En cours au Siège de l'ONU

Soixante et onzième session,
77e séance plénière – matin
AG/11908

Assemblée générale: les délégations réfléchissent aux moyens de sortir la consolidation de la paix de son rang d’activité de « seconde zone » mal financée

Trente-quatre délégations ont examiné, aujourd’hui, à l’Assemblée générale le dixième rapport annuel de la Commission de consolidation de la paix (CCP) sous l’angle des résolutions adoptées parallèlement par l’Assemblée et le Conseil de sécurité sur l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Les textes appellent au renforcement du rôle de la CPP, ce qui est peut-être l’espoir de sortir la consolidation de la paix de son rang d’activité « de seconde zone » mal financée, comme l’a dénoncé la Norvège.

Le Vice-Président de l’Assemblée générale a rappelé que c’est le 27 avril 2016 que l’Assemblée et le Conseil de sécurité ont adopté des résolutions « révolutionnaires » qui parlent de « pérennisation » de la paix définie comme « un objectif et un processus tendant à la définition d’une vision commune d’une société et supposant des activités visant à prévenir le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence des conflits, à s’attaquer à leurs causes profondes, à aider les parties à mettre fin aux hostilités, à veiller à la réconciliation nationale et à s’engager sur la voie du développement durable ».

Par ces textes, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont tous deux reconnu l’importance de la Commission de consolidation de la paix (CCP), s’est réjoui le Vice-Président, pour un organe chargé de prodiguer des conseils à l’Assemblée, au Conseil de sécurité et au Conseil économique et social (ECOSOC) sur la préservation des acquis dans les pays inscrits à son ordre du jour, à savoir, le Burundi, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, la République centrafricaine et la Sierra Leone. 

Comme l’Assemblée et le Conseil de sécurité ont appelé à la dissolution des silos, le Président de la CCP a promis de faire de la Commission « un organe plus proactif » dans l’intégration de tous les objectifs de consolidation et de pérennisation de la paix dans son travail mais aussi dans celui de l’ensemble du système des Nations Unies.  Il annoncé quatre axes de travail: les partenariats avec les acteurs concernés au sein et en dehors des Nations Unies, en particulier les institutions financières internationales et régionales, la société civile et le secteur privé; la prévisibilité du financement; la promotion de la dimension genre; et la transparence et l’efficacité. 

La CPP doit être réaliste et savoir exactement ce qu’elle peut offrir sans présence sur le terrain ni mandat opérationnel, a mis en garde le Pakistan.  La consolidation de la paix est un exercice difficile et impossible, a-t-il aussi prévenu, si les acteurs locaux ne s’approprient pas les efforts.  Une paix durable ne peut en aucun cas être imposée de l’extérieur.  Elle doit venir de l’intérieur.

Le Burundi n’aurait pas dit mieux, lui qui a dénoncé la tendance de certains partenaires à se prononcer sur des questions relevant « exclusivement » de la souveraineté nationale.  Il a pris l’exemple du rapport « politiquement motivé et très alarmiste » du Secrétaire général sur son pays qu’il a opposé à ceux des organisations du continent.  Cette façon d’analyser différemment la même situation s’écarte de la « cohésion globale » que nous voulons renforcer au sein de la CCP, a tranché le Burundi qui a ajouté qu’en matière d’appropriation nationale, « il reste encore une fenêtre pour faire un peu plus ».

Comme tous les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP sont africains, il serait judicieux que la Commission, en particulier, et le système des Nations Unies, en général, travaille avec les organisations régionales et sous-régionales pour tirer parti de la complémentarité des efforts et des ressources, a conseillé le Portugal.  Des évaluations conjointes sur la nature et les défis et un dialogue constant sur la meilleure manière d’harmoniser les soutiens aux pays sont des actions qui peuvent donner plus de valeur ajoutée à cette coopération, a ajouté le Sénégal.  La consolidation de la paix est un exercice onéreux, en argent et en hommes, et tout échec à mobiliser ces ressources conduira inévitablement à un autre échec, a acquiescé le Pakistan. 

Or, a indiqué l’Inde, à la dernière Conférence d’annonces de contributions au Fonds de consolidation de la paix, en septembre dernier, seule la moitié du minimum requis de 300 millions de dollars a été promise.  Ça fait trop longtemps, s’est impatientée la Norvège, que la consolidation de la paix est une activité de « seconde zone » mal financée.  S’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits exige un engagement à long terme et un accès à un financement régulier, prévisible et adéquat.  La Norvège a défendu le Fonds comme un acteur « crucial », contribuant directement au seizième objectif de développement durable sur les sociétés justes, pacifiques et inclusives. 

Le Fonds ne saurait compter que sur des contributions volontaires, a estimé le Brésil, arguant que le budget ordinaire de l’ONU doit être ponctionné.  Avec d’autres dont les Pays-Bas, il a dit attendre avec intérêt le rapport que le Secrétaire général doit présenter l’année prochaine sur les options pour augmenter, restructurer et mieux hiérarchiser les fonds alloués à la consolidation de la paix, y compris les quotes-parts.  L’Indonésie a appelé à une nouvelle approche qui faciliterait plutôt les investissements nationaux et internationaux.  On doit rendre les pays autosuffisants en termes de financement de la consolidation de la paix.

Le Secrétaire général ayant lancé un appel à la « diplomatie de la paix » et placé la prévention au cœur de l’action de l’ONU, de nombreux pays ont dit attendre avec le même intérêt son rapport sur « la pérennisation de la paix » prévu l’année prochaine.  L’Irlande s’est d’ailleurs félicité que ce concept agisse comme un fil connectant notre concept traditionnel de la consolidation de la paix à tous les domaines d’appui à la continuité de la paix, en particulier la prévention des conflits.  

Aujourd’hui l’Assemblée générale a aussi accrédité des organisations à la Conférence des Nations Unies sur la réalisation du quatorzième objectif de développement durable sur la conservation durable les océans, des mers et des ressources marines*.  Elle a, en revanche, reporté sa décision sur la proclamation de la Journée mondiale de la créativité et de l’innovation.  

* A/71/L.62

RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX (A/71/768)

Déclarations

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS, Vice-Président de l’Assemblée générale, a rappelé que le 27 avril 2016, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont adopté parallèlement des résolutions « révolutionnaires » sur l’examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Ces résolutions sur la « pérennisation » de la paix sont une déclaration globale sur le rôle de l’ONU dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits, en liant les efforts de paix et de sécurité au développement durable et aux droits de l’homme.  Ces résolutions, a encore rappelé le Vice-Président, appellent à la dissolution des silos et à la promotion d’une forte approche intégrée.  Elles placent « la durabilité de la paix » au cœur de l’action de l’ONU et insistent sur le rôle des femmes et des jeunes dans la consolidation et la pérennisation de la paix laquelle souligne la vision transformatrice du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le Vice-Président a rappelé que, le 24 janvier dernier, l’Assemblée générale a organisé un dialogue de haut niveau sur la réalisation d’une paix durable pour tous et revenant sur le fait que les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité reconnaissent toutes deux l’importance de la Commission de consolidation de la paix (CCP), il a salué le rapport de la Commission et celui du Fonds pour la consolidation de la paix qui en 2016, a alloué 70,9 millions de dollars à 17 pays.  Avec 20%, le Fonds a dépassé ainsi l’engagement pris à l’échelle de l’ONU d’affecter au moins 15% des ressources à l’autonomisation des femmes.

Les deux résolutions de l’Assemblée et du Conseil priant le Secrétaire général de présenter en 2018 des options pour un financement sûr et prévisible de la consolidation de la paix, le Vice-Président a annoncé que l’Assemblée générale examinera l’année prochaine la nécessité urgente d’investir dans la prévention des conflits et de créer les conditions d’une paix durable.

Président en 2016 de la Commission de consolidation de la paix, M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a mis l’accent sur les quatre domaines du rapport de la CCP qui « soulignent les progrès faits pendant la session »: la souplesse, le renforcement des partenariats et de la cohérence, le financement de la consolidation de la paix et les « méthodes de travail ».  Au-delà de ces quatre domaines, la CCP a fait beaucoup pour appuyer la consolidation de la paix et la paix durable, y compris à travers ses activités liées aux pays.  La valeur de la CCP, a plaidé l’ancien Président, réside dans sa capacité à impliquer un large éventail d’acteurs et de partenaires pour renforcer son rôle de pont entre les principaux organes et entités des Nations Unies et prodiguer des conseils à l’Assemblée générale, au Conseil de sécurité et au Conseil économique et social (ECOSOC).  Avec un tel mandat, la CCP peut vraiment faire une contribution efficace et pertinente au nexus paix durable et développement durable. 

« J’ai l’intention de faire de la CPP un organe plus proactif dans l’intégration de tous les objectifs de consolidation et de pérennisation de la paix dans son travail mais aussi dans celui de l’ensemble du système des Nations Unies », a affirmé M. CHO TAE YUL (République de Corée), Président de la Commission de la consolidation de la paix (CCP).  Il a annoncé quatre axes de travail et d’abord les partenariats avec les acteurs concernés au sein et en dehors des Nations Unies, en particulier les institutions financières internationales et régionales, la société civile et le secteur privé.  La session annuelle qui devrait se tenir le 22 juin sera d’ailleurs une excellente occasion de lancer le coup d’envoi.  Au sein de l’ONU, a dit le Président, la Commission qui a été sollicitée par le Conseil de sécurité pour des conseils sur des pays inscrits à son ordre du jour, peut fournir des conseils « solides et globaux ».

Comme deuxième axe, le Président a cité la prévisibilité du financement dans le cadre duquel l’importance du Fonds pour la consolidation de la paix ne saurait être surestimée.  Il s’est félicité de la meilleure synergie entre la CPP et le Fonds, prenant pour exemple le fait que des pays qui reçoivent des ressources du Fonds ont manifesté leur souhait d’entrer à la CCP pour profiter de ses réseaux dans la communauté internationale.  Le troisième axe est la promotion de la dimension genre dans la consolidation de la paix.  La CCP, qui a adopté une stratégie en 2016, vient de nommer des points focaux sur le genre mais aussi sur les jeunes, le financement, le renforcement des capacités et l’appropriation nationale pour faire en sorte que ces thèmes restent bien au centre de son travail.  Enfin, comme dernier axe, le Président a mentionné la transparence et l’efficacité.  Il s’agit, a-t-il expliqué, de parvenir à des méthodes de travail plus souples pour répondre avec « rapidité et efficacité » aux demandes croissantes de conseils et d’appuis. 

Déclarations

Après avoir rappelé que 90% des conflits de cette première décennie du XXIe siècle se déroulent dans des endroits qui ont déjà connu un conflit, Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a posé une équation simple: pérennisation de la paix égale prévention des conflits.  Nous savons tous, a-t-elle dit, que nous devons développer une culture politique de l’action rapide face à un risque de conflit et que nous devons agir ensemble si nous voulons avoir la moindre chance de succès.  La représentante a donc présenté la nouvelle « Stratégie mondiale » de l’Union européenne qui souligne l’importance d’agir rapidement sur la prévention tout en répondant « de manière responsable et déterminée » aux crises, en investissant dans la stabilisation et en évitant un désengagement prématuré.  Insistant sur le lien « reconnu par tous » entre la sécurité et le développement, comme en atteste d’ailleurs le Programme de développement durable à l’horizon 2030, la représentante a souligné l’importance d’investir dans un développement inclusif, dans la résilience et dans les droits de l’homme et de se montrer plus créatif sur le front diplomatique.  Elle s’est, d’ailleurs, félicitée de la stratégie de la CCP sur le genre et à propos du rapport de la Commission dont elle s’est félicitée, elle n’a pas caché que de nombreux défis restent à relever. 

C’est le cas en particulier du Burundi qui, marqué par la dynamique d’une pente descendante, illustre la nécessité d’autres mesures préventives, d’une attention politique et d’un engagement à prévenir la récurrence d’un conflit violent.  La Guinée-Bissau est aussi un cas d’école avec une impasse politique persistante qui aggrave les risques d’instabilité et de détérioration de la situation socioéconomique.  La représentante s’est également félicitée du rapport du Fonds pour la consolidation de la paix qui demeure un Fonds stratégique à petite échelle lequel doit être soutenu par des engagements à long terme d’autres sources de financement qu’elles soient bilatérales ou multilatérales, y compris les banques de développement internationales et régionales.  Pour sa part, l’Union européenne attend beaucoup de son « Instrument de contribution à la stabilité et la paix » qui entend explorer de nouvelles opportunités de financement commun.  L’UE est prête à discuter des options financières à la prochaine session de l’Assemblée générale sur la base des propositions du Secrétaire général.

Étant dans une situation postconflit, a souligné M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka), mon pays est particulièrement attaché à la consolidation de la paix, comme en atteste en outre sa présence au sein du Groupe des Amis de la pérennisation de la paix.  La mise en œuvre du concept de paix durable, a prévenu le représentant, requiert un effort concerté et coordonné de la part de tout le système des Nations Unies, des États Membres et autres parties prenantes.  Il a annoncé que son pays a promis une contribution à un projet conjoint du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) visant à sensibiliser les parties prenantes au concept de pérennisation de la paix.  La paix et le développement durables sont intrinsèquement liés,  a-t-il souligné, en passant en revue les efforts déployés dans son pays, avec l’appui du Bureau et du Fonds de consolidation de la paix.  Sri Lanka a d’ailleurs reçu du Fonds la somme de 12,3 millions de dollars, a dit M. Perera. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a voulu que l’on se focalise sur les activités qui permettront de pérenniser le concept de paix durable.  Nous devons poursuivre les débats pour mettre au point un seul concept applicable à tous, en tenant compte du fait qu’il n’y a pas de solution unique à tous les conflits.  Dans ce contexte, le représentant a jugé indispensable que la Commission de consolidation de la paix soit dotée des capacités analytiques nécessaires à un examen judicieux des différentes situations de conflit.  Il a conclu en soulignant l’importance des organisations régionales et sous-régionales pour relever les défis transnationaux.  

M. OMAR HILALE (Maroc) a axé sa déclaration sur la situation en République centrafricaine dont il préside la « formation » à la CPP.  Les travaux, a-t-il expliqué, s’appuient sur le plan national de relèvement et de consolidation de la paix, élaboré par les autorités centrafricaines en collaboration avec l’ONU, l’Union européenne et la Banque mondiale.  Ce document a d’ailleurs contribué au succès de la Conférence de Bruxelles où des engagements de plus de 2,2 milliards de dollars sur les 3 milliards nécessaires sur cinq ans, ont été annoncés.  La « formation » s’efforce de suivre de près la mise en œuvre du plan de relèvement afin d’encourager les donateurs à débourser leurs engagements dans les plus brefs délais.

La Conférence de Bruxelles a également conduit à la signature du Cadre d’engagement mutuel qui régit les relations entre la République centrafricaine et la communauté internationale.  Là aussi, la « formation » suivra de près l’évolution de la mise en œuvre de cet important instrument.  Concernant le Fonds de consolidation de la paix qui fait un travail remarquable dans de nombreux pays, il gagnerait à communiquer davantage sur ses projets, a estimé le représentant.  Ainsi, une coordination plus poussée avec les « formations pays » permettrait de renforcer la cohérence des actions du Fonds.  Le représentant a également souligné l’importance de la communication et relevé que malheureusement, les travaux de la Commission et de ses « formations » ne bénéficient pas de toute l’attention qui devrait ou pourrait leur être accordée. 

À titre d’exemple, lors de la dernière réunion de la « formation » le 16 mars, marquée par la présence du Président de la République centrafricaine, une seule photo a été publiée sur le compte twitter « Nations Unies peacebuilding ».  Il est important que les activités de la Commission et de ses configurations puissent être partagées avec le grand public pour pallier au manque de visibilité et accroître l’attention sur ses activités et ses nombreux accomplissements.

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) s’est dit préoccupé par le niveau de financement du Fonds de consolidation de la paix qui consacre déjà plus de 15% de son argent à l’autonomisation des femmes.  En 2016, le Fonds a pourtant approuvé un projet visant à renforcer les capacités nationales de lutte contre l’impunité, projet qui met l’accent sur les capacités d’enquête du Bureau du Procureur général dans les affaires impliquant des groupes illégaux et des organisations clandestines, et dans les cas de fémicide, a indiqué le représentant qui a souligné qu’une deuxième phase d’investissement, pour un montant total de 9 millions de dollars, a été approuvé fin 2016.  Celle-ci porte sur six projets ayant trait à la justice transitionnelle et prévoit notamment l’octroi d’un appui aux femmes autochtones victimes de violence sexiste et l’institutionnalisation d’un dialogue sur les conflits sociaux. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a estimé que si la complexité et la nature interconnectée des différents aspects de la consolidation et de la pérennisation de la paix sont plus largement comprises, l’on voit pourtant très peu d’engagements politiques en faveur de l’action et d’un appui substantiel aux efforts de consolidation de la paix.  Les financements restent « marginaux », limitant gravement la capacité de la CCP.  Nous n’avons même pas pu, a dénoncé le représentant, parvenir à un accord sur l’affectation à la CCP de 1% du budget des opérations de maintien de la paix.  On aura beau comprendre les défis mais sans fonds, il y a très peu de chances qu’on réussisse, a tranché le représentant.  Il s’est aussi inquiété de la tendance à réaffecter les fonds déjà « grossièrement inadéquats » de la coopération internationale au développement à l’aide humanitaire et à l’aide d’urgence, réduisant encore plus les ressources du développement et contredisant l’entendement selon lequel les efforts de développement à long terme sont les meilleurs outils de la consolidation de la paix.

Le représentant s’est donc dit préoccupé par la santé financière du Fonds de consolidation de la paix, notant que la Conférence d’annonces de contributions organisée en septembre dernier n’a pu collecter que la moitié du minimum requis des 300 millions de dollars pour mener des opérations sur trois ans.  L’Inde a d’ailleurs été parmi ceux qui ont annoncé une contribution, s’est enorgueilli le représentant.  La complexité de la consolidation de la paix, a-t-il  poursuivi, exige une plus grande cohérence non seulement entre les organes de l’ONU mais aussi avec les agences  et les organes régionaux et spéciaux.  Il est tout aussi important que la Commission continue de discuter des moyens d’assurer une synergie plus forte avec le Fonds de consolidation de la paix.  En règle générale, a conclu le représentant, les efforts de consolidation de la paix doivent s’aligner avec les priorités nationales et rechercher l’implication des pays concernés pour leur garantir des gains durables et l’appropriation des mesures mises en place.

Rappelant que son pays a été un des premiers à être inscrits à l’ordre du jour de la CPP dès 2006, M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) s’est réjoui que la Commission ait continué face à la situation burundaise.  Depuis le déclenchement de la crise politique en 2015 « jusqu’au retour à la normalité », la CPP, a dit le représentant, a essayé autant que faire se peut de rester aux côtés de la population, « dans un contexte particulièrement difficile ».  Lors de ses visites au Burundi et dans la région, le Président de la « formation Burundi » a collaboré avec les autorités et les parties prenantes nationales, a dit le représentant, en se réjouissant que la « formation » se soit départie du débat politique qui semblait dominer toutes les réunions, en orientant les débats sur les conséquences économiques de la crise.  Il a encouragé la « Formation » à aller de l’avant en jouant correctement son rôle de pont entre le Burundi et ses partenaires dont certains se sont désengagés en 2015 « suite aux malentendus sur la lecture de la situation politique ». 

Aujourd’hui, a dit le représentant, la volonté du Gouvernement du Burundi de restaurer la confiance avec ses partenaires tant bilatéraux que multilatéraux est réelle.  Il est essentiel que la « formation » intensifie ses efforts, en embrayant sur la volonté du Gouvernement et de ses partenaires de « tourner la page de 2015 » pour encourager la reprise de la coopération dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la sécurité alimentaire, du redressement macroéconomique et de l’appui budgétaire direct. 

Le représentant n’a pas manqué de souligner l’importance de la dimension régionale, arguant que l’expérience de la CCP au Burundi a confirmé qu’une plus grande cohérence régionale et sous-régionale est un facteur clef pour soutenir les efforts de consolidation de la paix.  En effet, a expliqué le représentant, de nombreux pays peuvent préférer recevoir de l’aide et des conseils de pays pairs et les organisations régionales peuvent être mieux placées pour intervenir en temps opportun et trouver des solutions à certaines questions « sensibles ».  La situation politique au Burundi, a insisté le représentant, a fait ressortir le rôle fondamental que les pays voisins, l’Union africaine et les organisations comme la Communauté de l’Afrique de l’Est devraient jouer en tant que principaux partenaires des processus politiques et de la lutte contre les facteurs d’instabilité. 

Le représentant s’est donc inquiété du « déficit réel et profond » qu’il a pu constater entre les positions sous-régionales et continentales d’une part et celles de certains acteurs non africains ici au Siège comme au Burundi.  En toute logique, a-t-il argué, les Nations Unies et les autres partenaires devraient s’aligner pleinement avec les positions des acteurs régionaux qui connaissent mieux l’histoire politique et la culture des pays concernés.  Le représentant a pris l’exemple du rapport du Secrétaire général sur la situation dans son pays qui était « politiquement motivé et très alarmiste » et ceux des organisations sous-régionales qui « notaient plutôt des progrès notables tout en relevant bien évidemment quelques défis à relever ».  Cette façon d’analyser la même situation différemment s’écarte de la « cohésion globale » que nous voulons renforcer au sein de la Commission.  Le représentant a conclu en soulignant qu’en matière d’appropriation nationale, son pays en vient après 12 ans à la CPP, à la conclusion qu’« il reste encore une fenêtre pour faire un peu plus ».  Au Burundi, a-t-il accusé, certains partenaires n’hésitent à se prononcer sur les questions qui relèvent exclusivement de la souveraineté du pays.  « Nous devons laisser les peuples du monde le soin de décider de leur propre destinée.  L’intervention de la communauté internationale devrait se limiter à l’accompagnement à travers des partenariats mutuellement bénéfiques », a plaidé, une dernière fois, le représentant.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a estimé que 2016 a été une année importante pour la CCP et le Fonds.  La Commission, a-t-elle dit, doit être une plateforme qui puisse être utilisée de manière élargie et dynamique pour aider les organisations régionales à mettre en œuvre leurs propres stratégies de consolidation de la paix.  Mettant l’accent sur la nécessité d’un financement prévisible et soutenu, la représentante a particulièrement salué les recommandations figurant dans le rapport du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen de l’architecture de consolidation de la paix qui demandent l’assignation d’un montant annuel minimum de 100 millions de dollars au Fonds.  « C’est un montant minimum sur lequel nous devons nous entendre », a-t-elle insisté « même s’il est insuffisant pour faire face à une demande croissante.  Nous pensons que la Commission devrait pouvoir appuyer les activités de l’ECOSOC dans ses efforts visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans les pays sortant de conflits, a encore dit la représentante. 

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a estimé qu’il faut travailler au renforcement du concept de pérennisation de la paix comme moyen de prévenir l’irruption des conflits, leur escalade, leur poursuite et leur résurgence.  Ce faisant, n’oublions pas notre responsabilité partagée et la nécessité d’une approche unifiée fondée sur les trois piliers des Nations Unies.  Le représentant s’est inquiété à son tour de la santé financière du Fonds de consolidation de la paix.  Il a argué que les ressources du budget ordinaire de l’ONU sont « vitales » pour la promotion de la consolidation et de la pérennisation de la paix.  Le Fonds ne saurait reposer sur les seules contributions volontaires, a-t-il plaidé, insistant sur le fait que des fonds prévisibles sont une « condition préalable » à l’appui des politiques pour la croissance économique, l’éradication de la pauvreté, le développement social, le développement durable, la réconciliation nationale et la mise en place d’institutions comptables de leurs actes.  À cet égard, le représentant a dit attendre avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur les options pour augmenter, restructurer et mieux hiérarchiser les fonds alloués à la consolidation de la paix, y compris les quotes-parts.  

Mme LISE GREGOIRE-VAN HAAREN (Pays-Bas) a assigné un rôle aux agences de développement des Nations Unies pour contribuer à la paix.  Elles doivent, a-t-elle dit, procéder à des évaluations et à une planification commune avec les acteurs humanitaires.  Elles doivent veiller à ce que les financements ne soient pas trop conditionnés pour pouvoir jouir d’une certaine flexibilité au niveau des pays et affecter réellement les fonds aux causes profondes des conflits.  Dans les pays fragiles et en conflit, elles doivent hiérarchiser les efforts et investir dans les ressources humaines.  Elles doivent enfin veiller à des financements à long terme.  La représentante a appuyé l’idée du Secrétaire général visant à faire de la pérennisation de la paix une priorité de l’ONU.  Il faut agir et viser des résultats, a encouragé la représentante, en disant attendre avec impatience le prochain rapport du Secrétaire général mais aussi ses options pour le financement du Fonds de consolidation de la paix pays, y compris par des quotes-parts.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a rappelé que son pays a été nommé point focal pour le renforcement des institutions qui, a-t-il promis, répondra aux questions régionales et transnationales qu’un pays ne peut résoudre seul.  Nous allons offrir une chance de mobiliser l’expertise nécessaire et de lier entre eux tous les besoins de la consolidation de la paix, avec l’aide des donateurs bilatéraux et multilatéraux.  Les partenariats avec les institutions financières internationales nous permettront de nous reconcentrer sur le financement de la paix.  La semaine dernière, a indiqué le représentant, le Japon a organisé un atelier interactif sur le renforcement du système de justice pénale dans la consolidation de la paix.  Il entend aussi organiser, plus tard cette année, des discussions sur d’autres problèmes importants dont le contrôle des frontières et les structures financières.  Le mois dernier, a encore indiqué le représentant, le Japon a versé une somme additionnelle de 2,5 millions de dollars au Fonds de consolidation de la paix, portant la contribution totale du pays à 48,5 millions de dollars.  Faire la publicité du Fonds à travers le monde serait un moyen d’attirer les ressources nécessaires, a conseillé le représentant qui a aussi engagé le Fonds à exploiter des approches plus novatrices comme une collaboration avec le secteur privé.

M. WU HAITAO (Chine) s’est félicité des résolutions parallèles de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur l’examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Il a insisté sur l’importance de l’appropriation nationale, en exhortant la CCP à s’imposer comme l’organe consultatif de choix, en particulier pour le Conseil de sécurité.  Alors que tous les pays à l’ordre du jour de la CCP sont des pays africains, le représentant a jugé déterminant une meilleure coopération avec les organisations régionales et sous-régionales africaines.  

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a estimé qu’avec le retrait d’opérations de maintien de la paix comme celle en Haïti, pour glisser vers la phase de consolidation de la paix, le rôle consultatif de la CCP sera d’une importance toute particulière.  Mais, a prévenu le représentant, la CPP doit être réaliste sur ce qu’elle a à offrir puisqu’elle n’a ni présence sur le terrain, ni mandat opérationnel.  Elle doit donc devenir le média par lequel toutes les vues et perspectives sont canalisées vers le Conseil de sécurité pour qu’il s’en inspire dans ses décisions relatives aux phases de transition, du maintien à la consolidation de la paix.  Pour le représentant, des processus efficaces de consolidation de la paix exigent un accord précoce sur des priorités alignées avec les ressources nécessaires; le renforcement de l’appropriation nationale et des capacités de développement; et un travail avec les États Membres, en particulier les donateurs, pour veiller à la rapidité, à la flexibilité et à la tolérance aux risques des mécanismes de financement. 

La consolidation de la paix n’est pas seulement une tâche complexe et à long terme.  Elle est aussi coûteuse, en argent et en hommes, a prévenu le représentant.  Tout échec à mobiliser ces ressources conduira inévitablement à un autre échec.  Il est donc important que le Fonds de consolidation de la paix recherche des moyens novateurs d’augmenter ses ressources, d’autant plus qu’outre Haïti, des opérations de maintien de la paix doivent aussi quitter la Côte d’Ivoire et le Libéria.  La consolidation de la paix est un exercice difficile et impossible si les acteurs locaux ne s’approprient pas les efforts.  Une paix durable, a insisté le représentant, ne peut en aucun cas être imposée de l’extérieur.  Elle doit venir de l’intérieur et, en cela, le rôle de la CCP est « crucial ».

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a estimé que, né il y a 25 ans, le concept de consolidation de la paix n’a pas encore été pleinement mis en œuvre.  Aujourd’hui, a-t-elle fait observer, tous les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP sont africains, issus d’un continent qui s’est doté de plusieurs organisations régionales et sous-régionales travaillant à la paix et à la sécurité.  Le Portugal encourage donc tout le système des Nations Unies, en particulier la CCP, à explorer les moyens d’améliorer sa synergie avec l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine.  De manière générale, les Nations Unies devraient travailler avec les organisations régionales et sous-régionales du monde entier pour tirer parti de la complémentarité des efforts et des ressources.  Il ne faut pas seulement tirer parti des structures existantes mais aussi renforcer les capacités des partenaires régionaux et des autres mécanismes pertinents dont beaucoup ont des mécanismes de sécurité et d’alerte rapide. 

Membre des formations République centrafricaine et Guinée-Bissau, le Portugal peut dire avec certitude que les activités de la CCP et du Fonds s’alignent exactement avec l’appel à la diplomatie de la paix lancé par le Secrétaire général qui a aussi placé la prévention au cœur de l’action de l’ONU.  La représentante a dit attendre avec intérêt le rapport que le Secrétaire général doit présenter l’année prochaine et ses options pour le financement de la consolidation de la paix.  Pour être totalement efficaces, a-t-elle conclu, les Nations Unies doivent travailler de manière intégrée, souple et coordonnée et donner une fois pour toutes la priorité aux mécanismes de prévention et d’alerte rapide.    

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VELEZ (Colombie) a évoqué les négociations de paix ayant abouti à l’Accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) pour dire qu’il n’y a pas de formule magique applicable à toutes les circonstances.  L’expérience de l’Union africaine ou celle des États latino-américains ne peut pas être ignorée, a renchéri la représentante qui a enchaîné sur la question de financement du Fonds de consolidation de la paix.  Elle a plaidé pour une véritable appropriation nationale et pour une approche transversale impliquant la « perspective genre ».

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a prévenu que seule une approche impartiale de la communauté internationale, prenant en compte les véritables causes des conflits, garantira des résultats.  Il a jugé « contreproductive » toute aide lorsqu’elle est imposée de l’extérieur et qu’elle prend les allures d’une ingérence dans les affaires intérieures des États.  Rappelant la réunion organisée le 10 octobre 2016 sur le financement de l’aide à la consolidation de la paix au Kirghizistan, le représentant a appelé à une meilleure transparence.  

Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a illustré l’importance de la CCP par l’exemple de la Sierra Leone, premier pays inscrit à l’ordre du jour de la CCP, qui s’achemine vers des élections présidentielle et législatives 2018.  Elle a aussi noté la contribution du Fonds dans le règlement de différends frontaliers entre le Libéria et la Côte d’Ivoire et entre le Cameroun et le Tchad. 

Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie) a rappelé que son pays, qui vient de devenir membre de la CCP, est convaincu que pour être efficace, le système des Nations Unies doit travailler de manière plus intégrée, plus souple et plus coordonnée, à la fois dans les pays et au Siège.  Il a donc appuyé les efforts de réforme de l’architecture de paix et de sécurité et celle du système de développement des Nations Unies pour contribuer au mieux à la vision « Unis dans l’action ».  Elle n’a pas manqué de souligner l’importance de la dimension genre et de l’autonomisation des femmes pour la pérennisation de la paix ni celle d’un financement prévisible.  L’Estonie contribue au Fonds de consolidation de la paix et prône une meilleure coopération entre lui et la CCP.  Un partenariat étroit entre l’ONU et les organisations internationales, régionales et sous-régionales est essentiel pour relever le défi de la pérennisation de la paix, a conclu la représentante qui s’est particulièrement félicitée du renforcement de la collaboration avec la Banque mondiale et l’Union africaine.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a souligné que les 10 millions de dollars que son pays a versés au Fonds de consolidation de la paix, témoignent de sa confiance dans le travail de cet organe.  Elle a appelé tous les États à prendre des engagements pour combler le déficit de 150 millions de dollars.  Elle a aussi encouragé une coopération plus étroite entre le Fonds et la CCP, s’agissant en particulier des options financières.  Elle s’est donc félicitée que la Commission et le Fonds aient renforcé leur coopération avec la Banque mondiale.  La représentante a reconnu qu’il y a encore du travail à faire pour accorder dans la pratique la priorité à la prévention et améliorer la prévisibilité des fonds.  Elle appelé les États et ONU à embrasser ce défi et à assurer des progrès dans la mise en œuvre de l’approche « pérennisation de la paix ».

Mme MAY-ELIN STENER (Norvège) a indiqué que son pays a été nommé point focal de la CCP sur le financement de la consolidation de la paix.  Elle a promis de tirer parti des discussions qui ont déjà eu lieu au Secrétariat pour la préparation du prochain rapport du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix.  Pendant trop longtemps, a reconnu la représentante, la consolidation de la paix a été comme une priorité de « seconde zone » mal financée.  S’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits exige un engagement à long terme et un accès à un financement régulier, prévisible et adéquat.  La responsabilité en incombe aux États, a-t-il insisté.  Or, nous savons que le Fonds est un acteur crucial de la consolidation de la paix qui contribue directement au seizième objectif de développement durable sur les sociétés justes, pacifiques et inclusives.  Le représentant a donc appelé les États à appuyer le Fonds, avant de se féliciter qu’il ait atteint le taux « très impressionnant » de 20% de contributions à l’autonomisation des femmes, ce qui devrait être un encouragement pour le reste de la famille des Nations Unies.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a mis l’accent sur cinq questions clefs pour sa délégation et d’abord « la centralité » de l’appropriation nationale.  Il a ensuite cité la dissolution des silos, l’interface entre la Commission et les organisations régionales et sous-régionales, l’adoption de la « Stratégie genre », et plus important encore, le financement.  À ce propos, il a dit attendre avec intérêt des idées « pragmatiques et créatives » de la part du Secrétaire général fondée à la fois sur des contributions volontaires et des quotes-parts et des contributions volontaires. 

M. WHEELER (Royaume-Uni) a annoncé trois axes vers lesquelles la Commission devrait orienter son travail à l’avenir.  Premièrement, elle devrait demander comment les États Membres peuvent aident à prévenir les facteurs de conflit.  Deuxièmement, elle doit offrir à l’ONU et aux autres partenaires un espace de dialogue sur leurs avantages comparatifs respectifs, et troisièmement, elle doit adapter son action aux réels besoins de consolidation de la paix.  Le représentant a annoncé qu’à partir de 2017 et jusqu’en 2020, le Royaume-Uni entend verser 10 millions de dollars par an au Fonds de consolidation de la paix. 

Mme KERSTIN PUERSCHEL (Allemagne) a félicité le Secrétaire général pour avoir placé la prévention au centre de l’action de l’ONU.  Le rapport nous montre, a-t-elle dit, à quel point une petite somme d’argent pour la prévention peut prévenir des conflits coûteux.  La représentante a aussi jugé important « d’institutionnaliser » le travail vital de la CCP et du Fonds, en particulier pendant la période cruciale de transition lorsque les opérations de maintien de la paix touchent à leur fin et que les équipes de pays ont besoin de tout l’appui possible.  L’Allemagne est convaincue que la meilleure façon d’appuyer les processus politiques est d’adopter une approche globale.  Elle a ainsi renforcé les mesures de stabilisation qu’elle a prises au Mali en plus de ses engagements militaire et policier.  Aux cinq millions d’euros versés au processus « désarmement, démobilisation et réintégration », l’Allemagne a ajouté la somme de 9,1 millions d’euros pour appuyer le Ministère de la réconciliation nationale.  Au-delà de son engagement bilatéral, l’Allemagne a apporté une contribution importante au Fonds de consolidation de la paix, soit 22 millions de dollars en 2016.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a insisté sur les partenariats parce qu’aucun organe ou entité ne peut tout seul promouvoir la consolidation de la paix, la pérennisation de la paix ou le Programme 2030.  Il a d’ailleurs estimé que les nouvelles technologies devraient être utilisées comme « un partenaire concret » pour cultiver l’appui et une participation plus active à la paix durable.  Il a aussi insisté sur l’institutionnalisation de la synergie entre tous les organes et toutes les agences des Nations Unies qui travaillent à la paix et à la sécurité, au développement, et aux droits de l’homme.  Il s’agit là, a dit le représentant, d’une « condition sine qua non ».  Il a également insisté sur la fiabilité des ressources.  Tout en se félicitant du travail du Fonds, il a appelé à une nouvelle approche qui, en plus de l’aide et des dons, faciliterait les investissements nationaux et internationaux.  L’on doit certes aider les pays à renforcer leurs capacités humaines et de développement mais l’on doit aussi les rendre autosuffisants en termes de financement de la consolidation de la paix.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a constaté que c’est à une rupture que nous invitent les résolutions identiques sur la revue du dispositif de consolidation de la paix, qui balisent la voie au développement de stratégies plus coordonnées, plus globales et plus cohérentes à même d’assoir les véritables fondements d’une paix durable.  Saluant les initiatives prises dans le sens du renforcement des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales en particulier l’Union africaine, le représentant a estimé qu’une plus grande interaction entre la CCP et les organes pertinents de l’Union africaine, permettrait de favoriser une meilleure coordination ainsi qu’une rationalisation des efforts sur le terrain.

Aussi des évaluations conjointes sur la nature et les défis de la consolidation de la paix en Afrique ainsi qu’un dialogue constant sur la meilleure manière d’harmoniser les soutiens aux pays inscrits à l’agenda de la consolidation de la paix, sont, entre autres, des actions qui peuvent donner plus de valeur ajoutée à cette coopération.  Une autre question qu’il convient d’examiner dans le cadre du renforcement de la coopération avec l’Union africain et les organisations sous régionales, est la coordination des interventions des différents acteurs impliqués dans le processus de consolidation de la paix en Afrique, en vue de favoriser des actions concrètes et cohérentes.  Les pays en consolidation de la paix sont en général politiquement fragiles.  Leurs défis sont colossaux.  Leurs besoins en termes d’assistance le sont tout autant notamment en matière électorale, de réforme des secteurs de la justice et de la sécurité, de désarmement, démobilisation et réinsertion, de renforcement des systèmes de santé et d’éducation, de relance de l’activité économique, de soutien à l’agriculture et de création d’emplois.

Aussi ces pays ont-ils besoin de financements importants pendant de longues périodes.  Malheureusement les financements des activités de pérennisation de la paix restent limités, irréguliers et imprévisibles.  Or, pour que la paix soit pérenne, il faut que le rétablissement de la sécurité aille de pair avec le développement économique et social.  C’est pourquoi, il convient d’insister sur l’importance de maintenir et de renforcer le soutien et l’accompagnement des pays en phase de transition vers la paix afin qu’ils puissent continuer de bénéficier de l’attention de la communauté internationale, en particulier en termes de financements durables et prévisibles.

M. TIM MAWE (Irlande) a conseillé à la CCP de profiter de sa position unique pour approfondir les discussions avec un large éventail d’interlocuteurs sur les complémentarités entre le développement durable et la paix durable.  Il s’est d’ailleurs félicité de l’accent que continue de placer la CCP sur l’appropriation nationale, prenant l’exemple, en tant que membre de la « Formation Libéria », de la manière dont, dans ce pays, les efforts ont été conduits par les autorités locales.  De même, la CCP a réagi très vite pour mobiliser l’appui à la mise en œuvre de l’Accord de paix en Colombie.  La consolidation de la paix, a conclu le représentant, était jusqu’ici confinée aux situations postconflit.  Or aujourd’hui, le concept de pérennisation de la paix agit comme un fil connectant notre concept traditionnel de consolidation de la paix à tous les domaines d’appui à la continuité de la paix, en particulier la prévention des conflits.  Le rapport examiné aujourd’hui montre comment la CCP et le Fonds ont sorti le concept de pérennisation de la paix d’une résolution pour en faire une réalité sur le terrain. 

En tant qu’ancienne Présidente de la CCP, Mme SCHOULGIN NYONI (Suède) a dit voir une marge de manœuvre permettant à la Commission de se montrer encore plus souple et de convoquer des discussions sur des régions et sur des pays qui ne sont pas forcément inscrits à son ordre du jour.  Venant au Fonds, la représentante a annoncé l’augmentation de la contribution de son gouvernement qui passera de 56 millions de couronnes à 70 millions de couronnes suédoises, soit l’équivalent de 7,8 millions de dollars.  Présidente de la « formation Libéria », elle s’est dite déterminée à veiller à ce que la CCP fournisse l’accompagnement politique pertinent pendant toute cette période de multiples transitions dans l’histoire du pays.

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a appelé à des changements concrets, arguant que la tâche de la Commission doit s’inscrire dans le long terme, pour qu’il y ait véritablement un avant et un après la CCP.  Concernant le Fonds, la représentante s’est dite déçue qu’il n’ait toujours pas le budget prévisible qui aurait pu renforcer sa crédibilité. 

M. MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est aussi inquiété de la rareté, de l’inconstance et de l’imprévisibilité du financement de la consolidation de la paix.  Il serait important de rechercher des approches novatrices et à ce propos, il a dit attendre du Secrétaire général des options « concrètes ».  Les partenariats sont également un élément clef.  La collaboration avec les parties prenantes importantes, y compris les institutions financières internationales comme la Banque mondiale et les organisations régionales comme l’Union africaine, est « vitale ».  La visite qu’a effectuée l’année dernière la  Commission au siège de l’Union africaine devrait être suivie d’autres, a estimé le représentant qui a salué le fait que le Fonds ait versé son premier financement à l’Union africaine.  Le représentant a annoncé que l’Éthiopie et le Sénégal organiseront une réunion sur le thème « Créer des synergies pour la consolidation et le maintien de la paix en Afrique », le 26 avril 2017.  Cette réunion donnera l’occasion de partager les meilleures pratiques et les enseignements que la CPP a tirés de son engagement en Afrique. 

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a estimé que maintenant que le Secrétaire général a lancé son appel à « la diplomatie de la paix », il faudra recalibrer la CPP.  Il faut assurer un équilibre « délicat » entre paix et développement pour que les pays puissent s’acheminer sans heurt vers la phase postconflit.  Dans ce cadre, la CPP doit garder l’appropriation et le leadership nationaux au frontispice de ses activités.  La coordination, la cohérence et la flexibilité sont des qualités vitales pour la consolidation de la paix, a poursuivi le représentant.  La CCP et le Fonds doivent exploiter toutes les synergies et toutes les complémentarités pour obtenir des financements effectifs et avoir un maximum d’impact sur le terrain, en particulier auprès des groupes ciblés.  Les ressources doivent être utilisées stratégiquement. 

Si les contextes varient d’un pays à l’autre, l’on voit tout de même, a estimé le représentant, des similarités dans les approches.  Nous devons donc  apprendre de nos expériences et dans ce cadre, développer le Groupe de travail sur les enseignements tirés, utiliser pleinement son travail et diffuser les meilleures pratiques.  Un meilleur suivi et une meilleure intégration de ces enseignements dans les activités de consolidation de la paix pourraient assurer l’efficacité sur le terrain, a affirmé le représentant.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a salué l’intérêt qu’accorde la CCP à la dimension genre et le fait que le Fonds ait dépassé les 15% de contributions à l’autonomisation des femmes.  Mais, a-t-il prévenu, nous ne parviendrons pas à nos objectifs si le Fonds n’est alimenté que par des contributions volontaires.  Il a appelé à la mise en place d’une vraie ligne budgétaire imposant à tous les Etats le paiement d’une quote-part.  La CCP, qui a une responsabilité universelle,  ne devrait pas se focaliser sur une seule sous-région, a dit le représentant, avant d’appeler les pays qui ont réalisé des avancés en matière de consolidation de la paix à partager leur expérience.  

M. GÜVEN BEGEҪ (Turquie) a annoncé que son gouvernement organisera le 31 juin 2017 la quatrième « Conférence d’Istanbul sur la médiation » pour explorer le potentiel inexploité de la médiation dans la prévention et la paix durable.  La Turquie, a-t-il expliqué, est convaincue que cette Conférence sera l’occasion de discuter d’un large éventail de « tensions contemporaines », y compris les tendances discriminatoires dans le monde.  Appuyant l’élargissement de la CPP à d’autres pays ou régions, le représentant a tout de même prévenu qu’il faudra pour cela des financements prévisibles et adéquats qui peuvent être obtenus en élargissant l’assiette des parties prenantes, y compris les institutions financières internationales.  Il a rappelé qu’au Sommet humanitaire d’Istanbul, son pays a promis un train de mesures pluriannuel de 1 million de dollars au Fonds.

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