En cours au Siège de l'ONU

Le Séminaire des médias sur la paix au Moyen-Orient réfléchit aux écueils du métier dont le phénomène de l’« activisme hashtag »

Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient
PAL/2235-PI/2272

Le Séminaire des médias sur la paix au Moyen-Orient réfléchit aux écueils du métier dont le phénomène de l’« activisme hashtag »

ANKARA, 11 septembre – L’édition 2019 du Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient s’est tenu les 11 et 12 septembre à Ankara, à l’initiative du Département de la communication globale des Nations Unies et du Ministère turc des affaires étrangères.  Journalistes, universitaires, diplomates et autorités gouvernementales se sont assis autour de quatre tables rondes pour parler de la crise humanitaire dans le Territoire palestinien occupé, des difficultés à couvrir la situation à Gaza, des efforts pour écrire sur les femmes dans les conflits et du phénomène de l’« activisme hashtag » sur le conflit israélo-palestinien. 

Ce vingt-sixième Séminaire est un rappel des souffrances du peuple palestinien, a estimé la Directrice de la Division de la communication stratégique des Nations Unies, Mme Seda Pupyanskaya.  Les pressions de plus en plus fortes que subissent les Palestiniens, le recours disproportionné à la force par les Forces de défense israéliennes et le blocus « cruel » de Gaza ont été dénoncés par le représentant du Ministère turc des affaires étrangères, M. Ayda Karamanoglu. 

Le règlement juste et pacifique de la question palestinienne que nous recherchons demeure hélas hors de portée, a concédé le Secrétaire général de l’ONU, dans son message.  Ce but ne pourra être atteint, a martelé M. António Guterres, que lorsque le projet des deux États, Israël et Palestine, vivant côte-à-côte en paix et en sécurité sera devenu une réalité.  En attendant, les populations de Palestine et d’Israël continuent d’endurer vague après vague de violence meurtrière et la crise politique, économique et humanitaire qui persiste dans le Territoire palestinien occupé a atteint des proportions alarmantes. 

Environ deux millions de Palestiniens et Palestiniennes continuent de subir de graves restrictions de leur liberté de circulation et d’accès, de s’enfoncer dans une pauvreté et un chômage toujours plus grands et de n’avoir un accès que trop limité aux services de santé et d’éducation, à l’eau et à l’électricité.  Appelant à la générosité de la communauté internationale, le Secrétaire général a prévenu néanmoins que l’aide humanitaire ou économique ne suffira jamais, à elle seule, à régler le conflit. 

Mais comment couvrir cette situation humanitaire, dans un contexte où l’on décèle une « lassitude » du public face à des informations forcément répétitives sur un très long conflit? Les médias israéliens, qui, il est vrai, ne sont plus autorisés à aller à Gaza depuis 2006, ne couvrent que très peu la situation dans le Territoire palestinien occupé, a constaté une journaliste d’« Haaretz ».  Pour ceux qui le font, la tâche n’est pas facile, a-t-elle dit, en multipliant les « comment »: comment trouver les mots justes pour parler d’une situation difficile et complexe?  Comment accéder aux sources?  Comment aborder une question hautement « émotionnelle »?

Le travail est rendu encore plus ardu par le contrôle « éreintant » des « chiens de garde » israéliens et palestiniens sur tout ce qui paraît dans la presse mais aussi, contrairement à ce que l’on peut croire, par la réticence des autorités palestiniennes, en particulier à Gaza, de parler librement aux journalistes.  Le contexte « impossible » dans lequel travaillent les journalistes n’a cessé d’être décrié.  Si les journalistes étrangers sont plus ou moins en sécurité à Gaza, leurs homologues locaux sont détenus, ciblés voire tués. 

De l’autre côté, les autorités israéliennes n’hésitent pas à déployer des tactiques d’intimidation pour effrayer les médias.  Ailleurs aussi: un journaliste d’Huffington Post a raconté comment ses éditeurs ont commencé à l’interroger sur ses relations avec de jeunes journalistes palestiniens.  « La censure existe bel et bien », a-t-il tranché, expliquant que de nombreux médias ne veulent pas toucher à un conflit « politiquement chargé ».  Les médias israéliens sont accusés d’être biaisés mais les autres peuvent vivre dans la crainte de se faire taxer d’« antisémites », a reconnu un journaliste de +972 Magazine.  Une sorte d’autocensure est donc à l’œuvre.  Nous devons être à « 200% » exacts et impartiaux, a confirmé la journaliste de Haaretz.

Continuez à faire votre travail malgré tous ces problèmes, a encouragé l’Observateur de l’État de Palestine, M. Ryad Mansour.  Vous tous ici avez mis un visage humain au conflit, a renchéri le représentant du Ministère turc des affaires étrangères.  Votre travail n’est pas des plus faciles mais vous pouvez contribuer à bien des égards à créer un avenir meilleur pour le peuple palestinien, y compris en donnant une voix aux sans-voix, a ajouté le Président du Comité sur l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, Cheick Niang.

Les journalistes ont soulevé un autre problème: la difficulté à ne pas verser dans le pathos lorsque l’on couvre les femmes dans les conflits; la tendance naturelle étant de les victimiser ou de les ériger trop vite en héroïnes.  La plupart des médias n’ont pas vraiment de stratégie sexospécifique, ont admis les journalistes qui ont parlé de « Franchissons le pas pour l’égalité des sexes », une initiative d’ONU-Femmes pour que les médias forment leur personnel aux techniques de reportage sexospécifiques.  Les journalistes ont aussi salué le Forum israélien des femmes journalistes lequel a créé une base de données de femmes spécialistes prêtes à servir de sources d’information, un geste de solidarité « crucial » que peuvent exploiter tous les médias, mêmes les concurrents. 

La fiabilité des sources est-elle encore une valeur sûre dans un monde où le phénomène « hashtag » a explosé?  Aujourd’hui, ont rappelé les journalistes, n’importe qui peut de n’importe où accéder à une large audience grâce à son ordinateur et à son portable.  Si les médias sociaux ont facilité l’« activisme citoyen », ils ont aussi ouvert la voie à des campagnes sophistiquées pour propager de fausses rumeurs et manipuler le public.  Son pouvoir de promouvoir la paix comme d’inciter à la violence a fait de l’« activisme hashtag » une question très controversée, ont alerté les journalistes.  Ce qui est perçu par exemple comme de l’activisme par les Palestiniens peut être vu comme une incitation à la haine par les Israéliens.  « Mon combattant de la liberté est ton terroriste », ont résumé les journalistes.  Les médias sociaux, qui ont servi à contourner les « gardiens de l’information » qu’étaient les médias traditionnels, n’ont pas vraiment eu l’impact attendu en Israël, ont tempéré certains, parce que pour réussir une campagne en ligne, le public doit être prêt à y adhérer. 

Les journalistes n’ont pas manqué de fustiger le Président Donald Trump et le Premier Ministre Benyamin Netanyahu qui n’hésitent pas à utiliser twitter pour harceler les journalistes et les discréditer.  Ils nous refusent des interviews mais parlent directement aux gens « par-dessus nos têtes », alors que nous sommes les seuls à pouvoir les tenir responsables de leurs mots et de leurs actes. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame 2021, Année internationale de la paix et de la confiance et adopte une série de résolutions

Soixante-treizième session,
106e séance plénière – matin
AG/12174

L’Assemblée générale proclame 2021, Année internationale de la paix et de la confiance et adopte une série de résolutions

Au cours d’une réunion chargée, l’Assemblée générale a proclamé, aujourd’hui, 2021, Année internationale de la paix et de la confiance, et adopté des résolutions sur la lutte contre le paludisme, le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et la coopération entre l’ONU et la Communauté des pays de langue portugaise.  L’Assemblée a aussi reconduit son Groupe de travail spécial sur la revitalisation de ses travaux et pris note du Rapport 2018 du Conseil de sécurité, un document dénoncé pour sa parution tardive et son manque d’analyse.

2021 est proclamée Année internationale de la paix et de la confiance pour mobiliser les efforts de la communauté internationale afin de faire régner durablement la paix, la solidarité et l’harmonie, a dit l’Assemblée générale dans sa résolution*.

Cela ne l’a pas empêché de se déclarer « vivement préoccupée » dans sa résolution sur la lutte contre le paludisme comprenant 48 paragraphes de fond**. L’Assemblée s’inquiète en effet de l’apparition de souches résistantes aux médicaments et aux insecticides dans plusieurs régions du monde et demande aux États d’appliquer les plans mondiaux de maîtrise de la résistance à l’artémisinine et pour la gestion de la résistance aux insecticides chez les vecteurs du paludisme.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est invitée à coordonner l’aide accordée à ces États pour veiller à ce que les essais de médicaments et d’insecticides soient menés à leur terme, le but étant d’améliorer l’utilisation des insecticides et des polythérapies à base d’artémisinine.  Les données recueillies doivent être utilisées pour éclairer la prise de décisions et pour poursuivre la recherche‑développement sur des thérapies sans danger et efficaces et de nouveaux moyens de lutte antivectorielle.

L’Assemblée constate aussi qu’une augmentation considérable du financement est nécessaire pour atteindre les cibles de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016‑2030, le montant alloué à ce titre devant passer de 3,1 milliards de dollars par an en 2017 à 8,7 milliards de dollars par an d’ici à 2030.  Elle accueille favorablement les activités du groupe pilote sur les financements innovants pour le développement et de son équipe spéciale sur les financements innovants en matière de santé.  Elle réaffirme également le droit de se prévaloir pleinement de l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et souhaite que l’amendement à l’article 31 de l’Accord, qui prévoit des assouplissements aux fins de la protection de la santé publique et, en particulier, de l’accès universel aux médicaments et de la fourniture d’une aide aux pays en développement, soit largement et rapidement accepté.

Il n’appartient pas aux Nations Unies de dicter les décisions aux membres de l’OMC, ont commenté les États-Unis, en se dissociant ainsi du paragraphe 33 de la résolution.  Les entorses aux droits de propriété intellectuelle risquent, ont-ils prévenu, de freiner les investissements dans la création de nouveaux médicaments. Les États-Unis ont profité de l’occasion pour souligner le caractère non contraignant du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants.

Après avoir adopté sa résolution sur la coopération entre l’ONU et la Communauté des pays de langue portugaise***, l’Assemblée a décidé que la réunion de haut niveau sur le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes se tiendra à New York le mercredi 23 septembre 2020, sur le thème « Accélérer la réalisation de l’égalité femmes-hommes et l’avancement de toutes les femmes et les filles. »**** Les États-Unis ont plaidé pour une forte participation de la société civile, préoccupés par la tendance accrue de certains États Membres à la limiter.  Cette tendance a aussi été dénoncée par l’Union européenne qui a en outre insisté sur le rôle des défenseurs des droits de l’homme. 

L’Assemblée a par ailleurs reconduit son Groupe de travail spécial sur la revitalisation de ses travaux***** et terminé son débat sur le Rapport 2018 du Conseil de sécurité.  Pour la troisième année consécutive, s’est impatientée Cuba, le Conseil de sécurité présente son rapport en retard.  Avec les 17 autres intervenants, Cuba a rappelé le Conseil à sa Note présidentielle S/2007/507 qui dit « Le Secrétariat devrait continuer de soumettre le projet de rapport aux membres du Conseil au plus tard le 15 mars, immédiatement après la fin de la période considérée, l’idée étant de leur ménager le temps de l’examiner avant de l’adopter, et de permettre ainsi à l’Assemblée générale de l’examiner au printemps ».

La parution tardive n’a pas été le seul point d’achoppement.  Les délégations ont également dénoncé un rapport qui manque de substance et d’analyse. L’Iran a peut-être été celui qui a le mieux exprimé l’impatience des délégations: l’Assemblée doit pouvoir évaluer la performance du Conseil, jauger l’efficacité de ses actions, identifier les situations où il a échoué et enfin, faire des recommandations.  Les Articles 15 (1) et 24 (3) de la Charte, a-t-il poursuivi, disposent que l’Assemblée générale reçoit non seulement les rapports annuels du Conseil mais qu’elle les étudie. 

Une des principales raisons de ce libellé sans ambiguïté, c’est le principe de responsabilité, a tranché l’Iran.  Le pouvoir et l’autorité du Conseil ne lui sont pas intrinsèques, ils lui viennent des États Membres de l’Organisation qui lui ont conféré la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales et lui ont demandé d’agir en leur nom.  L’Iran a jugé « essentiel » que l’on évite une érosion plus grave encore d’un Conseil dont la crédibilité est déjà ternie.   

*A/73/L.110

**A/73/L.109

***A/73/L.111

****A/73/L.115

*****A/73/956-para.91

REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE – (A/73/956)

À son paragraphe 91, le rapport comprend une résolution, adoptée aujourd’hui par consensus, par laquelle l’Assemblée générale décide de maintenir son Groupe de travail spécial sur la revitalisation de ses travaux, à la prochaine session.  Le Groupe reste chargé de trouver de nouveaux moyens de renforcer le rôle, l’autorité, l’efficacité et l’efficience de l’Assemblée générale, notamment en faisant fond sur les acquis des sessions passées et sur les précédentes résolutions, et en faisant le point de l’application de ces dernières.  L’Assemblée décide également que son Groupe de travail spécial continuera d’examiner le tableau des résolutions sur la revitalisation de ses travaux annexé au rapport qu’il a présenté à sa précédente session et qu’à l’issue de cet examen, il continuera de mettre à jour le tableau, lequel sera annexé au prochain rapport, notamment en indiquant quelles dispositions pertinentes ne sont pas encore appliquées et pour quelles raisons.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme FEDA ABDELHADY-NASSER État de Palestine) a insisté sur l’importance de la transparence et estimé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale doit surtout viser la bonne mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, avec un accent particulier sur les pays en développement.  Il faut pour ce faire analyser en profondeur les avancées dans les objectifs de développement durable.  C’est le Programme 2030 qui doit guider l’alignement de l’ordre du jour de l’Assemblée, a insisté la représentante, estimant que jusqu’ici, ce processus a été mené d’une manière « déséquilibrée ». 

Au nom du Groupe responsabilité, cohérence et transparence, M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a surtout parlé de la consolidation des acquis dans la sélection et l’élection du Secrétaire général.  Il a souhaité un calendrier « précis » pour la présentation des candidatures, le dialogue des candidats avec les États Membres, la recommandation du Conseil de sécurité et la résolution de l’Assemblée générale.  En règle générale, une meilleure interaction entre le Conseil et l’Assemblée est nécessaire pour assurer des relations qui se renforcent et se complètent. 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie), coprésident du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, a remercié toutes les délégations pour leur soutien qui a permis l’adoption aujourd’hui par consensus d’une résolution simplifiée.  Les États Membres, a-t-il fait observer, sont intervenus sur des éléments essentiels, dont la sélection du Secrétaire général et des autres chefs du Secrétariat.  Le coprésident est également revenu sur les problèmes liés à la multiplication des manifestations parallèles, surtout pendant la semaine de haut niveau et a dit espérer une solution. 

L’autre coprésidente, Mme SIMI SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a salué, à son tour, l’adoption par consensus de la résolution.  Elle a remercié les États Membres pour la confiance aux coprésidents et a réitéré son engagement à faire de l’Assemblée une enceinte plus efficace.  Elle a salué l’approche constructive et pragmatique que les États ont adoptée cette année, et les a encouragés à poursuivre les négociations dans le même esprit. 

RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (A/73/2)

Suite des déclarations

Pour la troisième année consécutive, s’est impatientée, Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba), le Conseil de sécurité présente son Rapport annuel en retard.  Ces retards, s’est-elle énervée, ont des conséquences directes sur la faculté de l’Assemblée générale à examiner le rapport.  De toutes façons, a-t-elle constaté, le contenu de ce rapport n’est pas un véritable exercice où le Conseil se montre comptable de ses actes devant l’Assemblée.  Nous voyons une énumération des réunions sans aucun apport analytique, a tranché la représentante.  Le Conseil de sécurité, a-t-elle souligné, agit au nom de tous les États Membres des Nations Unies.  Il a donc l’obligation de présenter des rapports explicites sur les mesures qu’il prend. 

Le Conseil est toujours aussi antidémocratique, a-t-elle poursuivi, constatant le nombre de réunions à huis clos.  Nous continuons à réclamer une réforme « intégrale » des méthodes de travail du Conseil pour le rendre plus transparent, plus démocratique et plus représentatif du monde actuel.  La représentante a préconisé un Conseil à 26 membres, avec une représentation robuste du monde en développement.  Elle n’a pas manqué d’insister sur la nécessité d’inverser la tendance qui voit le Conseil s’attaquer à des dossiers qui ne relèvent pas de sa compétence.  Nous rejetons les manipulations au service des agendas politiques.  Arrêtez d’instrumentaliser le Conseil et de l’exploiter comme un outil politique contre des États souverains, a plaidé la représentante.

M. SERGIO MANRIQUE TREJO BLANCO (El Salvador) a estimé que ce Rapport aurait pu être enrichi par une analyse des défis auxquels le Conseil de sécurité fait face.  Des consultations sur la préparation du rapport l’enrichiraient davantage, a suggéré le représentant qui a déploré le temps mis à préparer et présenter ce rapport à l’Assemblée générale.  Il a ainsi proposé une date qui devrait être vers la fin de printemps pour que les États Membres aient le temps nécessaire pour analyser le rapport.

La publication du rapport annuel du Conseil de sécurité à la fin de l’été, au moment même où l’Assemblée générale est sur le point de clôturer sa session, n’est pas une pratique satisfaisante, a tranché, à son tour, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique).  Comme d’autres avant lui, il a appelé le Conseil à soumettre son Rapport au printemps, conformément à la Note présidentielle S/2017/507.  Aujourd’hui, a fait observer le représentant, l’Assemblée examine des faits survenus, dans certains cas, il y a presque 20 mois.  On est loin d’un environnement propice à un dialogue de fond entre deux organes principaux des Nations Unies, a taclé le représentant.  Dans la mesure où l’Assemblée autorise chaque année l’allocation de plusieurs milliards de dollars aux mandats approuvés ou renouvelés par le Conseil, elle a le droit, a martelé le représentant, à des rapports d’activités « plus soignés, sur la forme comme sur le fond ».  Ce rapport, a-t-il noté, ne contient que six évaluations mensuelles des présidents du Conseil sur les 12 attendus.

Le représentant a aussi noté que, dans deux situations concernant l’Amérique latine, l’action du Conseil s’est heurtée au vote contre un de ses membres permanents, aux mois d’avril et de juin.  Mais le rapport, a-t-il fait observer, ne dit rien sur les raisons d’un tel vote.  Le représentant a donc dénoncé un manque de transparence mais aussi de considération envers la communauté internationale.  Il a voulu que l’Assemblée soit systématiquement informée des raisons pour lesquelles un membre permanent du Conseil veut exercer son droit de veto.  D’ailleurs, a-t-il réitéré, les États concernés devraient renoncer à ce droit dans les cas d’atrocités de masse, conformément à l’initiative franco-mexicaine qui compte à ce jour 102 adhérents.  Étant donné que la paix durable est une condition sine qua non du développement durable, le représentant a appelé le Conseil à mieux coordonner son action avec l’Assemblée mais aussi le Conseil économique et social (ECOSOC).

Mme MONA JUUL (Norvège) a plaidé pour un Conseil, qui agit au nom de tous les États Membres, plus transparent et plus démocratique.  Le rapport, a-t-elle dit, doit paraître au printemps, comme le stipule la Note présidentielle 507 du Conseil de sécurité.  Si elle a salué l’augmentation du nombre des réunions publiques, elle a voulu un rapport plus analytique au lieu d’une liste de réunions et de lettres reçues.  Ce qui a vraiment une valeur ajoutée, a-t-elle estimé, ce sont les évaluations mensuelles des présidents du Conseil car elles permettent d’avoir une idée plus précise du travail du Conseil pendant le mois.  Il est donc regrettable, a avoué la représentante, que seules six présidences sur 12 aient présenté leur évaluation 2018.  Avant de conclure, elle a annoncé que son pays va publier, cette semaine, un manuel sur les pratiques et procédures du Conseil.  C’est un outil, a-t-elle estimé, qui devrait s’avérer utile pour tous les États Membres mais surtout pour les nouveaux délégués, en particulier les membres élus du Conseil, la société civile et les universitaires.  Le manuel offrira une meilleure compréhension des travaux du Conseil.

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a salué le caractère détaillé et complet du Rapport du Conseil mais regretté qu’il ne parle pas de « l’inaction » de cet organe.  Si le rapport reconnaît que « des divisions au sein du Conseil l’ont empêché de prendre des mesures efficaces contre certains conflits majeurs », il ne dit rien sur l’incapacité du Conseil à agir, en raison notamment de l’exercice du droit de veto ou de la menace d’y recourir, a déploré la représentante.  Tout en se félicitant du terrain d’entente trouvé lors des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil, elle a souhaité que le contenu du Rapport annuel soit plus analytique afin de permettre une discussion plus structurée sur l’action et l’inaction du Conseil.  À cette fin, elle a déclaré accueillir favorablement les initiatives prises pour restreindre le recours au droit de veto, notamment l’initiative franco-mexicaine, le Code de conduite du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence et la proposition du Liechtenstein pour la tenue d’un débat à l’Assemblée générale chaque fois qu’un droit veto est exercé au Conseil.  Toutes ces propositions conduiraient à rendre le Conseil plus comptable de ses actes vis-à-vis de l’Assemblée générale, a souligné la représentante, ajoutant que ce fonctionnement ainsi que la rotation des membres du Conseil devrait constituer les principes directeurs du débat sur la réforme très attendue du Conseil. 

À l’instar de nombreux homologues, Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a regretté la publication « très tardive » du Rapport du Conseil, qui vient confirmer la tendance des années précédentes.  La représentante a par conséquent appelé le Conseil à s’en tenir au calendrier fixé par sa propre Note présidentielle S/2017/507.  Sur le fond, elle a plaidé pour une tournure plus analytique, afin de présenter une vision approfondie des principaux problèmes auxquels se heurte le Conseil dans chaque situation inscrite à son ordre du jour.  La représentante a appelé le Conseil à rester saisi de la question intitulée « La situation en Géorgie », qui fait suite à « l’agression militaire à grande échelle de la Russie », en août 2018.  Compte tenu de la « situation des droits de l’homme grave dans les régions occupées », ainsi que « de la militarisation et de l’occupation en cours » en Abkhazie et en Ossétie du Sud, la représentante a appelé Conseil à débattre plus en profondeur de la situation, notamment sous la forme de débats publics.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a suggéré au Conseil de continuer d’organiser des réunions publiques pour mieux appréhender les conflits dans le monde et d’accroître le nombre de ses consultations avec les organisations régionales pour trouver des solutions durables aux crises.  Il est important que le Conseil tire profit de la Commission de consolidation de la paix dont est membre le Guatemala.  Le Conseil doit aussi renforcer ses relations avec les pays fournisseurs de contingents.  

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) s’est rallié à la déclaration faite par le Groupe Responsabilité, Cohérence, Transparence.  Le Conseil de sécurité, qui est comptable de ses actes devant l’Assemblée générale, est tenu de lui présenter un rapport détaillé avec des analyses de fond sur ses travaux.  Être comptable de ses actes, c’est aussi, a ajouté le représentant, tenir compte « de ce qui se dit ici », à l’Assemblée.  Le fait que le Conseil agisse au nom de tous les États Membres établit une relation de réciprocité, a-t-il estimé.  Aussi l’analyse du rapport annuel est-elle la seule occasion pour l’Assemblée de se pencher sur le travail fait et sur les défaillances éventuelles.  Parmi ces défaillances, le représentant a cité l’inaction du Conseil qui a aggravé la situation humanitaire de millions de personnes et provoqué des déplacements massifs.  Le Conseil le reconnaît lui-même dans son rapport: les divisions l’ont empêché d’adopter des mesures efficaces dans certains conflits.  Mais, a relevé le représentant, le rapport n’explique pas ces divisions.  Dans ce contexte, il a plaidé pour la limitation du droit de veto voire sa suppression, soutenant par ailleurs la proposition du Liechtenstein visant à ce que l’Assemblée tienne un débat chaque fois que ce droit est exercé. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit qu’il reste beaucoup à faire pour que le rapport contribue à une évaluation « critique » du travail du Conseil de sécurité.  L’Assemblée générale doit pouvoir déterminer si le Conseil de sécurité a agi de manière efficace pour la paix et la sécurité internationales.  Insistant à son tour sur une parution à temps du rapport, la représentante a dénoncé un Conseil « moins efficace pour régler les crises et conflits dans le monde ».  La situation au Cachemire en est la preuve, a-t-elle tranché, y voyant le rappel constatant de l’incapacité du Conseil à résoudre une situation d’occupation.  Le prix de l’échec du Conseil est assumé par des populations innocentes dont les 95 000 habitants du Cachemire, victimes de l’occupation, a conclu la représentante. 

Mme DIANI JIMESHA ARIANNE PRINCE (Saint-Vincent-et-les-Grenadines) a souligné que le débat que l’Assemblée tient sur le rapport annuel du Conseil n’est pas une simple formalité.  Bien au contraire, il renforce l’interaction entre les deux organes.  Il est très important, a poursuivi la représentante, que le Conseil soit comptable de ses actes devant tous les États Membres lesquels doivent avoir l’occasion d’exprimer leurs vues et leurs attentes quant au travail du Conseil.  Après tout, le Conseil exécute son mandat au nom de tous les États Membres des Nations Unies, a martelé la représentante, jugeant donc regrettable que le Rapport n’ait pas été présenté en temps voulu.  À son tour, elle a rappelé les membres du Conseil à leur Note présidentielle 507.  Elle a aussi regretté, comme tous les ans, le fait que le rapport n’ait pas une dimension analytique plus marquée. 

Nous avons toujours beaucoup à faire pour assurer la « raison d’être » de l’examen du rapport du Conseil à l’Assemblée, a estimé M. KHODADAD SEIFI PARGOU (Iran).  Les Articles 15 (1) et 24 (3) de la Charte, a-t-il rappelé, disposent que l’Assemblée générale reçoit non seulement les rapports annuels du Conseil mais qu’elle les étudie.  Qu’y a-t-il derrière cette obligation incontournable?  Quelle qu’en soit la logique, une des principales raisons de ce libellé sans ambiguïté, c’est le principe de responsabilité, a souligné le représentant.  Le pouvoir et l’autorité du Conseil ne lui sont pas intrinsèques, ils lui viennent des États Membres de l’Organisation qui lui ont conféré la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales et lui ont demandé d’agir en leur nom.

En conséquence, l’Assemblée doit pouvoir évaluer la performance du Conseil, jauger l’efficacité de ses actions, identifier les situations où il a échoué et enfin, faire des recommandations.  S’attardant sur la performance, le représentant a noté que l’occupation de la Palestine, la plus longue crise de l’histoire des Nations Unies et la source principale des conflits régionaux, est toujours d’actualité. Les brutalités du régime israélien se poursuivent sans désemparer et le Conseil multiplie les échecs à assumer ses responsabilités.  Le représentant a cité comme « exemple vivant », le fait que le Conseil soit resté silencieux quand l’Ambassade américaine a été transférée à « Al-Qods » et quand les États-Unis ont reconnu l’annexion du Golan syrien occupé, en violation flagrante des normes du droit international mais aussi de ses propres résolutions. 

Au Yémen, le Conseil n’a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher les agresseurs de tuer plus de civils, de commettre plus de crimes, et même d’utiliser la famine comme tactique de guerre, poussant le pays au bord de la désintégration. Que dire d’un État membre du Conseil, les États-Unis, qui se retire de l’Accord sur le dossier nucléaire iranien, pourtant approuvé par la résolution 2231 adoptée à l’unanimité?  C’était là, a dénoncé le représentant, une violation massive de cette résolution mais aussi de la Charte.  Non contents, les États-Unis continuent de faire pression sur les autres pays pour qu’ils violent la résolution, les menaçant de représailles s’ils refusent. 

Au moment où le Conseil se heurte à un déficit de confiance et où la promotion de l’état de droit au niveau international est plus que jamais nécessaire, de telles politiques irresponsables sont désastreuses pour un ordre international fondé sur des règles, a tranché le représentant.  L’Assemblée générale, a-t-il estimé, devrait trouver les moyens de mettre fin à la manipulation du Conseil par certains membres permanents qui, utilisant leur pouvoir à mauvais escient et avançant leurs intérêts étroits, forcent le Conseil à examiner des questions qui ne relèvent pas de ses compétences, alors que la Charte interdit explicitement toute ingérence dans les affaires intérieures des États.

Rappelant qu’en 2018, le Conseil a été une nouvelle fois manipulé lorsque les États-Unis ont obtenu un débat sur une affaire intérieure de l’Iran laquelle ne menaçait ni la paix ni la sécurité internationale, le représentant a aussi accusé le Conseil de recourir de manière excessive au Chapitre VII de la Charte qui ne peut être invoqué qu’en dernier ressort et si nécessaire.  S’il est vrai que le Conseil doit améliorer son rapport en apportant des informations substantielles et analytiques, l’Assemblée doit aussi améliorer l’examen de ces rapports, en évaluant la performance du Conseil et en faisant des recommandations.  C’est essentiel pour éviter une érosion plus grave encore d’un Conseil dont la crédibilité est déjà ternie.  C’est notre responsabilité commune et nous devons l’assumer avec sérieux, a conclu le représentant.

Mme POLLY IOANNOU (Chypre) a estimé que l’objectif des discussions n’est pas d’attiser les divergences ou de suggérer une hiérarchie mais d’analyser et de pousser le Conseil de sécurité à l’introspection.  Comme la Charte n’interdit pas l’Assemblée d’examiner les questions de paix et de sécurité internationales, elle devrait prendre le relais quand le Conseil est trop divisé.  Ce qui compte dans une organisation comme celle-ci, c’est de créer des synergies et de renforcer la complémentarité entre le Conseil et l’Assemblée.  Il y va, a prévenu la représentante, de la crédibilité des Nations Unies.  Le Conseil, a-t-elle poursuivi, doit présenter des rapports détaillés et même envisager des réunions d’information mensuelles avec l’Assemblée générale.  Les petits États, qui comme Chypre vivent un conflit persistant, ont besoin d’un Conseil de sécurité efficace. La représentante a plaidé pour une grande implication de tous les États dans les travaux du Conseil.

Mme DE SCHOT (Nouvelle-Zélande) s’est jointe à ceux qui ont dénoncé la publication tardive du rapport annuel du Conseil, à la fin de la présente session de l’Assemblée générale.  À l’avenir, le Président de l’Assemblée doit veiller à ce que les États Membres aient suffisamment de temps pour analyser ce rapport.  La représentante a également encouragé le Conseil à respecter ses propres engagements contenus dans sa Note présidentielle 507.  Sur le fond, elle a estimé que le Rapport 2018 fait essentiellement ressortir les divisions et l’inertie du Conseil.  Tout en jugeant bien légitime les divergences d’opinion, elle a fustigé « la menace d’exercer et l’exercice du droit de veto » qui « calcifient rapidement » les divergences dans l’inaction.  Les décisions et délibérations du Conseil ont des conséquences sur la vie de millions de personnes, a rappelé la représentante.  Le Conseil devrait donc se garder d’agir de manière « entièrement isolée » et son rapport doit être vu comme « un pas important pour garantir la transparence et la responsabilité ».

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a dit que ce débat est indispensable pour demander des comptes au Conseil de sécurité sur les mesures qu’il n’a pas prises en matière de paix et de sécurité internationales.  Elle a donc insisté sur l’importance qu’il il y a à présenter les rapports dans les délais impartis.  Ce Rapport, a-t-elle commenté, manque d’analyse critique et n’ouvre aucune voie pour améliorer les méthodes de travail du Conseil.  L’innovation est possible, a-t-elle néanmoins estimé, en suggérant que les points de vue des membres sortants du Conseil pourraient être présentés.  Elle en a profité pour réitérer la position de son pays consistant à ce que les membres permanents du Conseil renoncent à leur droit de veto en cas de crimes de masse. 

Soulignant le caractère essentiel de la responsabilité, de la cohérence et de la transparence dans lesquels l’État estonien ancre sa gouvernance, Mme KAEVAL (Estonie) a déclaré que son pays a rejoint le Groupe ACT afin d’améliorer les méthodes de travail du Conseil et faire en sorte que les principes promus y trouvent leur place.  À cet égard, le Rapport annuel du Conseil est un mécanisme essentiel établi par la Charte pour régir les relations entre le Conseil et l’Assemblée générale, a-t-elle rappelé, se faisant l’écho de l’appel lancé par le Groupe ACT en faveur d’une « interaction adéquate » entre les deux organes et d’une plus grande transparence et une plus grande redevabilité à l’égard des États Membres.  Il a, à son tour, regretté que le rapport annuel soit soumis aussi tard à l’Assemblée générale alors même que le Conseil s’est engagé à le présenter au printemps.

Si elle s’est dit fière de rappeler les contributions de son pays à quelques succès du Conseil entre 2017 et 2018, Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède) a aussi voulu s’attarder sur quelques lacunes voire quelques échecs patents.  L’incapacité du Conseil à répondre de manière adéquate à l’utilisation des armes chimiques en Syrie peut être l’un de ses échecs les plus graves entre 2017 et 2018, a tranché la représentante.  Son incapacité à maintenir le Mécanisme conjoint d’enquête ou à le remplacer est non seulement un déni de justice pour les victimes de crimes odieux, mais aussi une entorse au régime international de non-prolifération qui devrait être défendu par le Conseil.  La représentante a aussi cité le sort des Rohingya au Myanmar comme un autre échec.  Elle a imputé cette paralysie du Conseil au droit de veto ou plutôt à son exercice et à la menace d’y recourir.  Lorsque nous étions au Conseil, a-t-elle compté, le droit de veto a été exercé neuf fois sur la Syrie, le Moyen-Orient et le Yémen.  Une décision sur le Myanmar a même été retirée par peur du veto.  Ce qui est frappant, s’est lamentée la représentante, c’est qu’à chaque fois, la majorité des membres du Conseil était en faveur de la décision en discussion et seul un ou deux membres permanents étaient contre.  La manipulation du droit de veto, a-t-elle prévenu, écorche la légitimité du Conseil et son coût politique pourrait augmenter. 

Si elle n’a pas pour mandat de maintenir la paix et la sécurité internationales, l’Assemblée générale, a poursuivi la représentante, peut tout de même rendre plus sévères les critères d’exercice du droit de veto, en demandant en quelque sorte des comptes.  Pour avoir un Conseil plus réactif, plus efficace et plus transparent, il faut des progrès dans la réforme et dans le même temps, une amélioration du Conseil actuel.  En la matière, a estimé la représentante, les membres élus du Conseil ont un rôle important à jouer.  Un certain nombre de mesures a d’ailleurs été pris pour améliorer leur faculté d’exécuter leur mandat.  Mais la clef, c’est la continuité, a prévenu la représentante, en appelant ces membres élus à se montrer constructifs, novateurs et courageux.  En augmentant le prix du veto pour les membres permanents, on peut égaliser les règles du jeu et rendre le Conseil plus à même d’exercer son mandat, a conclu la représentante. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a souligné que l’efficacité et la responsabilité d’un conseil opérationnel exige, d’abord et avant tout, la pleine mise en œuvre des décisions prises.  Le fait que se poursuivent les recours illégaux à la force contre des États souverains, avec pour conséquence la confiscation des terres, ne veut pas dire que de telles situations deviennent une pratique acceptée du Conseil.  Rappelant les quatre résolutions adoptées unanimement en 1993 pour condamner l’utilisation de la force contre son pays, le représentant a dénoncé le fait qu’elles ne soient toujours pas mises en œuvre.  En conséquence, ce conflit non réglé et ses conséquences militaires et humanitaires continuent à menacer la paix, la sécurité et le développement.  

Le représentant a accusé l’Arménie d’avoir décidé le mois dernier et au plus haut niveau, que la région du Nagorno-Karabakh lui appartient, dévoilant ainsi ses plans d’annexation des zones occupées en Azerbaïdjan, en violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité.  Cette déclaration, les actions délibérées pour coloniser et annexer la région, les tentatives de lui donner de faux noms et l’installation d’un gouvernement fantoche, montrent, a dit le représentant, la nécessité d’une action urgente de la part des Nations Unies et de la communauté internationale dans son ensemble.  Mon pays, a-t-il ajouté, n’a jamais cessé d’attirer l’attention du Conseil sur les problèmes liés à l’agression.  Le retrait des forces d’occupation de tous les territoires azéris occupés est un devoir et non un compromis, a-t-il prévenu.  Le recours à la force, l’occupation militaire et le nettoyage ethnique n’apporteront ni paix, ni réconciliation ni stabilité.  

M. SANDEEP KUMAR BAYYAPU (Inde) a reproché au rapport annuel du Conseil d’être une simple compilation statistique de réunions et de documents alors même que les États Membres ne cessent de réclamer un rapport plus analytique.  Les discussions que tient l’Assemblée sont donc devenues un simple rituel, « une formalité ».  Or, ce que nous voulons, a dit le représentant, c’est une interaction revigorée entre ces deux organes principaux de l’ONU.  Le rapport, a-t-il poursuivi, doit faire le point sur les mesures prises et en donner les raisons de manière analytique.  De plus, sa parution tardive, quasiment au dernier trimestre de l’année, fait qu’il ne génère pas l’attention requise pour une discussion de fond.  Que cela ne se répète plus à l’avenir, a prévenu le représentant, en voulant un calendrier strict.  Il a aussi regretté que moins de la moitié des présidences du Conseil ait publié leur évaluation mensuelle en 2018.

Une grande partie des problèmes dans le fonctionnement du Conseil de sécurité sont structurels, a constaté le représentant pour lequel même la composition de cet organe ne reflète plus la réalité actuelle.  Le Conseil ne reflète ni ne représente les aspirations et les points de vue du plus grand nombre, s’est-il expliqué exigeant par conséquent un élargissement à la fois du nombre de ses membres permanents et non permanents.  À partir du moment où l’évaluation des performances est devenue une priorité à l’ONU, le Conseil doit, lui aussi, faire la preuve de sa crédibilité et améliorer la sienne, a conclu le représentant en exprimant l’espoir que le Conseil tiendra compte du point de vue de la majorité.

Droits de réponse

L’Arménie a rejeté les accusations « sans fondement » de l’Azerbaïdjan.  C’est ce pays, a-t-elle dit, qui a choisi l’agression armée contre le peuple du Nagorno-Karabakh.  Elle lui a plutôt demandé de faire respecter le cessez-le-feu et de mettre fin à ses violations graves contre les civils.  Elle a aussi invité l’Azerbaïdjan à participer au dialogue « de bonne foi ». 

Mais c’est l’Arménie qui ne respecte pas ses obligations internationales, s’est emportée l’Azerbaïdjan.

Ces propos n’ont rien à voir avec la réalité, a rétorqué l’Arménie, dénonçant des remarques partiales et conseillant une nouvelle fois à l’Azerbaïdjan de dialoguer avec les autorités du Nagorno-Karabakh pour régler la situation. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afrique centrale: le Conseil de sécurité se félicite des recommandations visant à renforcer le BRENUAC

8618e séance – matin
CS/13951

Afrique centrale: le Conseil de sécurité se félicite des recommandations visant à renforcer le BRENUAC

Le Conseil de sécurité a adopté ce matin, par consensus, une déclaration présidentielle par laquelle il exprime son plein appui au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) et se félicite des recommandations du Secrétaire général tendant au renforcement des activités de ce dernier.

Le renforcement recommandé concerne notamment les domaines d’« alerte rapide et analyse tenant compte des questions de genre », ainsi que les « bons offices hors du cadre de la mission, en particulier jusqu’au prochain cycle électoral qui se déroulera dans la région ». 

Le Conseil de sécurité se félicite notamment du rôle que joue le BRENUAC s’agissant de faciliter un dialogue politique ouvert hors du cadre de la mission, à savoir au Cameroun, au Gabon, en Guinée équatoriale, en République du Congo, à Sao Tomé-et-Principe et au Tchad.

Le texte mentionne également les activités du BRENUAC pour ce qui est de l’appui à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), et le renforcement des partenariats avec la société civile.  Aux yeux du Conseil, il s’agit des principales priorités à mettre en œuvre par le Bureau durant le reste de son mandat.

Par cette déclaration, le Conseil de sécurité encourage par ailleurs le BRENUAC, le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), la CEEAC, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les équipes de pays des Nations Unies à continuer d’élargir leur coopération en vue d’éliminer les menaces transfrontières et de régler les questions interrégionales telles que la crise du bassin du lac Tchad, la transhumance, les déplacements forcés de population et la sécurité maritime dans le golfe de Guinée.

Le Conseil invite en outre le BRENUAC à prendre en compte les changements climatiques et écologiques, ainsi que les catastrophes naturelles parmi les facteurs qui nuisent à la stabilité dans la région de l’Afrique centrale.

Autre souci exprimé par le Conseil: il importe que la répartition des tâches du BRENUAC et des autres entités des Nations Unies soit bien définie.

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions 2349 (2017) et 2448 (2018), ainsi que les déclarations de sa présidence S/PRST/2018/17, S/PRST/2018/14 et S/PRST/2015/12

Le Conseil exprime son plein appui au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) et au Représentant spécial du Secrétaire général dans l’exercice du mandat qui leur a été confié.  Il se félicite notamment du rôle que joue le BRENUAC s’agissant de faciliter un dialogue politique ouvert hors du cadre de la mission, à savoir au Cameroun, au Gabon, en Guinée équatoriale, en République du Congo, à Sao Tomé-et-Principe et au Tchad, promouvoir la stabilité dans la région et aider les pays de la sous-région à consolider la paix, apaiser les tensions, et prévenir ou atténuer les crises politiques. 

Le Conseil accueille favorablement la lettre du Secrétaire général sur les conclusions issues de l’examen stratégique du BRENUAC, et la séance d’information tenue le 14 août 2019 par Mme Bintou Keita, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique. 

Le Conseil note les recommandations formulées par le Secrétaire général à l’issue de l’examen stratégique auquel ont été soumis le mandat et les activités du BRENUAC.  Il prend acte, en particulier, de ce que le mandat du Bureau reste d’actualité et il se félicite de la recommandation tendant au renforcement des activités de ce dernier dans les domaines suivants: alerte rapide et analyse tenant compte des questions de genre; bons offices hors du cadre de la mission, en particulier jusqu’au prochain cycle électoral qui se déroulera dans la région; appui à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et renforcement de ses capacités; renforcement des partenariats avec la société civile et appui aux réseaux sous-régionaux de celle-ci.  Il réaffirme qu’il s’agit des principales priorités à mettre en œuvre par le Bureau durant le reste de son mandat. 

Le Conseil se réjouit de la coopération entre le BRENUAC et les autres entités de la région.  Il encourage ce dernier, le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la CEEAC, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et les équipes de pays des Nations Unies à continuer d’élargir leur coopération en vue d’éliminer les menaces transfrontières et de régler les questions interrégionales telles que la crise du bassin du lac Tchad, la transhumance, les déplacements forcés de population et la sécurité maritime dans le golfe de Guinée.  Il invite en outre le BRENUAC à prendre en compte les changements climatiques et écologiques, ainsi que les catastrophes naturelles, parmi les facteurs qui nuisent à la stabilité dans la région de l’Afrique centrale, notamment en raison de la sécheresse, de la désertification, de la dégradation des sols et de l’insécurité alimentaire qu’ils provoquent, continue de souligner qu’il importe que les gouvernements et les Nations Unies adoptent des stratégies à long terme, fondées sur des évaluations des risques, pour favoriser la stabilisation et renforcer la résilience, et demande par ailleurs que ces informations soient prises en considération par le BRENUAC dans ses activités. 

Le Conseil souligne qu’il importe que la répartition des tâches du BRENUAC et des autres entités des Nations Unies soit bien définie.  Il se félicite notamment de la recommandation tendant à la mobilisation de l’appui régional au processus de paix en République centrafricaine, en consultation étroite avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine.  Il relève également avec satisfaction la recommandation tendant à une répartition claire des tâches entre le BRENUAC et les autres entités des Nations Unies, comme la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo, le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs et le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi.

Le Conseil encourage le BRENUAC à s’appuyer sur le partenariat qu’il a établi avec les coordonnateurs résidents et les équipes de pays des Nations Unies, ainsi qu’avec les directeurs régionaux compétents du Bureau de la coordination des activités de développement, l’objectif étant de favoriser plus avant les initiatives transfrontières. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité reconduit pour un an la mission de l’ONU en Colombie

8616e séance – matin
CS/13949

Le Conseil de sécurité reconduit pour un an la mission de l’ONU en Colombie

Le Conseil de sécurité a, ce matin, reconduit pour une durée d’un an le mandat de la mission de l’ONU chargée de contrôler la mise en application de l’accord de paix signé en 2016 entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP).

En adoptant à l’unanimité la résolution 2487 (2019), à l’initiative du Royaume-Uni, le Conseil décide de reconduire, jusqu’au 25 septembre 2020, le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, qui arrive à échéance à la fin du mois.  Cette prorogation fait notamment suite à un courrier adressé le 12 juillet 2019 au Conseil par le Président colombien Iván Duque, dans lequel ce dernier s’est déclaré favorable à une reconduction du mandat de la Mission, dans les termes convenus par son gouvernement et la Force alternative révolutionnaire du peuple (FARC), une formation politique née de l’ex-guérilla des FARC-EP.

Créée par la résolution 2366 (2017) et dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général, la « Mission de vérification » a ainsi pour mandat de contrôler la mise en application de « l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable », conclu le 24 novembre 2016 à Bogota, après plusieurs décennies de conflit, entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP. 

Conformément à la clause 6.3.3 de l’Accord final, la Mission veille notamment au respect de la réintégration économique, sociale et politique des anciens membres des FARC-EP à la vie civile (clause 3.2), ainsi qu’à la mise en œuvre de garanties de sécurité contre les organisations criminelles responsables d’assassinats et de massacres ou qui s’en prennent à la société civile et menacent l’application des accords de paix (clause 3.4).

Dans le texte adopté aujourd’hui, environ deux mois après une visite de ses membres en Colombie, du 11 au 14 juillet, le Conseil salue les progrès accomplis sur la voie de la paix dans le pays depuis l’adoption de l’Accord final.  Dans ce contexte, il exhorte les parties à unir leurs efforts afin de pérenniser les avancées et de résoudre les problèmes rencontrés au moyen de la mise en œuvre intégrale de l’Accord final.

Pour l’avenir, le Conseil se déclare disposé à coopérer avec le Gouvernement colombien en vue d’une nouvelle reconduction du mandat de la Mission par voie d’accord entre les parties.

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Texte du projet de résolution (S/2019/725)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant son attachement sans réserve au processus de paix en République de Colombie,

Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de sa présidence concernant le processus de paix en Colombie,

Se réjouissant que ses membres aient eu l’occasion de se rendre en Colombie du 11 au 14 juillet 2019 et de rencontrer les parties et d’autres acteurs,

Saluant les progrès accomplis sur la voie de la paix en Colombie depuis l’adoption de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable (l’Accord final) et exhortant les parties, avec le soutien des institutions publiques et des forces de sécurité compétentes ainsi que de la société civile, à unir leurs efforts afin de pérenniser les progrès accomplis et de résoudre les problèmes rencontrés au moyen de la mise en œuvre intégrale de l’Accord final,

Rappelant en particulier sa résolution 2366 (2017), par laquelle il a mis en place la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (la « Mission de vérification ») chargée de contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), des clauses 3.2 et 3.4 de l’Accord final, comme le prévoit la clause 6.3.3 de celui-ci, et rappelant le rôle constructif joué par la Mission de vérification à cet égard,

Prenant acte de la lettre du Président colombien en date du 12 juillet 2019, dans laquelle celui-ci a demandé une reconduction du mandat de la Mission de vérification telle que convenue par le Gouvernement colombien et la Force alternative révolutionnaire du peuple (FARC),

1.    Décide de reconduire, jusqu’au 25 septembre 2020, le mandat de la Mission de vérification, dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, et les obligations concernant l’établissement de rapports, conformément à ses résolutions 2366 (2017), 2377 (2017) et 2435 (2018);

2.    Se déclare disposé à coopérer avec le Gouvernement colombien en vue d’une nouvelle reconduction du mandat de la Mission de vérification par voie d’accord entre les parties.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge d’un an, jusqu’au 15 septembre 2020, le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye

8615e séance – matin
CS/13948

Le Conseil de sécurité proroge d’un an, jusqu’au 15 septembre 2020, le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye

À l’unanimité de ses membres, le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, la résolution 2486 (2019) qui proroge d’un an, jusqu’au 15 septembre 2020, le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), chargée de faciliter le processus de transition dans ce pays, dont la capitale, Tripoli, continue d’être le théâtre de combats entre les forces du Gouvernement d’entente nationale de M. Faiez al-Serraj et celles de l’Armée nationale libyenne (ANL) du général Khalifa Belqasim Haftar. 

Conformément aux préconisations formulées, lors de son briefing du 4 septembre, par le Représentant spécial pour la Libye et Chef de la MANUL, M. Ghassan Salamé, le Conseil profite de ce texte présenté par le Royaume-Uni, porte-plume pour la Libye, pour adapter légèrement le mandat de la Mission en y ajoutant la notion d’« appui modulable » pour toute forme de trêve ou de cessation des hostilités qui serait convenue entre les parties. 

Le Conseil prie ainsi le Secrétaire général d’évaluer « les mesures à prendre pour parvenir à un cessez-le-feu durable » mais aussi « le rôle que pourrait jouer la MANUL dans la fourniture d’un appui modulable concernant le cessez-le feu et ce qui devrait être fait pour relancer le processus politique ».  Il lui demande en outre de rendre compte dans ses rapports périodiques des « progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs ». 

Dans la foulée de sa déclaration à la presse du 5 juillet, dans laquelle il appelait à un « cessez-le-feu durable » observé par toutes les parties, position consensuelle réaffirmée plusieurs fois en août, le Conseil réitère cet appel dans le préambule de la résolution 2486 (2019).  Le texte exhorte également les parties à engager un dialogue politique sous la direction de M. Salamé. 

S’agissant de l’embargo sur les armes, le Conseil durcit le ton, engageant, dans le préambule de la résolution, tous les États Membres à le « respecter pleinement », conformément à la résolution 2441 (2018) et à toutes les résolutions précédentes sur la question.  En écho aux informations du Représentant spécial faisant état d’un afflux de combattants étrangers, il demande ensuite à tous les États Membres de « ne pas intervenir dans le conflit et de ne prendre aucune mesure susceptible d’aggraver le conflit ». 

Dans le même ordre d’idées, le Conseil « se félicite des efforts déployés par le Groupe d’experts du Comité des sanctions concernant la Libye pour enquêter sur les violations de l’embargo, et souligne son intention de veiller à ce que ceux qui le violent répondent de leurs actes devant le Comité des sanctions ». 

Enfin, face aux combats qui, depuis le 4 avril, date du début de l’offensive de l’ANL sur Tripoli, ont fait plus de 100 morts et 300 blessés parmi les civils, et forcé 120 000 autres à quitter leur foyer, selon les chiffres fournis par M. Salamé, le Conseil se déclare « gravement préoccupé » par la poursuite de ces hostilités et par « le fait que les infrastructures civiles sont prises pour cibles ».  Il s’inquiète par ailleurs de ce que « le conflit est exploité par des groupes terroristes et par des groupes extrémistes violents ». 

LA SITUATION EN LIBYE (S/2019/682)

Texte du projet de résolution (S/2019/724)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye, notamment les résolutions 2259 (2015) et 2434 (2018),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Prenant note des rapports du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) (S/2019/19 et S/2019/682),

Exprimant son appui sans réserve aux efforts que déploient la MANUL et le Représentant spécial du Secrétaire général, Ghassan Salamé, et soulignant le rôle central joué par l’Organisation des Nations Unies pour faciliter un processus politique inclusif dirigé et maîtrisé par les Libyens,

Engageant toutes les parties à œuvrer ensemble dans un esprit de compromis, à s’abstenir de toute action susceptible de compromettre le processus politique, à faire preuve de retenue, à protéger les civils et à s’engager sérieusement sur la voie de la réconciliation nationale, rappelant qu’il ne saurait y avoir de solution militaire en Libye, et appelant à nouveau toutes les parties à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu durable et d’un dialogue politique sous la direction du Représentant spécial du Secrétaire général,

Se déclare gravement préoccupé par les hostilités qui se poursuivent à Tripoli et dans les environs ainsi que par le fait que les infrastructures civiles sont prises pour cibles, et s’inquiétant de ce que le conflit est exploité par des groupes terroristes et par des groupes extrémistes violents,

Demandant instamment que les femmes participent pleinement, effectivement et véritablement à toutes les activités liées à la transition démocratique, au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, et appuyant les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général pour favoriser le renforcement du rôle et de la participation des femmes venant de tous les horizons de la société libyenne au processus politique et aux institutions publiques,

Rappelant que les parties libyennes ont pris l’engagement de collaborer dans une logique constructive avec l’Organisation des Nations unies pour organiser des élections législatives et présidentielles crédibles et pacifiques et de respecter les résultats de ces scrutins, comme convenu à Paris en mai 2018, à Palerme en novembre 2018 et à Abou Dhabi en février 2019, se félicitant du travail accompli par la Haute Commission électorale nationale et par le Comité central des élections municipales pour préparer et conduire les élections nationales et municipales, se félicitant également du concours que la MANUL apporte à cette entreprise, et reconnaissant le rôle essentiel que le Représentant spécial du Secrétaire général joue dans les consultations menées avec les parties libyennes pour poser les bases constitutionnelles des élections et adopter les lois électorales nécessaires,

Demandant à nouveau à tous les Libyens de contribuer dans un esprit constructif à l’unification des institutions militaires et économiques libyennes, à la constitution de forces nationales de sécurité unifiées et renforcées, placées sous le contrôle des autorités civiles, et à l’unification de la Banque centrale de Libye,

Conscient qu’il est nécessaire de planifier le désarmement, la démobilisation et la réintégration des groupes armés et d’édifier une architecture de sécurité inclusive et placée sous le contrôle des autorités civiles pour toute la Libye,

Se félicitant du dialogue économique qui se tient en Libye et dans la région et du rôle que la MANUL joue à l’appui de cette initiative, demandant aux autorités libyennes d’améliorer la situation de trésorerie et de lutter contre l’économie de prédation, notamment les taux de change sur le marché noir, rappelant que le Premier Ministre Serraj a demandé à la MANUL et au Représentant spécial du Secrétaire général de faciliter l’examen financier des institutions économiques et financières et d’accompagner les efforts visant à réunifier ces institutions, soulignant qu’il importe de collaborer avec les institutions financières internationales, et s’inquiétant de l’immixtion de groupes armés dans les institutions souveraines de la Libye,

Rappelant que les ressources pétrolières de la Libye doivent profiter à tous les Libyens et rester sous le contrôle exclusif de la National Oil Corporation, et que le Gouvernement d’entente nationale conserve le contrôle exclusif des institutions économiques et financières du pays, avec la responsabilité d’assurer la distribution équitable des ressources dans tout le pays,

Rappelant également qu’il est nécessaire que les États Membres cessent de soutenir les institutions parallèles qui ne sont pas parties à l’Accord politique libyen, comme il est précisé dans celui-ci, et cessent tout contact officiel avec elles,

Se déclarant gravement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Libye, à savoir la dégradation des conditions de vie et l’insuffisance de services de base, ainsi que par la situation dans laquelle se trouvent les migrants, les réfugiés et les déplacés, qui sont notamment exposés à la violence sexuelle et fondée sur le genre, et engageant les autorités libyennes à atténuer d’urgence les souffrances du peuple libyen en accélérant la prestation des services publics,

Exhortant toutes les parties à prévenir et à combattre la violence sexuelle en temps de conflit et engageant les autorités libyennes à mettre fin à l’impunité des auteurs de crimes de violence sexuelle et fondée sur le genre conformément à ses résolutions applicables, en particulier la résolution 1325 (2000),

Réaffirmant que toutes les parties doivent se conformer aux obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient, et soulignant que quiconque est responsable de violations du droit international humanitaire et de violations des droits de l’homme doit répondre de ses actes,

Engageant les autorités libyennes à prendre toutes les mesures nécessaires pour enquêter sur les violations du droit international des droits de l’homme et sur les informations faisant état de violations des droits de l’homme, dont des faits de torture, de violence sexuelle et fondée sur le genre et de mauvais traitement commis dans les prisons et les centres de détention, et pour en traduire les auteurs en justice,

Se déclarant à nouveau préoccupé par le trafic de migrants et de réfugiés et par la traite d’êtres humains qui sévissent sur le territoire libyen, et se félicitant du travail mené par la MANUL pour coordonner et appuyer la fourniture de l’aide humanitaire aux réfugiés et aux migrants,

Demandant à nouveau à tous les États Membres d’appuyer sans réserve les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général, engageant les États Membres à user de leur influence auprès des parties pour parvenir à un cessez-le-feu et relancer un processus politique inclusif, et demandant à nouveau à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MANUL, notamment en prenant toutes les mesures voulues pour garantir la sécurité et la totale liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé,

Soulignant qu’il importe de veiller à ce que les mesures de sanction existantes soient pleinement appliquées et à ce que les violations soient signalées au Comité des sanctions concernant la Libye, et rappelant à cet égard que les personnes et entités se livrant ou prêtant leur concours à des actes qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité en Libye peuvent faire l’objet de sanctions ciblées conformément à la résolution 2441 (2018),

Engageant tous les États Membres à respecter pleinement l’embargo sur les armes conformément à la résolution 2441 (2018) et à toutes les résolutions précédentes sur la question, et engageant également tous les États Membres à ne pas intervenir dans le conflit et à ne pas prendre de mesures susceptibles d’aggraver le conflit,

Rappelant qu’il a constaté, dans sa résolution 2213 (2015), que la situation en Libye continuait de menacer la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 15 septembre 2020 le mandat de la MANUL, mission politique spéciale intégrée placée sous la direction du Représentant spécial du Secrétaire général et chargée de mener des activités de médiation et des missions de bons offices dans le strict respect du principe d’appropriation nationale en vue d’appuyer:

i)    Un processus politique inclusif et un dialogue sur la sécurité et l’économie;

ii)   La poursuite de la mise en œuvre de l’Accord politique libyen;

iii)  Le renforcement des dispositions du Gouvernement d’entente nationale en matière de gouvernance, de sécurité et d’économie, et notamment la réforme économique en collaboration avec des institutions financières internationales;

iv)   Un éventuel cessez-le-feu;

v)    Les étapes ultérieures de la transition libyenne, y compris le processus constitutionnel et l’organisation des élections;

2.    Décide également que, sous réserve des contraintes opérationnelles et des conditions de sécurité, la MANUL doit s’acquitter des tâches suivantes:

i)    Apporter une assistance aux principales institutions libyennes;

ii)   Appuyer, sur demande, la fourniture de services essentiels et l’acheminement de l’aide humanitaire, dans le respect des principes humanitaires;

iii)  Surveiller la situation des droits de l’homme et en rendre compte;

iv)   Appuyer la sécurisation des armes incontrôlées et du matériel connexe et lutter contre leur prolifération;

v)    Coordonner l’assistance internationale et appuyer, en lui fournissant conseils et assistance, le Gouvernement d’entente nationale dans son action visant à stabiliser les zones sortant de conflit, y compris celles qui ont été libérées du contrôle de Daech;

3.    Prie le Secrétaire général d’évaluer les mesures à prendre pour parvenir à un cessez-le-feu durable, le rôle que pourrait jouer la MANUL dans la fourniture d’un appui modulable concernant le cessez-le feu et ce qui devrait être fait pour relancer le processus politique, et de rendre compte dans ses rapports périodiques des progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs;

4.    Rappelle qu’il a décidé que tous les États Membres devaient respecter l’embargo sur les armes conformément à la résolution 2441 (2018) et toutes ses résolutions précédentes sur la question, demande à tous les États Membres de ne pas intervenir dans le conflit et de ne prendre aucune mesure susceptible d’aggraver le conflit, se félicite des efforts déployés par le Groupe d’experts du Comité des sanctions concernant la Libye pour enquêter sur les violations de l’embargo, et souligne son intention de veiller à ce que ceux qui le violent répondent de leurs actes devant le Comité des sanctions;

5.    Prie la MANUL d’adopter systématiquement une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans l’exécution de son mandat et d’aider le Gouvernement d’entente nationale à assurer la participation pleine, effective et véritable des femmes à la transition démocratique, aux efforts de réconciliation, au secteur de la sécurité et aux institutions nationales, ainsi que la protection des femmes et des filles contre les violences sexuelles et fondées sur le genre en conformité avec la résolution 1325 (2000);

6.    Constate que, depuis le 30 mars 2016, la MANUL a progressivement établi une présence constante en Libye, et se félicite des progrès accomplis par la Mission pour rétablir une présence à Tripoli, à Benghazi et dans d’autres parties de la Libye au fur et à mesure que les conditions de sécurité le permettent;

7.    Accueille avec satisfaction les progrès accomplis par la MANUL dans la mise en œuvre d’une stratégie politique globale et d’une plus grande intégration et coordination stratégique de la Mission et des organismes, fonds et programmes des Nations Unies en Libye pour soutenir l’action menée sous la conduite du Gouvernement d’entente nationale en vue de la stabilisation du pays et invite la Mission à poursuivre ses efforts en ce sens;

8.    Prie le Secrétaire général de continuer de lui rendre compte tous les 60 jours au moins de la mise en œuvre de la présente résolution;

9.    Prie également le Secrétaire général de lui faire rapport, selon qu’il conviendra, après la tenue de consultations avec les autorités libyennes, sur les recommandations concernant l’appui que doit apporter la MANUL aux étapes ultérieures de la transition libyenne et les dispositions en matière de sécurité devant permettre à la Mission de rester agile et apte à faire face à l’évolution de la situation sur le terrain;

10.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: optimisme prudent à deux mois de l’élection présidentielle en Guinée-Bissau

8614e séance – après-midi
CS/13946

Conseil de sécurité: optimisme prudent à deux mois de l’élection présidentielle en Guinée-Bissau

Six mois après le succès des élections législatives en Guinée-Bissau, la Sous-Secrétaire générale des Nations Unies pour l’Afrique a prévenu les membres du Conseil de sécurité que l’organisation du futur scrutin présidentiel à l’automne demeure « semée d’embûches ».  La réunion a tout de même été dominée par une atmosphère d’optimisme prudent. 

Si Mme Bintou Keita a rappelé les tensions qui sont apparues dans le pays au lendemain des élections législatives du 10 mars, elle a aussi rappelé que grâce à l’engagement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un nouveau gouvernement a vu le jour le 3 juillet et un compromis a été trouvé concernant le Président José Mário Vaz, qui restera en fonctions, quoiqu’avec des pouvoirs limités, jusqu’à l’élection présidentielle du 24 novembre 2019. 

Présentant le dernier rapport du Secrétaire général sur les progrès en matière de stabilisation et de retour à l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau (S/2019/696), la Sous-Secrétaire générale a toutefois prévenu que « le processus électoral est semé d’embûches ».  Les corrections apportées dernièrement à la liste des électeurs, afin de régulariser les 25 000 personnes écartées des élections législatives, ont fait surgir des risques de fraude.  Les préparatifs se déroulent donc dans un climat de méfiance, a-t-elle mis en garde, appelant les autorités à fournir davantage d’informations sur les corrections apportées.  La Sous-Secrétaire générale a également exhorté la communauté internationale à soutenir le pays pour financer une partie du budget électoral, estimé à 5,3 millions de dollars, et garantir un scrutin crédible et juste.

Nous sommes « résolument engagés » dans la conclusion du cycle électoral, a assuré la Guinée-Bissau, tout en admettant que le processus de correction des listes électorales « ne fait pas l’unanimité » entre les acteurs politiques et au sein de la société civile.  Elle a dit espérer « qu’avec le dialogue », les parties concernées finiront par se mettre d’accord.

Cette vision optimiste a été, dans l’ensemble, partagée par la plupart des membres du Conseil.  La Côte d’Ivoire a notamment salué le maintien « d’un dialogue constant et constructif » entre les parties après le scrutin législatif, dans le respect des Accords de Conakry de 2016 et de la feuille de route de la CEDEAO.  La France s’est félicitée de « l’attitude responsable » de l’ensemble des acteurs bissau-guinéens et la République dominicaine a voulu voir dans la stabilité relative que connaît actuellement le pays, un signe prometteur pour l’élection présidentielle en novembre, dont la Chine a qualifié les préparatifs de « louables ».

Les « difficultés considérables » rencontrées par la Guinée-Bissau après les élections législatives de mars, notamment pour la répartition des portefeuilles ministériels, sont bien naturelles, a renchéri la Fédération de Russie, jugeant que le pays est désormais prêt à tourner la page.  Il est temps, a-t-elle estimé, que le Conseil envisage la levée des sanctions qui frappent le pays depuis le coup d’État du 12 avril 2012, dont l’interdiction de voyager imposée aux membres de l’armée.  L’institution militaire a en effet eu un « comportement exemplaire », s’est félicité le Royaume-Uni, prêt également à réviser ce régime.  La France a toutefois insisté sur le fait que la bonne tenue du scrutin de novembre est une condition sine qua non à une telle révision. 

Pour ces mêmes raisons, la plupart des membres du Conseil ont jugé « crédible » le délai fixé pour le retrait du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS).  D’ici là, le Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, M. Mauro Vieira, a précisé que les 10 projets en cours du BINUGBIS, d’une valeur de 10 998 327 dollars, appuieraient la mise en œuvre d’initiatives favorisant le dialogue, la réconciliation nationale et la consolidation des secteurs de la justice et des médias.  Attention, toutefois, à ne pas « laisser un vide » en Guinée-Bissau, a mis en garde l’Afrique du Sud, appelant à éviter tout retour en arrière dans le pays.

Dans cette perspective, plusieurs membres du Conseil ont exprimé leur inquiétude face à l’ampleur du trafic de drogue et de la criminalité transnationale organisée.  Ils se sont dits encouragés par la saisie récente de 2 tonnes de cocaïne par la police bissau-guinéenne.  Ce coup de filet « sans précédent » témoigne de notre détermination à combattre ce fléau qui vise à miner l’intégrité d’un État souverain, s’est enorgueillie la Guinée-Bissau.  Elle a souligné la nécessité de renforcer la coopération entre son gouvernement et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), « sans préjudice » du mandat de la BINUGBIS. 

LA SITUATION EN GUINÉE-BISSAU (S/2019/664 ET S/2019/696)

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Sous-Secrétaire générale des Nations Unies pour l’Afrique, a rappelé que des tensions étaient apparues en Guinée-Bissau au lendemain des élections législatives du 10 mars dernier.  Ces tensions, qui s’étaient cristallisées autour de la constitution du bureau de l’Assemblée nationale, avaient retardé la nomination du Premier Ministre et la formation du nouveau Gouvernement, a souligné Mme Keita.  L’arrivée à son terme, le 23 juin 2019, du quinquennat du Président José Mário Vaz avait rendu la situation encore plus complexe, a-t-elle aussi rappelé, précisant que des « opinions divergentes » avaient alors vu le jour sur la façon d’assurer l’intérim jusqu’à la tenue de la prochaine élection présidentielle, le 24 novembre 2019.

Toutefois, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a contribué à résoudre ces différentes questions lors du sommet du 29 juin 2019, en permettant au nouveau Gouvernement de prêter serment, le 3 juillet, et en déterminant que M. José Mário Vaz resterait en fonctions, quoiqu’avec des pouvoirs limités, jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle.  La Sous-Secrétaire générale a salué au passage la place « sans précédent » accordée aux femmes dans le nouveau Gouvernement, ainsi que la présence de jeunes hautement qualifiés.  Elle a toutefois noté que la nomination récente de plusieurs hauts responsables à des postes clefs, y compris le nouveau commandant de la Garde nationale, M. Agostino Sousa Cordeiro, sous le coup des sanctions de l’Union européenne (UE) depuis 2012, a suscité des réactions négatives aux niveaux national et international.

Depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau Gouvernement, la scène politique nationale est accaparée par les préparatifs de la future élection présidentielle.  « Le processus électoral est semé d’embûches », a mis en garde Mme Keita.  La Sous-Secrétaire générale a notamment précisé que les corrections apportées dernièrement au registre des électeurs, afin de régulariser les 25 000 personnes qui avaient préalablement été rayées lors des élections législatives, fait surgir des risques de fraude.  Les préparatifs se déroulent donc dans un climat de méfiance.  Pour remédier à cette situation, Mme Keita a précisé que le groupe des cinq partenaires internationaux représentés en Guinée-Bissau (CEDEAO, Communauté des pays de langue portugaise, ONU, Union africaine et Union européenne) plaide pour des mesures de transparence et la diffusion des informations sur les corrections apportées au registre des électeurs.

Par ailleurs, Mme Keita a indiqué que l’ONU recommande la création d’une plateforme rassemblant les acteurs nationaux pour faciliter l’échange d’informations.  Des efforts concertés sont également en cours au niveau national pour préparer et mettre en œuvre un code de conduite électoral.  La Sous-Secrétaire générale a aussi précisé que le budget de l’élection présidentielle est estimé à 5,3 millions de dollars.  Le Gouvernement s’est engagé à y contribuer à hauteur de 730 000 dollars, a-t-elle précisé, en plus du paiement d’une dette de 1,6 million de dollars contractée durant les élections législatives.

Mme Keita a indiqué que plusieurs contributions financières sont attendues des partenaires internationaux au début du mois d’octobre.  À 75 jours du scrutin présidentiel, elle a appelé ces partenaires à faire preuve de générosité.  Par ailleurs, elle a déploré les restrictions à l’exercice des libertés civiles.  Parallèlement, a-t-elle ajouté, le trafic de drogue et la criminalité organisée continent de menacer la stabilité du pays. 

Abordant la question de la fermeture du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS), prévue le 31 décembre 2020, Mme Keita a indiqué qu’un plan de transition et de retrait progressif est en cours d’élaboration.  Ce plan, a-t-elle ajouté, prévoit le transfert des responsabilités du BINUGBIS au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, à l’équipe de pays des Nations Unies et aux autorités nationales.

En conclusion, la Sous-Secrétaire générale a appelé les acteurs nationaux à « transcender les divergences et différends individuels » dans la perspective de l’élection de novembre, avec l’aide de la communauté internationale.  À plus long terme, Mme Keita a plaidé en faveur d’un processus de réformes structurelles pour accompagner le pays sur la voie de la stabilité pérenne. 

M. MAURO VIEIRA, Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, a précisé que sa « formation» a suivi de près la situation politique en Guinée-Bissau depuis l’adoption le 28 février 2019 de la résolution 2458 du Conseil de sécurité, prévoyant la fermeture du BINUGBIS d’ici au 31 décembre 2020.  Après la réunion du 6 mai au cours de laquelle la formation a été mise au fait des derniers évènements par le Chef du BINUGBIS et le représentant de la CEDEAO, la Commission de consolidation de la paix a publié une déclaration appelant tous les responsables politiques de la Guinée-Bissau à respecter les Accords de Conakry.  Cette déclaration a souligné la nécessité urgente de nommer un premier ministre et d’organiser une élection présidentielle transparente, crédible et pacifique en novembre 2019.  Notant que le nouveau Gouvernement a été formé après un accord intervenu lors du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, le 29 juin, le Président a salué le rôle déterminant de la CEDEAO dans la stabilité politique et la consolidation de la démocratie en Guinée-Bissau.  La Commission de consolidation de la paix salue la nomination du nouveau Premier Ministre et se félicite de la nomination de 11 femmes au Gouvernement, a-t-il ajouté. 

M. Vieira a tout particulièrement salué le travail du BINUGBIS qui encourage une participation effective des femmes à la gestion publique.  Il a noté qu’en collaboration avec l’équipe de pays des Nations Unies et le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, le Bureau a contribué à accroître la participation active des femmes aux consultations tenues avec la société civile et aux efforts de facilitation.  Dans le cadre du portefeuille du Fonds, qui comprend 10 projets d’une valeur de 10 998 327 dollars, le BINUGBIS a appuyé la mise en œuvre d’initiatives qui se renforcent mutuellement et favorisent notamment le dialogue, la réconciliation nationale, ainsi que la consolidation des secteurs de la justice et des médias, s’est félicité M. Vieira.  Ces projets ont contribué à rendre les élections législatives du 10 mars plus inclusives, en offrant une formation aux candidates et aux jeunes candidats, en facilitant le suivi des élections par des observateurs nationaux en collaboration avec l’Union européenne, en donnant aux médias les outils pour diffuser des informations plus objectives et moins partisanes sur les élections et en finançant la diffusion radiophonique en direct de plusieurs rencontres entre le grand public et les candidats. 

Pour ce qui est de la reconfiguration du BINUGBIS, il a expliqué que certains membres de la Commission de consolidation de la paix souhaitent que la configuration actuelle soit maintenue jusqu’à la fin du processus électoral.  La Commission continuera d’aider le pays à mobiliser le soutien international après l’élection, notamment pour mettre en œuvre des programmes de développement identifiés dans le Plan stratégique et opérationnel du pays, « Terra Ranka », pour la période 2015-2025.  J’irai moi-même en Guinée-Bissau, a conclu le Président, pour rencontrer les responsables du nouveau Gouvernement et je rendrai compte de la teneur de ces échanges au Conseil de sécurité. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est félicité des progrès accomplis par les autorités bissau-guinéennes dans la conduite du processus de sortie de crise, notamment l’organisation des élections législatives le 10 mars dernier, dans un environnement apaisé, puis la nomination d’un premier ministre, suivie d’un nouveau gouvernement le 3 juillet.  Il a également noté avec satisfaction la décision prise par le Président José Mário Vaz de fixer la date de l’élection présidentielle au 24 novembre.  Pour le représentant, ces évolutions positives sont la résultante d’un dialogue constant et constructif entre les parties prenantes bissau-guinéennes.  Elles ont toutefois été rendues possibles grâce au soutien de la communauté internationale en général et de la CEDEAO en particulier, a-t-il fait valoir, notant que l’organisation ouest-africaine est demeurée constante dans son accompagnement du processus politique en cours, tout en restant ferme dans son appel au respect des engagements librement souscrits dans les Accords de Conakry et la feuille de route de la CEDEAO pour la sortie de crise en Guinée-Bissau. 

Le représentant a néanmoins observé qu’en dépit des progrès encourageants enregistrés ces derniers mois, la situation sociopolitique et sécuritaire demeure fragile, comme en témoigne la résurgence des tensions à quelques semaines de l’élection présidentielle.  C’est pourquoi la Côte d’Ivoire exhorte tous les acteurs politiques bissau-guinéens à conjuguer leurs efforts pour l’organisation d’un scrutin « inclusif, crédible et apaisé », étape cruciale vers la conclusion du cycle électoral.  Elle appelle en outre la communauté internationale et les partenaires au développement à renforcer leur niveau de mobilisation autour de la Guinée-Bissau et à soutenir l’engagement des acteurs locaux à s’inscrire dans une logique de paix et de stabilité. 

Se félicitant du processus de planification de la transition en cours, le délégué a encouragé les autorités bissau-guinéennes à saisir cette opportunité pour renforcer leur coopération avec le BINUGBIS, dans la perspective de l’appropriation des activités qui seront transférées au pays et d’une meilleure prise en charge des réformes institutionnelles postélectorales.  Il a ensuite réaffirmé le plein soutien de son pays aux Nations Unies, à l’Union africaine, à la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et à la CEDEAO, dont il a salué la décision, prise le 29 juin, de proroger le mandat de sa mission en Guinée-Bissau jusqu’en avril 2020.  Avant de conclure, le représentant les a exhortées à renforcer leur synergie d’actions dans le cadre de leur appui à la mise en œuvre des Accords de Conakry et de la feuille de route de la CEDEAO. 

M. ARISTIDES TELA MEVIAN MIAGA (Guinée équatoriale) a estimé que 2019 est une année cruciale pour la Guinée-Bissau qui doit passer rapidement de la crise politique et institutionnelle actuelle à une phase d’opportunités qui lui permettent de lancer un processus de transformation politique et économique.  Il a salué l’organisation pacifique d’élections législatives en mars dernier et le civisme de la population, alors qu’il y avait 21 partis politiques et plus de 760 000 électeurs, dont 85% se sont rendus aux urnes.  Il a aussi félicité la Commission électorale nationale pour sa transparence pendant tout le processus.  Ces élections sont cruciales pour ouvrir le processus de démocratisation, de stabilisation de la paix et de redressement économique, a-t-il souligné.  Il a aussi apprécié la forte participation des femmes dans ce processus électoral, ainsi que l’importance que les autorités nationales ont donné aux femmes au sein du Gouvernement.

Le représentant a appelé le Gouvernement de la Guinée-Bissau à assumer ses responsabilités en préparant une élection présidentielle crédible, libre, juste et pacifique.  Il s’est préoccupé de l’augmentation des délits liés au trafic de drogue en Guinée-Bissau, qui entraîne des problèmes de sécurité et qui exige des efforts de lutte renforcés de la part du Gouvernement, notamment en révisant ses lois.  Il a salué à cet égard le travail du BINUGBIS, de la police et de la garde nationale, qui a conduit, il y a trois jours, à l’incinération de plus de 1,8 tonne de cocaïne.  En vue de la fermeture du Bureau, il a souhaité un transfert efficace des tâches et des responsabilités à l’équipe de pays des Nations Unies ainsi qu’au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  Avant de conclure, il a souhaité que ne se répètent pas, lors des prochaines élections, la tendance à contester les résultats.

M. ANTOINE MICHON (France) s’est félicité de l’attitude responsable de l’ensemble des acteurs bissau-guinéens, que ce soit la classe politique ou l’armée, laquelle a permis le succès des élections législatives de mars 2019.  Il a estimé que les développements positifs de ces derniers mois sont aussi le signe de l’efficacité de l’action de la communauté internationale.  À cet égard, il a salué le rôle décisif du Groupe des Cinq.  « J’adresse un hommage appuyé aux pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest dont l’engagement sans faille a porté ses fruits », a dit M. Michon, avant de citer l’important moment qu’a constitué aussi, en février 2019, la mission sur place du Conseil de sécurité organisée par la présidence équato-guinéenne.  Le représentant a déclaré que ces évolutions montrent que les outils que nous avons collectivement déployés pour répondre à cette crise, notamment les sanctions, ont été efficaces.  Alors que le BINUGBIS entre dans sa dernière année de mandat, le représentant a réaffirmé son soutien à la nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Rosine Sori-Coulibaly, qui devra accompagner le plan de transition. 

Malgré les avancées mentionnées, le représentant a estimé que le processus politique reste à consolider en Guinée-Bissau.  Il a jugé essentiel que l’élection présidentielle se tienne comme prévu les 24 novembre et 29 décembre 2019, parce que le respect du calendrier électoral est impératif pour éviter une nouvelle crise.  La bonne tenue de ce scrutin qui permettra de clore le processus électoral constituera un préalable nécessaire à une évolution sur le volet des sanctions.  Parce que le rétablissement d’une paix et d’une stabilité durables passe par des avancées dans d’autres domaines, M. Michon a rappelé l’importance que l’ensemble des réformes politiques prévues par les Accords de Conakry de 2016 soient mises en œuvre.  Il a mis l’accent sur la lutte contre la criminalité organisée et le réforme du secteur de la sécurité. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est félicité du déroulement pacifique des élections législatives du 10 mars.  Il a également salué la stabilité relative que connaît l’environnement sécuritaire, y voyant un signe prometteur pour la tenue de l’élection présidentielle en novembre.  Il a toutefois relevé que l’instabilité socioéconomique du pays est liée aux tensions politiques et a exhorté le Gouvernement à ne pas entraver les efforts visant à établir un accord sur des questions électorales fondamentales.

Le représentant a ensuite salué les efforts du BINUGBIS pour renforcer le mécanisme national de lutte contre le trafic de stupéfiants, ainsi que les avancées réalisées pour traduire en justice les auteurs de violence sexiste et les responsables de tensions intercommunautaires liés aux conflits fonciers.  Il a souligné que la lutte contre l’impunité est essentielle pour bâtir une société pacifique et sûre en Guinée-Bissau.  Il a pris note des efforts déployés par le BINUGBIS pour inclure des femmes dans ses équipes de défenseurs des droits de l’homme.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a commencé par saluer la bonne tenue, en mars, des élections législatives en Guinée-Bissau, peu après la mission du Conseil dans ce pays, qui lui a permis de mieux appréhender les défis.  La représentante s’est notamment réjouie du taux de participation élevé et de la forte mobilisation des femmes.  Ce sont, selon elle, des signes de la vitalité démocratique de la société bissau-guinéenne.  Elle a ajouté que la nomination d’un premier ministre et d’un gouvernement, et surtout l’annonce de l’élection présidentielle le 24 novembre prochain sont de « bonnes nouvelles ».  Elle a souhaité que tout soit fait pour que ce scrutin soit « crédible, libre, équitable et pacifique ». 

La déléguée s’est toutefois déclarée préoccupée par les tensions et le climat de méfiance actuels.  Ne l’oublions pas, a-t-elle dit, la stabilité politique doit contribuer au redressement socioéconomique et à la lutte contre les trafics.  Elle a donc appelé les acteurs politiques nationaux à jouer un rôle « positif et constructif », estimant d’autre part que le régime de sanctions « demeure adéquat ». 

S’agissant de l’avenir de la BINUGBIS, la déléguée a rappelé l’importance du respect des Accords de Conakry par toutes les parties et dans toutes ses dispositions ainsi que du suivi de la feuille de route de la CEDEAO.  Il s’agit en effet d’assurer une « transition ordonnée » et la Belgique sera « attentive » à ne pas précipiter le processus si les conditions sur le terrain ne sont pas réunies, a-t-elle averti.  Par ailleurs, a poursuivi la représentante, la transition de la présence onusienne ne devra pas signifier un quelconque abandon de la Guinée-Bissau par la communauté internationale. 

Pour cette raison, la représentante a appelé à un engagement accru du Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, ainsi qu’à un renforcement de l’équipe de pays des Nations Unies et des moyens de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  Dans l’immédiat, a-t-elle conclu, la Belgique appuie l’action coordonnée du BINUGBIS et du groupe des cinq partenaires internationaux sur le terrain. 

M. MARTHINUS VAN SHALKWYK (Afrique du Sud) a salué le Gouvernement de la Guinée-Bissau pour les progrès réalisés sur le plan politique, à savoir la formation d’un nouveau gouvernement et la nomination d’un premier ministre, dans la foulée des élections législatives de mars dernier.  Dans ce contexte, M. Van Shalkwyk s’est réjoui à l’avance de la tenue du futur scrutin présidentiel, prévu le 24 novembre prochain.  Il a qualifié cette élection d’évènement « crucial » pour ancrer le pays dans la stabilité.  Parallèlement, le représentant a exhorté les parties à s’attaquer aux réformes mentionnées dans les Accords de Conakry du 10 septembre 2016.

M. Van Shalkwyk a en outre appelé la CEDEAO et la communauté internationale à maintenir leur appui pour aider le pays à sortir définitivement de l’impasse politique.  C’est également une priorité du point de vue du maintien de la stabilité régionale, a-t-il insisté.  Alors que le BINUGBIS est engagé dans un processus de retrait, et à la lumière du futur scrutin présidentiel, le représentant a ainsi jugé important de ne pas « laisser un vide » en Guinée-Bissau, pour éviter un retour en arrière.

Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par les conséquences régionales du trafic de drogue en Guinée-Bissau, dans la mesure où ce dernier alimente également le trafic d’armes et la traite des personnes.  Ce qui est encore plus préoccupant, a ajouté M. Van Shalkwyk, c’est que ce trafic pourrait être utilisé pour financer des activités terroristes dans une région déjà volatile. 

M. WU HAITAO (Chine) a estimé que l’année 2019 sera décisive pour la vie politique et sociale en Guinée-Bissau.  Prenant acte du fait que les élections législatives du 10 mars se sont déroulées sans heurt et qu’un nouveau gouvernement a été formé le 3 juillet, le représentant s’est félicité de l’organisation, le 24 novembre prochain, de l’élection présidentielle.  Il a souhaité un scrutin libre et transparent et un appui logistique et financier de la part de la communauté internationale.  Il a d’autre part qualifié de « louables » les efforts déployés par les différentes parties bissau-guinéennes dans le cadre de ce processus électoral.  Toutes les parties doivent agir en ayant en tête les intérêts à long terme du pays et de son peuple, a-t-il souligné, ajoutant qu’au bout du compte, le développement de la Guinée-Bissau doit en sortir gagnant. 

Il importe également de permettre à la Guinée-Bissau de trouver des solutions par elle-même, a poursuivi le délégué, avant d’appeler les organismes et l’équipe de pays des Nations Unies à intensifier leur coopération et à apporter une assistance ciblée « en respectant la souveraineté » du pays.  Affirmant en conclusion que « le développement est la clef de tous les problèmes », le représentant a assuré que la Chine, qui apporte déjà une contribution importante à la réduction de la pauvreté, au développement et à la sécurité alimentaire en Afrique, continuera à aider le peuple bissau-guinéen dans cette aspiration. 

M. DAVID CLAY (Royaume-Uni) a salué l’évolution récente de la situation politique en Guinée-Bissau.  Il a appelé le pays à « maintenir l’élan positif » des élections législatives de mars dernier pour le futur scrutin présidentiel.  Ce dernier doit se dérouler de manière « crédible, transparente et régulière », tout en garantissant un niveau suffisant de participation des femmes, a-t-il ajouté.  Depuis le coup d’État du 12 avril 2012, l’institution militaire a eu un « comportement exemplaire », s’est réjoui le représentant.  Si le scrutin présidentiel de novembre se déroule avec succès, le Royaume-Uni, a promis le représentant, sera prêt à réviser le régime de sanctions, dont l’interdiction de voyager imposée aux membres de l’armée.  Le représentant a par ailleurs jugé que la date de décembre 2020 reste un « délai réaliste » pour le retrait du BINUGBIS.  Il a toutefois souligné que son pays est prêt à revoir sa position s’il perçoit une menace grave pour la paix et la sécurité.  Pour éviter une telle situation, il a appelé les parties prenantes à continuer de mettre en œuvre les Accords de Conakry.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a souligné l’importance de l’élection présidentielle en novembre, tout en notant qu’elle ne constitue qu’une étape, la volonté politique devant être maintenue pour assurer la mise en œuvre de réformes clefs, dont la révision de la Constitution, de loi électorale et de celle sur les partis politiques.  Passant au développement socioéconomique, il a espéré que le plan Terra Ranka donnera à la population bissau-guinéenne la chance d’un nouveau départ.  Le représentant a salué le travail accompli par le BINUGBIS et a appelé à un transfert sans heurt des compétences à l’équipe de pays de l’ONU en 2020.  Il a insisté sur l’importance de l’appropriation nationale pendant le processus de transition.

M. BADER A. ALMUNAYEKH (Koweït) a observé que deux mois seulement nous séparent du scrutin présidentiel en Guinée-Bissau et que cette période sera importante pour assurer la stabilité du pays à long terme.  Espérant que ce scrutin se déroule d’une manière régulière, transparente et crédible, il a noté que le succès des législatives de mars a confirmé la capacité des autorités bissau-guinéennes à organiser des élections avec l’appui de la communauté internationale.  Pour le représentant, ce qui figure dans les Accords de Conakry, auxquels ont adhéré les parties bissau-guinéennes, est la meilleure façon d’assurer la stabilité du pays.  Outre l’élection présidentielle de novembre, a-t-il noté, le pays est à la veille d’une autre échéance importante, à savoir le retrait programmé du BINUGBIS.  Alors qu’une équipe de transition est mise en place, il convient d’appuyer la Guinée-Bissau pour qu’elle soit prête à ce départ, a-t-il insisté, appelant à ce qu’une aide lui soit apportée après 2020, notamment par la CEDEAO et, si possible, par le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix. 

Le délégué a par ailleurs évoqué les défis que représente pour ce pays la criminalité transfrontalière liée au trafic de drogue.  Rappelant que ce sujet a été débattu à plusieurs reprises par le Conseil, notamment en décembre dernier, il a salué l’action du Gouvernement bissau-guinéen, qui fait beaucoup pour lutter contre ce fléau avec l’appui du BINUGBIS.  Il a aussi souligné le rôle crucial joué par la CEDEAO dans les changements en cours en Guinée-Bissau, ainsi que les efforts consentis par l’Union africaine, l’Union européenne et la Communauté des pays de langue portugaise. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné les progrès réalisés en Guinée-Bissau, comme les élections législatives de mars dernier, saluant l’active participation des organisations de la société civile et de femmes dans le processus.  Il a noté la date du 24 novembre prochain fixée pour l’élection présidentielle et invité les autorités du pays à organiser celle-ci en se basant sur les leçons tirées par le passé, en vue de favoriser le dialogue et la réconciliation nationale.  Il a jugé important que le BINUGBIS continue à aider le pays à organiser ces élections et que la communauté internationale soit mobilisée dans son ensemble pour régler les problèmes techniques, logistiques et financiers, ainsi que pour garantir une participation citoyenne importante, notamment des femmes et des jeunes.  Il faut une volonté politique ferme du Gouvernement pour avancer vers la paix, la stabilité et le développement socioéconomique, a-t-il ajouté.

Le représentant a ensuite mentionné le travail à poursuivre pour renforcer l’état de droit, notamment en créant des institutions démocratiques inclusives et en réformant le secteur de la sécurité, ainsi que pour lutter contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et la corruption.  Il a prôné l’implication entière des autorités nationales et le renforcement de la coopération régionale, afin de garantir une cohérence au niveau des opérations.  Enfin, il a salué les projets lancés grâce au Fonds pour la consolidation de la paix, ainsi que le travail accompli par l’équipe de pays des Nations Unies. 

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a félicité le peuple de la Guinée-Bissau pour des élections justes, crédibles et inclusives auxquelles près de 84,7% des électeurs ont participé.  Toute en saluant la forte participation des femmes, il a déploré leur faible représentation au Parlement, encourageant dans la foulée une participation plus marquée à la gestion publique.  Le représentant a également rappelé aux parlementaires élus leurs obligations vis-à-vis de leur peuple.  Il leur a demandé de dépasser les intérêts personnels ou la ligne de leur parti pour l’intérêt collectif et la stabilité du pays. 

Il a engagé les autorités bissau-guinéennes à tenir une élection présidentielle « crédible » le 24 novembre prochain, avec le soutien du BINUGBIS.  Les autorités, a-t-il dit, doivent assumer le leadership du processus électoral, améliorer les préparatifs techniques et permettre aux organes chargés de la gestion électorale d’assurer un processus crédible et respectueux du calendrier.  Le représentant a exprimé sa préoccupation face à la faiblesse de la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité transnationale organisée, ce qui fait peser une véritable menace à la paix et la sécurité nationales.  Il s’est aussi inquiété de la situation socioéconomique et du climat macroéconomique affectés par l’instabilité politique.  Il a dès lors encouragé les autorités à réfléchir à un plan de développement national et à renforcer l’Unité d’enquête financière et le cadre institutionnel de la lutte contre la corruption.  Le représentant n’a pas manqué de saluer les progrès dans les poursuites judiciaires pour les cas de violence sexiste et dans la réponse apportée aux violences intercommunautaires liées à l’accès à la terre.

Dans une courte déclaration, Mme ELAINE MARIE FRENCH (États-Unis) a salué la tenue, le 10 mars dernier, des élections législatives et souligné que toute notre attention se porte désormais sur l’élection présidentielle du 24 novembre.  Elle a espéré qu’elle se déroulera de manière « juste et crédible », afin de préserver la stabilité « encore fragile » du pays.  Pour ce faire, les pays voisins et la communauté internationale se doivent d’appuyer financièrement l’organisation du scrutin, a-t-elle ajouté.  La représentante s’est en outre déclarée inquiète face à l’ampleur du trafic de drogue en Guinée-Bissau.  Elle a toutefois salué la saisie récente de 2 tonnes de cocaïne par la police du pays.

M. MATHIAS LICHARZ (Allemagne) a noté que la Guinée-Bissau figure aujourd’hui au nombre des pays en transition.  Alors que le BINUGBIS prépare son retrait du pays, il est important que le Conseil de sécurité suive attentivement l’évolution de la situation dans ce pays pour lui fournir un appui circonstancié.  À cet égard, a relevé le représentant, la Commission de consolidation de la paix (CCP) constitue un outil important et son lien avec le Conseil de sécurité n’est pas pleinement exploité.  Il a, par conséquent, appelé à un renforcement des échanges entre les deux instances. 

Se ralliant à l’avis des autres délégations, le représentant a invité le Gouvernement bissau-guinéen à garantir la tenue d’une élection présidentielle juste et crédible en novembre.  Il s’est félicité du soutien apporté au processus électoral par l’Union africaine et la CEDAO et, plus largement, par le groupe des cinq partenaires internationaux.  Il a également salué la prise en compte de la problématique hommes-femmes dans le processus électoral et le renforcement des institutions.  Selon lui, les principaux défis auxquels est confronté le pays sont le trafic de drogue et la criminalité transfrontalière, ce qui justifie l’appui de l’ONUDC aux autorités bissau-guinéennes.  Avant de clore son propos, le représentant a dit attendre avec impatience les détails du processus de transition.  Saluant la nomination de la nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général, il a exhorté tous les acteurs à veiller à ce qu’il n’y ait « pas de vide ni de rechute », conformément aux dispositions de la résolution 2458. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué l’organisation des élections législatives au mois de mars, signe que les parties ont été capables de surmonter leurs divergences.  Toutefois, a-t-il noté, la période postélectorale a été marquée par « des difficultés considérables », s’agissant notamment de la répartition des portefeuilles ministériels.  Le représentant a cependant estimé que ces difficultés étaient inhérentes au processus électoral et n’avaient rien d’inquiétant, surtout qu’elles ont été surmontées.  Le représentant a estimé que le pays est désormais prêt à tourner la page de 2012.  Il a salué la décision de l’armée de prendre ses distances vis-à-vis de la vie politique nationale et s’est dit convaincu de la nécessité d’aborder la question de la levée des sanctions au Conseil.  Le maintien des sanctions a déjà des effets négatifs, a-t-il estimé, jugeant en outre crédible le retrait du BINUGBIS en 2020, « mais pas avant ».

Assurant que son pays est « résolument engagé » dans la conclusion du cycle électoral avec la tenue de l’élection présidentielle le 24 novembre prochain, M. FERNANDO DELFIM DA SILVA (Guinée-Bissau) a affirmé que cette échéance électorale sera l’occasion pour le peuple bissau-guinéen de « renouveler la légitimité des institutions de la République, déjà entamée avec la réalisation des élections législatives du 10 mars ».  À la suite de ce scrutin, a rappelé le représentant, le Président José Mário Vaz a reconduit M. Aristide Gomes au poste de premier ministre, le 22 juin, et un gouvernement a été mis en place le 3 juillet, comprenant 11 femmes sur un total de 31 membres.

Pour le délégué, il convient de saluer l’importance des décisions prises lors du dernier sommet de la CEDEAO, à Abuja, pour désamorcer la crise qui persiste entre les acteurs politiques nationaux.  Dans quelques jours, a-t-il dit, le Gouvernement soumettra ses instruments de gouvernance, notamment son programme et son budget, à l’approbation de l’Assemblée nationale.  En vue de la présidentielle de novembre, il a également procédé, le 16 août, au lancement d’un processus de correction des listes électorales, a ajouté le représentant, sans cacher que ce processus « ne fait pas l’unanimité » entre les acteurs politiques et au sein de la société civile.  Toutefois, a-t-il dit, « nous espérons qu’avec le dialogue, les parties concernées se mettront d’accord ». 

Le représentant a noté que le contexte politique actuel est marqué par la saisie, le 2 septembre, par la police judiciaire de Guinée-Bissau d’une « quantité de stupéfiants sans précédent », à savoir 2 tonnes de cocaïne.  Ce fait, a-t-il dit, vient illustrer l’attractivité du pays pour les réseaux de la criminalité transnationale organisée, compte tenu de sa vulnérabilité mais aussi de la fragilité de ses institutions.  Il constitue aussi la preuve de la détermination des autorités nationales à combattre ce fléau qui vise à miner l’intégrité d’un État souverain, a-t-il martelé, précisant que l’opération « Navarra », menée avec l’aide de partenaires, a conduit à l’arrestation d’une dizaine de suspects et porté un « coup dur » à ce réseau criminel. 

Dans la foulée de cette opération, le représentant a souhaité attirer l’attention du Conseil sur la nécessité de renforcer la coopération dans le domaine de la lutte contre le trafic des stupéfiants entre le Gouvernement bissau-guinéen et l’ONUDC, et ce, sans préjudice de l’exécution du mandat du BINUGBIS, contenu dans la résolution 2458 (2019).  Cela permettra, entre autres, de renforcer les capacités des institutions nationales qui opèrent dans des conditions d’extrême précarité, a-t-il relevé.  En conclusion, il a réitéré la gratitude de son pays pour l’accompagnement du Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi des organisations régionales et sous-régionales, notamment l’Union africaine et la CEDEAO. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la demande des États-Unis, l’Assemblée générale adopte pour la première fois par vote les deux résolutions sur le NEPAD

Soixante-treizième session,
105e séance plénière – matin
AG/12173

À la demande des États-Unis, l’Assemblée générale adopte pour la première fois par vote les deux résolutions sur le NEPAD

Avant d’entamer l’examen du Rapport annuel du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui deux résolutions sur le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), à l’issue d’un vote demandé par les États-Unis, les seuls à s’être opposés aux textes.  Les amendements de l’Union européenne pour supprimer la référence à la coopération « gagnant-gagnant » ont été rejetés par vote.

La résolution sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du NEPAD* a été adoptée par 110 voix pour, l’opposition des États-Unis et 38 abstentions.  L’amendement** de l’Union européenne a été rejeté par 96 voix contre, 45 voix pour et les abstentions du Brésil et de la Norvège.  À cette résolution de 55 paragraphes de fond, l’Union européenne voulait apporter des changements au paragraphe 42 qui se lit: « l’Assemblée générale réaffirme également que nous avons décidé d’avancer ensemble sur la voie du développement durable et de nous consacrer collectivement à la recherche d’un développement véritablement mondial et d’une coopération ‘gagnant-gagnant’ dont tous les pays et toutes les régions du monde pourront retirer des avantages considérables ». 

Pour l’Union européenne, le paragraphe aurait dû se lire plus simplement: « l’Assemblée générale réaffirme que nous avons décidé d’avancer ensemble sur la voie du développement durable en nous consacrant collectivement à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba et en collaborant avec tous les acteurs à la mise en œuvre de la transformation socioéconomique envisagée dans le Programme 2030 ».

Après avoir énuméré les exemples de sa coopération « étroite » avec l’Afrique, dont l’investissement de plus de 85 milliards d’euros dans la coopération au développement, l’Union européenne s’est dite profondément déçue que le Groupe des 77 et la Chine, auteurs de la résolution, n’aient pas tenu compte de ses préoccupations face à la notion de « coopération gagnant-gagnant ».  Nous ne pouvons accepter la référence à un concept, s’est expliquée l’Union européenne, qui ignore les principes internationalement acceptés de la coopération au développement et qui sape l’approche centrée sur la personne du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. 

L’Union européenne a rappelé que l’année dernière, elle avait exprimé clairement son désaccord, sans pour autant se dissocier du consensus.  Mais comme ses préoccupations continuent d’être ignorées cette année, elle n’a pas d’autres choix: pour la première fois dans l’histoire de cette résolution, nous ne nous rallions pas au consensus. 

L’Union européenne a avancé les mêmes arguments*** s’agissant de la résolution sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique**** dont les 56 paragraphes de fond ont été adoptés par 115 voix pour, l’opposition des États-Unis et 40 abstentions.  Les États-Unis ont également rejeté le concept de « gagnant-gagnant ».  L’ONU, ont-ils argué, doit soutenir le développement « dans la neutralité ».  Une formulation qui n’encourage pas le développement durable pour tous n’a pas sa place dans une résolution des Nations Unies.  Facilitatrice des négociations sur la première résolution, l’Algérie a dit comprendre ces préoccupations face à « une seule phrase » mais a estimé qu’il aurait suffi que les délégations s’en dissocient ou expliquent leur vote plutôt que de réclamer un vote. 

La Chine a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté en 2015, stipule que toutes les parties doivent travailler dans une coopération « profitant à tous ».  La Chine, qui a jugé inacceptable qu’une minorité d’États cherche à édulcorer ce principe, a regretté que l’unilatéralisme ait désormais le vent en poupe.  Lors du Sommet de Beijing pour le développement de l’Afrique, a-t-elle rappelé, le Président Xi Jinping a expliqué que son action se base sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays africains.  Nous invitons les autres États à faire de même, a déclaré la Chine.

Les États-Unis ont profité de l’occasion pour appeler au respect des différents mandats des processus indépendants, y compris les négociations commerciales.  Qu’entend-on par « flux financiers », se sont-ils demandés, avant de rejeter, une nouvelle fois, toute référence à la « santé sexuelle et reproductive » qui pourrait être interprétée comme une promotion de l’avortement.  La Hongrie, le Chili et le Brésil ont rejeté la mention du Pacte mondial sur les migrations sûres, régulières et ordonnées auquel ils ne sont pas parties.  La Libye a dénoncé le fait que les textes ignorent « les responsabilités » des États.

L’Assemblée générale a également entamé ce matin l’examen du Rapport annuel 2018 du Conseil de sécurité.  Plusieurs délégations ont dénoncé la parution tardive du document qui empêche des discussions de fond.  « Pourquoi faut-il désormais huit mois pour pondre ce rapport, alors qu’auparavant il n’en fallait que quatre? » s’est énervé Singapour qui, comme les autres délégations, a attiré l’attention du Conseil sur sa propre Note présidentielle S/2017/507, laquelle indique que le Secrétariat devrait soumettre le rapport annuel à l’Assemblée au plus tard le 15 mars. 

L’Assemblée poursuivra ce débat jeudi 12 septembre, à partir de 10 heures.

*-A/73/L.96/Rev.1

**-A/73/L.112

***-A/73/L.113

****-A/73/L.97/Rev.1

RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ - A/73/2

Au nom du Groupe Responsabilité, Cohérence, Transparence (ACT), M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a rappelé l’engagement de son Groupe en faveur d’une « plus grande transparence » dans le travail du Conseil de sécurité, qui est tenu de rendre des comptes à l’Assemblée générale, conformément au paragraphe 3 de l’Article 24 de la Charte des Nations Unies.  Le représentant s’est donc dit déçu que le rapport annuel du Conseil ait été adopté le 20 août et soumis tardivement à l’Assemblée, au moment même où cette dernière est sur le point de clôturer sa session.  « C’est la troisième année consécutive que cela se produit », a déploré le représentant, jugeant que le Conseil ne s’acquitte pas de façon satisfaisante de son obligation de rendre des comptes à l’Assemblée.  Il a, par conséquent, appelé le Conseil à soumettre son rapport à l’Assemblée dès le printemps, comme le préconise dans sa Note présidentielle S/2017/507

À titre national, le représentant a salué le fait que le Conseil ait inscrit à son ordre du jour la pérennisation de la paix, notamment la réaffirmation du lien étroit entre développement, paix et droits de l’homme.  Il s’est ainsi félicité des indicateurs de droits l’homme dans les rapports sur chaque situation, comme au Soudan du Sud.  Le représentant a toutefois regretté que dans d’autres situations, dont la Syrie, le Conseil n’ait pas adopté de résolution pour établir des mécanismes d’enquête sur l’utilisation des armes chimiques.  Mais il a salué l’activité croissante du Conseil en matière de protection des civils.  La sécurité alimentaire et le respect du droit international humanitaire doivent faire l’objet de nouvelles mesures prioritaires, a-t-il estimé, appelant à ajouter, dans le Statut de Rome, comme élément constitutif du crime de guerre le fait d’affamer les civils dans les conflits armés.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a noté, à son tour, que pour la troisième année consécutive, la préparation du rapport annuel du Conseil a pris bien plus de temps que nécessaire.  Selon la Note présidentielle 507, ce rapport devrait paraître au printemps, s’est impatienté le représentant.  Il a donc demandé au Conseil de respecter le calendrier fixé car les États doivent avoir suffisamment de temps pour examiner et discuter du rapport.  Il a proposé une période d’au moins trois semaines entre la date de sortie du rapport et son adoption par l’Assemblée générale. 

Le rapport du Conseil offre une vision « très limitée » du travail de fond, a commenté M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) qui a relevé le manque d’explications sur les raisons qui sous-tendent les décisions des États membres.  Il faut, a-t-il dit, améliorer la dimension analytique du rapport, surtout lorsque le droit de veto est exercé.  Le rapport doit également fournir davantage de détails sur les votes de procédure.  Concernant « le conflit entre l’Ukraine et la Fédération de Russie », le représentant a noté que les réunions sont toujours convoquées sur la base des lettres qu’ont adressés les deux pays au Président du Conseil, en 2014.  « Nous pensons que ceci n’est plus adapté », a-t-il déclaré, déplorant le manque d’informations dans le rapport dû, a-t-il dit, à « l’objectif politique » que s’est fixé depuis longtemps l’un des membres permanent du Conseil.  Il s’agit pour lui, a-t-il accusé, de « dénaturer » la réalité. 

Pour M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein), l’examen par l’Assemblée générale du rapport annuel du Conseil de sécurité est un mécanisme important par lequel le second est comptable de ses actes devant la première.  À son tour, il a dénoncé la publication tardive du rapport qui prive les États Membres du temps nécessaire pour l’examiner.  Le rapport, a martelé le représentant, doit être soumis au plus tard en avril.  Il a remarqué, dans ce contexte, que les membres permanents du Conseil de sécurité « se froissent » lorsque les autres États leur font des propositions pour changer leurs méthodes de travail. 

Venant au fond, le représentant a dénoncé l’absence d’action du Conseil sur le dossier syrien face à la situation au Myanmar et son incapacité de mettre un terme à la violence en Libye.  Lorsque le Conseil, a-t-il poursuivi, ignore les violations de ses propres résolutions sur l’Iran, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et ailleurs, il suscite des doutes sur sa crédibilité.  Le représentant a fustigé le recours au droit de veto, à l’origine de la paralysie du Conseil voire de la violation de la Charte.  Le représentant a estimé que l’Assemblée générale débatte « officiellement » de l’exercice de ce droit.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a souligné que la publication par le Conseil d’un rapport d’activités annuel est une obligation découlant des Articles 15 et 24 de la Charte des Nations Unies.  En vertu du premier paragraphe de l’Article 24, a rappelé le représentant, la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales est conférée au Conseil de sécurité « au nom de tous les États Membres ».  Le Conseil a, par conséquent, « la responsabilité et le devoir » de soumettre un rapport à l’Assemblée, a-t-il insisté, estimant que le rapport annuel est un moyen « d’améliorer la transparence » dans le travail du Conseil.  C’est également l’occasion pour les États Membres de « demander des comptes » aux membres du Conseil « pour leur action ou leur inaction ».

Le représentant a par ailleurs jugé important de veiller à la bonne mise e œuvre de la Note présidentielle S/2017/507, laquelle indique que le Secrétariat devrait soumettre le rapport annuel du Conseil à l’Assemblée au plus tard le 15 mars.  Il a regretté, une nouvelle fois, la publication tardive du rapport 2018.  « Pourquoi faut-il désormais huit mois pour pondre ce rapport, alors qu’auparavant il n’en fallait que quatre? », s’est énervé le représentant, jugeant que le Conseil n’a « pas fait l’effort » de respecter le calendrier établi par la Note S/2017/507.  La tendance à soumettre ce rapport à la fin de l’été, empêche toute analyse approfondie, s’est impatienté le représentant, en voulant que l’on redresse la barre l’année prochaine.

Ces dernières années, a-t-il par ailleurs noté, de plus en plus de membres du Conseil oublient de présenter leur rapport d’évaluation mensuel.  Peut-on en connaître les raisons?  Le représentant a aussi noté que la préparation du rapport s’effectue avec « très peu » de consultations et d’échanges avec les États Membres.  « Même entre les membres du Conseil de sécurité, il semble qu’il y ait peu de consultations. »

S’agissant du contenu du rapport, le représentant a jugé que le niveau d’analyse n’est toujours pas à la hauteur, bien qu’il se soit amélioré par rapport à l’année précédente.  Le rapport, a-t-il suggéré, devrait donner le nombre de fois où le droit de veto a été exercé et sur quelle situation.  Il devrait aussi dire comment les membres du Conseil ont voté sur telle ou telle question.  Le représentant a enfin voulu que l’on modifie la Note S/2017/507 pour y préciser que le rapport annuel du Conseil doit être soumis à l’Assemblée au plus tard au mois d’avril, afin que l’Assemblée puisse en débattre au plus tard au mois de juin.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN ( Argentine) a d’emblée appelé à la transparence et à la démocratisation du travail du Conseil et de sa relation avec les autres États Membres de l’ONU.  À son tour, il a rappelé le Conseil à sa Note présidentielle 507 et aux délais qui y sont fixés.  L’Assemblée, s’est-il expliqué, doit pouvoir faire des recommandations après l’examen du rapport, conformément au pouvoir que lui confère la Charte sur les questions liées à la paix et la sécurité internationales.  De toutes façons, en l’état actuel, le rapport n’est pas assez analytique.  Quant aux propos selon lesquels les divisions ont empêché le Conseil de prendre des mesures sur certains conflits importants, le représentant a estimé que même s’il s’agit d’un constat honnête, les blocages successifs sur certains dossiers, comme le Moyen-Orient, sont tout simplement inacceptables.  Il n’a pas manqué de dénoncer la tendance de deux membres permanents du Conseil à recourir au droit de veto. 

Compte tenu du contexte international, a poursuivi le représentant, l’Assemblée générale ne saurait restée les bras croisés.  Il faut, a-t-il tranché, abolir purement et simplement le droit de veto ou au moins instaurer un code de conduite sur son exercice.  En attendant, l’Assemblée devrait retenir la proposition du Liechtenstein d’organiser une réunion chaque fois que le droit de veto aura été utilisé au Conseil de sécurité. 

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a déploré, à son tour, la publication tardive du rapport annuel du Conseil, en violation de la Note présidentielle S/2017/507.  Il a également déploré que le débat de l’Assemblée générale ait lieu cette année à quelques jours à peine de l’ouverture de la prochaine session.  Abordant ensuite les situations à l’ordre du jour du Conseil, le représentant a jugé fondamental que le Conseil fasse respecter les canaux de communication dans la crise yéménite et qu’il limite l’implication des pays voisins.  En tant que représentant d’un État d’Amérique latine, il a salué les mesures prises par le Conseil sur Haïti.  Il s’est également félicité, à titre national, des efforts du Conseil dans les trois domaines thématiques que sont les enfants dans les conflits armés, la protection des civils dans les conflits armés et l’agenda femmes, paix et sécurité. 

S’agissant du Myanmar, le représentant appelé à trouver une solution pour améliorer le sort des Rohingya.  Il s’est en outre dit préoccupé par le manque d’unité concernant la situation en Libye.  Il a dénoncé la « politique des deux poids, deux mesures », en vertu de laquelle le Conseil s’est montré incapable de condamner les troubles causés par un militaire de haut rang.  « Le Conseil devrait appuyer sans faille le Gouvernement de Tripoli », a-t-il martelé.  S’agissant du conflit israélo-palestinien, le représentant a jugé que le Conseil doit tout faire pour raviver la solution des deux États.

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a souligné que l’examen par l’Assemblée générale du rapport annuel est un exercice de transparence et de responsabilisation qui va dans le sens de la légitimité du Conseil de sécurité.  Mais pour que cela soit vraiment possible, le rapport doit paraître à temps.  Les États Membres doivent en effet disposer d’assez de temps pour l’étudier et en commenter le fond.  Or cette année, a relevé à son tour la représentante, le rapport n’a été soumis que le 22 août.  Nous demandons donc au Conseil de sécurité de le publier au printemps et à l’Assemblée une meilleure date pour les discussions.  Le Conseil, a poursuivi la représentante, doit aussi améliorer le contenu de son rapport et le rendre plus analytique. 

M. JAN KICKERT (Autriche) a conseillé aux membres du Conseil de faire des efforts sur l’introduction de leur rapport et d’améliorer son caractère analytique.  Il s’est ensuite dit surpris que seulement six des 12 rapports mensuels d’évaluation aient été présentés en 2018.  Il a tenu à souligner par ailleurs que la présentation à l’Assemblée générale du rapport annuel est une « obligation » que le Conseil de sécurité est tenu d’honorer.  C’est un « instrument de responsabilité » qui mérite un débat de fond.  Or, année après année, l’Assemblée générale ne reçoit le rapport qu’à la fin de l’été, privée ainsi de l’occasion de tenir un vrai débat constructif.  Cette situation, s’est emporté le représentant, équivaut à ignorer les appels du Groupe responsabilité, cohérence et transparence mais aussi à contredire l’engagement pris par le Conseil lui-même dans sa Note présidentielle 507.  Le représentant s’est inquiété de l’impact de cette situation sur les relations entre les membres du Conseil et les autres membres des Nations Unies et du signal que cela envoie quant à l’engagement du Conseil à améliorer ses méthodes de travail. 

Droit de réponse

Le débat d’aujourd’hui laisse une impression bizarre, a commenté le représentant de la Fédération de Russie.  Au lieu de parler du fond du Rapport, plusieurs collègues, ceux du Groupe ACT, se sont concentrés sur le calendrier de préparation du document, a noté le représentant qui a jugé cela d’autant plus surprenante que c’est eux qui ont demandé le report.  Nous ne comprenons vraiment pas ce que vous voulez.  Ce genre de séances ne sert-il uniquement qu’à critiquer le Conseil? s’est-il inquiété.  Le représentant a toutefois reconnu que le Conseil pourrait, à l’avenir, faire davantage d’efforts pour soumettre le rapport plus tôt.  Mais en vérité, étudier un document de 12 pages en trois semaines est tout à fait possible, a-t-il estimé, avant d’encourager les États Membres à intervenir de manière constructive sur le sujet important des relations entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour l’Afghanistan souligne l’importance de l’élection présidentielle du 28 septembre pour le processus de paix

8613e séance – matin 
CS/13945

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour l’Afghanistan souligne l’importance de l’élection présidentielle du 28 septembre pour le processus de paix

Quelques jours après « l’interruption » des pourparlers entre les États-Unis et les Taliban, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan a prévenu, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les étapes ultimes menant au démarrage des discussions intra-afghanes seront de plus en plus difficiles et nécessiteront un maniement « très délicat ».  Il a également insisté sur l’importance que revêt, pour les perspectives de paix, le bon déroulement du scrutin présidentiel prévu le 28 septembre.

« Les évènements des derniers jours et dernières semaines viennent démontrer la nécessité urgente de trouver une résolution politique au long conflit afghan », a déclaré M. Tadamichi Yamamoto qui, tout en indiquant que le conflit ne pourra être résolu que par des pourparlers directs et inclusifs entre les Afghans, a souligné que la période précédant un accord est souvent l’étape la plus difficile à franchir.

Le Représentant spécial a également estimé que la tenue prochaine d’une élection présidentielle crédible permettrait d’établir un socle politique important pour l’avenir du pays ainsi que pour la légitimé et l’autorité du président élu, « ce qui est particulièrement important dans la perspective du processus de paix qu’on attend ».

M. Yamamoto s’est toutefois préoccupé de voir que l’intérêt de la population pour ces élections n’est pas aussi élevé qu’il pourrait l’être, attribuant cela à l’intérêt plus important pour le processus de paix et à la campagne électorale qui ne bat pas encore son plein.  S’il a exhorté les 9,6 millions d’électeurs à se présenter aux urnes, il a reconnu leur « anxiété » suite aux menaces de troubler le processus électoral proférées par les Taliban.

De son côté, la représentante de l’Afghanistan a fait le point sur l’avancée des préparatifs du scrutin, précisant que pour la première fois, le Gouvernement s’était engagé à assumer la totalité des coûts de cette élection qui se montent à 90 millions d’euros.

La déléguée a aussi fait état des progrès accomplis dans un processus de paix « responsable », tout en soulignant que tout accord devra être entériné et garantir un cessez-le-feu ainsi que la consolidation des acquis des 18 dernières années, dont les droits de femmes.  « Nos femmes sont de véritables agents du changement et agents de résilience qui jouent un rôle crucial dans le développement économique et social de notre pays », a-t-elle souligné, un appel partagé par de nombreuses délégations, dont l’Union européenne. 

M. Yamamoto a jugé impératif que les pourparlers directs entre l’Afghanistan et les Taliban démarrent dès que possible.  Il a également espéré que les pourparlers informels qui se sont déroulés à Moscou et à Doha entre des représentants de la société afghane et des Taliban puissent être renforcés, insistant sur l’importance de l’appui des pays voisins.

Si les membres du Conseil ont dans l’ensemble apprécié les efforts menés sur plusieurs fronts pour arriver à des discussions fructueuses, la « suspension » des pourparlers entre les États-Unis et les Taliban a été regrettée par plusieurs qui ont réclamé leur reprise.  Le Pakistan, qui a rappelé son rôle de facilitateur, a notamment déploré qu’« avant ce week-end », un cadre pour l’établissement d’un éventuel accord de paix semblait à portée de main. 

« Neuf cycles de pourparlers directs entre les États-Unis et les Taliban avaient amélioré les perspectives d’établir le premier socle significatif pour un règlement permettant de déboucher sur la tenue de négociations intra-afghanes et la fin négociée d’un long conflit », a rappelé la délégation pakistanaise en disant espérer que les pourparlers de paix reprennent au plus vite, faute de quoi elle a prédit une recrudescence de violence qui poussera l’Afghanistan dans une étape encore plus turbulente et incertaine.

Appelant elle aussi, à l’instar de la Chine, à renouer les « fils du dialogue politique », l’Allemagne a toutefois jugé nécessaire de comparer la situation actuelle à celle d’il y a un an, lorsqu’il n’y avait aucune perspective de processus de paix authentique.  Pour sa part, le représentant des États-Unis s’est contenté de dire que « les propos tenus par le Président Trump et le Secrétaire d’État Pompeo ce week-end et hier parlent d’eux-mêmes », et qu’il n’avait rien à y ajouter pour le moment.

Les membres du Conseil ont par ailleurs été nombreux à décrier la recrudescence de la violence et des attentats terroristes dans le pays.  Ils ont également abordé la question humanitaire et le problème du trafic de drogues, après avoir entendu des exposés du Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et du Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011).

Certains ont indiqué leur position sur le renouvellement du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), qui arrive à échéance le 17 septembre, le Royaume-Uni se prononçant en faveur d’« un mandat robuste ».  Pour les États-Unis, « ce mandat est trop important pour le moment pour qu’un membre du Conseil de sécurité refuse le consensus pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la MANUA ».  La délégation américaine a donc appelé ses collègues à faire preuve de discipline et de volonté politique pour axer le nouveau mandat de la MANUA sur les principaux problèmes de l’Afghanistan.  La résolution devant être adoptée devra être formulée de manière claire et précise, a-t-elle ajouté.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2019/703)

Déclarations

M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a estimé que les évènements des derniers jours et dernières semaines venaient démontrer l’urgence de trouver une résolution politique du long conflit afghan.  Les efforts déployés pendant l’année écoulée ont créé des perspectives de paix et donné de l’espoir, a-t-il dit, mais aussi de la crainte pour nombre de personnes.  Mais un point demeure clair selon lui: le conflit ne pourra être résolu que par des pourparlers directs entre les Afghans.  Ces pourparlers, a-t-il insisté, doivent être inclusifs et représenter tout l’éventail de la société afghane.

M. Yamamoto a jugé impératif que les pourparlers directs entre l’Afghanistan et les Taliban démarrent dès que possible, notant que les efforts déployés à cette fin avaient créé une opportunité où les pourparlers semblaient être à portée de main.  Cependant, la période précédant un accord est souvent l’étape la plus difficile, a-t-il fait observer, pour ensuite exhorter tous ceux qui se préoccupent des pourparlers de paix, et avant tout les parties au conflit, à continuer d’œuvrer pour la tenue de ce dialogue direct.

M. Yamamoto a ensuite indiqué que de nombreux jeunes, principalement des jeunes femmes, s’inquiètent de restrictions à venir sur leur participation à la vie socioéconomique et politique de leur pays.  Il a aussi souligné que tout accord politique devra inclure la promesse de continuer à protéger et promouvoir les droits de l’homme et les libertés fondamentales, notamment ceux des femmes, des jeunes et des minorités, de même que la liberté d’expression et de la presse.  Les capacités institutionnelles de l’État devront également être maintenues, notamment dans les domaines de la sécurité et des services.  Il a ensuite espéré que les pourparlers informels qui se sont déroulé à Moscou et Doha entre des représentants de la société afghane et des Taliban pourront être renforcés, insistant sur l’importance de l’appui des pays de la région, notamment des États voisins.

Tournant ensuite son attention sur l’élection présidentielle qui doit se dérouler le 28 septembre, le Représentant spécial a souligné que la tenue d’une élection crédible permettrait d’établir un socle politique important pour l’avenir du pays ainsi que pour la légitimé et l’autorité du président élu, « ce qui est particulièrement important dans la perspective du processus de paix qu’on attend ».  Il a indiqué que les préparatifs techniques et opérationnels, qui sont dirigés par les institutions afghanes, suivent leur cours: les bulletins de vote ont été distribués aux provinces et districts, le recrutement et la formation du personnel se poursuit et la liste des électeurs a été mise à jour, plus de neuf millions de fiches ayant été affichées et soumises au processus de correction.

M. Yamamoto a toutefois indiqué que des préoccupations persistent, notamment sur le plan de la sécurité, de la participation et de la possibilité de fraude et d’irrégularités.  Il a fait part de l’« anxiété » exprimée par les citoyens suite à la menace de troubles dans le processus électoral proférée par des Taliban, qui pourraient notamment cibler les civils participant aux élections.  Il a exhorté les Taliban à retirer cette menace, demandant aussi au Gouvernement de fournir des dispositifs sécuritaires adéquats pour assurer la protection du processus.  C’est la sécurité de 9,6 millions d’électeurs qui est en jeu, a-t-il prévenu.  Le Représentant spécial s’est aussi préoccupé du fait que l’intérêt pour ces élections n’est pas aussi élevé qu’il pourrait l’être.  Cela peut être expliqué par l’intérêt plus important porté au processus de paix, mais aussi par le fait que la campagne, qui a commencé le 28 juillet, ne bat pas encore son plein, a-t-il indiqué, avant d’appeler les Afghans à se présenter aux urnes.

Pour ce qui est du problème de fraude et d’irrégularités, M. Yamamoto a souligné que même les meilleurs préparatifs techniques ne peuvent se substituer à la volonté politique d’honorer les règles et d’accepter le résultat des élections.  Il a notamment exhorté les acteurs à s’abstenir de toute action susceptible d’accorder à un candidat un avantage indu et de remettre en cause la légitimé et la crédibilité du processus.  Après une élection, le choix le plus difficile qui se présente aux candidats est d’accepter la défaite, mais c’est là l’acte suprême de l’art de gouverner dans un processus démocratique, a-t-il remarqué.

Poursuivant, le Représentant spécial s’est inquiété de l’intensification de la violence ces derniers jours, citant les attaques commises par des insurgés à Kondoz, Baghlan, Farah et « avant tout, à Kaboul ».  Chercher à maintenir une position de force dans les négociations ne peut servir d’excuse pour une escalade, a-t-il dénoncé, pour ensuite appeler les parties à réduire la violence et le nombre de victimes parmi les civils.  M. Yamamoto s’est notamment dit troublé par le nombre élevé de victimes civiles que ces attaques provoquent, et du fait que les civils soient délibérément pris pour cible, de même que par l’augmentation du nombre de civils tués lors de perquisitions et de bombardements aériens.  Aussi a-t-il appelé les parties à réviser la manière dont elles mènent leurs opérations.  Il a de plus exprimé ses vives préoccupations au sujet des agissements de l’État islamique d’Iraq et du Levant-province du Khorassan.

M. Yamamoto a ensuite estimé qu’il n’est jamais trop tôt pour réfléchir à la manière d’aider la population dans la période qui s’instaure après la paix, ainsi que pendant son processus de négociation.  Il a souligné que les engagements pris par la communauté internationale, notamment lors des réunions ministérielles qui se sont tenues à Tokyo en 2012 puis à Londres, Bruxelles et Genève, devront être revus afin de répondre aux nouvelles exigences.

Revenant aux négociations intra-afghanes, le représentant spécial a de nouveau souligné qu’alors que les perspectives de pourparlers substantiels se concrétisent, les défis augmentent.  Les étapes finales menant au démarrage des discussions intra-afghanes seront de plus en plus difficiles et nécessiteront un maniement très délicat, ainsi que la coopération entre nous tous, a-t-il mis en garde.

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a constaté que la situation de l’Afghanistan, liée à la production et au trafic de stupéfiants mais aussi au crime organisé transnational, demeure complexe.  En effet, a-t-il dit, des insurgés et d’autres acteurs non étatiques contrôlent des zones de culture du pavot à opium, ce qui leur rapporte plusieurs centaines de millions de dollars.  De fait, les fléaux que représentent les drogues illicites, le crime économique et financier, la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme continuent de saper la stabilité du pays.  Ces crimes, a-t-il souligné, ont notamment un impact « profondément négatif » sur les objectifs macroéconomiques du Gouvernement en matière d’inclusion financière, de création d’emplois, de croissance et de recettes intérieures. 

Le haut fonctionnaire a toutefois fait état de « bonnes nouvelles », indiquant ainsi que l’ONUDC travaille actuellement avec le Gouvernement afghan à la finalisation de l’enquête 2019 sur la production d’opium en Afghanistan, qui sera rendue publique en octobre.  Sans disposer encore des résultats, il a dit s’attendre à une réduction du territoire sous culture de pavot par rapport à ses niveaux record de 2017 et 2018.  Cela pourrait être dû à une combinaison de facteurs, notamment la saturation du marché, les conditions climatiques et les nouvelles tendances de consommation.  Il a également souligné les efforts déployés par les gouvernements de l’Afghanistan et des pays voisins, avec le soutien de la communauté internationale. 

L’ONUDC, a poursuivi M. Fedotov, fournit une assistance technique et un renforcement des capacités afin de permettre à l’Afghanistan de proposer une riposte équilibrée, centrée sur les droits et la santé, à l’offre et à la demande de drogues, conformément à la Déclaration ministérielle adoptée en mars dernier par les États Membres à la Commission sur les drogues narcotiques.  Les équipes mobiles de détection et les unités de contrôle des précurseurs, établies avec le soutien de l’ONUDC, ont saisi l’an dernier 800 kilogrammes d’héroïne, plus de 1,2 tonne d’opium et près de 9 tonnes de haschisch, a-t-il précisé, faisant également état de la saisie de plus de 7 500 litres d’anhydride acétique, un précurseur chimique, ce qui aurait permis de produire 3 tonnes d’héroïne. 

L’ONUDC s’emploie aussi à renforcer la coopération régionale, notamment en établissant des liens entre des initiatives et des plateformes traitant du trafic des stupéfiants et des précurseurs chimiques, a expliqué M. Fedotov.  Parmi les mécanismes opérationnels figurent l’Initiative triangulaire et sa cellule conjointe de planification, l’Initiative Afghanistan-Kirghizistan-Tadjikistan ainsi que le Centre de coordination et d’information régional d’Asie centrale, a-t-il précisé, ajoutant que son Office se coordonne également avec des mécanismes comme le processus « Au cœur de l’Asie », l’Initiative du Pacte de Paris et la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan.  De plus, le développement alternatif visant à permettre aux cultivateurs de s’affranchir de la culture du pavot ainsi que les actions de prévention et de traitement de l’usage des drogues restent des éléments cruciaux de l’assistance apportée par l’ONUDC, a souligné son Directeur exécutif. 

En plus de ces efforts, l’ONUDC renforce le soutien qu’il fournit au Gouvernement pour riposter à la traite des êtres humains et aux vulnérabilités résultant des conflits, conformément aux résolutions 2331 et 2388 du Conseil.  M. Fedotov a rappelé que son Office avait lancé la semaine dernière en Afghanistan l’initiative Action globale contre la traite des êtres humains et le trafic de migrants, financée par l’Union européenne et mise en œuvre en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Il a conclu son exposé en assurant que la lutte contre le financement du terrorisme et ses liens avec le trafic de stupéfiants et le crime organisé demeure un élément prioritaire de l’action de l’ONUDC en Afghanistan.  Il a salué à cet égard l’engagement constant du Gouvernement dans cette lutte, au travers de réformes et d’efforts de mise en œuvre. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI, représentant de l’Indonésie, intervenant en sa qualité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011), a rappelé que le principal objectif de son Comité était de dissuader les Taliban de continuer à soutenir Al-Qaida et d’attaquer le Gouvernement afghan, au moyen d’un certain nombre de mesures, telles que le gel des avoirs, l’interdiction de voyager et l’embargo sur les armes.  À travers ce régime de sanctions, a-t-il poursuivi, le Comité 1988 aide à instaurer les conditions d’une reprise du dialogue entre le Gouvernement afghan et les Taliban. 

De ce point de vue, le Président a estimé que les parties avaient réalisé des progrès, à l’image du dialogue intra-afghan lancé à Moscou en février 2019.  Afin de soutenir cette évolution, il a indiqué que le Comité 1988 avait décidé, le 6 avril dernier, de lever les interdictions de voyager concernant 11 Taliban censés prendre part au dialogue, pour une durée de neuf mois, soit jusqu’au 31 décembre 2019.  Cette décision s’est accompagnée d’une levée partielle du gel des avoirs des personnes concernées, afin de leur permettre de financer leur voyage, a-t-il précisé.  Dans ce cadre, le Président du Comité 1988 a rappelé aux États Membres susceptibles d’accueillir le processus de paix leur obligation, en vertu de la résolution 2255 (2015), d’informer le Comité 1988 des voyages effectués par les 11 Taliban, ainsi que du coût de leurs déplacements.

Par ailleurs, le Président du Comité 1988 s’est dit préoccupé par la persistance de l’alliance des Taliban avec le Réseau Haqqani et Al-Qaida.  Il a également déploré la participation continue des Taliban à des attaques terroristes, ainsi qu’à la production et au trafic de drogues en Afghanistan.  Dans ce contexte, le Président du Comité 1988 a encouragé les États Membres à échanger davantage d’informations avec le Comité 1988, pour lui permettre de mettre à jour la liste des sanctions et l’aider à améliorer l’efficacité du régime de sanctions. 

Le Président du Comité 1988 a enfin rappelé que le mandat de son Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions arrivait à expiration en décembre de cette année.  Il a jugé impératif que le Conseil envisage de proroger le mandat de l’Équipe jusqu’en 2021, afin de l’aligner avec le mandat de l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions du Comité 1267 (1999).

Mme ADELA RAZ (Afghanistan) a dit que le peuple afghan attendait avec impatience l’élection présidentielle prévue le 28 septembre pour avancer sur la voie de la stabilité et de la prospérité.  « Les préparatifs du scrutin avancent en suivant le calendrier imposé par la Commission électorale indépendante », s’est-elle félicitée en ajoutant que, pour la première fois, les listes électorales sont disponibles de manière électronique avec la mise en place d’une vérification biométrique des électeurs et électrices.  Elle a aussi précisé que 72 000 agents, dont 9 900 femmes, assureront la sécurité des élections.  « Pour la première fois, le Gouvernement s’est engagé à assumer la totalité des coûts de cette élection qui se montent à 90 millions d’euros », a-t-elle précisé, avant d’exhorter le Conseil de sécurité et ses partenaires internationaux à soutenir les aspirations du peuple afghan à la démocratie. 

Mme Raz a fait état d’avancées dans un processus de paix « responsable », avec des pourparlers de paix sans condition avec les Taliban, ainsi que la libération de prisonniers.  Elle s’est aussi félicitée de la tenue en avril d’une grande loya jirga pour la paix avec la participation de 3 000 représentants, qui ont adopté une déclaration établissant une feuille de route pour la paix.  « Tout accord potentiel doit être entériné et garantir un cessez-le-feu et la consolidation des acquis des 18 dernières années, dont les droits de femmes », a-t-elle insisté.  « Nos femmes sont de véritables agents du changement et agents de résilience qui jouent un rôle crucial dans le développement économique et social de notre pays », a encore souligné Mme Raz.  Elle s’est particulièrement inquiétée de la persistance d’attaques terroristes avant d’appeler les Taliban à « mettre fin à cette violence insensée » et à « cesser de s’attaquer à des civils ». 

« Nous travaillons aussi à limiter les capacités financières des groupes armés terroristes », a-t-elle dit avant de citer la lutte contre le trafic de stupéfiants qui est une source de financement du terrorisme.  Elle a souligné la nécessité d’examiner la question de la lutte contre les stupéfiants de manière générale, en abordant des questions allant de la chaîne d’approvisionnement à la spécificité de la demande.  Elle a par ailleurs appelé à l’avènement d’un Afghanistan autonome qui devienne un véritable centre régional et international de coopération économique, avant de mentionner la participation de son pays au Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie ». 

Enfin, Mme Raz a souligné l’importance du développement du secteur privé et du secteur public, avant de saluer la valeur ajoutée des femmes dans la vie du pays.  Elle a appelé au renouvellement du mandat de la MANUA pour au moins un an, en espérant voir la Mission mettre l’accent sur les questions prioritaires de l’Afghanistan pour parvenir à une paix durable.  Elle a conclu en assurant que son pays a la volonté d’être un partenaire de la bonne gouvernance.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a parlé de l’« annulation » des pourparlers par les États-Unis, tout en jugeant nécessaire de comparer la situation actuelle à celle d’il y a un an où il n’y avait aucun processus de paix authentique en perspective.  Il a appelé à renouer les fils du dialogue politique et à tenir des négociations intra-afghanes.  Il a dénoncé les attaques odieuses commises par les Taliban ces derniers temps et a souligné que celles-ci doivent cesser pour que le dialogue puisse avancer.  La pleine participation des femmes aux processus décisionnels en faveur de la paix, à tous les niveaux, est selon lui un élément crucial du processus de paix.  Le représentant a aussi vu la création d’emplois pour les femmes comme un élément particulièrement important.

Pour être durable, il faut faire du processus de paix une réalité, a poursuivi le représentant en plaidant pour la stabilité des institutions et pour le respect de l’état doit, de même que pour les libertés fondamentales, à commencer par celles des femmes.  Il a ensuite appelé à la bonne tenue du scrutin du 28 septembre, se félicitant de la bonne avancée des préparatifs.  M. Heusgen a par ailleurs attiré l’attention sur les conséquences des changements climatiques en Afghanistan, pays frappé notamment par des inondations subites.  Tous ces impacts influent sur les conditions de sécurité, a relevé le délégué, qui a voulu savoir si la sécheresse avait eu une incidence sur la culture du pavot.  Revenant à « l’interruption »·des pourparlers de paix, il a jugé nécessaire d’envoyer un message d’appui au peuple afghan.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), abordant la question de la sécurité, a jugé insupportable le nombre de victimes civiles.  Il a appelé tous les acteurs du conflit afghan à faire en sorte que les civils ne souffrent plus.  Dans ce contexte, il a demandé un cessez-le-feu immédiat dans l’ensemble du pays.  L’attentat perpétré à Kaboul en août nous rappelle le danger que représente toujours l’EIIL, a-t-il relevé.

En ce qui concerne le processus de paix, il a appelé à déployer tous les efforts possibles pour qu’il soit crédible et inclusif, mené sous l’égide des afghans et incluant les femmes.  Il a pris acte de l’annonce du Gouvernement en ce qui concerne la formation d’une équipe de négociation composée de 15 membres chargés de représenter le pays dans les prochains pourparlers avec les Taliban.  Pour ce qui est de l’élection du 28 septembre, il a salué les préparatifs en cours, qui sont menés avec le soutien de la MANUA, et s’est félicité de l’inscription de près de 10 millions d’électeurs.  Il a espéré que le prochain mandat de la MANUA saura mettre l’accent sur le processus politique immédiat et répondre aux préoccupations en matière de sécurité. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) s’est dit convaincu de la nécessité des pourparlers de paix avant de regretter la persistance d’attentats terroristes extrêmement meurtriers.  « La situation où les vies d’enfants, de femmes et d’hommes sont utilisées comme moyen de pression dans les négociations est inacceptable », a estimé le représentant de la Belgique avant d’ajouter qu’on ne pouvait tenir la plume d’accord dans une main et une bombe dans l’autre.  Il a appuyé le rôle central du Gouvernement afghan dans le processus de paix et appelé les Taliban à s’engager dans les pourparlers avec le Gouvernement et à contrôler leurs effectifs afin de mettre fin à toute attaque. 

Le représentant de la Belgique a appuyé la tenue d’une élection présidentielle crédible, libre et équitable qui, selon lui, ouvrira la voie au dialogue inter-afghan.  Pour lui, l’inscription de 10 millions d’électeurs, malgré des circonstances très difficiles, témoigne de la volonté démocratique du peuple afghan.  Dans ce contexte, il a condamné fermement les attaques annoncées par les Taliban et d’autres groupes contre le processus électoral.  Il s’est par ailleurs dit préoccupé par le nombre élevé des victimes civiles et par le nombre croissant de personnes déplacées, à la fois à cause du conflit et de la sècheresse.  Le représentant a aussi condamné toutes les violations et les abus commis à l’encontre des enfants avant de déplorer le nombre record de victimes mineures en 2018.  Enfin, il a dit la détermination de la Belgique à appliquer le régime des sanctions de la résolution 1988 afin de dissuader les Taliban de soutenir Al-Qaida et ses affiliés et de décourager les attaques contre le Gouvernement afghan. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a dénoncé les nombreux attentats qui ont frappé l’Afghanistan ces derniers temps, et les morts ainsi causées, notamment parmi les civils.  « Beaucoup trop d’Afghans, de membres des forces de sécurité internationales, de diplomates étrangers et d’autres personnes ont perdu la vie dans des violences aveugles », a-t-il déploré.  En ce qui concerne le processus de paix, il a dit que « les propos tenus par le Président Trump et le Secrétaire d’État Pompeo ce week-end et hier parlent d’eux-mêmes », précisant qu’il n’avait rien à y ajouter pour le moment. 

M. Cohen a poursuivi en faisant part de l’appui des États-Unis aux institutions politiques et électorales afghanes.  Il a salué l’inscription de 9,6 millions de personnes sur les listes électorales, comme l’indique le rapport du Secrétaire général.  Les États-Unis, a-t-il ajouté, se sont engagés à verser 29 millions de dollars sur les 59 millions de dollars alloués par les donateurs en vue de l’élection présidentielle, en soutenant aussi les travaux du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) visant à renforcer les capacités de la Commission électorale indépendante et de la Commission du contentieux électoral.  « Nous continuons d’appuyer fermement le rôle joué par les femmes afghanes dans les progrès économiques, politiques et sociaux du pays », a-t-il aussi assuré.  Le délégué s’est par ailleurs préoccupé de l’importance de la culture du pavot en Afghanistan et a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour faire face au problème de la drogue. 

En ce qui concerne la prorogation du mandat de la MANUA, il a plaidé pour que la résolution soit formulée de manière claire et précise pour permettre à la Mission de mener à bien son travail essentiel, en particulier au cours de cette période charnière de l’histoire de l’Afghanistan.  « Ce mandat est trop important pour le moment pour qu’un membre du Conseil de sécurité refuse le consensus pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la MANUA », a-t-il dit en appelant ses collègues à faire preuve de discipline et de volonté politique pour axer le mandat sur les principaux problèmes qui permettront à la MANUA de soutenir le Gouvernement et le peuple de l’Afghanistan.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a condamné les attaques de la semaine passée perpétrées par les Taliban dans diverses parties du pays, s’inquiétant de cette menace dans le contexte électoral actuel et appelant à poursuivre en justice les auteurs.  L’Afghanistan, a poursuivi le représentant, se trouve à un moment décisif avec l’élection présidentielle à venir, l’occasion de contribuer à la stabilité, la réconciliation, la paix durable et la lutte contre la corruption.  Il a plaidé pour que l’élection respecte le code de conduite, ce qui suppose que le processus soit perçu comme juste, transparent et équitable pour tous les candidats. 

S’agissant du processus de paix en cours, le représentant a jugé crucial qu’il se place dans le cadre du dialogue entre les Afghans, appuyant des négociations directes entre les Taliban et les représentants du Gouvernement.  Il a salué la visite de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU en juillet et demandé de ne pas oublier que la majorité des victimes de la violence sont des femmes et des enfants.  Il a d’ailleurs apprécié les efforts menés par le Gouvernement pour mieux protéger les femmes et faciliter leur participation dans les principales institutions électorales et dans le processus de paix.  Enfin, M. Meza-Cuadra a souligné l’importance de poursuivre la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la région, ainsi que les efforts de la MANUA pour alléger la situation humanitaire.

Mme KAREN PIERCE (Royaume Uni) a mis l’accent sur quatre points que sont la paix, les élections, la MANUA et le rôle des femmes.  Elle a regretté que les Taliban n’aient pas respecté l’engagement qu’ils ont pris à Doha, en juillet dernier, de réduire le nombre de victimes civiles à zéro.  En outre, elle les a exhorté à retirer leurs menaces contre le processus électoral. 

Elle a souhaité que le processus de négociation intra-afghan puisse aller de l’avant tout en reconnaissant que la paix est impossible sans cessez-le feu.

Pour ce qui de l’élection du 28 septembre, elle a jugé important le plein soutien du Conseil de sécurité afin que ce processus soit libre et transparent.  Concernant la MANUA, elle a salué les efforts de coordination des activités menées sur le plan international pour appuyer le processus électoral.  La représentante a espéré que tous les membres du Conseil de sécurité sauront s’entendre, le 17 septembre prochain, sur « un mandat robuste » pour la MANUA.  Elle a jugé important que les acquis enregistrés ces dernières années dans le domaine de la promotion des femmes soient préservés et que la participation des femmes afghanes soit davantage promue, pour qu’elles puissent participer non seulement au processus électoral, mais aussi à l’ensemble du processus de paix. 

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a estimé que les prochains jours seront essentiels pour combler les lacunes et tirer les enseignements du processus électoral de 2018.  Il a appelé à des mesures « fortes et efficaces » pour préserver la sécurité, la transparence, la fiabilité et la crédibilité du scrutin.  Il a exhorté les éléments antigouvernementaux à s’abstenir d’attaquer les bureaux de vote et a réitéré l’appui de son pays aux Forces nationales de défense et de sécurité afghanes.  Comme l’élection précédente l’a montré, les efforts de renforcement des capacités appuyés par les forces internationales produisent des résultats très positifs et très encourageants, a souligné le représentant. 

Condamnant les violations du droit international humanitaire par toutes les parties, le représentant a, compte tenu des derniers développements, insisté sur le fait que tout processus de paix doit sauvegarder les intérêts de tous les Afghans, femmes, jeunes et minorités.  La paix ne peut être obtenue au détriment des progrès faits jusqu’ici.  Les sacrifices auxquels ont consenti tous les Afghans pour participer pleinement et substantiellement à tous les aspects de la vie sociale, politique et économique doivent être respectés.  Le conflit, a martelé le représentant, ne saurait être réglé au détriment des droits des femmes et des minorités. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a constaté que l’Afghanistan se trouve dans une conjoncture critique et a engagé la communauté internationale à mettre en œuvre ses engagements pour lui fournir un appui « d’envergure ».  Il a appelé à la bonne tenue de l’élection présidentielle en demandant aux factions politiques du pays de régler leurs différends par le dialogue.  Le représentant a jugé nécessaire de promouvoir le processus de réconciliation afghan, appelant notamment les États-Unis et les Taliban à poursuivre le dialogue.  La priorité doit être accordée aux intérêts de la population, a-t-il dit, et il faut parvenir à établir un cadre politique acceptable pour toutes les parties.

Poursuivant, M. Ma a jugé nécessaire de renforcer les capacités sécuritaires de l’État qui restent faibles à ses yeux.  Il s’est notamment inquiété des agissements des terroristes et des trafiquants de stupéfiants.  La communauté internationale doit fournir un appui technique au Gouvernement à cette fin, ainsi que pour améliorer la situation socioéconomique du pays, a-t-il plaidé.  De plus, il faut aider l’Afghanistan à tirer parti de ses propres avantages pour lui permettre d’atteindre rapidement la paix et la prospérité, a-t-il estimé.  S’agissant de la situation humanitaire des réfugiés afghans dans les pays voisins, il a appelé à l’améliorer.  Il a aussi demandé de veiller à ce que tous les groupes ethniques participent à la vie politique et de lutter sans concession contre le terrorisme.  Le représentant a également appelé à mettre en œuvre une politique étrangère de paix et de fraternité avec les pays voisins.

M. Ma a ensuite parlé de la tenue, ce week-end, d’un dialogue ministériel entre l’Afghanistan, la Chine et le Pakistan qui a notamment débouché sur un accord trilatéral portant, entre autres, sur la lutte contre le terrorisme.  La Chine espère également voir lancer rapidement les négociations intra-afghanes de paix.  Le délégué a aussi cité la signature d’un mémorandum d’accord entre la Chine et l’Afghanistan sur l’établissement d’une nouvelle route de la soie.

À 18 jours de l’élection présidentielle en Afghanistan, M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a salué le travail « remarquable » effectué par la Commission électorale indépendante qui a permis l’inscription de 9,6 millions de personnes sur les listes électorales, y compris dans les régions où la situation sécuritaire reste précaire.  Il a ensuite appelé les acteurs politiques afghans à travailler à l’instauration d’un environnement pacifique, favorable à la tenue d’une élection libre, transparente et crédible.  M. Adom a estimé que les échéances électorales doivent être accompagnées d’un ensemble d’initiatives dans une approche inclusive du processus de sortie de crise.  Il a salué la création d’un ministère de la paix.  Il a par ailleurs estimé que les initiatives du Gouvernement en matière de paix et de sécurité pourraient être renforcées par la conclusion d’un accord entre les États-Unis et les Taliban, lequel ouvrirait la voie à de possibles pourparlers de paix entre ces derniers et les autorité afghanes.

Poursuivant, le délégué a souligné que l’appui de la communauté internationale doit s’aligner sur les priorités stratégiques du Gouvernement afghan et aider à la création d’environnements sociopolitique et sécuritaire attractifs pour les investissements étrangers.  Il a aussi dit que les efforts de consolidation de la paix doivent s’accompagner de mesures de relèvement économique.  Le représentant s’est par ailleurs soucié de la situation sécuritaire dans les régions du sud, de l’est et du sud-est de l’Afghanistan.  Il a appelé à poursuivre la mission Soutien résolu de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour le renforcement des capacités des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes et l’amélioration des capacités des institutions judiciaires, notamment celles spécialisées dans la lutte contre la production et le trafic de stupéfiants.  Il a par ailleurs salué l’amélioration des relations bilatérales entre l’Afghanistan et le Pakistan, ainsi que les efforts déployés par l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS) dans la lutte contre le terrorisme et les stupéfiants.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a estimé que l’Afghanistan vivait un moment historique avec la préparation de l’élection présidentielle du 28 septembre.  Selon lui, le chiffre de 9,6 millions d’électeurs inscrits démontre la volonté des Afghans de choisir la voie de la démocratie en dépit des menaces sécuritaires.  Il a néanmoins regretté une situation critique sur le plan de la sécurité partout dans le pays.  Il a salué les efforts menés par le Gouvernement afghan pour lutter contre le terrorisme, la criminalité et le trafic de stupéfiants.  Estimant que la paix ne sera trouvée en Afghanistan que par le biais d’un règlement politique, le représentant du Koweït a demandé à toutes les parties de participer au dialogue intra-afghan. 

Après avoir adressé ses condoléances au peuple afghan à la suite des attentats des 2 et 5 septembre à Kaboul, Mme ANNE GUEGUEN (France) s’est déclarée préoccupée par le maintien de la violence à un niveau très élevé en Afghanistan.  La population civile continue d’être ciblée directement et régulièrement dans des attaques meurtrières, au mépris du droit international humanitaire, a-t-elle dénoncé, encourageant le Gouvernement afghan à œuvrer pour que cessent ces violations.  La représentante a aussi marqué son soutien à l’appel du Secrétaire général pour un accès humanitaire sûr et sans entrave sur l’ensemble du territoire.  Profitant de la présence du Directeur exécutif de l’ONUDC, elle a aussi souligné l’importance de la lutte contre le trafic de stupéfiants qui continue d’alimenter l’économie illicite, de financer les groupes terroristes et de menacer la santé des Afghans. 

Elle a ensuite souligné la nécessité de garantir le bon déroulement de l’élection présidentielle du 28 septembre.  À ses yeux, l’enregistrement de plus de 500 000 électeurs, dont 36% de femmes, est un « signe encourageant ».  Mais des efforts supplémentaires doivent être fournis par les autorités pour rétablir la confiance de la population dans la sécurité et la transparence du scrutin, a-t-elle argué, se félicitant du travail de sécurisation des bureaux de vote effectué par le Gouvernement afghan, avec l’aide de la mission de l’OTAN.  La France, a-t-elle ajouté, souhaite que cette élection renforce la légitimité du futur président en vue de sa participation aux négociations intra-afghanes. 

Mme Gueguen a également insisté sur la nécessité d’œuvrer à une paix « négociée et durable » en Afghanistan.  Selon elle, le concept de « processus de paix dirigé par les Afghans » demeure plus que jamais valable.  Il doit être inclusif et ne laisser aucune catégorie de population de côté, a-t-elle plaidé, appelant, pour y parvenir, à un engagement résolu des partenaires de l’Afghanistan.  La France prendra sa part et exhorte tous les pays de la région à soutenir activement et sans ambigüité la stabilisation de l’Afghanistan, a-t-elle conclu, saluant au passage le « travail remarquable » qu’effectue la MANUA au quotidien pour accompagner ce pays sur le chemin de la paix. 

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a estimé que l’élection du 28 septembre constituera un jalon pour le peuple afghan, l’occasion pour lui de décider de son avenir.  Elle a donc encouragé le Gouvernement afghan à renforcer les mesures de sécurité par le biais des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, pour que le peuple puisse exercer son droit de vote dans de bonnes conditions de sécurité.  Elle lui a aussi demandé d’assurer, avec la Commission électorale indépendante, la tenue d’un scrutin transparent, inclusif et crédible, faisant écho à l’appel de M. Yamamoto et des dirigeants et candidats pour qu’il puisse y avoir une participation responsable et pour que les Taliban et autres groupes armés retirent leurs menaces.

S’agissant des pourparlers de paix, la représentante a dit appuyer tous les efforts des États-Unis et des Taliban pour discuter, le dialogue de paix intra-afghan au Qatar ainsi que le renforcement de la coopération régionale par le biais de forums multilatéraux en vue d’instaurer un consensus régional sur la paix.  Ce processus de paix doit être inclusif et mené par les Afghans eux-mêmes, a dit la représentante, en appelant à associer toutes les forces politiques du pays et en particulier les femmes.  Reconnaissant les avancées dans ce domaine, elle a invité le Gouvernement afghan à encourager la participation des femmes dans le processus de paix.  Mme Mele Colifa s’est ensuite inquiétée de la situation humanitaire et des attaques aveugles qui frappent des civils.  Tous les défis que connaît l’Afghanistan méritent le soutien de la communauté internationale, a-t-elle conclu, en disant vouloir appuyer le renouvellement de la MANUA.  Elle a aussi mis en garde contre la présence de l’EIIL en Afghanistan et encouragé les États Membres à appuyer le travail du Comité 1988. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du sud) a déclaré que la seule manière d’atteindre une paix et une stabilité durables en Afghanistan est de mener un processus politique intra-afghan complet et inclusif, afin de parvenir à une solution négociée au conflit.  Il a insisté sur l’importance de veiller à la participation de tous les segments de la société aux discussions.  L’inclusion et la participation des femmes sont particulièrement importants si l’on veut préserver les acquis en ce qui concerne les droits de celles-ci, a-t-il observé, avant de saluer les efforts déployés par le Gouvernement afghan à cette fin.

M. Matjila s’est ensuite soucié de la situation sécuritaire dans le pays, notant que la poursuite de la violence érode les progrès réalisés ces dernières années, une violence qui se fait particulièrement ressentir chez les plus vulnérables, à commencer par les femmes, les enfants et les personnes handicapées.  Pour ce qui est de l’élection présidentielle du 28 septembre, il a appelé à veiller au bon déroulement du scrutin en espérant qu’il soit crédible, libre, juste, sûr et transparent.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a espéré que les enseignements tirés des élections parlementaires seront mis à profit dans les préparatifs de l’élection présidentielle, et que celle-ci se tiendra dans le cadre d’un processus crédible et légitime.  Il s’est félicité de la collaboration des acteurs internationaux et régionaux au sujet du dialogue intra-afghan, demandant la poursuite en parallèle des discussions qui se sont tenues à Doha, en soutien à un processus dirigé et défini par les Afghans.  Il a aussi salué les initiatives qui appuient ce dialogue, citant les consultations trilatérales de Beijing ainsi que les réunions tenues à Ankara.  Ces réunions constituent des pas dans la bonne direction, a-t-il estimé, en saluant les pays engagés dans ces discussions.  S’agissant des conditions de sécurité, le représentant s’est préoccupé du nombre élevé de victimes en priant le Gouvernement et les Taliban de mener à bien les initiatives issues du dialogue et des pourparlers. 

Après avoir condamné les attaques commises par les Taliban, il a reconnu les progrès accomplis en faveur des femmes, comme la création d’un secrétariat spécial pour les enquêtes sur le harcèlement des femmes.  Il a appelé à faire participer activement les femmes au processus de paix.  Préoccupé aussi par la situation économique et humanitaire, il s’est inquiété en particulier des groupes vulnérables et des risques encourus par le personnel humanitaire.  Pour mettre un terme à la guerre en Afghanistan, il faudra que toutes les parties prennent des engagements difficiles, mais à la fin, tout dépendra des Afghans eux-mêmes, a-t-il conclu.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est dit extrêmement préoccupé par la situation sécuritaire dans le pays qui est aggravée par la présence de l’État islamique.  Estimant que le problème des stupéfiants est lié à la présence terroriste, il a jugé important d’intensifier la coopération internationale pour lutter contre ce mal.  « Nous continuons à soutenir le peuple afghan qui a soif d’une paix durable », a insisté le représentant russe, qui s’est félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre la Russie et l’Afghanistan.  Il a estimé que le dialogue intra-afghan lancé à Moscou les 5 et 6 février en y associant pour la première fois les Taliban avait confirmé la possibilité d’un large dialogue pour parvenir à la paix en Afghanistan.  Le représentant russe a par ailleurs regretté l’arrêt des négociations entre les Taliban et les États-Unis dont l’avènement aurait selon lui été de nature à promouvoir la paix.  Il a estimé que le succès de l’élection du 28 septembre permettra la consolidation de la paix. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a expliqué que son pays continuait, dans le cadre de l’appui de l’OTAN, à soutenir le secteur de la défense et la sécurité en Afghanistan, y compris par le biais de la formation et de l’assistance des forces armées afghanes.  À trois semaines de l’élection présidentielle, il a exhorté toutes les parties à saisir cette occasion unique de mettre fin à 40 ans de guerre.  Il a dit que la paix en Afghanistan ne pourra être durable que si elle passe par une réconciliation entre tous les segments de la société. 

Mettant l’accent sur l’importance de la coopération régionale, le représentant a particulièrement salué les résultats du Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie », qui a été l’occasion de souligner l’importance d’une approche régionale conjointe.  Il a rappelé que la conférence régionale conjointe sur la lutte contre le terrorisme et les stupéfiants organisée au titre du Processus a permis de rappeler l’importance d’une cohésion au niveau régional.  Enfin, le représentant a estimé que le renouvellement du mandat de la MANUA arrivait à point nommé. 

M. LUDOVICO SERRA (Italie) a fermement condamné les attentats qui ont frappé l’Afghanistan ces dernières semaines, se disant horrifié par la dernière attaque perpétrées par les Taliban à Kaboul.  Il a espéré que cette étape permette aux parties de réfléchir et d’arriver à une compréhension commune ce que signifient profondément les négociations de paix.  Il a jugé « cynique et inacceptable » que les Taliban commettent des actes de violence indiscriminée contre des civils pour se donner une marge de manœuvre.  Au lieu de cela, les négociations devraient rassurer le peuple afghan sur le fait que le cycle de violence, qui a prévalu ces dernières années, peut effectivement être inversé, a-t-il estimé.  Il a appelé à ne pas laisser s’éparpiller les efforts déployés pour faire avancer les pourparlers de paix et à relancer le dialogue entre les parties.

Le représentant a ensuite réitéré le plein appui de l’Italie aux initiatives diplomatiques pouvant faciliter le démarrage d’un processus de réconciliation, en accordant notamment un rôle important aux femmes afin de veiller à la préservation de leurs acquis.  Sur le plan sécuritaire, le représentant a fait part de son appui à la mission Soutien résolu qui vise à combattre le terrorisme et l’extrémisme violent.  En venant à l’élection du 28 septembre, qu’il a voulu crédible, transparente et inclusive, M. Serra a estimé qu’il serait crucial, pour améliorer les perspectives d’un dialogue intra-afghan, de parvenir à un large consensus pour la paix au travers du processus électoral.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a relevé que le résultat de l’élection du 28 septembre aura un impact profond sur les perspectives de développement de l’Afghanistan.  Il a salué les efforts déployés pour faire avancer le processus de paix et mener des négociations avec les Taliban.  Il a aussi espéré que la conférence de paix intra-afghane, qui s’est tenue à Doha, permette de franchir des étapes constructives, se disant convaincu que seul un dialogue direct entre le Gouvernement et les Taliban peut régler le conflit.  Il a ensuite constaté que la situation sécuritaire demeure « compliquée », se disant notamment préoccupé par les agissements de Daech et le regain d’activités terroristes dans le nord du pays, à proximité des frontières avec les États d’Asie centrale.  Il a jugé essentiel de veiller à la mise en œuvre effective de la troisième étape de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en Asie centrale.

M. Umarov a aussi insisté sur l’importance du rôle des femmes dans la résolution du conflit et parlé de la tenue, en septembre 2018, au Kazakhstan, d’une conférence régionale consacrée à l’autonomisation des femmes en Afghanistan.  Le Kazakhstan continue par ailleurs d’œuvrer à l’établissement, à Almaty, d’une plateforme régionale pour les objectifs de développement durable et espère que cette structure permettra de mieux coordonner l’appui à l’Afghanistan et aux autres pays de la région.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada), qui a mis l’accent sur les discussions de paix, a dit avoir entendu la voix de femmes afghanes qui ne veulent pas d’un accord avec les Taliban qui sacrifie leurs droits durement acquis.  À cet égard, le représentant s’est félicité du fait que des Afghanes aient pu participer aux pourparlers de Doha.  Il a encouragé les dirigeants afghans à inclure formellement des femmes dans les prochaines discussions intra-afghanes.  Tout accord qui n’apporterait pas la paix à tous les membres de la société, quels que soient leur sexe, leur groupe ethnique et leur religion, ne serait pas durable, a-t-il mis en garde, invitant les hommes à se montrer solidaires des femmes pour parvenir à un règlement qui bénéficie à tous les Afghans.  Il a également rappelé qu’à cette fin, son pays œuvre concrètement au renforcement de la capacité des organisations de femmes en Afghanistan pour que celles-ci puissent prendre place à la table des négociations et participer de manière significative à la consolidation de la paix. 

Évoquant ensuite la prochaine élection présidentielle, le représentant a salué les efforts de la Commission électorale indépendante en faveur d’un scrutin équitable et transparent.  Il a souhaité que le dispositif de sécurité permette aux femmes de participer afin qu’elles puissent être représentées de façon permanente dans la vie politique de leur pays.  Maintenant que ces processus politiques sont en cours, a ajouté le délégué, il est plus important que jamais de redoubler d’efforts pour établir une sécurité économique en Afghanistan.  Si le Canada obtient un siège au Conseil de sécurité, il continuera à renforcer ces liens entre la paix, la sécurité et la croissance économique inclusive, a-t-il conclu. 

M. KORO BESSHO (Japon) a assuré que parvenir à une paix durable en Afghanistan est le souhait non seulement du peuple afghan mais aussi de l’ensemble de la communauté internationale.  À cet égard, il a jugé crucial que le processus de paix soit conduit par les Afghans eux-mêmes, indiquant que le Japon soutenait les efforts poursuivis à cette fin par le Gouvernement afghan.  Le représentant a aussi salué l’action menée par les partenaires internationaux de l’Afghanistan, notamment l’Allemagne et le Qatar pour leur soutien du dialogue intra-afghan, le Représentant spécial des États-Unis, M. Zalmay Khalilzad, pour ses négociations avec les Taliban, et les États-Unis, la Fédération de Russie, la Chine et le Pakistan pour la rencontre quadripartite sur le processus de paix organisée à Beijing les 10 et 11 juillet. 

Le délégué s’est par ailleurs félicité des préparatifs menés en vue de l’élection présidentielle de la fin septembre qui se poursuivent dans tout l’Afghanistan.  Il s’est notamment réjoui de l’enregistrement des électeurs dans la province de Ghazni, où des élections parlementaires n’avaient pu se tenir en 2018 en raison de tensions politiques.  Il a également souligné le rôle crucial joué par la MANUA dans ce processus électoral.  Saluant la récente visite de Mme Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, et l’accent mis sur le programme femmes, paix et sécurité, M. Bessho a qualifié de « fondamentale » la participation des femmes afghanes, tant au processus de paix qu’au processus électoral.  Avant de conclure, il s’est dit préoccupé par la poursuite des attentats terroristes en Afghanistan et a réaffirmé que le dialogue est la seule issue possible au conflit afghan. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a indiqué avoir partagé dans un premier temps l’optimisme du Secrétaire général au sujet des progrès réalisés dans le cadre des pourparlers de paix.  « Mais c’était bien évidemment avant ce week-end », a-t-elle ajouté, notant qu’après des décennies de conflit, un cadre pour un éventuel accord de paix semblait à portée de main.  Neuf cycles de pourparlers directs entre les États-Unis et les Taliban avaient amélioré les perspectives d’établir un premier socle significatif pour un règlement permettant de déboucher sur la tenue de négociations intra-afghanes et la fin négociée d’un long conflit.  Elle a estimé que le récent revers ne devait pas limiter les espoirs, ni la détermination à persister.  La représentante a espéré que la suspension des pourparlers de paix n’était qu’une pause et que ces discussions reprendraient au plus vite, faute de quoi, a-t-elle estimé, il y aurait une recrudescence de violence qui pousserait l’Afghanistan dans une étape encore plus turbulente et incertaine.  Le Pakistan, a-t-elle ajouté, négocie le processus de paix et de réconciliation de bonne foi et encourage les parties à demeurer engagées en faisant preuve de sincérité et de patience.

Mme Lodhi a fait observer qu’aucun pays au monde ne bénéficierait de la paix en Afghanistan autant que le sien.  Cependant le Pakistan peut seulement agir comme facilitateur, a-t-elle observé en expliquant que c’est aux parties de résoudre leurs différends: les décisions difficiles devront éventuellement être prises par les Afghans eux-mêmes.  La représentante a ensuite parlé de la visite, au Pakistan, en juin 2019, du Président Ashraf Ghani, au cours de laquelle les deux pays se sont engagés à adopter une approche tournée vers l’avenir et à se départir de la méfiance du passé.  L’ouverture au trafic commercial du point de passage de Torkham 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ainsi que l’ouverture de l’espace aérien du Pakistan ont donné un coup d’élan à l’amélioration des relations bilatérales.  L’hôpital Jinnah, à Kaboul, cadeau du Pakistan, a récemment été transféré aux autorités afghanes et la construction d’un hôpital est sur le point d’être achevée à Logar, a ajouté Mme Lodhi.  De plus, la validité du séjour de millions de réfugiés afghans au Pakistan a été prorogée jusqu’au 30 juin 2020.  La représentante a aussi parlé de la conclusion, ce week-end à Islamabad, du troisième cycle du dialogue ministériel trilatéral entre la Chine, l’Afghanistan et le Pakistan.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a déclaré que son pays avait développé des relations bilatérales importantes avec l’Afghanistan au cours des trois dernières années.  Il a dit la volonté de son pays de tout mettre en œuvre pour permettre à la « nation sœur » de l’Afghanistan de trouver la paix durable et la stabilité.  Il a rappelé que la conférence internationale de Tachkent sur l’Afghanistan, organisée en mars 2018 à l’initiative des Présidents ouzbek et afghan, avait été une initiative novatrice pour remettre l’Afghanistan sur la voie du développement pacifique.  Il a rappelé que la Déclaration de Tachkent adoptée à l’issue de cette conférence souligne la nécessité d’une cohésion régionale et internationale pour lancer des pourparlers directs entre le Gouvernement afghan et le mouvement taliban.  Il a prévenu qu’un nouveau report du processus politique intra-afghan se traduirait par de nouvelles pertes parmi les civils. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a appelé la communauté internationale à coopérer pour assurer l’avenir de l’Afghanistan et renforcer les capacités de ce pays qui a fait face à des défis colossaux.  Il a appelé à la reprise des pourparlers de paix entre les États-Unis et les Taliban et à créer les conditions idoines pour assurer le développement socioéconomique du pays.  Il a aussi souligné la nécessité de combattre le terrorisme, notamment l’État islamique d’Iraq et du Levant-province du Khorassan, ainsi que le trafic de stupéfiants, principale source de financement des groupes terroristes et armés.

Le représentant a aussi souligné l’importance des différentes conférences ministérielles qui concernent l’Afghanistan, notamment l’Initiative « Au cœur de l’Asie ».  Il a cité plusieurs exemples de l’appui matériel qu’offre l’Égypte à différents secteurs afghans avant d’appeler la communauté internationale à honorer ses engagements à l’égard de ce pays.  M. Edrees a notamment appelé à appuyer le Gouvernement afghan pour l’aider à achever les processus internes et veiller au bon déroulement de l’élection.  Sur le plan régional, le représentant a insisté sur le rôle des organisations régionales et a appelé à lier les efforts déployés à l’échelon régional aux conférences ministérielles sur l’Afghanistan.  Il a souhaité également l’établissement d’une feuille de route pour assurer l’avenir du pays.

M. DAVID GREGORY YARDLEY (Australie) a salué les efforts du Représentant spécial des États-Unis, M. Khalilzad, pour engager des négociations avec les Taliban.  Il a appelé ces derniers à mettre fin à la violence contre les civils et à accepter le principe d’un cessez-le-feu complet.  Il a ensuite souligné l’importance d’inclure les femmes dans le dialogue intra-afghan.  Le représentant s’est félicité des progrès réalisés en Afghanistan en expliquant qu’au cours des 18 dernières années, l’Afghanistan avait multiplié par 10 le nombre d’enfants inscrits à l’école, et par 5 le niveau du produit intérieur brut par habitant, tout en augmentant l’espérance de vie de 20 ans. 

Tout en prenant note de « l’optimisme prudent » exprimé par le Secrétaire général dans son rapport, M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a salué les opportunités de paix et de réconciliation que portent les efforts déployés en Afghanistan.  Le représentant a également soutenu les appels lancés par le Secrétaire général en faveur de négociations directes entre Afghans, rappelant que c’est le peuple afghan et lui seul qui supportera les conséquences de tout accord.  Toutefois, a-t-il averti, la paix et la réconciliation ne peuvent progresser dans une atmosphère de terreur.  Évoquant la récente flambée de violences et les menaces portées au processus électoral, il a dit craindre que ces actes aient pour but de peser sur les négociations en cours.  Il a appelé la communauté internationale à maintenir les engagements pris à l’égard des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes dans leur lutte contre le terrorisme.  Il est, selon lui, urgent d’examiner les soutiens dont bénéficient des groupes comme les Taliban, le Réseau Haqqani, Daech ainsi que Al-Qaida et ses affiliés au-delà des frontières afghanes. 

Dans ce climat d’incertitude, il convient aussi de ne pas oublier les gains précieux enregistrés par le peuple afghan ces 18 dernières années, a poursuivi le délégué.  Malgré le fléau du terrorisme, les Afghans ont renforcé leur démocratie, établi un ordre constitutionnel, promu le bien-être et les droits des minorités et des jeunes, bâti une force de sécurité de plus en plus performante et créé des liens régionaux profonds, a-t-il souligné, saluant la « fameuse résilience afghane » qui se manifeste dans tous les domaines, y compris le sport.  Il a ainsi félicité l’équipe afghane de cricket pour sa deuxième victoire en trois test-matches, enregistrée voilà moins de 48 heures.  Réaffirmant le soutien de l’Inde au développement de l’Afghanistan, il a souhaité en conclusion que la communauté internationale en général, et le Conseil de sécurité en particulier, continuent d’appuyer un processus de paix inclusif en Afghanistan. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a souligné le rôle crucial joué par la MANUA et toutes les agences de l’ONU pour soutenir le peuple afghan, encourager la paix et la réconciliation, contrôler et promouvoir les droits de l’homme et mettre en œuvre les engagements pris lors de la conférence ministérielle de novembre 2018 sur l’Afghanistan.  Saluant les efforts déployés pour parvenir à une paix durable, le représentant a jugé crucial que les réalisations politiques, économiques et sociales de ces 18 dernières années soient préservées, s’agissant notamment des droits de femmes, des enfants et des minorités.  Il a indiqué que cette approche avait clairement été exprimée par l’UE dans les conclusions de ses conseils de novembre 2018 et avril 2019.  Selon lui, un accord de paix ne pourra être durable que s’il n’est pas perçu comme imposé à la population et si toutes les composantes de la société se l’approprient.  Dans ce cadre, l’UE est prête à jouer un rôle actif pour faciliter des processus de consultation et de dialogue qui contribuent à l’inclusivité en impliquant l’ensemble de la société civile afghane, a poursuivi M. Gonzato, soulignant l’importance d’une pleine intégration des femmes, conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité. 

Convaincue que la recherche de la paix ne doit pas se faire aux dépens du mouvement démocratique en Afghanistan, l’Union européenne soutient la tenue d’une élection présidentielle, équitable et transparente, pour renforcer la légitimité des institutions étatiques et la stabilité politique du pays.  À cette fin, a précisé le représentant, elle continuera de fournir un appui financier, de l’ordre de 18 millions d’euros, afin de tenir compte des difficultés rencontrées lors des élections parlementaires d’octobre 2018. 

Alors que le pays progresse vers un règlement politique, la coordination entre les acteurs du développement, de la sécurité et du monde politique est essentielle, a fait valoir le représentant, assurant que l’UE poursuit une étroite coopération avec des partenaires internationaux clefs.  Il a ainsi réitéré l’appui de son organisation à la mission Soutien résolu dirigée par l’OTAN, qui vise à fournir des formations, des conseils et une assistance aux forces et aux institutions de sécurité afghanes. 

Dans ce contexte, l’UE reste partisane d’un soutien budgétaire en faveur de l’Afghanistan, basé sur les progrès accomplis et l’impact de la mise en œuvre de ses politiques, a indiqué le représentant.  Elle commence actuellement à travailler au prochain cycle de programmation pour ce pays, qui couvrira la période allant de 2021 à 2027 et tiendra compte des priorités liées à un possible accord de paix, a-t-il précisé.  Tout en déplorant le nombre élevé de victimes civiles du conflit et l’augmentation du nombre de personnes déplacées, il a estimé que l’Afghanistan traversait un « moment important » de son histoire et a invité tous les États de la région à soutenir les efforts de paix engagés. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a exhorté les Nations Unies et la communauté internationale à soutenir l’élection du 28 septembre afin qu’elle puisse se traduire par un renforcement des institutions démocratiques du pays.  Il s’est particulièrement inquiété du nombre d’incidents violents et notamment de l’augmentation des attaques par Daech, qui a accru ses capacités offensives avec le transfert de combattants arrivant de Syrie et d’Iraq.  « Après presque deux décennies d’occupation américaine de l’Afghanistan, il semble clair aujourd’hui que les États-Unis n’ont d’autre choix que de quitter ce pays au plus vite », a dit le représentant.  Il a dit noter une forte demande de la part de la population afghane en faveur d’un retrait responsable de toutes les forces étrangères. 

Dans l’attente d’un accord de cessez-le-feu, le représentant iranien a exhorté toutes les parties à faire montre de la plus grande modération et à ne pas prendre de civils pour cible.  Par ailleurs, il a souhaité que tout processus de paix respecte les réalisations de la conférence internationale sur l’Afghanistan tenue à Bonn en 2001, y compris la Constitution afghane et les institutions qui en découlent.  « Aucun pays n’a le droit de décider de l’avenir de l’Afghanistan », a-t-il prévenu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Maintien de la paix: le Conseil de sécurité prend acte des évolutions opérées pour appuyer les processus politiques et améliorer les performances

8612e séance – matin
CS/13943

Maintien de la paix: le Conseil de sécurité prend acte des évolutions opérées pour appuyer les processus politiques et améliorer les performances

À l’occasion d’un débat marquant le premier anniversaire de la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a fait le point, ce matin, sur la réforme engagée dans la conduite de cette activité, assurant, en présence des principaux pays contributeurs de contingents, que le maintien de la paix est désormais « mieux préparé, plus robuste et plus réactif ».  Il a également fait part des efforts destinés à appuyer les processus politiques et à améliorer la performance, ce qui n’a pas manqué de faire réagir, à différents niveaux, des délégations impliquées sur le terrain. 

Sur fond d’attentat meurtrier au Burkina Faso, pays auquel la plupart des délégations ont adressé leur condoléances tout en réitérant leur appui au G5 Sahel, M. Jean-Pierre Lacroix a rappelé qu’en mars 2018, le Secrétaire général avait lancé l’initiative Action pour le maintien de la paix, qui vise à répondre de manière collective aux défis qu’affronte ce secteur d’activité.  Dans ce cadre, que la Belgique considère comme « notre feuille de route à tous », les missions de l’ONU jouent à présent un rôle proactif pour « maintenir l’espace nécessaire permettant de dégager une solution politique », a souligné le Secrétaire général adjoint, citant en exemple la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) qui, en partenariat avec l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a instauré un climat qui a permis au Gouvernement et aux 14 principaux groupes armés de signer, en février, l’Accord pour la paix et la réconciliation. 

Dans le même ordre d’idées, M. Lacroix a indiqué que l’appui de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) à la mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016 avait été crucial pour créer l’espace politique nécessaire à la première passation pacifique et démocratique du pouvoir dans le pays, qui a eu lieu en février 2019.  De même, a-t-il ajouté, l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) continue d’appuyer la résolution pacifique des différends fonciers et des conflits intercommunautaires.  Il a aussi insisté sur l’importance des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales pour faciliter les processus de transition.

Les assurances de M. Lacroix n’ont pas eu l’heur de convaincre l’Égypte, laquelle a appelé à mettre davantage l’accent sur la dimension politique du maintien de la paix, au lieu de « passer cette dernière sous silence » au profit des seuls aspects opérationnels.  Une approche qui a jusqu’alors conduit à insister « injustement » sur les « manquements » des pays fournisseurs de contingents, a déploré la délégation, avant d’appeler, à l’instar d’autres pays comme le Chine et l’Italie, au renforcement du dialogue entre le Conseil, le Secrétariat et ces pays, et même à son élargissement aux pays hôtes, dans le cadre d’une coopération non plus triangulaire mais quadripartite. 

Tout en se disant encouragé par la réponse des États Membres aux besoins des missions en termes d’équipement spécialisé, M. Lacroix a mis l’accent sur le renforcement de l’évaluation interne des performances.  Il a notamment indiqué qu’en cas de sous-performance, des mentors et des équipes de formateurs sont aujourd’hui déployés.  De plus, a-t-il dit, le lancement du système global d’évaluation de la performance (CPAS) au sein de six missions a permis de renforcer, pour quatre d’entre elles au moins, l’unité d’objectif et la planification intercomposantes.

Favorable à une mise en place effective et partagée du CPAS et à son extension à l’ensemble des missions, la France a fait valoir que l’objectif de performance ne touche pas que les militaires et les policiers mais aussi les civils.  Pour Paris, il importe donc d’établir une « vraie culture de la performance, mesurable, fondée sur des objectifs et adossée à des mécanismes clairs de responsabilité et d’incitation, et de mesures correctives ».  Une position reprise à son compte par le Rwanda, qui a toutefois relevé que la performance peut être compromise par des mandats « ambigus », les retards dans le remboursement des pays contributeurs de troupes et les restrictions imposées par les pays hôtes. 

Les États-Unis ont, quant à eux, appelé à promouvoir une « culture de la responsabilisation » dans le cadre des opérations de maintien de la paix, afin notamment d’améliorer la sécurité des personnels déployés et l’efficacité des missions.  À cette fin, il importe, selon eux, que le Conseil de sécurité soit davantage tenu au courant de la performance des missions sur le terrain, via des séances d’information axées sur l’analyse des données collectées. 

Les fonctions de renseignement et de collecte d’informations ne peuvent toutefois se faire que dans un cadre précis, avec l’assentiment des États concernés, a rétorqué la Fédération de Russie.  Quelle que soit l’évolution de la réforme en cours, il faut qu’elle soit centrée sur le respect de la souveraineté des pays hôtes, de la Charte et de principes fondamentaux comme la neutralité et le non-emploi de la force, a-t-elle insisté, non sans exprimer ses réserves quant aux opérations dites « robustes et proactives ».  Rejointe par l’Éthiopie, elle a d’autre part souhaité que le rôle du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) -organe subsidiaire de l’Assemblée générale réunissant des pays fournisseurs de contingents et de forces de police, les pays principaux contributeurs financiers et les pays hôtes des opérations- soit davantage reconnu, de même que celui de la Cinquième Commission pour ce qui est des ressources budgétaires. 

À cet égard, plusieurs délégations ont appelé à améliorer le financement prévisible des missions, condition essentielle, à leurs yeux, d’une réforme efficace du maintien de la paix.  L’Afrique du Sud s’est ainsi prononcée pour un renforcement de la coopération entre le Conseil et l’UA, insistant pour que les opérations menées sous l’égide de cette dernière bénéficient d’un financement « prévisible et durable ».  Elle a, du reste, rappelé que le Conseil s’était engagé, dans sa résolution 2378 (2017), à envisager les moyens de financer les opérations de l’UA via des contributions des États Membres auprès des Nations Unies.  La Belgique a, de son côté, estimé que les opérations africaines, complémentaires des opérations de l’ONU, « doivent pouvoir bénéficier d’un financement solide ». 

« Nous sommes également en train de devenir plus intelligents en ce qui concerne notre approche de la formation », a encore affirmé M. Lacroix, lors de son exposé, indiquant que des séminaires sur la préparation opérationnelle des opérations permettent maintenant aux pays fournisseurs de contingents d’être informés des dernières mesures et d’interagir directement avec les hauts fonctionnaires du Département des opérations de paix.  Fortement investie dans la formation des soldats africains susceptibles d’être déployés en opérations, la France a indiqué qu’elle maintiendrait son engagement de même que son appui pour l’apprentissage du français, convaincue que « la dimension linguistique est structurante pour le succès des missions en environnement francophone ». 

M. Lacroix a, par ailleurs, souligné que l’augmentation du nombre de femmes Casques bleus est essentielle pour améliorer la performance des missions, se félicitant notamment que le nombre de femmes officiers d’état-major ou occupant les fonctions d’observateur militaire aient doublé depuis 2017.  Il a, en revanche, déploré que le nombre de femmes au sein des contingents ne soit passé que de 3,6% en 2017 à 4,4% en juillet 2019, un constat auquel la majorité des délégations se sont montrées sensibles. 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a rappelé qu’il y a un an et demi, le Secrétaire général avait lancé l’initiative Action pour le maintien de la paix, qui vise à répondre de manière collective aux défis qu’affronte le maintien de la paix.  Soulignant que les solutions politiques figurent au cœur de cet agenda, il a indiqué que lorsque leur mandat le leur permet, les missions de l’ONU jouent un rôle proactif pour maintenir l’espace nécessaire permettant de dégager une solution politique.  Il a cité en exemple la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) qui, en partenariat avec l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a instauré un climat qui a permis au Gouvernement et aux 14 principaux groupes armés de signer, au mois de février, l’Accord pour la paix et la réconciliation.  Les effets positifs de cet accord se sont déjà manifesté avec une baisse notable de la violence, s’est-il félicité.

M. Lacroix a aussi indiqué que l’appui de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) à la mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016 avait été crucial pour créer l’espace politique nécessaire à la première passation pacifique et démocratique du pouvoir dans le pays, qui a eu lieu en février 2019.  Et au Darfour, a-t-il poursuivi, l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) continue d’appuyer la résolution pacifique des différends fonciers et des conflits intercommunautaires: elle a arbitré plus de 2 000 différends l’an dernier.  M. Lacroix a aussi insisté sur l’importance des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales pour faciliter les processus de transition.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite appelé les États Membres, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à veiller à ce que les nouvelles priorités définies dans les mandats de mission se voient allouer les ressources nécessaires.  Il a notamment pointé le cas de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont le mandat vise désormais à appuyer le rétablissement de l’autorité de l’État et la protection des civils, sans pour autant qu’il y ait d’augmentation de ses ressources.

Poursuivant, M. Lacroix a signalé qua la volatilité des environnements politiques et sécuritaires où sont déployés de nombreuses missions de maintien de la paix exige de doter celles-ci de composantes militaires, policières et civiles bien équipées et compétentes.  C’est pour cela, a-t-il expliqué, que nous essayons dorénavant d’ajuster l’impact des missions et de renforcer leurs capacités pour pouvoir disposer d’une approche opérationnelle plus mobile, plus robuste, plus avertie et mieux intégrée.

La MONUSCO a par exemple remplacé, dans certains lieux, des bases statiques par des bataillions rapidement déployables capables de prévenir, atténuer et répondre aux menaces de protection au fur et à mesure qu’elles émergent.  Lorsque des attaques contre des civils ont éclaté en 2018 dans la province de l’Ituri, ces bataillons ont établi quatre bases de déploiement temporaires dans les points chauds, donnant l’espace sécuritaire nécessaire au personnel civil pour qu’il puisse mener ses activités de suivi sur les droits de l’homme et l’engagement communautaire.  M. Lacroix a toutefois reconnu qu’il fallait en faire plus dans ce sens, notamment dans les zones touchées par les groupes armés les plus violents ou par Ebola.

Le Secrétaire général adjoint a aussi parlé de l’action de la MINUSCA au sein de laquelle des unités militaires avec des capacités de réaction rapide et de protection ont été créées pour être plus mobile face aux difficultés du terrain.  Ces derniers jours, par exemple, la Mission a renforcé les troupes à Birao, dans l’est du pays, et ainsi pu désamorcer les tensions entre groupes armés.

M. Lacroix s’est ensuite dit encouragé par la réponse des États Membres aux besoins des missions en termes d’équipement spécialisé, tout en signalant que des efforts supplémentaires s’imposent.  Pour la MINUSMA, par exemple, les besoins de certaines de ses unités ne sont pas comblés en termes d’hélicoptères.  De manière générale, M. Lacroix a fait part des manques de moyens spécifiques, non seulement en matière d’ingénieurs polyvalents, de transports, de signalisation et d’unités médicales, mais aussi de moyens rapidement déployables et d’unités francophones.  Les drones, les systèmes d’alerte et les capteurs sont aussi devenus une nécessité pour le personnel en uniforme, a-t-il dit.  Il a appuyé les solutions novatrices dans tous ces domaines, comme les pays contributeurs d’équipements et les déploiements conjoints.  Il a aussi estimé que les unités militaires et de police devaient être équipées de véhicules capables de résister à l’impact des engins explosifs improvisés.  À cet égard, la MINUSMA a besoin de 80 véhicules blindés, a-t-il indiqué, avant de plaider pour une meilleure connaissance de la situation pour répondre au mieux aux besoins.

Tournant ensuite son attention sur le renforcement de l’évaluation interne des performances, M. Lacroix a indiqué qu’en cas de sous-performance, des mentors et des équipes de formateurs sont déployés.  De plus, le déploiement du système global d’évaluation de la performance au sein de six missions a permis de renforcer, pour quatre d’entre elles au moins, l’unité d’objectif et la planification intercomposantes tout en améliorant la collecte de données.

Nous sommes également en train de devenir plus intelligents en ce qui concerne notre approche de la formation, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Nous avons modifié notre manière d’interagir auprès des pays fournisseurs de contingents, en organisant notamment des séminaires sur la préparation opérationnelle qui leur permettent d’être informés des dernières mesures et d’interagir directement avec les hauts fonctionnaires du Département des opérations de paix.  De leur côté, les nouveaux pays contributeurs de troupe obtiennent des conseils sur la façon de créer des forces. 

De plus, a-t-il enchaîné, des mesures précises sont mises en place pour veiller à ce que le personnel de l’ONU obtienne les meilleurs soins en cas de blessure ou de maladie.  Un programme « ambitieux » de réforme du secteur de la santé est d’ailleurs en train d’être mis en œuvre pour établir une chaîne de soins fiable jusqu’à la prise en charge par un hôpital.  Par ailleurs, des normes mises à jour et révisées ciblent plusieurs domaines, dont les politiques liées aux armes et aux munitions et le renseignement. 

Par ailleurs, M. Lacroix a souligné que l’augmentation du nombre de femmes Casques bleus est essentielle pour améliorer la performance des missions.  Il a indiqué que le nombre de femmes officiers d’état-major ou occupant les fonctions d’observateur militaire avait doublé depuis 2017, mais que le nombre de femmes au sein des contingents n’était passé que de 3,6% en 2017 à 4,4% en juillet 2019.  Il a déploré la lenteur de ces progrès et a appelé les pays contributeurs de contingents à redoubler d’efforts dans ce domaine.

Le Secrétaire général adjoint a de plus fait état d’une baisse continue des allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles qui sont passées de 104 en 2016 à 55 en 2018.  Les efforts de prévention et de redevabilité se poursuivront et seront renforcés, a-t-il assuré.

S’exprimant ensuite en français, M. Lacroix a souligné que les partenariats sont au cœur de l’Action pour le maintien de la paix et que les progrès dans la mise en œuvre de cette initiative sont le résultat d’une collaboration étroite du Département des opérations de paix avec le Département de l’appui opérationnel et le Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.  Il a également cité la « collaboration intense et inestimable » dans la lutte contre l’Ebola entre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la MONUSCO et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  M. Lacroix a toutefois fait observer que le succès de l’Action pour le maintien de la paix repose sur des partenariats forts qui s’étendent au-delà du système des Nations Unies, citant la coopération « étroite et profonde » entre son département et la Commission de l’UA.  Et par-dessus tout, a-t-il ajouté, c’est l’engagement fort et concret des États Membres qui est d’une importance vitale pour assurer le plein accomplissement des objectifs de l’Action pour le maintien de la paix.

Terminant son intervention en anglais, le Sous-Secrétaire général a déclaré que le maintien de la paix est dorénavant « mieux préparé, plus robuste et plus réactif ».  Il s’est engagé à renforcer les efforts destinés à appuyer les processus politiques et à améliorer la performance, notamment en renforçant l’intégration au niveau du commandement et du contrôle.  Il a aussi fait part de son intention de transmettre aux membres du Conseil, sur une base plus régulière, des éléments d’information sur les avancées accomplies, avant de les inviter à se rendre sur le terrain d’opérations des missions.  Nous avons besoin de vos observations pour aller de l’avant et changer de voie si nécessaire, a-t-il expliqué.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a salué l’adoption de la résolution 2378 (2017), qui a été la première à aborder la question de la réforme des opérations de maintien de la paix de l’ONU sous ses différents aspects.  Le représentant a rappelé que cette résolution s’inscrivait dans le cadre des efforts déployés par le Secrétaire général, en vue de réformer l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies, sur la base des recommandations du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.  « Cette réforme apparaît plus que jamais nécessaire », a-t-il estimé.

Le représentant s’est félicité de la prise en compte de « l’impératif d’action collective » dans la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix, à laquelle plus de 152 pays ont adhéré à ce jour.  Il a précisé que, dans la perspective d’une mise en œuvre adéquate de la réforme du maintien de la paix, le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, présidé par la Côte d’Ivoire, avait été chargé d’engager des réflexions thématiques sur les initiatives de réforme.  Au cours de l’année 2018, a poursuivi le représentant, ce groupe de travail s’est penché sur des thématiques diverses, telles que l’amélioration de la coopération triangulaire, la protection des civils, le rôle des femmes dans le maintien de la paix, la constitution stratégique des forces et la planification des capacités.

Le représentant a estimé que la réforme du maintien de la paix devait accorder une place prépondérante aux processus d’élaboration des mandats, à la coopération entre les parties prenantes, au rôle des organisations régionales, à la parité entre hommes et femmes, ainsi qu’au financement, à la formation et au renforcement des capacités des composantes militaires, de police et civiles, notamment en matière de protection des civils et de promotion des droits de l’homme.  Selon lui, ces exigences ont été prises en compte par la Côte d’Ivoire lors de la formation du bataillon projetable ivoirien qui sera prochainement déployé au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

S’agissant du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, le représentant a plaidé en faveur d’une collaboration plus étroite et mieux coordonnée entre les Nations Unies et l’Union africaine (UA) en matière de prévention des conflits, notamment à travers des visites conjointes sur le terrain et des consultations plus approfondies sur les causes des conflits et les moyens d’y remédier.

Le représentant a en outre appelé à faire en sorte que la réforme du maintien de la paix intègre pleinement la dimension de genre, conformément aux résolutions 2244 (2015) et 2382 (2017) du Conseil.  Il a salué la convergence des points de vue sur la nécessité d’accroître la prévisibilité et la durabilité du financement des opérations africaines de soutien à la paix autorisées par le Conseil.  Des efforts considérables ont été déployés pour renforcer l’élaboration des mandats, la gestion, le contrôle et la redevabilité de ces opérations, a-t-il salué, appelant à poursuivre sur cette lancée et à réaliser des « compromis courageux », afin de traduire les intentions de la résolution 2378 (2017) en actes.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a tout d’abord condamné les attaques au Burkina Faso et adressé ses condoléances aux familles des victimes.  Il a ensuite rappelé que lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, l’année dernière, 52 pays avaient dans un premier temps souscrit à la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix.  Un an après le lancement de l’initiative du Secrétaire général Action pour le maintien de la paix, il est temps, selon le délégué, de faire un premier bilan et de tracer les perspectives pour l’année à venir.  Le représentant s’est ainsi félicité que depuis la réunion de septembre dernier, 100 autres pays ont rejoint la Déclaration.  « C’est donc l’immense majorité des États Membres qui s’est engagée avec le Secrétariat pour que le maintien de la paix se réforme et soit à la hauteur des enjeux du XXIe siècle », a-t-il dit.  Il s’est également réjoui que les structures aient été mises en place pour évaluer efficacement les missions et que la logique de partenariat fonctionne.  Toutefois, a-t-il remarqué, il faut maintenant passer à l’étape suivante car des défis importants restent à relever. 

Si de nouveaux mécanismes ont été créés et des succès obtenus, il ne faut pas relâcher le rythme si nous voulons faire de cette réforme une réussite, a plaidé M. de Rivière.  C’est pour lui l’affaire de tous, tant au Secrétariat qu’au sein du Conseil de sécurité et parmi les États Membres.  « Contributeurs financiers, contributeurs de troupes, initiateurs des mandats, nous avons tous un rôle à jouer, et c’est bien là l’idée de la coopération triangulaire », a-t-il souligné.  Il a aussi appelé à une poursuite de la recherche de la performance, de disant favorable à la mise en place effective et partagée du système global d’évaluation de la performance (CPAS) et à son extension à l’ensemble des missions.  Il a noté à cet égard que l’objectif de performance ne touche pas que les militaires et les policiers mais aussi les civils.  Pour la France, l’objectif est bien d’établir une « vraie culture de la performance, mesurable, fondée sur des objectifs et adossée à des mécanismes clairs de responsabilité et d’incitation, et de mesures correctives ». 

Le représentant a ensuite assuré que la France serait au premier rang pour garantir la bonne mise en œuvre de l’initiative pour le maintien de la paix.  Un appui à la fois politique au sein du Conseil de sécurité, afin que ces opérations bénéficient d’un mandat clair, séquencé et priorisé -comme la France l’a fait pour la FINUL, la MONUSCO, la MINUSCA et la MINUSMA- et technique, en termes de formation et de fourniture d’équipements.  La France, qui s’investit fortement dans la formation des soldats africains susceptibles d’être déployés en opérations chaque année, va maintenir son engagement, a indiqué M. de Rivière.  Elle poursuivra aussi son appui pour l’apprentissage du français, convaincue que la dimension linguistique est structurante pour le succès des missions en environnement francophone.  Enfin, la France augmentera son engagement financier auprès du Département des opérations de paix.  En conclusion, le délégué a rappelé l’importance d’un financement adéquat des missions et d’une bonne coopération avec les différents acteurs locaux et régionaux présents sur le terrain, plaidant pour la mise en place, aussi rapidement que possible, d’un soutien des Nations Unies aux opérations africaines de paix. 

À l’entame de son intervention, M. MA ZHAOXU (Chine) a condamné les attaques terroristes perpétrées hier au Burkina Faso, dans lesquelles au moins 29 personnes ont trouvé la mort.  Le représentant a ensuite salué l’adoption par le Conseil de la résolution 2378 (2017), ainsi que l’initiative Action pour le maintien de la paix, lancée en septembre 2018 par M. António Guterres, et la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix.  Sur la base de ces engagements, le représentant a appelé à améliorer l’efficacité et l’efficience des opérations de maintien de la paix, dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies, y compris la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États Membres, ainsi que la résolution pacifique des différends.  Pour ce faire, il a jugé nécessaire de renforcer les consultations avec les pays hôtes.

Le représentant a par ailleurs appelé à développer davantage les partenariats dans le cadre des opérations de paix de l’ONU, y compris avec les organisations régionales telles que l’UA, notamment en apportant un soutien financier prévisible aux opérations de cette dernière.  Les pays fournisseurs de contingents doivent, quant à eux, veiller à ce que leurs Casques bleus soient dotés des ressources et du matériel suffisants pour réaliser leur mandat.  Le représentant a en outre appelé à améliorer les résultats des opérations de maintien de la paix, notamment au moyen d’évaluations récurrentes des performances.  En tant que l’un des principaux pays fournisseurs de contingents, la Chine a procédé à la création d’un fonds pour la paix ainsi qu’à la constitution d’une force pour la paix en attente de déploiement, dotée de 8 000 hommes et femmes, a enfin indiqué le représentant. 

M. Marc Pecsteen de Buytswerve (Belgique) a salué les efforts visant à réformer les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  L’initiative Action pour le maintien de la paix est désormais notre feuille de route à tous, a-t-il indiqué, soulignant que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) avait choisi cette initiative comme cadre de référence pour la formulation de son rapport.  Il s’agit désormais de mettre en œuvre cette feuille de route, a insisté M. Pecsteen de Buytswerve, saluant l’exercice d’enquête en cours auprès des États Membres, à l’occasion du premier anniversaire de la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix.

Le représentant a ensuite souligné le rôle central du Conseil de sécurité dans la définition des mandats des opérations de paix.  « Ces mandats doivent être clairs, lisibles et séquencés », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de faire en sorte que ces mandats soient « compréhensibles » et « non équivoques ».  Ces mandats doivent aussi être réalisables, a poursuivi le représentant, dans le sens où les moyens mis à disposition des missions doivent, selon lui, être en adéquation avec l’ambition du mandat. 

Abordant, par ailleurs, la question de la performance, le représentant a indiqué que cette dernière dépendait fortement de la manière dont les missions fonctionnent, à commencer par l’intégration des différentes composantes.  Il a en outre appelé à adapter les opérations de maintien de la paix à la complexité des conflits, en particulier ceux marqués par des groupes armés utilisant des tactiques terroristes.

Le représentant a enfin insisté sur l’importance des partenariats pour mener à bien la réforme du maintien de la paix.  L’Union européenne (UE) et les Nations Unies ont construit un partenariat « fort et concret », a-t-il estimé, notamment en République centrafricaine et au Mali.  Le représentant a également mentionné le partenariat entre l’ONU et l’UA, y compris au niveau du financement onusien des missions de l’organisation régionale.  Il a salué la trajectoire empruntée par l’UA, dans le cadre de la revitalisation du Fonds pour la paix, qui vise à assurer le financement « prévisible et durable » des initiatives de paix sur le continent.  « Les opérations africaines, complémentaires des opérations de l’ONU, doivent pouvoir bénéficier d’un financement solide », a-t-il estimé en conclusion.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a souhaité mettre l’accent sur les partenariats en matière de maintien de la paix, observant que celui-ci est un des outils qui rassemble le plus grand nombre d’acteurs et de mécanismes.  Soulignant le consensus dont bénéficie le maintien de la paix parmi les États Membres, le représentant a estimé que le Secrétariat avait un rôle crucial à jouer pour que les pays fournisseurs de contingents suivent la dynamique qu’il impulse en la matière.  Il s’est par ailleurs félicité de la forte implication arabe dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment en Somalie et au Darfour.  Saluant l’élan représenté par la Déclaration d’engagements communs et l’initiative Action pour le maintien de la paix, il a déclaré attendre avec une certaine impatience le rapport du Secrétariat sur le suivi de la réforme en cours.  Si la plupart des huit volets de la Déclaration sont assortis de déclarations présidentielles et de résolutions, il reste, selon lui, deux domaines où il faut encore avancer: les partenariats et l’importance des pays fournisseurs de contingents.  Sur ce dernier point, le Conseil de sécurité devrait se fonder sur le consensus actuel concernant ces pays, tout en tenant compte des travaux du Groupe de travail présidé par la Côte d’Ivoire.  Il a ajouté que le Koweït avait fait des propositions sur la coopération triangulaire et la nécessité d’associer les pays fournisseurs de contingents et les pays hôtes afin d’avoir une paix durable après le départ des missions. 

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a, après son Président en septembre dernier, cité le terrorisme, les changements climatiques et les nouvelles armes au nombre des facteurs qui influencent l’environnement opérationnel actuel des Casques bleus.  Les choses ont-elles changé depuis la réunion de haut niveau sur l’Action pour le maintien de la paix, il y a un mois? s’est demandé le représentant.  La réponse n’est pas facile, a-t-il concédé: d’un côté, nous voyons des progrès dans la sûreté des Casques bleus mais de l’autre, nous avons toujours besoin de meilleures analyses pour mieux comprendre les situations sur le terrain, formuler des plans plus intégrés, affiner la hiérarchisation des priorités et allouer les ressources avec plus d’efficacité. 

Le représentant a poursuivi en soulignant que le processus de préparation de la composante polonaise de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) montre clairement la manière dont on peut traduire dans la réalité la Déclaration d’engagements communs, à savoir investir massivement dans la formation prédéploiement, établir un partenariat responsable entre les pays contributeurs de troupes et l’ONU et enfin assurer une vraie mise en œuvre des recommandations contenues dans les documents stratégiques.  Le représentant a conclu sur la nécessité de déployer plus de femmes parmi les Casques bleus.  Il a rappelé que son pays compte parvenir à un taux 7% dans son contingent de la FINUL, soit le taux le plus élevé de participation féminine. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a tout d’abord rendu hommage à l’officier péruvien Edwin Augusto Chira Reyes, qui a perdu la vie alors qu’il était déployé en République centrafricaine, pour ensuite saluer les efforts menés par le Secrétariat et les pays contributeurs de contingents pour améliorer les normes d’efficacité et d’accomplissement des missions.  Il a également cité les efforts du Conseil de sécurité pour adopter des documents de consensus sur ces questions, ainsi que les quelque 150 adhésions à la Déclaration d’engagements communs. 

Le représentant a ensuite insisté sur la nécessité cruciale de mettre en œuvre des politiques visant à renforcer l’action des opérations de paix, ainsi que sur la nécessité des examens stratégiques des missions, afin d’identifier leurs points forts et leurs faiblesses pour réorienter, au besoin, les priorités.  À son avis, les pays contributeurs de contingents doivent recevoir des informations actualisées qui précisent les attentes, les défis et les exigences des opérations.  M. Meza-Cuadra a aussi jugé nécessaire de renforcer les liens entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, afin de tirer parti de leurs avantages respectifs.  Un renforcement du dialogue et de la coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de contingents s’impose également afin de dégager des stratégies novatrices et cohérentes, a-t-il ajouté.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) s’est dit préoccupé par la hausse des violences et attaques contre des civils au Burkina Faso, comme en témoignent selon lui les attaques meurtrières perpétrées hier dans le pays.  Passant au thème à l’ordre du jour du Conseil, le représentant a appelé à promouvoir une « culture de la responsabilisation » dans le cadre des opérations de maintien de la paix, afin notamment d’améliorer la sécurité des personnels déployés et l’efficacité des missions.  Dans ce cadre, il a demandé à ce que le Conseil de sécurité soit davantage tenu au courant de la performance des missions sur le terrain, notamment via l’organisation de séances d’information axées sur l’analyse de la performance des missions.  Cela permettrait également aux membres du Conseil de bénéficier d’un retour sur l’efficacité des formations dispensées aux personnels déployés, a-t-il ajouté, appelant le Secrétariat à rédiger régulièrement des rapports et évaluations sur la performance des opérations de maintien de la paix.

Le représentant a par ailleurs salué la politique de tolérance zéro adoptée par l’Organisation en matière de violences, d’atteintes et d’exploitation sexuelles perpétrées par des Casques bleus et du personnel de l’ONU déployés sur le terrain.  Il a toutefois jugé insuffisants les progrès en la matière et regretté le manque d’informations provenant des pays fournisseurs de contingents concernant les mesures prises pour y remédier.  Le représentant a également estimé que le Conseil devrait être mis au courant des cas et allégations davantage en amont, y compris lors de séances officieuses, ce qui lui permettrait de mieux anticiper les problèmes.

Le représentant a ensuite rappelé que les États-Unis sont le principal contributeur financier aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et que « cela ne changera pas ».  Il a fait valoir les partenariats à long terme de son pays avec les pays fournisseurs de contingents et de forces de police, qui contribuent à développer les capacités institutionnelles et à mieux préparer et soutenir les soldats de la paix.  Il a rappelé que « la paix est une responsabilité partagée qui requiert un partage des coûts », appelant tous les États Membres à redoubler d’efforts pour s’assurer que les soldats de la paix sont bien formés et bien équipés pour œuvrer à la réalisation des mandats.  « Il ne s’agit pas de pointer certains pays du doigt », a-t-il affirmé, mais bien d’œuvrer collectivement à l’amélioration du maintien de la paix.

M. PROTASIO EDU EDJANG NNAGA (Guinée équatoriale) a insisté sur l’importance, pour les troupes et les unités de police des missions, de disposer des meilleurs entraînements et équipements possibles.  En effet, nombre d’entre elles sont la cible d’attaques asymétriques, a-t-il relevé.  Le représentant a salué l’initiative Action pour le maintien de la paix, ainsi que tout changement positif visant à améliorer l’équilibre des capacités au sein des opérations de paix.  Il a aussi salué l’impact politique des missions.  Le représentant a ensuite appelé les États Membres à améliorer leur appui à l’Union africaine dans le but de renforcer les capacités et d’améliorer les possibilités de financement et la souplesse de celui-ci pour le bon fonctionnement des opérations menées par l’UA et autorisées par le Conseil de sécurité.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a estimé qu’un an après le lancement de l’initiative Action pour le maintien de la paix, il est temps de faire le point sur ce qui a été accompli et sur ce qui doit encore être fait pour faire progresser la réforme engagée.  Plaidant pour que le Conseil agisse « plus fort et plus vite » à cet égard, le représentant a mis l’accent sur trois points, à commencer par la nécessité de maintenir l’élan positif de l’initiative Action pour le maintien de la paix et d’assurer sa mise en œuvre effective.  À ses yeux, l’adoption par 152 États Membres de la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix est le signe du large soutien dont bénéficie cette réforme.  Dans ce cadre, a-t-il indiqué, l’Indonésie s’est portée volontaire pour devenir championne en matière de formation et de renforcement des capacités, tout en contribuant aux autres aspects de la réforme. 

En second lieu, a poursuivi le délégué, les Casques bleus doivent être équipés de manière adéquate et bénéficier de la formation nécessaire.  Bien entraînés, ils seront en mesure de mieux se protéger et de protéger les populations locales.  C’est pourquoi l’Indonésie a choisi de s’impliquer sur cette question, qui avait donné lieu à un débat public lors de sa présidence du Conseil en mai, a rappelé le représentant.  Elle a aussi organisé un séminaire international sur ce même thème en mai, à Jakarta, en présence du Secrétaire général adjoint, M. Jean-Pierre Lacroix. 

Troisièmement, le représentant a appelé à une augmentation de la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix, jugeant qu’à l’évidence, elles apportent une valeur ajoutée significative au succès des opérations et des processus de paix en général.  Comme l’a résumé en mai dernier la Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, Mme Retno Marsudi, « investir dans les femmes revient à investir dans la paix », a rapporté M. Syihab, se disant fier que son pays fournisse 26 Casques bleus femmes dans huit missions.  Assurant que ce nombre irait croissant, il a rappelé que l’Indonésie avait organisé une session de formation régionale sur les femmes et la paix en avril et a annoncé qu’elle entendait créer un réseau de Casques bleus femmes en Asie du Sud-Est.  Avant de conclure, il a souligné que les missions de maintien de la paix de l’ONU ne pouvaient remplir au mieux leur mandat que si elles étaient soutenues politiquement, financièrement et matériellement. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a adressé ses condoléances au peuple du Burkina Faso à la suite de « l’attaque terrible » subie par ce pays.  Relevant qu’il existe des « solutions africaines » aux problèmes que connaît le continent africain, il a réitéré l’appui de sa délégation au G5 Sahel.  « Il nous faut stabiliser cette région et le faire de toute urgence », a-t-il lancé.  Revenant au maintien de la paix assuré par les Nations Unies, le représentant a constaté, en écho aux précisions apportées par M. Lacroix, qu’il « change pour le mieux ».  Toutefois, a-t-il nuancé, des progrès restent à réaliser dans l’établissement des mandats, afin notamment de garantir la sécurité des faiseurs de paix sur le terrain.  « Un mort chez les Casques bleus est un mort de trop », a-t-il souligné, encourageant le Secrétaire général à poursuivre la politique de réforme déjà engagée et à rendre compte des obstacles et problèmes qui persistent.  Pour le délégué, le maintien de la paix n’est pas un effort isolé et doit au contraire faire partie d’un processus intégré de renforcement de l’état de droit et des pouvoirs judiciaires, mais aussi de développement.

Pour ce qui est de l’initiative Action pour le maintien de la paix, l’Allemagne s’est engagée à assurer son succès, a souligné M. Heusgen.  Elle a même, selon lui, un rôle de « championne » dans ce cadre, comme l’atteste son appui aux formations préalables aux déploiements et l’organisation d’ateliers sur la sûreté et la sécurité des missions.  L’Allemagne est également engagée en faveur de la protection des femmes et des filles contre les violences sexuelles et sexistes, a poursuivi le représentant, précisant que le pays pèse pour l’intégration de cette problématique dans le mandat des opérations de maintien de la paix.  L’Allemagne mène aussi sa propre initiative pour le réseau mondial des femmes Casques bleus et conduit des études nationales sur les formations en la matière.  Avant de conclure, le délégué a appelé à un meilleur suivi et à des examens ciblés des opérations de maintien de la paix dans le cadre du partenariat stratégique afin d’évaluer les lacunes en vue d’y remédier. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a plaidé en faveur d’une action accrue du Conseil de sécurité pour atteindre les objectifs énoncés dans la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix et dans l’initiative Action pour le maintien de la paix.  À ses yeux, les États Membres, y compris les pays fournisseurs de contingents, les pays donateurs et les pays hôtes, doivent agir collectivement dans le cadre de partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales. 

S’agissant du Comité des 34, tout en regrettant qu’il ne soit pas parvenu à se mettre d’accord sur la rédaction de son rapport annuel, le représentant a salué la décision du Comité de se baser sur l’initiative Action pour le maintien de la paix pour formuler son prochain rapport annuel.  Le représentant a en outre encouragé tous les États Membres à adhérer à la Déclaration d’engagements communs.

Par ailleurs, le représentant a appelé, dans le cadre de la réforme, à renforcer la sécurité des Casques bleus sur le terrain, à augmenter la proportion de femmes déployées dans le cadre d’opérations de maintien de la paix et à intégrer les Principes de Vancouver sur la protection des enfants dans tous les mandats des missions.  Il a également insisté pour que toutes les opérations incorporent des initiatives de promotion de la jeunesse et tiennent compte de l’impératif de ne pas contribuer à la détérioration de l’environnement dans le pays hôte.  Enfin, le représentant a appelé à améliorer les relations entre le Conseil et le Commission de consolidation de la paix (CCP).

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) s’est félicité de ce point d’étape effectué par le Secrétaire général adjoint, qui donne aux États Membres la possibilité de voir où en est la réforme, où elle a eu un impact et ce qu’il faut encore améliorer.  Le représentant a indiqué que son pays était honoré de figurer parmi les 152 pays ayant entériné la Déclaration d’engagements communs de septembre 2018.  Il a souligné à cet égard le rôle important joué par le Royaume-Uni pour promouvoir dans ce cadre la paix et la sécurité internationales ainsi que la responsabilisation.  En tant que porte-plume pour plusieurs missions, dont la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), le Royaume-Uni a fait le choix de simplifier les mandats, a souligné le délégué, suggérant à la France de relever également ce défi avec la MINUSCA.  Après avoir salué la MINUAD et l’exemple de « transition réussie » qu’elle évoque, il a indiqué que son pays avait doublé sa contribution annuelle au Fonds de consolidation de la paix et a invité les autres États Membres à faire de même.  En octobre prochain, le Royaume-Uni accueillera une conférence visant à améliorer la transition en ce qui concerne la collaboration des acteurs de paix et de développement, a annoncé le représentant. 

M. Allen a aussi souligné l’importance d’une plus grande participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.  Il a précisé que le Royaume-Uni avait contribué à hauteur de 1,2 million de dollars à l’établissement d’un réseau mondial de femmes Casques bleus.  Il a d’autre part annoncé qu’à compter de 2020, son pays fournirait 250 Casques bleus à la MINUSMA et compléterait cette action avec un nouveau bureau de formation.  De fait, a-t-il assuré, « les Casques bleus que nous enverrons au Mali seront bien formés et à la hauteur de la tâche ».  Enfin, reconnaissant le rôle crucial joué par les organisations régionales et sous-régionales, notamment l’UA pour les missions sur le continent africain, il a demandé à tous les États Membres d’appuyer l’AMISOM lorsque la question est abordée à la Cinquième Commission.  Il a plaidé à cet égard pour une grande transparence et une meilleure prévisibilité dans le financement des opérations, ce qui dépend en grande partie de l’évaluation des performances sur le terrain, a-t-il conclu. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a rappelé que son pays privilégiait la médiation, la négociation et le dialogue pour résoudre les conflits en cours.  À cet égard, il a salué l’évolution positive de la situation au Soudan, au Soudan du Sud, en Érythrée et au Mozambique.  Toutefois, le représentant a estimé qu’il convenait d’améliorer et de réformer le maintien de la paix de l’ONU, pour l’adapter aux menaces sécuritaires changeantes dans tout le continent africain.  Dans ce cadre, il a appelé à améliorer la définition des mandats, la collaboration entre les parties prenantes, le financement prévisible des opérations, le rôle des organisations régionales, la parité entre hommes et femmes, ainsi que les capacités et la formation des personnels déployés.  Le représentant a en outre appelé à renforcer la coopération entre le Conseil, l’Assemblée générale et les pays fournisseurs de contingents, aussi bien lors de la définition des mandats que durant les phases de déploiement et d’évaluation des missions, conformément à la résolution 1353 (2000) du Conseil. 

M. Matjila a également appelé à renforcer la coopération entre le Conseil et l’UA, insistant notamment pour que les opérations menées sous l’égide de cette dernière bénéficient d’un financement « prévisible et durable ».  À cette fin, il a rappelé que le Conseil s’était engagé, dans sa résolution 2378 (2017), à envisager les moyens de financer les opérations de l’UA via des contributions des États Membres auprès des Nations Unies.  Par ailleurs, le représentant a salué la poursuite d’initiatives de paix régionales, telles que la Force africaine en attente, ainsi que les initiatives visant à accroître la présence des femmes au sein des missions.  Il a appelé les États Membres à faire en sorte que le Comité des 34 puisse s’acquitter de son mandat.  L’impasse dans laquelle se trouve le Comité, qui n’a toujours pas adopté son rapport annuel, ne devrait pas se reproduire, a-t-il insisté.  M. Matjila a enfin appelé à renforcer les relations entre le Conseil et la Commission de consolidation de la paix (CCP), notamment lorsque le Conseil envisage le renouvellement ou le retrait d’une opération de maintien de la paix.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a adressé ses condoléances au Burkina Faso après l’attentat qui a entraîné la mort de 29 personnes.  Au sujet du maintien de la paix, « activité phare des Nations Unies », il a rappelé son incidence directe sur la vie de millions de personnes dans le monde et sa contribution au règlement des conflits sur le long terme.  Plaidant pour une « nécessaire adaptation » des dispositifs de maintien de la paix actuellement mis en œuvre, le représentant a salué les efforts déployés personnellement par le Secrétaire général dans le contexte de son initiative Action pour le maintien de la paix, dont la Fédération de Russie partage notamment les objectifs en matière de partenariats.  Cela suppose, selon le représentant, un respect scrupuleux de toutes les parties dans les instances intergouvernementales. 

Compte tenu des divergences persistantes entre États Membres au regard de la Déclaration d’engagements communs, le délégué a jugé important de noter la décision prise par le Comité des 34 lors de sa dernière session, laquelle devrait permettre la mise en adéquation de son rapport avec les points de la Déclaration.  Quelle que soit l’évolution de réforme, a poursuivi M. Nebenzia, il faut qu’à son centre, nous ayons le respect de la souveraineté des pays hôtes, de la Charte et des principes fondamentaux comme la neutralité et le non-emploi de la force.  Il a également exprimé les réserves de sa délégation quant aux opérations dites « robustes et proactives ».  À ses yeux, les fonctions de renseignement et de collecte d’informations ne peuvent se faire que dans un cadre précis, avec l’assentiment des États concernés.  Le stockage et le traitement des informations sensibles sont un élément crucial dans ce contexte, a-t-il souligné. 

Pour le représentant, le partenariat entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents est essentiel si l’on souhaite faire évoluer positivement le maintien de la paix.  Il s’est, à cet égard, félicité de la participation des principaux pays fournisseurs de contingents à cette réunion du Conseil.  La coopération du Secrétariat avec le pays hôte doit être la « pierre angulaire du maintien de la paix », a-t-il insisté, estimant ensuite qu’une bonne coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte, revêt également une importance considérable, comme en atteste le rôle joué par l’UA ou encore l’Organisation de Shanghai pour la coopération.  S’agissant des Casques bleus de l’ONU, leur principale mission doit être de créer sur le terrain les conditions d’une solution politique.  Plaidant enfin pour une politique d’optimisation du maintien de la paix, le délégué a relevé que cette activité dépendait en grande partie de la répartition des tâches.  Il a ainsi souhaité que le rôle du Comité spécial du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix soit reconnu, de même que celui de la Cinquième Commission pour ce qui est de la logistique et des ressources budgétaires. 

Après avoir expliqué la manière dont son pays améliore sa participation aux opérations de paix de l’ONU, M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie) a appelé à des directives « concrètes » sur la manière dont les parties prenantes doivent contribuer à la réforme de ces opérations.  Il faut, a-t-il dit, un audit pour restructurer le pilier paix et sécurité.  Nous devons mieux comprendre, a-t-il par exemple expliqué, le travail que fait la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires parce qu’allouer les ressources nécessaires aux opérations est une question urgente.  Le Conseil de sécurité, a insisté le représentant, doit examiner les moyens de résoudre les problèmes posés par l’inadéquation entre les ressources et les mandats. 

Il est important, a-t-il poursuivi, que nous nous mettions tous d’accord sur l’« essence même » de la réforme.  Nous devons assurer une communication constante entre toutes les parties prenantes pour combler les lacunes dans la mise en œuvre de la résolution 2378.  Le rôle et la contribution de chaque acteur des opérations de paix doit être réaffirmé et la sûreté et la sécurité des Casques bleus qui opèrent dans des environnements dangereux et menaçants doivent être notre priorité.  Aujourd’hui, a conclu le représentant, ce sont les pays contributeurs de troupes et de personnel de police qui assument les sacrifices humains et le fardeau financier des opérations de paix.  « Ce n’est ni juste ni acceptable » et il faut espérer qu’à l’avenir, on fera tout pour corriger « le déséquilibre » dans la coopération entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat. 

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a plaidé pour une compréhension « commune » de tous les partenaires du maintien de la paix de ce que veut dire « protection des civils » et pour un appui collectif aux mesures prises.  La représentante a dit l’attachement de son pays au Principes de Kigali sur la protection des civils.  Elle a ensuite souligné que l’évaluation de la performance d’une opération de paix ne doit pas se limiter aux hommes en uniforme.  La performance peut en effet être compromise par des mandats « ambigus », les retards dans le remboursement des pays contributeurs de troupes et les restrictions imposées par le pays hôte.  Nous voulons une évaluation globale des performances qui ne se focalise pas sur certains partenaires tout en en épargnant d’autres. 

La formation est au cœur de la performance, a ajouté la représentante.  Elle a expliqué qu’en partenariat avec l’armée américaine, d’autres États africains et des organisations internationales, les Forces de défense du Rwanda viennent de réussir un « exercice d’accord commun » le mois dernier.  La représentante s’est aussi félicitée des efforts pour accroître le nombre de soldates et de policières dans les opérations de paix.  Elle a par ailleurs souligné que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales doit se fonder sur le partage du fardeau, des consultations pour toute prise de décisions, les avantages comparatifs, une bonne division du travail et la responsabilité mutuelle.  Soulignant le rôle de la Police des Nations Unies, en particulier au moment de la transition du maintien à la consolidation de la paix, la représentante a plaidé pour le renforcement des capacités et l’augmentation des ressources de la Division de la Police et des composantes police des opérations de paix. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a souligné la « souplesse, la capacité d’adaptation et la résilience » dont font preuve les parties prenantes du maintien de la paix dans le cadre de la réforme en cours, notamment afin de construire des partenariats solides entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de contingents et d’unités de police, le Secrétariat et les pays hôtes.  Dans ce cadre, a indiqué le représentant, le Bangladesh appuie les efforts de mise en œuvre de l’Action pour le maintien de la paix et salue les initiatives visant à renforcer l’exemplarité du comportement des soldats de la paix.  M. Bin Momen a réaffirmé l’engagement du Bangladesh, en tant que pays fournisseur de contingents, envers la politique de tolérance zéro de l’ONU concernant les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles perpétrés par le personnel déployé.  Le Bangladesh, a-t-il ajouté, est à l’avant-garde de l’amélioration de la protection des civils dans le cadre des missions, comme en témoigne l’action des soldats de la paix issus du Bangladesh au sein de la MINUSMA, notamment pour aller à la rencontre des communautés locales.  Il a également soutenu les efforts déployés pour réduire l’empreinte environnementale des missions.

Toutefois, le représentant s’est dit préoccupé par la sécurité des personnels déployés au sein des missions, rappelant que 236 soldats de la paix ont trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions depuis janvier 2013.  Il a appelé à analyser les causes directes de ces décès pour y remédier.  Il a notamment souligné le besoin d’améliorer le déploiement rapide et sans entrave des contingents, la sécurité physique du personnel, la collecte de renseignements et la formation préalable au déploiement en matière sécuritaire et médicale.  Il faut également s’attaquer aux problèmes du stress post-traumatique, a-t-il ajouté.  Le représentant a ainsi appelé le Conseil à adopter une résolution sur la sécurité du personnel déployé.  Il a également a appelé à renforcer la coopération triangulaire entre le Conseil, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.  Tout en soulignant, enfin, l’importance de l’évaluation de la performance des missions, M. Bin Momen a appelé à ne pas oublier le lien entre la performance et l’allocation de ressources adéquates et prévisibles aux opérations de maintien de la paix. 

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a estimé que le maintien de la paix de l’ONU se trouvait actuellement dans un « no man’s land », tentant d’une part de maintenir la paix dans des environnements fragiles et de l’autre, de renforcer le maintien de la paix, « là où il n’y en a pas à maintenir ».  Il a appelé à institutionaliser une approche qui permette aux acteurs, notamment les pays contributeurs de contingents, d’être associés de manière cohérente et prévisible au processus de prise de décisions, « comme on en discute déjà depuis des décennies ».  Malgré les déclarations présidentielles de 1994 et 1996, les résolutions 1327 (2000) et 1353 (2001) et la rapport Brahimi, nous ne constatons dans la pratique aucune amélioration efficace de la coopération entre les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité, a-t-il déploré.

Le représentant a aussi appelé à motiver davantage les femmes Casques bleus, notant qu’elles ne représentent que 6% des effectifs, et que ce taux n’a augmenté que de 5% en 26 ans.  À ce rythme, il est peu probable que l’on atteigne les objectifs même les plus minimes, a-t-il signalé.  M. Akbaruddin a ensuite appelé à donner la priorité à l’innovation dans le renforcement des capacités, afin de se départir de la « culture des règles d’exception » qui mine, selon lui, le maintien de la paix pour en faire une « activité segmentée ».  Il a notamment salué des mesures novatrices telles que le codéploiement de Casques bleus originaires de pays différents, ainsi que le renforcement de capacités au travers des équipes de formation mobiles.  De plus, l’élargissement des initiatives en ligne visant à renforcer les capacités des futurs commandants et gérants mérite d’être davantage promu, selon le représentant.

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a relevé que les retards de paiement et la retenue des contributions provoquent un manque de ressources qui se traduit aussi par un remboursement différé aux pays fournisseurs de contingents.  Par conséquent, a-t-il alerté, les Casques bleus voient leur performance compromise dans les théâtres d’opérations.  Il a également appelé à appuyer un processus politique sans exclusive, les opérations de paix devant, selon lui, compléter et appuyer les capacités institutionnelles des pays touchés par les conflits.  Il faut aussi une bonne analyse des racines des conflits pour guider le processus de définition des mandats, a-t-il ajouté avant d’appeler les délégations porte-plume à consulter les pays contributeurs de contingents avant de finaliser le processus.  En outre, a plaidé le représentant, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit être intégré aux opérations, en mettant davantage l’accent sur la lutte contre la pauvreté et le développement socioéconomique.

Le représentant a aussi voulu que les mandats soient dotés de ressources adéquates et prévisibles et que le leadership des missions soit autonomisé et redevable de la performance des missions.  Sur ce dernier point, a-t-il estimé, les indicateurs de performance de chaque mission doivent se fier aux mandats et à la réalité du terrain.  Enfin, le représentant a prôné la participation des femmes, des jeunes et des communautés en demandant de la promouvoir, arguant que cela aide à obtenir la confiance des populations.

Après avoir adressé ses condoléances au Burkina Faso et réitéré le ferme soutien de son pays au G5 Sahel, M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné l’engagement du Maroc en faveur de l’initiative Action pour le maintien de la paix en rappelant que le Roi Mohammed VI avait été parmi les premiers chefs d’État à exprimer un plein soutien à cette initiative.  Ce débat vient donc « à point nommé » pour évaluer collectivement les avancées réalisées et les défis qui demeurent en la matière, a estimé le représentant.  Saluant le leadership du Secrétariat pour la mise en œuvre de la Déclaration d’engagements communs, le représentant a indiqué que son pays accueille favorablement le concept de « champions » et s’est engagé en faveur du soutien à la performance, à la reddition des comptes et à l’amélioration des partenariats dans le maintien de la paix. 

Le Maroc a récemment procédé à l’envoi d’un bataillon à déploiement rapide au sein de la MONUSCO, a indiqué le délégué.  Son déploiement n’a pris que deux mois entre l’expression d’intérêt et l’arrivée sur le terrain, a-t-il indiqué, imputant cette « prouesse » à la collaboration exemplaire avec le Secrétariat, laquelle pourrait, selon lui, « être érigée en bonne pratique ».  Évoquant ensuite le renforcement des capacités, il a noté que le Maroc entretient une coopération sécuritaire avec de nombreux pays amis et alliés, y compris en termes de formation et de renforcement des capacités militaires.  S’agissant du partenariat triangulaire, il a expliqué que son pays avait décidé d’entreprendre une série de formations destinées principalement aux pays africains francophones.  Une première formation d’officiers planificateurs est en cours en ce moment au Maroc et une autre, en génie, se déroulera d’octobre à décembre, tandis qu’une formation dans le domaine médical est programmée au premier semestre 2020.  Le Maroc, a encore souligné M. Hilale, œuvre également au renforcement de l’impact des opérations de maintien de la paix sur les efforts visant à pérenniser la paix, notamment par son rôle de président de la formation République centrafricaine de la CCP. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a appelé à mettre davantage l’accent sur la dimension politique du maintien de la paix, au lieu de « passer cette dernière sous silence » en insistant uniquement sur les aspects opérationnels.  À ses yeux, cette approche a jusqu’ici conduit à insister « injustement » sur les « manquements » des pays fournisseurs de contingents.  Dans ce cadre, le représentant a appelé à renforcer le dialogue entre le Conseil, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, lesquels ne sont toujours pas satisfaits, selon lui, par l’étendue du dialogue actuel. 

Le représentant a également appelé à faire de la Feuille de route du Caire la pierre angulaire de l’amélioration de la performance des opérations de paix.  Cette feuille de route, a-t-il expliqué, met notamment les aspects opérationnels du maintien de la paix sur un pied d’égalité avec la dimension politique.  Le document appelle également, a-t-il ajouté, à passer d’une coopération triangulaire entre le Conseil, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents à une coopération quadripartite incluant les pays hôtes.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a estimé qu’il restait encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs définis par le Secrétaire général dans son initiative Action pour le maintien de la paix.  En dépit des améliorations en matière de réformes politiques et administratives, la situation sécuritaire de certains pays comme le Mali, la République démocratique du Congo, la Somalie et le Soudan demeure en effet volatile, a-t-il déploré, attribuant cela notamment à la recrudescence d’attaques terroristes et de tensions intercommunautaires.  Il a par conséquent insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts visant à rendre les mandats de ces opérations plus « ciblés, clairs, réalistes et réalisables », ce qui suppose d’allouer à chacune des opérations de maintien de la paix un financement « prévisible et durable ».  À cet égard, le représentant a appelé le Conseil à œuvrer, dans l’esprit du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix et de ses résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017), à poursuivre des consultations sur la question du financement des opérations de l’UA.

Le représentant a en outre appelé à doter les opérations de maintien de la paix de troupes « bien formées, suffisamment équipées et initiées aux rudiments du droit humanitaire ».  Il a également appelé à renforcer la lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles au sein des missions, ainsi qu’à renforcer le déploiement des femmes sur le terrain.  En outre, étant donné l’engagement croissant des pays francophones au sein des opérations de maintien de la paix, ainsi que l’implantation de ces opérations dans plusieurs pays francophones, le représentant a insisté sur « l’impératif de promotion du multilinguisme » au sein des missions.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a estimé qu’il était encore trop tôt pour évaluer l’impact positif des réformes entreprises dans le secteur du maintien de la paix à l’ONU, notant que les changements structurels visent à permettre une plus grande intégration des activités avec les piliers paix et sécurité, développement et droits de l’homme.  S’agissant de la réforme de la gestion des opérations de paix, il a salué le fait que le Secrétariat ait réussi à éliminer la plupart des structures administratives redondantes et à créer un cadre de gestion plus simple et plus facile d’emploi.  Il a notamment salué le système de guichet unique de la gestion des approvisionnements, ainsi que le nouveau système d’évaluation des performances à « 360 degrés », de même que les efforts du Secrétariat visant à réaliser une plus grande diversité régionale.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a relevé qu’avec le temps, les opérations de maintien de la paix sont devenues « l’activité phare » des Nations Unies et l’un de ses principaux outils pour gérer des conflits représentant une menace pour la paix et la sécurité internationales.  « En raison de leur travail, de leur dévouement et de leur sacrifice, les Casques bleus sont aujourd’hui reconnus et respectés partout dans le monde », a-t-elle observé.  La représentante a constaté que l’accent avait été mis ces derniers mois sur l’amélioration de la performance des opérations de maintien de la paix grâce au cadre normatif et aux concepts d’agilité et de protection par projection, qui reposent en grande partie sur l’action des pays fournisseurs de contingents.  Elle a rappelé à cet égard que le Pakistan était l’un de ces pays les plus fiables depuis 1960, ayant fourni plus de 200 000 soldats de la paix à 46 missions différentes. 

Le Pakistan, a poursuivi le représentant, accueille l’une des plus anciennes missions de l’ONU, le Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP), qui est chargé de surveiller la situation des deux côtés de la Ligne de contrôle dans le territoire contesté du Jammu-et-Cachemire.  Le rôle de cette mission s’est accru dramatiquement depuis l’annexion par l’Inde du Jammu-et-Cachemire occupé, le 5 août, en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-elle souligné, saluant le rôle joué par l’UNMOGIP pour maintenir la stabilité régionale.  Pour Mme Lodhi, il est important que le Conseil continue sa surveillance de la situation et envisage également un renforcement de cette mission.  À cette fin, il devra aussi s’assurer que l’Inde donne les nécessaires libertés d’accès et de mouvement afin de lui permettre d’exécuter son mandat, a-t-elle fait valoir. 

En tant que pays fournisseur de contingents, attaché au renforcement des capacités des pays concernés et souhaitant une plus forte participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, le Pakistan est partisan d’une meilleure adéquation entre les moyens dont disposent les pays fournisseurs de contingents et les attentes des missions, a indiqué la déléguée.  À ses yeux, l’évaluation des performances doit commencer avec l’examen des mandats et leur mise en conformité avec les ressources des pays fournisseurs de contingents.  Il convient en outre de bannir les retards dans les déploiements et de procéder à un meilleur partage des responsabilités, comme prévu dans la Déclaration d’engagements communs, a-t-elle conclu. 

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada), s’exprimant tout d’abord en sa qualité de Président du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34), a salué le fait que cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale comprenne à la fois des pays fournisseurs de contingents et de forces de police, les pays principaux contributeurs financiers et les pays hôtes des opérations.  C’est cette diversité d’expériences qui enrichit la capacité du Comité à contribuer à la compréhension collective des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et de leur évolution, a-t-il fait remarquer.  Il a aussi témoigné du sérieux avec lequel est négocié le rapport annuel du Comité des 34, assurant de la volonté commune d’améliorer la conception et l’exécution des opérations.  Parlant ensuite du Conseil de sécurité, il a souligné l’une de ses plus grandes responsabilités qui consiste à déterminer l’éventail des tâches assignées aux opérations de l’ONU et les plafonds de troupes.  Mettant l’accent sur la complexité de plus en plus grande des opérations et sur la grande crédibilité du Comité des 34, il a invité le Conseil à prendre en compte les points de vue de ce comité.  Il a mentionné « l’accord de principe » trouvé cet été par le Comité, après trois mois de consultations intersessions, sur une nouvelle structure pour son rapport annuel: il doit s’appuyer sur l’initiative Action pour le maintien de la paix. 

Intervenant ensuite à titre national pour le Canada, le représentant a réitéré son engagement à soutenir le secteur du maintien de la paix aux Nations Unies, expliquant payer ainsi l’intégralité de ses cotisations à l’ONU à temps et sans conditions, depuis la création de l’Organisation jusqu’à la date d’aujourd’hui, donc pour 2019 également.  Le Canada, a-t-il ajouté, a en outre ajouté une force opérationnelle aérienne à la MINUSMA et procédé à 11 évacuations aéromédicales avancées, dans un environnement d’une grande complexité.  Il s’est félicité de ce travail et a salué ses partenaires roumains qui ont permis une transition en douceur.  Le représentant a aussi mentionné un avion C130 fourni par le Canada à Entebbe, au profit des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique.  Enfin, il a plaidé en faveur de la promotion de l’agenda femmes, paix et sécurité, avant de se prévaloir de sa contribution de 15 millions de dollars au Fonds de l’Initiative Elsie pour accroître le nombre de femmes en uniforme dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a rappelé que 100 000 soldats de la paix, policiers et personnels civils étaient à l’heure actuelle déployés au sein de 14 opérations de maintien de la paix à travers le monde, avant de saluer les efforts en cours pour améliorer l’efficacité de ces missions.  Pour mener à bien ces réformes, le représentant a mis en garde contre les « approches fragmentées ».  En l’absence de processus politiques ouverts, a-t-il affirmé, le maintien de la paix est en effet « inefficace ».  Il a appuyé l’initiative Action pour le maintien de la paix et appelé à adapter la formation, la protection et les compétences des personnels déployés sur le terrain aux nouveaux défis présentés par les conflits « asymétriques » modernes.  Les soldats de la paix doivent également être en mesure de mieux communiquer et interagir avec les communautés locales, a-t-il estimé, ainsi que d’identifier les « signes systémiques d’exploitation » plus rapidement.

« Attendre des missions de maintien de la paix qu’elles fassent davantage avec moins de ressources est une erreur », a en outre estimé le représentant, estimant que les missions avaient besoin de « bien plus de souplesse et de capacités ».  À cette fin, le représentant a appelé à allouer aux opérations de maintien de la paix un financement « prévisible et durable ».  Le représentant a enfin appelé à améliorer la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix et à réduire l’empreinte environnementale des missions.

M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a noté des divergences de vues entre les membres du Conseil de sécurité et les autres États sur plusieurs questions liées au maintien de la paix.  Il en a voulu pour preuve le fait que le rapport annuel du Comité spécial des opérations de maintien de la paix n’ait pas pu être adopté cette année à cause, entre autres, des divergences sur les modalités de financement des opérations d’appui à la paix de l’Union africaine.  Il a espéré que le débat que le Conseil tient aujourd’hui permettra de tirer les leçons de l’expérience, un an après la Déclaration d’engagements communs.  Les membres du Conseil, a-t-il insisté, doivent identifier les domaines qui exigent davantage de travail et formuler un plan pour concrétiser les engagements. 

En tant que représentant du principal pays fournisseur de Casques bleus au sein du bloc occidental, M. STEFANO STEFANILE (Italie) s’est dit bien conscient des multiples défis qui pèsent sur les opérations de maintien de la paix.  Dans ce cadre, il a rappelé que son pays appuyait la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix.  À ses yeux, les efforts actuellement déployés par le Secrétariat de l’ONU et les États Membres pour identifier les lacunes du maintien de la paix offrent un bon exemple du type de « dialogue vertueux » qu’il convient d’instaurer entre les parties prenantes du maintien de la paix.

S’agissant de la performance, le représentant a insisté sur la nécessité de dispenser au personnel des formations appropriées avant le déploiement et durant les missions.  Il a également appelé les pays fournisseurs de contingents à augmenter le nombre de femmes déployées, ainsi qu’à fournir les « meilleurs troupes » et « des équipements de première qualité ».  Selon lui, c’est là le meilleur moyen d’améliorer la performance des missions, tout en garantissant la protection des civils et la sécurité des soldats de la paix et du personnel humanitaire.  Le représentant a également appelé à renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat, les pays hôtes et les pays fournisseurs de contingents.  Enfin, il a souligné que son pays appuyait fortement une réduction de l’empreinte environnemental des missions.

 

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Journée internationale contre les essais nucléaires: l’Assemblée générale entend de nombreux appels à l’entrée en vigueur du TICE

Soixante-treizième session,
104e séance plénière – matin
AG/12171

Journée internationale contre les essais nucléaires: l’Assemblée générale entend de nombreux appels à l’entrée en vigueur du TICE

L’Assemblée générale a commémoré, ce matin, la Journée internationale contre les essais nucléaires et entendu de nombreux appels à « mettre fin de manière urgente » à ces essais « de façon vérifiable » compte tenu des dangers qu’ils représentent pour la vie, la santé, l’environnement et la paix et la sécurité internationales.  Plus de 2 000 explosions ont été effectuées entre 1945 et 1996, année où le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) a été ouvert à la signature.  Vingt-trois ans plus tard, les États continuent d’appeler à son entrée en vigueur. 

Au XXIe siècle, les essais nucléaires sont tout simplement inacceptables, s’est impatienté le Secrétaire général de l’ONU, devant un phénomène qui perdure.  Mettre fin aux essais est un moyen de parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires, ont ajouté M. António Guterres et la Présidente de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés.  L’entrée en vigueur du TICE est le meilleur moyen d’y parvenir, ont plaidé le Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité, M. Lassina Zerbo, et l’ancienne Porte-parole de la Commission préparatoire du Traité, Mme Annika Thunberg. 

Ce dernier est un des accords multilatéraux les plus soutenus au monde avec ses 184 signatures et 168 ratifications, dont celles des États dotés de l’arme nucléaire que sont la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni.  Mais sur les 44 détenteurs de la technologie nucléaire dont l’entrée en vigueur du Traité dépend, huit traînent des pieds, à savoir la Chine, l’Égypte, les États-Unis, l’Inde, l’Iran, Israël, le Pakistan et la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 

Il est inacceptable, a tonné le Secrétaire général, d’empêcher ainsi la retenue qui s’impose face à la prolifération quantitative et qualitative des armes nucléaires et de freiner une étape pratique vers leur élimination totale.  Le désarmement et la non-prolifération nucléaires sont de l’intérêt commun de tous les États, a renchéri la Chine qui a assuré de son engagement sans faille en faveur de l’entrée vigueur du TICE.  Elle a exhorté les autres États dotés de l’arme nucléaire à s’engager sans condition à ne pas être le premier à recourir à cette arme.  Le Pakistan a souligné qu’il a appuyé toutes les résolutions relatives au TICE, signé dès 1998 le Moratoire sur l’interdiction des essais nucléaires et proposé des négociations bilatérales à l’Inde. 

Notre adhésion au TICE, a-t-il expliqué, est conditionnée par la dynamique régionale mais nous ne serons jamais les premiers à reprendre les essais nucléaires dans la région.  L’Iran s’en est pris aux États-Unis qui auraient affirmé ne pas vouloir ratifier le TICE et au contraire, reprendre les essais.  Cette politique, s’est emporté l’Iran, est une claire violation des obligations juridiques en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  De telles politiques « irresponsables », dont le retrait américain de l’Accord sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, compromettent les efforts internationaux visant le désarmement et la non-prolifération nucléaires. 

La suspension de l’Accord par les États-Unis mais aussi par la Fédération de Russie a ajouté une dimension négative aux efforts visant un monde à l’abri de la menace nucléaire, a acquiescé l’Afrique du Sud, avant que Cuba ne fustige, à son tour, la nouvelle doctrine nucléaire des États-Unis qui ont effectué 29 essais sous-critiques depuis 1997, en violation du TICE.  L’Union européenne en a profité pour appeler la RPDC à s’embarquer sur une voie « crédible » vers une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » de la péninsule coréenne et de mettre en œuvre « immédiatement » les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Que la RPDC nous prouve son intention déclarée de mettre fin aux essais nucléaires en signant et en ratifiant le TICE, a pressé l’Union européenne. 

C’est le Kazakhstan qui a été cité en exemple, lui qui a renoncé à ses armes nucléaires en 1991 et fermé le site d’essais de Semipalatinsk, démontrant que la paix, la sécurité et la prospérité ne dépendent en aucun cas de la possession de ces armes.  Le Kazakhstan a d’ailleurs appelé les États à renoncer « au concept archaïque » d’une stabilité fondée sur la possession d’armes nucléaires.  Il a appelé les 122 États qui ont voté, le 7 juillet 2017, pour le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires à « confirmer » leur position.  À ce jour, le Traité compte 22 ratifications, soit 28 de moins que le nombre requis pour son entrée en vigueur.  Le Kazakhstan a regretté que l’Asie centrale soit la seule Zone exempte d’armes nucléaires de l’hémisphère Nord. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique et de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Ouganda et la Thaïlande se sont également enorgueillis de leur Zone.  Il existe à ce jour trois autres de ces Zones: l’Antarctique, l’Amérique latine et les Caraïbes et le Pacifique Sud.  Mais au nom du Groupe des États arabes, le Bahreïn a accusé Israël de continuer de rejeter la même initiative pour le Moyen-Orient, ce qui n’a pas empêché la Jordanie de confirmer qu’elle présidera la première Conférence sur la mise en place d’une Zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, au mois de novembre au Siège de l’ONU à New York. 

Retarder la dénucléarisation en invoquant une question de sécurité est une erreur de jugement grave, a prévenu l’Autriche qui a appelé à ne pas sous-estimer le risque d’explosion nucléaire par accident.  Un risque, a-t-elle prévenu, qui ne cesse de s’aggraver avec la multiplication des armes nucléaires et l’augmentation du nombre des pays qui sont dotés. 

Si l’Union européenne a invité tous les États à participer à la Conférence sur l’article XIV du TICE relatif à son entrée en vigueur, le 25 septembre prochain, plusieurs d’entre eux ont estimé que la commémoration de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, le 26 septembre prochain, sera l’occasion d’avancer vers un monde sans essais ni armes nucléaires. 

C’est par la résolution 64/35 de 2010 que l’Assemblée générale a décidé de proclamer le 29 août Journée internationale contre les essais nucléaires, après la fermeture le même jour en 1991, du polygone nucléaire de Semipalatinsk (Kazakhstan), un des plus grands sites d’essais au monde. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.