En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: au Soudan du Sud, des initiatives africaines sont à l’œuvre, selon le Chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU

8071e séance – matin
CS/13032

Conseil de sécurité: au Soudan du Sud, des initiatives africaines sont à l’œuvre, selon le Chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU

Alors que les situations sécuritaire et humanitaire ne cessent de se détériorer au Soudan du Sud, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix est, ce matin au Conseil de sécurité, revenu sur l’état de mise en œuvre de deux initiatives des pays voisins: la Force de protection régionale et le Forum de revitalisation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

Selon M. Lacroix, le déploiement de la Force –qui dépend de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS)– est en cours, ce qu’a confirmé le représentant de l’Éthiopie, l’un des pays contributeurs de troupes.  « Nous nous attendons à ce que le principal contingent du bataillon d’infanterie rwandais soit déployé en novembre », a précisé le Secrétaire général adjoint, en soulignant que le détachement précurseur du bataillon éthiopien avait entamé son déploiement, qui devrait être finalisé d’ici au 20 octobre. 

En dépit de « divers retards bureaucratiques », l’ONU continue d’insister auprès du Gouvernement sud-soudanais pour qu’il facilite le déploiement de la Force, convaincue qu’une coopération renforcée avec Djouba demeure cruciale pour que celle-ci puisse pleinement s’acquitter de son mandat.

C’est qu’au cours du mois écoulé, la situation sur le plan sécuritaire est restée un motif de profonde préoccupation, a relevé le haut fonctionnaire en faisant état d’affrontements entre l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition dans le nord de Jongleï et l’est du Haut-Nil, où « de lourdes pertes ont été provoquées des deux côtés ».

Parallèlement, les combats pour le contrôle de Pagak se poursuivent, tandis que la présence des forces de l’opposition à Nhialdu et dans d’autres localités de l’Unité incitera « vraisemblablement » l’APLS à lancer une offensive, avec pour conséquence de déclencher de nouveaux déplacements de population. 

Le Secrétaire général adjoint a également signalé des attaques lancées par des « assaillants armés » contre des organisations non gouvernementales et des civils, notamment dans un village d’Équatoria occidental, ainsi qu’en Équatoria central, où des soldats de l’APLS ont tué deux personnes près de la ville d’Ombaci.  Enfin, le nombre d’actes de violence contre la communauté humanitaire est également en hausse, avec 18 personnels tués jusqu’à présent cette année.

« Tous ces incidents devraient nous plonger dans l’inquiétude, compte tenu du début imminent de la saison sèche, qui donne traditionnellement lieu à des niveaux accrus de violence, dans la mesure où la mobilité à travers le pays s’améliore », a prévenu M. Lacroix.  Dans ce contexte, le Gouvernement continue pourtant de restreindre la liberté de mouvement de la MINUSS, a-t-il déploré, en exhortant « vigoureusement » le Conseil de sécurité à se saisir des violations de l’Accord sur le statut des forces entre l’ONU et le Gouvernement sud-soudanais.

Le corollaire de cette insécurité persistante, a expliqué le Secrétaire général adjoint, c’est une dégradation de la situation humanitaire, en dépit d’opérations « très efficaces » ayant permis à des millions de personnes de bénéficier d’une assistance vitale.  Plus de deux millions ont fui en Ouganda, en Éthiopie et au Soudan depuis le début du conflit en 2013, a-t-il rappelé.  En outre, 1,9 million de personnes restent déplacées à travers le pays, cependant qu’à l’approche de la saison sèche, les mouvements de population vont vraisemblablement reprendre.

Sur le plan politique, le Forum de revitalisation annoncé par l’IGAD n’a pour l’heure reçu qu’une réponse « tiède » de la part du Gouvernement et un « soutien prudent » de la part de l’opposition, dont l’ex-Vice-Président sud-soudanais, M. Riek Machar, a noté M. Lacroix.  Il a exhorté les membres du Conseil à user de leur influence sur toutes les parties pour les encourager à s’engager dans ce processus « sans conditions préalables ».

« Le conflit au Soudan du Sud est l’aboutissement direct d’un accès au pouvoir disproportionné et prolongé.  Toutes les redistributions futures doivent donc reposer sur le principe de l’inclusivité, garant d’un pouvoir et d’un partage équitable des richesses », a plaidé le Secrétaire général adjoint, en accusant les dirigeants sud-soudanais d’assumer une « responsabilité directe » dans le conflit qui sévit dans leur pays.  Lesquels dirigeants peuvent selon lui sauver le Soudan du Sud de l’« abîme qui le guette », à condition de faire preuve de volonté politique et de saisir l’opportunité offerte par le Forum de revitalisation de l’IGAD.

Le représentant du Soudan du Sud, M. Akuei Bona Malwal, a donné l’assurance que le Gouvernement provisoire d'union nationale reste plus que jamais engagé en faveur de ce forum, dont l’un des objectifs est de « faire taire les armes » et de ménager une place à tout groupe extérieur à l’accord de paix déterminé à « dénoncer la violence ».  Il a proposé que la mise en œuvre de l’Accord sur le règlement du conflit constitue la « base » du processus placé sous l’égide du Forum de revitalisation. 

L’Uruguay a prévenu que cette initiative de l’Autorité intergouvernementale ne pourra être couronnée de succès « sans un engagement sans faille des parties » au conflit.  Or, l’Éthiopie n’a noté qu’« avec une satisfaction modérée » les progrès accomplis en vue de la tenue de ce forum, qui n’est pas une nouvelle enceinte de négociation, mais vise à hâter la mise en œuvre de l’accord de paix.  « Néanmoins, l’IGAD n’a pas de baguette magique », a-t-elle prévenu, en regrettant le « manque de confiance mutuelle » entre les parties.

Reprenant à son compte la demande formulée par le Secrétaire général adjoint, le délégué éthiopien a demandé le soutien « à 100% » du Conseil à ce forum, « seule solution proposée à avoir obtenu pour l’heure l’assentiment de tous les États membres de l’IGAD ».  « Le Conseil n’a aucune raison de ne pas soutenir de tels efforts », a-t-il affirmé.

Abondant en ce sens, la Bolivie a par ailleurs préconisé de conclure « un mémorandum d’accord pour rétablir une juridiction hybride » et faire « appliquer le principe de responsabilisation », qui contribuera à l’instauration d’une paix durable « pilotée par l’Afrique ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Haïti: le Conseil de sécurité salue les progrès accomplis depuis 2004 et demande au Gouvernement de collaborer avec la nouvelle mission de l’ONU

8070e séance – matin
CS/13031

Haïti: le Conseil de sécurité salue les progrès accomplis depuis 2004 et demande au Gouvernement de collaborer avec la nouvelle mission de l’ONU

Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a, ce matin, saisi l’occasion de l’achèvement, le 15 octobre dernier, du mandat de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) pour saluer les progrès « notables » accomplis par Haïti depuis 2004 vers la stabilité et la démocratie. 

Le Conseil note en effet les améliorations apportées au renforcement de la sécurité et de la situation humanitaire et salue la tenue des élections présidentielles de 2016 et 2017 qui « ont ouvert la voie à la consolidation des institutions démocratiques haïtiennes grâce à un transfert pacifique du pouvoir ».  Il salue, en outre, la contribution de la MINUSTAH au rétablissement de la sécurité et de la stabilité en Haïti au cours de ces 13 années. 

Après avoir rappelé qu’il incombe au premier chef au Gouvernement haïtien d’assurer la stabilité du pays, le Conseil demande à ce dernier de « faciliter l’exécution du mandat et le fonctionnement » de la nouvelle Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH). 

Cette mission, qui ouvre « une nouvelle phase de l’action des Nations Unies » dans le pays, veillera, en étroite collaboration avec le Gouvernement, à consolider les progrès accomplis pendant qu’Haïti « se prépare au retrait des forces de maintien de la paix des Nations Unies ».  La MINUJUSTH devra établir un plan de deux ans comportant des objectifs précis visant audit retrait. 

Par la présente déclaration, le Conseil indique que la priorité devra être donnée « au renforcement de l’état de droit, à la réforme de la justice, au respect des droits de l’homme, y compris l’autonomisation des femmes et leur pleine participation à la prise de décisions, et à la poursuite du renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne de sorte qu’elle puisse améliorer les conditions de sécurité dans le pays ». 

Enfin, le Conseil prend note de la nouvelle stratégie de lutte contre le choléra en Haïti et de « la réduction constante des cas présumés de maladie ».  En début de séance, le Conseil a observé une minute de silence en mémoire des victimes des attaques qui ont frappé Mogadiscio, en Somalie, samedi dernier. 

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (S/2017/840)

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le mandat de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) s’étant achevé le 15 octobre 2017, le Conseil de sécurité saisit cette occasion pour saluer les progrès accomplis par Haïti depuis 2004.

Le Conseil prend note du rapport du Secrétaire général en date du 5 octobre (S/2017/840) ainsi que des évaluations, des recommandations et des enseignements tirés de l’expérience qui y figurent. Il entend en tenir compte dans le cadre des travaux qu’il continue de mener pour améliorer l’efficacité globale des transitions et des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Rappelant les résolutions 2350 (2017) et 2313 (2016), le Conseil accueille avec satisfaction les progrès notables accomplis par Haïti vers la stabilité et la démocratie. Il note les améliorations apportées au renforcement de la sécurité et de la situation humanitaire. Il salue également les élections présidentielles qui se sont tenues en 2016 et 2017 et ont ouvert la voie à la consolidation des institutions démocratiques haïtiennes grâce à un transfert pacifique du pouvoir.

Le Conseil salue la contribution apportée par la MINUSTAH au rétablissement de la sécurité et de la stabilité en Haïti au cours de ces 13 années.  Il remercie l’équipe de pays des Nations Unies pour l’œuvre accomplie sous la direction des Représentants spéciaux du Secrétaire général, ainsi que le personnel de la MINUSTAH pour son dévouement.  Il remercie également les pays contributeurs de contingents ou de personnel de police pour leur soutien au cours des années.

Le Conseil rappelle qu’il incombe au premier chef au Gouvernement haïtien d’assurer la stabilité du pays et réaffirme en particulier que le règlement pacifique doit passer par le dialogue politique, qui contribuera à désamorcer les tensions entre groupes rivaux et à répondre aux revendications socioéconomiques. Il souligne que la priorité doit être accordée au renforcement de l’état de droit, à la réforme de la justice, au respect des droits de l’homme, y compris l’autonomisation des femmes et leur pleine participation à la prise de décisions, et à la poursuite du renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne de sorte qu’elle puisse améliorer les conditions de sécurité dans le pays, objectifs dont la réalisation est indispensable à la stabilité à long terme. En outre, le Conseil se dit confiant que la nouvelle mission travaillera en étroite collaboration avec le Gouvernement haïtien, auquel il demande de faciliter l’exécution du mandat de la mission et son fonctionnement.

Le Conseil prend note de la nouvelle stratégie de lutte contre le choléra en Haïti et de la réduction constante des cas présumés de maladie.

Le Conseil réitère son appui à la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et affirme qu’il importe d’aider les victimes de l’exploitation et des atteintes sexuelles.

Le Conseil insiste sur le fait qu’un travail important reste à faire pour améliorer la sécurité à long terme en Haïti, ainsi que la démocratie et le développement durable.  Il souligne qu’il faut continuer d’appuyer le pays, au moment où il aborde une nouvelle phase de l’action  des Nations Unies, et se félicite des travaux de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) visant à consolider les progrès accomplis pendant que Haïti se prépare au retrait des forces de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Conseil se félicite de l’utilisation de différents instruments pour aider Haïti à faire face à ses défis politiques, économiques, sociaux et de sécurité.  Il insiste sur le fait que pour continuer d’appuyer les efforts déployés par le Gouvernement haïtien en faveur de la consolidation et de la pérennisation de la paix, la MINUJUSTH doit établir un plan de deux ans comportant des objectifs précis visant au retrait des forces de maintien de la paix.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: les moyens d’empêcher la militarisation de l’espace divisent les délégations de la Première Commission

Soixante-douzième session,
16e séance – matin
AG/DSI/3583

Désarmement: les moyens d’empêcher la militarisation de l’espace divisent les délégations de la Première Commission

Les délégations de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ont exprimé, ce matin, leurs divergences de vues en matière de prévention de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.

L’Union européenne (UE) et certains de ses membres, d’un côté, et la Fédération de Russie et la Chine, de l’autre, ont ainsi plaidé en faveur de mesures différentes pour réduire le risque d’une course aux armements dans l’espace, cela dans un contexte sécuritaire international dégradé. 

Pour le représentant russe, le projet sino-russe de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux, que défendent les deux pays depuis 2008, « constitue toujours une bonne base à des pourparlers, à Genève, sur le risque de militarisation de l’espace ». 

Plaidant lui aussi pour que ce projet bénéficie du plus large consensus possible, son homologue chinois a expliqué que le projet de résolution sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace prévoit la création d’un groupe d’experts gouvernementaux de l’ONU qui tiendrait deux sessions de deux semaines à Genève, en 2018 et 2019, afin de formuler des recommandations sur un instrument juridiquement contraignant de prévention d’une course aux armements dans l’espace « sous tous ses aspects ».  Le représentant a précisé que les conclusions du groupe seraient ensuite transmises à la Conférence du désarmement, ce qui permettrait à cet organe, a-t-il dit, « de sortir de l’impasse par le haut ». 

Or, pour la Russie, « nos partenaires occidentaux ne semblent pas vouloir travailler sérieusement sur la question du placement d’armes dans l’espace ».  Assurant que le projet de résolution sino-russe permettrait à la communauté internationale à travailler plus en profondeur sur ce « sujet majeur », il a souligné que sa mise en œuvre contribuerait de surcroît à préserver l’intégrité environnementale du milieu spatial.

Le représentant de l’Australie s’est cependant soucié du fait que les initiatives sino-russes ne font aucune mention des menaces posées par les armes au sol antisatellites, ni par les lasers à haute énergie, et qu’elles échouent aussi à définir correctement une arme spatiale, ce qu’il a jugé problématique compte tenu du haut degré de double usage des technologies spatiales.  « La confusion sur la définition pourrait conduire des pays à faussement considérer qu’un autre a placé des armes dans l’espace », a-t-il notamment mis en garde.

À l’instar de nombreuses délégations, l’Australie a estimé que les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales offrent la meilleure chance d’améliorer rapidement la sécurité et la viabilité de l’espace extra-atmosphérique, et d’obtenir une plus large adhésion.

« Elles ne limitent pas l’utilisation de l’espace à des fins pacifiques et n’imposent aucun prérequis qui pourrait être un obstacle aux activités spatiales des pays en développement », a notamment indiqué le délégué.

À son tour, la représentante de l’Union européenne a déploré que le projet sino-russe ne repose pas sur une discussion ouverte sur les questions de sécurité, de sureté et de durabilité de l’activité spatiale. 

Plaidant en faveur d’une approche globale, qui appréhende les aspects tant civils que militaires des activités spatiales, elle a souligné que les mesures de transparence et de confiance permettraient de véritablement « renforcer la sécurité, la sureté et la durabilité des activités spatiales ». 

Lui emboitant le pas, la représentante de la France a d’ailleurs rappelé que la pertinence de ce type de mesures avait été relevée par le Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’étudier les moyens de favoriser des mesures de transparence et de confiance dans les activités spatiales.  Prônant « des réponses efficaces et pragmatiques », la France a indiqué promouvoir aussi des normes visant à orienter le comportement des acteurs dans l’espace. 

La représentante française a également douté de la pertinence des initiatives de prévention du déploiement en premier d’armes dans l’espace, précisant que « la France, sans s’opposer a priori à des approches juridiques, privilégie des propositions immédiatement applicables pour répondre dans l’urgence à la détérioration rapide de l’espace extra-atmosphérique ». 

Pour sa part, le représentant des États-Unis s’est dit préoccupé par le comportement de pays qui, « tout en mettant au point et en développant des capacités antisatellites, plaident pour le non-placement en premier d’armes dans l’espace ».  Selon lui, « la priorité doit être de trouver une parade à la menace posée par le déploiement d’armes antisatellites terrestres ».

Plusieurs délégations, à l’instar de l’Indonésie, au nom des 120 États du Mouvement des pays non alignés, et du Pakistan, ont toutefois jugé que les mesures défendues par l’Union européenne et l’établissement de codes de conduite ne pouvaient se substituer aux obligations qu’instaurerait un instrument juridiquement contraignant.  Elles ont également appelé au renforcement de la coopération internationale pour que les pays en développement puissent exercer leur droit aux usages pacifiques de l’espace extra-atmosphérique. 

La Première Commission a également achevé, en début de séance, son débat thématique sur les armes de destruction massive, l’occasion pour le représentant de la Russie de déclarer que l’élimination totale de l’arsenal chimique russe représente un « jalon historique pour l’ensemble de la communauté internationale ».  Il a également vivement dénoncé toute tentative de remise en cause des résultats obtenus par la Syrie en matière d’élimination de son « potentiel d’armes chimiques ».

La Commission poursuivra son débat thématique demain, mercredi 18 octobre, à 10 heures.

QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION DÉPOSÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Suite du débat thématique sur les armes de destruction massive 

Mme WARRIES (Afrique du Sud) a déclaré que l’élimination de toutes les armes de destruction massive doit être la priorité pour la communauté internationale.  Si elle a salué les progrès significatifs réalisés en matière de destruction des armes chimiques, elle a toutefois constaté qu’il reste beaucoup de travail à faire afin d’éliminer les stocks de vieilles armes chimiques qui menacent les populations et l’environnement.  Après avoir félicité la Russie pour avoir éliminé ses propres stocks, elle s’est attardée sur la situation en République arabe syrienne, se disant inquiète de l’usage d’agents toxiques sur le terrain.  Elle a jugé essentiel que toutes les conclusions soient tirées sur ces attaques et que le travail du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’ONU se poursuive.  L’Afrique du Sud a par ailleurs confirmé son engagement dans la lutte contre les armes biologiques et plaidé pour une meilleure coordination internationale à ce sujet.

M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a considéré que la Convention sur l’interdiction des armes chimiques a déjà fait ses preuves, citant notamment l’élimination de l’arsenal chimique russe, « la plus importante du monde ».  Ce faisant, la Russie a prouvé son attachement à un respect strict des accords internationaux, a affirmé le représentant.  « Maintenant que ce travail de titan est derrière nous, on peut dire que cela constitue un jalon historique pour l’ensemble de la communauté internationale, a-t-il poursuivi, mais nous ne pouvons pas pour autant nous reposer sur nos lauriers ».  Appelant les pays toujours détenteurs de ces armes à suivre l’exemple russe, il a notamment pointé du doigt, sans le nommer, « un état signataire de la Convention sur les armes chimiques qui reste le pays possédant le plus d’armes de ce type ».

Poursuivant, le représentant a avoué ne pas comprendre ceux qui essaient de remettre en cause les résultats obtenus par d’autres pays comme la Syrie.  « Dans des conditions très difficiles, elle a liquidé son potentiel chimique, a-t-il assuré.  Aucun État n’a accompli une telle chose, et c’est pourquoi toute insinuation ou remise en cause est inacceptable. »  Il a rappelé à ce sujet que la Russie est toujours favorable à une enquête détaillée et impartiale sur l’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne, et a appelé à user de tous les moyens pour prélever des échantillons et interroger les témoins afin de faire lumière sur les faits.  « Dans le cas contraire, a-t-il prévenu, nous aurions des soupçons quant aux partis pris de certains ».  Le délégué a regretté que certains États tentent de désigner les coupables avant même la fin de l’enquête officielle, dénonçant une tentative dangereuse de renversement des autorités syriennes, comme en Irak ou en Libye.  Sur la question de la Convention sur les armes biologiques, il a appelé tous les États à adopter un programme de travail en décembre en prévision de la Conférence d’examen de 2020.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éviter la répétition des tragédies du passé.  Selon elle, la paix et la sécurité ne peuvent être obtenues durablement si l’on continue à posséder des armes de destruction massive.  Elle a mis l’accent sur l’urgence d’empêcher que des terroristes ne mettent main sur des armes de ce type, plaidant pour une pleine mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la non-prolifération d’armes de ce type.  La représentante a assuré que son pays respecte ses obligations juridiques internationales en matière de non-prolifération des armes de destruction massive, en particulier par le biais d’activités entreprises et financées dans le cadre de la Convention sur les armes biologiques.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a estimé que le moyen le plus efficace de renforcer la Convention sur les armes chimiques (CIAC), était de reprendre les négociations sur l’élaboration d’un protocole multilatéral et juridiquement contraignant.  Le Représentant a rappelé que son pays était celui qui avait le plus souffert de l’emploi d’armes, précisant qu’entre 1980 et 1988, plus de 100 000 citoyens iraniens ayant été « martyrisés ou blessés » par ces armes.  Il a affirmé que « l’armée de Saddam », n’avait pu, de toute évidence, produire seule ces armes.  Le représentant a déclaré que les États-Unis avaient aidé le régime de Saddam Hussein à développer son programme d’armes chimiques.  « Les entreprises d’armement n’auraient jamais pu transférer leur production sans l’assentiment et l’autorisation des Gouvernements américains », a-t-il notamment avancé.  Enfin, il a appelé à l’universalisation de la Convention, en exhortant en particulier Israël à adhérer sans délais à cet instrument. 

Débat sur l’espace extra-atmosphérique (Aspects liés au désarmement)

Mme ANGGI SAZIKA JENIE (Indonésie), au nom du Mouvement des pays non alignés, a réitéré son appel en faveur d’un instrument juridiquement contraignant pour prévenir toute course aux armements dans l’espace, négocié sous la houlette de la Conférence du désarmement.  Elle a rappelé l’attachement de son groupe à une utilisation exclusivement pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  Tout code de conduite pour les activités dans l’espace atmosphérique doit se mettre en accord avec les mandats des organes concernés au sein des Nations Unies, et doit être inclusif et transparent, basé sur le consensus, avec des échéances précises, a affirmé en substance Mme Jenie.  Elle a également appelé à tenir compte des intérêts de tous les États, peu importe leur niveau de développement.  Mme Jenie a ensuite réaffirmé le besoin d’une approche globale et multilatérale non discriminatoire pour traiter la question des missiles.  « Toute initiative dans ce domaine doit prendre en considération les préoccupations sécuritaires de tous les États et leur droit à des utilisations pacifiques de l’espace », a-t-elle estimé.

Au nom du Groupe des États arabes, M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen) a estimé qu’il est important de protéger l’espace en le consacrant à des usages pacifiques.  Il a appelé à définir l’espace extra-atmosphérique comme le patrimoine de toute l’humanité et à statuer définitivement sur son universalité.  Le représentant a également estimé que toute action pour régir l’espace extra-atmosphérique doit prendre en compte l’intérêt de tous les États, appelant notamment l’adoption d’un mécanisme juridiquement contraignant destiné à combattre la militarisation de l’espace.  Il a aussi appelé à renforcer la coopération internationale pour appuyer l’utilisation pacifique de l’espace en y intégrant notamment les pays en développement.

Mme JUDIT KOROMI, de l’Union européenne (UE), a rappelé que l’Europe disposait de deux programmes spatiaux importants, Galileo et Copernic, qui complètent les programmes nationaux et fournissent aux États membres de l’Union des services destinés notamment à faciliter la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a ajouté que les acteurs de l’espace européen aidaient de plus en plus activement les autres pays à disposer des moyens nécessaires à une utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  La représentante a indiqué que, dans un contexte marqué par l’accroissement des activités spatiales, la multiplication des opérateurs et les risques de militarisation de l’espace, il devenait nécessaire de mettre au point de nouvelles normes et modes de gouvernance des activités humaines dans ce milieu.  Pour elle, les mesures de transparence et de confiance représentent les moyens les plus sûrs de renforcer la sécurité, la sureté et la durabilité des activités spatiales.  Elle a ainsi plaidé en faveur d’une approche globale, appréhendant les aspects tant civils que militaires des activités spatiales, complétant le droit international pertinent en vigueur.

Poursuivant, la représentante a fait part de son ferme appui au Groupe de travail du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) sur la viabilité à long terme des activités extra-atmosphériques, se félicitant des progrès tangibles réalisés par celui-ci avec, notamment la conclusion, en 2016, des négociations sur une première série de normes.  Elle a indiqué que l’UE est prête à travailler avec tous les partenaires intéressés en vue de conclure des négociations sur les lignes directrices restantes d’ici à juin 2018.  S’agissant de la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, la représentante a déploré que la Chine et la Fédération de Russie, qui ont proposé la création d’un groupe d’experts gouvernementaux chargé de réfléchir à la faisabilité d’un instrument juridiquement contraignant, ne prévoyaient pas de discussion élargie sur les questions de sécurité, de sûreté et de durabilité de l’activité spatiale.  Pour elle, toute initiative visant à empêcher une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique doit se développer à partir de l’instauration d’un climat de confiance mutuelle et de transparence.

M. ARTSIOM TOZIK (Bélarus), au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a rappelé l’attachement de l’organisation au non-déploiement d’armes dans l’espace et a salué les efforts déployés par les États Membres de l’ONU pour empêcher une course à l’armement dans l’espace.  Il a dit appuyer le projet de résolution relatif à l’élaboration d’une convention sur la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et a engagé les États Membres à faire preuve de volonté politique et d’un sens des responsabilités pour la faire aboutir.

Mme SABRINA DALLAFIOR MATTER (Suisse) a estimé que les normes internationales doivent être renforcées en matière de régulations spatiales pour préserver l’espace de tout conflit.  Alors que le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) vise à renforcer la viabilité à long terme des activités spatiales, peu de résultats concrets ont été enregistrés, a-t-elle noté.  En la matière, c’est la transparence des activités spatiales et la confiance entre États qui jouent un rôle essentiel.  La Suisse a d’ailleurs salué la proposition que la Commission du désarmement s’empare de ce sujet.  Pour favoriser une prévention de la course aux armements dans l’espace, la Suisse soutient la création d’un instrument international juridiquement contraignant.  À ce titre, la représentante a considéré que le projet de traité soumis par la Russie et la Chine constitue une bonne base de discussion, « même si de nombreux points méritent un approfondissement ».  Elle a estimé qu’un tel traité devrait notamment bannir les essais et le développement d’armes anti satellitaires basées sur le sol terrestre.  Si la Suisse a apprécié l’organisation d’une deuxième réunion conjointe entre la Première et la Quatrième Commission elle est d’avis qu’il faudrait pouvoir travailler, de façon régulière et approfondie, sur les questions de sécurité spatiale et de viabilité à long terme des activités spatiales.  « Seul un effort global, inclusif et universel garantira la paix dans l’espace pour nos générations actuelles et futures », a-t-elle souligné.

M. YERZHAN KUATBEKOV (Kazakhstan) s’est dit convaincu que le placement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique se fera à l’avantage d’un petit nombre.  « Nous devons nous assurer que de telles armes ne mettent pas en péril la structure des accords sur la limitation des armes, particulièrement dans le domaine des missiles nucléaires », a-t-il ajouté.  Il a appuyé la proposition commune de la Chine, de la Russie et des États-Unis pour l’élaboration de mesures de confiance et de transparence dans les activités spatiales.  Le Kazakhstan appuie aussi entièrement le projet de traité sur la prévention du placement d’armes dans l’espace, introduit par la Chine et la Russie à la Conférence du désarmement en 2008 et 2014.  Le représentant a cependant estimé que certaines clauses de ce projet ne prenaient pas en considération les intérêts de toutes les parties et a jugé nécessaire de le renforcer.

Poursuivant, il a aussi indiqué que le Kazakhstan soutenait pleinement la proposition de la Chine et de la Russie de mettre en place un groupe d’experts chargés d’élaborer des mesures juridiquement contraignantes pour empêcher une course aux armements dans l’espace.  Enfin, le représentant du Kazakhstan a assuré que son pays n’avait aucune intention de développer des armes spatiales, « ni aujourd’hui, ni dans le futur ».  Au contraire, le Baïkonour, qui est le premier et le plus grand des cosmodromes du territoire, développe activement un programme spatial civil qui comprend la création d’un complexe pour les fusées.  À cet égard, le Kazakhstan a rappelé son engagement continu envers les lignes directrices du Régime de contrôle de la technologie des missiles (RCTM).

M. JEFFREY L. EBERHARDT (États-Unis) a rappelé que son pays avait appuyé toutes les résolutions de l’Assemblée générale encourageant la communauté internationale à mettre en œuvre les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales.  Il a salué à ce propos le fait que les recommandations du Groupe d’experts aient été discutées dans trois organes de l’ONU, la Conférence du désarmement, la Commission du désarmement et le Comité sur les usages de l’espace à des fins pacifiques.  Par ailleurs, le représentant américain s’est dit très préoccupé par le comportement de pays qui, tout en mettant au point et développant des capacités antisatellites, plaident pour le non-placement en premier d’armes dans l’espace.  La communauté internationale n’est pas en mesure de confirmer la pertinence et la viabilité d’un tel engagement politique, a-t-il dit, estimant que la poursuite de l’effort dit de non-placement en premier ne contribuerait en rien à renforcer la stabilité dans l’espace.  La priorité doit être de trouver une parade à la menace posée par le déploiement d’armes antisatellite terrestres, a-t-il déclaré.

M. DARREN HANSEN (Australie) a annoncé que son pays avait l’intention de créer une agence spatiale nationale pour mieux coordonner ses intérêts croissants dans ce domaine.  Il a jugé nécessaire d’examiner le cadre juridique existant relatif à l’espace extra-atmosphérique afin d’en combler ses lacunes les plus substantielles, à commencer par l’absence d’interdiction de déploiement d’armes classiques dans l’espace et d’utilisation d’armes au sol antisatellites ou de lasers à haute énergie.  Il a aussi appelé à interdire toutes activités qui créent des débris spatiaux.  Il a indiqué que pour atteindre ces objectifs, l’Australie table non pas sur la création d’un instrument juridiquement contraignant, mais sur le développement de mesures de confiance et de transparence.  Le représentant a aussi fait part de ses préoccupations concernant le projet du traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux, ainsi que sur l’initiative « pas de déploiement en premier ».  Ces initiatives ne font aucune mention des menaces posées par les armes au sol antisatellites, ni sur les lasers à haute énergie, a-t-il constaté, et elles échouent aussi à définir correctement une arme spatiale, ce qui est problématique compte tenu du haut degré de double usage des technologies spatiales.  « La confusion sur la définition pourrait conduire des pays à faussement considérer qu’un autre a placé des armes dans l’espace » a-t-il mis en garde.

Pour lui, les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales sont la meilleure chance d’améliorer rapidement la sécurité et la viabilité de l’espace extra-atmosphérique, et d’obtenir une plus large adhésion.  « Elles ne limitent pas l’utilisation de l’espace à des fins pacifiques et n’imposent aucun prérequis qui pourrait être un obstacle aux activités spatiales des pays en développement » a observé M. Hansen.  Le représentant a ensuite indiqué que son pays soutenait la proposition soumise par la Chine, la Fédération de Russie et les États-Unis pour que les mesures de confiance et de transparence soient inscrites au programme de travail de la prochaine session de la Commission du désarmement.

M. NOBUSHIGE TAKAMIZAWA (Japon) a constaté que l’augmentation du nombre de satellites dans l’espace engendre non seulement une congestion, mais aussi un plus grand volume de débris, avec des risques de dégâts en cas de collision.  Il a appelé à travailler de concert pour atténuer les risques et les dangers qui menacent la stabilité des activités extra-atmosphériques, engageant les États Membres à avoir un « comportement responsable ».  À cet égard, il s’est dit inquiet du développement des capacités des armes antisatellites.

Soulignant que les activités spatiales japonaises ont toujours été pacifiques, le représentant a indiqué que le Japon avait participé aux discussions sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace au sein de la Conférence du désarmement, y compris au sein du groupe de travail sur la voie à suivre, établi cette année.  Il a réitéré l’attachement de son pays aux mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales.  Il a ensuite demandé à la communauté internationale d’aborder en priorité la question des armes antisatellites, dont le développement et le déploiement « sont bien réels et n’ont rien d’abstraits ».  Concernant les débris spatiaux, le représentant a indiqué que son pays intensifiera ses efforts dans le domaine de la connaissance de l’environnement spatial et mettra au point des technologies visant à les supprimer.

M. ENRIQUE JOSÉ MARÍA CARRILLO GÓMEZ (Paraguay) a plaidé en faveur du plein respect du régime juridique international relatif à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique et a appelé à conclure les négociations et à prendre les mesures appropriées pour éviter une course à l’armement dans l’espace.  Si l’on veut prévenir une telle course, il faudrait aboutir à des propositions concrètes de mesures de mise en confiance et autres recommandations, a-t-il préconisé.

Il a également souligné les « vertus » de l’exploration de l’espace et des applications de la science et la technologie à des fins pacifiques, ajoutant que la contribution des communications par satellite, des systèmes d’observation de la Terre et des technologies de navigation satellitaires n’avait pas de pareil pour le développement durable, la gestion des catastrophes et les réponses d’urgence.

Il a exhorté toutes les délégations à œuvrer de concert pour tirer profit et intensifier les possibilités offertes par la coopération internationale en matière d’exploration de l’espace extra-atmosphérique, ainsi que de développement et d’application de la science et la technologie spéciale.  Le Paraguay pour sa part a créé l’Agence spatiale du Paraguay, composée d’institutions publiques et privées, dans le but de promouvoir et d’exécuter des politiques de développement d’activités spatiales nationales et d’utiliser l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques.  

M. ERIC B. HUSEM (Norvège) a indiqué qu’en juillet de cette année, la Norvège avait lancé deux satellites pour appuyer la surveillance du trafic maritime, la gestion de la pêche et la conduite d’opérations de sauvetage en mer du Nord.  Soulignant que son pays possède aussi une structure de lancement de fusée, une communauté scientifique vivante et une industrie compétitive, il a estimé que la Norvège avait maintenant le statut de puissance spatiale.  Le représentant a ensuite constaté que les cadres de gouvernance garantissant l’utilisation pacifique de l’espace à toutes les nations étaient actuellement sous pression, donnant pour exemple le nombre de résolutions sur l’espace considérées cette année par la Première Commission.  Il a cependant jugé qu’il fallait aussi explorer d’autres voies, comme les mesures de transparence et de confiance dans le domaine des activités spatiales.  Un accord non contraignant négocié au sein des Nations Unies et modelé sur le Code de conduite pour les activités menées dans l’espace extra-atmosphérique, tel que proposé par l’Union européenne, est à son avis une des voies à suivre.  M. Husem a mis en évidence le Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques.  « Il est dans l’intérêt de toute la communauté mondiale de protéger l’environnement spatial pour les générations futures » a-t-il souligné, en communiquant que son pays, avec cet arrière-plan en tête, avait proposé cette année sa candidature pour rejoindre le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS). 

M. BASSEM HASSAN (Égypte) a estimé que la régulation spatiale ne devait en aucun cas limiter les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique par les États, tout en garantissant qu’aucun État ne s’en serve pour améliorer sa propre sécurité aux dépens de celle des autres.  Rappelant que le Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 représente une bonne base, il a constaté qu’il y avait un besoin évident de disposer d’un instrument juridiquement contraignant, soulignant que la Conférence du désarmement demeure le meilleur endroit pour négocier ces normes.  À ce titre, l’Égypte a indiqué qu’elle présentera son traditionnel projet de résolution sur la prévention de la course à l’armement dans l’espace extra-atmosphérique.  Elle a conclu en exhortant la communauté internationale à améliorer la disponibilité et l’efficacité de l’assistance technique et technologique à destination de tous les pays du monde, spécialement les pays en développement.

M. FARUKH AMIL (Pakistan) a estimé que le projet sino-russe de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux, présentait pour la première fois en 2008 et mis à jour en 2014, représente toujours une base solide à l’ouverture de négociations de fond à la Conférence du désarmement.  Selon lui, le lancement des travaux de fond sur un tel projet permettrait à la Conférence de sortir de l’impasse.  Le représentant a également salué la proposition de projet de résolution russe relatif au non-placement en premier d’armes dans l’espace, ainsi que le consensus qui prévaut depuis plusieurs années autour des recommandations du Groupe d’experts sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales.  Néanmoins, il a jugé que de telles mesures et l’établissement de codes de conduite ne pouvaient se substituer aux obligations qu’instaurerait un instrument juridiquement contraignant.  Il a par conséquent réitéré son appel à l’ouverture de négociations, à Genève, sur un traité juridiquement contraignant sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace.

M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a souligné que l’espace joue un rôle significatif pour le développement social et économique des nations.  Étant donné les évolutions technologiques, a-t-il poursuivi, nous avons besoin d’un environnement de confiance et de sécurité.  Assurant que, comme d’autres, l’Algérie veut utiliser l’espace à des fins pacifiques pour son peuple, il s’est inquiété de la militarisation de l’espace.  Selon le délégué, la course aux armements aurait des effets négatifs sur la sécurité internationale, notamment si un système antibalistique venait à être positionné dans l’espace.  Autant de préoccupations qui prouvent, à ses yeux, que la juridiction en la matière comporte des lacunes.  C’est pourquoi l’Algérie a promu un cadre juridique pour les combler, appuyé la proposition russo-chinoise.  Le représentant a aussi salué l’adoption, par l’Assemblée générale, de la résolution sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace, ainsi que les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux sur les mesures de transparence et de confiance.  Pour l’Algérie, les mesures volontaires de promotion de la transparence et de la confiance sont un atout, mais ne sauraient remplacer un traité juridiquement contraignant empêchant une course aux armements dans l’espace qui répondrait aux inquiétudes des États.

M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a estimé que la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique ne doit pas être un frein à l’exploitation des ressources spatiales à des fins pacifiques.  À cet égard, il a affirmé que le projet sino-russe de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux, constitue une bonne base à des pourparlers, à Genève, contre le risque de militarisation de l’espace.  Il a déploré le fait que « nos partenaires occidentaux ne semblent pas vouloir travailler sérieusement sur la question du placement d’armes dans l’espace ».  Or, a-t-il soutenu, notre projet de résolution L.54 permettrait précisément de travailler plus en profondeur sur ce sujet majeur et, ce faisant, contribuer à relancer les activités de négociation de la Conférence du désarmement.  Le représentant a ensuite insisté sur le fait que la communauté internationale « a besoin d’un effort multilatéral sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace extra-atmosphérique ».  Il a annoncé que 17 États appuient déjà cette idée, qui, concrétisée, permettrait de maintenir « une position nationale forte et de préserver l’intégrité environnementale du milieu spatial ».

Mme ALICE GUITTON (France) a déclaré que l’action de la communauté internationale dans le domaine spatial devait être transversale, et prendre en compte la nature duale des activités spatiales.  Les réponses apportées doivent être efficaces et pragmatiques, et pouvoir apporter des bénéfices concrets, mesurés et durables, a-t-elle ajouté.  Mme Guitton a également insisté sur l’importance d’inscrire l’action collective dans le cadre plus global de la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.  La France promeut à cette fin l’adoption de mesures de confiance et de transparence, ainsi que l’adoption de normes visant à orienter le comportement des acteurs dans l’espace, a-t-elle encore noté.  Elle a rappelé que la pertinence de ce type de mesures avait été relevée dans le rapport du Groupe d’experts gouvernementaux adopté par consensus en 2014.  La représentante a ensuite partagé les doutes exprimés quant à l’effectivité d’initiatives dites de prévention du déploiement en premier d’armes dans l’espace, la France, sans s’opposer a priori à des approches juridiques, privilégiant des propositions immédiatement applicables pour répondre dans l’urgence à la détérioration rapide de l’espace extra-atmosphérique.  Mme Guitton a par ailleurs salué les progrès enregistrés par le Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales, et rappelé que doivent être conclus, d’ici à juin prochain, les travaux du Groupe, y compris la création d’un dispositif de suivi de l’application des lignes directrices.  Il faut traduire en termes politiques l’engagement de tous en faveur d’une conduite responsable dans l’espace, a-t-elle insisté.

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a estimé que l’espace extra-atmosphérique n’était plus l’exclusivité des pays développés, mais un domaine global, où beaucoup de pays consacrent des efforts pour développer leur indépendance dans les sciences et les technologies spatiales.  « Le développement spatial de la RPDC est dans la droite ligne de la politique du parti et de l’État qui reflète le vœu unanime du peuple », a-t-il indiqué, précisant que le but des activités spatiales de son pays était « d’accélérer le développement de l’économie nationale et d’améliorer le niveau de vie de sa population.  « La RPDC adhère au principe de l’indépendance et de l’autonomie spatiale », a encore ajouté le représentant, précisant que les sciences et les technologies spatiales étaient considérées par « le suprême leader Kim Jong Un » comme « un critère important pour mesurer le pouvoir national » et impliquaient donc la fabrication et le lancement de plus de satellites ».  Il a précisé que « en dépit des efforts déployés par des forces hostiles pour y faire obstruction », la RPDC allait continuer d’améliorer et de lancer des satellites d’observation dans le cadre de son plan quinquennal 2016-2020.

Déplorant une militarisation de l’espace, le représentant a ensuite dénoncé « le déploiement mondial de « missiles de défense » des États-Unis et le lancement incessant de satellites espions », les qualifiant « d’actes d’une extrême dangerosité conduisant à une militarisation de l’espace ».  « La RPDC est résolument opposée à toute militarisation de l’espace », a-t-il insisté, appelant à la mise en œuvre d’un instrument juridiquement contraignant dans ce domaine.  Il a aussi apporté son soutien aux projets de résolutions portant sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace  et sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace. 

M. SHUAIB MAHOMED (Afrique du Sud) a rappelé les bénéfices de l’exploration pacifique de l’espace et l’importance de ne pas en faire une nouvelle zone de conflit, soutenant le projet sino-russe de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux.  Il a estimé que ce projet pouvait servir de base pour lancer des négociations sur un texte juridiquement contraignant au sein de la Conférence du désarmement.

Il a rappelé ensuite que le meilleur moyen d’empêcher une militarisation de l’espace et de préserver le caractère pacifique des activités qui y sont déployées, restait la coopération et le dialogue internationaux, afin de développer des normes dans un cadre multilatéral incluant tous les États intéressés par cette question.

Il a déploré que certains États expliquent qu’il n’existe pas de course aux armements dans l’espace pour arguer qu’il est prématuré de se pencher sur le problème de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.  « Pour ma délégation, il est clair que la militarisation de l’espace par un acteur en mènerait d’autres à en faire autant, ce qui conduirait de fait à une course aux armements », a-t-il expliqué, soulignant qu’il ne fallait pas attendre que l’espace soit « militarisé pour agir ».  Il a donc soutenu le lancement, au plus vite, de négociations au sein de la Conférence du désarmement sur la mise en place d’un instrument juridiquement contraignant sur la Prévention d’une course aux armements dans l’espace. 

Pour Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba), l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique doit se faire dans l’intérêt de tous les pays.  Dans ces conditions, Cuba s’est dit inquiet d’une potentielle course aux armements dans l’espace.  « L’espace ne peut devenir un champ de bataille, a-t-elle affirmé.  Nous avons donc besoin de renforcer le régime juridique dans l’espace pour entraver sa militarisation et empêcher que les pays y entreposent des armes. »  Estimant que le projet de traité présenté par la Russie et la Chine constitue une bonne base de négociation, elle a expliqué que cet instrument permettrait d’interdire la menace d’utilisation de la force contre les satellites et de mettre en place les mesures de confiance et de transparence adéquates.

La représentante a par ailleurs fait observer que le développement des sciences spatiales et leurs applications sont d’une grande importance, et peuvent utilement contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi qu’à la prévention des catastrophes. Consciente que ces évolutions de la technologie peuvent également menacer la sécurité, la déléguée a condamné les réseaux de satellites espions qui « continuent de saturer l’orbite géostationnaire ».  Elle a plaidé pour le droit à tous les États d’accéder à l’espace et au transfert des technologies spatiales.

M. SUN LEI (Chine) a indiqué que, cette année, la Chine et la Russie s’étaient associées pour parrainer le projet de résolution sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace.  L’objectif est la création d’un groupe d’experts gouvernementaux de l’ONU qui tiendrait deux sessions de deux semaines à Genève, en 2018 et 2019, a-t-il précisé, rappelant que le mandat de ce groupe serait de formuler des recommandations sur un instrument juridiquement contraignant de prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, y compris la prévention du placement d’armes à ce niveau.  Le groupe d’experts tiendrait également deux séances informelles de consultations à New York, en 2019, afin de permettre à tous les États Membres de participer à un échange interactif et inclusif, a-t-il encore dit.  Le représentant a souligné que les conclusions du groupe seraient ensuite transmises à la Conférence du désarmement, ce qui permettrait à cet organe de sortir de l’impasse « par le haut ».  Il a ainsi fait siens les propos de son homologue russe, et appelé les délégations de la Première Commission à appuyer par un large consensus le projet de résolution sur le non-placement en premier d’armes dans l’espace extra-atmosphérique.

M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh) a qualifié d’essentielle la création d’un instrument juridiquement contraignant pour empêcher la course à l’armement dans l’espace.  Il a aussi souligné la nécessité d’assurer une représentation équitable des régions, les pays ayant des capacités technologiques différentes en la matière.  En tant qu’État partie du Traité sur l’espace extra-atmosphérique, qui lancera bientôt son premier satellite de communication, le Bangladesh s’inquiète par ailleurs de la congestion dans l’espace et des dangers que cela pose pour la sécurité des missions spatiales.  Reconnaissant l’importance critique des mesures de confiance et de transparence, le délégué a demandé à ce qu’elles soient complétées par un cadre juridiquement contraignant.  Outre les efforts de désarmement dans l’espace, il a plaidé pour une meilleure coordination sur le sujet des débris spatiaux, appelant à ce que des initiatives importantes soient prises dans ce domaine.  Il a notamment demandé aux grandes puissances spatiales, « qui ont contribué à la concentration de ces débris », de faire des efforts.

M. KIM IN-CHUL (République de Corée) a souligné l’importance du développement de lignes directrices au sein du COPUOS, souhaitant qu’elles soient adoptées d’ici au cinquantième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique en 2018, ce qui, a-t-il affirmé, constituerait « une avancée majeure ».

Il a également souligné l’importance de renforcer la transparence et les mesures de confiance, saluant le travail du Groupe d’experts gouvernementaux sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales.  Il a rappelé son soutien au projet de résolution annuelle portant sur cette question.

Le représentant a ensuite qualifié de « déplorable » le fait que « la Corée du Nord aille à contre-courant » des efforts de la communauté internationale pour assurer la sécurité de l’espace.  Il a souligné que l’utilisation pacifique de l’espace est un droit qui est promu.  En revanche, ce qui est interdit pour tous les États, « et pas uniquement la Corée du Nord », a-t-il ajouté, sont les usages à des fins non-pacifiques, et les antécédents de la Corée du Nord démontrent clairement que ce qu’elle prétend être pacifique ne l’est pas.

Selon le délégué, la Corée du Nord a clairement donné des instructions pour développer plusieurs types de missiles balistiques capables de transporter des têtes nucléaires et « ces soi-disant lancements de satellites » n’étaient pas destinés à un usage pacifique de l’espace mais au développement de missiles balistiques.  Les tentatives de la « Corée du Nord » de faire passer ses activités interdites en une sorte d’utilisation pacifique de l’espace n’ont aucun fondement et doivent être dénoncées comme illégales, a-t-il affirmé.  Le représentant de la République de Corée a également affirmé que la Corée du Nord ne doit pas s’engager dans une quelconque coopération technique avec d’autres États Membres sur des lancements impliquant la technologie de missiles balistiques, même s’ils sont caractérisés comme des lancements de satellites.  La Corée du Nord, a-t-il encore insisté, n’a aucune revendication à faire en matière d’utilisation pacifique de l’espace autrement qu’en mettant en œuvres les résolutions du Conseil de sécurité.

M. HTIN LYNN (Myanmar) a estimé que la Conférence du désarmement doit être en mesure de jouer de nouveau un rôle déterminant dans la négociation d’accords multilatéraux sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique sous tous ses aspects.  Il a appuyé tous les efforts et propositions présentés à la Première Commission relatifs au point de l’ordre du jour consacré à ladite prévention, en particulier le projet de résolution sino-russe sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace.

Prenant la parole en sa capacité nationale, M. BEKTIKESUMA (Indonésie) a appuyé les projets de résolution présentés relatifs à la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, ainsi qu’au non-déploiement en premier d’armes dans l’espace.  Il a également réitéré que la Conférence du désarmement a un rôle majeur à jouer dans l’élaboration d’un outil juridiquement contraignant de prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique sous tous ses aspects.  Il a en outre soutenu la résolution 71/90 de l’Assemblée générale relative à la coopération internationale sur les usages pacifiques de l’espace.  La coopération internationale à ce niveau doit être inclusive et prendre en compte le degré de développement technique demandeur d’assistance, a-t-il souligné.

M. VINICIO MATI (Italie) a déclaré qu’alors que les applications spatiales offrent des ressources uniques dans les domaines de la croissance économique et de l’innovation, elles présentent aussi des défis importants en matière de changements climatiques et de gestion des risques associés aux catastrophes naturelles.  Il a plaidé à cet égard pour la mise en place d’un cadre normatif international efficace permettant d’assurer une utilisation sûre et durable de l’espace, tel que le projet de code de conduite pour les activités menées dans l’espace extra-atmosphérique de l’Union européenne. 

La mise en place d’un code de conduite international permettrait, selon M. Mati, d’assurer l’exploration pacifique et transparente de l’espace extra-atmosphérique, la prévention des débris, la coopération spatiale internationale et la préservation de l’environnement dans l’espace.  Il s’est dit convaincu que l’application des mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales représenterait un pas important dans l’atteinte de ces objectifs.  Enfin, il a réitéré son appui aux négociations menées par le Groupe de travail du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique en vue de parvenir à un accord en 2018.

M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATEROL (Venezuela) a appelé tous les États à respecter le principe universellement agréé de non-militarisation de l’espace.  Il a plaidé pour l’ouverture de négociations à la Conférence du désarmement sur un instrument juridiquement contraignant, basé sur le projet de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux.  À son tour, il a annoncé que son pays appuierait les projets de résolution sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace, notamment le projet russo-chinois sur le non-placement en premier d’armes à ce niveau.  La coopération internationale dans le domaine spatial doit permettre aux pays en développement d’exercer leur droit inaliénable à exploiter pacifiquement les ressources de l’espace extra-atmosphérique, a-t-il enfin souligné. 

M. SIMON CLEOBURY (Royaume-Uni) a indiqué que dans les 10 prochaines années, il sera possible de placer 16 000 satellites en orbite, contre seulement 7 000 placés pendant les 60 dernières années.  En février, a-t-il ajouté, l’Inde a battu le record du monde de satellites placés en un seul lancement (104).  Il s’est préoccupé de l’impact de ces accomplissements en matière de débris spatiaux.  Estimant qu’il y a environ 200 millions de débris autour de la terre, qui vont de petits fragments à des satellites désactivés, il a prévenu que l’augmentation du nombre de lancements ne pourra qu’aggraver cette situation, entraînant des risques de collision de plus en plus élevés.  Il a indiqué que des innovations technologiques existent pour effectuer ce genre de nettoyage, qui consistent à attraper, capturer et déplacer ces débris, mais qu’une utilisation hostile pourrait être faite de cette technologie.  C’est pourquoi, le Royaume-Uni s’implique dans le programme européen RemoveDebris qui projette de lancer une mission totalement transparente destiné à faire la démonstration des technologies nécessaires pour de futures missions de nettoyage de ce type.

Rappelant les propos de Youri Gagarine, « vue de l’espace la Terre semble trop petite pour les conflits, mais à la bonne taille pour la coopération », le délégué a insisté sur la volonté de son pays d’éviter des conflits dans l’espace, s’inquiétant du développement continue d’armes anti-satellitaires.  C’est pour remédier à ces risques et encourager une conduite responsable dans l’espace extra-atmosphérique que le Royaume-Uni appuie les mesures de transparence et de construction de la confiance.  Si le Royaume-Uni n’évacue pas la possibilité de signer un instrument juridiquement contraignant pour la régulation de l’espace, il reconnaît que de sérieux défis politiques, technologiques et pratiques doivent encore être relevés avant que des négociations sur un tel traité démarrent.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, comme d’autres États européens, le Royaume-Uni a des réserves sur le projet de traité sur la prévention du placement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique présenté durant la Conférence du désarmement.  Selon lui, ce projet ne s’attaque pas aux problèmes fondamentaux que sont, notamment, le développement des armes antisatellites basées sur Terre.

M. SERGIO MANRIQUE TREJO BLANCO (El Salvador) a réaffirmé l’engagement de son pays à contribuer à la réalisation du développement durable, y compris par le biais de l’exploitation à des fins pacifiques des ressources spatiales.  Face au risque de militarisation de l’espace, il a appuyé la tenue de négociations, à la Conférence du désarmement, d’un instrument juridiquement contraignant basé sur le projet sino-russe de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a expliqué que son pays soutenait de longue date les mesures de non-militarisation de l’espace et l’exploitation restreinte et juridiquement encadrée des ressources spatiales à des fins de développement socioéconomique.  Il a appuyé le projet de résolution sino-russe sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace ainsi que l’ouverture de négociations, à la Conférence du désarmement, sur un instrument juridiquement contraignant basé sur le projet sino-russe de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux.  Les mesures de confiance et de transparence dans ce domaine, pour légitimes qu’elles soient, ne sauraient se subsister à un outil juridiquement contraignant au service de la paix et du développement durable, a-t-il considéré. 

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a expliqué que la course aux armements dans l’espace fait courir des risques à la sécurité internationale.  À ses yeux, il importe de relancer les efforts internationaux pour éviter toute prolifération de tels systèmes de défense.  Il a rappelé que l’Iran continue d’appuyer le début d’un examen approfondi d’une prévention de la course aux armements dans l’espace dans le cadre de la Conférence du désarmement, tout en soulignant que « rien ne pourra remplacer un traité juridiquement contraignant interdisant une course au désarmement ».  Commentant par ailleurs le rôle de la technologie spatiale dans le développement durable, il a plaidé pour un meilleur partage de connaissances et estimé que la concentration technologique spatiale dans les mains de quelques pays n’était pas souhaitable.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que le développement de la Station spatiale internationale était un bon moyen de garantir la possibilité, pour les pays en développement, d’exercer leur droit à exploiter pacifiquement l’espace extra-atmosphérique.  Il a indiqué que l’exercice de ces droits réduit du même coup les dangers de militarisation de l’espace.  Le représentant a toutefois souligné qu’un important travail était requis d’urgence pour assurer que l’espace extra-atmosphérique ne devienne pas un autre théâtre de conflit.  Il a notamment appelé à garantir que le lancement de véhicules spatiaux ne soit pas utilisé pour placer, sous couvert, des missiles balistiques dans l’espace.

Droits de réponse

Dans un premier temps, le représentant de la Chine a pris note du fait que le Japon a indiqué, hier, qu’il compte renforcer sa participation au nettoyage d’armes chimiques encore ensevelies en territoire chinois.  Le délégué chinois l’a appelé à augmenter sa contribution le plus vite possible et à éliminer complètement ces armes.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a ensuite accusé la « Corée du Sud » de lancer des satellites espions militaires.  Il a affirmé que l’utilisation pacifique de l’espace concerne tous les pays de l’humanité.  Il a souligné que le développement pacifique de l’espace à des fins pacifiques est un droit reconnu et souverain, et que son pays est déterminé à exercer ce droit « quoi qu’en pensent les autres pays ».

Réagissant à l’intervention de la Fédération de Russie, le représentant des États-Unis a affirmé que son Gouvernement reste engagé à détruire son stock d’armes chimiques d’ici à 2023.  Il a aussi rappelé que son pays avait contribué financièrement à la destruction de l’arsenal chimique russe.

Le représentant de la République de Corée a souligné que la communauté internationale avait stipulé que la « Corée du Nord » ne devrait faire aucun usage de la technologie de missiles balistiques.  « Ce sont les nord-coréens qui sont responsables et c’est à eux de résoudre ce problème », a-t-il affirmé.

« La République de Corée n’a pas le droit de parler d’usages pacifiques de l’espace extra-atmosphérique », a rétorqué alors le représentant de la République populaire démocratique de Corée.

 

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La Troisième Commission dialogue avec le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, qui présente un vaste panorama des activités de ses services

Soixante-douzième session, 
20e séance – après-midi  
AG/SHC/4205

La Troisième Commission dialogue avec le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, qui présente un vaste panorama des activités de ses services

Dans de le cadre de son examen de la protection et la promotion des droits de l'homme, la Troisième Commission a dialogué aujourd’hui avec le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, qui a présenté un vaste panorama des activités de ses services, tout en annonçant que c’était sans doute la dernière fois qu’il se présentait devant la Commission.

En détaillant quelques-unes des activités menées par les 57 présences du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur le terrain de par le monde -bureaux nationaux ou régionaux, services intégrés aux opération de maintien de la paix ou dans les équipes de pays– M. Zeid a mis en avant aussi bien la lutte contre les féminicides que les efforts pour réaliser le droit à l’alimentation, en passant par la lutte contre les violations des droits des migrants et des réfugiés et les enquêtes sur des violations graves des droits de l'homme dans certains pays.

Le Haut-Commissaire est aussi revenu sur les pressions que subit son bureau, ajoutant qu’aucun pays n’avait de bilan irréprochable en matière de droits de l’homme et dénonçant au passage un « groupe régional d’États puissants qui se croient au-dessus de tout reproche » dans ce domaine.

M. Zeid a notamment abordé la question des migrants et de leurs droits, revenue ensuite lors de l’échange avec les délégations.  Il a expliqué que ses services avaient mis au point un guide à destination des États afin de partager les bonnes pratiques et formaient les fonctionnaires qui se trouvent en première ligne, y compris ceux de la force navale de l’Union européenne en Méditerranée.  Il a aussi insisté sur le cas de la Libye et du travail de ses service en lien avec la Mission d’appui des Nations Unies en Lybie (MANUL) sur les « graves et choquantes » violations des droits des migrants dans le pays. 

Le Haut-Commissaire s’est aussi attardé sur l’exode massif de la population de musulmans rohingya qui fuient le Myanmar pour le Bangladesh et a expliqué qu’il avait envoyé une équipe rapide sur le terrain pour faire la lumière sur de possibles violations des droits de l’homme.  De même, une équipe a été envoyée en Angola pour interroger les personnes qui fuient la République démocratique du Congo, notamment les provinces du Kasaï.

M. Zeid a en outre déploré que certains pays ne lui garantissent pas l’accès à des territoires où il a besoin de se rendre pour surveiller la situation des droits de l’homme, pointant du doigt notamment la Fédération de Russie, qui a refusé l’accès de son bureau à la Crimée, au motif que la mission du Haut-Commissariat n’avait pas de compétences à se rendre sur ce territoire, ce dernier « n’appartenant plus à l’Ukraine ».  De même, face au refus de la République arabe syrienne de coopérer, le Haut-Commissariat a dû établir une équipe d’enquête sur la Syrie entre Beyrouth, Amman et Genève pour pouvoir continuer à surveiller la situation des droits de l’homme dans le pays.  Le Haut-Commissaire s’est aussi dit préoccupé par le phénomène des représailles contre les personnes qui coopèrent avec les Nations Unies, d’autant qu’un rapport du Secrétaire général a alerté sur ce problème.

Plusieurs pays se sont montrés critique vis-à-vis du travail du Haut-Commissariat, insistant sur ce qu’ils considèrent comme des dépassements de son mandat par le Haut-Commissaire et ses services.  Ainsi le Venezuela a dénoncé des rapports utilisés « à des fins politiques » et la Chine a insisté sur la nécessaire impartialité qu’implique le travail du Bureau du Haut-Commissaire, qui ne devait pas « se mêler des affaires internes » des pays, insistant sur le respect de la souveraineté des pays.  L’Érythrée a également dénoncé un « deux poids deux mesures » dans le fonctionnement du système des droits de l’homme.

Les États-Unis ont, quant à eux, déploré que des pays qui violent massivement les droits de l’homme puissent siéger au Conseil des droits de l’homme, citant notamment l’élection aujourd’hui même de la République Démocratique du Congo à cet organe.

D’autres États ont pour leur part souligné l’importance de l’indépendance du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, comme la Norvège et la Suisse, tout en jugeant vital que les organes des droits de l’homme des Nations Unies soient suffisamment financés pour accomplir leur mission.

La Troisième Commission poursuivra demain à 10 heures sa discussion générale sur la protection et la promotion des droits de l'homme.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME (A/72/40 ET A/C.3/72/9 (à paraître))

Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales

Situations relatives aux droits de l’homme et rapports des rapporteurs et représentants spéciaux

Déclaration liminaire du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, suivie d’une période de questions

M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré être fier que ses services, en dépit des tourments qui secouent le monde, continuent d’assister les États, les institutions nationales et la société civile.  Il s’est proposé de mettre l’accent sur certaines des activités des 57 bureaux locaux du Haut-Commissariat, à savoir: 15 bureaux de pays, 13 composantes droits de l’homme au sein d’opérations de maintien de la paix, 12 bureaux régionaux et 17 conseillers des droits de l’homme dans les équipes de pays des Nations Unies.

Le Haut-Commissaire a cité en premier lieu le Cambodge, où son plus ancien bureau de terrain a aidé les autorités à lancer divers programmes touchant notamment à la réforme et l’amélioration du système de justice transitionnelle, du Code pénal ou de la détention préventive.  Il a également permis la formation de juges et d’avocats et assistera également le Gouvernement dans le contexte des élections de 2018 et après, a indiqué M. Zeid.

Le Bureau régional de l’Amérique centrale s’est, pour sa part, consacré à la question du féminicide, un thème jugé prioritaire en 2010 au regard de crimes liés au genre commis au Panama et à El Salvador.  Dans l’année qui a suivi, le Bureau régional a mis en place un outil destiné aux enquêtes pour féminicide à El Salvador.  Ce protocole modèle, élaboré après de larges consultations, a été adopté par les systèmes de justice et est étudié dans les programmes de formation administrative dans toute la région latino-américaine.  Il circule en particulier en Argentine, au Costa Rica, au Panama et à El Salvador.  Avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Bureau régional a organisé une formation en ligne sur la base de ce document avec l’Argentine et avec 220 fonctionnaires qui ont affaire aux cas de féminicide partout en Amérique centrale.

Le Haut-Commissariat est également très engagé dans la protection des migrants, a expliqué M. Zeid.  Il a ainsi pu mette au point un guide et une compilation de bonnes pratiques à l’adresse des États et d’autres parties prenantes.  Il a, dans ce cadre, organisé des missions de surveillance sur le terrain sur les frontières européennes, notamment en Bulgarie, en France, en Grèce, en Italie et dans l’ex-République yougoslave de Macédoine.  Le Bureau régional du Haut-Commissariat pour l’Europe travaille activement avec les États concernés pour leur fournir toute l’assistance technique voulue et dispense des formations sur les droits de l’homme des migrants et sur le respect des droits de l’homme dans l’application de la loi aux différents fonctionnaires concernés, y compris les membres de la force navale de l’Union européenne en Méditerranée. 

Le Haut-Commissariat travaille en outre sur cette question des migrants avec les autres partenaires des Nations Unies et des gouvernements de toutes les régions, notamment pour qu’ils prennent en compte la question des migrants dans l’adoption de leurs divers programmes.  Le Haut-Commissariat a ainsi publié un rapport avec la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) sur les graves et choquantes violations des droits de l’homme des migrants en Libye et s’est rendu à Nauru, dans les íles Manus et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, afin de partager ses préoccupations avec le Gouvernement de l’Australie et lui faire des recommandations.

En réponse à l’exode massif des musulmans Rohingya qui fuient le Myanmar pour le Bangladesh, le Haut-Commissariat a envoyé une équipe rapide sur le terrain afin de faire la lumière sur de possibles violations des droits de l’homme, alors même que la Mission d’établissement des faits créée par le Conseil des droits de l’homme fait son travail.  Le Haut-Commissariat cherche à se coordonner avec les acteurs humanitaires au Bangladesh pour trouver une réponse intégrée à la crise humanitaire en cours. 

Toujours dans le domaine humanitaire, une équipe a été envoyée en Angola pour interroger les personnes qui fuient la République démocratique du Congo, notamment les provinces du Kasaï, là aussi en coopération avec le groupe d’experts internationaux établi par le Conseil des droits de l’homme.  Une autre équipe a été envoyée au Venezuela dans le contexte des manifestations qui embrasent tout le pays.

M. Zeid s’est attaché à décrire de nombreuses autres activités du Haut-Commissariat.  Ainsi, celui-ci est actif dans le domaine du droit à l’alimentation et a entrepris dans ce contexte un travail au Malawi, où les conseillers de l’équipe de pays du Haut-Commissariat appuient le Gouvernement et les Parlementaires pour la mise en œuvre des recommandations du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation.  Au Mali, c’est dans le domaine du maintien de la paix et le combat contre l’extrémisme qu’il intervient, notamment au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Sa Division des droits de l’homme y veille notamment à ce que des enquêtes soient diligentées en cas de sérieuses allégations de violations des droits de l’homme et appuie le mécanisme national de justice transitionnel, en plus de conseiller les parties à l’accord de paix de 2015.

En ce qui concerne les comptes à rendre en cas de violations graves, le Haut-Commissariat continue d’apporter son soutien à la Commission d’enquête internationale indépendante sur les violations des droits de l’homme en Syrie, établie par le Conseil des droits de l’homme et qui recense les crimes commis dans ce pays depuis 2011.  Face au refus de la République arabe syrienne de coopérer en accordant un accès à son territoire, le Haut-Commissariat a établi une équipe sur la Syrie basée à Beyrouth (Liban), à Amman (Jordanie) et à Genève (Suisse) et continue de surveiller la situation des droits de l’homme avec l’aide de ses conseillers, de ses équipes de pays et acteurs humanitaires. 

Toujours à propos de la Syrie, le Haut-Commissariat assurera l’opérationnalisation du mécanisme international, indépendant et impartial créé par l’Assemble générale pour documenter les crimes commis en Syrie, a indiqué M. Zeid, ajoutant que ces exemples ne sont qu’un bref aperçu des activités menées par son bureau, en plus de son investissement dans l’Examen périodique universel, dont le troisième cycle commence cette année, et du soutien aux institutions nationales des droits de l’homme. 

Singapour a observé que le Haut-Commissaire n’avait pas, cette année, présenté de rapport annuel à l’Assemblée générale, contrairement aux années précédentes.  Singapour a souhaité en connaître la raison et savoir s’il entendait poursuivre cette méthode.  Au nom du Groupe des États d’Afrique, l’Égypte a posé la même question.

La Chine a insisté sur l’importance d’un respect de la Charte des Nations-Unies, ainsi que de la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, « sans se mêler de leurs affaires internes ».  Elle a mis l’accent sur les risques d’une approche à « deux poids, deux mesures » et sur la nécessité de respecter les mécanismes interétatiques ainsi que les différences culturelles.  Elle a en outre insisté sur la nécessaire impartialité qu’implique le travail du Bureau du Haut-Commissaire.  Elle a également demandé quelles mesures pouvaient être prises pour améliorer la représentation des pays en développement au sein du Haut-Commissariat.

Dans le même ordre d’idées, plusieurs États ont critiqué ce qu’ils considèrent comme des dépassements de son mandat par le Haut-Commissaire et ses services.  Le Venezuela a ainsi précisé qu’il entendait continuer à coopérer avec le Haut-Commissariat à condition qu’il s’acquitte de son rôle dans le strict respect du mandat que lui a confié l’Assemblée générale.  Il a aussi jugé que le Bureau du Haut-Commissaire avait publié des rapports qui utilisent des situations à des fins politiques, notamment celui du 30 août dernier sur le Venezuela.  Dans ces conditions, il a jugé « incroyable » que les États-Unis se présentent comme « référence morale » en matière des droits de l’homme.

De même, Cuba a dit soutenir les travaux du Haut-Commissaire, mais a demandé comment il pourrait éviter de politiser son action et d’appliquer des principes qui n’ont pas fait l’objet de concertation avec les États.  Cuba demande en particulier à disposer de plus d’informations sur les modifications envisagées par le Bureau du Haut-Commissaire en termes de fonctionnement.  En son nom propre, l’Égypte s’est dite, elle aussi, préoccupée de l’inclusion dans les activités du Haut-Commissariat de thématiques non appuyées au plan international, comme la question de la peine de mort ou des discriminations sur la base de l’orientation sexuelle.

L’Érythrée, qui accueille un bureau du Haut-Commissariat, a assuré le Haut-Commissaire de toute sa coopération, mais insisté sur le fait que tous les droits doivent être mis en œuvre.  La délégation constate aussi que le « deux poids, deux mesures » et la politisation persistent dans le domaine des droits de l’homme, notamment avec des pays de sa région connus pour violer les droits de l’homme, mais qui font adopter des résolutions contre l’Érythrée au Conseil des droits de l’homme.

Le Bélarus s’est réjoui du renforcement du potentiel des États dans la mise en œuvre de la coopération technique qui, selon lui, n’est pas utilisée au mieux dans les travaux du Haut-Commissariat. Saluant le dialogue substantiel établi par celui-ci avec les gouvernements, les organisations internationales et la société civile, le Bélarus a jugé que la fonction de suivi spécifique aux pays devrait continuer de jouer un rôle central dans les travaux du Haut-Commissariat, à condition toutefois qu’elle ait un aspect pratique et soit utile.  Or, a-t-il dit, il est souvent empreint de considérations politiques, estimant que le rapport du Rapporteur spécial sur le Bélarus en était la preuve.

La République arabe syrienne a, elle aussi, appelé le Haut-Commissariat à se conformer à son mandat en respectant la souveraineté des États.  Le Haut-Commissariat doit également faire état des violations commises par les groupes armés et leur soutien en Syrie, et documenter par ailleurs les crimes commis au Yémen par l’Arabie saoudite, estime la République arabe syrienne. 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a, elle aussi, appelé le Haut-Commissaire à respecter les principes de son mandat et à s’assurer que les droits de l’homme ne sont pas exploités à des fins politiques.  Elle constate que la question des femmes coréennes enlevées par la République de Corée n’est ni abordée ni résolue par le Haut-Commissariat, alors que ces enlèvements constituent des violations des droits de l’homme.  La RPDC souhaite donc savoir ce que le Haut-Commissaire compte faire pour résoudre cette question.

La Fédération de Russie a constaté qu’en dépit de progrès significatifs dans le domaine de la défense des droits de l’homme, il restait un éventail de défis comme la croissance du radicalisme et le terrorisme.  Elle a également regretté que certains États utilisent la problématique des droits de l’homme pour promouvoir leurs intérêts.  À ce sujet, elle a noté que l’incompréhension montait entre le Haut-Commissariat et les États à la suite d’accusations non fondées, « teintées de politique », et d’informations « visiblement fausses ».  

D’autres États ont, pour leur part, souligné l’importance de l’indépendance du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Ainsi la Norvège a salué cette indépendance et l’appui que le Haut-Commissariat prodigue aux États.  Mais elle a jugé vital que les organes des droits de l’homme des Nations Unies soient suffisamment financés pour accomplir leur mission, d’autant qu’ils représentent aussi un outil utile pour prévenir les conflits.  La Suisse s’est, elle aussi, inquiétée du sous-financement chronique du Haut-Commissariat, qui impacte ses activités.  Or, a-t-elle souligné, pour qu’il puisse pleinement accomplir son rôle, les États Membres doivent s’engager pour le renforcement de sa base financière.  Elle a aussi demandé au Haut-Commissaire comment, selon lui, le Conseil des droits de l’homme pouvait parvenir à mieux remplir son mandat et quelles étaient ses attentes à l’égard des États en la matière.

L’Indonésie a souhaité avoir des informations sur les activités menées par le Haut-Commissariat pour mettre en œuvre le droit au développement.  Il a également voulu savoir comment éviter la politisation des questions des droits de l’homme.  L’Iran a dit soutenir toute initiative qui permettrait de rationaliser le fonctionnement du Bureau du Haut-Commissaire, à condition que ce soit fait en toute transparence et sans motivation politique.  À ce sujet, il a souhaité avoir des informations sur ce qu’envisage le Haut-Commissaire pour renforcer ses capacités dans les pays dépourvus de toute présence des Nations Unies.

Le Maroc a abordé le cas des migrants et notamment l’importance d’une défense de leurs droits et de la lutte contre la xénophobie.  Il a demandé au Haut-Commissaire quelle était la contribution de ses services à ce processus et comment il entendait proposer de protéger les droits des migrants.  Le Maroc estime par ailleurs que les procédures spéciales représentent un outil de soutien et d’accompagnement des États en matière de promotion des droits de l’homme et a demandé au Haut-Commissaire quelles mesures il pourrait prendre pour améliorer la perception desdites procédures spéciales.

Le Qatar a déploré les « mesures unilatérales contraires au droit international » dont le pays est victime, affirmé que les pressions qu’il subit violent les droits de l’homme et la Charte de l’ONU, mais ajouté qu’elles ne pourraient pas empêcher le pays de poursuivre sa marche vers les droits de l’homme.

Le Brésil a insisté sur la nécessité de veiller à ce que toutes les personnes, partout dans le monde, puissent vivre dans la dignité et a déploré que les droits des personnes d’ascendance africaine ne soient pas abordés dans le rapport du Haut-Commissaire et a appelé à un redoublement d’efforts pour protéger les droits de ces populations.

L’Argentine a jugé très important de redoubler d’efforts en faveur des populations marginalisées et notamment à travers des financements suffisants des organes de défense des droits de l’homme.  Elle a demandé au Haut-Commissionnaire s’il pensait que le cadre juridique existant était suffisant pour protéger et promouvoir l’exercice de tous les droits de l’homme.

Plusieurs questions ont concerné le Conseil des droits de l’homme.  La Lettonie, qui s’est par ailleurs félicitée que le Bureau du Haut-Commissaire reste indépendant, a ainsi souhaité savoir quels changements le Haut-Commissaire envisageait pour renforcer la crédibilité du Conseil des droits de l’homme qui lui semble laisser à désirer.  Les États-Unis ont insisté sur le fait que les États qui violent les droits de l’homme n’ont pas leur place au sein du Conseil des droits de l’homme.  Le fait que des pays comme le Venezuela et le Burundi continuent de vouloir en être membres inquiète la délégation américaine, qui a regretté l’élection ce matin de la République démocratique du Congo audit Conseil.  Les États-Unis aimeraient savoir comment la communauté internationale devrait procéder pour empêcher que les principaux États violeurs des droits de l’homme se fassent élire au Conseil.  Le Japon, qui a rappelé que 2018 marquerait le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et que, dans cette perspective, l’ONU envisageait des réformes dans ce domaine, a souhaité savoir quelles mesures permettraient de rendre le Conseil des droits de l’homme plus efficient.

Élu aujourd’hui par l’Assemblée générale en tant que membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2018-2020, le Népal a, lui, remercié les délégations qui ont appuyé sa candidature et assuré de sa disponibilité à travailler avec le Haut-Commissaire.  L’Australie a, elle aussi, rappelé son élection ce matin même au Conseil des droits de l’homme, avant de demander au Haut-Commissaire sa position sur les mesures à prendre pour améliorer les relations entre États et société civile quant à la protection des droits de l’homme.  Elle a rappelé son opposition à la peine de mort et a déploré le retour en arrière de certains pays à ce sujet.   

L’Ukraine a réaffirmé son soutien aux travaux du Haut-Commissaire et s’est dite encouragée par la récente résolution sur la situation en Ukraine, jugeant que ses dispositions devraient être accrues.  À cette lumière, il a souhaité savoir quelles mesures permettraient un accès libre à la péninsule de Crimée.

L’Union européenne a souligné le rôle du Haut-Commissariat face aux violations des droits de l’homme et aux attaques contre ceux qui les défendent.  À cet égard, elle a souhaité savoir comment l’action du Haut-Commissariat aux droits de l’homme contribuait au programme du Secrétaire général en matière de prévention.

Le Royaume-Uni a dit soutenir le principe de ripostes d’urgence en cas de crise. À cet égard, il a souhaité savoir comment les États Membres pouvaient l’aider davantage et s’assurer que les droits de l’homme restent un élément clef pour soutenir l’édification de sociétés pacifiques. 

Le Cameroun a salué les efforts du Haut-Commissariat pour renforcer les capacités techniques et l’assistance aux États Membres dans la protection des droits de l’homme.  Mais, selon lui, beaucoup reste à faire pour la promotion des droits économiques, sociaux et culturels.  Il a également souligné que la situation d’insécurité posée par les groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad compliquait sa tâche dans ce domaine.

L’État de Palestine s’est félicité que le Haut-Commissariat ait envoyé des lettres à plus de 150 entreprises ayant des activités dans le Territoire palestinien occupé afin de renseigner sa banque de données.  Il a souhaité savoir quelles autres entités effectuent des activités commerciales dans le Territoire occupé et si le Conseil des droits de l’homme publiera cette base de données à sa prochaine session.

Le Libéria, pays qui a reçu une forte attention de la part du Haut-Commissariat, a espéré que ce dernier continuerait d’apporter des réponses adéquates à la situation des droits de l’homme dans le pays.  Autre pays ayant reçu une assistance technique du Haut-Commissariat, l’Éthiopie a souhaité savoir quels programmes sont affectés par les contributions volontaires ciblées et de quelle manière ils le sont.  La délégation souhaite aussi savoir si le Haut-Commissaire a des recommandations à faire dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

La Libye s’est félicitée de la visite du Haut-Commissaire sur son territoire et a espéré qu’elle mette en lumière les besoins du pays en matière de justice et de protection des droits de l’homme.  Mettant les violations à l’égard des migrants sur le compte de réseaux criminels qu’elle n’est pas en mesure de contrer, elle a estimé que le volume de l’aide internationale face à ce problème n’était pas à la hauteur des besoins. 

L’Azerbaïdjan a souhaité savoir ce que fait le Haut-commissaire pour les droits des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays.

Dans ses réponses, M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, s’est dit fier de travailler pour un Haut-Commissariat qui subit autant de pressions, à la fois de la part des États et sur le terrain.  La situation est « compliquée », a-t-il souligné, ajoutant que l’on ne peut imaginer les pressions que subit son bureau.  Il a ajouté qu’aucun pays n’était exempt de reproches en termes des droits de l’homme et qu’aucun n’avait de bilan irréprochable.  Par ailleurs, et puisque personne n’est parfait, même le Haut-Commissariat fait des erreurs.  Il en a fait, a reconnu M. Zeid, qui s’est dit prêt à les reconnaître chaque fois que cela se produira.

À propos du rapport annuel devant l’Assemblée générale, M. Zeid a expliqué qu’il avait présenté ce rapport au Conseil des droits de l’homme en début d’année.  Mais, compte tenu du travail énorme que cela représente pour les équipes de terrain, il a souhaité préserver ses ressources.  Toutefois, si cette formule ne convient pas aux États Membres, il est prêt à réexaminer sa méthode.

Concernant la représentation géographique dans les effectifs du Haut-Commissariat, M. Zeid a rappelé qu’en 2016, environ 18% des nominations de personnels avaient profité à des personnes issues de pays sous-représentés ou pas du tout représentés. Il s’est engagé à augmenter ce chiffre.  S’agissant de la parité entre les sexes, en 2016 encore les chiffres indiquent que 59% des effectifs du Haut-commissariat sont des femmes, a précisé le Haut-Commissaire, s’engageant aussi à travailler vers une parité parfaite. 

Concernant le rééquilibrage entre tous les droits au sein des travaux du Haut-Commissariat, M. Zeid a assuré que tout était fait pour que les droits sociaux et économiques soient une réalité pour tous et qu’il continuerait de travailler en ce sens.  Pour lui, la meilleure manière de mettre tous les droits en avant, c’est d’abord de reconnaître leur interconnectivité, comme le stipule d’ailleurs la Déclaration et le Programme d’action de Vienne.  Concernant plus spécifiquement le droit au développement, le Haut-Commissaire a déclaré, sans donner plus de détails, que tout est fait par son bureau pour le rendre opérationnel.

À propos des migrants, le Haut-Commissaire a expliqué que son bureau avait déjà apporté des contributions à la préparation du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il a aussi défendu une approche basée sur les droits de l’homme dans les politiques des États et une intégration de la problématique des migrants dans les deux pactes.  Le Haut-Commissariat a également élaboré des directives sur les migrants et une compilation de bonnes pratiques, a-t-il dit.  Par ailleurs, le Haut-Commissariat travaille aussi pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, comme le montre la mission qu’il a envoyée au Bangladesh. 

Concernant la question sur les financements à but précis, M. Zeid a dit souhaiter que le Haut-Commissariat soit financé autrement que par ce mode.  Il souhaite réduire la part de ces contributions dans le budget.

À propos de la coopération des États avec les mécanismes des droits de l’homme et les fonctionnaires du Haut-Commissariat, M. Zeid s’est déclaré satisfait que le nombre de pays ayant envoyé des invitations aux procédures spéciales ait atteint 110 États Membres et un non-membre.  Pourtant, a-t-il déploré, en dépit de ces chiffres, il reste des États qui ne tiennent pas leurs promesses ou restent rétifs à toute coopération. 

Répondant à l’Argentine, M. Zeid a confirmé que certains groupes de personnes ne disposaient pas d’instruments spécifiques pour la protection de leurs droits.  C’est pourquoi son bureau travaille sur la question de personnes âgées avec l’Assemblée générale des Nations Unies. 

Concernant la question de la composition du Conseil des droits de l’homme, M. Zeid a déclaré qu’une résolution de l’Assemblée générale devrait se pencher sur cette question.  

Le Haut-Commissaire s’est aussi dit préoccupé par le phénomène des représailles contre les personnes qui coopèrent avec les Nations Unies, d’autant qu’un rapport du Secrétaire général a alerté sur ce problème.  Il est nécessaire que les États coopèrent avec le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme sur cette question, a encore déclaré le Haut-Commissaire.  Cette coopération est également primordiale pour garantir un accès au Haut-Commissariat dans les territoires où il a besoin de se rendre pour surveiller la situation des droits de l’homme.  Cette coopération a manqué avec la Fédération de Russie, qui a refusé l’accès à la Crimée, au motif que la mission du Haut-Commissariat n’avait pas de compétences à se rendre en Crimée, car ce territoire n’appartenait plus à l’Ukraine, mais à la Russie, a-t-il ainsi expliqué. 

Répondant enfin à la question de la RPDC, il a dit avoir reçu une lettre en ce sens et préoccupante sur cette question.  Le Haut-Commissaire va engager des discussions avec les parties prenantes, a-t-il aussi assuré.

M. Zeid a également assuré que les violations des droits de l’homme commises par les groupes terroristes sont bel et bien documentées par la communauté internationale et par son bureau.  Cela dit, le Haut-Commissariat n’est pas composé de surhommes et ceux-ci essaient de remplir le mandat qui lui est donné par les États Membres.

Par ailleurs, a assuré M. Zeid, le Haut-Commissariat ne fait pas de différence entre les petits États et les grands États et ne les traite pas en fonction de leur taille, même s’il constate qu’il y a un groupe régional d’États puissants qui se croient au-dessus de tout reproche en matière des droits de l’homme. 

Concluant le dialogue avec les délégations, M. Zeid a également déclaré que, compte tenu que c’est probablement la dernière fois qu’il se présente devant cette Commission, 21 ans après sa première venue à New York et après avoir siégé à la Troisième Commission en 1996, il tenait à dire que le Haut-Commissariat se tiendrait toujours aux côtés de ceux qui en ont besoin.  Il a en outre remercié tous les personnels du Haut-Commissariat qui travaillent sur le terrain. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: les délégations appellent à un financement stable du Programme d’assistance pour la diffusion et l’étude du droit international

Soixante douzième session,
16e séance – matin
AG/J/3552

Sixième Commission: les délégations appellent à un financement stable du Programme d’assistance pour la diffusion et l’étude du droit international

Les membres de la Sixième Commission (chargée des affaires juridiques) ont salué aujourd’hui les activités organisées dans le cadre du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, tout en appelant au financement de ses activités par le budget ordinaire des Nations Unies.

Créé en 1965 dans le but de renforcer la paix et la sécurité internationales ainsi que la coopération entre les États, le programme d’assistance demeure un outil essentiel dans la promotion de la connaissance et de la compréhension du droit international.  La Division de la codification du Bureau des affaires juridiques de l’ONU est chargée de son exécution.

Le Programme d’assistance a ainsi contribué à former des générations successives de juristes en offrant des cours régionaux de droit international des Nations Unies pour l’Afrique, l’Asie et le Pacifique, et l’Amérique latine et les Caraïbes, ainsi que des bourses de perfectionnement en droit international dans les pays en développement et émergents.  De plus, des programmes de formation en ligne sont disponibles grâce à la Médiathèque de droit international des Nations Unies.

Venu présenter le rapport du Secrétaire général, le Secrétaire par intérim du Comité consultatif pour le programme d’assistance s’est félicité de la tenue, au cours des deux dernières années, des cours régionaux de droit international.  Il a souligné que le financement du programme d’assistance par le budget régulier de l’ONU a eu un impact « énorme » sur la capacité de la Division de la codification de remplir son mandat.

Conformément à la résolution 71/139 de l’Assemblée générale, des ressources d’un montant total de 2 259 600 dollars ont été proposées dans le budget ordinaire pour l’exercice biennal 2018-2019 pour le programme de bourses, les cours régionaux, et le maintien et l’enrichissement de la médiathèque.

La Division des affaires maritimes et du droit de la mer du Bureau des affaires juridiques a toutefois déploré le fait qu’aucun boursier n’ait pu bénéficier, entre 2015 et 2017, de la Dotation commémorative Hamilton Shirley Amerasinghe sur le droit de la mer, dont le financement repose sur des contributions volontaires.  Déplorant l’insuffisance des fonds disponibles pour 2018, elle a appelé les États Membres à accroître leurs contributions.

Comme le Secrétaire par intérim du Comité consultatif pour le programme d’assistance, de nombreuses délégations se sont félicitées du financement du programme d’assistance par le budget ordinaire de l’ONU, une démarche essentielle selon l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le financement volontaire étant insuffisant.

Le Programme, a insisté l’Algérie au nom du Groupe des États d’Afrique, renforce les capacités des États en matière de droit international.  Il permet de mettre les pays développés et les pays en développement « sur un pied d’égalité », a affirmé le Pérou. 

Ce mode de financement a d’ailleurs permis la croissance des activités de la Médiathèque de droit international des Nations Unies, avec 1,5 million d’usagers aux quatre coins du monde.  Cependant, alors que les documents de la médiathèque sont surtout disponibles en anglais et en français, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), tout comme le Portugal, ont souligné l’importance d’un accès au contenu en ligne dans les six langues de travail des Nations Unies.

À l’instar du Liban et du Maroc, de nombreux membres de la Commission ont exprimé leur appui au projet podcast de la médiathèque, afin de pallier le manque d’accès Internet dans certains pays en développement.  Pour sa part, l’Équateur s’est félicité, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que des cours soient enregistrés partout dans le monde à l’intention des juristes. 

De son côté, l’Union européenne a salué la publication, en anglais, du manuel de droit international, ajoutant attendre avec impatience la version française.  À ce sujet, le Secrétaire par intérim du Comité consultatif pour le programme d’assistance a précisé que les versions éventuelles dans d’autres langues dépendront des contributions des États Membres.

La Sixième Commission reprendra ses travaux le vendredi 20 octobre, lorsqu'elle se penchera sur l’effet des conflits armés sur les traités.

PROGRAMME D’ASSISTANCE DES NATIONS UNIES AUX FINS DE L’ENSEIGNEMENT, DE L’ÉTUDE, DE LA DIFFUSION ET D’UNE COMPRÉHENSION PLUS LARGE DU DROIT INTERNATIONAL (A/72/517)

Déclarations

M. DANIEL OKAIDJA OKAITEYE (Ghana), s’exprimant au nom de la Présidente du Comité consultatif pour le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, a déclaré que le Comité a examiné, en octobre de cette année, les activités du Programme ainsi que le projet de rapport du Secrétaire général, dont est saisie aujourd’hui la Sixième Commission.  Il a rappelé que le Ghana a proposé la création de ce programme dans les années 1960 alors que de nombreux pays émergeaient de la colonisation.  Il a salué la contribution du Bureau de la codification pour la préparation, en anglais, du Manuel de droit international. 

Mme VALENTINA GERMANI, membre de la Division des affaires maritimes et du droit de la mer du Bureau des affaires juridiques de l’ONU, a déploré le fait qu’aucun boursier n’ait pu bénéficier entre 2015 et 2017 de la Dotation commémorative Hamilton Shirley Amerasinghe sur le droit de la mer et qu’il n’y ait pas suffisamment de fonds pour octroyer une subvention ordinaire en 2018. L’Assemblée générale a donc autorisé le Secrétaire général à accorder une subvention modifiée pour 2017 en utilisant le financement disponible pour placer un boursier pendant cinq mois dans la Division.  À ce stade les fonds sont insuffisants, a-t-elle déclaré, avant d’exhorter les États qui ne l’ont pas fait à verser de nouvelles contributions volontaires.

Soulignant que les questions sur lesquelles doivent se pencher les avocats sont de plus en plus complexes, M. HUW LLEWELLYN, Secrétaire par intérim du Comité consultatif pour le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, a estimé que le besoin de formation dans le domaine du droit international n’a jamais été aussi grand.  Au cours de la période considérée, la Division de la codification du Bureau des affaires juridiques du Secrétariat a utilisé les ressources allouées par le budget régulier de l’Assemblée générale pour organiser les trois cours régionaux de droit international pour l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes, et l’Asie-Pacifique.  Il a ajouté que le financement régulier du Programme d’assistance par le budget régulier a eu un impact énorme sur la capacité du Bureau de la codification d’assumer ses fonctions. 

En outre, ce financement a permis la croissance de la Médiathèque de droit international des Nations Unies, dont la diffusion en ligne a permis de rejoindre des centaines de milliers d’usagers.  M. Llewellyn a précisé que la médiathèque a présenté 56 nouveaux cours en chinois, en anglais, en français, en espagnol et en russe.  Il s’est félicité de la publication du Manuel de formation en droit international en anglais, grâce aux contributions des États Membres, ajoutant que la version française est en cours d’élaboration et que les versions éventuelles dans d’autres langues dépendront des contributions des États Membres. 

M. LUIS XAVIER OÑA GARCÉS (Équateur), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est félicité du rapport du Secrétaire général.  Il a réaffirmé son appui au Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, afin de mieux faire connaître le droit international en tant que moyen de promotion des relations amicales et de la paix dans le monde.  Partout dans le monde, des juristes, des professeurs et des diplomates ont eu la chance de bénéficier de cours de droit international et de la Médiathèque de droit international des Nations Unies.

Un cours régional de droit international pour l’Afrique s’est tenu en mars 2017 à Addis-Abeba, a rappelé le représentant.  Un autre cours régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes s’est tenu à Santiago du Chili.  Ces deux cours se sont très bien déroulés, a-t-il souligné, tout en espérant que le cours régional de Bangkok, prévu du 20 novembre au 15 décembre 2017, connaitra le même succès.  La Médiathèque est un instrument précieux pour les juristes qui peuvent avoir accès à une formation juridique par Internet, a-t-il poursuivi, tout en se félicitant que des séances d’enregistrement des cours soient réalisées partout dans le monde pour les spécialistes qui ne peuvent se rendre à New York.  Il a encouragé la Division de la codification du Bureau des affaires juridiques à continuer le projet de podcast et a souhaité que tous les cours puissent être financés en 2018.

Le Groupe des 77 et la Chine restent attachés à l’objectif de contribuer à l’amélioration de la diffusion du droit international dans les pays en développement, a assuré M. Oña Garcés.  Il a également souhaité que la bourse Hamilton Shirley Amerasinghe sur le droit de la mer soit financée à partir du budget ordinaire pour la période 2018-2019.  En conclusion, il a souligné que les contributions volontaires, même en nature, restent essentielles.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international a été créé en 1965 afin de favoriser la coopération entre États.  Il a regretté que le rapport du Secrétaire général ne mentionne pas comment les 2 millions de dollars supplémentaires fournis par l’Assemblée générale au cours de l’exercice biennal actuel ont été utilisés.  Selon lui, le rapport devrait faire état de l’utilisation du budget régulier alloué au Programme d’assistance. 

Le représentant a prié tous les États Membres de s’assurer que les recommandations du Comité consultatif pour le programme d’assistance soient mises en œuvre et que le travail du programme d’assistance profite aux pays développés comme aux pays en développement.  Il a salué la tenue du cours régional pour l’Afrique, qui a servi à de nombreux étudiants.  Il a réaffirmé l’appui du Groupe des États d’Afrique au financement du Programme d’assistance par le budget régulier de l’ONU.  Le travail du programme d'assistance contribue à renforcer les capacités des États en matière de droit international, a-t-il conclu.

M. HECTOR ENRIQUE CELARIE LANDAVERDE (El Salvador), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que les pays de la CELAC ont souvent participé au développement du droit international afin de promouvoir la coopération entre États.  La compréhension du droit international est un des prémices à sa diffusion.  Il est donc important d’encourager le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, a-t-il déclaré.

Le représentant a souligné que, parmi les différents aspects positifs mis en avant par le rapport du Secrétaire général, les programmes de bourses de perfectionnement en droit international et cours régionaux de droit international, y compris à La Haye, ont un effet multiplicateur sur les étudiants.  « Pour des pays tels que le nôtre, les cours régionaux sont des plateformes efficaces de la diffusion du droit international », a-t-il dit. Il a donc demandé qu’ils soient financés dans le budget ordinaire de l’ONU.

Le Bureau des affaires juridiques mérite une attention particulière pour les 26 sites Web qu’il a mis en place et qui sont faciles à utiliser, a poursuivi M. CELARIE LANDAVERDE.  Un million et demi de personnes ont eu accès aux sites, a-t-il rappelé.  Il a salué en outre l’instrument très utile que représente la Médiathèque de droit international des Nations Unies.  Sachant que les langues sont uniquement le français et l’anglais, il est particulièrement important de pouvoir avoir accès au contenu dans les cinq langues de travail des Nations Unies, a-t-il déclaré.  Il convient de tout mettre en œuvre pour garantir une diffusion plus large. 

En conclusion, le représentant a fait remarquer que, pour les trois dernières sessions, le budget ordinaire a été mis à contribution pour financer les activités du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, au cas où les contributions volontaires pour financer les bourse seraient insuffisantes.

M. ÉRIC CHABOUREAU, de l’Union européenne, a salué la contribution du Programme d’assistance à la diffusion à travers le monde de l’état de droit et des connaissances juridiques.  Il a également salué la contribution de la Division de la codification dans la revitalisation du Programme d’assistance, soulignant la mise en place de la Médiathèque de droit international des Nations Unies, qui permet l’accès à des ressources variées en droit international dans plusieurs langues, en utilisant une technologie moderne.

En outre, M. Chaboureau a salué la publication du Manuel de droit international, en anglais, ajoutant attendre avec impatience la version française.  Il s’est félicité du soutien des commissions économiques régionales des Nations Unies dans la présentation des trois cours régionaux en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, et en Asie-Pacifique.  Il a par ailleurs reconnu la contribution de la Dotation commémorative Hamilton Shirley Amerasinghe sur le droit de la mer dans la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Enfin, il a appelé tous les États Membres à accroître leurs contributions au Programme d’assistance et à la dotation à l’avenir.

M. RY TUY (Cambodge), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est(ASEAN), a noté avec satisfaction les efforts inlassables du Secrétaire général pour renforcer les connaissances du droit international dans le cadre du programme d’assistance.  Cela aide à promouvoir des relations internationales tout en renforçant le respect du droit international au niveau international. Il a également salué le travail du Bureau des affaires juridiques et, en particulier, de la Division de la codification.

Le représentant a estimé qu’un financement provenant du budget ordinaire de l’ONU est essentiel, car le financement volontaire n’est pas suffisant.  Il a soutenu la Dotation Hamilton Shirley Amerasinghe sur le droit de la mer, et le Programme de bourses de perfectionnement en droit international qui poursuit un but important, celui d’améliorer la connaissance du droit international.  La médiathèque est un outil rentable et accessible pour tous, a-t-il également reconnu. 

Soulignant l’importance des cours régionaux, M. Tuy s’est dit confiant que les cours pourront se tenir en dépit des nombreuses annulations qui ont eu lieu ces dernières années.  Il a déclaré attendre avec impatience la tenue du cours régional pour l’Asie-Pacifique à Bangkok, en novembre et décembre de cette année. Conscient des difficultés financières existantes, il a demandé au Secrétaire général de bien vouloir continuer à inclure les ressources nécessaires au programme dans le budget pour l’exercice biennal 2018-2019.

Soulignant l’importance d’un ordre international basé sur le règlement pacifique des différends et le développement, Mme CHRISTIANA MURATIDI (Australie) a estimé que le renforcement du droit international demande une diffusion efficace de ses dispositions, notamment par le partage d’informations.  À cet égard, le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international représente un outil vital, selon elle.  Elle s’est félicitée de la contribution du programme à la pratique du droit international et de la poursuite de l’engagement actif du Secrétariat.

M. ELSADIG ALI SAYED AHMED (Soudan) a déclaré que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international est l’un des aspects les plus importants de la diffusion du droit international et que son pays y accorde une grande importance.  Ce programme a permis aux pays d’harmoniser leurs pratiques dans le domaine du droit international, a-t-il souligné, notamment par les formations offertes par la Médiathèque de droit international des Nations Unies.  Il a salué les efforts de la Commission économique des Nations Unies et de l’Union africaine pour le lancement du cours régional pour l’Afrique. 

Le représentant a souhaité que des ressources adéquates soient allouées au programme d’assistance afin de permettre la diffusion la plus large du droit international.  Il a également appelé à un meilleur soutien des activités de l’Institut africain de droit international.  Il a salué la flexibilité des États Membres afin de parvenir à un accord sur les recommandations qui ont été émises par le Comité consultatif.  

M. LUKE TANG (Singapour) a déclaré que la connaissance du droit international est essentielle, surtout pour un petit État comme Singapour qui repose sur le respect du droit international pour son succès.  Il a loué la Médiathèque de droit international des Nations Unies et apprécié les enregistrements hors siège pour les professeurs qui ne peuvent se rendre à New York.  Le délégué a salué les cours de formation ainsi que les cours régionaux, qui sont une entreprise majeure pour la diffusion du droit international.  À cet égard, il s’est félicité de la tenue prochaine du Cours régional de droit international des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique, à Bangkok.  En conclusion, il a appuyé la résolution de l’Assemblée générale de l’année dernière demandant d’incorporer des ressources au budget ordinaire.

M. RENE FIGUEREDO CORRALES (Paraguay) a renouvelé l’attachement de son pays aux principes du droit international qui, juste après la Constitution paraguayenne, se situent au sommet de la hiérarchie des normes juridiques du pays.  Pour cette raison, il s’est félicité de la longévité du Cours régional de droit international des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes, qui a eu lieu, cette année, dans la capitale chilienne et contribue selon lui, depuis une décennie, à l’enseignement et la promotion du droit international, notamment au moyen de la constitution d’un réseau de professionnels de la discipline.

Le représentant a également salué le programme d’été qui s’est déroulé à La Haye du 26 juin au 4 août 2017, ainsi que les supports audiovisuels créés par la Division de la codification.  Pour ces raison, il a appelé à faire en sorte que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international bénéficie des ressources financières nécessaires pour garantir sa pérennité.

M. ANGEL HORNA (Pérou) a réaffirmé son attachement au droit international et aux principes de la Charte de Nations Unies, ainsi qu’au Programme d’assistance.  « Ce programme permet de mettre les pays développés et les pays en développement sur un pied d’égalité », a-t-il estimé, ajoutant que le droit est une condition de la paix.  Il a salué l’organisation du Cours régional de droit international pour l’Amérique latine, en 2017, au Chili.  Il a également félicité le Bureau des affaires juridiques des Nations Unies et la Division de la codification pour leurs efforts dans la diffusion du droit international.  En conclusion, il a fait valoir que l’état de droit et le développement sont étroitement liés et se complètent mutuellement, comme le précise l’objectif 16 du Programme 2030.

Mme ELENA A. MELIKBEKYAN (Fédération de Russie) s’est dite convaincue que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international est un élément essentiel pour la connaissance du droit international.  Elle a noté que, cela fait plusieurs années, les activités les plus importantes du programme sont financées à travers le budget ordinaire.  Ainsi, en 2017, les cours régionaux auront pu se tenir comme prévu, tandis que la médiathèque acquiert de nouvelles ressources et est mise à jour régulièrement.

M. HECTOR ENRIQUE CELARIE LANDAVERDE (El Salvador) a reconnu le rôle fondamental du droit international, système de normes et de principes qui régule la société internationale contemporaine, conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Dans cet esprit, il a réitéré son appui au programme d’assistance créé en 1965.  Compte tenu de la complexité et de la diversité du droit international, en constante évolution, il a estimé qu’il faut continuer de renforcer les composantes du programme d’assistance, à savoir le Programme de bourses de perfectionnement en droit international, les cours régionaux et la médiathèque qui ont contribué à la formation de fonctionnaires dans le monde entier.

Le représentant a salué la tenue, en avril et mai 2017, à Santiago du Chili, du neuvième cours régional de droit international pour l’Amérique latine et les Caraïbes, qui a compté 23 participants de 17 pays de la région, dont un membre du Ministère des affaires étrangères d’Salvador. 

M. SUN THATHONG (Thaïlande) a rappelé que, depuis plus de 50 ans, le Programme d’assistance a considérablement œuvré à la reconnaissance du droit international, en particulier dans les pays en développement, au travers des cours, des bourses, des publications et de la médiathèque.  Celle-ci est un élément essentiel qui donne à un large public un accès libre à des formations juridiques de haute volée et à de précieuses archives, a-t-il assuré, en se félicitant des récentes contributions telles que les conférences d’universitaires sur des sujets comme le droit et l’intégration régionale au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). 

Pour sa part, la Thaïlande a eu l’honneur de prendre part au Programme d’assistance en accueillant plusieurs cours destinés à la région Asie-Pacifique au cours des dernières années, et s’apprête à organiser, avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), un nouveau cours régional, du 20 novembre au 15 décembre 2017.

M. BELLO ALIYU DOGONDAJI (Nigéria) s’est déclaré convaincu de l’importance du programme.  Il a espéré que les ressources prévues au sein du budget ordinaire suffiront pour qu’il remplisse ses buts et objectifs.  Se félicitant de la tenue du cours régional d’Addis-Abeba, en mars 2017, il a reconnu que ce type de cours a aidé les participants à approfondir leur compréhension du droit international.  Il a salué les efforts des Nations Unies qui s’emploient à mettre en place le service d’assistance qui permet à des étudiants d’étudier le droit international.  Regrettant toutefois que la Division de la codification n’ait pas été en mesure de publier, depuis 2014, il a souhaité qu’elle reprenne ses publications.

M. ELIAB TSEGAYE TAYE (Éthiopie) a déclaré que l’état de droit au niveau international est le meilleur moyen d’assurer la paix et la sécurité internationale’s.  À cet égard, le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international joue un rôle fondamental, a-t-il estimé, notamment par l’organisation du Cours régional pour l’Afrique.  Il a salué le rôle de la Médiathèque de droit international des Nations Unies et l’élaboration du Manuel de droit international.  Enfin, il a appelé les États Membres à soutenir financièrement le programme d'assistance afin de lui permettre de poursuivre ses activités.

Mme PENELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité et Tobago) a souligné qu’en tant que membre du Comité consultatif pour le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, son pays fait preuve d’un engagement sans limite envers le programme, « dont l’importance pour la paix et la sécurité internationales n’est plus à prouver ».  Elle a salué les cours régionaux passés et ceux prévus, mais regretté que la bourse Hamilton Shirley Amerasinghe ne puisse pas être offerte cette année.

Mme Beckles a salué le travail réalisé par la Division de la codification pour la publication du Manuel de droit international dans d’autres langues officielles des Nations Unies, mais, notant que cela aura un coût important, elle a encouragé les États Membres qui ne l’ont pas fait à financer le programme d’assistance.  Elle a dit attendre avec intérêt la mise en œuvre des activités du programme de bourses et de la médiathèque et des cours régionaux.  Toutes ces activités devraient être financées par le budget ordinaire, en accord avec la résolution 71/139 de l’Assemblée générale.

Saluant les activités du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, M. MOHAMMED HUMAYUN KABIR (Bangladesh) a préconisé de privilégier les participants des pays les moins avancés.  Il a estimé que la Médiathèque de droit international est une plateforme utile qui contribue à la diffusion du droit international dans les pays en développement.  Il a appelé à adapter la médiathèque aux besoins des pays en développement, ajoutant que la diffusion par podcast a toutefois permis de régler certains problèmes techniques.  Il a salué les contributions volontaires des États Membres au programme d'assistance, notamment à la Dotation commémorative  Hamilton Shirley Amerasinghe sur le droit de la mer.

Dans le cadre du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, les bourses, les cours régionaux et la médiathèque ont aidé des générations successives de juristes depuis 50 ans, a rappelé M. PATRICK LUNA (Brésil).  S’il s’est félicité de l’organisation des trois cours régionaux de droit international, il a toutefois estimé que l’inclusion de leur financement dans le budget ordinaire est « un accomplissement mineur ».  Pourtant, le nombre de demandes pour participer aux cours en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi qu’en Asie et dans le Pacifique, prouve l’intérêt que ces cours suscitent.  Il a donc apprécié les efforts pour demander des contributions volontaires afin de répondre à une demande croissante.

Par ailleurs, le représentant s’est félicité que la médiathèque permette un accès aux cours de droit international dans les pays en développement à moindre coût.  Concernant les publications juridiques, le délégué s’est félicité de la publication sous forme papier pour ceux qui n’ont pas accès à Internet.  « À l’heure où chacun souligne l’importance de la prévention, n’oublions pas que la connaissance du droit international est la pierre angulaire d’une paix durable », a-t-il conclu.

M. JAVIER GOROSTEGUI OBANOZ (Chili) a rappelé que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international avait été adopté par l’Assemblée générale en 1965, dans le but de contribuer à une meilleure connaissance du droit international afin de renforcer la paix et la sécurité dans le monde et de promouvoir les relations d’amitié et de coopération entre États.  « Mon pays est convaincu des avantages qui découlent, pour nos sociétés, d’une promotion appropriée du droit international », a-t-il déclaré, tout en appuyant les initiatives développées, en ce sens, par la Division de la codification du Bureau des affaires juridiques sous l’égide du programme.  Selon lui, l’enseignement du droit international, la formation de jeunes avocats dans cette discipline, ainsi que la création de réseaux professionnels entre spécialistes de la discipline sont susceptibles d’influencer positivement les relations entre États.

Dans ce cadre, le représentant s’est félicité de l’organisation dans la capitale chilienne, cette année, d’un cours régional de droit international des Nations Unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes, auquel 24 jeunes avocats en provenance de 18 pays de la région ont participé.

M. MAHE U.S. TUPOUNIUA (Tonga) s’est déclaré satisfait par la récente proposition d’allocation des ressources au budget ordinaire de l’exercice biennal 2018-2019 et par les diverses contributions faites pour permettre au travail du Bureau des affaires juridiques et de ses différentes divisions de se poursuivre dans de bonnes conditions.  « La dissémination de la connaissance, l’étude, et l’enseignement du droit international sont d’une importance centrale pour les Tonga, et pour la communauté internationale dans sa quête en vue de réaliser un monde basé sur l’état de droit », a-t-il affirmé.  C’est la raison pour laquelle le représentant a souhaité que le budget proposé pour le programme d’assistance soit approuvé, pour que des pays comme le sien puissent continuer de bénéficier d’un soutien indispensable.

Mme CRISTINA PUCARINHO (Portugal) a estimé qu’à l’heure de la mondialisation, la nécessité du droit international est plus forte que jamais.  Par conséquent, la demande toujours plus importante de formation et d’accès aux sources juridiques doit être appréhendée comme un signe positif.  Pour cette raison, le Programme de bourses de perfectionnement en droit international doit être salué, a-t-elle dit, en faisant remarquer que cette initiative profite aux plus brillants esprits juridiques du monde, et d’abord à ceux des pays en développement. 

La représentante s’est également félicitée des travaux du Bureau des affaires juridiques et de la Médiathèque de l’ONU, qui est un outil important de dissémination du droit international.  Enfin, elle a indiqué qu’il faut veiller à redoubler d’efforts pour que les bénéficiaires du Programme d’assistance puissent pleinement en profiter, en particulier s’agissant des langues dans lesquelles il est disponible.

Après avoir rappelé le soutien de son pays de longue date au Programme d’assistance, M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre) s’est félicité que la Médiathèque de droit international propose désormais gratuitement une information d’une très grande richesse dans plusieurs langues.  « Cet outil fantastique continue d’être une ressource importante pour la communauté juridique, ainsi que pour les historiens et les étudiants », a-t-il déclaré.  Notant avec satisfaction que la Division de la codification continue de disséminer les publications et informations juridiques principalement par Internet, il l’a encouragée à redoubler d’efforts pour obtenir des contributions volontaires supplémentaires.

Mme EMILY PIERCE (États-Unis) s’est félicitée de la popularité des bourses et des programmes du Programme d’assistance auprès des étudiants à travers le monde, ainsi que de la diffusion de 54 nouvelles conférences sur le site de la Médiathèque de droit international.  Elle a estimé que l’accès à la médiathèque par podcast aura pour effet d’améliorer l’accès dans les pays en développement.  Saluant le travail de la Division de la codification du Bureau des affaires juridiques, elle s’est félicitée de la capacité du programme d’assistance à poursuivre ses activités de formation et de diffusion du droit international malgré des ressources limitées.  Elle a également souligné l’apport du Manuel de droit international et appelé les États Membres à contribuer au financement de ses activités. 

Mme YIN MAY HNYNN (Myanmar) a rappelé que depuis sa création en 1965, le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international a contribué à renforcer la paix et la sécurité internationales.  Une connaissance accrue du droit international est importante pour maintenir et renforcer l’état de droit aux niveaux national et international, a-t-elle déclaré.

La représentante a déploré que la communauté internationale passe plus de temps et de ressources à répondre aux crises plutôt qu’à les prévenir.  Préoccupée par le fait que les contributions volontaires seules ne soient pas une ressource durable pour le programme d’assistance, elle a salué l’allocation des ressources pour le programme dans le budget ordinaire pour l’exercice biennal 2018-2019.  Un financement adéquat est essentiel pour la mise en œuvre couronnée de succès du programme, a-t-elle déclaré. 

« Nous souhaitons pouvoir continuer à bénéficier de façon prioritaire du programme », a poursuivi Mme Hnynn en soulignant que le Myanmar est un pays en transition démocratique.  Elle a remercié tous les pays qui ont fait des contributions volontaires pour permettre la tenue des cours régionaux et estimé que la médiathèque est un instrument indispensable pour permettre aux juristes internationaux d’avoir accès à des cours de haute qualité à moindre coût. 

M. MOHAMMED MATLASSI (Maroc) a estimé que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international a des retombées positives pour les juristes du monde entier.  Selon lui, les cours régionaux offerts par le programme d'assistance apportent une contribution significative à la diffusion de l’état de droit et du droit international dans les pays en développement.  Il a appelé au financement des programmes régionaux par le budget ordinaire des Nations Unies.  Enfin, il a salué le Bureau des affaires juridique, et en particulier la Division de la codification, pour leurs efforts dans la diffusion du droit international.

Soulignant que son pays avait apporté une contribution volontaire au programme d’assistance, Mme ANA FIERRO (Mexique) a jugé essentiel que ses ressources restent inscrites dans le budget ordinaire.  En aout dernier, le vingt-quatrième séminaire de droit international s’est tenu dans la ville de Mexico, a-t-elle informé.  Elle s’est également félicitée de la tenue du cours régional à Santiago du Chili en mars et avril 2017.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a estimé que le programme d’assistance bénéficie à des juristes et des praticiens du droit à travers le monde, comme le démontre la popularité des cours régionaux.  Il a appuyé les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général portant sur le financement, par le budget ordinaire de l’ONU, de bourses en droit international, des cours régionaux, et du maintien de la Médiathèque de droit international des Nations Unies.  Afin de pallier le manque d’accès Internet dans plusieurs pays en développement, il a appuyé le projet podcast.  Il s’est par ailleurs réjoui de la publication, en anglais, du manuel sur les droits de l’homme.

M. AHMED ABDULMUNEEM (Iraq) a appuyé les efforts de la Division de la codification du Bureau des affaires juridiques du Secrétariat afin que le plus grand nombre de conférences concernant le droit international puisse se tenir, notamment au travers d’Internet.  La tenue des séminaires à une grande importance au niveau international, a-t-il souligné.  Les cours interactifs encouragent à un grand degré de coopération dans le domaine juridique, ce qui est important pour consolider l’état de droit.  Le représentant a remercié les donateurs de contributions volontaires et les a engagés à continuer. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: le manque d’innovation et les conflits sont parmi les causes à éliminer pour arriver à la « faim zéro » avant 2030

Soixante-douzième session,
16e & 17e séances – matin & après-midi
AG/EF/3481

Deuxième Commission: le manque d’innovation et les conflits sont parmi les causes à éliminer pour arriver à la « faim zéro » avant 2030

Si l’on s’en tient au rythme actuel de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il ne sera pas possible de réaliser l’objectif 2 qui vise à éliminer la faim dans le monde, ont prévenu de nombreuses délégations qui se sont exprimées aujourd’hui à la Deuxième Commission (économique et financière) en pointant du doigt les systèmes agricoles désuets, l’incidence des conflits et les méfaits des changements climatiques, parmi d’autres entraves à cet objectif.

C’est pourquoi, au cours du traditionnel débat sur le « développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition » que tient chaque année la Commission, les intervenants ont partagé leurs expériences et proposé des pistes pour créer des systèmes alimentaires durables, un appel lourd de sens en cette Journée mondiale de l’alimentation dont le thème, cette année, est le suivant: « Changeons l’avenir des migrations, investissons dans la sécurité alimentaire et le développement rural ».

En ce 16 octobre, qui commémore aussi la création de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 1945, la représentante de celle-ci, qui s’exprimait aussi au nom du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds international de développement agricole (FIDA), a présenté des chiffres alarmants: le nombre de personnes souffrant de malnutrition chronique dans le monde est passé de 777 millions en 2015 à 815 millions en 2016.  Les conflits sont la première cause de cette augmentation de la faim dans le monde, associés à la sécheresse et aux inondations, elles-mêmes souvent liées à El Niño.

Les perspectives sont tout aussi inquiétantes puisqu’on estime que de vastes segments de la population mondiale, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, seront encore en situation de dénutrition ou de malnutrition en 2030, voire en 2050, comme le souligne le rapport* du Secrétaire général portant sur le thème du débat.  On note aussi que sur les 23 pays à risque de malnutrition, 18 font partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), soit une population de plus de 72 millions de personnes.  En tant que représentant des PMA, le délégué du Bangladesh a donc exhorté le monde à leur venir en aide.

Pour remédier à cette situation, les intervenants ont appelé à garantir la sécurité alimentaire et à promouvoir des régimes alimentaires nutritifs pour tous, grâce à une agriculture inclusive, durable et résiliente, en pariant notamment sur le développement rural et sur l’agriculture familiale.  C’est ce qu’ont plaidé les porte-paroles de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et du Groupe des 77 et de la Chine (G77), parmi d’autres, en insistant sur l’importance des fermes familiales.  Le Costa Rica a d’ailleurs lancé l’idée de proclamer une décennie internationale de promotion de l’agriculture familiale 2019-2028.

L’innovation est la clef, pour le délégué de Singapour qui a expliqué que ce petit pays urbanisé était tout de même classé premier en matière de sécurité alimentaire en Asie en 2016, tout en étant troisième au plan mondial, mettant cela sur le compte de l’utilisation de la technologie.

C’est dans cette même logique que l’Agence israélienne de coopération internationale pour le développement dispense près de 100 formations gratuites chaque année à près de 2 000 professionnels venant de plus de 100 pays des cinq continents. 

Néanmoins, il faudrait se demander, a noté le délégué de l’Algérie pourquoi les forces du marché privent les gens de nourriture quand on sait que la production alimentaire suffirait à nourrir toute la population mondiale.  C’est pourquoi le Brésil a lancé un appel pour qu’il soit mis fin aux subventions agricoles pratiquées dans les pays développés, arguant qu’elles conduisent à des distorsions des marchés internationaux et sapent les efforts visant à renforcer le secteur de l’agriculture des pays en développement. 

Les orateurs ont aussi appelé à s’attaquer au gaspillage, sachant que le tiers de la production alimentaire mondiale est perdue ou gaspillée, soit environ 1,3 milliard de tonnes par an, comme le souligne encore le Secrétaire général dans son rapport.

Alors qu’on célébrait hier la Journée internationale des femmes rurales, plusieurs ont souligné que les solutions passent aussi par une autonomisation des femmes rurales.  À cet effet, le Lesotho a adopté une loi en 2010 qui facilite l’accès des terres aux femmes, tandis que le Plan Maroc vert tend à valoriser les agricultrices.

Enfin, si partout dans le monde l’altération du climat menace la production alimentaire, ce problème est particulièrement sensible pour les petits États insulaires en développement (PEID).  Les délégations de ces pays n’ont pas manqué de souligner leur vulnérabilité extrême par rapport aux aléas climatiques, comme l’a si bien expliqué le représentant de Guyana qui parlait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Les populations de ces îles sont par ailleurs très vulnérables aux maladies non transmissibles telles que les maladies cardiaques, le diabète ou encore l’obésité, à cause de la consommation de produits alimentaires transformés, a renchéri sa collègue des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS).

La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu demain, 17 octobre, à 10 heures, et portera sur les « groupes de pays en situation particulière ».

* A/72/303

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION (A/72/303 ET A/72/63–E/2017/11)

Discussion générale

M. ESTEBAN CADENA DUARTE (Équateur), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a rappelé les retards accusés dans la lutte contre la faim et la malnutrition, puisque de nos jours il y existe encore 793 millions de personnes qui n’ont pas accès à leur ration énergétique quotidienne et 156 millions d’enfants qui accusent des retards de croissance.  Parallèlement 1,9 million d’adultes et 43 millions d’enfants dans le monde sont obèses ou en surpoids.

Pour le G77, le rythme actuel de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne permettra pas d’atteindre l’objectif 2 relatif à la faim dans de nombreuses parties du monde.  Il est donc impératif de créer des systèmes alimentaires durables.  Il s’agit là d’une condition essentielle pour relever le défi de l’éradication de la faim et de la malnutrition.

Le représentant du G77 a ensuite mis l’accent sur la relation entre sécurité alimentaire, transformation rurale nutritionnelle et agriculture durable, ainsi que sur les liens entre l’objectif de développement durable 2 et d’autres objectifs du Programme 2030.  Il faut que cela soit pris en compte de manière intégrée dans les politiques et programmes nationaux, a-t-il plaidé en demandant aussi de promouvoir le partage de connaissances et les partenariats productifs.  À cet égard, le G77 attend des résultats concrets des plans et programmes nationaux mis en place dans le cadre de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025).  Le représentant a également appelé à plus d’investissement dans l’agriculture afin d’améliorer la productivité, précisant que ce type d’investissements s’avère être plus efficace pour la lutte contre la pauvreté que les investissements dans d’autres secteurs.

Mme KHYNE (Myanmar), parlant au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a mentionné le Plan stratégique de l’ASEAN pour la coopération en matière d’alimentation, d’agriculture et de forêts pour les années 2016-2025, qui vise notamment à améliorer la sécurité alimentaire.  Elle a ensuite insisté sur le lien qui existe entre les changements climatiques et la sécurité alimentaire, mentionnant à cet égard le cadre multisectoriel sur les changements climatiques et la sécurité alimentaire de l’ASEAN, sur la base duquel des stratégies ont été mises en place pour remédier aux conséquences de ces changements sur les secteurs agricoles et forestiers.

« Malgré des gains économiques impressionnants, l’ASEAN fait toujours face à de nombreux cas de malnutrition », a poursuivi la représentante.  Pour relever ce défi, l’ASEAN a mis en place un système de surveillance nutritionnel, qui comprend un ensemble d’initiatives.  Le but, a-t-elle expliqué, est de parvenir à un « optimum nutritionnel » au sein de l’Association.  En conclusion, la représentante a réaffirmé l’engagement ferme de l’ASEAN en faveur du développement agricole et de la sécurité alimentaire.

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a affirmé que le monde faisait actuellement face à l’une des plus grandes crises alimentaires en 70 ans, en rappelant que quatre pays risquaient actuellement une famine.  À l’échelle mondiale, 108 millions de personnes ont été touchées par l’insécurité alimentaire en 2016, ce qu’il explique par les conflits, la hausse des prix des denrées alimentaires et les intempéries liées au phénomène El Niño.  Sur les 23 pays à risque de malnutrition, 18 sont des PMA, soit une population de plus de 72 millions de personnes.  En tant que représentant des PMA, il a exhorté le monde à leur venir en aide soit financièrement ou soit en nature.

Rappelant que l’agriculture reste le secteur dominant dans de nombreux PMA qui en dépendent pour leur sécurité alimentaire, avec une population rurale en moyenne de 68,6%, le représentant a insisté sur le lien direct entre développement rural, d’une part, et éradication de la pauvreté et autonomisation des femmes, d’autre part.  Il a également souligné que les PMA avaient été touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques et les catastrophes naturelles, ce qui a provoqué l’insécurité alimentaire, parfois même des famines et des migrations climatiques dans la région du Pacifique.  La dégradation des terres productives qui en découle sape tout effort de production alimentaire durable et limite la possibilité de répondre à la demande croissante, s’est-il inquiété.

S’agissant de la malnutrition dans les PMA, le représentant a expliqué qu’elle avait légèrement baissé pour passer de 24,9% en 2010 à 22,3% en 2015.  Cependant le taux de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans y reste autour de 40%.  Face à ces problèmes, le représentant a plaidé en faveur d’investissements plus grands dans l’agriculture des PMA pour augmenter la productivité de ce secteur, en misant notamment sur les nouvelles technologies.  Avant de conclure, le représentant a souhaité un partenariat international revitalisé pour la réalisation de l’objectif 2 de développement durable (Faim « zéro »).

Mme MARIYAM MIDHFA NAEEM (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a souligné que pour les petits États insulaires en développement (PEID), le nouveau Programme d’action mondiale, initié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en direction des PEID, tend à promouvoir la sécurité alimentaire en bâtissant des systèmes alimentaires plus durables et davantage résilients.  Le Programme entend ainsi mettre en œuvre les prescriptions contenues dans les Orientations de Samoa et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle noté.  Elle a souligné son importance pour les PEID qui font face, plus que d’autres pays, à certains défis comme les changements climatiques, la destruction des écosystèmes marins, le manque de ressources, l’éloignement géographique et le coût élevé des importations de vivres et de plantes, ainsi que l’instabilité des prix des produits de base.

En ce qui concerne les changements climatiques, elle a expliqué que les températures changeantes et la montée du niveau des mers conduisent à des inondations et des phases de sécheresse, réduisant ainsi la productivité agricole.  De même, cette montée du niveau des mers se traduit souvent par des déversements de sel sur des terres agricoles côtières qui endommagent celles-ci.  En outre, les catastrophes naturelles fréquentes détruisent les plantes et les infrastructures de transport dans les PEID.

Par ailleurs, les PEID dépendent grandement des océans pour leur alimentation et leur développement économique.  Malheureusement, la pollution marine ne fait que croître, a déploré la représentante en citant des conséquences néfastes telles que l’acidification des océans due aux taux élevés de carbone qui y sont emprisonnés.  La pêche illégale contribue aussi à la diminution des stocks de poisson et d’autres ressources marines.  Le fait que les PEID dépendent désormais des importations de vivres les rend vulnérables à la volatilité des prix, comme on a pu le constater au cours de la crise financière et économique de 2008, a-t-elle ajouté.  En plus, la consommation de produits alimentaires transformés rend les populations de ces îles vulnérables aux maladies non transmissibles telles que les maladies cardiaques, le diabète ou encore l’obésité.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana) a fait remarquer que la destruction causée par les derniers ouragans dans les Caraïbes montrait la vulnérabilité extrême des États membres de la CARICOM aux catastrophes naturelles liées au climat, lesquelles devant en outre s’accroître en fréquence et en sévérité.  Les dégâts causés sur les infrastructures agricoles dans les Caraïbes ont été énormes dans certains pays de la région.  Dans ce contexte, la voie du développement de l’agriculture et la réalisation de la sécurité alimentaire sera difficile et semée d’embûches sans précédent.  « Nous attendons ainsi avec impatience le soutien de la communauté internationale pour nous aider à développer la résilience nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable dans les domaines de la sécurité alimentaire et de la nutrition », a plaidé le représentant.

M. Ten-Pow a poursuivi en soulignant que les politiques régionales pour combattre la faim et la malnutrition sont liées à la production agricole et aux systèmes alimentaires, dont la production de viande, les pêches et leurs chaînes de valeur.  L’agriculture, y compris l’élevage et la pêche, sont largement le fait de petits fermiers et d’artisans pêcheurs qui sont souvent chefs de famille.  Ce sont des agents importants du développement de l’agriculture, a-t-il souligné tout en regrettant que le faible niveau technologique utilisé ne leur permette pas de maximiser la productivité.  Les outils technologiques restent pourtant des facteurs importants de la sécurité alimentaire et de la nutrition, en particulier dans les zones rurales, en dépit de l’absence de systèmes d’aide sociale.

Les États membres de la CARICOM saluent ainsi l’aide des partenaires internationaux du Sud et du Nord dans la modernisation des technologies actuellement utilisées dans les secteurs agricoles et de la production alimentaire.  Cette aide doit viser notamment l’industrie alimentaire, les systèmes de collecte de données et la formation du personnel technique.  Elle doit permettre une valeur ajoutée dans la chaîne de production alimentaire et aboutir à renforcer la sécurité alimentaire et à réduire la famine et la malnutrition dans la région.  La CARICOM appelle aussi à la révision des critères utilisés dans la classification des pays, pour que la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et autres risques de facteurs et retard de développement soient pris en compte pour déterminer les catégories de développement dans lesquelles un pays devrait être classifié.

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a plaidé pour des investissements accrus dans le secteur agricole, y compris dans les fermes familiales, afin de renforcer la sécurité alimentaire.  Il a appuyé toutes les actions visant à remédier aux formes de malnutrition infantile, en particulier chez les plus jeunes enfants. Parmi ces actions, le délégué a plaidé pour une mise en œuvre graduelle d’un droit à une alimentation saine.  Il a ensuite insisté sur les conséquences pour l’agriculture et la sécurité alimentaire des évènements météorologiques extrêmes qui ont frappé l’Amérique latine et les Caraïbes.  Le soutien de la communauté internationale est crucial pour y faire face, a-t-il observé à cet égard.

M. Jaime Calderón a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire, qui doit venir en complément de l’aide publique au développement (APD), pour renforcer les capacités nationales des pays en développement en faveur de la sécurité alimentaire.  Enfin, il a demandé de nouveau qu’un soutien financier et technique soit apporté à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et l’Association latino-américaine d’intégration (ALADI).

M. ASHISH KUMAR SINHA (Inde) a constaté qu’alors même que la production alimentaire serait suffisante pour nourrir la population mondiale, des millions de personnes connaissent toujours la faim au quotidien.  « Venir à bout de la faim et parvenir à la sécurité alimentaire tout en améliorant la nutrition sont des obstacles à surmonter pour pouvoir parler du développement inclusif prévu par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a estimé le représentant.  Pour cela, il faut une croissance plus élevée dans les économies agricoles pour pouvoir casser le cercle vicieux de la pauvreté, de la malnutrition et de la sous-nutrition, a-t-il précisé.

L’Inde a réussi sa transition en passant d’une nation en déficience alimentaire à une nation autosuffisante du point de vue alimentaire, grâce à une révolution verte.  Aujourd’hui, l’Inde est même un pays exportateur de produits alimentaires et animaliers.  Parmi les défis à l’augmentation de sa productivité agricole, le représentant a cité le manque de connexion entre les fermes et les marchés ou encore les systèmes insuffisants de distribution des produits alimentaires.  Le Gouvernement a fixé pour objectif de doubler les revenus des fermiers d’ici à 2022 et compte y parvenir par un ensemble de mesures de soutien au secteur agricole, en utilisant notamment les services bancaires et les technologies de la téléphonie mobile.  La plateforme électronique e-NAM a été mise en place dans ce cadre pour faciliter les échanges commerciaux agricoles sur le plan national, dans le but de faciliter les liens entre les fermiers et le marché.  Elle couvre environ 300 petits marchés agricoles dans le pays.

Pour M. ZHANG ZEPENG (Chine), il faut renforcer les infrastructures agricoles et lutter contre les changements climatiques, notamment en vue d’assurer la sécurité alimentaire.  Il a également recommandé d’utiliser au mieux les technologies en ce qu’elles peuvent aider à réduire les coûts de production agricole et à améliorer le transport et le stockage des produits agricoles, tout en évitant le gaspillage alimentaire.  Il s’est réjoui du fait que la Chine connaisse une augmentation de sa production agricole grâce à la modernisation de ce secteur, une expérience que le pays partage, dans le cadre de la coopération Sud-Sud, en formant des responsables dans des pays en développement.

Mme CHERYL SHULING GOH (Singapour) a souligné que la main-d’œuvre agricole ne cesse de diminuer dans son pays, pendant que les changements climatiques continuent d’entraver l’agriculture.  Mais grâce à l’innovation et la technologie, ainsi qu’un soutien fort des pouvoirs publics, ces défis sont surmontés, a-t-elle assuré.  Elle a précisé que 1% à peine des terres du pays sont utilisées pour l’agriculture, ce qui l’oblige à importer plus de 90% des vivres consommés localement.  Si Singapour est vulnérable à la volatilité des prix de ces vivres, cela n’a pas empêché que le pays soit classé premier en matière de sécurité alimentaire en Asie en 2016, tout en étant troisième au plan mondial, s’est-elle enorgueillie.

Singapour n’est donc pas un pays agricole, a confirmé la représentante.  Cependant, elle a souligné que les paysans singapouriens utilisent davantage l’innovation et la technologie.  Le pays étant en majorité urbanisé, l’agriculture urbaine est d’ailleurs valorisée grâce à l’innovation.  Pour conclure, elle a fait valoir que, étant donné que 70% de la population mondiale vivra en ville d’ici à 2050, Singapour pourrait servir de laboratoire en matière d’agriculture urbaine.

M. TIBOR SHALEV SCHLOSSER (Israël) a déclaré que les infrastructures agricoles avancées en Israël n’avaient pas seulement profité à son pays mais aussi à de nombreux pays, de la jungle de l’Amérique du Sud aux déserts de l’Afrique et aux îles du Pacifique, grâce au partage de son expérience et de son expertise dans l’agriculture, l’atténuation des changements climatiques, la préparation aux catastrophes, la gestion de l’eau et la désalinisation.  L’utilisation mondiale du système de drainage en est un exemple fameux.  Ce n’est pas seulement de la technologie mais aussi de la formation sur mesure qui peut faire la différence, a ajouté le Ministre.

L’Agence israélienne de coopération internationale pour le développement dispense près de 100 formations gratuites, chaque année, dans ses centres de formation dans le pays, qui bénéficient, chaque année, à près de 2 000 professionnels venant de plus de cent pays des cinq continents.  « Notre détermination à vaincre la pauvreté, la faim et la soif doit se faire en commun », a relevé le représentant, en voulant une réponse ferme et résolue pour arriver à prévenir et éliminer la famine et la pénurie dans le futur.  Il a appelé à une coordination renforcée et une coopération efficace entre toutes les parties prenantes pour garantir qu’aucun enfant ne soit affamé ou assoiffé et qu’aucun parent n’ait à se battre pour nourrir la famille.

M. ALIMOV (Fédération de Russie) a averti que la sécurité alimentaire dans le monde exige des mesures coordonnées et holistiques.  À son avis, les Nations Unies, le PAM, la FAO et le FIDA ont un rôle clef à jouer dans ce domaine.  Alors même qu’il existe aujourd’hui une base institutionnelle forte, notamment la Décennie des Nations Unies pour l’action nutritionnelle, il a estimé que le rapport du Secrétaire général n’accordait pas une attention suffisante à la question de la sécurité alimentaire.  Il s’agit d’une priorité pour la Russie, qui a organisé cette année la Conférence internationale sur la sécurité alimentaire et les analyses de risques, en collaboration avec la FAO, et contribué au Centre de référence de la FAO pour la résistance aux antimicrobiens.  En mai 2018, la Russie accueillera une autre Conférence de la FAO sur la question de sécurité alimentaire et l’influence des changements climatiques sur le processus alimentaire, a annoncé le représentant.

Après avoir précisé que son pays compte 70% des forêts boréales au monde, le représentant a indiqué que ces ressources sont utilisées pour la production de fourrages ainsi que pour l’apiculture et les plantes médicinales.  Par ailleurs, pour sa délégation, les transferts de technologie sont essentiels pour stabiliser les prix des produits agricoles.  La Fédération de Russie a fait d’énormes progrès dans sa productivité agricole et de produits animaliers, a-t-il ajouté, ce qui lui permet d’apporter son aide à plus de 27 pays dont l’Iraq et la Syrie.

Mme MARIA ANGELA A. PONCE (Philippines) a déclaré qu’au vu des tendances préoccupantes décrites par le rapport du Secrétaire général, éradiquer la faim, parvenir à la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable ne sont plus seulement des impératifs en vue de la réalisation du Programme 2030: ce sont aussi des éléments clefs pour l’avenir de tous les peuples.  Pour la représentante, le problème ne doit pas être uniquement considéré en termes d’approvisionnement alimentaire mais plutôt sous l’angle de la productivité agricole et des effets des changements climatiques.  À l’occasion de la quarantième session de la Conférence de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, qu’elles présidaient pour la première fois, les Philippines ont averti combien cette altération du climat menace la production alimentaire.

En tant que pays gravement affecté par ces changements, a poursuivi Mme Ponce, les Philippines ont mis sur pied un programme de résilience de leur agriculture, lequel est chargé de contrôler les risques et les dangers auxquels sont confrontés les agriculteurs et les pêcheurs.  Le pays s’emploie également à concevoir des installations capables de résister à des typhons, comme des entrepôts alimentaires et des installations de stockage, tout en développant un système d’assurance universelle pour les cultures, des technologies d’irrigation à énergie solaire, un meilleur accès aux financements et un repeuplement des lacs et des rivières peuplés de poissons autochtones.  Enfin, a-t-elle encore indiqué, le plan de développement 2017-2022 met l’accent sur les opportunités de croissance économiques que représentent l’agriculture, la forêt et la pêche, ces trois secteurs générant des emplois pour un tiers de la population active des Philippines.

Mme NOVI DWI RATNASARI (Indonésie) a indiqué que, comme le confirment les derniers indicateurs, les efforts visant à éradiquer la faim et la malnutrition d’ici à 2030 constituent un défi croissant pour son pays.  Cela est surtout dû aux effets négatifs des changements climatiques, à l’insuffisance des capacités et infrastructures, à un accès limité à l’innovation et à la technologie ainsi qu’à des chaînes d’approvisionnement défaillantes, a précisé le représentant, appelant à une action commune pour remettre l’objectif 2 du Programme 2030 sur des rails. Aux yeux du représentant, une attention particulière mérite d’être accordée aux pays confrontés à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

Pour parvenir à atteindre l’objectif 2 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Indonésie compte tout d’abord continuer à promouvoir et faciliter les investissements dans le secteur agroalimentaire, crucial selon elle pour revitaliser l’économie rurale et accroître le revenu des exploitants.  Elle entend, d’autre part, intensifier la recherche et le développement agricoles afin d’améliorer la productivité, l’efficacité et la compétitivité de ce secteur, a souligné le délégué, faisant état, en autres exemples, d’un calendrier pour les plantations en fonction des risques climatiques et de programmes de formation pour les agriculteurs.  Le pays prévoit enfin de renforcer ses efforts de cohérence en matière de protection sociale, de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire.

M. NEVILLE GERTZE (Namibie) a indiqué que les autorités de la Namibie, pays qui a fait face à une sécheresse sévère de 2012 à 2015, avaient établi la vision « Namibie sans faim », une feuille de route pour les cinq prochaines années qui tient compte des dispositions du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  En ce qui concerne les institutions, il a mentionné la création, notamment, de la direction de la gestion des catastrophes et de la banque alimentaire.  Le Gouvernement, a-t-il ajouté, offre des vivres aux enfants issus des milieux défavorisés en milieu scolaire, en plus d’une scolarisation gratuite.

En outre, un appui est apporté aux petits agriculteurs, notamment une assistante technique, ainsi que des facilités d’accès aux crédits et aux intrants agricoles.  Mais, l’accès inégal aux terres agricoles, la recrudescence de la pauvreté et la ségrégation héritée de la période coloniale, sont autant de défis auxquels le secteur agricole namibien fait face, a tenu à rappeler le représentant.  Il a fait part de l’organisation d’une conférence pour parler de la gestion des terres nationales, la seconde sur ce sujet, qui sera organisée en 2018.

Pour M. MAHE U.S TUPOUNIUA (Tonga), il est essentiel de garantir à tout le monde le droit à l’accès aux denrées alimentaires nutritives suffisantes, tout en préservant la biodiversité et les écosystèmes.  Comme d’autres PEID, le Royaume des Tonga est un pays qui doit importer la majeure partie de son alimentation, ce qui le rend très vulnérable à la volatilité des prix des denrées alimentaires.  Il est également exposé aux effets des changements climatiques qui ont des conséquences majeures sur son agriculture et ses ressources côtières.  Par conséquent, il soutient l’appel du Secrétaire général pour qu’il y ait plus d’efforts coordonnés dans la réponse aux besoins des pays durement frappés par des crises alimentaires.

Le Royaume des Tonga a mis en place un plan sectoriel pour son agriculture qui comprend notamment de développer la résilience climatique et des systèmes d’élevage intelligent.  En outre, son projet Agro-Met, mis en œuvre en collaboration avec le centre climatique APEC, soutient la résilience climatique du pays et améliore la sécurité alimentaire nationale.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a indiqué que la contribution de l’agriculture au produit intérieur brut jamaïcain, de 7,3% en 2016, continuait de progresser grâce à l’intensification des programmes de soutien aux agriculteurs et aux investissements privés dans ce domaine.  Son gouvernement, a-t-il ajouté, offre un appui à ce secteur par le biais de législations, programmes et projets, notamment la politique nationale pour l’alimentation et la nutrition de 2013 et le plan d’action correspondant de 2016, tous deux alignés sur l’objectif 2 du Programme 2030.  Toutefois, en tant que petit État insulaire en développement, la Jamaïque n’est pas en mesure de produire suffisamment de denrées alimentaires pour répondre aux besoins croissants de sa population, et ce, en raison de la fréquence d’événements climatiques extrêmes, de la petite taille des terres agricoles, du peu d’accès aux technologies, du faible niveau du développement agricole, de l’urbanisation et du coût élevé du capital.

Dans ces conditions, a expliqué M. Rattray, la Jamaïque souscrit totalement aux évaluations du rapport du Secrétaire général, selon lesquelles il convient de lutter simultanément contre la faim et la pauvreté en augmentant les revenus et la productivité, en protégeant les droits des petits exploitants, en créant des emplois décents, en assurant une protection sociale adéquate et en améliorant le fonctionnement des marchés.  Soucieux de permettre un accès constant de sa population aux approvisionnements alimentaires, le Gouvernement jamaïcain s’engage  par conséquent à continuer à encourager la production alimentaire nationale, à promouvoir l’investissement dans les productions locales et les agroindustries, à optimiser les technologies au service de l’agriculture, à tendre vers les meilleures normes internationales, à accroître la compétitivité des productions jamaïcaines, à contrôler le prix des aliments de base et à créer un environnement favorable à la sécurité alimentaire et à l’utilisation durable des ressources agricoles.

M. MAYTHONG THAMMAVONGSA (République démocratique populaire lao) a déclaré que son pays participe à toutes les initiatives de coopération initiées par l’ASEAN, notamment le Plan stratégique de sécurité alimentaire de la région pour la période 2015-2020 et le Plan stratégique de l’ASEAN pour la coopération agricole, l’alimentation et la foresterie 2016-2025.  Au niveau national, le Gouvernement du Laos dispose d’un comité national de nutrition créé en 2009.  Mais, pour mener à bien les activités visant la sécurité alimentaire au Laos, le représentant a appelé au renforcement des partenariats et invité à la mobilisation des ressources en vue de mettre en œuvre les initiatives nationales de développement agricole.  Dans la même optique, le Gouvernement lao travaille avec ses partenaires au développement, les agences onusiennes, les organisations internationales, le secteur privé et d’autres parties prenantes.

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a déclaré qu’il fallait des réponses internationales au défi de la sécurité alimentaire, soulignant que les solutions dans le domaine agricole doivent être axées sur les personnes.  Plus de 500 millions d’exploitations agricoles sont à pied d’œuvre à travers le monde, a-t-il rappelé, en insistant sur le fait qu’il fallait miser sur l’agriculture familiale.  Celle-ci doit être plus productive et durable si on veut qu’elle contribue efficacement à la sécurité alimentaire.

Pour développer l’agriculture familiale, le représentant en a donc appelé à des partenariats nationaux et internationaux, ainsi qu’à des partenariats public-privé.  Le Costa Rica, en collaboration avec d’autres États, plaide pour la proclamation d’une décennie internationale de promotion de l’agriculture familiale 2019-2028, a indiqué le représentant.

M. JONIBEK HIKMATOV (Tadjikistan) a indiqué que 2 milliards de personnes sont toujours victimes de malnutrition et 780 millions de la faim dont la majorité vit dans le monde en développement.  Soulignant que la population mondiale devrait atteindre 9,8 milliards de personnes en 2050, il a mis en exergue l’urgence de s’interroger pour savoir pourquoi, dans un monde où l’on produit assez de produits alimentaires, la faim et la malnutrition existent toujours.  Il a imputé cela en partie à des infrastructures obsolètes, à un manque d’investissements dans l’agriculture, des catastrophes naturelles et la volatilité des prix des produits agricoles.

Au Tadjikistan, 80% des terres agricoles sont confrontées à l’érosion, a indiqué le représentant.  Pour surmonter tous les défis en la matière, le Gouvernement a adopté un plan d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition en misant sur une agriculture durable, en particulier dans le contexte de son accroissement démographique.

Mme BINTA BAYEDIKISSA KARGOUGOU (Burkina Faso) a rappelé que 800 millions de personnes de par le monde souffrent de la faim et 2 milliards de malnutrition.  Malgré les progrès des dernières décennies, elle s’est indignée des statistiques dans ce domaine en imputant cela à l’instabilité des prix des produits de base, à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, au chômage croissant, aux changements climatiques et aux conflits.

Le Burkina Faso a adhéré au Plan d’action du Sommet mondial sur l’alimentation et à la Déclaration de Rome qui énoncent les grands principes à suivre pour atteindre l’objectif 2 de développement durable sur la sécurité alimentaire et nutrition.  En tant que pays sahélien, il est confronté à un climat semi-aride et subit donc des conditions agroécologiques difficiles en raison l’aggravation des conditions climatiques et de la pression anthropique croissante, a expliqué la représentante, précisant que la dégradation des sols y était importante.  Le Gouvernement a adopté une politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle à l’horizon 2025.

M. LEULESEGED TADESE ABEBE (Éthiopie) a dit que le gouvernement éthiopien alloue plus de 10% du budget national au secteur de l’agriculture.  Les actions dans ce domaine visent en premier à aider les petits exploitants agricoles, a-t-il expliqué.  De même, les autorités veillent à promouvoir les meilleures pratiques dans le secteur agricole et l’élevage.  La productivité agricole a, de ce fait, augmenté, s’est-il félicité.  Le pays peut même se targuer d’avoir atteint l’autosuffisance alimentaire. 

Les changements climatiques ont un fort impact sur l’agriculture éthiopienne, a poursuivi le représentant, en observant notamment que les cycles de sécheresse affectent le pays.  Cela a poussé le Gouvernement à lancer des interventions de développement en parallèle avec l’assistance humanitaire, avec le soutien des partenaires internationaux.  C’est pourquoi la lutte contre les changements climatiques doit rester une priorité pour la communauté internationale qui doit mettre en œuvre l’Accord de Paris, a-t-il exigé.

M. EANG CHHENG TE (Cambodge) a relevé que le Cambodge avait adopté une stratégie nationale de sécurité alimentaire pour la période 2014-2018.  Cette stratégie a eu un impact sur des millions de Cambodgiens, notamment ceux vivant en zones rurales, a-t-il fait valoir.  Le pays, a-t-il indiqué, fait face à plusieurs défis dans ce domaine: une productivité agricole faible, une agriculture peu diversifiée et la rareté des terres disponibles aux activités agraires.

Pour le Cambodge, la sécurité alimentaire est étroitement liée aux changements climatiques.  Le pays est classé parmi les 10 pays les plus vulnérables du monde avec des évènements météorologiques extrêmes qui détruisent les infrastructures, y compris celles du secteur agricole.  Le pays entend désormais œuvrer à l’amélioration de sa productivité agricole, a assuré le représentant qui a souligné la nécessité, pour ce faire, de pouvoir s’appuyer sur des partenariats internationaux et des partenariats public-privé.

M. NOEL DIARRA (Mali) a expliqué que son pays avait atteint l’objectif de sécurité alimentaire.  Ce résultat remarquable ne doit cependant pas occulter le fait que sa production agricole reste tributaire des aléas climatiques.  Elle se trouve également confrontées aux difficultés de la gestion foncière des terres agricoles, aux insuffisances du financement et du système d’encadrement, à la faiblesse de la maîtrise de l’eau, ainsi qu’à l’insuffisance des capacités de gestion des producteurs et de leur accès au crédit.

L’économie du Mali repose toujours en grande partie sur l’agriculture qui occupe 80% de sa population active et représente 30% de son PIB, a indiqué le représentant.  Le Gouvernement malien s’attèle à introduire le progrès technique dans les systèmes de production agricole et à développer la mécanisation.  C’est ainsi que la production céréalière est passée de 6,6 millions de tonnes en 2013 à 8,8 millions de tonnes en 2016, a expliqué le représentant qui a également fait état d’accroissements de la production de coton, des progrès liés en partie à l’investissement de 15% du budget national dans l’agriculture.

Mme SASIYADA NAOWANONDHA (Thaïlande) a fait valoir qu’en tant que pays essentiellement agricole, la Thaïlande considère la promotion d’une agriculture durable, la réalisation de la sécurité alimentaire et l’amélioration de la nutrition comme des éléments essentiels pour la mise en œuvre du Programme 2030. Elle a ajouté que les défis que représentent pour son pays les changements climatiques et les distorsions du système commercial multilatéral sont autant d’obstacles pour éradiquer la pauvreté et permettre un développement économique durable et inclusif.  Pour y faire face, a souligné la déléguée, la Thaïlande s’attache à promouvoir l’utilisation de technologies propices au développement d’une agriculture et d’une pêche durables.  Elle veille également à promouvoir une bonne nutrition, en particulier pour les groupes vulnérables que sont les personnes âgées, les femmes, les jeunes enfants, les handicapés et les personnes à faibles ressources.

Ces efforts ont permis de faire reculer le nombre des personnes souffrant de malnutrition de 19,8 millions, soit 34,6% de la population thaïlandaise, en 1990-1992 à 5 millions, soit 7,4%, en 2014-2016.  De plus, a-t-elle dit, la Thaïlande adhère pleinement à l’objectif « Faim zéro » lancé en 2012 par l’ONU et soutient l’utilisation durable des ressources des océans.  Enfin, la représentante a plaidé pour un système commercial équitable et libre, permettant un accès au marché pour les productions des pays en développement, ainsi que pour un renforcement de la coopération internationale afin de faciliter les transferts de technologie et le développement des capacités.          

M. VITALII BILAN (Ukraine) a rappelé qu’à la fin du mois de novembre se déroulerait la Journée des victimes de l’Holodomor, « assassinats de masse planifiés qui firent des millions de victimes en Ukraine », des victimes mortes de faim.  « Plus que tout autre, mon pays connaît le prix de la faim », a-t-il déclaré.  Soulignant l’acuité du défi posé par l’insécurité alimentaire, le délégué a proposé l’organisation d’un évènement multilatéral sur cette question dans le cadre de la présente session de l’Assemblée générale.

Malgré des conditions difficiles, l’Ukraine reste un acteur essentiel du marché international des denrées alimentaires, a-t-il dit, ajoutant que la récolte en grains cette année s’élevait à plus de 60 millions de tonnes.  Environ 35 millions de tonnes sont destinées à l’exportation, a-t-il précisé. Le délégué a indiqué que l’Ukraine œuvrait activement à l’harmonisation de sa législation avec les exigences de l’Union européenne, en particulier s’agissant de la qualité des produits alimentaires, dans le cadre de l’Accord d’association signé avec cette dernière.  Enfin, le délégué a souligné l’importance des investissements dans le secteur agricole ukrainien.

M. PIERRE ONIANE NGUEMA (Gabon) a présenté la stratégie agricole gabonaise, qui s’est fixé quatre objectifs: la promotion d’une agriculture périurbaine, la transition vers une agriculture en zone rurale, la création d’une industrie d’exportation durable et créatrice d’emplois et une politique de formation, de recherche et d’encadrement.  Afin d’appuyer cette stratégie, et de contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire, à la réduction de la pauvreté et à l’augmentation de la part de l’agriculture dans le PIB du pays, le Gabon a mis en place, entre autres, un projet de développement et d’investissement agricoles (PRODIAG) ainsi qu’un programme agricole de sécurité alimentaire de croissance (PASAC).

Le représentant a également mentionné le programme GRAINE (Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés), destiné à appuyer les petites exploitations agricoles, qui, en trois ans d’existence, a permis la création de 453 coopératives et 1 063 emplois directs, regrettant cependant que, sur les 200 000 hectares consacrés au programme, seuls 937,5 aient effectivement été mis en valeur.  Enfin, M. Oniane Nguema a expliqué que, pour anticiper sur les difficultés susceptibles de perturber le programme, le Gouvernement gabonais avait créé le fonds national de développement agricole, espérant ainsi assurer une garantie agricole et des garanties de prêt aux agriculteurs, ainsi qu’un appui financier à la relève agricole.  Ce fonds est assorti d’une assurance récolte et production qui protège les revenus des agriculteurs, notamment contre les risques de catastrophes naturelles.

Mme SU NADAR HLAING (Myanmar) a argué que la promotion de systèmes de production alimentaire durable et de pratiques agricoles plus résilientes sont nécessaires pour faire face à la faim et la malnutrition.  L’agriculture est au cœur de l’économie du Myanmar et contribue au tiers de son produit intérieur brut (PIB), a-t-elle indiqué.  Sur le plan mondial, il a fait remarquer que 70% de la population nationale vit en milieu rural et dépend des récoltes champêtres et des produits de la forêt pour vivre.  La stratégie de développement agricole du Myanmar a été établie grâce au soutien de la Banque asiatique de développement, de la FAO et du Fonds d’affectation spéciale Modes de subsistance et sécurité alimentaire.

Avec une ouverture sur la mer de 3 000 km et des terres humides intérieures de 3,3 millions d’hectares, le secteur de la pêche est central pour la croissance économique et le développement du pays, a précisé Mme Hlaing.  Conscient de la place du monde rural pour la sécurité alimentaire, le Gouvernement a assuré l’électrification de la moitié des villages du pays, grâce à des fonds de la Banque mondiale, avec pour ambition d’électrifier la totalité des villages du pays d’ici à 2030.  En outre, la représentante a plaidé pour une assistance accrue aux pays les moins avancés (PMA) tels que le Myanmar, en termes de fonds, de technologie et de renforcement des capacités afin de combattre les changements climatiques qui affectent négativement leur agriculture, et partant la sécurité alimentaire.

M. LOT DZONZI (Malawi) a souligné l’importance, eu égard à l’acuité des défis posés par la famine et la pénurie en eau, que les pays développés honorent leurs promesses au titre de l’APD et encouragent le transfert de technologie, en particulier au profit des pays les moins avancés et des pays africains.  Le défi de la faim ne peut être relevé indépendamment de celui de la pauvreté, a-t-il poursuivi.  Il a ensuite détaillé les réformes conduites par son pays s’agissant du secteur agricole.  Des ressources ont ainsi été consacrées au renforcement du système d’irrigation agricole afin de favoriser des récoltes tout au long de l’année, a expliqué le délégué.  M. Dzonzi a également mentionné un programme spécifique visant à fournir aux propriétaires de petites fermes un accès à des formes de crédit non traditionnelles.  Notre but est de développer une culture de l’épargne et de la coopération, a déclaré le représentant.  « La période qui nous sépare de 2030 s’amenuise de plus en plus », a-t-il conclu, en rappelant que « le temps n’attendait personne ».

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba avait souligné la nécessité de trouver les moyens de lutter contre la faim et la malnutrition.  La mise en œuvre de ces prescriptions dépend de la disponibilité des fonds nécessaires pour financer ces engagements, a—t-il estimé.  Davantage d’investissements dans l’agriculture et les zones rurales, y compris par le biais de la coopération internationale, est crucial pour renforcer la productivité agricole dans les pays en développement, a-t-il préconisé, en précisant que ces mesures devraient cibler en priorité l’agriculture familiale.

Le représentant a lancé un appel pour qu’il soit mis fin aux énormes subventions agricoles pratiquées dans les pays développés, arguant qu’elles conduisent à des distorsions des marchés internationaux.  Ces subventions, a-t-il ajouté, sapent les efforts visant à renforcer le secteur de l’agriculture dans les pays en développement.  Les objectifs de développement 1 (pas de pauvreté) et 2 (faim zéro) du Programme 2030 sont étroitement liés, a rappelé le délégué, avant de prôner la prise en compte des besoins des petits agriculteurs et de ceux des femmes pour contribuer à briser le cycle de la pauvreté.  Il a enfin déclaré que le Brésil est le premier pays à avoir pris des engagements « intelligents » à Genève, en mai 2017, dans le cadre de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025).

Mme MARGARET EDISON (Nigéria) a indiqué que l’Administration nigériane avait mis en place des politiques, stratégies et programmes appropriés pour favoriser le développement agricole, dans le but de parvenir à la sécurité alimentaire et d’inverser la courbe de la malnutrition en particulier chez les enfants de moins de 5 ans, les femmes et ceux qui vivent de l’aide humanitaire.  Il a mentionné une nouvelle politique de promotion agricole pour 2016-2020 qui vise à renforcer l’objectif fondamental de tirer parti des capacités du Nigéria à assurer la sécurité alimentaire et un revenu suffisant.

Pour répondre aux problèmes de malnutrition chez les enfants, les femmes enceintes et les mères allaitantes, le Nigéria a commencé à mettre en œuvre la politique nationale d’alimentation et de nutrition pour 2016-2025 qui est fondée sur la reconnaissance que l’élimination de la famine et l’amélioration de la nutrition sont une responsabilité partagée de tous les Nigérians.  Les cibles sont de réduire la proportion de la population souffrant de faim et de malnutrition de 50% avant 2025, réduire le taux d’émaciation chez l’enfant y compris la malnutrition aiguë sévère de 18% en 2013 à 10% en 2025, et réduire l’incidence de la malnutrition parmi les victimes des urgences de 50% avant 2025.  Le représentant a, enfin, réitéré le nécessité de rapatrier les avoirs volés aux pays d’origine pour les investir dans le secteur agricole.

M. ARTHUR AMAYA ANDAMBI (Kenya) a rappelé que le secteur agricole représentait 60% des créations d’emplois dans son pays.  L’imposition de ce secteur fournit 45% des recettes du Gouvernement, a-t-il ajouté.  Toutefois, il a indiqué que le Kenya continuait de pâtir des politiques mises en place au titre des programmes d’ajustement structurel, dont il a souligné les conséquences néfastes pour la production domestique.  Il a détaillé les politiques adoptées pour remédier à l’insécurité alimentaire, citant, s’agissant de la politique de l’offre, l’amélioration des infrastructures en milieu rural ou bien encore la fourniture de crédits pour les agriculteurs.

Au titre de la politique tarifaire, le Gouvernement est impliqué dans l’achat de maïs à des prix supérieurs à ceux du marché afin d’encourager la production, a-t-il dit.  Au titre de la politique de la demande, le délégué a mentionné le programme d’éducation gratuite ainsi que les soins à prix réduits dans les centres de soins publics, autant d’éléments permettant aux plus pauvres de disposer d’un revenu supplémentaire pour dépenser en nourriture.  Enfin, il a insisté sur l’importance de développer des semences agricoles plus résistantes aux maladies. 

M. MOHAMED (Soudan) a estimé qu’au rythme actuel, le monde n’est pas en bonne voie pour réaliser l’objectif 2 de développement durable relatif à l’élimination de la faim et de la malnutrition.  Il en veut pour preuve les millions de personnes qui souffrent toujours de la faim et de la malnutrition dans le monde.  Il a mis l’accent sur la situation des pays en situation de conflit ou sortant de conflit qui ne seront pas en mesure d’atteindre cet objectif et, par conséquent, il a appelé à leur venir en aide.  Pour le Soudan, c’est toute la signification du concept de « ne laisser personne de côté », le leitmotiv du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Soudan a des ressources considérables d’un point de vue agricole, avec un potentiel régional, a expliqué le représentant avant de préciser que son gouvernement avait parié sur la mise à niveau de son secteur agricole.  Il compte sur le soutien international de cette initiative et travaille d’ores et déjà avec la Ligue des États arabes et d’autres institutions dans ce domaine.  Compte tenu du fait que le Soudan accueille plus de deux millions de réfugiés, il attend une aide de la FAO à cet égard, notamment pour faciliter les transferts de technologie et des connaissances dans le domaine agricole.

M. KELEBONE A. MAOPE (Lesotho) a assuré que le Lesotho entendait moderniser son agriculture.  C’est dans cet objectif que la loi sur la gestion des terres, adoptée en 2010, statue sur la sécurité et la propriété des terres, en prévoyant notamment des mesures pour faciliter l’accès des terres aux femmes.  La Banque mondiale et le Fonds international de développement agricole (FIDA) ont financé des projets de développement de l’agriculture dans son pays, en ciblant les petits exploitants agricoles, a indiqué le représentant en expliquant que ces projets combinent l’assistance technique à des fonds, afin d’augmenter la productivité agricole.  Ces projets ont déjà bénéficié à 370 agriculteurs, en majorité des femmes.

Un autre projet mené avec le FIDA a pour but d’améliorer la qualité de la laine produite par le pays en améliorant celle des pâturages et en veillant à la santé des animaux.  Ces projets, a-t-il dit, laissent présager des bénéfices économiques importants pour le pays qui va pouvoir réduire ses importations alimentaires, tout en assurant une bonne alimentation aux populations.  Les changements climatiques et les sécheresses sévères sont d’autres défis à la sécurité alimentaire au Lesotho, a ajouté M. Maope en préconisant d’y répondre à la fois par des réponses urgentes et des mesures d’assistance à moyen et long termes, le but étant de renforcer la résilience du pays.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a qualifié de « paradoxe contemporain » le fait que tant de gens souffrent de la faim et de la malnutrition alors même qu’il existe un accès sans précédent à la nourriture.  Il reproche aux forces du marché -dans ce cas le secteur privé- d’avoir le contrôle du système alimentaire mondial et de priver les gens, quand on sait que la production alimentaire suffirait à nourrir toute la population mondiale.  Pour sa délégation, un contrôle s’impose au nom de la sécurité alimentaire.  Il a plaidé en faveur d’une nouvelle vision à l’échelle nationale, régionale et internationale pour répondre à ce problème.

Pour cela, il a invité à prendre en compte les notions de « souveraineté alimentaire » ou encore de « démocratie alimentaire », dont certains parlent et qui font l’objet de recherches et de publications.  Pour l’Algérie cette nouvelle vision doit à la fois refléter le droit de chacun à une alimentation suffisante et nutritive, soutenir les agriculteurs qui souhaitent quitter le modèle « productionniste », encourager l’information du consommateur, réguler le marché, favoriser le commerce équitable et promouvoir le secteur bio.  Il faut repenser nos modes de production et de consommation pour ne plus avoir à jeter la surproduction pour des motifs uniquement liés au profit, alors que des millions de personnes souffrent de la faim et de la malnutrition, a-t-il conclu.

Mme PANABOKKE (Sri Lanka) a indiqué qu’en dépit des nombreux efforts de la communauté internationale, le monde est confronté à de nombreux défis pour arriver à la sécurité alimentaire du fait des changements climatiques, de l’accroissement de la population, de l’urbanisation et des changements de modèles de revenus et de consommation.  Cependant, des politiques soigneusement conçues en faveur de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition, particulièrement au niveau national, peuvent grandement contribuer à relever ce défi, a-t-elle assuré.  Conformément à l’objectif 1 de développement durable, qui vise à mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes, Sri Lanka a déclaré 2017 comme l’année de la lutte contre la pauvreté et proclamé le mois de juin, mois de la nutrition.

Sri Lanka a en outre lancé une initiative multisectorielle afin de réduire la malnutrition infantile et maternelle.  Le pays veille à promouvoir une agriculture durable, a ajouté la déléguée.  En précisant que 80% de la nourriture du pays provient de sources locales, elle a fait valoir que Sri Lanka est autosuffisante en ce qui concerne le riz, qui est l’aliment de base dans le pays.  En outre, des projets ont été lancés pour augmenter la production alimentaire et stabiliser les prix alimentaires sur le marché intérieur.  La déléguée s’est félicitée du fait que Sri Lanka avait réussi à atteindre l’objectif de réduction de la faim de moitié, 7 ans avant 2015, sachant que le pays entend également réaliser l’objectif 2 de développement relatif à la faim à l’horizon 2030.

Mme HAMDOUNI (Maroc) a indiqué que la sécurité alimentaire a toujours constitué une priorité des politiques économiques nationales à travers le développement d’une agriculture durable et d’une politique d’ouverture sur l’économie internationale.  Conscient des défis que posent les changements climatiques et la désertification, le pays s’est doté en 2008 du Plan Maroc vert qui a pour principal objectif de renforcer la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs, a expliqué sa représentante.  Ce plan comporte deux piliers, à savoir le développement d’une agriculture durable répondant aux règles du marché en s’appuyant sur des investissements privés dans les filières à haute valeur ajoutée; et l’accompagnement d’une agriculture solidaire et la lutte contre la pauvreté notamment dans les zones à économie fragile.  Ce plan vise également à valoriser la femme rurale.

Par ailleurs, la pêche maritime est régie par le plan Halieutis, a poursuivi la déléguée, tandis que la stratégie nationale de nutrition vise le renforcement d’un approvisionnement durable en aliments sûrs et sains par le biais d’une régulation des prix des produits agricoles et de la pêche et par l’amélioration de la disponibilité et de l’accessibilité financière aux produits alimentaires.  Sur le plan international, le Maroc réitère son engagement à renforcer la coopération Sud-Sud et triangulaire en s’appuyant sur des partenariats stratégiques, en particulier, avec les pays africains, afin d’assurer la sécurité alimentaire, le développement agricole et la réduction de la pauvreté rurale sur le continent.  L’initiative triple A (AAA) pour l’Adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques s’inscrit notamment dans cette démarche.

Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a indiqué que le 12 septembre dernier, la Mongolie a organisé un forum sur la sécurité alimentaire auquel ont participé des agriculteurs venus des 21 provinces du pays et qui a donné lieu à l’adoption de recommandations.  Celles-ci concernent notamment la facilitation d’accès aux prêts de longue durée pour les agriculteurs, l’amélioration de la production agricole nationale, l’amélioration des inspections sanitaires des aliments, et la sensibilisation et l’éducation des consommateurs sur la qualité des aliments.  Aujourd’hui, l’agriculture et le secteur des petites industries représentent 36,1% du PIB de la Mongolie, tout en employant 56,7% de la population active du pays.

Des défis persistent pour l’essor de l’agriculture de la Mongolie, a poursuivi la représentante.  Elle a ainsi noté l’insuffisance des ressources financières et du savoir-faire technique, tout comme la mauvaise gestion des ressources naturelles, la position des terres agricoles se trouvant en altitude, les aléas climatiques, les sécheresses prolongées et la dégradation des terres qui s’accroît.  La FAO prévoit même que la production céréalière du pays va diminuer de moitié d’ici à 5 ans du fait des sécheresses prolongées, s’est-elle inquiétée avant de se féliciter qu’un projet du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) soit en cours pour juguler la dégradation des terres en Mongolie.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a relayé le message du Pape François, ce matin, à l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à l’occasion la Journée mondiale de l’alimentation au cours de laquelle il a identifié le problème comme étant l’absence de solidarité mondiale pour réaliser l’objectif d’éliminer la faim et la malnutrition.  Le nonce a dénoncé le fait que les décisions internationales dépendent trop du pragmatisme des statistiques ou du désir d’efficacité, au détriment de l’objectif de solidarité, alors que celles-ci sont cruciales pour les pays les moins avancés.  Soulignant l’importance de l’engagement des pays à accroître le niveau de nutrition et à améliorer l’activité agricole et les conditions de vie de la population rurale, il a néanmoins jugé que cela n’était pas suffisant et qu’il fallait reconnaître le droit de chaque personne à être à l’abri de la pauvreté et de la faim comme le devoir de toute la famille humaine.

Le nonce a encore rappelé les propos du pape sur les conflits et le gaspillage, qu’il voit comme des causes majeures de la faim, et le lien qu’il établit entre différents concepts.  « Serait-il de trop d’introduire dans le langage de la coopération internationale la catégorie de l’amour qui comprend la gratitude, l’égalité de traitement, la solidarité, la culture du don, la fraternité, la miséricorde? » a-t-il dit en citant le pape François.  Lorsqu’un pays est incapable de répondre adéquatement à ses besoins pressants de développement, le Saint-Siège estime qu’il y a une obligation internationale d’aider ces pays à le faire.  Il a rappelé que la faim et la malnutrition ne sont pas naturelles ou un phénomène structurel dans des régions géographiques déterminées, mais le résultat d’un ensemble complexe de conditions de sous-développement causées par l’indifférence de beaucoup et l’égoïsme de certains.

Mme HIROKO MURAKI GOTTLIEB, Chambre de commerce internationale, a souligné l’importance d’accélérer la croissance du secteur agroalimentaire en vue de remplir les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cette fin, le renforcement des partenariats public-privé est crucial, a-t-elle dit. La déléguée a en effet expliqué que ces partenariats encourageaient la recherche et l’innovation, au bénéfice notamment des secteurs agricoles des pays en développement.  Pour les gouvernements, ces partenariats représentent un moyen de fournir des outils importants, ainsi qu’un savoir durable, aux agriculteurs locaux, a-t-elle affirmé.  Enfin, elle a déclaré que ces partenariats permettaient d’inclure, de manière durable, les pauvres dans les chaînes de production en tant que producteurs, employés ou consommateurs.

Mme CARLA MUCAVI de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’exprimant également au nom du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds international de développement agricole (FIDA), a indiqué que le nombre de personnes souffrant de malnutrition chronique dans le monde est passé de 777 millions en 2015 à 815 millions en 2016.  Les conflits en sont la première cause, associés à la sécheresse et aux inondations souvent liées au phénomène El Niño.  La plupart des gens souffrant de la faim, soit 489 millions, vivent dans des zones de conflits, a-t-elle ajouté en notant que si les conflits conduisent à la faim, inversement la faim peut conduire à la violence et à l’instabilité, particulièrement dans des contextes de persistance des inégalités et dans le cas où les institutions sont fragiles.

La déléguée a rappelé que le monde célèbre aujourd’hui la Journée mondiale de l’alimentation dont le thème fait le lien entre les migrations et la sécurité alimentaire.  Elle a expliqué comment l’insécurité alimentaire, la dégradation des ressources naturelles, l’instabilité politique, les conflits et le marasme économique en zones rurales forcent des gens à partir de chez eux.  Par ailleurs, elle a recommandé d’investir dans une agriculture inclusive, durable et résiliente et de parier sur le développement rural, si l’on veut améliorer les revenus des familles d’agriculteurs.  Elle a notamment proposé de promouvoir l’accès des agriculteurs aux terres et à l’eau.  Il faut aussi renforcer le financement de la recherche agricole, investir dans les infrastructures rurales, établir des filets de sécurité sociale, autonomiser les femmes qui sont l’épine dorsale de l’agriculture dans les pays en développement, améliorer l’accès aux marchés et renforcer les organisations d’agriculteurs, a-t-elle plaidé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: 15 États rejoignent les 32 autres du Conseil des droits de l’homme

Soixante-douzième session,
31e séance plénière - matin
AG/11962

Assemblée générale: 15 États rejoignent les 32 autres du Conseil des droits de l’homme

L’Assemblée générale a élu, ce matin, à bulletin secret, 15 membres du Conseil des droits de l’homme, qui y rejoindront leurs 32 pairs, pour une durée de trois ans à compter du 1er janvier 2018.

Le Sénégal avec 188 voix; l’Angola, 187; le Nigéria, 185; et la République démocratique du Congo, 151, entrent ainsi au Conseil des droits de l’homme. 

Les candidats, qui doivent obtenir la majorité absolue des voix, soit 97, sont élus sur « la base de leur contribution à la promotion et à la protection des droits de l’homme ».

Les quatre sièges vacants de la région Asie-Pacifique, ont été remportés par le Népal, avec 166 voix; le Qatar, 155; le Pakistan, 151; et l’Afghanistan, 130.  

Le Pérou avec 180 voix; le Mexique, 179; et le Chili, 175; occuperont les trois sièges vacants de l’Amérique latine et des Caraïbes.

S’agissant de l’Europe orientale, c’est la Slovaquie avec 185 voix et l’Ukraine, 177, qui emportent les deux sièges à pourvoir. 

L’Espagne, avec 180 voix et l’Australie, 176, vont siéger pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.

Outre les nouveaux élus, les membres du Conseil sont les pays suivants: Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Belgique, Brésil, Burundi, Chine, Côte d’Ivoire, Croatie, Cuba, Égypte, Émirats arabes unis, Équateur, États-Unis, Éthiopie, Géorgie, Hongrie, Iraq, Japon, Kenya, Kirghizistan, Mongolie, Panama, Philippines, République de Corée, Royaume-Uni, Rwanda, Slovénie, Suisse, Togo, Tunisie et Venezuela.

Le Conseil, dont les membres sont élus selon le principe de la répartition géographique équitable, est composé comme suit: 13 sièges pour l’Afrique, autant pour ceux de l’Asie-Pacifique, 8 sièges pour l’Amérique latine et les Caraïbes, 7 pour l’Europe occidentale et autres États et 6 sièges pour l’Europe de l’Est.

Le Conseil des droits de l’homme, qui siège à Genève, a été créé en 2006 par la résolution A/RES/60/251 pour remplacer la Commission des droits de l’homme.  Organe subsidiaire de l’Assemblée générale, il est chargé de veiller à la promotion et à la protection des droits de l’homme partout dans le monde, notamment à travers ses procédures spéciales telles que l’Examen périodique universel auquel les pays se prêtent sur une base volontaire et reçoivent des recommandations de leurs pairs; les rapporteurs spéciaux et experts indépendants ou encore les commissions d’enquête.

Chaque année, le Conseil tient trois sessions ordinaires en mars, juin et septembre.  Il a, depuis sa création, tenu 26 sessions extraordinaires sur les situations des droits de l’homme qui requièrent une urgente attention, la dernière ayant eu lieu le 14 décembre 2016 sur la situation des droits de l’homme au Soudan du Sud.   

En début de séance, le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, a énergiquement condamné l’ignoble attentat perpétré à Mogadiscio et présenté ses condoléances au peuple somalien.  Ces actes odieux, a-t-il ajouté, soulignent, une nouvelle fois, la nécessité de s’attaquer au fléau du terrorisme sous toutes ses formes, notamment en examinant ses causes sous-jacentes.

L’Assemblée générale reprendra ses travaux mercredi 18 octobre, à 15 heures, pour examiner le dernier rapport annuel du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement : les partisans de la dissuasion nucléaire affirment leur position devant la Première Commission

Soixante-douzième session,
14e et 15e séances – matin & après-midi
AG/DSI/3582

Désarmement : les partisans de la dissuasion nucléaire affirment leur position devant la Première Commission

La République populaire démocratique de Corée avertit qu’une guerre nucléaire pourrait « éclater à tout moment »

Les puissances nucléaires ont souligné avec force, aujourd’hui, leur attachement à une politique de dissuasion au cours d’une réunion de la Première Commission durant laquelle, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a notamment averti qu’une guerre nucléaire pourrait « éclater à tout moment ».

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) poursuivait son débat thématique sur les armes nucléaires, avant d’élargir la discussion aux autres types d’armes de destruction massive.

Dénonçant avec force la « politique hostile des États-Unis et les menaces nucléaires proférées contre la RPDC », le représentant de ce pays a de nouveau souligné, devant la Commission, que le programme nucléaire de la RPDC est « une mesure de légitime défense ».

Ce dernier a affirmé que, cette année, la RPDC était devenue une puissance nucléaire à part entière dotée de la bombe atomique, de la bombe à hydrogène et de fusées balistiques intercontinentales.

« L’ensemble du continent des États-Unis est à la portée de nos tirs et si les États-Unis osent envahir notre territoire sacré, ne serait-ce que d’un centimètre, ils n’échapperont pas à notre châtiment », a mis en garde le délégué.

« À l’heure où la Corée du Nord menace », la représentante de la France a donc souligné que la dissuasion nucléaire représente une composante essentielle de la stabilité stratégique régionale ainsi que de sa sécurité nationale.

Remettre en cause la légitimité de cette politique traduit une volonté de passer outre certains intérêts de sécurité fondamentaux, mais aussi une ignorance des équilibres stratégiques et des risques de déstabilisation actuelle, a estimé la représentante, pointant notamment du doigt le nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et son « approche moralisatrice », qui remet en cause les fondements du multilatéralisme.

« Les menaces émanant d’États dotés sont vraiment réelles et nous devons convaincre tout agresseur potentiel que le bénéfice d’une attaque serait largement dépassé par ses conséquences », a renchéri le représentant du Royaume-Uni pour qui l’environnement international imprévisible actuel exige aussi de son pays qu’il maintienne sa force de dissuasion nucléaire « dans un avenir prévisible ».

Ce dernier a également souligné que la dissuasion nucléaire n’est pas seulement essentielle pour sa sécurité, mais aussi pour celle des nations qui sont couvertes par le parapluie nucléaire de l’Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN).  « L’objectif fondamental des capacités nucléaires de l’OTAN est de préserver la paix et de dissuader de toute agression, a-t-il insisté.  Nous devons convaincre tout agresseur potentiel que le bénéfice d’une attaque serait largement dépassé par ses conséquences. »

Le Royaume-Uni a notamment cité au rang de ses préoccupations la Fédération de Russie qui est « en train de moderniser ses forces et ses missiles nucléaires » et dont « l’augmentation troublante » du nombre d’exercices nucléaires effectués sans préavis ne saurait être minimisée.  Dans ces conditions, a-t-il expliqué, « abandonner unilatéralement notre force de dissuasion minerait notre sécurité, celle de nos alliés, et ne nous placerait pas plus en sécurité ».

Le représentant de la Fédération de Russie a, pour sa part, surtout estimé que la dégradation de l’environnement sécuritaire rendait avant tout urgente l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), mais aussi une réflexion approfondie sur l’effet déstabilisateur du déploiement de systèmes antimissiles et les projets de placement d’armes dans l’espace.

Il a également abordé la question du nucléaire iranien, regrettant la décision du Président des États-Unis de ne pas certifier le Plan d’action global commun.  Au lieu de remettre en cause les résultats obtenus par les Parties à l’accord, des efforts devraient être consentis pour optimiser sa mise en œuvre, a estimé le délégué russe qui a en outre indiqué que, « dans tous les cas, aucune sanction contre l’Iran ne sera prise par le Conseil de sécurité dans les mois à venir ».

À ce propos, le représentant de la République islamique d’Iran a soutenu que les accusations américaines sur la « non-conformité de l’Iran » n’ont aucun fondement et que c’est l’actuelle Administration américaine qui a, au contraire, violé la lettre de ce plan.

Convaincu de la validité de l’accord, qu’on « ne peut pas supprimer comme une entente bilatérale », il a appelé la communauté internationale à ne pas autoriser les États-Unis à saper le Plan d’action global commun, avertissant que « cela minerait le régime de non-prolifération dans son ensemble ».  Autrement, a-t-il mis en garde, on court le risque de voir chaque pays renier ses engagements et ses décisions après chaque élection d’une nouvelle administration.

Abordée pendant l’après-midi, la question des armes chimiques et biologiques a par ailleurs déclenché des bordées d’accusations visant notamment le régime syrien.  Les attaques chimiques de l’EIIL et celle perpétrée dans l’aéroport de Kuala Lumpur ont également fait l’objet de condamnations sévères.  La destruction complète et vérifiée des armes chimiques de la Fédération de Russie a en revanche été saluée à la quasi-unanimité, et des délégations se sont aussi félicitées du transfert d’armes chimiques hors de la Libye.

Les délégations ont en revanche regretté que la huitième Conférence des États parties chargée de l'examen de la Convention sur les armes biologiques n’ait pas abouti à la conclusion d’un accord pour renforcer la mise en œuvre de cet instrument. 

La Première Commission poursuivra son débat thématique, mardi 17 octobre, à 10 heures.

QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION DÉPOSÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Suite du débat thématique sur les armes nucléaires

M. DAMIAN PRZENIOSLO (Pologne) a souligné que la réussite du désarmement nucléaire dépendait de la prise en compte de l’environnement sécuritaire.  Il s’est inquiété de la montée des tensions dans la péninsule coréenne, les agissements de Pyongyang représentant une menace à la paix et à la stabilité de la région.  Après avoir noté que plus doit être fait pour combattre la prolifération de « matériaux sensibles » vers des acteurs non étatiques, le représentant a défendu la pertinence du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, qui, s’il n’est pas parfait, implique des activités de vérification qui contribuent à la désescalade des tensions.  Il a ajouté que, pour la Pologne, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste un rouage du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Rien de majeur ne pourra être réalisé en matière de désarmement nucléaire sans travail avec les États dotés d’armes nucléaires, a-t-il souligné.  Il a souhaité que la prochaine Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité en 2020 soit couronnée de succès, et plaidé pour une approche progressive pour atteindre l’objectif d’un monde sans armes nucléaires.  Une telle approche progressive prévoit l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la négociation d’un traité interdisant la production matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires, et la relance des accords stratégiques américano-russes, a-t-il indiqué. 

Mme ALICE GUITTON (France) a affirmé qu’à l’heure où la « Corée du Nord » menace, la France insiste sur l’importance de renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui reste « un rempart irremplaçable face à la prolifération ».  C’est en raison de ce même contexte que la France demande à ce que soit poursuivie « l’application rigoureuse de l’accord avec l’Iran », a-t-elle ajouté.

Après avoir assuré que son pays reste déterminé à poursuivre la mise en œuvre de ses engagements en matière de désarmement, citant notamment la réduction d’un tiers du nombre de ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) et de moitié de ses armes nucléaires, la représentante a affirmé que la dissuasion nucléaire continue de représenter pour la France une composante essentielle de la stabilité stratégique régionale et à la sécurité nationale.  À ses yeux, remettre en cause la légitimité de cette politique traduit une volonté de passer outre certains intérêts de sécurité fondamentaux, mais aussi une ignorance des équilibres stratégiques et des risques de déstabilisation actuelle.  En la matière, elle a notamment estimé que l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires oublie la manière dont le monde a enregistré des progrès concrets en matière de désarmement, y voyant une mesure inefficace qui « n’aboutira au démantèlement d’aucune arme » et qui « prend le risque d’une escalade d’armement conventionnel ».  À ses yeux, ce traité adopte une approche « humanitaire, mais en réalité surtout moralisatrice », qui remet en cause les fondements du multilatéralisme et qui risque de fragiliser le régime de non-prolifération en créant un conflit de norme avec le TNP.  « Cela veut dire que désormais, un État peut décider de quitter ce TNP, tout en affichant un engagement de façade, sans vérification, en faveur du désarmement et de la non-prolifération », a analysé la déléguée.  C’est pourquoi, les États dotés de l’arme nucléaire et les États non dotés mais dont la sécurité repose sur la dissuasion n’ont pas participé à ce traité, a-t-elle expliqué.  « Ce traité auquel la France n’entend pas adhérer ne nous lie pas », a-t-elle conclu avant d’ajouter que « la décision souveraine de chaque État d’adhérer ou non à ce traité ne saurait être prise dans l’ignorance de tous ces risques ».

M. MIKHAIL ULYANOV (Fédération de Russie) a rappelé que, pour la Russie et les États-Unis, non seulement la course aux armements avait pris fin depuis longtemps, mais que la tendance avait été largement inversée.  La Russie a réitéré à maintes reprises qu’elle était prête à organiser un dialogue inclusif et auquel participeraient les États dotés d’armes nucléaires, pour intensifier encore les activités de réduction des armes nucléaires, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, la dégradation de l’environnement sécuritaire rend plus urgente encore l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) mais aussi une réflexion approfondie sur l’effet déstabilisateur du déploiement de systèmes antimissiles et les projets de placement d’armes dans l’espace.  Le représentant russe a également rappelé qu’au titre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), l’élimination totale des arsenaux nucléaires devait être conduite de manière progressive en vue d’atteindre l’objectif commun de désarmement général et complet.  Cette importante disposition a, semble-t-il, été oubliée par les auteurs du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a-t-il considéré.  Sur le nucléaire iranien, le représentant a regretté la décision du Président des États-Unis de ne pas certifier le Plan d’action global commun.  Au lieu de remettre en cause les résultats obtenus par les parties à l’accord, des efforts devraient être consentis pour optimiser sa mise en œuvre, a-t-il estimé.  Il a en outre indiqué que, « dans tous les cas, aucune sanction contre l’Iran ne sera prise par le Conseil de sécurité dans les mois à venir ». 

M. ENRI PRIETO (Pérou) a plaidé en faveur de l’universalisation des régimes destinés à interdire les armes nucléaires et à parvenir à une élimination totale.  Il a estimé que l’actualité souligne davantage cette urgence.  Outre le fait que le stock mondial d’armes nucléaires est évalué à 15 000 unités, le représentant s’est inquiété du fait qu’aucune arme nucléaire n’a été détruite physiquement ces dernières années.  Au contraire, a-t-il dénoncé, les pays dotés n’ont cessé de moderniser leurs arsenaux et programmes nucléaires et la doctrine nucléaire est restée au cœur des politiques de sécurité.  Il a appelé les pays cités à l’annexe 2 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à le ratifier urgemment et sans délais.  Il a également demandé à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) d’arrêter définitivement son programme nucléaire.

Un des premiers pays à avoir ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le Pérou considère que ces armes violent le droit international et le droit international humanitaire, compte tenu des conséquences catastrophiques de leur éventuelle utilisation.  Le représentant a estimé que la seule manière de contrer les graves dangers qu’elles représentent pour la survie même de l’humanité est de parvenir à leur élimination et interdiction totale, exhortant les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier sans délai les traités pertinents. 

Le Pérou se félicite aussi que la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires se soit vue décerner le prix Nobel de la paix.  Cette récompense est une reconnaissance du travail accompli par la société civile, a-t-il estimé.  Le représentant a ensuite fait part de son appui à toutes initiatives visant à parvenir à un instrument juridiquement contraignant interdisant la possession et pour l’élimination des armes nucléaires, a conclu son représentant. 

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée-RPDC) a constaté que la communauté internationale est en train de s’écarter de la création d’un monde exempt d’armes nucléaires, qui était pourtant la raison pour laquelle les Nations Unies ont été créés.  Se disant favorable à l’élimination de ces armes de destruction massive, le délégué a cependant affirmé que « tant que les États-Unis continueront à faire chanter notre pays, nous ne ratifierons pas le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ».  Tout le monde sait, a-t-il affirmé, que la question de la nucléarisation de la péninsule coréenne a été créée par la politique hostile des États-Unis et les menaces nucléaires proférées contre la RPDC.  À ce titre, il a souhaité que ce pays cesse sa politique de « frappes préventives et de déploiement d’armes hors de son territoire », avertissant qu’une guerre nucléaire pourrait « éclater à tout moment ». 

Rappelant qu’en 1957, « les États-Unis ont déployé des armes atomiques en Corée du Sud », et que depuis les années 1970, « ils mènent des exercices militaires de grande ampleur incluant des armes nucléaires », le délégué a considéré que le dernier déploiement, en mars-avril 2017, était destiné à simuler une frappe préventive contre la RPDC.  Dans le même temps, a-t-il poursuivi, les États-Unis ont déployé les bombardiers stratégiques stationnés à Guam vers la ligne de démarcation militaire en péninsule coréenne pour y effectuer une simulation de déflagration nucléaire.  Ce qui est encore plus dangereux, a poursuivi le délégué, est le fait que les États-Unis ont osé créer et effectuer l’exercice d’une « opération de décapitation » dans le but de « renverser notre dirigeant suprême ».  Selon le délégué, « aucun pays au monde n’a été placé aussi longtemps sous une telle menace de la part des États-Unis et n’a eu à subir des exercices de guerre nucléaire à ses portes ». 

Le programme nucléaire de la RPDC est « une mesure de légitime défense » de la part d’un peuple qui a connu la guerre, et si les États-Unis n’arrêtent pas leur politique hostile, nous ne céderons jamais d’un iota », a-t-il mis en garde.  Le représentant a ensuite indiqué que cette année, la RPDC avait achevé de constituer sa force nucléaire et était devenue une puissance nucléaire à part entière dotée de la bombe atomique, de la bombe à hydrogène et de fusées balistiques intercontinentales.  « L’ensemble du continent des États-Unis est à la portée de nos tirs et si les États-Unis osent envahir notre territoire sacré, ne serait-ce que d’un centimètre, ils n’échapperont pas à notre châtiment, dans n’importe quelle partie du globe », a-t-il affirmé.  Le représentant a précisé que son gouvernement n’avait pas l’intention d’utiliser son arme nucléaire contre tout autre pays à condition que ce dernier ne participe pas aux opérations militaires engagées par les États-Unis contre la RPDC.  La RPDC, « État nucléaire responsable », contribuera au maintien de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne et le reste de la région, a-t-il assuré.

M. AHMAD MOHAMED AL-THANI (Qatar) a rappelé l’importance de tous les documents édictés jusqu’ici par les Nations Unies sur la question du nucléaire.  « Un demi-siècle après l’adoption sur le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il rappelé, le monde continue de vouloir atteindre les objectifs cités dans ce document ».  Réaffirmant l’importance de l’engagement du Qatar et de son attachement au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le délégué a considéré la prolifération d’armes nucléaires au Moyen-Orient préoccupante.  « C’est la seule région qui n’a pas fait de progrès sur ce plan », a-t-il constaté, faisant également part de ses préoccupations face aux tensions continues dans la région.  Se disant favorable à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, et au développement du nucléaire pacifique dans le respect des normes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il a assuré que son pays accordait beaucoup d’attention à l’importance d’éviter les conséquences humanitaires catastrophiques liées à la prolifération.  

M. MATTHEW ROWLAND (Royaume-Uni) a souligné d’emblée que « l’environnement international imprévisible actuel exige de son pays qu’il maintienne sa force de dissuasion nucléaire dans un avenir prévisible.  Les menaces émanant d’États dotés sont « vraiment réelles » et nous devons convaincre tout « agresseur potentiel » que le bénéfice d’une attaque serait largement dépassé par ses conséquences.

Il a souligné que la Fédération de Russie était « en train de moderniser ses forces et ses missiles nucléaires » et qu’il y avait eu ces dernières années « une augmentation troublante » du nombre d’exercices nucléaires russes effectués sans préavis.  Le représentant s’est également inquiété de la menace que posent les États qui sont activement en train d’essayer d’acquérir la capacité nucléaire de manière illégale, pointant notamment « la Corée du Nord ». 

Pour le Royaume-Uni, la dissuasion nucléaire n’est pas seulement essentielle pour sa sécurité, elle l’est aussi pour l’OTAN ainsi que pour les nombreuses nations qui sont couvertes par le parapluie nucléaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a poursuivi le représentant, rappelant que « l’objectif fondamental des capacités nucléaires de l’OTAN est de préserver la paix, de prévenir la coercition et de dissuader toute agression ».  « Abandonner unilatéralement notre force de dissuasion minerait notre sécurité, celle de nos alliés, et ne nous placerait pas plus en sécurité », a encore insisté le délégué.

Poursuivant, M. Rowland a assuré que son gouvernement n’emploierait ses armes nucléaires qu’en cas de « situation extrême de légitime défense », et qu’il continuerait d’offrir l’assurance de ne pas utiliser ou de menacer d’utiliser ces armes contre des États non dotés parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).  Qualifiant son pays « d’État doté responsable », le représentant a réitéré l’engagement du Royaume-Uni à créer les conditions d’un monde exempt d’armes nucléaires, conformément au TNP.  Il a rappelé que son pays jouait un rôle moteur dans les mécanismes de vérification du désarmement, précisant qu’il continuait de faire pression pour obtenir l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le lancement de négociations pour un traité interdisant la production de matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement.

Le Royaume-Uni est également engagé à préserver l’arsenal minimum pour maintenir sa force de dissuasion, a enchaîné le délégué qui a passé en revue les réductions opérées ces dernières années, tant dans le nombre de têtes nucléaires que dans leur niveau d’alerte.  Le pays a un seul sous-marin Trident en patrouille, ses ogives nucléaires sont désactivées et impose des normes de contrôle très strictes depuis deux décennies et le Royaume-Uni s’est également imposé un moratoire volontaire sur la production de matières fissiles.  Le représentant a aussi insisté sur les mesures de vérification en place et réitéré son soutien aux zones exemptes d’armes nucléaires existantes.

M. ERICK MWEWA (Zambie) a réaffirmé le soutien de son pays à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires, insistant en particulier sur le rôle des zones exemptes d’armes nucléaires.  Il a aussi rappelé l’adhésion de son pays au Traité de Pelindaba instaurant une telle zone en Afrique.  Le représentant a ensuite salué les efforts déployés pour empêcher toute forme « de terrorisme nucléaire », insistant en même temps sur le droit des États à utiliser pacifiquement l’énergie nucléaire.  Il a salué dans ce domaine le rôle joué par l’AIEA pour renforcer la coopération technique, qui est « d’une importance critique » pour les pays en développement.  Après avoir passé en revue les initiatives prises au niveau régional, le représentant a réitéré le rôle central du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), pierre angulaire du désarmement mondial, appelant les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier en urgence le traité.  Il a également appelé les États cités de l’Annexe 2 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à le ratifier.  Enfin, il a appelé au renforcement des mécanismes de désarmement et des mécanismes de contrôle et de vérification, notamment dans le domaine des activités de protection physique des matériaux et des installations nucléaires et de la détection d’éventuels trafics illicites de matières fissiles.  

Pour M. KADIM OUSSEIN (Comores), le développement, la modernisation des arsenaux nucléaires, et la poursuite des essais constituent une réelle menace pour la sécurité internationale et contreviennent gravement au régime de non-prolifération.  Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires que l’Union des Comores a signé le 20 septembre dernier, est « une étape essentielle vers la réalisation d’un monde sans armes nucléaires », et une « victoire de la diplomatie, de la coopération internationale et du dialogue entre États », a affirmé le représentant.  Cet instrument, a-t-il ajouté, offre une vision de paix et de sécurité internationale qui ne se base pas sur l’utilisation de la force et des armes.  La délégation comorienne a également fait savoir qu’elle votera en faveur de la résolution « pour faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire » ainsi que toutes celles concernant le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

M. BAKANAUSKAS (Lituanie) a plaidé à son tour en faveur d’une approche progressive en matière de désarmement nucléaire, basée sur la recherche de mesures pratiques.  Il a rappelé qu’une telle approche était défendue chaque année dans une déclaration conjointe faite par l’Australie au nom de 29 États Membres de l’ONU.  Il s’est dit convaincu que l’objectif partagé d’un monde sans armes nucléaires ne peut être réalisé que par l’engagement commun et volontaire des États dotés et non dotés d’armes nucléaires.  Le représentant a estimé que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ainsi que son universalisation constitueraient une avancée majeure vers le désarmement général et complet prévu par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a par ailleurs salué les activités de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans le cadre de la mise en œuvre d’un plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien. 

M. BHARAT RAJ PAUDYAL (Népal) a salué l’attribution du prix Nobel de la paix à la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), insistant sur la participation de la société civile aux efforts de désarmement et de non-prolifération nucléaire.  Il a ensuite fait part de sa profonde préoccupation quant aux conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques d’un usage intentionné ou accidentel d’armes nucléaires.  Dans ce contexte, il a réitéré son appel à la conclusion d’un traité interdisant la production de matières fissiles, ainsi que son plein soutien à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires.  Après avoir indiqué que son pays avait signé le Traité d’interdiction des armes nucléaires, il a rappelé l’avis consultatif de la Cour international de Justice de 1996 qui considère que l’usage ou la menace de l’usage d’armes nucléaires constituent un crime contre l’humanité et une violation du droit international.

Le représentant a par ailleurs souligné que son pays « ne croit pas que les armes nucléaires participent à la dissuasion, mais constituent au contraire une source de dilemme entre les États dotés ».  « La modernisation des arsenaux, les recherches en cours sur les têtes nucléaires et le développement de nouveaux véhicules doivent s’arrêter », a-t-il insisté, plaidant pour la création urgente d’un instrument juridiquement contraignant imposant aux États dotés d’offrir des garanties négatives de sécurité aux États non dotés contre l’usage ou la menace de l’usage d’armes nucléaires.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) s’est inquiété du fait que les États dotés d’armes nucléaires ne respectent pas leurs obligations internationales.  Engageant ces États à faire preuve, à l’avenir, de souplesse et de volonté politique pour respecter leurs obligations, il a regretté l’intransigeance d’Israël dans sa volonté d’empêcher la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Selon lui, la prolongation de cette position menace non seulement la sécurité dans une région où les tensions sont déjà fortes, mais constitue également un véritable revers en matière de désarmement.

Le représentant a ensuite appelé tous les États africains à signer le Traité de Pelindaba, tout en soutenant le droit de chacun de développer un programme nucléaire pacifique.  Rappelant que son pays avait joué un rôle de chef de file pour élaborer ce traité, le délégué a indiqué que Khartoum avait aussi accueilli la première Conférence des organes africains chargés de l’application de la Convention sur les armes chimiques.

Mme MARIE CHATARDOVÁ (République tchèque) a demandé à augmenter les efforts pour préserver et renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui est pour son pays la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement.  Elle a aussi appelé à réaffirmer le rôle central de l’Agence internationale de l’énergie atomique, et a indiqué que son pays participait, y compris au niveau financier, à l’Initiative sur les utilisations pacifiques menée sous les auspices de cette institution.  Poursuivant, Mme Chatardová a rappelé que la République tchèque était le premier pays européen à avoir ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), « un instrument clef ».  Elle a exhorté les huit pays cités dans l’annexe 2 de ce Traité à le signer ou à le ratifier au plus vite.  Enfin, la représentante a réaffirmé l’attachement de son pays à la création d’un traité juridiquement contraignant interdisant la production de matériaux fissiles pour les armes nucléaires.  Vu « l’impasse décevante dans laquelle se trouve continuellement la Conférence du désarmement », elle a soutenu la création d’un groupe d’experts préparatoires sur ce projet. 

Mme Chatardová a par ailleurs souligné que pour être effectif et viable, le désarmement doit prendre en compte l’environnement sécuritaire international.  Aussi a-t-elle plaidé en faveur de « l’approche progressive », qui mise sur l’adoption de mesures progressives, parallèles et efficaces pour faire avancer le désarmement.  « Chercher à interdire les armes nucléaires par un traité qui n’implique pas les États dotés d’armes nucléaires ne sera pas efficace, ne réduira pas les arsenaux et ne renforcera pas la paix internationale et la stabilité », a-t-elle estimé. 

M. ERCAN (Turquie) a expliqué que compte tenu de son soutien affirmé au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), son pays ne soutiendrait jamais un texte ou une action qui pourrait le saper.  C’est pourquoi la Turquie n’a pas signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  En revanche, il a estimé que le prochain cycle d’examen du TNP pourrait être l’opportunité de corriger la frustration causée par les échecs des précédentes sessions. 

Jugeant « irresponsables » et « provocants » les tirs de missiles balistiques et tests nucléaires opérés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le délégué turc l’a exhorté à prendre les mesures nécessaires pour faciliter une résolution diplomatique de cette crise.  Il a d’ailleurs vu dans cette crise la preuve qu’il est urgent de mettre en œuvre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et a appelé les États cités dans l’annexe 2 à le ratifier.  À ses yeux, la diplomatie et le dialogue sont les seules options dans la résolution du dossier nucléaire iranien, il s’est donc réjouit du Plan d’action global commun qui a permis des progrès sur ce sujet, et a exhorté les parties à ne pas prendre des décisions qui pourraient saper ces efforts.  Il a poursuivi en disant son soutien aux débuts des négociations sur un traité sur l’interdiction des matières fissiles.  Il a également estimé qu’il serait normal que les pays respectant les obligations de sécurité de l’AIEA aient le droit d’accéder aux technologies nucléaires pacifiques.  Enfin, il a regretté que la décision de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient ne soit toujours pas devenue réalité et que la conférence sur le sujet ait été repoussée. 

M. OKAITEYE (Ghana) a tenu à souligner l’adhésion de son pays au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « un instrument progressif et global qui délégitime les armes nucléaires ».  M. Okaiteye a regretté que certains considèrent ce traité comme un « instrument de division » et a indiqué que les États dotés d’armes nucléaires ne devaient pas le discréditer avec « leurs idées fausses et leurs critiques ».  Aucun instrument multilatéral n’est parfait, pas même le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il ajouté.  Il a ainsi affirmé que le désarmement et la non-prolifération sont occultés par des « doctrines sécuritaires » soutenant les armes nucléaires et « un manque de bonne foi et de volonté politique ».  M. Okaiteye a cependant partagé son espoir que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020 sera capable de surmonter les revers de celle de 2015.

Le Ghana considère par ailleurs que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le traité interdisant la production de matières fissiles sont essentiels pour parvenir à un monde libéré des armes nucléaires.  À cet égard, M. Okaiteye a salué le rapport de consensus du Groupe d’experts gouvernementaux, estimant qu’il représente une « bonne base » pour les futures négociations.  Il a par ailleurs souligné la contribution importante des zones exemptes d’armes nucléaires, citant les Traités de Pelindaba, Tlatelolco, Rarotonga, et invitant la région du Moyen-Orient à leur emboîter le pas.

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a jugé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’aiderait pas à accélérer la réalisation du désarmement nucléaire.  Au contraire, a-t-elle ajouté, nous sommes d’avis qu’il faut privilégier une approche progressive et pratique pour réaliser collectivement l’objectif d’un monde sans armes nucléaires.  Pour la représentante bulgare, une telle approche inclut le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en particulier son article VI relatif à l’élimination des armes nucléaires.  Nous devrions nous concentrer sur la préparation de la Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité de 2020 et sur le respect des engagements pris en 1995, 2000 et 2010 ayant trait aux trois piliers du Traité que sont la non-prolifération nucléaire, le désarmement et les usages à des fins pacifiques de l’énergie nucléaire, a-t-elle estimé.  La représentante a ajouté que les tenants de l’approche progressive mettaient l’action sur la nécessité d’une entrée en vigueur sans délai du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et la négociation d’un traité interdisant les matières fissiles à des fins militaires au sein d’une Conférence du désarmement revitalisée.

M. SERGIO MANRIQUE TREJO BLANCO (El Salvador) a affirmé que l’interdiction des armes nucléaires était une condition indispensable pour renforcer la paix et la sécurité internationale.  Il a appelé les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à honorer leurs obligations internationales, avant de plaider pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  À cet égard, il a déploré qu’en raison d’une minorité d’États, cet instrument ne soit toujours pas mis en œuvre.  Il a appuyé les mesures concrètes proposées par les délégations de la Première Commission pour éviter tout risque d’explosion d’armes nucléaires et réduire le rôle de ces armes dans les doctrines de défense des États dotés.  Enfin, il a souhaité que les ressources consacrées à l’amélioration et au développement des arsenaux nucléaires soient investies dans la lutte contre de la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement durable.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a dit nourrir une vive inquiétude face à la course et à la modernisation des armes nucléaires.  Il a notamment pointé du doigt « un État doté » qui se positionne « au-dessus du lot », et qui déclare « maintenant que les progrès demandent de la patience ».  Cette tendance doit cesser, a-t-il estimé.  En appuyant l’objectif global du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le délégué de l’Iran a par ailleurs estimé que des mesures concrètes doivent être prises lors de la prochaine Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Considérant qu’il est urgent de contrer le programme nucléaire israélien, il a appelé à la concrétisation de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Revenant longuement sur la remise en cause du Plan d’action global commun, il a soutenu que les accusations américaines sur la « non-conformité de l’Iran » n’ont aucun fondement et que certaines de leurs demandes vont à l’encontre même de cet accord.  Pour sauver leur vision du Plan, a-t-il poursuivi, « les États-Unis menacent de le démanteler entièrement ».  Estimant que l’actuelle Administration américaine a violé la lettre de ce plan, l’Iran demeure persuadé que celui-ci reste néanmoins un instrument valable, un accord qu’on « ne peut pas supprimer comme une entente bilatérale ».  Affirmant que l’Iran ne sera pas le premier à se retirer de cet accord, le délégué a tout de même prévenu que s’il n’est pas respecté, « nous cesserons d’appliquer les engagements ».  Rappelant que l’Iran satisfait aux exigences de l’AIEA, et que d’après l’agence elle-même, ses engagements sont respectés, le délégué a appelé la communauté internationale à ne pas autoriser les États-Unis à saper le Plan d’action global commun, avertissant que cela « cela minerait le régime de non-prolifération dans son ensemble ».  Autrement, a-t-il mis en garde, on coure le risque de voir chaque pays renier ses engagements et ses décisions après chaque élection d’une nouvelle administration.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a demandé qu’à l’avenir, les négociations sur le désarmement général et complet fassent l’objet de délibérations qui ne soient pas tenues en vase clos par des experts spécialisés dans le contrôle des armes.  De telles délibérations, a-t-il estimé, gagneraient à s’inscrire dans le cadre plus vaste et inclusif des discussions sur le maintien de la paix, la consolidation de la paix et le rétablissement de la paix.  Il a également souligné l’importance des travaux réalisés par les instituts de recherche et les témoignages et remontées d’informations des Casques bleus pour éclairer les réalités du terrain.  Tout effort de désarmement devrait être basé sur une connaissance approfondie des moyens en vigueur de prévention des conflits, de résolution des différends et des crises, et des dispositifs déployés au titre des missions de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il estimé.

Exposé du Président de la huitième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction

M. GYÖRGY MOLNÁR, Président de la huitième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur les armes biologiques, a rappelé que la Convention sur les armes biologiques avait été la première à interdire tout un pan d’armes de destruction massive.  Elles ont essentiellement disparu des arsenaux actuels et personne ne contesterait l’illégitimité des armes biologiques aujourd’hui, a-t-il ajouté.  Toutefois, s’est-il inquiété, des acteurs non étatiques essaient d’acquérir de telles armes, sachant que certains progrès technologiques qui soutiennent le développement durable ont aussi rendu ces armes plus accessibles.  Après avoir passé en revue les nombreuses activités de cette huitième Conférence d’examen, il a noté que, si les résultats n’ont pas été complètement à la hauteur des attentes, le niveau d’intérêt des États parties a été élevé.  Si la volonté politique est présente, il y a moyen d’aller au-delà de la situation actuelle et d’emmener la discussion sur des sujets de fond pour tous les États parties, a-t-il estimé.  Il a par ailleurs estimé que la résolution traditionnelle sur les armes biologiques présentée par la Hongrie constitue un important pas en avant et permettrait de garantir le consensus en vue des préparations de la prochaine rencontre des États parties.

Débat thématique sur les autres armes de destruction massive

M. DANNY RAHDIANSYAH (Indonésie), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a salué la destruction complète du stock d’armes chimiques de la Russie, « comme cela é été confirmé par le Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ».  Il a ajouté que les discussions au sein de l’Organisation doivent être animées par les seuls États parties et se concentrer sur l’élimination complète de toutes les armes chimiques.  Il a également appelé au renforcement de la coopération et de l’assistance internationales pour permettre l’exercice du droit des pays en développement à l’utilisation de l’industrie chimique à des fins pacifiques des progrès, en particulier dans le domaine de la santé.  Le représentant a ensuite appelé à la pleine application de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur les armes de destruction massive.  Il a par ailleurs estimé que la question de l’acquisition d’armes de destruction massive par des groupes non étatiques devait être abordée de manière non inclusive par l’Assemblée générale.  Il a par ailleurs salué l’adoption par l’Assemblée générale de sa résolution 69/27 sur l’interdiction du développement et de la fabrication de nouveaux types d’armes de destruction massive, et appelé les États Membres à la mettre en œuvre.

M. JERZY MAKAROWSKI (Suède), qui s’exprimait au nom des pays nordiques, a déploré que la Syrie refuse de coopérer activement avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), cette situation ne pouvant qu’inciter la communauté internationale à continuer de penser que ce pays possède toujours des armes chimiques qui pourraient tomber dans les mains de groupes terroristes.  Il a appelé la Syrie à livrer toutes les informations demandées dont elle dispose et à s’engager sans délai et de bonne foi à accroître sa coopération avec l’Organisation.  Le représentant a également appelé à la traduction en justice de tous les auteurs d’attaques chimiques, quels qu’ils soient.  Pour que ces auteurs soient identifiés, il est indispensable que le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’OIAC et de l’ONU soit prorogé, a-t-il souligné. 

Après avoir regretté le manque de résultats de la huitième Conférence d’examen des Parties à la Convention sur les armes biologiques, le représentant a indiqué que les pays nordiques aident d’autres États à renforcer leurs capacités de manière à prévenir, détecter et répondre à l’irruption de maladies.  Les pays nordiques jouent aussi un rôle de chef de file pour promouvoir une réponse internationale au problème critique qu’est la résistance antimicrobienne et sont à l’origine d’un partenariat public-privé qui investit dans la création de nouveaux vaccins pour combattre des pandémies mondiales.

M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen) s’est prononcé en faveur de la destruction de toutes les armes de destruction massive et spécifiquement au Moyen-Orient en créant une zone exempte d’armes de destruction massive.  Assurant que le Yémen n’a cessé d’appuyer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, il a estimé que l’adhésion d’Israël au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne ferait qu’appuyer le régime de non-prolifération.  Il s’est dit convaincu que la création de zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde ferait progresser la non-prolifération et a appelé à la participation effective d’Israël.

M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a salué les progrès accomplis pour éliminer de manière permanente les armes chimiques, se réjouissant du fait que 192 pays, dont les 14 pays de la CARICOM, sont maintenant parties à la Convention sur les armes chimiques, et que 96% de tous les stocks déclarés par les États ont été détruits sous la vérification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  M. Ten-Pow a aussi exprimé sa gratitude au Gouvernement espagnol et à l’OIAC pour avoir facilité la formation d’experts techniques d’Amérique latine et des Caraïbes dans la réponse à apporter en cas d’incidents impliquant des agents de guerre chimiques et des agents industriels toxiques.  Le représentant de la CARICOM a par ailleurs noté avec satisfaction l’engagement des États parties à exclure complètement la possibilité d’utiliser des armes bactériologiques et des armes à toxines lors de la huitième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur les armes chimiques, qui s’est tenue à Vienne l’année dernière. 

M. Ten-Pow s’est ensuite longuement attardé sur la menace croissante que posent les terroristes et les acteurs non étatiques, en particulier s’ils viennent à posséder « n’importe quel type d’armes de destruction massive ».  Cette réalité est particulièrement aiguë pour des États comme ceux de la CARICOM, a-t-il souligné.  « Nos frontières poreuses font qu’il est assez facile pour des individus et des ressources indésirables de rentrer sur nos territoires, où nous ne pouvons par ailleurs pas ignorer le lien entre pauvreté et radicalisation », a-t-il indiqué.  Dans ce contexte, la CARICOM a collaboré avec les Nations Unies pour mettre en place la Stratégie antiterroriste de la communauté caribéenne. 

M. ARTSIOM TOZIK (Bélarus) a déclaré que seules des mesures conjointes permettraient de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive et d’assurer le respect des accords internationaux pertinents, y compris la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la non-prolifération de ces armes.  Cette résolution, a-t-il ajouté, a établi un mécanisme unique jouant un rôle crucial dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale.  Pour le représentant, la priorité doit être de renforcer les capacités de vérification et de mise en œuvre de la résolution 1540 des États, à commencer par les pays en développement ou ceux qui formulent des demandes d’assistance technique et juridique. 

Mme SABRINA DALLAFIOR MATTER (Suisse) a rappelé que 96% des stocks déclarés d’agents chimiques ont été détruits.  Malgré ces succès et les efforts considérables de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), l’utilisation d’armes chimiques par des organisations étatiques et non étatiques perdurent.  Rappelant que la Suisse condamne avec la plus grande fermeté l’usage de ces armes, la déléguée a exhorté la communauté internationale à agir pour que les responsables rendent des comptes.  « L’absence de sanctions met en jeu la norme contre l’utilisation des armes chimiques, pilier essentiel de l’édifice du désarmement, de la non-prolifération et du droit international », a-t-elle notamment mis en garde.

Pour se prémunir de la réémergence de l’utilisation de produits chimiques toxiques à des fins hostiles, la communauté internationale doit donner les moyens, les ressources et le personnel à l’OIAC afin qu’elle préserve « son savoir-faire irremplaçable et son régime de vérification de haute facture ».  La Suisse a ensuite insisté à plusieurs reprises sur l’importance fondamentale de pouvoir suivre toutes les évolutions technologiques, comme la convergence de plus en plus marquée entre le chimique et le biologique.  Rappelant que l’OIAC est un organe essentiel de lutte contre le terrorisme chimique, la déléguée a estimé que les États parties devraient profiter de la quatrième Conférence d’examen en 2018 pour ouvrir la voie à une OIAC forte et pertinente et tourner la page d’une troisième Conférence qui n’a « clairement pas été à la hauteur des espoirs et des attentes ».

Mme CLAUDIA YURIRIA GARCÍA GUIZA (Mexique) a noté que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) était proche de parvenir à l’universalité, moyen le plus sûr, selon elle, de parvenir à la destruction de toutes les armes chimiques.  En dépit de normes de vérification d’un niveau très élevé, nous voilà, en 2017, toujours témoins des conséquences effroyables de l’emploi d’armes chimiques contre des civils innocents, a-t-elle déploré.  La représentante a demandé que ce « crime de guerre » soit empêché par la stricte mise en œuvre des dispositifs internationaux, et que les auteurs d’attaques chimiques soient traduits en justice par des juridictions internationales.  Concernant les armes biologiques, elle a regretté que la convention pertinente ne soit pas à la hauteur des objectifs convenus au plan international.  À cette fin, elle a recommandé que, lors de la prochaine conférence des états parties, il soit établi un dispositif intégral de vérification doté d’une instance chargée de prouver l’élimination déclarée de ces armes.

Droits de réponse

Le représentant de la République arabe syrienne a fait mine d’être « étonné par les mensonges d’Israël ».  Demandant à ce qu’Israël soumette ses installations nucléaires au contrôle de l’AIEA, il a accusé le pays de refuser d’adhérer au moindre instrument de contrôle ou d’interdiction des armes de destruction massive.  « Pourquoi Israël possède des missiles avec une portée de plus de 5 000 km?  Quels sont les États qu’Israël veut prendre pour cible? » s’est-il interrogé, avançant que ce programme n’aurait pas pu se poursuivre sans l’aide de « certains membres permanents du Conseil de Sécurité ».  « Jusqu’à quand permettra-t-on à cet enfant gâté de faire ce que bon lui semble?» a-t-il lancé.

Le délégué de la République islamique d’Iran a catégoriquement rejeté les accusations d’Israël, affirmant qu’elles ne servent qu’à détourner l’attention de la véritable menace dans la région que sont les arsenaux nucléaires israéliens.  Il a appelé Israël à immédiatement éliminer son arsenal, rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et confier ses installations sous les garanties généralisées de l’AIEA.  Il a aussi dénoncé le fait qu’Israël est le seul pays qui s’oppose à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté catégoriquement les « condamnations inacceptables à l’égard de mon pays ».  Les pays doivent connaître les antécédents et réalités de la situation dans la région avant de nous juger, a-t-il dit.  Il a en outre invité la France et le Royaume Uni à démanteler leurs arsenaux et à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant qu’États non dotés de l’arme nucléaire.

Le représentant des États-Unis a répondu que les manœuvres militaires américaines et sud-coréennes étaient transparentes et défensives et planifiées de longue date.  La Corée du Nord est un État paria condamné à maintes reprises par la communauté internationale, a-t-il ajouté, assurant que jamais son pays ne reconnaîtrait ce pays en tant qu’État doté de l’arme nucléaire.  Les provocations et menaces de la Corée du Nord n’affaibliront pas l’engagement de la communauté internationale de faire céder le régime de Pyongyang, a dit le représentant.

Le représentant de la République de Corée a exhorté la RPDC « à reprendre la voie du dialogue pour la paix » et de mettre fin à son « comportement primaire qui consiste à accuser l’autre partie de tous les maux ».  Personne n’est dupe quant à ce que tente de cacher la Corée du Nord avec ses mensonges, a-t-il ajouté.  Il a conseillé à son homologue de rectifier sa conception de la notion de légitime défense et de relire la Charte des Nations Unies, « au lieu de scier la branche sur laquelle il est assis ».

Réagissant à l’intervention de la Syrie, le délégué d’Israël a déclaré qu’il ne fallait pas s’étonner des propos d’un État qui a violé les traités et utilise ses armes chimiques contre sa propre population.  Accusant ensuite l’Iran d’être le premier soutien au terrorisme dans le monde, il a affirmé que ce pays accusait Israël d’exactions dont l’Iran est en fait responsable.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée est revenu sur la doctrine nucléaire des États-Unis qui consiste, selon lui, à mobiliser des forces militaires massives et des armes nucléaires.  Il a par ailleurs estimé que les États-Unis offrent une protection nucléaire à leurs alliés, qu’ils déploient leurs armes dans ce but, et que, ce faisant, les alliés des États-Unis peuvent quasiment être considérés comme des puissances nucléaires.  « C’est différent pour la RPDC, a-t-il poursuivi, nous n’avons pas eu de propositions de ce genre. »  À ses yeux, les États-Unis menacent la RPDC depuis 70 ans, et ne laissent pas d’autre choix à son pays que de se doter de moyens de dissuasion. 

Le délégué de la République arabe syrienne a déclaré que « lorsque la position d’Israël est faible, elle a recours à une déformation des faits ».  Il l’a notamment accusée de fournir des munitions, des armes et des produits toxiques aux terroristes de l’EIIL et du Front el-Nosra, mais aussi de les former.  Qualifiant la déclaration d’Israël de « mascarade », il a estimé que cet État lance des accusations fausses pour cacher son non-respect des résolutions sur la non-prolifération.  Le délégué a dit attendre avec impatience que le Conseil de sécurité rende Israël responsable de ses exactions.

Suite du débat thématique sur les autres armes de destruction massive

Mme JUDIT KÖRÖMI, de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne avait alloué 12 millions d’euros à l’appui des activités conduites par l’ONU pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) depuis 2004.  Elle a plaidé pour la prorogation du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU qui doit, a-t-elle dit, mener jusqu’à son terme ses enquêtes en vue de la traduction en justice des auteurs des attaques chimiques « odieuses » perpétrées en Syrie.  Elle a également appelé à l’universalisation de la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et exhorté à cette fin la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l’Egypte, Israël et le Soudan du Sud à adhérer à cette convention sans délais.  Mme Koromi a également plaidé pour l’universalisation de la Convention sur les armes biologiques, en indiquant que, pour combler l’absence d’activités intersession de la Convention, l’Union européenne avait à ce jour financé des programmes de sensibilisation d’un montant de 6,3 millions d’Euros.  Après avoir exhorté la RPDC à mettre immédiatement fin à ses essais nucléaires et à ses tirs de missiles, elle a estimé que le programme balistique iranien constitue « lui aussi » une menace à la stabilité régionale.  « Le Code de conduite de La Haye est le seul instrument multilatéral, transparent et gage de confiance interétatique contre la prolifération de missiles balistiques ».  L’Union européenne continuera de promouvoir son universalité, sa pleine mise en œuvre et l’élargissement de sa portée, a-t-elle assuré.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a constaté que malgré le « travail extraordinaire » de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), certains États et acteurs non étatiques continuent de constituer une menace quant à l’emploi de ces armes.  Selon lui, il est « indéniable » que le régime syrien a utilisé à maintes reprises l’arme chimique, rappelant que lors de l’attaque qui a tué 100 enfants à Khan Cheikhoun, l’OIAC avait conclu que du gaz sarin avait été utilisé.  « Tous les acteurs de cette atrocité doivent être tenus pour responsables », a-t-il asséné.  Le délégué américain a ensuite signalé qu’une arme chimique avait aussi été utilisée à Kuala Lumpur pour assassiner Kim Jong-Nam, le fils du leader Kim Jong-il.  « Un acte perpétré avec du VX, l’un des agents neurotoxiques les plus dangereux, qui défie toutes les limites de la décence humaine », a dénoncé M. Wood.  Autant d’évènements qui justifient, selon lui, que la communauté internationale garantisse la viabilité et l’intégrité de l’OIAC.  « L’utilisation d’armes chimiques par tout État ou acteur non étatique doit être condamné dans les termes les plus fermes et les responsables poursuivis », a-t-il insisté.  Il a fait à peu près le même constat pour les armes biologiques, expliquant que leur utilisation par des États et des groupes terroristes est historiquement documentée. 

Le représentant a par ailleurs regretté que les participants à la huitième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur les armes biologiques (CIAB) ne soient pas parvenus à définir un programme commun.  Cependant, les États-Unis ont été rassurés par les volontés qui se sont manifestées en faveur du renforcement de la norme mondiale pour interdire que la propagation de maladies soit utilisée comme une arme.  Il a ensuite appelé à fournir suffisamment de fonds à la CIAB qui a contracté des dettes.  Sans aide, a-t-il rappelé, « on ne pourra pas payer les salaires ». 

Mme VANESSA WOOD (Australie) a dénoncé l’usage des armes chimiques en Syrie, pointant « ses tragiques conséquences sur les civils innocents ».  Elle a demandé que tous les États Membres soutiennent le travail de la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en Syrie et de la Mission conjointe de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies chargée du démantèlement du programme d’armes chimiques dans ce même pays.  L’usage mortel de l’agent neurotoxique VX à l’aéroport international de Malaisie est aussi une cause d’inquiétude, a-t-elle poursuivi, indiquant toutefois que malgré ces défis, « la valeur prouvée des approches multilatérales pour le désarmement continue à lui inspirer de la confiance ». 

L’Australie, a-t-elle poursuivi, est en faveur d’un contrôle robuste des exportations pour prévenir l’usage et la propagation d’armes de destruction massive, et a réuni un groupe de 42 pays engagés dans l’harmonisation des contrôles pour empêcher les États voyous et les terroristes d’obtenir ce dont ils ont besoin pour construire des armes chimiques et biologiques.  Mme Wood a ensuite salué les « efforts héroïques » de M. George Molnar, Président de la huitième Conférence des États Parties chargée de l’examen de la Convention sur les armes biologiques, pour parvenir à un programme de travail plus substantif dans ce domaine, tout en regrettant que les États parties n’aient pu trouver un accord sur ces questions.  Elle a fait part de l’appui de l’Australie au mécanisme du Secrétaire général visant à enquêter sur l’usage présumé des armes biologiques, précisant que son pays avait accueilli la première formation de l’hémisphère sud sur les compétences relatives à ce mécanisme.  Elle a aussi affirmé que la résolution 1540 restait centrale dans les efforts pour empêcher la prolifération d’armes de destruction massive chez les terroristes et les acteurs non étatiques. 

M. AMANDEEP SINGH GILL (Inde) a estimé que la Convention sur les armes chimiques et la Convention sur les armes biologiques étaient des exemples à suivre pour le désarmement nucléaire.  Il a insisté sur l’importance de renforcer la mise en œuvre de la Convention sur les armes biologiques, via la mise en place d’un mécanisme de vérification contraignant et son universalisation.  Le représentant a souligné que, les avancées dans la biotechnologie, la génétique et les sciences de la vie accroissaient le danger de prolifération et d’usage hostile d’agents bactériologiques.  Il a souligné que la possibilité de voir des acteurs non étatiques, notamment des terroristes, y recourir augmentait encore ce danger.  Reconnaissant l’échec de la huitième Conférence d’examen de la Convention, il a rappelé que son pays avait proposé des initiatives avec la France pour renforcer l’article VI, avec les États-Unis pour renforcer la mise en œuvre de l’article III. 

Saluant le succès de l’Organisation de la Convention sur les armes chimiques, le représentant a estimé que son succès était le fruit de la coopération entre les États, l’industrie chimique, la communauté scientifique et la société civile.  Il a salué la destruction des arsenaux déclarés par la Fédération de Russie, trois avant la date prévue.  Il a toutefois mis en garde contre l’émergence de nouvelles molécules, appelant la communauté internationale à rester vigilante, tout en s’assurant que la Convention ne remet pas en cause le droit des États comme l’Inde à développer leur industrie chimique.  Il s’est ensuite inquiété de l’usage persistant d’armes chimiques en Syrie.  Il a réitéré son soutien au Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies et à la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques en République arabe syrienne.

M. ENRIQUE JOSÉ MARÍA CARRILLO GÓMEZ (Paraguay) a indiqué que l’interdiction de toutes les armes de destruction massive avait été érigée en norme constitutionnelle au Paraguay, conformément aux obligations du pays en vertu de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction, ainsi que de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction.  Le représentant a appelé l’ensemble des États Membres à s’abstenir de tout acte contraire aux objectifs et à l’universalisation de ces deux conventions.  Il a en outre salué l’adhésion du Libéria, du Népal, de la Guinée et de Samoa à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, de même que les efforts de vérification déployés par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

M. RAUF ALP DENKTAŞ (Turquie) a rappelé que la prolifération des armes de destruction massive représentait une menace alarmante, tout particulièrement leur usage par des terroristes.  Il a rappelé l’importance attachée par son pays à la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et au régime de vérification mis en place par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Il a déploré que l’OIAC ne puisse vérifier la situation réelle en Syrie, dénonçant « des trous, des inconsistances et des divergences notables ».  Il a indiqué qu’en 2014 et 2015, trois attaques avaient été attribuées au régime syrien, et une à Daech.  En outre, la Mission d’établissement des faits de l’OIAC a confirmé l’usage de gaz sarin à Khan Sheikhoun en avril 2017 et l’exposition de victimes à du gaz moutarde à Um-Housh en septembre 2016, a-t-il poursuivi.  Il a condamné fermement ces attaques et a appelé à en traduire les auteurs en justice.

Abordant la situation en Libye, il a salué « un développement positif » avec la destruction des arsenaux d’armes chimiques présents sur ce territoire, estimant que c’était un bon exemple d’une mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques.

Il a par ailleurs appelé à l’universalisation de la Convention sur les armes biologiques, rappelant que son pays ne possédait pas de telles armes.  Il s’est toutefois dit déçu de l’échec de la huitième Conférence d’examen des parties à la Convention sur les armes biologiques.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a déclaré que son pays ne possède pas et n’a nullement l’intention de posséder d’armes de destruction massive, et appuie fermement l’interdiction totale et complète, ainsi que l’élimination, de manière transparente, vérifiable et irréversible, de ces armes.  Cuba a réitéré que la seule garantie absolue pour empêcher l’acquisition et l’emploi de telles armes, notamment par des terroristes, est son interdiction et élimination complètes.  Dans ce contexte, elle a loué le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), en mettant l’accent sur l’équilibre de ses piliers et la concrétisation des questions en suspens.  Elle a salué la destruction complète et vérifiée des armes chimiques déclarées par la Fédération de Russie. 

Cuba a exhorté par ailleurs à l’adoption, sans délai, d’un plan d’action aux fins de garantir la pleine mise en œuvre de l’article XI de la Convention sur les armes chimiques afférant à la coopération et à l’assistance internationales.  Elle a aussi encouragé les États parties à la Convention sur les armes biologiques à ne ménager aucun effort pour arriver à un consensus sur le processus intersession de leur prochaine réunion annuelle.  Cuba reste d’avis que l’unique moyen de consolider la Convention réside dans l’adoption d’un protocole juridiquement contraignant comportant un mécanisme de vérification.  Cuba a enfin exigé la suppression immédiate de toutes les restrictions et limitations empêchant un échange plus large, en particulier pour les pays en développement, du matériel, de l’équipement et de la technologie servant à des activités chimiques et biologiques dont un exemple clair, a-t-elle dénoncé, est le blocus économique, commercial et financier à l’encontre de Cuba depuis environ 60 ans. 

M. BASSEM HASSAN (Égypte) a appelé à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient pour corriger les déséquilibres régionaux.  Il a exhorté à cette fin Israël à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ce qui contribuerait à la paix et à la sécurité dans la région tout en restaurant la crédibilité du Traité.  Le représentant a indiqué que son pays appuyait activement les efforts du Conseil de sécurité dans la mise en œuvre de sa résolution 1540 sur la non-prolifération de ces armes. 

Par ailleurs, M. Hassan a noté « l’incohérence » des propos d’États dotés d’armes nucléaires à la Première Commission.  Ces pays invoquent l’état de l’environnement sécuritaire pour prôner une approche progressive en matière de désarmement nucléaire, mais demandent la mise en œuvre sans délai des instruments de non-prolifération d’armes de destruction massive, a-t-il relevé.  Pour lui, les objectifs de désarmement et de non-prolifération de « toutes les armes de destruction massive » doivent être réalisés de manière équilibrée dans l’intérêt de tous les États Membres des Nations Unies. 

M. MICHAEL BIONTINO (Allemagne) a souligné que le Plan d’action global commun est l’aboutissement de 13 ans de travail diplomatique, tout en faisant part de ses inquiétudes concernant le programme balistique iranien.  Il a rappelé que la Convention sur les armes biologiques est le premier traité international bannissant une catégorie entière d’armes de destruction massive, donc qu’elle a une place particulière dans l’architecture de désarmement.  La mise en œuvre de cette convention réclame, a-t-il poursuivi, d’être accompagnée, supportée et contrôlée par un programme de travail adéquat.  Regrettant que la dernière Conférence d’examen de cette convention se soit relevée improductive, il a demandé aux États parties de trouver un consensus en décembre.  À propos de la Convention sur les armes chimiques (CIAC), il s’est félicité de l’élimination totale des stocks déclarés, notamment et tout récemment par la Russie.  En revanche, il s’est ému de l’érosion manifeste du tabou sur l’utilisation de ces armes, comme le montre leur utilisation en Syrie, en Iraq ou en Malaisie.  En ce qui concerne la Syrie, il a précisé qu’il ne s’agissait pas là de « cas isolés », mais bien d’« inquiétudes graves » qui nécessitent, à ses yeux, que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) proroge sans délai la mission du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  « Nous avons tous en tête le souvenir des terribles images de Khan Cheikhoun », a-t-il ajouté.

M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh) a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’arrêt complet de l’emploi, du développement, de la production et du stockage d’armes chimiques.  Il a également souligné l’importance que la Convention sur les armes biologiques devienne universelle et que soit négocié un instrument juridiquement contraignant de vérification des destructions déclarées par les États parties d’armes appartenant à cette catégorie.  Il a aussi rappelé qu’en vertu de l’article X de la Convention, les États parties qui en font la demande, en particulier les pays en développement dépourvus de capacités adaptés, doivent recevoir une assistance technique afin d’être en mesure d’exercer leur droit à une utilisation pacifique des agents biologiques de synthèse.  À cette fin, l’Unité de mise en œuvre de la Convention doit être soutenue plus avant financièrement, a-t-il considéré. 

Mme ROSEMARY MCCARNEY (Canada) a condamné avec la plus grande fermeté l’utilisation, en 2017, d’armes chimiques en Syrie, en Iraq et en Malaisie.  Elle a plaidé pour le maintien et le renforcement du « tabou » concernant l’utilisation des armes chimiques, et demandé que les coupables soient poursuivis en justice.  Elle a rappelé que le Canada a accordé une contribution financière additionnelle de 2,6 millions de dollars à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OAIC) et appelé tous les États à s’acquitter de leurs obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques.  En outre, la représentante a appelé la Syrie à divulguer l’étendue de son programme d’armes chimiques.  Enfin, elle a fait part de sa « frustration » au sujet de la huitième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur les armes biologiques et appelé au renforcement de ladite convention. 

M. FERNANDO LUQUE MÁRQUEZ (Équateur) a salué la destruction par la Fédération de Russie de son stock d’armes chimiques, une étape importante, selon lui, dans la mise en œuvre de la Convention sur ces armes de destruction massive.  En revanche, le représentant a regretté que la Conférence d’examen des parties à la Convention sur les armes biologiques n’ait pas abouti à la conclusion d’un accord pour renforcer la mise en œuvre de cet instrument. 

En outre, le représentant a appelé à renforcer la coopération internationale afin d’empêcher l’acquisition par des terroristes d’armes de destruction massive.  Il a également appelé les auteurs de projets de résolution liés à la Convention sur les armes chimiques et à la Convention sur les armes biologiques à respecter le caractère universel de ces deux instruments, en évitant d’inclure des éléments controversés ne faisant pas l’objet d’un consensus dans les projets de texte.

Mme ALICE GUITTON (France) a rappelé l’importance que revêt le sujet des autres armes de destruction massive pour la France.  Selon elle, la situation en Corée du Nord est « la plus grave crise de prolifération du XXIe siècle ».  Ce programme est intimement lié à celui de missiles balistiques, a-t-elle poursuivi, ce qui signifie que la RPDC cherche à développer non seulement une arme nucléaire, mais une arme de très longue portée capable d’atteindre l’Asie, l’Océanie, les États-Unis et l’Europe.  Considérant qu’il est temps que chacun prenne ses responsabilités, elle a appelé au retour de Pyongyang à la table des négociations.  Aboutissement de 13 années de diplomatie, le Plan d’action global commun, sorti des accords de Vienne et destiné à empêcher que le nucléaire iranien ne soit détourné à des fins militaires, a en revanche reçu le plein soutien de la France, a ajouté la déléguée, qui a toutefois fait part de ses préoccupations quant au programme de missiles balistiques. 

Déplorant que l’emploi d’armes chimiques persiste, la déléguée française a rappelé que le Mécanisme d’enquête conjoint a conclu l’an dernier à la responsabilité de la Syrie dans trois attaques au chlore et de l’EIIL dans une attaque à l’ypérite.  Depuis, l’attaque de Khan Cheikhoun a tué 100 personnes à cause, cette fois, d’un agent neurotoxique organophosphoré: le sarin.  La responsabilité du régime syrien a été là aussi confirmée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  « Nous attendons maintenant le retour du Mécanisme d’enquête conjoint », a-t-elle ajouté.  S’inquiétant en outre de la persistance du programme chimique syrien, la déléguée française rappelle que l’OIAC « a martelé qu’elle ne pouvait confirmer que la déclaration syrienne était complète et en conformité avec ses engagements ».  Selon elle, l’existence de capacités chimiques résiduelles en Syrie accroît le risque de voir des armes chimiques tomber aux mains de groupes terroristes.

Treize ans après l’adoption de la résolution 1540, a-t-elle poursuivi, la sécurisation des matières, notamment radioactives, demeure une priorité.  Même si des progrès indéniables ont été enregistrés, la menace a évolué et de nouveaux défis sont apparus.  La question des vecteurs de destruction massive est aussi un facteur d’inquiétude au moment où les programmes balistiques nord-coréen et iranien progressent en violation avec différentes résolutions des Nations Unies. 

Si les résultats de la huitième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur les armes biologiques ont déçu, a reconnu la déléguée, il faut que la prochaine réunion des États parties, en décembre, permette de s’accorder sur l’établissement d’un programme intersession efficace. 

M. NOBUSHIGE TAKAMIZAWA (Japon) a mis l’accent sut le vingtième anniversaire de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, et sur l’importance de la Convention sur les armes chimiques et son organe de mise en œuvre.  L’utilisation d’armes chimiques en Syrie pose de graves défis aux normes mondiales d’interdiction, a-t-il affirmé en appuyant pleinement le travail du Mécanisme d’enquête conjoint.  Le Japon a jugé crucial de promouvoir la coopération aux fins de l’identification des responsables de l’utilisation d’armes chimiques et de leurs poursuites devant la justice.  Il a relevé par ailleurs que la menace croissante posée par les acteurs non étatiques, notamment les terroristes, devenait un problème à résoudre de toute urgence afin d’éviter que les armes chimiques et les toxiques chimiques ne tombent entre de mauvaises mains.  Il a également appelé les quatre États non parties à la Convention sur les armes chimiques à réexaminer leur position. 

M. Takamizawa a dit prendre « très au sérieux » ladite convention pour l’application de laquelle le Japon a consacré d’énormes ressources humaines et financières, en particulier pour détruire les armes chimiques abandonnées en Chine, en dépit des défis et des incertitudes.  Ainsi, environ 49 000 engins ont été détruits grâce aux efforts conjoints sur place entre le Japon et la Chine.  « Sans une telle coopération bilatérale constructive et une étroite coordination, ce projet d’une difficulté sans précédent n’aurait jamais pu être exécuté », a—t-il reconnu, réitérant son engagement à poursuivre tous les efforts possibles pour faire progresser ce projet.  Il s’est en outre pleinement engagé dans l’application de la Convention sur les armes biologiques, insistant notamment sur une revitalisation du processus intersessions, sur la sensibilisation, l’éducation et le travail de proximité auprès des scientifiques ainsi que sur la collaboration avec les organisations internationales et les mesures de confiance. 

Mme ANDAMO (Indonésie) a estimé que l’universalisation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) réduirait considérablement le risque de prolifération et d’emploi de ces armes, tant par des États que par des acteurs non étatiques.  Elle a ensuite rappelé que son pays partageait les intérêts des États parties à la Convention sur les armes biologiques, y compris son renforcement.  Elle a assuré que lors de la Réunion des États parties à la Convention, qui aura lieu à Genève du 4 au 8 décembre prochains, l’Indonésie ne ménagera aucun effort pour que des progrès soient réalisés sur le traitement des questions de fond, comme l’établissement d’un processus intersession.  Un tel processus est essentiel pour relancer la pleine mise en œuvre de la Convention et préparer efficacement les conférences d’examen de celle-ci, a-t-elle considéré. 

M. KARIN KUNJARA NA AYUDHYA (Thaïlande) a félicité la Libye pour la suppression de toutes ses anciennes armes chimiques ainsi que la Russie, qui a récemment achevé la destruction de son stock d’armes chimiques.  Pour M. Ayudhya, l’inspection et la vérification sont essentielles à la mise en œuvre des instruments tels que la Convention sur les armes biologiques et la Convention sur les armes chimiques.  C’est pourquoi son pays attache une grande importance aux activités de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), et en particulier au Mécanisme d’enquête conjoint de l’OIAC et de l’ONU pour son travail mené « dans des circonstances très difficiles ». 

Le représentant a indiqué qu’en juillet, la Thaïlande s’est alliée à l’OIAC pour accueillir un dialogue régional à l’occasion du vingtième anniversaire de la Convention sur les armes chimiques, auquel ont participé des représentants du secteur privé et public, et du monde académique de la région Asie-Pacifique.  Au niveau national, la Thaïlande veille à ce que ses lois soient mises à jour et restent pertinentes.  M. Ayudhya a notamment donné l’exemple de la loi sur les pathogènes et les toxines animales, ainsi que la loi sur les maladies transmissibles.  Il a également indiqué que son pays disposait d’un groupe de travail sur les armes biologiques. 

M. WANG CHANG (Chine) s’est félicité de la destruction de l’arsenal chimique de la Russie, tout en constatant que l’objectif d’un monde sans armes chimiques est encore loin.  Il a rappelé qu’une grande quantité d’armes chimiques avait été abandonnée par le Japon en Chine dans le passé, mettant en danger population et environnement.  Il a indiqué qu’après l’étude des sites d’enfouissement, on estime à 330 000 le nombre d’armes chimiques laissées par le Japon, et qu’à l’heure actuelle, 60 000 armes auraient été retrouvées et 48 000 détruites.  Juridiquement contraint à éliminer ces armes, le Japon n’a hélas pas respecté la date butoir fournie par la Convention, a-t-il regretté avant de l’exhorter à maintenir ses efforts. 

Le représentant a ensuite appelé à laisser l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) enquêter sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie dans un esprit de solidarité et de coopération.  Considérant que la Convention sur les armes biologiques (CIAB) permet de maintenir la sécurité internationale sur ces questions, le délégué a regretté qu’il n’y ait pas eu de consensus sur les questions de fond lors de la huitième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur les armes biologiques.  Il a espéré que la réunion, en décembre, des États parties, permettra de dégager un consensus au sujet du programme de travail intersession.  Il a ensuite rappelé que la Chine avait souffert des ravages de l’arme chimique durant la Deuxième Guerre mondiale « à cause de certains pays », et qu’à ce titre elle œuvrerait au contrôle multilatéral de ces armes pour parvenir jusqu’à leur élimination. 

En dépit des avancées dans la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques enregistrées au cours des 20 dernières années, fort est de constater, a déploré M. MARCIN KAWALOWSKI (Pologne), que ces armes demeurent un défi pour l’humanité.  « Le terrorisme chimique est une menace plus réelle que jamais », a-t-il en effet précisé, soulignant que, parallèlement, l’élimination des stocks d’armes chimiques n’avait pas été menée à son terme.  De plus, en dépit des 192 États désormais parties à la Convention, a également regretté le délégué, l’universalisation de cet instrument se fait toujours attendre.

Dans ce cadre, le représentant polonais a réaffirmé l’appui de son pays à la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques en République arabe syrienne, ainsi qu’au Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et des Nations Unies.

Le représentant a cependant regretté les « divergences fondamentales » de points de vue entre États Membres auxquelles son pays a été confronté cette année, lors des négociations concernant le projet annuel de résolution de l’Assemblée générale sur la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques, à l’initiative de la Pologne.  « Trouver un terrain d’entente a été plus difficile que jamais », a-t-il constaté, tout en appelant les États Membres à soutenir le texte lors de sa mise aux voix. 

M. MICHAEL GAFFEY (Irlande) a estimé que les condamnations de l’emploi d’armes chimiques devaient être suivies d’effets et que, pour mettre fin à l’impunité, les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité identifiés comme tels en Syrie doivent être déférés devant la Cour pénale internationale pour y répondre de leurs actes.  Il a salué la destruction complète et vérifiée des armes chimiques de la Fédération de Russie, un développement qui nous rapproche de l’objectif d’un monde sans armes de destruction massive.  Le représentant a ensuite appelé les États parties à la Convention sur les armes biologiques à réaffirmer leur engagement en faveur de son renforcement, et à la mise au point, en décembre prochain, à Genève, d’un nouveau programme de travail de fond pour relancer les activités de cet instrument.  D’autre part, le représentant a indiqué que son pays, qui copréside, avec l’Islande, le Régime de contrôle de la technologie des missiles, entend intensifier les efforts internationaux en cours pour empêcher la prolifération des missiles.  L’accent doit être mis sur l’affaiblissement des capacités des proliférateurs d’acquérir la technologie, l’information et les moyens de développer des armes de destruction massive et leurs vecteurs, a-t-il expliqué. 

M. MATHEW ROLAND (Royaume-Uni) a constaté que malgré une condamnation quasi universelle, des attaques à l’arme chimique, notamment au gaz sarin, ont été constatées en Syrie.  Il a rappelé qu’il y a environ un an, le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies avait conclu que les forces armées syriennes avaient utilisé du chlore dans trois attaques menées en 2014 et 2015, et que Daech avait, de son côté, eu recours au moutarde au soufre dans une attaque de 2015.  Il a regretté que le Conseil de sécurité n’ait toujours pas été capable de réagir à ces découvertes, en raison notamment du véto de la Chine et de la Russie.

Dénonçant le manque de poursuites après les attaques du 4 avril dans la ville de Khan Cheikhoun et quelques jours avant, à Al Latamineh, le représentant a signalé que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques avait confirmé, ce mois-ci, qu’il y avait des « sérieux manques, inconsistances et divergences » dans la déclaration de la Syrie sur la Convention sur les armes chimiques.  En référence à l’attaque perpétrée par Daech, le représentant du Royaume-Uni a expliqué que son pays accueillait favorablement les efforts pour s’attaquer à l’utilisation des armes chimiques par des acteurs non étatiques à travers une pleine mise en œuvre de la Convention, et le renforcement des mécanismes existants.

Concernant la Convention sur les armes biologiques, le représentant a appelé à renforcer le mécanisme mis en place par le Secrétaire général pour enquêter sur l’utilisation présumée des armes chimiques et biologiques, regrettant par ailleurs que la huitième Conférence d’examen n’ait pas été capable de déboucher sur un consensus.  M. Roland a ensuite abordé le chapitre de la prolifération des armes balistiques.  Outre le cas de la République populaire démocratique de Corée, il a dénoncé les essais balistiques réalisés cette année par l’Iran, dont des missiles de moyenne portée et des lanceurs spatiaux.  Il a exhorté l’Iran à cesser ses activités, non conformes à la résolution 2231 du Conseil de sécurité. 

M. FARUKH AMIL (Pakistan) s’est félicité du travail réalisé par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour le renforcement de la sécurité internationale.  Affirmant que le Pakistan s’est profondément impliqué dans la huitième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur les armes biologiques (CIAB), il a regretté qu’aucun consensus n’en soit ressorti en termes de programme de travail intersession.  Il a appelé à lancer des négociations multilatérales en vue de constituer un protocole juridiquement contraignant de vérification et de mise en œuvre de ladite convention.

Pour ce qui a trait aux armes chimiques, le Pakistan a rappelé qu’il en prohibe fermement l’usage en toutes circonstances.  À ses yeux, il est essentiel de renforcer les pouvoirs de l’OIAC pour lui permettre de relever les défis actuels et futurs afin de détruire complètement ces armes.  Plaidant pour un retour du consensus sur les armes chimiques aux Nations Unies, le délégué pakistanais a rappelé l’attachement de son pays à la coopération, à l’assistance et à l’utilisation pacifique des technologies chimiques.  Le Pakistan fait d’ailleurs sa part à l’échelle nationale et régionale au travers de symposiums et groupes de travail.  

Au-delà du problème lié à la détention d’armes chimiques par les États, le délégué a tenu à souligner également la menace spécifique représentée par l’acquisition de ces armes par des groupes terroristes et non étatiques. 

M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a salué les résultats enregistrés par la Convention sur les armes chimiques (CIAC), citant notamment la destruction du stock d’armes chimiques de la Russie avant même le délai fixé.  Il a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir les usages à des fins pacifiques des techniques et agents chimiques, en réduisant notamment les contraintes qui entravent encore leur transfert, en particulier vers les pays en développement.  Le représentant a par ailleurs appuyé la création de zones exemptes d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive partout dans le monde, ces zones contribuant concrètement à la réalisation des objectifs de désarmement aux plans régional et international.  Il a regretté à cet égard l’absence de progrès en ce qui concerne la création d’une telle zone au Moyen-Orient, qu’il a imputée à Israël, seul pays de la région à n’avoir pas adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

M. NIELS HANJE (Pays-Bas) a estimé que les violations, par la Syrie, de ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques (CIAC) n’étaient plus alléguées mais attestées.  À cet aune, il a jugé que la communauté internationale doit demander au Conseil de sécurité de réagir fermement à cette violation flagrante du droit international et de sa propre résolution 2118.  Il a demandé que le projet de résolution de la Première Commission sur la mise en œuvre de la Convention comporte un libellé ferme et sans équivoque.  Il a conclu en affirmant que la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et la Convention sur les armes biologiques sont d’indispensables instruments à l’appui des efforts internationaux entrepris pour empêcher la prolifération de toutes les armes de destruction massive et bâtir collectivement un monde plus sûr. 

M. KIM IN-CHUL (République de Corée) s’est réjoui que 95% des armes chimiques des États parties à la Convention sur les armes chimiques aient été détruites.  Il s’est toutefois ému de l’emploi d’armes chimiques en Syrie qu’il a qualifié de « problème très grave ».  Les deux rapports de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont confirmé l’utilisation de gaz moutarde et sarin, a-t-il poursuivi, avant de condamner fermement ces crimes odieux et demander à ce que les coupables soient traduits en justice.  Rappelant que l’EIIL a lui aussi été accusé d’avoir utilisé l’arme chimique, le délégué a estimé que l’usage d’armes chimiques par des acteurs non étatiques est un défi urgent qui doit être une priorité pour l’OIAC.

Sur la question des armes biologiques, le représentant s’est dit convaincu que des mesures de renforcement de la confiance ainsi que la prise en compte des avancées technologiques sont essentielles.  À la lumière des progrès technologiques en la matière et du double usage possible de ces nouvelles technologies, le régime international contre les armes biologiques doit également définir de nouvelles normes, a-t-il estimé.  Regrettant que la huitième Conférence d’examen des parties à la Convention sur les armes biologiques ne soit pas parvenue à un consensus, il espère que la rencontre des États parties en décembre permettra de déboucher sur des résultats.

M. GYÖRGY MOLNÁR (Hongrie) est intervenu brièvement pour présenter un projet de résolution sur la Convention sur les armes biologiques.  Il a expliqué que la version 2017 de ce texte salue le rôle de l’Unité de mise en œuvre de la Convention et demande qu’elle bénéficie d’un financement adéquat.  Le texte appelle aussi les États parties à trouver un consensus sur le processus intersession, a-t-il ajouté.  La Hongrie souhaite rester le seul auteur de ce projet de résolution et qu’il soit adopté par consensus, a-t-il par ailleurs indiqué.

M. PYE SOE AWNG (Myanmar) a averti que le monde n’est pas à l’abri des armes de destruction massive biologiques et chimiques, mettant en garde contre le risque que des acteurs non étatiques entrent en possession de ces armes.  Il a ensuite appelé à l’universalisation de la Convention sur les armes chimiques, arguant que si un seul État n’adhère pas au traité, il le fragilise.  Seul le traité multilatéral global interdisant toute une catégorie d’armes de destruction massive, cet instrument revêt une importance particulière, a-t-il souligné.  Se félicitant que, 96% des armes chimiques déclarées ont été détruites grâce au mécanisme de vérification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), le Myanmar a rappelé qu’il avait ratifié la Convention sur les armes chimiques en 2015.  « Nous estimons que l’utilisation des armes chimiques et biologiques sont inhumaines: aucune violation ne pourra être tolérée », a-t-il souligné.

M. HAMOOD SALIM ABDULLAH AL TOWAIYA (Oman) a déclaré que toutes les armes de destruction massive, sans exception, étaient une source de préoccupation pour les pays du Moyen-Orient.  Il a appelé les États à réaffirmer leur attachement au multilatéralisme.  Le représentant a également jugé nécessaire de mettre l’accent sur la prévention du risque que des agents non étatiques ne s’emparent d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive.  Il a ensuite plaidé, à son tour, en faveur de la création d’une zone exempte de ces armes au Moyen-Orient.  Il a annoncé à cet égard que son pays appuierait les projets de résolution de la Première Commission relatifs à cette question. 

M. JULIO HERRÁIZ ESPAÑA (Espagne) a déclaré que les crimes perpétrés en Syrie, en particulier les attaques chimiques, ne peuvent pas rester impunis.  Il a demandé la prorogation du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU.  Ses travaux doivent permettre de traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Syrie, et avoir ainsi un effet dissuasif, a-t-il souligné.  Le représentant a également jugé important de renforcer les capacités de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), afin d’empêcher que des agents non étatiques n’aient accès à ces armes et toute autre arme de destruction massive. 

M. SURENDRA THAPA (Népal) a rappelé que son pays ne produisait ni ne détenait aucune armes de destruction massive.  Il a rappelé que comme État partie à la Convention sur les armes chimiques (CIAC), son pays veillait à la régulation, à ses frontières, de tous produits chimiques.  Il a salué l’efficacité de la CIAC et de ses mécanismes de vérification, ainsi que la possibilité qu’elle laisse pour l’usage pacifique des armes chimiques.

Il a indiqué que son pays avait ratifié en 2016 la Convention d’interdiction des armes biologiques.  Il a appelé à la mise en place rapide d’un instrument juridiquement contraignant de vérification de la Convention, estimant que son absence mettait en question l’efficacité de la convention.  Le représentant a ensuite indiqué qu’en conformité avec la résolution 1540 du Conseil de sécurité, le Népal avait adopté la législation nationale nécessaire à sa pleine mise en œuvre.  Il a ensuite réaffirmé l’importance du dialogue régional pour renforcer la coopération et les mesures de confiance dans le domaine de la paix et du désarmement.

En dépit des engagements dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, le représentant a par ailleurs déploré que nombre de pays manquent encore de ressources financières et techniques et de capacités pour remplir pleinement leurs obligations découlant des traités et des conventions.

Pour M. VINICIO MATI (Italie), le transfert de toutes les armes chimiques hors de la Libye, auquel son pays a participé, est un parfait exemple de coopération internationale réussie.   À l’instar de la Libye, le représentant a appelé les autorités syriennes à coopérer pleinement avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques afin de régler les questions en suspens.  Il est en effet regrettable, a-t-il déploré, que des armes chimiques aient été utilisées cette année en Syrie.  Pour aller au-delà de la simple condamnation et empêcher une « érosion de l’architecture de non-prolifération » des armes chimiques, le représentant a appuyé les travaux de la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques en République arabe syrienne, ainsi que du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies.

Suite, par ailleurs, à l’échec, l’an dernier, de la huitième Conférence d’examen des parties à la Convention sur les armes biologiques, le représentant a appelé à renforcer l’architecture internationale pour lutter contre la prolifération de ces armes.

S’agissant des armes nucléaires, le représentant a condamné les essais et tirs de missiles balistiques récemment réalisés par la République démocratique populaire de Corée (RPDC).  Sur le dossier iranien, en revanche, il a salué les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), selon lesquels, l’Iran continue de se conformer à ses obligations en vertu du Plan d’action global commun.  Il a appelé à faire en sorte que ce Plan puisse continuer d’être une « success story ».

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a réitéré son soutien à la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et son universalisation, la qualifiant de « l’un des instruments de désarmement des plus efficaces ».  Elle a espéré qu’en 2023, tous les arsenaux soient détruits dans le monde, grâce à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Elle a appelé les pays détenteurs d’armes chimiques à respecter leur calendrier de destruction de leurs arsenaux, pour ensuite saluer la destruction de la totalité de l’arsenal chimique de la Russie. 

Estimant que l’usage d’armes chimiques relève d’un crime contre l’humanité, la représentante a dénoncé l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et en Irak.  Elle s’est aussi inquiétée de l’utilisation de l’agent BX à Kuala Lumpur le 13 février 2017.  Elle a condamné l’usage de telles armes par la Syrie et par Daech.  Elle a salué le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), y compris ses mécanismes de vérification.

Droits de réponse

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a répondu aux pays ayant fait des remarques « odieuses » au sujet des activités « de légitime défense » conduites par son pays.  Il a exhorté la France, « donneuse de leçons », à renoncer à ses arsenaux nucléaires et à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en qualité d’État non doté d’armes nucléaires.  Il a aussi accusé les États-Unis de proférer des mensonges lorsqu’ils affirment que la RPDC stocke des armes de destruction massive.

Le représentant du Japon a assuré qu’il détruisait toutes ses armes chimiques abandonnées en coopération avec la Chine.  Nous sensibilisons les citoyens chinois au bien-fondé de ses activités, a-t-il indiqué

Le représentant de la République arabe syrienne a assuré que son pays condamnait l’emploi « injustifiable » de toute arme de destruction massive.  Nous avons mis un terme à notre programme d’armes chimiques, et ce, en un temps record, et cela a été reconnu par les autorités compétentes ayant fait rapport au Conseil de sécurité, a-t-il affirmé.  Les terroristes, parrainés par des pays représentés dans cette salle, emploient des armes chimiques contre des civils, a poursuivi le représentant.  Il a dénoncé des histoires montées de toutes pièces visant à faire accuser la Syrie d’emploi d’armes chimiques contre son propre peuple.  Il a affirmé que les déclarations des États-Unis, « qui ne mentionnent jamais les agissements des terroristes en Syrie », comportent beaucoup de contradictions ».  C’est normal, si l’on se souvient de l’emploi de la multitude d’armes chimiques par ce pays dans nombre de théâtres d’opérations au cours des dernières décennies, au Viet Nam, au Cambodge, en Iraq et ailleurs.  Le représentant syrien a par ailleurs accusé la Turquie et les États-Unis d’avoir fait transiter, au mois d’août dernier, des armes chimiques vers la Syrie et des entités terroristes.  Du sarin a été détecté en Turquie, quel usage en a été fait? a demandé le représentant en s’adressant à son homologue turc. 

Le représentant de la Chine a affirmé que la destruction des armes chimiques japonaises est une « rédemption » pour le Japon, après sa guerre d’agression contre la Chine.  Il a rappelé que l’armée japonaise avait utilisé des armes chimiques près de 200 fois, entre 1930 à 1945, faisant des milliers de victimes, et des prisonniers chinois ont été utilisés comme cobayes pour tester des produits chimiques.  Il a exhorté le Japon à accepter le passé.  Le délégué chinois a indiqué que malgré les progrès dans le processus de destruction, il reste beaucoup d’armes chimiques, dont 74 tonnes d’agents toxiques qui doivent encore être éliminées.  En réalité, seul 12,3% des armes chimiques abandonnées par le Japon ont été détruites, a-t-il précisé.

Au cours de ce processus de destruction très lent, a poursuivi le représentant, le Japon n’a pas fait preuve de sincérité et n’a manifesté aucune urgence.  L’armée japonaise a enterré plus de deux millions d’armes chimiques, mais la Chine ignore leur emplacement, aussi le représentant a enjoint le Japon à fournir ces précisions car pour le moment, ces armes sont trouvées par hasard. 

Depuis 2008, nous avons prévenu le Japon de la présence d’armes chimiques mais le Japon a toujours répondu qu’il n’avait pas assez de fonds ou pas assez de moyens, ce dont nous doutons, a enchaîné le délégué.  Il s’est également inquiété de l’incapacité et de l’absence de volonté politique du Japon à respecter le calendrier fixé par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour la destruction de ces armes.  En 2017, un nouveau programme de travail a été fixé et sera présenté et la Chine espère que le Japon pourra cette fois s’acquitter de ses obligations pour nettoyer le territoire chinois.

Le représentant des États-Unis a affirmé que le régime syrien n’avait aucune crédibilité, accusant ce dernier de tuer son propre peuple et d’exporter le terrorisme.  Il a engagé le régime syrien à cesser ses attaques à l’arme chimique, avertissant que la communauté internationale exigera des comptes.

Le représentant de la Turquie a rejeté les accusations de la Syrie, affirmant que ce pays avait utilisé des armes chimiques, ce qui a été attesté par le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU.  Son tissu de mensonges ne trompera personne, a-t-il lancé. 

Le représentant de la Syrie a demandé à la France d’apporter des preuves de ce qu’elle avance, et accusé ce pays de fournir les organisations terroristes en armes.  Les États-Unis, quant à eux, devraient s’excuser d’avoir détruit l’Iraq au motif fallacieux que s’y trouvaient des armes de destruction massive.  Il a par ailleurs exhorté le Canada à cesser de proférer des insultes, et a invité ce pays à plutôt demander instamment à Israël d’adhérer à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). 

Le représentant du Japon a répondu que si les divergences existent, son pays s’attache à la destruction des armes chimiques abandonnées avec, « en principe », la pleine coopération de la Chine.  Nous irons jusqu’au bout de ce programme, conformément aux engagements pris au titre la Convention sur les armes chimiques (CIAC), a-t-il répété.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: la mondialisation et les technologies de la communication examinées à la lumière des exigences du développement durable

Soixante-douzième session,
14e & 15E séance – matin après-midi
AG/EF/3480

Deuxième Commission: la mondialisation et les technologies de la communication examinées à la lumière des exigences du développement durable

L’ordre du jour était chargé aujourd’hui à la Commission économique et financière (Deuxième Commission), avec la matinée dédiée à une discussion sur le thème « mondialisation et interdépendance », avant d’enchaîner l’après-midi avec un débat sur « les technologies de l’information et des communications au service du développement ».

Comme il ressort du rapport* du Secrétaire général sur les promesses de la mondialisation, qui a été présenté par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, il existe actuellement trois grandes tendances qui influencent la mondialisation, à savoir les nouveaux schémas de production et l’évolution des marchés du travail, qui requièrent de nouveaux emplois et compétences, les progrès rapides de la technologie et les changements climatiques.

Mais si l’on entend par mondialisation l’intégration du commerce et des marchés financiers, la diffusion des progrès technologiques, la réduction de l’impact des contraintes géographiques sur les flux sociaux, culturels et migratoires, et la propagation accrue des idées et des technologies, force est de constater qu’elle n’a pas tenu partout dans le monde sa promesse de favoriser une croissance équitable et un développement durable.  

Ce constat très largement partagé dans la salle, a aussi été à la base des revendications multiples des pays à revenu intermédiaire qui sont au nombre de 109, selon la classification du système de l’ONU, et qui représentent 73% des pauvres du monde, 70% de la population mondiale, mais seulement un tiers du PIB mondial.

C’est le « paradoxe » de ces pays, comme l’a exprimé le représentant des Maldives, ou encore le « piège du revenu intermédiaire », selon les termes de son homologue sud-africain.  Cela s’explique, d’une part, par le fait que cette catégorie regroupe en même temps certaines des plus grandes économies du monde et d’autres économies beaucoup plus petites en termes de PIB, et, d’autre part, par l’utilisation du revenu par habitant comme seul critère de classification dans cette catégorie. 

Ces pays se sentent pénalisés, parce qu’en tant que pays à revenu intermédiaire ils ne sont plus éligibles à l’aide publique au développement, ni aux financements concessionnels pour le développement.  Or, leurs économies restent souvent vulnérables aux chocs exogènes comme les catastrophes naturelles.  Ils ont donc rejeté ce critère et plaidé pour que les institutions financières internationales et les Nations Unies le révisent pour passer à un système d’indices multidimensionnels permettant d’évaluer effectivement leurs progrès en termes de développement.  

Le rapport** du Secrétaire général sur la coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire reconnaît d’ailleurs que cette classification selon le revenu par habitant ne rend pas effectivement compte de la nature complexe des défis liés au développement.  Il suggère que les États Membres de l’ONU énoncent un mandat clair pour l’élaboration d’un nouvel outil de classification.  Créé en 2016, le Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire constitue, selon le Secrétaire général, une plateforme pour le faire.

Dans l’après-midi, les délégations se sont penchées sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), en abordant à la fois leur potentiel en tant que moteurs du développement durable et les obstacles à dépasser dans ce domaine. 

Comme il ressort du rapport*** du Secrétaire général sur la question, présenté par Mme Shamina Sirimanne, Directrice technologie et logistique de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), on assiste aujourd’hui à un développement significatif, mais inégal, de l’accès à ces technologies et à leur utilisation.  Une seule statistique illustre bien l’ampleur du problème: la proportion de foyers ayant accès à Internet est de 84% en Europe, contre seulement 15% en Afrique subsaharienne. 

En outre, s’il ne fait pas de doute que la révolution des TIC est en train de transformer les sociétés, les économies et les individus dans le monde entier, ces avancées s’accompagnent toutefois de leur lot de problèmes liés, d’une part, au fossé numérique entre pays développés et pays en développement comme au sein même des pays, et, d’autre part, à la gouvernance mondiale de l’Internet et à la cybersécurité.  

Relevant que les mutations technologiques combinées aux pressions concurrentielles de la mondialisation ont élargi ladite fracture numérique, le représentant de la Communauté des Caraïbes a exigé une réponse multilatérale solide.  De son côté, le porte-parole de l’Alliance des petits États insulaires a mis l’accent sur les bénéfices que les petits États insulaires en développement peuvent tirer des TIC notamment en termes de gestion des catastrophes naturelles.

Le Groupe des 77 et de la Chine s’est, pour sa part, félicité de l’opérationnalisation de la Banque de technologies des Nations Unies pour les PMA et demandé que les pays développés allouent 0,1% de l’APD destinée aux PMA à cette banque.  Plusieurs ont aussi salué les progrès dans la mise en œuvre du Mécanisme de facilitation des technologies, créé par le Plan d’action d’Addis-Abeba.  De manière générale, les délégations ont plaidé auprès des pays développés pour qu’ils assistent les pays en développement à travers le transfert de technologie et une assistance technique effective et durable.

La Deuxième Commission reprendra ses travaux lundi 16 octobre, à 10 heures, pour examiner la question: « développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition ».

*A/72/301

**A/72/329

***A/72/64–E/2017/12

MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE

a) Rôle de l’Organisation des Nations Unies dans la promotion du développement dans le cadre de la mondialisation et de l’interdépendance (A/72/301)

b) Science, technologie et innovation au service du développement (A/72/257)

c) Culture et développement durable (A/72/336)

d) Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire (A/72/329)

Discussion générale

M. HENRY JONATHAN VIERA SALAZAR (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a rappelé qu’il n’est plus question, aujourd’hui, de rediscuter des accords auxquels la communauté internationale est parvenue en 2015.  « Il est temps maintenant de les mettre en œuvre », a—t-il clamé en demandant de soutenir les pays en développement.  Il a noté que la science, la technologie et l’innovation ont un rôle majeur pour faire face aux défis mondiaux, notamment l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions.  Le transfert des technologies, à des conditions favorables, en faveur des pays en développement, est crucial afin de réduire la vulnérabilité aux effets néfastes des changements climatiques, améliorer la santé des océans, a-t-il, entre autres, cité.  Sans des progrès en matière technologique, la voie vers la durabilité sera parsemée d’embûches pour les pays en développement, a averti le délégué.  La mondialisation, a-t-il poursuivi, apporte avec elles ses risques et défis, et les Nations Unies sont le seul organe mondial indiqué pour renforcer la coopération internationale dans le contexte de la mondialisation, notamment afin d’intégrer les pays en développement dans l’économie mondialisée.

Il faut aussi permettre aux pays à revenu intermédiaire de faire face aux défis qui les freinent, a plaidé M. Viera Salazar en soulignant que ces pays abritent cinq des sept milliards d’humains, représentent près du tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial, mais, dans le même temps, comptent 73% des pauvres du monde.  Il a jugé urgent d’identifier les moyens pour prendre en compte les défis de développement des pays à revenu intermédiaire, afin de ne laisser personne de côté.  À ce propos, il a suggéré au système de développement des Nations Unies d’améliorer son soutien aux pays connaissant des réalités différentes, y compris les pays à revenu intermédiaire.  Le G77 souligne que l’aide publique au développement (APD) demeure cruciale pour bon nombre de ces pays.  De plus, le classement de ces pays en fonction du revenu par habitant ne suffit pas pour évaluer les niveaux de vie.  C’est pourquoi le G77 réitère sa demande de voir mettre sur pied des mesures transparentes du progrès qui aillent au-delà du critère de revenu par habitant, en s’appuyant, au besoin, sur les initiatives en cours.  Cette approche devrait tenir compte de la nature multidimensionnelle de la pauvreté et des déséquilibres structurels à tous les niveaux, a-t-il ajouté. 

Par ailleurs, le représentant a demandé de placer la création d’emplois et le plein emploi au centre des politiques économiques, et de mettre sur pied des politiques macroéconomiques, industrielles, commerciales, environnementales et sociales qui se renforcent les unes les autres.

La culture est un facilitateur et un catalyseur du développement durable, a poursuivi M. Viera Salazar, expliquant que la diversité culturelle et les industries créatives apportent beaucoup aux trois dimensions du développement durable et, partant, à la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a donc souhaité que les organisations et toutes les parties prenantes tiennent compte du rôle de la culture dans la formulation de politiques de développement nationales, régionales et internationales.  Il a souhaité que la place des peuples autochtones et de leurs savoirs soit également valorisée.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. JOSEPH TEO CHOON HENG (Singapour) a regretté que la mondialisation et l’interdépendance soient menacées, vu que les voix de l’isolationnisme et du protectionnisme sont en train de gagner du terrain dans le monde entier, tout en faisant observer que l’histoire a montré qu’aucun pays n’est sorti de la pauvreté depuis la Seconde Guerre mondiale sans participer à l’économie internationale.  Les défis complexes tels que le terrorisme, la cybersécurité, les pandémies et les changements climatiques n’ont pas de frontières et requièrent des solutions globales, a ajouté le représentant. Aussi, l’ASEAN estime que la mondialisation peut être une force positive qui peut aider les pays à parvenir à une économie juste et inclusive, dans un monde plus sûr, et, pour ce faire, le multilatéralisme est essentiel.

C’est la raison pour laquelle l’ASEAN s’efforce d’aller plus loin dans l’intégration régionale et en améliorant sa connectivité avec le monde, comme l’illustre le Master Plan sur l’ASEAN Connectivity 2025.  Mais, a dit M. Teo, les efforts au niveau régional échoueront si les Nations Unies, qui sont la pierre angulaire de la gouvernance mondiale, ne continuent pas à jouer un rôle central pour trouver des solutions communes aux défis mondiaux. Il a cité en exemple l’adoption, l’année dernière, du plan d’action ASEAN-Nations Unies pour 2016-2020 sur cinq ans, qui prévoit un dialogue régional annuel permettant de partager les bonnes pratiques.

Mme SHANCHITA HAQUE (Bangladesh), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a indiqué que la science, la technologie et l’innovation sont cruciales pour stimuler la croissance économique et parvenir au développement durable.  Il y a un grand fossé entre les PMA et le reste du monde dans ces domaines, a-t-elle déploré.  Elle a relevé que le nombre de brevets issus des PMA avait baissé, étant passés de 639 en 2010 à 542 en 2014, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que la part du PIB dédiée aux recherches est dans ces pays de 0,5% contre 1,4% en moyenne dans les pays en développement.  De ce fait, elle a appelé à la pleine opérationnalisation de la Banque de technologies en faveur des PMA.

Les PMA appellent à l’augmentation des investissements publics dans la recherche et le développement.  Ils souhaitent aussi une coopération renforcée entre secteurs public et privé, capable de mettre sur pied les infrastructures technologiques nécessaires, notamment celles liées aux données.  Les PMA ont en outre besoin de financements adéquats pour renforcer leurs capacités en matière de science, technologie et innovation.  Cela leur permettrait de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020, encore appelé Programme d’action d’Istanbul.  La représentante a aussi insisté sur la mise en place d’un cadre solide devant régir les transferts technologiques des pays développés vers les PMA, ajoutant que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire pourraient, dans ce contexte, compléter les initiatives de la coopération Nord-Sud dans ce domaine.

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation dans le développement national et régional pour créer des sociétés du savoir qui contribuent à l’amélioration des capacités productives.  Il a ainsi expliqué que les transferts de technologie, la consolidation des capacités et la diffusion de l’information sont des moteurs importants du développement et de la croissance économique et permettent de réduire le fossé numérique entre pays et à l’intérieur même des pays.  Pour ce qui est de la culture et du développement durable, il a souligné l’importance du respect de la diversité culturelle qui caractérise notamment la région de la CELAC.  La multiculturalité et la tolérance doivent être la base de la coopération, a-t-il estimé. 

Le représentant a également fait part des préoccupations des États membres de la CELAC par rapport aux critères actuels qui permettent aux pays les moins avancés (PMA) de sortir de cette catégorie, et en particulier le fait que seul le critère du revenu par habitat est utilisé pour mesurer le niveau de développement d’un pays et, par conséquent, pour décider de son éligibilité à l’aide publique au développement.  Les méthodologies utilisées doivent aller au-delà de ce critère pour pouvoir reconnaître les besoins et défis en termes de développement de chaque pays, a-t-il estimé.  Rappelant que la plupart des membres de la CELAC sont des pays à revenu intermédiaire, le représentant a insisté sur le fait que ces pays ont toujours besoin de l’aide au développement pour réduire les écarts et inégalités structurels et renforcer leurs capacités pour réaliser les objectifs de développement durable.

M. MHER MARGARYAN (Arménie), qui parlait aussi au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, a appelé la communauté internationale, l’ONU et les institutions financières internationales à revoir leur approche concernant la classification des pays en développement.  « Avancer vers des critères allant au-delà du revenu par tête est crucial pour comprendre les défis spécifiques et le potentiel de chaque pays en développement. »  Le représentant a estimé qu’une catégorie entière de pays était laissée de côté puisque la coopération avec les pays à revenu intermédiaire est menée sur une base ad hoc.

En vue de remédier aux besoins complexes des pays en développement, le délégué a défendu des politiques adaptées et graduelles permettant aux pays de passer d’une catégorie à l’autre, plutôt qu’une approche unique pour tous.  Il s’est dit préoccupé par le fait que l’accès d’un pays aux financements concessionnels se réduit au fur et à mesure que son revenu augmente, comme c’est le cas des pays à revenu intermédiaire.  Le délégué a insisté sur les défis que ces pays doivent relever, tels que la pauvreté et les inégalités. Les pays à revenu intermédiaire abritent 73 % de la population pauvre mondiale, a-t-il noté.  Il a également souligné l’importance pour ces pays de recevoir une assistance suffisante pour remédier aux conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes qui les frappent.  En conclusion, le délégué a demandé une approche globale pour remédier aux défis des pays à revenu intermédiaire.

M. KEITH HAMILTON LLEWELLYN MARSHALL (Barbade), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a affirmé que les grandes tendances qui influencent la mondialisation, telles qu’identifiées par le Secrétaire général dans son rapport, affectent de manière disproportionnée les petits États insulaires en développement qui forment la CARICOM, en particulier s’agissant des changements climatiques.  Par conséquent, la CARICOM exhorte la communauté internationale à revisiter et à restructurer la manière avec laquelle elle interagit avec ces États.

Après avoir souligné l’impact des chocs exogènes qui ralentissent le développement des petits États insulaires en développement (PEID) et qui émanent souvent des pays développés -notamment la crise financière de 2007-, le représentant a estimé que les Nations Unies devaient assumer un rôle essentiel pour renforcer la coopération internationale en vue de réaliser les objectifs de développement durable.

Évoquant l’ampleur des dégâts causés par les ouragans Irma et Maria dans les Caraïbes, le représentant a rappelé à nouveau la contribution mineure des PEID aux changements climatiques, alors même qu’ils en sont les premières victimes, ajoutant que la science prouve la contribution de la mondialisation aux changements climatiques et à la dégradation environnementale.  Il a saisi cette occasion pour dire « que ce n’est pas le moment pour revenir sur les engagements pris en vue de protéger la planète ».  « Il faut au contraire redoubler d’effort », a-t-il lancé par le biais notamment de l’application de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Avant de conclure il a salué le Secrétaire général qui a demandé que les pays vulnérables à revenu intermédiaire et élevé puissent avoir accès aux prêts à des conditions préférentielles, ce qui lui semble crucial lorsque ces pays doivent faire face aux dégâts causés par des catastrophes naturelles.

Mme RENUKA CHOWDHURY (Inde) a noté le rythme accéléré de la mondialisation au cours des trois dernières décennies en raison des innovations technologiques qui ont contribué à « rétrécir la planète ».  Toutefois, la révolution en cours avec les technologies numériques, l’automatisation et l’intelligence artificielle, a un impact inégal sur les professions, les modèles économiques et, par conséquent, sur les rapports de force dans le monde, a-t-il constaté.  De plus, la montée en puissance du pouvoir des médias sociaux transforme les modes de fonctionnement des gouvernements, a poursuivi le représentant qui a également rappelé que l’intégration économique et financière avait parfois conduit à des crises graves.  La mondialisation a même joué en faveur des réseaux terroristes qui ne connaissent plus de frontières, a-t-il souligné.

Le représentant a ensuite évoqué les progrès scientifiques qui ont permis de mieux comprendre l’impact des activités humaines sur notre habitat et sur le réchauffement de la terre.  Parmi les autres menaces liées à la mondialisation, M. Chowdhury a encore cité les épidémies, qui se propagent rapidement, et la cyber-sécurité.  Toutes ces questions exigent, selon lui, des consultations étroites entre les pays et plus de multilatéralisme dans la manière de les appréhender.

M. TANG TIANXI (Chine) a invité la communauté internationale à passer à une mondialisation plus inclusive.  Pour cela, a-t-il recommandé, il faut créer un modèle économique ouvert et promouvoir l’inter connectivité et les échanges commerciaux, tout en s’opposant au protectionnisme.  Il est également important, selon la délégation, de s’adapter aux réalités actuelles en amendant les règles régissant le commerce et l’économie internationales.

Le représentant de la Chine a appelé à adopter un modèle de croissance équilibré, un modèle qui apporte aussi des solutions aux problèmes structurels.  Il a fait remarquer que la Chine avait tiré parti de la mondialisation économique, notamment par le biais d’une croissance rapide qui a apporté la stabilité dans le pays. Le défi est maintenant de rendre cette croissance profitable à tous, a-t-il reconnu.

Mme MARIA ANGELA PONCE (Philippines) a rappelé son pays est l’un des 109 États à revenu intermédiaire selon la classification du système de l’ONU, en soulignant les défis particuliers qui se posent à ces pays qui ont des niveaux différents de revenu, de croissance, de structures sociales et d’urbanisation.  Malgré une croissance élevée depuis quelques années, les Philippines n’ont toujours pas éradiqué la pauvreté ni éliminé les inégalités qui demeurent élevées, a-t-elle indiqué en expliquant aussi que les avancées en matière de développement sont freinées par les catastrophes naturelles plus fréquentes et plus dévastatrices.  Elle a fait remarquer que si ces pays hébergent 73% des pauvres du monde et 70% de la population mondiale, ils ont seulement un tiers du PIB mondial.

Mme Ponce a donc plaidé pour que la méthode de classification de ces pays aille au-delà du simple critère de revenu par habitant et adopte une approche multidimensionnelle, appréciant la recommandation du Secrétaire général à ce sujet.  Plaider en faveur de la reconnaissance de cette catégorie de pays par le système de l’ONU ne veut pas dire qu’on cherche à prendre des ressources d’autres groupes de pays en situation particulières, a-t-elle assuré en expliquant vouloir surtout créer des synergies positives pour d’autres pays en développement.  Elle a exhorté le système des Nations Unies pour le développement à continuer d’intégrer les pays à revenu intermédiaire dans ses plans et programmes stratégiques.  Mme Ponce a aussi abordé la question de la science, la technologie et l’innovation en souhaitant voir les capacités des pays se renforcer pour disposer de ces moteurs du développement.

Mme TAMARA KHARASHUN (Bélarus) a dit être d’accord avec le Secrétaire général pour une réalisation universelle du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Pour cela, il convient de renforcer le système de coopération avec les pays à revenu intermédiaire qui doivent bénéficier d’un soutien plus ciblé de la part des organismes multilatéraux, a-t-elle estimé.  Ces pays représentent le moteur de la croissance économique mondiale, a-t-elle poursuivi avant de regretter que leurs intérêts soient néanmoins souvent relégués au second plan.

Par conséquent, le Belarus table sur l’élaboration et l’application d’une stratégie pour l’appui au développement durable des pays à revenu intermédiaire.  Il espère que la résolution sur cette question abordera le problème du classement de ces pays uniquement sur la base du revenu par personne.  « Ce critère présente souvent une vue plus favorable du bien-être de nos pays », a précisé la représentante pour laquelle il est indispensable de passer à des indices multidimensionnels efficaces pour évaluer les progrès en termes de développement de chaque pays.

M. JUAN MIGUEL GONZÁLEZ PEÑA (Cuba) a jugé indispensable un système multilatéral transparent, ouvert, non discriminatoire et inclusif, qui optimise les bénéfices de la mondialisation tout en minimisant ses coûts.  Mais, a regretté la délégation, la réalité est que la mondialisation avance selon des principes néolibéraux, qui aggravent les inégalités dans le monde, élargissent le fossé entre le Nord et le Sud et perpétuent des problèmes mondiaux tels que la pauvreté, la faim, l’analphabétisme, le chômage et la mortalité due à des maladies évitables et curables.  Pourtant, a-t-elle souligné, l’engagement et la volonté politique permettraient de surmonter ces problèmes.

Dans ce contexte, la délégation de Cuba a réitéré la nécessité d’un nouvel ordre économique international, basé sur l’équité, l’égalité souveraine, le bénéfice commun et la coopération entre tous les États.  Ce nouvel ordre économique permettrait ainsi de corriger les inégalités et les injustices et assurerait aux générations présentes et futures un développement économique et social juste.  Cuba attend avec intérêt l’avancée du Mécanisme de facilitation des technologies ainsi que la mise en pratique de la Banque de technologies et du mécanisme de renforcement des capacités scientifiques et technologiques et des capacités d’innovation des pays les moins avancés.

M. DAVID MULET LIND (Guatemala) s’est déclaré convaincu que tant que l’on n’aborde pas la question du financement pour le développement et ses aspects complexes dans le contexte de la réforme de l’ONU, l’Organisation ne réussira jamais à fournir un meilleur appui aux pays pour atteindre les objectifs de développement durable.  En effet, le système onusien utilise actuellement différentes méthodes et mesures pour classer différents groupes de pays, y compris ceux se trouvant dans des situations particulières.  Il a réaffirmé que le système onusien doit se servir d’une classification intégrale qui n’exclue par les pays à revenu moyen comme pays éligibles pour l’aide au développement.

« Si le Programme 2030 est universel, appliquons alors des critères universels pour déterminer le financement du développement, notamment l’aide publique au développement », a-t-il lancé.  Il a ensuite appuyé la proposition de l’Arménie relative à une mesure multidimensionnelle de la pauvreté et du développement qui pourrait s’inspirer, pour son élaboration, de l’expérience du Comité des politiques de développement.  Il a attiré l’attention sur la réalité qui fait qu’il existe un groupe de grands pays que le système onusien considère uniquement en fonction de ses revenus, occultant par la même les inégalités internes en son sein et autres considérations.  Ce groupe représente le tiers du produit interne brut mondial et 73% des personnes vivant dans la pauvreté dans le monde. Il est donc temps d’opérer des changements qui déboucheraient sur un système plus juste, démocratique, efficace, transparent et qui rende des comptes, a-t-il conclu.  

Mme RABOHALE (Afrique du Sud) a fait part de son inquiétude face au peu de soutien de la communauté internationale en faveur des pays en développement dans l’optique de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a rappelé aux pays développés qu’il était impérieux qu’ils respectent leurs engagements en matière d’APD, ainsi que les promesses de facilités commerciales, de transferts technologiques et de renforcement de capacités en faveur de pays en développement.  Elle a souligné que ces derniers continuent de souffrir des effets pervers des crises financières et économiques de 2008.  Cette situation en appelle au renforcement de la gouvernance économique mondiale, afin notamment de s’assurer que les pays émergents aient une plus grande représentation dans les instances de gouvernance des institutions financières et économiques internationales.

En outre, l’Afrique du Sud souhaite la conclusion du Cycle des négociations commerciales de Doha, espérant également que la onzième conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), prévue à Buenos Aires, en Argentine, en fin d’année, apportera des solutions à des défis inhérents aux pays en développement.  L’Afrique du Sud dénonce la tendance protectionniste accrue de certains pays, a dit la déléguée avant de demander la réduction du fossé technologique entre le Nord et le Sud.  Pour cela, elle a appelé au transfert de technologies écologiquement viables en faveur des pays en développement, à des termes et conditions de commun accord.  Elle a enfin évoqué le « piège du revenu intermédiaire » pour souligner les défis de développement auxquels sont confrontés les pays de ce niveau.

M. PATRICIO AGUIRRE VACCHIERI (Chili) a contesté l’utilisation par le système des Nations Unies pour le développement d’une classification des pays à revenu intermédiaire basée uniquement sur le revenu par habitant, estimant qu’elle est en contradiction avec le Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Ce programme implique en effet une approche multidimensionnelle, avec des variables économiques, sociales et environnementales interagissant au même niveau, a-t-elle relevé. Aussi, la délégation a-t-elle espéré que le projet de résolution négocié par la Deuxième Commission sur le sujet des pays à revenu intermédiaire permettrait à ce groupe de pays d’avancer en termes de critères et de paramètres multidimensionnels.  Elle a aussi souhaité que le système des Nations Unies pour le développement cherche à se doter d’un mécanisme de suivi pour que les pays classés dans une catégorie supérieure bénéficient d’une période de transition, comme c’est le cas pour les pays les moins avancés.

M. ELTON KHOETAGE HOESEB (Namibie) a reconnu que le commerce international est l’un des principaux catalyseurs de la mondialisation, en expliquant que son pays en est un bon exemple puisqu’il a récolté les bénéfices de son économie d’exportation « de la meilleure viande et du meilleur poisson du monde, ainsi que de diamants ».  Le fait de pouvoir avoir des échanges commerciaux, dans le cadre de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), de l’accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne et de l’AGOA (loi en faveur de la croissance de l'Afrique et son accès aux marchés) avec les États-Unis, a contribué à la croissance économique de la Namibie et à la réduction de la pauvreté qui est passée de 37% en 1990 à 18% en 2017.

La Namibie est un fervent adepte des groupements régionaux pour développer les continents.  C’est la raison pour laquelle elle participe activement à la mise en œuvre du Plan stratégique de développement régional de la SADC pour la période 2005-2025, et à promotion de l’Accord tripartite de libre échange africain, a indiqué M. Gertze.  Pour lui, les Nations Unies et d’autres organismes multilatéraux sont essentiels pour assurer que la mondialisation soit une expérience positive pour tous.  Il s’est opposé au classement des pays sur la seule base du revenu par habitant, expliquant que la Namibie, comme d’autres pays à revenu intermédiaire, en avait été pénalisée dans son accès aux financements concessionnels pour le développement.  « La mondialisation peut être une bénédiction ou une malédiction », en fonction des circonstances a-t-il conclu en encourageant la communauté internationale à travailler main dans la main pour la réalisation du Programme 2030.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a fait remarquer qu’aujourd’hui, la pauvreté constitue une menace pour tous les pays, qu’ils soient plus ou moins avancés, et que son caractère multidimensionnel contraste avec le classement des pays selon le seul revenu par habitant, qui n’est plus adapté aux réalités.  Ce classement ne permet pas non plus d’évaluer correctement les ressources nécessaires dans la coopération pour le développement et l’efficacité de l’aide s’en trouve amenuisée.  Le classement des pays à revenu intermédiaire suppose que ceux-ci ont jugulé les hauts niveaux de pauvreté, d’inégalités et de vulnérabilité, alors qu’en réalité ce sont des problèmes qu’ils affrontent toujours, a précisé la délégation.  La pauvreté est un phénomène complexe et la solution demande de s’attaquer aux différentes composantes de cette réalité complexe, avec des critères adéquats.

M. SAFAH (Iraq) a invité la communauté internationale à soutenir l’Iraq au moment où il se trouve sur la voie de la reconstruction de ses infrastructures détruites par le groupe terroriste Daech.  Le pays a vu ses revenus diminuer du fait de la baisse du prix du pétrole sur les marchés internationaux, a-t-il rappelé. 

Sur le thème de la culture, élément qui peut permettre de renforcer la paix et la tolérance, le représentant a dénoncé les actes de Daech qui ont conduit à la destruction d’une civilisation millénaire en Iraq.  Ces méfaits affectent le pays et le monde entier, puisqu’il s’agissait de sites et œuvres considérés comme faisant partie du patrimoine culturel de l’humanité.  C’est pourquoi l’Iraq attend de la communauté internationale qu’elle apporte son soutien à la reconstruction et la réfection des œuvres et sites détruits, conformément à la Convention de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, avec Règlement d’exécution 1954.

Pour M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) la catégorie des pays à revenu intermédiaire est « un paradoxe ».  Elle regroupe certains pays avec les plus grandes économies du monde et les plus diversifiées et d’autres avec des économies beaucoup plus petites en termes de PIB.  Les Maldives, qui font partie de cette catégorie depuis 2004, regrettent que cela ne les protège pas pour autant des chocs exogènes et ne les dote pas des moyens d’y répondre.  Par ce que les Maldives ont été inclues dans cette nouvelle catégorie, elles ne sont plus éligibles à l’APD et n’obtiennent pas de financements concessionnels, a expliqué le représentant.  Ces défis rendent les petites économies qui sont récemment sorties de la catégorie des PMA plus vulnérables et c’est là « toute l’ironie de la sortie », selon le représentant.

Le coût des dégâts causés par le tsunami en 2004 était de l’ordre de 62% du PIB du pays, a expliqué le délégué expliquant que les Maldives avaient mis plusieurs années à s’en sortir.  Certains pays des Caraïbes sont en train de vivre une situation similaire, a constaté M. Mohamed avant d’appeler les Nations Unies à se pencher avec plus de sérieux sur la situation des pays à revenu intermédiaire pour leur permettre d’obtenir des financements à des conditions favorables et d’avoir un meilleur accès aux marchés d’exportation.  « La classification qui se base uniquement sur le critère du revenu par habitant ne tient pas compte de la nature multiforme des défis au développement que connaissent les pays à revenu intermédiaire », a-t-il conclu.

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a jugé nécessaire de définir des critères autres que le revenu par habitant comme référence de développement pour classer les pays, afin que personne ni aucun pays ne soit laissé de côté dans la mise en œuvre du Programme 2030, du Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, du Nouveau programme pour les villes et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, entre autres instruments internationaux de première importance.  Des pistes existent déjà, a poursuivi le représentant, citant par exemple l’Indice de pauvreté multidimensionnelle.  Car, sur la voie du développement, il faut reconnaître les réalités complexes des pays lorsqu’on analyse leurs forces et leurs faiblesses.

Il est temps, a lancé le représentant, d’adopter une approche novatrice et multidimensionnelle du développement durable.  Il a ajouté qu’il fallait redéfinir le rôle du système des Nations Unies pour le développement en réponse aux besoins particuliers desdits pays à revenu intermédiaire. Ces pays regroupent 73% de la population mondiale en situation de pauvreté, a rappelé M. Mendoza Garcia, et un traitement cohérent de leurs besoins doit constituer une priorité si l’on veut être réaliste dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. LEULESEGED TADESE ABEBE (Éthiopie) a affirmé que même si la mondialisation a contribué à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique mondiale, ses bienfaits ne sont toutefois pas partagés par tous.  C’est la raison pour laquelle on assiste aujourd’hui à des soulèvements populaires, suscités par les pertes d’emplois et les inégalités croissantes.  Cette situation a mis le multilatéralisme à l’épreuve, a noté le représentant qui estime que pour répondre aux demandes légitimes des peuples, il faut renforcer la coopération internationale en vue de garantir une mondialisation qui profite à tous.

Pour sa délégation, le Programme 2030, le Plan d’Action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris constituent la feuille de route pour faire en sorte que la mondialisation devienne une force plus positive et plus inclusive et pour jeter les bases d’une économie plus équitable.  Parallèlement, a-t-il ajouté, il faudra collectivement gérer les grandes tendances qui influencent la mondialisation, que le Secrétaire général identifié dans son rapport.  En outre, les efforts nationaux pour la réalisation des objectifs de développement durable devraient s’accompagner, selon le représentant, d’une architecture économique et financière mondiale plus favorable au développement et plus équitable. 

Tout en reconnaissant le potentiel de la science et de la technologie pour le développement durable, le délégué a rappelé que les pays en développement ne disposaient souvent ni des moyens humains et techniques, ni de l’infrastructure et des institutions qui leur permettraient de pleinement en tirer parti.  Par conséquent, la coopération internationale est cruciale pour réduire le fossé technologique croissant, par le biais de transferts de technologies et de mise à niveau des capacités des pays en développement.

M. TLHALEFO MADISA (Botswana) a rappelé que les pays à revenu intermédiaire constituent une large catégorie, dont la classification masque de grandes poches de pauvreté, d’inégalités et de forts écarts dans les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable. Des pays comme le Botswana font face à l’énorme tâche de pérenniser les avancées des décennies précédentes dans un contexte d’augmentation des coûts de la vie, de la nourriture et de l’énergie, de baisse des cours des matières premières, de hauts niveaux de chômage des jeunes, d’évolution technologique, de développement des infrastructures et d’autres défis de développement durable. Le représentant a partagé l’idée qu’il fallait modifier les critères de classification des pays, qui se fait actuellement par niveau de revenu, et a apporté son plein soutien à la recommandation du Secrétaire général de renforcer la coopération des Nations Unies pour le développement avec les pays à revenu intermédiaire.

La mondialisation a apporté de nombreux bénéfices et opportunités depuis des décennies, a salué Mme PUNNAPA PARDUNGYOTEE (Thaïlande).  Elle a parlé de pays qui sont devenus interconnectées, économiquement prospères tout en saluant l’essor des technologies et de l’innovation.  Néanmoins, on voit en même temps une mondialisation qui a produit une répartition inégale des richesses, des inégalités de diverses natures, des pertes d’emplois et des mutations technologiques, sans compter les changements climatiques.  Pour le cas de pays à revenu intermédiaire par exemple, les bénéfices tirés de la mondialisation n’ont pas pu résoudre la question des inégalités socioéconomiques.  En outre, pour sortir du piège du revenu intermédiaire, ces pays doivent se battre dans une compétition contre les pays développés sur les marchés internationaux.

La Thaïlande souligne la place centrale du système des Nations Unies pour le soutien aux États Membres qui font face à de nombreux défis, dont la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La représentante a souhaité que le soutien onusien tienne compte des défis propres à chaque pays.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire pourraient également jouer un rôle majeur à cet effet, en complément de la coopération Nord-Sud.  La Thaïlande participe à la coopération Sud-Sud en partageant son expérience avec des pays d’Asie, du Pacifique et d’Afrique, a-t-elle précisé avant de saluer le rôle que joue le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud  à cet effet.

Pour Mme BAKURAMUTSA (Rwanda), la mondialisation a le potentiel de contribuer au succès du Programme de développement durable à l'horizon 2030 en permettant aux pays développés et aux pays en développement de cultiver des collaborations bénéfiques en vue d’améliorer les conditions de vie de tous.  La vision stratégique à long terme du Rwanda mise sur le développement du secteur privé grâce à un environnement porteur, et à renforcer la coopération et le commerce régional, a expliqué la représentante qui a affirmé que son pays tirait déjà les bénéfices de cette approche.

Pour le Rwanda, les Nations Unies sont l’organisation la mieux placée pour jouer un rôle de catalyseur dans l’avènement d’un nouvel ordre économique mondial.  Il s’agit de parvenir à une économie mondiale plus équitable et plus inclusive pour les pays en développement, a expliqué la représentante.

M. BHARAT RAJ PAUDYAL (Népal) a noté que la mondialisation avait conduit à des améliorations dans la vie quotidienne de populations de pays développés et en développement, même si les bénéfices ont été distribués de manière inégale.  Les inégalités entre nations et au sein d’elles ne cessent en effet de croître.  L’économie du savoir a fait revenir en arrière les gens sans capacités technologiques, créant ce que l’on appelle désormais un « quart monde » formé de personnes ne pouvant s’impliquer dans la nouvelle économie.  « Nous avons échoué à humaniser la mondialisation », a—t-il déploré. Dans ce contexte, les PMA et les pays à revenu intermédiaire font face à des chocs externes et sont les plus affectés par les changements climatiques, la criminalité transfrontalière et les défis posés par le terrorisme et la cybersécurité.

Pour rendre la mondialisation plus inclusive et créer une situation gagnant-gagnant, il faudrait mener des réformes de la gouvernance mondiale et de l’architecture financière internationale, a souhaité le représentant en faisant valoir que les économies de tous les pays doivent être reliées aux chaînes de valeur mondiales.  La mise en place d’infrastructures de connectivité telles que des routes, des chemins de fer, des voie fluviales est la clé pour renforcer l’interdépendance, a relevé M. Paudyal.  Ces infrastructures sont particulièrement cruciales pour les PMA enclavés, a-t-il souligné.  Étant donné que l’une des manifestations de la mondialisation est la mobilité des gens, le Népal appelle à la mise en œuvre de toutes les cibles des objectifs de développement durable relatives aux migrations, notamment la baisse des frais de transfert de fonds des migrants.

M. VITALII BILAN (Ukraine) a rappelé que son pays vivait l’un des moments les plus difficiles de son histoire, mais assuré que cela ne l’empêchait pas de partager son expérience et ses technologies.  Il a noté que la science, la technologie et l’innovation peuvent jouer un rôle crucial face aux défis de développement tels que l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’accès à l’énergie, la lutte contre les maladies, l’amélioration de l’éducation, la protection de l’environnement, cela dans l’optique de la diversification de l’économie.  Il a appelé les États à intégrer la technologie dans la vie quotidienne.  Notant que les retards technologiques peuvent être comblés par l’éducation et la formation, l’Ukraine offre des bourses scientifiques aux ressortissants de pays en développement, a-t-il indiqué.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a regretté que les bénéfices de la croissance économique et des progrès technologiques se concentrent dans les pays déjà développés et que les coûts de la mondialisation retombent de façon disproportionnée sur ceux qui sont affectés par les évolutions rapides dans les sites de production, souvent dans le monde développé.  Le Saint-Siège est de plus en plus préoccupé par le fait qu’une « mondialisation de l’indifférence » accompagne la mondialisation des systèmes de production.  Cette indifférence touche d’abord les plus marginalisés, les pauvres, les migrants et les réfugiés, qui sont exclus du système économique mondial, puis ceux qui sont affectés par les impacts négatifs de la dégradation de l’environnement.  L’Observateur permanent du Saint-Siège a donc appelé la communauté internationale à travailler de manière interdépendante, dans une attitude de solidarité à l’égard de ceux qui sont le plus pénalisés, en construisant des passerelles pour une coopération plus responsable.

Le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a remarqué que la modalisation fait peur aux gens, surtout dans le secteur de l’emploi, car ils voient d’un mauvais œil les flux de migrants qu’ils accusent de prendre leurs emplois, ou encore les robots qui remplacent les postes occupés par des êtres humains.  Pour établir des directives claires dans ce domaine, l’OIT entend mener une recherche dans plus de 100 pays sur les relations entre le travail, l’individu et la société.  Le représentant a aussi relevé que l’un des défis majeurs, aujourd’hui, c’est la réduction des inégalités de revenus.  Selon l’OIT, si l’on veut que la mondialisation soit au service des sociétés, alors il faut qu’elle réponde au besoin de création d’emplois décents.

M. HIROKO MURAKI GOTTLIEB, Chambre de commerce internationale, a fait observer qu’il existe de nombreux exemples concrets d’initiatives novatrices qui soient inclusives et favorables aux pauvres, qui non seulement aident, mais surtout autonomisent les populations vulnérables en utilisant au maximum les ressources disponibles.  Optimiser les potentiels demande aussi des compétences, ce qui a fait dire à la délégation qu’il fallait se concentrer sur le renforcement des capacités, de l’alphabétisation à l’acquisition des connaissances sur le développement durable, en formant en particulier les femmes, les filles et les groupes vulnérables dans les domaines de la technologie, le commerce, la finance et l’investissement.

LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT

Pour M. MARIO A. ZAMBRANO ORTIZ (Équateur), qui s’exprimait au nom du G77 et de la Chine, les technologies de l’information et des communications (TIC) sont des outils qui facilitent la réalisation des objectifs de développement durable et stimulent la croissance économique.  Même s’il reconnaît les progrès réalisés en termes d’accès aux TIC, la réduction du fossé numérique entre pays et à l’intérieur même des pays, ainsi qu’entre hommes et femmes, reste une priorité urgente pour le G77.  En effet, selon les estimations de l’Union internationale des télécommunications (UIT), en 2016, 84% des ménages européens avaient accès à l’Internet par rapport à 15% en Afrique subsaharienne.  « Ces chiffres sont alarmants compte tenu du rythme soutenu des avancées technologiques », a estimé le représentant. 

Le G77 préconise de mettre en place des environnements propices et de renforcer la coopération internationale dans le but de rendre ces technologies plus accessibles et abordables, en prévoyant aussi des investissements et des financements appropriés.  Le représentant a en outre suggéré de canaliser l’assistance technique pour élaborer des outils sur mesure pour les pays en développement.  Les contributions des TIC dans les domaines de la santé, de l’éducation, du partage des connaissances, du développement agricole, de la promotion de la paix et des réponses aux catastrophes naturelles et humanitaires sont telles qu’il est urgent d’investir dans les capacités des pays en développement pour qu’ils puissent en tirer parti, a insisté le délégué. Le G77 reste attaché à la pleine mise en œuvre des recommandations des sommets de Genève et de Tunis sur les TIC, en particulier des dispositions relatives à la gouvernance de l’Internet.  Il salue l’opérationnalisation de la Banque de technologies des Nations Unies pour les PMA et soutient la demande de ces pays d’allouer 0,1% de l’APD des PMA à cette banque.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Communauté de l’ASEAN à l’horizon 2025 soulignent tous deux le rôle pivot des technologies de l’information et des communications qui ont déjà été un facteur clef de la transformation économique et sociale des pays de l’ASEAN. L’Association est actuellement en train de passer à une économie numérique, guidée par le programme ASEAN ICT Master plan 2020, qui vise à intégrer les TIC dans tous les secteurs de l’économie et à renforcer la croissance et l’innovation. Ce programme s’attache également à connecter chaque individu et chaque communauté, quelle que soit leur localisation, à faciliter un accès plus rapide aux services et à créer de nouvelles et meilleures façons de faire des affaires.

Malgré la croissance rapide d’Internet, des médias sociaux et des activités mobiles dans l’ASEAN, a précisé le représentant, la fracture numérique persiste toutefois dans la région.  C’est pourquoi une stratégie d’innovation numérique a été mise en place pour la réduire. Dans le même temps, l’ASEAN reconnaît la nécessité de renforcer la gouvernance numérique pour répondre aux menaces de cyberattaques et travaille en ce sens au niveau régional et au-delà.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a rappelé la grande vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID), auxquels les avancées technologiques et l’innovation pourraient apporter de meilleures opportunités pour contourner les limites intrinsèques liées à leur taille. Toutefois, a-t-elle averti, les mutations technologiques combinées aux pressions concurrentielles de la mondialisation ont élargi la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Cela démontre la nécessité d’apporter une réponse multilatérale solide pour réduire cette fracture entre et au sein des États Membres.  À cet égard, le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) est essentiel pour construire une société de l’information centrée sur les personnes, inclusive et orientée vers le développement. La CARICOM se félicite en plus de l’alignement du processus du SMSI sur le Programme 2030.

Les États membres de la CARICOM ont pris des initiatives pour améliorer l’attractivité de l’environnement régional pour l’investissement, pour harmoniser les TIC et les autres cadres législatifs et rendre le terrain fertile à la production numérique, au commerce, à l’entrepreneuriat et à l’innovation, notamment par le biais de plateformes numériques nationales et régionales.  La représentante a en outre noté que le Programme 2030 exige un transfert de technologie, de ressources et de l’investissement pour les pays en développement, notamment les PEID.  Elle a enfin assuré que la CARICOM reste engagée dans le développement des TIC pour tous, ce qui comprend les utilisateurs à bas revenu et les groupes marginalisés comme les handicapés, les peuples autochtones.  La CARICOM œuvre aussi en faveur du renforcement des capacités pour augmenter l’alphabétisation en ligne.

Mme SHANCHITA HAQUE (Bangladesh), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a relevé que les TIC jouent un rôle de catalyseur pour la croissance économique, le renforcement de la productivité et la compétitivité.  C’est également une force capable d’autonomiser des milliards de gens, en leur faisant acquérir des connaissances.  Mais la situation des TIC dans les PMA n’est pas du tout reluisante, a reconnu la déléguée en s’appuyant sur le constat fait par l’Union internationale des télécommunications (UIT) que la majorité des pays les moins connectés sont également des PMA.  Il existe un grand fossé entre les pays développés et les pays en développement en matière de connexion à haut débit, et à peine le dixième des populations des PMA a accès à l’Internet.  À l’intérieur des PMA, il y a 31% de femmes de moins que d’hommes utilisant Internet.  Les disparités sont également visibles au sein des pays, notamment entre zones rurales et urbaines.

Pour résoudre ces problèmes, les PMA estiment que la technologie a besoin d’être soutenue par le savoir-faire nécessaire, les institutions, les partenariats public-privé et un climat approprié dans le monde des affaires.  Ainsi, les PMA invitent les États à adopter des politiques et stratégies appropriées pour assurer la disponibilité et l’accessibilité des TIC, y compris le haut débit.  Ces politiques doivent s’accompagner d’infrastructures modernes et de systèmes de fourniture de services adaptés.  Les services de TIC doivent également prévoir le renforcement des capacités des usagers.  C’est pourquoi des formations sont cruciales, notamment en faveur des femmes.

La représentante a misé sur la nouvelle Banque de technologies pour faciliter le transfert des technologies appropriées et du savoir-faire vers les PMA, invitant les donateurs à la financer.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire peuvent aussi servir de viatique pour la vulgarisation des TIC dans les PMA, a argué la représentante, avant de rappeler que les partenaires au développement avaient promis, dans le Programme d’action d’Istanbul, de continuer à fournir des bourses aux étudiants et formateurs des PMA, particulièrement dans les domaines de la science, de la technologie, de la gestion et de l’économie.

Mme NAEEM (Maldives) qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a mis en exergue les difficultés rencontrées par ces pays du fait de leur éloignement et des barrières géographiques qui entravent la communication, ce qui confirme l’urgence d’y développer les TIC.  L’Alliance salue l’opérationnalisation de la Banque de technologies pour les PMA et les progrès dans la mise en œuvre du Mécanisme de facilitation des technologies.

Les TIC représentent, selon le représentant, un potentiel de changement et de développement énorme, mais la vitesse avec laquelle elles se sont propagées dans nos sociétés soulève de nouveaux défis.  À cet égard, il a déploré que la fracture numérique entre pays développés et pays en développement ne cesse de se creuser, une vraie source de préoccupation pour les pays de l’Alliance.  L’accès inégal à ces technologies n’a fait qu’exacerber les inégalités entre pays, et, par conséquent il convient d’adopter des politiques coordonnées pour y remédier, a exigé le représentant. 

Pour les États insulaires, ces technologies sont d’autant plus importantes qu’elles leur faciliteraient la gestion des catastrophes naturelles auxquelles ils sont régulièrement exposés, dès la phase de l’alerte rapide jusqu’à celle de la reconstruction.  Le représentant a saisi cette occasion pour demander une assistance technique pour permettre à ces États de collecter les données nécessaires notamment à la gestion des catastrophes.  L’accès aux services financiers par le truchement des TIC est une autre utilisation de ces outils qui est souhaitable pour les pays de l’Alliance dans la mesure où la téléphonie mobile a fait d’énormes progrès dans ce domaine.

M. SWAPAN DASGUPTA (Inde) a relevé que de nos jours, le pouvoir des médias sociaux, l’analyse des métadonnées et l’Internet, ont complètement modifié la manière d’agir et d’interagir entre individus et entre gouvernements.  Dans le même temps, des défis nouveaux tels que la cybersécurité et la protection de la vie privée ont vu le jour.  Malgré le fait que la technologie est neutre, son déploiement et son accès ne le sont pas, a-t-il fait remarquer, notant que le fossé numérique accentuait les inégalités. 

Les TIC représentent pourtant un outil qui peut autonomiser les gens, les pauvres et les marginalisés notamment, comme l’Inde a pu en faire l’expérience en lançant des programmes qui visent à renforcer la connectivité mobile, la gouvernance électronique, le commerce électronique et les emplois dans le domaine des TIC.  En plus des services comme la télé-éducation et la télémédecine, l’Inde utilise également les TIC pour vulgariser les services bancaires.  Ainsi, plus d’un milliard d’Indiens ont désormais une identité biométrique unique dénommée « Aadhar », tandis que plus de 300 millions de nouveaux comptes bancaires ont été ouverts pour les plus vulnérables grâce aux TIC.  La connexion entre les cartes biométriques et les comptes bancaires a en plus permis un plus grand accès à des services financiers en ligne tels que les demandes de crédits, les services d’assurance ou les transferts de fonds.  L’un des grands succès des TIC en Inde est l’application « e-VIN » qui permet aux parents de s’informer en temps réel sur la disponibilité des vaccins, s’est félicité le délégué.  Les TIC sont aussi utilisées pour des services agricoles et de cadastre.  En outre, l’Inde collabore avec d’autres pays en développement afin de partager son expérience en matière de TIC.

Mme MARIA ANGELA PONCE (Philippines) a fait part de ses préoccupations relatives au fossé numérique.  Les Philippines, qui ont développé des infrastructures dans le domaine des TIC, accusent toujours des retards par rapport à d’autres pays en termes de disponibilité, de coût abordable et de vitesse d’accès à l’Internet.  Son taux de pénétration du haut débit fixe la plaçait en 2016 à la cent-dixième place mondiale et à la quatre-vingt neuvième pour le taux de pénétration du haut débit avec 64% des ménages ayant accès à l’Internet.

Sa délégation est consciente du besoin d’un meilleur accès à moindre coût à l’Internet dans le contexte de la quatrième révolution industrielle qui est marquée par la fusion des technologies et par les économies numériques.  Le plan de développement national des Philippines prévoit des investissements dans les infrastructures à cet effet et encourage la recherche collaborative dans le domaine des TIC.  De plus, le Département des TIC est en train de réfléchir à un plan national de la large bande qui sera la feuille de route pour la couverture nationale en fibre optique et en technologies sans fil, a encore précisé la représentante.

M GUO WEIMIN (Singapour) s’est déclaré convaincu que les Gouvernements doivent jouer un rôle actif pour réunir les conditions qui permettront l’émergence de nouvelles idées, tout en donnant aux acteurs du développement une chance de s’adapter et de se montrer compétitifs.  Comme l’illustrent les expériences des systèmes de transport Uber, Lyft et Via, les autorités de chaque pays doivent réfléchir à des règlementations appropriées pour garantir que les nouveaux arrivants sur ce marché puissent entrer en compétition de manière équitable avec leurs rivaux traditionnels, tout en maintenant des normes élevées de sécurité et de qualité.  En outre, a poursuivi le représentant, les gouvernements doivent jouer un rôle actif dans la formation des travailleurs de manière à leur donner les compétences et la confiance nécessaires à leur épanouissement dans un monde en perpétuelle évolution.  Enfin, ils doivent aussi inviter les industries à se transformer et à miser sur le numérique, ce que Singapour s’est efforcé de faire par son programme qui permet aux PME de développer leurs capacités en la matière.

M. EBRAHIM ALIKHANI (République islamique d’Iran) a reconnu les mérites de TIC dans la réalisation des objectifs de développement durable, notamment parce qu’elles jouent un rôle moteur dans l’innovation et l’amélioration de la productivité.  Toutefois, le fossé numérique reste une réalité puisque beaucoup de pays en développement ne disposent toujours pas d’un accès abordable à ces technologies.  Sa délégation demande par conséquent à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour réduire cet écart, ce qui suppose des transferts de technologie, des investissements et une coopération internationale accrue.  Le savoir-faire en matière de TIC et les services qui s’y rattachent devraient être accessibles au monde en développement sans aucune restriction ou discrimination, a plaidé le représentant avant de présenter les mesures prises par son pays pour réduire le fossé numérique et pour élargir les applications des TIC aux services financiers et commerciaux ainsi qu’au secteur de la santé dans le cadre du sixième Plan de développement de l’Iran.  Il est estimé qu’un cinquième des nouveaux emplois par an seront créés dans le secteur des TIC en Iran.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a déploré que les progrès réalisés en matière de connectivité n’aient pas touché tout le monde et que des fossés numériques persistent à l’intérieur et entre les pays, ainsi qu’entre les zones urbaines et rurales, sachant que les pays en développement et les moins avancés se trouvent particulièrement désavantagés.  Par exemple, la proportion de foyers ayant accès à Internet atteint 84% en Europe, contre seulement 15% en Afrique subsaharienne. Ces inégalités, reflet du modèle de développement injuste qui gouverne le monde, a dit la délégation, empêchent les pays en développement d’avoir pleinement accès à ces technologies qui sont nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable.

Les ressources pour réduire la fracture numérique existent pourtant, a relevé la délégation qui a estimé que l’élimination du statu quo passait par la volonté politique et l’engagement des pays développés en matière de financement, d’investissement, de divulgation des connaissances, de transfert de propriété intellectuelle et de technologie.  Les TIC doivent servir la paix et le développement et ne doivent jamais être utilisées pour promouvoir la guerre, l’interventionnisme, la déstabilisation, la subversion, l’unilatéralisme ou les actes terroristes, a ajouté Cuba pour qui l’établissement d’un nouvel ordre mondial de l’information et des communications est une nécessité incontournable. Le cyberespace et l’accès à Internet doivent être considérés comme des ressources stratégiques et le bien commun de toute l’humanité, a insisté la délégation, plaidant pour une gouvernance internationale, démocratique et participative, basée sur le droit international et le multilatéralisme.

Mme SILALAHI (Indonésie) a pointé la persistance du fossé numérique entre les pays. Seuls 15% des foyers dans les pays les moins avancés ont accès à Internet, a-t-il rappelé.  Il a affirmé que les TIC devraient faire partie intégrante des stratégies nationales de développement, avant de détailler les efforts de son pays dans ce domaine.  Nous sommes en train de mettre en œuvre le projet Palapa Ring visant à garantir un accès à Internet à haut débit dans tout l’archipel indonésien, a-t-il dit.  Il a appelé au renforcement de la coopération internationale pour généraliser l’accès aux TIC et combler ainsi le fossé numérique précité. Les pays en développement ont besoin d’un renforcement de leurs capacités et de transferts de technologie, a-t-il rappelé.  Enfin, le représentant indonésien a souligné l’importance, malgré les apports positifs des TIC, de prévenir les abus dans leur utilisation, au nom de la sécurité nationale et du développement économique.  « Il y a toujours un revers de la médaille », a-t-il conclu.

Mme AL AWADHI (Émirats arabes unis) a présenté les progrès accomplis par son pays en termes de technologie de l’information et des communications (TIC), se prévalant notamment du fait qu’il n’y existe pas de fossé numérique.  Son gouvernement a reconnu l’importance du cyberespace, ce qui a conduit à une croissance économique certaine.  Sa délégation est consciente du fait que le temps presse et qu’il faut consolider la position du pays dans ce domaine par la « techplomatie ».  Les Émirats pensent en outre qu’il faut un travail collectif pour façonner l’avenir de l’Internet.  Dans cet esprit, les Émirats ont accueilli une conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme et l’utilisation des TIC pour en faire la propagande et le recrutement.  En conclusion, la représentante s’est inquiétée de l’incidence de ce qui se passera à l’avenir dans le cyberespace.

M. AL-KUWARI (Qatar) a déclaré que des infrastructures ont été mises sur pied dans son pays pour le déploiement des TIC.  L’office du Qatar pour les technologies et les sciences joue un rôle central dans la diffusion des TIC, a-t-il indiqué en signalant aussi la création du Centre de renforcement des capacités des personnes vulnérables dans les domaines des TIC qui est censé faciliter l’insertion socioprofessionnelle de ces personnes.  Le représentant a fait part de son inquiétude face à la cybercriminalité, arguant que son pays en avait été victime, juste avant que des mesures économiques unilatérales lui soient imposées.

M. ZAHIR (Maldives) a expliqué qu’avec 1 190 îles et une population dispersée, l’offre de services socioéconomiques dans son pays se fait à un coût très onéreux, parfois 4 à 5 fois plus cher que dans d’autres petits États insulaires en développement (PEID).  Le Gouvernement a cependant pris des mesures pour le déploiement des TIC dans le pays qui est désormais couvert à 100%.  Cette connectivité facilite le travail des entrepreneurs et autres hommes d’affaires, tandis que les TIC sont largement utilisées dans le secteur de la pêche et du tourisme.  La majorité des bateaux de pêche, par exemple, sont pourvus de systèmes de localisation géospatiale, communément dénommés GPS.  Les TIC sont également intégrées dans les programmes scolaires.  Malgré tout, le renforcement des capacités et le transfert de technologie restent des défis pour les Maldives, a averti le délégué.

M. ALQARNI (Arabie saoudite) a affirmé que le Gouvernement saoudien a très tôt pris conscience de l’importance des TIC et du caractère essentiel de l’infrastructure numérique pour le développement.  La Vision 2030 de l’Arabie saoudite a permis d’étendre les TIC dans le pays et de fournir à tous les citoyens une connexion à haut débit dans les villes mais aussi à l’extérieur, et ce, grâce à des partenariats avec le secteur privé.  L’Arabie saoudite travaille aussi à l’amélioration de la gouvernance numérique et estime qu’il faut engager un véritable partenariat international pour mettre en place les cadres réglementaires nécessaires dans ce domaine, sur la base des résultats du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI), afin d’assurer la protection numérique au monde entier.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) s’est dit convaincu que l’innovation et les nouvelles technologies de l’information et des communications sont un atout de taille pour le développement durable.  Le Sénégal constate en même temps que cette influence ne se manifeste pas de façon uniforme et que de nombreux pays d’Afrique, notamment parmi les plus pauvres de la planète, se retrouvent de plus en plus en déficit technologique et en manque d’accès aux connaissances.  Cette situation, a-t-il craint, risque de les empêcher de profiter au mieux de la globalisation des marchés et de la mondialisation.  Le représentant a donc jugé fondamental que l’ONU, les partenaires de développement ainsi que les États concernés adoptent des mesures pour combler le fossé numérique qui sépare les pays riches des pays en développement.

M. ARTHUR AMAYA ANDAMBI (Kenya) a rappelé que de nombreux pays en développement étaient toujours à la traîne s’agissant des technologies de l’information et des communications (TIC), en particulier les pays les moins avancés (PMA).  C’est la raison pour laquelle sa délégation a appelé les Nations Unies à accélérer l’opérationnalisation de la Banque de technologies, comme le prévoit le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Dans son pays, a dit le représentant, les TIC demeurent déterminantes pour la productivité et la compétitivité.  Le Gouvernement continue d’investir pour mettre en place un environnement propice à l’épanouissement de ce secteur.  Actuellement, la plupart des services gouvernementaux sont fournis au travers de plateformes modernes s’appuyant sur les TIC.  En outre, a poursuivi le représentant, le Kenya est à l’avant-garde de l’enseignement supérieur, comme le démontrent les institutions dédiées aux sciences et aux technologies telles que l’Université Jomo Kenyatta d’agriculture et de technologie, fondée en 1981.  Le pays dispose également d’un réseau éducatif appelé KENET (Kenya Education Network), qui permet la mise en partage de services et d’infrastructures de recherche.

M. CHETTRI (Népal) a relevé que la connectivité mondiale permet de réduire la pauvreté et d’accélérer les progrès sociaux.  Il a misé sur la mise en place de la Banque de technologies pour les PMA, qui doit permettre des transferts de technologies vers ces pays et leur ouvrir ainsi la voie aux marchés internationaux et aux opportunités d’affaires.  Il serait donc de bon aloi d’adopter des politiques pour faciliter l’accès aux services des TIC, notamment dans les PEID et les pays sans littoral, a lancé le représentant.  Notant également que les TIC permettent de réduire le nombre de victimes en cas de catastrophe, le délégué a rappelé que ce fut le cas au Népal ces dernières années lorsque les TIC firent passer des messages d’alerte aux populations.  Le Népal plaide donc pour le renforcement des capacités des populations en matière de TIC, mais à condition de tenir compte des langues locales.

M. LIU JUN(Chine) a conseillé d’accorder une plus grande attention au rôle des TIC dans la réalisation des objectifs de développement durable, au plan national et au plan mondial.  Une coopération accrue dans le domaine scientifique et l’innovation est essentielle, selon lui, de même que le renforcement des capacités dans ces domaines.  Le représentant a déploré la fracture numérique entre les pays et entre les sexes, estimant qu’elle devait être réduite, de sorte que tous puissent avoir un accès égal aux technologies.  Il a recommandé que la communauté internationale mette en place un cyberespace commun, renforce la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, partage les connaissances et les savoir-faire avec les pays en développement.  La Chine a formulé l’esquisse d’une stratégie nationale pour promouvoir la synchronisation du développement des TIC dans tout le pays et garantir une plus grande modernisation, a-t-il aussi indiqué.

M. KOMLAN DODJI YEPLE (Togo) a appelé, pour assurer une mise en œuvre inclusive des objectifs de développement durable, à réduire la fracture numérique non seulement en levant les principales contraintes d’infrastructures mais également en accordant une attention particulière aux solutions adaptées aux besoins locaux, estimant que celles-ci peuvent être étendues au niveau régional voire international.  La science, la technologie et l’innovation doivent être centrées sur l’être humain et profitables à tous, en particulier aux pauvres et aux couches vulnérables, a-t-il aussi exigé, en visant notamment les populations touchées par des situations d’urgence humanitaire complexes et le terrorisme.

Dans le domaine des télécommunications, le Togo a ouvert un vaste chantier de réformes aux fins d’améliorer la gouvernance de ce secteur et renforcer sa contribution à la recherche du bien-être des populations, par l’extension du réseau de téléphonie mobile.  Le Gouvernement a décidé de supprimer les taxes sur les équipements informatiques et terminaux mobiles en vue de réduire la fracture numérique et les disparités technologiques.  Il est aussi envisagé de généraliser et de pérenniser, à un coût abordable, l’Internet à haut-débit.  Au plan régional, le représentant a salué l’initiative de roaming gratuit dans l’espace de la CEDEAO qui est un exemple en Afrique où 70% de la population disposent de téléphones mobiles.

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a souligné l’importance de poursuivre la mise en œuvre, de manière équilibrée, des deux processus lancés par le Sommet mondial de la société de l’information (SMSI).  Le représentant a, premièrement, salué les progrès réalisés dans le cadre du Forum sur la gouvernance d’Internet, espérant que les résultats du processus de suivi seront d’intérêt pour une large panoplie d’acteurs y compris ceux qui ne sont pas liés traditionnellement aux discussions du Forum.

Deuxièmement, le représentant s’attend à ce que la communauté internationale puisse faire avancer la mise en œuvre du concept de coopération renforcée, conformément au mandat du SMSI + 10, avec pour objectif d’améliorer les mécanismes permettant de discuter des politiques publiques internationales relatives à Internet.  Ces deux processus se renforcent mutuellement et peuvent contribuer à une évolution plus harmonieuse de la gouvernance d’Internet, a-t-il estimé.  En conclusion, il a relevé que « la quatrième révolution industrielle » pose de nombreux défis à tous les pays en particulier concernant l’emploi, la règlementation, la fiscalité, la vie privée et l’éthique, sachant que les pays en développement font face à des défis supplémentaires en termes d’accès aux résultats et aux bénéfices de ces innovations.

Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a relevé que si l’évolution technologique et l’automatisation ont crû de manière exponentielle dans le monde, le cadre légal et institutionnel dans chaque État diffère de manière linéaire.  Les pays ont donc besoin de renforcer leurs politiques publiques pour répondre plus rapidement tant aux défis qu’aux opportunités qu’apporte la quatrième révolution technologique. Parmi les bénéfices importants pour les populations, l’économie et le développement social, la représentante a évoqué les progrès enregistrés dans la santé et l’agriculture.  Parmi les défis, elle a cité le déplacement de l’emploi, le chômage et le manque de compétences, ajoutant que le monde entre dans l’ère la plus perturbée de son histoire car, contrairement aux autres périodes de grande transformation, les effets sont aujourd’hui immédiats, profonds et de plus en plus irréversibles.  Conscient de ces changements, le Mexique a accueilli en décembre 2016 la réunion du Groupe d’experts sur le changement technologique, l’automatisation et leurs implications sur le développement durable.

Mme ALABDULMOHSEN (Bahreïn) a affirmé que son pays est classé premier du monde arabe en matière de gouvernance électronique.  Elle a dit que l’Union internationale des télécommunications avait décerné au Roi le prix des TIC au service du développement pour l’année 2016.  La semaine de la technologie a eu lieu récemment au Bahreïn, une manière pour le pays de promouvoir le rôle des TIC dans la société, a expliqué la représentante avant de s’enorgueillir de la présence du Centre régional des TIC de l’UNESCO au Bahreïn.  Elle a aussi indiqué que la compagnie américaine Amazon avait annoncé l’ouverture d’une succursale au Bahreïn en 2019, des faits qui démontrent la forte attractivité du pays pour les entreprises du secteur des TIC.

M. SYLVAIN KALSAKAU (Vanuatu) a expliqué que le Gouvernement du Vanuatu a accordé la priorité aux infrastructures, conscient du potentiel colossal des TIC pour éliminer la pauvreté et garantir les piliers des objectifs de développement durable.  Par exemple, le service des télécommunications a été libéralisé et 93% de la population a aujourd’hui accès à Internet, malgré l’isolement de l’archipel. Les TIC permettent un changement transformateur dans la vie des populations mais le Vanuatu n’a pas la rapidité et la puissance d’autres pays, a dit le représentant, évoquant ainsi la fracture numérique entre pays développés et pays en développement, tout en rappelant l’attachement du Vanuatu à la réduire et à créer des cadres politiques et juridiques en faveur des TIC.  Ceci étant, sans partenariats et sans coopération, le Vanuatu n’a aucune chance de parvenir au développement durable en 2030, a conclu le représentant.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a jugé inquiétant que la fracture numérique continue de s’approfondir entre les pays.  Les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, sont à la traîne en termes d’accès des ménages aux TIC en raison dudit fossé numérique.  L’accès à l’Internet, au haut débit et aux réseaux reste inégal, a constaté le délégué.  En dépit du rapport du Secrétaire général faisant état d’un grand progrès dans l’adoption et l’utilisation des TIC en Afrique, elle reste la région la moins connectée, a-t-il précisé. 

Plus d’actions sont nécessaires afin d’assurer que le continent bénéficie pleinement des avantages de la société de l’information, a plaidé le représentant en expliquant que ce défi à multiple visages requiert des investissements dans l’infrastructure, les services et le développement des compétences et du contenu.  Ainsi, il est important que les pays en développement, en particulier les pays africains et les PMA, reçoivent un appui coordonné pour combler le fossé numérique.  Cet appui peut se faire dans le cadre du transfert de technologie, de l’assistance technique et du renforcement des capacités, en s’adaptant aux besoins de chaque pays.    

M. KULIKOF (Fédération de Russie) a plaidé pour un accès de tous aux TIC, et ce, à des prix abordables.  Pour cela, il faut créer des infrastructures adéquates et renforcer les capacités des populations, a-t-il estimé.  Pour la Fédération de Russie, l’aspect le plus important de cette démocratisation des TIC est la disponibilité de l’Internet à haut débit, notamment dans les PMA.  La Fédération de Russie se targue d’avoir, à ce propos, l’un des prix de connexion les plus bas au monde.  L’abonnement mensuel y coûte environ 4 dollars, a-t-il clamé, promettant même que ce prix serait bientôt revu à la baisse.   

Le représentant a en outre mis en garde contre les dangers liés au mauvais usage des TIC.  La protection de la vie privée et des données étant parfois foulée au pied, la Fédération de Russie appelle à une coopération plus étroite entre États pour renforcer les règles de sécurité, dans l’intérêt de tous, a—t-il ajouté.

M. AKINREMI BOLAJI (Nigéria) a fait observer que l’accès aux TIC a considérablement augmenté en Afrique au cours de la dernière décennie, ce qui améliore l’accès aux services et à l’information de populations qui restaient à l’écart, de même que la productivité et l’innovation dans les secteurs public et privé.  En reconnaissant que les TIC ont un impact direct sur la capacité d’une nation à améliorer son bien-être économique et celui de sa population, le Nigéria s’est engagé à faciliter l’accès universel et abordable aux infrastructures de communications, à se conformer aux normes internationales, à encourager l’accès rapide aux TIC dans toutes les couches socioéconomiques de la société, et à encourager la production locale de logiciels et de matériel informatiques afin de réduire la dépendance aux importations.  Il est devenu impératif d’associer les pays en développement à cette révolution des TIC, a souligné le représentant, car si la fracture numérique persiste, la probabilité de réaliser le Programme 2030 s’amenuise.  La fracture entre zones rurales et urbaines est par ailleurs un phénomène mondial exigeant une réponse de la communauté internationale, a dit M. Bolaji, appelant à une inclusion numérique.

M. YONATHAN GUEBREMEDHIN SIMON (Éthiopie) a souligné que, malgré les progrès mondiaux dans le domaine des TIC, l’Afrique reste le continent le moins connecté et faisant face à des défis tels que l’investissement dans les infrastructures et le renforcement des capacités.  Il est donc important de renforcer la coopération internationale pour que les TIC contribuent pleinement à la réalisation des objectifs de développement durable, notamment dans les PMA.  Promouvoir les partenariats public-privé est à cet égard crucial, a remarqué le délégué en souhaitant que les pays développés soutiennent les pays en développement par le biais de transferts de technologie et de renforcement de capacités, dans la droite ligne des promesses qu’ils ont faites dans le Programme d’action d’Addis-Abeba. 

En Éthiopie, les TIC sont utilisées dans la lutte contre la pauvreté, a-t-il continué en expliquant que les autorités ont créé un « Parc des TIC » qui attire des entreprises nationales et internationales.  En outre, des centres communautaires polyvalents ont été mis sur pied par le Gouvernement dans des zones rurales, offrant des opportunités d’accès aux populations tout en créant des emplois aux jeunes ruraux.  Il a appelé à la consolidation des partenariats internationaux et multipartites afin de réduire le fossé numérique entre pays développés et pays en développement.  L’Éthiopie estime du reste que l’ONU a un rôle à jouer pour soutenir les efforts nationaux des pays en développement dans le domaine des TIC.

Mme WYNHOVEN, de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a déclaré que « ne laisser personne de côté » signifie que nul ne doit être dépourvu de connexion. Pourtant, 3,9 milliards de personnes dans le monde ne sont pas connectées en raison du manque d’infrastructure, du caractère inabordable des services, ainsi que de l’absence de qualifications et de contenu numériques.  La situation est extrême dans les PMA et les pays en développement.  Avec le rythme sans précédent de changement dans le domaine des TIC, l’écart numérique risque de devenir « un abîme numérique », a-t-il averti, rappelant la cible 9 c) du Programme 2030 qui vise un accès universel et abordable à Internet d’ici à 2020 pour les PMA.

Il a aussi indiqué qu’en septembre, le Groupe de travail sur l’éducation de la Commission sur la large bande au service du développement durable avait publié un rapport intitulé « Des compétences numériques pour vivre et travailler » qui contient des recommandations stratégiques sur les politiques susceptibles d’améliorer l’acquisition des compétences nécessaires aujourd’hui et dans le futur.  En coopération avec ONU-Femmes et d’autres partenaires, l’UIT a également lancé l’initiative « Equal » pour réduire l’écart numérique entre les hommes et les femmes.      

M. DINO CORELL, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a prévenu que l’économie numérique, l’innovation, l’intelligence artificielle, la robotisation et l’impression 3D, entre autres, vont contribuer à des changements structurels dans le secteur industriel et le marché du travail.  Cela va en outre modifier les types d’emplois, ainsi que les capacités requises pour les remplir.  Ces transformations numériques regorgent de nombreuses promesses pour l’emploi des jeunes, a-t-il souligné.  Les capacités requises pour les jeunes à l’heure du numérique sont, du reste, présentées par l’OIT et l’UIT dans une campagne lancée cette année à Genève et intitulée « les capacités numériques pour des emplois décents en faveur des jeunes ».  La campagne entend, entre autres, mobiliser des fonds afin d’équiper cinq millions de jeunes en capacités numériques d’ici à 2030.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: les Groupes des 77 et de l’Asie du Sud-Est accusent le Secrétariat de l’ONU de rétention d’informations, « un précédent malsain »

Soixante-douzième session,
5e séance - matin
AG/AB/4245

Cinquième Commission: les Groupes des 77 et de l’Asie du Sud-Est accusent le Secrétariat de l’ONU de rétention d’informations, « un précédent malsain »

Le Groupe des 77 et la Chine mais aussi l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ont accusé, aujourd’hui, la Secrétaire générale adjointe à la gestion, Mme Jan Beagle, de n’avoir pas évoqué, lorsqu’elle a présenté la situation financière de l’ONU le 6 octobre dernier, la possibilité désormais offerte aux États de recevoir par courriel, et non plus publiquement, le décompte des sommes qu’ils doivent à l’Organisation.  Les deux groupes d’États ont dénoncé « un précédent malsain » contraire à l’engagement du Secrétaire général de l’ONU en faveur de la transparence, un engagement que Mme Beagle a réitéré aujourd’hui. 

La Secrétaire générale adjointe à la gestion a mis en garde contre une situation où les réserves de l’ONU ne correspondent plus qu’à six semaines d’activités.  Sur la somme de 2,58 milliards de dollars que l’ONU doit récupérer cette année au titre du budget ordinaire, les États devaient encore 1,1 milliard de dollars, au 30 septembre 2017.  S’agissant des opérations de maintien de la paix, le montant total des contributions non acquittées s’élevait à 2,5 milliards de dollars, sur un budget de 6,1 milliards de dollars.

La situation actuelle, s’est impatientée l’Australie, également au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), crée non seulement une inégalité entre les États Membres qui ont payé leurs contributions et les autres mais elle oblige aussi les pays fournisseurs de troupes, d’effectifs de police et de matériel à supporter un énorme fardeau financier tant qu’ils n’auront pas été remboursés.  Dans le pire des cas, a-t-elle menacé, « on pourrait craindre pour la constance et le maintien de notre présence sur le terrain ». 

Le groupe CANZ promeut la discipline budgétaire et l’innovation au sein des Nations Unies mais il note que ni l’une ni l’autre ne peut être atteinte si « l’ombre de l’incertitude financière » continue de planer sur l’ONU.  En payant tout simplement en même temps et en totalité nos contributions, nous pourrions tous contribuer à l’émergence d’une ONU meilleure et capable de faire face aux défis présents et futurs, a asséné l’Australie.

La bonne santé financière de l’ONU dépend aussi, a insisté l’Union européenne, de la manière dont les fonds sont utilisés, à savoir « avec sagesse et responsabilité », dans le respect des équilibres budgétaires.»  « Base le montant de tes dépenses sur celui de tes revenus », a résumé la Chine, en citant un vieux proverbe de l’Empire du milieu.  N’oublions jamais que le budget est pris en charge par les contribuables des États Membres, a renchéri le Japon, en prônant des budgets « réalistes, nécessaires et suffisants » pour l’exécution des mandats confiés à l’Organisation.

Ces délégations ont donc toutes salué les propositions de réforme du Secrétaire général, non sans que le Groupe des 77 et la Chine ne s’inquiètent de la tendance de certains États à lier cette réforme au respect de leurs obligations financières.  Refuser de payer son dû à des budgets approuvés, c’est créer « un levier politique artificiel » qui sape les principes de gouvernance de l’ONU, dont l’égalité souveraine des États.  C’est toujours le même État Membre qui doit le plus à l’ONU, a dénoncé Cuba.  Le même État Membre qui profite de la plus grave distorsion du calcul du barème des quotes-parts et qui engrange des revenus énormes grâce à la présence de l’ONU sur son territoire. 

Le Groupe des 77 et la Chine ont d’ailleurs dit ne pas comprendre pourquoi, lorsqu’elle a présenté la situation financière de l’ONU, le 6 octobre dernier, la Secrétaire générale adjointe à la gestion « a choisi de retenir des informations ».  C’est là « un précédent malsain », contraire à l’engagement du Secrétaire général en faveur de la transparence.  Nous comprenons la nécessité pour le Secrétariat d’améliorer ses processus mais nous ne voyons pas pourquoi, s’est emportée à son tour l’ASEAN, l’on nous a caché la possibilité désormais offerte aux États de recevoir par courriel leur lettre de contribution.

Les États Membres, a tonné l’ASEAN, méritent une vision « complète, holistique et honnête » de la santé financière de l’ONU.  Ils méritent de savoir « combien, où et pourquoi » et le Secrétariat ne saurait renoncer à présenter ces faits, qu’ils plaisent ou pas.  Ce n’est qu’avec les faits en tête que nous pouvons véritablement comprendre pourquoi l’ONU fait face à des difficultés dans la mise en œuvre de ses mandats et pourquoi une réforme est nécessaire pour nous aider à réaliser nos objectifs communs, a martelé l’ASEAN, avant que la Secrétaire générale adjointe à la gestion ne réitère l’attachement du Secrétariat au principe de transparence.

La Commission, qui a aussi examiné aujourd’hui le dixième rapport d’étape du Secrétaire général sur l’adoption des Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS) par l’ONU et les organismes des Nations Unies, devrait tenir sa prochaine séance publique vendredi 20 octobre à partir de 10 heures.

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERICE BIENNAL 2018-2019

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le dixième et dernier rapport d’étape du Secrétaire général sur l’adoption des Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS) par l’ONU et les organismes des Nations Unies (A/72/7/Add.4)

Pour rédiger son rapport, le CCQAB a examiné le dixième et dernier rapport d’étape du Secrétaire général (A/72/213) qui fait le point des activités en cours considérées comme essentielles à la viabilité à long terme de l’application des normes IPSAS et qui constate que les 24 organismes des Nations Unies ont achevé avec succès la mise en œuvre de ces normes.

Le Secrétaire général examine la gouvernance et la supervision du projet, la gestion des risques répertoriés et les progrès faits au regard des cinq éléments essentiels à la pérennisation des normes IPSAS qui sont la gestion des avantages des normes IPSAS; le renforcement du dispositif de contrôle interne; la gestion du cadre réglementaire applicable aux normes IPSAS; la consolidation du rôle fondamental d’Umoja pour la comptabilité et la communication de l’information financière conformes aux normes IPSAS; la formation et le perfectionnement.

Le Secrétaire général décrit le plan qu’il a mis au point pour gérer les trois risques auxquels le projet IPSAS demeure exposé, à savoir: le manque de connaissances et de procédures fixées par écrit dans le domaine de la gestion des biens; le passage des multiples systèmes existants à Umoja; et le fait que les informations présentées selon les normes IPSAS ne sont pas utilisées par l’administration aux fins de la prise de décisions, ou seulement de façon lacunaire ou inexacte.

Pour ce qui est du budget et des dépenses du projet au 30 juin 2017, le Secrétaire général note que sur le montant estimatif de 27 millions de dollars, les dépenses engagées au 30 juin 2017 s’établissaient à 26,2 millions de dollars, exclusion faite des dépenses d’un montant cumulé de 4,2 millions engagées au titre des ressources extrabudgétaires.  Il ajoute que le montant estimatif des dépenses au 31 décembre 2017 s’élève à 26,8 millions de dollars.  Ayant demandé des précisions, le CCQAB s’est vu confirmer qu’aucune ressource supplémentaire n’était demandée.

Déclaration

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a estimé que, en dépit de l’adoption réussie des Normes IPSAS par 24 organismes des Nations Unies, beaucoup reste encore à faire pour tirer le meilleur parti des données générées par l’utilisation de ces normes à tous les niveaux de l’administration, et ce, dans le but de mieux appuyer la prise de décisions du Secrétariat.

Par ailleurs, concernant les avantages attribuables à l’adoption des normes ainsi qu’aux gains liés au déploiement du progiciel de gestion intégré Umoja, la représentante a estimé que les futurs rapports devraient apporter des éclaircissements à de sujet.

S’agissant du renforcement du contrôle interne, elle a appelé le Secrétaire général à donner des renseignements sur les résultats de l’exercice pilote prévu en 2016 pour tester le processus d’assurance dans certaines opérations de maintien de la paix et à fournir une copie de la déclaration relative au contrôle interne.  La représentante a en effet regretté un « retard de six mois ».

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ONU

Rapport du Secrétaire général sur la situation financière de l’Organisation des Nations Unies (A/72/522)

S’agissant du budget ordinaire, le Secrétaire général indique que, pour 2017, le montant des contributions mises en recouvrement a été de 2,58 milliards de dollars, soit 29 millions de dollars de plus qu’en 2016, et celui des quotes-parts non acquittées, 1,1 milliard de dollars, soit une diminution de 94 millions de dollars par rapport à 2016.

Les moyens de trésorerie disponibles pour couvrir les dépenses au titre du Fonds général comprennent le Fonds de roulement, dont le montant autorisé par l’Assemblée générale est de 150 millions de dollars, et le Compte spécial, dont le solde s’élève actuellement à 201 millions de dollars, ce qui ne correspond qu’à six semaines d’activités.

Pour ce qui est des opérations de maintien de la paix, au 30 septembre 2017, le montant total mis en recouvrement était de 6,1 milliards de dollars et celui des contributions reçues, à environ 5,4 milliards.  Le montant total des contributions non acquittées s’élevait à 2,5 milliards de dollars.  Les liquidités disponibles étaient d’environ 3,4 milliards de dollars, dont 3,1 milliards inscrits aux comptes des missions en cours, 174 millions à ceux de missions clôturées et 138 millions au Fonds de réserve pour le maintien de la paix.

Le total des montants dus aux États Membres au titre des contingents et du matériel leur appartenant s’élevait à 808 millions de dollars à la fin de 2016, mais a sensiblement diminué pour s’établir à 491 millions de dollars à la fin du mois de septembre 2017.  À cette date, un montant de seulement 1 million de dollars était dû aux États Membres au titre des contingents et des unités de police constituées.  En ce qui concerne les demandes de remboursement relatives au matériel appartenant aux contingents, 404 millions de dollars étaient dus au titre de missions en cours et 86 millions au titre des missions clôturées.

La situation financière des tribunaux et du Mécanisme international appelé à exercer leurs fonctions résiduelles demeure globalement saine.  Le Tribunal pénal international pour le Rwanda ayant fermé ses portes, des contributions ont été mises en recouvrement uniquement pour le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et le Mécanisme en 2017.  Au 30 septembre 2017, le montant des contributions non acquittées pour les tribunaux s’élevait à 49 millions de dollars et était donc inférieur de 6 millions de dollars à celui qui avait été enregistré au 30 septembre 2016.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) s’est dite préoccupée par une situation financière qui pourrait s’aggraver pendant les derniers mois de l’année, étant donné que le budget ordinaire s’épuise et que les réserves baissent.  Les niveaux du Fonds de roulement et du Compte spécial qui totalisent 351 millions de dollars ne correspondent qu’à six semaines d’activités, s’est-elle alarmée, avant de dire qu’elle attend avec intérêt la proposition de réforme du Secrétaire général pour le Fonds de roulement.

Elle a réitéré l’importance qu’il y a à assurer la stabilité financière de l’ONU pour qu’elle puisse fonctionner efficacement et mettre pleinement en œuvre tous ses mandats.  Elle a demandé aux États Membres de respecter leur obligation de supporter les dépenses de l’Organisation.

Le Groupe des 77 et la Chine, a-t-elle insisté, encouragent les États Membres à prendre les mesures nécessaires pour régler leurs contributions pour éviter des conséquences désastreuses.  La représentante a aussi noté que la Secrétaire générale adjointe à la gestion a choisi de « retenir des informations » lorsqu’elle a présenté la situation financière de l’ONU.  Le Groupe des 77 et de la Chine, a prévenu la représentant, voit « un précédent malsain » et contraire à l’engagement du Secrétaire général en faveur de la transparence.  Nous appelons à la transparence, à l’honnêteté et à la responsabilité s’agissant de la santé financière de l’Organisation, a martelé la représentante, arguant que les États Membres sont en droit de comprendre pourquoi l’ONU continue de faire face à des difficultés financières, en particulier au moment où nous discutons de son avenir financier et de sa faculté à mettre en œuvre ses mandats. 

Le Groupe reconnaît que les demandes changeantes pour les activités de maintien de la paix rendent difficile la prévision des dépenses et exhorte les États Membres à se tenir prêts aux imprévus. 

Le Groupe, a poursuivi la représentante, exhorte aussi les États Membres à respecter leurs obligations juridiques de payer leur contribution respective au maintien de la paix, pour éviter de saper et d’inverser les acquis.  La représentant a appelé le Secrétariat à poursuivre ses efforts pour rembourser rapidement les pays qui fournissent des contingents, du personnel de police et du matériel.   

Le Groupe des 77 et la Chine rejettent toutes les mesures coercitives unilatérales contraires au droit international qui font obstruction et parfois entravent les paiements de certains membres de notre Groupe aux différents budgets de l’Organisation, a aussi souligné la représentante, qui s’est dite préoccupée par la tendance de certains États à lier le respect de leurs obligations financières à la réforme de l’Organisation.  Refuser de payer son dû à des budgets approuvés, c’est créer « un levier politique artificiel » qui sape les principes de gouvernance de l’ONU, dont l’égalité souveraine des États.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme DIANA MINYI LEE (Singapour) a noté que les indicateurs des opérations de maintien de la paix et des tribunaux sont globalement sains et positifs.  Elle a félicité les États Membres qui parviennent, malgré les défis qu’ils ont à relever, à s’acquitter de leurs obligations financières envers l’ONU.  Nous notons cependant que certains pays ne le font pas alors qu’ils en ont les moyens, sapant, ainsi, l’efficacité de l’Organisation, a-t-elle accusé.  La représentante a souligné l’importance pour l’ONU de disposer d’un niveau de liquidités adéquat pour honorer ses engagements dans les délais fixés.

Les propositions du Secrétaire général concernant le Fonds de roulement ne doivent pas servir de prétexte pour nous soustraire à notre responsabilité juridique et financière d’assurer un fonctionnement harmonieux de l’Organisation, a martelé la représentante.  Elle a salué la volonté du Secrétaire général d’honorer les engagements financiers de l’ONU vis-à-vis des pays contributeurs de troupes, d’effectifs de police et de matériel. 

La représentante a noté les autres mesures prises par le Secrétariat pour améliorer les processus, dont la possibilité offerte aux États de recevoir par courriel leur lettre de contribution.  En général, a-t-elle assuré, l’ASEAN appuie toujours les idées novatrices pour rationaliser les processus.  Mais, elle se demande aujourd’hui pourquoi « cet esprit d’innovation » semble s’être immiscé dans la présentation que la Secrétaire générale adjointe à la gestion a faite sur la situation financière de l’ONU.  Nous comprenons et même encourageons les efforts pour maintenir une certaine contenance dans cette Commission, mais que cela, a prévenu la représentante, ne se fasse pas au détriment de la transparence, surtout quand l’ONU fait face à des problèmes de liquidités. 

Les États Membres, a tonné la représentante, méritent une vision « complète, holistique et honnête » de la santé financière de l’ONU.  Nous méritons de savoir « combien, où et pourquoi ».  Le Secrétariat ne saurait renoncer à présenter ces faits, qu’ils plaisent ou pas, car ce n’est qu’avec les faits en tête que nous pouvons véritablement comprendre pourquoi l’ONU fait face à des difficultés dans la mise en œuvre de ses mandats et pourquoi une réforme est nécessaire pour nous aider à réaliser nos objectifs communs, a martelé la représentante.

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), Mme CAITLIN WILSON (Australie) a évoqué trois points: l’importance pour les grands contributeurs de payer leur dû aussi vite possible; la nécessité de payer toutes les contributions en temps et en totalité, pour assurer la stabilité; et le fait que, pour mieux fonctionner, l’ONU a besoin d’investissements et de liquidités prévisibles. 

La situation actuelle, qui se caractérise par des contributions non acquittées de 1,1 milliard de dollars au budget ordinaire, et plus de 2,5 milliards, à celui des opérations de maintien de la paix, crée, a dénoncé la représentante, non seulement une inégalité entre les États Membres qui ont payé leurs contributions et les autres mais elle oblige aussi les pays fournisseurs de troupes, d’effectifs de police et de matériel à supporter un énorme fardeau financier tant qu’ils n’auront pas reçu leurs remboursements.  Dans le pire des cas, a-t-elle menacé, « on pourrait craindre pour la constance et le maintien de notre présence sur le terrain ».

Le groupe CANZ, a-t-elle assuré, veut une ONU capable d’atteindre ses objectifs et d’exécuter les mandats que lui ont confiés les États Membres.  Le groupe CANZ, a poursuivi la représentante, veut une ONU cohérente, souple et efficace.  Cela exige, a-t-elle prévenu, que nous travaillions ensemble pour assurer le meilleur « retour sur investissement » et c’est la raison pour laquelle le groupe CANZ défend les propositions de réforme du Secrétaire général.  Le temps des « faisons les choses comme d’habitude », est révolu, a tranché la représentante, appelant tous les États Membres à fournir à l’ONU l’appui nécessaire à l’amélioration de ses processus, au développement d’outils rentables et à son adaptation à un monde en mutation rapide. 

Le groupe CANZ promeut la discipline budgétaire et l’innovation au sein des Nations Unies mais il note que ni l’une ni l’autre ne peut être atteinte si « l’ombre de l’incertitude financière » continue de planer sur l’ONU.  En payant tout simplement en temps et en totalité nos contributions, nous pourrons tous contribuer à l’émergence d’une ONU meilleure et capable de faire face aux défis présents et futurs.

« Garantir la santé financière de l’ONU est une responsabilité partagée: un partenariat entre les États Membres et l’Organisation », a affirmé M. JAN DE PRETER de l’Union européenne.  Il a indiqué que la promotion de la bonne gestion financière de l’ONU constituait la priorité de l’Union européenne, avant d’appeler chaque État Membre à verser sa quote-part dans son intégralité, dans les délais et sans conditions.  Le délégué s’est félicité de l’augmentation du nombre d’États Membres ayant versé l’intégralité de leur contribution au titre du maintien de la paix.  « D’autres progrès peuvent néanmoins être accomplis », a-t-il estimé, invitant les États Membres à verser leurs contributions au budget des tribunaux internationaux.  Jugeant qu’une bonne santé financière dépendait également de la manière dont les fonds sont utilisés, il a exhorté l’ONU à utiliser ses ressources de manière plus raisonnable et plus responsable, dans le respect des équilibres budgétaires.  À ce titre, le délégué a salué les propositions de réforme du Secrétaire général.

Après avoir notamment reconnu les efforts des pays qui se sont acquittés de la totalité de leurs obligations financières envers l’ONU, Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) s’est dite préoccupée du fait que c’est toujours un seul État Membre qui doit le plus à l’ONU.  Pourtant, ce même État Membre profite toujours de la plus grave distorsion du calcul du barème des quotes-parts, tout en engrangeant des revenus énormes grâce à la présence de l’ONU sur son territoire.

Le succès de la réforme proposée par le Secrétaire général dans les domaines du développement, de la paix, de la sécurité et de la gestion dépend, a rappelé la représentante, de l’engagement de tous les États Membres à respecter leurs obligations financières sans retard, sans conditions et dans leur intégralité. 

La représentante a attiré l’attention sur les conditions, les obstacles et les sacrifices, souvent ignorés, auxquels consentent certains pays pour honorer leur obligation.  Cinquante-cinq ans après son imposition, le blocus économique, commercial et financier contre le peuple cubain est non seulement toujours en vigueur mais aussi renforcé.  Le blocus qui est une politique unilatérale violant les normes et les principes du droit international et de la Charte, affecte et rend difficile le paiement des contributions de Cuba à l’Organisation et à d’autres organes des Nations Unies, a dénoncé la représentante.

M. FU DAOPENG (Chine) a déclaré que, malgré l’énorme pression découlant de ses efforts nationaux visant à transformer l’économie, éliminer la pauvreté et améliorer les conditions de vie, le Gouvernement chinois met tous les feux au vert quand il s’agit de s’acquitter de sa contribution à l’ONU et de fournir des ressources extrabudgétaires aux fonds, programmes et institutions spécialisées.  Le représentant a donc exhorté tous les pays en capacité de le faire, surtout ceux qui ont des arriérés importants, à s’acquitter, rapidement et sans conditions, de leur dû. 

« Base le montant de tes dépenses sur celui de tes revenus », a dit le représentant, en citant un vieux proverbe chinois, pour appeler à une gestion rationnelle du budget et à une meilleure utilisation des fonds.  Toute réforme ou changement relatif à la gestion du budget doit avoir pour but de parvenir à une gestion efficace des fonds, à une meilleure reddition de comptes, au strict respect de la discipline budgétaire et au final, à une bonne gestion et une bonne utilisation de « chaque centime » déboursé par les contribuables des États Membres. 

M. KATSUHIKO IMADA (Japon) a réitéré qu’il est de la responsabilité des États Membres de payer leurs contributions en temps et en totalité.  Pour sa part, le Japon a fidèlement rempli son obligation malgré ses difficultés financières.  Mais la capacité de paiement n’est pas « illimitée », a prévenu le représentant.  N’oublions jamais que le budget est pris en charge par les contribuables des États Membres.  Toutes les parties concernées doivent en être conscientes, a-t-il insisté, soulignant que quand les besoins sont présentés et examinés, il est important de fixer un niveau « réaliste » des ressources qui soient à la fois nécessaires et suffisantes pour l’exécution des mandats.  Nous devons adhérer à une stricte discipline budgétaire, a insisté le représentant, exigeant du Secrétariat qu’il utilise le budget de la façon la plus efficace, la plus efficiente et la plus responsable possible.

Après avoir présenté le rapport du Secrétaire général sur l’amélioration de la situation financière, Mme JAN BEAGLE, Secrétaire générale adjointe à la gestion, a repris la parole pour assurer que le Secrétariat fait tout son possible pour un bon fonctionnement des opérations de maintien de la paix.  Lorsque nous devons rembourser les pays, nous le faisons aussitôt que nous avons les ressources nécessaires.  Nous voulons évidemment n’avoir aucun centime de dette, a-t-elle insisté, avant d’affirmer que la transparence est bien « la priorité » du Secrétariat.  Elle a d’ailleurs invité les États Membres à consulter sur Internet les progrès dans le versement des contributions.  L’état du budget ordinaire est « délicat », a-t-elle souligné, espérant des contributions à temps. 

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