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Soudan du Sud: le regain de violences dans le pays éloigne la perspective d’un règlement politique du conflit, selon le Représentant spécial

7930e séance – matin  
CS/12802

Soudan du Sud: le regain de violences dans le pays éloigne la perspective d’un règlement politique du conflit, selon le Représentant spécial

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, M. David Shearer, a fait état, ce matin devant le Conseil de sécurité, d’une situation alarmante dans ce pays où l’intensification des violences éloigne davantage encore la perspective d’un règlement politique du conflit qui y fait rage depuis décembre 2013.

Le personnel de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), qu’il dirige, « fait l’expérience de certaines des situations et conditions de vie les plus difficiles » dont M. Shearer a été le témoin dans plusieurs zones de conflit à travers le monde.  

« À l’heure actuelle, les 12 000 Casques bleus et les 2 000 policiers de la MINUSS protègent plus de 220 000 civils déplacés dans six sites dans le pays, dont le plus important, situé à Bentiu, forme désormais la deuxième zone urbaine du pays », a-t-il précisé.  Il y a actuellement 3,5 millions de personnes déplacées à travers tout le pays.

Ces civils fuient les affrontements répétés auxquels se livrent le Mouvement/l’Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS) au Gouvernement loyal au Président Salva Kiir et des groupes armés, en particulier le M/APLS dans l’opposition, dirigé par M. Riek Machar, ex-Vice-Président du Soudan du Sud limogé en juillet 2013 et réfugié à l’étranger.

« En lieu et place d’un effort concerté en vue d’instaurer un cessez-le-feu, nous assistons à une intensification du conflit depuis le mois dernier », a déploré le Représentant spécial, en attirant l’attention sur les violences perpétrées dans la ville de Wau et dans les Équatorias, mais aussi dans le Haut-Nil et à Jongleï.

Début avril, le meurtre de soldats de l’Armée populaire de libération du Soudan par les forces de l’opposition a déclenché des représailles de la part des forces gouvernementales à Wau, les violences étant le plus souvent commises en fonction de l’appartenance ethnique des victimes, provoquant des vagues de déplacements supplémentaires, a relaté M. Shearer.

Dans les Équatorias, à la suite d’une embuscade attribuée au M/APLS dans l’opposition, les forces gouvernementales ont répondu en faisant irruption dans les maisons, en pillant magasins, hôpitaux et écoles, et « presque toujours », en se livrant à des violences sexuelles, a poursuivi le haut fonctionnaire. 

Dans ces deux États sud-soudanais, « 60 000 civils fuient chaque mois en Ouganda », un exode à l’origine d’une véritable hémorragie d’agriculteurs et d’une raréfaction préoccupante des récoltes, dans un pays qui souffre comme ses voisins des effets délétères de la sécheresse.  

Pour le Groupe d’experts du Comité des sanctions applicables au Soudan du Sud, « l’Accord d’août 2015 a de facto volé en éclats », a résumé le Président de cet organe subsidiaire du Conseil, M. Gorgui Ciss, du Sénégal.  D’après les experts, les manœuvres militaires du M/APLS au Gouvernement, placé sous la conduite du Président Salva Kiir, ont de loin été « les plus importantes ».

Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont vigoureusement condamné les restrictions aux déplacements et les obstacles bureaucratiques imposés par le Gouvernement sud-soudanais aux organisations humanitaires dans un pays qui est « le plus meurtrier de la planète » pour les personnels de secours, 80 d’entre eux au moins ayant trouvé la mort en trois ans et demi de conflit, a relevé le Représentant spécial.

Le Japon a regretté que le Président n’ait toujours pas annoncé de cessez-le-feu unilatéral comme il en avait été décidé dans le communiqué du Sommet de l’Autorité intergouvernementale pour le développement le 25 mars dernier. 

De son côté, l’Éthiopie, qui fait partie de cette organisation régionale, a contesté l’affirmation du Groupe d’experts selon laquelle la région serait « divisée » dans sa réponse au conflit sud-soudanais, même si elle a reconnu la nécessité de combler certaines lacunes.

Devant ce que certains ont interprété comme un manque de volonté politique des parties, le Conseil ne devait pas hésiter à utiliser les sanctions ciblées contre les acteurs sud-soudanais lorsque la situation le justifie, a estimé le représentant de la France.  

Le Groupe d’experts a d’ailleurs recommandé l’imposition d’un embargo sur les armes au Soudan du Sud, a rappelé le Président du Comité des sanctions, sanctions qui consistent actuellement en un gel d’avoirs et en des interdictions de voyager.

La représentante des États-Unis a déploré qu’aucune des mesures demandées par la déclaration présidentielle adoptée par le Conseil de sécurité le 23 mars dernier n’ait été prise par les parties au conflit jusqu’à présent.  « Aucune », a-t-elle répété.  « De nouvelles souffrances et de nouveaux combats ont récompensé notre patience », a-t-elle ironisé.  « Combien de temps allons-nous continuer d’adopter des déclarations qui restent lettre morte », a lancé la représentante, en plaidant comme le Royaume-Uni pour un embargo sur les armes.

S’adressant aux membres du Conseil qu’elle a accusés de rester « inactifs » face au Président Salva Kiir, la déléguée américaine les a exhortés à agir, sous peine de voir le Gouvernement soudanais devenir le premier bénéficiaire des divisions du Conseil. 

Opposée à l’idée d’un embargo, la Fédération de Russie a considéré « injuste » de rejeter sur le seul Gouvernement provisoire d’union nationale la responsabilité des violences en cours.

Pour le Représentant spécial, le déploiement de la force de protection régionale au sein de la MINUSS, demandé par le Conseil dans la déclaration du 23 mars dernier, permettrait de libérer des ressources pour poursuivre la présence des opérations au-delà de la capitale Djouba, partout où sa présence est nécessaire.  « Cependant, nous devrions rester réalistes dans nos attentes: si 4 000 soldats de plus renforceront la capacité de la Mission, ils opéreront en grande partie selon des règles d’engagement similaires », a tempéré M. Shearer.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Lettre datée du 17 avril 2017, adressée à la Présidente du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2017/328)

Déclarations

M. DAVID SHEARER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, a dit que chacun des bureaux de la Mission des Nations Unies (MINUSS) dans ce pays, qu’il dirige depuis trois mois, fait face à des défis uniques sur les plans politique, ethnique et humanitaire.  « Et au sein de chacun de ces bureaux, le personnel de la Mission fait l’expérience de certaines des situations et des conditions de vie les plus difficiles dont j’ai été le témoin au cours des nombreuses années que j’ai passées dans les zones de conflit à travers le monde », a-t-il déclaré. 

Il a illustré son propos en évoquant le cas d’un convoi avec à son bord des articles de première nécessité qui a mis plus de deux semaines pour parcourir les 1 000 kilomètres qui séparent Djouba de Bentiu, non seulement en raison de l’état des routes, mais aussi de la nécessité de négocier au travers des plus de 90 points de passage, officiels ou non. 

À l’heure actuelle, les 12 000 Casques bleus et 2 000 policiers de la MINUSS protègent plus de 220 000 civils déplacés dans six sites dans le pays.  Le plus important d’entre eux, celui de Bentiu, constitue désormais la deuxième zone urbaine du Soudan du Sud, a précisé le haut fonctionnaire.  Au cours des derniers jours, la devise nationale a été brutalement dévaluée, mettant le Gouvernement en difficulté pour s’acquitter de ses obligations financières. 

Et en dépit des risques d’instabilité auxquels sont exposées toutes les régions du pays, les parties n’ont déployé aucun effort concerté en vue d’instaurer un cessez-le-feu.  « En lieu et place, nous avons assisté à une intensification du conflit depuis le mois dernier », a déploré M. Shearer. 

Ainsi, les forces gouvernementales ont-elles répondu aux attaques de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition et d’autres groupes armés, notamment à Wau et dans les Équatorias.  Dans d’autres domaines, en revanche, les opérations de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), comme celles lancées dans le Haut-Nil et à Jonglei, sont plus stratégiques et consistent à s’emparer des zones d’opposition.

Début avril, le meurtre de soldats de l’APLS par les forces de l’opposition a déclenché des représailles de la part des forces gouvernementales dans la ville de Wau.  Plusieurs témoins ont signalé que l’APLS a abattu de nombreuses victimes après leur avoir demandé de faire connaître leur affiliation ethnique.  Plus de 15 000 civils se sont réfugiés sur le site de protection adjacent de la base de la MINUSS, tandis que 5 000 autres se sont dirigés vers l’église catholique de Wau.  La MINUSS a renforcé ses capacités de protection avec des troupes supplémentaires et renforcé ses patrouilles.

Dans les Équatorias, les attaques de l’opposition se sont concentrées sur les véhicules situés sur les principaux axes d’approvisionnement.  À la suite d’une embuscade attribuée à l’APLS dans l’opposition, les forces gouvernementales ont répondu en faisant irruption dans les maisons, en pillant des magasins, des hôpitaux et des écoles, et « presque toujours », en se livrant à des violences sexuelles.  

Encore une fois, garçons et hommes étaient pris pour cible sur la base de critères ethniques.  Depuis le début de l’année, 60 000 civils fuient chaque mois en Ouganda, la plupart des agriculteurs, dont l’exode se traduit par des pertes considérables des récoltes.

Face à cette escalade, la MINUSS a renforcé ses activités de protection, multipliant les patrouilles intégrées dans les zones les plus touchées par le conflit.  Malheureusement, barrages routiers et obstacles bureaucratiques limitent considérablement la mobilité de la MINUSS, en dépit d’efforts louables de la part de Casques bleus en plusieurs occasions salués par le Représentant spécial. 

Le déploiement de la force régionale de protection libérera des ressources pour poursuivre la présence des opérations au-delà de Djouba, a assuré M. Shearer.  « Cependant, nous devrions rester réalistes dans nos attentes: 4 000 soldats supplémentaires augmenteront notre capacité, mais opéreront en grande partie selon des règles d’engagement similaires », a-t-il tempéré. 

Qualifiant de « désastreuses » les conséquences humanitaires de la violence, il a estimé qu’elles étaient imputables à l’homme, contrairement aux autres pays de la région victimes de la famine provoquée par la sécheresse.  En outre, rien qu’au cours du dernier mois, trois attaques contre des travailleurs humanitaires ont été recensées, tuant 10 personnes, a-t-il déploré.

Seule une solution politique pourra sortir le Soudan du Sud de cette situation, a insisté M. Shearer.  Malheureusement, a-t-il dit, aucune partie n’a manifesté d’intérêt à relancer l’Accord de paix.  Si l’annonce par le Président Kiir d’un dialogue national a été saluée, le scepticisme demeure.  Un médiateur indépendant est essentiel, de même que la nécessité d’intégrer toutes les circonscriptions, y compris celles qui se trouvent à l’extérieur du pays », a analysé le haut fonctionnaire.

« Le processus politique au Sud-Soudan n’est pas mort, mais il faut le réanimer de manière significative.  La MINUSS œuvrera avec ses partenaires aux possibilités de parvenir à une solution viable pour mettre un terme aux hostilités et aux souffrances du peuple sud-soudanais.  Pour ce faire, il lui faudra aussi le soutien du Conseil de sécurité, qui devra parler d’une voix contre l’état actuel de la situation. »

M. GORGUI CISS (Sénégal), Président du Comité créé par la résolution 2206 (2015) concernant le Soudan du Sud, a indiqué que le Groupe d’experts avait estimé que l’accord d’août 2015 avait de facto volé en éclats.  Le conflit au Soudan du Sud devient de plus en plus asymétrique, tandis que le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS) au Gouvernement, le M/APLS dans l’opposition et d’autres groupes armés ont tous mené des opérations militaires au premier trimestre 2017, a-t-il dit.  Les manœuvres militaires par le M/APLS au Gouvernement sous la conduite du Président Salva Kiir ont de loin été les plus importantes, a indiqué le Président.

Il a précisé que les violations du droit international avaient continué sans relâche et ce, dans un climat d’impunité quasi totale.  Au moins 100 000 Sud-Soudanais sont en train de mourir de faim et un million d’autres sont au bord de la famine, a-t-il déploré.  Le Président a constaté que le Soudan du Sud était le pays le plus meurtrier de la planète pour les agents humanitaires, au moins 80 humanitaires ayant trouvé la mort depuis le début du conflit en décembre 2013.

Le Président a rappelé les recommandations du Groupe d’experts formulées dans son rapport final, dont l’imposition d’un embargo sur les armes au Soudan du Sud.  Le Groupe a également recommandé que la Commission de l’ONU sur les droits de l’homme au Soudan du Sud bénéficie de tout l’appui juridique et médico-légal nécessaire pour s’acquitter de son mandat et collecter et analyser les preuves de violations du droit international, a poursuivi le Président.  « Comme ces deux recommandations étaient adressées au Conseil, le Comité n’a pris aucune décision à leur sujet. »

Le Comité a pris note de la recommandation d’envisager d’inscrire d’autres individus et entités sur la liste, ainsi que de la possibilité d’adresser une lettre aux États membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour leur rappeler l’obligation qui s’attache à l’application des mesures relatives à l’interdiction de voyager et au gel des avoirs définies par la résolution 2206 (2015), a-t-il poursuivi.

Enfin, il a livré la teneur des consultations que le Comité a eues avec l’ancienne Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Mme Leila Zerrougui, et l’ancienne Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Zainab Hawa Bangura.

Mmes Bangura et Zerrougui ont estimé que la situation au Soudan du Sud demeurait d’autant plus désastreuse que l’impunité était générale, a-t-il dit.  Selon Mme Bangura, le Comité a un rôle important à jouer, en donnant suite à la menace de sanctions à l’encontre des auteurs de violences sexuelles en adoptant réellement des mesures ciblées contre les auteurs occupant des postes de haut commandement, a-t-il conclu.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est déclaré préoccupé par la situation très « sombre » au Soudan du Sud, où l’absence de progrès est assourdissante, comme en témoignent les événements survenus à Wau, illustrant l’« apathie » des parties pour mettre fin au conflit.  Il s’est désolé de constater que les premières victimes du conflit sont les communautés prises pour cible en raison de leur appartenance ethnique, s’élevant contre le fait que ce conflit se déroule dans le mépris le plus total du droit international humanitaire. 

Après avoir fustigé l’absence de coopération du Gouvernement, le représentant a souligné l’impact de ce conflit sur les jeunes de ce pays, un sur quatre étant une personne déplacée désormais.  Alors que nous sommes plus loin que jamais de l’Accord de paix de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), M. Rycroft a encouragé l’Union africaine et l’IGAD à convenir d’un « plan d’action clair » pour mettre fin au conflit. 

À la question « sommes-nous prêts à laisser la situation se détériorer encore? » le délégué a répondu « non », en appelant les pays voisins à se mobiliser pour faire pression sur les parties au conflit.  Il a en conclusion apporté son appui à des sanctions ciblées.

Mme MAHLET H. GUADEY (Éthiopie) s’est dite extrêmement préoccupée par la détérioration constante de la situation sécuritaire et humanitaire au Soudan du Sud.  Le haut niveau d’insécurité et la sécheresse font que de nombreux Sud-Soudanais sont en insécurité alimentaire, a-t-elle dit.  Elle a jugé vitale la cessation des hostilités et de la violence afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et tenir un dialogue inclusif véritable pour instaurer une paix durable.

Il est important que le Gouvernement honore ses engagements en vue d’un cessez-le-feu unilatéral, a-t-elle déclaré, en exhortant les autres parties à cesser les combats.  Appelant de ses vœux une intensification du processus de paix, Mme Guadey a souligné la contribution précieuse que pourrait apporter à cet égard l’initiative de dialogue national.

Elle a insisté sur l’importance de l’unité entre l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine et l’ONU pour une paix durable au Soudan du Sud.  Si elle a compris les « frustrations » grandissantes de la communauté internationale face à la situation sur le terrain, Mme Guadey a indiqué que les trois organisations précitées n’avaient pas d’autre choix que de redoubler d’efforts.

La déléguée a affirmé que les pays voisins, qui font face à un afflux de réfugiés sud-soudanais, pouvaient jouer un rôle important dans la résolution de la situation dans le pays.  Des progrès ont été récemment accomplis dans l’élaboration d’une approche régionale, comme l’atteste le récent Sommet de l’IGAD, a-t-elle noté.  « C’est pourquoi l’affirmation du Groupe d’experts dans son rapport final, selon laquelle la région est divisée dans sa réponse au conflit sud-soudanais, ne nous paraît pas refléter la réalité. »  La représentante éthiopienne a néanmoins reconnu qu’il y avait eu des lacunes, avant d’ajouter que les pays de la région s’efforçaient de les combler.

Enfin, s’agissant de la force de protection régionale, elle a affirmé que son pays travaillait avec le Département des opérations de maintien de la paix pour accélérer le déploiement d’un bataillon d’infanterie et appelé l’ONU et le Gouvernement sud-soudanais à surmonter les défis qui entravent le déploiement de ladite force.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé qu’en dépit des divergences de vues des membres du Conseil de sécurité sur la situation au Soudan du Sud, un consensus demeure quant à l’importance de revitaliser la solution politique au conflit et de mettre fin aux violences perpétrée contre les civils. 

Pourtant, rien ne s’est pour l’heure concrétisé pour garantir la cessation des hostilités par les parties, malgré la médiation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union africaine, mais aussi les bons offices du Secrétaire général de l’ONU.  Peut-être devrions-nous exhorter les parties à cesser les hostilités pour une période préliminaire de trois mois en vue de relancer le dialogue, a proposé M. Aboulatta. 

Tout retard supplémentaire pour projeter un horizon politique serait en effet gravement dommageable, a prévenu le représentant, en se disant préoccupé de voir les réunions du Conseil sur ce sujet prendre une tournure « routinière ». 

Il a en outre exigé des parties qu’elles s’engagent à garantir la sécurité des civils et des personnels humanitaires, en soulignant l’importance pour la MINUSS de bénéficier d’un accès sans entraves pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat. 

« Le Conseil sait bien que le vide découlant de l’effondrement de l’État ne peut donner lieu qu’au chaos », a lancé le délégué en conclusion, en appelant à faire preuve d’unité sur ce dossier.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a invité la communauté internationale à agir au Soudan du Sud selon deux axes, le premier étant de protéger les civils.  La communauté internationale doit mettre en œuvre la cessation des hostilités, assurer l’accès humanitaire aux populations civiles, pleinement soutenir la MINUSS et imposer un embargo sur les armes, a-t-il dit.  M. Delattre a indiqué que la France était favorable depuis longtemps à cet embargo.  « Il s’agit d’un impératif tant pour la protection des civils que pour l’établissement d’un environnement propice à un dialogue politique réel. »

Le deuxième axe étant la recherche d’une solution politique, le délégué a déclaré qu’il fallait être lucide, les acteurs sud-soudanais privilégiant toujours l’approche militaire et le processus politique continuant de stagner.  « Il est de la responsabilité du Gouvernement de transition et d’unité nationale, qui est issu de l’Accord de paix de 2015, comme tous les acteurs sud-soudanais concernés, de le mettre en œuvre. » 

Le délégué a estimé que le dialogue national devait inclure dans les discussions toutes les composantes politiques de la population, ainsi que la société civile, et être mené de manière « transparente, impartiale et indépendante ».  Il a plaidé dans le même temps pour une mobilisation constante de la communauté internationale, en premier lieu l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine et le Conseil.

Enfin, M. Delattre a déclaré que le Conseil ne devait pas hésiter à utiliser les sanctions ciblées lorsque la situation le justifie.  « Le Conseil devra tirer toutes les conséquences nécessaires si ses attentes n’étaient pas prises en compte par les acteurs sud-soudanais », a-t-il conclu. 

M. KORO BESSHO (Japon) a déploré la situation actuelle au Soudan du Sud, en particulier les violences perpétrées par l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) contre les civils, les restrictions constantes aux mouvements des personnels de la MINUSS, et la famine, rappelant que 3,5 millions de personnes sont désormais déplacées à travers le pays.  Il a également dénoncé le meurtre de travailleurs humanitaires, 14 rien qu’en 2017. 

Par ailleurs, le délégué a regretté que le Président Salva Kiir, qui a pourtant assisté en personne au Sommet de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) du 25 mars dernier, n’ait toujours pas annoncé un cessez-le-feu unilatéral comme il en avait décidé dans le communiqué issu de cette réunion. 

Dans ce contexte, l’engagement de la région est d’une importance cardinale pour adresser un message au Soudan du Sud, a estimé M. Bessho, qui n’a pas seulement appelé de ses vœux des efforts renouvelés sur le plan bilatéral, mais aussi de la part de l’Union africaine et de l’IGAD. 

Il s’est félicité de l’hospitalité des pays voisins qui accueillent sur leur territoire 1,7 million de réfugiés sud-soudanais.  S’il a également salué les initiatives prises pour renforcer les capacités de la MINUSS, le Japon a toutefois considéré qu’elles devaient s’accompagner d’efforts significatifs de la part du Gouvernement pour coopérer avec elle, notamment pour l’aider au déploiement de la force de protection régionale.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a rappelé qu’il y a un mois le Conseil avait adopté une déclaration présidentielle détaillant notamment les actions attendues de la part du Gouvernement.  Depuis, la situation n’a fait que se dégrader, a-t-il déploré.  Le cessez-le-feu n’est pas devenu réalité, l’exode des Sud-Soudanais s’est poursuivi et le dialogue national a été retardé indéfiniment, a poursuivi le délégué.  Il a en outre déploré les nombreuses violations de l’Accord de paix de 2015. 

Le représentant italien a appelé les parties à permettre le déploiement immédiat de la force de protection régionale et les acteurs de la région à agir rapidement pour une cessation des hostilités.  Il n’y a pas de paix et de sécurité au Soudan du Sud, tandis que les incidences du conflit sont toujours plus déstabilisantes pour la région, a-t-il noté.

Enfin, le représentant a déclaré que le Conseil devra dans quelques semaines examiner avec attentions les options à sa disposition pour ramener une paix durable au Soudan du Sud. 

M. WU HAITAO (Chine) a apporté son soutien à la recherche d’un règlement politique, « seule issue à la crise au Soudan du Sud », avec le soutien de l’Union africaine, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’ONU.  Il faut en outre, selon lui, aider la MINUSS à mieux s’acquitter de son mandat. 

C’est la raison pour laquelle le représentant s’est félicité du plan du Secrétaire général visant à restructurer le mandat de la Mission, soulignant que les niveaux de coopération avec le Soudan du Sud et les pays de la région doivent être renforcés pour lui permettre d’accroître son efficacité sur le terrain. 

Par ailleurs, pour la Chine, le Conseil de sécurité doit adresser des messages plus « enthousiastes et positifs », toute mesure prise par cet organe devant être propice aux efforts de médiation entrepris par l’Union africaine et l’IGAD, tandis que la communauté internationale doit fournir une aide efficace à la population civile. 

La Chine a ainsi annoncé qu’elle compte fournir au Programme alimentaire mondial (PAM) une aide d’un montant de 5 millions de dollars pour acheter 250 000 tonnes de riz, destinés aux Sud-Soudanais.

M. OLOF SKOOG (Suède) a appelé les belligérants au Soudan du Sud, qui sont engagés dans une véritable « guerre d’usure », à réaliser qu’il ne peut y avoir qu’une solution politique au conflit.  Une adhésion immédiate au cessez-le-feu par toutes les parties est cruciale pour ouvrir la voie à un processus de paix substantiel, a-t-il dit, en appelant l’ONU, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à appuyer un tel processus.  

Le délégué a jugé inacceptable que le Soudan du Sud demeure l’un des pays les plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires.  Il a appelé toutes les parties à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international et à permettre un acheminement sans entraves de l’aide humanitaire.  Soulignant l’importance d’une bonne reddition de comptes au Soudan du Sud, M. Skoog a appuyé l’idée d’un plein appui juridique et médico-légal à la Commission de l’ONU sur les droits de l’homme dans le pays.

Enfin, le représentant de la Suède a exhorté le Conseil à rester uni et à assumer ses responsabilités en vue de « briser la spirale de la violence au Soudan du Sud ».

Après avoir salué les efforts déployés par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union africaine au Soudan du Sud, M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) s’est déclaré partisan du principe consistant à rechercher des solutions africaines aux problèmes africains.  Selon lui, Djouba aurait continué, au cours de la période à l’examen, de cultiver une attitude « positive » vis-à-vis de la MINUSS. Le représentant a toutefois encouragé le Gouvernement à accélérer les procédures de délivrance des visas. 

Préoccupé par la situation catastrophique sur le plan humanitaire, M. Iliichev s’est félicité de la déclaration récemment faite par le Président sud-soudanais Salva Kiir pour faciliter l’arrivée de l’aide dans les régions les plus isolées.  Outre les problèmes de sécurité, des conditions météorologiques défavorables sont aussi à l’origine de la situation actuelle dans le pays, mais aussi en Somalie, a poursuivi le délégué russe. 

Celui-ci a ensuite considéré « injuste » de rejeter sur le seul Gouvernement provisoire d’union nationale la responsabilité des violences en cours, alors qu’il aurait annoncé un cessez-le-feu unilatéral, ce que l’opposition n’a pas encore fait de son côté, a-t-il estimé.  « Notre position reste inchangée en matière de sanctions », a poursuivi le représentant, en estimant qu’une paix durable ne sera apportée que par un règlement négocié. 

Il a dénoncé en conclusion l’« ambivalence » de certains membres du Conseil favorables à l’embargo sur les armes, qu’il a accusés d’armer certaines parties au conflit.

M. CISS (Sénégal), au nom de son pays, a exhorté les parties, à l’aune de la détérioration de la situation au Soudan du Sud, à reprendre le dialogue et à mettre en œuvre l’accord sur la résolution du conflit.  Le processus de dialogue national, s’il s’avère inclusif, libre et transparent, pourrait jouer un rôle clef dans le retour de la paix, a-t-il déclaré.  Il a noté les « progrès pratiques » dans les préparatifs du déploiement de la Force régionale de protection, avec « la première vague qui sera bientôt à Djouba » et l’attribution par le Gouvernement du deuxième terrain requis pour la base nord de la Force.

« Nous demandons néanmoins davantage de coopération sur la répartition des tâches de la Force à Djouba et encourageons les autorités sud-soudanaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour le déploiement sans plus tarder de cette dernière », a-t-il poursuivi.  Le délégué a invité ces autorités à établir un guichet unique pour traiter les demandes de visas et d’autorisations de la MINUSS.

Enfin, le représentant du Sénégal a exhorté les acteurs armés à cesser immédiatement les hostilités et à permettre à la Mission et aux agents humanitaires d’accéder aux civils qui ont besoin d’aide.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a exprimé sa plus profonde préoccupation devant l’extrême gravité de la situation au Soudan du Sud, exhortant les parties à une cessation des hostilités immédiate.  Il a estimé que le Gouvernement portait la responsabilité première de s’acquitter de cette obligation.  Pour que la reprise du dialogue national soit viable, les violences doivent cesser dans tout le pays, a souligné le représentant. 

Selon lui, le Conseil de sécurité a adopté le mois dernier une déclaration présidentielle dans laquelle il avait proposé des mesures, la première étant le « respect immédiat du cessez-le-feu permanent par toutes les forces des parties au conflit et tous les autres groupes armés », mais dont la mise en œuvre se fait toujours attendre, comme en témoignent les innombrables violations des droits de l’homme qui sont perpétrées dans une « impunité totale ».  Sans compter, a souligné le représentant, la situation humanitaire catastrophique. 

Les conditions de vie des déplacés internes doivent être plus que jamais des raisons d’opérationnaliser et de déployer la Force d’intervention régionale, a plaidé M. Bermúdez.  Il est, selon lui, inacceptable que la Mission et les acteurs humanitaires continuent de se heurter à de nombreuses entraves dans leurs déplacements, les empêchant de s’acquitter pleinement de leur mandat. 

Il a donc appelé les parties à respecter la résolution 2327 (2016), qui exige notamment « de toutes les parties qu’elles mettent immédiatement un terme aux combats dans l’ensemble du Soudan du Sud ».

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a appuyé les efforts du Secrétaire général pour l’instauration d’une paix durable au Soudan du Sud et salué le rôle clef joué par les organisations régionales, telles que l’Autorité intergouvernementale pour le développement.  Il a exhorté le Gouvernement à respecter le cessez-le-feu, avant de plaider pour un processus politique sans exclusive répondant aux revendications légitimes des Sud-Soudanais.  

L’appui constant apporté par l’Union africaine est essentiel pour le succès du processus de dialogue, a soutenu le délégué.  Il a souligné l’importance de la lutte contre l’impunité et d’une bonne reddition de comptes au Soudan du Sud.  À cet égard, le représentant bolivien a demandé l’application du chapitre 5 de l’Accord de paix de 2015 et l’établissement d’un tribunal mixte.

S’agissant de la Force de protection régionale, le délégué a salué les progrès accomplis dans son déploiement.  Enfin, il a souligné l’importance d’une intensification des efforts pour remédier à la situation humanitaire et au risque de famine au Soudan du Sud, en particulier dans l’État de l’Unité.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a rappelé que la MINUSS ne pouvait se substituer à un processus politique, considérant que seul un dialogue inclusif et transparent, ainsi que la mise en œuvre de l’Accord de paix, pouvait déboucher sur une véritable réconciliation et poser les fondations de l’état de droit au Soudan du Sud. 

Regrettant lui aussi les entraves aux mouvements de la MINUSS, il a rappelé au Gouvernement sud-soudanais les obligations qui sont les siennes en tant que pays hôte au titre de l’accord sur le statut des forces.  Le représentant a estimé que les opérations de la Mission seraient grandement facilitées par le déploiement de la force de protection régionale.

Aussi s’est-il déclaré satisfait par le consentement donné par le Président Sava Kiir, lors d’une réunion avec le Président de l’Union africaine les 26 et 27 mars derniers, au principe du déploiement de ladite force.  Le délégué a attiré l’attention sur le sort des enfants au Soudan du Sud, visés par une violence « sans précédent » dans le pays.  Il a rappelé que l’ONU estimait à près de 16 000 le nombre de ceux qui avaient été enrôlés par les parties au conflit depuis 2013. 

Préoccupé par la détérioration continue de la situation sécuritaire dans la ville de Wau et ailleurs au Soudan du Sud, M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a appelé les parties au conflit à ouvrir une enquête pour établir les responsabilités dans les massacres et autres violations du droit international humanitaire.  Selon lui, il est crucial d’exercer une pression additionnelle sur les parties pour qu’elles cessent les hostilités et créer les conditions propices à la livraison de l’aide humanitaire.

Sa délégation s’est dite déçue de constater qu’en dépit de nombreuses promesses de la part du Gouvernement, les restrictions aux mouvements des personnels de la MINUSS se poursuivaient, l’empêchant de mener à bien son mandat.  Au regard de la détérioration de la situation sécuritaire au Soudan du Sud, notamment en raison de la montée en puissance des milices, la Mission devrait pouvoir répondre à tous les scénarios possibles, a-t-il analysé. 

En tant que pays contributeur de troupes, l’Ukraine a donc salué les efforts significatifs déployés pour renforcer la capacité de la MINUSS pour protéger les civils, mieux répondre aux situations de crises et renforcer la sûreté des personnels.

Mme NIKKI HALEY (États-Unis) a rappelé que 20 millions de personnes étaient menacées par la famine dans le monde, dont 1,5 million au Soudan du Sud.  La famine dans ce pays ne découle pas de la sécheresse mais du comportement des dirigeants qui privilégient leurs intérêts, de la persistance des conflits, de l’assassinat des travailleurs humanitaires et du refus d’accès aux médicaments, a-t-elle dit.  Elle a déploré qu’aucune des mesures demandées par la déclaration présidentielle adoptée fin avril n’ait été prise par les parties au conflit. « Aucune. »   

Il n’y a pas de cessez-le-feu, les atteintes aux droits de l’homme se multiplient, atteintes dont le Gouvernement est le principal responsable, a-t-elle poursuivi.  Elle a rappelé que le Soudan du Sud demeurait le pays le plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires.  Le Conseil a demandé aux parties d’œuvrer pour parvenir à un règlement politique, or elles n’ont rien fait, a souligné Mme Haley.

Elle a estimé que la déclaration précitée venait grossir le rang des déclarations du Conseil restées lettre morte.  « Notre patience a été récompensée par de nouvelles souffrances et de nouveaux combats », a-t-elle ironisée.  « Combien de temps allons-nous continuer d’adopter des déclarations qui sont ignorées? »

La déléguée a exhorté le Conseil à utiliser tous les moyens à sa disposition pour remédier à cette situation et plaidé pour un embargo sur les armes, avant d’exhorter les acteurs régionaux à agir avec l’urgence adéquate. Le moment est venu pour les dirigeants sud-soudanais de placer le sort de la population au-dessus de leurs intérêts personnels et pour ce Conseil d’agir, alors que ses demandes continuent d’être ignorées, a –t-elle poursuivi.

S’adressant aux membres du Conseil, Mme Haley a déclaré que ceux-ci ne faisaient rien, malgré leurs déclarations, pour faciliter le travail du Représentant spécial, en restant inactifs face au Président Salva Kiir.  « Vous demandez le dialogue national alors qu’il n’y en a pas », a-t-elle accusé.  Elle les a exhortés à agir pour que les déclarations du Conseil ne restent pas lettre morte, estimant que le Gouvernement soudanais était le premier bénéficiaire des divisions du Conseil.  « Si vous voulez que la situation change au Soudan du Sud, ne vous contentez pas de vœux pieux et agissez », a conclu Mme Haley.  

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: les délégations encouragent le DPI à informer le public sur les enjeux actuels et à respecter le multilinguisme

Trente-neuvième session,
2e et 3e séances – matin & après-midi
PI/2200

Comité de l’information: les délégations encouragent le DPI à informer le public sur les enjeux actuels et à respecter le multilinguisme

Le Département de l’information de l’ONU (DPI) doit continuer à diffuser les messages de l’ONU sur les enjeux prioritaires de notre époque et à élargir leur portée à travers le multilinguisme, ont déclaré en substance les délégations au deuxième jour de débat général au Comité de l’information. 

D’après la Fédération de Russie, il faut veiller à définir les priorités en fonction de leur pertinence actuelle, comme la lutte contre les extrémismes, le règlement des conflits et la consolidation de la paix.  « Face au risque de radicalisation de la jeunesse dans certaines régions du monde », elle a souhaité que le DPI engage davantage la jeunesse et les établissements d’enseignement supérieur.

Les médias et le public doivent être encouragés à s’intéresser aux objectifs de développement durable et aux effets de la mondialisation, de même qu’aux questions d’une civilisation ouverte aux différences, a insisté pour sa part la Chine.  L’Inde et le Pakistan se sont penchés sur la façon dont le Département communique sur le domaine phare du maintien de la paix, rappelant qu’ils font partie des principaux contributeurs de Casques bleus.

Le Portugal a insisté sur une diffusion des informations dans le plus de langues possible, y compris en portugais.  Les intervenants sont en effet beaucoup revenus sur la question de la parité, en particulier dans les six langues officielles de l’ONU et s’agissant des communiqués de presse.

Mais le Portugal a voulu que le DPI reflète dans sa stratégie de communication la place de sa langue dans le monde.  C’est une langue mondiale, la plus parlée dans l’hémisphère Sud.  C’est la langue officielle de neuf pays sur quatre continents, représentant 260 millions de locuteurs environ.

Grâce à son portail Web en portugais, le Centre d’information des Nations Unies à Rio de Janeiro est devenu, a renchéri le Brésil, la plus importante source d’informations sur les Nations Unies pour les pays lusophones.  Il a incité le Département à renforcer le multilinguisme et à publier en portugais, mais aussi en Bengali, en Hindi, en Kiswahili et dans d’autres langues.

« Le multilinguisme s’appauvrit aux Nations Unies et nous le regrettons », a lancé la Fédération de Russie, locuteur d’une langue officielle de l’ONU.  « Le chinois est encore assez peu utilisé dans les contenus », a renchéri la Chine, locuteur d’une autre langue officielle, aux côtés de l’anglais, de l’arabe, de l’espagnol et du français.

En tant que membre du Groupe des Amis de la langue espagnole, le Paraguay s’est inquiété de l’inégalité qui résulte du fait que les communiqués de presse ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles des Nations Unies.  Il a rejeté l’argument budgétaire, voyant plutôt « d’autres facteurs qu’il faut analyser ».

Tout en reconnaissant l’importance du multilinguisme, les États-Unis ont souligné que l’application de ce principe doit se faire dans le cadre des ressources existantes et des « réalités budgétaires ».  L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a tout de même souligné que le multilinguisme, désormais consacré comme valeur fondamentale des Nations Unies, est une « responsabilité à la fois collective et individuelle », «la garantie d’une action internationale efficace ».

« Nous vous avons bien entendu », a assuré le Secrétaire général adjoint par intérim à la communication mondiale et Chef du Département de l’information (DPI).  Alors qu’il s’agit de faire plus dans les limites des ressources existantes, a indiqué M. Maher Nasser, le Secrétaire général demandera dans la proposition de budget 2018-2019 des ressources supplémentaires pour permettre au DPI de satisfaire les besoins en matière de multilinguisme.

Dans sa déclaration de clôture, M. Nasser a aussi clarifié un autre point: les communiqués de presse, qui ne sont ni des traductions ni des procès-verbaux de réunion, sont produits sous une forte pression, soit dans les deux heures après la fin d’une réunion.  « Nos collègues font de leur mieux pour être aussi précis que possible », a-t-il assuré avant d’annoncer demain à 11 heures une présentation multimédia intitulée « Les enfants de Willesden Lane » et à 15 heures, un séminaire intitulé « Désapprendre l’intolérance ».

La prochaine réunion du Comité de l’information sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

Suite du débat général

Déclarations

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a souligné l’importance cruciale de la diffusion d’informations pour promouvoir le développement durable.  Il a attiré, à cet égard, l’attention sur le rôle du multilinguisme, un « thème inhérent à l’existence même des Nations Unies ».  Il a aussi insisté sur les langues autochtones et la diversification des canaux de communication.  Il s’est inquiété de l’inégalité qui résulte du fait que les communiqués de presse ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles des Nations Unies.  Il a rejeté l’argument budgétaire, privilégiant plutôt « d’autres facteurs qu’il faut analyser ».  Se félicitant de la résolution de l’Assemblée générale du 6 décembre 2016, qui demandait au DPI d’élaborer une stratégie pour publier ces communiqués dans les six langues en adoptant des solutions créatives et sans coût supplémentaire, il a souligné qu’il s’agit là d’une solution « valide et pertinente » pour corriger la situation actuelle.

Conscient qu’il reste beaucoup de défis à relever avant de parvenir à la parité linguistique, le représentant a salué le travail qu’accomplit le Département pour promouvoir le multilinguisme dont la retransmission vidéo des séances de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, dans les six langues officielles et dans la langue de l’orateur.  En tant que membre du Groupe des Amis de la langue espagnole, il a voulu une fois encore insisté sur la parité linguistique, avant de rappeler que le caractère bilingue de son pays -espagnol et guaraní– est consacré par la Constitution. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a pris la parole sur un point de procédure.  Le Secrétariat, a-t-il rappelé, a demandé aux délégations de communiquer le texte de leur déclaration deux heures avant leur prononcé.  Sur quoi se fonde cette demande? s’est étonné le représentant, insistant sur la liberté, reconnue aux délégations, de le faire ou pas.  Le règlement intérieur de l’Assemblée générale doit être respecté et des délais qui n’y figurent pas ne sauraient être invoqués, a tancé le représentant.

Mme ZAKHAROVA (Fédération de Russie) a salué les efforts déployés par le Département de l’information (DPI) pour diffuser les activités de l’ONU et les résultats obtenus.  Toutefois, elle a regretté que les aspects analytiques et prévisionnels ne soient pas mentionnés dans les rapports.  Elle a également observé « un déséquilibre entre les chapitres ayant trait aux différents thèmes ». Ainsi les informations sur la lutte contre le terrorisme n’occupent-elles qu’un paragraphe.  Selon elle, il faut veiller à définir les priorités en fonction de leur pertinence actuelle, comme la lutte contre les extrémismes, la résolution des conflits et la consolidation de la paix.

D’autres priorités concernent les activités dans les domaines du développement durable et des changements climatiques, et les déplacements de réfugiés et de migrants, a poursuivi la représentante.  Elle a souhaité voir le DPI renforcer ses efforts pour couvrir les événements consacrés à la victoire sur le nazisme, à la lutte contre le fascisme et les idéologies de haine, notamment « face au risque de radicalisation de la jeunesse dans certaines régions du monde ».  À ce sujet, il faut davantage engager la jeunesse et les établissements d’enseignement supérieur.  Le 17 octobre prochain, a-t-elle annoncé, la Russie accueillera à Sotchi le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, avec la participation de l’ONU.  Un nouvel envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse sera nommé d’ici là, a-t-elle fait remarquer.

Le multilinguisme représente l’un des principes fondamentaux de l’ONU, a insisté Mme Zakharova.  Des séminaires sont organisés à Moscou pour former des traducteurs pour les organisations internationales, a-t-elle précisé, en espérant que le DPI demandera des ressources adéquates pour fournir des services de traduction en russe.  « Le multilinguisme s’appauvrit à l’ONU et nous le regrettons », a-t-elle lancé.  Il faut améliorer la diffusion des contenus en russe sur les réseaux sociaux et s’appuyer sur la section du Centre des nouvelles de l’ONU en russe.  Elle a salué « le grand professionnalisme » de la Radio de l’ONU en langue russe qui a pourtant perdu, depuis le 1er janvier dernier, 15 minutes d’émission par jour.  La représentante a d’ailleurs noté que les chapitres du rapport du DPI consacrés à la radio et à Internet ne parlent pas du service en russe.

De manière générale, a considéré la représentante, il faut redoubler d’efforts pour développer des outils technologiques et de conception graphique sur le site Web pour s’adapter à un public qui change.  Elle a ensuite défendu le rôle des bibliothèques physiques de l’ONU, « qui permettent parfois de lutter contre la propagande ».  Les médias classiques sont encore très importants dans les pays où Internet n’est pas encore bien accessible, a-t-elle ajouté.

En matière de maintien de la paix, a-t-elle estimé, le DPI devrait mieux informer le public sur les opérations menées contre l’État islamique en Syrie.  Pour sa part, la nouvelle direction du Centre d’information des Nations Unies de Moscou n’a pas relâché ses efforts.

Évoquant les rencontres régulières organisées avec les représentants de la presse et de l’ONU, elle a noté de nouvelles initiatives et proposé de réviser le format des dialogues interactifs annuels qui, a-t-elle imaginé, pourraient avoir lieu tous les deux mois, pour débattre, notamment, des contenus et de la traduction des communiqués de presse.

De plus en plus souvent, a déploré Mme Zakharova, « la liberté d’expression, l’impartialité et l’objectivité sont sacrifiées au profit de la conjoncture politique ».  Il faut « lutter contre le phénomène de dégradation de l’espace médiatique pour ne pas revenir à la guerre froide », a-t-elle averti.  « La production de masse de fausses nouvelles est une épidémie qui a besoin d’une riposte concertée. »  La Russie, a-t-elle conclu, proposera un projet de résolution avec des recommandations pour le Département et des « paramètres de lutte contre la désinformation ».

M. SURENDRA THAPA (Népal) a rappelé que la majorité de la population mondiale n’a comme langue maternelle aucune des six langues officielles de l’ONU.  Il a donc encouragé le Département de l’information à élargir son offre linguistique, y compris le népalais.  Il a aussi estimé que les capacités techniques et les infrastructures des centres d’information des Nations Unies devraient être renforcées pour mieux atteindre « les gens ordinaires ».  Au Népal, par exemple, la bibliothèque centrale de l’Université Tribhuvan, qui est dépositaire des publications des Nations Unies, aurait besoin d’être modernisée.  M. Thapa a souligné que les nouveaux médias comme Facebook, Twitter, WhatsApp, ne sont pas toujours accessibles dans les pays en développement et que les supports traditionnels comme la télévision, la radio et la presse écrite restent la première source d’information.  Il a donc souhaité que le Département fasse « le bon dosage » entre les deux types de médias.  Enfin, il a incité le Département à consolider son partenariat avec la société civile.

Mme HWANG (République de Corée) a félicité le DPI pour les progrès accomplis dans sa mission qui consiste à raconter au monde des faits importants par divers moyens de communication et ce, avec des contraintes budgétaires.  Elle a souligné l’importance des centres d’information des Nations Unies en ce qu’ils contribuent considérablement à améliorer l’image de l’ONU aux yeux du grand public, en diffusant des informations aux populations locales dans leurs propres langues. 

La représentante a également souligné la nécessité de cibler les jeunes, faisant valoir que la jeunesse doit jouer un rôle moteur dans la mise en œuvre du vaste programme des Nations Unies.  Elle a, par ailleurs, attiré l’attention sur la participation active de son pays aux activités du DPI, citant le fait que la République de Corée a accueilli l’an dernier deux manifestations: le Symposium de la diplomatie publique des Nations Unies et la soixante-sixième Conférence DPI/NGO.  Elle a salué les efforts du DPI pour renforcer le rôle de l’initiative Impact universitaire qui joue un rôle important pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La représentante a insisté sur ce rôle crucial de l’éducation, en particulier en ces temps où l’extrémisme violent se fait plus fréquent, et salué, une nouvelle fois, Impact universitaire qui fait la promotion du « citoyen du monde ».

M. MIRONCHIK (Bélarus) s’est félicité de voir mentionné, dans le rapport du Secrétaire général sur les stratégies de communication du DPI, l’exemple d’une stratégie réussie que son pays a mise en œuvre: la campagne « Le Bélarus inclusif: ne laisser personne sur le côté dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable ».  Menée de pair avec la société civile et relayée largement par les médias, cette campagne visait les groupes les plus vulnérables de la société, a-t-il expliqué en signalant que 200 manifestations ont été organisées dans ce cadre.  Il a aussi salué la publication de documents des Nations Unies en biélorusse.  Plaidant donc en faveur du multilinguisme, il a mis l’accent sur la qualité de la traduction.  Son pays et l’Azerbaïdjan ont d’ailleurs proposé d’organiser à l’ONU une journée internationale de la traduction, a-t-il rappelé.

Se disant satisfait des progrès accomplis par le DPI, il a rappelé qu’il fallait garantir la pertinence des contenus pour un public donné.  Il a ainsi suggéré une sélection des nouvelles selon le lieu de consultation du site, une mesure qu’on pourrait appeler « l’ONU près de vous ».  Cela se ferait sans coût supplémentaire et aurait l’avantage de traiter de thèmes pertinents, comme Tchernobyl pour sa région ou la montée des eaux pour les pays côtiers.

Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays diffuse des contenus en russe aux Biélorusses, pour que les travaux du système des Nations Unies soient mieux connus.  Il a enfin parlé du Journal des Nations Unies, souhaitant que les informations qui y paraissent soient aussi choisies par les États Membres et pas seulement par le Secrétariat.  Il s’est élevé contre le fait que les délégations ne puissent plus annoncer des expositions.  Il en a d’ailleurs profité pour annoncer une exposition de photos le 26 avril à l’ONU, organisée par le Bélarus, le représentant du PNUD à Minsk et deux grandes ONG, pour soutenir les enfants victimes de Tchernobyl.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a jugé essentiels les travaux du Comité de l’information, du DPI et des centres d’information des Nations Unies pour faire connaître le travail des Nations Unies, ainsi que pour promouvoir la transparence et le principe de responsabilité au sein de l’ONU.  Pour l’élaboration de toute stratégie de communication, elle a recommandé de prendre en compte les contextes informationnels et de rendre les messages accessibles à tous.  Cela lui a fait dire que, si l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications est importante, on ne doit cependant pas laisser de côté les formes traditionnelles de diffusion de l’information. 

La représentante a plaidé pour que les communiqués de presse soient publiés dans les six langues officielles des Nations Unies.  Rappelant la résolution de l’Assemblée générale qui prévoyait l’élaboration d’une stratégie pour arriver à cet objectif, elle a constaté qu’on n’avait à ce jour ni stratégie ni rapport sur cette question.  Mentionnant aussi la requête faite pour la publication du Journal des Nations Unies dans les six langues officielle, elle a estimé que la défense du multilinguisme est un élément crucial de la conception et de la mise en œuvre des activités de diffusion d’informations de l’ONU. 

Parmi les autres questions importantes aux yeux de la délégation cubaine, Mme Rodríguez Camejo a mentionné la diffusion d’informations sur la décolonisation, l’accès aux nouvelles technologies de l’information et des communications, les efforts à mener pour combler le fossé numérique et la nécessité de publier des informations objectives et impartiales, en utilisant les moyens de communication traditionnels.  Elle s’est aussi élevée contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications en violation du droit international.  Elle a déploré « l’agression radiophonique et télévisuelle » des États-Unis contre Cuba, en contradiction avec les principes de la Charte des Nations Unies.  Elle a calculé que, en 2016, il y avait eu 1 875 heures d’émissions illégales par semaine, sur 25 fréquences depuis le territoire des États-Unis.

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a jugé important de continuer à diffuser l’information relative aux objectifs de développement durable dans le plus de langues possible, y compris en portugais.  Évoquant le rôle crucial de l’ONU en matière de « diplomatie publique » et la perception globale de la « marque ONU », elle s’est félicitée du nouveau titre de « Sous-Secrétaire général pour la communication mondiale » attribué au Chef du DPI.  Se référant au message de paix du Secrétaire général, M. António Guterres, largement diffusé le 1er janvier dernier, elle a souligné l’importance d’une approche multilingue pour atteindre les peuples du monde.  Ce message a été distribué en huit langues, dont le portugais.  Il a été traduit dans beaucoup d’autres langues par les centres d’information des Nations Unies et diffusé sur 400 supports de télévision, radio et presse écrite, en ligne et sur les réseaux sociaux.

Mme Pucarinho a mis en valeur le travail accompli par le Centre d’information régional des Nations Unies de Bruxelles pour l’Europe occidentale et par le Centre d’information de Rio de Janeiro, au Brésil.  Elle a encouragé la collaboration des deux centres avec le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) afin de développer des contenus en portugais.  Elle a également souhaité que le DPI renforce ses synergies au sein du monde lusophone et rappelé, à titre d’exemple, la décision de créer un centre d’information à Luanda, en Angola. 

« Le portugais est une langue mondiale », a insisté la représentante.  C’est la langue la plus parlée dans l’hémisphère Sud et c’est la langue officielle de neuf pays sur quatre continents, représentant 260 millions de locuteurs environ.  C’est aussi l’une des langues les plus parlées du monde, en augmentation rapide sur Internet.  Le Portugal souhaite donc voir cet état de fait mieux reflété dans la stratégie de communication de l’ONU, a-t-elle ajouté.  Dans cet esprit, Mme Pucarinho a encouragé le développement de la plateforme multimédia ONU-News en portugais.  Elle a toutefois rappelé l’importance des médias traditionnels.

M. ANDRÉ DUNHAM MACIEL SIAINES DE CASTRO (Brésil) a encouragé le Département de l’information à continuer de diffuser les idéaux et les activités de l’ONU dans le plus de langues possible, en prenant en compte la diversité linguistique entre les pays et les différents niveaux de développement numérique.  Le Département devrait aussi continuer à combiner moyens traditionnels de communication et nouveaux médias, car dans les pays en développement l’accès à Internet reste limité, alors que la radio est présente dans 75% des foyers. 

Le Brésil réaffirme son engagement vis-à-vis du multilinguisme et du principe de parité entre les six langues officielles de l’ONU, a poursuivi le représentant.  Ces six langues, a-t-il toutefois souligné, ne sont parlées que par 40% de la population mondiale.  Il a donc incité le Département à renforcer le multilinguisme et à publier en portugais, en Bengali, en Hindi, en Kiswahili et dans d’autres langues.  Le portugais, a-t-il précisé, est parlé par environ 258 millions de personnes dans le monde.  Il a appuyé les travaux d’ONU-News en portugais, devenu en 2013 une opération multimédia complète.  

Le représentant a souligné ensuite le rôle fondamental des centres d’information des Nations Unies pour mobiliser l’appui des peuples aux travaux de l’ONU, dans leurs propres langues, notamment dans les pays en développement.  Créé en 1947, le Centre de Rio de Janeiro est le plus ancien centre d’Amérique latine.  Grâce notamment à son portail Web en portugais, il est devenu la plus importante source d’information sur les Nations Unies pour les pays lusophones, bien au-delà du Brésil. 

Mettant l’accent sur la participation de la société civile aux travaux de l’ONU, le représentant a rappelé que son pays avait toujours inclus des représentants des peuples autochtones, des femmes, des jeunes et autres dans ses délégations officielles aux manifestations thématiques.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a abordé la question du multilinguisme en se félicitant de l’organisation, par sa délégation avec l’aide du DPI et du Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences (DGACM), d’une manifestation pour marquer la Journée internationale de la langue maternelle, le 21 février 2017.  C’était la première commémoration de cette Journée au Siège de l’ONU, a-t-il dit en soulignant l’intérêt de profiter de cette occasion pour promouvoir le pluralisme, la diversité, la tolérance et l’éducation multilingue.

La notion de « pérennisation de la paix » est une autre notion importante pour l’ONU en 2016, a-t-il poursuivi en souhaitant que le DPI continue à promouvoir cet objectif.  La « culture de la paix et la non-violence » est une question que le DPI doit promouvoir, en particulier auprès des médias, des jeunes et d’une audience élargie.  Le représentant a d’ailleurs demandé au DPI de faire participer davantage d’enfants et de jeunes aux activités de sensibilisation.  Il a aussi appelé le DPI à rester engagé sur la question de la Palestine et du processus de paix au Moyen-Orient.

Rappelant le message politique important du Sommet humanitaire mondial sur les réfugiés et les migrants, tenu en 2016, il a dit attendre du DPI qu’il apporte sa contribution à l’élaboration du futur pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il a salué les efforts du DPI pour attirer l’attention de l’opinion publique mondiale sur le sort des centaines de milliers de personnes déplacées ou prises au piège des conflits, des catastrophes naturelles et des situations écologiques difficiles.  M. Bin Momen a ensuite exprimé sa satisfaction quant à la façon dont le Département participe à la campagne mondiale de lutte contre la violence sexuelle et la violence contre les enfants dans les conflits armés, tout en suggérant qu’il contribue encore plus à la défense de la sécurité des Casques bleus et du personnel humanitaire.

Concernant la promotion du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a encouragé le DPI à jeter la lumière tant sur les succès que sur les obstacles qui méritent l’attention de la communauté internationale.  Il a aussi considéré que le DPI utilise son rôle de plaidoyer pour promouvoir la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a enfin souligné le rôle d’appui des centres d’information des Nations Unies, dont celui de Dacca.

M. WANG GANG (Chine) a relevé que son pays avait noué des partenariats avec le DPI, fournissant notamment du personnel pour le portail en chinois du site Web des Nations Unies.  En Chine, la Radio des Nations Unies a un public très large, s’est-il félicité.  D’après le représentant, le Département doit suivre l’évolution de la situation mondiale et s’y adapter.  Le thème de la paix et du développement est très important et les médias et le public doivent être encouragés à s’intéresser davantage aux objectifs de développement durable et aux effets de la mondialisation, de même qu’aux questions d’une civilisation ouverte aux différences.  Les travaux, a-t-il insisté, doivent s’appuyer sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies et garantir le droit à l’information de tous les pays.

Le représentant a salué le travail équilibré du DPI dans les médias traditionnels et nouveaux médias.  Il faut respecter les cultures de chaque pays, a-t-il insisté, et faire preuve d’équité entre les six langues officielles de l’ONU, dont fait partie le chinois.  Or, a-t-il relevé, « le chinois est encore assez peu utilisé dans les contenus de l’ONU ».  Enfin, il a rappelé que le Président de la Chine avait récemment prononcé à Genève une déclaration parlant d’humanité partagée, et souhaitant des efforts conjoints pour le développement durable et l’édification d’un monde plus juste.

M. YARON WAX (Israël) s’est dit encouragé par le travail important réalisé par le Programme de communication sur l’Holocauste des Nations Unies.  Hier, a-t-il relevé, Israël a commémoré sa Journée nationale de l’Holocauste.  Il s’est dit attristé par la résurgence de l’antisémitisme dans le monde, où plus de 600 cas ont été enregistrés en 2016.  La haine et l’intolérance ne peuvent être combattues que par l’éducation, la sensibilisation aux tragédies du passé et la diffusion de l’information, a-t-il fait valoir, en soulignant l’importance de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. 

Demain, a annoncé M. Wax, le DPI organisera en partenariat avec la Mission permanente de l’Autriche un évènement éducatif intitulé « Les enfants de Willesden Lane » sur l’histoire d’une dizaine de milliers d’enfants sauvés de l’Allemagne nazie par le Gouvernement britannique.  Il a demandé au Département d’organiser un séminaire sur la lutte contre l’antisémitisme et pris note de l’engagement du Secrétaire général à condamner ce fléau.

En revanche, le représentant a regretté que le travail du DPI ne soit pas toujours aussi exact et impartial qu’il devrait l’être.  Il s’est dit préoccupé par le « Programme spécial d’information sur la question de Palestine ».  Il a également cité, à titre d’exemple, le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, qui s’est tenu à Pretoria, en Afrique du Sud, en septembre dernier, et où les débats ont été complètement « à sens unique ».

M. MASOOD ANWAR (Pakistan) a dit apprécier que les produits du DPI soient de plus en plus connus, que ce soit sur des supports traditionnels ou sur les médias sociaux.  Il a aussi salué la couverture des manifestations relatives à la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.  Attirant l’attention sur le vaste mouvement des réfugiés et des migrants, il a indiqué que le Pakistan avait accueilli des millions de réfugiés afghans pendant 40 ans avec très peu de soutien international.  Il a donc exhorté le DPI à traiter cette question dans ses activités et dans les manifestations qu’il organise.  Il a aussi salué la nomination de la Pakistanaise Malala Yousafzai comme Messager de la paix des Nations Unies. 

Saluant ensuite le rôle important que jouent les centres d’information des Nations Unies, M. Anwar a parlé de celui d’Islamabad qui travaille à la promotion des objectifs de développement durable, des droits de l’homme et des questions liées aux changements climatiques.  En évoquant les changements culturels en cours dans son pays, il a rappelé que le Pakistan a organisé à l’ONU une exposition d’art contemporain, un concert de musique sufi et un festival de cinéma.  Enfin, le représentant a souligné le rôle que joue son pays dans le maintien de la paix en tant que grand contributeur de troupes.  À ce titre, il a exhorté le DPI à intensifier ses efforts pour montrer le travail des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  « Il faut éviter que les actes déplorables de quelques personnes fassent de l’ombre à des années de labeur et de sang versé par les Casques bleus », a-t-il dit.

Mme RODRÍGUEZ (Venezuela) a salué les efforts déployés par le DPI pour promouvoir les objectifs des Nations Unies et a cité en particulier les publications sur les questions liées au genre, aux droits des personnes handicapées, aux réfugiés et aux migrants et à la lutte contre le terrorisme.  Rappelant que l’Amérique latine et les Caraïbes ont été touchées par le virus Zika l’an dernier, elle a dit apprécier que le DPI ait appuyé les efforts menés dans la région pour éviter la propagation du virus.  Elle a aussi salué ce que fait le DPI en matière de décolonisation, notamment grâce à une brochure sur la manière dont les Nations Unies peuvent aider les territoires non autonomes ou encore les programmes de la Radio des Nations Unies.  Elle a saisi cette occasion pour demander que la Radio continue à bénéficier du soutien financier nécessaire pour continuer à émettre dans les six langues officielles et d’autres langues. 

« Le Venezuela apprécie que le DPI continue à travailler avec le Département des affaires politiques sur la communication relative à la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien », a aussi indiqué la représentante.  Elle a également salué l’interaction positive entre le DPI et le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions pour faire connaître le travail accompli dans les opérations de maintien de la paix.  Elle n’a pas manqué de noter l’activité sur les pages Web et les réseaux sociaux en ce qui concerne les missions politiques et humanitaires de l’ONU.  C’est notamment essentiel pour faire connaître les mesures prises pour lutter contre les abus sexuels contre les femmes et les enfants dans certaines missions. 

La représentante vénézuélienne s’est félicitée de l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) et des réseaux sociaux pour promouvoir les objectifs des Nations Unies, mais elle a fait remarquer le fossé numérique qui pénalise les pays du Sud, appelant à le combler.  Par ailleurs, s’élevant contre la diffusion d’informations discriminatoires et déformées sur ce qui se passe dans les pays en développement, elle a réclamé des mesures propices à la démocratisation des TIC pour qu’elles bénéficient à tous les peuples.  Elle a enfin demandé au DPI de continuer à renforcer le multilinguisme, en faisant remarquer que l’espagnol est la deuxième langue la plus consultée sur les sites Internet de l’ONU. 

M. HASSAN IDRISS AHMED SALIH (Soudan) a réitéré l’importance du multilinguisme dans toutes les activités et produits d’information de l’ONU.  Il existe encore un déséquilibre dans l’emploi des six langues officielles, a-t-il noté.  Le multilinguisme aide l’ONU à communiquer avec les peuples des pays en développement, a-t-il précisé, en appuyant le rôle des centres d’information des Nations Unies qui doivent être renforcés en personnel et en équipement.  L’emploi des réseaux sociaux pour communiquer avec un public large ne doit pas se faire au détriment des médias traditionnels, a averti le représentant.  Après s’être inquiété de l’utilisation des nouvelles technologies dans le monde pour diffuser de « fausses informations », il a souligné que le DPI devait être un exemple en termes de conformité avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies.   

M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) s’est félicité des nombreuses activités menées par le DPI à l’occasion du premier anniversaire de l’adoption des objectifs de développement durable, assurant pour sa part que son pays s’attèle à la mise en œuvre du Programme 2030.  En ce qui concerne les changements climatiques, il a dit apprécier la courte vidéo produite par le DPI sur la ratification par l’Inde de l’Accord de Paris, qui a été partagée sur plusieurs plateformes de médias sociaux et retweetée par le Premier Ministre indien. 

M. Prasad s’est aussi intéressée à la façon dont le Département communique sur les activités des Nations Unies dans le domaine phare du maintien de la paix, rappelant que l’Inde est l’un des principaux contributeurs de Casques bleus.  Il a salué le fait que le DPI se concentre sur une bonne gestion du site Internet du maintien de la paix et que la rédaction du Web développe une nouvelle plateforme pour les missions sur le terrain.  Il a voulu savoir s’il serait envisageable d’utiliser des langues régionales pour élargir l’accès des pays fournisseurs de contingents.

Les centres d’information des Nations Unies restent, a-t-il poursuivi, les « petits soldats » des Nations Unies qui font avancer le programme de l’ONU dans le monde.  Constatant l’engagement du DPI en faveur du multilinguisme, il l’a exhorté à renforcer les capacités linguistiques des centres régionaux d’information en Asie du Sud afin qu’ils puissent produire des contenus dans des langues parlées par des millions de locuteurs comme le Hindi, le Bengali, le Tamil et le Telugu.  Il a par ailleurs indiqué que son pays était heureux de participer à l’initiative Impact universitaire, saluant au passage les programmes de « L’ONU mise en scène » et les activités de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse.

Le représentant a aussi exprimé son intérêt pour la sensibilisation des créatifs aux messages de l’ONU, par le biais d’activités non traditionnelles de communication, comme la danse et la musique.  Dans cet ordre d’idées, il a mentionné un spectacle de danse classique organisé à l’ONU par la Mission permanente de l’Inde à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, ainsi que la projection de « Half Girlfriend », le premier film de Bollywood visionné au Siège de l’ONU.  Il a également rappelé que la Journée internationale du yoga, le 21 juin, est maintenant une date importante dans le calendrier des Nations Unies.  Il a terminé en soulignant la valeur et les efforts de numérisation de la Bibliothèque Dag Hammarskjold.  Il s’est félicité que le sanskrit, la plus ancienne langue vivante du monde, ait enfin une place dans le système des Nations Unies grâce à la nouvelle version de la Charte des Nations Unies. 

La nouvelle administration américaine estime que « l’ONU doit travailler, non pas plus dur, mais de façon plus intelligente », a souligné M. JITU SARDAR (États-Unis).  Il a jugé important de remettre en question les normes et les pratiques institutionnelles qui sapent la mission de l’ONU, et de protéger et promouvoir les valeurs qui sont le gage du succès de l’Organisation à long terme.  La Mission des États-Unis, a-t-il expliqué, s’est efforcée d’incorporer ces approches lors de sa présidence du Conseil de sécurité, dans le cadre de ses travaux au sein du Conseil économique et social (ECOSOC), et lors des débats de la Cinquième Commission.  La présente session du Comité de l’information est également l’occasion de renouveler l’engagement des États-Unis en faveur de la transparence, de la redevabilité et de l’accessibilité pour tous.

Tout en reconnaissant l’importance du multilinguisme, M. Sardar a souligné que l’application de ce principe doit se faire dans le cadre des ressources existantes et des « réalités budgétaires ».  Il a préconisé des approches novatrices et créatives, et applaudi les efforts entrepris par le DPI pour forger des partenariats avec des acteurs du secteur privé, des médias, de la société civile et des milieux universitaires.  Dans l’attente de la nomination d’un nouveau secrétaire général adjoint, il a espéré que le DPI définira ses priorités en coordination avec le Cabinet du Secrétaire général.

Les États-Unis, a rappelé le représentant, viennent de coparrainer une résolution à l’ECOSOC demandant que soient diffusées sur le Web les délibérations du Comité des ONG.  Le DPI a un rôle important à jouer pour diffuser les résultats des réunions de l’ONU et pour engager la société civile à partager régulièrement des informations impartiales, a-t-il ajouté. 

Toutefois, M. Sardar s’est dit préoccupé par le Programme spécial d’information sur la question de Palestine qui, à son avis, « promeut une perception erronée au détriment d’Israël ».  D’autres initiatives qui ne présentent que le point de vue palestinien nuisent aussi à la réputation de l’ONU.  À l’inverse, il s’est dit encouragé par les efforts du DPI visant à combattre la haine et l’intolérance, y compris le Programme de communication sur l’Holocauste.  Il a souhaité que la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste soit incluse cette année dans la résolution du Comité intitulée « Questions relatives à l’information ».   

M. YASSER HALFAOUI (Maroc) a remarqué que, « à l’ère de la mondialisation, le besoin en information fiable, neutre et objective est un impératif, particulièrement lorsqu’elle émane des Nations Unies ».  Il a félicité le DPI pour toutes ses campagnes de communication, en particulier celles relatives à la question palestinienne, aux questions intéressant le continent africain, aux objectifs du Millénaire pour le développement, au Programme de développement durable à l’horizon 2030, aux changements climatiques, à la promotion des droits de l’homme, au maintien de la paix et à la lutte contre le terrorisme.  Ces programmes, a-t-il noté, se focalisent également sur la lutte contre l’extrémisme et l’intolérance, le dialogue des civilisations et le devoir de mémoire, des valeurs auxquelles le Maroc est attaché.

Le représentant a salué la campagne médiatique sur la vingt-deuxième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 22) qui s’est tenue à Marrakech en novembre 2016 et s’est félicité de la meilleure sensibilisation à la réponse internationale à la crise de la migration, notamment avec la campagne « Ensemble–respect, sécurité et dignité pour tous ».  « D’autres activités des Nations Unies gagneraient à être médiatisées davantage », a-t-il cependant estimé en citant la « consolidation de la paix » et en particulier le nouveau concept de « pérennisation de la paix ».  Il a appelé à diffuser très largement la brochure préparée sur ce sujet par le Bureau d’appui à la consolidation de la paix.

Il a aussi souligné le rôle important du DPI pour sensibiliser à la lutte contre les abus et l’exploitation sexuels.  Il a demandé au DPI d’aider les départements concernés par cette question à produire des supports dans les langues pertinentes, « sans se limiter nécessairement aux langues officielles de l’ONU ».  Il a exigé aussi plus de transparence, c’est-à-dire la diffusion tant des allégations que des actions entreprises par les États Membres.

Pour pallier le manque de moyens et la multiplication des sujets à couvrir, le délégué marocain a recommandé de recourir aux nouvelles technologies de l’information et salué les « efforts considérables » entrepris dans ce domaine, notamment le recours à Facebook et Twitter.  Il a en même temps rappelé que la fracture numérique limite l’utilisation des outils de communication modernes dans les pays en développement, ce qui renforce l’importance des outils traditionnels comme la presse écrite et la radio.  Il a donc demandé au DPI d’équilibrer ses programmes en conséquence et de s’inspirer des expériences réussies telles que le modèle de communication du groupe russe sur les réseaux sociaux.

Autre entreprise du DPI qu’il a appréciée, l’initiative « Common Ground » qui pourrait, à son avis, être élargie à d’autres entreprises.  Le représentant a également salué le partenariat avec des compagnies aériennes, notamment Royal Air Maroc, et le travail des centres d’information des Nations Unies, dont celui de Rabat qui existe depuis 1962.  Il a aussi défendu le multilinguisme, disant apprécier les efforts engagés pour réduire les inégalités de traitement entre les six langues officielles et pour recourir à des langues locales. 

Mme SAHAR SALEM, État observateur de la Palestine, a salué le Programme d’information du DPI sur la question de la Palestine, qui contribue à sensibiliser objectivement le grand public, de manière cohérente avec le droit international et les résolutions des Nations Unies.  Ce Programme a été appuyé par une majorité écrasante d’États Membres lors de l’adoption de la résolution 71/22 du 30 novembre 2016 à l’Assemblée générale, a-t-elle rappelé.  Elle a remercié le DPI pour les différentes activités organisées dans le cadre de ce Programme, comme le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, organisé chaque année, dont le dernier a eu lieu en Afrique du Sud.  Elle a aussi mentionné l’exposition permanente sur la question de la Palestine au Siège des Nations Unies à New York, les activités menées pour marquer la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, ainsi que le programme de formation pour les journalistes palestiniens.

Mme Salem a ensuite parlé des futures activités d’établissement des faits organisées pour les journalistes sur le Territoire palestinien occupé, espérant qu’il y aurait un financement suffisant pour les organiser.  À l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la partition de la Palestine et des 50 années d’occupation israélienne de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et la bande de Gaza, la représentante a espéré que le DPI contribuerait à informer sur les faits et à diffuser les messages sur l’urgence qu’il y a à mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies pour parvenir à la justice et à la paix.

Mme PATRICIA HERDT, Organisation internationale de la francophonie (OIF), a apprécié ce que fait le DPI pour promouvoir le multilinguisme, en expliquant que l’OIF œuvre aussi en faveur de cet objectif.  Elle a donné un exemple récent: le 20 mars 2017, à l’occasion de la Journée de la langue française à l’ONU, l’OIF a organisé, en coordination avec le bureau de la Coordonnatrice pour le multilinguisme, une discussion interactive sur le multilinguisme, en présence de hauts responsables des Nations Unies et de nombreux États Membres.  Elle a souligné que le multilinguisme, désormais consacré comme valeur fondamentale des Nations Unies, est une « responsabilité à la fois collective et individuelle ».  « Il est la garantie d’une action internationale efficace », a-t-elle ajouté.  Les journées consacrées à chacune des langues officielles et leur promotion sur Internet et les réseaux sociaux, constituent des opportunités majeures pour promouvoir l’importance du multilinguisme dans l’activité d’information de l’ONU.

La représentante a également dit partager la vision du Département sur le développement d’actions pilotes et de partenariats novateurs qui prennent en considération les réalités de terrain et les savoir-faire de chaque acteur.  Elle a salué à cet égard l’organisation à Dakar, en décembre 2016, du premier atelier des centres d’information des Nations Unies d’Afrique francophone sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  De même, elle a manifesté son intérêt pour le développement de collaborations dans le cadre de grandes campagnes portées par les Nations Unies et par l’OIF, afin de renforcer les résultats de chaque initiative, comme pour « Libres ensemble » lancée par la Secrétaire générale de la francophonie en mars 2016 pour mobiliser la jeunesse autour des valeurs de tolérance et du vivre ensemble.  Elle a aussi exprimé la disponibilité de l’OIF pour promouvoir les contenus francophones de la Radio des Nations Unies auprès des partenaires locaux dans ses pays membres, « tant la radio constitue un mode d’information et de communication principal dans les pays francophones ».

La représentante a appelé les citoyens à la vigilance pour s’assurer du respect de la diversité linguistique.  Elle a parlé d’une « veille » lancée par le Groupe des Ambassadeurs francophones à New York, qui s’appuie sur le Vade-mecum de l’usage du français dans les organisations internationales.  Un bilan de la mise en œuvre de ces engagements a pu être fait en 2016 grâce à l’appui du DPI, a-t-elle indiqué.  De même, l’OIF et le DPI ont organisé une réunion d’information, en juillet 2016, à l’intention des missions permanentes francophones sur les différents outils de communication et les services d’information produits en français par le DPI.

Enfin, elle a mentionné la nécessité de réduire les disparités entre langues officielles sur les sites internet de l’ONU, conformément aux « normes minimales pour le multilinguisme sur les supports Internet de l’ONU ».  Elle a en effet noté que les sites Internet sont le plus souvent uniquement disponibles en anglais. 

À l’issue du débat général, M. MAHER NASSER, Secrétaire général adjoint par intérim à la communication mondiale et Chef du Département de l’information (DPI) a rebondi sur certaines réponses données lors du débat interactif informel.  « Nous vous avons bien entendu », a-t-il assuré à la plupart des délégations qui ont réitéré l’importance du multilinguisme.  Recherchant les moyens d’exploiter toutes les occasions de créer des partenariats et d’utiliser les nouvelles technologies pour améliorer la disponibilité des contenus en plusieurs langues, le DPI est très engagé dans la production de contenus dans les six langues officielles et il rappelle à tous les départements et bureaux que le nouveau site doit être conforme aux normes du multilinguisme et de l’accessibilité.  Le Département a aussi mis en route des collaborations pour produire des contenus dans différentes langues.  Le multilinguisme est transversal dans toutes nos activités, a résumé M. Nasser.  Le travail multilingue du Département, dans les langues officielles et autres, est considérablement amplifié par les centres d’information. 

Alors qu’il s’agit de faire plus dans les limites des ressources existantes, le Secrétaire général, a indiqué M. Nasser, demandera dans la proposition de budget 2018-2019 des ressources supplémentaires pour permettre au DPI de satisfaire les besoins en matière de multilinguisme.

S’agissant du déséquilibre linguistique dans la publication des communiqués de presse, évoqué par plusieurs délégations, le DPI, a poursuivi le Secrétaire général adjoint par intérim, a organisé des consultations avec les États Membres et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences pour trouver une manière rentable de publier des communiqués dans toutes les langues officielles.  Après que la Cinquième Commission eut rejeté la proposition du DPI, ce dernier entend en présenter une autre dans le cadre du prochain exercice biennal. 

S’il faut souligner que les communiqués de presse ne sont ni des traductions ni des procès-verbaux de réunion et qu’ils sont produits sous une forte pression, soit dans les deux heures après la fin d’une réunion, je vous assure, a dit M. Nasser, que « nos collègues font de leur mieux pour être aussi précis que possible ».  Il a assuré que le DPI s’efforce tout de même de trouver des solutions aux préoccupations qu’ont exprimées les délégations.

Outre les réseaux sociaux, nous continuons à souligner l’importance de médias traditionnels, a poursuivi M. Nasser.  « Nous ne choisissons pas entre les deux. »  Le nombre de visites sur le site Web de l’ONU augmente et le DPI commence à renforcer le contrôle interne de ses nouveaux comptes sur les médiaux sociaux.  

Le DPI couvre la lutte contre le terrorisme, a précisé M. Nasser.  Un portail Web a été créé et pas moins de 62 sujets ont été produits sur cette question depuis le début du mois de janvier.  Le DPI s’efforce aussi d’identifier les bonnes pratiques pour lutter contre la menace de la désinformation. 

Le message de l’ONU ne serait pas universel sans le savoir-faire du personnel des centres d’information, a-t-il insisté en saluant l’appui des États Membres.  Ces centres sont à l’avant-garde pour combler le fossé numérique et mettre en valeur nos activités.  Revenant à la question des « fausses informations », M. Nasser s’est dit impatient de travailler avec les membres du Comité de l’information pour identifier les pratiques exemplaires et les instruments les plus efficaces pour lutter contre cette tendance. 

La Bibliothèque de l’ONU a entamé un travail de numérisation et l’accès aux ouvrages est libre, et elle coopère avec les 360 bibliothèques dépositaires dans le monde, a dit M. Nasser.  Le DPI est un département de services qui a reçu des États Membres à l’Assemblée générale un mandat clair, a-t-il conclu, non sans oublier de mentionner que demain à 11 heures, dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC), le DPI, en partenariat avec la Mission permanente de l’Autriche, le Forum culturel autrichien « Faire face à l’histoire et à nous-mêmes » et le Département de l’éducation de la ville de New York, organise une présentation multimédia intitulée « Les enfants de Willesden Lane » sur l’expérience d’un enfant juif réfugié qui a réussi à échapper aux nazis sur le « Kindertransport » du Royaume-Uni juste avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale.  À 15 heures, dans la salle de conférence 2, un séminaire intitulé « Désapprendre l’intolérance » sera organisé avec des universitaires et des professionnels des médias.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente examine les moyens de renforcer la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones

Seizième session,
3e séance – après-midi
DH/5352

L’Instance permanente examine les moyens de renforcer la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones

L’Instance permanente sur les questions autochtones a entamé la deuxième journée des travaux de sa seizième session, l’occasion pour de nombreux délégations et représentants de peuples autochtones d’appeler les États Membres à combler le fossé entre les engagements pris dans le cadre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et sa mise en œuvre effective sur le terrain. 

Venue présenter les grandes lignes de la réunion du Groupe d’experts sur la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones*, Mme Aysa Mukabenova, l’une des sept experts de l’Instance, a notamment souligné l’urgence de traduire cet instrument juridique en réalité et de réduire le fossé qui existe entre la théorie et la pratique.

« Les recommandations restent sans intérêt si elles ne sont pas mises en œuvre sur le terrain », a renchéri la représentante du Danemark, tandis que le représentant de l’Assemblée des Premières Nations du Canada a souligné que la mise en œuvre de la Déclaration exige une coopération tant politique que technique entre les peuples autochtones et les États Membres. 

De nombreux appels ont été lancés pour veiller au respect du droit à l’autodétermination des peuples autochtones, conformément à l’article 3 de la Déclaration, ainsi qu’au respect du principe de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, tel que stipulé dans l’article 10.

À ce sujet, la représentante de « Seventh Generation Fund for Indigenous Peoples », des États-Unis, a notamment engagé les États Membres à pleinement respecter ce principe avant de lancer tout projet sur les territoires autochtones, en particulier les projets miniers et d’extraction du sous-sol.

Lui emboitant le pas, la représentante de l’Indigenous Persons with Disabilities Global Network, également des États-Unis, a indiqué que son peuple s’oppose à la construction d’un pipeline en territoire sioux et « défend la terre sacrée de Standing Rock ».  Elle a appelé le Gouvernement américain à cesser de militariser les terres autochtones, dénonçant notamment le saccage de nombreux sites sacrés, et la pollution de l’eau. 

Le représentant de l’Asociación Nacional Indigena Salvadoreña a déclaré, de son côté, qu’une « vague de haine et de discrimination » avait été inspirée par les actions du Gouvernement des États-Unis, ce qui avait des conséquences pour tous les groupes autochtones du monde.

« Dix ans après la signature de la Déclaration, les peuples autochtones continuent d’être considérés comme des obstacles au développement », a constaté avec déception un des experts de l’Instance, M. Brian Keane, qui s’est notamment inquiété de l’augmentation du nombre d’autochtones assassinés pour avoir défendu leurs droits fonciers. 

Sollicitée pour concilier les positions, une autre experte de l’Instance,  Mme Tarcila Rivera Zea, a recommandé de recenser, à la fois, les obstacles à la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et les exemples de mise en œuvre.

« Si nous continuons à parler seulement de problèmes, sans mentionner les succès, nous risquons de tomber dans un dialogue de sourds sur les bons et les méchants », a-t-elle notamment estimé.  

Son homologue, M. Jen Dahl, a recommandé, de son côté, que les organisations autochtones éclairent l’Instance sur les moyens qu’elles ont employés pour interpeler leurs gouvernements afin de les inciter à mettre en œuvre la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. 

L’Instance poursuivra ses travaux demain, à partir de 10 heures, avec un débat consacré à la mise en œuvre des six domaines d’activité de l’Instance permanente. 

* E/C.19/2017/10

DISCUSSION SUR LE THÈME « DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA DÉCLARATION DES NATIONS UNIES SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES: MESURES PRISES POUR METTRE EN ŒUVRE LA DÉCLARATION » (E/C.19/2017/4)

Débat général

Présentant les grandes lignes de la réunion du Groupe d’experts de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones (E/C.19/2017/10), l’experte de l’Instance, Mme Aysa Mukabenova a dit l’urgence de traduire la Déclaration sur les droits des peuples autochtones en réalité et de réduire le fossé qui existe entre la théorie et la pratique.  Elle a expliqué que la réunion du Groupe d’experts internationaux sur le rôle de l’Instance permanente sur les questions autochtones et des autres mécanismes consacrés à ces questions pour favoriser la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones s’est tenue à New York du 25 au 27 janvier 2017.  Le rapport mentionne que les débats ont été répartis en trois groupes, qui ont examiné les stratégies à court, moyen et long termes qui méritent d’être adoptées pour faire progresser la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies.  Elle a mis l’accent sur la nécessaire coordination entre les mécanismes consacrés aux questions autochtones (Instance permanente, Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones et Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones) pour renforcer la mise en œuvre de la Déclaration. 

M. VIEIRA (Brésil) a cité les efforts de son pays qui appuie 3 000 écoles autochtones et 22 000 étudiants autochtones de niveau universitaire. S’agissant des droits fonciers, il a indiqué que le Brésil avait identifié 462 terres autochtones couvrant 12% du territoire national et concernant un million d’autochtones.  La Déclaration sur les droits des peuples autochtones a été un tournant dans les relations entre les États et ces populations, a-t-il estimé. 

En sa qualité de Vice-Président du Groupe d’appui interinstitutions pour les peuples autochtones, la représentante de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) a mis l’accent  sur la nécessité d’établir un cadre commun de coordination technique entre les États Membres et les organisations autochtones.  Elle a indiqué qu’ONU-Femmes accueillera, en 2017, à Quito, en Équateur, la réunion annuelle du groupe pour permettre aux peuples autochtones de partager leurs expériences.

M. PELY BELLEGARDE, Assemblée des Premières Nations du Canada, a déclaré que la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones exige une coopération tant politique que technique entre les peuples autochtones et les États Membres.  « Il nous faut des législations pour la préservation des langues autochtones », a-t-il insisté avant de regretter l’absence de mesures concrètes.  

Le représentant de la Namibie a indiqué que son pays avait adhéré à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones en 2007, et participé, en 2014, à la Conférence mondiale.  La Journée internationale des peuples autochtones est célébrée chaque année en Namibie.  Le Gouvernement a élaboré un programme à l’intention des communautés marginalisées pour les intégrer dans la vie sociale, politique, économique et culturelle du pays.  En Namibie, on parle de communautés marginalisées et non de peuples autochtones car tous les Namibiens sont des peuples autochtones, a-t-il précisé.  Le représentant a également indiqué qu’un membre de ces communautés marginalisées avait été nommé Vice-Ministre des affaires sociales.  Le Programme prévoit également des mesures pour favoriser l’insertion scolaire des jeunes marginalisés et l’acquisition de terre par les familles marginalisées.

Le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a indiqué que son organisme est présent dans plus de 150 pays, dont l’ensemble des pays où vivent des peuples autochtones du monde.  Le FNUAP appuie les efforts déployés par les gouvernements et des organisations féminines autochtones pour promouvoir la santé génésique et reproductive.  Le Fonds répond aussi aux besoins sanitaires des femmes autochtones en consolidant les données collectées sur l’état de santé des femmes et filles autochtones. 

La représentante de l’Indigenous Persons with Disabilities Global Network des États-Unis, qui défend la terre sacrée de Standing Rock, a indiqué que son peuple s’oppose à la construction d’un pipeline en territoire sioux.  Elle a affirmé que de nombreux sites sacrés sont piétinés, et que l’eau est souillée. « Notre arme contre cette injustice est la prière a-t-elle affirmé.  La terre n’a pas de voix, donc nous sommes sa voix dans l’espoir que les Nations Unies l’entendent ».  Elle a appelé le Gouvernement américain à cesser de militariser les terres autochtones.  

M. MALES (Équateur) a déclaré que son pays s’est lancé, en 2008, dans la mise en œuvre des droits des peuples autochtones.  Il a indiqué que l’Équateur garantit une éducation universelle pour les peuples autochtones, précisant que les programmes scolaires nationaux ont été traduits dans toutes les langues autochtones.  « Nous poursuivrons nos efforts pour préserver les langues maternelles et les connaissances ancestrales » a insisté le représentant.    

Le représentant des Populations autochtones du Botswana a appelé à garantir la participation des peuples autochtones dans tous les processus de prise de décisions.  « Notre État continue de saper notre droit à l’autodétermination », a-t-il dénoncé, avant d’exhorter le Botswana à respecter les articles 3, 4, 8, 10, 11, 18 et 19 de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et à ratifier la convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) consacrée aux peuples autochtones. 

Mme KAREN GORENLUND NIELSEN (Danemark) a expliqué que les recommandations restent sans intérêts si elles ne sont pas mises en œuvre sur le terrain.  Elle a dit que la mise en place, en 2009, d’un « système d’autonomie » illustre les progrès déployés par le Danemark pour garantir les droits des habitants du Groenland.  Elle a expliqué que ce statut d’autonomie avait permis d’introduire différents dispositifs concernant les ressources minérales et les relations entre le Groenland et l’État danois.  Conformément à ce statut d’autonomie de 2009, le Groenland est autorisé à exercer un pouvoir législatif et exécutif dans tous les domaines de responsabilité qui lui ont été confiés, a-t-elle notamment expliqué.

Le représentant de National Human Rights Institution of Norway a déclaré que son organisation jouit d’une vaste compétence sur les droits des peuples samis.  Il a recommandé d’impliquer les institutions nationales des droits de l’homme dans les plans et programmes nationaux en faveur des peuples autochtones.

Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a indiqué que le Gouvernement américain entretient de bonnes relations avec les tribus reconnues au niveau fédéral.  Elle a estimé que la Déclaration sur les droits des peuples autochtones devrait améliorer la vie des communautés autochtones, indiquant notamment que le Gouvernement fédéral avait organisé, à l’intention des peuples autochtones, des ateliers de formation sur la Déclaration.  En 2016, une conférence des peuples autochtones a été organisée à la Maison-Blanche.  Le Gouvernement a aussi adopté des mesures sur la restitution des objets culturels et funéraires appartenant aux tribus autochtones du pays.  En outre, neuf agences fédérales ont signé un mémorandum d’entente sur la protection des droits et traités tribaux, et le Gouvernement a créé un site Internet d’information sur la Déclaration.

Le représentant de l’Asociacion Nacional Indigena Salvadoreña a exigé du Gouvernement d’El Salvador qu’il ratifie la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Il a déclaré qu’une « vague de haine et de discrimination » avait été inspirée par les actions du Gouvernement des États-Unis, ce qui avaient des conséquences pour tous les groupes autochtones du monde. Il a réclamé l’élaboration d’une convention sur les peuples autochtones  consacrée uniquement à la protection de leurs droits, sur le modèle de la Convention relative aux droits de l’enfant.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a parlé des efforts déployés par son pays pour recenser l’ensemble des populations et terres autochtones.  Elle a indiqué que cette démarche était un préalable incontournable à la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Il a indiqué que le décret 672/16 vient de porter création du Conseil consultatif des populations autochtones de l’Argentine.  EIle a aussi cité une loi encadrant le développement de l’éducation bilingue langue nationale-langues autochtones.

M. ROY AH-SEE, NSW Aborigenal Land Council, a demandé que l’Instance encourage tous les États à reconnaitre les peuples autochtones comme des gardiens du patrimoine national.  Il a exhorté l’Instance à encourager l’Australie à reconnaitre le droit à l’autodétermination des populations autochtones, en notant que l’Australie est candidate à un siège au Conseil des droits de l’homme (CDH) pour la période 2018-2020.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a cité 80 groupes ethniques unis dans la diversité. Soulignant que les femmes autochtones subissent une double discrimination en tant que femme et autochtone, le représentant du Népal a parlé des initiatives lancées au Népal pour faire respecter les droits politiques et civils des femmes autochtones.  

Le représentant de l’Ogaden People’s Rights Organization a estimé que trop peu d’attention a été portée à la situation des peuples autochtones qui se trouvent dans les pays en conflit, comme en Ethiopie, et qui subissent en outre de plein fouet les conséquences des changements climatiques, citant notamment la sécheresse qui frappe actuellement la Corne de l’Afrique.  Les peuples autochtones de l’Ogaden sont aussi victimes d’une épidémie de choléra dont l’ampleur n’a pas été prise en compte, a-t-il dénoncé.  Le représentant a appelé la communauté internationale à se mobiliser face à cette tragédie et à protéger les droits des peuples autochtones qui vivent dans la Corne de l’Afrique.

Mme PARIONA TARQUI (Pérou) a appelé les États Membres à réaffirmer leur engagement dans le cadre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones afin de garantir des progrès effectifs et éviter tout recul.  La déléguée a demandé de renforcer les institutions autochtones qui, de son avis, devraient avoir un rôle exécutif et non pas uniquement consultatif.  Elle a aussi réclamé des réformes électorales qui tiennent compte des besoins des peuples autochtones, moyennant notamment la création de districts autochtones dotés de budget et de ressources humaines adéquats.

Le représentant de l’AIM WEST, des États-Unis, a dénoncé les violations des droits de l’homme dont sont victimes les migrants et les peuples autochtones en raison de la politique de déportation appliquée par le Gouvernement de l’État de l’Arizona.  Il a ajouté que les peuples autochtones frères d’Amérique latine dénoncent aussi le projet de construction d’un mur le long de la frontière méridionale des États-Unis.

M. NGUYEN DUY THANH (Viet Nam) a indiqué que son pays a mis en place de nombreuses politiques économiques et sociales en faveur des autochtones et pris des mesures pour assurer la protection des minorités ethniques.  Les autochtones représentant aujourd’hui 18% des parlementaires du pays, s’est-il en outre félicité. 

M. ROBERTO E. CADIZ, Commission des droits de l’homme des Philippines, a précisé que cet organe surveille le respect des droits des peuples autochtones, notamment ceux touchés par les conséquences des activités minières. 

M. RAWIRI TAONUI, Autochtone maori de la Nouvelle-Zélande, a appelé à faciliter la participation des peuples autochtones aux activités des organismes des Nations Unies.   

Le représentant du Congrès mondial amazigh (CMA) a dénoncé le fait que dans certains pays du nord de l’Afrique, la législation nationale tarde « volontairement » à se conformer à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Il a affirmé que dans le cadre de la transition démocratique que vit le peuple amazigh, le statut quo ne pouvait être maintenu et prolongé, celui-ci étant trop traumatisant et rappelant « un racisme linguistique et une assimilation culturelle effrénée ».  En Kabylie et au Mzab, les mouvements amazighs sont opprimés par le Gouvernement algérien et ses membres sont quotidiennement harcelés et arrêtés, s’est-il notamment indigné. 

Le représentant a ensuite souligné que l’exercice du droit des peuples autochtones ne peut être effectif que lorsque leurs droits collectifs sont respectés, à commencer par le droit à l’autodétermination qui est reconnu dans la Déclaration.  Il a aussi appelé à établir des structures éducatives, communicatives et administratives.  Le représentant a en outre jugé impératif que les États du nord de l’Afrique revoient leur politique vis-à-vis des Amazighs et veillent à la pleine mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. 

Le représentant de Greater Sylhet Indigenous People Forum du Bangladesh a dénoncé le fait que les peuples autochtones du Bangladesh subissent de nombreuses violations et abus de leurs droits, en particulier le droit à la terre.  Il s’est aussi alarmé du fait que les assassinats extrajudiciaires se poursuivent dans le nord du pays.  Le représentant a constaté que la mise en œuvre insuffisante de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones ne permet pas d’améliorer la situation déplorable de ces communautés.  Il a demandé à la communauté internationale de suggérer des conseils pour régler ce problème.

La représentante de Seventh Generation Fund for Indigenous Peoples a dit que les peuples autochtones sont bénis par le fait d’être nés autochtones.  Ils ont des droits et absolument rien ne peut changer cela, a-t-elle affirmé. Elle a ensuite exhorté les États Membres à coopérer avec eux et respecter le principe du consentement préalable, librement consenti et en connaissance de cause, ainsi que le droit à l’autodétermination, avant de lancer tout projet sur les territoires autochtones.

Mme MARIA ROSARIO, Cultural Survival, a cité les efforts déployés pour créer, au cours de cette seizième session de l’Instance, la première plateforme mondiale des medias autochtones.  Elle a cité l’article 16 de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, regrettant notamment que 12 radios communautaires autochtones ont été fermées par la police nationale au Guatemala.

M. SAGHIR SHAIKH, World Sindhi Congres, a demandé au Pakistan et à la Chine de respecter les droits des peuples autochtones dans le cadre de la mise en œuvre de projets les concernant.

LES MALEZER, membre de l’Instance, a assuré qu’il allait prendre en compte les recommandations formulées par les organisations autochtones.  Il a souhaité que ces dernières apportent plus de détails sur la nature des titres fonciers évoqués.  

Le représentant de PACOS TRUST a reconnu l’écart entre la reconnaissance juridique et la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Il a appelé le Gouvernement de la Malaisie à appliquer les recommandations qui lui ont été transmises suite à une enquête menée sur le respect des droits des peuples autochtones dans le pays et de s’inspirer des mesures lancées aux Philippines concernant le droit à la propriété foncière des peuples autochtones.

La représentante de Fiji Indigenous Peoples Foundation a encouragé la Représentante permanente de Fidji d’appeler son gouvernement à respecter les droits des peuples autochtones du pays.  Elle a indiqué que l’on assiste depuis 10 ans à des violences et des viols contre les peuples autochtones, dénonçant par ailleurs l’absence de liberté d’expression pour les peuples autochtones de Fidji où le respect du principe de consentement préalable, libre et en toute connaissance de cause n’existe pas.

La représentante de Movimientos Indigenas Asociacion, du Mexique, a dénoncé l’accréditation, par l’UNESCO, d’un groupe de personnes se prétendant être membres de son mouvement.  Une pétition a été lancée au Mexique pour contester cette situation, laquelle a collecté des milliers de signatures à ce jour.

La membre de l’Instance, Mme TARCILA RIVERA ZEA, a jugé opportun d’examiner ce que fait l’UNESCO en matière de protection des spécificités autochtones.  Il faut recenser, à la fois, les obstacles à la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et les exemples de mise en œuvre.  « Si nous continuons à parler seulement de problèmes, sans mentionner les succès, nous risquons de tomber dans un dialogue de sourds sur les bons et les méchants », a-t-elle estimé.  Illustrant son propos, elle a jugé opportun de mentionner les avancées intéressantes observées en Amérique du Sud en matière de reconnaissance  des langues autochtones. 

Le membre de l’Instance, M. JEN DAHL, a jugé opportun que les organisations autochtones éclairent l’Instance sur les moyens qu’ils ont employés pour interpeler leurs gouvernements afin de les inciter à se pencher sur les objectifs de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. 

La membre de l’Instance, Mme LOURDES TIBAN GUALA, a estimé que le seul président d’un État à appuyer la mise en œuvre complète de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones est Evo Morales.  Elle a rappelé que la Bolivie est le seul pays qui a intégré l’ensemble de la Déclaration dans son droit national.  

Le membre de l’Instance, M ELIFURAHA LALTAIKA, a salué les commentaires très positifs du représentant de l’Afrique du Sud qui a appelé à adopter un document juridiquement contraignant en faveur des droits des peuples autochtones.  Il a rappelé que la plupart des pays africains disposent de constitutions héritées, à leur indépendance, des pays coloniaux et qui restent restrictives au regard du droit des peuples autochtones.

Le membre de l’Instance, M. DMITRI KHARAKKA-ZAITSEV, a salué les efforts des délégations visant à attirer l’attention sur ce qui n’a pas été fait au plan national et expliqué les raisons concrètes qui ont conduit à cette situation.  Il a assuré que l’Instance est ouverte à toutes les informations concernant la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.

La représentante des Touareg du Mali a dénoncé le fait que son peuple est toujours privé de son droit à l’autodétermination.  De plus, les Touareg sont victimes de violences depuis les années 1980, et à l’heure actuelle, on leur a collé une mauvaise image à cause de la situation de conflit dans la région du Sahel, a regretté la représentante. 

Le membre de l’Instance, Mme TERRI HENRY, a déclaré que les peuples autochtones font partie de la communauté internationale, qu’ils ne vont pas disparaitre et qu’ils continueront de vivre sur la terre de leurs ancêtres. 

Le membre de l’Instance, M. BRIAN KEANE, s’est inquiété du fait que les peuples autochtones continuent, dix ans après la signature de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones,  d’être considéré comme des obstacles au développement. Illustrant son propos, il a expliqué que le nombre d’autochtones assassinés pour avoir défendu des droits fonciers autochtones ne cesse d’augmenter.  Il a par ailleurs indiqué que l’Instance  étudiera la version intégrale de chaque intervention et en tiendra compte lors de la rédaction du rapport final sur les travaux de cette session. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale célèbre le dixième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones

Soixante et onzième session, Manifestation de haut niveau,
Matin & après-midi
AG/11910

L’Assemblée générale célèbre le dixième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones

L’Assemblée générale a célébré, aujourd’hui, le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, l’occasion pour de nombreux dignitaires, dont le Président de la Bolivie, de faire le bilan des progrès réalisés, mais aussi des défis qui persistent dans l’application de cet instrument juridique, considéré par beaucoup comme un « cadre universel de survie et de dignité des peuples autochtones ».

Lors de cette manifestation spéciale, la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Mme Victoria Tauli-Corpuz, a notamment constaté qu’outre l’adoption, par plusieurs pays, de lois et de politiques nationales qui protègent les droits des peuples autochtones, la Déclaration a permis d’autonomiser les peuples autochtones qui sont devenus mieux organisés et mieux équipés dans leurs efforts pour affirmer et revendiquer leurs droits.

« Des protecteurs de l’eau, à Standing Rock, aux États-Unis, aux défenseurs des droits des peuples autochtones qui militent du Népal au Mexique, tous se mobilisent pour faire du consentement préalable, libre et éclairé des communautés une réalité », s’est notamment félicité le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Andrew Gilmour, qui s’est toutefois inquiété de la destruction continue des terres autochtones par les industries extractives.

M. Albert Barume, Président du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, a toutefois constaté qu’en dépit « d’efforts timides » pour mettre en œuvre la Déclaration, les conditions de vie de la majorité des peuples autochtones ne se sont pas améliorées en 10 ans, s’inquiétant notamment de la prévalence de la pauvreté parmi ces communautés, des taux élevés de suicide et de toxicomanie dont souffrent les jeunes, de la surreprésentation des autochtones dans les populations carcérales, sans oublier le nombre disproportionnellement élevé d’actes de violences sexuelles dont sont victimes les femmes.

Pour surmonter les défis à la mise en œuvre de la Déclaration, M. Barume a notamment jugé nécessaire de s’attaquer aux discriminations structurelles profondément ancrées dans les lois, politiques et programmes, ainsi que l’opinion politique et les paradigmes éducatifs et de développement qui perpétuent la marginalisation des peuples autochtones.

De nombreuses préoccupations ont également été formulées au sujet de la criminalisation des militants autochtones, à l’instar de la Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, Mme Mariam Wallet Aboubakrine, qui s’est notamment alarmée du fait que 281 défenseurs des droits fonciers autochtones ont été tués en 2016, comparativement à 185 en 2015.  Aussi a-t-elle appelé à redoubler d’efforts pour protéger les droits des défenseurs des droits fonciers autochtones et à faciliter leur accès à la justice.

Venu, de son côté, souligner l’importance que constitue, pour les luttes des mouvements autochtones, ce dixième anniversaire de la signature de la Déclaration, le Président de la Bolivie a vu dans la lutte pour les droits des peuples autochtones, une lutte contre le « capitalisme morbide » et la surexploitation des ressources de la planète. 

M. Evo Morales a appelé à organiser cette lutte au niveau mondial et à parvenir à l’autodétermination de l’ensemble des peuples, un combat qui revient, selon lui, à choisir entre « la planète et la mort ». 

La Déclaration sur les droits des peuples autochtones a été adoptée le 13 septembre 2007 par l’Assemblée générale, après près de deux décennies de négociations.

Comme l’a rappelé M. Barume, cet instrument ne consacre pas de nouveaux droits ni de traitements préférentiels aux peuples autochtones, mais réaffirme des droits déjà consacrés par d’autres instruments juridiques internationaux et garantit, pour les peuples autochtones, d’y avoir accès d’une manière équitable et respectueuse de leur culture.

MANIFESTATION DE HAUT NIVEAU COMMÉMORANT LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA DÉCLARATION DES NATIONS UNIES SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES

Déclarations

M. PRASAD BHATTARAI, Vice-Président de l’Assemblée générale, au nom de M. PETER THOMSON, Président de l’Assemblée générale, a reconnu que la voie vers la réalisation de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones n’est pas facile.  Les peuples autochtones continuent de faire face à une vulnérabilité extraordinaire.  Nombre d’entre eux souffrent du déni de leurs droits de l’homme les plus fondamentaux, tandis que d’autres sont victimes de la pauvreté, la marginalisation, les inégalités et l’exclusion sociale.  En outre, la mondialisation et l’urbanisation ont changé les modes de vie des communautés autochtones, apportant la culture de la gentrification et contribuant à la perte irréparable de l’histoire, des croyances et des langues autochtones.

M. Bhattarai a s’est également inquiété du fait que les terres ancestrales et les eaux qui ont fourni aux peuples autochtones leurs moyens de subsistance, sont dramatiquement touchées par les changements climatiques, provoquant une profonde insécurité et du désespoir.  Dans ce contexte, il a souligné que pour atteindre les objectifs de la Déclaration, des mesures spécifiques doivent être prises pour transformer ses idéaux en actions significatives.

Cela exige d’examiner soigneusement les contraintes persistances qui entravent nos progrès, de tirer des enseignements de l’expérience d’autrui, et d’utiliser des données pour élaborer des plans d’actions, des politiques, des stratégies et d’autres mesures.  Ces efforts doivent promouvoir, protéger et assurer la pleine réalisation de l’ensemble des droits des peuples autochtones.

Le Vice-Président de l’Assemblée générale a notamment voulu que ces efforts servent à prévenir et éliminer toutes les formes de violence et de discrimination dont sont victimes les peuples autochtones, notamment en s’attaquant aux discriminations dont sont l’objet les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Ces efforts doivent aussi sensibiliser aux cultures, à l’histoire et aux langues autochtones et appuyer leurs efforts pour préserver leur héritage.

M. Bhattarai a aussi réclamé plus d’efforts pour autonomiser les peuples autochtones afin de leur permettre de participer aux processus de prise de décisions les concernant, y compris aux Nations Unies, et de s’assurer que la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030 ne laisse pas les peuples autochtones de côté et en fasse des acteurs importants du développement durable.  Nous devons ainsi trouver des occasions pour aller de l’avant dans la réalisation de ces agendas supplémentaires de manière coordonnée, efficace et efficiente, a indiqué le Vice-Président. 

Dans une longue intervention, le Président de la Bolivie, Evo Morales, a salué l’importance que constitue, pour les luttes des mouvements autochtones, ce dixième anniversaire de la signature de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Il a expliqué que la lutte pour les droits des peuples autochtones était une lutte contre le « capitalisme morbide » et la surexploitation des ressources de la planète.  Il a appelé à organiser cette lutte au niveau mondial et à parvenir à l’autodétermination de l’ensemble des peuples, ce qui, a-t-il affirmé, revient à choisir entre « la planète et la mort ». 

«  Après les politiques de génocide post-1492, est arrivée la colonisation avec la tentative d’effacer nos identités et langues » a rappelé M. Morales, pour qui le néo-colonialisme est « la culture de la mort ».  Pour illustrer ses propos, il a notamment indiqué qu’en Iraq, un million de personnes ont perdu la vie depuis l’invasion de ce pays en 2003, que 400 000 personnes ont été tuées en Syrie depuis six ans et 50 000 en Libye. 

Mettant ensuite l’accent sur les inégalités produites par le monde capitaliste, le Président bolivien a noté que les huit personnes les plus riches du monde cumulent autant de richesse que les 3,5 milliards des personnes les plus pauvres.  Il a ajouté que plus d’un milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à l’électricité, que 3 milliards dépendent du bois pour cuisiner et se chauffer, et que 1,8 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable.  Dans ce contexte, il s’est dit scandalisé par la tendance mondiale à favoriser la privatisation de l’eau. 

Illustrant les succès de son combat anticapitaliste, depuis son arrivée au pouvoir il y a 11 ans, le Président Morales a déclaré que l’État bolivien est « passé d’un état colonial à un État plurinational » pour se libérer de l’analphabétisme, des bases militaires américaines et des contraintes imposées par le Fonds monétaire international.  Il a notamment précisé que le taux de pauvreté dans son pays a chuté de 38% à 6% entre 2006 et 2016.  Le Chef d’État de la Bolivie a appelé le monde à s’inspirer de cette lutte pour que cessent le pillage des connaissances autochtones et les discriminations et pour que l’accès aux services de base soit reconnu comme un droit de l’homme.  Au niveau international, il a appelé à l’avènement d’un multilatéralisme qui impose la résolution pacifique de tous les différends et à la création d’un monde sans monarchie, ni anarchie financière.

Mme KYUNG-WHA KANG, Conseillère principale du Secrétaire général pour les politiques, a déclaré que la mise en œuvre de la Déclaration doit être complète et indivisible, soulignant que l’ensemble de ses articles sont essentiels pour surmonter la marginalisation, l’exclusion et la discrimination dont souffrent les peuples autochtones.  Elle a constaté que depuis son adoption en 2007, certains progrès ont été réalisés pour mettre en œuvre la Déclaration, celle-ci ayant notamment été utilisée par des tribunaux et permis d’insuffler un élan en faveur de l’action politique qui, a-t-elle relevé, s’est notamment concrétisé par la création de plans nationaux d’action.

Mme Kang s’est toutefois inquiétée des nombreux défis qui persistent, à commencer par le manque de représentation politique, la marginalisation économique et la pauvreté, le manque d’accès aux services sociaux, et la discrimination.  Elle a aussi pointé du doigt la fragmentation des cadres juridiques et de certaines approches.  En outre, les conflits dont sont l’objet les terres et territoires appartenant aux autochtones et leur manque de représentation dans les processus de paix sont particulièrement préoccupants.

La Conseillère spéciale a également noté que l’écart entre les principes de la Déclaration et la réalité qui prévaut sur le terrain est particulièrement criant en ce qui concerne les femmes autochtones.  La discrimination dont elles sont l’objet n’est souvent pas signalée et elles sont écartées des discussions et des processus de prise de décisions, s’est-elle notamment inquiétée.

Mme Kang a ensuite passé en revue les différents outils dont dispose l’ONU pour surmonter ces obstacles.  Outre l’Instance permanente sur les questions autochtones, le Rapporteur spécial sur les peuples autochtones et le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, un plan d’action à l’échelle du système a été lancé au mois d’avril dernier, et des consultations sont en cours pour renforcer la participation des représentants et institutions autochtones aux travaux de l’ONU.  Elle a ajouté que la relation intime qu’entretiennent de nombreuses communautés autochtones avec leurs terres, ainsi que leur savoir et leurs pratiques, sont d’une importance notable alors que la communauté internationale met en œuvre les objectifs de développement durable.

M. ANDREW GILMOUR, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a constaté que malgré l’existence de nombreux obstacles, différents mouvements autochtones étaient en train de faire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones une réalité.  Des protecteurs de l’eau, à Standing Rock, aux États-Unis, aux défenseurs des droits des peuples autochtones qui militent du Népal au Mexique, tous se mobilisent pour faire du consentement préalable, libre et éclairé des communautés une réalité, s’est-il félicité.  M. Gilmour s’est toutefois inquiété du fait que les industries extractives continuent de détruire les terres autochtones et de considérer les populations autochtones non pas comme un atout essentiel, mais comme un obstacle.  Il a aussi condamné le meurtre de défenseurs des droits de l’homme.

Le Sous-Secrétaire général a souligné que les peuples autochtones doivent pouvoir affirmer et jouir de leurs droits et que leurs interactions avec les autorités doivent être exemptes de harcèlements et de représailles.  Il a aussi appelé le secteur privé à prendre conscience des principes consacrés par la Déclaration et à intégrer cette information dans les programmes d’études commerciales.

Le haut fonctionnaire a ensuite parlé du travail réalisé par les organes des Nations Unies pour promouvoir les droits des peuples autochtones, citant notamment le Mécanisme d’experts et le Fonds de contributions volontaires pour les peuples autochtones.  Il a aussi précisé que son Bureau appuie la création de plans d’action nationaux.

Mme MARIAM WALLET ABOUBAKRINE, Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a rappelé que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones est le fruit de deux décennies de négociations semées d’embuches.   Elle a défini cette Déclaration comme un cadre universel de survie et de dignité des peuples autochtones qui apporte une vision distincte du développement économique et social.  « Si nous avons vu quelques progrès depuis la signature, il y a 10 ans de la Déclaration, les peuples autochtones continuent de faire face à la marginalisation et l’exclusion », a regretté Mme Aboubakrine.  Elle s’est notamment alarmée du fait que 281 défenseurs des droits fonciers autochtones ont été tués en 2016, comparativement à 185 en 2015.  Elle a appelé à protéger les droits des défenseurs des droits fonciers autochtones et à faciliter leur accès à la justice.   Si des cadres législatifs ont été élaborés dans certains pays en faveur de la protection des autochtones, davantage d’efforts sont toutefois nécessaires, a-t-elle dit.  Elle a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente une immense opportunité pour répondre aux intérêts des peuples autochtones.  Elle a aussi dit la nécessité de mettre l’accent sur les droits des femmes et des jeunes autochtones.  

Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, a constaté que des progrès ont été réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, citant notamment l’adoption, par plusieurs pays, de lois et de politiques nationales qui protègent les droits des peuples autochtones.  Des progrès ont également été réalisés au sein du système des Nations Unies grâce à la création de politiques, de programmes et de projets qui leur sont dédiés. 

Des références aux normes établies dans la Déclaration ont été utilisées à plusieurs reprises par différents tribunaux, et sont aussi référencées par les directives des Nations Unies relatives aux entreprises et aux droits de l’homme, ainsi que dans les décisions de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention sur la diversité biologique, entre autres.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les objectifs de développement durable comportent aussi des cibles et des indicateurs concernant les peuples autochtones. 

En outre, différents mouvements de peuples autochtones ont pu être renforcés dans plusieurs régions du monde.  La Déclaration, s’est-elle félicitée, est un outil qui a permis d’autonomiser les peuples autochtones qui sont devenus mieux organisés et mieux équipés dans leurs efforts pour affirmer et revendiquer leurs droits.

Ces progrès se voient cependant confrontés à plusieurs obstacles, les peuples autochtones se voyant dépouillé de leur droit de s’organiser librement et de renforcer leurs capacités à affirmer et revendiquer leurs droits.  Mme Tauli-Corpuz s’est également inquiétée de la criminalisation des militants autochtones, dénonçant par ailleurs un manque de volonté politique à mettre en œuvre les recommandations formulées par différents processus multilatéraux ainsi que les décisions rendues par des tribunaux régionaux qui sont favorables aux peuples autochtones.

Mme Tauli-Corpuz a estimé que la meilleure façon de célébrer le dixième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones est d’identifier et de confronter, de façon honnête, les défis qui entravent sa pleine mise en œuvre effective à tous les niveaux.  Elle a notamment jugé impératif d’appliquer et d’assurer le suivi des recommandations formulées à l’intention des peuples autochtones lors de différents processus multilatéraux, y compris le document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les commentaires généraux des organes de traités des Nations Unies, les recommandations de l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme et les décisions favorables des tribunaux régionaux comme la Cour interaméricaine des droits de l’homme et la Cour africaine des droits de l’homme. 

Face à la complexité des crises économiques, environnementales, politiques et sociales qu’affronte le monde, la Rapporteuse a souligné qu’il est temps, pour les États et le système de l’ONU, de se joindre aux communautés autochtones pour trouver une solution à ces défis.  Le respect et la mise en œuvre des droits consacrés par la Déclaration est une solution à long terme pour atteindre un monde juste et durable, a-t-elle notamment affirmé.

M. ALBERT BARUME, Président et Rapporteur du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, a indiqué que l’adoption, en 2007, de la Déclaration était la culmination des efforts déployés pour combattre des siècles de discrimination particulièrement sévère dont ont été l’objet des peuples et des nations entières, contraints de vivre dans le désespoir, l’esprit brutalisé, leur culture avilie, leur mode de vie dénigré et leur humanité même l’objet de mépris.

M. Barume a vu dans la Déclaration un « cadre juridique réparateur », permettant de rétablir la confiance entre les peuples autochtones et l’État de tracer une feuille de route vers la réconciliation et de jeter les bases pour un nouveau type de partenariat entre les autochtones et les États, fondé sur la confiance et le respect mutuel, les droits et la coopération.  Il a souligné que la Déclaration ne doit en aucun cas être considérée comme un instrument qui consacre des nouveaux droits ou un traitement préférentiel aux peuples autochtones.  Ce n’est rien de plus qu’un instrument international qui réaffirme des droits déjà consacrés par d’autres instruments juridiques internationaux et qui garantit, pour les peuples autochtones, d’y avoir accès d’une manière équitable et respectueuse de leur culture, a-t-il expliqué.

Le Président du Mécanisme d’experts a ensuite passé en revue les principaux accomplissements réalisés depuis l’adoption de la Déclaration.  Il a notamment parlé des « efforts timides » pour intégrer le texte dans les cadres juridiques et politiques nationaux par l’intermédiaire de réformes juridiques, la création d’institutions spécifiques ou encore la tenue d’un dialogue constructif avec les communautés autochtones.  Il a aussi constaté qu’un nombre croissant d’institutions nationales de défense des droits de l’homme ont lancé des programmes spécifiques sur les droits des peuples autochtones, et que des tribunaux ont rendu des décisions historiques en ce qui concerne les droits des peuples autochtones.  En outre, s’est-il félicité, les peuples autochtones jouent un rôle de chef de file pour mettre en œuvre la Déclaration et en faire un instrument de « développement autonome ».

Cependant, a enchaîné M. Barume, les conditions de vie de la majorité des peuples autochtones ne se sont pas améliorées depuis l’adoption de la Déclaration.  Ils continuent de vivre parmi les segments les plus pauvres de la société, les jeunes, disproportionnellement non éduqués, souffrent de taux élevés de suicide et de toxicomanie, tandis que les femmes continuent d’être victimes d’un nombre disproportionnellement élevé d’actes de violences sexuelles.  Les personnes autochtones handicapées font face à des défis similaires, les autochtones sont surreprésentés dans les populations carcérales et leurs terres et ressources continuent d’être saisies.

Parmi les défis qui entravent la pleine mise en œuvre de la Déclaration, M. Barume a notamment relevé que cet Instrument n’est toujours pas pleinement intégré aux cadres juridiques et politiques nationaux.  Il a souligné que l’application de la Déclaration nécessite de s’attaquer aux discriminations structurelles qui, a-t-il affirmé, sont profondément ancrées dans les lois, politiques et programmes, ainsi que l’opinion politique, les livres d’histoire et les paradigmes éducatifs et de développement qui perpétuent la marginalisation des peuples autochtones.

Il a aussi relevé que de nombreux acteurs nationaux font face à des défis en ce qui concerne la capacité des politiques, des fonctionnaires, du secteur privé et des médias, entre autres, à comprendre la complexité et la spécificité des droits consacrés par la Déclaration.  Certains prétendent toujours que la Déclaration n’est pas une valeur ajoutée et n’a pas de pertinence dans un contexte national, s’est–il notamment inquiété.

M. Barume a, en outre, déploré que l’opinion publique et sa perception des peuples autochtones continuent d’être caractérisées par des vues stéréotypées, des comportements méprisants et des idées négatives préconçues au sujet de leur mode de vie et de production, leurs économies et leur rôle dans la société. 

Enfin, il a appelé à accorder une attention particulière, au sein des communautés autochtones, aux jeunes, aux personnes handicapées, aux femmes et aux peuples autochtones touchés par les conflits

La représentante autochtone pour la région Asie, Mme JOAN CARLING, a regretté que le Gouvernement du Japon continue de nier le statut de peuple autochtone originel des Okinawais.  « Le seul moyen de sauver l’humanité est de favoriser un dialogue interculturel traitant à pied d’égalité toutes les connaissances, y compris les connaissances ancestrales », a insisté, à son tour, le représentant autochtone pour la région Amérique du Sud, Amérique centrale et les Caraïbes, M. LUIS MACAS. 

Le représentant autochtone pour la région Amérique du Nord a, lui, indiqué que le passage transitoire de chaque être humain sur Terre dépendait étroitement des ressources naturelles, l’eau au premier chef.  Il s’en est pris à certains concepts, comme l’intégrité territoriale, utilisés par les États pour délimiter des frontières, alors que l’intégrité territoriale de la terre devrait unir toute l’espèce humaine.  La survie de l’espèce humaine est aujourd’hui menacée, a-t-il martelé.  Enfin, il a demandé que la Déclaration devienne une convention juridiquement contraignante.  « C’est à vous d’agir. »

Même son de cloche du côté du représentant autochtone pour la région Pacifique qui a salué le changement d’attitude des Nations Unies, qui se sont engagées à défendre les droits de ces peuples et à ne plus entériner les conquêtes militaires faites à leur détriment.  « Nous devons maintenant passer de la rhétorique aux actes », a-t-il dit, en exhortant à agir.  « Continuez de promouvoir la Déclaration, de défendre vos droits et de porter vos vêtements traditionnels. »

De son côté, la Ministre de la Commission nationale pour le développement des peuples autochtones du Mexique, Mme NUVIA MAYORGA, qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis des peuples autochtones, a lancé un appel pour que l’ONU réaffirme son engagement pour éliminer les injustices historiques commises contre les peuples autochtones.  La communauté internationale doit payer sa dette aux peuples autochtones et aux personnes d’ascendance africaine, a renchéri Mme DEVONNEY MCDAVIS, Présidente du Conseil régional de la côte nord-caribéenne du Nicaragua.

Les délégations ont détaillé les actions prises par leur pays pour répondre aux appels des peuples autochtones et mettre en œuvre la Déclaration, « une véritable avancée historique », pour le délégué de l’OIT.  Le Ministre adjoint de l’Afrique du Sud chargé des affaires coutumières, M. KOPENG OBED BAPELA, a ainsi déclaré que son pays veillait à assurer une meilleure participation des peuples autochtones aux décisions les concernant et à lutter contre les discriminations qui les frappent.  Il a également insisté sur l’importance de la question foncière -97% des ressources économiques étant toujours concentrées entre les mains d’une minorité blanche– tandis que le délégué du Népal a rappelé qu’un certain nombre de postes au sein de l’administration et de l’armée étaient réservés aux membres des peuples autochtones.

Le Secrétaire d’État du Ministère suédois pour la culture et la démocratie, M. PER OLSSON FRIDH, a souligné l’importance de la Convention nordique sami récemment négociée et rappelé que la Constitution suédoise avait été amendée pour reconnaître les droits des peuples autochtones.  « C’est une question de justice et de dignité. » Un point de vue partagé par le Secrétaire permanent du Ministère de la justice de la Finlande, M. ASKO VÄLIMAA, qui a souligné l’engagement de son pays pour que le peuple sami puisse jouir de ses droits et participer au débat national.

Le délégué du Danemark a, lui, détaillé les efforts de son pays pour une autonomisation politique du Groenland, alors que la représentante de la Nouvelle-Zélande a indiqué que son pays veillait à renforcer sa relation avec les Maoris dans le droit fil de la Déclaration et du Traité de Waitangi.  Son homologue de l’Australie, Mme RACHEL O’CONNER, a mentionné la mise en place d’un réseau pour l’autonomisation des peuples autochtones, notamment les aborigènes, dans son pays, tandis que le délégué de l’Estonie a rappelé que son pays était un contributeur régulier au Fonds volontaire pour les peuples autochtones.  Son homologue des États-Unis a souligné l’engagement de son pays visant à promouvoir la « résilience » des communautés autochtones, confrontées à de graves difficultés.  « Nous voulons abattre les barrières qui s’opposent à la prospérité de ces communautés. »

L’Équateur continuera ses efforts pour créer des espaces de dialogue avec les peuples autochtones et régler sa dette vis-à-vis d’eux, a dit le délégué de ce pays.  Les foyers autochtones disposant d’un accès aux réseaux d’assainissement est ainsi passé de 36% à plus de 63%, a-t-il indiqué, tandis que le délégué du Brésil a indiqué qu’il y avait 3 000 écoles autochtones et 20 000 élèves autochtones au Brésil.

Le délégué de l’Équateur a également demandé l’adoption d’un instrument international visant à sanctionner les grandes multinationales qui bafouent les droits et intérêts économiques des peuples autochtones.  Les Philippines ont lancé cette année un programme pour la répartition des terres des peuples autochtones et remédier à la cupidité de certains acteurs commerciaux, a soutenu le délégué de ce pays.  

La déléguée de la Hongrie a indiqué que son pays allait accueillir une conférence visant à dresser un parallèle entre les luttes des peuples autochtones et celles des minorités, tandis que son homologue de la Chine a affirmé qu’il ne fallait pas confondre minorités et peuples autochtones.  La représentante de l’Union européenne a, elle, indiqué que l’un des axes principaux de son action visait à protéger les droits des défendeurs des peuples autochtones.  L’Union appuie également le développement d’un « navigateur autochtone » qui est un outil, à disposition des peuples autochtones à travers le monde, visant à la collecte de données sur les droits humains et le développement de ces peuples, a-t-elle dit. 

De son côté, la représentante des peuples autochtones de la Fédération de Russie a noté que les peuples autochtones dans son pays bénéficiaient de droits supplémentaires par rapport aux autres citoyens russes, notamment des droits collectifs.  Les peuples autochtones doivent définir les voies de leur développement, personne ne devant prendre les décisions à leur place, a-t-elle dit. « Nous devons tous unir nos efforts. »

Un ton œcuménique battu en brèche par la Première Ministre adjointe de l’information de l’Ukraine, Mme EMINE AIYARIVNA DZAHAPAROVA, qui a raconté l’histoire tragique des Tatars de Crimée, récemment annexée par la Fédération de Russie. Notre objectif est de nous débarrasser de l’occupation illégale russe, a-t-elle martelé. Elle a rappelé le génocide perpétré par Staline contre les Tatars de Crimée et indiqué qu’un projet de loi visant à reconnaître les Tatars comme peuple autochtone d’Ukraine avait été déposé devant le Parlement ukrainien.

Rien n’avait été fait pour les Tatars, avant que la Crimée ne fasse partie de la Fédération de Russie, a réagi le délégué de la Fédération de Russie, M. IGOR BARINOV, qui a indiqué que la langue tatare était désormais une langue officielle dans son pays.  Enfin, répondant à une déclaration prononcée ce matin, la déléguée du Japon a déclaré que les protestations contre le projet de construction à Okinawa devaient se dérouler dans le respect des lois japonaises. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité de l’information examine comment le Département de l’information s’adapte aux habitudes changeantes du grand public

Trente-neuvième session,
1re séance – après-midi
PI/2199

Le Comité de l’information examine comment le Département de l’information s’adapte aux habitudes changeantes du grand public

Le Département de l’information de l’ONU (DPI) s’adapte aux nouvelles technologies et modernise ses méthodes de travail, en tenant compte des habitudes des utilisateurs, a annoncé cet après-midi le Chef de ce département, à l’ouverture de la trente-neuvième session du Comité de l’information.  M. Maher Nasser, qui a passé en revue les efforts visant à mieux faire comprendre au grand public le travail des Nations Unies, a indiqué que son Département est déjà en train de mettre en œuvre la réforme de la stratégie de communication de l’ONU demandée par le Secrétaire général.  Douze délégations ont insisté sur leurs priorités dont la parité entre les six langues officielles des Nations Unies.

Présentant les activités menées, entre septembre 2016 et février 2017, par les trois divisions du DPI -communication stratégique, information et diffusion et partage du savoir*-, le Secrétaire général adjoint par intérim à la communication et à l’information, M. Maher Nasser, a expliqué que « le DPI fait de son mieux pour tirer le meilleur parti de ses outils », que ce soit Internet et sa capacité à atteindre un nombre record de personnes, ou le réseau des centres d’information des Nations Unies qui diffusent des informations en langues locales sur le terrain.

Le DPI, qui s’améliore sans cesse, s’adapte aux nouvelles technologies et modernise ses méthodes de travail, en tenant compte des habitudes des utilisateurs.  C’est pour cela, a précisé M. Nasser, que le nombre de contenus que l’on peut visionner sur des tablettes et plateformes mobiles a nettement augmenté, et que les reportages audio et vidéo sont plus courts.

Le Secrétaire général adjoint par intérim a annoncé une autre nouveauté pour s’adapter aux nouvelles exigences du public: le Centre des nouvelles de l’ONU dévoilera bientôt ses nouvelles plateformes Internet intégrées qui, dans chaque langue, offriront des options supplémentaires pour les utilisateurs avec divers contenus numériques.

Autre tendance significative: la croissance exponentielle des comptes de médias sociaux dans les six langues officielles de l’ONU, ainsi qu’en portugais et en kiswahili.  Au cours des 12 derniers mois, par exemple, le nombre de visites de la chaîne YouTube de l’ONU en russe a augmenté de 275%; le compte Twitter français est passé de 320 000 impressions à trois millions; et la couverture en chinois du Forum des jeunes du Conseil économique et social (ECOSOC), en février, a recueilli plus de sept millions de visites sur les plateformes Weibo et Miaopai.

M. Nasser s’est aussi félicité de l’expansion des partenariats du DPI avec les diffuseurs, la société civile et le secteur privé, dont 172 télévisions dans 70 pays et plus de 900 radios dans 137 pays. 

Pas plus tard que ce matin, M. Nasser a dit avoir assisté à l’ouverture d’un atelier d’innovation organisé par les entreprises participant à l’initiative « Common Ground », en partenariat avec Google, pour mettre en compétition les équipes de créateurs sur la façon de promouvoir les objectifs de développement durable auprès des jeunes.

Si certains produits du DPI sont commerciaux, la plupart d’entre eux sont d’accès libre, et si certains produits sont éphémères, d’autres visent le long terme, a souligné le Président du Comité, M. Jan Kickert, de l’Autriche, élu aujourd’hui pour deux ans.

À l’heure des « fausses nouvelles », une information publique efficace pour promouvoir la paix et la sécurité, les droits de l’homme, la justice et le développement durable est plus importante que jamais, a remarqué M. Kickert.  Certaines délégations, comme celle de l’Algérie, ont d’ailleurs mis en garde contre l’usage inapproprié des technologies de l’information et des communications pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’États souverains et déstabiliser des pays et des régions.

D’autres intervenants se sont inquiétés de la disparité entre les langues officielles dans les produits et sur les plateformes des Nations Unies, notamment dans les campagnes de médias sociaux.  C’est ce qu’a soulevé notamment le représentant de l’Équateur, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ainsi que celui du Costa Rica.

Certains, comme le délégué de l’Équateur et porte-parole de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), ont demandé précisément d’élargir aux six langues officielles les communiqués de presse, en demandant au Département de développer une stratégie à cette fin, « par des moyens créatifs et sans incidence budgétaire ».  Même requête de la part du délégué de l’Algérie, désireux de disposer de communiqués de presse notamment en arabe, et de son homologue du Pérou, au nom du Groupe des Amis de l’espagnol, qui demandait en outre que les campagnes d’information mondiales soient multilingues dès leur conception. 

Enfin, des appels ont été lancés pour que, malgré la montée en puissance des nouvelles technologies et des médias sociaux, les supports traditionnels, tels que la télévision, la radio et la presse écrite, gardent leur place à l’ONU.  Une exigence venant des pays en développement.

En début de séance, le Comité a élu par acclamation un nouveau bureau pour 2017 et 2018: M. Jan Kickert (Autriche), à la présidence; Mme Carla River (El Salvador) et MM. Jakub Chmielewski (Pologne) et Hajime Kishimori (Japon) aux vice-présidences, ce dernier ayant aussi été élu Rapporteur.

Le Comité de l’information poursuivra son débat général demain, mardi 25 avril, à 10 heures.

* A/AC.198/2017/2, A/AC.198/2017/3 et A/AC.198/2017/4

OUVERTURE DE LA SESSION

Déclarations liminaires

M. JAN KICKERT (Autriche), Président du Comité de l’information, a rappelé qu’en tant qu’organe subsidiaire de l’Assemblée générale établi pour gérer les questions relatives à l’information publique, le Comité est responsable de la surveillance des travaux du Département de l’information (DPI) et qu’il doit donner des orientations quant à ses politiques, programmes et activités.

L’information publique que le Département fournit aux pays et le public auquel il s’adresse sont aussi variés que les Nations Unies elles-mêmes, a-t-il fait remarquer.  Questions politiques et de sécurité, droits de l’homme, questions économiques et sociales, droit international, questions institutionnelles, administratives et budgétaires de l’ONU, tous les sujets sont couverts.

Le Département utilise tous les supports; certains produits sont commerciaux mais la plupart d’entre eux sont d’accès libre car « ils sont destinés aux peuples que nous servons », a expliqué M. Kickert.

Certains produits sont éphémères, tels que les communiqués de presse ou les messages sur les réseaux sociaux; ils peuvent également viser le long terme, comme des ouvrages de référence ou les archives multimédia.

Quant aux centres d’information des Nations Unies, ils travaillent pour améliorer l’effet local des campagnes mondiales, a poursuivi le Président.

Le Département de l’information, a-t-il assuré, fait en sorte que ses produits soient traduits en plusieurs langues, en se servant des nouvelles technologies.

La Journée mondiale de la liberté de la presse, le 4 mai, aura lieu au cours de notre session, a-t-il relevé, en y voyant une occasion de célébrer « des principes fondamentaux » et de défendre les médias contre les coups portés à leur indépendance.

À l’heure de la désinformation virale et des « fausses nouvelles », une information publique efficace pour promouvoir la paix et la sécurité, les droits de l’homme, la justice et le développement durable est plus importante que jamais, a conclu M. Kickert. 

M. MAHER NASSER, Secrétaire général adjoint par intérim à la communication mondiale et Chef du Département de l’information (DPI), qui a commencé son intervention en arabe, a rappelé que le Secrétaire général avait appelé à une réforme de la stratégie de communication de l’ONU qui passe par une mise à jour des outils et plateformes utilisés.  Des changements que le DPI est déjà en train de mettre en œuvre, a-t-il assuré, dans l’objectif de rendre pertinentes, stratégiques et accessibles les informations communiquées par l’ONU.

Après avoir rendu hommage au Président sortant du Comité de l’information, M. Kaha Imnadze, et à l’ancienne Secrétaire générale à la communication et à l’information, Mme Cristina Gallach, il a donné des précisions concernant les activités du Département sur la communication stratégique, l’information et les médias et la sensibilisation du public.  M. Nasser a tout d’abord assuré que le DPI fait de son mieux pour tirer le meilleur parti de ses outils, tels que ses plateformes d’information multilingues, son réseau mondial de centres d’information des Nations Unies (CINU) et son éventail de partenaires de proximité.  Le Département s’adapte aux nouvelles technologies et modernise ses méthodes de travail, en tenant compte des habitudes des utilisateurs.  Il s’assure donc que des contenus plus nombreux et plus visuels soient disponibles sur les tablettes et les plateformes mobiles et sociales.  M. Nasser a également signalé le lancement, au début de l’année, du compte Twitter du Secrétaire général, le premier pour un Secrétaire général de l’ONU.

« De manière plus générale, a-t-il poursuivi, nous renforçons l’orientation stratégique de nos médias sociaux multilingues afin de mieux communiquer avec une audience mondiale. »  Outre une meilleure planification des contenus multilingues, il a noté une croissance exponentielle des comptes dans les six langues officielles de l’ONU, ainsi qu’en portugais et en kiswahili.  Au cours des 12 derniers mois, par exemple, le nombre de visites de la chaîne YouTube de l’ONU en russe a augmenté de 275%; le compte Twitter français est passé de 320 000 impressions à trois millions; et la couverture en chinois du Forum des jeunes du Conseil économique et social (ECOSOC), en février, a recueilli plus de sept millions de visites sur les plateformes Weibo et Miaopai.

Les produits d’information et de médias sont également plus orientés vers le multimédia, car les équipes partagent leurs produits, traditionnels ou numériques, dans les huit langues.  M. Nasser a aussi expliqué que les reportages audio et vidéo sont plus courts, afin de répondre à l’évolution des besoins des consommateurs et de présenter des arguments convaincants.  Le Centre des nouvelles de l’ONU dévoilera bientôt ses nouvelles plateformes Internet intégrées qui, dans chaque langue, offriront des options supplémentaires pour les utilisateurs avec divers contenus numériques, comme des infographies.

À l’heure actuelle, plus de 150 sites gérés par le Département sont déjà entièrement multilingues et accessibles aux personnes handicapées.  En outre, en réponse aux demandes des États Membres, l’équipe chargée de la diffusion sur le Web a retransmis en direct ou à la demande, depuis septembre 2016, des séances plénières du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, dans les six langues officielles de l’ONU.

Le Secrétaire général adjoint par intérim a fait valoir l’expansion des partenariats du DPI avec les diffuseurs, la société civile et le secteur privé: le Département a maintenant plus de 172 télévisions partenaires dans 70 pays, et plus de 900 radios partenaires dans 137 pays.  Cela permet notamment de diffuser auprès de 17 millions d’auditeurs en Afrique, grâce au programme de Radio kiswahili.   UNifeed, le service de vidéos d’actualités, alimente les principaux radiodiffuseurs, tels qu’Al-Arabiya, BBC, CCTV, CNN, Iran’s Press TV, Reuters et SABC.  Ainsi, les nouvelles de l’ONU sont diffusées par ces clients en moyenne 5 000 fois par mois.

À cela s’ajoutent des compagnies aériennes qui présentent des informations multimédias dans le cadre de leur programme de divertissement en vol, les dernières en date étant Air Canada, Cathay Pacific, Xiamen Airlines et Finnair.  En outre, le Département a collaboré le mois dernier avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la Fondation des Nations Unies et Sony Pictures pour promouvoir les objectifs de développement durable dans le cadre de la Journée internationale du bonheur.  C’est ainsi que l’on est arrivé à 801 millions d’impressions potentielles sur les médias sociaux pour la campagne numérique multilingue « Small Smurfs, Big Goals » (Petits Schtroumpfs, grand objectifs), un bon exemple de l’effet multiplicateur de ces partenariats.

Ce ne sont que quelques-uns des nombreux partenariats stratégiques qui nous permettent de raconter l’histoire des Nations Unies, a précisé M. Nasser.  Il a cité à ce titre le soutien apporté par l’organisation mondiale de l’industrie de téléphonie mobile GSMA aux centres d’information des Nations Unies grâce à une application gratuite appelée « SDGs in Action » (Les objectifs de développement durable en action), qui permet aux utilisateurs de publier des informations sur les actions qu’ils mènent pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable et d’interagir avec d’autres acteurs dans ce domaine.

M. Nasser a signalé avoir, pas plus tard que ce matin, assisté à l’ouverture d’un atelier d’innovation de trois jours organisé par les entreprises participant à l’initiative « Common Ground », en partenariat avec Google, pour mettre en compétition les équipes de créateurs sur la façon de promouvoir les objectifs de développement durable auprès des jeunes.

Parmi les autres priorités que promeut le DPI, il a cité les réfugiés et les migrants, en mentionnant le soutien apporté au nouveau Représentant spécial pour les migrations et l’initiative « Ensemble » destinée à lutter contre la xénophobie et à promouvoir la diversité et l’intégration sociale des réfugiés et des migrants.  Le Centre d’information de Mexico a, par exemple, présenté des affiches et des vidéos dans les stations de métro pour montrer des images positives de la diversité humaine.

Le DPI soutient aussi la réponse de l’Organisation aux crimes d’exploitation et d’abus sexuels commis par le personnel des Nations Unies, et notamment la nouvelle approche présentée le mois dernier par le Secrétaire général.  Un plan d’action de communication est ainsi en cours d’élaboration, avec pour objectif de sensibiliser le grand public, les pays fournisseurs de contingent, les communautés d’accueil, le personnel des Nations Unies et les partenaires extérieurs.  Le but est aussi d’améliorer la transparence des rapports, grâce à l’utilisation de plateformes de communication et des mises à jour régulières, et de renforcer la communication de crise.  Sur ce sujet, le DPI travaille aussi avec le Département de la gestion à un plan de communication interne à long terme, disponible sur iSeek notamment, qui inclura des renseignements sur l’exploitation et les abus sexuels en mettant l’accent sur la façon dont cette question touche le personnel.  Cette communication touchera les questions de la déclaration des allégations et de la protection des lanceurs d’alerte.

Le DPI travaille en étroite collaboration avec les opérations de maintien de la paix des Nations Unies sur la façon dont les missions peuvent renforcer leurs communications au niveau local et comment le DPI, avec ses plateformes multimédias et multilingues, peut amplifier les messages.  Des vidéos et des entretiens avec des responsables ont déjà été publiés.  M. Nasser a ajouté vouloir travailler avec l’« avocat des droits des victimes » qui doit être nommé pour aider à formuler des stratégies efficaces de sensibilisation des victimes.

Le DPI continue par ailleurs à couvrir le travail mené dans les missions politiques et de maintien de la paix des Nations Unies, de la Syrie au Yémen, en passant par le Soudan du Sud et le Mali, ainsi que les questions cruciales de paix et de sécurité, telles que la lutte contre le terrorisme, et la réponse aux crises émergentes.

Passant au Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Nasser a assuré qu’il est au cœur des efforts de communication du DPI.  Le Département profitera des préparatifs de la Conférence sur les océans, prévue en juin à New York, pour mener une communication à l’échelle des Nations Unies en plusieurs langues, y compris en langues locales.  Au niveau des pays, de nombreux centres d’information organisent ou soutiennent des projets qui mettent en lumière la question de l’environnement marin ou qui montrent comment les individus peuvent agir dans le bon sens.  Quant aux nouvelles plateformes d’information du DPI, elles diffusent des reportages dès maintenant et jusqu’en juin sur les questions relatives aux océans, pendant que les magazines Chronique de l’ONU et Afrique Renouveau préparent des éditions spéciales sur la question et que la Bibliothèque Dag Hammarskjöld développe un guide d’informations en ligne.  La Conférence elle-même fera l’objet d’une couverture médiatique complète, avec notamment l’installation d’une « Media Zone » dans le hall des visiteurs.

Enfin, la session annuelle du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, prévue en juillet, sera couverte selon un plan de communication qui utilise notamment les CINU pour attirer l’attention sur les efforts des États Membres présentant des examens nationaux volontaires.

Le Secrétaire général adjoint par intérim a ensuite vanté l’utilité des cartes qui présentent les actions de l’ONU en 10 points, des cartes qui peuvent être imprimées au dos des cartes de visite en téléchargeant le fichier sur e-deleGATE.

Pour suivre la direction donnée par le Secrétaire général qui met le cap sur la prévention des crises et des conflits, des forums de prévention ont été organisés par l’initiative Impact universitaire des Nations Unies, en coopération avec d’autres partenaires.  En outre, le Secrétaire général vient de nommer son premier Messager de la paix en la personne de Mme Malala Yousafzai.

M. Nasser a également décrit ce qui est fait pour célébrer le dixième anniversaire de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, avant de rappeler que l’Afrique continue d’être une priorité des efforts de communication du Département.  Ainsi, une application Afrique Renouveau a été lancée, dans deux langues.

Il a également fait part du projet de traduction en arabe et en chinois de la nouvelle édition de l’ABC des Nations Unies, avant de souligner que les efforts de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld pour partager des informations sont amplifiés par les 360 bibliothèques dépositaires des Nations Unies dans 134 pays.  Plus de 3 500 publications sur les thèmes de l’ONU sont disponibles sur iLibrary.  Pour ce qui est des visites guidées en plusieurs langues du Siège de l’ONU, à New York, un espace interactif pour les enfants ouvrira d’ici à la fin du mois de juin.

M. Nasser a indiqué par ailleurs que les recommandations du Comité, l’an dernier, qui encourageaient une collaboration entre le DPI et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences (DGACM), avaient été impossibles à mettre en place à cause de l’absence de ressources supplémentaires.  Il a expliqué les différences fondamentales entre la mission du DGACM, qui produit dans un délai précis des documents et des traductions officiels, et celle du DPI qui fournit des informations pertinentes en plusieurs langues.

Comme prévu dans le paragraphe 95 de la résolution de l’an dernier, le magazine Chronique de l’ONU est disponible en ligne dans les six langues officielles de l’ONU et un petit nombre d’exemplaires imprimés en anglais et en français continuent d’être distribués.  Enfin, le Département abrite le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse auquel le Secrétaire général est en train de choisir un successeur, a rappelé M. Nasser.

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a salué les efforts du Groupe de la sensibilisation du public pour ses campagnes de communication sur les questions de développement, de changement climatique et d’habitat, en soulignant en particulier le travail accompli par le DPI à la Conférence Habitat III, tenue à Quito en octobre 2016, et à la vingt-deuxième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, à Marrakech en novembre 2016.  Il a encouragé le Département à continuer à promouvoir les décisions prises par la communauté internationale sur ces questions et d’autres, comme la décolonisation, le dialogue entre les civilisations et la lutte contre l’extrémisme. 

Passant à la question du multilinguisme, le représentant s’est félicité des progrès accomplis dans son intégration dans toutes les activités des Nations Unies.  Il s’est toutefois dit toujours préoccupé par la disparité entre les langues officielles dans les produits et sur les plateformes des Nations Unies, notamment dans les campagnes de médias sociaux.  Il a donc encouragé le DPI à continuer à combler le fossé entre ses sites Internet.  De façon prioritaire, il a réitéré la demande visant à élaborer une stratégie pour fournir des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale pertinentes.  Il a aussi réaffirmé son soutien au travail des centres d’information des Nations Unies qui diffusent le message de l’ONU dans les langues locales, demandant au Département de leur offrir les ressources humaines et les équipements nécessaires.

Reconnaissant ensuite l’importance des technologies de l’information et des communications, et notamment des médias sociaux, le délégué a cependant demandé de continuer à utiliser les médias traditionnels, comme la télévision, la radio et la presse écrite, arguant qu’ils restent les principaux moyens de communication dans de nombreux pays en développement.  En outre, a-t-il observé, les technologies de l’information et des communications peuvent être mal utilisées et diffuser des informations déformées.  Le représentant a ensuite attiré l’attention sur la question de la Palestine et sur le processus de paix au Moyen-Orient en soulignant l’importance, pour le programme d’information sur ce sujet, de présenter le processus politique de façon à faire émerger une paix durable.

Le G77, a poursuivi le représentant, souligne l’importance de la mise en œuvre du Programme de stages de journalisme Reham Al-Farra pour former des journalistes des pays en développement.  Il a demandé au DPI d’examiner les moyens de tirer au maximum profit de ce programme en augmentant le nombre de participants.  De même, il a mis en évidence les activités de sensibilisation des Nations Unies et en particulier celles de l’initiative Impact universitaire dont il souhaite qu’elle invite davantage d’institutions de toutes les régions du monde et en particulier des pays en développement.

Ayant lu les trois rapports du DPI, M. GERARDUS ANTONIUS WILHELMUS VAN DEN AKKER, de l’Union européenne, s’est attardé sur l’importance du développement des alliances stratégiques avec la société civile, le milieu universitaire, le secteur privé et les institutions culturelles qui amplifient potentiellement les messages de l’ONU.  Il a aussi souligné l’importance de la fourniture améliorée des programmes sur les plateformes traditionnelles et numériques grâce à des partenariats renforcés avec les acteurs internationaux et locaux, en particulier les équipes de pays des Nations Unies.  Il a ajouté, parmi les améliorations à saluer, le développement des moyens innovants pour rationaliser l’administration et la mise en œuvre de moyens rentables de partager les tâches de coordination, de communication et d’information entre le Siège et les bureaux en vue d’éviter les doublons, et d’agir avec autant d’efficacité que possible sur les priorités de terrain, tout en optimisant la portée.

Il a enfin cité l’amélioration des efforts de « diplomatie publique », grâce à l’identification et la sensibilisation de publics auparavant inexploités et à des partenariats innovants, avec un accent sur les jeunes et les droits de l’homme.  Considérant que le multilinguisme comme une priorité, M. Van Den Akker s’est félicité des efforts du Département pour le systématiser dans toutes les activités de communication et d’information.  Il a également abordé la question de la liberté d’opinion et d’expression, saluant les efforts déployés par le Département dans le cadre des célébrations de la Journée internationale de la liberté de la presse et de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a fait valoir que les questions relatives à l’information devaient respecter strictement les normes du droit international et la Charte des Nations Unies.  À cet égard, il a salué le travail important entrepris par le Comité de l’information pour établir un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication plus juste et efficace, en vue de renforcer la paix et l’entente internationale.

La CELAC appuie le potentiel des communications électroniques, mais elle reste préoccupée par la fracture numérique entre les pays développés et en développement, a souligné le représentant.  Il a donc jugé très important de continuer à utiliser des supports traditionnels pour diffuser les messages des Nations Unies, comme la radio, la télévision et la presse écrite.  Il a également encouragé le Secrétaire général et le Département de l’information à renforcer leur appui aux centres d’information des Nations Unies.

La CELAC réaffirme la Déclaration spéciale sur les processus de gouvernance d’Internet adoptée par les chefs d’État et de gouvernement pendant le troisième sommet de la Communauté, qui s’est tenu les 28 et 29 janvier 2015 au Costa Rica.  À ce sujet, le représentant a rappelé les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté des États, ainsi que le droit de chacun à la vie privée.  Il a également réitéré que les médias, y compris les technologies de l’information et des communications, sont des outils importants pour promouvoir la paix, le bien-être, le savoir, l’intégration sociale et le développement économique, d’où l’importance de concevoir des politiques et des stratégies propres à réduire la fracture numérique, à l’intérieur des pays et entre eux, et de préserver le pluriculturalisme et la diversité.  Il a également dénoncé les violations des fréquences radioélectroniques.

La plupart des États d’Amérique latine et des Caraïbes ont le français, l’anglais ou l’espagnol comme langue officielle, a relevé le représentant, en défendant le principe de la parité dans les six langues officielles de l’ONU et les résolutions relatives au multilinguisme.  Dans cet esprit, il a salué la nomination du coordonnateur pour le multilinguisme, dont le rôle doit être de promouvoir une culture favorable au multilinguisme.  D’après lui, il est indispensable de « diffuser toute l’information dans le plus de langues possibles, dont le portugais et les langues autochtones ».

En particulier, le représentant s’est dit « très préoccupé par le fait que la publication des communiqués de presse n’ait pas été élargie aux six langues officielles ».  Il a demandé au Département de l’information de développer une stratégie à cette fin, par des moyens créatifs et sans incidence budgétaire.  Il a souhaité que les ressources budgétaires et humaines du Département soient équitablement réparties entre les langues officielles, dans toutes les activités, tant sur les nouveaux médias que les médias traditionnels.  À cet égard, il a appuyé les efforts du Groupe des Amis de l’espagnol aux Nations Unies.

Au nom du Groupe des Amis de l’espagnol, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a plaidé en faveur du multilinguisme en ce qu’il permet un véritable dialogue multilatéral et le respect du multiculturel.  Les 20 pays hispanophones de son Groupe, qui viennent de trois continents, soulignent en particulier l’importance de la langue espagnole comme deuxième langue la plus parlée dans le monde, ainsi que son impact sur le travail de l’ONU, en tant que deuxième langue la plus consultée sur les pages Internet du DPI.  Il a précisé qu’environ 27% des sessions et 29% des utilisateurs du site Web utilisent les pages en langue espagnole.  Le représentant s’est réjoui de la hausse de 100% de l’utilisation des pages YouTube en espagnol et du fait que le compte Twitter espagnol ait 672 000 abonnés, tandis que le compte Facebook en a 355 000. 

Le Groupe reconnaît les efforts du DPI pour produire des documents et fournir des services dans les six langues officielles, a-t-il dit tout en relevant la disparité qui demeure entre l’anglais et les cinq autres langues.  Il faut, a-t-il exigé, promouvoir un véritable multilinguisme, par le biais d’une nouvelle vision stratégique et la révision des méthodes de travail.  Il a relevé que les pages Internet et les réseaux sociaux sont les portes d’accès aux Nations Unies, d’où l’importance d’une représentation égale des six langues officielles.  Il a demandé que le rapport du Secrétaire général contienne des informations ventilées par langue et des statistiques complètes sur le trafic des pages Internet, des informations qui sont encore trop limitées en ce qui concerne les réseaux sociaux.

Le représentant a également souhaité que les campagnes d’information mondiales soient multilingues dès leur conception.  Il a souligné le rôle important que jouent les centres d’information des Nations Unies dans ce domaine, car ils utilisent les langues locales pour diffuser les informations.  Le processus de rationalisation du réseau de ces centres doit donc prendre en compte les caractéristiques de chacun d’entre eux.  Enfin, il a demandé d’élaborer de manière prioritaire des mécanismes créatifs pour pouvoir publier les communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles.  Il a proposé à cet égard de répliquer le mécanisme de points focaux thématiques dans les unités linguistiques de la Section des services Web.

Vice-Président chargé du multilinguisme au sein du Groupe francophone de New York, M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso), a indiqué que pour son Groupe le multilinguisme n’est que le corolaire du multilatéralisme.  Il a souligné l’importance, pour tous les départements du Secrétariat de l’ONU, d’intégrer le multilinguisme dans l’ensemble de leurs activités d’information et de communication et de chercher chaque jour davantage à élargir leur public.  Il est important, a-t-il insisté, de souligner la nécessité de travailler à atteindre la parité dans l’utilisation de six langues officielles des Nations Unies.  Au-delà de ses langues officielles, notre Organisation doit travailler, partout où le besoin se fait sentir, à utiliser les langues des communautés pour pouvoir véhiculer les messages et idéaux qui lui sont chers. 

Les nouveaux médias offrent certes à l’Organisation une source inépuisable pour continuer d’élargir son rayon d’action mais, a prévenu le représentant, pour s’assurer qu’on ne laisse personne de côté, il faut continuer à accorder l’attention qui sied aux médias traditionnels car pour nombre de populations dans les pays en développement, la radio, la télévision et la presse écrite continuent d’être la source privilégiée pour s’informer.  Le représentant a conclu en se félicitant de la coopération entre la Francophonie et le Département de l’information et cité les exemples de la table ronde organisée à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie sur le thème « Langues et diversité, facteurs de paix » et la projection du documentaire « Demain » sur l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a appuyé les travaux des centres d’information des Nations Unies dans le monde, avec une mention particulière pour le Centre de Buenos Aires qui a entrepris d’importantes campagnes d’information sur les objectifs de développement durable et la prévention de la violence sexiste.  Le multilinguisme est une valeur fondamentale de l’ONU, a-t-il déclaré, en souhaitant « passer d’une culture de la traduction à partir de l’anglais à une véritable culture multilingue, dans laquelle les spécificités des différentes langues sont prises en compte à toutes les étapes de la communication ».

Le représentant a noté que l’espagnol continuait d’être la deuxième langue de consultation de la page Web des Nations Unies, avec 27% des sessions et 29% des utilisateurs.  Il a demandé au Secrétariat d’inclure dans ses rapports davantage de statistiques ventilées et de comparaisons sur l’usage des six langues officielles de l’ONU dans tous les produits élaborés par le Département de l’information, y compris sur les réseaux sociaux.  Préoccupé par la disparité à ce sujet sur le site Web de l’Organisation, il a rappelé que « la parité linguistique inclut aussi les communiqués de presse quotidiens », qui ne restent pour l’instant disponibles que dans deux langues. 

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a dit apprécier en particulier, dans les travaux du DPI, les efforts entrepris pour autonomiser les jeunes, grâce à ce qui est accompli en coordination avec le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse.  Il a cité notamment l’initiative UN4MUN à laquelle participent plus de 100 000 étudiants du monde entier, une initiative grâce à laquelle les équipes de « L’ONU mise en scène » apprennent à mener des simulations de la façon dont l’ONU travaille.  Il a également salué la coopération du DPI avec d’autres départements de l’ONU, comme celui du maintien de la paix pour appuyer les activités de terrain.

Venant à la question du multilinguisme, il a souligné son importance dans tous les canaux de communication de l’ONU, en particulier la retransmission vidéo (Webcast).  Il a appuyé les initiatives visant à parvenir à la parité entre les six langues officielles, mais a relevé qu’on est encore loin du compte.  Il a souhaité que les dépêches, les communiqués de presse quotidiens et les archives puissent être offerts dans toutes les langues. 

Le représentant a souligné l’importance de cibler les jeunes dans la communication, car cela leur ouvre de nouvelles possibilités de participation sociale, économique, environnementale, politique et culturelle.  Le Costa Rica a ainsi travaillé à la mise en œuvre de plusieurs initiatives pour assurer l’implication des jeunes, comme le programme national de technologies mobiles pour l’éducation « tecno@prender ».  L’outil proposé par Internet est devenu une forme de communication qui nous rapproche de plus en plus les uns des autres, a-t-il remarqué, en saluant le travail de Freedom Online Coalition qui œuvre pour la protection des droits de l’homme sur Internet.

Sur le thème de la décolonisation, M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a dit attendre avec impatience la traduction dans toutes les langues officielles du dépliant intitulé « Ce que les Nations Unies peuvent faire pour aider les territoires non autonomes ».  Il a de nouveau demandé au Département de l’information de diffuser dûment l’information relative aux activités de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation, en mettant l’accent sur la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011-2020).  Il a également dit apprécier la couverture de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le 29 novembre, et souhaité que le programme annuel de formation des journalistes palestiniens se poursuive.

Par ailleurs, le représentant a estimé que le Département pourrait mieux éduquer le grand public sur le rôle de l’Assemblée générale dans la sélection du Secrétaire général de l’ONU.  Il a mis en garde contre « le risque de politisation de l’information publique » et l’usage inapproprié des technologies de l’information et des communications pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’États souverains et déstabiliser des pays et des régions.

M. Bessedik a aussi appelé au renforcement des centres d’information des Nations Unies et réitéré l’importance des médias traditionnels, à savoir presse écrite, radio et télévision.  Il a également plaidé pour que le multilinguisme soit intégré dans toutes les activités d’information et de communication.  Il faut, a-t-il insisté, utiliser toutes les langues officielles de l’ONU, en particulier l’arabe.  À ce sujet, il a regretté les disparités observées dans la publication des communiqués de presse, notamment pour ce qui est de la couverture de la Quatrième Commission.  

Avant de saluer, lui aussi, le rôle joué par les centres d’information des Nations Unies à travers le monde, M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a encouragé l’ONU à disséminer des informations sur la réforme du Conseil de sécurité, l’éradication de la pauvreté, l’initiative « Un monde contre la violence et l’extrémisme violent » –initiée par son pays en 2014–, le dialogue entre civilisations, le maintien de la paix, le désarmement, la décolonisation, et la lutte contre le terrorisme « sous toutes ses formes et manifestations », y compris les mesures économiques coercitives telles que les sanctions et les embargos.  Selon lui, la situation dangereuse persistante dans laquelle nous vivons aujourd’hui est le fruit de la violence, de l’intolérance, de l’extrémisme et du terrorisme.

Pour son pays, le DPI doit continuer de sensibiliser aux conséquences négatives de l’occupation, y compris celle de la Palestine.  Tout en saluant le Département pour son Programme spécial sur la question de Palestine, en particulier ses formations pour les journalistes palestiniens, le représentant l’a exhorté à n’épargner aucun effort pour prêter assistance au peuple palestinien dans d’autres domaines et « par tous les moyens à sa disposition ».  Il a enfin demandé que la mise en œuvre du Programme de stages de journalisme Reham Al-Farra se poursuive, demandant au Département de réfléchir aux moyens de maximiser les apports de ce Programme en étendant, par exemple, sa durée et son nombre de bénéficiaires.

M. HIROYUKI MASE (Japon) a estimé que l’objectif principal du DPI, qui est d’accroître la prise de conscience autour des activités de l’ONU, devra être réalisé en améliorant l’efficacité et la transparence, grâce à une rationalisation des ressources actuelles, à une mise en œuvre des activités sans coûts supplémentaires.  Se félicitant ensuite du travail accompli par les centres d’information de l’ONU, en particulier celui de Tokyo, le représentant a salué le fait que le Secrétaire général ait placé la paix en tête de ses priorités.  Il a toutefois fait observer que la paix ne pourrait reposer que sur le Conseil de sécurité ou même par la communauté des Nations Unies.  Elle exige l’implication de tous les « amoureux de la paix » dans le monde pour lesquels l’art et la culture jouent un rôle primordial.  Il a donc attiré l’attention sur l’initiative « Paix pour tous », lancée par son pays, et qui fait des arts et de la culture des vecteurs au travers desquels chacun peut s’informer plus facilement sur l’ONU et ses objectifs.  Après son lancement, le 11 avril dernier, avec le soutien du DPI, « Paix pour tous » donnera lieu à des manifestations mensuelles, a annoncé M. Mase.

Tout en ayant recours, de manière croissante, aux technologies de l’information et des communications, le Département de l’information doit continuer de faire usage des supports médiatiques traditionnels, a estimé M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal).  « La radio doit garder sa place à l’ONU », a-t-il plaidé, en relevant qu’elle restait très efficace dans les pays du sud.  Malheureusement, la majeure partie des populations des pays en développement est encore aujourd’hui exclue de l’évolution des technologies de l’information et des communications.  La mise en œuvre d’une stratégie ambitieuse de communication requiert aussi « la résorption de la fracture numérique qui sépare le Nord et le Sud », a-t-il insisté.

Il faudrait, dans ce cadre, continuer à accorder une attention bienveillante aux besoins prioritaires de l’Afrique en soutenant notamment ce continent dans la formulation de politiques d’information efficaces en vue de l’éradication des grands fléaux qui l’assaillent, a poursuivi le représentant.  En ce qui le concerne, le Sénégal continue d’apporter son soutien au Centre d’information de Dakar, après lui avoir affecté gracieusement des locaux opérationnels.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance sur les questions autochtones ouvre sa session 2017, consacrée à l’application de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones

Seizième session,
1re et 2e séances – matin & après-midi
DH/5351

L’Instance sur les questions autochtones ouvre sa session 2017, consacrée à l’application de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones

L’Instance permanente sur les questions autochtones a ouvert, ce matin, au Siège des Nations Unies à New York, sa seizième session annuelle consacrée à l’état de mise en œuvre, dans le monde, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Considérée comme l’instrument international le plus complet sur les droits fondamentaux des peuples autochtones, cette Déclaration a été adoptée il y a 10 ans par l’Assemblée générale.

Donnant lecture d’une intervention de M. Peter Thomson, Président de l’Assemblée générale, son vice-président M. Prasad Bhattarai, a expliqué que l’enjeu de cette session est de faire entendre les voix, visions et contributions des peuples autochtones, et notamment celles des femmes et des jeunes, afin de façonner la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour permettre aux peuples autochtones de bénéficier des acquis du développement. 

À l’instar du Président de l’Assemblée générale, le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, M. Lenni Montiel, la Directrice générale adjointe de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Lakshmi Puri, et le Vice-Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), M. Cristiàn Barros Melet, ont salué le début d’un exercice qui permettra, selon eux, de reconnaître non seulement les droits des peuples autochtones, mais aussi l’importance de leurs connaissances et expériences pour protéger notre planète et mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Sous des applaudissements nourris, la Ministre des affaires autochtones et du nord du Canada, Mme Carolyn Bennett, a de son côté souligné que la question de la réconciliation n’est pas uniquement une problématique autochtone, mais un « impératif canadien », précisant qu’une démarche vient d’être initiée par son gouvernement pour amender tous les contenus paternalistes et colonialistes qui subsistent dans la législation canadienne relative aux autochtones.  Elle a toutefois reconnu que « l’esprit partisan et l’idéologie restent des obstacles réels ». 

« Si la Déclaration a amélioré la vie des peuples autochtones et permis quelques progrès », la Présidente de l’Instance, Mme Mariam Wallet Aboubakrine, a d’ailleurs estimé qu’il existait toujours un décalage entre la reconnaissance des peuples autochtones et la réalité de terrain qui se résume souvent à une absence de droits politiques.  Illustrant ces propos, la représentante du Congrès mondial amazigh, Mme Kamira Nait Sid a indiqué que l’inscription de la langue amazighe dans les Constitutions marocaine et algérienne ne s’est traduite par aucun progrès concret sur le terrain, ni aucune reconnaissance du peuple amazigh. 

« Bien vivre, c’est retrouver nos terres ancestrales, notre dignité, notre harmonie et notre identité » a, de son côté, insisté le Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, M. Fernando Huanacuni Mamani au cours de la discussion de l’après-midi consacré au thème « Dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones: mesures prises pour mettre en œuvre la Déclaration ».  

Sur le même ton, le représentant d’El Salvador, au nom du Groupe des États d’Amérique du Sud et des Caraïbes, a jugé déterminant d’adopter un cadre de protection des langues minoritaires et autochtones, tandis que le Vice-Ministre de la gouvernance coopérative et des affaires traditionnelles de l’Afrique du Sud,  M. Obed Bapela, a appelé à l’adoption urgente d’une convention juridiquement contraignante sur les droits des peuples autochtones.

En début de journée, l’Instance a élu par acclamation Mme Mariam Wallet Aboubakrine à la présidence de sa seizième session.  Mme Terri Henry, M. Phoolman Chaudhary, M. Jens Dahl, et M. Jesus Guadalupe Fuentes Blanco ont été élus vice-présidents et M. Brian Keane, rapporteur.  

Après les déclarations liminaires, l’Instance a également adopté l’ordre du jour provisoire et l’organisation de ses travaux*.

C’est au rythme du son d’une conque, jouée par Mme Monica Michelena Diaz, de la tribu Charrua d’Uruguay, que s’était ouverte cette session.  Comme il est de coutume, le Chef de la nation onondaga, Tadodaho Sid Hill, dont la tribu formait la population originelle de New York, a souhaité la bienvenue aux participants, en rappelant que le respect de « notre Terre, appelée mère nourricière » était indispensable « pour que nous puissions vivre heureux ».

Plus de 1 000 participants autochtones venus du monde entier ont fait le déplacement pour participer à cette session qui doit s’achever le 5 mai.

Créée en juillet 2000, après deux décennies de négociations, l’Instance, composée de 16 experts indépendants, est le principal forum visant à sensibiliser la communauté internationale sur la situation des quelque 370 millions d’autochtones qui figurent parmi les individus les plus marginalisés de la planète.  Ils vivent dans 90 pays, représentent 5 000 cultures différentes et parlent la vaste majorité des quelque 7 000 langues de la planète.   

L’Instance poursuivra ses débats demain mardi 25 avril à 15 heures, la matinée étant consacrée à un événement de haut niveau marquant le dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Déclarations liminaires

Au nom du Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, M. PRASAD BHATTARAI, Vice-Président de l’Assemblée générale, a rappelé que cette année, l’Instance permanente sur les questions autochtones célèbre le dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, un événement qui sera célébré demain, lors d’une manifestation de haut niveau à l’Assemblée générale, et qui sera l’occasion de faire le point sur les progrès réalisés pour faire des engagements de la Déclaration une réalité.

M. Bhattarai a indiqué que depuis l’adoption « historique » de la Déclaration, de nombreux évènements importants ont également eu lieu, notamment la tenue de la première Conférence mondiale des peuples autochtones, la création de plans d’action sur les droits des peuples autochtones dans l’ensemble du système de l’ONU et les discussions actuellement en cours à l’Assemblée générale sur le moyen de renforcer la participation des peuples autochtones aux travaux de l’ONU. 

Il a notamment parlé de la nomination, en octobre dernier, par le Président de l’Assemblée générale, de quatre conseillers dont deux représentants des États Membres et deux représentants des peuples autochtones, pour faciliter la tenue de consultations inclusives et transparentes pour identifier des propositions spécifiques.  Il a indiqué que ces consultations avaient permis à la communauté internationale de faire avancer la réalisation des engagements pris dans le cadre de la Déclaration, afin de permettre aux peuples autochtones de participer aux processus de prise de décisions concernant des questions qui touchent leurs droits. 

M. Bhattarai a précisé que ces consultations se trouvent actuellement à leur phase finale.  Un projet de texte, devant servir de base à des négociations prochaines, a d’ailleurs été circulé la semaine dernière et les premières impressions sur ce document seront entendues lors de sessions prévues le 26 avril et le 3 mai.  Les négociations intergouvernementales commenceront ensuite le 5 mai afin d’être finalisées par l’Assemblée générale pendant cette session. 

Le Vice-Président de l’Assemblée générale a ensuite dénoncé le fait que les peuples autochtones continuent de souffrir de manière disproportionnée de l’extrême pauvreté, de la marginalisation sociale, et d’une discrimination systématique, auxquelles s’ajoutent des obstacles structurels pour accéder aux soins de santé et à l’éducation. 

Face à cette situation, il a affirmé que rien n’est plus important que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui, avec le Plan d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur les changements climatiques, offrent à l’humanité un plan universel pour bâtir un avenir plus sûr, plus prospère et plus durable pour tous. 

M. Bhattarai a notamment insisté sur l’élimination de l’extrême pauvreté, la mise en place de sociétés pacifiques et inclusives, l’augmentation de la prospérité, la réduction de l’inégalité, l’amélioration de l’accès à l’éducation, la lutte contre les changements climatiques et la protection de l’environnement.  Il a aussi fait savoir qu’au vu de la vulnérabilité particulière à laquelle des peuples autochtones font face, des stratégies ciblées ont été élaborées pour leur permettre de participer pleinement aux efforts de mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Pour le Vice-Président de l’Assemblée générale, l’enjeu est de faire entendre les voix, les visions et les contributions des peuples autochtones, et notamment celles des femmes, afin de façonner la mise des objectifs de développement durable pour permettre aux peuples autochtones de bénéficier des acquis du développement.  Il s’agit aussi d’autonomiser les peuples autochtones en veillant à ce qu’ils soient dotés de l'éducation, des compétences et des ressources dont ils ont besoin, a-t-il ajouté.

M. Bhattarai a aussi souligné l’importance d’aborder des questions particulièrement importantes pour les communautés autochtones, à commencer par les conflits, les changements climatiques, la déforestation, la protection des terres et les moyens de subsistance traditionnels.

À cet égard, le Vice-Président a parlé de la tenue, du 5 au 9 juin 2017, au Siège de l’ONU, à New York, de la Conférence sur les océans dont l’objectif, a-t-il expliqué, est de renforcer l’action nécessaire pour « inverser le cycle de déclin de la santé des océans ».  La Conférence doit notamment aboutir sur l’adoption d’une liste d’engagements volontaires pour mettre en œuvre l’objectif 14 de développement durable.

M. CRISTIÁN BARROS MELET, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a salué l’importance de cette session qui vise à faire l’état des lieux de la mise en œuvre, 10 ans après son adoption, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, l’instrument international le plus complet sur les droits fondamentaux des peuples autochtones, adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2007. 

Il a souligné que la communauté internationale se trouve à un moment décisif, évoquant notamment le début de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, un plan universel transformateur, axé sur l’être humain, et conçu pour ne laisser personne de côté.  Il a précisé que le premier Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC, qui s’est tenu en 2016, après l’adoption des objectifs de développement durable, avait été l’occasion de mettre en exergue la vulnérabilité des peuples autochtones. 

Le Vice-Président de l’ECOSOC a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 confie à l’Instance des peuples autochtones une responsabilité notable.  « Cette année, nous attendons les contributions de l’Instance au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC pour ce qui est de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a-t-il notamment indiqué.  Il a ensuite encouragé l’Instance à coopérer avec l’ensemble des organes subsidiaires de l’ECOSOC pour faire face aux défis communs et promouvoir une approche plus cohérente et mieux coordonnée entres les différentes instances des Nations Unies.

M. Barros Melet a aussi souhaité que le dixième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones soit l’occasion, « plus que jamais », de promouvoir cette Déclaration alors même que la communauté internationale se mobilise pour atteindre les objectifs de développement durable.

Mme MARIAM WALLET ABOUBAKRINE, Présidente de la seizième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a déclaré que 10 ans après l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, de modestes progrès ont été réalisés dans sa mise en œuvre.  Elle a notamment constaté que la Déclaration a été utilisée dans les tribunaux nationaux et régionaux et que la participation des peuples autochtones dans les processus politiques, tant au niveau national et qu’international, avait augmenté.

Elle a aussi noté que la tenue, en 2014, de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, avait mis l’accent sur la nécessité urgente de mettre en œuvre la Déclaration.  De ce fait, le système des Nations Unies s’est de plus en plus engagé sur les questions autochtones, notamment à travers le plan d’action sur les droits des peuples autochtones, l’examen du mandat du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones et les consultations en cours pour renforcer la participation des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies.

La Présidente de l’Instance a appelé les États Membres à assurer l’égalité des chances pour tous leurs habitants « indépendamment de leurs identités culturelles ».  Dans de nombreux pays, a-t-elle dénoncé, il existe encore des écarts entre la reconnaissance officielle des peuples autochtones et la mise en œuvre des politiques sur le terrain.  Elle a ajouté que la session actuelle sera l’occasion de faire le point sur les avancés et les défis qui persistent.

Une manifestation de haut niveau est prévue demain pour marquer le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, et l’Instance examinera par ailleurs la question de l’autonomisation des femmes et des jeunes autochtones.  La Présidente s’est d’ailleurs réjouie que la soixante-unième session de la Commission de la condition de la femme ait inclue l’autonomisation des femmes autochtones comme question émergente, et que ces dernières participent en grand nombre aux travaux de l’Instance permanente. 

Elle a ensuite annoncé la tenue d’une discussion sur le suivi de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones et la poursuite d’une série de dialogues interactifs avec les États Membres, les peuples autochtones et le système des Nations Unies. 

Elle a précisé que ces dialogues donneront l’occasion d’identifier les défis et les opportunités auxquels les peuples autochtones font face et de faire le point sur les progrès réalisés pour renforcer leurs droits.  Les défis auxquelles nous sommes confrontés pour que nos droits soient respectés et que notre propre développement soit opérationnel sont nombreux, a-t-elle déploré. Aussi a-t-elle préconisé une approche axée sur le renforcement des partenariats de manière à consolider et à augmenter les acquis.  Elle a ajouté que cette année, les discussions devraient se focaliser sur la situation des défenseurs des droits de l’homme autochtones. 

En tant qu’organe subsidiaire du Conseil économique et social, a-t-elle poursuivi, l’Instance a un rôle important dans le suivi et l’évaluation des objectifs de développement durable.  L’Instance exhorte donc les États Membres à accorder l’attention voulue aux droits des peuples autochtones dans la réalisation des engagements du Programme 2030, en particulier dans l’élaboration de leurs programmes nationaux. 

Mme Aboubakrine a ensuite indiqué que le Président de l’Assemblée générale et ses conseillers organiseront, mercredi prochain, des consultations sur la participation des représentants et des institutions des peuples autochtones aux réunions des Nations Unies les concernant. 

Elle a aussi annoncé la création, pour la première fois, d’une zone pour les médias autochtones, pour leur permettre de couvrir la session en cours. 

M. LENNI MONTIEL, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, a souligné l’importance que revêt le Plan d’action dans la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, en particulier au niveau national.  Il a indiqué que le Département des affaires économiques et sociales apportait son concours à cette fin, notamment en Namibie, au Kenya, au Cambodge et aux Philippines, et contribuait, en outre, à faciliter le dialogue entre les peuples autochtones et les Gouvernements en République démocratique du Congo, à El Salvador, en Tanzanie, au Myanmar, au Népal et au Paraguay.

M. Montiel a indiqué que de nombreuses entités onusiennes œuvraient pour faciliter la participation des peuples autochtones aux négociations de paix et aux processus environnementaux, ainsi que pour faire respecter leurs droits, lutter contre les violences faites aux femmes autochtones et promouvoir les droits de propriété de ces peuples.  « Les peuples autochtones et les États Membres ont demandé un engagement accru du système des Nations Unies et nous y avons répondu », a-t-il dit.  Il a ensuite remercié les États Membres ayant contribué, en 2016, au Fonds d’affectation spéciale à l’appui des questions autochtones: le Canada, le Chili, le Danemark, l’Estonie et la Finlande.

Le Sous-Secrétaire général a dénoncé le fait que malgré cette Déclaration et le plan d’action lancé à l’échelle du système onusien, les peuples autochtones continuent de souffrir de manière disproportionnée de la pauvreté, de discriminations, d’un accès insuffisant aux soins de santé et que leurs droits collectifs et individuels sont trop souvent bafoués.  « Cela est inacceptable », s’est-il indigné.  « Nous pouvons faire mieux.  Nous devons faire mieux. »

Mme CAROLYN BENNETT, Ministre des affaires autochtones et du nord du Canada, a voulu que le dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones soit l’occasion d’appeler tous les États Membres à prendre les mesures nécessaires pour faire de la réconciliation et de la décolonisation une réalité.  Elle a expliqué que cela permettra de reconnaître non seulement les droits des peuples autochtones, mais aussi l’importance de leurs connaissances et expériences pour protéger notre planète.  

Elle a notamment appelé à veiller à la santé des populations dans leur ensemble, au lieu de privilégier « la futilité de l’atelier de réparation ».  Elle a aussi appelé à reconnaître l’efficacité de la pédagogie autochtone qui, a-t-elle expliqué, privilégie l’apprentissage par l’expérience.

Mme Bennett a ensuite indiqué que son ministère fait partie d’un Comité chargé par la Ministre de la justice canadienne, Mme Jody Wilson-Raybould, membre de la Nation We Wai Kai, d’examiner toutes les lois et politiques canadiennes en vue d’amender les contenus paternalistes et colonialistes qui subsistent.  Elle a précisé que le Premier Ministre canadien s’est prononcé sur la question en écrivant qu’« aucune relation n’est plus importante pour moi et pour le Canada que la relation avec les peuples autochtones.  Il est temps de renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones pour qu’elle soit fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat ». 

Sous des applaudissements nourris, la Ministre canadienne a ensuite confirmé que son pays retirait ses réserves concernant les paragraphes 3 et 20 du Document final de la Conférence mondiale de 2014 sur les peuples autochtones.  Elle a rappelé que ces paragraphes, relatifs à la question du consentement libre, préalable et en connaissance de cause, figurent au cœur même de la Déclaration des peuples autochtones adoptée en 2007. 

« Au Canada, nous comprenons que la réconciliation doit inclure tous les Canadiens », a-t-elle insisté, soulignant que la question de la réconciliation n’est pas uniquement une problématique autochtone, mais un « impératif canadien ».  Elle a ensuite assuré l’engagement du Canada à trouver de nouveaux moyens de reconnaître les droits des peuples autochtones.

Poursuivant, la Ministre s’est dite fière de compter neuf députés et sénateurs parmi la délégation canadienne présente aux travaux de l’Instance, dont sept sont autochtones.  Elle a salué le rôle des grands chefs Edward John et Willie Littlechild qui se sont tellement battus pour l’adoption de la Déclaration, ainsi que celui joué par Mme Louise Arbour, ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’homme, qui n’a cessé d’appuyer les négociations ayant abouti à l’adoption de ladite Déclaration.  

« La réconciliation et la décolonisation sont des voyages continus au Canada » a–t-elle insisté, tout en prévenant que l’esprit partisan et l’idéologie restent des obstacles réels.  Elle a aussi insisté sur l’importance de voir les nations autochtones autonomes représentées à l’Assemblée générale des Nations Unies. 

Mme LAKSHMI PURI, Sous-Secrétaire générale de l’ONU et Directrice exécutive adjointe de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a salué le thème de la seizième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones: « Dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones: mesures prises pour mettre en œuvre la Déclaration ».  ONU-Femmes, a-t-elle précisé, copréside le Groupe d’appui interorganisations sur les questions autochtones.

Cette commémoration marque l’appui de la communauté internationale à la Déclaration en tant que plan d’action mondial et charte des droits et des aspirations des peuples autochtones, a déclaré Mme Puri.  De l’Australie au cercle arctique, des Philippines à la Nouvelle-Zélande, du Mexique au Pérou, et à travers l’Amérique latine et l’Amérique du Nord, la diversité des cultures autochtones est reconnue comme « le grand héritage de notre humanité », s’est-elle félicitée.

Mme Puri a centré son intervention sur la relation entre le pacte sur l’égalité des sexes et la protection et la promotion des droits de l’homme, des femmes et des filles autochtones et de leur autonomisation. 

Elle a notamment souligné que les cultures uniques et les savoirs traditionnels des femmes, qui se reflètent dans leur attachement aux terres ancestrales, aux ressources, aux langues, à la pratique de la médecine, à la gestion des écosystèmes et à l’agriculture, sont essentielles pour la survie de communautés entières et du projet de développement durable.  Elle a élevé à « un rang sacré » le respect de l’intégrité physique, de la sécurité et de la sûreté des femmes, ainsi que la promotion de leur santé et de leurs droits en matière de sexualité et de procréation.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a promis de ne laisser personne de côté et de donner un nouvel élan à l’examen de la condition des femmes autochtones, a rappelé la Directrice exécutive adjointe.  Malheureusement, les femmes autochtones dans le monde entier continuent d’être confrontées à des niveaux disproportionnés de discrimination, d’exclusion et de violence, « en tant que femmes, et en tant que membres de communautés autochtones ».  Il faut, a-t-elle préconisé, des réformes juridiques et politiques, des mesures spéciales, des services multisectoriels et des approches interculturelles pour y faire face et combattre l’impunité.

Les femmes et les filles autochtones sont victimes en plus grand nombre de la violence sexuelle, de la traite et du féminicide, a expliqué Mme Puri.  « Aucune culture ou coutume traditionnelle ne saurait être invoquée pour justifier et perpétuer les violations des droits de l’homme des femmes autochtones, la violence ou des pratiques néfastes », a-t-elle insisté.  Elle a préconisé l’application d’une politique de tolérance zéro vis-à-vis des pratiques culturelles néfastes, y compris le mariage d’enfants.  De telles pratiques empêchent ces femmes de contrôler leur fertilité, leur éducation, et leur travail, de participer au processus de prise de décisions et de contribuer au développement des communautés et de la société, s’est-elle inquiétée.

Discussion sur le thème « Dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones: mesures prises pour mettre en œuvre la Déclaration » (E/C.19/2017/4)

Déclarations

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), s’est félicité notamment de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 70/232 demandant aux États Membres d’élaborer et de mettre en œuvre des mesures afin d’appliquer les engagements pris lors de la Conférence mondiale sur les droits des peuples autochtones.  Le représentant a aussi souligné la décision de l’Assemblée générale de proclamer l’année 2019 « année internationale des langues autochtones » en vue d’appeler l’attention sur la nécessité de préserver ces langues ».

Mme BEATRICE DUNCAN, Inter-Agency Support Gourp on Indigenous Peoples Issues, a dit que son Groupe a travaillé depuis 10 ans pour faire mieux connaître la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et la Convention 169 du Bureau international du travail relative aux peuples autochtones et tribaux.  Le Groupe a aussi aidé certains États Membres à mettre en place des politiques en faveur des peuples autochtones. 

Mme JUNE OSCAR AO, Australian Human Rights Council, a salué la visite récente, en Australie, de la Haute-représentante pour les droits des peuples autochtones qui a coïncidé avec le dixième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Elle a dit l’urgence d’appliquer la Déclaration dans son pays, où, a-t-elle indiqué, en dépit des nombreuses recommandations, les autochtones d’Australie continuent de figurer parmi les personnes les plus désavantagées et en moins bonne santé.  Ils sont aussi plus à risque d’être incarcérés ou placés dans des systèmes d’aide à l’enfance.  Elle a appelé l’ensemble des États à procéder à un audit de leurs lois, politiques et programmes pour assurer leur cohérence avec la Déclaration et à s’engager à travailler avec les peuples autochtones pour assurer sa mise en œuvre.

M. SLUMBER TSOGWANE, Ministre du développement local et rural du Botswana, a indiqué que son pays avait mis en œuvre plusieurs politiques et programmes pour permettre aux communautés marginalisées de participer activement au développement de l’économie du pays grâce à des initiatives dans les domaines de l’éducation, de l’emploi et de l’autonomisation économique.  Il a indiqué que l’administration foncière tient compte de la vulnérabilité des « groupes spéciaux » et des communautés qui se trouvent dans des zones reculées.  Les terres tribales, notamment, sont l’objet de considérations spéciales en ce qui concerne les sites du patrimoine, la protection des ressources naturelles, les zones de pâturage et les implantations.  Le Ministre a aussi indiqué que la législation et les projets de développement du Botswana protègent les sites d’importance culturelle ou historique pour différentes tribus, et dont la « valeur médicinale, culturelle ou historique » peut être utilisée pour des activités génératrices de revenus, comme le tourisme.

L’observateur du Saint-Siège a rappelé la rencontre, le mois dernier, entre le pape François et des représentants des peuples autochtones au cours de laquelle le Saint Père a réitéré son désir de se faire le porte-parole des peuples autochtones afin de défendre leurs droits économiques et sociaux.  L’observateur a indiqué que le pape avait notamment insisté sur le droit à la propriété, soulignant que les peuples autochtones doivent avoir le droit de rester sur leurs terres pour s’en occuper conformément à leurs traditions et cultures.

La représentante de l’International Indian Treaty Council est préoccupée du refus, par le Gouvernement de Guatemala, de reconnaître le système de justice maya, et ce contrairement à son engagement.  Elle a rappelé l’importance du principe du consentement libre, préalable, éclairé et en connaissance de cause pour réclamer la tenue, en 2018, d’une réunion internationale pour renforcer ce principe. 

Mme ALOHALOHA NUNEZ, Ministre des pouvoirs des peuples autochtones du Venezuela, a rappelé que les autochtones ont été intégrés comme des sujets de droit dans la Constitution du Venezuela grâce à l’ancien Président Hugo Chavez. Elle a indiqué que 724 000 autochtones avaient été recensés au Venezuela, soit 2,8% de la population totale, et que son pays a promulgué 52 lois sur la défense des peuples autochtones, et distribué trois millions d’hectares de terre à 600 communautés autochtones.  Un Conseil présidentiel de gouvernement populaire pour les peuples et communautés autochtones a également été créé en 2014.

Présentant les efforts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour appliquer la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, son représentant a indiqué que la FAO a adopté, en 2010, son propre plan pour les droits des peuples autochtones en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes autochtones. Il a expliqué que ce plan de la FAO s’appuie sur six piliers. 

Le représentant de l’Indigenous Network on Economic and Trade a demandé au Gouvernement du Canada d’appliquer aux peuples autochtones de ce pays, son engagement dans le cadre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.

Mme ANNE KARIN OLLI (Norvège) a annoncé que son gouvernement a renforcé les droits de participation des Samis dans la vie publique et sociale du pays, et également consulté les femmes samies au sujet de leurs droits.  Elle a indiqué que les trois pays nordiques ont adopté, en janvier dernier, la Convention nordique sur les peuples samis « qui ne sera adoptée qu’avec l’approbation des trois parlements samis ».  De nouvelles réglementations ont aussi été adoptées pour protéger le savoir traditionnel.  La représentante a aussi annoncé qu’au mois de janvier, la Norvège, la Suède et la Finlande avaient achevé leurs négociations sur la création d’une convention samie nordique.  Elle a également indiqué que le Sámediggi et le Ministère de la justice de la Norvège avaient publié, le 8 mars, les conclusions d’un projet sur la violence contre les femmes samies.  Elle a terminé en rappelant le défi que représente la protection des défenseurs des droits de l’homme des peuples autochtones. 

Le représentant du Bureau international du Travail (BIT) a indiqué que depuis l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones,  trois pays supplémentaires ont ratifié la Convention 169 de l’OIT, à savoir l’Espagne, le Népal et le Nicaragua.  Il s’est inquiété de la persistance de deux défis: assurer des droits collectifs et distincts pour les peuples autochtones et garantir la consultation préalable avec ces peuples pour tous projets gouvernementaux les concernant.

La représentante de « Te Hika o Papauma Madated Iwi Authority », de la Nouvelle-Zélande, a demandé l’appui de l’Instance pour engager le Gouvernement néo-zélandais de permettre à cette organisation autochtone de donner son avis au sujet de la promulgation de lois.  Elle a dénoncé le fait que le Gouvernement néo-zélandais privilégie les grands groupes tribaux  aux dépens des petits groupes. 

Mme MAYORGA (Mexique) a indiqué que son gouvernement s’était évertué à harmoniser sa législation avec les différents dispositifs de la Déclaration, ce qui avait permis de réaliser des avancées sur le plan de la réforme pénale, des droits de l’homme, de l’éducation.  L’éducation se fonde sur les aspirations des peuples autochtones et le Mexique promeut aussi la revitalisation de leur identité culturelle et linguistique, afin de leur permettre de gagner leur vie sans pour autant perdre leur identité.

La représentante de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a indiqué que le Comité intergouvernemental de l’OMPI s’est réuni récemment pour élaborer un instrument juridiquement contraignant pour garantir les droits culturels et spirituels des peuples autochtones.  Elle a demandé aux donateurs de continuer de financer les activités de l’organisation pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat.

M. MUSA USMAN NDAMBA, « Mbororo Social and Cultural Development Association », a remercié le Gouvernement camerounais pour ses réalisations en matière de promotion des droits des peuples autochtones, évoquant notamment l’accès à une éducation « culturellement appropriée » et la création de bourses au profit des enfants et étudiants autochtones.  Il a appelé le Gouvernement du Cameroun à établir une commission nationale sur la mise en œuvre de la Déclaration, ainsi que les instances onusiennes à fournir, à son pays, une aide technique et financière allant dans ce sens.

L’expert LES MELEZER a jugé pertinent de s’intéresser aux motivations des pays qui s’opposent à la ratification de la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), notant que les 30 ratifications nécessaires à son entrée en vigueur n’avaient pas encore été atteintes.

Mme GARRIDO-LOWE (Guyane) a indiqué que son gouvernement a beaucoup fait pour assurer la pleine mise en œuvre  de la Déclaration, notamment en ce qui concerne le droit à l’autodétermination des peuples autochtones.  Elle a affirmé qu’en Guyane, les peuples autochtones sont auteurs de leur propre développement.  Le Gouvernement alloue des fonds importants aux 10 provinces administratives autochtones, et en 2016, les communautés ont reçu des fonds supplémentaires à l’occasion de la fête de l’indépendance nationale.  La représentante a expliqué que l’objectif de cette mesure est d’appuyer une croissance économique soutenue dans les domaines de l’agriculture et l’écotourisme. 

Le représentant de l’Union Internationale pour la conservation de la nature a dit que son organisation a pris des mesures pour intégrer les dispositions de la Déclaration des droits des peuples autochtones dans son mandat.  Des initiatives ont aussi été lancées afin d’encourager les Gouvernements nationaux à adopter des politiques environnementales favorables aux peuples autochtones.   Le tout doit se faire en respectant le principe du consentement libre, éclairé, a estimé le représentant. 

Tout en soulignant les avancées constatées en RDC, au Cameroun et au Kenya, M. IRVINCE AUGUISTE, Caribbean Amerindian Development Organization, a regretté que la majorité des pays africains ne reconnaissent toujours pas l’existence des peuples autochtones.  Il a suggéré d’encourager les peuples autochtones de créer un organe de contrôle indépendant sur la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, appelant les États, conformément aux articles 38 et 39, à fournir un appui à cette structure

M. FERNANDO HUANACUNI MAMANI, Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, a exhorté les peuples autochtones à se battre pour leurs droits et protéger leurs territoires sacrés et ancestraux.  Il faut recouvrer les territoires volés, a insisté le Ministre de la Bolivie avant de saluer les initiatives prises dans ce sens par le Président Morales depuis 2009.  « Bien vivre, c’est retrouver notre dignité, notre harmonie et notre identité », a insisté le Ministre des affaires étrangères.   

La représentante du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) a retracé les étapes suivies par le Fonds depuis l’adoption de la Déclaration.  En 2009, le FIDA a approuvé son document de travail avec les peuples autochtones.  En 2011, le FIDA a élaboré une feuille de route avec les peuples autochtones pour concevoir ensemble des projets de développement en faveur des peuples autochtones.  Le principe du consentement préalable, libre et éclairé est appliqué dans ces processus, a-t-elle précisé.  

La représentante de l’Asia Indigenous Peoples Pact a dit que même si certains États Membres en Asie ont pris des mesures pour améliorer le statut des peuples autochtones, cela n’a pas permis de régler l’ensemble des problèmes auxquels ils font face comme, notamment, aux Philippines, au Népal et en Inde.  Ces mesures ont tout de même permis de lutter contre les discriminations et l’accès aux services de base.  La représentante a demandé aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait de donner un statut juridique aux peuples autochtones et de fournir de l’aide aux victimes d’abus et de violations des droits des peuples autochtones.  

M. OBED BAPELA, Vice-Ministre de la gouvernance coopérative et des affaires traditionnelles de l’Afrique du Sud, a dit qu’il était urgent de travailler à une convention sur les droits des peuples autochtones juridiquement contraignante.

Bien que la langue amazighe soit reconnue dans les constitutions de l’Algérie et du Maroc, Mme KAMIRA NAIT SID, Congrès mondial amazigh, a regretté que cette inscription soit purement décorative et ne se traduise par aucune reconnaissance du peuple amazigh, ni aucune nouvelle réalité sur le terrain.  « Les États arabo-islamiques reconnaissent la langue amazighe mais pas le peuple qu’ils préfèrent qualifier de minorité pour mieux leur refuser leurs droits » a –t-elle résumé.  Elle a ensuite dénoncé l’oppression que subissent, selon elle, les peuples amazighs, s’indignant notamment du fait qu’en Algérie, 150 personnes qui appartiennent au peuple autochtone Mzab sont détenues depuis 22 mois sans jugement.

Le représentant de la Colombie a fait savoir que son gouvernement avait consolidé son cadre normatif et constitutionnel pour tenir compte de la Déclaration des peuples autochtones.  Le gouvernement a lancé des politiques en faveur du bien-être, de la santé, de l’éducation et de l’administration territoriale des peuples autochtones.  Un plan national de développement a été élaboré qui prévoit des investissements sociaux pour les peuples autochtones.  La Colombie envisage également de renforcer les capacités des peuples autochtones en matière d’éducation et de santé.  En outre, le Gouvernement et les peuples autochtones discutent actuellement des amendements à la Constitution, a annoncé le représentant. 

Le représentant de TONATIERA a dit que depuis un an, la situation s’aggrave pour les peuples autochtones au Mexique.  Il a notamment dénoncé la non-application des mesures de justice destinées à protéger le patrimoine des peuples autochtones.  Il a aussi noté une augmentation du nombre de prisonniers autochtones et demandé que cesse la répression contre les peuples autochtones au Mexique.

M. ASKO VALIMAA (Finlande) a jugé crucial de reconnaître que les institutions représentatives des peuples autochtones, telles que le Parlement sâme en Finlande, ne sont pas des organisations non gouvernementales et n’ont, par conséquent, qu’un accès limité aux réunions de l’ONU les concernant.  Un consensus sur la manière de renforcer la participation des peuples autochtones ne pourra découler que d’un partenariat respectueux entre ces derniers et les États Membres, a-t-il dit.  Il a insisté sur la nécessité que l’ONU continue de reconnaître le rôle essentiel des femmes autochtones dans la transmission de leur culture.  Le délégué a indiqué que la Convention nordique sâme, négociée par la Finlande, la Suède et la Norvège avec les représentants des parlements des trois États sâmes, consolidait les droits des Sâmes et la coopération transfrontalière. Les Parlements sâmes en Norvège, en Suède et en Finlande doivent encore approuver formellement cette Convention.  « Nous reconnaissons le défi visant à concilier les vues du Gouvernement et du Parlement sâme en Finlande et nous continuons à travailler pour les surmonter. »

Au nom du « Fonds autochtone pour l’Amérique latine et les Caraïbes » basé à Porto Rico, M. SOTO SANTIAGO a indiqué que les 28 peuples autochtones qu’il représente ont tenu une soixantaine de réunions sur la protection de notre Terre mère qui ont débouché sur quatre propositions dont la rédaction d’une Constitution des droits de la Terre mère

Mme DEVONNEY MCDAVIS (Nicaragua) a souligné les efforts de son pays pour restituer les terres ancestrales aux peuples autochtones.  Elle a expliqué que 31,7% des terres sont reconnues comme appartenant aux peuples autochtones.    

La représentante de Boro Womens Justice Forum de l’Inde a indiqué que le peuple Boro réclame son droit à l’autodétermination et voyait ses droits bafoués. Elle a demandé au Gouvernement indien de reconnaître les droits du peuple autochtone Boro, de protéger ses terres et de trouver une solution à l’amiable à ce problème politique.

M. ZAMORA RIVAS (El Salvador) a indiqué que son gouvernement avait accordé des avantages sociaux aux peuples autochtones d’El Salvador.  L’existence des peuples autochtones à El Salvador a été reconnue en 2010, et ces derniers sont désormais intégrés dans le plan national de développement.  Le représentant a précisé que ce plan donne la priorité à la reconnaissance de leur patrimoine culturel comme facteur de cohésion de la société.  En outre, en 2014, la réforme de la Constitution a permis de reconnaître non seulement les droits, mais aussi la richesse culturelle autochtone.

La représentante d’Assyrian Aid Society Iraq a souligné les menaces qui pèsent sur l’existence même des peuples autochtones au Moyen-Orient.  Les Chrétiens assyriens sont victimes d’un génocide perpétré par Daech, a-t-elle avertit, précisant qu’ils ne pouvaient pas regagner leur foyer, même après la récente libération des plaines de Ninive.  La confiscation des terres des Assyriens s’est poursuivie en Iraq, a-t-elle ajouté, en déplorant le manque de mesures pour y remédier.  Enfin, elle a indiqué que les changements démographiques étaient une autre menace pesant sur les chrétiens au Moyen-Orient.

Mme O’CONNOR (Australie) a indiqué que la voix des peuples autochtones était entendue en Australie, par le biais notamment du Congrès australien des peuples premiers.  Elle a indiqué que son gouvernement et les organisations  aborigènes avaient dressé le bilan de la mise en œuvre actuelle de la Déclaration et souhaité un partage des leçons s’agissant de cette mise en œuvre.

La représentante de Khmer Kampuchea Krom Federation a indiqué que le droit des peuples Krom n’est toujours pas reconnu au Viet Nam.  Ce peuple a pourtant le droit à l’autodétermination.  Des mesures doivent être prises pour protéger la propriété foncière des peuples autochtones en Asie.  Leurs langues doivent être reconnues.  Elle a demandé un dialogue avec le Gouvernement du Viet Nam sur les droits des peuples autochtones dans ce pays.

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a souligné que 12% de la population de son pays est autochtone.  Le gouvernement a pris des mesures pour protéger les valeurs culturelles des peuples autochtones, et garantit leur participation à leur propre développement.  Elle a notamment évoqué l’adoption d’un plan axé sur le développement social, économique et politique et « spécifique ».  Les communautés autochtones sont désormais titulaires de cinq nouveaux territoires collectifs et le gouvernement défend aussi leurs droits culturels et institutions représentatives.  Il mène en outre des projets pour éliminer l’extrême pauvreté dans les communautés autochtones.

La représentante du Consejo regional Indigena del Medio Amazonas a souligné la nécessité d’autonomiser les femmes autochtones, en particulier en Amazonie colombienne, qu’elle représente.  Elle a déploré les activités néfastes liées à l’exploitation des ressources naturelles comme le pétrole, l’eau ou les émeraudes.  Elle a mis en garde contre la profanation de la nature par les non-autochtones, synonyme de calamités diverses.  Les non-autochtones ne savent pas vivre en harmonie avec la nature, a-t-elle dit. Nous respectons le frère soleil et protégeons la terre, a-t-elle conclu.

Mme LOURDES TIBAN GUALA, experte de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a souligné l’importance d’associer les peuples autochtones aux négociations sur les questions les concernant.  Elle a souhaité que la Déclaration soit rendue contraignante et loué « l’exemple remarquable » de la Bolivie, pays dans lequel la Déclaration est devenue loi.  Nous avons besoin de réalisations effectives dans la mise en œuvre de cette Déclaration, a-t-elle conclu.

Mme TARCILA RIVERA ZEA, experte de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a dit qu’au cours des 10 dernières années, 88 recommandations sur les femmes autochtones ont été formulées dont 38 sont en cours d’application, 10 pleinement mises en œuvre, et 40 sans informations précises.  Elle a précisé que plus de 16% de ces recommandations sont liées à l’autodétermination et aux droits économiques des femmes autochtones.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a indiqué que le fait que la Constitution bolivienne ait été désignée comme l’un des documents les plus complets sur la reconnaissance des droits des peuples autochtones était un motif de fierté pour l’Amérique latine.  Malgré les progrès accomplis en 10 ans, elle a reconnu que les peuples autochtones faisaient toujours face à la violence, au racisme, à la marginalisation socioéconomique et au pillage de leurs terres.  Cuba réaffirme son soutien aux droits des peuples autochtones visant à la préservation de leurs institutions, de leurs cultures et de leurs traditions spirituelles, a-t-elle dit.  Elle a également exprimé son soutien au droit de l’État plurinational de Bolivie de protéger la mâche de feuilles de coca comme tradition des communautés autochtones de ce pays.  En conclusion, la déléguée de Cuba a réitéré son appui aux revendications légitimes des peuples autochtones et exhorté la communauté internationale à mettre tout en œuvre pour les satisfaire.

Mme SUKACHEVA (Fédération de Russie) a estimé que la Déclaration des droits des peuples autochtones doit être complétée par des mesures au niveau national.  Elle a indiqué que le statut des peuples autochtones est fixé par la loi et la Constitution en Russie, ajoutant que son gouvernement, accorde une attention particulière aux partages des connaissances autochtones et crée, à cet effet, une banque de données.  La Fédération de Russie est prête à travailler avec les partenaires sur cette question dans le cadre des agences spécialisées des Nations Unies. 

Mme DOMINGUEZ SEBASTIAN (Guatemala) a indiqué qu’en 2016, son pays avait organisé un séminaire sur les avancées dans la mise en œuvre de la Déclaration.  Des initiatives ont été lancées pour promouvoir les 11 langues autochtones qui sont parlées dans le pays ainsi que les pratiques de santé autochtones.  Elle a ensuite a défendu l’interculturalité et la protection de l’environnement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du désarmement clôture sa session de 2017 en parvenant pour la première fois depuis 1999 à des recommandations sur les armes classiques

Session de fond de 2017,
366e & 367e séances – après-midi
CD/3699

La Commission du désarmement clôture sa session de 2017 en parvenant pour la première fois depuis 1999 à des recommandations sur les armes classiques

Pour la première fois depuis 1999, la Commission du désarmement de l’Assemblée générale, qui comprend tous les États Membres, est parvenue cet après-midi, à la clôture de sa session 2017, à s’accorder sur des recommandations en matière d’armes classiques.

Intitulé « Recommandations sur des mesures pratiques de rétablissement de la confiance dans le domaine des armes classiques », le texte* comporte 14 recommandations qui invitent notamment les États Membres à nommer des points de contact et à assurer des canaux de communication directs entre ces derniers pour favoriser des échanges périodiques d’informations et créer ainsi un climat de confiance propice au règlement pacifique des conflits, réduire le risque de malentendu, et, en particulier, prévenir toute situation de crise qui surviendrait en raison d’attaques menées par surprise ou par procuration ou d’une mauvaise interprétation des intentions d’autres États Membres.

Les États sont aussi invités à renforcer la confiance dans leurs mouvements de troupes en procédant notamment à des notifications sur les importants mouvements à venir de leurs forces armées et à convier des observateurs à leurs principaux exercices militaires.  Ils sont aussi encouragés à envisager des restrictions sur le nombre et l’ampleur des exercices militaires le long des régions frontalières, accepter des accords mutuels pour limiter les mouvements de troupes et créer des zones démilitarisées.

« Il nous a fallu presque deux décennies et moins de deux jours pour arriver à ces résultats et j’espère que cette bouffée d’air aura un résultat sur tous les autres domaines relatifs au désarmement », a déclaré la Présidente de la Commission, Mme Gabriela Martinic, de l’Argentine, après l’adoption du texte.  Elle a notamment salué le « pouvoir du multilatéralisme » qui a permis d’arriver à un résultat « auquel personne ne croyait il y a encore trois semaines ».

« Avec cet accord, 2017 sera une année qui permettra d’avancer vers un monde plus sûr », s’est félicité de son côté M. Kim Won-soo, Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement.  « C’est un jour heureux pour le mécanisme de désarmement de l’ONU car nous sommes parvenus à un accord de fond en sortant ainsi d’une impasse de près de 20 ans. »

Le Haut-Représentant adjoint a vu dans l’adoption de ces recommandations une avancée majeure qui devrait contribuer à atténuer les tensions et renforcer la confiance, permettant ainsi de prévenir et résoudre les conflits et de favoriser la réalisation du développement durable. 

Il a aussi salué « l’unité encourageante » dont ont fait preuve, au cours de cette session, la Chine, les États-Unis et la Fédération de Russie pour prévenir la militarisation de l’espace extra-atmosphérique. 

Même si le texte n’appelle pas à des mesures juridiquement contraignantes, le représentant du Royaume-Uni a rappelé que d’autres instruments non contraignants, comme le Registre sur le transfert des armes, le Registre sur les dépenses militaires et l’Instrument sur le traçage des armes, avaient permis de réaliser de réelles avancées et de véritablement renforcer la confiance au niveau international.

Les représentants de la Syrie et de Cuba se sont associés au consensus, regrettant toutefois que ce texte ne condamne pas le recours à la force, l’agression, ou la menace du recours à la force.  À l’instar du représentant de l’Égypte, la représentante de Cuba a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à parvenir à des avancées similaires en matière de désarmement nucléaire.

La Commission articule ses travaux autour de deux groupes de travail, le Groupe I consacré à des mesures de confiance pour le désarmement nucléaire et le Groupe II consacré à des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques.

Présentant le rapport du Groupe de travail I intitulé « Recommandations en vue de la réalisation de l’objectif du désarmement nucléaire et de la non-prolifération des armes nucléaires », le représentant du Venezuela et Président du Groupe, M. Wilmer Mendez, a reconnu qu’il n’y avait pas eu d’accord entre les États Membres sur des recommandations concrètes.  Il a toutefois espéré que ce document aidera à enrichir les prochaines discussions sur le désarmement.

Le rapport du Groupe de travail II, intitulé « Mesures pratiques de confiance dans le domaine des armes classiques », qui contient les recommandations adoptées au terme de ces trois semaines de session (3-21 avril) a été présenté par la représentante de la Bulgarie, Mme Lachezara Stoeva, sa présidente. 

Présentant le rapport d’ensemble** des travaux de ces trois semaines de session, le Rapporteur de la Commission, M. Ali Robatjazi, Représentant de l’Iran, a espéré que ce document permettra d’enrichir les futures discussions sur le désarmement.  

Le rapport, qui a été adopté par acclamation, mentionne en outre qu’au cours des discussions informelles certains États Membres ont estimé que la question sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales méritait d’être examinée par la Commission.  En 2016, les délégations de la Chine, de la Fédération de Russie et des États-Unis d’Amérique avaient déjà proposé d’inscrire ce point supplémentaire sur les activités spatiales à l’ordre du jour de la Commission du désarmement pour 2015-2017***.

La session actuelle marque la fin d’un cycle de négociations triennal (2015-2017) au terme duquel la Commission et ses groupes de travail doivent formuler des recommandations à l’Assemblée générale.  La Commission, dont les travaux étaient dans une impasse totale depuis 1999, soit 17 ans, a formulé, depuis sa création, en 1978, 16 recommandations portant notamment sur la création de zones exemptes d’armes nucléaires.     

* A/CN.10/2017/WGII/CRP.1 (à paraître)
** A/CN.10/2017/L.1
*** A/CN.10/2016/WP.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les délégations profitent de la Journée de la Terre nourricière pour réclamer une « déclaration des droits de la nature »

Soixante et onzième session,
Commémoration de la Journée de la Terre - matin & après-midi
AG/11909

Assemblée générale: les délégations profitent de la Journée de la Terre nourricière pour réclamer une « déclaration des droits de la nature »

Aujourd’hui à l’Assemblée générale, plusieurs intervenants, dont les délégations de la Bolivie et de l’Équateur, ont plaidé pour l’adoption d’une déclaration des droits de la nature, pour passer d’une vision de la Terre comme propriété à une vision dans laquelle elle est détentrice de droits.

Dans le cadre d’un dialogue interactif sur le thème « la jurisprudence de la Terre », organisé à l’occasion de la Journée internationale de la Terre nourricière, commémorée chaque année le 22 avril, les orateurs ont salué les efforts de certains pays pour développer un droit de la Terre.

L’idée n’est pas nouvelle.  En 1972, dans « Should Trees Have Standing: Toward Legal Rights for Natural Objects », Christopher D. Stone attirait déjà l’attention sur l’élargissement de la « sphère d’inquiétude » de la société qui s’est traduit par la reconnaissance des droits juridiques des femmes, des enfants, des autochtones d’Amérique et des Afro-Américains.  L’écrivain faisait valoir que la préoccupation croissante du public pour la préservation de la nature devrait déboucher sur la reconnaissance des droits de la nature, ce qui permettrait d’engager des poursuites au nom des arbres et autres « objets naturels », notamment d’obtenir réparation.

Depuis, l’Inde vient de reconnaître aux fleuves du Gange et du Yamuna une personnalité juridique et de nommer des autorités publiques pour défendre ses droits.  La Nouvelle-Zélande a doté le fleuve Whanganui et le site naturel de Te Urewera, actuellement sans « propriétaires », d’une personnalité spirituelle et holistique.

L’Équateur a amendé sa Constitution en 2008 pour mieux protéger la nature ou « Pachamama », qui incarne les aspects physiques mais aussi spirituels du monde naturel.  Dans le même ordre d’idées, il faut signaler la création du Tribunal international des droits de la nature grâce à la signature d’une Convention des peuples, en décembre 2015 à Paris, soit un pas en avant dans le développement de la « jurisprudence de la Terre ».

Inventé par Thomas Berry, un des pionniers de l’« écologie profonde », ce terme vise à reconnaître la Terre, qui n’est pas une « collection d’objets » mais bien « une communion de sujets », comme détentrice de droits inaliénables.  Dans notre vision du monde anthropocentrée, a expliqué le Président du dialogue interactif, nos lois et nos économies partent du postulat que nous vivons sur un puits de ressources à exploiter à notre guise et pour notre bénéfice exclusif. 

Par contraste, la vision centrée sur la Terre reconnaît que le bien-être de l’humanité découle de celui de la planète et que l’harmonie avec la nature est un moyen de garantir le bien-être de l’homme et ses droits.  Le Ministre des affaires étrangères de la Bolivie a indiqué que son pays s’attache à promouvoir une « culture de la vie », à rebours d’un paradigme capitaliste « en crise ».  De nombreuses critiques ont fusé contre une civilisation occidentale « anthropocentrique », dénuée d’« éthique terrestre » et n’ayant plus qu’une relation « brisée » avec la nature.

Comme le rappelle le rapport* du Groupe d’experts sur l’harmonie avec la nature, demandé par l’Assemblée générale, une « Déclaration universelle des droits de la Terre nourricière », s’inspirant de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a été adoptée à la Conférence mondiale des peuples sur les changements climatiques et les droits de la Terre nourricière organisée en 2011.

Les intervenants ont repris certaines recommandations du Groupe d’experts visant à prendre en compte la jurisprudence de la Terre dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Parmi celles-ci, ont été mentionnées la fin de la privatisation de la nature, la promotion des cultures autochtones qui vivent déjà en harmonie avec la Terre ou bien encore un « serment économique » similaire au serment d’Hippocrate, obligeant les économistes à fournir des conseils dans l’intérêt de la planète.

Les intervenants, en tête desquels la Bolivie et l’Équateur, ont surtout rebondi sur une autre recommandation du Groupe d’experts pour demander à l’ONU de faciliter l’adoption d’une « déclaration sur les droits de la nature ».  Le Groupe d’experts recommande en effet un cadre juridique et de politique générale nouveau et intégré sur ces droits et son association avec les autres combats pour la justice raciale, climatique et environnementale et avec le rééquilibrage des inégalités croissantes des richesses.

* A/71/266

DIALOGUE INTERACTIF SUR L’HARMONIE AVEC LA NATURE EN COMMÉMORATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA TERRE NOURRICIÈRE

Déclarations liminaires

Le Président du dialogue a indiqué que la « jurisprudence de la Terre » reconnaît le caractère interdépendant du bien-être de l’humanité et de celui de la Terre et recherche des relations mutuellement bénéfiques entre l’homme et les autres habitants de la planète.  Cette approche est « capitale » pour mettre un terme à la destruction de la biodiversité, réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et honorer les engagements pris en vertu de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Le Président a insisté sur les profondes implications spirituelles et existentielles de la « jurisprudence de la Terre » pour se comprendre en tant qu’être humain. 

Dans notre vision du monde autocentrée, s’est-il expliqué, nos lois et nos économies partent du postulat que nous vivons sur un puit de ressources à exploiter à notre guise et pour notre bénéfice exclusif.  Par contraste, la vision centrée sur la Terre reconnaît que le bien-être de l’humanité découle de celui de la planète et que l’harmonie avec la nature est un moyen de garantir le bien-être de l’homme et ses droits.  À la lumière des défis écologiques et sociaux sans précédent et de leur impact sur chacun des aspects de notre système terrestre et de notre existence, ce Dialogue va explorer « la jurisprudence de la Terre » et les changements profonds qu’il faut opérer dans les attitudes, comportements et politiques.

Au nom des générations présentes et futures, l’humanité doit promouvoir l’harmonie avec la Terre, a acquiescé M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  La « jurisprudence de la Terre » est, selon lui, ancrée dans la philosophie du droit et de la gouvernance humaine qui nous rappelle que le bien-être de chacun dépend du bien-être de la Terre.  « Nous faisons partie du tissu de la vie », a-t-il rappelé, en saluant les efforts des pays qui veulent donner un statut juridique à la nature.  La Bolivie et l’Équateur ont en effet adopté plusieurs lois conférant des droits à la nature.  Le Secrétaire général adjoint a aussi évoqué la vision chinoise de la « jurisprudence de la Terre ».  La culture chinoise, a-t-il dit, souligne l’importance de l’unité entre le paradis et l’homme, c’est-à-dire entre la nature et l’homme.

Comment sortir l’humanité de sa crise et promouvoir une culture de paix et de justice? s’est demandé M. FERNANDO HUANACUNI MAMANI, Ministre des affaires étrangères de la Bolivie.  Les guerres et les crises financières illustrent à la perfection les limites de « l’approche individualiste » du développement, fondée sur la recherche effrénée du profit.  Le paradigme capitaliste a fini par prouver qu’il n’est pas viable, a insisté le Ministre, exhortant au retour à l’équilibre entre toutes les composantes de la Terre et à la complémentarité entre toutes les espèces.  La Bolivie, a-t-il dit, s’attache à promouvoir le bien-vivre, une « culture de la vie » et une vision selon laquelle l’être humain n’est pas propriétaire de la nature mais seulement l’une de ses composantes.  « L’être humain, mais aussi tous les êtres vivants, partagent un destin commun, le destin de la Terre nourricière. ».

Le Ministre a prévenu que l’humanité ne pourra pas assurer sa survie si elle ne protège pas les droits de la Terre nourricière.  Il a appelé les États à adopter une déclaration universelle sur ces droits, louant une nouvelle fois le modèle bolivien de développement.

« La Terre est la maison de l’humanité. »  C’est la définition qu’en a donné Mme HELENA YÁNEZ LOZA (Équateur).  Au nom du G77 et de la Chine, elle a estimé qu’une gestion durable des ressources naturelles, dans le respect de la souveraineté des États, est cruciale pour promouvoir une meilleure harmonie avec la nature et sa régénération pour le bien des générations futures.  Pour combattre la dégradation de l’environnement, la déléguée a plaidé pour le renforcement des capacités nationales et la promotion d’un système commercial international fondée sur des règles et non discriminatoire.  Il faut, a-t-elle conclu, garantir les droits de la nature pour permettre un développement durable et restaurer l’intégrité et la santé des écosystèmes de la Terre. 

Réunion-débat sur la jurisprudence de la Terre et le programme de développement durable: les rôles des droits de la nature, de l’économie écologique, de l’éducation, de l’éthique, de la philosophie, de la science holistique et des médias

La « jurisprudence de la Terre », ce terme inventé par Thomas Berry, un des pionniers de l’« écologie profonde », a été repris par l’une des panélistes, Mme LIZ HOSKEN, Directrice de la Fondation Gaia, en Afrique du Sud, qui a expliqué qu’il s’agit de reconnaître la Terre comme une personnalité juridique détentrice de droits inaliénables.  Le processus industriel est en phase terminale, et c’est là la conséquence inévitable d’une civilisation qui détruit son système de survie.  La différence cette fois-ci, c’est qu’une civilisation dominante a colonisé les régions les plus reculées de la planète, a-t-elle dit en prêtant ces propos à Thomas Berry qui se définissait comme un « écothéologien » et un « géologien ».  Car de droit, il n’a pas seulement été question aujourd’hui, mais aussi de spiritualité, puisque la planète que nous occupons n’est pas, selon les dires de M. Berry, « une collection d’objets, mais une communion de sujets ».

Experts et intervenants ont tous convenu de la nécessité de consacrer en droit un « changement de paradigme » ou plutôt d’opérer un retour à un paradigme dont l’existence est attestée depuis toujours par les coutumes de tous les peuples autochtones du monde.  Mme CHANDHRA ROY-HENRIKSEN, Chef du Secrétariat de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies –dont la seizième session se tiendra du 24 avril au 5 mai 2017–, a rappelé que ces peuples détiennent la plus grande diversité culturelle du monde, avec un vivier de 5 000 cultures et langues différentes, riche d’innombrables savoirs et pratiques dont la viabilité se fonde sur une vision écosystémique de la vie humaine sur la Terre nourricière.  Mme Roy-Henriksen a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU avait lui-même recommandé de « soutenir et promouvoir les cultures autochtones qui vivent déjà en harmonie avec la Terre et tirer parti de leur expérience », et d’« appuyer et promouvoir les efforts faits, depuis les niveaux nationaux jusqu’à ceux des communautés locales, pour intégrer dans leurs lois et systèmes de gouvernance la protection de la nature et faire appliquer ces lois au profit des hommes et du monde naturel ».  Albert Einstein l’avait compris en son temps, a résumé la Directrice de la Fondation Gaia: « Il est impossible de résoudre un problème en puisant dans la pensée qui est à l’origine même de ce problème. »

Au cours de cette table ronde, modérée par M. JORGE ISLAS, professeur de droit constitutionnel à l’Université autonome nationale du Mexique, les sociétés occidentales ont essuyé de nombreuses critiques, notamment de la part de M. PETER G. BROWN, Directeur du projet Economics for the Anthropocene, à McGill University.  Il a d’emblée rejeté les « conceptions stupides » et « préjudiciables à la planète » en cours dans la plupart des sociétés modernes, selon lesquelles les êtres humains seraient les seuls à « avoir un rôle » à jouer ou que l’économie est un système déconnecté de la « réalité biophysique » et des « lois de l’univers ».  M. Brown a au contraire appelé à une « éthique terrestre » reposant sur l’interdépendance de ses « coexistants », ce que Mme Hosken a formulé autrement, en soulignant l’importance d’une transition de l’« anthropocentrisme » à une compréhension du rôle de l’humanité au sein des écosystèmes.

C’est là le sens d’un certain nombre d’initiatives qui ambitionnent de former une jurisprudence, comme celle lancée par la Fondation Gaia en Amazonie pour promouvoir les traditions ayant permis aux peuples autochtones de vivre en harmonie « jusqu’à l’époque coloniale », a relevé la Directrice de la Fondation.  Elle a fait part de programmes d’apprentissage participatifs triennaux, notamment en Colombie, destinés à « exporter » à l’étranger des façons de faire –systèmes d’autosuffisance alimentaire ou semences, par exemple– ayant prouvé leur viabilité comme leur efficacité.  Pour le bien-être des générations futures, a-t-elle ajouté, reconnaissons maintenant « les droits des rivières, des forêts, des montagnes et des lacs ».

Rien qu’au cours des dernières semaines, a fait observer Mme LINDA SHEEHAN, Directrice exécutive de l’organisation américaine Planet Pledge, des lois ont été adoptées en Nouvelle-Zélande et des décisions rendues par des tribunaux en Inde pour reconnaître la « personnalité juridique » des écosystèmes et des espèces, conformément aux conclusions de la Commission sur le droit de l’environnement de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources, pour laquelle la nature jouit d’un droit inaliénable « d’exister, de s’épanouir et d’évoluer », condition sine qua non d’un « développement écologiquement viable ».  

Président de cette Commission, professeur de droit et Directeur du Centre pour le droit environnemental de l’Université d’Auckland, M. KLAUS BOSSELMANN, a cité en exemple une loi néo-zélandaise, adoptée le 15 mars 2017, et qui confère une personnalité juridique au fleuve Whanganui, reconnu comme un « être vivant unique », en phase avec la vision des tribus maorie et crown.  Selon lui, la légitimité de l’État en tant qu’institution juridique repose avant tout sur sa capacité à prendre soin de ses citoyens.  « À cette fin, l’État a des obligations fiduciaires et agit, en réalité, comme le curateur de son peuple et de ses coutumes, naturelles et culturelles.  Pour renforcer cette légitimité, l’État souverain du XXIe siècle doit agir comme un curateur de l’environnement », a expliqué M. Bosselmann.

Au cours de la discussion interactive qui a suivi, le Ministre des affaires étrangères de la Bolivie s’est fait l’écho de cette philosophie juridique.  Fustigeant la fausse « dichotomie occidentale », le chef de la diplomatie bolivienne s’est lancé dans un plaidoyer en faveur du rétablissement d’une harmonie « brisée » et de l’« équilibre » de vie.  Plusieurs États Membres se sont enorgueillis des mesures prises en ce sens par leurs gouvernements respectifs.  Ainsi, le Costa Rica a dit s’être doté, depuis 1994, d’un « droit à un environnement sain », axé sur une approche qualifiée d’« écocentrique ».  En outre, une jurisprudence constitutionnelle y rend désormais obligatoire l’utilisation viable des ressources hydriques, a souligné le représentant costaricain, en exhortant à « décarboner » complètement les économies modernes.  Le Nicaragua a d’ailleurs rappelé que ce sont les pays en développement qui mettent en œuvre, « sur la base de nos propres ressources », les mesures d’atténuation des effets des changements climatiques, alors qu’un groupe de 17 pays est responsable de 75% des émissions de carbone.  

Cuba a abondé en ce sens, invoquant le principe de « responsabilités communes mais différenciées », et appelant à la volonté politique des pays développés pour qu’ils respectent leurs engagements en matière de transferts de technologies.  Interrogé par le Népal, qui se demandait comment préserver l’harmonie avec la nature sans porter atteinte aux aspirations de développement, le Président de la Commission sur le droit de l’environnement de l’Union internationale pour la conservation de la nature a appelé la communauté internationale à définir juridiquement le concept même de développement durable, ce qui n’a pas été fait au moment de l’élaboration du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il observé.  Sollicité par plusieurs intervenants, le professeur de droit constitutionnel a défendu le principe d’une « codification » inspirée des approches en vigueur en Bolivie et en Équateur, où la Terre, mise « sous la tutelle » des États, ne peut être exploitée que de manière durable, sans préjudice aux États voisins.  Justement, l’Équateur a évoqué le « Code pénal intégral organique » qu’il a adopté pour définir les délits perpétrés contre l’environnement et la nature, assorti d’un manuel sur le droit pénal environnemental.

En somme, nous sommes confrontés au défi de concilier perception ancestrale et perception développementale, a simplifié Mme GERMANA DE OLIVEIRA MORAES, professeur de droit constitutionnel à l’Université fédérale de Ceara au Brésil, juge fédéral et Guide de la Nation Pachamama du Mouvement écospirituel et culturel « Violeta Molina ».  « Un développement qui fait du mal à la nature n’est pas un développement », a-t-elle asséné en paraphrasant le professeur Cristiane Derani, une spécialiste brésilienne.

La mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable du Programme 2030 dépend des principes et des valeurs de l’harmonie avec la nature, à savoir l’harmonie entre l’homme et lui-même et entre lui-même et les autres hommes, les autres êtres vivants et la Terre nourricière.  La pauvreté, la faim, les inégalités entre les sexes sont tous des exemples de l’absence d’harmonie avec la nature, a expliqué l’intervenante.

S’agit-il de promouvoir, dans un désir d’inertie, l’illusion d’une proposition anthropocentrée?  Comprenons-nous les limites biophysiques de l’activité humaine?  Nous voyons-nous vraiment comme parties intégrantes de la Terre, ses filles et ses fils?

Au Brésil, a répondu l’intervenante, nous n’avons pas attendu les gouvernements et les multinationales pour répondre à ces questions.  Les mouvements sociaux, les réseaux, les écoles et les universités se sont réveillés et ont éveillé la conscience d’une harmonie avec la nature comme condition préalable au développement durable.  Dans la plus grande ville du pays, São Paulo, les gens se mobilisent pour proposer des lois conformes au paradigme anthropocentré comme la « Semaine du citoyen écolo ».  Le Réseau des constitutionnalistes démocratiques d’Amérique latine a lancé des recherches, des dialogues, des manifestations et des essais sur les droits de la nature.  En matière d’économie, des expériences écologiques se multiplient comme les écovillages ou le mouvement de l’économie solidaire. 

Le monde des arts, des médias, du design et de l’architecture n’a pas été en reste, a rassuré M. JEAN-PAUL MERTINEZ, producteur et Directeur d’Illumina Studios&Media Ltd à Londres.  Ces différentes disciplines, qui sont liées entre elles, ont la capacité unique d’agir comme véhicule des principes sous-jacents de l’harmonie avec la nature.  Elles doivent maintenant créer un réseau mondial, à l’instar des juristes et des économistes de l’environnement.  Dans nos disciplines, a dit l’intervenant, nous nous rendons compte de la crise de la consommation, qui est en réalité une crise « spirituelle », une recherche du sens, moteur même de l’art, du design et des médias. 

Mais il est clair, a reconnu M. Mertinez, que le monopole de la création aux mains des grandes « major » rend difficile la diffusion de vues alternatives, à savoir passer de la question « comment maintenir notre niveau de consommation? » à « comment maintenir la biosphère? ».  Il a salué des artistes comme Sir David Attenborough qui ont su faire apprécier au monde les merveilles de la nature. Créer des contenus alternatifs est « crucial », a-t-il insisté, voulant que le divertissement pour amuser cède la place au divertissement pour éduquer.

Le BAFTA, a-t-il indiqué, a par exemple fait l’effort d’éduquer les chaînes de télévision et de radio et les sociétés de production à leur empreinte carbonique, une initiative qui s’étend depuis 2016 aux films eux-mêmes.  Si l’on pouvait encourager la profession à s’impliquer davantage dans ce type de scenarii, on planterait alors les graines d’un avenir plus équilibré.

Une telle transition serait plus facile dans le monde de l’art et de l’architecture qui par essence est ancré dans la célébration et le rituel.  C’est un peu plus compliqué pour les médias et le design qui sont les expressions vitales de la culture et du sens.  La nouvelle histoire à raconter doit donc avoir un support solide qui lui permette de contribuer au changement de paradigme.  L’ONU, a dit l’intervenant, pourrait être ce support et ce lien nécessaire pour créer, alimenter et faciliter un réseau international et avancer vers un design et des médias « bienveillants et pleins de compassion ».  

L’ONU doit aller plus loin, a encouragé le professeur de droit constitutionnel à l’Université fédérale de Ceara au Brésil et Guide de la Nation Pachamama du Mouvement écospirituel et culturel.  L’ONU doit faciliter un plan d’action solide, sous la forme d’une « déclaration des droits de la nature ».  Mais pour un écosystème naturel, qu’est-ce qu’« être détenteur de droits » ?

Depuis le mois de mars dernier, le Gange et le Yamuna, entre autres fleuves, glaciers ou forêts, ont une personnalité juridique, a confirmé M. PALLAV DAS, Cofondateur du Groupe d’action environnementale « Kalpavriksh ».  L’idée est de passer d’une perception de la nature comme propriété à une perception où la nature est reconnue comme détentrice de droits inhérents, comme ceux d’être préservée et conservée.  

Dans sa décision, la Haute Cour de l’Uttar Akhand a nommé le Directeur « Namani Gange », le Secrétaire en chef de l’État et le Procureur général comme les personnes qui doivent agir « à la place des parents » du Gange et du Yamuna.  Ils sont tenus de préserver le statut des fleuves et de promouvoir leur santé et leur bien-être.  Ce faisant, la Haute Cour a porté le débat sur la protection de l’environnement à un autre niveau et soulevé des questions fondamentales.

Car être détenteur de droits veut dire qu’on peut saisir la justice, qu’un préjudice est reconnu, que l’auteur du préjudice doit réparation et que cette réparation bénéficie à la victime.  Le fleuve doit donc avoir un protecteur totalement indépendant de ceux qui violé ses droits.  Or, les autorités publiques remplissent-elles ces critères?  Comment résoudre cette contradiction?

Quels sont les droits d’un fleuve?  Peut-il refuser d’être un dépotoir?  A-t-il le droit de ne pas être défiguré par un barrage, vidé ou détourné?  Si oui, qui va poursuivre qui en justice?  Le Secrétaire en chef de l’État peut-il poursuivre une société municipale de l’Uttar Pradesh ou du Bihar pour déchargement illégal de déchets?  Le Directeur « Namani Gange » peut-il porter plainte contre le Gouvernement central pour avoir approuvé un autre projet hydroélectrique?

La logique de la décision de la Haute Cour peut-elle être élargie à d’autres fleuves?  Tous les écosystèmes doivent-ils bénéficier du même type de protection?  Est-ce qu’il faut créer un organe véritablement indépendant de « parents » de tous les fleuves de l’Inde pour garantir l’application de la loi?  Telles sont les questions dont les réponses viendront de la pratique.

Déjà, a ajouté le Cofondateur du Groupe d’action environnementale « Kalpavriksh », la décision de la Haute Cour a obligé le Gouvernement indien à réorienter l’action du Ministère de l’eau.  Les peuples autochtones, a-t-il avoué, nous disent que notre mode de production et de consommation « c’est du n’importe quoi ».  « Allons-nous poursuivre sur cette route ou changer de direction? »  C’est la question que se posent ces peuples autochtones depuis 500 ans, a souligné l’intervenant.  Comment concilier droits des peuples autochtones, droit coutumier et droits de la nature? a demandé une représentante d’une ONG au professeur brésilien de droit constitutionnel.  La meilleure façon, a-t-elle estimé, est de « suivre son cœur » car pourquoi ne pas parler d’amour et de paix comme le font les peuples autochtones.  La Terre doit être perçue comme notre mère et n’oublions pas que nous sommes en vie parce que nos grands-parents ont su prendre soin de la nature. 

Les tribus équatoriennes, par exemple, ont, en se basant sur leurs croyances religieuses, reconnu des droits aux rivières.  On peut en déduire que pour elles, la nature et ses composantes sont plus importantes que les droits de l’homme, a constaté l’intervenante.  Pour de nombreux peuples autochtones, a confirmé le Cofondateur du Groupe d’action environnementale « Kalpavriksh », il n’y a pas de séparation entre le monde spirituel et le monde physique.  Il a pris l’exemple de la lutte menée par une tribu de l’Inde contre l’implantation d’une usine d’extraction minière anglaise sur son territoire.  La tribu n’était pas forcément opposée au projet.  Elle voulait juste être consultée.  Elle voulait que l’on respecte son environnement, « ses terres sacrées ».  Ses membres sont donc allés jusqu’au Royaume-Uni, sans l’aide de personne, pour réclamer un dialogue avec l’entreprise britannique, provoquant le fléchissement des investisseurs qui ont dû les rencontrer.   

Qu’en est-il de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones?  Le Cofondateur du Groupe d’action environnementale « Kalpavriksh » a répondu qu’en Inde, les peuples autochtones n’attendent plus que l’élite politique ou économique agisse.  Ils s’attaquent eux-mêmes aux problèmes.  « Ces peuples posent les vraies questions et je suis confiant qu’à moyen terme, nous aurons recours à leur sagesse.  Ce n’est qu’une question de temps », a-t-il estimé.  Le Directeur d’Illumina Studios&Media Ltd s’est souvenu que dans un documentaire qu’il a réalisé pour la BBC sur l’une des dernières tribus colombiennes pré-aztèques, il avait découvert qu’il n’y a pas d’opposition automatique entre le monde scientifique et les connaissances autochtones.  On a été surpris, a-t-il avoué, de voir que tout le monde a le même respect et le même enchantement devant la nature.  Scientifiques et autochtones ont été surpris de voir qu’ils avaient en fait les mêmes connaissances.  « Ça, c’est le message qu’il faut diffuser et propager », car ce qui est important, a-t-il poursuivi, c’est de raconter ces histoires.  Il est vrai que beaucoup d’artistes et de médias sont encore réservés sur la question de la relation entre l’homme et la nature.  Il a dit placer beaucoup d’espoir dans les médias sociaux pour faire évoluer les choses.  Il y a déjà un mouvement en marche et l’étape suivante sera de montrer tout cela dans les médias.  Comme les juristes et les économistes avant eux, les professionnels des médias doivent se montrer responsables et s’appuyer sur le public des jeunes. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC encourage les instituts de formation des Nations Unies à continuer de faciliter le développement des pays et renforcer la cohérence du système de l’ONU

Session de 2017,
22e séance - matin
ECOSOC/6826

L’ECOSOC encourage les instituts de formation des Nations Unies à continuer de faciliter le développement des pays et renforcer la cohérence du système de l’ONU

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé aujourd’hui sa réunion de coordination et de gestion du mois d’avril en examinant les rapports des instituts de recherche et de formation des Nations Unies sur lesquels il a adopté deux résolutions.

L’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), l’École des cadres des Nations Unies et l’Université des Nations Unies (UNU) sont trois organismes financés par des contributions volontaires des États Membres qui participent à la réalisation des objectifs des Nations Unies et en particulier du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Ainsi l’ECOSOC, dans sa résolution* sur l’UNITAR, a engagé celui-ci à poursuivre ses activités dans le cadre du Programme 2030 et des réformes en cours du système des Nations Unies pour le développement.  Les représentants de l’Azerbaïdjan et des Émirats arabes unis ont exprimé leur soutien à cet institut en soulignant l’utilité de l’aide qu’il apporte aux pays membres en matière de renforcement des capacités, notamment pour leur permettre d’atteindre les objectifs de développement durable.

Intervenant par visioconférence, depuis Genève, M. Nikhil Seth, Directeur exécutif de l’UNITAR, a indiqué que cet institut a fourni, sur la période 2014-2015, des services de formation et de partage des connaissances à 75 000 bénéficiaires, dont les trois quarts venaient de pays en développement.  Il a présenté les activités menées par l’Institut dans six grands domaines, avant de parler du cadre stratégique 2018-2021 qui est actuellement en préparation et qui sera aligné sur les principaux piliers du Programme 2030 afin d’aider les pays en développement à se doter des capacités suffisantes pour sa mise en œuvre.

Des ateliers régionaux sur l’évaluation des capacités nationales de développement, des formations pour les diplomates, des formations pour acteurs et autorités intervenant localement, un partenariat d’apprentissage sur l’action des Nations Unies en matière de changements climatiques, sont des exemples parmi d’autres des activités de l’UNITAR.

L’ECOSOC a aussi adopté une résolution** qui concerne l’École des cadres du système des Nations Unies, par laquelle il invite celle-ci à développer ses activités de formation à la gestion destinées au personnel des Nations Unies afin d’améliorer l’efficacité, l’efficience et la cohérence du système.  Le représentant de l’Italie, pays hôte de l’École dont le campus se trouve à Turin, a fait valoir l’importance de cette institution dans la création d’une culture de gestion qui permette d’être « unis dans l’action ». 

Son directeur, M. Jafar Javan, a rendu compte des progrès accomplis par l’École en signalant qu’elle avait offert des cours et des services à environ 30 000 personnes au cours de la période 2015-2016.  Il a notamment souligné l’importance du Laboratoire des Nations Unies pour le changement et le savoir organisationnels, qui a été créé en 2015.  De même, le Centre de connaissances sur le développement durable, officiellement inauguré à Bonn, en Allemagne, est devenu pleinement opérationnel en mars 2016, ce dont s’est félicité le représentant de ce pays.

Autre nouveauté de l’École: un consortium a été mis en place avec l’équipe de consultants en gestion du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), afin de fournir au système des Nations Unies des services de conseil en gestion interne du changement. 

Enfin, le Directeur du Bureau de l’Université des Nations Unies (UNU), M. James Cockayne, a mis en avant les analyses impartiales menées par l’Université qui est à la fois centre de recherche, centre de réflexion pour l’ONU et organisation de formation de troisième cycle.  En 2016, l’UNU a produit 40 livres, une centaine d’articles, 72 documents de recherche et 292 autres documents, a-t-il indiqué en précisant qu’elle contribue notamment au débat sur les responsabilités éthiques des hauts fonctionnaires et sur la parité aux postes de haut rang.

Le représentant du Mexique a apprécié en particulier la contribution de l’UNU aux préparatifs de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au problème mondial des drogues, qui s’est tenue en avril 2016.

Les prochaines séances de la réunion de coordination et de gestion de l’ECOSOC auront lieu du 7 au 9 juin, le 6 juillet, et du 25 au 26 juillet 2017.

* E/2017/L.19
** E/2017/L.18

INSTITUTS DE RECHERCHE ET DE FORMATION DES NATIONS UNIES (E/2017/48, E/2017/51, E/2017/52, E/2017/L.18 ET E/2017/L.19)

Rapport sur l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR)

C’est par visioconférence, depuis Genève, que M. Nikhil Seth, Directeur exécutif de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a présenté le rapport du Secrétaire général sur cet institut qui est l’un des principaux instruments des Nations Unies au service de la formation.  Il a d’abord indiqué que le champ d’application des programmes de l’Institut s’était étendu année après année pour couvrir les trois piliers des Nations Unies, à savoir la paix et la sécurité, le développement économique et social, et la durabilité environnementale.

Pour la période 2014-2015, l’UNITAR a fourni des services de formation et de partage des connaissances à 75 000 bénéficiaires, dont les trois quarts venaient de pays en développement et 32% des pays les moins avancés (PMA).  Chez les participants aux formations, le ratio hommes-femmes s’élevait à 35/65 (et à 43/57 en excluant les bénéficiaires de programmes sur le maintien de la paix destinés aux soldats de la paix de sexe masculin originaires de pays africains).  L’année 2016 a aussi été un succès sur ce plan avec 50 000 bénéficiaires.  Les retours des bénéficiaires restent positifs: 92% des personnes interrogées étaient d’accord ou tout à fait d’accord pour affirmer que la formation suivie avait globalement été utile, s’est félicité M. Seth.

Ce dernier a ensuite indiqué que le présent cadre stratégique (2014-2017) de l’Institut comprend six grands domaines de programmation: renforcement du multilatéralisme, promotion du développement économique et de l’inclusion sociale, recherche de la viabilité environnementale et de la croissance verte, promotion de la paix, amélioration de la résilience et de l’assistance humanitaire et progrès dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

« Nous sommes en voie de formuler le cadre stratégique 2018-2021, en l’alignant sur les principaux piliers du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a indiqué M. Seth.  L’objectif est d’aider les pays en développement à se doter des capacités suffisantes pour réaliser les objectifs de développement durable.  M. Seth a mentionné, par exemple, des ateliers régionaux sur l’évaluation des capacités nationales de développement, organisés conjointement par l’Institut et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

L’UNITAR œuvre aussi en faveur du renforcement du multilatéralisme en formant des diplomates en poste à New York et à Genève, a-t-il poursuivi.  Grâce à la contribution de l’Algérie et de la Suède, l’UNITAR a pu offrir gracieusement des cours à 800 délégués.  Parmi les activités organisées, il a mentionné un programme en faveur de la représentation des femmes à des postes de direction qui a permis de former plus de 400 délégués.

En ce qui concerne la promotion du développement économique et de l’inclusion sociale, le réseau mondial du Centre international de formation pour acteurs et autorités intervenant localement (CIFAL) s’est élargi pour passer à 16 centres, avec de nouveaux établissements à Buenos Aires, Manille, Newcastle (Australie) et Zurich (Suisse).  L’UNITAR agit aussi dans les domaines des migrations internationales et des accidents de la route.

M. Seth a également parlé des activités menées dans le cadre de la promotion de la viabilité environnementale et de la croissance verte, notamment du partenariat d’apprentissage « Unité d’action des Nations Unies en matière de changements climatiques » qui continue de se développer grâce notamment à son cours en ligne auquel se sont inscrites plus de 70 000 personnes.

Pour ce qui est de la promotion d’une paix durable, l’UNITAR a étoffé ses relations de haut niveau avec les États Membres, les organisations régionales et l’Organisation des Nations Unies.  Il a de nouveau organisé deux événements de haut niveau, l’un rassemblant les représentants et envoyés spéciaux et personnels du Secrétaire général lors d’un séminaire, et l’autre réunissant les pays africains anciens, actuels et futurs membres du Conseil de sécurité ainsi que le Président du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et de hauts fonctionnaires de la Commission de l’Union africaine.  En outre, en 2015, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire du bombardement atomique qui a frappé le Japon, l’UNITAR a lancé, à Hiroshima, un programme annuel de formation sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires.

L’UNITAR s’attache aussi à améliorer la résilience et l’assistance humanitaire par le biais du Programme opérationnel pour les applications satellitaires (UNOSAT), grâce à sa collaboration étroite avec l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN).  À titre d’exemple, UNOSAT a élaboré, en 2015, quelque 333 cartes et rapports à partir d’images satellites rendant compte des catastrophes naturelles et crises humanitaires, notamment le conflit en cours en République arabe syrienne.

Les progrès des opérations de l’UNITAR sont généralement reflétés dans le retour positif des mécanismes de contrôle et de suivi, a assuré M. Seth avant de rappeler que l’institut est financé à 100% par des contributions volontaires.  Il s’est félicité de la stabilité de la situation financière malgré un contexte économique difficile.  Il a apprécié, en particulier, les progrès réalisés pour renverser la tendance à la baisse des contributions non ciblées, grâce, en partie, à la contribution de l’Algérie.  Il a salué les autres donateurs les plus importants qui sont l’Afghanistan, l’Allemagne, le Japon, le Nigéria, la Norvège, la Fédération de Russie et la Suisse, outre l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).

École des cadres du système des Nations Unies

M. JAFAR JAVAN, Directeur de l’École des cadres du système des Nations Unies, a présenté le rapport du Secrétaire général (E/2017/52) qui rend compte des progrès accomplis par l’École au cours de la période 2015-2016.

Il a expliqué que les cours, services et produits proposés par l’École ont bénéficié à près de 30 000 personnes, qui ont ainsi pu acquérir les connaissances et les outils nécessaires pour contribuer à améliorer la cohérence et l’efficacité du système des Nations Unies.  Ce chiffre est en hausse de 29% par rapport à celui de la période biennale précédente.

Pendant cette même période, l’École a fait de ses programmes et services pédagogiques des éléments phares de l’apprentissage et de l’échange de connaissances axés sur le personnel des organismes des Nations Unies, à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Directeur a ensuite vanté le Laboratoire des Nations Unies pour le changement et le savoir organisationnels, créé en 2015, qui offre un vaste éventail d’initiatives didactiques et de services consultatifs visant à promouvoir la culture du changement et de l’innovation dans l’ensemble du système des Nations Unies.

De même, le Centre de connaissances sur le développement durable,  officiellement inauguré à Bonn, en Allemagne, est devenu pleinement opérationnel en mars 2016.  Ce centre, a précisé M. Jafar, a pour mission de répondre aux besoins du personnel et des partenaires des Nations Unies en matière d’apprentissage, de formation et de gestion des connaissances dans le cadre du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  L’École, dont le campus se trouve à Turin (Italie), se sert également du Centre comme d’un second parc universitaire.

Le Directeur a par ailleurs indiqué que, pour favoriser l’amélioration de la coordination à l’échelle du système, l’École a mis en place un consortium avec l’équipe de consultants en gestion du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui fournit au système des Nations Unies des services de conseil en gestion interne du changement.  Le consortium devrait s’élargir et intégrer d’autres entités des Nations Unies.

Le Programme 2030 oblige les hauts responsables des Nations Unies à adopter « une démarche d’unité dans l’action » qui dépasse largement les vues particulières de telle ou telle organisation.  Tel est le message que l’École des cadres fait passer au personnel par l’intermédiaire de son offre d’enseignement, veillant par là-même à ce que les cadres et experts du système des Nations Unies soient formés en conséquence, a conclu M. Jafar.

Rapport du Conseil de l’Université des Nations Unies (E/2017/51)

En présentant le Rapport du Conseil de l’Université des Nations Unies (UNU), M. JAMES COCKAYNE, Directeur du Bureau de l’UNU, a indiqué que l’Université menait essentiellement des recherches sur des données factuelles.  Il a souligné les trois identités de cette université, à savoir centre de recherche, centre de réflexion pour l’ONU et organisation de formation de troisième cycle.  Les recherches menées permettent d’établir des liens entre l’ONU et les instituts universitaires, a-t-il expliqué en faisant état des analyses impartiales menées par l’UNU.  Il a fait valoir que l’UNU est un organe autonome de l’Assemblée générale qui collabore aussi avec des groupes de réflexion du monde entier.  L’Université est composée d’un réseau mondial d’organes et d’instituts de recherche et de formation.  En 2016, les recherches de l’UNU ont abouti à 40 livres, une centaine d’articles, 72 documents de recherche et 292 autres documents.  Il a indiqué que 5 000 autres publications de l’UNU peuvent être téléchargées gratuitement depuis son site Internet.

L’UNU ne reçoit aucun fond du budget ordinaire de l’ONU, a enchainé M. Cockayne, en précisant qu’elle est financée uniquement par des contributions volontaires des États Membres.  En termes de ressources humaines, il a rendu hommage à ses 725 membres du personnel, dont 49% sont des femmes.  Il a indiqué que, à la suite d’un scandale concernant un ancien président de l’Assemblée générale, l’UNU avait initié un débat sur les responsabilités éthiques de cette fonction et présenté un document de travail qui a été à l’origine de l’adoption d’un code de déontologie.

Quant aux priorités pour l’avenir, M. Cockayne a expliqué que l’UNU se concentre sur la pertinence des questions étudiées par rapport aux priorités de l’ONU et aux capacités des décideurs et des pays en développement.  L’UNU entend aussi apporter des éclairages pour adopter des politiques générales.  Les travaux de l’UNU portent sur des questions particulièrement pertinentes pour les Nations Unies, a-t-il souligné.  Il a aussi parlé d’une nouvelle politique sur la parité proposée par l’UNU à son conseil l’an dernier, qui vise à parvenir à une vraie parité aux postes de haut rang.  L’université veille également à maintenir ses bonnes relations avec les pays et notamment le pays hôte de son siège, le Japon.

Débat général

Le représentant de l’Italie a souligné que l’apprentissage et les connaissances, essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable, doivent bénéficier de l’appui du système des Nations Unies qui, a-t-il estimé, doit passer à un mode plus intégré de fonctionnement.  L’Italie, en tant que membre du Conseil de sécurité pour 2017, souhaite que ces questions soient abordées de façon globale en termes de paix et de sécurité.  Il a recommandé de mettre en place une culture de gestion commune au sein du personnel de l’ONU pour être « unis dans l’action ».  L’École des cadres du système des Nations Unies à Turin joue un rôle clef grâce à son mandat interorganisations, et son succès se traduit par le fait que de nombreux membres du personnel y font appel et qu’elle attire des ressources provenant de nombreux acteurs.

Selon le représentant de l’Azerbaïdjan, le rapport du Secrétaire général démontre que l’UNITAR est une organisation très efficace.  Il a loué les outils qui aident les organisations à accomplir leur travail au quotidien, comme le module d’apprentissage en ligne sur le rôle du secteur privé dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Heureux d’accueillir, à Bonn, le nouveau Centre de connaissances sur le développement durable, le représentant de l’Allemagne a indiqué l’intention de son pays de continuer d’appuyer la mission de l’École des cadres.

La formation a une importance cruciale pour l’ensemble des délégations des Nations Unies, a reconnu le représentant des États-Unis.  Il a indiqué que sa délégation passait en revue les initiatives visant à garantir l’efficacité et la cohérence au sein du système des Nations Unies.

Le Représentant des Émirats arabes unis a rappelé que son pays avait toujours collaboré avec l’UNITAR dans les divers domaines d’activité des Nations Unies.  Il a encouragé l’Institut à poursuivre ses efforts en vue de subvenir aux besoins des pays membres en matière de renforcement des capacités, notamment pour les aider à refléter les objectifs de développement durable dans leurs politiques nationales.  De plus, il a souligné que l’innovation est l’un des principaux moteurs de la concurrence et de la croissance. 

Le représentant du Mexique a apprécié le travail accompli par l’Université des Nations Unies dans les préparatifs de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au problème mondial des drogues, qui s’est tenue en avril 2016.  Il s’est également félicité du rôle de chef de file de l’Université qui préside le Groupe mondial sur la question des migrations.

Adoption de résolutions

Adoption de la résolution E/2017/L.18

L’ECOSOC a adopté une résolution sur l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin (Italie), par laquelle il invite tous les organismes des Nations Unies à utiliser effectivement l’ensemble des services offerts par l’École des cadres, à coordonner leurs activités d’enseignement et de formation avec elle et à encourager leur personnel à participer aux cours qui pourraient leur être utiles.

L’ECOSOC invite également l’École des cadres à développer ses activités de formation à la gestion destinées au personnel des Nations Unies afin d’améliorer l’efficacité, l’efficience et la cohérence du système.

Il engage les États Membres à continuer de soutenir l’École des cadres en reconnaissant qu’elle a un mandat interinstitutionnel singulier et joue un rôle important dans le renforcement des capacités du personnel des Nations Unies et des organisations partenaires concernées dans la perspective de l’exécution efficace et efficiente des mandats.

Adoption de la résolution E/2017/L.19

Le représentant de l’Algérie a présenté le projet de résolution intitulé « Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche » en saluant le fait que cet institut ait apporté des formations à 120 000 personnes venant de tous les États Membres.  Il a aussi souligné la situation financière plutôt stable de l’Institut, même s’il continue de dépendre d’un petit nombre de contributeurs volontaires, dont son pays.

En adoptant cette résolution, l’ECOSOC engage l’UNITAR à continuer de pourvoir aux besoins en matière de formation et de renforcement des capacités.  Il l’engage en outre à poursuivre ses activités dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des réformes en cours du système des Nations Unies pour le développement, y compris l’élaboration des éléments finaux de son cadre stratégique 2018-2021, dont il s’agit d’améliorer l’efficacité, l’efficience et la cohérence.

L’ECOSOC engage en outre l’Institut à continuer de fournir son appui aux acteurs de l’aide humanitaire et du développement, y compris les entités des Nations Unies, en leur fournissant, lorsqu’ils en font la demande, des cartes et rapports créés à partir d’images satellite.  Il renouvelle son appel aux États Membres pour qu’ils versent des contributions volontaires non préaffectées à l’Institut et encourage tous les donateurs qui le peuvent à appuyer davantage l’Institut et ses activités de renforcement des capacités, notamment dans les pays en développement.  L’Institut est aussi invité à continuer de développer et renforcer les partenariats avec toutes les parties prenantes.

Avant l’adoption de la résolution, le représentant de l’Iraq a loué le rôle de pionnier joué par cet institut au cours des 15 dernières années par son appui à la communauté internationale.  Il a apprécié les progrès réalisés dans le cadre du plan stratégique 2014-2017, ainsi que ses succès dans le renforcement des capacités des pays dans leur mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il l’a invité à continuer à harmoniser ses activités avec les objectifs de ce programme et à continuer à aider les États Membres.

Décision orale

L’ECOSOC a ensuite pris note du rapport du Conseil de l’Université des Nations Unies (E/2017/51).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les délégations réfléchissent aux moyens de sortir la consolidation de la paix de son rang d’activité de « seconde zone » mal financée

Soixante et onzième session,
77e séance plénière – matin
AG/11908

Assemblée générale: les délégations réfléchissent aux moyens de sortir la consolidation de la paix de son rang d’activité de « seconde zone » mal financée

Trente-quatre délégations ont examiné, aujourd’hui, à l’Assemblée générale le dixième rapport annuel de la Commission de consolidation de la paix (CCP) sous l’angle des résolutions adoptées parallèlement par l’Assemblée et le Conseil de sécurité sur l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Les textes appellent au renforcement du rôle de la CPP, ce qui est peut-être l’espoir de sortir la consolidation de la paix de son rang d’activité « de seconde zone » mal financée, comme l’a dénoncé la Norvège.

Le Vice-Président de l’Assemblée générale a rappelé que c’est le 27 avril 2016 que l’Assemblée et le Conseil de sécurité ont adopté des résolutions « révolutionnaires » qui parlent de « pérennisation » de la paix définie comme « un objectif et un processus tendant à la définition d’une vision commune d’une société et supposant des activités visant à prévenir le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence des conflits, à s’attaquer à leurs causes profondes, à aider les parties à mettre fin aux hostilités, à veiller à la réconciliation nationale et à s’engager sur la voie du développement durable ».

Par ces textes, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont tous deux reconnu l’importance de la Commission de consolidation de la paix (CCP), s’est réjoui le Vice-Président, pour un organe chargé de prodiguer des conseils à l’Assemblée, au Conseil de sécurité et au Conseil économique et social (ECOSOC) sur la préservation des acquis dans les pays inscrits à son ordre du jour, à savoir, le Burundi, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, la République centrafricaine et la Sierra Leone. 

Comme l’Assemblée et le Conseil de sécurité ont appelé à la dissolution des silos, le Président de la CCP a promis de faire de la Commission « un organe plus proactif » dans l’intégration de tous les objectifs de consolidation et de pérennisation de la paix dans son travail mais aussi dans celui de l’ensemble du système des Nations Unies.  Il annoncé quatre axes de travail: les partenariats avec les acteurs concernés au sein et en dehors des Nations Unies, en particulier les institutions financières internationales et régionales, la société civile et le secteur privé; la prévisibilité du financement; la promotion de la dimension genre; et la transparence et l’efficacité. 

La CPP doit être réaliste et savoir exactement ce qu’elle peut offrir sans présence sur le terrain ni mandat opérationnel, a mis en garde le Pakistan.  La consolidation de la paix est un exercice difficile et impossible, a-t-il aussi prévenu, si les acteurs locaux ne s’approprient pas les efforts.  Une paix durable ne peut en aucun cas être imposée de l’extérieur.  Elle doit venir de l’intérieur.

Le Burundi n’aurait pas dit mieux, lui qui a dénoncé la tendance de certains partenaires à se prononcer sur des questions relevant « exclusivement » de la souveraineté nationale.  Il a pris l’exemple du rapport « politiquement motivé et très alarmiste » du Secrétaire général sur son pays qu’il a opposé à ceux des organisations du continent.  Cette façon d’analyser différemment la même situation s’écarte de la « cohésion globale » que nous voulons renforcer au sein de la CCP, a tranché le Burundi qui a ajouté qu’en matière d’appropriation nationale, « il reste encore une fenêtre pour faire un peu plus ».

Comme tous les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP sont africains, il serait judicieux que la Commission, en particulier, et le système des Nations Unies, en général, travaille avec les organisations régionales et sous-régionales pour tirer parti de la complémentarité des efforts et des ressources, a conseillé le Portugal.  Des évaluations conjointes sur la nature et les défis et un dialogue constant sur la meilleure manière d’harmoniser les soutiens aux pays sont des actions qui peuvent donner plus de valeur ajoutée à cette coopération, a ajouté le Sénégal.  La consolidation de la paix est un exercice onéreux, en argent et en hommes, et tout échec à mobiliser ces ressources conduira inévitablement à un autre échec, a acquiescé le Pakistan. 

Or, a indiqué l’Inde, à la dernière Conférence d’annonces de contributions au Fonds de consolidation de la paix, en septembre dernier, seule la moitié du minimum requis de 300 millions de dollars a été promise.  Ça fait trop longtemps, s’est impatientée la Norvège, que la consolidation de la paix est une activité de « seconde zone » mal financée.  S’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits exige un engagement à long terme et un accès à un financement régulier, prévisible et adéquat.  La Norvège a défendu le Fonds comme un acteur « crucial », contribuant directement au seizième objectif de développement durable sur les sociétés justes, pacifiques et inclusives. 

Le Fonds ne saurait compter que sur des contributions volontaires, a estimé le Brésil, arguant que le budget ordinaire de l’ONU doit être ponctionné.  Avec d’autres dont les Pays-Bas, il a dit attendre avec intérêt le rapport que le Secrétaire général doit présenter l’année prochaine sur les options pour augmenter, restructurer et mieux hiérarchiser les fonds alloués à la consolidation de la paix, y compris les quotes-parts.  L’Indonésie a appelé à une nouvelle approche qui faciliterait plutôt les investissements nationaux et internationaux.  On doit rendre les pays autosuffisants en termes de financement de la consolidation de la paix.

Le Secrétaire général ayant lancé un appel à la « diplomatie de la paix » et placé la prévention au cœur de l’action de l’ONU, de nombreux pays ont dit attendre avec le même intérêt son rapport sur « la pérennisation de la paix » prévu l’année prochaine.  L’Irlande s’est d’ailleurs félicité que ce concept agisse comme un fil connectant notre concept traditionnel de la consolidation de la paix à tous les domaines d’appui à la continuité de la paix, en particulier la prévention des conflits.  

Aujourd’hui l’Assemblée générale a aussi accrédité des organisations à la Conférence des Nations Unies sur la réalisation du quatorzième objectif de développement durable sur la conservation durable les océans, des mers et des ressources marines*.  Elle a, en revanche, reporté sa décision sur la proclamation de la Journée mondiale de la créativité et de l’innovation.  

* A/71/L.62

RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX (A/71/768)

Déclarations

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS, Vice-Président de l’Assemblée générale, a rappelé que le 27 avril 2016, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont adopté parallèlement des résolutions « révolutionnaires » sur l’examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Ces résolutions sur la « pérennisation » de la paix sont une déclaration globale sur le rôle de l’ONU dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits, en liant les efforts de paix et de sécurité au développement durable et aux droits de l’homme.  Ces résolutions, a encore rappelé le Vice-Président, appellent à la dissolution des silos et à la promotion d’une forte approche intégrée.  Elles placent « la durabilité de la paix » au cœur de l’action de l’ONU et insistent sur le rôle des femmes et des jeunes dans la consolidation et la pérennisation de la paix laquelle souligne la vision transformatrice du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le Vice-Président a rappelé que, le 24 janvier dernier, l’Assemblée générale a organisé un dialogue de haut niveau sur la réalisation d’une paix durable pour tous et revenant sur le fait que les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité reconnaissent toutes deux l’importance de la Commission de consolidation de la paix (CCP), il a salué le rapport de la Commission et celui du Fonds pour la consolidation de la paix qui en 2016, a alloué 70,9 millions de dollars à 17 pays.  Avec 20%, le Fonds a dépassé ainsi l’engagement pris à l’échelle de l’ONU d’affecter au moins 15% des ressources à l’autonomisation des femmes.

Les deux résolutions de l’Assemblée et du Conseil priant le Secrétaire général de présenter en 2018 des options pour un financement sûr et prévisible de la consolidation de la paix, le Vice-Président a annoncé que l’Assemblée générale examinera l’année prochaine la nécessité urgente d’investir dans la prévention des conflits et de créer les conditions d’une paix durable.

Président en 2016 de la Commission de consolidation de la paix, M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a mis l’accent sur les quatre domaines du rapport de la CCP qui « soulignent les progrès faits pendant la session »: la souplesse, le renforcement des partenariats et de la cohérence, le financement de la consolidation de la paix et les « méthodes de travail ».  Au-delà de ces quatre domaines, la CCP a fait beaucoup pour appuyer la consolidation de la paix et la paix durable, y compris à travers ses activités liées aux pays.  La valeur de la CCP, a plaidé l’ancien Président, réside dans sa capacité à impliquer un large éventail d’acteurs et de partenaires pour renforcer son rôle de pont entre les principaux organes et entités des Nations Unies et prodiguer des conseils à l’Assemblée générale, au Conseil de sécurité et au Conseil économique et social (ECOSOC).  Avec un tel mandat, la CCP peut vraiment faire une contribution efficace et pertinente au nexus paix durable et développement durable. 

« J’ai l’intention de faire de la CPP un organe plus proactif dans l’intégration de tous les objectifs de consolidation et de pérennisation de la paix dans son travail mais aussi dans celui de l’ensemble du système des Nations Unies », a affirmé M. CHO TAE YUL (République de Corée), Président de la Commission de la consolidation de la paix (CCP).  Il a annoncé quatre axes de travail et d’abord les partenariats avec les acteurs concernés au sein et en dehors des Nations Unies, en particulier les institutions financières internationales et régionales, la société civile et le secteur privé.  La session annuelle qui devrait se tenir le 22 juin sera d’ailleurs une excellente occasion de lancer le coup d’envoi.  Au sein de l’ONU, a dit le Président, la Commission qui a été sollicitée par le Conseil de sécurité pour des conseils sur des pays inscrits à son ordre du jour, peut fournir des conseils « solides et globaux ».

Comme deuxième axe, le Président a cité la prévisibilité du financement dans le cadre duquel l’importance du Fonds pour la consolidation de la paix ne saurait être surestimée.  Il s’est félicité de la meilleure synergie entre la CPP et le Fonds, prenant pour exemple le fait que des pays qui reçoivent des ressources du Fonds ont manifesté leur souhait d’entrer à la CCP pour profiter de ses réseaux dans la communauté internationale.  Le troisième axe est la promotion de la dimension genre dans la consolidation de la paix.  La CCP, qui a adopté une stratégie en 2016, vient de nommer des points focaux sur le genre mais aussi sur les jeunes, le financement, le renforcement des capacités et l’appropriation nationale pour faire en sorte que ces thèmes restent bien au centre de son travail.  Enfin, comme dernier axe, le Président a mentionné la transparence et l’efficacité.  Il s’agit, a-t-il expliqué, de parvenir à des méthodes de travail plus souples pour répondre avec « rapidité et efficacité » aux demandes croissantes de conseils et d’appuis. 

Déclarations

Après avoir rappelé que 90% des conflits de cette première décennie du XXIe siècle se déroulent dans des endroits qui ont déjà connu un conflit, Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a posé une équation simple: pérennisation de la paix égale prévention des conflits.  Nous savons tous, a-t-elle dit, que nous devons développer une culture politique de l’action rapide face à un risque de conflit et que nous devons agir ensemble si nous voulons avoir la moindre chance de succès.  La représentante a donc présenté la nouvelle « Stratégie mondiale » de l’Union européenne qui souligne l’importance d’agir rapidement sur la prévention tout en répondant « de manière responsable et déterminée » aux crises, en investissant dans la stabilisation et en évitant un désengagement prématuré.  Insistant sur le lien « reconnu par tous » entre la sécurité et le développement, comme en atteste d’ailleurs le Programme de développement durable à l’horizon 2030, la représentante a souligné l’importance d’investir dans un développement inclusif, dans la résilience et dans les droits de l’homme et de se montrer plus créatif sur le front diplomatique.  Elle s’est, d’ailleurs, félicitée de la stratégie de la CCP sur le genre et à propos du rapport de la Commission dont elle s’est félicitée, elle n’a pas caché que de nombreux défis restent à relever. 

C’est le cas en particulier du Burundi qui, marqué par la dynamique d’une pente descendante, illustre la nécessité d’autres mesures préventives, d’une attention politique et d’un engagement à prévenir la récurrence d’un conflit violent.  La Guinée-Bissau est aussi un cas d’école avec une impasse politique persistante qui aggrave les risques d’instabilité et de détérioration de la situation socioéconomique.  La représentante s’est également félicitée du rapport du Fonds pour la consolidation de la paix qui demeure un Fonds stratégique à petite échelle lequel doit être soutenu par des engagements à long terme d’autres sources de financement qu’elles soient bilatérales ou multilatérales, y compris les banques de développement internationales et régionales.  Pour sa part, l’Union européenne attend beaucoup de son « Instrument de contribution à la stabilité et la paix » qui entend explorer de nouvelles opportunités de financement commun.  L’UE est prête à discuter des options financières à la prochaine session de l’Assemblée générale sur la base des propositions du Secrétaire général.

Étant dans une situation postconflit, a souligné M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka), mon pays est particulièrement attaché à la consolidation de la paix, comme en atteste en outre sa présence au sein du Groupe des Amis de la pérennisation de la paix.  La mise en œuvre du concept de paix durable, a prévenu le représentant, requiert un effort concerté et coordonné de la part de tout le système des Nations Unies, des États Membres et autres parties prenantes.  Il a annoncé que son pays a promis une contribution à un projet conjoint du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) visant à sensibiliser les parties prenantes au concept de pérennisation de la paix.  La paix et le développement durables sont intrinsèquement liés,  a-t-il souligné, en passant en revue les efforts déployés dans son pays, avec l’appui du Bureau et du Fonds de consolidation de la paix.  Sri Lanka a d’ailleurs reçu du Fonds la somme de 12,3 millions de dollars, a dit M. Perera. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a voulu que l’on se focalise sur les activités qui permettront de pérenniser le concept de paix durable.  Nous devons poursuivre les débats pour mettre au point un seul concept applicable à tous, en tenant compte du fait qu’il n’y a pas de solution unique à tous les conflits.  Dans ce contexte, le représentant a jugé indispensable que la Commission de consolidation de la paix soit dotée des capacités analytiques nécessaires à un examen judicieux des différentes situations de conflit.  Il a conclu en soulignant l’importance des organisations régionales et sous-régionales pour relever les défis transnationaux.  

M. OMAR HILALE (Maroc) a axé sa déclaration sur la situation en République centrafricaine dont il préside la « formation » à la CPP.  Les travaux, a-t-il expliqué, s’appuient sur le plan national de relèvement et de consolidation de la paix, élaboré par les autorités centrafricaines en collaboration avec l’ONU, l’Union européenne et la Banque mondiale.  Ce document a d’ailleurs contribué au succès de la Conférence de Bruxelles où des engagements de plus de 2,2 milliards de dollars sur les 3 milliards nécessaires sur cinq ans, ont été annoncés.  La « formation » s’efforce de suivre de près la mise en œuvre du plan de relèvement afin d’encourager les donateurs à débourser leurs engagements dans les plus brefs délais.

La Conférence de Bruxelles a également conduit à la signature du Cadre d’engagement mutuel qui régit les relations entre la République centrafricaine et la communauté internationale.  Là aussi, la « formation » suivra de près l’évolution de la mise en œuvre de cet important instrument.  Concernant le Fonds de consolidation de la paix qui fait un travail remarquable dans de nombreux pays, il gagnerait à communiquer davantage sur ses projets, a estimé le représentant.  Ainsi, une coordination plus poussée avec les « formations pays » permettrait de renforcer la cohérence des actions du Fonds.  Le représentant a également souligné l’importance de la communication et relevé que malheureusement, les travaux de la Commission et de ses « formations » ne bénéficient pas de toute l’attention qui devrait ou pourrait leur être accordée. 

À titre d’exemple, lors de la dernière réunion de la « formation » le 16 mars, marquée par la présence du Président de la République centrafricaine, une seule photo a été publiée sur le compte twitter « Nations Unies peacebuilding ».  Il est important que les activités de la Commission et de ses configurations puissent être partagées avec le grand public pour pallier au manque de visibilité et accroître l’attention sur ses activités et ses nombreux accomplissements.

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) s’est dit préoccupé par le niveau de financement du Fonds de consolidation de la paix qui consacre déjà plus de 15% de son argent à l’autonomisation des femmes.  En 2016, le Fonds a pourtant approuvé un projet visant à renforcer les capacités nationales de lutte contre l’impunité, projet qui met l’accent sur les capacités d’enquête du Bureau du Procureur général dans les affaires impliquant des groupes illégaux et des organisations clandestines, et dans les cas de fémicide, a indiqué le représentant qui a souligné qu’une deuxième phase d’investissement, pour un montant total de 9 millions de dollars, a été approuvé fin 2016.  Celle-ci porte sur six projets ayant trait à la justice transitionnelle et prévoit notamment l’octroi d’un appui aux femmes autochtones victimes de violence sexiste et l’institutionnalisation d’un dialogue sur les conflits sociaux. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a estimé que si la complexité et la nature interconnectée des différents aspects de la consolidation et de la pérennisation de la paix sont plus largement comprises, l’on voit pourtant très peu d’engagements politiques en faveur de l’action et d’un appui substantiel aux efforts de consolidation de la paix.  Les financements restent « marginaux », limitant gravement la capacité de la CCP.  Nous n’avons même pas pu, a dénoncé le représentant, parvenir à un accord sur l’affectation à la CCP de 1% du budget des opérations de maintien de la paix.  On aura beau comprendre les défis mais sans fonds, il y a très peu de chances qu’on réussisse, a tranché le représentant.  Il s’est aussi inquiété de la tendance à réaffecter les fonds déjà « grossièrement inadéquats » de la coopération internationale au développement à l’aide humanitaire et à l’aide d’urgence, réduisant encore plus les ressources du développement et contredisant l’entendement selon lequel les efforts de développement à long terme sont les meilleurs outils de la consolidation de la paix.

Le représentant s’est donc dit préoccupé par la santé financière du Fonds de consolidation de la paix, notant que la Conférence d’annonces de contributions organisée en septembre dernier n’a pu collecter que la moitié du minimum requis des 300 millions de dollars pour mener des opérations sur trois ans.  L’Inde a d’ailleurs été parmi ceux qui ont annoncé une contribution, s’est enorgueilli le représentant.  La complexité de la consolidation de la paix, a-t-il  poursuivi, exige une plus grande cohérence non seulement entre les organes de l’ONU mais aussi avec les agences  et les organes régionaux et spéciaux.  Il est tout aussi important que la Commission continue de discuter des moyens d’assurer une synergie plus forte avec le Fonds de consolidation de la paix.  En règle générale, a conclu le représentant, les efforts de consolidation de la paix doivent s’aligner avec les priorités nationales et rechercher l’implication des pays concernés pour leur garantir des gains durables et l’appropriation des mesures mises en place.

Rappelant que son pays a été un des premiers à être inscrits à l’ordre du jour de la CPP dès 2006, M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) s’est réjoui que la Commission ait continué face à la situation burundaise.  Depuis le déclenchement de la crise politique en 2015 « jusqu’au retour à la normalité », la CPP, a dit le représentant, a essayé autant que faire se peut de rester aux côtés de la population, « dans un contexte particulièrement difficile ».  Lors de ses visites au Burundi et dans la région, le Président de la « formation Burundi » a collaboré avec les autorités et les parties prenantes nationales, a dit le représentant, en se réjouissant que la « formation » se soit départie du débat politique qui semblait dominer toutes les réunions, en orientant les débats sur les conséquences économiques de la crise.  Il a encouragé la « Formation » à aller de l’avant en jouant correctement son rôle de pont entre le Burundi et ses partenaires dont certains se sont désengagés en 2015 « suite aux malentendus sur la lecture de la situation politique ». 

Aujourd’hui, a dit le représentant, la volonté du Gouvernement du Burundi de restaurer la confiance avec ses partenaires tant bilatéraux que multilatéraux est réelle.  Il est essentiel que la « formation » intensifie ses efforts, en embrayant sur la volonté du Gouvernement et de ses partenaires de « tourner la page de 2015 » pour encourager la reprise de la coopération dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la sécurité alimentaire, du redressement macroéconomique et de l’appui budgétaire direct. 

Le représentant n’a pas manqué de souligner l’importance de la dimension régionale, arguant que l’expérience de la CCP au Burundi a confirmé qu’une plus grande cohérence régionale et sous-régionale est un facteur clef pour soutenir les efforts de consolidation de la paix.  En effet, a expliqué le représentant, de nombreux pays peuvent préférer recevoir de l’aide et des conseils de pays pairs et les organisations régionales peuvent être mieux placées pour intervenir en temps opportun et trouver des solutions à certaines questions « sensibles ».  La situation politique au Burundi, a insisté le représentant, a fait ressortir le rôle fondamental que les pays voisins, l’Union africaine et les organisations comme la Communauté de l’Afrique de l’Est devraient jouer en tant que principaux partenaires des processus politiques et de la lutte contre les facteurs d’instabilité. 

Le représentant s’est donc inquiété du « déficit réel et profond » qu’il a pu constater entre les positions sous-régionales et continentales d’une part et celles de certains acteurs non africains ici au Siège comme au Burundi.  En toute logique, a-t-il argué, les Nations Unies et les autres partenaires devraient s’aligner pleinement avec les positions des acteurs régionaux qui connaissent mieux l’histoire politique et la culture des pays concernés.  Le représentant a pris l’exemple du rapport du Secrétaire général sur la situation dans son pays qui était « politiquement motivé et très alarmiste » et ceux des organisations sous-régionales qui « notaient plutôt des progrès notables tout en relevant bien évidemment quelques défis à relever ».  Cette façon d’analyser la même situation différemment s’écarte de la « cohésion globale » que nous voulons renforcer au sein de la Commission.  Le représentant a conclu en soulignant qu’en matière d’appropriation nationale, son pays en vient après 12 ans à la CPP, à la conclusion qu’« il reste encore une fenêtre pour faire un peu plus ».  Au Burundi, a-t-il accusé, certains partenaires n’hésitent à se prononcer sur les questions qui relèvent exclusivement de la souveraineté du pays.  « Nous devons laisser les peuples du monde le soin de décider de leur propre destinée.  L’intervention de la communauté internationale devrait se limiter à l’accompagnement à travers des partenariats mutuellement bénéfiques », a plaidé, une dernière fois, le représentant.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a estimé que 2016 a été une année importante pour la CCP et le Fonds.  La Commission, a-t-elle dit, doit être une plateforme qui puisse être utilisée de manière élargie et dynamique pour aider les organisations régionales à mettre en œuvre leurs propres stratégies de consolidation de la paix.  Mettant l’accent sur la nécessité d’un financement prévisible et soutenu, la représentante a particulièrement salué les recommandations figurant dans le rapport du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen de l’architecture de consolidation de la paix qui demandent l’assignation d’un montant annuel minimum de 100 millions de dollars au Fonds.  « C’est un montant minimum sur lequel nous devons nous entendre », a-t-elle insisté « même s’il est insuffisant pour faire face à une demande croissante.  Nous pensons que la Commission devrait pouvoir appuyer les activités de l’ECOSOC dans ses efforts visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans les pays sortant de conflits, a encore dit la représentante. 

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a estimé qu’il faut travailler au renforcement du concept de pérennisation de la paix comme moyen de prévenir l’irruption des conflits, leur escalade, leur poursuite et leur résurgence.  Ce faisant, n’oublions pas notre responsabilité partagée et la nécessité d’une approche unifiée fondée sur les trois piliers des Nations Unies.  Le représentant s’est inquiété à son tour de la santé financière du Fonds de consolidation de la paix.  Il a argué que les ressources du budget ordinaire de l’ONU sont « vitales » pour la promotion de la consolidation et de la pérennisation de la paix.  Le Fonds ne saurait reposer sur les seules contributions volontaires, a-t-il plaidé, insistant sur le fait que des fonds prévisibles sont une « condition préalable » à l’appui des politiques pour la croissance économique, l’éradication de la pauvreté, le développement social, le développement durable, la réconciliation nationale et la mise en place d’institutions comptables de leurs actes.  À cet égard, le représentant a dit attendre avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur les options pour augmenter, restructurer et mieux hiérarchiser les fonds alloués à la consolidation de la paix, y compris les quotes-parts.  

Mme LISE GREGOIRE-VAN HAAREN (Pays-Bas) a assigné un rôle aux agences de développement des Nations Unies pour contribuer à la paix.  Elles doivent, a-t-elle dit, procéder à des évaluations et à une planification commune avec les acteurs humanitaires.  Elles doivent veiller à ce que les financements ne soient pas trop conditionnés pour pouvoir jouir d’une certaine flexibilité au niveau des pays et affecter réellement les fonds aux causes profondes des conflits.  Dans les pays fragiles et en conflit, elles doivent hiérarchiser les efforts et investir dans les ressources humaines.  Elles doivent enfin veiller à des financements à long terme.  La représentante a appuyé l’idée du Secrétaire général visant à faire de la pérennisation de la paix une priorité de l’ONU.  Il faut agir et viser des résultats, a encouragé la représentante, en disant attendre avec impatience le prochain rapport du Secrétaire général mais aussi ses options pour le financement du Fonds de consolidation de la paix pays, y compris par des quotes-parts.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a rappelé que son pays a été nommé point focal pour le renforcement des institutions qui, a-t-il promis, répondra aux questions régionales et transnationales qu’un pays ne peut résoudre seul.  Nous allons offrir une chance de mobiliser l’expertise nécessaire et de lier entre eux tous les besoins de la consolidation de la paix, avec l’aide des donateurs bilatéraux et multilatéraux.  Les partenariats avec les institutions financières internationales nous permettront de nous reconcentrer sur le financement de la paix.  La semaine dernière, a indiqué le représentant, le Japon a organisé un atelier interactif sur le renforcement du système de justice pénale dans la consolidation de la paix.  Il entend aussi organiser, plus tard cette année, des discussions sur d’autres problèmes importants dont le contrôle des frontières et les structures financières.  Le mois dernier, a encore indiqué le représentant, le Japon a versé une somme additionnelle de 2,5 millions de dollars au Fonds de consolidation de la paix, portant la contribution totale du pays à 48,5 millions de dollars.  Faire la publicité du Fonds à travers le monde serait un moyen d’attirer les ressources nécessaires, a conseillé le représentant qui a aussi engagé le Fonds à exploiter des approches plus novatrices comme une collaboration avec le secteur privé.

M. WU HAITAO (Chine) s’est félicité des résolutions parallèles de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur l’examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Il a insisté sur l’importance de l’appropriation nationale, en exhortant la CCP à s’imposer comme l’organe consultatif de choix, en particulier pour le Conseil de sécurité.  Alors que tous les pays à l’ordre du jour de la CCP sont des pays africains, le représentant a jugé déterminant une meilleure coopération avec les organisations régionales et sous-régionales africaines.  

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a estimé qu’avec le retrait d’opérations de maintien de la paix comme celle en Haïti, pour glisser vers la phase de consolidation de la paix, le rôle consultatif de la CCP sera d’une importance toute particulière.  Mais, a prévenu le représentant, la CPP doit être réaliste sur ce qu’elle a à offrir puisqu’elle n’a ni présence sur le terrain, ni mandat opérationnel.  Elle doit donc devenir le média par lequel toutes les vues et perspectives sont canalisées vers le Conseil de sécurité pour qu’il s’en inspire dans ses décisions relatives aux phases de transition, du maintien à la consolidation de la paix.  Pour le représentant, des processus efficaces de consolidation de la paix exigent un accord précoce sur des priorités alignées avec les ressources nécessaires; le renforcement de l’appropriation nationale et des capacités de développement; et un travail avec les États Membres, en particulier les donateurs, pour veiller à la rapidité, à la flexibilité et à la tolérance aux risques des mécanismes de financement. 

La consolidation de la paix n’est pas seulement une tâche complexe et à long terme.  Elle est aussi coûteuse, en argent et en hommes, a prévenu le représentant.  Tout échec à mobiliser ces ressources conduira inévitablement à un autre échec.  Il est donc important que le Fonds de consolidation de la paix recherche des moyens novateurs d’augmenter ses ressources, d’autant plus qu’outre Haïti, des opérations de maintien de la paix doivent aussi quitter la Côte d’Ivoire et le Libéria.  La consolidation de la paix est un exercice difficile et impossible si les acteurs locaux ne s’approprient pas les efforts.  Une paix durable, a insisté le représentant, ne peut en aucun cas être imposée de l’extérieur.  Elle doit venir de l’intérieur et, en cela, le rôle de la CCP est « crucial ».

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a estimé que, né il y a 25 ans, le concept de consolidation de la paix n’a pas encore été pleinement mis en œuvre.  Aujourd’hui, a-t-elle fait observer, tous les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP sont africains, issus d’un continent qui s’est doté de plusieurs organisations régionales et sous-régionales travaillant à la paix et à la sécurité.  Le Portugal encourage donc tout le système des Nations Unies, en particulier la CCP, à explorer les moyens d’améliorer sa synergie avec l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine.  De manière générale, les Nations Unies devraient travailler avec les organisations régionales et sous-régionales du monde entier pour tirer parti de la complémentarité des efforts et des ressources.  Il ne faut pas seulement tirer parti des structures existantes mais aussi renforcer les capacités des partenaires régionaux et des autres mécanismes pertinents dont beaucoup ont des mécanismes de sécurité et d’alerte rapide. 

Membre des formations République centrafricaine et Guinée-Bissau, le Portugal peut dire avec certitude que les activités de la CCP et du Fonds s’alignent exactement avec l’appel à la diplomatie de la paix lancé par le Secrétaire général qui a aussi placé la prévention au cœur de l’action de l’ONU.  La représentante a dit attendre avec intérêt le rapport que le Secrétaire général doit présenter l’année prochaine et ses options pour le financement de la consolidation de la paix.  Pour être totalement efficaces, a-t-elle conclu, les Nations Unies doivent travailler de manière intégrée, souple et coordonnée et donner une fois pour toutes la priorité aux mécanismes de prévention et d’alerte rapide.    

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VELEZ (Colombie) a évoqué les négociations de paix ayant abouti à l’Accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) pour dire qu’il n’y a pas de formule magique applicable à toutes les circonstances.  L’expérience de l’Union africaine ou celle des États latino-américains ne peut pas être ignorée, a renchéri la représentante qui a enchaîné sur la question de financement du Fonds de consolidation de la paix.  Elle a plaidé pour une véritable appropriation nationale et pour une approche transversale impliquant la « perspective genre ».

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a prévenu que seule une approche impartiale de la communauté internationale, prenant en compte les véritables causes des conflits, garantira des résultats.  Il a jugé « contreproductive » toute aide lorsqu’elle est imposée de l’extérieur et qu’elle prend les allures d’une ingérence dans les affaires intérieures des États.  Rappelant la réunion organisée le 10 octobre 2016 sur le financement de l’aide à la consolidation de la paix au Kirghizistan, le représentant a appelé à une meilleure transparence.  

Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a illustré l’importance de la CCP par l’exemple de la Sierra Leone, premier pays inscrit à l’ordre du jour de la CCP, qui s’achemine vers des élections présidentielle et législatives 2018.  Elle a aussi noté la contribution du Fonds dans le règlement de différends frontaliers entre le Libéria et la Côte d’Ivoire et entre le Cameroun et le Tchad. 

Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie) a rappelé que son pays, qui vient de devenir membre de la CCP, est convaincu que pour être efficace, le système des Nations Unies doit travailler de manière plus intégrée, plus souple et plus coordonnée, à la fois dans les pays et au Siège.  Il a donc appuyé les efforts de réforme de l’architecture de paix et de sécurité et celle du système de développement des Nations Unies pour contribuer au mieux à la vision « Unis dans l’action ».  Elle n’a pas manqué de souligner l’importance de la dimension genre et de l’autonomisation des femmes pour la pérennisation de la paix ni celle d’un financement prévisible.  L’Estonie contribue au Fonds de consolidation de la paix et prône une meilleure coopération entre lui et la CCP.  Un partenariat étroit entre l’ONU et les organisations internationales, régionales et sous-régionales est essentiel pour relever le défi de la pérennisation de la paix, a conclu la représentante qui s’est particulièrement félicitée du renforcement de la collaboration avec la Banque mondiale et l’Union africaine.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a souligné que les 10 millions de dollars que son pays a versés au Fonds de consolidation de la paix, témoignent de sa confiance dans le travail de cet organe.  Elle a appelé tous les États à prendre des engagements pour combler le déficit de 150 millions de dollars.  Elle a aussi encouragé une coopération plus étroite entre le Fonds et la CCP, s’agissant en particulier des options financières.  Elle s’est donc félicitée que la Commission et le Fonds aient renforcé leur coopération avec la Banque mondiale.  La représentante a reconnu qu’il y a encore du travail à faire pour accorder dans la pratique la priorité à la prévention et améliorer la prévisibilité des fonds.  Elle appelé les États et ONU à embrasser ce défi et à assurer des progrès dans la mise en œuvre de l’approche « pérennisation de la paix ».

Mme MAY-ELIN STENER (Norvège) a indiqué que son pays a été nommé point focal de la CCP sur le financement de la consolidation de la paix.  Elle a promis de tirer parti des discussions qui ont déjà eu lieu au Secrétariat pour la préparation du prochain rapport du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix.  Pendant trop longtemps, a reconnu la représentante, la consolidation de la paix a été comme une priorité de « seconde zone » mal financée.  S’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits exige un engagement à long terme et un accès à un financement régulier, prévisible et adéquat.  La responsabilité en incombe aux États, a-t-il insisté.  Or, nous savons que le Fonds est un acteur crucial de la consolidation de la paix qui contribue directement au seizième objectif de développement durable sur les sociétés justes, pacifiques et inclusives.  Le représentant a donc appelé les États à appuyer le Fonds, avant de se féliciter qu’il ait atteint le taux « très impressionnant » de 20% de contributions à l’autonomisation des femmes, ce qui devrait être un encouragement pour le reste de la famille des Nations Unies.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a mis l’accent sur cinq questions clefs pour sa délégation et d’abord « la centralité » de l’appropriation nationale.  Il a ensuite cité la dissolution des silos, l’interface entre la Commission et les organisations régionales et sous-régionales, l’adoption de la « Stratégie genre », et plus important encore, le financement.  À ce propos, il a dit attendre avec intérêt des idées « pragmatiques et créatives » de la part du Secrétaire général fondée à la fois sur des contributions volontaires et des quotes-parts et des contributions volontaires. 

M. WHEELER (Royaume-Uni) a annoncé trois axes vers lesquelles la Commission devrait orienter son travail à l’avenir.  Premièrement, elle devrait demander comment les États Membres peuvent aident à prévenir les facteurs de conflit.  Deuxièmement, elle doit offrir à l’ONU et aux autres partenaires un espace de dialogue sur leurs avantages comparatifs respectifs, et troisièmement, elle doit adapter son action aux réels besoins de consolidation de la paix.  Le représentant a annoncé qu’à partir de 2017 et jusqu’en 2020, le Royaume-Uni entend verser 10 millions de dollars par an au Fonds de consolidation de la paix. 

Mme KERSTIN PUERSCHEL (Allemagne) a félicité le Secrétaire général pour avoir placé la prévention au centre de l’action de l’ONU.  Le rapport nous montre, a-t-elle dit, à quel point une petite somme d’argent pour la prévention peut prévenir des conflits coûteux.  La représentante a aussi jugé important « d’institutionnaliser » le travail vital de la CCP et du Fonds, en particulier pendant la période cruciale de transition lorsque les opérations de maintien de la paix touchent à leur fin et que les équipes de pays ont besoin de tout l’appui possible.  L’Allemagne est convaincue que la meilleure façon d’appuyer les processus politiques est d’adopter une approche globale.  Elle a ainsi renforcé les mesures de stabilisation qu’elle a prises au Mali en plus de ses engagements militaire et policier.  Aux cinq millions d’euros versés au processus « désarmement, démobilisation et réintégration », l’Allemagne a ajouté la somme de 9,1 millions d’euros pour appuyer le Ministère de la réconciliation nationale.  Au-delà de son engagement bilatéral, l’Allemagne a apporté une contribution importante au Fonds de consolidation de la paix, soit 22 millions de dollars en 2016.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a insisté sur les partenariats parce qu’aucun organe ou entité ne peut tout seul promouvoir la consolidation de la paix, la pérennisation de la paix ou le Programme 2030.  Il a d’ailleurs estimé que les nouvelles technologies devraient être utilisées comme « un partenaire concret » pour cultiver l’appui et une participation plus active à la paix durable.  Il a aussi insisté sur l’institutionnalisation de la synergie entre tous les organes et toutes les agences des Nations Unies qui travaillent à la paix et à la sécurité, au développement, et aux droits de l’homme.  Il s’agit là, a dit le représentant, d’une « condition sine qua non ».  Il a également insisté sur la fiabilité des ressources.  Tout en se félicitant du travail du Fonds, il a appelé à une nouvelle approche qui, en plus de l’aide et des dons, faciliterait les investissements nationaux et internationaux.  L’on doit certes aider les pays à renforcer leurs capacités humaines et de développement mais l’on doit aussi les rendre autosuffisants en termes de financement de la consolidation de la paix.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a constaté que c’est à une rupture que nous invitent les résolutions identiques sur la revue du dispositif de consolidation de la paix, qui balisent la voie au développement de stratégies plus coordonnées, plus globales et plus cohérentes à même d’assoir les véritables fondements d’une paix durable.  Saluant les initiatives prises dans le sens du renforcement des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales en particulier l’Union africaine, le représentant a estimé qu’une plus grande interaction entre la CCP et les organes pertinents de l’Union africaine, permettrait de favoriser une meilleure coordination ainsi qu’une rationalisation des efforts sur le terrain.

Aussi des évaluations conjointes sur la nature et les défis de la consolidation de la paix en Afrique ainsi qu’un dialogue constant sur la meilleure manière d’harmoniser les soutiens aux pays inscrits à l’agenda de la consolidation de la paix, sont, entre autres, des actions qui peuvent donner plus de valeur ajoutée à cette coopération.  Une autre question qu’il convient d’examiner dans le cadre du renforcement de la coopération avec l’Union africain et les organisations sous régionales, est la coordination des interventions des différents acteurs impliqués dans le processus de consolidation de la paix en Afrique, en vue de favoriser des actions concrètes et cohérentes.  Les pays en consolidation de la paix sont en général politiquement fragiles.  Leurs défis sont colossaux.  Leurs besoins en termes d’assistance le sont tout autant notamment en matière électorale, de réforme des secteurs de la justice et de la sécurité, de désarmement, démobilisation et réinsertion, de renforcement des systèmes de santé et d’éducation, de relance de l’activité économique, de soutien à l’agriculture et de création d’emplois.

Aussi ces pays ont-ils besoin de financements importants pendant de longues périodes.  Malheureusement les financements des activités de pérennisation de la paix restent limités, irréguliers et imprévisibles.  Or, pour que la paix soit pérenne, il faut que le rétablissement de la sécurité aille de pair avec le développement économique et social.  C’est pourquoi, il convient d’insister sur l’importance de maintenir et de renforcer le soutien et l’accompagnement des pays en phase de transition vers la paix afin qu’ils puissent continuer de bénéficier de l’attention de la communauté internationale, en particulier en termes de financements durables et prévisibles.

M. TIM MAWE (Irlande) a conseillé à la CCP de profiter de sa position unique pour approfondir les discussions avec un large éventail d’interlocuteurs sur les complémentarités entre le développement durable et la paix durable.  Il s’est d’ailleurs félicité de l’accent que continue de placer la CCP sur l’appropriation nationale, prenant l’exemple, en tant que membre de la « Formation Libéria », de la manière dont, dans ce pays, les efforts ont été conduits par les autorités locales.  De même, la CCP a réagi très vite pour mobiliser l’appui à la mise en œuvre de l’Accord de paix en Colombie.  La consolidation de la paix, a conclu le représentant, était jusqu’ici confinée aux situations postconflit.  Or aujourd’hui, le concept de pérennisation de la paix agit comme un fil connectant notre concept traditionnel de consolidation de la paix à tous les domaines d’appui à la continuité de la paix, en particulier la prévention des conflits.  Le rapport examiné aujourd’hui montre comment la CCP et le Fonds ont sorti le concept de pérennisation de la paix d’une résolution pour en faire une réalité sur le terrain. 

En tant qu’ancienne Présidente de la CCP, Mme SCHOULGIN NYONI (Suède) a dit voir une marge de manœuvre permettant à la Commission de se montrer encore plus souple et de convoquer des discussions sur des régions et sur des pays qui ne sont pas forcément inscrits à son ordre du jour.  Venant au Fonds, la représentante a annoncé l’augmentation de la contribution de son gouvernement qui passera de 56 millions de couronnes à 70 millions de couronnes suédoises, soit l’équivalent de 7,8 millions de dollars.  Présidente de la « formation Libéria », elle s’est dite déterminée à veiller à ce que la CCP fournisse l’accompagnement politique pertinent pendant toute cette période de multiples transitions dans l’histoire du pays.

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a appelé à des changements concrets, arguant que la tâche de la Commission doit s’inscrire dans le long terme, pour qu’il y ait véritablement un avant et un après la CCP.  Concernant le Fonds, la représentante s’est dite déçue qu’il n’ait toujours pas le budget prévisible qui aurait pu renforcer sa crédibilité. 

M. MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est aussi inquiété de la rareté, de l’inconstance et de l’imprévisibilité du financement de la consolidation de la paix.  Il serait important de rechercher des approches novatrices et à ce propos, il a dit attendre du Secrétaire général des options « concrètes ».  Les partenariats sont également un élément clef.  La collaboration avec les parties prenantes importantes, y compris les institutions financières internationales comme la Banque mondiale et les organisations régionales comme l’Union africaine, est « vitale ».  La visite qu’a effectuée l’année dernière la  Commission au siège de l’Union africaine devrait être suivie d’autres, a estimé le représentant qui a salué le fait que le Fonds ait versé son premier financement à l’Union africaine.  Le représentant a annoncé que l’Éthiopie et le Sénégal organiseront une réunion sur le thème « Créer des synergies pour la consolidation et le maintien de la paix en Afrique », le 26 avril 2017.  Cette réunion donnera l’occasion de partager les meilleures pratiques et les enseignements que la CPP a tirés de son engagement en Afrique. 

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a estimé que maintenant que le Secrétaire général a lancé son appel à « la diplomatie de la paix », il faudra recalibrer la CPP.  Il faut assurer un équilibre « délicat » entre paix et développement pour que les pays puissent s’acheminer sans heurt vers la phase postconflit.  Dans ce cadre, la CPP doit garder l’appropriation et le leadership nationaux au frontispice de ses activités.  La coordination, la cohérence et la flexibilité sont des qualités vitales pour la consolidation de la paix, a poursuivi le représentant.  La CCP et le Fonds doivent exploiter toutes les synergies et toutes les complémentarités pour obtenir des financements effectifs et avoir un maximum d’impact sur le terrain, en particulier auprès des groupes ciblés.  Les ressources doivent être utilisées stratégiquement. 

Si les contextes varient d’un pays à l’autre, l’on voit tout de même, a estimé le représentant, des similarités dans les approches.  Nous devons donc  apprendre de nos expériences et dans ce cadre, développer le Groupe de travail sur les enseignements tirés, utiliser pleinement son travail et diffuser les meilleures pratiques.  Un meilleur suivi et une meilleure intégration de ces enseignements dans les activités de consolidation de la paix pourraient assurer l’efficacité sur le terrain, a affirmé le représentant.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a salué l’intérêt qu’accorde la CCP à la dimension genre et le fait que le Fonds ait dépassé les 15% de contributions à l’autonomisation des femmes.  Mais, a-t-il prévenu, nous ne parviendrons pas à nos objectifs si le Fonds n’est alimenté que par des contributions volontaires.  Il a appelé à la mise en place d’une vraie ligne budgétaire imposant à tous les Etats le paiement d’une quote-part.  La CCP, qui a une responsabilité universelle,  ne devrait pas se focaliser sur une seule sous-région, a dit le représentant, avant d’appeler les pays qui ont réalisé des avancés en matière de consolidation de la paix à partager leur expérience.  

M. GÜVEN BEGEҪ (Turquie) a annoncé que son gouvernement organisera le 31 juin 2017 la quatrième « Conférence d’Istanbul sur la médiation » pour explorer le potentiel inexploité de la médiation dans la prévention et la paix durable.  La Turquie, a-t-il expliqué, est convaincue que cette Conférence sera l’occasion de discuter d’un large éventail de « tensions contemporaines », y compris les tendances discriminatoires dans le monde.  Appuyant l’élargissement de la CPP à d’autres pays ou régions, le représentant a tout de même prévenu qu’il faudra pour cela des financements prévisibles et adéquats qui peuvent être obtenus en élargissant l’assiette des parties prenantes, y compris les institutions financières internationales.  Il a rappelé qu’au Sommet humanitaire d’Istanbul, son pays a promis un train de mesures pluriannuel de 1 million de dollars au Fonds.

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