En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
12e séance – matin
AG/AB/4252

Cinquième Commission: le Groupe des 77 s’insurge contre la tendance à « accorder plus de pertinence » à certaines des six langues officielles de l’ONU

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné, ce matin, la gestion des réunions et de la documentation aux Nations Unies, une gestion que le Groupe des 77 et la Chine ont jugé partiale, s’agissant de l’utilisation des langues officielles.  Les trois délégations, qui se sont exprimées, ont toutefois noté les efforts du Secrétariat pour tirer parti des technologies de l’information et des communications.

Le principe du multilinguisme, ont rappelé le Groupe des 77 et la Chine, exige la distribution des documents officiels « en temps voulu », « de façon simultanée » et « sans exception » dans les six langues officielles de l’ONU -anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe-.  Le Groupe s’est donc dit déçu de « la tendance du Secrétariat à accorder plus de pertinence à certaines des six langues officielles », comme en témoignent la couverture médiatique de l’Organisation et la langue de choix pour la documentation distribuée à l’avance.  Si elle se poursuivait, a mis en garde le Groupe, cette tendance mettrait non seulement en danger la mise en œuvre du multilinguisme mais aussi celle d’autres mandats.

Il faut toutefois noter certaines évolutions positives concernant le multilinguisme, a nuancé le Groupe qui a cité l’essor d’eLUNA, le logiciel de traduction assistée par ordinateur développé en interne.  Selon le Comité des conférences, l’utilisation d’eLUNA a progressé de 65% en 2016 dans l’ensemble des quatre centres de conférence de l’ONU -Genève, Nairobi, New York, Vienne- et dans toutes les combinaisons linguistiques.  À la fin de l’année 2016, le logiciel était utilisé par environ 1 200 traducteurs et rédacteurs de procès-verbaux.  Partant de ce constat positif, le Groupe des 77 et la Chine ont demandé que l’on tienne compte des bénéfices d’eLUNA dans le calcul du coût de la documentation, sachant que, le coût de production d’un document à New York est aujourd’hui de 27 000 dollars. 

Outre le respect du multilinguisme, le Qatar a souligné l’importance qu’il y a à préserver les documents officiels par la numérisation.  Mon pays, a-t-il rappelé, a déjà versé 4 millions de dollars sur les 5 millions de dollars promis en 2013.

À part eLUNA et la numérisation, le développement du nouveau logiciel de gestion des conférences devrait également porter des fruits, a estimé l’Union européenne (UE), en référence au portail e-deleGATE dont l’objectif est de simplifier les procédures et de réduire le coût d’une journée de réunions dans les six langues officielles, aujourd’hui estimé à 12 000 dollars à New York.  L’UE a dit attendre avec intérêt davantage d’informations sur les bénéfices de ces initiatives pour les États et le système des Nations Unies dans son ensemble.

L’UE a par ailleurs réclamé une solution « durable et pragmatique » aux problèmes persistants de la gestion du temps pendant la deuxième reprise de session de la Cinquième Commission.  Les quatre semaines prévues ne suffisent pas, compte tenu de la charge de travail toujours plus importante de la Commission.  Une solution s’impose, s’est impatientée l’UE, saluant le fait que le projet de résolution soumis cette année par le Comité des conférences reflète cette préoccupation.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission, qui aura lieu jeudi 9 novembre, portera sur l’entretien et la construction des bureaux de l’ONU à Genève et à Bangkok.

PLAN DES CONFÉRENCES (A/72/32, A/72/116* ET A/72/561)

Pour l’examen de cette question, la Cinquième Commission était saisie du rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) (A/72/561).  Le CCQAB a rédigé son rapport après lecture du rapport du Comité des conférences (A/72/32) et de celui du Secrétaire général sur le plan des conférences (A/72/116*)

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a rappelé l’importance que son Groupe accordait à la qualité des services de conférence, et notamment au respect du traitement des documents dans les six langues officielles de l’Organisation.  Mme Pereira Sotomayor a ainsi estimé que l’utilisation des services de conférence, y compris les ressources liées à la publication et la traduction des documents, à l’interprétation et à la gestion du calendrier des conférences étaient d’une « importance capitale pour le fonctionnement efficace » des Nations Unies.

Dans ce cadre, la représentante a salué les efforts du Secrétariat pour s’attaquer au problème de la sous-utilisation des services et ressources de conférence mis à disposition par l’ONU.  Elle a ainsi noté qu’en 2016, le taux global d’utilisation des services de conférence dans les quatre centres de conférence de l’Organisation (New York, Genève, Vienne et Nairobi) avait atteint le taux souhaité de 80%.  Toutefois, Mme Pereira Sotomayor a aussi noté que, sur cette période, le taux d’utilisation des services et des locaux à New York n’avait été que de 79%.  Elle a appelé les organes intergouvernementaux dont le taux d’utilisation est inférieur à 80% à prendre en compte cette dimension dans la planification de leurs prochaines sessions.

La représentante a en outre noté avec satisfaction que le taux moyen d’occupation du centre de conférence de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) était passé de 84% en 2014 et 2015 à 93% en 2016, ce qui constitue à ses yeux « un inversement notable » de la tendance précédente à la sous-utilisation des locaux de la CEA, dont le taux moyen d’occupation était de 53% en 2011.  Elle a toutefois exhorté le Secrétaire général à revoir la méthode de mesure du taux d’utilisation des centres de conférence, ainsi qu’à réfléchir à la meilleure façon de présenter dans son rapport le taux d’occupation des locaux de conférence.

S’agissant, par ailleurs, de la gestion intégrée des services de conférence à l’échelle mondiale, Mme Pereira Sotomayor a tenu à rappeler que l’objectif de cette initiative était d’intégrer davantage l’utilisation des technologies de l’information et des communications dans la gestion des services de conférence et dans le traitement de la documentation, de façon à parvenir à une répartition équilibrée des tâches entre le Siège des Nations Unies et les autres centres de conférence.

S’agissant de la gestion et publications des documents, la représentante a insisté sur la nécessité de distribuer les documents « en temps voulu », « de façon simultanée » et « sans exception » dans les six langues officielles de l’ONU.  Elle a également souligné la nécessité d’améliorer la qualité de la documentation pour faciliter le travail des États Membres.  Mme Pereira Sotomayor a ainsi appelé l’équipe spéciale interdépartementale de la documentation à faire en sorte que les « perpétuels défis » liés à la documentation soient résolus. 

Dans ce sens, la représentante a salué les évolutions positives concernant l’utilisation, l’amélioration et la fonctionnalité d’eLUNA, le logiciel maison de traduction assistée par ordinateur, et concernant le développement du portail e-deleGATE.  Elle a également appelé à prendre en compte, à l’avenir, l’incidence positive de ces logiciels, développés en interne, sur le coût de la production des documents et de l’interprétation dans les six langues officielles de l’Organisation.  Plus précisément, Mme Pereira Sotomayor a dit attendre le détail de la nouvelle méthode de calcul à utiliser par les quatre centres de conférence pour mesurer les paramètres budgétaires de la production des documents et prendre en compte l’impact de nouvelles initiatives comme eLUNA sur le calcul de ces paramètres.

La représentante a souligné une nouvelle fois l’importance que son Groupe accordait au multilinguisme et à l’égalité de traitement entre les six langues officielles de l’ONU dans les quatre centres de conférence.  « Sur ce point, le Groupe exprime sa déception face à la tendance du Secrétariat à accorder plus de pertinence à certaines des six langues officielles qu’aux autres », a-t-elle déploré, comme en témoigne selon elle la couverture médiatique de l’Organisation et la distribution à l’avance de la documentation officielle dans des langues bénéficiant d’un traitement de faveur.  À ses yeux, cette tendance est non seulement susceptible de « mettre en danger la mise en œuvre du multilinguisme », mais également celle d’autres mandats.

Mme Pereira Sotomayor a également estimé que les programmes de stage devraient être utilisés dans toutes les régions de façon à réduire le « fossé gigantesque » dans la représentation des candidats qualifiés d’Afrique et d’Amérique latine.

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a voulu reconnaître les efforts du Secrétariat visant à améliorer et moderniser les services de conférence et d’interprétation de l’Organisation, en particulier ses approches innovantes.  Le représentant a salué les progrès dans le développement et la mise en œuvre du nouveau logiciel de gestion des conférences ainsi que l’utilisation accrue des nouvelles technologies.  L’Union européenne attend avec intérêt davantage d’informations sur les bénéfices de ces initiatives pour les États Membres et le système des Nations Unies dans son ensemble.

Concernant le calendrier des conférences et des réunions, M. De Preter a réitéré le fait que l’Union européenne souhaite trouver une solution durable et pragmatique aux problèmes persistants de la gestion du temps pendant la deuxième reprise de session de la Cinquième Commission.  Ces dernières années, s’est-il expliqué, nous avons été incapables de terminer nos travaux dans les délais impartis. Or, en reportant ainsi la fin de la session, ni les services de conférence ni l’interprétation ne sont garantis et un fardeau supplémentaire est imposé au Secrétariat de la Cinquième Commission qui doit aussi travailler, dans le même temps, pour d’autres réunions intergouvernementales.

Pendant la session de fond du Comité des conférences en septembre dernier, les délégations, a rappelé le représentant, ont eu un débat ouvert, fructueux et approfondi sur cette question.  Le sentiment général était que les quatre semaines prévues pour la deuxième reprise de la session ne suffisent pas, compte tenu des problèmes et de la charge de travail toujours plus importante de la Commission.  Une solution s’impose, s’est impatienté le représentant, qui a dit saluer le fait que le projet de résolution soumis par le Comité des conférences reflète les questions soulevées.  Il s’est dit convaincu que ce projet devrait constituer une bonne base de discussions à la Cinquième Commission.

Saluant les efforts communs du Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences et du Département de l’information concernant l’accès aux documents des Nations Unies, M. GHANIM AL-HUDAIFI AL-KUWARI (Qatar) a répété que sa délégation attachait une grande importance à la préservation des documents des Nations Unies et à leur numérisation.  En 2013, le Qatar s’était engagé à verser 5 millions de dollars sur une période de cinq ans au projet de numérisation des documents des Nations Unies, a rappelé le représentant qui a précisé que 4 millions de dollars ont été déjà versés et que le Qatar s’engage à continuer son financement. 

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