En cours au Siège de l'ONU

Sixième Commission: la compétence universelle ne doit pas être utilisée abusivement et servir à d’autres fins que la justice

Soixante et onzième session,
12e et 13e séances – matin et après-midi
AG/J/3524

Sixième Commission: la compétence universelle ne doit pas être utilisée abusivement et servir à d’autres fins que la justice

La Commission examine neuf demandes d’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale et achève l’examen du rapport de la CNUDCI

La Sixième Commission (Commission des questions juridiques) a commencé aujourd’hui d’examiner la portée et l’application du principe de compétence universelle, principe qui pour l’instant fait l’objet de controverse en l’absence de définition admise par tous. 

La Sixième Commission a par ailleurs poursuivi l’examen du rapport de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI), entamé hier avec la présentation dudit rapport, avant d’examiner la demande d’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale, de neuf organisations.

Oui, à la compétence universelle et non aux abus.  Cette formule à elle seule peut résumer la position de nombreuses délégations qui sont intervenues.  Et des abus ont été dénoncés, notamment le ciblage exclusif des personnes physiques et morales de pays du sud, pour des motifs jugés purement politiques par le Mouvement des pays non alignés, les États du Groupe africain et Cuba par exemple. Cette utilisation de la compétence universelle est si excessive et politisée que le Groupe africain a dû demander à ses États membres de ne pas appliquer les mandats d’arrêt et d’amener délivrés à l’encontre de hauts fonctionnaires et officiels africains.

En lançant des mandats d’arrêt internationaux exclusivement contre des Chefs d’État africains, les pays qui abusent du principe de compétence universelle violent non seulement les principes de la Charte des Nations Unies mais aussi le droit des immunités, telles que reconnues par les traités multilatéraux, ont estimé de nombreuses délégations.  Face à ces abus, la solution qui s’impose est de parvenir à un consensus, non seulement sur la définition même de la compétence universelle, mais aussi sur sa portée, ont plaidé plusieurs délégations. Toutefois, a rappelé la CARICOM, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale dispose que les immunités accordées aux chefs d’État ne les soustraient pas à la compétence de la CPI. 

Mais depuis 2009 que la Sixième Commission est saisie de la question, elle est arrivée au bout des discussions, a estimé le Mexique. Pour tous les pays membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), il serait peut-être temps, au cas où il ne serait pas possible d’avancer sur cette question lors de la présente session, de discuter sérieusement de la possibilité de demander à la Commission du droit international d’en étudier certains éléments. Le Venezuela, le Pérou, ou encore la Zambie ont pour leur part demandé que ce soit la Cour internationale de Justice qui soit saisie pour avis.  

Quel que soit le moyen utilisé, une approche restrictive et extrême doit être observée en ce qui concerne les crimes dont la compétence universelle peut connaitre, en mettant l’accent sur les crimes de lèse-humanité, ont également estimé certaines délégations.  Singapour a rappelé que le principe est bien établi dans le droit coutumier mais le Royaume-Uni a reconnu que certains pays voulaient étendre le champ d’application de la compétence universelle à d’autres crimes et que sur ce sujet, il n’y avait pas consensus. 

La compétence universelle doit aussi s’exercer, certes, de bonne foi et la responsabilité première de rendre justice appartient toujours aux États où sont commis ces crimes, a rappelé le groupe CANZ.  D’autres délégations, comme la Fédération de Russie, ont aussi rappelé qu’il y a d’autres moyens que la compétence universelle pour lutter contre l’impunité en cas de crimes graves, comme l’entraide judiciaire internationale.

Par ailleurs, la Sixième Commission a achevé l’examen du rapport de la Commission des Nations Unies sur le droit commercial international (CNUDCI).  Les délégations ont une nouvelle fois exprimé leur appréciation pour le travail de la Commission, voyant dans les textes qu’elle a adoptés cette année une nouvelle contribution importante au droit commercial international.  Les principales sources de satisfaction sont en particulier la finalisation du projet de Loi type sur les suretés mobilières, les Notes techniques sur le règlement des litiges en ligne et l’Aide-mémoire sur l’organisation des procédures arbitrales. 

Ces importants textes fournissent non seulement d’utiles lignes directrices dans un domaine potentiellement complexe mais permettront aussi aux Micro-, petites et moyennes entreprises, qui n’ont pas beaucoup de moyens, de bénéficier de crédits pour financer leurs activités, se sont félicitées les délégations.  Les Notes techniques sur les litiges en ligne, par leur caractère non contraignants, faciliteront le règlement au niveau mondial de litiges pour les contrats conclus en ligne et pour les transactions de faible valeur.  Quant à l’Aide-mémoire sur l’organisation des procédures arbitrales, il a été qualifié d’outil pratique tant pour les parties aux arbitrages que pour les arbitres, un pays comme le Canada se satisfaisant par ailleurs des avancées en vue de l’élaboration d’un instrument juridique sur l’exécution des ententes de règlement.

La Sixième Commission  a également examiné la possibilité d’octroyer le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à neuf organisations.  Elle a décidé de repousser à la soixante-douzième session cet examen pour trois organisations: le Conseil de coopération des États de langue turcique,  l’Union économique eurasienne et la Communauté des démocraties.  Elle se prononcera ultérieurement sur l’octroi du statut à la Conférence internationale des partis politiques asiatiques, à la Conférence des Ministres de la justice des pays ibéro-américains, à l’Organisation internationale de la jeunesse des pays ibéro-américains, au Forum pour le développement des îles du Pacifique et à la Chambre de commerce internationale.

La Sixième Commission se réunira à nouveau jeudi à partir de 15 heures pour conclure son débat sur la portée et application du principe de compétence universelle.

RAPPORT DE LA COMMISSION DES NATIONS UNIES POUR LE DROIT COMMERCIAL INTERNATIONAL SUR LES TRAVAUX DE SA QUARANTE-NEUVIÈME SESSION (A/71/17)

Suite du débat général

M. ANGEL HORNA (Pérou) a déclaré que son pays, après avoir examiné le rôle des petites et moyennes entreprises dans le tissu économique, avait décidé d’envisager de leur octroyer un statut fiscal particulier.  Pour cette raison, le Pérou suit avec intérêt les travaux de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI), en particulier de son groupe de travail sur les Micro, petites et moyennes entreprises et celui sur les règlements des litiges en ligne.  Le Pérou qui a, par ailleurs, participé au groupe de travail sur le commerce et l’identité électronique, est disposé à partager son expérience sur la question, a indiqué son représentant. 

Mme JASMINE WAHHAB (Canada) s’est félicitée de l’adoption par la CNUDCI de la deuxième édition de son Aide-mémoire sur l’organisation des procédures arbitrales, jugeant qu’il constituait un outil pratique tant pour les parties aux arbitrages que pour les arbitres.  Elle s’est également réjouie de l’achèvement par la Commission du projet de loi type sur les sûretés mobilières, qui visent à fournir aux États d’importantes lignes directrices dans un domaine potentiellement complexe.

La représentante a, par ailleurs, souligné les progrès réalisés par la CNUDCI dans la simplification des procédures de constitution et d’enregistrement des micros, petites et moyennes entreprises et dans le domaine du droit de l’insolvabilité.  Elle s’est déclarée satisfaite des avancées réalisées en vue de la création d’un instrument juridique sur l’exécution des ententes de règlement conçues à la suite d’une médiation commerciale internationale.  Elle a enfin salué la décision de la CNUDCI de tenir un congrès en 2017 à l’occasion de son cinquantième anniversaire.

Visite du Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques

M. MIGUEL DE SERPAS SOARES, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, venu saluer la Sixième Commission, a rappelé que, depuis la fondation des Nations Unies il y a 70 ans, celle-ci avait fait de fondamentales contributions au développement du droit international et à sa codification dans diverses domaines, en particulier en ce qui concerne le droit des privilèges et immunités, le droit pénal, le droit des traités, les sujets environnementaux, ainsi que le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  « La paix par le droit est ce qui nous unis tous », a-t-il déclaré.  Les anniversaires sont aussi l’occasion de se pencher sur le passé et d’envisager le futur.  Les décennies passées ont vu l’évolution d’un véritable développement du droit international et certains débats pertinents des années 60 et 70 ont été menés à la Sixième Commission.  Le monde tend vers un régime plus institutionnalisé et plus juridique, a-t-il déclaré.  Dans ce contexte, le droit international est une structure unique qui va au-delà du langage et devrait fournir l’architecture des régimes, en assurant un accès égal à tous, la participation de chacun et la prospérité partagée pour tous.

En outre, comme l’a souligné l’objectif de développement durable numéro 16, la paix, la stabilité, les droits de l’homme, ainsi que la bonne gouvernance basée sur l’état de droit sont importants pour parvenir au  développement durable, a poursuivi M. de Serpas.  De même, en incluant l’état de droit au niveau national et international à l’ordre du jour de l’Assemblée générale en 2006, la Sixième Commission a donné sa vision et son engagement envers l’état de droit en tant que fondation indispensable pour aller vers un monde plus prospère et juste. « J’espère que la Commission pourra contribuer à lutter contre le terrorisme, en examinant le point des Mesures pour éliminer le terrorisme international », a par ailleurs ajouté M. de Serpas.

Revenant au rapport de la Commission des Nations Unies sur le droit international en cours d’examen, le Secrétaire général adjoint a constaté que cette année marquait la fin d’un quinquennat pour la CNUDCI avant de faire part de sa gratitude à la Commission pour son indispensable contribution au développement du droit international et à sa codification.  La Commission des Nations Unies pour le droit commercial international est le principal organe juridique du système des Nations Unies en matière de droit commercial, a rappelé M. de Serpas, qui l’a présentée comme un organe offrant une orientation forte tendant à l’harmonisation et l’unification du droit international commercial et qui est parvenue à de nombreuses réalisations.

En conclusion, le Secrétaire général adjoint a estimé que chaque mesure collective prise à la Sixième Commission ici devrait être considérée comme une contribution aux objectifs des Nations Unies, et notamment à la réalisation du développement pour notre planète et le bien être des peuples, dans lequel de grands espoirs ont été  placés. 

Suite du débat général

Mme NADIA ALEXANDRA KALB (Autriche) a estimé que la CNUDCI jouait un rôle en matière de respect de l’état de droit au plan international dans le domaine commercial.  Par ses règles, elle permet notamment de faciliter le règlement des litiges, a dit la représentante, appelant à ce que les États soient mieux sensibilisés au rôle de la Commission pour promouvoir l’état de droit.  L’Autriche, qui coordonnera les quatre projets de résolutions sur le CNUDCI, appelle toutes les délégations à participer aux discussions informelles qui ont lieu ces jours-ci. 

M. HARUKA SAWADA (Japon) a dit comprendre la nécessité de réduire les défis auxquels sont confrontées les petites et moyennes entreprises.  À cet égard, le Japon est heureux de mettre ses experts à disposition de la Commission.  Il comprend aussi les problématiques liées au règlement des litiges en ligne et félicite à cet égard la Commission pour l’adoption de son Aide-mémoire sur les procédures d’arbitrage. Le Japon espère que cet important document permettra une meilleure promotion de ce mode de règlement des litiges.  Le Japon suit, par ailleurs, avec intérêt les travaux du Groupe de travail sur l’insolvabilité et se félicite de l’adoption de la loi type.  Il suit également les travaux du Groupe de travail sur le droit des sûretés et se félicite de la finalisation de la Loi type de CNUDCI sur les suretés mobilières.  Le Japon espère enfin que la CNUDCI sera en mesure de compléter son projet de guide pour la mise en œuvre de cette Loi type et de l’adopter lors de sa prochaine session.

Pour M. CHRISTOPHER STEPHEN (Royaume-Uni), bien que l’application des accords internationaux liés à des litiges commerciaux soit une question importante pour un certain nombre d’États, les besoins d’un instrument contraignant dans ce domaine restent à démontrer.  Concernant les transactions numériques en ligne dans le cadre du commerce international, M. Stephen a plaidé en faveur du maintien d’un niveau élevé de vérification de l’identité électronique et de l’authentification des personnes.  Il a ainsi jugé cruciale l’adoption de normes de vérification et d’authentification de l’identité des individus, ainsi que pour garantir l’interopérabilité entre les systèmes nationaux de vérification de l’identité des utilisateurs.

Le représentant a, par ailleurs, salué les progrès réalisés pour élaborer des dispositions types concernant l’insolvabilité des entreprises multinationales.  Enfin, M. Stephen a salué la mise au point de la loi type sur les transactions sécurisées.

M. AVIGAIL FRISCH BEN AVRAHAM (Israël) a félicité la CNUDCI pour l’adoption de son Aide-mémoire actualisé sur l’organisation des procédures arbitrales et a redit son engagement à contribuer aux activités du Groupe de travail II (arbitrage et conciliation), espérant qu’elles déboucheront sur une convention pour la mise en œuvre d’accords et de règlement commerciaux internationaux résultant d’une conciliation.  Un tel instrument, a-t-il souligné, permettrait de faire baisser le coût du processus de règlement pour les transactions transfrontalières et ainsi de promouvoir le recours à la conciliation comme mécanisme alternatif à l’échelle mondiale.

Le représentant a également salué l’adoption des Notes techniques sur le règlement des litiges en ligne, lesquelles constituent, selon lui, un point de départ important pour faciliter le règlement au niveau mondial de litiges relatifs à des transactions à fort volume et faible valeur.  Il a cependant estimé que, compte tenu de la décision de la Commission d’en rester là dans ses travaux sur le règlement des litiges en ligne, il serait utile de donner aux Notes une plus grande visibilité.  Il a ainsi invité l’Assemblée générale à les approuver et à encourager les États et les parties privées à promouvoir leur usage.  Israël, a-t-il précisé, appuie fermement le projet de résolution rédigé à cette fin.

M. HECTOR ENRIQUE CELARIE LANDAVERDE (El Salvador) s’est félicité du rapport de la CNUDCI et a souhaité mettre en exergue les efforts significatifs consentis par chaque groupe de travail.  En outre, il a souligné qu’avant 1976 et la création de la CNUDCI, les efforts d’harmonisation et de codification du droit international étaient compliqués.  La Commission a apporté une réponse à ce problème en permettant le développement du droit international commercial.  Le représentant a souligné que les principes de représentation sont respectés au sein de la Commission, ce qui est important pour les pays en développement comme le sien et a estimé que le succès de la CNUDCI en tant qu’organe central des Nations Unies vient de son mode de fonctionnement. I l a ainsi souligné que la nature de la CNUDCI lui a permis d’assurer le respect du droit international en respectant le principe d’égalité souveraine.  Sa structure, composition et ses méthodes de travail permettent à des pays comme le nôtre d’apprendre de la diversité juridique du monde et de participer à la codification et au développement du droit international, a encore déclaré le représentant, ajoutant qu’El Salvador le faisait dans la mesure de ses possibilités.

Mme PONPAT THITTHONGKHAM (Thaïlande) a salué la mise au point de la Loi type sur les sûretés mobilières, des Notes techniques sur le règlement de litiges en ligne et de l’Aide-mémoire sur les procédures d’arbitrage.  Elle apprécie en particulier les Notes techniques sur le règlement des litiges en ligne, estimant qu’elles peuvent fournir une solution unique aux clients et commerçants en ligne.

Mme EMILY PIERCE (États-Unis) s’est félicitée qu’après des années de travail, la CNUDCI ait adopté la réforme sur les sûretés, y voyant une des contributions majeures de la Commission au droit commercial international.  Par ailleurs, le manque d’accès au crédit pour les micro-, petites et moyennes entreprises est un obstacle majeur à leur développement, a rappelé la représentante, qui a donc jugé des plus importantes la réforme des transactions.

La représentante a émis l’espoir qu’avec les efforts en cours pour la reconnaissance des accords trouvés, l’examen de ce sujet par la CNUDCI aura bientôt pour résultat la mise en place d’une convention qui pourrait aider à la promotion l’utilisation de la conciliation internationale, comme la Convention de New York a aidé à la promotion de l’arbitrage lors des décennies passées.  Quant au règlement des litiges en ligne, la représentante l’a jugé particulièrement important pour les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME) qui n’ont pas beaucoup de moyens.

M. JAI HO YANG (République de Corée) a déclaré que la loi type sur les sûretés mobilières devrait jouer un rôle dans la disponibilité des crédits, sans tenir compte des frontières et dans l’intérêt du commerce international.  La République de Corée appelle donc le groupe de travail pertinent à avancer rapidement sur la mise au point du guide pour la promulgation de cette loi type, qui fournira aux États des indications sur la manière de bien mettre en œuvre cette loi type.  Le représentant a également estimé que la CNUDCI avait un rôle important à jouer en ce qui concerne la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et qu’il était donc important de sensibiliser les États à son rôle.

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a considéré le rapport de la CNUDCI comme une nouvelle contribution importante au droit international commercial.  Il a jugé importante la réforme du système d’arbitrage entre investisseur et État  et s’est rallié aux critiques émises sur l’absence de reddition des comptes. Il a appuyé la création d’un tribunal permanent plutôt que le recours à des mécanismes ponctuels pour chaque cas litigieux, estimant que ce nouveau mécanisme devrait prévoir une deuxième instance qui permettrait d’interjeter appel.  Par ailleurs, l’Équateur appuie la tenue des réunions de travail de la CNUDCI à New York car « nous devons unir nos efforts pour travailler ensemble », a expliqué le représentant.

M. KOTESWARA RAO MADIMI (Inde) a déclaré que les textes adoptés par la Commission étaient précieux pour tous.  Si les États respectent la Loi type de la CNUDCI sur les sûretés mobilières mise au point cette année par la CNUDCI, on pourrait renforcer le commerce international entre États, s’est réjoui le représentant, ajoutant que le guide à venir sur l’incorporation de la loi type devrait aider les États à bien la mettre en œuvre.  L’Inde apprécie aussi les Notes techniques sur les litiges en ligne, car, en plus de leur caractère non contraignant, ils jouent un grand rôle, notamment pour les contrats transfrontaliers conclus par voies électroniques.  En outre, l’Inde se réjouit de la mise au point de l’Aide-mémoire révisé sur les procédures d’arbitrage.  Elle pense toutefois que le manque de transparence dans les procédures d’arbitrage et le manque d’impartialité des personnes qui interviennent dans ces processus devraient être examinés.

M. RUSLAN VARANKOV (Bélarus) a dit apprécier le travail de la CNUDCI et plus particulièrement les commentaires relatifs à l’Aide-mémoire révisé sur l’organisation des procédures arbitrales.  Très important aussi est le règlement des litiges en ligne, a-t-il ajouté.  Ce système peut garantir une démarche plus intéressante qu’une démarche traditionnelle, souvent trop coûteuse, en particulier pour les pays en développement.

Le représentant a dit noter positivement les activités du Secrétariat de la CNUDCI, en particulier celles concernant le système CLOUT de Recueil de jurisprudence concernant les textes de la CNUDCI.  Il a souligné que le Belarus avait envoyé cette année dix affaires en provenance de la chambre de commerce du Belarus à travers le système CLOUT.  Enfin, le représentant a appuyé pleinement l’élaboration de normes éthiques.  Nous sommes convaincus que ces travaux donneront de bons résultats, a-t-il conclu.

M. ISAIAS ARTURO MEDINA MEIJAS (Venezuela) a jugé capital de réformer le système multilatéral d’arbitrage et d’investissements internationaux.  Il existe aujourd’hui plus de 3 500 traités multilatéraux d’investissements, qui imposent parfois des contraintes fortes aux États parties, parfois du fait d’acteurs non étatiques et ce, sans mécanismes de contrôle et sans transparence. Aujourd’hui aussi, plus de 40 pays demandent la réforme de ce système international de l’investissement, a poursuivi le représentant, ajoutant qu’avec un tel cadre, de petits États pourraient se retrouver en situation de faillite. 

C’est un sujet critique pour la communauté internationale, a poursuivi le représentant qui a souligné l’urgence d’aborder cette question au sein des Nations Unies, dans un contexte où les fonds vautours abusent des États, où il n’y a pas de jurisprudence cohérente, où le droit est détourné, où des décisions ne sont pas toujours juridiquement fondés et où parfois, les intervenants dans les procédures d’arbitrages sont douteux, a-t-il affirmé.  Il faut que toutes ces questions soient débattues dans le souci de promouvoir l’état de droit dans le système international, a encore assuré le représentant qui a ajouté que, dans ce cadre, la CNUDCI devrait renforcer son travail dans l’intérêt du commerce international.

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a salué le travail réalisé par la CNUDCI ainsi que par son président.  Ce résultat est lisible, concret et abondant, comme le montrent les nouveaux instruments d’harmonisation du droit international adoptés, la baisse des coûts associés au crédit pour les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME), le règlement des litiges en ligne, ainsi que la révision de l’ Aide-mémoire de la CNUDCI sur l’organisation des procédures arbitrales, a affirmé le représentant, qui a souligné la grande valeur de l’Aide-mémoire révisé.

Le représentant a noté que la quarante-neuvième session de la CNUDCI avait pris acte de recommandations de politiques législatives.  Ses travaux d’assistance sont très importants, a-t-il ajouté, rappelant que le Cameroun avait organisé hier un événement dont les objectifs étaient de montrer ce qui était fait dans la région africaine en matière d’harmonisation du droit international commercial et de montrer que le système de l’assistance technique entre la CNUDCI et la zone Afrique doit être renforcée.  Enfin, le représentant a souhaité qu’il puisse exister en Afrique un Bureau de la CNUCDI du même type que celui qui existe dans la région Asie-Pacifique.

OCTROI DU STATUT D’OBSERVATEUR AUPRÈS DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations d’ordre général

Mme TANIERIS DIEGUEZ LA O (Cuba) a rappelé que toutes les procédures d’octroi de statut d’observateurs devraient respecter la décision 49/426 du 9 décembre 1994 de l’Assemblée générale concernant l’octroi de ce statut.  Il a été établi que ce statut est octroyé à des organisations intergouvernementales qui poursuivent les buts et principes de la Charte des Nations Unies, a rappelé la représentante.  Par conséquent, on ne peut octroyer le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à une organisation sur laquelle on ne détient pas toutes les informations qui sont nécessaires à l’examen de sa candidature et dont on ignore les buts et principes, a ajouté la représentante, qui a précisé ne viser aucune organisation en particulier. 

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au Conseil de coopération des États de langue turcique (A/C.6/71/L.2)

Sur proposition de son Président, la Sixième Commission a décidé par consensus de reporter l’examen de l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au Conseil de coopération des États de langue turcique à sa soixante-douzième session.

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à l’Union économique eurasienne (A/C.6/71/L.9)

Sur proposition de son Président, la Sixième Commission a décidé, par consensus, de reporter l’examen de l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à l’Union économique eurasienne à sa soixante-douzième session.

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Communauté des démocraties (A/C.6/71/L.3)

Sur proposition de son Président, la Sixième Commission a décidé de reporter l’examen de l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Communauté des démocraties à sa soixante-douzième session.

Mme TANIERIS DIEGUEZ LA O (Cuba), prenant la parole après la décision de report, s’est ralliée au consensus, ajoutant que l’organisation concernée ne remplissait pas les critères nécessaires et présentait un point de vue politique.  Cuba demande que ce point soit retiré de l’ordre du jour de la Sixième Commission, du fait de l’absence d’informations sur la position et les statuts de la Communauté des démocraties.

Mme ALINA JULIA ARGUELLO GONZALEZ (Nicaragua) s’est également ralliée au consensus sur le report de ce point.  Il est indispensable que tous les critères nécessaires à l’octroi du statut soient remplis, a-t-elle déclaré, ajoutant que, si des organisations intergouvernementales peuvent obtenir ce statut d’observateur, ce doit être dans l’intérêt de l’Assemblée générale.  La représentante a souligné que l’organisation n’avait pas présenté ses statuts.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a considéré que l’organisation en cause ne satisfaisait pas aux exigences nécessaires, ajoutant que cette situation ne devrait pas changer dans les années à venir.  La demande d’octroi du statut d’observateur à cette organisation sera donc difficile à satisfaire, a-t-il déclaré.

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Conférence internationale des partis politiques asiatiques(A/C.6/71/L.4)

M. HAHN CHONGHEE (République de Corée) a présenté la Conférence internationale des partis politiques asiatiques en expliquant qu’elle reconnait aux partis politiques d’opposition un rôle dans la gestion des affaires publiques.  Ces derniers sont considérés comme faisant partie du gouvernement, par leur capacité à mener des activités ou à former des cabinets parallèles.  Ce faisant, la Conférence des partis politiques asiatiques remplit les principes et buts de la Charte des Nations Unies, a affirmé le représentant, qui a appelé les États Membres de la Sixième Commission à envisager de façon favorable cette demande d’octroi de statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale.

Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a rejoint cet appel en tant que partie signataire de l’acte constitutif de cette organisation, assurant qu’elle cherche bien à promouvoir les principes et buts de la Charte des Nations Unies

M. RY TUY (Cambodge) a déclaré que, depuis sa création, la Conférence internationale des partis politiques asiatiques avait reçu le soutien de tous les pays asiatiques, qui reconnaissent ainsi le rôle des partis politiques et des Parlements nationaux, en lien avec les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Si l’on considère le travail de ces parlements, composés de partis politiques, on observe qu’ils abordent et traitent des questions de droits de l’homme, et aussi de paix et de sécurité, a dit le représentant, ajoutant que, si l’an dernier, la Sixième Commission était proche du consensus, elle doit pouvoir y parvenir à cette session pour octroyer le statut d’observateur à cette organisation.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a estimé que la Conférence internationale des partis politiques asiatiques pouvait aider à la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030.  C’est un exemple typique de partenariat et du rôle que peut jouer cette organisation, a-t-il estimé.

M. IGOR GARLIT BAILEN (Philippines) a rappelé que son pays était auteur du projet de résolution sur la Conférence internationale des partis politiques asiatiques. Celle-ci a été fondée à Manille, a-t-il rappelé, ajoutant qu’elle pouvait être un organe important de liaison entre l’Assemblée générale et les organisations régionales asiatiques.  Elle peut promouvoir la paix, la sécurité et les droits de l’homme dans la région Asie, laquelle accueille la moitié de la population mondiale.  Le caractère intergouvernemental exigé pour obtenir le statut est aussi respecté.  Octroyer ce statut d’observateur pourra faciliter le travail de l’Assemblée générale.

Mme İPEK ZEYTINOGLU ÖZKAN (Turquie) a déclaré que son pays s’était rallié à la demande générale pour l’octroi du statut d’observateur à la Conférence internationale des partis politiques asiatiques.

M. ISAIAS ARTURO MEDINA MEIJAS (Venezuela) a rappelé que l’octroi de statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale devait se limiter à des questions intéressant cette dernière et concerner des organisations intergouvernementales.  Or, la Conférence internationale des partis politiques asiatiques n’est pas une organisation intergouvernementale.  En conséquence, elle ne respecte donc pas les critères requis.

M. MAXIM V MUSIKHIN (Fédération de Russie) a estimé que la sphère d’activité de l’organisation candidate présente en effet un intérêt pour l’Assemblée générale. Cela dit, comme la délégation du Venezuela l’a mentionné, la Conférence des partis politiques asiatiques ne remplit pas le principal critère requis, à savoir avoir un caractère intergouvernemental.  Pour cette raison, la Fédération de Russie ne peut soutenir sa candidature.

M. MD HUMAYUN KABIR (Bangladesh), a souligné que nombre de pays asiatiques étaient membres de la Conférence des partis politiques asiatiques.  Cette organisation offre également une plate-forme aux partis politiques et pour la mise en œuvre des Objectifs du développement durables.  Pour ces raisons, le Bangladesh estime qu’il serait bon de lui octroyer le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale.

M. AMMAR ALARSAN (République arabe syrienne) a estimé que tous les critères requis pour obtenir le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale n’étaient pas remplis par la Conférence des partis politiques asiatiques et a estimé que les activités de cette organisation ne répondaient pas aux buts visés à la Charte des Nations Unies.  La République arabe syrienne souhaite donc que cette question soit retirée de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, tant que ces critères minimaux ne seront pas remplis.

M. ALI GARSHASBI (République islamique d’Iran) s’est dit en faveur de l’octroi du statut d’observateur à la Conférence des partis politiques asiatiques, compte tenu du soutien dont jouit cette organisation

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Conférence des ministres de la justice des pays ibéro-américains (A/C.6/71/L.5)

Mme MARIA PALACIOS PALACIOS (Espagne) a présenté le projet de résolution sur l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Conférence des ministres de la justice des pays ibéro-américains (A/C.6/71/L.5), dont 20 pays sont co-auteurs. Elle a expliqué que la Conférence était une organisation intergouvernementale qui promeut la sécurité juridique de la région.  Ses priorités sont la lutte contre la criminalité, la modernisation des administrations de justice, l’appui aux réseaux ibéro-américains de coopération, entre autres.  La Conférence est un acteur clef pour la justice et la sécurité, a ajouté la représentante.

M. ANGEL HORNA (Pérou) a réitéré son appui à la demande d’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Conférence des ministres de la justice des pays ibéro-américains.  C’est une organisation intergouvernementale représentée par les ministres de la justice ou équivalent, a-t-il expliqué, ajoutant que la Conférence affiche comme objectif général la promotion de la justice dans les pays ibéro-américains.  La Conférence collabore avec de nombreux organes des Nations Unies et le statut d’observateur est important pour promouvoir la justice, a encore ajouté le représentant.

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à l’Organisation internationale de la jeunesse des pays ibéro-américains (A/C.6/71/L.6)

Mme MARIA PALACIOS PALACIOS (Espagne) a déclaré que l’Organisation internationale de la jeunesse des pays ibéro-américains était une organisation intergouvernementale comptant 21 États, dont 19 d’Amérique latine, en plus de l’Espagne et du Portugal. Son siège se trouve à Madrid, avec des bureaux permanents à Buenos Aires et à Panama City.  Cette organisation a déjà vingt ans d’existence et a déjà participé à l’élaboration de la Convention ibéro-américaine des droits des jeunes.  Elle a également pour fonction de sensibiliser et promouvoir le rôle des jeunes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a expliqué la représentante, ajoutant qu’elle remplissait tous les critères des Nations Unies pour se voir octroyer le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale.

M. ANGEL HORNA (Pérou) a expliqué que l’organisation sous examen s’occupe de la conception de politiques publiques pour promouvoir la participation des jeunes, en conformité avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour cette raison, le Pérou appuie la demande.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a expliqué que son pays coparraine la demande d’octroi du statut, qui permettrait aux jeunes de participer aux travaux portant sur les droits des jeunes au sein de l’Assemblée générale.  Par ailleurs, l’organisation en question dispose déjà une accréditation auprès du Conseil économique et social  et a travaillé avec plusieurs organes et mécanismes des Nations Unies, a ajouté la représentante. 

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au Forum pour le développement des îles du Pacifique (A/C.6/71/L.8)

M. GENE BAI (Fidji) a présenté le projet de résolution sur l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au Forum pour le développement des îles du Pacifique (A/C.6/71/L.8).  Le Forum est une plateforme participative qui tend à promouvoir le développement durable.  Ses travaux veulent donner une voix à ceux qui n’ont jamais été entendus.  C’est une organisation établie après la Conférence Rio + 20, ce qui témoigne de l’engagement des membres pour le développement durable.  Les îles du Pacifique ont une grande expérience des relations entre les Nations Unies et les organisations régionales.  L’octroi du statut permettrait une démarche plus intégrée en vue de la pleine réalisation du développement durable, a expliqué le représentant. 

Mme MIRIAMA BETHAM-MALIELEGAOI (Samoa) a souhaité préciser que son pays n’était pas membre du Forum pour le développement des îles du Pacifique.  C’est une précision importante, a-t-elle déclaré.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a dit reconnaître l’importance des organisations régionales ou infrarégionales pour promouvoir le développement.  Il a précisé que la Papouasie-Nouvelle-Guinée n’était pas être membre du Forum pour le développement des îles du Pacifique mais avait pris bonne note de la demande et ne s’y opposerait pas.

Mme IPEK ZEYTINOGLU OZKAN (Turquie) a appuyé la demande l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au Forum pour le développement des îles du Pacifique.

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Chambre de commerce internationale (A/C.6/71/L.7)

M. TANGUY STEHELIN (France) a présenté la résolution sur la demande d’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Chambre de commerce internationale (CCI) (A/C.6/71/L.7), demande déjà présentée dans le passé mais retirée en 2014.  Le représentant a souligné qu’il fallait considérer la demande  sous un jour nouveau cette année.  En effet, a-t-il expliqué, en décembre 2015 l’Accord de Paris sur les changements climatiques a montré que la coopération avec les entreprises est un moteur essentiel pour la protection de l’environnement.  De même, la nouvelle feuille de route fixée à New York cette année pour remplir les objectifs de développement durable tirerait avantage de la participation du secteur privé.  Il est plus que temps cette année d’associer un représentant majeur, les entreprises, aux travaux, a déclaré le représentant.

Le représentant a également rappelé que la Chambre de commerce internationale (CCI), créée en 1919, était une instance commerciale internationale et un organe représentatif qui s’exprime avec autorité au nom des entreprises de tous les secteurs dans toutes les régions du monde.  Grâce à son rayonnement mondial, la CCI est idéalement placée pour représenter le monde de l’entreprise à l’Assemblée générale des Nations Unies.  La CCI est, avec ses membres, une organisation œuvrant de façon active et efficace à la paix et au développement humain, économique et social. 

M. PATRICK LUNA (Brésil) a déclaré s’être porté coauteur de la résolution.  Les entreprises comprennent bien les ODD et il faut faire évoluer la relation entre les différents acteurs et les Nations Unies.  La réalisation de nos ODD ambitieux en dépend.  Nous sommes convaincus que la CCI est en bonne position pour représenter les entreprises aux Nations Unies.

M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras) a déclaré que, pour réaliser les objectifs de développement durable, le monde avait besoin du secteur privé. La participation de la CCI en qualité d’observateur offrirait à l’Assemblée générale une opportunité précieuse de collaborer avec le secteur privé.  Le Honduras appuie donc la demande d’octroi du statut.

M. ISAIAS ARTURO MEDINA MEIJAS (Venezuela) s’est dit opposé à l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Chambre de commerce internationale, estimant que la CCI ne respecte pas les prescriptions imposées par la décision 49/426 de l’Assemblée générale pour obtenir ce statut.

M. JAMES NDIRANGU WAWERU (Kenya) a dit appuyer la demande d’octroi du statut à la CCI car, si les quelque 50 organisations jouissant du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale couvrent tous les domaines de paix, de sécurité, des droits de l’homme, d’environnement ou même du secteur bancaire, aucune ne s’occupe des questions relatives aux entreprises privées. Le Kenya est d’avis que la CCI peut combler cette lacune, afin que le commerce l’emporte sur l’aide, que les plus démunis ne soient pas laissés pour compte et que puisse être réalisé le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme ELENA A MELIKBEKYAN (Fédération de Russie) a dit rejoindre le Venezuela pour estimer que la CCI ne remplit pas les conditions imposées par l’Assemblée générale pour lui octroyer le statut d’observateur auprès de cette dernière. La CCI ne présente pas de caractère intergouvernemental, a dit la représentante.

M. SEBASTIAN ROGAC (Croatie) a dit soutenir la demande d’octroi du statut, car cette initiative sera bénéfique pour tous.

M. AMMAR ALARSAN (République arabe syrienne) a rejoint la Fédération de Russie et le Venezuela pour dire que la CCI ne remplit pas les conditions préalables à l’obtention du statut d’observateur.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a elle aussi des réserves, du fait que les critères d’obtention du statut d’observateur prescrits par la résolution 49/426 ne sont pas remplis par la CCI.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a déclaré qu’en tant que coauteur du projet de résolution, le Maroc appuyait la demande d’octroi, non seulement pour les raisons exprimées par la France, mais aussi pour que la CCI puisse se familiariser avec les questions relatives à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Nombre des questions abordées dans le Programme ont trait au commerce, a dit le représentant, ajoutant que c’est le moment de saisir la chance que les compétences de la CCI représentent pour l’Assemblée générale.

M. ANTOINE MISONNE (Belgique) a dit soutenir la demande d’octroi du statut.  Alors que les Nations Unies parlent de synergies avec le monde de l’entreprise et du secteur privé, il faut saisir l’occasion qu’offre l’octroi du statut à la CCI pour renforcer cette dynamique.

M. STEFAN RACOVITA (Roumanie) a dit appuyer la demande d’octroi du statut, du fait de ce que la CCI a apporté aux questions internationales relatives au commerce et au regard de sa participation aux travaux de la CNUDCI.  La Roumanie estime également que la CCI remplit tous les critères requis pour obtenir le statut d’observateur. 

PORTÉE ET APPLICATION DU PRINCIPE DE COMPÉTENCE UNIVERSELLE (A/71/111)

Déclarations

M. FRANCISCO ANTONIO CORTOREAL (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé l’importance de la portée et application du principe de compétence universelle.  Il a pris note du septième Rapport du Secrétaire général sur ce point, qui comprend de nombreuses analyses et commentaires de la société civile.  Des consultations ont été établies par le groupe de travail qui s’est réuni pour la première fois à la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a rappelé le représentant.  Le document qui en a résulté a mis en place une procédure qui a été suivie depuis et ces efforts ont permis d’avancer, a-t-il déclaré.  Le représentant a rappelé que la compétence universelle est une institution de droit international de nature exceptionnelle qui sert à lutter contre l’impunité et à renforcer la justice.  Il a souligné qu’il ne fallait pas la confondre avec l’obligation d’extrader ou de poursuivre, ni même avec le recours à l’exercice de la Cour pénale internationale.

La CELAC estime qu’au cas où il ne serait pas possible d’avancer sur cette question lors de cette session et des réunions à venir des groupes de travail, il serait peut-être temps de discuter sérieusement de la possibilité de demander à la Commission du droit international d’étudier certains éléments de ce sujet.

M. ALI NASIMFAR (République islamique d’Iran) s’exprimant au nom du Mouvement des pays non-alignés, a déclaré que les principes d’égalité souveraine des États et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États  définis par la Charte devaient être respectés.  Les pays non alignés estiment aussi que les immunités reconnues par les conventions internationales doivent de la même manière être respectées. Dans ce contexte, les États Membres du Mouvement des pays non-alignés sont préoccupés par le recours abusif du principe de compétence universel à l’encontre des représentants officiels et hauts dignitaires de pays membres du Mouvement, pourtant couverts par les immunités.  Pour le représentant, c’est là une question dont la Sixième Commission doit se saisir.

À cet égard, les États membres du Mouvement des pays non-alignés saluent la décision de l’Union africaine demandant que les mandats d’arrêt internationaux et les mandats d’amener lancés contre des représentants officiels d’États ne soient pas exécutés.  Par ailleurs, le Mouvement estime qu’il est à ce stade de demander à la Commission du droit international de réfléchir à la compétence universelle, alors que les discussions sur l’abus du principe de compétence universelle ne sont pas terminées, a conclu le représentant.   

M. THEMBILE JOYINI (Afrique du Sud), au nom du Groupe des États d’Afrique, a dit accorder la plus grande importance à la question de la portée et application du principe de la compétence universelle.  L’abus du recours au principe de compétence universelle, en particulier à l’encontre de fonctionnaires et officiels africains, a entrainé de la part du Groupe africain la demande en 2009 de l’inclusion d’un article additionnel sur son abus, a expliqué le représentant.  Il a souligné que le principe de compétence universelle était bien établi en droit international, mais a réitéré que le Groupe africain était préoccupé par son abus et de l’utilisation que l’on en fait.  Ainsi, le principe essentiel de l’immunité des chefs d’État ne doit pas être remis en question.  Le représentant a également rappelé que l’Acte constitutif de l’Union africaine prévoit que l’Union a le droit d’intervenir en cas de crimes de génocide.

Le représentant a réitéré sa demande que les mandats d’amener pris à l’encontre des chefs d’État sur la base de la compétence universelle ne soient pas exécutés.  Nous avons même demandé d’utiliser le principe de réciprocité pour nous défendre contre les abus de la compétence universelle, a-t-il déclaré.

Mme LIZANNE ACHING (Trinité-et-Tobago), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que des discussions supplémentaires étaient nécessaires pour parvenir à un consensus sur la compétence universelle, d’autant que des incompréhensions existent entre États sur cette question.  La CARICOM se félicite donc que la Sixième Commission ait décidé de se saisir de la question et soutient la création d’un Groupe de travail conformément la résolution 70/119 de l’Assemblée générale adoptée l’an dernier.  Mais si les délégations n’avancent pas, la délégation est d’avis de saisir, pour avis, la Cour internationale de Justice (CIJ).

La CARICOM rappelle tout de même que la compétence de la Cour pénale internationale n’est invocable que lorsque les États ne peuvent ou ne veulent sanctionner les auteurs des crimes les plus gravas.  Les États de la CARICOM souscrivent aussi à l’article 27-1 du Statut de Rome de la CPI, qui dispose que le Statut s’applique à toute personne, sans distinction de son statut officiel.  Mais si la compétence universelle doit être appliquée, il serait toutefois bienvenu de définir dans quelles conditions elle peut s’appliquer tout en évitant les abus, a ajouté la représentante. 

Mme CATHERINE BOUCHER (Canada), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a rappelé que le portée et l’application du principe de la compétence universelle vise les crimes les plus graves qui portent atteinte à tous les États, si bien qu’il est de l’intérêt de tous les États de la mettre en œuvre. Cependant la responsabilité première de rendre justice appartient aux États où sont commis ces crimes.

Force est d’admettre que de nombreux accusés ne peuvent être traduits en justice et ce, pour  différentes raisons, a déploré la représentante.  Elle a toutefois fait observer que la compétence universelle devrait toujours s’exercer de bonne foi et qu’il est essentiel d’agir dans la primauté du droit.  Elle a en outre rappelé que la compétence universelle ne s’applique qu’aux crimes les plus graves, dont le génocide, la torture et la piraterie.  En outre, la représentante a invité tous les États à appliquer la compétence universelle et ce, dans le respect de leurs législations nationales.

Mme TANIERIS DIEGUEZ LA O (Cuba) a dit sa préoccupation vis-à-vis de l’utilisation abusive de la compétence universelle par les États développés à l’encontre des personnes physiques et morales de pays du sud et ce, pour de motifs qu’elle a jugés purement politiques.  La compétence universelle ne saurait être invoquée pour saboter les systèmes juridiques des autres États, a ajouté la représentante, qui a estimé qu’elle ne devrait être utilisée que de manière exceptionnelle et dans un nombre limité de cas.  L’immunité absolue des chefs d’État, des hauts factionnaires et des diplomates, reconnue par les traités internationaux, doit être préservée, a encore déclaré la représentante.

Dans ce contexte, la représentante a indiqué que son pays appuyait l’élaboration de normes internationales qui établiraient clairement les conditions et les crimes pour lesquels la compétence universelle peut être invoquée.  Il pourrait être envisagé qu’elle ne soit invoquée que pour des crimes de lèse-humanité, lorsque d’autres moyens pénaux n’existe pas et après le consentement préalable de l’État concerné, a plaidé la représentante. 

Pour Mme PETRA BENESOVA (République tchèque), la compétence universelle est un outil efficace pour la lutte contre l’impunité dans la mesure où elle permet aux États de poursuivre en justice les responsables de crimes graves sans qu’il y ait aucune connexion territoriale ou personnelle d’un État avec le crime commis.  Cela permet précisément « d’éliminer les refuges pour criminels ».

Pour la République tchèque, la portée et l’application du principe de la compétence universelle sont avant tout une question juridique et devraient être traitées en tant que tel.  Les années précédentes, il a été proposé de renvoyer cette question à la Commission du droit international pour qu’elle fasse une étude sur ce point. Pour la représentante, ce serait une bonne chose.  Pour elle, la Commission du droit international est l’instance la plus habilitée à faire cette étude puisqu’il s’agit d’une commission d’experts.  La Sixième Commission garderait toutefois la responsabilité finale du traitement de cette question puisque les conclusions de la Commission du droit international sur la compétence universelle devraient nécessairement repasser devant la Sixième Commission pour toute action qu’elle considèrerait alors appropriée, a encore fait observer la représentante.  

Mme ASMA ALSULAITI (Qatar) a noté qu’il est essentiel de traduire en justice les auteurs de crimes internationaux les plus graves.  Le Qatar est conscient du grand défi de la mise œuvre du principe de compétence universelle.  En même temps, la compétence universelle n’est pas l’unique moyen de lutter contre l’impunité, a déclaré la représentante, pour qui il faut l’inclure dans un ensemble qui doit servir en priorité à la dissuasion.

La représentante a réaffirmé la nécessité d’établir la compétence universelle dans les cadres juridiques existants.  Ainsi, elle doit être exercée de bonne foi.  Le Qatar considère que la torture, le génocide, les crimes contre l’humanité et les actes de piraterie doivent être inclus dans le champ d’application du principe de compétence universelle.  Définir la portée de la compétence universelle revêt la plus haute importance, surtout pour combler les lacunes qui sont exploitées par les criminels internationaux, a encore déclaré la représentante.

M. HECTOR CELARIE (El Salvador) a déclaré reconnaître le rôle de la compétence universelle comme étant destiné à éviter l’impunité pour les crimes les plus graves au niveau international, y compris la torture, le génocide et les crimes contre l’humanité. Sur le plan international, la compétence universelle coexiste avec d’autres principes,  comme l’obligation d’extrader ou de poursuivre et les juridictions des tribunaux internationaux.  Cependant, il est important de reconnaître le caractère autonome de la compétence universelle, laquelle s’applique sur la seule base de l’infraction commise, sans exiger de liens personnels ou territoriaux, a ajouté le représentant.

Bien que nous reconnaissons l’importance du principe, nous devons garder à l’esprit que son application ne peut être qu’exceptionnelle, a encore déclaré le représentant.  En effet, la compétence universelle devrait s’appliquer uniquement quand il n'est pas possible d’appliquer d’autres principes de justice. Nous savons qu’il existe encore des défis à relever et nous sommes disposés à continuer à suivre de près l’étude de cette question, a conclu le représentant.

M. ANGEL HORNA (Pérou) a estimé que la compétence universelle ne devait être invoquée que dans le plein respect de la Charte des Nations Unies.  Mais, compte tenu du climat d’impunité dont jouissent un grand nombre d’auteurs de crimes parmi les plus graves, il serait bon qu’elle puisse être exercée lorsque les États ne veulent pas, ou ne peuvent pas, rendre la justice. C’est pourquoi le Pérou souhaite que cette session permette de réaliser des progrès sur la définition et la portée de la compétence universelle.  Il faut aussi élaborer des règles qui régissent les relations entre le principe de compétence universelle et d’autres principes tels que la coopération judiciaire, ou encore le système des immunités, a plaidé le représentant.  Ce denier a aussi estimé que, si la Sixième Commission est l’organe le plus approprié pour examiner la question, une saisine de la Cour Internationale de Justice serait aussi envisageable. 

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a pris note du rapport du Secrétaire général sur la question de la portée et application du principe de la compétence universelle, avant de juger cette question importante et complexe, étant donné les différences entre les systèmes juridiques nationaux. Pour le Soudan, une approche impartiale et équilibrée de la compétence universelle se doit de prendre en compte le droit international coutumier et les principes de la Charte, notamment le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  L’application de la compétence universelle  doit se faire dans le respect des États et de leurs juridictions nationales.  La compétence universelle doit simplement compléter la loi nationale, a souligné le représentant. 

Le représentant s’est dit préoccupé par ce qu’il a qualifié de développement indu de la portée de la compétence universelle dans le but de servir des intérêts politiques. Pour le représentant, le principe de compétence universelle est instrumentalisé pour servir les intérêts de certains pays. La compétence universelle ne peut signifier la possibilité d’élargir la portée de la juridiction nationale.  Ce n’est pas une licence d’extraterritorialité, a déclaré le représentant, qui a réaffirmé le principe de l’immunité des chefs d’États, tel que réaffirmé par la Cour internationale de justice, ainsi que l’opposition de son pays aux mandats d’arrêts à l’encontre de chefs d’États africains.

M. SERGEY LEONIDCHENKO (Fédération de Russie) a déclaré que le principe de la compétence universelle n’ayant pas de délimitation suffisamment claire ni de définitions satisfaisantes et universellement reconnues, il ne fallait pas y recourir de manière abusive, car on risquerait alors de violer le droit international, y compris celui des immunités.  Par ailleurs, a fait observer le représentant, il existe d’autres moyens juridiques, comme l’entraide juridictionnelle, qui peut être organisée dans le cadre d’accords bilatéraux comme de conventions multilatérales.

Si la Fédération de Russie n’a pas d’objection à ce que la Sixième Commission continue de débattre de cette question, elle estime aussi qu’il ne faut pas faire de doublon ou créer des chevauchements avec d’autres discussions menées par ailleurs.  Il faut aussi se demander si la Sixième Commission a les moyens de rapprocher les points de vue, a conclu le représentant.

M. DIÉ MILLOGO (Burkina Faso) a expliqué que le principe de la compétence universelle était inclus dans le droit burkinabè.  Plusieurs lois nationales reprennent ainsi la plupart des conventions internationales qui prévoient l’application par les États parties de ce principe.  La Loi 052-2009/AN de décembre 2009 a permis au Burkina Faso de disposer d’un cadre juridique qui fonde la compétence universelle de ses juridictions, a précisé son représentant.  Cette loi définit les crimes et organise les compétences et modalités de répression des crimes prévus par le Statut de Rome, a précisé le représentant, pour qui elle a le mérite de s’appliquer également aux crimes prévus par les quatre Conventions de Genève et leurs deux Protocoles additionnels.

La compétence universelle est, aux yeux du Burkina Faso, le mécanisme approprié pour qu’un crime grave commis ne reste pas impuni, puisqu’elle permet de pallier les insuffisances des différentes législations nationales qui permettraient à des criminels d’échapper à la justice.  Le représentant a néanmoins soulevé les limites que connait actuellement l’application de ce principe, en particulier celle du « caractère relatif ».  Par conséquent, il a estimé qu’il fallait parvenir à une harmonisation des concepts liés à la compétence universelle.  Pour lui, les crimes qui tomberaient sous ce principe seraient, entre autres, le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, la piraterie, l’esclavage, la traite des personnes, les prises d’otages et le faux monnayage.  Le représentant a conclu en estimant que la politisation de ce concept noble qu’est la compétence universelle et son application à géométrie variable desservent les intérêts de la justice et renforcent l’impunité.

M. YOUSSEF HITTY (Liban) a souligné que, si le principe de compétence universelle revêt un caractère primordial pour son pays, un tel concept ne peut être, toutefois, appliqué arbitrairement et sélectivement.  En effet,  a-t-il expliqué, la compétence universelle doit être définie conformément aux principes découlant de la Charte des Nations Unies, à savoir celui d’égalité souveraine des États et de non-ingérence dans les affaires des États.

Le représentant a, par ailleurs, indiqué que si certains crimes ou violations peuvent être définis dans certains traités internationaux, d’autres  « n’ont pas de définitions claires et peuvent varier d’un État à un autre », or, a-t-il conclu, l’objectif est de parvenir à une application universelle et bona fide d’un tel concept.

M. ELIPHAS CHINYONGA (Zambie) a déclaré que, tant qu’il n’existe pas de cadre satisfaisant sur la définition de la compétence universelle, il faut utiliser d’autres cadres, notamment celui de la coopération des États en matière judicaire.  En outre, en cas de recours à la compétence universelle, il faut s’assurer qu’elle est exercée de bonne foi et sans politisation, a ajouté le représentant, qui a dit espérer que les discussions au sein du Groupe de travail mis en place par la Sixième Commission permettront d’avancer sur cette question, en particulier sur la définition de la compétence universelle

M. PRZEMYSLAW SAGANEK (Pologne) s’est dit ravi que la question de la compétence universelle soit restée au programme de la Sixième Commission.  Le nombre considérable d’États participant aux discussions montre que le sujet est d’une grande importance, a-t-il ajouté avant de juger évident que les États adoptent différentes solutions quant à la portée de leur compétence, y compris la compétence en ce qui concerne les actes commis à l’étranger par des étrangers.  Le représentant a ensuite présenté les dispositions du code pénal polonais relatives aux infractions des étrangers commis en dehors du territoire polonais.

M. Saganek a aussi souligné que les dispositions de la compétence universelle peuvent être discutées à trois niveaux.  Le premier est la base juridique des règles de compétence ou la philosophie sous-jacente à la compétence.  Le deuxième niveau est la portée des dispositions de la loi d’un État.  Le troisième élément est lié à l’application pratique de ces dispositions.  M. Saganek a noté l’influence du droit international sur le droit pénal interne et a souligné que le processus inverse est aussi possible.  Rappelant que les auteurs de crimes graves ne devraient pas échapper à la justice, le représentant a rappelé que ceci pouvait souvent être assuré par la stricte application de la compétence territoriale et personnelle. 

En conclusion, le représentant a indiqué que les dispositions internes de la compétence universelle sont d’une grande valeur comme elles permettent aux États de respecter les instruments internationaux se référant aux obligations aut dedere aut iudicare.

M. SEBASTIAN ROGAC (Croatie) a mis en garde contre la distorsion du principe de compétence universelle.  À cet égard, il a reproché à la Serbie d’avoir distordu ce principe avec la loi serbe sur l’organisation et la compétence de l’autorité de l’État en cas de crime de guerre, loi dite « LWC ».  En adoptant et mettant en œuvre cette loi, la Serbie n’a pas seulement contredit les principes de la compétence universelle, mais a aussi mal appliqué le noble concept de compétence universelle à des fins politiques, a accusé le représentant. 

Pour le représentant, la LWC va à l’encontre du principe de l’égalité souveraine des États.  Le fait que la Serbie, seul pays à avoir été tenu pour responsable de la rupture de la Convention sur le génocide, pays dont l’implication directe dans les événements dans l’ex Yougoslavie est prouvé, prétende jouer le rôle de policier et de juge suprême dans la région, rend ce cas encore plus tragique et absurde, a poursuivi le représentant. Pour lui, la tentative de la Serbie d’assumer ce rôle en revêtant les habits de champion de la justice transitionnelle est juste cynique.  Il s’agit d’une tentative de réécrire l’histoire.  L’introduction de cette loi a jeté le trouble dans notre région, a poursuivi le représentant, qui a demandé à la Serbie d’amender cette loi.  « Nous devons nous prémunir contre ce genre de manipulation du concept de compétence universelle pour des motifs politiques », a-t-il conclu. 

M. ISAIAS ARTURO MEDINA MEIJAS (Venezuela) a déclaré qu’une approche restrictive et extrême devait être observée en ce qui concerne le champ d’application du principe de compétence universelle, en mettant l’accent sur les crimes contre l’humanité.  Il faut éviter toute approche interprétative qui puisse servir ou justifier une ingérence dans les affaires intérieures des États, a averti le représentant. 

Par ailleurs, afin d’éviter la politisation de la compétence universelle, le principe ne devrait pas s’appliquer en dehors du régime des immunités consacrées par les traités internationaux, mais uniquement lorsque les tribunaux nationaux ne veulent pas, ou ne peuvent pas, juger des crimes en vertu desquels la compétence universelle peut être invoquée.  D’un point de vue opérationnel, le Venezuela est d’avis qu’il faut renvoyer l’examen du point à la Cour internationale de Justice, afin d’éviter toute pression politique. 

M. Pablo ARROCHA (Mexique) a expliqué que, depuis 2009, année où elle s’est saisie de la question, la Sixième Commission est arrivée au bout des discussions sur la compétence universelle.  Compte tenu du manque de progrès, il serait judicieux de demander une étude à la Commission du droit international, qui pourra pour sa part fournir une analyse purement juridique de la compétence universelle, a-t-il dit. 

M. DAVID LOW (Singapour) a rappelé que la compétence universelle était une arme puissante pour la communauté internationale lorsque certains crimes sont tellement graves et haineux qu’ils doivent absolument être punis.  Le principe de compétence universelle est bien établi dans le droit international coutumier, a-t-il ajouté.

La portée du principe doit être liée à son objectif, c'est à dire qu’il ne doit être appliqué que pour les crimes les plus graves, ceux  qui affectent la communauté internationale dans son ensemble, a poursuivi le représentant, pour qui toute extension du champ d’application du principe remettrait en cause sa légitimité.  La compétence universelle fait en sorte qu’il n’existe aucune lacune de la loi; elle ne doit être appliquée que lorsque qu’un État ne peut ou ne veut exercer sa compétence.  Le principe n’est donc pas exercé dans l’isolement ou en exclusion d’autres lois pertinentes du droit international, a conclu le représentant.

M. CHRISTOPHER STEPHEN (Royaume-Uni) a déclaré que la portée de la compétence universelle était assez étroite puisqu’elle ne couvre que les crimes de guerre et de piraterie.  Le Royaume-Uni reconnait que certains pays veulent étendre cette liste à d’autres crimes et que sur ce sujet, il n’y a pas de consensus.  Le Royaume-Uni estime aussi que des sauvegardes de procédure doivent être appliquées lorsque l’on a recours à la compétence universelle, notamment le consentement préalable de l’État concerné

Mme EMILY PIERCE (États-Unis) a jugé très utile le rapport du Secrétaire général sur la question de la portée et application du principe de compétence universelle et a remercié les États qui ont fait part de leur pratique.  Elle a dit souhaiter discuter plus avant sur les critères qui concernent l’application pratique de la compétence universelle, par exemple: quelles sont les conditions et garanties qui sont mises en place par les États?

M. PATRICK LUNA    (Brésil) a déclaré que, si le débat sur la compétence universelle doit avoir lieu, il ne doit pas éloigner de l’objectif du Statut de Rome de la Cour pénale internationale ni de la lutte contre l’impunité.  Le Brésil pense aussi que la compétence universelle ne saurait être exercée de manière arbitraire, sélective et pour servir des objectifs autres que ceux de la justice.   Une bonne définition de ce principe devrait permettre d’éviter ce genre de déconvenue, a estimé le représentant.

M. ABEL AYOKO (Nigéria) a dit avoir étudié les commentaires compilés dans le Rapport du Secrétaire général sur la portée et application du principe de la compétence universelle.  Le principe de la compétence universelle est une question controversée par les États Membres depuis des années, a-t-il fait observer, ajoutant que le principe était sous-tendu par le principe louable qui veut que ceux qui sont coupables de crimes graves soient traduits en justice.  Nous reconnaissons le principe de compétence universelle, a-t-il déclaré.

Cependant, le représentant a estimé que le principe devrait toujours être exercé de bonne foi, en respectant les principes d’égalité entre les États, ainsi que les immunités de juridiction.  La compétence universelle est un mécanisme qui se rajoute aux autres juridictions nationales, a-t-il rappelé, invitant à prendre en compte la préoccupation du Groupe africain,  qui est préoccupé par les abus d’utilisation du principe.

Droit de réponse

Le représentant de la Serbie, exerçant son droit de réponse suite à la déclaration de la Croatie, a estimé que le représentant croate n’avait pas rappelé que la loi dite « LWC » de la Serbie avait été mise en place par des experts. Cette loi n’a pas été remise en question jusque très récemment par la Croatie, qui l’utilise aujourd’hui à des fins politiques, a-t-il affirmé. 

Le représentant de la Croatie a répondu en affirmant que les propos du représentant de Serbie n’étaient établis ni dans les faits ni par le droit.  Ce que j’ai dit se base sur les déclarations de la Cour internationale de Justice, a-t-il déclaré. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission poursuit son débat général en revenant sur la crise syrienne

Soixante et onzième session,
8e séance – après-midi
AG/DSI/3551

La Première Commission poursuit son débat général en revenant sur la crise syrienne

Les pays du Maghreb plaident pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, cet après-midi, son débat général, déjà marqué par les interventions de plus de 150 délégations d’États Membres.

Dominés par les questions de désarmement nucléaire et de non-prolifération, les échanges ont également porté sur les crises au Moyen-Orient, notamment la crise syrienne, et la situation toujours volatile en Afghanistan.  Par ailleurs, les pays du Maghreb ont appelé à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient pour y renforcer la confiance au niveau régional.

Comme hier, le représentant de la Turquie s’en est pris violemment aux agissements du régime syrien, sur la foi de rapports du Mécanisme conjoint OIAC-ONU sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Il a ainsi affirmé que le Mécanisme d'enquête avait clairement établi que les forces armées syriennes étaient impliquées dans au moins deux cas d’usage d’armes chimiques depuis 2011.  « D’après le Mécanisme d’enquête, la Syrie ne remplit pas ses obligations en tant que partie à la Convention sur les armes chimiques », a-t-il indiqué, avant de prévenir que si la Syrie était impliquée dans les autres cas en cours d’examen par le Mécanisme, il faudrait que la communauté internationale agisse instamment.

Réagissant à ces propos, le représentant de la Syrie a affirmé que la Turquie « détourne nos ressources hydriques et force des populations à migrer; ces crimes sont le résultat de l’appartenance de la Turquie à l’OTAN ».  Il a accusé la Turquie d’être un « mercenaire à la solde » de cette organisation, et de laisser transiter des armes chimiques sur son territoire, « des armes chimiques, a-t-il lancé, qui causent des souffrances effroyables aux civils syriens ».

Concernant la situation en Afghanistan depuis le retrait d’une partie des troupes américaines, le représentant de ce pays, M. Mahmoud Saikal, a indiqué que la présence persistante de restes de guerre non explosés et de mines continuait de menacer la vie quotidienne du peuple afghan et d’entraver le développement économique.  « Chaque mois, a-t-il dit, plus de 100 personnes sont victimes de ces armes ».  Il a expliqué que les programmes de déminage en cours dans son pays devraient être soutenus financièrement pour parvenir à un Afghanistan débarrassé de ce fléau en 2023. 

Au sujet du trafic d’armes transfrontalier, « qu’organisent et dont profitent les groupes terroristes », il a appelé les voisins de l’Afghanistan à renforcer leurs actions destinées à empêcher, combattre et éradiquer le trafic illicite d’armes sous tous ses aspects.  M. Saikal a annoncé que sa délégation présenterait pour adoption un projet de résolution proposant une approche globale pour lutter contre l’usage, la fabrication et le transfert des engins explosifs improvisés, « qui ont des effets humanitaires dévastateurs ».

L’avantage stratégique d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient a par ailleurs été réaffirmé par les pays du Maghreb.  Le représentant de l’Algérie, M. Mohammed Bessedik, a estimé que de telles zones « sont non seulement de nature à instaurer la confiance, mais aussi à renforcer le désarmement nucléaire mondial et la non-prolifération ». 

Pour sa part, le représentant du Maroc, M. Bouchaib Eloumni, a plaidé pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, sur la base des dispositions prévues par la résolution de 1995.

« La communauté internationale doit prendre des mesures pour lever le blocage sur la création d’une telle zone au Moyen-Orient », a estimé de son côté le représentant de la Tunisie, M. Moezz Laouani, qui a imputé ce blocage, « qui sape la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) », au refus de la « principale partie », concernée, Israël, de rejoindre le Traité et faire vérifier ses installations nucléaires par l’Agence internationale de l'énergie atomique. 

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) poursuivra ses travaux demain, mercredi 12 octobre, à 15 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

Mme NOORHAZWANI ARIFFIN (Brunei Darussalam) a déploré la lenteur avec laquelle sont mis en œuvre les engagements internationaux de désarmement et de non-prolifération.  Elle a exhorté les États Membres à accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui, a-t-elle rappelé, a été signé il y a deux décennies.  La représentante a également estimé important de continuer la mobilisation autour des conséquences humanitaires et environnementales d’une éventuelle explosion nucléaire, son pays ayant adhéré à l’Engagement humanitaire lors de la Conférence de Vienne sur l’impact humanitaire des armes nucléaires.  Après avoir condamné l’emploi d’armes chimiques, qui entraine un nombre de morts important et cause des souffrances effroyables parmi les civiles, la représentante a rappelé que, dans les faits, les armes légères et de petit calibre entravent non seulement le processus de développement, mais contribuent également à l’instabilité dans de nombreux États Membres.  En effet, a-t-elle dit, ce n’est que dans la paix et la sécurité que nous serons en mesure de concrétiser nos aspirations communes dans les domaines du développement durable et de la prospérité du plus grand nombre. 

M. GHANA SHYAM LAMSAL (Népal) a souligné l’engagement de longue date de son pays dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU et les initiatives régionales et internationales de lutte contre le terrorisme.  Il a plaidé pour une réponse collective aux nouveaux défis mondiaux en matière de sécurité, pour notamment empêcher que des organisations terroristes ne s’emparent ou ne fabriquent des armes de destruction massive.  Il a également souligné la nécessité que soient donnés des gages de sécurité négative en concluant des arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes.  Il a par ailleurs jugé que l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires à travers le monde contribuait concrètement au désarmement général et complet.  Au sujet des armes classiques, le délégué a estimé que l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes permettrait de renforcer la transparence de cette activité.  Enfin, il a indiqué que sa délégation présenterait cette année un projet de résolution sur le Centre régional pour la paix et le désarmement de l’ONU en Asie et dans le Pacifique, exprimant le souhait que ce projet de résolution soit adopté par une large majorité.  

M. RAUF ALP DENKTAŞ (Turquie) a rappelé que son pays s’était porté coauteur de la résolution 2310 (2016) du Conseil de sécurité reconnaissant que l’entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) constituerait une mesure efficace de désarmement et de non-prolifération.  Il a condamné les essais et les lancements de missiles balistiques effectués cette année par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), exhortant les autorités de ce pays à respecter ses obligations internationales.  Le représentant turc s’est attardé sur la crise syrienne, déplorant notamment qu’en dépit de tous ses efforts, l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) n’ait pas pu vérifier les déclarations du régime syrien sur l’état réel de leur arsenal d’armes chimiques.  Il a ajouté que le Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-ONU sur l'utilisation de produits chimiques comme armes en Syrie avait établi que les forces armées syriennes étaient impliquées dans au moins deux cas d’emploi d’armes chimiques et noté que, d’après le Mécanisme d’enquête conjoint, la Syrie ne remplissait pas ses obligations en tant que partie à la Convention sur les armes chimiques.  Il a averti que si la Syrie était impliquée dans les autres cas en cours d’examen par le Mécanisme conjoint d’enquête, la communauté internationale devrait agir instamment.  Par ailleurs, le représentant turc a salué la réussite de la mise en œuvre du Plan de destruction des armes chimiques libyennes en dehors des frontières de la Libye, estimant qu’il s’agissait d’un pas important vers la stabilité en Libye et d’un bon exemple de mise en œuvre de la Convention.

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a regretté que, 20 ans après l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), cet instrument multilatéral vital pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire ne soit toujours pas entré en vigueur.  Dans ces conditions, a-t-il affirmé, l’Algérie soutient fermement toute initiative visant à l’établissement de zones dénucléarisées dans le monde.  Selon lui, de telles zones sont non seulement de nature à instaurer la confiance, mais aussi à renforcer le désarmement nucléaire mondial et la non-prolifération.  À ce sujet, a poursuivi le délégué, l’entrée en application, le 15 juillet 2009, du Traité de Pelindaba, qui établit une zone dénucléarisée en Afrique, constitue une contribution importante à la paix et à la sécurité et devrait faire figure d’exemple, notamment au Moyen-Orient.  Déplorant que cette région instable ne puisse obtenir le statut dénucléarisé plusieurs années après l’adoption de la résolution sur l’instauration de telles zones au Moyen-Orient par la Conférence de 1995 des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a réaffirmé l’engagement de l’Algérie à mettre en œuvre ce texte ainsi que le Plan d’action de 2010.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a constaté que la présence persistante de restes de guerre non explosés et de mines continuait de menacer sérieusement la vie quotidienne des populations afghanes et leurs activités de développement.  Chaque mois, a-t-il dit, plus de 100 personnes en sont victimes.  Il a affirmé que les programmes de déminage de son pays devaient être soutenus financièrement afin de débarrasser son pays de ce fléau d’ici à 2023.  Le représentant a par ailleurs indiqué que pour lutter contre le trafic d’armes transfrontalier, qu’organisent et dont profitent les groupes terroristes, son pays s’efforçait de coopérer au mieux possible avec les pays voisins.  Nous appelons toutes les parties concernées à renforcer leurs actions destinées à empêcher, combattre et éradiquer le trafic illicite d’armes sous tous ses aspects, a-t-il lancé.  M. Saikal a par ailleurs souligné que les engins explosifs improvisés étaient désormais les armes les plus utilisées à travers le monde par des groupes armés non étatiques.  Il a également annoncé que sa délégation présenterait pour adoption un projet de résolution proposant une approche globale et systématique pour contrer l’usage, la fabrication et le transfert de ces engins aux effets humanitaires dévastateurs.

Mme SAADA DAHER HASSAN (Djibouti) a rappelé que son pays, signataire du Traité de Pelindaba, était favorable à l’éradication totale des activités nucléaires à vocation militaire qui menacent la paix mondiale et exacerbent les tensions à l’échelle nationale et internationale.  De ce fait, Mme Hassan a plaidé vigoureusement pour l’entrée en vigueur rapide du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  De nombreux États de notre continent souffrent de manière disproportionnée des effets pernicieux des transferts irresponsables d’armes, qui sont à l’origine des effets déstabilisants sur l’équilibre politique, sociologique et économique du continent africain, a-t-elle indiqué.  Près de 500 millions d’armes légères en circulation se trouvent en Afrique, selon l’Union africaine, et les conflits et l’insécurité coûtent à l’Afrique des milliards de dollars par an, sans compter les pertes humaines, a déploré la représentante. 

M. BOUCHAIB ELOUMNI (Maroc) a estimé que le débat thématique de la Première Commission sur les armes nucléaires devrait être l’occasion d’un véritable dialogue sur les possibilités d’un accord menant à l’interdiction et à l’élimination totale de ces armes.  Un tel dialogue devrait, à son avis,  réaffirmer la nécessité d’appliquer l’article VI du Traité sur la non-prolifération nucléaire, de réduire le rôle des arsenaux nucléaires dans les doctrines de défense et d’accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Les États dotés de l’arme nucléaire ont un statut spécial qui leur impose une responsabilité particulière, a-t-il ajouté.  Il a en outre estimé qu’il n’était pas normal que les mesures de désarmement ne soient pas systématiquement vérifiables par l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Il a par ailleurs plaidé pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, sur la base des dispositions prévues par la résolution de 1995.  Après avoir imputé le blocage persistant de la Conférence du désarmement au manque de volonté politique de certains États, M. Hilale a évoqué les initiatives internationales de son pays dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la lutte contre le terrorisme nucléaire, citant les activités du Centre d’excellence sur les atténuations des risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques installé à Rabat depuis 2011.  Enfin, pour ce qui est des armes légères et de petit calibre, il a indiqué que le Maroc estimait que la coopération régionale, y compris dans la région sahélo-saharienne, et sous-régionale « représente un levier essentiel pour lutter contre leur commerce illicite ».

M. IVENS DE SOUSA (Timor-Leste) a indiqué que son pays, en tant que nation en situation de post-conflit, estimait que la course aux armements et l’utilisation d’armes ne permettraient jamais d’instaurer la paix dans le monde.  Le Timor-Leste salue l’initiative des responsables politiques du monde entier qui ont exhorté les États à trouver une solution pour réduire le nombre d’armes nucléaires et interdire leur emploi, a souligné le représentant, affirmant que les Nations Unies, et notamment la Première Commission, ont servi de plateforme en faveur de la diplomatie multilatérale.  Le Timor-Leste apporte son soutien entier et sa pleine confiance au Conseil de sécurité des Nations Unies pour parvenir à un règlement pacifique de la question nucléaire dans la péninsule coréenne, a poursuivi le délégué, rappelant que son pays avait signé le 13 janvier 2007 un traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est destiné à promouvoir la paix et l’amitié perpétuelles, et la coopération entre les peuples de la région.  En tant que nation en situation de post-conflit, a dit M. de Sousa, le Timor-Leste a déjà fait l’expérience d’une crise de sécurité dans un environnement non-pacifique, avant de rappeler que son pays était l’un des fondateurs du Groupe de pays G7+ dont le but est de permettre le partage d’expériences entre nations en situation de post-conflit.  Ce Groupe estime qu’il ne saurait y avoir de paix sans développement, et inversement, a-t-il conclu.

M. MOEZZ LAOUANI (Tunisie) a notamment appelé la communauté internationale à prendre des mesures urgentes et concrètes en vue de lever le blocage sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a estimé que ce blocage, qui sape la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), était dû « essentiellement » au refus de la « principale partie » concernée de rejoindre le Traité et de placer ses installations nucléaires sous le régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Le représentant a d’autre part déclaré que, dans un contexte sécuritaire marqué par l’ubiquité de la menace terroriste, il était nécessaire de redoubler d’efforts pour empêcher les acteurs non étatiques mal intentionnés de mettre la main sur des armes de destruction massive.  La Tunisie réitère son attachement aux conventions sur l’interdiction des armes chimiques et sur l’interdiction des armes biologiques, et condamne toute utilisation de ces armes, quels qu’en soient les auteurs, a-t-il ajouté.  Au sujet des armes légères et de petit calibre, qui, en Afrique surtout, favorisent les conflits internes et alimentent les activités terroristes, il a rappelé l’importance de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite de ces armes.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a déploré l’existence de plus de 15 000 armes nucléaires dans le monde et le fait qu’un certain nombre d’États ne respectaient pas leurs engagements prévus en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Inquiète du manque de progrès en matière de désarmement nucléaire et de la frustration croissante des États Membres dans ce domaine, la Malaisie salue néanmoins les recommandations contenues dans le rapport du Groupe de travail à composition limitée chargé de promouvoir les négociations multilatérales en matière de désarmement nucléaire.  Pour la Malaisie, l’évolution du processus de travail de ce groupe n’est pas de nature à miner les efforts de la Conférence du désarmement, mais offre au contraire un cadre complémentaire et une source de créativité, a estimé le représentant, regrettant par ailleurs que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ne soit toujours pas entré en vigueur.  Par ailleurs, le représentant a indiqué que son gouvernement était très attaché à l’établissement de zones dénucléarisées dans le monde et a rappelé son engagement dans la mise en place de ce type de Traité en Asie du Sud-Est.  Enfin, le représentant a rappelé que cette année encore, sa délégation présenterait un projet de résolution sur la suite donnée à l’avis consultatif du 6 juillet 1996 de la Cour internationale de justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires.

M. MAMADI TOURÉ (République de Guinée) a mis l’accent sur les conséquences de la fabrication, du transfert, de la prolifération et de la circulation illicite des armes légères, singulièrement en Afrique, notant que ce « fléau dangereux » connaît une ampleur sans précédent avec la résurgence d’actes terroristes et la montée de l’extrémisme violent.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’adoption du Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.  Dénonçant par ailleurs les risques de prolifération nucléaire dans le monde, il s’est notamment prononcé pour l’application effective du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) par toutes les parties sans exclusive, pour la création et l’opérationnalisation de zones exemptes d’armes nucléaires et pour la cessation de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que les tragédies qui se déroulent dans le monde exigeaient de la communauté internationale qu’elle renforce les mesures de contrôle et repense ses registres de classification d’armes.  Il a estimé que l’utilisation de certaines armes dites classiques avait des effets aussi dévastateurs que des armes de destruction massive.  Mgr Auza a également rappelé aux États Membres que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourrait être mené à bien sans paix, sans sécurité et sans justice.  À son avis, la paix dans les zones de conflit passait par un contrôle strict des armes, légales ou illégales.  Sur les armes nucléaires, il a exhorté les États Membres à s’engager dans des négociations de bonne foi pour décider de mesures destinées à mettre fin à « la course aux armements nucléaires ».

M. MAJED BAMYA (État de Palestine) a estimé qu’il n’existait pas de solution alternative à l’élimination totale des armements nucléaires pour lever la menace existentielle posée par ces armes.  De ce fait, il a déploré que la neuvième Conférence des parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) n’ait pas trouvé de consensus sur un document final.  Cet échec remet en question la mise en oeuvre des engagements existants en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaire, a-t-il dit, jugeant « plus qu’urgente » l’instauration d’une zone dénucléarisée et libérée de toute arme de destruction massive au Moyen-Orient.  Selon l’Observateur permanent, l’une des parties, en l’occurrence Israël, a développé illégalement un arsenal nucléaire et a toujours refusé d’y renoncer et d’accéder au TNP sans condition préalable.  Israël, a-t-il ajouté, a également refusé d’assujettir ses installations nucléaires aux garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), bloquant ainsi tout projet de zone dénucléarisée dans la région.  Aux yeux de sa délégation, une telle « attitude destructrice » ne devrait pas être récompensée mais condamnée et combattue.  L’Observateur a par ailleurs estimé urgent de faire respecter l’interdiction du développement, de la production, de l’acquisition, du stockage, de la rétention, du transfert et de l’utilisation d’armes chimiques et biologiques.   

M. LUIZ FELIPE DE MACEDO SOARES, Secrétaire général de l’Organisme pour l'interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, a notamment déclaré que les membres de son organisme étaient unanimement favorables à la tenue d’une conférence, en 2017, sur un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires.  Il a par ailleurs souhaité que la résolution sur le Traité de Tlatelolco ayant porté création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, et qui sera présentée cette année encore, recueillerait le plus de voix possible.  Il a souligné l’importance de renforcer la coopération entre États dotés et non dotés de l’arme nucléaire afin d’avancer sur la voie d’un monde libéré des armes nucléaires.

M. XOLISA MABHONGO, représentant du directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), s’est félicité de l’entrée en vigueur des accords de garanties dans 182 États, dont 174 États non-nucléaires parties au TNP.  Toutefois, a-t-il observé, 12 États parties au traité n’ont pas encore franchi cette étape, empêchant l’Agence de tirer des conclusions de garanties à leur sujet.  Il a dès lors exhorté tous les États parties qui ne l’ont pas encore fait à conclure au plus vite des accords de garanties généralisées avec l’AIEA.  Le représentant a également enjoint l’ensemble des États à conclure des protocoles additionnels avec l’AIEA, se réjouissant que le nombre d’États ayant signé ce type d’accords soit en hausse constante et s’élève désormais à 128.  Il a d’autre part rappelé que, conformément à ses statuts, l’Agence se tenait prête à apporter son assistance à des missions de vérification en lien avec le désarmement nucléaire ou le contrôle des armes.  Il a enfin exhorté tous les pays à adhérer à l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, « important jalon » entré en vigueur cette année, près de 11 ans après son adoption.

Droits de réponse

La représentante de la République de Corée, exerçant son droit de réponse, a répondu au représentant de la Chine qui avait critiqué le déploiement par son pays de systèmes de missiles antibalistiques THAAD dans la Péninsule coréenne.  La République populaire démocratique de Corée est un pays dangereux, susceptible d’utiliser ses propres systèmes balistiques, a affirmé la représentante, soulignant qu’un gouvernement responsable doit protéger sa sécurité nationale.  Le système de missiles antibalistiques THAAD a donc pour objet de contrer la menace que représente la République populaire démocratique de Corée, a-t-elle conclu.

Le représentant de la Syrie a répondu à la Turquie que « mentir était un scandale ».  La Turquie détourne nos ressources hydriques, force des populations à migrer, ce crime étant le résultat de l’appartenance de la Turquie à l’OTAN, a-t-il dit.  La Turquie est un mercenaire à la solde de cette organisation, qui n’a de cesse d’offenser mon pays en finançant des groupes terroristes du monde entier, a encore dit le délégué.  Il a accusé la Turquie de laisser transiter des armes chimiques sur son territoires, armes, a-t-il lancé, qui causent des souffrances effroyables aux civiles syriens.

Le représentant de la République populaire et démocratique de Corée, exerçant son droit de réponse, a rejeté les allégations de la République de Corée. Il a dénoncé le chantage des États-Unis et indiqué que ce chantage avait obligé la République populaire démocratique de Corée à devenir une puissance nucléaire.

Le représentant de la Libye, exerçant son droit de réponse, a rejeté les allégations du représentant de la Syrie qui avait fait état de transferts d’armes chimiques de la Lybie vers la Turquie.

Le représentant des États-Unis, exerçant son droit de réponse, a demandé à la République populaire et démocratique de Corée de respecter ses obligations  internationales et a affirmé que les États-Unis ne reconnaîtraient jamais la République populaire démocratique de Corée comme puissance nucléaire.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: les délégations demandent des mesures pragmatiques pour garantir un comportement responsable et la sécurité dans l’espace

Soixante et onzième session,
8e séance – matin
CPSD/613

Quatrième Commission: les délégations demandent des mesures pragmatiques pour garantir un comportement responsable et la sécurité dans l’espace

La Commission adopte un projet de résolution sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux

Ce matin, la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) a entamé l’examen de la question des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.  

Comme par le passé, c’était l’occasion pour les États Membres de présenter les avancées récentes de leurs programmes spatiaux, mais également de soulever des questions relatives à la gouvernance mondiale de l’espace et à la viabilité sur le long terme des activités spatiales.  Les risques liés aux débris spatiaux, à la militarisation de l’espace, à la congestion orbitale ainsi qu’à l’appropriation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la lune et d’autres corps célestes, restent des préoccupations majeures pour les délégations qui attendent des mesures pragmatiques pour y remédier.   En particulier, l’absence de progrès dans le régime juridique régissant les activités spatiales, y compris en termes de délimitation de l’espace, reste une cause de frustration pour certains.  Préoccupés par l’absence, dans le droit international, d’une interdiction du placement et/ou d’une utilisation dans l’espace d’armements conventionnels et d’armes de destruction massive non nucléaires, les délégations du Mexique et du Pakistan ont plaidé pour qu’un traité juridiquement contraignant soit élaboré sur le sujet, alors que l’Argentine a mis l’accent sur l’importance d’une terminologie claire.

Les mérites des sciences et technologies spatiales pour le développement socioéconomique durable, en ont fait un sujet incontournable dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Qu’il s’agisse de la gestion des catastrophes naturelles, de science, d’environnement, de médecine  et d’éducation, l’espace est un moteur du développement durable. 

À l’instar d’autres États Membres, la représentante de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a mis l’accent sur les principes de l’accès universel de tous les pays à l’espace pour des utilisations exclusivement pacifiques et sans aucune discrimination.  Les pays en développement et les nations non spatiales ont insisté sur le rôle de la coopération internationale et régionale pour leur permettre d’également  tirer parti des avancées spatiales. 

Le Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), M. David Kendall (Canada), qui présentait le rapport du Comité sur ses travaux pour la période 2015-2016, a salué les six nouveaux membres du Comité, ce qui porte le nombre total de membres à 83 pays.  Cette augmentation constante est, selon lui, la preuve de l’intérêt croissant de la communauté internationale pour la coopération dans l’espace extra-atmosphérique.  Toutefois, plus de membres signifie aussi plus de difficultés à parvenir à des compromis et à avancer, a-t-il prévenu, en invitant les membres du Comité à faire preuve de souplesse et d’esprit d’équipe.  L’un des sujets controversé semble être les lignes de conduite pour l’utilisation de l’espace à long terme que le Comité est en cours d’élaborer et dont un premier ensemble a été adopté, avec le reste devant l’être d’ici à 2018 en vue de leur recommandation à l’Assemblée générale.  Alors que le représentant de la Suisse a salué « le fruit de ce travail persistant » du Comité au cours des six dernières années, le représentant iranien a déploré « une action prise à la hâte et non conforme à la pratique régissant la rédaction de documents semblables aux Nations Unies ».  Estimant que cette démarche n’ajoute rien à la crédibilité de ces directives, le représentant iranien a d’ailleurs déclaré se réserver le droit de soumettre des propositions et amendements jusqu’à la fin des négociations, une option ouverte à tous les membres du Comité. 

Le Président du COPUOS a également annoncé que, pour marquer le cinquantième anniversaire de la première Conférence des Nations Unies sur l’espace (UNISPACE), une nouvelle conférence de ce type, UNISPSCE+50, serait organisée en 2018.  Ça sera, selon lui, l’occasion de faire le point sur le statut actuel et le rôle futur du Comité ainsi que du Bureau des affaires spatiales (UNOOSA).  Parmi les sept thèmes prioritaires pour les deux années à venir, il a notamment cité le régime juridique de l’espace extra-atmosphérique; le partenariat mondial dans l’exploration et l’innovation spatiales; l’optimisation des échanges d’informations sur les objets spatiaux et la coopération internationale pour des sociétés plus résilientes et à faibles émissions.

Pour sa part, la Directrice du Bureau des affaires spatiales des Nations Unies, Mme Simonetta Pippo, a fait valoir que le développement mondial, la viabilité, la sûreté et la sécurité dans l’espace étaient des questions étroitement liées.  Soulignant la nécessité d’une meilleure protection de notre planète, elle a présenté les résultats d’une collaboration entre l’UNOOSA et l’Agence européenne de l’espace, qui apparaissent dans le catalogue de l’exposition photographique récemment montrée au siège de l’ONU.

À titre de rappel, le COPUOS a été établi en 1959.  Depuis cette date, le Comité a créé une plateforme solide au niveau international pour promouvoir la coopération dans le domaine des utilisations pacifiques de l’espace.  La force de cet organe intergouvernemental réside, selon le Président de la Commission, dans son caractère inclusif; il comprend, en effet, nations spatiales et pays émergents.

En début de séance, la Commission a adopté le projet de résolution sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par 130 voix pour, 5 voix contre (Côte d’Ivoire, États-Unis, Israël, Maroc et Royaume-Uni) et 2 abstentions (Colombie et France).

La Quatrième Commission poursuivra l’examen de la question des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique jeudi 13 octobre à 10 heures.

Adoption d’un projet de résolution sur la décolonisation

Aux termes du projet de résolution V « Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux », adopté par 130 voix pour, cinq voix contre (États-Unis, Royaume-Uni, Maroc, Côte d’Ivoire et Israël) et 2 abstentions (France et Colombie), l’Assemblée générale prierait le Comité spécial de continuer à chercher les moyens appropriés d’assurer l’application immédiate et intégrale de la Déclaration et d’appliquer dans tous les territoires qui n’ont pas encore exercé leur droit à l’autodétermination, y compris l’indépendance, les mesures qu’elle a approuvées touchant les deuxième et troisième Décennies internationales de l’élimination du colonialisme.

L’Assemblée générale engagerait vivement les puissances administrantes concernées à prendre des mesures efficaces pour sauvegarder et garantir les droits inaliénables des peuples des territoires non autonomes, à savoir leurs droits sur leurs ressources naturelles et leur droit d’être et de rester maîtres de la mise en valeur future de ces ressources, et demanderait aux puissances administrantes de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les droits de propriété des peuples de ces territoires.

L’Assemblée générale prierait instamment tous les États d’apporter, si nécessaire, une aide morale et matérielle aux peuples des territoires non autonomes, et demanderait aux puissances administrantes de s’employer activement à obtenir et à utiliser efficacement toute l’assistance possible, dans le cadre d’arrangements tant bilatéraux que multilatéraux, en vue de renforcer l’économie de ces territoires.  Elle prierait le Secrétaire général, les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies d’apporter une assistance économique, sociale et autre aux territoires non autonomes et de continuer à le faire, selon qu’il conviendra, une fois que ces territoires auront exercé leur droit à l’autodétermination, y compris l’indépendance.

Explications de vote après le vote

Pour le représentant du Royaume-Uni certains éléments de ce texte sont inacceptables. 

Le représentant de l’Argentine a rappelé que les missions de visite s’effectuent uniquement dans les cas où s’applique le principe de l’autodétermination et non pas pour ceux où il y a un différend d’intégrité territoriale.  Pour les missions de visite il faut faire un examen au cas par cas, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU, a-t-il rappelé, en ajoutant que ces missions requièrent aussi l’approbation de l’Assemblée générale.

La représentante des États-Unis a expliqué que son pays appuyait pleinement le droit à l’autodétermination mais restait préoccupé par le fait que le C24 continue à demander ce droit pour des peuples qui ne le demandent plus.  Il faut respecter le droit de ces peuples, a-t-il dit.

La représentante de l’Espagne, qui a voté en faveur du projet de résolution, a expliqué que son pays reste attaché au principe de l’autodétermination, mais il ne s’agit pas du seul principe comme dans le cas de Gibraltar où c’est le principe de l’intégrité territoriale qui doit s’appliquer.  Par ailleurs, les missions de visite ne peuvent se faire que pour les territoires où s’applique le principe de l’autodétermination et non pas pour ceux où il y a un différend d’intégrité territoriale.  Elle a ajouté que ces visites devaient systématiquement faire l’objet d’un accord de l’Assemblée générale.

Débat général

Mme INA KRISNAMURTHI (Indonésie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a mis d’emblée l’accent sur l’importance du respect du principe de la non-appropriation de l’espace extra-atmosphérique et autres corps célestes sur lesquels aucun État ne saurait revendiquer sa souveraineté, son exploitation ou son occupation sous une quelconque forme.  Pour les pays de l’ASEAN, l’espace extra-atmosphérique est le patrimoine commun de l’humanité et son utilisation doit se faire à des fins exclusivement pacifiques et encourager la coopération internationale dans le développement des activités spatiales.  Les technologies spatiales et leurs applications apportent des solutions à long terme à de nombreux défis de développement et contribuent efficacement à la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle poursuivi.  L’ASEAN encourage la poursuite du dialogue du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) sur les applications des technologies spatiales au service du développement socio-économique et pour renforcer la résilience des pays aux catastrophes naturelles.  Elle se félicite de l’adoption du cadre de Sendai qui reconnaît clairement le mérite des technologies spatiales dans ce contexte.  Soulignant que beaucoup de pays en développement n’ont pas pu mettre en place leurs capacités spatiales nationales, faute de moyens, elle a appelé les pays développés et les organismes internationaux à les aider dans ce domaine.  Favorable à un cadre de gouvernance renforcé pour les activités spatiale, l’ASEAN insiste sur l’importance d’un processus inclusif et transparent pour y parvenir, a poursuivi la représentante.  Préoccupés par la question des débris spatiaux, les pays de l’ASEAN exhortent le sous-comité scientifique et technique de proposer des recommandations pour lutter contre cette menace.  Elle encourage les pays qui ne l’ont pas encore fait à adopter les lignes directrices relatives à la réduction des débris spatiaux du COPUOS.  L’ASEAN a pris certaines mesures pour une coopération régionale plus étroite dans le domaine spatial, notamment par le biais du Centre régional de recherches sur les technologies spatiales et leurs applications et a accueilli un certain nombre de conférences et de forums internationaux et régionaux sur l’espace extra-atmosphérique, a-t-elle dit.

S’exprimant aussi à titre national, la représentante de l’Indonésie a souligné l’importance de la résolution 70/82 de l’Assemblée générale relative à l’exploitation uniquement pacifique de l’espace.  Elle a aussi souligné que la coopération internationale et le soutien aux pays en développement sont essentiels pour que leurs populations puissent également tirer profit des avantages des technologies spatiales.  Par ailleurs, elle dit souscrire aux préoccupations en matière d’application du droit spatial et des cinq traités pertinents de l’ONU dans ce domaine.  L’Indonésie souligne sur la nécessité de clairement définir les limites de l’espace extra-atmosphérique, essentiellement d’un point de vue juridique et regrette qu’il n’ait pas été possible de parvenir à un consensus sur ce point.  S’agissant de l’orbite géostationnaire, l’Indonésie milite en faveur d’un accès équitable pour tous les États, en tenant compte des besoins et intérêts spécifiques des pays en développement.  Quant à la question de la viabilité à long terme des activités spatiales, l’Indonésie salue les efforts du Groupe de travail sur cette question pour trouver des solutions concrètes et finaliser les lignes directives en ce sens.

Mme HELENA YÁNEZ LOZA (Équateur) a souligné le rôle fondamental que joue le COPUOS en servant la coopération internationale en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace à des fins pacifiques, avec pour objectif d’offrir à chaque État un « égal et plein accès aux bénéfices tirés de cette activité ».  L’Équateur, a-t-elle souligné, estime qu’il est de la plus haute importance que les pays industrialisés rassemblent leurs ressources pour permettre aux pays en développement de mettre en place des programmes d’application spatiale.

Rappelant les diverses catastrophes naturelles qui ont frappé son pays et sa région ces derniers mois, la déléguée a indiqué que l’Équateur continuait à soutenir la mise en œuvre du dispositif SPIDER pour la prévention des catastrophes naturelles, qui célèbre cette année son dixième anniversaire.  À cet égard, elle a prié le COPUOS d’intensifier ses activités en faveur de la mise en place de missions d’évaluation et de programmes de formation, en particulier dans les pays en développement.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a souligné les droits souverains de tout État à participer à l’utilisation et à l’exploitation de l’espace extra-atmosphérique et réitéré le principe d’accès à cet espace sur un pied d’égalité pour tous les États.  Le représentant a également mis l’accent sur le principe de non-appropriation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la lune et d’autres corps célestes,  et sur le respect de la non-militarisation de cet espace qui est « le patrimoine de l’humanité ».  Il a insisté sur le rôle de la  coopération internationale et régionale pour que les activités spatiales puissent s’inscrire dans les objectifs de développement durable.

Compte tenu des énormes progrès des technologies spatiales et leurs applications dans des domaines aussi variés que la science, l’environnement, la médecine et l’éducation, il a insisté sur l’importance de la coopération internationale pour permettre à tous les pays d’en bénéficier.  Il a également souligné l’importance primordiale du respect des accords et du régime juridique en vigueur pour éviter la course aux armements dans l’espace.  L’Argentine a défendu la nécessité d’une terminologie claire à cet égard, a-t-il rappelé.  Abordant les questions de la saturation de l’orbite géostationnaire, des débris spatiaux et de la course aux armements dans l’espace, il a affirmé qu’il s’agissait de facteurs qui risquent d’entraver la viabilité à long terme des activités spatiales.  Pour l’Argentine, les technologies de l’espace doivent être exclusivement au service de l’humanité et la coopération internationale et régionale dans ce domaine doit constituer une priorité pour favoriser le développement durable.  Les instruments spatiaux sont également devenus indispensables dans la gestion des catastrophes naturelles et de la gestion des ressources en eau, a-t-il noté.

M. TAL GAT (Israël) a expliqué que son pays concevait l’espace comme une stimulation technologique, une porte d’entrée dans la société moderne, une économie de pointe basée sur l’information et une source d’attraction de professionnels hautement qualifiés.  De fait, a-t-il souligné, l’Agence spatiale israélienne compte préserver et étendre les avantages de l’État hébreu et le placer parmi l’élite des nations à vocation spatiale.

Exprimant la fierté d’Israël de figurer parmi les 11 pays disposant de capacités de lancement dans l’espace et la soixantaine de pays qui opèrent les quelque 1 200 satellites actifs, il a rappelé que le Gouvernement israélien avait signé en juin 2015 l’Accord-cadre de coopération avec le COPUOS et accueilli le soixante sixième congrès annuel de de la Fédération internationale d’astronautique (FIA), qui a débouché sur la signature d’accords bilatéraux de coopération avec la NASA ainsi qu’avec les agences spatiales française, allemande et italienne. 

Il a enfin a assuré qu’Israël avait l’intention de soutenir les diverses activités du COPUOS, notamment ses travaux relatifs aux vols suborbitaux en coopération avec l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et les préparatifs du cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50). 

M. RODOLFO FLORENTINO DÍAZ ORTEGA (Mexique) a appelé à la coopération internationale et régionale dans le domaine des affaires spatiales.  L’utilisation de l’espace doit se faire uniquement au bénéfice de l’humanité et il faut redoubler d’efforts pour le perfectionnement du régime juridique qui règlemente les activités dans l’espace extra-atmosphérique, a poursuivi le représentant.  Pour le Mexique, qui a souscrit aux cinq traités de l’ONU dans le domaine spatial, il est indispensable que les États qui ne l’ont pas encore fait y adhèrent sans plus tarder en vue de renforcer le régime juridique actuel.  Il a dénoncé la paralysie de la Conférence du désarmement à Genève, ce qui entrave la possibilité de parvenir à un accord juridiquement contraignant pour garantir la préservation de l’espace.  Même s’il est important de compléter les instruments existants, il faut néanmoins accomplir des progrès normatifs en matière spatiale et un régime juridiquement contraignant, a estimé le représentant mexicain.

Sa délégation a par ailleurs réaffirmé le fait que l’espace extra-atmosphérique doit rester ouvert à tous les pays et a salué les efforts du COPUOS qui défend le respect de ce mandat.  Elle milite contre la course aux armements dans l’espace et souligne le rôle du COPUOS pour mettre les instruments spatiaux au service de l’humanité.

M. LIM TONG HAI (Singapour) a constaté une utilisation croissante de l’espace extra-atmosphérique au niveau mondial, attirant l’attention sur les défis que constituent la gestion des débris spatiaux, la congestion orbitale et le risque de course à l’armement dans l’espace.  Ces défis, a-t-il souligné, nécessitent l’adoption par la communauté internationale de « mesures pragmatiques » visant à garantir un comportement responsable et la sécurité dans l’espace.

Soulignant l’importance de l’utilisation technologique de l’espace pour les opérations de maintien de la paix et les dispositifs humanitaires et de prévention des risques des Nations Unies, il a exprimé le soutien de son pays au développement d’un cadre international ouvert et inclusif pour la gouvernance des activités spatiales et le maintien du caractère commun et pacifique de l’espace.

Il a d’autre part estimé que le COPUOS était une plateforme utile pour la construction de normes internationales en matière de comportement responsable dans l’espace.  L’émergence de technologies comme les armes autonomes ou la technologie des missiles nécessite, selon lui, une réflexion collective sur les utilisations pacifique de l’espace et sur son désarmement.  À cette fin, Singapour soutient la réunion ad hoc conjointe des Première et Quatrième Commissions prévue lors de cette session de l’Assemblée générale.

M. BENJAMIN STEELE (Nouvelle-Zélande) a annoncé que son pays lancerait avant la fin de cette année sa première fusée commerciale.  La Nouvelle-Zélande est partie à trois traités sur l’espace: le traité sur l’espace extra-atmosphérique, l’accord sur le sauvetage des astronautes et la convention sur la responsabilité, a indiqué le représentant, précisant que la loi sur l’espace extra-atmosphérique et les activités de haute altitude a été présentée au Parlement le 19 septembre.  L’adoption de cette loi permettra le développement de l’industrie spatiale nationale et assurera une utilisation sûre, sécurisée et responsable, a-t-il dit, assurant par ailleurs que la Nouvelle-Zélande respectera ses obligations internationales dans ce domaine.  Nous avons intérêt à travailler avec des partenaires internationaux pour promouvoir l’utilisation pacifique et responsable de l’espace, a ajouté le représentant, soulignant que ces intérêts avaient amené le Gouvernement néo-zélandais à demander l’adhésion du pays au Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, y compris le volet sur l’utilisation durable de l’espace et la question de l’application des obligations découlant du droit international aux activités des entreprises privées dans l’espace.   

M. STEPHEN MAHLABADISHAGO NTSOANE (Afrique du Sud) a dit que le développement des programmes spatiaux exigeait la coopération aux niveaux régional et international.  L’Afrique du Sud participe à la constellation de satellites pour la gestion des ressources africaines avec le Kenya, le Nigéria et l’Algérie, a indiqué le représentant, précisant qu’il s’agit d’une constellation de satellites à basse altitude développée sous les auspices de la Conférence des dirigeants africains sur l’application des sciences et techniques spatiales au développement durable.  Le représentant a estimé que la coopération entre les pays africains est un exploit majeur de l’industrie spatiale africaine, les données et informations collectées permettant le renforcement de la capacité technologique du continent.

Au niveau mondial, l’Afrique du Sud s’est engagée à travailler avec d’autres pays pour le développement de normes internationales sur l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, a poursuivi le représentant, affirmant que son pays attachait la plus grande importance au travail du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.  Après avoir déclaré que l’équité, l’accès égal et la non-discrimination étaient au cœur de l’approche de l’Afrique du Sud des discussions mondiales sur l’utilisation de l’espace, le représentant a appelé pour une plus grande coopération entre les États dans le développement des ressources humaines dans le cadre de renforcement des capacités relatives à l’espace.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a déclaré que son pays avait fait des progrès en matière spatiale, en particulier dans le domaine des applications.  L’Agence nationale de l’espace de Malaisie se concentre sur les étapes d’exploration des applications spatiales au niveau des communautés, en menant des projets tels que le système de secours d’urgence médical et le projet Infrastructures et villes intelligentes (Smart-City).  Ce dernier, mené en coopération avec les autorités locales, vise à développer un système de livraison intelligent, utilisant la technologie géospatiale et impliquant les signaux du système de positionnement universel (GPS) pour aider les autorités locales à gérer leurs municipalités.  Le système devrait être opérationnel en janvier 2017.

Le représentant a par ailleurs affirmé que la Malaisie remplit toujours sa fonction en tant que nœud d’analyse des données devant être reçues à partir de plusieurs satellites pour aider le réseau mondial de gestion des risques de catastrophes utilisant la télédétection dans le cadre du projet « Sentinel Asia ».  La Malaisie continue également son rôle de chef de file dans les projets « Space Seeds for Asian Culture 2015 » et « Asian Herb in Space ».  Au cours de la célébration de la Semaine mondiale de l’espace qui s’est tenue du 4 au 10 octobre 2016, l’Agence nationale de l’espace de la Malaisie a mené des programmes d’éducation scolaire, notamment une communication en direct, le 7 octobre, avec l’astronaute japonais Takuya Onishi, qui se trouve à bord de la Station spatiale internationale.

M. ALEXANDRE PERREN (Suisse) a affirmé que la collaboration internationale est un facteur de cohésion entre les États pour les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.  Elle est aussi essentielle pour faire face à l’évolution des risques dans l’espace, qu’il s’agisse des risques posés par les débris spatiaux, des risques naturels ou des risques d’interférence volontaire.  Le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) joue, à ce titre, un rôle unique en tant que plateforme globale de gouvernance et de collaboration internationale dans le domaine spatial, a-t-il indiqué, précisant que la Suisse approuvait son rapport annuel.

Cette année le Comité a enregistré « un grand succès », à son avis, avec l’adoption d’un premier ensemble de lignes de conduites dont l’application par les États contribuera à favoriser l’utilisation de l’espace sur le long terme.  Le représentant a noté que cela n’a été possible que grâce à la volonté de compromis et aux concessions de tous les États engagés dans ces négociations depuis plus de six ans.  Il a affirmé par ailleurs que son gouvernement était confiant que la poursuite des travaux permettrait au Comité d’adopter un ensemble complété de lignes de conduite pour recommandation à l’Assemblée générale en 2018.  L’année 2018 marquera aussi un autre évènement majeur pour le Comité, qui célèbrera le cinquantième anniversaire de la première Conférence de l’ONU sur l’espace, et organisera la conférence UNISPACE+50, que la Suisse soutient par le biais de sa contribution dans deux groupes thématiques - météorologie spatiale et santé globale-, a précisé le représentant.

S’agissant de la viabilité à long terme des activités spatiales, le représentant suisse a estimé qu’elle ne pourrait être garantie sans en assurer la sûreté et la sécurité.  Il faut, selon lui,  renforcer les synergies pour relever de façon holistique les défis à ces trois aspects.  À ce titre, la Suisse encourage la coopération renforcée entre l’UNIDIR, le Bureau des affaires spatiales et le Bureau des affaires du désarmement.  Elle soutient en outre la tenue d’une table ronde interactive entre les Première et Quatrième Commissions lors de la Soixante et onzième session de l’Assemblée générale, a conclu le représentant.

M. KAMRAN AHMAD MALIK (Pakistan) a souligné l’attachement de son pays à la coopération internationale en matière d’exploration spatiale et d’utilisation de l’espace.  Il a rappelé à cet égard l’engagement du Pakistan au sein de différents organismes régionaux et internationaux, à commencer par le COPUOS.

Évoquant la question de la réduction des débris spatiaux, à ses yeux essentielle, il a averti que les pays émergents sur le plan spatial, qui comprennent en majorité des pays en développement, ne disposent pas des ressources financières et technologiques requises pour se conformer aux directives du COPUOS.  Il a également estimé qu’il était de la responsabilité morale de la communauté internationale de prévoir une assistance pour les nouveaux entrants afin de les aider à mettre en œuvre ces directives au travers notamment de systèmes d’analyse des risques.

Il a enfin rappelé la ferme opposition du Pakistan à la militarisation de l’espace et à toute course à l’armement dans l’espace, y voyant une grande menace pour l’avenir des opérations spatiales.  Il s’est déclaré préoccupé par l’absence, dans le droit international, d’une interdiction du placement et/ou d’une utilisation dans l’espace d’armements conventionnels et d’armes de destruction massive non nucléaires.  Il a ainsi plaidé pour qu’un traité juridiquement contraignant soit élaboré sur le sujet.

M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran), dont le pays est un membre fondateur du COPUOS, a indiqué que son gouvernement continuait d’attacher la plus haute importance à l’espace extra-atmosphérique en tant que patrimoine commun de l’humanité, qui doit être utilisé et exploré exclusivement à des fins pacifiques.  Il a souligné que cet espace doit être disponible pour tous les États sur la base de l’égalité et du principe de la non-appropriation.  Il incombe à tous les États d’éviter toute activité allant dans le sens de sa militarisation de l’espace, a-t-il insisté.  Le représentant a également demandé que toute mesure visant à transformer l’espace extra-atmosphérique et les technologies spatiales en un monopole d’un quelconque État soit évitée.  Il  a par ailleurs jugé indispensable la rationalisation de l’orbite géostationnaire et son accès non discriminatoire ouverte à tous les États, indépendamment du niveau de développement scientifique, technique et économique des pays.  Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de délimiter l’espace extra-atmosphérique.  S’agissant du problème des débris spatiaux, l’Iran appelle à un règlement immédiat de cette question dans la mesure où il s’agit d’une menace commune, tout en affirmant qu’il incombait aux États ayant créé ces débris d’y remédier.  En tant que pays fréquemment victime de catastrophes naturelles, l’Iran est un membre actif de UN-Spider dont il accueille un bureau régional, a poursuivi le représentant, indiquant que l’agence spatiale iranienne coopérait avec un certain nombre de comités comme APSCO, AARS, COSPAR et INTELSAT.  En conclusion, le représentant a exprimé les préoccupations de sa délégation concernant l’adoption d’un premier ensemble de lignes de conduites par le COPUOS, estimant « c’est une action prise à la hâte, non conforme à la pratique régissant la rédaction de documents semblables aux Nations Unies ».  Estimant qu’une telle démarche n’ajoutait en rien à la crédibilité de ces directives, le représentant iranien a souligné le droit de tous les membres du COPUOS de présenter leurs propres propositions et amendements avant la fin des négociations finales du Comité.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a affirmé que le Comité des Nations unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique et ses sous-comités jouaient un rôle important dans la promotion des efforts en matière d’exploration et de recherche dans l’espace extra-atmosphérique, ainsi que dans la recherche des bénéfices que peuvaient apporter la technologie spatiale au regard des objectifs de développement durable.  Le représentant a rappelé que son pays avait toujours été engagé en faveur de la promotion du développement et de l’utilisation pacifique des technologies spatiales.  La Mongolie utilise les systèmes mondiaux de communication spatiale depuis 30 ans et n’a encore jamais lancé son propre satellite, a précisé le représentant, indiquant toutefois que son pays a lancé en 2012 un programme national pour la mise en place d’un satellite. Il a ajouté que le lancement du premier satellite national était prévu pour le printemps 2017 et que les bénéfices y associés seraient nombreux, comme, par exemple, la capacité de mener des recherches indépendantes dans l’espace et la mise au point de cartes géographiques de meilleure qualité pour une meilleure prévention des désastres naturels. 

M. MOHAMMED KASEEM KAREEM (Iraq) a souligné le caractère commun de l’espace et son importance pour l’accueil d’activités scientifiques, y compris pour les pays qui ne sont pas dotés de capacités spatiales.  La recherche scientifique dans l’espace contribue à de nombreux domaines, notamment à la météorologie et à la gestion des catastrophes naturelles, a-t-il relevé, plaidant pour davantage de coopération internationale en la matière.

Le délégué s’est félicité à cet égard que la coopération internationale ait contribué à permettre à l’Iraq de lancer son premier satellite en 2014, grâce à l’aide financière du Gouvernement italien.  De même, l’Iraq continue d’envoyer ses experts dans des pays avancés sur le plan spatial à des fins de formation et d’entraînement, a-t-il précisé.  Il a enfin assuré que son pays entendait utiliser l’espace à des fins exclusivement pacifiques. 

M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a souligné les réalisations significatives de plusieurs États Membres dans le domaine de l’espace, avant de présenter celles de son pays, parmi lesquelles huit missions de satellite.  La mission récente d’un nouveau lanceur de satellite a permis de lancer des satellites dans deux orbites différentes, ainsi qu’un satellite météorologique, a-t-il expliqué.  L’Inde a aussi parachevé la constellation de système satellitaire de navigation régionale, y ajoutant trois satellites cette année, a-t-il indiqué, précisant par ailleurs que la mission MARS orbiter avait été menée à bien et permis de fournir des données précieuses à la communauté scientifique.  D’autre part, le premier projet de lancement d’un véhicule de lancée lourd devrait démarrer en 2017, a dit le représentant.  Les technologies spatiales et leurs applications sont intégrées dans la bonne gouvernance et le développement national de l’Inde, a poursuivi M. Prasad, qui a précisé que son pays coopérait avec 39 pays et cinq organismes internationaux dans le domaine spatial.

M. SERGEY A. LEONIDCHENKO (Fédération de Russie) a exprimé l’attachement de son pays à l’établissement d’un régime de coopération internationale dans la gestion de l’espace, en vue notamment de prévenir des situations de conflit.  Il a appelé à ce sujet les États Membres à respecter la réglementation sur la sécurité dans l’espace.   

Le représentant russe a par ailleurs indiqué que sa délégation n’était pas favorable à l’élargissement des travaux relatifs aux préparatifs du cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique en 2018 (UNISPACE+50).  La Fédération de Russie a néanmoins fourni un document de travail sur la gestion de la circulation dans l’espace afin de permettre l’établissement de lignes directrices.

Il a enfin proposé la création d’une plateforme d’information, à la fois « fiable et précise » sur la « situation dans le cosmos ».  Cet outil, destiné à une utilisation générale pour tous les acteurs et opérateurs, constituerait, selon lui, une « percée » et pourrait servir à regrouper toutes les informations sur les engins et les objets dans l’espace, ainsi qu’à planifier les activités.  Les seules limites de cette « banque générale de données » concerneraient les informations orbitales d’engins liés à des activités de sécurité nationale, a-t-il indiqué. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: des délégations réaffirment la place centrale de l’éradication de la pauvreté pour parvenir à un développement durable

soixante et onzième session,
11e séance - matin
AG/EF/3453

Deuxième Commission: des délégations réaffirment la place centrale de l’éradication de la pauvreté pour parvenir à un développement durable

Des délégations de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, ont insisté, ce matin, sur l’importance de la lutte contre la pauvreté en vue de parvenir à un développement durable inclusif.

Au cours de la deuxième journée des  travaux consacrée à l’examen de la question du développement durable, « enjeu majeur des travaux de la Deuxième Commission » comme l’ont relevé hier des délégations, de nombreuses voix, dont celles de l’Équateur et de la Chine, ont rappelé que l’élimination de la pauvreté était la priorité la plus importante pour le développement durable.

Soucieuse de s’assurer que personne ne soit laissé de côté, et engagée à soutenir les quelque 836 millions de personnes qui vivent encore dans l’extrême pauvreté, la communauté internationale avait établi, en 2015, que ce vœu constitue le premier des 17 objectifs de développement durable.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, a expliqué le délégué de l’Équateur, la pauvreté ne résulte pas d’un manque de ressources, mais de systèmes qui favorisent l’exclusion.  Pour lui, combattre la pauvreté implique une meilleure distribution des revenus et des richesses à la fois au sein des sociétés et entre pays.

Il faut que les plus pauvres soient considérés comme « des agents dignifiés de leur propre autonomisation », a déclaré, de son côté, l’Observateur permanent du Saint-Siège qui rappelait ainsi les paroles du pape François.  Il a demandé que le développement durable soit centré sur l’homme et appelé à une nouvelle vision qui tienne compte de la dignité humaine et du respect de la nature, afin de valoriser « une économie de solidarité ». 

Pour El Salvador, il faudrait établir des mesures précises adaptées au caractère multidimensionnel de la pauvreté, notamment pour permettre aux pays à revenu intermédiaire de relever les défis du développement durable.

La déléguée de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait observer que 80% des plus pauvres de la terre, et qui connaissent également l’insécurité alimentaire, vivent dans les zones rurales des pays en développement.  Si nous voulons vraiment agir pour ne laisser personne de côté, a-t-elle expliqué, alors il faudrait tenir compte du fait qu’une personne sur trois, vivant en montagne, soit confrontée au problème de l’insécurité alimentaire.

 

La FAO entend mettre en place un programme d’action en faveur de la sécurité alimentaire dans les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-elle indiqué.  Pour la représentante de la Namibie, la lutte contre la pauvreté implique que l’Afrique doit sortir de sa dépendance aux seules ressources naturelles afin de promouvoir un nouveau modèle d’intégration sociale et industrielle.  

De nombreux orateurs ont demandé que les efforts internationaux pour éradiquer la pauvreté et réaliser, ainsi, tous les objectifs de développement international, prennent compte des besoins et enjeux des pays en situation particulière.

Dans ce contexte, le délégué du Nigéria a expliqué que la désertification menaçait les plus pauvres en Afrique.  La lutte contre ce  phénomène naturel, a-t-il dit, est absolument nécessaire pour vaincre la pauvreté.  Le Nigéria, a-t-il assuré, a ainsi adopté plusieurs mesures, dont le programme « Mur vert du Sahara » visant à stopper l’avancée du désert.

Les questions énergétiques ont également été évoquées au cours de cette session, avec la plupart des interventions appelant à la transition des économies vers des sources d’énergie renouvelables, une option qui permettrait également de réduire les émissions de gaz à effet de serre, principales responsables des changements climatiques.

Aujourd’hui, 173 pays ont défini des objectifs d’énergies renouvelables, contre seulement 43 en 2005, s’est félicitée la déléguée de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).  Elle a expliqué que la bonne gestion des politiques énergétiques pourrait faciliter la réalisation de presque tous les objectifs de développement durable.  Le secteur de l’énergie renouvelable a créé environ 9,4 millions d’emplois en 2015, a-t-elle fait observer, en soulignant que la transformation énergétique en cours entraînera une transformation économique

Aucun pays ne peut parvenir au développement durable sans paix et sécurité, a prévenu le représentant de l’Ukraine, en soutenant que le renforcement de la paix universelle devrait devenir la force motrice pour que les objectifs de développement durable deviennent une réalité.

Jeudi prochain, la Deuxième Commission organisera, le matin, une manifestation parallèle sur le rôle des instances publiques chargées de la gouvernance et de toutes les parties prenantes dans la promotion de l’informatique et des communications à l’appui du développement durable.  Dans l’après-midi, elle entamera l’examen du point de son ordre du jour consacré aux technologies de l’information et des communications au service du développement.

DÉVELOPPEMENT DURABLE (A/71/76–E/2016/55, A/71/190, A/71/210, A/71/215, A/71/217 et A/71/376)

Fin du débat général

M. CARLOS MANUEL DA COSTA (Mozambique) a rappelé que le Mozambique était vulnérable aux catastrophes naturelles, en raison de sa situation géographique.  Le Mozambique a renforcé la capacité nationale et s’est doté de deux objectifs stratégiques: la promotion d’études et de recherches visant à la réduction des risques et à l’adaptation aux changements climatiques d’une part, la réduction de la vulnérabilité des communautés, de l’économie et des infrastructures d’autre part.  Il a attiré l’attention sur l’adoption d’un cadre institutionnel et d’un cadre juridique pour renforcer les capacités d’adaptation aux changements climatiques.  Cela a eu des effets positifs mais beaucoup reste à faire, a-t-il souligné, en faisant observer que cela était entravé par le manque de ressources pour reconstruire les infrastructures détruites et améliorer les méthodes de planification.  L’appui des partenaires du Mozambique pour le développement est indispensable, a-t-il souligné en les encourageant à augmenter leur aide.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a salué l’adoption de nouveaux instruments internationaux concernant le développement durable.  Durant 16 ans, la Malaisie a fait d’énormes progrès en tant que pays à revenu intermédiaire mais les partenariats stratégiques doivent être renforcés en vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, a dit le délégué.  M. Ibrahim a également lancé un appel à des actions robustes internationales contre le terrorisme et l’extrémisme violent afin de pouvoir exécuter le programme de développement durable.  Celui-ci est également affecté par l’incidence de la pauvreté.  Le représentant a indiqué que le plan 2006-2020 de la Malaisie est le premier à aller au-delà des mesures du PIB et à introduire un indicateur de bien-être.  Le pays est par ailleurs en train de ratifier l’Accord de Paris et compte réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici à 2030.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a indiqué qu’il mettrait tout en œuvre pour jeter les bases de suivi de tous les accords internationaux récemment adoptés.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il rappelé, présente des objectifs pour éliminer la pauvreté extrême et accorder un minimum de niveau de développement durable dans le monde.  Il faudrait, a-t-il estimé, mieux démarquer le rôle du système des Nations Unies pour mettre en œuvre ces instruments, en se disant convaincu que les objectifs de développement durable ne seront pas atteints sans un appui approprié sur le terrain.  Le représentant a toutefois regretté que l’on parle beaucoup de ce que les pays doivent faire mais peu des priorités des Nations Unies. Sans une aide publique au développement (APD) significative, il est impossible pour les pays en développement de réaliser les objectifs fixés, a-t-il prévenu.

S’agissant de l’Accord de Paris, le délégué a fait remarquer que ce sont les pays en développement qui souffrent le plus de la pollution générée par les pays développés.  Le développement durable doit être abordé de façon intégrale et c’est pourquoi, il faut que des mesures précises adaptées au caractère multidimensionnel de la pauvreté soient prises, notamment pour permettre aux pays à revenu intermédiaire de relever les défis, a-t-il souligné.

Mme HUA YE (Chine) a recommandé à la communauté internationale de prendre des mesures plus actives et de mettre en place le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de façon intégrée et coordonnée.  La représentante a souligné que l’élimination de la pauvreté était la priorité la plus importante, essentielle pour le développement durable.  Il est important de parvenir à établir une harmonie entre humanité et environnement, a-t-elle souligné.  La représentante a ensuite demandé que des mécanismes soient mis en place pour assister à la réalisation des objectifs de développement durable et pour que les pays développés puissent aider les pays en développement à améliorer leurs capacités nationales.  Elle a estimé qu’il faudrait renforcer la coopération par laquelle tout le monde sera gagnant, notamment pour l’énergie et l’alimentation.

Au sujet de l’Accord de Paris, la déléguée de la Chine a souligné qu’il devrait être mis en œuvre intégralement.  Il faudrait également œuvrer pour assurer à la fois la sécurité alimentaire et un système énergétique stable.  La Chine a fait du développement l’un de ses objectifs principaux, en précisant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était intégré dans ses stratégies à long terme.  Le Gouvernement chinois a toujours adopté une démarche responsable en ce qui concerne les changements climatiques et a tout mis en œuvre pour ratifier l’Accord de Paris, a-t-elle assuré.

Mme AYE MYA MYA KHAING (Myanmar) a indiqué que le Gouvernement du Myanmar a intégré les préceptes des objectifs de développement durable dans le plan de développement économique pour l’année 2016.  Pour les autorités du pays, la paix et la réconciliation nationale sont des conditions préalables pour parvenir à un développement durable, d’autant plus que des décennies de guerre civile ont sapé le développement inclusif au Myanmar.  La représentante a souligné l’importance de la science, la technologie et l’innovation comme catalyseurs du développement durable.  Dans ce contexte, elle a salué les progrès en vue de la mise sur pied du  mécanisme de facilitation des technologies. 

Le Myanmar est engagé dans la promotion des sources d’énergie renouvelables, a-t-elle assuré en précisant que la préservation de l’environnement était un devoir pour tous les citoyens.  Son pays est très vulnérable aux catastrophes naturelles, a-t-elle rappelé.  À cet égard, elle a remercié l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour avoir assisté le Myanmar dans la réhabilitation des sites historiques détruits à la suite du tremblement de terre d’août dernier.

Mme HEBA ALSABAH (Koweït) a souhaité que la communauté internationale passe désormais des paroles aux actes dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de tous les défis auxquels elle est confrontée.  Elle a plaidé pour le renforcement des partenariats entre pays développés et ceux en développement.  Elle a invité les pays développés à mettre en œuvre leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).

Le Koweït a, pour sa part, établi un programme national de mise en œuvre des objectifs de développement durable, a indiqué la représentante.  Elle a ensuite salué l’annonce de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris le mois prochain et assuré que son pays entendait réduire sa dépendance aux hydrocarbures afin de préserver la couche d’ozone.  Le pays est également confronté à l’avancée du désert et les autorités ont engagé des mesures pour y faire face, a-t-elle fait remarquer.

M. MAHE’ULI’ULI SANDHURST TUPOUNIUA (Tonga) a estimé que les partenariats internationaux en faveur du développement étaient de la plus grande importance pour un pays comme les Tonga, un petit État insulaire en développement (PEID).  Il a indiqué que son pays avait besoin du soutien de la communauté internationale afin de pouvoir faire face aux défis qui l’interpellent, notamment les changements climatiques.  Le pays a identifié 29 cibles entrant dans le cadre de la contextualisation des objectifs de développement durable au niveau national.  Une démarche nationale assure du reste que la question des changements climatiques soit intégrée à tous les niveaux de prise de décisions, tant au niveau national qu’au niveau des communautés.  Il a également souligné l’importance de la préservation des ressources marines qui sont la base de l’économie des Tonga.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a exprimé ses condoléances et sa sympathie au Gouvernement et au peuple d’Haïti, frappés par l’ouragan Matthew.  Le représentant a estimé qu’il faudrait renforcer les synergies et la cohérence pour appliquer les instruments adoptés dans les domaines social et environnemental.  Les Nations Unies devraient aussi renforcer leur rôle afin de mieux assister les pays concernés à assurer leur développement.  L’Éthiopie se prépare pour l’examen volontaire national en 2017 qui aura lieu dans le cadre du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, a indiqué le représentant.  Les catastrophes menacent les acquis du développement, a-t-il souligné, en recommandant que le Cadre de Sendai soit appliqué par les gouvernements, le secteur privé et la société civile pour mieux se préparer à les gérer.  Le Gouvernement éthiopien a intégré des mesures de préparation aux risques dans ses plans de développement et a pu épargner des vies humaines, avec l’aide de ses partenaires.  La promotion de sources d’énergie renouvelables peut également contribuer à l’élimination de la pauvreté et la mise en œuvre de l’objectif 7 du développement durable pourrait contribuer à atténuer les conséquences des changements climatiques.  La pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige un environnement propice à tous les niveaux, a-t-il conclu.

M. VITALII BILAN (Ukraine) a déclaré que l’Ukraine luttait pour renforcer sa stabilité et sa sécurité après l’annexion de la Crimée et l’agression externe qui a ralenti son développement.  Le représentant a ensuite souligné que le développement durable unissait en tant qu’objectif pour le progrès et que l’Ukraine prend au sérieux ses engagements, en travaillant à la réalisation des objectifs de développement durable.  En tant que membre du Groupe des amis du climat, l’Ukraine salue l’Accord de Paris, qu’elle a signé en avril 2016.  Évoquant la catastrophe de Tchernobyl, le représentant a rappelé qu’il était important de donner plus de force à la dimension humaine dans la préparation à des urgences nucléaires au niveau des Nations Unies. 

Par ailleurs, la protection de l’environnement dans la région du Donbass est un autre sujet de préoccupation après le bombardement d’infrastructures  sensibles, a fait observer le délégué.  Il est temps que les Nations Unies  se penchent sur la protection de l’environnement dans les situations de conflit, a-t-il lancé, en ajoutant qu’il était évident qu’aucun pays ne peut parvenir au développement durable sans paix et sécurité.  Par conséquent, le renforcement de la paix universelle devrait devenir une force motrice pour la réalisation des objectifs de développement durable.

M. PTANGME PEKETI (Togo) a indiqué que le Gouvernement togolais avait opté pour plus de transparence et des actions inclusives pour un développement durable du pays.  Dans le cadre du processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Togo a lancé son plan national de développement durable pour la période 2015-2019, avec l’éradication de la pauvreté placée au centre des défis.  Le représentant du Togo a également fait observer que le pays avait lancé un programme de construction et de réhabilitation des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires.  Il a ensuite plaidé pour une mise en œuvre des objectifs de développement durable qui soit inclusive, afin de s’assurer que personne ne soit laissé de côté.

M. SEMISI SERUITANOA (Fidji) a déclaré que l’éradication de la pauvreté devrait être au centre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  L’entrée en vigueur de l’Accord de Paris est un exemple des avancées qui sont possibles lorsque la communauté internationale décide de travailler dans l’unité.  Le représentant des Fidji a plaidé pour l’appui de la communauté internationale en faveur des pays en développement, notamment ceux qui se trouvent dans des situations particulières.  Il n’y a pas de solution miracle s’appliquant à toutes les situations, a-t-il prévenu. 

Le représentant a ensuite plaidé pour des partenariats renforcés en faveur des PEID pour la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  Il faudrait mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation efficients de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ces mesures, a-t-il expliqué, permettraient d’adapter le système des Nations Unies aux besoins véritables des États Membres.  Avant de conclure, il a salué la tenue d’une réunion de l’Assemblée générale sur la question des océans, en mai 2017.    

M. ABEL ADELAKUN AYOKO (Nigéria) a reconnu les défis importants à tous les niveaux en ce qui concerne le développement durable et les impacts négatifs de la crise.  Le représentant a jugé nécessaire de redoubler d’efforts et recommandé aux pays développés d’honorer leurs engagements à l’égard des pays en développement.  Les petits États insulaires en développement (PEID) sont confrontés à des défis structurels et extérieurs exceptionnels, surtout en Afrique, a fait observer le délégué, en estimant qu’il faudrait mettre en œuvre la stratégie de Maurice tenant compte de leurs spécificités.  Il faudrait également s’attaquer aux causes profondes des risques de catastrophes naturelles, a-t-il souligné en demandant à la communauté internationale de renforcer la coopération technologique pour limiter les conséquences de ces catastrophes.

Le Nigéria est très attaché au développement durable dans toutes ses dimensions et l’a intégré dans sa politique nationale, notamment en ce qui concerne l’énergie, a indiqué son représentant.  Il a ensuite demandé aux pays développés et aux institutions compétentes de redoubler d’efforts pour aider les pays en développement à renforcer leurs capacités nationales.  « L’un des plus grands défis de notre époque est la désertification qui menace les plus pauvres en Afrique », a insisté le représentant.  La lutte contre ce phénomène naturel est absolument nécessaire pour vaincre la pauvreté, a-t-il assuré.  En ce sens, le Nigéria a adopté plusieurs mesures, dont le programme « Mur vert du Sahara » visant à stopper l’avancée du désert.  Les Nations Unies doivent concrétiser les efforts collectifs pour assurer un développement large et inclusif, créateur d’emploi décent, a conclu le délégué.

M. ADNAN ALTAY ALTINÖRS (Turquie) a déclaré que la Deuxième Commission était essentielle pour traduire la vision en matière de développement en actions concrètes.  La Turquie est attachée au programme universel et transformateur de développement durable à l’horizon 2030 qu’elle est en train d’intégrer dans ses plans nationaux de développement, a indiqué le délégué.  Sa mise en œuvre doit aboutir à l’élimination de la pauvreté et de la faim et tenir compte des enjeux des pays en situation spéciale.  Par ailleurs, la Turquie est candidate pour accueillir la COP14 de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité en 2018 et la COP26 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en 2020. La mise en œuvre de ces conventions et des objectifs de développement durable requiert les capacités adéquates, des ressources et une aide aux pays en développement, a expliqué le délégué.  Dans ce contexte, la Turquie a lancé l’initiative d’Ankara pour la période 2016-2019 qui vise à renforcer la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le programme de développement à l’horizon 2030.

Mme VESNA BAUS (Croatie) a souhaité que cette session de l’Assemblée générale soit véritablement consacrée à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a salué le succès de la dernière session du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, réuni sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC).  La représentante a plaidé pour des établissements humains durables, et appelé à assurer une qualité de vie acceptables aux citoyens, notamment dans le sillage de la tenue prochaine Conférence ONU-Habitat III qui commence la semaine prochaine à Quito, en Équateur.  Elle a aussi salué le rôle des petites et moyennes entreprises, en souhaitant qu’un soutien soit apporté particulièrement aux femmes entrepreneurs.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a souhaité que la communauté internationale change de vision et de paradigme et se tourne désormais vers l’efficience dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a ainsi plaidé pour des politiques visant à promouvoir une croissance économique inclusive.  Il a par ailleurs plaidé pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris que son pays vient de ratifier.  Il a rappelé que le Fonds vert pour le climat, qui devrait recevoir, de la part des bailleurs de fonds, au moins 100 milliards de dollars par an, pourrait aider les pays durement touchés par les phénomènes météorologiques extrêmes.  Pour s’assurer de la mise en œuvre du programme de développement international, une conférence nationale sur le développement durable a été organisée, a indiqué le délégué.  Le pays entend désormais établir un cadre institutionnel et des mécanismes financiers efficaces pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il assuré.

Mme YILIANNE SÁNCHEZ RODRÍGUEZ (Cuba) a adressé ses condoléances aux pays amis des Caraïbes à la suite du passage de l’ouragan Matthew.  La dégradation de l’environnement et les effets négatifs des crises économiques et financières montrent qu’il est nécessaire de changer les modèles insoutenables de production et de consommation et de construire des modèles durables qui en finissent avec les inégalités, la discrimination, la pauvreté et l’exclusion sociale, a fait observer la représentante.  Les petits États insulaires en développement sont encore plus vulnérables en raison de leur situation géographique, a-t-elle ajouté.  À cet égard, Cuba favorise les capacités d’enquête afin de mieux comprendre les impacts des changements climatiques pour la période 2050 à 2100.  Le pays a également fait des efforts pour lutter contre les catastrophes, avec un système de défense civile efficace et une approche intégrale, de la prévention à la récupération.  Cuba est disposée à appuyer tous les pays dans la gestion des catastrophes naturelles et vient d’envoyer une brigade d’intervention en Haïti pour soulager les victimes de l’ouragan Matthew, a assuré Mme Sanchez.

Mme LINDA ANNE SCOTT (Namibie) a fait observer que le cadre de surveillance au niveau mondial était exceptionnel et permettait d’assurer le suivi de la mise en place du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La réalisation des objectifs de développement durable exige une démarche multidimensionnelle, incluant de nombreux processus, a souligné la représentante.  Dans ce contexte, la zone de libre commerce et le passeport panafricain sont un exemple d’instrument efficace de mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle dit, convaincue que l’Afrique doit sortir de la dépendance aux seules ressources naturelles et promouvoir un modèle d’intégration sociale et industrielle.  Les changements climatiques sont l’un des plus grands défis de l’humanité, a-t-elle rappelé.

Évoquant le passage de l’ouragan Matthew, la déléguée de la Namibie a présenté ses condoléances au peuple d’Haïti et exhorté la communauté internationale à l’aider avec toute l’assistance nécessaire.  La Namibie est très concernée par la question de la dégradation des terres et de la désertification, très liée avec celle de la sécheresse et des changements climatiques, qui s’alimentent et gênent les efforts pour le développement durable.  À ce sujet, le Gouvernement avait organisé à Windhoek en août dernier, en collaboration avec le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la première conférence sur la sécheresse en Afrique, qui s’est concentrée sur les besoins spécifiques des pays africains pour améliorer la résilience.

M. ESTEBAN CADENA (Équateur) a fait observer que l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes, et de la pauvreté extrême en particulier, était le défi majeur de notre temps et un préalable à la réalisation des objectifs de développement durable.  La mise en œuvre du Programme 2030 demande de mobiliser de nouvelles ressources et de mettre l’accent sur le rôle complémentaire de la coopération Nord-Sud et triangulaire pour renforcer les capacités institutionnelles dans les domaines des infrastructures, social, éducatif et sanitaire, a souligné le représentant.  Le développement incombe, en premier lieu, aux États, a-t-il estimé.  Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la pauvreté ne résulte pas d’un manque de ressources, mais de systèmes qui favorisent l’exclusion, a-t-il lancé, en dénonçant une propagande néolibérale.  Combattre la pauvreté implique une meilleure distribution des revenus et des richesses à la fois au sein des sociétés et entre pays, a estimé M. Cadena.  Il a réitéré le soutien de sa délégation au Forum politique de haut niveau pour le suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la reconnaissance qu’il existe différentes visions pour définir les priorités de développement durable.

Mme CAMILLE BOUILLON-BÉGIN (Canada) a rappelé que le Canada avait annoncé, le 17 juin dernier, son intention de ratifier la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  Elle a indiqué que la désertification avait un lien avec certaines des priorités de développement du Canada, notamment la sécurité alimentaire, l’agriculture, la paix et la sécurité, l’accès à l’eau, la production animale, les énergies renouvelables, ainsi que les risques que la désertification pose sur les objectifs de développement durable.

M. MOHAMED OMAR GAD (Égypte) a plaidé pour un financement adéquat du système de développement des Nations Unies qui a l’expérience requise en matière d’aide au développement.  Il a indiqué que l’élimination de la pauvreté était centrale pour l’atteinte du développement durable.  Le Gouvernement égyptien en a fait l’une de ses priorités, comme cela a pu être constaté au cours de la présentation que le pays a faite au cours de l’examen volontaire devant le Forum politique sur le développement durable, réuni en juillet dernier sous les auspices de l’ECOSOC.

Pour faire face aux changements climatiques, a estimé le représentant, il faudrait fournir aux pays en développement les ressources nécessaires pour financer les mesures d’adaptation.  Il a également insisté sur la question de l’eau, en souhaitant que des données précises soient fournies afin que des solutions idoines soient apportées à ce défi.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a demandé que le développement durable soit centré sur l’homme.  Il a appelé à une nouvelle vision qui doit tenir compte de la dignité humaine et du respect de la nature, afin de valoriser « une économie de solidarité ».  Il faut que les plus pauvres soient considérés comme « des agents dignifiés de leur propre autonomisation », a-t-il insisté en rappelant ainsi les paroles du Pape François.  Il a appelé la communauté internationale à ne pas se limiter à tenir compte des enjeux économiques, mais également à prendre en considération le bien commun.  Il a précisé que les marchés avaient certes un rôle important à jouer pour la croissance, tout en estimant qu’il ne faudrait pas oublier que sans des hommes et femmes dignes, le développement durable n’est pas possible. 

Mme YERA ORTIZ DE URBINA, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a fait remarquer que les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris avaient placé les énergies renouvelables au cœur de la transformation de nos économies.  Ces énergies offrent, en effet, des réponses aux problèmes de climat et de sécurité énergétique, de même que de nouvelles opportunités pour les moyens de subsistance de ceux qui n’y ont pas accès. Aujourd’hui, 173 pays ont défini des objectifs d’énergies renouvelables, contre seulement 43 en 2005.  De plus, l’énergie sera nécessaire pour réaliser presque tous les objectifs de développement durable, a indiqué Mme Ortiz de Urbina.  Elle a ainsi cité l’exemple de l’irrigation des fermes fonctionnant à l’énergie solaire, ce qui réduit, a-t-il dit, la vulnérabilité à une pluviométrie irrégulière.  L’IRENA estime aussi que le secteur de l’énergie renouvelable a créé environ 9,4 millions d’emplois en 2015.  En conclusion, Mme Ortiz de Urbina a souligné que la transformation énergétique en cours entraînera une transformation économique, tout en souhaitant que la Deuxième Commission en tienne compte.

M. APPOLINAIRE DINGHA (Congo) a fait part des préoccupations de son pays concernant la mise en œuvre des objectifs de développement durable, de la Convention sur la diversité biologique et de la lutte contre la désertification.  L’année 2015 a marqué une avancée majeure avec l’Accord de Paris, a souligné le représentant, en rappelant qu’il n’y avait pas de plus grand obstacle au développement durable que les changements climatiques.  Le représentant a souligné que le multipartisme devrait rester un pivot central pour trouver des solutions globales.  Le Congo, a-t-il assuré, fait de la promotion des énergies renouvelables un axe central du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.

Mme CARLA MUCAVI de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué que les changements climatiques constituaient une menace à la sécurité alimentaire et au développement rural.  Elle a salué l’annonce de l’entrée en vigueur future de l’Accord de Paris, avant de rappeler que le phénomène El Niño avait causé la sécheresse et des inondations destructrices, exposant ainsi à de graves risques l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’alimentation de plus de 60 millions de personnes à travers le monde.  Elle a affirmé que la FAO, sensible à la vulnérabilité particulière des petits États insulaires en développement (PEID) face aux changements climatiques, s’est engagée à la mise en œuvre des Orientations de Samoa, notamment par la mise en place d’un programme d’action en faveur de la sécurité alimentaire dans les PEID.

Mme Mucavi a également souligné l’importance des écosystèmes de montagnes qui fournissent eau et énergie tout en jouant un rôle majeur en matière de conservation de la biodiversité.  « Si nous voulons vraiment agir pour ne laisser personne de côté, alors il nous faut tenir compte du fait qu’une personne sur trois vivant en montagne est confrontée au problème de l’insécurité alimentaire », a-t-elle fait observer.  Mme Mucavi a aussi noté que 80% des plus pauvres de la terre, et qui connaissent également l’insécurité alimentaire, vivent dans les zones rurales des pays en développement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Représentante spéciale pour Haïti demande un appui pour remédier aux conséquences de l’ouragan Matthew et préserver le processus électoral

7789e séance – après-midi
CS/12548

La Représentante spéciale pour Haïti demande un appui pour remédier aux conséquences de l’ouragan Matthew et préserver le processus électoral

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, Mme Sandra Honoré, a demandé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, qu’un soutien international soit apporté à ce pays afin de faire face aux conséquences dévastatrices de l’ouragan Matthew qui a l’a frappé le 4 octobre.  Il est nécessaire de préserver « la crédibilité et l’intégrité » du processus électoral en Haïti, lequel est sur la bonne voie, a souligné Mme Honoré, en regrettant cependant qu’après le passage de l’ouragan, les élections prévues le 9 octobre, dont le premier tour de l’élection présidentielle, ont été reportées.

« Il est important de trouver le bon équilibre visant à maintenir l’élan généré pour les élections tout en faisant face à la plus grande crise humanitaire qu’Haïti ait connue depuis 2010 », a-t-elle affirmé.  Ce point de vue a été partagé par la plupart de la vingtaine de délégations qui ont pris la parole, exhortant ainsi le Gouvernement haïtien à organiser ces élections le plus rapidement possible.  Les intervenants ont également discuté de l’avenir de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et de l’épidémie de choléra qui frappe Haïti.  Des centaines de cas ont été constatés depuis le passage de l’ouragan Matthew.

Venue présenter le dernier rapport du Secrétaire général sur la MINUSTAH*, la Représentante spéciale a indiqué que l’ouragan Matthew aurait affecté 2,1 millions de personnes, dont 1,4 million de personnes ont un besoin urgent de l’aide humanitaire.  « Le Ministère de l’intérieur haïtien a confirmé 372 décès, un chiffre qui est susceptible d’augmenter, alors que plus de 60 000 personnes ont été évacuées et sont accueillies dans des abris temporaires », a-t-elle assuré.

Pour fournir une aide vitale à 750 000 personnes pour les trois prochains mois, Mme Honoré a rappelé que l’ONU et les agences humanitaires avaient lancé un appel pour la collecte de 120 millions de dollars.  Les Nations Unies, ainsi que d’autres partenaires internationaux, ont commencé à soutenir les autorités haïtiennes afin de répondre aux besoins immédiats de la population affectée, en positionnant des stocks de nourriture, avec l’appui de la MINUSTAH.

Les délégations ont été nombreuses à annoncer une aide de leur pays à Haïti, à commencer par celle de la France qui a affirmé que « tous les moyens disponibles seraient mobilisés pour mettre en œuvre très vite une aide d’urgence ».  De son côté, le représentant des États-Unis a rappelé que son pays avait versé 3,3 millions de dollars pour les victimes de cette catastrophe naturelle et qu’une aide humanitaire considérable avait été acheminée.  Des kits d’urgence sont arrivés, ce matin, à Port-au-Prince, a déclaré le représentant de la Colombie.

Mme Honoré a ensuite détaillé les conséquences de l’ouragan Matthew pour les perspectives politiques du pays.  « L’ouragan a en effet rendu impossible la tenue, le 9 octobre, de la répétition de l’élection présidentielle de l’année dernière, des élections sénatoriales partielles et d’une partie des élections législatives », a-t-elle précisé.  Le Conseil électoral provisoire a reporté les élections à cause des dégâts causés par l’ouragan, a-t-elle indiqué, en faisant observer cependant que les préparatifs techniques pour la tenue des élections étaient en bonne voie.

« La plupart des acteurs politiques se sont engagés à renouveler les principales institutions démocratiques du pays par le biais des élections, première étape cruciale vers le rétablissement à Haïti à l’ordre constitutionnel », a-t-elle indiqué.  À l’instar de l’ensemble des délégations, Mme Honoré a appelé tous les acteurs nationaux à donner la priorité aux besoins du peuple haïtien et à préserver la stabilité relative qui régnait avant le passage de l’ouragan Matthew et tout au long de la campagne électorale.

« Ces élections devront se dérouler de manière libre, pacifique, impartiale et transparente », a déclaré le délégué du représentant du Pérou, au nom du Groupe des amis d’Haïti, appuyé par les représentants du Brésil ou encore de l’Uruguay. Cet appel a été entendu par le délégué d’Haïti.  Les élections à venir  permettront de dissiper, a-t-il affirmé, « l’incertitude politique persistante, de surmonter la crise institutionnelle et de s’attaquer enfin aux carences structurelles qui entravent la modernisation du pays ». 

L’avenir de la MINUSTAH a été également au cœur des discussions.  Dans le droit fil du rapport précité, Mme Honoré a recommandé la prorogation du mandat de la Mission, jusqu’au 15 avril 2017, en maintenant l’effectif actuellement autorisé de personnel en tenue.  « Cela permettra à la MINUSTAH d’appuyer les autorités haïtiennes dans leurs efforts pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le contexte de de la crise humanitaire créée par l’ouragan Matthew », a-t-elle expliqué. 

La présence de la Mission ne se justifie plus, a estimé le délégué du Royaume-Uni.  Son homologue de l’Espagne a souhaité que toute décision concernant la MINUSTAH soit prise en concertation avec les autorités du pays et en prenant en compte la réalité sur le terrain afin de préserver les gains enregistrés.  Le représentant de Haïti a ainsi répondu: « Il appartiendra au prochain gouvernement sorti des urnes de définir conjointement avec les membres du Conseil les contours de la nouvelle configuration de la Mission ».  Il a par ailleurs salué la nouvelle approche adoptée par l’ONU à l’égard de l’épidémie de choléra qui sévit depuis 2010 en Haïti.

 

*     S/2016/753

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) (S/2016/753)

Déclarations

Mme SANDRA HONORÉ, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a commencé son exposé en détaillant les conséquences dévastatrices de l’ouragan Matthew qui, selon, le Gouvernement d’Haïti aurait affecté 2,1 millions de personnes dont 1,4 million ont un besoin urgent d’aide humanitaire d’urgence.  Le Ministère de l’intérieur haïtien a confirmé 372 décès, un chiffre qui est susceptible d’augmenter, alors que plus de 60 000 personnes ont été évacuées et sont dans des abris temporaires.  Elle a affirmé que les moyens de subsistance de centaines de milliers de personnes ont été perdus, en précisant que jusqu’à 80% des cultures et du bétail avaient disparu.  L’ouragan a, en outre, causé des dommages importants aux infrastructures publiques d’Haïti et laissé des villes entières submergées et inaccessibles pendant plusieurs jours.

Bien que l’étendue des dommages physiques soit toujours en cours d’évaluation par le Gouvernement, Mme Honoré a indiqué qu’il ne saurait y avoir de doute: « ceci est une tragédie humanitaire et une situation d’urgence aiguë ». Elle a indiqué que cette catastrophe humanitaire était la pire depuis le tremblement de terre de 2010.  Les conséquences sanitaires de cette catastrophe ne peuvent pas être surestimées, a-t-elle poursuivi.  La Représentante spéciale a indiqué qu’il y avait un niveau très élevé d’infections de maladies diarrhéiques, y compris -mais pas uniquement- le choléra, en raison notamment de la contamination par les eaux usées et de l’absence d’eau potable.  « Il y a des centaines de cas suspects de choléra et nous constatons déjà les premiers décès », a-t-elle dit.  L’ONU, a-t-elle assuré, fournit des systèmes de purification de l’eau et des articles médicaux dans les zones difficiles à atteindre.

Pour répondre à ces besoins et fournir une aide vitale à 750 000 personnes pour les trois prochains mois, Mme Honoré a rappelé que l’ONU et les agences humanitaires avaient lancé, hier, un appel pour la récolte de 120 millions de dollars, avant de féliciter le Gouvernement haïtien pour son leadership dans la coordination de la réponse immédiate.  Les Nations Unies, ainsi que d’autres partenaires internationaux et locaux gouvernementaux et non gouvernementaux, ont commencé à soutenir les autorités haïtiennes afin de répondre aux besoins immédiats de la population affectée, en positionnant notamment des stocks de nourriture.  Elle a précisé que la MINUSTAH appuyait ces efforts humanitaires, en ménageant notamment l’accès aux routes et en soutenant la Police nationale haïtienne dans la sécurisation des travailleurs humanitaires et des stocks.

L’ouragan Matthew a également obéré les perspectives politiques du pays, a continué Mme Honoré.  L’ouragan a en effet rendu impossible la tenue, le 9 octobre, de la répétition de l’élection présidentielle de l’année dernière, des élections sénatoriales partielles et d’une partie des élections législatives, et ce, en dépit de la volonté manifestée par le Gouvernement haïtien, le Conseil électoral provisoire et la Police nationale haïtienne lors de la préparation des élections, a-t-elle indiqué.  La Représentante spéciale a précisé que le Conseil électoral provisoire avait reporté les élections, en attendant l’achèvement d’une évaluation des conséquences de l’ouragan sur le processus électoral, y compris sur les capacités du Conseil électoral provisoire dans les départements.  Au moins 70% des bureaux de vote ont été affectés dans le département du Sud, et plus encore dans la Grand’Anse, où de nombreuses zones sont encore inaccessibles.

Avant l’ouragan, Mme Honoré a précisé que les préparatifs techniques pour la tenue des élections étaient en bonne voie.  La plupart des acteurs politiques se sont engagés à renouveler les principales institutions démocratiques du pays par le biais des élections, première étape cruciale vers le rétablissement d’Haïti à l’ordre constitutionnel, a-t-elle dit.  Elle a noté qu’aucun parti politique n’a boycotté le processus, tandis que le grand nombre de candidats et de partis enregistrés ouvre la voie à un processus électoral inclusif.

Mme Honoré a jugé « prometteur » l’engagement démontré par les autorités haïtiennes en ce qui concerne l’appropriation de tous les aspects du processus électoral, « notamment dans le contexte de la réduction éventuelle des effectifs de la MINUSTAH ».  « Alors que le Conseil électoral provisoire s’apprête à annoncer un nouveau calendrier électoral, il est important de trouver le bon équilibre visant à maintenir l’élan généré pour les élections et à prendre en compte les considérations techniques et politiques, tout en faisant face à la plus grande crise humanitaire qu’Haïti ait connue depuis 2010 », a-t-elle affirmé.

La représentante spéciale a estimé que le Conseil électoral provisoire et la Police nationale haïtienne auront besoin d’un soutien vigoureux de la part du Gouvernement et de ses partenaires internationaux pour assurer la crédibilité et l’intégrité du processus.  « Plus que jamais, toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour veiller à ce que le processus politique soit géré d’une manière générant le consensus nécessaire entre acteurs nationaux afin de relever les défis politiques et humanitaires du pays. »  Mme Honoré a donc demandé à tous les acteurs nationaux de placer les besoins du peuple haïtien au-dessus de tout et de s’unir derrière cet objectif, notamment en vue de préserver la stabilité relative qui régnait avant le passage de l’ouragan Matthew et tout au long de la campagne électorale.  Dans ce contexte, elle a condamné les attaques contre les véhicules transportant des vivres et autres articles de première nécessité et exhorté les autorités du pays à prendre les mesures nécessaires pour prévenir de telles attaques.

Soulignant la nécessité de ne pas perdre de vue les priorités à plus long terme, elle a appelé au renforcement de la primauté des institutions de droit et notamment de la Police nationale haïtienne.  Celle-ci n’est pas encore pleinement indépendante sur le plan opérationnel et a besoin du soutien du Gouvernement d’Haïti et des partenaires internationaux pour assurer la sécurité dans tout le pays, a-t-elle dit.  Mme Honoré a indiqué que la nouvelle stratégie quinquennale 2017-2021 pour la Police nationale haïtienne, qui identifiera les domaines dans lesquels un soutien reste nécessaire, donnera une impulsion supplémentaire pour la planification de la transition des tâches sécuritaires de la MINUSTAH.  Elle nourrira l’évaluation stratégique qui doit être réalisée avant le mandat de l’expiration de la Mission, a-t-elle dit.

En conclusion, Mme Honoré a estimé que l’impact de l’ouragan Matthew sur le processus politique et sur la stabilité dans le pays ne pouvait que conforter le Secrétaire général dans sa recommandation d’une prolongation de six mois de la Mission jusqu’au 15 avril 2017.  « Cela permettra à la MINUSTAH d’appuyer les autorités haïtiennes dans leurs efforts pour rétablir l’ordre constitutionnel  dans le contexte de de la crise humanitaire créée par l’ouragan Matthew », a conclu la Représentante spéciale, en demandant à tous les partenaires internationaux d’Haïti de continuer à lui apporter leur soutien.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a présenté au peuple et au Gouvernement d’Haïti ses condoléances pour les pertes causées par l’ouragan Matthew, au moment où le pays a le plus besoin de la solidarité de la communauté internationale.  Il a rappelé que son pays avait versé 3,3 millions de dollars pour venir en aide aux victimes de cette catastrophe naturelle et qu’une aide humanitaire considérable avait été acheminée.  « Les défis auxquels se heurte Haïti sont immenses et ne pourront être relevés que si les moyens suffisants sont mis à disposition », a souligné le représentant, citant ainsi la lutte contre la corruption, l’établissement d’un système judiciaire « indépendant et impartial » et une croissance économique inclusive.  La décision d’organiser à nouveau les élections est l’occasion pour Haïti de se mettre sur la bonne voie, a estimé M. Pressman, tout en précisant que de l’avis des États-Unis, il n’est pas indispensable de les tenir à nouveau.  Il a cependant appelé tous les acteurs politiques, y compris les candidats, à participer à ce processus de « manière pacifique ».  Le représentant a, avant de conclure, réaffirmé les relations étroites qui lient son pays et Haïti, donnant ainsi l’assurance que Washington travaillerait avec le gouvernement issu des urnes.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a présenté ses condoléances au peuple d’Haïti et exprimé sa solidarité au lendemain de la crise provoquée par l’ouragan Matthew.  C’est dans de telles circonstances, comme lors du tremblement de terre de 2010, que la quasi-absence de gouvernance devient la plus visible, a fait remarquer le délégué.  Le Conseil de sécurité a appelé les partis politiques haïtiens à sortir de l’impasse à de nombreuses reprises mais leur incapacité à trouver des compromis laisse le pays au bord de l’abîme, a-t-il regretté, avant d’ajouter que le peuple haïtien mérite mieux que cela.

L’Ukraine soutient un processus électoral crédible, transparent, inclusif et sûr, et espère qu’un nouveau calendrier sera bientôt annoncé, après l’annulation du scrutin de dimanche 9 octobre en raison du passage de l’ouragan.  Elle approuve les recommandations du Secrétaire général sur le mandat de la MINUSTAH et partage l’idée selon laquelle il est préférable de conduire la mission d’évaluation stratégique après l’élection d’un nouveau président.  L’Ukraine salue le rôle important de la MINUSTAH pour assurer la stabilité et la sécurité en Haïti, en particulier pour renforcer les capacités de la Police nationale haïtienne, a indiqué le représentant avant de conclure.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a souligné la résilience des Haïtiens face aux catastrophes naturelles et indiqué que son pays était en train de leur apporter son aide.  La décision de reporter les élections est compréhensible même si elle est regrettable, a-t-il dit, en reconnaissant que les conditions matérielles n’étaient pas réunies.  Il a exhorté les autorités haïtiennes à fixer une date pour les élections.  Tout en considérant que le travail de l’ONU en Haïti était crucial, il s’est interrogé sur le rôle que le Conseil de sécurité pourrait jouer pour faire progresser les choses.  Soulignant la nécessité de consolider les progrès accomplis en Haïti, il a indiqué que la présence de l’ONU devrait être adaptée aux réalités sur le terrain.  Les besoins d’Haïti sont clairs, a-t-il déclaré.  L’Ambassadeur Rycroft a notamment mentionné les besoins dans le domaine du développement durable et souligné la nécessité de renforcer les capacités de la Police nationale haïtienne.  Une mission de la paix n’est pas le meilleur instrument pour répondre à ces besoins, a-t-il cependant fait remarquer, en souhaitant le transfert de tâches de la MINUSTAH à l’équipe de pays de l’ONU.

M. KORO BESSHO (Japon) a fait part de la solidarité du Japon au peuple haïtien à la suite du passage de l’ouragan Matthew.  Il a assuré que le Japon s’était joint à l’effort humanitaire en faveur du pays.  Sa délégation espère qu’une élection juste et transparente sera organisée après que la situation soit revenue à la normale, a-t-il dit en ajoutant que la confiance du public et de la communauté internationale envers les dirigeants du pays en dépendait.  Le représentant a salué les actions de la MINUSTAH dans le pays, en se félicitant notamment des réformes du système judiciaire et de la Police nationale.

M. Bessho a par ailleurs estimé que la meilleure réponse, à long terme, contre le choléra, serait de réduire la pauvreté dans le pays et d’améliorer l’état des infrastructures, notamment celles liées à l’eau, aux installations sanitaires et à l’hygiène.  Le Japon a toujours soutenu la reconstruction d’Haïti, en s’impliquant également dans la prévention du choléra à travers les institutions internationales impliquées sur le terrain, a-t-il assuré.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a reconnu que l’ouragan Matthew avait certainement porté un coup aux efforts de la communauté internationale auprès d’Haïti.  Elle s’est félicitée du lancement de l’Appel éclair hier par le Secrétaire général, en saluant également M. Ban Ki-moon pour avoir reconnu le rôle de l’ONU dans l’épidémie de choléra dans le pays.  À cet égard, la représentante a pris note de l’intensification des mesures prises pour assainir l’eau en Haïti, convaincue qu’il serait désormais utile d’identifier des projets à impact rapide.  Sans l’ouragan Matthew, a poursuivi Mme Adnin, les électeurs se seraient rendus aux urnes le week-end dernier pour voter.  Elle a émis l’espoir qu’un nouveau calendrier sera arrêté pour organiser la tenue d’élections crédibles le plus rapidement possible. 

Elle a considéré que les scrutins qui s’étaient déroulés, l’été dernier, dans les 139 conseils municipaux du pays, avaient permis d’élire au moins une femme sur trois élus, conformément aux quotas en vigueur.  La déléguée s’est dite, en outre, encouragée par le niveau de coopération démontré par la MINUSTAH et la Police nationale haïtienne.  Tout en soutenant la recommandation du Secrétaire général de proroger de six mois le mandat de la MINUSTAH, la représentante a estimé qu’il serait judicieux de procéder à une réévaluation complète du mandat lorsque le nouveau Président sera élu et son gouvernement sera formé.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a estimé qu’Haïti était à un moment charnière de son histoire.  Le soutien de la communauté internationale, a-t-il dit, est vital.  Il a appelé à redoubler d’efforts pour éviter une catastrophe humanitaire de l’ampleur de celle qui a suivi le tremblement de terre de 2010.  Le délégué a affirmé que la Mission avait joué un rôle prépondérant dans les opérations de secours au lendemain de l’ouragan.  Il a demandé une évaluation stratégique de la présence onusienne en Haïti en tenant compte de tous les défis auxquels Haïti doit faire face.  Notant le report des élections, il a insisté sur l’engagement des autorités haïtiennes pour que ces élections se déroulent selon le calendrier prévu.  Les autorités ont financé les préparatifs électoraux avec des ressources nationales, a-t-il précisé.  L’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix doivent œuvrer en étroite coopération pour assurer une aide plus globale à Haïti dans cette phase de transition.  En conclusion, il s’est dit convaincu que le peuple haïtien saura surmonter cette période difficile.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) s’est joint aux autres membres du Conseil de sécurité pour présenter ses condoléances au peuple et au Gouvernement haïtiens à la suite des terribles pertes causées par le passage de l’ouragan Matthew, alors que le climat d’incertitude politique, marqué par un cycle de violences liées à la crise constitutionnelle, constituait déjà une source de préoccupation considérable.  Il s’est dit toutefois encouragé par les efforts déployés par l’État haïtien pour assurer la tenue des élections du 9 octobre, jusqu’à ce que des conditions météorologiques défavorables la compromettent.  L’Angola a appuyé la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de la MINUSTAH et de mener à bien l’« évaluation stratégique intégrée ».  Le délégué s’est ensuite félicité de la réponse rapide de la Mission pour évacuer les communautés touchées par l’ouragan, tout en souhaitant que le processus électoral retrouve rapidement la bonne voie.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a réaffirmé l’engagement de son pays auprès du peuple « frère » haïtien.  Il a demandé que les efforts internationaux pour le relèvement du pays soient renforcés.  Il a cependant regretté le report des élections.  Nous espérons que le cycle électoral pourra s’achever, a-t-il dit, en appelant les responsables politiques à poursuivre le dialogue.  L’appui direct au peuple haïtien doit être renforcé, a-t-il affirmé.  Le représentant s’est dit préoccupé par la multiplication des cas de choléra et salué, à cet égard, la récente initiative du Secrétaire général visant à remédier aux conséquences de cette épidémie.  La présence de la MINUSTAH, a-t-il estimé, continue d’être nécessaire.  Toute décision sur son avenir doit respecter les critères en matière de sécurité et se faire en coordination avec les autorités du pays, a-t-il rappelé.  En conclusion, le délégué s’est félicité de la recommandation prudente contenue dans le rapport du Secrétaire général.

M. ALEXIS LAMEK (France) a indiqué que dès le 5 octobre, un avion militaire français avait, à la demande des autorités haïtiennes, effectué des vols de reconnaissance pour évaluer les dégâts intervenus sur les infrastructures nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a souligné que 60 militaires français de la sécurité civile et 90 tonnes de matériels, dont deux stations de potabilisation, six unités d’assainissement, des kits médicaux et du matériel humanitaire de première urgence, avaient également été -ou sont en voie d’être- acheminés sur place.  Par ailleurs, les crédits de l’aide alimentaire française à Haïti ont également été alimentés.  La communauté internationale doit répondre à l’appel d’urgence lancé par les Nations Unies au lendemain de cette catastrophe, a-t-il insisté, tout en se disant particulièrement préoccupé par la résurgence du choléra au cours de cette année.

M. Lamek a ensuite formé le vœu que le processus électoral en cours s’achève dans les meilleurs délais, afin de mettre enfin un terme aux incertitudes qui l’accompagnent.  La France a pris note du calendrier électoral révisé, ainsi que du report des scrutins prévus le 9 octobre, en raison des conséquences du passage de l’ouragan Matthew.  Il a appelé l’ensemble des acteurs politiques haïtiens et, notamment, le Président provisoire, à tout faire pour que ces élections puissent se tenir prochainement, et que le retour à l’ordre constitutionnel intervienne le plus rapidement possible.  Il importe que les scrutins à venir, qui sont pilotés par les Haïtiens eux-mêmes, se déroulent de manière transparente, libre, inclusive et crédible, a-t-il souhaité.

Plus de 12 ans après la création de la MINUSTAH, les conditions sur le terrain ont profondément changé, de même que le type de présence onusienne dont le pays a besoin, a fait remarquer le représentant de la France.  « Nous sommes progressivement passés d’une situation de maintien de la paix à un contexte où les Nations Unies sont désormais attendues dans le domaine de l’aide au développement et à la construction d’un état de droit robuste », a-t-il dit.  M. Lamek a souhaité que les réflexions sur l’avenir de la MINUSTAH soient engagées dans les meilleurs délais.  La France soutient la proposition faite par le Secrétaire général de limiter la prochaine reconduction du mandat de la Mission à six mois seulement, ainsi que la réalisation, d’ici le terme de ce mandat, d’un examen stratégique qui devrait permettre de déterminer si les conditions sont réunies pour un possible retrait de la MINUSTAH au bénéfice d’une nouvelle forme de présence onusienne, a-t-il assuré avant de conclure.

M. LIU JIEYI (Chine) a encouragé la communauté internationale à prêter assistance à Haïti après l’ouragan, en mettant l’accent sur l’assainissement de l’eau et la fourniture de soins de santé pour éviter l’apparition de maladies telles que le choléra.  D’une manière plus générale, a-t-il dit, il est important de promouvoir l’état de droit et de veiller à ce que les intérêts des groupes les plus vulnérables soient protégés.  Sa délégation salue la MINUSTAH pour le rôle qu’elle a joué au cours des 12 dernières années, en soulignant qu’à terme, l’objectif est un retrait de la Mission « au moment adéquat ».  Le Gouvernement d’Haïti doit assumer progressivement les responsabilités qui sont les siennes s’agissant de la sécurité et dans d’autres domaines, a rappelé le représentant.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a déploré le report des élections, qui constitue un autre revers pour un pays qui a tant besoin de stabilité politique.  Elle a appelé les acteurs politiques du pays à faire en sorte que le processus électoral se déroule sans violence.  La déléguée a jugé que beaucoup restait encore à faire pour que la Police nationale haïtienne soit pleinement opérationnelle, rappelant que les efforts supplémentaires à consentir détermineront la reconfiguration de la MINUSTAH.  Elle a appuyé la recommandation du Secrétaire général concernant la prorogation du mandat de la Mission, tout en reconnaissant que celle-ci ne pouvait pas rester « pour toujours ».  Mme Schwalger a souhaité que l’évaluation stratégique de la Mission soit achevée après l’entrée en fonctions d’un nouveau gouvernement, de façon à refléter les vues de ce dernier.  « Cela accroît l’urgence qu’un nouveau Président haïtien, dûment élu et légitime, entre en fonctions au début de l’année 2017. »  Enfin, Mme Schwalger a souligné la responsabilité de l’ONU dans la réponse à apporter à l’épidémie de cas de choléra qui continue de toucher Haïti.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a exprimé sa solidarité et ses condoléances au peuple et au Gouvernement d’Haïti pour les pertes humaines et matérielles causées par l’ouragan Matthew.  Il s’est félicité que l’aide internationale soit actuellement acheminée vers le pays et que la MINUSTAH apporte son soutien au cours de cette grave crise humanitaire.  Le représentant s’est également félicité que le Gouvernement haïtien s’engage, malgré les circonstances, à organiser des élections dans les meilleurs délais afin de transmettre le pouvoir à un président démocratiquement élu le 7 février 2017.  Par ailleurs, il a estimé important que la mission d’évaluation stratégique puisse travailler indépendamment du calendrier électoral afin de déterminer le type de présence onusienne dont le pays a besoin. Membre de la MINUSTAH depuis 2004, l’Uruguay considère que le retrait graduel reste la voie à suivre afin de lancer un processus de transition responsable vers la consolidation des institutions.

M. ROMAN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a expliqué qu’au lendemain de l’ouragan Matthew, son gouvernement avait débloqué un demi-million de dollars en faveur d’Haïti, qui reste le premier récipiendaire de l’aide humanitaire espagnole.  Le retour du pays à l’ordre constitutionnel reste la priorité absolue, a-t-il estimé, en assurant du soutien de sa délégation le renouvellement du mandat de la MINUSTAH pour six mois, dans la limite des personnels en tenue autorisés.  Le Gouvernement espagnol a toujours considéré que les décisions relatives au mandat de la Mission devraient être prises en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain, afin de ne pas remettre en cause les gains acquis à ce jour.  C’est pourquoi, le représentant a considéré que l’évaluation stratégique intégrée devrait se dérouler lorsque le nouveau président haïtien sera élu.  M. Marchesi a souhaité, avant de conclure, que le Conseil de sécurité travaille sur ce dossier de la manière la plus transparente possible, et en prenant en compte les intérêts du pays concerné.

M. GORGUI CISS (Sénégal), après avoir passé en revue les conséquences catastrophiques de l’ouragan Matthew, a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour y remédier.  Regrettant le report des élections, il a appelé le Gouvernement haïtien à organiser des élections libres, impartiales et transparentes et à œuvrer, avec la Représentante spéciale de l’ONU, Mme Sandra Honoré, au retour de l’ordre constitutionnel en Haïti.  Le délégué a rappelé que le Sénégal était présent au sein de la composante police de la Mission.  En conclusion, il a souhaité que les décisions relatives à l’avenir de la MINUSTAH soient prises en concertation avec les pays contributeurs.

Après avoir témoigné du soutien de son gouvernement au peuple haïtien touché par l’ouragan, M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a noté que le mandat de 120 jours du Président provisoire Jocelerme Privert avait expiré le 14 juin dernier, plongeant ainsi Haïti dans un climat d’incertitude politique.  Le représentant a toutefois salué les efforts déployés par les autorités haïtiennes  pour garantir le caractère démocratique des élections, « qui doivent être préservées de toute influence extérieure ». 

Haïti ne peut se permettre de se trouver à nouveau dans une impasse, a-t-il prévenu.  Tout en se félicitant des mesures prises par l’ONU pour lutter contre le choléra, M. Iliichev a cependant estimé qu’Haïti devrait trouver les moyens de venir en aide à son peuple par le biais de ses administrations locales.  Assurant être favorable au renouvellement du mandat de la MINUSTAH, la délégation russe se déclare prête à étudier les conclusions de l’évaluation stratégique intégrée après la prestation de serment du nouveau président haïtien.  M. Iliichev a espéré qu’une proposition de réduction graduelle des effectifs de la Mission serait faite à ce moment-là.

M. DENIS REGIS (Haïti) a rappelé que le Président du pays, M. Jocelerme Privert, n’avait d’autre mandat que celui dont il a été investi par l’Assemblée nationale, à savoir le parachèvement et la conclusion du processus électoral.  « Fort de cette responsabilité historique, il met tout en œuvre pour instaurer les conditions propices à l’organisation par le Conseil électoral provisoire (CEP) d’élections présidentielle et législatives libres, inclusives et honnêtes », a-t-il précisé.  Les résultats obtenus jusqu’à présent sont probants, le Conseil électoral ayant pris « sa vitesse de croisière », a estimé M. Regis, en dépit d’une conjoncture défavorable marquée par le gel ou la réduction de l’aide au développement.  « Sur un budget d’environ 55 millions de dollars, le Gouvernement haïtien a déjà décaissé une première tranche de 25 millions devant permettre au CEP de réaliser le premier tour des « joutes électorales ».  Ces élections à venir représentent un passage obligé et permettront de dissiper « l’incertitude politique persistante » dont fait état le rapport du Secrétaire général, de surmonter la crise institutionnelle et de s’attaquer enfin aux carences structurelles qui entravent la modernisation du pays. 

Dans le contexte actuel, le Gouvernement d’Haïti considère que le soutien de la MINUSTAH à la Police nationale haïtienne en vue de renforcer le climat de sécurité indispensable à la réussite du processus électoral demeure crucial.  C’est la raison pour laquelle il s’est montré favorable à la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de la MINUSTAH pour une période additionnelle de six mois, soit jusqu’au 15 avril 2017.  Au-delà des élections, sa délégation adhère au principe de la mission d’évaluation stratégique.  Bien entendu, a-t-elle souligné, il appartiendra au prochain gouvernement sorti des urnes de définir conjointement avec les membres du Conseil les termes de référence de la future mission ainsi que les contours de la nouvelle configuration.  « L’important est de s’assurer de la viabilité des acquis de ces 12 années de présence de la MINUSTAH et de permettre aux institutions haïtiennes, notamment la Police nationale, de prendre graduellement le relais des fonctions assumées jusque-là par la Mission. »

M. Regis a salué la nouvelle approche adoptée par l’ONU à l’égard de l’épidémie de choléra qui sévit depuis 2010 en Haïti.  S’appuyant sur des conclusions d’enquêtes « irréfutables », le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a officiellement reconnu que l’ONU avait « une responsabilité morale envers les victimes de l’épidémie de choléra » et que, par conséquent, « compte tenu du rôle qu’elle avait elle-même joué dans le déclenchement de l’épidémie et les souffrances des victimes », il incombait à l’Organisation de « faire bien davantage » pour Haïti.  Cette nouvelle approche en deux volets doit donner lieu à un « programme d’action ambitieux » à la hauteur des enjeux, a plaidé l’Ambassadeur Régis.  Avant de conclure, il a salué l’élan de solidarité internationale en faveur des populations sinistrées à la suite de l’ouragan qui a induit des dégâts « incommensurables » et entraîné le report des élections générales prévues le 9 octobre. 

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOATA (Brésil) a appelé tous les acteurs nationaux à placer les besoins du peuple haïtien au-dessus de toute autre considération et à s’attacher au retour de l’ordre constitutionnel dans le pays par la tenue d’élections libres, transparentes, impartiales et inclusives.  Dans le droit fil du rapport du Secrétaire général, le délégué a recommandé la prorogation du mandat de la Mission, jusqu’au 15 avril 2017, en maintenant l’effectif actuellement autorisé de personnel en tenue.  Il a souhaité que toute décision concernant la MINUSTAH soit prise en concertation avec les autorités du pays et en tenant compte de la réalité sur le terrain afin de préserver les gains enregistrés.

Le délégué a estimé que la Police nationale haïtienne n’était pas encore pleinement indépendante sur le plan opérationnel, malgré une meilleure capacité à prévenir les crimes et à contrôler les troubles à l’ordre public.  Il est nécessaire, a-t-il estimé, que l’ONU joue un rôle accru dans la lutte contre l’épidémie de choléra à Haïti.  « Nous saluons l’intention du Secrétaire général de développer un ensemble de mesures visant à fournir une assistance supplémentaire aux Haïtiens directement touchés par la maladie », a conclu le délégué du Brésil.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne avait décidé faire une contribution de 1,5 million d’euros d’aide d’urgence, en complément de l’aide humanitaire de 255 000 euros versée par le biais du mécanisme européen de protection civile.  Par ailleurs, l’Union européenne, a-t-il rappelé, a soutenu la tenue des élections générales haïtiennes d’août et octobre 2015 à travers une contribution financière de cinq millions d’euros au fonds d’affectation spéciale géré par le système des Nations Unies et par l’envoi d’une mission d’observation électorale à la demande de Port-au-Prince. 

« Cependant, l’annulation du premier tour des présidentielles et ses conséquences qui vont à l’encontre des conclusions de la mission d’observation ont conduit l’Union à prendre la décision de retirer cette dernière », a souligné M. De Almeida.  Le pays doit maintenant revenir le plus tôt possible à la normalité constitutionnelle, a-t-il affirmé, en prenant note du calendrier électoral révisé, ainsi que du report des scrutins prévus le 9 octobre en raison de l’impact de l’ouragan Matthew.  Le soutien financier de l’Union européenne, a ensuite précisé le représentant, est subordonné au respect des principes démocratiques, « comprenant le droit du peuple à choisir son gouvernement par les urnes et non par la mobilisation de la rue ».  Des clauses de conditionnalité politique font partie intégrante du Traité de Cotonou, qui lie l’Union européenne aux pays ACP, parmi lesquels figure Haïti, a indiqué M. De Almeida.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a déclaré que c’est dans des moments critiques, comme aujourd’hui où Haïti est particulièrement touché par l’ouragan Matthew, que nous prenons conscience du rôle fondamental joué par la MINUSTAH.  Sa délégation a estimé que la réduction des effectifs de la Mission devrait se faire graduellement, en tenant compte des avancées sur les plans humanitaire et politique.  Le Mexique est favorable à la recommandation du Secrétaire général de proroger de six mois le mandat de la MINUSTAH, a indiqué le représentant, en souhaitant que l’évaluation stratégique prenne en considération les éléments suivants: la situation sur le terrain; les révisions du calendrier électoral et le rétablissement de l’ordre constitutionnel; la situation sur le plan sécuritaire; et les progrès accomplis dans la professionnalisation et les capacités opérationnelles de la Police nationale haïtienne.

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a indiqué que son pays avait fourni des kits d’urgence qui sont arrivés ce matin à Port-au-Prince.  Notant le report des élections en raison de l’ouragan Matthew, il a souhaité que celles-ci se déroulent le plus rapidement possible et se tiennent de manière transparente et impartiale.  Il a jugé préoccupants les défis humanitaires que doit relever Haïti et que l’ouragan Matthew a aggravés.  Le délégué de la Colombie a salué le « travail extraordinaire » accompli par la Mission et indiqué que toute décision sur son avenir devrait prendre en compte les réalités sur le terrain, afin de ne pas compromettre les gains enregistrés jusqu’à présent.  La Colombie continuera de participer à la composante police de la MINUSTAH, a-t-il assuré avant de conclure.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a jugé prioritaire que les principaux bailleurs de fonds répondent favorablement à l’Appel éclair lancé par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), d’un montant de 119 millions dollars, afin de venir en aide à plus de 750 000 personnes en Haïti.  Il a lui aussi approuvé la recommandation du Secrétaire général visant la prorogation du mandat de la MINUSTAH afin qu’elle puisse continuer de renforcer les capacités nationales dans les domaines politique, de l’état de droit, de la démocratie et des droits de l’homme, tout en veillant à faire respecter l’appropriation nationale et à préserver les gains obtenus jusqu’à présent grâce à la présence durable de la Mission.

M.  MICHAEL GRANT (Canada) a déclaré que son pays était résolu à venir en aide aux Haïtiens affligés par l’ouragan Matthew, comme en témoigne le déploiement de l’équipe canadienne d’évaluation et de catastrophe, qui a travaillé de près avec les autorités nationales et les organisations humanitaires pour évaluer les besoins les plus urgents.  Plus de 4,5 millions de dollars ont déjà été alloués par le Canada pour répondre aux besoins les plus urgents, a-t-il dit.  Le délégué a pris note de la décision du Conseil électoral provisoire (CEP) de faire un état des lieux à la suite du passage de l’ouragan et de faire part de son évaluation le 12 octobre.  « Le Canada exhorte les autorités haïtiennes à poursuivre le processus électoral et à fournir une date pour la tenue des scrutins le plus tôt possible afin d’installer un président élu le 7 février prochain au plus tard », a souligné M. Grant. 

Son gouvernement reste persuadé que toute décision relative au mandat, à la composition et au devenir de la MINUSTAH doit s’inscrire à l’aune de la situation sur le terrain et de la capacité de la Police nationale à assumer pleinement ses fonctions au service de la population.  « C’est dans ce contexte que le Canada continue de fournir une contribution considérable de policiers déployés dans le cadre de la MINUSTAH pour appuyer la professionnalisation de la Police haïtienne », a indiqué la délégation, en assurant que cet engagement serait porté à environ 100 policiers dans le contexte des élections à venir.

S’exprimant au nom du Groupe des amis d’Haïti, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déclaré que le renforcement de l’état de droit et des institutions démocratiques, l’établissement d’une culture démocratique et l’amélioration des conditions socioéconomiques étaient les priorités d’Haïti.  Notant le report des élections en raison de l’ouragan Matthew, il a souhaité que celles-ci se déroulent le plus rapidement possible.  Il a rappelé que l’entrée en fonctions du nouveau président élu était prévue le 7 février 2017.  Ces élections devront se dérouler de manière libre, pacifique et transparente, a-t-il affirmé.  Le délégué a souligné que la professionnalisation de la police nationale haïtienne devrait rester au cœur du mandat de la MINUSTAH, avant d’attirer l’attention sur les progrès lents accomplis à ce jour dans le domaine de la promotion de l’état de droit.  Il est important de mobiliser les ressources nécessaires pour venir en aide aux 1,3 million de personnes  qui ont besoin d’une aide humanitaire, a-t-il estimé.  Le délégué du Pérou s’est ensuite félicité de l’intention du Secrétaire général d’assister les personnes touchées par l’épidémie de choléra en Haïti.

M. MARTIN GARCIA MORITAN (Argentine) a indiqué que le 7 octobre, l’unité de soins mobile de « la force aérienne argentine qui fait partie intégrante de la MINUSTAH », avait été rejointe par 12 médecins et infirmières pour se rendre dans une des régions du sud d’Haïti les plus touchées par l’ouragan.  En outre, la « Commission des Casques blancs », rattachée au Ministère argentin des affaires étrangères, prépare actuellement une offre d’assistance aux victimes de Matthew, offre dont les détails seront annoncés dans les jours à venir, a précisé M. Moritan.  « Notre aide, conjuguée à celle des pays frères de la région, sera essentielle pour relever les défis auxquels fait face le pays », a ajouté le représentant.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Représentant spécial pour la RDC prévient le Conseil de sécurité que la crise électorale congolaise risque de « basculer » dans une violence grave

7788e séance – matin  
CS/12547

Le Représentant spécial pour la RDC prévient le Conseil de sécurité que la crise électorale congolaise risque de « basculer » dans une violence grave

« Extrêmement fragile », la situation politique en République démocratique du Congo (RDC) pourrait atteindre très rapidement un « point de bascule dans une violence grave », a prévenu, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Maman Sambo Sidikou, devant les membres du Conseil de sécurité.

« Je crois que cet organe devrait rester activement saisi de la situation et chercher à échanger régulièrement avec le Secrétariat de l’ONU et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) dans les prochains mois, pour tracer, avec le peuple congolais, une voie plus positive pour le pays », a-t-il recommandé.

Venu présenter le dernier rapport* en date du Secrétaire général sur les activités de la MONUSCO –lequel couvre les évènements survenus depuis le 28 juin–, le Représentant spécial a décrit une situation politique en République démocratique du Congo, qui est marquée, a-t-il dit, par un rétrécissement continu de l’espace politique, avec un risque « très réel » de voir la situation se détériorer davantage, malgré des affirmations selon lesquelles les choses iraient dans le « bon sens ».

Les efforts déployés par le Facilitateur de l’Union africaine, M. Edem Kodjo, l’ONU et la communauté internationale à l’appui du dialogue national, n’ont pas été couronnés de succès jusqu’à présent, a reconnu M. Sidikou, qui dirige également la MONUSCO.

En septembre, a-t-il rappelé, M. Kodjo avait présenté aux parties une proposition leur permettant de parvenir à un accord sur la durée d’une transition politique et le rôle du Président sortant au-delà de la période intérimaire; la configuration d’un gouvernement de transition et les portefeuilles clefs; et la date de l’élection présidentielle.

« Cependant, en raison du boycott du dialogue national par la coalition de l’opposition connue sous le nom de Rassemblement et, plus récemment, par l’organisation épiscopale CENCO, un accord n’a pu être conclu », a regretté le Représentant spécial, en qualifiant le dialogue d’être insuffisamment inclusif.  Le délégué de la RDC a, pour sa part, rejeté la faute sur le Rassemblement, alors que son gouvernement aurait favorablement répondu à une « série d’exigences » formulées par l’ensemble de l’opposition.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI), a indiqué le Chef de la MONUSCO, a annoncé que la tenue des scrutins présidentiels, législatifs et provinciaux « en un seul jour » ne serait « techniquement possible » que le 18 novembre 2018, et l’inscription sur les listes électorales achevée le 31 juillet 2017.  Le temps d’y inclure, a précisé le représentant de la RDC, les « nouveaux majeurs » et les « Congolais de l’étranger ».

Cette annonce, a relevé M. Sidikou, a suscité de vives protestations de la part de plusieurs partis politiques de l’opposition, convaincus d’une « instrumentalisation » de la CENI aux fins du maintien au pouvoir du Président Joseph Kabila au-delà de la limite du mandat présidentiel prévue par la Constitution.

Le 4 octobre, le Rassemblement a appelé à la démission du Président Kabila le 19 décembre 2016, en annonçant son intention d’organiser le 19 octobre des manifestations politiques à travers tout le pays.  Les précédentes, qui remontent aux 19 et 20 septembre, ont fait au moins 49 morts parmi les civils, dont 38 tués par balle, « d’autres brûlés vifs ou tués à coups de machette », s’est alarmé le Représentant spécial.  Plus de 140 autres personnes ont été blessées et 4 policiers tués au cours de ces affrontements, les enquêtes de la MONUSCO révélant l’implication d’acteurs étatiques et non étatiques, mais aussi de la Garde républicaine, qui a procédé à des centaines d’arrestations arbitraires.

Le représentant de la RDC a imputé ces violences aux « sympathisants des organisateurs de la marche », responsables, selon lui, d’« appels au saccage et au pillage des maisons ».  Qualifiant la manifestation de « véritable insurrection », il a expliqué que la situation avait finalement été maîtrisée grâce à la police qui a fait usage de « gaz lacrymogène » et « non de balles réelles », comme le mentionne le rapport.

Le Représentant spécial a exhorté le Conseil à parler d’une seule voix pour demander au Rassemblement et autres parties boycottant le dialogue national d’y prendre part, mais aussi au Gouvernement d’envisager des « mesures de confiance directes » avec l’opposition, tout en soulignant qu’aucune impunité ne sera acceptée.

« Si des conseils ou des suggestions sont les bienvenues », en revanche, « aucune invective ni injonction, de quelque nature, n’est « acceptable », a rétorqué le délégué congolais.  Le Venezuela a, de son côté, plaidé pour une reprise du « partenariat » entre la RDC et la MONUSCO. 

M. Sidikou a par ailleurs fait état d’une situation préoccupante à Kananga, la capitale de la province du Kasaï central, après plusieurs affrontements entre miliciens d’un côté, parmi lesquels des enfants soldats, et les Forces armées et la Police nationales congolaises de l’autre.  La MONUSCO, a-t-il assuré, a immédiatement pris des mesures pour atténuer les tensions dans cette région où sa présence était limitée jusqu’alors, mais aussi à Kinshasa, et dans l’est du pays, où un « massacre » a été commis dans la localité de Beni en août.  Cependant, a-t-il fait observer, des violences dans le nord de Lubero ont provoqué le déplacement de 100 000 personnes au cours des trois derniers mois.

Dans ce contexte, le Président du Comité du Conseil de sécurité créé en application de la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo, M. Abdelalatif Aboulatta, s’est dit convaincu que les sanctions en vigueur dans le pays demeuraient « essentielles » pour répondre aux défis auxquels il fait face, à savoir la présence de groupes armés, en particulier les Forces démocratiques alliées (ADF), et le pillage de ses ressources naturelles.

Partisan d’une approche « proactive » visant à « dissuader les violences avant qu’elles ne soient perpétrées », M. Sidikou a estimé que le Conseil de sécurité pourrait relayer ce message auprès des pays contributeurs de troupes au moment où il examinerait la question du renforcement du mandat de protection des civils de la Mission.  Sur ce dernier point, l’Uruguay a rappelé que son pays fournissait des contingents à la MONUSCO « depuis 16 ans ».

Les organisations régionales –Union africaine, Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC)–, devraient, quant à elles, envisager la nomination d’un « émissaire de haut niveau pour aider à combler le fossé politique », a préconisé le Représentant spécial.  Le délégué de la RDC a dit attendre du Conseil de sécurité un « soutien continu » au Facilitateur de l’Union africaine et à « l’accord politique qui sanctionnera l’issue du dialogue ».

 

 

* S/2016/833

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission évalue le système de l’administration de la justice à l’ONU et la réforme des prestations sociales accordées au personnel

Soixante et onzième session,
4e séance – matin
AG/AB/4206

La Cinquième Commission évalue le système de l’administration de la justice à l’ONU et la réforme des prestations sociales accordées au personnel

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, s’est penchée, aujourd’hui, sur les moyens d’améliorer encore le système d’administration de la justice à l’ONU et de mettre en œuvre le nouvel ensemble de prestations du régime commun des Nations Unies.

Toutes les délégations se sont accordées pour dire que le nouveau système d’administration de la justice mis en place en 2009 est plus indépendant, plus transparent et plus décentralisé et donc bien meilleur que le précédent.  Désormais, le fonctionnaire qui n’est pas satisfait d’une décision administrative peut, dans le cadre de la procédure formelle, demander un « contrôle hiérarchique » et s’il n’est toujours pas satisfait, saisir le Tribunal du contentieux administratif puis le Tribunal d’appel.  Le fonctionnaire peut aussi se contenter de la procédure non formelle et solliciter le Bureau des services d’ombudsman et de médiation lequel peut aussi être saisi par le Tribunal du contentieux administratif.  À tout moment, le fonctionnaire peut frapper à la porte du Bureau de l’aide juridique du personnel.

Le nombre de requêtes devant le Tribunal du contentieux administratif étant passé de 411 en 2014 à 438 en 2015, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine s’en est inquiété et a appelé à une culture du dialogue au sein de l’Organisation.  Son homologue du Japon a imputé la situation à « des malentendus » entre la direction et le personnel, arguant que ces litiges pourraient être évités grâce à un « climat de coopération » et à une « culture de communication directe » voire, a ajouté le représentant de l’Union européenne, à une meilleure sensibilisation du personnel aux services de l’ombudsman. 

Pour la représentante de la Suisse et du Liechtenstein, la meilleure façon de réduire le nombre de plaintes est d’améliorer encore la procédure formelle, notamment en créant des postes supplémentaires et en améliorant les procédures d’enquête.  La représentante a aussi dénoncé le fait que cette procédure n’offre pas au personnel de protection contre les représailles.  Elle a par ailleurs souhaité que l’ensemble de ce personnel, y compris les non-fonctionnaires, ait accès au système d’administration de la justice.

La représentante des États-Unis a douté d’une idée qui doublerait le nombre des individus ayant accès au système et celui des juges, du personnel et des avocats.  Le système aurait en plus à naviguer entre les multiples types de contrat qui lient les non-fonctionnaires, avec les incidences financières et juridiques que cela implique.  La représentante a plutôt encouragé le Secrétaire général à informer dûment les non-fonctionnaires du « où et du comment » recevoir de l’aide en cas de conflit.

La Cinquième Commission a aussi pris note des retards qu’a accumulés le Secrétariat de l’ONU dans la mise en œuvre opérationnelle du nouvel ensemble de prestations du régime commun des Nations Unies.  Le Secrétaire général a proposé de reporter du 1er juillet 2016 au 1er novembre de la même année l’application du nouvel élément incitation à la mobilité et la suppression de l’élément non-déménagement; et du 1er janvier 2017 au 1er septembre 2017, l’application de la structure proposée pour le barème unifié des traitements de base minima et de la nouvelle périodicité des avancements d’échelon, la suppression des avancements d’échelon accélérés et l’application des nouvelles indemnités correspondantes.

Le représentant du Japon s’est opposé à ces reports, s’agissant en particulier de la structure proposée pour le barème unifié des traitements de base minima.  Il s’est dit confiant dans la capacité de l’ONU de relever les défis techniques et opérationnels et de bien expliquer la situation au personnel, grâce à « une meilleure communication ».  Son homologue de l’Union européenne a, à son tour, insisté sur les délais impartis par l’Assemblée générale dans sa résolution 70/244.  Tout report fausserait le système et entraînerait une différence entre les conditions de service des différents organismes du système de l’ONU, a renchéri le représentant de la Fédération de Russie, s’étonnant que le Secrétaire général ait attendu le mois de mai pour publier son rapport.

ADMINISTRATION DE LA JUSTICE À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) A/71/436)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné ceux du Secrétaire général sur les conclusions et recommandations du Groupe d’experts chargé de l’évaluation indépendante intermédiaire du système d’administration de la justice à l’ONU et les prévisions révisées relatives au budget-programme de l’exercice biennal 2016-2017 (A/71/163), de l’administration de la justice à l’ONU (A/71/164) et des activités du Bureau des services d’ombudsman et de médiation des Nations Unies (A/71/157).  Le CCQAB s’est également saisi du rapport du Conseil de justice interne sur l’administration de la justice à l’Organisation des Nations Unies (A/71/158), ainsi que de la note du Secrétaire général transmettant le rapport du Groupe d’experts chargé de l’évaluation indépendante intérimaire du système d’administration de la justice à l’ONU (A/71/62/Rev.1).

Le CCQAB estime ainsi que le Groupe d’experts chargé de l’évaluation indépendante intermédiaire n’a pas démontré la nécessité d’octroyer immédiatement et exceptionnellement un financement supplémentaire pour le système d’administration de la justice en dehors du processus budgétaire normal.  Il recommande de poursuivre la phase expérimentale du régime de financement volontaire du personnel et, dans l’ensemble, de ne pas approuver la proposition du Secrétaire général visant la création de 15 nouveaux postes dans le domaine de l’administration de la justice.

Le CCQAB recommande aussi de ne pas approuver le remplacement des trois juges ad litem par trois juges permanents au Tribunal du contentieux administratif et recommande de reconduire les postes des trois juges ad litem pour une période de douze mois allant du 1er janvier au 31 décembre 2017.

Rapport du Corps commun d’inspection sur les services d’ombudsman dans les organismes du système des Nations Unies (A/71/117-A/71/117/Corr.1)

Le rapport dresse l’inventaire des mandats et des pratiques des services d’ombudsman mis en place par 19 des 28 organisations du système de l’ONU.  Il identifie les problèmes d’ordre structurel, recense les bonnes pratiques, notamment en ce qui concerne la coopération avec d’autres services d’ombudsman, et analyse les données recueillies à la faveur d’enquêtes sur la manière dont ces services sont perçus et sur le degré de satisfaction de leurs principaux clients.

La raison d’être d’un mécanisme informel de règlement des différends est d’encourager les parties à trouver un règlement à l’amiable avant, ou au lieu, de saisir le système formel d’administration de la justice.  Or, le plus souvent, constate le Corps commun d’inspection, le Bureau de l’ombudsman n’est consulté que bien plus tard, à un stade ultérieur.  En outre, on tend souvent à confondre le rôle des ombudsmans d’organisation avec celui des ombudsmans classiques, qui sont habilités à mener des enquêtes, à apprécier des conduites et, dans une certaine mesure, à faire exécuter leurs décisions.  Les ombudsmans d’organisation n’ont pas un tel rôle: en leur qualité de médiateurs neutres, ils sont appelés à apporter aux intéressés une assistance confidentielle, informelle, indépendante et impartiale, par la médiation, les va-et-vient diplomatiques, l’écoute, la facilitation du dialogue et l’encadrement, et à les aider à identifier et à évaluer les options qui s’offrent à eux.

Les mandats des ombudsmans des organismes du système des Nations Unies sont incomplets et certains d’entre eux ont été établis il y a plus de 10 ans.  Ainsi, le mandat du Bureau des services d’ombudsman et de médiation des Nations Unies, qui dessert le Secrétariat de l’ONU, les fonds et programmes des Nations Unies et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, n’a pas encore été révisé et publié.  Le Corps commun d’inspection fait apparaître que les domaines dans lesquels des améliorations sont le plus nécessaires sont le cahier des charges, la nomination, la définition des fonctions de l’ombudsman et des principes de fonctionnement du Bureau.

Il recommande, entre autres, que les organismes des Nations Unies donnent à leur personnel la possibilité de s’adresser à l’ombudsman de n’importe quel organisme des Nations Unies présent ou de passage dans le lieu d’affectation considéré, qu’un manuel visant à harmoniser le traitement des dossiers soit élaboré à l’intention des ombudsmans des organismes du système des Nations Unies et que les organes délibérants de tous les organismes du système des Nations Unies fassent en sorte que l’ombudsman puisse leur faire rapport directement sur les problèmes d’ordre structurel.

Le Corps commun d’inspection recommande d’assurer la formation permanente des ombudsmans et de les encourager à obtenir un agrément par la procédure applicable.  C’est précisément parce qu’il importe de préserver l’indépendance de l’ombudsman, poursuit-il, qu’il a recommandé qu’un processus impliquant des membres de la direction et des représentants du personnel soit utilisé pour évaluer le travail accompli par l’ombudsman.

Le réseau d’ombudsmans et de médiateurs des organisations du système des Nations Unies et des organisations internationales apparentées, plus vaste que le système des Nations Unies proprement dit, devrait créer un sous-groupe rassemblant les praticiens des organismes du système des Nations Unies, qui pourrait faire face aux difficultés propres au système des Nations Unies et donner suite aux recommandations figurant dans le présent rapport.

La mise en œuvre des recommandations formulées dans le présent rapport devrait se traduire par des services d’ombudsman plus efficaces et plus professionnels et pourrait permettre aux fonctionnaires du système des Nations Unies d’y avoir plus facilement accès.  Réduire le nombre de conflits et de plaintes dans les organismes du système des Nations Unies permet de contenir les dépenses opérationnelles et une meilleure harmonisation des services d’ombudsman à l’échelle du système permettra à tous les fonctionnaires du système de bénéficier d’un traitement comparable lorsqu’ils essaient de régler les conflits qui se produisent sur le lieu de travail.

Observations du Secrétaire général et du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination sur le rapport du Corps commun d’inspection consacré à l’examen des services d’ombudsman dans les organismes du système des Nations Unies (A/71/117/Add.1).

Certains organismes estiment que le Corps commun d’inspection n’a pas suffisamment souligné que la fonction d’ombudsman doit s’inscrire dans une culture de règlement des conflits au travail, et pas seulement de prévention.  Ils jugent qu’il aurait été utile d’examiner et d’analyser plus en détails la distinction et les rapports entre les rôles d’un ombudsman, en tant que partie neutre, et ceux des autres acteurs institutionnels impliqués dans le règlement des conflits, que ce soit de manière formelle ou informelle (par exemple les services chargés du contrôle hiérarchique, le personnel chargé des enquêtes, les superviseurs et les membres du personnel des ressources humaines et du personnel administratif), car l’expérience a montré que l’objet et le mandat de ces fonctions ne sont pas toujours clairs pour les membres du personnel.

Plusieurs organismes estiment que les recommandations devront être mises en œuvre avec le plus grand soin pour veiller à respecter l’indépendance et l’impartialité du Bureau de l’ombudsman sans hypothéquer les aspects de ces recommandations qui doivent renforcer la fonction d’ombudsman.  De plus petits organismes, qui connaissent des contraintes temporelles et budgétaires, signalent qu’il n’est pas toujours possible de créer un poste d’ombudsman, en particulier lorsque l’organisme concerné ne rencontre que quelques cas par an.

Certains organismes font valoir que, comme les ombudsmans travaillent de manière indépendante, les chefs de secrétariat ne peuvent que suggérer à ces bureaux de mettre en œuvre les recommandations.

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. Dhisadee Chamlongrasdr (Thaïlande) a dit partager l’avis du Groupe d’experts selon lequel le système actuel a bien commencé et fonctionne mieux que le système précédent.  Il a toutefois pris note des 58 recommandations du Groupe d’experts pour améliorer davantage ce système.  Il a aussi noté que le Secrétaire général a soumis des estimations révisées concernant le coût de mise en œuvre de ces 58 recommandations, pour un montant total de 2 502 800 dollars.  Le Groupe des 77 et la Chine examineront chacune de ces recommandations, en gardant à l’esprit l’objectif d’établir un système de justice indépendant et décentralisé.

M. Chamlongrasdr s’est par ailleurs félicité de l’examen des services d’ombudsman du système des Nations Unies effectué par le Corps commun d’inspection et promis d’examiner avec soin les huit recommandations.  S’inquiétant de l’augmentation constante des requêtes, il a appelé à l’instauration d’une culture du dialogue, afin d’éviter les conflits au sein du personnel.  Le Groupe des 77 et la Chine souhaitent de plus amples informations sur le mécanisme de financement du Bureau de l’aide juridique au personnel, mécanisme mis en œuvre à titre expérimental.

Mme SIMONA PILLERI, Union européenne, a regretté que le rapport du CCQAB n’ait été publié que 24 heures avant l’examen de cette question « capitale » pour le fonctionnement de l’ONU.  Elle a conseillé qu’à l’avenir, l’examen d’une question « de cette importance » soit reporté tant que le rapport n’est pas disponible.  Elle a salué le rapport du Groupe d’experts et les recommandations du Secrétaire général.  Elle a estimé que le nouveau système d’administration de la justice mis en place en 2009 est bien meilleur que le précédent et que, dans l’ensemble, il a atteint ses objectifs.  Le système, a-t-elle noté, continue d’évoluer et à l’instar du CCQAB, elle a jugé nécessaire d’examiner plus avant toute demande de ressources supplémentaires.  Elle s’est dite encouragée de voir que le personnel de l’ONU a été sensibilisé au système informel d’administration de la justice.  

Au nom de la Suisse et du Liechtenstein, Mme ALEXANDRA BAUMANN (Suisse) a estimé que l’amélioration des politiques, des processus et des procédures d’enquête au sein de l’Organisation permettra une efficacité accrue, ainsi qu’une réduction du nombre de plaintes et des frais de justice.  Elle a appuyé les demandes de postes et de ressources supplémentaires présentées par le Secrétaire général en réponse aux recommandations du Groupe d’experts; les recommandations du Conseil de justice interne et du Groupe d’experts concernant la création d’un cadre réglementaire clair et efficace pour les membres du personnel; et les recommandations sur l’amélioration des politiques, des processus et des procédures d’enquête, afin de diminuer le nombre de cas à traiter.  « Le système doit disposer des ressources suffisantes pour pouvoir fonctionner », a-t-elle affirmé.

La représentante suisse a, par ailleurs, souscrit à la recommandation du Groupe d’experts visant à donner accès au système à l’ensemble du personnel de l’ONU.  À notre avis, il est problématique que 45% du personnel n’ait pas accès au système interne d’administration de la justice, a-t-elle souligné.  Pour éviter l’augmentation des coûts liés à une telle réforme, la représentante a exhorté l’Assemblée générale à inviter le Secrétaire général à présenter des alternatives susceptibles d’assurer l’accès des non-fonctionnaires à un recours effectif.

La déléguée suisse a, en outre, exprimé la préoccupation de son pays face au manque de protection contre les menaces.  « Il est essentiel que l’ONU crée un climat dans lequel les membres du personnel peuvent dénoncer tout manquement présumé en toute sécurité », a-t-elle estimé, ajoutant que les mécanismes en place ne constituent pas une solution adéquate si la procédure devant le Bureau de la déontologie ne garantit pas une protection appropriée.

M. KEISUKE FUKUDA (Japon) a estimé que le système d’administration de la justice actuel a bien commencé et a permis de rétablir la crédibilité de l’Organisation.  Toutefois, « certains aspects peuvent encore être améliorés », a-t-il ajouté, mentionnant notamment la régularisation du mécanisme expérimental de financement du Bureau de l’aide juridique au personnel, ainsi que la position ad litem des juges.  Il a estimé qu’il serait bon de traiter de ces questions une par une, à mesure que le système actuel se stabilise.

M. Fukuda a par ailleurs indiqué la nécessité d’instaurer un « climat de coopération » et une « culture de communication directe » entre la direction et le personnel.  En effet, selon lui, un grand nombre de litiges et de poursuites sont liés à un manque de communication et à des malentendus qui pourraient être évités.  Il a déclaré que le droit de faire appel est un droit fondamental pour les membres du personnel.  « Ce droit ne doit pas être enfreint. »  Il a toutefois souligné que la direction et les membres du personnel doivent être conscients des avantages et inconvénients liés à la décision d’entamer une procédure d’appel, « aussi bien en terme de carrière que de réputation ».

Les défis doivent être relevés par l’ensemble des bureaux impliqués dans la gestion des ressources humaines, et non pas seulement par les services d’ombudsman.  Les lacunes actuelles du système ne pourront pas être réglées à court terme et devront faire l’objet de nombreux efforts, en gardant à l’esprit la nécessité de créer un environnement de travail harmonieux, a conclu le représentant.

Mme CHERITH NORMAN CHALET (États-Unis) s’est félicitée de l’avènement d’un système d’administration de la justice plus indépendant, plus transparent et plus décentralisé.  Depuis la création de ce système en 2009, l’administration est bien davantage comptable de ses actes.  Mais malgré les progrès, la représentante des États-Unis a jugé nécessaire d’améliorer encore les choses et surtout de trouver les moyens de sensibiliser le personnel au bien-fondé du système informel.  Une communication plus claire des règlements administratifs permettrait d’éviter que les conflits ne se transforment en plaintes.  Elle a douté de l’idée d’élargir l’accès au système de justice aux non-fonctionnaires.  Il faut plutôt réfléchir à la manière dont l’ONU peut informer ces non-fonctionnaires de l’aide qu’ils peuvent avoir en cas de conflit.  

GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur l’application au Secrétariat de l’ONU du nouvel ensemble de prestations des organisations appliquant le régime commun (A/70/961)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB était saisi de la note du Secrétaire général (A/70/896).  Il rappelle que la Commission de la fonction publique internationale avait présenté ses recommandations (A/70/30) et que les principales modifications proposées concernaient l’adoption d’un barème des traitements unifié et l’entrée en vigueur d’une indemnité pour personne à charge distincte du barème; la périodicité des avancements d’échelon et l’adoption de mesures incitatives; l’indemnité pour frais d’études; l’indemnité spéciale pour frais d’études; la prime de sujétion; l’élément supplémentaire famille non autorisée; la prime de mobilité; les éléments liés à la réinstallation; le droit à congé dans les foyers plus fréquent; la prime de rapatriement; l’indemnité de poste; et les seuils de l’allocation-logement.  La Commission a également proposé d’appliquer des mesures de transition au personnel en poste pour ce qui était du barème des traitements unifié, de la prime de mobilité et des primes d’affectation et de réaffectation.

Le CCQAB rappelle que le Secrétaire général a proposé que la mise en œuvre s’échelonne sur six ans et qu’il a fourni des renseignements sur les incidences financières des changements proposés sur le budget-programme de l’exercice biennal 2016-2017 et sur les budgets des opérations de maintien de la paix de l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017, ainsi que sur les économies qui seraient faites à compter de la sixième année d’application.  Le Comité a pris note des incidences financières dans son rapport connexe (A/70/7/Add.4).

Tout en ne niant pas la complexité des changements découlant de l’examen de l’ensemble des prestations, le Comité consultatif n’est pas pleinement convaincu par les arguments avancés par le Secrétaire général sur l’impossibilité de mettre en œuvre le nouvel ensemble des prestations dans les délais prescrits.  Il n’est donc pas en mesure de recommander l’approbation des propositions du Secrétaire général.  À son sens, il est possible de continuer à étudier d’autres formules, telles que le maintien des dates d’entrée en vigueur des changements apportés à l’ensemble des prestations, avec application de mesures rétroactives, et la réduction des délais de livraison des changements logiciels par le fournisseur et de l’intervalle entre la livraison et le déploiement des changements logiciels de façon à réduire le nombre d’opérations rétroactives et à garantir l’efficacité.

Le Comité consultatif compte donc que, dans l’attente d’une décision de l’Assemblée générale sur ses propositions, le Secrétaire général veillera à ce que l’entrée en vigueur du nouvel ensemble de prestations se fasse aux dates fixées par l’Assemblée dans sa résolution 70/244.  Il espère également que le Secrétaire général tiendra le personnel pleinement informé, notamment en publiant de nouvelles instructions administratives.

Dans son rapport, le CCQAB met en annexe la réponse détaillée de la Commission de la fonction publique internationale concernant les conséquences de l’adoption du nouvel ensemble de prestations sur les organisations appliquant le régime commun, l’état comparatif des incidences financières de la mise en œuvre du nouvel ensemble de prestations, les incidences financières de la mise en œuvre de chacun des éléments du nouvel ensemble de prestations pour chaque année de la période de transition, de 2016 à 2023, et l’incidence totale de la mise en œuvre de tous les éléments de l’ensemble de prestations durant la sixième année d’application.

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) a réaffirmé son soutien aux propositions de la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) et a noté avec préoccupation les retards pris par le Secrétariat, en raison de difficultés techniques et opérationnelles.  Elle a appelé le Secrétariat à poursuivre ses efforts pour trouver une solution pratique à l’application du régime commun, dans le respect des mandats établis par l’Assemblée générale et en tenant dûment compte des bénéfices et droits du personnel.

Mme Wairatpanij a réaffirmé l’intention de son Groupe de participer de manière constructive aux consultations informelles, en particulier concernant la solution provisoire proposée par le Secrétariat pour mettre en œuvre le barème des traitements unifié au 1er janvier 2017.  Elle a demandé que cette solution provisoire soit présentée par écrit durant les consultations informelles.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. BACHAR BONG ABDALLAH (Tchad) a exprimé son appui à toute transformation de la gestion des ressources humaines qui permettraient à l’ONU de mettre en œuvre ses mandats avec plus d’efficacité.  Il s’est inquiété des difficultés techniques et opérationnelles auxquelles fait face le Secrétariat et a demandé à toutes les parties prenantes de redéployer des efforts supplémentaires afin de préserver les bénéficiaires du régime.

Mme CARMEN CSERNELHÀZI, représentante de l’Union européenne, a reconnu la portée des défis auxquels fait face le Secrétariat pour mettre en œuvre les modifications apportées à l’ensemble des prestations dans les délais impartis.  Les modifications doivent être mises en œuvre de la manière la plus efficace et efficiente possible, a-t-elle souhaité, appelant à la cohérence entre les organisations du système des Nations Unies.  Elle a exhorté le Secrétaire général à respecter les délais impartis par la résolution 70/244 de l’Assemblée générale et à tenir le personnel informé.

M. KEISUKE FUKUDA (Japon) a déclaré que le Secrétariat a la responsabilité de mettre en œuvre pleinement le régime commun des salaires, indemnités et autres prestations de service du personnel de l’ONU.  S’agissant de la proposition du Secrétariat de suspendre cette mise en œuvre, M. Fukuda s’est dit préoccupé par l’impact que cela pourrait avoir sur les agences de l’ONU.  « Nous craignons qu’elles ne puissent pas mettre en œuvre le nouvel ensemble de prestations, alors même que beaucoup d’entre elles se sont déjà adaptées au besoin de modifier leurs systèmes opérationnels de gestion des indemnités et seraient en mesure, dans les faits, d’appliquer ce nouvel ensemble de prestations en temps voulu », s’est expliqué le représentant.

Le Secrétariat doit faire tout son possible pour mettre en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale et refléter « nos décisions » dans la définition de ses politiques, a-t-il lancé.  Il a par conséquent estimé que le Secrétariat devrait s’abstenir de demander des suspensions sans proposer d’alternative.  Le Secrétariat, a insisté le représentant, doit mettre en œuvre les propositions sur la révision du Statut et Règlement du personnel concernant le barème des traitements de base minima dans les délais prévus, au 1er janvier 2017.  Nous sommes confiants sur sa capacité à surmonter ce défi technique et opérationnel, y compris en communiquant mieux avec le personnel pour s’assurer de sa compréhension, a déclaré le représentant du Japon.

M. EVGENY V. KALUGIN (Fédération de Russie) a estimé que le nouvel ensemble de prestations est la réforme la plus ample que l’ONU n’ait jamais lancée depuis 25 ans.  Il a jugé important de parvenir à un régime de rémunération et de prestations qui fasse en sorte que les emplois à l’ONU restent compétitifs par rapport à ceux des institutions publiques et des entreprises privées.  Le représentant russe s’est donc dit très déçu des difficultés techniques et opérationnelles auxquelles fait face le Secrétariat et s’est étonné que le Secrétaire général ait attendu le mois de mai pour publier son rapport sur cette question.  Il a fait siennes les conclusions de la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) selon lesquelles la décision de l’ONU de reporter la mise en œuvre de la transition fausserait le système et entraînerait une différence dans les conditions de service de ses différentes organisations.  Il a souhaité que toutes les dépenses supplémentaires qui interviendraient dans la réalisation des situations alternatives soient couvertes par les ressources existantes.  

Mme JULIA MACIEL GONZALES (Paraguay) a précisé que son pays a collaboré activement avec la CFPI tout au long des trois années qu’a duré l’examen de l’ensemble des prestations du régime commun.  À ce titre, elle a reconnu l’importance des modifications proposées et s’est dite préoccupée par les retards pris par le Secrétariat qui doit en tirer les leçons.  Le Secrétariat doit trouver une solution rapide et pratique, dans le respect des mandats établis par l’Assemblée générale et en prenant en compte les bénéfices et droits du personnel.

Mme CHERITH NORMAN CHALET (États-Unis) s’est félicitée des efforts réalisés pour mettre en œuvre l’ensemble des prestations approuvées en décembre 2015 par l’Assemblée générale.  Elle a dit attendre avec impatience les consultations constructives sur les mesures supplémentaires à envisager. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission des Nations Unies pour le droit commercial international présente le résultat de ses travaux annuels à la Sixième Commission

Soixante et onzième session
10e et 11e séances – matin et après-midi
AG/J/3523

La Commission des Nations Unies pour le droit commercial international présente le résultat de ses travaux annuels à la Sixième Commission

Examen de l’état des Protocoles additionnels aux Conventions  de Genève: ce ne sont pas les règles de droit qui font défaut, mais leur application

Un projet de loi type sur les opérations garanties, un Aide-mémoire révisé sur l’organisation des procédures arbitrales et des Notes techniques sur le règlement des litiges en ligne: ce sont les trois textes adoptés cette année par la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI), dont le Président, M. Gaston Kenfack Douajni, est venu aujourd’hui présenter le rapport à la Sixième Commission, après que celle-ci eut examiné l’état de la ratification des protocoles additionnels aux Conventions de Genève.

La CNUDCI est le principal organe juridique des Nations Unies dans le champ du droit international commercial, a appelé M. Kenfack Douajni, qui a demandé à la Sixième Commission de lui apporter le ferme soutien des États Membres, « véritables actionnaires de la CNUDCI » pour disposer des ressources nécessaires pour en faire davantage.  Le Président a, par ailleurs, estimé que les travaux qui concernent le droit de l’insolvabilité pourraient commencer dès le début 2017, alors qu’il a suggéré que les travaux dans le domaine du droit des sûretés soient examinés ultérieurement.

M. Kenfack Douajni a également annoncé que la CNUDCI célébrerait son cinquantième anniversaire en organisant un congrès, qui se tiendra à Vienne du 4 au 6 juillet 2017 et aura pour double objectif de débattre de questions techniques, mais aussi de faire connaître la contribution de la CNUDCI au droit commercial international.

Les quelques intervenants qui ont pris la parole aujourd’hui ont salué le travail de la CNUDCI.  La Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a ainsi salué tant les résultats obtenus par la Commission que ses méthodes de travail, tout en ajoutant qu’elle devait s’adapter aux évolutions rapides du commerce international, même s’il ne lui est pas possible de codifier ces évolutions à la même vitesse.  Le Secrétariat de la CNUDCI fait à cet égard un travail qui peut recevoir nos louanges, a pour sa part estimé Singapour.  

La Sixième Commission avait auparavant examiné la question de l’état des Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949 relatifs à la protection des victimes des conflits armés, dans un contexte international tendu, notamment du fait de la situation en Syrie et au Yémen, pays en proie à des conflits caractérisés par des violations flagrantes du droit international humanitaire, et notamment par le ciblage des civils, d’installations hospitalières et de travailleurs humanitaires.  Plusieurs délégations se sont dites horrifiées par ces attaques délibérées et ont rendu hommage au travail du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). 

Les quatre Conventions de Genève de 1949 étant universellement ratifiées, c’est à la ratification des trois Protocoles additionnels qu’ont appelé la plupart des intervenants, et en premier lieu le CICR et la Suisse, pays dépositaire des Conventions.  Le Protocole additionnel I porte sur la protection des victimes des conflits armés internationaux et le Protocole additionnel II est relatif à la protection des victimes des conflits armés non internationaux.  Quant au Protocole III, adopté en 2005, il concerne l’adoption d’un signe distinctif additionnel.  Ces trois Protocoles ont été ratifiés respectivement par 174, 168 et 74 États parties mais le CICR a souligné l’importance d’aboutir à une ratification universelle.

La principale cause des souffrances n’est pas le manque de règles mais le respect insuffisant du droit, a fait observer le délégué du CICR, pour qui les États doivent travailler à des solutions crédibles afin de renforcer le droit international humanitaire.  Il a cité à cet égard les résolutions adoptées lors de la trente-deuxième Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant- Rouge tenue en décembre 2015.  La Suisse a en outre rappelé que le CICR organisera, avec son soutien, la Quatrième Réunion universelle des commissions nationales de mise en œuvre du droit international humanitaire à Genève du 30 novembre au 2 décembre prochains.

Pour sa part, la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits (CIHEF) -instituée par le Protocole additionnel I mais jamais utilisée à ce jour- a estimé qu’elle pourrait être un instrument efficace d’enquête sur les attaques perpétrées contre les civils et installations médicales.  Par ailleurs, l’observateur de l’État de Palestine, le Groupe arabe mais aussi le Bangladesh, Cuba et le Venezuela ont appelé la Suisse à organiser au plus vite une réunion des Hautes Parties contractantes à la Quatrième Convention de Genève.  Alors que plusieurs représentants ont une nouvelle fois rappelé qu’il n’y avait pas eu de consensus sur la nomination du Président –israélien– de la Sixième Commission, et ont accusé Israël de commettre des crimes en tant que Puissance occupante en Palestine, Israël a répliqué que ce sont ces mêmes pays qui violent le droit international humanitaire.

La Sixième Commission, qui en début de séance avait conclu l’examen de la protection diplomatique entamé hier, a en outre examiné la question de la protection les missions et représentants consulaires et diplomatiques.  Toutes les délégations ont condamné les violations commises contre les missions et représentants, les qualifiant d’actes inacceptables que rien ne peut justifier. Il est tout aussi inacceptable que des pays utilisent leurs locaux diplomatiques comme bases pour espionner ou déstabiliser des gouvernements légitimes, a toutefois fait observer Cuba, rejoint par les pays de la CELAC.  Le Brésil a insisté sur le fait que les archives consulaires et diplomatiques, inviolables aux termes des Conventions de Vienne, devaient aussi être protégées sous leur forme électronique et s’est félicité que cette préoccupation ait été prise en compte par l’Assemblée générale en 2014.  Les États-Unis ont estimé pour leur part que la prévention et l’échange d’informations entre États doivent permettre d’éviter que de tels actes se produisent.

Demain, mardi 11 octobre à partir 10 heures, la Sixième Commission terminera l’examen du rapport de la CNUDCI.  Elle examinera ensuite les questions sur l’octroi du statut d’observateur à plus organisations internationales avant de se pencher sur la question de la portée et l’application de la compétence universelle.

PROTECTION DIPLOMATIQUE (A/71/93 et A/71/93/Corr.1)

Déclarations

M. PABLO ADRIAN ARROCHA OLABUENAGA (Mexique) a jugé urgent de lancer les négociations sur un projet de convention sur la protection diplomatique, sur la base du projet d’articles adopté par la Commission du droit international en 2006.  Le représentant estime toutefois que certaines questions restent à résoudre.  Ainsi, du point de vue de la délégation mexicaine, la future convention devrait inclure le principe juridique selon lequel un État ne peut exercer une protection diplomatique sur un individu tiers, ressortissant d’un État qui a commis un acte illicite. 

M. FINTAKPA LAMEGA DEKALEGA (Togo) a rappelé que la question de la protection diplomatique était d’une grande importance et constaté que son pays était l’un des rares États Membres à avoir répondu à l’appel que leur avait lancé, à la demande de l’Assemblée générale, le Secrétaire général, afin qu’ils communiquent leurs observations de fond concernant le projet d’articles.  Pour le Togo, de nombreuses interrogations subsistent, notamment sur la définition de la protection diplomatique ou encore sur la question de la qualification de l’exercice de protection diplomatique.  Malgré ces réserves, le Togo admet que le projet d’articles va dans le sens de la modernité mais demande un travail d’approfondissement et M. Lamega a estimé qu’une convention offrirait une perspective prometteuse pour le développement du droit international.

M. IGOR GARLIT BAILEN (Philippines) a déclaré que, même si la protection diplomatique est un droit discrétionnaire, il y a eu des cas où elle a été utilisée à mauvais escient.  Selon le droit international coutumier, il y a deux conditions à l’exercice de la protection juridique, a-t-il rappelé: l’épuisement des moyens de recours internes et l’effectivité d’une nationalité continue. La personne lésée doit donner une chance à l’État hôte de lui fournir réparation au travers son système judiciaire interne, comme le codifie clairement le projet d’article 15, a expliqué le représentant, ajoutant que toute interprétation de cet article devait se faire de façon strictement juridique.  Par ailleurs, la personne lésée doit, comme c’est la règle générale, conserver sa nationalité d’origine du moment où le préjudice est causé jusqu’à la présentation de la plainte.

Compte tenu de ces deux préalables, les Philippines sont intéressées par une opérationnalisation et une définition de la « nationalité prédominante » évoquée au projet d’article 7 et par une élaboration sur le « préjudice direct ».  Elles sont également intéressées par le projet d’article 18, en raison du nombre de navires battant pavillon philippin qui circulent dans le monde.  En effet, du point de vue des Philippines, le pays d’origine doit pouvoir exercer une protection juridique au titre de l’État du pavillon.  Les Philippines observent cependant qu’il n’y pas dans le projet d’articles de dispositions concernant la période d’exercice de la protection diplomatique.  Ainsi, a demandé le représentant, qu’en est-il lorsque les moyens de recours sont épuisés, est-ce que la prérogative existe-toujours?

ÉTAT DES PROTOCOLES ADDITIONNELS AUX CONVENTIONS DE GENÈVE DE 1949 RELATIFS À LA PROTECTION DES VICTIMES DES CONFLITS ARMÉS (A/71/183 ET A/71/183/ADD.1)

Déclarations

M. JUAN ÀVILA (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes – (CELAC), a fait remarquer que, vu les nouveaux défis posés par les conflits armés contemporains, la question n’était pas tant un problème normatif que la nécessité d’améliorer l’application et le respect des Conventions de Genève et de leurs Protocoles additionnels.  Le représentant a notamment mentionné la nécessité de faire respecter l’accès de l’aide humanitaire dans les zones de combat, comme le prévoit le droit international humanitaire.  La CELAC a également souligné que le caractère civil des non combattants devait être pleinement respecté, ajoutant que le Protocole I établit clairement que les attaques armées doivent se limiter strictement à des objectifs militaires.  En outre, le Protocole interdit, dans son Article 52, les représailles contre la population civile.

La CELAC recommande aux États Membres des Nations Unies de mettre en place des commissions nationales pour faire un état des lieux de l’application du droit international humanitaire, et de former des fonctionnaires à leurs obligations en la matière autant que de besoin, comme plusieurs États Membres de la CELAC l’on déjà fait.  Rappelant que les Conventions de Genève sont déjà universellement ratifiées, la CELAC demande, en outre, aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait d’adhérer sans tarder aux Protocoles additionnels.  Au-delà du régime des Conventions de Genève, la CELAC rappelle que, dans sa Déclaration sur l’état de droit adoptée en 2012, l’Assemblée générale demande aux États Membres de respecter et faire respecter le droit international humanitaire en tout temps et en tous lieux.  Elle se félicite en outre de la ratification des amendements de Kampala au Statut de Rome de la Cour pénale internationale et de leur entrée en vigueur en 2017.  Elle rappelle enfin qu’il est important d’ériger en infraction les conduites interdites et les États doivent se doter des instruments juridiques appropriés pour punir les auteurs de crimes de guerre.

M. RIADH BEN SLIMAN (Tunisie), au nom du Groupe arabe, a commencé par rappeler l’absence de consensus au sein de la Sixième Commission sur le mandat et la compétence de son président au regard du droit international et du droit international humanitaire, ajoutant que le pays d’origine du président de la Commission -Ambassadeur d’Israël- ne les respecte pas.  Il a ensuite rappelé le mécontentement des États membres du Groupe arabe face à la situation en Palestine, affirmant que des crimes y sont toujours perpétrés sans relâche par Israël, la Puissance occupante. La colonisation, le transfert de population, le siège des villes palestiniennes, le blocus de Gaza, entre autres actes contraires aux Conventions de Genève, continuent dans une indifférence de la communauté internationale et une totale impunité des autorités israéliennes, a déploré le représentant.

Toutes ces violations aggravent la situation sur le terrain, a poursuivi le représentant, appelant la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour résoudre la question palestinienne.  Seul le plein respect du droit international peut permettre une paix entre Israël et l’État de Palestine et avec tous les pays arabes en général, a-t-il assuré.  Le Groupe arabe appelle aussi la Suisse, dépositaire des Conventions de Genève, à organiser au plus vite une réunion des Hautes Parties contractantes à la Quatrième convention de Genève. Le groupe appelle par ailleurs Israël, Puissance occupante, à respecter ses obligations au titre du droit international et du droit international humanitaire en se conformant notamment aux résolutions pertinentes des Nations Unies sur la question palestinienne.  Enfin, le Groupe arabe reconnait et salue le rôle du Comité international de la Croix-Rouge en Palestine, notamment son soutien aux réfugiés palestiniens. 

M. ERIC CHABOUREAU, de l’Union européenne, s’est félicité du résultat de la trente-deuxième Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, tenue en décembre 2015 et à l’issue de laquelle les États membres de l’Union européenne et leur Société nationale de la Croix-Rouge ont annoncé un train de mesures pour un respect plus strict et la promotion du droit international humanitaire.  L’Union européenne reste aussi engagée dans le processus intergouvernemental lancé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Suisse pour définir les caractéristiques et les fonctions du forum des États qui devra travailler à l’amélioration de la mise en œuvre du droit international humanitaire.  Par ailleurs, le nouveau Plan d’action de l’Union européenne sur les droits de l’homme et la démocratie identifie un certain nombre de mesures pour appuyer la création d’un mécanisme de contrôle de la mise en œuvre du droit international humanitaire.  Pour favoriser le respect de ce droit au niveau national, l’Union européenne aide les États dans l’élaboration de leur législation nationale et finance des programmes de renforcement des capacités des secteurs de la sécurité et de la justice.  La lutte contre l’impunité est en effet au cœur du respect du droit international humanitaire, a souligné le représentant. 

De la même façon, l’Union européenne apporte tout son appui à la Cour pénale internationale (CPI) et chaque année, elle déploie des efforts pour préserver l’intégrité et promouvoir l’universalité du Statut de Rome.  Elle prône, à cet égard, le respect du principe de complémentarité et a développé, pour ce faire, un document de travail conjoint offrant des directives opérationnelles pour combler le fossé entre les systèmes de justice internationaux et nationaux et assurer une interaction plus efficace entre les systèmes nationaux et la CPI.  Le représentant a conclu en rappelant que l’Union européenne a participé à la Réunion plénière du Forum sur le Document du Montreux organisée par la Suisse et le CICR, le 29 janvier dernier, sur les activités des sociétés militaires et de sécurité privées.  Elle félicite le CICR pour son action en faveur de la protection et promotion du droit international humanitaire.

M. PER THORESSON (Suède), au nom du Groupe des pays nordiques, a noté que, sur la question de la protection des victimes des conflits armés, les principes et les instruments juridiques existent mais que leur respect sur le terrain est moins clair.  Le représentant souligné importance d’assurer la sécurité des personnels hospitaliers et s’est déclaré horrifier par les attaques délibérées commises contre des hôpitaux.  Il a salué à cet égard la résolution 2286(2016) adoptée le 3 mai dernier par le Conseil de sécurité sur cette question et a remercié les  sociétés médicales pour leurs efforts.

Le représentant a en outre condamné les violences sexuelles dans toutes circonstance, y compris dans les conflits armés.  Les femmes et les enfants souffrent tout particulièrement de la violence dans les conflits armés, a-t-il rappelé.  Tous ceux qui se rendent coupables de crimes de guerre doivent être jugés.  Les pays nordiques rappellent, en outre, le rôle que doit jouer la Cour pénale internationale en dernier recours.  Ils saluent le CICR et lui rendent hommage pour son travail, avant de rappeler que tous les États avaient l’obligation de respecter le droit international humanitaire.

Mme CARRIE MCDOUGALL (Australie), au nom du groupe CANZ, (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) a réaffirmé l’appui de ces pays aux Conventions de Genève.  Dans ce contexte, ils appellent les États qui ne l’ont pas encore fait, à adhérer aux trois Protocoles additionnels, estimant que ces derniers reflètent bien le droit international coutumier, notamment l’interdiction des attaques contre les installations et le personnel médical et humanitaire.  Cela est d’autant plus important que les événements récents soulignent cette urgence, a plaidé la représentante, appelant les parties prenantes à respecter le droit international humanitaire. 

Mme TANIERIS DIEGUEZ LA O (Cuba) a rappelé que, durant les conflits, c’est à chaque fois, et de façon de plus en plus fréquente, la population civile qui est victime de toutes sortes d’abus de la part des forces armées impliquées.  Les agressions constantes et l’ingérence permanente des pays impérialistes dans les affaires des pays en développement, la destruction systématique des infrastructures de ces peuples, et les meurtres indistincts de civils constituent des violations du droit international humanitaire, a-t-elle déclaré.

Cuba a réitéré son engagement sans compromis en faveur du respect du droit international humanitaire, tels qu’inscrit notamment dans les quatre Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels de 1977 relatifs à la protection des victimes des conflits armés.  Rien ne justifie la violation des normes de droit international et nous nous opposons aux tentatives de réinterpréter ces normes, a déclaré la représentante, qui s’est dite favorable à un large débat sur cette question au sein de la Sixième Commission.

Par ailleurs, la représentante s’est dite gravement préoccupée par les graves violations des normes de droit international humanitaire qui sont commises par les pays occidentaux dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international.  Nous sommes en particulier préoccupés par l’utilisation d’armes telles que les drones, qui frappent sans distinction et visent les populations civiles.  La manipulation politique, les deux poids deux mesures, affaiblissent le droit international humanitaire et le droit international, a-t-elle affirmé.

 La représentante s’est félicitée que son pays soit partie aux quatre Conventions de Genève et à ses Protocoles additionnels de 1977 et a réaffirmé sa position quant à la défense du droit international humanitaire.  Elle a assuré que Cuba avait incorporé au niveau national toutes les garanties nécessaires pour le respect strict de ces normes, en particulier celles relatives à la protection des civils.

Mme DAMARIS CARNAL (Suisse), dont le pays est dépositaire des Conventions de Genève et de leurs trois Protocoles additionnels, s’est déclarée particulièrement consternée par les attaques perpétrées contre les infrastructures et le personnel médical, ainsi que contre les blessés et les malades.  Le caractère systématique de ces attaques laisse penser à une stratégie délibérée de bon nombre de parties impliquées dans les conflits armés, a-t-elle fait observer.  Si le caractère délibéré de bon nombre de ces attaques devait être établi, la Suisse rappelle qu’elles seraient alors constitutives de crimes de guerre, a dit sa représentante, ajoutant qu’au titre du droit international humanitaire, les États sont tenus de protéger ces catégories de personnes. 

La Suisse est également préoccupée par l’impact des mesures adoptées dans la lutte contre le terrorisme sur l’action humanitaire.  Il est de notre responsabilité que l’aide humanitaire soit fournie aux populations civiles et personnes hors de combat, a dit la représentante, ajoutant que les mesures adoptées pour combattre le terrorisme ne doivent en aucun cas faire obstacles aux efforts déployés au service des victimes des conflits armés.

La représentante a ensuite observé que, si les Conventions de Genève sont universellement ratifiées, ce n’est pas le cas des trois Protocoles additionnels  qui ne sont, respectivement ratifiés que par 174, 168 et 74 États.  Presque 40 ans après l’adoption des deux premiers Protocoles, le moment est venu d’en universaliser la ratification, a dit la représentante, qui a encouragé, par ailleurs, les États parties au Protocole additionnel I à reconnaitre la compétence de la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits, instituée par l’article premier dudit protocole.  Cette reconnaissance peut se faire par une simple déclaration remise au dépositaire, a-t-elle rappelé.

La Suisse salue en outre le rôle de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et se félicite de l’adoption par consensus des deux résolutions à même d’améliorer la mise en œuvre du droit international humanitaire lors de la trente-deuxième Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge tenue en décembre dernier.  Dans ce contexte, la Suisse appelle les États à prendre activement part à la trente-troisième conférence internationale, qui aura lieu en septembre 2019. La représentante a enfin rappelé que le CICR organiserait, avec le soutien de la Suisse, la quatrième Réunion universelle des commissions nationales de mise en œuvre du droit international humanitaire à Genève du 30 novembre au 2 décembre de cette année.

M. HECTOR ENRIQUE CELARIE LANDAVERDE (El Salvador) a observé que ce débat se tient alors même que de graves violations du droit international humanitaire se produisent dans le monde. El Salvador rappelle que le respect du droit international humanitaire est une obligation pour les États, qui ont spécialement l’obligation de protéger les populations civiles et celles qui ne prennent pas part au conflit.

Alors qu’El Salvador s’apprête à célébrer le 25e anniversaire de l’Accord de paix qui a mis fin au conflit armé dans le pays, il ne cesse de remplir ses obligations, a affirmé le représentant.  Au plan institutionnel, le pays dispose d’un comité interinstitutionnel du droit international humanitaire qui fonctionne comme un organe gouvernemental chargé de mettre le droit international humanitaire en œuvre.  El Salvador dispose également d’un comité chargé de l’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, dont la tâche est de proposer des politiques visant à atteindre les objectifs de cette résolution.  C’est par ce genre de mesures que qu’El Salvador respecte ses obligations relatives au droit international humanitaire, a conclu le représentant

M. ANGEL HORNA (Pérou) a souligné que, depuis l’adoption de la résolution 69/120 de l’Assemblée générale, son Gouvernement avait mis en place une politique destinée à mettre en œuvre le Protocole additionnel III aux Conventions de Genève de 1949 relatifs à la protection des victimes des conflits armés.  Le Pérou a en outre incorporé dans son ordre juridique national divers instruments internationaux en matière de droit international humanitaire et a souligné avoir ratifié le Traité sur le commerce des armes.

Nous avons mis sur pied une commission plurisectorielle pour la protection des personnes déplacées internes, a par ailleurs expliqué le représentant.  En ce qui concerne la question des personnes disparues et des réparations, le ministère de la Santé a versé des réparations à 1 522 familles victimes touchées par la violence entre 1980 et 2000.  L’objectif est de mettre en œuvre des soins efficaces pour la santé mentale des personnes victimes de la violence.  Le représentant a conclu en disant que le Pérou remplissait ses obligations internationales en matière de droit international humanitaire et s’emploie à le promouvoir au niveau national, régional et local et à mettre en œuvre des mesures qui garantissent la protection des populations civiles.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a rappelé que son pays avait ratifié les quatre Convention de Genève en 1951 et leurs deux Protocoles additionnels en 1997.  Le Liban a, par ailleurs, établi, en 2010, le Comité libanais du droit international humanitaire, dont la fonction est d’élaborer un plan d’intégration du droit international humanitaire dans la législation libanaise, de veiller et coordonner les mesures visant à son respect et de suivre les violations du droit international humanitaire.  La Croix-Rouge libanaise, créée en 1945, joue par ailleurs un rôle majeur en matière de droit international humanitaire.  En outre le gouvernement organise des cours, conférences et séminaires au sein des organes, forces et hiérarchie militaires, a dit le représentant.

Il a ensuite rappelé que son pays avait subi, il a dix ans une agression de 33 jours de la part d’Israël. Cette attaque a causé la mort de 1 109 personnes et fait 4 399 blessés et près d’un million de déplacés.  Cette agression a également eu des conséquences environnementales, avec le bombardement de la centrale électrique de Jiyeh, qui a provoqué le déversement de pétrole sur les côtes libanaises.  Rappelant également la situation en Palestine, le représentant a déclaré que la communauté internationale devait prendre et assumer ses responsabilités pour le plein respect du droit international humanitaire.  Le Liban se joint au Groupe arabe pour demander la tenue d’une conférence des Hautes Parties contractantes à la Quatrième Convention de Genève, a poursuivi le représentant, qui a salué et reconnaître le rôle du Comité international de la Croix-Rouge en matière de protection du droit international humanitaire. 

Mme AHILA SORNARAJAH (Royaume-Uni) a estimé qu’il fallait traduire en justice ceux qui violent le droit international humanitaire en période de conflit armé avant de rendre hommage au travail du CICR.  Les symboles de protection neutres des civils qu’ils représentent doivent être protégés, a-t-elle ajouté, se déclarant préoccupée par les attaques dont sont victimes les travailleurs humanitaires.  La représentante a en outre déclaré que les violences sexuelles dans les conflits sont inacceptables et a rappelé qu’il était essentiel de mettre fin à l’impunité.  Elle a enfin souligné que le Royaume-Uni avait engagé 30 millions de livres sterling pour protéger l’héritage culturel dans les pays en conflit

M. ABEL AYOKO (Nigéria) a déclaré que son pays avait toujours respecté le droit international humanitaire, y compris face aux combattants de Boko Haram, qui sont correctement traités lorsqu’ils sont faits prisonniers.  Le Gouvernement nigérian assure également un accès humanitaire aux zones victimes du conflit, en particulier avec ses partenaires humanitaires internationaux.  Le représentant a rendu hommage à ces derniers et a réaffirmé la détermination de son gouvernement à continuer de respecter le droit international humanitaire.  Mais pour cela, le Nigéria aura besoin du soutien continu de la communauté internationale.  Il faut que tous les pays respectent le droit international humanitaire et les résolutions des Nations Unies, a-t-il ajouté, plaidant aussi pour une synergie mondiale. 

M. ISAIAS ARTURO MEDINA MEIJAS (Venezuela) a informé que son pays a publié au Journal officiel en 2015 la Loi de protection du nom et des signes distinctifs du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.  Il a salué le travail objectif du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), estimant qu’il accomplissait un travail remarquable.  Le représentant a souhaité que la priorité soit donnée à la promotion du respect des États parties et à condamné les attaques dont le personnel humanitaire est la cible.  Il a exhorté les États Membres à faire respecter le droit international humanitaire.  Il a déploré les violations du droit international humanitaire.

Le représentant a condamné toute attaque aveugle contre les populations civiles et les travailleurs humanitaires et a appelé au dialogue politique entre les parties.  Il a souhaité promouvoir le respect des principes des Nations Unies et a reconnu la nécessité d’une discussion à l’Assemblée générale.  Il a conclu en citant Martin Luther King, pour lequel les hommes ne peuvent pas s’entendre s’ils se craignent et ils se craignent parce qu’ils ne se connaissent pas. C’est pourquoi le dialogue politique est essentiel pour trouver la paix, a-t-il conclu.

M. DIDEMANA N MADJAMBA (Togo) a estimé que la protection des victimes de conflits armés était indissociable d’un encadrement strict de la conduite des hostilités, et que c’était « ce que nous enseigne la rédaction des deux Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1977 ».  Précisant qu’à ce jour, le Togo avait ratifié 21 instruments juridiques liés au droit international humanitaire, le représentant a appelé la communauté internationale à se saisir plus efficacement de la problématique de l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit.  Le Togo a réitéré à ce sujet son adhésion à la Déclaration d’engagement du Royaume-Uni du 26 novembre 2013. 

Le représentant a ensuite souligné que, de 2012 à 2013, son pays, qui siégeait comme membre non permanent au Conseil de sécurité, avait initié de nombreuses initiatives visant à imposer le respect du droit international humanitaire dans les zones de conflit.  Il a notamment cité les résolutions 2085 (2012) sur la situation au Mali et la résolution 2052 (2012) sur la situation en Syrie.  Sur les opérations de maintien de la paix, le représentant togolais à appeler tous les États à faire respecter la tolérance zéro à l’égard des comportements criminels des agents de terrain et à établir un cadre juridique clair et adapté permettant un renforcement de la protection des victimes de conflits armés.

Mme EMILY PIERCE (États-Unis) a déclaré que son pays avait toujours été un fervent défenseur du développement et de l’application du droit international humanitaire.  Elle a rappelé que, lors de la dernière discussion sur cette question devant la Commission il y a deux ans, les États-Unis avaient fait part de leur intention de demander l’accord du Sénat pour la ratification du Protocole II, ajoutant que cette question était toujours en suspens devant le Sénat américain. Elle a, en revanche, fait part de difficultés avec le Protocole additionnel I.

Durant ces quatre dernières années, nous avons été de fervents partisans de la création d’un nouveau forum pour faciliter des discussions substantielles et non politisées entre les États concernant le droit international humanitaire et nous pensons que cela reste un objectif valable, a poursuivi la représentante.  Elle a insisté sur le fait que ce forum devrait rester neutre et non politisé et a dit attendre de plus amples informations sur cette initiative, qui devrait renforcer la protection des personnes privées de liberté durant des conflits armés.  Elle a aussi apporté son soutien au processus en cours sur la Conférence de plénipotentiaires de Montreux qui a tenu sa deuxième réunion en janvier 2016. 

M. JORN EIERMANN (Liechtenstein) a déclaré que l’on ne devrait pas avoir à parler dans cette enceinte d’attaques contre les convois humanitaires ou contre les infrastructures médicales, mais au contraire des moyens de renforcer le droit international humanitaire. Dans ce contexte, le représentant s’est déclaré consterné par les évènements survenus ces derniers jours au Yémen, appelant les États qui le peuvent à se saisir de toutes les violations du droit international humanitaire et à ceux qui ne le peuvent pas de saisir la Cour pénale internationale.

Le représentant a également déclaré que les débats qui ont lieu au Conseil de sécurité  sur la protection des civils ne suffisent pas.  Les États Membres du Conseil de sécurité doivent s’engager eux-mêmes à respecter le droit international humanitaire, notamment en s’engageant à ne pas utiliser des armes telles que les armes à sous-munitions ou des barils explosifs, a-t-il conclu.

M. SEYED ALI MOUSANI (République islamique d’Iran) a déclaré que, dans le domaine de la coopération régionale, le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant rouge iranien avaient signé un accord en décembre 2015, lequel a pour but d’atteindre un objectif commun.

Le représentant a déploré que des violations du droit international humanitaire graves continuent dans les territoires palestiniens.  Sur ces questions, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité ainsi que de la Cour internationale de Justice ont fait état de violations du droit international humanitaire.  La région du Moyen-Orient est témoin à longueur de temps de violation droit international humanitaire a poursuivi le représentant, qui a accusé « un État Membre » d’avoir récemment violé gravement les Conventions de Genève en commettant une attaque aveugle contre des milliers de civils.  Les forces aériennes dans ce conflit ne respectent pas le droit international humanitaire, s’est-il en outre insurgé.  Pour le représentant, l’attaquant mais aussi ceux qui soutiennent les attaques contre le Yémen devraient rendre des comptes pour crimes de guerre.  

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a rappelé que, lors de la guerre de libération de l’Algérie (1954-1962) le Front de libération nationale (FLN) avait déclaré son intention d’appliquer la Conventions de Genève sur les prisonniers de guerre et ordonné à ses soldats de se conformer au droit international humanitaire. L’Algérie apparaît ainsi sur la liste des États parties aux Conventions de Genève comme ayant ratifié les instruments en juin 1960, soit deux ans avant son indépendance, a-t-il fait observer, ajoutant que son pays avait ratifié en 1989 les deux Protocoles additionnels.  L’Algérie reconnaît en outre la compétence de la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits.

Le représentant a ensuite souligné la nécessité de protéger les Palestiniens et de prévenir les violations répétées des Conventions de Genève et de leurs Protocoles additionnels.  Il a, à ce titre, appuyé la requête de l’État de Palestine de réunir une conférence des parties de la Quatrième Convention de Genève afin d’examiner les mesures visant à faire respecter et appliquer la Convention dans les territoires occupés palestiniens, y compris Jérusalem-Est.  Il a regretté que cette conférence ne se soit pas encore tenue, en raison de l’opposition d’un petit nombre d’États parties.

M. Remaoun a ensuite rappelé que le Front Polisario avait fait, le 21 juin 2015, une déclaration unilatérale, au nom du peuple du Sahara occidental, en vue d’appliquer les Conventions de Genève de 1949 et le Protocole additionnel I.  Cette déclaration, transmise au Conseil fédéral suisse, dépositaire des Conventions, emporte les effets mentionnés à l’article 96 (3) dudit Protocole, a-t-il dit, en regrettant que cette information ne figure pas dans le rapport du Secrétaire général A/71/183.  Faisant un rappel historique, il a affirmé que d’autres fronts de libération nationale avaient, avant le Front Polisario, invoqué ledit article, tels que l’ANC en Afrique du Sud.  L’autorité représentant un peuple engagé dans un conflit armé peut s’engager à appliquer les Conventions et le Protocole additionnel  I relativement à ce conflit en adressant une déclaration unilatérale au dépositaire, a-t-il rappelé, citant la teneur de l’article 96 (3).  En conclusion, il a salué l’accession du Front Polisario aux Conventions de Genève et protocole additionnel précités.

M. AMIT HEUMANN (Israël) a déclaré que, même si sa délégation est, comme d’autres, réservée sur le caractère coutumier de certaines dispositions des Conventions de Genève, Israël reste toutefois engagé à respecter les principes du droit international humanitaire et souligne que son respect dans le contexte des conflits armés est de la plus haute importance.  Mais Israël observe que les terroristes se servent et se cachent dans la population civile, les écoles et même des hôpitaux.  Le droit des conflits armés doit s’adapter aux réalités actuelles et notamment aux guerres asymétriques, a dit le représentant, assurant que son Gouvernement veille scrupuleusement, à travers la formation de ses forces armées, au respect des normes du droit international et du droit international humanitaire.

Par ailleurs, si Israël reconnait le travail du CICR dans l’interprétation des Conventions de Genève et des Protocoles additionnels, il estime que le dernier commentaire publié sur la Première Convention soulève de sérieuses questions, tant sur le processus que sur le fond.  Certains commentaires ne sont pas en lien avec l’état de droit, a estimé le représentant, qui a appelé le CICR à consulter les États et à tenir compte de leurs commentaires, compte tenu de leur rôle prédominant en matière de création, d’interprétation et de mise en œuvre du droit international humanitaire.

Sur un autre sujet, et répondant aux délégations qui ont fait référence à son pays, le représentant a assuré que ce sont ces même pays qui violent le droit international humanitaire.  Il a notamment mis en cause les États membres du Groupe arabe, les accusant de ne rien dire sur ce qui se passe au Yémen ou ce que fait le Hamas. Pas plus tard qu’hier, Israël a été victime d’une attaque, célébrée à Gaza et Cisjordanie, a-t-il dit, ajoutant qu’en ce qui le concerne, Israël continuera de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger sa population, car c’est son devoir et sa responsabilité. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) s’est déclaré préoccupé par les violations graves du droit international humanitaire par des acteurs étatiques et non-étatiques. Le représentant a demandé aux différentes parties aux conflits de respecter le droit humanitaire international, en particulier aux femmes et aux enfants et estimé que les graves violations devraient être traduits en justice.  Le Bangladesh ajoute sa voix à celle des autres États Membres qui ont appelé à faire cesser les violences sexuelles contre les femmes et les enfants, ces violences étant utilisées comme des armes de guerre.  Nous devons faire reconnaitre le droit international humanitaire afin de le rendre plus accessible à la population a également estimé les représentant, qui a remercié le CICR pour les formations organisées à cet égard. I l a enfin appelé le Gouvernement de la Suisse à organiser une conférence des Haut parties contractantes à la Quatrième Convention de Genève.

Mme MIYONG SONG (République de Corée) a déclaré que tous les États parties aux Conventions de Genève doivent réaffirmer leur attachement au droit international humanitaire et lutter contre l’impunité pour toutes ses violations.  Il faut également faire preuve de volonté politique pour réduire les souffrances à l’encontre des femmes et des enfants dans les situations de conflit.  La République de Corée, qui appuie le CICR, entend participer à sa trente-troisième Conférence internationale en 2019 et appelle les autres à faire de même, afin de renforcer le droit international humanitaire, a conclu la représentante.

Mme REEM JULIA MANSOUR, Observatrice de l’État de Palestine, a rappelé que, dans les conflits armés actuels, ce sont les civils qui portent le fardeau le plus lourd.  Parmi les différentes victimes, les réfugiés subissent des traumatismes, notamment psychologiques.  « Nous connaissons bien cette question », a-t-elle déclaré, « nous qui subissions les brutalités d’Israël depuis plus d’un demi-siècle ».

Les intentions des rédacteurs des Conventions de Genève de 1949 étaient claires: il s’agissait de protéger les victimes, a ajouté la représentante, qui a déploré que les Conventions ne soient pas respectées.  Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour faire respecter le droit international humanitaire, alors que notre peuple souffre de cruauté, y compris de bombardements sur les territoires palestiniens occupés, y compris des arrestations arbitraires, a-t-elle déclaré.  La communauté internationale porte une responsabilité très claire sur cette question, a-t-elle ajouté.

La représentante a demandé au Gouvernement de la Suisse de convoquer à Genève les Hautes Parties contractantes à la Quatrième Convention de Genève à une réunion sur les territoires occupés et a réclamé une protection internationale, jugeant ces mesures plus urgentes que jamais pour les civils palestiniens. 

L’Observatrice a, par ailleurs, répondu à la déclaration d’Israël en l’accusant d’éviter de parler de l’occupation illégale de la Palestine et des violations sans nombre du droit international humanitaire qui sont commises dans l’ensemble des territoires occupés.  Elle a conclu en enjoignant Israël de respecter le droit international humanitaire.

Mme JUSTINAS ZILINSKAS, Commission internationale humanitaire d’établissement des faits (CIHEF), a rappelé que sa Commission, instituée par le Protocole additionnel I aux Conventions de Genève de 1949, était un instrument à disposition des États et de la communauté internationale pour faire en sorte que le droit international humanitaire soit effectivement appliqué pendant les conflits armés.  C’est une institution spécialisée composée de 15 membres élus par les États qui ont reconnu sa compétence, a-t-elle affirmé, précisant que ses membres ne représentaient pas un État.  Mme Zilinskas a souligné que la procédure d’établissement des faits était confidentielle et qu’un rapport était soumis aux parties.  La Commission ne communiquera pas publiquement ses conclusions, à moins que toutes les Parties au conflit le lui aient demandé, a-t-elle précisé, expliquant que la Commission n’était pas là pour blâmer quiconque mais pour enquêter sur les allégations de violations du droit international humanitaire. Elle a affirmé que la Commission, dans le cadre de sa mission de bons offices, avait mené et continuait de mener des négociations délicates avec plusieurs parties.  Mais pour opérer, la Commission a besoin qu’un mandat spécifique lui soit délivré par les parties à un conflit, a encore ajouté Mme Zilinskas.

Jusqu’à présent, 76 États ont reconnu la compétence de la CIHEF, a noté Mme Zilinskas, en appelant les autres États à en faire de même afin que la Commission parvienne à une « masse critique ».  Elle a ensuite insisté sur la possibilité d’une complémentarité entre sa Commission et les autres missions d’établissement des faits créées par les organes des droits de l’homme et autres entités onusiennes.  Il serait utile que la Commission reçoive les observations d’États et organes onusiens sur les raisons pour lesquelles ils n’ont pas fait appel à elle, a-t-elle ajouté.  Enfin, Mme Zilinskas a estimé que la CIHEF pourrait être un instrument efficace d’enquête sur les attaques perpétrées contre les civils et installations médicales.    

M. STEPHEN OJEDA, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué que les règles codifiées dans les deux Protocoles Additionnels étaient toujours d’actualité près de quarante ans après leur adoption en 1977.  Dans des termes dépourvus d’ambiguïté, les deux Protocoles interdisent les actes de violence contre les personnes internées et détenues, demandent que les parties leur fournissent des articles de première nécessité et exigent la tenue d’un procès équitable si des poursuites pénales ont été entamées, a-t-il dit.  Le représentant a rappelé qu’une autre avancée majeure de ces Protocoles additionnels était la codification et le développement de normes relatives à la conduite des hostilités. Celles-ci, dans le droit des traités, n’avaient fait l’objet d’aucune modification depuis les Conventions de La Haye de 1907, a-t-il rappelé.  Les États doivent parvenir à un équilibre délicat entre les moyens militaires nécessaires pour vaincre l’ennemi et les impératifs humanitaires, a-t-il encore affirmé.

Malgré ces avancées, les souffrances et destructions découlant des conflits armés demandent la prise de mesures robustes pour renforcer le droit international humanitaire, a poursuivi le délégué du CICR.  En premier lieu, il a souligné l’importance d’aboutir à une universalité de ces deux Protocoles, 174 États sont parties au Protocole I, 168 au Protocole II, et appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à les ratifier.  Jugeant que cela n’était pas toutefois pas suffisant, il a rappelé que la principale cause des souffrances n’était pas le manque de règles mais le respect insuffisant du droit.  Les États doivent travailler à des solutions crédibles afin de renforcer le droit international humanitaire, a-t-il déclaré.

Pointant les domaines dans lesquels les règles existantes sont insuffisantes, le délégué a mentionné la protection des personnes privées de leur liberté en lien avec un conflit armé non international.  Le CICR recommande un renforcement de la protection des personnes privées de leur liberté dans quatre domaines particuliers: les conditions de détention, la protection des groupes vulnérables, les bases juridiques et les procédures pour la détention et le transfert de détenus.  Enfin, le délégué a rappelé que le CICR fournissait les outils pour mettre en œuvre le droit international humanitaire, notamment un commentaire révisé de la Première Convention de Genève.  Des commentaires actualisés des autres Conventions et des Protocoles additionnels sont en cours de préparation, a conclu le représentant.

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République arabe syrienne a rappelé à la délégation d’Israël que son pays est un État Membre des Nations Unies et un des fondateurs de l’Organisation.  Par conséquent, il doit être évoqué sous son nom officiel, République arabe syrienne, et non sous l’expression « régime syrien », comme la bienséance et les règles diplomatiques l’exigent.  Le représentant a ensuite rappelé les violations des droits de l’homme et du droit international et du droit international humanitaire dont Israël, la Puissance occupante, se rend coupable, y compris l’occupation du Golan syrien. Israël appuie en outre des groupes terroristes comme El-Nosra, dont il va jusqu’à soigner les combattants, a accusé le représentant de la République arabe syrienne, qui a déploré qu’Israël puisse se permettre de venir se présenter comme un défenseur du droit international humanitaire.

EXAMEN DE MESURES PROPRES À RENFORCER LA PROTECTION ET LA SÉCURITÉ DES MISSIONS ET DES REPRÉSENTANTS DIPLOMATIQUES ET CONSULAIRES (A/71/130)

Déclarations

M. JUAN ÁVILA (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a condamné toutes les violations commises contre les missions et représentants consulaires et diplomatiques.  Chaque violation est un incident grave qui sape les valeurs communes de la communauté internationale, a-t-il dit, avant d’estimer que les violations devaient faire l’objet d’une sanction. 

La CELAC insiste, en outre, sur la nécessité de coopérer afin de prévenir la commission de crimes contre tout représentant d’une organisation internationale.  Elle est vivement préoccupée par les conséquences négatives que peuvent avoir sur l’inviolabilité des archives diplomatiques et consulaires la surveillance des États et l’interception, en particulier extraterritoriale, des communications.  Disant apprécier l’engagement constructif obtenu autour de cette question lors de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, le représentant a rappelé que les documents et communications diplomatiques et consulaires étaient inviolables de tout temps et en tout lieu.  Le délégué a affirmé que les législations nationales devaient être, dans ce domaine, conformes au droit international, en particulier aux Conventions de Vienne de 1961 et 1963.  En conclusion, le représentant a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à devenir partie aux Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires.

M. ERIC CHABOUREAU, Union européenne, a constaté que des incidents violents et des attentats continuaient de viser des missions et des représentants diplomatiques et consulaires.  Dans ce contexte alarmant, il a appelé l’ensemble des États Membres à garantir le respect de leur inviolabilité.  Le représentant a notamment exhorté les États à strictement respecter et mettre en œuvre les dispositions de droit international régies par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et par la Convention de Vienne sur les relations consulaires.  « Une étroite coopération en matière de sécurité est nécessaire, non seulement au niveau international mais aussi à l’échelle nationale, entre les missions et les autorités locales compétentes », a-t-il souligné.

En vertu des deux Conventions de Vienne, les États hôtes ont aussi le devoir de prendre toutes mesures appropriées pour protéger les missions diplomatiques et les locaux consulaires, a poursuivi le représentant, notant qu’une attention particulière doit être portée aux menaces de terroristes et de groupes armés, lesquelles contraignent quelques fois les États à fermer leurs ambassades et consulats, comme c’est le cas en Libye et au Yémen.  Il a ajouté que l’Union européenne et ses États Membres étaient prêts à contribuer aux efforts visant à garantir et renforcer le droit des personnels diplomatiques et consulaires à la protection et à la sécurité.  

Mme NIINA NYRHINEN (Finlande), au nom du Groupe des pays nordiques, a rappelé que la question des mesures propres à renforcer la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires avait été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale à l’initiative des pays nordiques, car ces derniers ont toujours été préoccupés par les atteintes portées aux représentants diplomatiques et consulaires en dépit des règles internationales qui existent en la matière.  Ils appellent par conséquent les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les diverses Conventions de Vienne en la matière. Ces dernières, a rappelé la représentante, imposent des obligations de protection à l’État hôte, ajoutant qu’en défaut de cette protection, l’État lésé est en droit de demander des réparations.  Dans ce contexte, les pays nordiques soulignent que les attaques répertoriées par le Secrétaire général sont condamnables et injustifiables, a dit la représentante.  

M. ROLANDO VERGARA (Cuba) s’est dit préoccupé par les faits allégués par le rapport du Secrétaire général et souligne que les Conventions de Vienne doivent être appliquées. Cuba condamne plus particulièrement le fait que certains pays utilisent leurs bâtiments consulaires ou diplomatiques comme base pour espionner ou organiser la déstabilisation de gouvernements légitimes. En ce qui le concerne et malgré l’embargo qui le frappe, Cuba a pris des mesures pour protéger les missions diplomatiques et consulaires. Aucun acte de pénétration dans les enceintes diplomatiques ou consulaires à Cuba n’a été observé, a assuré le représentant, affirmant que son pays respecte ses obligations relatives aux Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires.

M. PATRICK LUNA (Brésil) a expliqué que la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires était fondamentale pour assurer des relations pacifiques entre les États.  Il a fait part de sa préoccupation envers le nombre de violations graves et d’incidents signalés et qui ne sont pas cités dans la compilation du Secrétaire général.  Il est donc important de faire une mise à jour, a-t-il déclaré.

Le représentant a également rappelé que les documents et archives sont inviolables aux termes des Conventions de Vienne.  Or, depuis les années 1960 la technologie a évolué et les archives existent aujourd’hui sous forme électronique. Indépendamment de toutes ces évolutions, les documents et archives consulaires et diplomatiques doivent être protégés, a rappelé le représentant, qui s’est dit heureux que cette préoccupation ait été prise en compte par l’Assemblée générale dans sa résolution 69/121.

M. MAXIM V MUSIKHIN (Fédération de Russie) a rappelé l’obligation de l’État hôte de protéger les locaux et personnels des missions diplomatiques et consulaires conformément aux Conventions de Vienne pertinentes.  Il a rappelé qu’il y a deux ans, les bâtiments de l’Ambassade de la Fédération de Russie en Ukraine ont été attaqués, le drapeau russe insulté et le personnel menacé. Il n’y a eu aucune enquête et aujourd’hui encore, de telles attaques se poursuivent toujours dans le silence ou parfois avec la complicité des autorités de l’Ukraine, a assuré le représentant, qui a jugé cette situation inacceptable.  Il a demandé au Secrétaire général de se saisir de cette question. 

Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a condamné les actes de violence permanents dont sont victimes les missions et les personnels diplomatiques et consulaires, appelant les États Membres à respecter leurs obligations au regard du droit international et à prendre des mesures préventives destinées à faire cesser les activités illégales de personnes, groupes ou organisations susceptibles d’encourager ou perpétrer de telles actions.   

La représentante a signalé à cet égard les difficultés financières que connaissent les pays en développement pour assurer la protection de leurs missions diplomatiques. La prise de mesures préventives permettrait, selon elle, de réduire les menaces, de même qu’un renforcement de la coopération internationale, notamment en matière d’échanges d’informations en temps réel. Les procédures de rapports actuelles doivent être améliorées et les États encouragés à  rendre publique toute violation afin de sensibiliser l’opinion sur cette question, a-t-elle affirmé.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a déclaré que la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires étaient essentielles pour les relations internationales.  Pourtant, a-t-elle ajouté, certaines de nos missions sont visées par des attaques d’extrémistes.  La représentante a regretté que, parfois, toutes les mesures de sécurisation n’aient pas été prises par les pays hôtes.  Elle a demandé que les auteurs de ces actes soient traduits en justice. Les États hôtes doivent prendre toutes mesures pour éviter que ces événements ne se reproduisent.  Il faut protéger aussi les locaux de la mission contre toute intrusion et dommage.

L’Éthiopie, qui accueille de nombreuses organisations régionales et missions diplomatiques, prend cette question très au sérieux, a affirmé la représentante, qui a assuré que son Gouvernement ferait toujours ce qui est en son pouvoir pour protéger les missions et les représentants diplomatiques et consulaires, tout en ajoutant qu’il s’attend aussi à de la réciprocité dans ce domaine.

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a assuré que son pays était  déterminé à garantir la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires dans le contexte de l’insécurité née du terrorisme, lequel a frappé le Bangladesh en juillet dernier. Ainsi, des mesures ont été prises pour démanteler les groupes terroristes et protéger les bâtiments diplomatiques et consulaires. A la demande des missions diplomatiques, des mesures de sécurité ont été renforcées avec notamment la délivrance de plaques minéralogiques blanches, l’autorisation d’importer des véhicules blindés ou encore l’autorisation pour les personnels de sécurité d’être habillés en civil, a expliqué le représentant. 

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a rappelé que les États hôtes ont l’obligation d’assurer la sécurité et la protection des missions et des représentants diplomatiques et consulaires.  L’Algérie a pris l’engagement de prendre toutes les mesures de sécurité nécessaires pour que les missions soient protégées.  Cependant, a ajouté le représentant, ces dernières années, nous avons été témoins d’attaques de ces missions dans le monde entier, attaques qui n’ont pas épargné l’Algérie, que ce soit le fait de drapeaux arrachés ou encore  des attaques ayant causé la mort de délégués algériens.  L’Algérie demande que justice soit rendue et que les informations soient transmises par les pays ou cela s’est produit. Enfin, le représentant a rendu hommage à tous les diplomates de toutes les nations qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.

Mme EMILY PIERCE (États-Unis) a rappelé que, ces dernières années, le nombre d’attaques à l’encontre des missions et des représentants diplomatiques et consulaires n’avait cessé de croître.  Ainsi, en 2015, les États-Unis ont dû déplacer leur personnel diplomatique et consulaire présent au Yémen en raison de la violence dans ce pays, tandis qu’en avril dernier, une bombe a explosé dans le consulat américain d’Erbil en Iraq, tuant deux civils turcs et blessant de nombreux autres.  Les États-Unis ne sont pas les seuls visés par de telles attaques, a rajouté la représentante, qui a fait part de la disposition de son pays à travailler sur le sujet.  Les États-Unis misent sur la prévention et l’échange d’informations pour empêcher que ces actes de violence ne se produisent, a-t-elle précisé.

M. ISAIAS ARTURO MEDINA MEIJAS (Venezuela) s’est déclaré conscient de l’importance de relations amicales entre les pays.  C’est pourquoi la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires est essentielle. C’est pourquoi l’examen de la question  de la sécurité et la protection des missions et des représentants est pertinente. Nous avons accru la protection et mis en place une voie de communication avec les organes de la sécurité, a-t-il assuré

M. HECTOR ENRIQUE CELARIE LANDAVERDE (El Salvador) a demandé à tous les États parties d’appliquer en particulier l’article 22 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires, qui dispose que les États ont l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter toute intrusion dans les enceintes des missions.  Ce serait un moyen de garantir la sécurité des bâtiments et des personnels diplomatiques et consulaires, a estimé le représentant, qui a dit reconnaître l’importance des défis sur cette question.

Mme SEMHAR PETROS (Érythrée) a souligné que la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires étaient un principe important, ajoutant que les pays hôtes doivent assurer la sécurité des missions.  Conformément aux conventions, les diplomates ne peuvent être la cible d’intimidations.  Nous sommes très préoccupés par les attaques qui violent les missions et leurs représentants, a ajouté la représentante, qui a insisté sur le fait que les diplomates devaient pouvoir travailler et circuler facilement, sans obstacle et sans prendre de risques.

M. MOHAMED N ALSUBAIE (Arabie saoudite) a commencé par dénoncer le manque de consensus sur la désignation du Président de la Sixième Commission, l’Ambassadeur d’Israël, au regard des multiples violations du droit international dont se rend coupable son pays.  Il a ensuite condamné les attaques ayant visé des représentations diplomatiques et consulaires à Téhéran, ajoutant que les Conventions de Vienne pertinentes avaient un caractère contraignant auquel tous les pays doivent se soumettre. 

Mme XIAOXUE JI (Chine) a rappelé qu’il est dans l’intérêt de tous les pays de prendre des mesures pour renforcer la protection des missions représentatives et consulaires.  Pourtant, ces dernières années, les missions chinoises à l’étranger ont été la cible d’attaques dans plusieurs pays, a-t-elle fait observer.  La Chine demande que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice et que des informations en ce sens lui soient transmises.  Cette protection doit être appliquée strictement, comme la Chine le fait sur son territoire.  Les missions et leurs représentants ont pour leur part l’obligation de respecter les lois des pays hôtes. Dans le cas contraire, la Chine, qui de son côté respectera les immunités dont bénéficient ces personnes, demande aux États de traiter ces personnes comme il se doit, dans un esprit de coopération.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a déclaré que tous les actes de violence, de menace, d’écoute secrète, de  cybercriminalité, y compris venant des États, à l’encontre de bâtiments et personnels diplomatiques et consulaires étaient inacceptables et violaient les Conventions de Vienne.  Même en période de tensions entre États, ces derniers ne doivent pas perdre de vue ces Conventions, a rappelé le représentant.

M. SEYED ALI MOUSANI (République islamique d’Iran) a rappelé qu’en 2016, après l’annonce de l’exécution d’un ayatollah, nombre de ceux qui considéraient cette exécution comme inhumaine avaient manifesté devant l’ambassade d’Arabie saoudite en République islamique d’Iran.  Les forces de police iraniennes ont pris toutes les mesures nécessaires, a affirmé le représentant et, par chance, le personnel de la mission n’a pas été touché.  Des mesures ont été prises et le personnel diplomatique saoudien a pu quitter le territoire, a ajouté le représentant, qui a précisé que la République islamique d’Iran avait assuré la protection des locaux et des biens de l’Arabie saoudite.  Des mesures ont été prises pour poursuivre en justice et des individus ont été inculpés.  Une demande officielle a été présentée à l’Arabie saoudite pour que des juges de notre pays puissent entrer dans les locaux de l’ambassade pour poursuivre l’enquête, a encore précisé le représentant.

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Ukraine a fermement condamné « les incidents » survenus à l’ambassade de la Fédération de Russie à Kiev.  Des enquêtes sont ouvertes et les responsables seront jugés, a assuré le représentant.  Il a également déclaré que, depuis le début de l’agression russe contre son pays, les missions diplomatiques et consulaires ukrainiennes, dont le centre culturel ukrainien, de même que leurs personnels avaient connu pas moins de 12 attaques.  Ces attaques, dont la dernière remonte à vendredi dernier, impliquent des menaces, des attaques physiques et même des bombes, a ajouté le représentant.  La violence systématique est telle que le personnel ukrainien a dû être rapatrié en Ukraine, a-t-il poursuivi, faisant aussi observer que les personnels diplomatiques et consulaires russes pouvaient pour leur part librement circuler en Ukraine, où la violence à leur égard n’est pas systématique. 

RAPPORT DE LA COMMISSION DES NATIONS UNIES POUR LE DROIT COMMERCIAL INTERNATIONAL SUR LES TRAVAUX DE SA QUARANTE-NEUVIÈME SESSION (A/71/17)

Déclarations

M. GASTON KENFACK DOUAJNI, Président de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI), a rappelé que cette commission est le principal organe juridique des Nations Unies dans le champ du droit commercial international.  À l’occasion de sa quarante-neuvième session, la CNUDCI a adopté cette année trois textes, a annoncé M. Kenfack Douajni en présentant son rapport (A/ 71 /17).

La CNUDCI a ainsi finalisé le texte sur son projet de loi type sur les opérations garanties, lequel adopte une démarche globale et unitaire, a-t-il déclaré.  Le problème était la multiplicité des régimes en place.  Cela va de l’enregistrement des avis de sûreté à la fourniture d’un cadre législatif et au coût du crédit, notamment dans les pays en développement, a précisé le président.

En ce qui concerne la mise au point des Notes techniques sur le règlement des litiges en ligne, la question était d’élaborer un document décrivant les éléments essentiels d’un processus de règlement en ligne des litiges découlant des contrats internationaux de vente ou de services portant sur de faibles montants. L’important était ici de mettre en place un document non contraignant, a précisé M. Kenfack Douajni.  Le Président a souligné que le Groupe de travail III (Règlement des litiges en ligne) avait achevé la tâche qui lui avait été confié par la Commission.

En ce qui concerne les progrès faits par le Groupe de travail et les travaux futurs possibles de la Commission, le président a noté que les travaux du Groupe de travail I pourraient encore avancer sur la question essentielle des « Micro petites et moyennes entreprises » (MPME).  Le Groupe s’est penché sur la mise en place d’un guide législatif qui collecte et consolide les meilleures pratiques dans l’établissement des registres commerciaux pour soutenir la durabilité des marchés, a précisé le président.

Le Président a ensuite souligné que le Groupe de travail IV sur le commerce électronique avait fait des progrès dans la préparation d’une loi type sur les documents transférables électroniques pour faciliter la dématérialisation, en tant que document commerciaux.  Le  groupe de travail V a, de son côté traité des lois sur l’insolvabilité mais, sur ce pont, le président a noté que « la Commission a décidé de ne pas entreprendre de nouvelles activités législatives ».

M. Kenfack Douajni a attiré l’attention de la Sixième Commission sur les travaux prévus et les travaux futurs.  Dans le domaine du droit de l’insolvabilité, ces travaux  pourront commencer dès le début 2017.  En ce qui concerne le droit des sûretés, tous ces points devraient être examinés à une session ultérieure sur la base des notes qui seraient établies par le Secrétariat, à l’issue d’un colloque ou d’une réunion d’experts.

Quant à la passation de marchés public et aux partenariats publics-privés, M. Kenfack Douajni a estimé qu’il s’agissait de sujets importants mais a ajouté qu’il serait prématuré de se lancer dans de quelconques activités législatives.

À propos de l’assistance technique et de la coordination, notamment l’assistance technique pour la réforme de la loi, le Président a lancé un appel à tous les États, aux organisations internationales et autres acteurs, afin qu’ils contribuent au Fonds de placement et assistent le Secrétariat dans l’identification d’autres sources de financement.  Il a fait observer qu’après l’avoir examinée, la Commission avait approuvé la note d’orientation sur le renforcement de l’appui apporté par l’ONU aux États, à leur demande, en vue de mettre en œuvre des réformes rationnelles du droit commercial.  La note reconnait les demandes d’assistances des États pour la mise en œuvre des réformes profondes du droit commercial et comment y parvenir de façon efficace.

Passant à la question de la présence régionale de la CNUDCI, M. Kenfack Douajni a souligné que le Gouvernement de la République de Corée avait exprimé sa volonté de soutenir les opérations du Centre régional pour une période supplémentaire de cinq ans, pour la période 2017-2021.  Notant la volonté de la Chine pour contribuer, le Président a lancé un appel aux contributions volontaires.  Le président a noté qu’en Afrique, le Bureau de la région Asie-Pacifique était vu comme un exemple à suivre et que le Cameroun avait exprimé son souhait d’accueillir un Centre régional pour l’Afrique.

En ce qui concerne la promotion et les moyens d’assurer une interprétation et l’application des textes législatifs de la CNUDCI, le Président a souligné le rôle du système CLOUT, accessible depuis le site internet de la CNUDCI.

Notant que la coordination et la coopération représentent une facette importante du travail de la commission, le Président a noté que, ces 50 dernières années, des organisations avaient contribué à l’harmonisation du droit des contrats au niveau mondial, même s’il n’est pas aisé de trouver des informations sur la façon dont ces initiatives s’articulent entre elles, ce qui pose problème. La Commission a approuvé la Proposition conjointe du droit des contrats commerciaux internationaux à réaliser en coopération avec la Conférence de La Haye de droit international privé et Unidroit.

En vue de la commémoration du cinquantième anniversaire de la CNUDCI, un Congrès se tiendra à Vienne du 4 au 6 juillet 2017, a rappelé le Président. Ce Congrès aura pour objectif de débattre de questions techniques, mais aussi de faire connaitre la contribution de la CNUDCI au commerce international.  S’agissant du budget, le Secrétariat a reçu en 2016 des contributions de 100 000 euros de la part de l’Union européenne  et de 125 000 dollars américains de la part du Fonds pour le développement international de l’OPEP, si bien que le Registre sera en mesure de fonctionner jusqu’à la fin 2017.

En ce qui concerne, le rôle de la CNUDCI dans la promotion de l’état de droit aux niveaux national et international, la Commission a appelé l’attention de l’Assemblée générale sur l’élargissement du spectre des normes de la CNUDCI en matière de règlement des litiges en ligne.

En conclusion, la CNUDCI et ses groupes de travail ont mis en place des méthodes de travail efficaces et la Commission a pu mettre en œuvre son mandat d’harmonisation et de modernisation du droit international commercial, s’est félicité son président, qui a ensuite demandé à la Sixième Commission son ferme soutien pour disposer des ressources nécessaires pour en faire davantage.  « Ce sont vous, les États Membres qui êtes les véritables actionnaires de la CNUDCI », a-t-il déclaré en les appelant à continuer à appuyer les travaux de la Commission.

M. NAPOLEAN BERAS (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a estimé que la composition de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI) lui garantit une représentativité géographique et régionale équitable et de tous les principaux systèmes économiques et juridiques du monde.  Ses méthodes de travail enracinées dans les principes de la Charte des Nations Unies et la possibilité offerte aux pays en développement de participer aux activité de codification, d’harmonisation et de modernisation du droit commercial international de même que le respect du principe d’égalité souveraine des États sont appréciés par les États de la CELAC, a-t-il affirmé.

La CELAC se félicite également des progrès du Groupe de travail sur le projet de loi type sur les suretés mobilières, qui permettra de stimuler l’accès au crédit pour les Micro, petites et moyennes entreprises.  Il félicite aussi le Groupe de travail III sur le règlement de litiges en ligne. Mais, compte tenu des divergences sur cette question, la CELAC encourage la Commission à en poursuivre l’étude, tout en tenant compte de l’opinion de tous les États et de tous les systèmes, a dit le représentant, appelant les États à soutenir la Commission à cet effet.

Le représentant a ensuite estimé que la CNUDCI devait s’adapter aux évolutions rapides du commerce international, même s’il ne lui est pas possible de codifier ces évolutions à la même vitesse.  Elle doit cependant poursuivre les objectifs fixés par la communauté internationale.  Enfin, si la CELAC comprend les difficultés budgétaires concernant les réunions de la CNUDCI, elle estime aussi que le principe d’une alternance des réunions entre New York, Vienne et Autriche devrait être maintenu, de sorte que les pays qui n’ont pas de représentations en Autriche puissent continuer de travailler avec la Commission.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a dit accorder beaucoup d’intérêt au travail de fond effectué par la CNUDCI, notamment en matière de règlement des litiges en ligne. Compte tenu de l’importance qu’a pris le commerce international, il est nécessaire de simplifier les moyens de régler ces litiges, y compris par le biais de la conciliation et de l’arbitrage, a dit la représentante, soulignant que son pays est partie à diverses conventions commerciales, dont la Convention pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères, dite Convention de New York.  Le Honduras entend aussi ratifier la Convention des Nations Unies sur la transparence dans l’arbitrage entre investisseurs et États fondé sur des traités, dite Convention de Maurice.  Le Honduras dispose, par ailleurs, d’une loi type sur les sûretés, directement inspiré par la CNUDCI, a encore précisé la représentante.  

Mme NATALIE Y MORRIS-SHARMA (Singapour) a noté que le congrès qui se tiendra en 2017 lors du cinquantième anniversaire de la CNUDCI, servira à faire connaitre le rôle de la Commission dans le droit international.  Elle s’est félicitée d’avoir pu contribuer à l’achèvement des travaux des Groupes III et V, tout en disant attendre avec impatience la fin des travaux du groupe de travail VI.  Rappelant que la CNUDCI avait pour mission d’harmoniser et de moderniser le droit commercial, la représentante a estimé que « le Secrétariat fait à cet égard un travail qui peut recevoir nos louanges ».  Nous sommes prêts à aider la CNUDCI pour promouvoir le droit commercial notamment dans notre région, a conclu la représentante.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La réalisation des objectifs de développement durable, enjeu majeur des travaux de la Deuxième Commission

Soixante et onzième session
9e & 10e séances - matin & après-midi
AG/EF/3452

La réalisation des objectifs de développement durable, enjeu majeur des travaux de la Deuxième Commission

Le Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale a évoqué des impératifs moraux et les énormes défis qui restent à relever

La quinzaine de rapports sur le développement durable* présentés, ce matin, à l’ouverture du débat de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur ce thème, illustrent l’étendue de ce sujet et l’ampleur de la tâche à accomplir pour atteindre les objectifs de développement durable adoptés par les dirigeants mondiaux au Siège de l’ONU à New York, il y a un an.

« La mise en œuvre des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et celle de l’Accord de Paris sur le climat, qui entrera en vigueur le 4 novembre, sont les impératifs moraux d’aujourd’hui », a prévenu le Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, tout en soulignant que d’énormes défis restaient à relever. 

Invité ce matin par la Deuxième Commission, M. Thomson a assuré les délégations de son soutien, en affirmant que le principal objectif de cette session était de parvenir à une poussée réelle pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, dont il a souligné l’ampleur et l’ambition.  Les projets de résolution sont essentiels en ce sens, a-t-il fait remarquer, tout en précisant que l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies était de toute évidence la question la plus importante.   Cette question, a-t-il précisé, va définir l’efficacité de l’ONU sur le terrain dans les années à venir.

Le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations de l’ONU, M. Thomas Gass, qui a présenté 11 rapports, a souligné que chacun méritait toute l’attention des délégations et les a assurées de l’étroite collaboration du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES).  Au nom du secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, il a également évoqué l’Accord de Paris, en rappelant que la Convention-cadre comptait, à ce jour, 191 signataires, ce qui reflète la détermination des gouvernements à accélérer les progrès vers une plus faible émission de gaz à effet de serre, « Les défis et les enjeux sont énormes mais les résultats plus importants encore », a-t-il lancé.  L’Accord de Paris, a-t-il précisé, se fonde sur un partenariat et sur l’appui à fournir aux pays en développement.  « Le système des Nations Unies est un acteur du changement, mais il doit se recentrer et revoir ses stratégies de faible émission », a déclaré M. Gass.

La question des changements climatiques est étroitement liée à celle de la réduction des risques de catastrophe, a soutenu le Groupe des 77 et de la Chine, faisant ainsi le lien avec l’ouragan Matthew, qui vient de frapper plusieurs pays de la région des Caraïbes.  De nombreuses délégations ont exprimé leur soutien aux victimes de l’ouragan en Haïti, en Jamaïque et aux Bahamas et demandé une aide internationale d’urgence pour Haïti, qui a été particulièrement touché.  Cet événement rappelle la menace perpétuelle à laquelle les petits États insulaires en développement (PEID) sont confrontés, ont fait observer les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).

Quant à l’Accord de Paris, les délégations se sont félicitées de sa prochaine entrée en vigueur.  Plusieurs d’entre elles ont insisté, à l’instar de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), sur l’importance pour la communauté internationale de tenir compte des besoins spécifiques des PEID et la nécessité d’adopter des mesures claires en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.

D’une manière plus générale, c’est la situation de tous les pays en situation particulière qui a été évoquée à de nombreuses reprises: les pays africains, les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral, les PEID, les pays à revenu intermédiaire, les pays sortant de conflit et ceux vivant sous occupation étrangère.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige un partenariat mondial revitalisé, et l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes reste une condition essentielle pour la réalisation du développement durable et pour que personne ne soit laissé de côté, a fait remarquer le Groupe des 77. 

La mise en œuvre des objectifs de développement durable comme de l’Accord de Paris sur le climat n’a pas manqué de susciter des questionnements quant à leur financement.  En présentant les rapports, M. Thomas Gass a prévenu que les gouvernements ne peuvent réaliser à eux seuls les objectifs de Paris et les objectifs de développement durable.  Il faudrait compter sur les villes, les États et les investisseurs, tout en canalisant les fonds vers des investissements viables, a-t-il recommandé.

De nombreuses délégations, à l’instar de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes  (CELAC), ont attiré l’attention sur l’aide publique au développement (APD), en insistant pour que les pays développés s’acquittent des engagements pris en la matière.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, qui doivent être complémentaires et non pas se substituer à la coopération Nord-Sud, ont également été mises en avant.  Le représentant des PMA a estimé que le Fonds vert pour le climat, dont l’objectif est de mobiliser 100 milliards de dollars par an, devrait rendre les ressources nécessaires disponibles pour les PMA et s’ajouter à l’APD.   

La Deuxième Commission poursuivra demain, mardi 11 octobre, ses travaux sur le développement durable.

* A/71/76-E/2016/55, A/71/190, A/71/210, A/71/215, A/71/217, A/71/376, A/71/212, A/71/260, A/71/320, A/71/265, A/71/267, A/71/267/Add.1, A/71/324, A/71/324/Corr.1 et A/71/324/Add.1, A/71/230, A/71/216, A/71/25, A/71/266, A/71/220, A/71/256

Déclaration liminaire

Invité de la Deuxième Commission ce matin, M. PETER THOMSON, Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, a déclaré que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui entrera en vigueur le 4 novembre, sont les impératifs moraux d’aujourd’hui.  « Ces instruments donnent à l’humanité un cadre universel qui, s’il est appliqué de manière urgente et effective, permettra d’éliminer l’extrême pauvreté, d’autonomiser les femmes et les filles, de construire des sociétés pacifiques et inclusives, d’apporter la prospérité et de lutter contre les changements climatiques. »

Le Président de l’Assemblée générale a souligné que d’énormes défis restaient à relever, tels que la croissance volatile, l’extrême pauvreté, les inégalités, le sous-emploi, la dégradation de l’environnement, les conflits difficiles à régler, les flux massifs de réfugiés ou encore les violations systématiques des droits de l’homme.  Pour M. Thomson, le principal objectif de cette soixante et onzième session de l’Assemblée générale est de parvenir à une poussée réelle pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a annoncé que son équipe travaillait à la finalisation d’une stratégie en ce sens axée sur trois voies.  La première voie consiste à apporter son soutien aux événements déjà programmés, ce qui inclut la Conférence ONU-Habitat III à Quito ce mois-ci, la Vingt-deuxième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22) à Marrakech en décembre, où la dynamique de l’Accord de Paris sera renforcée, et la Conférence sur les océans, prévue à New York en juin, pour tenter de renverser le cycle de déclin.  Le Président de l’Assemblée générale entend ensuite conduire des partenariats stratégiques, de même que son Envoyé spécial et son Conseiller spécial sur les objectifs de développement durable.  Son équipe et lui appuieront au cours de la session annuelle de nombreux événements importants pour stimuler la mise en œuvre des objectifs de développement durable et assurer un meilleur financement.

Compte tenu de l’ampleur et de l’ambition des objectifs de développement durable, M. Thomson a affirmé qu’il comptait sur l’appui des délégués pour assurer le succès de ces travaux.  Il a fait remarquer que les projets de résolution étaient essentiels mais que l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies était probablement la question la plus importante, car elle va définir l’efficacité de l’ONU sur le terrain dans les années à venir.  Il a ainsi demandé aux délégués de la Deuxième Commission d’adopter une attitude ouverte en prévenant que « beaucoup de vies humaines dépendent de vos délibérations. »

Les moyens de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 méritent également une attention particulière, surtout pour les pays en situation particulière et, notamment, les pays d’Afrique, les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés et les pays sortant de conflit.  M. Thomson a estimé que de nouvelles sources de financements étaient nécessaires, notamment par le biais de partenariats stratégiques et d’investissements privés.  Il a ajouté que la coopération Sud-Sud devrait être renforcée, pour compléter la coopération Nord-Sud et la coopération triangulaire.

Beaucoup a été fait pour aligner le programme de l’Assemblée générale avec le Programme 2030, a relevé le Président de l’Assemblée générale.  Ce processus vise à s’assurer que l’ensemble des travaux contribuent de façon efficace et efficiente à la mise en œuvre des cadres pertinents pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour ce faire, M. Thomson s’est engagé à tenir des réunions fréquentes avec les présidents du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Conseil de sécurité durant la session.  Il apportera également son soutien au Président de l’ECOSOC pour que la prochaine session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable continue de renforcer la dynamique pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Enfin, il a dit compter sur le Président de la Deuxième Commission pour améliorer les méthodes de travail afin de consacrer le temps nécessaire à la négociation des projets de résolution.  Il l’a assuré de son engagement personnel et de celui de son équipe pour appuyer les travaux de la Deuxième Commission.

DÉVELOPPEMENT DURABLE (A/71/76–E/2016/55, A/71/190, A/71/210, A/71/215, A/71/217 et A/71/376)

Débat général

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a déclaré que le Groupe soutenait les principes qui avaient prévalu au cours de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement durable de 1992, Sommet de Rio.  Il a insisté sur l’importance du principe de la responsabilité commune mais différenciée, avant de rappeler que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 devrait être guidée par ces principes, en accord avec le paragraphe 74 de ce programme de développement.

L’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes, a-t-il souligné, reste une condition essentielle pour la réalisation du développement durable et pour que personne ne soit laissé de côté.  M. Plasai a aussi expliqué que le caractère universel de ce nouveau programme ne devrait pas faire oublier les défis et besoins auxquels sont confrontés les pays en développement, notamment les pays en situation particulière: les pays africains, les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement (PEID), les pays à revenu intermédiaire, les pays sortant de conflit et ceux vivant sous occupation étrangère.

Le représentant a indiqué que la mise en œuvre des objectifs de développement durable nécessitait un partenariat international revitalisé, avec la coopération Nord-Sud qui, a-t-il dit, représente le principal canal de la coopération internationale.  Il a ainsi prôné davantage de financements en faveur des pays en développement, ainsi que des transferts de technologies en leur faveur, le renforcement de leurs capacités à travers l’assistance technique et l’avènement d’un système commercial multilatéral juste et non discriminatoire.  Les technologies sont un catalyseur essentiel de changement en vue de réaliser un développement durable, a estimé M. Plasai, en souhaitant, à cet égard, que des mesures soient prises pour réduire la fracture numérique.

M. Plasai a ensuite relevé que la mise en œuvre de l’Agenda 21 et de la Déclaration de Johannesburg sur le développement durable, ainsi que de « L’avenir que nous voulons » sont cruciaux pour l’atteinte du développement durable.  Il a également souligné l’importance des Orientations de Samoa sur le développement des PEID.  Il a plaidé pour que des liens soient établis entre ce cadre important et le programme de développement international.  Les catastrophes naturelles risquent de réduire à néant les gains réalisés par les pays en développement, en insistant sur la nécessité de renforcer la résilience des États à travers la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030).

Les changements climatiques, le phénomène El Niño, la désertification, la dégradation des terres, la perte de la biodiversité, a fait remarquer M. Plasai, sont étroitement liés.  C’est pourquoi, il a plaidé pour un accès abordable de tous aux sources d’énergie sûres, durables et modernes.  Le représentant a noté qu’il y avait des aspects des objectifs de développement durable qui sont peu ou pas du tout couverts par l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Ces questions pourraient devenir des sujets de travail de la Deuxième Commission, a-t-il estimé, citant ainsi la question des infrastructures, de l’eau, de l’énergie pour l’industrialisation et le défi de la production et de la consommation durable des ressources.

M. U HAU DO SUAN (Myanmar), s’exprimant du nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que l’ASEAN entendait renforcer son partenariat avec les Nations Unies, comme le démontre le Plan d’action ASEAN-Nations Unies 2016-2020 entre les deux entités, et qui vient d’être signé et adopté au cours du huitième sommet conjoint tenu le 7 septembre dernier à Vientiane en République démocratique populaire lao.  Il a salué le caractère complémentaire du programme de développement international et la Vision 2025 de l’ASEAN qui aspire à une communauté stable et dotée de capacités nécessaires pour faire face aux défis qui l’interpellent.  Cette Vision comprend une feuille de route avec un calendrier clair, des priorités identifiées, les activités de mise en œuvre et les mesures de suivi et d’évaluation du processus, a-t-il expliqué.

Le représentant a indiqué que l’ASEAN avait récemment fait des progrès en matière d’éducation et dans le domaine énergétique.  Le Plan d’action de l’ASEAN en matière de coopération énergétique 2016-2025 a été lancé, avec pour ambition d’assurer la sécurité énergétique dans la région, ce qui devrait ainsi permettre de pouvoir réaliser d’autres objectifs de développement durable.  L’éducation, a-t-il également souligné, est importante pour bâtir des communautés prospères.  Il a aussi salué la Déclaration sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, adoptée par la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale, le mois dernier.  Le représentant a également souligné la détermination de l’ASEAN à lutter contre les effets des changements climatiques.  L’ASEAN est une région riche en matière de diversité biologique, a-t-il rappelé en indiquant que le Plan stratégique 2011-2020 de l’ASEAN pour la diversité biologique allait permettre à ses États membres d’entreprendre les efforts nécessaires aux objectifs de développement durable 14 et 15 sur la préservation des ressources maritimes et sur les écosystèmes terrestres.

M. AHMED SAREER (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a insisté sur l’importance pour la communauté internationale de tenir compte des besoins spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID).  Il a rappelé qu’au cours de sa soixante-dixième session, l’Assemblée générale avait établi un cadre de partenariat avec les PEID, une première du genre au sein des Nations Unies, s’est-il félicité.  La question du développement durable ne peut pas être traitée sans parler des changements climatiques qui menacent le développement et la survie même des PEID, a-t-il rappelé.  Le représentant s’est félicité que l’Accord de Paris sur les changements climatiques allait bientôt entrer en vigueur.  Il a cependant précisé que cette entrée en vigueur devrait s’accompagner de mesures claires en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.

Pour trouver des solutions aux diverses vulnérabilités des PEID, le représentant a appelé à renforcer les capacités humaines, notamment en matière de collecte de données.  Il a souligné que la question des changements climatiques était étroitement liée à celle de la réduction des risques de catastrophe, faisant ainsi le lien avec le récent ouragan Matthew qui a dévasté la région des Caraïbes, faisant notamment 900 morts en Haïti, en plus d’énormes destructions d’infrastructures. 

Le représentant a également plaidé pour la réduction des importations des produits pétroliers par les PEID.  Le coût élevé de cette dépendance pousse de nombreux PEID à investir en faveur des sources d’énergie renouvelables, mais ces pays font face à un manque de moyens financiers, d’infrastructures et de capacités humaines pour agir de manière indépendante, a-t-il déploré.  C’est pourquoi, il a invité la communauté internationale à considérer des critères alternatifs afin de classer les pays, en dehors de celui relatif au produit intérieur brut (PIB) qui ne tient pas compte des vulnérabilités des PEID, s’est-il plaint.

M. KEITH MARSHALL (Barbade), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé  que l’examen de ce point de l’ordre du jour sur le développement durable arrivait à un moment critique.  Il s’est félicité de la mise en œuvre rapide de l’Accord de Paris sur le climat, tout en rappelant qu’il était nécessaire de fournir des ressources financières supplémentaires pour lutter contre les changements climatiques.  À cet égard, il a appelé à une mobilisation afin que le Fonds vert pour le climat et le parachèvement des procédures simplifiées pour les petits États insulaires en développement disposent des fonds nécessaires.

À cette occasion, M. Marshall a également demandé à la communauté internationale d’aider les sinistrés en Haïti, en Jamaïque et aux Bahamas après le passage de l’ouragan Matthew et transmis ses meilleurs vœux à ceux de la côte-Est des États-Unis.  Cet événement climatique rappelle la menace perpétuelle à laquelle les PEID sont confrontés.  Le représentant a précisé qu’entre 1980 et 2015, les pays des Caraïbes avaient connu 390 catastrophes naturelles documentées et causé des pertes de PIB de plus de 2% par an.  Il a ainsi suggéré à la Deuxième Commission de prendre des mesures concrètes pour stimuler la mise en œuvre des Orientations de Samoa concernant les PEID.

Sur la question de la mer des Caraïbes, sa délégation, a-t-il dit, est en faveur d’une démarche intégrée.  Les membres de la CARICOM, a-t-il rappelé,  demandent à la communauté internationale de continuer à appuyer l’importante initiative régionale visant à faire reconnaître la mer des Caraïbes comme « zone spéciale ».  Les États de la région demeurent par ailleurs attachés à la conservation, à l’usage juste et équitable de la biodiversité, et plaident pour le renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), autorité mondiale chargée de l’environnement.

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine), s’exprimant au de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que l’éradication de la pauvreté demeurait le plus grand défi auquel est confrontée la communauté internationale et que la réalisation de cet objectif était la condition sine qua non pour parvenir à un développement durable.  Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il a souligné l’importance de l’aide publique au développement (APD), en insistant pour que les pays développés respectent leur promesse en la matière.  Il a également souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, en précisant que ces deux formes de coopération devraient être complémentaires et non pas se substituer à la coopération Nord-Sud.

Le représentant a ensuite indiqué que le Programme d’action d’Addis-Abeba avait prescrit de tenir compte de la situation des pays à revenu intermédiaire, et que l’aide publique au développement (APD) demeurait critique pour certains d’entre eux.  Dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il a invité le Forum politique de haut niveau sur le développement durable à tenir dûment compte de la situation spécifique de chaque pays.  Il est important de renforcer les liens entre le Forum politique et les commissions économiques régionales des Nations Unies et d’autres entités régionales pertinentes, afin de renforcer le caractère cohérent des interventions du système des Nations Unies au niveau régional, a-t-il rappelé.  Sa délégation, a-t-il poursuivi, rejette les mesures unilatérales de coercition économique ou financière prises contre des États en développement, et qui sont contraires au droit international et à la Charte des Nations Unies.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré qu’un partenariat pour le développement renforcé était vital pour les pays moins avancés (PMA) afin que personne ne soit laissé de côté.  La communauté internationale doit tenir son engagement à l’égard des PMA dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  De même, le système des Nations Unies a besoin de renforcer son soutien à ces pays.  Il est également important d’assurer un cadre de suivi pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faudrait une cohérence et une synergie fortes pour la mise en œuvre du Programme 2030 et le Programme d’action d’Istanbul pour les pays moins avancés. 

Nous sommes encouragés que le 5 octobre 2016, les conditions de base de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le climat ont été réalisées. « Nos pays ne sont pas responsables des changements climatiques mais nous sommes les plus touchés.  Ils ont besoin de ressources adéquates et d’accès aux technologies pour relever les défis climatiques », a-t-il fait remarquer.

Le Fonds vert pour le climat dont l’objectif est de mobiliser 100 milliards de dollars par an, devrait rendre les ressources nécessaires disponibles pour les PMA.  Ces ressources devraient s’ajouter à l’aide publique au développement qui devrait être crédible, équitable et proportionnelle aux conséquences des changements climatiques.  L’accès à l’énergie à des prix abordables est également un défi fondamental pour beaucoup de PMA.  Ces pays ont besoin de faire des progrès dans le domaine de l’accès aux services énergétiques pour assurer l’accès de tous à des services modernes d’énergie avant 2030, a-t-il estimé avant de conclure. 

Après avoir passé en revue les instruments universellement reconnus depuis Rio+20, Mme LISA SINGH (Australie) qui parlait au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ) a rappelé que la semaine prochaine nous serons réunis à Quito, en Équateur, pour la Conférence ONU-Habitat III pour adopter un nouveau programme pour les villes reconnaissant que notre quête pour un avenir durable sera couronnée ou non dans nos villes. 

Le développement durable ne sera pas réalisé si la moitié de la population mondiale est laissée de côté et si nous n’assurons pas que les femmes et les filles ne soient plus victimes de la discrimination, de la répression ou de la violence.  Elles doivent avoir la maîtrise de leur corps et de leur vie, participer de manière active comme parties prenantes et décideurs et contribuer pleinement au développement et à la prospérité de leur communauté et de leur pays respectifs, a insisté Mme Singh.

M. ANTONIO PARENTI, Union européenne, a déclaré que la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques offrait une belle occasion de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en assurant que l’Union européenne est totalement engagée sur les deux processus.  L’Union européenne est en voie d’adopter de nouvelles mesures pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% avant 2030.  

Le délégué a rappelé que l’Europe était le plus grand contributeur au financement des mesures prises par les pays en développement en matière de prévention contre les changements climatiques.   Ses pays membres sont également engagés à s’acquitter de l’objectif des pays développés de mobiliser ensemble 100  milliards de dollars avant 2020 et d’étendre cette aide en application de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

Dans ce contexte, 20% du budget de l’Union européenne entre 2014-2020 seront consacrés à l’action sur le climat.  L’Union européenne consacrera également 200  millions d’euros aux projets visant à la réduction des risques de catastrophe entre  2014 et 2020.  Pour sa part, la Banque européenne d’investissement versera 2 milliards d’euros par an aux pays en développement.  La Banque s’est engagée elle-même à accroître de 35% la proportion de ses activités externes sur le financement du climat avant 2020.

Mme PATRICIA BAJAÑA (Nicaragua), s’exprimant au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a rappelé que ce système reflétait la volonté de ses États membres -Belize, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Panama, République dominicaine et Nicaragua- de consolider leurs mécanismes d’intégration vers un développement durable.  Soulignant que le Programme 2030 représentait une étape cruciale, elle a estimé qu’il faudrait traduire les engagements pris en actes.  Dans cette région plus que jamais affectée par les catastrophes naturelles, le développement durable est d’une importance vitale, a-t-elle dit.  Les phénomènes sismiques et météorologiques détruisent les biens et les récoltes et, malgré des efforts nationaux et régionaux, la vulnérabilité de l’infrastructure de ces pays rend les objectifs de développement durable difficilement atteignables.

La déléguée a fait remarquer que les résolutions des Nations Unies étaient particulièrement importantes pour définir des politiques visant à protéger l’environnement et les écosystèmes et qu’il faudrait veiller à ce que tous les pays puissent atteindre le développement durable.  Dans le cadre de la coopération internationale, il n’est pas possible de faire avancer le Programme 2030 sans analyser les besoins de tous les pays et de toutes les communautés vulnérables, a lancé la représentante.  Elle a lancé un appel pour que la coopération du système des Nations Unies avec les pays à revenu intermédiaire soit plus efficace et stratégique afin qu’ils puissent appliquer le programme.

Mme MARGO REMINISSE DEIYE (Nauru), au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique (PEID), a exprimé ses condoléances aux familles des victimes de l’ouragan Matthew. Les travaux de cette session de la Deuxième Commission sur le développement durable sont essentiels pour les petits États insulaires en développement, compte tenu de leur vulnérabilité, de leur petite taille, de leur dispersion géographique et de leurs faibles ressources, a fait remarquer la représentante.  La réalisation des objectifs de développement durable doit tenir compte des spécificités des PEID, a-t-elle insisté.  Il faut continuer à assurer les liens entre la mise en œuvre des Orientations de Samoa et celle du Programme 2030, a-t-elle rappelé, tout en plaidant pour une amélioration du fonctionnement du système de développement onusien à l’égard des PEID.  L’amélioration des capacités individuelles joue en ce sens un rôle essentiel, de même que celle des États et des institutions.

Particulièrement concerné par les océans, le Groupe des PEID souligne l’importance de l’objectif 14 des objectifs de développement durable sur la vie aquatique et attend avec impatience la conférence de haut niveau sur cette question qui aura lieu à New York en juin.  Par ailleurs, la représentante s’est félicitée de la prochaine entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, en soulignant que les changements climatiques créent de nombreuses menaces pour les êtres humains et la terre. C’est pourquoi, elle a appelé la communauté internationale à faire preuve d’ambition pour y répondre.

Mme IRENE SUSAN NATIVIDAD (Philippines) a évoqué les conséquences des événements climatiques extrêmes sur le développement de son pays en 2016.  Elle a notamment indiqué que le secteur agricole avait enregistré des pertes d’un montant de 300 millions de dollars, et que la sécheresse persistante avait affecté quelque 8 millions de Philippins.  Elle a estimé que pour mieux répondre aux défis climatiques futurs susceptibles de compromettre la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les États devraient améliorer la coordination intergouvernementale et le partage d’expériences au niveau régional. 

La représentante a souligné que, dans un contexte marqué par la multiplication des catastrophes liées aux changements climatiques, son pays avait fait de la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) 7 une priorité.  Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, cela à un coût abordable, doit permettre la réalisation de tous les autres ODD, a-t-elle dit.  S’agissant de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité, la représentante a rappelé que la mise en œuvre du Protocole de Nagoya sur l’accès équitable aux ressources génétiques était nécessaire en vue d’assurer la réalisation de l’ODD 15 relatif à la préservation des écosystèmes terrestres.

Mme SONAM C. NAMGYEL (Bhoutan) a parlé de la place des systèmes montagneux dans l’avènement du développement durable, notamment dans un pays comme le Bhoutan.  Elle a plaidé pour des niveaux accrus d’investissements de la communauté internationale en faveur du développement durable dans les zones de montagne.  Elle a souligné l’importance de l’objectif de développement durable 7 sur l’énergie durable.  Sans électricité, les femmes ne peuvent accéder facilement à l’eau et les enfants ne peuvent faire leurs devoirs scolaires le soir, a-t-elle expliqué.  La représentante a plaidé pour des investissements en faveur de l’hydroélectricité.  C’est une voie que son pays a adoptée pour exploiter les capacités électriques de ses cours d’eau tout en veillant à leur préservation.  Elle a affirmé que l’hydroélectricité pouvait contribuer à la réalisation d’autres objectifs de développement durable.  Avant de conclure, la déléguée du Bhoutan a insisté sur l’harmonie avec la nature, en parlant d’une voie médiane de développement qui préserve l’environnement.

M. ASHISH SINHA (Inde) a assuré que le Gouvernement indien avait intégré le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) dans ses stratégies nationales de développement.  Il a ajouté que la mise en œuvre d’un développement durable par les pays eux-mêmes nécessitait des stratégies robustes et pérennes de financement et de mobilisation des ressources.  Pour le représentant de l’Inde, la priorité à l’horizon 2030 doit être établie conformément aux efforts visant l’éradication de la pauvreté, un effort constant qui devra être soutenu financièrement au cours des 14 prochaines années.  Concernant l’Accord de Paris sur le climat, il a indiqué que l’Inde avait déposé ses instruments de ratification au début du mois d’octobre.  L’Inde, a-t-il assuré, réduira ses émissions de gaz à effet de serre de 35%, renforcera de 40% ses capacités de production d’électricité verte et, à travers diverses actions de reboisement, créera de nouveaux puits de carbone d’une capacité de stockage de 2,5 milliards de tonnes.

M. NIZAR AMER (Israël) a déclaré que le sens et la portée du développement durable avaient beaucoup changé et qu’Israël avait beaucoup travaillé pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Le représentant s’est dit convaincu que le moyen clef pour un avenir prospère et durable repose sur le talent et les compétences de la société civile.  Israël présentera, au cours de cette session, un projet de résolution sur l’entrepreneuriat pour le développement.  Ce projet de résolution, a-t-il précisé, met en valeur la grande contribution de l’entrepreneuriat à la réalisation des objectifs de développement durable, par exemple pour fournir du travail décent, pour une éducation de qualité ou pour réduire les inégalités, entre autres.  Les entrepreneurs sont des innovateurs qui apportent des solutions locales aux problèmes mondiaux, tels que les énergies renouvelables, l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des risques de catastrophe, a affirmé M. Amer.  L’entrepreneuriat aide aussi à progresser sur des questions telles que l’égalité entre les sexes ou l’autonomisation des femmes, a-t-il assuré.

M. AHMED SAREER (Maldives) a indiqué que son pays avait déclaré son intention de mener un examen volontaire national lors du Forum politique de haut niveau pour le développement durable en 2017.  La Deuxième Commission, a-t-il dit, est l’enceinte la plus importante pour le suivi des Orientations de Samoa et du Programme d’action pour les petits États insulaires en développement.  Il a ensuite insisté sur la nécessité de renforcer les capacités en matière de collecte et d’analyse des statistiques afin de mettre en œuvre et d’assurer le suivi des Orientations de Samoa et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Les changements climatiques sont la plus grande menace pour le développement des Maldives, a-t-il rappelé, avant d’indiquer que son pays avait été un des premiers à ratifier l’Accord de Paris.

L’entrée en vigueur de cet accord est une première étape, a-t-il estimé, en soulignant l’aspect crucial de sa mise en œuvre.  Le représentant a détaillé, à cet égard, les efforts menés par les Maldives, en vue de faire en sorte que, d’ici à 2020, l’électricité soit générée à au moins 60% grâce à l’énergie solaire.  Le délégué a ensuite insisté sur la « bataille » que constitue la préservation des océans et de la biodiversité, avant de rappeler que la température des océans avait augmenté l’année dernière en raison d’El Niño, contribuant ainsi à l’extinction de barrières de corail.  Les Maldives s’attachent à instaurer de nouvelles lignes directrices afin de protéger les coraux, a conclu le représentant.

M. OMAR CASTANEDA (Guatemala) a déclaré que tous les acteurs de la société devraient s’impliquer dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a déploré la recrudescence des catastrophes naturelles, de plus en plus destructrices comme nous l’avons constaté ces derniers jours avec l’ouragan Matthew, qui a causé désolation et mort dans la région des Caraïbes et d’Amérique centrale.  Il a indiqué que les pays d’Amérique latine se trouvaient dans ce qu’il convient de nommer le « couloir sec », ce qui les rend encore plus vulnérables aux phénomènes El Niño et La Niña.  Les autorités guatémaltèques sont engagées à lutter contre la déforestation, d’autant plus que le pays entend protéger sa diversité biologique, a-t-il affirmé.

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a déploré l’impact de l’intervention étrangère dans son pays.  Elle a invité tous les « États à œuvrer de concert contre le terrorisme, laquelle menace les programmes de développement du pays.  Du fait des conflits, des groupes extrémistes exploitent les ressources économiques de la Syrie, a-t-elle souligné, en ajoutant que le pays subissait lourdement les conséquences des mesures économiques unilatérales imposées par les États-Unis et l’Union européenne.  Elle a appelé à renoncer à toutes ces mesures unilatérales. 

Pour relancer l’économie du pays, il faudrait investir pour que les Syriens puissent rester dans leur pays, a-t-elle plaidé.  En outre, elle a indiqué que son Gouvernement était prêt à apporter sa contribution dans le cadre de l’évaluation de l’indemnisation à laquelle le pays aurait droit en raison des conséquences de la marée noire le long des côtes libanaises et syriennes, causée par la destruction, par l’armée de l’air israélienne, de réservoirs de carburant situés dans le voisinage immédiat de la centrale électrique de Jiyeh, au Liban, le 15 juillet 2006.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a fait savoir que son pays attachait une grande importance à la réalisation des objectifs du développement durable, en se disant convaincu que cela contribuera à relancer la coopération.  La Russie salue les résultats de la Décennie internationale d’action «  L’eau source de vie », qui a engrangé des résultats pour la préservation des ressources hydriques, et espère que la nouvelle décennie ne sera pas utilisée à des fins de politisation.  Le représentant a également indiqué que la Russie soutenait les initiatives sur l’énergie durable pour tous, tout en mettant l’accent sur la nécessité d’assurer une gestion durable de l’énergie dans le monde.  Le problème de la préservation des ressources énergétiques exige une politique équilibrée, a précisé le délégué.  Concernant les petits États insulaires en développement, le représentant de la Fédération de Russie a préconisé des mesures concrètes pour renforcer les partenariats existants et en créer de nouveaux.

Le représentant a déclaré que pour faire face au nombre croissant de catastrophes, il faudrait adopter des mesures ciblées répondant au Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et renforcer la base matérielle et technique d’intervention d’urgence.  La Russie, en partenariat avec le PNUD, participe à un projet en faveur de la résilience de 14 États insulaires du Pacifique face à ces catastrophes, a assuré le délégué.  Faisant ensuite référence à l’Accord de Paris, il a estimé qu’il faudrait élaborer des règles précises pour sa mise en œuvre, avant d’ajouter que la Russie préparait actuellement un plan national sur la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

M. ABDULLAH MOHAMMED A. ALGHUNAIM (Arabie saoudite) a affirmé que son pays accordait un intérêt particulier au Programme 2030 dans ses trois dimensions.  Il met l’accent sur l’importance de l’action collective pour réduire le fossé entre pays développés et pays en développement.  Afin d’effectuer un changement qualitatif dans le domaine de l’énergie, de l’industrie et des services, l’Arabie saoudite a adopté une vision 2030 avec un plan de diversification économique à moyen et long termes.  Le délégué a également fait observer que l’Arabie saoudite était un important pays donateur et assistait les pays en crise, dépassant ainsi le taux d’aide publique au développement (APD) défini par les Nations Unies.  Le représentant a assuré que son pays accordait un grand intérêt à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, en estimant que toute source d’énergie devrait être complémentaire aux autres sources.  L’Arabie saoudite a pris des engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de soutenir les programmes de développement durable, a conclu le délégué.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) s’est félicité que son pays ait signé, ratifié et déposé les instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat le 21 septembre dernier.  Son pays, qui émet à peine une tonne de gaz à effet de serre par an, est très vulnérable aux effets des changements climatiques.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, il est  important que le monde développé respecte ses engagements pour assurer l’aide financière, le transfert de technologies et un renforcement des capacités pour assister les pays en développement à faire face aux changements climatiques.  

Le Sri Lanka a identifié l’adaptation comme étant la voie la plus adaptée pour mieux répondre aux conséquences des changements climatiques.  Le Gouvernement du Sri Lanka a adopté la stratégie nationale et la politique nationale sur les changements climatiques en 2012.  Les autres secteurs prioritaires sont l’énergie, le transport et l’industrie, a-t-il ajouté.

Mme KRISHNAMURTHI (Indonésie) a indiqué que la notion de « ne laisser personne de côté » implique que des opportunités économiques soient accessibles aux pauvres.  De même, des investissements doivent être orientés vers des pratiques durables, et des pays qui se sont engagés en faveur du développement durable doivent, en retour, recevoir des rétributions afférentes.  Elle a indiqué qu’une éducation de qualité était importante dans ce contexte car le savoir peut être le moyen clef pour relever les défis du monde.

S’agissant des moyens de mise en œuvre, elle a plaidé en faveur de partenariats mondiaux tangibles.  Elle a souligné que de nouveaux partenariats et des sources novatrices de financement peuvent jouer un rôle complémentaire aux sources traditionnelles de financement.  De même, l’accès aux technologies et aux marchés pourrait aussi donner un coup d’accélérateur à l’essor des pays en développement.

Pour la représentante, il faudrait intégrer les trois dimensions du développement durable.  De même, il faudrait que la communauté internationale veille à ce que les ressources marines soient préservées.  Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, a-t-il indiqué, les pays développés devraient continuer de prendre les devants en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Ils devraient également débloquer des fonds d’atténuation et d’adaptation en faveur des pays en développement, tout en leur transférant des technologies et en les assistant à renforcer leurs capacités nationales.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a rappelé la menace que font peser les effets des changements climatiques, non seulement sur la réalisation des objectifs de développement durable, mais aussi en termes d’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles. 

« Par exemple, au Tadjikistan, au cours des 35 ou 40 dernières années, 1 000  glaciers sur un total de 1 300 ont complètement fondu », a-t-il déploré, en ajoutant que ce phénomène contribuait à la détérioration des écosystèmes, avec pour conséquences des pertes financières et matérielles significatives pour l’économie de son pays. 

Pour remédier à cette situation, le délégué du Tadjikistan a appelé à renforcer la coopération entre États sur la réduction des risques de catastrophes naturelles, sous l’égide de l’ONU.  Il a salué, à cet égard, l’adoption, l’an dernier, du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Concernant en particulier l’objectif de développement durable No 6, le représentant a estimé que seule une approche intégrée et coordonnée à tous les niveaux, basée sur la coopération transfrontalière entre États, permettrait de parvenir à une gestion durable de l’eau.  Tout en soulignant les progrès importants réalisés durant la Décennie internationale d’action 2005-2015, sur le thème « L'eau, source de vie », le délégué a appelé à créer une nouvelle Décennie internationale d’action 2018-2028, sur le thème « L’eau pour le développement durable ».

M. AL-SHEEB (Qatar) a estimé que l’APD est l’un des moyens idoines permettant de réduire la pauvreté.  Il a prôné une approche de développement durable qui tienne compte des spécificités propres à chaque pays.  Il a indiqué que son gouvernement avait adopté une stratégie nationale globale de développement intitulé « Vision nationale 2030 » qui accorde une place importante à l’éducation.  Le représentant a déclaré que le développement ne pouvait se faire dans un contexte de conflit.  Il a ensuite appelé à lutter contre l’extrémisme violent.  En outre, a-t-il indiqué, la désertification est un obstacle majeur du développement, déclarant aussi que le Qatar accorde une importance particulière aux énergies renouvelables.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO(Venezuela) s’est insurgé contre le modèle capitaliste néolibéral, qui génère de graves déséquilibres économiques, sociaux et environnementaux au niveau mondial, alors que 1,3 milliard de personnes vivent avec moins de un dollar par jour.  Le représentant a reconnu que les pays en développement avaient avancé depuis le Sommet de Rio en 1992 et que le Programme 2030 visait un modèle différent, plus inclusif.  Il a cependant souligné qu’une volonté politique des États, en particulier les pays avancés, était  nécessaire pour que ce Programme soit mis en œuvre, éliminant ainsi la pauvreté dans les pays en développement et les aidant à réaliser les objectifs du développement durable.  En ce sens, la souveraineté sur les ressources naturelles est un élément fondamental et un droit inaliénable, a fait valoir le délégué.

M. Ramirez a précisé que le Venezuela avait accompli des progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030 dans des conditions adverses et qu’il envisageait d’adopter une stratégie de développement économique en harmonie avec la nature.  Il a expliqué que ce modèle de développement était axé sur le capital humain et réaffirmé l’engagement du Venezuela en faveur d’investissements dans le domaine social pour assurer le bien-être de sa population.  S’agissant des changements climatiques, le Venezuela se félicite de la prochaine entrée en vigueur de l’Accord de Paris.  Le représentant a estimé que des régimes stables et la paix étaient nécessaires au développement durable, et a réaffirmé sa solidarité avec le peuple palestinien.

Mme MARIANNE LOE (Norvège) a regretté qu’à la Deuxième Commission, les délégations se limitent à adopter une approche pour le développement durable qui ne comporte qu’une dimension.   « Nous devons poser un regard neuf sur cette question.  La semaine prochaine, nous aurons une discussion séparée sur les questions macroéconomiques, comme si les deux n’étaient pas liées entre elles », a-t-elle dit.  Si la Deuxième Commission veut proposer des directives politiques pertinentes pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle doit trouver un moyen de répondre à ces questions de manière plus intégrée, a insisté la représentante.  Pour sa délégation, fournir des énergies durables pour tous ne contribuera pas seulement à la lutte contre les changements climatiques, mais permettra également de promouvoir, en même temps, l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’assainissement, la santé, l’éducation, la croissance économique et l’autonomisation des jeunes et des femmes.  La mobilisation du secteur privé sera déterminante pour investir en faveur de la réalisation de ces objectifs, a-t-elle assuré.

Après avoir présenté ses condoléances aux victimes de l’ouragan Matthew, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a fait observer que son pays était l’un des plus vulnérables aux changements climatiques.  À cet égard, il s’est félicité de la prochaine entrée en vigueur de l’Accord de Paris, en précisant que le Pérou avait été l’un des premiers à signer.  Il a ajouté que le Pérou était particulièrement actif pour réaliser l’objectif de développement durable 13 sur les changements climatiques. Au niveau national, il a pris des mesures intégrées, transversales et multisectorielles pour y faire face.  Il lui faudrait en particulier protéger les forêts et la diversité biologique, a-t-il estimé.  La réduction des risques de catastrophes est un autre sujet de préoccupation pour le Pérou, auquel le Cadre de Sendai apporte une première réponse, a indiqué le représentant.  Le Pérou, a-t-il ensuite souligné, est confronté à des enjeux qui ont une incidence sur la survie de la population, en raison de sa situation géographique et des caractéristiques particulières de son territoire.  Au cours de la présente session, la délégation du Pérou va également contribuer aux efforts visant à promouvoir le développement durable dans les régions montagneuses et protéger, ainsi, la population dans ces régions contre les vulnérabilités causées par les changements climatiques.

M. AKSOLTAN ATEVA (Turkménistan) a annoncé que son pays accueillerait, les 26 et 27 novembre 2016, la première Conférence des Nations Unies consacrée au transport durable.  « Cette Conférence sera suivie au plus haut niveau et réunira des parties prenantes des gouvernements, du système des Nations Unies et d’autres organisations internationales, du secteur privé et de la société civile, en vue de les engager dans un dialogue qui souligne la dimension intégrée et multisectorielle du transport viable », a expliqué M. Ateva.  Pour le représentant, la Conférence contribuera à promouvoir la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dans la mesure où la question des transports est liée à plusieurs des objectifs.  Il a ajouté que le 20 octobre prochain, la Mission permanente du Turkménistan et le Département des Nations Unies aux affaires économiques et sociales organiseront une réunion d’information au sujet de la Conférence.

M. JAVAD MOMENI (République islamique d’Iran) a indiqué que son pays avait déjà engagé des mesures pour s’adapter au nouveau programme de développement international, avec comme ambition nationale de ne laisser personne de côté.  Le pays accorde également du prix à la question des changements climatiques, et la transition vers une économie verte est une priorité nationale.  Le pays entend ratifier l’Accord de Paris sur les changements climatiques et organiser une conférence internationale sur les tempêtes de sables et de poussière.  Outre les problèmes environnementaux, le Moyen-Orient souffre également du terrorisme, ce qui amène les gouvernements à axer leurs efforts sur la lutte contre l’insécurité, au détriment des efforts en faveur du développement durable, a-t-il regretté.  Pour réaliser les objectifs de développement durable, il a préconisé de renforcer les capacités nationales, assurer un transfert de technologies aux pays en développement, faciliter les échanges commerciaux.  Avant de conclure, il a mis en garde contre l’impact de mesures coercitives économiques, financières et commerciales sur des États tiers.

M. WILLIAM CALVO (Costa Rica) a indiqué que son pays avait ratifié l’Accord de Paris il y a une semaine, et il a invité les États Membres qui ne l’auraient pas encore fait à suivre l’exemple.  Il a dit espérer que la volonté politique, dont a fait montre la communauté internationale l’an dernier, s’appliquera à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a souhaité que les trois dimensions du développement durable soient prises en compte dans ce contexte, en insistant sur des efforts accrus dans des zones où sont concentrés les plus pauvres.  Le Costa Rica s’est résolument tourné vers des sources d’énergie renouvelables, utilisant même ces moyens pour l’électrification du pays pendant 150 jours l’année dernière.  Cette expérience permet de croire que la transition vers des sources d’énergie vertes est possible, a-t-il estimé.

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a déclaré que l’engagement de respecter le principe fondamental de l’inclusion imposait à la communauté internationale de dépasser la seule réponse aux besoins immédiats et d’investir en revanche dans des solutions qui permettront, à moyen et long termes, d’améliorer de manière durable et résiliente les vies et les moyens de subsistance des populations affectées, notamment les populations déplacées et victimes de conflits.

Au Burkina Faso, le Gouvernement a adopté, en juillet dernier, le Plan national de développement économique et social (PNDES) pour la période 2016-2020.  Une conférence internationale pour son financement est prévue les 7  et  8  décembre  2016 à Paris, France, a annoncé le représentant.  Le PNDES considère comme prioritaires 86 cibles sur les 169 des 17 objectifs de développement durable et devrait permettre de créer environ 50 000 emplois par an d’ici à 2020 et de réduire la pauvreté à 35% en 2020 contre 40,1% en 2014. 

Mme MADINA KARABAEVA (Kirghizistan) a rappelé que son pays était un pays de montagne sans accès au littoral et qu’il était passé de la catégorie de pays à revenu faible à celle de  pays à revenu intermédiaire. La représentante a estimé que la transition des sources d’énergie traditionnelles vers des sources d’énergie renouvelables était fondamentale et c’est pourquoi, son pays a choisi d’investir dans le domaine de l’énergie verte.  Par ailleurs, les changements climatiques détruisent la biodiversité des écosystèmes montagneux, ce qui préoccupe gravement le Kirghizistan.  La gestion et la sécurisation des déchets d’uranium sont également très importantes pour le pays, la plupart de ces déchets se trouvant dans des zones sismiques. Une gestion inefficace aurait des conséquences catastrophiques sur l’Asie centrale, a prévenu la représentante, qui a indiqué que le Kirghizistan allait prochainement organiser un forum international de haut niveau à ce sujet.

M. JUSTIN WU (Singapour) a insisté sur le fait qu’il n’existait pas de solution unique pour mettre en œuvre les 17 objectifs de développement durable.  « Tous les pays devront adapter les solutions à leurs circonstances nationales spécifiques », a-t-il affirmé.  Le représentant a notamment indiqué qu’en tant que petit État insulaire, Singapour disposait d’options limitées en termes de sources d’énergie alternatives.  En conséquence, le délégué a souligné que son pays avait été contraint d’adopter une autre approche pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.  « Nous avons décidé très tôt de passer du mazout au gaz naturel pour la production d’électricité », a-t-il notamment expliqué.

M. Wu a par ailleurs appelé à innover en continu pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a ajouté que, grâce à l’innovation, Singapour avait été en mesure de diversifier son approvisionnement en eau, une question d’une importance vitale pour l’île.  Le délégué a ensuite insisté sur l’importance des partenariats entre États pour réaliser le développement durable.  À cet égard, M. Wu a indiqué que son pays avait lancé une plateforme consacrée au transfert de connaissances acquises par Singapour aux pays en développement, notamment en matière de gouvernance, de mise en œuvre d’un environnement urbain durable et d’accès à l’eau et à l’assainissement.

M. SALVADOR DE LARA RANGEL (Mexique) a souligné que la conservation et l’usage durable de la biodiversité prenaient une importance particulière dans le cadre du Programme à l’horizon 2030.  Aussi, le Mexique accorde la plus grande priorité à une vision transformatrice qui reconnaisse le lien entre les trois dimensions du développement durable et de la biodiversité. Il accueillera d’ailleurs,  la treizième session de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique à Cancún, en décembre prochain.  La paix durable et la réduction des risques de catastrophe sont essentielles au développement durable, a souligné le représentant.

Le Mexique, a-t-il annoncé, accueillera la cinquième session de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe à Cancún en mai 2017.  Elle aura pour objectif d’encourager les États Membres à aller plus loin et à se préoccuper de risques tels que la pauvreté, l’urbanisation non planifiée et la dégradation de l’environnement, a précisé le délégué du Mexique.  Le combat contre la désertification, a-t-il dit, est un autre sujet de préoccupation majeure pour le pays.  En ce qui concerne la mobilisation des ressources, il s’est prononcé en faveur d’une coopération internationale pour le développement.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a indiqué que l’intensité des changements climatiques en Mongolie était trois fois supérieure à ce qui se voit ailleurs en raison de la situation géographique du pays et de ses spécificités climatiques.  Bien que le niveau des émissions de gaz à effet de serre du pays est très faible, la Mongolie entend tout de même diminuer ces émissions de 14% d’ici à 2030, a assuré son représentant.  Il a déclaré que la baisse de ces émissions et d’autres engagements ambitieux étaient tributaires de l’accès aux technologies et aux aides financières de pays qui ont des capacités limitées comme la Mongolie.  Il a en outre souligné que son pays connaissait une pénurie de ressources en eau qui est aussi de mauvaise qualité.  Le pays est également affecté par la désertification et la sécheresse, a-t-il ajouté, en indiquant que le Gouvernement était déterminé à exploiter le potentiel en matière de sources d’énergie solaire et éolienne sur le territoire national.

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a indiqué que depuis juin 2016, la distribution et la vente de sac en plastique était interdite à Monaco.  Le nombre de déchets plastiques en mer Méditerranée est estimé à 250 milliards, a-t-elle rappelé, en précisant que chaque famille de la Principauté de Monaco avait ainsi reçu un sac fabriqué en matériaux biodégradables.  D’autres mesures innovantes ont été également mises en place à Monaco.  Monaco a en outre investi dans l’éducation au développement durable en organisant des séminaires pour les étudiants de ses établissements scolaires, afin de les sensibiliser sur les répercussions des changements environnementaux sur la santé humaine.

      M. TLHALEFO MADISA (Botswana) a déclaré que son gouvernement venait de lancer sa « Vision nationale 2036 », qui intègre les objectifs de développement durable et sera pleinement prise en compte dans son plan de développement national 11.  Il a toutefois souhaité un environnement international propice à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dans lequel commerce, finance, investissement, transfert de technologies et aide publique au développement joueraient un rôle important.  Le Botswana a, en outre, incorporé des plans de lutte contre les changements climatiques dans ses diverses politiques, a poursuivi le délégué, en faisant notamment état d’une stratégie multisectorielle qui vient compléter les mesures d’adaptation et d’atténuation déjà prises par les autorités et spécifiées dans les contributions prévues déterminées au niveau national. 

M. ABDELLAH BEN MELLOUK (Maroc) a relevé que, grâce à l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Accord de Paris sur le climat, la communauté internationale a posé les jalons d’une action collective pour faire face aux défis les plus pressants de notre temps.  Attaché au principe du développement durable, le Maroc en a fait le socle de sa politique économique et sociale.  Il a décidé de porter la part des énergies renouvelables à 52% à l’horizon 2030, d’inaugurer un parc solaire et de réduire de 32% les émissions de gaz à effet de serre, a expliqué le représentant.  Le Maroc se porte volontaire en faveur de l’examen des premières mesures prises au niveau national pour l’appropriation des objectifs de développement durable, dans le cadre du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, réuni sous les auspices de l’ECOSOC.

La réalisation de ces objectifs de développement durable ne sera pas possible sans la composante climatique, a fait observer le représentant du Maroc.  Son  pays, a-t-il rappelé, accueillera la prochaine COP22.  Placée sous le signe de l’action et de la concrétisation, cette conférence constituera un véritable test du multilatéralisme, a-t-il souligné.  La conférence se concentrera sur la contribution des contributions nationales, le renforcement de l’adaptation aux changements climatiques, le transfert de technologies, le lancement d’initiatives concrètes et la mobilisation des ressources, a précisé M. Ben Mellouk.

M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a fait observer que l’adoption du Programme à l’horizon 2030 était un événement historique et que l’accent devait être mis sur sa réalisation, avec une feuille de route claire.  En ce qui concerne les moyens de mise en œuvre, il a rappelé la création du mécanisme de facilitation de la technologie, demandant à tous les États Membres et programmes des Nations Unies de prendre part à cette tâche complexe.  Le représentant s’est ensuite félicité que la portée du nouveau programme ne soit pas limitée au domaine social puisqu’il intègre les trois dimensions du développement durable, à savoir économique, sociale et environnementale.  Il a également indiqué que le Brésil avait ratifié et était fier de devenir partie de l’Accord de Paris, en soulignant néanmoins que le chemin était encore long pour parvenir à atténuer les effets des changements climatiques.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a souligné l’importance d’établir des niveaux d’ambition élevés à travers le renforcement des centres nationaux de données et d’assurer l’objectif de la température moyenne mondiale à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels.  À cet égard, il est crucial que toutes les parties, en particulier les plus importants émetteurs de carbone, continuent de travailler ensemble pour la réalisation de tous leurs engagements.

Le représentant a aussi mis l’accent sur l’importance du financement des mesures en matière de climat et la coopération avec les institutions financières internationales, y compris le Fonds vert pour le climat, en soutenant le renforcement de la résilience climatique nationale et le renforcement des capacités.  M. Rai a tenu à faire remarquer que l’accès à un financement des mesures de prévention contre les changements climatiques restait un défi pour de nombreux pays, en particulier les petits États insulaires en développement comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée.  Il est donc urgent et primordial de simplifier les processus permettant d’octroyer un tel financement, a-t-il souligné avant de conclure.

M. MWABA P. KASESE-BOTA (Zambie) a déclaré que les leçons tirées de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement devraient constituer le point de départ de celle du Programme de développement durable à l’horizon 2030, laquelle devrait s’orienter vers les niveaux régional et national où les liens entre les différentes priorités transversales sont plus clairs.  Pour parvenir à l’appropriation nationale, il est important que toutes les parties prenantes s’impliquent dans le processus de mise en œuvre, a-t-il estimé.

Le développement durable, a ajouté le représentant, est actuellement entravé par les défis que posent les changements climatiques.  En Zambie, les changements climatiques ont une incidence négative sur la croissance économique à cause de la baisse de la part de la production agricole attribuée aux conditions climatiques qui, a-t-il dit, ont touché la situation météorologie normale.  Les pluies intermittentes, a-t-il précisé, ont causé la sécheresse et des inondations ont affecté la production agricole et la sécurité alimentaire.  La Zambie, a-t-il ensuite indiqué, a signé l’Accord de Paris et adopté la politique nationale sur les changements climatiques.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a indiqué que les pays de région montagneuse continuent d’être confrontés à des problèmes sérieux comme les avalanches, la fonte des glaciers, les inondations et les glissements de terrain.  Le mode de vie des communautés vivant dans ces régions depuis des siècles a été gravement affecté.  Ainsi, il est extrêmement important de sauver les écosystèmes des montagnes, y compris à travers la mise en œuvre de l’Accord de Paris. 

Au sujet du renforcement du partenariat pour la réduction de risques de catastrophe et le renforcement de la résilience, le représentant du Népal a estimé que le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe devrait être mis en œuvre de manière équilibrée avec le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 et les Orientations de Samoa.  Le représentant a aussi souligné l’importance de l’énergie propre et renouvelable et de l’utilisation par le Népal de son potentiel immense en matière d’énergie hydroélectrique du Népal.

M. AL-HAYANI (Iraq) a déploré le recul de la croissance économique dans son pays du fait de la situation d’insécurité qui y prévaut, causée principalement par les attaques de Daech qui sapent, selon lui, l’essor du pays.  « Néanmoins, mon pays entend s’engager en faveur du développement durable en réduisant de 1% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et de 13% à l’horizon 2035 », a-t-il assuré.  La question de la montée de la température terrestre doit être résolue par l’ensemble de la communauté internationale, dans le respect du principe de la responsabilité commune mais différenciée, a estimé le représentant iraquien.

Mme SESSELJA SIGURDARDOTTIR (Islande) a mis l’accent sur quatre domaines prioritaires pour son gouvernement: la restauration du sol, les océans, l’énergie renouvelable et l’égalité entre les sexes.  S’agissant de la restauration du sol, la représentante a souligné l’importance de réaliser l’objectif de développement durable 15 relatif à la préservation des écosystèmes terrestres avant 2030. 

Concernant l’utilisation durable des ressources marines, elle a souligné l’importance de coordination entre les différentes processus relatifs aux océans des Nations Unies, y compris la FAO et les services pertinents du Secrétariat pour assurer la cohérence du travail à tous les niveaux en appuyant la mise en œuvre, le suivi et le contrôle de l’objectif de développement durable sur la conservation et l’exploitation de manière durable des océans. 

Pour ce qui est de l’accès mondial à l’énergie propre et renouvelable, la représentante a estimé qu’il faudrait renforcer la coopération et œuvrer pour atteindre l’accès universel aux services modernes d’énergie.  Enfin, en ce qui concerne l’égalité entre les sexes et les droits des femmes, elle a indiqué que la pleine participation et la représentation des femmes à tous les efforts entrepris en application du Programme 2030 sont les conditions préalables du succès.

M. OBAID AL ZAABI (Émirats arabes unis) a intégré les objectifs et indicateurs du programme de développement international à son cadre national de développement appelé « Vision 2021 ».  Ce plan intégré est également mis en œuvre par le secteur privé, a-t-il indiqué, en précisant que son pays soutenait également le développement durable sur le plan international, notamment en contribuant à l’établissement d’un fonds spécial de 50 millions de dollars pour la promotion des sources d’énergie renouvelables dans les PEID des Caraïbes.  Il a par ailleurs annoncé la tenue de la Semaine du développement durable à Abu Dhabi en janvier 2017, permettant ainsi aux responsables politiques, universitaires, décideurs et investisseurs du secteur privé d’aborder les défis relatifs au secteur des sources d’énergie renouvelables.

Le représentant a ensuite souligné le rôle des jeunes dans la réalisation des objectifs de développement durable, comme en témoigne la récente nomination d’une jeune femme au poste de ministre de la jeunesse.  Le représentant a aussi réaffirmé l’importance qu’attachait son gouvernement au programme pour la construction d’infrastructures dans le pays, notamment par la création du « Fonds vert de Dubaï », qui mobilise des capitaux publics et privés afin de stimuler des investissements pour des infrastructures durables.   

Soulignant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 se concentrait sur les dimensions économique, sociale et environnementale, M. OMAR ANNAKOU (Libye) a rappelé qu’il faudrait désormais axer les efforts sur les moyens de mettre en œuvre ces 17 objectifs de développement durable et prendre en considération les besoins des générations actuelles et futures.  Le délégué a estimé qu’il faudrait envisager des mécanismes efficaces d’application, ainsi que les financements nécessaires, notamment par le biais de nouveaux partenariats. L’un des principaux défis concerne la sécurité, sans laquelle il n’y a pas de développement, a tenu à rappeler le représentant, avant d’inviter la communauté internationale à lutter contre le terrorisme, notamment contre ses causes.  La Libye connaît une transition difficile, a expliqué son représentant, en soulignant que la priorité du moment était de parvenir à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays.  M. Annakou a ainsi demandé l’aide d’autres pays, notamment en ce qui concerne les flux migratoires.

M. PHILIP TAULA (Nouvelle-Zélande) s’est exprimé sur la Conférence sur les petits États insulaires, qui s’était tenue à Apia (Samoa) en 2014, et qui avait adopté les « Orientations de Samoa » qui mettent l’accent sur leur situation particulière et leurs vulnérabilités aux changements climatiques.  Nombre des actions prioritaires ont été intégrées dans des accords internationaux.  L’Accord de Paris est particulièrement important pour les PEID, a rappelé le représentant, assurant que la Nouvelle-Zélande s’était engagée à le mettre en œuvre, notamment en soutenant des énergies propres, accessibles et renouvelables dans la région du Pacifique.  La Nouvelle-Zélande se félicite que les voix des PEID soient entendues dans les accords, et espère que les résultats seront tangibles, a-t-il dit.  La Nouvelle-Zélande soutient également l’intégration des objectifs de développement durable et des Orientations de Samoa en tenant compte des particularités des pays, a ajouté le représentant avant de conclure.

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a réaffirmé l’engagement de son gouvernement en faveur des jeunes, notamment dans l’éducation et dans le domaine des affaires.  Elle a insisté sur le lien étroit entre les trois piliers du développement durable et leur égale importance.  Elle a aussi souligné l’importance pour les Nations Unies d’améliorer la cohérence et la coordination entre ses diverses activités et entités, notamment celles œuvrant dans le domaine humanitaire.  À ce propos, elle a déclaré que son pays était engagé à soutenir les nombreux réfugiés qui se trouvent sur son territoire.  Elle a en outre indiqué qu’il faudrait assurer un processus de suivi et d’évaluation méticuleux de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment en renforçant les capacités des services nationaux de statistiques. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission adopte 20 projets de textes relatifs aux territoires non autonomes et à la décolonisation

Soixante et onzième session,
7e séance – matin
CPSD/612

La Quatrième Commission adopte 20 projets de textes relatifs aux territoires non autonomes et à la décolonisation

Divergences de position entre le Maroc et l’Algérie sur le Sahara occidental

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a achevé, ce matin, son débat sur les questions de décolonisation, avec notamment les interventions des représentants de l’Algérie, du Maroc, de la France et du Royaume-Uni, et l’adoption de 21 projets de résolution relatifs à ces questions.

La Commission a ainsi recommandé à l’Assemblée générale, par un projet de résolution sur la question du Sahara occidental adopté sans vote, d’appuyer le processus de négociation en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  Au cas où elle suivrait les recommandations de la Quatrième Commission, l’Assemblée inviterait par ce projet de résolution les parties à coopérer avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et à s’acquitter de leurs obligations au regard du droit international humanitaire.

Les projets de résolution portant sur la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et les Tokélaou, ainsi que les projets de résolution relatifs à la situation de 11 territoires non autonomes, ont également été adoptés par les délégations sans recourir au vote.  Contrairement aux années précédentes, il ne s’agit pas d’une « résolution omnibus » en plusieurs parties sur ces 11 territoires, mais de résolutions séparées, qui comportent toutefois des éléments communs, répétés dans chaque texte.

La Commission a également adopté, après des procédures de vote, quatre projets de textes relatifs, respectivement, à la diffusion d’informations sur la décolonisation et aux activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes, aux renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies.

Dans une déclaration générale, le représentant du Maroc a replacé la question du Sahara dans un contexte historique en affirmant que son pays avait irréversiblement récupéré les provinces sahariennes du sud par le biais de la négociation et de la signature de l’Accord de Madrid, avec l’Espagne, qui a été déposé auprès du Secrétaire général de l’ONU le 18 novembre 1975 et reconnu par l’Assemblée générale, le 10 décembre 1975.  Depuis cette date, la question du Sahara aurait dû être retirée de l’ordre du jour des Nations Unies, puisque c’est le Maroc qui l’y avait introduite, mais c’était sans compter avec « les visées hégémoniques » de l’Algérie sur l’Afrique du Nord, au mépris de l’histoire commune et des exigences de bon voisinage, a expliqué le représentant marocain. Celui-ci a réaffirmé à cette occasion que « le Sahara a toujours été marocain et le restera éternellement ».  C’est un sentiment que semblent partager, a dit le représentant, les concitoyens de la région du Sahara qui ont participé, vendredi dernier, aux élections législatives nationales qui se sont déroulées dans un climat démocratique, libre et transparent, et qui leur ont permis l’élire leurs véritables représentants au Parlement marocain.  « Ce faisant, ils ont exercé leur droit à l’autodétermination, a-t-il ajouté, indiquant que son gouvernement œuvrait avec détermination à la définition d’une solution politique à ce différend régional, dans le cadre du processus mené depuis 2007, sous l’égide exclusive du Conseil de sécurité.  Le représentant a rappelé à cette occasion les termes de l’Initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara, proposée par son pays pour « débloquer l’impasse », et accusé « les autres parties » de privilégier le statu quo et de s’attacher à des positions enterrées par le Conseil de sécurité et le Secrétaire général de l’ONU.  Il a également estimé que l’Algérie devait assumer ses responsabilités et agir en fonction de ce qu’elle est réellement « une partie principale à ce différend ».  « Elle ne peut continuer à tirer les ficelles, à faire des propositions dans les bureaux du Secrétariat de l’ONU, sans les assumer, et de faire avorter tous les efforts de solution, tout en se cachant derrière une prétention surréaliste de pays observateur - que personne ne croit », a déclaré le représentant marocain, pour qui l’initiative d’autonomie est et restera la seule et unique option pour parvenir à un règlement politique de ce différend.

Le représentant de l’Algérie a pour sa part estimé que la question du Sahara occidental relevait du processus de décolonisation, et la seule option acceptable était de garantir au peuple sahraoui son droit fondamental à l’autodétermination car « son courage et sa patience ne peuvent plus être mis à rude épreuve ».  À ses yeux, le Sahara occidental n’a aucun lien de souveraineté territoriale avec un autre pays, ce qui avait été souligné par un avis consultatif de la Cour internationale de Justice en 1975, a-t-il rappelé.  Appelant les parties à trouver une solution politique respectueuse des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, il a estimé urgent de lancer un cinquième cycle de négociations, mais aussi d’envoyer une mission d’observation au Sahara occidental pour constater les faits sur place

Intervenant également ce matin, le représentant de la France a réaffirmé que son gouvernement demeurait particulièrement investi dans l’accompagnement des Néo-Calédoniens vers les choix qu’ils devront formuler d’ici à 2018, et a annoncé que l’État français mobiliserait prochainement une nouvelle mission d’assistance aux travaux de révision des listes électorales spéciales prévue en 2017.

La Quatrième Commission a décidé de reporter l’examen du projet de décision relatif à Gibraltar, ainsi que du projet de résolution sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux à une date ultérieure.

Elle reprendra ses travaux le mardi 11 octobre, à 10 heures, en entamant l’examen de la coopération internationale dans l’espace extra-atmosphérique.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUTES LES QUESTIONS RELATIVES À LA DÉCOLONISATION

Fin du débat général

M. RICHARD NDUHUURA (Ouganda) a abordé la question du Sahara occidental, « où le peuple sahraoui attend toujours la possibilité d’exercer son droit à l’autodétermination ».  Il s’est associé à la déclaration faite au nom du Mouvement des non-alignés sur ce point et a estimé que les Sahraouis méritent leur indépendance, alors qu’une majeure partie de ce territoire est occupée par le Maroc.  Le Royaume s’est opposé, selon lui, au  processus proposé par l’ONU et l’Union africaine pendant les 25 dernières années.  La situation s’est aggravée en mars 2016 après l’expulsion, par le Maroc, de membres de la MINURSO et, le 11 août, lorsque le Maroc a violé le cessez-le-feu, a rappelé le représentant, craignant que ces incidents aient des conséquences dévastatrices sur la paix et la stabilité de la région.   Il a aussi déploré l’incapacité de l’ONU à faire respecter ses décisions depuis 24 ans et dénoncé également l’impasse au Conseil de sécurité.  Pour l’Ouganda, c’est désormais à l’Assemblée générale de prendre les mesures qui s’imposent pour assurer l’organisation du référendum d’autodétermination et au  Comité des 24 de se rendre dans la zone occupée, dans les camps de Tindouf et dans la partie ouest de l’Algérie.  Sa délégation appuie en outre la proposition de tenir une session extraordinaire sur le Sahara occidental au Comité des 24, a conclu le représentant.

M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a exhorté les État Membres à entendre les différents points de vue des membres du Comité de décolonisation.  Il a jugé essentiel que les États Membres soient conscients des difficultés particulières de chacun des 17 territoires inscrits sur la liste du Comité de décolonisation.   Il a rappelé l’expérience de son pays lors de son accession à l’indépendance et du rôle joué par l’Inde depuis la conférence de Bandung il y a 61 ans.  « Nous sommes fiers d’avoir pu participer au succès du processus de décolonisation sous la houlette des Nations Unies » a ajouté le représentant de l’Inde. 

M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a fait part de ses préoccupations par rapport au fait que, malgré les efforts de l’ONU, et en particulier du Secrétaire général et de son Envoyé spécial, Christopher Ross, le droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple du Sahara occidental n’a toujours pas pu être exercé.  Il a exhorté les parties à engager des négociations dans un esprit de tolérance et de compromis et à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour parvenir à un accord.  Pour sa délégation, il faut permettre au peuple sahraoui d’exprimer sa volonté dans un processus démocratique et ouvert.

Prenant note de la résolution 2285 (2016) du Conseil de sécurité par laquelle il a prorogé une nouvelle fois le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2017, il a estimé toutefois que cette mission, qui existe depuis 1991, ne peut parvenir à ses objectifs que si elle peut compter sur la volonté politique nécessaire de toutes les parties concernées.   Suite à l’expulsion, par le Maroc, de 84 membres de la composante civile de la MINURSO en mars 2016, sa délégation partage l’opinion du Secrétaire général selon laquelle « sans composante civile adéquate, la Mission ne peut s’acquitter d’une de ses fonctions essentielles et, par conséquent, ne pourra être à la hauteur des attentes du Conseil de sécurité ».  Il a conclu en disant qu’un référendum ouvert reste la seule solution pratique pour permettre au peuple sahraoui de librement décider de son avenir.

Mme ANNETTE ANDRÉE ONANGA (Gabon) a tenu à saluer et encourager l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental, qui, aux yeux de sa délégation, présente des perspectives « crédibles et rassurantes » permettant d’envisager un accord définitif.

Le statut d’autonomie négociée et approuvée par les populations concernées constitue une solution de compromis susceptible de « régler ce différend qui n’a que trop duré », a-t-elle affirmé, soulignant que la situation régionale, « marquée par des défis sécuritaires considérables », impose d’insuffler une dynamique nouvelle aux négociations en cours sur la question du Sahara occidental.

M. LARRY MARCEL KOYMA (République centrafricaine) a réaffirmé l’engagement constant de son pays à l’éradication de la colonisation dans le monde, qualifiant d’« anachronisme persistant » la difficulté de la communauté internationale à faire appliquer les principes d’autodétermination des peuples et du droit des pays et territoires coloniaux à l’indépendance.

Évoquant le « différend régional maghrébin » sur le Sahara occidental, dans l’impasse depuis 41 ans, le délégué a jugé qu’il convenait de soutenir, « pour son réalisme », la solution politique préconisée par le Conseil de sécurité des Nations Unies.  Il a toutefois assuré que le « contexte historique » donnait le Sahara comme la « continuité du territoire marocain » et a exprimé le soutien de son pays à la proposition du Maroc en faveur d’une autonomie pour le Sahara occidental.  Cette position, a-t-il conclu, « n’affecte en rien les relations amicales entre l’Algérie et la République centrafricaine ».

M. JEAN CLAUDE DO REGO (Bénin) a salué les efforts du Secrétaire général pour instituer un dialogue franc et constructif entre les parties sur la question du Sahara Occidental.  Il a affirmé la nécessité de mettre en œuvre les décisions pertinentes du Conseil de sécurité qui ont toutes pour finalité de promouvoir l’émergence d’un règlement négocié consensuel.  « Ce consensus, nous continuons de l’appeler de nos vœux et le Bénin espère une évolution positive de la situation pour le plus grand bien de la stabilité de la région du Maghreb » a déclaré M. Do Rego.  Le représentant du Bénin a aussi estimé que les initiatives marocaines et plans y relatifs pourraient constituer une base pour des négociations substantielles crédibles et de bonne foi.  Il a salué la décision du Royaume du Maroc de réintégrer l’Union africaine, lors de sommet de l’Union Africaine des 17 et 18 juillet 2016, à Kigali, au Rwanda, indiquant que le Maroc, membre fondateur de l’OUA devenue Union africaine en 2002, n’avait jamais cessé de consolider ses relations avec les pays africains, notamment dans le contexte de la lutte contre la pauvreté.  

Mme ALBERTINA MACDONALD (Mozambique) a déclaré que « l’autodétermination fait partie des droits de l'homme » et que « s’opposer à la décolonisation constitue un frein à la paix dans le monde ».  Elle a appelé à une solution politique mutuellement acceptable pour le Sahara Occidental, précisant que cette solution devait s’appuyer sur la mise en œuvre des résolutions pertinentes des Nations Unies, en particulier celles adoptées par le Conseil de sécurité.  Elle a souhaité une action urgente pour fixer la date du futur référendum qui doit permettre à la population du Sahara Occidental de se prononcer sur son autodétermination.  Elle a également estimé qu’il était impératif de garantir un suivi impartial de la situation des droits de l’homme dans le territoire du Sahara Occidental et les camps de réfugiés.     

M. DARLINGTON MASHOKO KADYAUTUMBE (Zimbabwe) a fait valoir que, pour son pays, la lutte du peuple sahraoui est une lutte pour l’autodétermination fondée sur les principes de décolonisation, de promotion des droits de l’homme et du droit international.  C’est aussi « un préalable indispensable à la paix, à la sécurité et à la stabilité sur le continent africain », a-t-il affirmé, notant que cette question s’inscrit dans le mandat confié à la Quatrième Commission.  Il a également exhorté les États Membres à soutenir le Secrétaire général et son Envoyé spécial pour que soit donné un nouvel élan à ce processus aujourd’hui dans l’impasse, se félicitant au passage que le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) ait été prorogé plusieurs fois par le Conseil de sécurité.

M. EMANUEL TILMAN (Timor-Leste) s’est associé à la déclaration faite au nom du Mouvement des non-alignés, rappelant que son pays avait fait l’objet d’une délibération de cette Commission jusqu’à obtenir son indépendance en 2002.  Il a condamné le colonialisme quelles que soient ses formes et a réaffirmé le droit de toutes les populations à l’autodétermination.  Le Timor-Leste et le Sahara occidental ont de nombreuses caractéristiques communes à ses yeux, et, par conséquent, il existe une amitié solide entre son pays et la République arabe sahraouie démocratique.  Le Timor-Leste réaffirme son soutien indéfectible au droit inaliénable des sahraouis à l’autodétermination sur la base des différentes résolutions pertinentes, et son représentant a demandé qu’une date soit fixée pour la reprise des discussions entre le Polisario et le Maroc.  Il a également réaffirmé le soutien de sa délégation au mandat de la MINURSO.

M. ZORAN VUJIC (Serbie) a rappelé que Gibraltar figurait au nombre des territoires non autonomes figurant sur la liste du Comité spécial des 24, chargé du suivi de l’application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Le délégué serbe a également rappelé que seule l’Organisation était en mesure de décider à partir de quel moment Gibraltar, à l’instar de tous les autres territoires non autonomes, aurait parachevé son processus de décolonisation.

Le représentant a par ailleurs affirmé que la question de Gibraltar ne pourrait être résolue que par le biais de négociations bilatérales entre les deux États concernés.  Il les a, par conséquent, appelés à renouer le dialogue afin de parvenir à un accord durable et respectueux des résolutions de l’ONU sur cette question.  À ce titre, le représentant serbe a apporté le soutien de son pays à la proposition formulée par l’Espagne, le mardi 4 octobre 2016, de cosouveraineté espagnole et britannique sur Gibraltar.

M. ADIKALI F. SUMAH (Sierra Leone) a réaffirmé que son pays restait pleinement engagé en faveur de la mise EN œuvre de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, telle que figurant dans la résolution 1514 de l’Assemblée générale (XV). Il a rappelé que le droit à l’auto-détermination est un droit inaliénable des peuples qui doit être respecté.  Soulignant que la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme allait s’achever dans moins de cinq ans, il a affirmé que les perspectives d’atteindre les objectifs fixés dans le Plan d’action étaient peu prometteuses et insisté sur l’importance cruciale du soutien et de la collaboration des puissances administrantes.  Pour la Sierra Leone, le Comité spécial et les puissances administrantes doivent travailler étroitement ensemble, selon le représentant, dans une atmosphère de respect et de confiance mutuelle.  S’agissant de la question du Sahara Occidental, le représentant a salué les processus politiques en cours sous les auspices des Nations Unies pour parvenir à une solution politique négociée mutuellement et les recommandations du Conseil de sécurité, notamment la Résolution 2285, adoptée cette année dans un esprit de compromis.  Enfin, la Sierra Leone juge crédible et soutient l’initiative marocaine d’autonomie, a conclu le représentant. 

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a expliqué que la relation du Royaume-Uni avec ses territoires d’outremer est une relation moderne fondée sur le partenariat, des valeurs communes et le droit des peuples de ces territoires de décider s’ils souhaitent rester britanniques ou non.  « Là où les gens décident de rester britanniques, le Royaume-Uni aura une relation plus approfondie et spéciale, une relation qui apporte des avantages et responsabilités mutuels », a précisé le représentant.

Depuis l’adoption, en 2012, du « Document blanc » par le Gouvernement britannique intitulé « Sécurité, Succès et Durabilité », celui-ci a travaillé en étroite collaboration avec ses territoires pour renforcer les partenariats existants, a dit le représentant, précisant que les dirigeants élus et d’autres représentants des territoires d’outremer sont invités tous les ans à participer à la réunion annuelle du Conseil ministériel conjoint qui a reçu un mandat clair pour assurer le suivi des dispositions prévues par ce Document.  Le communiqué conjoint invite notamment le Royaume-Uni à veiller au développement politique, économique, social et en termes d’éducation de ses territoires, et la promotion du droit à l’autodétermination des populations et à en garantir la sécurité et la bonne gouvernance.  Le représentant britannique a par ailleurs fait remarquer que  l’appartenance à la famille des territoires d’outremer britanniques implique aussi des responsabilités, comme le respect de l’état de droit et des droits de l’homme, et la livraison de services de base de qualité et l’établissement de communautés solides et prospères. 

Revenant sur le référendum de 2013 dans les Îles Falkland, il a rappelé que la population locale avait exprimé, dans une grande majorité, son souhait de rester un territoire britannique.  À ce propos, le représentant a salué le communiqué conjoint de l’Argentine et du Royaume-Uni du 13 septembre 2016 dans lequel l’Argentine a accepté de prendre les mesures appropriées pour lever tous les obstacles au développement des Îles Falkland, notamment en matière de pêche, de commerce et d’hydrocarbures, et que ces îles établissent des liaisons aériennes avec d’autres pays de la région.

S’agissant de Gibraltar, il a affirmé que le Royaume-Uni n’avait nullement l’intention de s’engager dans des arrangements dans le cadre desquels le peuple de Gibraltar passerait sous la souveraineté d’un autre État sans avoir donné son consentement démocratiquement.  « Le Royaume-Uni n’engagera pas des négociations de souveraineté avec lesquelles Gibraltar ne serait pas satisfait », a-t-il affirmé. !

M. PIERRE BUHLER (France) a rappelé que la France coopérait pleinement avec les Nations Unies sur le dossier calédonien, depuis plus de 20 ans.  Comme chaque année, elle a communiqué en janvier dernier à l’Unité de décolonisation du Secrétariat sa contribution à l’actualisation du document de travail sur la Nouvelle-Calédonie.  Elle a également accueilli à Nouméa, du 1er mars au 31 juillet 2016, à l’initiative de la France, une mission d’expertise de l’ONU dont l’objectif consistait à observer, d’une part, les travaux de révision de la liste électorale spéciale pour l’élection des membres des assemblées de provinces et du congrès dite « liste électorale spéciale provinciale » et, d’autre part, les travaux d’établissement initial de la liste électorale spéciale pour la consultation de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté dite « liste électorale spéciale consultation».  Le bilan de la mission ONU est positif du point de vue de l’État et des partenaires calédoniens, a estimé le représentant français.  Si des améliorations du mode de fonctionnement des commissions ont été proposées, les experts de l’ONU n’ont relevé aucune fraude en matière électorale.  Attaché au bon déroulement du processus politique et démocratique qui doit conduire le peuple calédonien à se prononcer d’ici à 2018 sur sa destinée et, partant, son maintien, ou non, au sein de la République française, mon gouvernement s’est d’ores et déjà approprié les recommandations formulées par la mission d’experts et met en œuvre des mesures destinées à les décliner concrètement, a-t-il assuré.

L’État français, qui veille à assurer pleinement son rôle d’arbitre, reste un partenaire attentif et bienveillant de la Nouvelle-Calédonie, a poursuivi le représentant.  Il participe au rééquilibrage de cette collectivité, en maintenant à un niveau très important sa contribution financière en faveur du développement du territoire.  Il veille aussi à l’exercice régulier par les autorités locales de leurs compétences et à la prise en compte des spécificités de la coutume kanak. L’accord de Nouméa a été traduit juridiquement dans la loi organique du 19 mars 1999 qui a instauré une nouvelle répartition des compétences entre l’État et la Nouvelle-Calédonie.  La France a également procédé à un transfert progressif de ses compétences de manière irréversible, a indiqué le représentant, précisant que tout transfert s’accompagne d’une compensation par l’État des moyens humains, matériels et financiers nécessaires à l’exercice de ces compétences.  Sur le sujet des relations extérieures, il est à noter que la Nouvelle-Calédonie a été récemment admise comme membre plein du Forum des Îles du Pacifique à l’unanimité des dirigeants Océaniens réunis en sommet à Ponape.

En conclusion, le représentant a réaffirmé que l’État français demeurait particulièrement investi dans l’accompagnement des Néo-Calédoniens vers les choix qu’ils devront formuler d’ici à 2018 et a annoncé que son gouvernement mobiliserait prochainement une nouvelle mission d’assistance aux travaux de révision des listes électorales spéciales prévue en 2017.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a jugé consternant qu’on soit obligé de faire face encore en 2016 à des situations de colonialisme, rappelant l’histoire de son pays qui a obtenu l’indépendance au prix d’un million de morts.  Il a regretté la situation du Sahara occidental en tant que dernier territoire colonisé du continent africain et affirmé que le seul moyen de mettre fin à ce conflit est de garantir le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la résolution 1514 de l’Assemblée générale.  Il a déclaré que le Sahara occidental n’avait aucun lien de souveraineté territoriale avec aucun pays, ce qui avait été souligné par un avis consultatif de la Cour internationale de Justice en 1975.  « Le courage et la patience du peuple sahraoui ne peuvent plus être mis à rude épreuve », a-t-il dit, avant d’appeler les parties à trouver une solution politique respectueuse des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Il a estimé qu’il était urgent de lancer un cinquième cycle de négociations, mais aussi d’envoyer une mission d’observation au Sahara occidental.  Tant que la question du Sahara occidental n’aura pas été  réglée, il faudra suivre étroitement la situation des droits de l’homme dans ce territoire et l’exploitation de ses ressources naturelles, a conclu le représentant.     

Pour M. OMAR HILALE (Maroc), le Royaume du Maroc a irréversiblement récupéré les provinces sahariennes du Sud par le biais de la négociation et de la signature de l’Accord de Madrid, avec l’Espagne, qui a été déposé auprès du Secrétaire général de l’ONU le 18 novembre 1975 et reconnu par la résolution 3458 B de l’Assemblée générale, le 10 décembre 1975.  Suite à la décolonisation du Sahara marocain et à son retour légitime « à la mère patrie du Maroc », la question du Sahara était censée être retirée de l’ordre du jour des Nations Unies, puisque c’est le Maroc qui l’y a introduite.  C’était toutefois sans compter avec  « les visées hégémoniques » de l’Algérie sur l’Afrique du Nord, au mépris de l’histoire commune et des exigences de bon voisinage, a expliqué M. Hilale.  Après avoir appelé au respect à la lettre de la résolution 1514 sur l’autodétermination, le représentant marocain a souligné que, selon la Charte des Nations Unies, « tant que le Conseil de sécurité remplit, à l’égard d’un différend, les fonctions qui lui sont attribuées par la Charte, l’Assemblée générale ne doit faire aucune recommandation sur ce différend ou cette situation, à moins que le Conseil de sécurité ne le lui demande ».  Dans cette optique, a poursuivi le représentant marocain, la Quatrième Commission aurait dû se dessaisir de la question du Sahara depuis 1988, date de prise en charge de ce dossier par le Conseil de sécurité en tant que « différend sous le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies relatif au règlement pacifique des différends », et non pas en tant que question de décolonisation.  Pour le Maroc et le Conseil de sécurité, a indiqué le représentant, ce différend régional émane d’un référentiel juridico-politique consacré et d’un fondement historique reconnu.

Tout cela pour dire que « le Sahara a toujours été et restera éternellement marocain », a précisé le représentant.  C’est un sentiment que semblent partager les concitoyens de la région du Sahara qui ont participé, vendredi dernier, aux élections législatives nationales qui se sont déroulées dans un climat démocratique, libre et transparent, et leur ont  permis d’élire leurs vrais représentants au Parlement Marocain.  Ce faisant, ils ont exercé leur droit à l’autodétermination, a relevé le représentant.  En outre, a-t-il affirmé, la légitimité populaire et démocratique acquise par ces élus en fait les véritables représentants des populations du Sahara marocain, « contrairement à une minorité qui réside hors partie et qui tente de s’autoproclamer représentant de ces populations ».  Après avoir réaffirmé que son gouvernement œuvrait avec détermination pour parvenir à une solution politique à ce différend régional, dans le cadre du processus mené depuis 2007, sous l’égide exclusive du Conseil de sécurité, le représentant a rappelé les termes de l’initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara, proposée par son pays pour « débloquer l’impasse ».  Il a accusé « les autres parties » de privilégier le statu quo et de s’attacher à des positions enterrées par le Conseil de sécurité et le Secrétaire général de l’ONU.  Il a également estimé que l’Algérie devrait assumer ses responsabilités et agir en fonction de ce qu’elle est réellement « une partie principale à ce différend ».  « Elle ne peut continuer à tirer les ficelles, à faire des propositions dans les bureaux du Secrétariat de l’ONU, sans les assumer, et de faire avorter tous les efforts de solution, tout en se cachant derrière une prétention surréaliste de pays observateur-que personne ne croit », a-t-il ajouté.  Pour le Maroc, l’initiative d’autonomie est et restera la seule et unique option pour parvenir à un règlement politique de ce différend.

Droits de réponse

Le représentant de l’Argentine a réitéré les propos du Président de l’Argentine à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2016 pour rappeler que les Îles Malvinas, Géorgie du Sud, Sandwich du Sud, ainsi que les espaces maritimes environnants font partie intégrante du territoire argentin.  Il a dénoncé l’occupation illégale de ces territoires par le Royaume-Uni, avant de rappeler que les résolutions des Nations Unies invitent le Royaume-Uni et l’Argentine à reprendre un dialogue sur l’ensemble des questions de l’Atlantique Sud.  

En réponse à l’intervention du représentant du Maroc, le représentant de l’Algérie a rappelé que des résolutions des Nations Unies ont demandé dès 1975 le retrait des troupes marocaines du Sahara occidental.  Il s’est demandé pourquoi le Maroc refuse d’accueillir une mission d’enquête dans la région et pourquoi le Maroc refuse la possibilité d’un référendum « s’il est tellement persuadé de ses propos ».  

Le représentant du Maroc a précisé que le référendum a été jugé inapplicable par le Secrétaire général Kofi Annan en raison du désaccord sur le corps électoral.  Il a indiqué que le terme référendum a été banni dans les textes du Conseil de sécurité depuis 2003.  Il a indiqué que Human Rights Watch et Amnesty international parlent des violations des droits de l'homme dans les camps de Tindouf, avant d’ajouter que les élections se sont tenues dans le calme au Sahara occidental le 4ºseptembreº2015.  Il a précisé qu’une région du Sahara occidental est aujourd’hui dirigée par un ancien du Front Polisario.             

Reprenant la parole, le représentant de l’Algérie s’est étonné que le représentant du Maroc ait estimé que la Quatrième Commission n’avait pas à s’occuper de cette question.  Il a demandé pourquoi le Maroc ne souhaitait pas des pourparlers directs avec le Front Polisario.

Reprenant la parole, le représentant du Maroc a rappelé que l’inapplicabilité du référendum a été citée dans le rapport du Secrétaire général S/2000/131 de février 2000.  Il a regretté que le Front Polisario ne soit qu’un instrument politique, ajoutant que l’Algérie était responsable de cette situation.  « C’est parce que l’Algérie est responsable de cette situation que nous devons discuter avec l’Algérie », a insisté le représentant du Maroc.     

Projet de résolution VI sur la question des Tokélaou

Par ce texte, l’Assemblée générale prendrait acte de la décision prise en 2008 par le Fono général de différer l’examen de toute action future visant l’autodétermination et de renouveler les efforts et l’attention apportés par la Nouvelle-Zélande et les Tokélaou à l’amélioration et à la consolidation des services essentiels et de l’infrastructure des atolls des Tokélaou afin de garantir au peuple tokélaouan une amélioration de sa qualité de vie et des perspectives qui s’offrent à lui.

Elle se féliciterait des progrès accomplis depuis 2004 en ce qui concerne le transfert de compétences aux trois taupulega (conseils villageois), et note qu’il est prévu de débattre encore des recommandations figurant dans le document relatif à l’examen de la politique en matière de transfert des pouvoirs élaboré en 2012.

Elle constaterait que la Nouvelle-Zélande continue de s’efforcer sans relâche de répondre aux besoins socioéconomiques du peuple tokélaouan, notamment par la mise en œuvre du Projet sur les énergies renouvelables des Tokélaou et d’un nouveau service de transport maritime, et que le Programme des Nations Unies pour le développement et l’Organisation mondiale de la Santé apportent leur appui et leur coopération à cet égard.

L’Assemblée générale constaterait aussi que les Tokélaou ont besoin du soutien continu de la communauté internationale et souhaitent prendre part aux débats sur le programme de développement pour l’après-2015, les conséquences des changements climatiques et la protection de l’environnement et des océans

Elle inviterait la Puissance administrante et les institutions des Nations Unies à continuer de prêter assistance aux Tokélaou, à mesure qu’elles continuent de se développer.

DÉCISIONS SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Aux termes du projet de résolution I (A/71/23-chapitre XII) relatif aux « Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies », adopté par 156 voix pour, une voix contre (Sierra Leone) et six abstentions (France, États-Unis, Royaume-Uni, République centrafricaine, Guinée-Bissau et Israël), l’Assemblée générale prierait les puissances administrantes concernées, conformément aux obligations qui découlent pour elles de la Charte, de communiquer ou de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général, à titre d’information, sous réserve des exigences de sécurité et de considérations d’ordre constitutionnel, des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle des territoires en question, notamment sur la constitution, la loi ou le décret régissant le gouvernement du territoire et les relations constitutionnelles entre celui-ci et la Puissance administrante, dans les six mois suivant l’expiration de l’exercice administratif dans ces territoires.

Explications de vote avant le vote

Le représentant du Royaume-Uni a expliqué que son pays s’était abstenu bien qu’il n’ait aucune opposition au contenu des obligations en matière de renseignements à fournir.  Toutefois, le Royaume-Uni estime que la question de savoir si les territoires non autonomes ont atteint un niveau suffisant est de la compétence du territoire non autonome et de la Puissance administrante, et non celle de l’Assemblée générale.

Aux termes du projet de résolution II  (A/71/23 – Chapitre XIII) relatif aux « Activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes », adopté par 157 voix pour, deux contre (États-Unis et Israël) et deux abstentions (Royaume-Uni et France), l’Assemblée générale réaffirmerait le droit des peuples des territoires non autonomes à l’autodétermination conformément à la Charte des Nations Unies et à sa résolution 1514 (XV), et qu’il incombe aux puissances administrantes, en vertu de la Charte, d’assurer le progrès politique, économique et social ainsi que le développement de l’instruction dans les territoires non autonomes, et réaffirmerait les droits légitimes des peuples de ces territoires sur leurs ressources naturelles.  Elle demanderait de nouveau à tous les gouvernements qui ne l’ont pas encore fait de prendre des mesures législatives, administratives ou autres à l’égard de ceux de leurs ressortissants et des personnes morales relevant de leur juridiction qui possèdent ou exploitent dans les territoires non autonomes des entreprises préjudiciables aux intérêts des habitants de ces territoires, afin de mettre fin aux activités de ces entreprises.  Elle demanderait en outre aux puissances administrantes de veiller à ce que l’exploitation des ressources marines et autres ressources naturelles des territoires non autonomes qu’elles administrent n’enfreigne pas les résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies et n’aille pas à l’encontre des intérêts des peuples de ces territoires.

Explication de vote

Le représentant de l’Argentine a rappelé que l’applicabilité de cette résolution dépend du fait de savoir si le droit à l’autodétermination peut s’appliquer au territoire concerné, ce qui suppose qu’il y ait un peuple soumis à une domination coloniale.  Si tel n’est pas le cas, comme dans le cas des Îles Malvinas où les habitants ont été implantés par la Puissance occupante, le Royaume-Uni, et les populations locales expulsés, ce principe ne peut s’appliquer.  Dans ce litige particulier de souveraineté, la solution passe par la négociation entre les deux parties concernées (Royaume-Uni et l’Argentine), comme l’Assemblée générale l’a demandé dans ses résolutions relatives à cette question.

Aux termes du projet de résolution III (A/71/23 – Chapitre XIII) intitulé « Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies », adopté par 112 voix pour et 50 abstentions, l’Assemblée générale engagerait les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies qui ne l’ont pas encore fait à fournir une aide aux territoires non autonomes dès que possible.  Elle prierait les institutions spécialisées et les autres organes et organismes des Nations Unies, ainsi que les organisations régionales, de s’employer, dans le cadre de leurs mandats respectifs, à renforcer le soutien déjà apporté aux territoires non encore autonomes et à élaborer des programmes d’assistance propres à y accélérer les progrès dans les secteurs économique et social.  Elle prierait en outre les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies intéressés de fournir des informations sur: les problèmes environnementaux auxquels se heurtent les territoires non autonomes; les effets qu’ont sur ces territoires les catastrophes naturelles, telles que les ouragans et les éruptions volcaniques, et d’autres problèmes environnementaux, tels que l’érosion des plages et des côtes et la sécheresse; les moyens d’aider ces territoires à lutter contre le trafic de stupéfiants, le blanchiment d’argent et d’autres activités illégales et criminelles; et l’exploitation illégale des ressources marines et autres ressources naturelles des territoires et la nécessité d’utiliser ces ressources au profit de la population de ces territoires.

Le délégué britannique a indiqué que les statuts des agences apportant une aide humanitaire aux populations des territoires non autonomes devaient être respectés.  C’est pourquoi mon pays s’est abstenu, a-t-il dit.

Le délégué de l’Argentine a affirmé que la résolution qui vient d’être adoptée doit être mise en œuvre dans le respect des textes fondamentaux relatifs à la décolonisation.

Aux termes du projet de résolution (A/C.4/71/L.3) portant sur les « Dispositifs offerts par les États Membres aux habitants des territoires non autonomes en matière d’études et de formation », adopté sans vote, l’Assemblée générale inviterait tous les États à offrir ou à continuer d’offrir aux habitants des territoires qui n’ont pas encore accédé à l’autonomie ou à l’indépendance des aides généreuses pour leurs études et leur formation, et à chaque fois que possible, à contribuer au financement des voyages que devront faire les futurs étudiants.  Elle prierait instamment les puissances administrantes de prendre des mesures efficaces pour que l’information concernant les moyens d’étude et de formation offerts par des États soit diffusée largement et régulièrement dans les territoires qu’elles administrent et d’accorder toutes les facilités nécessaires aux étudiants qui voudraient se prévaloir de ces offres.

Explication de vote avant le vote

Le représentant de l’Union européenne s’est félicité de l’accord trouvé entre le Maroc et l’ONU sur le retour de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) à sa pleine fonctionnalité.  Dans ce contexte, il a encouragé les parties à continuer de coopérer avec la MINURSO.  Il a salué les efforts de l’Envoyé spécial Christopher Ross pour faire avancer le processus de paix et s’est félicité de l’adoption de la résolution 2285 du Conseil de sécurité.  Il a aussi exhorté les parties à faire preuve de volonté politique, notamment en permettant la mise en œuvre des résolutions 1754, 1783, 1813, 1781, 1920, 1979, 2044, 2099, 2152 et 2218 du Conseil de sécurité.  Par ailleurs, le représentant a encouragé les parties à collaborer davantage avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans la mise en œuvre des mesures de confiance (CBM).  « Nous soutenons la demande du Conseil de sécurité pour que le HCR maintienne l’examen d’un enregistrement des réfugiés dans les camps de Tindouf », a déclaré le représentant de l’Union européenne.  Il a aussi salué les progrès accomplis dans le passé dans la mise en œuvre des mesures de confiance, principalement l’augmentation du nombre des bénéficiaires de visites familiales par voie aérienne, les cinq séminaires culturels organisés au Portugal et la tenue de cinq réunions d’évaluation à Genève sur la mise en œuvre du plan d’action des mesures de confiance.  Il a salué la décision du Maroc d’adhérer à l’Union africaine, avant de se dire préoccupé par les conséquences du conflit au Sahara Occidental pour la sécurité et la coopération dans la région.  

Le représentant du Royaume-Uni, sur les huit territoires britanniques, a dit regretter que le Comité des 24 continue de maintenir son approche obsolète et ne tient pas compte de la relation moderne qui existe entre ses territoires d’outremer.

Aux termes du projet de résolution (A/C.4/71/L.4) relatif à la « Question du Sahara occidental », adopté sans vote, l’Assemblée générale appuierait le processus de négociation initié par la résolution 1754 (2007) du Conseil de sécurité et soutenu par les résolutions du Conseil 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014) ,2218 (2015) et 2285 (2016) en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, et louerait les efforts déployés à cet égard par le Secrétaire général et son Envoyé personnel pour le Sahara occidental.

Elle se féliciterait de ce que les parties se soient engagées à continuer de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin d’entrer, de bonne foi et sans conditions préalables, dans une phase de négociation plus intensive, en prenant note des efforts consentis et des faits nouveaux survenus depuis 2006, assurant ainsi l’application des résolutions du Conseil de sécurité 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015) et 2285 (2016) et le succès des négociations.

Elle se féliciterait également des négociations qui ont eu lieu entre les parties les 18 et 19 juin 2007, les 10 et 11 août 2007, du 7 au 9 janvier 2008 et du 16 au 18 mars 2008 en présence des pays voisins et sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies.  En outre, l’Assemblée générale inviterait les parties à coopérer avec le Comité international de la Croix-Rouge et à s’acquitter de leurs obligations au regard du droit international humanitaire.

Par le projet de résolution VI sur la question des Tokélaou, qui a été adopté sans vote, l’Assemblée générale prendrait acte de la décision prise en 2008 par le Fono général de différer l’examen de toute action future visant l’autodétermination et de renouveler les efforts et l’attention apportés par la Nouvelle-Zélande et les Tokélaou à l’amélioration et à la consolidation des services essentiels et de l’infrastructure des atolls des Tokélaou afin de garantir au peuple tokélaouan une amélioration de sa qualité de vie et des perspectives qui s’offrent à lui

Elle se féliciterait des progrès accomplis depuis 2004 en ce qui concerne le transfert de compétences aux trois taupulega (conseils villageois), et note qu’il est prévu de débattre encore des recommandations figurant dans le document relatif à l’examen de la politique en matière de transfert des pouvoirs élaboré en 2012.

Elle constaterait que la Nouvelle-Zélande continue de s’efforcer sans relâche de répondre aux besoins socioéconomiques du peuple tokélaouan, notamment par la mise en œuvre du Projet sur les énergies renouvelables des Tokélaou et d’un nouveau service de transport maritime, et que le Programme des Nations Unies pour le développement et l’Organisation mondiale de la Santé apportent leur appui et leur coopération à cet égard;.

L’Assemblée générale constaterait aussi que les Tokélaou ont besoin du soutien continu de la communauté internationale et souhaitent prendre part aux débats sur le programme de développement pour l’après-2015, les conséquences des changements climatiques et la protection de l’environnement et des océans.

Elle inviterait la Puissance administrante et les institutions des Nations Unies à continuer de prêter assistance aux Tokélaou, à mesure qu’elles continuent de se développer.

Adoption de projets de résolution sur les questions des territoires non autonomes des Samoa américaines, d’Anguilla, des Bermudes, des Îles Vierges britanniques, des Îles Caïmanes, de Guam, de Montserrat, de Pitcairn, de Sainte-Hélène, des Îles Turques et Caïques et des Îles Vierges américaines

La Commission a adopté, sans vote, une série de projets de résolution spécifiques à chacun de ces territoires non autonomes.  Contrairement aux années précédentes, il ne s’agit pas d’une « résolution omnibus » en plusieurs parties, mais de résolutions séparées, qui comportent toutefois des éléments communs, répétés dans chaque texte.

Ainsi, aux termes de chacun des projets de résolution, l’Assemblée générale est invitée par le Comité à réaffirmer le droit inaliénable du peuple du territoire concerné à l’autodétermination, conformément à la Charte des Nations Unies et à sa résolution 1514 (XV) contenant la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, le « caractère incontournable » du principe de l’autodétermination dans le processus de décolonisation dudit territoire et le fait que ce principe constitue aussi un droit fondamental reconnu par les conventions pertinentes relatives aux droits de l’homme.

En outre, l’Assemblée générale est invitée à réaffirmer « qu’en fin de compte, c’est au peuple » du territoire concerné lui-même « qu’il appartient de déterminer librement son futur statut politique, conformément aux dispositions applicables de la Charte, de la Déclaration et de ses résolutions pertinentes ».  À cet égard, l’Assemblée générale demanderait à la Puissance administrante d’agir en coopération avec le gouvernement du territoire et les organes compétents du système des Nations Unies pour mettre au point des programmes d’éducation visant à faire prendre conscience à la population de son droit à l’autodétermination, compte tenu des différents statuts politiques légitimes envisageables sur la base des principes clairement définis dans sa résolution 1541 (XV) et ses autres résolutions et décisions pertinentes.

Par ailleurs, chaque projet de résolution prévoit que l’Assemblée générale, « prenant en considération le Programme de développement durable à l’horizon 2030, y compris les objectifs de développement durable », soulignerait qu’il importe de stimuler le développement économique et social durable du territoire, en encourageant une croissance économique soutenue, partagée et équitable, en ouvrant des perspectives à tous, en réduisant les inégalités, en améliorant les conditions de vie de base, en favorisant un développement social équitable pour tous et en promouvant une gestion intégrée et durable des ressources naturelles et des écosystèmes qui contribue, notamment, au développement économique, social et humain, tout en facilitant la conservation, la régénération et la reconstitution des écosystèmes ainsi que la résilience face aux nouveaux défis.  Elle engagerait vivement la Puissance administrante à « s’abstenir de mener des activités illicites, néfastes et non productives, y compris de faire du territoire un paradis fiscal, car elles ne correspondent pas aux intérêts du peuple du territoire ».

De même, dans tous les projets de résolution, l’Assemblée générale prie la Puissance administrante d’aider le territoire à mener à bien ses activités de sensibilisation de la population, conformément à l’alinéa b de l’Article 73 de la Charte, et invite à cet égard les organismes compétents des Nations Unies à fournir une assistance à ce territoire s’il en fait la demande. 

S’agissant du projet de résolution VII sur les Samoa américaines, adopté sans vote, l’Assemblée générale constaterait avec satisfaction qu’en 2015, le Gouverneur des Samoa américaines a invité le Comité spécial à envoyer une mission de visite dans le territoire, demanderait à la Puissance administrante de faciliter cette mission, si tel est le souhait du gouvernement du territoire, et prierait le Président du Comité de prendre toutes les mesures nécessaires à cette fin.  Le projet de résolution rappelle par ailleurs que les Samoa américaines continuent d’être le seul territoire des États-Unis à recevoir une assistance financière de la Puissance administrante pour le fonctionnement du gouvernement territorial.

Pour ce qui est du projet de résolution VII relatif à Anguilla, adopté sans vote, la Commission invite l’Assemblée générale à se féliciter des préparatifs en vue de l’adoption de la nouvelle constitution et à souhaiter vivement que la réforme constitutionnelle entreprise avec la Puissance administrante ainsi que les consultations publiques aboutissent le plus rapidement possible.  L’Assemblée générale prierait la Puissance administrante d’aider le territoire, s’il en fait la demande, à faire avancer le processus interne de révision de la Constitution.  Elle insisterait sur l’importance du souhait précédemment exprimé par le gouvernement du territoire que le Comité spécial envoie une mission de visite, demanderait à la Puissance administrante de faciliter une telle mission, si tel est le souhait du gouvernement du territoire, et prierait le Président du Comité de prendre toutes les mesures nécessaires à cette fin.

En ce qui concerne le projet de résolution IX sur les Bermudes, qui a été adopté sans vote, l’Assemblée générale est invitée à souligner l’importance du rapport de la Commission pour l’indépendance des Bermudes de 2005, qui examine de près les faits entourant l’indépendance, et à continuer de regretter que les plans d’organisation de réunions publiques et de présentation d’un livre vert à l’Assemblée puis d’un livre blanc exposant les propositions politiques en faveur de l’indépendance des Bermudes ne se soient pas encore concrétisés.  En outre, l’Assemblée générale engagerait vivement la Puissance administrante à s’abstenir de mener des activités illicites, néfastes et non productives, y compris de faire du territoire un paradis fiscal, car elles ne correspondent pas aux intérêts du peuple du territoire.

S’agissant du projet de résolution X sur les Îles Vierges britanniques, qui a été adopté sans vote, l’Assemblée générale est invitée à rappeler la Constitution des Îles Vierges britanniques de 2007, et souligne qu’il importe de poursuivre les débats sur les questions d’ordre constitutionnel afin d’accorder au gouvernement du territoire de plus grandes responsabilités dans la mise en œuvre effective de cette Constitution et les initiatives visant à faire mieux connaître ces questions.  En outre, l’Assemblée générale engage vivement la puissance administrante à s’abstenir de mener des activités illicites, néfastes et non productives, y compris de faire du territoire un paradis fiscal, car elles ne correspondent pas aux intérêts du peuple du territoire.

Par le projet de résolution XI sur les Îles Caïmanes, qui a été adopté sans vote, l’Assemblée générale est invitée à réaffirmer qu’il incombe à la Puissance administrante de promouvoir le développement économique et social et de préserver l’identité culturelle du territoire, et à lui demander de s’employer activement à obtenir et à utiliser efficacement toute l’assistance possible, dans le cadre d’arrangements tant bilatéraux que multilatéraux, en vue de renforcer l’économie de ce territoire.

Aux termes du projet de résolution XII sur Guam, adopté sans vote,  l’Assemblée générale se féliciterait de la convocation de la Commission de la décolonisation pour l’application et l’exercice de l’autodétermination du peuple chamorro, ainsi que de ce qu’elle continue de faire en vue du référendum sur l’autodétermination et de ses efforts de sensibilisation du public.  Elle inviterait une fois de plus la Puissance administrante à tenir compte de la volonté exprimée par le peuple chamorro, soutenue par les électeurs guamiens lors du référendum de 1987 et ultérieurement inscrite dans le droit guamien, au sujet des efforts d’autodétermination des Chamorros, l’encouragerait, ainsi que le gouvernement du territoire, à entamer des négociations sur cette question et soulignerait qu’il faut continuer à suivre de près la situation globale dans le territoire.

L’Assemblée générale prierait la Puissance administrante, agissant en coopération avec le gouvernement du territoire, de continuer à transférer des terres aux propriétaires initiaux du territoire, de continuer à reconnaître et à respecter les droits politiques et l’identité culturelle et ethnique du peuple chamorro de Guam et de prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre aux préoccupations du gouvernement du territoire concernant la question de l’immigration.

Le projet de résolution XIII sur Montserrat, adopté sans vote, demande à l’Assemblée générale de rappeler la Constitution de Montserrat de 2011, ainsi que les mesures prises par le gouvernement du territoire pour consolider les acquis prévus par ladite Constitution.  Le préambule du document note que la Puissance administrante et le gouvernement du territoire continuent d’agir pour remédier aux conséquences de l’éruption volcanique de 1995 -qui avait entraîné l’évacuation des trois quarts des habitants vers des secteurs sûrs de l’île et hors du territoire– dont il constate avec préoccupation les conséquences qui continuent de se faire ressentir sur l’économie de l’île.  Il relève aussi que Montserrat continue de recevoir de la Puissance administrante une aide budgétaire pour assurer le fonctionnement du gouvernement du territoire et rappelle qu’il importe d’améliorer l’infrastructure de Montserrat et de rendre l’île plus facile d’accès.

S’agissant du projet de résolution XIV relatif à Pitcairn, adopté sans vote, l’Assemblée générale est invitée à saluer tous les efforts de la Puissance administrante et du gouvernement territorial allant dans le sens d’un plus grand transfert de responsabilités opérationnelles au territoire en vue d’accroître progressivement son autonomie, notamment par la formation du personnel local, ainsi que le travail accompli pour la préparation d’un plan quinquennal de développement stratégique de l’île.

Le projet de résolution XV sur Sainte-Hélène, adopté sans vote, demande à l’Assemblée générale de souligner l’importance de la Constitution du territoire de 2009 et du renforcement de la démocratie et de la conduite avisée des affaires publiques.  Le préambule du texte rappelle notamment la déclaration faite par la représentante de Sainte-Hélène au Séminaire de la région des Caraïbes tenu à Managua en mai 2015, selon laquelle le territoire ne souhaitait pas l’indépendance étant donné qu’il disposait déjà d’un gouvernement dûment constitué, et le fait que la représentante s’était déclarée préoccupée par les conséquences néfastes potentielles de la construction d’un aéroport, notamment l’installation d’un nombre croissant de familles expatriées dans le territoire et l’absence de plan spécifique pour la mise en place d’une liaison aérienne ou maritime entre Sainte-Hélène et les îles voisines.

S’agissant du projet de résolution XVI relatif aux Îles Turques et Caïques, adopté sans vote, l’Assemblée générale est invitée à réaffirmer son soutien au plein rétablissement de la démocratie dans le territoire et aux travaux de la Commission de révision de la Constitution en ce sens.  À cette fin, l’Assemblée générale prendrait note des efforts faits par la Puissance administrante pour rétablir une bonne gouvernance, notamment grâce à l’introduction d’une nouvelle constitution en 2011, à la tenue d’élections en novembre 2012 et à une gestion financière saine dans le territoire.  Elle prendrait également note des positions et des appels répétés de la Communauté des Caraïbes et du Mouvement des pays non alignés en faveur de l’établissement d’un gouvernement du territoire élu démocratiquement et du plein rétablissement de la démocratie dans le territoire, selon les modalités fixées par la population, noterait que le débat engagé sur la réforme constitutionnelle se poursuit dans le territoire.  Elle soulignerait qu’il importe que tous les groupes et toutes les parties intéressées participent à ces consultations, et qu’il faut mettre en place dans le territoire une constitution qui reflète les aspirations et les vœux de sa population, en se fondant sur les mécanismes de consultation populaire.

Enfin, aux termes du projet de résolution relatif XVII relatif aux Îles Vierges américaines, adopté sans mise aux voix, l’Assemblée générale est invitée à prier la Puissance administrante de faciliter le processus d’approbation par le Congrès des États-Unis du projet de constitution du territoire présenté en 2009 à l’issue des travaux de la cinquième Assemblée constituante des Îles Vierges américaines et qui lui a été soumis pour examen, ainsi que son application, une fois qu’il aura été approuvé dans le territoire. 

Par le projet de résolution XVIII, intitulé « Question de la Nouvelle-Calédonie », adopté sans vote, tel que oralement amendé, la Commission recommande à l’Assemblée générale de noter les préoccupations exprimées sur les difficultés rencontrées dans le déroulement des élections provinciales du 11 mai 2014, concernant les diverses interprétations qui continuent d’être faites des dispositions relatives au corps électoral restreint et la procédure d’appel en matière d’inscription sur les listes électorales.  L’Assemblée devrait encourager la Puissance administrante et les Néocalédoniens à répondre à l’amiable et pacifiquement aux préoccupations de tous les intervenants conformément à la législation en vigueur dans le territoire et en France, tout en respectant et en faisant respecter l’esprit et la lettre de l’Accord de Nouméa.

L’Assemblée générale devrait aussi considérer que des mesures appropriées pour l’organisation des consultations futures sur l’accession à la pleine souveraineté, y compris l’établissement de listes électorales justes, régulières, crédibles et transparentes, comme prévu par l’Accord de Nouméa, sont indispensables à la réalisation d’un acte libre, équitable et authentique d’autodétermination conforme à la Charte ainsi qu’aux principes et aux pratiques de l’Organisation des Nations Unies.  À cet égard, elle devrait se féliciter du dialogue continu mené par les parties dans le cadre du Comité des signataires de l’Accord de Nouméa pour définir les modalités de réalisation d’un acte incontestable d’autodétermination, notamment l’établissement d’une liste électorale, conformément aux dispositions de l’Accord.  L’Assemblée devrait prendre note avec intérêt de la tenue à Paris, le 5 juin 2015, d’une réunion extraordinaire du Comité des signataires au sujet du processus d’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, en particulier des listes électorales en vue du référendum et des questions connexes.

Par le projet de résolution XIX sur la « Question de la Polynésie française », adopté sans vote, l’Assemblée générale, consciente des importantes retombées sanitaires et environnementales des essais nucléaires pratiqués dans le territoire par la Puissance administrante pendant 30 ans et des inquiétudes que suscitent dans le territoire les conséquences de ces activités sur la vie et la santé des populations, en particulier des enfants et des groupes vulnérables, et sur l’environnement de la région, réaffirmerait qu’en fin de compte c’est à la population de la Polynésie française elle-même qu’il appartient de déterminer librement son futur statut politique.  Elle encouragerait la Puissance administrante à faciliter l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans le territoire.  En outre, elle déplorerait que la Puissance administrante n’ait pas donné suite à la demande qui lui avait été faite de soumettre au sujet de la Polynésie française les renseignements visés à l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte et la prierait d’intensifier son dialogue avec la Polynésie française afin de favoriser la mise en place rapide d’un processus d’autodétermination équitable et effectif, dans le cadre duquel seront arrêtés le calendrier et les modalités de l’adoption d’un acte d’autodétermination.

Par le projet de résolution II relatif à la « Diffusion d’informations sur la décolonisation » adopté par 157 pour, 3 contre (États-Unis, Israël et Royaume-Uni) et 2 abstentions (France et Togo), l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de développer davantage l’information fournie sur le site Web de l’Organisation concernant la décolonisation et de continuer à y inclure la série complète de rapports des séminaires régionaux sur la décolonisation, les déclarations faites et les documents spécialisés présentés lors de ces séminaires, ainsi que des liens vers l’ensemble des rapports du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

L’Assemblée générale prierait le Département de l’information de continuer de mettre à jour les informations affichées sur le site Web concernant les programmes d’aide destinés aux territoires non autonomes.  Elle prierait le Département des affaires politiques et le Département de l’information de mettre en œuvre les recommandations du Comité spécial et de continuer à prendre les mesures voulues en utilisant tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision et Internet– pour faire connaître l’action de l’Organisation dans le domaine de la décolonisation.  L’Assemblée générale prierait tous les États, y compris les puissances administrantes, d’accélérer la diffusion des informations sur la décolonisation.

Explications de vote

Le représentant du Royaume-Uni a dit avoir voté contre ce texte parce qu’il s’agit d’une dépense inconsidérée des fonds de l’ONU.

L’Argentine a dit appuyer fermement le droit à l’autodétermination des peuples toujours sous occupation coloniale ou étrangère.  Cette résolution doit être interprétée conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Comité de la décolonisation.  De l’avis de sa délégation, la question relative aux Malvinas est spéciale et relève d’un litige de souveraineté entre la République d’Argentine et le Royaume-Uni, qui ne peut être résolu que par des négociations bilatérales, en gardant à l’esprit les intérêts légitimes de la population des îles. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.