Commission du développement social: multiplication des propositions pour mettre le Programme de développement durable au service des groupes vulnérables
Qu’il s’agisse des personnes handicapées, du troisième âge ou des jeunes, la Commission du développement social a entendu aujourd’hui une multitude de propositions pour mettre véritablement le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au service de ces groupes vulnérables.
La Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, Mme Catalina Devandas Aguilar, s’est réjouie d’avoir en main un Programme de développement durable qui mentionne sept fois les personnes handicapées alors qu’« il y a un peu plus de 15 ans, nous étions complètement absents des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ». Le Programme 2030 et la Convention sur les droits des personnes handicapées sont complémentaires, a-t-elle argué, car cette dernière n’est pas seulement un instrument des droits de l’homme, elle est aussi un outil de développement social qui offre une autre perspective à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, celle du handicap et ses cadres conceptuel et normatif.
La Rapporteuse spéciale a donc proposé au Conseil économique et social (ECOSOC) de créer un cadre permanent où les agences de l’ONU et le Comité sur les droits des personnes handicapées, viendraient périodiquement présenter leurs activités liées à la mise en œuvre du Programme 2030, dans sa relation avec les personnes handicapées. Ce cadre, a-t-elle plaidé, permettrait à la Commission de recevoir des informations utiles pour plaider auprès du Forum politique de haut niveau et pour jouer un rôle important de coordination. Le cadre alerterait aussi les États sur les défis de la mise en œuvre du Programme 2030 tout en leur permettant de parler de leurs bonnes pratiques, de leurs échecs, de leurs défis et de leurs besoins techniques. La représentante de la Fédération chinoise des personnes handicapées a carrément rêvé d’une « ONU-Handicap » à l’instar d’ONU-Femmes. Celui du Koweït a proposé la création d’un « centre ».
Le Programme 2030 doit aussi être l’occasion d’intégrer les questions liées aux personnes âgées, a plaidé, pour sa part, le représentant d’El Salvador, au nom du Groupe des Amis des personnes âgées. Rares sont en effet les mentions explicites de ces personnes dans les documents internationaux, a dénoncé son homologue du Brésil qui a proposé l’idée d’un instrument international, en espérant que la Convention interaméricaine pour la protection des droits des personnes âgées, adoptée l’année dernière, donnerait l’élan à une future convention de l’ONU.
C’est aussi d’un élan que les jeunes ont dit avoir besoin pour booster la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse qui fête, cette année, ces 20 ans, et dont, ont-ils argué, le succès du Programme 2030 dépend. Nous sommes, ont plaidé les deux jeunes de la délégation néerlandaise, une ressource importante pour le développement et de vrais agents du changement social, du développement économique et de l’innovation technique. Nous sommes les experts des questions qui nous affectent.
Les deux jeunes gens ont dénoncé l’échec des décideurs politiques qui se bercent de l’illusion que la politique doit être laissée aux spécialistes et que les jeunes n’ont ni les compétences, ni l’expertise, ni les connaissances nécessaires. Pourtant, la participation aux décisions qui affectent leur vie est un moyen pour les jeunes de mieux comprendre leur communauté et de s’en sentir partie, sans compter qu’en participant, ils offrent un modèle civique aux autres jeunes et épargnent ainsi à leur pays le coût énorme de l’apathie, de la frustration et de l’exclusion sociale.
Une exclusion, qui selon le représentant de l’Afrique du Sud, la famille peut contribuer à éviter en tant que « cadre de promotion de la vie sociale ». Son homologue de l’Union européenne a tenu à rappeler que la famille a changé et continue de changer avec le temps, prouvant qu’elle est une entité vivante et dynamique. Si dans ses programmes sociaux, le Brésil n’avait pas visé tous les types de familles, y compris les familles monoparentales, de même sexe, sans enfant ou sans parents, il n’aurait jamais pu sortir 36 millions de personnes de la pauvreté et aurait, au contraire, contribué à accentuer les vulnérabilités et les discriminations, a tranché le représentant brésilien.
La Commission du développement social reprendra ses travaux lundi 8 février à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)
Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/3)
Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies (A/70/61–E/2015/3)
Table ronde sur le thème « Mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour l’après-2015 à la lumière de la Convention relative aux droits des personnes handicapées »
Il y a un peu plus de 15 ans, nous étions complètement absents des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a souligné d’emblée Mme CATALINA DEVANDAS AGUILAR, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées. « Nous ne faisions partie ni des discussions, des agendas, des buts, des indicateurs et encore moins des processus de mise en œuvre. Nous n’avions ni statistiques ni méthodologies comparables sur le plan international et contrairement à aujourd’hui, personne ne comprenait vraiment l’importance cruciale qu’il y avait à mobiliser tout le monde dans la guerre contre la pauvreté ou pour l’accès universel à la santé et à l’éducation. » Aujourd’hui, s’est félicitée la Rapporteuse spéciale, nous avons appris que « l’inclusion des plus exclus » est essentielle à l’efficacité des programmes publics. Nous avons appris, a-t-elle poursuivi, que les politiques qui incluent les personnes handicapées constituent un investissement sûr dans la société, et que l’exclusion a des coûts économiques et sociaux qu’aucun pays ne peut plus ignorer.
L’ONU a fait sa part, a reconnu la Rapporteuse spéciale, en citant la Convention sur les droits des personnes handicapées, le Comité d’experts de la Convention et la Conférence des États parties à la Convention. Elle a aussi cité le Groupe d’appui interinstitutions à la Convention, le Fonds des Nations Unies pour la promotion des droits des personnes handicapées et plus récemment, le mandat du Rapporteur spécial qu’elle exécute. Elle a également cité les efforts des agences de l’ONU et du Groupe de Washington, pour créer des méthodologies sur la collecte des données statistiques.
Saluant le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 prenne effectivement en compte la question du handicap, Mme Devandas Aguillar s’est tout de même posée quelques questions: comment faire en sorte que les mécanismes de suivi et d’évaluation dudit Programme prendront en compte les personnes handicapées? comment mesurer les progrès pour savoir si nous sommes effectivement en train de créer des communautés plus respectueuses des besoins des personnes handicapées? comment faire en sorte que les efforts des différentes parties prenantes se renforcent les uns les autres et fassent avancer les objectifs communs de manière coordonnée?
D’abord, a répondu la Rapporteuse spéciale, la volonté politique au plus haut niveau est tout simplement « fondamentale »: à l’échelle internationale, le Forum politique de haut niveau devrait examiner comment l’implication des personnes handicapées dans la mise en œuvre du Programme 2030 est suivie, et au niveau national, il faut faire en sorte que les priorités établies dans les processus de mise en œuvre tiennent dûment compte des personnes handicapées.
La Rapporteuse spéciale a, en deuxième lieu, insisté sur les systèmes de suivi et d’évaluation adéquats dont l’efficacité dépend d’une bonne collecte et d’une bonne ventilation des données. En troisième lieu, Mme Aguilar a défendu une plus grande participation des personnes handicapées et de leurs organisations dans les processus de mise en œuvre du Programme 2030, ajoutant que leur implication dans la prise de décisions n’est pas seulement une obligation internationale mais une pratique élémentaire de bonne gouvernance assurant l’efficacité des politiques.
En quatrième lieu, la Rapporteuse spéciale a jugé impératif que toutes les parties prenantes du développement inclusif et de la promotion des droits des personnes handicapées alignent leurs activités avec le Programme 2030. Ce dernier et la Convention sur les droits des personnes handicapées sont complémentaires. La Convention, s’est-elle expliquée, n’est pas seulement un instrument des droits de l’homme, elle est aussi un outil de développement social qui offre une autre perspective à la mise en œuvre du Programme 2030, celle du handicap et ses cadres conceptuel et normatif.
La Rapporteuse spéciale a proposé aux États deux lignes d’action: mettre sur pied des systèmes de protection sociale qui répondent aux besoins des personnes handicapées, réduit leur niveau de pauvreté et promeuve leur indépendance et leur intégration sociale; et faciliter des processus de prise de décisions consultatifs et participatifs.
Il est essentiel, a-t-elle insisté, que tous les acteurs travaillent en synergie dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour éviter les doublons, offrir des réponses bien articulées et garantir une mise en œuvre en ligne avec la Convention. La Rapporteuse spéciale a donc proposé au Conseil économique et social (ECOSOC) de créer un cadre permanent où les agences de l’ONU et le Comité sur les droits des personnes handicapées, dont le Rapporteur spécial et l’Envoyé spécial sur le handicap et l’accès, viendraient périodiquement présenter leurs activités liées à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, dans leur relation avec les personnes handicapées.
Cela permettrait à la Commission du développement social de recevoir des informations utiles pour plaider auprès du Forum politique de haut niveau et pour jouer un rôle important de coordination. Cet espace alerterait les États sur les défis de la mise en œuvre du Programme 2030 tout en leur permettant de parler de leurs bonnes pratiques, de leurs échecs, de leurs défis et de leurs besoins techniques.
Saluant à son tour comme un progrès le fait que la question du handicap soit incluse dans le Programme 2030 comme gage de sa bonne exécution, M. OSAMU NAGASE, Professeur à l’Université de Ritsumeikan (Japon), s’est réjoui que des indicateurs soient en cours d’élaboration. Nous venons de loin, a-t-il insisté, en s’inquiétant cependant du paragraphe 26 du Programme 2030 qui dit: « Nous sommes également résolus à assurer la prévention et le traitement des maladies non transmissibles, y compris les troubles du comportement et du développement et les troubles neurologiques, qui constituent un problème majeur pour le développement durable ». Il s’agit là, a estimé M. Nagase, d’un libellé troublant à la lumière de la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées qui reflète une évolution historique dans la manière dont nous pensons le handicap. Nous sommes d’accord avec l’idée de souligner l’importance de la santé, s’est expliqué l’orateur, mais les services de santé, qui ont vocation à assurer la meilleure santé à chacun de nous, devraient éviter d’être perçus comme des services qui ont pour but d’empêcher la naissance d’un certain type de personnes.
Le « rien sur nous sans nous » promu par la Convention, veut dire « auto-plaidoyer » des « handicapés intellectuels », a souligné l’orateur, en se félicitant, à cet égard, de la candidature de M. Robert Martin de la Nouvelle-Zélande au Comité sur les droits des personnes handicapées, ce qui pourrait en faire, s’il est élu, le premier membre ayant un handicap intellectuel et ce qui serait « le bon message à envoyer ». Représentant d’« Inclusion International » dans la région d’Asie-Pacifique, M. Nagase s’est flatté d’une certaine expérience dans la promotion de l’« auto-plaidoyer » des « handicapés intellectuels ». Il a passé en revue les progrès enregistrés dans la région d’Asie-Pacifique, des progrès qu’il a attribués à l’adoption de la Convention car sans elle l’intégration de la question du handicap dans le développement aurait été plus difficile. Dans le même temps, sans le travail sur le terrain pour faire avancer le développement social, la Convention n’existerait peut-être pas aujourd’hui.
Insistant une nouvelle fois sur le lien entre handicap et développement, l’orateur a affirmé que la diversité veut dire un monde meilleur pour tous. Quand les communautés assurent un accès physique aux personnes à mobilité réduite, elles deviennent aussi plus confortables pour les personnes âgées mais aussi pour les bébés et leurs poussettes. Les écoles se portent mieux quand elles peuvent offrir différents types d’apprentissage et voir des enfants différents grandir et apprendre ensemble ne peut que renforcer la cohésion et l’intégration sociales, un des principaux thèmes du Sommet mondial du développement social, a démontré l’orateur.
Mme LI XIAOMEI, Directrice générale adjointe du Département international de la Fédération des personnes handicapées de la Chine, a souligné que l’adoption du Programme 2030 ne veut pas dire que la Commission du développement social doit cesser son travail sur le handicap, bien au contraire. Elle a aussi encouragé la Commission à adopter un mécanisme pour suivre son travail dans ce domaine. Je sais que ce n’est pas possible, mais je rêve d’une « ONU-Handicap » à la lumière d’ONU-Femmes, a dit la Directrice générale après avoir fait part de l’expérience et des progrès de la Chine en faveur de ses 85 millions de personnes handicapées voire plus. Forte de cette expérience, elle a insisté sur l’importance pour les gouvernements d’inclure la question du handicap dans les plans nationaux de développement social.
Lui-même mal entendant, M. VALERY NIKITICH RUKHLEDEV, Président de l’organisation publique russe pour les personnes handicapées « All-Russian Society of the Deaf » (ARSD), a indiqué que son association travaille en étroite collaboration avec les pouvoirs publics, notamment le Ministère du travail qui s’assure que les besoins et droits des personnes handicapées en général soient pris en compte dans le monde du travail. Pour réaliser le respect des droits des malentendants en Fédération de Russie, a-t-il expliqué, plus d’une trentaine de lois fédérales ont été modifiées. L’un des projets en cours par exemple est consacré au sous-titrage systématique des programmes de télévision. Le manque d’informations est l’obstacle majeur auquel se heurtent les personnes handicapées, a-t-il dit. Bien souvent, elles ne savent rien des programmes gouvernementaux et des avancées technologiques qui pourraient leur faciliter la vie. Le représentant a aussi fait état d’une nouvelle loi qui exige que les policiers russes maîtrisent les rudiments du langage des signes.
Une femme sur cinq vit avec un handicap, a indiqué Mme CHRISTINE BRAUTIGAM, Directrice de la Division de soutien intergouvernemental à ONU-Femmes. Les politiques, programmes et mécanismes sur le handicap doivent répondre à cette réalité et ceux de l’égalité entre les sexes doivent être ciblés et tenir compte des différents types de discriminations, y compris celles basées sur le handicap, pour faire en sorte que « personne ne soit laissée de côté ». Après avoir parlé de la contribution de la Commission de la condition de la femme, la Directrice de la Division s’est attardée sur le travail d’ONU-Femmes pour promouvoir des mesures en faveur des filles et des femmes handicapées.
Le Président de la Commission du développement social s’est montré impressionné par le fait le programme russe pour les handicapés ait été créé en 1926. Le représentant du Nigéria a plutôt regardé vers l’avenir et prôné la création d’un groupe d’experts pour discuter de l’application technique de la Convention, une sorte de « mécanisme transrégional ». La possibilité de tenir chaque année un forum sur les droits des personnes handicapées a été évoqué par le Directeur exécutif du Bureau de New York de l’Alliance internationale du handicap (IDA) pour guider les États. La déléguée de l’Espagne a vu d’un bon œil la création d’un groupe ou d’un forum multipartite au sein de la Commission qui transmettrait des avis techniques au Forum politique de haut niveau.
Cette idée a également plu au représentant de la République de Corée qui a fait valoir l’intérêt de mener une discussion équilibrée sur les personnes handicapées et sur les droits de l’homme. Il a cependant demandé que l’on reste dans les limites des ressources et des mécanismes existants, à l’instar des délégations de l’Allemagne et de la Roumanie qui ont mis en garde contre les doublons.
Les représentants de la Bulgarie et de l’Irlande n’ont pas dit autre chose, rejetant toute idée de créer un nouveau poste ou mécanisme même si leur homologue du Costa Rica a dit ne pas comprendre l’opposition à un mandat permanent à l’ONU pour la promotion du développement social des personnes handicapées. Pourquoi ne pas créer un « centre » pour aborder ces questions, a proposé la représentante du Koweït, à l’image de la discussion organisée en décembre dernier dans son pays sur le rôle des femmes arabes dans l’amélioration de leur avenir. Partons, a appelé le délégué du Mexique, des questions sociales liées au handicap et de ce qui a été fait auparavant, en s’appuyant sur les décisions prises par la Commission par le passé.
La Commission du développement social doit continuer à informer l’ECOSOC et le Forum politique de haut niveau des questions du handicap, a insisté la Rapporteuse spéciale. Mais, a-t-elle estimé, on a besoin d’en savoir un peu plus sur ce qui se fait dans les autres agences du système de l’ONU, d’où l’idée d’un « espace » pour partager les informations.
Passant à des questions plus techniques, le représentant du Costa Rica a souligné l’importance des données pour élaborer des politiques ciblées donc plus efficaces. Il s’est demandé si les organismes onusiens peuvent aider les États dans la collecte des données. Les pays doivent en effet, a acquiescé le délégué du Cambodge revoir leurs statistiques et leurs plans nationaux de développement pour y inclure les personnes handicapées.
« Le handicap est mentionné sept fois dans les objectifs de développement durable », a relevé le représentant d’Antigua-et-Barbuda, en suppliant de ne laisser aucun handicapé sur le bord de la route. À son tour, il a appelé à une amélioration de la collecte, de l’analyse et de la ventilation des données, en n’oubliant pas les personnes « à handicap caché » et « à handicaps multiples ».
Comme la santé mentale est incluse dans les objectifs de développement durable, la représentante de la Fédération mondiale des organisations de la santé mentale a souligné combien les conditions politiques et sociales sont des éléments déterminants. Figurant parmi les premiers signataires de la Convention, l’Inde, a dit son représentant a consacré dans l’article 41 de sa Constitution l’obligation de l’État de garantir le droit au travail, à l’éducation et à l’assistance publique pour les chômeurs, les personnes âgées, les personnes malades et les personnes handicapées.
Débat général
Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (E/CN.5/2016/2)
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), a déploré que le fait que les personnes handicapées soient surreprésentées parmi les sans-emploi et sous-représentés dans l’éducation du troisième cycle, sans compter leur taux élevé de pauvreté. Après avoir fait part des efforts de l’Union européenne en leur faveur, le représentant s’est dit impatienté de discuter avec les autres délégations de l’intégration de la question du handicap dans le développement social. Le mandat élargi de la Rapporteuse spéciale et son interaction avec la Commission, le Conseil des droits de l’homme et la Conférence des États parties à la Convention fournit une excellente plateforme pour connecter l’action de l’ONU et le travail dans les domaines visant à intégrer les personnes handicapées. Le représentant a poursuivi en indiquant que dans l’Union européenne, 7,1 millions de jeunes sont soit sans-emploi, sans éducation ou sans formation. Il a parlé du succès du Programme « Garantee » mais aussi de la décision de renforcer l’appui aux plus de 11 millions de jeunes sans emploi pendant un an.
S’agissant des personnes âgées, M. Van Oosterom a souligné que l’Union européenne promeut « le vieillissement actif » qui ne veut pas seulement dire rester plus longtemps au travail et retarder l’âge de la retraite mais aussi participer à la vie sociale, s’impliquer dans les tâches familiales et faire du bénévolat au sein de la communauté. Ces trois dimensions que sont l’emploi, la participation sociale et l’indépendance économique sont réunies dans l’Index du vieillissement actif. Pour ce qui est de la famille, le représentant s’est attardé sur la Plateforme de l’Union européenne pour l’investissement dans l’enfance. Au sein de l’Union européenne comme ailleurs dans le monde, a-t-il conclu, la famille a changé et continue de changer avec le temps, prouvant qu’elle est une entité vivante et dynamique.
M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREA (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a plaidé pour des mesures nouvelles et élargies pour faire avancer les stratégies de développement inclusif et assurer une répartition plus équitable des bénéfices de la croissance, réduire les inégalités et assurer l’accès universel aux services sociaux de base. Aujourd’hui, a-t-il indiqué, de nombreux pays de la CELAC ont adopté des politiques de traitement préférentiel et de quota en faveur des groupes désavantagés et vulnérables. Ils comptent prendre d’autres mesures concrètes pour s’attaquer aux défis pressants comme la pauvreté, la faim, les inégalités et la dégradation de l’environnement. Soulignant l’importance du Programme d’action de Copenhague de 1995 sur le développement social, le représentant a estimé qu’il est temps d’améliorer le travail de la Commission qui ne saurait se départir de sa responsabilité de veiller à la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Copenhague. Le représentant a poursuivi en insistant sur l’importance de la coopération internationale, dont l’engagement pris par les pays développés de verser 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD). Il a aussi vanté les mérites de la coopération Sud-Sud, de la coopération triangulaire et de la coopération technique, avant d’estimer qu’il est de la plus haute importance d’introduire les réformes nécessaires dans le système économique et financier mondial, insistant sur le principe d’appropriation nationale. Le représentant a conclu en faisant part des progrès de sa région en matière de développement social, en avouant le grand défi que reste le chômage des jeunes.
En sa capacité nationale, le représentant a fait le décompte d’un certain nombre de mesures prises par son gouvernement en matière de développement social. Il a par exemple indiqué que le pays a créé des centres spéciaux de soins pour les personnes âgées, afin de leur éviter les abus. Le même principe est appliqué pour les personnes âgées dans les prisons. Le Gouvernement a aussi mis sur pied un Programme national pour la pleine intégration des personnes handicapées qui a fixé des domaines prioritaires. Le représentant a appelé la communauté internationale à s’impliquer pour juguler l’épidémie du virus Zika qui s’étend en Amérique latine et dans les Caraïbes. Si rien n’est fait, l’épidémie aura un impact des plus dévastateurs sur l’ensemble de l’économie régionale, a-t-il prévenu.
M. JUAN EDUARDO FAÚNDEZ, Vice-Ministre du développement social du Chili, a expliqué que, depuis le premier Gouvernement de la Présidente Michelle Bachelet en 2006, son pays avait consacré la notion de « protection sociale » dans sa politique. Le Chili est maintenant une des économies les plus ouvertes et les plus libérales du monde, a-t-il dit en soulignant la forte concentration du pouvoir économique et la correction des niveaux d’inégalités dans lesquels le Gouvernement joue un rôle fondamental. Si nous sommes cependant loin d’avoir réalisé l’idéal de développement social, a-t-il reconnu, nous avons établi les bases nécessaires pour le réaliser à moyen terme. La stratégie du Gouvernement vise notamment à consolider les principes directeurs de la politique sociale selon lesquels la protection sociale doit être un mécanisme solidaire envers ceux qui se heurtent aux inégalités.
Le Vice-Ministre a mentionné le nouveau système de registre social des foyers, qui remplace l’ancien cadastre et qui aide à identifier les caractéristiques socioéconomiques des familles grâce à de meilleures technologies et méthodologies. Il a aussi voulu attirer l’attention sur ceux qui apportent des soins aux autres, notamment aux personnes âgées et handicapées. Il a parlé à cet égard de « coresponsabilité » entre l’État, les familles et la société civile, un système qui a été conçu avec l’appui de la Banque mondiale. Remarquant que, dans la majorité des cas, ceux qui s’occupent des autres dans un foyer ne sont pas payés, il a exprimé l’intention du Gouvernement de mieux les soutenir, ce qui se concrétisera en 2016 avec un nouveau système d’aide et de soins aux personnes dépendantes.
M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador), au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a voulu que l’on profite du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour intégrer dans sa mise en œuvre les questions liées aux personnes âgées et surtout entendre leur avis. Il s’est donc dit préoccupé par le fait que, cette session, l’Assemblée générale n’ait pas demandé au Secrétaire général de présenter un rapport sur le suivi de la deuxième Assemblée mondiale sur les personnes âgées. Il a dit attendre avec impatience l’adoption par consensus d’une résolution à la prochaine session. Attendant aussi avec impatience la prochaine session du Groupe de travail sur les personnes âgées, le représentant s’est tout de même félicité du fait qu’au cours de sa session, la Commission du développement social ait prévu de nombreuses manifestations parallèles sur les personnes âgées.
M. DAVY CHIKAMATA (Zambie) a affirmé que l’être humain était au cœur des stratégies de développement de son pays lesquelles visent la création d’emplois et la réduction de la pauvreté et des inégalités. Ces objectifs seront atteints grâce aux investissements dans des secteurs porteurs, contribuant à une croissance économique soutenue et inclusive, a-t-il dit. Parmi les actions entreprises pour réduire la faim et l’extrême pauvreté dans les zones rurales, le représentant a mentionné le système de transfert de fonds en espèces au bénéfice des foyers vulnérables, qui a permis une réduction du niveau de pauvreté, une amélioration de la sécurité alimentaire et une plus grande assiduité des enfants à l’école. Le Gouvernement a également renforcé ses programmes visant à favoriser la vocation entrepreneuriale des femmes et à leur apporter un soutien financier, a déclaré M. Chikamata.
Le délégué a insisté sur les efforts de son pays pour réformer le droit du travail afin d’offrir une plus grande protection contre les licenciements abusifs, avant d’expliquer que le travail des jeunes garçons était une réalité dans les zones rurales et péri-urbaines de la Zambie. Les jeunes filles sont souvent contraintes de se marier afin de soutenir financièrement leurs parents à la santé déclinante ou leurs frères et sœurs orphelins, a-t-il dit. Pour lutter contre ces mariages précoces, M. Chikamata a souligné l’engagement de son pays en faveur d’une réforme législative harmonisant l’âge minimum du mariage avec les normes internationales. En conclusion, le représentant a exhorté la communauté internationale à renforcer les capacités des pays en développement, tels que la Zambie, en vue d’éliminer la pauvreté d’ici à 2030.
M. HÉCTOR RAÚL PELÁEZ (Argentine) a indiqué que son gouvernement accorde une importance particulière aux problèmes spécifiques des personnes âgées qui sont considérées comme un groupe social à part entière, conformément au Plan d’action international de Madrid. Il a salué la création du poste d’Expert indépendant sur les droits des personnes âgées au sein du Conseil des droits de l’homme, l’adoption récente de la Convention interaméricaine pour la protection des droits des personnes âgées et le travail mené par le Groupe de travail de l’Assemblée générale sur le vieillissement.
L’Argentine, a-t-il ajouté, s’engage à jouer un rôle de chef de file dans le mouvement mondial pour l’adoption d’une convention internationale sur les droits des personnes âgées. Dans le pays, l’Institut national des services sociaux pour les personnes âgées et les retraités est un acteur central de la sécurité sociale. Les jeunes bénéficient aussi d’une politique d’intégration sociale, d’autant plus qu’ils jouent un rôle actif dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le représentant a aussi assuré que son gouvernement œuvrait en faveur de l’intégration sociale des personnes handicapées, afin qu’elles puissent participer pleinement à la vie économique, sociale, politique et culturelle. La politique de l’État en la matière vise à leur garantir une certaine indépendance économique et une capacité d’autodétermination.
Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a indiqué que son pays est pleinement engagé dans la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Copenhague. Elle a rappelé que le Nicaragua applique une politique socialiste avec laquelle elle entend ne laisser personne de côté. Elle a par exemple relevé que le Gouvernement travaille à l’accès universel à la santé, dont la médecine naturelle. Elle a aussi évoqué des programmes en faveur de l’emploi des jeunes et d’autres politiques visant à assurer que tous les citoyens puissent vivre dans le plein respect de tous leurs droits.
M. CARLOS DUARTE (Brésil) a remarqué que l’objectif du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de « ne laisser personne de côté » est particulièrement pertinent pour le débat d’aujourd’hui. Presque 30% de la population mondiale aura 60 ans et plus d’ici à 2050, a-t-il rappelé en soulignant l’importance des mesures prises pour les personnes âgées. Les mentions explicites de ces personnes dans les documents juridiques internationaux demeurent cependant rares, a-t-il regretté, avant de plaider en faveur d’un instrument international. Comme première étape, il a mentionné l’adoption, l’an dernier, de la Convention interaméricaine pour la protection des droits des personnes âgées et a espéré que cette Convention donnerait l’élan à une future convention universelle, sous l’égide des Nations Unies.
En ce qui concerne les personnes handicapées, qui sont aussi au rang des priorités du Gouvernement brésilien, le représentant a salué l’inclusion de cette question dans le Programme 2030. Quant aux jeunes brésiliens, qui représentent 25% de la population, il a mentionné les efforts menés par son gouvernement qui est conscient que le développement social ne se réalisera pas sans combler les besoins des jeunes, en matière de santé, d’éducation, d’emploi décent et de droit de vivre à l’abri de la peur et de la discrimination. En octobre 2014, le Brésil a signé la Convention ibéro américaine sur les droits des jeunes, a-t-il indiqué avant d’expliquer que son pays vise, dans ses programmes sociaux, tous les types de familles, y compris les familles monoparentales, de même sexe, sans enfant ou sans parents. Sans cela, nous n’aurions pas pu sortir 36 millions de Brésiliens de la pauvreté, a-t-il dit. Au contraire, a-t-il insisté, nous aurions contribué à accentuer les vulnérabilités et les discriminations.
Mme HESS (Suisse) a expliqué le taux de chômage relativement faible des jeunes dans son pays par le niveau élevé de l’enseignement général et supérieur et « le système de formation dual, qui s’adapte particulièrement bien aux besoins de l’économie ». La Suisse met également en œuvre des mesures pour faciliter la transition entre l’école et le monde du travail et reconnaît l’importance des partenariats public-privé pour augmenter les opportunités d’emploi pour les jeunes, a-t-il dit. Au nombre des jeunes vulnérables en Suisse, le délégué a cité « les personnes ayant un bagage migratoire » qui rencontrent des difficultés plus importantes lors de leur recherche d’emploi. Le pourcentage des jeunes au chômage est quasiment deux fois plus élevé chez les titulaires d’un passeport étranger, a-t-il reconnu. Dans un contexte actuel marqué par des flux migratoires considérables, le représentant a demandé aux gouvernements et à la société civile de créer un environnement propice à l’intégration et à la solidarité, afin que toutes les filles et les garçons puissent avoir les mêmes chances.
Soulignant le rôle que les jeunes peuvent jouer dans la lutte contre les inégalités en accompagnant leurs pairs, palliant ainsi aux insuffisances parentales ou gouvernementales, il les a encouragés à s’engager dans ce type d’activités bénévoles pour contribuer à la réduction du chômage et de la pauvreté. Les États, quant à eux, devraient prendre des initiatives pour promouvoir l’implication active des jeunes au sein de la collectivité, a-t-il dit. Il a indiqué que son pays encourageait les activités destinées à promouvoir les valeurs économiques et à donner la parole aux jeunes, par le biais notamment de la Session des jeunes, organisée chaque année au Palais fédéral. Enfin, le représentant a jugé indispensable l’élaboration d’une approche intégrée du développement de la jeunesse, celle-ci pouvant jouer un rôle « inestimable » dans la mise en œuvre et la diffusion du Programme de développement durable à horizon 2030.
SAYA ABDULLAH and SAHAR AFZAL (Pays-Bas), au nom des Jeunes, a souligné que le Programme 2030 est important pour les jeunes et que leur implication est plus cruciale que jamais pour créer un cadre de développement qui place les gens et la planète au cœur de tous les efforts. Le succès des objectifs de développement durable dépend de la pleine mise en œuvre des mécanismes tels que le Programme d’action pour les jeunes qui fête cette année ses 20 ans et qui reste pertinent et une vraie source d’inspiration mais dont la mise en œuvre pourtant reste à la traîne. Il est plus que nécessaire de réfléchir à la façon de revitaliser les engagements pris par les gouvernements et les autres parties prenantes en recherchant les moyens de lier une mise en œuvre inclusive, participative et soucieuse de l’égalité entre les sexes du Programme d’action pour les jeunes à celle du Programme 2030.
Les jeunes, a poursuivi son camarade, sont une ressource importante pour le développement et de vrais agents du changement social, du développement économique et de l’innovation technique. Ce sont les experts des questions qui les affectent et une partie intégrante des solutions efficaces. Les jeunes sont les gens les plus dynamiques, les plus créatifs et les plus talentueux de la société et pourtant ce sont aussi les plus vulnérables et les plus impuissants. Le jeune orateur a dénoncé l’échec des décideurs politiques qui se bercent de l’illusion que la politique doit être laissée aux spécialistes et que les jeunes n’ont ni les compétences, ni l’expertise, ni les connaissances nécessaires. Pourtant, a plaidé l’intervenant, pour la jeunesse, la participation aux décisions qui affectent leur vie est une question de dignité et un moyen de mieux comprendre les questions de la communauté et de s’en sentir partie, sans compter qu’en participant, les jeunes peuvent offrir un modèle civique à d’autres jeunes et éviter ainsi l’énorme coût potentiel de l’apathie, de la frustration et de l’exclusion sociale. Le jeune orateur a conclu en demandant aux États d’inclure des jeunes dans leur délégations pour que l’année prochaine, « je puisse avoir le privilège d’écouter un groupe plus varié de jeunes délégués parce que comme je l’ai déjà dit, les jeunes ne sont pas l’avenir mais le présent ».
M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a dit que l’intégration sociale ne peut se faire sans une politique sociale qui tienne compte des besoins de tous les membres de la société. Il a souligné l’importance de la famille pour l’épanouissement de l’individu et affirmé que la protection de la famille est une tâche « centrale » à laquelle s’attèle le Koweït. Il a aussi indiqué que des mesures de protection sociale ciblant notamment les personnes âgées sont mises en place, ajoutant qu’une base de données intégrées permet aux autorités de prendre des décisions idoines à leur endroit. Les jeunes sont l’une des priorités du Gouvernement du Koweït, a-t-il aussi déclaré, en parlant des mesures pour garantir aux jeunes la meilleure éducation possible.
M. SHEZI (Afrique du Sud) a estimé qu’un système de protection sociale performant est la clef de voute de la lutte contre la pauvreté. Il a aussi déclaré que son gouvernement est engagé dans la protection de la famille considérée comme « le cadre de promotion de la vie sociale ». Le représentant a ensuite relevé que les personnes âgées bénéficient d’une très grande estime dans la société sud-africaine, assurant que l’État a mis à leur disposition une pléiade de services sociaux. Cet investissement, a-t-il affirmé, fait que l’Afrique du Sud s’est hissée à la deuxième place dans le classement des pays africains s’agissant de la prise en charge et du respect des droits des personnes âgées. Il a appelé, à son tour, à l’adoption d’une convention sur les droits des personnes âgées.
ANCA AGACHI and DAVID TIMIŞ, jeunes délégués de la Roumanie, ont rappelé que les jeunes sont à la fois les moteurs, aujourd’hui, et les bénéficiaires, demain, du développement social. Anca Agachi a parlé de leur campagne nationale « Youth Voice » qui avait pour but de resserrer les liens entre les objectifs de développement durable et la jeunesse et d’identifier des voies pour renforcer leur participation. Elle a plaidé en faveur de l’engagement civique des jeunes tout en soulignant la responsabilité du Gouvernement pour parvenir à « L’avenir que nous voulons ». Cela implique une responsabilisation des institutions et des représentants de l’État, a-t-elle indiqué en se félicitant de l’initiative multilatérale appelée « Open Government Partnership » qui cherche à renforcer la transparence et la bonne gouvernance en utilisant les nouvelles technologies. Elle a remarqué en même temps que c’est la détermination des jeunes et leur côté proactif qui peuvent permettre les plus grands changements. Faire du bénévolat et assister aux consultations des autorités locales sont des exemples de ce qui leur permet d’avoir un impact positif.
David Timis a plaidé en faveur d’une éducation de qualité. En parlant de cette question avec d’autres jeunes, a-t-il dit, nous avons constaté une convergence d’opinion sur deux points: l’importance des personnes qui servent de mentor aux jeunes pendant leurs scolarisation; et la pertinence du cursus qu’ils suivent. Une des questions les plus soulevées est le manque de soutien et de guide dans le choix de carrière des jeunes. Il a recommandé que les universités collaborent avec les entreprises pour s’assurer que les jeunes acquièrent les compétences adéquates pour la voie choisie. Il faut également que les enseignements reçus à l’école soient régulièrement mis à jour et adaptés à un monde en rapide mutation. Les jeunes manifestent aussi un intérêt particulier à améliorer leurs connaissances sur les questions relatives à l’état de droit, la santé, l’environnement et l’entreprenariat.
M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) s’est félicité du consensus sur la nécessité de disposer de données ventilées pour garantir le succès des objectifs de développement durable. Nous voulons que le Programme 2030 soit appliqué et dans ce cadre, la Slovénie s’est résolument engagée pour les droits des personnes les plus vulnérables de la société, en particulier les personnes âgées compte tenu des changements démographiques. Le représentant a salué les travaux du système des Nations Unies sur cette question et soutenu la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement. Il a annoncé la tenue d’une conférence, dans son pays les 11 et 12 avril prochains, qui se concentrera sur la promotion des pratiques optimales dans la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid. La Slovénie met également au point une stratégie pour répondre au vieillissement rapide de sa population.
Mme MINORI ITO (Japon) a déclaré que son pays cherchait à réaliser une « société pour tous » dans laquelle chaque individu, avec ou sans handicap, est reconnu comme méritant l’appui et le respect des autres. La représentante a parlé des mesures prises par le Gouvernement pour contribuer à l’autonomisation et la promotion des personnes handicapées comme la ratification de la Convention des Nations Unies en juin 2014, la participation à des débats et activités au niveau international et la mise en œuvre de mesures renforçant l’indépendance et la participation sociale des personnes handicapées sur la base de troisième Plan de base pour ces personnes qui sera mis en œuvre entre 2013 et 2017.
Le Gouvernement continue aussi ses efforts pour appliquer la loi sur la lutte contre la discrimination à l’égard des personnes handicapées qui entrera en vigueur en avril 2016, y compris la diffusion des lignes directrices sur la base des lois et des principes clefs du Gouvernement. Considérant l’importance de faire un bon usage de sa richesse technologique, de son expérience et de ses connaissances, le Japon offre une coopération au développement et un soutien orienté vers les personnes handicapées dans de nombreux pays en développement. Récemment, le Japon a désigné le Professeur Ishikawa, expert dans le domaine de la technologie d’aide aux personnes handicapées, comme candidat au Comité des droits des personnes handicapées en 2016 afin de partager l’expérience japonaise. Comme contribution au Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Japon a, avec le Brésil, présenté une résolution sur le volontariat à la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que cette année nous célébrons le dixième anniversaire de la Convention relative aux droits des personnes handicapées qui ne porte pas seulement sur le développement social de ces personnes mais aussi sur leurs droits. Cette Convention représente un changement de paradigme s’agissant du handicap et l’Italie est plus engagée que jamais à promouvoir les droits des personnes handicapées et à mettre en œuvre la Convention au niveau national. Le représentant a indiqué que son pays accorde un intérêt particulier à la question du handicap invisible ou mental qui affecte plus de gens que l’on pourrait l’imaginer et qui nuit à la possibilité de mener une vie active.
Cette question correspond particulièrement aux thèmes de la Commission du développement social et de l’intégration sociale d’autant plus que l’une des caractéristiques du handicap mental est cette sorte de stigmatisation sociale qui fait que les personnes concernées craignent même de parler de leur handicap, aggravant ainsi leur exclusion sociale et leur marginalisation. Le représentant a également rappelé que l’Observatoire national du handicap élabore actuellement le deuxième plan d’action national sur le handicap qui sera présenté à la cinquième Conférence nationale sur le handicap, en septembre à Florence. Les organisations de la société civile sont activement impliquées dans le processus tout en gardant à l’esprit que lorsque l’on élabore des lois et des politiques, l’implication constante des personnes handicapées est de la plus haute importance.
M. CHU GUANG (Chine) a affirmé que son pays était prêt à discuter de la création de mécanismes autres que ceux existants pour superviser la mise en œuvre des objectifs de développement durable liés aux personnes handicapées. Il a ensuite affirmé que les jeunes devraient être au centre des efforts de développement social et appelé les pays à mettre résolument en œuvre le Programme d’action mondial pour la jeunesse. Il est important de souligner le rôle de la famille comme unité de base du développement social, a-t-il dit, ajoutant que la famille joue un rôle crucial dans l’élimination de la pauvreté, la promotion de l’emploi et l’intégration sociale. Il a exhorté les gouvernements à inclure cette perspective familiale dans leurs politiques et à promouvoir les vertus de la famille et de l’harmonie.
Rappelant que la Chine compte 85 millions de personnes handicapées, le délégué a détaillé les actions prises pour améliorer leurs conditions de vie, citant notamment celle consistant à accorder des subsides à 20 millions de personnes handicapées dans le besoin. Il a ensuite insisté sur les prestations offertes par un système de protection sociale « relativement complet », alors que la Chine est confrontée au défi du vieillissement de sa population. S’agissant de la création d’emplois pour les jeunes et du développement de l’entreprenariat, le représentant a indiqué que plus de 2 millions de jeunes ruraux avaient bénéficié de micro-crédits depuis 2008. Depuis 2009, plus de 16 millions de formations professionnelles ont été offertes aux jeunes en milieu rural. Enfin, s’agissant de la politique d’appui aux familles, qui est une priorité de son pays, le représentant a insisté sur l’amélioration des efforts visant à accompagner les familles dans leur processus d’installation en milieu urbain. La Chine bâtit également un réseau intégré pour les familles déshéritées en milieu rural en vue de leur fournir des soins et prestations adaptées, a-t-il conclu.
Mme PATRYCJA PUZ (Pologne) a indiqué que son gouvernement a mis sur pied des mesures afin de faciliter la vie des mères. Elle a ainsi expliqué que des mesures incitatives ont été mises en place pour motiver les Polonais à faire des enfants sans devoir porter un fardeau trop lourd. Les familles nombreuses ont ainsi des cartes spéciales qui leur donnent des facilités d’accès à certains services sociaux et un accès prioritaire dans les centres de loisirs. La représentante a aussi parlé des mesures en faveur des personnes handicapées dont les programmes de scolarisation et de formation professionnelle spécifiques. En outre, le fait que les personnes de plus de 60 ans constituent plus de 22% de la population a poussé le Gouvernement à lancer des programmes en leur faveur, dont la multiplication des foyers d’accueil.
Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a déclaré que l’éducation constituait un droit pour les enfants handicapés au Maroc. Le nombre de classes intégrées a atteint 600 aujourd’hui contre une trentaine il y a 10 ans. La scolarisation des enfants handicapés est organisée selon trois niveaux différents qui dépendent du type et du degré du handicap, avec la possibilité de poursuivre les études dans des classes normales et des classes intégrées dans les établissements scolaires selon les programmes officiels en vigueur. L’objectif est de préparer les enfants à une intégration partielle puis totale par l’aménagement des contenus et des méthodes et techniques d’enseignement. Par ailleurs, un vaste programme d’appui aux ONG œuvrant dans le domaine de l’éducation des enfants handicapés a été lancé. L’objectif est d’appuyer l’éducation de plus de 2 000 enfants handicapés issus des familles pauvres dans les 71 centres spécialisés, avec un budget de 16 millions de dirhams.
En outre, pour le Maroc, les jeunes, qui constituent un quart de la population, ont toujours été un enjeu stratégique majeur car laissés pour compte, ils sont une menace pour la paix et la démocratie alors que pris en compte, ils sont des agents déterminants de l’évolution sociale et un « gigantesque » potentiel pour le développement. La Stratégie nationale intégrée de la jeunesse 2015-2030 engage un processus de réflexion et de consultation avec les acteurs publics et privés, tout en associant les jeunes. Il s’agit d’identifier les axes stratégiques d’intervention transversale. La création à Rabat, en septembre 2014, de l’Union des jeunes parlementaires africains, répond à l’impératif de mettre en œuvre des moyens concrets permettant aux jeunes de prendre en main leur destin. Il s’agit là d’un autre exemple d’initiative concrète qui tend à favoriser les échanges et la coopération au sein de la jeunesse, rapprocher les jeunes de la vie publique et les impliquer dans la construction de l’Afrique.
En sa capacité nationale, Mme KARLA LEMUS DE VÁSQUEZ (El Salvador) a parlé du Programme présidentiel en faveur des personnes âgées, mis en œuvre depuis 2011 et qui a permis de faire passer le taux d’analphabétisme de 44% à 39% et d’établir, pour 39 000 personnes âgées, des fiches cliniques à partir des informations recueillies lors des visites à domicile. Un diplôme de gérontologie sociale a également été créé et par le biais de ce programme, le Gouvernement a aussi identifié les besoins particuliers des femmes âgées qui sont particulièrement vulnérables. En outre, a ajouté la représentante, 2,5 millions de dollars ont été investis au cours des trois dernières années pour améliorer les infrastructures des maisons de retraite et des espaces publics.
Reconnaissant qu’il fallait dépasser la vision de ces personnes comme un groupe vulnérable, elle a plutôt prôné une image de « titulaires de droits et membres actifs de la société ». Sur le plan régional, elle a fait valoir l’adoption, le 15 juin 2015, de la Convention interaméricaine sur la protection des droits des personnes âgées, ajoutant qu’en décembre dernier, son pays a lancé une campagne diplomatique en ce sens. Le représentant a ensuite énoncé les différentes mesures prises par son pays en faveur de l’intégration des personnes handicapées qui fait l’objet d’une politique nationale. En ce qui concerne les jeunes de moins de 30 ans, qui représentent 56% de la population, elle a mentionné ce qui est fait pour créer des opportunités à différents niveaux, comme les familles, les entreprises, le pays. Ce sont tant des sujets de droits que des acteurs stratégiques du développement, a-t-elle souligné.
M. FEDERICO GONZÁLEZ (Paraguay) a indiqué que, dans son pays, 60% de la population est âgée de moins de 30 ans et que son gouvernement a mis en place un Ministère de la jeunesse qui a permis d’appliquer des programmes particuliers en faveur des jeunes. Un des objectifs est l’octroi de bourses d’étudiants et le versement d’une aide économique aux plus démunis. En même temps, le pays met en œuvre le Plan national de politiques pour les personnes âgées qui représentent environ 10% de la population. Le représentant a aussi parlé du Programme de pension alimentaire pour les personnes âgées qui vise les personnes pauvres de plus de 65 ans. M. González a ensuite salué l’adoption de la Convention interaméricaine pour la protection des droits des personnes âgées, s’enorgueillissant d’appartenir à la première région à adopter un traité contraignant. Il reste encore de grands défis à relever en matière d’intégration des personnes handicapées, a-t-il reconnu, mentionnant toutefois plusieurs lois, dont une qui prévoit des subventions aux employeurs qui embauchent des personnes handicapées.
Mme KIM HYEJIN (République de Corée) a salué le fait que la question du handicap ait été prise en compte dans le Programme 2030. Elle a rappelé que cette année marque le dixième anniversaire de la Convention sur les droits des personnes handicapées et qu’en tant que Présidente de la Conférence des États parties, la République de Corée entend bien continuer à impliquer les différentes parties prenantes, à sensibiliser l’opinion publique et à travailler à une meilleure mise en œuvre de la Convention. Au niveau national, le Gouvernement s’attache par exemple à améliorer l’évaluation des services et à les élargir aux handicapés psychosociaux, sans compter les efforts pour faciliter la mobilité. Au niveau régional, la République de Corée travaille à la mise en œuvre de la Stratégie d’Incheon et s’agissant des personnes âgées, le Gouvernement a, pour améliorer les programmes, créer une Commission sur la société vieillissante et la population. Il a également élaboré un plan quinquennal et en collaboration avec la Chine et le Japon, elle organise une Conférence tripartie sur le vieillissement qui sert de plateforme pour le partage des expériences et des politiques.
Mme DELOIS BLAKELY, New Future Foundation, a salué le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, adopté en juillet dernier, qui comporte des engagements forts en faveur de la réduction de la pauvreté. Elle a souligné l’importance de l’investissement dans les jeunes, en particulier dans leur formation. L’éducation des jeunes est en effet un facteur crucial du succès des objectifs de développement durable, a-t-elle insisté. Le Forum de la jeunesse qui vient de se tenir à l’ONU a demandé un plan d’action, a-t-elle rappelé.