En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
104e séance plénière – matin
AG/12171

Journée internationale contre les essais nucléaires: l’Assemblée générale entend de nombreux appels à l’entrée en vigueur du TICE

L’Assemblée générale a commémoré, ce matin, la Journée internationale contre les essais nucléaires et entendu de nombreux appels à « mettre fin de manière urgente » à ces essais « de façon vérifiable » compte tenu des dangers qu’ils représentent pour la vie, la santé, l’environnement et la paix et la sécurité internationales.  Plus de 2 000 explosions ont été effectuées entre 1945 et 1996, année où le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) a été ouvert à la signature.  Vingt-trois ans plus tard, les États continuent d’appeler à son entrée en vigueur. 

Au XXIe siècle, les essais nucléaires sont tout simplement inacceptables, s’est impatienté le Secrétaire général de l’ONU, devant un phénomène qui perdure.  Mettre fin aux essais est un moyen de parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires, ont ajouté M. António Guterres et la Présidente de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés.  L’entrée en vigueur du TICE est le meilleur moyen d’y parvenir, ont plaidé le Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité, M. Lassina Zerbo, et l’ancienne Porte-parole de la Commission préparatoire du Traité, Mme Annika Thunberg. 

Ce dernier est un des accords multilatéraux les plus soutenus au monde avec ses 184 signatures et 168 ratifications, dont celles des États dotés de l’arme nucléaire que sont la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni.  Mais sur les 44 détenteurs de la technologie nucléaire dont l’entrée en vigueur du Traité dépend, huit traînent des pieds, à savoir la Chine, l’Égypte, les États-Unis, l’Inde, l’Iran, Israël, le Pakistan et la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 

Il est inacceptable, a tonné le Secrétaire général, d’empêcher ainsi la retenue qui s’impose face à la prolifération quantitative et qualitative des armes nucléaires et de freiner une étape pratique vers leur élimination totale.  Le désarmement et la non-prolifération nucléaires sont de l’intérêt commun de tous les États, a renchéri la Chine qui a assuré de son engagement sans faille en faveur de l’entrée vigueur du TICE.  Elle a exhorté les autres États dotés de l’arme nucléaire à s’engager sans condition à ne pas être le premier à recourir à cette arme.  Le Pakistan a souligné qu’il a appuyé toutes les résolutions relatives au TICE, signé dès 1998 le Moratoire sur l’interdiction des essais nucléaires et proposé des négociations bilatérales à l’Inde. 

Notre adhésion au TICE, a-t-il expliqué, est conditionnée par la dynamique régionale mais nous ne serons jamais les premiers à reprendre les essais nucléaires dans la région.  L’Iran s’en est pris aux États-Unis qui auraient affirmé ne pas vouloir ratifier le TICE et au contraire, reprendre les essais.  Cette politique, s’est emporté l’Iran, est une claire violation des obligations juridiques en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  De telles politiques « irresponsables », dont le retrait américain de l’Accord sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, compromettent les efforts internationaux visant le désarmement et la non-prolifération nucléaires. 

La suspension de l’Accord par les États-Unis mais aussi par la Fédération de Russie a ajouté une dimension négative aux efforts visant un monde à l’abri de la menace nucléaire, a acquiescé l’Afrique du Sud, avant que Cuba ne fustige, à son tour, la nouvelle doctrine nucléaire des États-Unis qui ont effectué 29 essais sous-critiques depuis 1997, en violation du TICE.  L’Union européenne en a profité pour appeler la RPDC à s’embarquer sur une voie « crédible » vers une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » de la péninsule coréenne et de mettre en œuvre « immédiatement » les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Que la RPDC nous prouve son intention déclarée de mettre fin aux essais nucléaires en signant et en ratifiant le TICE, a pressé l’Union européenne. 

C’est le Kazakhstan qui a été cité en exemple, lui qui a renoncé à ses armes nucléaires en 1991 et fermé le site d’essais de Semipalatinsk, démontrant que la paix, la sécurité et la prospérité ne dépendent en aucun cas de la possession de ces armes.  Le Kazakhstan a d’ailleurs appelé les États à renoncer « au concept archaïque » d’une stabilité fondée sur la possession d’armes nucléaires.  Il a appelé les 122 États qui ont voté, le 7 juillet 2017, pour le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires à « confirmer » leur position.  À ce jour, le Traité compte 22 ratifications, soit 28 de moins que le nombre requis pour son entrée en vigueur.  Le Kazakhstan a regretté que l’Asie centrale soit la seule Zone exempte d’armes nucléaires de l’hémisphère Nord. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique et de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Ouganda et la Thaïlande se sont également enorgueillis de leur Zone.  Il existe à ce jour trois autres de ces Zones: l’Antarctique, l’Amérique latine et les Caraïbes et le Pacifique Sud.  Mais au nom du Groupe des États arabes, le Bahreïn a accusé Israël de continuer de rejeter la même initiative pour le Moyen-Orient, ce qui n’a pas empêché la Jordanie de confirmer qu’elle présidera la première Conférence sur la mise en place d’une Zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, au mois de novembre au Siège de l’ONU à New York. 

Retarder la dénucléarisation en invoquant une question de sécurité est une erreur de jugement grave, a prévenu l’Autriche qui a appelé à ne pas sous-estimer le risque d’explosion nucléaire par accident.  Un risque, a-t-elle prévenu, qui ne cesse de s’aggraver avec la multiplication des armes nucléaires et l’augmentation du nombre des pays qui sont dotés. 

Si l’Union européenne a invité tous les États à participer à la Conférence sur l’article XIV du TICE relatif à son entrée en vigueur, le 25 septembre prochain, plusieurs d’entre eux ont estimé que la commémoration de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, le 26 septembre prochain, sera l’occasion d’avancer vers un monde sans essais ni armes nucléaires. 

C’est par la résolution 64/35 de 2010 que l’Assemblée générale a décidé de proclamer le 29 août Journée internationale contre les essais nucléaires, après la fermeture le même jour en 1991, du polygone nucléaire de Semipalatinsk (Kazakhstan), un des plus grands sites d’essais au monde. 

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