En cours au Siège de l'ONU

L’ECOSOC et la CCP tiennent leur réunion conjointe sur un Sahel caractérisé par des problèmes « complexes et multidimensionnels » exigeant une action coordonnée

Commission de consolidation de la paix,
Réunion conjointe – matin
ECOSOC/6951-CCP/130

L’ECOSOC et la CCP tiennent leur réunion conjointe sur un Sahel caractérisé par des problèmes « complexes et multidimensionnels » exigeant une action coordonnée

Le Conseil économique et social (ECOSOC) et la Commission de consolidation de la paix (CCP) ont poursuivi aujourd’hui leur Réunion conjointe annuelle, en s’attardant sur les relations entre les changements climatiques et les défis de la pérennisation de la paix dans le Sahel, caractérisé par « des problèmes complexes et multidimensionnels », exigeant une action mieux coordonnée.

L’insécurité y règne partout, a alerté la Présidente de l’ECOSOC.  À cause du conflit armé, de la violence et des opérations militaires, quelque 4,9 millions de personnes ont dû fuir de chez elles cette année, alors que 24 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, a expliqué Mme Inga Rhonda King.  La détérioration constante de la situation résulte de causes sous-jacentes comme la pauvreté, l’exclusion socioéconomique et les privations, le manque d’accès aux services sociaux de base et les inégalités, y compris entre les hommes et les femmes.  L’absence d’opportunités socioéconomiques, le chômage croissant, la mauvaise gestion des ressources naturelles et la faible gouvernance ont aussi un impact désastreux.

Avec une croissance démographique estimée à 2,8% par an dans un environnement où les ressources naturelles s’amenuisent, y compris la terre et l’eau, le Sahel peut voir ses vulnérabilités s’accentuer à cause des changements climatiques, avec le risque de nouveaux conflits, d’autres migrations forcées et l’enrôlement des jeunes dans les groupes terroristes.  Plus que jamais, le Sahel a besoin d’une action coordonnée de la part de la communauté internationale, a poursuivi le Président de la CCP, M. Ion Jinga qui s’est attardé sur la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, lancée en juin dernier, pour améliorer la cohérence des initiatives et leur efficacité sur le terrain.

Il faut agir ensemble de manière multilatérale, a acquiescé le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sahel.  Cette région a un potentiel fort, a estimé M. Ibrahim Thiaw.  Des pays comme la France ont reconnu le soutien « trop fragmenté » de la communauté internationale, plaidant pour une approche intégrée combinant paix, sécurité et développement durable.  Le maire de la ville burkinabée de Dori a estimé qu’il faut commencer par créer une programmation conjointe pour éviter les déperditions et un fonds fiduciaire pour faciliter le travail dans les zones transfrontalières.  Trois sources de financement majeures doivent être mobilisées: l’aide publique au développement (APD), le secteur privé extérieur et local et les envois de fonds de la diaspora.

RÉUNION CONJOINTE: CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX SUR LE THÈME « RELATIONS ENTRE CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DÉFIS DE LA CONSOLIDATION ET DE LA PÉRENNISATION DE LA PAIX DANS LE SAHEL »

Déclarations liminaires

      Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que cette réunion fait suite aux réunions conjointes que l’ECOSOC a tenues, ces deux dernières années, avec la Commission de consolidation de la paix sur le Programme de développement à l’horizon 2030 et la paix durable; et sur la situation dans le Sahel.

      Cette région, a-t-elle souligné, est caractérisée par des problèmes complexes et multidimensionnels.  L’insécurité règne partout, et à cause du conflit armé, de la violence et des opérations militaires, les souffrances humaines et les besoins humanitaires ne font que s’aggraver.  Quelque 4,9 millions de personnes ont dû fuir de chez elles cette année, alors que 24 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.

La détérioration constante de la situation résulte de causes sous-jacentes comme la pauvreté, l’exclusion socioéconomique et les privations, le manque d’accès aux services sociaux de base et les inégalités, y compris entre les hommes et les femmes.  L’absence d’opportunités socioéconomiques, le chômage croissant, la mauvaise gestion des ressources naturelles et la faible gouvernance ont aussi un impact désastreux.

La région est également l’une des régions au monde les plus écologiquement dégradées, avec des températures qui devraient être, une fois et demie, plus élevées que dans le reste du monde.  La région dépend largement de l’agriculture, mais elle est régulièrement frappée par la sécheresse et des inondations qui ont des conséquences énormes sur la sécurité alimentaire.   Aujourd’hui, quelque 33 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire alors que 4,7 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’une malnutrition aiguë.

      Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui parle d’un réchauffement climatique de 1,5o C, nous rappelle, a prévenu la Présidente, les menaces posées par les changements climatiques, en particulier dans les endroits déjà confrontés à des défis socioéconomiques et de développement durable comme le Sahel.  Avec une croissance démographique estimée à 2,8% par an dans un environnement où les ressources naturelles s’amenuisent, y compris la terre et l’eau, le Sahel peut voir ses vulnérabilités s’accentuer à cause des changements climatiques, avec le risque de nouveaux conflits et d’autres migrations forcées.  Cette situation exige notre attention soutenue, a insisté la Présidente, en souhaitant la bienvenue à ses invités, et en leur rappelant que leurs discussions suivent celles que le Conseil de sécurité a tenues, en juillet dernier, sur le lien entre changements climatiques et sécurité.

Plus que jamais, le Sahel a besoin d’une action coordonnée de la part de la communauté internationale, a poursuivi le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. ION JINGA.  Il a souligné que la région occupe une place importante dans l’ordre du jour de sa Commission après que le Conseil de sécurité lui a demandé d’aider le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel à mettre en œuvre la « stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel ».  L’ECOSOC et la CCP, a insisté le Président, ont les moyens d’aider la région à identifier des mesures efficaces d’atténuation et d’adaptation aux effets des changements climatiques afin de réaliser et de maintenir la paix. 

Le rôle de « pont » de la CCP pour assurer la cohérence du système des Nations Unies conjugué à une synergie plus forte avec l’ECOSOC peut contribuer à améliorer la coordination entre les partenaires et la cohérence des politiques à tous les niveaux.  Les futures réunions conjointes pourront aussi servir de plateforme pour maintenir l’attention des partenaires internationaux sur les initiatives nouvelles et en cours lancées au Sahel pour relever les défis de la paix et du développement liés aux effets des changements climatiques.  Les réunions conjointes peuvent également appuyer les efforts déployés par les États du Sahel pour sensibiliser l’opinion publique internationale et mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre des différentes stratégies.  Enfin, l’ECOSOC et la CCP peuvent fournir des directives pour promouvoir l’appropriation nationale des initiatives prises sur le terrain, a expliqué le Président.

Exposés des experts et débat interactif

M. IBRAHIM THIAW, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sahel, a confirmé que le Sahel est une des régions les plus affectées par les changements climatiques qui entraînent des migrations, lorsque les jeunes n’ont plus de terres à cultiver ou pour faire paître leurs troupeaux.  C’est la lutte pour les moyens de subsistance qui mène à la violence communautaire, comme on le voit avec les conflits entre cultivateurs et éleveurs.  Une telle situation est, bien entendu, un terreau fertile pour le terrorisme, a-t-il mis en garde.  Les conflits liés à l’accès à la terre et à l’eau pourraient se multiplier, alimentés par des différends culturels ou religieux.  Le Tchad n’a pas dit autre chose, en évoquant le tarissement quasi total du lac Tchad, qui a généré des tensions intercommunautaires, entre cultivateurs, éleveurs et pêcheurs, et balisé le terrain pour l’installation de groupes extrémistes et terroristes. 

Pourtant, a plaidé le Conseiller spécial du Secrétaire général, le Sahel a un potentiel très fort.  Il faut agir ensemble, de manière multilatérale, pour inverser la tendance.  M. AHMED AZIZ DIALLO, le Maire de Dori, capitale de la région sahélienne du Burkina Faso, s’est dit convaincu que c’est possible car les jeunes embrigadés par les groupes terroristes ne sont généralement pas motivés par des convictions religieuses, mais par la naïveté et le besoin, a ainsi rappelé Le Maire de Dori. 

La stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, a poursuivi le Conseiller spécial, a été lancée en juin pour améliorer la cohérence des initiatives et leur efficacité sur le terrain.  Des projets ont déjà été lancés dans le domaine de l’agriculture et des énergies renouvelables dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a indiqué M. Thiaw.  Le Tchad a ajouté que son gouvernement a mis en place des structures locales avec des chefs coutumiers pour modérer les différends, et a lancé des « petits projets » de développement économique.

Des exemples de projets concrets ont été donnés par, le Maire de Dori.  Il a parlé de la construction de deux bassins de rétention d’eau, de l’achat d’équipements et d’intrants distribués à 40 exploitants agricoles et de la formation à l’apiculture.  Il a aussi parlé du « Triangle d’eau » un projet qui vise à canaliser l’eau d’un barrage pour alimenter plusieurs communes.  Dans le cadre de la coopération transfrontalière, neuf communes du Burkina Faso, du Niger et du Mali ont mis en place le « C3 Sahel », avec le soutien de la communauté internationale, et élaboré un schéma d’identification des projets prioritaires, comme l’aménagement de zones pastorales.  Il a prévenu que les infrastructures demandent des ressources, même si elles sont faibles à l’échelle de l’aide internationale.  Répondant à la question du Japon sur la manière d’aider les collectivités locales, le Maire de Dori a dit qu’il suffit justement de financer les programmes concrets qui existent et qui auront un fort impact, notamment sur la résilience.  L’investissement est la clef dans le Sahel, a-t-il insisté.

La Norvège, la France, l’Allemagne, et Cabo Verde ont déploré le soutien « trop fragmenté » de la communauté internationale, plaidant pour une approche intégrée combinant paix, sécurité et développement durable.  D’ailleurs, a relevé le Canada, la réforme du système des Nations Unies pour le développement a été lancée pour mieux faire face aux défis des changements climatiques.  Il faut, a conseillé le Maire de Dori, commencer par créer une programmation conjointe pour éviter les déperditions et un fonds fiduciaire pour faciliter le travail dans les zones transfrontalières.  Trois sources de financement majeures doivent être mobilisées: l’aide publique au développement (APD), le secteur privé extérieur et local et les envois de fonds de la diaspora.

Des mesures coordonnées impliquant l’ensemble du système des Nations Unies sont nécessaires, a reconnu le Président de la CCP qui s’est voulu optimiste face au potentiel d’une région à la population jeune.  En conclusion, la Présidente de l’ECOSOC, a plaidé pour davantage de coopération et de coordination.  Pour elle, le rôle du Conseil reste essentiel et la collaboration avec la CCP peut permettre de mieux examiner les causes profondes des conflits et de renforcer les approches intégrées.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC réfléchit aux moyens de concrétiser les initiatives prises pour renforcer la résilience des petits États insulaires face aux changements climatiques

Session de 2019,
5e séance plénière – après-midi
ECOSOC/6952

L’ECOSOC réfléchit aux moyens de concrétiser les initiatives prises pour renforcer la résilience des petits États insulaires face aux changements climatiques

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu, cet après-midi, sa Réunion spéciale sur le renforcement de la résilience des petits États insulaires en développement (PEID) face aux changements climatiques.  « Promesses et résultats du programme de renforcement de la résilience », c’est le thème de la réunion qui a donné lieu à deux dialogues interactifs.

Les promesses, a rappelé Mme Inga Rhonda King, Présidente de l’ECOSOC, datent du 24 octobre 2017, date de la Réunion spéciale qui s’est tenue après les ouragans qui avaient frappé les Caraïbes et l’Amérique.  Un mois plus tard, les donateurs promettaient des contributions de plus de 1,3 milliard de dollars et plus d’un milliard de dollars de prêts et d’allègement de dette.  Les catastrophes climatiques ont causé des pertes économiques directes de 2,245 milliards de dollars et les 10 pays et territoires dont le produit intérieur brut (PIB) a été le plus touché sont tous de la région des Caraïbes.  La Dominique a accusé une perte record de 259% de son PIB après le passage de l’ouragan Maria.  En 2015, Vanuatu a connu une perte de 61% de son PIB après le passage du cyclone Pam. 

La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a fait plusieurs recommandations et d’abord que les prêts consentis pour le relèvement et la reconstruction ne soient plus considérés comme une dette.  Il faut également rendre les pays capables de « naviguer » dans les complexités de l’accès au Fonds pour le climat, créer un espace fiscal grâce à l’allègement de la dette, convertir la dette bilatérale et multilatérale en un fonds spécial dédié aux catastrophes naturelles et aux chocs économiques et élaborer de nouvelles polices d’assurance et des niveaux plus élevés de couverture.  La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) propose d’ailleurs de transformer une partie de la dette en un fonds pour la résilience.    

      Comme les petits États insulaires en développement sont tous classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, sans accès aux financements concessionnels, la CARICOM, appuyée par le PNUD, a milité pour la prise en compte d’un « critère de vulnérabilité ».  Il faut aller « au-delà des mots » et un groupe de travail ou une équipe spéciale au sein de l’ONU pour faire des recommandations concrètes, a-t-elle plaidé. 

Le renforcement de la résilience ne se résumant pas à une meilleure gestion des risques d’ouragans, la Présidente de l’ECOSOC, elle-même de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a défendu une notion « holistique » de la résilience qui inclut l’économie et de l’environnement.  Pour les PEID, la diversification de l’économie est la clef, y compris l’exploration de secteurs émergents tels que l’économie bleue ou la coopération Sud-Sud.  Elle a invité les participants à la réunion à tenir compte de la nature multidimensionnelle de la résilience et à proposer un programme pour transformer la trajectoire économique des PEID et réaliser les promesses des objectifs de développement durable.  Le Forum des îles du Pacifique a énuméré quatre priorités urgentes: amélioration de l’accès des petites îles aux sources de financement internationales; augmentation du financement disponible pour le climat en vue des mesures d’adaptation et de résilience; approvisionnement du Fonds vert pour le climat; et accélération des progrès pour l’opérationnalisation du Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques.

La Présidente de l’ECOSOC a promis, dans son discours de clôture, une déclaration présidentielle demain, qui résumera les messages clefs et les recommandations d’aujourd’hui, en prélude au Sommet 2019 sur le climat et à l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa pour le développement durable des petits États insulaires.

RÉUNION SPÉCIALE SUR LE THÈME « PROMESSES, RÉSULTATS ET PROCHAINES ÉTAPES DU PROGRAMME DE RENFORCEMENT DE LA RÉSILIENCE DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT (PEID) FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES »

Déclarations liminaires

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines), Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que le 24 octobre 2017, l’ECOSOC avait tenu une Réunion spéciale après les ouragans qui avaient frappé les Caraïbes et l’Amérique.  Une déclaration présidentielle avait été publiée qui appelle les États Membres et la communauté internationale à veiller à ce que la réponse humanitaire soit assortie d’efforts de reconstruction à moyen et long termes.  La Déclaration appelait aussi à des investissements plus importants dans la réduction des risques de catastrophe, y compris la préparation aux catastrophes et l’alerte et la réaction rapides.  De même, les donateurs et les institutions financières internationales étaient encouragés à explorer des solutions financières, compte tenu du niveau élevé d’endettement des petits États insulaires en développement (PEID).  La déclaration appelait à l’accès de ces derniers aux financements concessionnels.  Ces étapes étaient jugées essentielles pour placer ces pays sur la voie du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La déclaration appelait encore à la lutte contre les changements climatiques et le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur le réchauffement climatique à 1,5 Celsius.  Cela est venu renforcer cette urgence. 

Selon le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR), les catastrophes liées au climat ont causé des pertes économiques directes de 2,245 milliards de dollars.  Les 10 pays et territoires dont le produit intérieur brut (PIB) a été le plus touché sont tous de la région des Caraïbes.  La Dominique a accusé une perte record de 259% de son PIB après le passage de l’ouragan Maria.  En 2015, Vanuatu a connu une perte de 61% de son PIB après le passage du cyclone Pam. 

Le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe demande aux pays de reconstruire mieux après les catastrophes mais cela exige, a souligné la Présidente, une meilleure gestion des risques et un meilleur accès aux financements, « avant les catastrophes ».  Il est important, a-t-elle estimé, de défendre une nouvelle fois l’idée de faire de la vulnérabilité un critère du classement des pays pour que les États vulnérables aux changements climatiques aient accès à des financements concessionnels.  En ces temps de forte vulnérabilité, a-t-elle poursuivi, l’aide publique au développement (APD) demeure importante de même que les financements innovants ou les nouveaux instruments comme les polices d’assurance.  Pour tout cela, le soutien de la communauté internationale est important, a insisté la Présidente.

Elle a aussi milité pour une notion « holistique » de la résilience qui inclut l’économie et de l’environnement, puisque « renforcer la résilience ne se résume pas à une meilleure gestion des risques d’ouragans ».  Pour les PEID, la diversification de l’économie est la clef, y compris l’exploration de secteurs émergents tels que l’économie bleue ou la coopération Sud-Sud.  La coopération est également importante dans des domaines tels que la santé, étant donné que les États du Pacifique et des Caraïbes sont les plus affectés par les maladies non transmissibles.  Mme King a donc invité les participants à la réunion à tenir compte de la nature multidimensionnelle de la résilience et à proposer un programme pour transformer la trajectoire économique des PEID et réaliser les promesses des objectifs de développement durable. 

J’ai travaillé avec beaucoup de pays caribéens frappés par les ouragans, a souligné M. LUIS ALFONSO DE ALBA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sommet 2019 sur le climat.  En termes de financement, une somme de 1,6 milliard de dollars a été promise alors que ces pays se sont endettés à hauteur d’un milliard de dollars.  La situation continuera à s’aggraver, a-t-il prévenu, car la plupart des pays de la région sont considérés comme des pays à revenu intermédiaire alors même qu’ils sont confrontés à un fort taux d’endettement.  L’Envoyé spécial a mis l’accent sur l’importance de la réunion du G20 à Buenos Aires, où sera abordée la question de l’endettement des petits États insulaires en développement.  Il a rappelé que l’adaptation aux changements climatiques est « un thème cher » au Secrétaire général et implique que l’on règle les questions du financement et du renforcement des capacités nécessaires à la résilience.  L’Envoyé spécial a appelé les pays développés à se montrer plus ambitieux pour obtenir les résultats escomptés dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat et à commencer par limiter la hausse de la température terrestre à 1,5 degré Celsius.

Déclarations sur les perspectives mondiales et régionales

M. COLIN GRANDERSON, Sous-Secrétaire général aux relations étrangères et communautaires de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que dans les Caraïbes, près des trois quarts de la population vit dans des zones à risque, et le tiers de la population, dans des zones à haut risque, y compris celles qui sont exposées à l’élévation du niveau de la mer.  Dans les Caraïbes, les changements climatiques sont donc une véritable « menace existentielle » et les ressources limitées du développement sont systématiquement orientées vers le relèvement et la reconstruction après les catastrophes.  Il s’agit, a souligné le Sous-Secrétaire général, de dépenses qui dépassent parfois le PIB des États et qui constituent un facteur majeur d’un endettement élevé, soit 100% du PIB, voire plus.  En novembre 2017, la CARICOM et l’ONU ont organisé une Conférence des donateurs dont les promesses de contribution ont atteint 1,6 milliard de dollars auxquels il faut ajouter 1 milliard de prêts ou d’allègement de la dette alors que la reconstruction est évaluée à plus de 5 milliards de dollars.  Une réunion de suivi a eu lieu en juin dernier à la Barbade pour réfléchir aux moyens de transformer les promesses en actes concrets.

Les ressources financières et le manque d’expertise sont les principaux défis de la région, a souligné M. Granderson.  Avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la CARICOM a mis en place une facilité pour le relèvement, une sorte de plateforme unique pour les professionnels de la construction, l’expertise technique et les meilleures pratiques afin d’aider à la planification et à une construction résiliente. 

Si l’investissement dans la préparation aux catastrophes naturelles est la clef de la résilience, M. Granderson a noté quelques défis.  Ainsi, le fait que les pays des Caraïbes soient classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire les prive de financements concessionnels, malgré leur haut niveau de vulnérabilité.  Le niveau élevé de l’endettement et le pénible coût du remboursement laissent peu d’espace fiscal pour construire des infrastructures résilientes et faire face à l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.  En outre, emprunter au taux du marché pour financer la reconstruction est prohibitif et augmente la dette.  De même, les polices d’assurance pour les risques de catastrophes sont hors de portée pour les pays des Caraïbes. 

M. Granderson a donc proposé des instruments de financements innovants.  Ainsi, la vulnérabilité devra être considérée comme l’un des critères pour accéder aux financements concessionnels.  Il faut aussi que les prêts consentis pour le relèvement et la reconstruction ne soient plus considérés comme une dette.  Il faut également rendre les pays capables de « naviguer » dans les complexités de l’accès aux fonds pour le climat, créer un espace fiscal grâce à l’allègement de la dette, convertir la dette bilatérale et multilatérale en un fonds spécial dédié aux catastrophes naturelles et aux chocs économiques et élaborer de nouvelles polices d’assurance et des niveaux plus élevés de couverture.

Par visioconférence, Mme ALICIA BÁRCENA IBARRA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué que depuis la série d’ouragans, sa Commission a décidé d’accorder la priorité à la région des Caraïbes.  Adoptée le 1er novembre dernier, a-t-elle poursuivi, la « Déclaration de Samoa sur les changements climatiques dans le contexte du développement durable des PEID » a montré le lien étroit entre la résilience et le Programme 2030.  Or l’évaluation de la CEPALC a révélé plusieurs niveaux de vulnérabilité, une faible préparation, des activités de reconstruction différentes, tout autant que les quantifications des coûts et des risques.  Les États, a estimé la Secrétaire exécutive, doivent pouvoir eux-mêmes collecter les informations pour évaluer leurs vulnérabilités.  Pour eux, l’atténuation des effets des changements climatiques n’est pas une nécessité mais « un impératif ».  C’est la raison pour laquelle la CEPALC a proposé de transformer une partie de leur dette en un fonds pour la résilience.  La Commission dresse en effet le profil de la dette de chaque pays pour faciliter les négociations avec les créanciers.  Des consultations officieuses ont été lancées avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale car il s’agit d’obtenir des bailleurs de fonds qu’ils accordent la priorité aux PEID. 

À son tour, M. LUIS FELIPE LÓPEZ-CALVA, Directeur du Bureau régional du PNUD pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a donné des exemples de programmes d’aide au relèvement et de résilience, notamment à la Dominique, où le PNUD a contribué à la réparation d’environ 500 structures, y compris les bâtiments publics.  Il travaille aussi avec ses partenaires à un plan novateur d’assurance associant la qualité des réparations avec des premiums plus bas et des subventions aux ménages les plus vulnérables.  Il faut, a dit le Directeur, nouer des partenariats forts pour aider les PEID à renforcer leur résilience, comme cela a été confirmé dans la Déclaration de Samoa.  Le Directeur a jugé que les résultats de la Conférence de contributions ont été « un excellent début » mais il faut y joindre un partenariat à long terme aux niveaux mondial, régional et national.    

M. López-Calva a appuyé l’appel visant à faire de la vulnérabilité des petits États insulaires en développement un critère du classement des pays pour leur ménager un accès aux financements concessionnels.  Il ne faut pas non plus oublier la source que sont les envois de fonds de la diaspora, a-t-il poursuivi, en soulignant que ces flux sont supérieurs à l’investissement étranger direct et à l’aide publique au développement combinés.  Il a conclu en se félicitant que de plus en plus de petits États insulaires en développement comptent sur la diversification de leur économie pour renforcer leur résilience aux chocs exogènes.  Dans ce cadre, il a salué ceux qui adoptent une approche de type « économie bleue ».

Dialogue sur le bilan des engagements et des résultats

Le premier dialogue entendait faire le point sur les promesses faites par la communauté internationale, le 21 novembre 2017, à l’occasion de la « Conférence de haut niveau sur les annonces de contributions CARICOM-ONU » pour financer les efforts de reconstruction des pays des Caraïbes, après le passage des ouragans Irma et Maria.  Une somme de plus de 1,3 milliard de dollars a été promise et plus d’un milliard de dollars de prêts et d’allègement de dette.

Certains pays ont soutenu le relèvement d’Antigua-et-Barbuda, a reconnu son représentant, qui a rappelé que l’île de Barbuda avait été entièrement évacuée, une première en 300 ans.  Les pertes de l’île avaient été évaluées à 300 millions de dollars, mais le coût « psychosocial » n’a pas été pris en compte.  Avec des dégâts de 226% de son PIB, la Dominique aura du mal à se reconstruire, a avoué sa représentante.  Elle s’est tout de même félicitée du fait que la vie reprenne et que les infrastructures soient en cours de reconstruction, notamment grâce à l’assistance du PNUD et de bailleurs de fonds qui ont contribué à la formation des professionnels de la construction.  Des abris plus sûrs ont été construits et les réseaux électriques ont été remis à neuf.  La Dominique entend reconstruire mieux pour renforcer sa résilience, « car c’est une question de survie pour nous », a affirmé sa représentante.

D’autres actions ont été évoquées par le Président du Forum mondial sur le leadership commercial, une organisation qui connecte des chefs d’entreprises de différentes régions du monde.  Il a indiqué que son organisation a pu envoyer plus de 60 conteneurs de produits de première nécessité dans les îles dévastées, l’an dernier.  Des contractants ont été également déployés à la Dominique dont certains y sont encore pour reconstruire des écoles et des logements pour les plus démunis.  Mon groupe organise une mission commerciale dans quatre îles au début de l’année prochaine pour stimuler la croissance économique. 

Pour relancer l’économie, le Groupe des 77 et la Chine (G77) a rappelé le rôle central de l’aide publique au développement (APD) et souligné l’importance du partage des connaissances par le transfert de technologies.  L’assistance est d’autant plus cruciale que la plupart des pays touchés par les ouragans et les cyclones ont été classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire et sont, de fait, inéligibles aux financements concessionnels des organismes multilatéraux, ont reconnu plusieurs orateurs dont la CARICOM.  Cette dernière a dénoncé « un classement pervers des pays des Caraïbes », alors même qu’ils se sont endettés pour financer leur résilience.  La CARICOM a invité la communauté internationale à revoir les conditions d’accès aux financements et à envisager un « critère de vulnérabilité ».  Il faut surtout « aller au-delà des mots » et créer un groupe de travail ou une équipe spéciale au sein de l’ONU pour faire des recommandations concrètes sur la question du classement des pays à revenu intermédiaire ». 

Il faut en effet, a acquiescé la représentante du Canada, que la vulnérabilité des PEID soient prise en compte pour leur garantir des fonds.  Il faut aussi, a ajouté le représentant de la Norvège, que ces pays vulnérables aient accès au Fonds vert pour le climat et à l’APD quand ils sont victimes de catastrophes naturelles.  Si le représentant de Cuba a parié sur des systèmes d’alerte précoce, tout en réaffirmant la disponibilité de son pays à aider les pays affectés, son homologue d’Antigua-et-Barbuda a souhaité que la communauté internationale agisse plus rapidement après les promesses faites.  En effet, a confirmé le Président du Forum mondial sur le leadership commercial, le plus grand danger après les promesses, « c’est l’oubli ».  C’est pourquoi son organisation a contribué à un documentaire que CNN va bientôt diffuser sur les promesses des donateurs et les efforts de résilience des populations locales.

Dialogue sur le financement d’un programme prospectif de renforcement de la résilience dans les PEID

Ces États, a reconnu le représentant du Nicaragua et Coprésident du Fonds vert sur le climat, ne sont seulement confrontés à l’élévation du niveau de la mer mais aussi à celui du niveau de la dette, qui, ensemble, « pourraient les faire sombrer ».  Il a attiré l’attention sur les recommandations du Groupe intergouvernemental d’experts sur le financement du développement de la CNUCED qui vient de tenir une réunion sur la dette et sa viabilité.  Comme les stocks de la dette extérieure des petits États insulaires en développement ont plus que doublé entre 2008 et 2017, le Groupe d’experts a salué les initiatives de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) pour renforcer la résilience tout en réduisant la dette.  Il a jugé important d’obtenir des créditeurs qu’ils fassent barrage aux fonds vautours.  Le Groupe d’experts a aussi recommandé d’améliorer le contrôle des capitaux et d’adopter des mesures contre une nouvelle crise de la dette, sans pour autant creuser la pauvreté.  Pour le Groupe, c’est l’asymétrie de la structure économique hégémonique qui a contribué à aggraver la crise économique et financière en 2008.

Les transferts nets des pays en développement vers les pays développés s’élevaient à 16 trillions de dollars au cours des trois décennies écoulées, a constaté le Groupe, en rappelant le principe du « responsable payeur ».  Une résilience renforcée, a-t-il prévenu, requiert la réalisation des objectifs de développement dont une hausse de la température terrestre limitée à 1,5 degré Celsius.  Le Groupe a également pris le cas de Cuba dont il faut suivre l’exemple: l’île des Caraïbes a constitué des réserves stratégiques de nourriture et d’eau.  Le Groupe a appelé à des efforts renouvelés pour passer à l’énergie géothermique et au transport électrique, grâce à des incitations fiscales.

Les catastrophes climatiques sont de sombres rappels de la nécessité urgente d’un changement à long terme, a affirmé la Représentante permanente de Nauru et Présidente du Forum du Pacifique et des petits États insulaires en développement du Pacifique.  Elle a énuméré quatre priorités urgentes: améliorer l’accès des petites îles aux sources de financement internationales; augmenter le financement pour le climat et les mesures d’adaptation et de résilience; approvisionner le Fonds vert pour le climat; et accélérer les progrès en vue de la création du Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques.  Au nom de 12 nations pour lesquelles « le monde est devenu un lieu de plus en plus dangereux », elle a prévenu d’une aggravation de la situation.

Dans la région du Pacifique, les phénomènes météorologiques extrêmes se sont succédé au cours des dernières années écoulées, balayant d’un coup les moyens de subsistance et les acquis du développement durable et testant du même coup la résilience de petites communautés insulaires.  Elle a rappelé qu’en février dernier, le cyclone Gyta, de catégorie 5, a dévasté plusieurs pays du Pacifique, soit deux ans à peine après les effets dévastateurs du cyclone Winston, qui avait gravement endommagé les moyens de subsistance de 40% de la population fidjienne et causé des dégâts estimés à 1,4 milliard de dollars.

La représentante a estimé que l’approche des « financements par projet » n’a « aucun sens ».  Il faut privilégier l’accès direct aux financements et l’appui budgétaire.  Elle a cité comme une « grande réussite » le partenariat du Pacifique avec le Gouvernement italien dans le domaine de la résilience aux changements climatiques, attribuant ce succès à une conception « qui avait à l’esprit les contraintes » des nations concernées.  À travers un processus d’application intégré, 37 initiatives ont été approuvées pour un montant total de 22 millions de dollars.  « Cela a donné des résultats que notre population peut voir », a-t-elle commenté.  Elle a également regretté que le mécanisme international sur les pertes et dégâts, pour lequel l’Alliance des petits États insulaires en développement avait tant bataillé, se soit essoufflé.

Il ne faut pas se méprendre: le financement climatique est la clef de voûte de l’Accord de Paris et le Fonds vert pour le climat, sa source la plus importante », a déclaré la représentante, qui a estimé qu’on s’est trop souvent servi du Fonds « pour marchander sur l’échiquier politique ».  Elle a exhorté le Conseil d’administration du Fonds à accepter un processus d’approvisionnement « fiable et prévisible » pour atteindre un niveau conforme aux besoins urgents des pays en développement. 

Les gens doivent mieux comprendre la vulnérabilité spécifique des petits États insulaires, s’est impatienté le Chef du Groupe durabilité environnementale de l’Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO).  C’est précisément ce que fait l’OECO, qui a œuvré pour l’élaboration d’un cadre de résilience globale pour orienter les priorités et les partenaires.  Une approche participative et inclusive a été adoptée pour que le cadre soit « authentiquement caribéen », a-t-il expliqué, soulignant que la mise en œuvre de la plateforme de résilience envisagée dépend cependant de l’extérieur.  L’incapacité d’articuler des projets prêts à être financés est l’un des plus grands handicaps de ces États, a ajouté l’orateur, qui a aussi cité l’actualisation des codes de construction.  Pour garantir la mise en œuvre de ces codes, des réformes administratives et législatives seront nécessaires.  

Il s’agit de garantir la résilience par l’appui à des projets concrets, a encouragé, le représentant du Dispositif mondial de réduction des effets de catastrophes et de relèvement (GFDRR) de la Banque mondiale.  Il a indiqué que le Canada a annoncé le versement d’une somme de 20 millions de dollars pour un mécanisme de résilience dans les Caraïbes et que la Banque mondiale a désormais une approche proactive avec un volet innovation.  Des fonds ont été débloqués et un nouvel instrument financier a été mis en place pour aider les petits États insulaires, alors que l’apport initial d’1,5 milliard de dollars a été doublé pour aider dans les projets de reconstruction.  Le savoir et le partenariat sont essentiels, a-t-il conclu.

C’est l’adaptation qui changera la donne, ont affirmé les Maldives, au nom des 37 États membres de l’Alliance des PEID, qui ont plaidé pour un partenariat avec la communauté internationale pour des infrastructures résilientes.  Ils ont aussi plaidé pour un appui budgétaire direct parce que les PEID ne sont pas censés créer des mécanismes indépendants des mécanismes ordinaires pour mobiliser les financements extérieurs.  Le représentant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a milité pour que l’on inscrive l’atténuation et la résilience dans toutes les interventions.  Il a dénoncé le « cloisonnement de l’architecture mondiale » car les pays à revenu intermédiaire se heurtent à des difficultés dont ils font prendre sérieusement conscience.  Son homologue de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a souligné la pertinence des systèmes d’alerte précoce comme celui qui est en train d’être mis en place au Siège de l’ONU, à New York.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale plaide pour un « terrain de jeu politique juste » à l’approche des élections du 23 décembre

8397e séance – après-midi
CS/13574

RDC: au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale plaide pour un « terrain de jeu politique juste » à l’approche des élections du 23 décembre

En République démocratique du Congo (RDC), à neuf jours du début de la campagne officielle et à moins de six semaines des élections présidentielles et législatives, prévues le 23 décembre, les parties prenantes restent résolument engagées en faveur de ce processus, malgré des divisions persistantes à propos de l’usage de la machine à voter et de la fiabilité du fichier électoral, a déclaré, cet après-midi au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), Mme Leila Zerrougui.

« Il est d’une importance capitale que les candidats disposent d’un accès égal à l’espace politique pendant la campagne, et que les restrictions imposées aux manifestations pacifiques soient levées », a insisté la Représentante spéciale.  Des progrès supplémentaires dans la mise en œuvre de mesures de renforcement de la confiance sont donc nécessaires, a-t-elle assuré, en recommandant de garantir jusqu’au 23 décembre « un terrain de jeu politique juste ».

Les principaux candidats de l’opposition à l’élection présidentielle se sont entendus, dimanche à Genève, sur une candidature unique, celle de M. Martin Fayulu, qui les représentera dans le cadre d’une nouvelle coalition dénommée Lamuka (« Réveille-toi », en lingala) », a annoncé la haute fonctionnaire.  Mme Zerrougui a souligné que le choix de M. Fayulu comme candidat commun de l’opposition suscitait toutefois de vives contestations parmi les militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et de l’Union pour la Nation congolaise (UNC).  Face à ces contestations, les leaders de l'UDPS et de l'UNC ont annoncé leur retrait de l’accord signé la veille, a-t-elle ajouté.

Quant au Front commun pour le Congo, il vient de présenter l’équipe de campagne de son candidat, M. Emmanuel Ramazani Shadary, dont le programme devrait être dévoilé le 15 novembre, a annoncé Mme Zerrougui.  Forte d’un versement de 322,2 millions de dollars par le Gouvernement, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé la formation d’environ 600 000 personnels électoraux chargés d’assurer le bon déroulement des opérations de vote dans 75 563 bureaux, répartis sur 23 000 sites à travers le pays.

Toutefois, malgré la tenue récente d’un Forum pour la paix et la réconciliation à l’initiative de la Plateforme des confessions religieuses, l’opposition se plaint du rétrécissement de l’espace politique dans le pays, a constaté la Représentante spéciale.  Elle fait état de l’impossibilité de tenir des réunions sur l’ensemble du territoire et de l’accès inéquitable aux médias publics.  Elle condamne également ce qu’elle considère comme « l’usage présumé des ressources de l’État au profit du Front commun pour le Congo », a relaté Mme Zerrougui.

Prenant la parole par visioconférence depuis Kinshasa, Mme Joséphine Mbela, de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), a mis en cause la non application de l’Accord de la Saint-Sylvestre, en particulier des mesures de décrispation politique, qui seraient restées, d’après elle, lettre morte.  Elle en a voulu pour preuve le fait que 54 prisonniers politiques seraient toujours emprisonnés, quatre radios de l’opposition fermées, et des dirigeants de l’opposition toujours en exil, sans compter la poursuite des arrestations ou des appréhensions de militants.

De la Suède à l’Éthiopie, en passant par le Royaume-Uni et les Pays-Bas, les membres du Conseil n’ont pas manqué d’encourager Kinshasa à mettre en œuvre les mesures de renforcement de la confiance, conformément au cinquième volet de l’Accord signé le 31 décembre 2016.  Le représentant congolais a assuré que son gouvernement s’était efforcé de répondre à ces exigences, notamment en relâchant tous les prisonniers « dits politiques », à l’exception de deux individus, incarcérés pour des infractions de droit commun. 

« Par ailleurs, avec 601 partis politiques, 476 stations de radio, 210 chaînes de télévision et 445 titres de presse écrite, la RDC bat tous les records en termes de liberté d’expression, même si tout n’est pas parfait comme d’ailleurs nulle part au monde », s’est enorgueilli le délégué.  Et si certaines manifestations ont été interdites, a-t-il ajouté, cela n’était nullement dans le but d’étouffer la liberté d’expression, mais plutôt afin d’éviter des troubles à l’ordre public lorsque ces rassemblements présentaient le risque de dégénérer en « désordre ».

Alors que la campagne pour ces élections commence dans 10 jours seulement, la France a rappelé que l’Accord de la Saint-Sylvestre de 2016 prévoit la levée de l’interdiction générale de manifester.  Si, par ailleurs, cette délégation a dit respecter la décision du Gouvernement congolais d’organiser les élections « sans aide extérieure », plusieurs autres, dont la Suède, l’Éthiopie ou les Pays-Bas lui ont rappelé que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) restait disposée à prêter un soutien logistique à l’organisation des scrutins de décembre, « en cas de besoin ».

La MONUSCO, qui est dans l’est du pays la cible d’attaques perpétrées par les miliciens des Forces démocratiques alliées et des Maï-Maï, lesquels s’en prennent également aux Forces armées congolaises et aux civils, s’est alarmée Mme Zerrougui.  Or, ces violences aggravent l’épidémie d’Ebola déclarée en RDC le 1er août dernier, en provoquant les déplacements de population dans la partie orientale du pays, et au-delà.  Dès lors, les opérations armées de ces groupes non-étatiques posent un réel « risque d’interférence » avec le processus électoral, notamment au Tanganyika, et dans les Kivus, a-t-elle prévenu, rejointe sur ce point par le représentant congolais.

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Déclarations

À neuf jours du début de la campagne officielle et à moins de six semaines de la date des élections présidentielle et législatives congolaises, Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré qu’en dépit de la persistance de divisions sur l’usage de la machine à voter et la fiabilité du fichier électoral, toutes les parties prenantes restent résolument engagées en faveur de ce processus.  « Les principaux candidats de l’opposition à l’élection présidentielle se sont entendus dimanche à Genève sur une candidature unique.  À l’issue d’un conclave de trois jours facilité par la Fondation Kofi Annan, ils ont désigné M. Martin Fayulu pour les représenter dans le cadre d’une nouvelle coalition dénommée Lamuka (« Réveille-toi », en « lingala) », a annoncé la haute fonctionnaire.  La coalition a annoncé la prochaine organisation d’un meeting à Kinshasa pour présenter le candidat commun de l’opposition, son programme et l’état-major de la campagne, a-t-elle précisé.  Le choix de M. Fayulu comme candidat de l’opposition est toutefois vivement contesté parmi les militants de l’UDPS et de l’UNC, dont les dirigeants ont annoncé leur retrait de l’accord signé la veille, a observé Mme Zerrougui. 

Pour sa part, le Front commun pour le Congo vient de présenter l’équipe qui soutiendra la campagne de son candidat, M. Emmanuel Ramazani Shadary, dont le programme devrait être dévoilé le 15 novembre.  Le 31 octobre, le Président Joseph Kabila a présidé une réunion interministérielle d’évaluation du processus électoral à laquelle la MONUSCO a été invitée à participer.  Forte d’un versement de 322,2 millions de dollars par le Gouvernement, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé la formation d’environ 600 000 membres du personnel électoral pour assurer le bon déroulement des opérations dans 75 563 bureaux de vote, répartis sur 23 000 sites.  Parallèlement à des milliers d’observateurs de la société civile congolaise, une mission d’observation électorale de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) sera déployée.

Mais, malgré la tenue récente d’un Forum pour la paix et la réconciliation par la Plateforme des confessions religieuses, l’opposition se plaint du rétrécissement de l’espace politique.  Elle se plaint « notamment de l’impossibilité de tenir des réunions sur l’ensemble du territoire et de l’accès non équitable aux médias publics ».  Elle condamne également ce qu’elle considère comme « l’usage présumé des ressources de l’État au profit du Front commun pour le Congo », a expliqué Mme Zerrougui. 

Après avoir indiqué qu’elle poursuivrait sa mission de bons offices, la Représentante spéciale a fait état des défis qui se posent dans le pays, à commencer par la situation au cours des derniers mois à Beni, où les civils, les Forces armées de la RDC (FARDC) et la MONUSCO sont visés par des attaques perpétrées par les Forces démocratiques alliées et les Maï-Maï, au moment où la communauté internationale est mobilisée par la lutte contre l’épidémie d’Ebola dans la même région.  Par ailleurs, il existe un réel risque d’interférence des groupes armés dans le processus électoral dans des zones spécifiques de l’est de la RDC, notamment au Tanganyika, dans le Sud-Kivu et dans les secteurs des Grand et Petit Nord du Nord-Kivu.  Enfin, la MONUSCO surveille de près la situation dans les Kassaï, à la suite du retour forcé de migrants congolais en provenance d’Angola.  Compte tenu du rythme des retours, de la capacité limitée d’accueil des personnes de retour, et des difficultés auxquelles elles font face une fois rentrées, il existe un risque de tensions ethniques dans certaines zones de la province, a mis en garde Mme Zerrougui. 

« Dans ce contexte changeant, nous devons collectivement veiller à ce que ces élections attendues depuis longtemps soient crédibles », a-t-elle exhorté.  « Il est d’une importance capitale que les candidats disposent d’un accès égal à l’espace politique pendant la campagne, et que les restrictions imposées aux manifestations pacifiques soient levées », a prévenu la Représentante spéciale.  Elle a espéré des progrès supplémentaires dans la mise en œuvre de mesures de renforcement de la confiance et recommandé de garantir jusqu’au 23 décembre « un terrain de jeu politique juste », afin de renforcer de manière significative la crédibilité du processus et de contribuer à la stabilité postélectorale.

Mme JOSÉPHINE MBELA, de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), a fait état d’une « situation politique tendue », résultat de la non-application de l’Accord de la Saint-Sylvestre.  Elle en a donné pour preuve que 54 prisonniers politiques sont restés emprisonnés; que quatre radios de l’opposition sont fermées; et que des dirigeants de l’opposition sont toujours en exil, y compris M. Moïse Katumbi.  Mme Mbela a ensuite exprimé ses préoccupations quant à la situation des droits de l’homme en dénonçant notamment les violences sexuelles, les rétrécissements des libertés publiques, l’instrumentalisation de la justice, ainsi que l’impunité des hauts responsables des services de sécurité et des agents des forces de l’ordre.  Trois militants de l’opposition ont été arrêtés il y a trois jours, tandis que 17 membres du Mouvement citoyen ont été appréhendés pour avoir encouragé les gens à lutter contre la corruption, a encore énuméré Mme Mbela.

Pour ce qui est de la participation des femmes au processus électoral, elle a regretté qu’elles soient moins nombreuses que prévu à être inscrites sur la liste électorale:  seulement 12% des femmes sont inscrites, au lieu des 30% de représentation minimale des femmes dans les institutions publiques selon la loi.  Mme Mbela a aussi reconnu que travailler pour défendre les droits de l’homme est dangereux pour les femmes.  « Je me suis engagée en dépit des risques pour le bien-être de la population », a-t-elle témoigné. 

L’ACAJ, a poursuivi la responsable, recommande au Gouvernement des « mesures de décrispation politique » notamment par la libération des prisonniers d’opinion, la lutte contre l’impunité des responsables des services de sécurité, ou encore la promotion du leadership féminin.  À la CENI, elle recommande de trouver un consensus sur l’utilisation des machines à voter.  Concernant la MONUSCO, la militante a suggéré de multiplier les patrouilles pour prévenir les attaques des groupes armés.  Enfin, s’adressant au Conseil de sécurité, la représentante de l’ACAJ lui a demandé de rester mobiliser pour la protection des civils, en particulier à Beni, et pour la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré que la RDC est à un moment crucial de son histoire: La France est convaincue qu’il existe aujourd’hui une opportunité historique avec les élections du 23 décembre pour un transfert démocratique et pacifique du pouvoir.  Des progrès ont été faits en ce sens, notamment ceux déployés par la CENI, a reconnu le représentant, ajoutant cependant que ces avancées techniques n’auront de sens que si tous les candidats sont convaincus de pouvoir concourir librement et si le peuple congolais a confiance que son vote sera pris en compte.  Pour cela, la confiance dans le processus est clef, a estimé M. Delattre qui a prôné un dialogue entre toutes les parties pour répondre aux questions techniques posées.

Alors que la campagne pour ces élections commence dans 10 jours seulement, la France rappelle que l’Accord de la Saint-Sylvestre de 2016 prévoit la levée de l’interdiction générale de manifester.  Elle espère sincèrement que le Gouvernement, comme les candidats de l’opposition, honoreront cet Accord, pour le bien du peuple congolais.  La France respecte par ailleurs la décision du Gouvernement congolais d’organiser les élections sans aide extérieure, a dit le représentant avant d’indiquer toutefois que la France reste disposée, à travers la MONUSCO, à apporter un appui à l’organisation de ces élections, « si le Gouvernement congolais en faisait la demande ».

Mme NIKKI R.  HALEY (États-Unis) s’est adressée aux citoyens congolais à l’approche des élections dans leur pays, résumant leurs désirs communs de sécurité et de liberté.  « Il y a des voix qui disent aux Congolais que la démocratie n’est pas le moyen de combler leurs espoirs.  Elles veulent que vous croyiez qu’un gouvernement représentatif est trop risqué et trop inefficace.  Elles vous demandent de continuer à faire confiance à un gouvernement qui n’assume pas ses responsabilités devant vous », a noté Mme Haley.  « Ces voix sont fausses », a-t-elle tranché, avant d’affirmer qu’en dépit de sa perfectibilité, « la démocratie en vaut la peine ». 

Un processus démocratique est en cours en RDC, lequel a débuté avec l’Accord de la Saint-Sylvestre, a poursuivi Mme Haley.  Elle a rappelé que ce processus avait été renforcé par un calendrier électoral et un processus clair pour les élections du 23 décembre 2018.  Ce processus, a-t-elle continué, a pris de l’élan avec l’engagement pris par le président Kabila à ne pas se présenter à ces élections.  « Maintenant, la démocratie au Congo est sur le point de passer le test le plus important.  C’est une opportunité historique », selon Mme Haley.  Notant que le gouvernement congolais a clairement indiqué qu’il organiserait des élections le 23 décembre et qu’il le ferait sans l’aide de la communauté internationale, elle a dit respecter son droit souverain de prendre cette décision, en soulignant ses conséquences énormes pour le peuple congolais.  Mais elle a mis en garde qu’il n’y aurait aucune excuse pour tout échec ou retard éventuels.  « Il ne reste plus, pour les dirigeants de la RDC, qu’à manifester leur volonté de suivre la voie démocratique qui leur a été donnée », a-t-elle conclu.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée-Équatoriale) a salué les efforts du Gouvernement congolais à lutter contre l’épidémie d’Ebola.  Le représentant a dit que la stabilité en RDC est importante pour la stabilité de toute la région, y compris en Guinée-Équatoriale.  Le processus électoral a connu des progrès réels, a-t-il noté en saluant notamment les mesures de décrispation politique et le versement par le Gouvernement d’une somme importante à la CENI pour la bonne organisation des élections.  « Il faut renforcer ce processus pour que tous les citoyens puissent exercer leur droit de vote.  Il faut continuer à œuvrer pour que les activités politiques s’organisent dans la paix et que le processus électoral se déroule normalement. »

Les machines à voter et la décrispation politique sont également très importantes, a réitéré le représentant pour qui le succès du processus électoral dépend des mesures prises pour garantir la stabilité du pays.  Il a également rappelé l’engagement du Président Joseph Kabila à respecter la Constitution du pays et à garantir le financement par le Gouvernement du processus électoral.  C’est la preuve du dévouement du Président pour son pays, a estimé M. Mbengono. 

La situation sécuritaire dans le Beni mérite notre attention, a continué le délégué: « il faut prendre des mesures pour protéger les civils, avec le soutien de la MONUSCO ».  Il a appelé les groupes armés à cesser les attaques et demandé aux autorités d’assurer la reddition de la justice, afin que les responsables des violations soient jugés.  Il faut également mettre un terme aux exploitations illégales des ressources naturelles congolaises, a ajouté le représentant qui y voit une source d’instabilité du pays.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué les efforts du Gouvernement de la RDC et de la CENI pour respecter le calendrier électoral et organiser des élections transparentes, libres, crédibles et ouvertes le 23 décembre prochain.  Dans le cadre du scrutin, le représentant a appelé à respecter pleinement le droit des citoyens congolais à la liberté d’association, ainsi que la liberté de la presse. 

En outre, le représentant a souligné l’importance pour l’ensemble des acteurs politiques de respecter les termes de l’Accord politique du 31 décembre 2016 et de prendre, à cette fin, des mesures visant à instaurer un climat de confiance.  Il a également exhorté la classe politique à coopérer avec le Gouvernement et la CENI pour régler toutes les questions d’ordre logistique liées à l’utilisation des machines à voter, dans le but de garantir le bon déroulement du scrutin.

Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est du pays, ainsi que par l’épidémie d’Ebola.  Il a condamné les récentes attaques contre des civils et des membres du personnel de santé, perpétrées par des groupes armés dans le territoire de Beni et la province de l’Ituri.  Il a conclu en appelant la communauté internationale et les organisation régionales et sous-régionales à suivre de près le déroulement du scrutin et la période post-électorale, afin d’appuyer le mieux possible la construction d’une paix durable en RDC.

M. IBRAHIMA TOURE (Côte d’Ivoire) a salué la CENI pour la bonne tenue du processus électoral qui entrera dans une phase cruciale avec l’ouverture de la campagne officielle le 22 novembre 2018.  Il a donc appelé tous les acteurs politiques congolais à créer un environnement favorable à la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles le 23 décembre 2018.  À la veille de ce coup d’envoi, la situation sanitaire dans l’est de la RDC, marquée par la persistance de l’épidémie d’Ebola, demeure un sujet de préoccupation.  En effet, le contexte de campagne électorale qui entraînera d’importants mouvements et rassemblements de population, fait craindre des risques élevés de propagation de la maladie. 

La délégation ivoirienne a donc appelé les autorités sanitaires nationales et internationales à la vigilance, en vue du renforcement des mesures préventives pendant cette période électorale.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de la mission conjointe d’évaluation de la situation sur le terrain, effectuée en RDC le 5 novembre dernier par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et par le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est concentré sur trois aspects importants de la préparation des élections, à savoir une confiance renforcée, un espace démocratique et un appui international.  Le désaccord sur les machines à voter et la liste électorale, ainsi que l’incertitude sur la livraison à temps des équipements électoraux, ont préoccupé le représentant.  Il a recommandé à la Commission nationale électorale indépendante (CENI) et aux autres parties prenantes de la société civile de sensibiliser le public sur le processus électoral, notamment sur les machines à voter, soulignant que c’est particulièrement important en dehors de Kinshasa. 

Le représentant a poursuivi en relevant que les restrictions de l’espace public continuent d’entraver les perspectives d’élections crédibles.  L’Accord du 1er janvier et les mesures de renforcement de la confiance doivent être pleinement mis en œuvre par toutes les parties, a-t-il exigé, en ajoutant que les candidats doivent avoir les mêmes possibilités de faire campagne.  En outre, les observateurs des élections de la société civile doivent être autorisés à mener leurs travaux sans interférence.  Le représentant a recommandé la participation pleine et égale des femmes, ce qui nécessite des informations claires sur les droits de vote et l’inscription sur la liste électorale.  Il a également demandé de traiter le problème de la violence, notamment sexuelle et sexiste, et d’autres violations des droits de l’homme.

Le délégué a appelé l’ONU et la MONUSCO à continuer d’aider le Gouvernement et la CENI avant, pendant et après les élections.  L’assistance technique et les bons offices du Représentant spécial du Secrétaire général sont essentiels, estime la Suède pour qui la MONUSCO devrait rester prête à soutenir les préparations logistiques des élections.  Le représentant a encore plaidé pour la sécurité du personnel de l’ONU, des observateurs internationaux, des Casques bleus et des experts travaillant en RDC, en soulignant que le Gouvernement porte la responsabilité première non seulement de protection de ces personnels mais aussi de justice à l’encontre des auteurs des violations.  Il a rappelé à cet égard que les attaques contre les Casques bleus, le personnel de l’ONU et les experts sont des infractions passibles de sanctions en vertu du droit congolais. 

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a rappelé que les membres du Conseil de sécurité avaient eu l’occasion, durant leur visite récente en RDC, de s’entretenir avec la CENI et le Président Joseph Kabila sur le futur scrutin.  Dans ce contexte, la représentante a estimé qu’il convenait de soutenir pleinement les efforts que déploie le Gouvernement de la RDC pour s’en tenir au calendrier électoral prévu, dans le respect des engagements pris lors de l’Accord de la Saint Sylvestre, Accord qu’il a appelé à mettre en œuvre dans son intégralité.

La représentante a, en outre, appelé le Gouvernement et l’opposition à travailler de concert pour prendre des mesures visant à instaurer un climat de confiance.  Elle a précisé que le Gouvernement devait prendre l’initiative sur cette question.  Dans cette perspective, la déléguée bolivienne a condamné les appels à la mobilisation susceptibles d’entraîner des violences.

Elle a appuyé les efforts de la CENI qui visent à mobiliser les partis politiques autour de la formation d’observateurs à l’utilisation des machines à voter.  Elle a salué l’appui du processus électoral que fournissent la MONUSCO, le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs.  En outre, la représentante a appelé le Conseil à imposer des sanctions à l’encontre des réseaux criminels qui font obstacle au contrôle par le Gouvernement de la RDC des ressources naturelles du pays, y compris les groupes armés et les « facilitateurs commerciaux et financiers ».  Le Conseil doit enquêter sur les entreprises qui alimentent ces réseaux criminels en RDC, a-t-elle ajouté. 

Pour la paix et la stabilité en RDC, a dit Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie), le peuple congolais doit pourvoir exercer son droit démocratique et choisir ses dirigeants pendant les élections inclusives et transparentes prévues le 23 décembre 2018.  « Nous espérons que toutes les parties prenantes nationales et les politiciens respecteront l’intérêt du peuple et s’abstiendront de faire des déclarations incendiaires », a ajouté la représentante.  Dans ce contexte, elle a réitéré l’appel de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui a souligné l’importance de la mise en œuvre des mesures de renforcement de la confiance par le Gouvernement. 

La représentante a aussi encouragé la CENI à tirer parti de la volonté de l’ONU de fournir un soutien technique et logistique au bon déroulement des élections du 23 décembre.  Le soutien de la MONUSCO dans la gestion des entrepôts, ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies et de procédures de formation pour 440 000 membres du personnel électoral, en plus de la participation des femmes, mérite d’être salué, a estimé la déléguée qui avant de terminer, s’est félicitée de la visite du Directeur général de l’OMS et du Secrétaire général adjoint, M. Jean-Pierre Lacroix, dans l’épicentre de l’épidémie d’Ebola, pour rencontrer les travailleurs sanitaires, les représentants de la société civile, les Casques bleus et les autorités locales.  Cette visite envoie un message clair sur la gravité de l’épidémie et le défi sécuritaire, a-t-elle estimé. 

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a identifié le renforcement de la confiance entre tous les acteurs politiques et sociaux congolais comme une condition préalable et propice à un processus électoral crédible.  Il s’est ensuite déclaré préoccupé des informations nombreuses à faire état en RDC de restrictions à la liberté d’expression et à la liberté de réunion, ainsi que de violations de la liberté de la presse.  Sa délégation a donc encouragé le Gouvernement à poursuivre le dialogue, à pleinement mettre en œuvre l’Accord de la Saint-Sylvestre, à veiller à l’égalité des chances pour toutes les parties prenantes au processus électoral et à ouvrir l’espace public.

L’Accord de la Saint-Sylvestre, a rappelé le représentant, fait également mention de la remise en liberté de tous les prisonniers politiques restants, dont des militants d’organisations de la société civile et de défense des droits de l’homme.  Il a en outre appelé les organisations régionales et sous-régionales pertinentes, ainsi que les États voisins, à continuer d’apporter un soutien cohérent et efficace au processus politique en RDC. 

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) a noté les progrès du Gouvernement de la RDC sur le plan politique, avec la préparation d’élections dans des conditions « claires et transparentes », impliquant les femmes et respectant les échéances du calendrier électoral.  Louant la volonté du Gouvernement congolais d’assumer entièrement leur organisation, il s’est félicité que soient octroyés à la CENI les moyens de transport nécessaires pour le déploiement en temps et en heure du matériel électoral à travers le pays.  Notant également la nature pacifique des récentes manifestations autorisées par le Gouvernement à Kinshasa, il a appelé toutes les parties à continuer à dialoguer de manière tolérante et constructive.  Il a aussi encouragé les autorités à travailler de façon coordonnée avec la MONUSCO pour assurer la sécurité nécessaire durant chaque phase des élections.

Au-delà de ces élections, le représentant a appelé les autorités à traiter les causes profondes du conflit, en soutenant le travail de la communauté internationale et des partenaires régionaux.  Inquiet de l’activité de groupes armés dans l’est du pays posant un risque important pour les populations civiles, il a condamné les attaques sur ces derniers, y compris les rapts d’enfants, et considéré comme crucial le renforcement des capacités des FARDC, les Forces armées du pays.  Concernant l’Ebola, il a constaté que les mesures collectives pour contenir l’épidémie fonctionnaient, mais que les conditions demeuraient dangereuses, ce qui l’a conduit à demander à la communauté internationale de maintenir son aide efficace.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a salué les avancées dans la mise en œuvre du calendrier électoral, marquée notamment par la distribution du matériel et la formation du personnel des bureaux de vote, avant de rappeler au Gouvernement de la RDC que la MONUSCO reste disposée à contribuer au soutien logistique.  Elle a noté les défis qui subsistent, tels que le manque de confiance et la restriction de l’espace politique, et exhorté les partis à faire campagne de manière constructive. 

Mme van Haaren a souligné la nécessité d’ouvrir davantage encore l’espace politique.  Elle a appelé les autorités à lever l’interdiction totale de manifester et à respecter la liberté d’expression, avant de demander la libération des 130 prisonniers politiques.  « Il est essentiel de renforcer la confiance et de trouver un consensus entre les partis politiques et la CENI. »

Enfin, la déléguée a insisté sur la tâche colossale qui attend le vainqueur, lequel devra faire face aux défis qui subsistent en RDC, en particulier sécuritaire.  Les attentats perpétrés dans la région de Béni sont inacceptables et menacent la lutte déjà incertaine contre l’épidémie d’Ebola, a-t-elle dit.  « Pour éliminer durablement les racines du conflit et de l’instabilité en RDC, il est indispensable qu’une passation de pouvoir démocratique fasse suite à des élections crédibles, pacifiques et transparentes. »

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a pris note du fait que les préparatifs électoraux en RDC se déroulent conformément au calendrier fixé, ainsi que de la publication de la liste finale des candidats, lesquels devront souscrire à un code de conduite.  Il a appelé les parties prenantes à renoncer à mener des campagnes négatives, et à ne pas déstabiliser la situation en raison des divisions que suscite l’utilisation de machines à voter.  Les préparatifs logistiques sont déjà en cours pour les élections de décembre, et nous respectons la décision du Gouvernement congolais de s’en occuper sans le soutien de la communauté internationale, a déclaré le représentant. 

La délégation russe a, cependant, appelé à ne pas négliger les possibilités logistiques offerte par la MONUSCO.  Le rôle de la Mission dans le processus électoral, a précisé le représentant, doit rester confiné aux limites que lui impose son mandat.  Il a, en conclusion, encouragé les pays signataires à pleinement mettre en œuvre dans l’est du pays l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a relevé que la RDC est à la croisée des chemins: les élections de décembre 2018 pourraient être la première occasion d’un transfert démocratique du pouvoir dans le pays.  Une RDC stable est une source de prospérité et de stabilité non seulement pour le pays mais aussi pour le monde, a estimé le représentant qui a salué les efforts du Gouvernement congolais en matière de liste électorale et la non-présentation de M. Kabila à la présidentielle.  Il a appelé tous les acteurs du pays à veiller à ce que le droit civil et politique des électeurs soit respecté. 

Tous les partis politiques doivent pouvoir se réunir pacifiquement, a-t-il ajouté tout en reconnaissant qu’il était inquiet des dernières arrestations parmi les manifestants opposés au Gouvernement.  Le délégué a demandé à M. Kabila de respecter ses promesses et aux partis politiques de faire des manifestations pacifiques.  Le Gouvernement, les partis politiques et la CENI doivent dialoguer pacifiquement, y compris sur la question des machines à voter et la liste électorale, a-t-il recommandé.  Le représentant a encore demandé aux acteurs de répondre aux attentes de la société civile, encourageant notamment la CENI à mettre en œuvre les différentes recommandations sur l’utilisation des machines à voter afin de renforcer la confiance des électeurs.  « La population a beaucoup à gagner dans ces élections », a-t-il conclu en appelant à mettre de côté les ambitions politiques. 

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a déclaré qu’à la veille des élections présidentielle et législatives, l’accent doit être mis sur la mise en œuvre des mesures de confiance prévues par l’Accord de la Saint-Sylvestre.  La question des machines à voter continue également de poser un défi de taille, que le Gouvernement devra surmonter avec l’accord de toutes les parties prenantes, a souhaité la délégation.  S’il a salué l’engagement pris par Kinshasa à organiser les élections par ses propres moyens, le représentant s’est en revanche déclaré alarmé de la situation dans l’est de la RDC, où 10,5 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.  Il a également pris la mesure de l’étendue de l’épidémie d’Ebola, qui provoque des déplacements de population, y compris dans les pays voisins, en espérant que les efforts en cours permettraient de l’endiguer. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a salué les efforts du Gouvernement congolais et de la CENI dans la préparation des élections.  Le représentant a également salué « l’approche congolaise » des élections.  Pour le délégué chinois, néanmoins, les défis de la sécurité et de l’épidémie d’Ebola doivent être résolus dans le respect de la souveraineté de la RDC.  La priorité consiste à veiller au déroulement sans heurts des élections, a dit le représentant à l’intention non seulement de la communauté internationale mais aussi des parties prenantes congolaises. 

Tous les acteurs du pays doivent résoudre les différends de manière pacifique, a-t-il réitéré.  Les acteurs régionaux et internationaux doivent également agir en respectant la souveraineté de la RDC.  S’agissant de la lutte contre l’épidémie d’Ebola, le représentant a demandé à la communauté internationale de répondre activement à l’appel à l’aide humanitaire de la RDC.  La Chine contribue dans ce domaine, avec la communauté internationale, a fait valoir le délégué.

M. IGNACE GATA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo) a affirmé qu’à « plus ou moins un mois et demi de la date prévue pour l’élection présidentielle du 23 décembre 2018 », et conformément au calendrier électoral, « les préparatifs se déroulent bien ».  Il a précisé que toutes les activités qui devaient être entreprises avant l’avènement de la date tant attendue ont été accomplies.  Parmi celles-ci, la CENI a procédé au recrutement des 511 901 agents électoraux, à la sensibilisation et à la formation des électeurs à l’usage de la machine à voter et à l’application du Code de bonne conduite.  Elle a également déployé le matériel électoral dans tout le pays et accompli les opérations d’accréditation des témoins, observateurs et journalistes, entre autres.

S’agissant du financement, « tout se passe aussi correctement que prévu et conformément au plan de décaissement établi. » Plus de 72% des sommes budgétisées ont déjà été décaissées et le Gouvernement s’emploie à mettre à disposition de la CENI les moyens requis pour les étapes critiques restantes, dont le montant restant à décaisser est évalué à 122 millions de dollars.

Sur le plan sécuritaire, des éléments supplémentaires de la police ont été recrutés et formés et seront bientôt déployés suivant le plan de sécurisation en cours d’élaboration.  Une partie de ces éléments sera affectée à la sécurisation des candidats à l’élection présidentielle.  Par ailleurs, concernant la gestion du contentieux électoral, les juridictions d’appels ont été installées dans les 26 provinces, tandis que les magistrats chargés d’y siéger ont été recrutés et formés, a encore assuré le représentant. 

Abordant les sujets de préoccupations, M. Gata Mavita Wa Lufuta a dit être convaincu que les échanges que les membres du Conseil de sécurité ont eu avec la CENI, lors de leur visite le mois dernier en RDC, avaient permis de « dissiper toutes les appréhensions ».  « En effet, quand on se trouve face à 35 016 candidats, pour trois élections combinées qui se déroulent en une seule fois, la machine à voter est le mode le plus facile à utiliser par rapport au registre de 54 pages reproduisant les photos des candidats », a déclaré le représentant.

Concernant les mesures de confiance et la restriction de l’espace politique, le Gouvernement a pris une série de mesures pour répondre aux exigences de l’Accord politique du 31 décembre 2016, a poursuivi le délégué en indiquant qu’il avait libéré des prisonniers « dits politiques », à l’exception de deux personnes encore détenues non pour des raisons politiques, mais pour des infractions de droit commun.  Par ailleurs, avec 601 partis politiques, 476 stations de radio, 210 chaînes de télévision et 445 titres de presse écrite, la RDC bat tous les records en termes de liberté d’expression, même si tout n’est pas parfait comme d’ailleurs nulle part au monde, a-t-il encore affirmé. 

Dans ce contexte, la délégation ne partage pas l’avis selon lequel aucun progrès n’a été fait dans l’application des mesures de confiance.  Il estime aussi, s’agissant des manifestations publiques à Kananga dans le Kasaï central et à Kinshasa, que si certaines ont été interdites, cela n’était nullement dans le but d’étouffer la liberté d’expression, mais plutôt pour éviter des troubles à l’ordre public lorsqu’il était établi qu’elles pouvaient dégénérer et provoquer des « désordres ». 

Concluant son intervention, M. Gata Mavita Wa Lufuta a déclaré que, si la situation sécuritaire semble relativement calme sur l’ensemble du pays, celles qui prévalent à Béni et à Butembo dans le Nord-Kivu demeurent préoccupantes, suite aux attaques répétées des rebelles et notamment des Forces démocratiques alliées - Armée nationale de libération de l’Ouganda.  Cette situation « peut avoir un impact négatif sur le déroulement des élections dans cette partie du pays et sur la riposte contre l’épidémie du virus Ebola », a-t-il prévenu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: inquiétudes face à la violation des droits des Palestiniens et à l’impunité d’Israël

Soixante-treizième session,
26e séance – après-midi
CPSD/686

Quatrième Commission: inquiétudes face à la violation des droits des Palestiniens et à l’impunité d’Israël

L’examen, aujourd’hui, par la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation), des pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, a fait rejaillir, comme lors des sessions précédentes, des condamnations très fermes des actions d’Israël, mais aussi de l’impunité dont jouirait, selon certains, cet État.

Les délégations étaient notamment saisies de plusieurs rapports établis par le Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.

Face à un contexte marqué par la poursuite de la politique de peuplement d’Israël, l’augmentation des actes de violence commis par les colons, la réaction d’Israël à la « Grande Marche du retour », ainsi que l’adoption, cet été, de la loi sur l’État-nation juif, la délégation de l’État de Palestine a appelé à prendre des mesures de reddition de comptes d’envergure.

« De toute évidence, et comme vient le rappeler l’agression militaire de ces derniers jours, Israël continuera d’agir en toute impunité, se comportant comme un État au-dessus de la loi, bafouant les droits de notre peuple et détruisant toutes les chances de paix, avec les répercussions sérieuses que cela présuppose pour les Palestiniens et les Israéliens ainsi que la paix et la sécurité au Moyen-Orient et au-delà », a notamment averti la délégation, qui a décrié le refus « absolu » d’Israël de se plier aux dispositions de la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité. 

La délégation palestinienne a également vivement dénoncé la « férocité » de l’agression d’Israël contre des civils manifestant « pacifiquement » dans le cadre de la « Grande Marche du retour », ainsi que le blocus de la bande de Gaza, « forme de punition collective la plus scandaleuse » qui, a-t-elle averti, mène Gaza au bord du précipice et aggrave le risque de radicalisation des jeunes. 

« Ces rapports sont une triste chronique d’une situation qui brise le cœur – un conte sans fin des souffrances des Palestiniens plongés dans les ténèbres », a renchéri le Pakistan.  « Assez! » a estimé l’Égypte dont le représentant a avoué sa lassitude après 50 ans de négociations, de condamnations, de rapports, constatant que « les mots n’ont plus de sens et n’ont plus d’impact ».

Ces rapports sont « déjà dépassés et caducs », a tranché la Libye et le débat, « superflu et peu réaliste » face à « la guerre » dont Gaza est le théâtre.  Les justifications qui seront présentées par Israël le seront comme chaque fois au nom de sa sécurité, mais que peut attendre Israël « d’un peuple chassé de ses terres et privé d’espoir? » a demandé la délégation libyenne, en rappelant les « 86 résolutions du Conseil de sécurité et les 705 de l’Assemblée générale ignorées et violées par Israël ».  « Attention! » a mis en garde le représentant libyen: « la philosophie de la vie et celle de la mort » sont les mêmes désormais pour les jeunes palestiniens à bout d’espoir et, à ce jeu-là, personne ne pourra l’emporter.

De nombreuses délégations, dont le Venezuela au nom du Mouvement des pays non alignés, Cuba, l’Égypte, le Qatar, l’Arabie saoudite, au nom de la Ligue des États arabes ont pris la parole pour dénoncer eux aussi le blocus de Gaza entré dans sa douzième année et la poursuite des activités de peuplement, dénonçant que ces agissements restent impunis, malgré la violation flagrante des résolutions de l’ONU et « les nombreux appels de la communauté internationale à y mettre fin ». 

L’absence de reddition de comptes est d’ailleurs apparue pour de nombreuses délégations comme un facteur aggravant d’une situation volatile, aussi l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a appelé les États Membres à prendre des mesures et à adopter des résolutions juridiquement contraignantes pour tenir Israël responsable de ses « crimes de guerre ».

Pour le Liban voisin, la communauté internationale se doit de mettre fin à cette impasse et de passer « de la phase de documentation à celle de l’application du droit international ».

Le représentant d’Israël, qui s’était brièvement exprimé après la présentation des rapports, a repris la parole en fin de réunion pour dénoncer, lors d’un droit de réponse, « la diabolisation » de son pays.

« Pourquoi Israël est considéré comme si terrible?  La réalité, c’est la haine des Juifs qui est diffusée sans cesse dans les pays arabes », a-t-il asséné.  « Nous savons que si nous déposions les armes aujourd’hui, nous cesserions immédiatement d’exister », a-t-il regretté.  Mais il a aussi expliqué l’impasse actuelle par la « division » du camp palestinien, notant qu’il est presque impossible pour les hauts représentants palestiniens de se rendre à Gaza, qui est contrôlé par le Hamas.

« Il faut que les Palestiniens se réconcilient avec eux-mêmes et qu’ils cessent d’inculquer des idées néfastes à leurs enfants », a-t-il déclaré, soulignant qu’il sera impossible de mettre fin à la tragédie qui frappe les Palestiniens tant que ces derniers n’accepteront pas Israël.

La Quatrième Commission poursuivra ce débat demain, mercredi 14 novembre, à partir de 10 heures.

RAPPORT DU COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ENQUÊTER SUR LES PRATIQUES ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DE L’HOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS

Présentation de rapports

M. SATYA RODRIGO, Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, a noté que, comme lors des années précédentes, le Gouvernement israélien n’avait pas donné suite à la demande du Comité spécial demandant un accès aux territoires palestiniens occupés ou au Golan syrien occupé.  Le Comité spécial s’est donc rendu à Amman du 17 au 19 juillet pour s’entretenir avec les autorités palestiniennes et des responsables de l’ONU, ainsi que des représentants de la société civile israélienne, palestinienne et syrienne, des victimes et des témoins.

Sur la base de briefings et de témoignages, a-t-il déclaré, le rapport fournit des informations actualisées sur plusieurs sujets de préoccupation, notamment l’expansion continue des colonies de peuplement israéliennes; l’exploitation des ressources naturelles; le blocus de Gaza; l’absence de reddition de comptes; la détention d’enfants et le recours à la détention administrative; ainsi que l’hostilité envers les organisations de défense des droits de l’homme dans les territoires occupés.

S’agissant de l’élargissement des colonies de peuplement, il a indiqué que la démolition de maisons palestiniennes par les forces de sécurité israéliennes était l’un des sujets de préoccupation les plus fréquemment cités, précisant que les démolitions sont souvent justifiées sous prétexte qu’aucun permis n’a été délivré.  Selon les informations reçues par le Comité spécial, les forces de sécurité israéliennes ont démoli 213 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, entraînant le déplacement de 579 personnes entre juillet 2017 et juillet 2018.  Les structures fournies par les États au titre de l’aide humanitaire sont également démolies, a-t-il rapporté, citant la destruction, en février 2018, de deux salles de classe construites pour la communauté bédouine d’Abou Nuwar, avec l’aide de donateurs.

En ce qui concerne la situation à Gaza, il s’est dit particulièrement préoccupé par le recours excessif à la force par les forces de sécurité israéliennes lors des manifestations qui ont débuté en mars 2018 près de la clôture entre Gaza et Israël.  Le Comité spécial a appris que, au 31 octobre, 228 Palestiniens, dont 43 enfants, avaient été tués.  Il a souligné que les forces israéliennes devaient respecter les instruments internationaux relatifs à l’application du droit, exprimant ses préoccupations face à « une culture de l’impunité ».  Il s’est aussi inquiété des nouvelles restrictions à l’importation de marchandises à Gaza suite au lancement de cerfs-volants incendiaires depuis l’enclave vers Israël, avertissant que cette situation aggrave encore la crise de l’électricité et menace la fourniture des services essentiels.  L’accès des habitants de Gaza aux soins de santé s’est détérioré depuis le début des manifestations, a-t-il indiqué, précisant que les autorités israéliennes refusaient ou retardaient régulièrement les autorisations de sortie facilitant l’accès aux soins des Palestiniens blessés lors des manifestations.

Le Comité spécial s’est également inquiété de la détention administrative arbitraire de Palestiniens, souvent sur la base d’informations secrètes auxquelles le détenu n’a pas accès, ni la possibilité de le contester.  Son Président s’est également alarmé du fait que les arrestations d’enfants augmentent.

Dans le Golan syrien occupé, a-t-il enchaîné, des informations font état d’une expansion des colonies de peuplement et du détournement de ressources naturelles, telles que l’eau, pour appuyer le développement d’Israël.  En outre, selon les représentants d’organismes rencontrés par le Comité spécial, les élections locales organisées en octobre 2018 visaient à imposer la souveraineté d’Israël sur le territoire.  De plus, les pratiques discriminatoires à l’encontre des Palestiniens et des Syriens se multiplieraient, ce qui entraîne une détérioration rapide de la situation des droits de l’homme et de la situation humanitaire dans les territoires occupés.

M. FRANCESCO MOTTA, Directeur de la branche Asie-pacifique, Moyen-Orient et Afrique du Nord du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué que le rapport sur l’Applicabilité de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, au Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux autres territoires arabes occupés, contient un résumé des mesures prises par l’Égypte, l’Irlande et la Syrie pour mettre en œuvre la résolution 72/85 de l’Assemblée générale.

Passant au rapport sur les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, le Golan syrien occupé, il a expliqué que ce document fait état d’une augmentation des efforts de planification, mais d’une baisse du nombre d’appels d’offres et du rythme des mises en chantier.  De plus, pour la première fois depuis 2016, le rapport signale une hausse des actes de violences commis par des colons et une augmentation des initiatives législatives du Knesset qui a notamment prorogé l’applicabilité de la loi interne dans les territoires occupés.  Le rapport met l’accent sur l’impact des activités de peuplement dans la vallée du Jourdain et sur les droits de l’homme des Palestiniens qui y vivent.  M. Motta a notamment averti que l’augmentation de la violence de la part des colons et du rythme des démolitions, ainsi que le déni d’accès aux services essentiels comme l’eau et l’électricité, risque de pousser les Palestiniens à quitter leur lieu de résidence.  Le rapport recommande que les autorités israéliennes cessent immédiatement toutes les activités qui contribuent à la création d’un environnement coercitif ou qui risquent de déboucher sur des transferts de forces, insistant notamment sur la nécessité de mettre un terme à toute initiative visant à relocaliser les communautés dans la Zone C, y compris les communautés bédouines et pastorales.

Le rapport intitulé Pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, a poursuivi M. Motta, porte sur l’impact du blocus de Gaza et sur la réponse israélienne à la « Grande Marche du retour ».  Ce document met notamment l’accent sur l’impact du blocus sur le droit à la santé des personnes qui se voient niées l’obtention d’un permis de sortie pour suivre un traitement médical.  Il met également en exergue le fait que les forces israéliennes chargées d’encadrer les manifestations ont fait usage d’un niveau de force létale, alors que la menace posée ne représentait pas une menace à la vie de quiconque.  Entre le 30 mars et le 31 mai 2018, précise le rapport, les forces de sécurité israéliennes ont tués 95 manifestants palestiniens, y compris 12 enfants, 2 journalistes et un ambulancier.  L’établissement des responsabilités pour les violations du droit international demeure un défi de taille.

Enfin, pour ce qui est du Golan syrien occupé, le rapport en question résume les réponses reçues par l’Égypte, l’Irlande, le Qatar, la Syrie et l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les mesures prises pour mettre en œuvre la résolution 72/88 de l’Assemblée générale.

Prenant la parole après la présentation des rapports, le représentant d’Israël a expliqué que sa délégation ne reconnaît pas le mandat du Comité spécial dont l’objectif, a-t-il affirmé, est de servir un « discours subjectif » qui sape la possibilité pour Israël de se défendre.  À ses yeux, il est « triste » qu’Israël, pays des droits de l’homme, soit sur la sellette et non pas d’autres pays de la région compte tenu de leurs pratiques.  Il a jugé cette situation d’autant plus grave qu’au cours des dernières 24 heures, 400 tirs de mortiers ont été lancés depuis Gaza contre Israël « ce qui va au-delà de tout ce qui est concevable ». 

Il a reproché au Comité spécial d’enquêter sur les pratiques israéliennes, sans jamais se préoccuper des actions du Hamas.  « Contrairement à ce qui se dit ici c’est le Hamas qui occupe Gaza et non pas Israël », a-t-il affirmé.  Il a formulé l’espoir qu’un jour un comité jugera enfin nécessaire d’enquêter sur les pratiques du Hamas et de se pencher sur le vrai problème du terrorisme.

À son tour, l’observatrice de l’État de Palestine a relevé que les violations les plus flagrantes et les plus choquantes des droits de l’homme des Palestiniens s’appliquaient aux enfants, dénonçant notamment l’emprisonnement de plusieurs dizaines d’entre eux.  Elle a voulu savoir ce que la Haute-Commissaire aux droits de l’homme pouvait faire à ce sujet.

Répondant à ces deux interventions, le représentant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme a expliqué que celui-ci a des bureaux dans les territoires palestiniens occupés chargés de promouvoir une prise de conscience quant aux obligations au titre des droits de l’homme et du droit humanitaire.  Le Haut-Commissariat joue également un rôle de plaidoyer bilatéral avec les autorités israéliennes.  M. Motta a ensuite annoncé une potentielle visite de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.

Débat général

Mme FEDA ABDELHADU-NASSER, Observatrice permanente adjointe de l’État de Palestine, a exhorté à une action immédiate et collective pour répondre aux causes sous-jacentes des violations des droits de l’homme des Palestiniens dans le but d’y mettre un terme et d’assurer la résolution juste, pacifique et durable de cette injustice prolongée et grave.

À moins de prendre des mesures de reddition de comptes d’envergure, de toute évidence, et comme vient le rappeler l’agression militaire de ces derniers jours, Israël, a affirmé l’observatrice, continuera d’agir en toute impunité, se comportant comme un État au-dessus de la loi, bafouant les droits de notre peuple et détruisant toutes les chances de paix, avec les répercussions sérieuses que cela présuppose pour les Palestiniens et les Israéliens ainsi que la paix et la sécurité au Moyen-Orient et au-delà.

La seule raison qui nous ramène ici, année après année, a-t-elle enchaîné, est la violation continue par Israël du droit international humanitaire, des droits humains et son refus « absolu » de se plier aux dispositions de la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Se moquant de manière éhontée de la communauté internationale, Israël persiste à appliquer ses politiques illégales, destructrices, inhumaines et racistes, violant les droits fondamentaux du peuple palestinien, a-t-elle dénoncé.

Malgré la résolution 2334 du Conseil de sécurité demandant la fin immédiate de la colonisation, Israël a continué sans relâche ses campagnes en territoires palestiniens, y compris à Gaza et à Jérusalem-Est.  Cette année encore, des dizaines de milliers de nouvelles unités de peuplement ont été construites, des terres palestiniennes confisquées et des milliers de colons ont été transférés.  D’autres mesures illégales violent le caractère sacré des lieux saints, résilient les permis de résidence des Palestiniens, déplacent de force les communautés bédoines et exploitent sans réserve les ressources naturelles.  L’observatrice a averti que ces politiques et mesures illégales fragmentent et entravent la continuité du territoire palestinien, mettant à mal la solution des deux États.  À ces actions, s’ajoute la déclaration provocatrice, des États-Unis qui ont annoncé le transfert de leur ambassade à Jérusalem en mai, exacerbant ainsi les tensions et aggravant l’impasse politique. 

De plus, la férocité de l’agression d’Israël contre des civils manifestant pacifiquement dans le cadre de la Grande Marche du retour illustre une fois de plus le mépris de la Puissance occupante pour la vie palestinienne.  Ce n’est pas une exagération que d’affirmer que la crise de protection des Palestiniens est dramatique et constante, et nous continuons de demander une protection de la communauté internationale et un réexamen des recommandations formulées en ce sens par le Secrétaire général.

Dénonçant une politique apparente de « tirer pour tuer » et les campagnes de terreurs des colons israéliens, elle a affirmé que la rhétorique incendiaire des dirigeants israéliens a provoqué la mort de 230 Palestiniens, dont 45 enfants, faisant, en outre, plus de 20 000 blessés.  De plus, plus de 7 000 Palestiniens, y compris des centaines d’enfants, continuent d’être détenus dans les geôles israéliennes.

La forme de punition collective la plus scandaleuse est le blocus de Gaza, entré dans sa douzième année, qui laisse deux millions de Palestiniens virtuellement emprisonnés, isolés et exposés à une grave crise humanitaire, dont la moitié sont des enfants, a enchaîné Mme Abdelhabu-Nasser. Et aujourd’hui, la peur et la panique se propagent parmi la population civile qui affronte la perspective d’un nouveau cycle de violence meurtrière si les efforts visant à rétablir le calme venaient à échouer.

 Cette situation, a-t-elle averti, mène Gaza au bord du précipice et les prévisions l’annoncent « invivable » d’ici à 2020.  Les droits au logement, aux soins et à l’eau continuent d’être violés.  Le territoire dépend de l’aide humanitaire à 80% avec un taux de chômage de 53% -et même de 70% parmi les jeunes-, aggravant leur désespoir et le risque de radicalisation. 

Et pourtant, comme en témoigne la « Grande Marche du retour », la majorité de la population continue d’avoir recours à des moyens pacifiques pour attirer l’attention sur leur détresse et demander que soit mis un terme à cette situation illicite et respecté leur droits.

L’Observatrice a ensuite dénoncé le fait qu’Israël continue de pousser des mesures législatives pour renforcer son agenda raciste dans le but de marginaliser encore plus les Palestiniens et de faire progresser l’annexion de fait de leur territoire.  Elle a ainsi cité la loi sur l’État-nation juif, qui ne fait, selon elle, qu’institutionnaliser la discrimination contre les Arabes d’Israël dans le but de nier les droits des Palestiniens.  Il est temps pour la communauté internationale et tous ceux qui prétendent partager les valeurs démocratiques, de répondre comme il se doit à ce nouvel état de fait.

Il est temps, a-t-elle poursuivi, de rejeter le discours cynique d’Israël selon lequel il serait injustement ciblé.  Les tentatives visant à faire de l’agresseur une victime doivent être rejetées, a-t-elle martelé, et les politiques d’apaisement doivent cesser car elles ne font qu’encourager l’impunité et saper la crédibilité du droit international.  Rien de cette occupation ne peut être considéré comme légal et elle ne subsiste que sur la base de violations.  Et pourtant, s’est-elle insurgée, Israël continue de s’en tirer à bon compte, privilégié et dorloté par de nombreux membres de la communauté internationale, tandis qu’on blâme les Palestiniens pour leur détresse, leur rappelant sans cesse que tout le monde est « fatigué » par ce conflit.

Les prétextes vides qui ne visent qu’à proroger cette situation illicite ne doivent plus être toléré, et les affirmations selon lesquelles ce conflit est religieux, lié au terrorisme ou à l’antisémitisme doivent être rejetées.  Il s’agit, a-t-elle insisté, d’un peuple qui se voit nié sa liberté et ses droits en raison d’une occupation coloniale inhumaine.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, s’est dit préoccupé par le fait qu’Israël, la Puissance occupante, continue de refuser de coopérer avec le Comité spécial et l’empêche de se rendre sur place pour enquêter en toute liberté.  Il a condamné la poursuite des activités de peuplement illégales d’Israël qui, a-t-il dénoncé, persiste à opérer « en toute impunité » malgré les nombreux appels de la communauté internationale à y mettre un terme.  Ces mesures illégales de colonisation sont un obstacle à la paix, de même que la construction du mur de séparation, les confiscations de terres, les déplacements forcés de Palestiniens ainsi que la terreur et les provocations des colons.  Tous ces facteurs et d’autres combinés à l’absence de reddition de comptes ont contribué à déstabiliser encore plus une situation déjà volatile, s’est-il indigné, avant d’affirmer que « le moment est venu de mettre fin à cette occupation abominable ».

Parmi les autres motifs de préoccupation pour le Mouvement, le représentant a cité les incursions et les raids militaires par les forces d’occupation israéliennes à Gaza, ainsi que l’usage de la force contre des jeunes palestiniens.  Par conséquent, le Mouvement lance un appel pour la reconstruction et le relèvement économique de Gaza, soulignant au passage l’importance du travail de l’UNRWA sur le terrain.  Le Mouvement condamne en outre l’exploitation des ressources naturelles des Palestiniens par Israël, notamment les ressources hydriques et énergétiques, et appelle le Conseil de sécurité à prendre des mesures urgentes pour que la Puissance occupante respecte ses obligations en vertu du droit international, ainsi que pour garantir la reddition de comptes.

Le représentant a également souligné l’impact des activités illégales de colonisation sur la possibilité de réaliser la solution des deux États.  Il a aussi exigé le retrait complet du Golan syrien occupé.

M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh), qui s’exprimait au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a remercié les membres du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes de continuer à faire respecter le mandat que lui a octroyé l’Assemblée générale, et cela en dépit de l’obstruction continue d’Israël, la Puissance occupante, qui persiste à refuser de coopérer avec le Comité spécial « ce qui est une violation flagrante de ses obligations légales en tant qu’État Membre des Nations Unies ».

L’OCI est préoccupée par les violations massives des droits de l’homme perpétrées par Israël contre le peuple palestinien, ses terres et ses lieux saints.  Le représentant a jugé nécessaire de mettre l’accent sur le respect du mandat du Comité spécial afin de contribuer à la prise de conscience de cette situation « illégale et injuste » et mobiliser l’action internationale pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et parvenir à la paix et la justice.  Il a notamment appelé les États Membres à continuer d’adopter des résolutions juridiquement contraignantes pour tenir Israël pour responsable de ses crimes et violations.

À ce titre, il a notamment dénoncé les agressions israéliennes contre la mosquée Al-Aqsa/Haram el-Charif, ainsi que contre des prêtres coptes à Jérusalem.  L’OCI réaffirme son soutien à la tutelle hachémite du Roi de Jordanie sur ces lieux saints de Jérusalem-Est occupés et insiste sur l’impératif d’en respecter la sainteté.

Le représentant de l’OCI a ensuite dénoncé les campagnes d’Israël qui visent à renier l’histoire ainsi que les droits et aspirations légitimes du peuple palestinien, ainsi que ses pratiques et législations racistes et discriminatoires.  L’OCI reste dépitée par le fait qu’Israël puisse continuer à agir en toute impunité et exige une intervention politique et juridique de la communauté internationale de toute urgence.

M. ABDALLAH AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), s’exprimant au nom de la Ligue des États arabes, a exprimé la colère des pays arabes suite aux nouveaux agissements des forces israéliennes à Gaza et a condamné cette nouvelle escalade de la violence.  Il a dénoncé la poursuite des activités de peuplement, avec leur lot de démolitions et de confiscations de terres, en violation des résolutions du Conseil de sécurité et des Nations Unies.  Cette situation, a-t-il averti, éloigne toute chance de réussite de négociations sérieuses.  Il a rappelé que depuis les Accords d’Oslo en 1993 jusqu’à aujourd’hui, la communauté internationale a reconnu que la question de Jérusalem-Est figure au cœur du conflit.  Il a rejeté toute tentative d’annexer ou d’isoler Jérusalem-Est, soulignant que la législation israélienne en la matière viole les résolutions du Conseil de sécurité. 

Le représentant a exigé la fin de l’occupation israélienne dans le Golan, en Cisjordanie ou à Gaza.  Les violations commises par Israël et le rejet des tentatives de paix avivent les tensions au Moyen-Orient et sapent les chances de parvenir à une solution juste et durable fondée sur la reconnaissance de deux États dans les frontières de 1967.  Il a appelé la communauté internationale à se montrer solidaire avec le peuple palestinien.

M. PIERRE CHRISTOPHE CHATZIVASAS délégué de l’Union européenne a rappelé qu’au cours du mois écoulé 200 Palestiniens ont été tués et plus de 21 000 blessés, majoritairement par des balles réelles et inhalation de gaz.  Alors que les conditions de vie des Palestiniens ne cessent de s’aggraver, a-t-il poursuivi, les protestations et les violences le long de la clôture de la bande de Gaza n’ont fait que s’intensifier, avec notamment des lancers de cerfs-volants incendiaires qui ont infligé de sévères dommages aux communautés israéliennes.  Le représentant européen a dit attendre des autorités à Gaza qu’elles prennent les mesures nécessaires pour prévenir une escalade.  Il a par ailleurs exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue pour éviter davantage de pertes de vies humaines.  S’il a reconnu le droit à l’autodéfense d’Israël, il l’a aussi engagé à respecter le principe de proportionnalité dans sa réponse armée.  Saluant le processus d’enquête interne mené par l’armée israélienne pour évaluer son usage de la force, notamment le 30 mars 2018, il a souhaité que toute la lumière soit aussi faite sur les attaques violentes engagées contre Israël sous couvert de manifestation.

Préoccupé par la crise humanitaire à Gaza, le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à appuyer l’opérationnalisation de toutes les interventions économiques et humanitaires à Gaza en coordination avec l’Autorité Palestinienne.  Le retour de cette dernière dans la Bande, a-t-il ajouté, est d’ailleurs indispensable pour améliorer les conditions de vie des habitants.  « La priorité immédiate, c’est de faire baisser les tensions et d’éviter un nouveau conflit », a-t-il insisté.  S’il a jugé qu’un effort financier de la communauté internationale s’imposait, il a souligné que rien ne changerait vraiment à long terme tant que le blocus n’aura pas été levé, tout en répondant aux inquiétudes légitimes d’Israël quant à sa sécurité.  Pendant ce temps, a-t-il assuré, l’Europe continuera de soutenir les efforts onusiens et égyptiens pour parvenir à une réunification de Gaza et de la Cisjordanie sous l’égide d’une seule et légitime Autorité palestinienne.

Il a ensuite rappelé que, 25 ans après les Accords d’Oslo, la paix entre Israéliens et Palestiniens se faisait toujours attendre.  L’Europe a donc exhorté toutes les parties à réfréner toute action unilatérale qui pourrait entraver la relance des négociations autour de la solution des deux États.  À ce titre, a affirmé le délégué, « nous suivons avec grande inquiétude la démolition du village bédouin de Khan al-Ahmar, qui est situé dans une zone stratégique pour la préservation de la contiguïté territoriale d’un futur État palestinien ».  Réitérant son opposition à la politique illégale de peuplement d’Israël, il a jugé qu’elle ne faisait que menacer l’avenir d’une solution politique.

« Ce rapport est une autre triste chronique d’une situation qui brise le cœur – un conte sans fin des souffrances qu’endurent les Palestiniens plongés dans les ténèbres d’une occupation illicite et écrasante qui a d’ores et déjà duré une vie entière », a déclaré Mme MALEEHA LODHI (Pakistan), pour qui les conditions de vie des habitants de Gaza défient l’imagination. Il n’y a rien de laissé au hasard dans cette politique, a-t-elle martelé, en fustigeant un processus « délibéré et pensé » consistant à détruire lentement un peuple entier.  Il s’agit de séparer Gaza de la Cisjordanie, de démembrer la Cisjordanie en petites enclaves et d’emmurer Jérusalem- Est, a accusé Mme Lodhi.  Elle s’est réjouie que la communauté internationale ait contribué au budget de l’UNRWA et y a vu là « un vote de confiance » en faveur de cette agence.  Enfin, la déléguée a jugé que le règlement de la question palestinienne est crucial pour la stabilité et la paix de la région.

M. AHMED NASIR (Maldives) a estimé que la fin des politiques d’apartheid, de blocus et de déni des droits de l’homme devrait être le point de départ pour une solution sur la base des deux États respectant les frontières de 1967.  Parmi les cas de violation du droit international cités dans les rapports du Secrétaire général, le délégué a souligné la démolition des maisons, l’expulsion de familles entières, les arrestations punitives, les procès injustes, les actes de torture et l’usage excessif de la force létale.  Appelant Israël à revenir du bon côté de la loi, les Maldives ont souligné que la bonne stratégie pour parvenir à la paix ne devrait jamais être la violence, avertissant que les restrictions imposées au peuple palestinien ne seront jamais couronnées de succès sur ce plan.  Aux yeux du délégué, il incombe aux Nations Unies de s’assurer de la bonne mise en œuvre des résolutions pertinentes et de trouver les moyens de surmonter les obstacles pour y parvenir.

Pour M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a accusé la communauté internationale de fermer délibérément les yeux sur les agissements d’Israël et ses violations des conventions régionales sur le plateau du Golan, dénonçant par ailleurs sa politique de peuplement et de déplacements forcés.  Ces pratiques ne pourraient jamais se poursuivre sans l’appui de la communauté internationale, a-t-il affirmé, mais il est temps d’agir pour mettre fin à cette occupation injuste. 

Il a dénoncé les violations des droits de l’homme commises par Israël dans le Golan syrien, ainsi que ses tentatives d’imposer la citoyenneté israélienne aux populations du Golan ou d’y organiser des soi-disant élections locales « qui ont cependant misérablement échoué ».  Israël poursuit sa politique de discrimination raciale, empêche les Arabes de communiquer avec la Syrie, et les traite comme des criminels de guerre, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite demandé la libération des prisonniers arabes détenus dans des prisons israéliennes, dénonçant par ailleurs les amendes arbitraires qui sont imposées aux habitants du Golan syrien qui bravent ces lois arbitraires d’Israël.  

Cette occupation a aussi de graves conséquences économiques, a-t-il poursuivi, elle a transformé des terres agricoles en sites militaires, en colonies israéliennes, et en décharges toxiques.  Israël, a-t-il encore affirmé, prospecte gaz et pétrole et détourne les ressources hydriques vers les colonies israéliennes.  Il a averti que cette attitude « agressive » attise les tensions dans la région, accusant par ailleurs Israël de travailler avec des groupes terroristes, et de viser des sites en Syrie.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a félicité le travail fait par le Comité spécial en dépit des obstacles rencontrés dans l’établissement de son rapport cette année encore.  Cuba exprime une fois de plus sa profonde préoccupation quant à la gravité de la situation au Moyen-Orient, et en particulier la question de Palestine.  Le représentant a ensuite dénoncé la déclaration unilatérale du Président américain, qui a reconnu Jérusalem comme étant la capitale d’Israël, et lui a reproché de vouloir changer le statut historique de cette ville.

Passant en revue les différentes violations et pratiques illégales commises par Israël contre le peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza, ainsi que la gravité de la situation humanitaire à Gaza, la délégation cubaine a exigé le retrait israélien du Golan syrien et de tous les territoires occupés.  Son représentant a réaffirmé que toutes les mesures visant à changer la nature démographique ou autre des territoires occupés sont nulles et non avenues.

Il est déplorable, a-t-il poursuivi, que le Conseil de sécurité n’ait toujours pas été en mesure de trouver de solutions à l’injustice historique de cette occupation, y compris au blocus de Gaza.  Cuba encourage les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens ainsi que la réconciliation intrapalestinienne.  Il soutient aussi la requête palestinienne de devenir membre à part entière des Nations Unies.

Pour Mme REEM AL-HARAMI (Qatar) l’ensemble des rapports témoignent des violations généralisées des droits des Palestiniens.  Elle a notamment dénoncé la politique de détention massive y compris d’enfants, l’exploitation illégale des ressources naturelles palestiniennes, et les colonies de peuplement.  Elle a estimé que la situation des droits humains dans les territoires occupés appelle à redoubler d’efforts pour régler le problème, soulignant les effets positifs que cela aurait pour la région.  Parvenir à une solution juste et durable nécessitera des efforts sincères des deux parties afin d’établir un État palestinien viable dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, a-t-elle ajouté.  La représentante a par ailleurs dénoncé l’occupation du Golan et a affirmé que la décision d’Israël d’y faire appliquer sa juridiction est nulle et non avenue.

M. KIM IN CHOL (République démocratique populaire de Corée) a dénoncé l’occupation des territoires arabes par Israël.  Il a rappelé qu’en 2017, Israël s’était retiré de l’UNESCO sous le prétexte « injustifié » d’avoir été pris pour cible de manière préméditée sur les questions liées au Moyen-Orient.  Il a également dénoncé la loi « draconienne » adoptée cette année par le Parlement israélien qui stipule que l’ensemble d’Al-Qods fait « intégralement partie du territoire israélien » et le déclare comme « sa capitale éternelle », demandant aux États d’y transférer leurs représentations diplomatiques.

Il a rappelé les deux résolutions adoptées, respectivement en décembre 2017 et juin 2018, par une large majorité de l’Assemblée générale, la première stipulant que tout changement du statut d’Al-Qods n’avait aucune conséquence légale et appelant les États Membres à ne pas y ouvrir leurs représentations diplomatiques, et la deuxième portant sur la protection des civils palestiniens dans le contexte des intervention militaires indiscriminées d’Israël.  Le représentant y a vu l’expression de la solidarité internationale avec le peuple palestinien dans sa revendication « juste » de créer un État palestinien avec Al-Qods-Est comme capitale et dans les frontières de 1967.

Il a regretté qu’au cours de ce processus, un membre permanent « soi-disant responsable » du Conseil de sécurité ait fait son possible pour bloquer l’adoption de ces textes par l’Assemblée générale, et ait utilisé son droit de veto au sein du Conseil.  C’est la preuve, a affirmé le représentant, qu’Israël est protégé par un pays « arrogant et culotté » qui abuse de ses outils politiques au sein de l’ONU, « du haut de son siège de membre permanent du Conseil de sécurité ».

M. A.K. AHMAD MUNIR NORDIN (Brunéi Darussalam) a dit son inquiétude quant aux rapports qui témoignent d’une aggravation des conditions humanitaires dans les territoires palestiniens occupés et a demandé à la Puissance occupante de mettre fin à ses activités illégales.  Il s’est aussi ému de l’escalade de violence contre les civils palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, estimant que toutes les souffrances de cette année n’ont fait qu’entraver l’avancée du processus de paix.  Soutenant le dialogue et la négociation comme voies pour régler les problèmes, il a jugé que ce conflit n’est pas différent des autres, et qu’une solution politique sur la base des deux États est la seule issue viable.  Selon lui, le statut de Jérusalem doit aussi faire l’objet de négociations entre toutes les parties concernées.  Considérant qu’en finir avec l’occupation illégale de la Palestine devrait être l’effort de toute la communauté internationale, le délégué a finalement mis l’accent sur l’importance des Nations Unies pour assurer le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

M. SAMI ELGHODBAN (Libye) a regretté que les rapports présentés soient déjà caducs: « à situation exceptionnelle, déclaration exceptionnelle », a–t-il prévenu.  Gaza a connu une véritable guerre et subi des tirs violents aussi, a-t-il estimé, ce genre de débats devient-il superflu et peu réaliste.  Nous savons déjà quelles sont les justifications qui seront présentées par Israël au nom de sa sécurité, a-t-il enchainé, dénonçant une échappatoire utilisée pour désinformer la communauté internationale.  Mais qu’attend donc Israël d’un peuple chassé de ses terres et privé d’espoir d’un avenir meilleur?  À de la reconnaissance? a-t-il lancé.  Il a exigé de connaître les délimitations des frontières de cette terre « israélienne »: qu’on nous dise quelles sont les ambitions sionistes, a-t-il lancé, notant qu’en juillet dernier la loi sur l’État-nation du peuple juif a été adoptée, qui rejette toute relation avec leur terre des Palestiniens.  Cette loi, a-t-il averti, va lancer la transformation de ce conflit politique en conflit religieux.  Et alors que de nombreux conflits terroristes dans la région se fondent sur des bases religieuses, cette loi fournit des arguments aux groupes terroristes qui sévissent en Syrie.

Passant à la situation dans le Golan syrien, le représentant a voulu savoir ce que l’on fomente pour la région arabe avec l’aide des « grands pays » qui ont fait la promesse d’État à Israël.

L’occupation israélienne a refusé toute initiative pour mettre fin au conflit et fait fi des 86 résolutions du Conseil de sécurité et des 705 de l’Assemblée générale: ce sont des « calmants » utilisés par la communauté internationale et offert aux Palestiniens, de fausses promesses pour faire taire ce peuple et étendre cette occupation.  Et à la fin, s’est-il insurgé, il faudrait criminaliser ce peuple qui essaie d’installer un État indépendant.  Il a souligné que les Palestiniens ont un héritage historique et doivent avoir le droit de créer leur État.  Les peuples opprimés ont le droit de recourir à tous les moyens, a-t-il affirmé, regrettant que la communauté internationale ait cessé, selon lui, de soutenir les Palestiniens.  Il est temps que la conscience internationale se réveille, a-t-il ajouté, en réclamant « le gel de l’appartenance d’Israël à cette organisation ».

M. ALAA RIDHA M. HASSAN NAJAF (Iraq) s’est félicité de la résolution adoptée en juin 2018 par l’Assemblée générale réclamant la protection des civils palestiniens, et a soutenu les recommandations faites en ce sens par le Comité spécial dans son rapport.  Il a proposé de mettre en place un mécanisme international à cette fin.

L’agression israélienne qui perdure reflète le mépris total d’Israël envers les Nations Unies, a estimé le représentant, avant d’exhorter la communauté internationale à réagir et à mettre un terme à l’occupation illégale des territoires arabes occupés.  Il a réfuté toutes les lois de la Knesset qui cherchent à créer une nouvelle réalité sur le terrain, notamment celle sur l’État-nation juif et celle qui autorise l’imposition de mesures punitives financières.

Dans la même veine, il a dénoncé toutes les tentatives israéliennes de changer la composition démographique d’Al-Qods et a exigé qu’elles cessent.

L’Iraq soutient pleinement le peuple palestinien ainsi que son droit inaliénable de créer un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale et dans les frontières de 1967.

M. BACHIR SALEH AZZAM (Liban) a condamné le fait qu’Israël continue de refuser de coopérer avec le Comité spécial et lui nie l’accès aux territoires occupés.  Il est triste de constater que les pratiques israéliennes contre les Palestiniens n’ont fait qu’aggraver la situation, a-t-il poursuivi.  À ses yeux, il ne s’agit plus tant de violences, que d’une politique systématique mise en œuvre par Israël sous prétexte de sécurité et qui viole les droits fondamentaux des Palestiniens.

Notant que le rapport de cette année fait état d’une hausse des pratiques discriminatoires contre les Arabes et les Palestiniens, il a aussi souligné l’augmentation de 50%, ces quatre derniers mois, des actes de violence commis par les colons par rapport à l’an dernier.  Il a aussi dénoncé la démolition de maisons comme mesure punitive visant les familles des ennemis politiques d’Israël.  « C’est une forme de châtiment collectif interdite par le droit international », a-t-il insisté.  Le représentant a aussi critiqué un usage excessif de la force par les forces de sécurité israéliennes, qui s’est soldé par la mort de plusieurs Palestiniens et des blessures pour beaucoup d’autres.  Aux titres des autres violations du droit international et humanitaire, le délégué a encore cité l’installation prévue de 10 000 nouveaux colons israéliens dans le Golan ainsi que l’usurpation des ressources naturelles.  Selon lui, il incombe à la communauté internationale de mettre fin à cette impasse et de passer de la phase de documentation à celle de l’application du droit international.

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a dit « en avoir assez », 50 ans après l’occupation des territoires arabes par Israël et après 50 ans de négociations, de condamnations, de rapports, et a estimé que « les mots n’ont plus de sens et n’ont plus d’impact ».  Mais si « nous » en avons assez, qu’en est-il de ce peuple en proie à l’insécurité et à l’absence d’une vie digne? a-t-il lancé à la salle.

Si la communauté internationale discute ici de cette question, c’est pour réitérer que la création d’un État israélien est liée directement à celle d’un État palestinien, comme le stipule la résolution 181, a-t-il souligné.  Or cette résolution, et les nombreuses qui l’ont suivie, est restée lettre morte à ce jour.  Ce n’est pas pour faire pression sur une partie que l’on se réunit à l’ONU, mais bien pour sauvegarder les droits inaliénables du peuple palestinien, a-t-il martelé.

Selon lui, le renouvellement annuel des engagements de la communauté internationale à coup de résolutions est le seul espoir du peuple palestinien, jusqu’à ce que les parties influentes et les Palestiniens prennent conscience qu’ils vivront sur la même terre.  Les paramètres susceptibles de résoudre la question palestinienne persistent, et à ses yeux, il n’existe que deux issues possibles, soit le retour à la négociation sur la base de la solution des deux États et de l’Initiative de paix arabe, soit l’option d’un seul État, une option qui est refusé par le peuple palestinien.

En conclusion, il a espéré que l’expérience égyptienne pour parvenir à la paix avec Israël puisse être un exemple à suivre.

Droit de réponse

Le représentant d’Israël a réagi « au nombre incroyable de diabolisations entendues à l’encontre d’Israël ».  À les écouter, a-t-il poursuivi, on croirait presque que « Israël est un grand empire qui veut dominer le monde, qu’il est le père et la mère de tous les maux ».  À ses yeux, la Commission est prise en otage par la question palestinienne.

La haine des Juifs ne prévaut pas seulement en Europe, elle est encore pire dans les pays arabes, a-t-il estimé.  Israël est détesté, accusé de tout, diffamé, alors que c’est le seul pays du Moyen-Orient où les libertés fondamentales sont respectées, a-t-il encore asséné.  « Pourquoi Israël est considéré comme si terrible? a-t-il fait mine de s’interroger.  La réalité, c’est la haine des Juifs qui est diffusée sans cesse dans les pays arabes. »

Selon lui, si les Palestiniens faisaient vraiment preuve de compromis et acceptaient la présence d’un État juif, s’ils montraient vraiment la volonté de vivre en paix, ils trouveraient en Israël un partenaire.  « Mais nous savons que si nous déposons les armes aujourd’hui, nous cesserions immédiatement d’exister », a-t-il regretté.  Rappelant les divisions politiques au sein de la population palestinienne, il a souligné qu’il est presque impossible pour les hauts représentants palestiniens de se rendre à Gaza qui est tenu par le Hamas.  Étant donné cette situation, a-t-il expliqué, il n’y a pas une seule voix palestinienne réellement pacifique.

Répondant aux accusations de violation du droit international, il a critiqué le « vocabulaire onusien »: « Quand on parle de territoires palestiniens occupés, de quoi parle-t-on?  Il n’y a pas d’occupation de la Palestine puisqu’il n’y a pas d’État palestinien.  Quant au blocus de la bande de Gaza, le délégué a rappelé qu’il n’a pas été imposé de manière aléatoire et qu’Israël s’était même retiré de Gaza pendant deux ans "sans problème". »  Mais aujourd’hui, a-t-il poursuivi, « nous voulons être certains que le Hamas n’a pas accès aux armes pour attaquer Israël. »  Il a affirmé que l’aide internationale est détournée pour financer la construction de tunnels permettant d’aller « tuer des juifs », et a expliqué qu’on ne pourrait pas mettre fin à la tragédie qui frappe les Palestiniens tant qu’ils n’accepteront pas Israël.  « Il faut qu’ils se réconcilient avec eux-mêmes et qu’ils cessent d’inculquer des idées néfastes à leurs enfants.  Nous leur offrons notre bonne volonté, mais c’est à eux de s’exprimer d’une seule voix », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Iraq: le nouveau Gouvernement appelé devant le Conseil de sécurité à se mettre au travail pour répondre aux attentes de sa population

8396e séance – matin
CS/13573

Iraq: le nouveau Gouvernement appelé devant le Conseil de sécurité à se mettre au travail pour répondre aux attentes de sa population

Avec l’élection le 2 octobre dernier de M. Barham Salih comme Président de l’Iraq et la nomination de M. Adil Abdul-Mahdi au poste de Premier Ministre, l’heure est venue pour le nouveau Gouvernement de commencer son travail, et en particulier fournir tous les services aux populations, créer des emplois, réformer et revitaliser l’économie, et lutter contre la corruption. 

Cet appel a été lancé ce matin, par le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), M. Ján Kubiš, venu présenter au Conseil de sécurité un rapport sur la situation en Iraq.

Il a d’autant plus exhorté le Gouvernement à se mettre au travail que les manifestations pour protester contre l’absence de services de base se sont intensifiées et ont connu des violences dans le sud du pays.

Il s’est notamment agi, selon le rapport présenté, d’affrontements entre manifestants et forces de sécurité, de l’incendie de bâtiments officiels et de bâtiments appartenant à des partis politiques, d’attaques contre le consulat de la République islamique d’Iran à Bassora et le siège des forces de mobilisation populaire de Bassora, ainsi que de tirs indirects à proximité du consulat des États-Unis à Bassora et de l’ambassade américaine à Bagdad.

Le 20 août, en raison de la contamination de l’eau et de la détérioration de la situation sanitaire et environnementale, la Haute Commission indépendante des droits de l’homme a même demandé au Gouvernement de déclarer Bassora « zone sinistrée », dit encore le rapport.

Dans ce contexte, il est urgent de pourvoir aux besoins de la population pour éviter la persistance des violences, notamment dans la province de Bassora, a prévenu le représentant bolivien.

D’autres délégations ont fait la même analyse, notamment celles du Kazakhstan, du Royaume-Uni, de l’Éthiopie ou des États-Unis. 

Elles ont invité plus globalement le Gouvernement à prendre des mesures générales.  Selon elles, la priorité du futur Gouvernement doit être la lutte contre le chômage.  

Il doit garantir l’accès à l’électricité et à l’eau à l’ensemble de la population du pays, ainsi qu’à permettre le retour « dans la dignité » des personnes déplacées, a par exemple expliqué le représentant américain. 

À côté des réformes financières et économiques, le nouveau Gouvernement doit aussi s’atteler, et sans délais, à la réforme du secteur de la sécurité, dans le contexte où l’Iraq n’est pas totalement débarrassé du terrorisme, a plaidé la délégation française. 

En effet, comme l’a aussi indiqué M. Kubiš, Daech continue d’être actif dans certaines régions du pays, notamment le long de la frontière avec la Syrie, dans la province de Deïr el-Zor, à Kirkouk, Salaheddine et Diyala.

Le Gouvernement aura également pour tâche de répondre aux causes profondes du conflit en vue de garantir une paix et un développement de long terme.  Il devra aussi mieux redistribuer les ressources et préserver l’influence des différentes composantes de la société iraquienne, a préconisé la Suède.

Mais ce sont justement là les priorités du gouvernement, a assuré le représentant de l’Iraq, affirmant que les réformes envisagées visent à passer d’une économie de revenu à une économique de marché.  Elles cherchent également à soutenir le secteur privé et à diversifier l’économie pour ne pas excessivement dépendre des ventes de pétrole.  

Mais pour qu’il se mette au travail et parvienne à ces objectifs, encore faut-il que ce Gouvernement soit constitué.  Or, sur les 22 membres dont il est composé, seuls 14 ont été confirmés par le Parlement, a rappelé M. Kubiš, ajoutant par ailleurs que ce Gouvernement ne comprend ni femme, ni représentant des minorités.

Pour l’y aider, la communauté internationale devra non seulement le soutenir, mais surtout respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iraq, ont plaidé d’autres délégations, dont celles de la Chine, du Pérou, de la Guinée équatoriale ou de la Fédération de Russie.

Selon elles, l’Iraq ne doit pas faire les frais d’intérêt régionaux et notamment subir « les conséquences des mesures visant à déstabiliser son voisin iranien.  L’Iraq a le droit de mener des relations de bon voisinage avec son voisin iranien, sans ingérence ni recours à la force », a résumé le représentant russe.

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ (S/2018/975 et S/2018/976)

Déclarations

M. JÁN KUBIŠ, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a indiqué que depuis l’élection le 2 octobre dernier de M. Barham Salih comme Président de l’Iraq, il a nommé M. Adil Abdul-Mahdi comme Premier Ministre.  Le Gouvernement qu’il a composé compte 22 ministres, dont 14 ont déjà été confirmés par le Parlement, notamment les détenteurs des ministères régaliens, dont ceux des finances, des affaires étrangères et du pétrole.  Les Ministères de l’intérieur et de la défense ne sont pas encore pourvus pour l’instant.  Cependant, aucune femme, ni représentant des minorités ne fait partie de ce Gouvernement, a-t-il dit. 

Il a également indiqué que la formation de ce Gouvernement s’était faite sans controverses, les blocs politiques faisant preuve de bonne volonté.  Ils ont même exprimé leur appui au Premier Ministre.  La concurrence s’est largement faite sur une base politique et non sectaire, constituant ainsi une rupture avec le passé.  Le guide suprême chiite ayatollah al-Sistani a considérablement influencé ce processus, tandis que les négociations avec le Premier Ministre ont été menées par M. Moqtada al-Sadr et M. Hadi al-Ameri au nom de leurs deux blocs politiques respectifs, la Coalition Sa’iron et Fatah. 

Cela dit, le soutien de toutes les forces représentées au Parlement sera essentiel, y compris le soutien de ceux, qui pour la première fois depuis 2003, se trouvent maintenant dans l’opposition.  L’Iraq doit bâtir sur ces fondations.  Le nouveau gouvernement doit commencer immédiatement son travail et en particulier fournir tous les services, créer des emplois, réformer et revitaliser l’économie, lutter contre la corruption.  L’Iraq aura besoin de l’appui de la communauté internationale, et il ne fait pas la laisser tomber, a déclaré le Chef de la MANUI. 

En ce qui concerne la sécurité, le Représentant spécial a indiqué que les dernières activités de Daech ont été enregistrées dans le désert iraquien et dans ses provinces de Ninive et Anbar, situées à sa frontière orientale avec la Syrie.  Ce groupe continue, en outre, de contrôler plusieurs zones tout le long de cette frontière, notamment dans la province de Deïr el-Zor, à Kirkouk, Salaheddine et Diyala.  En réponse, le Gouvernement a déployé des troupes le long de sa frontière avec la Syrie, afin de poursuivre la lutte contre ce groupe.

De son côté, la MANUI continue de plaider pour la justice et la reddition de comptes pour les crimes internationaux, dans le contexte où 202 charniers ont été découverts dans le pays.  La Mission a également établi un groupe consultatif de femmes pour la réconciliation et la politique en Iraq, qui servira de mécanisme devant assurer la participation des femmes à tous les processus en Iraq. 

Concernant la question humanitaire, les donateurs ont contribué à hauteur de 482,1 millions de dollars pour financer le plan de réponse.  Cette somme couvre 85% des besoins du plan de réponse.  Mais deux ans après la défaite militaire de Daech, 1,9 million de personnes sont encore déplacées, en particulier dans le nord et l’ouest du pays.  L’un des défis au retour des réfugiés est le manque de foyers débarrassés de mines et des restes d’explosifs, a dit le représentant spécial, appelant les donateurs à financer cette activité de déminage. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a remercié le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, M. Ján Kubiš, pour le travail, selon lui, « exceptionnel » qu’il a accompli en Iraq au cours des dernières années.  Sur le plan politique, le représentant a salué les progrès réalisés dans le pays suite à la tenue des élections législatives en mai dernier.  Il a appelé les autorités à finaliser la formation du nouveau gouvernement.  Il a également appelé le futur gouvernement à lutter en priorité contre le chômage, à garantir l’accès à l’électricité et à l’eau à l’ensemble de la population du pays, ainsi qu’à permettre le retour « dans la dignité » des personnes déplacées.  Le délégué américain a aussi encouragé les autorités du pays à accélérer le processus d’enquêtes sur les crimes commis à l’encontre des civils dans le pays. 

S’agissant de la menace terroriste, le représentant a rappelé qu’aucun acte terroriste ne saurait venir à bout de la détermination des citoyens iraquiens à parachever la construction d’un État démocratique en Iraq.  « Il s’agit d’un moment clef dans l’histoire du pays », a insisté le représentant, exhortant en conclusion les nouveaux dirigeants du pays à se montrer à la hauteur des attentes de leur population.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué la capacité du peuple iraquien à reconstruire son pays sur la base d’un État démocratique, comme en témoigne, selon lui, la passation pacifique du pouvoir, dans les délais constitutionnels, suite aux élections législative de mai dernier. 

Le représentant a notamment salué l’élection de M. Barham Salih en tant que Président de la République d’Iraq et la désignation de M. Adil Abdul-Mahdi en tant que Premier Ministre du pays.  « Il ne fait aucun doute que ces leaders soient dignes de confiance », a-t-il affirmé, en appelant les nouveaux dirigeants à finaliser dans des délais « raisonnables » la formation du Gouvernement. 

S’agissant de la MANUI, le représentant a salué les Nations Unies pour les efforts consentis afin de construire un « avenir prometteur » en Iraq, dans le cadre du partenariat renforcé entre la Mission et l’équipe de pays des Nations Unies en Iraq.  Le représentant a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir le pays pour lui permettre de mettre en œuvre le développement durable. 

Afin d’alléger les souffrances infligées par Daech aux habitant iraquiens, il a indiqué que son pays soutenait financièrement des programmes de réhabilitation des villes libérées.  Toutefois, Daech continue de menacer les régions libérées, s’est inquiété le représentant, appelant à redoubler d’efforts dans la lutte contre les groupes terroristes sévissant en Iraq et pour poursuivre les auteurs des crimes commis contre les civils.

S’agissant des citoyens et biens Koweïtiens portés disparus depuis 1991, le représentant a salué les efforts du Conseil de sécurité pour recouvrer ces biens et faire la lumière sur ce qui s’est produit à l’époque.  Il s’est dit prêt à appuyer l’Iraq afin d’accélérer la conduite des enquêtes, dans le respect des engagements pris.  Cependant, depuis 2004, aucun avancement n’a été réalisé pour retrouver les personnes disparues, a-t-il déploré, appelant à clôturer une fois pour toutes ce dossier.  Le représentant a, en outre, insisté sur le fait que les archives nationales koweïtiennes portées disparues constituaient un bien d’une valeur inestimable pour son pays.  Il a ainsi appelé à accélérer les efforts pour recouvrer ces biens.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a rappelé que l’Iraq avait vécu un basculement décisif cette année, avec sa victoire militaire sur Daech et le déroulement pacifique des élections législatives et de l’alternance politique.  « Le nouveau gouvernement doit s’atteler sans délais à la mise en œuvre des réformes électorales, économiques et financières ainsi qu’à celle du secteur de la sécurité », a déclaré la représentante.  Selon elle, toutefois, cette dynamique porteuse d’espoir ne pourra être couronnée de succès qu’à condition de rester mobilisé dans la lutte contre le terrorisme aux côtés des forces iraquiennes pour empêcher Daech de réapparaître.

Plus généralement, seule la réconciliation nationale et la mise en œuvre d’une gouvernance inclusive qui servent les intérêts de toutes les composantes de la société iraquienne, notamment les femmes, permettront de venir à bout du terrorisme, a-t-elle dit.  Après avoir souligné l’importance de soutenir les efforts pour la reprise des négociations à Erbil afin de régler les différends encore en suspens, Mme Gueguen a estimé qu’il fallait accorder une priorité à la reconstruction du pays, et en particulier à la mise en œuvre du plan de reconstruction dressé lors de la conférence du Koweït.  Enfin, la délégation française a réitéré son appui aux Iraquiens face à tous les défis qui se posent à eux, en rappelant que la France avait consacré près de 60 millions d’euros à Bagdad depuis 2017, auxquels s’ajoute un prêt budgétaire d’un montant de 430 millions. 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a appelé le nouveau Gouvernement à tout mettre en œuvre pour répondre à la question des déplacés, assurer la reconstruction des zones touchées et garantir une représentation équitable des femmes dans les institutions.  Il a salué le dialogue noué avec les autorités du Kurdistan pour surmonter le différend né du référendum de septembre 2017 afin de régler définitivement la question des frontières contestées. 

Par ailleurs, la découverte récente de 200 fosses communes dans les zones auparavant sous contrôle de « l’État islamique » convainc encore davantage, selon lui, de « l’urgente nécessité » pour l’Équipe d’enquêteurs sur les crimes commis par l’EIIL d’intensifier son travail sur le terrain et de créer « le plus rapidement possible » une banque de données sur le modèle de celle établie en Bosnie ou au Rwanda, afin de répertorier les victimes de la barbarie.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déclaré que son pays appuie les mesures constructives destinées à renforcer l’Iraq, qui, historiquement est un facteur de stabilité dans la région.  La Fédération de Russie apprécie que les élections se soient bien passées et qu’un gouvernement ait été formé.  Sa délégation respecte le choix souverain du peuple iraquien et estime que d’autres devraient en faire autant. 

La Fédération de Russie salue également les actions menées par ses « partenaires » pour combattre les groupes terroristes, dont l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), même si elle constate que ce groupe est encore présent en Iraq.  À cet égard, sa délégation rappelle que la Fédération de Russie a fait une offre visant à créer une grande coalition mondiale pour la lutte contre le terrorisme.  Cette proposition du Président russe Vladimir Putin reste d’actualité, a dit le représentant. 

La Fédération de Russie s’inquiète cependant des conséquences sur l’Iraq des mesures visant à déstabiliser son voisin iranien.  L’Iraq a le droit de mener des relations de bons voisinages avec son voisin iranien, sans ingérence ni recours à la force, a dit le représentant russe. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a félicité l’Iraq pour l’élection de M. Barham Salih en tant que Président de la République, la désignation de M. Adil Abdul-Mahdi en tant que son Premier Ministre et la formation partielle du nouveau Gouvernement.  Il a également salué la Chambre des députés pour avoir surmonté les obstacles importants dans le déroulement du processus démocratique suite aux élections législatives de mai dernier.  Nous sommes conscients que des « mesures courageuses » ont été prises pour encourager la démocratie et le respect de la Constitution du pays, a-t-il affirmé.

Le représentant a ensuite appelé le Gouvernement à s’attaquer en priorité au problème de l’accès aux services publics de l’ensemble de la population iraquienne.  Il a également encouragé les autorités à renfoncer l’économie nationale et à lutter contre la propagation des tensions religieuses et tribales. 

Le délégué du Kazakhstan a par ailleurs condamné les récentes attaques perpétrées à Bagdad et Sadr City, attaques qui ont, selon lui, pour objectif de « démoraliser » les citoyens iraquiens alors même que ces derniers commencent à peine à « récolter les fruits de la paix ».  Face à ces crimes, les Iraquiens doivent avant tout préserver leur unité, a-t-il estimé, appelant les autorités et le Représentant spécial à œuvrer en faveur de l’intégration des femmes et des jeunes à la vie économique du pays, notamment afin d’éviter leur radicalisation.

Le représentant s’est enfin dit horrifié par la découverte de plus de 200 fosses communes dans les zones libérées du joug de Daech.  Il a appelé à faire en sorte que les terroristes encore présents en Iraq soient « complètement anéantis ». 

En outre, le représentant s’est félicité de l’intention du Ministère des affaires étrangères iraquien de restituer un premier lot de biens koweïtiens disparus, par l’entremise de la MANUI.  Il a appelé les parties à redoubler d’efforts pour régler la question des biens et citoyens koweïtiens disparus afin de normaliser les relations entre les deux pays. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), tout en se félicitant de la composition du Gouvernement iraquien a jugé « essentiel » que les femmes soient représentées dans les instances politiques.  Il est également important qu’il bénéficie du soutien de toutes les couches de la société iraquienne et de la communauté internationale, notamment pour lutter contre l’impunité et promouvoir la reddition de comptes. 

Le Pérou est également d’avis que l’Iraq ne doit pas faire les frais d’intérêt régionaux.  Il doit pouvoir être libre, sans ingérence d’investir et de créer des emplois pour ses jeunes, a dit le représentant. 

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a plaidé pour la formation d’un nouveau gouvernement inclusif et en faveur de la responsabilisation, arguant qu’une société diversifiée veut se voir reflétée dans ses dirigeants élus, dans un gouvernement inclusif et représentatif, avec notamment une forte participation des femmes.  « L’Iraq peut être fière d’être le fer de lance de l’autonomisation des femmes dans le monde arabe pour avoir nommé dès 1959 une femme Ministre », a rappelé la représentante en espérant que cet exemple se renouvelle.  Mme Van Haaren a profité de cette occasion pour féliciter Mme Nadia Murad, qui a reçu le prix Nobel de la paix pour sa lutte en faveur des Yézidis victimes de la violence sexuelle et des atrocités de Daech. 

La réhabilitation et l’intégration des victimes dans la société est précisément la priorité du deuxième plan d’action sur l’application de la résolution 1325 (2000) de l’Iraq, a relevé Mme Van Haaren.  Mais au lendemain de la défaite de Daech, elle a souhaité que l’accent soit également mis sur l’autonomisation sociale et économique des femmes et la lutte contre l’impunité des auteurs des violences sexuelles et sexistes.  La représentante a aussi souligné l’engagement de la MANUI sur la question de la responsabilité de Daech et le début des travaux de l’équipe d’enquête à cet égard, estimant qu’il revient à la Mission et au Gouvernement de sécuriser, collecter et protéger les preuves.  Les Pays-Bas, a-t-elle indiqué, ont décidé d’aider financièrement l’équipe d’enquête.  Elle a également appelé le Gouvernement iraquien à ratifier et mettre en œuvre le Statut de Rome et à reconnaître la compétence de la CPI.

Maintenant que l’élection présidentielle iraquienne est terminée, M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a encouragé tous les partis politiques à travailler de concert non seulement à la mise en œuvre de réformes économiques et sociales, mais aussi à la reconstruction et à la stabilisation des zones libérées du joug de l’État islamique.  « Comme les développements des derniers mois l’ont montré, les citoyens iraquiens ont besoin d’une administration efficace qui réponde aux attentes de tous », a ajouté le délégué.  C’est pourquoi, il a appelé le nouveau gouvernement élu à se concentrer sur la fourniture des services publics essentiels, une bonne gouvernance, la création d’emploi, l’amélioration des conditions de vie, la lutte contre la corruption, le développement économique, ainsi que le retour des populations déplacées. 

Regrettant qu’aucune politicienne de qualité n’ait été élue à des postes de direction, le représentant a appelé le Gouvernement à s’assurer de la représentation des femmes au plus haut niveau de l’administration.  Il a finalement mis l’accent sur la justice qui doit être rendue aux victimes des actes terroristes.  Souhaitant des procès justes et conformes aux standards internationaux, il a exhorté les autorités iraquiennes à inclure les crimes sexuels dans les poursuites qui vont être intentées contre les combattants de l’État islamique.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a salué le déroulement du scrutin parlementaire de mai dernier et la proclamation des résultats par la Cour suprême fédérale iraquienne, suite à laquelle le pays s’est doté d’un nouveau Président et d’un Premier Ministre.  Le représentant a appelé les différentes coalitions parlementaires à dialoguer afin de renforcer les institutions démocratiques du pays. 

Dans le sud de l’Iraq, le représentant a jugé urgent de pourvoir aux besoins de la population pour éviter la persistance des violences, notamment dans la province de Bassora.  Le représentant a également regretté la persistance d’attaques asymétriques perpétrées par Daech, y compris à Bagdad.  Il a, en outre, pris note de la découverte de plus de 200 fosses communes, dans lesquelles se trouveraient des milliers de victimes de Daech.  Le délégué bolivien a appelé à préserver ces fosses communes, non seulement pour restituer les corps aux familles des victimes, mais également pour accumuler des preuves contre les auteurs de ces crimes, afin de les traduire en justice.  Il faut également mettre en place des services de réparation des victimes, a-t-il estimé.

Enfin, le représentant a regretté le manque de progrès dans la restitution des biens Koweïtiens et sur le dossier des citoyens Koweïtiens disparus.  Il a noté la volonté de la MANUI de servir d’intermédiaire dans le cadre du processus de restitution des biens.  Le représentant a appelé à régler cette question une bonne fois pour toutes, dans la perspective d’une normalisation des relations entre les deux pays.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a vu l’élection d’un nouveau président en Iraq comme un signe de bonne volonté des acteurs politiques et du pays, en plus du fait que cela contribue à sortir de la crise.  Cependant, les manifestations violentes dont parle le rapport, et qui dans certains cas ont eu des répercussions sur les installations diplomatiques et consulaires, inquiètent la délégation, qui espère que les autorités prendront toutes les mesures qui s’imposent, notamment pour répondre aux besoins des populations. 

La Guinée équatoriale estime aussi que le Gouvernement doit poursuivre sa lutte contre le terrorisme et libérer les zones encore contrôlées par Daech.  Le délégué a jugé également important que l’Iraq travaille avec les pays voisins, notamment pour répondre aux plaintes concernant la violation de l’espace aérien iraquien.  La stabilité de ce pays est essentielle dans la région, a conclu le représentant. 

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a salué l’Iraq pour avoir mené à bien le processus électoral et pour la formation en cours de son nouveau gouvernement.  Toutefois, il a regretté l’absence de femmes parmi les Ministres nommés jusqu’à présent.  Le représentant a, en outre, appelé le futur gouvernement à mener en priorité des réformes économiques et à améliorer la protection sociale des plus pauvres.  Selon lui, en effet, les évènements récents dans le sud du pays démontrent l’importance de fournir des services de base à tous les Iraquiens, y compris en matière d’accès à l’eau et à l’électricité.  Le représentant a, en outre, appelé à lutter contre la violence de genre et à favoriser l’intégration des femmes à la vie politique et économique du pays.

Face à la découverte récente de plus de 200 fosses communes, le représentant a appelé à préserver et protéger ces charniers, afin de traduire en justice les auteurs des crimes commis par Daech.

Le représentant a, enfin, félicité Mme Nadia Murad pour l’obtention du prix Nobel de la paix.  Il a enfin insisté sur l’importance de régler la question de la restitution des biens koweïtiens disparus en vue de normaliser les relations entre les deux pays.

Après avoir félicité le peuple iraquien pour avoir terminé le processus électoral, M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie) a pris note de l’élection du Président Barham Salih, et la nomination du Premier Ministre Adil Abdel-Mahdi.  Le représentant a souhaité que les nouveaux dirigeants déploient tous les efforts pour former le nouveau gouvernement dans les délais constitutionnels et qui répond aux aspirations et aux attentes du peuple iraquien.  Encouragé par les progrès dans les relations entre Bagdad et Erbil, y compris la formation du nouveau gouvernement, le représentant a voulu que le Gouvernement fédéral et le Gouvernement régional de Kurdistan capitalisent davantage sur l’élan positif généré récemment. 

Le représentant a salué le Gouvernement et les forces de sécurité pour leurs efforts visant à éliminer les restes de Daech du territoire iraquien en particulier dans le nord et le centre du pays.  C’est un défi énorme auquel font face le Gouvernement et le peuple iraquien.  « Nous pensons qu’une réponse globale est nécessaire pour assurer une paix durable, promouvoir l’unité, la stabilité et la réconciliation nationales, faire face à la situation humanitaire et reconstruire l’économie et les infrastructures iraquiennes », a estimé le représentant.  À cet égard, une coopération régionale et internationale renforcée est essentielle, a ajouté le délégué qui a réitéré l’appel du Secrétaire général à respecter les engagements pris à la Conférence internationale au Koweït pour la reconstruction de l’Iraq.

M. JOAKIM VAVERKA (Suède) s’est félicité de la confirmation du Président iraquien Barham Salih et du Premier Ministre Adil Abdul-Mahdi, ainsi que de la formation partielle du Conseil des ministres.  Il s’est dit néanmoins déçu du manque de femmes parmi les ministres nommés jusqu’à présent, plaidant en faveur de davantage d’inclusivité.  Le Gouvernement, a-t-il préconisé, doit maintenant œuvrer à relever les nombreux défis qui se posent, en particulier dans le domaine des réformes économiques, en tenant compte de la nécessité de fournir des services de base à la population, de lutter contre la corruption et de renforcer l’état de droit.  Il faudra également répondre aux causes profondes du conflit en vue de garantir une paix et un développement de long terme, a-t-il préconisé, en soulignant l’importance de mieux redistribuer les ressources et l’influence au sein des différentes composantes de la société iraquienne. 

La Suède a ensuite déclaré soutenir des initiatives destinées à renforcer la reddition de la justice pour les violations du droit international, en citant comme exemple la résolution 2379 (2017) qui portait création de l’équipe d’enquêteurs chargée de recueillir des éléments de preuve contre Daech.  Saluant les progrès accomplis par le dialogue Bagdad-Erbil, le représentant a recommandé à l’ONU de faire un usage optimal de ses bons offices pour faciliter le dialogue entre les parties prenantes.  Enfin, il a salué l’inclusion, pour la première fois dans le mandat de la MANUI, d’une composante femme, paix et sécurité.

M. MA ZHAOXU (Chine) a dit se féliciter de la désignation du nouveau Gouvernement iraquien.  La Chine espère que ce dernier continuera de promouvoir le développement économique, la réconciliation nationale, la paix pérenne et la sécurité.  Sa délégation estime aussi que la communauté internationale doit appuyer l’Iraq à cette fin, mais dans le plein respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. 

Elle doit également appuyer les efforts des Nations Unies et les missions de bons offices du Représentant spécial, notamment pour aider les parties iraquiennes à régler par la voie politique leurs différends, de même que ceux avec le Koweït.  La Chine continuera de participer aux efforts de développement de l’Iraq autant que possible, a conclu le représentant. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a rappelé le soutien de son pays envers la MANUI.  Il a remercié le Secrétaire général pour avoir accédé à la demande de son gouvernement de proroger le mandat du Représentant spécial pour l’Iraq, M. Ján Kubiš, jusqu’à la mi-janvier 2019.

Les Iraquiens viennent d’achever avec succès leurs élections législatives, s’est ensuite enorgueilli le représentant.  À ses yeux, l’Iraq s’est comporté à cette occasion en « modèle de démocratie », comme en témoigne, selon lui, la « transition pacifique du pouvoir » et la formation du nouveau Gouvernement, le tout dans le respect du calendrier prévu par la Constitution.  Tout cela montre bien la volonté de l’Iraq de former un Gouvernement ouvert et à même de répondre aux attentes du peuple iraquien, a affirmé le représentant, avant de rentrer dans le détail des priorités du plan ministériel global récemment adopté par le nouveau Gouvernement.

L’une des priorités du plan, a précisé le représentant, sera de fournir des services publics de base aux citoyens iraquiens dans la province de Bassora.  Le Gouvernement entend également se consacrer aux questions en suspens relatives à la gestion pétrolière et financière dans la région du Kurdistan, a-t-il ajouté.

En outre, le nouveau Gouvernement entreprendra des réformes économiques afin de faire passer le pays « d’une économie de revenu à une économique de marché », de soutenir davantage le secteur privé et de diversifier le revenu national pour ne pas dépendre excessivement des ventes de pétrole.

Dans le cadre de ce plan ministériel global, le nouveau Gouvernement souhaite également améliorer la performance des services publics dans l’ensemble du pays, a poursuivi le représentant, appelant la communauté internationale à appuyer financièrement les autorités iraquiennes en ce sens.  La lutte contre la corruption et l’allocation stratégique des ressources financières figureront également en bonne place des priorités du plan, a-t-il ajouté.

En outre, le représentant a indiqué que son gouvernement entendait assurer le suivi des résultats de la Conférence internationale pour la reconstruction de l’Iraq, accueillie cette année par « l’État frère du Koweït ».  Il a appelé la communauté internationale à appuyer les autorités du pays pour renforcer les infrastructures dans les villes libérées du joug de Daech. 

Alors que l’Iraq a entamé une nouvelle phase de sa lutte contre le groupe terroriste, le représentant a jugé essentiel de se concentrer sur la stabilité sociale, politique et économique du pays.  Afin de lutter contre toutes les cellules terroristes restantes et d’éviter qu’elles ne réapparaissent, le représentant a souligné l’intention des autorités iraquiennes de renforcer toutes les catégories de forces de sécurité nationales, y compris la police et l’armée.  À l’inverse, a-t-il précisé, le nouveau Gouvernement souhaite lutter contre tout groupe armé non étatique ou milices dans le pays.

Le représentant a par ailleurs salué la reconnaissance de la tragédie des yézidis suite à l’obtention par Mme Nadia Murad du prix Nobel de la paix.  Il a toutefois jugé étrange que le Secrétaire général ait fait référence dans son rapport à la discrimination raciale en Iraq.  Il n’y a pas de discrimination raciale dans mon pays, a-t-il affirmé, rejetant le précédent grave établi selon lui par ce dernier rapport, de nature à « saper la paix sociale » du pays.  Aucune discrimination n’existe envers quelque couche sociale que ce soit dans mon pays, a-t-il insisté.

Le représentant a par ailleurs affirmé que les autorités iraquiennes s’efforçaient à l’heure actuelle d’inclure des femmes au sein du nouveau Gouvernement. 

Il a mis l’accent sur les besoins importants du pays en matière de déminage, principale raison, selon lui, des retards concernant le retour des personnes déplacées dans les zones reprises à Daech.  Le représentant a appelé l’ONU à appuyer davantage les actions de déminage à travers le pays, en renforçant la présence et les moyens du Service de la lutte antimines en Iraq.

Par ailleurs, le représentant a estimé que le recours à la peine de mort dans les cas de crimes terroristes relevait d’un droit régalien de son gouvernement.  Le Code pénal iraquien ne reconnaissant pas les crimes internationaux, il a indiqué que le Parlement du pays apportait la dernière main à un projet de loi pour ces crimes, en particulier ceux commis par Daech.

Le représentant a, en outre, déclaré qu’aucun groupe ne pouvait utiliser le territoire iraquien pour mener à bien des attaques contre d’autres pays. 

S’agissant des biens et citoyens koweïtiens portés disparus, le représentant a assuré que son gouvernement cherchait à améliorer encore davantage ses relations avec le Koweït.  Récemment, a-t-il précisé, le Ministère des affaires étrangères iraquien a lancé une campagne appelant tous les citoyens du pays à fournir des informations concernant des biens et citoyens koweïtiens portés disparus. 

Enfin, le représentant a remercié M. Kubiš pour ses efforts en Iraq et a souhaité bonne chance à son successeur au poste de Représentant spécial du Secrétaire général pour le pays.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Lors de sa session annuelle, la Commission de consolidation de la paix appelle à la mise en œuvre du plan de soutien de l’ONU au Sahel

Session annuelle de 2018,
1re séance – matin & après-midi
CCP/128

Lors de sa session annuelle, la Commission de consolidation de la paix appelle à la mise en œuvre du plan de soutien de l’ONU au Sahel

C’est sur le thème de la consolidation et de la pérennisation de la paix au Sahel que la Commission de consolidation de la paix (CCP) a tenu, aujourd’hui, sa session annuelle, permettant aux États Membres et aux partenaires clefs d’échanger sur la mise en œuvre du récent Plan de soutien de l’ONU au Sahel.

Face aux sérieux défis humanitaires, de sécurité, de gouvernance et de développement auxquels la région continue de faire face, malgré son énorme potentiel, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, a lancé le Plan de soutien de l’ONU au Sahel, le 30 juin 2018, en marge du Sommet de l’Union Africaine à Nouakchott.

Cette réunion d’une journée représente l’occasion de s’attaquer aux défis qui affectent le Sahel de façon « coordonnée et cohérente », afin de garantir la paix et le développement, et de s’attaquer aux causes profondes des crises qui secouent la région, a déclaré, à l’ouverture, Mme Mohammed.  « Seule une approche intégrée et collective, dirigée par les pays concernés, nous permettra de réaliser des progrès sur ces questions », a-t-elle affirmé.

L’objectif global du Plan de soutien, qui couvre la période 2018-2030 et cible 10 pays (Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Tchad), consiste à intensifier les efforts pour accélérer la prospérité partagée et la paix.  Pour la Vice-Secrétaire générale, ces efforts constituent une « épreuve de vérité ». 

 Le 20 janvier 2017, a-t-il été rappelé lors de cette réunion, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration présidentielle* soulignant le rôle fédérateur de la CCP dans la mobilisation de la communauté internationale en faveur de la mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS), lancée en 2013, et la nécessité de l’adapter aux besoins en constante évolution de la région. 

Depuis lors, a expliqué le Président de la Commission de consolidation de la paix, M. Ion Jinga, la CCP a tenu une série de réunions sur la situation au Sahel avec la participation des pays de la région, de l’Union africaine, de l’Union européenne, du G5 Sahel et du système des Nations Unies. 

Les défis auxquels sont confrontés les pays du Sahel exigent de notre part « une approche complète », a appuyé le Président du Conseil de sécurité pour le mois de novembre, M. Ma Zhaoxu, de la Chine.  Face aux menaces transnationales que posent le terrorisme, le crime organisé, dont la traite des personnes, et les migrations, il a appelé à une meilleure coordination entre les agences des Nations Unies, les pays de la région et les organisations régionales.

« La région du Sahel sera un test pour voir si la réforme du système des Nations Unies pour le développement fonctionne concrètement », a renchéri la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, jugeant plus nécessaire que jamais que l’EOCOSC et la CCP travaillent main dans la main.  

Estimant pour sa part que cette réunion est l’occasion de parvenir à « une compréhension commune et partagée des défis contemporains » au Sahel, le représentant du Mali, M. Issa Konfourou, s’exprimant au nom de son homologue du Niger, Président en exercice du G5 Sahel, a réitéré son appel au Conseil de sécurité en faveur de l’octroi d’un mandat « robuste » à la Force conjointe du G5 Sahel, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’un financement prévisible et adéquat.

La mise en œuvre de la stratégie des Nations Unies pour le Sahel est un des éléments essentiels d’action de la communauté internationale, ont reconnu en cœur Mmes Mohammed et King.  L’échec de ces mesures, a prévenu Mme Mohammed, pourrait mettre en péril la paix dans la région.

La Vice-Secrétaire générale a en outre jugé important d’écouter la voix des femmes, afin de mettre à profit « leur potentiel de transformation sociale ».  La Présidente de l’ECOSOC a vu dans le réchauffement climatique « un facteur multiplicateur des menaces », que sont la désertification et les tensions sociales, dans une région déjà confrontée à des problèmes de gouvernance.

Il n’existe pas de solution unique à une situation où au moins 5,8 millions de personnes sont en proie à l’insécurité alimentaire et où 24 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, soit 12% de l’enveloppe globale pour 2018, a souligné le représentant du Burkina Faso, M. Yemdaogo Eric Tiare, au nom de la Présidente de l’Assemblée générale, avant d’exhorter les États de la région à profiter des travaux de la Commission pour nouer des partenariats durables.

Le Sahel offre en effet un énorme potentiel en termes de ressources naturelles et d’énergie renouvelable, mais il fait face à des besoins de l’ordre de 140 milliards de dollars cette année et de 157 milliards chaque année à compter de 2022 pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, a précisé Mme Mohammed.   Pour Mme King, il est encourageant de constater que les pays du Sahel ont accepté de soumettre leurs examens nationaux volontaires dans l’optique de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

« Il ne saurait y avoir de paix véritable sans développement », a argué le représentant du Mali, en invitant les délégations à s’interroger sur la meilleure façon d’assurer la transition entre l’urgence humanitaire et le développement, « clef d’une stabilité durable » dans la région.  « Nous devons agir vite, et nous devons agir ensemble », a-t-il plaidé.

Après les déclarations liminaires, la CCP a tenu une séance de travail interactive sur le partenariat des Nations Unies avec les principales parties prenantes aux niveaux stratégique et opérationnel pour assurer la cohérence du soutien international à la région du Sahel. 

Dans l’après-midi, les membres de la Commission ont débattu de l’autonomisation des jeunes et des femmes en tant qu’agents de consolidation et de pérennisation de la paix au Sahel.

Cette réunion montre que le travail de prise de conscience effectué par la CCP est important pour l’appui au Sahel, a résumé en fin de séance M. Jinga.  « Le temps est venu de changer le langage au sujet du Sahel et de faire des défis des opportunités. » 

Les pays du Sahel ont des terres généreuses et des populations compétentes au potentiel impressionnant, notamment chez les femmes et les jeunes, mais ils ont besoin d’un appui urgent et pérenne de la part de la communauté internationale, a poursuivi le Président de la Commission, en insistant sur l’importance du partenariat stratégique entre l’Union africaine et l’ONU.  « Soyons les amis du Sahel, apportons-leur l’assistance dont ils ont besoin pour parvenir à la paix et au développement durable, notamment en respectant l’appropriation nationale et les processus de consolidation de la paix », a-t-il conclu.

La CCP est un organe consultatif chargé d’intégrer une approche stratégique aux initiatives internationales de consolidation de la paix tout en assurant leur cohérence. 

Les conclusions et recommandations de cette session annuelle feront l’objet d’un examen dans le rapport annuel de la Commission.

*S/PRST/2017/2

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: les délégations appellent à combler le déficit budgétaire de l'UNRWA et à ne pas politiser son travail humanitaire

Soixante-treizième session,
25e séance – matin
CPSD/685

Quatrième Commission: les délégations appellent à combler le déficit budgétaire de l'UNRWA et à ne pas politiser son travail humanitaire

La clôture du débat de la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) sur les activités de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a été l’occasion pour de nombreux États Membres d’insister sur la nécessité de trouver des solutions pérennes pour combler le déficit budgétaire qui menace son fonctionnement depuis les coupes drastiques annoncées par les États-Unis, qui étaient son plus important contributeur.

Alors que l’UNRWA a enregistré un déficit de 64 millions de dollars pour 2018, suite à l’annonce que les États-Unis réduisaient à 60 millions de dollars, en 2018, leur contribution qui était auparavant d’environ 360 millions de dollars, la Norvège a prévenu que les mois à venir seront plus difficiles que jamais.

Tout en saluant les efforts budgétaires « douloureux et nécessaires » consentis par l’UNRWA depuis l’annonce américaine, la délégation norvégienne a estimé qu’il incombe désormais aux donateurs à long terme de l’Office de faire tout leur possible pour l’aider à trouver une stabilité financière durable.

« Que ce soit dans son rôle de fournisseur de services, de catalyseur de l’activité économique, ou de stabilisateur régional, il n’y a pas d’alternative à l’activité de l’Office », a notamment souligné la Norvège, se faisant l’écho d’un sentiment largement partagé parmi les délégations qui n’ont eu de cesse d’insister sur la nécessité de permettre à l’UNRWA de continuer l’assistance « essentielle » et « cruciale » aux quelque cinq millions de réfugiés palestiniens qui en dépendent, que ce soit pour leur éducation, leur santé ou pour obtenir des perspectives d’emplois.

En effet, comme l’a souligné la délégation japonaise, même si la communauté internationale est parvenue à colmater les brèches pour l’année 2018, la problématique du financement de l’UNRWA persistera pour les années à venir.  Le Japon a donc appelé l’Office à poursuivre ses efforts de réduction des coûts, à élargir sa base de donateurs, notamment via des opérations de financement participatif (crowdfunding), et à mettre encore davantage à contribution le secteur privé. 

L’Australie a de son côté encouragé les donateurs à envisager des arrangements financiers pluriannuels pour assurer un certain niveau de prévisibilité à l’Office, tandis que le Brésil a appelé à financer les coûts opérationnels les plus essentiels de l’Office à partir du budget ordinaire des Nations Unies, une proposition qui, a-t-il indiqué, est également celle du Secrétaire général et d’une large majorité d’États Membres.  De son côté, la Turquie a annoncé la création prochaine, au sein de la Banque islamique de développement, d’un fonds de dotation pour les réfugiés de Palestine.  

En dépit de cette situation financière sans précédent, le Commissaire général de l’UNRWA, M. Pierre Krähenbühl, s’est néanmoins dit néanmoins confiant.  En effet, après avoir réussi à lever pas moins de 238 millions de dollars depuis l’annonce américaine en janvier, il a dit espérer pouvoir réduire encore davantage le déficit de 2018 et compter sur l’engagement renouvelé de la communauté internationale en faveur de l’UNRWA en 2019. 

Outre les préoccupations d’ordre financier, les débats d’aujourd’hui ont également porté sur le mandat même de l’UNRWA, le Liban, l’un des trois pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés palestiniens, ayant notamment accusé ceux qui remettent en cause la pertinence de celui-ci de vouloir faire pression pour forcer leurs intégration et réinstallation dans des pays tiers.

Recadrant le débat, la représentante de l’Indonésie a dénoncé catégoriquement la politisation du travail de l’UNRWA, s’opposant à toute tentative d’utiliser les réfugiés comme un outil de négociation sur l’échiquier politique, tandis que son homologue de la Turquie a souligné la « limpidité » du mandat de l’Office. 

Rebondissant sur ce débat, M. Krähenbühl a d’ailleurs réaffirmé la nature exclusivement humanitaire du mandat de l’UNRWA, guidé, a-t-il insisté, par les principes de neutralité et d’indépendance et défini exclusivement, depuis sa création, il y a 70 ans, par les États Membres et l’Assemblée générale.

Autre important pays d’accueil de la communauté palestinienne, la Jordanie a, quant à elle, souligné que la raison d’être de l’Office sera justifiée aussi longtemps qu’il n’existera pas de solution durable à la question des réfugiés palestiniens, avertissant en outre que tout manque en termes d’octroi de service de base dispensés par l’Office risque d’exacerber leurs frustrations et de faire des jeunes une cible facile de l’extrémisme.

Abondant dans ce sens, la délégation égyptienne a d’ailleurs soutenu que l’absence de l’UNRWA pourrait entraîner une catastrophe humanitaire et placer de nouveaux fardeaux sur les épaules des États d’accueil, en appelant à la « conscience » des États Membres présents.  « N’oublions pas que des générations entières sont nées sous le statut de réfugiés », a-t-il lancé, disant ne pas comprendre que l’on puisse chercher à bafouer leurs droits à un accès modeste à l’aide humanitaire en raison du déficit budgétaire de l’UNRWA.

Exerçant son droit de réponse, Israël a estimé que chercher à régler le problème des réfugiés palestiniens en passant par leur droit au retour ne contribuera qu’à perpétuer le conflit et à créer de plus en plus de réfugiés.  Arguant que la résolution 194 (1948) sur le droit au retour des réfugiés n’est pas juridiquement contraignante, il a également déploré les faux espoirs que véhicule le texte, notant que ces millions de personnes ne peuvent réellement envisager de retourner sur des terres qu’elles n’ont pas connues. 

« Le droit au retour est bien un droit pour les populations et la résolution 194 a son importance », a tranché de son côté l’État de Palestine, pour qui « il n’y a pas de raison qui explique pourquoi ces personnes ne pourraient pas revenir sur leurs terres, dans leurs propriétés, une fois les hostilités terminées ».

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 13 novembre, à 15 heures.

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT

Fin du débat général

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a souligné que la question des palestiniens, qui concerne plus de cinq millions de personnes, est d’abord une question politique avant d’être humanitaire.  Depuis 1945, l’UNRWA est le témoin oculaire des souffrances du peuple palestinien, et de nombreuses décennies se sont écoulées depuis l’adoption de la résolution 194 (1948) de l’Assemblée générale, mais, a-t-il déploré, l’ONU reste incapable de la mettre en œuvre, comme tellement d’autres.  Selon le représentant, cette situation permet à Israël de poursuivre les déplacements systématiques des Palestiniens et de bafouer leurs droits élémentaires.  La Syrie, quant à elle, n’épargne aucun effort pour protéger les réfugiés palestiniens qui se trouvent sur son territoire, a-t-il affirmé.  Cependant, a-t-il signalé, les camps sont infiltrés par des terroristes et les Palestiniens souffrent à cause de leurs exactions. 

Israël fait preuve d’arrogance et continue de critiquer l’UNWRA pour son assistance humanitaire, aussi la Syrie insiste sur l’importance de la mise en œuvre du mandat de l’UNRWA et appelle les États à lui assurer un financement prévisible et adéquat.  Le représentant a également estimé qu’aucune de ses prérogatives ne doit être transférée au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ou à toute autre agence de l’ONU.  Les Nations Unies doivent agir immédiatement pour combler le gouffre budgétaire de l’UNRWA et lui permettre de poursuivre son mandat, conformément à la résolution de 1949 

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a félicité M. Pierre Krähenbühl, le Commissaire général de l’UNRWA, pour son engagement et pour ne pas avoir baissé les bras face à la nouvelle crise financière à laquelle l’Office a été confronté cette année.

La question de l’UNRWA est une priorité pour la Jordanie, « qui accueille le plus grand nombre de réfugiés palestiniens », a expliqué la représentante, qui a souligné que protéger l’UNRWA revient à protéger les droits de plus de cinq millions de personnes, y compris leur droit de regagner leurs foyers et de recevoir des compensations. C’est également, a-t-elle ajouté, le droit à l’éducation de plus de 500 000 enfants palestiniens.  Elle a averti que tout manque de service de base dispensé par l’Office risque d’exacerber les frustrations et que les jeunes deviendront alors des cibles faciles de l’extrémisme.

La question de réfugiés palestiniens est une question de statut définitif, a estimé la représentante, et on ne saurait bafouer le droit de ces réfugiés tout simplement parce qu’ils ont pris la nationalité d’un État tiers.  La Jordanie a accueilli des réfugiés palestiniens et leur a donné la nationalité pour leur permettre de vivre dans la dignité mais cela ne doit pas les priver de leurs droits, a-t-elle tranché.

S’agissant de la situation financière de l’Office, Mme Sami a rappelé que la Jordanie, l’Égypte et la Suède, en coopération avec d’autres pays, avait accueilli la Conférence de Rome de mars dernier, et convoqué une réunion ministérielle en marge de l’Assemblée générale, en septembre 2018, pour mobiliser l’appui financier à l’Office, permettant ainsi de faire tomber son déficit à 64 millions de dollars pour 2018.  L’UNRWA est indispensable et cela aussi longtemps qu’il n’y a pas de solution définitive à la question des réfugiés palestiniens, a conclu la représentante.

M. NASREDDINE NAOUALI (Tunisie) a estimé qu’étant donnée la vulnérabilité particulièrement aigue de Gaza, il revient aux Nations Unies et aux États Membres de renforcer leurs efforts, notamment pour faire face au déficit de financement de l’UNWRA, citant le rôle essentiel que joue l’Office dans la région.  Si l’UNWRA n’arrive pas à fournir protection, aide, soin et éduction, a-t-il averti, ce sont 5,4 millions de Palestiniens qui souffriront d’abandon et qui risquent d’être de plus en plus tentés par la radicalisation, en particulier les jeunes dont la frustration augmente.

La Tunisie demande de nouveau à la communauté internationale d’appeler Israël à mettre fin aux activités de colonisation dans les territoires occupés, dont Jérusalem-Est, soulignant que la cessation immédiate de toute activité de colonisation est indispensable pour parvenir à une solution des deux États.  Elle appelle aussi à dépolitiser le financement humanitaire pour réduire les risques qui pèsent sur l’UNRWA.

Pour le représentant du Liban, la question des réfugiés de Palestine résume la question de Palestine elle-même: 70 ans de dispersion forcée et de générations de réfugiés palestiniens portant le lourd fardeau du déni de citoyenneté et de patrie, a-t-il regretté

À ceux qui misent sur le facteur du temps « qui pourrait mener à l’extinction de leurs droits », il a souligné que les causes justes ne perdent jamais leur pertinence, même avec le temps.  La force de la question de Palestine réside dans la force du droit international, qui est entièrement de son côté, a-t-il tranché.

Le représentant a salué les efforts déployés par l’UNRWA pour assurer les services de base à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens dans ses zones d’activités, rappelant dans la foulée que le Liban est l’un des principaux pays à accueillir des réfugiés palestiniens. 

« Nous, au Liban, nous sentons directement l’impact des coupes budgétaires de l’UNRWA imposées par les États-Unis », a rappelé le représentant, qui s’est dit d’autant plus surpris par cette décision que les États-Unis ont été de tout temps le plus grand donateur de l’Office.  Il a salué la réaction de pays amis qui ont permis à l’UNRWA de faire face à cette la crise financière de cette année, mais a appelé à pérenniser le financement de l’Office pour que la crise de 2018 ne devienne pas annuelle.

Reprenant les propos du Président libanais, Michel Aoun, il a demandé « est-ce que la souffrance des réfugiés de Palestine s’est terminée pour qu’on mette fin au mandat de l’UNRWA, ou s’agit-il plutôt de pressions pour forcer leurs intégration et réinstallation dans des pays tiers? »

M. TORE HATTREM (Norvège) a constaté que la situation des deux millions de Palestiniens qui vivent à Gaza est critique, que l’économie palestinienne est sur le point de s’effondrer, et que des réfugiés palestiniens demeurent déplacés par la crise en Syrie.  Vu ce contexte, et en l’absence d’une quelconque solution politique dans le conflit israélo-palestinien, il a jugé l’UNRWA indispensable.  Que ce soit dans son rôle de fournisseur de services, de catalyseur de l’activité économique, ou de stabilisateur régional, il n’y a pas d’alternative à l’activité de l’Office a-t-il insisté.  Évoquant la difficile situation économique de l’UNRWA, il a prévenu que les mois à venir seront plus difficiles que jamais.  « Avec le retrait des États-Unis, nous, en tant que donateurs à long terme de l’UNRWA, devons faire ce que nous pouvons pour l’aider à trouver une stabilité financière durable », a-t-il plaidé.  Accueillant avec satisfaction les efforts budgétaires « douloureux et nécessaires » consentis par l’UNRWA, il s’est aussi félicité de l’aide fournie par d’anciens et de nouveaux donateurs pour soutenir ses activités.  Il a par ailleurs déploré le manque de consensus « sans précédent » qui a accueilli le dernier rapport du Groupe de travail sur le financement de l’UNRWA.

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a insisté sur le fait que la question des réfugiés palestiniens est avant tout une question humanitaire, résultant de l’occupation des territoires palestiniens.  Il a demandé que le débat sur le budget de l’UNRWA ne soit pas politisé et a estimé que ce n’est pas non plus le lieu de débattre de questions relevant du droit international.  L’absence de l’UNRWA pourrait entraîner une catastrophe humanitaire et de nouveaux fardeaux sur les épaules des États d’accueil, a-t-il souligné, en appelant à la « conscience » des États Membres présents.  « N’oublions pas que des générations entières sont nées sous le statut de réfugiés », a-t-il lancé.  Comment comprendre qu’on bafoue leurs droits à un accès modeste à une aide en raison du déficit budgétaire de l’UNRWA?  Comment les enfants de Gaza pourraient-ils comprendre qu’on leur refuse le droit à l’éducation?

Pour le représentant, contribuer à l’UNWRA c’est contribuer à la stabilité de la région.  L’enjeu reste de taille, a-t-il indiqué, soulignant que toute réponse apportée aux lacunes budgétaires de cette année ne signifie pas que le problème sera résolu l’an prochain.  Il faut fournir des financements réguliers et prévisibles à l’UNWRA, a-t-il plaidé.

M. MISHARI AL-MUZAYNI (Koweït) a remercié le Commissaire général de l’UNRWA ainsi que tout son personnel pour les efforts déployés dans un contexte difficile en vue d’apporter des services de base essentiels aux réfugiés palestiniens.  La position de principe historique du Koweït est d’appuyer l’Office, a précisé le représentant, et d’autant plus en cette phase particulièrement critique où l’Office traverse une crise financière sans précèdent qui risque d’entrainer la fin des services qu’il rend aux plus de cinq millions de réfugiés palestiniens, a-t-il averti. 

Évoquant les souffrances qu’endurent les réfugiés palestiniens depuis 70 ans, il a appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il se soumette à ses obligations en vertu du droit international et qu’il lève le blocus de Gaza.  Il a par ailleurs estimé que l’Initiative de paix arabe répond à toutes les questions relatives au statut définitif des réfugiés palestiniens.

Il a en outre fait savoir que le Koweït avait fourni 50 millions de dollars supplémentaires en 2018 pour combler les lacunes budgétaires de l’Office.

Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a souligné que l’appui aux réfugiés palestiniens est indispensable pour honorer leur droit au retour.  Elle a également indiqué qu’en vertu des différents rapports rédigés à ce jour, « l’existence juridique indispensable » de l’UNRWA prendra fin une fois qu’une solution équitable, reposant sur la reconnaissance des deux États, aura été trouvée.  Depuis plus de 70 ans, les réfugiés palestiniens souffrent de la perte de leur foyer, de leurs biens, et l’Office joue un rôle fondamental depuis 1949 pour alléger leur sort en leur portant secours.  Ce sont ainsi, a-t-elle poursuivi, 526 000 étudiants pris en charge, plus de 140 centres de santé gérés, l’élimination des déchets, l’assistance alimentaire et la poursuite du fonctionnement des institutions d’éducation et enfin la prestation d’assistance urgente fournie à 1,5 million de réfugiés à Gaza, en Cisjordanie et en Syrie.  Elle s’est également préoccupée du fait que l’insécurité alimentaire touche plus de 15% de la population palestinienne en Cisjordanie et à Gaza.  Elle a exprimé sa préoccupation face à cette grave crise financière que connaît l’UNRWA du fait du retrait d’un de ces principaux contributeurs.  Elle a ensuite averti qu’il y aura bientôt plus de six millions de réfugiés palestiniens, soit un quart de la population totale de réfugiés dans le monde.

M. ROWAN ROBERT ASHBY (Australie) a salué les efforts déployés par l’UNRWA à l’intention des cinq millions de réfugiés palestiniens, soulignant que ceux-ci ont été consentis dans des conditions sécuritaires parfois difficiles, mais surtout dans un cadre budgétaire incertain cette année.  Il a d’ailleurs encouragé l’Office à continuer de chercher des donateurs non traditionnels et des sources de financement privées afin de diversifier au maximum sa base et de réduire sa dépendance à leurs bienfaiteurs habituels.

Il a indiqué qu’en vertu de son dernier engagement en date, l’Australie versera 80 millions de dollars australiens sur une base pluriannuelle pour assurer un niveau de prévisibilité à l’Office.  Il a encouragé les donateurs à envisager des arrangements financiers similaires.

Il a jugé que de tous les atouts de l’UNRWA, son principal était sa neutralité.  Il s’est à cet égard félicité des actions entreprises sur ce plan ces dernières années, et a encouragé l’Office à les poursuivre.  Toutefois, il a rappelé que l’avenir des réfugiés palestiniens ne reposait que sur une solution politique, dans le cadre d’une solution des deux États qui coexisteraient pacifiquement.

Étant donné l’importance considérable de l’UNRWA, M. MAURO VIEIRA (Brésil) a considéré que ses difficultés financières concernent l’ensemble de la communauté internationale.  En tant que membre de la Commission consultative de l’UNRWA, le Brésil a plaidé pour un financement plus adéquat, prévisible et durable de l’Office.  Selon son représentant, ses coûts opérationnels les plus essentiels devraient être financés par le budget ordinaire des Nations Unies, une proposition qui, a-t-il indiqué, est également celle du Secrétaire général et d’une large majorité d’États Membres.  Il a espéré que l’Assemblée générale pourra adopter une résolution en la matière.

Mme SHIORI AMIYA (Japon) a estimé que le rôle de l’UNRWA est crucial, non seulement pour les réfugiés eux-mêmes, mais aussi pour maintenir la stabilité au Moyen-Orient.  En septembre, a –t-elle ensuite rappelé, le Japon, aux côtés de la Jordanie, de la Suède de la Turquie et de l’Allemagne, ainsi que de l’Union européenne, ont organisé une réunion ministérielle sur la situation financière de l’UNRWA.  Cette rencontre s’est soldée par la réduction de son déficit financier à hauteur de 64 millions de dollars, grâce à des apports additionnels des participants.  Pour le Japon, cela s’est traduit par une aide totale de 45 millions de dollars en 2018, dont 4,5 millions pour appuyer des projets d’énergie solaire à Gaza.  Mais, même si la communauté internationale est parvenue à colmater les brèches pour l’année 2018, a averti le délégué, la problématique du financement de l’UNRWA persiste pour les années à venir.  Elle a appelé l’agence à poursuivre ses efforts de réduction des coûts, à élargir sa base de donateurs, notamment via des opérations de financement participatif (crowdfunding), et à mettre encore davantage à contribution le secteur privé.

M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a jugé injuste de chercher à entraver les opérations de l’UNRWA, soulignant qu’il permet aux réfugiés palestiniens de jouir de leurs droits fondamentaux et allège leur souffrance.  La Turquie, qui fait partie du Groupe de travail sur le financement de l’Office, a augmenté son assistance financière et s’est activée pour trouver des solutions créatives à la crise financière que l’Office a traversée cette année.  À cet égard, le représentant a rappelé que la Turquie avait coorganisé une réunion sur cette question pendant la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale et qu’elle avait aussi participé à la mise en place d’un comité de directeurs d’un fonds d’affectation spéciale pour les réfugiés palestiniens au sein de la Banque islamique de développement (BID).

À ceux qui cherchent, selon lui, à discréditer l’UNRWA, le représentant a répondu que « le mandat de l’UNRWA est limpide ».  Il est important que tous les États Membres soutiennent l’Office pour qu’il puisse s’acquitter de sa tâche jusqu’à ce qu’une solution définitive à la question des réfugiés palestiniens soit trouvée.

M. MAHESH KUMAR (Inde) a indiqué qu’en raison des contraintes financières que connaît l’UNWRA, son pays avait multiplié par 5 ses contributions et fournir 5 millions de dollars en 2019.  L’Inde réserve 150 places aux étudiants palestiniens dans ses institutions et offre 100 bourses d’études aux réfugiés palestiniens, soit deux fois plus que dans le passé.  L’Inde finance également de nombreuses associations à Ramallah, notamment sur les médias. 

Le représentant a ensuite constaté que la plupart des contributions de l’UNWRA proviennent de dons volontaires, ce qui représente une base de financement limitée et très instable.  Il a averti que le gouffre financier de l’UNRWA lié à la suspension de 400 millions de dollars en contributions n’est pas durable.  Il a salué les efforts déployés pour venir en aide à l’UNRWA mais a jugé nécessaire d’envisager des allocations supplémentaires, encourageant également les États Membres à continuer de financer le budget de l’UNWRA, « la meilleure façon de montrer sa solidarité avec le peuple palestinien ».

Après avoir salué le travail « formidable » fourni par l’UNRWA, M. MOHD AINI ATAN (Malaisie) a dit son inquiétude quant à la dégradation de la situation dans les territoires palestiniens occupés, particulièrement à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza.  Il s’est aussi alarmé des impacts de la violence armée sur la sécurité des missions d’éducation et de fourniture de soins de l’UNRWA.  Il a fait part de son ferme appui à l’UNRWA, précisant que la Malaisie a fourni une aide financière et en nature au Gouvernement de la Palestine, notamment pour reconstruire des communautés palestiniennes.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a catégoriquement rejeté la politisation du travail de l’UNRWA, déclarant qu’il ne fallait jamais utiliser les réfugiés en tant qu’outil de négociation sur l’échiquier politique.  Elle a estimé que les Nations Unies se doivent d’assurer un financement adéquat et durable pour l’UNRWA, parce qu’après tout, « le problème des réfugiés est un problème mondial ».  De plus, le problème des réfugiés palestiniens est un problème que la communauté internationale doit assumer.  « C’est notre échec collectif de ne pas avoir su garantir leur droit au retour et à vivre dans la paix et la dignité », a-t-elle lancé.

Soulignant le désespoir des réfugiés palestiniens, avant même que les États-Unis ne décident de réduire leur contribution financière à l’Office, de plus de 300 millions cette année, la représentante a salué la « riposte extraordinaire » de l’UNRWA qui a permis de lever pas moins de 238 millions de dollars dans les six mois suivant la décision américaine.  Après avoir condamné la décision américaine, elle a appelé la communauté internationale à jouer son rôle en augmentant sa contribution au budget de l’Office. 

M. YAO SHAOJUN (Chine) a constaté que l’UNRWA est actuellement confronté à un défi de nouvelle ampleur et que la communauté internationale dont lui assurer un financement plus prévisible, durable, et stable.  Il a indiqué que la Chine attache une importance particulière à l’aide aux Palestiniens et continue de soutenir des projets bilatéraux.  Cette année face aux besoins urgents, elle a d’ailleurs ajouté deux millions de dollars supplémentaires à sa contribution.

Le représentant s’est ensuite préoccupé du fait que l’instabilité chronique au Moyen-Orient a détérioré la situation humanitaire des Palestiniens et augmenté les défis à Gaza, ainsi que dans les pays hôtes comme le Liban la Jordanie et la Syrie, confrontés à des difficultés sans précédent. Il est donc urgent d’alléger la pression et d’agir, a-t-il souligné.  Il a appelé Israël à lever le blocus de la bande de Gaza pour faciliter l’accès de l’aide humanitaire, pour ensuite faire part de son appui à la solution des deux États.

M. IBRAHIM MODIBBO UMAR (Nigéria) a souhaité un règlement rapide et juste de la question des réfugiés palestiniens.  Préoccupé par la situation humanitaire alarmante à Gaza, il a demandé la levée du blocus israélien et la liberté de circulation de tous les Palestiniens.  À ses yeux, le règlement de la question palestinienne est lié à celle de la paix au Moyen-Orient, ce qui suppose notamment de mettre fin à la politique de peuplement israélienne.  Le Nigéria encourage donc Israël à geler ses activités de peuplement et appelle les dirigeants palestiniens à revenir à la table de négociation. 

Mme ASMA AL-HAMMADI (Émirats arabes unis) a appelé les pays donateurs à poursuivre leurs contributions financières pour permettre à l’UNWRA de continuer son travail important.  Son pays, a-t-elle souligné, compte parmi les principaux donateurs de l’agence: ainsi en 2017-18 il a versé 173 millions de dollars pour financer l’aide aux Palestiniens.  Il a également fourni une contribution supplémentaire pour appuyer les programmes éducatifs et les services de santé, et a versé, en février dernier, 2 millions de dollars pour garantir la livraison des carburants pour faire fonctionner les installations électriques des hôpitaux de Gaza.

M. HUSNI MUSTAFA YAGOUB HUSNI (Soudan) s’est dit conscient de la situation tragique et des souffrances humanitaires du peuple palestinien dans les territoires occupés du fait des actions et exactions israéliennes.  Cette situation a été exacerbée par la baisse des contributions au budget de l’UNRWA, s’est-il inquiété, soulignant que le déficit de l’Office met en cause sa capacité d’apporter des services de base, dont l’éducation, aux réfugiés palestiniens.  « Priver les enfants palestiniens de l’éducation dispensée par l’Office peut se révéler particulièrement dangereux pour la Puissance occupante parce que ces enfants sont des agents de paix », a souligné le représentant, pour lequel, il n’y a aucune justification possible à vouloir couper les financements de l’éducation.

Il a averti que la « situation sombre du peuple palestinien » le pousse « à se défendre », alors même que le désir de paix dans le monde est croissant.  Historiquement, aucun blocus et aucune crise financière n’ont pu mettre un terme au combat d’un peuple, a-t-il souligné, avant d’appeler la communauté internationale à continuer à soutenir l’UNRWA.

M. ANDREY A. TITOV (Fédération de Russie) a insisté sur la nécessité de financer l’UNRWA à partir du budget des Nations Unies, pointant le retrait du plus grand bailleur de fonds de l’Office.  Il a condamné cette décision « regrettable », surtout face aux situations d’urgence comme au Liban ou en Syrie, en particulier dans le camp de Yarmouk.  Pendant de nombreuses années, a-t-il constaté, l’UNRWA a pourtant réussi à tenir une ligne stable et sans parti pris et à éviter la politisation de ses efforts dans des conditions très difficiles.  Pour sa part, la Russie a déjà débloqué 2 millions de dollars d’ici à 2020 et est un participant actif du Quatuor pour le Moyen-Orient. 

Le représentant a par ailleurs souligné que le problème des réfugiés « est tout à fait politique », puisqu’il est question du statut des Palestiniens.  Faire comme si de rien n’était n’est pas constructif, a-t-il jugé.  En attendant l’obtention d’un statut juste, l’UNWRA est un élément essentiel pour venir en aide aux réfugiés palestiniens.

Rappelant le travail fourni par l’UNRWA à destination des 5,6 millions de réfugiés palestiniens, Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a notamment souligné que l’Office fournit du travail à 13 000 personnes dans la seule bande de Gaza.  Un détail qui a son importance quand on sait que le taux de chômage y est de 43%, a-t-il ajouté.  Compte tenu de l’absence de solution à court terme, le représentant a estimé qu’un UNRWA en pleine possession de ses moyens est la meilleure prévention contre l’aggravation de la situation « qui coûterait beaucoup plus cher à la communauté internationale ».  Compte tenu de cette réalité et de l’instabilité du Moyen-Orient, il s’est alarmé du déficit de plus de 200 millions de dollars auquel fait face l’UNRWA.  À ses yeux, la communauté internationale doit faire montre d’une sensibilité accrue à l’égard des réfugiés et démontrer sa solidarité envers l’UNRWA pour qu’il puisse leur fournir l’aide nécessaire.

Sur la question du statut des réfugiés, le Saint-Siège a dit son inquiétude face aux arguments de ceux qui voudraient limiter ce statut à ceux qui ont fui la Palestine en 1948 et en exclure leurs descendants.  Cette décision reviendrait à priver ces derniers d’un État et du droit d’y vivre en paix et en sécurité.  Soulignant la grande responsabilité de la communauté internationale face à cette situation, le Saint-Siège a fait part de son soutien sans faille envers la solution des deux États comme seule solution viable.  Il a appelé, à ce titre, à surmonter les impasses et à retourner à la table des négociations.  En attendant le jour où l’on constatera des avancées tangibles, il a plaidé pour que le mandat actuel de l’UNRWA, prévu pour se terminer en 2020, reçoive le soutien politique approprié pour qu’il puisse poursuivre son travail essentiel envers les populations palestiniennes.

Réagissant aux interventions du débat général, le Commissaire général de l’UNRWA, M. PIERRE KRÄHENBÜHL, a remercié les délégations pour leur ferme appui à l’UNRWA, notamment pour leur reconnaissance du travail et du courage de son personnel.  « Votre reconnaissance et votre appui revêtent la plus haute importance pour nous », a déclaré le Commissaire général, avant d’inviter les États Membres à « être fiers » des résultats obtenus cette année suite à la crise financière que l’Office a traversée et quasiment surmontée. 

S’agissant du débat sur le mandat de l’Office, il a réaffirmé sa nature exclusivement humanitaire, guidé par les principes de neutralité et d’indépendance.  Face aux accusations selon lesquelles l’Office définirait son propre mandat et l’aurait modifié au cours des 70 dernières années, M. Krähenbühl a précisé que l’Office ne peut pas modifier son mandat parce que c’est la responsabilité exclusive des États Membres et de l’Assemblée générale.

Peu importe le nombre de fois que certaines accusations sont réitérées, elles n’en restent pas moins fausses, notamment pour ce qui est du statut héréditaire du statut de réfugié palestinien, a poursuivi le Commissaire général, qui a expliqué qu’à l’instar des autres communautés de réfugiés, le droit international prévoit que les réfugiés et leurs descendants sont considérés comme des réfugiés tant qu’une solution finale n’est pas trouvée à leur statut. D’autres communautés de réfugiés de longue date existent d’ailleurs dans de nombreuses parties du monde, à l’instar de celle des réfugiés palestiniens, a-t-il ajouté.

Pour le Commissaire général, l’UNRWA est l’illustration de deux phénomènes: tout d’abord le fait qu’une communauté de réfugiés peut recevoir un appui réel et viable, mais aussi le fait que l’existence même de l’Office est un rappel de « l’échec extraordinaire » de la communauté internationale à trouver une solution à ce conflit.

Les Accords d’Oslo avaient prévu une phase transitoire de sortie pour l’UNRWA, à condition qu’il y ait une paix juste et durable au préalable, a rappelé M. Krähenbühl.  Plus personnellement, le Commissaire a été frappé par la tentation de pointer des agents humanitaires alors que le règlement des conflits passe par des solutions politiques.  « L’Office ne souhaite pas perdurer à tout jamais », a souligné le Commissaire général, avant de demander aux parties concernées de s’attaquer aux causes profondes du conflit avec plus de détermination.  Il a également réfuté le terme de « soi-disant réfugiés », martelant qu’il s’agit bien d’hommes et de femmes dont le statut n’a pas été réglé.

Pour terminer, M. Krähenbühl a remercié les États Membres pour leur générosité et leur soutien au cours de cette année, le qualifiant de « succès remarquable en termes de mobilisation collective ». 

Droits de réponse

Le représentant d’Israël a indiqué que l’ONU a appelé à créer deux États mais que les Palestiniens s’y sont refusés.  On pointe toujours Israël, en disant que tout est de sa faute, mais ce rituel devrait être révisé: c’est au monde arabe de faire preuve de responsabilité en ce qui concerne les Palestiniens, a-t-il affirmé.  Il a notamment appelé les États arabes à faire preuve de plus de volontarisme pour régler le problème au lieu d’essayer de l’envenimer.  De son avis, l’approche traditionnelle qui cherche à régler le problème en passant par le droit au retour des réfugiés est une erreur qui ne contribue qu’à perpétuer le conflit et à créer de plus en plus de réfugiés.  Il a dénoncé le manque de bonne volonté de la part de la Palestine. 

La résolution 194 sur le droit au retour des réfugiés n’est pas juridiquement contraignante et ne donne pas droit au retour des réfugiés, a poursuivi le représentant, indiquant que le texte avait été rejeté par les pays arabes car il sous-entendait la reconnaissance d’Israël.  Il a également déploré les faux espoirs que véhicule le texte, notant que ces millions de personnes ne peuvent réellement envisager de retourner sur des terres qu’elles n’ont pas connues.  Les Palestiniens n’ont jamais fait le moindre effort pour changer d’objectif: ils exigent un droit au retour des réfugiés au sein d’Israël donc, en fait, ils appellent à la création d’un État dans Israël.  Le rapatriement est une préférence mais ce n’est pas un droit, a-t-il souligné. 

L’observateur de l’État de Palestine a indiqué qu’en 1948, des centaines de milliers de Palestiniens ont été poussés hors de leurs domiciles et de leur territoire et ont dû fuir devant les milices juives.  Il n’y a pas de raison qui expliquent pourquoi ces personnes ne pourraient pas revenir sur leurs terres, dans leurs propriétés une fois les hostilités terminées, a-t-il souligné, avant d’accuser Israël de ne pas vouloir de population arabe sur ses terres.  Israël, a-t-il dénoncé, veut les terres sans les peuples.  C’est une purge ethnique documentée, car on a refusé délibérément le retour des réfugiés palestiniens immatriculés dans leurs villages.  Le droit au retour est bien un droit pour les populations et la résolution 194 a son importance, a-t-il affirmé.

Reprenant la parole, le représentant d’Israël a dit avoir « entendu les exigences doubles de la Palestine: un droit au retour et un État ».  Israël, a-t-il souligné, a accepté la solution des deux États et estime qu’il faut trouver une solution à la crise des réfugiés dans le cadre de l’État futur qui sera établi.  « Il ne peut pas y avoir un droit au retour et un État palestinien dans le même temps », a estimé le représentant.

Il a également mis l’accent sur la discorde qui existe entre le leadership palestinien de Gaza et de Ramallah.  C’est à cause de cette discorde que l’État palestinien n’a pas encore vu le jour, a estimé le représentant.  « Les deux parties se détestent plus qu’elles détestent Israël », a-t-il poursuivi, expliquant qu’Israël n’a pas de vis-à-vis qui puisse parler au nom de tous les Palestiniens.  D’ailleurs, le Président palestinien ne peut pas se rendre à Gaza, a-t-il commenté.  Pour sa délégation, il est hors de question que 5,4 millions de réfugiés palestiniens reviennent, car ce serait la fin de l’État israélien.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: l’UNRWA salue le soutien de la communauté internationale pour l’aider à surmonter sa crise financière

Soixante-treizième session,
24e séance – après midi
CPSD/684

Quatrième Commission: l’UNRWA salue le soutien de la communauté internationale pour l’aider à surmonter sa crise financière

C’est un vibrant plaidoyer du multilatéralisme et de la solidarité qu’est venu faire cet après-midi, devant la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation), le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Ce dernier a notamment fait le point sur l’état financier de l’Office, suite à la « décision brutale » des États-Unis, son plus important donateur, de couper sa contribution de 300 millions de dollars, la ramenant ainsi à 60 millions de dollars pour 2018.

M. Pierre Krähenbühl a indiqué que la crise financière qui en a résulté est sans précédent puisqu’à la mi-janvier, l’Office avait enregistré un manque à gagner de 446 millions de dollars, « ce qui était vraiment ahurissant pour une agence qui fournit des services essentiels sur lesquels des millions de personnes dépendent au quotidien, sans alternative viable ».  

Ce déficit, qui équivaut à 40% de ses revenus d’exploitation, a menacé l’ensemble du système de services dans 58 camps environ de la région, a-t-il fait savoir, à commencer par l’éducation de 525 000 enfants, l’octroi de soins de santé primaires à 3 millions de patients et la fourniture d’une aide alimentaire à 1,7 million de réfugiés, y compris en Syrie.

Face à cette situation de crise, l’Office a réagi en lançant la campagne #DignityIsPriceless pour impulser un nouvel élan à la coopération multilatérale.  « Et la réponse internationale a été à la hauteur des attentes », s’est félicité le Commissaire général.  Grâce à une mobilisation collective sans précédent qui s’est accompagnée d’un engagement diplomatique au plus haut niveau, depuis janvier les donateurs ont versé ou annoncé des contributions supplémentaires de 382 millions de dollars, ce qui a ramené le déficit de l’Office à 64 millions de dollars.

« Nous avons relevé ces défis avec détermination et créativité et nous sommes sur le point de surmonter le plus grand problème financier de l’histoire de cette agence », a-t-il affirmé, expliquant que cela a été possible, dans une très large mesure, au fait que « vous », les États Membres de l’Assemblée générale, avez été à la hauteur des défis.  « Votre soutien a vraiment été remarquable », a-t-il lancé à la salle. 

Qu’il s’agisse des membres de l’Union européenne ou de ceux du Mouvement des pays non alignés, tous se sont accordés à dire qu’empêcher l’UNRWA de conduire ses importantes activités risque d’aggraver l’instabilité dans la région et de créer un vide dont les extrémistes profiteront.  C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Union européenne a accru de 40 millions d’euros sa participation au budget de l’Office, amenant à 146 millions d’euros l’ensemble de ses contributions depuis le début de l’année.  Le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït ont également levé 50 millions de dollars chacun, soit 50% des fonds supplémentaires promis cette année, a ajouté M. Krähenbühl.

La Palestine a d’ailleurs averti que toute interruption ou suspension des services de l’UNRWA exacerberait de manière « considérable » la détresse des réfugiés et déstabiliserait la situation fragile qui prévaut sur le terrain.  « Les mesures de réduction des coûts et les préoccupations suscitées par les coupures des États-Unis sont déjà la source de profondes préoccupations parmi les réfugiés, attisant la crainte qu’ils sont en train d’être abandonnés par la communauté internationale », a notamment signalé la délégation.

Prenant notamment l’exemple de Gaza, elle a rappelé que 80% de la population y dépend de l’aide internationale.  Pour ses habitants et tous ceux des territoires occupés, notamment la communauté bédouine qui est sous la menace d’un nouveau transfert forcé, l’UNRWA demeure une « bouée de sauvetage » qui doit être préservée tant qu’une juste solution restaurant les droits du peuple palestinien n’aura pas été trouvée, a-t-elle plaidé.

Tout en soutenant les activités humanitaires de l’UNRWA, Israël lui a néanmoins reproché à nouveau sa nature politique, l’accusant notamment de perpétuer le problème des réfugiés palestiniens en accordant ce statut à leurs descendants « un privilège dont aucune autre population ne profite dans le monde » et qui, selon la délégation, ne fait qu’empirer le problème, puisque les 750 000 réfugiés d’origine sont désormais plus de 5 millions du fait de ce mécanisme de transmission des droits. 

Le problème, a estimé la délégation israélienne, c’est que si l’on autorisait le retour aujourd’hui de 5,3 millions de « réfugiés » palestiniens, Israël serait effacé de la carte, sous le poids du nombre.  Derrière leur réclamation du droit au retour, ce sont les Palestiniens qui, au travers de l’UNRWA, refusent en fait d’accepter le droit des Juifs à l’autodétermination, a dénoncé Israël. 

La Palestine a toutefois catégoriquement rejeté toute demande de redéfinition du statut de réfugié palestinien, y voyant une tentative « cynique » de diminuer leurs droits.  Elle a également souligné que le droit au retour est bien un droit individuel et collectif qui revient à tous les réfugiés, conformément à la résolution 194 des Nations Unies, « et qu’on ne saurait le nier pour accommoder les manigances d’Israël pour assurer une majorité juive ». 

S’agissant du reproche fait à l’Office de « perpétuer » la question des réfugiés palestiniens, le Commissaire général a souligné que contrairement au mandat du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) qui est de trouver des solutions, soit par le retour des réfugiés soit par leur réinstallation, celui de l’UNRWA ne prévoit rien de tel.  Il s’est aussi préoccupé du fait que les réfugiés palestiniens sont présentés comme étant un « problème » ou un « obstacle » à la paix au Moyen-Orient, « comme s’ils étaient responsables de ce conflit non résolu ».  

La Quatrième Commission poursuivra l’examen de cette question le lundi 12 novembre à 10 heures.

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT

Déclaration liminaire

M. PIERRE KRÄHENBÜHL, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a fait le point de l’évolution de la situation sur le terrain en 2018.  M. Krähenbühl a rappelé à quel point cette année a été difficile pour l’Office et à quel point les défis à son travail sur le terrain ont été soudains et sans précédent.  « Nous avons relevé ces défis avec détermination et créativité et nous sommes sur le point de surmonter le plus grand problème financier de l’histoire de cette agence », a-t-il affirmé, expliquant que cela a été possible, dans une très large mesure, au fait que « vous », les États Membres de l’Assemblée générale, avez été à la hauteur des défis.  « Votre soutien a vraiment été remarquable », a-t-il lancé à la salle. 

Le soutien durable de la communauté internationale envers les réfugiés palestiniens, leur développement humain et la sauvegarde de leurs opportunités -dans l’attente d’une solution juste et durable- reste inestimable, a poursuivi M. Krähenbühl, soulignant que cet engagement est essentiel à la fois pour la dignité humaine, la stabilité régionale et pour le maintien d’un multilatéralisme « fort et engagé ».

Poursuivant, il a indiqué que les réfugiés de Palestine à Gaza et en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), en Jordanie, au Liban et en Syrie constituent une communauté diverse dans une région fragmentée, liés par une identité commune qui s’articule autour d’une dépossession partagée et par une situation politique non résolue de la longue date qui réside au cœur de leur statut de réfugié. 

Les réfugiés de Palestine, a-t-il précisé, ont été profondément marqués par les effets des conflits en cours, aggravés par le manque de progrès politiques, les annonces relatives à Jérusalem et les pressions exercées sur le financement et les opérations de l’UNRWA.  Il en résulta un sentiment accablant de crise existentielle chez les réfugiés de Palestine, a martelé le Commissaire général, avant de rappeler la « Grande Marche » des Gazaouis à la frontière avec Israël.  La population de Gaza, constitué aux deux tiers de réfugiés, a pris conscience du fait que des milliers de jeunes porteront désormais des blessures débilitantes pour les années à venir alors même que les traitements médicaux à l’extérieur de Gaza sont limités et que le système médical public sur place est sur le point de s’effondrer. 

« Pour avoir visité Gaza plus de 30 fois depuis ma prise de fonctions en mars 2014, j’ai de plus en plus de mal à trouver les mots justes pour décrire la profondeur du désespoir résultant de la combinaison du conflit, de l’occupation et du blocus dans la bande de Gaza », a regretté le Commissaire général rendant notamment hommage, en les énumérant un à un, aux 13 jeunes garçons et filles qui étudiaient dans les écoles de l’UNRWA et qui ont été tués lors des « Marches » cette année.  Que deviendraient les 280 000 écoliers de l’UNRWA si leur droit à l’éducation n’est pas garanti? a-t-il lancé, soulignant qu’il n’existe pas d’alternative au système éducatif de l’UNRWA.

Six écoliers de l’UNRWA ont également été tués en Syrie, a-t-il également déploré, évoquant par ailleurs la situation dans le camp de Yarmouk et à Edleb où 6 000 familles sont coupées d’accès. 

Au Liban, les réfugiés restent privés des services gouvernementaux et d’accès à la plupart des emplois formels, alors qu’en Jordanie, où les réfugiés ont connu une large inclusion, les vulnérabilités restent profondes et beaucoup de réfugiés dépendent de l’UNRWA pour obtenir des services et l’assistance la plus élémentaire pour lutter contre la pauvreté.

C’est dans ce contexte très difficile, les besoins et la vulnérabilité des réfugiés ayant atteint un niveau sans précédent, que l’Office a dû faire face à un choc d’envergure.  En janvier 2018, a-t-il rappelé, 300 millions de dollars ont été coupés « suite à la décision brutale prise par notre plus grand donateur de ramener sa contribution à 60 millions de dollars pour 2018 ».  Les États-Unis ont depuis annoncé qu’ils ne contribueraient à aucun fonds à compter de 2019, a-t-il regretté.

Tout en reconnaissant que le financement d’une organisation humanitaire reste une décision souveraine, ainsi que la générosité et la cohérence du soutien des États-Unis à l'UNRWA au fil des décennies, il a regretté cette décision « précisément parce que cela avait été un partenariat si important ». 

La crise financière qui en a résulté est sans précédent puisqu’à la mi-janvier, l’Office avait enregistré un manque à gagner de 446 millions de dollars, « ce qui était vraiment ahurissant pour une agence qui fournit des services essentiels dont des millions de personnes dépendent au quotidien, dans des environnements instables et sans alternative viable ». 

Ce déficit, qui équivaut à 40% de ses revenus d’exploitation, a menacé l’ensemble du système de services dans 58 camps environ de la région, a précisé le Commissaire général, à commencer par l’éducation de 525 000 enfants, l’octroi de soins de santé primaires à trois millions de patients et la fourniture d’une aide alimentaire à 1,7 million de réfugiés, y compris en Syrie.

Face à cette situation de crise, l’Office a réagi par une campagne mondiale appelée #DignityIsPriceless, pour impulser un nouvel élan à la coopération multilatérale.  « La mobilisation collective a été la plus large des dernières décennies et s’est accompagnée d’un engagement diplomatique au plus haut niveau », s’est enorgueilli M. Krähenbühl, citant notamment les deux réunions ministérielles qui ont été déterminantes pour mobiliser l’appui: 100 millions de dollars en contribution annoncés à Rome le 15 mars 2018 et 122 millions de dollars à New York, le 27 septembre 2018. 

Depuis janvier, a-t-il poursuivi, les donateurs ont versé ou annoncé des contributions supplémentaires de 382 millions de dollars, ce qui a ramené le déficit de l’Office à 64 millions de dollars.  Bien que modique, cette somme est nécessaire pour couvrir des dépenses essentielles qui risquent autrement d’être ajoutés au déficit de 2019.

Mon message aujourd’hui concerne le chemin parcouru, a-t-il martelé, ajoutant que lui et son équipe font leur part pour préserver l’efficacité du système d’aide multilatérale dans le contexte actuel de menaces grandissantes.

« Quatre de nos partenaires arabes ont fait preuve d’un véritable leadership humanitaire », a-t-il poursuivi, remerciant dans la foulée le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït qui ont levé 50 millions de dollars chacun, soit 50% des fonds supplémentaire promis cette année.  Et au cours des 12 derniers mois, 40 pays et institutions ont augmenté leurs contributions à l'UNRWA.  Les pays hôtes se sont également joints aux efforts, l’un d’eux ayant notamment augmenté à un niveau record son appui direct.

Toutefois, certaines annonces de contributions importantes faites tout au long de l’année n’ont pas encore été versées, a souligné le Commissaire général, et il est essentiel que cela se fasse rapidement.  Pour sa part, le Commissaire général s’est engagé à poursuivre sur la voie de l’efficacité et de la discipline financière, soulignant que le déficit de 446 millions de dollars enregistré cette année aurait atteint 538 millions de dollars sans la politique rigide de gestion des coûts qui a été appliquée.

Réfutant les accusations contre l’Office comme étant responsable de « l’inflation du nombre de réfugiés palestiniens », M. Krähenbühl a expliqué qu’il est « un fait que les enfants de parents réfugiés et leurs descendants sont reconnus comme étant eux-mêmes des réfugiés du point de vue des mandats respectifs de l’UNRWA et de l’UNHCR ».  

S’agissant du reproche fait à l’Office de « perpétuer » la question des réfugiés palestiniens en appelant à un retour à leur lieu d’origine, le Commissaire a martelé que, contrairement au mandat du Haut-Commissariat pour les réfugiés qui est de trouver des solutions, soit par le retour des réfugiés soit par leur réinstallation, celui de l’UNRWA ne prévoit rien de tel.  Il s’est aussi préoccupé du fait que les réfugiés palestiniens sont présentés comme étant un « problème » ou un « obstacle » à la paix au Moyen-Orient, « comme s’ils étaient responsables de ce conflit non résolu ».  La responsabilité de cette situation qui perdure revient clairement aux parties et à l’absence de volonté de la communauté internationale, ou à son incapacité totale à trouver une solution négociée et pacifique au conflit entre Israël et la Palestine.

Le Commissaire général a, par ailleurs, indiqué que l’UNRWA évalue régulièrement le curriculum et le contenu des manuels scolaires palestiniens qu’il utilise, rappelant que leurs contenus sont régulièrement passés au crible, notamment pour ce qui a trait à la paix israélo-palestinienne, pour qu’ils s’alignent sur les valeurs et principes de l’ONU.  Il a précisé que seulement 3% des pages des nouveaux manuels publiés par la Palestine était problématique, notamment dans le domaine de la cartographie et de la représentation des sexes, et que ces préoccupations avaient été portées à l’attention des autorités palestiniennes. 

L’UNRWA, a-t-il souligné, est à l’avant-garde de l’éducation dans une région durement éprouvée par les conflits et l’extrémisme, ce qui représentante un progrès remarquable pour instiller une vision des droits de l’homme et d’autres valeurs de l’ONU, ainsi que pour stimuler la pensée critique et indépendante chez les jeunes générations de réfugiés palestiniens.

M. Krähenbühl a également réaffirmé l’attachement de l’Office à la neutralité, estimant qu’elle est cruciale pour préserver la confiance et l’accès dans des environnements très polarisés.  Dans ce contexte, le Commissaire général a indiqué que l’an dernier une enquête menée par l’Office avait déterminé que deux membres de son personnel étaient proches du Hamas, suite à quoi il a été mis fin à leurs contrats.  L’UNRWA a également découvert que des tunnels avaient été creusés, l’an dernier, sous certaines de ses écoles à Gaza.  L’Office a fait part de ses vives condamnations au Hamas et les a bouchés avec du ciment – un geste que peu d’organisations humanitaires auraient fait, a-t-il avancé.

Finissant sur une note positive, M. Krähenbühl a appelé la communauté internationale à mettre en avant la force, l’énergie positive et la créativité de la communauté des réfugiés palestiniens.  Cette année, malgré les immenses difficultés financières, l’UNRWA a célébré le droit à l’éducation de 530 000 filles et garçons, d’Alep à Rafaa, et « nous avons célébré la pertinence de nos partenariats », a conclu le Commissaire général.

Dialogue interactif avec les délégations

À l’issue de la présentation du rapport de l’UNRWA, plusieurs délégations avaient des questions pour son Commissaire général.

Que va-t-il se passer au cours des deux prochaines années, à la fois en ce qui concerne la situation financière de l’UNRWA et la situation des jeunes? a demandé le Soudan, qui a en outre, proposé d’accueillir des étudiants dans les universités du Soudan.

Les initiatives prises pour les jeunes sont-elles compatibles avec les objectifs de développement durable? a demandé la Palestine, tandis que l’Indonésie s’est inquiétée de la situation des 400 000 réfugiés palestiniens en Syrie.

 De son côté, Israël a noté que sur les 4,5 millions de réfugiés, seule une petite partie pourrait véritablement être considérée comme des réfugiés.  Les autres sont des citoyens de Jordanie, notamment, descendants de réfugiés, et ne devraient pas être considérés comme des réfugiés, a souligné la délégation, qui a, par ailleurs, voulu savoir pourquoi l’Office continue de travailler dans la bande de Gaza alors que « certains de ces soi-disant réfugiés sont des terroristes ».

À son tour, la Syrie a regretté que le rapport sur l’UNRWA passe sous silence l’appui apporté par son pays aux réfugiés palestiniens, précisant que 57 écoles ont été ouvertes par son gouvernement.  Il a également appelé à tenir compte des déficits pour reconstruire les camps de réfugiés.

Répondant aux questions, le Commissaire général de l’UNRWA a indiqué qu’avant la guerre en Syrie, une des communautés de réfugiés palestiniens qui vivait au sud de Damas bénéficiait d’une indépendance économique.  Mais avec la guerre tout a changé:  120 000 réfugiés ont quitté la Syrie, 30 000 sont allés au Liban et les autres sont partis dans des pays tiers.  De plus, l’UNRWA a perdu 18 collègues et 25 autres sont encore portés disparus.

« Peu importe les considérations politiques de chacun, il est inconcevable que les jeunes gazaouis ne puissent plus quitter ce territoire », a ensuite affirmé M. Krähenbühl, qui a souligné que 280 000 enfants n’ont jamais quitté Gaza, et il y a très peu de contact avec les Israéliens.  Il a déploré un état de fait problématique pour « redécouvrir l’humanité de l’autre ».  Il a espéré qu’en 2019, ce ne seront plus les problèmes de financements de l’Office qui feront la une, mais l’émergence de solutions envisageables. 

Le Commissaire général s’est dit optimiste par rapport aux investissements réalisés par l’UNRWA dans le modèle éducatif malgré les effectifs élevés des classes.  Par ailleurs, l’Office est à l’écoute des recommandations issues des Parlements de jeunes qui ont été éduqués de ses écoles.  J’espère, a-t-il ajouté, que la jeunesse palestinienne pourra expérimenter sa « citoyenneté mondiale » en participant à des foras internationaux.

Répondant à l’intervention d’Israël, il a reconnu qu’il existe des différences de points de vue sur la définition même du terme de réfugiés, ainsi que sur le nombre de réfugiés palestiniens.  S’agissant de la question des descendants, il a réitéré que la définition utilisée par l’Office est celle de l’Assemblée générale et que l’UNRWA utilise la même approche que le HCR.  Il a estimé que c’est la faiblesse de la résolution politique des conflits qui prolonge les crises des réfugiés, récusant toute affirmation selon laquelle ce serait le travail humanitaire d’office comme l’UNRWA qui perpétuerait le problème.

En venant à la gestion de la situation sécuritaire à Gaza, le Commissaire général a déclaré que la « neutralité, c’est la garantie que, sans avoir à choisir de camp, les acteurs humanitaires pourront poursuivre leur travail et garder la confiance des communautés ». 

M. Krähenbühl a ensuite indiqué que suite aux coupes budgétaires de cette année, 118 membres du personnel de l’Office ont perdu leur emploi, une situation contre laquelle ils ont protesté avec force, le taux de chômage étant proche de 50% à Gaza.

Le Commissaire général a, par ailleurs, souligné que le rôle du Gouvernement syrien a toujours été reconnu par l’UNRWA.  Il a rappelé qu’avant la guerre, l’UNRWA disposait de 100 bâtiments scolaires en Syrie, mais que la moitié de ces bâtiments est à présent inutilisable ou a été détruite.  Nous avons cependant demandé au Gouvernement syrien la possibilité d’avoir accès à ces bâtiments pour donner des cours de l’après-midi.  Il s’est, par ailleurs, déclaré prêt à discuter de la question du retour des réfugiés palestiniens de Syrie avec le Gouvernement syrien. 

Rapporteur du Groupe de travail sur le financement de l’UNRWA

M. KJETIL J. HALVORSEN, Rapporteur du Groupe de travail chargé d’étudier le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, a présenté le dernier rapport du Groupe, précisant que celui-ci s’était réuni alors que l’Office était confronté à un déficit financier sans précédent qui menaçait le développement humain des réfugiés palestiniens ainsi que la stabilité de la région.

Le Groupe de travail a exprimé sa profonde préoccupation face à la décision de certains États Membres de retirer leur soutien de l’Office et au déficit important qui en résulte, ce qui affecte le budget programme de l’UNRWA en 2018.  Malgré les efforts de l’Office pour améliorer encore la rentabilité des programmes, et malgré les contributions supplémentaires de nombreux donateurs traditionnels et non traditionnels, le déficit de cette année s’élève à 64 millions de dollars.  Le Groupe de travail a réaffirmé qu’il incombe avant tout à l’Assemblée générale et à la communauté internationale de veiller à ce que les services de l’Office soient maintenus à un niveau acceptable, afin que l’UNRWA puisse remplir son mandat et répondre aux besoins croissants de la population de réfugiés.

Le Groupe de travail exhorte notamment tous les gouvernements à augmenter, sur plusieurs années, leurs contributions volontaires à l’Office, tout en tenant compte de l’importance cruciale d’assurer la totalité du financement de son budget-programme.  Il importe de tenir la cadence face aux exigences de l’Office pour répondre aux besoins croissants de la population de réfugiés palestiniens et de prendre en compte les effets de l’inflation.  Les contributions devraient également refléter le partage approprié de la charge au niveau international, a ajouté M. Halvorsen.

Le Rapporteur a ensuite salué les mesures prises par l’UNRWA pour accroître son efficacité, tout en maintenant la qualité des services fournis aux réfugiés de Palestine, et l’a encouragé à poursuivre la mise en œuvre de ces mesures.

Débat général

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER (État de Palestine) s’est dite profondément reconnaissante de l’appui financier et politique fourni par l’UNRWA aux 5,4 millions de réfugiés palestiniens.  Le considérant comme indispensable, elle s’est émue que l’Office traverse une crise financière « exacerbée par la décision punitive des États-Unis de suspendre ses subventions, après des décennies où ils furent le principal donateur et l’un de ses plus fervents soutiens », et à laquelle s’ajoute une tentative de saper la crédibilité de l’Office ainsi que les droits des réfugiés palestiniens.

Elle a catégoriquement rejeté la rhétorique consistant à demander une redéfinition du statut de réfugié palestinien, y voyant une tentative cynique de diminuer leurs droits.  Par ailleurs, vouloir renier le statut de réfugié aux descendants Palestiniens n’est pas plus recevable, puisque ce droit est reconnu par le droit international tant qu’une solution stable et durable n’est pas trouvée dans la région concernée.  De la même manière, elle a souligné que le droit au retour n’était pas une réclamation, mais un droit individuel et collectif qui revient à tous les réfugiés conformément à la résolution 194 des Nations Unies, « et qu’on ne saurait le nier pour accommoder les manigances d’Israël pour assurer une majorité juive ».

La déléguée s’est rangée derrière l’analyse du Secrétaire général des Nations Unies et du Commissaire général: « Le problème des réfugiés palestiniens persiste en raison de l’incapacité à s’attaquer aux racines du conflit et à résoudre légitimement la question palestinienne. »  Dans ses conditions, a-t-elle poursuivi, prétendre que l’UNRWA perpétue le problème des réfugiés est absurde et offensant puisque, UNRWA ou non, les réfugiés continueront d’exister tant qu’une solution juste ne sera pas trouvée.  Ce que l’Office a fait, c’est simplement aider à corriger les conséquences de cette tragédie humaine sur les Palestiniens, a-t-elle insisté.  Elle en a profité pour remercier tous les donateurs qui ont évité à l’UNRWA de connaître une situation financière telle que ses opérations et le bien être des réfugiés auraient été menacés.

Estimant que les Palestiniens vivent actuellement la pire situation depuis 1948, elle a dénoncé les opérations de spoliation et de déplacement forcé organisées, selon lui, par Israël.  Cette « force occupante », a-t-elle dénoncé, nie les droits de millions de Palestiniens et les plonge dans l’insécurité et la pauvreté.

Toute interruption ou suspension des services de l’UNRWA exacerberait de manière considérable la détresse des réfugiés et déstabiliserait la situation fragile qui prévaut sur le terrain.  Les mesures de réduction des coûts et les préoccupations suscitées par les coupures des États-Unis sont déjà la source de profondes préoccupations parmi les réfugiés, attisant la crainte qu’ils sont en train d’être abandonnés par la communauté internationale.

Prenant notamment l’exemple de Gaza, elle a rappelé que 80% de la population y dépend de l’aide internationale.  Pour ses habitants et tous ceux des territoires occupés, notamment la communauté bédouine qui est sous la menace d’un nouveau transfert forcé, l’UNRWA demeure une « bouée de sauvetage » qui doit être préservée tant qu’une juste solution restaurant les droits du peuple palestinien n’aura pas été trouvée, a souligné la déléguée.

C’est à cet égard, que la représentante de l’État de Palestine a exhorté la communauté internationale à soutenir cet office politiquement comme financièrement et à voter en faveur de toutes les résolutions qui la renforcent.  Elle a aussi profondément regretté que les États-Unis et Israël politisent son travail humanitaire et sapent les opérations de l’UNRWA.  Appelant tous les pays qui le veulent à également contribuer volontairement à son financement, elle a conclu en souhaitant que la question palestinienne soit définitivement réglée sur la base de la résolution 194 des Nations Unies et qu’Israël soit tenu pour responsable de ses crimes.

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) au nom du Mouvement des pays non alignés, s’est dit profondément inquiet face à la grave crise que traverse l’UNRWA qui résulte en partie de la décision des États-Unis de retirer leur contribution, affectant encore davantage les populations les plus pauvres et menaçant d’autant la stabilité de la région.  De la même façon, il s’est montré très préoccupé par l’annonce qu’Israël entend fermer les bureaux de l’Office à Jérusalem-Est.  L’année 2018 aura été difficile pour l’UNWRA qui aura dû opérer en situation de crise, a-t-il noté.  Et de ces conditions dégradées, ont résulté une plus grande volatilité et une violence généralisée dans la région.

Le représentant a, par ailleurs, exprimé sa profonde préoccupation face aux pratiques illégales d’Israël, citant notamment le blocus de la bande de Gaza qui empêche le passage de l’aide humanitaire, entrave tout redressement économique et rend la population encore plus dépendante de l’aide de l’UNWRA. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a jugé que la situation vécue par les Palestiniens risque de s’aggraver du fait de la crise financière sans précédent qui s’abat sur l’UNRWA en raison « de la décision regrettable des États-Unis de cesser leurs contributions ».  Ce retrait met en grande difficulté les missions d’éducation, de santé, d’actions sociales et les programmes d’assistance fournis par l’Office dans tous les territoires occupés, s’est inquiété le délégué.  Selon lui, la réunion d’aujourd’hui doit envoyer un message d’espoir et d’engagement politique aux réfugiés palestiniens.  Il s’est dit confiant que la coopération et l’action conjointe de tous les acteurs internationaux parviendront à contenir les augmentations budgétaires de l’UNRWA.  À cet égard, l’OCI, en collaboration avec la Banque islamique de développement, poursuit son processus de création d’un fonds pour soutenir les réfugiés palestiniens et contribuer à mobiliser les ressources nécessaires pour financer l’UNRWA.

M. PIERRE-CHRISTOPHE CHATZISAVAS, de l’Union européenne, a concentré son intervention sur le nécessaire soutien à l’UNWRA car, a-t-il souligné, l’assistance humanitaire doit dépasser les divisions politiques.  Empêcher l’UNRWA de conduire ses importantes activités risque de causer l’instabilité dans la région et de créer un vide dont les extrémistes profiteront, a-t-il averti.  Pour cette raison, l’Union européenne (UE) et ses États membres sont collectivement les plus importants contributeurs au budget de l’UNRWA.  IL a notamment annoncé, qu’il y a quelques semaines, l’UE a accru de 40 millions d’euros sa participation au budget de l’Office, amenant à 146 millions d’euros l’ensemble de ses contributions depuis le début de l’année.  L’année prochaine sera encore plus difficile pour l’UNWRA a-t-il prévenu, et appelant les donateurs à accentuer leurs efforts.  La communauté internationale doit veiller à ce que l’UNWRA et son personnel dévoué puissent continuer de travailler.

Mme MARÍA ANTONIETA SOCORRO JÁQUEZ HUACUJA (Mexique) a constaté que, malheureusement, le travail de l’UNRWA continuera d’être indispensable tant qu’une solution à la situation des réfugiés palestiniens ne sera pas trouvée.  L’instabilité de la région a des conséquences graves sur la situation économique, sociale et humanitaire de la population civile, qui affecte particulièrement les femmes et les enfants, et provoque une augmentation du nombre des réfugiés dans la région, a-t-elle rappelé.  En outre, elle a estimé que l’UNRWA joue un rôle essentiel qui contribue à la stabilité de la région.  La crise financière actuelle de l’organisme, avec un déficit de 250 millions de dollars, a un caractère différent des difficultés rencontrées par le passé.  Pour y remédier, la représentante a rappelé que son pays a contribué à hauteur de 500 000 dollars en 2018.

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a loué le rôle important de l’UNRWA.  En solidarité avec le peuple palestinien, les Philippines confirment leur contribution financière volontaire de 10 000 dollars au budget-programme de l’Office pour 2018, a-t-il indiqué.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a rendu hommage aux personnels de l’UNRWA.  Il a ensuite constaté que la situation des réfugiés en Palestine est victime de la précarité de la situation financière de l’UNRWA.  « Il est remarquable de constater que malgré l’interruption du financement de l’UNRWA par son plus important contributeur, son travail n’a pas été interrompu », s’est-il félicité.  Le représentant a salué les efforts des pays du Golfe et du Secrétaire général pour résoudre la situation critique de l’UNRWA.

Le représentant a jugé « lamentable » que le principal contributeur de l’UNRWA ait tenté d’asphyxier son travail humanitaire.  Il a estimé que d’aucuns essaient de lancer des moyens malhonnêtes pour faire plier le peuple palestinien.  « Nous en appelons aux États Membres de l’ONU pour garantir un financement de l’UNRWA pour qu’il puisse s’acquitter de son mandat », a-t-il déclaré.

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a salué les efforts déployés par le Commissaire général et de tout le personnel de l’UNRWA afin de garantir aux réfugiés palestiniens l’accès aux services essentiels dans un contexte difficile.  L’UNRWA est chargé de répondre aux besoins des plus de 5 millions de réfugiés palestiniens dans les territoires occupés qui dépendent des services de l’Office et cela aussi longtemps qu’une solution juste à la question palestinienne ne sera pas trouvée, à commencer par le droit au retour, a-t-il rappelé.

Pour le Qatar, il ne fait pas de doute que l’Office s’acquitte de son mandat dans une situation financière difficile liée à son déficit de financement chronique et qui ne cesse de s’aggraver au point de menacer la pérennité même de ses activités dans les domaines les plus essentiels.  Par conséquent, le représentant a plaidé pour un financement régulier de l’Office, avant de rappeler que le Qatar avait contribué 50 millions de dollars supplémentaires au budget général de l’UNRWA, notamment pour financer ses activités dans le domaine de l’éducation.  « Au fil des ans, nous avons été un pays fer de lance en termes de soutien au peuple frère de Palestine », a-t-il indiqué, y compris par une contribution d’un milliard de dollars pour la reconstruction de Gaza. 

M. THANDEKILE TSHABALALA (Afrique du Sud) a souligné que dans le contexte d’impasse qui caractérise le processus de paix, l’UNRWA reste plus important que jamais.  Les réfugiés palestiniens sont poussés hors de leurs foyers et endurent plus de souffrances et de menaces que l’imagination peut le laisser penser.

C’est pourquoi les coupes dans le budget de l’UNRWA menacent la vie des plus vulnérables, à savoir les femmes et les enfants, et minent les progrès qui peuvent être atteints et éloignent encore de la possibilité d’un accord de paix, s’est-il inquiété.  Il a appelé urgemment tous les États Membres de continuer à honorer leurs engagements à soutenir le travail de l’UNRWA qui, a-t-il souligné, crée les conditions qui pourraient, un jour, mener à l’autodétermination et à la prospérité des Palestiniens.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a rappelé que l’UNRWA a été créé par la résolution 302 de l’Assemblée générale en 1949 du fait de la crise de la Nakba, et que le nombre de réfugiés palestiniens dépasse désormais 5,8 millions de personnes « qui rêvent d’un retour garanti par les différentes résolutions des Nations Unies ».

Il a dénoncé le blocus illégal imposé par Israël dans la bande de Gaza et ses conséquences humanitaires accablantes, ainsi que les activités de peuplement israéliennes en Cisjordanie « qui risquent d’annihiler toute perspective d’une solution des deux États ».  Il a également reproché à Israël de refuser l’Initiative de paix arabe.

Pour l’Arabie saoudite, la question de la Palestine est prioritaire et elle ne cessera de soutenir l’UNRWA, ce dont témoignent les contributions importantes dans différents domaines que le représentant a passés en revue.  Il a assuré le soutien de sa délégation à l’Office, en particulier à ses activités éducatives et a appelé la communauté internationale à relever ses niveaux de contributions pour que l’Office puisse poursuivre ses services et programmes.  Il a également appelé à s’attaquer aux causes profondes du conflit, en exigeant la reconnaissance d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il a aussi réaffirmé le droit au retour des Palestiniens.

M. ISAAC BACHMAN (Israël) a rappelé qu’Israël a coopéré avec l’UNRWA pendant de nombreuses années pour aider l’Office à fournir des services essentiels au bien-être du peuple palestinien et à la stabilité des pays voisins.  Pour Israël, jusqu’à ce que les Palestiniens puissent subvenir aux besoins de leur peuple dans des proportions comparables à ce que leur fournit l’UNRWA, la communauté internationale doit continuer de leur fournir une aide internationale.  Cependant, cette aide doit être dirigée vers d’autres canaux internationaux « car l’UNRWA est une organisation politique ».

Le représentant a notamment estimé que la définition que fait l’UNRWA du terme « réfugié » est politique, pointant par ailleurs la décision de l’ONU de fusionner toutes les agences de réfugiés, à l’exception de l’UNRWA, pour constituer le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).  C’était une démarche politique qui n’avait rien d’humanitaire, a-t-il affirmé.

Selon lui, l’Office utilise la fourniture de services sociaux pour faire avancer « un agenda politique maximaliste et nourrir les demandes palestiniennes de retour aux frontières d’avant 1967 ».  Il a accusé aussi l’UNRWA de donner une définition du réfugié différente de celle de l’UNHCR en octroyant ce statut également aux descendants des réfugiés: « aucune autre population de réfugiés ne profite de ce privilège dans le monde ».  Pour lui, ce statut particulier ne fait qu’aggraver le problème, puisque les 750 000 réfugiés d’origine sont désormais plus de cinq millions du fait de ce mécanisme de transmission des droits.  En manipulant l’échelle du problème des réfugiés palestiniens, l’UNRWA joue un rôle direct et biaisé dans la politique du conflit.  De plus, la plus grande majorité des bénéficiaires de l’UNRWA ne répondent pas aux critères de réfugiés établi par le droit international.

« Les réfugiés palestiniens peuvent obtenir la citoyenneté d’un autre pays, tout en maintenant leur statut de réfugiés.  Ce privilège est unique à l’UNRWA et ne s’applique pas à ceux du HCR », a poursuivi le représentant d’Israël.  Et lorsque l’on sait qu’un réfugié palestinien n’a même pas besoin de franchir une frontière internationale pour obtenir le statut de réfugié, il n’est pas surprenant que les besoins budgétaires de l’UNRWA ne fassent qu’augmenter.  Le modèle d’affaire de l’UNRWA est irrémédiablement imparfait et conduira systématiquement l’Office à la banqueroute, a-t-il en outre averti.

Selon lui, les raisons de ce traitement de faveur découlent de l’histoire de la région.  Il a argué que si les 750 000 réfugiés avaient été relocalisés dès 1949, la crise des réfugiés palestiniens n’existerait pas.  Le problème, a ajouté le délégué, c’est que si l’on autorisait le retour aujourd’hui de 5,3 millions de « réfugiés » palestiniens, Israël serait effacé de la carte sous le poids du nombre.  Derrière leur réclamation du droit au retour, ce sont les Palestiniens qui, au travers de l’UNRWA, refusent en fait d’accepter le droit des juifs à l’autodétermination dans quelque partie que ce soit du territoire d’Israël.  Pour le délégué, la solution des deux États et le retour des cinq millions de réfugiés sont mutuellement excluants: « Israël en tant que seul État juif cesserait d’exister. »

Pour le représentant israélien, la décision des États-Unis de geler ses contributions à l’UNRWA doit être un coup de semonce pour la communauté internationale.  Chaque dollar donné à l’UNRWA met un point d’interrogation sur l’existence d’un État Membre de l’ONU et sur le droit du peuple juif à l’autodétermination.  Il faut mettre un terme au mandat de l’UNRWA et réorganiser progressivement ses services.  Les véritables réfugiés palestiniens ne doivent bénéficier d’aucun traitement qui différerait de celui octroyé aux autres populations de réfugiés dans le monde, a-t-il souligné.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a décrit l’UNRWA comme un élément stabilisateur dans la région qui fournit une assistance de base aux communautés palestiniennes de Gaza, de Cisjordanie, de Syrie, du Liban et de Jordanie.  En Cisjordanie, a-t-il rappelé, l’Office a fourni une éducation scolaire à 48 192 enfants, des soins dans 43 établissements de santé, et des rations de vivres à beaucoup d’habitants.  Alors que Gaza entame sa onzième année sous blocus israélien, l’UNRWA offre là aussi une aide indispensable, a-t-il ajouté.  Depuis 2017, pas moins de 271 900 étudiants ont été formés dans 275 écoles, 3,8 millions de consultations médicales ont été offertes et 993 000 personnes ont reçu une assistance nutritionnelle.

Rappelant que les réfugiés palestiniens représentent 25% de l’ensemble des réfugiés dans le monde, il a souligné qu’ils seront 6,2 millions en 2020, contre 5,3 aujourd’hui.  Mécaniquement, cette augmentation va accroître le volume opérationnel de l’UNRWA à l’avenir, donc ses besoins financiers, a insisté le délégué.  Et même si le gel des contributions des États-Unis a été temporairement comblé par de généreux donateurs, il a souligné que le manque de visibilité budgétaire de l’Office handicape ses activités.  Il a, à cet égard, salué les efforts entrepris par l’UNRWA pour contrôler son budget et faire preuve de transparence.

Droits de réponse

Le représentant d’Israël a réagi aux revendications faites par certaines délégations pour que le droit au retour des réfugiés palestiniens soit respecté.  Il a souligné que la résolution 194 de l’Assemblée générale n’est pas juridiquement contraignante, dénonçant une interprétation subjective, sans validité.  Pour sa délégation, c’est le « refus ardent », par les Palestiniens, de la notion de souveraineté israélienne sur une partie du territoire qui est la racine profonde de ce conflit.  « Si les Palestiniens avaient accepté le plan de partage de 1949, le conflit israélo-palestinien n’existerait pas », a-t-il insisté. 

Il a également reproché à l’UNRWA d’être responsable de la « non-réinstallation » des réfugiés palestiniens dans un pays tiers.  Tant que l’UNRWA existera dans sa forme actuelle, le nombre de réfugiés palestiniens ne cessera d’augmenter, a-t-il affirmé, sans pour autant nier les services essentiels offerts par l’Office.  Il a insisté sur le fait que son déficit financier chronique est dû à l’augmentation constante du nombre de réfugiés palestiniens.

Pour ce qui est de la situation dans la bande de Gaza, il a expliqué qu’Israël appuie l’économie de Gaza mais que depuis la prise de pouvoir du Hamas, en 2007, la situation a changé.  Ainsi les restrictions imposées à l’importation de certains biens ne sont pas des mesures punitives mais bien des mesures sécuritaires, a-t-il précisé.

L’observatrice de l’État de Palestine a rappelé que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait reconnu le droit d’existence de l’État d’Israël en 1993.  Mais le peuple palestinien n’a jamais bénéficié de ce droit, a-t-elle déploré.  Loin de jouir d’un droit exclusif au retour, les réfugiés palestiniens bénéficient des mêmes droits que tous les autres réfugiés dans le monde.  Les arguments présentés aujourd’hui par Israël illustrent très bien la volonté d’établir une majorité juive sur ces terres.  « C’est pour cela que la paix nous échappe depuis si longtemps. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face aux défis posés par un monde multipolaire, les appels à un « multilatéralisme en réseau » et « inclusif » se multiplient au Conseil de sécurité

8395e séance – matin
CS/13570

Face aux défis posés par un monde multipolaire, les appels à un « multilatéralisme en réseau » et « inclusif » se multiplient au Conseil de sécurité

À l’initiative de la Chine, qui en préside les travaux ce mois-ci, le Conseil de sécurité s’est aujourd’hui réuni pour réfléchir aux moyens de renforcer le multilatéralisme dans un monde polarisé et marqué par l’inflation des conflits.  Un monde qui ne semble pas toujours avoir tiré les leçons des deux Guerres mondiales ayant endeuillé le XXe siècle, a estimé le Secrétaire général de l’ONU, avant de céder la parole à près de 80 orateurs.  À quelques jours seulement du centième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, M. António Guterres a rappelé qu’« en l’absence de mécanismes de résolution internationale », « la guerre avait éclaté et duré des années ».  « Il a fallu un deuxième cataclysme mondial pour enclencher les accords multilatéraux que nous connaissons aujourd’hui, pour éviter de sombrer dans une troisième guerre mondiale », a-t-il analysé.

Face à l’« anxiété », aux « incertitudes », à l’« imprévisibilité » et au « déficit de confiance » de l’opinion publique dans les institutions politiques, une approche globale est plus que jamais nécessaire selon le Chef de l’ONU, qui a plaidé pour un « système multilatéral réformé, revigoré et renforcé », avec pour boussole la Charte des Nations Unies.  Mais pour être couronné de succès, ce retour aux sources doit puiser à de nouveaux affluents: organisations internationales et régionales, mais aussi société civile et autres parties prenantes, pour réaliser un « multilatéralisme en réseau » et « inclusif ». 

Un appel repris à son compte par la France, qui a estimé plus facile de se livrer au « UN bashing », que de rénover le système multilatéral et de se réengager en faveur de l’Organisation, y compris en élargissant le Conseil de sécurité dans ses deux catégories de membres.  Mettant en garde contre les « tentations du repli et de l’unilatéralisme », le représentant a annoncé que son gouvernement organiserait, du 11 au 13 novembre prochain, le Forum de Paris sur la paix, « qui rassemblera tous les acteurs de la gouvernance mondiale », et parmi eux de simples « citoyens ».  Son homologue des États-Unis a, en revanche, considéré que le multilatéralisme en soi n’était « ni bon ni mauvais », mais au contraire tributaire de l’usage qui en est fait.  Elle l’a dénoncé lorsqu’il est mis au service de causes comme la défense par l’Assemblée générale du « régime barbare » de Cuba ou d’auteurs patents de violations graves des droits humains et des libertés fondamentales, comme le ferait le Conseil des droits de l’homme.

La déléguée américaine a en outre considéré que Washington, principal contributeur au budget ordinaire de l’Organisation et au budget des opérations de maintien de la paix, est en droit d’attendre un « retour sur investissement » et une « répartition plus équitable » de ce fardeau financier.  « Les contribuables de l’Oklahoma, de l’Idaho, et du Minnesota assument 25% d’un budget de 7 milliards de dollars pour financer des opérations basées à Kinshasa, Djouba, ou encore Pristina », a-t-elle observé, en assurant que les Américains se posent de sérieuses questions sur « leur généreux soutien » à l’ONU.

Si la Chine a estimé qu’elle assume sa part, avec le déploiement de 2 500 Casques bleus chinois dans diverses opérations onusiennes de maintien de la paix, la Fédération de Russie a quant à elle fustigé les États Membres qui, d’après elle, prétendent appuyer le multilatéralisme, tout en « imposant des sanctions, s’ingérant dans les affaires des autres et contournant l’ONU ».  Il n’y a qu’à regarder du côté du processus de paix au Moyen-Orient, du Programme d’action commun sur le nucléaire iranien, de l’Accord de Paris sur les changements climatiques ou des accords stratégiques sur les armements nucléaires pour s’en convaincre.  Un multilatéralisme à la carte en somme, qui ne correspondrait qu’à « leurs conditions préétablies », à en croire le délégué russe, qui s’en est pris à ses « collègues occidentaux », lesquels taxeraient de « révisionnisme » tous ceux qui seraient en désaccord avec eux.

Les résolutions de l’ONU sont « foulées aux pieds », a renchéri le Pakistan, en relevant que « le jusqu’au-boutisme politique et les jeux de pouvoir menacent de transformer des intérêts stratégiques en ambitions rivales, accentuant ainsi les multiples lignes de fracture internationales existantes ».

À la suite du Secrétaire général, les Présidentes de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC) ont été formelles: seul le multilatéralisme est de nature à relever des défis interdépendants les uns des autres, comme les changements climatiques et l’insécurité.  La première, Mme Alya Ahmed Saif Al-Thani, a jugé crucial d’autonomiser les femmes et les jeunes pour accroître leur participation politique, y compris aux processus de paix.  Comme elle, la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, a plaidé pour des synergies renforcées avec le Conseil de sécurité, considérées par M. Antònio Guterres comme le « garant de la réputation générale de l’ONU ».

« Rappelons-nous que la Charte confère au Conseil une stature, des pouvoirs et des responsabilités particuliers », a souligné M. Guterres.  Aussi a-t-il encouragé le Conseil de sécurité à faire davantage pour « surmonter les divisions », adopter les programmes de prévention et de consolidation de la paix, et recourir à la médiation et autres outils énoncés dans le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies pour parvenir à un règlement pacifique des différends.  Le Royaume-Uni a indiqué que si certains pays ne tentaient pas de détourner l’attention du Conseil de situations relevant du Chapitre VI, et si l’on utilisait plus rapidement les dispositions qu’il prévoit, « on ne serait pas contraint de recourir brutalement au Chapitre VII », qui légitime l’usage de la force.

« Anachronique » et doté d’organes subsidiaires au fonctionnement « byzantin », selon le représentant de l’Inde, le Conseil est confronté à des crises de « performance », de « crédibilité », de « légitimité » et de « pertinence ».  Aux yeux de sa délégation, « faire porter au multilatéralisme la responsabilité de la situation déplorable du Conseil reviendrait à accuser le Madison Square Garden de l’échec des « Knicks » de New York, année après année, et ce, depuis des décennies », a-t-il déclaré en recourant à une analogie sportive. 

Le Président de la Cour internationale de Justice (CIJ), M. Abdulqawi Ahmed Yusuf, a vanté le rôle joué par les juridictions comme la sienne, dont les décisions et la jurisprudence dissipent les incertitudes qui subsistent dans le droit international et clarifient le droit des traités, qui sont au fondement du multilatéralisme.  Pour le représentant du Liechtenstein, le Conseil de sécurité, « gardien de la Charte », dispose avec la Cour pénale internationale (CPI) d’un instrument additionnel pour s’assurer de la légalité de l’usage de la force, à laquelle il a parfois été fait appel unilatéralement et en l’absence d’autorisation préalable, a-t-il rappelé.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES             

Renforcement du multilatéralisme et rôle de l’ONU (S/2018/982)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que ce débat a eu lieu quelques jours seulement avant le centième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.  « Ce conflit fut une tragédie colossale et le signe annonciateur effrayant de décennies sanglantes à venir.  L’Europe était multipolaire à cette époque, mais cela n’était pas suffisant pour contenir la violence. » 

En l’absence de mécanismes de résolution internationale des problèmes, la guerre a éclaté et duré des années », a rappelé le chef de l’Organisation.  Il a fallu, a-t-il rappelé, un deuxième cataclysme mondial pour enclencher les accords multilatéraux que nous connaissons aujourd’hui, lesquels ont fait leurs preuves en matière de sauvetage de vies humaines, de progrès économiques et sociaux et d’évitement d’une troisième descente dans la guerre mondiale.

Les dernières années ont été marquées par des réalisations inspirantes en matière de diplomatie internationale, notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a observé M. Guterres.  « Les opérations de paix autorisées par ce Conseil sont également des expressions importantes du multilatéralisme en action.  Le maintien de la paix a aidé un grand nombre de pays à se relever d’un conflit armé.  Nos missions sont souvent des remparts déterminants contre le chaos et les effusions de sang », s’est félicité le Secrétaire général.  C’est la raison pour laquelle il s’est déclaré heureux que 151 pays, ainsi que quatre grandes organisations internationales et régionales, aient exprimé leur soutien à l’initiative Action pour le maintien de la paix, qui vise à renforcer ces partenariats collectifs. 

Dans d’autres domaines, cependant, les efforts multilatéraux sont soumis à d’immenses mises à l’épreuve.  C’est une période de multiplication des conflits, de lutte contre les changements climatiques, d’aggravation des inégalités et de tensions grandissantes dans le domaine commercial.  Voici une période au cours de laquelle un nombre sans précédent de personnes franchissent les frontières à la recherche de sécurité ou d’opportunités.  Nous sommes toujours aux prises avec le risque de prolifération des armes de destruction massive et commençons seulement à prendre en compte les dangers potentiels posés par les nouvelles technologies.  « Il y a de l’anxiété, de l’incertitude et de l’imprévisibilité dans le monde actuel.  La confiance est en déclin, au sein des nations et entre elles.  Les gens perdent confiance dans les institutions politiques, qu’elles soient nationales ou internationales.  Les hypothèses clefs ont été renversées, les principaux efforts fragilisés et les principales institutions remises en cause.  Il semble souvent que plus la menace est mondiale, moins nous sommes capables de coopérer.  C’est une situation très dangereuse face aux défis d’aujourd’hui, pour lesquels une approche globale est essentielle », a encore analysé M. Guterres. 

Dans ce contexte difficile, nous devons inspirer un retour à la coopération internationale, a-t-il exhorté.  Nous avons besoin d’un système multilatéral réformé, revigoré et renforcé, et en fin de compte, « le multilatéralisme n’est rien d’autre que des pays qui se réunissent, se respectent et établissent les formes de coopération qui garantissent la paix et la prospérité pour tous sur une planète en bonne santé ».  À cette fin, nous avons besoin d’un engagement plus vigoureux en faveur d’un ordre fondé sur des règles, avec les Nations Unies en son centre, les différentes institutions et traités qui donnent vie à la Charte des Nations Unies, a plaidé le haut fonctionnaire.

Mais il ne suffit pas d’avoir des lois et des conventions internationales, aussi vitales soient-elles, a-t-il mis en garde.  Selon lui, nous avons besoin de nouvelles formes de coopération avec d’autres organisations internationales et régionales, « un multilatéralisme en réseau ».  Et nous avons besoin de liens plus étroits avec la société civile et les autres parties prenantes, « un multilatéralisme inclusif ». 

Le Conseil de sécurité a un rôle central à jouer à cet égard pour montrer l’importance de la coopération internationale.  Rappelons-nous que la Charte confère au Conseil une stature, des pouvoirs et des responsabilités particuliers.  C’est pourquoi cet organe assume non seulement la charge qui est la sienne, « mais également de la réputation générale de l’ONU ».  « Je pense que nous pouvons tous convenir que les crises en Syrie, du processus de paix au Moyen-Orient et ailleurs ont ébranlé la confiance populaire dans le potentiel de la communauté internationale pour apporter des solutions », a estimé le Secrétaire général. 

Aussi a-t-il encouragé à faire davantage pour surmonter les divisions, adopter les programmes de prévention et de consolidation de la paix et recourir davantage à la médiation et autres outils énoncés dans le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies pour parvenir à un règlement pacifique des conflits.  M. Guterres s’est dit convaincu de la nécessité d’une montée en puissance de la diplomatie, avant de souligner qu’il tire ses propres forces des exemples récents de solutions politiques négociées à des problèmes qui semblaient « auparavant sans espoir ».

Dans le même esprit, il a encouragé tous les États Membres à investir davantage dans la construction d’une mondialisation juste, qui fonctionne pour tous, et dans la cohésion sociale, conformément au Programme 2030.  « Il ne devrait pas y avoir de place pour diaboliser les minorités, les migrants et les réfugiés, ni pour étouffer la diversité qui enrichit les sociétés », a affirmé le haut fonctionnaire.  Alors que nous célébrons le centenaire de la Première Guerre mondiale, nous devons en tirer les leçons et conforter notre pratique du multilatéralisme, face aux épreuves et aux menaces d’aujourd’hui et de demain, a-t-il insisté.  Et, alors que les défis du XXIe siècle menacent de dépasser les institutions et les mentalités du XXe siècle, « réaffirmons les idéaux de l’action collective tout en recherchant une nouvelle génération d’approches et d’architecture à leur hauteur ». 

La réforme de l’Organisation des Nations Unies a une contribution cruciale à apporter à cet égard, a reconnu le Secrétaire général, pour qui c’est la Charte des Nations Unies qui montre la voie: « renforcer le multilatéralisme signifie renforcer notre engagement envers la Charte.  Un tel engagement est nécessaire plus que jamais », a-t-il ajouté en conclusion.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar), qui s’est exprimée au nom de la Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, a déclaré que le multilatéralisme était actuellement secoué par des vents contraires, alors même que c’est le seul choix possible dans un monde de plus en plus interconnecté.  Le Conseil de sécurité, dans sa propre expérience et son histoire a montré que la résolution des conflits exige une approche multilatérale, montrant de fait la nécessité de le renforcer.  « Faire avancer le multilatéralisme sera au cœur de ma présidence », a assuré Mme Al-Thani.

Elle a également déclaré être profondément convaincue que le dialogue et la coopération internationale sont les seules approches à tester pour répondre aux grands défis du monde.  Cela est particulièrement important, s’agissant des questions relatives à la paix et à la sécurité qui ne peuvent être résolues par les seuls pays concernés.  C’est pour cela que les États Membres doivent réaffirmer leurs engagements à respecter les principes et piliers inscrits dans la Charte des Nations Unies, à renforcer le cadre international légal et à maintenir le cadre de coopération internationale contraignant, a-t-elle encore plaidé. 

Mme Al-Thani a également jugé « cruciale » l’inclusion des femmes et les jeunes, en tant qu’un des objectifs du multilatéralisme et si l’on veut réussir en matière de paix et de sécurité.  Il faut donc collectivement travailler à leur autonomisation, y compris en leur garantissant des opportunités, des emplois décents, une protection sociale et une plus grande participation politique, y compris dans les processus de paix. 

Le renforcement du multilatéralisme implique également de travailler à une meilleure coordination des efforts au sein du système des Nations Unies, entre ses différents organes.  L’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et les autres organes, tous jouent un rôle crucial et complémentaire dans leurs mandats, a-t-elle encore déclaré, assurant que la Présidente de l’Assemblée générale continuerait de chercher à faciliter les synergies au sein de ces organes. 

Pour Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), seul un dialogue inclusif a permis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle s’est dite « troublée » par la remise en question du multilatéralisme, qui a favorisé une longue période de croissance économique depuis la Seconde Guerre mondiale et la réduction de moitié de la pauvreté depuis 2000.  Les défis les plus importants de notre époque, notamment les changements climatiques, les migrations et les échanges commerciaux, nécessitent une réponse globale, a insisté Mme King.  À cet égard, le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, sous l’égide de l’ECOSOC, a permis la création d’un espace propice à un véritable dialogue et au partage des connaissances, a-t-elle relevé. 

Mme King a rappelé la coopération entre l’ECOSOC et le Conseil de sécurité, notamment au sein de groupes consultatifs sur les conflits en Afrique et d’un programme conjoint d’appui à Haïti.  Afin de renforcer le dialogue avec le Conseil tout en assurant une plus grande cohérence entre les piliers des Nations Unies, Mme King a souligné le renforcement de la coopération de l’ECOSOC avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Conseil des droits de l’homme. 

M. ABDULQAWI AHMED YUSUF, Président de la Cour internationale de Justice (CIJ), a estimé que la technologie a besoin des rênes du multilatéralisme pour emmener l’humanité dans la bonne direction, comme en témoigne par exemple le câblage d’Internet sous les mers et les océans.  Nous célébrons actuellement la fin de la Première Guerre mondiale, a-t-il rappelé, en soulignant que la paix avait donné un nouvel élan au multilatéralisme, « la seule voie que nous pouvons emprunter ».  Si les accords bilatéraux peuvent donner naissance à des tribunaux d’arbitrage, ceux-ci ne peuvent cependant supplanter des juridictions internationales comme la CIJ.  Ses décisions mettent fin aux incertitudes qui subsistent dans le droit international en les interprétant et en fixant une jurisprudence, a expliqué le magistrat. 

Les décisions de la Cour ont contribué au multilatéralisme, a assuré son Président, en expliquant qu’elles avaient clarifié le droit des traités qui rend possible le multilatéralisme.  La CIJ, a poursuivi M. Yusuf, a également rendu des avis consultatifs qui ont permis d’établir une distinction entre la personnalité juridique internationale et celle des États Membres.  Cette juridiction, a-t-il ajouté, a également contribué à l’émergence du concept d’erga omnes, qui est le droit que toute nation peut revendiquer dans certaines circonstances, indépendamment des traités qu’ils auraient pu signer. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a déclaré que la réunion de ce jour revêt une « importance historique », car les chefs des principaux organes des Nations Unies sont réunis ici avec les États Membres à qui ils demandent de renforcer le multilatéralisme.  « Les Nations Unies incarnent les aspirations des peuples pour la paix et le développement, et dans le même temps le multilatéralisme essuie des attaques.  Or, la nécessité de renforcer ce cadre fait l’objet d’un consensus », a relevé le représentant en observant, tout comme le Secrétaire général et la Présidente de l’Assemblée générale, que le multilatéralisme est la seule voie pour résoudre les problèmes du monde.  « Il faut donc le renforcer », a-t-il tranché.

En tant que membre fondateur des Nations Unies, le premier à avoir signé la Charte, la Chine est déterminée à jouer son rôle dans le processus de renforcement du multilatéralisme, a assuré M. Ma tout en se demandant comment le renforcer dans un tel climat de menace.  De son point de vue, il faut respecter tous les principes de la Charte des Nations Unies et promouvoir des échanges qui soient « gagnant-gagnant » pour tous.  Le représentant a également souhaité que le dialogue et la coopération l’emportent sur la violence.  « Tous les États sont égaux, qu’ils soient petits ou grands, et tous ont le droit à ce que leur souveraineté et leur intégrité territoriale soient respectées », a encore déclaré le représentant chinois. 

La Chine est d’avis que, en tant que garant de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité doit jouer son rôle et faire preuve d’unité et de sagesse, tout en promouvant le dialogue entre les nations.  La Chine assume sa part, a fait valoir le délégué en mentionnant qu’elle a déployé 2 500 Casques bleus chinois dans diverses opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  En tant que plus grand pays en développement, la Chine, a-t-il ajouté, met pleinement en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et s’attache à soutenir le développement des autres pays.  Le représentant a cité le projet de la nouvelle route de la soie qui, bien que ce soit une initiative chinoise, appartient à tous.  La Chine souhaite que tous les pays y prennent part, a-t-il conclu.

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI(Suède) a observé qu’un ordre international s’appuyant sur des règles et une coopération multilatérale, avec l’ONU en son cœur, n’ont peut-être jamais été aussi importants.  Ils constituent le fondement de la politique étrangère de la Suède mais aussi de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne, a-t-il rappelé.  Or, le multilatéralisme et les Nations Unies font face à des pressions croissantes.  Des intérêts à courte vue se tiennent prêts à exploiter les défauts de l’Organisation.  Ne pas honorer nos engagements en matière de paix, de sécurité et de développement fait courir le risque d’en faire de vains mots, ouvrant la voie au cynisme et à la polarisation, a averti le représentant.  Qu’il s’agisse des changements climatiques, des armes de destruction massive, du terrorisme et de l’extrémisme violent, ces menaces rendent nécessaire une coopération multilatérale, a-t-il insisté.  « Nous disposons déjà des normes et des structures, il est temps à présent de passer à l’action à la mise en œuvre. » 

Pour la déléguée, le Conseil se doit d’être mieux à même d’identifier les risques et les causes profondes des conflits.  Il doit aussi s’assurer que sa réponse est globale.  Dans ce cadre, les normes contre l’usage d’armes de destruction massives sont des piliers indispensables du régime mondial de désarmement et de non-prolifération qui nous protègent des dangers liés aux armes nucléaires, biologiques et chimiques.  Les sauvegarder doit être une priorité absolue et demeurer une composante cruciale de la prévention, a souligné le délégué.  À cette fin, tout doit être fait pour assurer le succès de la Conférence des parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020, a-t-elle ajouté, enjoignant le Conseil à soutenir le Programme de désarmement lancé cette année par le Secrétaire général. 

Elle a également émis le souhait que la Charte des Nations Unies et le droit international restent au cœur de la coopération.  Dans le contexte de la prévention, a-t-elle relevé, les dispositions relatives aux règlements des différends, comme énoncées au Chapitre VI de la Charte des Nation Unies, contiennent des instruments puissants basés sur l’état de droit qui permettent de résoudre les crises avant qu’elles ne dégénèrent, a noté la représentante, citant le rôle fondamental joué par le Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI). 

Soulignant qu’il n’y a pas de moyen plus efficace de maintenir la confiance dans le multilatéralisme que d’apporter des résultats concrets dans les domaines de la paix, de la sécurité et du développement, la représentante a jugé impératif de continuer à soutenir la réforme du système de l’ONU initiée par le Secrétaire général.  En tant que membres de ce Conseil, a-t-elle dit, nous devons nous employer à surmonter nos différends et à apporter des réponses unifiées, tout en veillant à ce que nos méthodes de travail aient pour finalité la prise de décisions significatives, avec des résultats sur le terrain.  Elle a pour cela appelé à de nouvelles discussions sur la limitation de l’usage du droit de veto et à une représentation plus large de l’Afrique, mais aussi de l’Asie et de l’Amérique latine au sein du Conseil, encourageant le Secrétaire général à poursuivre son ambitieux programme de réformes. 

Après avoir réaffirmé l’attachement de son pays à promouvoir le multilatéralisme, M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a souligné l’importance d’adhérer ensemble aux principes et buts de la Charte des Nations Unies.  Il a également encouragé les États Membres à mettre en œuvre les décisions issues des documents finaux d’Addis-Abeba, Sendai, Paris et bientôt Marrakech.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur de partenariats étroits entre l’ONU et les organisations régionales telles que l’Union européenne, l’Union africaine, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’Organisation internationale du commerce (OIC) ou encore l’Organisation de Shanghai pour la coopération.

La délégation kazakhe a par ailleurs cité un exemple à suivre, à savoir la stratégie à trois volets dont elle a eu l’initiative.  Celle-ci consiste à renforcer les liens entre sécurité et développement, à revitaliser l’approche régionale et à agir dans le cadre de l’initiative Unis dans l’action.  En outre, a rappelé le représentant, son gouvernement a lancé, le 28 septembre dernier un « code de conduite visant à réaliser un monde exempt de terrorisme », lequel a pour objectif de fédérer les États Membres dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a jugé « pertinent » le thème débattu ce matin, dans le contexte où certains États ont la volonté d’aller contre les aspirations des autres.  « Ils disent qu’ils appuient le multilatéralisme, mais imposent des sanctions, s’ingèrent dans les affaires des autres et contournent les Nations Unies.  À leurs yeux, le multilatéralisme ne doit correspondre qu’à leurs conditions préétablies », a-t-il dit.

« Pour trouver ces États, il ne faut pas aller très loin », a poursuivi le représentant russe, précisant qu’il suffit de regarder du côté du processus de paix au Moyen-Orient, de l’Accord global sur le nucléaire iranien, de l’Accord de Paris sur les changements climatiques ou des accords stratégiques sur les armements nucléaires.  Il suffit aussi de regarder du côté des mesures coercitives unilatérales « imposées par nos collègues occidentaux contre des États qui ne font pas ce qu’ils veulent ».  Le représentant a remarqué que « quand on n’est pas d’accord avec eux, on est révisionniste ».  « Il n’est même plus utile de présenter des preuves.  L’avis de l’accusé, n’intéresse plus les accusateurs », a-t-il encore déclaré.

Le délégué russe a encore observé que ces États, non contents de désigner les autres, n’hésitent pas non plus à employer la violence et à s’ingérer dans les affaires des États, comme en 1999 avec le bombardement de la Serbie, la guerre et l’occupation de l’Iraq en 2003 ou encore les manipulations des résolutions du Conseil de sécurité en 2011 lors de l’intervention en Libye.  Parfois, a-t-il ajouté, ils forcent des pays, contre l’avis de leurs populations, à rejoindre leurs alliances militaires, comme ils le font dans les Balkans.  Cette tendance est préoccupante car elle pousse à la confrontation, a encore déclaré le représentant russe, rappelant que c’est précisément la confrontation qui a mené aux guerres mondiales.  Il a conclu en émettant l’espoir que le débat d’aujourd’hui permettrait de rappeler le rôle de l’ONU, née après la Seconde Guerre mondiale.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) s’est dite heureuse de pouvoir débattre du multilatéralisme avant son départ prochain des Nations Unies, à la fin de l’année.  Elle a rappelé que son pays est le plus important contributeur au budget ordinaire de l’Organisation, financé par les contribuables américains à hauteur de 35% pour le Programme alimentaire mondial (PAM), de 13% pour le budget du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICF), ou encore de 42% pour le budget du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).

Parfois cependant, le peuple américain s’interroge sur l’appui généreux qu’il prête à l’ONU, et estime que le multilatéralisme n’est pas forcément le bon choix.  « Ce n’est pas que nous manquons la générosité », s’est-elle justifiée, en relatant le fait que le représentant d’un pays africain lui aurait fait récemment la leçon en citant la Bible.  Si nous ne nous attendons pas toujours à ce que nos choix prévalent, nous attendons en revanche des « retours sur investissement », a clarifié Mme Haley, qui a rappelé que les États-Unis ne sont pas une « organisation caritative ».  Nous travaillons de façon partiale, a-t-elle insisté, en estimant que le multilatéralisme « n’est ni bon ni mauvais », ce sont nos objectifs qui sont bons ou mauvais.

Lorsque, par exemple, l’Assemblée générale accorde son soutien au « régime barbare de Cuba », c’est un mauvais usage du multilatéralisme qui est fait, a argué Mme Haley, pour qui protéger les auteurs les plus patents de violations des droits de l’homme constitue aussi un échec du multilatéralisme. 

Le mois prochain, a-t-elle prévenu, nous allons prendre une décision majeure dans la manière dont nous contribuons au budget du maintien de la paix, dont nous assumons 25%, une part « disproportionnée ».  Elle a annoncé que son pays ne pourra appuyer des actions collectives si les tâches ne sont pas réparties équitablement.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a déclaré que les menaces actuelles ne cessent de s’accroître, comme au Moyen-Orient où nombre d’États sont confrontés au terrorisme.  Aujourd’hui, les situations de guerre, de crises humanitaire ou migratoire d’un pays peuvent être répercutées dans d’autres, peu importe leur niveau de sécurité.  C’est pour cela qu’il faut travailler ensemble, a dit le représentant.

Il a également déclaré que la Charte des Nations Unies, outil par excellence du multilatéralisme, est plus actuelle que jamais.  Même si beaucoup a été fait pour la mettre en œuvre et réaliser ses principes et pilier, il reste encore à faire en matière de paix, de sécurité, de respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États. 

L’expérience du Koweït, victime en 1990 de l’invasion de l’Iraq, est un bon exemple du rôle de la Charte et du Conseil de sécurité, qui dans sa résolution 678 (1990) avait demandé à l’Iraq de se retirer du Koweït.  Cela montre que les petits États, nombreux aux Nations Unies peuvent être protégés, a dit le représentant, exprimant sa préoccupation quant aux sanctions qui leur sont souvent imposées.  « On peut résoudre les différends d’une autre manière », a déclaré le représentant, appelant le Conseil de sécurité à insister sur le rôle du multilatéralisme. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a déclaré que le renforcement du multilatéralisme et la promotion d’un ordre international basé sur des règles constituent les priorités de son pays, comme le démontre sa participation active aux débats du Conseil de sécurité.  La Pologne accueillera, en décembre de cette année, la conférence de Katowice sur les changements climatiques afin d’assurer la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a-t-elle rappelé.  La coopération avec les organisations régionales est essentielle au succès du multilatéralisme, a estimé Mme Wronecka, citant en exemple les réalisations de l’Union européenne.  Elle s’est félicitée du renforcement du partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine en matière de paix et de sécurité. 

Mme Wronecka a appelé à l’adoption de réformes afin de faire en sorte que les membres du Conseil de sécurité disposent de compétences et de droits égaux.  Selon elle, le Conseil de sécurité ne peut demeurer passif lorsque sont bafoués les droits de l’homme et les libertés fondamentales.  Estimant en outre que les défis de notre époque ne peuvent être résolus de façon unilatérale, elle a appelé à l’intensification des efforts de prévention et de médiation des conflits. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France), faisant valoir que « le socle du multilatéralisme, c’est le droit international », a invité à respecter le droit qui est à la base de la Charte des Nations Unies, avec au premier rang les droits de l’homme, le droit international humanitaire, toutes les obligations nées des traités et des autres sources du droit international, en particulier les résolutions du Conseil de sécurité.  Au niveau de la pratique, il a vu le multilatéralisme comme une « approche collective » et la « conviction fondée sur l’expérience que tout est plus que la somme de ses parties ».  Or aujourd’hui, le multilatéralisme et les Nations Unies sont à la croisée des chemins et les menaces qui pèsent sur lui se nourrissent des échecs de la communauté internationale et de la contestation des principes juridiques fondamentaux et politiques, a-t-il remarqué. 

Dans ce contexte, M. Delattre a appelé à un sursaut collectif et plaidé pour un renforcement des coopérations régionales, notamment avec l’Union européenne et l’Union africaine, et pour un soutien aux opérations de maintien de paix africaines, comme le G5 Sahel.  La France plaide également pour un renforcement de l’ONU, qui doit toutefois se réformer.  Mais la France ne peut pas accepter que la légitimité de certains de ses organes, comme la CIJ, le Conseil des droits de l’homme ou encore l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) soient remis en cause par des approches idéologiques. 

La France défend l’élargissement du Conseil de sécurité, dans ses deux catégories de membres, afin que cet organe reste légitime aux yeux de tous, a ajouté M. Delattre.  Elle porte notamment l’initiative, aujourd’hui soutenue par 101 États, qui vise à suspendre l’utilisation du droit de véto en cas d’atrocités de masse.  Face à la multiplication des crises, il ne faut pas céder à la tentation de l’unilatéralisme ni tomber dans le « UN Bashing », a déclaré le représentant pour qui « il est plus facile de critiquer les limites du système, voire de le saper, que de le renforcer ».  Il a observé que le multilatéralisme est un bien commun dont les effets positifs ne sont pas toujours directement perçus.  Enfin, il a signalé que la France accueillera, du 11 au 13 novembre, le Forum de Paris sur la paix.

À l’approche des commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale, Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a déclaré que les leçons tirées des conflits du XXe siècle constituent le fondement de notre effort commun de prévention des conflits.  Pour elle, le multilatéralisme représente la « seule réponse crédible » aux défis de notre temps tels que les changements climatiques, les migrations et le terrorisme.  Elle s’est inquiétée de la tendance récente à miner les fondements du multilatéralisme, y compris au sein du Conseil de sécurité.  En l’absence d’action du Conseil, les innocents souffrent et l’impunité règne, a prévenu Mme Gregoire van Haaren, en donnant l’exemple du Yémen et du Myanmar.  La situation en Syrie est le signe d’une « crise de non-respect du droit international », a poursuivi la représentante, alors que les Conventions de Genève, la Charte des Nations Unies l’ONU et la Convention sur les armes chimiques sont violées par les belligérants. 

Pour remédier à ces problèmes, Mme Gregoire van Haaren a exprimé son appui aux réformes entreprises par le Secrétaire général afin de renforcer le rôle des Nations Unies, notamment celui du Conseil de sécurité.  Elle a également appelé à l’intensification de la coopération avec les organisations régionales telles que l’Union européenne et l’Union africaine.  Le respect de l’état de droit, du droit international humanitaire et des droits de l’homme est « vital » au maintien de la légitimité de l’ONU et du multilatéralisme, a-t-elle conclu. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a rappelé que le multilatéralisme doit non seulement montrer sa capacité à coordonner des politiques entre plus de deux pays, il doit aussi préserver le dialogue, la non-ingérence dans les affaires intérieures, l’égalité internationale des États, le respect mutuel, la juste répartition des bénéfices de tâches menées en commun et le respect de la biodiversité.  En ce sens, la communauté internationale doit permettre que tout le système de l’ONU, du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), des organisations gouvernementales régionales et sous-régionales fonctionnent de manière démocratique et transparente.  Un tel changement de mentalité permettrait d’apporter une réponse efficace à nombre de défis auxquels le système international est confronté, a fait valoir la délégation, citant la reconfiguration des forces militaires, la recomposition de l’économie mondiale et la question du poids de certains pays disposant du droit de veto.  Aussi a-t-elle plaidé pour une réforme urgente pour que l’ONU exerce avec objectivité et efficacité son rôle central dans les relations internationales. 

À cet égard, la délégation a déploré que plusieurs pays considérés comme des puissances fassent preuve d’unilatéralisme plutôt que de multilatéralisme, soulignant qu’elles ont toujours tenté de placer les affaires d’intérêt international à l’aune de leurs intérêts nationaux particuliers par le recours à des coalitions, ce qui a eu pour conséquence davantage de conflits régionaux.  La délégation a suggéré que ces pays, conscients de leur capacité militaire et technologique, fassent le pari de la paix et fondent leurs relations internationales sur des bases amicales, objectives, égalitaires et pacifiques.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a exprimé sa préoccupation devant l’érosion progressive de l’ordre multilatéral qui hypothèque la paix et la sécurité internationales, appelant les États Membres à réhabiliter l’esprit de la Charte des Nations Unies qui consacre le multilatéralisme comme approche par excellence de « notre quête commune de solutions aux défis contemporains ».  Il a ainsi lancé un appel aux États Membres pour qu’ils privilégient les cadres de coopération concertée et coordonnée, où s’élaborent les stratégies consensuelles pour relever les défis actuels et futurs.  La multiplicité et la complexité des défis actuels à la paix, à la sécurité et au développement durable, requièrent, de l’avis du représentant, la mutualisation des efforts et une mise en synergie des actions menées par les États Membres et les organisations régionales et sous-régionales.

À cet égard, le « Cadre conjoint pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, entre les Nations Unies et l’Union africaine », signé le 19 avril 2017 par le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine, apparaît comme un exemple vertueux de multilatéralisme entre l’ONU et une organisation régionale: le partenariat entre l’ONU et l’UA est ainsi passé d’une approche ad hoc à une démarche commune plus structurée et prévisible.  M. Ipo a saisi cette occasion pour saluer les progrès « remarquables » accomplis dans l’opérationnalisation de ce Cadre conjoint, de même que les consultations régulières entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du multilatéralisme, du droit international et du principe de règlement pacifique des conflits, soulignant l’importance d’un renforcement du système de l’ONU pour répondre aux défis que le monde contemporain fait peser sur la communauté internationale.  Se disant profondément préoccupé par la prolifération des conflits et l’émergence de nouvelles menaces pour la paix et la sécurité internationales, il a observé que le monde est aujourd’hui interconnecté et interdépendant, ce qui signifie que la pauvreté et la vulnérabilité d’une large part de la population mondiale ont des effets directs sur la sécurité et le bien-être de tous. 

Pour faire face à ces réalités, nous devons nous employer à renforcer la coopération internationale afin de réaliser les principes et les buts consacrés dans la Charte des Nations Unies, a-t-il dit, plaidant pour un soutien au système de sécurité collective et à un ordre international fondé sur des règles.  À cette fin, a poursuivi le représentant, il convient de faire progresser la réforme du Conseil de sécurité pour le faire correspondre aux réalités contemporaines et, comme le propose le Groupe ACT (Groupe Responsabilité, cohérence et transparence), et le rendre plus cohérent, transparent et redevable. 

De plus, la responsabilité du Conseil en matière de paix et de sécurité doit s’exercer dans le plein respect du droit et de la justice, a soutenu le délégué, appelant à une interaction plus systématique avec la Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI). 

Il a d’autre part souligné la responsabilité du Conseil s’agissant de la préservation du régime de non-prolifération des armes de destruction massive et de la lutte contre le terrorisme.  De telles menaces imposent l’unité de ses membres, a-t-il affirmé. 

Réitérant son soutien aux réformes engagées par le Secrétaire général, le représentant a aussi fait valoir que le multilatéralisme supposait de travailler de manière proactive et inclusive avec des entités comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les institutions financières internationales, les organisations régionales et sous-régionales ainsi qu’avec la société civile, le secteur privé et les groupes de femmes et de jeunes. 

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a estimé que le multilatéralisme est le meilleur moyen de faire face aux grands défis auxquels l’humanité fait face, à savoir les changements climatiques, la crise des réfugiés et des migrants, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la menace nucléaire, l’utilisation d’armes de destruction massive, le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et la rhétorique extrémiste, entre autres.  La communauté internationale devrait donc renouveler son engagement envers les buts et principes de la Charte des Nations Unies et condamner le multilatéralisme à la carte, en vertu duquel certains pays choisissent les aspects du système international qui les intéressent. 

Par exemple, a dit la délégation, on ne peut pas plaider pour les droits de l’homme et dénoncer le principal organe de l’ONU sur cette question.  On ne peut pas non plus considérer les réfugiés et les migrants comme un problème et ne pas participer au plus grand effort collectif de l’histoire en faveur d’une migration ordonnée, sûre et régulière.  On ne peut pas faire face aux changements climatiques si le principal pollueur se retire de l’accord le plus pertinent de l’histoire en la matière. 

Pour ce qui concerne les questions de paix et de sécurité, la Bolivie reconnaît que les défis auxquels le Conseil est confronté sont complexes.  Cependant, elle considère que ceux qui sapent les efforts du Conseil n’appliquent pas suffisamment les mécanismes prévus par la Charte et mènent des actions unilatérales, en particulier les grandes puissances, ce qui a affaibli les gouvernements et forces de paix et de sécurité.  La Bolivie rejette catégoriquement l’utilisation de la force et de mesures coercitives en violation flagrante du multilatéralisme. 

Elle a également fait part de sa préoccupation au sujet de l’instrumentalisation du système et de la confusion entre les mandats et prérogatives des organes de l’ONU.  Ces organes doivent agir selon les principes de complémentarité et de coordination, et non en pratiquant l’ingérence et les doublons, a précisé la délégation.  Elle a considéré qu’il est indispensable de travailler à la réforme de l’ONU pour renforcer le multilatéralisme, y compris du Conseil.  Celui-ci doit être plus efficace, inclusif et surtout démocratique, et le nombre de ses membres doit être l’expression légitime des 193 pays qu’il représente.  Pour la Bolivie, il devrait éviter la sur représentation régionale qui « perpétue une sorte de néocolonialisme institutionnel » et éliminer le droit de veto, « anachronique et inacceptable au XXIe siècle ». 

M. TAYE ATSKE SELASSIE AMDE (Éthiopie) a estimé que l’ONU continuait d’être le « réacteur du multilatéralisme », mais invité la communauté internationale à tirer les leçons des échecs passés de l’Organisation.  L’horizon politique et géopolitique mondial a considérablement évolué depuis sa création, a souligné le représentant, qui a considéré que les États Membres ont plus que jamais besoin d’elle, à condition qu’elle sache faire face à ses propres « faiblesses ».  C’est la raison pour laquelle la réforme de l’ONU est si importante, a-t-il souligné.

Pour l’Éthiopie, cette réforme doit être mise au service des peuples du monde entier.  Le représentant a réaffirmé qu’il fallait revenir aux principes et aux buts de la Charte des Nations Unies, dont les Chapitres VI, VII et VIII qui offrent des orientations très claires à cet égard.  Nous avons toutes les raisons d’insister sur la nécessité d’une réforme, a poursuivi M. Selassie, qui a demandé aux délégations de faire preuve de « courage » et d’« inspiration », avant d’assurer que son pays, « un important fournisseur de contingents », continuera d’honorer ses obligations. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré que depuis sa création, l’ONU n’a pas toujours réussi à combler le fossé entre les attentes et les blocages.  Elle a cité l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, qui avait déclaré que son travail, c’était de « pousser de lourds rochers vers le haut de la montagne, même si certains nous ont échappé et sont redescendus ».  En dépit de cet échec, tous les défis qui pèsent sur le monde ne peuvent être résolus que par le dialogue, a plaidé Mme Pierce. 

Cela dit, il est inacceptable de penser que les situations ne doivent pas être abordées en cas de non consensus, a jugé la représentante.  Faisant une analyse juridique des Chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies, Mme Pierce a déclaré que si certains pays ne tentaient pas de détourner l’attention du Conseil de sécurité sur des situations relevant du Chapitre VI, et si l’on n’utilisait pas plus rapidement les dispositions de ce Chapitre, on ne serait pas contraint de recourir brutalement au Chapitre VII. 

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a tout d’abord rappelé que ce mois de novembre marquera le centième anniversaire de la fin de ce qui devait être « la guerre pour mettre un terme à toutes les guerres ».  Or d’autres guerres ont suivi, donnant lieu à d’autres dévastations et à de nouveaux changements géopolitiques, a-t-il constaté.  Dans ce contexte, le multilatéralisme, en tant que principe directeur de la coopération internationale, a survécu à l’échec de la Ligue des nations établie à l’issue de la Première Guerre mondiale. 

Depuis lors, les ajustements internationaux qui ont pris la forme de l’ordre actuel, avec le Conseil de sécurité à sa tête pour ce qui est des questions ayant trait à la sécurité mondiale, maintiennent le cap.  Pourtant, a relevé le représentant, le Conseil est confronté à des crises de performance, de crédibilité, de légitimité et de pertinence.  À ses yeux, « faire porter au multilatéralisme la responsabilité de la situation déplorable du Conseil reviendrait, pour prendre une analogie sportive, à accuser le Madison Square Garden, de l’échec des Knicks de New York, année après année, et ce, pendant des décennies ». 

Si le Conseil a étendu ses attributions en élargissant la définition des conflits violents, en traitant les questions de prolifération nucléaire, en fournissant un accès humanitaire et en reconnaissant une nouvelle génération de défis liés au terrorisme, aux drones, aux armes semi-automatiques et aux changements climatiques, il est resté ancré dans les événements historiques qui lui ont donné naissance, a observé M. Akbaruddin.  Cette dépendance à l’histoire se reflète dans son aversion à se réformer et dans ses méthodes de travail, a-t-il souligné. 

À cet égard, la composition « anachronique » du Conseil ne correspond pas à la distribution des pouvoirs mondiaux et est incapable d’intégrer les réalités contemporaines, a insisté le délégué.  De surcroît, le fonctionnement de « l’univers souterrain » des organes auxiliaires se révèle « byzantin », a-t-il poursuivi, citant en exemple le fait que les 15 membres du Comité des sanctions disposent du droit de veto et n’informent pas le Conseil s’ils décident de ne pas sanctionner une entité ou un individu proposé par un État Membre, en cas de vote négatif de l’un d’eux.  Dans ces conditions, a-t-il conclu, il est temps de rénover et de réformer le multilatéralisme tel qu’il est pratiqué par le Conseil, faute de quoi nous risquons de voir un ordre mondial en morceaux plutôt qu’un monde en paix. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a fait valoir que les Nations Unies sont l’expression ultime de l’état de droit au niveau international.  À cet égard, a-t-il dit, un aspect essentiel de la Charte des Nations Unies et, par voie de conséquence, une tâche fondamentale du Conseil de sécurité est de faire exécuter les règles gouvernant l’usage de la force.  La Charte rend ce recours à la force illégal, à deux exceptions près: l’autodéfense, en vertu de l’Article 51, et l’autorisation de l’usage de la force par le Conseil.  Ces dernières années, des interprétations diverses ont été apportées à la notion d’autodéfense, sans grandes conséquences. 

Malheureusement, nous avons aussi assisté à des usages unilatéraux de la force sans autorisation préalable du Conseil et à des tentatives d’élargissement des règles consacrées par la Charte, a déploré le représentant.  Si ces discussions se sont révélées opaques et limitées à un petit nombre d’États, le processus de codification des lois et des normes sur l’usage de la force a, lui, été inclusif et transparent, s’est-il félicité.  Dans le cadre du système du Statut de Rome, il a permis de parvenir à une définition juridiquement contraignante d’un acte et d’un crime d’agression. 

Différents États, dont certains sont représentés aujourd’hui, ont contribué à cet effort et soutenu le consensus sur ces deux définitions avant la Conférence d’examen de la Cour pénale internationale (CPI) en 2010 à Kampala.  Ces définitions établissent un seuil élevé pour déterminer qu’un acte d’agression a été commis: il doit constituer une violation manifeste de la Charte, de par son caractère, sa gravité et son échelle.  Autrement dit, être en violation avec les règles gouvernant l’usage de la force, en vertu de la Charte, ne constitue pas automatiquement un acte d’agression et, donc, ne conduirait pas à une responsabilité pénale individuelle.  Le crime d’agression, conformément au Statut de Rome, est quant à lui défini comme un crime de dirigeants, ces derniers seulement, qu’ils soient militaires ou politiques, pouvant être reconnus responsables pénalement.

Après s’être entendus sur ces définitions, les États Membres ont aussi trouvé un consensus sur les conditions d’exercice de la juridiction de la CPI sur les crimes d’agression, a poursuivi M. Wenaweser, soulignant le rôle crucial joué par le Conseil, dont l’Article 59 de la Charte reconnaît la compétence pour déterminer qu’un acte d’agression a été commis.  Au terme du processus de ratification, le Conseil s’est doté, le 17 juillet, d’un nouvel outil pour mettre en application les dispositions de la Charte sur l’usage de la force: la capacité de saisir la CPI en cas de violation manifeste de ces règles. 

Se disant conscient des relations agitées entre le Conseil et la CPI, le représentant a néanmoins soutenu que le Conseil, en tant que gardien de la Charte, dispose là d’un instrument additionnel pour s’assurer de la légalité de l’usage de la force. 

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA de l’Union européenne a fait valoir qu’un ordre international est une protection pour tous et non une contrainte, permettant à toutes les nations, les petites et les grandes de profiter d’un monde plus durablement sûr.  Dans un monde multipolaire, le multilatéralisme n’est pas seulement la voie la plus démocratique pour traiter des affaires internationales, c’est aussi la seule façon réaliste de protéger ses intérêts nationaux.  Aucun État n’est assez puissant pour relever seul les défis de notre temps a-t-il poursuivi, aussi a-t-on besoin d’un système multilatéral fort avec les Nations Unies en son cœur.  L’alternative conduirait au chaos.  La mondialisation rend l’action isolée impossible.

Mais la sécurité, pour être durable, doit être fondée sur les droits humains, la bonne gouvernance, l’inclusion sociale et une bonne compréhension des conséquences des défis globaux comme les changements climatiques.  Quant à la paix, pour être durable, elle requiert une solution politique négociée dans un cadre multilatéral.  Les exemples dans lesquels la diplomatie multilatérale seule peut venir à bout des nouvelles menaces abondent: commerce, cyberespace, changements climatiques, objectif de développement durable (ODD), gouvernance des océans ou accord sur le nucléaire iranien, pour n’en nommer qu’une poignée. 

Aujourd’hui, a poursuivi le représentant, les menaces et les défis au système multilatéral s’accumulent mais ils ne constituent pas un désaveu, bien au contraire: ils doivent être perçus comme une raison supplémentaire de renforcer le système, car les Nations Unies sont loin d’être parfaites mais sans elles, le monde serait bien pire.  Aussi, a-t-il appelé à soutenir l’ensemble des réformes ambitieuses proposées par le Secrétaire général: c’est la seule façon de sauvegarder le multilatéralisme, a-t-il souligné. 

Pour M. KORO BESSHO (Japon), les conflits ethniques et régionaux, la pauvreté, les changements climatiques et le terrorisme ont ceci en commun qu’ils ne peuvent être résolus par un seul pays.  La mondialisation, les échanges commerciaux et l’innovation technologique qui ont permis l’avènement d’un monde prospère et interconnecté dépendent de la paix et de la stabilité, a-t-il rappelé.  Pour sa part, le Japon entend demeurer « proactif », notamment en appuyant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et la Commission de consolidation de la paix. 

M. Bessho a souligné l’importance d’un espace maritime ouvert et du respect de l’état de droit en tant que fondements de la paix et de la prospérité internationales.  À cette fin, il a réitéré son appui à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, notamment dans la région Indopacifique. 

Afin de relever les défis de notre époque, le représentant a exprimé son soutien « ferme » aux réformes des Nations Unies et du Conseil de sécurité.  Pour que les Nations Unies demeurent pertinentes à l’avenir, le Conseil doit être en mesure de « maintenir le rythme » du XXIe siècle et de refléter les réalités d’aujourd’hui, a-t-il prévenu. 

Selon M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique), le conflit entre souveraineté ou nationalisme, d’une part, et multilatéralisme, d’autre part, est « un faux dilemme ».  En tant que nations, a-t-il dit, « nous faisons valoir notre souveraineté à travers le nationalisme ».  Comme toute réalisation humaine, le multilatéralisme est perfectible.  Toutefois, a poursuivi le représentant, il faut éviter que les attaques contre le multilatéralisme et contre l’ONU en particulier ne créent la méfiance. 

En tant qu’organe principalement responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et partant du multilatéralisme, le Conseil de sécurité doit être renforcé par une réforme correspondant aux valeurs du XXIe siècle, a fait valoir M. Mendiolea.  En ce sens, il a considéré que la proposition du mouvement « Union pour le consensus » est la plus démocratique, réalisable, réaliste et complète.  Opposer son veto à l’action du Conseil face aux crimes les plus atroces va à l’encontre du multilatéralisme, a-t-il dénoncé.  Plus généralement, il s’est dit préoccupé par la prolifération dans le monde multilatéral de ladite « règle du consensus », qui, déformée, devient « comme une espèce de veto, au lieu d’être une aspiration », ce qui empêche les forums multilatéraux de fonctionner et réduit les progrès aux plus petits dénominateurs communs.

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a regretté qu’après 70 ans d’efforts pour construire un système de gouvernance établissant une égalité de droits entre les pays, ce système soit en train de s’éroder; surtout face à la multiplication rapide des menaces et des défis, plus complexes et multidimensionnels.  Face aux menaces à la paix et la sécurité provenant d’acteurs non étatiques, mais aussi à la dégradation de l’environnement, à l’instabilité économique et financière, et en raison d’une interdépendance de plus en plus étroite, aucune nation ne peut seule apporter de réponse a-t-elle fait valoir.

Pour promouvoir le rôle des Nations Unies, elle a jugé prioritaire d’insister sur un système démocratique international fondé sur le droit, le respect de la Charte des Nations Unies et la bonne gouvernance, l’égalité des genres et le respect de l’état de droit en toutes circonstances et par tous.  L’ONU dispose d’outils uniques pour mener cette tâche sur le terrain, là où elle est le plus efficace et au plus près des populations.  Elle doit pour ce faire pouvoir compter sur des partenaires fiables au sein des organisations régionales. 

Enfin, la complexité des défis impose à tous de travailler plus étroitement ensemble, a-t-elle estimé en défendant l’importance de la diplomatie préventive et de la médiation pour dénouer les crises.  Mais seule une organisation bien gérée et financièrement stable pour être assez forte et efficace pour mener à bien le mandat qui lui est confiée.

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a réaffirmé son engagement en faveur du multilatéralisme, de la Charte des Nations Unies et du droit international en tant qu’instruments indispensables au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il s’est inquiété de la tendance croissante de certains États à imposer des mesures unilatérales à des fins politiques nationales, soulignant l’importance du rôle des organisations multilatérales telles que les Nations Unies dans la résolution des problèmes qui affectent l’humanité, notamment par le dialogue et la coopération. 

Le représentant s’est dit préoccupé du sort des victimes civiles découlant du recours à la force ou de l’imposition de sanctions par le Conseil de sécurité.  Il a appelé les États Membres à promouvoir le règlement pacifique des différends afin d’assurer la sécurité collective de l’ensemble de la communauté internationale, notamment par le recours à la Cour internationale de Justice (CIJ). 

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a noté que le creusement des inégalités économiques et sociales a sapé la confiance du public en des règles communes et des principes partagés.  Selon elle, le multilatéralisme est vu comme incapable de trouver des solutions aux problèmes mondiaux et loin des préoccupations quotidiennes.  Par conséquent, les institutions multilatérales sont souvent perçues comme distantes, inefficaces et donc sans pertinence, malgré les résultats positifs qu’elles ont obtenus. 

Pour l’Italie, il est nécessaire de réformer le système multilatéral pour en améliorer l’efficacité et la pertinence pour les peuples du monde entier.  Convaincue de l’importance d’un ordre international fondé sur des règles avec l’ONU en son centre, elle a estimé qu’une organisation réformée doit continuer à opérer dans une logique de responsabilité partagée entre ses États Membres et les organisations régionales.  L’essence du multilatéralisme repose sur la capacité à atteindre le consensus le plus large possible par le biais d’un véritable dialogue inclusif et ouvert, a précisé Mme Zappia. 

Quant à la réforme du Conseil de sécurité, elle implique qu’il soit vraiment représentatif, redevable, démocratique, transparent et effectif.  Il est grand temps de donner une chance concrète à tous les États Membres de s’asseoir à la table du Conseil, a conclu Mme Zappia, en particulier aux régions qui sont sous-représentées.

Aujourd’hui, a regretté M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala), les relations internationales sont marquées par des atteintes à la paix, caractérisées par la méfiance, l’action unilatérale et « une réalité relative ou alternative qui se construit sur la base d’un révisionnisme postfactuel ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, ne doit pas renoncer à sa responsabilité principale et devenir un spectateur passif quand des populations entières sont en danger.  Au contraire, a recommandé le représentant, il nous faut promouvoir la confiance mutuelle, à partir d’un ordre international fondé sur des règles ayant pour objectif le bien commun et le développement durable. 

Notre destin commun et la survie de l’espèce humaine, a insisté M. Skinner-Kleé, demandent le respect des droits de l’homme, le respect réciproque entre les nations, le progrès économique et la coopération internationale.  Il a défendu la valeur pratique du multilatéralisme, notamment le maintien de la paix et la prévention des conflits tels que pratiqués par l’ONU, qui a une incidence claire sur la vie de tous. 

Pour M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), le multilatéralisme doit se fonder sur l’inclusion plutôt que l’exclusion, sur la coopération plutôt que la confrontation, et sur l’égalité de toutes les nations, au lieu de l’inégalité.  Les problèmes transnationaux ne connaissent pas de frontières, et aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut les résoudre seul, a fait valoir le représentant, donnant pour exemple les changements climatiques.  Selon lui, le respect du droit international et le bon fonctionnement des institutions internationales sont essentiels au maintien d’un ordre international basé sur des règles. 

Le représentant a réaffirmé son appui à la proposition du Mouvement des pays non alignés de désigner une « journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie de la paix », afin de discuter des défis au multilatéralisme et du retrait « d’un membre du Conseil » des institutions internationales, notamment du Conseil des droits de l’homme, de l’Accord de Paris et du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien. 

Le Plan d’action, a rappelé le représentant, est le fruit de négociations visant à résoudre une « crise manufacturée » et a fait l’objet d’une résolution unanime du Conseil de sécurité.  Le retrait des États-Unis de ce traité constitue donc une violation du droit international, a martelé le représentant, ajoutant que les États-Unis s’affairent maintenant à punir les nations qui respectent les décisions du Conseil.  Le monde ne doit pas permettre aux États-Unis de mettre à place un ordre international fondé sur la puissance plutôt que sur le droit, a-t-il conclu. 

Mme TEGAN BRINK (Australie) a insisté sur le fait que le monde est plus sûr et prospère lorsque les différences et les défis sont gérés sur la base d’une juridiction commune plutôt que par le seul exercice de la force.  Voyant peu de sujets aussi importants aujourd’hui que la continuité de l’ordre international fondé sur des règles, l’Australie a jugé qu’il en allait de l’intérêt de tous les États.  Selon la déléguée, ce n’est que lorsque les pays reconnaissent des normes internationales, acceptent les règles d’un marché ouvert, respectent les droits à la liberté de navigation et de survol, mais aussi quand les différends sont résolus pacifiquement, que la prospérité et la sécurité sont possibles. 

« En tant que nation insulaire située à la confluence des océans Indien et Pacifique, nous accordons une importance particulière à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), a précisé la déléguée qui a cité le traité des frontières maritimes établi entre l’Australie et le Timor-Leste, en 2018, comme exemple de renforcement de la stabilité.  Cet ordre international fondé sur des règles est aussi celui qui encadre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et tous les efforts en faveur des droits de l’homme, a-t-elle ajouté.  Exhortant la communauté internationale à protéger et renforcer ce système, elle a conclu en rappelant que le renfort des organisations multilatérales est l’affaire de tous.

« Aujourd’hui, le multilatéralisme est assailli de toutes parts », a déclaré Mme MALEEHA LODHI (Pakistan).  « Propulsé par les forces de l’anti-libéralisme et du protectionnisme, le chauvinisme est en train de l’emporter sur la raison, l’intolérance l’emporte sur l’acceptation et le sectarisme sur l’humanité. » Elle a regretté que certains voient la recherche du consensus comme un signe de faiblesse et non de force, avant de fustiger l’érosion de normes juridiques bien établies.  Les résolutions de l’ONU sont foulées aux pieds, a-t-elle déploré en relevant que « le jusqu’au-boutisme politique et les jeux de pouvoir menacent de transformer des intérêts stratégiques en ambitions rivales, accentuant ainsi les multiples lignes de fracture internationales existantes ».

Face à ces défis, Mme Lodhi a jugé impérieuse la coopération internationale, et s’est félicitée que le multilatéralisme ait été consacré avec éclat lors du débat général de l’Assemblée générale.  Elle a défendu un ordre reposant sur des règles, avec l’ONU en son centre, et rappelé l’importance de la Charte, en particulier le Chapitre VI.  Enfin, la déléguée a indiqué qu’il n’y a pas de meilleur instrument que l’ONU pour faire avancer la civilisation moderne et l’amener « à un niveau plus haut encore ». 

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a assuré qu’un engagement collectif renouvelé en faveur du multilatéralisme et du droit international est plus nécessaire que jamais.  Aucun État ne peut ni ne doit se soustraire à ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies et face au reste de la communauté internationale et, a lancé le représentant, les solutions partielles ou unilatérales n’ont pas leur place. 

Il a par ailleurs insisté sur la lutte contre l’impunité, rappelant que la communauté internationale dispose en la Cour pénale internationale d’une institution essentielle et lançant un appel à son universalité et au respect de son indépendance.  Pour lui, renforcer le multilatéralisme passe par une réforme du Conseil de sécurité, pour qu’il soit plus démocratique, plus représentatif et plus transparent.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a déclaré qu’il n’existe pas de meilleur exemple de succès du multilatéralisme que les Nations Unies.  Toutefois, il semble évident que l’ONU doit adapter ses structures afin de les rendre « plus efficaces, plus pertinentes et plus respectées ».  Selon lui, la réforme de l’ONU doit être au cœur du renforcement du multilatéralisme, y compris la réforme du Conseil de sécurité. 

Il a appelé au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, notamment afin de résoudre les conflits régionaux.  Les questions des migrations, du climat et du terrorisme constituent des défis globaux pour lesquels des solutions multilatérales sont nécessaires, a-t-il conclu. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a estimé que les aspirations de la Charte des Nations Unies sont plus importantes que jamais au vu des menaces contre le multilatéralisme qui ne font qu’augmenter.  Il a rappelé que son pays avait bénéficié du soutien de l’ONU pour isoler le régime raciste qui l’opprimait et pour y mettre un terme, ce dont il reste reconnaissant.  Le représentant a fait observer que pour de nombreux peuples dans des situations vulnérables ou de conflit, l’Organisation est peut-être la seule chance qui s’offre à eux.

M. Matjila a rappelé que le Sommet de la paix Nelson Mandela, qui a eu lieu il y a deux mois, a été l’occasion de lancer un appel fort à la sauvegarde du multilatéralisme face aux nouvelles menaces, qui peuvent toucher n’importe quel pays, même stable et prospère, et requièrent une réponse collective.  Quant au mandat du Conseil de sécurité, il a estimé qu’il ne devrait pas être mis à mal par des intérêts étroits.  Le Conseil, à son avis, devrait travailler en étroite collaboration avec les organisations régionales, en vertu du Chapitre VIII de la Charte.  Il devrait aussi être réformé pour refléter les réalités géographiques et être tout à fait représentatif, notamment pour les 1,2 milliard d’Africains, a-t-il ajouté.

Face à un contexte régional « complexe et difficile », M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a estimé que nous sommes à la croisée des « destinées ».  « Plus que jamais, le multilatéralisme incarné par les Nations Unies est de rigueur », a dit le représentant, pour qui l’ONU doit maintenant être entendue « plus que les pays ». 

Il a soutenu « fermement » à cet effet la réforme de l’Organisation proposée par le Secrétaire général.  Selon lui, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les objectifs de développement durable représentent le « catalyseur principal d’une paix pérenne », indissociable du multilatéralisme. 

M. Khiari s’est félicité de la tenue du dialogue annuel entre l’ONU et l’Union africaine instauré en 2017, et de la mise en place d’une équipe conjointe chargée des questions de paix et de sécurité.  Estimant que la démarcation entre la paix et la sécurité régionales et internationales n’est plus de mise, il a noté que la paix au Moyen-Orient est un facteur déterminant d’une paix globale. 

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a jugé essentiel de ne pas tourner le dos aux institutions multilatérales, qu’il s’agisse du Conseil des droits de l’homme, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou de la Cour pénale internationale (CPI).  Œuvrer en faveur d’institutions fortes, c’est aussi faire en sorte que l’ONU soit forte et pleinement opérationnelle, capable de répondre aux crises actuelles, a assuré la délégation. 

Elle s’est dite convaincue que les réformes du Secrétaire général aideront l’ONU à travailler de manière plus intégrée à travers ses trois piliers: paix et sécurité, développement et droits de l’homme.  Quant au Conseil de sécurité, la Suisse est déterminée à continuer à le soutenir dans l’utilisation aussi efficace que possible des outils offerts par le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies.

Dénonçant la multiplication des conflits, du terrorisme, de la traite des personnes et des violations des droits de l’homme dans le monde, M. CHO TAE-YUL (République de Corée) s’est inquiété de la remise en question croissante du multilatéralisme et des Nations Unies.  « Ce dont nous avons besoin n’est pas d’une ONU parfaite, mais bien d’une ONU plus pertinente », a-t-il argué, tout en réaffirmant son appui aux réformes entreprises par le Secrétaire général. 

Selon lui, l’ONU est la seule organisation dotée de la légitimité et de la capacité nécessaire pour mobiliser les ressources et les connaissances de la communauté internationale afin de relever ces défis.  Nous devons identifier et promouvoir les succès du multilatéralisme tels que l’Accord de Paris ou le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a déclaré le représentant.  Il a souligné le rôle essentiel joué par le Conseil de sécurité dans les efforts de paix dans la péninsule coréenne. 

La République de Corée n’aurait jamais vu le jour sans les Nations Unies, a noté le représentant, en réitérant l’engagement de son pays à rétablir la confiance dans les principes du multilatéralisme. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a apporté son soutien aux efforts du Secrétaire général pour rendre l’ONU plus réactive, efficace et moderne, afin d’être mieux capable de faire face aux défis d’aujourd’hui, qui sont devenus plus complexes, transnationaux et multidimensionnels. 

Le représentant a également plaidé pour une augmentation de la transparence et de la redevabilité du système des Nations Unies ainsi que pour un renforcement de la légitimité et de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité. 

Toutefois, pour que le Conseil remplisse son objectif de maintenir la paix et la sécurité internationales, ses pratiques doivent être mises à jour afin qu’elles ne soient plus paralysées par l’utilisation du veto, notamment dans le cas de crimes atroces. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a relevé que le maintien de la paix et de la sécurité internationales est de plus en plus menacé par de nouveaux défis, tels que le crime organisé, la cybercriminalité et le terrorisme, qui exigent des réponses efficaces fondées sur le dialogue, le consensus, la coopération et le multilatéralisme, ce qu’aucun État n’est en mesure d’assumer seul.  Le représentant a voulu souligner la puissance de l’Assemblée générale, « organe le plus démocratique et le plus représentatif » de l’ONU, pour faire des recommandations pour le maintien de la paix et de la sécurité, et l’importance du mandat du Secrétaire général pour s’interposer comme médiateur ou exercer ses bons offices.

Par ailleurs, M. García Moritán a estimé que la Cour pénale internationale était l’une des plus grandes réalisations du multilatéralisme.  Elle constitue un élément essentiel de l’état de droit sur le plan international, a-t-il ajouté.  Pour l’Argentine, la mise en œuvre de la responsabilité partagée de renforcer le multilatéralisme doit inclure la réforme du Conseil de sécurité, afin qu’il soit plus démocratique, représentatif, transparent et effectif, a conclu le représentant.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a considéré approprié et opportun de discuter du multilatéralisme au Conseil de sécurité, à qui il incombe d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Les membres permanents du Conseil ont le devoir de renforcer le multilatéralisme et non de l’affaiblir, a-t-il argué, tout en reconnaissant que le multilatéralisme est confronté à une « crise de confiance ».  Le manque de confiance et la polarisation auxquels nous assistons au sein du Conseil de sécurité interviennent au moment où nous devons travailler ensemble afin de résoudre des problèmes transnationaux.  Le manque de confiance entre ses membres les plus importants affecte également le système d’échanges commerciaux basé sur des règles, tels que l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a relevé M. Gafoor. 

L’ASEAN, a poursuivi le représentant, est « vivement préoccupée » par le spectre d’une guerre commerciale prolongée qui pourrait causer des dommages importants aux perspectives économiques.  Pour lui, l’ASEAN et les autres organisations régionales viennent compléter et renforcer le travail de l’ONU en matière de paix, de sécurité et de développement durable.  Les membres de l’ASEAN appuient « fermement » les réformes entreprises par le Secrétaire général afin d’adapter l’ONU aux réalités d’aujourd’hui.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, représentante de la Commission de l’Union africaine, a souligné le niveau de graves menaces sans précédent à l’ordre multilatéral, alimentées par la montée du nationalisme, l’émergence d’initiatives unilatérales et les tranchées qui se creusent dans les relations internationales.  Cette tendance s’accompagne d’engagements toujours moins tenus des États envers les Nations Unies et leurs différentes agences en particulier les engagements financiers, significatifs du désordre actuel dans le multilatéralisme.

Elle a assuré que l’Union africaine, qui reste profondément attachée au multilatéralisme et au respect du droit international, n’épargnera pas ses efforts pour surmonter cette crise et préserver le système.  Elle a appelé à renforcer le rôle moteur de l’ONU dans la coordination des ripostes internationales aux défis les plus pressants; à accélérer les réformes de l’Organisation en particulier celle, attendue depuis longtemps, du Conseil de sécurité et salué les réformes engagées par le Secrétaire général. 

Pour sa part, a-t-elle rappelé, l’UA vient de renforcer son partenariat avec l’ONU par la conclusion de deux accords en matière de paix et de sécurité d’une part, de développement durable, de l’autre.

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a relevé que l’ordre international et l’ONU subissent de nombreuses pressions et doivent être adaptés.  Elle s’est d’ailleurs félicitée que certains éléments du programme ambitieux de réforme du Secrétaire général aient déjà commencé à être mis en œuvre.  Les États Membres doivent, eux aussi, être prêts à s’adapter à cette évolution, et une coopération plus étroite est nécessaire. 

Pour la Hongrie, le multilatéralisme doit consister à parvenir à l’inclusion et la contribution des femmes doit être reconnue.  La représentante a fait savoir que la Hongrie défend le Conseil des droits de l’homme, mais a estimé qu’il est de moins en moins capable de s’acquitter de ses missions en raison d’une surpolitisation et de sélectivité.  Dans le monde interdépendant d’aujourd’hui, il n’existe aucune alternative aux solutions multilatérales, a-t-elle conclu.

Partisan d’un système multilatéral renforcé et saluant les efforts de réforme du Secrétaire général et sa détermination à contribuer à la prévention des conflits, M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a estimé que les États doivent se conformer à leurs obligations internationales, notamment celles liées à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États, ainsi qu’à l’inviolabilité de leurs frontières internationalement reconnues.  L’objectif visant à garantir un monde pacifique, juste et prospère ne pourra, selon lui, être atteint si les principes fondamentaux universellement acceptés sont négligés afin de blanchir les agressions et les actions illégales.  À cet égard, a-t-il poursuivi, il convient d’appliquer sans conditions le principe de l’inadmissibilité de l’usage de la force pour l’acquisition d’un territoire et l’obligation de non-reconnaissance de situations résultant de graves violations du droit international.  Dans ce cadre, le non-respect apparent de résolutions du Conseil contenant des demandes contraignantes ne peut être accepté, au risque de décharger le Conseil de sa responsabilité première qui est de maintenir la paix et la sécurité internationales. 

Ces dernières années, a relevé le représentant, d’importants progrès ont permis de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les partenaires régionaux, en vertu du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, dans un grand nombre de domaines, du maintien de la paix et de l’assistance humanitaire au développement et à la protection des droits de l’homme.  Pourtant, des défis importants subsistent.  Toutes les organisations régionales ne sont pas en mesure de faire respecter aux États Membres leurs obligations statutaires.  Certains arrangements régionaux sont parfois détournés par des transgresseurs du droit international aux fins de consolider des gains militaires et de saper les efforts destinés à permettre le règlement de conflits, a-t-il déploré.  M. Aliyev a conclu son propos en estimant que des réponses mondiales cohérentes et des efforts communs, sous l’égide des Nations Unies, sont les moyens les plus efficaces pour traiter les défis contemporains. 

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a déclaré que « le défi à venir du multilatéralisme sera de déterminer si nous choisissons de nous montrer à la hauteur de nos obligations », si chacun accepte de faire sa juste part.  « Nous devons écouter les voix de ceux qui ont été laissés-pour-compte », a-t-il prescrit.  Il a déploré que le multilatéralisme soit trop souvent associé à une bureaucratie inefficace, déconnectée de la réalité des personnes qu’il vise à aider.  « Nous ne devons pas balayer ces critiques sous le tapis et nous devons nous attaquer au déficit de confiance, tant au sein de l’ONU que dans le contexte multilatéral plus large. » Le délégué a en outre souhaité une réforme de l’ONU et de « nos propres institutions » afin de les rendre plus transparentes, inclusives, efficaces et responsables.  Le multilatéralisme ne consiste pas à faire du cabotinage et à prêcher, mais à s’écouter les uns les autres, a-t-il conclu. 

Mme KATRIN BRAUN (Allemagne) a dénoncé le « picorage » de certains pays qui choisissent de respecter de façon sélective l’ordre international fondé sur des règles et les principes du multilatéralisme.  « Nous bénéficions tous de ce système », a poursuivi la représentante, pour qui cet ordre international est source de prévisibilité et d’acceptation.  Reconnaissant que son pays s’est rendu coupable, au cours du XXe siècle, de certains des crimes les plus atroces au regard du droit international, elle a plaidé en faveur du respect des décisions de la Cour pénale internationale (CPI).  Nous devons prendre nos responsabilités au sérieux, a-t-elle lancé, évoquant les victimes innocentes de conflits, et appelant à placer les individus au cœur de nos préoccupations. 

Mme Braun a appelé à une réforme des organes et des méthodes de travail des Nations Unies, comme l’a proposée le Secrétaire général.  Elle a également plaidé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité, afin d’en préserver la légitimité.  Alors que l’Allemagne s’apprête à devenir membre du Conseil de sécurité, à compter de janvier 2019, la représentante a fait part de son intention de mettre l’accent sur la prévention des conflits. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que le multilatéralisme ne peut pas se fonder sur une fausse impression de sécurité, telle que la menace de destruction mutuelle ou d’équilibre des pouvoirs.  À ses yeux, un multilatéralisme sain et universel est nécessairement bâti sur la justice, le développement, le respect des droits de l’homme, le respect de l’environnement ou encore la confiance entre les peuples et l’accès à l’éducation.  À cet égard, il a jugé que la récente discussion de haut niveau entre les Présidents de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Conseil de sécurité, était un pas important en direction d’un engagement renouvelé envers le multilatéralisme et les Nations Unies.

L’Observateur permanent du Saint-Siège a identifié deux perspectives opposées.  La première est basée sur la conviction que la volonté de dialoguer sur la base du droit constitue le meilleur moyen de régler les conflits.  La seconde maintient que la force est le meilleur rempart contre les menaces à la paix et à la sécurité. 

Cette dernière, a-t-il ajouté, compromet évidemment la coopération et se répercute négativement sur le multilatéralisme.  L’interdépendance entre les nations et le risque de destruction réciproque doivent nous pousser à mettre l’accent sur le multilatéralisme, a-t-il jugé, et non à privilégier le rapport de force.  « Du débat ouvert que nous venons d’avoir, doit ressortir un soutien clair de la force de la loi plutôt que du droit de la force », a-t-il résumé.

En appelant à la responsabilité de chacun, l’Observateur a condamné l’isolationnisme et le protectionnisme.  À contrario, il a vanté la noble vocation des Nations Unies en tant qu’institution multilatérale destinée à défendre les droits de l’homme et le développement.  Il a plaidé pour qu’on réaffirme la conviction commune que l’humanité est connectée et que prendre soin de sa propre vie devrait se traduire par davantage de fraternité et de justice entre les nations.  Il appartient à cette « famille de nations », comme l’Observateur l’a appelée, de poursuivre un idéal du bien commun. 

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a réitéré son ferme engagement envers les buts et principes de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’envers les principes du droit international consacrés par la Charte, à savoir l’égalité souveraine entre les États, le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des États, la non-intervention dans les affaires intérieures des États, le non-recours à la menace et à l’usage de la force et le règlement pacifique des différends.  Les tentatives d’appliquer des lois extraterritoriales, comme le blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba depuis près de 60 ans ou d’autres manipulations par le Gouvernement de ce pays, ainsi que ses pressions et chantages financiers contre l’ONU, sont des atteintes au multilatéralisme. 

Mme Rodríguez Camejo a condamné fermement les déclarations de la représentante des États-Unis à l’encontre de Cuba au cours de ce débat, estimant que le Gouvernement des États-Unis n’a pas la moindre autorité morale pour critiquer Cuba ni personne en matière de droits de l’homme.  Elle l’a accusé, entre autres, d’être responsable de crimes contre l’humanité, d’avoir utilisé l’arme nucléaire contre des civils et d’avoir installé des dictatures en Amérique latine, ce qui ne fait pas honneur au multilatéralisme.  Elle s’est prononcée pour une réforme de l’ONU et notamment du Conseil de sécurité, pour qu’il soit transparent et démocratisé.

M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a déclaré que la gouvernance mondiale est marquée par une interdépendance politique et sécuritaire reposant sur la coopération multilatérale.  Les fondateurs de l’ONU ont estimé avec justesse que le multilatéralisme était le seul moyen de sauver l’humanité de la destruction, a-t-il noté.  Alors que l’histoire est en constante évolution, nous devons nous adapter aux défis émergeants; pour ce faire, nous devons prendre appui sur nos aspirations communes, a suggéré le représentant, en appelant au renforcement de la coopération régionale, notamment entre l’ONU et l’Union africaine. 

M. Kayinamura a plaidé pour que soit menée à bien la réforme de l’ONU lancée par le Secrétaire général.  Selon lui, le Conseil de sécurité doit être plus représentatif et doit aussi étendre le droit de veto à de nouveaux États Membres.  L’ONU doit également intensifier son appui à la médiation et aux efforts de paix menés sur le plan régional, comme l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) au Soudan du Sud. 

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a estimé que la diplomatie multilatérale devait permettre de relever les défis et de renforcer les relations internationales.  Reconnaissant que l’ordre international soit dans une phase particulièrement délicate, avec des défis que les pères fondateurs des Nations Unies n’auraient jamais pu imaginer, il a conseillé d’aller de l’avant et de déployer les efforts nécessaires pour y faire face.  Il a ajouté qu’aucun État ne peut travailler seul à la réalisation de ces objectifs et que les intérêts des États Membres sont interdépendants, raison pour laquelle il faut travailler ensemble, conformément aux résolutions et accords contraignants internationaux.  Le Qatar croit fermement dans le principe de coopération internationale et dans le partage des responsabilités, a-t-il conclu. 

Selon M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie), les trois piliers adoptés il y a 73 ans par les Nations Unies, ont mené à la mise en place d’institutions qui ont permis d’établir des règles destinées à faire face aux défis mondiaux.  L’unilatéralisme, c’est l’abandon des responsabilités des États, a estimé le représentant, tout en reconnaissant que le système de l’ONU doit être plus réceptif.  À cette fin, il a appelé à la réforme de l’Organisation afin de la rendre plus efficace.  De même, le Conseil de sécurité doit être plus démocratique, transparent et redevable, afin d’être en mesure de répondre aux défis d’un monde de plus en plus complexe. 

« Pour assurer la consolidation de la paix, nous devons nous attaquer aux causes profondes des confits », a continué le représentant, qui a aussi invité à promouvoir le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il a appelé à la mobilisation des ressources et à l’implication de toutes les composantes de la communauté internationale, citant en exemple les négociations ayant mené à l’adoption du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a reconnu que l’architecture institutionnelle mondiale n’est pas bien équipée pour répondre aux défis actuels et a regretté que des régions entières et des pays soient toujours privés de représentation permanente au Conseil de sécurité.  Ainsi, si la grande majorité des situations examinées par le Conseil concerne des pays africains, le continent n’a pas de représentation permanente.  Le représentant a plaidé pour une hausse du nombre de membres permanents et non permanents. 

Le Brésil est convaincu que le Conseil est l’organe adéquat pour traiter des menaces à la paix, mais que « l’heure est venue de mener une réforme en profondeur » afin de renforcer sa légitimité et d’éviter qu’il n’empiète sur le mandat d’autres organes de l’ONU, a insisté le délégué.  La sélectivité mine également le multilatéralisme car il sape la confiance, comme le montre le désarmement nucléaire, qui fait l’objet d’un traité mais que l’opposition de certains pays remet en cause. 

Le débat d’aujourd’hui illustre le fait que la communauté internationale est parvenue à un seuil où la coopération multilatérale devient davantage une aspiration qu’une réalité, a relevé Mme AUDRA PLEPYTĖ (Lituanie).  « Se lamenter sur l’état du multilatéralisme est une hypocrisie », a-t-elle estimé: les conséquences d’une Charte ayant failli sont connues de tous –les longs conflits en Syrie, au Yémen, en Ukraine et ailleurs, et les pires crises humanitaires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale nous le rappellent, a-t-elle déclaré, avant de citer comme préalables indispensables pour changer l’état actuel du multilatéralisme les valeurs de responsabilité, la volonté politique, la volonté de réforme et le compromis.

La représentant a soutenu sans réserve le programme de réforme du Secrétaire général, dans toutes ses dimensions.  Blâmant l’inaction du Conseil de sécurité et de la communauté internationale, qui, directement ou indirectement, « encourage l’agression, l’usage de la force et menace tout le système », la représentante a appelé à restreindre le droit de veto des membres permanents, notamment en cas d’atrocités de masse, de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, dans la ligne de l’initiative franco-mexicaine, que la Lituanie soutient.  « On ne peut opposer un veto à la justice », a-t-elle conclu.

M. NUNO VAULTIER MATHIAS (Portugal) a rappelé que le Portugal était fermement engagé dans le système multilatéral basé sur le droit international et les principes et les valeurs de la Charte.  Déplorant que plusieurs organes internationaux fassent face à des coupes budgétaires profondes, il a remarqué que « le manque de financement et de soutien politique entrave la mise en œuvre des réformes nécessaires pour améliorer leur efficacité au service de tous ».  Recommandant que soit renforcée la prévention des conflits, en développant des systèmes d’alerte précoce pour une réponse immédiate de la communauté internationale, il a soutenu les réformes actuelles visant à améliorer les piliers paix et sécurité de l’ONU. 

Conscient de l’interdépendance entre sécurité et développement, le Portugal est convaincu qu’une paix durable ne sera acquise que si les causes sous-jacentes des conflits sont traitées, les plus évidentes étant le sous-développement et le déséquilibre de la distribution des richesses.  M. Mathias a enfin jugé important d’intégrer la perspective de la parité des sexes et de la contribution des jeunes dans la prévention et la résolution des conflits. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a déclaré que ce débat reflète la prise de conscience commune devant la nécessité de relever, à l’aide de mécanismes de sécurité collective, les défis auxquels est confronté le multilatéralisme.  Il a critiqué le Conseil de sécurité pour son « approche sélective » de certaines questions et pour sa politique de deux poids, deux mesures dans la mise en œuvre de ses résolutions, qui a conduit par exemple à une détérioration de la situation au Moyen-Orient. 

Le représentant a évoqué les « irrégularités structurelles » au sein de ce Conseil, en citant comme contre-exemple l’unité qu’y démontre le Groupe des États d’Afrique.  Puis il a dénoncé le « multilatéralisme de façade » ou « semi-multilatéralisme » en vogue au sein de l’Organisation, en affirmant que celle-ci ne pouvait pas se contenter de délibérations ou de déclarations.  Le délégué a en outre mis en garde contre les dangers posés par le système de contributions volontaires, avant d’annoncer que l’Égypte, lors de sa présidence l’an prochain de l’Union africaine, mettra l’accent sur le réengagement en faveur de la relation tripartite entre cette organisation régionale, les pays fournisseurs de contingents et l’ONU en ce qui concerne les opérations de paix sous la conduite africaine. 

M. ROBERT MARDINI, représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a rappelé que, de par son travail humanitaire dans les conflits armés à travers le monde, son organisation mesure l’importance de la coopération entre les États dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Rappelant à cet égard que les Conventions de Genève célébreront leur soixante-dixième anniversaire l’an prochain, il a déclaré voir dans ces traités la preuve que le multilatéralisme peut fonctionner mais aussi le fait qu’ils sont essentiels à son fonctionnement. 

Pour le représentant, le droit international humanitaire (DIH) apporte des solutions pour le renforcement du multilatéralisme.  C’est ainsi, a-t-il fait valoir, qu’un soutien accru des États à la mise en œuvre et au respect du DIH peut contribuer à prévenir et réduire les souffrances humaines dans les conflits armés.  De surcroît, le DIH permet de réguler et de limiter les méthodes et moyens de la guerre, moyennant le respect de règles que les États ont élaborées et qu’ils se sont engagés à appliquer. 

Enfin, a poursuivi M. Mardini, le DIH est centré sur les personnes.  De fait, une coopération multilatérale respectant les principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance est nécessaire pour mener une action humanitaire efficace et faire en sorte que les civils reçoivent le soutien auquel ils ont droit en vertu des Conventions de Genève.  Dans ce cadre, a-t-il conclu, le CICR appelle le Conseil de sécurité à renouveler son engagement en faveur des personnes, du DIH et du multilatéralisme. 

Pour Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), les défis qui guettent le monde sont tellement immenses qu’il est impossible pour quiconque d’envisager une approche unilatérale sur le long terme.  L’Histoire a montré que ceux qui ont opté pour cette démarche ont vite repris le chemin du multilatéralisme pour partager à la fois le fardeau et les solutions.  Mais pour elle, le débat se situe à un autre niveau, car il ne s’agit pas uniquement de s’interroger sur l’efficacité du multilatéralisme, mais bien de « sauver le système multilatéral ».  De fait, a-t-elle expliqué, il faut pouvoir séparer les questions de sécurité traditionnelle des questions non traditionnelles, invitant, à cet égard, à reconnaître collectivement la pertinence de facteurs tels que les changements climatiques et la migration. 

C’est pourquoi Mme Byrne Nason a appelé à la mise en œuvre des accords multilatéraux tels que l’accord de Paris sur les changements climatiques ou encore les objectifs de développement durables.  Faire en sorte que les questions relatives à la femme et aux jeunes occupent une place centrale dans l’agenda multilatéral et engager l’ONU dans les partenariats, à travers la coopération avec les partenaires locaux, régionaux et internationaux: voilà pour elle quelques pistes de réflexion.  Un autre facteur qui revêt une grande importance à ses yeux est la nécessité d’une réforme politique de l’ONU, en particulier dans la composition du Conseil de sécurité pour qu’il reflète ce « sentiment d’implication » de la part des États Membres.  Pour finir, elle a exhorté à lutter contre cette idée galvaudée que « l’engagement collectif fragilise notre souveraineté ». 

« Je suis triste de constater que le multilatéralisme est plus que jamais sous pression », a regretté M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), tout en notant la complexité grandissante des défis mondiaux: du terrorisme aux changements climatiques, en passant par les pandémies, les conflits dans des zones reculées, les armes de destruction massive et l’extrême pauvreté.  A ses yeux, le « manque de performance » de la communauté internationale sur ces différentes questions nourrit un « déficit de confiance » envers l’ONU, comme en témoigne selon lui le recours de plus en plus fréquent à l’unilatéralisme et l’isolationnisme.

Le représentant a appelé les États Membres à renouveler leur engagement en faveur du multilatéralisme et à renforcer leur appui à l’ONU.  C’est d’autant plus important que nous avons entamé un processus de réformes de l’Organisation « ouvert et transparent », a-t-il ajouté.  À leur tour, ces réformes doivent faire en sorte que l’ONU appuie davantage la mise en œuvre du développement durable et d’une paix durable.  « Ce n’est que comme ça que nous pourrons restaurer la foi de la communauté internationale dans les Nations Unies », a-t-il affirmé. 

M. TORE HATTREM (Norvège), s’exprimant au nom des pays nordiques, a déclaré qu’alors que le multilatéralisme est sous pression, des efforts supplémentaires doivent être déployés pour prévenir et limiter les conflits et pour bâtir des infrastructures économiques et sociales pour toutes les sociétés, en particulier pour les plus vulnérables.  Ces efforts doivent de façon cruciale, intégrer une perspective de genre, a dit le représentant.

Dans la même optique, les pays nordiques encouragent le Conseil de sécurité à promouvoir et soutenir les efforts de médiation, comme il l’a fait dans le cas de la Colombie.  Ces pays reconnaissent aussi le rôle des organisations régionales dans ces processus de médiation.  C’est pour cela qu’ils appuient la relation entre l’Union européenne et l’Union africaine, mais aussi celle entre le Conseil de sécurité et la Commission de paix et de sécurité de l’Union africaine.

Les pays nordiques sont, en outre, d’avis que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est un outil essentiel du multilatéralisme.  Ils estiment donc qu’il faut le défendre et le réformer, car ils pensent que les accords commerciaux ont contribué à la croissance économique, à la réduction de la pauvreté et à la baisse de la mortalité infantile, a conclu le représentant. 

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a déclaré que, lorsque l’on parle de bouleversement de l’ordre fondé sur des règles, la région dont il vient « ne fait pas exception ».  Il a dénoncé le rôle destructeur joué par un membre permanent du Conseil de sécurité, en accusant la Fédération de Russie d’une « agression militaire à grande échelle » il y a tout juste 10 ans, laquelle s’est traduite par l’« occupation illégale de 20% » du territoire géorgien.  « Il y a quelques années, l’Ukraine a également été victime du même agresseur », qui a, selon le représentant, porté atteinte à la sécurité européenne et à l’ordre international.  Alors que nous sommes fermement engagés à poursuivre la politique de résolution des conflits à l’œuvre pour mettre fin à l’occupation de « deux régions de la Géorgie », a assuré le représentant, le « régime d’occupation russe » à Tskhinvali continue de renforcer la ligne adjacente au village d’Atotsi dans la municipalité de Karesi. 

Au vu des « enlèvements, actes de torture et assassinats » perpétrés, il a exigé la création immédiate de « mécanismes de sécurité internationale » sur le terrain, et le déploiement d’observateurs des droits de l’homme en Abkhazie et à Tskhinvali.  M. Imnadze s’est enfin élevé contre l’exercice du droit de veto par la Fédération de Russie, en août 2008, pour mettre fin à la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG), une décision en violation de l’Article 27 de la Charte des Nations Unies, selon lui.  En effet, a-t-il argué, lorsqu’un membre du Conseil de sécurité est partie à un différend, il est tenu de s’abstenir de voter au Conseil de sécurité.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a déclaré que face aux défis que le monde connaît aujourd’hui, le renforcement des instances multilatérales est une exigence qui permet une gestion facilitée des affaires du monde.  Ce renforcement favorise en outre une meilleure symétrie dans les relations internationales, contribuant ainsi à la consolidation des capacités des États. 

La Colombie plaide également pour un équilibre entre les organes des Nations Unies.  C’est une nécessité, a dit le représentant, indiquant que sa délégation, avec le groupe « Unis pour le consensus », a fait des propositions pour réformer le Conseil de sécurité et accroître la participation démocratique de tous les États.  Cette proposition demande l’augmentation du nombre de membres non permanents, la création d’une nouvelle catégorie de membres et la possibilité de réélection. 

M. ANDREJS PILDEGOVICS (Lettonie) a mis l’accent sur la prévention, qui doit rester au centre de l’agenda des Nations Unies, et sur une action rapide de l’ONU dans les situations critiques.  Il a plaidé en faveur du respect des droits de l’homme et de l’état de droit, ainsi que pour la bonne gouvernance, recommandant d’agir rapidement et efficacement lorsque de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire ont lieu.  Ils peuvent être un signe précoce d’une descente dans le conflit ou d’une escalade dans le conflit, a-t-il relevé.  Cependant, le potentiel de l’ONU pour empêcher le déclenchement, la poursuite ou la résurgence de conflits n’a pas été utilisé efficacement, a estimé M. Pildegovics. 

Il a ainsi remarqué que, trop souvent, l’ONU n’a pas été en mesure de prévenir les conflits ou de rétablir la paix pour mettre fin aux atrocités; trop souvent, les ressources sont consacrées à la gestion des crises au lieu de les prévenir.  Il a souligné la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil, dotés du droit de veto, d’utiliser ce pouvoir dans l’intérêt de la paix et de la sécurité communes.  La réforme du Conseil de sécurité est attendue depuis longtemps et nous devrions tous viser à renforcer la légitimité de cet organe important, a-t-il ensuite lancé.  Le délégué a enfin déclaré que si la diplomatie multilatérale peut être difficile, de grands compromis ont quand même pu être réalisés sous forme d’accords internationaux.

Face aux défis communs de l’humanité, M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a mis l’accent sur la coopération, la collaboration et la construction de partenariats, y voyant l’évidente expression du multilatéralisme.  Il a toutefois estimé que la déconnexion entre les défis mondiaux et l’inadéquation des structures de règlement des problèmes internationaux impose de jeter un regard nouveau sur les 70 ans d’existence de l’ONU et sur ce que réserve l’avenir.  « Nous devons nous demander pourquoi la mondialisation a conduit à la perte d’élan du multilatéralisme », a-t-il dit, plaidant pour plus de réactivité et d’adaptabilité de la part des gouvernements. 

Alors que les Nations Unies devraient être en pointe dans la recherche d’un équilibre entre multilatéralisme et mondialisation, la question se pose de savoir si l’Organisation peut réduire le fossé qui les séparent afin de léguer un monde de paix aux générations futures, a souligné le représentant.  Des solutions sont pourtant à portée de main, a-t-il poursuivi, notant que les défis les plus insolubles de notre temps nécessitent une action concertée et consensuelle, basée sur le respect du droit international et non sur des décisions unilatérales.  De fait, a-t-il conclu, l’adhésion par consentement mutuel aux normes et pratiques internationales devrait être la voie menant à un rétablissement du multilatéralisme. 

Aux dires de Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie), le multilatéralisme n’est pas une fin en soi, mais une nécessité si l’on veut parvenir aux objectifs communs de paix et de sécurité.  De façon collective, la communauté internationale doit faire davantage pour modérer les situations de crise dans lesquelles les droits fondamentaux de l’homme sont menacés, dont le droit à la vie.  C’est pour cette raison que la délégation voit en l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale faisant du 9 décembre la Journée internationale de commémoration des victimes du crime de génocide, d’affirmation de leur dignité et de prévention de ce crime, un signe fort du multilatéralisme, a dit la représentante.

Concernant les défis qui menacent le multilatéralisme, la représentante a jugé primordial de rappeler la « centralité » d’une coopération forte avec les organisations et plateformes régionales, sans double emploi.  Car de son point de vue, des mandats régionaux bien élaborés et internationalement soutenus ont le potentiel et la capacité de s’attaquer aux défis complexes, en particulier dans les situations de conflit.  C’est pour cette raison que l’Arménie se réjouit du soutien continu du système des Nations Unies aux efforts de médiation du Groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), coprésidé par la France, les États-Unis et la Fédération de Russie, et visant à régler pacifiquement le confit du Nagorno-Karabakh, a dit la représentante. 

M. KHALIFA ALI ISSA AL HARTHY (Oman) a déclaré croire en l’ONU pour mettre en œuvre le multilatéralisme souhaité par la communauté internationale.  Mais cela exige que l’on réforme les méthodes de travail de l’Organisation et que l’on évite les deux poids, deux mesures.  Il faut également que l’on renonce aux mesures coercitives unilatérales, qui sont contraires à la Charte des Nations Unies.  Oman espère que l’ONU pourra faire en sorte que les États qui appliquent de telles mesures y renoncent, a dit son représentant. 

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a déclaré que son pays se prête volontiers aux efforts visant à la réconciliation et au règlement des différends, à l’image de l’action de médiation menée par le Roi Mohammed VI dans le règlement de la crise dans la région du fleuve Mano, ainsi que le soutien au Mali et à la Libye pour surmonter leurs crises respectives, a-t-il observé.  Le Maroc, a-t-il ajouté, a accueilli les pourparlers de paix inter-libyens, sous l’égide de l’ONU, et qui ont été couronnés de succès par la signature, le 17 décembre 2015, de l’accord politique de Skhirat. 

En outre, le Maroc s’est engagé, dès 1960, dans les efforts de l’ONU pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, notamment en participant aux opérations de maintien de la paix en Somalie, en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire et au Mali, ainsi qu’aux opérations de l’OTAN et de l’Union européenne, mandatées par le Conseil de sécurité.  Le représentant a rappelé que les 10 et 11 décembre prochain, son pays accueillera la Conférence internationale au cours de laquelle sera adopté un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a déclaré que depuis leur création, les Nations Unies ont montré que les mesures multilatérales, basées sur les principes du droit international et enracinées dans la Charte des Nations Unies, sont cruciales pour résoudre les défis globaux posés à la sécurité internationale.  Mais alors qu’aujourd’hui ces défis sans précédents se complexifient, il faut plus que jamais renforcer le multilatéralisme, pour notamment aider les États qui ne le peuvent pas à s’attaquer aux défis transfrontaliers, a recommandé le représentant.

Le Viet Nam est en outre d’avis que, pour renforcer ce multilatéralisme, il faut que les États les plus capables s’engagent politiquement à prendre toutes les mesures pertinentes.  Les instances des Nations Unies doivent également se montrer plus efficaces, plus transparentes et responsables devant les États Membres.  Pour cette raison, le Viet Nam soutient l’initiative de réforme présentée par le Secrétaire général et souligne qu’il est essentiel de prendre des mesures pour la mettre en œuvre, a conclu le représentant. 

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a relevé que les principes du multilatéralisme étaient attaqués de toute part, en se disant préoccupé de voir les atteintes portées aux régimes de désarmement et de non-prolifération.  Il a pris pour exemples les récents développements relatifs au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et au Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien.  Le renforcement des principes du multilatéralisme par le Bélarus a été récemment illustré par la tenue de la réunion du groupe restreint de la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est tenue à Minsk le 31 octobre dernier, avec un panel de discussion sur les relations entre l’Est et l’Ouest, auquel ont participé nombre de pays européens.  Il a en conclusion cité le Président de son pays, M. Alexandre Loukachenko, pour qui « mieux vaut des années de négociations qu’un seul jour de guerre ». 

Les Nations Unies constituent le cadre idéal du multilatéralisme et de la coopération entre les peuples du monde, a affirmé M. ISSA KONFOUROU (Mali).  Face aux nouvelles menaces auxquelles le monde est confronté, notamment le terrorisme et autres formes de crime organisé, le Mali reste convaincu que seule une approche multilatérale, faite de coopération entre les pays concernés, est à même de relever durablement ces défis.  Cet engagement, a-t-il rappelé, s’est traduit par la participation de citoyens maliens au processus de règlement politique de conflits dans le monde et de déploiement de troupes maliennes dans les missions de paix de l’ONU, de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du G5 Sahel. 

Aujourd’hui, les Maliens sont très heureux de bénéficier en retour de la solidarité internationale, marquée par la présence des forces et du personnel de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), de l’Union africaine, de la CEDEAO et de l’Union européenne et plusieurs « autres nations amies » afin d’aider le Mali à rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire national, a précisé M. Konfourou.  Cependant, a-t-il conclu, « nous avons la responsabilité collective d’imprimer un nouveau souffle au cadre multilatéral des Nations Unies » et d’accepter d’aller de l’avant pour la réforme de certains organes principaux, en particulier le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, y compris dans leur composition et leur méthode de travail. 

Profondément convaincu de l’utilité des Nations Unies, M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a estimé que cette conviction devait se traduire en actions multilatérales concrètes.  Il a mis l’accent sur la prévention, en partenariat étroit avec les organisations régionales et sous-régionales, et la lutte contre l’impunité.  La protection aussi, en premier lieu celle des civils, hommes, femmes et enfants, avec un accent particulier mis sur les enfants dans les conflits armés.  La performance enfin, en renforçant l’efficacité des opérations de maintien de la paix, avec une priorité donnée à l’appui aux solutions politiques et à la protection des civils.

M. Pecsteen de Buytswerve a invité à veiller à ce que les règles internationales soient respectées de manière cohérente, et à ce que les actions des membres permanents du Conseil ne contribuent pas de manière directe ou indirecte aux violations du droit international humanitaire, des droits de l’homme ou encore des régimes de non-prolifération.  Il a aussi plaidé pour tirer parti des instruments multilatéraux existants pour développer des solutions concrètes et renforcer l’action du Conseil de sécurité, comme l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en Syrie ou le Traité d’interdiction complète des armes nucléaires (TICE) dans le cadre d’un accord commun avec la République populaire démocratique de Corée.  Il a enfin appelé à ce que ces règles soient vraiment respectées grâce à des instruments tels que la CIJ, la CPI et la Cour permanente d’arbitrage, sans compter un éventail d’instruments de vérification et d’attribution.

En tant que Membre fondateur de l’ONU, son pays a toujours promu le multilatéralisme, a assuré M. ARIEL PENARANDA (Philippines).  Sur les questions économiques et sociales, les Philippines coordonnent les efforts sur les questions qui les intéressent en premier lieu, à savoir la migration et le développement, la traite des êtres humains, les personnes handicapées ou la biodiversité.  Dans le domaine de la paix et de la sécurité, le pays s’est fait le champion de l’interdiction des armes nucléaires.  De plus, il coopère avec l’ONU en matière de contre-terrorisme et, depuis 2004, il parraine avec le Pakistan la résolution sur la culture de la paix.

Cela dit, le représentant, tout en soutenant le multilatéralisme au sein de l’ONU, a été d’avis que l’Organisation et ses agences sont « une somme de souverainetés, et non une souveraineté en soi ».  Il faut donc toujours veiller à ce que la souveraineté des États soit respectée.  Aucune agence ni groupe ne peut remplacer l’État.  « Si dans certains cas l’État est le problème, il est aussi en meilleure position pour résoudre le problème », a conclu le représentant. 

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a déclaré qu’aucune paix durable n’est possible si l’établissement des responsabilités n’est pas de mise.  Après avoir plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité, elle a estimé que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue un exemple précis de multilatéralisme.  La représentante s’est enfin félicitée de la réunion récemment organisée au plus haut niveau par son pays et Saint-Vincent-et-les-Grenadines le 31 octobre dernier, afin de réfléchir aux moyens de rénover le multilatéralisme.  Cette réunion a compté avec la présence des Présidentes de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC et du Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, a-t-elle précisé.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a déclaré qu’en dépit des efforts déployés, l’ONU n’a pas réussi à mettre fin au plus long conflit de l’histoire, à savoir le conflit israélo-palestinien, qui dure depuis sept décennies maintenant.  De son point de vue, l’approche du Conseil de sécurité sur cette question est un exemple de l’inaction sélective dans la mise en œuvre des buts et principes des Nations Unies.  Mais, a ajouté le représentant, « nous sommes tous coupables de ne pas avoir réussi à faire respecter la Charte ».  C’est donc pour cette raison et pour que le multilatéralisme soit efficace que la Malaisie soutient tous les efforts visant à réformer l’Organisation et encourage fortement tous les États à travailler en ce sens. 

M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh) a déclaré que ceux qui émettent des doutes quant aux vertus du multilatéralisme devraient peut-être examiner le cas du Bangladesh.  « En grande partie, grâce à ce concept, une nation née avec une économie ravagée par la guerre, et considérée comme un pays sinistré, a réussi contre toute attente à tracer son chemin comme l’une des économies à la croissance la plus rapide dans le monde, sortant de la pauvreté plus de trois millions de personnes. »  Le multilatéralisme, a-t-il ajouté, a toujours figuré au cœur de la politique étrangère de son pays et continuera de le rester.  Évoquant la crise humanitaire des Rohingya, le représentant a déclaré que son gouvernement n’avait pas d’autre option que de se tourner vers l’ONU et en particulier ce Conseil, jusqu’à ce qu’une solution pacifique et durable soit trouvée.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: ferme appui au Plan d’action sur le dossier nucléaire iranien et appels à la dénucléarisation de la péninsule coréenne

Soixante-treizième session,
34e séance plénière – matin 
AG/12089

Assemblée générale: ferme appui au Plan d’action sur le dossier nucléaire iranien et appels à la dénucléarisation de la péninsule coréenne

Les 26 délégations qui ont commenté aujourd’hui le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à l’Assemblée générale ont fermement appuyé le Plan d’action global commun sur le dossier nucléaire iranien.  Dans une résolution adoptée par consensus, l’Assemblée réaffirme d’ailleurs son « appui énergique » à l’Agence pour le rôle incontournable qu’elle joue en encourageant et en facilitant la mise au point et l’application pratique des utilisations de l’énergie atomique à des fins pacifiques.  Face aux appels à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a posé comme condition « le rétablissement de la confiance pour dépasser une méfiance bien enracinée entre la RPDC et les États ».

L’Iran, affirme le Directeur général, M. Yukiya Amano, dans la déclaration qu’il a fait distribuer en s’excusant de son absence, respecte tous ses engagements en vertu du Plan d’action global commun.  L’AIEA continue, dit-il, de vérifier le non-détournement des matériels nucléaires déclarés par l’Iran en vertu de l’accord de garanties et à évaluer l’absence de matériels et d’activités non déclarées en Iran.

De l’avis même de l’AIEA, a relevé aujourd’hui l’Iran, mon pays fait l’objet de la « vérification la plus stricte au monde ».  Or, s’est-il indigné, l’Administration américaine actuelle, en violation de ses engagements internationaux, s’est retiré du Plan d’action et a imposé, une nouvelle fois, ses sanctions illégales, forçant, « avec une certaine audace », les autres pays à piétiner l’accord et la résolution 2231 (2017) du Conseil de sécurité ou à subir ses foudres. 

Signataire du Plan d’action, l’Union européenne a souligné sa détermination à travailler avec la communauté internationale pour le préserver.  Aussi longtemps que l’Iran respectera ses engagements, nous appuierons la mise en œuvre pleine et efficace de l’accord, a souligné l’Union européenne, qui a néanmoins réitéré son appel à l’Iran pour qu’il continue à obéir strictement à tous ses engagements nucléaires et qu’il coopère pleinement avec l’AIEA.  La ratification rapide du Protocole additionnel aux accords de garanties généralisées est « essentielle », a insisté l’Union européenne. 

L’Iran a affirmé qu’il restera engagé en faveur du Plan d’action tant que tous les autres signataires honoreront pleinement et, dans les temps, leurs engagements.  Ce Plan, a-t-il souligné, reconnaît d’ailleurs son « droit discrétionnaire » de cesser d’honorer tous ses engagements ou une partie, si les sanctions levées sont réintroduites ou réimposées.  La communauté internationale a la responsabilité de préserver le Plan d’action, en rejetant les mesures unilatérales et illégales des États-Unis, a conclu l’Iran, après que la Fédération de Russie, autre signataire du Plan, a salué l’accord comme un « document équilibré qui tient compte des intérêts des différentes parties signataires » et qui mérite d’être soutenu et mis en œuvre.

En revanche, l’AIEA demeure préoccupée par le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont les activités nucléaires sont une violation claire des résolutions du Conseil de sécurité.  L’Agence souligne sa disposition à jouer un rôle essentiel dans la vérification du programme coréen si un accord politique est conclu entre les pays concernés.  La RPDC a rejeté « catégoriquement » un rapport qui néglige les développements positifs de cette année et qui poursuit sur la voie « des préjugés et des distorsions ».  Cela prouve, a-t-elle tranché, que l’AIEA a perdu son impartialité d’organisation internationale et qu’elle est manipulée à des fins politiques « impures ».

La RPDC a plutôt appelé la communauté internationale à répondre aux mesures de bonne volonté qu’elle a prises.  Au Sommet du 12 juin dernier, avec le Président américain, le Président Kim Jong-un avait réaffirmé son intention de travailler à une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne, a rappelé le Japon, qui a dit attendre de la RPDC des « étapes concrètes ».  La paix et la stabilité de la péninsule coréenne, a prévenu la RPDC, ne seront garanties qu’une fois que les relations hostiles qui durent depuis plus d’un demi-siècle prendront fin et que de nouvelles relations seront établies entre la RPDC et les États-Unis, sur la base de la confiance mutuelle et de la coexistence pacifique.  « Le rétablissement de la confiance pour dépasser une méfiance bien enracinée entre la RPDC et les États-Unis doit venir avant la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », a-t-elle précisé.

L’Union européenne a exhorté cette dernière à prendre d’emblée des mesures concrètes pour s’embarquer de manière « crédible » vers une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible et à maintenir sa suspension déclarée des essais nucléaires et des missiles balistiques.  D’ici là, a prévenu l’Union européenne, nous continuerons à respecter strictement les sanctions existantes et à appeler tous les États à le faire aussi.  Pour l’Union européenne, l’AIEA joue un rôle essentiel dans la vérification du programme nucléaire de la RPDC.  La Chine a appuyé l’AIEA dans sa gestion du dossier alors que la Fédération de Russie ajoutait que même si elle ne prévoit pas de ressources pour le démantèlement des installations nucléaires, l’Agence n’en réitère pas moins sa disponibilité à améliorer les garanties dans la péninsule coréenne.

Les appels de l’Union européenne à ce que la Syrie coopère avec l’AIEA pour résoudre toutes les questions en suspens lui ont valu un droit de réponse.  La Syrie a rappelé à cette dernière son statut d’observateur et l’a priée de cesser de distribuer des bons et des mauvais points aux États Membres, tout en évitant soigneusement de mentionner Israël, qui détient pourtant des « armes maléfiques ».  Beaucoup de délégations ont d’ailleurs demandé la convocation dès 2019 de la conférence internationale sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

 L’Assemblée générale tiendra ses débats sur la réforme du Conseil de sécurité, le mardi 20 novembre, sur la situation en Afghanistan, le 6 décembre et sur le sport au service du développement et de la paix, le lundi 3 décembre. 

Entretemps, elle tiendra une séance le mercredi 14 novembre, à partir de 10 heures pour nommer des membres du Corps commun d’inspection et des juges au Tribunal d’appel et au Tribunal administratif des Nations Unies.   

RAPPORT DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE (AIEA) (A/73/315)

Présentant le projet de résolution A/73/L.19, M. ASEM MOHAMMAD THEEB ABABNEH (Jordanie) a rappelé sa qualité de Président du Conseil des gouverneurs de l’AIEA.  Il a attiré l’attention sur un texte « équilibré, conforme à la pratique établie et réitérant l’appui des États Membres à l’Agence ».  Le délégué a plaidé pour une adoption par consensus.

Débat

M. GEORGIOS KRITIKOS, Union européenne (UE), a souligné la détermination de l’UE à travailler avec la communauté internationale pour préserver le Plan d’action global commun (JCPOA), approuvé unanimement par la résolution 2231 du Conseil de sécurité.  « Regrettant profondément » que les États-Unis s’en soient retirés, le représentant a indiqué qu’aussi longtemps que l’Iran respectera ses engagements, comme le confirme l’AIEA, l’Union européenne appuiera la mise en œuvre pleine et efficace de l’accord nucléaire.  L’Union européenne, a-t-il souligné, réitère néanmoins son appel à l’Iran pour qu’il continue à obéir strictement à tous ses engagements nucléaires et qu’il coopère pleinement avec l’AIEA.  À cet égard, a souligné le représentant, la ratification rapide du Protocole additionnel aux accords relatifs à l’application de garanties généralisées est « essentielle ».

Le représentant s’est aussi attardé sur le cas de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  S’il a salué les pourparlers intercoréens de haut niveau, la Déclaration de Panmunjom et la Déclaration conjointe du Sommet de Singapour entre les États-Unis et la RPDC, il a exhorté cette dernière à prendre des mesures concrètes pour s’embarquer de manière « crédible » vers une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible et à maintenir sa suspension déclarée des essais nucléaires et des missiles balistiques.  D’ici là, a prévenu le représentant, nous continuerons à respecter strictement les sanctions existantes et à appeler tous les États à le faire aussi.  Le représentant a appelé la RPDC à mettre en œuvre les résolutions du Conseil du sécurité et à revenir au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et aux accords de garanties généralisées de l’AIEA, ainsi qu’à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Pour l’Union européenne, l’AIEA joue un rôle essentiel dans la vérification du programme nucléaire de la RPDC.

Le représentant a aussi appelé la Syrie à coopérer avec l’Agence pour résoudre toutes les questions en suspens, y compris celles liées à la mise en œuvre du Protocole additionnel.  L’Union appelle d’ailleurs à l’universalisation de ce Protocole et des accords de garanties généralisées.  L’Union européenne, a poursuivi le représentant, attache la plus haute importance à la sécurité nucléaire.  Elle s’est dotée d’un système d’examen par les pairs, et offre son expertise à un certain nombre de pays voisins.  L’Union européenne, a insisté le représentant, appelle les États à adhérer aux instruments pertinents et appuie activement les initiatives internationales.  Pour la période 2014-2020, elle va débourser plus de 100 millions d’euros pour financer son Initiative relative aux centres d’excellence pour la réduction des risques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires.  L’Union européenne entend participer activement à la prochaine Conférence internationale sur la sécurité nucléaire, prévue en 2020.  Plus grand donateur de l’AIEA, l’Union, a conclu le représentant, appelle les États à doter l’Agence des ressources nécessaires.  Elle a d’ailleurs financé à hauteur de 25 millions d’euros la banque d’uranium faiblement enrichi de l’Agence et espère son opérationnalisation en 2019.  L’Union débourse aussi la somme de 15 millions d’euros par an pour la coopération technique sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.

Mme TATYANA FEDOROVICH (Bélarus) a souligné que l’AIEA contribue bien à la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Bélarus, qui appuie les mécanismes de garanties, appelle l’Agence à tenir compte des priorités nationales.  La représentante s’est félicitée du Programme de coopération technique qui a appuyé le relèvement des pays concernés au lendemain de la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl.  Ce type de catastrophe, a-t-elle poursuivi, met en évidence la nécessité de sécuriser les infrastructures nucléaires dans le monde.  Elle a donc recommandé à l’AIEA de s’engager plus activement avec les États.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) s’est d’abord félicité de ce que son pays ait été le chantre de la création de l’AIEA.  Il a jugé qu’aujourd’hui, l’Agence gagnerait à élargir la coopération internationale tout en affermissant le régime de non-prolifération nucléaire.  À cet égard, il a salué le système de vérification, saluant l’un de ses accomplissements majeurs qu’est le Plan d’action global commun sur le dossier nucléaire iranien.  Il a noté que la République islamique d’Iran est actuellement « le pays le plus vérifié au monde » et qu’il est astreint à un mécanisme de vérification « très difficile ».  En plus, a-t-il souligné, le Directeur général de l’Agence n’a cessé de confirmer que l’Iran remplit ses obligations en vertu du Plan d’action et qu’il respecte en plus le Protocole additionnel relatif aux accords de garanties de l’AIEA.  Le représentant a appuyé pleinement le Plan d’action comme un « document équilibré et qui tient compte des intérêts des différentes parties signataires » et qui mérite donc d’être soutenu et mis en œuvre.  Mais il s’est dit profondément inquiet des mesures américaines tendant à saper cet accord soutenu pourtant par la communauté internationale et entériné par le Conseil de sécurité. 

Même si l’AIEA ne prévoit pas de ressources pour le démantèlement des installations nucléaires, elle ne réitère pas moins sa disponibilité à améliorer les garanties dans la péninsule coréenne, a rappelé le représentant.   Pour la Fédération de Russie, « le système de non-prolifération doit être revu et modernisé », mais, a prévenu le représentant, « ces réformes doivent être apolitiques, objectives, basées sur la technologie et le droit ».  Elles doivent également tenir compte des engagements antérieurs des parties.  L’examen de ce système est crucial pour assurer la durabilité du régime de vérification de l’AIEA. 

Le représentant a également fortement appuyé les efforts de coopération technique, soulignant au passage que la Fédération de Russie a signé plusieurs accords sur l’utilisation pacifique du nucléaire avec différents pays.  Il a également appuyé le travail de l’AIEA en matière de sécurité physique des installations nucléaires.  Cette sécurité incombe d’abord et avant tout aux États eux-mêmes, a-t-il martelé, reconnaissant leur droit, sous la coordination de l’Agence, d’échanger leurs meilleures pratiques.  L’AIEA, a-t-il conclu, ne devrait pas outrepasser son mandat mais continuer au contraire, à œuvrer en faveur d’une utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques.

M. PETER HORNE (Australie) a salué l’engagement du Directeur général de l’AIEA à devenir le champion de l’égalité entre les sexes.  L’Australie, a-t-il dit, continuera à défendre et à appuyer les efforts visant à renforcer la représentation des femmes dans les domaines techniques et à la direction de l’AIEA, en particulier à travers le Groupe des Amis des femmes dans le nucléaire, établi désormais à Vienne.  L’Australie, a poursuivi le représentant, demeure un ardent défenseur du transfert du savoir et de l’expertise, à travers le Programme de coopération technique de l’AIEA.  Elle est d’ailleurs heureuse de faire des contributions extrabudgétaires à l’Initiative sur les utilisations pacifiques (PUI) de l’énergie nucléaire, en particulier pour la modernisation des Laboratoires de Seibersdorf.  L’Australie est aussi engagée dans la sûreté et la sécurité nucléaires et mène d’ailleurs cette semaine une mission du Service intégré d’examen de la réglementation, ce qui démontre son engagement en faveur de l’examen international par les pairs.  Le représentant a félicité l’AIEA pour son travail de sensibilisation à la Convention amendée sur la protection physique des matières nucléaires.  Il a dit attendre avec impatience la prochaine Conférence internationale sur la sécurité nucléaire prévue en 2020.  En attendant, il a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la « dénucléarisation complète, sure et vérifiable de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) » et salué le dialogue actuel avec les États-Unis.  Prenant acte de l’engagement de la RPDC de stopper ses essais nucléaires et d’autoriser l’inspection du site de Punggye-ri comme un signe positif, le représentant a demandé que la pression soit maintenue sur la RPDC, jusqu’à ce qu’elle prenne des mesures concrètes pour respecter les résolutions du Conseil de sécurité sur les programme de missiles nucléaire et balistique.

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a indiqué que dans un monde tourmenté, où les États sont souvent confrontés à plusieurs défis concomitants et cumulatifs, le rôle de l’AIEA demeure central.  Elle doit, d’une part, faire face aux défis sécuritaires comme la prolifération nucléaire et faire respecter les garanties prises par les États et d’autre part, elle fait, par ses programmes, une contribution importante au développement.  L’accès à une énergie sûre, abordable et à faible émission de gaz à effet de serre, ainsi que l’utilisation de techniques nucléarisées dans les domaines de l’agriculture, de l’érosion des sols et de la santé, entre autres, contribuent directement aux objectifs de développement durable, a souligné la représentante.  Le grand public ne se rend pas toujours compte, a-t-elle reconnu, de l’ensemble des usages qui sont faits de la technologie nucléaire et de la contribution positive au quotidien de l’utilisation pacifique de l’atome.  Le rôle de l’Agence est un garant principal de la sécurité internationale et un facteur important de développement durable, a-t-elle insisté.

La représentante a salué la pertinence du Forum scientifique de septembre dernier, sur le thème « la technologie nucléaire et le climat: atténuation, surveillance et adaptation ».  Elle a jugé ce thème particulièrement opportun, tant les impacts des changements climatiques nous affectent tous sans exceptions, et certains pays avec une violence extrême.  Le travail de l’AIEA peut nous aider à réduire les émissions de gaz à effets de serre et à évaluer les effets des changements climatiques par l’application de techniques nucléaires au service de la recherche scientifique et de la préservation du climat.  La représentante a assuré que Monaco continuera de soutenir l’AIEA, notamment le Programme PACT qui vise à améliorer l’efficacité des services radiologiques dans la lutte contre le cancer.  Dans le domaine de la recherche scientifique marine, l’Agence a, par exemple, élaboré de nouvelles méthodes d’analyse et mené des études environnementales afin d’améliorer la compréhension des mouvements de contaminants toxiques comme le mercure ou le plomb et leurs effets sur les écosystèmes côtiers et marins.

La représentante a rappelé que la coopération entre Monaco et l’AIEA remonte à 1961, lorsque fut installé le Laboratoire international de radioactivité marine de l’AIEA au sein du Musée océanographique.  En 2012, l’AIEA a aussi établi, dans ces même locaux, le Centre international de coordination sur l’acidification des océans.  L’AIEA, son Centre international de coordination et le Centre scientifique de Monaco organisent des ateliers internationaux sur les impacts socioéconomiques de l’acidification des océans.  Après avoir dressé un état des lieux, étudié les conséquences sur la pêche et l’aquaculture et abordé les impacts pour les populations côtières, la quatrième édition, en octobre 2017, était consacrée aux effets sur les récifs de coraux.

Mme YANISA CHUCHOTTHAVORN (Thaïlande) a indiqué que l’AIEA continue de défendre les principes de désarmement et de non-prolifération dans un contexte sécuritaire marqué par de nombreux défis.  Elle a résolument appuyé les activités de vérification de l’AIEA dans le cadre du Plan d’action global commun et du programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée.  En 2018, la Thaïlande a adhéré à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et à la Convention sur la sûreté nucléaire.  La représentante a salué les bénéfices que tire son pays de sa coopération étroite avec l’AIEA.

M. EMAD BEN-SHABAN (Libye) a encouragé l’AIEA à poursuivre ses activités de façon équilibrée pour satisfaire les besoins des États Membres dans le domaine du développement économique, conformément au Programme de coopération technique.  Inquiet de la position « inadéquate » de certains États dotés de l’arme nucléaire sur le transfert de technologie, le représentant a dit craindre un obstacle à la dénucléarisation et à l’assistance et donc au droit inaliénable de tous les États à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il a avoué attendre de l’Agence « moins de programmes, mais des programmes plus forts », et a souhaité que son rôle soit renforcé grâce à la transparence et à des mandats légitimes.  Le représentant a espéré la dénucléarisation rapide du monde maintenant que les États se sont dotés de plusieurs Conventions en 2017. 

M. STEPHEN MAHLABADISHAGO NTSOANE (Afrique du Sud) a salué la contribution de l’AIEA au développement grâce à ses activités scientifiques et technologiques.  Le recours à l’énergie nucléaire dans les domaines tels que la santé, la sécurité alimentaire ou bien encore la gestion des ressources hydrauliques contribue à la réalisation des objectifs de développement durable, en particulier dans les pays africains.  Le représentant a encouragé l’Agence à continuer d’aider les pays en développement à toucher les dividendes de l’utilisation pacifique de la technologie du nucléaire.  L’AIEA a d’ailleurs aidé l’Afrique du Sud à développer une technique de stérilisation des moustiques pour contrôler le paludisme.  Avant de conclure, M. Ntsoane a rappelé que son pays a été le seul pays à avoir volontairement démantelé son programme nucléaire et loué le rôle indispensable de l’AIEA s’agissant du système de garanties.

M. ENRIQUE JOSÉ MARIA CARRILLO GÓMEZ (Paraguay) a demandé que le travail des laboratoires de sécurité et de vérification nucléaires de l’AIEA ne soit pas détourné à des fins militaires alors qu’ils sont censés contribuer à la paix et à la sécurité internationales.  Il a salué les progrès et initiatives en matière de non-prolifération nucléaire, notamment au Moyen-Orient et dans la péninsule coréenne.  Pour sa part, a-t-il indiqué, le Paraguay a établi des méthodes de contrôle des sources des rayonnements ionisants.  Le représentant a d’ailleurs rappelé que son pays a signé en 1978 le Traité de Tlatelolco sur la zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Le Paraguay souhaite en outre que l’accès à la technologie nucléaire à des fins pacifiques s’élargisse avec la plus grande prudence et la plus grande transparence et en collaboration avec les États voisins.  Il a appelé au renforcement des capacités des pays en développement d’utiliser les techniques nucléaires pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.   

M. SUN LEI (Chine) a remarqué que si les technologies du nucléaire jouent un rôle croissant dans le développement économique et durable, la sureté et la sureté nucléaires sont encore défaillantes.  Citant le risque de terrorisme nucléaire, le représentant a appelé à une dénucléarisation pacifique, donnant la priorité à la coopération technique et à l’assistance à une utilisation civile de l’énergie nucléaire.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) constitue, selon lui, la pierre angulaire du système de garanties et de l’égalité entre les nations.  Pour la sureté et la sécurité nucléaire dans le monde, il a prôné des normes et des lignes directrices, une aide au renforcement des capacités et la mise en œuvre d’un système de sécurité nucléaire « gagnant-gagnant ».  Engagée à verser 5 millions de dollars à l’Agence, la Chine, a conclu le représentant, se félicite des efforts de l’AIEA dans la péninsule coréenne pour parvenir à la dénucléarisation et appuie l’AIEA dans sa gestion du dossier.

M. KORO BESSHO (Japon) a indiqué que son pays soutient le travail de l’AIEA, y compris l’initiative de son Directeur intitulée « l’atome pour la paix et le développement » qui vise à contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.  Pour promouvoir l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, le Japon estime essentiel de renforcer les garanties existantes qui assurent la sûreté et la sécurité nucléaires.  Le Japon plaide donc pour l’universalisation du Protocole additionnel relatif aux accords de garanties généralisées de l’AIEA.

Le représentant a déclaré qu’au cours de ces sept dernières années, le Japon a activement travaillé pour améliorer la sûreté nucléaire, s’appuyant sur les leçons tirées de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi et réformant fondamentalement sa réglementation.  Le pays entend continuer à partager son expérience et à contribuer au renforcement de la sûreté nucléaire dans le monde entier, notamment en participant au développement des infrastructures et au renforcement des ressources humaines.  En prélude aux Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo en 2020, le Japon et l’AIEA ont signé des arrangements pratiques contre le terrorisme nucléaire. 

S’agissant de la RPDC, le représentant a rappelé qu’au Sommet du 12 juin dernier, le Président Kim Jong-un avait réaffirmé son intention de travailler à une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.  Le Japon, a-t-il dit, soutient cette initiative qui sera un pas vers le règlement des questions en suspens.  Le Japon réaffirme son engagement « fort » à travailler avec la communauté internationale pour parvenir à un démantèlement complet, vérifiable et irréversible de l’ensemble des armes nucléaires de la RPDC, et de ses programmes et installations connexes, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le Japon appelle la RPDC à effectuer des étapes concrètes vers la dénucléarisation.  M. Bessho a conclu en rappelant que le rapport de l’AIEA note que la RPDC poursuit son programme nucléaire.  Il a donc appelé la communauté internationale à aider l’AIEA à jouer son rôle dans le règlement de ce problème important.

Mme CHAN MEOW SHIANG (Singapour) a rappelé que son pays qui a siégé pendant deux ans au Conseil des gouverneurs de l’AIEA a contribué activement aux discussions sur la sécurité et la sûreté nucléaires.  Singapour a toujours plaidé auprès de l’AIEA pour la fourniture d’une assistance technique, en particulier aux petits États et aux pays en développement pour les aider à réaliser les objectifs de développement durable.  La prochaine Conférence ministérielle sur les sciences et les technologies nucléaires prévue à Vienne à la fin du mois sera, selon elle, une occasion de discuter de l’utilisation pacifique du nucléaire et de sa contribution au développement durable.

La représentante a vu dans le partenariat de l’Agence avec sa région, un moyen essentiel de concrétiser la devise de l’AIEA « Atome pour la paix et le développement ».  Elle a évoqué le Plan 2018-2022 du Réseau de réglementation de l’énergie atomique de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEANTOM), présidé cette année par Singapour.  Ce Réseau, a-t-elle souligné, travaille étroitement avec l’AIEA pour finaliser les modalités pratiques visant de l’approfondissement de la coopération.  Pour finir, la représentante a souligné la place du Plan d’action global commun (JCPOA) dans l’architecture globale de non-prolifération nucléaire.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a déclaré que son pays continuerait de soutenir les programmes de l’AIEA, comme les arrangements pratiques aidant les pays en développement à développer leurs infrastructures de sûreté nucléaire.  Saluant les activités importantes de l’AIEA, comme le Symposium international sur les manipulations phytosanitaires et la biotechnologies, M. Djani a estimé que les efforts de sécurité nucléaire de l’AIEA devaient être développés de manière exhaustive, mais qu’ils ne devaient pas faire obstacle aux activités de développement du nucléaire à des fins pacifiques ni du Programme de coopération technique.  Souhaitant renforcer sa coopération avec l’AIEA dans les années à venir, y compris dans la radioécologie marine, l’Indonésie a approuvé et appuyé toutes les initiatives de l’AIEA pour développer ses capacités en matière de sûreté et de sécurité nucléaires, a conclu le représentant. 

Mme SEALY (Jamaïque) a souhaité, alors que la date butoir pour la réalisation du Programme 2030 approche, de concentrer les efforts sur les objectifs relatifs notamment à la santé, à l’eau, à l’assainissement et à une énergie moderne et durable.  Elle a donc salué l’accent mis sur le renforcement des capacités à travers la coopération technique.  Elle a indiqué que son pays travaille actuellement sur neuf projets, dont quatre initiés durant la période 2018-2019 sur la gestion de l’eau, le diagnostic des cancers et les traitements impliquant la technologie nucléaire.  Elle a évoqué la signature du Cadre de programme de coopération (CPF) pour la période 2018-2023 à l’occasion de la visite, le mois dernier, du Directeur général adjoint de la coopération technique de l’AIEA.  De nouveaux projets seront financés sur la lutte contre la pollution marine et côtière, l’obésité chez l’enfant et l’imagerie cardiaque. Mme Sealy a rappelé, pour finir, les nombreuses réunions que son pays a organisées en 2018, une illustration, selon elle, du plein engagement de son pays en faveur de l’action de l’AIEA.

M. SANDEEP KUMAR BAYYAPU (Inde) a souligné que l’énergie nucléaire reste une option importante face aux défis de l’énergie, des changements climatiques, de la volatilité du prix des hydrocarbures et de la sécurité de la fourniture énergétique.  Il a souhaité que l’AIEA poursuive ses programmes d’assistance aux États Membres qui développent ou élargissent leurs programmes d’énergie nucléaire et surtout, qu’elle appuie les États qui veulent sensibiliser au mieux leur opinion publique au bien-fondé de l’énergie nucléaire.  L’Inde, a-t-il dit, continuera à aider l’Agence dans les domaines de l’alimentation et de l’agriculture, de la santé et la nutrition, de la gestion de l’eau ou encore de la protection de l’environnement.  L’Inde, a-t-il poursuivi, a d’ailleurs activement participé à la Conférence internationale sur les réacteurs à neutrons rapides et les cycles de combustible nucléaire qui s’est tenue en juin dernier dans la Fédération de Russie.  Les technologies et les cycles de combustible nucléaire à base de thorium, a estimé le représentant, sont un bon moyen d’améliorer la sécurité passive, d’exploiter plus avant le thorium et sa résistance inhérente à la prolifération.  La collaboration internationale, sous les auspices de l’AIEA, contribuera à élargir la base de ressources pour orienter la technologie nucléaire dans cette direction.  Le représentant a appuyé le programme de l’AIEA sur la fusion nucléaire et rappelé que son pays a organisé la vingt-septième Conférence sur l’énergie de fusion le mois dernier, laquelle a permis d’identifier les voies et moyens de poursuivre une collaboration internationale efficace.  Il a aussi salué le travail de l’AIEA pour améliorer la sûreté et la sécurité nucléaires dans le monde. 

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a tenu à « clarifier » la position de son pays sur la question nucléaire « injustement décrite » aujourd’hui.  Arguant de la ferme volonté de son pays de mettre fin à la confrontation et d’instaurer une paix durable dans la péninsule coréenne, le représentant a souligné que la RPDC a fait des propositions concrètes pour l’établissement d’un régime de paix et de dénucléarisation.  « Grâce aux initiatives et efforts de la RPDC », un climat de dialogue, de coopération, de détente et de paix s’est instauré dans la péninsule coréenne et a influencé positivement les progrès vers la stabilité de l’Asie du Nord-Est et de la région Asie-Pacifique dans son ensemble, a affirmé le représentant.  Des évènements importants comme les réunions au sommet historiques entre les deux Corées et le tout premier sommet entre la RPDC et les États-Unis ont bénéficié d’un appui « enthousiaste » de la part du monde entier, a-t-il insisté.

M. Song a rappelé qu’en avril dernier, son pays a pris l’initiative de cesser ses essais nucléaires et ses tirs balistiques intercontinentaux et de démanteler, « irréversiblement », son site d’essais nucléaires.   Plus récemment encore, la RPDC a accepté de fermer pour toujours son banc d’essai moteur à Tongchang-ri et sa base de lancement de missiles, sous l’œil des experts des pays concernés.  La RPDC a aussi exprimé son intention de prendre d’autres mesures telles que le démantèlement permanent de ses installations nucléaires à Nyongbyon si et seulement si les États-Unis prennent des initiatives similaires, conformément à l’esprit de la Déclaration conjointe du 12 juin dernier.

La paix et la stabilité de la péninsule coréenne ne seront garanties, a prévenu le représentant, qu’une fois que les relations hostiles qui durent depuis plus d’un demi-siècle prendront fin et que de nouvelles relations seront établies entre la RPDC et les États-Unis, sur la base de la confiance mutuelle et de la coexistence pacifique.  Le rétablissement de la confiance pour dépasser une méfiance bien enracinée entre la RPDC et les États-Unis doit venir avant la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne, a précisé le représentant. 

Il a reproché au rapport de l’AIEA de négliger les développements positifs de cette année et de poursuivre sur la voie des préjugés et des distorsions.  Cela prouve, a-t-il tranché, que l’AIEA a perdu son impartialité d’organisation internationale et qu’elle est manipulée à des fins politiques « impures ».  La RPDC rejette donc « catégoriquement » ce rapport et conseillé à l’AIEA d’adopter une position « juste et impartiale », en appelant la communauté internationale à répondre aux mesures de bonne volonté qu’elle a prises, a conclu le représentant.

Dans un contexte de resserrement de la coopération technique, M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a voulu que l’on dote l’AIEA de ressources prévisibles et suffisantes pour lui permettre de réaliser ses objectifs dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En partenariat avec l’Agence, l’Algérie a d’ailleurs mis en place des sites de formation et d’entretien des matériels nucléaires.  Elle forme des ingénieurs, y compris ceux des pays voisins.  Partisan de la coopération scientifique et technologique entre pays africains, l’Algérie accorde une grande importance à la sûreté et la sécurité nucléaires et réaffirme sa position de principe: la responsabilité de cette sûreté et de cette sécurité incombe d’abord et avant tout à l’État et sa promotion ne doit en rien faire obstacle à la coopération technique.  Les dispositions du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) garantissent, a rappelé le représentant, une utilisation pacifique du nucléaire, un droit qui ne saurait être restreint d’aucune manière.  Il a conclu en plaidant pour des zones exemptes d’armes nucléaires en Afrique et au Moyen-Orient, au nom de la paix et de la sécurité.

M. MARTIN GARCĺA MORITÁN (Argentine) a estimé qu’il est impossible de penser à un avenir de durabilité énergétique sans prendre en compte la composante nucléaire.  Dans ce contexte, l’Argentine espère être un investisseur de la technologie pour accéder à l’énergie nucléaire.  L’Argentine, a rappelé le représentant, plaide d’ailleurs pour une mise en œuvre des accords de garanties généralisées efficace, efficiente et fondée sur une base technique solide pour protéger son caractère non-discriminatoire.  L’Argentine souligne aussi que les mesures de vérification de l’AIEA ne sauraient en aucun cas affecter le « droit inaliénable » des États de développer la technologie nucléaire à des fins pacifiques.  Le régime de garanties doit donc s’épanouir dans un environnement de coopération et de dialogue.  C’est dans ce sens qu’en 1991, l’Argentine, le Brésil, l’Agence argentino-brésilienne de comptabilité et de contrôle des matières nucléaires (ABACC) et l’AIEA ont signé un accord.

L’Argentine, qui salue les résultats de la septième réunion d’examen de la Convention sur la sécurité nucléaire en 2017, s’engage à préparer activement la huitième Conférence prévue en 2020, a indiqué le représentant.  Il a salué le travail de l’AIEA en matière de protection physique des matières et installations nucléaires.  Il a appelé l’Agence à continuer de jouer son rôle de coordinateur principal, afin que les efforts de sécurité nucléaire et de lutte contre le terrorisme nucléaire soient déployés de manière ordonnée.  Le délégué a également plaidé pour un soutien aux travaux de l’AIEA, non seulement du point de vue politique, mais aussi du point de vue financier, considérant que la sécurité nucléaire est un problème important.  « Les États doivent joindre le geste à la parole », a-t-il martelé.

 M. ESHAGH AL HABIB (Iran) a souligné que l’AIEA est la seule autorité habilitée à vérifier que les pays honorent bien leurs obligations, en tenant compte des intérêts de ces pays, en particulier en respectant strictement le principe de confidentialité.  L’Iran, a-t-il dit, est déterminé à exercer « vigoureusement » son droit inaliénable à l’énergie nucléaire, y compris le développement d’un cycle combustible nucléaire à des fins pacifiques pour son développement économique.  Toutes les accusations sur le programme nucléaire iranien étaient « sans fondement », « une crise fabriquée de toutes pièces » pour maintenir la pression sur l’Iran.  Mais la crise a pris fin avec le Plan d’action global commun et aujourd’hui, l’AIEA dit elle-même que l’Iran est soumis au régime de vérification le plus solide et confirme, dans 12 rapports consécutifs, le plein respect par l’Iran de ses engagements. 

Or, a poursuivi le représentant, l’Administration américaine actuelle, en violation de ses engagements internationaux, a imposé, une nouvelle fois, ses sanctions illégales.  Avec une certaine audace, a-t-il accusé, elle force d’autres pays à piétiner la résolution 2231 (2017) du Conseil de sécurité ou subir ses foudres.  La politique américaine à l’égard du Plan et de la résolution du Conseil montre clairement que, même par le passé, les États-Unis ne se sont jamais vraiment souciés du programme nucléaire iranien.  Ils ont ouvertement menti, en se prétendant inquiet du programme iranien tout simplement pour pouvoir poursuivre leur politique hostile à l’égard de l’Iran. 

Le représentant a insisté sur le soutien affiché de l’Union européenne, de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni au Plan d’action et appelé la communauté internationale à rester vigilante et à ne pas se laisser duper, une nouvelle fois, par des arguments américains montés de toutes pièces et nourris par une hostilité à l’égard de l’Iran.

L’Iran, a prévenu le représentant, restera engagée en faveur du Plan tant que tous les autres signataires honoreront pleinement et dans les temps leurs engagements.  Le Plan, a-t-il souligné, reconnaît d’ailleurs le « droit discrétionnaire » de l’Iran de cesser d’honorer tous ses engagements ou une partie, si les sanctions levées sont réintroduites ou réimposées.  La réimposition des sanctions est « une grave violation matérielle » du Plan.  L’Iran, a répété le représentant, appelle donc les autres signataires à tenir les États-Unis responsables « des conséquences de leur acte imprudent et illégal ».  Pour poursuivre la mise en œuvre du Plan dans sa totalité, l’Iran demande aux autres signataires de lui offrir les « garanties objectives » qu’elle sera indemnisée sans condition par des mesures nationales, régionales et globales ».  La communauté internationale a la responsabilité de préserver le Plan, en rejetant les mesures unilatérales et illégales des États-Unis, a conclu le représentant.

M. SERGIO MANRIQUE TREJO BLANCO (El Salvador) a reconnu le droit souverain de chaque État d’utiliser les technologies nucléaires à des fins pacifiques.  Seul un désarmement total peut garantir la non-prolifération.  Insistant sur l’importance des technologies nucléaires dans des domaines tels que l’énergie et la santé, le représentant a appelé au renforcement de la coopération.  Il a précisément plaidé pour le renforcement des capacités des pays en développement dans le domaine du traitement des cancers.  El Salvador, a-t-il indiqué, élabore actuellement son Cadre programmatique national 2018-2023 pour renforcer sa collaboration avec l’AIEA.  Il vient d’ailleurs de rejoindre le Programme de l’AIEA relatif à la base de données sur le trafic illicite des matières nucléaires ou radioactives.

M. BASSEM YEHIA HASSAN KASSEM HASSAN (Égypte) a dit que son pays prépare un vaste programme d’énergie nucléaire.  Il a insisté sur le fait que l’utilisation de ces technologies à des fins pacifiques est le droit inaliénable de tous les États.  Il a aussi insisté sur le fait que l’AIEA est la seule entité dotée d’un mandat international pour contrôler la non-prolifération et le démantèlement nucléaires.  Il a mis en garde contre l’idée d’assortir le système des garanties de nouveaux engagements pour les États.  Il a enfin dit attendre avec impatience le résultat du travail de l’Agence sur la création d’une zone exemple d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Mme ANA SILVIA RODRĺGUEZ ABASCAL (Cuba) a salué la contribution du système des garanties de l’AIEA et s’est félicitée de sa contribution au développement des capacités dans les domaines de la santé, de la sécurité alimentaire et de la protection de l’environnement. Défendant le droit inaliénable de tous les États Membres à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination aucune, elle a rejeté, une nouvelle fois, les sanctions unilatérales imposées par les États-Unis à l’Iran, lesquelles « pourraient avoir de graves conséquences ».  Réaffirmant l’appui de son pays à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, elle a approuvé l’initiative de la Ligue des États arabes d’organiser une conférence en 2019 pour avancer sur ce sujet.  La représentante a enfin félicité l’AIEA pour sa contribution aux dossiers des changements climatiques, de la lutte contre la désertification et la sécheresse et du 2030.

M. HASSANAIN HADI FADHIL (Iraq) a avoué que son pays a énormément bénéficié de l’assistance de l’AIEA, y compris dans le cadre du traitement des déchets radioactifs.  Le Gouvernement iraquien a d’ailleurs créé une autorité pour coordonner ces activités.  Le représentant a plaidé pour un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires et demandé que la conférence censée conduire à cette zone soit organisée au plus tôt.  Il a rappelé que les pays arabes ont transmis une lettre à cet effet au Directeur général de l’AIEA, le priant de veiller à ce que ladite conférence soit organisée en 2019.  Dans cette perspective, l’Iraq invite Israël à procéder à sa dénucléarisation, afin de contribuer à l’effectivité d’un Moyen-Orient sans arme nucléaire.

M. SYRYMBET (KAZAKHSTAN) s’est dit favorable à la poursuite et au plein respect du Plan d’action global sur le dossier nucléaire iranien et a encouragé les activités de l’AIEA sur le transfert des technologies nucléaires à des fins pacifiques.  Il a soutenu sans réserve le projet de l’AIEA de créer une banque d’uranium faiblement enrichi et s’est réjoui qu’elle ait été inaugurée l’an dernier au Kazakhstan.  Ce sera une contribution significative à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et un moyen de renforcer la sécurité nucléaire, a-t-il estimé.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a annoncé que son pays a construit une première centrale nucléaire à Rooppur, en collaboration avec la Fédération de Russie.  Il a salué le rôle de chef de file de l’AIEA dans l’assistance aux États qui veulent renforcer leurs capacités nucléaires.  Selon le Bangladesh, la sécurité nucléaire relève de la responsabilité de l’État et les préoccupations en la matière ne devraient pas saper le droit d’un État d’utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques ni devenir un obstacle à la coopération internationale.  Le Bangladesh, a poursuivi le représentant, soutient la poursuite du mandat de l’AIEA dans le cadre du Plan d’action global sur le dossier nucléaire iranien.  Il soutient aussi les mesures de garanties de l’Agence au Moyen-Orient, y compris dans le cadre de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires.

Droit de réponse

Le représentant de la République arabe syrienne a rappelé à l’Union européenne (UE) qu’elle a un statut d’observateur et doit donc se garder de distribuer des bons et des mauvais points aux États Membres, tout en évitant soigneusement de mentionner Israël, qui détient pourtant des « armes maléfiques ».  La raison est claire, a estimé le représentant: ce sont les pays européens qui ont facilité à Israël l’accès à la technologie nucléaire.  Un grand nombre de pays de l’UE violent leurs obligations internationales, en coopérant au programme nucléaire d’Israël et d’autres programmes d’armes de destruction massive.  Si l’UE tenait vraiment à la création d’une zone exempte d’arme nucléaire au Moyen-Orient, elle voterait en faveur du texte qui est présenté année après année à la Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale, a conclu le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.