Comité de l’information: les délégations encouragent le DPI à informer le public sur les enjeux actuels et à respecter le multilinguisme
Le Département de l’information de l’ONU (DPI) doit continuer à diffuser les messages de l’ONU sur les enjeux prioritaires de notre époque et à élargir leur portée à travers le multilinguisme, ont déclaré en substance les délégations au deuxième jour de débat général au Comité de l’information.
D’après la Fédération de Russie, il faut veiller à définir les priorités en fonction de leur pertinence actuelle, comme la lutte contre les extrémismes, le règlement des conflits et la consolidation de la paix. « Face au risque de radicalisation de la jeunesse dans certaines régions du monde », elle a souhaité que le DPI engage davantage la jeunesse et les établissements d’enseignement supérieur.
Les médias et le public doivent être encouragés à s’intéresser aux objectifs de développement durable et aux effets de la mondialisation, de même qu’aux questions d’une civilisation ouverte aux différences, a insisté pour sa part la Chine. L’Inde et le Pakistan se sont penchés sur la façon dont le Département communique sur le domaine phare du maintien de la paix, rappelant qu’ils font partie des principaux contributeurs de Casques bleus.
Le Portugal a insisté sur une diffusion des informations dans le plus de langues possible, y compris en portugais. Les intervenants sont en effet beaucoup revenus sur la question de la parité, en particulier dans les six langues officielles de l’ONU et s’agissant des communiqués de presse.
Mais le Portugal a voulu que le DPI reflète dans sa stratégie de communication la place de sa langue dans le monde. C’est une langue mondiale, la plus parlée dans l’hémisphère Sud. C’est la langue officielle de neuf pays sur quatre continents, représentant 260 millions de locuteurs environ.
Grâce à son portail Web en portugais, le Centre d’information des Nations Unies à Rio de Janeiro est devenu, a renchéri le Brésil, la plus importante source d’informations sur les Nations Unies pour les pays lusophones. Il a incité le Département à renforcer le multilinguisme et à publier en portugais, mais aussi en Bengali, en Hindi, en Kiswahili et dans d’autres langues.
« Le multilinguisme s’appauvrit aux Nations Unies et nous le regrettons », a lancé la Fédération de Russie, locuteur d’une langue officielle de l’ONU. « Le chinois est encore assez peu utilisé dans les contenus », a renchéri la Chine, locuteur d’une autre langue officielle, aux côtés de l’anglais, de l’arabe, de l’espagnol et du français.
En tant que membre du Groupe des Amis de la langue espagnole, le Paraguay s’est inquiété de l’inégalité qui résulte du fait que les communiqués de presse ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles des Nations Unies. Il a rejeté l’argument budgétaire, voyant plutôt « d’autres facteurs qu’il faut analyser ».
Tout en reconnaissant l’importance du multilinguisme, les États-Unis ont souligné que l’application de ce principe doit se faire dans le cadre des ressources existantes et des « réalités budgétaires ». L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a tout de même souligné que le multilinguisme, désormais consacré comme valeur fondamentale des Nations Unies, est une « responsabilité à la fois collective et individuelle », «la garantie d’une action internationale efficace ».
« Nous vous avons bien entendu », a assuré le Secrétaire général adjoint par intérim à la communication mondiale et Chef du Département de l’information (DPI). Alors qu’il s’agit de faire plus dans les limites des ressources existantes, a indiqué M. Maher Nasser, le Secrétaire général demandera dans la proposition de budget 2018-2019 des ressources supplémentaires pour permettre au DPI de satisfaire les besoins en matière de multilinguisme.
Dans sa déclaration de clôture, M. Nasser a aussi clarifié un autre point: les communiqués de presse, qui ne sont ni des traductions ni des procès-verbaux de réunion, sont produits sous une forte pression, soit dans les deux heures après la fin d’une réunion. « Nos collègues font de leur mieux pour être aussi précis que possible », a-t-il assuré avant d’annoncer demain à 11 heures une présentation multimédia intitulée « Les enfants de Willesden Lane » et à 15 heures, un séminaire intitulé « Désapprendre l’intolérance ».
La prochaine réunion du Comité de l’information sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
Suite du débat général
Déclarations
M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a souligné l’importance cruciale de la diffusion d’informations pour promouvoir le développement durable. Il a attiré, à cet égard, l’attention sur le rôle du multilinguisme, un « thème inhérent à l’existence même des Nations Unies ». Il a aussi insisté sur les langues autochtones et la diversification des canaux de communication. Il s’est inquiété de l’inégalité qui résulte du fait que les communiqués de presse ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles des Nations Unies. Il a rejeté l’argument budgétaire, privilégiant plutôt « d’autres facteurs qu’il faut analyser ». Se félicitant de la résolution de l’Assemblée générale du 6 décembre 2016, qui demandait au DPI d’élaborer une stratégie pour publier ces communiqués dans les six langues en adoptant des solutions créatives et sans coût supplémentaire, il a souligné qu’il s’agit là d’une solution « valide et pertinente » pour corriger la situation actuelle.
Conscient qu’il reste beaucoup de défis à relever avant de parvenir à la parité linguistique, le représentant a salué le travail qu’accomplit le Département pour promouvoir le multilinguisme dont la retransmission vidéo des séances de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, dans les six langues officielles et dans la langue de l’orateur. En tant que membre du Groupe des Amis de la langue espagnole, il a voulu une fois encore insisté sur la parité linguistique, avant de rappeler que le caractère bilingue de son pays -espagnol et guaraní– est consacré par la Constitution.
M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a pris la parole sur un point de procédure. Le Secrétariat, a-t-il rappelé, a demandé aux délégations de communiquer le texte de leur déclaration deux heures avant leur prononcé. Sur quoi se fonde cette demande? s’est étonné le représentant, insistant sur la liberté, reconnue aux délégations, de le faire ou pas. Le règlement intérieur de l’Assemblée générale doit être respecté et des délais qui n’y figurent pas ne sauraient être invoqués, a tancé le représentant.
Mme ZAKHAROVA (Fédération de Russie) a salué les efforts déployés par le Département de l’information (DPI) pour diffuser les activités de l’ONU et les résultats obtenus. Toutefois, elle a regretté que les aspects analytiques et prévisionnels ne soient pas mentionnés dans les rapports. Elle a également observé « un déséquilibre entre les chapitres ayant trait aux différents thèmes ». Ainsi les informations sur la lutte contre le terrorisme n’occupent-elles qu’un paragraphe. Selon elle, il faut veiller à définir les priorités en fonction de leur pertinence actuelle, comme la lutte contre les extrémismes, la résolution des conflits et la consolidation de la paix.
D’autres priorités concernent les activités dans les domaines du développement durable et des changements climatiques, et les déplacements de réfugiés et de migrants, a poursuivi la représentante. Elle a souhaité voir le DPI renforcer ses efforts pour couvrir les événements consacrés à la victoire sur le nazisme, à la lutte contre le fascisme et les idéologies de haine, notamment « face au risque de radicalisation de la jeunesse dans certaines régions du monde ». À ce sujet, il faut davantage engager la jeunesse et les établissements d’enseignement supérieur. Le 17 octobre prochain, a-t-elle annoncé, la Russie accueillera à Sotchi le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, avec la participation de l’ONU. Un nouvel envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse sera nommé d’ici là, a-t-elle fait remarquer.
Le multilinguisme représente l’un des principes fondamentaux de l’ONU, a insisté Mme Zakharova. Des séminaires sont organisés à Moscou pour former des traducteurs pour les organisations internationales, a-t-elle précisé, en espérant que le DPI demandera des ressources adéquates pour fournir des services de traduction en russe. « Le multilinguisme s’appauvrit à l’ONU et nous le regrettons », a-t-elle lancé. Il faut améliorer la diffusion des contenus en russe sur les réseaux sociaux et s’appuyer sur la section du Centre des nouvelles de l’ONU en russe. Elle a salué « le grand professionnalisme » de la Radio de l’ONU en langue russe qui a pourtant perdu, depuis le 1er janvier dernier, 15 minutes d’émission par jour. La représentante a d’ailleurs noté que les chapitres du rapport du DPI consacrés à la radio et à Internet ne parlent pas du service en russe.
De manière générale, a considéré la représentante, il faut redoubler d’efforts pour développer des outils technologiques et de conception graphique sur le site Web pour s’adapter à un public qui change. Elle a ensuite défendu le rôle des bibliothèques physiques de l’ONU, « qui permettent parfois de lutter contre la propagande ». Les médias classiques sont encore très importants dans les pays où Internet n’est pas encore bien accessible, a-t-elle ajouté.
En matière de maintien de la paix, a-t-elle estimé, le DPI devrait mieux informer le public sur les opérations menées contre l’État islamique en Syrie. Pour sa part, la nouvelle direction du Centre d’information des Nations Unies de Moscou n’a pas relâché ses efforts.
Évoquant les rencontres régulières organisées avec les représentants de la presse et de l’ONU, elle a noté de nouvelles initiatives et proposé de réviser le format des dialogues interactifs annuels qui, a-t-elle imaginé, pourraient avoir lieu tous les deux mois, pour débattre, notamment, des contenus et de la traduction des communiqués de presse.
De plus en plus souvent, a déploré Mme Zakharova, « la liberté d’expression, l’impartialité et l’objectivité sont sacrifiées au profit de la conjoncture politique ». Il faut « lutter contre le phénomène de dégradation de l’espace médiatique pour ne pas revenir à la guerre froide », a-t-elle averti. « La production de masse de fausses nouvelles est une épidémie qui a besoin d’une riposte concertée. » La Russie, a-t-elle conclu, proposera un projet de résolution avec des recommandations pour le Département et des « paramètres de lutte contre la désinformation ».
M. SURENDRA THAPA (Népal) a rappelé que la majorité de la population mondiale n’a comme langue maternelle aucune des six langues officielles de l’ONU. Il a donc encouragé le Département de l’information à élargir son offre linguistique, y compris le népalais. Il a aussi estimé que les capacités techniques et les infrastructures des centres d’information des Nations Unies devraient être renforcées pour mieux atteindre « les gens ordinaires ». Au Népal, par exemple, la bibliothèque centrale de l’Université Tribhuvan, qui est dépositaire des publications des Nations Unies, aurait besoin d’être modernisée. M. Thapa a souligné que les nouveaux médias comme Facebook, Twitter, WhatsApp, ne sont pas toujours accessibles dans les pays en développement et que les supports traditionnels comme la télévision, la radio et la presse écrite restent la première source d’information. Il a donc souhaité que le Département fasse « le bon dosage » entre les deux types de médias. Enfin, il a incité le Département à consolider son partenariat avec la société civile.
Mme HWANG (République de Corée) a félicité le DPI pour les progrès accomplis dans sa mission qui consiste à raconter au monde des faits importants par divers moyens de communication et ce, avec des contraintes budgétaires. Elle a souligné l’importance des centres d’information des Nations Unies en ce qu’ils contribuent considérablement à améliorer l’image de l’ONU aux yeux du grand public, en diffusant des informations aux populations locales dans leurs propres langues.
La représentante a également souligné la nécessité de cibler les jeunes, faisant valoir que la jeunesse doit jouer un rôle moteur dans la mise en œuvre du vaste programme des Nations Unies. Elle a, par ailleurs, attiré l’attention sur la participation active de son pays aux activités du DPI, citant le fait que la République de Corée a accueilli l’an dernier deux manifestations: le Symposium de la diplomatie publique des Nations Unies et la soixante-sixième Conférence DPI/NGO. Elle a salué les efforts du DPI pour renforcer le rôle de l’initiative Impact universitaire qui joue un rôle important pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. La représentante a insisté sur ce rôle crucial de l’éducation, en particulier en ces temps où l’extrémisme violent se fait plus fréquent, et salué, une nouvelle fois, Impact universitaire qui fait la promotion du « citoyen du monde ».
M. MIRONCHIK (Bélarus) s’est félicité de voir mentionné, dans le rapport du Secrétaire général sur les stratégies de communication du DPI, l’exemple d’une stratégie réussie que son pays a mise en œuvre: la campagne « Le Bélarus inclusif: ne laisser personne sur le côté dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable ». Menée de pair avec la société civile et relayée largement par les médias, cette campagne visait les groupes les plus vulnérables de la société, a-t-il expliqué en signalant que 200 manifestations ont été organisées dans ce cadre. Il a aussi salué la publication de documents des Nations Unies en biélorusse. Plaidant donc en faveur du multilinguisme, il a mis l’accent sur la qualité de la traduction. Son pays et l’Azerbaïdjan ont d’ailleurs proposé d’organiser à l’ONU une journée internationale de la traduction, a-t-il rappelé.
Se disant satisfait des progrès accomplis par le DPI, il a rappelé qu’il fallait garantir la pertinence des contenus pour un public donné. Il a ainsi suggéré une sélection des nouvelles selon le lieu de consultation du site, une mesure qu’on pourrait appeler « l’ONU près de vous ». Cela se ferait sans coût supplémentaire et aurait l’avantage de traiter de thèmes pertinents, comme Tchernobyl pour sa région ou la montée des eaux pour les pays côtiers.
Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays diffuse des contenus en russe aux Biélorusses, pour que les travaux du système des Nations Unies soient mieux connus. Il a enfin parlé du Journal des Nations Unies, souhaitant que les informations qui y paraissent soient aussi choisies par les États Membres et pas seulement par le Secrétariat. Il s’est élevé contre le fait que les délégations ne puissent plus annoncer des expositions. Il en a d’ailleurs profité pour annoncer une exposition de photos le 26 avril à l’ONU, organisée par le Bélarus, le représentant du PNUD à Minsk et deux grandes ONG, pour soutenir les enfants victimes de Tchernobyl.
Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a jugé essentiels les travaux du Comité de l’information, du DPI et des centres d’information des Nations Unies pour faire connaître le travail des Nations Unies, ainsi que pour promouvoir la transparence et le principe de responsabilité au sein de l’ONU. Pour l’élaboration de toute stratégie de communication, elle a recommandé de prendre en compte les contextes informationnels et de rendre les messages accessibles à tous. Cela lui a fait dire que, si l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications est importante, on ne doit cependant pas laisser de côté les formes traditionnelles de diffusion de l’information.
La représentante a plaidé pour que les communiqués de presse soient publiés dans les six langues officielles des Nations Unies. Rappelant la résolution de l’Assemblée générale qui prévoyait l’élaboration d’une stratégie pour arriver à cet objectif, elle a constaté qu’on n’avait à ce jour ni stratégie ni rapport sur cette question. Mentionnant aussi la requête faite pour la publication du Journal des Nations Unies dans les six langues officielle, elle a estimé que la défense du multilinguisme est un élément crucial de la conception et de la mise en œuvre des activités de diffusion d’informations de l’ONU.
Parmi les autres questions importantes aux yeux de la délégation cubaine, Mme Rodríguez Camejo a mentionné la diffusion d’informations sur la décolonisation, l’accès aux nouvelles technologies de l’information et des communications, les efforts à mener pour combler le fossé numérique et la nécessité de publier des informations objectives et impartiales, en utilisant les moyens de communication traditionnels. Elle s’est aussi élevée contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications en violation du droit international. Elle a déploré « l’agression radiophonique et télévisuelle » des États-Unis contre Cuba, en contradiction avec les principes de la Charte des Nations Unies. Elle a calculé que, en 2016, il y avait eu 1 875 heures d’émissions illégales par semaine, sur 25 fréquences depuis le territoire des États-Unis.
Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a jugé important de continuer à diffuser l’information relative aux objectifs de développement durable dans le plus de langues possible, y compris en portugais. Évoquant le rôle crucial de l’ONU en matière de « diplomatie publique » et la perception globale de la « marque ONU », elle s’est félicitée du nouveau titre de « Sous-Secrétaire général pour la communication mondiale » attribué au Chef du DPI. Se référant au message de paix du Secrétaire général, M. António Guterres, largement diffusé le 1er janvier dernier, elle a souligné l’importance d’une approche multilingue pour atteindre les peuples du monde. Ce message a été distribué en huit langues, dont le portugais. Il a été traduit dans beaucoup d’autres langues par les centres d’information des Nations Unies et diffusé sur 400 supports de télévision, radio et presse écrite, en ligne et sur les réseaux sociaux.
Mme Pucarinho a mis en valeur le travail accompli par le Centre d’information régional des Nations Unies de Bruxelles pour l’Europe occidentale et par le Centre d’information de Rio de Janeiro, au Brésil. Elle a encouragé la collaboration des deux centres avec le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) afin de développer des contenus en portugais. Elle a également souhaité que le DPI renforce ses synergies au sein du monde lusophone et rappelé, à titre d’exemple, la décision de créer un centre d’information à Luanda, en Angola.
« Le portugais est une langue mondiale », a insisté la représentante. C’est la langue la plus parlée dans l’hémisphère Sud et c’est la langue officielle de neuf pays sur quatre continents, représentant 260 millions de locuteurs environ. C’est aussi l’une des langues les plus parlées du monde, en augmentation rapide sur Internet. Le Portugal souhaite donc voir cet état de fait mieux reflété dans la stratégie de communication de l’ONU, a-t-elle ajouté. Dans cet esprit, Mme Pucarinho a encouragé le développement de la plateforme multimédia ONU-News en portugais. Elle a toutefois rappelé l’importance des médias traditionnels.
M. ANDRÉ DUNHAM MACIEL SIAINES DE CASTRO (Brésil) a encouragé le Département de l’information à continuer de diffuser les idéaux et les activités de l’ONU dans le plus de langues possible, en prenant en compte la diversité linguistique entre les pays et les différents niveaux de développement numérique. Le Département devrait aussi continuer à combiner moyens traditionnels de communication et nouveaux médias, car dans les pays en développement l’accès à Internet reste limité, alors que la radio est présente dans 75% des foyers.
Le Brésil réaffirme son engagement vis-à-vis du multilinguisme et du principe de parité entre les six langues officielles de l’ONU, a poursuivi le représentant. Ces six langues, a-t-il toutefois souligné, ne sont parlées que par 40% de la population mondiale. Il a donc incité le Département à renforcer le multilinguisme et à publier en portugais, en Bengali, en Hindi, en Kiswahili et dans d’autres langues. Le portugais, a-t-il précisé, est parlé par environ 258 millions de personnes dans le monde. Il a appuyé les travaux d’ONU-News en portugais, devenu en 2013 une opération multimédia complète.
Le représentant a souligné ensuite le rôle fondamental des centres d’information des Nations Unies pour mobiliser l’appui des peuples aux travaux de l’ONU, dans leurs propres langues, notamment dans les pays en développement. Créé en 1947, le Centre de Rio de Janeiro est le plus ancien centre d’Amérique latine. Grâce notamment à son portail Web en portugais, il est devenu la plus importante source d’information sur les Nations Unies pour les pays lusophones, bien au-delà du Brésil.
Mettant l’accent sur la participation de la société civile aux travaux de l’ONU, le représentant a rappelé que son pays avait toujours inclus des représentants des peuples autochtones, des femmes, des jeunes et autres dans ses délégations officielles aux manifestations thématiques.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a abordé la question du multilinguisme en se félicitant de l’organisation, par sa délégation avec l’aide du DPI et du Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences (DGACM), d’une manifestation pour marquer la Journée internationale de la langue maternelle, le 21 février 2017. C’était la première commémoration de cette Journée au Siège de l’ONU, a-t-il dit en soulignant l’intérêt de profiter de cette occasion pour promouvoir le pluralisme, la diversité, la tolérance et l’éducation multilingue.
La notion de « pérennisation de la paix » est une autre notion importante pour l’ONU en 2016, a-t-il poursuivi en souhaitant que le DPI continue à promouvoir cet objectif. La « culture de la paix et la non-violence » est une question que le DPI doit promouvoir, en particulier auprès des médias, des jeunes et d’une audience élargie. Le représentant a d’ailleurs demandé au DPI de faire participer davantage d’enfants et de jeunes aux activités de sensibilisation. Il a aussi appelé le DPI à rester engagé sur la question de la Palestine et du processus de paix au Moyen-Orient.
Rappelant le message politique important du Sommet humanitaire mondial sur les réfugiés et les migrants, tenu en 2016, il a dit attendre du DPI qu’il apporte sa contribution à l’élaboration du futur pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Il a salué les efforts du DPI pour attirer l’attention de l’opinion publique mondiale sur le sort des centaines de milliers de personnes déplacées ou prises au piège des conflits, des catastrophes naturelles et des situations écologiques difficiles. M. Bin Momen a ensuite exprimé sa satisfaction quant à la façon dont le Département participe à la campagne mondiale de lutte contre la violence sexuelle et la violence contre les enfants dans les conflits armés, tout en suggérant qu’il contribue encore plus à la défense de la sécurité des Casques bleus et du personnel humanitaire.
Concernant la promotion du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a encouragé le DPI à jeter la lumière tant sur les succès que sur les obstacles qui méritent l’attention de la communauté internationale. Il a aussi considéré que le DPI utilise son rôle de plaidoyer pour promouvoir la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Il a enfin souligné le rôle d’appui des centres d’information des Nations Unies, dont celui de Dacca.
M. WANG GANG (Chine) a relevé que son pays avait noué des partenariats avec le DPI, fournissant notamment du personnel pour le portail en chinois du site Web des Nations Unies. En Chine, la Radio des Nations Unies a un public très large, s’est-il félicité. D’après le représentant, le Département doit suivre l’évolution de la situation mondiale et s’y adapter. Le thème de la paix et du développement est très important et les médias et le public doivent être encouragés à s’intéresser davantage aux objectifs de développement durable et aux effets de la mondialisation, de même qu’aux questions d’une civilisation ouverte aux différences. Les travaux, a-t-il insisté, doivent s’appuyer sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies et garantir le droit à l’information de tous les pays.
Le représentant a salué le travail équilibré du DPI dans les médias traditionnels et nouveaux médias. Il faut respecter les cultures de chaque pays, a-t-il insisté, et faire preuve d’équité entre les six langues officielles de l’ONU, dont fait partie le chinois. Or, a-t-il relevé, « le chinois est encore assez peu utilisé dans les contenus de l’ONU ». Enfin, il a rappelé que le Président de la Chine avait récemment prononcé à Genève une déclaration parlant d’humanité partagée, et souhaitant des efforts conjoints pour le développement durable et l’édification d’un monde plus juste.
M. YARON WAX (Israël) s’est dit encouragé par le travail important réalisé par le Programme de communication sur l’Holocauste des Nations Unies. Hier, a-t-il relevé, Israël a commémoré sa Journée nationale de l’Holocauste. Il s’est dit attristé par la résurgence de l’antisémitisme dans le monde, où plus de 600 cas ont été enregistrés en 2016. La haine et l’intolérance ne peuvent être combattues que par l’éducation, la sensibilisation aux tragédies du passé et la diffusion de l’information, a-t-il fait valoir, en soulignant l’importance de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste.
Demain, a annoncé M. Wax, le DPI organisera en partenariat avec la Mission permanente de l’Autriche un évènement éducatif intitulé « Les enfants de Willesden Lane » sur l’histoire d’une dizaine de milliers d’enfants sauvés de l’Allemagne nazie par le Gouvernement britannique. Il a demandé au Département d’organiser un séminaire sur la lutte contre l’antisémitisme et pris note de l’engagement du Secrétaire général à condamner ce fléau.
En revanche, le représentant a regretté que le travail du DPI ne soit pas toujours aussi exact et impartial qu’il devrait l’être. Il s’est dit préoccupé par le « Programme spécial d’information sur la question de Palestine ». Il a également cité, à titre d’exemple, le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, qui s’est tenu à Pretoria, en Afrique du Sud, en septembre dernier, et où les débats ont été complètement « à sens unique ».
M. MASOOD ANWAR (Pakistan) a dit apprécier que les produits du DPI soient de plus en plus connus, que ce soit sur des supports traditionnels ou sur les médias sociaux. Il a aussi salué la couverture des manifestations relatives à la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Attirant l’attention sur le vaste mouvement des réfugiés et des migrants, il a indiqué que le Pakistan avait accueilli des millions de réfugiés afghans pendant 40 ans avec très peu de soutien international. Il a donc exhorté le DPI à traiter cette question dans ses activités et dans les manifestations qu’il organise. Il a aussi salué la nomination de la Pakistanaise Malala Yousafzai comme Messager de la paix des Nations Unies.
Saluant ensuite le rôle important que jouent les centres d’information des Nations Unies, M. Anwar a parlé de celui d’Islamabad qui travaille à la promotion des objectifs de développement durable, des droits de l’homme et des questions liées aux changements climatiques. En évoquant les changements culturels en cours dans son pays, il a rappelé que le Pakistan a organisé à l’ONU une exposition d’art contemporain, un concert de musique sufi et un festival de cinéma. Enfin, le représentant a souligné le rôle que joue son pays dans le maintien de la paix en tant que grand contributeur de troupes. À ce titre, il a exhorté le DPI à intensifier ses efforts pour montrer le travail des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales. « Il faut éviter que les actes déplorables de quelques personnes fassent de l’ombre à des années de labeur et de sang versé par les Casques bleus », a-t-il dit.
Mme RODRÍGUEZ (Venezuela) a salué les efforts déployés par le DPI pour promouvoir les objectifs des Nations Unies et a cité en particulier les publications sur les questions liées au genre, aux droits des personnes handicapées, aux réfugiés et aux migrants et à la lutte contre le terrorisme. Rappelant que l’Amérique latine et les Caraïbes ont été touchées par le virus Zika l’an dernier, elle a dit apprécier que le DPI ait appuyé les efforts menés dans la région pour éviter la propagation du virus. Elle a aussi salué ce que fait le DPI en matière de décolonisation, notamment grâce à une brochure sur la manière dont les Nations Unies peuvent aider les territoires non autonomes ou encore les programmes de la Radio des Nations Unies. Elle a saisi cette occasion pour demander que la Radio continue à bénéficier du soutien financier nécessaire pour continuer à émettre dans les six langues officielles et d’autres langues.
« Le Venezuela apprécie que le DPI continue à travailler avec le Département des affaires politiques sur la communication relative à la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien », a aussi indiqué la représentante. Elle a également salué l’interaction positive entre le DPI et le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions pour faire connaître le travail accompli dans les opérations de maintien de la paix. Elle n’a pas manqué de noter l’activité sur les pages Web et les réseaux sociaux en ce qui concerne les missions politiques et humanitaires de l’ONU. C’est notamment essentiel pour faire connaître les mesures prises pour lutter contre les abus sexuels contre les femmes et les enfants dans certaines missions.
La représentante vénézuélienne s’est félicitée de l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) et des réseaux sociaux pour promouvoir les objectifs des Nations Unies, mais elle a fait remarquer le fossé numérique qui pénalise les pays du Sud, appelant à le combler. Par ailleurs, s’élevant contre la diffusion d’informations discriminatoires et déformées sur ce qui se passe dans les pays en développement, elle a réclamé des mesures propices à la démocratisation des TIC pour qu’elles bénéficient à tous les peuples. Elle a enfin demandé au DPI de continuer à renforcer le multilinguisme, en faisant remarquer que l’espagnol est la deuxième langue la plus consultée sur les sites Internet de l’ONU.
M. HASSAN IDRISS AHMED SALIH (Soudan) a réitéré l’importance du multilinguisme dans toutes les activités et produits d’information de l’ONU. Il existe encore un déséquilibre dans l’emploi des six langues officielles, a-t-il noté. Le multilinguisme aide l’ONU à communiquer avec les peuples des pays en développement, a-t-il précisé, en appuyant le rôle des centres d’information des Nations Unies qui doivent être renforcés en personnel et en équipement. L’emploi des réseaux sociaux pour communiquer avec un public large ne doit pas se faire au détriment des médias traditionnels, a averti le représentant. Après s’être inquiété de l’utilisation des nouvelles technologies dans le monde pour diffuser de « fausses informations », il a souligné que le DPI devait être un exemple en termes de conformité avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies.
M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) s’est félicité des nombreuses activités menées par le DPI à l’occasion du premier anniversaire de l’adoption des objectifs de développement durable, assurant pour sa part que son pays s’attèle à la mise en œuvre du Programme 2030. En ce qui concerne les changements climatiques, il a dit apprécier la courte vidéo produite par le DPI sur la ratification par l’Inde de l’Accord de Paris, qui a été partagée sur plusieurs plateformes de médias sociaux et retweetée par le Premier Ministre indien.
M. Prasad s’est aussi intéressée à la façon dont le Département communique sur les activités des Nations Unies dans le domaine phare du maintien de la paix, rappelant que l’Inde est l’un des principaux contributeurs de Casques bleus. Il a salué le fait que le DPI se concentre sur une bonne gestion du site Internet du maintien de la paix et que la rédaction du Web développe une nouvelle plateforme pour les missions sur le terrain. Il a voulu savoir s’il serait envisageable d’utiliser des langues régionales pour élargir l’accès des pays fournisseurs de contingents.
Les centres d’information des Nations Unies restent, a-t-il poursuivi, les « petits soldats » des Nations Unies qui font avancer le programme de l’ONU dans le monde. Constatant l’engagement du DPI en faveur du multilinguisme, il l’a exhorté à renforcer les capacités linguistiques des centres régionaux d’information en Asie du Sud afin qu’ils puissent produire des contenus dans des langues parlées par des millions de locuteurs comme le Hindi, le Bengali, le Tamil et le Telugu. Il a par ailleurs indiqué que son pays était heureux de participer à l’initiative Impact universitaire, saluant au passage les programmes de « L’ONU mise en scène » et les activités de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse.
Le représentant a aussi exprimé son intérêt pour la sensibilisation des créatifs aux messages de l’ONU, par le biais d’activités non traditionnelles de communication, comme la danse et la musique. Dans cet ordre d’idées, il a mentionné un spectacle de danse classique organisé à l’ONU par la Mission permanente de l’Inde à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, ainsi que la projection de « Half Girlfriend », le premier film de Bollywood visionné au Siège de l’ONU. Il a également rappelé que la Journée internationale du yoga, le 21 juin, est maintenant une date importante dans le calendrier des Nations Unies. Il a terminé en soulignant la valeur et les efforts de numérisation de la Bibliothèque Dag Hammarskjold. Il s’est félicité que le sanskrit, la plus ancienne langue vivante du monde, ait enfin une place dans le système des Nations Unies grâce à la nouvelle version de la Charte des Nations Unies.
La nouvelle administration américaine estime que « l’ONU doit travailler, non pas plus dur, mais de façon plus intelligente », a souligné M. JITU SARDAR (États-Unis). Il a jugé important de remettre en question les normes et les pratiques institutionnelles qui sapent la mission de l’ONU, et de protéger et promouvoir les valeurs qui sont le gage du succès de l’Organisation à long terme. La Mission des États-Unis, a-t-il expliqué, s’est efforcée d’incorporer ces approches lors de sa présidence du Conseil de sécurité, dans le cadre de ses travaux au sein du Conseil économique et social (ECOSOC), et lors des débats de la Cinquième Commission. La présente session du Comité de l’information est également l’occasion de renouveler l’engagement des États-Unis en faveur de la transparence, de la redevabilité et de l’accessibilité pour tous.
Tout en reconnaissant l’importance du multilinguisme, M. Sardar a souligné que l’application de ce principe doit se faire dans le cadre des ressources existantes et des « réalités budgétaires ». Il a préconisé des approches novatrices et créatives, et applaudi les efforts entrepris par le DPI pour forger des partenariats avec des acteurs du secteur privé, des médias, de la société civile et des milieux universitaires. Dans l’attente de la nomination d’un nouveau secrétaire général adjoint, il a espéré que le DPI définira ses priorités en coordination avec le Cabinet du Secrétaire général.
Les États-Unis, a rappelé le représentant, viennent de coparrainer une résolution à l’ECOSOC demandant que soient diffusées sur le Web les délibérations du Comité des ONG. Le DPI a un rôle important à jouer pour diffuser les résultats des réunions de l’ONU et pour engager la société civile à partager régulièrement des informations impartiales, a-t-il ajouté.
Toutefois, M. Sardar s’est dit préoccupé par le Programme spécial d’information sur la question de Palestine qui, à son avis, « promeut une perception erronée au détriment d’Israël ». D’autres initiatives qui ne présentent que le point de vue palestinien nuisent aussi à la réputation de l’ONU. À l’inverse, il s’est dit encouragé par les efforts du DPI visant à combattre la haine et l’intolérance, y compris le Programme de communication sur l’Holocauste. Il a souhaité que la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste soit incluse cette année dans la résolution du Comité intitulée « Questions relatives à l’information ».
M. YASSER HALFAOUI (Maroc) a remarqué que, « à l’ère de la mondialisation, le besoin en information fiable, neutre et objective est un impératif, particulièrement lorsqu’elle émane des Nations Unies ». Il a félicité le DPI pour toutes ses campagnes de communication, en particulier celles relatives à la question palestinienne, aux questions intéressant le continent africain, aux objectifs du Millénaire pour le développement, au Programme de développement durable à l’horizon 2030, aux changements climatiques, à la promotion des droits de l’homme, au maintien de la paix et à la lutte contre le terrorisme. Ces programmes, a-t-il noté, se focalisent également sur la lutte contre l’extrémisme et l’intolérance, le dialogue des civilisations et le devoir de mémoire, des valeurs auxquelles le Maroc est attaché.
Le représentant a salué la campagne médiatique sur la vingt-deuxième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 22) qui s’est tenue à Marrakech en novembre 2016 et s’est félicité de la meilleure sensibilisation à la réponse internationale à la crise de la migration, notamment avec la campagne « Ensemble–respect, sécurité et dignité pour tous ». « D’autres activités des Nations Unies gagneraient à être médiatisées davantage », a-t-il cependant estimé en citant la « consolidation de la paix » et en particulier le nouveau concept de « pérennisation de la paix ». Il a appelé à diffuser très largement la brochure préparée sur ce sujet par le Bureau d’appui à la consolidation de la paix.
Il a aussi souligné le rôle important du DPI pour sensibiliser à la lutte contre les abus et l’exploitation sexuels. Il a demandé au DPI d’aider les départements concernés par cette question à produire des supports dans les langues pertinentes, « sans se limiter nécessairement aux langues officielles de l’ONU ». Il a exigé aussi plus de transparence, c’est-à-dire la diffusion tant des allégations que des actions entreprises par les États Membres.
Pour pallier le manque de moyens et la multiplication des sujets à couvrir, le délégué marocain a recommandé de recourir aux nouvelles technologies de l’information et salué les « efforts considérables » entrepris dans ce domaine, notamment le recours à Facebook et Twitter. Il a en même temps rappelé que la fracture numérique limite l’utilisation des outils de communication modernes dans les pays en développement, ce qui renforce l’importance des outils traditionnels comme la presse écrite et la radio. Il a donc demandé au DPI d’équilibrer ses programmes en conséquence et de s’inspirer des expériences réussies telles que le modèle de communication du groupe russe sur les réseaux sociaux.
Autre entreprise du DPI qu’il a appréciée, l’initiative « Common Ground » qui pourrait, à son avis, être élargie à d’autres entreprises. Le représentant a également salué le partenariat avec des compagnies aériennes, notamment Royal Air Maroc, et le travail des centres d’information des Nations Unies, dont celui de Rabat qui existe depuis 1962. Il a aussi défendu le multilinguisme, disant apprécier les efforts engagés pour réduire les inégalités de traitement entre les six langues officielles et pour recourir à des langues locales.
Mme SAHAR SALEM, État observateur de la Palestine, a salué le Programme d’information du DPI sur la question de la Palestine, qui contribue à sensibiliser objectivement le grand public, de manière cohérente avec le droit international et les résolutions des Nations Unies. Ce Programme a été appuyé par une majorité écrasante d’États Membres lors de l’adoption de la résolution 71/22 du 30 novembre 2016 à l’Assemblée générale, a-t-elle rappelé. Elle a remercié le DPI pour les différentes activités organisées dans le cadre de ce Programme, comme le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, organisé chaque année, dont le dernier a eu lieu en Afrique du Sud. Elle a aussi mentionné l’exposition permanente sur la question de la Palestine au Siège des Nations Unies à New York, les activités menées pour marquer la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, ainsi que le programme de formation pour les journalistes palestiniens.
Mme Salem a ensuite parlé des futures activités d’établissement des faits organisées pour les journalistes sur le Territoire palestinien occupé, espérant qu’il y aurait un financement suffisant pour les organiser. À l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la partition de la Palestine et des 50 années d’occupation israélienne de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et la bande de Gaza, la représentante a espéré que le DPI contribuerait à informer sur les faits et à diffuser les messages sur l’urgence qu’il y a à mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies pour parvenir à la justice et à la paix.
Mme PATRICIA HERDT, Organisation internationale de la francophonie (OIF), a apprécié ce que fait le DPI pour promouvoir le multilinguisme, en expliquant que l’OIF œuvre aussi en faveur de cet objectif. Elle a donné un exemple récent: le 20 mars 2017, à l’occasion de la Journée de la langue française à l’ONU, l’OIF a organisé, en coordination avec le bureau de la Coordonnatrice pour le multilinguisme, une discussion interactive sur le multilinguisme, en présence de hauts responsables des Nations Unies et de nombreux États Membres. Elle a souligné que le multilinguisme, désormais consacré comme valeur fondamentale des Nations Unies, est une « responsabilité à la fois collective et individuelle ». « Il est la garantie d’une action internationale efficace », a-t-elle ajouté. Les journées consacrées à chacune des langues officielles et leur promotion sur Internet et les réseaux sociaux, constituent des opportunités majeures pour promouvoir l’importance du multilinguisme dans l’activité d’information de l’ONU.
La représentante a également dit partager la vision du Département sur le développement d’actions pilotes et de partenariats novateurs qui prennent en considération les réalités de terrain et les savoir-faire de chaque acteur. Elle a salué à cet égard l’organisation à Dakar, en décembre 2016, du premier atelier des centres d’information des Nations Unies d’Afrique francophone sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable. De même, elle a manifesté son intérêt pour le développement de collaborations dans le cadre de grandes campagnes portées par les Nations Unies et par l’OIF, afin de renforcer les résultats de chaque initiative, comme pour « Libres ensemble » lancée par la Secrétaire générale de la francophonie en mars 2016 pour mobiliser la jeunesse autour des valeurs de tolérance et du vivre ensemble. Elle a aussi exprimé la disponibilité de l’OIF pour promouvoir les contenus francophones de la Radio des Nations Unies auprès des partenaires locaux dans ses pays membres, « tant la radio constitue un mode d’information et de communication principal dans les pays francophones ».
La représentante a appelé les citoyens à la vigilance pour s’assurer du respect de la diversité linguistique. Elle a parlé d’une « veille » lancée par le Groupe des Ambassadeurs francophones à New York, qui s’appuie sur le Vade-mecum de l’usage du français dans les organisations internationales. Un bilan de la mise en œuvre de ces engagements a pu être fait en 2016 grâce à l’appui du DPI, a-t-elle indiqué. De même, l’OIF et le DPI ont organisé une réunion d’information, en juillet 2016, à l’intention des missions permanentes francophones sur les différents outils de communication et les services d’information produits en français par le DPI.
Enfin, elle a mentionné la nécessité de réduire les disparités entre langues officielles sur les sites internet de l’ONU, conformément aux « normes minimales pour le multilinguisme sur les supports Internet de l’ONU ». Elle a en effet noté que les sites Internet sont le plus souvent uniquement disponibles en anglais.
À l’issue du débat général, M. MAHER NASSER, Secrétaire général adjoint par intérim à la communication mondiale et Chef du Département de l’information (DPI) a rebondi sur certaines réponses données lors du débat interactif informel. « Nous vous avons bien entendu », a-t-il assuré à la plupart des délégations qui ont réitéré l’importance du multilinguisme. Recherchant les moyens d’exploiter toutes les occasions de créer des partenariats et d’utiliser les nouvelles technologies pour améliorer la disponibilité des contenus en plusieurs langues, le DPI est très engagé dans la production de contenus dans les six langues officielles et il rappelle à tous les départements et bureaux que le nouveau site doit être conforme aux normes du multilinguisme et de l’accessibilité. Le Département a aussi mis en route des collaborations pour produire des contenus dans différentes langues. Le multilinguisme est transversal dans toutes nos activités, a résumé M. Nasser. Le travail multilingue du Département, dans les langues officielles et autres, est considérablement amplifié par les centres d’information.
Alors qu’il s’agit de faire plus dans les limites des ressources existantes, le Secrétaire général, a indiqué M. Nasser, demandera dans la proposition de budget 2018-2019 des ressources supplémentaires pour permettre au DPI de satisfaire les besoins en matière de multilinguisme.
S’agissant du déséquilibre linguistique dans la publication des communiqués de presse, évoqué par plusieurs délégations, le DPI, a poursuivi le Secrétaire général adjoint par intérim, a organisé des consultations avec les États Membres et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences pour trouver une manière rentable de publier des communiqués dans toutes les langues officielles. Après que la Cinquième Commission eut rejeté la proposition du DPI, ce dernier entend en présenter une autre dans le cadre du prochain exercice biennal.
S’il faut souligner que les communiqués de presse ne sont ni des traductions ni des procès-verbaux de réunion et qu’ils sont produits sous une forte pression, soit dans les deux heures après la fin d’une réunion, je vous assure, a dit M. Nasser, que « nos collègues font de leur mieux pour être aussi précis que possible ». Il a assuré que le DPI s’efforce tout de même de trouver des solutions aux préoccupations qu’ont exprimées les délégations.
Outre les réseaux sociaux, nous continuons à souligner l’importance de médias traditionnels, a poursuivi M. Nasser. « Nous ne choisissons pas entre les deux. » Le nombre de visites sur le site Web de l’ONU augmente et le DPI commence à renforcer le contrôle interne de ses nouveaux comptes sur les médiaux sociaux.
Le DPI couvre la lutte contre le terrorisme, a précisé M. Nasser. Un portail Web a été créé et pas moins de 62 sujets ont été produits sur cette question depuis le début du mois de janvier. Le DPI s’efforce aussi d’identifier les bonnes pratiques pour lutter contre la menace de la désinformation.
Le message de l’ONU ne serait pas universel sans le savoir-faire du personnel des centres d’information, a-t-il insisté en saluant l’appui des États Membres. Ces centres sont à l’avant-garde pour combler le fossé numérique et mettre en valeur nos activités. Revenant à la question des « fausses informations », M. Nasser s’est dit impatient de travailler avec les membres du Comité de l’information pour identifier les pratiques exemplaires et les instruments les plus efficaces pour lutter contre cette tendance.
La Bibliothèque de l’ONU a entamé un travail de numérisation et l’accès aux ouvrages est libre, et elle coopère avec les 360 bibliothèques dépositaires dans le monde, a dit M. Nasser. Le DPI est un département de services qui a reçu des États Membres à l’Assemblée générale un mandat clair, a-t-il conclu, non sans oublier de mentionner que demain à 11 heures, dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC), le DPI, en partenariat avec la Mission permanente de l’Autriche, le Forum culturel autrichien « Faire face à l’histoire et à nous-mêmes » et le Département de l’éducation de la ville de New York, organise une présentation multimédia intitulée « Les enfants de Willesden Lane » sur l’expérience d’un enfant juif réfugié qui a réussi à échapper aux nazis sur le « Kindertransport » du Royaume-Uni juste avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. À 15 heures, dans la salle de conférence 2, un séminaire intitulé « Désapprendre l’intolérance » sera organisé avec des universitaires et des professionnels des médias.