En cours au Siège de l'ONU

Cinquante-quatrième session,
2e & 3e séances – matin & après-midi
SOC/4832

La Commission du développement social entame sa première session post-2015 en discutant des moyens d’assurer que « personne ne soit laissé de côté »       

Elle tient également une table ronde sur son thème prioritaire « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain »

La Commission du développement social du Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, aujourd’hui, sa session annuelle, la cinquante-quatrième du genre, en entendant le plaidoyer des représentants d’États Membres, du monde universitaire, de la société civile et d’entités des Nations Unies qui ont rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 insiste sur la nécessité de « ne laisser personne de côté ».

Ayant pour thème prioritaire « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain », la présente session devra permettre à la Commission du développement social, comme aux autres commissions techniques de l’ECOSOC, de « jouer un rôle critique dans le suivi et la mise en œuvre du nouveau programme », a souligné le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, M. Lenni Montiel, à l’ouverture des travaux.  Il a aussi invité les États à réaffirmer l’engagement pris à Copenhague en 1995, lors du Sommet mondial pour le développement social, de modifier les lois et pratiques afin d’éliminer les obstacles qui empêchent la participation de tous.   

Le Président de la Commission, M. Ion Jinga, de la Roumanie, a indiqué que les menaces diverses auxquelles le monde est confronté aujourd’hui mettent en péril les acquis des dernières décennies en matière de développement, notamment son volet social.  Il a émis le vœu que la Commission saura guider la mise en œuvre du nouveau Programme de développement en s’acquittant de ses mandats dans les domaines sociaux.

À l’ouverture de ses travaux, la Commission du développement social a entendu Mme Margaret Mayce qui a lu la déclaration adoptée par la société civile la veille dans le cadre du Forum de la jeunesse.  Est-ce que nous voulons vraiment éliminer la pauvreté? a demandé Mme Mayce, en soulignant que les 62 personnes les plus riches du monde possèdent plus de biens que la moitié de la planète.  La société civile a ainsi appelé la Commission du développement social à veiller à ce que personne ne soit laissé de côté, en proposant à cet effet que la communauté internationale établisse des objectifs de développement social à long terme, en investissant en faveur de l’éducation, en promouvant l’égalité des sexes, en établissant des normes sociales minimum et des taxes sur les transactions financières.

La représentante de la jeunesse allemande, Mme Jasmin Burgemeister, a expliqué combien les jeunes pouvaient contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment grâce à leurs structures.  Faisant le bilan du Forum de la jeunesse qui s’est achevé la veille au Siège de l’ONU, elle a rappelé que les jeunes avaient besoin d’emplois décents, tout en se félicitant de l’initiative lancée, à cet effet, par l’Organisation internationale du Travail (OIT).

La matinée s’est terminée avec l’ouverture du débat général sur le thème prioritaire « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain ».  Le représentant de la Thaïlande, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a ainsi suggéré que les gouvernements adoptent des politiques macroéconomiques et sociales axées sur la création d’emplois et la protection sociale afin de réduire les inégalités.  Il a aussi indiqué que la promotion du développement social passe également par un soutien international accru, y compris à travers l’aide publique au développement (APD), et par le biais de systèmes commercial, monétaire et financier cohérents.  Il a estimé qu’une attention particulière devrait être portée à l’Afrique, en rappelant que l’Afrique subsaharienne abrite la moitié des pauvres du monde. 

Le représentant des Pays-Bas, parlant au nom de l’Union européenne, a fait remarquer, pour sa part, que son organisation avait réagi à la crise économique et sociale qui affecte ses membres en renforçant ses secteurs économique et monétaire.  En outre, il a expliqué que l’Union européenne avait adopté un plan d’investissement de 300 milliards d’euros pour « stimuler une véritable économie, celle qui crée des emplois.  L’Union européenne, a-t-il ajouté, s’est également engagée en faveur de la modernisation de ses systèmes de protection sociale.

Dans l’après-midi, la Commission a tenu une table ronde sur le thème prioritaire de la session.  Ce fut l’occasion pour les participants de parler des moyens pour atteindre les objectifs de développement social dans le nouveau contexte des objectifs de développement durable.   

Au cours de la séance d’ouverture ce matin, la Directrice de la Division des politiques sociales et du développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA), Mme Daniela Bas, a présenté la documentation* dont est saisie la Commission.  Auparavant, la Commission a élu les membres de son bureau et adopté, tel qu’oralement amendé, son ordre du jour provisoire**.  La présente session s’achèvera le 12 février prochain. 

Elle se réunira à nouveau en séance plénière demain, jeudi 4 février, à 10 heures. 

 

*     E/CN.5/2016/3, E/CN.5/2016/2, A/71/61–E/2016/7, E/CN.5/2016/4
**   E/CN.5/2016/1

 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)

Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/3)

Débat général

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a déclaré que le simple fait de savoir que des centaines de millions de gens vivent dans l’extrême pauvreté à travers le monde est une réalité inacceptable qui nécessite des actions immédiates.  Il a ainsi suggéré que les gouvernements adoptent des politiques macroéconomiques et sociales axées sur la création d’emplois et la protection sociale afin de réduire les inégalités.  Il a aussi plaidé pour que tous les segments de la société, y compris les jeunes, les personnes âgées, les femmes, les migrants et les personnes vivant avec un handicap puissent avoir un accès égal aux ressources et opportunités.

Par ailleurs, M. Plasai a indiqué que la promotion du développement social passe également par un soutien international accru, y compris à travers l’aide publique au développement (APD), et par le biais de systèmes commercial, monétaire et financier cohérents.  Il a estimé qu’une attention particulière devrait être portée sur le développement social en Afrique, en rappelant que l’Afrique subsaharienne abritait la moitié des pauvres du monde.  Il a ensuite réitéré l’appel du G77 en faveur de l’élimination des obstacles à l’autodétermination des peuples vivant encore sous le joug colonial ou sous une forme particulière de domination ou d’occupation étrangère.  Il a aussi appelé la communauté internationale à bâtir des communautés résilientes, productives et inclusives, afin qu’elles soient à même de lutter contre la pauvreté et s’engagent à la promotion de l’intégration sociale et du plein emploi pour tous.

M. PAUL ALEX MENKVELD (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a indiqué que dans l’optique de la mise en œuvre du nouveau programme de développement international, il faudrait redéfinir nos sociétés et notre relation avec la nature, tout en s’assurant que les trois piliers du développement durable -économique, social et environnemental- soient pris en compte de manière équilibrée.  Il a fait remarquer que la crise économique qui touche l’Europe a conduit à des remous sociaux et à des sentiments de rejet de l’intégration à l’Union européenne.  Compte tenu de cette situation, M. Menkveld a dit que l’Union européenne avait pris des mesures pour renforcer ses secteurs économique et monétaire et pour rééquilibrer les écarts économiques et sociaux entre les pays membres de l’Union.  Ainsi, a-t-il expliqué, l’Union européenne a adopté un plan d’investissement de 300 milliards d’euros pour « stimuler la véritable économie », celle qui crée des emplois.

L’Union européenne est engagée dans la modernisation de ses systèmes de protection sociale, y compris les systèmes de pension, ainsi qu’en faveur d’un nouveau dialogue social, a assuré M. Menkveld.  Il a aussi annoncé que la Commission européenne avait lancé des activités visant à développer un pilier européen des droits sociaux, lequel devrait tenir davantage compte des réalités du monde et être en vigueur dans l’ensemble de l’Union européenne.  Il a précisé que ce pilier viendrait compléter ce qui est déjà fait en matière de protection des travailleurs de l’Union européenne.

Intervenant au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DATO ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam) a fait valoir les accomplissements de la région sur la voie du développement durable avec la création récente d’une seule communauté et l’adoption d’une Vision 2025 qui vise à renforcer l’intégration régionale avec les piliers politique-sécurité, économique et socioculturel.  L’indice de développement humain des États membres de l’ASEAN est passé de 0,679 en 2010 à 0,696 en 2014, a-t-il aussi indiqué, avant de signaler que leur charte consacre le principe du progrès social par l’autonomisation des peuples.

Après l’adoption en 2013 de la déclaration de l’ASEAN sur le renforcement de la protection sociale, les dirigeants de ces États ont adopté un cadre régional et un plan d’action pour la mise en œuvre de la déclaration du vingt-septième sommet de l’ASEAN, avec un seul objectif: une meilleure qualité de vie pour les populations de la région d’ici à 2025.  L’ASEAN reconnaît, a-t-il expliqué, que la protection sociale est un investissement en faveur des personnes qui doit être doté de ressources adéquates.  Elle reconnaît aussi que la protection sociale est une question transversale qui exige une approche holistique.  Le représentant a expliqué que les efforts en ce sens sont déployés tant par le secteur public que par le secteur privé, soulignant à cette occasion l’importance du Partenariat entre le secteur public et le secteur privé (PPP).

Mme CAROLINA STANLEY, Ministre du développement social de l’Argentine, a souligné que les politiques sociales devraient prendre en compte la complexité de la pauvreté, en particulier ses nouvelles formes.  Tous les ministères de l’Argentine sont impliqués dans les efforts visant à atteindre le but de la pauvreté zéro, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que son pays était engagé à construire un « réseau intégral de protection sociale » qui sera un pilier des politiques sociales nationales.  Les mesures prises dans ce domaine sont orientées vers l’inclusion des familles et des personnes en situation de vulnérabilité, a-t-elle précisé avant d’indiquer que le Gouvernement argentin œuvrait pour promouvoir l’égalité des chances et l’exercice effectif des droits.

Les diverses structures familiales jouent un rôle fondamental dans notre stratégie, a-t-elle ensuite expliqué.  La Ministre a ainsi souligné le caractère clef de cette institution en termes de développement du capital humain, qui accorde en même temps une attention aux personnes du groupe LGBTI.  Mme Stanley a en outre mentionné ce qui est fait pour créer des conditions optimales de développement dès la petite enfance.  Il faudrait également travailler en faveur d’une véritable égalité des sexes, en autonomisant en particulier les femmes en situation de violence grâce au renforcement des institutions et à une transformation culturelle, a-t-elle estimé.  Avant de conclure, elle a plaidé en faveur de la création de nouveaux indicateurs qui tiennent compte des multiples dimensions de chaque problématique.

M. JUAN EDUARDO FAUNDEZ, Vice-Ministre du développement social du Chili, a rappelé que si l’Amérique latine et l’Afrique avaient le même niveau de consommation que les pays développés du Nord, la planète s’effondrerait en peu de temps.  Il a donc appelé à placer l’être humain au centre des relations sociales et au-dessus des logiques du marché.  Il faudrait également repenser les problèmes humains de manière plus holistique, a-t-il estimé, en arguant qu’on ne pouvait séparer les problèmes économiques, sanitaires, scientifiques, commerciaux et autres.  Le Vice-Ministre a ensuite fait remarquer que la croissance économique n’entraînait pas nécessairement un développement social durable, invitant ainsi à mesurer la croissance en fonction d’autres critères que la production.  Tout en se félicitant qu’il y ait un indice de développement humain, il a proposé de mesurer les progrès des sociétés en fonction du niveau de « bien-être durable ».  M. Faundez a placé beaucoup d’espoir dans le Programme de développement à l’horizon 2030 qui, selon lui, devrait permettre à l’humanité d’atteindre un nouveau stade de développement.  Concernant le Chili, il a assuré que son ministère était en train de repenser son rôle dans les transformations à mener, en envisageant de plus en plus de mesures transversales.

Mme MIHAELA UNGUREANU, Vice-Ministre et Présidente de l’Autorité nationale des personnes handicapées au Ministère du travail, de la famille, de la protection sociale et des personnes âgées de la Roumanie, a estimé que le développement durable passait par des actions qui placent les gens au centre des efforts de développement, et ce, dans le respect des principes de la justice sociale.  Elle a indiqué que l’an dernier, la Roumanie avait créé une stratégie nationale de l’inclusion sociale et de la réduction de la pauvreté.  Cette stratégie quinquennale, a-t-elle expliqué, vise à améliorer la participation des couches vulnérables au secteur de l’emploi.  Elle a également indiqué que son gouvernement avait pris une série de mesures pour promouvoir l’égalité des genres et en faire un thème transversal dans toutes les initiatives nationales en faveur du développement.

M. SYLAPOV MUHAMMETSEYIT, Vice-Ministre du travail, de la protection sociale et de la population du Turkménistan, a déclaré que le programme de développement de son pays à l’horizon 2030 visait à assurer une répartition équitable des richesses nationales.  Il a ainsi évoqué les mesures prises par son gouvernement en faveur de la hausse des salaires et des pensions retraite, ainsi que pour augmenter l’assiette des subventions sociales allouées aux plus démunis.  Il a ensuite indiqué que le Turkménistan œuvrait à consolider ses ressources budgétaires, à améliorer la gouvernance et à réformer son secteur bancaire en vue d’améliorer le domaine des affaires au Turkménistan.  Le Vice-Ministre a aussi souligné que l’année dernière, le Gouvernement avait donné la priorité, dans son budget national, au développement social.  

M. ALEXEY CHERKASOV, Vice-Ministre de la protection sociale et du travail de la Fédération de Russie, a indiqué que son pays avait promulgué, l’an dernier, une nouvelle loi sur les services sociaux afin de rendre ceux-ci plus accessibles aux citoyens.  Il a également mentionné les mesures prises pour développer les services sociaux privés, le bénévolat et la mobilisation des ressources privées dans les projets d’aide sociale, en précisant que les organisations civiles actives dans ce domaine bénéficiaient d’une exemption fiscale.  Le Vice-Ministre a également cité les mesures prises en faveur des personnes âgées, des personnes handicapées et des enfants dans des situations difficiles.  Il a ensuite cité les mesures favorisant le travail décent et celles qui visent à résorber le chômage.  La Fédération de Russie a développé des bases de données pour les professions les plus demandées sur le marché du travail, a indiqué M. Cherkasov.  Des efforts ont également été menés pour régulariser le travail d’1,6 million de personnes employées dans le secteur informel.  Avant de conclure, le Vice-Ministre a salué les travaux de la Commission du développement social, la considérant comme l’instance mondiale championne pour l’échange d’expériences.

M. MARLON AGUILAR (Mexique) a indiqué que son pays avait entrepris des efforts inlassables pour assurer que l’inclusion sociale et économique soit un nouvel objectif de développement durable.  Le Mexique est aussi en faveur de l’idée d’étendre la lutte contre la pauvreté afin de prendre en compte divers facteurs comme la santé, la sécurité sociale, un logement décent et l’accès aux services de base.  M. Aguilar a indiqué que le Mexique avait pris des mesures novatrices pour lutter efficacement contre la pauvreté.  En dressant la liste des progrès accomplis, il a parlé de la réduction du nombre de logements insalubres et du nombre de personnes n’ayant pas accès à l’électricité.  Le représentant a  aussi insisté sur l’intégration du Mexique à l’Alliance mondiale pour le développement durable de données.  La personne est au centre des efforts de développement, a-t-il conclu en réaffirmant l’engagement de son gouvernement en faveur du développement social.

M. USMAN SARKI (Nigéria) a indiqué que son pays se basait sur les principes de démocratie et justice sociale, avec notamment une sécurité sociale pour tous les citoyens.  Après avoir passé en revue les programmes sociaux nigérians, il a indiqué que le Gouvernement consacrait une part importante du budget national au recrutement des enseignants et au secteur de l’éducation primaire, et pour aider un million de Nigérians dans le besoin.  « Nous renforçons également les capacités de nos institutions afin de faire participer à la société les membres des groupes vulnérables », a-t-il assuré.  M. Sarki a recommandé d’accorder une plus grande importance à la contribution de la famille au développement social et à la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030.  Il est en est de même pour les jeunes qui constituent un atout majeur pour l’avenir, a-t-il ajouté.  Le représentant a indiqué que les questions relatives aux femmes et aux jeunes étaient au centre du programme de développement du Nigéria, avant de parler des personnes handicapées dont les intérêts sont pris en compte dans les plans nationaux de développement.

Table ronde: « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain »

Quels sont les exemples de bonnes politiques qui permettent d’accélérer le développement social?  Cette question a été posée aux membres de la Commission et à ses partenaires par le modérateur de la table ronde, M. RAYMOND TORRES, Directeur du Département de recherche de l’Organisation internationale du Travail (OIT), afin d’explorer les innovations possibles pour les politiques de développement social, dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Il faut prendre en compte toutes les carences de la population, et non pas seulement le niveau de revenu, a prôné M. MARLON AGUILAR, responsable de la planification et des affaires internationales au Ministère du développement social du Mexique.  La loi mexicaine pour le développement social a identifié six « carences » à combler en plus du revenu: le retard dans l’éducation, l’accès aux services de santé, l’accès à la sécurité sociale, la qualité des espaces de vie, les services de base et l’alimentation.  La pauvreté modérée concerne ceux qui subissent au moins une des six carences et qui vivent en dessous du niveau de revenu minimum pour le bien-être, tandis que ceux qui sont touchés par trois carences ou davantage sont considérés comme vivant dans l’extrême pauvreté.  Le Mexique s’est doté d’un programme phare d’inclusion sociale intitulé « Prospérer » qui touche 26 millions de personnes, a indiqué le panéliste avant de citer d’autres programmes pour la promotion de l’économie sociale, l’approvisionnement rural, la distribution de lait, les cantines communautaires, ou encore le soutien aux personnes âgées.  Il a insisté sur la nécessité de collaboration entre tous les ministères pour que ces programmes aient du succès.  Il a aussi mentionné la « Croisade nationale contre la faim » lancée par son gouvernement.

Pour M. JEAN-PAUL TRICART, Conseiller au Directorat général pour l’emploi, les affaires sociales et l’inclusion de la Commission européenne, les droits sociaux sont des piliers.  Il a ainsi exprimé le ferme attachement de l’Union européenne à l’équité sociale.  D’ailleurs, a-t-il fait remarquer, le processus d’intégration dans l’Union repose sur l’idée que les pays les plus pauvres doivent pouvoir rattraper les pays les plus riches.  L’objectif de trouver un équilibre entre la compétitivité et la justice sociale figure dans le traité de l’Union européenne, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi, il a conseillé de recenser les lacunes et a signalé, à ce propos, que 24% de la population employée dans l’Union européenne n’a pas de contrat de travail à plein temps et pour une durée déterminée.  Comment le droit du travail peut-il les protéger? a-t-il demandé.  M. Tricart a ensuite fait valoir l’importance de la « convergence » qui passe par le processus d’élargissement de l’Union européenne.  Ce processus doit se poursuivre, a-t-il dit en recommandant de restaurer les mécanismes de convergence.

M. ROLPH VAN DER HOEVEN, Professeur émérite à l’Institut internationale d'études sociales (Pays-Bas), a estimé que les inégalités sont présentes dans tous les pays et se manifestent de diverses manières et dans des domaines aussi variés que la politique ou l’économie.  Il a aussi noté que les inégalités économiques conduisent généralement aux inégalités sociales, et vice-versa.  M. Van Der Hoeven a également indiqué que les pays qui ont le plus de capacités pour mobiliser des fonds au niveau national sont aussi ceux qui investissent le plus dans les domaines sociaux.  Ainsi, pour accroître l’assiette fiscale, notamment les taxes douanières, il est important de passer par des accords de coopération internationaux, a-t-il suggéré.  Dans le contexte de la mise en œuvre du programme de développement international, il a proposé que la communauté internationale, particulièrement la Commission du développement social, assure un suivi des investissements consentis dans les domaines sociaux, afin, a-t-il précisé, de veiller à ce que la bonne gouvernance soit de mise en matière de lutte contre les inégalités.

Mme ANA MARTINEZ DE LUCO, membre fondatrice de l’organisation non gouvernementale « Sure We Can » basée à New York, a assuré que le développement social était difficile du fait de l’addiction au profit qui caractérise le monde des affaires.  Elle a expliqué que c’est cette addiction qui est responsable de la croissance des inégalités entre pays et dans les pays.  Elle a jugé que cette attitude « maladive » apparaît comme une « pandémie » qui nécessite des efforts concertés pour en venir à bout.  Elle a ainsi insisté sur le caractère collectif de la responsabilité de l’humanité pour faire avancer le progrès social, en soulignant que ce besoin d’action synergique est cristallisé par le pronom « Nous » ou encore « We » en anglais, un mot qui se trouve au début des textes les plus importants tels que la Charte des Nations Unies, a-t-elle rappelé.

Discussion interactive

Au cours de l’échange de vues qui a suivi, les membres de la Commission ont demandé aux conférenciers des éclairages particuliers et des conseils pratiques.  Pour la réussite des programmes gouvernementaux en matière sociale, le représentant du Gouvernement du Mexique a recommandé d’adopter des plans d’action clairs et de prévoir des sanctions pour ceux qui ne prennent pas les décisions permettant d’atteindre les objectifs fixés.  À l’Union européenne, des mécanismes supplémentaires ont été prévus pour s’assurer du bon fonctionnement des programmes, a indiqué l’expert de la Commission européenne, en soulignant toutefois les barrières linguistiques ou le manque de compétences.

Le professeur de l’Institut international d’études sociales a remarqué que si la Conférence sur le financement du développement tenue à Addis-Abeba en 2015 avait évoqué les inégalités et les politiques sociales, il n’y a eu qu’un faible consensus sur les questions fiscales et l’aménagement de la dette.  Il a souhaité que la communauté internationale reconnaisse l’importance des ressources nationales.

La représentante de « Sure we can » a recommandé d’adopter des politiques fortes à l’échelle nationale et internationale afin de permettre aux communautés de se développer.  Son mouvement est actif sur le plan local, a-t-elle dit, en soulevant le problème du déplacement des communautés qui donne lieu à une augmentation des loyers.

Comment la Commission du développement social peut-elle contribuer à la cohérence de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à son suivi? a demandé le représentant de l’Union européenne.

Le professeur de l’Institut international d’études sociales a expliqué que la Commission du développement social pouvait encourager à adopter des politiques fiscales et d’autres politiques visant à réduire les inégalités.  La Commission peut aussi formuler des recommandations pour le processus d’examen.  Il faudrait démocratiser les processus en vigueur, a recommandé l’expert de la Commission européenne en plaidant pour la participation des organisations de la société civile.

Pendant longtemps, nous avons pensé que seul le Mexique pouvait analyser les problèmes de la région la plus pauvre du pays, le Sud-Est, avant de nous rendre compte qu’il était nécessaire d’adopter une politique de développement social pour la sous-région –l’Amérique centrale-, à cause des flux de migrants, a indiqué le représentant.  Pour ce qui est de la région du nord du Mexique, nous avons travaillé sur les questions de mobilité et de développement avec les États-Unis.  L’objectif est de parvenir à une plus grande convergence entre le développement des régions du nord et celles du sud.

La coordination est cruciale, a en effet relevé le représentant du Botswana, en faisant remarquer qu’elle exigeait au préalable une persuasion et obligeait à catalyser les mesures.  Le représentant du Nigéria, à l’instar de la représentante de « Sure we can », a soulevé le problème de la corruption qui affaiblit les chances de développement, en demandant un engagement international au plan fiscal pour augmenter la base de financement du développement social.  La transparence a aussi été prônée par le professeur de l’Institut internationale d’études sociales, et par le représentant de la Commission européenne qui y a vu un moyen de garantir la crédibilité de tous les acteurs.

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