En cours au Siège de l'ONU

Les petits États insulaires déplorent devant l’Assemblée générale le manque de soutien de la communauté internationale dans la lutte climatique

Soixante et onzième sesstion,
20e, 21e & 22e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11831

Les petits États insulaires déplorent devant l’Assemblée générale le manque de soutien de la communauté internationale dans la lutte climatique

Les petits États insulaires en développement (PEID) ont déploré aujourd’hui, lors de la cinquième et avant-dernière journée du débat général de l’Assemblée générale, le manque de soutien de la communauté internationale, alors qu’ils subissent de plein fouet les effets des changements climatiques et de la récession économique, phénomènes dont ils ne s’estiment pourtant pas responsables. 

Par ailleurs, plusieurs États africains ont mis en évidence les besoins de réforme, notamment en matière énergétique, pour atteindre les objectifs de développement durable à l’échelle du continent.

« Nos petits pays sont les victimes des conséquences des changements climatiques, non pas parce qu’ils ont créé ceux-ci, mais parce qu’ils sont la cible d’actes de pollution de la part d’autres pays », a déploré le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Gaston Alphonso Browne. 

Tout en saluant la signature, l’an dernier, de l’Accord de Paris sur le climat, M. Browne a estimé que l’objectif de contenir l’élévation de température en dessous de 2 degré Celsius n’était pas viable.  « Même en fixant ce chiffre à 1,5ºC, de nombreux pays insulaires seront rayés de la surface de la terre », a-t-il indiqué. 

De son côté, le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, M. Timothy Harris, a souligné la très grande vulnérabilité des PEID face aux catastrophes naturelles.  « Un événement climatique d’une durée de quelques heures peut ravager tous les aspects de la vie sur nos îles », a-t-il dit. 

Fort de ce constat, le Premier Ministre du Timor-Leste, M. Rui Maria de Araújo, a exhorté l’ensemble des pays du monde à « prendre des actions urgentes pour lutter contre les effets des changements climatiques » qui affectent tout particulièrement les nations maritimes, dont la sienne. 

Afin de coordonner ces efforts internationaux, le Chef du Gouvernement des Tonga, M. Samuela 'Akilisi Pohiva, a proposé la création d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général pour les changements climatiques.

S’agissant spécifiquement de la préservation des écosystèmes marins, thème cher aux PEID, le Ministre des affaires étrangères de la Barbade, Mme Maxine Pamela Ometa McClean, a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre une gestion durable de l’espace maritime et de ses ressources.  Cela supposerait, a déclaré son homologue de la Grenade, M. Elvin Nimrod, de mettre fin à la surconsommation actuelle du capital naturel des océans.  « Le monde perd 83 milliards de dollars chaque année du fait de pêcheries non soutenables », a-t-il dénoncé. 

Malgré la vulnérabilité des PEID sur ces questions, force est de constater, a par ailleurs regretté le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, le manque de financements en matière de lutte contre les effets des changements climatiques.  Rejetant les affirmations selon lesquelles « des milliards de dollars sont disponibles », M. Harris a déclaré qu’allouer des ressources financières était inutile « si les mécanismes pour y accéder sont opaques, prohibitifs et extrêmement difficiles à pénétrer ». 

Non seulement les PEID bénéficient d’une aide financière limitée, mais beaucoup d’entre eux croulent sous le poids de la dette, a affirmé le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda.  Ces pays sont forcés, a-t-il expliqué, d’emprunter à des taux d’intérêt très élevés pour reconstruire les infrastructures après des catastrophes.  « Nous sommes piégés au milieu d’un cercle très vicieux », a-t-il ainsi observé, appelant à ce que la dette des PEID soit effacée en échange de mesures d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. 

Le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. Allen Michael Chastanet, a dénoncé la marginalisation progressive des PEID de l’économie mondiale.  Alors même que les PEID subissent encore les conséquences de la crise financière de 2008-2009, dont ils ne sont pas responsables, ils ne sont toujours pas impliqués dans les solutions aux problèmes, a-t-il déploré. 

Par ailleurs, concernant la mise en œuvre des objectifs de développement durable en Afrique, le Ministre des affaires étrangères du Gabon, M. Emmanuel Issoze-Ngondet, a insisté sur la nécessité de « relever le défi du développement énergétique » du continent. 

L’industrialisation de l’Afrique est effectivement tributaire de l’offre en énergie, a convenu le Ministre des affaires étrangères du Congo, M. Jean-Claude Gakosso, précisant que son pays soutenait pour cette raison les projets d’électrification du continent africain actuellement en discussion. 

Outre l’énergie, le Premier Ministre du Swaziland, M. Barnabas Sibusiso Dlamini, a estimé que les accords commerciaux entre États, comme le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), étaient essentiels pour l’industrialisation de la région. 

Enfin, le Vice-Premier Ministre de la Syrie, M. Walid Al-Moualem, a dénoncé le soutien de nombreux États étrangers à l’essor du terrorisme dans son pays.  « Le terrorisme ne se serait pas étendu à la Syrie sans l’appui extérieur de pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite », a-t-il estimé, reprochant également à la Turquie d’avoir ouvert ses frontières à des dizaines de milliers de terroristes et de leur avoir fourni un appui logistique, avec la supervision des services de renseignement occidentaux. 

Suite du débat général

M. RUI MARIA DE ARAÚJO, Premier Ministre du Timor-Leste, reconnaissant que l’intégration régionale créait des opportunités pour le développement économique et le bien-être des peuples, a indiqué que son pays aspirait à rejoindre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  L’année dernière, le Timor-Leste a été l’un des premiers pays à adhérer aux objectifs du développement durable, et il fait aujourd’hui partie d’un groupe de huit pays qui, en partageant les bonnes pratiques et les expériences, entendent « servir de modèles » dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le Gouvernement, a précisé le Premier Ministre, a établi un groupe de travail interministériel qui, avec la société civile et les partenaires du développement, a élaboré des indicateurs pour les 17 objectifs qui vont de pair avec le plan stratégique national de développement.  Il a également mis l’accent sur la question du financement du développement.  M. de Araújo a cité une étude récente publiée dans le magazine « Lancet » selon laquelle le Timor-Leste serait le pays qui a fait le plus de progrès dans le domaine de la santé depuis 2000.  Il s’est aussi investi dans la campagne de résistance aux antibiotiques.

« Le Timor-Leste connaît trop bien le prix de la guerre », a poursuivi le Premier Ministre, en mettant en avant les bienfaits de la diplomatie préventive et du renforcement des institutions.  Il a assuré l’ONU de la volonté de son pays de participer aux opérations de maintien de la paix.  Quand des pays émergent de situations de conflit, il y a des questions de sécurité qui perdurent, a-t-il toutefois souligné.  Pour sa part, le Timor-Leste s’est engagé à combattre le terrorisme et le crime organisé, le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites, la piraterie, le trafic des stupéfiants et des armes et la traite des personnes.

Nation maritime affectée par l’impact des changements climatiques, le Timor-Leste a signé, en avril dernier, l’Accord de Paris qui est en cours de ratification au Parlement, a déclaré M. de Araújo.  Il a déploré que, « 14 ans après être devenu le cent quatre-vingt-onzième État Membre de l’ONU, le Timor-Leste n’a toujours pas défini ses frontières maritimes avec l’Indonésie et l’Australie ».  Toutefois, il a entamé des discussions à cette fin avec l’Indonésie et espère en faire bientôt de même avec l’Australie.  Il a saisi la Commission de conciliation obligatoire, un mécanisme de règlement des différends prévu par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, en vue de trouver une solution amiable.          

M. ALLEN MICHAEL CHASTANET, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a précisé qu’il avait pris ses fonctions à un moment où beaucoup de gens dans le monde, et dans son pays, manifestaient leur mécontentement avec le statu quo existant vis-à-vis des idéologies, politiques, institutions et comportements de longues dates.  « Certaines vieilles habitudes et arguments sont désormais obsolètes et néfastes pour les défis auxquels les gens sont confrontés aujourd’hui, a poursuivi le Premier Ministre. 

Par conséquent, il y a une frustration croissante qui alimente les actes de terrorisme à travers le monde qui ont parfois dégénéré en conflits majeurs.  Pour lui, il est essentiel d’opter pour le dialogue et le respect mutuel pour commencer à y trouver des réponses.  Dans ce contexte, il salue le réchauffement des relations entre les États-Unis et Cuba et demande aux États-Unis de lever le blocus économique contre Cuba, car « une économie cubaine forte renforcerait celles de toute la région ».

« Nous dirigeants de ce monde nous réunissons chaque année, ici, dans cette enceinte, pour débattre des défis et succès de l’ordre international.  Et pourtant, le format même de cette réunion est contradictoire, puisque la plupart du temps lorsque l’un d’entre nous prend la parole, très peu sont présents dans la salle pour l’écouter et encore moins pour réagir.  Et après on se demande pourquoi cette entité est aussi mal perçue par les personnes qui nous ont élus pour les servir. »  

En tant que petit État insulaire en développement (PEID) dans cet organe, notre voix est supposée être égale aux autres, mais l’expérience et la realpolitik ont prouvé le contraire, a constaté M. Chastenet, pour lequel « au lieu d’être invités à rechercher les causes de nos problèmes, nous sommes contraints d’accepter des remèdes aux symptômes des maladies ». 

Il a accusé les « architectes des programmes de développement adoptés par les PEID de les pénaliser et de les critiquer maintenant en leur reprochant d’être des paradis fiscaux ».  Un exemple d’une telle exclusion est le fait qu’alors même que les PEID vivent encore les conséquences négatives de la crise financière et économique de 2008-2009, ils ne sont toujours pas impliqués dans les solutions aux problèmes, a observé le Premier Ministre. 

Pour lui, le « G20 s’est autoproclamé comme le forum de notre coopération économique internationale collective », toutefois Sainte-Lucie, comme la majorité des pays, n’en sont pas membres.  Il reproche en effet au G20 un grave problème de légitimité, au-delà du fait qu’il soit non officiel et non inclusif, puisque nombre de pays qui en sont membres sont précisément ceux à l’origine de la crise économique et financière mondiale, une crise qui a plongé des pays comme le sien dans la pauvreté et des soulèvements sociaux et politiques. 

L’impact disproportionné sur les pays pauvres n’a fait que creuser les écarts entre pays développés et en développement, par conséquent chaque pays Membre des Nations Unies devrait être « honnête et assumer ses responsabilités », a dit le Premier Ministre.  « Il est facile de jeter la pierre aux autres et de se défausser de ses responsabilités », mais un véritable leadership dans ce monde nouveau exige bien plus que cela. 

« Si nos destins sont liés les uns aux autres, comme on ne cesse de le dire ici à l’ONU, il n’en demeure pas moins que nous pensons toujours en fonction d’un jeu à sommes nulles. »  « Nous avons la chance de disposer d’énormes ressources naturelles qui, si elles étaient utilisées à bon escient, pourraient permettre d’éradiquer la pauvreté dans le monde », a poursuivi le Chef du Gouvernement.  Il a ainsi refusé que l’on poursuive un ordre mondial où l’on place une nation ou un groupe de personnes au-dessus des autres.  Le moment est venu pour s’engager résolument sur une autre voie, a déclaré M. Chastanet.

« Nous n’avons plus le luxe de mettre l’accent sur nos différences.  L’ampleur des défis à relever doit nous amener à prendre des mesures collectives », a conclu le Premier Ministre.

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre et Ministre des finances et de la gouvernance des entreprises d’Antigua-et-Barbuda, a salué l’adoption, l’an dernier, des 17 objectifs de développement durable, même si certains parmi eux peuvent être perçus comme des vœux, étant donné qu’aucune obligation juridiquement contraignante ne suscite le financement qui est pourtant nécessaire pour leur réalisation.  Il s’est également félicité de l’Accord de Paris sur le climat pour lequel son pays, un petit État insulaire, vient de déposer, en début de semaine, l’instrument de ratification. 

Il a rappelé que l’objectif de contenir l’élévation de température à moins de 2 degrés Celsius n’est pas viable, arguant même qu’en fixant ce chiffre à 1,5 degré, de nombreux pays insulaires seront rayés de la surface de la terre.  Les ravages des changements climatiques ne vont pas prendre fin avec la destruction des petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il averti, ajoutant que ces conséquences ne vont pas disparaître avec la dernière marée montante.  Il a prédit que les réfugiés, les déplacés et la misère créés par les conséquences des changements climatiques vont s’afficher sur les rivages des pays qui ont rejeté ou négligé cette question aujourd’hui.

Le Premier Ministre a indiqué que les PEID étaient victimes des conséquences des changements climatiques, non pas parce qu’ils ont créé ceux-ci, mais parce qu’ils sont la cible d’actes de pollution d’autres pays.  Fort de ce constat, Antigua-et-Barbuda a toujours proposé que sa dette soit effacée en échange des mesures d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. 

Il a expliqué que de nombreux PEID croulent sous le poids de la dette du fait qu’ils n’ont pas accès aux financements concessionnels, étant ainsi forcés d’emprunter à des taux d’intérêt très élevés, afin de reconstruire les infrastructures après des catastrophes, ou pour investir dans des mesures d’atténuation.  Ce poids de la dette est un boulet pour la croissance économique et constitue un frein à la réalisation des objectifs de développement durable.  « Nous sommes piégés au milieu d’un cercle très vicieux », a fait observer M. Browne. 

D’un autre côté, les prêts préférentiels ne seront accessibles aux PEID que si l’on arrête d’utiliser comme critère de sélection la variable du produit national brut (PIB), a-t-il expliqué, ajoutant que cette doléance était restée sans réponse jusqu’à présent.  Il a estimé que le moyen approprié de juger de la possibilité d’octroi des prêts concessionnels aux PEID serait de considérer leur vulnérabilité face aux chocs externes, une situation sur laquelle ils n’ont du reste aucun contrôle.  Il a fait part de sa frustration et de sa déception du fait qu’année après année, ses pairs et lui-même viennent à l’Assemblée générale expliquer leur défi en vain.

Le Premier Ministre a en outre expliqué que le dernier défi auquel les pays des Caraïbes, d’Amérique centrale et d’Afrique faisaient face était la fin de partenariats d’affaires entre les banques locales et des banques d’envergure internationale, prétendument pour éviter de payer des infractions colossales imposées par les régulateurs d’Amérique du Nord et d’Europe dans le contexte de la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent.  « Ils appellent ce processus réduction du risque, moi je l’appelle la destruction des économies », a lancé M. Browne. 

Le Premier Ministre a expliqué que la perte de partenaires bancaires pour ces petits États avait des conséquences calamiteuses, car ils seront de facto mis hors du système commercial international par l’impossibilité d’effectuer des paiements à l’étranger, ou même de recevoir des fonds venant d’autres pays. 

De même, les subsides envoyés par la diaspora vont s’amenuiser, poussant les populations locales à vivre sous assistance sociale alors que les économies sont déjà essoufflées.  « C’est un cancer qui s’étend et qui sape notre développement, menace la stabilité de notre région et nous empêche de participer à l’économie mondiale », a-t-il également souligné. 

« La menace est réelle et le danger imminent, mais prenez garde, aucun pays ne sera immunisé face aux conséquences de ce phénomène si rien n’est fait », a-t-il encore prévenu.  Il a annoncé que son pays allait accueillir un sommet des chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) sur cette question les 27 et 28 octobre prochain.

M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré que la transformation du monde passait par l’autonomisation de la jeunesse.  À Saint-Kitts-et-Nevis, a-t-il assuré, nous nous concentrons sur la création d’emplois, le renforcement des compétences, l’entreprenariat, le conseil et l’appui aux mères adolescentes, et la fourniture de services sociaux. 

Il a souligné toute la pertinence de la Déclaration sur les armes légères et de petit calibre, adoptée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) en 2011, car ces armes ont des effets dévastateurs sur la vie des jeunes et les familles.  Saint-Kitts-et-Nevis a signé et ratifié le Traité sur le commerce des armes, mais le pays a besoin d’un appui.

En tant que petit État insulaire en développement (PEID), Saint-Kitts-et-Nevis est particulièrement vulnérable, a fait remarquer M. Harris.  « Un événement climatique d’une durée de quelques heures peut ravager tous les aspects de la vie sur nos îles », a-t-il insisté.  Préoccupé par le financement en matière de lutte contre les changements climatiques, il a vilipendé les affirmations selon lesquelles « des milliards de dollars sont disponibles ».  Selon lui, « cela ne veut rien dire si les mécanismes pour y accéder sont opaques, prohibitifs et extrêmement difficiles à pénétrer ».

Les petits États insulaires en développement, a déploré M. Harris, « sont de plus en plus marginalisés dans le système financier mondial ».  Au cours du premier semestre de cette année, près de 16 banques dans cinq pays des Caraïbes ont perdu tout ou partie de leurs relations avec des correspondants bancaires, ce qui fait courir un risque vital à la vie financière de ces pays, dont l’économie dépend du tourisme.  Il a appelé le G7, le G20 et les institutions financières internationales à réévaluer les méthodologies utilisées pour évaluer quand et si un pays est qualifié pour recevoir une aide concessionnelle ou accéder à certains types de fonds internationaux.

En matière de santé, le Premier Ministre a salué l’appui du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) pour le Partenariat pan-caraïbe contre le VIH/sida.  Il s’est félicité d’avoir réduit de 97% la transmission de la mère à l’enfant à la naissance et d’avoir amélioré l’accès aux médicaments antirétroviraux.  « Mais cette bataille est loin d’être gagnée », a-t-il averti.  

M. BARNABAS SIBUSISO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a passé en revue les efforts de son pays pour la réalisation des objectifs de développement durable, notamment par des campagnes de sensibilisation du public, l’éducation et la formation professionnelle.  Il a également intégré ces objectifs dans le cadre de développement national et a lancé les réformes institutionnelles nécessaires pour en faciliter la mise en œuvre qui reste toujours au stade « embryonnaire » et souffre d’un manque de moyens humains, technologiques et financiers. 

L’éducation est l’un des secteurs qui fait l’objet d’une réforme de fond, pour en améliorer la qualité et y introduire les matières scientifiques et technologiques.  Le secteur de la santé est également la cible d’une attention particulière et la couverture santé universelle nationale sera introduite. 

La mise à niveau des infrastructures est essentielles pour « désenclaver le pays » a encore expliqué le Premier Ministre.  En dehors du manque de moyens, d’autres défis au développement de son pays sont l’impact du VIH/sida et des changements climatiques.  Le Swaziland traverse en effet une sécheresse sans précédent, ce qui se répercute directement sur l’insécurité alimentaire dont de nombreuses personnes souffrent à la fois au Swaziland et dans la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). 

En tant que pays fortement agricole, les changements climatiques ont un impact dévastateur au point où la sécheresse a été déclarée catastrophe nationale par le Gouvernement.

M. Dlamini a également passé en revue le rôle joué par son pays dans l’intégration régionale et continentale, en particulier sur le plan économique.  Le Swaziland fait partie d’un certain nombre d’arrangements d’intégration économique et commerciaux de l’Afrique australe et de l’Est comme la SADC dont le trente-sixième sommet a eu lieu au Swaziland, le mois dernier. 

Des accords commerciaux comme le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), la zone de libre-échange tripartite ou les accords de partenariat économique (APE) ont ouvert des opportunités de marchés préférentiels pour le Swaziland, a expliqué le Premier Ministre, qui compte sur ceux-ci pour stimuler les capacités de production des pays de la région et soutenir l’industrialisation et l’emploi.

L’élan donné pour transformer le monde ne peut réussir que si aucune personne, aucune communauté, aucun pays et aucune région ne sont délaissés, a souligné M. Dlamini, pour lequel tout un chacun a une responsabilité à assumer dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Avant de conclure, il s’est rallié aux multiples appels en vue de permettre à la « voix de l’Afrique d’être entendue au Conseil de sécurité » en lui accordant un siège permanent.

M. SAMIUELA ‘AKILISI POHIVA, Premier Ministre des Tonga, s’est dit préoccupé par la santé des populations de son pays.  Les gains tirés de l’exploitation des ressources naturelles qui devrait servir au développement sont plutôt orientés vers la gestion de la question des maladies non transmissibles, a-t-il expliqué.  Cette « crise régionale », a fait l’objet d’un sommet en juin dernier. 

En outre, avec des frontières poreuses, la criminalité transfrontalière est également devenue un fléau aux Tonga, avec notamment des conséquences néfastes pour la jeunesse du pays qui est exposée aux stupéfiants. 

Le Premier Ministre a dit accorder une place de choix à l’objectif 14 de développement durable sur la conservation et l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines aux fins de développement durable.  Il a souhaité que cet objectif soit complètement mis en œuvre d’ici à 2030.  Il a en outre plaidé pour une meilleure protection des fonds marins, saluant au passage le travail que mène à ce sujet l’Autorité internationale des fonds marins où siège son pays. 

Il a ensuite rappelé l’importance de la question des changements climatiques pour les Tonga, « une menace existentielle pour son pays ».  Il a appelé à la création d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général pour les changements climatiques, rappelant que les Tonga étaient le troisième pays le plus vulnérable aux effets négatifs des changements climatiques.

M. Pohiva a par ailleurs exprimé sa préoccupation sur le sort des habitants de la Papouasie occidentale en Indonésie.  Il a rappelé qu’il avait évoqué les abus dont ils étaient victimes, l’an dernier, à la même tribune de l’Assemblée générale, précisant que rien n’avait changé depuis lors.  Il a appelé à un dialogue ouvert et constructif avec l’Indonésie sur cette question.

M. PHAM BÌNH MINH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a déclaré que le multilatéralisme devait être renforcé, ainsi que le rôle de l’ONU.  Il a préconisé une réforme de l’Organisation, y compris du Conseil de sécurité, afin d’assurer plus d’équité, de démocratie et de transparence.  Le système de développement des Nations Unies doit être mieux financé et plus efficace.  Le multilatéralisme, le droit international, la paix, la coopération et le développement, a-t-il poursuivi, sont également des éléments clefs pour construire une région d’Asie et du Pacifique stable, prospère et pacifique. 

Il a souligné que la région connaissait des risques de conflit, notamment dans la péninsule coréenne et en mer de Chine du Sud.  Sur ce dernier point, il a invité toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à résoudre tous les différends par les moyens pacifiques, en accord avec le droit international, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

M. Minh a affirmé que le Viet Nam entendait mettre en œuvre les objectifs de développement durable en tenant compte des priorités nationales telles que la restructuration de l’économie et la transformation de son modèle de croissance, le développement d’infrastructures durables, tout comme le besoin de veiller à la justice sociale, de réduire les inégalités et de protéger l’environnement. 

Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il a appelé les pays développés à prendre leur responsabilité et à assister les pays en développement, y compris le Viet Nam, notamment en matière de financement, de renforcement de capacités, de transfert technologique et de facilitations commerciales. 

Le Ministre a également annoncé que le Viet Nam était candidat à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.

« Le sang des Syriens n’a pas suffi à assouvir la soif du terrorisme », a asséné M. WALID AL-MOUALEM, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Syrie.  Le terrorisme s’en prend aussi aux citoyens de nombreux pays, y compris ceux qui l’ont appuyé et sponsorisé, a-t-il dit.  « Ces innocents payent pour les fautes de leurs gouvernements, qui ont ignoré les intérêts de leurs peuples et adopté des politiques à courte vue. »

Le terrorisme ne serait pas étendu à la Syrie sans l’appui extérieur de pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite, a souligné M. Al-Moualem.  Il a reproché à la Turquie d’avoir ouvert ses frontières à des dizaines de milliers de terroristes et de leur avoir fourni un appui logistique et des camps de formation avec la supervision des services de renseignement occidentaux.  En Syrie, a-t-il affirmé, « nous combattons le terrorisme au nom du monde entier ».  Chaque fois que l’Armée syrienne tue un terroriste étranger, elle épargne la vie d’innocents qui auraient pu périr dans un attentat terroriste perpétré par ce même terroriste retourné dans son pays.

Le Vice-Premier Ministre a critiqué ceux qui se réfèrent aux terroristes comme à « l’opposition armée modérée », alors qu’ils ont commis contre les Syriens des crimes et des massacres « non moins barbares que ceux de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et d’Al-Qaida ».  Il s’est félicité des grandes avancées réalisées par l’Armée arabe syrienne dans sa guerre contre le terrorisme, « avec l’appui des amis du peuple syrien, notamment la Fédération de Russie, la République islamique d’Iran et la résistance nationale libanaise ».

M. Al-Moualem a fermement condamné l’attaque lancée, intentionnellement selon lui, par des avions de guerre américains contre un site de l’Armée syrienne près de l’aéroport de Deir ez-Zor, le 17 septembre dernier, qui a permis à l’EIIL d’en reprendre le contrôle.  Il a également dénoncé l’incursion turque dans les territoires syriens « sous prétexte de contrer le terrorisme ». 

Depuis le début de la crise en 2011, a-t-il insisté, le Gouvernement syrien est ouvert à une solution politique à travers un dialogue intersyrien qui permette aux Syriens de décider de l’avenir de leur pays sans ingérence étrangère.  Il a réitéré son engagement vis-à-vis du processus de Genève, sous les auspices des Nations Unies.

Certains pays exploitent la tragédie humanitaire et la souffrance des Syriens, a regretté le Vice-Premier Ministre.  Ils continuent, s’est-il moqué, de verser « des larmes de crocodile » et d’accuser la Syrie d’assiéger et d’affamer la population, alors que ce sont eux qui arment les terroristes, se servent des civils comme boucliers humains et empêchent la livraison de l’aide humanitaire ou la confisquent.

Par ailleurs, M. Al–Moualem a dénoncé les pratiques « agressives » d’Israël dans le Golan syrien occupé.  Il a demandé à la communauté internationale d’obliger Israël à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.   

M. AHMAD ZAHID HAMIDI, Vice-Premier Ministre de la Malaisie, a fait part des actions et mesures, d’ores et déjà, mises en place dans son pays pour réaliser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le plan de développement actuel pour la période 2016-2020 est centré sur la personne et s’articule autour de trois grands principes qui sont la réalisation de revenus importants, l’inclusion et la durabilité. 

Un comité de supervision de la feuille de route pour la réalisation nationale des objectifs de développement durable est sur le point d’être mis en place.  Un accent particulier y est mis sur l’éducation et la formation professionnelle et technique, a précisé le Ministre, dont le Gouvernement mise sur le capital humain. 

La Malaisie cherche également à devenir la capitale des start-ups de l’Asie.  Le « Centre MaGIC », qui se trouve à Cyberjaya, a pour mission de créer un « écosystème propice » au développement des start-ups en Malaisie et au-delà, a-t-il expliqué.  La nouvelle stratégie nationale « des océans bleus » se base sur la créativité et l’innovation.  Par son truchement, 80 ministères et agences collaborent pour formuler des stratégies visant à transformer le pays, une action qui se fait en partenariat avec le secteur privé.  Un exemple de ce projet est constitué par les centres de transformation urbains et ruraux qui permettent désormais au citoyen d’avoir un seul point focal pour tous les services publics.

Dans le domaine du volontariat, le Ministre a évoqué l’initiative malaisienne des « hôpitaux sans frontières » qui apporte des soins aux communautés défavorisées par le biais de cliniques communautaires.

En matière de changements climatiques, une réalité qu’il estime être l’une des plus grandes menaces pour la sécurité internationale, le Ministre a exhorté les États Membres à respecter sans plus attendre les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.  La Malaisie s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 45% d’ici à 2030.

M. Hamidi a ensuite présenté son approche de la lutte contre le terrorisme qui « ne saurait être gagnée uniquement par la force et les mesures punitives ».  Son pays a opté pour la « déradicalisation » et des programmes de réhabilitation pour modifier la conception de la vie des personnes radicalisées.  À ce jour, le taux de succès de ces programmes est de l’ordre de 97,5%, a affirmé le Ministre, qui se dit disposé à partager avec les autres nations le module de « déradicalisation » malaisien. 

« Jusque-là nous tâtonnons pour déterminer les véritables causes du terrorisme », a remarqué le Ministre, qui s’associe à tous ceux qui souhaitent des mesures collectives robustes et efficaces pour lutter contre ce phénomène.  Ces efforts doivent toutefois être ancrés dans le respect de la Charte des Nations Unies et des principes de droit universellement reconnus, a-t-il précisé.  « Ce n’est que lorsque la communauté internationale fera front commun qu’il sera possible de défier le terrorisme. »

Pour M. PASQUALE VALENTINI, Ministre des affaires étrangères et politiques de Saint-Marin avec fonction de Premier Ministre, l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été l’un des moments les plus marquants de l’histoire des Nations Unies.  Ce programme est l’expression d’une volonté politique forte et consensuelle pour une vision commune de l’avenir du monde dans lequel nous souhaitons vivre.  

Maintenant que le processus transformateur du nouveau modèle de développement durable est en cours, Saint-Marin salue l’engagement dont les États Membres ont fait preuve pour réduire le niveau des émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2020, et attache une attention particulière au Programme d’action d’Addis-Abeba ainsi qu’au mécanisme de suivi identifié par le Forum politique de haut niveau. 

Le véritable défi consiste maintenant à traduire cette vision en actions concrètes parce qu’il s’agit là « de la réponse que les gens attendent » de l’Organisation des Nations Unies.  Ses États Membres doivent assumer leurs responsabilités sans laisser leurs intérêts nationaux prendre le dessus sur les idéaux de solidarité et de respect des droits universels de chaque être humain, a poursuivi le Ministre.

Il a déploré la tournure des choses aux cours des dernières années avec ses guerres et conflits, la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent ainsi que du populisme et de l’intolérance, la crise humanitaire sans précédent et les déplacements massifs de personnes.  Cette réalité pose un sérieux problème à la paix et la sécurité internationales mais également aux chances de succès du Programme 2030. 

Citant dans ce contexte le conflit en Syrie, qui a causé la mort de plus de 270 000 personnes et 4,8 millions de réfugiés et 6,6 millions de déplacés internes en cinq ans, ou encore le fait que 130 millions de personnes dépendent aujourd’hui de l’assistance humanitaire, le Ministre a fait part des efforts de son pays pour contribuer concrètement à faire face à l’urgence humanitaire actuelle. 

Son pays a apporté des contributions financières aux programmes internationaux et s’est associé au projet de couloirs humanitaires qui a été lancé par la communauté de Sant’Egidio, la Fédération des églises évangéliques et l’église Waldensian avec le soutien du Ministre des affaires étrangères italien. 

De plus, Saint-Marin accueille quelques migrants, « une petite contribution de notre micro État avec beaucoup de détermination ».  À plus grande échelle, le Ministre plaide pour une approche unie qui combine l’approche à long terme des objectifs de développement durable avec une approche à court terme qui vise à répondre aux situations d’urgence actuelles. 

Une telle approche passe forcément, selon lui, par un changement culturel significatif pour prendre conscience du fait que nous faisons tous partie de la même famille humaine et pour reconnaître une culture de la compréhension mutuelle et de la coexistence pacifique avec toutes nos différences. 

À cet égard, le Ministre a remercié le Secrétaire général pour avoir placé la protection et la promotion des droits de l’homme au cœur du Programme 2030.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a salué l’engagement collectif pris lundi dernier pour répondre à la crise des migrants et des réfugiés.  « La migration devrait être un choix, pas une nécessité », a-t-elle dit.  Elle a souligné l’importance de présenter la migration comme « une force positive », dans la mesure où les migrants contribuent à la diversité et à la richesse mondiale. 

Indignée par les atrocités de masse qui sont l’un des principaux facteurs des déplacements massifs, Mme Frick a mentionné le Code de conduite sur les atrocités criminelles du Groupe ACT (Responsabilité, Cohérence et Transparence) auquel ont adhéré 112 États.  D’après elle, le Code offre l’opportunité de « changer la culture politique au Conseil de sécurité », d’autant plus qu’il va de pair avec l’initiative du Secrétaire général « Les droits de l’homme avant tout ».

L’état de droit, sur lequel est centré l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a toujours été une priorité pour le Liechtenstein, a fait valoir la Ministre.  Elle a réitéré son plein appui à la Cour pénale internationale (CPI), selon elle « le symbole le plus fort que l’impunité n’est plus une option ». 

Un nombre suffisant d’États ayant ratifié les amendements au Statut de Rome de la Cour pénale internationale relatifs au crime d’agression (Amendements de Kampala), elle a souligné que ce régime « révolutionnaire » devrait être activé en 2017.  Mme Frick a regretté que plusieurs États, dont la Syrie, restent en dehors de la juridiction de la Cour.  Elle a qualifié de « crime atroce » l’attaque récente contre un convoi humanitaire à Alep. 

« L’esclavage moderne n’est pas seulement l’un des plus grands scandales de notre époque.  C’est aussi l’un des commerce les plus illégaux », a déclaré ensuite la Ministre, attirant l’attention de l’Assemblée sur le sort des 45 millions de personnes qui vivent aujourd’hui dans ces conditions.  L’esclavage moderne génère des milliards de dollars, affecte tous les pays, mais les responsables échappent à toute responsabilité.  Le Lichtenstein, a-t-elle assuré, s’est engagé à utiliser les données disponibles en la matière pour engager des poursuites pénales.

M. CHARLES FLANAGAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a estimé que « cette partie du passé de l’Irlande est malheureusement le présent tragique que vivent d’autres peuples », faisant ainsi référence aux vagues migratoires venues d’Irlande, fuyant la famine pour trouver refuge à New York au cours des siècles passés. 

Il a souligné que l’Irlande avait réagi aux vagues migratoires actuelles en déboursant 60 millions d’euros en soutien aux actions humanitaires onusiennes ciblant les réfugiés syriens.  Le pays a également déployé des navires dans la Méditerranée afin de rechercher et secourir les naufragés.  L’Irlande participe au programme d’accueil des migrants fuyant les conflits qu’a mis en place l’Union européenne. 

L’Irlande est candidate à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2020, a annoncé le Ministre, tout en appelant au soutien des États Membres.  Il a en outre rappelé que le passé du pays, marqué par un conflit interne et un processus national de réconciliation, l’avait conduit à s’engager dans la prévention et la réconciliation post-conflit à travers le monde. 

Le pays reconnaît également l’importance de l’autonomisation des femmes et entend renforcer son engagement en faveur de cette cause dès le 1er janvier prochain quand débutera son mandat à la Commission de la condition de la femme.

M. Flanagan a également plaidé pour la fin des conflits au Moyen-Orient et en Afrique.  Il a invité les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à se garder d’user de leur droit de veto dans des cas de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.  Il a par ailleurs appelé à une réforme de cet organe, souhaitant une représentation plus équilibrée entre les régions, notamment en ce qui concerne l’Afrique.

Mme LILJA DÖGG ALFREÐSDÓTTIR, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l’Islande, a fait le parallèle entre les Islandais, un quart de la population de l’époque, qui ont émigré au Canada et aux États-Unis au XIXsiècle pour y construire une vie meilleure, et les millions de personnes déplacées d’aujourd’hui, qui ont quitté leurs foyers pour échapper aux conflits et aux catastrophes. 

Face à la crise humanitaire actuelle sans précédent, « nous devons tous répondre présent ».  L’Islande, un pays de 330 000 personnes, a contribué à la fois financièrement aux efforts des institutions pertinentes mais aussi en accueillant plus de 100 réfugiés syriens en 2016, ce qui correspondrait proportionnellement à 100 000 réfugiés pour un pays comme les États-Unis, a précisé la Ministre.

Même si le Moyen-Orient et l’Afrique sont les plus touchés par le terrorisme et l’extrémisme violent, aucun pays n’est à l’abri et le terrorisme est de retour en Europe, a-t-elle noté.  La portée et la complexité de cette menace sont énormes et il faut agir ensemble en tant que communauté internationale. 

Pour cela, il faut commencer par améliorer la coordination au sein des Nations Unies, a estimé la Ministre, soulignant la nécessité de contrecarrer les narratives et idéologies extrémistes et d’identifier les moteurs internes et externes de l’extrémisme violent et du terrorisme en associant les femmes à toutes les étapes de ce combat. 

Pour elle, l’éducation est une condition préalable à la bonne gouvernance.  « Si les gens ne connaissent pas leurs droits, ne savent pas comment avoir accès à la justice et ne comprennent pas les points de vue des autres, il sera très difficile de construire des sociétés inclusives et pacifiques. »  Fort de ce principe, l’éducation est devenue l’un des piliers de la coopération en matière de développement de l’Islande. 

La Ministre a également regretté que les droits de l’homme des femmes restent toujours à la traîne dans de nombreux pays et que les femmes restent sous représentées dans les sphères politiques, puisqu’elle même fait partie de la poignée de 30 ministres des affaires étrangères femmes dans le monde. 

Allant plus loin dans son propos, la Ministre a souligné que pour avoir des sociétés résilientes et saines, il faut veiller au respect et intérêts de tous, y compris les femmes, les groupes minoritaires et les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.

Activement engagée dans la mise en œuvre des cadres nécessaires à la traduction des objectifs de développement durable dans le contexte national, l’Islande va soumettre son évaluation nationale d’ici deux ans, a annoncé la Ministre.  Elle a également précisé qu’elle avait soumis l’instrument de ratification de l’Accord de Paris cette semaine. 

M. SIRODJIDIN ASLOV, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a dit que la communauté internationale n’avait pas connu de succès dans les questions de paix et de sécurité.  Des conflits armés continuent de poser des menaces croissantes dans différentes régions du monde.  Le Ministre a ainsi exhorté la communauté internationale à trouver de nouvelles voies pour restaurer la stabilité et assurer le développement.

Il a souligné la nécessité de développer des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux visant à l’élimination des infrastructures, les réseaux de financement et le soutien logistique, le recrutement, la propagande de violence et à contrecarrer l’utilisation des technologies de communication et d’information à des fins terroristes par les groupes terroristes.

Plus encore, il est essentiel de trouver ensemble des solutions pour résoudre la pauvreté et les impacts négatifs de la mondialisation, prévenir et résoudre les conflits.  Il a fait état aussi de la nécessité de renforcer le dialogue interculturel et interreligieux, la confiance mutuelle et la tolérance.

La prévention du trafic de drogue, qui est devenu un terreau pour le terrorisme et le crime organisé, exige des actions concertées de la communauté internationale.  La lutte contre le trafic de drogue est une part de la lutte contre le crime organisé, le terrorisme, l’extrémisme violent, a-t-il dit, affirmant que la coopération internationale sur le contrôle de la drogue restera l’une des priorités du Gouvernement du Tadjikistan.

Par ailleurs, le Tadjikistan soutient les efforts internationaux et régionaux visant à restaurer et à renforcer la paix et la stabilité au Moyen-Orient, y compris les efforts visant à la reprise et l’accélération de négociations crédibles dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient.

Le Tadjikistan soutient également la stratégie internationale pour un règlement global et à la reconstruction postconflit en Afghanistan.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’appui au Gouvernement afghan, en particulier pendant la Décennie de transformation de l’Afghanistan 2015-2025. 

Sur le plan national, a été entamé le processus de transformation avec un nouveau programme reflétant les espoirs d’un avenir décent et sûr pour tous.  Il a souligné l’importance de mobiliser des ressources financières supplémentaires, y compris l’aide publique au développement.  Il est aussi important de redynamiser le commerce international et les investissements qui sont les moteurs de la croissance, et d’encourager et de promouvoir le transfert de technologies.

À cet égard, le Ministre a insisté sur le renforcement et le soutien aux pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID).  Le Tadjikistan soutient l’initiative « Énergie durable pour tous » du Secrétaire général.

M. PRAKASH SHARAN MAHAT, Ministre des affaires étrangères du Népal, a mis en relief les réussites de son pays dans la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement.  La pauvreté a été réduite de moitié; les taux de mortalité maternelle et infantile ont diminué et la scolarisation des enfants, y compris des filles, a augmenté.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fait aujourd’hui partie des plans nationaux de développement.

Le Népal est le pays natal de Bouddha, a rappelé M. Mahat, et, dans cet esprit, il appuie le dialogue entre les civilisations.  Il accueille le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique.  Depuis toujours, il est engagé dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

Le Ministre a estimé que le succès des missions de paix dépendait de l’unité politique du Conseil de sécurité, de mandats clairement définis, de ressources adéquates, de la sûreté et de la sécurité du personnel, d’une collaboration renforcée avec les pays contributeurs de troupes et d’une stratégie de sortie claire.  À son avis, les pays contributeurs devraient aussi avoir l’opportunité d’occuper des postes de leadership, tant sur le terrain qu’au Siège.

« La nouvelle constitution du Népal contient une liste impressionnante de droits de l’homme », a assuré M. Mahat.  La peine de mort a été abolie et la Commission nationale des droits de l’homme ainsi que d’autres organes constitutionnels indépendants s’attachent à promouvoir et à protéger ces droits dans toutes les sphères de la vie publique.  De plus, la Commission d’enquête sur les personnes disparues et la Commission vérité et réconciliation remplissent leur mandat de manière impartiale.  Le Népal a présenté sa candidature pour occuper un siège au Conseil des droits de l’homme à compter de 2018.

En tant que pays d’origine, avec plus de trois millions de travailleurs migrants, le Népal attache une grande importance à la protection des droits de ces personnes, a poursuivi le Ministre.  Bien qu’il ne soit pas partie à la Convention sur les réfugiés de 1951 et à son Protocole de 1967, il a toujours accueilli des réfugiés pour des motifs humanitaires.

M. Mahat a évoqué les contraintes qui pèsent sur les pays en développement sans littoral et souhaité l’application robuste des programmes d’action d’Istanbul, de Vienne et d’Addis-Abeba, ainsi que du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Pays himalayen, le Népal est en effet confronté à la fonte des glaciers et à des crues brutales.  Il a estimé que la justice climatique, fondée sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée, devrait être au cœur de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Congolais de l’étranger, a déclaré que les efforts consentis par son pays, en vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, avaient besoin d’être soutenus par la communauté internationale, notamment par le biais de mécanismes financiers tels que le Fonds vert pour le climat, le Fonds bleu, le Fonds d’adaptation, et le Fonds pour l’économie verte en Afrique centrale. 

Il a salué la décision prise au cours du dernier Sommet du G20 en Chine de soutenir l’industrialisation des pays en développement, notamment en Afrique.  Il a souligné que cette industrialisation était tributaire de l’offre en énergie, c’est pourquoi le Congo souscrit pleinement aux projets d’électrification du continent africain actuellement en discussion.

M. Gakosso a affirmé que la gravité de la situation au Soudan du Sud nécessitait aujourd’hui le déploiement rapide de la force de protection régionale sous le mandat du Conseil de sécurité.  Il a salué le succès de la transition politique en République centrafricaine dont l’épilogue fut l’élection présidentielle.  Il a déploré les événements tragiques qui ont secoué Kinshasa et endeuillé le peuple de la République démocratique du Congo (RDC) il y a une semaine. 

Le Ministre a invité « ses frères congolais à privilégier la recherche de solutions pacifiques, notamment par le biais d’un dialogue inclusif ».  Pour le Gabon, il a formé le vœu de voir le peuple sortir réconcilié de cette preuve douloureuse de l’élection présidentielle et des heurts qui s’en sont suivis. 

S’agissant du Congo, le Ministre des affaires étrangères a parlé de la nouvelle constitution adoptée le 25 octobre dernier, offrant ainsi au pays une constitution plus adaptée aux exigences de l’état de droit.  Il a expliqué que ce nouveau texte « renforce le principe de séparation des pouvoirs, consacre l’indépendance de la justice, abolit la peine de mort, mise sur la parité hommes-femmes, reconnaît les droits fondamentaux des peuples autochtones et pose les jalons d’une démocratie participative ».

M. ERLAN ABDYLDAYEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizstan, a déclaré que, le 31 août dernier, son pays avait célébré le vingtième anniversaire de son indépendance, marquée par des réalisations considérables et des défis qui ne l’étaient pas moins.  « Nous avons fait le choix de la démocratie parlementaire en octobre 2015, date à laquelle s’est déroulé le premier scrutin législatif de notre histoire », a déclaré le Chef de la diplomatie kirghize, précisant que l’élection présidentielle se tiendra en 2017.  

Il s’est félicité de constater que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 avait été élaboré sur la base des leçons apprises de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Les priorités de son pays sont la réduction de la pauvreté, la croissance économique, l’énergie et la protection de l’environnement, a poursuivi M. Abdyldayev, qui a annoncé qu’hier, son pays avait signé l’Accord de Paris, alors que les conséquences de la hausse des températures se traduisent d’ores et déjà au Kirghizstan par la fonte des glaciers et la montée des eaux. 

Le Ministre a estimé à 35 millions de dollars le montant des dégâts annuels imputables aux changements climatiques au niveau national, faisant état d’une dégradation de la biodiversité des écosystèmes.  Il a également déploré le fait que la population des léopards des neiges, espèce protégée, soit passée de 600 à 300 spécimens.

Le développement durable, a fait observer M. Abdyldayev, dépendra de notre capacité à garantir la sécurité et la paix.  Malheureusement, a-t-il regretté, les conflits se multiplient et les relations entre « les deux plus grandes puissances mondiales » se détériorent.  Nous estimons, a-t-il dit, que celles-ci doivent surmonter leurs désaccords. 

Pour le Kirghizstan, il est indispensable de fournir aux États une aide dans le cadre de l’application du Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent, présenté par le Secrétaire général plus tôt cette année, en privilégiant des mesures de prévention et en favorisant le dialogue national.  Dans cet esprit, en septembre dernier, ont été organisés sur les rives du Lac Issyk-Koul, les premiers Jeux mondiaux nomades, consacrés aux sports ethniques pratiqués entre les pays d’Asie Centrale. 

D’une manière générale, le Kirghizstan, a insisté le Ministre, est favorable à l’inclusion, dans la résolution annuelle que préparera cet automne l’Assemblée générale sur le dialogue interculturel, d’une disposition relative à ces Jeux.

Force est de constater que nous sommes loin d’avoir résolu les problèmes en Asie centrale, a poursuivi M. Abdyldayev.  Il a jugé essentiel pour la stabilité régionale de garantir la « stabilité transfrontière », en expliquant qu’il fallait veiller à ce que les États ne se développent pas aux dépens de leurs voisins.  Ainsi, a fait observer le Ministre, les pays d’Asie centrale doivent avoir un point de vue commun « sur ce qu’ils entendent par exploitation des ressources aquatiques ».  Autre facteur de stabilité régionale selon lui: c’est la résolution des questions de fond et des différends par des recours pacifiques et politiques, « par la recherche de compromis ». 

En conclusion, le Kirghizstan a regretté que ce soit les 15 membres du Conseil de sécurité qui décident de toutes les questions de paix et de sécurité internationales.  Voilà pourquoi une réforme de cet organe est urgente pour refléter les changements géopolitiques survenus au cours des 70 dernières années.  

M. EMMANUEL ISSOZE-NGONDET, Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et de l’intégration régionale du Gabon, a affirmé que la présente session se tenait au lendemain d’une élection présidentielle disputée.  Les résultats définitifs proclamés hier soir ont confirmé la réélection de M. Ali Bongo Ondimba.

Le Président a appelé à un dialogue inclusif, à la réconciliation et à l’union.  Reconstruire le lien social et l’unité du pays est l’exigence du moment.  Préserver la paix et la stabilité du pays est le défi.  Le Ministre a invité la communauté internationale à l’accompagner dans cet effort dont l’objectif final visé est la consolidation de l’état de droit, de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Engagé dans la procédure de ratification de l’Accord de Paris sur le climat, le Ministre a promis de tout mettre en œuvre pour faire parvenir les instruments de ratification de son gouvernement dans les meilleurs délais.

Il est difficile aujourd’hui de parler des résultats de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) sans parler des enjeux de la COP22.  L’enjeu principal sera de relever le défi du développement énergétique de l’Afrique.  Il est temps que nous nous employons à concrétiser toutes les initiatives et tous les programmes annoncés, a-t-il dit.

En ce qui concerne la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Gabon a créé l’Agence pour la promotion des investissements et des exportations qui est chargée de concevoir des stratégies harmonieuses d’amélioration du climat des affaires et d’appliquer des méthodes de gestion rigoureuse et appropriée des ressources naturelles. 

Mme FRANCINE BARON, Ministre des affaires étrangères de la Dominique, s’est inquiétée des graves conséquences des changements climatiques sur la survie même des petits États insulaire en développement (PEID).  Elle a dit l’urgence de s’appuyer sur l’Accord de Paris, alors que nous nous dirigeons vers la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 22) à Marrakech, au Maroc, en décembre prochain. 

Elle a rappelé qu’il y a un an, la tempête tropicale Erika avait coûté la vie à 30 Dominicains et détruit de nombreuses infrastructures du pays en causant des dégâts estimés à 480 millions de dollars.  Elle a précisé que les PEID continuaient de souffrir de manière disproportionnée des conséquences des changements climatiques.  Elle a dit l’importance de créer un fonds international sur les risques de catastrophes naturelles pour fournir l’appui financier nécessaire aux PEID affectés par ces catastrophes. 

Elle a noté que le Fonds sur les risques de catastrophe de la Banque de développement des Caraïbes et le Dispositif mondial pour le relèvement après catastrophe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) demeuraient de bons points de départ.  Néanmoins, elle a regretté l’insuffisance des niveaux de financement de ces fonds pour faire face à toute l’amplitude des catastrophes naturelles. 

Elle a expliqué que le Premier Ministre dominicain avait proposé la création d’un fonds de réduction des effets des catastrophes et de relèvement dont le financement proviendrait des revenus des gouvernements et des bénéfices de leurs investissements dans les énergies renouvelables. 

Par ailleurs, la Ministre dominicaine des affaires étrangères a dit l’urgence d’actions internationales pour protéger la santé des océans.  Elle a appelé les petits et grands pays à mieux coordonner leurs efforts dans ce sens, avant de saluer l’initiative italienne « Amis des océans » et celle plus récente du Secrétaire d’État américain John Kerry. 

Elle a rappelé que la récente Conférence de Washington sur les océans avait été l’occasion d’attirer l’attention sur le niveau de destruction des océans, lié à la pollution marine et aux activités humaines en général.  Face à ce constat, elle a dit la nécessité de réponses mondiales innovantes, dont une sensibilisation et une éducation permettant de souligner les meilleures pratiques. 

Elle a salué les efforts des pays qui ont promu le concept de « We are the Oceans » qui vise à traiter les questions de sécurité alimentaire, de consommation et production durables, de protection des océans et biodiversité dans une démarche visant à atteindre les objectifs de développement durable liés à cette question.       

M. PERFECTO R. YASAY, Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, a saisi l’occasion du débat général pour renouveler son engagement en faveur de la paix.  Il y a cinq mois, a-t-il rappelé, le peuple philippin a élu un nouveau dirigeant, le Président Rodrigo Roa Duterte, qui a déclaré que l’état de droit et le respect des procédures régulières prévaudraient à tout moment de son mandat. 

« De manière évidente, nous serons guidés par les normes et procédures prévues par la loi pour nous acquitter des importantes responsabilités que nous a confiées l’électorat philippin », a promis M. Yasay, qui a dit que son gouvernement était déterminé à libérer le pays de la corruption, en éradiquant notamment la production et la distribution de stupéfiants illicites, « dans le respect de l’état de droit ».  « Notre adhésion à la primauté de la loi est reflétée par une Constitution qui consacre pleinement les droits humains et la valeur et la dignité de chaque personne », a insisté le Chef de la diplomatie philippine.

Nos actions ont, toutefois, fait la une des médias nationaux et internationaux pour les « mauvaises raisons », a-t-il dit.  Par conséquent, le Secrétaire d’État a exhorté « chacun » à nous permettre de relever nos défis nationaux, sans ingérence, et de prendre part à la communauté des nations qui peuvent collectivement transformer le monde et améliorer la qualité de vie de l’humanité tout entière, dont plus de 100 millions de Philippins. 

Nous n’avons jamais donné et ne donnerons jamais à nos agences d’application des lois le droit de « tirer pour tuer » sur un individu suspecté de se livrer à des crimes liés au trafic de stupéfiants, a-t-il assuré.  « Néanmoins, dans le cadre de nos règles d’engagement, notre police a le droit de se défendre lorsque la vie de ses officiers est menacée.  Les exécutions extrajudiciaires n’ont pas de place dans notre société et dans notre système de justice pénale », a déclaré M. Yasay. 

Après avoir apporté le soutien de son pays aux trois piliers du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Chef de la diplomatie philippine a indiqué que son pays figurait parmi les 22 nations « pionnières » à s’être portées volontaires, lors du Forum politique de haut niveau, pour présenter ses initiatives dès la première année de mise en œuvre du Programme. 

Il a par ailleurs réitéré son appel à la « justice climatique » et au respect du principe d’équité et de responsabilités communes mais différenciées dans la mise en œuvre des obligations de l’Accord de Paris. 

Le Secrétaire d’État a ensuite salué la décision du tribunal d’arbitrage de la Cour permanente d’arbitrage concernant les différends en mer de Chine, qu’il a estimée « définitive et contraignante pour toutes les parties concernées ».  Les Philippines, a-t-il souligné, sont attachées au principe de non-militarisation dans la conduite de toutes ses activités, à la liberté de navigation et à l’adoption d’un code de conduite efficace.

M. ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministres des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a déclaré que le terrorisme était un problème mondial qui ne se limitait à aucun pays ni à aucune région.  Il a dit que la lutte contre le terrorisme était de la responsabilité de tous les États sans exception. 

Malgré l’accord nucléaire intervenu entre l’Iran et le groupe dit « P5+1 » (Allemagne, Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni) le Ministre des affaires étrangères émirati a regretté que Téhéran continue à miner la sécurité dans la région par le biais d’une rhétorique agressive, une ingérence permanente dans les affaires de pays tiers, la poursuite de son programme de missiles balistiques et la fourniture d’armes à des milices.  

Par ailleurs, le Ministre a estimé qu’il était impossible de résoudre le conflit syrien par la force avant d’ajouter que la situation de ce conflit était aggravée par l’ingérence de l’Iran et de ses milices terroristes en Syrie.

Soulignant les efforts de son pays pour que les jeunes ne tombent pas dans le piège de l’extrémisme religieux, le Ministre a fait état de la création du Centre Hedayah pour combattre l’extrémisme et du « Centre Sawab » en coopération avec les États-Unis.  Il a aussi cité la mise en place dans les Émirats d’un Conseil musulman des anciens et d’un Forum de la paix dans les communautés musulmanes « pour montrer le vrai visage de l’Islam ».  

Le Ministre a également abordé le contentieux opposant son pays à l’Iran au sujet des trois îles du Golfe (Abou Moussa, Grande et Petite Tunb) occupées par ce dernier depuis 1971 en violation du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Il a exhorté l’Iran à accepter un arbitrage international et à rendre ces îles aux Émirats arabes unis dans le souci de préserver les relations amicales de bon voisinage dans la région du Golfe.  Il a insisté sur le fait que son pays ne renoncerait jamais à son droit souverain sur ces trois îles, avant d’en appeler au respect des principes du droit international.       

M. IBRAHIM AHMED ABD AL-AZIZ GHANDOUR, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a commencé son intervention par dire que la réalisation du développement durable exigeait des partenariats dans lesquels doivent s’engager l’ensemble des parties prenantes internationales. 

Réaffirmant son attachement à l’Organisation des Nations Unies, il a expliqué que celle-ci devait être réformée pour lui permettre de mettre enfin en œuvre la justice et le développement dans le monde entier.  Le Ministre a ainsi appelé de ses vœux des mécanismes judiciaires impartiaux qui ne soient ni politisés ni sélectifs, annonçant l’intention des pays africains de se retirer du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).

Son gouvernement, a assuré M. Ghandour, a tout entrepris pour faire régner la paix au Darfour, qui serait selon lui devenu une région « sûre et stable ».  Il a demandé la mise en œuvre dans les meilleurs délais de la stratégie de sortie de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), puisqu’il n’y a selon le Soudan plus de raison à sa présence.  La Mission serait pour Khartoum « bien plus utile » dans d’autres théâtres de conflit. 

Évoquant le développement durable, le Chef de la diplomatie soudanaise a rappelé l’initiative lancée par le Président Omar Al-Bashir en matière de sécurité alimentaire, initiative adopté lors du Sommet de Charm el-Cheikh de 2016.  Il a dit que son gouvernement comptait pleinement respecter ses engagements en vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, plaidant toutefois pour un effacement de la dette extérieure soudanaise, qui entrave ses efforts.

En coopération avec les partenaires internationaux, a-t-il poursuivi, nous devons redoubler d’efforts pour endiguer le phénomène du terrorisme, en nous penchant sur les causes profondes, notamment l’exclusion et la marginalisation, ainsi que le « déni des peuples à l’autodétermination ». 

L’avenir de son pays, a estimé M. Ghandour, est tributaire de l’éradication de plusieurs fléaux connexes, comme la criminalité organisée et des trafics de stupéfiants, qui transitent par son territoire.  Il a assuré que des législations avaient été adoptées à cette fin. 

Le Ministre s’est ensuite élevé contre la « dernière colonisation dans le monde » au Moyen-Orient et la nécessité de réaliser la solution des deux États, Israël et la Palestine, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Partisan d’un règlement pacifique de la situation en Syrie, le Soudan a rappelé en conclusion les liens qui l’unissent au pays « frère » du Soudan du Sud.

M. PRAK SOKHONN, Ministre principal, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Cambodge, a estimé qu’un mot résumait le tragique de notre monde: violence.  Violence guerrière ou faite aux civils, notamment les enfants, mais aussi violence envers les espèces vivantes et la planète.  Nos générations méritent mieux que l’état du monde actuel, a poursuivi le Ministre, qui a mis l’accent sur la nécessité d’une sécurité collective et la nécessité d’un monde multipolaire.

À cet égard, il a demandé une adaptation du système mis en place en 1945 et aujourd’hui ébranlé, y compris une réforme du Conseil de sécurité.  Le Cambodge, qui a été victime d’une « guerre par procuration », et est trop souvent pressé de choisir un camp, entend « porter la voix de ceux qu’on n’écoute guère, mais qui sont toujours les premiers à souffrir des choix géopolitiques ».

Face au terrorisme, le Ministre a posé la question des causes, y compris la colère face à trop d’injustice et une trop fréquente pratique du deux poids, deux mesures dans les décisions prises.  Il a appelé à la cohabitation religieuse en citant le Cambodge en exemple et a rappelé la tragédie du peuple palestinien qui nourrit la révolte « et, chez les plus indignés, la haine ».

Il a aussi noté les progrès apportés par la mondialisation et l’ouverture des marchés, mais a aussi constaté les « dangers réels » provoqués par les droits conférés aux entreprises qui peuvent se déplacer à leur guise et exercent un « chantage permanent à la délocalisation » envers les pays qui cherchent à améliorer les conditions de vie de leurs travailleurs. 

M. Sokhonn s’est réjoui de l’Accord de Paris sur le climat, mais a averti qu’il devait déboucher sur des actions concrètes entreprises par tous.  « Il arrive qu’on triche avec les traités mais on ne triche pas avec la planète », a-t-il ajouté, en précisant que son pays avait achevé hier le processus de ratification de l’Accord de Paris.  De même, il a salué l’ambition des objectifs de développement durable, mais a ajouté qu’elle devait s’accompagner d’une véritable volonté politique.

Le Ministre s’est enfin élevé contre les institutions internationales, les parlementaires occidentaux et les organisations non gouvernementales qui pointent son pays du doigt.  Se présentant comme « un survivant des rizières de Pol Pot » et un pays « transformé en un immense camp de travaux forcés après avoir été complètement détruit par les bombardiers américains », il a rappelé l’état dans lequel son pays et sa population se trouvaient en 1979.

C’est là, a-t-il affirmé, « un passé qui ne passe pas et affecte encore très profondément le présent ».  Il a donc dénoncé tous ceux qui « érigent la moindre de nos faiblesses en crimes d’État » et a rappelé les progrès réalisés dans les domaines de la santé, de l’éducation ou encore des infrastructures, la lutte contre le VIH/sida et le paludisme et l’éradication des mines et autres explosifs de guerre, dont le Cambodge a fait son « dix-huitième objectif de développement durable ».

M. Sokhonn a conclu en rappelant que le Cambodge avait adhéré au réseau des États engagés dans la volonté de prévenir les crimes de masse et désigné un correspondant national.

Mme MAXINE PAMELA OMETA MCCLEAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade, a repris le thème de ce débat général, « Une nouvelle impulsion pour transformer notre monde », pour mettre l’accent sur la nécessité d’agir maintenant pour faire le Programme de développement à l’horizon 2030 une réalité.  Le partenariat et la collaboration en sont les clefs, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID).

Le rapport sur le développement humain 2016 dans les Caraïbes, lancé la semaine dernière, souligne la « situation unique » des PEID.  Trois questions émergent de ce rapport: vulnérabilité, résilience et durabilité.

Le Gouvernement de la Barbade a mis au point et en œuvre des stratégies pour renforcer la résilience sociale, économique et environnementale conformément à sa philosophie de développement et de croissance.  Elle repose sur quatre piliers pour soutenir une « Barbade qui est équilibrée au plan social, viable dans le domaine économique, rationnelle dans l’environnement et caractérisée par la bonne gouvernance ».

Le Gouvernement a aussi élaboré un Cadre politique national sur les changements climatiques qui est en symbiose avec sa politique de développement durable pour faire face aux questions d’adaptation climatique et d’atténuation.

Il a également mis en place une stratégie nationale de gouvernance des océans fondée sur la gestion durable de l’espace maritime et de l’utilisation durable des ressources marines et des ressources non vivantes.

Comme nous cherchons à protéger et préserver nos océans et mers pour les futures générations, notre objectif ultime vise à faire de la Mer des Caraïbes « une zone spéciale dans le contexte du développement durable », a dit la Ministre. 

Pour cela, la Barbade est résolue à surpasser les obstacles: les politiques unilatérales et unidimensionnelles des agences internationales de développement qui pénalisent le progrès dans le développement humain et qui ignorent nos vulnérabilités; les impacts négatifs des décisions économiques et financières des institutions financières internationales et autres institutions; et les attaques persistantes et injustifiées des services financiers internationaux accompagnées d’imposition d’énormes conditionnalités.

M. ALAIN AIMÉ NYAMITWE, Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale du Burundi, a assuré de la volonté de son gouvernement de dialoguer en précisant que son pays avait participé à toutes les réunions organisées par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).  Il a précisé que le 8 septembre dernier, l’ancien Président tanzanien Benjamin Mkapa avait présenté un rapport sur le processus en cours, en notant que les pays d’Afrique de l’Est réunis dans le cadre d’un sommet extraordinaire de la Communauté d’Afrique de l’Est décideraient de la marche à suivre dans les semaines et mois à venir. 

Il a dit la pertinence des résolutions 2248 (2015) et 2279 (2016) du Conseil de sécurité en assurant que son gouvernement rejetait la violence et assurait les droits de l’homme.  Il a précisé que la commission de réconciliation avait présenté cinq points de discussion aux citoyens burundais

En revanche, le Ministre burundais s’est dit stupéfait par le manque de consensus qui a marqué l’adoption de la résolution 2303 (2016) du Conseil de sécurité qui a autorisé le déploiement de 228 policiers des Nations Unies avec pour mandat de rendre compte de la situation sécuritaire et des violations des droits de l’homme au Burundi. 

Il a souligné l’amélioration de la situation en expliquant que 90 000 réfugiés burundais sont rentrés au Burundi au cours des quatre derniers mois.  Il a demandé aux pays voisins de faciliter le rapatriement volontaire de tous les réfugiés burundais.  Il a précisé que le dernier rapport du groupe d’experts des Nations Unies sur la République démocratique du Congo (RDC) ne laissait aucun doute sur les activités de groupes violents qui s’attaquent au Burundi.

Par ailleurs, Il a jugé que la lutte contre le terrorisme devait être menée avec plus de conviction au niveau international avant de rappeler que 5 000 soldats de la paix du Burundi étaient présents en Somalie.  Il a regretté les tentatives d’ingérence étrangère permanentes dans les affaires intérieures burundaises.

M. Nyamitwe a rappelé que le Burundi était un pays souverain depuis le 1er juin 1962 et que les trois groupes ethniques qui le composent, y vivent en toute égalité. 

M. ABDUSALAM HADLIYEH OMER, Ministre des affaires étrangères et de la promotion des investissements de la Somalie, a dit que son pays avait fait des progrès considérables et sans précédent, pouvant espérer un avenir meilleur.  La Somalie, après 20 ans d’instabilité, renoue avec le progrès et la prospérité.  « Nous écrivons un nouveau chapitre de notre histoire qui est caractérisé par l’espoir, une gouvernance inclusive et le développement », a-t-il dit.

« Nous avons fait des progrès concrets dans les domaines clefs des élections, de la formation de l’État, de la sécurité et du développement économique », a ajouté le Ministre.  La Somalie est en train de gagner la guerre contre le terrorisme international et contribue à la création d’un monde sûr grâce à la coopération sécuritaire avec ses partenaires internationaux. 

Avec l’appui de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), les forces armées ont défait militairement les Chabab, a-t-il en outre expliqué.  Ces quatre dernières années, l’Armée nationale et l’AMISOM ont repris des villes clefs de Somalie.  Les Chabab ne contrôlent plus que moins de 10% du territoire national.  Ces derniers mois, les principaux dirigeants des Chabab ont été tués, d’autres ont fait défection, et leur idéologie violente est rejetée par le peuple.

Le Gouvernement et le peuple somaliens sont décidés à créer un pays sûr.  La lutte contre les idéologies de la haine qui radicalisent les jeunes vulnérables est importante pour gagner définitivement la paix dans le monde, a assuré M. Omer, ajoutant que le 12 septembre 2016, le Président, M. Hassan Sheikh Mohamud, avait lancé la Stratégie nationale et le plan d’action pour la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent en Somalie. 

Le Gouvernement avec les régions administratives démocratiquement formées depuis 2012 ont adopté un mécanisme électoral crédible, transparent et inclusif qui ouvre la voie au suffrage universel avant 2020.

Le Gouvernement fédéral est déterminé à assurer un processus électoral régulier, pacifique, inclusif et amélioré pour une transition démocratique pacifique en novembre 2016.  Nous défendons également un quota de 30% pour les femmes au Parlement comme leur représentation et participation politique est importante pour le progrès national, a ajouté le Ministre.  Ce sont là les premiers pas de la mise en œuvre de la feuille de route pour 2020 pour le suffrage universel en Somalie et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

À cet égard, le Gouvernement a élaboré un plan national de développement centré sur les gens et qui se concentre notamment sur une politique étrangère visant à promouvoir les investissements.  Il a adopté le Code d’investissement le plus compétitif au monde dans tous les secteurs.

Réitérant le retour de la stabilité et du progrès, le Ministre a indiqué que la Somalie avait accueilli le dernier sommet de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), à Mogadiscio, et avait organisé les premiers examens nationaux de l’enseignement secondaire depuis la guerre civile. 

Le Gouvernement travaille également d’arrache-pied pour le retour volontaire avec succès des réfugiés somaliens du Kenya, pour participer aux efforts de reconstruction du pays.

M. MOHAMED ASIM, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a déclaré que son pays était parvenu à sa situation actuelle grâce à un investissement continu dans les secteurs de la santé et de l’éducation.  Pour les Maldives, le meilleur moyen d’assurer le développement est de se concentrer sur sa population, sachant qu’aucun investissement n’est plus rentable que celui fait dans les femmes et les filles.  Les femmes peuvent et doivent contribuer à notre économie et à notre société.  Le pays veut aussi accueillir les personnes handicapées et investir dans sa jeunesse.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a fixé des objectifs pour tous les pays, mais si les responsabilités sont communes, il faut aussi tenir compte de la réalité des situations spéciales, a poursuivi M. Asim. 

En tant que petit État insulaire en développement, les Maldives sont particulièrement exposées aux chocs extérieurs.  Or, la mesure du développement par le produit intérieur brut (PIB) par habitant ne tient pas compte de ces circonstances.  La communauté internationale doit donc réévaluer la manière dont est évalué le développement.  Le fait que les Maldives ont quitté le statut de pays moins avancé ne signifie pas que les défis ont été surmontés d’un seul coup.  Pour construire les infrastructures importantes dont elles ont besoin, les Maldives ont besoin d’un financement dont elles sont désormais privées.

Les effets des changements climatiques représentent une menace existentielle pour les Maldives, a affirmé M. Asim, qui a rappelé que son pays avait demandé depuis des décennies au monde d’agir sur cette question, longtemps seul parmi un océan de sceptiques.  Comme beaucoup d’autres PEID, les Maldives ont été parmi les premiers États à ratifier l’Accord de Paris sur le climat.  Elles s’alarment aujourd’hui d’une nouvelle crise: l’état des océans.  Là aussi, il faut une réponse collective, et la Conférence sur les océans de juin 2017 constitue une occasion.

Il ne peut y avoir de développement sans paix et cela n’est nulle part plus évident qu’en Palestine, a poursuivi M. Asim, pour qui la solution des deux États est la seule viable.  Rappelant que les murs et les barbelés n’arrêtent pas la violence, le Ministre a dénoncé la xénophobie et l’islamophobie pratiquées au nom de la sécurité.  Les Maldives rejettent le terrorisme et le radicalisme, et notamment tous les actes de violence commis au nom de l’Islam, qui sont en fait anti-islamiques.

Si l’Organisation des Nations Unies est la mieux placée pour appuyer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ses organes principaux doivent être plus représentatifs, a encore déclaré le Ministre, qui a regretté que son pays soit souvent sous-représenté.  Chaque État Membre de l’Organisation doit avoir l’occasion d’y contribuer et avoir une chance d’être partie à chaque organe, y compris le Conseil de sécurité, a affirmé M. Asim, qui a précisé que pour la première fois depuis son entrée aux Nations Unies, il y a 51 ans, son pays serait candidat à un siège au Conseil pour la période 2019-2020.

M. LYONPO DAMCHO DORJI, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan, a noté qu’au cours des cinq dernières années, pas moins de 15 conflits avaient éclaté à travers le monde, certains entraînant des déplacements massifs de réfugiés et de migrants jamais vus depuis la Seconde Guerre mondiale.  Il a ajouté que les dépenses militaires dépassaient actuellement celles de la guerre froide, tandis que la réalisation du développement durable se heurtait à de nombreux obstacles, y compris le manque de ressources financières. 

Après avoir déploré la persistance d’une extrême pauvreté qui frappe en premier lieu quelque 450 millions d’enfants et l’inégalité entre hommes et femmes, M. Dorji a abordé la situation particulière des États les plus vulnérables aux conséquences néfastes des changements climatiques.  « Cet été, nombre de pays en développement sans littoral et de petits États insulaires en développement ont, comme le Bhoutan, été frappés de plein fouet par des inondations d’une ampleur sans précédent », a-t-il notamment déclaré. 

Pour M. Dorji, l’heure est venue de traduire en actes des engagements régionaux et internationaux forts d’un consensus planétaire.  S’il a estimé à ce propos que la portée et la complexité de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne devaient pas être sous-estimées, il a relevé que les principes et les objectifs de ce Programme correspondaient à la vision « de nos rois, qui ont toujours recherché la paix, le bonheur et le bien-être pour le peuple du Bhoutan ». 

Il a estimé que la réussite du Programme 2030 découlerait de la qualité et de la solidité des partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile, tant au niveau régional que mondial. 

« Les partenariats basés sur des financements innovants seront vitaux pour les groupes de pays tels que les pays en développement sans littoral, les PEID et les pays les moins avancés (PMA) », a-t-il encore jugé. 

M. Dorji a par ailleurs souligné l’action de son pays en faveur de la défense de l’environnement, le Bhoutan étant parvenu en moins d’une décennie à transformer près de 40% de son territoire en aires nationales protégées.  Le Bhoutan, qui ratifiera bientôt l’Accord de Paris sur le climat, fait en outre partie des rares pays qui peuvent se targuer d’avoir un bilan carbone négatif, a-t-il aussi indiqué. 

Enfin, M. Dorji a attiré l’attention sur le fait que son pays restait engagé à appuyer les efforts de maintien de la paix conduits sous l’égide des Nations Unies.  Il a expliqué que la présence dans 10 missions de maintien de la paix de ressortissants bhoutanais reflétait le souci des autorités de son pays de partager avec les autres États Membres la responsabilité d’œuvrer à la résolution des conflits et à la réconciliation entre les peuples. 

M. ELVIN NIMROD, Ministre des affaires étrangères de la Grenade, après avoir rendu hommage à l’ancien représentant de son pays auprès des Nations Unies, Samuel Stanislaus, récemment décédé, a rappelé l’engagement de la Grenade envers les valeurs de la Charte des Nations Unies et a annoncé qu’une importante réforme constitutionnelle serait soumise à référendum le 27 octobre.  Il est possible qu’il en résulte notamment un changement dans le nom de l’État afin de mieux refléter sa composition faite de trois îles: la Grenade, la Petite Martinique et Carriacou.

La réforme constitutionnelle vise également à garantir l’accès à l’éducation de tous les enfants jusqu’à 16 ans et à assurer aux enfants handicapés une éducation publique adaptée à leurs besoins jusqu’à 18 ans, a expliqué M. Nimrod, qui a en outre rappelé l’engagement de son pays envers l’ensemble des objectifs de développement durable, y compris l’égalité hommes-femmes.  Il a aussi souligné l’énorme défi que représente pour le monde leur réalisation, puisque les ressources nécessaires ont été estimées à 2 500 milliards de dollars par an.

Or, le travail fait par le Fonds mondial pour la nature et d’autres a évalué le capital des océans à 24 000 milliards de dollars et leur production annuelle à 2 500 milliards, a poursuivi le Ministre, qui s’est concentré sur la question des océans durables, objectif 14 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Poursuivant sa comparaison entre le capital naturel des océans et celui d’un compte bancaire, il a déploré que le monde actuel, plutôt que de tirer profit des intérêts produits, consommait de manière insensée le capital.  Le monde perd 83 milliards de dollars chaque année du fait de pêcheries non soutenables, a-t-il rappelé en citant là une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 

M. Nimrod a par ailleurs rappelé les efforts entrepris par son pays, qui s’est notamment engagé à préserver 25% de ses ressources côtières et marines d’ici à 2020, bien au-delà des 10% fixés par l’objectif 14.

Le Ministre a de même fait observer que les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien se devaient d’être des défenseurs des océans dans la lutte contre les conséquences des changements climatiques, ne serait-ce que parce que leur territoire comprend souvent plus d’espaces marins que terrestres.

Il a aussi souligné que la Grenade était considérée comme un pays à revenu moyen supérieur, estimant injuste ce classement fait sur la seule base du produit intérieur brut (PIB) par habitant, qui limite l’accès des pays comme le sien à l’assistance internationale et sa capacité à investir dans des projets en faveur d’une énergie renouvelable. 

Il a donc demandé pour les PEID un accès plus facile au financement du Fonds vert pour le climat, tout en rappelant que la Grenade avait fait partie des 15 premiers États à ratifier l’Accord de Paris le 22 avril.  Il a également souhaité que l’Accord puisse entrer en vigueur avant la fin de l’année et que la prochaine réunion des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques -COP22- qui aura lieu à Marrakech, au Maroc, en novembre prochain puisse poursuivre sur les résultats acquis à Paris.

M. ISSELKOU OULD AHMED IZID BIH, Ministre des affaires étrangères de la Mauritanie, a souligné le rôle que tient de longue date son pays dans le maintien de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel.  Il a ajouté que, récemment, la Mauritanie était parvenue à mettre hors d’état de nuire plusieurs organisations terroristes, cela dans le respect du droit international.  Renforcer la sécurité et la défense sans attenter aux droits et en garantissant les libertés fondamentales des personnes est une priorité de notre gouvernement, a insisté M. Izid Bih. 

Il a également indiqué que le Gouvernement mauritanien avait mis en œuvre d’importantes réformes législatives, relatives à l’autonomisation de la femme mauritanienne notamment, permettant de sortir la société des modèles traditionnels de hiérarchisation sociale.  Nous menons une lutte résolue contre la corruption et en faveur d’une utilisation transparente et plus efficace des deniers publics, a-t-il encore mis en exergue. 

M. Izid Bih s’est aussi félicité de la poursuite de la modernisation des infrastructures, un progrès, a-t-il dit, qui a conduit à une augmentation notable de la fourniture d’eau et d’électricité dans les zones défavorisées.

Le Ministre mauritanien des affaires étrangères a par ailleurs assuré que son pays continuait d’adopter une position de neutralité vis-à-vis de la question du Sahara occidental et d’apporter son concours à l’ONU en vue d’un règlement rapide de ce problème.  Il a de plus noté que la Mauritanie tenait un rôle précieux de médiateur dans le conflit dans le nord du Mali en promouvant activement la relance du dialogue. 

Rappelant que son pays fournissait des troupes aux missions de l’ONU déployées en Côte d’Ivoire et en République centrafricaine, il a souligné que la Mauritanie avait été un chef de file dans la création du « G5 Sahel » et qu’il continuait d’accorder la plus haute importance au respect des droits des Palestiniens à la dignité et à la souveraineté.  Il a ainsi estimé que les violations des droits de l’homme dans les territoires occupés de Palestine nourrissaient l’extrémisme violent et le terrorisme de par le monde. 

Pour M. Izid Bih, les États doivent créer des synergies pour appréhender collectivement les défis mondiaux, qu’ils soient sécuritaires ou environnementaux.  

Droits de réponse

La représentante de la Turquie a déclaré que sa position sur la Syrie avait été présentée lors du premier jour du débat général au plus haut niveau.  Elle a toutefois tenu à souligner la perplexité de son pays devant les propos tenus par le représentant du régime syrien, ajoutant que ceux qui sont responsables des souffrances du peuple syrien devront répondre pour leurs crimes.

La représentante de l’Indonésie a répondu à plusieurs pays qui avaient fait des déclarations relatives à Papoua, « une province de l’Indonésie », les accusant de vouloir s’ingérer dans les affaires intérieures de son pays.  Elle a catégoriquement rejeté les « insinuations » contenues dans leurs déclarations, qualifiées d’inamicales » et affirmant qu’elles visaient à soutenir des groupes séparatistes qui ont toujours appelé au désordre civil.

Les déclarations de ces pays violent les principes de la Charte des Nations Unies, du droit international, et ceux des relations amicales entre les États.  Elle a affirmé que l’Indonésie était attachée aux droits de l’homme, était membre pour la quatrième fois du Conseil des droits de l’homme, comptait parmi les rares pays qui ont un plan permanent en faveur des droits de l’homme et disposait d’une Commission indépendante des droits de l’homme, d’une société civile active et de programmes de développement pour ses régions de Papouasie et Papouasie occidentale.

Le représentant de la Chine a rappelé après la déclaration des Philippines, que la sentence arbitrale concernant la souveraineté en mer de Chine du Sud n’avait pas de valeur juridique.  La Chine ne la suivra pas.  Elle respectera le droit international et continuera à travailler avec les pays concernés pour régler les différends sur la souveraineté en mer de Chine méridionale sur la base du droit international et de l’Histoire.

Le représentant des Philippines a rappelé qu’aux termes du droit de la mer, la sentence du tribunal arbitral du droit de la mer rendue le 12 juillet était définitive.  Des négociations sont en cours, mais il est clair que la sentence arbitrale du 12 juillet ne peut être ignorée car elle fait désormais partie de la jurisprudence du droit de la mer.  Elle doit donc servir de point de départ à ces négociations.  Le représentant a ensuite détaillé la sentence arbitrale.

Le représentant de la Chine a répondu que la procédure unilatérale des Philippines montrait la mauvaise foi des autorités de ce pays et ne contribuait en rien à résoudre le différend en mer de Chine du Sud.  Cette démarche s’écarte des principes fondamentaux de la Convention sur le droit de la mer, nous ne pouvons donc qu’insister sur la nécessité de rester sur la voie du dialogue dans un esprit constructif, a-t-il encore dit, invitant finalement les pays de la région à « bien gérer le différend régional et à éviter toute interruption du processus de négociation ».

Le représentant des Philippines a réagi en affirmant que la procédure d’arbitrage, entamée « après la rupture du statu quo », visait uniquement à stabiliser la situation en mer de Chine du Sud.  L’arbitrage n’aggrave pas le différend en ce qu’il est reconnu comme moyen alternatif, juste et légitime à des négociations bilatérales déséquilibrées, a-t-il souligné. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les pays africains, hôtes d’une mission de l’ONU, font état des défis dans leur progression vers la paix

Soixante et onzième session,
17e, 18e & 19e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11829

Assemblée générale: les pays africains, hôtes d’une mission de l’ONU, font état des défis dans leur progression vers la paix

La République centrafricaine, le Mali, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo et le Maroc, hôtes d’une opération de maintien de la paix de l’ONU, ont fait part aujourd’hui, au quatrième jour du débat général de l’Assemblée générale, de leur progression vers la normalisation et pour certains, des défis qui restent à relever.  À ces États, il faut ajouter Haïti qui a parlé du processus électoral en cours.   

Aujourd’hui, la République centrafricaine a retrouvé « la stabilité et la légalité constitutionnelle », a affirmé son Président.  M. Faustin Touadera a tout de même prévenu que la situation reste encore fragile, l’impératif consistant à appliquer très rapidement le programme de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRR) et la réforme du secteur de la sécurité, avec le concours de la Mission de l’ONU (MINUSCA).  Le Président s’est dit déterminé à rassembler les Centrafricains autour d’un projet de reconstruction de l’État afin qu’ils deviennent « maîtres de leur destin et du développement du pays » et a plaidé pour la levée de l’embargo sur les armes « qui ne se justifie plus aujourd’hui en cette ère nouvelle de reconstruction nationale »

Au Mali aussi, les hostilités ont cessé entre le Gouvernement et les mouvements signataires, 15 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, a déclaré le Président malien.  M. Ibrahim Boubacar Keita a néanmoins reconnu, qu’en dépit des efforts déployés par les parties signataires de l’Accord, le processus de paix reste confronté à de sérieuses entraves liées aux activités des groupes terroristes dans les régions du nord.  Il s’est donc réjoui de l’identité « parfaite » de vue qui s’est dégagée, ce matin même, à la Réunion de haut niveau sur le Mali sur l’urgence d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord et surtout « l’impérieuse nécessité » de corriger les lacunes qui subsistent en termes des capacités opérationnelles de la Mission de l’ONU (MINUSMA).  Il a appelé à la coopération entre États pour mutualiser les efforts et neutraliser l’hydre du terrorisme et ses avatars que sont Daech, AQMI, Boko Haram, Al Chabab, Ansar Eddine, le MUJAO ou Al Mourabitoune.

Il est essentiel de travailler ensemble pour régler ces questions pressantes, a conseillé le Vice-Président du Soudan du Sud, M. Taban Deng Gai, qui n’a pas démenti l’optimisme ambiant.  « Je suis ici pour vous dire que, cette fois-ci, nous sommes plus que jamais déterminés à faire avancer le pays vers la paix et le développement », a-t-il dit, parlant d’une situation sud-soudanaise « stable et pacifique » où le Gouvernement fonctionne et où la vie revient à la normale.  Le Vice-Président, dont le pays est l’hôte de la MINUSS, en a tout de même profité pour mettre en garde contre « les postures de supériorité ou de paternalisme, déguisées en promotion de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté et de la justice » et qui peuvent aisément conduire à des crises graves, parce que notre « Organisation mondiale » échoue à écouter ou refuse d’écouter l’avis de ceux qui viennent des pays où elle veut justement améliorer la situation.

C’est donc « de la manière la plus solennelle », que le Ministre des affaires étrangères de la RDC, a réaffirmé qu’en dépit du retard enregistré dans leur préparation, les élections générales initialement prévues pour la fin de cette année seront « bel et bien » organisées, aussitôt que les conditions techniques le permettront.  Il a insisté sur le fait que c’est pour parvenir, « ensemble et de manière consensuelle », à relever les défis électoraux, dont l’enregistrement de 14 millions de nouveaux électeurs, que des représentants de la majorité présidentielle, de l’opposition politique et de la société civile sont réunis depuis un peu plus de deux semaines, dans le cadre du Dialogue politique national inclusif.  Ce Dialogue devrait donc bénéficier du soutien de tous et ceux des acteurs politiques qui n’y participent pas encore, être encouragés à le faire.  S’il a prôné auprès des responsabilités politiques de la majorité et de l’opposition un dialogue « large et inclusif » pour éviter l’escalade et se mettre à la hauteur de la RDC et de son peuple, le Ministre des affaires étrangères de la Belgique, M. Charles Michel a lancé une mise en garde: « Ne vous voilez pas la face.  Le seul chemin pour la stabilité, c’est une date certaine pour des élections honnêtes et crédibles, et cela le plus rapidement possible ».   

Sans des élections générales honnêtes, il est vain d’espérer une transition politique paisible, a acquiescé le Président d’Haïti où le rendez-vous électoral est fixé dans deux semaines.  M. Jocelerme Privert, a prévenu que les nouveaux dirigeants auront besoin d’un « puissant élan de solidarité » pour sortir le pays du sous-développement, entreprendre la tâche « colossale » de redressement et de modernisation socioéconomiques et injecter les investissements massifs dans les infrastructures, les ressources humaines, la protection de l’environnement et la consolidation de l’état de droit. 

Le Président en exercice a salué le travail effectué depuis 12 ans par la Mission de l’ONU (MINUSTAH) et a dit avoir pris note « avec le plus haut intérêt » des déclarations du Secrétaire général de l’ONU sur les deux situations qui rendent l’Organisation « inconfortable »: l’introduction du choléra en Haïti et les « multiples » abus sexuels perpétrés par les Casques bleus.  « Pour réconfortantes qu’elles soient, les bonnes intentions ne suffisent pas », a-t-il commenté, en appelant à un appui « concret et efficace ».  Si l’Organisation a effacé son échec « honteux » à reconnaître son rôle « indiscutable » dans le déclenchement de l’épidémie de choléra en Haïti, elle refuse toujours aux victimes une indemnisation, en se cachant derrière son « immunité », s’est emporté le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines.

Toujours à propos de l’ONU, le Ministre congolais des affaires étrangères a parlé de la Mission dont son pays est l’hôte, la MONUSCO.  Il a dit compter sur le dialogue stratégique avec l’Organisation pour parvenir à une réduction progressive des effectifs et à la transformation subséquente de la Mission.

Plus de trois décennies après avoir quitté ce qui s’appelait alors l’Organisation de l’unité africaine pour protester contre l’admission du Sahara occidental, le Maroc, hôte de la MINURSO, a annoncé son intention de rejoindre l’Union africaine.  Son Ministre des affaires étrangères, M. Salaheddine Mezouar, a réaffirmé que son pays gère « avec beaucoup de sérieux » les appels du Conseil de sécurité visant à trouver une solution politique au différend régional concernant le Sahara occidental.  Il a manifesté la disposition de son pays à continuer d’œuvrer avec l’ONU pour trouver une solution négociée qui permettrait toutefois de maintenir l’intégrité territoriale du Maroc et la stabilité de la région.

L’Assemblée générale poursuivra son débat demain, samedi 24 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. BUJAR NISHANI, Président de l’Albanie, a expliqué que son pays accordait la plus haute importance au renforcement du lien entre développement et sécurité, convaincu que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 servira de cadre de référence en la matière.  Il a ajouté que l’Albanie avait été un pays leader dans l’élaboration des indicateurs relatifs à l’objectif 16 sur l’accès de tous à la justice et la mise en place à tous les niveaux, d’institutions efficaces, responsables et ouvertes.  La bonne exécution du Programme et la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat donneraient aux générations futures les moyens de vivre dans un environnement plus sain et équilibré, d’avancer sur la voie « exaltante » du développement et de la consolidation et du maintien de la paix.  L’Albanie, a-t-il indiqué, a pris l’engagement de réduire ses émissions de CO2 de 11,5% d’ici à 2030.

M. Nishani a souligné que son pays mettait tout en œuvre pour contribuer, au niveau régional, à la résolution de la crise des migrants, de manière coordonnée, « humaniste » et respectueuse du droit international.  Rappelant que l’Albanie est candidate à l’entrée dans l’Union européenne, il a noté qu’en attendant l’ouverture de négociations officielles, son pays appuie toutes les politiques et normes de l’Union européenne, y compris celles relatives à la démocratisation de la vie politique et au développement de l’état de droit.  Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme international, le Président a réaffirmé l’appui sans faille de son pays au Plan d’action du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui, notamment, demandent aux États de s’attaquer, dans le respect du droit international, au problème des combattants étrangers et au financement des organisations terroristes. 

Enfin, M. Nishani a insisté sur le fait que l’Albanie soutient la participation du Kosovo à toutes les activités de coopération multilatérales, régionales et internationales.  Nous continuerons à encourager un dialogue constructif entre le Kosovo et la Serbie sous l’égide de l’Union européenne ainsi que la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo et son intégration dans les organisations régionales et internationales, a-t-il dit.

« Un tour d’horizon du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui dénote un tableau qui n’incline pas toujours à l’optimisme », a déclaré M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée.  L’Afrique, a-t-il dit, qui est le continent ayant la population la plus jeune au monde et comptant les pays les plus vulnérables, mérite une attention particulière dans la mise en œuvre de « l’agenda de développement 2030 ».  Conscient du changement de modèle économique que doit opérer le continent africain, le Président a néanmoins prévenu que ce changement ne peut se faire sans un accès durable à l’énergie « qui reste un défi que l’Afrique peut et doit relever pour accélérer son développement ».  Aujourd’hui encore, s’est-il impatienté, 7 Africains sur 10, soit 700 millions de personnes, n’ont pas accès à l’électricité.  Il a donc attiré l’attention sur le plan « robuste » d’électrification du continent grâce aux énergies renouvelables permettant de passer de 25 à 80% d’accès à l’énergie en 10 ans.  Un fonds a été créé pour ce faire et en sa qualité de porte-parole de l’Afrique pour les énergies renouvelables, le Président de la Guinée a lancé un appel à la communauté internationale, notamment aux institutions financières internationales, pour accompagner le continent dans des objectifs qui permettront de bâtir une Afrique « forte, respectueuse de ses engagements en faveur de la protection de l’environnement et précurseur du développement durable ». 

Mais, a reconnu le Président, le développement ne peut être durable sans la paix et la stabilité.  Convaincu que le terrorisme peut être vaincu par des moyens militaires, il a tout de même estimé qu’il ne peut être prévenu et contenu que par des investissements socioéconomiques conséquents, permettant de juguler les facteurs de radicalisation.  La Guinée, a-t-il rappelé, qui a déployé un bataillon de Casques bleus au Mali, a payé un lourd tribut avec la perte de neuf soldats en moins d’un an.  Le Président a demandé un cadre légal pour doter les Nations Unies des compétences renforcées en matière de contre-terrorisme.  La résurgence des crises au Burundi, au Soudan du Sud et en Guinée-Bissau, a-t-il aussi estimé, nous rappelle l’impérieuse nécessité de mettre l’accent sur la prévention et la médiation.  Il s’est félicité que les chefs d’État africains aient décidé lors du dernier Sommet de l’Union africaine de rendre opérationnel le Fonds pour la paix, qui vise notamment à promouvoir la diplomatie préventive et la médiation. 

La Guinée qui est inscrite, à sa demande depuis 2011, à l’agenda de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies, estime également que la résolution de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur le dispositif de consolidation de la paix lui offre l’occasion de réévaluer la nature et la portée avec la Commission en vue de la remettre en phase avec ses besoins.  Le Président a en effet indiqué qu’après la proclamation de la victoire sur le virus Ebola le 29 décembre 2015, le chemin du relèvement reste long car l’épidémie a éprouvé toutes les composantes de la société guinéenne et toutes les activités économiques du pays.  Aussi, la Guinée, qui a élaboré sa stratégie de relèvement post-Ebola, invite-t-elle les partenaires à matérialiser leurs promesses.  En dépit de l’épidémie, a conclu le Président, le peuple de Guinée a su faire preuve de résistance et d’une solidarité remarquable qui ont permis la poursuite de nombreuses réformes visant le renforcement de l’état de droit, l’avènement d’un cadre propice aux investissements et une gouvernance inclusive.  Après une longue période de rigueur budgétaire, la Guinée vient de conclure sa huitième et dernière revue avec le Fonds monétaire international (FMI).

M. ISSOUFOU MAHAMADOU, Président du Niger, a d’emblée prévenu que notre capacité de réaliser les objectifs de développement durable dépendra aussi de notre capacité à faire évoluer les conditions politiques et économiques aux niveaux national et international et à honorer les engagements pris à la Conférence de Paris sur les changements climatique.  Il est évident, a estimé le Président, que le fonctionnement de l’économie mondiale doit être profondément réexaminé.  Il a appelé à un équilibre entre le capital financier spéculatif et le capital industriel, pour une orientation plus massive des capacités vers l’économie réelle.  Les mesures internationales d’appui à la promotion des investissements étrangers directs dans les pays les moins avancés (PMA) constituent un sujet important dont il conviendrait d’accélérer la mise en œuvre, a estimé le Président.  L’opérationnalisation en 2017 de la Banque de technologies pour les PMA sera un instrument précieux pour la promotion des infrastructures, la diversification des productions, et la création de valeur ajoutée indispensable à la génération et au relèvement de revenus des populations de ces pays. 

La réforme du système financier international, la création de nouvelles possibilités d’accès à des sources de financement et l’établissement d’un cadre adéquat pour la restructuration de la dette souveraine sont autant de mesures indispensables à la consolidation des capacités des pays en développement de financer leur développement durable.  Le Président a aussi noté que si la part des pays africains dans le commerce mondial augmentait de 1% cela représenterait un revenu supplémentaire annuel de 200 milliards de dollars, soit cinq fois le montant de l’aide au publique au développement (APD) dont bénéfice le continent.  L’Afrique se doit aussi de développer le commerce interafricain qui est estimé à seulement 10% de ses échanges.

Sur le plan politique, le Président a appelé à la réforme du Conseil de sécurité, plaidant pour que les pays les plus concernés, notamment les pays voisins des pays en conflit, soient associés au processus de règlement desdits conflits.  Engagé dans une guerre sans merci contre le terrorisme et la protection de son territoire, la Guinée, a poursuivi son Président, juge indispensable de revoir les mandats de certaines missions des Nations Unies pour les rendre offensifs afin de mieux protéger les civils.  Au Niger où la secte Boko Haram mène des incursions régulières, on compte 167 000 déplacés et une centaine de milliers de réfugiés, exposés à des risques de famine et d’épidémies ainsi que plus de 18 000 enfants privés d’écoles.  Il est donc urgent, s’est impatienté le Président, de stabiliser la Libye et le Mali, d’y neutraliser les terroristes, et d’appuyer la force mixte multinationale qui opère dans le bassin du Lac Tchad contre Boko Haram.  Le Président a conclu en soulignant que son ambition est de laisser aux Nigériens un pays radicalement transformé où les institutions démocratiques seront plus fortes, où la lutte contre la corruption aura progressé, où les inégalités auront reculé et la classe moyenne sera renforcée.  « Bref un Niger résolument engagé dans la réalisation des objectifs de développement durable. »

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a remercié la communauté internationale pour « son soutien inestimable » à son pays « qui a retrouvé la stabilité et la légalité constitutionnelle aujourd’hui ».  Il a aussi rendu hommage à l’action de l’ONU qui a déployé des forces internationales qui œuvrent à la sécurisation et la consolidation de la paix en République centrafricaine (RCA).  La RCA vient de renouer avec le processus démocratique, mais la situation reste encore fragile, a-t-il indiqué.  Il a fait part de son ambition de rassembler les Centrafricains autour d’un projet de reconstruction de l’État afin qu’ils deviennent maîtres de leur destin et du développement de leur pays.  Ainsi, le Gouvernement a établi des priorités qui se regroupent sous la forme de piliers; la paix et la sécurité, la réconciliation nationale, la réforme de l’administration, la relance économique, la justice et les droits de l’homme.

Il s’agit, en matière de paix et sécurité, d’appliquer rapidement le programme de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRR).  Pour réformer le secteur de la sécurité, le Président a appelé les partenaires de la RCA à se mobiliser pour le financement de ce volet au cours de la prochaine conférence de Bruxelles prévue le 17 novembre prochain.  En outre, le Gouvernement centrafricain a engagé, avec le concours de la communauté internationale, des actions pour assurer la présence des pouvoirs publics sur l’ensemble du territoire et garantir la paix et la sécurité.  De même, des mesures d’urgence ont été prises en vue de la refondation des Forces armées centrafricaines (FACA).  Pour y parvenir, il a plaidé pour la levée totale de l’embargo sur les armes imposé à la RCA, laquelle ne se justifie plus aujourd’hui, a-t-il estimé.  Il a également parlé des mesures en vue de renforcer le secteur de la justice, afin de lutter contre l’impunité, et pour relancer l’économie du pays.  Il a appelé à l’accompagnement de tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux du pays afin de mener à bien ces divers chantiers.

M. Touadera a par ailleurs fait part de la volonté de la RCA de réaliser les objectifs de développement durable de manière participative.  Le Gouvernement a déjà engagé la préparation du Programme de relèvement et de consolidation de la paix en Centrafrique (RCPCA).  Ce Programme comprend des actions d’assistance humanitaire, de relèvement précoce et de développement, et ses trois axes d’intervention sont la paix, la réconciliation et la sécurité; le renouvellement du contrat social entre l’État et la population; et le relèvement économique et la relance des secteurs productifs.  Le Président s’est ensuite réjoui de l’engagement des États Membres à privilégier une solution plus humaine à la question des migrants et des réfugiés.  En RCA, des solutions durables pour le retour des populations déplacées à l’intérieur comme hors du pays sont à l’étude.  

Il n’est pas juste que l’Afrique paie plus de prix alors qu’elle n’est que victime, a-t-il dénoncé en évoquant la question des changements climatiques.  Il a demandé à la communauté internationale de mettre en place un mécanisme adéquat pour soutenir l’Afrique.  Il a insisté pour que les engagements pris lors de la Conférence de Paris sur le climat soient respectés. 

« Quatrième Président à accéder à la Magistrature suprême de l’Union des Comores par des élections libres, démocratiques, et transparentes, dont les résultats ont été reconnus par la communauté internationale », M. AZALI ASSOUMANI a espéré l’accompagnement postélectoral de la communauté internationale et de tous les partenaires dont le système des Nations Unies pour consolider la stabilité de son pays, préserver les acquis de la démocratie et de l’état de droit et réussir le développement socioéconomique.  Parmi ses appels à la communauté internationale, le Président a souligné qu’il appartient à l’ONU, « donc à nous tous », de prendre des mesures immédiates pour endiguer les fléaux déstabilisateurs de la violence, résultat de l’extrémisme et du fanatisme de tout bord.  Le terrorisme n’a pas de frontières, a-t-il insisté, ajoutant que les terroristes ne sont ni musulmans, ni juifs, ni chrétiens, ni animistes.  Ils n’appartiennent à aucune religion, à aucune civilisation.  « Ce sont des barbares ». 

Jugeant urgent que l’ONU trouve enfin une solution au conflit israélo-arabe, le Président a fustigé « l’arrogance de ceux qui, à cette même tribune, viennent défier le monde auquel ils s’adressent et narguer notre Organisation commune qui a pourtant reconnu, depuis près de 70 ans, l’État au nom duquel ils s’expriment ».  Il s’est dit persuadé qu’un règlement du conflit israélo-palestinien serait un catalyseur à celui des autres crises au Proche-Orient. 

Le Président a aussi voulu attirer l’attention de l’Assemblée générale sur la nécessité de faire la différence entre les migrations et le déplacement des populations sur leur propre territoire.  L’Union des Comores, dont la souveraineté a été reconnue par l’Assemblée en 1975 sur un ensemble de quatre îles, connaît, comme d’autres pays, des mouvements de population à l’intérieur des îles et entre elles, y compris l’île de Mayotte, encore sous Administration française.  Ces déplacements, a déploré le Président, se transforment hélas, en drames quotidiens et causent chaque année, chaque mois, des centaines de morts, dans le bras de fer entre les trois îles et Mayotte, et « dans l’indifférence de la communauté internationale ». 

La question de « l’île comorienne de Mayotte », à laquelle l’Assemblée générale a consacré pas moins de 15 résolutions depuis 1977, reste d’actualité.  Le Président a espéré qu’une solution sera trouvée en parfaite harmonie entre les Comores et la France, « deux pays qui ont un contentieux mais qui sont pourtant restés amis et partenaires de longue date ».  C’est par un dialogue franc, intelligent et respectueux des intérêts des uns et des autres « et surtout » du droit international, que nous parviendrons à épargner aux jeunes générations de Comoriens et de Franco-Comoriens, une situation sans issue et les préserver de la radicalisation et de l’extrémisme qui minent et déstabilisent de nombreuses régions du monde, a prévenu le Président.

M. Azali Assoumani a conclu en appelant à une ample réforme de l’ONU, pour notamment permettre à l’Afrique de disposer d’un siège permanent au Conseil de sécurité.  Il a aussi annoncé que son pays, qui a signé l’Accord de Paris sur le climat, soumettra sa ratification lors d’une session parlementaire qui se tiendra le mois prochain.

M. ABDRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a assuré que le Gouvernement yéménite est tout à fait opérationnel, et que « le schéma destructeur des Houthis, appuyés par l’Iran, n’a aucune chance de réussir ».  Il a expliqué que dans la guerre qui secoue son pays, le camp républicain n’a pas tiré en premier et que c’est le peuple qui avait lui-même entrepris de déposer l’ancien Président Ali Abdallah Saleh en 2011.  Il a accusé les milices houthies d’avoir plongé le pays dans le chaos en prenant les armes pour marquer leur rejet des résolutions de sortie de crise, lesquelles avaient été élaborées par le Conseil de coopération du Golfe (CCG).  Malgré cet état de fait, il a dit ne pas être animé par un esprit de revanche, faisant part de sa volonté de tendre la main à tous les Yéménites pour la reconstruction du pays.  Mais pour que la paix revienne, il faut que le coup d’État prenne fin et que les milices déposent les armes afin que le processus politique puisse conduire à l’organisation d’élections libres.  

Le Président a aussi rappelé que le Yémen souffre du terrorisme, et que le fléau doit être jugulé afin que le pays et la région toute entière retrouve la stabilité.  « Ce terrorisme qui frappe le Yémen est le même que celui d’Al-Qaida, Daech et le Hezbollah », a-t-il fait observer.  Il a indiqué que la Banque centrale yéménite a dû être relocalisée à Aden, la capitale provisoire, afin d’empêcher son pillage.  Il a demandé l’appui des institutions financières internationales au sauvetage de l’économie du pays.

M. Mansour a également insisté sur la catastrophe humanitaire que vit son pays, exhortant les bailleurs de fonds à apporter leur soutien.  Il a promis que le Gouvernement allait faire tout son possible pour que l’aide soit acheminée à tous ceux qui en ont besoin, quel que soit le lieu d’où ils se trouvent dans le pays.  Il a remercié les Gouvernements d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Koweït qui aident les autorités yéménites à restaurer l’ordre constitutionnel.

M. JOCELERME PRIVERT, Président en exercice d’Haïti, a expliqué que son pays a choisi d’être dans le peloton de tête de la marche vers le développement durable et ses 17 objectifs qui offrent « une boussole et des jalons vers une nouvelle humanité débarrassée des affres des privations ».  Il a dit porter une attention particulière à la place accordée à la problématique migratoire dans les objectifs de développement durable, conscient de la recrudescence du nombre important de ses compatriotes qui laissent le pays à la recherche d’un mieux-être.  Il a affirmé que son pays a commencé à dialoguer avec certains pays d’accueil pour trouver des solutions communes.   

Dans deux semaines, a poursuivi le Président en exercice, le peuple haïtien se rend aux urnes.  « Qu’on ne s’y méprenne pas », a-t-il mis en garde, « sans des élections honnêtes et crédibles, il est vain d’espérer une transition politique paisible ».  La crédibilité des élections est « essentielle », a-t-il insisté, pour une véritable rupture avec le cycle d’instabilité et l’incertitude politique que connaît depuis trop longtemps Haïti.  En attendant, s’est enorgueilli le Président en exercice, les observateurs impartiaux ont constaté unanimement les progrès accomplis vers le renouvellement des institutions et le retour à l’ordre constitutionnel.  Le Parlement est actuellement opérationnel et sera au complet au terme des prochaines législatives, et l’entrée progressive en fonctions des maires élus s’effectue sans heurt. 

« Le processus est en bonne voie », s’est félicité le Président en parlant du processus électoral, prévenant qu’au lendemain de ces élections, le pays aura besoin d’un « puissant » élan de solidarité internationale.  Les nouveaux dirigeants, s’est-il expliqué, en auront besoin pour sortir le pays du sous-développement, entreprendre la tâche « colossale » de redressement et de modernisation socioéconomiques et injecter l’investissement massif dans les infrastructures, les ressources humaines, la protection de l’environnement et la consolidation de l’état de droit. 

Le Président a salué le travail effectué depuis 12 ans par la Mission des Nations Unies dans son pays (MINUSTAH) et a invité le Secrétaire général, au terme de son second mandat, « à se faire à l’idée que mon pays a besoin de la compréhension internationale pour affronter les défis de l’insalubrité » qui l’exposent continuellement aux épidémies, aux endémies, aux maladies « venues de toutes parts ».  Le Président a d’ailleurs dit avoir pris note « avec le plus haut intérêt » des déclarations du Secrétaire général par rapport aux deux situations qui rendent l’Organisation « inconfortable »: l’introduction du choléra en Haïti et les « multiples » abus sexuels perpétrés par les Casques bleus.  « Pour réconfortantes qu’elles soient, les bonnes intentions ne suffisent pas », a prévenu le Président en appelant à un appui « concret et efficace. »

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a déclaré que son pays travaillait activement à la mise en place des 17 objectifs de développement durable et ferait partie des États qui ratifieront l’Accord de Paris sur le climat d’ici à la fin de l’année.  Nous devons investir dans l’éducation, dans les soins de santé, a-t-il ajouté, soulignant l’importance de combattre les inégalités sociales et d’assurer un emploi décent pour tous.  M. Bettel a rappelé que le Luxembourg fait partie des sept pays consacrant au moins 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD).  Face à la baisse des moyens financiers en matière de développement et d’action humanitaire, l’élargissement de la base des donateurs n’a jamais été plus urgent, a-t-il considéré.  Il a assuré que son pays s’efforçait dans ce contexte d’augmenter la prévisibilité et l’efficacité de ses contributions humanitaires à travers des accords pluriannuels.

Au sujet de la crise des migrants, M. Bettel a indiqué qu’au niveau européen, la solidarité et le partage du fardeau étaient aussi indispensables à une politique de migration crédible que l’est le contrôle des frontières.  Rappelant l’importance de distinguer les réfugiés dans le besoin et les migrants économiques en situation irrégulière, il a insisté sur l’obligation collective de garder ouvertes les voies de la migration légale.  « La migration peut être une chance pour tous lorsqu’elle est maîtrisée », a-t-il affirmé.  Il a annoncé que son pays, comme la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants l’y invite, participerait aux travaux en vue de l’adoption, en 2018, d’un pacte mondial sur les réfugiés et d’un pacte mondial pour des migrations « sûres, régulières et ordonnées ».

M. Xavier Bettel a attiré l’attention sur le fait que le continent africain reste particulièrement vulnérable aux défis mondiaux, mais qu’en dépit de cela l’Afrique dispose d’atouts « formidables » dont le premier est le vivier de talents extraordinaires que représente sa jeunesse.  Il a ajouté que le partenariat entre le Luxembourg et ses partenaires africains « était doté d’une dimension économique qui complète les efforts jusqu’alors davantage concentrés sur les secteurs sociaux ». 

Sur la prévention des conflits, M. Bettel a souscrit pleinement à l’objectif de passer de la consolidation de la paix après les conflits à une approche de pérennisation de la paix.  Une telle approche, a-t-il dit, résolument politique, intègre les trois piliers de l’action de l’ONU: les droits de l’homme, la paix et la sécurité et le développement.  Concernant le conflit syrien, il a indiqué que son pays tiendrait l’engagement pris de consacrer près de 40 millions d’euros entre 2016 et 2020 pour aider les victimes en Syrie et dans les pays voisins.  « Nous appuierons en particulier le programme « No Lost Generation » de l’UNICEF, a-t-il annoncé à cet égard.  Il a par ailleurs réaffirmé le soutien du Luxembourg à l’initiative française d’organiser une conférence internationale pour aider Israéliens et Palestiniens à reprendre les négociations en vue d’aboutir à la solution des deux États. 

M. PAVEL FILIP, Premier Ministre de Moldova, a déclaré que son gouvernement, en partenariat avec le PNUD et d’autres acteurs, a lancé un processus de « localisation » des objectifs de développement durable(ODD) et travaille à un mécanisme d’évaluation des progrès.  En juillet dernier, le pays a créé un Conseil national de coordination du développement durable et un Cadre national de développement, pour évaluer notamment la Stratégie de développement « Moldova 2020 ».  Le Premier Ministre a aussi promis la ratification prochaine de l’Accord de Paris sur le climat.

Il s’est par ailleurs félicité que l’Assemblée générale ait décidé de maintenir à son ordre du jour la question des conflits prolongés dans la région du Groupe Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldova (GUAM).  Ces conflits qui durent depuis 25 ans, comme celui qui frappe son pays, continuent d’avoir des conséquences négatives sur le développement économique et social de millions d’habitants de la région.  L’implication des Nations Unies est importante pour empêcher les tentatives de modifier les frontières politiques. 

Il a rappelé que le conflit en Transnistrie, s’est déclenché le jour où la République de Moldova est devenue Membre des Nations Unies le 2 mars 1992.  « Contrairement à la majorité des conflits internes qui trouvent leurs sources dans des antagonismes religieux ou ethniques, ce conflit de Transnistrie a un caractère purement géopolitique », a insisté le Premier Ministre.  Il a exprimé la détermination de son pays à trouver une solution politique dans le cadre du format de négociation « 5+2 ».  Il a souligné la nécessité de s’accorder sur un statut juridique spécial pour la région de Transnistrie.  La fragilité de la situation sécuritaire dans la région, amplifiée par la déstabilisation de l’est de l’Ukraine, nécessite un réengagement de toutes les parties impliquées dans le format de négociation « 5+2 », mais aussi de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de l’ONU, dans le but d’identifier le plus vite possible des solutions à ces problèmes qui durent depuis trop longtemps.   

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a salué le leadership « passionné » du Secrétaire général de l’ONU sur la question des changements climatiques.  M. Ban Ki-moon a visité deux fois la région du Pacifique pendant son mandat.  Dans le processus de nomination d’un nouveau secrétaire général, le Samoa, comme d’autres États, n’est qu’« un simple spectateur », a toutefois regretté le Premier Ministre.  Il a espéré que le nouveau chef de l’Organisation saura traiter sur un pied d’égalité chaque État Membre, indépendamment de sa taille, de son influence politique ou de sa puissance économique.

L’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le climat constitue une priorité absolue, a déclaré M. Malielegaoi.  Les cyclones et les catastrophes naturelles se produisent plus souvent et avec plus d’intensité, comme on l’a vu récemment aux Fidji et à Vanuatu.  « Les petits États insulaires en développement (PEID) ne peuvent pas se permettre de perdre leurs acquis », a-t-il ajouté.  La volonté politique des États de mettre en œuvre l’Accord de Paris doit s’accompagner des ressources nécessaires, a-t-il précisé en citant le Fonds pour l’adaptation et le Fonds vert pour le climat.

Les Orientations de Samoa font partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a souligné le Premier Ministre.  Selon lui, elles représentent « une feuille de route directe pour la transition opérée par les PEID entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les objectifs de développement durable ».  À ce sujet, il a mis l’accent sur l’Objectif 17 consacré aux moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement durable.  Il s’est dit ouvert à tous les types de partenariat.

M. Malielegaoi a souligné l’importance de gérer de manière durable les océans et les mers dont la santé est soumise à bien des pressions avec la surpêche, l’acidification, l’appauvrissement du milieu naturel et la pollution.  Il a rappelé que les PEID ont appuyé l’inclusion de l’objectif 14 sur les océans dans le Programme 2030.  Il a salué la tenue, la semaine dernière, de la troisième Conférence « Nos océans, notre avenir » organisée par le Gouvernement des États-Unis.  Enfin, il s’est félicité du lancement du processus préparatoire en vue de l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur les questions relatives à la conservation et à l’exploitation durables de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.

Selon le Premier Ministre du Royaume de Belgique, M. CHARLES MICHEL, le respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de la démocratie ne devrait souffrir d’aucune exception, d’aucun accommodement, d’aucun renoncement.  « Or regardons la vérité en face », l’égalité entre les femmes et les hommes n’est toujours pas une réalité, la liberté d’expression et la liberté de la presse sont trop souvent bafouées, l’homophobie est parfois légalisée dans certains pays.  Trop souvent l’état de droit n’est qu’un paravent et la justice n’est pas un recours mais bien une menace pour les citoyens et les entreprises.

Le Premier Ministre s’est attardé sur un continent, dont l’histoire et celle de l’Europe sont « intrinsèquement » liées et l’avenir « bien entendu commun ».  Il a plaidé pour « un partenariat d’égal à égal, sincère, gagnant-gagnant, sans nostalgie ni culpabilité ».  Ces dernières années, a dit le Premier Ministre, l’Afrique a connu plusieurs transitions démocratiques avec succès mais malheureusement, trop souvent, certains citoyens sont privés du droit pourtant fondamental d’élire ceux qui devraient les représenter.  Respecter les exigences de l’état de droit, et donc des constitutions, est le seul chemin possible pour garantir la stabilité et l’harmonie démocratique, a insisté le Premier Ministre.

Ce droit, a-t-il estimé, a été refusé à la population burundaise, avec pour résultat la discorde, la division et même l’oppression.  La seule solution à cette crise est un dialogue interburundais réellement inclusif, sous médiation internationale, et dans le respect de l’Accord d’Arusha, a-t-il préconisé. 

En République démocratique du Congo, a-t-il poursuivi, l’organisation des élections est indispensable, et les doutes à cet égard doivent être levés.  Il a condamné « fermement » toutes les formes de violence auxquelles nous avons assisté, y compris ces derniers jours à Kinshasa.  Quand on assume des fonctions de responsabilité, a-t-il tranché, on doit en assumer « pleinement et individuellement » la part de responsabilité.  Nous respectons, a affirmé le Premier Ministre, le principe de souveraineté, mais à la condition que cette souveraineté ne devienne pas un paravent pour « malmener » l’état de droit et « bafouer » les libertés fondamentales.

Le Premier Ministre a lancé un appel aux responsables politiques de la majorité et de l’opposition: « Évitez l’escalade.  Le dialogue doit être large et inclusif.  Soyez à la hauteur de votre pays et de son peuple ».  « Ne vous voilez pas la face », a-t-il mis en garde, le seul chemin pour la stabilité, c’est une date certaine pour des élections honnêtes et crédibles, « et cela le plus rapidement possible ».  

M. Michel a poursuivi sur la situation en Syrie, « un échec pour la communauté internationale ».  Avec Daech, comme avec Al-Qaida, Boko Haram ou AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique), nous faisons face à un nouveau totalitarisme, a affirmé le Premier Ministre, en rappelant que son pays, comme beaucoup d’autres, a été victime de terrorisme en mars dernier.  Nous devons, a-t-il préconisé, réformer la coordination de l’architecture onusienne en matière de contre-terrorisme et systématiser les échanges d’informations et de renseignements pour prévenir et empêcher ces actes barbares.  « La liberté doit être plus forte que les ténèbres. »

Le Premier Ministre a aussi plaidé pour sortir « d’une logique de confrontation » avec la Fédération de Russie.  Il a appelé à un dialogue politique « intense Europe-Russie ».  Nous avons trop d’intérêts communs pour nous permettre le luxe de l’immobilisme diplomatique.   

M. Michel a parlé de la situation entre Israël et la Palestine, des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris ainsi que de la situation économique mondiale.  À cet égard, il a indiqué que la Belgique, avec 10 autres pays de l’Union européenne, souhaite élaborer un système pour taxer les transactions financières.  Nous devons réussir à lever les obstacles techniques et politiques.  « C’est une question élémentaire d’équité. »  L’honneur de mon pays, c’est de défendre des principes et des valeurs universelles: la liberté, la tolérance et le dialogue, a conclu le Premier Ministre, avant d’annoncer la candidature de la Belgique à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période de 2019-2020.

Rappelant l’adoption en 2015 du Programme 2030, M. ANEROOD JUGNAUTH, Premier Ministre de Maurice, a déclaré que les Nations Unies ont un rôle important à jouer en soutenant les efforts de chaque pays.  Maurice a choisi de se focaliser sur l’éradication de la pauvreté et a introduit dans son budget, cette année, une indemnité de subsistance pour les plus pauvres d’un montant de 2 720 roupies par adulte qui est 40% supérieure au seuil du taux d’extrême pauvreté de la Banque mondiale de 3,1 dollars par jour.

Petit État insulaire en développement (PEID), l’objectif de développement durable 13 sur des mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques et 14 sur la vie aquatique sont d’une importance vitale pour la survie de Maurice, a ajouté M. Jugnauth, dont l’industrie touristique est contrariée par les effets négatifs du réchauffement de la planète. 

Maurice a organisé la Conférence interministérielle sur l’économie bleue et les changements climatiques au début du mois de septembre avec la Banque mondiale.  Le « Communiqué de Maurice » issu de cette Conférence servira de document de travail au dialogue du Fonds vert pour le climat qui aura lieu au Togo, le 15 octobre 2016, et au COP22 au Maroc.

Condamnant sans réserve les actes de terrorisme, M. Jugnauth a dit qu’une « ONU réformée », y compris une réforme en profondeur du Conseil de sécurité, était essentielle pour répondre de manière efficace aux menaces du terrorisme et aux nouvelles situations.  Maurice adhère à la position de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité exprimée dans le Consensus d’Ezulwini et appuie l’octroi d’un siège aux PEID.  Maurice appuie pleinement l’aspiration de l’Inde à avoir un siège de membre permanent du Conseil de sécurité.

Le Premier Ministre a rappelé que Maurice est un pays libre, souverain et indépendant depuis 48 ans mais que même aujourd’hui, elle ne peut pas exercer sa souveraineté sur l’archipel de Chagos et l’île Tromelin.  Maurice a constamment protesté contre le démembrement illégal de Chagos et maintenu que l’archipel, y compris Diego Garcia, fait partie intégrante du territoire national conformément au droit mauricien et au droit international.

Maurice a toujours demandé l’achèvement complet du processus de décolonisation.  Elle a appelé l’ancienne puissance coloniale à discuter pour trouver une solution crédible et juste mais ses efforts sont restés vains. 

L’Assemblée générale a un rôle institutionnel direct sur cette question étant donné son rôle dans le processus de décolonisation dans le monde.  Elle a la responsabilité d’achever le processus de décolonisation, y compris à Maurice.  C’est pourquoi à la demande du Gouvernement de Maurice, l’Assemblée générale a inclus dans l’ordre du jour de sa soixante et onzième session, un point intitulé « demande pour un avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les conséquences juridiques de la séparation de l’archipel de Chagos de Maurice en 1965 ».

Nous avons noté que le Royaume-Uni a exprimé son souhait de participer à un dialogue avec Maurice afin de régler cette question avant juin 2017.

La décolonisation de Maurice ne sera pas complète tant que la question de Tromelin n’est pas résolue.  Nous avons un dialogue très constructif avec la France et nous l’exhortons à poursuivre ce dialogue pour un règlement rapide de ce différend dans l’esprit d’amitié qui caractérise les relations entre les deux pays.  « L’intégrité territoriale est un principe de droit international.  Les Nations Unies le reconnaissent et il est de notre devoir de la faire respecter », a dit le Premier Ministre. 

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dénoncé « l’attitude arrogante et le sentiment d’infaillibilité » d’un certain nombre de pays occidentaux qui poussent à des solutions unilatérales dangereuses aux conflits et aux crises les plus complexes, comme il a pu l’observer au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  « Le fondement de la stabilité mondiale a été détruit », a-t-il déploré.

L’aide militaire que la Fédération de Russie apporte au Gouvernement légitime de la Syrie a permis d’empêcher l’effondrement de l’État et la désintégration d’un pays attaqué par des terroristes, a déclaré M. Lavrov.  L’engagement russe a donné un élan à la création du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), afin d’initier un processus politique pour que les Syriens puissent déterminer l’avenir de leur pays à travers un dialogue inclusif entre tous les groupes ethniques et religieux.  Cette approche a été reflétée dans les résolutions du Conseil de sécurité et dans les accords récents entre la Fédération de Russie et les États-Unis, a-t-il précisé.

Maintenant, a poursuivi M. Lavrov, il est essentiel de ne pas perturber ces accords et de mener une enquête impartiale sur les incidents survenus à Deir ez-Zor et à Alep, d’autant plus qu’« il y a pas mal de gens qui cherchent à saboter les plans convenus sur le règlement de la Syrie ».  Il faut, a-t-il ajouté, « dissocier l’opposition dite modérée des terroristes », et, sur ce point, les États-Unis et les membres de la coalition portent une responsabilité particulière.  La crise syrienne et la situation humanitaire ne seront pas résolues sans la suppression de Daech, de Jabhat al-Nusra/ Front el-Nosra et des groupes extrémistes associés.  

L’Ukraine s’effondre parce que les nouvelles autorités refusent d’appliquer l’Accord de Minsk du 12 février 2015, a dit ensuite le Ministre des affaires étrangères.  « Les tentatives visant à instrumenter la crise ukrainienne à des fins géopolitiques corrompues n’ont aucune chance », a-t-il prévenu.  « Ni l’OTAN ni l’Union européenne ne parviendront pas à une véritable unification des efforts collectifs sans gagnants ni perdants », a-t-il averti.     

Le 25 juin dernier, la Fédération de Russie et la Chine ont signé la Déclaration sur le rôle croissant du droit international, a relevé M. Lavrov, en réaffirmant les principes de l’égalité souveraine des États et de non-ingérence dans les affaires intérieures. 

Il ne saurait y avoir deux poids, deux mesures dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il continué.  Il a rappelé que le Président russe Vladimir Poutine avait proposé, l’année dernière à l’Assemblée générale, de créer un vaste front antiterroriste.  L’Accord entre la Fédération de Russie et les États-Unis, conclu à Genève le 9 septembre dernier, devait être le premier vrai pas dans cette direction, a-t-il insisté.  Les tragédies en Iraq, au Yémen, en Libye et en Syrie prouvent qu’il faut « arrêter de se servir des extrémistes pour faire avancer des agendas géopolitiques ».  « Nous sommes en train de rédiger un projet de résolution visant à mobiliser les efforts pour éliminer ce mal », a-t-il annoncé.

D’après M. Lavrov, le Traité sur la non-prolifération (TNP) est mis à rude épreuve quand certaines puissances nucléaires torpillent tout effort visant à créer une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  La Fédération de Russie appuie le désarmement nucléaire, mais il faut tenir compte de toute une série de facteurs qui affectent la stabilité stratégique, y compris la création de systèmes unilatéraux de défense antimissiles et la menace de placer des armes dans l’espace extra-atmosphérique.

Le Ministre des affaires étrangères russe a jugé nécessaire de renforcer la stabilité et la sécurité dans d’autres parties du monde, notamment dans la région Asie-Pacifique.  « Les actions récentes de la République populaire démocratique de Corée qui violent les résolutions du Conseil de sécurité doivent cesser », a-t-il dit.  Il a appelé Pyongyang à abandonner son programme de missiles nucléaires et à revenir au régime du TNP.  Il a toutefois jugé inadmissible que cette situation soit utilisée « comme prétexte pour une militarisation massive de l’Asie du Nord-Est » et le déploiement d’autres missiles américains de défense.    

M. EDWARD NALBANDIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a déclaré que l’Arménie qui a célébré le vingt-cinquième anniversaire de son indépendance mardi dernier, a fait beaucoup pour renforcer les institutions démocratiques, l’état de droit, la bonne gouvernance, la protection des droits de l’homme et les réformes économiques.  Mais d’autres défis restent et le Gouvernement a lancé le plan d’action pour la stratégie nationale de protection des droits de l’homme.  La réforme constitutionnelle de décembre 2015 a aussi accru la transparence et la reddition de comptes.

L’ONU a un rôle important à jouer pour changer les facteurs d’intolérance, de discrimination raciale, de xénophobie, l’extrémisme violent et le terrorisme.  À plusieurs reprises, l’Arménie a condamné les crimes de Daech et d’autres groupes terroristes.  La guerre en Syrie n’a pas épargné les Syro-Arméniens dont beaucoup ont perdu la vie.  Plus de 20 000 réfugiés Syriens ont trouvé refuge en Arménie. 

Le Ministre a souligné l’importance de s’attaquer aux causes profondes des déplacements massifs de population par la prévention des crimes contre l’humanité, le règlement pacifique des conflits et la recherche de solutions politiques durables.  L’Arménie a soutenu et contribué à l’élaboration de mécanismes de prévention, en particulier en étant l’instigatrice de résolutions sur la prévention de génocide au Conseil des droits de l’homme.

En avril de cette année aussi, dans une violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu, l’Azerbaïdjan a déclenché une autre agression contre le Nagorno-Karabakh en ciblant délibérément la population et les infrastructures publiques.  Un garçon de 12 ans et une femme âgée de 92 ans figurent parmi les victimes.  Trois militaires des forces armées du Nagorny-Karabach qui ont été capturés, ont été décapités à la « manière de Daech ».  Les dirigeants azéris ont publiquement décoré les auteurs de ces crimes.

Pendant l’échange des dépouilles entre le Nagorno-Karabakh et l’Azerbaïdjan, les corps rapatriés d’Azerbaïdjan portaient des signes de torture et de mutilation.  Ces atrocités vont au-delà des normes élémentaires du monde civilisé et constituent de graves violations du droit international humanitaire.

L’agression d’avril sape dangereusement le processus de paix.  Pour restaurer la confiance, des mesures devraient être prises pour prévenir l’utilisation de la force et créer les conditions favorables au processus de paix.  Premièrement, il est important de mettre en œuvre ce qui a été souligné et accepté notamment l’adhésion totale aux accords de cessez-le-feu trilatéraux de 1994-1995 qui sont toujours valides, la création de mécanisme d’enquête sur les violations des cessez-le-feu et l’élargissement de la compétence du Représentant personnel du Président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.  L’Arménie continuera ses efforts pour le règlement pacifique du conflit au Nagorno-Karabakh avec la Fédération de Russie, les États-Unis et la France qui ont proclamé que ce règlement passe par « les urnes et non par les armes ». 

M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a estimé que la communauté internationale était face à un choix entre, d’un côté, l’isolationnisme et, de l’autre, l’action commune pour trouver des solutions diplomatiques aux crises affectant le monde actuel.  « Soit nous nous regardons le nombril, soit nous partageons les responsabilités », a-t-il résumé, mettant en garde les États Membres, dans le premier cas, contre un retour en arrière.

M. Steinmeier a ajouté que les États-Unis, en particulier, auraient également à faire un choix dans six semaines, lors de la prochaine élection présidentielle du pays, entre « le retrait de la scène internationale » et la « responsabilité partagée pour un avenir meilleur ».  Ce choix, a-t-il dit, aura un « impact significatif » sur le reste de la communauté internationale.

S’agissant de la crise en Syrie, le Ministre a appelé les États Membres à soutenir l’idée d’un cessez-le-feu temporaire, estimant que l’armée du régime syrien devait en priorité interrompre ses raids aériens pour y parvenir.  Il a ainsi dénoncé le fait que, au moment même où le Conseil de sécurité se réunissait mardi pour essayer de sauvegarder l’accord de cessation des hostilités conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie le 9 septembre dernier, l’aviation de Bashar Al-Assad bombardait la ville d’Alep.  « Nous ne pouvons pas tolérer qu’un pays menace la sécurité de toute sa région », a-t-il ajouté, dénonçant également les puissances extérieures qui tentent d’instrumentaliser ce conflit pour « redessiner la carte du Moyen-Orient ».

M. Steinmeier a rappelé que son pays était un des plus importants pourvoyeurs de fonds destinés à l’aide humanitaire en Syrie et ailleurs.  Il a également ajouté que l’Allemagne accueillait de nombreux réfugiés syriens et tentait de leur fournir une éducation pour faciliter leur intégration économique.  À ce titre, le dirigeant allemand s’est félicité des idées avancées, cette semaine, lors du Sommet sur les déplacements massifs de réfugiés et de migrants.

Concernant le volet sécuritaire, le Ministre des affaires étrangères a dit qu’il travaillait sans relâche avec l’Ukraine et la Fédération de Russie pour trouver une solution à la situation ukrainienne.  « Sans cessez-le-feu on ne pourra pas aller de l’avant », a-t-il estimé sur ce point, appelant les parties au respect des accords de Minsk.  Il a également appelé à durcir les mesures de contrôle des armes en Europe pour accroître la sécurité, aussi bien à l’ouest qu’à l’est du continent.

M. Steinmeier a enfin rappelé que l’Allemagne serait candidate à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2019-2020 pour faire valoir sa vision au sein du Conseil.  Il a demandé à la communauté internationale d’appuyer cette candidature.  « C’est pour les générations futures que nous devons travailler, et nous allons devoir prendre des décisions maintenant », a conclu le Ministre allemand.

M. RI YONG HO, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a constaté qu’alors que l’ONU aspire à une transformation à travers le développement durable, le monde est frappé par des crises.  « La péninsule coréenne est devenue l’un des points chauds du monde, ce qui pourrait déboucher sur une guerre nucléaire », a-t-il averti.

« La situation pourrait échapper à tout contrôle » du fait des manœuvres militaires agressives des États-Unis, a insisté M. Ri.  « Il y a eu des infiltrations de commandos et des exercices provocateurs de décapitation des dirigeants de mon pays », a-t-il assuré.  « Même des accidents peuvent mener très rapidement à une escalade ou à un confit. »

La RPDC a pris des contremesures de défense nécessaires, s’est expliqué le Ministre des affaires étrangères.  « Les États-Unis devraient abandonner leur politique anachronique hostile », a-t-il martelé.  Les principes fondamentaux des relations internationales sont ignorés par les forces impérialistes gérées par les États-Unis.

« Lorsque le Conseil de sécurité discute de la péninsule coréenne, il le fait de manière arbitraire », a déploré M. Ri.  La RPDC a déposé une requête pour qu’une réunion d’urgence sur la paix et la sécurité internationales soit organisée, mais elle n’a pas abouti.  Le Conseil de sécurité prend ombrage des mesures de défense prises par la RPDC.  Or la RPDC, s’est-il écrié, « n’a d’autre choix que de passer au nucléaire après avoir tout fait pour défendre son pays contre la menace nucléaire constante que représentent les États-Unis depuis les années 50 ».

Aucune disposition dans la Charte des Nations Unies ne stipule que les activités en matière de missiles balistiques et nucléaire menacent la paix et la sécurité internationales, a-t-il fait valoir.  Pourquoi le Conseil de sécurité n’adopte-t-il pas de résolutions vis-à-vis de pays qui ont les mêmes activités que la RPDC?  La déclaration adoptée lors du dernier sommet des pays non alignés qui s’est tenu au Venezuela a condamné l’adoption de sanctions unilatérales, a-t-il rappelé.

« LA RPDC ne peut se défendre qu’au travers d’un système de dissuasion nucléaire », a réitéré M. Ri.  S’ils continuent à menacer son pays, « les États-Unis devront faire face à des conséquences au-delà de l’imaginable », a-t-il mis en garde.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a souligné à quel point la propagation du terrorisme à l’échelle mondiale, la persistance de certains conflits et les déplacements massifs de réfugiés et migrants viennent de contribuer au bouleversement de l’ordre mondial.

M. Szijjártó a par conséquent appelé à l’élimination des principaux acteurs du terrorisme mondial, en particulier Daech.  « Tant que nous ne l’auront pas fait, des milliers de personnes continueront de fuir et des communautés chrétiennes continueront d’être menacées », a-t-il dit, insistant sur le fait que venir à bout du groupe terroriste contribuerait à mettre fin à la crise des réfugiés en Europe.

Le Ministre des affaires étrangères a par ailleurs exhorté les États Membres à tout faire pour détruire le « modèle économique » des trafiquants de migrants et des auteurs de la traite des êtres humains.  Il a fait savoir que son Parlement avait adopté des mesures spécifiques pour punir ces trafiquants, mesures qui devraient permettre de limiter leurs activités.  En amont, le Ministre des affaires étrangères a appelé les États Membres à agir de concert pour mettre fin aux conflits qui poussent les migrants à partir de chez eux.

Concernant la façon de faire face aux déplacements massifs de réfugiés et migrants, M. Szijjártó a plaidé en faveur du respect du droit international, qui ne donne pas, selon lui, le droit aux migrants de choisir le pays où ils souhaitent vivre.  « On ne saurait justifier la violation des frontières », a-t-il surenchéri, précisant toutefois que son pays participait à un programme de réinstallation des combattants kurdes blessés.

M. Szijjártó a ainsi rejeté toute politique migratoire « qui considère que chaque migrant est un réfugié » ou « qui force les pays à accueillir des réfugiés contre leur gré ».  « Nous ne permettrons pas que nos frontières soient violées », a-t-il insisté, ajoutant que les migrations de masse non réglementées et non contrôlées contribuaient au passage des terroristes.  À l’inverse, le Ministre a appelé à « aider les populations à rester le plus près de chez elles possible », afin qu’elles puissent rentrer dans leur pays d’origine une fois que les conditions le permettent.

M. Szijjártó a par conséquent insisté sur la nécessité d’aider financièrement la Turquie, la Jordanie et le Liban pour qu’ils puissent accueillir les réfugiés.  Il a ajouté que si la communauté internationale ne soutenait pas assez ces trois pays, les migrants partiraient à nouveau vers l’Europe, qui ne serait, elle, pas en mesure de les accueillir. 

Le Ministre a par ailleurs déclaré que l’Europe centrale était confrontée à des défis complexes, notamment avec la situation en Ukraine.  Il a regretté qu’aucun secrétaire général issu de cette région n’ait été nommé à ce jour.  Le Ministre a par conséquent appelé les États Membres à élire un candidat d’Europe centrale, capable de comprendre les défis complexes auxquels fait face la région.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déploré le retour des rivalités géopolitiques et de l’isolationnisme dans le monde, ajoutant que les principes de base de la coexistence pacifique sont mis à rude épreuve.  Nous revoyons les spectres de la xénophobie et du nationalisme agressif, de l’autocratie et de l’alarmisme, et de l’érection des murs.  Nous devons y répondre, a préconisé la Ministre, en autonomisant les peuples, en renforçant la démocratie, la bonne gouvernance et l’état de droit, en célébrant la diversité et en maintenant les économies ouvertes pour promouvoir le commerce et créer des emplois décents pour tous.  La Ministre a salué la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants, plaidant pour que la communauté internationale redouble d’efforts pour la réinstallation, « la plus importante méthode d’aide aux réfugiés », a-t-elle précisé.  Il faut également exploiter les effets positifs des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mme Wallström a déclaré qu’en 71 ans, l’ONU a connu des succès qui sont pourtant restés en-deca des attentes.  Il est temps de procéder à des réformes sérieuses, a-t-elle relevé, ajoutant que pour réussir, il faudrait un leadership solide, visionnaire et courageux.  Un leadership dédié au changement, disposé à concrétiser les ambitions en action, et à agir dans les domaines aussi révolutionnaires que les changements climatiques, le développement durable et la paix.  Elle a invité les États Membres à tenir compte de cet appel.

En matière de prévention des conflits, elle a souhaité que le Chapitre VI de la Charte de l’ONU, portant sur le règlement pacifique des différends, soit davantage mis en pratique.  En travaillant davantage avec et par l’entremise des organisations régionales, l’ONU serait plus efficace dans sa quête d’une paix durable, a-t-elle fait observer.

Elle a en outre estimé que le domaine de l’égalité des genres, « le grand dossier inachevé du XXIsiècle », demande également une action déterminée de la part de l’Organisation.  Elle a par exemple suggéré qu’en plus de faire des recommandations sur l’approche genre aux États, l’ONU devrait elle-même avoir une représentativité plus équitable des femmes au sein de son personnel, et son budget doit tenir compte de cette question.  L’ONU devrait utiliser des données désagrégées par sexe dans les questions relatives à la paix et aux conflits, y compris au Conseil de sécurité, au lieu de se contenter de le conseiller pour les plans nationaux de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité ».

Pour s’assurer du succès des objectifs de développement durable, la Ministre a proposé une réforme et un renforcement du financement de l’ONU.  Elle a par exemple estimé que toutes les branches du système de développement de l’ONU travaillent chacune dans le cadre de leur mandat et de leurs spécialités, dans la synergie et en évitant les doublons.  Elle a enfin appelé à la relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, déplorant également l’annexion illégale de la Crimée.

M. SALAHEDDINE MEZOUAR, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a indiqué que cette année marque le soixantième anniversaire de l’adhésion du Maroc à l’ONU, l’une des premières décisions souveraines de son pays après avoir obtenu son indépendance.  Le Maroc, a-t-il rappelé, a adopté une approche dynamique et réaligné ses priorités nationales sur celles des Nations Unies.  Le pays a largement contribué aux efforts de sécurité collective et, sous le leadership du Roi, il souhaite renforcer le régime des Nations Unies.  Pour faire du développement durable un élément clef, le pays a déjà institué des partenariats pour mettre en œuvre les objectifs adoptés en septembre dernier. 

Le Maroc a obtenu des résultats positifs en matière de lutte contre la pauvreté, de réduction des vulnérabilités, de développement des infrastructures et des services de santé, a détaillé le Ministre.  Il a relancé un appel aux Nations Unies et aux institutions financières internationales pour qu’un plan de travail soit préparé afin d’opérer « une véritable transformation économique en Afrique ».

Le Maroc, s’est félicité le Ministre, va accueillir la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 22), à Marrakech, en novembre prochain.  Il a l’intention de faire de cette Conférence « un évènement essentiel dans le cadre de la mise en place de solutions concrètes pour le développement durable ».  La réussite de l’application de l’Accord de Paris est liée à la disponibilité des ressources financières, a-t-il toutefois souligné.  La COP 22 permettra d’attirer l’attention sur les pays du Sud, qui sont particulièrement confrontés aux changements climatiques.  Pour sa part, le Maroc a déposé ses instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat et invite les États à accélérer leurs propres procédures pour que l’Accord entre en vigueur le plus rapidement possible. 

Le Ministre a insisté sur le « lien fort » qui unit le Maroc à l’Afrique.  Il s’agit, a-t-il dit, d’un engagement fondé sur le respect des relations humaines.  Le Maroc a décidé de reprendre sa place au sein de l’Union africaine et remercie « les pays africains qui lui ont demandé de rester bien présent dans ce contexte ».

Le Maroc gère « avec beaucoup de sérieux » les appels du Conseil de sécurité visant à trouver une solution politique au différend régional concernant le Sahara occidental, a assuré le Ministre.  Le Maroc a déposé une initiative sur l’autodétermination comme point de départ, a-t-il rappelé, avant de noter que la dernière résolution du Conseil avait de nouveau mis en exergue les aspects fondamentaux d’une solution politique à ce différend.  Le Ministre a invité les parties et les États de la région à trouver un consensus et s’est dit prêt à continuer d’œuvrer avec l’ONU pour trouver une solution négociée qui permettrait toutefois de maintenir l’intégrité territoriale du Maroc et la stabilité de la région.  Le Maroc, a-t-il insisté « souhaite préserver la partie nord du continent d’une balkanisation et du terrorisme ».

Le Maroc a adopté des positions claires en matière de lutte contre le terrorisme, quelles que soient ses formes, et de lutte contre ses sources de financement, a enchaîné le Ministre qui a dit que son pays a mis sur pied une stratégie multidisciplinaire très proche de la stratégie des Nations Unies, notamment pour lutter contre le phénomène des combattants étrangers.  Le Maroc a également aidé « les pays frères » avec la formation d’imams « dans le respect du principe de tolérance ».

Il faut permettre au peuple libyen de connaître la paix et le Maroc contribuera à cet objectif dans la région du Sahara, a poursuivi son Ministre.  Enfin, il a lancé un appel pour que les parties au conflit israélo-palestinien reprennent les négociations en vue de la solution des deux États.

M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali, a déclaré que 15 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les hostilités ont « effectivement » cessé entre le Gouvernement et les mouvements signataires.  Le Gouvernement, a-t-il précisé, a tenu informé le Conseil de sécurité sur les avancées dans l’exécution du plan d’action de mise en œuvre de l’Accord.

Parmi les initiatives entreprises, le Président a particulièrement mis l’accent sur les réformes politiques et institutionnelles et sur les questions de défense et de sécurité.  Il a rappelé que si le calendrier de mise en place des autorités intérimaires avait fixé leur installation du 15 juillet au 25 août 2016, à cause de l’insécurité et des affrontements entre certains groupes armés de la région de Kidal, le processus n’a pu être mené dans le délai prévu.  Le Président a voulu dire « avec force » que l’application effective de la résolution 2295 du Conseil de sécurité permettra le recouvrement progressif de la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire national, « gage » de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

À ce niveau, a-t-il souligné, il convient de souligner que la mise en œuvre effective de l’Accord requiert la mobilisation de ressources extérieures en appoint aux efforts nationaux.  Il a réitéré l’appel à libérer les ressources promises lors de la Conférence internationale sur la relance économique et le développement du Mali tenue à Paris le 22 octobre 2015.  En dépit des efforts déployés par les parties signataires de l’Accord, a-t-il poursuivi, le processus de paix reste confronté à de sérieuses entraves liées aux activités des groupes terroristes dans les régions du nord.  Le Président s’est félicité, une nouvelle fois, de la résolution 2295 et a appelé au renforcement des capacités opérationnelles des contingents déployés dans le cadre de la Mission de l’ONU pour assurer la sûreté et la sécurité de son personnel et traduire dans les faits et sur le terrain les innovations qu’apporte ladite résolution.

Le Président a aussi insisté sur la nécessité d’accélérer le processus de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) pour isoler les groupes armés non signataires de l’Accord, affiliés aux réseaux terroristes.  Il s’est réjoui de l’identité « parfaite » de vue qui s’est dégagée, ce matin, à l’occasion de la Réunion de haut niveau sur le Mali sur l’urgence d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord et surtout « l’impérieuse nécessité » de corriger les lacunes qui subsistent en termes des capacités opérationnelles de la Mission de l’ONU.

Il est difficile, a conclu le Président, d’envisager l’éradication de la pauvreté et de tenir « notre promesse » de ne laisser personne sur le côté dans un contexte où les conflits armés deviennent « une nouvelle normalité ».  Il a appelé à la coopération entre États pour mutualiser les efforts et neutraliser l’hydre du terrorisme et ses avatars que sont Daech, AQMI, Boko Haram, Al Chabab, Ansar Eddine, le MUJAO ou Al Mourabitoune.  Il n’a pas oublié de s’arrêter sur les mesures prises par son pays dans le sillage du Programme de développement à l’horizon 2030 et de souligner que le Mali a déposé ce matin même ses instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Vice-Président du Botswana, s’est dit bien conscient de la nécessité d’un examen, d’un suivi et d’une évaluation du processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable durant les 15 prochaines années: c’est là un des principaux enseignements tirés de l’expérience des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il ajouté.  Le Botswana, a-t-il poursuivi, applique aussi le principe d’appropriation nationale et démocratique des objectifs de développement durable.

C’est une telle politique de démocratie, de développement, d’unité et d’autosuffisance, couplée à une exploitation judicieuse de ses ressources naturelles qui a permis au Botswana, 50 ans après son indépendance, d’accéder au niveau de pays à revenu intermédiaire, a déclaré M. Masisi, qui a rappelé à quel point le pays était démuni lors de son indépendance en 1966.  Il a également rappelé que le pays est une des démocraties les plus stables d’Afrique, qui connaît tous les cinq ans un processus électoral pluraliste sans accroc.  Il a aussi remercié les partenaires au développement pour leur soutien.

Ces résultats ne doivent pas pour autant nous rendre trop satisfaits de nous-mêmes, a averti M. Masisi, qui a rappelé que son pays subit les effets négatifs des changements climatiques, qui se manifestent dans le déclin de la production agricole et dans une sécheresse et une insécurité alimentaire croissantes qui ne vont que s’aggraver.  Il a donc appelé à agir efficacement et au plan mondial pour réduire les conséquences des changements climatiques.

Le récent sommet sur les migrants et réfugiés nous rappellent les défis énormes de notre temps, a encore déclaré M. Masisi, qui a condamné le terrorisme et estimé que la crise syrienne aurait pu être résolue depuis longtemps si le Conseil de sécurité et la communauté internationale étaient intervenus rapidement.  Le Conseil de sécurité ne peut se cacher plus longtemps derrière le droit de veto.  L’Histoire nous jugera durement pour avoir permis à cette situation de dégénérer à ce point, a-t-il ajouté, tout en estimant qu’« Assad et sa machine à massacrer des innocents » n’était pas la seule partie à commettre des crimes contre l’humanité.

M. Masisi a en outre condamné les violations constantes et grossières du droit international par la République populaire démocratique de Corée et précisé que le Botswana avait rompu ses relations diplomatiques avec ce pays du fait de son bilan en matière de droits de l’homme.  Pour le Botswana, ni la République populaire démocratique de Corée ni la Syrie ne méritent d’être Membres de l’Organisation mondiale.  Le Botswana rappelle par ailleurs qu’il appartient en premier lieu aux États de protéger leur propre population et réitère son ferme soutien à la Cour pénale internationale.

Enfin, M. Masisi a félicité le Brésil pour avoir organisé avec succès les Jeux olympiques de Rio et a condamné le Comité international paralympique pour avoir exclu l’ensemble des athlètes russes, estimant que, s’il fallait certes condamner le dopage, punir des athlètes propres constitue une discrimination « inadmissible » à l’égard des personnes handicapées. 

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a exprimé l’engagement « sans réserve » de son pays à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, par le biais de mesures nationales, y compris la création d’un mécanisme de surveillance de la réalisation des objectifs de développement durable et l’inclusion de la société civile.

M. Kalla a appelé à un environnement propice à cette mise en œuvre.  « La paix est une condition préalable incontournable au développement », a-t-il dit, ajoutant que l’Indonésie travaille avec ses pays voisins pour maintenir la stabilité dans la région. 

Le Vice-Président a toutefois mentionné les défis que représentent la pêche illégale, la traite des êtres humains et la cybercriminalité pour la communauté internationale.  Il a également noté les difficultés liées à l’apparition de nombreux « migrants illégaux ».

« Toutes ces difficultés », a-t-il estimé, « doivent être résolues conjointement », par l’entremise de solutions mondiales.  Pour y parvenir, M. Kalla a appelé à réformer l’Organisation, « notamment afin d’éviter de travailler de manière cloisonnée, comme l’a fait le Secrétariat jusqu’à présent ».  Il a par ailleurs estimé que, trop souvent, les décisions prises par l’ONU ne sont pas adaptées à la réalité sur le terrain.  Pour changer cet état de fait, il a appelé à inclure la dimension des droits de l’homme dans toutes les initiatives onusiennes.

M. Kalla a rappelé que l’Indonésie représente la quatrième population musulmane au monde et la troisième démocratie au monde, en nombre d’habitants.  « L’Islam, la démocratie et l’autonomisation des femmes vont main dans la main dans notre pays », s’est-il félicité.

Tout en mentionnant l’engagement de l’Indonésie en faveur des opérations de maintien de la paix, le Vice-Président a appelé la communauté internationale à soutenir la candidature de son pays à un siège non permanent au Conseil de sécurité, pour la période 2019-2020.

Cinq ans après son adhésion à l’ONU, mon pays a de nouveau connu un conflit a expliqué M. TABAN DENG GAI, Premier Vice-Président du Soudan du Sud.  Cette fois, il s’agissait d’un conflit du pays avec lui-même parce que « nous, les dirigeants, n’avons pas réussi à nous mettre d’accord sur la manière de gérer les défis internes de gouvernance et de leadership au sein de notre parti, le M/APLS ».  Après de deux ans, et avec l’aide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la Troïka, de la Chine, nous avons signé un accord sur le règlement du conflit en août 2015, lequel est en train d’être appliqué.  C’est pendant cette mise en œuvre que l’ancien Président du M/APLS dans l’opposition a choisi de déclencher un autre conflit du 7 au 11 juillet dernier, pour s’emparer du pouvoir.  Heureusement, ses forces ont été défaites et il s’est décidé à fuir Juba, abandonnant l’Accord et sa mise en œuvre. 

L’ayant remplacé, a dit le Vice-Président, je suis ici pour vous dire que, cette fois-ci, nous sommes plus que jamais déterminés à faire avancer le pays vers la paix et le développement.  Aujourd’hui, la situation au Soudan du Sud est stable et pacifique, a-t-il assuré, ajoutant que le Gouvernement fonctionne et que la vie revient à la normale même si la nation traverse une crise économique grave liée au dernier conflit et à la chute du cours du pétrole.  M. Deng Gai a également assuré que son pays et le Soudan sont sur le point de se réconcilier et de normaliser leurs relations.  

Le Vice-Président s’est laissé aller à une réflexion.  La plupart du temps, a-t-il estimé, nous prenons des décisions individuellement et parfois collectivement pour résoudre telle ou telle situation.  Mais parfois, notre action donne un résultat en tout point semblable à celui que nous voulions éviter, oubliant que certains leaders, rejetant nos interventions, ont le pouvoir de tout saboter.  L’idée, s’est expliqué le Vice-Président, est que nos interventions ne produisent pas toujours l’effet escompté.  J’ai tendance à croire, a-t-il avoué, que le problème tient au fait que, comme Organisation mondiale, nous échouons à écouter ou tout simplement refusons d’écouter l’avis de ceux qui viennent des pays où nous voulons justement améliorer la situation.  L’élan universel pour transformer le monde ne donnera rien si nous ne nous écoutons pas les uns les autres.  Il est essentiel de travailler ensemble pour régler les questions pressantes du terrorisme, des conflits, de la migration, des changements climatiques, de la prolifération nucléaire, du racisme ou de l’insécurité alimentaire. 

Les postures de supériorité ou de paternalisme, déguisées en promotion de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté et de la justice peuvent aisément conduire à des crises graves déclenchées par la résistance farouche des parties concernées, a averti le Vice-Président.

M. MOISES OMAR HALLESLEVENS ACEVEDO, Vice-Président du Nicaragua, a considéré qu’il fallait de toute urgence éliminer le colonialisme et cesser les interventions militaires et les agressions, afin de permettre la pleine réalisation du droit à l’autodétermination et le développement des peuples.  Abordant la question des changements climatiques, il a estimé que l’Accord de Paris sur le climat n’était pas suffisant.  Préoccupé par les températures record sur la planète, il a noté « le peu d’ambition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre » et demandé une politique mondiale de compensation pour gérer ce phénomène. 

Sur les évènements récents dans sa région, le Vice-Président a salué la restauration des relations entre Cuba et les États-Unis mais il a regretté que l’embargo soit encore en place.  Il a offert son « plein appui » au Président du Venezuela, M. Nicolas Maduro, et à son gouvernement légitime, « qui continue d’être victime des politiques d’agression et de déstabilisation de l’extérieur ».  Il s’est également félicité de la signature des accords de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC.

« Porto Rico est latino-américaine et caraïbe », a ensuite affirmé M. Acevedo.  Il a demandé à la puissance coloniale de résoudre la situation par le dialogue et la négociation.  Il a exprimé sa solidarité avec l’Argentine dans son différend avec le Royaume-Uni sur les îles Malouines, les Îles Sandwich du Sud et les îles adjacentes. 

Dans le cadre du Système d’intégration de l’Amérique centrale, qu’il préside en ce moment, le Nicaragua travaille de concert avec ses voisins pour combattre le trafic des stupéfiants et la criminalité organisée, a expliqué le Vice-Président.  Avec El Salvador et le Honduras, il s’efforce de faire du golfe de Fonseca une zone de paix et de développement.

« Le peuple nicaraguayen a réaffirmé sa confiance dans notre modèle chrétien, socialiste et solidaire », a-t-il assuré.  Dans le cadre d’une bonne gouvernance, il a expliqué avoir donné la priorité à la croissance économique, l’emploi, la réduction de la pauvreté et des inégalités, l’égalité des sexes, la stabilité macroéconomique, la souveraineté et la sécurité, « en harmonie avec la Terre nourricière ».    

M. THONGLOUN SISOULITH, Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, a déclaré qu’il est impératif de traduire notre engagement politique en actions concrètes.  Il a relevé que l’Asie du Sud-Est continue de jouir de la paix et de la stabilité, ce qui crée un environnement favorable au développement socioéconomique des pays de la région.  Il a souhaité que la communauté internationale, notamment les partenaires au dialogue de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), et d’autres parties externes, continuent de soutenir l’ASEAN et sa place centrale dans l’évolution de l’architecture régionale.

Sur un plan global, il a appelé à améliorer la compréhension que les gens ont des objectifs de développement durable aux plans national, régional et international, afin d’intégrer ces objectifs dans les plans nationaux de développement, et de mobiliser des fonds suffisants pour leur mise en œuvre.  Il faut pour cela, a-t-il souligné, un environnement de paix et de stabilité.

Pour sa part, en plus des 17 objectifs de développement durable, le pays a adopté un dix-huitième objectif intitulé « Sauver des vies des munitions non explosées ».  Cet objectif qui a été lancé le 7 septembre dernier en présence du Secrétaire général de l’ONU vise à éliminer d’ici à 2030 les menaces que représentent ces munitions pour les populations.  Il a souhaité que les conflits qui ont cours dans le monde soient résolus par des voies pacifiques, y compris celui de la Palestine.

M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre de la Jamaïque, a indiqué que son gouvernement mettait en place des stratégies conformes à la Vision 2030 de la Jamaïque et aux objectifs de développement durable pour réaliser sa croissance économique, créer des emplois et réduire la pauvreté.  Le Gouvernement a forgé des partenariats renforcés avec le secteur privé et s’efforce d’attirer les investissements directs étrangers.

Le Premier Ministre a mis l’accent sur la situation des pays à revenu intermédiaire hautement endettés comme le sien.  La Jamaïque n’a pas le choix, a-t-il dit.  Elle doit repayer sa dette.  Ce faisant, le Gouvernement est privé de ressources pour opérer les investissements publics susceptibles de stimuler l’activité économique.  M. Holness a critiqué le classement arbitraire qui s’opère sur la base du produit intérieur brut (PIB) par habitant et qui empêche les pays à revenu intermédiaire d’accéder à l’aide au développement. 

De plus, les réformes structurelles et fiscales qu’ils entreprennent pour éviter de se retrouver endettés à l’avenir ont du mal à démarrer, ce qui crée une sorte de « piège ».  M. Holness a considéré qu’il était temps que la communauté internationale prenne une initiative en faveur des pays à revenu intermédiaire, surtout quand ils sont de petite taille ou particulièrement vulnérables face aux changements climatiques. 

Comme la plupart des pays des Caraïbes et de l’Amérique centrale, la Jamaïque est confrontée à la criminalité, qui est concentrée dans certaines communautés et menace le développement durable, a poursuivi le Premier Ministre.  Si le Gouvernement joue son rôle pour combattre en priorité ce phénomène, il compte aussi sur la communauté internationale pour agir plus rapidement afin d’éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  La Jamaïque vient de présider la sixième Réunion biennale des États sur le Programme d’action pour prévenir, combattre et éliminer le trafic de ces armes. 

Par ailleurs, en tant que pays hôte de l’Autorité internationale des fonds marins, la Jamaïque attache une grande importance à la santé des océans et de mers.  M. Holness a appuyé l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’exploitation durables de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale.

M. MANASSEH SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, a déclaré que son pays a entamé la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en intégrant ces derniers dans sa Stratégie nationale de développement 2016-2035.  Saluant la tenue cette semaine d’un Sommet sur les déplacements massifs de réfugiés et de de migrants, M. Sogavare a estimé que cette manifestation a été l’occasion d’aborder la question des populations déplacées par les changements climatiques.  « La communauté internationale doit faire davantage d’efforts pour aider les petits États insulaires en développement à gérer les populations déplacées par les changements climatiques, au moyen d’un mécanisme global », a-t-il déclaré.  En tant que Président en exercice du Forum de développement des îles du Pacifique, il a expliqué la démarche du Forum qui, par le truchement d’une approche inclusive entre gouvernements, secteur privé et société civile, s’emploie à faciliter les efforts pour lutter contre les défis du développement durable.

Le Premier Ministre a salué l’Accord de Paris sur le climat qu’il a ratifié et a saisi cette occasion pour lancer un appel au monde développé pour qu’il augmente ses contributions annoncées lors de la COP21. Il a espéré que la COP22 à Marrakech sera l’occasion de consolider les bases de l’Accord de Paris en adoptant des mesures concrètes pour réduire les écarts actuels à l’horizon 2020.  Le Ministre a en outre espéré que les pays industrialisés et grands émetteurs de gaz à effet de serre sauront voir l’urgence de la situation, en particulier pour les petits États insulaires en développement, et ratifieront l’Accord de Paris, rappelant que cette année seulement, cinq îles ont été submergés par l’élévation du niveau des océans. 

Favorable à l’initiative du Fonds vert pour le climat qui doit débourser 2,5 milliards de dollars d’ici à décembre 2016, le Ministre a indiqué que grâce à ce Fonds son pays est en train de sécuriser le financement d’une centrale hydroélectrique.  Il a également rappelé que la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI) arrivera à son terme en juin 2017 et que son gouvernement est en train de travailler avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande à des arrangements futurs.

M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, qui a rappelé que la sécurité du monde est indivisible, a estimé que l’adoption des objectifs de développement durable, de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques puis de l’Accord de Paris représentaient des jalons qui avaient cimenté le rôle des Nations Unies comme seul forum capable de rendre productive la diplomatie collective.  Il s’est félicité que le débat général de cette session soit consacré aux objectifs de développement durable un an après leur adoption.

M. Mosisili a ensuite mis l’accent sur les défis spécifiques rencontrés par les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il s’est prononcé pour l’implication de l’ensemble des parties prenantes dans leur réalisation, insistant sur le rôle des jeunes et des femmes et rappelant que ces dernières jouent un rôle essentiel dans les communautés rurales de son pays.  Il a souligné que le Lesotho avait adopté une loi qui permet aux femmes d’accéder au crédit et à la terre, et une autre qui facilite l’accès des jeunes aux petites et microentreprises, conformément au rôle important du secteur privé dans le développement.

M. Mosisili a expliqué que la transition de son pays des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable n’avait pas été difficile, du fait des nombreuses synergies et complémentarités entre les deux programmes.  Il a aussi rappelé les synergies entre le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le Premier Ministre a expliqué que le Lesotho avait adopté une approche  innovante et autochtone pour lutter contre le VIH/sida. 

Sur le plan international, il rappelé la nécessité de réformer le Conseil de sécurité et apporté son soutien principe d’« une seule Chine », à l’indépendance du peuple du Sahara occidental et à la solution des deux États au conflit israélo-palestinien, sans oublier la ratification par l’État de Palestine des Amendements de Kampala au Statut de la Cour pénale internationale, ce qui permet de rendre la Cour compétente pour les crimes d’agression à compter de 2017.

La grande dialectique de notre temps, a affirmé M. ANTONI MARTÍ PETIT, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, ne réside plus, comme par le passé, dans un conflit entre la droite et la gauche ou dans la politique des blocs, propre à la guerre froide.  « La grande dialectique de notre temps réside dans le conflit entre ouverture et fermeture », a-t-il poursuivi, précisant qu’Andorre avait depuis longtemps choisi la première.

Cette ouverture, a souligné M. Martí Petit, se manifeste en premier lieu dans le secteur de l’éducation, « l’axe central » de la politique extérieure de son gouvernement sur le plan multilatéral.  Dans ce domaine, a-t-il dit, Andorre s’est engagée à promouvoir la mobilité de tous ses étudiants, d’une part, pour encourager l’échange d’expérience afin d’améliorer la qualité des systèmes éducatifs andorrans et, d’autre part, pour que « les jeunes prennent conscience que leur réalité et leur avenir ne sont pas limités par les frontières des pays où ils sont nés ».  M. Martí Petit a également souligné que les Andorrans avaient la « chance » de disposer de trois systèmes éducatifs publics gratuits.  Ils peuvent ainsi « choisir librement » entre le système espagnol, le système français et le système andorran.  « Cette particularité permet, en elle-même, de créer une communauté de l’enseignement plurielle avec une composante internationale marquée », a-t-il salué.

Le Chef de Gouvernement a également souligné que l’ouverture de son pays se retrouvait sur le plan économique, dans ses « efforts visant à construire une économie mondiale plus coopérative, plus transparente et plus juste ».  À ce titre, il a précisé qu’Andorre avait, au cours des dernières années, ouvert son économie aux investissements étrangers; octroyé des droits économiques à tous ses résidents étrangers; et établi un système fiscal analogue à celui d’autres pays, « conformément aux normes internationales ».  Conjointement avec Monaco et Saint-Marin, Andorre négocie avec l’Union européenne pour permettre sa pleine participation au marché intérieur européen.

Enfin, M. Martí Petit a déclaré que l’ouverture de son pays s’incarnait dans l’attitude face à la crise actuelle des réfugiés et des migrants en Europe.  Qualifiant Andorre de « terre d’accueil » pour de nombreuses familles, il a appelé à éduquer les citoyens au « respect de la diversité » et a insisté sur le besoin d’écrire une « histoire positive » de l’immigration.  « Là où le populisme voudrait fermer les frontières, dresser des murs et exacerber la peur de la différence, nous choisissons la dignité des personnes, la réglementation et l’éducation à la diversité », a dit le Chef du Gouvernement d’Andorre.    

M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, s’est félicité des succès du Secrétariat de l’ONU à l’ère de M. Ban Ki-moon dont le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ou encore l’Accord de Paris sur le climat.  Il a rappelé que les objectifs de développement durable demeurent l’un des instruments clefs pour relever les défis mondiaux mais aussi un instrument de diplomatie préventive qui remplit aussi la promesse faite à l’humanité de respecter les ambitions énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. 

M. Tabimasmas s’est longuement étendu sur la question des changements climatiques et a félicité les États-Unis et la Chine d’avoir montré la voie en signant l’Accord de Paris, tout en précisant que son pays a déposé mercredi dernier ses instruments de ratification et en se disant fier que les petits États insulaires en développement soient à la tête de la lutte contre les changements climatiques.  Il a toutefois rappelé qu’il faudrait une action « audacieuse » pour faire respecter la limite de 1,5 degré d’augmentation de la température mondiale telle qu’énoncée dans l’Accord de Paris.

Le Premier Ministre a appelé à une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus transparent, plus responsable, plus inclusif, plus pertinent et plus efficace, et à une revitalisation de l’Assemblée générale, souhaitant que ces deux organes choisissent comme prochain secrétaire général une personne « présentant une éthique et une intégrité personnelle irréprochables, qui continuera d’être une lueur d’espoir pour les sans voix ».

M. Tabimasmas a appelé les Nations Unies à travailler avec les organisations régionales de la région du Pacifique dans le cadre d’un partenariat innovant et rappelé que le Pacifique devrait être une zone exempte d’armes nucléaires.  Il a insisté sur la protection des océans, précisant que son pays a adopté une politique nationale.  Il a présenté des mesures visant à sortir non seulement de la liste des pays les moins avancés (PMA) mais aussi de la « Liste grise ».  Il a toutefois ajouté que la communauté internationale devait apporter sur la base de critères raisonnables une assistance aux pays extrêmement vulnérables aux chocs externes, dont fait partie le Vanuatu, du fait notamment des changements climatiques, dont il a détaillé les effets néfastes déjà perceptibles pour le pays.

Enfin, le Premier Ministre a mis l’accent sur la décolonisation, évoquant la question de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française.  Il a aussi appelé les Nations Unies à prendre des mesures concrètes en faveur des droits de l’homme en Papouasie occidentale.

M. RALPH GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et les Grenadines, a déclaré que 2016 avait vu le déclin de l’approche particulièrement « bornée » consistant à donner la priorité aux intérêts à court terme.  La pression en faveur du changement se manifeste également dans les pays les plus riches, s’est-il réjoui.  « Le crescendo des voix est maintenant sans frontières ni limites.  Il est impossible de l’ignorer plus longtemps », a-t-il averti.  Nous devons donc confronter le « chiasme » existant entre nos aspirations idéalistes et nos réalités concrètes.  La modernisation mondiale, en tant que concept, système de règles et de normes, et en tant que pratique internationale, est déséquilibrée et intenable.  « C’est un système brisé, mais qui est réparable, à condition de se lancer d’urgence dans une transformation ».  Reconnaître le potentiel émancipateur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 peut y contribuer, a-t-il jugé, soulignant que son propre pays s’en est inspiré pour lancer par exemple un « Fonds d’affectation faim zéro ». 

Attirant l’attention sur les changements climatiques, qui touchent de manière disproportionnée les petits États insulaires en développement comme le sien, le Chef de Gouvernement a expliqué que son pays envisageait, d’ici à 2019, de porter à 50% la part de son bouquet énergétique d’origine géothermique et que 80% en tout seraient des énergies renouvelables.  M. Gonsalves a ensuite applaudi la communauté internationale pour avoir adopté l’Accord de Paris, même s’il s’est ému de la mobilisation insuffisante des moyens de financement pour les mesures d’adaptation et d’atténuation, plaidant pour une hausse de l’aide publique au développement (APD).

Le Premier Ministre a par ailleurs dénoncé ce qu’il a qualifié d’« échec honteux » de l’ONU à reconnaître son rôle « indiscutable » dans le déclenchement de l’épidémie de choléra en Haïti, qui aurait fait 10 000 morts et infecté près de 800 000 personnes.  Si l’Organisation a fini par le faire le mois dernier, a-t-il dit, elle continue cependant de refuser aux victimes de cette tragédie une indemnisation en invoquant son « immunité », a poursuivi M. Gonsalves, qui a estimé qu’il s’agissait d’une « banqueroute morale » et d’une « lâcheté institutionnelle ».  

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, a rappelé l’espoir que son pays, le plus petit des États Membres des Nations Unies, place en l’Organisation et s’est dit « immensément encouragé » par le leadership du Secrétaire général, les mesures prises cette semaine par les dirigeants du monde et la bonne volonté de l’humanité.  Il a ainsi salué l’adoption de la Déclaration de New York sur les mouvements massifs de migrants et de réfugiés, l’engagement en faveur des objectifs de développement durable et le nombre des ratifications de l’Accord de Paris sur le climat.

Cela dit, a ajouté le Premier Ministre, il faut aller au-delà des mots.  Il faut notamment veiller à ce que l’Accord de Paris entre en vigueur.  Tous les petits États insulaires en développement souffrent déjà des conséquences des changements climatiques et beaucoup prédisent leur disparition totale.  Ce serait inadmissible et honteux pour l’humanité, s’est emporté le Premier Ministre.  Les Tuvalu, a-t-il dit, appellent à des efforts pour limiter la hausse de la température de la planète à moins de 1,5ºdegré par rapport à l’ère préindustrielle.  M. Sopoaga a également demandé que la réponse aux mouvements des populations prenne en compte les droits des déplacés par les changements climatiques et a rappelé que son pays avait proposé l’adoption d’une résolution en ce sens par l’Assemblée générale.  Il a aussi salué l’action du Secrétaire général en faveur du climat.

Dans le domaine de la paix et la sécurité internationales, M. Sopoaga a encouragé les Nations Unies à rechercher des solutions à long terme, avant de condamner les provocations de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et leurs effets potentiels dans la région du Pacifique.  Il a également demandé la réadmission aux Nations Unies de Taiwan, une « vibrante démocratie » dont l’appui aux Tuvalu et à de nombreux autres pays sera important pour la réalisation des objectifs de développement durable.

Aucun pays, petit ou grand, ne pourra réaliser seul ces objectifs, a ajouté le Premier Ministre, qui a rappelé l’importance des « Orientations de Samoa«  pour les petits États insulaires en développement, avant d’expliquer que son pays vient de lancer sa propre stratégie nationale de développement dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a toutefois rappelé que, du fait de leur vulnérabilité, les pays comme Tuvalu avaient besoin de facilités particulières, « pour ne pas être laissés sur le côté ».  Il a dit la fierté de son pays d’avoir été partie à tous les grands processus de négociation depuis les Sommets de Rio et a rappelé l’engagement des Tuvalu de produire 100% de leur électricité à partir de sources renouvelables d’ici à 2020.

Le Premier Ministre a toutefois rappelé l’incapacité de pays comme le sien à financer seuls les ajustements nécessaires et  a donc salué les mécanismes  comme le Fonds vert pour le climat, dont Tuvalu est l’un des deux seuls pays de la région à recevoir des financements. Il a enfin salué la tenue l’an prochain de la Conférence sur les océans, rappelant à cette occasion le rôle joué par les petits États insulaires en développement pour obtenir l’inclusion d’un objectif sur les océans dans le Programme 2030. 

M. PATRICE EMERY TROVOADA, Premier Ministre de São Tomé-et-Principe, a déclaré que cet exercice annuel peut être interprété par les peuples comme un acte d’impuissance, le constat étant que les tensions continuent dans le monde, avec leur lot quotidien de souffrances indescriptibles, fruit de conflits anciens, de conflits mal réglés et de conflits nouveaux.

À l’heure où le traitement réservé aux réfugiés qui fuient la faim ou la guerre ou les deux à la fois se heurte à la montée des populismes et des extrémismes, les démocraties des pays riches semblent apporter de fausses réponses aux vrais problèmes, les rendant encore plus complexes, stigmatisant et isolant nos semblables, avec des slogans simplistes et des schémas réducteurs, augmentant les clivages entre peuples, civilisations et cultures.

L’ONU, et particulièrement le Conseil de sécurité, doit se surpasser pour régler définitivement ces conflits qui alimentent le terrorisme, la disparition des États et le désespoir des populations.  Dans ce sens, nous attendons, a dit le Premier Ministre, l’adoption urgente du projet de convention générale contre le terrorisme.  Il est essentiel que notre Organisation puisse créer des mécanismes plus contraignants pour assurer une solidarité effective avec les victimes des guerres et du terrorisme et forcer des solutions aux conflits anciens et récents, en particulier le conflit israélo-palestinien, le conflit syrien, le conflit libyen et les implantations des groupes terroristes au Sahel.

Le prix à payer pour ces conflits nous oblige à déployer une politique de prévention pour que d’autres points de conflits ne surgissent pas et à veiller à ce que le respect de l’intégrité de la personne humaine soit assuré en permanence par les États, ainsi que le droit à la liberté d’expression et à des élections régulières justes et transparentes, et les engagements pris au sortir des crises.

São Tomé-et-Principe est une jeune démocratie qui fonctionne depuis près de 26 ans et qui vient en août dernier encore une fois d’élire démocratiquement son quatrième Président.  État insulaire, deuxième État le plus petit d’Afrique, sans ressources minières, le pays a néanmoins fait de notables progrès en matière de développement humain, avec un taux de scolarisation supérieur à 97%, une couverture d’électricité de plus de 60%, un taux de pénétration d’Internet en croissance exponentielle, un taux de paludisme parmi les plus faibles en Afrique et des avancées reconnues en matière de gouvernance et de climat des affaires. 

Si le défi démocratique et de stabilité politique est assuré par la solidité de nos institutions, le dynamisme de notre société civile et le bon sens de notre classe politique, pouvoir et opposition confondus, cela ne représente pas nécessairement un bonus en matière économique, notamment en ce qui concerne la captation de financements longs nécessaires à l’édification des infrastructures structurantes pour accueillir les investissements privés générateurs d’emplois pour les jeunes, de richesses et de revenus fiscaux pour l’État.

Cela nous amène à considérer qu’il n’y a pas d’acquis démocratiques pérennes s’il n’y a pas de croissance économique soutenue quand vous avez 60% de votre population en dessous de l’âge de 20 ans.  Nous invitons les nations développées à faire en sorte que leur engagement sur le financement du développement durable soit respecté à travers, entre autres, les divers mécanismes annoncés depuis la réunion d’Addis-Abeba sur le financement du développement en juillet 2015, et durant la COP21 à Paris. 

« L’impulsion universelle pour transformer le monde » est possible essentiellement grâce à la mobilisation financière.  Cette manne financière capable d’électrifier le continent, d’irriguer les champs, de combattre les maladies endémiques et la faim, et d’encourager la formation professionnelle, elle existe, nous la côtoyons tous les jours sur le marché des capitaux et dans la presse économique et financière, d’où la nécessité de passer aux actes.

L’accès au crédit pour le développement reste la seule réponse et elle permettra également de relancer l’économie globale avec les conditionnalités nécessaires à l’atténuation des risques, à la bonne gouvernance et à la lutte contre les flux financiers illégaux.

Mme DELCY ELOÍNA RODRÍGUEZ GÓMEZ, Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a rappelé que son discours avait lieu dans la maison sacrée du système multilatéral qui a élaboré les principes fondamentaux des relations internationales entre États souverains et égaux, avant d’insister sur l’attachement de son pays aux principes de la Charte, y compris le droit des peuples à l’autodétermination, à la souveraineté, à l’indépendance et l’intégrité territoriale des États, tous principes sans lesquels il ne saurait y avoir de coexistence pacifique entre États dans un système multipolaire.  Membre du Conseil de sécurité depuis janvier 2015, le Venezuela a veillé à faire respecter ces principes.

Rappelant que le Programme de développement à l’horizon 2030 a été adopté il y a un an, Mme Rodríguez Gómez a estimé que le principal obstacle à leur réalisation était le système capitaliste, à l’origine d’un mode de consommation qui a, selon les mots du pape François, transformé la planète en une grande décharge publique et qui s’entretient grâce à l’extension de toutes les formes de violence.  Elle a accusé les États-Unis d’être le principal exportateur de la violence dans le monde.  Le Venezuela, a-t-elle ajouté, condamne le terrorisme sous toutes ses formes, à la différence des « centres hégémoniques de pouvoir » qui prétendent établir une division artificielle entre « bon » terrorisme quand il déstabilise les gouvernements qui ne sont pas alignés sur leurs positions et « mauvais » terrorisme quand, par effet de boomerang, il fait de leur propre population des victimes.  « Le capitalisme est une formule mortelle pour la paix », a poursuivi Mme Rodríguez Gómez, qui a dénoncé une augmentation disproportionnée de l’écart entre riches et pauvres et ajouté que, dans 60 à 80% des pays, dont le Venezuela, il n’existe pas de classe moyenne.

Mme Rodríguez Gómez a réaffirmé le droit du peuple palestinien à un État avec Jérusalem-Est pour capitale et a demandé que la Palestine soit admise aux Nations Unies comme État de plein droit.  Elle a aussi réclamé la fin de la colonisation israélienne et la levée complète du blocus de Gaza. La Vice-Présidente a ensuite dénoncé les mensonges qui ont servi de prétexte à l’invasion de l’Iraq en 2003, ainsi que l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011.  Elle a affirmé que la Syrie livrait un combat frontal contre le terrorisme, dont le peuple syrien est la principale victime, ajoutant que la solution à la tragédie humanitaire du peuple syrien passe par la défaite du terrorisme et une solution politique et pacifique.  Elle a également salué la reprise des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, louant la résistance du peuple cubain face « au terrorisme d’un État du Nord qui prétendait attaquer un modèle de développement ».

La Vice-Présidente a également demandé une réforme des principaux organes des Nations Unies, et notamment du Conseil de sécurité, qui devrait inclure des pays en développement d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, ainsi qu’un renforcement de l’autorité de l’Assemblée générale.  Elle a dénoncé une utilisation sélective des droits de l’homme pour justifier l’interventionnisme dans certains pays.  Elle a accusé les États-Unis de chercher à affaiblir la souveraineté nationale du Venezuela et sa désintégration territoriale, avant de mettre en valeur les résultats obtenus par le modèle de développement vénézuélien en matière d’éducation, de santé, de réduction de la faim et de la pauvreté.

Après la mort du Président ouzbek, Islam Karimov, le Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, M. ABDULAZIZ KAMILOV, a passé en revue les initiatives politiques que ce dernier avait proposées ou soutenues au cours de ces 25 dernières années comme la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale ou encore les moyens de surmonter la catastrophe écologique de la mer d’Aral.  Il a rappelé qu’au cours des 11 dernières années, le PIB de son pays avait augmenté de pas moins de 8% chaque année et que l’Ouzbékistan a fait des progrès significatifs dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Le Ministre a assuré que son pays allait poursuivre sa politique étrangère qui vise à protéger et à promouvoir les intérêts nationaux et, comme l’a déclaré le Président par intérim, M. Shavkat Mirziyoyev, à cultiver l’amitié et une coopération constructive avec les autres pays sur la base du respect mutuel, de l’égalité souveraine et de la prise en compte des intérêts d’autrui.  L’Ouzbékistan reste un fervent défenseur du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États et du règlement pacifique et politique  des différends.  Le pays a fait le choix clair de rester à l’écart des blocs et des alliances militaires, de refuser toute base militaire étrangère sur son territoire et de s’abstenir de déployer ses troupes au-delà de ses frontières.

Le Ministre a dit ne pas voir de solution à court terme aux problèmes de l’Afghanistan, et a estimé que seul un accord interafghan et des négociations pacifiques entre les principales parties, sous les auspices des Nations Unies et sans conditions préalables, pourrait offrir une issue.  En attendant, les pays donateurs et la communauté internationale doivent continuer à soutenir l’Afghanistan pour y améliorer la situation économique et sociale.  Pour le Ministre, la paix en Afghanistan apportera des avantages tangibles à tous les pays eurasiens.  Par conséquent, il a invité la communauté internationale à voir l’Afghanistan non pas comme une source de problèmes régionaux mais plutôt comme une opportunité stratégique unique et capable de briser le statu quo une fois pour toutes.  Il s’agit de jeter les bases d’une action multilatérale au service de la prospérité commune de la région, a-t-il souligné.

Le Ministre s’est également attardé sur la protection de l’environnement, et notamment sur la tragédie de la mer d’Aral qui représente « une menace directe au développement durable de la région et à l’avenir des peuples qui y vivent ».  L’Ouzbékistan adhère à la position de principe sur la gestion de l’eau et de l’énergie en Asie centrale.  Ces questions doivent être traitées conformément au droit international qui garantit une répartition équitable des ressources et la prise en compte des intérêts de tous les pays de la région, a expliqué le Ministre.

M. GUILLAUME LONG, Ministre des affaires étrangères et de la mobilité humaine de l’Équateur, a rappelé que son peuple avait rejeté massivement « l’idéologie néolibérale » dominante au profit d’une redistribution des richesses et d’un accès gratuit aux services de base, « pour fonder une démocratie vivante et souveraine ».  Le concept de pouvoir ne concerne pas seulement le financier et le militaire, il concerne aussi « l’hégémonie» sur certaines idées, a-t-il dénoncé.  Depuis la périphérie, depuis l’hémisphère Sud, nous devons essayer de nous frayer un chemin différent, a-t-il affirmé.  Ainsi, le développement est avant tout un problème politique.  Les inégalités en Amérique latine sont les plus prononcées au monde, a affirmé M. Long, pour qui la réalisation du développement passe par l’abandon de la dépendance excessive aux matières premières et le lancement d’une véritable transformation de l’appareil productif.  Pour diversifier nos économies, il faut cesser de faire « ce qu’ils nous disent de faire », a-t-il préconisé, déplorant qu’un tiers de l’économie soit dissimulé dans des paradis fiscaux.  « Imaginez un peu le dynamisme que l’on pourrait insuffler à notre économie si nous pouvions réinjecter de tels capitaux », a-t-il dit.  Le Chef de la diplomatie équatorienne a appelé à la création d’un organe intergouvernemental onusien pour « la justice fiscale ».  Il a annoncé que l’Équateur organiserait en février 2017 un référendum pour demander à son peuple s’il est d’accord pour que des fonctionnaires possèdent des comptes bancaires offshore. 

« Autre concept souvent soumis à des manipulations politiques: les droits de « l’homme », a estimé le Ministre, qui a rappelé que la Constitution de son pays serait la première à reconnaître les « droits de la nature ».  Il a par ailleurs estimé qu’il est impossible de parler de garanties de droits de l’homme sans réduire la pauvreté dans le monde.  Déplorant la marée noire qui a pollué un affluent de l’Amazonie en 2013 à la suite de la rupture d’un oléoduc, M. Long a réitéré son appel à un « instrument juridiquement contraignent sur les multinationales et les droits de l’homme ».  « Dans le monde d’aujourd’hui, il existe des tribunaux lorsque, supposément, on nuit aux intérêts des entreprises, mais étrangement lorsque ces entreprises nuisent aux humains et à l’environnement, il n’y a rien, a-t-il ironisé. 

L’heure est venue de parler de démocratisation des Nations Unies, a poursuivi le Ministre, qui fustigé le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité et a voulu que l’on finalise les négociations qui visent à réformer le système des Nations Unies.  Il faut également engager une réflexion pour pallier ce système où un petit groupe de pays prend des décisions qui affectent l’ensemble des États Membres.  « Nous devons dépasser cet ordre mondial, dans lequel il existe des États de deuxième classe et de troisième classe », et continuer de convaincre les élites de reconnaître le suffrage universel, « aussi bien lorsque cela leur convient que lorsque cela ne leur convient pas ».

M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a annoncé d’emblée que son pays avait adopté une stratégie de développement nationale qui prend en compte les objectifs de développement durable et poursuit les programmes de grande envergure pour améliorer la gouvernance, la croissance durable, le renforcement de l’état de droit et le respect des droits de l’homme et pour faciliter l’accès aux services publics.  Malgré la chute du prix du pétrole et la crise économique mondiale, l’Azerbaïdjan a réussi à maintenir sa croissance économique.  Le Ministre a également rappelé que cette année, son pays avait été élu au Conseil économique et social pour la période 2017-2019 avec 176 voix sur 184.

Abordant la question du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le Ministre a affirmé qu’il n’y avait pas eu de progrès substantiels depuis le dernier débat général: « l’Arménie continue d’occuper des territoires de l’Azerbaïdjan, y compris la région de Nagorno-Karabakh et sept districts adjacents, en violation flagrante du droit international et des résolutions 822, 853, 874 et 884 adoptée en 1993 par le Conseil de sécurité ».  Le Ministre a passé en revue les conséquences économiques et humanitaires de cette situation pour son pays et regretté que les politiques et pratiques arméniennes dans les territoires occupés azerbaidjanais sapent toute possibilité de règlement politique de ce conflit et posent une menace à la paix, la sécurité et la stabilité de la région.  Il a réitéré le point de vue de son pays selon lequel cette présence illégale des Forces armées arméniennes est un facteur de déstabilisation majeur qui a le potentiel de dégénérer avec des conséquences imprévisibles à tout moment. 

Le Ministre a reproché à l’Arménie de ne pas s’engager dans des négociations de bonne foi, de ne pas respecter le cessez-le-feu de 1994 et de refuser de retirer ses troupes d’Azerbaïdjan.  Il a exigé que l’Arménie mette un terme aux provocations qui touchent des civils et aux mutilations infligées aux soldats azerbaidjanais tombés, comme cela a été le cas en avril dernier.  Compter sur le statu quo et les provocations armées est une grave erreur de calcul, a prévenu le Ministre.  Ces tentatives hypocrites d’induire la communauté internationale en erreur sur les causes profondes du conflit en se présentant en victime sont vouées à l’échec », a-t-il ajouté.  Il a insisté sur le fait que ce conflit ne peut être réglé que sur la base de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de son pays dans les frontières internationalement reconnues.

M. RAYMOND TSHIBANDA N’TUNGAMULONGO, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé que son pays avait choisi d’intégrer les objectifs de développement durable dans son plan stratégique de développement national, dont l’opérationnalisation se fera à travers des plans quinquennaux, le premier portant sur la période 2017-2021.  Dans ce premier plan quinquennal, la priorité revient à l’amélioration du capital humain, en prenant en charge la problématique du dividende démographique qui requiert une étroite collaboration entre divers acteurs, tant au niveau national qu’international, en vue de garantir une croissance forte et inclusive.

Sur le plan, politique, a poursuivi M. Tshibanda N’tungamulongo, la RDC est entrée dans une phase cruciale de décentralisation administrative afin de permettre une gestion de proximité des préoccupations de la base.  « Chacune des 26 nouvelles provinces est à présent dotée des autorités que sa population s’est choisie à l’issue des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs qui ont eu lieu en mars et avril derniers.  Cette « nouvelle expérience démocratique » se poursuivra avec l’élection des autorités locales qui auront lieu en même temps que les élections présidentielle et législatives nationales et provinciales. 

« La RDC a en effet levé une option irréversible de ne permettre l’accès au pouvoir d’État que par les élections », a déclaré le Chef de la diplomatie congolaise.  « Aussi voudrais-je réaffirmer, de la manière la plus solennelle, qu’en dépit du retard enregistré dans leur préparation, les élections générales initialement prévues pour la fin de cette année seront bel et bien organisées, aussitôt que les conditions techniques le permettront.  Plusieurs défis doivent en effet être préalablement relevés pour permettre l’organisation d’élections libres, transparentes, crédibles et apaisées, par la Commission électorale nationale indépendante qui, constitutionnellement, en détient la compétence exclusive », a-t-il précisé. 

C’est pour parvenir, « ensemble et de manière consensuelle », à relever de tels défis que des représentants de la majorité présidentielle, de l’opposition politique et de la société civile sont réunis depuis un peu plus de deux semaines, dans le cadre du Dialogue politique national inclusif, sous une facilitation de l’Union africaine, avec l’appui d’un Groupe de soutien international, a expliqué le Ministre.  « Le droit d’élire et d’être élu est un droit fondamental tant pour les Congolais résidant dans le pays que pour ceux de la diaspora.  Un défi majeur que pose l’exercice de ce droit est celui de l’inclusivité du fichier électoral.  À ce sujet, il y a lieu de saluer l’important travail d’enregistrement des électeurs qui a débuté le 31 juillet 2016 et qui donne la possibilité d’être éligible et électeur à plus de 14 millions de Congolais, soit le tiers du corps électoral, qui n’auraient autrement pu jouir de ce droit. 

« Le Dialogue politique national en cours en RDC, processus de résolution pacifique des divergences entre Congolais, en vue de l’organisation des élections devrait donc bénéficier du soutien de tous et ceux des acteurs politiques qui n’y participent pas encore, être encouragés à le faire.  En revanche, tout recours à la violence devrait être condamné et les auteurs sanctionnés, de même que toute incitation à l’insurrection. »

Après avoir affirmé que les droits humains, et en particulier ceux de la femme, font du chemin en RDC, le Ministre congolais a évoqué la Mission des Nations Unies déployée dans son pays (MONUSCO), dont le mandat a été prorogé jusqu’au 31 mars 2017.  Tout en saluant cet accompagnement, mon gouvernement, a-t-il dit, note qu’à la faveur de la réforme du secteur de la sécurité, les Forces nationales congolaises s’acquittent, avec de plus en plus de compétence et d’efficacité, de leurs missions de protection du territoire national et de sécurisation des populations et de leurs biens.  Il compte donc sur le dialogue stratégique avec l’ONU pour parvenir à une réduction progressive des effectifs de la MONUSCO et à la transformation subséquente de la Mission.

Droits de réponse

Le représentant du Royaume-Uni a répondu à Maurice, affirmant qu’il n’avait aucun doute sur la souveraineté britannique sur l’archipel des Chagos, reconnue par tous.  Le Royaume-Uni ne considère pas que la Cour internationale de Justice soit le lieu approprié pour régler la question et continuera d’avoir des contacts bilatéraux avec Maurice pour traiter de cette question.

Son homologue de l’Ukraine a répondu à la Fédération de Russie, en précisant que la situation actuelle de l’Ukraine a été provoquée par les ambitions russes, à commencer par l’annexion illégale de la Crimée, puis le soutien aux séparatistes de l’est du pays.  L’Ukraine demande à la Fédération de Russie de mettre fin à son agression.

Au Venezuela et à Saint-Vincent-et-les Grenadines, le représentant du Brésil a répondu qu’il est sain d’avoir en Amérique latine, des gouvernements  d’orientation politique différente.  L’important est que ces pays puissent travailler ensemble.

Le représentant de l’Arménie a qualifié de mensonges les propos tenus par l’Azerbaïdjan.  « Le Haut-Karabakh n’a jamais fait partie de l’Azerbaïdjan et n’en fera jamais partie », a-t-il asséné, en parlant d’un territoire qui a été cédé selon lui par le « parti communiste bolchévique ».  L’Azerbaïdjan n’aura jamais accès au potentiel économique de cette région, a promis le représentant, en exhortant ce pays à cesser les violations des droits de l’homme et les « glorifications au plus haut niveau politique » des auteurs de ces crimes.

Son homologue de l’Azerbaïdjan a réaffirmé que l’Arménie avait déclenché une guerre contre son pays et mené une purification ethnique en expulsant des populations azerbaidjanaises.  Il est établi, a-t-il argué, que l’Arménie a violé le droit international dès 1992, en perpétrant le massacre de Khojaly et en expulsant des populations civiles.  Le Conseil de sécurité a exigé le retrait immédiat et sans conditions de toutes les forces arméniennes du Haut-Karabakh, a-t-il souligné, accusant l’Arménie de ne pas démontrer la volonté politique nécessaire dans les négociations bilatérales.

Le représentant de l’Arménie a contesté les propos de son homologue de l’Azerbaïdjan et accusé ce pays d’être en réalité responsable du massacre de Khojaly.  Si l’autodétermination est un droit, alors les populations du Haut-Karabakh peuvent l’exercer.

Réagissant à ces propos, le représentant de l’Azerbaïdjan a dit que l’Arménie n’avait aucune légitimité à conjecturer sur ce droit, alors qu’elle a commis des massacres.  L’Arménie porte la responsabilité de la situation actuelle, a-t-il tranché.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commémorant le vingtième anniversaire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Conseil de sécurité appelle à son entrée en vigueur

7776e séance – matin
CS/12530

Commémorant le vingtième anniversaire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Conseil de sécurité appelle à son entrée en vigueur

À l’occasion du vingtième anniversaire de l’ouverture à signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Conseil de sécurité a, ce matin, demandé à tous les États de s’abstenir de procéder à toute « explosion expérimentale d’armes nucléaires » et de maintenir leur moratoire à cet égard, en priant instamment ceux qui n’ont pas encore signé ou ratifié cet instrument juridique international à le faire sans plus tarder.

En adoptant par 14 voix pour et une abstention –l’Égypte–, la résolution 2310 (2016), le Conseil de sécurité a engagé tous les États signataires, « y compris ceux visés à l’annexe 2 », à « promouvoir l’universalité et l’entrée en vigueur du Traité ».

Parmi les États visés à l’annexe 2, cinq ont signé le Traité mais ne l’ont pas ratifié –Chine, Égypte, États-Unis, République islamique d’Iran et Israël– et trois ne l’ont ni signé, ni ratifié: il s’agit de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), du Pakistan et de l’Inde.  Le TICE n’est toujours pas entré en vigueur.

Le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, dont la délégation a présenté cette résolution, s’est félicité de ce texte, qui reflèterait, a-t-il dit, le consensus global en faveur d’un désarmement nucléaire, 20 ans après que le Président Bill Clinton s’est rendu à l’ONU « stylo en main » pour signer cet accord multilatéral.

« Lorsque j’étais un enfant, à l’école, on m’avait appris à me cacher sous un bureau en cas d’attaque nucléaire, comme si cela pouvait faire une différence. »  Pendant la guerre froide, la tendance était à la course aux armements nucléaires.  « Depuis cette date, de 50 000 ogives, les États-Unis sont passés aujourd’hui à 1 150 environ, et nous avons proposé de réduire encore cet arsenal », a-t-il assuré.

Pour le Chef de la diplomatie américaine, l’accord auquel sont parvenus récemment les États-Unis et l’Iran concernant le programme nucléaire de ce pays est également à mettre à l’actif du régime de non-prolifération, ce qui aurait été « improbable dans la mesure où le dialogue entre nos deux pays était rompu depuis 1979 ».  Il a toutefois regretté de constater que la RPDC continue de faire peser une menace dans la péninsule coréenne, situation dont se sont également émus plusieurs membres du Conseil de sécurité, notamment le Japon.  À cette « provocation » de Pyongyang,  « nous devons répondre dans les meilleurs délais », a précisé M. Kerry.

L’Égypte, qui s’est abstenue au moment de la mise aux voix de la résolution, ne l’a pas entendu de cette oreille.  Son Vice-Ministre des affaires étrangères s’est déclaré « insatisfait » par le contenu de ce texte, qui comporte, selon lui, de « nombreux défauts » et offre une « contribution  minime ».  Plutôt que de renforcer ce régime, il réduirait « à néant » l’opportunité de souligner l’urgence d’une avancée vers la non-prolifération.

Dénonçant une « ingérence », M. Hisham Badr a estimé que le Conseil de sécurité n’est pas l’« enceinte appropriée » pour discuter du TICE » de la manière dont cette résolution tente de le faire.  Il a rappelé que la Commission préparatoire technique et le Secrétariat technique provisoire examinent régulièrement les progrès dans la mise en œuvre du Traité et que d’autres États que ceux siégeant au sein du Conseil de sécurité ont, eux aussi, voix au chapitre.

De plus, pour le Vice-Ministre de l’Égypte, la résolution 2310 (2016) négligerait le rôle central du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dans le désarmement nucléaire et le régime de non-prolifération.  Pourquoi cet « empressement » à vouloir universaliser le TICE, alors qu’il y a un « silence complet » pour parvenir à l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)? s’est demandé M. Badr.

Si les essais nucléaires doivent cesser complètement, a-t-il soutenu, la communauté internationale a donc une obligation « bien plus pressante » de promouvoir le désarmement nucléaire, « en se penchant sur les causes et non sur les symptômes ».  Le Conseil, a-t-il dit, devrait ainsi rejeter sans équivoques la modernisation des stocks d’armes nucléaires par les États qui les possèdent.  La « sélectivité » du Conseil ne ferait, selon lui, qu’adresser un « mauvais message »: « non aux essais, mais oui à la possession et à la modernisation des arsenaux nucléaires ».

De son côté, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que le stylo de l’ancien Président américain, M. Bill Clinton, évoqué par le Secrétaire d’État américain Kerry, ne fût dans la main du Président américain actuel, M. Barack Obama.  Il a dit espérer que le prochain président des États-Unis saura faire preuve de davantage de fermeté. 

 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES: NON-PROLIFÉRATION ET DÉSARMEMENT NUCLÉAIRES

Texte du projet de résolution (S/2016/800)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1887 (2009) et réaffirmant son ferme attachement au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires dans tous ses aspects,

Réaffirmant la déclaration de son président adoptée lors de la séance du Conseil tenue au niveau des chefs d’État et de gouvernement, le 31 janvier 1992 (S/23500), notamment la nécessité pour tous les États Membres de s’acquitter de leurs obligations en ce qui concerne la maîtrise des armements et le désarmement et d’empêcher la prolifération sous tous ses aspects de toutes les armes de destruction massive,

Soulignant que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires demeure la pierre angulaire du régime de non-prolifération nucléaire et le fondement essentiel de la poursuite du désarmement nucléaire et de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques,

Réaffirmant que la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales,

Rappelant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, adopté par l’Assemblée générale par sa résolution 50/245 du 10 septembre 1996, a été ouvert à la signature le 24 septembre 1996 et que les États signataires ont créé la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires par leur résolution du 19 novembre 1996, conformément notamment au paragraphe 7 de ladite résolution,

Estimant que l’entrée en vigueur d’un traité universel internationalement et véritablement vérifiable portant interdiction des essais constitue la méthode la plus efficace d’interdire les explosions expérimentales d’armes nucléaires et toute autre explosion nucléaire et que l’arrêt de toutes les explosions expérimentales d’armes nucléaires et de toute autre explosion nucléaire freinera la mise au point et le perfectionnement des armes nucléaires et mettra un terme à la conception de nouveaux types d’armes nucléaires sophistiquées,

Estimant également que l’entrée en vigueur rapide du Traité constituera une mesure efficace de désarmement et de non-prolifération nucléaires de nature à contribuer à l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires,

Se félicitant des progrès accomplis vers l’universalisation du Traité, notant que 183 États ont signé le Traité et que 166 États ont déposé leurs instruments de ratification, et notant également que sur les 44 États énumérés à l’annexe 2 du Traité, dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur, 41 ont signé le Traité et 36 l’ont signé et ratifié, y compris plusieurs États dotés d’armes nucléaires,

Accueillant favorablement les efforts faits par les États Membres de la Commission préparatoire et par son Secrétariat technique provisoire afin de mettre en place tous les éléments du régime de vérification du Traité, dont la portée mondiale est sans précédent, notant le stade avancé qui a été atteint et les progrès qui ont été accomplis en ce qui concerne l’institution du système de surveillance international ainsi que les bons résultats obtenus par le Centre international de données, lequel a montré qu’il pouvait fournir des moyens indépendants et fiables de vérifier que le Traité serait respecté une fois entré en vigueur, et soulignant les progrès qui ne cessent d’être faits en ce qui concerne la conception, l’exploitation et la démonstration de techniques modernes et de moyens logistiques pouvant être utilisés dans le cadre des inspections sur place,

Soulignant qu’il est extrêmement important et urgent que le Traité entre en vigueur le plus tôt possible,

1. Prie instamment tous les États qui n’ont pas signé ou n’ont pas ratifié le Traité, en particulier les huit États parmi ceux visés à l’annexe 2 qui n’ont pas encore ratifié le Traité, à le faire sans plus tarder;

2. Engage tous les États signataires, y compris les États visés à l’annexe 2, à promouvoir l’universalité et l’entrée en vigueur du Traité;

3. Rappelle les déclarations faites par chacun des cinq États dotés d’armes nucléaires, dont la résolution 984 (1995) a pris acte, dans lesquelles ceux-ci ont donné aux États non dotés d’armes nucléaires qui sont Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires des garanties de sécurité contre l’utilisation de telles armes, et affirme que ces garanties renforcent le régime de non-prolifération nucléaire;

4. Demande à tous les États de s’abstenir de procéder à toute explosion expérimentale d’armes nucléaires ou à toute autre explosion nucléaire et de maintenir leur moratoire à cet égard, accueille favorablement les moratoires adoptés par les États, dont certains sont instaurés par la législation interne en attendant l’entrée en vigueur du Traité, souligne que de tels moratoires correspondent à un comportement international responsable qui concourt à la paix et à la stabilité internationales et qui devrait se poursuivre, tout en insistant sur le fait qu’ils n’ont pas le même effet permanent et juridiquement contraignant que celui qu’aurait l’entrée en vigueur du Traité, et prend note de la Déclaration conjointe sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires faite par la Chine, les États-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni le 15 septembre 2016, dans laquelle ces États ont noté, entre autres, qu’une explosion expérimentale d’armes nucléaires ou toute autre explosion nucléaire seraient contraires à l’objet et au but du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires;

5. Souligne la nécessité de maintenir l’élan acquis en vue de mettre la dernière main à tous les éléments du régime de vérification du Traité, à cet égard engage tous les États à fournir l’appui nécessaire pour permettre à la Commission préparatoire d’achever son travail de la manière la plus efficace et la plus rationnelle possible et encourage tous les États qui accueillent des installations du système de surveillance international à transmettre des données au Centre international de données de façon provisoire et à titre d’essai, en attendant l’entrée en vigueur du Traité;

6. Accueille favorablement les renseignements que les États visés à l’annexe I du Protocole se rapportant au Traité, c’est-à-dire ceux chargés d’une ou plusieurs installations du système de surveillance international, fournissent à titre volontaire dans leurs déclarations à la Commission préparatoire, renseignements qui portent sur l’état d’avancement de la construction des installations et sur la transmission des données entre les installations et le Centre international de données, engage les États qui hébergent des installations à en achever la construction sans tarder comme prévu par le Traité et dans le texte portant création de la Commission préparatoire et invite le Secrétariat technique provisoire à rendre compte à tous les États signataires dans les 180 jours qui suivent l’adoption de la présente résolution de l’état des contributions à la Commission préparatoire mises en recouvrement auprès des États signataires et de toute aide supplémentaire apportée par les États signataires aux fins de la mise en place du régime de vérification du Traité et du fonctionnement et des besoins opérationnels du Centre international de données et du système de vérification international;

7. Estime que, même si le Traité n’entrait pas en vigueur, les données de surveillance et les éléments analytiques issus du régime de vérification, lequel fonctionne de façon expérimentale et sur une base provisoire, sont à la disposition de la communauté internationale conformément au Traité et aux orientations de la Commission préparatoire et considère que ces éléments concourent à la stabilité régionale, car ils constituent une mesure de confiance majeure, et au renforcement du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires;

8. Affirme que l’entrée en vigueur du Traité contribuera à renforcer la paix et la sécurité internationales en prévenant efficacement la prolifération des armes nucléaires sous tous ses aspects et en contribuant au désarmement nucléaire, estime que le Secrétariat technique provisoire a fait la preuve de son utilité et que les États ont bénéficié concrètement de ses retombées civiles et scientifiques, par exemple sous la forme d’alertes au tsunami et de surveillance sismique, et encourage à cet égard la Commission préparatoire à envisager des moyens de partager largement ces retombées avec la communauté internationale conformément au Traité, dans le cadre du renforcement des capacités et de la mise en commun du savoir-faire touchant le régime de vérification;

9. Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, a rappelé qu’il y a 20 ans, le Président Bill Clinton avait signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui célèbre aujourd’hui son vingtième anniversaire.  La résolution que nous allons adopter aujourd’hui réaffirme la norme du monde contemporain, qui est opposé aux essais nucléaires.  Elle renforce le Traité et encourage la communauté internationale à consolider les systèmes de surveillance et d’alerte, tout en s’abstenant d’imposer aux États Membres des restrictions juridiques ou des prescriptions.  Ce texte reflète, selon M. Kerry, le consensus global en faveur d’un désarmement nucléaire.  Il a expliqué qu’enfant, à l’école, on lui avait appris à se cacher sous un bureau en cas d’attaque nucléaire, « comme si le fait de se cacher sous un bureau allait faire une différence ».  À cette époque, la tendance était à la course aux armements nucléaires. « Pourtant de 50 000 ogives, nous sommes passés aujourd’hui à 1 150 environ, et nous avons proposé de réduire encore cet arsenal », a-t-il fait observer.

Le Chef de la diplomatie étrangère s’est également félicité de l’accord auquel sont parvenus récemment les États-Unis et l’Iran, « ce qui semblait improbable alors que le dialogue entre nos deux pays était rompu depuis 1979 ».  Un État a finalement renoncé à son programme nucléaire pour entrer dans un monde plus sûr, s’est réjoui M. Kerry.  Certains peuvent s’interroger sur la valeur de ce traité, car il est vrai que le monde a connu bien des bouleversements.  Presque tous les pays sont aujourd’hui déterminés à mettre fin aux dangers posés par les armes nucléaires.  Pourtant, pas plus tard que la semaine dernière, nous avons constaté qu’il subsiste des menaces, comme en témoigne l’essai nucléaire auquel a procédé la République populaire démocratique de Corée (RPDC), provocation à laquelle « nous devons répondre dans les meilleurs délais ».  « Nous sommes résolus à avancer dans le sens qui permettra de mettre fin à la course aux armements », a assuré M. Kerry, pour qui « notre génération peut affirmer aux générations futures qu’il est possible de vivre dans un monde sans armes nucléaires ». 

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a mis l’accent en particulier sur les dispositions contenues dans le Mémorandum de Budapest de 1994.  Ces obligations sont très claires, a-t-il déclaré, en soulignant qu’elles stipulaient le respect de l’indépendance, de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Or, a-t-il expliqué, l’on sait ce qu’a fait un État, la Fédération de Russie, à l’égard de l’Ukraine.

Ceci, a ajouté M. Klimkin, pose un problème fondamental.  Est-il possible de faire confiance aux garanties de sécurité indiquées dans la résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité et dans le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires? a-t-il demandé.  Tout doit être mis en œuvre dans le cadre du processus du Traité, a affirmé le Ministre.  Il a jugé fondamental d’honorer tous les engagements souscrits aux termes des garanties de sécurité.

M. HISHAM BADR, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Égypte, a déclaré que l’attachement de son pays au régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires était sans failles, et qu’il était, de longue date, au centre de ses priorités de politique étrangère.  Il s’est déclaré « insatisfait » par le contenu de cette résolution, qui présenterait selon lui « de nombreux défauts » et dont la « contribution » serait « minime ».  Plutôt que de renforcer ce régime, elle réduirait « à néant » l’opportunité de souligner l’urgence de progresser dans le sens de la non-prolifération.

Expliquant ses préoccupations, M. Badr a commencé par dire que le Conseil de sécurité n’est pas l’enceinte appropriée pour discuter du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) « de la manière dont cette résolution tente de le faire ».  Alors que la Commission préparatoire technique et le Secrétariat technique provisoire examinent régulièrement les progrès dans la mise en œuvre du Traité, l’« ingérence » du Conseil crée, pour la délégation égyptienne, un doublon et une atmosphère défavorable à la participation de tous les États Membres qui le souhaitent.  

En outre, pour le Vice-Ministre, la résolution échoue à mettre en exergue le caractère central du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le régime de non-prolifération.  En dépit d’une modeste référence dans le préambule, le TNP n’est pas mentionné dans le dispositif, alors qu’il s’agit de la « pierre angulaire » du régime de non-prolifération.  Tandis qu’il encourage la promotion de l’universalisation du TICE, le texte ne fait par ailleurs aucune référence à la nécessité de parvenir à celle du TNP.  Pourquoi cet « empressement » dans un cas, et un « silence complet » dans l’autre? s’est demandé M. Badh.

Celui-ci a jugé « inhabituel », « voire remarquable », qu’une résolution relative au TICE échoue à répondre à l’urgence de prendre des mesures concrètes vers le désarmement nucléaire.  Si les essais nucléaires devraient cesser complètement, comme le demande le TICE, la communauté internationale a une obligation « bien plus pressante » de promouvoir le désarmement nucléaire, « en se penchant sur les causes et non les symptômes ».  Le Conseil devrait ainsi rejeter sans équivoques la modernisation des stocks d’armes nucléaires par les États qui les possèdent, et qui est pour l’Égypte absolument contraire aux objectifs du TNP.  « L’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de ces armes. »  Le quasi-silence de cette résolution sur le désarmement nucléaire affecte considérablement sa crédibilité et son efficacité, a insisté le représentant.  Cette sélectivité ne ferait, selon lui, qu’adresser un « mauvais message »: « non aux essais, mais oui à la possession et à la modernisation des arsenaux nucléaires ». 

M. Badr a ensuite rejeté le fait que ce texte mette à égalité les États en possession d’armes nucléaires et ceux qui n’en ont pas.  Alors que la résolution « prie instamment tous les États qui n’ont pas signé ou ratifié le Traité, en particulier les huit États parmi ceux visés à l’annexe 2, à le faire sans plus tarder », il aurait dû, pour le représentant, mettre l’accent sur la responsabilité particulière que portent les États dotés de l’arme nucléaire et les États non parties au TNP.  Il a rappelé, avant de conclure, son attachement à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient.

M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a rappelé qu’en dépit de sa portée et de son intérêt, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) n’est pas entré en vigueur.  C’est dire de l’importance que revêt cette présente résolution, a-t-il estimé. 

Le Ministre s’est réjoui de l’importance accordée au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en tant que pierre angulaire du régime de non-prolifération nucléaire, l’objectif n’étant cependant pas la non-prolifération, mais bien le désarmement nucléaire.  M. Ndiaye a appelé tous les pays liés au TICE à acquitter de leurs obligations et les États non parties à intensifier leurs efforts pour le signer et le ratifier pour le bien de la communauté internationale.

M. IGNACIO YBAÑEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a appelé à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en invitant tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à le signer et à le ratifier.

Le moratoire actuel n’est pas un substitut à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui demeure l’objectif fixé, a-t-il dit.  M. Ybañez a condamné l’essai nucléaire auquel a procédé récemment la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il s’est félicité du fait que cette résolution insufflait l’élan nécessaire pour compléter l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. ALOK SHARMA, Sous-Secrétaire d’État parlementaire aux affaires étrangères et du Commonwealth et Ministre chargé de s questions Asie-Pacifique, s’est félicité des ratifications récentes au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), qui ne font qu’affirmer la pertinence de cet instrument juridique international.  Désormais, tout État qui procéderait à un essai nucléaire expérimental serait immédiatement détecté, a-t-il prévenu, en soulignant que les signataires disposent d’un accès égal à l’ensemble des données issues du système de surveillance.  Il est toutefois regrettable que certains aient choisi de ne pas voter en faveur de texte équilibré présenté par les États-Unis. Aujourd’hui, a accusé M. Sharma, un seul État, la Corée du Nord, continue d’effectuer des essais nucléaires dans le monde.  Le Royaume-Uni, a-t-il ajouté, appelle tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TICE.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est félicité de l’adoption de la présente résolution.  Il a rappelé que son pays avait ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) dès 2001.  Il a souligné que ce texte aiderait à la signature et à la ratification du TICE par un grand nombre d’États. 

Le représentant russe a regretté que le stylo de l’ancien Président américain Bill Clinton, évoqué sans sa déclaration par le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, ne fût dans la main du Président américain actuel, M. Barack Obama.  Il a dit espérer que le prochain président des États-Unis saura faire preuve de davantage de fermeté. 

Le Conseil de sécurité a adopté aujourd’hui une résolution équilibrée qui ne contredit pas les dispositions du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, ce qui explique le vote favorable de la Fédération de Russie, a-t-il déclaré.

M. LIU JIEYI (Chine) a rappelé que demain, nous célébrerons le vingtième anniversaire de l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction des essais nucléaires (TICE).  L’adoption par le Conseil de cette résolution réaffirme l’importance de ce texte, a estimé le représentant, qui a rappelé que la Chine avait toujours été favorable à la destruction des arsenaux nucléaires et à la création de zones exemptes nucléaires.  Bien que la Chine n’ait pas ratifié ce Traité, elle a toujours œuvré dans le sens de ses dispositions, a assuré le représentant.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) s’est félicité de l’adoption de la présente résolution, qui appelle notamment à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires pour permettre son entrée en vigueur.  Celle-ci, a-t-il précisé, est la priorité de la France dans le domaine de la non-prolifération nucléaire. 

La France et le Conseil de sécurité, a-t-il dit, ont condamné la provocation de la part de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) qui a procédé récemment à son cinquième essai nucléaire.  La France compte parmi les premiers États à avoir signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en septembre 1996, et à l’avoir ratifié dès 1998.  Cette ratification fut notamment suivie par le démantèlement de son site d’expérimentation nucléaire dans le Pacifique, a-t-il dit.

Vingt ans après son adoption, la France réaffirme son engagement résolu en faveur de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité de l’adoption de la présente résolution, qui appelle tous les États à s’abstenir de conduire des essais nucléaires et s’est félicité du rôle de chef de file des États-Unis sur ce projet.  La République populaire démocratique de Corée a procédé tout récemment à son cinquième essai nucléaire de l’année, en violation claire des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, dont la résolution 2270.  Le représentant a donc demandé qu’elle cesse ses provocations et se conforme aux obligations qui sont les siennes.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a affirmé que la présente résolution représentait une initiative positive pour avancer sur la voie de l’élimination complète des armes nucléaires.  Il a néanmoins regretté que le texte ne contienne pas des termes plus catégoriques, notamment sur les engagements des États nucléaires concernant leur propre arsenal. 

Le représentant a demandé à tous les États de ne pas procéder à des essais nucléaires et d’éviter toute simulation visant à perfectionner les arsenaux nucléaires actuels.  Il a encouragé également la communauté internationale à ne ménager aucun effort pour respecter les engagements de 1995 concernant une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a indiqué que l’adoption de la résolution d’aujourd’hui a lieu quelques jours à peine après que le Conseil s’est penché sur la question de la non-prolifération dans la péninsule coréenne.  En adoptant ce texte, il exprime une position ferme, donnant un « sens véritable » et apportant une contribution à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Par ailleurs, cette résolution constitue une mesure efficace pour parvenir à un monde sans armes nucléaires, a affirmé le représentant.  Au cours du débat général de l’Assemblée générale, a-t-il rappelé, nous avons entendu un témoignage poignant du Président des Îles Marshall sur les conséquences humaines et environnementales des essais nucléaires dans le Pacifique.  Le représentant a salué, avant de conclure, « l’adoption de mesures claires condamnant les essais nucléaires sans recourir à la politique des deux poids, deux mesures ».

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a affirmé que la présente résolution représentait une évolution positive afin d’encourager l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui est ouvert à la signature depuis 1996.  « Il convient de souligner que seule l’entrée en vigueur du Traité permettra de réaliser notre engagement, et celui de la communauté internationale, en faveur d’un désarmement général et complet », a-t-il ajouté.  Le représentant malaisien a toutefois estimé qu’il faudrait déployer davantage d’efforts pour que le Traité entre enfin en vigueur, y compris le maintien du moratoire actuel sur les explosions expérimentales d’armes nucléaires.  Il a également noté que le Traité ne contenait aucune disposition concernant le désarmement nucléaire total des États dotés d’armes nucléaires et des États dotés de capacités d’armes nucléaires, ce qui, selon lui, n’est pas suffisamment reflété dans la présente résolution.  Cette dernière, a-t-il rappelé, ne saurait se substituer au Traité lui-même.

Tout en réaffirmant l’appui de sa délégation à la présente résolution, le représentant de la Malaisie a toutefois appelé à ne pas créer de précédent en « se référant à des documents dans des résolutions du Conseil qui ne sont susceptibles d’être approuvées que par une poignée d’États ».   M. Ibrahim a enfin rappelé à l’ensemble des États Membres leur responsabilité de respecter leurs obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a affirmé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, dont son pays souhaite l’entrée en vigueur rapide, représente une pièce maîtresse du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.

Le délégué a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier, dans les meilleurs délais, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a appelé de ses vœux un monde exempt d’armes nucléaires.  Le délégué uruguayen a mis l’accent sur les conséquences humanitaires de l’utilisation de ces armes, lesquelles nécessitent leur élimination complète.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a rappelé que, préalablement à l’adoption il y a 20 ans du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), son pays avait, à deux reprises, saisi la Cour internationale de Justice (CIJ), afin de faire interdire les essais nucléaires dans la région Pacifique.  « Pour nous, et pour la région Pacifique, l’interdiction de tous les essais nucléaires était ainsi l’aboutissement d’un combat de longue date », a-t-il souligné.  Le représentant néozélandais s’est toutefois déclaré déçu que le TICE, 20 ans après son adoption, ne soit toujours pas entré en vigueur.  « Nous exhortons tous les États qui, à ce jour, n’ont pas signé ou ratifié le Traité –surtout les huit États dont la ratification est requise pour son entrée en vigueur- de le faire dans les plus brefs délais », a-t-il insisté.

M. van Bohemen a estimé que le lancement d’essais nucléaires répétés par la République populaire démocratique de Corée était un affront à l’engagement de la communauté internationale, reflété dans le TICE et le moratoire actuel, contre les essais nucléaires.  Le représentant a par ailleurs estimé qu’il aurait été préférable que le texte de la présente résolution soit plus ferme quant à la nécessité d’avancer sur la voie du désarmement nucléaire.  « Tant que certains États conservent l’arme nucléaire -et la qualifient d’essentielle pour leur sécurité nationale- d’autres chercheront également à l’acquérir », a-t-il affirmé.

Le représentant de l’Ukraine a repris la parole en rappelant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires était partie intégrante de l’infrastructure mondiale de la sécurité.  Si une disposition de ce Traité n’est pas respectée, a-t-il prévenu, cela aura des conséquences négatives sur cette infrastructure.  Si certains ne voient pas ce lien, cela montre que la question de la sécurité est examinée de façon très sélective, a estimé le délégué ukrainien. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les dirigeants du Moyen-Orient confrontent leurs divergences de vues sur la géopolitique régionale

Soixante et onzième session,
14e, 15e & 16e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11826

Assemblée générale: les dirigeants du Moyen-Orient confrontent leurs divergences de vues sur la géopolitique régionale

Pour le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, « Israël a un avenir brillant à l’ONU »

La situation au Moyen-Orient s’est taillée une place de choix au troisième jour du débat général de l’Assemblée générale.  Se succédant à la tribune en l’espace de quelques heures, les dirigeants israélien, palestinien, libanais, iranien et iraquien ont ainsi présenté des visions contrastées de la géopolitique régionale, régulièrement débattue dans cette enceinte ou dans celle du Conseil de sécurité.

« Mesdames et Messieurs, déposez les armes, la guerre contre Israël aux Nations Unies est terminée! », a appelé, ce matin, le Premier Ministre d’Israël, M. Benjamin Netanyahu, qui s’est même dit convaincu que son pays a « devant lui un avenir brillant à l’ONU ».  C’est une « affirmation surprenante » de la part de celui qui n’a eu de cesse, année après année, de dénoncer la « partialité » de l’Organisation « à l’encontre de l’État hébreu », a-t-il fait remarquer.  C’est ici même, à l’Assemblée générale, que ce changement adviendra, a assuré le Chef du Gouvernement israélien, « et bien plus tôt que vous ne le pensez ».  D’ores et déjà, a-t-il dit, de nombreux pays considèreraient Israël comme un partenaire « puissant » et sur le plan économique et dans la lutte antiterroriste, notamment du fait de l’efficacité de ses services de renseignement, sans compter l’attractivité que Tel Aviv exerce sur les investissements étrangers en matière de cybersécurité.  Assurant que ce changement intervient aussi « dans le monde arabe », M. Netanyahu s’est enorgueilli de la « révolution » que connaîtraient les relations diplomatiques d’Israël, même si l’« alliance » d’Israël avec les États-Unis demeure la plus précieuse, allant jusqu’à qualifier ce pays partenaire de « nation la plus puissante et la plus généreuse qui soit ».

Le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, a exprimé, aujourd’hui, des doutes sur la volonté politique d’Israël de faire la paix, en affirmant que « jamais » l’Autorité palestinienne n’accepterait l’occupation et qu’elle continuerait de plaider pour la mise aux voix d’une résolution du Conseil de sécurité sur les colonies de peuplement.  « Il n’y a pas de conflit entre nous et la religion et le peuple juifs.  Notre conflit porte sur l’occupation de nos terres par les Israéliens.  Nous respectons la religion juive et condamnons la catastrophe qui s’est abattue sur le peuple juif en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, que nous considérons comme l’un des crimes les plus haineux perpétrés contre l’humanité », a déclaré M. Abbas.

Le Premier Ministre israélien a toutefois reproché à son homologue palestinien de s’en être pris, aujourd’hui, à la Déclaration Balfour de 1917, par laquelle le Royaume-Uni se déclarait favorable à l’établissement en Palestine d’un foyer national juif.  « Nous avons là quelqu’un de coincé dans le passé », a estimé M. Netanyahu, avant d’ajouter que la raison de cette attaque, « c’est parce que ce texte reconnaît le droit du peuple juif à sa propre terre ».  Il a cependant déclaré qu’il était prêt à accueillir le Président de l’Autorité palestinienne à la Knesset et qu’en retour, il souhaitait s’adresser aux Palestiniens devant leur Parlement.

Pour M. Abbas en revanche, la réconciliation historique entre les deux peuples exige qu’Israël reconnaisse sa responsabilité dans la Nakba, qui désigne en arabe l’exode palestinien de 1948.  « Cela permettrait de dresser des passerelles entre nous plutôt que des murs », a-t-il lancé aux États Membres, en plaidant pour la tenue, « d’ici à la fin de l’année », d’une conférence internationale pour la paix.  Le Président de l’Autorité palestinienne a estimé qu’il n’y avait aucun moyen de défaire le terrorisme et l’extrémisme dans le monde « tant que la sécurité et la stabilité ne seront pas rétablies au Moyen-Orient et que l’occupation israélienne de la Palestine n’aura pas pris fin.  Des propos auxquels le Président de la République islamique d’Iran, M. Hassan Rouhani, a fait écho en affirmant, pour sa part, que « nous ne pourrons pas combattre les réseaux terroristes et criminels sans véritables démocraties dans notre région et mettre en œuvre des approches participatives aux niveaux national et transnational ».

Tandis que le dirigeant iranien se félicitait de l’échec des pressions et menaces « illégales » brandies contre son peuple concernant le « caractère pacifique » de son programme nucléaire, attesté par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Conseil de sécurité, le Premier Ministre israélien désignait Téhéran comme la « plus grande menace à la paix mondiale ».  M. Netanyahu a ainsi accusé l’Iran d’avoir procédé, cette année, à des tirs de missiles balistiques, au mépris du Plan d’action global commun (JCPOA), et de consolider son « réseau terroriste ».  « Israël ne permettra pas au régime terroriste iranien de développer l’arme nucléaire, ni aujourd’hui, ni dans 10 ans, ni jamais », a-t-il prévenu sous une salve d’applaudissements.

De son côté, le Président du Conseil des ministres du Liban, M. Tammam Salam, a exhorté Israël à cesser ses violations de la souveraineté nationale du Liban et à coopérer avec la Force des Nations Unies dans son pays (FINUL) pour délimiter « ce qui reste de la Ligne bleue » et se retirer « d’Al Ghajar, des fermes de Chebaa et des collines de Kfarshuba ».  Il a également lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle aide son pays, déjà accablé par la crise des réfugiés syriens, à élire un président de la République, après deux ans et demi de vacation à la magistrature suprême.  À l’inverse, le Premier Ministre de l’Iraq, M. Haider Al Abadi, a déclaré que 2016 était pour son pays « l’année de la libération et de la victoire », marquée par la reconquête de Ninive, la dernière province restée « sous la férule de Daech ».

Plusieurs Chefs d’État africains ont pris la parole aujourd’hui, dont celui de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara, qui s’est félicité des avancées réalisées par son pays.  La Côte d’Ivoire s’apprête, dans la foulée de l’élection présidentielle de 2015, à élire un nouveau parlement et à se prononcer sur le projet d’une nouvelle constitution, a-t-il précisé. 

Alors qu’en filigrane s’est posée aujourd’hui la question de l’efficacité de l’ONU dans les théâtres de conflits et de crises, le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. Bert Koenders, a tenu à rappeler que l’ONU reste la « meilleure organisation mondiale imparfaite ». Il a même invité les États Membres à « déclarer un moratoire » sur les nouvelles résolutions de l’Organisation, en attendant la mise en œuvre des engagements passés.

Suite du débat général

M. PAUL BIYA, Président du Cameroun, entrevoit, malgré tout, des lueurs d’espoir dans le contexte de turbulences actuelles, comme le document « le futur que nous voulons » adopté dans le cadre de Rio+20 ainsi que les 17 objectifs stratégiques du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ou encore l’Accord de Paris sur le climat.  Pour M. Biya, l’originalité du Programme 2030 réside dans le fait qu’il transcende les indicateurs classiques de croissance économique et se préoccupe réellement de progrès humains, du patrimoine de l’humanité, du bien-être commun et de la sécurité de tous.  L’ambition commune étant d’éradiquer la pauvreté, M. Biya a néanmoins rappelé que les programmes adoptés dans le passé n’ont souvent été que partiellement mis en œuvre et a appelé à « nous organiser aujourd’hui pour que les ODD connaissent un sort meilleur ».  Pour lui, cela suppose des moyens de trois ordres: d’ordre politique, avec une volonté politique continue qui ne devra pas varier selon les circonstances; d’ordre financier avec des contributions effectives, sûres et suffisantes; et d’ordre moral par la réaffirmation de l’obligation de solidarité entre les peuples.

Ainsi, « nous permettrons aux ODD d’être des accélérateurs de l’avènement d’un monde de paix pour tous et partout, d’un monde de prospérité pour tous », a affirmé M. Biya pour lequel le temps est à l’engagement et à l’action.  Parmi les obstacles à la réalisation de ces objectifs, M. Biya a cité les conflits et le terrorisme, un problème dont son pays « peut parler en connaissance de cause » puisqu’il mène depuis trois ans une guerre contre ce fléau.  Cette menace à la paix et au développement appelle une réponse, une détermination et une action collectives.  L’objectif 16 du programme de développement durable, qui met l’accent sur la promotion et l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous, devrait nous permettre de lutter efficacement contre Boko Haram, a-t-il assuré.

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, a rappelé que la situation à Chypre était « malheureusement la deuxième question internationale non résolue la plus ancienne à l’ordre du jour des Nations Unies ».

M. Anastasiades a également rappelé qu’à la suite des « évènements tragiques de 1974 », de « l’invasion de la Turquie », de « l’occupation militaire continue de plus d’un tiers du territoire du pays » et du « déplacement forcé » d’environ 40% de sa population, la partie chypriote grecque, « dans un esprit de compromis », avait accepté le principe d’une transition d’un État unitaire vers un État fédéral.

Depuis cette date, a indiqué le Président de Chypre, les dirigeants successifs des deux communautés ont pris part à de nombreux cycles de négociations, « infructueuses jusqu’à récemment ».  Toutefois, depuis son élection en 2013, le Président de Chypre a assuré qu’un « nouvel effort » avait conduit à l’adoption, le 11 février 2014, d’une Déclaration commune par les deux communautés et à la reprise du processus de négociations.  Cette Déclaration commune, a-t-il précisé, est basée sur la réaffirmation des principes du règlement sur la base d’une fédération bizonale et bicommunautaire et de l’égalité politique.  Le texte, a-t-il ajouté, repose également sur le principe de la continuité de l’adhésion de Chypre à l’ONU et à l’Union européenne, ainsi que sur le respect de la démocratie et des droits de l’homme. 

Sur cette base, le Président de Chypre a déclaré que, cette année, « des progrès avaient été réalisés concernant des volets importants », y compris le consensus selon lequel Chypre devrait avoir une personnalité juridique, une souveraineté et une citoyenneté unique; garantir la liberté de mouvement de tous les Chypriotes; et respecter le droit à la propriété.

En dépit de ces avancées, M. Anastasiades a précisé que des divergences persistaient sur certaines questions ayant trait à la gouvernance, à l’Union européenne et à l’économie.  Il a précisé que les divergences les plus significatives étaient liées aux questions concernant la propriété, le territoire, la sécurité et les garanties.  « Mon objectif est d’éviter les erreurs du passé et de présenter à la population un accord clair et bien préparé, sans ambiguïtés ou lacunes », a-t-il indiqué.

Le Président de Chypre a souligné qu’il était déterminé à redoubler d’efforts pour trouver une solution à la question chypriote « le plus vite possible, voire, si possible, d’ici à la fin de l’année », afin de créer les conditions d’un pays pacifique et prospère bénéficiant aussi bien aux Chypriotes grecs qu’aux Chypriotes turcs.  Pour parvenir à un accord final, il a notamment insisté sur la nécessité de « débarrasser Chypre des troupes militaires de pays tiers », situation qu’il a qualifiée « d’anachronique dans le monde actuel ».

M. Anastasiades a déclaré que la résolution d’une question à l’ordre du jour de l’ONU depuis plusieurs décennies « apportera une lueur d’espoir à la communauté internationale » et « montrera que même les situations les plus prolongées peuvent être résolues pacifiquement, avec l’aide de l’ONU ».

M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, a déclaré que son gouvernement, tirant les leçons de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), avait d’ores et déjà intégré les Objectifs de développement durable dans son programme national de développement, intitulé « Agenda de la prospérité », et qui est assorti d’un mécanisme de surveillance et d’évaluation.  Il a toutefois plaidé pour une réforme des Nations Unies, afin de pallier les insuffisances de ses « compétences démocratiques » en matière de développement, de sécurité et d’autres défis qui se posent à l’Afrique, continent sous-représenté dans les organes décisionnaires de l’Organisation.  Il a ainsi réaffirmé le soutien de son pays au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.

Réaffirmant ensuite l’attachement de la Sierra Leone au maintien de la paix, M. Koroma a rappelé qu’il s’était, en septembre 2015, engagé à ce que son pays fournisse deux unités de police formées de groupes d’intervention et de gardes de police dans le cadre de la Stratégie des Nations Unies pour l’aide à la Somalie.  Le Président a précisé que le déploiement de ces forces était imminent.  La Sierra Leone, qui assure la présidence du Groupe G7 des États fragiles (Groupe G7+), accorde aussi une attention particulière à l’objectif 16, « Paix, justice et institutions », a-t-il assuré.  De plus, son gouvernement a adopté les lois et mesures pertinentes visant à assurer l’autonomisation des femmes, améliorer la situation des jeunes et garantir aux personnes handicapées qu’elles ne seront pas marginalisées.  Soulignant à quel point l’épidémie d’Ebola avait mis en lumière le besoin crucial d’une architecture mondiale de santé plus robuste, M. Koroma a déclaré que son pays étudiait de près les 27 recommandations émises par le Groupe de haut niveau chargé d’évaluer la réponse mondiale aux crises sanitaires.

S’agissant des changements climatiques, le Président Koroma a rappelé que la Sierra Leone était le troisième plus vulnérable au monde à ce phénomène.  C’est la raison pour laquelle son gouvernement, en coopération avec des partenaires de développement, met en œuvre des projets d’adaptation, d’atténuation, notamment des systèmes d’alerte précoce.  Le Chef de l’État sierra-léonais a plaidé, avant de conclure, pour une réforme du Conseil de sécurité, notamment pour que l’Afrique puisse y occuper la place qu’elle mérite.

Pour Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la Lituanie, il ne fait pas de doute que les femmes devraient être pleinement associées aux efforts entrepris pour répondre aux problèmes les plus pressants du monde actuel, comme les changements climatiques et la lutte contre le terrorisme.  Le succès de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige également d’accorder une attention particulière aux femmes « qui sont souvent les plus affectées mais aussi les plus ignorées et délaissées ».  Pour illustrer son propos, elle a passé en revue un certain nombre d’objectifs de développement durable comme la lutte contre la pauvreté en rappelant que, selon un rapport d’ONU-Femmes, les femmes gagnent toujours en moyenne 24% de moins que les hommes et qu’il leur est plus difficile d’accéder aux crédits pour monter un projet.  De plus, il y a de fortes chances pour qu’elles reçoivent une part inférieure dans les héritages, et parfois rien lorsqu’elles quittent un mari violent.

La Présidente a ensuite fait remarquer que plus de la moitié du travail agricole dans le monde est accompli par des femmes, et lorsque la nourriture se fait rare, « les femmes sont les premières à en manquer », en partie parce qu’elles vont donner le peu qu’elles ont à leurs enfants.  Elle a ainsi plaidé en faveur de l’autonomisation des femmes pour leur permettre de devenir propriétaires de terres agricoles et leur garantir un accès au crédit.  L’éducation est un autre objectif de développement durable car, a-t-elle fait observer, les femmes et les filles restent à la traîne puisque sur les 750 millions d’analphabètes adultes dans le monde, plus des deux tiers sont des femmes.  Les filles, souvent, ne peuvent accéder à l’éducation en raison de mariages précoces, et elles sont encore souvent victimes de criminels spécialisés dans la traite de femmes.  Les extrémistes brûlent des écoles et tuent des enseignants sous prétexte qu’ils ne « veulent pas de filles éduquées capables de faire leurs propres choix ». 

« Il faut que cela change! » a martelé la Présidente lituanienne, pour qui l’éducation est « une voie clef pour leur offrir de nombreuses opportunités ».  Des femmes éduquées représentent une formidable ressource et un pouvoir pour le bien commun, a-t-elle soutenu.  C’est pourquoi, il faut leur assurer l’accès à l’éducation et leur permettre de choisir leur profession.  La Présidente de la Lituanie a ainsi appelé au courage et à la force des leaders de ce monde pour qu’ils s’engagent à encourager les femmes « à rêver grand » et à occuper la place qui leur revient dans les parlements, à la table de négociations, dans les laboratoires scientifiques et conseil d’administration.  Ils doivent faire en sorte que rien ne s’oppose à une éducation de qualité pour les filles et combattre les stéréotypes de genre et les pratiques traditionnelles violentes en se dotant de lois qui donnent les mêmes droits aux femmes et aux fillettes.  Pour Mme Grybauskaité, « nous n’avons pas le luxe d’échouer dans ce défi » et pour le relever il faut que tout le monde soit impliqué.  « Ce n’est que lorsque tous les membres de nos sociétés –hommes et femmes- seront pleinement représentés et engagés, qu’il sera possible d’assurer un avenir durable pour le monde », a-t-elle assuré avant de conclure.

M. SALVADOR SÁNCHEZ CERÉN, Président d’El Salvador, a rappelé que son pays avait été le premier au monde à signer le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il y a un an. 

« Le Programme 2030 a été pour El Salvador un appui international à des processus déjà en cours de mise en œuvre dans le pays », a salué M. Sánchez Cerén, en précisant qu’El Salvador procédait actuellement à la création de sa propre agence nationale de développement durable.  Pour faire en sorte que la mise en œuvre du Programme 2030 implique des acteurs diversifiés, le Président d’El Salvador a indiqué que son pays était également sur le point de créer un conseil national pour le développement durable, qui servira de mécanisme conjoint entre le gouvernement et la société civile pour coordonner les efforts nationaux visant à atteindre les objectifs de développement durable.

Sur le plan du développement économique, M. Sánchez Cerén s’est dit optimiste que son pays pourrait dépasser le taux de 2,3% de croissance économique annuelle qu’il s’était fixé en 2016.

M. Sánchez Cerén a également mentionné les efforts nationaux importants visant à réduire toutes les formes de violence dans le pays, en particulier les activités des groupes criminels, la traite des êtres humains et le trafic d’armes et de drogue, « qui ont tant affecté notre pays ».  Il s’est dit conscient des raisons qui poussent les citoyens d’El Salvador à choisir la migration.  Pour gérer ce phénomène, El Salvador déploie des efforts importants dans le cadre de la coopération régionale.  M. Sánchez Cerén a aussi insisté sur la nécessité de respecter les droits de l’homme de ses citoyens migrants, en particulier dans les pays de transit et dans les pays d’accueil.  « Ériger des murs ne permettra pas de résoudre la situation », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, M. Sánchez Cerén a dit s’élever contre les tentatives visant à déstabiliser les gouvernements progressistes de la région.  « Ces pratiques portent non seulement un coup à l’état de droit, mais représentent également une violation grave de la démocratie, de la paix et du développement des États », a-t-il estimé.  Tout en condamnant ce type de mesures, le Président d’El Salvador a appelé la communauté internationale à rester vigilante face à de telles actions et à prendre les mesures qui s’imposent.  Sur ce point, il a exprimé sa solidarité envers le Président du Venezuela et s’est dit confiant que ce dernier parviendra à relever les défis auxquels son pays fait face par la voie du dialogue.

Tout en saluant les récentes avancées représentées par la reprise des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, le Président d’El Salvador a toutefois déclaré que cette mesure n’était pas suffisante et a appelé à mettre un terme à l’embargo économique à Cuba.

Par ailleurs, en tant que Président d’un pays qui a été le théâtre d’une guerre civile, interrompue par la signature d’un accord de paix en 1992, M. Sánchez Cerén a félicité la Colombie pour l’accord de paix historique qui a récemment mis fin à plusieurs décennies de guerre civile dans le pays.

M.HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a fait observer que lorsque les terribles attaques terroristes du 11 septembre avaient frappé New York, nul n’aurait imaginé que cela allait être suivi de catastrophes énormes et conduire à une guerre dévastatrice au Moyen-Orient et à une insécurité croissante dans le monde entier.  Aujourd’hui, l’une des questions les plus pressantes pour les instances internationales devrait être de comprendre pourquoi nous nous en trouvons là, et quelles sont les approches, politiques et actions erronées qui ont ouvert la voie à ce niveau d’insécurité.  La sécurité est devenue un problème véritablement international alors que les grandes puissances ne concentrent leurs efforts que sur des méthodes de répression et d’intervention militaire sous prétexte de créer un environnement plus sûr pour leurs citoyens.  La genèse de l’extrémisme violent au-delà des frontières pourrait être attribuée aux stratégies sécuritaires des grandes puissances au cours des 15 dernières années mais, a prévenu le Président iranien, le fait d’assurer la sécurité dans une région au prix de l’insécurité dans d’autres régions du monde est voué à l’échec.  M. Rouhani a dénoncé le recours à la religion pour justifier le terrorisme et la violence extrême.

Aujourd’hui, les discours de haine au Moyen-Orient et en Afrique du Nord se répandent à une vitesse surprenante, et la région subit des destructions de grande ampleur, a regretté le Président iranien.  En Syrie, en Iraq et au Yémen la violence, les souffrances et la terreur se poursuivent et les Palestiniens continuent d’être des victimes de politiques injustes et discriminatoires.  Pour que la région puisse inverser cette tendance dangereuse et s’engager sur la voie du développement et de la stabilité, il faut que certains pays cessent de bombarder leurs voisins et renoncent à financer certains groupes takfiris tout en acceptant leur responsabilité et en tirant les leçons du passé, a estimé M. Rouhani.  « Si le Gouvernement saoudien souhaite réellement mettre en œuvre sa vision du développement et de la sécurité régionale, il doit mettre un terme à ses politiques séparatistes, arrêter de répandre des idéologies haineuses et de bafouer les droits des pays voisins, accepter sa responsabilité pour la protection de la vie et de la dignité des pèlerins et établir des relations avec les pays de la région sur la base du respect mutuel et de la redevabilité », a insisté le Président iranien. 

« Nous ne pourrons pas combattre les réseaux terroristes et criminels sans véritables démocraties dans notre région et sans mettre en œuvre des approches participatives aux niveaux national et transnational ».  Pour M. Rouhani, les pays de la région peuvent construire un avenir commun en puisant dans leurs histoires et cultures communes et en isolant les groupes terroristes.  Il ne faut en aucun cas tolérer « qu’une région comme la nôtre court à nouveau le risque d’un démembrement comme celui que nous avons connu il y a près d’un siècle ».  L’Iran s’oppose à toute forme de sectarisme, a-t-il affirmé, en rappelant que le peuple musulman, qu’il soit shiite ou sunnite, a vécu ensemble en paix et en harmonie depuis des siècles.  Malgré les difficultés actuelles, il doit avoir confiance en l’avenir et en veut pour preuve l’expérience acquise par son pays avec le Groupe des 5+1 et le succès du plan d’action global commun (JCPOA) qui témoigne des succès possible si l’on fait preuve de modération et lorsqu’on favorise le dialogue.  Cet accord est à la fois politique et représente une démarche novatrice pour résoudre pacifiquement les crises et conflits dans le monde.  Pour le Président iranien, il ne faut jamais oublier que les pressions et les menaces « illégales » contre le peuple iranien ont toutes été vouées à l’échec.  Aujourd’hui, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Conseil de sécurité ont reconnu la nature pacifique du programme nucléaire iranien.  Pour M. Rouhani, les États-Unis sont pleinement conscients qu’il s’agit d’un accord multilatéral et que tout manquement de leur part à le respecter représenterait un acte international illicite auquel la communauté internationale objecterait. 

Huit mois après la levée des sanctions « cruelles », l’économie iranienne montre une nette amélioration avec un taux de croissance de plus de 4% et une baisse significative de son taux d’inflation, a souligné le Président Rouhani, en précisant que l’Iran avait pratiquement retrouvé son niveau de production et d’exportation pétrolière précédant la date des sanctions.  L’Iran est l’un des rares pays producteurs de pétrole à avoir été en mesure de faire face au choc pétrolier en 2014, a-t-il dit, en assurant que son taux de croissance devrait atteindre 5% en 2016..  Concluant sur une note positive, M. Rouhani s’est dit convaincu que la modération était le mot clef pour combattre l’extrémisme et faire triompher la paix.

M. HERY RAJAONARIMAMPIANINA, Président de Madagascar, a déclaré que pour réaliser les objectifs de développement durable, son pays s’appuie sur la promotion sociale, notamment au travers cette année d’une politique nationale qui s’est traduite par l’allocation de suppléments de revenu pour les ménages les plus pauvres.  En outre, a-t-il dit, la santé est primordiale pour son gouvernement, qui la considère comme la première garante de la productivité de la population.  C’est à cette fin que le projet de système de couverture santé universelle a été établi, a précisé le Président de Madagascar, qui a indiqué que le renforcement de la couverture vaccinale avait été rendu possible grâce à une loi ciblant les foyers les plus défavorisés.  Par ailleurs, dans le secteur de l’éducation, il a été possible de recruter et de former quelques dizaines de milliers d’instituteurs afin d’accroître le taux de scolarisation à travers tout le pays. 

Affirmant que la jeunesse, les femmes et les filles constituent pour Madagascar le pivot de toutes les politiques publiques et actions pour le développement, le Président en a voulu pour preuve la réforme du Code de la nationalité, qui permet aux enfants nés d’une mère « Malagasy » et d’un père étranger d’acquérir la nationalité malgache.  « De même, la ratification de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées nous a aussi permis d’améliorer la protection des personnes en situation de handicap au travers de politiques inclusives », a poursuivi le Chef de l’État malgache.

Après avoir fait état de projets de modernisation de l’agriculture et de lutte contre l’insécurité alimentaire, notamment dans le sud de l’île, M. Rajaonarimampianina a affirmé que Madagascar accueillait le Centre régional de fusion de l’information maritime, dont le rôle est de lutter contre la piraterie, le terrorisme, les trafics divers et le pillage des ressources naturelles.  Il a ensuite annoncé que son pays invitera, à Paris en décembre prochain, des partenaires et des investisseurs étrangers à participer à une conférence des bailleurs de fonds pour mobiliser les ressources nécessaires à son programme de développement.

Le Président malgache s’est, avant de conclure, félicité de la reprise, à Paris le 17 juin dernier, des négociations relatives aux îles malagasy Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India dans le canal de Mozambique, sous l’impulsion des autorités françaises.  Il a souhaité que ces discussions se déroulent dans le respect des dispositions de la Déclaration de Manille sur le règlement des différends internationaux, et conformément à la résolution 37/10 de l’Assemblée générale des Nations Unies. 

M. TANETI MAAMAU, Président de la République de Kiribati, a déclaré que la question des changements climatiques était un défi mondial qui requiert des transformations à l’échelle mondiale.  « Le futur des plus vulnérables, tels que mon peuple et mon pays, est en jeu », a-t-il insisté, tout en appelant à un changement de mentalité, de paradigme de développement et de principes économiques.

Chaque année, a rappelé M. Maamau, son pays lance à l’Assemblée générale de l’ONU « un appel à l’aide pour mettre fin au réchauffement climatique » et aider les États les plus vulnérables à s’adapter à ses conséquences.  « Il est pénible de constater que notre peuple continue de faire face à La menace de la montée du niveau des mers, aux tempêtes et aux catastrophes naturelles telles que le cyclone Pam et le cyclone Winston, contre leurs maisons, leurs parcelles agricoles et leurs moyens de subsistance », a-t-il déploré.  La fréquence croissante de ces incidents, a-t-il dit, exacerbe leurs effets sur la population.  Il a ajouté que, dans certaines parties du pays, des villages entiers ont dû être déplacés en raison de la sévérité de l’érosion côtière et des inondations, sans parler de la destruction des cultures et de la contamination des sources d’eau potable par l’eau de mer.

Par ailleurs, le Président de Kiribati a indiqué que l’apparition du phénomène climatique La Niña augurait d’une période de sécheresse pour son pays, dont les effets risquent de se faire sentir en matière d’éducation, de santé et d’hygiène publique.  C’est pourquoi, il a appelé les Nations Unies à aider son pays à faire face à ce danger imminent, danger qui exige, selon lui, une ratification rapide de l’Accord de Paris sur le climat. 

À cet égard, M. Maamau a indiqué qu’il avait déposé, la veille, l’instrument de ratification de l’Accord.  Il a appelé « les grands frères de notre famille », y compris la Chine et les États-Unis, à s’engager dans cette lutte, notamment pour venir en aide aux pays insulaires et archipellagiques de faible altitude, comme le sien.

S’agissant des objectifs de développement durable, M. Maamau a particulièrement insisté sur le transfert des ressources technologiques des pays les plus riches vers les pays les moins avancés pour permettre à ces derniers d’atteindre le développement durable.  Notant par ailleurs la contribution de la République de Chine de Taiwan pour atteindre le développement durable, le Président de Kiribati a appelé à mieux inclure l’île dans le système international.  Avant de conclure, M. Maamau a voulu savoir comment rompre les barrières entre les peuples.  « La réponse est simple », a-t-il dit, « c’est notre cœur et notre amour ».  L’amour a, selon lui, été l’ingrédient manquant aux diverses recettes pour la paix mondiale.  C’est dans cet objectif que les Nations Unies doivent « ouvrir notre cœur et partager notre amour les uns avec les autres », a-t-il dit.

M. PATRICE ATHANASE GUILLAUME TALON, Président du Bénin, a reconnu que le monde, ouvert tel qu’il l’est aujourd’hui,  subira plus que jamais les conséquences de la pauvreté, notamment les mouvements migratoires incontrôlables et déstabilisants si rien n’est fait.  La pauvreté de masse est désormais une menace majeure pour l’humanité, ce qui l’a amené à « interpeler les pays les plus développés et les institutions du financement du développement » pour la mise en œuvre d’une action collective volontariste à même d’éradiquer la pauvreté qui marginalise dangereusement la plupart des pays d’Afrique.  La communauté internationale est capable de le faire, comme les récents exemples de la Grèce et de l’Ukraine où il a été possible d’éviter l’effondrement, l’ont prouvé, a estimé le Président Talon.  Il faudra la même volonté, mais pas nécessairement plus de moyens, a-t-il dit, pour éradiquer efficacement la pauvreté en Afrique.

Les pays d’Afrique devront « bien entendu » prendre leur part de responsabilité en œuvrant davantage pour la stabilité politique et surtout pour la bonne gouvernance, a reconnu le Président du Bénin.  Son pays, le Bénin, s’est d’ores et déjà engagé dans cette dynamique et a entrepris les réformes politiques, administrative et de bonne gouvernance.  À cela s’ajoutent sa stabilité politique de près d’un demi-siècle et la maturité de sa démocratie: toutes choses qui rendent le Bénin apte à réaliser les objectifs de développement durable pour peu qu’il bénéficie des appuis adéquats, a fait valoir le Président béninois.  En outre, son pays est déterminé à contribuer à la mise en œuvre des décisions contenues dans l’Accord de Paris sur le climat qu’il a déjà signé et dont le processus de ratification est en cours.

M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a invité tous les pays développés à respecter l’intégralité de leurs engagements vis-à-vis des pays en développement, dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable et du financement du développement.  M. Ouattara a indiqué que, pour sa part, la Côte d’Ivoire entendait mobiliser les moyens nécessaires à la réalisation de ces objectifs, notamment à travers son Programme national de développement 2016-2020.  Il s’est également félicité du fait que la bonne situation économique de son pays lui ait d’ores et déjà permis d’améliorer tous ses indicateurs sociaux et d’amorcer un processus de réduction de la pauvreté.

Le Président de la Côte d’Ivoire a par ailleurs insisté sur la nécessité de mettre fin aux nombreux conflits en cours, en particulier en Syrie, au Moyen-Orient, au Soudan du Sud et au Mali.  Il a toutefois constaté que le Conseil de sécurité, dans sa configuration et son fonctionnement actuels, ne sera pas en mesure d’y parvenir.  C’est pourquoi, il a appelé à une réforme globale du Conseil qui permettrait de renforcer sa légitimité.  Par ailleurs, M. Ouattara a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour lutter contre le terrorisme.  « Si rien n’est fait collectivement pour supporter le coût de la sécurité de tous, nos pays en développement investiront dans leur sécurité nationale les ressources qui manqueront demain aux investissements sociaux prioritaires », a-t-il mis en garde.

Concernant la situation politique de la Côte d’Ivoire, M. Ouattara a rappelé que le pays avait organisé, « avec succès », l’élection présidentielle d’octobre 2015, qui a permis, selon lui, de « sceller le retour à la paix et à la stabilité ».  Il a également indiqué que la Côte d’Ivoire allait, dans les prochains mois, élire un nouveau parlement et se prononcer sur le projet d’une nouvelle constitution.  « Au regard des progrès satisfaisants réalisés ces dernières années dans le pays, le Conseil de sécurité a levé, en avril 2016, le régime des sanctions qui pesait sur la Côte d’Ivoire depuis 2014 », a-t-il salué, en ajoutant que l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) achèvera son mandat en juin 2017, après 12 années de présence continue.  « Le Gouvernement ivoirien est particulièrement fier de cette évolution, qui apparaît désormais dans l’histoire des opérations de maintien de la paix comme une véritable « success story », s’est félicité M. Ouattara, tout en appelant les États Membres à appuyer la candidature de la Côte d’Ivoire à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2018-2019.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a affirmé que son pays demeurait attaché aux accords conclus avec Israël depuis 1993, mais que l’État hébreu devrait en faire de même et agir rapidement pour répondre aux questions relatives au statut final.  « Il doit cesser toutes les activités de peuplement et les agressions contre nos villes, villages et camps de réfugiés.  Il doit mettre fin à ses politiques de punition collective et de démolition des foyers palestiniens.  Il doit cesser ses exécutions extrajudiciaires et mettre fin aux arrestations de notre peuple, et remettre en liberté des milliers de prisonniers.  Il doit cesser ses provocations et agressions aux abords de la mosquée Al-Aqsa », a-t-il déclaré.  Comment un pays responsable de tels actes peut-il rechercher la paix? s’est demandé M. Abbas.  Il a assuré que jamais l’Autorité palestinienne n’accepterait la situation actuelle, en expliquant qu’elle continuerait de plaider auprès du Conseil de sécurité pour la mise aux voix d’une résolution sur les colonies de peuplement et la « terreur répandue par les colons », en consultation avec les pays arabes et autres.  Le Président Abbas a espéré qu’aucun membre n’exercerait son droit de veto.

Il a ensuite accusé Israël de continuer à fuir la perspective d’une conférence internationale pour la paix, une proposition de la France qui avait reçu l’assentiment d’une majorité d’États Membres.  M. Abbas a souhaité qu’une telle conférence débouche sur l’établissement d’un mécanisme et d’un calendrier destinés à arrêter la fin de l’occupation, conformément aux résolutions pertinentes, au principe de « la terre contre la paix » et de l’Initiative de paix arabe.  Il a demandé la tenue d’une telle conférence avant la fin de l’année.

Le dirigeant palestinien s’est ensuite offusqué des critiques faites par le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, lors du Sommet de la Ligue des États arabes à Nouakchott en juillet 2016, sous prétexte que sa délégation y avait fait référence à la Déclaration Balfour.  Il a estimé qu’il était temps pour Israël de reconnaître l’existence de l’État de Palestine et mettre fin à l’occupation de son territoire.  « Il n’y a pas de conflit entre nous et la religion et le peuple juif.  Notre conflit porte sur l’occupation de nos terres par les Israéliens.  Nous respectons la religion juive et condamnons la catastrophe qui s’est abattue sur le peuple juif en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, que nous considérons comme l’un des crimes les plus haineux perpétrés contre l’humanité », a ajouté M. Abbas.  La réalisation de la réconciliation historique entre les peuples palestinien et israélien exige qu’Israël reconnaisse sa responsabilité dans la Nakba, a-t-il précisé.  « Cela ouvrirait une nouvelle ère dans notre coexistence et permettrait de dresser des passerelles entre nous plutôt que des murs », a-t-il lancé, en regrettant cependant qu’Israël choisirait dans l’Initiative de paix arabe uniquement « ce qui lui convient ».

Après avoir demandé au Royaume-Uni de présenter ses excuses pour les conséquences de la Déclaration Balfour, 100 ans après sa publication, le Président de l’Autorité palestinienne a rappelé qu’il n’existait aucun moyen de défaire le terrorisme et l’extrémisme dans le monde tant que la sécurité et la stabilité ne seront pas rétablies au Moyen-Orient et que l’occupation israélienne de la Palestine n’aura pas pris fin.  Il a assuré que, de son côté, l’Autorité palestinienne s’efforce de poursuivre la réconciliation entre les différentes factions palestiniennes en vue de former un gouvernement d’unité nationale et de tenir des élections présidentielle et législatives.  Mais, a-t-il dit, il subsiste une question: existe-t-il en Israël un leadership qui désire faire la paix et renoncer à cette « mentalité hégémonique et expansionniste » aujourd’hui à l’œuvre?  Avant de conclure, M. Abbas a appelé l’Assemblée générale à proclamer 2017 « Année internationale pour mettre fin à l’occupation israélienne », alors que le mois de juin prochain marquera les 50 ans de cette occupation.  Il a également appelé les États Membres à permettre à la Palestine de présenter et de se porter coauteur de résolutions visant à soutenir les efforts pour renforcer le statut juridique et politique de la Palestine, notamment en lui reconnaissant la possibilité de présider des comités et groupes internationaux.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de Norvège, a appelé la communauté internationale à ne pas laisser la peur guider ses actions, à ne pas revenir à un monde dominé par le jeu à somme nulle, les intérêts nationaux étriqués et le protectionnisme.  Au contraire, la communauté internationale doit se rallier à une force renouvelée au multilatéralisme, a-t-elle affirmé, en ajoutant que la Norvège travaillera dur pour promouvoir le respect du droit international et trouver des solutions communes.  Elle a également regretté qu’en Europe, continent qui jouit d’une ère de paix, de démocratie et de commerce mais confronté à une situation complexe en matière de sécurité, certains États avaient choisi de ne pas respecter le droit international et de simplement rechercher leur intérêt national aux dépens des autres.  Alors que les souffrances au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord sont la cause de souffrances humaines de grande ampleur, la réponse ne peut être l’isolement, a répété Mme Solberg.

Le situation en Syrie n’est pas tolérable, a ensuite rappelé le Premier Ministre, avant de faire remarquer que le monde attendait du Conseil de sécurité, comme du Groupe international de soutien pour la Syrie, qu’ils produisent des résultats.  La Syrie n’est pas le seul dossier dont il faut s’occuper, a poursuivi Mme Solberg, qui a demandé au Président Abbas de Palestine et au Premier Ministre Netanyahu d’Israël de mettre en œuvre les recommandations du Quatuor afin d’éliminer les menaces imminentes qui se posent à la solution des deux États.  Elle a par ailleurs annoncé que la Norvège continuera de fournir un niveau record d’assistance humanitaire, que ce soit en Syrie, au Soudan du Sud ou ailleurs.

Mme Solberg a en outre plaidé pour un renforcement des capacités des Nations Unies en matière de consolidation de la paix, pour une coopération avec la société civile, les femmes, les jeunes et les dignitaires religieux afin de combattre le terrorisme, pour la promotion du rôle des femmes dans la paix  et la sécurité, pour une politique de tolérance zéro face aux abus sexuels et pour que les Casques bleus soient dotés des moyens dont ils ont besoin pour accomplir leur mission.   Elle s’est félicitée de certains résultats obtenus et, notamment, de l’Accord de paix en Colombie, en rappelant que la Norvège était fière d’avoir contribué à faciliter le processus de paix aux côtés de Cuba.  Son pays, a-t-elle assuré, poursuivra son soutien, diplomatique et pratique, au processus.  Le Premier Ministre a également insisté sur le renforcement du pilier « droits de l’homme » des Nations Unies et a plaidé pour la promotion des droits des femmes, des minorités, des membres des communautés marginalisées, ainsi que pour la protection des défenseurs des droits de l’homme.  L’éducation des filles et la santé, notamment le renforcement de la préparation aux risques d’épidémie, est une priorité pour la Norvège, a souligné Mme Soldberg.  Elle est revenue sur le risque que représente pour les générations futures la résistance croissante aux médicaments antimicrobiens.

Par ailleurs Mme Solberg a insisté sur l’importance de l’Accord de Paris sur le climat avant de mettre en avant le rôle croissant que joueront les océans dans l’économie mondiale et dans l’alimentation, en plaidant pour une aquaculture plus durable.  Notant en outre le potentiel des océans comme source d’énergie, elle a estimé que nous n’en étions qu’aux prémices de « l’économie bleue ».

Enfin, Mme Solberg a rappelé que la coopération internationale était essentielle pour traiter des grands défis planétaires et a annoncé que son pays avait, ce matin même, présenté avec la Colombie, le Ghana, l’Éthiopie, la Jordanie, l’Indonésie et le Mexique cinq recommandations destinées au futur secrétaire général aux fins de promouvoir une organisation des Nations Unies crédible et indépendante, capable de jouer un rôle moteur.

« Ce que je vais vous dire va sans doute vous choquer: Israël a devant lui un avenir brillant aux Nations Unies », a déclaré d’emblée M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, tout en reconnaissant que cette affirmation a de quoi surprendre, dans la mesure où, d’année en année, il n’a eu de cesse de dénoncer l’Organisation pour sa « partialité à l’encontre d’Israël ». 

Pour illustrer cette « partialité », M. Netanyahu a notamment mentionné les nombreuses résolutions votées chaque année par l’Assemblée générale contre son pays, les condamnations régulièrement prononcées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU « contre Israël plus que contre n’importe quel autre pays au monde » et la décision de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), en 2016, de « nier le lien millénaire qui existe entre le peuple juif et le mont du Temple ».

« De force morale, les Nations Unies sont passées à une farce morale », a déploré le Premier Ministre israélien, avant d’ajouter: « Mais tout va changer, et bien plus tôt que vous ne le pensez ».  Ce changement, a-t-il affirmé, interviendra ici-même, dans l’enceinte de l’Assemblée générale, à mesure que les gouvernements du monde changent d’attitude vis-à-vis d’Israël.  Il a souligné que, d’ores et déjà, de nombreux pays considèrent Israël comme un « partenaire puissant » sur le plan économique et dans la lutte contre le terrorisme, notamment du fait de l’efficacité de ses agences et services de renseignement.  M. Netanyahu a également indiqué que son pays disposait d’un important savoir-faire dans les domaines de la santé et du recyclage des eaux usées.  « Israël est une puissance mondiale de l’eau », a-t-il affirmé.  Son pays, qui attire à l’heure actuelle près de 20% des investissements mondiaux dans la cybersécurité, est également une « cyberpuissance », a-t-il assuré.

« Je vais vous surprendre davantage: ce changement intervient également dans le monde arabe », a fait remarquer le Premier Ministre israélien, en affirmant que, pour la première fois, les autres États de la région reconnaissent « qu’Israël n’est pas l’ennemi mais un allié » face, notamment, à l’Iran et à Daech.  Il a ainsi déclaré que les relations diplomatiques d’Israël sont en train de « connaître une révolution ».  Parallèlement à ce changement, il a toutefois rappelé que l’alliance la plus « précieuse » de son pays demeurait celle qu’il entretient avec les États-Unis.  Ce pays est « le plus puissant et le plus généreux qui soit », a-t-il soutenu, sous des applaudissements dans l’enceinte de l’Assemblée. 

« Mesdames et Messieurs, déposez les armes, la guerre contre Israël aux Nations Unies est terminée! » a demandé M. Netanyahu, tout en précisant qu’il ne laisserait jamais l’ONU dicter à son pays ses intérêts en matière de sécurité.  Le Premier Ministre israélien s’est dit à ce point convaincu du changement des relations entre l’Organisation et Israël qu’il ne serait pas surpris si, dans une dizaine d’années, un premier ministre israélien louait les Nations Unies du haut du podium de l’Assemblée générale.  « Mais pourquoi attendre une décennie? » s’est-il interrogé, en notant que le fait de « diaboliser » Israël ne contribuait pas à améliorer la situation dans la région.

Faisant référence à la déclaration faite, quelques instants plus tôt, par le Président de la Palestine, M. Mahmoud Abbas, le Premier Ministre israélien a reproché à son homologue de s’en être pris à la Déclaration Balfour de 1917.  « Nous avons là quelqu’un de coincé dans le passé », a-t-il déclaré, avant de faire observer que si le dirigeant palestinien s’est attaqué à cette Déclaration, « c’est parce qu’elle reconnaît le droit du peuple juif à sa propre terre ».  Il a affirmé que les Palestiniens persistent à refuser de reconnaître le droit à un État juif, quelles que soient ses frontières.  « Le conflit perdure car ce que les Palestiniens veulent, c’est Haïfa, Jaffa et Tel Aviv », a-t-il insisté, avant d’annoncer qu’il était prêt à négocier sur tout, « sauf sur notre droit à un État juif ».  Lorsque les Palestiniens accepteront enfin l’idée d’un État juif, a-t-il dit, il sera temps de mettre un terme à cette « tragédie ».

M. Netanyahu a par ailleurs déclaré que, non seulement les dirigeants palestiniens sont coincés dans le passé, mais ils entravent également l’avenir de leur population en faisant l’apologie du terrorisme et en « procédant à un lavage de cerveau des enfants » pour leur inculquer une culture de la haine.  « En Israël, nous ne faisons pas ça.  Nous éduquons nos enfants dans une culture de paix », a-t-il affirmé, tout en soulignant qu’il s’opposait à l’idéologie de certains extrémistes juifs, comme ceux qui ont perpétré un incendie criminel l’an dernier dans un village en Cisjordanie.  « Les dirigeants palestiniens rémunèrent les terroristes alors que les dirigeants israéliens jettent les terroristes juifs en prison », a-t-il soutenu.

Par ailleurs, le Premier Ministre d’Israël a indiqué qu’il n’avait pas renoncé à la paix et qu’il avait appelé les dirigeants palestiniens à entretenir un dialogue direct avec Israël.  « Président Abbas, au lieu de parler ici du peuple israélien, je vous invite à venir parler au peuple israélien à la Knesset, et je viendrai volontiers m’adresser aux Palestiniens devant le Parlement à Ramallah », a-t-il proposé.

Les principales victimes du terrorisme sont des « musulmans innocents », a tenu à rappeler M. Netanyahu.  Pour vaincre l’extrémisme violent, il a appelé à lutter « à la fois dans le monde réel et virtuel ».  Il a indiqué qu’Israël combattait chaque jour les actes des extrémistes, qu’il s’agisse du Hezbollah libanais ou du Hamas, dont il a dénoncé « l’indécence et la barbarie ».

La menace la plus importante pour la paix mondiale, a toutefois estimé M. Netanyahu, demeure le régime iranien.  Il a souligné que, malgré la signature d’un accord sur le programme nucléaire iranien, l’Iran a procédé à des tirs de missiles balistiques cette année et consolide chaque jour son « réseau terroriste ».  « Israël ne permettra pas au régime terroriste iranien de développer l’arme nucléaire, ni aujourd’hui, ni dans 10 ans, ni jamais », a-t-il martelé, en provoquant une salve d’applaudissements dans la salle  de l’Assemblée.

Le Premier Ministre d’Israël s’est enfin dit confiant que son pays continuerait à forger, dans les années à venir, une paix durable avec tous les pays voisins.

M. SERGE TELLE, Chef du Gouvernement de Monaco, a rappelé que les malheurs du monde actuel, meurtri par la faim et la maladie, déchiré par la violence, endeuillé par le terrorisme, menacé par le réchauffement climatique, fragilisé par les atteintes à la biodiversité, ébranlé par des périls nouveaux comme l’acidification des océans ou la fonte du permafrost (pergélisol), qui voit ses terres agricoles raréfiées ou englouties par la montée des eaux et ses villes écrasées par les bombes, avaient un seul responsable: l’homme.  Les dirigeants des nations présentes en cette enceinte ont la responsabilité de trouver des solutions car l’ONU est le seul lieu où les intérêts contradictoires peuvent se rencontrer pacifiquement dans un esprit de progrès, a poursuivi M. Telle, qui a rendu hommage au Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, pour avoir été « à la pointe des combats de notre temps ».  

M. Telle s’est ensuite concentré sur trois points.  Le premier est le sort des réfugiés et migrants, qui a amené le Chef du Gouvernement de Monaco à rappeler l’attachement de son pays à la Méditerranée, « à la fois lien et frontière entre tant d’univers », qui doit « aider à comprendre que les drames qui se jouent sur ses rivages ne sont pas ceux de mondes qui s’affrontent, mais ceux d’un même monde, le nôtre ».  Quelle que soit notre situation matérielle, quel que soit le lieu où nous habitons, nous ne pourrons échapper aux malheurs de la Terre et des hommes, a encore déclaré M. Telle, qui a cité John Donne: «  Ne nous demandons pas pour qui sonne le glas, c’est toujours pour nous qu’il résonne ».  Il s’est en outre félicité de l’adoption de la Déclaration de New York sur les déplacements massifs de réfugiés et de migrants, en estimant qu’elle « rappelle les principes au nom desquels nous devons agir et les obligations juridiques et morales auxquelles nous devons tous souscrire ». 

Rappelant que, selon l’ONU, le monde pourrait en 2050 compter 250 millions de réfugiés climatiques, M. Telle s’est ensuite attaché aux questions environnementales.  Elles passent d’abord par la préservation du climat, a-t-il ajouté.  À cet égard, il a annoncé que Monaco deviendrait partie à l’Accord de Paris avant la fin de l’année et s’était engagé à réduire d’ici à 2050 ses émissions de gaz à effet de serre de 50% de leur niveau de 1990.  Le coût de cette transition énergétique, certes réel, est toutefois peu de chose au regard des conséquences de l’inaction, a affirmé M. Telle, qui a rappelé le soutien de Monaco au Fonds vert pour le climat. 

M. Telle s’est particulièrement inquiété de l’avenir des océans, en rappelant que l’intérêt très ancien de Monaco pour ce sujet l’avait amené à accueillir dès 2009 la « Déclaration de Monaco » dans laquelle 150 scientifiques internationaux alertaient sur l’acidification des océans, et à plaider pour l’intégration d’un objectif de développement durable dédié aux océans dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Appelant à un véritable changement de civilisation et à admettre qu’on ne pourra construire un avenir pour l’humanité qu’en protégeant la nature et en acceptant ses règles, M. Telle s’est inquiété d’un rapport de l’UNESCO selon lequel 40% des enfants de 15 ans n’avaient aujourd’hui que des connaissances élémentaires sur les problématiques environnementales.  Cela a mené M. Telle à insister sur l’importance de l’éducation, en particulier celle des filles, en précisant que « c’est par les femmes que progressent les valeurs de tolérance et de respect ».  Il a également réitéré le soutien de Monaco aux résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.

M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, a exhorté la communauté internationale à aider le Liban à élire un président de la République afin de préserver l’équilibre des institutions libanaises et protéger ainsi un modèle unique de pluralité au Levant.  Le Liban est sans président depuis deux ans et demi, a-t-il rappelé.  À ce jour, son pays accueille 1,5 million de réfugiés syriens, ce qui représente un tiers de sa population, a fait remarquer le Président du Conseil des ministres libanais, en prévenant que le Liban ne pourra plus accepter de réfugiés sur son territoire.  C’est pourquoi, il a demandé aux Nations Unies de développer une vision globale pour réinstaller les réfugiés syriens présents au Liban dans des zones sûres à l’intérieur de la Syrie.  Il a tenu à préciser que le territoire libanais n’était pas une terre d’asile permanente mais le pays des Libanais.  

« Dix ans après l’adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, le Liban exhorte la communauté internationale à demander à Israël de mettre fin à ses violations de la souveraineté libanaise, de coopérer avec la FINUL pour la délimitation de ce qui reste de la Ligne bleue et de se retirer de la partie nord du village de Al Ghajar, des fermes de Chebaa et des collines de Kfarshuba », a déclaré M. Salam.  Le Président libanais a aussi rappelé qu’il avait demandé au Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, lors de sa visite à Beyrouth au mois de mars dernier, de permettre aux Nations Unies de jouer un rôle de bons offices pour régler la question de la délimitation maritime de la zone économique exclusive entre le Liban et Israël.  Il a aussi condamné l’occupation palestinienne et le blocus de Gaza et demandé de tenir Israël juridiquement responsable pour les crimes de guerre qu’il a commis.   Il a appelé à une solution durable au conflit israélo-palestinien s’appuyant sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, la Déclaration de principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe. 

La communauté internationale, a-t-il insisté, ne doit épargner aucun effort pour restaurer la sécurité au Moyen-Orient où des villes sont en train d’être rasées.  Le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme, a-t-il estimé, est de permettre aux peuples de vivre dignement et en toute liberté et de trouver une solution juste pour le peuple palestinien.  Avant de conclure, il a souligné l’importance d’établir des relations pacifiques entre les pays de la région sur la base du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures.    

M. HAIDER AL ABADI, Premier Ministre de l’Iraq, a déclaré que 2016 était l’année de la libération et de la victoire pour l’Iraq.  Le Gouvernement a lancé l’opération de libération de Ninive, la dernière province qui est restée sous la férule de Daech, à partir de laquelle la libération du pays sera complète avant la fin de l’année.  Notre objectif fondamental est de libérer notre peuple de la main de Daech et de sauver les civils de cette organisation, a-t-il assuré.  Le Gouvernement iraquien a commencé la mise en œuvre des programmes de prise en charge des personnes déplacées, un programme intégré de stabilisation et les services de base comme l’eau, l’électricité, les écoles et les hôpitaux, a indiqué le Premier Ministre.  La communauté internationale, a-t-il voulu, doit maintenir son appui pour le retour et l’hébergement des personnes déplacées avec la prochaine bataille pour libérer Ninive et l'augmentation anticipée des personnes déplacées.

En ce qui concerne les réformes économiques et financières, le Gouvernement iraquien a mis en œuvre son programme ambitieux visant à réduire les dépenses malgré les défis et les nécessités de dépenses pour soutenir la guerre contre le terrorisme, a assuré M. Al Abadi.  Le Gouvernement a également commencé à restructurer de nombreuses institutions et à donner la priorité aux services de base pour les citoyens, simplifier les procédures, atténuer et enlever les obstacles aux investissements.  Il a aussi renforcé le partenariat avec le secteur privé.  En outre,  le Gouvernement iraquien a signé un mémorandum de compréhension avec le Programme des Nations Unies pour le développement pour que l’Iraq profite de l’expertise internationale afin de renforcer les capacités de lutte contre la corruption.  Des étapes concrètes  ont été franchies dans cette direction au cours de ces dernières semaines.

L’Iraq rencontre deux facteurs externes qui affectent sa stabilité et la croissance économique et sociale: la baisse des prix du pétrole qui a provoqué une perte de plus de 70% des revenus dans un contexte d’augmentation des dépenses militaires à cause de la guerre contre le terrorisme et les fardeaux sécuritaires pour libérer l’Iraq du terrorisme, a rappelé M. Al Abadi.  Avant de terminer, il a appelé la communauté internationale à maintenir et respecter la souveraineté de l’Iraq et demandé à la Turquie de retirer ses forces du territoire iraquien où la présence de ces forces est non seulement rejetée par les Iraquiens, mais elle entrave également les efforts du Gouvernement pour libérer Ninive-Mossoul.

M. BERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a indiqué qu’il avait été interpelé récemment par un jeune concitoyen qui lui a demandé s’il croyait toujours en l’ONU.  L’ONU n’a pas d’autre choix que de jouer un rôle majeur pour trouver des solutions, maintenant et dans l’avenir, a expliqué M. Koenders.  Il a ajouté que « l’ONU était la meilleure organisation mondiale imparfaite ».  L’ONU demeure la plateforme où les objectifs et ambitions internationaux sont établis et où nous pouvons prendre des décisions sur des nouveaux défis mondiaux, a-t-il expliqué.  M. Koenders a souligné que l’étape de la mise en œuvre était nécessaire afin de réaliser les objectifs de développement adoptés.  Il est important de s’engager dans la mise en œuvre des recommandations, a souligné le Ministre en ajoutant que cette option devrait être la priorité majeure des États Membres et du nouveau secrétaire général de l’ONU.  Il a déclaré que ce dernier devrait être un « bâtisseur général » œuvrant sur la base de la vision mondiale de coopération du XXIe siècle.  Il a précisé que le Secrétaire général ne pouvait tout faire seul, et que les États Membres devaient également prendre leur responsabilité.  Il les a même invités à « déclarer un moratoire » sur les nouvelles résolutions et engagements de l’Organisation, en attendant que les précédents soient mis en œuvre.

Le Ministre a ensuite relevé que le Conseil de sécurité, établi en 1945, devrait faire l’objet d’une réforme.  Il a rappelé que les Pays-Bas avaient demandé un siège au sein de cet organe en faveur de l’Union européenne.  Il a déploré que l’usage du droit de veto continue de bloquer des décisions urgentes, notamment en cas d’atrocités de masse.  Il a souhaité que les membres du Conseil de sécurité soient tenus responsables des blocages qu’ils imposent contre des décisions ciblant des violations flagrantes du droit international humanitaire.  Il a souligné que l’un des sujets de préoccupation des Pays-Bas, et que le Conseil de sécurité examine régulièrement, est celui de la protection des civils, notamment les implications de paix et de sécurité relatives aux changements climatiques.  Ce sujet est de la plus grande importance pour son pays qui est situé en dessous du niveau de la mer, a-t-il expliqué.

M. Koenders a en outre appelé à un meilleur suivi du cessez-le-feu en Syrie, en souhaitant que les violations qui seraient identifiées soient portées à l’attention du Conseil de sécurité.  Quelles sont la valeur et la crédibilité de l’ONU si nous parlons de responsabilité de protéger sans être capables de résoudre le conflit syrien? a encore demandé le Ministre qui a aussi voulu savoir s’il est possible que l’ONU ne peut même pas répondre à l’appel lancé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme en faveur d’une enquête indépendante sur les violations sérieuses des droits de l’homme au Yémen.  Il a terminé en affirmant, en réponse à la question de son jeune concitoyen, qu’il croit toujours en l’ONU, mais seulement si nous faisons montre de détermination et de l’engagement que mentionne la Charte des Nations Unies.

MGR PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a rappelé que la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 reposait sur l’idée que les fruits de la richesse tirés de taux de croissance économique ambitieux doivent être durablement et équitablement partagés.  Sans une situation financière stable et des investissements pérennes, a-t-il ajouté, il ne sera pas possible d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Citant le pape François, il a estimé que régler la « dette écologique » entre le Nord et le Sud supposait de prendre soin de l’environnement des pays les plus pauvres et de leur allouer les ressources nécessaires pour répondre aux défis que posent les changements climatiques et le développement durable.  Le Cardinal Parolin a également souligné que le développement ne saurait être imposé aux femmes et aux hommes, ces derniers, à l’inverse, devant être les principaux agents de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le développement humain intégral cher au pape François a pour principaux piliers le droit à la vie, le respect de la vie sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, ainsi que la promotion du dialogue, a poursuivi le Cardinal Parolin.  Il a ainsi plaidé pour des négociations accrues afin de parvenir à une sortie de crise au Moyen-Orient, au Soudan du Sud, dans la région des Grands Lacs et dans l’est de l’Ukraine.  Évoquant l’Accord de paix « historique » entre le Gouvernement colombien et les FARC, qui sera signé officiellement le 26 septembre à Carthagène, il s’est dit convaincu que le dialogue et la médiation étaient les meilleurs instruments dont dispose la communauté internationale pour résoudre les conflits.  Depuis le début du conflit en Syrie, le Saint-Siège appelle à la fin des violences et au dialogue entre toutes les parties, a-t-il encore souligné.  Enfin, pour Mgr Parolin, l’Accord global entre le Saint-Siège et l’État palestinien, signé le 26 juin 2015 au Vatican, peut contribuer à la relance des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens, le document réaffirmant en effet le soutien de l’Église à une solution négociée et pacifique au conflit israélo-arabe.

M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a jugé fondamental une pleine mise en œuvre des objectifs de développement durable pour faire du monde un lieu dans lequel il fait bon vivre.  Mais en attendant, le monde affronte la pire situation sécuritaire depuis la Seconde Guerre mondiale avec des zones de guerre d’où sont lancées des attaques terroristes dans le monde entier, a-t-il déploré.  La Bulgarie doit, comme d’autres, faire face à des défis sans précédent du fait des déplacements massifs, a poursuivi le Président, pour qui l’objectif de chacun devrait être la protection des migrants et des réfugiés, et notamment des plus vulnérables d’entre eux.  M. Plevneviev a notamment mis l’accent sur les droits des enfants déplacés, appelant à les considérer comme des enfants avant de les traiter comme des réfugiés ou des migrants.  Ces migrants et réfugiés doivent, pour leur part, respecter les lois des pays de transit ou d’accueil.  La Bulgarie s’est engagée en faveur du règlement de conflits prolongés, a expliqué M. Plevneviev, qui a insisté sur son expertise des Balkans occidentaux pour préparer l’intégration de ces derniers à l’Union européenne.  Il a en outre appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits, comme en Syrie.

La Bulgarie ne veut pas revenir à l’époque où les grandes puissances se partageaient la gestion du monde, a prévenu le Président, qui a dénoncé toute tentative visant à déstabiliser l’Ukraine ou porter atteinte à son intégrité territoriale.  La Bulgarie rejette ainsi l’annexion illégale de la Crimée par la Russie.  M. Plevneviev a par ailleurs rappelé que son pays continuait à contribuer au relèvement de l’Afghanistan et a réaffirmé son appui à la solution des deux États dans le conflit israélo-palestinien.  Il a appuyé l’accord sur le programme nucléaire iranien et a exhorté la République populaire démocratique de Corée à suspendre son programme de missiles balistiques et à reprendre le dialogue avec la communauté internationale.  Il a par ailleurs rappelé la participation de la Bulgarie à la coalition internationale antiterroriste et estimé que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies était une bonne base de travail qu’il faudrait soutenir.

M. Plevneviev, qui s’est prononcé pour une mise en œuvre la plus rapide possible de l’Accord de Paris sur le climat, a annoncé le début de la procédure de ratification par le Parlement bulgare.  Il a en outre expliqué que les écoles bulgares avaient adopté des programmes pour expliquer aux enfants l’importance des objectifs de développement durable.  Après s’être prononcé en faveur du renforcement du pilier « droits de l’homme « des Nations Unies, M. Plevneviev a annoncé la candidature de la Bulgarie à un siège au Conseil des droits de l’homme.  Il a également appuyé les efforts et programmes en faveur des droits des femmes et de la parité.  Saluant la « contribution extrêmement précieuse » de la Bulgare Irina Bokhova à la tête de l’UNESCO, il a ensuite affirmé qu’il était grand temps qu’une « femme respectée de l’Union européenne » soit élue secrétaire générale des Nations Unies.  Il a ainsi rappelé que la Bulgarie avait présenté « une excellente candidate qui mérite la confiance de la communauté internationale ».

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a invité la communauté internationale à être inclusive, « notamment en faveur des femmes qui doivent pouvoir réaliser leur potentiel ».  Il s’est ainsi dit fier d’être engagé en faveur de l’initiative « He4She », lancée par ONU-Femmes afin de promouvoir le leadership des hommes en faveur de l’autonomisation des femmes.  Il a invité d’autres dirigeants à en faire de même.

Le Président rwandais a ensuite relevé que le développement passe désormais par les nouvelles technologies, et il s’est félicité de l’appui que les diverses institutions onusiennes ont apporté à son pays dans ce domaine.

Il a ensuite annoncé qu’un millier de délégués allaient se retrouver à Kigali le mois prochain afin de procéder à des amendements du Protocole de Montréal relatif à la protection de la couche d’ozone.  Il a affirmé que ces amendements contribueraient à réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre qui causent le réchauffement de la planète.  Il s’est également félicité de l’Accord de Paris dont l’entrée en vigueur pourrait avoir lieu sous peu.  

La préservation de la paix et la sécurité internationales, a estimé le Président Kagame, dépend des actions concertées de la communauté internationale.  Il a aussi dit que les États ont une responsabilité collective vis-à-vis des réfugiés et des migrants.  « Nous devons aborder cette question avec cohérence et compassion », a-t-il suggéré.  Le Président Kagamé a conclu son discours en saluant l’action du Secrétaire général de l’ONU, « un champion des technologies » qui a plaidé en faveur du développement durable et de l’équité, parfois dans des moments très difficiles.

Mme ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, Présidente du Libéria, a, en tant que Présidente de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réaffirmé son engagement à poursuivre des efforts soutenus pour réaliser l’intégration sous-régionale, grâce au développement des infrastructures, au commerce et à l’investissement, à une bonne gestion des ressources naturelles, à la sécurité alimentaire et au rétablissement de la paix et de la sécurité dans une sous-région exposée au terrorisme comme en témoignent les situations au Mali, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Nigéria et ailleurs dans la sous-région.

Le Libéria, qui continue de compter sur les Nations Unies, maintiendra ses efforts dans la lutte contre la pauvreté et en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles et des communautés marginalisées.  Ce sont là les moteurs de notre « élan transformationnel » pour sauver notre pays et notre monde, a souligné la Présidente.  Elle s’est dite heureuse d’annoncer que le plan de réduction des effectifs de la Mission de l’ONU au Libéria avait été finalisé avec succès le 30 juin dernier, les agences de sécurité libériennes assumant désormais la pleine responsabilité de la sécurité de la nation et du peuple.  Compte tenu de la fragilité et de la rareté de nos ressources, nous reconnaissons les risques que cela implique mais, a dit la Présidente, nous assumerons cette tâche avec fierté, sachant que nos partenaires sont à nos côtés. 

Rappelant qu’elle a été Coprésidente du Groupe de haut niveau du Secrétaire général qui a commencé le processus des objectifs de développement durable, Mme Johnson-Sirleaf a affirmé que son pays s’était déjà engagé à mettre en œuvre ces objectifs au niveau national grâce à des consultations élargies avec les parlementaires, le Gouvernement, le système judiciaire, le secteur privé, la société civile et les organisations religieuses.  Avec l’appui du système de l’ONU, le Libéria est en train de formuler une feuille de route pour la pleine intégration du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans l’agenda national de développement. 

Abritant 43% de la biodiversité sous-régionale, le Libéria, a promis la Présidente, maintiendra fermement son engagement en faveur d’une gouvernance durable des forêts et des terres comme en atteste son mécanisme de vérification et sa réglementation.  La Présidente a remercié la Norvège, partenaire de choix de son pays, dans ce domaine.  Elle a conclu en affirmant que la démocratie s’ancre dans le pays au moment où les Libériens s’acheminent vers les élections présidentielle et législatives de 2017.  La Présidente a remercié les Nations Unies pour avoir aidé son pays à préserver la paix, ces 13 dernières années.  Elle a remercié les nombreux partenaires internationaux qui ont accompagné son pays sur la voie de la reconstruction. 

M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, a déclaré qu’après avoir traversé une crise politique profonde, le Burkina Faso a renoué avec les valeurs cardinales qui fondent la démocratie et l’état de droit.  Le peuple burkinabé a fait montre d’une grande maturité et administré la preuve que rien ni personne ne peut indéfiniment étouffer la soif de justice et de liberté d’une population consciente et jalouse de ses droits, et de sa dignité.  Pour donner véritablement son sens au combat que notre peuple a mené pour sa liberté et le progrès, le Gouvernement a élaboré le Plan national de développement économique et social (PNDES) pour la période 2016-2020. 

Le terrorisme et l’extrémisme violent, a poursuivi M. Kaboré, se sont imposés comme des menaces majeures de notre temps.  Le Burkina Faso salue ainsi le Plan d’action contre l’extrémisme violent du Secrétaire général adopté le 15 janvier 2016, et appelle à la finalisation urgente et l’adoption du projet de convention générale sur le terrorisme.  La situation sécuritaire au nord du Mali demeure une source de grande préoccupation, et mérite l’attention de la communauté internationale, par le relèvement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), et un soutien important aux initiatives sous-régionales, notamment l’opérationnalisation de la force d’intervention rapide du G5 Sahel, ainsi que l’appui à la mise en place par l’État malien de véritables leviers du développement de cette région.

Le monde ne sera pas en paix tant que le Moyen-Orient ne sera pas en paix, a estimé le Président Kaboré, qui a appelé à un règlement pacifique, juste et équitable du conflit israélo-palestinien.  En Syrie, en Iraq et au Yémen, la communauté internationale, a-t-il souligné, doit s’investir dans la recherche d’une paix véritable, dans le respect du droit international, afin que les énormes potentialités de ces pays puissent contribuer au bien-être de leurs populations et de leur région.  

Par ailleurs, a-t-il dit, les changements climatiques s’inscrivent en bonne place parmi les préoccupations du Burkina Faso qui fonde l’espoir que l’Accord de Paris sur le climat permettra la réduction sensible des taux de carbone par les pays développés et la tenue des promesses financières afin de renforcer la résilience des pays en développement contre les catastrophes climatiques.  Avant de terminer, M. Kaboré a annoncé la volonté de son gouvernement de mettre définitivement un terme au fléau du VIH/sida d’ici à 2030.

« Dans un monde où les grandes puissances font ce qu’elles veulent et les petites font ce qu’elles peuvent, l’état de droit est devenu une exception plutôt que la règle », a regretté M. GJORGE IVANOV, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine.  Dans ce contexte, il a estimé que ce qui caractérise le monde contemporain est l’instabilité.  Il a souligné le défi que constitue aujourd’hui la lutte contre le terrorisme international.  Il semble, a-t-il ajouté, que pour chaque cellule terroriste détruite, deux autres apparaissent.  Alors que 20 millions de migrants se trouvent près des frontières européennes, le Président Ivanov a appelé l’Union européenne à trouver des mécanismes pour protéger ses frontières et mieux intégrer les migrants qui obtiennent l’autorisation d’entrer.  L’indécision de l’Union européenne a contribué à menacer la sécurité de l’ex-République yougoslave de Macédoine qui, a-t-il rappelé, avait été le premier pays à devoir déployer des forces militaires pour réagir devant l’arrivée de vagues de migrants.  Il a espéré que le prochain secrétaire général des Nations Unies sera un candidat de l’Europe orientale.  

Par ailleurs, le Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine a regretté que son pays soit encore confronté à des blocages interdisant la dénomination « Macédoine » après 25 ans d’indépendance.  Il a regretté le manque de décision de l’OTAN pour lever le blocus de l’intégration de la « Macédoine ».  « En tant que pays voisins, malgré quelques divergences, nous avons des milliers d’intérêts communs avec la Grèce », a insisté le Président Ivanov.  « Je suis macédonien, mes citoyens sont macédoniens et nous parlons la langue macédonienne », a-t-il encore insisté avant d’appeler la communauté internationale à respecter le « droit à l’auto-identification ».  

Mme HILDA HEINE, Présidente des Îles Marshall, a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’Accord de Paris sur le climat afin qu’il puisse entrer en vigueur avant la fin de cette année.  Cet Accord n’est certes pas parfait, mais nous devons tout faire pour maintenir le niveau de température terrestre en-deçà de 1,5 degré Celsius, afin de permettre notre survie, a-t-elle plaidé.  Mme Heine s’est enorgueillie d’être la première femme dirigeant un petit État insulaire indépendant du Pacifique.  Elle a précisé qu’elle s’exprimait également en sa qualité d’enseignante, en soulignant que le développement des Îles Marshall doit être bâti sur l’éducation.  Elle a plaidé pour un système national éducatif qui valorise la culture et la langue locales, dans une approche bilingue dont la mise en œuvre devra se faire en partenariat avec l’Université de Columbia de New York.

La Présidente a également fait part de l’ambition des Îles Marshall de réaliser les objectifs de développement durable, tout en créant sa propre sécurité économique et ne plus dépendre de l’aide extérieure.  Elle a ensuite déploré que son pays ait le taux le plus élevé de malades du diabète dans le monde.  C’est une crise nationale, a-t-elle déclaré.  Pour y faire face, le Parlement des Îles Marshall entend procéder à une augmentation significative des taxes à l’importation des produits contenant du sucre.  Le législateur entend également interdire les sacs faits à base de matière plastique et les Îles Marshall entendent aussi réduire leur dépendance au pétrole afin de privilégier les sources d’énergie renouvelables.

Elle a en outre signalé que la violence domestique était un problème qui prenait de l’ampleur dans les pays de la région du Pacifique.  Elle a indiqué que des centres de protection avaient été créés pour accueillir les femmes de son pays qui sont victimes de violence.  Elle a ensuite rappelé que l’océan Pacifique était leur identité, invitant ainsi les puissances mondiales qui dominent la pêche à reconsidérer leur position afin de permettre une gestion plus durable des ressources halieutiques. 

Mme Heine a rappelé que son pays avait saisi l’ONU il y a 65 ans pour attirer l’attention sur les effets néfastes des essais nucléaires menés sur son territoire.  Elle a soutenu que son pays était le seul territoire sur lequel l’ONU avait autorisé les tests d’armes nucléaires, notamment en vertu des résolutions 1082 et 1493.  Elle a demandé une assistance totale et concrète de la communauté internationale et du système des Nations Unies pour traiter des conséquences de ces essais sur son peuple.

Par ailleurs, la Présidente a souhaité que l’ONU permette que Taiwan participe aux travaux de ses institutions spécialisées.  Elle a également appelé le Conseil des droits de l’homme à initier une enquête crédible et indépendante sur les allégations de violation des droits de l’homme en Papouasie occidentale. 

M. MANUEL DOMINGOS VICENTE, Vice-Président de l’Angola, a d’emblée réitéré son appui à l’augmentation du nombre des sièges permanents et non permanents du Conseil de sécurité pour en faire un organe plus représentatif et mieux apte à résoudre les conflits actuels.  Il a insisté sur « le droit » du continent africain d’être représenté dans la catégorie des membres permanents, comme le souligne le Consensus d’Ezulwini.  L’Angola, qui préside la Conférence internationale de la région des Grands Lacs, a rappelé son Vice-Président, exprime, une nouvelle fois, sa détermination à promouvoir le dialogue, la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique centrale et partout dans la région des Grands Lacs. 

Au Burundi, a indiqué M. Domingos Vicente, l’Angola a appelé à l’intensification du dialogue et exhorté au respect du pouvoir légalement établi pour surmonter l’impasse de la crise postélectorale.  Il est aussi important de promouvoir des relations de bon voisinage et la sécurité mutuelle le long des frontières du pays, a-t-il souligné.  En République démocratique du Congo (RDC), l’Angola prône un appui au processus électoral pour garantir des élections libres et pacifiques et préserver la paix, la stabilité, la réconciliation et la consolidation de la démocratie.  Sur le plan international, le Vice-Président a imputé les crises en Libye, en Syrie et en Iraq aux graves violations des droits fondamentaux certes mais aussi à l’ingérence étrangère qui s’est révélée « désastreuse » dans ses tentatives de changer les régimes et d’imposer « artificiellement une prétendue démocratie ».

Sur le plan national, le Vice-Président a insisté sur l’engagement de son pays à prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Prônant une « approche holistique », il a estimé que, dans ce cadre, les changements climatiques représentent la question « la plus urgente et la plus complexe ».  L’Angola, qui n’émet que 0,17% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit déjà une détérioration et des cycles plus brefs de sécheresse ou de pluies, avec les risques que cela implique pour l’agriculture, les infrastructures économiques et sociales et la santé.  Le pays compte donc adhérer aussi vite que possible à l’Accord de Paris sur le climat et participer activement à la Conférence Habitat III à Quito, le mois prochain, dont le futur agenda mondial de l’urbanisation consacrera les liens entre urbanisation, développement durable et changements climatiques.

L’Angola tient aussi aux trois processus multisectoriels que sont les femmes, la paix et la sécurité, les opérations de maintien de la paix et l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Le pays, qui est politiquement et socialement stable, fait face aujourd’hui à des défis économiques dus à la volatilité des prix des matières premières.  Mais, a assuré le Vice-Président, l’Angola continue résolument d’ajuster ses plans d’action et de trouver la voie de la croissance économique et du bien-être social. 

M. JIMMY MORALES, Président du Guatemala, a expliqué que son pays marquait cette année deux anniversaires: les 30 ans du « processus d’Esquipulas » en Amérique centrale et les 20 ans de l’accord de paix durable signé le 29 décembre 1996.  Il a expliqué que la mise en œuvre de ces accords a transformé le Guatemala et contribué à son développement et sa modernisation.  Notant que certaines parties de ces accords n’ont pas été mises en œuvre, il a dit qu’il était urgent de relancer les questions de l’identité et des droits des peuples autochtones, du développement rural et de l’autonomisation des femmes.  Il a expliqué que 2015 a changé le cours de l’histoire du Guatemala lorsque le peuple s’est révolté contre l’autorité d’un État qui a trahi la Constitution.  Il a expliqué qu’après cinq mois de soulèvement populaire, l’état de droit est aujourd’hui plus fort que jamais au Guatemala.

Le Président du Guatemala a expliqué que son gouvernement, inspiré par la volonté du peuple de transformer le pays, avait identifié cinq priorités: la transparence, la santé, l’éducation, la sécurité et le développement.  Il a ajouté que les droits de l'homme étaient intrinsèquement liés au respect de la démocratie et à l’état de droit.  C’est pourquoi, il a expliqué que le renforcement du système international des droits de l'homme était une priorité du Guatemala.  Son pays, a-t-il annoncé, sera candidat à un siège au Conseil des droits de l'homme pour la période 2017-2019.  Il a expliqué que le Plan de développement national à l’horizon 2032 était en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. FAIEZ MUSTAFA SERRAJ, Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale de la Libye, a déclaré que l’accord politique signé il y a deux ans par les parties libyennes demeurait la solution à la crise actuelle en Libye.  Le Président a ajouté qu’il faudrait que le processus politique se poursuive.  En tout cas, le Gouvernement fait tout son possible pour garantir la réconciliation nationale entre les Libyens, l’état de droit et la démocratie.

C’est dans cette optique que le Gouvernement libyen veut orienter les ressources financières dont il dispose pour réaliser ces objectifs.  Il a ensuite exhorté tous les États à restituer à la Libye les avoirs libyens qui sont déposés chez eux afin de réaliser les objectifs du Gouvernement.  M. Serraj a demandé le retour des missions diplomatiques des pays partenaires à Tripoli afin d’établir des échanges dans un cadre formel.  Nous sommes conscients des préoccupations sécuritaires mais nous sommes sérieux quant au rétablissement de la sécurité dans le pays.

S’agissant de la lutte contre le terrorisme, le Président a condamné fermement le terrorisme et, en particulier, l’extrémisme violent de groupes comme Daech qui cherchent à contrôler et exploiter les ressources naturelles du pays.  Pour permettre à la Libye de lutter efficacement contre le terrorisme, il faudrait que l’embargo sur les armes qui lui avait été imposé soit levé.

S’agissant de la question des droits de l’homme, le Président a indiqué que le Parlement libyen a adopté diverses lois pour garantir le respect des droits de l’homme.  La situation actuelle rend difficile le respect des droits de l’homme, a-t-il reconnu, tout en soulignant que cela n’empêchait pas le Gouvernement de mener une campagne de lutte contre l’impunité.  M. Serraj a souligné qu’il était nécessaire de créer un mécanisme d’aide technique avec l’appui de la communauté internationale dans cette lutte.

Le Président a ensuite évoqué la réforme du Conseil de sécurité en réclamant un siège permanent pour les États arabes, et deux sièges permanents pour l’Afrique.  Au Moyen-Orient, a-t-il prévenu, il n’y aura pas de paix tant qu’Israël continuera l’occupation et la judaïsation des territoires occupés.  Avant de terminer, le Président libyen a lancé un appel à tous les Libyens pour adhérer à son projet de réconciliation nationale.

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Premier Ministre de la Serbie, s’est dit inquiet de ce que la région dans laquelle se trouve son pays soit un terreau fertile pour l’idéologie que répandent Daech et d’autres organisations terroristes, et en particulier par le recrutement d’étrangers pour combattre au nom de ces groupes dans des zones de conflit.  Le territoire de la province autonome du Kosovo-Metohija représente un défi particulier pour son pays, a-t-il dit, en précisant que le recrutement de ces combattants y est très visible.

M. Vučić a fait savoir que la priorité nationale de la Serbie visait à trouver un règlement politique à la question du Kosovo-Metohija.  En défendant sa souveraineté et son intégrité territoriale, la Serbie ne fait que défendre le droit international et la Charte de l’ONU, a-t-il assuré.  « À cette occasion, je souhaite transmettre l’assurance de ma plus haute considération aux pays qui se joignent à nous dans cette lutte pour le respect du droit international et refusent de reconnaître unilatéralement l’indépendance proclamée par le Kosovo », a-t-il déclaré.  Ces pays, s’est-il réjoui, représentent la majorité de l’humanité.

Le Premier Ministre serbe a souligné l’importance particulière que son pays accorde aux activités de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Il a souligné que le maintien de la neutralité du statut de la MINUK et de son mandat, à périmètre constant, est essentiel pour la stabilité de la région, surtout dans les zones peuplées par des Serbes et des communautés non albanaises.  M. Vučić a également précisé qu’il accordait une importance toute particulière à la question du retour des personnes déplacées du Kosovo-Metohija.  Toutefois, il a regretté de constater que, près de 17 ans après la fin du conflit, les conditions du retour des personnes déplacées ne soient pas réunies.

Le Premier Ministre serbe s’est dit pleinement engagé à poursuivre le dialogue, facilité par l’Union européenne, entre Belgrade et Pristina, ainsi que la mise en œuvre des accords conclus.  Tout en continuant à travailler dans l’intérêt de l’amélioration des relations entre la Serbie et l’Albanie, il a toutefois précisé que son pays ne reconnaîtrait pas unilatéralement l’indépendance proclamée par ses provinces du sud.  Le soutien de la communauté internationale constitue la clef du succès de ce dialogue, qui est, selon lui, « l’un des rares exemples de résolution pacifique réussie d’un conflit dans le monde ».  M. Vučić a par ailleurs fait savoir que, dans le respect des Accords de Dayton, la Serbie continuera à développer « les relations les plus étroites possibles » avec la Republika Srpska.  S’agissant de la région en général, le Premier Ministre serbe a assuré la communauté internationale de sa « volonté de surmonter l’héritage négatif du passé » et de « bâtir un futur commun sur la base du respect mutuel ».

M. RAMTAME LAMAMRA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Algérie, a attiré l’attention sur la persistance de conflits exigeant de prendre rapidement des mesures urgentes et sérieuses pour, notamment, résoudre sans délai la crise des migrants.  Il a ajouté que cette crise n’était pas seulement un phénomène migratoire: « cette situation a valeur de test pour nous tous.  Est-ce que les êtres humains sauront s’accepter dans toutes leurs diversités dans un ensemble global? » a-t-il demandé.  Citant le Président Bouteflika, il a jugé que la mondialisation impliquait des devoirs moraux car, a-t-il dit, « devant l’unité du genre humain, les barrières raciales s’écroulent, de même que s’effacent les différences de conditions économiques et sociales ». 

M. Lamamra a ensuite rappelé la vocation primordiale de l’ONU, qui doit demeurer à la fois le creuset et l’animateur essentiel de l’espoir que met en elle chaque être humain.  Sur la nécessaire revitalisation de l’Organisation, il a noté que l’Algérie revendiquait de longue date l’actualisation de ses mécanismes.  « La gouvernance globale, politique, économique, sécuritaire et environnementale doit être réinventée », a-t-il affirmé, en ajoutant que l’audace responsable était garante de succès.  Attirant l’attention sur la situation au Maghreb, il a estimé que le processus de paix conduit sous l’égide de l’ONU au Sahara occidental avait subi, cette année, plusieurs développements négatifs, le Conseil de sécurité ayant, selon lui, perdu toute autorité sur ce dossier.  À cette aune, il a rappelé le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et il s’est dit confiant dans la capacité des Nations Unies d’honorer au Sahara occidental « l’un de leurs plus brillants succès en y parachevant la décolonisation du territoire ». 

Saluant l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba censé en assurer le financement, le Vice-Premier Ministre de l’Algérie a souligné qu’il était nécessaire de ne pas tarir davantage les investissements vers les pays en développement et que les marchés financiers retrouvent leur stabilité.  Ces éléments, a-t-il dit, mettent en danger les niveaux d’aide publique au développement.  M. Lamamra a ajouté que les engagements pris par les États de réduire réellement les inégalités commandaient une transformation effective des modèles économiques en vigueur dans « les pays nantis » tenant compte des intérêts de tous.  Le Vice-Premier Ministre a ainsi estimé que la priorité devrait viser à satisfaire les besoins du continent africain en termes d’accès aux services de base, tels que l’eau et l’électricité.  « Nos pays doivent être intégrés aux chaînes de valeurs internationales et de compétitivité économique », a-t-il dit.  En conclusion, il a assuré que l’Algérie restait profondément attachée à ce que représentent les Nations Unies.

M. RASHID MEREDOV, Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, est préoccupé par l’augmentation du nombre des conflits et des tensions dans de nombreuses parties du monde.  Les parties impliquées dans ces conflits ont tendance à recourir à la force et aux moyens des armes.  Le droit international est délibérément ignoré et non respecté.  Le représentant a appelé les États Membres à examiner et évaluer ces phénomènes, à adhérer aux principes de la Charte des Nations Unies et aux conventions et accords internationaux visant à résoudre ces conflits et à lancer des consultations avec pour objectif d’élaborer des approches conceptuelles uniformes de désescalade fondées sur le droit international. 

S’agissant de la lutte contre le terrorisme, le représentant a dit que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies pour l’Asie centrale a une importance décisive.  En outre, la Déclaration d’Ashgabat et le Plan d’action de lutte contre le terrorisme en Asie centrale constituent des feuilles de route pour la région.

En ce qui concerne les changements climatiques, le Turkménistan a adopté sa Stratégie nationale sur les changements climatiques qui envisage notamment le développement de l’économie verte comme élément fondamental pour le fonctionnement de toute l’infrastructure de la vie du pays.  En outre, le Turkménistan signera au cours de cette session l’Accord de Paris sur le climat.  Actuel président du  Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral, le Turkménistan invitera les États de la région à concevoir une stratégie unifiée sur les questions relatives à la préservation et l’utilisation des ressources en eaux. 

Concernant le problème des migrants, des réfugiés et des apatrides, le représentant a indiqué que le rôle clef sur cette question devrait être joué par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, l’Organisation internationale pour les migrations, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et d’autres organisations. 

M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a assuré que son pays, après sept années de turbulente récession économique, continuait d’œuvrer de manière inlassable pour retourner sur la voie d’une croissance durable.  À cette fin, créer un environnement économique favorable nécessite qu’il soit mis fin aux « pêchés de l’ancien régime, à savoir la corruption, le clientélisme et les pratiques douteuses », a-t-il expliqué.  M. Tsipras a reconnu que la Grèce continuait de subir de plein fouet les conséquences de l’austérité implacable imposée à son peuple.  À cet égard, il a assuré que la Grèce avait entrepris les réformes requises pour en finir avec le chômage de masse et redevenir un partenaire commercial et industriel régional situé au croisement de trois continents.  Concernant la crise des réfugiés, il a d’abord rappelé que, depuis l’année dernière à la même date, plus d’un million de migrants étaient entrés sur le territoire grec.  Il a ajouté que les garde-côtes grecs avaient sauvé des dizaines de milliers de vies humaines en s’exposant à des risques.  Avec les autorités turques et européennes, a-t-il expliqué, nous mettons en œuvre le très difficile mais nécessaire Accord entre l’Union européenne et la Turquie sur les migrants, lequel, et c’est bien là l’essentiel, a permis de réduire le nombre de morts en mer Egée. 

Le Premier Ministre grec s’est ensuite demandé comment son pays pouvait contribuer à la paix, à la sécurité et à la prospérité dans un environnement régional toujours plus instable.  Prenant l’exemple des relations de la Grèce avec Chypre, il a mis en exergue les échanges bilatéraux et trilatéraux développés avec les pays voisins pour faire avancer la cause de la paix, de la coopération et de l’état de droit et défendre la pertinence des résolutions de l’ONU relatives à la question de Chypre.  « Nous avons renforcé le dialogue avec la Turquie par l’intermédiaire de nombreuses initiatives, y compris une coopération accrue dans la gestion des flux migratoires et de réfugiés », a également indiqué M. Tsipras.  Il s’est en outre dit confiant dans la capacité des acteurs régionaux de tourner la page des crises régionales du passé, une nécessité qui, selon lui, devrait contribuer à changer la dynamique à cette échelle.  Enfin, rappelant les valeurs fondatrices de la démocratie, M. Tsipras a déclaré que pour lutter contre la peur, la xénophobie et le nationalisme, il était vital de se battre pour la paix et la croissance durable partout où celles-ci sont menacées ou absentes. 

M. ERLAN IDRISSOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a dit que la politique étrangère du Kazakhstan reflétait son attachement au dialogue et à la tolérance.  Cette vision est fondée sur la coopération et la confiance entre les États et les groupes d’États, a-t-il assuré.  Le Ministre a souligné que cette vision était importante dans le cadre du désarmement nucléaire, avant de rappeler que son pays avait renoncé aux armes nucléaires et fermé le centre nucléaire en activité dans le pays.  Il a poursuivi en évoquant la conférence d’Astana sur le désarmement et la création d’une banque internationale de combustible nucléaire faiblement enrichi toujours à Astana et la création de la zone exempt d’armes nucléaires en Asie centrale qui démontre l’attachement de son pays au désarmement et à la paix.

Malheureusement, les négociations internationales sur le désarmement sont dans l’impasse à l’heure actuelle, a regretté le Ministre.  C’est pourquoi, a-t-il indiqué, le Kazakhstan convoquera en 2017 une réunion internationale pour dénoncer à terme la possession d’armes nucléaires et pour appeler à l’application des instruments universels sur le désarmement.  Les récents lancements de missiles balistiques et l’essai nucléaire par la République populaire démocratique de Corée sont inacceptables car ils constituent un obstacle au désarmement, a-t-il encore déclaré.  Pour le Kazakhstan, a-t-il  dit, les sanctions économiques créent de la division.  M. Idrissov a ensuite annoncé la convocation en 2017 d’une conférence internationale pour souligner l’importance du désarmement.  Avant de conclure, il a estimé que la réforme des Nations Unies devrait être réalisée conformément aux buts et principes de la Charte de l’Organisation.

M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, préoccupé par « le fossé entre nos délibérations et les réalités des peuples », a jugé urgent de construire une nouvelle architecture financière internationale.  Entre autres, il a considéré que « la philosophie du pillage » appuie les interventions militaires et les guerres non conventionnelles lancées par les pays membres de l’OTAN contre des États souverains dans l’objectif de changer les gouvernements et de s’emparer de leurs ressources naturelles.

M. Rodríguez Parrilla a réitéré sa solidarité avec les petits États insulaires en développement, en particulier dans les Caraïbes, qui sont les plus affectés par les changements climatiques, et pour lesquels il a demandé un traitement juste, spécial et différencié.

« Toute tentative de prolonger l’existence d’un monde unipolaire à travers la guerre, la domination ou l’hégémonie serait suicidaire », a mis en garde le Ministre.  À ses yeux, le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international est indispensable à la coexistence pacifique entre les États.  Il faut défendre l’ONU contre l’unilatéralisme et en faire une organisation plus démocratique, a-t-il poursuivi.

M. Rodríguez Parrilla s’est dit confiant que le peuple syrien pourra régler tout seul ses différends, « une fois que l’intervention extérieure visant à promouvoir un changement de régime aura cessé ».  Il a considéré que la tentative de l’OTAN d’étendre sa présence près des frontières russes et le déploiement de systèmes antimissiles alimentait la course aux armements et menaçait la paix et la sécurité internationales.

Le Ministre s’est félicité de l’accord de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC, conclu à La Havane, à Cuba, le 24 août dernier.  Il a par ailleurs indiqué qu’il continuerait à appuyer le peuple et le Gouvernement du Venezuela, « contre l’ingérence impérialiste et oligarchique qui essaie de détruire la révolution bolivarienne et chaviste ».  Il a aussi condamné le « coup d’État parlementaire et judiciaire » perpétré au Brésil contre la Présidente Dilma Rousseff.

Un peu plus d’un an après la restauration des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, des progrès ont été réalisés, a reconnu le Ministre.  Il a réitéré la volonté de son gouvernement de continuer à développer « un dialogue respectueux » avec le Gouvernement américain pour la normalisation des relations entre les deux pays, tout en souhaitant la levée de l’embargo et la restitution du territoire de Guantanamo à Cuba.  

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a estimé que cette soixante et onzième session de l’Assemblée générale était avant tout placée sous le sceau du Sommet sur les déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  « Nous devons répondre à ce défi, non pas par la peur ou en nous protégeant derrière un mur, mais avec ténacité, conviction et compassion », a déclaré M. Muscat.  Le Premier Ministre de Malte a souligné qu’avec ses partenaires européens, « et parfois par nos propres moyens ou presque », son pays avait tenté « sans relâche » de trouver une solution à cette question, notamment en prenant des mesures visant à mettre un terme aux activités des trafiquants de migrants. 
« Bien qu’ils soient louables, ces efforts doivent s’intensifier », a-t-il reconnu, en citant notamment la nécessité d’améliorer le partage d’informations et de mettre en œuvre des politiques nationales et des sanctions plus fortes contre les trafiquants.  Sur ce dernier point, il a appelé à traduire les trafiquants de migrants devant un tribunal international afin d’envoyer un message clair à ceux qui profitent de ce trafic.  Tout en affirmant qu’il n’existe pas de solution unilatérale à ce phénomène, M. Muscat a également estimé que les pays qui portent la principale responsabilité morale de ces déplacements de masse, « de par leurs actions ou leur inaction », doivent désormais prendre des mesures décisives.

Le Premier Ministre de Malte s’est par ailleurs déclaré profondément inquiet par l’absence de progrès au Proche-Orient, où les effets du conflit entre Israël et la Palestine se font sentir jusqu’en Europe.  Appelant les deux parties à se rassoir à la table des négociations, il a apporté son soutien à toutes les initiatives internationales visant à relancer le processus de paix, y compris l’Initiative de paix arabe et l’initiative française.  Plus près de son pays, M. Muscat a annoncé qu’il appuyait les « efforts constants de la Tunisie, pays voisin, sur la voie de la stabilité et de la démocratie ».  Il a ainsi appelé la communauté internationale à ne pas abandonner la Tunisie en ce moment crucial de son histoire. 

Dans un contexte beaucoup plus « sombre » que la Tunisie, le Premier Ministre de Malte a également réaffirmé le soutien de son pays en faveur du peuple libyen dans ses efforts visant à transformer le pays en un « État sûr, démocratique et unifié, avec un peuple réconcilié, où l’autorité de l’État et l’état de droit seraient restaurés ».  À cet égard, il a également réitéré qu’il était nécessaire de soutenir l’Accord de paix libyen et le Conseil de la présidence.  M. Muscat a enfin rappelé que l’un des principes directeurs de Malte en matière de politique extérieur était l’engagement du pays en faveur du dialogue euro-méditerranéen, à savoir l’idée qu’il ne peut y avoir de paix en Europe sans une paix durable en mer Méditerranée. 

M. DON AGAPITO MBA MOKUY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a insisté sur le rôle essentiel que les Nations Unies doivent jouer dans un monde complexe, marqué par la pauvreté, le terrorisme, les migrations de masse, l’instabilité politique ou les crises économiques.  Il a appelé à l’unité de la communauté internationale pour créer une véritable démocratie au sein des Nations Unies, protéger la planète pour le bien des générations futures et pour s’entraider en défendant les valeurs humaines, non seulement par le respect des droits de l'homme mais aussi par le respect du droit de l’humanité.  À défaut, les responsables politiques actuels risquent une condamnation collective de l’Histoire, pour avoir conduit l’espèce humaine à l’autodestruction et pour avoir pollué la planète, a-t-il averti.

M. Mba Mokuy a ensuite insisté sur la nécessité de réaliser les objectifs de développement durable afin d’assurer le développement et une existence digne à chaque être humain, tout en rendant hommage à la Position commune africaine, qu’il a jugée très utile à cette fin.  Il a ensuite présenté les ambitions de son pays, qui a intégré les objectifs de développement durable dans son programme « Horizon 2020 » visant à faire à cette date de la Guinée équatoriale un pays émergent.  Il a en outre précisé les engagements internationaux de son pays, notamment pour financer la FAO, l’OMS et l’UNESCO et pour aider à la recherche d’un vaccin contre la malaria.

Face à la violence du monde, le Ministre s’est félicité de l’adoption de la Déclaration de New York sur les déplacements massifs de migrants et réfugiés avant de condamner ceux qui soutiennent et approvisionnent en armes les belligérants, y voyant une politique qui ne peut causer que mort et désolation et aggraver la crise des migrants et des réfugiés.  Il a également demandé l’arrêt de la prolifération nucléaire et l’adoption d’une culture de paix.  « Dès qu’une seule nation est en guerre, nous sommes tous en guerre », a-t-il affirmé.  Le Ministre a par ailleurs annoncé que son pays, État Membre des Nations Unies depuis bientôt 48 ans, serait candidat à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité dans deux ans.  Il a également jugé indispensable de réformer le système des Nations Unies et déploré que l’Afrique n’ait toujours pas de siège permanent au sein du Conseil de sécurité.

M. ELADIO RAMÓN LOIZAGA LEZCANO, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a noté la nature toujours plus complexe du monde actuel, marquée par l’apparition « dramatique » de groupes terroristes extrêmement cruels, par la persistance de la pollution et des pandémies « qui elles aussi menacent l’existence même de notre planète ».  Il a ajouté qu’il était impossible de relever seuls les défis mondiaux, en soulignant qu’il était nécessaire pour les États d’assumer ensemble une responsabilité commune pour, notamment, lutter contre la pauvreté et garantir ainsi une vie digne à toute personne.  M. Lezcano a également reconnu l’importance de répondre aux besoins les plus urgents des migrants « mais, tout autant, de s’attaquer aux causes profondes qui jettent sur la route, et au péril de leur vie, des millions de personnes déplacées ».  Pour lui, l’ONU doit se moderniser et être plus démocratique afin d’être plus efficace.  Le rôle de l’Assemblée générale, véritable parlement du monde, a-t-il dit, doit être renforcé.  À cet égard, il a souhaité que le prochain secrétaire général privilégie l’essor d’une diplomatie préventive et un fonctionnement inclusif et équilibré de l’Organisation. 

Le Paraguay reste engagé en faveur du droit international et du multilatéralisme, l’unilatéralisme affectant toujours les plus faibles, a estimé le Ministre.  M. Lezcano a attiré l’attention sur la contribution de son pays au maintien de la paix, les soldats paraguayens étant déployés, « souvent au péril de leur vie », dans sept missions de l’ONU.  Concernant le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a assuré que le Paraguay mettait en œuvre des programmes nationaux destinés à améliorer la qualité de vie des citoyens en brisant la transmission intergénérationnelle de la pauvreté.  Concernant les changements climatiques, il a indiqué que le Paraguay, qui dépend de l’exploitation de ses ressources naturelles, déposerait dans quelques jours ses instruments de ratification de l’Accord de Paris.  Par ailleurs, il s’est réjoui de l’Accord de paix conclu récemment entre le Gouvernement de la Colombie et les FARC et qui, « pour le bien du peuple frère colombien et des pays de la région », met un terme à un conflit vieux de 52 ans.

M. PUKA TEMU, Envoyé spécial du Premier Ministre et Ministre du service public de la Papouasie-Nouvelle-Guinée,, a déclaré que son gouvernement examinait avec celui de l’Australie les moyens de réinstaller les demandeurs d’asile, y compris ceux du Moyen-Orient et de l’Asie qui ne veulent pas rester en Papouasie-Nouvelle-Guinée dans le cadre de la prise en charge des réfugiés dans cette partie du monde.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée est préoccupée par le fait que la communauté internationale soit incapable de contenir les guerres actuelles qui trouvent leurs origines dans l’économie, la religion, l’ethnie et d’autres causes, y compris le terrorisme.  Beaucoup de ces conflits sont alimentés par la prolifération des armes, en particulier les armes de petit calibre et armes légères.  C’est pourquoi, M. Temu a appelé tous les protagonistes dans les situations de conflit à déposer les armes et à recourir aux moyens de règlement pacifique des conflits.  « Nous sommes aussi préoccupés par les essais nucléaires effectués par la République populaire démocratique de Corée qui sont, a-t-il dit, contraires aux résolutions du Conseil de sécurité. ».

Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030, M. Temu a indiqué que son gouvernement avait mis en place une structure de gouvernance décentralisée et robuste qui permet aux 19 districts du pays d’être totalement financés et d’être directement impliqués dans la mise en œuvre des priorités nationales de développement dans leur zone de compétence. 

La réalisation des objectifs de développement durable au niveau national dépend de la croissance et de la force de l’économie mondiale, a estimé M.  Temu.

Le Gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a créé un bureau national intégré des océans pour assurer la protection de ses ressources marines.  M.  Temu a souligné la nécessité d’assurer que les activités en haute mer ne compromettent les efforts pour conserver et utiliser durablement les ressources des océans.  Il a ainsi appelé à la conclusion rapide du processus du Comité préparatoire sur les éléments du projet de texte concernant la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones au-delà des juridictions nationales, en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a rappelé qu’il y a 25 ans, son pays et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) étaient devenus simultanément des États Membres des Nations Unies.  « À l’heure du bilan de la trajectoire de ces deux États Membres, il serait difficile d’envisager un contraste aussi marqué », a déclaré M. Yun Byung-se, en ajoutant que la République de Corée avait réalisé avec succès les trois objectifs de l’Organisation, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, tandis que la RPDC est devenue « tyrannique, s’est appauvrie et a de plus en plus la gâchette facile ».  Le Ministre a estimé que la RPDC avait échoué en raison de la « poursuite imprudente et fanatique » de son programme nucléaire.  Il a rappelé que Pyongyang a effectué à ce jour cinq essais nucléaires au mépris des résolutions du Conseil de sécurité.  « Le dernier essai nucléaire en date était le plus fort d’entre tous », s’est inquiété M. Yun Byung-se, pour qui le programme nucléaire de la RPDC a atteint un point critique.

M. Yun Byung-se a aussi rappelé que la RPDC avait procédé à 22 tirs de missiles balistiques cette année seulement, soit un tir tous les 10 jours.  Pour lui, ces différents tirs de missiles et essais nucléaires témoignent du fait que la RPDC a atteint le stade final de sa course à l’armement.  « Chose plus inquiétante encore, la RPDC n’a pas seulement développé sa capacité nucléaire et de missiles, mais elle a également menacé de s’en servir », a-t-il souligné, en ajoutant que la République de Corée n’avait plus d’autre choix que celui de prendre les mesures défensives qui s’imposent pour protéger ses citoyens.  Au regard de ces différents éléments, le Ministre a appelé le Conseil de sécurité, dont l’autorité a, selon lui, été « bafouée » par la RPDC « comme jamais auparavant dans l’histoire de l’ONU », à prendre des mesures de sanctions « plus strictes et plus complètes ».

Par ailleurs, M. Yun Byung-Se a mis l’accent sur l’ampleur des violations des droits de l’homme perpétrées par la RPDC contre son propre peuple, en appelant la communauté internationale à ne plus tolérer une telle impunité.  « Il est de notre responsabilité commune de protéger le peuple de la Corée du Nord quand son propre régime refuse avec mépris de le faire », a-t-il insisté.  Le Ministre a également exhorté la communauté internationale à se livrer à un examen plus approfondi des droits de l’homme des travailleurs ressortissants de la RPDC vivant à l’étranger.

Droits de réponse

Le représentant de la République islamique d’Iran a déclaré que le représentant d’Israël avait essayé de tromper le monde en se limitant à parler de questions périphériques et non de l’occupation des terres palestiniennes.  Tant que l’occupation persiste, le peuple palestinien continuera de lutter contre l’occupant.  Le représentant d’Israël a détourné les yeux du monde de la menace que pose son propre arsenal nucléaire.  Ses accusations sont sans fondement, a-t-il dit, faisant remarquer qu’un terroriste de Daech avait été récemment soigné dans un hôpital militaire israélien.  Personne au monde, a-t-il assuré, ne prendra au sérieux les allégations d’Israël concernant le programme nucléaire de l’Iran.  Par ailleurs, le représentant de l’Iran a réaffirmé la souveraineté de son pays sur les trois îles Abou Moussa, la Petite Tomb et la Grande Tomb dans le Golfe persique, en assurant que le Gouvernement iranien était disposé à engager des discussions avec les Émirats arabes unis pour clarifier tout malentendu.

Exerçant à son tour son droit de réponse, le représentant du Brésil a brièvement répondu à Cuba en expliquant qu’il était préférable d’œuvrer à la coexistence pacifique avec des pays ayant une sensibilité politique différente au plan régional que de créer des différends avec eux.  Il a ainsi appelé au respect mutuel et à la recherche d’accords interétatiques sur des objectifs fondamentaux, « qu’ils soient économiques ou relatifs aux droits de l’homme ». 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les États soulignent le lien intrinsèque entre le Programme 2030 et la Déclaration sur le droit au développement adoptée il y a 30 ans

Débat de haut niveau, Trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement,
Matin & après-midi
AG/11827

Assemblée générale: les États soulignent le lien intrinsèque entre le Programme 2030 et la Déclaration sur le droit au développement adoptée il y a 30 ans

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui un débat de haut niveau pour commémorer le trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement au cours duquel le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a souligné que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente une occasion unique de répondre aux aspirations qui ont motivé l’adoption de la Déclaration.  

Adoptée par l’Assemblée générale, le 4 décembre 1986, la Déclaration sur le droit au développement comprend 10 articles énonçant des exigences essentielles: faire de l’individu le sujet central du développement, assurer une participation libre, active et utile, garantir la non-discrimination, répartir équitablement les bénéfices du développement, respecter l’autodétermination et la souveraineté sur les ressources naturelles, le tout dans un processus qui fait progresser l’exercice des autres droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

L’esprit de la Déclaration est reflété dans le Programme 2030, a dit le Secrétaire général de l’ONU.  L’accent que les 17 objectifs de développement durable mettent sur l’égalité, la participation, l’autonomisation et la promesse de ne laisser personne de côté font écho à la définition du droit au développement comme « un droit de l’homme inaliénable ».  Comme la Déclaration, le Programme 2030 reconnaît que chaque pays est responsable au premier chef de son développement économique et social, tout en affirmant que la coopération internationale et le partenariat sont essentiels à sa mise en œuvre.

Depuis l’adoption de la Déclaration, a poursuivi le Secrétaire général, le monde a spectaculairement changé: la population a augmenté de 50%, les anciennes divisions disparaissent, les économies émergentes jouent les premiers rôles dans le commerce international et l’impact des changements climatiques est largement reconnu.  Malgré cela, les pays développés et en développement font encore face à des problèmes, qu’il s’agisse des crises financières, de la mauvaise répartition de la croissance ou des inégalités croissantes.  Grâce au Programme 2030, la communauté internationale s’offre de nouvelles perspectives pour réaliser le droit au développement, a souligné M. Ban.

Le Programme 2030 témoigne de l’engagement mondial à sauver la planète et les peuples, a dit en écho le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, des Fidji.  À bien des égards, la Déclaration sur le droit au développement a jeté les bases de textes importants comme le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur le climat, a-t-il estimé, en soulignant l’importance de lutter contre la pauvreté et de placer la planète au cœur des efforts. 

« Le travail qui nous attend est clair: respecter le droit au développement », a ajouté le Président.  Au cours de cette soixante et onzième session, a-t-il assuré, l’Assemblée générale va s’efforcer de faire progresser les 17 objectifs de développement durable.  « Notre crédibilité dépend de la réalisation du Programme 2030 », a-t-il dit, en appelant les États Membres à placer leurs citoyens au centre de leurs programmes de développement.  Corriger les injustices historiques et répondre aux besoins des vulnérables est « essentiel ». 

La juste répartition des fruits du développement sans aucune discrimination et le droit de tous les individus et peuples à participer librement et pleinement à la prise de décisions sont dûment consacrés dans la Déclaration sur le droit au développement, a commenté, à son tour, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad al Hussein.  Ce sont les inégalités, l’exclusion et l’oppression qui ont étouffé le développement et nourri les tensions et les conflits dans le monde, a prévenu le Haut-Commissaire.  Appelant à un vrai sentiment d’urgence et décrivant le droit au développement comme « le noyau normatif » du Programme 2030, il a ajouté que l’anniversaire de la Déclaration rappelait au monde que les migrants, les autochtones, les autres minorités et les personnes handicapées ont le droit au développement.  Le véritable objectif de l’entreprise économique est d’améliorer le bien-être des peuples et non d’exploiter leur labeur pour s’enrichir, a tranché le Haut-Commissaire.

Justement, a poursuivi le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), M. Mukhisa Kituyi.  La Déclaration a ceci de visionnaire qu’elle va au-delà des indicateurs économiques dans sa conception du développement.  Elle répond à la question systémique de ne laisser personne sur le côté.  Le monde, a en effet constaté M. Kituyi, met du temps à comprendre les problèmes des pays émergents et des plus vulnérables, dont le fardeau de la dette.  Il a dénoncé certains accords sur les investissements qui nient aux pays la marge de manœuvre nécessaire pour répondre aux besoins de leurs peuples et mis en garde contre le rejet de la mondialisation qui n’est que l’illustration d’une indignation généralisée contre les inégalités croissantes.

Aujourd’hui des millions de gens vivent sans pouvoir réaliser leur droit à la dignité, à la liberté et à l’égalité des chances, ont reconnu plusieurs intervenants lors du débat qui a suivi.  Ils se sont dits préoccupés par l’absence de consensus sur les moyens de mettre en œuvre les objectifs universels.

Le Représentant spécial pour les droits de l’homme de l’Union européenne, M. Stavros Lambridinis, n’a pas pour autant adhéré à l’idée d’une norme internationale juridiquement contraignante.  Le Programme 2030, a-t-il argué, marque déjà un changement radical en faveur d’un développement plus équilibrée et devrait ouvrir la voie à l’intégration des droits de l’homme dans les politiques mondiales et nationales au cours des 15 prochaines années.

Le droit au développement doit être au centre de la mise en œuvre du Programme 2030, a continué d’insister la Ministre des affaires étrangères du Venezuela, Mme Delcy Rodriguez, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine et au nom des pays non alignés.  Le fossé entre pays développés et non développés reste à un niveau « inacceptable », s’est-elle impatientée, stigmatisant un modèle économique hégémonique qui cause des souffrances dans le monde entier.  Il faut, a-t-elle réclamé, un nouvel ordre mondial fondé sur la souveraineté et l’égalité entre tous les États.

Dans ce cadre, a estimé le Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, il faudrait peut-être réévaluer les critères d’allocation de l’aide publique au développement (APD).  M. Miguel Vargas Maldonado, qui s’exprimait, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a prévenu que l’accroissement de l’aide financière et technique sera « critique » car, a ajouté le Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, M. Tsend Munkh-Orgil, le rythme de la croissance économique, pourtant de 8% depuis 2000 dans son pays, ne suffira pas à réaliser le Programme 2030.  L’importance de la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites a été soulignée par le Président du Nigéria, M. Muhammadu Buhari.  Celle de la diminution des subsides aux combustibles et de l’augmentation du budget des programmes sociaux, a été mise en avant par le Vice-Président de l’Indonésie, M. Muhammad Jusuf Kalla. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité demande aux États de prendre des mesures pour répondre à la menace terroriste contre la sécurité de l’aviation civile

7775e séance – matin 
CS/12529

Le Conseil de sécurité demande aux États de prendre des mesures pour répondre à la menace terroriste contre la sécurité de l’aviation civile

Le Conseil de sécurité a, ce matin, lors d’un débat ministériel inédit sur la sécurité aérienne, demandé aux États de prendre des mesures à la fois collectives, dans le cadre de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), et individuelles pour répondre efficacement à la menace terroriste.

L’aviation civile étant devenue une cible de choix pour les groupes terroristes, et par voie de conséquence une menace contre la paix et la sécurité internationales, le Conseil de sécurité, par la résolution 2309 (2016), adoptée à l’unanimité, demande par exemple aux États de « veiller à ce que des mesures efficaces et fondées sur les risques soient en place dans les aéroports relevant de leur juridiction, notamment en renforçant les contrôles de sécurité, le filtrage et la sécurité des installations ».

Les États sont appelés à « renforcer les procédures de contrôle de sécurité » et à « maximiser la promotion, l’utilisation et l’échange de technologies nouvelles et de techniques novatrices permettant de détecter au mieux les explosifs et autres menaces ».

Le Conseil leur demande de « renforcer leur coopération internationale et régionale afin d’intensifier l’échange d’informations, les contrôles aux frontières, le maintien de l’ordre et la justice pénale afin de mieux contrer la menace que constituent les combattants terroristes étrangers, notamment ceux qui rentrent au pays ».

L’OACI et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) sont invitées à « poursuivre leur coopération pour déceler les lacunes et failles touchant la sécurité de l’aviation ».  Le Conseil prie le Comité contre le terrorisme de tenir dans les 12 mois, en coopération avec l’OACI, une réunion spéciale sur la question des menaces terroristes contre l’aviation civile.

À l’occasion du débat, que présidait le Ministre néo-zélandais des affaires étrangères, M. Murray McCully, ministres et représentants ont souligné l’évolution de la menace terroriste contre l’aviation civile et les défis qu’elle représente, échangeant leurs vues sur la façon de renforcer la coopération internationale, en particulier sous les auspices de l’OACI.

L’OACI, instaurée par la Convention relative à l’aviation civile internationale, signée à Chicago le 7 décembre 1944, la « Convention de Chicago », est l’organe mondial qui élabore les normes internationales de sécurité aérienne et en surveille l’application.

Elle est l’une des 38 entités de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme qui a pour mandat de renforcer la coordination et la cohérence des efforts de lutte contre le terrorisme dans le système des Nations Unies, a rappelé, dans son exposé, sa Secrétaire générale, Mme Fang Liu.

Les plus de 12 000 normes et pratiques recommandées contenues dans 19 annexes de la Convention contribuent, a-t-elle expliqué, à aider les États, les compagnies aériennes, les aéroports et d’autres à coopérer dans la gestion de plus de 100 000 vols quotidiens, permettant ainsi à 3,5 milliards de passagers par an, soit 10 millions de voyageurs par jour, et à un tiers du commerce mondial, d’atteindre leur destination dans le monde, en toute sécurité et en toute efficacité.

L’OACI reste le forum principal pour améliorer les normes de sécurité de l’aviation civile internationale, a ainsi affirmé le Ministre néo-zélandais des affaires étrangères, estimant que l’agence devait être « appuyée par tous, y compris par le Conseil de sécurité ».  Si convenir des normes est la première étape, le défi le plus important est de s’assurer qu’elles soient efficacement appliquées, a ajouté le Chef de la diplomatie néo-zélandaise, qui s’est félicité de l’accent mis aujourd’hui sur la coopération internationale, y compris l’assistance technique.

Pour le Secrétaire d’État aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, M. Boris Johnson, les récentes catastrophes rappellent à quel point l’aviation civile fait face à une menace en évolution.  « Les terroristes cherchent à exploiter les failles dans notre armure collective », a-t-il dit.  Avec cette résolution, dont son pays est à l’origine, « nous reconnaissons que toutes les nations doivent être à la hauteur de ce défi et que le renforcement des capacités, une formation ciblée et d’autres types d’assistance technique seront nécessaires », a-t-il ajouté.

La Ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat de la France, Mme Ségolène Royal, a observé que s’il convient d’apporter une assistance aux pays fragiles qui en feraient la demande, ceux-ci doivent également consentir « tous les efforts nécessaires et indispensables pour que les liaisons aériennes qui les relient au reste du monde restent fiables et durables ».  « La mobilisation de toutes les composantes d’un État en charge de la sûreté aérienne doit être totale et sans faille », a-t-elle déclaré.

 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME: SÉCURITÉ AÉRIENNE

Lettre datée du 16 septembre 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Nouvelle-Zélande auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/791)

Texte du projet de résolution (S/2016/797)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité internationales et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le moment, le lieu et les auteurs, et demeurant résolu à contribuer encore à améliorer l’efficacité de l’action d’ensemble menée contre ce fléau à l’échelle mondiale,

Constatant avec préoccupation que la menace terroriste devient plus diffuse à mesure que les attentats, notamment ceux motivés par l’intolérance ou l’extrémisme violent, se multiplient dans plusieurs régions du monde, et se déclarant résolu à combattre cette menace,

Réaffirmant son attachement à la souveraineté, notamment celle sur l’espace aérien situé au-dessus du territoire d’un État, à l’intégrité territoriale et à l’indépendance politique de tous les États conformément à la Charte des Nations Unies,

Conscient que le système mondial de l’aviation revêt une importance cruciale pour le développement économique et la prospérité et qu’il importe au plus haut point que les États renforcent les mesures de sécurité de l’aviation pour assurer un environnement mondial stable et pacifique, et conscient en outre que les services aériens, à cet égard, renforcent les transports, la connectivité, le commerce et les liens politiques et culturels entre les États, et que la confiance de la population en la sécurité du transport aérien est cruciale,

Notant que le caractère mondial de l’aviation fait que les États dépendent les uns des autres en ce qui concerne l’efficacité des systèmes de sécurité de l’aviation destinés à protéger leurs citoyens et ressortissants et les aspects pertinents de leur sécurité nationale, compte tenu de l’objectif commun de la communauté internationale à cet égard, et donc qu’ils dépendent les uns des autres pour doter l’aviation d’un environnement commun sûr,

S’inquiétant que des groupes terroristes continuent de considérer l’aviation civile comme une cible attrayante aux fins de causer d’importantes pertes en vie humaines, destructions économiques et perturbations de la connectivité entre les États, et que le risque d’attentats terroristes contre l’aviation civile puisse toucher toutes les régions et tous les États Membres,

Se déclarant gravement préoccupé par les attentats terroristes contre l’aviation civile et condamnant fermement ces attentats,

S’inquiétant que l’aviation civile puisse être utilisée comme moyen de transport par les combattants terroristes étrangers, et notant à cet égard que l’annexe 9 (Facilitation) à la Convention relative à l’aviation civile internationale, signée à Chicago le 7 décembre 1944 (la « Convention de Chicago »), contient des normes et pratiques recommandées concernant la détection et la prévention des menaces terroristes contre l’aviation civile,

Réaffirmant que les attentats terroristes contre l’aviation civile, comme tout acte de terrorisme international, constituent une menace contre la paix et la sécurité internationales et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le moment, le lieu et les auteurs, et réaffirmant qu’il faut combattre par tous les moyens les menaces contre la paix et la sécurité internationales causées par les actes de terrorisme, conformément à la Charte des Nations Unies et aux autres instruments du droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire,

Particulièrement inquiet de constater que des groupes terroristes cherchent activement des moyens de déjouer ou contourner la sécurité de l’aviation en essayant d’y déceler des lacunes ou des faiblesses et de tirer parti de celles qu’ils perçoivent, prenant note à cet égard des domaines de risque hautement prioritaires l’aviation définis par le Conseil de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) dans son Énoncé du contexte de risque à l’échelle mondiale, et soulignant qu’il faut impérativement prendre mesures de sécurité dans le domaine de l’aviation internationale pour faire face à l’évolution de cette menace,

Soulignant le rôle que joue l’OACI en tant qu’organisation des Nations Unies chargée d’élaborer des normes de sécurité pour l’aviation internationale, de contrôler leur application par les États et d’aider ceux-ci à s’y conformer, prenant note à cet égard de l’initiative « Aucun pays laissé de côté » de l’OACI, notant qu’à sa trente-septième session, en 2010, l’Assemblée de l’OACI a adopté la Déclaration sur la sûreté de l’aviation et la Stratégie complète de l’OACI pour la sûreté de l’aviation, qui sont toutes deux devenues des instruments essentiels sur lesquels l’Organisation s’appuie pour mener son programme en la matière, et prenant note de son intention d’élaborer un Plan pour la sécurité de l’aviation dans le monde, futur cadre mondial d’amélioration progressive de la sécurité de l’aviation,

Notant que la protection de l’aviation civile contre les actes d’intervention illicite relève de la Convention relative aux infractions et à certains autres actes survenant à bord des aéronefs (Tokyo, 1963), de la Convention pour la répression de la capture illicite d’aéronefs (La Haye, 1970), de la Convention pour la répression d’actes illicites dirigés contre la sécurité de l’aviation civile (Montréal, 1971), du Protocole pour la répression des actes illicites de violence dans les aéroports servant à l’aviation civile internationale, complémentaire à la Convention pour la répression d’actes illicites dirigés contre la sécurité de l’aviation civile (Montréal, 1988), de la Convention sur le marquage des explosifs plastiques et en feuilles aux fins de détection (Montréal,1991), de la Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation civile internationale (Beijing, 2010), du Protocole additionnel à la Convention pour la répression de la capture illicite d’aéronefs (Beijing, 2010), du Protocole portant amendement de la Convention relative aux infractions et à certains autres actes survenant à bord des aéronefs (Montréal, 2014) et par des accords bilatéraux pour la répression de ces actes,

Demandant à nouveau à tous les États de devenir parties dès que possible aux conventions internationales de lutte contre le terrorisme et à leurs protocoles, qu’ils soient ou non parties à des conventions régionales sur la matière, et de s’acquitter intégralement des obligations découlant des instruments auxquels ils sont parties,

1.    Affirme qu’il incombe à tous les États de protéger la sécurité des citoyens et des ressortissants de tous les pays contre les attentats terroristes visant des services aériens sur leur territoire, conformément aux obligations que leur impose le droit international;

2.    Affirme également que tous les États ont intérêt à assurer la sécurité de leurs propres citoyens contre les attentats terroristes contre l’aviation civile internationale, où qu’ils se produisent, conformément au droit international;

3.    Note que l’annexe 17 (Sûreté) à la Convention relative à l’aviation civile internationale, signée à Chicago le 7 décembre 1944 (la « Convention de Chicago ») fait obligation aux États contractants d’élaborer et d’appliquer des règlements, pratiques et procédures pour préserver l’aviation civile des actes d’intervention illicite et de veiller à ce que ces mesures permettent de réagir rapidement à toute aggravation de la menace contre la sécurité, et note également que l’annexe 17 énonce des normes complémentaires pour préserver l’aviation civile internationale des actes d’intervention illicite, auxquelles les États contractants doivent se conformer conformément à la Convention de Chicago, qu’elle énonce également des pratiques recommandées et que les normes et pratiques recommandées sont assorties d’orientations détaillées aux fins d’une mise en œuvre effective;

4.    Salue et appuie les travaux que mène l’OACI pour que toutes ces mesures soient constamment revues et adaptées à l’évolution constante des menaces mondiales et demande à l’OACI, dans le cadre de son mandat, de poursuivre et d’intensifier l’action qu’elle mène pour veiller au respect des normes internationales de sûreté aérienne en les appliquant de manière efficace sur le terrain, et d’aider les États Membres en ce sens;

5.    Demande à tous les États de s’employer dans le cadre de l’OACI à revoir et adapter ses normes de sécurité internationale afin de pouvoir répondre efficacement à la menace que le terrorisme fait peser sur l’aviation civile, renforcer et promouvoir la bonne application des normes et pratiques recommandées par l’OACI à l’annexe 17, et l’aider à continuer d’améliorer ses programmes de vérification, de renforcement des capacités et de formation afin d’en appuyer la mise en œuvre;

6.    Demande en outre à tous les États, dans le cadre de l’action qu’ils mènent pour prévenir et contrer les menaces terroristes contre l’aviation civile, agissant conformément aux instruments juridiques et documents cadres internationaux pertinents :

a)    De veiller à ce que des mesures efficaces et fondées sur les risques soient en place dans les aéroports relevant de leur juridiction, notamment en renforçant les contrôles de sécurité, le filtrage et la sécurité des installations, afin de détecter et décourager les attentats terroristes contre l’aviation civile, et d’examiner et d’évaluer régulièrement et minutieusement ces mesures de sorte qu’elles suivent l’évolution constante des menaces et soient conformes aux normes et pratiques recommandées de l’OACI;

b)    De prendre toutes les mesures voulues pour que ces dispositions soient effectivement appliquées sur le terrain de façon continue et durable, notamment en fournissant les ressources nécessaires, en recourant à des processus efficaces de contrôle de la qualité et de surveillance et en promouvant une culture effective de la sécurité dans toutes les organisations concernées par l’aviation civile;

c)    De veiller à ce que ces mesures tiennent compte du rôle que peuvent jouer les personnes ayant un accès privilégié à des zones, connaissances ou informations pouvant aider des terroristes à planifier ou à perpétrer des attentats;

d)    De remédier de toute urgence aux lacunes ou failles pouvant être décelées par l’OACI ou les processus nationaux d’évaluation des risques ou de vérification;

e)    De renforcer les procédures de contrôle de sécurité et de maximiser la promotion, l’utilisation et l’échange de technologies nouvelles et de techniques novatrices permettant de détecter au mieux les explosifs et autres menaces, tout en renforçant la coopération et la collaboration et l’échange de données d’expérience en ce qui concerne la mise au point de technologies de contrôle de sécurité;

f)    D’intensifier le dialogue sur la sécurité de l’aviation et de coopérer en échangeant des informations, dans la mesure du possible, sur les menaces, risques et failles, en collaborant en ce qui concerne les mesures spécifiques permettant d’y remédier, et en fournissant bilatéralement des assurances bilatérales concernant la sécurité des vols entre leurs territoires;

g)    D’exiger des compagnies aériennes opérant sur leur territoire qu’elles communiquent à l’avance aux autorités nationales compétentes des informations sur les passagers afin de détecter le départ de leur territoire, ou la tentative d’entrée sur leur territoire ou de transit par leur territoire, à bord d’appareils civils, de personnes désignées par le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015);

7.    Demande instamment à tous les États en mesure de le faire de contribuer de façon efficace et ciblée au renforcement des capacités, à la formation et aux autres ressources, services d’assistance technique, transferts de technologie et programmes nécessaires pour permettre à tous les États d’obtenir les résultats visés ci-dessus, en particulier aux alinéas b) et e) du paragraphe 6;

8     Demande à tous les États de renforcer leur coopération internationale et régionale afin d’intensifier l’échange d’informations, les contrôles aux frontières, le maintien de l’ordre et la justice pénale afin de mieux contrer la menace que constituent les combattants terroristes étrangers, notamment ceux qui rentrent au pays;

9.    Demande instamment à tous les États de veiller à ce que tous leurs ministères, institutions et autres entités concernés collaborent étroitement et efficacement sur les questions de sécurité de l’aviation;

10.   Encourage l’OACI et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) à poursuivre leur coopération pour déceler les lacunes et failles touchant la sécurité de l’aviation, se félicite que l’OACI et l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme collaborent pour faciliter la fourniture d’assistance technique et le renforcement des capacités dans le domaine de la sécurité de l’aviation, encourage l’OACI, le Comité contre le terrorisme et la Direction exécutive à collaborer plus étroitement et prie la DECT de continuer de s’employer avec l’OACI à traiter de la sécurité de l’aviation dans toutes ses activités et dans tous ses rapports, notamment dans les évaluations par pays;

11.   Prie le Comité contre le terrorisme de tenir dans les 12 mois, en coopération avec l’OACI, une réunion spéciale sur la question des menaces terroristes contre l’aviation civile, et invite le Secrétaire général de l’OACI et le Président du Comité à lui rendre compte des résultats de cette réunion dans 12 mois;

12.   Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

Mme FANG LIU, Secrétaire générale de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), a tout d’abord rappelé que l’OACI avait contribué à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies depuis 2006, ainsi que des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  L’OACI est l’une des 38 entités de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme qui a pour mandat de renforcer la coordination et la cohérence des efforts de lutte contre le terrorisme dans le système des Nations Unies.

L’OACI, a-t-elle dit, bénéficie d’une collaboration fructueuse de tous les organes du Conseil de sécurité des Nations Unies, en particulier la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme.

Mme Liu a rappelé que l’OACI avait été créée en 1944, à Chicago, lors de la signature de la Convention relative à l’aviation civile internationale, ou « Convention de Chicago ».  Celle-ci travaille avec 191 États Membres et partenaires de l’industrie en vue d’adopter les normes et pratiques recommandées de l’aviation civile internationale et des politiques d’appui à un secteur de l’aviation civile sûr, efficace, économiquement viable et écologiquement responsable. 

Plus de 12 000 normes et pratiques recommandées sont contenues dans 19 annexes de la Convention, et sont utilisées par les États membres de l’OACI comme repères pour veiller à ce que les opérations et règlements de leur aviation civile soient conformes aux normes internationales.

Ces normes harmonisées des transports aériens contribuent à aider les États, les compagnies aériennes, les aéroports et d’autres à coopérer dans la gestion de plus de 100 000 vols quotidiens, permettant ainsi à 3,5 milliards de passagers par an, soit 10 millions de voyageurs par jour, et à un tiers du commerce mondial, d’atteindre leur destination dans le monde, en toute sécurité et en toute efficacité.

La Secrétaire générale a également souligné que le réseau de transport aérien mondial allait doubler son volume de vols et de passagers d’ici à 2030.

La sécurité de l’aviation, ou plus précisément la prévention des actes d’intervention illicite contre l’aviation civile, est l’une des plus hautes priorités de l’OACI, a poursuivi Mme Liu.

À la suite des récentes attaques terroristes contre les aéroports de Bruxelles et d’Istanbul, l’OACI a développé rapidement de nouveaux amendements à l’annexe 17 visant à renforcer la sécurité au sol dans les installations aéroportuaires.  Il est prévu que le Conseil de l’OACI les adopte au mois de novembre, a-t-elle dit.

Les États sont invités à contribuer à ce que l’ensemble de leurs entités nationales concernées collaborent étroitement et efficacement, a déclaré Mme Liu. 

Le Conseil de sécurité doit contribuer à accroître les efforts de la communauté mondiale concernant la sécurité de l’aviation, encourager les États à mettre en œuvre efficacement les normes de sécurité de l’OACI et soutenir les activités d’assistance technique de l’OACI aux États qui en ont besoin.

Pour le triennat 2017-2019, la pièce maîtresse du programme de travail de l’OACI dans le domaine de la sécurité de l’aviation sera le développement d’un nouveau plan de sécurité de l’aviation mondiale.  Parmi les objectifs envisagés pour ce plan mondial figurent une plus grande assistance technique aux États pour renforcer leurs capacités et atteindre des niveaux plus élevés de mise en œuvre effective de l’annexe 17; l’accélération du développement des ressources humaines dans la sécurité de l’aviation; l’innovation de la technologie pour améliorer l’efficacité des mesures de sécurité; et une plus grande utilisation des nombreuses disciplines de l’aviation pour améliorer la sécurité.

Ce plan, selon Mme Liu, fournira à l’OACI un soutien inestimable dans la réalisation de ses objectifs de sécurité de l’aviation, et contribuera efficacement à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte), qui s’exprimait avant le vote, a jugé ce vote « un peu étrange », puisqu’il intervient quelques semaines à peine avant l’Assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), laquelle a lieu tous les deux ou trois ans.  Cependant, l’objectif de ce projet de résolution, a-t-il reconnu, est d’assurer une plus grande prise de conscience de la gravité de la situation et des menaces sur la sécurité aérienne.  Cette menace augmente, a-t-il prévenu.  Le représentant a affirmé que l’équipe d’inspection de l’OACI a fait une évaluation positive des procédures de sécurité de l’Égypte.  Pour lutter contre le terrorisme, il faut coopérer, cesser d’offrir des havres de paix aux terroristes et leur barrer l’accès aux médias sociaux.  Le représentant égyptien a voulu que l’on aide toutes les victimes du terrorisme sans distinction, en particulier d’ordre géographique.  Il a exprimé l’engagement de l’Égypte à faire face à ce fléau sur la base de la coopération et de la transparence.

M. BORIS JOHNSON, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, s’est félicité de l’adoption à l’unanimité de la résolution, la première à se concentrer sur la menace terroriste contre l’aviation civile.  « Nous avons parcouru un long chemin depuis le décollage du premier avion commercial, de la Floride, il y a 100 ans », a-t-il reconnu.  M. Johnson a évoqué les récentes catastrophes qui rappellent à quel point l’aviation civile fait face à une menace en évolution.  « Les terroristes cherchent à exploiter les failles dans notre armure collective », a-t-il dit.  « Nous dépendons tous les uns des autres pour assurer un environnement sûr à l’aviation. »

En adoptant cette résolution, a poursuivi le Secrétaire d’État, « le Conseil de sécurité a lancé un appel à l’action résonnant dans la communauté internationale tout entière ».  Il est très clair que les précautions doivent s’adapter aux tactiques changeantes des terroristes.  Nous reconnaissons que toutes les nations doivent être à la hauteur de ce défi et que le renforcement des capacités, une formation ciblée et d’autres types d’assistance technique seront nécessaires, a-t-il ajouté.

La protection des civils est un objectif crucial pour chacun d’entre nous, a insisté M. Johnson.  Cette résolution vient s’ajouter aux efforts entrepris pour contrer l’essor de Daech, le phénomène des combattants terroristes étrangers et les flux financiers illicites.  Il a salué l’intention du Conseil de sécurité de rester saisi de cette question, car, a-t-il averti, les terroristes n’épargneront aucun effort pour attaquer l’aviation civile.  « Le voyage aérien est l’un des éléments les plus libérateurs pour l’humanité », a-t-il conclu. 

M. JEH JOHNSON, Secrétaire d’État à l’intérieur des États-Unis, a affirmé que la sûreté aérienne représentait une question urgente.  Il a rappelé que son pays avait connu un moment majeur dans la sécurité aérienne lors des attentats du 11 septembre 2001, le contraignant à créer une structure adéquate.  Il y a aujourd’hui une menace terroriste internationale qui pèse sur la sécurité aérienne, les terroristes considérant toujours l’aviation comme cible de choix, cherchant toujours à exploiter les lacunes dans ce domaine. 

Il reste beaucoup à faire dans ce domaine et pour restaurer la confiance du public dans la sécurité de l’aviation civile, a déclaré M. Johnson.  Depuis l’an dernier, suite au crash d’un jet, les efforts se sont concentrés sur les cargaisons et les bagages.  Davantage d’agents ont été recrutés, davantage de chiens sont utilisés et les passagers sont invités à procéder à leur propre contrôle à l’avance.  M. Johnson a encouragé les autres pays à accepter des « marshals de l’air » dans les vols vers ou en direction des États-Unis.  Le Secrétaire d’État a appelé les autres nations à continuer d’investir dans la sécurité aérienne.  Les États-Unis, a-t-il dit, appuient fermement une pleine mise en œuvre de la résolution qui vient d’être adoptée, encourageant les autres États Membres à faire de même.

M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’étranger, a appelé à garantir une mise en œuvre efficace des mesures de sécurité aérienne.  Un nouveau code de l’aviation civile a été notamment mis en place au Sénégal qui a ainsi établi des règlements aéronautiques pour l’application des procédures de sûreté, dans le cadre, en particulier de la Convention de Chicago. Le Sénégal a également élaboré un cadre d’échange d’informations sensibles avec d’autres pays.  Le Ministre, qui a souhaité une meilleure coopération entre, notamment, l’OACI et l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, s’est réjoui de l’organisation d’une réunion spéciale sur les menaces de sécurité qui pèsent contre l’aviation civile.

Mme SÉGOLÈNE ROYAL, Ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat de la France, a adressé un message à l’ensemble de la communauté internationale: « nous devons nous mobiliser, nous devons agir pour que le transport aérien reste sûr et continue à apporter sa contribution aux échanges internationaux, culturels et commerciaux nécessaires à la compréhension et à la paix entre les peuples et les nations ». 

Le fait que les terroristes prennent pour cible l’aviation civile n’a rien de nouveau, a rappelé Mme Royal.  Ce qui a changé, a-t-elle dit, c’est l’intensité et la globalité de la menace ainsi que les ressources dont disposent les organisations terroristes.  D’après elle, la sûreté du transport aérien ne pourra qu’être la résultante des efforts continus et conjoints de tous afin que nos adversaires ne puissent pas utiliser les « maillons faibles » comme autant de défauts dans la cuirasse collective.

D’une part, a souligné la Ministre, il est important que tous les États mettent a minima en œuvre les standards qui figurent dans l’annexe 17 de la Convention de Chicago relative à l’aviation civile internationale, « mais également qu’ils sachent aller sans hésitation au-delà lorsque la menace l’exige ».

D’autre part, s’il est important d’apporter une assistance aux pays fragiles qui en feraient la demande pour qu’ils puissent mettre leurs infrastructures aéroportuaires aux normes internationales, « il convient également que ces États consentent tous les efforts nécessaires et indispensables pour que les liaisons aériennes qui les relient au reste du monde restent fiables et durables », a poursuivi Mme Royal.  À cet égard, a-t-elle ajouté, « la mobilisation de toutes les composantes d’un État en charge de la sûreté aérienne doit être totale et sans faille ».

Après ce qui s’est passé à Nice, la Ministre n’a pu s’empêcher d’imaginer le terrible drame que serait un attentat dans un aéroport au moment des départs en vacances.  L’accès aux aéroports doit être sécurisé, a-t-elle conclu.    

M. DATO SRI ANIFAH AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a rappelé qu’en l’espace de quatre mois seulement, la Malaisie a subi non pas une mais deux catastrophes aériennes, à savoir les tragédies des vols MH370 et MH17. Ces deux tragédies, même si elles ne pas liées ostensiblement au terrorisme, offrent des enseignements pertinents.  La Malaisie tient ainsi à souligner que la fourniture immédiate de l’expertise et de l’aide des États et des organisations internationales dont l’OAIC pour la détermination des causes probables de ces deux catastrophes a été « cruciale » pour contrer la notion selon laquelle elles étaient dues à des actes de terreur.  Cette action rapide a contribué à maintenir la confiance de l’opinion publique.  La Malaisie tient aussi à dire qu’elle a introduit de nouvelles mesures de sécurité dont l’installation de systèmes de surveillance sophistiqués et le déploiement d’un personnel additionnel dans les aéroports internationaux du pays. 

Le pays a pris des mesures pour améliorer le partage des informations et des renseignements grâce à l’installation de systèmes avancés d’information sur les passagers et de fouille.  La Malaisie a aussi renforcé son cadre juridique et opérationnel en restructurant son Conseil national de sécurité qui a, entre autres, pour mandat d’évaluer et de surveiller les menaces et activités terroristes dans le pays.  Le Ministre a également indiqué que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a adopté son Plan stratégique des transports 2016-2025.  Il a conclu en soulignant la détermination de son pays à trouver les réponses à toutes les questions en suspens s’agissant des deux vols MH370 et MH17.  Pour ce qui est du MH17, la Malaisie s’engage, a-t-il affirmé, à mettre en œuvre toutes les dispositions de la résolution 2166 (2014) et compte sur la coopération de tous ses partenaires. 

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a souligné que la menace terroriste contre l’aviation civile allait croissante et prenait différentes formes.  C’est pour cette raison, a-t-il insisté, qu’il faut améliorer les mécanismes de coopération interétatiques et renforcer leur capacité à lutter contre une telle menace.  La réunion de haut niveau d’aujourd’hui prouve que nous nous accordons quant à la nécessité d’améliorer la confiance du public vis-à-vis de la sécurité aérienne. 

Il faut protéger les infrastructures aéroportuaires, a poursuivi le Ministre.  À cet égard, les États devraient procéder à des évaluations précises de leur vulnérabilité face aux attaques physiques et au cyber attaques.  Une étroite coopération entre les autorités compétentes de l’État en la matière avec les opérateurs privés doit être une priorité.  Il est urgent, a-t-il poursuivi, que les Nations Unies et leurs agences spécialisées adoptent avec l’OACI des mesures de prévention pour atténuer les risques éventuels et qu’elles garantissent un contrôle international strict des importations, exportations ou transferts de systèmes portables de défense anti-aérienne (MANPADS) et de de missiles.  

M. Klimkin a évoqué les activités terroristes menées dans la région du Donbass de l’Ukraine « avec l’appui direct » de la Fédération de Russie depuis 20143.  Le 17 juillet 2014, a-t-il rappelé, le vol MH17 de la Malaysia Airlines a été abattu par des terroristes dans l’espace aérien de l’Ukraine, faisant 298 victimes innocentes.  Il est nécessaire, a-t-il souligné, de mettre pleinement en œuvre la résolution 2166 (2014) du Conseil qui avait exigé que les auteurs de l’incident soient traduits en justice. Or, a-t-il déploré, les efforts visant la mise en place d’un tribunal international ont été « sabotés en raison du veto d’un membre permanent du Conseil ».

Ces crimes odieux ont amené l’OACI à prendre plusieurs initiatives sur les zones de conflit, dont la création d’un registre d’informations sur ces zones et des directives relatives aux menaces que représentent les systèmes de missiles sol-air pour les vols commerciaux.  Le Ministre a appelé de ses vœux le renforcement d’un système mondial de partage des informations.

L’occupation illégale de la Crimée par la Fédération de Russie en avril 2014 a interféré avec les services de trafic aérien fournis par l’Ukraine, et ses actions posent une menace dans l’espace international au-dessus de la haute mer, a-t-il signalé.  D’après lui, « la publication d’informations aéronautiques par la Russie n’est rien d’autre qu’une tentative de justifier des activités illicites ».  

M. Klimkin a souligné que le recours aux engins explosifs menace la sécurité aérienne, d’où la nécessité d’améliorer la sécurité aux aéroports. Il a invité les États Membres à renforcer les accords de partage d’informations avec leurs partenaires étrangers et à surveiller avec Interpol la liste des terroristes.  Il a proposé de réfléchir à la façon d’endiguer les flux de terroristes étrangers en empêchant leur transit et en mettant en œuvre les interdictions de voyager, une responsabilité qui incombe au premier chef aux pays d’origine.

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a souligné que les liens aériens étaient vitaux pour son pays.  Plus de 99% de ses visiteurs internationaux arrivent par air, et 15% environ de ses exportations sont transportées par air.  Les récents attentats prouvent que l’aviation civile demeure une cible de choix pour les terroristes, a averti M. McCully.  La communauté internationale doit rester vigilante en s’assurant que les normes internationales s’adaptent à l’évolution de la menace.

L’OACI reste le forum principal pour améliorer les normes de sécurité de l’aviation civile internationale, a affirmé le Ministre, et l’Organisation doit être appuyée par tous, y compris par le Conseil de sécurité.  La Nouvelle-Zélande appuie une approche fondée sur les risques et adaptée aux circonstances.  « Cela revêt une importance particulière pour les États qui ont des capacités limitées ou des risques moindres, y compris les petits États insulaires en développement de la région ».  En effet, l’approche n’est pas la même qu’on parle de Tuvalu ou des États-Unis, a-t-il précisé.

Convenir des normes est la première étape, a dit M. McCully.  Le défi le plus important est de s’assurer qu’elles soient efficacement appliquées.  C’est pour cette raison que la Nouvelle-Zélande se félicite de l’accent mis aujourd’hui sur la coopération internationale, y compris l’assistance technique.  Pour sa part, elle continue de contribuer à l’amélioration de la sécurité internationale dans le Pacifique.

Toutefois, a fait remarquer le Ministre, le renforcement de la sécurité aérienne n’est qu’« un pansement provisoire ».  Le plus grand défi réside dans la réponse à apporter aux conditions qui motivent les terroristes et leur permettent d’agir.  À cet égard, a-t-il recommandé, « il nous faut réfléchir à l’efficacité de cet organe qui est chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il regretté, n’a jusqu’à présent pas réussi à résoudre de façon durable beaucoup de grands conflits.  Il est temps, a-t-il conclu, d’améliorer « la machinerie des Nations Unies », y compris celle du Conseil.  

M. IGNACIO YBAÑEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a rappelé que le terrorisme constituait une menace mondiale, nécessitant une réaction conjointe de tous les gouvernements, avec un même protocole de sûreté et des normes et pratiques harmonisées.  Le cadre de sécurité de l’aviation civile doit s’appliquer à tous les citoyens, quelle que soit leur destination, a ajouté M. Ybañez.  Selon lui, aucun pays ne doit être laissé de côté et aucun gouvernement ne doit manquer des capacités nécessaires pour contrer la menace.

L’objectif de l’Espagne est d’appuyer pleinement les travaux de l’OACI, a-t-il dit.  Il a jugé que l’OACI et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme devaient renforcer leur coopération.  L’aviation civile, grâce aux efforts déployés et à cette résolution, est un peu plus sûre, mais elle le sera davantage lorsque les États appliqueront à la lettre les décisions prises.

M. WU HAITAO (Chine) a jugé essentiel de maintenir la sécurité de l’aviation civile internationale pour promouvoir les transports aériens, la coopération internationale et le développement économique mondial.  Il a recommandé que les efforts se concentrent sur le renforcement des mesures de sécurité, notamment aéroportuaires, et l’amélioration des contrôles de sécurité au sol. 

La résolution adoptée aujourd’hui est explicite quant à l’obligation de déployer plus d’efforts s’agissant du transfert des technologies, a noté le représentant.  Les normes internationales de sécurité devant être renforcées, les pays développés doivent prendre au sérieux les difficultés tangibles auxquelles les pays en développement font face. Le Conseil de sécurité doit fournir des recommandations et s’assurer de l’engagement de toutes les parties à cet égard.

La Chine reconnaît que l’OACI est responsable au premier chef des normes en la matière.  Mais selon le représentant, il faut plus de synergies pour renforcer la répartition des tâches avec les États.  Tous les États doivent respecter les mêmes normes et adopter une politique de tolérance zéro pour tous les actes terroristes sans exception.  Ils doivent respecter les buts et principes de la Charte, tout en maintenant « une position sans compromis dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il insisté. Toutes les parties devraient aussi renforcer le partage de renseignements et contrôler les mouvements transfrontières des terroristes, surtout pour ce qui est de leur retour dans les pays d’origine.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que l’aviation civile était et avait toujours été une cible de choix pour les terroristes, précisant que son pays avait participé à l’élaboration de la présente résolution.  La menace terroriste contre l’aviation civile évolue, les criminels cherchant toujours à contourner les mesures de sécurité déjà prises.

Le délégué russe a souligné que la résolution adoptée aujourd’hui demandait une mise en œuvre intégrale des normes et pratiques en vigueur.  Il s’est félicité de la coopération productive entre les structures de lutte contre le terrorisme et l’OACI.  Il a plaidé pour que soit renforcée la coopération entre le Conseil de sécurité et l’OACI, notamment dans le cadre de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme.

Réagissant à l’intervention précédente de l’Ukraine, qui contient, à ses yeux, des provocations déplacées, M. Churkin a rappelé que lors du crash du vol de la Malaysia Airlines, les autorités ukrainiennes n’avaient pas fermé l’espace aérien dans l’est du pays tandis que des opérations militaires étaient en cours.  La Fédération de Russie a appelé à la mise ne œuvre de la résolution 2167 (2014). Il faut notamment, a-t-il dit, donner à la mission d’enquête plus d’accès sur le site.  Le représentant russe a également accusé l’Ukraine de politiser la question, contribuant à engendrer des risques pour la sécurité aérienne de la région.

Le transport aérien a toujours été une cible attrayante pour les terroristes, a reconnu M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon).  On a beaucoup progressé dans l’amélioration de la sécurité aérienne, mais la menace reste élevée.  D’après lui, la résolution 2309 (2016) envoie « un message politique très fort » pour accélérer les efforts mondiaux à cet égard.

Le Japon est le septième État au monde en termes de transport aérien, c’est dire l’importance qu’il attache à la question, a fait remarquer le représentant.  Le pays est « bien connu pour sa politique de sûreté publique », a-t-il ajouté, avant de préciser que l’installation de scanners corporels dans les aéroports était en cours.

En outre, le Japon a un programme d’assistance international.  Il a ainsi financé le placement de caméras de surveillance dans des aéroports en Afrique et aidé ses partenaires de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Le Japon, a annoncé son représentant, fournira 450 millions de dollars, au cours des trois prochaines années, à la lutte contre le terrorisme en Asie.

Le représentant a mentionné le rôle actif du Japon au sein du Groupe pour la sécurité aérienne de l’OACI.  Il est d’ailleurs le deuxième contributeur au budget de l’OACI depuis 1987.  Le représentant a ensuite jugé nécessaire d’améliorer le Plan d’action du G7 sur le contreterrorisme. Il a appelé tous les États à mettre en œuvre comme il se doit les normes qui figurent dans l’annexe 17 de la Convention de Chicago et à renforcer les contrôles d’accès et de sécurité.  Enfin, il faut combler les lacunes entre les résultats des audits de l’OACI et les mesures de sécurité aérienne sur le terrain, a-t-il conclu.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a affirmé que la vulnérabilité face au terrorisme et aux combattants étrangers était mondiale.  Une prise de conscience du phénomène s’est produite après les attentats du 11 septembre, mais beaucoup reste à faire, a-t-il dit.  L’OACI a un rôle à jouer dans la lutte complexe contre le terrorisme et la prévention du terrorisme.  Elle constitue, a-t-il souligné, la seule institution spécialisée ayant compétence pour parvenir à un consensus autour de l’élaboration et du suivi des normes et pratiques recommandées pour la sécurité de l’aviation civile internationale.

À cet égard, le Venezuela estime qu’il est nécessaire de continuer à renforcer les systèmes nationaux de l’aviation civile, y compris ses mécanismes d’évaluation, sans porter atteinte à l’autorité et à la souveraineté de chaque État en la matière, de sorte qu’ils puissent faire face et prévenir efficacement et durablement les menaces terroristes. 

Le rôle des institutions spécialisées des Nations Unies sera particulièrement important dans la promotion d’une culture de la paix, de la tolérance et de la compréhension entre les différentes sociétés, les civilisations, les religions et les croyances, a ajouté le représentant vénézuélien.

La lutte contre le terrorisme soit s’inscrire dans le cadre d’une coopération internationale renforcée, conformément aux instruments internationaux et régionaux existants dans le domaine, notamment les buts et principes de la Charte des Nations Unies et les normes du droit international, les droits de l’homme, les libertés fondamentales et l’état de droit. 

L’évolution du terrorisme aérien nous amène à nous concentrer davantage sur sa prévention et sa répression, a constaté M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay).  Il va au-delà des formes classiques de la piraterie aérienne, comme les attaques perpétrées dans les aéroports.  

D’après le représentant, il ne fait aucun doute que les terroristes, en ciblant l’aviation civile, voient « un moyen d’obtenir l’exposition médiatique tant recherchée, avec un impact psychologique à grande échelle ».  De plus, les retombées économiques, politiques, sociales et commerciales sont multiples.  « N’oublions pas que des milliers de personnes utilisent les transports aériens et que les États fondent leur relations sur des échanges rendus possibles par l’aviation », a-t-il souligné.

L’Uruguay attache la plus grande importance aux normes de l’OACI et aux pratiques exemplaires en matière de sécurité aérienne, a expliqué le représentant.  Mon pays, a-t-il précisé, a adhéré à une série d’instruments internationaux. Il a aussi créé un comité national de sécurité de l’aviation civile pour conseiller l’autorité de sécurité compétente sur les mesures nécessaires pour faire face aux menaces.

De nombreux pays n’ont ni les capacités, ni les connaissances, ni les ressources financières pour mettre en œuvre de telles mesures.  C’est pour cette raison que le représentant a insisté sur le transfert de technologies et de programmes.  D’après lui, la coopération est l’élément clef d’une mise en œuvre concrète et efficace des meilleurs pratiques et des normes les plus strictes.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a affirmé que la menace terroriste pesant sur l’aviation internationale nécessitait une réponse plus ferme de la communauté internationale.  Le représentant a salué les travaux de l’OACI.  En Angola, de nombreuses mesures ont été prises, conformément aux normes établies par l’OACI, a-t-il déclaré.  Selon le délégué angolais, la résolution adoptée aujourd’hui envoie un message sans ambiguïté aux terroristes.  L’Angola appuie la prise de mesures pour contrer cette menace et plaide pour la coopération internationale en la matière.

Reprenant la parole, le Ministre de l’Ukraine a indiqué que ce sont les efforts en vue d’attiser le conflit dans la région du Donbass qui l’ont obligé à évoquer la tragédie du vol MH17.  « L’Ukraine a coopéré pleinement avec tous les partenaires internationaux sur cette question », a-t-il assuré.  L’an dernier, a-t-il ajouté, le monde entier a été le témoin du veto russe contre la tentative d’établir un tribunal international.  « Nous voulions que la vérité éclate au grand jour. »

Le représentant de la Fédération de Russie a rétorqué que la lutte contre le terrorisme est un sujet très sérieux et qu’il ne faut pas « continuer à spéculer sur ce thème et sur la tragédie humaine à des fins politiques ».

« Nous avons été les témoins d’un cas classique de la tendance à rejeter la faute sur l’autre », a ajouté le Ministre de l’Ukraine.  « Ce qui s’est passé, c’est du terrorisme appuyé par un État ».

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réuni au niveau ministériel, le Conseil de sécurité constate les violations de l’accord de cessation des hostilités en Syrie, conclu le 9 septembre

7774e séance – matin 
CS/12526

Réuni au niveau ministériel, le Conseil de sécurité constate les violations de l’accord de cessation des hostilités en Syrie, conclu le 9 septembre

Le Secrétaire général appelle à nouveau les membres du Conseil à soutenir les efforts visant la reprise rapide des pourparlers

À l’initiative du Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, M. John Key, qui en présidait les travaux, le Conseil de sécurité a convoqué, ce matin, une réunion de haut niveau sur la crise en Syrie, au cours de laquelle ses membres, représentés par des chefs d’État, de gouvernement ou des ministres des affaires étrangères, ont constaté avec regret les violations de l’accord de cessation des hostilités conclu le 9 septembre par les États-Unis et la Fédération de Russie, coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS).

Présent à cette occasion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a regretté de voir cette « nouvelle opportunité » mise à mal par l’attaque « scandaleuse », perpétrée le lundi 19 septembre, contre un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU.  Le Secrétaire général s’est également dit alarmé par l’attaque meurtrière perpétrée quelques jours plus tôt près de Deir ez-Zor, tout en prenant note que les États-Unis ont admis rapidement qu’une erreur avait été commise lors de cette frappe aérienne.

Le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, a regretté ce qu’il a qualifié d’« erreur » et d’« incident tragique ».  Il s’est, en revanche, dit ému par les « changements de version » et des « volte-faces » de la Russie et de la Syrie, qui n’assument pas, selon lui, la « responsabilité » du bombardement de lundi.  Pour rétablir la crédibilité du processus en cours, les avions militaires doivent immédiatement cesser de voler au-dessus des zones où l’aide humanitaire doit être acheminée, a-t-il martelé.  Réagissant à ces commentaires, le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, a jugé qu’il était préférable de s’abstenir de porter des accusations en l’absence de preuves.  Pour leur part, a-t-il dit, les forces russes ont transmis toutes les données relatives à cette attaque, « notamment des images vidéo filmées en temps réel ».  Une enquête sera engagée pour déterminer les causes de cet incident, a-t-il assuré.

Le représentant de la République arabe syrienne a, de son côté, accusé les États-Unis de ne pas avoir tenu leur « promesse », d’il y a deux ans, de ne pas prendre pour cible des installations militaires syriennes et des infrastructures vitales du pays.  Pour lui, les raids aériens en date du 17 septembre attribués aux forces américaines auraient fait 83 victimes et une centaine de blessés.  Il a catégoriquement nié toute implication des forces gouvernementales dans l’attaque de lundi contre le convoi humanitaire.

Partisan d’une « évaluation commune » des violations de la trêve et des obstacles à l’accès humanitaire, le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Jean-Marc Ayrault, a proposé au Conseil de sécurité d’établir un « nouveau mécanisme de surveillance efficace et crédible ».  Il est cependant impératif, a-t-il ajouté, d’empêcher les groupes terroristes comme Daech ou le Front el-Nosra de faire fond sur la cessation des hostilités pour prospérer, une préoccupation reprise à leur compte par plusieurs membres du Conseil de sécurité.

Pour le Secrétaire général, la tragédie syrienne « nous déshonore tous » et l’échec collectif de la communauté internationale devrait « hanter » les membres de ce Conseil, qui demeure divisé sur le dossier du conflit syrien.  Depuis les soulèvements populaires de février 2011 contre le régime du Président Bachar Al-Assad, a-t-il rappelé, 300 000 civils ont été tués.

Affirmant que « le destin d’une nation ne devrait jamais dépendre d’un seul individu », M. Ban a renvoyé dos à dos partisans et opposants du dirigeant syrien.  Si certains insistent pour que le sort de M. Assad continue d’être exclu des négociations, alors « par définition, il ne s’agit pas d’un règlement négocié », pas plus que d’autres demandent le départ du Président syrien dès le début de la transition.

Le Secrétaire général a donc lancé un appel au Conseil de sécurité pour que l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales apporte son soutien « sans équivoques » aux propositions que s’apprête à faire aux parties l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, comme point de départ d’un nouveau cycle de pourparlers directs.  Ces pourparlers ont pour objectif de déboucher sur le « processus de transition politique dirigé par les Syriens eux-mêmes » qu’appelait de ses vœux le Communiqué de Genève du 30 juin 2012.

M. de Mistura a indiqué qu’il avait travaillé sur un cadre de négociations futures reprenant les éléments suivants: il ne peut y avoir d’issue militaire au conflit; le consentement mutuel entre le Gouvernement syrien et l’opposition doit prévaloir dans le cadre du processus politique; et ce processus doit ouvrir la voie à une transition réelle dans la continuité.

L’Envoyé spécial de l’ONU s’est, pour l’heure, félicité de certains « points de convergence » entre les parties, notamment sur les principes de former un gouvernement de transition, d’établir un État pluraliste basé sur l’état de droit, et de garantir le respect des libertés fondamentales grâce à une nouvelle constitution.  S’agissant d’un partage du pouvoir, il a plaidé, à cet égard, pour la mise en place d’« instruments de contrôle ».

Dénonçant les violations répétées des droits de l’homme par les autorités syriennes comme par les groupes d’opposition, le Secrétaire général a, par ailleurs, réitéré son appel au Conseil de sécurité pour qu’il renvoie la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI).  L’Espagne, par la voix de son Ministre des affaires étrangères et de la coopération, M. José Manuel Garcia-Margallo, a rappelé la proposition de Madrid en matière de lutte contre l’impunité, à savoir la création d’une juridiction internationale spécialisée pour connaître des crimes de terrorisme, dont le rôle serait complémentaire à celui de la CPI.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la tragédie syrienne « nous déshonore tous ».  L'échec collectif de la communauté internationale devrait « hanter » tous les membres de ce Conseil de sécurité, alors que plus de 300 000 Syriens ont été tués, la moitié de la population du pays déracinée, et une grande partie de l’infrastructure civile détruite.  Tandis que  Daech et Al-Qaida s’efforcent d’exploiter davantage le chaos ambiant, les pays voisins de la Syrie accueillent des millions de réfugiés syriens, et nombre de ces réfugiés meurent en tentant d'atteindre l'Europe, a rappelé M. Ban.  Les forces déchaînées par ce conflit déstabilisent la région entière, les attaques terroristes liées à la poursuite de cette crise frappent le monde entier et les violations des normes du droit international humanitaire sont commises de façon flagrante, a déploré le Secrétaire général.  Pour lui, les attaques lancées sans distinction contre des civils, la tactique « médiévale » du siège, l'utilisation d'armes chimiques dans le cadre d’attaques récemment attribuées à Daech et au Gouvernement syrien, et la détention arbitraire et les actes de torture sont autant de défis aux résolutions de ce Conseil.

Conscient des divisions qui minent l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Secrétaire général a réitéré son appel pour l'unité internationale, lequel, a-t-il dit, a déjà fait la différence pour assurer la destruction du programme syrien d'armes chimiques, pour fournir l’aide humanitaire au-delà de signes de front et pour constituer le Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), qui a ouvert la voie à l’adoption de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Ainsi, s’est félicité le Secrétaire général, la cessation des hostilités –« quoique fragile »– a commencé à la fin du mois de février, avec des résultats positifs pendant quelques mois.

Si l'accord conclu le 9 septembre entre la Fédération de Russie et les États-Unis représente pour M. Ban une « nouvelle opportunité », l’attaque, il y a deux jours, contre un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU est « scandaleuse ».  Il s’est également dit préoccupé par l'attaque meurtrière perpétrée peu de temps auparavant à Deir al-Zour, prenant acte de la reconnaissance rapide par les États-Unis de cette frappe.  Le Secrétaire général a de nouveau exhorté tous ceux qui ont de l’influence à retrouver la voie des pourparlers politiques.  « Dès qu'un nouveau cycle de négociations intra-syriens débutera, il devra se concentrer sur les questions fondamentales pour une transition viable », « afin de parvenir à un accord sur un cadre politique qui inclurait un organe de transition inclusif doté des pleins pouvoirs exécutifs. »  L’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, a précisé le Secrétaire général, sera prêt, « dès que possible », à présenter aux parties un « projet de cadre de propositions » comme point de départ de négociations en vue de ce processus de transition politique dirigé par les Syriens.  Il a demandé au Conseil de sécurité de lui apporter son soutien « sans équivoques ». 

Affirmant que « le destin d’un pays ne devrait jamais dépendre d’un seul individu », M. Ban a souligné que si certains continuent d'insister pour que le sort du Président syrien soit exclu des négociations, alors « par définition, il ne s’agit pas d’un règlement négocié ».  À l’inverse, si d’autres insistent pour que le Président syrien parte dès le début de la transition, il est également « difficile d’envisager une véritable négociation », a-t-il fait remarquer.  Attirant ensuite l’attention sur les violations répétées des droits de l'homme par les autorités syriennes et les groupes d'opposition, le Secrétaire général a réitéré son appel au Conseil de sécurité pour qu’il renvoie la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI).  « Nous sommes à un tournant », a lancé M. Ban, en conclusion, en rappelant aux membres du Conseil de sécurité la responsabilité qui est la leur.

M. STAFFAN DE MISTURA, Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a rappelé que l’ONU avait pris part ou initié de nombreuses tentatives de négociations de paix entre les parties syriennes au cours de ces dernières années.

Faisant un point sur l’état des dernières négociations en date, M. de Mistura a déclaré que, « malgré l’horreur sur le terrain », il avait noté des points de convergence dans les pourparlers intersyriens.  Il a notamment indiqué que les parties étaient parvenues d’accord, verbalement, sur le principe de former un gouvernement de transition, d’établir un État pluraliste basé sur l’état de droit, et de garantir le respect des libertés fondamentales dans une nouvelle constitution.

Sur la base des recommandations du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) de développer des propositions concrètes dans la perspective de la tenue de pourparlers directs, et non plus seulement de proximité, M. de Mistura a indiqué avoir travaillé sur un cadre de négociations futures basé sur les points suivants: il ne peut y avoir d’issue militaire au conflit; le processus politique entre le Gouvernement et l’opposition doit se baser sur le consentement mutuel; et ce processus doit être capable d’engendrer une transition politique réelle tout en préservant la continuité. 

Toute transition viable doit mettre en place des instruments de contrôle du pouvoir exécutif, a par ailleurs estimé l’Envoyé spécial.  Il a insisté sur le fait que le pouvoir devrait être partagé de façon réelle, tout en précisant que des organes de supervision collectifs devraient être créés pour vérifier le respect de la cessation des hostilités d’ici à l’adoption d’une nouvelle constitution.  « Je sais que tout cela semble utopique », a-t-il déclaré, « mais sans cette base nous ne parviendrons à rien ».

S’il a insisté sur une « dévolution réelle du pouvoir », M. de Mistura a aussi appelé l’opposition à comprendre que la transition ne concerne pas le pouvoir d’une personne, mais un exercice différent du pouvoir en général.  Avant de conclure, l’Envoyé spécial a insisté sur la nécessité de respecter l’accord du 9 septembre sur la cessation des hostilités conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie.

M. JOHN KEY, Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, a expliqué qu’il avait convoqué cette réunion de haut niveau sur la Syrie pour une raison très simple: « aucune autre question ne demande d’attention plus urgente de la part des dirigeants du monde entier que celle-ci », la guerre civile dans ce pays étant, a-t-il dit, le conflit le plus dévastateur du XXIe siècle.  Il s’est joint à la condamnation par le Secrétaire général de l’attaque perpétrée le lundi 19 septembre contre un convoi humanitaire.  Personne ne peut profiter de la poursuite du conflit, a tenu à souligner le Premier Ministre néo-zélandais.  Les autorités syriennes, qui ont débuté les hostilités, ne peuvent « remporter » cette guerre, a-t-il fait remarquer.  Pour M. Key, le problème n’est pas lié à un manque de clarté dans la direction à suivre, puisque la voie de la cessation des hostilités a été ouverte par le Conseil de sécurité par la résolution 2254, adoptée en décembre dernier.  Ce texte a identifié les étapes à suivre, ainsi qu’un échéancier: un cessez-le-feu à appliquer au niveau national; des négociations en vue d’une transition politique inclusive; et un « front uni » pour combattre Daech et les autres organisations terroristes parties au conflit.

Mais le calendrier fixé n’a jamais été respecté, a regretté le Premier Ministre, avant de se féliciter de l’accord conclu le 9 septembre dernier par les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il a exhorté les parties syriennes à respecter cet arrangement et le Conseil de sécurité à s’unir pour soutenir ces efforts.  Le Chef du Gouvernement de la Nouvelle-Zélande a plaidé pour une solution politique qui prenne en compte les causes profondes du conflit et établisse une nouvelle forme de gouvernement inclusif en Syrie.  Pour M. Key, une telle solution doit se garder d’un changement purement « cosmétique » concernant la question cruciale du sort du Président Bachar Al-Assad.  Pour le Premier Ministre, toute partie insistant pour que des « lignes rouges politiques » soient tracées pour bloquer les compromis nécessaires sera considérée comme responsable des retards pris vers une transition véritable.  Ces retards, a-t-il prévenu, pourraient se solder par des pertes de vies et des déplacements de population supplémentaires.  Avant d’achever son intervention, il a appelé les pays ayant de l’influence sur les parties au conflit à assumer leur « responsabilité particulière » à cet égard, citant en particulier les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dénoncé les actes de terrorisme perpétrés en Syrie, qui sont le fruit « de l’ingérence politique dans les affaires intérieures de ce pays ».  Nous sommes convaincus, a-t-il dit, qu’il n’y a pas d’alternative à une solution politique à la crise, en soulignant qu’il était nécessaire de mettre en œuvre la résolution 2254.  En tant que coprésidente du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), la Fédération de Russie se félicite, à cet égard, de l’accord conclu le 9 septembre dernier pour mettre en œuvre ce texte.  La priorité, a-t-il insisté, est maintenant « de faire la distinction entre les forces d’opposition et les forces terroristes », pour veiller à ce que ces dernières soient exclues du processus de transition.

L’accord cherche également à garantir la sécurité des convois humanitaires de part et d’autre des lignes de front, en veillant au retrait des forces en présence sur le terrain.  C’est pourquoi il a regretté que les forces d’opposition n’aient pas adhéré à cette demande, tout en assurant que les forces russes respectaient pleinement l’accord.  Ainsi, a précisé le Chef de la diplomatie russe, au cours de la semaine passée, nous avons communiqué aux États-Unis 300 cas de violations commises par des groupes d’opposition.  Ces informations « fiables » sont recueillies sur le terrain par un groupe de surveillance dépêché par la Russie, qui a documenté des échanges de tirs et l’utilisation de mortiers contre les forces gouvernementales.

Déplorant les « provocations », le Ministre russe des affaires étrangères a demandé des enquêtes rigoureuses et impartiales, notamment en ce qui concerne les attaques commises contre des convois humanitaires.  Pour M. Lavrov, il faut s’abstenir de porter des accusations avant d’avoir réuni les éléments de preuve nécessaires.  La partie russe, a-t-il poursuivi, a transmis toutes les données relatives à l’attaque du convoi humanitaire de lundi, notamment des images vidéo filmées en temps réel.  Mais, malgré les appels au calme adressés par le Conseil de sécurité aux groupes d’opposition, les résultats tardent à se concrétiser.  M. Lavrov a estimé qu’un certain nombre de groupes non étatiques qui sont parties au conflit devraient figurer sur la liste des organisations terroristes.  Avant de conclure, il a mis l’accent sur l’importance de la reprise des pourparlers, en rappelant que la Fédération de Russie était prête à coopérer avec le Gouvernement syrien et les groupes d’opposition afin de les aider à trouver une solution viable et pacifique à la crise.

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, a appelé les membres du Conseil de sécurité à axer les efforts en priorité sur les conséquences de la guerre en Syrie sur la population civile. 

« J’ai écouté mon homologue russe et j’avais l’impression d’être dans un univers parallèle », a déclaré M. Kerry, en faisant référence à la déclaration faite, quelques instant plus tôt, par le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov.  Il a notamment rejeté la position de ce dernier, selon laquelle il ne doit pas y avoir de conditions préalables aux négociations de paix.  « Le cessez-le-feu n’est pas une condition préalable », a affirmé M. Kerry, en précisant qu’il s’agissait d’un accord international qui avait été conclu quatre fois au cours de la crise syrienne, et brisé à quatre reprises.  « Comment s’asseoir autour d’une table avec la délégation d’un régime qui bombarde des hôpitaux et utilise le chlore comme arme? » s’est-il interrogé. 

Concernant les frappes aériennes qui ont touché la nuit dernière des installations médicales à Alep, le Secrétaire d’État américain a indiqué que seules la Russie et la Syrie avaient la capacité d’engager de telles frappes dans la zone.  Il a également cité le bombardement, lundi 19 septembre, d’un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU près d’Alep, qui a coûté la vie à 28 travailleurs humanitaires.  « Ces attaques font peser un doute sur la volonté des Russes et des Syriens de respecter les engagements conclus à Genève », a déclaré le Secrétaire d’État américain, en rappelant l’accord sur la cessation des hostilités conclu à Genève le 9 septembre dernier.

M. Kerry a par ailleurs indiqué que les États-Unis avaient, quant à eux, immédiatement reconnu l’erreur commise à Deir ez-Zor, le 17 septembre.  À l’inverse, le Secrétaire d’État américain a dénoncé les changements de versions et volte-faces de la Russie et de la Syrie concernant ce qui s’est exactement produit lors du bombardement d’un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU à proximité d’Alep.  « Il y a une responsabilité à assumer », a-t-il déclaré. 

La communauté internationale ne doit pas donner satisfaction à ceux qui tentent de faire voler en éclat la cessation des hostilités, à savoir les groupes terroristes que sont le Front el-Nosra et Daech, mais aussi le Gouvernement syrien, a insisté M. Kerry.  Le Secrétaire d’État américain a notamment accusé le Gouvernement syrien d’attaquer des cibles civiles lors de raids aériens sous prétexte de s’en prendre au Front el-Nosra.

M. Kerry a affirmé que ni Bachar Al-Assad et ses alliés, ni le Front el-Nosra et Daech ne croyaient en un cessez-le-feu.  La communauté internationale ne doit cependant pas se plier à leur volonté, a-t-il prévenu.  « Le cessez-le-feu, même s’il est difficile, est la meilleure chance de réduire les souffrances des Syriens », a-t-il assuré. 

Pour rétablir la crédibilité du processus entamé à Genève en début de mois, il a estimé qu’il faudrait imposer aux avions militaires syriens de rester au sol afin d’éviter une nouvelle escalade du conflit.  Il a également appelé à agir plus rapidement pour faire respecter l’accord de cessation des hostilités conclu à Genève le 9 septembre.

M. ABDEL FATTAH AL-SISI, Président de l’Égypte, a regretté que les efforts en faveur d’une solution politique au conflit en Syrie s’évanouissent, faisant ainsi du pays un « terreau » du terrorisme régional.  Convaincu qu’il est impératif de « surmonter les divergences politiques » pour sauver ce pays, le Président égyptien a estimé que le problème actuel résulte du fait que, depuis trop longtemps, l’accent est mis sur les symptômes et non pas sur les causes profondes du conflit.  Le Chef de l’État égyptien s’est félicité de l’accord conclu récemment par les États-Unis et la Fédération de Russie, coprésidents du GISS.  Pour M. Al-Sisi, cet accord représente une « occasion unique » de mettre fin aux violences, même s’il a déjà été émaillé par des violations.  Estimant qu’il ne saurait y avoir de place pour le terrorisme en Syrie, il a rejeté les tentatives de « contourner » les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Miser sur une solution militaire au conflit ne conduira qu’à l’échec, a prévenu le Président de l’Égypte, en déclarant également son opposition au fait d’inclure des organisations terroristes à la recherche d’une solution politique.  Pour le Président égyptien, l’expérience acquise lors de la Conférence du Caire, qui s’était tenue en juin 2015, a montré qu’il pouvait être possible de se mettre d’accord sur une feuille de route viable.  En outre, l’Égypte a eu une expérience positive, à deux reprises, dans l’acheminement de l’aide humanitaire sur le terrain en Syrie.  Soulignant la nécessité de relancer les négociations entre les parties au conflit, M. Al-Sisi a rappelé que la vision de l’Égypte était fondée sur deux piliers: empêcher l’effondrement des institutions syriennes et mettre en place un processus politique dirigé par les Syriens eux-mêmes.  Il a, à cet égard, réaffirmé l’importance d’inclure des représentants du Gouvernement syrien et des groupes d’opposition dans le cadre des négociations.

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a jugé que le conflit syrien était une tragédie pour des millions de gens, et un défi sérieux pour la communauté internationale.  Il a estimé que le Gouvernement syrien portait l’entière responsabilité de la situation qui prévaut actuellement dans le pays et des souffrances terribles du peuple syrien.  Il s’est dit choqué par l’attaque qui a frappé un convoi humanitaire à Alep il y a deux jours, accusant le leadership du régime syrien d’avoir unilatéralement décidé de mettre fin au cessez-le-feu qui était en vigueur depuis une semaine.  Cet acte est une preuve évidente de la culture de l’impunité qui attise le conflit syrien depuis déjà cinq ans, a expliqué M. Poroshenko, en ajoutant que cette absence évidente de reddition des comptes entachait la crédibilité du Conseil de sécurité. 

Il a ensuite indiqué que c’est le soutien externe du régime d’Assad, notamment la Fédération de Russie, qui a grandement contribué au statu quo catastrophique et aux vagues récurrentes de violence en Syrie.  Il a expliqué que ce scénario fait partie d’une politique délibérée qui vise « d’abord à susciter les hostilités, soulever des enjeux et ensuite se présenter comme un médiateur dans le processus de résolution.  Dans le même temps, elle vise à saisir des territoires et sécuriser ses positions afin d’imposer une solution qui vous arrange ».  Ce schéma semble familier pour l’Ukraine qui continue de servir de terrain d’expérience pour des scénarios russes similaires, a-t-il affirmé.

Le Président ukrainien a ensuite argué que les Nations Unies et le Conseil de sécurité étaient les premiers à avoir échoué à apporter la paix en Syrie.  Cet échec sape toute la mission de l’ONU et met même à mal son existence.  Il a souligné que l’inaction du Conseil de sécurité sur la question de l’agression armée russe contre l’Ukraine, et l’occupation de la Crimée, a permis aux dirigeants à Moscou d’utiliser la péninsule comme poste militaire avancé pour projeter la puissance russe en Syrie.  Il a ainsi expliqué que les équipements militaires russes étaient déployés en Syrie à partir de navires basés en Crimée.  Cette situation, a-t-il dit, laisse apparaître, une fois encore, la nécessité urgente de réformer le Conseil de sécurité, notamment le poids du « veto ».  Aucun veto ne doit pouvoir bloquer l’action du Conseil de sécurité quand il s’agit d’atrocités de masse, a-t-il insisté, en appelant à lever cet obstacle afin que le Conseil puisse agir de manière plus efficace.  Le Président ukrainien a en outre condamné l’usage d’armes chimiques en Syrie, en estimant que les auteurs devraient être poursuivis.  Il a aussi condamné le refus d’accès humanitaire par les belligérants, en précisant qu’il s’agissait de graves violations du droit international humanitaire.  La seule alternative en Syrie, a-t-il soutenu, est une solution diplomatique.

M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a rappelé que le conflit syrien, qui a causé la mort de plus de 300 000 morts à ce jour, était responsable d’une des pires situations humanitaires de notre temps.

Afin de mettre un terme à cette situation, le Président du Sénégal a appelé les parties syriennes à redoubler d’efforts en vue d’obtenir la paix.  « Le prix de la paix n’est jamais plus élevé que le coût de la guerre », a ainsi déclaré M. Sall. 

Le Président du Sénégal a par ailleurs dénoncé le fait que le Conseil de sécurité n’était pas en mesure de prendre la moindre résolution décisive sur la crise syrienne, en raison du droit de veto.  Il a, par conséquent, appelé de ses vœux une réforme du Conseil, notamment sur l’utilisation du droit de veto.  « Il est temps que le Conseil se donne les moyens d’exercer les missions qui sont les siennes », a-t-il dit.

S’agissant de la paix en Syrie, M. Sall a déclaré que son pays soutenait tous les efforts du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) pour trouver une solution au conflit.  Il a également appuyé la mise en place d’un centre de commandement commun pour le partage d’informations pour la lutte contre le terrorisme. 

Par ailleurs, le Président sénégalais a insisté sur l’importance de définir une stratégie « commune, globale et cohérente » pour faire en sorte que les terroristes, une fois mis hors d’état de nuire en Syrie, ne se réfugient pas en Afrique du Nord et dans le Sahel.      En conclusion, M. Sall a appelé les États-Unis et la Russie à trouver un accord sur la crise syrienne.

M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a appelé le Conseil de sécurité à promouvoir une transition politique dans laquelle la violence prendrait fin et l’accès humanitaire serait amélioré, sous l’égide de l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Staffan de Mistura.  Il a également invité le Conseil de sécurité à s’assurer que les responsables de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie répondent de leurs actes devant la justice. 

Le Japon, a rappelé son Premier Ministre, offre une assistance non militaire afin de créer un climat propice à un règlement politique de la crise syrienne.  Sur le plan humanitaire, le Japon a étendu son assistance à tous les Syriens à la fois à l’intérieur et hors du pays.  Le Japon a également offert des formations professionnelles en faveur des femmes syriennes, et le pays a en outre apporté un soutien afin d’alléger le fardeau des pays voisins de la Syrie accueillant des réfugiés.  Le Premier Ministre a par ailleurs mentionné les programmes que son pays soutient dans le cadre de la construction de sociétés plus résilientes face à l’extrémisme violent.  Il a ainsi cité l’exemple d’un projet sur la création d’emplois dans le nord de la Jordanie, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), afin de faire face à la montée du chômage consécutive aux vagues d’arrivées de réfugiés syriens.  De manière générale, le Japon a consacré 1,26 milliard de dollars à la Syrie, à l’Iraq et aux pays voisins entre 2011 et 2015.  De plus, le Japon va débourser 1,13 milliard de dollars pour l’assistance à la Syrie, à l’Iraq et aux pays voisins au cours de la présente année.

M. AHMAD ZAHID BIN HAMIDI, Vice-Premier Ministre de la Malaisie, s’est déclaré « horrifié » par l’attaque perpétrée lundi près d’Alep contre des convois humanitaires associés à l’ONU.  Il a affirmé que son gouvernement avait fourni une assistance financière pour les Syriens en détresse, notamment dans les zones frontalières, et offert d’accueillir des réfugiés.  M. Hamidi a ensuite plaidé pour l’unité du Conseil de sécurité, au lendemain de l’accord conclu par les États-Unis et la Fédération de Russie le 9 septembre dernier, accord qui relance la possibilité d’un processus de transition politique inclusif en Syrie.  Dans ce contexte, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, une attention particulière doit être accordée à la protection des enfants, en rappelant que le tragique bombardement d’une maternité à Idlib avait littéralement « pulvérisé » des nouveaux-nés dans leurs incubateurs.  En dépit de ces actes épouvantables, les parties semblent avoir « perdu toute raison et humanité », a-t-il déploré, avant de les exhorter à respecter le droit international humanitaire et à garantir la protection des civils et des infrastructures civiles.  Pour le Gouvernement de la Malaisie, a-t-il dit, les efforts en cours pour une transition politique devraient s’aligner sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et sur les dispositions de l’accord du 9 septembre. 

Mme DELCY ELOINA RODRIGUEZ GOMEZ, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a déploré le fait que la communauté internationale semble avoir perdu de vue la dimension humanitaire de la crise syrienne.  Elle a ajouté que cette situation dramatique avait principalement été causée par l’intervention de puissances étrangères, qui ont agi en violation flagrante de la souveraineté nationale et de l’indépendance de la Syrie pour « faire tomber son gouvernement légitimement élu, au mépris de la volonté des Syriens ».

La Ministre des affaires étrangères du Venezuela a également mis en doute les allégations concernant l’utilisation d’armes chimiques par le Gouvernement syrien et a appelé à établir la vérité sur cette question. 

Mme Rodriguez Gomez a par ailleurs dénoncé l’attaque perpétrée par les États-Unis, le 17 septembre, contre l’armée syrienne, ajoutant que cette attaque avait permis à des groupes terroristes de gagner du terrain.  Tout en appelant à faire la lumière sur les acteurs qui fournissent des armes à ces groupes terroristes, la Ministre a exhorté la communauté internationale à respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Syrie.

M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des relations extérieures de l’Uruguay, a constaté que tous les trois mois, le Conseil de sécurité tient un débat pour analyser la situation au Moyen-Orient, au cours duquel chaque État Membre souligne « avec emphase » la nécessité de trouver des solutions pacifiques aux conflits dans la région.  Nous sommes réunis aujourd’hui, a-t-il dit, pour assumer la responsabilité qui incombe aux membres du Conseil de sécurité, qui doivent surmonter leurs divergences de vues pour répondre à la détresse de la population syrienne.  

Le 3 mai dernier, le Conseil de sécurité avait réussi à adopter la résolution 2286 (2016) concernant la protection des hôpitaux et des personnels de santé.  Pourtant, a regretté le Ministre, les attaques contre de telles cibles se poursuivent en toute impunité.  M. Novoa a ensuite condamné l’utilisation de barils d’explosifs contre des civils, tout en fustigeant les attaques terroristes, qui ne sauraient, a-t-il insisté, reposer sur la moindre justification.  Se disant préoccupé par l’impact déstabilisateur des groupes responsables de tels actes, le Chef de la diplomatie uruguayenne a lancé un appel à la mobilisation pour qu’il soit mis fin au trafic illicite d’armes.  Avant de conclure, il a réitéré l’appui de son gouvernement aux efforts de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie visant à relancer le processus de transition politique inclusif.

M. JEAN-MARC AYRAULT, Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France, a souligné l’urgence qu’il y avait, après plus de cinq ans « d’une situation tragique », à agir de concert pour tenter de mettre un terme au conflit en Syrie.  M. Ayrault a ainsi salué la signature de l’accord entre les États-Unis et la Russie, qui répond, a-t-il dit, à « l’urgence de sauver des vies », notamment à Alep, qualifiée de « ville martyre » et symbolisant « l’horreur de cette guerre ».

Constatant toutefois la reprise des hostilités ces derniers jours, le Ministre français des affaires étrangères a déploré qu’« encore une fois, le régime syrien s’est entêté dans sa fuite en avant militaire, pourtant vouée à l’échec ».  M. Ayrault a en effet affirmé qu’après cinq ans de guerre et plus de 300 000 morts, il est évident que personne ne pourra l’emporter militairement.  « Il n’y aura pas de vainqueur, sinon les organisations terroristes qui continueront à tirer profit du chaos généralisé », a-t-il déclaré, en appelant à garantir, en priorité, la pérennité de la cessation des hostilités et à soutenir l’accord conclu entre les États-Unis et la Russie.

M. Ayrault a souligné que les nombreuses violations de cette cessation des hostilités étaient principalement le fait du régime syrien et de ses alliés, y compris les bombardements ces derniers jours d’un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU près d’Alep et d’installations médicales au sein de la ville.  « Tous les bombardements sur les civils et groupes de l’opposition modérée doivent cesser », a exhorté le Ministre français des affaires étrangères, avant d’appeler à une surveillance étroite par le Conseil du respect de la cessation des hostilités.  M. Ayrault a également appelé le Conseil à agir contre ceux qui ont utilisé des armes chimiques en Syrie, en particulier le régime de Bachar Al-Assad et Daech.

Le Ministre a également proposé au Conseil de sécurité d’établir un nouveau mécanisme de surveillance qui soit « efficace et crédible, pour partager une évaluation commune des violations de la trêve et des obstacles à l’accès humanitaire ».  Ce n’est qu’une fois la trêve assurée, a-t-il dit, que les négociations pour une transition politique seront en mesure de reprendre afin d’aboutir à une Syrie « ouverte, démocratique et respectueuse de sa diversité ».

Enfin, le Ministre français des affaires étrangères a appelé à poursuivre la lutte contre les groupes terroristes que sont Daech et le Front el-Nosra, afin de les empêcher de tirer profit de la trêve.  La France agit à l’heure actuelle militairement contre Daech et est prête à s’engager contre tous les groupes terroristes sévissant en Syrie, a-t-il rappelé.  « Ce qu’il nous faut, c’est un sursaut de volonté, un sursaut de responsabilité, un sursaut d’unité pour mettre un terme à un conflit qui n’a que trop duré », a conclu M. Ayrault.

M. JOSÉ MANUEL GARCIA-MARGALLO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a déclaré que c’est la volonté politique qui manque aujourd’hui pour mettre fin au conflit syrien car, a-t-il rappelé, la communauté internationale et les parties disposent de tous les outils nécessaires pour y parvenir.  Après s’être attardé sur la détérioration de la situation humanitaire, il a rappelé que son pays avait proposé la création d’une juridiction internationale spécialisée pour connaître des crimes de terrorisme, dont le rôle sera complémentaire à celui de la Cour pénale internationale(CPI).  Le Ministre espagnol des affaires étrangères a ensuite insisté sur la nécessité de faire obstacle aux flux de combattants étrangers en provenance « de nos pays » et de faire une distinction, dans le cadre du processus de transition politique, entre les mouvements modérés et les groupes extrémistes.  

Plaidant pour le rétablissement du dialogue politique et de la réconciliation nationale, M. Garcia-Margallo a appelé de ses vœux le rétablissement d’une Syrie intégrée, dont la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale doivent être respectées.  En conclusion, il a cité les mots prononcés par une autorité espagnole au lendemain de la guerre civile espagnole: « ceux qui auparavant choisissaient la liberté en perdant la terre et ceux qui choisissaient la terre en perdant la liberté ont choisi la voie qui mènera à la terre et à la liberté ».

M. BORIS JOHNSON, Ministre des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a dénoncé le « conflit barbare » en Syrie, en ajoutant qu’il ne pouvait y avoir de processus politique pour y mettre un terme sans l’obtention d’un cessez-le-feu réel.

Le régime de Bachar Al-Assad est responsable de la majorité des plus de 300 000 victimes de cette guerre, a estimé M. Johnson qui a également dénoncé les pratiques de ce régime, en particulier l’utilisation du chlore comme arme de guerre.

S’agissant de l’attaque récente contre un convoi humanitaire conjoint du Croissant-Rouge arabe syrien et de l’ONU près d’Alep, M. Johnson s’est rallié à la position exprimée par son homologue américain, selon laquelle « il ne peut y avoir que deux coupables ».  Il a ainsi appelé à ce que toute la lumière soit faite très prochainement sur cette tragédie. 

Toutefois, le Ministre s’est dit confiant qu’il est possible de mettre un terme à la crise syrienne.  Saluant l’accord conclu le 9 septembre entre les États-Unis et la Fédération de Russie, M. Johnson a plaidé, dans la perspective d’une transition politique future, en faveur d’une Syrie plus ouverte et démocratique qui respecterait toutes ses minorités.  Il a cependant insisté sur le fait qu’un cessez-le-feu réel ne pourrait être obtenu sans la bonne volonté des parties et des membres du Conseil de sécurité.  Cette bonne volonté, a-t-il précisé, devra nécessairement passer par des compromis. 

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a demandé à la communauté internationale et à l’ONU d’appuyer les efforts déployés par les pays qui ont le plus d’influence sur les parties au conflit syrien pour parvenir à un règlement pacifique.  Tous les membres du Conseil de sécurité ont reconnu qu’il était nécessaire de lancer un processus de transition politique, a rappelé le Chef de la diplomatie chinoise.  La Chine, a-t-il ajouté, se félicité du récent accord conclu par les États-Unis et la Fédération de Russie.  Toutefois, a déclaré le Ministre, la Chine regrette la frappe aérienne qui a causé des pertes en vies humaines près de Deir ez-Zor le week-end dernier et l’attaque meurtrière perpétrée contre un convoi humanitaire le lundi, 19 septembre.

M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Secrétaire d’État aux relations externes de l’Angola, a accueilli avec optimisme le récent accord sur la cessation des hostilités en Syrie, conclu par les États-Unis et la Fédération de Russie.  Cet accord, a-t-il estimé, constitue une étape déterminante vers le dialogue politique, l’amélioration de la situation humanitaire et la lutte antiterroriste.  Dans ce contexte, il est crucial que les parties prenantes internationales maintiennent leur volonté politique en vue d’obtenir un cessez-le-feu.  « Il est temps de ramener à la table des négociations tous les acteurs régionaux pertinents et c’est pourquoi des efforts soutenus doivent être entrepris pour réaliser cet objectif. »  Avant de conclure, M. Domingos Augusto a salué l’engagement du Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, et du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, en faveur d’un accord de cessez-le-feu, ainsi que la détermination de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, pour faciliter la reprise des négociations.  Il a émis l’espoir qu’elles seront « plus concluantes ». 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a dénoncé le fait que les États-Unis soient revenus sur les promesses qui avaient été faites au régime syrien lors de la formation, il y a environ deux ans, d’une coalition militaire américaine dans le pays. 

Tout en affirmant que cette coalition et les raids aériens auxquels elle se livre régulièrement en Syrie ne bénéficient d’aucune légitimité internationale, M. Ja’afari a en effet rappelé la promesse faite par les États-Unis, à cette époque, à son gouvernement, que la coalition ne prendrait pas pour cible des installations militaires syriennes et des infrastructures vitales du pays. 

Tout en saluant l’accord conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie le 9 septembre, le représentant syrien a déclaré que cette promesse avait été rompue, notamment lors du bombardement par la coalition américaine, samedi dernier 17 septembre, d’installations militaires syriennes à Deir ez-Zor.  Il a précisé que 83 personnes avaient trouvé la mort pendant ces 50 minutes de raids aériens, qui ont également fait plus de 100 blessés.  « Cette agression a ouvert la voie aux groupes terroristes pour rentrer sur le site militaire de l’armée syrienne », a-t-il déploré, tout en accusant la coalition américaine de n’avoir rien fait pour enrayer –et d’avoir même contribué– à l’essor de Daech et des groupes terroristes dans son pays depuis le début du conflit.

Le représentant syrien a ensuite rejeté catégoriquement les allégations selon lesquelles le régime de Bachar Al-Assad serait responsable de l’attaque perpétrée contre le convoi humanitaire lundi 19 septembre ou encore d’avoir utilisé du chlore comme arme de guerre. 

Outre l’illégalité des frappes de la coalition américaine, le représentant a également condamné l’illégalité des interventions militaires turques dans l’est de la Syrie, au mépris de l’intégrité territoriale du pays et sans la moindre légitimité internationale.

Le représentant syrien s’est toutefois prononcé en faveur d’une réconciliation nationale, un processus qui devra être fondé, selon lui, sur le désarmement des combattants étrangers et leurs départs, afin que le Gouvernement syrien puisse de nouveau assumer les services de base en faveur de sa population.

Concluant son intervention, M. Ja’afari a soulevé la question de savoir comment des groupes terroristes ont été capables de sévir dans son pays pendant plusieurs années sans bénéficier d’un soutien extérieur.

La déléguée des États-Unis a réagi aux propos du représentant de la Syrie qui contestait les accusations du Secrétaire d’État américain relatives à l’attaque perpétrée contre un convoi humanitaire, lundi, 19 septembre.  Comme l’a souligné M. John Kerry, a-t-elle dit, les faits ne relèvent pas d’une opinion particulière.

Le représentant de la Turquie a demandé la parole « pour exercer le droit de réponse » de sa délégation, se disant déçu par la déclaration du représentant syrien, qu’il a rejetée.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, l’issue de cette réunion aurait été « meilleure » si d’autres voix que celles des membres du Conseil avaient pu se faire entendre.  Son pays, a assuré le représentant, continuera de soutenir les aspirations démocratiques du peuple syrien.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président colombien annonce officiellement devant l’Assemblée générale la fin de la guerre dans son pays

Soixante et onzième session,
11e, 12e & 13e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11824

Le Président colombien annonce officiellement devant l’Assemblée générale la fin de la guerre dans son pays

« Il y a aujourd’hui une guerre de moins sur cette planète, et c’est la guerre en Colombie », a lancé, aujourd’hui, le Président colombien, M. Juan Manuel Santos Calderón, devant l’Assemblée générale, au deuxième jour de son débat général annuel, au cours du duquel se sont exprimés 38 dignitaires, dont 21 chefs d’État.

En ce 21 septembre, Journée internationale de la paix, M. Santos a dit être venu pour annoncer « de toute la force de sa voix et de son cœur » qu’après plus d’un demi-siècle de conflit armé interne et 220 000 morts, « la guerre en Colombie est terminée ».  Avec la fin du plus ancien et du dernier conflit du continent américain, celui-ci, « avec toutes ses îles, de la Patagonie à l’Alaska, est désormais une zone de paix », a ajouté le Président sous les applaudissements de l’Assemblée générale.

Le Chef de l’État colombien a également évoqué les avantages que la fin du conflit allait apporter à son pays, y compris la libération de ressources qui pourront être consacrées à l’éducation ou à la santé, dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable.

Adoptés il y a un an dans le cadre du Programme de développement à l’horizon 2030, les objectifs de développement durable ont été évoqués aujourd’hui par les dirigeants de pays aussi divers que la Chine, la Finlande, la République dominicaine ou le Kenya. 

Le Président de la Namibie, M. Hage Geingob, a ainsi rappelé que l’un des principaux objectifs de la présente session devrait être de donner un élan au Programme, pour reprendre l’intitulé du thème de ce débat général « une nouvelle impulsion pour transformer notre monde », ce qui exigera de la cohésion et une complémentarité des efforts menés à tous les niveaux. 

« Le développement ne sera pas durable s’il est mu par l’inégalité et par une pollution et une consommation considérables qui amenuisent les ressources de la planète », a averti le Premier Ministre du Conseil d’État de la Chine, M. Li Keqiang.  Quant au Président Evo Morales de Bolivie, il a prôné un nouveau modèle de société, sans lequel les objectifs de développement durable seront « remplacés par des objectifs de mort durable de tous les êtres vivants de la Terre mère ».

Les objectifs de développement durable témoignent en tout cas de la conscience que la communauté internationale a de la nécessité de changements à grande échelle et des mesures concrètes à prendre, a estimé la Présidente du Chili, qui s’est inquiétée d’un « schisme croissant entre les représentants et les représentés ». 

Pour Mme Michelle Bachelet, ce « malaise citoyen » est l’expression d’une désillusion face à des institutions politiques qui semblent incapables de les représenter et à des promesses de développement qui semblent encore très lointaines, alors que la croissance économique mondiale ralentit et que les dynamiques à long terme qui ont causé la crise d’il y a quelques années n’ont été que superficiellement retouchées.

Tout en partageant ce point de vue, Mme Aung San Suu Kyi a, au nom du Myanmar, également mis en cause l’absence de sens et d’objectifs dans la vie, notamment pour les jeunes susceptibles d’être attirés par des idéologies qui offrent des certitudes.  Elle y a vu certaines des causes profondes de l’extrémisme violent, qui engendre lui-même le terrorisme.

C’est aussi aux causes profondes des déplacements massifs de populations qu’il faut s’attaquer, ont rappelé plusieurs intervenants, qui se sont opposés à toute politique de repli.  Face à ceux qui dénonçaient les murs construits pour bloquer les mouvements de réfugiés, notamment en Europe, le Président du Conseil européen de l’Union européenne, M. Donald Tusk, a assuré que l’Union « défendrait toujours un monde libre et ouvert, régi par l’état de droit ».

Face à la crise des réfugiés, l’Union européenne a pris des mesures « fondées sur l’empathie », ajoutant que la volonté d’aider les réfugiés demeurait sa priorité.  D’ailleurs, a-t-il rappelé, l’Union européenne est le principal donateur d’aide humanitaire et « cela ne changera pas ».  Il ne faut toutefois pas se leurrer: l’assistance humanitaire ne sera jamais suffisante pour compenser l’incapacité de s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés, a rappelé le Président finlandais, M. Sauli Niinistö. 

Outre la pauvreté, une de ces causes tient aux conflits armés.  Principale cause des mouvements actuels de réfugiés, la situation en Syrie a été abordée à plusieurs reprises, plusieurs intervenants rappelant la nécessité d’une solution politique au conflit.  Plusieurs dignitaires ont en outre critiqué la passivité du Conseil de sécurité sur la question syrienne.

Le Conseil a également été critiqué par le Président de l’Ukraine, M. Petro Poroshenko, qui a demandé que le droit de veto y soit suspendu lorsqu’un membre permanent est directement impliqué dans des conflits où des atrocités de masse ont été commises.  Pour sa part, le Premier Ministre japonais, M. Shinzo Abe, a souhaité le voir agir face aux essais nucléaires et balistiques menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Plusieurs autres dirigeants ont réclamé une réforme du Conseil, afin qu’il reflète mieux les réalités actuelles et apparaisse plus légitime.

Parmi ceux-ci, le Président des États fédérés de Micronésie, M. Peter Christian, a rappelé que les petits États insulaires en développement demandaient depuis longtemps que la question des changements climatiques soit inscrite de manière permanente à l’ordre du jour du Conseil, eu égard à sa dimension sécuritaire.  Alors qu’était par ailleurs organisée au Siège de l’ONU une cérémonie de dépôt des instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat, M. Christian a dit voir en les Nations Unies « notre dernier espoir de galvaniser les volontés politiques afin d’atténuer les effets des changements climatiques ». 

De nombreux orateurs ont affiché leur volonté d’appliquer l’Accord de Paris.  La Chine, qui l’a déjà ratifié, a souhaité le voir accepté au niveau universel, alors que M. Tusk affirmait que la ratification par l’ensemble des États membres de l’Union européenne serait bientôt achevée et que le Premier Ministre du Japon promettait d’accélérer le processus en ce sens.

Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, jeudi 22 septembre.

Suite du débat général

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a invité la communauté internationale à mieux conjuguer ses efforts pour permettre à l’ONU de mieux s’acquitter de sa tâche.  Il a relevé que le monde était confronté à de nombreux défis à la paix et la sécurité mondiales qui persistent et a condamné la montée actuelle des nationalismes étriqués, le racisme et l’extrémisme violent. 

Plus précisément, les récents essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la guerre qui continue de faire rage en Ukraine et les conflits qui ébranlent le Moyen-Orient, mais également l’Europe, sont de graves sources de préoccupation pour son gouvernement.  Ils ont donné lieu à des flux migratoires sans précédent de demandeurs d’asile, « mais les capacités européennes se heurtent actuellement à des limites », a affirmé le Président finlandais, dont le pays est directement concerné par cette question. 

Il faut œuvrer de conserve pour trouver des solutions durables sur les plans international et régional, et pour mieux contrôler les frontières tout en préservant les droits de ceux qui recherchent la protection internationale.  Cela suppose une vision, du courage et du leadership, faute de quoi le tableau sera sombre. 

« Les frontières se transformeront en murs, même pour ceux éligibles à un statut de réfugié », a averti M. Niinistö.  En attendant, l’assistance humanitaire à ces personnes est essentielle, et l’Union européenne et la Finlande continueront à jouer leur rôle dans ce domaine.  Cependant, il ne faut pas se leurrer: l’assistance humanitaire ne sera jamais suffisante pour compenser l’incapacité de s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés. 

Pour la Finlande il s’agit d’une condition essentielle au règlement à long terme de ces crises tant sur le plan économique, que social et politique.  Les Nations Unies peuvent jouer un rôle pour désamorcer des conflits latents par le biais de la prévention, de la médiation et, si nécessaire, des missions de maintien de la paix préventives, a estimé M. Niinistö.  Il reste néanmoins convaincu que la responsabilité ultime de la réforme des sociétés elles-mêmes incombe à leurs gouvernements et à leurs peuples.  « L’appropriation nationale est essentielle », a-t-il dit. 

Dans ce contexte, il a rappelé que, depuis plusieurs années, la Finlande et la Turquie étaient à la tête des efforts de médiation des Nations Unies.  Cette année marque aussi le soixantième anniversaire de la participation de la Finlande aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a précisé son président, qui a assuré sa détermination à participer aux efforts visant à renforcer les différents aspects du maintien de la paix. 

La Finlande salue l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat, mais reste bien consciente que la véritable épreuve sera sa mise en application.  Pour sa part, la Finlande a opté pour une approche inclusive et développe des partenariats entre le Gouvernement, le secteur privé, les universités et la société civile.  Tout citoyen finlandais est appelé à apporter sa pierre à l’édifice, et le Président lui-même engagé à faire baisser son empreinte carbone de moitié dans les 10 années qui suivent dans le cadre de l’initiative « Engagement citoyen pour le climat ».

Le Président finlandais a également mis l’accent sur l’autonomisation politique, économique et sociale des femmes et des fillettes ainsi que sur l’égalité hommes-femmes qui sont, selon lui, des moteurs du développement durable et de la lutte contre les effets des changements climatiques.

M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a indiqué que son pays avait pris des mesures pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui est semblable au Programme du Zimbabwe pour la transformation socioéconomique (Zim Asset).  L’obstacle principal à l’application du Programme 2030 est « le fardeau des sanctions punitives et haineuses qui nous sont imposées par certains d’entre nous ici », a-t-il toutefois déploré.  D’après M. Mugabe, « le Zimbabwe est puni pour avoir exercé son indépendance souveraine ».  Il a de nouveau appelé le Royaume-Uni, les États-Unis et leurs alliés à lever les sanctions.

Abordant la question de l’élection du Secrétaire général de l’ONU, M. Mugabe a déploré l’opacité du processus au Conseil de sécurité.  Quant à la réforme du Conseil, elle n’a pas avancé depuis 20 ans, a-t-il regretté en évoquant une situation « injustifiable et injuste ». 

Par ailleurs, l’engagement à ne laisser personne de côté implique que l’on considère le sort des personnes vivant sous le colonialisme et l’occupation, a-t-il ajouté, en défendant les droits des peuples palestinien et sahraoui. 

Le Président a conclu son intervention en remerciant le Secrétaire général de l’ONU pour sa présence aux sommets de l’Union africaine et, en particulier, pour son leadership durant l’épidémie d’Ebola.   

Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, s’est attachée au « malaise citoyen » qu’elle a décrit comme l’expression d’une désillusion devant des institutions politiques qui ne semblent pas capables de les représenter et face à des promesses de développement qui semblent encore très lointaines et alors que la croissance économique mondiale ralentit et que les dynamiques à long terme qui ont causé la crise d’il y a quelques années n’ont pas été changées mais seulement superficiellement retouchées.

Face à ce « schisme croissant entre les représentants et les représentés », le temps n’est pas venu de prendre la voie facile mais destructrice à terme du populisme, a averti Mme Bachelet, qui a appelé à une action « inspirée par l’éthique et par un pragmatisme civique ».

Pour la Présidente du Chili, les objectifs de développement durable adoptés l’an dernier témoignent de la conscience que la communauté internationale a de la nécessité de changements à grande échelle et de mesures concrètes à prendre.  Face à l’inertie et aux intérêts, elle a appelé à la volonté politique, au plan international comme national et a insisté: c’est maintenant qu’il faut agir.  « Chez nous, les citoyens attendent de nous que nous transmettions leurs demandes et que nous revenions avec des décisions et de la détermination », a-t-elle ajouté.

Mme Bachelet a ensuite présenté la position de son pays, « État de taille moyenne pas encore pleinement développé » qui connaît une modernisation rapide et se situe « à la frontière des défis de la modernité, avec les tensions inhérentes à la démocratie et la croissance économique ».  Disant « parler d’expérience », elle a assuré être consciente des difficultés du changement, avant d’expliquer comment le Chili plaidait en faveur d’une « convergence dans la diversité en Amérique latine, malgré les « différences importantes » qui existent sur le continent.

Mme Bachelet a notamment mentionné l’intégration en cours dans le cadre de l’Alliance pacifique avec la Colombie, le Mexique et le Pérou, ainsi que du MERCOSUR et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) avant de rappeler les principes qui gouvernent aujourd’hui la nation chilienne: aspiration à la paix, démocratie et respect des droits de l'homme, respect du droit international et des traités, souveraineté et engagement en faveur de la coopération.  Elle a salué à cette occasion la perspective de paix offerte par la Colombie comme « une des meilleures nouvelles de cette année ».

La Présidente a également rappelé l’engagement du Chili en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable et son soutien à l’Accord de Paris sur le climat, « le plus ambitieux de l’histoire des négociations sur les changements climatiques », et son parrainage de l’initiative « Because the Ocean » également soutenue par la France et Monaco.  Elle a précisé à cet égard que le Chili avait décidé d’agir en créant la réserve marine de Nazca-Desenturadas, la plus importante d’Amérique latine.

Enfin, Mme Bachelet s’est déclarée en faveur d’une gestion plus efficace et ouverte des Nations Unies, y compris dans le cadre du processus de sélection du prochain –ou de la prochaine- secrétaire général(e).  Elle a également souhaité davantage de multilatéralisme, de coopération et de dialogue au sein de l’organisation, qui reste un « forum irremplaçable pour les débats et l’adoption d’accord » et s’est prononcée pour une réforme du Conseil de sécurité qui permette de refléter les nouvelles réalités du monde.

M. HAGE GEINGOB, Président de la Namibie, a insisté sur le fait que l’un des principaux objectifs de la présente session devrait être de donner un élan au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Il y va de la sécurité des générations futures. »  La mise en œuvre efficace de ce Programme exigera la cohésion et la complémentarité des efforts tant sur le plan international, que régional, national et local, a poursuivi M. Geinkob, qui a souligné la nécessité de pleinement intégrer la protection de l’environnement et la croissance inclusive dans nos modèles économiques, ce qui signifie concrètement qu’il va falloir résolument se détourner du modèle qui prévaut toujours dans de nombreux pays.

Expliquant que la Namibie avait connu un ralentissement économique cette année, après plusieurs années de taux de croissance se situant autour de 5%, le Président s’est néanmoins dit confiant dans les perspectives économiques de son pays.  Pour encourager la reprise et les opportunités à long terme, son gouvernement a d’ores et déjà opté pour des réformes qui tiennent compte des recommandations des agences de notation internationales.

Face au dilemme du niveau sans précédent des déplacements forcés de population, M. Geingob en a appelé à la solidarité internationale.  Il a également insisté sur l’importance de s’attaquer aux causes profondes de ces situations plutôt que de se limiter à en gérer les symptômes.  Pour ce qui est de l’Accord de Paris sur le climat, que la Namibie a ratifié, il a exigé des efforts concertés sur les plans international et régional pour sa mise en œuvre concrète. 

La Namibie, qui est l’un des pays les plus secs au monde, a lancé un programme pour optimiser la récupération des eaux et pour investir dans des énergies alternatives.  Son Président a également rappelé que la Namibie recevra le pôle africain du Fonds vert pour le climat « en temps opportun ».  Elle compte sur l’appui de la communauté internationale en ce sens.

M. Geingob a mis l’accent sur le fait que le système des Nations Unies devait être un modèle de transparence et d’ouverture, et, dans cet esprit, il estime que la réforme du Conseil de sécurité s’impose.  Pour lui, « on ne peut plus se limiter ici à respecter les intérêts de quelques pays » et il faut mettre le Conseil au service de toute l’humanité en tenant compte de la large composition de l’Organisation.  Par conséquent, l’Afrique doit en faire partie, a exigé M. Geingob.

M. LI KEQIANG, Premier Ministre du Conseil d’État de la Chine, a rappelé que son Président avait insisté l’année dernière sur « le partenariat gagnant-gagnant » en faveur du développement.  La chine, s’est-il félicité, a été l’un des premiers pays à avoir présenté aux Nations Unies son plan national sur la mise en œuvre du Programme de développement durable. 

« Le manque de développement est souvent à l’origine des problèmes de la planète », a affirmé M. Li.  Seul le développement peut garantir le respect des droits fondamentaux et des intérêts prioritaires des individus; il se doit d’être durable sous toutes ses facettes.  « Le développement ne sera pas durable s’il est mû par l’inégalité et par une pollution et une consommation considérables qui amenuisent les ressources de la planète », a-t-il averti.

« Guère porté à l’optimisme », le Premier Ministre a constaté que la croissance mondiale restait hésitante dans un monde marqué par les conflits, l’insécurité alimentaire et financière.  D’après lui, il faut renforcer la confiance et la coopération.  « L’heure est venue pour la communauté internationale de se considérer comme une communauté partageant un projet commun », a-t-il insisté. 

Les buts et les principes de la Charte des Nations Unies concernant un ordre mondial doivent être respectés.  Il faut appuyer la réforme des mécanismes de gouvernance mondiale, encourager une nouvelle notion de sécurité collective et établir un nouveau partenariat mondial.

« Nous devons trouver des solutions politiques aux problèmes d’aujourd’hui », notamment en Syrie, a poursuivi le Premier Ministre chinois.  S’agissant du dossier nucléaire en péninsule coréenne, il a demandé des consultations, le dialogue étant « la meilleure solution pour préserver le régime de non-prolifération ».  Il a également recommandé de ne pas appliquer un système de deux poids, deux mesures dans la lutte contre le terrorisme.

M. Li a ensuite appelé tous les pays à mener l’économie mondiale sur la voie d’une croissance durable pour tous à long terme.  « La mondialisation est dans l’intérêt à long terme de tous et les pays doivent s’opposer au protectionnisme », a-t-il affirmé.  Les pays développés devraient respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et les pays en développement devraient être responsables de leur propre développement.

M. Li a recommandé de s’attaquer aux causes profondes des guerres et du sous-développement et de s’attacher aux principes de responsabilité commune mais différenciée.  Il faut, a-t-il insisté, accepter l’Accord de Paris au niveau universel.

La Chine est devenue la deuxième plus grande économie du monde en 2010, a rappelé M. Li.  Durant le premier semestre 2016, le pays a enregistré un taux de croissance de 6,7%, l’un des plus élevés du monde.  « Notre croissance est une contribution au monde », a-t-il estimé, mais « il ne faut pas oublier que la Chine reste un pays en développement, avec une population de 1,3 milliard de personnes, et qu’elle a encore un long chemin à parcourir avant de devenir un pays complètement modernisé ».  « Nous continuerons à mettre en œuvre notre stratégie d’ouverture au monde extérieur », a-t-il assuré. 

Par ailleurs, « la Chine estime que les différends territoriaux et maritimes doivent être réglés par le dialogue et la négociation », a dit M. Li.

« Après plus d’un demi-siècle de conflit armé interne, je reviens aujourd’hui aux Nations Unies, à l’occasion de la Journée internationale de la paix, pour annoncer de toute la force de ma voix et de mon cœur: la guerre en Colombie est terminée », a lancé à l’Assemblée générale M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, qui a ajouté qu’avec la fin du plus ancien et du dernier conflit du continent américain, ce dernier, « avec toutes ses îles, de la Patagonie à l’Alaska, est désormais maintenant une zone de paix ».

Le Président colombien, qui a consacré l’ensemble de son discours à la fin du conflit entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) -lequel a fait quelque 220 000 morts et 8 millions de victimes- a rappelé que, depuis 1982, la Colombie s’était lancée sur une longue et difficile voie pour tenter de mettre fin à la violence, et qu’il était lui-même venu depuis 2010 à plusieurs reprises devant l’Assemblée générale parler des progrès du processus de paix et des attentes qu’il suscitait.  

M. Calderón a ensuite précisé les dernières étapes du processus: l’adoption le 24 août à La Havane du texte final de l’Accord sur la fin du conflit, le cessez-le-feu bilatéral entré en vigueur cinq jours plus tard, depuis lequel « il n’y a pas eu un seul mort, pas un seul blessé, pas une seule balle tirée », avant d’annoncer que l’Accord serait signé officiellement à Carthagène de Indias le 26 septembre, avant d’être soumis à référendum le 2 octobre.

À partir de cette date, a-t-il expliqué, les anciens membres de la guérilla se regrouperont dans des zones de concentration et remettront leurs armes aux Nations Unies dans un délai de six mois, tout en entamant leur processus de réintégration dans la société.  Quant aux armes, elles seront fondues en trois monuments à la paix, dont l’un sera placé à New York, un à Cuba, où les négociations de paix ont été menées, et le dernier en Colombie.  L’Accord signifie aussi que les FARC cessent d’exister en tant que groupe armé et peuvent devenir un mouvement politique au sein de notre démocratie, a encore déclaré le président.

M. Calderón a ensuite insisté sur « la principale caractéristique de l’Accord », qui se concentre sur la protection et les garanties des droits des victimes du conflit, ajoutant que c’est la toute première fois qu’un gouvernement et un groupe armé illégal s’accordaient sur la mise en place d’un système de justice transitionnelle plutôt que d’en subir l’imposition de la part d’acteurs extérieurs. 

Il s’est dit certain que ce modèle de justice, qui prévoit aussi des enquêtes et des poursuites pour les auteurs de crimes au sens du droit international, constituera un précédent utile pour de futurs processus de paix.

Le Président a longuement remercié la communauté internationale pour son soutien constant au processus de paix dans son pays, et notamment Cuba, pays qui a accueilli les négociations, la Norvège, qui a joué le rôle de garant de ces dernières, le Chili et le Venezuela, qui ont accompagné le processus, ainsi que les Nations Unies, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité, qui a accepté de créer une mission politique de suivi et vérification.

M. Calderón a également mis en avant d’autres conséquences de l’Accord.  Il a ainsi rappelé que les FARC s’étaient engagées à couper tout lien avec les trafiquants de drogue dont elles assuraient la protection, que la déforestation illégale prendrait fin et que les deux parties travailleraient ensemble au déminage.  Il a annoncé que les ressources destinées à la guerre pourraient être consacrées à l’éducation ou à la santé et a rappelé que la Colombie avait déjà transcrit en droit interne les objectifs de développement durable et ajouté que le Congrès examinerait prochainement l’Accord de Paris sur le climat.

C’est une Colombie nouvelle, pleine d’espoir qui salue aujourd’hui la communauté internationale, une Colombie qui tourne la page et clôt un chapitre de guerre pour ouvrir un chapitre de paix, a encore affirmé M. Calderón, qui a répété en conclusion: « Il y a aujourd’hui une guerre de moins sur cette planète, et c’est la guerre en Colombie ».

M. JOHN DRAMANI MAHAMA, Président du Ghana, a déploré le fait qu’à travers le monde, de nouveaux murs soient édifiés, nous tenant à l’écart du reste du monde.  Il a estimé que le jeune réfugié africain qui a bravé le désert et la mer, au péril de sa vie, et se retrouve dans un centre de détention en Italie, faisait face à l’un de ses murs. 

Le discours de la haine devient commun, a-t-il fait observer, tout en notant qu’il est paradoxal de voir que 30 ans après que le Président Ronald Reagan des États-Unis ait demandé la destruction du mur de Berlin, de nouveaux murs sont érigés un peu partout. 

Il a salué le Plan d’action de La Valette entre l’Union européenne et l’Union africaine, notamment la création d’un fonds d’urgence de 1,8 milliard d’euros pour lutter contre l’immigration clandestine.  Il a expliqué que l’Afrique comptait assez de terres arables pour donner des emplois aux jeunes qui seraient tentés par l’aventure de l’immigration. 

Il a néanmoins estimé que les subventions accordées aux agriculteurs des pays développés fragilisaient le secteur primaire en Afrique, poussant ainsi de nombreux jeunes vers les chemins de l’exil, parce que rien ne peut être fait contre « les tonnes de poulets congelés qui sont déversées sur les marchés africains chaque année ». 

La création d’une zone de libre-échange continentale doit être accélérée, a ensuite dit le Président ghanéen.  Il a parlé de l’importance du commerce en Afrique, se félicitant d’avoir décidé que tous les ressortissants d’Afrique pourraient désormais obtenir leur visa d’entrée au Ghana à leur arrivée dans le pays, afin d’y stimuler le commerce et les investissements.  Il a relevé que des réformes structurelles étaient nécessaires en Afrique, ainsi que des réformes en matière de gouvernance. 

À ce propos, le Président a affirmé que le Ghana contribuait au succès que connaît l’Afrique en ce moment, se disant même fier de son pays qui est taxé de « modèle de démocratie en Afrique » ou de « phare de la démocratie ». 

M. Mahama a salué les progrès économiques du Ghana, se disant en outre honoré de s’adresser devant l’Assemblée générale de l’ONU en ce jour anniversaire de la naissance du fondateur de la nation ghanéenne, Kwame Nkrumah, qui a inspiré la présente génération de dirigeants africains.

Pour M. SARWAR DANESH, Vice-Président de l’Afghanistan, ce n’est qu’en coopérant qu’il sera possible de faire face aux multiples défis actuels et de promouvoir la paix et la sécurité dans un monde sans haine.  « Mais pour cela il faut une ONU beaucoup plus forte », a-t-il estimé, en rappelant son rôle vital en Afghanistan vers une société démocratique. 

Brossant le tableau de la situation dans son pays, M. Danesh a rappelé qu’un Gouvernement d’union nationale y est en place depuis deux ans.  Toutefois, sa nation « a hérité » d’inégalités et de conflits, mais il reste convaincu que la démocratie est la meilleure réponse à ces problèmes. 

Pour parvenir à cet objectif le pays s’est doté d’une Constitution moderne et son gouvernement a fait des réalisations « considérables », notamment en termes d’augmentation de l’accès à l’éducation, de renforcement du système de communication et de télécommunication ou encore de l’amélioration de l’état de droit. 

Sur la scène internationale, le Gouvernement d’union nationale a fait ses preuves en tant que partenaire de confiance, avec la lutte contre la corruption, avec la promotion de l’émancipation des femmes, avec les réformes législatives, ainsi qu’avec la nomination fondée sur le mérite des fonctionnaires de haut rang.  De plus, une commission a été mise en place en vue de modifier les lois électorales dans le cadre des préparatifs des prochaines élections parlementaires et présidentielle.

Parmi les sujets de préoccupation qui persistent, M. Danesh a évoqué la lutte contre les stupéfiants qui demeure une priorité pour son gouvernement qui coopère dans ce domaine avec le système onusien.  Il a salué le fait qu’au dernier sommet de l’OTAN, il a été décidé d’allouer un  milliard de dollars aux Forces de défense afghanes jusqu’à fin 2020 et que la mission de formation des forces afghanes a été prorogée au-delà de 2015.

Dans moins de deux semaines, à la Conférence de Bruxelles, l’Afghanistan et ses partenaires vont se retrouver pour définir la forme de leur nouveau partenariat, a rappelé M. Danesh.  Il se réjouit à l’idée de voir ces partenaires promettre de nouvelles contributions pour son pays, compte tenu de la menace terroriste qui le frappe toujours, notamment celle des Taliban et de Daech. 

Il a réitéré l’appel de son gouvernement qui demande la nomination d’un représentant spécial des Nations Unies pour la protection des journalistes en Afghanistan.  En outre, il demande à la communauté internationale de rester vigilante à l’égard des « havres de paix » qui accueillent les terroristes et a insisté sur le fait qu’il n’y a pas de distinction à faire entre « les bons et les mauvais terroristes ».  Son pays n’a eu de cesse de demander au Pakistan de détruire les centres d’accueil de terroristes, mais cet appel est resté lettre morte. 

Malgré cette situation sécuritaire difficile, l’Afghanistan « a gardé les portes ouvertes à la négociation en vue d’un accord de paix avec le parti islamiste, et pour faciliter la réintégration des Taliban qui le souhaiteraient.  Il considère que les pays islamiques sont ses principaux partenaires et salue la décision de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à promouvoir le processus de paix en Afghanistan. 

Face à l’instrumentalisation de la religion, et en particulier de l’islam par ces groupes terroristes, le Vice-Président s’est indigné en invoquant le fait que le Coran stipule sans ambiguïté que le meurtre d’une personne constitue le meurtre de toute l’humanité.  À cet égard, il place beaucoup d’espoirs dans la prochaine réunion de la Mecque qui devra se pencher sur l’interprétation du Coran et préciser clairement que l’Islam est contre toute forme de terrorisme.

Soulignant que l’Afghanistan et tous les pays de la région ont des intérêts communs et subissent les mêmes menaces, le Vice-président a insisté sur l’importance de leur coopération à la fois pour préserver la sécurité de la région mais aussi pour son essor économique.  À cet égard, son gouvernement réitère l’intérêt de la mise en place d’une voie de chemin de fer entre l’Asie du Sud et l’Asie centrale.

Enfin, il a rappelé la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2018-2020 et a saisi cette occasion pour remercier tous les partenaires internationaux qui se sont tenus aux côtés de son pays au cours des 16 dernières années, en particulier aux troupes de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS).

M. DONALD TUSK, Président de l’Union européenne, a assuré que « l’Union européenne défendra toujours un monde libre et ouvert, régi par l’état de droit ».  « Les valeurs sur lesquelles elle repose nous tiennent à cœur et nous sommes déterminés à faire en sorte qu’elles soient défendues sur la scène internationale », a-t-il ajouté.

Alors que l’ONU est sur le point de choisir un nouveau dirigeant, il faut réfléchir au système que nous voulons voir émerger, a conseillé M. Tusk.  D’après lui, la mondialisation rend la peur de la guerre, du terrorisme et des étrangers plus contagieuse encore.  Il a souligné le « besoin fondamental de retrouver un sens de sécurité ».

Ces derniers mois, a rappelé M. Tusk, l’Europe a été confrontée à une crise des réfugiés de grande envergure mais les mesures qu’elle a prises se sont appuyées « sur l’empathie ».  Aujourd’hui, lorsque nous reprenons le contrôle aux frontières et luttons contre les contrebandiers, « la volonté d’aider les réfugiés demeure notre priorité ». 

Le Président de l’Union européenne a appuyé le travail lancé grâce à l’adoption de la Déclaration de New York pour trouver une solution aux déplacements massifs de migrants et de réfugiés.  « L’Europe sera active partout où la guerre est imminente, partout où elle fait déjà rage », y compris « là où l’Ukraine a été attaquée par la Russie », a-t-il ajouté.  Il a appuyé les efforts des Nations Unies pour faire reprendre les négociations en Libye et en Syrie et indiqué que l’Union européenne allait accueillir une conférence internationale sur l’Afghanistan à Bruxelles.

Créer un réseau mondial contre le terrorisme est fondamental pour combattre la radicalisation, a estimé M. Tusk.  Pour sa part, l’Union européenne travaille avec ses partenaires de l’Asie, du Golfe et du Sahel et avec les communautés pour que les plus jeunes ne soient pas contaminés par cette haine.

« L’Union européenne est le principal donateur d’aide humanitaire et cela ne changera pas », a promis M. Tusk.  Le Programme 2030 offre un cadre pour résoudre de nombreux problèmes, a-t-il reconnu, en espérant « voir émerger un système qui permette à chacun de bénéficier équitablement de la mondialisation ».  Enfin, l’Union européenne s’est engagée résolument dans la lutte contre les changements climatiques et la ratification de l’Accord de Paris sera bientôt achevée. 

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, s’est demandé pourquoi le cynisme avait pris place dans nos vies au nom du pragmatisme.  Pourquoi le mal s’est-il répandu?  En ces jours difficiles, le monde connaît de plus en plus de menaces mais jamais, depuis la guerre froide, les normes et principes internationaux n’ont été bafoués sur une telle échelle, s’est-il indigné. 

Jamais un membre du Conseil de sécurité n’a violé la Charte des Nations Unies tout en participant activement à un conflit et en étant à la fois médiateur de ce conflit.  L’avenir de nos enfants et de notre Organisation dépend de la manière avec laquelle nous surmonterons cette incohérence, a poursuivi M. Poroshenko, qui ne voit que deux issues possibles: « Soit nous reconnaissons le problème et ne ménageons aucun effort pour y remédier, soit nous fermons les yeux et laissons l’avenir des Nations Unies aux mains d’un seul acteur et on payera le prix fort ».

L’Ukraine dénonce le fait que le Conseil de sécurité soit resté bloqué ces trois dernières années et exige que le recours au droit de veto soit à l’avenir suspendu lorsqu’un membre permanent du Conseil est directement impliqué dans des conflits où des atrocités de masse ont été commises.  « Les coupables de crimes doivent rendre des comptes », a-t-il martelé, en affirmant que la menace à la paix et à la sécurité mondiales qui pèse sur nous nécessitait l’attention de tous les États Membres. 

Ce sont des nouvelles méthodes qui sont employées dans les guerres hybrides du XXIe siècle, a expliqué le Président ukrainien, qui a cité, à titre d’exemple, les pressions politiques, la propagande, l’ingérence dans les processus électoraux d’autres pays, les attaques cybernétiques et autres. 

Rappelant que l’Ukraine avait renoncé volontairement à son arsenal nucléaire contre la sécurité et des garanties de souveraineté nationale, il a affirmé que ces garanties étaient malheureusement restées lettre morte et que le mémorandum de Budapest n’avait pas été respecté. 

L’Ukraine n’en reste pas moins attachée au désarmement nucléaire mais cela suppose notamment une action efficace du Conseil de sécurité face aux essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  « Il faut faire preuve de leadership fort à la fois au niveau des États, mais aussi des organismes internationaux. »

Face à la série d’attaques terroristes atroces qui ont eu lieu cette année, M. Poroshenko a expliqué que cette menace ne pouvait être combattue que grâce à des efforts concertés.  Il appelle le Conseil de sécurité à agir pour répondre à ces problèmes grandissants et appuie l’initiative du Royaume-Uni pour qu’il se penche sur la menace terroriste. 

Dans ce contexte il est revenu sur le dossier de l’appareil de Malaysia Airlines qui a été abattu au-dessus du territoire ukrainien et a exigé à nouveau que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que les responsables soient jugés en dépit du veto russe pour la mise en place d’un tribunal spécial.

Le Chef de l’État a en outre dénoncé l’implication de la Russie dans la coordination des activités terroristes en Ukraine, et la présence de 38 000 forces militaires illégales dans le Donbass armées par celle-ci, ainsi que de l’annexion de la Crimée.  Il a ainsi reproché à la Russie son abus de confiance lorsqu’elle invoque la Charte des Nations Unies pour justifier le rattachement de la Crimée à son territoire.  Il exige, qu’au bout de trois ans, les agresseurs assument leur responsabilité.

L’Ukraine reste disposée à avancer dans la mise en œuvre des accords de Minsk, mais elle s’est heurtée à une opposition constante du Kremlin.  M. Poroshenko a dit espérer que la Russie et ses alliés finiront par mettre en œuvre leur partie du contrat.

Par ailleurs, l’Ukraine s’apprête à présenter un projet de résolution sur la situation des droits de l’homme dans la République de Crimée occupée de Sébastopol à l’Assemblée générale, a annoncé M. Poroshenko, qui estime qu’il revient aux Nations Unies de les protéger et de ne pas reconnaître les résultats de l’élection qui y a eu lieu. 

S’agissant de la crise syrienne, il a insisté sur la nécessité d’éviter tout risque d’utilisation d’armes chimiques dans ce pays et d’y faciliter l’accès humanitaire.

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Vice-Président du Kenya, a déclaré que le Kenya avait joué un rôle actif dans le domaine des efforts internationaux de développement en accueillant en 2016 trois événements majeurs, dont l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, la quatorzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement et la sixième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique. 

Notant que le commerce africain ne représente que 3% du commerce mondial, il a espéré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 saura promouvoir une nouvelle ère de coopération en matière de développement.  Il a espéré que la seconde réunion de haut niveau du Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement, qui aura lieu à Nairobi fin 2016, sera l’occasion d’entendre les attentes des pays les moins avancés (PMA).

Il a indiqué que son pays avait accordé 5 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dans le cadre de la cinquième session de reconstitution de ses ressources. 

Par ailleurs, le Vice-Président du Kenya a dit l’importance de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III) en notant qu’il était crucial de faire face aux défis de la rapide urbanisation. 

En outre, il a expliqué que la recrudescence des activités terroristes dans la Corne de l’Afrique, associée à une fragilité écologique liée aux catastrophes naturelles, avaient compliqué la poursuite du développement. 

M. Ruto a appelé à la résolution du conflit au Soudan du Sud.  De même, a-t-il dit que le Kenya s’était engagé à consacrer 10 millions de dollars au rapatriement dans leur pays de 400 000 réfugiés somaliens présents au Kenya.  Toujours au sujet de la Somalie, il a regretté que l’Union européenne ait décidé de réduire de 20% son engagement auprès de la Mission de l’Union africaine dans ce pays (AMISOM).

MOHAMMED BIN NAIF BIN ABDULAZIZ AL-SAUD, Prince héritier du Royaume d’Arabie saoudite, Premier Ministre adjoint et Ministre de l’intérieur, a d’abord dit que son pays avait toujours respecté les valeurs sur lesquelles repose l’ONU.

S’agissant de la crise syrienne, la communauté internationale reste incapable de prendre des décisions de conserve pour « sauver le peuple syrien des crimes, de la destruction et des déplacements causés par le Président Bashar Al-Assad », a déploré le Prince.  L’Arabie saoudite s’est efforcée de contribuer positivement au processus d’une solution politique et d’appuyer l’opposition syrienne modérée, a-t-il assuré.  Elle fournit une aide humanitaire directe aux réfugiés syriens dans les pays voisins. 

Avec les États arabes du Conseil de coopération du Golfe, l’Arabie saoudite a également participé à l’initiative visant à lancer un dialogue national pour résoudre la crise au Yémen.  « Le pays n’a pas ménagé ses efforts pour appuyer le Yémen », a estimé le Premier Ministre adjoint, non sans rappeler que « le coup commencé par Al-Houthi et leurs alliés a ruiné les espoirs des Yéménites et menacé la sécurité et la stabilité du Yémen ».  Depuis 2015, l’Arabie saoudite a dépensé plus de 470 millions de dollars pour distribuer une aide humanitaire dans tout le pays, « y compris dans les zones sous contrôle de Al-Houthi ».

Par ailleurs, l’Iran continue de présenter des défis dans la région en appuyant des groupes de milices terroristes au Bahreïn, au Koweït, au Yémen, en Iraq, en Syrie, au Liban et ailleurs, a signalé M. Abdulaziz Al-Saud.  Il a reproché à l’Iran de diffuser un discours sectaire et lui a demandé de cesser toute politique de discrimination et de racisme.

Le Prince a attaché la plus haute importance à la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.  L’Arabie saoudite et ses intellectuels se penchent sur les aspects tant sécuritaires qu’idéologiques du problème.  Le pays s’est engagé également à coopérer avec les Nations Unies pour gérer la question des personnes déplacées par les conflits.  L’Arabie saoudite a accueilli plus de 2,5 millions de réfugiés syriens et 2 millions de réfugiés yéménites qu’elle « ne traite pas comme des réfugiés ».  Ainsi s’efforce-t-elle de leur donner accès à l’éducation, la santé et l’emploi.  

Très préoccupé par « le discours hostile et inhumain » contre les musulmans et les réfugiés en particulier, le Ministre a appelé tous les États et les organisations internationales à s’élever au-dessus des propos racistes et à protéger les migrants et les réfugiés qui fuient des dirigeants injustes, le terrorisme et les catastrophes.

Enfin, il a réaffirmé l’importance de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive.  Dans cet esprit, il a condamné les essais conduits par la Corée du Nord. La communauté internationale doit prendre toutes les mesures qui s’imposent pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien, a-t-il aussi tenu à souligner.

SHEIKH JABER AL MUBARAK AL HAMAD AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a rappelé que son pays figurait à la troisième place des fournisseurs d’aide humanitaire au monde par rapport à son produit intérieur brut.  Le Fonds koweïtien pour le développement économique a donné 20 milliards de dollars depuis sa création à 105 pays. 

En outre, le Koweït travaille d’arrache-pied pour la sécurité et la stabilité dans sa région.  Concernant la crise au Yémen, le Koweït renouvelle son appui à la solution politique sous les auspices des Nations Unies et au travail de l’Envoyé spécial pour le Yémen, M. Ismaïl Ould Cheikh Ahmad.  Le Premier Ministre a demandé à l’Envoyé spécial de redoubler d’efforts pour la reprise rapide du dialogue entre les parties yéménites. 

S’agissant de la Syrie, le Koweït a accueilli trois conférences des donateurs en appui à l’effort humanitaire dans ce pays.  Les promesses d’aide ont atteint 7 milliards de dollars et le Koweït a promis une contribution de 1,3 milliard de dollars.  Le Koweït soutient les efforts des Nations Unies pour trouver une solution politique en Syrie.

Dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et les actes de violence, le Koweït apporte son appui à la coalition internationale contre Daech en Iraq.  Le Premier Ministre a réitéré son appui au Gouvernement iraquien et a salué ses avancées dans la lutte contre le terrorisme.

Au Moyen-Orient, M. Al Sabah a déclaré que, face à la persistance de l’occupation israélienne, il revenait au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités, et de mettre la pression sur Israël pour l’obliger à mettre en œuvre les résolutions du Conseil qui pourrait conduire à la réalisation des droits légitimes du peuple palestinien et la reconnaissance de son État indépendant sur sa propre terre, avec Jérusalem-Est comme capitale, dans les frontières du 4 juin 1967.

Concernant les relations avec l’Iran, nous, au sein du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, souhaitons une relation d’amitié et de coopération avec l’Iran, dans la compréhension et le respect mutuels, a-t-il déclaré.  Il a souligné l’importance de construire les conditions propices à un dialogue constructif conformément aux normes des relations internationales, du principe de bon voisinage, du respect de la souveraineté des États, et de la non-ingérence dans les affaires des autres États, de la fin de l’occupation des trois îles des Émirats arabes unis et de travailler avec ce pays pour mettre fin à cette question. 

Le Koweït est candidat à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2018-2019.

M. MUHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a noté que l’ordre établi après le Seconde Guerre mondiale était en train de disparaître pour laisser place à une concurrence de plus en plus polémique entre les principales puissances.  Il s’est inquiété des barricades et des murs qui sont construits en Europe face aux mouvements de réfugiés et a regretté la réapparition des « fantômes de la xénophobie et de l’islamophobie ». 

Le Premier Ministre du Pakistan a particulièrement souligné les efforts de son pays pour lutter contre le terrorisme.  Il a cité des opérations militaires ciblées qui ont permis au Pakistan des résultats remarquables contre les terroristes avec la participation de 200 000 agents de sécurité. 

Néanmoins, il a prévenu que « nous ne pourrons pas venir à bout du terrorisme au niveau international sans lutter contre ses causes profondes que sont la pauvreté, l’ignorance, l’injustice, l’oppression, l’occupation étrangère et le refus de reconnaître le droit à l’autodétermination ».   

Après 15 ans de conflit et 35 ans de chaos en Afghanistan, M. Sharif a dit la nécessité d’une paix négociée entre le Gouvernement afghan et les Taliban.  Il a indiqué que ce conflit avait de terribles conséquences économiques sur le Pakistan qui accueille près de trois millions d’Afghans.  Il a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour répondre aux besoins de ces réfugiés afghans.    

« Le Pakistan souhaite la paix avec l’Inde », a martelé le Premier Ministre pakistanais, en regrettant que ce pays impose des conditions préalables inacceptables à des négociations.  Il a prévenu que la normalisation avec l’Inde devra passer par un règlement du différend du Jammu-et-Cachemire. 

Il a dit que le Pakistan remettrait à l’Assemblée générale un rapport sur les brutalités commises par les forces indiennes au Jammu-et-Cachemire.  Il a appuyé le droit à l’autodétermination du peuple du Jammu-et-Cachemire avant de demander une mission d’établissement des faits des Nations Unies sur les atrocités commises par les forces d’occupation indiennes dans cette province.   

Il a appelé à démilitariser le Jammu-et-Cachemire et demandé l’application des résolutions du Conseil de sécurité sur cette question.  Le Premier Ministre du Pakistan a regretté ce qu’il a appelé le « réarmement de l’Inde » avant de se dire ouvert à des pourparlers pour un accord bilatéral sur l’interdiction des essais nucléaires.

Mme AUNG SAN SUU KYI, Conseillère d’État et Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a tenu, en tant que première représentante du nouveau Gouvernement de son pays à prendre la parole devant l’Assemblée générale, à réitérer l’attachement de celui-ci à la Charte et aux principes des Nations Unies.  La force de l’Organisation réside dans son universalité et sa légitimité, ancrée dans la Charte et les principes du droit international, a-t-elle rappelé.  Malgré ses imperfections et ses limites, l’ONU reste le réceptacle des espoirs en un monde plus ouvert, plus pacifique plus prospère et plus compatissant.

La jeune Union de Birmanie a rejoint les Nations Unies en 1948, juste après son indépendance, alors que régnait un climat d’optimisme après les ravages de la guerre, a poursuivi Mme Aung San Suu Kyi.  Aujourd’hui, c’est à nouveau pour le Myanmar le moment de ressentir cet espoir. 

Quand le peuple a largement voté en novembre dernier en faveur de la Ligue nationale pour la démocratie, il s’est prononcé non seulement pour un parti, mais aussi pour une culture politique, celle qui correspond à leurs rêves et leurs aspirations, qui sont ceux qui ont été à l’origine des Nations Unies, a encore déclaré Mme Aung San Suu Kyi.  Il s’agit de transformer les épées en charrues ou, dans une acception plus moderne, les armes de destruction massive en machines agricoles.  Il s’agit aussi de se sentir en sécurité chez soi, d’avoir confiance en notre capacité de réaliser nos aspirations.

Ces aspirations sont simples nous savons qu’elles ne sont pas faciles à atteindre, a poursuivi Mme Aung San Suu Kyi pour qui la seule voie possible est la paix.  Pour le peuple du Myanmar, qui a longtemps été privé de ses droits et a connu 60 ans de conflits internes, rien n’est plus important que la paix et la réconciliation nationale, a insisté Mme Aung San Suu Kyi, qui a rappelé que la première session de la conférence de l’Union pour la paix avait été convoquée récemment.  Ce n’est que la première étape mais elle est essentielle pour le pays.

Durant les dernières années, le monde a porté son attention sur la situation dans l’État de Rakhine, a rappelé Mme Aung San Suu Kyi.  État responsable, le Myanmar ne craint pas le regard de la communauté internationale, a-t-elle ajouté.  Expliquant que le Gouvernement adopte une approche globale qui met en avant le développement de toutes les communautés du pays, y compris celles de l’État de Rakhine, elle a rappelé la mise en place de diverses structures concernant cet État, dont une commission consultative présidée par l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, et ce, malgré l’opposition persistante de certains.  Affirmant sa détermination d’aller de l’avant, elle a aussi demandé la « compréhension et la coopération constructive de la communauté internationale » à cet égard.   

La paix et la réconciliation nationale sont des conditions préalables à la mise en œuvre de politiques visant au développement du pays pour le bien-être du peuple, a également déclaré Mme Aung San Suu Kyi, qui a détaillé les mesures prises pour réaliser les objectifs de développement durable, en insistant sur la volonté de ne laisser personne sur le bord du chemin.

Des solutions durables aux problèmes actuels ne pourront être obtenues qu’en s’attaquant à leurs causes profondes, a encore estimé Mme Aung San Suu Kyi, pour qui il est ainsi essentiel de traiter des causes des migrations irrégulières qui ont atteint une ampleur sans précédent, à savoir le manque de paix et le manque de développement.  C’est là une tâche extrêmement difficile qui impose aux États de coopérer et il faut aussi se souvenir que les migrants contribuent à l’économie de leur pays d’accueil ainsi qu’à la croissance mondiale.  Le partage des valeurs et des richesses ne pourrait que créer un monde meilleur pour tous.

Mme Aung San Suu Kyi a également appelé chacun à s’unir pour combattre l’extrémisme violent qui engendre le terrorisme et dont il faut aussi comprendre les causes profondes, comme l’absence de développement économique et social, mais aussi l’absence de sens et d’objectifs dans la vie, notamment pour les jeunes, qui peuvent être tentés par des idéologies qui offrent des certitudes.

Mme Aung San Suu Kyi a par ailleurs annoncé que son pays déposerait cet après-midi son instrument de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

En conclusion, elle a dénoncé la corruption de la nature humaine, la colère, la peur l’ignorance.  Si on peut corrompre la nature humaine, on peut corrompre le monde entier, a-t-elle averti, en appelant la communauté internationale à combattre ses sentiments mauvais afin de faire en sorte que le monde soit meilleur pour les générations futures.

M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a déclaré que la République populaire démocratique de Corée s’était montrée elle-même comme une menace directe et ouverte à nous tous.  La raison d’être des Nations Unies est ainsi mise à l’épreuve.  Puis le Premier Ministre a rappelé que la Corée du Nord avait lancé des missiles balistiques, et fait des essais nucléaires qui sont les deux faces d’une même pièce. 

Cette menace a atteint une dimension différente de ce qui a été vu jusqu’à aujourd’hui.  Nous devons concentrer nos forces et contrer les plans de la Corée du Nord.  Le Japon, les États-Unis et la Corée se sont mis d’accord pour montrer une attitude ferme envers ce pays.

La prochaine étape devra être celle des Nations Unies.  Il est temps pour le Conseil de sécurité de montrer une attitude sans équivoque contre cette menace d’une nouvelle dimension.

Nous ne devons jamais laisser tomber nos efforts en vue de l’élimination totale des armes nucléaires.  Nos engagements sur cette question lient les deux côtés du Pacifique et ont gagné une nouvelle force. 

En dépit de cela, la Corée du Nord a continué des provocations posant ainsi un défi à la conscience de l’humanité.  Pour cette unique raison, il est inacceptable de tolérer cette provocation militaire.  La Corée du Nord est sans aucun doute sur le point d’avoir des têtes nucléaires montées sur des missiles balistiques.

Ce pays a enlevé des citoyens japonais, y compris une fille de 13 ans au moment des faits, les ont privés de leurs vies pacifiques et les ont empêchés de rentrer chez eux.

C’est un pays qui bafoue les droits de l’homme sans retenue et où l’équilibre des pouvoirs n’existe pas. 

Alors que le monde attend si l’ONU arrêtera les ambitions de la Corée du Nord ou si le Conseil de sécurité sera capable de confronter ce pays d’une manière unie, le Japon conduira les discussions au Conseil de sécurité.

Le Japon n’épargnera aucun effort pour renforcer les Nations Unies.  Les contributions cumulées du Japon depuis plus de 60 ans à l’Organisation dépassent 20 milliards de dollars.  Notre aide au développement est de 334,5 milliards de dollars.

L’ONU a eu trois grandes causes dans son histoire: le dévouement à la paix, la poursuite de la croissance et le désir d'un monde exempt de l’injustice et de l’iniquité. 

En outre, le Japon accélérera le travail en vue de la conclusion rapide de l’Accord de Paris sur le climat et assumera sa promesse de donner 1 300 milliards de yen d’aide aux pays en développement en 2020.

S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, M. Abe a soutenu l’objectif de l’Afrique d’avoir des sièges de membres permanents du Conseil avant 2023.

M. MILO ĐUKANOVIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a dit que les normes fondamentales du droit international étaient de plus en plus souvent foulées par des acteurs non étatiques, notamment des terroristes.  Il a fait état de « défis transfrontaliers de plus en plus complexes ».  Il a précisé que le Monténégro faisait partie des 22 pays ayant présenté un rapport volontaire de mise en œuvre des objectifs de développement durable d’ici à 2030. 

Le Premier Ministre a dit que la mise en œuvre de l’Accord de Paris, qui constitue le socle de la préservation de l’environnement, requiert les efforts de tous les segments et acteurs de la société au niveau international.  Il s’est inquiété de la passivité de la communauté internationale face aux atrocités en Syrie.  Les conflits en Libye, en Syrie et au Soudan du Sud montrent la nécessité de trouver des solutions durables et de traduire en réalité nos ambitions en matière de préventions des conflits et de médiation. 

Face à une crise migratoire sans équivalent depuis la Seconde Guerre mondiale et des abus sans précédent des droits de l`homme, le Premier Ministre du Monténégro a dit la pertinence du système multilatéral des droits de l’homme.  Il a appelé à réformer la composition du Conseil de sécurité avant de dire la fierté de son pays d’avoir présenté un candidat au poste de prochain secrétaire général de l’ONU. 

Alors que le Monténégro célèbre cette année le dixième anniversaire de son adhésion à l’ONU, le Premier Ministre a estimé que son pays était un exemple de stabilité dans une approche pluriethnique.  « Nous allons assumer avec ambition nos responsabilités liées à notre adhésion à l’OTAN » a aussi dit M. Đukanović, avant de souligner la contribution de son pays aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.     

Pour Mme KOLINDA GRABAR-KOTAROVIĆ, Présidente de la Croatie, qui a plaidé pour des sociétés ouvertes et inclusives, tournées vers la jeunesse, la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, le Programme d’action pour l’humanité d’Istanbul et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devraient répondre aux causes profondes des déplacements massifs de personnes.  Certes, il faut fournir une assistance aux pays d’origine et d’accueil afin de promouvoir une gestion sûre, ordonnée et régulière des migrations.  Mais il faut également renforcer les efforts au niveau mondial pour combattre les réseaux criminels de la traite des êtres humains. 

« Nous devons mettre un terme à la politique de deux poids, deux mesures et à l’approche hypocrite de la tragédie qui se déroule à l’heure où nous parlons », a recommandé Mme Grabar-Kotarović.  « Il faut aider ceux qui ont réussi à fuir la destruction, mais il faut aussi tout faire pour aider ceux qui sont restés et qui n’ont pas les moyens de s’échapper. »

La Présidente a estimé que l’éducation, le savoir et la tolérance sont les clefs du succès et les moteurs du développent durable.  Pour réussir, a-t-elle ajouté, il faut plus de femmes en politique et dans les affaires, dans la diplomatie et les conseils d’administration.  Cette année, la Croatie préside « Le partenariat des avenirs égaux », une initiative destinée à promouvoir l’autonomisation économique et politique des femmes.

« Les changements climatiques sont une arme de destruction massive », a averti Mme Grabar-Kotarović.  Elle a souhaité que l’Accord de Paris entre en vigueur le plus vite possible.  « La stabilité, la sécurité et le bien-être de la Méditerranée restent une priorité de la politique étrangère de la Croatie », a indiqué le Président.

Abordant la menace du terrorisme, elle a dit qu’il fallait renforcer la résilience des sociétés au niveau local, surtout le tissu des sociétés multiculturelles et multiconfessionnelles, contre la propagande, la radicalisation violente et l’extrémisme en général. 

En matière de maintien de la paix, la Croatie se prépare à mettre une compagnie d’ingénierie pour « des constructions horizontales » à la disposition des opérations de l’ONU, a-t-elle dit.  La Croatie organise également un cours de formation avec l’ONU à l’intention des femmes policières d’Asie, d’Afrique et d’Europe. 

Par ailleurs, Mme Grabar-Kotarović a plaidé en faveur du renforcement du rôle de la Cour pénale internationale (CPI) pour poursuivre les auteurs d’atrocités de masse et de crimes de guerre, y compris ceux contre l’héritage culturel commis par des acteurs étatiques ou non étatiques.  Elle a jugé très important de « mettre fin à la culture de l’impunité ».  

Avec sa candidature pour un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2017-2019, la Croatie s’engage à contribuer de manière constructive à la promotion et la protection des droits de l’homme. 

M. DANILO MEDINA SÁNCHEZ, Président de la République dominicaine, a indiqué que le groupe de populations vulnérables qui sont sorties de la pauvreté ces 20 dernières années est composé de plus d’un milliard et demi de personnes dans le monde. 

Ce groupe est très important en Amérique latine et dans les Caraïbes où la plupart d’entre ces personnes gagnent entre 4 et 10 dollars par jour.  Notre défi est de renforcer la position de cette classe émergeante en lui donnant les moyens et le savoir-faire pour lui permettre d’améliorer ses conditions de vie mais aussi de participer au développement de leurs pays.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est une bonne feuille de route pour de nombreux défis de l’Amérique latine, des Caraïbes et du monde.  Mais des profonds changements sont nécessaires en matière de flux commerciaux et financiers.  Les règles du jeu entre les pays riches et pauvres doivent être révisées. 

Concernant le commerce, la République dominicaine a signé des accords de libre-échange avec les principaux blocs économiques.  Cela devrait être mutuellement avantageux mais il y a des moments où les grands pays font preuve d’hypocrisie.

Ils refusent de réduire le protectionnisme à l’intérieur de leurs frontières tout en réclamant dans le cadre des accords de libre-échange la même réduction dans les pays en développement.

Ils veulent que les pays en développement éliminent la protection des biens industriels mais eux, ils refusent d’éliminer les subventions agricoles.  Pour les cinq prochaines années, les États-Unis donneront en moyenne 97 800 millions de dollars d’aide à leur secteur agricole et l’Union européenne, 408 000 millions d’euros.

En outre, les barrières non tarifaires comme les règles phytosanitaires ne sont pas transparentes et créent des obstacles supplémentaires aux produits des agriculteurs des pays en développement pour percer le marché mondial. 

Les pays industrialisés doivent accepter de réduire significativement leur protectionnisme et leurs subventions pendant les négociations commerciales actuelles, et assurer le financement du développement rural.

Nous devons également assurer que les flux financiers sont des outils pour le développement et la productivité.  Les paradis fiscaux ne sont pas nécessairement dans les « républiques caribéennes » comme le montre la sanction de 13 milliards d’euros que l’Union européenne venait d’infliger à Apple.

L’absence de règlementation a ouvert la voie aux délinquants fiscaux et rendu plus complexe le travail des administrations fiscales. 

C’est une menace importante pour le financement des États dans le monde en rendant difficile pour les gouvernements de remplir leurs mandats devant leurs citoyens. 

M. MAITHRIPALA SIRISENA, Président de Sri Lanka, a affirmé que son pays avait opéré de nombreuses transformations depuis son élection il y 20 mois.  Il a dit avoir créé une société dans laquelle règne la liberté, et non plus la peur.  Il a dit avoir comme objectif de faire de son peuple « le plus heureux du monde » et un « peuple intelligent ».

2017 sera à Sri Lanka l’année de la lutte contre la pauvreté, a poursuivi le Président, qui a affirmé son engagement en faveur du développement durable.  Pour y parvenir, il a dit avoir défini comme priorité la protection de l’environnement, ajoutant qu’il était prêt à suivre l’Accord de Paris. 

De même, les politiques économiques seront fondées sur le savoir, en insistant sur l’innovation et « l’économie verte ».  La Sri Lanka étant une île, M. Sirisena a également expliqué qu’il avait décidé d’accorder la priorité à l’exploitation des ressources marines du pays, avec notamment une industrie de la pêche fondée scientifiquement.

Il est important qu’une société se fonde sur des valeurs morales, a poursuivi le Président, qui a rappelé que la Sri Lanka était un pays bouddhiste, avant d’estimer que le bouddhisme permettrait de résoudre de nombreux problème du monde, tout en affirmant qu’Islam et Christianisme devaient être respectés.  Il a par ailleurs dénoncé la menace de la drogue et annoncé son intention d’agir pour que la drogue n’entre pas à Sri Lanka.

Rappelant les mesures prises pour renforcer la démocratie et l’état de droit, M. Sirisena a affirmé que des mesures avaient été prises pour empêcher une nouvelle guerre, après quelque 30 années de conflit terroriste.  C’est en ce sens qu’a été créée une commission pour la réconciliation et la paix entre les communautés.

Mais, pour parvenir à ses objectifs, la Sri Lanka a besoin de l’appui de la communauté internationale, a poursuivi le Président, qui a affiché en même temps sa volonté de faire respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de son pays.

Chaque pays a sa propre vision, la Sri Lanka à la sienne, authentique, et souhaite se développer conformément à cette vision mais avec l’appui de la communauté internationale, a-t-il expliqué.  Affirmant que la Sri Lanka agirait de manière responsable et démocratique, M. Sirisena a également dit apprécier les services rendus à son pays par les Nations Unies et notamment par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon.

M. PETER CHRISTIAN, Président des États fédérés de Micronésie, a rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) avaient appelé l’attention du monde sur la nécessité de lutter contre les changements climatiques il y a 25 ans déjà.  Il a souligné que les pays océaniques étaient toujours menacés de disparition et que les voix de ces pays n’avaient été entendues que partiellement.  Nous avons observé un « progrès glacial », a-t-il estimé, avant de rappeler que les PEID demandaient depuis longtemps que cette question du climat devînt un point permanent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, eu égard à sa dimension sécuritaire.  Il a demandé que l’ONU fasse l’objet d’une réforme dynamique pour mieux refléter la réalité géopolitique contemporaine. 

S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Christian a appelé à tenir compte des statistiques des pays de moins de 100 000 habitants, afin de s’assurer que personne ne soit laissé pour compte et faire en sorte que les objectifs de développement durable soient vraiment universels et deviennent une réalité pour tous. 

Par ailleurs, le Président de Micronésie a précisé que les petits États insulaires du Pacifique, qui rassemblent 607 îles éparpillées sur 3 millions de kilomètres carrés, hébergeaient une des plus grandes biodiversités du monde.  Il a ajouté que ces États s’étaient engagés au titre du « Défi de la Micronésie » à préserver 30% de leurs côtes.  

« L’ONU reste notre dernier espoir de galvaniser les volontés politiques afin d’atténuer les effets des changements climatiques », a insisté le Président de la Micronésie, avant de se dire encouragé par le succès de l’Accord de Paris. 

En outre, il a indiqué que la Micronésie avait rétabli des relations diplomatiques avec Cuba.  Il a dit toute l’importance de la résolution A/70/120 sur cette question, avant de demander aux États-Unis d’accélérer la mise en œuvre du processus qui doit aboutir à la levée de l’embargo américain imposé à Cuba.    

Pour M. RAIMONDS VĒJONIS, Président de la Lettonie, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat ont permis de restaurer la confiance dans la capacité du système multilatéral à trouver des solutions aux problèmes pressants du monde.  Les conflits, la pauvreté, les catastrophes naturelles et les changements climatiques ont contribué à la hausse significative du nombre de réfugiés et de migrants, a relevé M. Vējonis, avant de rappeler que 125 millions de personnes ont aujourd’hui besoin de l’aide humanitaire. 

« La crise migratoire récente ne saurait être affrontée uniquement par les pays directement affectés.  C’est un phénomène mondial qui exige des efforts conjoints et une responsabilité partagée. »  Pour lutter contre la montée de l’extrémisme violent, M. Vējonis préconise des sociétés plus inclusives, la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme. 

En tant que pays faisant partie de la coalition mondiale contre Daech, la Lettonie salue le fait que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ait décidé d’augmenter son soutien à cette coalition.  Pour elle, la lutte contre le terrorisme est une priorité quotidienne et la communauté internationale doit planifier la façon d’augmenter la résilience des communautés qui ont subi pendant des années l’autorité « barbare » de Daech.

Sans paix durable et sans prévention de conflits, il ne sera pas possible de réaliser les objectifs de développement durable, a poursuivi le Président letton, qui attend une action politique décisive pour prévenir les conflits qui provoquent des déplacements massifs de personnes.  « La communauté internationale doit trouver des solutions politiques », a-t-il déclaré, en mettant particulièrement l’accent sur la crise syrienne. 

En Libye, le vide institutionnel a créé un terrain propice pour des groupes terroristes comme Daech.  L’unité et la cohésion entre les partis rivaux sont essentielles pour la stabilité à long terme de la Libye et la lutte contre le terrorisme, a encore souligné M. Vējonis.

Il a également fait part de ses préoccupations par rapport aux actes « irresponsables » de la République populaire démocratique de Corée qui sapent la sécurité de tous les pays de la région.  De même, la stabilité à long terme en Afghanistan est essentielle pour la sécurité régionale et mondiale.

« Nous passons par un moment turbulent dans le paysage sécuritaire européen », et la Lettonie appelle tous les pays européens à respecter le droit international.  Pointant du doigt la Russie, qui a « sapé les bases même du droit international en changeant les frontières d’un État souverain par la force », le Président letton a réaffirmé son soutien à l’Ukraine pour qu’elle puisse jouir à nouveau de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.  « L’annexion illégale de la Crimée par la Russie ne sera pas reconnue et doit cesser. » 

La réforme du Conseil de sécurité lui semble être une condition fondamentale pour permettre aux Nations Unies d’avoir les moyens de faire face aux défis actuels.  Dans cet esprit, la Lettonie soutient l’initiative qui vise à suspendre le droit de veto dans des situations où des atrocités sont commises ainsi que le Code de conduite relatif aux actions du Conseil de sécurité en cas de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Pour ce qui est du choix du futur Secrétaire général, M. Vējonis a rappelé que l’Europe de l’Est restait la seule région à n’avoir jamais occupé ce poste et s’est dit convaincu, qu’au bout de 70 ans, le moment était venu de désigner une femme à la tête de l’ONU.

M. BAKIR IZETBEGOVIĆ, Président de la Présidence de la Bosnie-Herzégovine, a salué le succès qu’a connu la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les réfugiés et les migrants.  Il a indiqué que son pays accordait une grande importance à cette question, vu que des centaines de milliers de ses citoyens avaient dû quitter leurs foyers par le passé. 

Il a également souligné le soutien de son pays en faveur des objectifs de développement durable, expliquant qu’en tant que nouveau membre du Conseil économique et social (ECOSOC), la Bosnie-Herzégovine entendait jouer un rôle actif dans la mise en œuvre de ce programme transformateur. 

Il a déclaré que le respect des directives contenues dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et dans l’Accord de Paris sur le climat était crucial pour protéger les gains de développement.  La Bosnie-Herzégovine est pour sa part déjà engagée dans la mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation nationale aux changements climatiques, avec comme ambition de devenir une « économie verte » d’ici à 2025.

M. Izetbegović a en outre invité la communauté internationale à placer les droits de l’homme au centre des 17 objectifs de développement durable, parce qu’ils sont le plus puissant catalyseur en faveur de la paix et le développement, a-t-il dit.  Il s’est ensuite déclaré inquiet de l’érosion de la paix à travers le monde.  Il a ainsi évoqué la situation qui prévaut entre Palestiniens et Israéliens, la crise en Syrie, et les atrocités de Daech. 

Il a appelé à vaincre le terrorisme, « un problème qui a des racines complexes et profondes, un problème qui transcende les frontières nationales et qui ne doit pas être associé à une religion, une nationalité ou un groupe ethnique particulier ».

Le Président a déclaré que de par sa position géopolitique, notamment constituant une sorte de pont entre l’Orient et l’Occident, la Bosnie-Herzégovine entendait s’investir dans le dialogue et la compréhension, tout en forgeant des partenariats avec d’autres pays du monde.

M. JOSÉ MÁRIO VAZ, Président de la Guinée-Bissau, a fait le point sur la situation politique dans son pays.  Grâce à la médiation des chefs d’État de la Guinée Conakry et de la Sierra Leone, et en accord avec une décision prise lors de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est tenue à Dakar, au Sénégal, un accord a été signé en vue de dépasser les blocages au Parlement. 

Cet accord, a-t-il précisé, a été signé par le Président de l’Assemblée nationale populaire, le Premier Ministre et les deux principaux partis politiques.  M. Vaz a réitéré son engagement « à faire tout ce qui est requis, à travers un dialogue franc et ouvert avec toutes les forces actives dans son pays, pour consolider un environnement de paix et de stabilité sociale ». 

Le Président a noté toutefois que la crise en Guinée-Bissau aujourd’hui n’était plus une crise politique et militaire, mais « simplement une crise politique et institutionnelle ».  Il a tenu à souligner que pas une seule balle n’avait été tirée par le personnel militaire et paramilitaire; que personne n’avait été tué ou battu pour des raisons politiques; qu’il n’y avait pas eu de cas d’arrestation arbitraire; qu’il y avait la liberté d’expression, de la presse et de manifester; que la question de violations des droits de l’homme n’avait pas été soulevée.

De plus, M. Vaz a de nouveau demandé aux Nations Unies leur appui en ce qui concerne le processus de réconciliation nationale en cours, la participation des forces armées de son pays dans des missions de maintien de la paix internationales et la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sûreté et de la sécurité.  Il a rappelé que la sous-région de l’Afrique de l’Ouest « figure dans la géographie des actes terroristes ». 

Par ailleurs, le Président a salué la signature de l’Accord de Paris sur le climat.  En tant que pays côtier, avec une partie insulaire, la Guinée-Bissau se trouve menacée par l’élévation du niveau de la mer.  Par conséquent, il s’est dit très intéressé par le prochain sommet sur les océans qui se tiendra à New York en 2017.

En conclusion, il a reconnu le rôle indispensable du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) et du Représentant spécial du Secrétaire général en Guinée-Bissau, M. Modibo Touré. 

M. MILOŠ ZEMAN, Président de la République Tchèque, a d’abord rappelé les derniers attentats terroristes qui ont secoué, en 2015 et en 2016, de nombreuses villes du monde pour finalement demander « combien de temps devons-nous attendre avant de réagir contre ce fléau? ».

Reconnaissant que les possibilités d’actions sont limitées contre le terrorisme, le Président a ajouté que « les risques sont de trois ordres » notamment le fait que dans un avenir proche, nous risquons d’avoir un état islamique en Afghanistan si le retrait des troupes internationales de ce pays se matérialisait.  Ce retrait assurerait la victoire des Taliban, a averti le Président.  Le deuxième risque est la radicalisation des populations.  L’aggravation de l’extrémisme est possible aujourd’hui comme il le fut dans les années avant la montée du nazisme en Allemagne, a prévenu M. Zeman 

Ce qu’il nous faut est une action coordonnée de tous les États Membres.  Nous avons besoin d’une plateforme solide et globale contre le terrorisme.  L’Inde avait formulé en l’an 2000 cette idée.  Vingt ans plus tard, les discussions se poursuivent sur la définition du terrorisme.  « Pour moi, le terroriste est une personne qui tue délibérément un innocent. » 

L’ONU examine le problème depuis 16 ans.  « J’ai des doutes sur l’efficacité de l’Organisation.  En 2015, j’ai proposé la mise en place de forces internationales dotées de drones et d’hélicoptères utilisant les renseignements des services secrets nationaux afin de pouvoir frapper les points névralgiques et les centres du terrorisme et attaquer les cerveaux du terrorisme.  Il ne faut pas occuper les pays ou les territoires », a préconisé le Président.

Avant de terminer, il a déclaré que sans une action coordonnée du Conseil de sécurité, le terrorisme continuerait de se propager, les tueries se poursuivront et de nombreuses vies seront perdues.  « Mais je suis convaincu que nous vaincrons le terrorisme international un jour », a conclu M. Zeman.

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a dénoncé une période de « nouvel obscurantisme » causé par « la barbarie capitaliste et impérialiste », qu’il a accusée de porter atteinte à la dignité de l’être humain et à l’intégrité de notre maison commune la Terre mère ainsi qu’à celle de nos pays.  Dès lors, a-t-il ajouté, l’objectif de l’humanité en ce siècle devrait être d’éradiquer le capitalisme et l’impérialisme comme modèle de société.  Si nous ne construisons pas au plus tôt un nouveau modèle de société, les objectifs de développement durable seront remplacés par des objectifs de mort durable de tous les êtres vivants de la Terre mère, a ajouté M. Morales.

Rappelant que cette année sera la plus chaude de l’histoire de la planète et que chaque année est désormais plus chaude que la précédente, le Président a souligné que la Bolivie subissait actuellement une des pires sécheresses de son histoire.  Il a donc appelé à agir immédiatement pour empêcher la barbarie capitaliste de « convertir l’Accord de Paris en un accord menteur et maître-chanteur ».

M. Morales a ensuite accusé les pays capitalistes d’avoir construit des frontières et des murs « sur mer, sur terre et dans les airs », avant de rappeler qu’une personne sur 100 dans le monde est réfugiée ou déplacée du fait du réchauffement mondial, de guerres ou d’invasions impérialistes.  Il a ensuite émis l’espoir que les peuples du monde puissent bâtir une citoyenneté universelle et une patrie unique dans laquelle ils pourraient tous vivre en harmonie comme une famille commune.

Le Président bolivien a dénoncé la politique expansionniste d’Israël, y voyant une des meilleures expressions de la barbarie du monde moderne et a demandé aux Nations Unies de reconnaître immédiatement l’État de Palestine et d’agir pour empêcher le génocide brutal mené contre le peuple palestinien.  Il a condamné les sanctions économiques contre Cuba, ajoutant que les États-Unis devraient indemniser Cuba pour le blocus économique et restituer la base de Guantanamo.

M. Morales a salué l’accord de paix conclu entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui permet de réaliser l’objectif de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) de faire de la région une « zone de paix ».  Il a également salué le rôle de facilitateur joué par Cuba.  

M. Morales a en revanche déploré le bombardement par les États-Unis de positions militaires syriennes, y voyant un signe de leur hypocrisie.  Il a condamné le terrorisme, la violence et la guerre et demandé que l’on s’attaque aux causes de ces fléaux de l’humanité.  Moins il y aura de pauvreté et plus il y aura de respect pour les peuples, et moins il y aura de violence et de terrorisme, a-t-il affirmé.

M. Morales a ensuite affirmé que son pays avait su trouver un équilibre entre croissance économique, distribution de la richesse, réduction de la pauvreté et l’égalitarisme qui lui permettait de faire face aux conséquences de la crise capitaliste mondiale et d’avoir la meilleure croissance économique de l’Amérique du Sud.

Il a par ailleurs condamné les ingérences étrangères dans le pays frère du Venezuela, avant de dénoncer comme une nouvelle forme de conspiration impériale les coups d’État parlementaires, qui peuvent être légaux mais ne respectent pas la volonté des peuples.  Il s’est également dit très inquiet des mesures prises par le Secrétariat général de l’Organisation des États américains (OEA), estimant que cette Organisation devait représenter les intérêts des pays des Amériques et non pas se comporter en agence porte-voix des États-Unis, faute de quoi elle ferait mieux de cesser d’exister.

M. Morales a invité le Chili à mette fin par le dialogue au différend territorial le plus ancien de l’Amérique latine, celui qui l’oppose à la Bolivie sur un territoire qui offrirait à ce pays un débouché sur la mer.  La résolution de ce conflit profiterait aux deux peuples et à l’intégration latino-américaine, a-t-il affirmé.  Enfin, il a appelé à concrétiser le message du pape François, qui a appelé à construire des ponts de dialogue plutôt que des murs qui divisent.

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a indiqué que le plan de développement quinquennal 2015-2019 de son pays reflétait les trois piliers du développement durable.  Au-delà des responsabilités en matière de financement des objectifs de développement durable, le Président du Mozambique a dit la nécessité de revitaliser le Partenariat mondial pour le développement durable; de réaffirmer la pertinence du principe de responsabilité commune mais différenciée; de rappeler l’importance pour les partenaires d’honorer leurs engagements pour le développement convenus à l’échelon international; et, enfin, d’assurer la prévisibilité de l’aide au développement conformément à la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide. 

« Respecter ces principes nous permettra de disposer de fondations saines pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l'horizon 2030 », a estimé M. Nyusi.  Dans ce contexte, il a aussi dit la nécessité de réformer les Nations Unies, en particulier la composition du Conseil de sécurité, d’ajuster l’architecture des institutions financières internationales au Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement et de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations économiques régionales.

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a rappelé qu’il avait, en 2008, mis en garde l’Assemblée générale des Nations Unies contre le caractère sélectif du respect du droit international, notamment à la suite de l’usage de la force par la Fédération de Russie contre la Géorgie.  Il a indiqué que cet avertissement n’avait pas empêché qu’en 2014, l’histoire se fût répétée quand le même pays a agressé l’Ukraine.  Nous avons besoin de normes mondiales qui s’appliquent à tous et d’un droit international que tous respectent, a-t-il plaidé. 

Le Président a ensuite affirmé que la crise de réfugiés que connaissait le monde en ce moment n’était pas une situation nouvelle, rappelant ainsi la situation qui avait prévalu après la Deuxième Guerre mondiale.  L’immigration représente un défi commun, et une solution durable passera par un examen minutieux de ses causes, a-t-il dit.  Il a affirmé que les enfants des migrants représentaient le groupe le plus vulnérable, et que le principal défi était de pouvoir assurer leur scolarité, même loin de leur domicile.

M. Ilves a par ailleurs déploré la montée du terrorisme dans le monde, soulignant que son pays participait à la coalition internationale contre Daech.  La brutalité que nous voyons en Syrie montre que lorsqu’un gouvernement ne respecte pas ses engagements, alors la communauté internationale doit agir, a-t-il argué, en déplorant les actes du régime syrien. 

Les membres du Conseil de sécurité qui opposent leur veto en cas de telles atrocités partagent la responsabilité de cette crise, a-t-il affirmé, tout en précisant que la principale critique vis-à-vis du Conseil de sécurité portait précisément sur son échec à prendre ses responsabilités.  Le Président de l’Estonie a annoncé en outre que son pays était candidat pour un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a appelé la communauté internationale à ne pas exclure son pays de la mise en œuvre des grands accords universels que sont le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur le climat, le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  « Certains mécanismes internationaux de financement excluent les petits pays comme le mien ou s’avèrent impossibles à obtenir en raison de notre capacité limitée », a-t-il expliqué, ajoutant que les investissements privés ne suffisent pas à financier les services de base et infrastructures clefs. 

Parallèlement, a ajouté M. Waqa, le modèle de financement le plus prometteur pour les petits États en développement comme le sien, à savoir l’accès direct ou le soutien budgétaire direct, sont rarement une option disponible.  « Cela doit changer pour que les petits pays bénéficient pleinement des accords historiques que nous avons conclus », a-t-il insisté.

Le Président de Nauru a par ailleurs appelé à ce que les efforts de ses partenaires pour le développement aillent au-delà du renforcement des capacités et se focalisent sur le renforcement des institutions.  « Ces efforts doivent être secondés par des ressources réelles, y compris un engagement de long terme et à l’intérieur du pays de la part des agences internationales et régionales », a précisé M. Waqa. 

Concernant spécifiquement le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Président de Nauru a indiqué que sa priorité était la mise en œuvre de l’objectif de développement durable numéro 14, relatif à l’utilisation durable des océans et des ressources maritimes.  « Il faut mettre fin aux contraintes pesant sur la biodiversité, y compris au-delà des juridictions nationales, et par conséquent aux failles dans notre gouvernance de la haute mer », a-t-il exhorté, ajoutant que la future Conférence de l’ONU sur les océans devrait permettre d’avancer sur ces questions.

S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, M. Waqa a rappelé que son pays avait été l’un des premiers à ratifier l’Accord de Paris.  Toutefois, il a fait part de sa profonde inquiétude face aux effets du réchauffement de la planète.  « La montée du niveau des mers risque d’occuper notre pays de la même façon que le ferait une armée », a-t-il dit, tout en ajoutant que, du point de vue des petits États insulaires du Pacifique, les changements climatiques sont la « pire des crises humanitaires ». 

Par conséquent, M. Waqa a appelé les États Membres à appuyer la proposition des petits États insulaires en développement du Pacifique de créer un poste de représentant spécial de l’ONU sur le climat et la sécurité.

Le Président de Nauru a par ailleurs exprimé de vives inquiétudes concernant la situation en Papouasie-Nouvelle-Guinée, y compris les rapports faisant état de violations des droits de l’homme, et a insisté sur la nécessité d’entretenir un dialogue constructif avec l’Indonésie sur cette question.

Abordant enfin la situation de la République de Chine de Taiwan, M. Waqa a appelé les États Membres à « régulariser sa participation au sein du système des Nations Unies ».

M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a souligné le besoin de changement et de transformation de son pays.  « C’est notre génération qui doit mener ce changement », a-t-il déclaré.

Le Président a ajouté qu’il fut un temps où le Honduras avait connu une période de crise sociale et économique, l’insécurité, la corruption.  Il y a eu une crise de confiance entre la population et les institutions de l’État, a-t-il dit.  Il s’est réjoui du fait que la communauté internationale soit venue à la rescousse de son pays, l’aidant à restaurer les institutions.

Depuis le 27 janvier 2014 et suite à l’adoption d’un plan national de développement, le déficit budgétaire a baissé de 5%, les infrastructures ont été améliorées, et les recettes fiscales ont augmenté. 

Dans le domaine de la sécurité, les principaux cartels de la drogue ont été démantelés, de nombreuses bandes criminelles ont été dissoutes, les services de police ont été épurés.  En avril 2016, le Gouvernement a mis en place une mission d’accompagnement de la lutte contre la corruption et la criminalité.

Depuis lors, on a constaté une réduction de 26% des homicides, le Honduras n’étant plus le pays le plus violent du monde.

Sur plan social, plus d’un million de pauvres ont bénéficié des programmes sociaux, 1,2 million d’enfants de la cantine scolaire, tandis que les hôpitaux obtiennent 80% de fournitures médicales de la part de l’État.  Le Honduras s’est engagé à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il dit. 

Le Honduras a été la cible des effets des changements climatiques ces trois dernières années, lesquels ont anéanti le sixième de ses forêts.  Mais le Gouvernement a mis en place un programme de construction de réserve d’eau et d’irrigation dans les zones arides.  Une politique de protection des forêts et de l’eau a été également élaborée, a expliqué le Président, indiquant avoir déposé ce matin auprès du Secrétaire général les instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.

Le Honduras a pu lutter contre les causes profondes de la migration illégale grâce à ses réalisations socioéconomiques et politiques.  Cependant, le succès d’un pays dépend aussi du comportement des autres pays et d’autres facteurs comme la traite de personnes, le trafic de drogue et de capitaux.  Le Honduras a vu augmenter de 300% l’arrivée de nouveaux migrants venant du continent et d’autres en un an.  Ce problème doit être résolu au niveau transnational, a-t-il dit. 

Mme ISATOU NJIE SAIDY, Vice-Présidente et Ministre de la condition féminine de la Gambie, a déploré le fait que de nombreux conflits ont toujours lieu à travers le monde.  Elle a prôné la fin de ces conflits, insistant sur la question palestinienne qui perdure depuis des décennies et souhaitant que la solution des deux États soit mise en œuvre.  Au vu de la montée du terrorisme, elle a affirmé que le monde était en grand danger, déplorant que de « pseudo intellectuels » utilisent l’Islam pour mener des actes terroristes. 

La Vice-Présidente s’est félicitée des avancées qu’a connues la Gambie avec la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment l’éradication de la faim dans le pays.  Elle a en outre déploré les vagues migratoires partant d’Afrique, s’inquiétant des conséquences négatives que cela aurait sur les ressources humaines du continent.

Mme Saidy a ensuite appelé à la réforme du Conseil de sécurité.  « Le fait que la volonté de cinq pays détermine le programme économique et l’essor du monde entier est injuste », a-t-elle déploré.  Il est inadmissible qu’avec 1,3 milliard d’habitants, l’Afrique n’ait pas de membre permanent au Conseil de sécurité, a-t-elle déclaré, tout en défendant l’octroi de deux postes permanents en faveur de l’Afrique, avec droit de veto, et de deux autres postes de membres non permanents.  Cette réforme exige un leadership solide, et c’est pour cette raison que la Gambie accorde une grande importance à l’élection du prochain secrétaire général de l’ONU.  « Il devrait servir les peuples et non pas les grandes puissances », a-t-elle dit.

La Vice-Présidente a par ailleurs plaidé pour la fin de l’injustice séculaire marquée par l’absence de dédommagements en faveur des victimes de l’esclavage et du colonialisme.  Les fondements économiques des pays développés ont été construits par les Africains, a-t-elle argué, regrettant aussi que « le syndrome de l’esclavage » continue d’avoir un impact négatif sur la vie des descendants d’Afrique. 

Elle a rappelé que des situations similaires dans l’histoire de l’humanité avaient pourtant donné lieu à des dédommagements.  Elle a cité les cas des frais payés par l’Allemagne aux descendants des victimes du nazisme, ou encore ceux versés par les États-Unis aux Japonais qui avaient été injustement détenus ou encore aux descendants des Amérindiens. 

Pourquoi donc les Africains et leurs descendants ne seraient-ils pas éligibles à de tels dédommagements comme d’autres peuples? a lancé la Vice-Présidente, en justifiant cette initiative par le besoin de remédier aux déséquilibres économiques issus du colonialisme et de l’esclavage des Noirs.  Elle a annoncé que le Groupe des États d’Afrique allait présenter un projet de résolution en ce sens au cours de la présente session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

M. HAILEMARIAM DESSALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a tenu à rappeler les différents défis auxquels les pays font face dans la réalisation du Programme de développement à l’horizon 2030, en mettant l’accent notamment sur le rôle des médiaux sociaux.

Les impacts négatifs des plateformes numériques ne peuvent pas être ignorés.  La désinformation peut facilement devenir virale et tromper en particulier les jeunes.  Les médiaux sociaux ont aidé les populistes et les extrémistes à exploiter les préoccupations légitimes des gens et ont répandu leurs messages de haine et d’intolérance. 

Le Premier Ministre a aussi reconnu le fait que certains pays externalisent leurs échecs et cherchent des causes extérieures à leurs propres faiblesses.  On ne peut nier le fait que certains de nos pays ont été la cible de déstabilisation menée par des gens et des groupes de gens à qui des États avec qui nous n’avons pas de problème ont donné refuge.

À cela s’ajoutent les effets d’El Niño, la crise des migrants et des réfugiés.  Le problème est encore plus prononcé pour les pays les moins avancés comme l’Éthiopie qui s’efforcent d’éradiquer la pauvreté.

Ce qui nous est nécessaire est d’avoir l’espace politique à commettre des erreurs et d’apprendre de ces erreurs.  Cette vision est correcte.  Quels que soient nos défis et lacunes, nous ferons tout l’effort possible pour les relever en étroite concertation, coopération et participation de notre peuple.

Nous avons besoin d’un environnement extérieur favorable pour réaliser notre développement.  Nous avons besoin de réponses collectives et coordonnées de tous pour y parvenir. 

La paix et la sécurité dans la Corne de l’Afrique sont très essentielles pour l’Éthiopie.  Nous avons aidé le Soudan du Sud à résoudre ses problèmes internes.  Le Premier Ministre a souhaité que les parties sud-soudanaises entendront l’appel de la région et de la communauté internationale à restaurer la paix au nom de leur peuple qui a trop souffert, et pour la sécurité et la stabilité de la région.

Le Premier Ministre a également indiqué que son pays avait déployé tous les efforts pour lutter contre le terrorisme et pour pacifier la Somalie.  En dépit de nombreux défis qui restent, la Somalie a fait beaucoup de progrès.  L’importance du Sommet extraordinaire de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à Mogadiscio ne peut être surestimée. 

Le Premier Ministre a formulé le vœu que l’organisation harmonieuse des prochaines élections consolidera les acquis de ces dernières années et jettera la fondation d’une Somalie pacifique et stable. 

Il a terminé en annonçant la candidature de l’Éthiopie à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2017-2018.

M. DACIAN CIOLOS, Premier Ministre de la Roumanie, a estimé que les objectifs de développement durable donnaient à la communauté internationale une nouvelle chance et représentaient « une impulsion universelle pour la transformation du monde ».  Nous avons besoin de plus d’intégration au niveau de différentes stratégies sur les changements climatiques, le développement, l’aide humanitaire, l’éradication de la faim, la croissance économique et la construction de la paix, a-t-il argué. 

Il a expliqué que l’expérience du passé laissait voir que les approches sectorielles, coupées les unes des autres, créaient plus de problèmes qu’elles n’en résolvaient.  Il a indiqué que la Roumanie avait lancé le processus de transposition nationale des objectifs de développement durable, afin d’assurer la transition vers une économie verte.  Le pays a adopté, cette année, un paquet national antipauvreté, comprenant notamment des mesures spécifiques pour combattre l’exclusion sociale.

Le Premier Ministre a affirmé que « la ceinture des conflits latents » autour de la mer Noire était une menace permanente à la stabilité dans la région et au-delà.  Il a fait part de sa préoccupation face à des tactiques de guerres hybrides et par l’annexion illégale de territoires. 

M. Ciolos a en outre souligné que la Roumanie œuvrait à renforcer sa contribution en matière d’assistance humanitaire, notamment en sa qualité de donateur et de pays de relocation des réfugiés.  En tant que Présidente de la septième Conférence des parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, la Roumanie encourage à plus de redevabilité dans le cadre de la traite des personnes.

Il a par ailleurs salué les efforts consentis dans la lutte contre le terrorisme, estimant que la lutte contre le terrorisme nécessitait une action multilatérale, basée sur le droit international.  C’est pour cette raison que la Roumanie et l’Espagne ont avancé l’idée d’une cour internationale contre le terrorisme, afin d’assurer la reddition de comptes en cas de crime horrible. 

Le Premier Ministre roumain a enfin annoncé la candidature de son pays au Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.

Mme SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a appelé à convertir la volonté politique qui a donné naissance au Programme de développement durable à l'horizon 2030 en soutien « concret et significatif » pour les pays les moins avancés.  « Pour combler son retard, le monde en développement a besoin d’un accès à des technologies transformatrices », a-t-elle précisé, appelant notamment à ce que la Banque de technologies pour les pays les moins avancés accorde la priorité à l’innovation.

À ce titre, Mme Hasina a déclaré que son gouvernement s’était fixé comme priorité « d’innover dans la prestation des services publics, de développer l’accès de masse à l’information, et d’accroitre la transparence et la responsabilité ».  Afin d’y parvenir, elle a insisté sur l’importance de l’accès à Internet, appelant les dirigeants du monde à fournir un accès universel à la connectivité haut débit.  « Notre gouvernement s’est engagé à fournir une connexion Internet et mobile à tous ses citoyens d’ici à 2021 », a-t-elle déclaré.

Le Premier Ministre a par ailleurs insisté sur les réalisations socioéconomiques de son pays, qui a enregistré une croissance supérieure à 7% au cours de l’exercice 2015-2016.  « Le Bangladesh a connu l’une des réductions les plus rapides au monde de son taux de pauvreté, et ce, avec un ensemble de ressources modestes », a-t-elle indiqué, précisant que ce taux était passé de 56,7% en 1991 à 22,4% aujourd’hui.

Mme Hasina a précisé que cette évolution positive avait également largement bénéficié aux femmes du Bangladesh, dont 3,5 millions travaillent actuellement dans l’industrie textile, le principal secteur d’exportation du pays.  Elle a ajouté que le Bangladesh était peut-être le seul pays au monde à avoir une femme Premier Ministre, mais aussi à la tête du Parlement et de l’opposition.

Rappelant par ailleurs l’attaque terroriste « macabre » survenue dans la capitale Dacca, le 1er juillet dernier, durant laquelle 20 personnes ont été tuées, le Premier Ministre a expliqué sa politique de tolérance zéro face au terrorisme et à l’extrémisme violent à l’intérieur du pays.  « Parallèlement, j’exhorte la communauté internationale à bloquer les sources de financement et d’approvisionnement en armes et munitions, ainsi que tout soutien moral et matériel à des militants et terroristes au-delà des frontières », a appelé Mme Hasina.

M. GIORGI KVIRIKASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a brossé un tableau des progrès réalisés dans son pays au cours des 25 dernières années: une société civile libre, des médias libres, une économie de marché, la cohésion sociale et l’état de droit.  Depuis juillet dernier, la Géorgie est devenue un pays associé de l’Union européenne et aspire à devenir membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). 

Le Premier Ministre n’a pas manqué de rappeler que ces dernières semaines à la fois les États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN avaient tous pris des mesures pour souligner que l’avenir de son pays se trouvait en Europe et dans la communauté euro-atlantique.

Il a appelé les dirigeants du monde à ne ménager aucun effort dans la réalisation, même partielle, des objectifs de développement durable en espérant que sur les 17, la plupart puissent être atteints.  Pour y arriver, il faut réussir à la fois sur le plan national et aider d’autres pays à réaliser leurs objectifs nationaux.  Il a également mis l’accent sur la relation étroite qui existe entre développement durable et paix et sécurité.

En Géorgie, une plateforme en quatre points a été mise en place pour garantir à tout citoyen d’être partie prenante et de bénéficier du développement du pays.  Les clefs du succès étant, selon lui, la bonne gouvernance, des institutions redevables et la transparence.  Une autre priorité est d’assurer une inclusion maximale dans les processus de prise de décisions. 

L’un des pendants de la bonne gouvernance est aussi la collecte efficace d’impôts, et la Géorgie s’apprête à libéraliser encore davantage son système fiscal en abolissant notamment la taxe sur les gains non distribués pour encourager les investissements et la création d’emplois.

Pour le Premier Ministre, la réussite des objectifs de développement durable et la construction de sociétés inclusives dépend largement du capital humain des nations, et, par conséquent, son pays a opté pour les investissements dans l’éducation et la santé. 

À ce titre, il a cité une infrastructure hospitalière de pointe, une couverture médicale universelle et un système de « e-pharmacie ».  Une autre réforme de fond a été celle du système judicaire.  Aujourd’hui, tous les citoyens sont égaux devant la loi, a affirmé le Ministre qui a rappelé que son pays était classé vingt-neuvième en termes d’état de droit.

Il a dénoncé l’occupation étrangère de 20% du territoire national de son pays et le fait que l’on refuse toujours le droit au retour à des centaines de milliers de personnes.  Saluant le soutien de l’Assemblée générale à cette question par l’adoption de la résolution sur le « statut des personnes déplacées et réfugiés d’Abkhazie, Géorgie, et de la région de l’Ossétie du Sud, Géorgie », il a demandé que les mesures qu’elle prévoit soit maintenant traduites en actions. 

Le Ministre a vivement condamné les récentes élections de la Douma russe dans les territoires occupés de Géorgie, ce qui est un autre aspect, selon lui, de la politique d’annexion de Moscou.  Il déplore que tout cela ait pu se faire en l’absence de supervision internationale, à l’exception de l’intervention limitée de l’Union européenne. 

Même s’il a été possible de désamorcer les tensions, les pas en avant de la Géorgie n’ont souvent pas fait l’objet de réciprocité de la part de la Russie, a affirmé le Premier Ministre, qui a à nouveau appelé à un règlement pacifique de ce conflit.

M. MALCOLM TURNBULL, Premier Ministre de l’Australie, a commencé sa déclaration sur la gestion de la crise de la migration en proposant trois solutions: le contrôle efficace des frontières, l’aide aux pays qui accueillent les réfugiés et la coopération internationale. 

Pour obtenir l’appui du public dans la gestion de la crise des migrants, il doit savoir que ce sont les gouvernements qui contrôlent les frontières.  Prenant l’exemple de son pays, M. Turnbull a expliqué que l’Australie avait vu l’arrivée de plus de 250 000 clandestins en 2015.  Sans mesures pour contrôler le nombre des arrivants, l’Australie ne serait pas devenue le troisième pays d’accueil des réfugiés et des migrants, a dit le Premier Ministre.  Elle a aussi accueilli 12 000 réfugiés de Syrie.

Toujours est-il que le monde doit rester vigilant face aux flux de réfugiés et les frontières doivent être sécurisées, a-t-il insisté.  Il a ajouté que l’unique manière de faire cesser la migration clandestine est de priver les passeurs de « produits ».  C’est ce que fait le contrôle des frontières, a-t-il assuré.

Mais la priorité doit rester d’établir la stabilité et la paix dans les pays en conflit.  Cet objectif nécessite la coopération de tous les pays.

Enchaînant sur la situation en Iraq, M. Turhbull a affirmé que les Forces armées australiennes et iraquiennes avaient libéré des territoires tenus par Daech en Iraq.  Il a mis l’accent sur la nécessité de vaincre et de détruire le soi-disant califat de Daech qui, d’après son estimation, a perdu 50% de son territoire en Iraq.

S’agissant du dossier nucléaire dans la péninsule coréenne, il a estimé qu’il était nécessaire de prendre des mesures contre les provocations de la République populaire démocratique de Corée.  En tout cas, l’Australie est prête à prendre de nouvelles dispositions pour sanctionner la Corée du Nord, a-t-il dit.

Candidate à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2019-2020, l’Australie compte mettre l’accent, pendant son mandat, sur l’égalité des sexes, les droits des peuples autochtones, le renforcement des capacités pour le développement, le respect de l’état de droit et des droits de l’homme.

M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre de la Thaïlande, a rappelé que son pays avait eu l’honneur, cette année, de présider le Groupe des 77 et la Chine, et de coordonner sa position avec d’autres groupes de pays comme le G20.  Il a fait remarquer que le modèle économique de la Thaïlande, centré sur les personnes et les principes de « modération, raison, inclusion et résilience », avait inspiré une vingtaine de pays. 

Le pays se tient prêt à renforcer sa coopération avec d’autres groupes comme le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ou l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le mois prochain, a annoncé le Ministre, la Thaïlande accueillera le deuxième Sommet sur le dialogue pour la coopération en Asie.

Le Gouvernement thaï a établi un comité national sur le développement durable en vue d’intégrer dans son plan de développement économique et social pour la période 2017-2021 les objectifs du Programme 2030, a expliqué M. Chan-o-cha.  Il a en outre continué à améliorer les services de santé pour tous, y compris pour les migrants et les travailleurs étrangers, quel que soit leur statut.  L’éducation primaire est obligatoire pour les enfants.  De plus, une nouvelle loi sur l’égalité des sexes a été promulguée et plusieurs mesures ont été prises pour renforcer la protection des personnes vulnérables, comme les nouveau-nés, les personnes handicapées et les personnes âgées.

La Thaïlande est heureuse de ratifier l’Accord de Paris sur le climat, a poursuivi le Ministre.  Le Gouvernement a lancé l’initiative intitulée « Modèle 4.0 » qui place la technologie et l’innovation au cœur du développement agricole et industriel.  En matière de paix et de sécurité, il a souligné que son pays avait participé environ à 20 opérations de maintien de la paix et missions de consolidation de la paix. 

Le 7 août dernier, a ajouté M. Chan-o-cha, le peuple thaï a approuvé le projet de constitution par référendum, et des élections générales devraient avoir lieu fin 2017.  « Ce référendum a reflété l’intention sincère du Gouvernement de promouvoir le processus démocratique, tout en prenant en considération les vues exprimées par la communauté internationale », a-t-il assuré.  Dans la mesure où la situation retourne à la normale et où la sécurité est restaurée, le Gouvernement met fin aux mesures temporaires.  

M. SEBASTIAN KURZ, Ministre fédéral pour l’Europe, l’intégration et les affaires étrangères de l’Autriche, a dit que son pays était particulièrement préoccupé par la situation en Ukraine.  En 2013, ce pays était indépendant et aujourd’hui, l’Ukraine est occupée.  Il faut que la situation actuelle aille au-delà du simple cessez-le-feu et trouve une issue rapide, a indiqué le Ministre.

Pour y parvenir et pour le retour de la sécurité dans la région, il est important de restituer la confiance, a-t-il préconisé.  Comme l’Autriche accédera bientôt à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), elle fera de cette question une priorité et essaiera de promouvoir la stabilité non seulement en Ukraine mais aussi dans les régions où des conflits sont en cours, comme au Nagorno-Karabakh ou en Géorgie et ailleurs en Europe.

Le Ministre a aussi indiqué qu’il était préoccupé par la situation en Syrie.  Pour lui, la priorité est l’accès de l’aide humanitaire et la recherche d’une solution politique.  Il a demandé à traduire en justice les auteurs des attaques contre les travailleurs et les convois humanitaires.

Annonçant que plus de 300 Autrichiens avaient rejoint les rangs des groupes terroristes, le Ministre a déclaré qu’il ne pouvait pas accepter que ces gens commettent des actes terroristes dans d’autres pays du monde.  Pour lui, détruire Daech est la meilleure mesure contre la radicalisation.   

Avant de terminer, il a annoncé l’initiative de son pays de convoquer une réunion en octobre prochain en vue de préparer une résolution contraignante des Nations Unies sur le désarmement nucléaire.  Les derniers agissements de la République populaire démocratique de Corée ont rappelé que cette question était également une priorité, a déclaré le Ministre.  Elle sera en tout cas la priorité pour l’Autriche, a assuré M. Kurz. 

Droits de réponse

La représentante de l’Inde a réagi au discours du Pakistan dans lequel était mentionnée la situation qui prévaut au Cachemire.  Elle a accusé le Pakistan d’être un repaire du terrorisme mondial, disant que cet État ne pouvait se permettre de donner des leçons à l’Inde sur les droits de l’homme.  Elle a accusé également le Pakistan de former des terroristes qui commettent des attentats en Inde, avertissant que son pays était déterminé à protéger ses ressortissants au Jammu-et-Cachemire.

Le représentant du Pakistan a pour sa part déploré l’oppression du peuple du Jammu-et-Cachemire depuis déjà 70 ans.  Il a décrit les souffrances que subissait sa population du fait des actions de l’Inde.  Il a enfin appelé la communauté internationale à respecter sa promesse de faire organiser un référendum d’autodétermination dans la région du Cachemire, assurant que cette option était irréversible.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président de la Colombie présente au Conseil de sécurité l’accord de paix –unique en son genre– signé par le Gouvernement colombien et les FARC

7773e séance – matin   
CS/12524

Le Président de la Colombie présente au Conseil de sécurité l’accord de paix –unique en son genre– signé par le Gouvernement colombien et les FARC

Le Président de la Colombie, Juan Manuel Santos, a présenté, ce matin au Conseil de sécurité, que présidait le Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, M. John Key, le contenu de l’accord de paix, conclu en août dernier, entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), mettant ainsi un terme à une guerre sanglante de plusieurs décennies.

Dans l’allocution qu’il a prononcée auparavant, M. Santos a chaleureusement remercié l’Organisation des Nations Unies pour son soutien durant le processus de négociation, en précisant que ce dernier avait duré près de six ans.  Les deux premières années de ces négociations étaient secrètes.

Tout en se félicitant de la conclusion de cet accord, qui met fin à « une guerre de 52 ans ayant entraîné des souffrances colossales », M. Santos a précisé qu’il s’agissait d’un accord sui generis, dans la mesure où, pour la première fois, les deux parties ont décidé de créer une juridiction de paix.  Ce tribunal, a précisé le Président colombien, aura pour vocation de « satisfaire le droit des victimes à la vérité, à la justice et à la réparation ».  Il a également précisé qu’il s’agissait du premier accord à comporter un volet sur l’égalité des sexes, afin de s’assurer que les femmes et les hommes puissent jouir de droits identiques au cours du processus de consolidation de la paix.

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui participait à cette réunion, a salué « la vision, le courage et le leadership » de M. Santos pour la façon dont il est parvenu à mettre un terme à ce conflit, après plusieurs années de négociations acharnées.  « Ce franc succès est l’œuvre de tous les Colombiens: les parties et les nombreux individus et organisations qui ont contribué aux négociations », a-t-il ajouté, tout en félicitant également Cuba et la Norvège -les deux garants de l’accord– pour leur soutien, ainsi que le Chili et le Venezuela, tout au long des pourparlers de paix.

M. Ban, qui se rendra lundi prochain à Cartagena, en Colombie, pour prendre part à la cérémonie officielle de signature de l’accord, a par ailleurs rappelé que l’ONU avait assumé une responsabilité importante durant ce processus, notamment en ce qui concerne le suivi du respect du cessez-le-feu et du dépôt des armes.  Il a également rappelé qu’en janvier dernier, alors même que ni l’accord de paix, ni le cessez-le-feu n’avait été conclu, le Conseil de sécurité n’avait pas hésité à mettre en place, par la résolution 2261 (2016), une mission politique de l’ONU, dans le cadre d’un mécanisme tripartite chargé de superviser et vérifier la mise en œuvre du futur accord entre le Gouvernement colombien et les FARC.

À ce titre, le Secrétaire général a précisé que le déploiement de la Mission des Nations Unies en Colombie était sur la bonne voie et que 200 observateurs non armés se trouvaient désormais déployés sur le terrain.  « Ce nombre sera amené à croître rapidement à mesure que les prochaines phases du processus de paix progressent », a précisé M. Ban.  Leur présence, a-t-il assuré, aidera à garantir le respect des engagements et à créer un climat de confiance. 

« En cette période chargée en conflits dans de nombreux autres endroits, la paix en Colombie envoie un message d’espoir au monde », a conclu le Secrétaire général.

 

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Assemblée générale: les chefs d’État et de gouvernement s’attaquent à la résistance aux antibiotiques, le risque de santé publique « le plus important et le plus pressant »

Réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens,
Matin & après-midi
AG/11825

Assemblée générale: les chefs d’État et de gouvernement s’attaquent à la résistance aux antibiotiques, le risque de santé publique « le plus important et le plus pressant »

Les chefs d’État et de gouvernement ont participé aujourd’hui à la première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la résistance aux agents antimicrobiens, en particulier aux agents antibiotiques, « le risque le plus important et le plus pressant » de santé publique.  Dans la Déclaration qu’ils ont adoptée à l’issue de la Réunion, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à définir des plans d’action nationaux, invitent l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à apporter son concours à l’élaboration de nouveaux médicaments antimicrobiens et demandent au Secrétaire général de l’ONU de créer un groupe spécial de coordination interinstitutions pour guider les approches à suivre.

C’est le Secrétaire général de l’ONU qui a donné le ton d’une Réunion solennelle à laquelle ont participé plus d’une soixantaine de délégations, la Directrice générale de l’OMS et des représentants de la société civile et de l’industrie pharmaceutique. 

M. Ban Ki-moon a décrit une réalité « qui donne à réfléchir » et où l’on perd la capacité de protéger les hommes et les animaux contre des infections mortelles.  Plus de 200 000 nouveaux-nés meurent chaque année d’infections résistantes aux antibiotiques.  Dans certaines parties de l’Afrique, une épidémie de typhoïde récalcitrante aux traitements menace les populations.  La résistante aux médicaments contre le VIH/sida se confirme et celle aux traitements contre la tuberculose a été signalée dans 105 pays. 

L’inefficacité des antipaludiques est devenue un problème de santé publique dans la sous-région du Grand Mékong et le passage chez l’homme d’infections résistantes de l’animal est bien connu, sans oublier les nouveaux mécanismes génétiques dangereux qui émergent et se propagent rapidement dans le monde.

Dans la Déclaration politique qu’ils ont adoptée, les chefs d’État et de gouvernement soulignent que la résistance aux médicaments antimicrobiens est principalement due à une utilisation « inappropriée » de ces médicaments.  Plus largement, la résistance aux agents antibiotiques, « le risque le plus important et le plus pressant », mérite, estiment-ils, une attention accrue et une action plus cohérente aux niveaux international, national et régional.

Le Premier Ministre de la Norvège, Mme Erna Solberg, a prôné une interdiction pure et simple de l’utilisation « massive et systématique » des antibiotiques pour soigner et accélérer la croissance des animaux de consommation.  « Cette interdiction, qui a été obtenue de haute lutte par l’Union européenne doit devenir une norme internationale », a-t-elle estimé, expliquant que son pays n’utilise plus d’antibiotiques, y compris en aquaculture: « Ce n’est pas facile, mais nous vaccinons, un à un, tous nos saumons d’élevage! », s’est-elle enorgueillie.

Il faut faire vite, a pressé le Secrétaire général, car les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme pendant la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) risquent de s’effacer.  Toute inaction, a-t-il alerté, rendrait impossible l’objectif de la couverture santé universelle, compromettrait la production alimentaire et vouerait à l’échec le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Réduire la résistance aux agents antimicrobiens est difficile mais pas possible, a-t-il encouragé.  Cela exige un engagement à long terme et une véritable coopération entre plusieurs secteurs.  « Mais vous êtes ici aujourd’hui parce que vous savez que la résistance aux agents antimicrobiens représente une menace fondamentale à la santé de l’homme et de l’animal, au développement durable, à une économie saine et à la cohérence sociale », a rappelé le Secrétaire général.

Quelque 28 millions de personnes pourraient en effet tomber dans la pauvreté au cours des 30 prochaines années, a reconnu M. Keith Hansen, de la Banque mondiale, voyant là « un véritable problème économique ».  Les intervenants dont le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. José Graziano da Silva, se sont dits conscients de la nécessité de travailler de manière innovante pour changer rapidement les modes de production et de consommation des aliments et des médicaments, alors que les progrès scientifiques se font toujours attendre. 

 Au cours du XXe siècle, seules deux nouvelles classes d’antibiotiques ont été mises sur la marché, a ainsi rappelé la Directrice exécutive de l’OMS, Mme Margaret Chan.  En réponse aux critiques contre une industrie pharmaceutique « frileuse » devant la faiblesse des retours sur investissement, le représentant du laboratoire GSK a défendu le bilan des piliers de son secteur.  Il a, par exemple, expliqué que les molécules antibiotiques développées in vitro étaient presque toujours toxiques chez l’homme.  M. Andrew Witty a mis en exergue la nécessité d’aller jusqu’au bout dans le changement du paradigme actuel.  Il ne faut pas seulement viser à tuer des pathogènes, il faut aussi renforcer les défenses naturelles de l’organisme.

Les Ministres russe et argentin de la santé ont appuyé ces propos en signalant que leur plan de santé publique tienne compte de l’optique « révolutionnaire » des chercheurs: réduction de la concentration d’antibiotiques dans la nourriture d’origine animale mais aussi lutte renforcée contre les infections en milieu hospitalier, ce qui nécessite l’implication de tous les acteurs de la vie politique, économique et sociale ont déclaré Mme Veronica Skvortova et M. Jorge Lemus.

Représentant l’ONG « Médecins Sans Frontière (MSF) », le Docteur Joanne Liu n’a pas hésité à interpeller les responsables politiques: la santé des populations est « votre affaire, vos prérogatives, pas celle des ONG et des labos ».  « Votre approche doit être mondiale et unique, sans penser en termes de Nord et de Sud car les bactéries n’ont pas de frontières. »  « Cessez de prendre des engagements et de voter des résolutions que vous ne mettez pas en œuvre.  Partout où les gens souffrent et où l’accès à la santé recule nous avons besoin de votre appui sans faille », s’est-elle énervée.

Le Commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire, M. Vytenis Andriukaitis, a proposé la proclamation d’une « journée mondiale des antibiotiques » pour sensibiliser le grand public et les personnels de santé sur la surconsommation de ces médicaments « mais également leur sur-prescription ».  « L’OMS pourrait refaire ce qu’elle fait admirablement depuis des décennies dans la lutte contre le tabagisme », a-t-il jugé.

« N’oublions pas le combat contre la pollution de l’eau », a demandé pour sa part le Secrétaire d’État à la santé du Kenya, M. Cleopa Mailu.  Au nom des pays à revenu faible et moyen, il a insisté sur l’accès universel à l’eau potable et aux services d’assainissement car « sans cela, le défi de la résistance aux antimicrobiens ne pourra pas être relevé dans nos régions ».

Dans leur Déclaration politique, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à définir des plans d’action, programmes et initiatives multisectoriels conformes aux cinq stratégies du « Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens ».  Ils soulignent que la mise en œuvre de ces plans exige une collaboration nationale et internationale qui permette d’évaluer les ressources nécessaires et les investissements techniques et financiers à prévoir pour mettre en commun les capacités en termes de recherche, de laboratoires et de réglementation ainsi que les actions à mener dans les domaines de l’éducation et de la formation professionnelle.  Pour ce faire, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à mobiliser des fonds, des ressources humaines et des investissements « suffisants, prévisibles et durables ». 

Pour eux, l’OMS doit mettre en place un « cadre d’action mondial de développement et de gestion » afin d’apporter son concours à l’élaboration, au contrôle, à la distribution et à l’utilisation appropriée de nouveaux médicaments antimicrobiens, outils de diagnostic, vaccins et autres interventions. 

L’OMS, selon la Déclaration, devrait d’ailleurs coprésider le groupe spécial de coordination interinstitions que le Secrétaire général est appelé à créer pour donner des indications pratiques quant aux approches à suivre pour assurer une action mondiale efficace et durable dans la lutte contre la résistance aux agents antimicrobiens.

 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.