Session annuelle de 2018,
1re séance – matin & après-midi
CCP/128

Lors de sa session annuelle, la Commission de consolidation de la paix appelle à la mise en œuvre du plan de soutien de l’ONU au Sahel

C’est sur le thème de la consolidation et de la pérennisation de la paix au Sahel que la Commission de consolidation de la paix (CCP) a tenu, aujourd’hui, sa session annuelle, permettant aux États Membres et aux partenaires clefs d’échanger sur la mise en œuvre du récent Plan de soutien de l’ONU au Sahel.

Face aux sérieux défis humanitaires, de sécurité, de gouvernance et de développement auxquels la région continue de faire face, malgré son énorme potentiel, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, a lancé le Plan de soutien de l’ONU au Sahel, le 30 juin 2018, en marge du Sommet de l’Union Africaine à Nouakchott.

Cette réunion d’une journée représente l’occasion de s’attaquer aux défis qui affectent le Sahel de façon « coordonnée et cohérente », afin de garantir la paix et le développement, et de s’attaquer aux causes profondes des crises qui secouent la région, a déclaré, à l’ouverture, Mme Mohammed.  « Seule une approche intégrée et collective, dirigée par les pays concernés, nous permettra de réaliser des progrès sur ces questions », a-t-elle affirmé.

L’objectif global du Plan de soutien, qui couvre la période 2018-2030 et cible 10 pays (Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Tchad), consiste à intensifier les efforts pour accélérer la prospérité partagée et la paix.  Pour la Vice-Secrétaire générale, ces efforts constituent une « épreuve de vérité ». 

 Le 20 janvier 2017, a-t-il été rappelé lors de cette réunion, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration présidentielle* soulignant le rôle fédérateur de la CCP dans la mobilisation de la communauté internationale en faveur de la mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS), lancée en 2013, et la nécessité de l’adapter aux besoins en constante évolution de la région. 

Depuis lors, a expliqué le Président de la Commission de consolidation de la paix, M. Ion Jinga, la CCP a tenu une série de réunions sur la situation au Sahel avec la participation des pays de la région, de l’Union africaine, de l’Union européenne, du G5 Sahel et du système des Nations Unies. 

Les défis auxquels sont confrontés les pays du Sahel exigent de notre part « une approche complète », a appuyé le Président du Conseil de sécurité pour le mois de novembre, M. Ma Zhaoxu, de la Chine.  Face aux menaces transnationales que posent le terrorisme, le crime organisé, dont la traite des personnes, et les migrations, il a appelé à une meilleure coordination entre les agences des Nations Unies, les pays de la région et les organisations régionales.

« La région du Sahel sera un test pour voir si la réforme du système des Nations Unies pour le développement fonctionne concrètement », a renchéri la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, jugeant plus nécessaire que jamais que l’EOCOSC et la CCP travaillent main dans la main.  

Estimant pour sa part que cette réunion est l’occasion de parvenir à « une compréhension commune et partagée des défis contemporains » au Sahel, le représentant du Mali, M. Issa Konfourou, s’exprimant au nom de son homologue du Niger, Président en exercice du G5 Sahel, a réitéré son appel au Conseil de sécurité en faveur de l’octroi d’un mandat « robuste » à la Force conjointe du G5 Sahel, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’un financement prévisible et adéquat.

La mise en œuvre de la stratégie des Nations Unies pour le Sahel est un des éléments essentiels d’action de la communauté internationale, ont reconnu en cœur Mmes Mohammed et King.  L’échec de ces mesures, a prévenu Mme Mohammed, pourrait mettre en péril la paix dans la région.

La Vice-Secrétaire générale a en outre jugé important d’écouter la voix des femmes, afin de mettre à profit « leur potentiel de transformation sociale ».  La Présidente de l’ECOSOC a vu dans le réchauffement climatique « un facteur multiplicateur des menaces », que sont la désertification et les tensions sociales, dans une région déjà confrontée à des problèmes de gouvernance.

Il n’existe pas de solution unique à une situation où au moins 5,8 millions de personnes sont en proie à l’insécurité alimentaire et où 24 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, soit 12% de l’enveloppe globale pour 2018, a souligné le représentant du Burkina Faso, M. Yemdaogo Eric Tiare, au nom de la Présidente de l’Assemblée générale, avant d’exhorter les États de la région à profiter des travaux de la Commission pour nouer des partenariats durables.

Le Sahel offre en effet un énorme potentiel en termes de ressources naturelles et d’énergie renouvelable, mais il fait face à des besoins de l’ordre de 140 milliards de dollars cette année et de 157 milliards chaque année à compter de 2022 pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, a précisé Mme Mohammed.   Pour Mme King, il est encourageant de constater que les pays du Sahel ont accepté de soumettre leurs examens nationaux volontaires dans l’optique de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

« Il ne saurait y avoir de paix véritable sans développement », a argué le représentant du Mali, en invitant les délégations à s’interroger sur la meilleure façon d’assurer la transition entre l’urgence humanitaire et le développement, « clef d’une stabilité durable » dans la région.  « Nous devons agir vite, et nous devons agir ensemble », a-t-il plaidé.

Après les déclarations liminaires, la CCP a tenu une séance de travail interactive sur le partenariat des Nations Unies avec les principales parties prenantes aux niveaux stratégique et opérationnel pour assurer la cohérence du soutien international à la région du Sahel. 

Dans l’après-midi, les membres de la Commission ont débattu de l’autonomisation des jeunes et des femmes en tant qu’agents de consolidation et de pérennisation de la paix au Sahel.

Cette réunion montre que le travail de prise de conscience effectué par la CCP est important pour l’appui au Sahel, a résumé en fin de séance M. Jinga.  « Le temps est venu de changer le langage au sujet du Sahel et de faire des défis des opportunités. » 

Les pays du Sahel ont des terres généreuses et des populations compétentes au potentiel impressionnant, notamment chez les femmes et les jeunes, mais ils ont besoin d’un appui urgent et pérenne de la part de la communauté internationale, a poursuivi le Président de la Commission, en insistant sur l’importance du partenariat stratégique entre l’Union africaine et l’ONU.  « Soyons les amis du Sahel, apportons-leur l’assistance dont ils ont besoin pour parvenir à la paix et au développement durable, notamment en respectant l’appropriation nationale et les processus de consolidation de la paix », a-t-il conclu.

La CCP est un organe consultatif chargé d’intégrer une approche stratégique aux initiatives internationales de consolidation de la paix tout en assurant leur cohérence. 

Les conclusions et recommandations de cette session annuelle feront l’objet d’un examen dans le rapport annuel de la Commission.

*S/PRST/2017/2

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