En cours au Siège de l'ONU

Session de 2019,
5e séance plénière – après-midi
ECOSOC/6952

L’ECOSOC réfléchit aux moyens de concrétiser les initiatives prises pour renforcer la résilience des petits États insulaires face aux changements climatiques

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu, cet après-midi, sa Réunion spéciale sur le renforcement de la résilience des petits États insulaires en développement (PEID) face aux changements climatiques.  « Promesses et résultats du programme de renforcement de la résilience », c’est le thème de la réunion qui a donné lieu à deux dialogues interactifs.

Les promesses, a rappelé Mme Inga Rhonda King, Présidente de l’ECOSOC, datent du 24 octobre 2017, date de la Réunion spéciale qui s’est tenue après les ouragans qui avaient frappé les Caraïbes et l’Amérique.  Un mois plus tard, les donateurs promettaient des contributions de plus de 1,3 milliard de dollars et plus d’un milliard de dollars de prêts et d’allègement de dette.  Les catastrophes climatiques ont causé des pertes économiques directes de 2,245 milliards de dollars et les 10 pays et territoires dont le produit intérieur brut (PIB) a été le plus touché sont tous de la région des Caraïbes.  La Dominique a accusé une perte record de 259% de son PIB après le passage de l’ouragan Maria.  En 2015, Vanuatu a connu une perte de 61% de son PIB après le passage du cyclone Pam. 

La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a fait plusieurs recommandations et d’abord que les prêts consentis pour le relèvement et la reconstruction ne soient plus considérés comme une dette.  Il faut également rendre les pays capables de « naviguer » dans les complexités de l’accès au Fonds pour le climat, créer un espace fiscal grâce à l’allègement de la dette, convertir la dette bilatérale et multilatérale en un fonds spécial dédié aux catastrophes naturelles et aux chocs économiques et élaborer de nouvelles polices d’assurance et des niveaux plus élevés de couverture.  La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) propose d’ailleurs de transformer une partie de la dette en un fonds pour la résilience.    

      Comme les petits États insulaires en développement sont tous classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, sans accès aux financements concessionnels, la CARICOM, appuyée par le PNUD, a milité pour la prise en compte d’un « critère de vulnérabilité ».  Il faut aller « au-delà des mots » et un groupe de travail ou une équipe spéciale au sein de l’ONU pour faire des recommandations concrètes, a-t-elle plaidé. 

Le renforcement de la résilience ne se résumant pas à une meilleure gestion des risques d’ouragans, la Présidente de l’ECOSOC, elle-même de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a défendu une notion « holistique » de la résilience qui inclut l’économie et de l’environnement.  Pour les PEID, la diversification de l’économie est la clef, y compris l’exploration de secteurs émergents tels que l’économie bleue ou la coopération Sud-Sud.  Elle a invité les participants à la réunion à tenir compte de la nature multidimensionnelle de la résilience et à proposer un programme pour transformer la trajectoire économique des PEID et réaliser les promesses des objectifs de développement durable.  Le Forum des îles du Pacifique a énuméré quatre priorités urgentes: amélioration de l’accès des petites îles aux sources de financement internationales; augmentation du financement disponible pour le climat en vue des mesures d’adaptation et de résilience; approvisionnement du Fonds vert pour le climat; et accélération des progrès pour l’opérationnalisation du Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques.

La Présidente de l’ECOSOC a promis, dans son discours de clôture, une déclaration présidentielle demain, qui résumera les messages clefs et les recommandations d’aujourd’hui, en prélude au Sommet 2019 sur le climat et à l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa pour le développement durable des petits États insulaires.

RÉUNION SPÉCIALE SUR LE THÈME « PROMESSES, RÉSULTATS ET PROCHAINES ÉTAPES DU PROGRAMME DE RENFORCEMENT DE LA RÉSILIENCE DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT (PEID) FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES »

Déclarations liminaires

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines), Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que le 24 octobre 2017, l’ECOSOC avait tenu une Réunion spéciale après les ouragans qui avaient frappé les Caraïbes et l’Amérique.  Une déclaration présidentielle avait été publiée qui appelle les États Membres et la communauté internationale à veiller à ce que la réponse humanitaire soit assortie d’efforts de reconstruction à moyen et long termes.  La Déclaration appelait aussi à des investissements plus importants dans la réduction des risques de catastrophe, y compris la préparation aux catastrophes et l’alerte et la réaction rapides.  De même, les donateurs et les institutions financières internationales étaient encouragés à explorer des solutions financières, compte tenu du niveau élevé d’endettement des petits États insulaires en développement (PEID).  La déclaration appelait à l’accès de ces derniers aux financements concessionnels.  Ces étapes étaient jugées essentielles pour placer ces pays sur la voie du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La déclaration appelait encore à la lutte contre les changements climatiques et le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur le réchauffement climatique à 1,5 Celsius.  Cela est venu renforcer cette urgence. 

Selon le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR), les catastrophes liées au climat ont causé des pertes économiques directes de 2,245 milliards de dollars.  Les 10 pays et territoires dont le produit intérieur brut (PIB) a été le plus touché sont tous de la région des Caraïbes.  La Dominique a accusé une perte record de 259% de son PIB après le passage de l’ouragan Maria.  En 2015, Vanuatu a connu une perte de 61% de son PIB après le passage du cyclone Pam. 

Le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe demande aux pays de reconstruire mieux après les catastrophes mais cela exige, a souligné la Présidente, une meilleure gestion des risques et un meilleur accès aux financements, « avant les catastrophes ».  Il est important, a-t-elle estimé, de défendre une nouvelle fois l’idée de faire de la vulnérabilité un critère du classement des pays pour que les États vulnérables aux changements climatiques aient accès à des financements concessionnels.  En ces temps de forte vulnérabilité, a-t-elle poursuivi, l’aide publique au développement (APD) demeure importante de même que les financements innovants ou les nouveaux instruments comme les polices d’assurance.  Pour tout cela, le soutien de la communauté internationale est important, a insisté la Présidente.

Elle a aussi milité pour une notion « holistique » de la résilience qui inclut l’économie et de l’environnement, puisque « renforcer la résilience ne se résume pas à une meilleure gestion des risques d’ouragans ».  Pour les PEID, la diversification de l’économie est la clef, y compris l’exploration de secteurs émergents tels que l’économie bleue ou la coopération Sud-Sud.  La coopération est également importante dans des domaines tels que la santé, étant donné que les États du Pacifique et des Caraïbes sont les plus affectés par les maladies non transmissibles.  Mme King a donc invité les participants à la réunion à tenir compte de la nature multidimensionnelle de la résilience et à proposer un programme pour transformer la trajectoire économique des PEID et réaliser les promesses des objectifs de développement durable. 

J’ai travaillé avec beaucoup de pays caribéens frappés par les ouragans, a souligné M. LUIS ALFONSO DE ALBA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sommet 2019 sur le climat.  En termes de financement, une somme de 1,6 milliard de dollars a été promise alors que ces pays se sont endettés à hauteur d’un milliard de dollars.  La situation continuera à s’aggraver, a-t-il prévenu, car la plupart des pays de la région sont considérés comme des pays à revenu intermédiaire alors même qu’ils sont confrontés à un fort taux d’endettement.  L’Envoyé spécial a mis l’accent sur l’importance de la réunion du G20 à Buenos Aires, où sera abordée la question de l’endettement des petits États insulaires en développement.  Il a rappelé que l’adaptation aux changements climatiques est « un thème cher » au Secrétaire général et implique que l’on règle les questions du financement et du renforcement des capacités nécessaires à la résilience.  L’Envoyé spécial a appelé les pays développés à se montrer plus ambitieux pour obtenir les résultats escomptés dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat et à commencer par limiter la hausse de la température terrestre à 1,5 degré Celsius.

Déclarations sur les perspectives mondiales et régionales

M. COLIN GRANDERSON, Sous-Secrétaire général aux relations étrangères et communautaires de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que dans les Caraïbes, près des trois quarts de la population vit dans des zones à risque, et le tiers de la population, dans des zones à haut risque, y compris celles qui sont exposées à l’élévation du niveau de la mer.  Dans les Caraïbes, les changements climatiques sont donc une véritable « menace existentielle » et les ressources limitées du développement sont systématiquement orientées vers le relèvement et la reconstruction après les catastrophes.  Il s’agit, a souligné le Sous-Secrétaire général, de dépenses qui dépassent parfois le PIB des États et qui constituent un facteur majeur d’un endettement élevé, soit 100% du PIB, voire plus.  En novembre 2017, la CARICOM et l’ONU ont organisé une Conférence des donateurs dont les promesses de contribution ont atteint 1,6 milliard de dollars auxquels il faut ajouter 1 milliard de prêts ou d’allègement de la dette alors que la reconstruction est évaluée à plus de 5 milliards de dollars.  Une réunion de suivi a eu lieu en juin dernier à la Barbade pour réfléchir aux moyens de transformer les promesses en actes concrets.

Les ressources financières et le manque d’expertise sont les principaux défis de la région, a souligné M. Granderson.  Avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la CARICOM a mis en place une facilité pour le relèvement, une sorte de plateforme unique pour les professionnels de la construction, l’expertise technique et les meilleures pratiques afin d’aider à la planification et à une construction résiliente. 

Si l’investissement dans la préparation aux catastrophes naturelles est la clef de la résilience, M. Granderson a noté quelques défis.  Ainsi, le fait que les pays des Caraïbes soient classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire les prive de financements concessionnels, malgré leur haut niveau de vulnérabilité.  Le niveau élevé de l’endettement et le pénible coût du remboursement laissent peu d’espace fiscal pour construire des infrastructures résilientes et faire face à l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.  En outre, emprunter au taux du marché pour financer la reconstruction est prohibitif et augmente la dette.  De même, les polices d’assurance pour les risques de catastrophes sont hors de portée pour les pays des Caraïbes. 

M. Granderson a donc proposé des instruments de financements innovants.  Ainsi, la vulnérabilité devra être considérée comme l’un des critères pour accéder aux financements concessionnels.  Il faut aussi que les prêts consentis pour le relèvement et la reconstruction ne soient plus considérés comme une dette.  Il faut également rendre les pays capables de « naviguer » dans les complexités de l’accès aux fonds pour le climat, créer un espace fiscal grâce à l’allègement de la dette, convertir la dette bilatérale et multilatérale en un fonds spécial dédié aux catastrophes naturelles et aux chocs économiques et élaborer de nouvelles polices d’assurance et des niveaux plus élevés de couverture.

Par visioconférence, Mme ALICIA BÁRCENA IBARRA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué que depuis la série d’ouragans, sa Commission a décidé d’accorder la priorité à la région des Caraïbes.  Adoptée le 1er novembre dernier, a-t-elle poursuivi, la « Déclaration de Samoa sur les changements climatiques dans le contexte du développement durable des PEID » a montré le lien étroit entre la résilience et le Programme 2030.  Or l’évaluation de la CEPALC a révélé plusieurs niveaux de vulnérabilité, une faible préparation, des activités de reconstruction différentes, tout autant que les quantifications des coûts et des risques.  Les États, a estimé la Secrétaire exécutive, doivent pouvoir eux-mêmes collecter les informations pour évaluer leurs vulnérabilités.  Pour eux, l’atténuation des effets des changements climatiques n’est pas une nécessité mais « un impératif ».  C’est la raison pour laquelle la CEPALC a proposé de transformer une partie de leur dette en un fonds pour la résilience.  La Commission dresse en effet le profil de la dette de chaque pays pour faciliter les négociations avec les créanciers.  Des consultations officieuses ont été lancées avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale car il s’agit d’obtenir des bailleurs de fonds qu’ils accordent la priorité aux PEID. 

À son tour, M. LUIS FELIPE LÓPEZ-CALVA, Directeur du Bureau régional du PNUD pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a donné des exemples de programmes d’aide au relèvement et de résilience, notamment à la Dominique, où le PNUD a contribué à la réparation d’environ 500 structures, y compris les bâtiments publics.  Il travaille aussi avec ses partenaires à un plan novateur d’assurance associant la qualité des réparations avec des premiums plus bas et des subventions aux ménages les plus vulnérables.  Il faut, a dit le Directeur, nouer des partenariats forts pour aider les PEID à renforcer leur résilience, comme cela a été confirmé dans la Déclaration de Samoa.  Le Directeur a jugé que les résultats de la Conférence de contributions ont été « un excellent début » mais il faut y joindre un partenariat à long terme aux niveaux mondial, régional et national.    

M. López-Calva a appuyé l’appel visant à faire de la vulnérabilité des petits États insulaires en développement un critère du classement des pays pour leur ménager un accès aux financements concessionnels.  Il ne faut pas non plus oublier la source que sont les envois de fonds de la diaspora, a-t-il poursuivi, en soulignant que ces flux sont supérieurs à l’investissement étranger direct et à l’aide publique au développement combinés.  Il a conclu en se félicitant que de plus en plus de petits États insulaires en développement comptent sur la diversification de leur économie pour renforcer leur résilience aux chocs exogènes.  Dans ce cadre, il a salué ceux qui adoptent une approche de type « économie bleue ».

Dialogue sur le bilan des engagements et des résultats

Le premier dialogue entendait faire le point sur les promesses faites par la communauté internationale, le 21 novembre 2017, à l’occasion de la « Conférence de haut niveau sur les annonces de contributions CARICOM-ONU » pour financer les efforts de reconstruction des pays des Caraïbes, après le passage des ouragans Irma et Maria.  Une somme de plus de 1,3 milliard de dollars a été promise et plus d’un milliard de dollars de prêts et d’allègement de dette.

Certains pays ont soutenu le relèvement d’Antigua-et-Barbuda, a reconnu son représentant, qui a rappelé que l’île de Barbuda avait été entièrement évacuée, une première en 300 ans.  Les pertes de l’île avaient été évaluées à 300 millions de dollars, mais le coût « psychosocial » n’a pas été pris en compte.  Avec des dégâts de 226% de son PIB, la Dominique aura du mal à se reconstruire, a avoué sa représentante.  Elle s’est tout de même félicitée du fait que la vie reprenne et que les infrastructures soient en cours de reconstruction, notamment grâce à l’assistance du PNUD et de bailleurs de fonds qui ont contribué à la formation des professionnels de la construction.  Des abris plus sûrs ont été construits et les réseaux électriques ont été remis à neuf.  La Dominique entend reconstruire mieux pour renforcer sa résilience, « car c’est une question de survie pour nous », a affirmé sa représentante.

D’autres actions ont été évoquées par le Président du Forum mondial sur le leadership commercial, une organisation qui connecte des chefs d’entreprises de différentes régions du monde.  Il a indiqué que son organisation a pu envoyer plus de 60 conteneurs de produits de première nécessité dans les îles dévastées, l’an dernier.  Des contractants ont été également déployés à la Dominique dont certains y sont encore pour reconstruire des écoles et des logements pour les plus démunis.  Mon groupe organise une mission commerciale dans quatre îles au début de l’année prochaine pour stimuler la croissance économique. 

Pour relancer l’économie, le Groupe des 77 et la Chine (G77) a rappelé le rôle central de l’aide publique au développement (APD) et souligné l’importance du partage des connaissances par le transfert de technologies.  L’assistance est d’autant plus cruciale que la plupart des pays touchés par les ouragans et les cyclones ont été classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire et sont, de fait, inéligibles aux financements concessionnels des organismes multilatéraux, ont reconnu plusieurs orateurs dont la CARICOM.  Cette dernière a dénoncé « un classement pervers des pays des Caraïbes », alors même qu’ils se sont endettés pour financer leur résilience.  La CARICOM a invité la communauté internationale à revoir les conditions d’accès aux financements et à envisager un « critère de vulnérabilité ».  Il faut surtout « aller au-delà des mots » et créer un groupe de travail ou une équipe spéciale au sein de l’ONU pour faire des recommandations concrètes sur la question du classement des pays à revenu intermédiaire ». 

Il faut en effet, a acquiescé la représentante du Canada, que la vulnérabilité des PEID soient prise en compte pour leur garantir des fonds.  Il faut aussi, a ajouté le représentant de la Norvège, que ces pays vulnérables aient accès au Fonds vert pour le climat et à l’APD quand ils sont victimes de catastrophes naturelles.  Si le représentant de Cuba a parié sur des systèmes d’alerte précoce, tout en réaffirmant la disponibilité de son pays à aider les pays affectés, son homologue d’Antigua-et-Barbuda a souhaité que la communauté internationale agisse plus rapidement après les promesses faites.  En effet, a confirmé le Président du Forum mondial sur le leadership commercial, le plus grand danger après les promesses, « c’est l’oubli ».  C’est pourquoi son organisation a contribué à un documentaire que CNN va bientôt diffuser sur les promesses des donateurs et les efforts de résilience des populations locales.

Dialogue sur le financement d’un programme prospectif de renforcement de la résilience dans les PEID

Ces États, a reconnu le représentant du Nicaragua et Coprésident du Fonds vert sur le climat, ne sont seulement confrontés à l’élévation du niveau de la mer mais aussi à celui du niveau de la dette, qui, ensemble, « pourraient les faire sombrer ».  Il a attiré l’attention sur les recommandations du Groupe intergouvernemental d’experts sur le financement du développement de la CNUCED qui vient de tenir une réunion sur la dette et sa viabilité.  Comme les stocks de la dette extérieure des petits États insulaires en développement ont plus que doublé entre 2008 et 2017, le Groupe d’experts a salué les initiatives de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) pour renforcer la résilience tout en réduisant la dette.  Il a jugé important d’obtenir des créditeurs qu’ils fassent barrage aux fonds vautours.  Le Groupe d’experts a aussi recommandé d’améliorer le contrôle des capitaux et d’adopter des mesures contre une nouvelle crise de la dette, sans pour autant creuser la pauvreté.  Pour le Groupe, c’est l’asymétrie de la structure économique hégémonique qui a contribué à aggraver la crise économique et financière en 2008.

Les transferts nets des pays en développement vers les pays développés s’élevaient à 16 trillions de dollars au cours des trois décennies écoulées, a constaté le Groupe, en rappelant le principe du « responsable payeur ».  Une résilience renforcée, a-t-il prévenu, requiert la réalisation des objectifs de développement dont une hausse de la température terrestre limitée à 1,5 degré Celsius.  Le Groupe a également pris le cas de Cuba dont il faut suivre l’exemple: l’île des Caraïbes a constitué des réserves stratégiques de nourriture et d’eau.  Le Groupe a appelé à des efforts renouvelés pour passer à l’énergie géothermique et au transport électrique, grâce à des incitations fiscales.

Les catastrophes climatiques sont de sombres rappels de la nécessité urgente d’un changement à long terme, a affirmé la Représentante permanente de Nauru et Présidente du Forum du Pacifique et des petits États insulaires en développement du Pacifique.  Elle a énuméré quatre priorités urgentes: améliorer l’accès des petites îles aux sources de financement internationales; augmenter le financement pour le climat et les mesures d’adaptation et de résilience; approvisionner le Fonds vert pour le climat; et accélérer les progrès en vue de la création du Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques.  Au nom de 12 nations pour lesquelles « le monde est devenu un lieu de plus en plus dangereux », elle a prévenu d’une aggravation de la situation.

Dans la région du Pacifique, les phénomènes météorologiques extrêmes se sont succédé au cours des dernières années écoulées, balayant d’un coup les moyens de subsistance et les acquis du développement durable et testant du même coup la résilience de petites communautés insulaires.  Elle a rappelé qu’en février dernier, le cyclone Gyta, de catégorie 5, a dévasté plusieurs pays du Pacifique, soit deux ans à peine après les effets dévastateurs du cyclone Winston, qui avait gravement endommagé les moyens de subsistance de 40% de la population fidjienne et causé des dégâts estimés à 1,4 milliard de dollars.

La représentante a estimé que l’approche des « financements par projet » n’a « aucun sens ».  Il faut privilégier l’accès direct aux financements et l’appui budgétaire.  Elle a cité comme une « grande réussite » le partenariat du Pacifique avec le Gouvernement italien dans le domaine de la résilience aux changements climatiques, attribuant ce succès à une conception « qui avait à l’esprit les contraintes » des nations concernées.  À travers un processus d’application intégré, 37 initiatives ont été approuvées pour un montant total de 22 millions de dollars.  « Cela a donné des résultats que notre population peut voir », a-t-elle commenté.  Elle a également regretté que le mécanisme international sur les pertes et dégâts, pour lequel l’Alliance des petits États insulaires en développement avait tant bataillé, se soit essoufflé.

Il ne faut pas se méprendre: le financement climatique est la clef de voûte de l’Accord de Paris et le Fonds vert pour le climat, sa source la plus importante », a déclaré la représentante, qui a estimé qu’on s’est trop souvent servi du Fonds « pour marchander sur l’échiquier politique ».  Elle a exhorté le Conseil d’administration du Fonds à accepter un processus d’approvisionnement « fiable et prévisible » pour atteindre un niveau conforme aux besoins urgents des pays en développement. 

Les gens doivent mieux comprendre la vulnérabilité spécifique des petits États insulaires, s’est impatienté le Chef du Groupe durabilité environnementale de l’Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO).  C’est précisément ce que fait l’OECO, qui a œuvré pour l’élaboration d’un cadre de résilience globale pour orienter les priorités et les partenaires.  Une approche participative et inclusive a été adoptée pour que le cadre soit « authentiquement caribéen », a-t-il expliqué, soulignant que la mise en œuvre de la plateforme de résilience envisagée dépend cependant de l’extérieur.  L’incapacité d’articuler des projets prêts à être financés est l’un des plus grands handicaps de ces États, a ajouté l’orateur, qui a aussi cité l’actualisation des codes de construction.  Pour garantir la mise en œuvre de ces codes, des réformes administratives et législatives seront nécessaires.  

Il s’agit de garantir la résilience par l’appui à des projets concrets, a encouragé, le représentant du Dispositif mondial de réduction des effets de catastrophes et de relèvement (GFDRR) de la Banque mondiale.  Il a indiqué que le Canada a annoncé le versement d’une somme de 20 millions de dollars pour un mécanisme de résilience dans les Caraïbes et que la Banque mondiale a désormais une approche proactive avec un volet innovation.  Des fonds ont été débloqués et un nouvel instrument financier a été mis en place pour aider les petits États insulaires, alors que l’apport initial d’1,5 milliard de dollars a été doublé pour aider dans les projets de reconstruction.  Le savoir et le partenariat sont essentiels, a-t-il conclu.

C’est l’adaptation qui changera la donne, ont affirmé les Maldives, au nom des 37 États membres de l’Alliance des PEID, qui ont plaidé pour un partenariat avec la communauté internationale pour des infrastructures résilientes.  Ils ont aussi plaidé pour un appui budgétaire direct parce que les PEID ne sont pas censés créer des mécanismes indépendants des mécanismes ordinaires pour mobiliser les financements extérieurs.  Le représentant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a milité pour que l’on inscrive l’atténuation et la résilience dans toutes les interventions.  Il a dénoncé le « cloisonnement de l’architecture mondiale » car les pays à revenu intermédiaire se heurtent à des difficultés dont ils font prendre sérieusement conscience.  Son homologue de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a souligné la pertinence des systèmes d’alerte précoce comme celui qui est en train d’être mis en place au Siège de l’ONU, à New York.

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