indépendance et leur intégration sociale; et faciliter des processus de prise de décisions consultatifs et participatifs.

Il est essentiel, a-t-elle insisté, que tous les acteurs travaillent en synergie dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour éviter les doublons, offrir des réponses bien articulées et garantir une mise en œuvre en ligne avec la Convention.  La Rapporteuse spéciale a donc proposé au Conseil économique et social (ECOSOC) de créer un cadre permanent où les agences de l’ONU et le Comité sur les droits des personnes handicapées, dont le Rapporteur spécial et l’Envoyé spécial sur le handicap et l’accès, viendraient périodiquement présenter leurs activités liées à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, dans leur relation avec les personnes handicapées. 

Cela permettrait à la Commission du développement social de recevoir des informations utiles pour plaider auprès du Forum politique de haut niveau et pour jouer un rôle important de coordination.  Cet espace alerterait les États sur les défis de la mise en œuvre du Programme 2030 tout en leur permettant de parler de leurs bonnes pratiques, de leurs échecs, de leurs défis et de leurs besoins techniques. 

Saluant à son tour comme un progrès le fait que la question du handicap soit incluse dans le Programme 2030 comme gage de sa bonne exécution, M. OSAMU NAGASE, Professeur à l’Université de Ritsumeikan (Japon), s’est réjoui que des indicateurs soient en cours d’élaboration.  Nous venons de loin, a-t-il insisté, en s’inquiétant cependant du paragraphe 26 du Programme 2030 qui dit: « Nous sommes également résolus à assurer la prévention et le traitement des maladies non transmissibles, y compris les troubles du comportement et du développement et les troubles neurologiques, qui constituent un problème majeur pour le développement durable ».  Il s’agit là, a estimé M. Nagase, d’un libellé troublant à la lumière de la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées qui reflète une évolution historique dans la manière dont nous pensons le handicap.  Nous sommes d’accord avec l’idée de souligner l’importance de la santé, s’est expliqué l’orateur, mais les services de santé, qui ont vocation à assurer la meilleure santé à chacun de nous, devraient éviter d’être perçus comme des services qui ont pour but d’empêcher la naissance d’un certain type de personnes.

Le « rien sur nous sans nous » promu par la Convention, veut dire « auto-plaidoyer » des « handicapés intellectuels », a souligné l’orateur, en se félicitant, à cet égard, de la candidature de M. Robert Martin de la Nouvelle-Zélande au Comité sur les droits des personnes handicapées, ce qui pourrait en faire, s’il est élu, le premier membre ayant un handicap intellectuel et ce qui serait « le bon message à envoyer ».  Représentant d’« Inclusion International » dans la région d’Asie-Pacifique, M. Nagase s’est flatté d’une certaine expérience dans la promotion de l’« auto-plaidoyer » des « handicapés intellectuels ».  Il a passé en revue les progrès enregistrés dans la région d’Asie-Pacifique, des progrès qu’il a attribués à l’adoption de la Convention car sans elle l’intégration de la question du handicap dans le développement aurait été plus difficile.  Dans le même temps, sans le travail sur le terrain pour faire avancer le développement social, la Convention n’existerait peut-être pas aujourd’hui. 

Insistant une nouvelle fois sur le lien entre handicap et développement, l’orateur a affirmé que la diversité veut dire un monde meilleur pour tous.  Quand les communautés assurent un accès physique aux personnes à mobilité réduite, elles deviennent aussi plus confortables pour les personnes âgées mais aussi pour les bébés et leurs poussettes.  Les écoles se portent mieux quand elles peuvent offrir différents types d’apprentissage et voir des enfants différents grandir et apprendre ensemble ne peut que renforcer la cohésion et l’intégration sociales, un des principaux thèmes du Sommet mondial du développement social, a démontré l’orateur.

Mme LI XIAOMEI, Directrice générale adjointe du Département international de la Fédération des personnes handicapées de la Chine, a souligné que l’adoption du Programme 2030 ne veut pas dire que la Commission du développement social doit cesser son travail sur le handicap, bien au contraire.  Elle a aussi encouragé la Commission à adopter un mécanisme pour suivre son travail dans ce domaine.  Je sais que ce n’est pas possible, mais je rêve d’une « ONU-Handicap » à la lumière d’ONU-Femmes, a dit la Directrice générale après avoir fait part de l’expérience et des progrès de la Chine en faveur de ses 85 millions de personnes handicapées voire plus.  Forte de cette expérience, elle a insisté sur l’importance pour les gouvernements d’inclure la question du handicap dans les plans nationaux de développement social. 

Lui-même mal entendant, M. VALERY NIKITICH RUKHLEDEV, Président de l’organisation publique russe pour les personnes handicapées « All-Russian Society of the Deaf » (ARSD), a indiqué que son association travaille en étroite collaboration avec les pouvoirs publics, notamment le Ministère du travail qui s’assure que les besoins et droits des personnes handicapées en général soient pris en compte dans le monde du travail.  Pour réaliser le respect des droits des malentendants en Fédération de Russie, a-t-il expliqué, plus d’une trentaine de lois fédérales ont été modifiées.  L’un des projets en cours par exemple est consacré au sous-titrage systématique des programmes de télévision.  Le manque d’informations est l’obstacle majeur auquel se heurtent les personnes handicapées, a-t-il dit.  Bien souvent, elles ne savent rien des programmes gouvernementaux et des avancées technologiques qui pourraient leur faciliter la vie.  Le représentant a aussi fait état d’une nouvelle loi qui exige que les policiers russes maîtrisent les rudiments du langage des signes.

Une femme sur cinq vit avec un handicap, a indiqué Mme CHRISTINE BRAUTIGAM, Directrice de la Division de soutien intergouvernemental à ONU-Femmes.  Les politiques, programmes et mécanismes sur le handicap doivent répondre à cette réalité et ceux de l’égalité entre les sexes doivent être ciblés et tenir compte des différents types de discriminations, y compris celles basées sur le handicap, pour faire en sorte que « personne ne soit laissée de côté ».  Après avoir parlé de la contribution de la Commission de la condition de la femme, la Directrice de la Division s’est attardée sur le travail d’ONU-Femmes pour promouvoir des mesures en faveur des filles et des femmes handicapées. 

Le Président de la Commission du développement social s’est montré impressionné par le fait le programme russe pour les handicapés ait été créé en 1926.  Le représentant du Nigéria a plutôt regardé vers l’avenir et prôné la création d’un groupe d’experts pour discuter de l’application technique de la Convention, une sorte de « mécanisme transrégional ».  La possibilité de tenir chaque année un forum sur les droits des personnes handicapées a été évoqué par le Directeur exécutif du Bureau de New York de l’Alliance internationale du handicap (IDA) pour guider les États.  La déléguée de l’Espagne a vu d’un bon œil la création d’un groupe ou d’un forum multipartite au sein de la Commission qui transmettrait des avis techniques au Forum politique de haut niveau.

Cette idée a également plu au représentant de la République de Corée qui a fait valoir l’intérêt de mener une discussion équilibrée sur les personnes handicapées et sur les droits de l’homme.  Il a cependant demandé que l’on reste dans les limites des ressources et des mécanismes existants, à l’instar des délégations de l’Allemagne et de la Roumanie qui ont mis en garde contre les doublons.

Les représentants de la Bulgarie et de l’Irlande n’ont pas dit autre chose, rejetant toute idée de créer un nouveau poste ou mécanisme même si leur homologue du Costa Rica a dit ne pas comprendre l’opposition à un mandat permanent à l’ONU pour la promotion du développement social des personnes handicapées.  Pourquoi ne pas créer un « centre » pour aborder ces questions, a proposé la représentante du Koweït, à l’image de la discussion organisée en décembre dernier dans son pays sur le rôle des femmes arabes dans l’amélioration de leur avenir.  Partons, a appelé le délégué du Mexique, des questions sociales liées au handicap et de ce qui a été fait auparavant, en s’appuyant sur les décisions prises par la Commission par le passé.

La Commission du développement social doit continuer à informer l’ECOSOC et le Forum politique de haut niveau des questions du handicap, a insisté la Rapporteuse spéciale.  Mais, a-t-elle estimé, on a besoin d’en savoir un peu plus sur ce qui se fait dans les autres agences du système de l’ONU, d’où l’idée d’un « espace » pour partager les informations.

Passant à des questions plus techniques, le représentant du Costa Rica a souligné l’importance des données pour élaborer des politiques ciblées donc plus efficaces.  Il s’est demandé si les organismes onusiens peuvent aider les États dans la collecte des données.  Les pays doivent en effet, a acquiescé le délégué du Cambodge revoir leurs statistiques et leurs plans nationaux de développement pour y inclure les personnes handicapées.

« Le handicap est mentionné sept fois dans les objectifs de développement durable », a relevé le représentant d’Antigua-et-Barbuda, en suppliant de ne laisser aucun handicapé sur le bord de la route.  À son tour, il a appelé à une amélioration de la collecte, de l’analyse et de la ventilation des données, en n’oubliant pas les personnes « à handicap caché » et « à handicaps multiples ».

Comme la santé mentale est incluse dans les objectifs de développement durable, la représentante de la Fédération mondiale des organisations de la santé mentale a souligné combien les conditions politiques et sociales sont des éléments déterminants.  Figurant parmi les premiers signataires de la Convention, l’Inde, a dit son représentant a consacré dans l’article 41 de sa Constitution l’obligation de l’État de garantir le droit au travail, à l’éducation et à l’assistance publique pour les chômeurs, les personnes âgées, les personnes malades et les personnes handicapées.

Débat général

Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (E/CN.5/2016/2)

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), a déploré que le fait que les personnes handicapées soient surreprésentées parmi les sans-emploi et sous-représentés dans l’éducation du troisième cycle, sans compter leur taux élevé de pauvreté.  Après avoir fait part des efforts de l’Union européenne en leur faveur, le représentant s’est dit impatienté de discuter avec les autres délégations de l’intégration de la question du handicap dans le développement social.  Le mandat élargi de la Rapporteuse spéciale et son interaction avec la Commission, le Conseil des droits de l’homme et la Conférence des États parties à la Convention fournit une excellente plateforme pour connecter l’action de l’ONU et le travail dans les domaines visant à intégrer les personnes handicapées.  Le représentant a poursuivi en indiquant que dans l’Union européenne, 7,1 millions de jeunes sont soit sans-emploi, sans éducation ou sans formation.  Il a parlé du succès du Programme « Garantee » mais aussi de la décision de renforcer l’appui aux plus de 11 millions de jeunes sans emploi pendant un an.  

S’agissant des personnes âgées, M. Van Oosterom a souligné que l’Union européenne promeut « le vieillissement actif » qui ne veut pas seulement dire rester plus longtemps au travail et retarder l’âge de la retraite mais aussi participer à la vie sociale, s’impliquer dans les tâches familiales et faire du bénévolat au sein de la communauté.  Ces trois dimensions que sont l’emploi, la participation sociale et l’indépendance économique sont réunies dans l’Index du vieillissement actif.  Pour ce qui est de la famille, le représentant s’est attardé sur la Plateforme de l’Union européenne pour l’investissement dans l’enfance.  Au sein de l’Union européenne comme ailleurs dans le monde, a-t-il conclu, la famille a changé et continue de changer avec le temps, prouvant qu’elle est une entité vivante et dynamique. 

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREA (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a plaidé pour des mesures nouvelles et élargies pour faire avancer les stratégies de développement inclusif et assurer une répartition plus équitable des bénéfices de la croissance, réduire les inégalités et assurer l’accès universel aux services sociaux de base.  Aujourd’hui, a-t-il indiqué, de nombreux pays de la CELAC ont adopté des politiques de traitement préférentiel et de quota en faveur des groupes désavantagés et vulnérables.  Ils comptent prendre d’autres mesures concrètes pour s’attaquer aux défis pressants comme la pauvreté, la faim, les inégalités et la dégradation de l’environnement.  Soulignant l’importance du Programme d’action de Copenhague de 1995 sur le développement social, le représentant a estimé qu’il est temps d’améliorer le travail de la Commission qui ne saurait se départir de sa responsabilité de veiller à la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Copenhague.  Le représentant a poursuivi en insistant sur l’importance de la coopération internationale, dont l’engagement pris par les pays développés de verser 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD).  Il a aussi vanté les mérites de la coopération Sud-Sud, de la coopération triangulaire et de la coopération technique, avant d’estimer qu’il est de la plus haute importance d’introduire les réformes nécessaires dans le système économique et financier mondial, insistant sur le principe d’appropriation nationale.  Le représentant a conclu en faisant part des progrès de sa région en matière de développement social, en avouant le grand défi que reste le chômage des jeunes. 

En sa capacité nationale, le représentant a fait le décompte d’un certain nombre de mesures prises par son gouvernement en matière de développement social.  Il a par exemple indiqué que le pays a créé des centres spéciaux de soins pour les personnes âgées, afin de leur éviter les abus.  Le même principe est appliqué pour les personnes âgées dans les prisons.  Le Gouvernement a aussi mis sur pied un Programme national pour la pleine intégration des personnes handicapées qui a fixé des domaines prioritaires.  Le représentant a appelé la communauté internationale à s’impliquer pour juguler l’épidémie du virus Zika qui s’étend en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Si rien n’est fait, l’épidémie aura un impact des plus dévastateurs sur l’ensemble de l’économie régionale, a-t-il prévenu.

M. JUAN EDUARDO FAÚNDEZ, Vice-Ministre du développement social du Chili, a expliqué que, depuis le premier Gouvernement de la Présidente Michelle Bachelet en 2006, son pays avait consacré la notion de « protection sociale » dans sa politique.  Le Chili est maintenant une des économies les plus ouvertes et les plus libérales du monde, a-t-il dit en soulignant la forte concentration du pouvoir économique et la correction des niveaux d’inégalités dans lesquels le Gouvernement joue un rôle fondamental.  Si nous sommes cependant loin d’avoir réalisé l’idéal de développement social, a-t-il reconnu, nous avons établi les bases nécessaires pour le réaliser à moyen terme.  La stratégie du Gouvernement vise notamment à consolider les principes directeurs de la politique sociale selon lesquels la protection sociale doit être un mécanisme solidaire envers ceux qui se heurtent aux inégalités.

Le Vice-Ministre a mentionné le nouveau système de registre social des foyers, qui remplace l’ancien cadastre et qui aide à identifier les caractéristiques socioéconomiques des familles grâce à de meilleures technologies et méthodologies.  Il a aussi voulu attirer l’attention sur ceux qui apportent des soins aux autres, notamment aux personnes âgées et handicapées.  Il a parlé à cet égard de « coresponsabilité » entre l’État, les familles et la société civile, un système qui a été conçu avec l’appui de la Banque mondiale.  Remarquant que, dans la majorité des cas, ceux qui s’occupent des autres dans un foyer ne sont pas payés, il a exprimé l’intention du Gouvernement de mieux les soutenir, ce qui se concrétisera en 2016 avec un nouveau système d’aide et de soins aux personnes dépendantes.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador), au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a voulu que l’on profite du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour intégrer dans sa mise en œuvre les questions liées aux personnes âgées et surtout entendre leur avis.  Il s’est donc dit préoccupé par le fait que, cette session, l’Assemblée générale n’ait pas demandé au Secrétaire général de présenter un rapport sur le suivi de la deuxième Assemblée mondiale sur les personnes âgées.  Il a dit attendre avec impatience l’adoption par consensus d’une résolution à la prochaine session.  Attendant aussi avec impatience la prochaine session du Groupe de travail sur les personnes âgées, le représentant s’est tout de même félicité du fait qu’au cours de sa session, la Commission du développement social ait prévu de nombreuses manifestations parallèles sur les personnes âgées. 

M. DAVY CHIKAMATA (Zambie) a affirmé que l’être humain était au cœur des stratégies de développement de son pays lesquelles visent la création d’emplois et la réduction de la pauvreté et des inégalités.  Ces objectifs seront atteints grâce aux investissements dans des secteurs porteurs, contribuant à une croissance économique soutenue et inclusive, a-t-il dit.  Parmi les actions entreprises pour réduire la faim et l’extrême pauvreté dans les zones rurales, le représentant a mentionné le système de transfert de fonds en espèces au bénéfice des foyers vulnérables, qui a permis une réduction du niveau de pauvreté, une amélioration de la sécurité alimentaire et une plus grande assiduité des enfants à l’école.  Le Gouvernement a également renforcé ses programmes visant à favoriser la vocation entrepreneuriale des femmes et à leur apporter un soutien financier, a déclaré M. Chikamata.

Le délégué a insisté sur les efforts de son pays pour réformer le droit du travail afin d’offrir une plus grande protection contre les licenciements abusifs, avant d’expliquer que le travail des jeunes garçons était une réalité dans les zones rurales et péri-urbaines de la Zambie.  Les jeunes filles sont souvent contraintes de se marier afin de soutenir financièrement leurs parents à la santé déclinante ou leurs frères et sœurs orphelins, a-t-il dit.  Pour lutter contre ces mariages précoces, M. Chikamata a souligné l’engagement de son pays en faveur d’une réforme législative harmonisant l’âge minimum du mariage avec les normes internationales.  En conclusion, le représentant a exhorté la communauté internationale à renforcer les capacités des pays en développement, tels que la Zambie, en vue d’éliminer la pauvreté d’ici à 2030.

M. HÉCTOR RAÚL PELÁEZ (Argentine) a indiqué que son gouvernement accorde une importance particulière aux problèmes spécifiques des personnes âgées qui sont considérées comme un groupe social à part entière, conformément au Plan d’action international de Madrid.  Il a salué la création du poste d’Expert indépendant sur les droits des personnes âgées au sein du Conseil des droits de l’homme, l’adoption récente de la Convention interaméricaine pour la protection des droits des personnes âgées et le travail mené par le Groupe de travail de l’Assemblée générale sur le vieillissement. 

L’Argentine, a-t-il ajouté, s’engage à jouer un rôle de chef de file dans le mouvement mondial pour l’adoption d’une convention internationale sur les droits des personnes âgées.  Dans le pays, l’Institut national des services sociaux pour les personnes âgées et les retraités est un acteur central de la sécurité sociale.  Les jeunes bénéficient aussi d’une politique d’intégration sociale, d’autant plus qu’ils jouent un rôle actif dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a aussi assuré que son gouvernement œuvrait en faveur de l’intégration sociale des personnes handicapées, afin qu’elles puissent participer pleinement à la vie économique, sociale, politique et culturelle.  La politique de l’État en la matière vise à leur garantir une certaine indépendance économique et une capacité d’autodétermination.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a indiqué que son pays est pleinement engagé dans la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Copenhague.  Elle a rappelé que le Nicaragua applique une politique socialiste avec laquelle elle entend ne laisser personne de côté.  Elle a par exemple relevé que le Gouvernement travaille à l’accès universel à la santé, dont la médecine naturelle.  Elle a aussi évoqué des programmes en faveur de l’emploi des jeunes et d’autres politiques visant à assurer que tous les citoyens puissent vivre dans le plein respect de tous leurs droits.  

M. CARLOS DUARTE (Brésil) a remarqué que l’objectif du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de « ne laisser personne de côté » est particulièrement pertinent pour le débat d’aujourd’hui.  Presque 30% de la population mondiale aura 60 ans et plus d’ici à 2050, a-t-il rappelé en soulignant l’importance des mesures prises pour les personnes âgées.  Les mentions explicites de ces personnes dans les documents juridiques internationaux demeurent cependant rares, a-t-il regretté, avant de plaider en faveur d’un instrument international.  Comme première étape, il a mentionné l’adoption, l’an dernier, de la Convention interaméricaine pour la protection des droits des personnes âgées et a espéré que cette Convention donnerait l’élan à une future convention universelle, sous l’égide des Nations Unies. 

En ce qui concerne les personnes handicapées, qui sont aussi au rang des priorités du Gouvernement brésilien, le représentant a salué l’inclusion de cette question dans le Programme 2030.  Quant aux jeunes brésiliens, qui représentent 25% de la population, il a mentionné les efforts menés par son gouvernement qui est conscient que le développement social ne se réalisera pas sans combler les besoins des jeunes, en matière de santé, d’éducation, d’emploi décent et de droit de vivre à l’abri de la peur et de la discrimination.  En octobre 2014, le Brésil a signé la Convention ibéro américaine sur les droits des jeunes, a-t-il indiqué avant d’expliquer que son pays vise, dans ses programmes sociaux, tous les types de familles, y compris les familles monoparentales, de même sexe, sans enfant ou sans parents.  Sans cela, nous n’aurions pas pu sortir 36 millions de Brésiliens de la pauvreté, a-t-il dit.  Au contraire, a-t-il insisté, nous aurions contribué à accentuer les vulnérabilités et les discriminations.

Mme HESS (Suisse) a expliqué le taux de chômage relativement faible des jeunes dans son pays par le niveau élevé de l’enseignement général et supérieur et « le système de formation dual, qui s’adapte particulièrement bien aux besoins de l’économie ».  La Suisse met également en œuvre des mesures pour faciliter la transition entre l’école et le monde du travail et reconnaît l’importance des partenariats public-privé pour augmenter les opportunités d’emploi pour les jeunes, a-t-il dit.  Au nombre des jeunes vulnérables en Suisse, le délégué a cité « les personnes ayant un bagage migratoire » qui rencontrent des difficultés plus importantes lors de leur recherche d’emploi.  Le pourcentage des jeunes au chômage est quasiment deux fois plus élevé chez les titulaires d’un passeport étranger, a-t-il reconnu.  Dans un contexte actuel marqué par des flux migratoires considérables, le représentant a demandé aux gouvernements et à la société civile de créer un environnement propice à l’intégration et à la solidarité, afin que toutes les filles et les garçons puissent avoir les mêmes chances.

Soulignant le rôle que les jeunes peuvent jouer dans la lutte contre les inégalités en accompagnant leurs pairs, palliant ainsi aux insuffisances parentales ou gouvernementales, il les a encouragés à s’engager dans ce type d’activités bénévoles pour contribuer à la réduction du chômage et de la pauvreté.  Les États, quant à eux, devraient prendre des initiatives pour promouvoir l’implication active des jeunes au sein de la collectivité, a-t-il dit.  Il a indiqué que son pays encourageait les activités destinées à promouvoir les valeurs économiques et à donner la parole aux jeunes, par le biais notamment de la Session des jeunes, organisée chaque année au Palais fédéral.  Enfin, le représentant a jugé indispensable l’élaboration d’une approche intégrée du développement de la jeunesse, celle-ci pouvant jouer un rôle « inestimable » dans la mise en œuvre et la diffusion du Programme de développement durable à horizon 2030. 

SAYA ABDULLAH and SAHAR AFZAL (Pays-Bas), au nom des Jeunes, a souligné que le Programme 2030 est important pour les jeunes et que leur implication est plus cruciale que jamais pour créer un cadre de développement qui place les gens et la planète au cœur de tous les efforts.  Le succès des objectifs de développement durable dépend de la pleine mise en œuvre des mécanismes tels que le Programme d’action pour les jeunes qui fête cette année ses 20 ans et qui reste pertinent et une vraie source d’inspiration mais dont la mise en œuvre pourtant reste à la traîne.  Il est plus que nécessaire de réfléchir à la façon de revitaliser les engagements pris par les gouvernements et les autres parties prenantes en recherchant les moyens de lier une mise en œuvre inclusive, participative et soucieuse de l’égalité entre les sexes du Programme d’action pour les jeunes à celle du Programme 2030. 

Les jeunes, a poursuivi son camarade, sont une ressource importante pour le développement et de vrais agents du changement social, du développement économique et de l’innovation technique.  Ce sont les experts des questions qui les affectent et une partie intégrante des solutions efficaces.  Les jeunes sont les gens les plus dynamiques, les plus créatifs et les plus talentueux de la société et pourtant ce sont aussi les plus vulnérables et les plus impuissants.  Le jeune orateur a dénoncé l’échec des décideurs politiques qui se bercent de l’illusion que la politique doit être laissée aux spécialistes et que les jeunes n’ont ni les compétences, ni l’expertise, ni les connaissances nécessaires.  Pourtant, a plaidé l’intervenant, pour la jeunesse, la participation aux décisions qui affectent leur vie est une question de dignité et un moyen de mieux comprendre les questions de la communauté et de s’en sentir partie, sans compter qu’en participant, les jeunes peuvent offrir un modèle civique à d’autres jeunes et éviter ainsi l’énorme coût potentiel de l’apathie, de la frustration et de l’exclusion sociale.  Le jeune orateur a conclu en demandant aux États d’inclure des jeunes dans leur délégations pour que l’année prochaine, « je puisse avoir le privilège d’écouter un groupe plus varié de jeunes délégués parce que comme je l’ai déjà dit, les jeunes ne sont pas l’avenir mais le présent ».

M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a dit que l’intégration sociale ne peut se faire sans une politique sociale qui tienne compte des besoins de tous les membres de la société.  Il a souligné l’importance de la famille pour l’épanouissement de l’individu et affirmé que la protection de la famille est une tâche « centrale » à laquelle s’attèle le Koweït.  Il a aussi indiqué que des mesures de protection sociale ciblant notamment les personnes âgées sont mises en place, ajoutant qu’une base de données intégrées permet aux autorités de prendre des décisions idoines à leur endroit.  Les jeunes sont l’une des priorités du Gouvernement du Koweït, a-t-il aussi déclaré, en parlant des mesures pour garantir aux jeunes la meilleure éducation possible.

M. SHEZI (Afrique du Sud) a estimé qu’un système de protection sociale performant est la clef de voute de la lutte contre la pauvreté.  Il a aussi déclaré que son gouvernement est engagé dans la protection de la famille considérée comme « le cadre de promotion de la vie sociale ».  Le représentant a ensuite relevé que les personnes âgées bénéficient d’une très grande estime dans la société sud-africaine, assurant que l’État a mis à leur disposition une pléiade de services sociaux.  Cet investissement, a-t-il affirmé, fait que l’Afrique du Sud s’est hissée à la deuxième place dans le classement des pays africains s’agissant de la prise en charge et du respect des droits des personnes âgées.  Il a appelé, à son tour, à l’adoption d’une convention sur les droits des personnes âgées.

ANCA AGACHI and DAVID TIMIŞ, jeunes délégués de la Roumanie, ont rappelé que les jeunes sont à la fois les moteurs, aujourd’hui, et les bénéficiaires, demain, du développement social.  Anca Agachi a parlé de leur campagne nationale « Youth Voice » qui avait pour but de resserrer les liens entre les objectifs de développement durable et la jeunesse et d’identifier des voies pour renforcer leur participation.  Elle a plaidé en faveur de l’engagement civique des jeunes tout en soulignant la responsabilité du Gouvernement pour parvenir à « L’avenir que nous voulons ».  Cela implique une responsabilisation des institutions et des représentants de l’État, a-t-elle indiqué en se félicitant de l’initiative multilatérale appelée « Open Government Partnership » qui cherche à renforcer la transparence et la bonne gouvernance en utilisant les nouvelles technologies.  Elle a remarqué en même temps que c’est la détermination des jeunes et leur côté proactif qui peuvent permettre les plus grands changements.  Faire du bénévolat et assister aux consultations des autorités locales sont des exemples de ce qui leur permet d’avoir un impact positif. 

David Timis a plaidé en faveur d’une éducation de qualité.  En parlant de cette question avec d’autres jeunes, a-t-il dit, nous avons constaté une convergence d’opinion sur deux points: l’importance des personnes qui servent de mentor aux jeunes pendant leurs scolarisation; et la pertinence du cursus qu’ils suivent.  Une des questions les plus soulevées est le manque de soutien et de guide dans le choix de carrière des jeunes.  Il a recommandé que les universités collaborent avec les entreprises pour s’assurer que les jeunes acquièrent les compétences adéquates pour la voie choisie.  Il faut également que les enseignements reçus à l’école soient régulièrement mis à jour et adaptés à un monde en rapide mutation.  Les jeunes manifestent aussi un intérêt particulier à améliorer leurs connaissances sur les questions relatives à l’état de droit, la santé, l’environnement et l’entreprenariat.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) s’est félicité du consensus sur la nécessité de disposer de données ventilées pour garantir le succès des objectifs de développement durable.  Nous voulons que le Programme 2030 soit appliqué et dans ce cadre, la Slovénie s’est résolument engagée pour les droits des personnes les plus vulnérables de la société, en particulier les personnes âgées compte tenu des changements démographiques.  Le représentant a salué les travaux du système des Nations Unies sur cette question et soutenu la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement.  Il a annoncé la tenue d’une conférence, dans son pays les 11 et 12 avril prochains, qui se concentrera sur la promotion des pratiques optimales dans la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid.  La Slovénie met également au point une stratégie pour répondre au vieillissement rapide de sa population.

Mme MINORI ITO (Japon) a déclaré que son pays cherchait à réaliser une « société pour tous » dans laquelle chaque individu, avec ou sans handicap, est reconnu comme méritant l’appui et le respect des autres.  La représentante a parlé des mesures prises par le Gouvernement pour contribuer à l’autonomisation et la promotion des personnes handicapées comme la ratification de la Convention des Nations Unies en juin 2014, la participation à des débats et activités au niveau international et la mise en œuvre de mesures renforçant l’indépendance et la participation sociale des personnes handicapées sur la base de troisième Plan de base pour ces personnes qui sera mis en œuvre entre 2013 et 2017. 

Le Gouvernement continue aussi ses efforts pour appliquer la loi sur la lutte contre la discrimination à l’égard des personnes handicapées qui entrera en vigueur en avril 2016, y compris la diffusion des lignes directrices sur la base des lois et des principes clefs du Gouvernement.  Considérant l’importance de faire un bon usage de sa richesse technologique, de son expérience et de ses connaissances, le Japon offre une coopération au développement et un soutien orienté vers les personnes handicapées dans de nombreux pays en développement.  Récemment, le Japon a désigné le Professeur Ishikawa, expert dans le domaine de la technologie d’aide aux personnes handicapées, comme candidat au Comité des droits des personnes handicapées en 2016 afin de partager l’expérience japonaise.  Comme contribution au Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Japon a, avec le Brésil, présenté une résolution sur le volontariat à la Troisième  Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.    

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que cette année nous célébrons le dixième anniversaire de la Convention relative aux droits des personnes handicapées qui ne porte pas seulement sur le développement social de ces personnes mais aussi sur leurs droits.  Cette Convention représente un changement de paradigme s’agissant du handicap et l’Italie est plus engagée que jamais à promouvoir les droits des personnes handicapées et à mettre en œuvre la Convention au niveau national.  Le représentant a indiqué que son pays accorde un intérêt particulier à la question du handicap invisible ou mental qui affecte plus de gens que l’on pourrait l’imaginer et qui nuit à la possibilité de mener une vie active. 

Cette question correspond particulièrement aux thèmes de la Commission du développement social et de l’intégration sociale d’autant plus que l’une des caractéristiques du handicap mental est cette sorte de stigmatisation sociale qui fait que les personnes concernées craignent même de parler de leur handicap, aggravant ainsi leur exclusion sociale et leur marginalisation.  Le représentant a également rappelé que l’Observatoire national du handicap élabore actuellement le deuxième plan d’action national sur le handicap qui sera présenté à la cinquième Conférence nationale sur le handicap, en septembre à Florence.  Les organisations de la société civile sont activement impliquées dans le processus tout en gardant à l’esprit que lorsque l’on élabore des lois et des politiques, l’implication constante des personnes handicapées est de la plus haute importance.

M. CHU GUANG (Chine) a affirmé que son pays était prêt à discuter de la création de mécanismes autres que ceux existants pour superviser la mise en œuvre des objectifs de développement durable liés aux personnes handicapées.  Il a ensuite affirmé que les jeunes devraient être au centre des efforts de développement social et appelé les pays à mettre résolument en œuvre le Programme d’action mondial pour la jeunesse.  Il est important de souligner le rôle de la famille comme unité de base du développement social, a-t-il dit, ajoutant que la famille joue un rôle crucial dans l’élimination de la pauvreté, la promotion de l’emploi et l’intégration sociale.  Il a exhorté les gouvernements à inclure cette perspective familiale dans leurs politiques et à promouvoir les vertus de la famille et de l’harmonie.

Rappelant que la Chine compte 85 millions de personnes handicapées, le délégué a détaillé les actions prises pour améliorer leurs conditions de vie, citant notamment celle consistant à accorder des subsides à 20 millions de personnes handicapées dans le besoin.  Il a ensuite insisté sur les prestations offertes par un système de protection sociale « relativement complet », alors que la Chine est confrontée au défi du vieillissement de sa population.  S’agissant de la création d’emplois pour les jeunes et du développement de l’entreprenariat, le représentant a indiqué que plus de 2 millions de jeunes ruraux avaient bénéficié de micro-crédits depuis 2008.  Depuis 2009, plus de 16 millions de formations professionnelles ont été offertes aux jeunes en milieu rural.  Enfin, s’agissant de la politique d’appui aux familles, qui est une priorité de son pays, le représentant a insisté sur l’amélioration des efforts visant à accompagner les familles dans leur processus d’installation en milieu urbain.  La Chine bâtit également un réseau intégré pour les familles déshéritées en milieu rural en vue de leur fournir des soins et prestations adaptées, a-t-il conclu. 

Mme PATRYCJA PUZ (Pologne) a indiqué que son gouvernement a mis sur pied des mesures afin de faciliter la vie des mères.  Elle a ainsi expliqué que des mesures incitatives ont été mises en place pour motiver les Polonais à faire des enfants sans devoir porter un fardeau trop lourd.  Les familles nombreuses ont ainsi des cartes spéciales qui leur donnent des facilités d’accès à certains services sociaux et un accès prioritaire dans les centres de loisirs.  La représentante a aussi parlé des mesures en faveur des personnes handicapées dont les programmes de scolarisation et de formation professionnelle spécifiques.  En outre, le fait que les personnes de plus de 60 ans constituent plus de 22% de la population a poussé le Gouvernement à lancer des programmes en leur faveur, dont la multiplication des foyers d’accueil.    

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a déclaré que l’éducation constituait un droit pour les enfants handicapés au Maroc.  Le nombre de classes intégrées a atteint 600 aujourd’hui contre une trentaine il y a 10 ans.  La scolarisation des enfants handicapés est organisée selon trois niveaux différents qui dépendent du type et du degré du handicap, avec la possibilité de poursuivre les études dans des classes normales et des classes intégrées dans les établissements scolaires selon les programmes officiels en vigueur.  L’objectif est de préparer les enfants à une intégration partielle puis totale par l’aménagement des contenus et des méthodes et techniques d’enseignement.  Par ailleurs, un vaste programme d’appui aux ONG œuvrant dans le domaine de l’éducation des enfants handicapés a été lancé.  L’objectif est d’appuyer l’éducation de plus de 2 000 enfants handicapés issus des familles pauvres dans les 71 centres spécialisés, avec un budget de 16 millions de dirhams. 

En outre, pour le Maroc, les jeunes, qui constituent un quart de la population, ont toujours été un enjeu stratégique majeur car laissés pour compte, ils sont une menace pour la paix et la démocratie alors que pris en compte, ils sont des agents déterminants de l’évolution sociale et un « gigantesque » potentiel pour le développement.  La Stratégie nationale intégrée de la jeunesse 2015-2030 engage un processus de réflexion et de consultation avec les acteurs publics et privés, tout en associant les jeunes.  Il s’agit d’identifier les axes stratégiques d’intervention transversale.  La création à Rabat, en septembre 2014, de l’Union des jeunes parlementaires africains, répond à l’impératif de mettre en œuvre des moyens concrets permettant aux jeunes de prendre en main leur destin.  Il s’agit là d’un autre exemple d’initiative concrète qui tend à favoriser les échanges et la coopération au sein de la jeunesse, rapprocher les jeunes de la vie publique et les impliquer dans la construction de l’Afrique.

En sa capacité nationale, Mme KARLA LEMUS DE VÁSQUEZ (El Salvador) a parlé du Programme présidentiel en faveur des personnes âgées, mis en œuvre depuis 2011 et qui a permis de faire passer le taux d’analphabétisme de 44% à 39% et d’établir, pour 39 000 personnes âgées, des fiches cliniques à partir des informations recueillies lors des visites à domicile.  Un diplôme de gérontologie sociale a également été créé et par le biais de ce programme, le Gouvernement a aussi identifié les besoins particuliers des femmes âgées qui sont particulièrement vulnérables.  En outre, a ajouté la représentante, 2,5 millions de dollars ont été investis au cours des trois dernières années pour améliorer les infrastructures des maisons de retraite et des espaces publics.

Reconnaissant qu’il fallait dépasser la vision de ces personnes comme un groupe vulnérable, elle a plutôt prôné une image de « titulaires de droits et membres actifs de la société ».  Sur le plan régional, elle a fait valoir l’adoption, le 15 juin 2015, de la Convention interaméricaine sur la protection des droits des personnes âgées, ajoutant qu’en décembre dernier, son pays a lancé une campagne diplomatique en ce sens.  Le représentant a ensuite énoncé les différentes mesures prises par son pays en faveur de l’intégration des personnes handicapées qui fait l’objet d’une politique nationale.  En ce qui concerne les jeunes de moins de 30 ans, qui représentent 56% de la population, elle a mentionné ce qui est fait pour créer des opportunités à différents niveaux, comme les familles, les entreprises, le pays.  Ce sont tant des sujets de droits que des acteurs stratégiques du développement, a-t-elle souligné.

M. FEDERICO GONZÁLEZ (Paraguay) a indiqué que, dans son pays, 60% de la population est âgée de moins de 30 ans et que son gouvernement a mis en place un Ministère de la jeunesse qui a permis d’appliquer des programmes particuliers en faveur des jeunes.  Un des objectifs est l’octroi de bourses d’étudiants et le versement d’une aide économique aux plus démunis.  En même temps, le pays met en œuvre le Plan national de politiques pour les personnes âgées qui représentent environ 10% de la population.  Le représentant a aussi parlé du Programme de pension alimentaire pour les personnes âgées qui vise les personnes pauvres de plus de 65 ans.  M. González a ensuite salué l’adoption de la Convention interaméricaine pour la protection des droits des personnes âgées, s’enorgueillissant d’appartenir à la première région à adopter un traité contraignant.  Il reste encore de grands défis à relever en matière d’intégration des personnes handicapées, a-t-il reconnu, mentionnant toutefois plusieurs lois, dont une qui prévoit des subventions aux employeurs qui embauchent des personnes handicapées.

Mme KIM HYEJIN (République de Corée) a salué le fait que la question du handicap ait été prise en compte dans le Programme 2030.  Elle a rappelé que cette année marque le dixième anniversaire de la Convention sur les droits des personnes handicapées et qu’en tant que Présidente de la Conférence des États parties, la République de Corée entend bien continuer à impliquer les différentes parties prenantes, à sensibiliser l’opinion publique et à travailler à une meilleure mise en œuvre de la Convention.  Au niveau national, le Gouvernement s’attache par exemple à améliorer l’évaluation des services et à les élargir aux handicapés psychosociaux, sans compter les efforts pour faciliter la mobilité.  Au niveau régional, la République de Corée travaille à la mise en œuvre de la Stratégie d’Incheon et s’agissant des personnes âgées, le Gouvernement a, pour améliorer les programmes, créer une Commission sur la société vieillissante et la population.  Il a également élaboré un plan quinquennal et en collaboration avec la Chine et le Japon, elle organise une Conférence tripartie sur le vieillissement qui sert de plateforme pour le partage des expériences et des politiques. 

Mme DELOIS BLAKELY, New Future Foundation, a salué le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, adopté en juillet dernier, qui comporte des engagements forts en faveur de la réduction de la pauvreté.  Elle a souligné l’importance de l’investissement dans les jeunes, en particulier dans leur formation.  L’éducation des jeunes est en effet un facteur crucial du succès des objectifs de développement durable, a-t-elle insisté.  Le Forum de la jeunesse qui vient de se tenir à l’ONU a demandé un plan d’action, a-t-elle rappelé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social s’interroge sur la manière de concrétiser le Programme de développement durable dans l’optique du développement social

Cinquante-quatrième session,
4e & 5e séances – matin & après-midi 
SOC/4833

La Commission du développement social s’interroge sur la manière de concrétiser le Programme de développement durable dans l’optique du développement social

Comment concrétiser les engagements pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dans l’optique du développement social?  C’est la question que la Commission du développement social, qui a entamé hier sa cinquante-quatrième session, a posé aux États et aux experts. 

« Nous savons ce qui doit être fait, mais nous ne savons pas bien comment faire », a reconnu l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi.  « Les processus intergouvernementaux de suivi de l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’ont pas encore été précisément définis », a confirmé le Président de la Commission, M. Ion Jinga, de la Roumanie.

Adopté en septembre dernier, le Programme 2030 s’appuie sur trois piliers, à savoir, la croissance économique, le développement humain et la protection de l’environnement, trois piliers qui s’emboîtent parfaitement dans ceux du développement social que sont la réduction de la pauvreté, l’intégration sociale et le plein-emploi.

Pour un Professeur de l’Université de Manchester, qui a parlé du Programme NREGA en Inde contre la pauvreté, mettre en œuvre le développement durable dans l’optique du développement social exige d’abord et avant le plein engagement des autorités politiques et leur collaboration avec la société civile.  Il faut des partenariats entre le Gouvernement, la société civile, les autorités traditionnelles, les communautés et les partenaires au développement, a compté le Ministre de protection sociale du Ghana. 

Des intervenants ont accueilli de tels partenaires comme un moyen efficace de collecter les données nécessaires à des politiques ciblées.  Nous devons savoir pourquoi ceux qui ont le plus besoin des services publics n’y ont pas accès, a, par exemple, déclaré la représentante du « Mouvement international ATD quart monde » qui a fait remarquer: « aucun représentant de groupes que nous essayons de protéger n’est présent dans cette salle ». 

L’accès à des données fiables a été présenté comme un des facteurs de réussite du « Plano Brasil Sem Miséria », qui fait partie du plus grand programme social au monde, avant ceux du Mexique et des Philippines, comme l’a rappelé aujourd’hui le représentant de Manille.  Le Plan « Brésil sans pauvreté » n’aurait pas porté autant de fruits sans un système solide de statistiques, a expliqué le représentant brésilien.

Le Brésil ayant aussi lancé la « Bolsa Familia », le représentant du Nigéria, au nom du « Groupe des Amis de la famille », a insisté sur le fait qu’il faut viser la famille comme entité.  Il a dénoncé les tentatives, au sein même du système des Nations Unies, de dévoyer le rôle de la famille au profit de valeurs controversées, ce qui n’a pas empêché le Ministre de l’intégration sociale de la Norvège de vanter les mérites du « Livre blanc sur les politiques familiales » qui se focalise sur le respect de toutes les formes de famille et ceux du nouveau Plan d’action sur les LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués). 

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, vendredi 5 février, à partir de 10 heures.  Elle tiendra une table ronde sur l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en lien avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées, avant d’entamer un débat général sur l’examen des plans et programmes d’action des Nations Unies relatifs aux groupes sociaux.

* E/CN.5/2016/3, E/CN.5/2016/2, A/71/61–E/2016/7, E/CN.5/2016/4

**E/CN.5/2016/1

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)

Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/3)

Table ronde sur le thème « Application du Programme de développement durable à l’horizon 2030: concrétiser les engagements pris, dans l’optique du développement social »

Les jeunes sont pour la première fois au centre du développement, a remarqué avec satisfaction M. AHMAD ALHENDAWI, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse, tout en prévenant qu’il restait du chemin à faire pour comprendre l’interdépendance entre les différents domaines du développement.  Il a rappelé que le Plan d’action pour la jeunesse, qui a fêté l’an dernier ses 15 ans, comporte 15 domaines prioritaires.  À ce jour, 115 États Membres ont mis au point des politiques nationales pour la jeunesse, s’est-il réjoui.  Il s’est cependant demandé comment le Programme de développement durable à l’horizon 2030 aurait une incidence sur la façon de travailler dans les commissions et les processus nationaux.  En 2016, a-t-il prévenu, il va falloir s’adapter aux objectifs de développement durable.  « Nous savons ce qui doit être fait mais nous ne savons pas bien comment faire. »

Faisant remarquer que la moitié de la population du monde est âgée de moins de 25 ans, et que 90% des jeunes du monde vivent dans l’hémisphère Sud, il s’est inquiété des défis extrêmement graves auxquels les jeunes sont confrontés, comme l’éducation, bien souvent de mauvaise qualité.  Il a aussi attiré l’attention sur le manque de sécurité dont souffrent 600 millions de jeunes dans les zones de conflit.  Ahmad Alhendawi a pris l’exemple de l’Inde où 800 millions de personnes ont moins de 30 ans.  Ce pays à lui seul peut faire des objectifs de développement durable un succès ou un échec.  Il a aussi rappelé qu’il faudrait créer 700 millions d’emplois mais a émis des doutes sur la capacité des gouvernements d’y arriver seuls: le plus grand obstacle à l’entreprenariat des jeunes est le système juridique qui régit l’accès au crédit.  L’accès des jeunes à la politique est un autre problème qu’a soulevé l’Envoyé spécial avant de s’inquiéter des inégalités qui frappent plus les jeunes que les adultes.  Il ne faut pas négliger la puissance d’innovation des jeunes.  S’il est vrai qu’aucun objectif de développement durable ne concerne spécifiquement la jeunesse, il est tout aussi vrai que chacun des 17 objectifs les concerne directement, a-t-il souligné.

La protection sociale est le domaine le plus important en matière de développement social, a estimé M. KUNAL SEN, Professeur d’économie et des politiques du développement de l’Université de Manchester (Royaume-Uni).  Malheureusement, a-t-il regretté, c’est aussi le domaine qui paye le plus souvent le prix des restrictions budgétaires et des politiques d’austérité.  Il a donné un exemple de succès, celui du programme NREGA en Inde.  Un programme, a-t-il expliqué, qui vise à apporter le soutien de l’État aux foyers des démunis.  Le programme prend en charge 50 millions de personnes, notamment dans les zones rurales et leur permet de travailler au moins 100 jours par an.  Le programme, a assuré l’orateur, a permis de réduire la pauvreté et de freiner l’exode rural tout en permettant aux foyers les plus pauvres d’augmenter leurs revenus.

Ce type de programmes peut marcher partout s’ils sont bien gérés, si les autorités politiques s’engagent à œuvrer à leur succès et si les politiques collaborent avec la société civile et les parties prenantes pour que tout le monde parle et agisse en synergie.  Le professeur a imputé au manque de volonté politique des dirigeants le fait que de tels programmes ne marchent pas comme ils devraient en Afrique.  Or le succès de NREGA montre que le développement durable passe véritablement des initiatives appuyées sur les piliers « économique, social et environnemental ».

Il faut mettre en place des partenariats tout en veillant à l’appropriation nationale, a poursuivi Mme CLAIRE MELAMED, Chef de programme à « Overseas Development Institute » du Royaume-Uni.  Les partenariats porteurs de changement, a-t-elle avoué, sont cependant les plus difficiles à créer et ce faisant, il faut examiner avec réalisme les contraintes qui se posent.  L’oratrice a donc plaidé pour un esprit de coopération, « sans crainte des conversations difficiles ».  Définissons, a-t-elle conseillé, le terme « partenariat ». 

Améliorer les données et les informations sur lesquelles fonder les décisions politiques est un autre cheval de bataille de Mme Melamed pour qui l’image, la photo et l’art sont importants pour connaitre la vie des populations.  L’étape suivante est de faire le lien entre les données et les actions à mener et les situations pour lesquelles on a le moins de données sont en général celles qui exigent le plus d’attention, a-t-elle fait remarquer.  Elle a donc proposé, pour améliorer les politiques sociales, de combiner les statistiques sur la santé, la qualité de l’air, les résultats scolaires et autres, avec les résultats des sondages sur ce qu’attendent les gens.

L’objectif premier du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est le développement social, a en effet rappelé Mme CRISTINA DIEZ, Représentant du Mouvement international ATD quart monde auprès des Nations Unies.  Elle a prévenu que les efforts dans ce sens risquaient d’être ralentis pas une nouvelle crise économique qui pourrait se déclarer d’ici à 2020.  Elle a aussi averti que, selon les chiffres de l’Organisation internationale du Travail (OIT), le nombre de chômeurs passerait de 197,1 millions en 2015 à 199,4 millions en 2016 et 200,5 millions en 2017.  À cela s’ajoutent des restrictions budgétaires qui devraient affecter 132 pays en 2016, entrainant des coupes budgétaires dans 81 pays en développement. 

Mme Diez a proposé à la Commission du développement social de réfléchir à sa capacité de convoquer les acteurs essentiels de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, comme les experts mais aussi les personnes les plus vulnérables.  Aucun représentant de groupes que nous essayons de protéger n’est présent dans cette salle, s’est-elle désolée, en estimant que cela entame la crédibilité de la Commission.  L’experte a rapporté une question qui a été posée lors du Forum de la société civile: « comment garantir des résultats si aucun mécanisme de responsabilisation n’est prévu?  L’oratrice a donc proposé que l’on mesure les progrès au niveau communautaire, en travaillant avec les pauvres.  Nous devons comprendre pourquoi ceux qui ont le plus besoin des services publics sont ceux qui y ont le moins accès.

Le volet social doit être au cœur de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 car son succès en dépend, a acquiescé M. PAUL LADD, Directeur de l’institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD).  Mais comment s’en assurer? a demandé le représentant du Nigéria qui a dépeint un tableau « chaotique » des pays en développement où le développement social a été, pendant des décennies, sacrifié sur l’autel des programmes d’ajustement structurels imposés par le Fonds monétaire international (FMI).  Comment assurer, a renchéri son homologue de l’Union européenne une prise en compte « équitable » des trois piliers du développement durable, à savoir l’économique, le social et l’environnemental.

Il faut encourager le partage des pratiques exemplaires, a conseillé le Président de la Commission du développement social et, ce faisant, tenir compte des capacités administratives des pays.  Il faut, a-t-il poursuivi, des partenariats entre tous les acteurs du « social », y compris les médias, afin de garantir les synergies.  En la matière, la société civile semble devoir jouer un rôle des plus importants, car, a-t-il estimé, c’est elle qui doit « mettre la pression » sur les dirigeants pour les aiguillonner vers des résultats concrets.  2015 était une année importante par la communauté internationale et 2016 le sera encore plus car c’est l’année de la concrétisation de tout ce qui a été décidé par les dirigeants du monde.

Allons au-delà du « déjà-vu » et renonçons aux réunions où on dit et redit des banalités du genre « la jeunesse est importante parce qu’elle représente l’avenir », s’est impatienté l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse.  Les ONG, a-t-il rappelé ont fini par se lasser des discours creux des politiciens qui promettent tout mais n’investissent pas là où le peuple en a le plus besoin.  Si la réélection des politiciens dépendaient de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, on les verrait s’y engager sans réfléchir deux fois, a ironisé Mme Cristina Diez du Mouvement international ATD quart monde.  Les gouvernements doivent mettre sur pied des systèmes qui favorisent la cohérence des politiques entre l’économique, le social et l’environnemental, a souligné Mme MELAMED de « Overseas Development Institute ».  Il faut des stratégies de développement plus équilibrées entre ces trois piliers, a insisté M. KUNAL SEN de l’Université de Manchester, défendant une approche qui rendrait les sociétés plus résilientes face aux crises économiques.  

En effet, en ces temps de marasme économique, comment assurer l’emploi des jeunes? s’est demandé le représentant de l’Iraq.  Plusieurs intervenants ont milité pour la mobilisation des gouvernements et du secteur privé qui devraient travailler main dans la main.  Les gouvernements doivent créer les conditions propices à l’essor de l’entrepreneuriat parmi les jeunes.  En la matière, a conseillé la représentante du Mouvement international ATD quart monde, les gouvernements doivent se départir de cette tendance à considérer les couches défavorisées comme des êtres fragiles qu’il faut soutenir.  Les populations les plus vulnérables veulent elles aussi contribuer au développement.  Il est temps de mettre fin aux politiques et programmes qui les excluent et les ostracisent.

Débat général

M. ZWELETHU MNISI, (Swaziland), au nom du Groupe des États d’Afrique, a indiqué que la crise du développement en Afrique n’avait pas changé fondamentalement de nature en dépit des progrès significatifs accomplis par les pays africains.  Ces derniers continuent d’être dans le bas des classements, a-t-il dit, ajoutant que les inégalités de revenu se creusaient.  Il a déclaré que les perspectives d’emploi pour les jeunes s’étaient dégradées et que, souvent, un emploi dans le secteur informel était la seule possibilité qui leur était offerte.  De nombreux pays continuent d’enregistrer une baisse des revenus du travail ce qui exacerbe les inégalités de revenu et de salaire, a-t-il dit.

Rappelant que la guerre et les conflits continuaient d’endommager les économies africaines et d’alimenter l’extrême pauvreté, il a souligné l’importance du Protocole de l’Union africaine relatif à l’établissement de la paix et de la sécurité adopté en 2002, qui est « un cadre robuste et proactif » pour la promotion de la paix et un mécanisme de prévention et de résolution des conflits.  Faire taire les canons est une priorité de l’Union africaine, a déclaré M. Mnisi, qui a également mentionné l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour une Afrique en paix et prospère, « force dynamique dans un contexte mondialisé ».  Il a également insisté sur la vulnérabilité du continent africain face aux catastrophes naturelles et aux conséquences des changements climatiques, la sécheresse actuelle rendant impossible la préservation des stocks et des cultures, a-t-il dit.

Les dirigeants africains sont convaincus que l’industrialisation est une voie des plus viables pour la promotion d’une croissance riche en emplois et un préalable à la transformation structurelle des économies, a-t-il poursuivi.  Le délégué a précisé que les États de l’Union africaine avaient convenu de développer le secteur privé et de renforcer la capacité productive du secteur informel.  Au titre des obstacles rencontrés par le secteur industriel, il a mentionné le manque d’infrastructures et de débouchés commerciaux, ainsi que les lacunes dans le transfert des technologies.  Le délégué a sollicité l’appui des partenaires de l’Afrique en vue de bâtir un système éducatif inclusif, « qui ne laisse personne sur le bord de la route ».  En conclusion, M. Mnisi a demandé à la communauté internationale d’aider son continent à atténuer les conséquences des changements climatiques, d’une manière qui contribue au renforcement des capacités et au développement.  Face aux menaces climatiques qui pèsent sur le continent, le délégué a plaidé pour un cadre de gouvernance global qui, en favorisant le transfert de technologies et en fournissant un financement adéquat, contribuerait à renforcer la résilience de l’Afrique. 

Nous ne pouvons plus, a prévenu, M. GEORGE TALBOT (Guyana), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM)), ignorer le fait que l’économie, le social et l’environnement sont inextricablement liés.  Reprenant les mots du Secrétaire général selon lesquels « nous sommes la première génération à être en position de vaincre la pauvreté », le représentant a estimé que cette lutte doit inclure une gestion viable des ressources naturelles et de la biodiversité.  Malgré des progrès notables, a-t-il constaté, le développement social a été inégal et reste fragile.  Aujourd’hui, a souligné le représentant, les inégalités de revenu s’aggravent dans le monde et les 10% les plus riches de la planète possèdent 40% de la richesse mondiale contre 0,7 à 2% pour les 10% les plus pauvres.  L’intervention de l’État est essentielle pour des services sociaux de qualité, a insisté le représentant, avant de faire part des progrès enregistrés dans les pays de la CARICOM.  Il a présenté le Plan stratégique (2015-2019) de la CARICOM comme un document tout simplement « inédit » et a parlé de la Stratégie 2030 pour le développement des ressources humaines et de la création d’une Commission du même nom. 

Mme NANA OYE LITHUR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, a appelé d’emblée à l’identification et au partage des pratiques exemplaires, arguant que le Ghana, qui a été le premier pays d’Afrique subsaharien à réaliser l’OMD 1 visant à diviser par deux le nombre de personnes vivant dans la pauvreté, s’attèle désormais à mettre en place un système de protection sociale comme stratégie-clef de la réalisation des objectifs de développement durable.  Les éléments constitutifs du système, a détaillé le Ministre, sont le partenariat entre le Gouvernement, la société civile, les autorités traditionnelles, les communautés et les partenaires au développement; un cadre politique et juridique; un cadre de gouvernance aux niveaux national, régional, des districts et des communautés; un registre unique des données nationales; le renforcement de la coordination entre les diverses interventions en matière de protection sociale; un système informatisé pour les prestations sociales, un mécanisme de financement durable et un système d’évaluation des progrès.  Après avoir donné quelques résultats concrets de ce système, le Ministre a souligné la nécessité d’une aide au renforcement des capacités et d’une aide financière. 

M. USMAN SARKI (Nigéria), s’exprimant au nom du Groupe des Amis de la famille à New York, a rappelé que la famille est la base de toute société, comme l’a reconnu le Programme d’action de Copenhague sur le développement social.  La santé de la famille est essentielle et doit être vue comme une condition préalable au développement social.  La famille, a poursuivi le représentant, a une responsabilité fondamentale dans l’éducation des enfants et joue également un rôle de premier plan dans la protection des personnes âgées et des handicapés.  La famille est l’« agent du changement » qui peut mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes et promouvoir leur éducation.  Le représentant a donc dénoncé le fait qu’il y ait, au sein même du système des Nations Unies, des tentatives de dévoyer le rôle de la famille au profit de valeurs controversées.  Il a plutôt encouragé les États à créer des politiques favorables à l’épanouissement de la famille et à sa promotion par tous les acteurs sociaux.

M. GEORG ANTONSEN, Ministre de l’enfance, de l’égalité et de l’intégration sociale de Norvège, a promis d’emblée l’augmentation de l’aide norvégienne au développement, soulignant que l’appropriation nationale des efforts de développement et la coopération avec le secteur privé ont toujours formé la base de cette aide.  Pour faire face à la crise des réfugiés, a poursuivi le Ministre, la Norvège a annoncé le versement d’une somme d’un milliard de dollars pour la Syrie et les pays voisins, pendant les quatre prochaines années.  Le Ministre a rappelé que son pays a organisé, l’été dernier, un Sommet international sur l’éducation de qualité pour tous.  Le pays a aussi lancé cette semaine le troisième Plan d’action sur l’accessibilité des personnes handicapées et en automne, le Gouvernement a soumis au Parlement le Livre blanc sur l’égalité entre homme et femme.  Ce printemps, le Gouvernement entend soumettre le Libre blanc sur les politiques familiales qui se focalisent sur la diversité et le respect de toutes les formes de famille.  Le Gouvernement lancera aussi un nouveau Plan d’action sur les LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués).  Il s’efforce également d’élaborer une stratégie contre les discours de haine, sans compter qu’il vient de soumettre à la consultation populaire une loi globale sur l’égalité et la non-discrimination. 

M. MARTINO JANNUZZI (Brésil) a raconté la transformation sociale de son pays depuis la promulgation de la Constitution de 1988 et en particulier au cours des 13 dernières années.  Les politiques sociales brésiliennes sont vues comme une référence en matière de développement inclusif et de lutte contre la pauvreté, a-t-il fait valoir avant de parler du Programme de transfert de liquidités appelé « Bolsa Familia » et d’autres programmes dans les secteurs de l’alimentation et de l’emploi.  Tous ces programmes sont intégrés dans le « Plano Brasil Sem Miséria » (plan Brésil sans pauvreté).  Le représentant a aussi voulu partager l’expérience du Brésil en matière de statistiques grâce à un système qui a permis d’améliorer les programmes sociaux.  Il a également déclaré que les dépenses sociales du Gouvernement avaient augmenté, passant de 13% à 25% en 30 ans.  En dépit de ces progrès, le Brésil a encore beaucoup de défis à relever avant de parvenir à l’idéal du « contrat social » institué par la Constitution. 

En faisant ce constat, M. de Martino Jannuzzi a reconnu la nécessité de consacrer au développement social des fonds plus importants, et ce malgré les difficultés économiques.  C’est dans ce contexte qu’il a demandé un engagement au plan international pour la promotion du développement social, enraciné dans les principes de Copenhague.  Se remémorant la Conférence de Rio+20, tenue dans son pays en 2012, il a souligné qu’il fallait maintenant s’entendre sur des indicateurs pour mesurer les progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Mme ELIF ÇALIŞKAN (Turquie) a expliqué l’approche multidimensionnelle du dixième Plan turc de développement intitulé « L’avenir que nous voulons » et qui combine les questions de développement avec des politiques basées sur les droits.  Elle s’est félicitée du succès de cette approche, notamment en termes d’accès des plus pauvres à la santé et à l’éducation.  Cela n’a été possible, a-t-elle expliqué, qu’en plaçant l’intégration sociale au centre des politiques économiques.  La Turquie a ainsi restructuré son système éducatif, qui comporte maintenant un cycle de 12 ans de scolarisation obligatoire et mis en œuvre un programme de transformation du secteur de la santé.  Pendant ce temps, des politiques ont été appliquées pour autonomiser les femmes et pour renforcer leur participation à la population active. 

Enfin, la représentante a attiré l’attention sur la politique « portes ouvertes » de la Turquie face à la crise humanitaire déclenchée par le conflit syrien.  Le pays héberge actuellement 2,5 millions de Syriens, dont 270 000 ont accès à l’alimentation et à l’éducation dans les 25 centres de protection temporaires.  Cette action coûte 9 milliards de dollars, a-t-elle indiqué en déplorant l’aide limitée de la communauté internationale.  Cette dernière, a-t-il prévenu, doit accroître ses financements pour que l’on puisse préparer les enfants syriens à l’après-conflit.  Aujourd’hui en Turquie, seuls 80 000 d’entre eux sont scolarisés, ce qui laisse 400 000 de leurs camarades sur le côté.

Mme NELLY SHILOH (Israël) a noté que nous vivons dans un monde dans lequel certains de nos grands esprits et de nos futurs dirigeants sont ignorés du fait des stigmas et de l’ignorance.  Elle a demandé ce qu’aurait été le monde si Franklin Roosevelt n’avait pas été Président des États-Unis parce qu’il avait contracté la poliomyélite et vécu le reste de son existence sur une chaise roulante.  Alors que le monde évolue, il faut se garder d’oublier ceux qui sont privés d’opportunités et de droits dans nos sociétés.  Rappelant ainsi la promesse faite par la communauté internationale de « ne laisser personne de côté », la représentante a insisté sur la situation des jeunes, des personnes âgées, des handicapés ou des membres de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).  La responsabilité de chaque État est de créer des sociétés intégrant pleinement tous les individus.  

La représentante a insisté sur l’investissement dans les jeunes, assurant que son gouvernement est engagé dans une interaction saine entre les générations.  Elle a aussi fait part de l’engagement de son pays à œuvrer au respect des droits des personnes handicapées, rappelant dans ce contexte que la mission d’Israël auprès des Nations Unies a organisé, en juin dernier, une cérémonie dénommée « la fête des sens », afin de faire voir aux décideurs ce que c’est que la vie avec un handicap.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a déclaré que la mise en œuvre de Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige une approche multisectorielle, compte tenu de l’interconnexion de ses objectifs.  Le Gouvernement indonésien, a-t-il dit, entend promouvoir le développement social en mettant en œuvre des programmes ciblés, tenant compte de chaque groupe vulnérable et de son environnement qu’il soit urbain ou rural.  Le Gouvernement entend ainsi prendre soin en particulier des populations rurales des zones côtières, pratiquant pour la plupart l’agriculture ou la pêche.

Les politiques sociales doivent se fonder sur le renforcement des capacités, notamment les capacités productives, afin de sortir les populations de la pauvreté.  Le représentant a prévenu que l’absence de politiques pro-familles conduit inévitablement aux inégalités et à l’exclusion sociale qui sapent les efforts d’éradication de la pauvreté.  L’Indonésie, a dit le représentant, déploie des efforts en faveur du développement social dans un contexte marqué par des catastrophes naturelles qui peuvent détruire en un clin d’œil des années entières d’avancées.  Le représentant a donc plaidé pour que la réduction des risques de catastrophe soit liée au développement social.

M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq) a fait mention d’un certain nombre de mesures prises par son gouvernement pour faire avancer le développement social.  Il a insisté sur l’intégration sociale et l’égalité entre les sexes.  Il s’est félicité du fait que les femmes occupent plus de 25% des sièges dans les Parlements locaux.    

M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a voulu que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 soit axée sur l’autonomisation des personnes, en particulier celles en situation de vulnérabilité.  Il a recommandé d’adopter, à cet effet, des politiques publiques focalisées sur la lutte contre la pauvreté et l’intégration sociale, faisant remarquer que la croissance économique ne peut à elle seule résoudre les problèmes de développement social.  C’est à l’État, a-t-il dit, de montrer le chemin par ses politiques sociales.  Il a donné l’exemple de ce que fait le Ministère péruvien du développement et de l’intégration sociale, notamment par le biais d’une Stratégie nationale du même nom.  Le Gouvernement prend soin de budgétiser les dépenses consacrées à la santé et aux programmes sociaux, a-t-il assuré avant de faire part également des efforts de professionnalisation de la gestion publique.  Enfin, le représentant a rappelé que l’objectif principal du développement social se résume dans le concept de « société pour tous ».

M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie) a plaidé en faveur d’une plus grande cohérence entre les politiques internationales et les plans nationaux de développement.  Il a jugé fondamental le rôle joué par la Commission du développement social, non seulement pour l’échange d’expériences mais aussi pour la coordination des actions.  Il a rappelé que si le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un document très important, il ne doit pas faire oublier les attentes face aux questions inclues dans la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague.  Prônant le renforcement des politiques sociales au niveau national, il a insisté sur l’importance des politiques pro-familles pour sortir les gens de la pauvreté.  On ne peut pas y arriver sans l’égalité entre les sexes, a-t-il ajouté. 

M. SANGWOOK KANG (République de Corée) a expliqué que son pays s’attachait à créer des emplois et à remédier au phénomène de la croissance sans emplois.  Le Gouvernement a établi une feuille de route pour parvenir à un taux d’emploi de 70% et assurer le passage vers l’emploi des groupes vulnérables, à bas revenu, tels que les femmes avec des carrières interrompues, les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Il a précisé que son pays œuvrait à une réforme du marché de l’emploi et au développement de son système de protection sociale.  Mon gouvernement fournit des prestations sociales adaptées à toutes les étapes de la vie, a-t-il dit.  Il a précisé que le programme offrant des services intégrés pour permettre à des individus de s’extraire de la pauvreté grâce à l’emploi avait été élargi.  Soulignant que son pays avait intégré les objectifs du Programme de développement durable dans sa Stratégie nationale d’aide publique au développement pour 2016-2020, il a mentionné une initiative visant à fournir une éducation de qualité aux enfants, en particulier aux fillettes.  « La République de Corée continuera ses efforts pour promouvoir l’intégration sociale, la participation et le développement », a assuré le délégué.

M. FEDERICO GONZÁLEZ (Paraguay) a expliqué que son pays a, au cours de la dernière décennie, lancé des programmes pour un « transfert de fonds avec co-responsabilité », ce qui a permis à de nombreuses personnes d’avoir accès à l’éducation formelle et à la santé.  Nous avons aussi mis en place une Stratégie intergénérationnelle d’élimination de la pauvreté qui vise notamment l’alphabétisation des adultes.  Des efforts sont également déployés pour améliorer les infrastructures publiques, comme les systèmes d’approvisionnement en eau.  Au niveau international, le représentant a estimé essentiel de renforcer les travaux de la Commission du développement social, notamment pour souligner la dimension sociale du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. WANG MIN (Chine) a invité les États Membres à s’approprier la dynamique et le contenu du Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour s’atteler à une mise en œuvre qui tienne compte des spécificités nationales.  Les trois principaux objectifs du développement social, à savoir la réduction de la pauvreté, l’intégration sociale et le plein emploi, doivent être promus de manière intégrée et équitable.  Le représentant a souhaité que la Commission du développement social joue un rôle de premier plan dans la mise en œuvre du Programme 2030, notamment en servant de plateforme d’échange d’expériences.  Il a en outre demandé que l’autonomie des pays dans la mise en œuvre soit respectée.  La communauté internationale se doit de respecter les choix de chaque pays en matière de développement, ces pays pouvant s’inspirer de l’expérience des autres pour s’améliorer.

M. Min a par ailleurs relevé que le développement social passe par des réformes et l’innovation.  Il a invité les pays développés à respecter leur promesse en matière d’aide publique au développement (APD) et espéré que la Chine pourra réaliser des avancées notables grâce à son treizième Plan quinquennal sur l’économie nationale et le développement social.

Mme MONIKA PACHOUMI (Chypre) a déclaré que son gouvernement a réformé ses politiques sociales en vue de les rendre conformes au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a indiqué qu’en dépit de la crise économique, Chypre n’a pas réduit ses engagements sociaux, en particulier en faveur des personnes handicapées.  Elle a invité la Commission du développement social à assurer le suivi de la mise en œuvre « du pilier social » du développement durable.

M. DIMITAR DIMITROV (Bulgarie), jeune délégué bulgare auprès des Nations Unies, a dit que son gouvernement s’attèle à l’intégration sociale et professionnelle des personnes handicapées.  Il a fait mention de l’engagement de son gouvernement à promouvoir l’appropriation des objectifs de développement durable, et ceci grâce au Programme « 17 étapes » qui vise à faire participer les lycéens bulgares et roumains à la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable.  Il a ensuite passé la parole à sa collègue, Mme ANINA YOVKOVA qui a martelé que le développement social ne peut se faire sans la participation active de toutes les parties prenantes, y compris les jeunes qui doivent également donner leur avis et participer au processus de prise de décisions.  Elle a plaidé pour que les organisations de jeunes reçoivent des fonds adéquats pour mener des actions de développement.  

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a déclaré que le programme-symbole de son gouvernement en faveur du développement social est le Programme sur le transfert conditionnel d’argent qui vise les familles les plus vulnérables à la pauvreté et qui sera financé en 2016 à hauteur d’1,3 milliard contre 209 millions de dollars en 2010; le nombre de bénéficiaires passant de 780 000 familles en 2010 à 4,6 millions en 2016.  Une évaluation du Programme a révélé que 1,5 million de ménages, soit 7,5 millions de Philippins, sont sortis du seuil de pauvreté.  Le Programme est devenu le troisième programme au monde après ceux du Brésil et du Mexique.  Le Gouvernement a aussi amendé en 2012 sa loi sur les taxes pour générer plus de ressources en faveur des programmes de développement social.  L’année dernière, c’est donc une somme de 2,9 milliards de dollars contre l’objectif de 460 millions de dollars, qui est allée au secteur de la santé.  Les Philippines s’efforcent en effet de fonder le budget national sur des programmes qui ont le plus grand impact sur les besoins des plus pauvres et des plus vulnérables, tout en faisant en sorte que l’accès aux services sociaux servent aussi d’investissements à long terme dans une croissance inclusive et durable.  

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a rappelé que l’éradication de la pauvreté, l’objectif principal du Programme de développement durable à l’horizon 2030, demeure le plus grand défi au monde.  Son pays a un Programme social pour la période 2016-2020 et a mis en place un système de protection sociale qui garantit, en particulier, l’accès de tous à la santé.  Mais cela ne suffit pas toujours à éviter l’exclusion, a-t-elle reconnu en soulignant la nécessité d’adopter des mesures ciblant les populations vulnérables, comme l’a fait son pays notamment pour les personnes handicapées.  Elle a ensuite attiré l’attention sur les conséquences de la dégradation de l’environnement, en appelant à des politiques d’adaptation à l’impact des changements climatiques.

M. AMINA JOUBLI (Suisse) a remarqué qu’une économie globalisée mais caractérisée par une consommation illimitée des ressources et par des inégalités sociales n’est pas viable à long terme, plaidant pour des systèmes de protection sociale et des conditions favorables au travail décent.  La Suisse, a-t-il indiqué, contribue au travail décent et à la réduction de la pauvreté dans les pays en développement, par le biais de sa coopération économique.  Le représentant a également attiré l’attention sur la nécessité de lutter contre l’évasion fiscale et de la corruption qui dépassent de loin les investissements étrangers directs et l’aide publique au développement.  C’est ce qui justifie l’engagement de la Suisse pour élaborer et diffuser des normes en matière de gouvernance économique, a-t-il dit, conseillant aussi d’utiliser au mieux la contribution du secteur privé qui génère 90% des emplois dans les pays en développement.  Pour ce faire, il a prôné la mise en place de conditions-cadres favorables au développement du secteur privé et au dialogue social.  Enfin, il a demandé à la Commission du développement social de rappeler l’importance de la recommandation numéro 202 relative aux socles de protection sociale adoptée à la Conférence internationale du travail en 2012.

Mme KARIMA BARDAOUI (Tunisie) a déclaré que « repenser et renforcer le modèle de développement social » sont des objectifs primordiaux pour la Tunisie post-révolution qui dans sa phase de reconstruction économique et sociale s’efforce de trouver le juste équilibre pour plus de justice sociale, moins d’inégalités, plus d’égalité des chances et l’élimination de toute forme d’exclusion et de marginalisation.  Comment y procéder?  Comment faire face aux exigences du monde contemporain?  Comment rectifier, améliorer et faire évoluer les mesures prises pour la mise en place d’un développement social durable?

C’est à l’ensemble de ces questions que le Gouvernement tunisien se penche dans le cadre de la Stratégie nationale sociale qui vise à assurer un développement inclusif et équilibré; à créer une dynamique interne favorable à la productivité, la création et l’initiative libre; à former et retenir les hautes compétences nationales, attirer les meilleures compétences internationales et renforcer l’employabilité; à consacrer la justice sociale et l’égalité des chances; à assurer un financement adéquat et viable du développement; à réhabiliter le service public et l’action civile; et à optimiser l’utilisation des ressources et de préserver l’environnement.  La représentante a ajouté qu’une nouvelle approche mondiale en matière de développement social doit être mise en place et que certains aspects devraient une fois de plus bénéficier d’une priorité absolue tels que l’intégration sociale, le soutien aux jeunes, aux femmes, aux personnes âgées et aux personnes portant un handicap. 

M. KAI SAUER (Finlande) a appelé le monde à l’action pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a annoncé que la Commission finlandaise du développement de la Finlande va élaborer, cette année, un Programme en tout point conforme au Programme 2030.  Par son aide financière, la Finlande contribue au renforcement des systèmes de protection sociale au sein de l’Union européenne.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a jugé impératif d’autonomiser les populations, un concept de développement social qui est au cœur même du Programme de développement du Bangladesh.  L’autonomisation des femmes est la priorité nationale du Gouvernement qui a mis sur pied des politiques spéciales pour leur éducation, leur accès à la santé reproductive et la promotion de l’entrepreneuriat.  Il a plaidé pour que les migrants reçoivent aussi l’attention nécessaire, notamment dans un contexte où les politiques en leur faveur manquent cruellement.  Il a aussi déploré la baisse de l’aide publique au développement (APD), notamment celle vers les pays les moins avancés (PMA), avertissant que sans une aide appropriée, il serait illusoire de croire que ces pays vont réaliser le développement social.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a prôné des transformations profondes de l’ordre économique et politique pour parvenir à réaliser les objectifs de développement durable.  Il faut la volonté politique de mettre en place un nouveau modèle des relations Nord-Sud, a-t-il souhaité, en se basant sur le respect du principe d’autodétermination, la solidarité et la coopération.  Depuis 1999, a-t-il poursuivi, son pays a accordé la priorité aux investissements sociaux qui représentent 62% du budget de l’État.  La promotion des droits des pauvres est une des plus grandes réussites du programme social.  Des missions sociales ont été créées partout dans le pays et les efforts pour démocratiser le système de santé ont porté leurs fruits.  Le représentant a aussi mentionné les améliorations obtenues dans l’accès à l’éducation et a vanté les mérites du système de sécurité sociale qui permet de verser aux adultes des pensions mensuelles correspondant au salaire minimum. 

Le représentant de la Communauté Bahá’i International a expliqué que les initiatives en faveur de l’éducation doivent se baser sur l’appropriation par les jeunes de ce secteur.  De même, l’objectif des initiatives en matière de santé ne doit pas seulement être de distribuer des vaccins mais surtout de réduire l’incidence des maladies chroniques.  Les efforts déployés en faveur du développement ne doivent pas seulement poursuivre des objectifs stratégiques mais doivent vraiment aider les communautés à apprendre comment satisfaire leurs propres besoins en mobilisant leurs propres ressources.  Cela dit, il a prévenu que ces efforts ne serviraient pas à grand-chose s’ils sont déconnectés des processus mondiaux.  Il a donc écarté les approches « du bas vers le haut » ou l’inverse, privilégiant la réciprocité et l’interconnexion.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président élu de la Commission de consolidation de la paix, M. Macharia Kamau, du Kenya, esquisse les priorités de cet organe pour l’année 2016

Comité d’organisation,
1re séance - matin
CCP/111

Le Président élu de la Commission de consolidation de la paix, M. Macharia Kamau, du Kenya, esquisse les priorités de cet organe pour l’année 2016

Le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a élu par acclamation, aujourd’hui, M. Macharia Kamau, Représentant permanent du Kenya auprès des Nations Unies, à la tête de la Commission, pour un mandat s’achevant le 31 décembre 2016.

M. Kamau remplace le Représentant permanent de la Suède, M. Olof Skoog, dont le pays assumera la Vice-Présidence de la Commission, aux côtés de la République de Corée, également élu à la Vice-Présidence.  M. Kamau a esquissé les objectifs prioritaires de la Commission pour 2016 en plaidant notamment pour un renforcement de ses formations pays, « y compris en allant au-delà des actuelles formations ».

« Il y a clairement une douzaine d’autres situations où notre intervention est nécessaire », a affirmé M. Kamau, qui, à l’instar des États Membres à avoir pris la parole, a souhaité un renforcement des liens de la CCP avec les organisations régionales.  La Commission est un organe consultatif intergouvernemental de l’ONU qui appuie les efforts de paix dans les pays sortant d’un conflit.  Six pays sont inscrits actuellement à son ordre du jour: le Burundi, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée Bissau, le Libéria et la République centrafricaine.  Outre l’élection de M. Kamau, le Comité d’organisation a réélu, par acclamation, les Présidents des formations de ces pays.

Avant de passer le flambeau à M. Kamau, qui présidera la dixième session de la Commission, M. Skoog a fait adopter le projet de rapport* de la CCP sur les travaux de sa neuvième session.  Faisant le bilan de sa présidence, M. Skoog a déclaré que les réponses militaires et sécuritaires à un conflit ne pourront jamais instaurer une paix durable.  « C’est seulement en remédiant aux causes profondes des conflits, en investissant dans le développement socioéconomique et en renforçant les capacités nationales qu’une paix durable peut s’obtenir », a-t-il dit.

Il s’est félicité de la concrétisation de certains des objectifs qu’il s’était fixés au début de sa présidence, en particulier un assouplissement de l’ordre du jour de la CCP.  « Nous avons pu débattre de situations qui n’étaient pas inscrites à cet ordre du jour », a-t-il dit, citant les élections au Burkina Faso, le processus de paix en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou bien encore le financement des efforts de consolidation de la paix en Somalie.  Estimant que la Commission était un organe unique au sein de l’ONU, il a encouragé son successeur à améliorer ses capacités de prévention des conflits.

Le nouveau Président a commencé son intervention en rappelant que 2016 serait une année cruciale, avec la conclusion prochaine de l’examen de l’architecture de consolidation de la paix.  « Cet examen permettra à la Commission de renforcer sa raison d’être dans un monde de plus en plus interdépendant », a-t-il dit.  Le Président a plaidé pour une amélioration de la relation de travail de la CCP avec les principaux organes de l’ONU et souhaité que les efforts de consolidation de la paix soient dotés d’un financement pérenne et prévisible.  À cette fin, M. Kamau a appelé les États Membre à accroître leur contribution au Fonds pour la consolidation de la paix.

En faveur d’un renforcement des formations pays, « y compris en allant au-delà des actuelles formations », le Président a invité la Commission à travailler étroitement avec des organisations régionales telles que l’Union africaine et la Ligue des États arabes pour identifier les domaines d’intervention prioritaires.  Il a également souligné la nécessité de trouver « la volonté politique et financière » afin de répondre à la douzaine d’autres situations où l’intervention de la CCP est, selon lui, nécessaire.  

Le Président a ensuite passé en revue les situations actuelles dans laquelle la Commission est engagée et proposé des orientations pour sa future action.  Il a ainsi estimé qu’au Libéria la CCP devra continuer à œuvrer à une transition pacifique dans un contexte marqué par le retrait de la Mission des Nations Unies au Libéria (MANUL), tandis qu’elle devra, en Guinée, consolider les gains démocratiques découlant de la récente élection présidentielle.

Le Sous-Secrétaire général à l’appui à la consolidation de la paix, M. Oscar Fernandez-Taranco, a ensuite brièvement pris la parole pour demander que le Fonds pour la consolidation de la paix, « catalyseur important » des efforts menés dans les pays émergeant d’un conflit, soit renforcé.  Invités à s’exprimer, les Présidents des formations pays ont fait le bilan de l’année écoulée et exposé les actions projetées pour 2016.  M. Skoog a ainsi expliqué que la Commission renforcera son travail au Libéria en prévision de la tenue des élections de 2017.

Le Représentant permanent du Brésil et Président de la formation Guinée Bissau, M. Antonio Patriota, a insisté sur le rôle important joué par la Commission dans la stabilisation de la Guinée-Bissau.  « Si les perspectives sont moins précaires que les années précédentes, il faut néanmoins continuer à faire preuve de vigilance », a-t-il dit.  M. Patriota a également souhaité que les Présidents des formations ne soient pas élus automatiquement comme ils le sont aujourd’hui.

De son côté, le représentant du Maroc, pays qui préside la formation République centrafricaine, a expliqué que celle-ci s’attèlera cette année à la création d’un environnement favorable à la croissance économique et à la stabilisation politique et apportera son appui à la mise en place de la Cour pénale spéciale.  Le représentant de la Suisse, qui préside la formation Burundi, a expliqué qu’une délégation de la CCP devrait se rendre dans le pays en février.

Prenant à son tour la parole, le délégué de la Malaisie, qui présidait le Groupe de travail sur les leçons apprises, placé désormais sous la direction de la République de Corée, a insisté sur le rôle que pourrait jouer la CCP auprès du Conseil de sécurité, en l’alertant notamment sur les situations à risque.  La Commission pourrait en outre se concentrer sur des situations qui ne sont pas inscrites à l’ordre du jour du Conseil, afin de le compléter, a-t-il dit.

Plusieurs États membres de la Commission ont ensuite pris la parole pour insister, à l’instar de l’Afrique du Sud et de l’Inde, sur l’importance de l’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix et d’une coopération accrue avec les organisations régionales.  De son côté, le délégué de l’Égypte a invité les formations pays à présenter des plans de travail assortis d’un calendrier précis, permettant ainsi de mieux évaluer les progrès accomplis.

Au même titre que ses homologues du Venezuela et du Japon, pays qui comme l’Égypte, sont en 2016 à la fois membre de la CCP et du Conseil de sécurité, le délégué a souhaité une meilleure prise en compte, par le Conseil, des travaux de la CCP.  « Le Conseil pourrait tirer profit des conseils de la Commission, pour autant qu’il les sollicite », a-t-il dit, se faisant l’écho des propos du délégué du Bangladesh.  Les délégués des pays qui font l’objet d’une formation de la Commission se sont également exprimés, répondant ainsi au vœu du délégué des États-Unis qui a jugé essentiel que ces pays donnent leur avis sur le travail de la Commission.

Le représentant du Libéria a souligné le rôle important joué par la CCP dans la sensibilisation à la menace posée par l’épidémie d’Ebola, aujourd’hui vaincue, tandis que son homologue du Burundi a mis en exergue l’utilité de visites sur le terrain, comme celle récemment effectuée par le Conseil de sécurité dans son pays, pour mieux appréhender la réalité.  L’option politique est la seule possible au Burundi, a-t-il dit.

Enfin, le représentant de la Sierra Leone a noté les progrès accomplis par son pays depuis la fin du conflit il y a 20 ans.  « Nombreux, peu éduqués et sans emploi, les jeunes de mon pays peuvent être facilement manipulés par les groupes terroristes qui opèrent dans la région », a-t-il néanmoins mis en garde. 

*PBC/9/OC/L.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social entame sa première session post-2015 en discutant des moyens d’assurer que « personne ne soit laissé de côté »       

Cinquante-quatrième session,
2e & 3e séances – matin & après-midi
SOC/4832

La Commission du développement social entame sa première session post-2015 en discutant des moyens d’assurer que « personne ne soit laissé de côté »       

Elle tient également une table ronde sur son thème prioritaire « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain »

La Commission du développement social du Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, aujourd’hui, sa session annuelle, la cinquante-quatrième du genre, en entendant le plaidoyer des représentants d’États Membres, du monde universitaire, de la société civile et d’entités des Nations Unies qui ont rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 insiste sur la nécessité de « ne laisser personne de côté ».

Ayant pour thème prioritaire « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain », la présente session devra permettre à la Commission du développement social, comme aux autres commissions techniques de l’ECOSOC, de « jouer un rôle critique dans le suivi et la mise en œuvre du nouveau programme », a souligné le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, M. Lenni Montiel, à l’ouverture des travaux.  Il a aussi invité les États à réaffirmer l’engagement pris à Copenhague en 1995, lors du Sommet mondial pour le développement social, de modifier les lois et pratiques afin d’éliminer les obstacles qui empêchent la participation de tous.   

Le Président de la Commission, M. Ion Jinga, de la Roumanie, a indiqué que les menaces diverses auxquelles le monde est confronté aujourd’hui mettent en péril les acquis des dernières décennies en matière de développement, notamment son volet social.  Il a émis le vœu que la Commission saura guider la mise en œuvre du nouveau Programme de développement en s’acquittant de ses mandats dans les domaines sociaux.

À l’ouverture de ses travaux, la Commission du développement social a entendu Mme Margaret Mayce qui a lu la déclaration adoptée par la société civile la veille dans le cadre du Forum de la jeunesse.  Est-ce que nous voulons vraiment éliminer la pauvreté? a demandé Mme Mayce, en soulignant que les 62 personnes les plus riches du monde possèdent plus de biens que la moitié de la planète.  La société civile a ainsi appelé la Commission du développement social à veiller à ce que personne ne soit laissé de côté, en proposant à cet effet que la communauté internationale établisse des objectifs de développement social à long terme, en investissant en faveur de l’éducation, en promouvant l’égalité des sexes, en établissant des normes sociales minimum et des taxes sur les transactions financières.

La représentante de la jeunesse allemande, Mme Jasmin Burgemeister, a expliqué combien les jeunes pouvaient contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment grâce à leurs structures.  Faisant le bilan du Forum de la jeunesse qui s’est achevé la veille au Siège de l’ONU, elle a rappelé que les jeunes avaient besoin d’emplois décents, tout en se félicitant de l’initiative lancée, à cet effet, par l’Organisation internationale du Travail (OIT).

La matinée s’est terminée avec l’ouverture du débat général sur le thème prioritaire « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain ».  Le représentant de la Thaïlande, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a ainsi suggéré que les gouvernements adoptent des politiques macroéconomiques et sociales axées sur la création d’emplois et la protection sociale afin de réduire les inégalités.  Il a aussi indiqué que la promotion du développement social passe également par un soutien international accru, y compris à travers l’aide publique au développement (APD), et par le biais de systèmes commercial, monétaire et financier cohérents.  Il a estimé qu’une attention particulière devrait être portée à l’Afrique, en rappelant que l’Afrique subsaharienne abrite la moitié des pauvres du monde. 

Le représentant des Pays-Bas, parlant au nom de l’Union européenne, a fait remarquer, pour sa part, que son organisation avait réagi à la crise économique et sociale qui affecte ses membres en renforçant ses secteurs économique et monétaire.  En outre, il a expliqué que l’Union européenne avait adopté un plan d’investissement de 300 milliards d’euros pour « stimuler une véritable économie, celle qui crée des emplois.  L’Union européenne, a-t-il ajouté, s’est également engagée en faveur de la modernisation de ses systèmes de protection sociale.

Dans l’après-midi, la Commission a tenu une table ronde sur le thème prioritaire de la session.  Ce fut l’occasion pour les participants de parler des moyens pour atteindre les objectifs de développement social dans le nouveau contexte des objectifs de développement durable.   

Au cours de la séance d’ouverture ce matin, la Directrice de la Division des politiques sociales et du développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA), Mme Daniela Bas, a présenté la documentation* dont est saisie la Commission.  Auparavant, la Commission a élu les membres de son bureau et adopté, tel qu’oralement amendé, son ordre du jour provisoire**.  La présente session s’achèvera le 12 février prochain. 

Elle se réunira à nouveau en séance plénière demain, jeudi 4 février, à 10 heures. 

 

*     E/CN.5/2016/3, E/CN.5/2016/2, A/71/61–E/2016/7, E/CN.5/2016/4
**   E/CN.5/2016/1

 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)

Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/3)

Débat général

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a déclaré que le simple fait de savoir que des centaines de millions de gens vivent dans l’extrême pauvreté à travers le monde est une réalité inacceptable qui nécessite des actions immédiates.  Il a ainsi suggéré que les gouvernements adoptent des politiques macroéconomiques et sociales axées sur la création d’emplois et la protection sociale afin de réduire les inégalités.  Il a aussi plaidé pour que tous les segments de la société, y compris les jeunes, les personnes âgées, les femmes, les migrants et les personnes vivant avec un handicap puissent avoir un accès égal aux ressources et opportunités.

Par ailleurs, M. Plasai a indiqué que la promotion du développement social passe également par un soutien international accru, y compris à travers l’aide publique au développement (APD), et par le biais de systèmes commercial, monétaire et financier cohérents.  Il a estimé qu’une attention particulière devrait être portée sur le développement social en Afrique, en rappelant que l’Afrique subsaharienne abritait la moitié des pauvres du monde.  Il a ensuite réitéré l’appel du G77 en faveur de l’élimination des obstacles à l’autodétermination des peuples vivant encore sous le joug colonial ou sous une forme particulière de domination ou d’occupation étrangère.  Il a aussi appelé la communauté internationale à bâtir des communautés résilientes, productives et inclusives, afin qu’elles soient à même de lutter contre la pauvreté et s’engagent à la promotion de l’intégration sociale et du plein emploi pour tous.

M. PAUL ALEX MENKVELD (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a indiqué que dans l’optique de la mise en œuvre du nouveau programme de développement international, il faudrait redéfinir nos sociétés et notre relation avec la nature, tout en s’assurant que les trois piliers du développement durable -économique, social et environnemental- soient pris en compte de manière équilibrée.  Il a fait remarquer que la crise économique qui touche l’Europe a conduit à des remous sociaux et à des sentiments de rejet de l’intégration à l’Union européenne.  Compte tenu de cette situation, M. Menkveld a dit que l’Union européenne avait pris des mesures pour renforcer ses secteurs économique et monétaire et pour rééquilibrer les écarts économiques et sociaux entre les pays membres de l’Union.  Ainsi, a-t-il expliqué, l’Union européenne a adopté un plan d’investissement de 300 milliards d’euros pour « stimuler la véritable économie », celle qui crée des emplois.

L’Union européenne est engagée dans la modernisation de ses systèmes de protection sociale, y compris les systèmes de pension, ainsi qu’en faveur d’un nouveau dialogue social, a assuré M. Menkveld.  Il a aussi annoncé que la Commission européenne avait lancé des activités visant à développer un pilier européen des droits sociaux, lequel devrait tenir davantage compte des réalités du monde et être en vigueur dans l’ensemble de l’Union européenne.  Il a précisé que ce pilier viendrait compléter ce qui est déjà fait en matière de protection des travailleurs de l’Union européenne.

Intervenant au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DATO ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam) a fait valoir les accomplissements de la région sur la voie du développement durable avec la création récente d’une seule communauté et l’adoption d’une Vision 2025 qui vise à renforcer l’intégration régionale avec les piliers politique-sécurité, économique et socioculturel.  L’indice de développement humain des États membres de l’ASEAN est passé de 0,679 en 2010 à 0,696 en 2014, a-t-il aussi indiqué, avant de signaler que leur charte consacre le principe du progrès social par l’autonomisation des peuples.

Après l’adoption en 2013 de la déclaration de l’ASEAN sur le renforcement de la protection sociale, les dirigeants de ces États ont adopté un cadre régional et un plan d’action pour la mise en œuvre de la déclaration du vingt-septième sommet de l’ASEAN, avec un seul objectif: une meilleure qualité de vie pour les populations de la région d’ici à 2025.  L’ASEAN reconnaît, a-t-il expliqué, que la protection sociale est un investissement en faveur des personnes qui doit être doté de ressources adéquates.  Elle reconnaît aussi que la protection sociale est une question transversale qui exige une approche holistique.  Le représentant a expliqué que les efforts en ce sens sont déployés tant par le secteur public que par le secteur privé, soulignant à cette occasion l’importance du Partenariat entre le secteur public et le secteur privé (PPP).

Mme CAROLINA STANLEY, Ministre du développement social de l’Argentine, a souligné que les politiques sociales devraient prendre en compte la complexité de la pauvreté, en particulier ses nouvelles formes.  Tous les ministères de l’Argentine sont impliqués dans les efforts visant à atteindre le but de la pauvreté zéro, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que son pays était engagé à construire un « réseau intégral de protection sociale » qui sera un pilier des politiques sociales nationales.  Les mesures prises dans ce domaine sont orientées vers l’inclusion des familles et des personnes en situation de vulnérabilité, a-t-elle précisé avant d’indiquer que le Gouvernement argentin œuvrait pour promouvoir l’égalité des chances et l’exercice effectif des droits.

Les diverses structures familiales jouent un rôle fondamental dans notre stratégie, a-t-elle ensuite expliqué.  La Ministre a ainsi souligné le caractère clef de cette institution en termes de développement du capital humain, qui accorde en même temps une attention aux personnes du groupe LGBTI.  Mme Stanley a en outre mentionné ce qui est fait pour créer des conditions optimales de développement dès la petite enfance.  Il faudrait également travailler en faveur d’une véritable égalité des sexes, en autonomisant en particulier les femmes en situation de violence grâce au renforcement des institutions et à une transformation culturelle, a-t-elle estimé.  Avant de conclure, elle a plaidé en faveur de la création de nouveaux indicateurs qui tiennent compte des multiples dimensions de chaque problématique.

M. JUAN EDUARDO FAUNDEZ, Vice-Ministre du développement social du Chili, a rappelé que si l’Amérique latine et l’Afrique avaient le même niveau de consommation que les pays développés du Nord, la planète s’effondrerait en peu de temps.  Il a donc appelé à placer l’être humain au centre des relations sociales et au-dessus des logiques du marché.  Il faudrait également repenser les problèmes humains de manière plus holistique, a-t-il estimé, en arguant qu’on ne pouvait séparer les problèmes économiques, sanitaires, scientifiques, commerciaux et autres.  Le Vice-Ministre a ensuite fait remarquer que la croissance économique n’entraînait pas nécessairement un développement social durable, invitant ainsi à mesurer la croissance en fonction d’autres critères que la production.  Tout en se félicitant qu’il y ait un indice de développement humain, il a proposé de mesurer les progrès des sociétés en fonction du niveau de « bien-être durable ».  M. Faundez a placé beaucoup d’espoir dans le Programme de développement à l’horizon 2030 qui, selon lui, devrait permettre à l’humanité d’atteindre un nouveau stade de développement.  Concernant le Chili, il a assuré que son ministère était en train de repenser son rôle dans les transformations à mener, en envisageant de plus en plus de mesures transversales.

Mme MIHAELA UNGUREANU, Vice-Ministre et Présidente de l’Autorité nationale des personnes handicapées au Ministère du travail, de la famille, de la protection sociale et des personnes âgées de la Roumanie, a estimé que le développement durable passait par des actions qui placent les gens au centre des efforts de développement, et ce, dans le respect des principes de la justice sociale.  Elle a indiqué que l’an dernier, la Roumanie avait créé une stratégie nationale de l’inclusion sociale et de la réduction de la pauvreté.  Cette stratégie quinquennale, a-t-elle expliqué, vise à améliorer la participation des couches vulnérables au secteur de l’emploi.  Elle a également indiqué que son gouvernement avait pris une série de mesures pour promouvoir l’égalité des genres et en faire un thème transversal dans toutes les initiatives nationales en faveur du développement.

M. SYLAPOV MUHAMMETSEYIT, Vice-Ministre du travail, de la protection sociale et de la population du Turkménistan, a déclaré que le programme de développement de son pays à l’horizon 2030 visait à assurer une répartition équitable des richesses nationales.  Il a ainsi évoqué les mesures prises par son gouvernement en faveur de la hausse des salaires et des pensions retraite, ainsi que pour augmenter l’assiette des subventions sociales allouées aux plus démunis.  Il a ensuite indiqué que le Turkménistan œuvrait à consolider ses ressources budgétaires, à améliorer la gouvernance et à réformer son secteur bancaire en vue d’améliorer le domaine des affaires au Turkménistan.  Le Vice-Ministre a aussi souligné que l’année dernière, le Gouvernement avait donné la priorité, dans son budget national, au développement social.  

M. ALEXEY CHERKASOV, Vice-Ministre de la protection sociale et du travail de la Fédération de Russie, a indiqué que son pays avait promulgué, l’an dernier, une nouvelle loi sur les services sociaux afin de rendre ceux-ci plus accessibles aux citoyens.  Il a également mentionné les mesures prises pour développer les services sociaux privés, le bénévolat et la mobilisation des ressources privées dans les projets d’aide sociale, en précisant que les organisations civiles actives dans ce domaine bénéficiaient d’une exemption fiscale.  Le Vice-Ministre a également cité les mesures prises en faveur des personnes âgées, des personnes handicapées et des enfants dans des situations difficiles.  Il a ensuite cité les mesures favorisant le travail décent et celles qui visent à résorber le chômage.  La Fédération de Russie a développé des bases de données pour les professions les plus demandées sur le marché du travail, a indiqué M. Cherkasov.  Des efforts ont également été menés pour régulariser le travail d’1,6 million de personnes employées dans le secteur informel.  Avant de conclure, le Vice-Ministre a salué les travaux de la Commission du développement social, la considérant comme l’instance mondiale championne pour l’échange d’expériences.

M. MARLON AGUILAR (Mexique) a indiqué que son pays avait entrepris des efforts inlassables pour assurer que l’inclusion sociale et économique soit un nouvel objectif de développement durable.  Le Mexique est aussi en faveur de l’idée d’étendre la lutte contre la pauvreté afin de prendre en compte divers facteurs comme la santé, la sécurité sociale, un logement décent et l’accès aux services de base.  M. Aguilar a indiqué que le Mexique avait pris des mesures novatrices pour lutter efficacement contre la pauvreté.  En dressant la liste des progrès accomplis, il a parlé de la réduction du nombre de logements insalubres et du nombre de personnes n’ayant pas accès à l’électricité.  Le représentant a  aussi insisté sur l’intégration du Mexique à l’Alliance mondiale pour le développement durable de données.  La personne est au centre des efforts de développement, a-t-il conclu en réaffirmant l’engagement de son gouvernement en faveur du développement social.

M. USMAN SARKI (Nigéria) a indiqué que son pays se basait sur les principes de démocratie et justice sociale, avec notamment une sécurité sociale pour tous les citoyens.  Après avoir passé en revue les programmes sociaux nigérians, il a indiqué que le Gouvernement consacrait une part importante du budget national au recrutement des enseignants et au secteur de l’éducation primaire, et pour aider un million de Nigérians dans le besoin.  « Nous renforçons également les capacités de nos institutions afin de faire participer à la société les membres des groupes vulnérables », a-t-il assuré.  M. Sarki a recommandé d’accorder une plus grande importance à la contribution de la famille au développement social et à la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030.  Il est en est de même pour les jeunes qui constituent un atout majeur pour l’avenir, a-t-il ajouté.  Le représentant a indiqué que les questions relatives aux femmes et aux jeunes étaient au centre du programme de développement du Nigéria, avant de parler des personnes handicapées dont les intérêts sont pris en compte dans les plans nationaux de développement.

Table ronde: « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain »

Quels sont les exemples de bonnes politiques qui permettent d’accélérer le développement social?  Cette question a été posée aux membres de la Commission et à ses partenaires par le modérateur de la table ronde, M. RAYMOND TORRES, Directeur du Département de recherche de l’Organisation internationale du Travail (OIT), afin d’explorer les innovations possibles pour les politiques de développement social, dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Il faut prendre en compte toutes les carences de la population, et non pas seulement le niveau de revenu, a prôné M. MARLON AGUILAR, responsable de la planification et des affaires internationales au Ministère du développement social du Mexique.  La loi mexicaine pour le développement social a identifié six « carences » à combler en plus du revenu: le retard dans l’éducation, l’accès aux services de santé, l’accès à la sécurité sociale, la qualité des espaces de vie, les services de base et l’alimentation.  La pauvreté modérée concerne ceux qui subissent au moins une des six carences et qui vivent en dessous du niveau de revenu minimum pour le bien-être, tandis que ceux qui sont touchés par trois carences ou davantage sont considérés comme vivant dans l’extrême pauvreté.  Le Mexique s’est doté d’un programme phare d’inclusion sociale intitulé « Prospérer » qui touche 26 millions de personnes, a indiqué le panéliste avant de citer d’autres programmes pour la promotion de l’économie sociale, l’approvisionnement rural, la distribution de lait, les cantines communautaires, ou encore le soutien aux personnes âgées.  Il a insisté sur la nécessité de collaboration entre tous les ministères pour que ces programmes aient du succès.  Il a aussi mentionné la « Croisade nationale contre la faim » lancée par son gouvernement.

Pour M. JEAN-PAUL TRICART, Conseiller au Directorat général pour l’emploi, les affaires sociales et l’inclusion de la Commission européenne, les droits sociaux sont des piliers.  Il a ainsi exprimé le ferme attachement de l’Union européenne à l’équité sociale.  D’ailleurs, a-t-il fait remarquer, le processus d’intégration dans l’Union repose sur l’idée que les pays les plus pauvres doivent pouvoir rattraper les pays les plus riches.  L’objectif de trouver un équilibre entre la compétitivité et la justice sociale figure dans le traité de l’Union européenne, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi, il a conseillé de recenser les lacunes et a signalé, à ce propos, que 24% de la population employée dans l’Union européenne n’a pas de contrat de travail à plein temps et pour une durée déterminée.  Comment le droit du travail peut-il les protéger? a-t-il demandé.  M. Tricart a ensuite fait valoir l’importance de la « convergence » qui passe par le processus d’élargissement de l’Union européenne.  Ce processus doit se poursuivre, a-t-il dit en recommandant de restaurer les mécanismes de convergence.

M. ROLPH VAN DER HOEVEN, Professeur émérite à l’Institut internationale d'études sociales (Pays-Bas), a estimé que les inégalités sont présentes dans tous les pays et se manifestent de diverses manières et dans des domaines aussi variés que la politique ou l’économie.  Il a aussi noté que les inégalités économiques conduisent généralement aux inégalités sociales, et vice-versa.  M. Van Der Hoeven a également indiqué que les pays qui ont le plus de capacités pour mobiliser des fonds au niveau national sont aussi ceux qui investissent le plus dans les domaines sociaux.  Ainsi, pour accroître l’assiette fiscale, notamment les taxes douanières, il est important de passer par des accords de coopération internationaux, a-t-il suggéré.  Dans le contexte de la mise en œuvre du programme de développement international, il a proposé que la communauté internationale, particulièrement la Commission du développement social, assure un suivi des investissements consentis dans les domaines sociaux, afin, a-t-il précisé, de veiller à ce que la bonne gouvernance soit de mise en matière de lutte contre les inégalités.

Mme ANA MARTINEZ DE LUCO, membre fondatrice de l’organisation non gouvernementale « Sure We Can » basée à New York, a assuré que le développement social était difficile du fait de l’addiction au profit qui caractérise le monde des affaires.  Elle a expliqué que c’est cette addiction qui est responsable de la croissance des inégalités entre pays et dans les pays.  Elle a jugé que cette attitude « maladive » apparaît comme une « pandémie » qui nécessite des efforts concertés pour en venir à bout.  Elle a ainsi insisté sur le caractère collectif de la responsabilité de l’humanité pour faire avancer le progrès social, en soulignant que ce besoin d’action synergique est cristallisé par le pronom « Nous » ou encore « We » en anglais, un mot qui se trouve au début des textes les plus importants tels que la Charte des Nations Unies, a-t-elle rappelé.

Discussion interactive

Au cours de l’échange de vues qui a suivi, les membres de la Commission ont demandé aux conférenciers des éclairages particuliers et des conseils pratiques.  Pour la réussite des programmes gouvernementaux en matière sociale, le représentant du Gouvernement du Mexique a recommandé d’adopter des plans d’action clairs et de prévoir des sanctions pour ceux qui ne prennent pas les décisions permettant d’atteindre les objectifs fixés.  À l’Union européenne, des mécanismes supplémentaires ont été prévus pour s’assurer du bon fonctionnement des programmes, a indiqué l’expert de la Commission européenne, en soulignant toutefois les barrières linguistiques ou le manque de compétences.

Le professeur de l’Institut international d’études sociales a remarqué que si la Conférence sur le financement du développement tenue à Addis-Abeba en 2015 avait évoqué les inégalités et les politiques sociales, il n’y a eu qu’un faible consensus sur les questions fiscales et l’aménagement de la dette.  Il a souhaité que la communauté internationale reconnaisse l’importance des ressources nationales.

La représentante de « Sure we can » a recommandé d’adopter des politiques fortes à l’échelle nationale et internationale afin de permettre aux communautés de se développer.  Son mouvement est actif sur le plan local, a-t-elle dit, en soulevant le problème du déplacement des communautés qui donne lieu à une augmentation des loyers.

Comment la Commission du développement social peut-elle contribuer à la cohérence de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à son suivi? a demandé le représentant de l’Union européenne.

Le professeur de l’Institut international d’études sociales a expliqué que la Commission du développement social pouvait encourager à adopter des politiques fiscales et d’autres politiques visant à réduire les inégalités.  La Commission peut aussi formuler des recommandations pour le processus d’examen.  Il faudrait démocratiser les processus en vigueur, a recommandé l’expert de la Commission européenne en plaidant pour la participation des organisations de la société civile.

Pendant longtemps, nous avons pensé que seul le Mexique pouvait analyser les problèmes de la région la plus pauvre du pays, le Sud-Est, avant de nous rendre compte qu’il était nécessaire d’adopter une politique de développement social pour la sous-région –l’Amérique centrale-, à cause des flux de migrants, a indiqué le représentant.  Pour ce qui est de la région du nord du Mexique, nous avons travaillé sur les questions de mobilité et de développement avec les États-Unis.  L’objectif est de parvenir à une plus grande convergence entre le développement des régions du nord et celles du sud.

La coordination est cruciale, a en effet relevé le représentant du Botswana, en faisant remarquer qu’elle exigeait au préalable une persuasion et obligeait à catalyser les mesures.  Le représentant du Nigéria, à l’instar de la représentante de « Sure we can », a soulevé le problème de la corruption qui affaiblit les chances de développement, en demandant un engagement international au plan fiscal pour augmenter la base de financement du développement social.  La transparence a aussi été prônée par le professeur de l’Institut internationale d’études sociales, et par le représentant de la Commission européenne qui y a vu un moyen de garantir la crédibilité de tous les acteurs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité chargé des ONG suspend sa session 2016 après avoir octroyé à 200 ONG un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC

Comité chargé des ONG, Session de 2016
15e séance – matin  
ECOSOC/6738-ONG/825

Le Comité chargé des ONG suspend sa session 2016 après avoir octroyé à 200 ONG un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC

Le Comité chargé des ONG a suspendu aujourd’hui sa session 2016 au cours de laquelle, il a déjà accordé à un total de 200 ONG le statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) et reporté sa décision sur les dossiers d’autres 350 ONG.  Le Comité devrait se réunir de nouveau au mois de mai.    

Ses 19 membres peuvent recommander 3 types de statut auprès d’ECOSOC, la décision finale revenant à ce dernier.  Le statut consultatif général concerne les ONG qui poursuivent des activités couvrant la plupart des domaines de l’ECOSOC.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour du Conseil et de ses organes subsidiaires.

Le statut consultatif spécial concerne des ONG internationalement reconnues pour leur compétence particulière dans certains domaines d’activité de l’ECOSOC.  Elles peuvent également soumettre des communications écrites et des pétitions.  L’inscription sur la Liste concerne les ONG qui contribuent de temps à autre aux travaux du Conseil.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites.

Dès le début de ses travaux, le 25 janvier dernier, le Comité avait reconnu l’« importance particulière » de sa session 2016 qui s’inscrit dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement, en septembre dernier.  L’impact du travail du Comité est bien réel, avait souligné son Président, M. Jorge Dota, de l’Uruguay, qui avait en effet rappelé que le but est de faciliter l’implication des ONG au travail de l’ECOSOC, chargé de suivre la mise en œuvre du Programme 2030.

On peut toujours tirer parti de la participation active des ONG pour engendrer une « culture du résultat », avait, à son tour, souligné le Directeur du Bureau de l’appui à l’ECOSOC et de la coordination, M. Navid Hanif.  Le fait que les demandes de statut consultatif soient passées de 293 en 2009, à 542 en 2015 et à environ 675 en 2016, prouve l’intérêt croissant des ONG pour le travail de l’ONU, s’était-il réjoui.

Le Comité a donc accordé depuis le 25 janvier dernier, un statut consultatif spécial à 200 ONG et réservé sa décision sur les dossiers de 350 autres ONG dans l’attente de leurs réponses aux questions posées.  Les membres du Comité se sont beaucoup interrogé sur les sources de financement, publiques ou privées des organisations, sur leur indépendance par rapport à ces financements et sur la conformité de leurs activités avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies; le représentant de la Chine se montrant intraitable sur l’obligation des ONG d’utiliser la terminologie officielle de l’ONU pour les noms géographiques dont ceux de Taïwan, de Hong Kong et du Tibet.

Une mauvaise réponse à ces préoccupations et une ONG peut se voir refuser le statut consultatif demandé.  Le Comité a voté trois fois pour clore le dossier de l’ONG américaine « Khmers Kampuchea-Krom Federation » dont l’objectif proclamé est de militer en faveur de la liberté, de la justice et du droit à l’autodétermination des peuples autochtones du Kampuchea-Krom qui vivent dans la région du Delta du Mékong, dans le sud vietnamien.  Au Comité, les tenants du respect absolu du principe d’intégrité territoriale des États ont gagné contre ceux qui mettaient en avant la liberté d’expression.

En tout, le Comité a clos les dossiers de 24 ONG qui n’avaient toujours pas répondu aux questions supplémentaires du Comité après trois rappels.  Pour les mêmes raisons, l’ONG autrichienne « The Association of Former United Nations Industry and Development Experts (AFIDE) », qui avait déjà un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC, se l’est vu retiré.  Le Comité a aussi pris note de 362 rapports que les ONG sont tenues de lui présenter tous les quatre ans et reporté la décision sur 42 autres dans l’attente des réponses aux questions posées. 

Le Comité tiendra une brève réunion le 16 février prochain pour adopter le rapport de cette première partie de session.

Octroi du statut consultatif spécial

  • Stichting Soham Baba Mission (Pays-Bas)
  • WEConnect International Inc (États-Unis)
  • International Human Rights Commission Relief Fund Trust (Pakistan)
  • Earth Charter Associates Ltd. (États-Unis)
  • Ensemble contre la Peine de Mort (France)
  • The Death Penalty Project Limited (Royaume-Uni)

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

Le représentant de la Chine a voulu que The Aspen Institute, Inc. (États-Unis) explique son mode de financement.  Celui du Soudan a demandé des précisions à Work In Progress (France) sur l’identité de ses membres.  Le représentant de Cuba a exigé des détails de la part d’Ambedkar Center for Justice and Peace (Inde) sur son processus de prise de décisions.

Le représentant d’Israël a demandé à Al-Marsad, The Arab Centre for Human Rights in the Golan Heights (R.A.) (Golan syrien occupé) l’identité des membres de son Conseil d’administration.  Combien sont-ils?  Y-a-t-il des Israéliens?  Le représentant de la Chine a voulu connaître la position de Diplomatic Mission Peace And Prosperity (Albanie) sur le Tibet.  Celle de l’Afrique du Sud a demandé à Heavenly Shower of Peace Church of God (Nigéria) la liste de ses projets au Nigéria et ailleurs.  Donnez des précisions sur les sources de financement.

Le représentant de l’Azerbaïdjan a exigé d’Helsinki Citizens’ Assembly Vanadzor Office (Arménie) des éclaircissements sur sa position sur le Haut-Karabakh.  Son homologue du Soudan a voulu que RESDAL Red de Seguridad y Defensa de América Latina Asociación Civil (Argentine) lui donne la liste des projets financés par les Nations Unies.  La représentante de l’Iran s’est interrogée sur la nature des relations de Sheikh Eid Bin Mohammad Al Thani Charitable Association (Qatar) avec les organisations qui lui sont affiliées.  Appuyé par le Qatar, observateur au Comité, le représentant du Soudan a réclamé une décision sur cette ONG à la prochaine session du mois de mai. 

Son homologue de l’Inde a demandé à Social Services Trust (Inde) des documents supplémentaires pour qu’il puisse forger son opinion.  Quelles sont les autres sources de financement en dehors de celui du Gouvernement.  Comment a été financée la campagne sur les droits des Dalit?  Quelles activités Swadhikar (Inde) mène avec « International Dalit rights », a aussi demandé le représentant indien.  Celle de l’Iran a voulu savoir de VOICE (Vietnamese Overseas Initiative for Conscience Empowerment) (Philippines) si elle a des activités dans les pays membres de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN).

La représentante de l’Afrique du Sud a demandé des détails sur les activités de l’Association for Human Rights and Solidarity with Oppressed People (MAZLUMDER) (Turquie).  Son homologue de l’Iran a réclamé à Center for Constitutional Rights Inc. (États-Unis) plus d’informations sur ses futurs projets.  Y a-t-il des projets en suspens dans d’autres pays?  La représentante de l’Afrique du Sud a voulu que Center for Media & Peace Initiative Inc. (États-Unis) lui dise dans quels pays d’Afrique elle compte mener des projets.

Quelles sont les activités de Centre Zagros pour les Droits de l’Homme (Suisse)?  Dans quels pays est-elle enregistrée, s’est interrogée la représentante de l’Iran.  Quel est le rôle et la place de l’Inde dans les activités de Child Soldiers International (Royaume-Uni), a demandé le délégué de l’Inde, avant que la représentante de la Turquie ne s’inquiète auprès du Congrès National des Arméniens Occidentaux (CNAO) (France) des résultats et de la liste des participants au 4e Congrès de l’ONG en mars dernier.

Le représentant de la Grèce a demandé à Droits de l’Homme sans Frontières - Human Rights Without Frontiers (Belgique) une ventilation de ses dépenses.  Celui de la Chine a voulu connaître les membres d’Electronic Frontier Foundation, Inc. (États-Unis).  Quelles sont ses activités et quel type de coopération a-t-elle avec les membres chinois.  Quelles activités exactes mène-t-elle en Chine ou en relation avec ce pays?  La règle veut que l’on ne demande pas l’identité des membres des ONG, a rappelé la représentante des États-Unis.  Son homologue de l’Azerbaïdjan a demandé à Federal Lezghin National and Cultural Autonomy (Fédération du Russie) de clarifier sa position sur l’élection présidentielle de 2016 en Azerbaïdjan. 

Le représentant d’Israël a voulu des détails sur la coopération de Global Institute for Water, Environment and Health (Suisse) avec l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA).  Quelles sont les dernières activités de Hokok Coalición Internacional Contra la Impunidad (Espagne) au Moyen-Orient, a demandé le représentant du Soudan.  Celui de Cuba a voulu savoir d’International Association of Independent Journalists Inc. (Canada) si elle a prévu de consacrer une partie de son budget au travail de l’ECOSOC.  Pour quels projets?

Le représentant de la Fédération de Russie a demandé à Interregional Non-governmental Organization "Committee against Torture" (Fédération de Russie) sur quelles informations elle se base pour mener ses enquêtes.  A-t-elle des contacts avec les autorités pour vérifier ces informations?  Son homologue du Nicaragua a voulu des détails sur les projets entrepris avec les partenaires latino-américains et les projets futurs des Jeunesse Canada Monde - Canada World Youth (Canada).  Le représentant de la Fédération de Russie a voulu savoir si Mittetulundusühing Fenno-Ugria Asutus (Estonie) a participé aux travaux de l’Instance permanente des peuples autochtones après 2012.  Si oui, à quel titre?

Le délégué de Cuba s’est inquiété de la situation financière de New Jersey Minority Educational Development NJ-MED (États-Unis).  Il a aussi demandé à Stiftung Wissenschaft und Politik (Allemagne) la raison des dépenses administratives qui représentent 80% du budget alors que celles liées aux projets n’en représentent que 14%.  Le représentant d’Israël a voulu des précisions sur le « travail juridique » de Parents and Friends of Ex-Gays and Gays, Inc. (P-FOX) (États-Unis) et sur sa présence en Israël.  

Celle de l’Afrique du Sud a demandé des exemples concrets de projets menés par The Association for Trauma Outreach and Prevention Inc (États-Unis).  Dans quels pays ces projets ont-ils été menés?  Le représentant de Cuba a réclamé la liste des gouvernements qui financent The Jewish Renaissance Foundation (États-Unis).  Celui de la Chine a prié United Sikhs (États-Unis) et We Care for Humanity (États-Unis) de préciser leur position sur le Tibet.  « We Care for Humanity » a déjà répondu à cette question, a rappelé la représentante des États-Unis.  Alors il suffit de respecter l’engagement pris, a rétorqué son homologue

chinois, en pointant le doigt sur l’article concernant le Premier Ministre tibétain en exil que l’organisation a publié sur son site Internet.  La représentante de Nicaragua a voulu des informations supplémentaires sur les projets prévus en 2016 par ELA-Equipo Latinoamericano de Justicia y Género (Argentine).

Clôture des dossiers.

Après trois appels lancés en vain pour obtenir d’elles qu’elles répondent à ses questions, le Comité a clôturé les dossiers des ONG suivantes:

  • AIDES (France)
  • Al-Dameer Association for supporting prisoners and human rights (État de Palestine)
  • All-Ukrainian Association of civil organizations “Union of Armenians of Ukraine” (Ukraine)
  • American medical overseas relief (États-Unis)
  • American society for nutrition, Inc. (États-Unis)
  • Antigonish Women’s Resource Centre and Sexual assault services association (États-Unis)
  • Arbeiter Samaritier-bund Deutschland e.V. (ASB) (Allemagne)
  • Dalit Foundation- Ahmedabad (Inde)
  • École de la paix (Canada)
  • Education on human rights public association (Azerbaijan)
  • Fondation des jeunes pour un développement durable (Canada)
  • Global partnership for Afghanistan (États-Unis)
  • Health squared Limited (Royaume-Uni)
  • Le Collectif de la Paix au Sri Lanka (France)
  • Little people of Kosovo (Kosovo)
  • Maori Women’s welfare league Inc. (Nouvelle-Zélande)
  • Mother Helpage (Royaume-Uni)
  • ONG Casa de Acogida La Esperanza (Chili)
  • The African Centre for the constructive resolution of disputes education trust ‘ACCORD (Education Trust) (Afrique du Sud)
  • The Bianca Jagger Human rights Foundation (Royaume-Uni)
  • The Medtronic Foundation (États-Unis)
  • Uçan Supurge Kadin iletisim ve Arastirma Dernegi (Turquie)
  • Universal cultural society Inc. (États-Unis) 
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Le cinquième Forum de la jeunesse réaffirme l’idée que les jeunes sont des partenaires clefs dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Session de 2016, Forum de la jeunesse,
matin & après-midi    
ECOSOC/6737 

ECOSOC: Le cinquième Forum de la jeunesse réaffirme l’idée que les jeunes sont des partenaires clefs dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030

« Les jeunes prennent des mesures pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » était le thème du cinquième Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC) qui s’est achevé, cet après-midi, au Siège de l’ONU à New York.  C’est bien le message qui est ressorti de deux journées de réunions plénières et d’une série de tables rondes, auxquelles ont participé de nombreux jeunes et hauts responsables gouvernementaux, dont de nombreux ministres.

Les jeunes ont saisi avec enthousiasme cette occasion qui leur était donnée pour démontrer, devant le monde entier, qu’ils étaient déterminés à se consacrer de manière active à la réalisation d’un développement durable.  De leur côté, les États Membres ont montré qu’ils étaient prêts à les écouter et à leur confier des responsabilités dans ce processus.

Impressionné par l’engagement des jeunes lors de ce cinquième Forum et des précédents, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, leur a demandé de transmettre autour d’eux l’énergie qui s’est dégagée de cette session.  Il a prévenu que les changements pour lesquels ils œuvrent se mesureront aux niveaux d’équité des sociétés à venir, ce qui passe nécessairement par des emplois décents.

Lancée hier par le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Initiative mondiale en faveur d’emplois décents pour les jeunes, a été saluée par le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon*, qui a exprimé sa reconnaissance au Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, et à tout le système des Nations Unies.  Les jeunes, a-t-il assuré, joueront un rôle important pour demander des comptes au système de l’ONU.  Il a aussi encouragé les jeunes entrepreneurs, professionnels et politiciens, qui sont des partenaires clefs dans la mise en œuvre du Programme 2030, à promouvoir leurs propres solutions aux problèmes qui les touchent.

L’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mme Helen Clark, s’est félicitée de l’enquête en ligne intitulée « Mon monde » qui a permis à 10 millions de jeunes, dont 70% de moins de 30 ans, d’exprimer leurs priorités.  Elle a mis l’accent sur l’accès des jeunes aux services de santé, notamment la santé sexuelle et génésique, sur la parité entre les sexes et sur l’autonomisation des femmes.  Le PNUD va lancer un nouveau projet mondial pour l’emploi des jeunes, le développement et la paix, en faveur notamment des jeunes entrepreneurs, des jeunes femmes et des jeunes marginalisés, a-t-elle annoncé.

« Il faut ouvrir la porte aux jeunes et leur parler », a insisté l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi, en donnant l’exemple de son interaction avec eux.  Compte tenu de l’espérance de vie dans certains pays, des jeunes d’aujourd’hui ne seront même plus en vie dans 15 ans, a-t-il prévenu en soulignant l’urgence.  « Quel est l’intérêt de faire des promesses si on ne les tient pas! » s’est-il exclamé.

Tôt ce matin, cinq séances parallèles se sont tenues, chacune étant consacrée aux principales priorités régionales pour l’épanouissement de la jeunesse.  Puis, des experts de ces questions ont donné des pistes pour « promouvoir les jeunes en tant que partenaires dans la mise en œuvre du Programme 2030 », thème de la table ronde.

Plusieurs priorités ont ainsi été présentées, comme l’amélioration de l’accès des jeunes à une éducation de qualité, à des emplois décents ou encore aux services de santé.  La jeune femme qui dirige le YMCA de Pristina, au Kosovo, a attiré l’attention sur la vulnérabilité particulière des jeunes vivant dans des climats de conflit et de persécution.  Le représentant de la jeunesse des Pays-Bas auprès de l’ONU a attiré l’attention sur le nombre élevé de jeunes recrutés au Moyen-Orient l’an dernier par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL).

Les appels ont été nombreux pour que les responsables gouvernementaux et la société civile fassent confiance aux jeunes.  « Donnez-nous notre chance, faites-nous une place et, ensemble, nous changerons le monde », a lancé la Coordonnatrice de l’Association des femmes peules et autochtones du Tchad.

Des intervenants ont toutefois soulevé la question du financement de la participation des jeunes aux réunions internationales.  Il faut, ont-ils dit, trouver les moyens de faire venir les jeunes de tous les coins du monde, sans se contenter de les faire participer par vidéo, une question que l’Envoyé spécial pour la jeunesse a prise très à cœur.

Dans la discussion de l’après-midi sur les « partenariats novateurs impliquant les jeunes dans la mise en œuvre du Programme 2030 », des participants ont recommandé de s’appuyer sur les médias sociaux et les technologies de l’information et de la communication dont l’utilisation et la maîtrise sont surtout l’apanage des jeunes.  

Ces appels ont fait écho parmi les délégations d’États Membres qui ont réaffirmé leur engagement de créer un environnement propice à l’implication des jeunes dans les politiques et les mesures pour le développement durable.  De l’avis de la déléguée du Mexique, il faudrait maintenant que tous les gouvernements aient un ministère de la jeunesse et qu’ils encouragent le recrutement des jeunes.  Le Ministre des sports et des jeunes du Suriname a donné l’exemple du parlement des jeunes dans son pays, ainsi que des programmes d’ambassadeurs des Objectifs du Millénaire pour le développement et d’ambassadeurs de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) destinés aux jeunes.

Plusieurs invitations ont été lancées aux jeunes pour qu’ils participent à des évènements comme le Congrès quadriennal de l’Union internationale pour la conservation de la nature, prévu cette année à Hawaï, et le Festival de la jeunesse et des étudiants qui aura lieu en 2017, en Fédération de Russie.

 

*     Une déclaration présidentielle a été publiée à la clôture du Forum

 

Compte rendu des résultats des séances distinctes

Ce matin, cinq séances parallèles se sont tenues, chacune étant consacrée aux principales priorités régionales pour l’épanouissement de la jeunesse.  Dans le groupe qui discutait de la région Europe, Amérique du Nord et autres États, les participants ont demandé d’éviter d’adopter une approche condescendante quand on aborde les questions propres aux jeunes.  Les intervenants ont discuté de la marginalisation des jeunes, des emplois de qualité, de l’accès aux droits, ainsi que de la participation des jeunes.  Ces derniers auraient d’ailleurs préféré une plus grande participation de représentants d’États Membres à cette discussion.

La prise de conscience des objectifs de développement durable et les lacunes enregistrées dans ces domaines ont été les premiers sujets abordés par le groupe d’Amérique latine et des Caraïbes.  La modératrice de la discussion a indiqué que les participants s’étaient interrogés sur les difficultés qui se posent dans la mise en œuvre de ce processus, notamment au niveau local.

En ce qui concerne le groupe qui discutait de la région Asie et Pacifique, les jeunes ont exprimé leur désir de voir les objectifs de développement durable présentés de manière plus compréhensible.  Il faut ensuite les traduire en projets et programmes, a expliqué le modérateur.  « Nous voudrions aussi collaborer avec les structures existantes, pour assurer la viabilité de nos projets », a-t-il ajouté avant de parler de mécanismes de responsabilités dirigés par les jeunes.  Dans ce groupe, les intervenants ont invité à reconnaître le niveau professionnel du travail des jeunes.

Les jeunes de la région arabe Afrique du Nord et Moyen-Orient ont évoqué la déstabilisation de leur région et la présence de groupes marginalisés, des obstacles qui empêchent les jeunes de participer aux processus de développement.  Mais les jeunes de ces régions sont à l’avant-garde de solutions, a assuré le coordinateur en souhaitant qu’ils puissent apporter leur contribution utile.  Les jeunes de cette région ont plaidé en faveur d’un meilleur accès à une éducation de qualité et à l’information, notamment pour les jeunes femmes, ainsi qu’un accès aux soins de santé, notamment reproductive.  Il faut aussi insister sur le sort des réfugiés, des personnes apatrides, et sur la nécessité de combattre les mutilations féminines et les mariages précoces.

Un autre groupe a discuté du cas de l’Afrique subsaharienne.  La coordinatrice du groupe a déclaré que les jeunes de cette sous-région souhaiteraient avoir des dirigeants responsables, qui rendent compte de leurs actions et surtout qui favorisent la participation des jeunes, y compris dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La coordonnatrice a également plaidé pour davantage d’investissements en faveur de l’éducation, qu’elle soit formelle ou non.  Les intervenants à cette discussion ont aussi insisté afin que les programmes d’éducation préparent les jeunes au monde de l’emploi, afin de lutter contre le chômage qui les touche en particulier.  Elle a par ailleurs annoncé que les jeunes d’Afrique vont bientôt signer un mémorandum avec l’Union africaine, afin de promouvoir leur participation dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. 

Table ronde: « Promouvoir les jeunes en tant que partenaires dans la mise en œuvre du Programme 2030: priorités et étapes à venir »

Cette table ronde, présidée par M. HÉCTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), était animée par Mme NOËLLA RICHARD, Coprésidente du Réseau interinstitutions des Nations Unies pour l’épanouissement des jeunes et Spécialiste des politiques sur les jeunes pour le Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Mme Richard a invité à considérer les jeunes comme étant de véritables partenaires dans la réalisation du Programme de développement à l’horizon 2030.

S’appuyant sur son expérience au Kosovo, Mme DORINA LLUKA, Présidente-Directrice générale du YMCA de Pristina, s’est montrée sensible au nombre élevé de jeunes qui fuient les persécutions et la misère pour se réfugier dans la région des Balkans.  C’est un signal d’alarme, a-t-elle prévenu.  Alors qu’elle n’avait que 14 ans, elle-même avait dû se réfugier dans la montagne, en prenant toutes les précautions pour ne pas se faire violer par les soldats.  Après cette période douloureuse, elle a suivi des formations et beaucoup appris grâce au YMCA.  Alors qu’elle dirige aujourd’hui cette organisation au Kosovo, elle se rend compte que les jeunes peuvent mener des projets de façon crédible.  Elle a invité à faire confiance aux organisations de jeunes partout dans le monde car, a-t-elle assuré, elles peuvent contribuer utilement à la réalisation des objectifs de développement durable, de manière efficace et à peu de frais.  « Les jeunes ne sont pas le problème.  Ils sont, au contraire, la solution », a-t-elle lancé.

Celui qui essaye, justement, de faire entendre la voix des jeunes, M. SAYA ABDULLAH, représentant de la jeunesse des Pays-Bas auprès de l’Organisation des Nations Unies, a invité les participants au Forum à devenir des représentants de la jeunesse de leur pays auprès de l’ONU.  Tandis que ces jeunes s’engagent à œuvrer activement en faveur des objectifs de développement durable, a-t-il regretté, près de 20 000 jeunes ont été recrutés au Moyen-Orient l’an dernier par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL).  Il a cependant assuré que la situation pouvait changer, en évoquant notamment la résolution 2253 (2015), adoptée par le Conseil de sécurité le 17 décembre dernier à ce sujet.  Il a aussi fait valoir le rôle que les jeunes peuvent jouer en tant que bénévoles et volontaires.

Mme HINDOU OUMAROU IBRAHIM, Coordonnatrice de l’Association des femmes peules et autochtones du Tchad, a choisi, pour sa part, de parler des difficultés que connaissent les peuples autochtones et marginalisés sur la voie du développement.  Ces peuples sont affectés par les problèmes de sécurité qui constituent des facteurs de déstabilisation des États, auxquels s’ajoutent d’autres facteurs comme les changements climatiques.  Les femmes peules n’ont pas accès à l’éducation, à l’eau et à l’énergie, et elles ne bénéficient pas d’un travail décent, a-t-elle regretté.  Pendant son enfance, a-t-elle évoqué, sa famille avait dû déménager en ville pour lui assurer sa scolarité car il n’y avait pas d’école dans sa communauté.  À l’école, elle avait été victime de discrimination en raison de son appartenance ethnique.  Plus tard, elle a décidé de créer une association qui milite en faveur des droits des femmes.  Elle a surtout axé les efforts sur la lutte contre le mariage précoce et pour leur accès à l’éducation.  Les femmes et les filles veulent aller à l’école pour pouvoir résoudre les problèmes de leur pays, comment celui de l’environnement, a-t-elle fait remarquer.  « Donnez-nous notre chance, faites-nous une place et nous changerons le monde ensemble », a-t-elle dit aux délégations d’États Membres.

La place qu’il faut donner aux jeunes a été au cœur du discours de M. MAX TREJO, Secrétaire général de l’Organisation de la jeunesse ibéro-américaine.  Tout en soulignant l’importance accordée aux jeunes dans les différentes manifestations internationales de ces dernières années, il a averti, en même temps, contre le risque d’être politiquement incorrect, en précisant que cela ne servirait à rien si l’on ne traduisait pas les paroles en actes.  Il a aussi insisté sur l’écart qui existe entre les jeunes autonomisés, qui sont prêts à être les protagonistes de leurs vies, et ceux qui sont exclus des processus sociaux parce qu’ils sont marginaux et vulnérables.  « Nous sommes venus ici pour contribuer à l’action gouvernementale et, en particulier, pour la réalisation du Programme de développement à l’horizon 2030 », a-t-il assuré.  Il a ainsi demandé que les indicateurs en cours d’établissement pour mesurer les progrès tiennent compte des jeunes.  Au plan régional, il a signalé le lancement d’un processus de participation des jeunes ibéro-américains dans les instances régionales. 

En Espagne, c’est une initiative de lutte contre le chômage des jeunes qui a été lancée par le Gouvernement espagnol en coopération avec la société civile, a indiqué M. RUBÉN UROSA, Directeur général de l’Institut de la jeunesse (Espagne), qui a également cité le lancement de la Décennie pour l’emploi des jeunes.  Il a aussi fait part de l’intention du Gouvernement espagnol de jouer un rôle de leadership dans la mise en œuvre de l’Initiative mondiale en faveur d’emplois décents pour les jeunes.  M. Urosa a ensuite invité à prendre en compte la problématique homme-femme, à assurer l’autonomisation des groupes défavorisés, et à considérer l’emploi des jeunes comme étant le problème de tous.

Les discours des intervenants ont entraîné une réaction de la part d’un représentant des jeunes d’Allemagne qui a invité à aborder la question cruciale du financement.  Il s’est particulièrement interrogé sur les moyens permettant de faire venir les jeunes de tous les coins du monde, au lieu de les faire participer par vidéo.  Une militante de Plan International a partagé cette préoccupation et averti que les réseaux sociaux  étaient des outils de communication et non pas des « mouvements » permettant aux jeunes de faire avancer leur agenda. Il faudrait mobiliser des ressources pour qu’ils puissent participer activement aux réunions qui les concernent.

Pour moi, la présence ici de 700 jeunes qui appellent à la réalisation des objectifs de développement durable, ce n’est pas un changement, a déclaré la Coordonnatrice de l’Association des femmes peules et autochtones du Tchad, qui a proposé de créer un forum de la jeunesse dans l’ensemble du système des Nations Unies.  Elle a aussi préconisé que tous les gouvernements aient un ministère de la jeunesse et qu’ils encouragent le recrutement des jeunes afin de bénéficier de leur créativité et de leurs talents.  Au niveau local, les jeunes doivent pouvoir participer à la prise de décisions, a-t-elle ajouté.  Les jeunes doivent être perçus comme des sujets des politiques publiques, a renchéri la déléguée du Mexique, en assurant que les politiques nationales prenaient en compte les droits et priorités des jeunes.

Le Ministre des sports et des jeunes du Suriname a donné l’exemple de la place qui est faite aux jeunes de son pays en présentant trois canaux: le parlement des jeunes, ainsi que les programmes d’ambassadeurs des OMD et d’ambassadeurs de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Un jeune délégué du Sri Lanka a ensuite donné l’exemple d’un mécanisme qui, deux fois par mois, donne la parole aux jeunes pour entendre leur expérience et leur permettre de dialoguer avec leurs partenaires.

Enfin, certains pays ont fait valoir leur longue expérience dans l’action en faveur de la jeunesse, comme la Fédération de Russie qui avait créé, en 1945, la Fondation internationale de la jeunesse, l’une des premières organisations à obtenir un statut consultatif auprès de l’ONU.  Le jeune délégué russe a lancé une invitation pour le Festival de la jeunesse et des étudiants que son pays organise en 2017.  Une autre invitation a été lancée par la représentante de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour le congrès quadriennal de l’UICN qui aura lieu cette année à Hawaï.

Table ronde: « Promouvoir des partenariats novateurs impliquant les jeunes dans la mise en œuvre du Programme 2030 »

Au cours de cette table ronde qui était animée par M. LLOYD RUSSELL-MOYLE, de l’organisation Grand groupe des enfants et des jeunes, M. DAN PRICE, jeune entrepreneur des États-Unis, fondateur et Président-Directeur général de Gravity Payments (États-Unis), a parlé de l’expérience de son entreprise qui, a-t-il dit, avait établi un salaire minimum de 70 000 dollars par an en 2013.  Cette décision, a-t-il expliqué, donne la priorité au bien-être des employés et non pas à l’enrichissement personnel de celui qui dirige l’entreprise.  Il a également invité les jeunes à utiliser leur créativité afin de générer des emplois et à s’engager pour des causes nobles.

Au cours de la discussion, la plupart des interventions ont souligné qu’il était important pour les jeunes de s’unir afin de faire avancer leur cause et contribuer ainsi à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  M. AARON SHERINIAN, Chef des communications et du marketing à la Fondation des Nations Unies, a relevé d’emblée que la vraie question était de donner une voix aux jeunes du monde entier pour qu’ils puissent parler des objectifs de développement durable dans leur vie de tous les jours en utilisant leurs propres mots.  Le message principal que chaque jeune devrait retenir pour établir des partenariats est le suivant: « tout le monde peut faire quelque chose ».

Il faut des partenariats certes, mais ceux-ci doivent être durables pour être efficaces, a argué Mme VALERIE LORENA, Directrice exécutive du Fonds des jeunes entrepreneurs des Amériques.  Elle a plaidé pour que les jeunes soient véritablement au cœur des nouveaux partenariats créés autour du Programme de développement durable à l’horizon 2030, tout en insistant pour que ces partenariats s’appuient sur les médias sociaux et les technologies de l’information et de la communication dont l’utilisation et la maîtrise sont surtout l’apanage des jeunes.  Ainsi, l’organisation AIESEC International a lancé une campagne pour mobiliser les jeunes sur Internet afin qu’ils s’engagent dans la vie sociale, a indiqué sa Présidente, Mme ANA SALDARRIAGA.

Au Brésil, le système des Nations Unies, le secteur privé et la société civile, notamment les jeunes de la capitale du pays, Brasilia, ont lancé une initiative, « Jovem de Expressão Programme », qui permet aux jeunes de lutter contre la criminalité par des activités sportives et culturelles, a expliqué Mme RUTH ADEWONUOLA, représentante de la jeunesse auprès de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime au Brésil.  Cette initiative originale a été saluée par le public qui a pu apprécier le fonctionnement de cette organisation grâce à une vidéo sur le sujet, qui a été projetée dans la salle.  Par ailleurs, Mme CATHERINE BOUCHER, du Département de l’éducation et de la jeunesse de l’Organisation internationale de la Francophonie, a estimé qu’il était important de créer des cadres de rencontre entre les jeunes, en faisant valoir que son organisation y contribuait à travers la promotion de l’entrepreneuriat jeune.  D’autres intervenants ont rappelé que les jeunes ne devraient pas oublier que les parlements et les gouvernements sont des partenaires de choix des jeunes.  L’idée de soutenir les jeunes parlementaires a aussi été défendue afin, notamment, que ces derniers votent des lois favorables aux jeunes et qu’ils demandent des comptes au gouvernement sur les questions d’épanouissement des jeunes et de réalisation des objectifs de développement durable.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité chargé des ONG: octroi du statut consultatif spécial à 10 ONG dont l’Américaine « Days for Girls International », promotrice de l’accès aux produits d’hygiène féminine

Session de 2016, Comité chargé des organisations non gouvernementales 
13e & 14e séances – matin & après-midi 
ECOSOC/6736-ONG/824

Comité chargé des ONG: octroi du statut consultatif spécial à 10 ONG dont l’Américaine « Days for Girls International », promotrice de l’accès aux produits d’hygiène féminine

Le Comité chargé des ONG a octroyé aujourd’hui le statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) à 10 organisations dont l’Américaine « Days for Girls International » qui travaille à l’accès durable des filles aux produits d’hygiène féminine pour aider les adultes qu’elles seront à briser le cycle de la pauvreté.  Le Comité a réservé sa décision sur 24 autres demandes, en attendant les réponses aux questions supplémentaires qu’il a posées. 

Parmi les 10 ONG qui ont obtenu leur statut, il faut s’attarder sur l’Américaine « Days for Girls International » qui, dit-elle, aide, dans 70 pays, les filles et les femmes à inverser le cycle de la pauvreté d’une « manière simple, directe et surprenante », à savoir l’accès durable aux produits d’hygiène féminine.  L’ONG explique qu’une des causes principales de la pauvreté chez les filles et les femmes sont leur cycle menstruel.  L’ONG prend l’exemple d’une écolière qui aurait un cycle de 28 jours dont 4 jours de règles.  Parce qu’elle n’a ni serviette hygiénique ni tampon et qu’elle ne peut donc se déplacer, elle perd en fait 13 jours d’école par trimestre.  Or, les études montrent que chaque année scolaire améliore de 10 à 20% les chances d’une fille d’avoir une bonne profession et de briser le cycle de la pauvreté. 

La séance d’aujourd’hui a été marquée par deux longues suspensions de séance.  La première est intervenue pour permettre aux 19 membres du Comité de décider s’ils veulent ou pas examiner un à un les dossiers en suspens depuis les sessions précédentes.  L’examen a été finalement mené ONG par ONG.  La deuxième suspension de l’après-midi a été due à un débat entre les représentants de l’Afrique du Sud et des États-Unis s’agissant de l’ONG américaine « Rural Development Institute » qui, en partenariat avec les pays en développement, travaille à la défense des droits à la terre de 2,47 milliards de pauvres ruraux dans le monde.  Le représentant sud-africain voulait lier l’octroi d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC à une accréditation à l’Union africaine, ce à quoi son homologue américain s’est opposé, obtenant finalement gain de cause. 

Les 19 membres du Comité peuvent octroyer trois statuts consultatifs auprès du Conseil économique et social (ECOSOC), la décision finale revenant à ce dernier.  Le statut consultatif général est octroyé aux ONG qui poursuivent des activités couvrant la plupart des domaines de l’ECOSOC et qui peuvent, en conséquence, soumettre des communications écrites et des pétitions et proposer l’inscription de points à l’ordre du jour de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.

Le statut consultatif spécial est accordé aux ONG internationalement reconnues pour leur compétence particulière dans certains domaines d’activité de l’ECOSOC.  Elles peuvent également soumettre des communications écrites et des pétitions.  L’inscription sur la Liste est réservée aux ONG qui contribuent de temps à autre au travail du Conseil.  Elles ne peuvent soumettre que des communications écrites.

Le Comité chargé des ONG poursuivra ses travaux demain mercredi 3 février à partir de 10 heures.

 

Octroi du statut consultatif spécial

  • Martial Arts Academy (France)
  • Business and Professional Women Voluntary Organization (Soudan)
  • Human Rights Sanrakshan Sansthaa (Inde)
  • Azerbaijani American Cultural Association, Inc. (États-Unis)
  • Behinderung und Entwicklungszusammenarbeit e.V. (Allemagne)
  • Bulgarian Gender Research Foundation (Bulgarie)
  • Days for Girls International (États-Unis)
  • Engineers Without Borders - USA, Inc. (États-Unis)
  • Kirkon Ulkomaanavun Säätiö (Finlande)
  • Plan International (Royaume-Uni)

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

La représentante de la Turquie a demandé à The Next Century Foundation (Royaume-Uni) dans quels pays elle exécute ses projets et avec quels partenaires locaux.  Elle a voulu savoir de The RINJ Foundation (Canada) comment elle mène ses projets et quel est leur nombre en Afrique, a ajouté la représentante de l’Afrique du Sud.  Celui de la Mauritanie a réclamé à la Coordination Waï (Eveil) relative à l’unité nationale et la lutte contre l’esclavage (Mauritanie) des détails sur ses recettes et ses dépenses.

Le représentant du Pakistan a noté que l’adresse postale d’International Human Right Organization (Pakistan) est différente de celle du bureau où elle mène ses activités.  Son homologue de la Fédération de Russie a demandé à Insamlingsstiftelsen Kvinna till Kvinna (Suède) des précisions sur son bureau en Géorgie.  L’ONG couvre-t-elle un ou deux pays?  L’ONG reconnaît-elle qu’on dit « Golfe persique »? s’est inquiété le représentant de l’Iran alors que celui de l’Inde voulait savoir si les organisations membres de Dalit Welfare Organization (Népal) sont toutes népalaises.  De quels pays l’ONG reçoit-elle de l’argent?  Le représentant de l’Afrique du Sud a demandé les derniers états financiers de FESTHES « Festival Pour la Santé » (Togo).    

La représentante de Nicaragua a voulu demandé à l’Asociación Pro-Bienestar de la Familia Colombiana "Profamilia" (Colombie) plus de détails sur ses projets au Guatemala et au Honduras.  Elle a aussi demandé à Campanha Latino-Americana pelo Direito à Educação - CLADE (Brésil) la liste des activités prévues en 2016 en Amérique latine.  La représentante de l’Afrique du Sud a voulu connaître la nature des dons et des ressources reçus par Liberia Youth Initiative for Peace and Sustainable Development (LYIPSUD), Inc. (Libéria).  Que compte faire l’ONG pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La représentante de l’Iran a voulu savoir plus sur la contribution de The Kuki Organization For Human Rights Trust (Inde) au travail de l’Instance permanente des peuples autochtones.  Celle du Nicaragua s’est demandé comment Article 36 Limited (Royaume-Uni) a pu participer aux réunions des organes des Nations Unies sans être accréditée?  La représentante de la Turquie a demandé à Assyrian National Congress (États-Unis) dans quels pays sa chaîne de télévision peut être reçue.  Son homologue de l’Afrique du Sud a dit attendre de l’ONG des réponses claires sur ce qu’elle fait réellement.

Il a aussi demandé au Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie (France) la liste des pays où elle est présente et celle de ses activités en 2016.  L’ONG compte-t-elle étendre ses activités? a voulu savoir le représentant du Soudan.  Celui de la Chine a prié European Muslims League (Suisse) de parler de ses activités en 2015.  La représentante de l’Afrique du Sud s’est inquiétée de la contribution de Global Network of Civil Society Organisations for Disaster Reduction (Royaume-Uni) à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le représentant de l’Inde a demandé à connaître les partenaires indiens d’International Association for Hospice and Palliative Care, Inc. (États-Unis).  Comment les membres sont-ils choisis?  Celui de la Chine a interrogé le Mouvement de la Paix (France) sur sa position sur le Tibet.  Le représentant du Soudan a prié National Secular Society (Royaume-Uni) de faire un résumé de ses activités en Afrique.  Quelle est la position de l’ONG sur le Tibet, a une nouvelle fois demandé le représentant de la Chine.   

Son homologue de l’Afrique du Sud a demandé à Oromia Support Group in Australia Inc. (Australie) si elle était accréditée auprès de l’Union africaine.  La représentante de la Turquie a voulu en savoir un peu plus sur les projets de Public Interest Advocacy Centre Ltd (Australie).  Celui de l’Afrique du Sud a demandé à Rural Development Institute (États-Unis) comment elle compte travailler pour le développement agricole en Afrique auprès de l’ECOSOC, sans accréditation à l’Union africaine.  L’ONG travaille avec l’Union africaine dans le cadre du projet « Land Policy Initiative ».  Elle travaille aussi avec la Banque africaine de développement (BAD), a répondu la représentante des États-Unis qui a souligné que pour demander un statut consultatif auprès de l’ECOSOC, une ONG n’a pas à être accréditée auprès de l’Union africaine.  L’ONG compte-t-elle obtenir une accréditation auprès de l’Union africaine et renforcer ou élargir sa collaboration avec l’Union africaine, a alors demandé le représentant sud-africain.

Dialogue avec les représentants des ONG

Human Rights and Solidarity with Oppressed People (MAZLUMDER) (Turquie) a expliqué qu’elle célèbre cette année son 25e anniversaire, des années qu’elle a consacré à la défense et à la promotion des droits de l’homme et à la solidarité avec les peuples opprimés.  L’ONG est essentiellement en Turquie et en République centrafricaine.  Quels sont vos projets?  Avec qui travaillez-vous?  Où sont vos états financiers? a demandé la représentante de l’Afrique du Sud, en souhaitant des réponses par écrit. 

Stiftung Wissenschaft und Politik (Allemagne) a dit avoir déposé une demande d’accréditation auprès de l’ECOSOC parce que ces dernières années, son travail concerne de plus en plus le travail de l’ONU.  L’ONG effectue en effet des recherches scientifiques indépendantes sur les relations internationales et la sécurité.  Quelle est votre position sur Taïwan? s’est inquiété le représentant de la Chine, alors que son homologue de Cuba se demandait si l’ONG avait modifié son statut.  La représentante de l’Iran a voulu des précisions sur les conférences régionales sur la sécurité que l’ONG aurait organisées en Asie.

En tant qu’ONG, nous n’avons pas de position sur Taïwan, celle de nos membres n’engageant qu’eux-mêmes, a répondu Stiftung Wissenschaft und Politik.  Notre statut n’a pas changé mais notre travail englobe désormais de nouveaux domaines comme le développement durable.  Quant aux conférences régionales sur la sécurité, ce sont les chercheurs eux-mêmes qui les organisent et déterminent le format.  Comptez-vous réduire la part de votre financement public? a demandé le représentant de la Fédération de Russie.  Son homologue de la Chine a rappelé à l’organisation l’obligation d’utiliser le nom officiel de Taïwan.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil économique et social pourvoit les sièges vacants de cinq de ses organes subsidiaires

Session de 2016,
7e séance - matin
ECOSOC/6735

Le Conseil économique et social pourvoit les sièges vacants de cinq de ses organes subsidiaires

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a pourvu aujourd’hui, au terme d’élections par acclamation, les sièges vacants de la Commission du développement social, de la Commission des stupéfiants, du Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial, du Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida et du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, qui sont cinq de ses organes subsidiaires.

L’ECOSOC a également élu, toujours par acclamation, son membre qui siègera au sein du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix.

Présidé pour l’occasion par M. Juerg Lauber, Vice-Président de l’ECOSOC et Représentant permanent de la Suisse auprès des Nations Unies, le Conseil a tout d’abord élu Israël et le Portugal à la Commission du développement social pour un mandat prenant effet ce jour et s’achevant en 2019.  Le Conseil a en revanche reporté à une date ultérieure les élections de cinq autres membres de ladite Commission.

L’ECOSOC a ensuite élu la Hongrie et la Slovaquie à la Commission des stupéfiants pour un mandat prenant effet à la date de l’élection et expirant le 31 décembre 2019.  La Commission est désormais au complet.  Le Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM) accueillera en son sein le Bangladesh pour un mandat prenant effet immédiatement et s’achevant le 31 décembre 2018.  Cet organe ne compte plus de siège vacant.

Le Conseil a élu la Norvège pour achever le mandat, courant jusqu’au 31 décembre 2017, du Danemark qui s’est retiré du Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA).  L’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite et la Malaisie siègeront au sein du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains pour un mandat commençant ce jour et s’achevant le 31 décembre 2019.  Le Conseil a en revanche décidé de reporter l’élection des cinq sièges vacants de cet organe.

Enfin, le Kazakhstan sera le membre du Conseil au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour un mandat commençant aujourd’hui et s’achevant le 31 décembre 2016.  M. Lauber a informé les États Membres que les élections ordinaires aux organes subsidiaires du Conseil auraient lieu lors de la réunion de coordination et d’organisation qui se tiendra du 4 au 6 avril prochain. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.