En cours au Siège de l'ONU

Soixante et onzième session,  
Réunion plénière de haut niveau - Matin & après-midi           
AG/11833

​​​​​​​Optimisme prudent au sein de la réunion plénière de haut niveau pour promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires

Convoquée par le Président de l’Assemblée générale, la Réunion plénière de haut niveau pour célébrer et promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires,  marquée chaque 26 septembre,  a été l’occasion, aujourd’hui, pour des responsables des Nations Unies et des Ministres des affaires étrangères de plusieurs États Membres de demander la relance des efforts internationaux en matière de désarmement et de non-prolifération, lesquels ont stagné ces dernières années.

Les dangers liés aux quelque 15 000 armes nucléaires qui subsistent encore dans le monde n’ont pourtant jamais été aussi grands, a estimé le Vice-Secrétaire général de l’ONU, qui a condamné, comme l’ensemble de la quarantaine de délégations intervenues aujourd’hui, le dernier essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) le 9 septembre.  Pour répondre à cette situation, les intervenants ont appelé de leurs voeux l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la création de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment au Moyen-Orient, ou bien encore la convocation en 2017 d’une conférence de l’Assemblée générale pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.

En août dernier, le Groupe de travail à composition non limitée sur le désarmement nucléaire, créé en décembre 2015 par l’Assemblée générale, avait recommandé la tenue d’une telle conférence.  « C’est une avancée historique », a estimé la représentante de la Thaïlande, qui a aussitôt déploré que cette avancée n’ait pas été célébrée par tous.  Cette proposition a, en effet, été balayée par le représentant de la Fédération de Russie, qui a jugé qu’elle n’avait « aucun sens » et assuré que les autres puissances nucléaires partageaient cet avis.

Ouvrant la Réunion plénière de haut niveau, M. Eliasson et le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Durga Prasad Bhattarai, ont, tous deux, insisté sur la gravité de la menace que posent les armes nucléaires.  « Aussi longtemps que les armes nucléaires continueront d’exister, la menace qu’elles font planer, que ce soit par leur utilisation intentionnelle ou accidentelle,  demeure à un niveau inacceptable », a ainsi affirmé M. Bhattarai.  La détermination des acteurs non étatiques à se procurer des armes nucléaires, a-t-il averti, ne devrait pas être sous-estimée.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éradiquer ces armes.

Le monde ne peut pas se permettre une nouvelle fois, a mis en garde M. Eliasson, de ne pas agir lors de la prochaine Conférence examen du Traité sur la non-prolifération en 2017.  En 2015, la dernière Conférence d’examen du Traité, qui est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, s’était conclue sans qu’un document final n’ait été agréé.

« Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de bonnes nouvelles dans ce domaine », a commenté le délégué du Bélarus, dont le pessimisme a été partagé par de nombreux intervenants.  La Vice-Ministre de l’Inde a ainsi regretté que la Conférence du désarmement, dont les travaux sont dans l’impasse depuis plusieurs années, ne se soit pas encore dotée d’un programme de travail équilibré, malgré les efforts de son pays.

Face aux « provocations » de la RPDC, plusieurs délégations, dont celle du Japon, ont plaidé pour une universalisation du TICE.  La ratification de ce Traité est essentielle, a ainsi affirmé la représentante de l’Uruguay, en invitant les pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.  « Les activités nucléaires de mon pays ne sont rien d’autre que la conséquence d’une politique hostile menée depuis plus d’un demi-siècle contre la RPDC », s’est défendu le représentant de ce pays, en accusant les États-Unis d’exercer un véritable « chantage nucléaire ».

Appuyé par de nombreux intervenants, dont le représentant du Soudan, le Ministre algérien des affaires étrangères a demandé, quant à lui, la création de zones exemptes d’armes nucléaires « partout dans le monde, y compris et surtout au Moyen-Orient ».  Il a également exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à donner des garanties de sécurité négative aux États non dotés, faisant ainsi écho aux propos du Conseiller auprès du Ministre iranien des affaires étrangères.  Ce dernier a souligné que les États dotés avaient l’obligation juridique de parvenir à l’élimination totale et irréversible de leurs arsenaux. 

Le délégué de l’Ukraine a rappelé que la décision de son pays de renoncer aux armes nucléaires reposait sur les garanties de sécurité fournies dans la cadre du Protocole de Budapest, signé notamment par la Fédération de Russie, pays « qui menace aujourd’hui l’intégrité de l’Ukraine ». Certains intervenants ont néanmoins affiché leur optimisme, à commencer par la Directrice générale adjointe, au sein du Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande.

À l’instar du délégué péruvien, elle a souligné l’importance historique de la recommandation du Groupe de travail à composition non limitée pour la tenue d’une conférence de l’Assemblée générale en 2017 en vue d’élaborer une convention interdisant les armes nucléaires, un objectif auquel ont souscrit de nombreux intervenants, dont le Ministre indonésien des affaires étrangères.  « L’absence d’un soutien des États dotés de l’arme nucléaire n’empêchera pas l’adoption d’un tel instrument », a affirmé le représentant de l’Équateur.

Cette affirmation a été quelque peu tempérée par le délégué de la Fédération de Russie, qui a estimé que « forcer la main des puissances nucléaires n’était pas la bonne stratégie ».  Tranchant toutefois avec la tonalité pessimiste des autres interventions, il a indiqué qu’il n’y avait pas de « stagnation » en matière de désarmement, en prenant pour preuve les efforts de désarmement stratégique menés par son pays, conjointement avec les États-Unis.

Clôturant cette réunion de haut niveau, le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, M. Kim Won-soo, a résumé la teneur des débats en soulignant l’ampleur de la tâche à accomplir dans le domaine du désarmement compte tenu des « divergences de vues » et des « frustrations » des États Membres.  « Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer », a-t-il toutefois prévenu, avant d’appeler les États Membres à faire preuve de « créativité ».

RÉUNION PLÉNIERE DE HAUT NIVEAU, CONVOQUÉE PAR LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE POUR CÉLÉBRER ET PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION TOTALE DES ARMES NUCLÉAIRES

Déclarations

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal), Vice-Président de l’Assemblée générale, faisant lecture de la Déclaration du Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, a indiqué que cette Journée permettait de se rappeler des conséquences désastreuses des armes nucléaires, de la destruction qu’elles peuvent immédiatement causer et de la menace existentielle qu’elles font peser sur l’humanité.  « Il va sans dire qu’aussi longtemps que les armes nucléaires continueront d’exister, la menace qu’elles font planer, que ce soit par leur utilisation intentionnelle ou accidentelle, demeure à un niveau inacceptable », a-t-il dit.  L’avenir du monde peut se jouer, a-t-il assuré, sur une simple faute technique ou une erreur de jugement.  Il a ajouté que la détermination des acteurs non étatiques à se procurer des armes nucléaires et à causer de manière délibérée des dommages à la plus grande échelle possible ne pouvait être sous-estimée.

L’essai nucléaire auquel a procédé au début de ce mois la République populaire démocratique de Corée (RPDC) nous rappelle clairement le danger toujours actuel que représentent les armes nucléaires et la raison pour laquelle nous devons trouver les moyens de régler ce défi, a-t-il déclaré.  Appelant la communauté internationale à redoubler d’efforts afin de parvenir à un consensus sur la question, il a tout d’abord souligné qu’il était nécessaire de traduire les engagements pris par des actions concrètes.  Nous devons également davantage sensibiliser l’opinion publique aux risques posés par ces armes, en particulier les jeunes, a-t-il recommandé.  En conclusion, il a indiqué que seule l’élimination des armes nucléaires permettrait de prévenir leur utilisation future et promis qu’il continuerait d’œuvrer à la non-prolifération et au désarmement.

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’en février prochain la communauté internationale célébrera le cinquantième anniversaire du Traité de Tlatelolco qui a été le premier instrument juridique qui a fait d’une région densément peuplée une zone exempte d’armes nucléaires.  Il a mentionné également le vingtième anniversaire, il y a quelques jours, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et la résolution adoptée par le Conseil de sécurité pour promouvoir ce Traité.  « Mais cette résolution ne peut se substituer à l’entrée en vigueur du TICE », a-t-il dit, avant de préciser que cette résolution soulignait la nécessité d’accélérer les efforts en vue de l’universalisation de ce Traité.  M. Eliasson a ensuite insisté sur les dangers grandissants liés aux armes nucléaires, en mentionnant les dizaines de milliards de dollars dépensés dans l’amélioration de ces armes ou bien encore le manque de progrès accomplis dans le domaine du désarmement.

La RPDC a, à plusieurs reprises, défié la communauté internationale dans sa quête irresponsable de capacités nucléaires et balistiques, a affirmé M. Eliasson.  Le Vice-Secrétaire général a également déploré le fait que de nombreux pays continuent d’inclure la dissuasion nucléaire dans leur doctrine de défense nationale, ainsi que les nombreuses divergences relatives à l’avenir du désarmement nucléaire.  Rappelant que le prochain examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires commençait en 2017, il a prévenu que le monde ne pouvait pas se permettre une nouvelle fois de ne pas agir.  Enfin, M. Eliasson a souligné la nécessité d’éliminer totalement les armes nucléaires.

Au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), M. HENRY SUÁREZ (Venezuela) s’est dit extrêmement inquiet face à la lenteur des progrès concernant le désarmement des États dotés de l’arme nucléaire.  Il a insisté pour que les pays dotés de l’arme nucléaire s’acquittent de la responsabilité principale en matière de désarmement nucléaire.  Il a estimé que le développement de nouveaux types d’armes violait les engagements faits au titre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  S’appuyant sur la résolution 70/34 de l’Assemblée générale, le représentant du NAM a souligné l’urgence de commencer des négociations, dans le cadre de la Conférence du désarmement, sur une convention d’interdiction des armes nucléaires.  Il a aussi appuyé la décision de l’Assemblée générale de tenir, au plus tard en 2018, une conférence du haut niveau sur le désarmement nucléaire pour examiner tous les progrès réalisés en la matière. 

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé les engagements des pays de la Communauté de contribuer à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a plaidé, à cette fin, en faveur d’une mobilisation internationale accrue et exhorté les gouvernements de passer des paroles aux actes.  Soulignant que la région d’Amérique latine avait été déclarée zone de paix, il a salué la décision de l’Assemblée générale de tenir, en 2018 au plus tard, une conférence de haut niveau sur le désarmement nucléaire afin d’y examiner les progrès réalisés en la matière. 

Sur ce dernier point, M. Cortorreal a considéré que la priorité devrait être l’élimination des arsenaux existants et, au-delà, l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant interdisant la possession, le développement, la production, le stockage, le transfert ainsi que l’utilisation d’armes nucléaires.  Le représentant a également rappelé les conséquences humanitaires de l’usage d’armes de ce type et le risque que font peser sur l’existence même de la planète leur présence et leur placement en état d’alerte.  Il a ainsi appelé les États dotés de l’arme nucléaire de réduire le niveau d’alerte de leurs arsenaux.  Il les a également exhortés à donner des assurances de sécurité négatives aux États non dotés.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a, elle aussi, plaidé en faveur de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant interdisant purement et simplement les armes nucléaires.  L’expansion des organisations terroristes, qui pourraient mettre la main sur ces armes, attise l’urgence de parvenir au plus vite à une élimination des armes nucléaires, dont l’existence, a-t-elle précisé, est exclusivement délétère.  Elle a aussi estimé qu’un monde sans armes nucléaires « est également une obligation humanitaire », tant leur usage et leur développement pèsent sur la sécurité des peuples du monde et sont potentiellement néfastes à l’environnement.

M. MANSUR MUHAMMAD DAN-ALI, Ministre de la défense du Nigéria, a assuré que son pays ne ménageait aucun effort, « aucune négociation pour faire avancer le monde sur la voie d’un instrument juridiquement contraignant de désarmement nucléaire ».  Il en va de la survie de l’humanité et de la planète, a-t-il dit.  Pour le Ministre nigérian des affaires étrangères, le monde est prêt à lutter contre le terrorisme mais ses dirigeants ont encore du mal à s’engager dans des délibérations approfondies sur le désarmement nucléaire international complet.  Il a invité instamment les États dotés à donner l’exemple en prenant des mesures plus solides en matière de réduction des arsenaux et de niveau d’état d’alerte de ces derniers.

M. SEYYED ABBAS ARAGHCHI, Conseiller auprès du Ministre iranien des affaires étrangères, a enjoint tous les États sans exception à redoubler d’efforts pour progresser dans le domaine du désarmement nucléaire.  Se référant à la Charte des Nations Unies et invoquant le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a souligné que les États dotés de l’arme nucléaire avaient la responsabilité particulière et l’obligation juridique de parvenir à l’élimination totale et irréversible de leurs arsenaux.  Or, a-t-il dit, certains de ces États continuent d’investir des sommes importantes dans le perfectionnement de leur système de défense, agissant ainsi en violation de l’article VI du TNP.  Comme l’approche étape par étape « ne donne aucun résultat », a-t-il estimé, il est temps d’envisager la mise au point d’une convention globale sur les armes nucléaires interdisant la détention, la mise au point, la fabrication, l’acquisition, la mise à l’essai, l’accumulation, le transfert et l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes et prévoyant leur destruction.

Rien ne justifie que l’humanité demeure aujourd’hui menacée par l’existence de près de 16 000 armes nucléaires, a affirmé M. ABELARDO MORENO FERNANDEZ, Ministre adjoint des affaires étrangères de Cuba, avant de rappeler que 4 000 d’entre d’elles pouvaient être déployées immédiatement.  Il a demandé que le rôle de ces armes dans les doctrines de défense nationales soit éliminé une fois pour toutes.  Il a ensuite espéré que l’instrument juridiquement contraignant relatif à l’interdiction des armes nucléaires, qui doit commencer à être négocié en 2017, soit adopté en 2018 à l’occasion de la Conférence internationale de haut niveau sur le désarmement nucléaire.

Jugeant cependant qu’un tel instrument ne sera pas suffisant, le Ministre adjoint a plaidé pour l’adoption, dès que possible, d’une convention globale qui prévoit leur élimination selon un calendrier défini, assortie d’un contrôle international strict.  Il a également souligné la nécessité d’élaborer un instrument international par lequel les États dotés de l’arme nucléaire donneraient des garanties de ne jamais l’utiliser contre des États qui n’en sont pas dotés.  Enfin, le Ministre adjoint a demandé la tenue sans attendre de la Conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. VALENTIN RYBAKOV, Ministre adjoint des affaires étrangères du Bélarus, a dit que son pays participait à toutes les activités de désarmement dans le cadre du TNP.  Le Bélarus, a-t-il rappelé, a volontairement renoncé à l’emploi des armes nucléaires qui étaient présentes sur son territoire après la dissolution de l’Union soviétique.  Il s’est dit convaincu que les efforts internationaux devraient aboutir à une élimination totale des armes nucléaires, avant de déplorer le manque de progrès accomplis dans le domaine du désarmement.  « Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de bonnes nouvelles dans ce domaine », a-t-il déploré, en dénonçant le récent essai nucléaire de la RPDC.  Enfin, M. Rybakov a souligné la nécessité d’examiner les questions nucléaires en lien avec d’autres questions essentielles traitées par l’ONU, telles que le développement durable.

M. ARIEL Y. ABADILLA, Ministre adjoint des affaires étrangères des Philippines, a insisté sur la gravité de la menace posée par les armes nucléaires, « en particulier lorsqu’un pays continue de ne pas répondre aux appels pour un arrêt des essais nucléaires et lorsque les groupes terroristes essayent à tout prix de se procurer de telles armes ».  « Avec les armes nucléaires, nous n’avons aucune garantie de sécurité. »  Il a ensuite plaidé pour l’universalité du TNP, Traité qui constitue la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Enfin, le Ministre a demandé des actions concrètes et immédiates et invité la communauté internationale à agir, notamment lors de la conférence de l’Assemblée générale en vue de la négociation d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires qui doit se tenir l’année prochaine.  « Nous pensons que le dialogue et la diplomatie seront les éléments clefs pour surmonter nos divergences », a conclu M. Abadilla.

M. FERNANDO SIMAS MAGALHAES, Vice-Ministre à la politique multilatérale, aux affaires européennes et nord-américaines du Brésil, a souligné l’importance de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL).  Malgré les risques et les défis, il a estimé que l’année 2016 présentait des motifs de satisfaction avec des débats parmi les plus riches depuis des décennies sur le désarmement nucléaire.  II a rappelé que la Première Commission, qui débute ses travaux la semaine prochaine, aura comme mission de convenir en 2017 d’une conférence de négociation.  Il a estimé que la résolution 2310 adoptée par le Conseil de sécurité le 23 septembre dernier était trop complaisante, dans le sens où elle laissait entendre que l’on pouvait arriver à des progrès en matière de stabilité régionale et de renforcement de la confiance sans l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il s’est aussi inquiété du contenu de la déclaration conjointe, signée le 16 septembre par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, soulignant que la gestion des stocks et la vigilance de ces cinq pays est en accord avec les objectifs du TICE et du TNP.  Ceci ne reflète pas l’avis de la majorité des États Membres de l’ONU.

M. HENRY ORYEM OKELLO (Ouganda) a estimé que la réalisation d’un monde sans armes nucléaires était un objectif devant être au cœur des délibérations de l’Assemblée générale sur la sécurité et la paix.  La non-prolifération des armes nucléaires, le désarmement nucléaire et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, soit les trois piliers du régime multilatéral de non-prolifération, doivent déjà être mis en œuvre de manière complète, a-t-il insisté, en souligant qu’il s’agit là d’un préalable à l’élaboration d’un instrument juridique contraignant.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a assuré que son pays n’épargnerait aucun effort pour parvenir à l’objectif d’un monde libéré des armes nucléaires.  Après avoir souligné que l’Algérie présiderait, cette année, les travaux de la Première Commission de l’Assemblée générale, il a insisté sur le fait que seule l’élimination de toutes les armes nucléaires pourrait garantir qu’elles ne seront jamais plus utilisées, contribuant ainsi « véritablement » au renforcement de la paix et de la sécurité internationales.  Il a ensuite relevé que si le TNP a contribué à juguler la prolifération des armes nucléaires, les arsenaux de ce type restaient la colonne vertébrale des doctrines sécuritaires et de défense de nombreux États.  Le Ministre a ainsi plaidé pour la conclusion à terme d’une convention globale sur les armes nucléaires « pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre d’un désarmement progressif, étape par étape ».  Pour l’heure, il a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire de donner des garanties de sécurité négative aux États non dotés, à l’entrée en vigueur du TICE et appelé à la création de zones exemptes d’armes nucléaires « partout dans le monde, y compris et surtout au Moyen-Orient ».  

Mme PATRICIA FLOR (Allemagne) a proposé de continuer à adopter une approche étape par étape, conforme à la philosophie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en matière de désarmement nucléaire.  Pour elle, l’étape la plus pressante est l’instauration d’un système de contrôle partagé des arsenaux des États-Unis et de la Fédération de Russie, qui possèdent à eux deux plus de 70% des armes nucléaires.  Mme Flor a également souligné la nécessité d’une entrée en vigueur sans délais du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du démarrage de négociations d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, afin de « donner des assurances de sécurité négative aux États non dotés et renforcer la confiance dans un environnement complexe où l’atteinte de consensus est particulièrement difficile ».

Mme SUJATA MEHTA, Vice-Ministre de l’Inde, a demandé l’adoption d’un cadre international global et non discriminatoire relatif au désarmement.  Elle a demandé que le rôle des armes nucléaires soit restreint dans les doctrines de défense nationale.  Estimant que la Conférence du désarmement était l’enceinte adéquate pour discuter des questions de désarmement, elle a souhaité que cette Conférence se dote d’un programme de travail équilibré.  Elle a déploré que la proposition de son pays visant à la création d’un organe subsidiaire pour appuyer les travaux de la Conférence n’ait pas été retenue.  Enfin, Mme Mehta a espéré que la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires contribuera à sensibiliser davantage le public sur les dangers posés par les armes nucléaires.

M. ANTONIO GARCIA REVILLA, Directeur général pour les affaires multilatérales et internationales du Pérou, a indiqué que son pays, épris de paix, était partie à tous les accords relatifs au désarmement.  Le Pérou, a-t-il rappelé, a été l’un des premiers pays à ratifier le TICE.  Il a réaffirmé l’attachement de son pays au TNP, ainsi qu’au droit inaliénable des pays de développer un programme nucléaire à des fins pacifiques.  M. Garcia Revilla a également appuyé les efforts en cours en vue de la négociation d’un instrument juridiquement contraignant en vue de l’élimination totale des armes nucléaires.  Enfin, il a souligné l’acuité de la menace posée par les armes nucléaires et plaidé pour leur interdiction totale, appuyant toutes les initiatives prises à cette fin.

Mme MORAKOT SRISWASDI, Directrice générale adjointe au Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande, a indiqué que l’espoir était, cette année, de mise après la déception de l’année dernière liée à l’absence d’un document final lors de la Conférence d’examen du TNP.  Elle a en effet rappelé que le Groupe de travail à composition non limitée a recommandé, en août 2016 à Genève, la tenue d’une conférence en 2017 en vue de négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires afin de parvenir à leur élimination complète.  « Malheureusement, cette avancée historique n’a pas été célébrée par tous », a-t-elle déploré, en notant qu’un petit nombre d’États étaient en faveur du statu quo.  À cette aune, elle a souligné la nécessité de sensibiliser davantage le public sur la nécessité d’éliminer les armes nucléaires. Mme Sriswasdi a également mentionné l’avancée positive que constitue l’Engagement humanitaire, appuyé par 127 pays.  Enfin, elle a affirmé que les efforts de désarmement et de non-prolifération complétaient les efforts consentis dans le cadre de l’objectif 16 du Programme de développement à l’horizon 2030.

M. OMAR HILALE (Maroc) a considéré qu’il était impératif que les dispositions du TNP et des obligations qui en découlent soient respectées par « tous les États ».  De même, a-t-il dit, les mesures préconisées par les décisions des conférences d’examen constituent des contrats dont le plein respect nous permettra d’avancer collectivement vers la réalisation des objectifs du Traité.  Il a insisté sur le fait que l’émergence de nouveaux défis sécuritaires et risques de prolifération ne devaient en aucun cas servir de prétexte pour ne pas mettre en œuvre les obligations et les engagements pris en matière de désarmement nucléaire. 

Le représentant du Maroc a également appelé à la cessation de toute modernisation des arsenaux nucléaires et à la réduction de leur rôle dans les doctrines de défense.  Des assurances de sécurité négatives aux États non dotés, parties au TNP, constitueraient des mesures de confiance dans un tel processus de désarmement, a-t-il encore indiqué.  Évoquant le blocage de la Conférence du désarmement à Genève, l’enceinte où se négocient les traités multilatéraux, M. Hilale a averti qu’une grande majorité d’États Membres n’acceptaient plus la stagnation des efforts de désarmement.  Il a insisté sur la nécessité « d’une percée et une avancée réelle vers l’élimination totale des armes nucléaires ».

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a déclaré que la tâche principale des Nations Unies au XXIe siècle devrait être la mise en œuvre d’une stratégie destinée à éliminer « pour de bon » le risque de guerre, « ses causes et ses armes ».  Il a estimé que la réalisation d’une sécurité réellement globale ne pouvait reposer que sur la réunion préalable des conditions propices au développement humain.  Il ne peut y avoir de développement sans paix et sans sécurité, a-t-il ainsi affirmé.  Le représentant du Kazakhstan a de plus indiqué qu’en tant que coprésident du TICE aux côtés du Japon, son pays, faisant siens les objectifs et la portée de la résolution 2310 du Conseil de sécurité, exhorte tous les États Membres à prendre les mesures nécessaires à l’entrée en vigueur sans délais du Traité.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a regretté que nous attendions toujours l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires 20 après son ouverture à la signature.  Parmi les mesures de satisfaction, il a noté que le Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire venait de terminer ses travaux à Genève en recommandant le lancement de travaux en faveur d’un traité juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires. 

M. HAMZA A. B. ALOKLY (Libye) s’est dit en faveur de l’abolition des armes nucléaires, « dont nous ne connaissons que trop bien les conséquences catastrophiques de leur utilisation ».  Il a ajouté que cette interdiction était le seul moyen concret et durable d’établir la paix et la sécurité aux plans régional et international.  Il s’est en outre dit favorable, dans l’immédiat, à la création de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde, « y compris au Moyen-Orient ».  Enfin, il a invité tous les États Membres à participer « activement, de bonne foi et en tenant compte des leçons du passé » aux négociations sur l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires.

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a affirmé que les États dotés de l’arme nucléaire n’assumaient pas leurs responsabilités dans le domaine du désarmement.  Il a rappelé que le Groupe de travail à composition non limitée avait recommandé, en août 2016 à Genève, la tenue d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.  Il a néanmoins regretté que cette recommandation ait été obtenue à l’issue d’un vote et non par consensus.  L’absence d’un soutien des États dotés de l’arme nucléaire, a-t-il dit, n’empêchera pas l’adoption d’un tel instrument.  M. Sevilla a indiqué que le Conseil de sécurité, en adoptant récemment une résolution relative au TICE, avait empiété sur les prérogatives de l’Assemblée générale.  Il s’est dit peu surpris que cette résolution ait été parrainée par un État figurant à l’annexe 2 du TICE.  Enfin, le délégué de l’Équateur a exprimé ses doutes sur la véritable intention des États dotés de l’arme nucléaire de s’en débarrasser.

M. Jan KICKERT (Autriche) a rappelé que l’Engagement humanitaire a été signé par 127 États Membres de l’ONU.  La dissuasion nucléaire, a-t-il dit, crée une illusion de sécurité.  Il a ensuite qualifié d’inacceptable le cinquième acte nucléaire effectué récemment par la RPDC.  Il est temps d’assurer l’universalité du TICE, a estimé M. Kickert, en appelant les pays qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.  Le délégué a affirmé que la convocation d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète, était conforme aux objectifs du TNP.  Enfin, M. Kickert a appelé les États Membres à appuyer ces efforts.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déploré que des voix soutenant qu’il existe une « stagnation » dans le domaine du désarmement prédominent.  Nous sommes en désaccord avec elles, a-t-il dit, en soulignant les progrès accomplis.  Il a indiqué que débarrasser le monde des armes nucléaires était une priorité absolue de son pays, mentionnant, comme éléments de preuve, les efforts de son pays visant, avec les États-Unis, à diminuer le nombre d’armes stratégiques dans le cadre du Traité START.  Par ailleurs, notre arsenal nucléaire a été diminué par trois et est proche du niveau qu’il avait dans les années 1950, a-t-il assuré.  « Dès lors, de quelle stagnation parle-t-on? » a-t-il demandé.

Le délégué s’est ensuite dit vivement préoccupé par les tentatives « anti-nucléaires radicales » conduites dans certaines enceintes en vue de l’interdiction des armes nucléaires.  « Forcer la main des puissances nucléaires, a-t-il dit, n’est pas la bonne stratégie. ».  Il a précisé que les efforts pour une élimination des armes nucléaires, objectif que son pays partage, ne devraient pas, dans le même temps, faire entrer le monde dans le chaos et l’incertitude.  Il ne faut pas, à ce stade, interdire les armes, mais nous lancer dans un travail conjoint visant à réunir les conditions concrètes pour avancer sur cette voie, tout en assurant la sécurité, a-t-il estimé.

Le délégué a indiqué que toute tentative visant à modifier le Plan d’action dans le cadre du TNP était contreproductive.  Il a également affirmé que le principe du consensus devait continuer à guider les travaux de la Conférence du désarmement.  « Forcer les puissances nucléaires à renoncer à leur arsenal ne facilitera pas la réalisation d’un monde sans armes mais ne fera, au contraire, que nourrir les antagonismes », a-t-il prévenu, avant d’ajouter que l’intégrité du TNP pourrait en souffrir.  Il a également jugé que l’apparition d’une autre instance de négociation était néfaste.  « La Russie ne participera pas à de telles tentatives douteuses et nous pensons que les autres puissances nucléaires sont de notre avis », a-t-il conclu, convaincu qu’une conférence en 2017 pour interdire les armes nucléaires n’avait aucun sens.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a rappelé que le Pakistan avait développé sa capacité nucléaire uniquement à des fins de défense en réponse au développement de capacités similaires par son voisin.  Il a précisé que la politique nucléaire du Pakistan était guidée par les principes de retenue et de responsabilité.  Il a souligné la volonté de son pays d’éviter d’entrer dans une course aux armements et de s’en tenir à une dissuasion minimale afin de renforcer la stabilité stratégique de l’Asie du Sud. 

Le Pakistan, a assuré M. Munir, est prêt au dialogue avec l’Inde sur toutes les questions en suspens dont celle du Jammu-et-Cachemire.  Il a rappelé que le Pakistan maintenait un moratoire unilatéral sur les essais nucléaires depuis 1998 et proposait à l’Inde de traduire cette démarche par un arrangement bilatéral sur l’interdiction des essais nucléaires.  S’agissant de la sûreté et de la sécurité des matériaux et bâtiments nucléaires, le représentant du Pakistan a indiqué que son pays avait adopté un régime de contrôle des exportations en accord avec les normes internationales en la matière. 

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a demandé aux États dotés de l’arme nucléaire de contribuer plus activement à la réalisation de l’objectif ultime d’un monde libéré des armes nucléaires.  Il a invité instamment les États dotés de ces armes de participer « sans arrière-pensées » à un dialogue constructif formel ou informel pour faciliter dans un premier temps une réduction rapide du volume des arsenaux actuellement déployés.  Le représentant a rappelé que, pour son pays, le TNP reste le pilier de la non-prolifération et le respect de son article VI, relatif à l’élimination, une obligation que toutes les parties doivent honorer.  Il a par ailleurs recommandé de prendre les mesures de confiance inspirées des demandes formulées dans les documents finaux des différentes conférences d’examen du TNP.

M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a rappelé que son pays avait éliminé ses armes nucléaires pendant les années 1980.  Il a ensuite déploré que les armes nucléaires soient les seules armes de destruction massive à n’être pas encore interdites par un instrument juridique international.  Le TNP est le seul outil interdisant leur prolifération et demandant l’élimination progressive complète des arsenaux existants, a-t-il soutenu, en déplorant que le régime de non-prolifération du Traité connaisse des tensions sapant sa portée. 

L’application de l’article VI par les États dotés de l’arme nucléaire et la relance volontaire du processus de création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient contribuerait au renforcement de la sécurité régionale et à la crédibilité du régime multilatéral de non-prolifération, a encore jugé le représentant.  M. Matjila a par ailleurs soutenu le droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, dont les applications « peuvent contribuer à une plus forte croissance économique en Afrique et au développement de la santé humaine et animale des peuples du continent ».

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a indiqué que son pays avait renoncé, il y a 70 ans, à l’institution militaire.  À l’égard du désarmement nucléaire, il s’est dit favorable à une démarche maximaliste pour avancer sur la voie d’une élimination totale et irréversible de tous les arsenaux.  Quinze-mille ogives nucléaires sont encore déployées dans le monde et des milliards de dollars sont dépensés chaque année pour les entretenir, a-t-il déploré.  Pour M. Mendoza-García, l’existence de ces armes n’est justifiable ni juridiquement ni sur le plan sécuritaire: « Elles ne sont que des remparts de la souveraineté des pays », a-t-il affirmé.  Il a souhaité que les futures négociations sur un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, et « qui se substituera aux doctrines de dissuasion nucléaire en vigueur », intègrent la société civile.

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a reaffirmé l’attachement de son pays au TNP qui est, a-t-elle dit, la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Elle a plaidé pour une élimination totale des armes nucléaires, en estimant que le monde était sans défense face à une utilisation accidentelle ou intentionnelle de telles armes.  Elle a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts en vue de parvenir à cet objectif et appuyé les récentes recommandations du Groupe de travail à composition non limitée.  La représentante a également demandé la tenue d’une Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Elle a ensuite déploré les provocations de la RPDC, en se disant convaincue qu’il est nécessaire de dénucléariser la péninsule coréenne.  Pour sa délégation, la ratification du TICE est essentielle.  Elle a ainsi invité les pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.

M. OMAR CASTANEDA SOLARES (Guatemala) a déploré l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP en 2015, ainsi que l’impasse dans laquelle est plongée la Conférence du désarmement depuis de longues années.  Il a demandé aux pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TICE.  Il est indispensable de maintenir le moratoire sur les essais nucléaires jusqu’à l’entrée en vigueur du TICE, a-t-il affirmé, en condamnant fermement les essais de la RPDC.  Il a critiqué la récente adoption par le Conseil d’une résolution sur le TICE, qui constitue, selon lui, un empiètement sur les prérogatives de l’Assemblée générale.  Enfin, il a appuyé les efforts pour la tenue d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) s’est inquiété de l’absence de progrès dans l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Par ailleurs, il s’est inquiété que plusieurs essais nucléaires aient été menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 2016.  Il s’est inquiété aussi que la dissuasion nucléaire restait au cœur des politiques de défense de nombreux États nucléaires.  Face à cette réalité, il a jugé indispensable de continuer à travailler à l’avènement d’un cadre juridique interdisant les armes nucléaires.  

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a tout d’abord rappelé que son pays était frappé d’une occupation militaire dans certaines parties de son territoire.  Le TNP est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, a-t-il souligné, en demandant une réduction du nombre des armes nucléaires.  Il a ensuite rappelé que la décision de son pays de renoncer aux armes nucléaires reposait sur les garanties de sécurité fournies dans la cadre du Protocole de Budapest, signé notamment par les États-Unis et la Fédération de Russie.  Aujourd’hui, notre intégrité est menacée par la Fédération de Russie, a-t-il dit.  Il a souligné la nécessité que les États dotés de l’arme nucléaire fournissent des assurances renforcées de non-emploi des armes nucléaires.  Il a plaidé pour une universalisation du TICE et dénoncé le dernier essai nucléaire effectué par la RPDC.  Le TICE, a-t-il affirmé, doit entrer en vigueur.  Enfin, le délégué de l’Ukraine a souligné l’importance de créer des zones exemptes d’armes nucléaires, notamment dans les régions qui sont des foyers de tension.

M. OLOF SKOOG (Suède) a qualifié d’« irrationnel économiquement, compte tenu des besoins humanitaires au niveau mondial », le maintien et le développement des doctrines nucléaires de défense.  Il a en outre déploré l’affaiblissement de la dynamique du désarmement nucléaire.  La prochaine conférence d’examen du TNP, qui se tiendra en 2020, devra réaffirmer les engagements internationaux et mettre l’accent sur les risques humanitaires d’une catastrophe nucléaire, a ainsi estimé M. Skoog.  On ne peut pas commémorer année après année la mémoire des victimes de l’utilisation de bombes atomiques et tolérer, en même temps, l’existence d’arsenaux nucléaires toujours plus performants et modernisés, a-t-il lancé.  M. Skoog a souhaité que les travaux de la Première Commission de l’Assemblée générale contribuent à la relance du processus multilatéral de désarmement et de non-prolifération nucléaires.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a assuré que son pays attachait la plus grande importance au désarmement nucléaire et à la non-prolifération.  Il a estimé qu’il faudrait comprendre la dimension technique du désarmement nucléaire pour envisager concrètement la création d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a souligné l’importance de continuer de promouvoir l’universalité des instruments multilatéraux en vigueur, à commencer par le TNP, et d’améliorer la relation, dans le cadre des travaux de la Première Commission, entre États dotés et États non dotés de l’arme nucléaire.  M. Moritán a par ailleurs noté que l’entrée en vigueur du TICE permettrait de renforcer la confiance interétatique et de contraindre plus efficacement le régime de la RPDC, qui continue à se livrer à des essais nucléaires qui risquent de déstabiliser la péninsule coréenne et sa région et dont on mesure encore mal les conséquences humanitaires. 

M. JOEL HERNÁNDEZ (Mexique) a rejeté les doctrines qui glorifient la détention d’armes nucléaires en tant que garantes de la souveraineté et qu’outils de dissuasion.  Tant que ces armes existent, a-t-il fait remarquer, le risque existe d’une détonation accidentelle aux conséquences inimaginables pour des millions de personnes et leur environnement.  La réduction des arsenaux stratégiques est insuffisante car elle n’est pas assujettie à un régime de vérification international, comme le demande pourtant le TNP, a encore noté M. Hernández.  Le représentant a également rappelé l’obligation internationale de poursuivre des négociations de bonne foi, et informé des conséquences au plan humanitaire d’une détonation nucléaire, en vue de parvenir à une élimination complète et irréversible des armes nucléaires.  En 1967, la région d’Amérique latine et Caraïbes est devenue la première zone exempte d’armes nucléaires, a-t-il rappelé, en plaidant pour la création d’autres zones de ce type partout dans le monde.

Mme AMATLAIN KABUA (Îles Marshall) a rappelé que son pays a été le site de 67 essais nucléaires de grande ampleur entre 1946 et 1958, avec l’équivalent de 1,6 bombe d’Hiroshima lâchée chaque jour pendant 12 ans.  Elle a précisé que les dirigeants des Îles Marshall se sont rendus aux Nations Unies en 1954 et 1956 pour demander la cessation de ces essais.  Elle a expliqué que l’ONU a répondu à cette requête par le biais des résolutions 1082 et 1493, qui constituent les deux seuls documents par lesquels un organe de l’ONU a autorisé des essais nucléaires. 

Elle a souligné les conséquences désastreuses de ces essais, qui se sont traduits par des décès précoces, des cancers, des malformations à la naissance et autres problèmes de santé qui persistent depuis des générations.  « Des communautés qui n’ont pu retourner chez elles attendent toujours des compensations », a-t-elle dit, avant de souhaiter que l’ONU s’approprie l’objectif d’un monde sans armes nucléaires pour son centième anniversaire en 2045. 

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a regretté que l’existence de 15 ogives nucléaires menacent toujours la sécurité du monde, 71 ans après les bombardements de Nagasaki et d’Hiroshima.  « Pire, nous avons été, cette année, témoins d’activités nucléaires inacceptables de la part de la République populaire démocratique de Corée », a ajouté le représentant du Japon.  Il a souligné l’importance de la déclaration d’Hiroshima sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération signé par les Ministres des affaires étrangères du G7 en avril 2016.  Il a expliqué que la priorité de son pays était, cette année, de s’assurer du succès de la Conférence d’examen 2017 du TNP et de favoriser le début de négociations d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. 

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a souligné l’importance de parvenir à une adhésion universelle au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a estimé que cet objectif dépendait de la volonté des État dotés de l’arme nucléaire et de leurs obligations au titre de l’article VI du TNP.  Il a jugé indispensable de lancer des négociations pour parvenir à un traité d’interdiction totale d’armes nucléaires.  Un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires représenterait, a-t-il assuré, une étape décisive vers l’universalisation du TNP.  Il s’est félicité des progrès et de la vitalité du processus international sur les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires.  Le représentant égyptien a ensuite salué le « succès sans précédent » de la communauté internationale qui s’est traduit par la conclusion des travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a regretté la lenteur des progrès réalisés dans le domaine du désarmement nucléaire.  Le seul fait que les armes nucléaires soient au centre des doctrines de défense de plusieurs États est à la fois déplorable au plan éthique et inquiétant, a-t-il estimé.  M. Momen a demandé à ces derniers de donner des assurances de sécurité négatives aux États non dotés d’armes nucléaires et enjoint les médias, la société civile et les chercheurs de poursuivre leur plaidoyer anti-nucléaire, sachant, a-t-il dit, « que les armes nucléaires ne peuvent nulle part garantir la paix et la sécurité internationales ».

M. SALAHALDIEN KHAIR (Soudan) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du TNP et appelé les pays dotés de l’arme nucléaire à l’éliminer.  Il a souligné la nécessité d’assurer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et appuyé la création de zones exemptes d’armes de destruction massive, notamment au Moyen-Orient.  Il s’est ensuite dit très préoccupé devant les obstacles opposés à la création d’une telle zone, laquelle serait pourtant favorable à la paix internationale.  En conclusion, il a réaffirmé le droit inaliénable des pays à produire et utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

M. YU PENG (Chine) a plaidé pour un abandon de la mentalité de guerre froide en vue d’élaborer de nouvelles doctrines de sécurité, de nature à diminuer les risques de prolifération.  Il s’est également dit en faveur d’une interdiction complète des armes nucléaires et rappelé que la Chine s’est engagée à ne pas utiliser en premier de telles armes.  Enfin, le délégué de la Chine a demandé une intensification des efforts internationaux en vue de parvenir à un monde débarrassé de l’arme nucléaire.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a jugé qu’il était inacceptable que des sommes colossales soient dépensées pour des programmes nucléaires alors que les besoins de développement n’ont jamais été aussi pressants.  Le seul moyen d’empêcher que les armes nucléaires ne tombent entre les mains de groupes non étatiques est de les éliminer complètement, a-t-il affirmé.  Le représentant a salué l’Engagement humanitaire signé par 127 pays et plaidé pour un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires.  Enfin, il a déploré le manque de volonté politique de certains États Membres dans la réalisation de l’objectif de débarrasser le monde de l’arme nucléaire.

Mme DELFINA JANE ALOYSIUS DRIS (Malaisie) a réaffirmé la nécessité pour chaque État de respecter le droit humanitaire international, y compris en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  La représentante a souligné l’importance de travailler « en toute bonne foi en vue de l’obtention de résultats probants sur la voie d’un monde libéré d’armes nucléaires ».  Elle a appuyé l’idée d’élaborer un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires, et annoncé que son pays présenterait encore une fois, à la Première Commission de l’Assemblée générale, cette année, une résolution sur la licéité de l’utilisation des armes nucléaires.

M. RI TONGIL (République populaire démocratique de Corée) a rejeté les remarques d’autres États Membres sur les activités nucléaires de son pays, « qui ne sont rien d’autre que la conséquence d’une politique hostile menée depuis plus d’un demi-siècle contre la RPDC ».  « Les États-Unis exercent un chantage nucléaire qui prend la forme d’une menace d’utilisation de l’arme nucléaire contre la population nord-coréenne », a indiqué le représentant, qui a imputé à ce chantage la séparation de 10 millions de familles coréennes.  En ce moment, a-t-il assuré, les B21 américains survolent l’espace de la ligne de démarcation, qui est l’endroit le plus sensible au monde.  À cette aune, il a insisté sur le fait que les armes nucléaires étaient le seul moyen de dissuasion dont dispose son pays, « le seul outil pour maintenir de fragiles paix et sécurité dans la péninsule coréenne ».  M. Ri Tongil a déclaré que la RPDC poursuivrait ses activités de défense nucléaire « tant que durera le chantage des États-Unis et de leurs alliés en Asie ». 

Mgr TOMASZ GRYSA (Saint-Siège) a déclaré que le monde n’a pas d’autres options moralement que d’interdire toutes les armes nucléaires.  Il s’est particulièrement inquiété du risque de voir les armes nucléaires ou autres armes de destruction massive tomber entre les mains de groupes terroristes et autres acteurs non étatiques.  « Même si l’objectif d’un monde sans armes nucléaires semble relever de l’utopie, il n’y a pas d’autre alternative que de travailler ensemble vers cet objectif », a insisté le représentant du Vatican.  

M. AHMED FATHALLA, Observateur permanent de la Ligue des États arabes auprès des Nations Unies, a appelé les pays à redoubler d’efforts en matière de sécurité dans la région arabe, confrontée à une escalade des hostilités provoquée par les agissements d’acteurs non étatiques.  Devant l’échec de la Conférence d’examen du TNP en 2015, il est nécessaire, a-t-il souligné, de poursuivre et intensifier les discussions sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient avant 2020, date à laquelle se tiendra la prochaine conférence d’examen du TNP.  La communauté internationale doit, à cet égard, honorer ses engagements et faire pression sur les États dotés de l’arme nucléaire pour qu’ils réduisent le rôle de leurs arsenaux dans leur doctrine de défense et n’aident pas Israël à moderniser le sien, a-t-il indiqué.  M. Fathalla a conclu en plaidant en faveur de l’universalisation du TNP et au placement des installations nucléaires sous le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

M. GENXIN LI, Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a rappelé que 15 000 armes nucléaires subsistaient à travers le monde.  Le TICE est un jalon important vers l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-il assuré, avant de se dire préoccupé par les activités nucléaires de la RPDC.  Il s’est ensuite félicité que le Myanmar et le Swaziland aient dernièrement ratifié le TICE.  À ce jour, huit États de l’annexe 2 ne se sont pas encore acquittés de leurs engagements, y compris la Chine et la RPDC, a-t-il fait remarquer, avant d’appeler ces pays à ratifier le Traité afin qu’il puisse entrer en vigueur.

Au nom de International Coalition Against Nuclear Weapons qui fédère 440 organisations de 98 pays, Mme SUSAN SOUTAHRD a indiqué qu’elle représentait une organisation qui se bat depuis 70 ans pour s’assurer que Nagasaki soit le dernier bombardement atomique.  Elle s’est félicitée que 107 États Membres aient appuyé -le mois dernier à Genève lors de la clôture des travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire– la convocation en 2017 d’une conférence pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires.  Elle a prévenu que le monde était maintenant exposé à d’immenses risques de catastrophe, à la fois humanitaire et environnemental, en rappelant que les armes atomiques sont aujourd’hui bien plus puissantes que celles qui ont frappé Hiroshima et Nagasaki.  Elle s’est inquiétée des risques d’attaques atomiques non seulement à la suite d’une décision militaire, mais également accidentelles ou résultant d’actes terroristes. 

M. CHRISTIAN N. CIOBANU, Coordinateur de l’organisation non gouvernementale Ban All Nukes Generation (BANG), a déclaré qu’il ne représentait pas seulement la société civile, mais également toute une génération dont le futur continue d’être mis en péril par les armes de destruction massive.  « Je suis certain que tout le monde, dans cette salle, se souvient d’avoir été jeune et d’avoir rêvé de bâtir un monde meilleur », a-t-il dit, en soulignant que l’ONU se fondait précisément sur ces idéaux.  Pour M. Ciobanu, certains ont perdu de vue leur idéalisme de jeunesse et leur engagement en faveur d’un monde dénucléarisé.  « Les investissements ininterrompus dans les armes nucléaires et leur modernisation constante ne constituent pas seulement une menace pour tous, mais accaparent également des ressources qui pourraient être utilisées au service de l’éducation, de la santé et du développement », a-t-il déploré.

Par ailleurs, M. Ciobanu a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires exigeait des signataires qu’ils s’engagent, « de bonne foi », dans des négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.  Rejetant les arguments concernant l’effet dissuasif des armes nucléaires et l’idée selon laquelle elles contribueraient à la sécurité des populations, il a appelé l’Assemblée générale de l’ONU à entamer des négociations, dès l’an prochain, pour la signature d’un futur traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en vue de leur élimination.

M. KIM WON-SOO, Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, a souligné l’importance de parvenir à un monde débarrassé de l’arme nucléaire.  Le désarmement fait partie de l’ADN des Nations Unies, a-t-il souligné, en appelant de ses vœux une revitalisation des efforts de désarmement.  « Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer », a-t-il estimé, en déclarant qu’une seule des 15 000 armes nucléaires était une de trop.  Il a également souhaité qu’une coopération accrue remplace le statu quo actuel, avant de reconnaître les divergences des vues entre les États Membres, ainsi que les frustrations.  « N’oublions pas que la réalisation de l’objectif zéro arme nucléaire exigera des efforts de tous les pays », a-t-il insisté, en appelant les États Membres à faire preuve de créativité. 

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