En cours au Siège de l'ONU

La Troisième Commission examine le phénomène du vieillissement de la population et se mobilise en faveur des jeunes

Soixante-quatorzième session,
1re et 2e séances plénières, matin & après-midi
AG/SHC/4258

La Troisième Commission examine le phénomène du vieillissement de la population et se mobilise en faveur des jeunes

La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a ouvert aujourd’hui les travaux de sa soixante-quatorzième session en s’attardant sur le phénomène du vieillissement de la population tout en se mobilisant en faveur des jeunes et encourageant une « solidarité intergénérationnelle ». 

Dressant l’état des lieux, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a indiqué qu’en 2018, « pour la première fois dans l’histoire de l’humanité », les personnes de plus de 65 ans ont dépassé le nombre d’enfants de moins de 5 ans.  Et d’ici à 2050, a ajouté M. Liu Zhenmin, elles dépasseront également le nombre de jeunes de 15 à 24 ans.

Si cette tendance illustre certes le succès « énorme » rencontré dans la réduction de la mortalité prématurée, M. Liu n’en a pas moins souligné qu’elle souligne également l’importance d’adopter des politiques qui mettent à profit le vieillissement et considèrent les personnes âgées comme des agents actifs des efforts de développement. 

Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a estimé que cette évolution démographique offre l’occasion de prendre des mesures efficaces contre la discrimination fondée sur l’âge, et de considérer « enfin » les personnes âgées comme des contributeurs actifs de la société, et non comme des assistés passifs et des fardeaux pour les services sociaux et l’économie. 

Le Groupe des Amis a par ailleurs regretté que le Plan d’action de Madrid demeure non contraignant pour les États, notant que sa mise en œuvre inégale et les écarts entre politiques et pratique effective le rendent encore insuffisant pour garantir les droits des personnes âgées.  Dès lors, a encouragé le Maroc, il faut avancer dans les discussions sur l’établissement d’un instrument international. 

L’Union européenne a fait part de son engagement à combler les écarts qui persistent aux stades les plus avancés de la vie et a partagé son intention de développer un « livre vert » pour renforcer le droit à l’autonomie des personnes âgées.  De son côté, Singapour, qui comptera, d’ici à 2030, une personne sur 4 de 65 ans ou plus, un service d’analyse géospatiale urbaine a été mis en place pour mieux localiser la population senior, afin d’assurer leurs besoins sociaux et sanitaires.  Des « cliniques numériques » ont également été établies pour transmettre aux seniors des bonnes pratiques pour se protéger des risques du monde numérique.

« Mais si le vieillissement de la population est un défi, il offre aussi des opportunités, dans la mesure où l’amélioration de leur santé leur permet de travailler plus longtemps », a fait observer la délégation.  Le Saint-Siège a cependant dénoncé l’approche « profondément fallacieuse et utilitariste qui ne met en valeur les personnes âgées que par leur impact économique », et s’est insurgé de la discrimination dont elles sont parfois victimes, « notamment en fin de vie ». 

Les États Membres ont également dialogué avec l’Experte indépendante de l’ONU chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, Mme Rosa Kornfeld-Matte, qui a averti que les seniors sont touchés de manière disproportionnée par les situations d’urgence, contextes dans lesquels ils restent malheureusement invisibles. 

« Il est nécessaire d’opérationnaliser l’inclusion des personnes âgées dans la réduction des risques de catastrophes et des cadres locaux et nationaux de planification et de réponse d’urgence », a répondu en écho la Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), Mme Daniela Bas, qui présentait les sept rapports du Secrétaire général soumis à la Troisième Commission.

Si, ainsi que l’a fait observer El Salvador au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), la tendance démographique du vieillissement augmente rapidement dans les pays en développement, le Groupe des États d’Afrique s’est préoccupé du sort des jeunes, qui, en 2018, étaient plus d’un sur 5 dans le monde à n’être ni employés, ni en train de suivre une éducation ou une formation.  « Et quand ils travaillent, ce sont des emplois vulnérables, dans le secteur informel, avec des bas salaires et des mauvaises conditions de travail, sans parler de l’absence de protection sociale », a dénoncé la délégation par la voix de la Zambie.

La prévalence du chômage parmi les jeunes a aussi préoccupé les nombreuses délégations de jeunes qui sont intervenues au cours du débat, à l’instar de la Suisse qui a prévenu que « cet état de fait n’est pas seulement source d’un manque de ressources financières pour les jeunes concernés, il entraîne aussi un isolement et une perte pour toute l’économie ».  La Pologne a averti du risque de radicalisation de « certains jeunes » en raison de l’absence d’éducation civique, tandis que la République de Corée s’est plus particulièrement préoccupée de la protection de la santé mentale des jeunes, notamment en ce qui concerne la violence scolaire.  La Slovénie a appelé à « faire tomber le mur numérique » qui sépare les jeunes qui maîtrisent le monde numérique et ceux qui n’ont pas ces compétences.  Les jeunes allemands ont, de leur côté, fustigé le fait que les stages qu’offre l’ONU aux jeunes ne sont pas rémunérés.

En début de séance, le Président de la Troisième Commission, M. Christian Braun, du Luxembourg, a présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes. 

La Troisième Commission a également adopté la liste provisoire des titulaires de mandats spéciaux appelés à lui présenter leur rapport lors de la présente session.  Elle a aussi complété son bureau en élisant par acclamation Mme Gail Farngalo (Libéria) à la fonction de vice-président, qu’elle partagera avec M. Ihor Yaremenko de l’Ukraine et Mme Maria Emilia Eyheralde Geymonat de l’Uruguay.  M. Firas Hassan Jabbar el-Khaqani, de l’Iraq, occupera les fonctions de rapporteur.

La Troisième Commission poursuivra son débat général sur le développement social demain, mercredi 2 octobre, à partir de 10 heures. 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/74/184)

Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/74/205A/74/135)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/74/61-E/2019/4A/74/133A/74/170A/74/175A/74/206)

Déclarations liminaires

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que les dirigeants mondiaux ont réaffirmé, au cours du récent sommet des Nations Unies sur le développement durable, leur engagement à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour ensuite faire le point sur les progrès accomplis dans l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD). 

Il s’est félicité du déclin continu de l’extrême pauvreté, le taux de pauvreté mondiale étant passé de 10% en 2015 à 8,6% en 2018.  Des progrès ont également été accomplis dans le monde du travail, avec un taux mondial de chômage s’élevant à 5% en 2018.  La dernière fois que ce taux était si bas remonte à 2008, a indiqué Liu Zhenmin, qui a fait remarquer qu’il aura fallu 10 ans au marché de l’emploi pour se remettre de l’impact dévastateur de la crise financière mondiale.  Des progrès ont également été accomplis en matière de promotion de l’égalité des genres, de réduction de la mortalité maternelle et infantile, ainsi que dans la fourniture d’infrastructures de base et de services tels que l’accès à l’électricité, à l’eau potable et à l’assainissement.

Cependant, les progrès sont toujours trop lents et inégaux, a averti le Secrétaire général adjoint.  Il a notamment indiqué qu’en Afrique subsaharienne, le nombre de personnes extrêmement pauvres continue d’augmenter.  La Banque mondiale estime d’ailleurs qu’en 2030, près de 9 personnes sur 10 vivront dans une situation d’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne.  De plus, le ralentissement de la croissance économique pourrait interrompre les progrès vers la réalisation des ODD, tout particulièrement dans les pays vulnérables.  M. Liu a notamment indiqué que les perspectives de croissance économique mondiale s’étaient assombries en raison des tensions commerciales et de l’impact adverse des progrès technologiques.  Ces derniers étant cependant porteurs d’espoir pour opérer une percée dans la réalisation des ODD, il a appelé à orienter la technologie « dans la bonne direction » afin de contribuer au bien commun.

Outre les effets des changements climatiques et des événements climatiques extrêmes, le Secrétaire général adjoint a averti que la faim augmente: 821 millions de personnes étaient sous-alimentées en 2017 contre 784 millions en 2015.  Les inégalités de revenus, de richesses et d’opportunités se creusent dans de nombreux pays.  Un rapport qui sera publié début 2020 par le Département des affaires économiques et sociales (DESA) démontrera d’ailleurs que les inégalités basées sur le genre, l’âge, la race, l’ethnicité, le statut migratoire, les handicaps et le statut socioéconomique sont omniprésentes dans les pays développés comme dans les pays en développement.  Cette situation représente un défi croissant pour la stabilité et la prospérité mondiales, ainsi que pour la cohésion sociale et la confiance dans les institutions publiques, a-t-il prévenu.

M. Liu s’est également préoccupé de la persistance du manque de travail décent, soulignant que près de 90% des travailleurs des pays pauvres, et près de 84% des travailleurs des pays à revenu intermédiaire, sont toujours « pris au piège » dans le secteur informel.  Des formes d’emploi de mauvaise qualité et non conventionnels se propagent rapidement dans les économies avancées, et en 2018, plus d’un jeune sur 5 dans le monde n’était ni employé, ni en train de suivre une éducation ou une formation.

Les femmes, les jeunes, les personnes en situation de handicap et les personnes âgées font face à un risque élevé de chômage ou de sous-emploi, d’occuper une profession dangereuse ou de manque d’accès à la protection sociale.

De plus, les inégalités de genre persistent, a-t-il indiqué, précisant que les femmes représentent une écrasante majorité des 647 millions de personnes qui travaillent à plein temps sans être rémunérées.

M. Liu s’est également attardé sur le phénomène du vieillissement de la population, notant qu’en 2018, « pour la première fois dans l’histoire », les personnes de plus de 65 ans ont dépassé le nombre d’enfants de moins de 5 ans.  Et d’ici à 2050, elles dépasseront également le nombre d’adolescents et de jeunes de 15 à 24 ans, a-t-il ajouté.  Cette tendance illustre le succès énorme rencontré dans la réduction de la mortalité prématurée, mais souligne également l’importance d’adopter des politiques qui mettent à profit le vieillissement et considèrent les personnes âgées comme des agents actifs des efforts de développements.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite rappelé que le Sommet mondial pour le développement social fêtera son vingt-cinquième anniversaire en 2020 et a émis l’espoir que les États Membres se saisiront de cette occasion pour promouvoir le développement social et réaliser le Programme 2030.

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté les rapports au titre du point à l’ordre du jour. 

Dans un premier temps, elle a indiqué que le rapport du Secrétaire général intitulé « Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale » (A/74/205) souligne la nécessité d’intensifier la coopération internationale et l’accès équitable à l’éducation et à la santé, ainsi que les progrès dans la réalisation des objectifs fixés lors du Sommet mondial pour le développement social et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le rapport identifie les lacunes et les défis tout en ébauchant les stratégies à même d’aligner la coopération internationale d’appui aux politiques et stratégies nationales aux fins d’accélérer les progrès. 

Le document donne également un aperçu des discussions qui se sont tenues à l’occasion de la cinquante-septième session de la Commission du développement durable.  Mme Bas a déclaré qu’il était essentiel d’investir dans les personnes pour pouvoir réellement développer les capacités humaines et atteindre le développement social.  Pour ce faire, il conviendrait d’accroître les dépenses dans les secteurs de l’éducation et de la santé pour harmoniser les cadres nationaux de financement avec les priorités et maximiser l’utilisation efficace des ressources existantes, a-t-elle estimé.  Le rapport traite, en outre, des besoins spécifiques de l’Afrique et des pays les moins avancés, ainsi que ceux de divers groupes vulnérables.  Il s’achève sur des recommandations visant à l’accélération des progrès en matière de couverture sanitaire universelle; de l’amélioration de la protection sociale, notamment les seuils; de la réponse aux difficultés spécifiques des groupes défavorisés; et de la mobilisation de ressources supplémentaires pour l’investissement dans l’infrastructure en eau et d’assainissement.

Passant à une note du Secrétariat intitulée « Situation sociale dans le monde en 2019: les déterminants de l’évolution future des inégalités » (A/74/135), Mme Bas a indiqué que ce document contient une analyse de l’incidence de quatre des grandes tendances, à savoir les innovations technologiques, les changements climatiques, l’urbanisation et les migrations internationales, sur les inégalités.  Elle a prévenu que si des mesures décisives ne sont pas prises pour gérer chacune de ces grandes tendances de manière équitable, les inégalités s’accroîtront dans le monde. 

La Directrice de la Division du développement social inclusif a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général « Promouvoir l’intégration sociale par l’inclusion sociale » (A/74/133) qui, a-t-elle expliqué, porte sur la réduction des inégalités par l’autonomisation de tous, la promotion de l’inclusion sociale, économique et politique, la protection sociale, l’apprentissage inclusif tout au long de la vie et d’autres mesures visant à faire progresser l’intégration sociale.  Ce document met en évidence les bonnes pratiques en matière d’élaboration de politiques inclusives aux niveaux national et international.  Il présente également une perspective de genre sur les efforts d’inclusion sociale centrée sur l’autonomisation économique des femmes, notamment dans l’accès à l’emploi, l’égalité salariale et les politiques conciliant vie familiale et vie professionnelle, y compris des congés parentaux payés et des services de garde d’enfants abordables.  Là encore, des efforts soutenus s’avèrent nécessaires pour mobiliser les ressources domestiques et optimiser les dépenses publiques, a-t-elle indiqué.  Le rapport a insisté en outre sur l’importance de l’accès à l’éducation pour les groupes en situation vulnérable. 

Poursuivant, Mme Bas a présenté le rapport du Secrétaire général « Rôle des coopératives dans le développement social » (A/74/206) qui est axé cette année sur la couverture sanitaire universelle et le rôle des coopératives dans la fourniture des soins de santé, 100 millions de ménages dans le monde jouissant de cet accès grâce aux coopératives.  Elle a signalé que la présence de ces « entreprises modèles a été confirmée dans 76 pays, avec plus de 3 300 coopératives de santé générant 15 milliards de dollars.  Par ailleurs, certaines coopératives se consacrent à la distribution de produits pharmaceutiques et, dans plusieurs pays, des coopératives fournissent des assurances médicales.  Le rapport examine également la contribution des coopératives à la promotion de l’inclusion financière, et analyse trois questions nouvelles: l’émergence de l’économie des plateformes, les changements climatiques et la crise des réfugiés, ainsi que les moyens pour ces coopératives de contribuer à ces domaines. 

Dans son rapport « Politiques et programmes mobilisant les jeunes » (A/74/175), a-t-elle enchaîné, le Secrétaire général donne un aperçu des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 72/146 de l’Assemblée générale, l’accent étant mis sur l’emploi et l’entrepreneuriat; la santé et le bien-être; la lutte contre les inégalités et la marginalisation.  Il recommande à l’Assemblée générale de veiller à intensifier les efforts face aux taux élevés de chômage et de sous-emploi des jeunes, en s’attachant à stimuler les synergies entre le secteur de l’éducation et le marché de l’emploi, et à mieux préparer les jeunes aux emplois de l’économie verte.  Il s’agit en outre de donner accès à des services de santé sûrs, efficaces, durables, non discriminatoires et adaptés, en dispensant notamment des traitements et conseils destinés aux personnes atteintes de troubles de santé mentale, a-t-elle ajouté. 

Mme Bas a également présenté le rapport du Secrétaire général sur la « Réalisation des objectifs de l’Année internationale de la famille et mécanismes mis en œuvre pour y donner suite » (A/74/61-E/2019/4), qui analyse les tendances récentes de la famille et contient de nombreuses bonnes pratiques d’élaboration de politique nationale de la famille.

La Directrice de la Division du développement social inclusif a aussi évoqué le rapport du Secrétaire général « Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement » (A/74/170), qui insiste sur la nécessité d’un leadership concerté afin d’opérationnaliser l’inclusion des personnes âgées dans la réduction des risques de catastrophes et des cadres locaux et nationaux de planification et de réponse d’urgence. 

Mme ROSA KORNFELD-MATTE, Experte indépendante de l’ONU chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a indiqué qu’elle s’était rendue au Mozambique du 24 avril au 2 mai courant pour être témoin des défis que rencontrent les personnes âgées en situation d’urgence.  Les défis sont exceptionnels, a-t-elle dit, avant d’appeler la communauté internationale à soutenir le pays à court, moyen et long terme. 

Elle a expliqué qu’elles soient provoquées par un conflit ou une catastrophe naturelle, les situations d’urgence ont une incidence sur l’exercice des droits de l’homme.  Les personnes âgées sont touchées de manière disproportionnée par ces phénomènes, mais malheureusement, elles restent invisibles, a-t-elle déploré.  Il est donc nécessaire d’accorder une attention particulière à la population âgée, à sa nature hétérogène et aux nombreux facteurs qui contribuent à sa vulnérabilité accrue et spécifique, a-t-elle plaidé.

Il est, en outre, indispensable de reconnaître le rôle important des personnes âgées, hommes et femmes, en cas de déplacements involontaires et forcés.  Le « vieillissement est une « construction sociale contextuelle », a-t-elle souligné, expliquant que les notions d’âge varient selon les circonstances, les conditions, les cultures et d’autres considérations et facteurs.  En situation d’urgence, cette relativité de l’âge affecte la collecte de données et par conséquent le soutien dont peuvent bénéficier les personnes âgées. 

Pour donner une idée de l’ampleur de la situation, l’Experte a indiqué qu’en 2017, 335 catastrophes naturelles avaient été recensées, touchant presque 100 millions de personnes dans le monde.  Trois pour cent des réfugiés avaient plus de 60 ans, des chiffres « énormes »! s’est-elle alarmée. 

Mme Kornfeld-Matte s’est également attardée sur la question « importante » de la santé mentale en situation d’urgence.  Elle a estimé essentiel de recenser « les besoins biopsychosociaux » des personnes âgées tout en considérant également des aspects culturels.  Certaines pathologies peuvent être provoquées par l’urgence, des problèmes préexistants et/ou l’intervention humanitaire, a-t-elle expliqué.  De plus, veiller au respect du droit des patients de donner leur consentement libre et éclairé concernant un traitement est une autre difficulté qui peut être aggravée en situation d’urgence, notamment lorsque l’administration des services de soins de santé est soumise à des pressions supplémentaires.

Dans son intervention, Mme Kornfeld-Matte a également soulevé le problème de la maltraitance des personnes âgées dans les situations d’urgence et de l’insuffisance de la sensibilisation à la prévalence de ce phénomène.  La violence systématique renvoie au non-respect des personnes âgées et de leurs besoins particuliers pendant les interventions d’urgence, les activités de secours ou la fourniture de services, a-t-elle indiqué.  Selon elle, on aurait tort de croire que les personnes âgées ne sont pas « soumises à la violence sexuelle et sexiste, y compris le viol, ou que toutes ces personnes sont prises en charge par leurs familles.

Elle a également signalé qu’outre la tendance générale à ne pas signaler tous les cas d’abus, de mauvais traitements et de violence, en situation d’urgence les obstacles au signalement surviennent également en raison du manque de mobilité, l’isolement, la peur des représailles et les difficultés de communication dues à des troubles du langage, de l’ouïe ou de la vue.

L’Experte a aussi parlé de l’incidence des technologies numériques sur les droits des personnes âgées.  Elle a notamment indiqué que l’identification biométrique qui est de plus en plus utilisée dans le cadre de la gestion de l’aide d’urgence et des réfugiés peut contribuer à en renforcer l’efficacité.  Cependant, ces solutions « prêtes à l’emploi » n’ont pas été conçues pour des acteurs humanitaires et ne suivent pas obligatoirement une approche fondée sur les droits de l’homme, a-t-elle prévenu.

Mme Kornfeld-Matte a, par ailleurs, salué l’Uruguay pour l’avoir accueillie lors de sa mission en novembre 2018.  Elle a expliqué que ce pays est à un stade avancé de transition démographique, près de 20% de sa population ayant plus de 60 ans.  Elle a félicité le Gouvernement uruguayen pour les progrès « significatifs » accomplis dans la protection des personnes âgées, notant qu’il est le premier à avoir ratifié la Convention interaméricaine sur la protection des droits de l’homme des personnes âgées.  Cependant, a-t-elle poursuivi, davantage de ressources, notamment financières, doivent être allouées pour renforcer les besoins de ces personnes en matière de protection. 

Pour finir, l’Experte a rappelé l’importance de la Journée internationale des personnes âgées et a dit « œuvrer vers une égalité entre les tranches d’âge ».  Elle a conclu en citant la phrase « révélatrice » de l’auteur mozambicain contemporain Mia Couto dans son récit sur le sauvetage d’un homme âgé lors d’une inondation: « S’ils l’ont sauvé de la mort, ils ne l’ont pas sauvé de la vie. »

Dialogue avec l’Experte indépendante des Nations Unies, chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme

Les États-Unis ont reconnu que dans les situations de crise, les personnes âgées sont confrontées à des difficultés de toutes sortes, notamment dans les domaines de l’emploi et du logement.  Ils se sont dits d’accord avec les conclusions de l’Experte selon lesquelles les pensions améliorent la résilience des personnes âgées.  Ils ont toutefois fait valoir que tous les États Membres ne sont pas d’accord avec le concept de retraites non contributives.  Ils ont aussi souligné que les instruments existants protègent les droits de tous les individus, y compris ceux des personnes âgées.  Plutôt que d’utiliser nos ressources humaines et budgétaires, il serait donc préférable de nous consacrer à des mesures à court terme, ont-ils estimé, assurant que cette politique est celle que mènent les États-Unis.  Enfin, ils ont souhaité savoir quelles initiatives ont pris les Nations Unies en matière de collecte de données. 

Le Brésil a appelé à tenir compte de la nature hétérogène de la population âgée et de la contribution positive de ce groupe à la société.  Il a aussi souligné l’importance des enjeux liés au vieillissement rapide et à la vulnérabilité économique des personnes âgées, précisant que le Gouvernement brésilien avait lancé une réforme approfondie du système des retraites.  S’agissant de la protection des droits des personnes âgées, il a souhaité en savoir davantage sur l’importance des données ventilées pour répondre aux besoins spécifiques de ces personnes. 

« Déterminée » à participer au cadre normatif éventuel pour améliorer le statut des personnes âgées, la Slovénie a déclaré qu’elle souhaitait appliquer le principe de non-discrimination, y compris dans les contextes humanitaires.  Elle a demandé à connaître les bonnes pratiques rencontrées pour prendre en charge les personnes âgées dans les situations d’urgence.  Un cadre normatif pourrait-il améliorer la situation de ce groupe?

À son tour, l’Argentine a noté que la multiplication des crises humanitaires a un impact accru sur les populations concernées, à commencer par les groupes les plus vulnérables.  Les personnes âgées sont ainsi touchées de façon disproportionnée.  Elle a voulu savoir quelles mesures seraient efficaces pour améliorer l’accès des personnes âgées réfugiées aux systèmes de santé nationaux.  L’absence d’instrument juridique « complet » peut-il expliquer le manque de visibilité des personnes âgées en situation d’urgence?

Le vieillissement mondial est le grand défi socioéconomique de ce siècle, a reconnu le Royaume-Uni.  Constatant que les personnes âgées rencontrent de vraies difficultés en situation de crise, il a demandé comment les données pourraient être utilisées au mieux pour répondre de façon optimale à leurs besoins en situation d’urgence. 

L’Union européenne a expliqué accorder une attention particulière au problème de la discrimination liée à l’âge et s’est accordée sur l’importance d’appliquer des politiques ciblées afin de répondre de façon spécifique aux besoins de ces personnes.  Elle s’est interrogée sur la manière de surmonter ces défis et a demandé à obtenir des exemples de bonnes pratiques. 

À son tour, le Maroc a souhaité que l’on avance dans les discussions sur l’établissement d’un instrument international sur les droits des personnes âgées.  Il a également voulu savoir comment collecter au mieux des données dans les situations d’urgence et de crise.

Réagissant à ces commentaires, Mme Rosa Kornfeld-Matte a estimé qu’un instrument international serait « extrêmement » utile pour les personnes âgées, notamment en raison de leur vulnérabilité marquée.  S’agissant de la question de la collecte de données et de la meilleure façon d’y procéder, elle a souligné que la définition du concept d’âge peut différer énormément si l’on est réfugié ou simple citoyen d’une capitale.  En effet, a-t-elle expliqué, la situation d’un cinquantenaire dans un pays en situation de crise est différente de celle d’une personne célébrant son anniversaire à Paris, New York ou Londres.  Ces différences sont malheureusement ignorées, ce qui exclut une grande partie des individus. 

Elle a fait observer que la vulnérabilité peut être de nature sociale, l’absence de soutien à ce niveau pouvant avoir un fort impact au plan émotionnel.  À ses yeux, la méthode de collecte des informations doit tenir compte des liens sociaux (famille, proches, voisins) mais aussi de la situation des personnes à mobilité réduite.  De plus, a-t-elle insisté, cette catégorie de personnes est malheureusement moins visible en raison de l’absence de données ventilées.  Cela aggrave la situation de ces personnes qui ne sont pas prises en charge dans l’exécution des programmes. 

L’Experte a aussi soulevé le problème de la disparition des données en cas de catastrophes naturelles.  Elle a suggéré de procéder à des copies pour les préserver afin, par exemple, de connaître les antécédents médicaux des personnes vulnérables.  Elle a insisté sur l’importance de veiller à ce que ces dernières puissent donner leur consentement libre et éclairé dans les contextes médicaux, « ce qui n’est pas toujours le cas ».  Beaucoup de chemin reste à parcourir pour que ces personnes jouissent de leur droit, a-t-elle indiqué.  Elle a estimé que l’adoption d’un instrument international sur les personnes âgées est une nécessité, ces dernières étant des « sujets de droit et non pas seulement des bénéficiaires ». 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SOMAIA BARGHOUTI, de l’État de Palestine, a souhaité que cette session soit l’occasion pour les États Membres de mettre l’accent sur les suites à donner au Sommet mondial pour le développement social et sur les objectifs de développent durable à l’horizon 2030 (ODD).  Près de 25 ans après le Sommet mondial pour le développement social, d’importantes lacunes persistent a-t-elle relevé, pointant notamment l’augmentation des inégalités en matière de revenus.  Cela entrave la capacité des États Membres à tenir les engagements pris lors Sommet mondial et à tenir la promesse du Programme 2030, a-t-elle prévenu. 

La représentante s’est cependant félicitée que, lors du sommet sur le suivi de la réalisation des ODD, organisé la semaine dernière, il a été suggéré de lancer une décennie pour atteindre les ODD d’ici à 2030.  Elle a également salué l’adoption, pendant la semaine de haut niveau, de la déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle.  Elle a aussi évoqué l’Année internationale de la famille, qui vise à peser sur les politiques familiales, et a invité les États Membres à continuer d’investir dans ce domaine. 

Le Groupe reconnaît par ailleurs la précieuse contribution des personnes âgées au devenir des sociétés et appelle la communauté internationale à lutter contre les discriminations afin de s’assurer que les personnes âgées jouissent de leurs droits de l’homme et de leur dignité.  Le Groupe, a poursuivi la représentante, salue également les progrès réalisés afin d’incorporer la question du handicap dans la mise en œuvre des efforts de développement nationaux.  Le G77 réaffirme enfin que la coopération Nord-Sud demeure un facteur important de développement durable.  De même, la coopération Sud-Sud devrait compléter la coopération Nord-Sud plutôt que d’être considérée comme un substitut, a-t-elle conclu. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a fait part des progrès enregistrés en Afrique, comme en attestent les chiffres de la croissance économique et de la protection sociale.  Malgré cela, a-t-il reconnu, les inégalités de revenus se creusent et l’Afrique est toujours la dernière au monde en matière d’avancement socioéconomique.  La création d’emplois reste faible et une grande majorité de jeunes est sans emploi, sans éducation ni formation, et quand ils travaillent, ce sont des emplois vulnérables, dans le secteur informel, avec des bas salaires et des mauvaises conditions de travail, sans parler de l’absence de protection sociale, a-t-il déploré.  L’Afrique est convaincue que l’industrialisation est une des voies les plus viables pour générer l’emploi, la croissance et le développement.  C’est d’ailleurs ce qu’est la Position commune africaine arrêtée après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Toutefois, a souligné le représentant, le manque d’infrastructures, le manque d’accès aux marchés et aux technologies ainsi que l’impact des changements climatiques sur le secteur agricole empêchent la diversification d’économies trop lourdement dépendantes des ressources naturelles.  En outre, aujourd’hui, des secteurs comme l’agriculture, la pêche et le tourisme, que certains pays africains ont su exploiter, sont désormais menacés par les catastrophes naturelles provoquées par les changements climatiques.  Le représentant a conclu en appelant à une pleine mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague et de l’Accord de Paris sur le climat.

M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé qu’en 1995, lors du Sommet mondial sur le développement social, la communauté internationale s’était collectivement engagée à autonomiser les populations, à accroître leur capacités, ressources et opportunités.  Mais 25 ans plus tard, les inégalités persistent, a-t-il déploré, réitérant la détermination des membres de la CARICOM à améliorer le bien-être de leur population.  Pour cette raison, ces pays apprécient le thème de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale. 

Le représentant a ensuite rappelé que sa région était hautement sensible aux effets des changements climatiques et à la dégradation de l’environnement.  Cette réalité empiète sur ses capacités à répondre aux engagements pris au plan international, a-t-il affirmé, ajoutant aussi que la CARICOM restait engagée à continuer d’améliorer différents secteurs, dont celui de la santé. 

Il a également déclaré que le développement social devait prendre en compte la contribution des jeunes.  Pour cette raison les pays de la CARICOM continuent de fournir aux jeunes les moyens de contribuer, de faire entendre leurs voix et d’exprimer leurs talents.  Ils reconnaissent la participation des jeunes aux débats sur les changements climatiques et saluent leurs engagements, notamment lors du dernier sommet sur le climat organisé par les Nations Unies.  La CARICOM espère que les thématiques liées aux jeunes seront mises en œuvre dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a dit le représentant. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a constaté que, plus que jamais, le monde est aujourd’hui confronté à un ensemble de crises et à des défis d’ordre environnemental, social et économique qui ont des conséquences délétères sur le développement social.  À ses yeux, l’accent devrait être mis sur l’importance de la fourniture de produits et services de base aux populations les plus vulnérables.  Le programme de l’ASEAN dans le domaine du développement social se retrouve dans plusieurs documents de l’Association, notamment dans sa Vision 2020, sa déclaration Concord 1 de 1976 et Concord II de 2003, ainsi que dans le Plan d’action de Hanoï visant à créer une ASEAN reposant sur des sociétés équitables, harmonieuses et cohérentes. 

Dans ces différents cadres, a expliqué le représentant, l’ASEAN a pu dresser la liste des difficultés que rencontrent des groupes comme les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les familles pour garantir leurs droits et leur inclusivité.  L’ASEAN est guidée par des textes fondamentaux tels que la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention sur les droits des personnes handicapées et la Déclaration de Madrid sur le vieillissement.  Il a de plus indiqué que pour le groupe régional, le Programme 2030 sert d’excellent cadre en vue de créer une communauté mondiale plus inclusive et plus prospère.  Il importe à cet égard d’investir dans le bien-être de la population afin de garantir le développement social et la paix, a-t-il souligné.  Affirmant par ailleurs accorder une grande importance à la parité hommes-femmes et à la promotion des jeunes, il a confirmé l’engagement de l’ASEAN à participer aux délibérations relatives au développement social au sein de la Troisième Commission, son objectif étant de façonner des sociétés inclusives dans la région de l’Asie du Sud-Est. 

M. HÉCTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), qui s’exprimait au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a indiqué que l’intégration sociale est l’un des cinq piliers du système du SICA qui vise à promouvoir une croissance économique inclusive, le progrès social et le développement durable. 

Cette approche est basée sur l’adoption et la mise en œuvre de programmes de développement et politiques nationales avec des objectifs concrets et un calendrier, le but étant de permettre à tous la jouissance des droits civiques, humains, économiques, politiques, culturels et environnementaux.

À cet égard, il a souligné l’importance de soutenir les États dans leurs efforts de lutte contre les inégalités et les défis à l’inclusion sociale, à travers des politiques de protection budgétaire, salariale et sociale, ainsi que par le biais de l’autonomisation des personnes en situation de vulnérabilité, notamment les femmes, les enfants, les jeunes, les peuples autochtones, les personnes d’ascendance africaine en plus des personnes âgées et des personnes handicapées, des minorités et des migrants.

Le représentant a fait part de la conviction du SICA que des systèmes nationaux de protection sociale appropriés peuvent assurer le respect des droits de l’homme de chacun, en particulier pour les personnes en proie à la pauvreté, la marginalisation et la discrimination. 

Il a de plus estimé que la promotion d’un accès universel aux services sociaux ainsi que la mise en place de filets de sécurité sociale sont de nature à réduire la pauvreté et promouvoir une croissance économique inclusive. 

M. Jaime Calderón a par ailleurs fait part de l’inquiétude de sa région face au nombre des personnes âgées de 60 ans et plus qui représenteront 56% de la population à l’horizon 2050.  Il a indiqué que cette tendance démographique augmente rapidement dans les pays en développement et représente à la fois une opportunité de bénéficier de l’expérience de cette tranche d’âge mais également un défi, en ce qui concerne la conception et la mise en œuvre des politiques d’inclusion sociale et de solidarité intergénérationnelle.  À cet égard, il a souligné le rôle clef des familles dans le développement social.

M. CHRISTOPHE MICHEL JEAN-PIERRE FORAX, de l’Union européenne (UE), a assuré que l’UE était pleinement déterminée à promouvoir une éducation et une formation de qualité à tous les niveaux, sans discrimination de genre ni d’âge ou de handicap, estimant qu’il s’agit d’un droit humain fondamental pour briser le cycle de la pauvreté.  Cet engagement doit contribuer grandement à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et aux ODD, a-t-il estimé.

Il a également indiqué que la santé est un élément central d’une croissance et d’un développement durables et équitables et a réaffirmé le droit de chacun à accéder à la meilleure santé possible, de façon à promouvoir la dignité humaine, le bien-être et la prospérité.  À cette fin, l’UE continue de soutenir les pays partenaires dans leurs efforts pour bâtir des systèmes de santé solides et résilients, ainsi que les efforts en vue d’une protection sociale universelle.

M. Forax a ensuite indiqué que si les inégalités au sein de l’Europe sont moindres que dans les autres régions du monde, ce n’est pas par hasard mais le résultat de ses politiques publiques.  Il a cependant reconnu que certains groupes restent désavantagés dans leur accès aux soins de qualité, à l’emploi et à l’éducation, notamment les personnes handicapées.  Sans les politiques redistributives conduites au sein de l’UE ces inégalités seraient cependant bien pires, a-t-il nuancé, précisant que des salaires minimums sont en vigueur dans 22 des 28 États de l’Union.  Les systèmes de protection sociale ont également aidé l’Europe à minimiser les inégalités croissantes observées dans le monde depuis les années 1980.  Mais maintenir et améliorer le modèle de protection sociale de l’UE sera sans doute le défi le plus redoutable de la prochaine décennie, a-t-il toutefois prévenu.

Le représentant a déploré la persistance des inégalités salariales en Europe, et le fait que les jeunes soient substantiellement moins bien payés que les adultes.  L’UE a donc lancé une « garantie jeunesse » destinée aux moins de 25 ans pour faciliter leur obtention d’offres d’emploi de qualité, entre autres.  Même si le chômage des jeunes a atteint son plus bas niveau depuis 2000, des efforts supplémentaires sont nécessaires, notamment pour atteindre les jeunes qui ont le moins d’opportunités.

L’UE s’engage également à combler les écarts qui persistent aux stades les plus avancés de la vie.  Elle a d’ailleurs l’intention de développer un livre vert de la vie active pour renforcer le droit à l’autonomie des personnes âgées.  Enfin les inégalités se font également au détriment des femmes: pour les surmonter, une recommandation sur la transparence salariale vise à réduire les différences de salaires entre 2017 et 2019, et une directive adoptée cet été établit des normes minimales pour les congés parentaux.  La Commission a également pris des engagements contre la violence faite aux femmes, une sur trois ayant à en souffrir dans l’UE.  Enfin, M. Forax a regretté qu’au sein de l’UE, 30% des personnes handicapées âgées de 16 ans et plus vivent dans un foyer menacé de pauvreté ou d’exclusion – contre moins de 21% pour le reste de la population.

Le représentant a par ailleurs fait savoir que la nouvelle présidence de la Commission européenne a l’intention de proposer des dispositions juridiques qui garantiraient à chaque travailleur de l’UE un salaire minimum, une assurance chômage et renforcerait les garanties des jeunes contre le chômage.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili), s’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a fait part de l’augmentation mondiale du nombre de personnes âgées et de la tendance croissante au vieillissement des sociétés dans le monde entier, source de nouveaux défis pour le développement qui, a-t-il estimé, doivent être mieux pris en compte.  À ses yeux, cette évolution offre l’occasion de prendre des mesures efficaces contre la discrimination fondée sur l’âge, et de considérer enfin les personnes âgées comme des contributeurs actifs de la société, et non comme des assistés passifs et des fardeaux pour les services sociaux et l’économie. 

Il a parlé de la pauvreté et des conditions de vie inadéquates dont souffrent beaucoup de personnes âgées, trop souvent privées de logement, de sanitaires et de soins pour des maladies chroniques, souffrant également de malnutrition et du manque d’accès à l’eau potable. 

Il a rappelé que malgré leur dénuement, ces personnes font souvent vivre leur famille et ont la charge de petits-enfants et d’autres membres du foyer.  D’où, à son sens, la nécessité de politiques intersectorielles, et de cadres juridiques adaptés, permettant l’insertion des personnes âgées dans la vie sociale, économique, civique et politique, à l’abri des contraintes, des discriminations et des violences, qui assurent également leur dignité et leur participation au développement de la société. 

Le représentant a indiqué que ces mesures sont essentielles pour la réussite du Programme 2030.  Il a regretté que le Plan d’action de Madrid reste un instrument non contraignant pour les États.  Sa mise en œuvre inégale, les écarts entre politiques et pratique effective le rendent encore insuffisant pour garantir les droits de l’homme des personnes âgées, a-t-il prévenu.

Mme AL ABTAN (Iraq) a jugé important de créer des institutions capables de renforcer le développement social afin de s’assurer que personne ne soit laissé de côté.  Soucieux de parvenir à cet objectif, l’Iraq a créé un fonds souverain pour le développement de la jeunesse afin de développer des moyens d’action.  Le Gouvernement iraquien a également lancé un plan quinquennal qui vise à renforcer, à cette fin, le rôle du secteur privé, la création de programmes de travail et des activités économiques pionnières.  Le pays œuvre également à des programmes visant à répondre aux besoins des personnes âgées et à leur inclusion dans la société.  S’agissant des personnes handicapées, la représentante a précisé que l’Iraq collabore avec différentes agences spécialisées pour leur fournir un soutien médical et financier, tout en mettant en place des programmes spéciaux destinés à prévenir les violences à leur encontre. 

Mme AKANE MIYAZAKI (Japon) a assuré que son pays accorde une grande importance à « l’autonomisation holistique » de tous les individus, y compris les femmes, les personnes handicapées, les personnes âgées, les jeunes et les personnes LGBTI.  Le Japon tirera parti de l’élan créé par les Jeux paralympiques 2020 de Tokyo pour promouvoir la participation active des personnes handicapées dans divers secteurs, au-delà du sport. 

Au niveau international, a expliqué la représentante, son pays promeut la couverture sanitaire universelle, notamment en Afrique, un thème soulevé lors du Sommet du G20 qui s’est tenu en juin dernier à Osaka.  Au mois d’août, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), organisée à Yokohama, a mis l’accent sur l’augmentation des investissements privés en Afrique.  En outre, depuis 2014, a rappelé Mme Miyazaki, le Japon accueille l’Assemblée mondiale pour les femmes (« WAW! ») et débat des questions de parité.  La prochaine Assemblée se réunira à Tokyo les 3 et 4 avril 2020, a-t-elle précisé.

Mme WAGNER (Suisse) a rappelé que la lutte contre les inégalités constitue l’un des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a toutefois déploré que les États ne disposent, ni au plan national ni à l’échelle internationale, des instruments statistiques idoines pour mener une action efficace en la matière.  Bien que des pistes soient mises à l’étude par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou le Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU, nous ne pouvons nous résigner à cet aspect, a déclaré la représentante.  La Suisse, a-t-elle souligné, soutient les efforts visant à promouvoir l’utilisation des statistiques et considère qu’un élément central consiste à placer les victimes d’inégalités au centre du processus. 

S’exprimant à son tour, la déléguée de la jeunesse suisse, Mme JOHO, a noté que cette année marque le centenaire de l’Organisation internationale du Travail, 100 ans d’engagement en faveur de la sécurité sociale et donc de la paix et de la prospérité.  Elle a cependant constaté que les jeunes générations sont touchées par un taux de chômage très élevé dans le monde et que plus d’un jeune sur 5 est aujourd’hui déscolarisé.  Cet état de fait n’est pas seulement source d’un manque de ressources financières pour les jeunes concernés, il entraîne aussi un isolement et une perte pour toute l’économie, a-t-elle prévenu.  Qualifiant l’accès à l’éducation de priorité pour tous les États, elle a noté que le système de formation professionnelle suisse aide à lutter contre le chômage car la formation théorique est complétée par une expérience en entreprise.  Une telle démarche fortifie la cohésion sociale et solidifie le marché du travail en pleine mutation, a-t-elle conclu.

Pour Mme RENEVIER (Luxembourg), la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) demande une planification intégrée, transversale et cohérente des actions relevant de plusieurs domaines politiques.  Elle a mis l’accent sur l’objectif 10 de développement durable relatif à la réduction des inégalités et l’objectif 8 sur la garantie d’un emploi décent et la croissance économique.  Dans la poursuite de ces deux objectifs, a-t-elle expliqué, le Luxembourg a remplacé le revenu minimum garanti (RMG) par le revenu d’inclusion sociale (REVIS) qui se compose de deux allocations distinctes qui sont « l’allocation inclusion », donnant les moyens de subsistance de base aux personnes n’ayant pas ou très peu de revenus, et « l’allocation d’activation », en échange de laquelle le bénéficiaire doit participer à des activités, des cours ou des formations, ce qui doit permettre aux personnes éloignées du marché de l’emploi de bénéficier de mesures d’activation sociale et professionnelle.

La lutte contre l’exclusion sociale est un objectif essentiel pour le Luxembourg, a-t-elle précisé, ajoutant que le Gouvernement cherche à mettre en place une stratégie « active ageing », une approche transversale qui devrait permettre de promouvoir activement le bien-être et la qualité de vie des personnes âgées.  Par ailleurs, l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration est chargé d’organiser l’accueil des demandeurs d’asile et un parcours d’intégration accompagné a été développé ainsi que des cours de langue.  La représentante a également évoqué les mesures prises en faveur des personnes handicapées afin de leur permettre de pleinement participer aux activités quotidiennes et pouvoir prétendre à un travail correspondant à leurs compétences.  De plus, le Gouvernement a mis en place une législation favorable aux familles, notamment en termes de congé de paternité qui est passé de 2 à 10 jours, dont 8 pris en charge par l’État, a confié la représentante, ajoutant que désormais, le congé parental peut être pris à plein temps sur quatre à six mois, ou de manière fractionnée de plusieurs périodes d’un mois.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a indiqué qu’il y a un an de cela, la population de son pays a voté pour le changement, la justice, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et une plus grande reddition des comptes.  Le nouveau Président a promis de traiter tous les citoyens des Maldives avec dignité et sans discrimination sur la base de l’ethnie et du lieu d’origine, a assuré la représentante.  Et le nouveau Gouvernement accorde une grande importance à la lutte contre les changements climatiques, qu’il intègre à ses programmes de développement social afin de ne pas reculer sur les avancées réalisées dans ce domaine.  Dans le même ordre d’idées, le Ministère du genre, de la famille et des services sociaux a incorporé la couverture sanitaire universelle à ses objectifs. 

Ces dernières années, a poursuivi la déléguée, les Maldives ont tenté d’améliorer la qualité de leurs services sanitaires, ce qui a permis d’éliminer un certain nombre de maladies transmissibles comme la polio, le paludisme, la rougeole et, plus récemment, la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  Cela s’est toutefois accompagné d’un essor des maladies non transmissibles liées aux changements dans les modes de vie, a-t-elle concédé.  Le Gouvernement s’engage par ailleurs à fournir une éducation de qualité pour contribuer au développement socioéconomique du pays.  La lutte contre l’inégalité des chances a permis une scolarisation proche de 90%, s’est-elle enorgueillie.  Elle a ajouté qu’une action était menée au plan national dans le domaine de la formation professionnelle afin de créer des possibilités d’emploi pour les jeunes.  Elle a conclu son propos en soulignant l’importance accordée par son pays à l’appui aux personnes âgées et handicapées, via la création d’institutions visant à leur donner les mêmes chances et droits que les autres citoyens. 

Après avoir mis l’accent sur la diversité des jeunes, M. NIKOLAS KARANIKOLAS, délégué de la jeunesse de l’Allemagne, a déclaré que l’ONU est à la croisée des chemins s’agissant de la participation des jeunes.  Il a pointé les États qui laissent les migrants se noyer en mer, progresser les changements climatiques, des personnes être persécutées en raison de leur religion ou croyance, leur ethnicité ou leur orientation.  Il a par ailleurs appelé l’ONU à fournir des stages rémunérés, une mesure que les jeunes délégués allemands réclament depuis 15 ans.  Il a affirmé que sa génération est la première qui peut mettre fin à l’extrême pauvreté et peut-être la dernière à pouvoir arrêter la progression des changements climatiques.  « Nous avons le potentiel, les ressources et le savoir-faire pour changer le monde, mais nous ne le faisons pas, perdus que nous sommes dans nos égoïsmes et nationalismes », a-t-il déploré.  Les jeunes vous observent et « ma hantise est qu’ils perdent espoir en les Nations Unies ». 

À son tour, Mme JOSEPHINE HEBLING, déléguée de la jeunesse de l’Allemagne, a rapporté que lorsqu’elle et ses confrères avaient travaillé avec des jeunes dans le cadre d’ateliers pour collecter des idées, nombre d’entre eux n’avaient jamais entendu parler des Nations Unies.  La plupart, non habitués à exprimer leurs opinions personnelles, étaient même étonnés de l’opportunité qui leur était donnée de contribuer à des changements au plan international.  Mais la problématique la plus citée dans le cadre des différents ateliers est celle de la protection de l’environnement, a fait observer la déléguée qui a précisé que leurs préoccupations portent sur l’impact des activités humaines sur l’environnement.  Elle a également témoigné de leur anxiété et colère face à l’inaction aux niveaux local, national et international.  Elle a prévenu que cela conduit à une perte de confiance vis-à-vis des décideurs qui n’associent pas les jeunes aux processus de prise de décisions. 

Mme ESTER HALLSDOTTIR, déléguée de la jeunesse de l’Islande, s’est dite honorée d’appartenir à la première délégation des jeunes de son pays aux Nations Unies.  Elle a salué la volonté politique croissante des dirigeants de l’Islande de favoriser une meilleure participation de leur jeunesse aux processus de prise de décisions, tout en relevant que des progrès demeurent nécessaires.  Elle a notamment cité la mise en œuvre d’une politique nationale de la jeunesse, et la révision des lois actuelles qui par exemple, empêchent les jeunes de moins de 18 ans de siéger aux conseils d’organisations et de participer pleinement à la démocratie. 

« Nous sommes trop souvent les jeunes de service », a-t-elle regretté.  Malgré l’apparence d’une inclusion, nos voix ne sont pas vraiment entendues, ce qui peut décourager l’engagement civique des jeunes.  Nous ne nous résumons pas à une stratégie de relations publiques.  Au contraire, nous contribuons à la société et au progrès social. »

Mme Hallsdottir a ensuite indiqué qu’en Islande, des enfants et des jeunes gens ont participé comme des millions d’autres dans le monde, aux grèves d’écoles pour la défense du climat, et a constaté que cette unité des jeunes pousse les leaders mondiaux à intensifier la coopération internationale et à se montrer solidaires sans oublier d’associer la jeunesse à leurs efforts.

Enfin, la déléguée a rappelé que « dans le groupe déjà marginalisé des jeunes », certains subissent en outre de multiples discriminations.  « Bien que l’Islande soit considérée comme la nation la plus avancée sur la question de l’égalité des sexes, ce but n’a pas été pleinement atteint », a-t-elle déploré, citant les témoignages de femmes islandaises durant le mouvement #METOO qui ont mis en lumière d’innombrables cas de violences sexuelles et de harcèlement dans leur pays.  Elle s’est également inquiétée du contrecoup infligé aux droits sexuels et reproductifs des femmes et a conjuré « les pays qui aspirent à défendre les droits de l’homme et être des leaders mondiaux de se montrer les ardents défenseurs des droits humains des femmes ».

M. EL-ANSARY, délégué de la jeunesse de l’Australie, a mis l’accent sur le nombre croissant des jeunes confrontés à l’incertitude concernant leur avenir.  Il a expliqué s’être rendu dans les territoires les plus reculés de son pays pour aller à la rencontre des jeunes de son âge.  S’il a vu que le système créé en Australie pouvait leur être utile, il a surtout constaté qu’une fois inclus au sein de la société, les jeunes la façonnent grâce à leur créativité.  Il a souhaité transmettre un message d’espoir, relevant toutefois que cet espoir est aujourd’hui entravé par la peur.  J’ai peur que nous n’ayons pas voix au chapitre, a-t-il avoué. 

Il a notamment rapporté que beaucoup de jeunes lui ont parlé de stigmatisation, d’un manque de formation, de l’absence de travail, des difficultés liées au coût de la vie et au chômage, des problèmes de logement, mais aussi de discriminations.  C’est ainsi que des membres de la communauté LGBTI se sentent ostracisés et que des membres de communautés autochtones ignorent l’importance de leur culture.  Tous m’ont parlé de leur peur liée aux changements climatiques, a-t-il ajouté, parlant de jeunes agriculteurs incapables de nourrir leur bétail en raison de la sécheresse.  Mais il y a de l’espoir, a-t-il néanmoins estimé, car les jeunes Australiens croient à la possibilité de créer un monde meilleur.  Nous croyons que nous pourrons être les architectes de l’avenir, mais cela ne sera possible que si nous sommes inclus dans la conversation qui façonne notre vie, a-t-il conclu. 

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a axé son intervention sur les droits des personnes âgées et l’importance de disposer d’un contenu normatif des obligations qui s’appliqueraient aux États.  Il est de notre devoir, a-t-elle déclaré, de garantir les droits des personnes âgées.  La représentante a reconnu les efforts fournis par la société civile en la matière et a indiqué que son gouvernement promeut des discussions sur l’élaboration d’un cadre contraignant pour le respect des droits des personnes âgées.  La Slovénie développe aussi une campagne pour démontrer comment les perceptions négatives dont pâtissent les personnes âgées représentent le plus grand obstacle à leur inclusion.  La Slovénie développe également un plan d’action national pour la mise en œuvre effective d’une stratégie incluant une approche complète qui comprenne soins de santé, éducation, protection sociale, accès à l’emploi et des questions d’ordre juridique.

Lui emboîtant le pas, M. PATRICK BOLE, délégué de la jeunesse de la Slovénie, a présenté les défis auxquels sont confrontés les jeunes, insistant notamment sur les préoccupations qui accompagnent la numérisation, notamment la désinformation.  Il a expliqué que 99% des jeunes de Slovénie ont accès au monde numérique et que sur les réseaux sociaux, les jeunes s’expriment, notamment au sujet des changements climatiques.  Les jeunes slovènes sont cependant conscients que pas tous n’ont accès au monde numérique.  « Nous avons vu tomber le mur de fer, mais il faudrait à présent faire tomber le mur numérique entre ceux qui maîtrisent le monde numérique et ceux qui n’ont pas ces compétences », a-t-il dit.

Mme INMACULADA AVOMO ESONO KIEBIYENE (Guinée équatoriale) a détaillé le contenu du Plan national de développement économique et social à l’horizon 2035 adopté par son gouvernement pour éradiquer la pauvreté, lutter contre les inégalités sociales, accélérer l’industrialisation du pays et garantir la protection de l’environnement. 

En matière de santé, la représentante a indiqué que son pays garantissait désormais la gratuité de la santé maternelle, néonatale et infantile, y compris pour les accouchements par césarienne et les femmes souffrant de fistules obstétricales.  Au nombre des soins remboursés, figurent également le diagnostic, la prévention et le traitement du cancer du col utérin et les consultations médicales dans les centres hospitaliers régionaux, notamment pour les malades atteintes de paludisme et du VIH/sida.  La représentante a aussi indiqué que la Guinée équatoriale avait procédé à la construction de la première clinique de santé mentale du pays, dans la localité de Sampaka.

S’agissant de l’éducation, la représentante a déclaré que l’école gratuite et obligatoire était désormais de mise aux niveaux maternel et primaire pour les Équato-Guinéens comme pour les résidents étrangers, de même que la formation professionnelle.  En matière d’emploi, la représentante a indiqué que la loi nationale interdisait toute discrimination salariale pour des motifs de genre dans la fonction publique.

En outre, la représentante a indiqué que son gouvernement avait fourni plus de 4 000 logements sociaux à la population du pays.  Tous les Équato-Guinéens, a-t-elle enfin précisé, ont désormais accès à l’eau potable et 66% d’entre eux ont accès à l’électricité.

Mme AYSE INANC-ORNEKOL (Turquie) a observé que, par le biais du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la communauté internationale s’est embarquée sur une voie courageuse qui vise à ne laisser personne de côté.  Mais si des progrès ont été réalisés en matière de développement social, les avancées restent inégales, a-t-elle noté.  Il faut, selon elle, adopter une approche globale pour intégrer les personnes vulnérables aux efforts de développement mondiaux. 

Elle a expliqué que le modèle de développement de la Turquie est centré sur l’humain et se concentre sur la croissance économique, l’inclusion sociale et la protection environnementale.  Le pays a également fait de la mise en œuvre des ODD une priorité, comme en atteste son plan de développement 2019-2023, qui a été élaboré en fonction du Programme 2030.  Dans ce cadre, la Turquie accorde une attention particulière aux jeunes, aux personnes âgées et aux personnes handicapées.  Elle prend notamment en compte les besoins de la population vieillissante, ce qui l’a conduite à organiser en février, à Ankara, le premier Conseil international sur le vieillissement, qui se veut une plateforme pour procéder à des échanges d’idées sur cette question. 

En ce qui concerne les handicapés, la Turquie s’emploie à les intégrer à la vie sociale en tant que citoyens à part entière, notamment en promouvant leur accès à l’éducation et à l’emploi.  Relevant que la moitié de la population turque a moins de 22 ans, la représentante a noté que son pays s’efforce de les faire participer aux décisions les concernant.  Des projets en matière de formation professionnelle sont ainsi menés pour permettre aux jeunes et aux femmes de jouir de meilleures conditions de vie.  Enfin, la représentante a rappelé que la Turquie accueille sur son territoire 1,5 million de réfugiés qui bénéficient de services sociaux et de soins de santé. 

Pour M. GONZALO ARNALDO RIVERA ROLDAN (Pérou), la composante sociale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit se concentrer sur l’autonomisation des personnes les plus vulnérables afin de bâtir des sociétés plus inclusives, plus participatives, et plus justes.  Pour y parvenir, le Pérou a fait du développement social et du bien-être de sa population les axes principaux de ses politiques.  Il vise ainsi en priorité la réduction drastique du taux d’anémie chez les enfants de moins de 3 ans et les femmes enceintes et a élaboré un plan spécifique à cette fin qui mobilise toutes les agences du gouvernement et les secteurs concernés.  Le Pérou a également accueilli, en août, la troisième Conférence régionale sur la population et le développement en Amérique latine, qu’il présidera jusqu’en 2020.

Le représentant a ensuite fait observer que le développement social ne dépend pas uniquement d’une croissance économique solide, mais aussi de politiques publiques de lutte contre la pauvreté et d’intégration sociale.  C’est d’ailleurs pour cette raison que le Gouvernement péruvien s’est fixé pour objectif de réduire la pauvreté de 15% en favorisant l’accès à l’eau, à l’hygiène, à l’électricité et aux télécommunications. 

Il a, par ailleurs, fait savoir que le Pérou présentera cette année, pour la cinquième fois, le projet de résolution consacré à la promotion de l’intégration sociale grâce à l’inclusion sociale.

Mme HELLEN MKHWEO CHIFWAILA (Zambie) a estimé que beaucoup de progrès étaient encore attendus, 25 ans après le Sommet mondial pour le développement social.  Elle a expliqué que le Gouvernement zambien était déterminé à établir des politiques de développement social en mettant l’accent sur la protection sociale des plus démunis, notamment dans les zones rurales.  Elle a souligné les efforts de son pays pour permettre à 18 706 travailleurs du secteur économique informel d’être couverts par le régime de retraite à partir de juin 2019.  Elle a aussi expliqué que son gouvernement avait lancé en mai 2015 une politique nationale sur le vieillissement pour s’attaquer à toutes les questions auxquelles font face les personnes âgées, dont la pauvreté, la santé, l’alimentation, les revenus et les conditions de vie en général. 

« Pour améliorer la productivité, le Gouvernement a entrepris des réformes du droit du travail dans le souci de promouvoir les droits des travailleurs », a poursuivi la représentante de la Zambie avant d’annoncer que son pays avait intégré plusieurs législations, dont celles relatives à l’emploi, l’emploi des jeunes, les enfants, les revenus minimums et les conditions de travail, à un code du travail « unique » adopté par le Parlement en avril 2019.  Dans le domaine de la santé, elle a indiqué que la Zambie avait décidé de faire de la réalisation de la couverture sanitaire universelle une priorité.  « Nous sommes conscients que pour atteindre cet objectif, nous devrons non seulement améliorer nos infrastructures mais aussi les compétences humaines de ceux qui sont en charge de nos services de santé », a-t-elle indiqué. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que toutes les mesures destinées à bâtir des sociétés inclusives devaient avoir une vision claire de la centralité de la personne humaine, de la dignité humaine et des droits inaliénables qui découlent de celle-ci.  Le développement humain et le plein exercice de la dignité humaine ne peuvent être imposés, ils doivent se développer en chaque être humain et dans chaque famille, en relation avec les autres, a-t-il estimé. 

Mgr Auza s’est attaché au sort des personnes âgées, qui, a-t-il souligné doivent bénéficier de nouvelles opportunités d’accès à l’éducation et à l’emploi afin de continuer à être des membres à part entière de la société.  Il faut aussi mettre fin à l’approche « profondément fallacieuse et utilitariste » qui ne met en valeur les personnes âgées que par leur impact économique, a-t-il ajouté.  Il a appelé à assurer à ces personnes des services médicaux de qualité, sans la discrimination dont elles sont parfois victimes, notamment en fin de vie. 

L’Observateur permanent a de même rappelé l’importance d’un accès à l’éducation et à l’emploi pour les personnes handicapées, soumises à de nombreuses formes de discrimination.  Mgr Auza a notamment insisté sur la discrimination des personnes diagnostiquées comme ayant un handicap avant leur naissance, faisant état d’un haut niveau d’avortement qui montre que « l’une des pires formes de discrimination se produit à cet âge tendre de la vie ».  Il a regretté que la Convention relative aux droits des personnes handicapées n’assure pas de protection dans ce domaine. 

Mgr Auza s’est enfin inquiété de l’exclusion ou de la marginalisation des jeunes qui, privés d’emploi et de perspectives, peuvent devenir la proie de la radicalisation et du recrutement par des groupes armés, à moins qu’ils ne soient contraints d’émigrer vers des pays qui ne veulent pas d’eux. 

Pour l’Observateur permanent, la protection de ces trois groupes vulnérables et la promotion de leur inclusion impliquent un investissement dans la famille, qui est « peut-être le plus efficace filet de protection sociale ».  Les programmes sociaux et initiatives gouvernementales devraient donc soutenir ce rôle premier et irremplaçable de la famille, a-t-il estimé.

M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a pointé les niveaux élevés de pauvreté comme obstacle majeur au plein exercice des droits de la personne et à un développement durable inclusif.  En guise de remède, il a souligné le caractère indispensable de l’élaboration et de l’exécution de politiques publiques intégrales d’inclusion sociale axées sur les droits pour garantir l’intégration de tous les groupes sociaux en situation de vulnérabilité à chaque étape de la vie.  L’Argentine s’est dotée d’un solide système de protection sociale axé sur les familles en situation de vulnérabilité sociale et de pauvreté.  Ce système, a-t-il expliqué, repose sur un seuil de revenus minimal, l’amélioration de la qualité de vie et la promotion de la mobilité sociale.  L’application de cette approche multidimensionnelle dans la structure du système de protection sociale a eu pour conséquence l’élargissement de la couverture de tous les segments de la population, a précisé l’orateur. 

Ainsi, le système d’allocations familiales couvre 93% des enfants de moins de 18 ans, tandis que la couverture de protection sociale a été élargie pour couvrir à l’heure actuelle 90% de la population adulte; les femmes représentant 63% des bénéficiaires du système.  Les personnes handicapées jouissent, de leur côté, d’un important système de pension avec plus d’un million de récipiendaires.  Quant à l’éducation publique, elle est obligatoire et gratuite, tout comme le secteur de la santé, qui est également universel et gratuit. 

L’Argentine s’efforce également d’établir un budget national sensible à l’égalité des sexes, et veille par ailleurs à la mise en œuvre d’une stratégie pour la petite enfance visant au renforcement et à la création d’espaces pour cette tranche d’âge, de 45 jours après la naissance à 4 ans.  Le représentant a préconisé la plus haute protection et assistance à la famille, tout en reconnaissant qu’il existe des « formes variées de familles » dans différents systèmes culturels, politiques et sociaux.  Il s’est prononcé en faveur de l’élaboration d’un instrument universel garantissant la pleine participation des personnes âgées au développement de leurs sociétés, exemptes de violence, de discrimination, d’indifférence, d’abus et de mauvais traitements. 

Mme HYUNG WON SUH, déléguée de la jeunesse de la République de Corée a voulu porter la voix des huit millions de membres de la future génération de son pays et plus généralement des 16% de jeunes de la population mondiale, qui ont « des droits et des responsabilités en tant que principaux agents du changement ».  En République de Corée, a-t-elle fait savoir, les institutions et les politiques de soutien à l’entrepreneuriat des jeunes sont mieux financées que jamais.  Cependant, en matière de santé, la protection de la santé mentale des jeunes générations, en particulier en ce qui concerne la violence scolaire, est une source de préoccupation majeure.  Pour élaborer ces politiques, les jeunes ont été invités à participer et certaines de leurs suggestions mises en pratique.  Toutefois, cette participation doit être davantage encouragée et les jeunes doivent occuper une place active dans la société, a estimé la délégation.

M. CHAUDRY, délégué de la jeunesse de la Norvège, a témoigné que lorsque son père avait débarqué à l’aéroport d’Oslo en 1982, « il n’était pas écrit que ce jeune homme pourrait prendre racine dans son nouveau pays.  Heureusement pour lui, il a été intégré dans le système éducatif norvégien. »  Il a ensuite regretté que le scénario d’intégration réussie de son père soit loin d’être la règle.  Il s’est inquiété du fait que 3,7 millions d’enfants déplacés ne sont pas scolarisés, et que le ratio enseignant-élève pour les enfants déplacés soit d’un pour 70, s’appuyant sur les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).  M. Chaudry a aussi dénoncé le manque d’infrastructures scolaires dans les camps de réfugiés.  Il a prévenu que les périodes de déscolarisation rendent « au mieux chaotique, au pire inexistante » l’intégration dans les systèmes éducatifs des pays d’accueil.

Le délégué a également relevé que beaucoup de jeunes autochtones souffrent des préjugés raciaux et assimilationnistes au sein des systèmes éducatifs nationaux.  Il a averti que l’interdiction d’utiliser les langues maternelles à l’école et la propagande visant à éliminer certaines cultures et traditions produisent des citoyens de seconde zone.  Il a rappelé que l’objectif de développement durable 4.5 fixe comme cible claire l’accès à tous les niveaux d’éducation pour les enfants les plus vulnérables et que la résolution 64/290 fait clairement du droit à l’éducation un des droits de l’homme.  « Il faut désormais passer aux actes! »  Il a également appelé au respect des résolutions 2250 et 2419 du Conseil de sécurité qui soulignent la nécessité de l’inclure à toutes les étapes des processus de paix. 

M. FABIÁN OSWALDO GARCÍA PAZ Y MIÑO (Équateur) a détaillé le contenu du plan national de développement dont s’est doté son pays pour la période allant de 2017 à 2021.  S’agissant de la petite enfance, a-t-il indiqué, ce plan comprend l’octroi de services spécifiques à 180 000 filles et garçons âgés de zéro à 5 ans, dans les domaines de la santé, la nutrition, l’apprentissage et la sécurité.  Le représentant a également mentionné l’intention de son gouvernement de mettre à disposition de la population environ 350 000 logements sociaux d’ici à 2021, ainsi que d’allouer 22 millions de dollars aux personnes handicapées pour aider 294 304 d’entre elles à vivre dignement.  De plus, les autorités équatoriennes ont instauré un programme de rémunération des individus en situation de pauvreté ayant à charge des personnes vivant avec un handicap lourd, via le paiement d’un solde mensuel de 240 dollars dont bénéficient actuellement 24 303 personnes.  Cela s’ajoute, a-t-il précisé, aux 50 dollars mensuels payés par le Gouvernement aux personnes handicapées en situation de pauvreté et d’extrême pauvreté, dont dépendent actuellement 118 670 personnes. 

Le représentant a également affirmé que son gouvernement était parvenu à insérer professionnellement 81 463 personnes vivant avec un handicap, soit une augmentation de 213% par rapport à 2012.  Outre les personnes handicapées, l’Équateur s’emploie à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes et à garantir le bien-être des personnes âgées, a indiqué le représentant, via notamment des prestations sociales dans les domaines de l’aide médicale, des retraites et des activités récréatives, programmes dont bénéficieront 250 000 seniors d’ici à 2021. 

M. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a déclaré que malgré les sanctions illégitimes à son encontre, la Russie respecte ses obligations envers sa population et attache une importance particulière à l’amélioration du bien-être de ses citoyens.  Il a indiqué que depuis le 1er octobre, la Fédération de Russie a indexé à 4,3% le salaire des fonctionnaires publics.  Le salaire minimum augmentera également, une mesure qui touchera 3,2 millions de personnes environ.  Il a précisé que 142 millions de dollars sont dédiés à cette fin.  Également, à partir du 31 janvier, 31 millions de retraités auront droit à une augmentation de leur pension de retraite de 6,6%.  Les allocations pour les personnes handicapées augmenteront quant à elles de 4%.

En un an, la Fédération de Russie a également mis en place un projet en faveur des personnes âgées, afin qu’elles acquièrent de nouveaux savoir-faire.  Afin d’améliorer l’espérance de vie, un ensemble de mesures ont été prises pour favoriser le bien-être des personnes âgées et handicapées, notamment en ce qui concerne les soins hospitaliers et ambulants.  La Fédération de Russie a également adopté plusieurs amendements en faveur des personnes handicapées, notamment sur l’accès aux services publics, tels que les transports.

Concernant les jeunes, le représentant a fait savoir que l’enseignement est une priorité de la politique de son gouvernement.  De nombreuses femmes s’occupent de l’éducation des enfants et la Russie cherche à favoriser l’emploi des femmes.

M. DINH NHO HUNG (Viet Nam) a d’abord énuméré les fruits du Programme national de réduction durable de la pauvreté de 2016-2020 qui a réduit le taux de pauvreté de 9,8% en 2015 à 7,7% en 2017.  Il a ensuite indiqué que parmi les minorités ethniques et des zones montagneuses, 98% des foyers qui sont sortis de la pauvreté n’y ont pas rechuté.  Toutefois, des défis émergents menacent les progrès dont le plus grand est les changements climatiques, a-t-il prévenu.  Pays sévèrement touché par ce phénomène, le Viet Nam met un accent particulier sur l’adaptation, et son programme national d’adaptation aux changements climatiques et à la croissance verte de 2016-2020 se focalise sur la sensibilisation et la capacité d’adaptation, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le développement d’une économie sobre en carbone, et la coopération internationale pour protéger le climat mondial.  Le représentant a également parlé du Programme de développement forestier durable 2016-2020 qui vise à alléger les impacts des catastrophes naturelles, accroître la couverture forestière, et réhabiliter le système forestier dégradé.  Le Viet Nam prend également des mesures pour abolir l’usage du plastique avant 2025. 

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a indiqué que 98,5% des enfants de 6 ans sont scolarisés dans son pays, qui compte par ailleurs 1,5 million d’étudiants, dont 62,19% de femmes.  Le taux d’analphabétisme est aujourd’hui de 8,71%, contre 22,3% en 2008 et 85% en 1962, s’est-il félicité.  Par ailleurs, plus de 31 700 étudiants avec des besoins spécifiques ont rejoint les bancs de l’école, un chiffre en augmentation de 13% par rapport à l’année précédente.  Dans le domaine de la santé publique, le délégué a indiqué que le taux de mortalité infantile est de 22,3 pour 1 000, le taux de mortalité maternelle de 60,5 et l’espérance de vie de 77,1 ans.  Le système de santé algérien est articulé autour des principes de gratuité des soins, d’égal accès aux soins et de solidarité et de continuité des services publics sanitaires, a-t-il précisé.  Enfin, M. Sahraoui a insisté sur l’importance de la mobilisation de ressources financières, en particulier au niveau international, pour réaliser le Programme 2030. 

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a indiqué que le plan de développement philippin « Ambisyon Natin 2040 » (Notre ambition 2040) aspire à créer une société juste, inclusive et équitable, tendant vers la prospérité.  Avant de mettre en place cette « vision » pour les 25 prochaines années, le pays a mis en œuvre un plan quinquennal 2017-2022 qui vise à réduire la pauvreté de 27% en 2015 à 14% en 2022.  D’ores et déjà, le taux de pauvreté a reculé de 21% cette année aux Philippines, s’est-elle félicitée.  Dans le même temps, la croissance du PIB se poursuit pour atteindre 5,5% en 2019, tandis que le taux d’emploi est aujourd’hui supérieur à 94%. 

Par ailleurs, le pays accorde la priorité à l’éducation en matière de dépenses publiques.  Elle a notamment indiqué que plus de 27 millions d’élèves bénéficient d’une éducation de base et gratuite et que 600 000 jeunes et adultes déscolarisés ont accès à un système de formation alternatif.  Le plan de développement philippin tient également compte du respect des droits des enfants, des femmes, des autochtones, des personnes âgées et des handicapés, a ajouté la déléguée, faisant également état d’une approche visant à intégrer le genre aux questions sexospécifiques.  Le dernier lundi de mars est ainsi devenu la Journée des femmes avec un handicap afin de briser les tabous entourant cette question. 

S’agissant des jeunes, Mme Azucena a expliqué que ces derniers sont en mesure de s’exprimer par le biais du Conseil de la jeunesse, une plateforme fondée en 1991 et composée de huit membres élus par leurs pairs.  Une loi sur l’emploi des jeunes a été adoptée en 2015 afin de leur donner accès à des emprunts et à des formations spécialisées.  Enfin, a-t-elle précisé, la loi sur les droits des peuples autochtones adoptée en 1997 reconnaît leurs droits inhérents aux terres ancestrales, à l’autogouvernance et à l’autodétermination. 

M. HERNANDEZ (Mexique) a expliqué qu’avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, son pays avait donné la priorité aux groupes et communautés autochtones et afro-mexicaines, aux jeunes, aux personnes âgées et aux handicapés, afin de favoriser leur intégration dans la vie politique, sociale et économique du pays.  Le nouveau Plan de développement du Mexique pour 2019-2024 cible les groupes les plus défavorisés afin de réduire les inégalités à travers une série de programmes sectoriels. 

Le représentant a souligné qu’à moins de traiter des thèmes visés par le Programme 2030, il n’y aura ni paix ni développement durable.  Il est urgent d’accélérer les moyens de parvenir à l’égalité des chances pour tous et de veiller à ce que ces opportunités ne soient guidées ni par le genre ni par l’âge, l’origine ethnique ou le statut migratoire, a-t-il indiqué, y voyant autant de facteurs qui accroissent la vulnérabilité des personnes « à l’heure où les discours de haine tendent à stigmatiser certains groupes sociaux ».

Il a indiqué que la protection sociale constitue l’un des principaux instruments des politiques publiques de son Gouvernement visant à réduire les inégalités et la pauvreté et promouvoir l’intégration et l’inclusion sociales. 

En 2050, a-t-il poursuivi, le Mexique comptera 33,4 millions de personnes âgées qui représenteront 22,5% de la population et dont il s’agit d’assurer l’intégration et la dignité, la protection des droits humains et l’autonomie.  À cette fin le Gouvernement a adopté un programme de « Pension pour le bien-être des personnes âgées » destiné aux plus de 65 ans résidant dans une communauté autochtones et aux plus de 68 ans pour le reste de la population.

M. CHAM AYE (Myanmar) a indiqué que son pays avait adopté une loi sur les personnes âgées pour assurer une meilleure protection de ces dernières.  Une pension leur est ainsi distribuée.  De plus, le Gouvernement a amélioré le respect des droits des personnes handicapées.  En outre, la réduction des inégalités a toujours été l’une des priorités du Gouvernement actuel, a affirmé le délégué.  C’est ainsi que l’ODD 10 relatif à la réduction des inégalités a conduit le pays à tenir compte des concepts de croissance équitable, de développement équitable et de développement durable.  M. Aye a enfin plaidé pour la création de stratégies gagnant-gagnant dans le système économique mondial dominant, notamment l’intégration régionale, et afin que les bénéfices de l’intégration économique internationale soient largement partagés entre les nations. 

S’exprimant à deux voix, M. TEODOR BLIDARU et Mme LINH PHAM, délégués de la jeunesse de la Roumanie, ont déploré que, dans trop de régions du monde, il y ait des enfants de 15 ans qui parcourent huit kilomètres par jour pour aller en cours dans un bâtiment délabré d’un village voisin.  De même, il y a encore des étudiants qui souffrent de dépression et d’anxiété sans le savoir parce que personne ne leur parle, et des jeunes de 18 ans qui vivent dans des orphelinats et qui deviennent adultes sans bénéficier d’une aide de l’État ou d’une opportunité d’emploi.  Il y a encore des étudiants qui sont persécutés par leurs condisciples parce qu’ils sont issus d’une minorité ethnique.  Il y a encore des jeunes entrepreneurs ou des jeunes artistes talentueux dont les parents considèrent que leur activité n’est pas un vrai métier, ont-ils expliqué, prenant la parole alternativement.  « Nous sommes Teodor et Linh, nous représentons plus de 2,4 millions de jeunes et nous plaidons pour réduire les disparités », ont-ils expliqué, précisant avoir consulté de nombreux jeunes roumains. 

Après avoir dressé la liste des principaux problèmes rencontrés par les jeunes, les délégués ont indiqué que les objectifs de développement durable ne sont pas seulement des objectifs ambitieux mais aussi le monde dans lequel les jeunes veulent vivre.  Ils ont souligné que l’engagement des jeunes est indispensable pour répondre aux défis de notre temps, notamment les impacts des changements climatiques, la pauvreté, le chômage, l’inégalité de genre, l’absence d’éducation et les soins de santé.  Ils ont appelé les États Membres à lancer une évaluation de l’avancée des ODD au niveau national, pour ensuite encourager les organisations internationales à fournir aux jeunes des infrastructures leur permettant d’accéder à une éducation formelle ou informelle.  Il importe également de reconnaître les troubles de l’anxiété comme maladies mentales et d’établir une couverture sanitaire universelle pour tous les jeunes.  La santé, la prévention, l’éducation sexuelle et la lutte contre la toxicomanie sont indispensables, ont-ils insisté.

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a appelé à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, se disant par ailleurs convaincu qu’il faut plus d’intégration sociale tout en protégeant l’environnement.  Il a fait savoir que Djibouti déploie d’immenses efforts dans le domaine du développement social.  En 2014, Djibouti a instauré une assurance santé, et au cours de ces cinq dernières années, le pays a déployé de nombreux efforts pour permettre aux personnes migrantes de bénéficier également de cette assurance.  Cependant, Djibouti fait face à une augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies non transmissibles, ce qui implique une augmentation des coûts. 

Par ailleurs, Djibouti a placé l’éducation au cœur de sa politique de développement social.  L’accès pour tous à l’éducation reste essentiel et un plan d’action sur l’éducation a été mis en œuvre avec des stratégies spécifiques, a expliqué le représentant.

Mme LISA KOOPMAN, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a relevé que l’an passé, lors de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, 38 pays avaient inclus des représentants de la jeunesse dans leur délégation.  C’était déjà une belle réalisation, et nous sommes encore plus cette année, a-t-elle salué, appelant tous les États Membres à inclure des jeunes dans leurs délégations. 

Les jeunes ont participé au Sommet de la jeunesse des Nations Unies sur l’action pour le climat et ont proposé des solutions.  En juin, une conférence des ministres et délégués de la jeunesse a eu lieu à Lisbonne lors de laquelle les jeunes ont pu exprimer l’importance de la participation des jeunes.  Mais l’écoute est-elle suffisante?  Est-ce que les jeunes ont un impact réel et concret dans le processus de décision?  Leur opinion est-elle prise en compte? s’est-elle toutefois interrogée.

« La participation, ce n’est pas seulement écouter, c’est aussi travailler ensemble, et élaborer les politiques ensemble », a commenté à son tour M. FRANÇOIS DECLERCQ, délégué de la jeunesse de la Belgique.  Constatant que beaucoup reste à faire, il a estimé que les écoles doivent être reconnues comme le terreau de la participation des jeunes.  Il est également important de créer, avec les jeunes, des assemblées pour les représenter au sein des communautés locales telles que les municipalités.  Ils pourraient y donner leur opinion sur les questions locales, et décider comment les budgets concernant les questions relatives à la jeunesse devraient être dépensés.  Il est également important que les jeunes de chaque pays soient représentés au niveau national, par exemple en reconnaissant le rôle des conseils et des organisations de jeunes, et en les appuyant dans leurs tâches d’inclusion dans le processus de prise de décisions. 

M. MOHAMMED ESSAM M. KHASHAAN (Arabie saoudite) a souligné que la pauvreté est un problème mondial, qui pousse les pays à mettre en place des stratégies d’intervention.  À cette fin, l’Arabie saoudite s’est donnée pour objectif d’éradiquer la pauvreté en mettant en place des programmes nationaux de développement durable.  Toutefois, le problème n’étant pas seulement économique, mais aussi social et culturel, il faut des solutions différentes pour y remédier.  C’est pourquoi, a-t-il indiqué, le Royaume a mis en place des réformes stratégiques pour réduire les difficultés financières des plus pauvres, réglementer les impôts et protéger la société de l’impact de ces mesures, notamment les familles à faibles revenus.  L’Arabie saoudite s’emploie aussi à promouvoir les droits des personnes handicapées afin qu’elles soient mieux intégrées dans la société.  Elle a ainsi mis en place un plan de 24 initiatives et identifié les catégories standards de handicap.  En outre, une entité institutionnelle prodigue des conseils en direction des groupes les plus vulnérables de la société.  Dans le cadre de ses ambitions en matière de développement social, le Gouvernement saoudien a investi dans l’avenir des jeunes et fait tout son possible pour permettre aux personnes âgées de jouir d’une vie agréable, a poursuivi le représentant.  S’agissant, enfin, de la politique en faveur des jeunes, la priorité du Royaume a été donnée à des réalisations comme le Centre Roi Salman pour les secours et l’action humanitaires et la participation des jeunes à la société par le biais d’instances de représentation.

M. JASON SPARKS, délégué de la jeunesse de la Hongrie, a estimé que l’ODD 3 sur la santé et le bien-être est le plus important: « la santé est le produit le plus important que l’on ne peut acheter, c’est un prérequis pour tous les autres aspects de la vie.  La santé est un privilège, et nous devons faire tout notre possible pour la conserver », a-t-il souligné.  Revenant sur les origines latines du mot « prévention », il a noté que la meilleure manière de prendre soin de la jeunesse était de donner la priorité à la prévention, puisqu’à cet âge, « nous sommes en parfaite santé ». 

Enchaînant sur l’ODD 4 portant sur l’accès à une éducation de qualité, il a souligné qu’éduquer un enfant à la prévention dès le plus jeune âge permettait de s’attaquer aux pratiques à risques comme la consommation d’alcool, de tabac et de nourriture industrielle, afin d’éviter le développement de diabète, d’hypertension et de plusieurs types de cancer. 

Il a enfin noté qu’on ne pouvait vivre en bonne santé que sur une planète elle-même en bon état.  Montrant à l’assistance une bouteille d’eau en plastique, il a rappelé que s’il la jetait dans la forêt, elle mettrait quatre siècles à disparaître: « il est temps de se mettre à penser “vert” », a-t-il déclaré. 

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a constaté que des millions de personnes continuent de vivre dans la pauvreté et que les inégalités persistent.  Alors même que nous pouvons produire suffisamment de nourriture et de médicaments, il est absurde que des gens meurent de faim ou en raison d’un manque de médicaments, a-t-elle dénoncé.

Elle a ensuite indiqué que comme beaucoup de pays, l’Érythrée se heurte à de nombreux défis, mais que des progrès ont néanmoins été accomplis.  Le Gouvernement érythréen a notamment mis en place une politique inclusive à l’endroit des personnes handicapées.  Les femmes bénéficient de l’égalité des chances et leur autonomisation est intégrée dans tous les secteurs.  De plus, en 2016, l’association des jeunes et des étudiants a mis en place un plan d’action pour que les jeunes talentueux participent à l’édification de la nation.

Mme BARBORA KVASNICKOVÀ et Mme ALZBÊTA FILIPKOVÀ, déléguées jeunesse de la République tchèque, ont estimé que 2019 est l’année de l’engagement civique pour les jeunes, mais également pour toute la société.  Ainsi, des centaines de milliers de gens se sont mobilisés pour le renforcement des valeurs démocratiques, ce qui démontre la volonté du peuple à jouer un rôle actif sur les questions affectant leur vie.  Elles ont appelé à un plus grand espace pour des discussions sur l’engagement des jeunes à tous les niveaux.  Pour ce faire, le dialogue intergénérationnel doit être la fondation de notre vie de tous les jours, ont-elles argué, ajoutant qu’en plus d’écouter, les jeunes entendent également se faire entendre. 

Les deux jeunes représentantes de la Tchéquie ont ensuite parlé de l’éducation, soulignant que 50% des jeunes Tchèques estiment que les cursus qui sont offerts dans leur pays sont incompatibles avec le monde de l’emploi et avec la vie de tous les jours.  Ainsi, l’esprit critique, la vérification et la prise de décisions informée doivent devenir des composantes du processus d’éducation.  Il serait par exemple opportun, ont-elles plaidé, de renforcer l’éducation relative au climat et à l’Internet.  Elles ont relevé que le manque d’informations précises sur les changements climatiques a une incidence sur la polarisation des sociétés et ont invité à faire évoluer la discussion sur le climat, en la faisant passer du stade des accusations à celui de la confiance mutuelle dans le cadre de la protection des droits de l’homme.  Elles ont affirmé en effet que l’action climatique équivaut à défendre les droits de l’homme, avant de conclure par un appel aux États Membres pour une plus grande implication des jeunes .

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a souligné la persistance de disparités en matière d’accès à la santé et à l’éducation, qui perpétuent, selon lui, les cycles de pauvreté de génération en génération.  Pour y faire face, le représentant a indiqué que le Gouvernement kényan avait fortement investi dans l’éducation et la santé, afin notamment de garantir un taux de 100% de passage des élèves de l’école primaire à l’école secondaire et de parfaire l’éducation des filles ayant quitté l’école à la suite de grossesses.  Grace à ces efforts, les enfants kényans bénéficient désormais de 10,7 années de scolarisation en moyenne, soit le taux le plus élevé de la région, s’est enorgueilli le représentant. 

Dans le domaine de la santé, les dépenses publiques augmenteront de 610 millions de dollars en 2018 à 730 millions en 2021, a-t-il ajouté, précisant que le taux de couverture de la population devrait atteindre 100% d’ici à 2022.  Entre autres mesures, le représentant a également cité l’octroi d’allocations à 1,3 million d’orphelins kényans, d’aides à la jeunesse pour promouvoir l’entrepreneuriat, via l’accès à des formations et au crédit, ainsi que de programmes d’insertion professionnelle au profit des femmes et personnes vivant avec un handicap. 

Mme LOIWAL, déléguée de la jeunesse de l’Inde, a souligné combien les défis actuels sont multidimensionnels, que ce soient les changements climatiques, les systèmes économiques et sociaux, ou encore les disparités dans l’accès aux nouvelles technologies qui, a-t-elle prévenu, menacent d’aggraver les inégalités existantes.

Elle a énuméré les mesures prises par son pays pour réduire la pauvreté multidimensionnelle, citant notamment l’établissement d’un système d’identification biométrique qui couvre 90% de la population du pays et d’une carte d’identité pour personne en situation de handicap.  Une initiative d’inclusion financière a également permis à 370 millions de personnes d’avoir un compte en banque, et les populations des zones rurales disposent aussi d’un système d’accès aux services publics de base.  La campagne d’assainissement « Inde propre » a permis d’installer 110 millions de toilettes en cinq ans et 80 millions de foyers au gaz.  Un ministère pour les questions relatives à l’eau a également été créé.

Poursuivant, la déléguée a indiqué qu’en Inde, l’âge moyen est de 29 ans.  Garantir à ces jeunes un emploi est donc une priorité pour le pays.  Plus de 10 millions de jeunes sont formés à la création d’entreprise, et des prêts abordables sont octroyés à des entrepreneurs, dont 75% de femmes, a-t-elle indiqué, pour ensuite préciser que l’âge moyen des créateurs d’entreprise est de 31 ans seulement.  Par ailleurs, plus de 700 000 Indiens sont employés dans le domaine de l’énergie renouvelable. 

Mme SOFIJA KORAC (États-Unis) a estimé que la réforme de la Commission du développement social devrait permettre d’améliorer le traitement des questions qui sont de son ressort.  La Commission, a-t-elle rappelé, a été créée en 1946 afin d’attirer l’attention sur les différents groupes défavorisés.  Or le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Groupe de travail sur le vieillissement et la Convention relative aux droits des personnes handicapées ont apparemment plus d’influence que ladite Commission.  De fait, a-t-elle argué, il serait souhaitable qu’elle ne constitue pas un doublon par rapport aux autres organes. 

La représentante a de plus estimé que les négociations officielles devraient commencer quelques semaines avant la session afin d’éviter de traiter les mêmes questions en Commission.  À cet égard, a-t-elle encore fait valoir, la résolution sur les méthodes de travail encourage les commissions à travailler sur un rythme biannuel.  Si tel était le cas, la Commission du développement social n’aurait pas le mandat de travailler sur les personnes handicapées, a-t-elle dit.  Mme Korac a par ailleurs estimé qu’au lieu de réexaminer les mêmes projets de résolution, les États Membres gagneraient en négociant un document unique.  Il serait également judicieux de rationaliser le nombre de rapports, de conférences et de négociations, a-t-elle dit.

« En raison de la montée des inégalités et de la diminution des espaces civiques, nous ne rencontrons plus de personnes issues de milieux différents », s’est inquiétée Mme SUNDQVIST, déléguée de la jeunesse de la Finlande.  « En déshumanisant l’autre, le migrant, le chômeur, la personne d’un autre genre, nous devenons insensibles à ses souffrances, nous lui attribuons logiquement la responsabilité des problèmes et nous légitimons nos propres visions du monde », a-t-elle déploré.  Elle a également rapporté qu’en Finlande, 40% des jeunes ont été victimes de messages de haine en ligne: « C’est un problème urgent que nous devons résoudre. »

La déléguée a ensuite évoqué la campagne des jeunes pour la protection de l’environnement, autour du hashtag #fridaysforfuture, comme exemple de nouvelles formes positives d’engagement politique populaire.  Elle a estimé que la foi dans les institutions démocratiques serait renforcée et les positions politiques intolérantes affaiblies « si les gens s’unissaient autour de leurs problèmes communs et réalisaient qu’ils étaient causés non pas par les faiblesses ou les échecs des individus mais par une structure sociale inégalitaire ». 

Mme KHOO FANG XUAN (Singapour) a indiqué que d’ici à 2030, 1 Singapourien sur 4 sera âgé de 65 ans ou plus, dans un pays où l’espérance de vie, 85 ans de moyenne, est la plus élevée de toute la planète.  Bien qu’il faille s’en réjouir, il faut se préparer à cette transition démographique qui aura un impact significatif sur le développement durable, a-t-elle souligné. 

Singapour a donc adopté un programme d’action pour le vieillissement réussi, couvrant tous les aspects des besoins des personnes âgées: santé, transports, pensions de retraite, protection pour les seniors vulnérables et inclusion sociale.  Sans oublier de développer la participation numérique des seniors: des « cliniques numériques » ont été mises en place pour transmettre aux seniors les bonnes pratiques numériques fondamentales, ainsi que les connaissances pour se protéger des risques du monde numérique.  Le pays s’engage en outre à créer des solutions créatives et pratiques pour s’assurer que les seniors aient un accès numérique à leurs bulletins de santé, ainsi qu’à des opportunités de remise en forme près de leur domicile ou de leur lieu de travail. 

Au vu des difficultés rencontrées pour les contacter, un service d’analyse géospatiale urbaine a été mis en place par le Gouvernement pour mieux localiser la population senior, et identifier les « points chauds » afin d’assurer leurs besoins sociaux et sanitaires.  Les données récoltées permettent au Ministère de la santé d’identifier les quartiers avec une grande concentration de population de seniors vivant seuls, et de déployer des programmes de sociabilisation en conséquence.

Dans la mesure où beaucoup de seniors préfèrent rester vivre chez eux, Singapour a transformé son système de soins en développant des programmes favorisant les rencontres intergénérationnelles dans leurs quartiers; garantissant un accès aux soins à proximité de leurs proches et les encourageant à rester indépendants et actifs.

Si le vieillissement de la population est un défi, il offre aussi des opportunités, dans la mesure où l’amélioration de leur santé leur permet de travailler plus longtemps, a poursuivi la représentante.  Singapour apprécie d’ailleurs la contribution des seniors à la bonne marche de l’économie, et, pour les accompagner, des mesures ont été prises en matière de flexibilité du travail, d’ergonomie sur le lieu de travail, de reconversions professionnelles et de formation continue.  Le Gouvernement combat aussi fermement la discrimination liée à l’âge.

Enfin, le Gouvernement de Singapour a développé un outil législatif pour lutter contre les violences faites aux personnes âgées vulnérables, permettant au Sénat d’intervenir en dernier recours dans les cas où un adulte est en situation de risque de violences ou de mauvais traitements, ou s’il se révèle incapable d’être autosuffisant.

Mme NOUR ALI (République arabe syrienne) a déclaré que la société syrienne possède un terreau social fondé sur une tradition de solidarité.  Ces traditions sont restées vivantes et actives malgré les « événements », a-t-elle précisé.  Elle a expliqué que son gouvernement avait entamé un programme de réformes visant à réformer les institutions, renforcer les infrastructures, et mettre en œuvre des programmes ciblés pour toute la société, dont les jeunes, les personnes âgées, et les personnes handicapées. 

De nouveaux défis nous guettent, a indiqué la représentante qui a dénoncé les « mesures unilatérales illégales et illégitimes » à l’encontre de son pays.  Mais malgré les répercussions de la guerre terroriste, la République arabe syrienne est engagée à offrir les services de base, a-t-elle souligné.  Le Ministère des affaires sociales s’attelle d’ailleurs à la gestion des secteurs sociaux et du marché du travail.  Mme Ali a par ailleurs affirmé que les actions d’Israël ont des répercussions sur la capacité de la Syrie à réaliser son développement social.

De l’avis de M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal), l’application de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et du Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social est, et doit être, une priorité pour les États Membres dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a indiqué que la lutte contre les inégalités et les obstacles à l’inclusion sociale est au cœur de l’action du Gouvernement sénégalais.  Il en a voulu pour preuve le plan Sénégal émergent, qui accorde une place importante à l’inclusion sociale au travers de son axe « capital humain, protection sociale et développement durable ».  Le Gouvernement promeut ainsi un modèle de protection qui garantit aux plus démunis l’accès aux prestations sociales, a-t-il expliqué.  Cette politique a aussi permis, en 2019, de consolider les acquis, de renforcer les programmes sociaux et de lancer de nouvelles initiatives dans les domaines de la santé, du financement des PME/PMI et de l’autonomisation des femmes, a noté le représentant. 

Concernant le secteur de l’éducation, a poursuivi le représentant, le Sénégal, avec un taux de scolarisation de 87,5%, a enregistré des indices de parité en faveur des filles pour les cycles élémentaire, primaire et moyen, et s’emploie à réduire l’analphabétisme au sein des populations, rurales et féminines en priorité.  Il a conclu en appelant au renforcement de la coopération internationale pour le développement social. 

Mme NESSF (Qatar)a annoncé que son pays avait adopté des stratégies de développement centrées sur l’être humain.  Des mesures ont notamment été prises pour permettre à toutes les catégories sociales de bénéficier du développement, et le Qatar accorde la priorité à l’éducation et à l’emploi.

Parmi les actions menées, elle a indiqué que le Qatar accueillera en 2020 une conférence sur la jeunesse dans les processus de paix.  En matière d’emploi, la Fondation Silatech lance de nombreuses initiatives pour lutter contre le chômage parmi les jeunes, leur permettant de lancer leur projet. 

Poursuivant, elle a indiqué que le Qatar a parcouru un long chemin pour la promotion des personnes âgées et se focalise également sur les personnes handicapées lors de l’établissement de législations.  Le Qatar poursuit aussi ses efforts pour réaliser les objectifs de l’Année internationale de la famille. 

Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a fait valoir que la contribution des personnes âgées à la société est « inestimable » du fait de leurs compétences et de leur expérience.  Mais « elles sont aussi souvent vulnérables, notamment face à la dégradation du tissu social ou au manque de revenus, ou parce qu’elles sont victimes de discrimination et de maltraitance ».  Pourtant, moins de 1% des 13 000 recommandations sur la discrimination adoptées par les organes de l’ONU concerne les personnes âgées, s’est inquiétée Mme Calem-Sangiorgio. 

La représentante a fait savoir que la Principauté de Monaco, avec une espérance de vie de 85,7 ans, soit la plus haute du monde, a une longue tradition de protection et de soins spécifiques aux personnes âgées.  Par exemple, depuis 1949, une allocation nationale de vieillesse est versée sous conditions de ressources afin d’assurer un revenu mensuel minimum.  Quant au Plan national d’accompagnement du vieillissement et de la prise en charge de la dépendance en Principauté, il a pour ambition de faire de la qualité de vie des anciens une priorité.  Ainsi le Département des affaires sociales et de la santé travaille-t-il constamment à relever le niveau de qualité de la prise en charge, avec pour priorité le maintien à domicile, a assuré Mme Calem-Sangiorgio.  Elle a cité en exemples l’installation de téléalarmes, un service de livraison des repas à domicile ou encore la mise à disposition d’aides au foyer et d’auxiliaires de vie.

La représentante a ensuite indiqué que la Principauté de Monaco avait soumis un rapport d’examen sur la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement au niveau national pour la période 2012-2017.  Il en est ressorti que l’intégralité des orientations prioritaires dudit Plan sont mises en œuvre à Monaco, que ce soit en matière d’inclusion, de lutte contre la marginalisation ou de promotion de la santé physique, mentale et du bien-être, a-t-elle précisé.

Mme WOJCIK, déléguée de la jeunesse de la Pologne, a noté que le trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant et le soixante-quinzième anniversaire à venir de l’ONU doivent être l’occasion de promouvoir les droits des jeunes et des enfants dans le monde entier.  Indiquant s’être rendue à la rencontre des jeunes de Pologne, elle a noté que l’accent était le plus souvent mis sur le bien-être et l’épanouissement, deux points que bon nombre de jeunes vivaient négativement sur le plan de leur participation à la vie publique.  Elle a ainsi relevé que l’écart entre les grandes villes et les petits villages allait en s’élargissant.  Dans les petites communautés, a-t-elle noté, les informations concernant les possibilités d’action n’atteignent pas les jeunes et ces derniers rencontrent des obstacles pour accéder à l’emploi.  De surcroît, a-t-elle expliqué, la plupart des organisations susceptibles de répondre aux besoins des jeunes se retrouvent dans les grandes villes.  Les autorités nationales et locales doivent par conséquent travailler à la réduction des inégalités territoriales pour améliorer le sort des jeunes. 

Par ailleurs, l’absence d’éducation civique pouvant entraîner la radicalisation de certains jeunes, les systèmes d’éducation modernes devraient mettre l’accent sur l’ouverture, a plaidé la jeune déléguée.  Sachant que les jeunes représenteront bientôt plus de 50% de la population mondiale, il est également important de leur donner davantage voix au chapitre.  Or les conseils de jeunes n’ont souvent qu’un impact limité sur leur communauté, a-t-elle constaté.  D’après elle, les jeunes demandent une autonomisation, ils veulent des garanties institutionnelles et juridiques, et entendent être les bénéficiaires des décisions prises aujourd’hui.  Enfin, a fait valoir Mme Wojcik, il n’y a pas assez de jeunes issus de pays en conflit armé qui prennent la parole.  Nous ne devons pas négliger les besoins de ces jeunes en matière d’éducation et de chances sociales, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’ils doivent aussi être associés à toutes les étapes de la paix et de la construction de sociétés résilientes.

M. STANLEY RALPH CHEKECHE (Zimbabwe) a indiqué que dans son pays, 20% des terres sont accordées aux femmes qui en deviennent ainsi propriétaires.  Des partenariats ont été noués pour assurer la sécurité alimentaire, et des programmes d’apprentissage ont été lancés pour réduire le chômage des jeunes.  Le Zimbabwe est classé parmi les premiers en matière d’alphabétisation en Afrique, grâce à une politique ambitieuse d’enseignement primaire s’est-il enorgueilli.  Le représentant a également indiqué qu’une banque de microfinancement pour les femmes et les jeunes avait été lancée pour assurer leur inclusion dans tous les programmes de développement national.  Un soutien est apporté aux membres de la communauté les plus vulnérables; le service public est le principal employeur des personnes handicapées, et le mariage des filles de moins de 18 ans est désormais illégal, a-t-il par ailleurs fait savoir. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: À la veille des 75 ans de l’ONU, la coopération multilatérale demeure une méthode « acceptable et fiable » pour gérer les relations entre États

Soixante-quatorzième session,
13e séance plénière - matin
AG/12199

Assemblée générale: À la veille des 75 ans de l’ONU, la coopération multilatérale demeure une méthode « acceptable et fiable » pour gérer les relations entre États

Loin d’être un principe démodé, la coopération multilatérale demeure une méthode « acceptable et fiable » pour gérer les relations entre nations.  C’est ce qu’a retenu le Président de l’Assemblée générale des discours prononcés, entre le 24 septembre et aujourd’hui, par plus d’une centaine de Chefs d’État et de Gouvernement, sur un total de 192 orateurs, sur le thème « Dynamiser les efforts faits au niveau multilatéral en faveur de l’élimination de la pauvreté, d’une éducation de qualité, de l’action climatique et de l’inclusion ».

Après six jours de débat général et 630 manifestations parallèles, M. Tijjani Muhammad-Bande a espéré que l’enthousiasme exprimé par chaque intervenant s’avèrera précieux au moment où l’on s’achemine vers le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  Il est parfaitement légitime, a-t-il concédé, de se poser des questions sur l’essence, voire la nécessité, du multilatéralisme et c’est précisément ce qu’avait fait, au premier jour du débat général, le Président américain.  Dans une diatribe sans merci contre « les mondialistes » et toutes les forces qui entendent exercer « un contrôle » sur la souveraineté des peuples, M. Donald Trump avait martelé: « L’avenir n’appartient pas aux mondialistes, il appartient aux patriotes, aux nations souveraines, indépendantes et qui protègent leurs citoyens et respectent leurs voisins. »

L’érosion du multilatéralisme, tant décriée, avait renchéri, quelques jours plus tard, le Ministre des affaires étrangères des Philippines, est d’abord et avant tout imputable aux tentatives d’usurper les prérogatives d’États souverains.  Les Nations Unies, avait-t-il asséné, sont une collectivité de souverainetés et pas une collectivité souveraine.  « Je crois dans le patriotisme » qui est « l’amour de la patrie et de l’universel », avait alors confessé le Président de la France, mais en prévenant qu’« aucune solution n’existe dans le repli ».  Bien au contraire, il faut réinventer un « multilatéralisme fort ».

Nous sommes ici pour servir, avait rappelé le Secrétaire général de l’ONU, en ouvrant le débat général.  Nous sommes ici pour promouvoir l’intérêt commun dans le respect de notre humanité et nos valeurs communes.  C’est la vision des fondateurs de l’ONU et, en ces temps de divisions, nous devons invoquer cet esprit.  Rétablissons la confiance et l’espoir et avançons ensemble, avait encouragé le Secrétaire général.

Dans un monde extrêmement polarisé, a embrayé aujourd’hui le Président de l’Assemblée générale, le multilatéralisme est la seule garantie de la paix, de la sécurité et du développement durable dont le Sommet, s’est-il une nouvelle fois félicité, a été couronné par l’adoption d’une Déclaration politique intitulée « Préparatifs pour une décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable ».

La semaine, a rappelé le Président, avait commencé avec des annonces sur l’action climatique.  Il a particulièrement salué cette jeunesse qui, après avoir investi les rues du monde, est venue ici s’emparer des rênes du Sommet Action Climat 2019.  La jeune militante suédoise Greta Thunberg, dont le Premier Ministre tchèque avait critiqué la théâtralité « hystérique », « agressive » et « contre-productive », a quitté les lieux, auréolée de l’admiration de presque tous.  « Contrairement aux adultes, les jeunes comprennent les risques qu’encourt notre planète », avait commenté la Première Ministre de la Barbade, pour qui l’implication de la jeunesse dans la bataille contre les changements climatiques veut dire que « la victoire est à portée de main ». 

Quid des fonds nécessaires?  Le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, a répondu, aujourd’hui, le Président de l’Assemblée générale, a mis l’accent sur les engagements pris en 2015, dont celui de mobiliser une somme additionnelle de 2 400 milliards de dollars mais d’inverser la tendance aux flux financiers illicites qui siphonnent l’économie mondiale de quelque 2 600 milliards de dollars par an.  Pour l’Afrique, c’est 100 milliards de dollars qui échappent chaque année aux caisses de l’État, s’était alors emporté le Président du Sénégal, M. Macky Sall.

Le système financier international, a reconnu le Président, doit répondre aux besoins des États, tout en les protégeant contre des engagements intenables et un endettement tout aussi insupportable.  Il s’est réjoui que ces questions aient été au cœur de la Réunion de haut niveau sur l’examen à mi-parcours les « Orientations de Samoa » concernant des petits États insulaires en développement aux prises avec des catastrophes naturelles qui ont causé, comme à la Dominique, des pertes estimées à 226% du PNB.

Il est de plus en plus évident, avait commenté, lors du débat du général, le Premier Ministre de Sainte-Lucie, que l’architecture financière internationale est beaucoup trop lente pour s’attaquer à la « nouvelle norme » des petits États insulaires.  L’incapacité, voire la réticence, à changer le statu quo des pays sortis de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) et interdits, en conséquence, d’accès aux prêts concessionnels est simplement « intolérable ».  Notre ambition, avait-il alerté, se fracasse sur des problèmes « insurmontables » dont beaucoup résultent de règles et de systèmes incapables de créer les mécanismes dont nous avons besoin et certaines de ces règles nous imposent des sanctions sans que l’on sache vraiment de quels crimes nous sommes coupables.  Adopter une Déclaration politique, comme celle qui a sanctionné la Réunion de haut niveau, c’est facile, mais se l’approprier, c’est courageux, avait prévenu le Premier Ministre de Samoa, en saluant tout de même comme d’autres l’Initiative « Dette contre adaptation au climat ».

Le Président de l’Assemblée générale a aussi rappelé aujourd’hui l’adoption « historique » d’une Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle, avant de faire observer que cela fait près de 75 ans, que notre Organisation a été créée pour édifier un monde de paix et de sécurité.  Or, au premier jour du débat, le Secrétaire général avait rappelé les situations au Yémen, en Libye, en Afghanistan, au Venezuela, en Asie du Sud, dans la région du Golfe, sans oublier le conflit israélo-palestinien.  Les Chefs d’État et de Gouvernement concernés avaient alors partagé leurs idées pour allant de l’avant.

« La paix est notre objectif commun et les terroristes sont nos ennemis communs, mais il ne faudrait pas hâter la première au risque de renforcer les seconds », a mis en garde, aujourd’hui, le représentant de l’Afghanistan, qui s’est enorgueilli de ce que « trois millions d’Afghans ont affronté la menace du terrorisme et risqué leur vie, il y a deux jours, pour voter lors de la quatrième élection présidentielle de notre jeune démocratie ».  Quelques jours avant, son voisin du Pakistan avait, par la voix de son Premier Ministre, adopté un tout autre ton pour dénoncer avec force la révocation par l’Inde du statut du Jammu-et-Cachemire soumis à un « black-out de 53 jours ». Le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, s’était aussi alarmé: « Une semaine avant les récentes élections israéliennes, le Premier Ministre Netanyahu a annoncé avec arrogance, qu’en cas de victoire, il annexerait la vallée du Jourdain, le nord de la mer Morte et les colonies de peuplement israéliennes, bien que ces zones fassent toutes partie du Territoire palestinien occupé ». 

Au cours du débat général, l’Assemblée générale a vu défiler à sa tribune les dirigeants de 192 États et parmi eux, seulement 16 femmes.  Ce n’est pas ce que l’on entend par « organe le plus représentatif des Nations Unies », s’est désolé le Président de l’Assemblée.  Nous devons redoubler d’efforts pour accélérer l’implication des femmes non seulement dans les structures de prise de décisions mais aussi dans la liste des orateurs.  « Faites de la place aux femmes et facilitez leur participation à tous les niveaux ».  Reste à voir si cet appel sera pris en compte maintenant que l’Assemblée poursuit ses travaux en plénière et dans ses six grandes commissions dont la Troisième, chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires lance les hostilités dès demain, mardi 1er octobre, à partir de 10 heures.  

Suite et fin du débat général

M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, s’est réjoui des développements positifs dans sa région.  « Le triste et douloureux chapitre des troubles internes et des conflits régionaux fait place à une lueur d’espoir, une renaissance interne et une coopération régionale. »  Dans un moment charnière, à l’orée d’un nouvel ordre mondial multipolaire et d’un équilibre de pouvoirs changeant, surgissent rivalités et soulèvements, a-t-il poursuivi.  La session actuelle de l’Assemblée générale ne peut que s’attaquer à ces questions et chercher un chemin vers l’avant.  Le sort de l’Afrique est particulièrement lourd, avec des ressources exploitées sans merci, des guerres, des soulèvements.  Un milliard d’Africains restent ostracisés et la corruption demeure endémique. 

La Corne de l’Afrique et le Moyen-Orient ont été touchés plus que toute autre région par les conflits d’origine extérieure, des conflits entre ethnies et clans, des guerres entre pays voisins.  La multiplication des foyers d’instabilité contraste avec les évènements et espoirs du début des années 90.  Cela est dommage car les initiatives de développement et de coopération régionale étaient louables à l’époque.  Le vide du pouvoir a produit un climat propice au terrorisme qui peut prospérer et s'élargir.  Les responsables sont pour la plupart « des acteurs locaux corrompus », qui ont privilégié leur intérêt personnel avant celui de leur peuple.

Mais, a poursuivi le Ministre, les difficultés de la Corne de l’Afrique ont été surmontées et un nouveau chapitre démarre.  « Nous sommes prêts et travaillerons d’arrache-pied pour une croissance forte » mais « les ingérences mal avisées, peu constructives, voire nuisibles, doivent s’arrêter pour que la région puisse s’occuper de ses propres affaires », à savoir lancer un programme ambitieux de développement économique et social, améliorer ses infrastructures, et élargir l’accès aux services sociaux de base.  L’Érythrée y travaille et met en œuvre une politique à long terme avec une approche du développement équilibrée et intégrée, malgré ses ressources limitées et les conditions terribles auxquelles elle fait face, comme la guerre et les sanctions. 

Confrontée à la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, l’Érythrée dispose aussi d’une stratégie pour parvenir à la sécurité alimentaire, notamment des barrages de petite taille et le terrassement de ses montagnes.  En outre depuis 1994, un projet de reboisement est en place « auquel participe toute la population ».

M. EZECHIEL NIGIBIRA, Ministre des affaires étrangères du Burundi, a déclaré que sur le plan de la politique intérieure, les préparatifs des élections de 2020 sont très avancés aussi bien sur le plan organisationnel que budgétaire.  Les mécanismes nationaux sur la préparation des élections sont déjà en place pendant que les gestes d’apaisement favorisant un climat propice à la tenue des élections libres, transparentes et apaisées ne cessent de se multiplier.  Le Ministre a cité, à titre d’exemple, la feuille de route de Kayanza adoptée après de très larges consultations au sein de la classe politique burundaise.  La Commission électorale nationale indépendante a publié le calendrier électoral, après l’adoption du Code électoral.  Le Ministre a d’ailleurs confirmé la décision de son pays de financer l’entièreté du budget électoral sans recours aux ressources extérieures « souvent imprévisibles et conditionnelles ».  Comme ailleurs dans le monde, a-t-il insisté, le processus électoral au Burundi est une affaire interne qui relève exclusivement de la souveraineté nationale.  Tout accompagnement doit être fourni à la demande du Gouvernement, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies.  Si accompagnement il y a, a-t-il prévenu, il ne saurait donner droit à des actes d’interférence caractérisée.  Toute tentative de vouloir créer un nouveau rôle ou de redéfinir un rôle existant aux Nations Unies sur l’impulsion de certains États pour s’occuper des élections au Burundi à la place des Burundais serait une atteinte à la souveraineté nationale et une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, a averti le Ministre.

M. Nigibira a ajouté que le dialogue entre les parties politiques en vue de l’organisation des élections apaisées en 2020 se poursuit normalement.  Les acteurs étrangers qui semblent vouloir ramener cette question de dialogue hors du Burundi visent trois choses: déstabiliser le Burundi à la veille des élections, donner un coup de pouce aux putschistes de 2015 aujourd’hui en cavale, hébergés, nourris et protégés par ces mêmes acteurs qui ne cessent d’agresser diplomatiquement et politiquement le Burundi depuis 2015, et détourner l’attention des Burundais de l’essentiel, c’est-à-dire l’organisation des élections de 2020 et la mise en œuvre du Plan national de développement.  Tous les acteurs exogènes devront assumer la responsabilité des conséquences de leur ingérence, a ajouté le Ministre.  Le peuple burundais restera opposé, par principe, en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance à toute tentative d’interférence étrangère, qu’elle vienne d’un État ou d’une organisation internationale ou régionale.  Sur le plan sécuritaire, a poursuivi le Ministre, la situation est stable, calme et entièrement maîtrisée sur toute l’étendue du territoire.  Pour ce qui est de la situation humanitaire, il s’est félicité du retour massif et volontaire des réfugiés qui avaient fui le pays en 2015.  Entre le 1er août et le 23 septembre 2019, 77 080 réfugiés ont été rapatriés volontairement au Burundi. 

Le Ministre s’est interrogé sur le maintien de son pays à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Il a dénoncé des raisons politiques et des intérêts extérieurs qui n’ont rien à voir avec le bien-être du peuple burundais.  Notre situation politico-sécuritaire ne constitue aucune menace à la paix et la sécurité internationales, a-t-il affirmé, rejetant cette agression politico-diplomatique « injustifiée » menée par des gouvernements étrangers dont certains se sont illustrés dans la tentative de changement de régime en 2015 par des voies anticonstitutionnelles.  La « diplomatie des muscles » doit céder la place à une coopération mutuellement bénéfique et respectueuse, a plaidé le Ministre. 

S’agissant de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a expliqué que son gouvernement poursuit son exercice de « nationalisation » du Programme, en intégrant les objectifs dans les plans de développement communautaire et en assurant le suivi.  Rappelant par ailleurs que son pays compte actuellement plus de 6 000 Casques bleus, il a souligné l’importance que les opérations de paix de l’ONU soient dotées d’un budget adéquat, durable, prévisible, flexible, y compris grâce à des contributions obligatoires. 

M. DATO ERYWAN PEHIN YUSOF, Ministre des affaires étrangères de Brunéi Darussalam, a déclaré que notre quête d’un avenir meilleur est trop souvent perturbée par des défis de plus en plus complexes et interconnectés.  De nombreux pays luttent pour relever des défis multiples comme la déforestation et l’accès à l’air propre.  Cela reflète la nature indivisible et multidimensionnelle des objectifs de développement durable qui doivent être réalisés collectivement et dans leur totalité.  La voie que chaque pays choisit est unique mais ces voies se renforcent mutuellement.  Brunéi Darussalam, a annoncé le Ministre, se soumettra d’ailleurs pour la première fois l’année prochaine à l’examen volontaire du Forum de haut niveau sur le développement durable. 

Face aux dégâts causés à l’environnement, le Ministre a appelé à un « engagement universel », soulignant que les avancées technologiques rendent possibles les solutions inédites.  Il a donc plaidé pour le partage et le transfert des technologies pour passer des réponses réactives aux réponses proactives face aux changements climatiques.  Notant tout de même l’exploitation « malveillante » de la révolution numérique, le Ministre a jugé urgent que l’on s’attaque collectivement à ces menaces émergentes. 

M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a d’abord déploré, avec une ironie attristée, « l’incertitude de la conjoncture mondiale, causée par des forces opposées qui s’acharnent à établir un nouvel ordre mondial, souvent sans considération pour les conséquences de leurs actions sur la paix mondiale ».  Cette « utopie tant désirée » selon laquelle toute personne peut vivre dans un état de bonheur et de liberté, voir ses besoins essentiels satisfaits, sans craindre que ses droits et sa sécurité soient bafoués.  Soulignant la fragilité des fondements de la coexistence pacifique entre les États, le Ministre s’est dit préoccupé par le retrait des États Unis du Plan d'action global commun sur le nucléaire iranien, un « facteur d’anxiété et de risques » pour la paix et la sécurité de la région.

Le Ministre a fait part de sa crainte devant l’avancée, en Amérique latine, des idéologies extrémistes qui tentent d’appliquer par la force leurs propres recettes à d’autres pays, violant la nature même des institutions régionales et générant des situations de crise et de violence qui servent de prétexte pour imposer leurs doctrines par les armes et spolier les peuples latinoaméricains.  M. Nin Novoa a certes refusé que le principe de non-intervention soit une barrière protectrice pour les violations graves des droits de l’homme.  Mais il a surtout refusé les interventions étrangères initiées sous couvert démocratique, la menace terrifiante des interventions militaires et les sanctions économiques qui, comme c’est le cas au Venezuela, enfoncent encore plus les pays dans la pauvreté.

Le Ministre a condamné une fois encore, comme son pays le fait depuis 27 ans, le blocus commercial et financier imposé à Cuba.  Fidèle à sa longue tradition de défense du multilatéralisme, de la démocratie et de l’autodétermination, a-t-il poursuivi, l’Uruguay reconnaît dans le Conseil de sécurité le seul organe habilité à prendre des mesures contre un État Membre dans le but de maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales, ou à décider de l’usage de la force, conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  L’Uruguay, a insisté le Ministre, est le pays qui apporte le plus de contributions en personnel aux « Peace Corps » dans tout l’hémisphère occidental.  De même, l’Uruguay réalise les objectifs de développement durable à tous les niveaux, national et local, de son gouvernement, en s’attachant à trois domaines importants, et d’abord la lutte contre la pauvreté, clef de progrès dans de multiples autres domaines tels la faim, l’exclusion, la discrimination, l’environnement et par extension, celui de la paix mondiale.  Mais les progrès, a dit le Ministre, ne peuvent nous empêcher de fustiger la croissance des inégalités dans le monde.  Alors que l’explosion des technologies numériques a augmenté de 66% les richesses mondiales depuis 1995, les pays à haut revenu de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) affichent un revenu par tête d’habitant 52 fois supérieur à celui des pays à bas revenu.

Ces « inégalités abyssales » sont un défi de taille pour les Nations Unies, a estimé le Ministre.  Investir dans les populations et en particulier dans le droit à l’égalité des femmes qui représentent seulement 40% de la richesse nationale en raison des discriminations, permettrait d’augmenter le capital humain de 20% et ses conséquences économiques.  Venant au deuxième domaine, le Ministre a réitéré le soutien de son pays à la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques, prévue au Chili, au mois de décembre.

Ouvrant le troisième dossier, celui de l’éducation, il s’est enorgueilli d’une population alphabétisée à 98,6%, d’un taux de scolarisation de 99% et d’un autre de 100% pour les enseignants titularisés dans le système public et privé.  Grâce au projet « Transformation dans l’équité », des mesures d’envergures ont pu être réalisées, comme l’accès universel à l’Internet et la distribution d’ordinateurs portables à tous les enfants en âge scolaire mais aussi aux personnes du troisième âge.  Ces mesures ont inscrit l’Uruguay dès 2018 dans le groupe des pays les plus avancés dans le domaine numérique.  Ces succès ne contredisent pas la nécessité d’une meilleure coopération internationale et de mesures plus pertinentes en matière de développement, notamment l’abandon du seul critère du revenu par tête d’habitant pour accéder aux prêts concessionnels pour ne pas négliger les groupes les plus vulnérables.

Si le XXIe siècle est souvent décrit comme l’âge des bouleversements, la question qui se pose, a dit M. DON PRAMUDWINAI, Ministre des affaires étrangères de Thaïlande, c’est de savoir « si nous sommes prêts »?  C’est une tautologie que de dire que la croissance et la prospérité exigent la paix.  Les avancées politiques et économiques requièrent la stabilité et les technologies, la conscience et l’environnement, des sacrifices.  Quant au progrès, il nécessite la durabilité.  Mais au regard des réalisations aléatoires, ces notions sont toujours d’actualité.  La question n’est pas de savoir « pourquoi? » mais « comment? »

Comment atteindre ces objectifs, alors que le monde s’est retranché derrière les nationalismes, que les mouvements antimondialistes, le protectionnisme et le mercantilisme ont gagné du terrain, sans parler des écarts de richesse, de la ségrégation qui remplace l’inclusion, de la dégradation de l’environnement et de l’approche « le vainqueur rafle tout ».  C’est tout simplement une « ironie tragique » au moment où « la connectivité et l’interconnexion » sont les normes et non l’exception.

La quatrième révolution industrielle est là, a prévenu le Ministre, ajoutant que cette révolution est complètement indifférente à notre état de préparation.  Elle charrie avec elle une avalanche d’avancées technologiques aux retombées profondes sur nos vies, nos moyens de subsistance et notre avenir.  C’est pourquoi, la Thaïlande, en sa qualité de Présidente de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a fait de la « Promotion du partenariat pour la durabilité », le but central de l’objectif et de l’engagement de l’organisation régionale.  Il s’agit de transformer les conflits en coopération et de promouvoir l’inclusion et le développement durable.

Le Ministre a rappelé, à cet égard, que durant cette session de l’Assemblée générale, le Premier Ministre a pris part à diverses réunions de haut niveau, reflétant l’engagement résolu de son pays à trouver les réponses aux questions liées à la couverture sanitaire universelle, aux changements climatiques et aux objectifs de développement durable.  Loin d’être de simples abstractions, ces questions revêtent un intérêt particulier pour la Thaïlande.  Elle est en effet classée sixième en matière de couverture sanitaire universelle, par exemple.

En matière de changements climatiques, a poursuivi le Ministre, mon pays a travaillé à l’adoption, par l’ASEAN, d’une position commune sur les débris marins, « l’une des pires débâcles environnementales ».  Et c’est une première, s’est-il enorgueilli, au nom d’un pays qui a dûment ratifié l’Accord de Paris sur le climat.  S’agissant des objectifs de développement durable, le Ministre a expliqué la philosophie thaïlandaise de l’autosuffisance économique (SEP) qui, si elle est appliquée de façon adéquate, permettra d’éradiquer la pauvreté.  Ces trois problématiques, à la base même de la politique étrangère de la Thaïlande, ne pourront se réaliser que sous deux conditions: la paix et la sécurité.  C’est pourquoi, l’action de la Thaïlande dans le cadre de l’ASEAN est de promouvoir le partenariat et la coopération au développement et de veiller à ce que les progrès s’inscrivent dans la durabilité. 

M. DIONISIO DA COSTA BABO SOARES, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Timor-Leste, a d’emblée souligné l’urgence de l’action climatique pour « sauver notre planète », estimant qu’à ce jour les changements de comportement restent insuffisants.  Il s’est néanmoins dit confiant qu’en misant sur des efforts collectifs, il sera possible de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 degrés et, pour sa part, le Timor-Leste, dont les émissions sont pourtant faibles, est déterminé à apporter sa pierre à l’édifice en optant pour les énergies renouvelables comme l’hydro, le solaire et la biomasse.  Le Gouvernement est également en train d’aligner sa législation et ses règlementations relatives au climat sur ces priorités, y compris pour la conservation des forêts, la promotion des cultures biologiques, et la gestion des catastrophes naturelles.  Le Ministre a exhorté tous les pays « grands émetteurs » à prendre les mesures qui s’imposent pour freiner le réchauffement climatique.

Passant à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Ministre a constaté les retards actuels, en particulier pour ce qui est de l’élimination de la pauvreté et des inégalités.  Ces questions figurent parmi les priorités nationales et sont traitées dans le plan stratégique pour le développement national.  Pour ce qui est de la protection de l’environnement, le Timor-Leste a adopté, l’an dernier, sa politique de « Zéro Plastique » et va commencer le recyclage du plastique.  Il a établi deux zones marines protégées qui couvrent plus de 586 kilomètres carrés, a rappelé le Ministre, pour lequel la prochaine Conférence des Nations Unies sur les océans, qui se tiendra à Lisbonne l’année prochaine, sera l’occasion de faire le point sur l’objectif 14 de développement.  Il a insisté sur le plein soutien du Timor-Leste aux négociations en cours sur un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.

Rappelant que le 30 août 2019 a marqué le vingtième anniversaire du referendum d’autodétermination organisé par les Nations Unies et que le Timor-Leste fait partie des États Membres de l’ONU depuis 2002, le Ministre a déclaré que « les Nations Unies occupent une place spéciale dans nos cœurs ».  Le processus de délimitation des frontières maritimes a été parachevé et le pays entretient des relations de bon voisinage avec l’Indonésie et l’Australie, mais également avec d’autres membres de l’ASEAN, une organisation à laquelle le Timor-Leste souhaite accéder et de laquelle il attend une réponse.  Faisant également partie de la communauté des pays lusophones, le Timor-Leste, a dit le Ministre, espère que cette langue parlée par 268 millions de personnes deviendra bientôt une des langues officielles de l’ONU.  Il a également souhaité que le G7+, une plateforme intergouvernementale des pays postconflit, obtienne le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée (RPDC) a estimé que son pays est tenu de répondre aux « actes de plus en plus hostiles » dont il est victime dans la péninsule coréenne, en brandissant « toujours plus haut la bannière de l’autosuffisance et de l’autonomie », clefs de voûte de la « construction socialiste ».  Sous le « leadership expérimenté du camarade Kim Jong Un », a-t-il affirmé, les citoyens nord-coréens s’emploient résolument à surmonter les difficultés et les défis qu’ils traversent, à la gloire de la RPDC, ce pays « puissant et indépendant » dans lequel les idéaux de la population sont « pleinement réalisés ».

Le meilleur moyen de consolider la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne, a estimé le représentant, est de s’en tenir à la mise en œuvre pleine et entière de la Déclaration conjointe publiée, en juin 2018, par les États-Unis et la RPDC, à l’issue du sommet « historique » de l’an dernier à Singapour.  Or, plus d’un an après cet évènement, il faut déplorer, a dit le représentant, l’absence de progrès dans une péninsule coréenne, toujours plongée, dans le « cercle vicieux des tensions ».  Il a rejeté la responsabilité de cette situation aux « provocations politiques et militaires » des États-Unis et à leur « politique anachronique d’hostilité » à l’encontre de la RPDC.  Le représentant a cependant indiqué que M. Kim Jong Un est disposé à s’assoir à la table des négociations avec les États-Unis, pour peu que ces derniers changent leur « méthode de calcul » et leur « approche ».  Le succès des pourparlers entre Pyongyang et Washington dépend uniquement de la contrepartie américaine.  Pour l’heure, a-t-il déploré, la situation s’enlise. 

Le représentant a également rejeté la faute de cette évolution à la « duplicité » de la République de Corée, qu’il a accusée de jouer le jeu de la paix sur la scène internationale et d’amasser des « armes offensives ultramodernes » et de procéder à des exercices militaires conjoints avec les États-Unis en coulisse.  De tels agissements violent les termes de la Déclaration de Panmunjom, dans laquelle les parties se sont engagées à cesser les hostilités et à s’abstenir de renforcer leurs forces armées.  Les relations dans la péninsule coréenne ne pourront pas s’améliorer, a averti le représentant, tant que les autorités de la République de Corée ne mettront pas fin à leur « culte de la grande puissance » et à leur « politique de dépendance vis-à-vis des forces étrangères ».

M. HAMDULLAH MOHIB, Conseiller à la Sécurité nationale de l’Afghanistan, s’est déclaré particulièrement fier de représenter son pays devant l’Assemblée générale alors que « trois millions d’Afghans ont affronté la menace du terrorisme et risqué leur vie, il y a deux jours, pour voter lors de la quatrième élection présidentielle de notre jeune démocratie ».  Il a remercié les membres des Forces nationales de défense et de sécurité pour leur professionnalisme, qui a permis de prévenir la plupart des attaques, notamment celles qui visaient à faire le plus grand nombre de victimes parmi les civils.  Il a également salué les pays membres de l’OTAN qui, a-t-il dit, « se tiennent à nos côtés depuis deux décennies, alors que nous nous remettons de la guerre et construisons un nouvel Afghanistan », sur la base « de valeurs islamiques, de traditions afghanes et de l’espoir d’échapper à jamais à notre passé sanglant ».

Rappelant que le Président Ashraf Ghani s’était exprimé à cette même tribune lors de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Mohib a estimé que, depuis lors, les Afghans ont « rendu ce coin du monde un peu plus sûr » et confirmé leur engagement en faveur de la démocratie et de la paix.  L’incertitude qui persiste est le fait de « ceux qui font obstacle à la paix », a-t-il ajouté, appelant les Taliban et leurs soutiens étrangers à entendre le « message du peuple afghan »: « rejoignez-nous dans la paix ou bien nous continuerons à combattre ».  Selon le Conseiller, la prochaine étape du chemin vers la paix sera l’affaire des Afghans, tout comme l’ont été les précédentes, notamment l’offre sans condition faite aux Taliban, en février 2018, par le Président Ghani et les consultations populaires organisées cette année dans le pays.  En avril dernier, a-t-il précisé, le Gouvernement a ainsi tenu une « jirga nationale historique » qui a permis de présenter les exigences du peuple dans le cadre d’un accord de paix, à savoir un cessez-le-feu immédiat, des pourparlers directs entre le Gouvernement et les Taliban et la préservation de la république islamique.  À ses yeux, « la paix est notre objectif commun et les terroristes sont nos ennemis communs, mais il ne faudrait pas hâter la première au risque de renforcer les seconds ».

M. Mohib a tenu à adresser les remerciements de son pays à ses amis et partenaires internationaux qui ont soutenu ses efforts de paix, parmi lesquels les États-Unis, l’Union européenne, l’Allemagne, la Norvège, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Indonésie et l’Ouzbékistan.  Mais la paix n’est pas un « état permanent », a-t-il averti, elle doit être constamment réévaluée entre partenaires partageant les mêmes valeurs.  À cet égard, a poursuivi le Conseiller, « les terroristes que les soldats afghans tiennent à distance représentent une menace pour nous tous ».  Pour combattre ce fléau, « nous devons continuer à travailler ensemble à l’extinction des idéologies qui se cachent derrière le terrorisme ».  Le Conseiller a appelé à la « tolérance zéro » et à davantage de coopération institutionnelle.  Notre approche sécuritaire collective doit prendre en compte le « nœud » des activités criminelles transnationales qui génère l’afflux des terroristes, leur recrutement et leur financement.  À cette fin, l’Afghanistan entend maintenir son partenariat stratégique avec les États-Unis et l’OTAN, a-t-il dit, exprimant sa gratitude aux 2 438 soldats américains et 1 099 soldats coalisés, qui se sont sacrifiés en combattant aux côtés de l’armée afghane.

Au-delà de ces questions sécuritaires, l’Afghanistan s’emploie aussi à répondre aux défis que représentent les changements climatiques et les crises humanitaires, a poursuivi M. Mohib.  Se prononçant pour une coopération internationale renforcée, il a jugé crucial de dépasser les intérêts individuels « si nous voulons atteindre les objectifs de développement durable ».  L’Afghanistan s’investit dans la réalisation de ces objectifs qu’il a intégrés dans son programme national de développement.  Toutefois, a relevé le Conseiller, le pays fait face à des sécheresses prolongées qui ont plongé un grand nombre de ses citoyens dans la pauvreté.  Il convient donc de répondre à l’urgence humanitaire tout en recherchant des solutions à plus long terme.  En conclusion, il a assuré que l’Afghanistan, qui vient de célébrer le centenaire du rétablissement de sa souveraineté, continue de se transformer en un « centre régional de coopération, de connectivité et de développement ».  Sa mission, a-t-il affirmé, est maintenant de « parvenir à la paix pour mettre fin aux souffrances de tous les Afghans ».   

M. KOKOU KPAYEDO (Togo) a insisté sur l’importance de l’action collective et de la solidarité.  Le représentant est tout d’abord revenu sur les initiatives et mécanismes de mise en œuvre des différents plans stratégiques pour l’atteinte des objectifs de développement durable et les efforts consentis sur le plan national par le Gouvernement togolais afin de réduire la pauvreté et garantir que personne ne soit laissé en marge d’ici à 2030.  Le Togo s’est doté d’un Plan national de développement (PND) 2018-2022 qui répond à l’agenda de l’émergence.  Ce PND sera financé par le secteur privé à hauteur de 65% et par l’État togolais à hauteur des 35% restants.  Le représentant s’est réjoui de la tenue du premier Forum économique Togo-Union européenne qui a permis de mobiliser des opérateurs économiques engagés à financer les projets phares de ce Plan.

Le représentant est ensuite revenu sur les réalisations de son pays, indiquant que, outre la mise en place accélérée des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires et agricoles, le Togo poursuit sur le plan éducatif, sa politique d’instauration de la gratuité de l’éducation primaire, qui a favorisé l’augmentation du taux de scolarité, notamment des jeunes filles, l’objectif ultime étant de réduire l’analphabétisme.  Le Togo poursuit également ses efforts visant à autonomiser les jeunes, les femmes et les personnes handicapées.

Le représentant a cependant annoncé être conscient que la réalisation des engagements de son pays en matière de développement dépend de la capacité de la communauté internationale à mobiliser les financements nécessaires.  Il a donc salué le Programme d’action d’Addis Abeba sur le financement du développement.  Il s’est également félicité du lancement par l’Union africaine, le 30 mai dernier à Niamey, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un des 14 projets phares de l’Agenda 2063 de l’Union africaine qui a pour objectifs d’accélérer l’industrialisation de l’Afrique, l’accroissement du commerce intra-africain et la mise en place des infrastructures de qualité.  De même, a-t-il souligné, la mise en place du Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) répond au besoin d’unifier le marché intérieur du transport aérien africain.  Sur le plan sous-régional, le représentant a salué l’adoption du principe d’une monnaie commune de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) comme facteur important d’accélération de l’intégration.

Sur les changements climatiques, il a estimé que cette question est indissociable de celle de la sécurité alimentaire et sanitaire, de la lutte contre la pauvreté, de la croissance économique et du développement humain.  Il lui a semblé alors approprié de garantir des fonds pour aider les pays les plus vulnérables, en vue de la préservation de la biodiversité.  Le Togo insiste également sur la nécessité de mieux doter le Fonds vert pour le climat pour aider davantage les États moins pollueurs et plus exposés aux changements climatiques, et de trouver les voies et moyens adéquats pour y faire face.

L’année 2019, a poursuivi le représentant, a été particulièrement éprouvante pour plusieurs pays marqués par la peur existentielle de la menace terroriste, comme le Mali, le Niger, le Nigéria, le Burkina Faso, le Bénin ou encore le Kenya.  Les attaques récurrentes nous prouvent quotidiennement que ce mal rampant reste omniprésent, et nous impose une vigilance permanente, a-t-il souligné.  Le Togo, du fait de sa proximité avec les pays frontaliers durement frappés par le fléau terroriste, mesure l’ampleur de la menace et reste en alerte maximum face à ce risque exogène.  La propagation du fléau du terrorisme nous impose une coopération internationale renforcée, car sa complexité exclue une approche individuelle des États, a poursuivi le représentant, soulignant que le Gouvernement togolais soutient l’initiative d’Accra, prise conjointement avec le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali et le Niger, en septembre 2017, et dont l’objectif est justement de mutualiser et d’harmoniser les approches vis-à-vis de la menace terroriste.

Le représentant a insisté sur le fait qu’il est impérieux de trouver des financements durables au G5 Sahel, qui constitue un cadre de coopération exemplaire en matière de lutte contre le terrorisme dans la sous-région ouest-africaine.  Il s’est associé aux multiples appels à la mobilisation internationale pour permettre à cette force d’entrer en action et contribuer à éradiquer ce mal.  Il s’est également interrogé sur la diminution des ressources financières allouées à ces opérations alors que les défis du maintien et de la consolidation de la paix se complexifient.

Il a terminé en parlant du système migratoire international, qualifié d’autre grand défi à relever.  Il a rappelé que, mus par des inégalités économiques croissantes, de plus en plus d’hommes et de femmes quittent leur pays d’origine pour rechercher, en d’autres lieux, des perspectives de vie plus sûres ou meilleures.  Il s’est réjoui de l’adoption, par l’Assemblée générale des Nations Unies, du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et a appelé à s’inspirer de la sagesse africaine qui dit « Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin. »

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a dit avoir entendu les messages des jeunes, des États Membres, du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale durant le débat général, le Sommet Action Climat 2019, la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, le Dialogue sur le financement du développement et le Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  « Nous nous entendons, et nous sommes d’accord », a renchéri le représentant.  Le Canada est prêt à faire sa part.  Nous voulons développer des approches tournées vers l’avant aux problèmes mondiaux les plus durs.  En tant que membre du Conseil de sécurité, nous nous focaliserons sur cinq priorités. 

La première priorité est la paix durable.  Nous soutenons la vision du Secrétaire général à cet égard: la prévention et la consolidation de la paix sont des éléments essentiels d’une approche proactive.  La deuxième priorité est de faire face aux changements climatiques « ensemble ».  Le Conseil de sécurité doit conduire le reste du monde en reconnaissant l’urgence et la nécessité d’agir.  Entouré de trois océans et touché par les changements climatiques, avec une longue tradition de contributions aux solutions aux défis sécuritaires non traditionnels, le Canada apporte beaucoup à la solution.  « Nous espérons exploiter l'énergie, les partenariats et les résultats générés par la Conférence sur l'économie bleue durable que nous avons conjointement organisée avec le Kenya et le Japon pour soutenir également cet objectif », a ajouté M. Blanchard. 

La troisième priorité est la promesse d’utiliser le siège du Canada au Conseil de sécurité pour promouvoir « ensemble » la sécurité économique.  Investir dans les peuples et les pays pour améliorer la prospérité et l’égalité des chances est essentiel pour le maintien de la paix et de la sécurité, a-t-il estimé.  Alors que nombre de conflits sont profondément enracinés dans le manque d’opportunités économiques, se focaliser sur les programmes de prévention et de consolidation de la paix signifie regarder à travers les perspectives économiques.  Le représentant a promis d’appeler l’attention du Conseil de sécurité sur les liens vitaux entre la croissance économique durable et inclusive, la création d’emplois, la prévention de conflits, la consolidation de la paix et la sécurité.  Il a promis de casser la séparation entre la sécurité et le développement, entre les gouvernements et les secteurs privés, entre le Nord et le Sud, entre les partenaires traditionnels et non traditionnels, et entre les organes de l’ONU comme le Conseil de sécurité et la Commission de la consolidation de la paix, pour qu’ils puissent travailler ensemble, pour tous les peuples.

La quatrième priorité consistera à promouvoir l’égalité des genres, ensemble.  L’instauration d’une paix durable ne sera possible que si les femmes participent de manière significative aux opérations de paix des Nations Unies, aux processus de paix et à la consolidation de la paix.  Enfin, la cinquième priorité est le renforcement du multilatéralisme.  Plus de 70 ans après leur création, nos institutions multilatérales doivent être adaptées afin que tous les États puissent en profiter.  « Nos approches doivent également refléter les nouvelles réalités du monde dans lequel nous vivons », a estimé le représentant.   

M. JEAN-CLAUDE F. DO REGO (Bénin) a annoncé que son gouvernement a élaboré et soumis un plan ambitieux de contribution à la réduction des gaz à effet de serre à l’horizon 2030.  Il prévoit de réduire les émissions cumulées de 16,7% sur la période 2021-2030 en accroissant la capacité des énergies renouvelables, en développant une agriculture responsable et en protégeant les forêts naturelles avec une réduction du taux annuel de déforestation de 20 000 hectares et la création de 10 000 hectares de plantations forestières.

Il a souligné que la paix et la sécurité au Sahel est d'une importance cruciale pour la stabilité de la région et a réaffirmé, comme lors du Sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la lutte contre le terrorisme, le 14 septembre dernier, le respect par son pays de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des États contre toutes les velléités séparatistes.

Se félicitant de l’écho favorable trouvé par le plaidoyer du G5 Sahel devant le Conseil de sécurité et du renouvellement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), il a mis en avant la contribution de troupes du Bénin à cette force, et a renouvelé la solidarité de son gouvernement et du peuple béninois aux pays du G5 Sahel et du Nigéria voisin, durement touchés par le terrorisme.

L'intégration des objectifs de développement durable dans les cadres nationaux de planification est essentielle pour la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il souligné.  Les trois axes empruntés par le Bénin pour y parvenir sont des politiques de sécurité alimentaire durables, des politiques de résilience et des politiques inclusives, lesquelles génèrent des synergies positives.

Dans ce cadre a été mis en œuvre un Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI), améliorant la sécurité alimentaire des élèves et leurs performances et permettant de réduire la prévalence de l'insécurité alimentaire de 1,4% sur la période 2013-2017. 

Un interventionnisme environnemental, à travers la gestion durable des terres pour s’adapter aux changements climatiques, a permis de former plus de 13 000 producteurs dans ce domaine, et le Gouvernement prévoit, à ce titre, de créer un centre international de recherche pour une agriculture résiliente aux changements climatiques (CIRACC).  Ce sont des initiatives qui permettent aussi de réduire la pauvreté et d’assurer une synergie positive avec le Programme 2030. 

Le représentant a aussi parlé du projet « Assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) » au profit des couches les plus vulnérables dans les secteurs de l’agriculture, du commerce, du transport, de l’artisanat, de l’art et de la culture.  En offrant une couverture maladie, une formation, du crédit et l’assurance retraite à 22% de la population sans couverture sanitaire et 18% de la population extrêmement pauvre, et en augmentant l’accès à l’eau potable et sa production électrique, le Bénin a pour objectif de réaliser des objectifs de développement durable cruciaux – dès 2021.  Les réformes du pays concernent aussi la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites, ainsi que le retour des avoirs à l'étranger.

Sur le plan politique, le Bénin a entrepris des réformes majeures du système partisan et du système électoral, en votant respectivement en juillet et septembre 2018 la Charte des partis politiques et le Code électoral « à la quasi-unanimité des députés », pour remédier à l’atomisation des partis, éviter l'instabilité des majorités se constituant à la faveur d’alliances et assurer les conditions pour que chaque parti politique joue son rôle et applique de façon cohérente son programme.  Ces textes ont servi de base à l'organisation des élections législatives d'avril 2019 qui, « malgré les contentieux inhérents à toutes réformes », a été sereinement conduit par la Commission électorale nationale autonome (CENA), aboutissant à l'élection des députés de la huitième législature de l'Assemblée nationale.  M. Do Rego a conclu en prônant une coopération plus étroite entre les États et un fonctionnement harmonieux des organisations internationales.  Il a voulu que l’on donne la priorité à l'intérêt commun et à la sécurité collective.

M. RAVINATHA P. ARYASINHA (Sri Lanka) a souligné l'engagement profond de son pays dans la lutte contre les changements climatiques et les maux qui l'accompagnent, comme l’insécurité alimentaire, les déplacements de population et l'augmentation de la pauvreté.  Engagé depuis des décennies dans la réduction de la pauvreté, Sri Lanka travaille à une éducation de qualité pour des citoyens, dont 92% savent lire, soit un des taux d'alphabétisation les plus élevés du monde.

Le représentant s'est inquiété des menaces qui planent sur le multilatéralisme, rappelant que la confiance entre les États et l'ONU ne saurait être « piratée » par des acteurs « aux agendas politiques sélectifs qui ne rendent de compte à personne ».  L’émergence d’acteurs non étatiques ne doit pas entraver le respect des politiques nationales, a-t-il souligné. 

Traditionnellement engagée dans les traités internationaux de désarmement, Sri Lanka est également un grand contributeur de troupes aux opérations de paix de l’ONU.  À partir de 1960, les Casques bleus sri-lankais ont été déployés sur tous les continents.  Compte tenu de ses trois décennies de lutte contre le terrorisme dans des conflits à haute et basse intensité, Sri Lanka dispose d'une expérience dont peu peuvent se prévaloir.

Si le pays est en paix depuis la fin de l’année 2009, l'attaque terroriste meurtrière du 21 avril, revendiquée par l'État islamique, et qui a fait 250 victimes sri-lankaises et étrangères, a représenté un nouveau défi.  Les terroristes se sont attaqués au pluralisme de la société sri-lankaise, au processus de normalisation, de réconciliation et de développement en cours depuis la fin des conflits séparatistes, mais ils ont échoué à déstabiliser la nation et à entraver sa résilience.  L’attaque a cependant rappelé qu'aucun pays n'est à l'abri de la radicalisation, de l'extrémisme et du terrorisme.  Les événements tragiques de Pâques rappellent aussi que la lutte contre le terrorisme va main dans la main avec la protection des droits de l’homme et que l'un ne peut compromettre l'autre: un équilibre délicat, souvent insaisissable, a noté M. Aryasinha.

Dans les faits, la sécurité de la population est revenue rapidement mais l’attaque demeure une épreuve de vérité pour le pays.  Elle est l'occasion de voir si l'on peut combattre le terrorisme avec les forces et les faiblesses des institutions démocratiques.  Consciente de ses obligations internationales, Sri Lanka est en train de modifier sa législation pour la mettre en adéquation avec les nouvelles résolutions du Conseil de sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme, comme le financement du terrorisme, la sécurité des frontières, le retour des soldats terroristes et la lutte contre l'extrémisme violent.

Des efforts sont actuellement menés pour contrer l'exploitation par les terroristes d’Internet et des réseaux sociaux.  Des lois ont été adoptées et des mécanismes de police mis en place pour contrer les idéologies radicales qui mènent à l'extrémisme violent et atténuer leur influence sur la jeunesse.  Le rôle de vigie des communautés est, à cet égard crucial, a souligné le représentant.

Il s'est d’ailleurs réjoui des progrès significatifs du pays dans cette situation d'après-conflit, notamment le renforcement de l'indépendance du pouvoir judiciaire et la mise en place du Bureau des personnes disparues et des réparations, désormais opérationnel.  Des discussions sont en cours au sein du Gouvernement pour le lancement d'une commission vérité et réconciliation et enfin, la Commission nationale des droits de l’homme a reçu la note la plus haute de l’Alliance globale des organisations nationales de droits de l’homme (GANHRI), en mai 2018.  « Chaque pays vit une situation postconflit unique.  Nous pouvons chacun apprendre des autres en traçant notre propre chemin vers la réconciliation, tout en respectant le cadre de nos constitutions », a conclu M. Aryasinha.

Droits de réponse

Répondant à Israël, le représentant de l’Iran a ironisé sur la « piètre prestation » de ce dernier qui a du mal à faire oublier l’absence de M. Benjamin Netanyahou au débat général.  Le Ministre d’Israël, a commenté le représentant, a commis des bourdes dans sa déclaration, en déformant le proverbe perse: « On ne compte pas les oiseaux avant la fin de la chasse. »  Plaçons les choses dans leur contexte, a proposé le représentant: 70 ans d’occupation et de commission d’horreurs et de crimes en Palestine et dans la région.  Au Moyen-Orient « rien n’est fini », a corrigé le représentant après des gaffes qui ne devraient faire rire personne.  Le régime israélien est un adepte du racisme qui cherche à légitimer son action en utilisant les technologies prêtées par les États-Unis.  L’occupation israélienne a multiplié les crises et aggravé la colère dans la région.  C’est Israël qui empêche la paix et la sécurité régionales, a martelé le représentant, qui s’est étonné de l’annonce d’une initiative américaine de paix au moment où Israël annexe la vallée du Jourdain.  Les allégations sans fondement d’Israël contre l’Iran ne trompent plus personne.  Israël est une démocratie pour les racistes et les suprémacistes qui veulent écraser les Palestiniens.  Israël est l’ennemi de la démocratie au Moyen-Orient.  

Se tournant vers Bahreïn et ses accusations concernant les trois îles d’Abou Moussa, Grande Tombe, Petite Tombe, le représentant a martelé que ces territoires font partie intégrante du territoire iranien.  Toute affirmation contraire est à rejeter, a-t-il dit, rappelant aussi le terme « golfe Persique » est le nom officiel de la région, reconnu par la communauté internationale et les Nations Unies.  Personne ne peut le modifier et dire que l’Iran a mené des attaques contre les champs pétroliers saoudiens est une autre accusation fausse et sans fondement.  Les Saoudiens eux-mêmes ne croient pas à cette version.  Pour nous, a conclu le représentant, la sécurité du golfe Persique est une priorité qui sera défendue par tous les moyens.  Toute présence extérieure est une source d’insécurité mais les pays voisins resteront des voisins même après le départ des forces étrangères, a conclu le représentant pour illustrer l’attachement de son pays à la paix.

À sa suite, son homologue du Bahreïn a, une nouvelle fois, dénoncé « l’ingérence iranienne » et « son interventionnisme ».  Ces politiques « agressives » ne visent qu’une chose:  « ébranler la paix dans la région et le monde ». Le représentant a accusé l’Iran d’avoir « créé des cellules terroristes pour déstabiliser le Bahreïn » et d'avoir soutenu financièrement, formé, et armé le terrorisme, pour lancer des attaques contre son pays et les autres États du Conseil du Golfe, semer des divisons ethniques et religieuses et imposer la révolution iranienne au Bahreïn.

Son homologue des Émirats arabes unis a, à son tour, répété que les trois îles font partie intégrante de son pays.  Dénonçant l'occupation iranienne, il a qualifié les revendications de l’Iran sur ces terres de « sans fondement » et l’appelé l’Iran à régler pacifiquement ce conflit, conformément aux règles du droit international.

Le représentant de l’Arabie saoudite a tout simplement qualifié les propos de l’Iran de « fallacieux ».  Les milices houthistes, a-t-il ajouté, ne cessent de violer les trêves et le cessez-le-feu au Yémen.

Vous n’avez rien compris! s’est exclamé le représentant iranien.

Nous avons tout compris, a rétorqué son homologue de l’Arabie saoudite.  Voulez-vous une liste des activités de l’Iran qui mettent en péril l’action des Nations Unies et d’autres pays européens? » a-t-il demandé, en dénonçant le rôle destructeur de ce pays en Libye et en Afghanistan: un conseiller iranien a été accusé de meurtres dans l’ouest de l’Afghanistan et le Corps des gardiens de la révolution islamique y ont mené des attaques « de manière très professionnelle ».  En Libye, la saisie d’un navire a permis de découvrir des armes iraniennes envoyées.  

Le représentant du Yémen a qualifié l’Iran de « premier parrain du terrorisme international » pour déstabiliser le Golfe.  Les armes et la technologie iraniennes sont sur notre territoire et le chef de la milice houthiste sera bientôt reçu par le Gouvernement iranien, ce qui prouve qu’il est bien le parrain du terrorisme.  Il a accusé les milices houthistes de « violer quotidiennement le cessez-le-feu », y compris dans la mer Rouge où elles « plantent des mines » et menacent la navigation commerciale internationale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie annonce le lancement, le 30 octobre, de la Commission constitutionnelle sous l’égide de l’ONU

8628e séance – matin
CS/13967

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie annonce le lancement, le 30 octobre, de la Commission constitutionnelle sous l’égide de l’ONU

« Le 30 octobre 2019, j’entends réunir 150 hommes et femmes syriens pour le lancement d’une commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive dirigée et contrôlée par les Syriens sous les auspices de l’ONU à Genève », a annoncé ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Pedersen.

L’accord conclu entre le Gouvernement de la République arabe syrienne et la Commission de négociation syrienne sur les membres de la Commission constitutionnelle et sur son mandat et ses principales règles de fonctionnement (A/2019/775) a été annoncé le 23 septembre dernier par le Secrétaire général.  C’est un « signe d’espoir » pour le peuple syrien, a estimé son Envoyé spécial.

À l’instar de M. Pedersen, l’ensemble des délégations ont salué ce premier accord politique concret entre le Gouvernement et l’opposition pour commencer à mettre en œuvre un aspect clef de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à savoir arrêter un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution.  Il peut s’agir d’une « porte ouverte sur un processus politique plus large qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien », a déclaré l’Envoyé spécial.  La Commission constitutionnelle a un mandat clair, a expliqué M. Pedersen.  Elle doit élaborer et rédiger, dans le cadre du processus de Genève mené sous l’égide de l’ONU, une réforme constitutionnelle qui sera soumise à l’approbation du peuple, en vue de contribuer au règlement politique en Syrie et à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).

L’ONU divulguera le nom des 150 membres de la Commission constitutionnelle (50 désignés par le Gouvernement, 50 par l’opposition et 50 par la société civile), une fois que tous les nominés auront officiellement confirmé leur participation.  Environ 30 % sont des femmes, a confié M. Pedersen.  Il a toutefois averti qu’il ne sera pas facile de saisir cette opportunité.  La crise en Syrie reste très grave, notamment à Edleb, a souligné M. Pedersen. La Commission constitutionnelle devra s’accompagner d’autres mesures pour renforcer la confiance entre les Syriens, et entre la Syrie et la communauté internationale.

La création de cette Commission offre les conditions d’un règlement à long terme « pour tous les Syriens sans exception », s’est félicité le représentant de la Fédération de Russie, en rappelant la contribution de la Déclaration finale de Sotchi.  « Il ne s’agit que du début d’un long chemin », a-t-il toutefois noté, en encourageant les membres de cette Commission à travailler de façon autonome pour favoriser un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes. 

« C’est un premier pas historique dans la résolution de la crise syrienne » a estimé la représentante des États-Unis, soulignant le rôle joué par le Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni).

Notant que la question syrienne a été l’un des dossiers les plus abordés pendant le débat de haut niveau de l’Assemblée générale, le représentant de la Chine a appelé toutes les parties à créer des contextes propices au règlement pacifique de cette crise, en gardant à l’esprit le respect de l’intégrité nationale de la Syrie.  Réagissant aux déclarations des représentants du Royaume-Uni et de l’Allemagne qui ont pointé la responsabilité des pays ayant recouru au veto contre une résolution humanitaire la semaine dernière, il a déclaré qu’aucun pays n’a le droit de faire « des remarques irresponsables ».

Les représentants de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Pologne et de l’Afrique du Sud ont estimé que cette Commission constitutionnelle doit permettre d’ouvrir la porte à un processus politique plus vaste et plus large.  Elle peut « servir de clef aux autres processus politiques appelés par la résolution 2254 (2015) », a renchéri leur homologue de la Belgique.  Ce dernier s’est dit « optimiste de façon prudente » face à cette nouvelle évolution, jugeant difficile de concevoir des pourparlers à Genève tant que la violence se poursuit à Edleb et ailleurs en Syrie. 

« Ce processus passe avant tout par la sécurisation du territoire syrien », a ajouté le représentant de la France qui s’est dit préoccupé de l’entêtement militaire du régime syrien à Edleb. 

Cette réunion a donné lieu à de vives invectives, notamment entre l’Iran et l’Arabie saoudite, chacun reprochant à l’autre de sponsoriser des groupes terroristes accusés de détruire non seulement la Syrie, mais aussi le Yémen.  Si la représentante américaine a exhorté l’Iran à retirer de Syrie ses partisans et miliciens, le représentant russe s’est étonné: « Je trouve bizarre que l’on fustige l’Iran ici, alors que ce pays a beaucoup fait pour lutter contre le terrorisme en Syrie .» 

Réagissant aux accusations portées contre son pays, le Vice-Ministre des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, M. Gholamhossein Dehghani, a invité toutes les forces étrangères dont la présence n’est pas autorisée par le Gouvernement syrien, pointant les Forces américaines, à quitter le pays.  Pour sa part, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Sedat Önal, a jugé que les terroristes dans le nord-est du pays sont une menace directe pour son pays.  Les deux Ministres ont réitéré le rejet, par les garants d’Astana, de « toute tentative de création de nouvelles réalités sur le terrain sous prétexte de combattre le terrorisme ».  La Commission constitutionnelle est « un succès de la Syrie », a dit le représentant syrien.  Cependant, a-t-il averti, les efforts de son pays sur le front politique ne signifient pas qu’il est disposé « à renoncer à son indépendance ni à sa souveraineté ».  Seuls les Syriens débattront de leur constitution, sans ingérence extérieure, a-t-il résumé.  

L’accord se fonde sur le respect de la Charte des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité, de la souveraineté, de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a assuré l’Envoyé spécial.  « Le processus est dirigé et contrôlé par les Syriens. » En outre, il inclut l’objectif, stipulé dans la résolution 2254 (2015), de tenir des élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

Le 30 octobre 2019, a annoncé M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, j’entends réunir 150 hommes et femmes syriens pour le lancement d’une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive dirigée et contrôlée par les Syriens sous les auspices de l’ONU à Genève. 

L’accord conclu entre le Gouvernement de la République arabe syrienne et la Commission de négociation syrienne sur les candidats pour la Commission et sur son mandat et ses principales règles de fonctionnement a été annoncé le 23 septembre dernier par le Secrétaire général.  L’Envoyé spécial a salué ce « signe d’espoir » pour le peuple syrien. 

C’est le premier accord politique concret entre le Gouvernement et l’opposition pour commencer à mettre en œuvre un aspect clef de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à savoir arrêter un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution, s’est félicité M. Pedersen.  Il peut s’agir d’une « porte ouverte sur un processus politique plus large qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien ». 

L’Envoyé spécial a toutefois averti qu’il ne sera pas facile de saisir cette opportunité.  La crise en Syrie reste très grave, a-t-il souligné, en évoquant la violence et le terrorisme qui se poursuivent, les cinq armées internationales qui opèrent sur son territoire, des souffrances et des abus épouvantables, une société profondément divisée, et un sentiment de désespoir au sein du peuple à l’intérieur et à l’extérieur du pays.  La Commission constitutionnelle devra s’accompagner d’autres mesures pour renforcer la confiance entre les Syriens, et entre la Syrie et la communauté internationale.

Le texte du mandat et des principales règles de fonctionnement de la Commission constitutionnelle a été transmis au Conseil de sécurité dans le document 2/2019/775, a informé M. Pedersen. 

L’accord se fonde sur le respect de la Charte des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité, de la souveraineté, de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie; le processus est dirigé et contrôlé par les Syriens, a réitéré l’Envoyé spécial.  Il inclut l’objectif, stipulé dans la résolution 2254 (2015), de tenir des élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU. 

La Commission constitutionnelle a un mandat clair, a expliqué M. Pedersen.  Elle doit élaborer et rédiger, dans le cadre du processus de Genève mené sous l’égide de l’ONU, une réforme constitutionnelle qui sera soumise à l’approbation du peuple, en vue de contribuer au règlement politique en Syrie et à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).  Cette réforme incorpore notamment dans la constitution et les pratiques constitutionnelles syriennes la lettre et l’esprit des 12 Principes de base pour la coexistence entre Syriens, formulés à l’occasion du processus de Genève et affirmés à Sotchi. 

La Commission, a-t-il poursuivi, est libre de revoir et de modifier la Constitution de 2012, y compris à la lumière d’autres expériences constitutionnelles syriennes, ou de rédiger une nouvelle constitution.  M. Pedersen a parlé d’une structure « claire, équilibrée et viable ».  La présidence est assurée par deux Coprésidents égaux, l’un nommé par le Gouvernement et l’autre par l’opposition. 

La Commission constitutionnelle se compose d’un organe élargi et d’un organe restreint.  Siègent à l’organe élargi 150 femmes et hommes, dont 50 personnes sont désignées par le Gouvernement, 50 par la Commission syrienne de négociation et 50 sont issues de la société civile.  Siègent à l’organe restreint 45 femmes et hommes, dont 15 personnes sont désignées par le Gouvernement parmi les 50 qu’il a nommées à l’organe élargi, 15 sont désignées par la Commission syrienne de négociation parmi les 50 qu’elle a nommées à l’organe élargi, et 15 sont issues des 50 membres de la société civile qui siègent à l’organe élargi.  Il est prévu que l’organe restreint élabore et rédige les propositions constitutionnelles et que l’organe élargi les adopte.

L’accord, a encore détaillé l’Envoyé spécial, promeut dans la mesure du possible le consensus au sein de la Commission et précise pour qu’une décision soit adoptée, 75% des voix sont nécessaires au sein de l’organe concerné.  Les parties se sont engagées à travailler rapidement, sans interférence étrangère ni préconditions. 

L’ONU divulguera le nom des 150 membres de la Commission constitutionnelle une fois que tous les nominés auront officiellement confirmé leur participation.  Sur 150 membres, a confié M. Pedersen, environ 30% sont des femmes, dont près de la moitié pour les membres de la société civile. 

« Nous avons travaillé dur pour obtenir des garanties », a assuré le haut fonctionnaire.  L’accord stipule en effet que les membres de la Commission constitutionnelle et leur famille ou les organisations et entités politiques ou organisations et entités de la société civile dont ils font partie ne doivent pas faire l’objet, en raison de leur travail à la Commission, de menaces ou d’actes de harcèlement ou d’autres actes visant des personnes ou des biens, et qu’il faut faire face à tout incident qui se produirait ou de répondre à toute préoccupation qui se manifesterait.

Je continuerai à consulter l’ensemble de la société civile syrienne, a affirmé M. Pedersen, y compris dans le nord-est du pays.  « La future constitution de la Syrie appartient au peuple syrien, et à lui tout seul », a-t-il insisté.  L’ONU gardera « jalousement » l’aspect « dirigé et contrôlé par les Syriens » du processus. 

L’Envoyé spécial s’est dit toutefois conscient que la Commission constitutionnelle ne peut pas résoudre le conflit à elle seule.  La crise humanitaire se poursuit à Edleb.  Des groupes terroristes visés par ce Conseil continuent de « métastaser », touchant toutes les communautés syriennes.  À cet égard, il est essentiel de trouver une solution qui ne mette pas en danger les civils.  Le spectre d’une conflagration régionale plane encore sur le pays, a mis en garde M. Pedersen.  Il faut selon lui prendre des mesures de désescalade en vue de conclure un cessez-le-feu national. 

À l’approche de la première réunion de la Commission constitutionnelle, M. Pedersen a exhorté toutes les parties -les parties syriennes et leurs appuis- à examiner la situation dans une perspective plus vaste, plus inclusive.  Il les a appelées à s’emparer de l’élan offert par la Commission et à agir concrètement pour renforcer la confiance.  Il a également espéré que les parties syriennes sauront trouver « les mots justes » pour signaler clairement leurs bonnes intentions. 

Tout cela requiert un véritable dialogue international à l’appui du processus de Genève, a résumé l’Envoyé spécial. 

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a accueilli avec satisfaction l’annonce du Secrétaire général, le 23 septembre dernier, de la décision du Gouvernement syrien et de la Commission syrienne de négociation de former une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive, chargée de rédiger une nouvelle constitution qui réponde aux attentes de tous les Syriens.  Elle a remercié le Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni) qui a aidé à parvenir à cette mesure encourageante.  Selon elle, la formation de cette Commission est « un premier pas historique dans la résolution de la crise syrienne ».  Elle s’est félicitée que la première réunion de la Commission se tienne le 30 octobre à Genève, avant de souhaiter que ses membres puissent travailler en toute sécurité et sans subir de menaces ni d’intimidations. 

Par ailleurs, la représentante des États-Unis a fustigé le comportement de l’Iran qui selon elle « n’agit pas de bonne foi ».  Regrettant que l’Iran soit aujourd’hui assis à la table du Conseil de sécurité pour donner des conseils, elle a exhorté ce pays à retirer de la Syrie ses partisans et miliciens.  En outre, Mme Craft a espéré que le Président Assad n’utilisera pas le lancement de cette Commission constitutionnelle comme prétexte pour suspendre le processus politique appelé par la résolution 2254 (2015).  Dans ce contexte, elle a demandé aux troupes syriennes de cesser toutes les attaques à Edleb.  « Si la création de cette Commission est un pas encourageant, trop de destructions, d’horreurs et d’atrocités ont été commises par le régime », a insisté la représentante.  Jugeant inacceptable que 128 000 Syriens soient détenus de manière arbitraire, elle a également demandé au Gouvernement syrien de libérer ces personnes. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a appelé toutes les parties à soutenir les travaux de la Commission constitutionnelle qui doit entamer ses travaux le 30 octobre à Genève et a demandé au Conseil de sécurité d’appuyer ses efforts.  Il a souhaité que cette mesure marque le début d’un processus permettant au peuple syrien d’atteindre ses aspirations tout en préservant l’intégrité territoriale de la Syrie.  Ce processus politique doit s’accompagner de mesures de confiance, en particulier de progrès concrets, qui doivent être faits concernant les personnes détenues.  Dans ce contexte, les observateurs indépendants doivent pouvoir accéder aux centres de détention, a-t-il insisté.  La situation à Idleb continue de préoccuper le Koweït, alors que plus d’un demi-million de personnes sont déplacées par les combats qui ont fait plus d’un millier de morts parmi les civils.  La lutte antiterroriste n’exonère aucune personne ni aucune partie du respect du droit international et des droits de l’homme, a rappelé la délégation.  Selon elle également, aucune paix durable ne pourra être réalisée en l’absence de justice et sans que les auteurs des crimes aient à en répondre.  En conclusion, a-t-il résumé, ce conflit ne pourra être résolu que grâce à une solution politique sur la base de la résolution 2254.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué l’accord sur le lancement de la Commission constitutionnelle comme une première étape positive, une avancée décisive du processus politique en Syrie prévu par la résolution 2254, qui aura mis deux ans à se concrétiser.  Mais des actions et des engagements forts de chacun seront nécessaires pour que des négociations crédibles débutent, a-t-il prévenu.  Selon lui, les travaux de cette Commission doivent constituer un « point de départ » à l’élaboration d’une solution politique globale et inclusive associant également les femmes.  Ce processus passe avant tout par la sécurisation du territoire syrien et, à ce sujet, la France a exprimé sa vive préoccupation au sujet de la situation à Idleb, où le « régime » et ses alliés « s’entêtent dans une opération militaire aveugle » dont les civils sont les « premières victimes » et qui pourrait contribuer à la dispersion des éléments terroristes présents dans le nord-ouest.

« Cet acharnement militaire doit cesser » a-t-il insisté en appelant au gel immédiat du front à Idleb et partout en Syrie pour créer les conditions favorables à la tenue des discussions au sein de la Commission constitutionnelle et permettre de lever les entraves à l’aide humanitaire.  La mise en place de cette instance ne représente qu’une étape dans la mise en œuvre de la résolution 2254, qui constitue la feuille de route de la Communauté internationale en vue d’une solution durable et inclusive pour tous les Syriens.  Ceci suppose notamment de travailler à la création de conditions permettant la tenue d’élections libres et justes sous la supervision de l’ONU, auxquelles pourront participer tous les Syriens, y compris les réfugiés et les déplacés.  Enfin, il n’y aura pas de paix sans justice, a souligné M. de Rivière: les auteurs d’atrocités commises chaque jour en Syrie devront répondre de leurs actes, a-t-il prévenu.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué l’annonce faite par le Secrétaire général, la semaine dernière, sur la composition et les règles de fonctionnement de la Commission constitutionnelle, y voyant un « grand pas » vers une solution au conflit en Syrie.  Il a exprimé le soutien de son pays aux travaux de cette commission et invité les parties à faire preuve d’un maximum d’engagement, de souplesse et de respect mutuel.  Surtout, a-t-il ajouté, elles doivent laisser le peuple syrien au centre de toutes les décisions qu’elles prennent, car « c’est le peuple syrien qui décidera de son propre avenir ».  Le représentant a aussi plaidé pour que la participation des femmes soit respectée, valorisée et renforcée à chaque étape du processus constitutionnel, en parfaite égalité.  Insistant sur l’importance de ce point, il a exhorté l’Envoyé spécial à continuer de plaider en faveur d’une représentation féminine de 30%, au moins, dans ce processus. 

M. Singer Weisinger a également insisté sur l’importance de la participation de la société civile à ce processus en invitant à renforcer la confiance populaire par des mesures urgentes sur le terrain.  Il faut garantir la sécurité des membres de la Commission constitutionnelle et des membres de leurs familles, a-t-il ainsi demandé avant d’appeler à avancer sur la question du traitement des personnes détenues et disparues, en fonction de la nature humanitaire et de ce fait impartiale de la question.  Autre mesure de confiance recommandée par la République dominicaine, il faut protéger la population civile dans le nord-est du pays et éviter les attaques aveugles dans les zones peuplées.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé impérieux d’opérationnaliser la Commission constitutionnelle, qui doit être, selon lui, au cœur du processus politique de sortie de crise, conformément à la résolution 2254 (2015).  Il a accueilli avec satisfaction l’annonce du Secrétaire général le 23 septembre 2019, de la décision du Gouvernement syrien et de la commission de négociation, de former une commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive, dont les Nations Unies seraient le facilitateur.  Il a appelé à un soutien résolu de la communauté internationale, notamment du Conseil de sécurité, afin que cet engagement des parties syriennes se matérialise à brève échéance.  Le représentant a invité Monsieur Pedersen à poursuivre ses consultations avec les parties prenantes et souhaité que la réunion qui doit se tenir le 30 octobre 2019 à Genève, sous les auspices des Nations Unies, permette la mise en place effective de la Commission constitutionnelle, afin d’insuffler une dynamique nouvelle au processus politique de sortie de crise en Syrie. 

Notant qu’il est important que les efforts actuels en faveur d’une solution politique au conflit syrien bénéficient d’un environnement apaisé, le représentant s’est félicité de la trêve unilatérale décrétée le 31 août 2019 par la Fédération de Russie et les forces gouvernementales de la province d’Edleb.  Dans ce contexte, il a exhorté les parties au conflit à prendre davantage de mesures de confiance, notamment la libération de prisonniers, avant d’exhorter les belligérants à respecter le cessez-le-feu pour permettre, entre autres, l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations en détresse. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a estimé que la séance de ce jour devrait revêtir un « caractère historique » avec l’annonce de la création tant espérée de la Commission constitutionnelle.  Après huit années de conflit, de nombreux obstacles et des cycles de négociations difficiles entre tous les acteurs du processus politique en Syrie, cette étape est une bonne nouvelle, a dit le représentant.  En accord avec la Déclaration du Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, l’Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni), il a invité à rester conscient que cette étape positive exige une détermination sérieuse et le ferme engagement d’atteindre des résultats positifs et tangibles.

Ce nouveau scénario, lancé grâce à l’appui diplomatique des garants d’Astana (Russie, Turquie et Iran), devait être accompagné de mesures concrètes qui suscitent la confiance et facilitent les progrès dans le processus politique, a souhaité le représentant.  Il a plaidé pour que le processus de travail de la commission garantisse aux membres leur indépendance et leur évitent toute pression externe.  Enfin, le représentant a appelé à ne pas diviser la Syrie en zones d’influence, arguant que cela ne ferait qu’à augmenter la tension, en particulier à Edleb.  Il s’est aussi inquiété de l’existence de cinq armées dans le pays, non seulement parce que c’est une menace à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, mais aussi parce que cela présente un risque d’escalade et de conflagration dans la région. 

M. JAMES ROSCOE (Royaume-Uni) a accueilli avec satisfaction la décision du Gouvernement syrien et de la commission de négociation de former une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive.  Un progrès qui couronne selon lui le travail acharné de l’Envoyé spécial depuis qu’il a pris ses fonctions il y a neuf mois.  « Ce n’est que le premier pas vers le règlement politique dont la Syrie a tant besoin et qui devra aussi inclure des élections libres », a insisté le représentant en appelant le Gouvernement syrien à un engagement véritable.  Affirmant que les problèmes de la Syrie ne trouvent pas leur origine dans la Constitution mais dans les politiques répressives du régime, le délégué a rappelé qu’ils ne pourront être résolus isolément.

C’est la raison pour laquelle il a souligné l’importance d’aborder tous les éléments de la résolution 2254.  Notant l’importance de mesures de confiance, le représentant a souligné la nécessité de faire des progrès sur la question de la remise en liberté des personnes détenues de façon arbitraire et d’obtenir des informations sur les personnes disparues.  Pour le Royaume-Uni, il est indispensable que les membres de la Commission puissent travailler sans subir des intimidations.  Il a ensuite fustigé l’opposition russe et chinoise au dernier projet de résolution en date sur l’aide humanitaire mis aux voix au Conseil de sécurité, invitant les membres ayant exercé leur droit de veto à assumer leurs responsabilités.  Il s’est ému du sort de 676 000 Syriens qui ont dû fuir leurs foyers depuis début le mois de mai dans la région d’Edleb, appelant le Gouvernement syrien à cesser de prendre délibérément pour cibles les populations civiles à Edleb.  Le délégué a salué le cessez-le-feu conclu le 31 août, ainsi que les efforts de la Turquie pour mettre fin aux violences à Edleb.  Le Royaume-Uni a rappelé en conclusion que 400 000 Syriens ont été tués depuis le début du conflit et que 12 millions de Syriens ont besoin d’aide humanitaire.

M. HAITAO WU (Chine) a noté des progrès importants enregistrés ces derniers temps, dont une percée importante sur le front politique grâce à l’accord sur la formation de la Commission constitutionnelle, saluant la tenue annoncée de la première réunion le 30 octobre.  Il a appelé la communauté internationale à faire fond sur les résultats obtenus pour progresser vers un règlement politique, le seul possible pour le « dossier » syrien, encourageant les parties à saisir cette opportunité.  Les membres de la Commission, a-t-il dit, sont priés de prendre en considération les aspirations du peuple syrien, avec le soutien de l’ONU et, à cette fin, le Conseil de sécurité et la communauté internationale devraient soutenir les parties syriennes en les aidant à réduire leurs différences.

Parallèlement, des garanties de sécurité sont nécessaires: le terrorisme endémique est une entrave au processus politique et doit être éradiqué, a estimé la Chine, qui suit de près les mouvements des forces terroristes à Edleb et le sort des combattants terroristes étrangers et de leurs familles en Syrie.  S’agissant de la crise humanitaire, la Chine a appelé la communauté internationale à fournir une assistance humanitaire au peuple syrien mais sans instrumentaliser ce versant de la crise à des fins politiques.  La question des réfugiés et des déplacés doit être traitée de façon impartiale et les sanctions contre la Syrie levées, a préconisé le représentant.

Enfin, la Chine a rejeté catégoriquement les déclarations du Royaume-Uni concernant son action: Beijing prend ses décisions en se basant sur les faits et dans l’intérêt du peuple syrien quand elle vote sur un projet de résolution: personne n’a le droit de faire des remarques irresponsables en la matière, a prévenu le délégué.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a souhaité que l’ouverture prochaine des travaux de la Commission constitutionnelle ouvre la voie à une sortie politique et à une solution durable à la crise syrienne, encourageant ladite Commission à se mettre immédiatement au travail sous les auspices des Nations Unies à Genève.  Un engagement fort et sincère de toutes les parties est absolument nécessaire, sur la base du respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité et de l’unité territoriales de la Syrie.  Chacun doit travailler en parfaite coopération pour faire face aux futurs défis et tous doivent se parler pour parvenir à un terrain d’entente, a préconisé le représentant.  Pour lui, le processus politique doit aller de pair, simultanément, avec un cessez-le-feu: il est absolument nécessaire d’éviter de nouvelles catastrophes humanitaires et de soutenir l’avancée du processus politique.  À cette fin, le soutien du Conseil de sécurité à une solution syrienne, pour les Syriens avec le soutien de l’ONU, est plus nécessaire que jamais alors que nous entrons dans une phase cruciale.  « La route qui s’ouvre n’est pas aisée, mais arriver à bon port reste tout à fait possible », a ajouté M. Djani.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée de l’accord sur la formation d’une commission constitutionnelle syrienne et a dit attendre avec impatience sa première réunion à Genève.  Il a affirmé que toute « véritable transition politique » devrait s’appuyer sur le Communiqué de Genève de 2012 et la résolution 2254 (2015).  Elle s’est inquiétée de l’escalade des violences dans la province d’Edleb et a affirmé qu’une cessation des hostilités était d’une importance cruciale pour le travail de la nouvelle Commission.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de libérer « les milliers de personnes placées en détention arbitraire et souvent soumises à des mauvais traitements incluant la torture et le viol », s’inquiétant tout particulièrement du sort des femmes, des enfants et des personnes âgées.  « Cette mesure est une des plus importante, si ce n’est la plus importante, pour bâtir la confiance entre les parties », a-t-elle estimé.  Elle a aussi demandé que des informations soient communiquées aux familles sur les milliers de disparus. 

La représentante de la Pologne a également souligné l’importance de garantir l’accès humanitaire et le respect du droit humanitaire international en Syrie, comme l’a réaffirmé le Conseil de sécurité, en août, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève.  En conclusion, elle a rappelé la position de la Pologne et de l’Union européenne: « Nous ne serons prêts à contribuer à la reconstruction de la Syrie que quand une transition politique globale, véritable et inclusive sera fermement engagée ».  « Nous soutenons pleinement le retour des réfugiés ayant fui leur demeure », a-t-elle ajouté en précisant qu’une solution durable au conflit devrait garantir un retour « volontaire, digne et pérenne » aux Syriens dans leur pays, en accord avec le droit international et le principe de non-refoulement.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a félicité M. Geir Pedersen, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, le Gouvernement, l’opposition et toutes les parties pour l’accord visant à établir une commission constitutionnelle « crédible, équilibrée et inclusive ».  Il a dit avoir hâte de la voir se réunir pour la première fois à Genève, sous les auspices de l’ONU.  Le délégué a souhaité que l’engagement des parties à garantir une représentation minimale de 30% de femmes dans les deux instances qui forment cette Commission, un organe élargi et un organe restreint où siègent 150 et 45 membres respectivement, soit respecté.  Le représentant a ensuite appelé à la pleine application de la résolution 2254 (2015), qui sert de feuille de route pour une résolution politique du conflit syrien, insistant notamment sur la nécessité de libérer les civils détenus, en particulier les femmes, les enfants, les malades et les personnes âgées.  « Ce geste serait un gage de bonne foi et de renforcement de la confiance entre les parties », a-t-il estimé. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a fait sienne l’intervention de M. Pedersen selon laquelle la mise en place d’une commission constitutionnelle est « une promesse faite au peuple syrien d’un nouveau contrat social ».  « Nous devons veiller à ce que toutes les parties s’engagent de bonne foi dans ce processus, en particulier le régime syrien », a ajouté le représentant.  Il a souhaité que tous les membres de cette commission puissent travailler à l’abri des menaces et sans obstacles ou intimidations.  Le représentant s’est dit favorable à une déclaration du Conseil de sécurité entérinant les décisions futures de cette commission.  Celle-ci devrait permettre d’ouvrir la porte à un processus politique plus large, a-t-il estimé. 

Selon le représentant, « nous ne parviendrons à nos objectifs que si les femmes sont impliquées à tous les niveaux » d’un processus qui devra aboutir à la tenue d’élections justes, libres et crédibles.  De plus, il a exhorté les autorités syriennes à procéder à la libération de femmes, d’enfants, de personnes handicapées et de personnes âgées qui se trouvent actuellement en détention.  Il a estimé que cela contribuerait à l’avènement de ce nouveau contrat social qui est nécessaire.  La lutte contre l’impunité est un élément fondamental, a-t-il insisté.  Enfin, il a dit regretter que la Russie et la Chine se soient opposées à la résolution humanitaire concernant Edleb, et que l’appel lancé par 12 membres du Conseil de sécurité n’ait pu être entendu. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a souligné qu’après huit ans de violence le Conseil de sécurité se réunit aujourd’hui avec une lueur d’espoir, même fragile.  Pour la première fois, l’ONU a pu faciliter un accord entre toutes les parties et le peuple syrien a pu recevoir de bonnes nouvelles, a-t-il constaté.  Comme répété maintes fois, il n’y a d’autres solutions que politique à la crise syrienne et cette Commission a le potentiel de servir de clef à d’autres approches de négociations, a estimé le représentant, qui a salué le rôle des États, dont les garants du processus d’Astana, pour leur engagement diplomatique.  La Belgique s’est donc déclarée optimiste, mais reste « très prudente »: la Commission reste un moyen d’avancer grâce aux discussions dans lesquelles les parties pourront s’engager – mais le véritable progrès devra être le résultat de ces pourparlers car « beaucoup de temps a été perdu » et il est à présent urgent de se mettre au travail pour enregistrer des progrès concrets.

Ce processus s’accompagne d’obligations pour toutes les parties, qui doivent s’engager de bonne foi et pouvoir s’exprimer librement, sans obstacle ni intimidation, a poursuivi le représentant.  Le Gouvernement syrien a une obligation particulière dans la mise en place d’un environnement calme et sûr dans le pays – la violence à Idlib doit cesser, car il est impensable de mener des pourparlers à Genève si la violence se poursuit sur le terrain, a-t-il insisté en réitérant l’appel à une cessation des hostilités.  Enfin, concernant les milliers de Syriens qui continuent d’être arrêtés arbitrairement, il a encouragé l’Envoyé spécial à œuvrer à leur libération et Damas à prendre en compte l’importance cruciale de ce dossier, en signe de bonne foi pour sa population et alors que des milliers de Syriens attendent toujours un signe de leurs proches arrêtés et disparus.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) s’est félicité des évolutions enregistrées au sujet de l’établissement d’une Commission constitutionnelle et a salué le rôle joué par les garants d’Astana, ainsi que la participation « constructive » du Gouvernement et des groupes de l’opposition syrienne.  Il a souligné que l’élaboration d’une nouvelle constitution était nécessaire pour établir des bases politiques et institutionnelles en Syrie.  L’évolution en cours donne, selon lui, une raison d’être optimiste, même s’il faut rester prudent.  Le représentant a souligné que la Commission devra être efficace et diligente dans l’exercice de son mandat, avant d’appeler les parties à faire preuve de souplesse et d’une véritable ouverture au dialogue.

Le représentant a estimé que 30% des sièges de la Commission doivent être réservés aux femmes.  Il a aussi insisté sur l’importance de la transparence afin de permettre au Conseil de sécurité d’accompagner la mise en œuvre des accords conclus et de renforcer la confiance de toutes les parties envers le processus de paix.  M. Ugarelli a, en outre, appelé à redoubler d’efforts pour procéder à la libération des détenus, à l’identification des disparus et à la restitution des dépouilles mortelles.  Il importe également de veiller au retour volontaire, sûr et digne des millions de déplacés et de réfugiés syriens, a-t-il dit.

M. SERGEY VERSHININ (Fédération de Russie) a estimé que la création de cette Commission constitutionnelle nous offre des conditions pour permettre un règlement à long terme pour tous les Syriens sans exception.  Maintenant que le travail de la formation de cette instance a été achevé, le représentant russe a tenu à rappeler que l’idée de la formation a été adoptée par des représentants de l’ensemble de la société civile réunie à Sotchi en février 2018.  « Il ne s’agit que du début d’un long chemin », a insisté M. Vershinin en encourageant les membres de cette Commission à travailler de façon autonome pour favoriser un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes.  Il a assuré que son pays, l’Iran et la Turquie avaient contribué de manière décisive à la définition, la composition et au règlement intérieur de cette Commission.  Insistant sur le respect de l’intégrité territoriale de la Syrie, le représentant russe a rappelé que les États garants du processus d’Astana continueraient d’organiser des rencontres internationales sur la base du format d’Astana, dont la prochaine réunion est prévue au Kazakhstan. 

Le représentant russe a ensuite jugé inadmissible de voir des tentatives d’ingérence dans le dialogue inter-syrien et de créer des délais artificiels et d’exiger des concessions qu’à une seule partie.  « Je trouve bizarre que l’on fustige l’Iran ici, alors que ce pays a beaucoup fait pour lutter contre le terrorisme en Syrie », s’est étonné M. Vershinin, avant de regretter que certains États membres du Groupe restreint « parlent beaucoup et font peu ».  « Le temps est venu d’encourager et non pas de rejeter le retour de la Syrie au sein de la famille arabe », a-t-il ajouté, avant de dire sa déception sur l’impossibilité de trouver un consensus sur la situation à Edleb, parce que certains ont voulu politiser la situation humanitaire.  « La paix avec le terrorisme ne peut exister » a-t-il aussi prévenu. 

Le représentant de la Chine a demandé la parole, en réponse à l’Allemagne qui a fait référence à sa position lors du vote de la résolution 2254: « la Chine l’a dit clairement, elle n’acceptera pas de telles accusations ».  Comme la Russie, la Chine porte une grande attention à la situation humanitaire en Syrie, a assuré le représentant en expliquant que c’était la raison pour laquelle ces deux délégations avaient proposé un projet de résolution.  Mais celui-ci n’a « malheureusement » pas été adopté, a regretté le représentant.  Pour améliorer la situation humanitaire du peuple syrien, le pas important à faire sera de lever les sanctions économiques contre la Syrie, a-t-il ajouté.

M. SEDAT ÖNAL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a salué l’engagement des parties syriennes lors du processus d’Astana, qui a permis la mise en place de la Commission constitutionnelle.  Celle-ci crée une occasion nouvelle de parvenir à une solution politique conforme à la résolution 2254 du Conseil et aux aspirations du peuple syrien.  Cependant, le processus politique qui s’ouvrira bientôt ne donnera pas de résultats sans environnement propice sur le terrain, a ajouté le numéro 2 de la diplomatie turque: Edleb en est le parfait exemple selon lui, et la Turquie, a-t-il assuré, poursuit ses efforts pour que le statu quo dans la province soit préservé.  Il a ensuite reconnu la présence d’éléments radicaux et l’urgence de faire face à la menace mais elle n’est pas d’accord avec la manière dont les civils sont pris pour cibles, car il ne saurait y avoir de solution militaire à la crise.

Pour la délégation, le processus politique doit être pris en mains par les Syriens eux-mêmes et le succès de ce processus dépendra de la capacité internationale à créer un niveau de confiance mutuel entre Syriens.  La Turquie poursuit en ce sens ses efforts pour contribuer à mettre en place des mesures de confiance nécessaires pour appuyer l’ONU.  De même, elle poursuit son appui au groupe de travail du processus d’Astana en faveur des personnes détenues.  La Turquie, a rappelé le Vice-Ministre, a été l’un des pays les plus touchés par le conflit en Syrie et se montre déterminée à lutter contre les menaces qui en émanent: les terroristes à Edleb et dans le nord-est du pays, Daech et autres, n’ont aucune place en Syrie, a-t-il insisté, car ces éléments sont une menace directe pour la sécurité de la Turquie mais aussi pour l’unité et l’intégrité territoriales de la Syrie.  Enfin, la Turquie, qui accueille 3,6 millions de Syriens, a considéré qu’il est temps de commencer à réfléchir au retour, sûr et volontaire, de ces réfugiés dans leur foyer, annonçant qu’elle s’est engagée, à cet égard, dans des discussions avec les pays voisins concernés. 

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a estimé que l’accord sur la formation d’une Commission constitutionnelle constitue une « étape positive » dans le cadre du processus politique intersyrien, facilité par les Nations Unies, que le Gouvernement iranien appelle de ses vœux pour mettre un terme à la crise.  Voyant dans cette avancée le fruit des efforts déployés par les garants d’Astana, il a assuré que l’Iran, aux côtés de la Russie et de la Turquie, soutiendra activement le lancement de la commission constitutionnelle en Syrie, conformément à la Déclaration ministérielle des Garants en date du 24 septembre.  Il a toutefois réaffirmé que « toute forme d’ingérence extérieure ou d’imposition de calendriers artificiels devra être évitée ».  De fait, toute assistance prêtée à la Commission, même de la part de l’ONU, devra se faire à sa demande expresse, dans le plein respect de la souveraineté, de l’indépendance politique, de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a-t-il exigé.

Réitérant le rejet par les garants d’Astana de toute « tentative de création de nouvelles réalités sur le terrain sous prétexte de combattre le terrorisme », le représentant a aussi souligné la volonté de ces derniers de s’opposer aux « programmes séparatistes ».  En conséquence, toutes les forces étrangères dont la présence n’est pas autorisée par le Gouvernement syrien « doivent quitter le pays », a-t-il exigé, pointant « l’occupation de certaines parties de la Syrie par des Forces américaines qui continuent d’apporter un soutien et une protection à des groupes terroristes sous couvert d’un combat contre le terrorisme ».  Pour le représentant, les agressions d’Israël contre la Syrie viennent « compliquer la situation » et la communauté internationale doit obliger cet État à cesser ses violations.  Il va de soi, a-t-il poursuivi, que le Gouvernement syrien a le droit souverain de décider de l’opportunité d’appliquer son droit à l’autodéfense. 

De même, a tenu à préciser le délégué, il ne peut y avoir de lien entre les travaux de la Commission constitutionnelle et des mesures aussi importantes que la lutte contre le terrorisme, la reprise de contrôle de l’ensemble du territoire par le Gouvernement syrien, le retour de tous les réfugiés et déplacés internes, et la reconstruction de la Syrie.  Assurer la sécurité des Syriens pris au piège des combats dans les zones sous le contrôle de groupes terroristes est « la responsabilité du Gouvernement syrien », a-t-il renchéri.  Mais « si le combat contre les terroristes doit se poursuivre sans relâche, tous les efforts devraient être déployés pour protéger la vie des civils », a conclu le représentant. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a salué le rôle du Secrétaire général et celui de son Envoyé spécial dans cette réalisation de taille que constitue la création d’une commission constitutionnelle.  Il a proposé que la Commission soit lancée le plus vite possible en évitant toute querelle de procédures.  « Nous devons travailler sur plusieurs axes en même temps et suivre les dispositions de la résolution 2254 », a-t-il ajouté avant de souhaiter que les travaux de la Commission constitutionnelle ne soient pas perçus comme une alternative à d’autres procédures. 

Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre le terrorisme et les autres groupes illégitimes sur le terrain.  Il a appelé à s’interroger sur ceux qui ont contribué à l’arrivée de milliers de combattants terroristes étrangers en Syrie, qui les ont armés et formés en violation du droit international humanitaire, des résolutions du Conseil de sécurité et de la souveraineté de la Syrie et finalement de la vie des Syriens.  Il a regretté que certaines parties s’efforcent de changer la composition démographique du nord-ouest de la Syrie.  C’est pourquoi il a demandé que tout soit fait pour permettre le retour de tous les réfugiés.  Le Communiqué conjoint issu de la réunion du Groupe restreint de pays le 26 septembre contient des recommandations pertinentes, a-t-il enfin souligné. 

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a apporté le plein soutien de son pays aux efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie sur la base de la résolution 2254(2015), qui constituent une évolution et une étape politique méritant, selon lui, un contexte propice pour réussir.  Elle y a vu une chance pour la Syrie de retrouver sa liberté et sa stabilité, une fois libérée des groupes terroristes, et un contexte propice au retour digne aux réfugiés.  Instaurer un tel contexte suppose néanmoins davantage d’efforts, a dit la représentante, en rappelant que la Jordanie accueille actuellement 1,3 million de Syriens.  Les capacités jordaniennes ont d’ailleurs été largement dépassées, mais le pays s’efforce de faire de son mieux pour répondre aux besoins de ces réfugiés.  Cependant, la crise des réfugiés engage la responsabilité de la communauté internationale, a fait remarquer la représentante, en se plaignant que l’assistance internationale ne soit pas à la hauteur.  La Jordanie encourage un retour volontaire et digne des réfugiés mais il est important de le rendre possible et de mener tous les efforts possibles en ce sens, a-t-elle plaidé.  Pour conclure, elle s’est dit convaincue que le Conseil de sécurité est conscient de ses responsabilités: « la Syrie dépend de vous Mesdames et Messieurs », a-t-elle martelé. 

Selon M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), la création de cette Commission constitutionnelle offre les conditions pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien en permettant le retour sûr, digne et volontaire des réfugiés.  Après avoir annoncé la tenue à Riyad, le 7 octobre prochain, d’une réunion préparatoire sur la Commission, il a appelé les autorités syriennes à saisir cette occasion pour faire de la réunion du 30 octobre « un véritable succès et un premier pas vers une solution politique ». 

Le représentant saoudien a déclaré que la crise syrienne a été exploitée par les ennemis du monde arabe et du peuple syrien.  Il a demandé que « les milices terroristes sectaires appuyées par l’Iran qui ont joué un rôle prépondérant dans la destruction de la Syrie » quittent ce pays.  Ces groupes doivent partir et l’Iran doit réaliser que la Syrie est un État arabe qui a sa place au sein de la fédération des pays arabes, a-t-il insisté, avant de reprocher à l’Iran d’être « un État terroriste qui a transformé la Syrie en un État voyou qui sème le chaos ». 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé qu’en collaboration étroite avec ses amis iraniens et russes et avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général, la Syrie est parvenue à créer une Commission constitutionnelle et à s’accorder sur un mandat, « pour les Syriens et par les Syriens », exempt de toute ingérence extérieure.  Le succès engrangé avec la création de cette Commission est « un succès de la Syrie » qui a surmonté tous les obstacles placés sur sa route par les gouvernements hostiles, s’est félicité le représentant.  Le Président syrien y a d’ailleurs contribué, car seuls les Syriens ont le droit et le devoir de débattre de leur constitution et de l’adopter, sans ingérence ni conditions ou extorsions extérieures que recherchent « certaines parties, dont le but est de déstabiliser la Syrie et de piller de ses ressources, et qui ont investi dans le terrorisme dans toutes ses formes ».

La Syrie continue de participer au processus d’Astana qui a permis de déboucher sur des résultats concrets sur le terrain, a indiqué le représentant.  D’après lui, le mandat de la Commission préserve l’intégrité et l’unité du pays.  La Commission, a-t-il poursuivi, vise à garantir l’intégrité du processus politique sans tirer de conclusions à l’avance, car la Syrie est « maître de son destin ».  Aucun pays, ni même le groupe restreint de Sotchi, ne peut avoir d’influence sur son travail, et aucun ultimatum ne saurait lui être imposé, a prévenu le représentant. 

Étant donné que la Commission déterminera l’avenir de la Syrie pour les 25 prochaines années, la Syrie continuera d’avancer dans le processus politique sur des bases solides répondant aux aspirations du peuple syrien, a poursuivi le représentant.  À cet égard, le rôle du Représentant spécial du Secrétaire général est clef, et nous réitérons que nous sommes prêts à travailler avec lui et avec les pays amis pour lancer cette Commission, a-t-il assuré, en se disant cependant « réaliste et conscient » que ce processus politique ne sera pas simple.  La Syrie a déjà, par le passé, mis en garde -notamment en Libye et en Iraq- contre les États qui tentaient de modifier les principes de la Charte des Nations Unies: encore une fois, elle devra éviter que certains ne s’efforcent de mettre la région à feu et à sang, a averti le représentant.  « Donc la Syrie le répète: elle est prête à travailler avec des partenaires dignes de ce nom, pas avec ceux qui utilisent la plateforme du Conseil de sécurité pour imposer des conditions et nuire au peuple syrien. »  Que ceux qui ont pleuré « des larmes de crocodile » sur le sort des civils sachent que, jusqu’à aujourd’hui encore, des scanners sont bloqués aux portes de la Syrie, a-t-il lancé.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a expliqué que certains pays d’influence s’opposent à l’envoi de ce matériel médical, a-t-il rapporté. 

Enfin, a conclu M. Ja’afari, le succès des efforts politiques impose de mettre un terme à la présence des forces du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France sur le territoire syrien.  « Les efforts de la Syrie sur le front politique ne signifient pas qu’elle est disposée à renoncer à son indépendance ni à sa souveraineté », a-t-il averti. 

Reprenant la parole, le Vice-Ministre de la République islamique d’Iran a regretté que l’ambassadeur du régime « infanticide » de l’Arabie saoudite fasse de son mieux pour détourner le Conseil de sécurité des réalités du terrain afin de dissimuler les crimes saoudiens contre les peuples de la région, notamment contre les enfants du Yémen.  « En accusant les autres, ils veulent dissimuler leurs appuis aux terroristes. »  M. Dehghani a ajouté que l’Arabie saoudite est la source des principaux soutiens idéologiques et financiers des groupes Al-Qaida, Daech et Front el-Nosra.  « Ce qu’ils font est non contraire non seulement aux enseignements de l’Islam, mais aussi aux principes fondamentaux du droit international humanitaire », a encore dit le Vice-Ministre iranien qui a appelé à tenir l’Arabie saoudite pour responsable des crimes commis en Syrie et au Yémen. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a dénoncé « ces fausses accusations » avant d’accuser à son tour l’Iran d’avoir sponsorisé des attentats terroristes en Amérique du Sud et en Europe.  Il a déploré que l’Iran, « pays suprême du terrorisme », verse « des larmes de crocodile » au sujet du Yémen alors qu’il n’a offert à ce pays « que des balles ».  L’Iran doit s’abstenir de faire des « affirmations insensées ». 

« Il n’y a aucun doute que l’Arabie saoudite fournit une aide financière à des groupes extrémistes de l’Asie centrale à la Libye » a martelé le Vice-Ministre de l’Iran.  Malheureusement, « l’hostilité de l’Arabie saoudite à l’égard de l’Iran ne semble pas avoir de fin ».  D’après le représentant, l’Arabie saoudite a donné près de 100 milliards de dollars au régime de Saddam Hussein pour financer sa guerre contre l’Iran.  Il a également rappelé que 11 des 15 auteurs des attentats du 11 septembre 2001 à New York étaient des citoyens saoudiens.  « Chaque semaine nous arrêtons des groupes terroristes financés par l’Arabie saoudite qui tentent de commettre des attentats terroristes en Iran. » 

Le représentant de l’Arabie saoudite a dénoncé les fausses accusations de l’Iran et demandé que l’Iran cesse de s’ingérer dans le monde arabe.  « Vous n’arrêtez pas de terroristes, mais vos concitoyens que vous torturez » a-t-il lancé à son homologue iranien avant de regretter que les relations entre son pays et l’Iran se soient dégradées après la révolution iranienne de 1979. 

Reprenant la parole en fin de réunion, le représentant de la Fédération de Russie, en sa qualité de Président du Conseil de sécurité pour le mois de septembre, a estimé que cet échange entre l’Iran et l’Arabie saoudite vient de montrer à quel point les questions de paix et de sécurité sont liées au Moyen-Orient.  C’est pourquoi il s’est dit persuadé qu’un règlement rapide du conflit syrien permettra de résoudre les tensions dans l’ensemble du golfe Persique.  Il a espéré que les idées et les propositions avancées par la Russie pour un système de sécurité dans le golfe Persique seront perçues comme une base indispensable à cette fin. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ingérences extérieures, flux migratoires, changements climatiques, processus de paix, sujets récurrents du débat général de l’Assemblée générale

Soixante-quatorzième session,
11e et 12e séances plénières, matin et après-midi
AG/12198

Ingérences extérieures, flux migratoires, changements climatiques, processus de paix, sujets récurrents du débat général de l’Assemblée générale

La cinquième journée du débat général de l’Assemblée générale a été marquée comme les jours précédents par les questions liées aux ingérences extérieures, aux flux migratoires, aux changements climatiques et au processus de paix, cette fois avec les interventions de la Syrie, de Cuba, du Mexique, d’Haïti et du Yémen parmi une trentaine d’intervenants dont la République du Congo qui a dénoncé le trafic de faux médicaments.

Alors que le Président Donald Trump défendait mardi dernier le « patriotisme » contre le « globalisme », les États-Unis ont été pris aujourd’hui à partie par plusieurs pays qui les ont accusés d’ingérence dans leurs affaires intérieures.  La République arabe syrienne s’est, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, offusquée de la présence militaire « illégale » que Washington, aux côtés de la Turquie, maintient dans le nord de la Syrie.

« Les États-Unis et la Turquie ont été tellement arrogants qu’ils ont tenu des discussions et conclu des accords sur la création d’une prétendue zone sûre en Syrie, comme s’il s’agissait de leur propre territoire », s’est emporté le Ministre, en dénonçant les « manœuvres politiques » d’Ankara au mépris des accords d’Astana.  « Si la Turquie est réellement déterminée à garantir la sécurité de ses frontières, comme elle le prétend, elle doit choisir entre le respect des accords sur la lutte antiterroriste, en retirant ses forces, ou se poser en agresseur, en faisant face aux conséquences de ses actes », a mis en garde le Chef de la diplomatie syrienne.

Les États-Unis ont subi une autre attaque, celle du Ministre des affaires étrangères de Cuba.  M. Bruno Eduardo Rodríguez Parrilla a accusé les autorités américaines d’avoir refusé à M. Raul Castro, Premier Secrétaire du Parti communiste, un visa pour venir s’exprimer à la tribune de l’Assemblée générale.  Rejetant catégoriquement les allégations de Washington selon lesquelles Cuba serait à « blâmer » pour l’échec de la tentative de renversement du Gouvernement « bolivarien » au Venezuela, M. Rodríguez Parrilla s’est en outre offusqué de la réactivation, il y a quelques jours, par les États-Unis et une « poignée de pays » du Traité interaméricain d’assistance mutuelle (TIAR), qui envisage le recours à la force militaire.

Deux crises se sont à nouveau invitées au débat: les flux migratoires et les changements climatiques, la première étant d’ailleurs partiellement le résultat de la seconde puisque les populations confrontées à la montée des eaux, à la sécheresse et à la désertification sont contraintes au départ.  « Des hommes jeunes, des familles entières, des femmes seules et des mineurs non accompagnés ont pris le chemin de l’exode, fuyant violence et pauvreté, toutes deux exacerbées par les effets des changements climatiques et l’effondrement des prix du café », a résumé le Secrétaire aux relations extérieures du Mexique, M. Marcelo Ebrard Casaubón.  « Comment empêcher cela? » s’est-il demandé.

En tablant sur la création d’opportunités à domicile, a-t-il répondu, avant d’annoncer le lancement par son pays d’un plan de développement intégral qui bénéficie de l’appui de 18 agences de l’ONU.  Un plan, s’est-il enorgueilli, que déjà 35 gouvernements se sont dit prêts à adopter pour promouvoir le développement au Honduras, au Guatemala et ou encore à El Salvador.  Une démarche qui ira de pair avec une lutte anticorruption ambitionnant de faire du Mexique une « puissance industrielle et manufacturière ».  Aussi « avec le Président López Obrador, nous allons nettoyer la maison une bonne fois pour toutes », a-t-il insisté, « pour ne plus jamais avoir honte de notre pays ». 

Mais le Mexique ne peut, à lui seul, affronter le défi migratoire sur le continent: « aucun mur ni aucune loi ne pourra dissuader des gens d’abandonner leur foyer, s’ils ont peur ou faim », a prévenu M. Ebrard Casaubón qui a dénoncé les effets dévastateurs de la mondialisation axée sur un profit maximal, au détriment de l’épanouissement humain.  La Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, Mme Naledi Pandor, a expliqué que la propre politique migratoire de son pays est axée à la fois sur la réduction du nombre de migrants en situation irrégulière et la lutte contre la xénophobie et le racisme.

Leur homologue de la République du Congo a parlé d’une autre crise: « le programme sordide d’empoisonnement de masse ».  M. Jean-Claude Gakosso a en effet dénoncé la menace posée par la propagation effrénée, « dans une indifférence quasi générale », de faux médicaments.  Ces faux médicaments et les officines qui les produisent doivent tout simplement être déclarés « ennemis publics » par tous et sans réserve, ici même aux Nations Unies, a martelé le Ministre, qui a soutenu l’initiative africaine d’organiser à Lomé, un Sommet des chefs d’État entièrement consacré à cette problématique.

Aujourd’hui, les organisations régionales et internationales ont aussi été rappelées à leurs responsabilités dans les pays où leur présence remonte à des années, voire des décennies.  C’est le cas de la Somalie, à propos de laquelle le Premier Ministre de l’Ouganda, M. Ruhakana Rugunda, a déclaré qu’il faut que la communauté internationale « comble l’écart » entre l’engagement pris pour renforcer les forces de sécurité somaliennes et la réduction annoncée des troupes de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Le Ministre des affaires étrangères d’Haïti, M. Bocchit Edmond, a pris acte du retrait de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), qui sera achevé le 15 octobre prochain, pour laisser place au Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), dont le mandat consistera « à conseiller le Gouvernement haïtien sur les moyens de renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance ».

Le Président Jovenel Moïse poursuit ses consultations en vue de conclure un accord politique susceptible de conduire à l’apaisement social et à la consolidation des institutions démocratiques, a-t-il précisé, en évoquant la « crise complexe » qui touche en ce moment même son pays.  Dans ce contexte, il est primordial, a souligné M. Edmond, que le BINUH accorde une attention soutenue aux politiques publiques à caractère économique, social et environnemental ».

Autre situation de crise évoquée aujourd’hui, celle qui sévit au Yémen. Le Ministre des affaires étrangères de ce pays, M. Mohammed Abdullah Al-Hadhrami, a accusé les milices de continuer d’« esquiver » et de refuser de comprendre que la paix, ce ne sont pas des mots mais des actes.  Il a appelé le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités et à obtenir des houthistes qu’ils appliquent ses résolutions, notamment le retrait de la ville et du port de Hodeïda ainsi que la libération des prisonniers.  Son homologue suédoise, Mme Ann Christin Linde, a annoncé que son pays a coorganisé à New York une réunion avec les principaux partenaires à l’appui de la paix au Yémen, sur la base de l’Accord de Stockholm.  La solution, c’est d’amener les milices houthistes à mettre en œuvre cet Accord, a tranché le Ministre yéménite, en dénonçant leur intransigeance mais aussi l’« État voyou » qu’est l’Iran.  

L’Assemblée générale mettra fin à son débat général à l’issue de la séance qu’elle a prévue lundi 30 septembre à partir de 9 heures. 

Suite du débat général

Honoré de représenter pour la première fois la terre du « bonheur national brut », M. LOTAY TSHERING, Premier Ministre du Bhoutan, est revenu sur le slogan de la campagne électorale de son parti, « Réduire l’écart », qui signifie, pour paraphraser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, « ne laisser personne de côté ».  C’est pourquoi, il a salué le choix du thème de l’actuelle session de l’Assemblée générale, car pour lui, réduire l’écart revient à faire le choix d’initiatives et de décisions axées essentiellement sur la réduction de la pauvreté.  Et ce n’est qu’à travers des soins de santé de qualité et une éducation adéquate que la pauvreté sous toutes ses formes disparaîtra de façon durable, a-t-il souligné.  Le Premier Ministre a rappelé qu’au Bhoutan, les citoyens ont un accès gratuit à la santé et à l’éducation: c’est un droit constitutionnel, car miser sur le secteur social, en dépit des moyens limités de son pays, n’est pas une dépense mais un investissement.  Dans le Royaume, les enseignants sont les fonctionnaires les mieux payés pour justement asseoir une éducation de qualité.  Car l’objectif au-delà de l’apprentissage est de former de « bons êtres humains » en matière de compassion, d’empathie et de respect pour la nature, a expliqué M. Tshering, indiquant que ce sont là les principaux éléments du « bonheur national brut » dispensés dans le programme scolaire.  Bien plus, le Bhoutan compte introduire à l’école des leçons pratiques dans le domaine des changements climatiques pour faire des enfants des champions du climat, a-t-il ajouté. 

Évoquant les différents initiatives et programmes entrepris en faveur des citoyens, il a mis en avant le kit « 1 000 Golden Days Plus » que bénéficie à la mère et l’enfant durant la période de gestation jusqu’à la naissance, mis en place par le biais d’incitations financières.  Il a saisi cette occasion pour annoncer que son pays s’était engagé à instaurer une couverture sanitaire universelle bien avant la date butoir de 2030.  Il a ensuite expliqué les principes du « bonheur national brut » du Bhoutan qui s’enorgueillit d’avoir un bilan carbone négatif car « nos valeurs et notre philosophie » de développement écartent toute exploitation des ressources naturelles visant des bénéfices sur le court terme. 

Il en a voulu pour preuve les 72% de surfaces couvertes par les forêts dans le pays, soit bien plus que les 60% exigés par la Constitution.  Le Bhoutan, un petit pays, est à l’avant-garde en matière d’environnement, a fait valoir le Premier Ministre, soulignant que son gouvernement a adopté une politique nationale respectueuse de l’environnement et économe en énergie.  De manière générale, les objectifs de développement durable (ODD) sont alignés sur les principes du « bonheur national brut », ce qui explique, a-t-il dit, que le Bhoutan est bien parti pour la réalisation du Programme 2030.

Sur le sujet des réformes des Nations Unies et des opérations de maintien de la paix, M. Tshering a tenu à renouveler la foi de son pays en le système multilatéral, appelant à œuvrer de concert dans le cadre d’une communauté mondiale avec l’ONU en tête.  Pour finir, il a appelé à changer les structures et la composition actuelles du Conseil de sécurité qui ne reflètent pas selon lui les réalités du monde.  Ces réformes, a-t-il estimé, doivent être menées dans le cadre plus général du système de l’ONU pour que celle-ci demeure légitime, efficace et crédible.

M. RUHAKANA RUGUNDA, Premier Ministre de l’Ouganda, a commencé par dire que son pays avait fait de l’éradication de la pauvreté et de la fourniture d’une éducation de qualité des priorités de son plan de développement national, qui est lui-même aligné sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mais pour mettre la planète sur une trajectoire viable sur le long terme, la communauté internationale doit impérativement répondre à l’un des défis les plus considérables de notre temps, à savoir les changements climatiques, a-t-il souligné, en s’alarmant des récentes catastrophes naturelles dont les Bahamas et le Mozambique ont été les théâtres. 

Bien qu’il soit l’un des pays à émettre le moins de gaz polluants au monde, l’Ouganda, a affirmé M. Rugunda, a pris des mesures d’adaptation et d’atténuation audacieuses, telles que la réhabilitation de 64 000 hectares de marais au profit de quatre millions d’agriculteurs, la reforestation de plus de 200 000 hectares, la mise à disposition de 20% supplémentaires d’énergies renouvelables et la promotion de techniques d’irrigation alimentées par l’énergie solaire.  Après avoir demandé aux pays développés d’accroître le financement de ces actions, le Chef de gouvernement s’est prononcé en faveur d’une approche intégrée prenant en compte de manière indissociable la lutte contre les changements climatiques et la perte de biodiversité.  « C’est la raison pour laquelle l’Ouganda soutient une proposition qui sera présentée l’an prochain lors de la Conférence des parties à la Convention sur la biodiversité, laquelle prévoit entre autres de sanctuariser au moins 30% de nos terres et de lever des fonds d’un montant significatif auprès des gouvernements et du secteur privé », a-t-il annoncé. 

Soulignant la nécessité de privilégier des solutions collectives aux défis qui se posent à toutes les nations au mépris des frontières physiques, le Premier Ministre a attiré l’attention sur les défis que font peser Ebola et d’autres maladies sur des pays comme le sien.  Il s’est ensuite félicité de l’accord historique conclu au Soudan, sous les auspices de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union africaine (UA) entre les Forces de la liberté et du changement et le Conseil militaire de transition et qui a abouti à la mise en place d’un gouvernement de transition civil dans ce pays.  M. Rugunda s’est également dit satisfait des progrès accomplis par la Somalie vers la paix et la stabilité, sur fond de renforcement des capacités, notamment sur le plan sécuritaire.  « Mais, alors que ce pays met en œuvre son plan de transition, il est essentiel que la communauté internationale comble l’écart entre l’engagement pris pour renforcer les forces de sécurité somaliennes nécessaires et la réduction des troupes de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) », a-t-il mis en garde.  En ce qui concerne le Soudan du Sud, le Premier Ministre s’est dit heureux de constater les progrès réalisés selon lui dans la mise en œuvre de l’accord revitalisé, enjoignant aux groupes non signataires de se joindre aux efforts pour consolider la nation. 

Entre autres questions, il a abordé la réforme du Conseil de sécurité, se déclarant alarmé par l’absence de représentation africaine au sein de la catégorie des membres permanents de cet organe.  Il a rappelé l’attachement de son pays à la position africaine commune telle qu’énoncée dans le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. 

Pour M. CHRISTIAN NTSAY, Premier Ministre et Chef du Gouvernement de Madagascar, il faudra redoubler d’efforts pour éradiquer la pauvreté, assurer une éducation de qualité et parvenir à des sociétés inclusives.  Il faudra coordonner les actions contre les changements climatiques dont les conséquences sont devenues de plus en plus visibles et intensifient la pauvreté et les inégalités entre les peuples.  « Rattraper les retards de ces décennies de balbutiement voire d’inaction est un devoir qui incombe à tous », a-t-il prévenu en appelant à donner un nouveau souffle au multilatéralisme afin que les peuples des Nations Unies puissent encore et toujours se reconnaître dans « notre Organisation », ses valeurs et surtout ses actes.

Quant à Madagascar, il a annoncé l’objectif que s’est fixé le Gouvernement actuel d’accéder au statut de pays émergent pour rattraper son retard de développement.  Des réformes structurelles et sectorielles de grande envergure sont actuellement initiées, mais le premier défi est celui de la consolidation du processus démocratique, de la gouvernance et du renforcement de l’unité nationale, a indiqué le Premier Ministre.  Le Gouvernement s’est fixé comme priorités nationales de promouvoir la démocratie, la justice sociale et les droits de l’homme et de lutter contre la corruption.

L’État aujourd’hui se constitue comme garant institutionnel pour le respect des droits de l’homme à Madagascar, a indiqué M. Ntsay.  Ceci figure, a-t-il précisé, parmi ses grands chantiers et cela concerne la sécurité en zone rurale et urbaine, le système judiciaire et carcéral, la décentralisation, le système de santé et de nutrition ainsi que le système éducatif.  Le Premier Ministre a insisté sur la restauration de la paix et de la sécurité, notamment pour protéger les populations rurales contre le fléau des Dahalo ou voleurs de zébus, « des bandits-guerriers » qui agissent selon des pratiques meurtrières inacceptables dans les zones rurales reculées.  Une réforme du secteur de la sécurité a commencé avec notamment le redéploiement des forces de sécurité, la construction de nouvelles bases opérationnelles de proximité et l’amélioration des équipements des unités d’intervention, la construction de nouvelles prisons aux standards internationaux, ainsi que le développement d’un système de puces bovines associées aux dispositifs de géolocalisation des bétails et l’interdiction d’exportation des zébus.

S’alignant sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’éducation et la santé figurent également parmi les priorités nationales de Madagascar, a poursuivi M. Ntsay en précisant que le Gouvernement s’est engagé en faveur d’une éducation inclusive, équitable et de qualité pour tous, y voyant un gage du développement harmonieux et durable de la société et de la stabilité du pays.  Madagascar s’engage également aujourd’hui à rendre la santé accessible à tous, à travers la construction de nouveaux hôpitaux de proximité, l’amélioration de la qualité des services médicaux et de la gestion du système de santé publique.

Le second grand défi de l’émergence est celui de la croissance économique et de rattraper les retards de développement dont le pays souffre depuis bientôt 60 ans, a souligné M. Ntsay: c’est ce qui constitue aujourd’hui le socle de la vision et des engagements du Président de Madagascar.  Le Plan Émergence Madagascar 2019-2023 doit ainsi conduire le pays dans sa transformation structurelle et dimensionnelle pour accélérer le processus de son émergence.  Il vise pour l’essentiel à doubler sa production d’électricité en misant sur les énergies renouvelables, à atteindre son autosuffisance en riz en aménageant de nouvelles superficies de 100 000 hectares, à construire et réhabiliter des routes, des pistes rurales, des ports et des aéroports, ainsi qu’à garantir l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, tout cela en promouvant des emplois décents.

En conclusion, le Premier Ministre a assuré que les ambitions de Madagascar pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) sont réelles et que son gouvernement, tout en mobilisant des ressources internes, compte sur la solidarité et les opportunités internationales pour l’appuyer dans ces efforts.

Mgr PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a identifié l’absence de paix et de sécurité dans plusieurs régions du monde, alimentée par la prolifération des armes, parmi les défis les plus importants qui se posent à la communauté internationale.  Il a plaidé pour une coopération multilatérale plus importante afin de créer les conditions à l’élimination des armes nucléaires.  Il s’est ensuite alarmé des risques de ne pas réaliser dans les délais impartis les ODD, rappelant qu’au moment de l’adoption du Programme 2030, le pape François avait souligné que ce nouveau paradigme devait avoir pour principe fondamental la dignité humaine.  Pour le cardinal Parolin, l’éducation est l’un des instruments clefs de la réalisation des ODD, une conviction partagée par le pape François qui a lancé une « alliance éducative » en vue de « former des individus éclairés capables de surmonter les divisions et les antagonismes et de réparer le tissu relationnel pour le bien-être de la fraternité humaine ». 

Alors que nous aspirons tous à la préservation de notre « maison commune », une attention particulière doit être accordée à l’Amazone, ravagée par des incendies répétés depuis quelques mois, a poursuivi le Secrétaire d’État.  Dans une semaine, a-t-il ajouté, le pape François réunira au Vatican un synode d’archevêques du monde entier pour discuter de la région amazonienne et réfléchir aux défis ecclésiaux et pastoraux qui s’y posent, avec un accent sur le sort des populations autochtones. 

L’un des droits que la communauté internationale doit veiller à faire mettre en œuvre est celui de la « liberté de pensée, de conscience et de religion », a poursuivi le cardinal Parolin, qui s’est désolé de la hausse du nombre d’attaques dirigées contre des fidèles de différentes confessions.  « Nous sommes reconnaissants aux appels de la communauté internationale à adopter diverses initiatives pour protéger églises, mosquées, synagogues, temples et autre sites religieux des attaques dirigées contre des croyants », a-t-il dit. 

Par ailleurs, le Saint-Siège, a-t-il poursuivi, a activement soutenu les consultations intergouvernementales et les négociations du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Forum d’examen des migrations internationales sera à cet égard crucial pour le suivi de la mise en œuvre du Pacte mondial, a estimé le cardinal Parolin, en encourageant tous les États, « indépendamment de leur position politique au sujet du Pacte mondial », à tirer parti de cette instance en vue de répondre aux défis émergents qui se posent en ce domaine. 

M. PHAM BINH MINH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a salué les succès des efforts de paix et les initiatives visant à régler des différends par le dialogue ainsi que les réalisations significatives en matière de développement, rappelant que des millions de personnes sont sorties de la pauvreté et que le pari de l’universalisation de l’éducation avait été gagné dans de nombreuses nations.  Des cadres et stratégies de développement durable ont été arrêtés collectivement, notamment le Programme 2030, l’Accord de Paris sur le climat et le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, et pourtant, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, le multilatéralisme est remis en cause. 

S’alarmant face à la tendance actuelle de faire passer des intérêts nationaux au-dessus des valeurs communes, de même que la raison du plus fort des grandes puissances, la compétition et la confrontation prennent le dessus sur le dialogue, la coopération et le respect du droit international, il a rappelé les conséquences que cela a déjà eu sur l’efficacité et l’efficience de la coopération multilatérale.  C’est d’autant plus grave, selon le Vice-Premier Ministre, qu’aucune nation n’est à l’abri de l’impact des changements climatiques et de la dégradation environnementale ou encore des pandémies.  Les zones de combat ne se confinent plus à l’intérieur de frontières, a-t-il aussi constaté, ajoutant que le régime international de contrôle des armes et de la non-prolifération est fragilisé et que, parallèlement, les développements scientifiques et technologiques ont apporté de nouvelles armes et méthodes de guerre.  Le Vice-Premier Ministre a ainsi mis en garde contre le risque d’une nouvelle guerre froide.

Pour sa part, le Viet Nam reste attaché au multilatéralisme dans sa politique étrangère compte tenu de sa propre histoire où l’aide des Nations Unies et d’autres organisations internationales a été significative pour la reconstruction du pays après des décennies de guerre.  Le Viet Nam est devenu un partenaire actif dans les processus multilatéraux, notamment en tant que membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et par ses contributions aux opérations de paix des Nations Unies.  Le pays est activement engagé dans la réalisation du Programme 2030 et de l’Accord de Paris, prenant par exemple des mesures concrètes pour interdire les plastiques à usage unique d’ici à 2025. 

Le Viet Nam « est honoré » d’avoir été élu au Conseil de sécurité des Nations Unies, a poursuivi le Vice-Premier Ministre qui a assuré vouloir œuvrer à cette occasion en faveur du multilatéralisme et du renforcement des Nations Unies.  À cet égard, il a proposé certaines idées, à commencer par une réaffirmation collective de l’importance fondamentale du droit international et de la Charte des Nations Unies dans les relations internationales.  Le droit international est, selon le Vice-Premier Ministre, le moyen le plus efficace pour éviter les conflits et pour trouver des solutions durables aux différends.  Dans la foulée, il a appelé à la levée immédiate de l’embargo unilatéral qui frappe Cuba et qui n’est pas conforme au droit international.  Il a également exhorté à respecter le droit international dans la mer de Chine méridionale, soulignant l’importance stratégique de cette mer pour la paix et la prospérité de la région Asie-Pacifique.

Pour le Viet Nam, les actions mondiales ne seront efficaces que si elles sont adaptées au contexte historique, socioéconomique, politique, culturel et géographique de chaque région et chaque pays.  Dès lors, le Vice-Premier Ministre e a insisté sur le rôle d’appui aux efforts de l’ONU que les organisations régionales pourraient jouer, en citant l’Union africaine et l’ASEAN dont le Vietnam va assumer la présidence en 2020.

Une autre recommandation du Viet Nam est de placer la personne au cœur des efforts multilatéraux.  Dans ce contexte, le Vice-Premier Ministre a dénoncé les attaques contre les civils et les infrastructures civiles et a soutenu la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Enfin, il a plaidé pour une réforme des organismes internationaux pour qu’ils soient mieux adaptés aux intérêts des États Membres, et en particulier des pays en développement en Asie, Afrique et Amérique latine.  Tous les efforts visant à revitaliser le multilatéralisme exigent un engagement politique des leaders politiques du monde, a conclu le Vice-Premier Ministre.

M. PRAK SOKHONN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a remarqué que la fin du système bipolaire avait donné naissance à un nouvel ordre suivi par l’émergence de nouvelles puissances économiques.  Ces changements ont donné lieu à une nouvelle réalité: un monde multipolaire.  Cette multipolarité, bien qu’indéniable, fait face à des poches de résistance et parfois même à un rejet, a-t-il relevé.  Le Vice-Premier Ministre a observé que, sous le prétexte de l’universalité, certaines puissances tentent d’imposer leur modèle de société et de gouvernance poussant vers une nouvelle forme de division « qui nous rappelle les pires moments de la période de la guerre froide ».  Aujourd’hui, certains pays sont étiquetés en tant qu’ennemis car refusant de prendre parti, d’autres subissent la pression de s’aligner derrière une idéologie sur la base d’un monde basé sur le « nous et eux », a-t-il encore constaté avant de souligner aussi que des traités sont dénoncés de manière unilatérale. 

« En un mot, le monde est aujourd’hui plein d’incertitudes », a-t-il résumé, détaillant pêle-mêle les multiples défis qui pèsent sur la planète comme le terrorisme, les menaces à la sécurité, la pauvreté, les protectionnismes et les changements climatiques.  Nous sommes appelés à réfléchir aux moyens de galvaniser les efforts multilatéraux pour relever ces défis, a-t-il dit.  Cette approche nécessite, selon lui, de répondre à deux questions.  D’abord, comment assurer la paix, la sécurité et la stabilité du monde; deuxièmement comment remettre le multilatéralisme sur les rails et le rendre efficace.  Pour lui, les menaces croissantes à la sécurité mondiale et au futur de la planète sont des conséquences directes de la fragilité du multilatéralisme.

Il est impératif de renverser cette tendance, a-t-il dit, voyant dans l’ouverture un moyen de créer de nouvelles opportunités et de contrer la mentalité du « jeu à somme nulle ».  Créer un développement inclusif et commun passe par la promotion de dialogues et partenariats en lieu et place de la confrontation et de l’agression.

Une autre grave menace est liée à la pression subie par notre environnement ce qui constitue un sérieux défi à la réalisation des ODD, a poursuivi M. Sokhonn.  Le Cambodge, un des pays les plus vulnérables, poursuivra sa démarche pour traiter la question des changements climatiques et honorer ses obligations, a-t-il assuré, formant le vœu de voir traduite dans la réalité la solidarité internationale manifestée lors du Sommet Action Climat 2019. 

Il a, par la suite, évoqué brièvement les principaux développements que connaît son pays, parlant d’importants motifs de satisfaction mais aussi de sérieuses préoccupations.  Avec un taux de croissance annuel moyen de plus de 7% depuis plus de 20 ans, le Cambodge est classé par la Banque mondiale au sixième rang des pays à la croissance la plus rapide dans le monde.  Le pays a réalisé la plupart des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en avance sur son calendrier.  Son indice de développement humain a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, ce qui le place dans la catégorie du développement humain moyen et en fait le huitième pays le plus performant au monde au cours de cette période. 

Sur le plan international, le Cambodge, bénéficiaire des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, est devenu l’un des contributeurs les plus actifs avec plus de 6 300 Casques bleus déployés dans huit pays d’Afrique et du Moyen-Orient depuis 2006.  Pour finir, il a voulu partager avec l’assistance sa conviction que dans un monde multipolaire, le multilatéralisme ne peut réussir que s’il rejette toute forme d’ingérence.  En effet, a-t-il poursuivi, c’est dans le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, solennellement consacré par la Charte des Nations unies, que nous ferons vivre le multilatéralisme et que nous trouverons la voie de la paix, de la stabilité et du progrès.

M. WALID AL-MOUALEM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a affirmé que le terrorisme demeure l’une des principales menaces à la paix et à la sécurité internationales et un danger « pour tous sans exception », « en dépit de nos réalisations extraordinaires en Syrie, grâce aux sacrifices et à l’héroïsme de l’armée arabe syrienne et au soutien de nos alliés et amis ».  Notre peuple a souffert pendant plus de huit ans du fléau du terrorisme, qui a « massacré des innocents », provoqué une crise humanitaire, détruit nos infrastructures, et « pillé notre pays », a martelé le chef de la diplomatie syrienne.  Selon lui, l’Histoire se souviendra « éternellement » de l’héroïsme des Syriens dans leur guerre contre le terrorisme, l’extrémisme et l’idéologie « de haine et de mort » répandus par l’État islamique, le Front el-Nosra et leurs soutiens.  Malheureusement, la lutte antiterroriste n’est pas une priorité pour certains États dont le silence face à la violence brutale qu’endurent mon pays et d’autres est « assourdissant », a déploré M. Al-Moualem.  Des dizaines de milliers de combattants terroristes étrangers ont été amenés en Syrie en provenance de plus d’une centaine de pays, avec la bénédiction et l’appui de certains États, a-t-il soutenu.  « Pire, ces mêmes États nous dénient le droit de défendre notre peuple contre les terroristes, qu’ils considèrent comme des "combattants de la liberté" ou l’"opposition armée syrienne", comme certains aiment à les appeler », a ironisé le Vice-Premier Ministre.

L’exemple le plus récent de cette situation se trouve à Edleb, qui concentrerait « le plus grand nombre de combattants terroristes étrangers dans le monde », d’après les rapports des organes subsidiaires du Conseil de sécurité.  « Le temps de parole dont je dispose aujourd’hui serait insuffisant à dresser la liste des crimes commis par ces terroristes », a-t-il assuré, en mentionnant toutefois les attaques à la roquette et au mortier contre des zones peuplées près d’Edleb et l’utilisation de civils comme boucliers humains, empêchant les populations concernées d’emprunter le couloir humanitaire d’Abu Dohour ouvert par le Gouvernement syrien.  « Vos propres gouvernements resteraient-ils impassibles s’ils étaient face à une situation similaire?  Renonceriez-vous à votre droit à défendre votre peuple et à libérer votre pays des terroristes et des étrangers? » a-t-il lancé à l’adresse des délégations.  Tout en affirmant que son gouvernement est favorable à diverses initiatives politiques visant à résoudre la situation à Edleb, le Vice-Premier Ministre a reproché à la Turquie d’avoir échoué à honorer ses engagements en vertu de l’accord de Sotchi et l’a accusée de protéger, « avec le soutien de certains États occidentaux », le Front el-Nosra, la même organisation que les résolutions du Conseil de sécurité désignent comme terroriste! s’est-il exclamé.

M. Al-Moualem s’en est pris aux États-Unis et à la Turquie, accusés de maintenir une présence militaire illégale dans le nord de la Syrie.  « Ils ont été tellement arrogants qu’ils ont tenu des discussions et conclu des accords sur la création d’une prétendue zone sûre en Syrie, comme s’il s’agissait de leurs territoires », a-t-il vitupéré.  Les « manœuvres politiques » d’Ankara, qu’il s’agisse d’Edleb ou du nord de la Syrie, sont de nature à remettre en cause toutes les réalisations obtenues à Astana, selon le Vice-Premier Ministre.  « Si la Turquie est réellement déterminée à garantir la sécurité de ses frontières et l’unité de la Syrie, comme elle le prétend, elle doit alors choisir entre respecter les accords d’Astana et les accords bilatéraux relatifs à la lutte antiterroriste en retirant ses forces de Syrie, ou être agresseur et occupant, et faire face aux conséquences de ses actes », a mis en garde le chef de la diplomatie syrienne.  Il a ensuite assuré l’Assemblée générale que son gouvernement était vigoureusement engagé en faveur de la formation d’un comité constitutionnel, affirmant que la paternité de cette idée revenait à la Syrie elle-même.  Il a rejeté les tentatives d’obstruction de certaines parties qui auraient continuellement bloqué ou tenté de bloquer le processus en « pariant » sur les terroristes et les forces étrangères et en imposant des conditions préalables pour empêcher le retour à la normale en Syrie.  Par ailleurs, alors que Damas a dit clairement que les portes sont ouvertes aux réfugiés syriens qui souhaitent rentrer dans leur pays, certains États d’accueil de ces réfugiés et nations occidentales continuent de s’opposer à de tels rapatriements, en imposant selon le Vice-Premier Ministre des « conditions artificielles » au service de leurs « intérêts politiques ».  Pour M. Al-Moualem, c’est « une pure réminiscence du théâtre de l’absurde », qui ne « prête pourtant pas à rire ».

M. MINUTE ALAPATI TAUPO, Vice-Premier Ministre des Tuvalu, a commencé par présenter ses condoléances au Gouvernement et au peule des Bahamas pour les pertes en vies humaines et les ravages causés par l’ouragan Dorian.  L’ampleur des dégâts dans ce pays et lors des catastrophes naturelles qui se produisent à travers le monde est une preuve évidente que « nous sommes en train de perdre la course » pour sauver notre planète et les générations futures, a-t-il estimé.  Il a, dans ce contexte, salué le Secrétaire général de l’ONU, qui s’est rendu aux Tuvalu en mai dernier et a ainsi été témoin de l’extrême vulnérabilité du pays aux changements climatiques. 

M. Taupo s’est aussi félicité de la priorité accordée par le Secrétaire général au multilatéralisme, à l’éradication de la pauvreté, à la qualité de l’éducation et à l’action climatique, ainsi que de la thématique de la présente session de l’Assemblée générale.  Il a mentionné à cet égard la stratégie nationale de développement durable des Tuvalu, intitulée « Te Kakeega III ».  De même, les objectifs fixés sur le plan régional par l’Assemblée générale épousent exactement la vision des dirigeants de notre « continent bleu pacifique » exprimée lors de leur réunion aux Tuvalu, le mois dernier, a-t-il noté.  De fait, les résultats du Sommet, le Communiqué du Forum des dirigeant du Pacifique et la Déclaration sur les actions urgentes en matière climatique « Kainaki II », s’alignent parfaitement sur ces objectifs.  Cependant, force est de constater que l’impact négatif des changements climatiques continue d’entraver notre développement, a tempéré le Vice-Premier Ministre en rappelant que le cyclone Pam en 2014 a anéanti de 60% du PIB des Tuvalu, alors qu’en 2011, le pays avait déjà connu la pire sécheresse de son histoire.  Ce sont là quelques exemples des nombreuses catastrophes qui frappent régulièrement les Tuvalu et vont au-delà des ressources et capacités des économies de nos petits États insulaires, a fait observer M. Taupo. 

Les Tuvalu, dont le territoire est situé à moins de trois mètres du niveau de la mer, sont en première ligne des effets des changements climatiques, a-t-il poursuivi.  Il a expliqué que l’élévation du niveau de la mer représente une menace existentielle directe pour son pays.  Il a cité un rapport de l’ONU publié mercredi dernier qui prédit une augmentation du niveau de la mer de 30 à 60 cm d’ici à 2100 même si les États intensifient la réduction des émissions de gaz à effet de serre et que le réchauffement climatique est limité à moins de 2 degrés Celsius.  Un milliard de personnes sont directement menacées, a rappelé M. Taupo en s’alarmant que, selon ce même rapport, « les petits États insulaires seront submergés et inhabitables ».  M. Taupo, qui a applaudi la détermination des jeunes dans le domaine de l’action climatique, a appelé à les écouter et à appuyer leurs efforts. 

La science est très claire sur les faits et l’évidence est tout aussi claire, s’est exclamé le Vice-Premier Ministre.  Pour sauver les PEID et notre planète, il a rappelé qu’il fallait réduire le réchauffement climatique à moins de 1,5 degré Celsius.  Il a voulu exprimer, à cet égard, son appréciation aux pays qui ont affiché leur engagement à atteindre l’objectif « zéro émission » d’ici à 2050 et qui ont accru leurs contributions au Fonds vert pour le climat.

S’il a consacré toute son attention à la problématique des changements climatiques dans son intervention, c’est, a-t-il expliqué, parce qu’au-delà d’être une simple question d’ordre environnemental, c’est une question économique, sociale culturelle et des droits de l’homme: « Notre survie et futur en dépendent! ».

M. CHINGIZ AIDARBEKOV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a rappelé qu’en 2010 un nouveau système politique avait été mis sur les rails au Kirghizistan dont le gage du succès a été les élections présidentielles de 2017, qui ont permis un transfert du pouvoir pacifique.  Une société civile forte, un équilibre des pouvoirs et un pluralisme des opinions ont permis des réformes et une lutte « sans compromis » contre la corruption, a affirmé le Ministre.  Les événements d’août dernier au Kirghizistan ont pu être maîtrisés et la situation n’a pas dégénéré, a-t-il aussi rappelé en expliquant qu’au cœur des réformes en cours se trouvent la volonté de renforcer la responsabilisation et la transparence, ainsi que « l’humanisation » du code pénal.

Dans le cadre de la mise en œuvre des ODD, le Kirghizistan a commencé à régler de nombreux problèmes socioéconomiques grâce à des programmes nationaux dans les domaines de l’éducation et de la santé, avec des investissements dans ses infrastructures et les énergies nouvelles ainsi que dans la transformation numérique du pays.  Cela commence dans les jardins d’enfants et va jusqu’aux universités et aux services étatiques, a expliqué le Ministre en annonçant que 96% des écoles du pays sont maintenant reliées à Internet.  Un programme de construction et de réhabilitation des couloirs de transport nationaux et régionaux a également été lancé, ainsi qu’un nouveau modèle de coopération entre l’État et les entrepreneurs notamment à travers des moratoires fiscaux pour ceux qui investissent dans certaines régions.  La nouvelle politique étrangère dans le secteur des énergies, entérinée en 2019, met l’accent sur la coopération avec les Nations Unies et la réalisation des ODD, a poursuivi le Ministre.  Il en a voulu pour preuve la demande du Kirghizistan de présenter en 2020 à l’ECOSOC son examen national volontaire du Programme 2030.

Le Ministre a par ailleurs mis en garde contre la fonte des glaces dans la région du Kirghizistan, avant de rappeler avoir été à l’origine de l’Année internationale des montagnes.  Il a également mis en exergue la nouvelle résolution qui porte sur la lutte contre la menace des radiations en Asie centrale.  Le 27 septembre dernier, le Kirghizistan a d’ailleurs organisé une manifestation de haut niveau consacrée à la lutte contre la menace liée à l’extraction d’uranium dans la région d’Asie centrale.

En parallèle, il subsiste de nombreux problèmes qui, pour être réglés, nécessitent la participation des pays de la région.  À ce titre, le Ministre a cité la délimitation des frontières étatiques en réaffirmant l’attachement du Kirghizistan aux relations de bon voisinage.  À l’heure actuelle, les pays de la région d’Asie centrale doivent également baisser leurs barrières économiques et travailler ensemble à la gestion durable des ressources en eau, a-t-il dit.  C’est dans cet esprit que le Kirghizistan propose l’élaboration de mécanismes de coopération dans les domaines de l’eau et de l’énergie au niveau de la région.  Le Ministre a estimé que, dans le contexte des ODD, il faut mettre l’accent sur les énergies propres.  Le projet Casa 1000 est consacré à cela, a-t-il indiqué.  Il a également souligné le problème d’accès à l’eau potable pour les habitants du Kirghizistan, surtout dans les zones rurales où 40% de la population n’y a toujours pas encore accès.  Le Kirghizistan compte sur l’appui de la communauté internationale dans ce domaine, a-t-il dit.

Abordant les questions du terrorisme, de l’extrémisme et du trafic des stupéfiants, le Ministre a martelé que seule une approche collective pourra en venir à bout à travers une coopération efficace.  Enfin, il a souligné la volonté de son pays à soutenir la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, et a estimé que le rôle des Nations Unies devait être renforcé.  En conclusion, il a plaidé la cause du Kirghizistan qui a présenté sa candidature au Conseil de sécurité pour la période 2027-2028.

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a dénoncé la série de mesures qu’aurait lancées ces derniers mois le Gouvernement des États-Unis pour empêcher Cuba de s’approvisionner en combustibles et en carburant.  La stratégie de l’impérialisme américain reste en vigueur, s’appuyant sur la loi « illégale » de Helms Burtin pour provoquer la chute du Gouvernement cubain légitime, a-t-il affirmé.  Selon lui, Washington consacre chaque année des dizaines de millions de dollars à la « subversion politique » et, pas plus tard que jeudi dernier, le Département d’État américain a annoncé que le « Premier Secrétaire du parti communiste de Cuba », le général Raúl Castro Ruz, ne se verrait pas accorder de visa pour se rendre aux États-Unis.  En outre, tout récemment, le Président américain Donald Trump a déclaré que Cuba était responsale de l’échec du plan visant à renverser le Gouvernement bolivarien au Venezuela. 

Il y a quelques jours, les États-Unis et une poignée de pays ont décidé de réactiver le Traité interaméricain d’assistance mutuelle (TIAR) qui envisage l’usage de la force militaire, a poursuivi M. Rodríguez Parrilla.  Une décision absurde qui risque, selon lui, de compromettre la paix et la sécurité régionales, et qui constitue, à travers une « astuce » juridique, une tentative d’interférer dans les affaires internes du Venezuela.  Dans la même veine et dans un calcul purement électoraliste, le Président américain a ici même défendu le maccarthysme, promouvant l’intolérance contre ceux qui aspirent à vivre dans la paix, l’harmonie et un environnement solidaire, selon le Ministre cubain.  Le Ministre a aussi accusé le Gouvernement américain de mener une politique de persécution contre des dirigeants politiques et des mouvements sociaux et populaires à travers des campagnes en règle « politiquement motivées ».  L’ancien Président brésilien, Luis Inácio Lula da Silva, dont il demande la libération, en a fait les frais, a-t-il dit. 

De même, il a rejeté les tentatives de déstabilisation de Washington à l’encontre du Gouvernement du Nicaragua et exprimé sa solidarité avec les nations des Caraïbes avant de réitérer l’engagement de Cuba en faveur de l’autodétermination et de l’indépendance du « peuple frère » de Puerto Rico, ainsi que la revendication légitime de la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les Îles Sandwich du Sud.  Passant à d’autres régions du monde, il a réitéré son soutien à une paix globale, juste et durable au conflit israélo-palestinien ainsi que son inébranlable solidarité avec le peuple sahraoui et son soutien à une solution à cette question pour que ce peuple puisse exercer son droit à l’autodétermination et vivre en paix sur son propre territoire. 

Sur un autre registre, il a dit soutenir et admirer la marche à New York des étudiants et leur appel en faveur du climat.  Il a également encouragé à trouver des solutions pour l’Amazonie à travers une coopération de tous, sans exclusion ni politisation et dans le plein respect de la souveraineté des États.  Enfin, il a dénoncé l’instrumentalisation des droits de l’homme et leur usage sélectif dans le cadre de la politique des deux poids, deux mesures, soulignant que Cuba demeurera engagée à la réalisation des droits de toutes les personnes et peuples.  À ceux qui tenteraient de porter atteinte à la révolution cubaine ou qui espèrent une trahison de la part des nouvelles générations, il a dit qu’il opposerait la devise chère à Fidel Castro: « La patrie ou la mort! »

M. NICOLA RENZI, Ministre des affaires étrangères et politiques, faisant fonction de Premier Ministre de Saint-Marin, a salué le thème choisi pour cette session de l’Assemblée générale en faisant remarquer la relation entre le multilatéralisme, c’est-à-dire l’orientation vers des politiques communes et coordonnées, et les problèmes mondiaux dont l’ampleur dépasse la capacité de chaque État pris individuellement, même le plus puissant ou le plus avancé technologiquement.  Il a fait remarquer que préserver les valeurs du multilatéralisme et de la coopération internationale est d’une importance fondamentale pour promouvoir et soutenir les objectifs de paix et de sécurité, de développement et de droits de l’homme.  Saint-Marin, a-t-il dit, juge essentiel de réaffirmer toujours plus l’engagement collectif envers le multilatéralisme, en particulier dans le cadre de l’Assemblée générale qui est l’organe le plus représentatif des Nations Unies.  Le multilatéralisme ne peut pas être une simple déclaration commune d’intentions, a dit le Ministre, mais il doit se traduire par des actions concrètes pour améliorer la vie des personnes et ne laisser personne sur le bord de la route.

Passant à la question du développement durable, le Ministre a salué les progrès déjà accomplis pour mettre en œuvre le Programme 2030 en mentionnant que son pays s’était récemment joint au UN SDG 25+5 Cities Project, géré par la fondation « United Nations Global Sustainability Index Institute » en collaboration avec l’UNOPS – le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets.  M. Renzi a cependant exprimé son inquiétude quant aux problèmes qui sont encore loin d’être résolus dans le monde, comme la faim et la malnutrition, les émissions de gaz à effet de serre, les pertes en biodiversité, ou encore le manque de financement du développement.  Il a salué la tenue du Sommet Action Climat à l’ONU cette semaine et les initiatives ambitieuses proposées à cette occasion.  Saint-Marin, a-t-il signalé, a renforcé son engagement envers un environnement durable, notamment dans le secteur de l’énergie renouvelable, devenant ainsi un des pays au monde qui utilisent le plus l’énergie photovoltaïque.  Le Ministre a ensuite souligné le lien évident entre le climat et le Programme 2030.

M. Renzi a poursuivi son intervention en plaidant pour l’éradication de la pauvreté et pour la protection des enfants et des jeunes gens, signalant par exemple que Saint-Marin est l’un des pays qui appuient la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Concernant la cause des femmes, le Ministre a notamment recommandé de promouvoir l’égalité dans le secteur de l’éducation, notamment dans l’enseignement de la science.  Autre catégorie de personnes à protéger et à promouvoir, les personnes handicapées: ces citoyens doivent pouvoir participer pleinement à la vie sociale, économique et culturelle, a dit le Ministre qui a appelé à mettre en œuvre la Convention sur les droits des personnes handicapées.

La réforme de l’ONU a également été abordée par le Ministre qui a souhaité atteindre un accord reflétant les intérêts et positions de tous.  Il a soutenu l’idée de rendre le Conseil de sécurité plus démocratique, transparent et effectif.  Pour que cet organe n’échoue pas dans son mandat mais au contraire puisse agir rapidement, il a dit adhérer au Code de conduite du groupe ACT (Groupe Responsabilité, cohérence et transparence) qui prône la non-utilisation du droit de veto en cas de crimes de génocide, contre l’humanité et de guerre, ainsi qu’à la proposition franco-mexicaine de suspendre volontairement le veto par un membre permanent du Conseil.  Enfin le Ministre a dit soutenir le Pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées adopté en décembre dernier au Maroc. 

« La crise climatique est la question déterminante de notre époque », a déclaré Mme ANN CHRISTIN LINDE, Ministre des affaires étrangères de la Suède.  Des millions de jeunes manifestent et demandent une action urgente.  « Nous ne pouvons pas les décevoir. »  D’après les données scientifiques disponibles, a-t-elle rappelé, si la communauté internationale ne parvient pas à maintenir la montée de la température planétaire en dessous de 1,5 degré Celsius d’ici à 2030, les conséquences pour l’humanité seront « dévastatrices ».  La haute responsable a, par conséquent, appelé à définir des politiques publiques nationales « sur le long terme » pour infléchir le cours des émissions de gaz à effet de serre, à l’image du « cadre climatique contraignant » dont s’est dotée l’Union européenne (UE). 

En Suède, l’adoption d’une loi sur le climat et la poursuite de l’objectif de neutralité carbone ont adressé « un signal clair » à la population, a-t-elle estimé, soulignant toutefois que son pays ne voulait pas s’arrêter là.  « Notre objectif est d’être le premier État-providence au monde sans énergie fossile », a-t-elle déclaré, avant de citer une initiative lancée en début de semaine par son pays, en collaboration avec l’Inde et le Forum économique mondial, pour mettre en œuvre les objectifs de l’Accord de Paris.  Dans cette perspective, la haute responsable a également mentionné la nécessité de bénéficier de l’appui du monde de la finance et du secteur privé, afin d’engendrer des investissements nécessaires dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et « l’agriculture sensible au climat ».  Elle s’est en outre enorgueillie du fait que son pays soit le premier contributeur au Fonds vert pour le climat.

S’agissant de la défense des droits de l’homme, Mme Linde a assuré que la Suède continuera d’être « une voix forte » pour la communauté LGBT.  L’année prochaine, a-t-elle annoncé, elle accueillera un forum international pour la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme.  Elle a en outre salué la politique féministe de son pays, à l’intérieur comme à l’extérieur.  L’opposition croissante aux droits des femmes et des filles « doit cesser », a-t-elle lancé.  « Chaque femme et chaque fille devraient avoir le droit de prendre leurs propres décisions concernant leur corps et leur vie. »  La santé et les droits en matière de sexualité et de procréation sont des droits de l’homme fondamentaux, a insisté Mme Linde, y compris le droit à un avortement sécurisé et légal.

Dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, Mme Linde a indiqué que la Suède continuera de consacrer 1% de son revenu national brut à l’aide publique au développement, dont plus de 50% est acheminée via le système multilatéral.  Elle a rappelé que le libre-échange est un moteur puissant de la croissance, et que celle-ci doit être durable et inclusive, avec un travail décent pour tous.

Cette semaine, a rapporté l’orateur, la Suède a coorganisé une réunion avec les principaux partenaires à l’appui de la paix au Yémen, sur la base de l’Accord de Stockholm.  Le droit international doit être respecté, a-t-elle souligné, qu’il s’agisse également du conflit israélo-palestinien ou de la situation en Ukraine.  En juin dernier, la Suède a lancé une initiative de désarmement nucléaire avec 15 pays dans diverses régions, afin de recueillir l’appui politique nécessaire au succès de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2020. 

Selon M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Secrétaire aux relations extérieures du Mexique, son pays vit depuis moins d’un an sa « quatrième transformation » depuis son indépendance, mais cette fois une transformation démocratique et pacifique par la voie des urnes.  Cette transformation vise à débarrasser une bonne fois pour toutes la vie politique mexicaine de la corruption, à séparer les pouvoirs politiques et économiques et surtout à réconcilier les communautés déchirées et à redonner espoir et dignité à des dizaines de millions de Mexicains, aux plus pauvres, aux jeunes et aux classes moyennes, aux valeureux entrepreneurs, aux personnes âgées démunies, aux paysans, aux invisibles, aux marginalisés et aux exclus de « décennies de néolibéralisme atroce », en réduisant les inégalités.

Alors même que le Mexique est célébré pour son immense culture, il a été associé pendant des années à la corruption, alimentée par une impunité et une législation laxiste, a regretté M. Ebrard Casaubón.  Aussi, « avec le Président López Obrador, nous allons nettoyer la maison une bonne fois pour toutes, a-t-il insisté, pour ne plus jamais avoir honte de notre pays ».  Cette transformation en cours s’effectue main dans la main avec le secteur privé pour faire du Mexique une puissance industrielle et manufacturière.  Mais cette fois, dans le but d’assurer le bien-être de la population et à son profit, en contrant l’idée que seuls des bas salaires garantiraient la compétitivité: ainsi, les salaires ont été augmentés de 16% en même temps que l’inflation était ramenée à 3% par an.

Dans ses relations avec le reste du monde, le Mexique mise avant tout sur la dimension humaine et sur un multilatéralisme efficace, a poursuivi M. Ebrard Casaubón.  Ces dernières années, le pays et le sous-continent ont connu une vague de déplacements transfrontaliers sans précédent de population cherchant un moyen de survie, un emploi, la sécurité, ce qui a généré une série de défis pour les sociétés et les gouvernements concernés.  Des centaines de milliers de personnes –1,3 million- d’Amérique centrale ont abandonné leur communauté d’origine pour se lancer vers le Nord.  Des hommes jeunes, des familles entières, des femmes seules et des mineurs non accompagnés ont pris les routes de l’exode, fuyant violence et pauvreté, toutes deux exacerbées par les effets des changements climatiques et l’effondrement des prix du café.  Comment empêcher que ceci se reproduise?

Lors de la conférence de Marrakech sur la question des migrations, la communauté internationale a décidé de cesser de criminaliser les migrants et de donner la priorité à une perspective humanitaire, s’est réjoui l’orateur en rappelant que son pays s’était prononcé en faveur de migrations sûres, ordonnées et régulières, respectueuses à la fois de la souveraineté et des législations des États, et des droits des personnes migrantes.  C’est cette vision qui dicte sa politique migratoire.  Alors qu’une immense diaspora mexicaine vit aux États-Unis, que des millions de Mexicains et leurs descendants contribuent à la prospérité de ce pays, l’un des objectifs de notre politique extérieure est que soient reconnus leur apport, leur contribution et leurs droits, a-t-il insisté.

Nous savons que la plupart des migrants préféreraient ne pas avoir à quitter leur communauté, que la seule solution sera d’augmenter les opportunités qui leur sont offertes à domicile; pour cette raison, le Mexique a lancé le plan de développement intégral qui bénéficie de l’appui de 18 agences des Nations Unies et déjà 35 gouvernements se sont dits prêts à se joindre à cette initiative pour promouvoir le développement du Honduras, du Guatemala et d’El Salvador.  Le Mexique contribuera à hauteur de 100 millions de dollars en faveur de l’emploi des jeunes et de la reforestation, a ajouté le représentant en précisant aussi que le pays a accru son soutien aux personnes migrantes sur son sol, multipliant par 3 les ressources allouées au cours de l’année écoulée.  Le Mexique a régularisé ceux qui souhaitent rester sur son sol en leur garantissant l’éducation, la santé et l’emploi.  Mais le Mexique ne peut à lui seul affronter le défi migratoire sur le continent: aucun mur ni aucune loi ne pourront dissuader des gens d’abandonner leur foyer, s’ils ont peur ou faim, a relevé M. Ebrard, qui a ensuite dénoncé les effets dévastateurs de la mondialisation axée sur un profit maximal, qui nuisent à la dimension humaine. 

Ces effets ont accru les disparités et l’exclusion, provoquant par ricochet davantage de racisme, de xénophobie, de nationalismes agressifs et de haine, a-t-il déploré.  La violence extrémiste inspirée par les suprémacistes blancs –« une forme de terrorisme », a-t-il souligné- est chaque fois plus sanguinaire, d’Oslo et Utøya à Christchurch… Pour ces raisons, le Mexique appuie de toutes ses forces le Plan d’action du Secrétaire général pour combattre les discours de haine et les prévenir.  À son niveau, il compte promouvoir trois priorités, a-t-il détaillé: le respect entre les nations et la coexistence pacifique; l’utilisation de la technologie pour détecter et démanteler les réseaux de recrutement en ligne de la jeunesse et l’éducation des jeunes à la tolérance; les mesures pour empêcher que les extrémistes de toute nature puissent accéder aux armes et autres moyens de destruction.  Le Mexique ne combattra pas la haine par davantage de haine, mais en promouvant la dignité des personnes, leurs droits au développement et la cohabitation avec les autres cultures, a-t-il dit en conclusion.

L’année 2019 a été marquée par une avancée significative dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), a relevé d’emblée Mme UNITY DOW, Ministre des affaires internationales et de la coopération du Botswana, notant que de nombreux pays se sont livrés à l’exercice de l’examen national volontaire, comme l’a fait en 2017 le Botswana.  Mme Dow voit dans ce processus, qu’elle encourage à poursuivre, un mécanisme d’évaluation des progrès sur le chemin de la réalisation des ODD.  Le Botswana qui, comme beaucoup de pays, fait face à de nombreux défis, tels que la pauvreté, les inégalités économiques et sociales, le chômage des jeunes, les changements climatiques, a mis en œuvre divers politiques et programmes dans ce sens, a indiqué la Ministre. 

Cependant, elle a noté que les gouvernements à eux seuls avec les fonds limités qui sont les leurs ne disposent pas des ressources nécessaires pour mettre en œuvre leurs engagements.  Dès lors, le rôle de partenariats public/privé est crucial dans la mobilisation de ressources pour accélérer la réalisation des ODD.  Elle a encouragé, en outre, à travailler ensemble pour créer un environnement mondial favorable à la participation de tous dans un système mondial juste et réglementé. 

C’est convaincu que l’éducation est la voie pour autonomiser les citoyens que son pays a investi des moyens considérables dans ce secteur avec des résultats d’ores et déjà palpables, y compris en matière de promotion de la parité des sexes.  Mais malgré ces résultats positifs, le Botswana est encore en butte à l’introduction des technologies innovantes dans le système éducatif, une faiblesse du ratio enseignant/élèves, et l’environnement éducatif à améliorer.  Cela est d’autant plus important pour son pays qui aspire à édifier une économie basée sur le savoir pour engranger les dividendes de la quatrième révolution industrielle.

Dans son discours, la Ministre a traité longuement des changements climatiques, une problématique cruciale pour son pays où 2019 a été déclarée « année de la sécheresse ».  Pour marquer la gravité de la situation climatique, elle a rappelé la catastrophe naturelle qui a touché les pays voisins.  Le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe ont durement été frappés par le cyclone Idai occasionnant des dégâts humains et matériels considérables.  Ces catastrophes naturelles soulignent l’urgence d’adopter des mesures adaptées et de mettre en place des systèmes de réponse robustes pour soutenir collectivement les pays affectés.  Pleinement engagé dans la mise œuvre de l’Accord de Paris, le Botswana est déterminé à réduire de 15% d’ici à 2030 les émissions de gaz à effet de serre.  C’est pourquoi, la Ministre a appelé à une action mondiale concertée pour soutenir les efforts des pays à travers les moyens technologiques, financiers et des mesures de confiance. 

Un autre défi posé à son pays et à la sous-région est lié à la vie sauvage, notamment l’accroissement exponentiel de la population d’éléphants qui excède les capacités de leur habitat naturel.  Les éléphants sont devenus un danger non seulement pour la vie humaine et les propriétés, mais également pour eux-mêmes car ils détruisent leur propre habitat naturel, a-t-elle expliqué en disant que le Botswana et sa sous-région travaillent sans relâche pour trouver des solutions durables à cette question.  Pour vivre en harmonie avec la nature et garantir un développement durable, les États doivent pouvoir mettre en œuvre des plans de gestion pragmatiques des ressources naturelles à même de contribuer à leur programme de développement, a-t-elle ajouté en regrettant que cette approche ne soit pas admise dans le cadre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) concernant la vente des stocks d’ivoire.  L’objectif fondamental de la Convention est justement de réguler et faciliter le commerce international, a-t-elle martelé. 

Dans la même veine, elle a indiqué que les ressources naturelles sont, dans de nombreux cas, une source de conflit, encourageant au contraire à y voir une clef pour le développement.  C’est pourquoi, en tant que leader dans les mines de diamants, le Botswana soutient fermement le Processus de Kimberley, mécanisme chargé d’endiguer les conflits et de promouvoir le commerce légitime du diamant, qu’il présidera en 2021.  Pour finir, elle a réaffirmé la foi de son pays dans le système multilatéral et en une ONU forte, efficace, représentative et harmonieuse. 

Mme NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a réaffirmé l’attachement de son pays au multilatéralisme et aux Nations Unies, en cette vingt-cinquième année anniversaire de la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud.  « L’un des principaux obstacles à la construction d’un monde sans pauvreté et dépourvu d’inégalité est l’intolérance », a estimé Mme Pandor.  À ses yeux, cela comprend aussi bien l’intolérance envers les autres nations, que celle envers les femmes, les hommes, les enfants et l’environnement naturel.

Notre pays n’a pas été épargné par l’intolérance et les divisions, a poursuivi Mme Pandor, jugeant « regrettables » et « honteux » les incidents violents et les pillages survenus récemment dans les provinces de Gauteng et du KwaZulu-Natal.  La Ministre a assuré que son gouvernement travaillait d’arrache-pied pour s’attaquer aux racines de l’intolérance à l’origine de ces violences.  « Nous nous ingénions à combattre le crime et l’anarchie et à faire en sorte que les criminels arrêtés répondent pleinement de leurs actes devant la justice », a-t-elle insisté, ajoutant que son gouvernement était également attaché à combler les lacunes actuelles de la politique migratoire du pays, afin de réduire le nombre de migrants en situation illégale sur le territoire sudafricain, tout en luttant, en parallèle, contre la xénophobie et le racisme.

En cette première année de la « Décennie Nelson Mandela pour la paix », la Ministre a en outre appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts en faveur de la paix et de la sécurité.  Cela suppose, a-t-elle ajouté, de s’attaquer aux racines de la pauvreté, notamment en réformant les structures de l’économie globale, qui continue selon elle à perpétuer les divisions entre pays du Nord et pays du Sud.  « La majorité des populations du monde n’a pas profité de la mondialisation », a-t-elle en effet déploré. 

En tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, Mme Pandor a indiqué que l’Afrique du Sud utilisait son mandat pour œuvrer au renforcement des relations entre l’ONU et les organisations régionales, notamment l’Union africaine (UA), ainsi que pour promouvoir une plus grande implication des femmes dans le maintien et la consolidation de la paix.  Malheureusement, a-t-elle regretté, les femmes demeurent largement exclues des processus de paix, y compris lors des négociations d’accords de paix. 

La Ministre a en outre estimé que l’ONU continuait de fonctionner sur la base de structures « non démocratiques et anachroniques », comme en témoigne selon elle le fait que les décisions concernant la paix et la sécurité soient toujours l’apanage de cinq pays seulement.  « Les 20 dernières années de discussion sur la réforme du Conseil n’ont abouti à rien », a-t-elle regretté, appelant à « enfin » créer au moins deux sièges de membre permanent et cinq sièges de membre non permanent pour l’Afrique au sein du Conseil.  Mme Pandor a ainsi appelé à relancer le processus de négociations intergouvernementales sur la réforme, en entamant des discussions à partir d’un texte.

À l’heure où le continent africain s’engage dans la quatrième révolution industrielle, centrée sur les technologies numériques, la Ministre a jugé essentiel de lutter davantage contre les flux financiers illicites, qui privent les États de ressources dont leurs économies pourraient bénéficier.  M. Pandor a ainsi proposé la création d’un « cadre intergouvernemental doté d’un mandat politique universel » qui serait notamment chargé d’accélérer le retour des capitaux nationaux.

La Ministre a en outre appelé à accélérer le désarmement nucléaire, qui connaît selon elle des progrès insuffisants compte tenu de l’ampleur de la menace.  Quant au conflit israélo-palestinien, la haute responsable a appelé à relancer le processus politique censé aboutir à la solution des deux États.  Pendant plus de 70 ans, le peuple palestinien a vécu sous l’occupation, a-t-elle déploré, rappelant que cette dernière s’était encore aggravée l’an dernier.  « Nous avons honte! » a-t-elle dit.  La Ministre a en outre appelé l’ONU à demeurer saisie de la question du Sahara occidental, au profit des aspirations des peuples d’Afrique à vivre dans la « coexistence pacifique », au sein d’un continent intégré.  Enfin, M. Pandor a exprimé sa solidarité envers Cuba et a condamné les sanctions unilatérales dont le pays continue de faire l’objet. 

M. C. PETER DAVID, Ministre des affaires étrangères et du travail de la Grenade, a rappelé que la raison d’être des Nations Unies est de résoudre les grands problèmes du monde à travers le multilatéralisme: aujourd’hui, nous sommes surtout confrontés à des défis de pauvreté, d’éducation et de changements climatiques qui ne sauraient être résolus isolément par les seuls États, a-t-il relevé.  Les efforts doivent donc être collectifs, ciblés et stratégiques pour progresser. 

En tant que petit État insulaire, la Grenade doit gérer son développement dans un contexte particulier, gouverné par la nature: les changements climatiques exacerbent les conséquences et la fréquence des catastrophes naturelles qui posent une menace réellement existentielle, de façon quasi quotidienne, à l’État, comme viennent de le vivre le Gouvernement et le peuple des Bahamas avec l’ouragan Dorian, auxquels il a adressé sa profonde solidarité.  Un tel ouragan rappelle que le PIB des PEID peut être anéanti en quelques heures et ceci doit servir de leçon: l’adaptation requiert des investissements publics massifs pour reconstruire les infrastructures et construire des bâtiments capables de protéger les vies.  Avec les changements climatiques et un accès limité aux modes de financement, les défis du climat vont encore s’intensifier, a prédit le Ministre.  D’où la détermination de la Grenade à mener des politiques et des stratégies pour en atténuer les effets.

Le pays est donc fermement engagé en faveur du multilatéralisme, sur la base d’une approche inclusive qui prenne en compte les besoins de tous les pays et puisse répondre aux défis des changements climatiques et de l’élimination de la pauvreté.  La relation entre les deux phénomènes –climat et pauvreté- est clairement établie, avec les impacts les plus négatifs sur les plus vulnérables, qui en sont pourtant les moins responsables, a rappelé M. David.  Dans ce contexte, la Grenade a adopté un certain nombre de plans et de programmes.  Son économie demeure saine, avec une croissance de 5,2% en 2018 et au moins autant escompté cette année, conséquence des efforts collectifs du Gouvernement et de ses partenaires sociaux.  Malgré des années difficiles, la dette a été ramenée à 59,5% du PIB contre 108% en 2013.  La décision de modifier la loi fiscale va nous aider à gérer et contrôler nos dépenses et à assurer notre viabilité économique, a encore expliqué M. David en se disant fier de ce qui a été réalisé même si beaucoup reste à faire pour sortir nombre de citoyens de la pauvreté.  Pour ce faire, le Gouvernement œuvre à améliorer la qualité de l’éducation, en particulier à travers la généralisation des nouvelles technologies et de l’innovation.  Il a mentionné notamment l’établissement de centres de formation à travers l’île pour resserrer les liens entre éducation et emploi. 

Mais alors qu’ils luttent pour instituer des sociétés durables, les PEID sont confrontés aux politiques et à la finance mondiales qui menacent leur région avec des mesures négatives les écartant régulièrement des grands circuits bancaires.  Ainsi, la décision unilatérale et prématurée de requalifier plusieurs PEID en « pays à revenu intermédiaire », sans tenir compte de leurs vulnérabilités spécifiques, a généré des crises budgétaires qui ont entravé le développement social et économique.  Le Ministre a donc appelé à reconsidérer les entraves à la croissance, comme le retrait du statut de correspondant bancaire aux États de la CARICOM.

Il a ensuite signalé le lancement du Plan national de développement durable pour 2035 qui doit conduire la Grenade à un développement à long terme sans précédent.  Ce plan, tel qu’il est conçu, « par le peuple pour le peuple », apporte une direction stratégique et des solutions locales pour améliorer le quotidien des habitants, leur vie, leur emploi et leur relation à la nature, aux institutions et entre eux.  Une Grenade plus forte est en voie, a assuré le Ministre tout en s’inquiétant: certains risques nous échappent totalement et c’est pourquoi nous adhérons pleinement aux Orientations de Samoa.  Il s’est dit encouragé par les annonces de soutien reçues de la part de différentes institutions internationales et partenaires de la finance climatique, comme le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour l’environnement mondial. 

Notre plan national d’adaptation nécessite encore 240 millions de dollars sur les cinq prochaines années et, de nouveau, nous sommes reconnaissants du soutien reçu jusqu’à présent, a-t-il ajouté, car faire face aux désastres naturels et à la perspective d’ouragans plus violents dépasse largement les capacités nationales.  Selon le rapport de la Commission nationale d’adaptation, investir 1 800 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pourrait se traduire en plus de 7 000 milliards de bénéfices nets.  « Mobiliser tant de ressources suppose un effort multilatéral concerté et j’appelle la communauté internationale à y répondre. »  Le Ministre a aussi demandé la simplification des processus d’accès aux financements abordables.

M. JOHN M. SILK, Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, a rappelé que les Îles Marshall avaient appelé l’ONU à deux reprises, en 1954 et 1956, à mettre un terme aux essais nucléaires dans le Pacifique.  « Et à deux reprises, les Nations Unies ont ignoré nos missives au profit de résolutions autorisant les détonations nucléaires », a-t-il déploré, soulignant que l’attentisme de l’ONU sur la question continuait d’avoir des répercussions sur les droits de l’homme des habitants de son pays.  Selon lui, l’histoire de l’Organisation regorge d’exemples similaires, dans lesquels la communauté internationale n’est pas parvenue à défendre les droits des peuples de la planète.  Pour éviter que de tels manquements ne continuent à se produire, le Ministre a indiqué que son pays serait candidat, dans deux semaines, à un siège au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

Mon pays est composé à 99% d’océan, a ensuite rappelé le Ministre.  « Ce qui est pour certains un problème politique distant et obscur est pour nous une question de subsistance et d’identité », a-t-il ajouté, appelant à adopter, l’an prochain, un instrument juridiquement contraignant sur la préservation de la biodiversité marine dans les zones ne relevant pas de la souveraineté nationale.  M. Silk a également appelé à protéger les droits de son peuple en matière de pêche, face notamment aux navires étrangers qui opèrent dans les eaux intérieures des Îles Marshall.  La pêche dans le Pacifique est souvent liée à des questions de sécurité et d’influence, a-t-il expliqué, ajoutant que la pêche illégale constituait une menace non seulement économique, mais également pour la souveraineté du pays.  Le Ministre a, par conséquent, exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour combattre la pêche illégale dans la région du Pacifique. 

Le Ministre a ensuite salué les dirigeants du Forum des îles du Pacifique pour leur appui à la Déclaration de Boe, qui a pour objectif de renforcer la coopération en matière de sécurité régionale.  Dans ce cadre, il a estimé que la mise aux voix, cet été, d’une résolution intitulée « Coopération entre les Nations Unies et le Forum des îles du Pacifique » à l’Assemblée générale avait été un « moment désolant » pour les deux organisations.  « Le pays qui a demandé cette mise aux voix ne semble pas avoir honte d’intimider publiquement les nations les plus petites et les plus vulnérables au monde », a-t-il déploré, jugeant cette évolution préoccupante pour la démocratie en général.

Étant donné l’épidémie de dengue qui sévit dans l’ensemble des Îles Marshall et la forte prévalence du diabète dans le pays, M. Silk a par ailleurs salué le partenariat étroit entre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les Îles Marshall.  Il a également salué les efforts du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en vue de faire reculer les retards de croissance des enfants dans le pays.  Dans la mesure où les îles du Pacifique présentent le taux le plus bas au monde de représentation des femmes dans les parlements, le haut responsable a estimé que son pays avait encore de nombreux efforts à fournir pour réduire les inégalités de genre.

M. Silk a en outre appelé à réformer l’ONU de façon à accroître la présence de cette dernière dans le Pacifique, où le Coordonnateur régional de l’Organisation peine à l’heure actuelle à « servir 10 nations diversifiées et lointaines depuis son bureau unique ».  Le Ministre a également appelé le Secrétaire général à aider son pays à définir un plan d’action de l’ONU pour faire face aux effets dévastateurs des détonations nucléaires sur la santé de sa population et sur l’environnement.

Enfin, M. Silk s’est dit alarmé par la montée des eaux et la destruction du corail des atolls de son pays.  « Ma nation est littéralement en train d’être rongée », a-t-il martelé, soulignant qu’à ce rythme, les Îles Marshall risquaient de disparaître de la surface de la Terre d’ici le milieu du siècle.  Dans ce contexte, le Ministre a appelé la communauté internationale à répondre comme il se doit et de toute urgence aux besoins d’assistance de son pays. 

Les progrès politiques et démocratiques enregistrés par mon pays, a estimé, Mme SUZI CARLA BARBOSA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et des communautés de la Guinée-Bissau, ne sauraient cacher son état de pays postconflit, institutionnellement fragile, aux ressources limitées et souffrant des conséquences graves sur les plans politique, économique, environnemental et social.  La Guinée-Bissau est confrontée à une situation difficile et complexe, caractérisée par des menaces internes et externes graves, a insisté le représentant.  Nous appelons, a-t-elle dit, la communauté internationale à jouer un rôle central de stabilisation grâce à des mécanismes de surveillance et de responsabilisation.  Les réseaux de la criminalité transnationale organisée, a alerté la Ministre, continuent de menacer gravement la stabilisation que les efforts conjoints du pays et de l’ensemble de la communauté internationale ont produit.  Un des exemples de ces tentatives de déstabilisation a été l’utilisation du territoire national pour faire transiter la drogue, dont le trafic a été réduit par la saisie record effectuée par une opération d’envergure de la police judiciaire.  La volonté politique du Gouvernement et sa détermination à combattre ce fléau a déjà profondément affecté les structures politiques qui soutiennent ce « business ».  Mais nous voyons déjà, a averti la Ministre, les attaques et les tentatives de compromettre le processus de gouvernance pour revenir à l’instabilité qui favorisait le statu quo en place depuis trop longtemps. 

Notre cycle électoral, a rappelé la Ministre, ne prendra fin qu’avec l’élection d’un nouveau président, prévue pour le 24 novembre.  Elle a donc réitéré l’appel de son pays à l’assistance technique et financière pour éviter toute interruption du processus électoral.  La Ministre a conclu sur la question importante des changements climatiques.  La côte bissau-guinéenne tutoyant le niveau de la mer, le pays se sait vulnérable.  La Ministre s’est donc dite fière d’annoncer que près de 27% du territoire national a été proclamé zones protégées.  La Guinée-Bissau parie en effet sur une croissance verte et inclusive au profit d’une économie de la biodiversité.  La Ministre s’est d’ailleurs félicitée qu’une ONG nationale ait reçu le prix Équateur 2019 de la part du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour avoir promu les connaissances traditionnelles dans la protection des écosystèmes marins et la viabilité des peuples autochtones de l’archipel des Bijagos.  Les bissau-guinéens, a-t-elle ajouté, sont déterminés à ouvrir une nouvelle page et à revenir à leur histoire d’honneur et de dignité.  Mais ils savent qu’à ce stade, ils continuent d’avoir besoin de l’assistance et de l’attention des partenaires au développement. 

M. KHALID BIN AHMED AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, a évoqué les mesures prises par le Royaume pour réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  À ce sujet, il a souligné que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a, en mai 2019, décerné au Premier Ministre bahreïnien le titre de leader mondial dans ce secteur.  Il s’est félicité des avancées enregistrées par les femmes de son pays, notamment l’élection de la première présidente du Parlement.  De même, Bahreïn figure au rang des pays les plus performants en matière d’éducation d’après les rapports de l’UNESCO, et se distingue dans la lutte contre la traite des êtres humains. 

M. Al-Khalifa a appelé à une action collective urgente pour garantir la paix et la sécurité internationales, à condition de respecter la Charte des Nations Unies et ses objectifs de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, les relations de bon voisinage, le respect mutuel et la souveraineté des États et leur intégrité territoriale.  Le Ministre a évoqué la question palestinienne qui doit être résolue conformément aux résolutions de l’ONU.  C’est dans cet esprit, pour promouvoir le développement des peuples de la région, notamment palestinien, que Bahreïn a coorganisé avec les États-Unis, en juin dernier, l’atelier « Peace to Prosperity ».  Le Ministre a également réaffirmé sa solidarité avec les efforts entrepris par le Maroc pour trouver une solution politique à la question du Sahara occidental.

M. Al-Khalifa a dénoncé le terrorisme perpétré par l’Iran et les Gardiens de la révolution « depuis des décennies », les menaces qu’ils font peser sur Bahreïn et d’autres pays de la région, ainsi que l’occupation illégale des trois îles émiriennes.  Il a indiqué que Bahreïn participait à la coalition arabe engagée au Yémen sous le leadership de l’Arabie saoudite pour appuyer le gouvernement légitime.  Après avoir dénoncé le rôle dangereux que joue le Hezbollah, il a conclu que le régime iranien a créé un réseau d’organisations terroristes et de milices extrémistes en Syrie, au Yémen, en Afrique du Nord, dans les pays du Sahel, en Amérique du Sud, et ailleurs.  Dans ce contexte, « Bahreïn applaudit l’approche ferme adoptée par son ami, les États-Unis », qui exercent une pression maximale sur l’Iran et ceux qui agissent pour son compte et imposent des sanctions sévères. 

Le Chef de la diplomatie bahreïnienne a réitéré sa condamnation de l’attentat « abject » qui a récemment visé les installations pétrolières saoudiennes.  Il a appuyé le communiqué conjoint publié à ce sujet par le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, sur la nécessité de revoir l’accord sur le programme nucléaire iranien.  Enfin, a-t-il annoncé, Manama s’apprête à accueillir le mois prochain, en coopération avec les États-Unis et la Pologne, une nouvelle réunion internationale sur la sécurité de la navigation maritime et aérienne. 

M. ABDULLAH ben ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a tout d’abord rendu hommage au premier astronaute émirati Hazza Al Mansouri qui a rejoint la Station spatiale internationale et fait entrer son pays dans une nouvelle ère.  Mais alors que les Émirats célèbrent l’Année de la tolérance, il a remarqué qu’ériger des communautés sûres suppose un effort concerté et volontariste pour remédier aux tensions liées à l’extrémisme et au terrorisme.  Les Émirats ont participé aux efforts internationaux visant à trouver une solution aux crises que connaît le Moyen-Orient, dont le Yémen, la Libye, le Soudan, la Syrie et la Palestine.  Pour les Émirats, il n’y a qu’en renforçant le multilatéralisme, seule approche efficace, qu’il sera possible d’entamer une désescalade dans ces crises et de parvenir à la paix et la sécurité.  Pourtant, le multilatéralisme n’a pas encore permis de résoudre les crises en cours ni de prévenir de nouvelles.  C’est pourquoi il est nécessaire d’examiner les obstacles qui se sont levés et d’explorer les moyens de renforcer les efforts.

Les efforts collectifs ont en effet permis de remporter de remarquables succès dans le domaine du développement durable, a estimé le Ministre.  Mais ils ont connu « un brusque coup d’arrêt » dans les domaines de la paix et de la stabilité, notamment dans la région du Moyen-Orient.  Les violations commises par des États se sont multipliées, de même que les ingérences extérieures.  Les Émirats et le monde entier sont les témoins de la présence croissante de groupes terroristes qui ont renforcé leurs capacités grâce à l’appui d’États voyous.  Les groupes terroristes tels que Daech, les Frères musulmans, Al-Qaida ou le Hezbollah ont pu faire main basse sur des armes et exacerbé des crises déjà existantes grâce à certains États complices.  Les attentats qui secouent l’Arabie saoudite et frappent des cibles vitales ont été très justement condamnés car ils menacent toute la région et au-delà, la stabilité de l’économie mondiale.  Le Ministre a donc voulu que l’on revienne à la raison et que l’on privilégie la voie de la négociation pour trouver des solutions durables.

Malgré les efforts de la communauté internationale, le multilatéralisme n’a pas permis de relever les défis des 10 dernières années.  Pourquoi?  Parce que, a répondu le Ministre, les résolutions du Conseil de sécurité et les mécanismes internationaux ne sont pas respectés et les États ne sont pas capables de se montrer fermes face aux politiques agressives de certains États.  Par exemple, s’est impatienté le Ministre, quand il s’agit de l’Iran, personne ne semble en mesure de prendre les mesures nécessaires pour freiner les ambitions nucléaires de cet État qui n’a jamais été contraint de respecter ses obligations internationales et les relations de bon voisinage.  Les pays de la région connaissent trop bien l’histoire et ils ont toujours estimé que l’accord sur le nucléaire iranien aurait dû intégrer tous les aspects du comportement de l’Iran qui essaie par tous les moyens d’exporter sa révolution.

La possibilité de parvenir à des solutions durables servant les intérêts de la région existe et elle est offerte par cette enceinte.  Mais, a prévenu le Ministre, il faut d’abord améliorer l’application du droit international et de la Charte des Nations Unies pour prévenir l’effondrement de l’ordre international.  Il faut exiger des États qui violent ces obligations de rendre des comptes.  Les organisations régionales doivent jouer un rôle plus important car elles sont les mieux placées pour traiter des problèmes régionaux.  Le Ministre a donc salué le fait que l’Arabie saoudite héberge, cette année, les sommets de trois de ces organisations dont celui du Conseil de coopération du Golfe.    

Enfin, a-t-il poursuivi, il faut améliorer l’action politique pour résoudre les crises et renforcer les efforts des États et ceux des envoyés des Nations Unies.  Il faut aussi obtenir des parties concernées qu’elles travaillent dans la transparence.  Les efforts politiques sont la première option pour parvenir à la désescalade, notamment au Yémen où il faut soutenir le Gouvernement en place.  La voie politique, a insisté le Ministre, est toujours la meilleure option surtout après le « chaos » qu’a connu le monde arabe cette dernière décennie.  La cause palestinienne reste la grande question qui continue d’accaparer la région: les violations répétées de la Puissance occupante permettent à cet égard aux groupes extrémistes d’exploiter la souffrance du peuple palestinien.  Enfin, a-t-il fini d’énumérer, il faut se concentrer sur la croissance et les investissements.  Les pays postconflit voient dans la reconstruction « la carotte » qui leur permettrait de se rétablir et d’envisager un avenir meilleur.  Parce qu’il ne faut jamais oublier les souffrances de milliers de personnes à travers le monde, victimes de guerre et de catastrophes naturelles, les Émirats ont redoublé d’efforts humanitaires pour aider les Yéménites qui souffrent de la crise et du blocage de l’aide opéré par les houthistes.

« Il est grand temps d’éteindre les feux de la région », a déclaré M. YUSUF BIN ALAWI BIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères d’Oman, en référence aux nombreux conflits qui secouent le Moyen-Orient.  Aussi, le Ministre a-t-il appelé l’ONU et la communauté internationale à prendre des mesures « sérieuses » pour appuyer les efforts de paix.  Étant donné qu’Oman est l’un des pays du golfe Persique dont les côtes longent le détroit d’Ormuz, M. Alawi a exprimé sa préoccupation face à l’évolution du trafic maritime.  « De fait, certains cours d’eau d’Hormuz se situent à l’intérieur même des eaux territoriales omanaises », a-t-il précisé, soulignant la responsabilité du Sultanat de garantir la sécurité des navires. 

Le Ministre a par conséquent appelé tous les pays de la région à coopérer dans un esprit constructif et à respecter les dispositifs de séparation du transit dans les détroits servant à la navigation internationale, conformément aux articles 37 et 38 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui consacrent « le droit de passage en transit sans entrave », et l’article 39, qui détaille les obligations des navires et aéronefs pendant le passage en transit.  Dans ce cadre, M. Alawi a appelé les parties à éviter toute escalade dans la zone, afin d’éviter de nouvelles entraves à la liberté de navigation, au commerce international et à l’économie mondiale.

S’agissant du Yémen, le Ministre a constaté l’échec des parties au conflit à parvenir à un règlement politique de la crise.  Il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts, sur les plans politique et diplomatique, pour aider le Yémen à mettre fin à cette guerre « de plus en plus complexe ».  M. Alawi a dit soutenir tous les efforts de l’ONU en vue de trouver une solution politique et a appelé l’ensemble des parties à appuyer ces tentatives, dans l’intérêt de la nation et de son peuple.

En raison des liens historiques, sociaux, culturels et politiques profonds qu’entretient Oman avec le Yémen, M. Alawi s’est en outre engagé à maintenir son niveau d’aide humanitaire au pays.  Il a appelé la communauté internationale à adopter un « projet humanitaire sérieux » pour accéder sans exception ou entrave « à plusieurs régions » du Yémen, notamment « via tous les ports, aéroports et points d’entrée vers le pays ».

Passant au conflit israélo-palestinien, le Ministre a rappelé la nécessité de parvenir à la création d’un État palestinien souverain, avec Jérusalem-Est comme capitale.  À ses yeux, les relations entre la Palestine et Israël doivent se fonder avant tout sur le respect, la coexistence pacifique et les intérêts communs.  Le Ministre a appelé les partenaires internationaux à redoubler d’efforts pour relancer les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens et faire avancer les initiatives en vue de parvenir à un accord basé sur la solution des deux États.

M. RASHID MEREDOV, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, a débuté son intervention en soulignant que pour établir des relations constructives sur le plan international, il est fondamental de rétablir la confiance et de trouver un équilibre entre intérêts nationaux et internationaux.  Malgré les difficultés, l’ONU reste le seul garant de l’architecture contemporaine de l’ordre mondial, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il a appelé l’Organisation à prendre l’initiative de renforcer la confiance entre États et de lancer un dialogue international constructif.

La préservation de la paix et de la sécurité mondiales exige des instruments efficaces et l’un d’eux est la diplomatie préventive, a souligné Vice-Premier Ministre, convaincu qu’un modèle « neutre » de politique extérieure est un élément positif sur la scène mondiale.  Il s’est donc félicité de la proclamation du 12 décembre comme Journée internationale de la neutralité dont les bases doivent faire l’objet d’une plus grande attention de la part de l’ONU.

Le Turkménistan, a rappelé le Vice-Premier Ministre, a proposé l’élaboration d’un ensemble de règles d’application de la neutralité et prie la communauté internationale de l’appuyer.  Le Turkménistan entend aussi organiser une conférence internationale sur les questions de paix et de développement et estime, par ailleurs, nécessaire d’organiser une nouvelle conférence de l’ONU sur le financement du développement, pour donner l’impulsion nécessaire aux objectifs de développement durable.  À ce propos, le Turkménistan s’efforcera de créer un dialogue multilatéral sur le transport.

L’environnement et sa protection sont une priorité traditionnelle du Turkménistan, dont la préservation de la mer Caspienne et de la mer d’Aral.  Le Turkménistan compte sur l’appui de la communauté internationale et invite les parties intéressées à des discussions sur ce thème.  La préservation des ressources en eau est l’un des principaux défis contemporains qui exige l’union des États.  L’eau est un bien commun de tous les peuples de la planète et elle doit être gérée par des normes universelles du droit international.  Le Turkménistan, a dit le Vice-Premier Ministre, encourage d’ailleurs un examen plus approfondi de ces questions.  Avec de la bonne volonté, nous pourrons surmonter tous les problèmes, s’est-il dit convaincu.

M. SALEUMXAY KOMMASITH, Ministre des affaires étrangères du Lao, a indiqué que son pays se concentre sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat et sur la préparation aux catastrophes et la réduction des risques.  Ces deux derniers mois, a-t-il précisé, l’ensemble du pays a expérimenté de fortes pluies du fait de la tempête tropicale Podul.  Des inondations ont gravement endommagé les infrastructures et l’agriculture, coûtant des millions de dollars.  Sur le plan régional, le Ministre a salué le Plan d’action stratégique commun de l’ONU et de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en matière de gestion des catastrophes, et le Plan d’action sur l'environnement et les changements climatiques pour la période 2016-2020.  Il a toutefois appelé les pays développés et les partenaires du développement à honorer leurs engagements et à contribuer à hauteur de 100 milliards de dollars par an aux besoins des pays en développement en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.

Le Chef de la diplomatie lao a indiqué que son pays a récemment ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Préoccupé par l’aggravation des confrontations et des tensions dans le monde, il a préconisé un renforcement du multilatéralisme et une stricte adhérence aux principes de la Charte des Nations Unies et du droit international.  C’est également la position de l’ASEAN qui se fonde sur une paix, une stabilité et une sécurité durables pour promouvoir le développement socioéconomique national de tous les États Membres.  Très attachée aux objectifs de développement durable, la République démocratique populaire lao note le fossé persistant entre les zones urbaines et rurales et demande des plans de développement régionaux et sous-régionaux, et des partenariats publics/privés pour offrir à la population locale les services de base en matière d’éducation, de santé et d’emploi.    

M. WILFRED ELRINGTON, Ministre des affaires étrangères du Belize, a estimé que les décisions prises par les États Membres des Nations Unies dans les 15 prochains mois auront des conséquences essentielles pour l’humanité et l’avenir de la planète.  Si l’on choisit d’ignorer les signes, la science et les millions de personnes qui se battent pour le changement et que l’on fait comme si tout allait bien, alors nos enfants hériteront d’une planète « invivable ».  C’est là, la position de la majorité des scientifiques et le Belize la partage.

Le Belize reste déterminé à œuvrer selon les principes et objectifs de la Charte, pour préserver les générations futures de la guerre, restaurer la foi en les droits de l’homme et la dignité de la personne humaine, à œuvrer pour la justice et le règne de l’état de droit et pour garantir à tour une plus grande liberté.

Pour le Ministre, il existe trois menaces fondamentales pour le monde: La première est celle des changements climatiques.  Citant à cet égard les dégâts causés dans la région par le récent cyclone Dorian, il a jugé impératif que l’on réduise d’ici à 2030 le niveau des émissions de carbone à la moitié de celui de 2010 et parvienne à la neutralité carbone d’ici à 2050.  « Les solutions, a-t-il estimé, sont à notre portée. »  Ainsi, 54% de l’électricité consommée au Belize provient désormais de sources renouvelables.

Le Ministre s’est ensuite inquiété des insuffisances de la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  L’examen à mi-parcours montre que le monde ne répond pas de manière satisfaisante à nos caractéristiques spécifiques, a-t-il affirmé, rappelant que les petits États insulaires en développement devaient avoir accès à des dons et des conditions financières favorables.  M. Erlington a détaillé plusieurs mesures prises par son pays, y compris pour réaliser les objectifs de développement durable, tout en faisant observer que, dans ce domaine aussi, il faut faire davantage pour réaliser le Programme 2030. 

M. Erlington a enfin cité les menaces à la paix et la sécurité internationales et dénoncé notamment les sanctions, embargos économiques et autres blocus imposés à certains pays, qui ne peuvent que provoquer, non seulement dans les pays visés mais dans toute la région où ils se trouvent, des crises humanitaires, des migrations illégales de masse et de l’exploitation.  Le Ministre a cité la situation du peuple palestinien, du peuple sahraoui, de Cuba, mais aussi le Venezuela, un pays qu’il a décrit comme « sur la voie de l’appauvrissement ».  Il faut faire davantage pour résoudre la situation de ce pays et mettre fin par le dialogue aux souffrances imméritées de son peuple, a-t-il plaidé.  Le Ministre a enfin fait référence au différend territorial qui l’oppose au Guatemala voisin, rappelé que ces deux pays avaient décidé de la soumettre à la Cour internationale de Justice (CIJ) et fait observer que le peuple bélizien avait accepté cette procédure à une large majorité lorsqu’il a été consulté par référendum en début d’année.  Mais il a en même temps dénoncé la poursuite de ce qu’il a présenté comme des activités illégales menées par des Guatémaltèques sur le territoire du Belize, notamment des activités de déforestation.  Il a conclu en souhaitant que les deux peuples, voisins pour l’éternité, puissent vivre dans la paix et l’harmonie.

Au moment où nous nous apprêtons à célébrer les 75 ans des Nations Unies, a dit M. TEODORO L. LOCSIN Jr, Ministre des affaires étrangères des Philippines, tout le monde parle de l’érosion du multilatéralisme.  Notant que la faute est rejetée sur les gouvernements prêts à passer outre les conseils des Nations Unies sur une bonne gouvernance fondée sur des critères que l’Occident viole plus qu’il ne respecte, le représentant a tranché: un gouvernement fort, c’est mieux et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les gouvernements ont été inventés.  Les gouvernements existent parce qu’il faut faire avancer les choses, mais toujours dans le cadre de la constitution.  La fermeté, c’est bien et la sévérité est justifiée mais toujours dans le cadre de la loi, s’est expliqué le représentant.  Tous les États ici, a-t-il estimé, sont des États démocratiques et, par pitié, ne parlons plus de démocraties et de démocraties entre guillemets.  La tendance à des gouvernements forts ne change en rien leur caractère démocratique.  Cette tendance prouve au contraire que l’ONU a réussi l’un de ses objectifs principaux pour la paix: propager la démocratie parce qu’elle favorise plus la paix que la guerre, « même si, pour le coup, le jury est toujours en délibération ». 

Ce sont les citoyens, a martelé le représentant, qui votent.  C’est leur choix et peut-être leur regret.  Mais il ne revient en aucun cas à l’ONU de décider.  Pourtant, s’est-il étonné, des gens continuent de se lamenter sur l’érosion du multilatéralisme et de regretter qu’il y ait « trop de souveraineté ».  Mais à quoi sert cette souveraineté?  La souveraineté, a répondu le représentant, c’est protéger son peuple par tous les moyens possibles.  La société civile peut se désespérer mais elle est libre de se plaindre, voire de se présenter aux élections pour gagner un peu de légitimité et « faire quelque chose ».  Mais les Nations Unies ne sauraient en aucun cas s’ingérer dans les affaires intérieures des États et leur dicter la manière de protéger leurs citoyens et d’atténuer les menaces.

Depuis quand l’état de droit ne veut plus dire état de droit mais état de crime? s’est demandé le représentant, en paraphrasant son Président.  Depuis quand la présomption d’innocence, qui ne s’applique qu’après arrestation et détention, s’applique-t-elle à un criminel au moment même où il vient d’être arrêté.  Serait-ce qu’on ne plus suspecter et encore moins arrêter?  Plus de suspects, que des victimes et tout ce qu’il y aurait à dire pour se défendre c’est « je ne sais, je ne sais tout simplement pas ».  On ne devrait pas, s’est impatienté le représentant, manipuler les Nations Unies pour menacer les États qui prêchent la dureté contre le crime, à moins que l’on ne veuille adopter la proposition occidentale selon laquelle le meilleur moyen de combattre le crime c’est de le légaliser.  Il ne faudrait donc plus punir les criminels mais s’assoir avec eux et tenter de les convaincre de renoncer à ce qu’ils savent faire de mieux: commettre des crimes.

L’érosion du multilatéralisme, a estimé le représentant, vient autant de ses tentatives d’usurper les fonctions de l’État que de celles des unilatéralistes.  « Parlez-vous avant de vous battre », c’est que nous dit l’ONU, et si les pourparlers échouent, parlez encore car la guerre est le dernier recours ».  Le représentant s’est donc félicité que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ait choisi le dialogue et ait pu, en conséquence, négocier un prometteur Code de conduite avec la Chine sur la mer de Chine méridionale.  Le multilatéralisme est remis en question, a poursuivi le représentant, parce qu’il a courbé l’échine devant des intérêts unipolaires ou pire devant des acteurs non étatiques.  Les Nations Unies sont une collectivité d’États souverains et non une souveraineté collective.  Elles doivent refléter la réalité pour pouvoir réaliser la vision de « Nous, les peuples », des peuples qui sont comme ils sont et qui veulent être débarrassés de la drogue et du crime.  Les Nations Unies sont l’essence même du multilatéralisme et tant qu’elles existeront, aucune trompette ne sonnera leur fin.  Mais il faut une Organisation renforcée et respectueuse de chacun de ses États Membres pour qu’ensemble on puisse réaliser les objectifs de paix et de sécurité.

Dans ce cadre, le Conseil de sécurité doit se réformer, devenir plus représentatif et plus démocratique pour assoir sa légitimité.  Quelque chose ne va pas, a prévenu le représentant, quand après 75 ans d’existence, on n’a toujours pas une femme secrétaire générale alors que les femmes savent bâtir, et les hommes, détruire.  Au centre de la réforme des Nations Unies, il y a la question du financement, a ajouté le représentant.  Tout le monde peut donner plus et personne ne devrait porter un trop grand fardeau budgétaire.  Il faut aussi que les Nations Unies se montrent plus responsables dans l’utilisation des fonds car l’opinion publique en a assez des histoires d’irresponsabilité fiscale.  Le représentant a conclu en faisant état des mesures prises par son pays en matière d’élimination de la pauvreté et d’accès à une éducation de qualité.  Quant aux changements climatiques, il a emprunté à Kung Fu Panda la phrase: Assez de discours, battons-nous ».  Il est revenu sur la lutte contre le terrorisme, en se félicitant de la reprise de la ville de Marawi, qui à la fin ressemblait à un gruyère, et en attribuant cette victoire à la détermination de son Président de mettre fin au commerce illicite de drogues auquel se livrait le leader du Jihad Islamique.

M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a rappelé que les menaces et défis auxquels le monde fait face aujourd’hui demandent des efforts communs pour renforcer l’ordre international et raviver la foi dans le multilatéralisme et la confiance dans les Nations Unies.  Préserver les valeurs du multilatéralisme et de la coopération internationale est fondamental pour promouvoir et appuyer les trois piliers de l’Organisation, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  Le Ministre azerbaïdjanais a également souligné qu’un monde apaisé, juste et prospère est difficilement atteignable si les valeurs, normes et principes universellement acceptés sont ignorés et des agressions et actions illégales, menées.

Le Ministre a souligné les efforts de son pays pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens et a tenu à exprimer la sensibilité de son pays aux changements climatiques.  Il est ensuite longuement revenu sur l’agression de l’Arménie, qui a eu pour conséquence, a-t-il expliqué, l’occupation de près d’un cinquième du territoire national et l’expulsion de plus d’un million d’Azerbaïdjanais.  Or, a-t-il souligné, depuis son discours de l’an passé, il n’y a eu aucun progrès.  Il dénoncé le manque de véritable intérêt dans le leadership arménien qui ne cherche qu’à maintenir un statut quo inacceptable, grâce au recours illégal de la force et à l’occupation de territoires internationalement reconnus comme azerbaidjanais.  Le Ministre a rappelé que dans ses résolutions 822, 853, 874, et 884 de 1993, le Conseil de sécurité a condamné le recours à la force, les attaques contre des civils et le bombardement de zones habitées.  Le Conseil a réaffirmé le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et l’inviolabilité des frontières internationales.  Pourtant, a rappelé le Ministre, les exigences du Conseil de sécurité restent vaines.

Affirmant qu’il est clair qu’une telle politique et de telles pratiques ne peuvent en aucun cas concorder avec les objectifs de règlement pacifique des conflits, le Ministre a souligné la nécessité d’une action urgente des Nations Unies et plus généralement de la communauté internationale pour défendre les valeurs, normes et principes des relations interétatiques civilisées et basées sur le droit, comme consacrées par la Charte des Nations Unies.

M. kyAW TINT SWE, Ministre auprès du Conseiller d’État du Myanmar, a déploré l’évolution récente de l’ONU.  Selon lui, l’Organisation doit éviter à tout prix de tomber dans le piège consistant à « autoriser des mandats trop compliqués » ou à « étendre unilatéralement ses pouvoirs », sans lien avec la procédure en vigueur.  « Aucune nation ne devrait voir son sort scellé par le niveau de richesse et d’influence politique qu’elle peut mobiliser. »

Le Ministre a indiqué que son pays s’est lancé dans un processus de démocratisation, au profit d’une culture de dialogue politique visant à résoudre les conflits internes par des voies pacifiques.  Dans l’État rakhine, a-t-il précisé, cette transition démocratique est « encore jeune et incomplète ».  Le Myanmar fait face dans cette région à de nombreux défis, allant d’une « Constitution imparfaite » à la persistance des conflits, a souligné le Ministre, tout en affirmant partager les préoccupations de la communauté internationale concernant les violences dans la zone. 

Selon lui, les efforts du Gouvernement pour instaurer la paix et la stabilité dans cet État sont antérieurs aux « attaques violentes du groupe terroriste » de l’Armée du salut des Rohingya de l'Arakan (ARSA), en 2016 et 2017, attaques « qui ont entraîné la crise humanitaire actuelle ».  Le Ministre a indiqué que la priorité de son gouvernement est d’accélérer le rapatriement des réfugiés rohingya ayant fui au Bangladesh et de créer un climat propice à leur retour.  Le Myanmar est toutefois conscient des nombreux obstacles, a-t-il dit, « y compris des mouvements destructeurs dans les camps destinés à empêcher le rapatriement et à instrumentaliser le sort des personnes déplacées ».

Les personnes déplacées à Cox’s Bazar, au Bangladesh, qui résidaient auparavant dans l’État rakhine, « ont des statuts juridiques différents », a ensuite expliqué le Ministre, précisant que son Gouvernement est prêt à les rapatrier conformément à l’accord bilatéral signé entre le Myanmar et le Bangladesh.  Cet accord, a-t-il indiqué, appelle à octroyer des cartes d'identité aux personnes retournant au Myanmar.  Les personnes admissibles à la citoyenneté en vertu de notre loi recevront une carte de citoyen, a indiqué le Ministre.  Les autres recevront une carte de vérification nationale, a-t-il dit, précisant qu’il s’agit de cartes semblables aux cartes vertes « très prisées » des États-Unis.  Le haut responsable a appelé à régler le problème en suspens des personnes déplacées dans les camps de Cox’s Bazar de manière bilatérale entre le Myanmar et le Bangladesh, dans la ligne de l’accord de 2017.  « En dépit des obstacles, dont des meurtres et menaces de la part de l’ARSA, environ 300 personnes issues des camps à Cox’s Bazar sont rentrées avec leurs propres moyens et de leur propre chef », a-t-il affirmé, rejetant les pressions « injustifiées » exercées sur son pays et les appels à créer une « zone de sécurité » au sein même du Myanmar.

Le Ministre a ensuite indiqué qu’une enquête de justice militaire était en cours, concernant les allégations de crimes commis dans l’État rakhine.  L’intégrité de ces enquêtes indépendantes ne devrait pas être compromise par des acteurs internationaux, a-t-il déclaré.  Or, le 4 juillet 2019, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a requis auprès d’une chambre préliminaire l’ouverture d’une enquête sur les allégations de crimes commis dans l’État rakhine.  Selon le Ministre, cette requête est problématique parce qu’elle exclut les crimes commis par l’ARSA, repose essentiellement sur des rapports concernant les droits de l'homme contenant des « erreurs factuelles » et interprète fallacieusement le système juridique du Myanmar.  À cela s’ajoute le fait que le Myanmar ne reconnaît pas la compétence de la CPI, a rappelé le haut dirigeant.  « La Cour n'a aucune juridiction sur les crimes présumés dans notre pays, a-t-il martelé.

Le Ministre a en outre indiqué que son gouvernement s'est opposé à la formation de la mission d'établissement des faits de l’ONU depuis le début, en raison « d’inquiétudes concernant sa composition, son mandat et sa capacité à se montrer équitable et impartiale ».  Selon lui, les faits ont donné raison à mon gouvernement, a-t-il affirmé.  Les rapports Darusman se sont en effet avérés « sans exception biaisés et erronés, non pas basés sur des faits mais sur des récits ».  Quant au rapport Rosenthal, le Ministre l’a discrédité pour son « manque d’objectivité professionnelle ».

« Parfois, on se croirait dans le monde d’avant les années 1990 », a estimé M. TSOGTBAATAR DAMDIN, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie.  « Pourtant, la guerre froide est bien finie », a-t-il nuancé.  Selon le Ministre, en effet, le monde était à l’époque confronté à une lutte existentielle entre deux idéologies antagonistes cherchant à s’annihiler mutuellement.  Or, aujourd’hui, le Ministre a affirmé qu’il n’y avait plus d’ennemi menaçant l’existence de quiconque, « à l’exception du terrorisme et de l’urgence climatique ».  À ses yeux, tous les pays de la planète recherchent désormais activement la croissance, le progrès et la prospérité au profit de leurs peuples.

Cependant, M. Damdin a invité la communauté internationale à ne pas pécher par excès de confiance.  « Il ne faut pas oublier que nous demeurons des animaux sociaux », a-t-il dit, expliquant que l’agression et la colère provoquaient naturellement des réponses agressives.  Et nous ne devrions pas non plus oublier que nous disposons d’armes nucléaires « capables de résoudre pour de bon et à jamais tous les différends, ainsi que toutes les vertus offertes par la vie ». 

M. Damdin a ensuite souligné combien la lutte contre les changements climatiques était importante pour son pays qui, comme de nombreuses nations en développement, ne contribue que très faiblement au réchauffement de la planète.  Pourtant, au cours des 80 dernières années, la température moyenne annuelle de la Mongolie a augmenté de 2,26 degrés Celsius, a-t-il indiqué.  En conséquence, 77% du territoire a été frappé par la désertification et la dégradation des terres, a ajouté le Ministre, soulignant les efforts actuels du pays pour réduire ses émissions, notamment en investissant dans l’énergie solaire et éolienne.

Abordant la situation dans la péninsule coréenne, M. Damdin a jugé indispensable de maintenir le dialogue entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dans le cadre de leur Déclaration commune et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le haut responsable a soutenu l’idée de transformer la zone démilitarisée en une zone internationale de paix.

S’agissant du développement durable, le Ministre a appelé à harmoniser le Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral avec les objectifs de développement durable.  Selon lui, les PMA continuent de faire face à des défis considérables, en raison de leur situation géographique à l’écart des grandes voies commerciales.  De fait, leur part commune dans le commerce mondial plafonnait à 1,2% en 2014 et a décliné à 0,98% en 2018.  Sachant que les matières premières représentent l’essentiel des exportations des PMA, le Ministre a jugé indispensable de les aider à diversifier leurs exportations et à améliorer leurs capacités et leur accès au marché.

Pour sa part, la Mongolie s’enorgueillit de contribuer à la coopération Sud-Sud et à la promotion des PMA grâce à la création, en 2006, d’un groupe de réflexion, le Think Tank d’Ulan Bator, auquel elle contribue à hauteur de 100 000 dollars par an.  De même, en ces temps troublés, alors que la démocratie est mise au défi en de nombreux points du globe, la Mongolie est fière d’avoir opté, il y a près de 30 ans, en 1990, pour la voie démocratique, du multipartisme et de l’économie de marché. 

M. JOSÉ CONDUNGUA ANTÓNIO PACHECO, Ministre des affaires étrangères du Mozambique, a fait remarquer que l’Afrique subsaharienne, à laquelle appartient son pays, continue de cumuler tous les défis contemporains en même temps qu’elle compte le plus grand nombre de personnes désavantagées – bas salaires et faible accès à l’éducation, à la santé, à l’alimentation, à l’eau et à l’hygiène.  Aussi a-t-il voulu rappeler le principe de « responsabilités communes mais différenciées » et l’importance pour les partenaires internationaux de respecter les engagements pris dans le cadre des grands accords internationaux.

Inégalités, tensions et divisions continuent de défier le multilatéralisme dans un environnement marqué par une méfiance croissante entre les nations, a-t-il poursuivi.  La prééminence des actes liés au fondamentalisme et à l’extrémisme violent et la prolifération des armes, en particulier des armes de destruction massive et des petites armes, pèsent sur la paix et la sécurité, causant inquiétudes et angoisse.  Dans ce contexte, le Mozambique réitère son plein soutien aux efforts du Secrétaire général pour réformer le système des Nations Unies et pour promouvoir le dialogue comme outil essentiel de la prévention des conflits.  Pour le Mozambique, la réforme du Conseil de sécurité est une priorité dans l’architecture de prévention des conflits. 

Pour sa part, a poursuivi le Ministre, le Mozambique a incorporé le Programme de développement durable à l’horizon 2030 à son plan de gouvernement et donné la priorité à l’agrobusiness, aux réseaux d’infrastructures économiques et sociales, à l’expansion du réseau électrique et à l’écotourisme.  Compte tenu de sa situation géographique, certains scientifiques le considèrent comme le second pays le plus vulnérable du monde aux effets des changements climatiques: les ouragans Idai et Kenneth qui ont dévasté son territoire en mars et avril derniers, faisant près de 700 morts l’ont encore montré.  Or les capacités de riposte du pays sont largement dépassées, a reconnu le Ministre, en exprimant sa gratitude aux donateurs internationaux.  En plus des mesures d’adaptation, le Mozambique devra également instaurer un système d’alerte précoce et, à cet égard, le Gouvernement envisage de rejoindre la Mutuelle panafricaine de gestion des risques, une agence spécialisée de l’Union africaine qui assure les pays contre les risques naturels.

Le 6 août dernier, a poursuivi le Ministre, le Mozambique a signé l’Accord de paix et de réconciliation nationale de Maputo qui témoigne de la réussite du dialogue intérieur.  Le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) est en cours, mais y parvenir nécessite des capacités financières et techniques solides qui amènent le pays à lancer un nouvel appel à la communauté internationale pour qu’elle continue d’apporter son soutien.  La pleine mise en œuvre de l’Accord permettra au Mozambique de renforcer encore sa démocratie en organisant, le 15 octobre, des élections présidentielle, législatives et provinciales.  Seule perdure dans ce contexte la menace de certains acteurs dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du pays, qui continue de répandre la mort et la dévastation et de générer de l’instabilité, a-t-il regretté.

Mme KAREN CUMMINGS, Ministre des affaires étrangères du Guyana, a relevé que l’état actuel des relations internationales remet en cause l’ordre mondial, y compris de nombreux principes pourtant rendus sacro-saints par les dures leçons apprises par les générations précédentes.  Les Nations Unies n’ont pas suffisamment créé le monde envisagé en 1945, a-t-elle ajouté.  La Ministre a présenté les efforts de son pays pour réaliser les objectifs de développement durable intégrés dans la stratégie nationale pour un État vert, Vision 2040.  Elle a rappelé qu’en tant qu’État côtier de faible altitude, son pays est particulièrement vulnérable aux changements climatiques.  Elle a toutefois ajouté que le Guyana n’entend pas seulement prendre des mesures en tant que pays affecté, mais compte aussi jouer un rôle de leader.  Elle a mentionné les mesures ambitieuses prises en partenariat avec la Norvège.  Elle a toutefois rappelé que la science démontre clairement que les engagements pris dans l’Accord de Paris sur le climat ne sont pas suffisants pour ralentir le rythme du réchauffement de la planète.  La menace existentielle que posent les changements climatiques exige un effort urgent de tous les acteurs, a-t-elle ajouté.

Mme Cummings a appelé à une extrême vigilance pour que les résultats acquis au prix de lourds efforts ne soient pas remis en cause.  Elle a renouvelé sa demande de voir la vulnérabilité des États prise en compte afin que des pays comme le sien, qui ont fait suffisamment de progrès économiques pour être classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire mais qui restent fragiles, ne soient pas privés d’accès à certaines ressources concessionnelles. 

La Ministre a ensuite présenté les progrès réalisés par son pays dans différents domaines, y compris la consolidation de l’état de droit et la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a ainsi rappelé que le Guyana a présenté au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC, en juillet, son premier examen volontaire.  Elle a ensuite fait référence au différend territorial avec le Venezuela pour mettre en avant le fait que le Guyana a accepté l’idée de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ), contrairement au Venezuela.

La Ministre a par ailleurs plaidé pour une évolution de l’ONU, afin qu’elle reflète mieux le monde actuel.  À cet égard, le Conseil de sécurité ne doit pas faire exception. 

M. DENIS RONALDO MONCADA COLINDRES, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a fait remarquer que le Nicaragua et les pays d’Amérique centrale comptent parmi les plus vulnérables de la planète face aux effets destructeurs des changements climatiques.  Il est temps, a-t-il dit, que la communauté internationale prenne des mesures pour enrayer le réchauffement général et garantir la survie de la Terre.  En se fondant sur le principe des responsabilités communes mais différenciées, le Nicaragua déploie des efforts sur tous les fronts pour affronter ces défis. 

Sur le plan socioéconomique, s’est félicité le Ministre, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) reconnaît que le Nicaragua dispose d’un cadre juridique pour protéger les droits des enfants et des adolescents et que l’accès à une éducation de qualité a bien progressé.  De plus, les taux de pauvreté et d’extrême pauvreté ont baissé respectivement de 17,6% et de 7,7% entre 2009 et 2016, et la mortalité infantile a été réduite. 

M. Moncada Colindres a appelé d’urgence à « une réinvention de l’ONU » afin de mieux servir les intérêts de l’humanité.  Selon lui, « le Siège de cette Organisation doit être transféré de New York au continent africain ».  Par ailleurs, il a condamné l’expulsion récente de deux diplomates cubains par les États-Unis, en violation de l’Accord de Siège.  Il a ensuite réitéré son appui au Président vénézuélien, Nicolas Maduro.  Condamnant toute menace d’intervention militaire et de recours à la force, le Ministre a jugé « obsolète » le Traité interaméricain d’assistance mutuelle (TIAR) qui n’est, à son avis, qu’un instrument conçu par le Gouvernement des États-Unis. 

Le Gouvernement et le peuple du Nicaragua défendent les principes d’indépendance et de souveraineté, tels qu’établis par la Charte des Nations Unies, et, par conséquent, a conclu M. Moncada Colindres, nous continuons d’exiger la cessation de toute politique d’interférence en violation du droit international, que ce soit au Nicaragua, à Cuba, au Venezuela, en Syrie, en Iran ou ailleurs. 

M. MOHAMMED ABDULLAH AL-HADHRAMI, Ministre des affaires étrangères du Yémen, s’est présenté aujourd’hui avec le cœur lourd en raison de la situation dans son pays, embarqué dans une guerre imposée par des milices armées commettant tortures et crimes en tout genre.  Ces milices houthistes, a-t-il accusé, sont soutenues par l’Iran, premier parrain du terrorisme au monde, qui mène des guerres par procuration en soutenant financièrement des milices armées.  Depuis 2014, les milices houthistes dévastent le Yémen, en n’épargnant ni institutions, ni habitations, ni lieu de culte, ni même les innocents.

Le Ministre yéménite a expliqué que le Conseil transitoire dans le sud du pays, soutenu financièrement, militairement et logistiquement par les Émirats arabes unis, mène une agression contre l’État, à Aden.  Malgré toutes ces difficultés et grâce à l’aide « des frères » dans la coalition menée par l’Arabie saoudite, le Yémen a pu contenir les attaques houthistes et maîtriser les milices qui ont massacré toutes les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme.  Le Ministre a également salué l’aide humanitaire de ses pays « frères et amis », et encore l’Arabie saoudite.  Ainsi, la générosité saoudienne s’est illustrée avec une enveloppe d’un demi-milliard de dollars.  De plus, l’Arabie saoudite verse une somme de 60 millions de dollars par mois pour rétablir l’électricité.

De l’autre côté, l’Iran et ses bras armés, dont les houthistes et le Hezbollah, sont un grave danger à la sécurité, a souligné le Ministre.  L’Iran, a-t-il martelé, est un État voyou qui ne respecte ni droit international ni ses obligations d’État Membre des Nations Unies.  L’Iran a occasionné des dégâts énormes au Yémen, en armant et finançant les milices houthistes qui brandissent d’ailleurs le slogan de la révolution iranienne.  L’Iran a transformé certaines régions du Yémen en rampe de lancement de missiles pour menacer les pays voisins et la navigation internationale dans la mer Rouge.  Le Ministre yéménite en a voulu pour preuve les rapports des Nations Unies qui réaffirment la nature du soutien dont bénéficient les milices houthistes de la part de l’Iran.

Cette milice est allée jusqu’à revendiquer sa responsabilité dans les attaques terroristes qui ont visé les installations de la compagnie saoudienne ARAMCO.  Le Yémen, qui condamne cette attaque terroriste et souligne la nécessité d’identifier les responsabilités, considère cette agression non seulement comme une attaque contre l’Arabie saoudite mais également contre l’économie mondiale et la paix et la sécurité internationales.  La solution, c’est à amener les milices à mettre en œuvre les accords, a rappelé le Ministre yéménite, en dénonçant leur intransigeance.

Avec l’opération des Nations Unies et les efforts de l’Envoyé spécial, le Yémen s’est inscrit dans toutes les initiatives de paix.  Nous sommes allés en Suède, l’année dernière, pour donner ses chances à la paix.  Mais les milices houthistes continuent d’esquiver, refusant de comprendre que la paix n’est pas un slogan mais des actes.  Le Ministre a demandé au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités en exigeant des houthistes qu’ils appliquent ses résolutions, notamment le retrait de la ville et du port de Hodeïda ainsi que la libération des prisonniers.

Le Ministre des affaires étrangères du Yémen a souhaité faire part d’une lettre touchante qu’il a reçue des mères de disparus.  Elles veulent que le monde entende leur douleur, elles qui ont perdu leurs enfants, utilisés comme des boucliers humains.  « J’espère que, l’année prochaine, nous nous réunirons avec un Yémen en paix.  Nous espérons la paix, la paix pérenne et inclusive », a conclu le Ministre.

M. BOCCHIT EDMOND, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a jugé indispensable un « sursaut de responsabilité collective » de la part des membres de la communauté internationale, afin de rester mobilisés sur les buts, principes, piliers d’action et objectifs de la Charte.  Il s’est félicité à cet égard que la présente session de l’Assemblée générale soit marquée du sceau du multilatéralisme, rappelant ainsi la voie à suivre pour parvenir au développement durable et à la paix.  « J’espère que nous comprendrons tous la nécessité de passer des déclarations solennelles à des actions et initiatives concrètes qui soient à la dimension des défis présents et à venir », a-t-il ajouté.

Après s’être inquiété du nombre et de l’ampleur des feux de forêts des dernières années et avoir rappelé les dégâts causés récemment par le cyclone Dorian aux Bahamas, M. Edmond a également mentionné les inondations qui ont frappé son pays et a demandé qu’une attention particulière soit accordée aux petits États insulaires en développement (PEID) qui ne disposent pas des moyens suffisants pour lutte contre les catastrophes naturelles et préserver l’environnement.

Le Ministre s’est inquiété des retards pris dans la lutte contre la pauvreté, estimant que les efforts déployés n’étaient pas à la hauteur des besoins réels et parlant de « décalage saisissant » entre les engagements pris, notamment dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les actions en cours.  Il a par ailleurs insisté sur l’importance d’une éducation de qualité, seul moyen de garantir concrètement le respect des droits de l’homme et le progrès économique et social.  M. Edmond a ensuite rappelé les besoins « immenses » de son pays, pour lequel la poursuite des objectifs de développement durable reste « un défi majeur ».

Le Gouvernement haïtien a pleine conscience de la responsabilité qui est la sienne de garantir la sécurité, la stabilité et le développement à long terme du pays, a assuré le Ministre, qui a rappelé que son pays était confronté depuis plusieurs mois à « une crise politique complexe qui est venue se greffer à la situation de précarité économique vieille de plusieurs décennies.  Il a fait état des efforts du Président de la République Jovenel Moïse en faveur d’un dialogue haïtien et de la résolution de la crise.  Cependant, a-t-il averti, « Haïti ne pourra pas se relever sans un appui substantiel, soutenu, durable, cohérent, bien coordonné et efficace de la communauté internationale. »

M. Edmond a donc « pris acte » du mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) qui doit succéder le 16 octobre prochain à la Mission des Nations Unies pour l'appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH).  Rappelant que ce mandat consistera « essentiellement à conseiller le Gouvernement sur les moyens de promouvoir et renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance », le Ministre a souhaité que le BINUH dispose de toutes les ressources nécessaires.  Il a appelé à « une meilleure coordination de la présence onusienne » dans le pays », et a demandé que toutes ses actions s’inscrivent bien « dans le cadre des priorités établies par le Gouvernement ».

M. Edmond a également plaidé pour un « nouveau paradigme de la coopération internationale, estimant qu’elle passait nécessairement par une réforme en profondeur des structures des Nations Unies et de leur fonctionnement.  Les Nations Unies doivent être plus souples, plus ouvertes et plus pragmatiques, a poursuivi le Ministre, qui a estimé qu’une « action responsable et célère des Nations Unies aurait pu permettre de limiter les dégâts et d’éviter bien des souffrances aux populations affectées par l’épidémie de choléra ».  Il a toutefois reconnu des « progrès encourageants » dans la lutte menée contre cette épidémie grâce aux efforts de l’Envoyée spéciale du Secrétaire général et de tous les acteurs concernés, avant de demander à l’ONU de redoubler d’efforts pour assurer le financement de la stratégie de lutte contre le choléra dans le pays.

« Nous les peuples », a déclaré M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Congolais de l’étranger du Congo, ne pouvons accepter ce qui s’apparente à une démolition méthodique du multilatéralisme.  Être dans le sens de l’histoire, c’est être dans la lucidité et c’est aussi se tenir loin des égoïsmes et des fanatismes, loin du mépris des uns, de la haine des autres et du rejet d’autrui, a asséné le Ministre avant d’attirer l’attention sur le plan national de développement 2018-2022 qui met l’accent sur l’accès universel aux soins de santé pour tous.  Cela est d’autant plus important, a-t-il expliqué, que la région est menacée par Ebola et par la propagation effrénée, « dans une indifférence quasi générale », de faux médicaments.  Ces faux médicaments et les officines qui les produisent doivent tout simplement être déclarés « ennemis publics » par tous et sans réserve, ici même aux Nations Unies, a martelé le Ministre, dénonçant « ni plus ni moins, un programme sordide d’empoisonnement de masse ».  Le Ministre a donc soutenu l’initiative africaine d’organiser à Lomé, un Sommet des chefs d’État entièrement consacré à cette problématique.

Il a ensuite regretté que la question des changements climatiques soit encore sujette à des divergences « sibyllines ».  Il a saisi cette occasion pour rappeler la nécessité de rendre opérationnel le « Fonds bleu pour le bassin du Congo », afin de protéger le deuxième poumon de la planète.  Rappelant que son pays préside la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), le Ministre s’est réjoui de l’évolution positive de la situation en République démocratique du Congo et a salué les efforts du Président centrafricain pour rétablir la sécurité dans l’ensemble des provinces du pays.  Le Ministre a vu dans la situation en Libye « la preuve « que les efforts déployés à ce jour n’ont pas été à la hauteur.  Son pays présidant le Comité africain de haut niveau pour la recherche de la paix, il a tranché: seuls un cessez-le-feu général et une cessation définitive des hostilités pourront créer les conditions d’un dialogue inclusif préalable à des élections générales, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.  C’est, a-t-il dit, « l’agenda du bon sens et de la raison ».  C’est cet agenda qui a rendu possible le dénouement de la crise au Soudan voisin, a-t-il souligné, saluant le fruit de l’antique « Palabre africaine », laquelle se nourrit toujours aux sources de la pondération et de la sagesse.

Droits de réponse

Le représentant du Guatemala a rejeté les accusations du Belize sur les activités de déforestation que des ressortissants ou des membres des Forces armées guatémaltèques mèneraient au Belize.  Il a nié que le Guatemala occupe une partie du territoire de son voisin et a jugé inopportun de parler devant cette Assemblée de questions litigieuses qui ne relèvent pas de sa compétence et qui ont été confiées à la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a donc lancé un appel au Belize pour qu’il s’abstienne d’entraver la bonne marche des procédures judiciaires.

Son homologue de l’Indonésie a répondu au Vanuatu, qui a mis en cause l’appartenance de la Papouasie à son pays.  Étudiez et réétudiez le dossier du statut de la Papouasie ainsi que les faits juridiques et historiques, a encouragé le représentant, qui a affirmé que Nations Unies ont entériné l’identité indonésienne du territoire.  Pourquoi, s’est étonné le représentant, Vanuatu, dans son « irresponsabilité », soutient des groupes séparatistes qui ne sauraient prétendre fonder leur action sur le droit international ou la Charte des Nations Unies.  L’Indonésie est un pays multiethnique qui respecte les différences, les coutumes et les sagesses locales de tous ses groupes ethniques.

Le représentant de l’Arménie a vu dans la déclaration de l’Azerbaïdjan une tentative de justifier le non-respect des engagements pris et de se cacher derrière l’Arménie pour expliquer son faible bilan en matière de droits de l’homme.  Les menaces proférées par l’Azerbaïdjan, a estimé le représentant, devraient être interprétées comme une alerte précoce, présageant de nouveaux crimes de guerre. Pendant 30 ans, a martelé le représentant, la population du Nagorno-Karabakh a résisté face à la coercition de l’Azerbaïdjan et s’est mobilisée pour l’autodétermination.  L’Arménie, a-t-il promis, fera tout pour empêcher un nouveau génocide contre sa population et elle tient à une solution pacifique et négociée.  Évoquer les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il jugé, est une piètre excuse pour ne pas reprendre les négociations.  L’Azerbaïdjan lui-même n’a pas mis ces résolutions en œuvre et a toujours cherché à résoudre le problème par la force.  La Déclaration d’Athènes de l’OSCE reconnaît pourtant que le principe d’autodétermination est au cœur du règlement de la question du Nagorno-Karabakh et les autorités de ce territoire devraient avoir le dernier mot, a tranché le représentant.

Le représentant du Pakistan a répondu à l’Inde qui a accusé son pays d’avoir prononcé, hier, un discours de haine.  C’est une accusation « scandaleuse », s’est-t-il emporté.  C’est le Premier Ministre indien, a-t-il dénoncé, qui veut remettre au goût du jour l’idée d’une suprématie hindoue.  Lorsque mon Premier Ministre a pris la parole hier, il a dévoilé ce que le Gouvernement indien cherche à cacher: son action au Jammu-et-Cachemire et son traitement des minorités sur l’ensemble du territoire indien.  La réaction de l’Inde, a estimé le représentant, témoigne de sa volonté de manipuler et de cacher les souffrances de la population du Jammu-et-Cachemire qui fait l’objet d’un véritable « blackout » depuis 53 jours.  Quand est-ce que vous aurez le courage de laisser s’exprimer la population du Jammu-et-Cachemire et de répondre aux rapports du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme? a demandé le représentant.

Son homologue des Émirats arabes unis a, à son tour, rejeté les accusations portées par le Yémen.  Nous ne cherchons aucunement à diviser le pays et nous sommes, au contraire, très préoccupés par les développements dans le sud.  Les Émirats arabes unis, a affirmé la représentante, restent déterminés à aider le Gouvernement légitime du Yémen à lutter contre les milices houtistes.  Nous continuerons de prendre les mesures nécessaires pour protéger les membres de la coalition contre ceux qui la vise, y compris les terroristes de Daech et d’Al-Qaida.

Répondant à l’Arménie, le représentant de l’Azerbaïdjan s’est étonné que son homologue ait cherché à décrire devant la communauté internationale son pays comme « un ilot de démocratie ».  Or, les nouvelles autorités n’ont pas hésité à jeter l’opprobre sur leurs prédécesseurs, confirmant ce que l’Azerbaïdjan a toujours proclamé.  Pourquoi le nouveau Gouvernement d’Erevan devrait être perçu comme différent des gouvernements précédents? s’est demandé le représentant.  Le Nagorno-Karabakh, a-t-il insisté, restera azerbaidjanais, s’étonnant aussi que l’Arménie parle aujourd’hui de solution pacifique alors qu’elle n’a jamais fait preuve de pacifisme par le passé, comme en témoigne l’assassinat brutal de civils et leur expulsion.  La vérité est que l’Azerbaïdjan est occupé par l’Arménie qui s’y livre à un nettoyage ethnique et propage des discours de haine, y compris par la voix de personnalités publiques et politiques. Toute tentative de l’Arménie d’encourager la sécession du Nagorno-Karabakh est et sera toujours considérée comme illégale du point de vue du droit international.  Le Conseil de sécurité a l’a confirmé: le Nagorno-Karabakh est partie intégrante de l’Azerbaïdjan, a martelé le représentant.

Son homologue de l’Arménie l’a découragé de faire un parallèle entre la situation des droits de l’homme et de la démocratie entre leurs deux pays.  L’Azerbaïdjan est « une menace existentielle » pour le peuple du Nagorno-Karabakh, a-t-il répété, soulignant que dans son pays « nos minorités sont représentées au Parlement et leurs droits sont respectés ».  Il s’est étonné que les propos de l’Azerbaïdjan contrastent autant avec les rapports des organisations internationales.  Lors de l’offensive de 2016 contre les peuples du Nagorno-Karabakh, les forces azerbaïdjanaises ont exécuté et mutilé des corps, en ciblant des groupes vulnérables et des minorités yézidies, a-t-il affirmé.  L’Azerbaïdjan s’emploie à détruire toute trace de civilisation dans ces territoires, a-t-il accusé.

Reprenant de nouveau la parole, le représentant de l’Azerbaïdjan a déclaré; c’est l’Arménie qui méprise les règles du droit international.  Contrairement aux autres États de la région, l’Arménie se veut monoethnique, comme en atteste l’expulsion des non-Arméniens dont les Azerbaïdjanais.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les Nations Unies rappelées à leurs responsabilités par les pays, petits et grands, intervenant au quatrième jour du débat général

Soixante-quatorzième session,
9e et 10e séances plénières - Matin et après-midi
AG/12196

Les Nations Unies rappelées à leurs responsabilités par les pays, petits et grands, intervenant au quatrième jour du débat général

Applaudissements et murmures de désapprobation ont résonné plus que d’ordinaire dans la grande salle de l’Assemblée générale.  Qu’il s’agisse de la situation au Jammu-et-Cachemire, des effets dévastateurs des changements climatiques, ou de la survie des petits États insulaires en développement, la quatrième journée du débat général a donné lieu à des prises de position tranchées de la part de pays aussi différents démographiquement qu’économiquement, avec pour principal point commun une critique larvée du rôle des Nations Unies face aux crises que traverse le monde. 

L’ONU a certes permis d’éviter que la troisième guerre mondiale n’éclate, mais « force est de constater que le nombre de conflits sur la planète n’a pas diminué depuis sa création, pas plus que les tensions entre pays », a froidement constaté le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov.  À ses yeux, la situation actuelle tient à la réticence des pays « autoproclamés vainqueurs de la guerre froide » à prendre en compte les « intérêts légitimes » des autres États et à accepter le « cours objectif » de l’histoire.  Sans mettre explicitement l’ONU et son Conseil de sécurité devant leurs propres limites, M. Lavrov a notamment appelé la communauté internationale à soutenir l’adoption d’une déclaration russo-américaine de haut niveau sur l’irrecevabilité de la guerre nucléaire, « qui par définition ne peut avoir de vainqueur ». 

Le risque de confrontation nucléaire a également pesé dans les propos prononcés par le Premier Ministre du Pakistan, M. Imran Kahn, venu dénoncer avec force la révocation, par l’Inde, du statut particulier du Jammu-et-Cachemire.  Fustigeant l’« arrogance » de son homologue indien, M. Narendra Modi, le Premier Ministre pakistanais a alerté du risque d’un « bain de sang » en cas de répression, avant d’appeler la communauté internationale à l’action.  « L’Inde doit lever ce couvre-feu inhumain qui dure depuis 55 jours, libérer les prisonniers politiques, et retrouver la trace des 13 000 garçons dont on est sans nouvelles », a-t-il lancé sous les vivats de ses partisans.  Dans ce « moment charnière », qui voit deux puissances dotées de l’arme nucléaire se faire face, a-t-il de plus constaté, l’ONU est « mise à rude épreuve » car c’est elle qui doit « garantir le droit des Cachemiri à l’autodétermination ». 

Avant lui, et sans jamais faire référence au Jammu-et-Cachemire, le Premier Ministre indien avait présenté son pays comme « une nation éprise du message de paix de Buddha », tout en lançant une mise en garde appuyée contre le terrorisme.  Il a cependant déploré le manque d’unanimité entre nations sur cette question et a appelé à donner « une nouvelle direction » au multilatéralisme et aux Nations Unies. 

Dans le même esprit, mais à une autre échelle, le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, M. Timothy Harris, s’est inquiété de « l’affaiblissement du système multilatéral », grâce auquel les petites nations peuvent être entendues aux Nations Unies.  Enjoignant à l’ONU d’adopter une approche plus cohérente au regard des questions liées au développement durable, M. Harris a souligné le manque de ressources des petits États insulaires en développement (PEID) et leur difficulté à se concentrer sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) alors que leur existence même est menacée par le réchauffement climatique.  « Les petits États se trouvent en première ligne dans une guerre qu’ils n’ont ni commencée, ni voulue.  C’est injuste, c’est inique.  Nous avons besoin d’une aide plus importante et cette aide nous est due », a-t-il plaidé.

Même son de cloche de la part du Vice-Président de Maurice, M. Paramasivum Pillay Vyapoory, qui a jugé essentiel d’établir un partenariat « plus réactif et ciblé » avec ces États à revenu intermédiaire pour leur permettre de bénéficier de financements concessionnels et de subventions.

« Dans les Caraïbes et le Pacifique, nous sommes aux premières loges, mais prenez garde, les autres sont juste derrière nous », a pour sa part averti la Première Ministre de la Barbade, Mme Mia Amor Mottley, dans une intense dénonciation du « comportement destructeur » des pays responsables des émissions de dioxyde de carbone.  Face à cette « absence de volonté politique », elle a rappelé que, depuis trois décennies, les PEID tirent vainement le signal d’alarme.  À telle enseigne, a-t-elle observé avec ironie, qu’au lendemain du Sommet Action Climat, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un rapport sur les océans et la cryosphère confirmant que « certaines des plus graves conséquences des changements climatiques ne pourront être évitées ». 

Tout aussi incisif, le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Gaston A. Browne, a souhaité poser la question brûlante du statut des « réfugiés climatiques », estimant que les perspectives pour l’avenir imposent qu’ils soient pleinement reconnus en tant que réfugiés, notamment quand ils passent les frontières.  Il a donc proposé à l’Assemblée générale de confier cette question à des commissions dédiées chargées de s’accorder sur une définition commune, à verser au droit international.  Conscient de la résistance que cette proposition rencontrera de la part des « gouvernements qui nient la réalité des changements climatiques », il a averti qu’en l’absence d’une réponse des Nations Unies, « alors désunies », il les rendrait « à jamais responsables des catastrophes qui ne manqueront pas de s’abattre sur nos pays ».

Dans ce scepticisme ambiant, le Premier Ministre de Samoa, M. Tuilaepa Malielegaoi, a détonné en se réjouissant de l’adoption par l’Assemblée générale de la Déclaration politique sur l’examen à mi-parcours des « Orientations de Samoa », dont l’objectif est d’accélérer la réalisation de l’agenda du développement durable des PEID.  Toutefois, a-t-il nuancé, « adopter la Déclaration, c’est facile, mais se l’approprier, c’est courageux ». 

De cette quatrième journée, on retiendra également l’intervention du Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi, qui s’est engagé à maintenir l’ouverture du commerce mondial et du régime multilatéral de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  « Face aux vents contraires du protectionnisme, nous ne devons pas rester les bras croisés », a-t-il notamment affirmé. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 28 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. PARAMASIVUM PILLAY VYAPOORY, Président par intérim de Maurice, a fait part de son inquiétude au sujet des changements climatiques qui continuent de perturber les économies et les moyens de subsistance.  C’est pourquoi son pays s’est lancé dans le développement de transport à faible émission de carbone et compte inaugurer prochainement un réseau de train léger.  Maurice compte aussi doubler l’utilisation des énergies renouvelables d’ici à l’horizon 2030.

Il a jugé essentiel d’établir un partenariat plus réactif et ciblé pour traiter les problèmes spécifiques liés aux petits États insulaires en développement (PEID) qui, considérés comme des États à revenu intermédiaire, peinent désormais à bénéficier de financements concessionnels et de subventions.  Cette situation est d’autant plus exacerbée que nos efforts pour diversifier nos économies et développer notre compétitivité à l’international, notamment en matière de services financiers, se heurtent à un terrain de jeu inégal, a-t-il déploré.  Il a appelé à se pencher sur cette problématique, pour que les pays comme Maurice ne soient pas pris dans le « piège » des pays à revenu intermédiaire.

Au-delà des manifestations de bonne volonté et de soutien, des actions ciblées sont requises pour la réalisation des objectifs arrêtés pour 2030 afin de ne laisser personne de côté, a-t-il par ailleurs développé.  Il a indiqué qu’en dépit de moyens limités, Maurice travaille dans le sens de l’éradication de la pauvreté, la promotion de l’égalité des sexes et l’amélioration de la qualité de l’éducation.

Abordant la situation des océans, il a alerté que ceux-ci continuent de se détériorer à un rythme alarmant, pointant l’acidification des océans et la pression des activités de pêches qui, a-t-il prévenu, représentent une véritable menace à la ressource marine.  Il a expliqué que son pays s’attelle à développer une pêche durable et à bannir l’utilisation du plastique.  Nous sommes également résolument engagés dans la mise en œuvre du processus » du Comité préparatoire chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, a-t-il ajouté.

M. Vyapoory a aussi alerté que la piraterie, le trafic de drogue et d’êtres humains ainsi que le pillage de la ressource marine avaient atteint des proportions alarmantes dans « cette partie » de l’océan Indien », et a jugé urgent de traiter cette problématique qui porte atteinte à la sécurité et à la stabilité de la région et au-delà.  En sa qualité de Président de la commission de l’océan Indien (COI), Maurice a organisé ces deux dernières années des réunions au niveau ministériel pour traiter de cette question.

Sur le volet des réformes de l’organisation mondiale, il a salué les progrès réalisés dans le cadre des négociations intergouvernementales et exhorté à redoubler d’efforts pour faire avancer les réformes du Conseil de sécurité pour qu’il soit plus représentatif et reflète la réalité de notre temps.  Sur le registre de la décolonisation, il a salué l’action de l’Assemblée générale, qui a toujours joué un rôle central dans ce sens, tout en regrettant que quelques réminiscences de cette pratique subsistent toujours.  Il a ainsi appelé le Royaume-Uni à se retirer de l’archipel des Chagos, conformément à une résolution adoptée récemment par l’Assemblée générale.  S’agissant de l’île Tromelin, il a appelé à résoudre le différend dans le cadre d’un règlement pacifique et de l’esprit d’amitié qui a toujours caractérisé les relations entre Maurice et la France.  

« Le succès de la mission des Nations Unies dépend de leur capacité à renforcer le multilatéralisme afin de promouvoir la paix et la prospérité dans le monde », a commencé M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie.  « Dans un monde où les défis sont de plus en plus graves et complexes, nous devons tous nous unir et les relever ensemble.  Aucun pays, quelle que soit sa taille, ne peut les affronter seul », a-t-il ajouté.  « Depuis plus de sept décennies, le multilatéralisme nous a sauvé de la tragédie d’une guerre mondiale », a-t-il notamment affirmé.  Et le multilatéralisme a assuré la prospérité économique et des avancées technologiques sans précédents dans le monde.  Il s’est dit convaincu que le monde sera plus stable, plus pacifique et plus prospère, à condition d’honorer les valeurs du multilatéralisme.

Le Vice-Président s’est ensuite livré à un vibrant plaidoyer pour la paix dans le monde, dénonçant notamment les guerres et les conflits qui détruisent l’espoir d’atteindre les objectifs de développement durable.  Il a pointé « les attaques qui ont détruit des installations civiles et des infrastructures économiques au Moyen-Orient ».  Il a aussi prévenu que la paix ne serait pas possible dans la région sans solution pour la Palestine et a réaffirmé le soutien de son pays pour une « solution des deux États » avec une « Palestine unie ». 

Poursuivant, M. Kalla a affirmé que l’Indonésie est en passe de devenir une des plus grandes nations contributrices aux forces de maintien de la paix des Nations Unies.  Face à la complexité des tâches auxquelles sont confrontés les Casques bleus, il a jugé nécessaire de mieux préparer les forces au déploiement, mais aussi de mieux gérer la préparation du déploiement, notamment en maîtrisant les compétences non techniques.  Il a aussi appelé à renforcer le rôle des femmes au sein des forces de maintien de la paix et a annoncé que l’Indonésie avait accueilli, pour la première fois, un programme de formation régionale sur les femmes, la paix et la sécurité.

Le Vice-Président a ensuite mis en avant l’importance de renforcer le « régionalisme durable ».  Il a indiqué que depuis plus de 50 ans, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’évertue à promouvoir une culture du dialogue, la coopération et le règlement pacifique des différends dans la région.  « Nous souhaitons élargir la culture de coopération développée au sein de l’ASEAN à la région indopacifique afin de la rendre pacifique, stable et prospère », a-t-il indiqué.  Il a ensuite évoqué l’adoption, en juin 2019, par les dirigeants de l’ASEAN de l’« Outlook on the Indo-Pacific » qui servira de guide pour développer la coopération avec les pays de la région.

Continuant, M. Kalla a insisté sur l’importance de travailler sans relâche pour atteindre les objectifs de développement durable.  « Il ne reste que 11 ans pour les réaliser », s’est-il inquiété, avant de souligner l’importance que revêtent les partenariats internationaux.  Il a fait savoir qu’en 2018, le taux de pauvreté en Indonésie est pour la première fois passé sous la barre des 10%.  L’inégalité recule avec un coefficient de Gini passé de 0,414 à 0,324, et 223 millions.  Mais des difficultés persistent avec 18,7 millions d’enfants d’âge scolaire ne recevant pas assez de soutien.  

M. Kalla s’est par ailleurs préoccupé de constater que des engagements pris en vertu de la Charte ne sont pas respectés, voire sont violés par « un État Membre », insistant sur l’importance de respecter la souveraineté des États.  Il a indiqué que l’Indonésie est candidate à la présidence du Conseil des droits de l’homme pour la période 2020-2022, avant de passer en revue les actions de son pays sur ce dossier.

Il a terminé son intervention en revenant sur l’importance capitale du multilatéralisme, en citant un proverbe africain: « Si vous voulez aller vite partez seul, si vous aller loin, partez ensemble! »  Son intervention a été accueillie par des applaudissements nourris.

M. THOMAS MOTSOAHAE THABANE, Premier Ministre du Lesotho, a réaffirmé l’attachement de son pays au Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme en atteste son deuxième plan stratégique pour le développement 2019-2023.  Le Lesotho, a ajouté le Premier Ministre, a aussi été parmi les 47 pays qui se sont soumis à l’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Le Premier Ministre a tout de même prévenu que la réalisation des objectifs fixés échappera aux pays comme le sien si l’assistance requise ne leur est pas offerte.  La collaboration avec les partenaires au développement, les institutions financières et le secteur privé est « capitale », a-t-il insisté.  Quant aux changements climatiques, le Premier Ministre a fait part de l’engagement de son pays de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 10% grâce aux ressources internes et de 25% grâce à l’aide extérieure d’ici à 2030.  Ici aussi, il a appelé à l’assistance internationale pour renforcer les capacités d’adaptation.

L’année dernière, a rappelé le Premier Ministre, j’ai souligné que la paix, la sécurité et le développement économique ne seront pas possibles dans des pays comme les nôtres sans une réforme des lois et des institutions nationales.  Les lois et institutions « archaïques » héritées de nos « maîtres-colons » sont bien loin des réalités du XXIsiècle.  Aussi, le dialogue national sur le « Lesotho que nous voulons » touche-t-il à sa fin.  Le Parlement terminera bientôt l’élaboration de la loi portant création de l’organe chargé de mettre en œuvre les réformes.

Plaidant aussi pour la réforme du Conseil de sécurité, conformément au consensus d’Ezulwini, le Premier Ministre a souligné que « nos Nations Unies » devraient être une organisation qui protège la souveraineté de tous les États Membres et empêche toute ingérence dans leurs affaires intérieures.  Une organisation, a-t-il précisé, qui s’oppose aux sanctions injustes comme celles imposées au Zimbabwe.  Le Premier Ministre a demandé à tous les États de se rallier derrière le Zimbabwe et l’appel à mettre fin à des sanctions qui ont si longtemps « mutilé » l’économie et la vie du citoyen ordinaire.

« Cette année, la plus grande élection a eu lieu dans la plus grande démocratie du monde », a déclaré avec fierté M. NARENDRA MODI, Premier Ministre de l’Inde, qui a précisé qu’il avait été réélu pour un deuxième mandat par un nombre record d’électeurs.  Quand un pays en développement réussit la plus grande campagne d’assainissement du monde, avec plus de 110 millions de toilettes installées en cinq ans, ses réalisations et résultats suscitent l’inspiration du monde, a poursuivi M. Modi, en parlant de son « initiative pour une Inde propre ».  Quand un pays en développement gère avec succès le plus grand système d’assurance maladie qui couvre plus de 500 millions de personnes à hauteur de 500 000 roupies en traitements gratuits par an, il montre la voie à suivre au reste du monde.  Quand un pays en développement met en place le plus grand système d’inclusion financière, avec l’ouverture de 370 millions de nouveaux comptes bancaires pour les personnes démunies en cinq ans, les systèmes qui en résultent inspirent la confiance dans les pauvres du monde entier.  Enfin, s’est-il encore réjoui, quand un pays en développement lance le plus grand programme d’identification digitale pour ses citoyens, en leur offrant une identité biométrique, leur permettant ainsi de jouir de leurs droits et de récupérer 20 milliards de dollars grâce à la lutte contre la corruption, les systèmes modernes qui en résultent donnent un nouvel espoir au monde. 

Le Premier Ministre a également annoncé une importante campagne récemment lancée en Inde pour interdire les plastiques à usage unique, et une autre initiative pour promouvoir la conservation de l’eau, mais aussi assurer l’approvisionnement en eau à 150 millions de foyers.  Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement Modi a aussi l’intention de construire 125 000 kilomètres de nouvelles routes et, d’ici à 2022, de construire 20 millions d’habitations pour les pauvres.  De plus, l’Inde vise à éradiquer la tuberculose d’ici à 2025, et non pas 2030.

À la question de savoir comment l’Inde est parvenue à atteindre de tels résultats en si peu de temps, le Premier Ministre a répondu en évoquant la culture millénaire de son pays qui « voit la divinité dans chaque être et recherche le bien-être de tous ».  Dès lors, l’approche de M. Modi se fonde sur le bien-être public à travers la participation de tous et son leitmotiv est « des efforts collectifs pour la croissance de tous et avec la confiance de tous ».  Cette approche ne se limite pas aux frontières de l’Inde, a-t-il précisé, en ajoutant qu’elle ne se fonde pas non plus sur la pitié ou la prétention.  Elle est inspirée par un profond sens du devoir, a expliqué M. Modi.

Il a souligné que les rêves que ces efforts cherchent à exaucer pour 1,3 milliard d’Indiens sont les mêmes dans le monde entier, dans chaque pays et dans chaque société.  Ces efforts sont les nôtres, mais leurs fruits sont pour tous, pour le monde entier, a prêché le Premier Ministre, qui a indiqué que cette conviction ne cesse de se renforcer en pensant aux autres pays qui, comme l’Inde, cherchent à se développer.

M. Modi a ensuite indiqué que, du point de vue des émissions par habitant, la contribution de l’Inde au réchauffement climatique est relativement faible.  Cela ne l’empêche pas de faire partie des pays chefs de file dans les efforts de lutte contre ce problème, notamment par la création d’une alliance solaire internationale et la mise en place de la coalition pour des infrastructures résilientes aux catastrophes naturelles.

Poursuivant, le Premier Ministre a mis en garde contre le terrorisme qui représente « l’un des plus grands défis » pour le monde et l’humanité.  Le manque d’unanimité entre nations sur cette question porte atteinte aux principes mêmes qui ont servi de base à la création de l’ONU, a-t-il regretté, en appelant la communauté internationale à faire front commun contre le terrorisme.  Il a également appelé à donner « une nouvelle direction » au multilatéralisme et aux Nations Unies.

M. LEE HSIEN LOONG, Premier Ministre de Singapour, a souligné combien les institutions multilatérales et le respect « des systèmes et des règles » étaient essentiels pour la survie des petits États comme le sien.  « Un système basé sur des règles impose des responsabilités à tous les pays et crée un environnement stable pour tous », a-t-il estimé.  Dans un monde de plus en plus polarisé, le Premier Ministre a ainsi plaidé en faveur du multilatéralisme pour faire face aux problèmes complexes d’envergure globale, de l’éradication de la pauvreté aux pandémies, en passant par les changements climatiques.

Tous les pays sont confrontés au problème du développement, a-t-il poursuivi.  « Mais il est très difficile pour chaque pays de se développer et de progresser dans son coin », a ajouté le Chef de Gouvernement, précisant que la croissance se fondait sur le commerce, les investissements et la technologie, au sein d’un ordre international à la fois ouvert et régulé.  Le Premier Ministre a souligné que l’ouverture par les pays développés de leurs marchés intérieurs au cours des dernières décennies avait permis à la Chine, à l’Inde et à d’autres économies d’Asie du Sud-Est, dont Singapour, de connaître la croissance économique.  Parallèlement, les pays développés ont été en mesure d’accéder à de nouveaux marchés pour écouler leurs biens et produits dans les pays en développement, a-t-il ajouté. 

À l’heure où de nombreux pays en développement d’Afrique et d’Amérique latine empruntent cette même voie, le Premier Ministre a jugé important que les marchés des pays développés leur soient ouverts.  Maintenir cette ouverture, a-t-il insisté, aura un effet bien plus grand sur le développement de ces pays que l’aide étrangère et l’assistance technique.  Or, le Premier Ministre a déploré la vision de plus en plus dominante selon laquelle le libre-échange et la globalisation ont accentué les inégalités.  « En réalité, le libre-échange et la globalisation ont amélioré la vie de milliards de personnes dans le monde », a-t-il argué, appelant à ne pas faire de ce système le « bouc émissaire » des difficultés économiques éprouvées par certains pays.

Cela ne veut pas dire que le système multilatéral est parfait, a nuancé le Premier Ministre, citant les difficultés croissantes éprouvées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour conclure des accords commerciaux, ce qui suppose un consensus de ses 164 membres.  Le Premier Ministre a donc appelé à réformer l’OMC, dont les règles ont, selon lui, été créées pour une économie mondiale basée sur l’agriculture et l’industrie lourde, et non, comme c’est le cas actuellement, sur les services digitaux et la propriété intellectuelle.  Pour pallier ces lacunes et le manque de ressources des institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, le Chef de Gouvernement a notamment appelé les États Membres à lancer des initiatives régionales de libre-échange et de construction d’infrastructures, à l’image du de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, signé le 8 mars 2018.

M. MARJAN ŠAREC, Premier Ministre de Slovénie, a estimé que dans le nécessaire ajustement en cours du nouvel ordre mondial, il est impératif de respecter les principes fondamentaux qui ont toujours guidé l’action des Nations Unies, tels la souveraineté et l’égalité entre États, la sécurité collective, le développement du droit international, la résolution pacifique des conflits, la coopération internationale et le respect des droits de l’homme.  Nationalisme et populisme offrent des formules faciles et tentantes, mais apporter des solutions authentiques aux problèmes est autrement plus complexe et requiert un large consensus, a-t-il souligné.  Cette semaine encore, les États ont, dans l’ensemble, réaffirmé leur foi dans le multilatéralisme, s’est-il félicité, pointant trois domaines où celui-ci est plus nécessaire que jamais: l’état de droit et les droits humains, les changements climatiques et les objectifs de développement durable et, enfin, le défi posé par les nouvelles technologies.

M. Šarec a appelé à garder à l’esprit que, pour que le système fonctionne, chaque État doit agir selon les règles définies par la Charte.  Respecter le droit international est une obligation incontournable, a-t-il insisté.  La protection des droits humains au cours des 70 dernières années a fait des progrès impressionnants, mais personne ne doit les prendre pour acquis.  Il faut ainsi non seulement créer des opportunités pour la jeunesse, mais aussi prendre en compte le vieillissement de nombre de sociétés et les droits des personnes âgées.  Par ailleurs, l’espace tend à se restreindre de façon alarmante pour les militants des droits de l’homme dans le monde.  Or, il est impératif de garantir justice et reddition de comptes pour toute violation du droit international humanitaire et des droits humains, a-t-il souligné.

S’agissant de la prévention de conflit, le Premier Ministre a indiqué que la Slovénie continuera d’appuyer la stabilité et l’intégration européenne des Balkans occidentaux.  Il s’est également soucié de la persistance de l’impunité et a indiqué que la Slovénie avait lancé une initiative sur la négociation d’un traité multilatéral sur l’extradition et la fourniture d’une assistance juridique mutuelle pour appuyer les poursuites nationales pour les crimes internationaux les plus graves.  Il a précisé que la négociation du texte débutera au printemps prochain.

Concernant les changements climatiques et le développement durable, a-t-il enchaîné, force est de noter que le climat évolue plus rapidement que prédit et la jeunesse mondiale, mobilisée, réclame une action immédiate.  La COP25, en fin d’année, au Chili, sera déterminante pour l’avenir de l’humanité et de la planète et nous devrons reconnaître le « droit de vivre dans un environnement sain ». 

Il s’est préoccupé du fait que l’épuisement des ressources naturelles, dont l’eau, accentue les inégalités et les risques de conflit.  Ceci appelle à repenser les modèles économiques pour les rendre plus durables à l’instar de l’économie circulaire, a-t-il estimé.  Il faut aussi faire tout notre possible pour éliminer toutes les formes de pauvreté et d’inégalité, promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives et atténuer les causes des migrations dans les pays en développement. 

Enfin, M. Šarec a jugé indispensable de se pencher sur l’importance des nouvelles technologies: elles peuvent apporter d’immenses bénéfices en termes de productivité et de qualité de vie, mais ouvrent en même temps de nouveaux risques pour les pays et les individus.  Selon les estimations, environ 80% de notre travail dans l’avenir sera effectué grâce à l’intelligence artificielle (IA) et nous devons mieux nous préparer à ces réalités.  La Slovénie a proposé sur ce point, avec le soutien de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), d’accueillir le premier centre international de recherches sur l’IA en Europe qui travaillera notamment sur la gouvernance et les politiques devant encadrer l’intelligence artificielle.

M. IMRAN KHAN, Premier Ministre du Pakistan, a commencé par rappeler que son pays est aujourd’hui « confronté à un moment difficile ».  Malgré cela, a-t-il dit, le Pakistan fait face à des problèmes urgents comme les effets des changements climatiques.  Il a déploré à cet égard le « manque de sérieux » de certains dirigeants, ceux-là mêmes qui « peuvent faire beaucoup mais ne se rendent pas compte de l’urgence de la situation ».  Selon le dirigeant, le Pakistan figure parmi les 20 nations du monde les plus affectées par ce fléau.  Il a notamment averti que les glaciers de l’Himalaya, d’où proviennent 80% des eaux du Gange et des fleuves indiens, fondent rapidement.  « Si rien n’est fait, une catastrophe est prévisible », a-t-il mis en garde.  Rappelant que son pays a pour objectif de planter dix milliards d’arbres pour lutter contre le réchauffement climatique, il a souhaité que les pays riches soient « poussés à faire plus » pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, a-t-il dit, « les Nations Unies doivent agir et être au premier plan sur ces questions ».

Le deuxième problème évoqué par M. Khan est celui de la fuite des capitaux des pays pauvres vers les pays riches.  « Tous les ans, des milliards de dollars sont ainsi détournés par les élites du monde en développement et se retrouvent dans des fonds offshore, de comptes de banques occidentales et des propriétés onéreuses achetées dans des pays riches », a-t-il dénoncé, y voyant « une façon d’appauvrir le monde en développement ».  Il a ainsi déclaré avoir dû, après son élection, consacrer la moitié des revenus du pays au service de la dette, « le pays ayant été pillé par les élites précédemment au pouvoir ».  « Nous avons besoin de l’aide des pays riches, ils ne peuvent permettre un tel détournement alors que nous avons besoin de cet argent pour les objectifs de développement durable », a-t-il affirmé, appelant de ses vœux « un système de dissuasion » sous l’égide de l’ONU et une interdiction effective des paradis fiscaux.

Le Premier Ministre pakistanais a ensuite abordé la question de l’islamophobie, qui touche, selon lui, plus d’un milliard de personnes dans le monde, à commencer par les nombreuses minorités musulmanes.  Pourquoi ce phénomène s’est-il développé?  Parce qu’après les attentats du 11 septembre, « certains leaders ont parlé d’islam radical », a-t-il relevé, assurant que « le terrorisme n’a pourtant rien à voir avec la religion ».  Cela étant, la marginalisation des communautés musulmanes peut conduire à des formes de radicalisation, comme c’est le cas en Europe, a poursuivi M. Khan, rappelant avoir vécu au Royaume-Uni lorsqu’il était joueur de cricket professionnel.  Il a également regretté le manque de compréhension de la religion islamique en Occident.  « Quand on s’en prend au prophète, les musulmans réagissent et on dit que l’islam est intolérant.  Mais il faut savoir ce que notre prophète représente pour nous », a-t-il fait valoir.  « Quand on se moque de lui, qu’il est insulté, la douleur du cœur est pire que la douleur physique », a-t-il insisté, demandant qu’on « n’utilise pas la liberté de parole pour peiner les musulmans ».

M. Khan s’est dès lors longuement attardé sur le point « le plus critique » de son intervention, à savoir la situation au Cachemire.  Il a indiqué qu’à son arrivée au pouvoir, il s’était efforcé de démanteler les groupes armés utilisés dans la guerre des Occidentaux contre l’ex-Union soviétique.  Il a dit avoir aussi souhaité une amélioration des relations de son pays avec l’Inde.  « J’ai dit au Premier Ministre indien Narendra Modi que nous avions les mêmes problèmes et qu’il fallait travailler ensemble.  Il m’a répondu que l’Inde faisait face à des attaques terroristes venues du Pakistan », a-t-il expliqué.  Entre-temps, a-t-il ajouté, « un jeune radicalisé de 20 ans s’est malheureusement fait exploser contre un convoi indien » au Cachemire, ce qui a entraîné des bombardements, une « campagne de haine » de l’Inde contre le Pakistan et la révocation, par New Delhi, du statut spécial du Cachemire.  Accusant le parti nationaliste hindou Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) de M. Modi, une organisation inspirée, selon lui, par Benito Mussolini et Adolf Hitler, d’être « responsable de l’épuration clinique des musulmans en Inde », le dirigeant pakistanais a vu dans cette idéologie la raison du couvre-feu imposé au Cachemire.  « C’est ainsi que 900 000 soldats sont stationnés dans la région et que des millions de personnes sont enfermées comme des animaux », s’est-il indigné, accusant son homologue indien d’être « aveuglé par son arrogance ».  « S’est-il demandé ce qu’il arrivera lorsque le couvre-feu sera levé?  Pense-t-il que le peuple du Cachemire va accepter le changement de statut de cette région? » a-t-il interrogé l’assistance, prédisant « un bain de sang » parce que « les gens vont descendre dans rue ».  Selon lui, le Pakistan sera alors accusé de ce soulèvement, de même qu’il sera accusé « lorsque que les 180 millions de musulmans d’Inde se radicaliseront », non pas à cause de l’islam mais « en raison de l’absence de justice ».

« Nous sommes à un moment charnière », a renchéri le Premier Ministre pakistanais, parce que « deux puissances dotées de l’arme nucléaire vont se retrouver face à face ».  Mais avant d’en arriver là, « les Nations Unies ont une responsabilité à assumer », a-t-il lancé, sous les applaudissements.  Rappelant que l’Organisation a été créée au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour garantir la paix et la sécurité internationales, il a dit avoir « l’impression que nous sommes à nouveau à Munich en 1939 ».  Dans ce contexte explosif, « que va faire la communauté mondiale? » a-t-il demandé.  « Si les choses tournent mal, préparez-vous au pire!  Ma conviction est qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que nous nous battrons jusqu’au bout.  Et quand un pays doté de l’arme nucléaire se bat jusqu’au bout, cela a des conséquences sur le monde entier », a-t-il encore averti, ajoutant que « ce n’est pas une menace, mais une mise en œuvre ».  À ses yeux, du fait de cette situation, l’ONU est mise à rude épreuve « car c’est vous qui devez garantir le droit des Cachemiris à l’autodétermination.  Pour M. Khan, « l’heure est venue d’agir ».  « L’Inde doit lever ce couvre-feu inhumain qui dure depuis 55 jours et libérer les prisonniers politiques, ainsi que les 13 000 garçons dont nous sommes sans nouvelles », a-t-il conclu.

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a déclaré que, au cours de la décennie écoulée, l’histoire de son pays et de son peuple avait été marquée par une série d’infortunes qui ont mis à rude épreuve la volonté et le courage de la nation.  « Mais nous avons lutté et persévéré et, l’été dernier, débuté un nouveau chapitre dans notre saga, un chapitre qui démontrera une fois de plus de quel bois nous sommes faits », s’est enorgueilli le Chef de Gouvernement.  Il a rappelé que, lors des dernières élections, le 7 juillet 2019, les électeurs grecs ont donné à son parti, Nouvelle démocratie, le soutien nécessaire à la formation d’une nouvelle majorité gouvernementale et le mandat pour placer le pays sur une nouvelle trajectoire.  Une trajectoire qui donnera naissance à une société plus productive et prospère capable d’offrir à son peuple de nouvelles opportunités pour lui permettre de réaliser ses aspirations.  « En l’espace de trois mois, nous avons mis fin aux contrôles du capital, lancé des mesures pour relancer la privatisation et attirer l’investissement, et adopté une législation pour réduire les impôts, ouvrir les marchés et réduire la bureaucratie.  Et nous ne faisons que commencer! »  Selon le Premier Ministre, une nouvelle aube s’est levée sur la Grèce, réchauffée par la « lumière de la raison » et portée par les « vents du changement et de l’espoir ». 

En Grèce, le développement durable est une question étroitement liée à la gestion effective de l’un des défis principaux qui se posent aujourd’hui, à savoir la crise des réfugiés.  Il a indiqué que la situation géographique du pays le prédispose à l’affluence des flux migratoires et que son gouvernement déploie des efforts et des ressources considérables afin d’accueillir les réfugiés et les migrants avec humanité.  Mais, a-t-il prévenu, nous sommes en train d’atteindre les limites de notre capacité à répondre à ce problème.  « Les pays d’entrée ne peuvent, ni ne doivent, assumer le fardeau de la pression migratoire à eux seuls.  La gestion de ces flux est un défi européen qui suppose une action collective, une approche globale et des solutions ambitieuses fondées sur un partage équitable des responsabilités et non sur des ordres du jour xénophobes », a-t-il souligné.

Après avoir insisté sur le fait que son pays ne pouvait assumer seul un tel fardeau, M. Mitsotakis a affirmé que l’accord signé entre l’Union européenne (UE) et la Turquie doit être respecté.  « La Turquie doit faire davantage pour remplir ses obligations.  La récente hausse spectaculaire du nombre de migrants traversant la mer Égée est inacceptable », a-t-il tranché.  Quant à l’UE, si elle doit continuer de soutenir la Turquie financièrement, elle doit aussi se doter rapidement de nouvelles règles applicables à tous les pays d’accueil pour les demandeurs d’asile, a poursuivi le Chef de Gouvernement grec.  « Aucune nation européenne ne peut être membre de l’espace Schengen, tout en refusant d’assumer la part qui lui revient au titre des arrangements conclus au sujet de la crise migratoire.  La solidarité n’est pas une avenue à sens unique! » a-t-il martelé.

M. Mitsotakis a ensuite rappelé qu’aucun progrès tangible dans les relations entre pays voisins ne saurait être accompli sans pleinement respecter le droit international.  « Quarante-cinq ans se sont écoulés depuis l’invasion et l’occupation turque illégales de plus d’un tiers du territoire chypriote.  Un accord global et viable conforme aux résolutions du Conseil de sécurité devrait mettre fin à une telle « injustice », a-t-il analysé.  Il a salué les efforts du « Président Anastasiades et du leader chypriote turc Akıncı » pour s’entendre sur les termes de la reprise des négociations en vue de résoudre le différend chypriote.  « C’est à eux de décider ce qui est bon pour leurs communautés.  Ils n’ont nul besoin de tutelle étrangère », a-t-il estimé. 

Pour le Premier Ministre, la seule solution acceptable est l’évolution de la République de Chypre en une fédération bizone et bicommunale dotée de l’égalité politique, avec « une souveraineté, une représentation juridique internationale et une citoyenneté uniques ».  Si la Grèce, a ajouté M. Mitsotakis, est prête à reprendre les négociations, elle n’en est pas moins opposée aux activités de forage « illégales » en Méditerranée orientale, en particulier dans la Zone économique exclusive de Chypre.  De plus, a ajouté le Chef de Gouvernement, les récentes actions et déclarations de la Turquie au sujet de l’ouverture de Varosha « sous Administration chypriote turque » constituent une violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, lesquelles appellent au retour de tous les habitants légaux à Varosha, sous Administration onusienne.

M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre de la Jamaïque, a dévoilé dès l’entame de son intervention les principaux indicateurs de son pays durant ces trois dernières années qui illustrent la bonne performance de son économie.  C’est d’abord une baisse record du chômage qui est de 7,8%, 18 trimestres consécutifs de croissance économique, une faible et stable inflation en plus de la réduction de la dette rapportée au PIB de 147% à 95 %.  Ces chiffres ont été rendus possibles à la faveur des mesures adoptées par son pays qui croit fermement dans l’investissement dans le capital humain.  En 2017, la Jamaïque a révisé son programme national de réduction de la pauvreté avec pour objectif de réduire sa prévalence à moins 10% à l’horizon 2030.  Quant au programme HOPE qui s’attelle à la formation de jeunes, il a bénéficié à quelque 26 000 d’entre eux en l’espace de trois ans.

Cependant, la sécurité et la criminalité et leur impact sur les objectifs économiques restent un défi majeur pour le pays, a alerté le Premier Ministre.  En dépit de programmes ambitieux mis en place pour débarrasser la rue des armes à feu et promouvoir des investissements dans l’amélioration des systèmes de contrôle à la frontière, « nous n’avons pas les capacités à nous seuls d’endiguer le flux des armes », a-t-il reconnu.  De fait, les liens entre le crime organisé, le commerce illégal de la drogue et la prolifération illicite du trafic des armes légères requièrent une action transnationale, régionale et multilatérale.  C’est pourquoi, la Jamaïque ne compte pas uniquement sur les États voisins, mais également sur l’appui de l’ONU et son rôle pivot en matière de paix et sécurité internationales.

M. Holness a indiqué que l’instabilité et l’insécurité affectent non seulement les investissements directs mais ont également un impact sur la croissance du PIB, les revenus, l’emploi et les dépenses publiques.  Se référant au Dialogue de haut niveau sur le financement du développement et le Sommet sur les objectifs de développement durable tenus aux Nations Unies la veille, il a souligné la nécessité pressante de mobiliser davantage de capitaux.  « On ne peut parler de progrès durables sans une quantité et une qualité d’investissements public et privé », a-t-il insisté.  C’est dans cet esprit que le Canada et la Jamaïque continuent d’être le fer de lance d’initiatives à travers le groupe d’amis concernant le financement des objectifs de développement durable et que son pays travaille avec des partenaires comme le Danemark pour attirer davantage d’investissement dans les infrastructures durables.

Le Premier Ministre a également évoqué les problèmes liés au surendettement des pays à revenu intermédiaire comme la Jamaïque et les autres pays voisins dans les Caraïbes.  C’est dans ce contexte qu’il a salué l’examen de mi-parcours des petits États insulaire en développement (PEID) dans le cadre des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de SAMOA).  Il y a vu une opportunité de rendre le mandat plus opérationnel.

Sur le volet des changements climatiques, il a exhorté à plus d’actions sur les plans national et mondial pour traiter cette problématique et s’est dit honoré de rejoindre la France et le Qatar pour diriger le volet finance climat et prix du carbone issu du Sommet Action climat 2019 de l’ONU.  Il a, par ailleurs, rappelé que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer va célébrer cette année ses 25 ans, de même que l’Autorité internationale des fonds marins dont le siège est abrité par son pays.  À cet égard, il a dit se réjouir des perspectives des conclusions en 2020 des négociations pour un traité international portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale. 

Pour finir, il a réitéré la foi de son pays dans les valeurs du multilatéralisme, soulignant que le développement durable pour tous est réalisable uniquement à travers des efforts concertés et le partenariat. 

« Le monde dans lequel nous vivons change rapidement », a constaté M. QOHIR RASULZODA, Premier Ministre du Tadjikistan, en ouverture de son discours.  Le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues illicites sapent la paix et la sécurité internationales, aggravent les conflits et déstabilisent des régions entières, a-t-il renchéri.  Dans le même temps, ces phénomènes nuisent aux efforts déployés pour promouvoir et protéger les droits humains et le développement durable, a déploré le dirigeant, assurant que son pays fait tout son possible pour combattre ces fléaux.

Fort de son expérience en matière de consolidation de la paix, de prévention du terrorisme et de lutte contre le trafic des stupéfiants, le Tadjikistan a ainsi accueilli, en mai 2019, à Douchanbé, une conférence de haut niveau consacrée à la coopération régionale et internationale dans ces domaines.  Les questions du terrorisme et de l’extrémisme étaient également au programme de la cinquième Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), organisée en juin 2019, également dans la capitale tadjike.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, le pays s’est doté, dès 1999, d’une agence de contrôle des drogues et a adopté en 2013 une stratégie nationale antidrogues pour la période 2013-2020, le but principal étant de tarir l’une des principales sources de financement du terrorisme.  Dans le prolongement de ces efforts, le Président tadjik a souhaité que l’ONU apporte son soutien à sa proposition de création d’une commission composée de représentants des forces de l’ordre des pays de la « Route du Nord » et d’experts de la lutte contre le trafic de stupéfiants. 

Abordant la question de la situation en Afghanistan, pays dont dépend, selon lui, la sécurité et la stabilité de l’Asie centrale, M. Rasulzoda a rappelé que le Tadjikistan avait toujours défendu le principe de relations pacifiques et stables avec cette nation amie.  C’est ainsi, a-t-il dit, que le Tadjikistan apporte une contribution au développement socioéconomique de l’Afghanistan en construisant des voies de transport bilatérales, en créant un « pont énergétique » entre les deux pays et en fournissant de l’électricité à la population afghane.  Parallèlement, le Tadjikistan soutient les autorités afghanes dans leurs efforts destinés à établir un processus de négociation de paix. 

Le Chef du Gouvernement tadjik a ensuite fait le point sur l’état d’avancement de son pays dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Affirmant soutenir l’appel lancé par le Secrétaire général de l’ONU sur la nécessité d’une action urgente pour la mise en œuvre, en temps et en heure, du Programme 2030, il a indiqué que le Tadjikistan avait adopté à cette fin une stratégie nationale de développement pour la période 2016-2020.  Il s’est toutefois déclaré préoccupé par le « nouveau défi » représenté par les changements climatiques, qui vient aujourd’hui compliquer la réalisation des objectifs de développement durable.

Dans ce contexte alarmant, M. Rasulzoda a indiqué que son pays avait connu une augmentation de la température de 1 degré Celsius, au cours des 60 dernières années.  Le Tadjikistan a également connu une importante réduction de la superficie des glaciers qui, a-t-il expliqué, sont d’une importance essentielle pour l’ensemble de l’Asie centrale.  Il a jugé nécessaire de renforcer la coopération internationale afin de développer des mesures de prévention et de créer des fonds d’assistance pour les pays affectés.

Dans le même ordre d’idées, il s’est prononcé pour le développement d’une « économie verte », en appui des efforts de développement durable.  À cet égard, il a rappelé que 98% de l’énergie produite par son pays provenait de centrales hydroélectriques.  Le Premier Ministre a également annoncé que, dans le cadre du « Processus de Douchanbé », le Tadjikistan accueillera, en juin 2020, la deuxième Conférence de haut niveau sur la mise en œuvre de la Décennie internationale d’action, laquelle sera consacrée à la stimulation des actions et des partenariats liés à l’eau.

« Le monde a besoin d’une coopération multilatérale très forte et les Nations Unies doivent être renforcées », a estimé Mme ERNA SOLBERG, Première Ministre de la Norvège.  Son pays « veut prendre toutes ses responsabilités », c’est pourquoi il est candidat à un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022.  Dans la foulée, elle a appelé à accroître le nombre de sièges au Conseil de sécurité, aussi bien des membres permanents que des non permanents, afin de garantir la représentativité et d’asseoir la légitimité de l’organe auprès des populations.

« Les conséquences de l’instabilité nous affectent tous », a-t-elle avisé, avant de prévenir que les zones de conflit sont un terreau pour le terrorisme.  « Il n’y a pas d’idéologie ou de religion unique derrière le terrorisme », a-t-elle constaté.  Faisant référence à la tuerie d’Utøya, elle a rappelé que la Norvège a aussi été victime de la radicalisation en ligne et qu’elle avait pris part à l’Appel de Christchurch.

Revenant sur la longue expérience de la Norvège dans l’organisation de négociations de paix, Mme Solberg a réaffirmé le soutien de son pays à la solution des deux États.  Elle s’est félicitée des actuels pourparlers entre les États-Unis et les Taliban et a prôné un vrai dialogue interafghan pour aboutir à une paix durable. 

Elle a ensuite appelé à garantir le financement des forces de maintien de la paix de l’ONU.  Elle a dressé la liste des contributions norvégiennes et insisté sur l’importance de la participation des femmes parmi les Casques bleus.

Dans son intervention, Mme Solberg a par ailleurs indiqué que le budget humanitaire de son pays a cru de 65% depuis 2013.  En tant que Présidente du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), la Norvège insiste aussi pour la nécessité d’un développement inclusif.  Elle consacre 1% de son produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement, 20% de cette somme allant aux pays les moins avancés (PMA).

« Les changements climatiques ont des conséquences sécuritaires », a affirmé la Première Ministre, qui a appuyé la nomination d’un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité.  La Norvège appuie aussi l’initiative visant à protéger la forêt amazonienne, tout en espérant pouvoir travailler avec le Brésil contre le déboisement.

Mme Solberg a aussi parlé des nombreuses initiatives pour la protection de l’océan.  « Nous partageons l’inquiétude des petites îles comme Tuvalu qui sont gravement menacées », s’est-elle inquiétée avant de rappeler que « les pays les plus affectés par les changements climatiques sont aussi les pays qui émettent le moins de carbone ».

 « Nier l’existence des changements climatiques n’en déminue pas la réalité », a d’emblée fait valoir Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, avant d’exprimer sa solidarité avec le Gouvernement et le peuple des Bahamas, durement frappés par l’ouragan Dorian.  Une catastrophe qui, à ses yeux, représente malheureusement la « nouvelle normalité du climat ».  Mais les changements climatiques ne se limitent pas seulement aux ouragans et aux inondations.  Ils sont aussi responsables de sécheresses et d’incendies, et menacent « notre capacité à vivre » ainsi que « la survie de nos océans, si précieuse pour la vie humaine ».  De fait, c’est le monde de nos enfants qui est en jeu, a-t-elle insisté, saluant au passage le mouvement des jeunes en faveur d’une justice climatique et sa chef de file Greta Thunberg.  « Contrairement aux adultes, eux comprennent les risques qu’encourt notre planète », a commenté Mme Mottley, pour qui « la participation des jeunes à cette bataille signifie que la guerre sera gagnée ».

Reste à savoir si cette victoire sera remportée à temps pour nos peuples et si les petits États insulaires survivront à cette catastrophe avant que des solutions se fassent jour pour inverser le dérèglement climatique, a poursuivi la Chef du Gouvernement de la Barbade.  « Dans les Caraïbes et le Pacifique, nous sommes aux premières loges, mais prenez garde, les autres sont juste derrière nous », a-t-elle lancé.  À ses yeux, ce qui nous empêche de suivre la science est « l’absence de volonté politique ».  En effet, cela fait trois décennies que les petits États insulaires en développement tirent le signal d’alarme, mais nous en sommes toujours au même point.  Elle ainsi a jugé ironique qu’au lendemain du Sommet Action Climat 2019, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ait publié un rapport sur les océans et la cryosphère confirmant que certaines des plus graves conséquences des changements climatiques ne pourront être évitées.  « Et pourtant nous continuons à avoir ce comportement destructeur », a-t-elle déploré, pointant le peu de réactions des pays responsables des émissions de dioxyde de carbone.

Les pays des Caraïbes ne sont pas confrontés qu’à ce seul défi.  Ils doivent aussi faire face à la fraude bancaire, aux flux illicites d’armes à feu, aux maladies non transmissibles, entre autres menaces pour leur stabilité, a poursuivi la dirigeante.  Pour y répondre, ils ne font pas la mendicité mais réclament des mesures fiscales afin de parvenir au développement durable, a-t-elle soutenu, plaidant pour un ordre international juste et équitable, « bâti sur des principes de justice pour tous et non pour certains seulement ».

En dépit de leur petite taille, les 14 pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) réussissent à jouer un rôle de premier sur le plan niveau international.  Mme Mottley s’est ainsi déclarée fière de Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui est devenue la plus petite nation jamais élue au Conseil de sécurité.  Elle a également rappelé l’appel au dialogue lancé par la CARICOM dans la crise vénézuélienne, jugeant que le peuple de ce pays doit pouvoir décider seul de son avenir, conformément aux principes de non-ingérence, d’interdiction du recours à la force, de respect de l’état de droit et des droits de l’homme consacrés par la Charte de l’ONU.  Avant de conclure, elle a estimé qu’il est grand temps que la communauté internationale reconnaisse les petits États insulaires en développement (PEID) comme des partenaires à part égale sur le plan international et tienne compte de leurs besoins spécifiques en matière de développement.  C’est pourquoi la Barbade continue de voir dans les Nations Unies le meilleur mécanisme pour garantir la paix, la sécurité et le développement durable pour tous les pays, et en particulier les plus vulnérables.  

Pour M. EDI RAMA, Premier Ministre et Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, qu’on approuve ou rejette le multilatéralisme, peu importe: « l’important c’est qu’il existe ».  Le nationalisme peut sembler attrayant parfois, mais la plupart des questions à traiter sont essentiellement transnationales et nous nous trouvons, bon gré mal gré, dans un contexte où la distinction entre les intérêts nationaux et les priorités mondiales est bien mince, voire inexistante, a-t-il constaté.  Le monde offre d’infinies possibilités mais présente tout autant de risques et de menaces nouvelles qui émergent à l’horizon, sous une couche d’ozone qui s’amenuise et un climat qui fait fondre les glaciers.  Les migrations illégales, la radicalisation et l’extrémisme, le crime organisé et le trafic de personnes défient la démocratie et la sécurité.  Mobiliser les seules capacités nationales suffit d’autant moins que sur le plan international comme national, la politique souffre d’un déficit de confiance, a-t-il dit.

M. Rama a ensuite fait savoir que la semaine dernière, il avait dû annuler son départ pour New York en raison d’un violent tremblement de terre en Albanie qui a causé de nombreux dégâts, ce qui montre qu’en dépit des progrès de la science, il reste impossible de prédire les séismes à l’avance – ce qui est sans doute, hélas, le cas également pour le climat.  Ces dernières années, l’Albanie a connu des hivers extrêmement rigoureux et des étés brûlants, a-t-il indiqué, soulignant que les changements climatiques sont déjà advenus et défient le présent.

Mais pour être un petit pays, l’Albanie mesure pleinement sa responsabilité mondiale notamment en tant que membre de l’OTAN: elle a déployé des troupes au Kosovo, en Bosnie, au Mali ou en Afghanistan pour essayer de rendre le monde meilleur et deux de ses soldats ont trouvé la mort au cours d’une mission en Lettonie.  En dépit de ces pertes, le pays reste prêt à prendre ses responsabilités en Iraq pour participer aux efforts de stabilisation.  Par ailleurs, l’Albanie reste attentive à toute forme de discrimination, d’antisémitisme et veille à maintenir la tolérance interreligieuse et à renforcer le rôle des femmes dans les activités de paix.  Depuis un siècle, le pays s’illustre pour l’harmonie entre ses communautés musulmane, juive et chrétienne, a ajouté le Ministre.

Compte tenu de ces expériences, l’Albanie escompte un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour 2022-2023.  Elle n’entend pas non plus se détourner de ses responsabilités régionales.  M. Rama a notamment parlé de la situation dans les Balkans occidentaux qui ont connu les pires maux du XXe siècle, à savoir le communisme et les guerres interethniques, faisant de cette région, la plus sous-développée au cœur de l’Europe.  Il a rappelé le rôle joué par son pays dans la signature de l’Accord de Prespa qui a mis un terme au différend entre la Grèce et la Macédoine du Nord.

Il a, cependant, prévenu que le conflit ouvert entre la « République du Kosovo » et la Serbie risque d’entraver tout le développement régional.  Il a affirmé que l’indépendance du Kosovo est un fait irréversible, jugeant « impardonnable que le Kosovo, pays de deux millions d’habitants, demeure isolé ».  Il a critiqué le strict régime de visa, auquel sont soumis les « citoyens kosovars » pour se rendre dans un pays de l’Union européenne, et réclamé un régime d’exemption totale de visa. Il a insisté sur les impératifs d’intégration et d’ouverture, mettant en garde contre l’isolement qui fomente la rancune et la perte d’espoir.

M. Rama a aussi souhaité une réponse positive aux désirs de l’Albanie et de la Macédoine du Nord de rouvrir les pourparlers d’accession à l’UE.  Il a rappelé qu’à une époque, l’Albanie était considérée comme « la Corée du Nord de l’Europe » mais qu’elle cherche à présent à bâtir un avenir prospère dans la droite ligne du Programme 2030, grâce, notamment à sa stratégie nationale pour le développement et l’intégration 2015-2020 et à son agenda d’intégration européenne.  Il a aussi parlé de la mise en œuvre du plan d’action sur les Roms, les Égyptiens, les LGBTI et les personnes handicapées et des progrès réalisés pour promouvoir l’égalité entre les sexes.

Le Ministre s’est ensuite attardé sur la réforme judiciaire « sans précédent » que connaît le pays.  Les juges et les procureurs corrompus ont été retirés et de nouvelles institutions mises sur pied dans le but de combattre la corruption et la criminalité organisée aux plus hauts niveaux.

L’ouragan Dorian est « une tragédie générationnelle » pour les Bahamas, s’est lamenté M. HUBERT MINNIS, Premier Ministre des Bahamas.  Il a rappelé que celui-ci avait décimé ou dévasté, le 1er septembre dernier, des pans entiers des îles Abacos et de Grand Bahama, les deuxième et troisième centres les plus peuplés de l’archipel.  Or ce pays magnifique, composé de nombreuses îles de faible élévation, fait aujourd’hui face à une grave menace.  « Une menace que nous n’avons pas causée », a souligné le Premier Ministre.  Et, a-t-il alerté, « c’est une menace à laquelle nous ne pouvons pas survivre tous seuls ».

Au cours des 30 dernières années, les ouragans sont devenus de plus en plus meurtriers dans la région, a fait remarquer M. Minnis.  Comme le dit lui-même le Secrétaire général, ils sont comme « suralimentés ».  Les Bahamas ont été frappées en 2015, 2016 et 2017.  Cependant, Dorian a dépassé ce que nous avons vu jusqu’à présent, a témoigné le Premier Ministre.  Les eaux naturellement tièdes des Bahamas, rendues plus chaudes par l’émission de gaz à effet de serre, se sont transformées en « instruments de mort et de destruction ».  L’ouragan furieux, avec des vents d’une force inégalée, est resté stationnaire pendant des heures au-dessus des îles, certaines communautés ayant même subi son courroux pendant 30 heures d’affilée.  Il a officiellement coûté la vie à 56 personnes mais le bilan est sans doute plus lourd car quelque 600 personnes demeurent portées disparues, sans doute emportées par les eaux.  East End, à Grand Bahama, est en ruines.

L’ouragan, a poursuivi M. Minnis, a représenté « l’apocalypse » pour certaines communautés.  Le Premier Ministre a remercié tous ceux qui se sont portés au secours des Bahamas.  Selon lui, les petits pays insulaires des Caraïbes, de l’Atlantique, du Pacifique et de l’océan Indien se trouvent en première ligne et risquent d’être engloutis dans « un abysse créé, au départ, par l’activité humaine et, de plus en plus, par l’inaction ». 

Le dirigeant a évoqué la dégradation des coraux et de la mangrove, l’érosion des terres, les fluctuations des marées et la myriade de conséquences du réchauffement climatique.  Il a ajouté sa voix à celle de nombreux dirigeants et citoyens du monde pour exhorter les nations assemblées ici à gérer l’urgence climatique mondiale comme « le plus grand défi auquel l’humanité fait face ».  Il s’agit là d’un défi qui risque également d’avoir un impact dévastateur sur nombre de pays développés, a-t-il mis en garde.

À cet égard, les Bahamas appuient la stratégie globale du Secrétaire général et souhaitent que les institutions financières internationales accordent des prêts à des conditions favorables aux pays gravement affectés par les chocs extérieurs provoqués par les changements climatiques.  M. Minnis a appelé à l’application intégrale des Orientations de Samoa et à un financement renforcé du développement durable.  Il a demandé une alternative au revenu national brut par habitant comme indicateur unique du niveau de développement d’un pays et que l’on tienne compte des réalités locales uniques de chacun.

En conclusion, le Premier Ministre a invité les voyageurs du monde entier à se rendre dans l’une ou plusieurs des 14 autres grandes îles des Bahamas, dont Nassau ou New Providence, qui ont échappé à l’ouragan.  Les revenus touristiques, a-t-il assuré, joueront un rôle crucial dans la reconstruction des zones affectées.  Il a vu une lueur d’espoir dans le fait que le phare iconique de Hope Town sur Elbow Cay, à Abaco, construit en 1863 par les habitants, et « symbole de fierté », a survécu à l’ouragan Dorian.

« Nous venons tous ici prêts à monter sur scène et à nous exprimer mais la question fondamentale est de savoir si nous sommes aussi venus pour écouter », a lancé d’emblée M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis.  Il a souligné que c’est grâce au multilatéralisme que les petites nations peuvent être entendues aux Nations Unies.  « C’est pourquoi l’affaiblissement du système multilatéral nous inquiète », a-t-il ajouté.

Le Premier Ministre a assuré que les petites nations étaient déterminées à atteindre les objectifs de développement durable mais que les ressources, pour ce faire, venaient souvent à manquer.  Il a appelé l’ONU à adopter une approche plus cohérente au sujet des questions liées au développement durable.

M. Harris a notamment indiqué qu’il est très difficile pour les petits États insulaires en développement (PEID) de se concentrer sur la réalisation des objectifs de développement durable alors que leur existence-même est menacée par le réchauffement climatique.  « Soyons clairs: les changements climatiques ont été causés par la course à la croissance et à l’industrialisation des pays développés », a-t-il assené.  « Pendant trop longtemps, les pays riches ont été autorisés à émettre des gaz à effet de serre sans aucune restriction. »

« Et pourtant, a-t-il déploré, ce sont les pays en développement qui sont les premières victimes des changements climatiques ». « Les petits États, comme Saint-Kitts-et-Nevis, se trouvent en première ligne dans une guerre qu’ils n’ont ni commencée, ni voulue.  C’est injuste!  C’est inique!  Nous avons besoin d’une aide plus importante et cette aide nous est due », a-t-il martelé.

« Hier la République dominicaine, aujourd’hui les Bahamas, chaque coup est plus dévastateur que le précédent! » s’est exclamé M. Harris en référence aux deux puissants cyclones ayant frappé les Caraïbes ces deux dernières années.  Il a rappelé que son pays avait fourni un appui aux Bahamas sous forme de personnel de sécurité et d’aide financière et a invité les autres nations à fournir des « preuves tangibles » de leur solidarité.  « Nous sommes fatigués des vaines promesses! »

Poursuivant, le Premier Ministre a demandé la fin du classement des pays sur la base de leur PIB pratique qui limite, selon lui, l’accès à certains financements.  Il a également appelé à l’établissement d’une « stratégie bleue » afin de protéger les océans, notant que ceux-ci sont non seulement très importants pour la sécurité´ alimentaire mais recèlent également un potentiel économique inexploité.

M. Harris s’est également insurgé contre les listes noires des paradis fiscaux émises par l’Union européenne, indiquant que celle-ci représentent un fardeau pour les PEID, de même que les politiques d’atténuation des risques des banques correspondantes qui, a-t-il affirmé, représentent une menace existentielle pour les économies de nos pays.

Préoccupé par la persistance de la crise au Venezuela, il a par ailleurs appelé les parties à reprendre les pourparlers facilités par la Norvège.

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré qu’au cours des 70 dernières années, la Chine a changé sa destinée grâce à des efforts inlassables.  En l’espace de quelques décennies, des dizaines de millions de personnes ont rejoint la classe moyenne et la Chine est parvenue à réaliser ce que d’autres pays ont mis des siècles à accomplir.  La clef de notre succès, a-t-il affirmé, repose sur notre allégeance au pouvoir centralisé du Parti communiste chinois, ainsi qu’en une philosophie de développement axée sur la personne.  Aujourd’hui, s’est-il enorgueilli, la Chine est devenue le moteur du développement mondial et un socle pour la stabilité mondiale.

Le Ministre s’est opposé à toute forme d’hégémonisme et de harcèlement, et a souligné que la Chine défendra toujours le droit au développement des pays en développement et veillera à faire entendre leur voix au sein de la gouvernance internationale.

Dans ce monde globalisé, les pays s’élèvent ou tombent ensemble, a-t-il poursuivi, prévenant qu’une mentalité à somme nulle et les politiques du chacun pour soi mèneront au désastre.  Il s’est engagé à maintenir l’ouverture du commerce mondial et du régime multilatérale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a averti que l’unilatéralisme et le protectionnisme posent des menaces majeures à l’ordre international.  Face aux vents contraires du protectionnisme, nous ne devons pas rester les bras croisés, a-t-il dit.

Poursuivant, le Ministre a appelé à ne pas oublier les enseignements de la Grande Dépression: les provocations et les menaces de conflits commerciaux qui bouleversent les chaînes d’approvisionnement industriels mondiaux sapent le régime de commerce multilatéral et l’ordre économique mondial et risquent même de plonger le monde dans une récession, a-t-il averti.  La Chine, a-t-il signalé, s’engage à résoudre les différends d’ordre économique et financier de manière calme, rationnelle et complète, mais aussi à faire preuve du plus haut degré de patience et de bonne volonté.  Et si « l’autre » partie fait preuve de mauvaise foi ou manque de respect pour les règles de la négociation, a-t-il averti, nous devrons prendre les mesures qui s’imposent pour protéger nos intérêts et la justice internationale.

« Je ne saurais être plus clair: la Chine est un pays avec une civilisation cinq fois millénaire, 1,4 milliard d’habitants travailleurs et un territoire de 9,6 millions de kilomètres carrés.  La Chine ne se verra jamais ostracisée par des menaces, ni assujettie par la pression », a affirmé le Ministre.  Face à un unilatéralisme galopant, il a appelé à ne pas rester les bras croisés.  L’ordre international, a-t-il insisté, doit respecter les lois et les règles et toute violation de cet ordre risque de faire sombrer le monde dans le chaos.

Le Ministre a estimé que les avancées scientifiques et techniques ne sauraient être le monopole d’un seul pays, et que personne ne doit empêcher les innovations d’autrui.  Il a dénoncé l’imposition de sanctions unilatérales.  Il a également averti que tout retrait unilatéral du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire aura de nombreuses répercussions négatives, et s’est d’ailleurs opposé au déploiement de missile à portée intermédiaire dans la région Asie-pacifique.  Il a ensuite annoncé que la Chine avait enclenché le processus pour lui permettre d’adhérer au Traité sur le commerce des armes.

Dans son intervention, le Ministre chinois a aussi appelé à préserver le Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, et à établir une plateforme de dialogue pour les pays du Golfe.  Il a voulu que la question palestinienne occupe une place prioritaire dans l’agenda international, pour ensuite appeler à l’avènement d’un Afghanistan uni et réconcilié.  Dans la péninsule coréenne, a-t-il enchaîné, l’opportunité pour un règlement politique de la question ne doit pas être manquée de nouveau.  Selon lui, les avancées en « zigzag » des 20 dernières années démontrent qu’il faut lancer des processus parallèles et établir un mécanisme de paix afin de tenir compte des préoccupations de chacun et de renforcer la confiance.  Il a espéré que les États-Unis répondront aux ouvertures de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Il s’est ensuite félicité qu’avec les efforts de médiation de la Chine, la Birmanie et le Bangladesh ait atteint une nouvelle compréhension commune sur la relance du travail pour le retour des personnes déplacées.  Le Ministre chinois espère par ailleurs une résolution pacifique du différend qui oppose l’Inde et le Pakistan au sujet du Cachemire.

Il a appelé à placer le développement au cœur du cadre politique global, avec un accent sur certains domaines prioritaires tels que la réduction de la pauvreté, les infrastructures, l’éducation, et la santé publique.  Nous devons, a dit le Ministre, construire une économie mondiale ouverte, fondée sur la coopération Nord-Sud, et aider les pays en développement à mieux s’intégrer aux chaînes industrielles et de valeur mondiale.  L’initiative « Une Ceinture, une Route » de la Chine, vise d’ailleurs à réaliser un développement vert, propre, durable et axé sur l’être humain et le Gouvernement chinois espère que les pays se saisiront de l’opportunité qu’elle offre d’insuffler un nouvel élan au Programme 2030.  Il a par ailleurs affirmé que la Chine avait joué son rôle en ce qui concerne les changements climatiques et fait le point sur les contributions de son gouvernement à la lutte contre Ebola.

Le Ministre des affaires étrangères de la Chine a conclu par une citation eu Président Xi Jinping: « Le monde où nous vivons est plein d’espoir et de défis.  Nous ne devons pas abandonner nos rêves à cause de la complexité de la réalité, ni cesser la poursuite de nos idéaux parce qu’ils nous semblent trop loin à atteindre. »

L’ONU a certes permis d’éviter que la troisième guerre mondiale n’éclate, a reconnu M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, mais force est de constater que le nombre de conflits sur la planète n’a pas diminué depuis sa création, pas plus que les tensions entre pays.  Parallèlement, de nouvelles menaces ont fait leur apparition, a-t-il ajouté, telles que le terrorisme international, le trafic de drogue, les changements climatiques, l’immigration illégale et le fossé grandissant entre les riches et les pauvres. 

Aux yeux de M. Lavrov, la situation actuelle tient « avant tout à la réticence des pays qui se sont autoproclamés vainqueurs » de la guerre froide à prendre en compte les « intérêts légitimes » des autres États et à accepter le « cours objectif » de l’histoire.  « Il est difficile pour l’Occident de prendre acte de l’affaiblissement de sa position dominante dans les affaires du monde », a déclaré le Ministre.  M. Lavrov a ensuite accusé les pays occidentaux de s’opposer à l’avènement d’un « monde polycentrique », en s’accrochant à leurs privilèges et en imposant à d’autres des codes de conduite basés sur une « interprétation occidentale étriquée » du libéralisme.

C’est dans cette logique, a poursuivi le Ministre, que les pays occidentaux préfèrent désormais parler de « règles », plutôt que de « droit international ».  Selon lui, le concept de règles masquerait la volonté des pays occidentaux de réviser les normes du droit international qui ne leur conviennent plus.  « Par exemple, quand c’est à leur avantage, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est important, et quand ça ne l’est plus, il est déclaré illégal », a dénoncé M. Lavrov.  Pour justifier ses « règles révisionnistes », a-t-il enchaîné, l’Occident a recours à la « manipulation de l’opinion publique », à la « dissémination de fausses informations », au « deux poids, deux mesures sur les droits de l’homme », à la « suppression des médias indésirables » et au « bannissement de journalistes en exercice ».  Le Ministre a également accusé les anciens pays du bloc soviétique de modeler leur conduite sur celle des Occidentaux.  Tout cela s’accompagne de tentatives de « privatiser les secrétariats » des organisations internationales, pour faire avancer des « idées non consensuelles », au détriment des mécanismes universels, a déploré M. Lavrov.

Le Ministre russe a notamment dénoncé les tentatives des États-Unis de miner les résolutions du Conseil de sécurité sur un certain nombre de sujets, comme dans le dossier nucléaire iranien, où Washington s’est retiré du Plan d’action global commun, alors qu’il avait été approuvé par le Conseil dans sa résolution 2231 (2015).  M. Lavrov a également cité les décisions unilatérales américaines concernant Jérusalem et le Golan arabe syrien, en violation des résolutions correspondantes du Conseil.

Lorsque que les forces de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont bombardé la Libye, également au mépris d’une résolution du Conseil, elles étaient sans doute mues par cette même logique des « règles », a ironisé le Ministre, avant de dénoncer les « motifs cachés » des Occidentaux dans la lutte contre le terrorisme.  « Certains pays ont érigé en règle le fait de couvrir les terroristes et même de coopérer avec eux sur le terrain, comme c’est le cas actuellement en Afghanistan, en Libye et en Syrie », a-t-il dénoncé.

L’Occident semble également disposer de ses propres règles en ce qui concerne les Balkans, a en outre déclaré M. Lavrov qui a soutenu que les pays occidentaux tentent de saper les résolutions du Conseil concernant le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine.  De même, a-t-il dit, ces pays ont octroyé illégalement au Secrétariat de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) certaines fonctions, en violations de la Convention sur les armes chimiques. 

Aux yeux de M. Lavrov, cette « révision constante » du droit international se manifeste également dans les tentatives visant à « ajouter le Venezuela à la liste des pays dont l’indépendance a été réduite à néant, sous nos yeux, par suite des agressions ou des coups d’État venus de l’extérieur ».  Le Ministre s’est ainsi opposé au retour à la « règle de la doctrine Monroe » en Amérique latine, en vertu de laquelle des régimes souverains du continent subissent « le chantage militaire, la coercition illégale et le blocus », comme c’est toujours le cas de Cuba.

En Europe, M. Lavrov a dénoncé la « règle de l’OTAN », qui continue, selon lui, de « chercher des ennemis », en acheminant ses infrastructures militaires aux portes de la Russie et en augmentant son budget militaire, « qui dépasse pourtant de plus de 20 fois celui de la Russie ».  Le haut responsable a appelé l’OTAN à « retourner aux accords sur la mise en place d’une sécurité égale et indivisible à l’ère de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ».  Fort heureusement, a-t-il dit, certains leaders européens responsables se sont exprimés en faveur d’un tel retour, comme le Président français, lors de sa rencontre avec son homologue russe en août dernier.

M. Lavrov a ensuite fustigé l’attitude des États-Unis qui, après leur retrait du Traité sur les systèmes antimissiles balistiques, ont selon lui « détruit » le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, « avec le soutien écrasant de l’OTAN », endommageant ainsi le système de stabilité stratégique en vigueur depuis des décennies.  « Désormais, les États-Unis remettent en question le futur du traité New START, en refusant de ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires », a-t-il ajouté, accusant Washington d’avoir abaissé son seuil de recours à l’arme nucléaire dans sa doctrine militaire et de transformer le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique en théâtre de confrontation militaire.

En dépit des « nombreuses initiatives » de la Russie et de la Chine en vue de prévenir une nouvelle escalade des tensions, la réaction des États-Unis et de ses alliés n’a pas été encourageante, a regretté le Ministre, appelant la communauté internationale à soutenir l’adoption d’une déclaration russo-américaine de haut niveau sur l’irrecevabilité de la guerre nucléaire, « qui par définition ne peut avoir de vainqueur ».

Dans cette même logique, M. Lavrov a annoncé que la Russie proposerait, lors de la présente session de l’Assemblée, un projet de résolution intitulé « Renforcement et développement des accords concernant les systèmes de contrôle des armements, le désarmement et de non-prolifération ». 

Le haut responsable a ensuite fait un tour de table des différents conflits en cours.  S’agissant de l’Ukraine, M. Lavrov a appelé les parties à s’en tenir strictement aux dispositions des différents accords conclus à Minsk.  En Syrie, il a appelé à tirer parti des succès remportés contre le terrorisme pour relancer le processus politique, sous l’égide de l’ONU.  Quant au golfe Persique, le Ministre a appelé à une désescalade des tensions.

En conclusion, M. Lavrov s’est livré à un plaidoyer en faveur de la « désidéologisation de la coopération entre États » pour faire face aux menaces communes.

M. SABRI BOUKADOUM, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a fait remarquer que le chemin est encore long pour les pays à faible revenu pour réaliser les objectifs de développement durable.  Quelle sorte de monde allons-nous léguer à nos enfants?  Qu’allons-nous faire pour mettre un terme aux agressions continues contre la nature? s’est inquiété le Ministre.  Il a confirmé l’engagement de l’Algérie à agir dans le cadre d’un monde de paix et de coexistence pacifique où le multilatéralisme est « la voie privilégiée ».  Tout en posant la question de l’équilibre du développement et des intérêts entre les pays avancés et en développement, il a jugé essentielle la lutte contre les changements climatiques.

L’Afrique, surtout la région du Sahel et du Sahara, a été particulièrement touchée par la désertification et la sécheresse, alors que le continent émet le taux le plus faible de gaz à effet de serre, s’est alarmé M. Boukadoum.  « Il incombe aux pays industrialisés de régler cette dette climatique », a-t-il jugé.  D’après lui, la réalisation des objectifs de développement durable dépend de la façon dont chaque membre de la communauté internationale assume ses responsabilités, compte tenu de ses spécificités nationales.

Le Ministre a ensuite mis l’accent sur la réforme de l’ONU.  La modernisation des mécanismes et la revitalisation de son action ne peuvent être reportées, a-t-il martelé.  Il a critiqué la politique de deux poids, deux mesures et l’impunité qui ont eu un impact négatif sur l’autorité morale du système multilatéral et le respect du drapeau de l’ONU.  Le cadre formulé par l’Union africaine pour la réforme du Conseil de sécurité est « digne d’intérêt », a reconnu M. Boukadoum, avant d’annoncer que l’Algérie présidera la Conférence du désarmement début 2020.

Déplorant les crises anciennes et émergentes dont souffre le monde arabe, le Chef de la diplomatie algérienne a regretté l’absence de règlement des crises selon les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, ce qui contribue, selon lui, à l’extrémisme.  Ainsi, pour l’Algérie, la question palestinienne est centrale et étroitement connectée à beaucoup d’autres crises.  Malheureusement, a regretté M. Boukadoum, les résolutions du Conseil de sécurité n’ont pas été mises en œuvre sur le terrain.  « Face à l’impunité de l’occupant israélien, le peuple palestinien innocent reste privé de ses droits les plus essentiels. »  Sur une note positive, le diplomate a mentionné la poursuite de la construction de l’Union du Maghreb arabe, lancée en Algérie il y a 30 ans.

Le Ministre a également regretté la non-résolution de la question du Sahara occidental.  Il a espéré que l’esprit du dialogue prévaudra entre le Maroc et le Front POLISARIO, pour que le peuple sahraoui puisse exercer son droit légitime à l’autodétermination.  S’agissant de la crise libyenne, l’Algérie a souligné à de nombreuses reprises les obstacles qui entravent le règlement de la crise libyenne et considère qu’il faut entamer un processus de réconciliation « loin de toute ingérence étrangère ».  Au sujet de la Syrie, où M. Boukadoum a constaté des développements positifs ces derniers temps, il a mis l’accent sur l’exigence d’une politique de réconciliation nationale. 

Au Mali, a poursuivi le Ministre, il faut mettre en œuvre l’Accord de paix signé en 2015, inspiré du processus d’Alger.  « Beaucoup reste à faire », a-t-il relevé, et en tant que Président du mécanisme de suivi de cet accord, l’Algérie est déterminée à accompagner les parties maliennes pour mettre un terme à la crise.  De façon générale, le manque de sécurité dans la région du Sahel ne fait qu’augmenter le pouvoir de nuisance des groupes terroristes, a-t-il averti, avant d’indiquer que l’Algérie a mis en place une politique globale qui lutte contre ce fléau international. 

Selon M. Boukadoum, « l’interprétation erronée des convictions religieuses » dont souffre l’Islam a contribué à augmenter la haine dirigée contre les musulmans et la diaspora musulmane.  Enfin, s’agissant de la migration, il faut savoir que le respect des droits de l’homme doit être à la base de toutes les politiques dans le cadre d’une approche globale équilibrée qui prenne en compte les causes fondamentales de ce problème et les intérêts des pays d’origine, de transit et de destination.  Malheureusement, la Méditerranée est devenue « un grand tombeau », a constaté le Ministre algérien, tout en souhaitant qu’elle réoccupe sa place d’antan en tant qu’espace de coopération.

M. JEREMIAH MANELE, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a estimé que les Nations Unies fournissent une plateforme pour un dialogue mondial, nécessaire pour aborder les défis complexes auxquels fait face la communauté internationale.  Sur la relation de son pays avec les Nations Unies, le Ministre a appelé à ce que les îles Salomon ne soient plus gérées par le Bureau de pays des Nations Unies aux Fidji, estimant que les Îles Salomon méritaient de disposer de leur propre bureau de pays.

M. Manele a ensuite rappelé que les changements climatiques et les catastrophes naturelles impactent tous les pays, et mettent la vie des gens en danger.  Les pays insulaires du Pacifique et des Caraïbes seront toujours au premier plan face aux événements climatiques, a-t-il rappelé, avant d’exhorter à une action climatique « urgente et collective ».  Il a notamment insisté sur la responsabilité partagée d’avoir un océan en bonne santé et a appelé les nations pratiquant la pêche hauturière à éliminer la pêche illicite non déclarée et non réglementée.

Le Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon a ensuite abordé la question de la paix et de la sécurité, rappelant que la paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais aussi l’absence de faim et l’accès aux services de base.  Il a également souligné que son pays, qui a fourni 12 officiers de police à l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), est prêt à déployer davantage d’officiers auprès des différentes missions de maintien de la paix de l’ONU.  En tant que bénéficiaire de la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI) durant les 14 dernières années, son pays sait ce que cela signifie de rendre le type d'assistance dont son peuple a bénéficié.

Poursuivant, M. Manele a appelé à rendre le Conseil de sécurité davantage représentatif, pertinent et efficace pour faire face aux réalités d'aujourd'hui.  Il a également voulu qu’un siège non permanent soit réservé aux petits États insulaires en développement (PEID). 

Il a ensuite appelé à répondre aux causes profondes de la pauvreté, à fournir des besoins de base à tous et à s’assurer que les pauvres ont accès aux ressources productives, dont le crédit, l’éducation et la formation.  Il a également remercié l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour les opportunités d’emploi offertes aux jeunes salomonais, ainsi que Cuba pour la formation de ses étudiants en médecine, et a appelé à la levée de l’embargo dont ce pays est l’objet. Par ailleurs, il a réaffirmé la souveraineté indonésienne sur la Papouasie.

M. Manele a également abordé la question des centaines de milliers de personnes qui meurent chaque jour d’une maladie non transmissible et de maladies telles que le paludisme, appelant à intensifier l'urgence de combattre et de renverser l'épidémie des maladies non transmissibles.

« Rien n'est plus fort qu'une idée dont l'heure est venue », a-t-il conclu en citant Victor Hugo, et d’ajouter que la lutte contre les changements climatiques et contre les maladies non transmissibles est une idée dont le moment est venu.

M. KHEMAIES JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a, dès le début de son allocution, rendu un hommage à Beji Caid Essebsi, le premier Président Tunisien démocratiquement élu, décédé récemment.  Il a expliqué que ce dernier avait amorcé la transition démocratique de la Tunisie en s’appuyant sur le dialogue, la citoyenneté et le respect des libertés et droits fondamentaux de tous les Tunisiens.  Il a ajouté que depuis 2011, la Tunisie s’est lancée sur la voie de la démocratie, grâce à sa nouvelle Constitution.

Le 15 septembre 2019, a-t-il poursuivi, la Tunisie a pu organiser l’élection présidentielle sous la houlette de la Commission électorale indépendante et d’observateurs indépendants de diverses organisations internationales qui ont déclaré que ces élections avaient été intègres et transparentes.  Nous espérons que le même niveau de transparence et d’intégrité prévaudra au second tour, a déclaré le Ministre tunisien.  Nous espérons également que cette élection va déboucher sur une plus grande représentation des femmes et des jeunes, un choix national qui démontre la maturité de notre État, a-t-il ajouté.

Disant croire fermement aux efforts multilatéraux, M. Jhinaoui a constaté que les défis actuels montrent la nécessité d’unir nos efforts pour faire face aux défis de la pauvreté, de l’intégration, de l’éducation de qualité, des changements climatiques.  La participation aux mécanismes multilatéraux, et en particulier à l’ONU, et ses ambitions de participer à la réalisation des objectifs de paix et de développement durable sera l’une des priorités de la Tunisie.  La Tunisie entend relever ces défis en développant des relations de coopération et de partenariat, a-t-il indiqué.

Le Ministre de la Tunisie a ensuite abordé la question de l’extrémisme violent et du terrorisme, qui ont connu une montée à travers le monde.  Il a rappelé que le terrorisme tire parti des crises et met en péril la paix et la stabilité.  Les efforts consentis par la Tunisie dans la lutte contre ce fléau ont été couronnés de succès mais, a-t-il prévenu, les groupes terroristes ont montré qu’ils étaient à même de se reconstituer.  Tout cela nécessite des efforts collectifs pour mettre un terme à ces agissements terroristes.  M. Jhinaoui a également souligné que le combat contre le terrorisme passe par la lutte contre les idéologies terroristes et la protection des jeunes face à la propagande de ces organisations terroristes.

La région arabe est toujours aux prises avec l’instabilité et cela mérite notre attention, a poursuivi le Ministre tunisien.  Il a constaté que l’évolution de la situation en Libye est alarmante, et a appelé « ses frères libyens » à mettre un terme aux affrontements et à résoudre le différend par la voie politique.  Également, la Tunisie accorde une grande importance à la question de la Palestine, qui demeure l’une des crises les plus graves, et appelle la communauté internationale à prendre ses responsabilités face à ce problème.  La Tunisie appelle également à redoubler d’efforts pour résoudre la crise en Syrie et au Yémen, mais aussi à la levée des sanctions contre le Soudan, ce qui lui permettrait de s’engager sur la voie de développement.

Enfin, la Tunisie a déclaré qu’elle s’attellera à protéger la paix et la sécurité au Conseil de sécurité qu’elle rejoindra au 1er janvier 2020.

Mme DELCY RODRÍGUEZ GÓMEZ, Vice-Présidente du Venezuela, a apporté de « très bonnes nouvelles » de son pays.  Avant tout, a-t-elle affirmé, « le Venezuela est en paix ».  En ont été témoins les 120 délégations qui ont récemment participé au Sommet des pays non alignés à Caracas.  La Vice-Présidente a dénoncé la guerre médiatique déchaînée pour stigmatiser le Venezuela, et les tentatives de coups d’État et d’assassinats.  Les médias du monde ne parlent pas du système de protection sociale qui existe au Venezuela, a-t-elle déploré, car il menace le modèle de suprématie capitaliste. 

Mme Gómez a ensuite dénoncé « la marchandisation barbare » de l’Amazonie par le Président du Brésil, Jair Bolsonaro, qui utilise son idéologie extrémiste « pour attenter à notre poumon naturel » et le terrorisme économique qui vise le Venezuela.  Elle a également reproché aux États-Unis d’avoir adopté plus de 350 mesures coercitives unilatérales contre son pays entre 2015 et 2019, les accusant de s’approprier illicitement des richesses et d’imposer un « blocus financier complet » qui se fait notamment ressentir dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la nutrition.

Chiffres à l’appui, elle a affirmé que les trois derniers présidents américains avaient augmenté leurs frappes militaires illégales dans le monde, sans l’autorisation du Conseil de sécurité.  Et le Président Donald Trump a brisé tous les records avec le largage de 121 bombes en moyenne chaque jour, s’est-elle indignée.  De plus, le Département du Trésor américain, ce « Pentagone économique », impose avec la prééminence du dollar « un autre type de terreur » aux peuples.  Du fait de l’embargo, les pertes de l’économie du Venezuela se chiffreraient à 130 000 millions de dollars.  C’est du vol éhonté, s’est-elle indignée.

La Vice-Présidente a fustigé « l’odieuse suprématie » de l’Administration de Donald Trump qui a « étiré ses griffes impériales » contre les révolutions du continent, notamment à Cuba.  Jamais les États-Unis ne nous feront plier! a-t-elle lancé, en les priant de faire preuve de « moins d’arrogance et davantage de tolérance ».  Mme Gómez a condamné la relation spéciale qui existe entre le premier producteur de cocaïne au monde, la Colombie, et le premier consommateur de cette drogue, les États-Unis.  En plus, d’après elle, la Colombie a tué et fait disparaître des gens au Venezuela, tandis que le Président colombien, Ivan Duque, « assaille » les accords de paix conclus dans ce pays.  Elle a donné les coordonnées géographiques de l’emplacement de camps en Colombie et ailleurs en Amérique centrale où, a-t-elle affirmé, des gens sont en train d’être formés pour attaquer le Venezuela.  La Colombie, a-t-elle relevé, est le pays avec le plus grand nombre de déplacés internes, soit 7,8 millions de personnes.  Et six millions de Colombiens vivent au Venezuela.  Accusant le Président Duque, en tant qu’instrument des États-Unis, de préparer une incursion armée contre son pays, Mme Gomez a affirmé disposer de preuves. 

Revenant sur les événements de janvier dernier, la Vice-Présidente a critiqué les gouvernements qui ont reconnu Juan Guaidó, qu’elle a qualifié d’« impérialiste artificiel », comme Président « autoproclamé », alors que le Président Nicolás Maduro, a-t-elle affirmé, reçoit l’appui des deux tiers des membres de l’Assemblée générale. 

Elle a récusé « l’unilatéralisme groupé » de l’Organisation des États américains, pour ensuite vivement rejeter les régimes de sanctions imposés dans le monde.  Celles-ci sont devenues l’arme de domination de prédilection du XXIe siècle, a-t-elle dit.  La Vice-Présidente a ensuite réclamé la tenue d’une enquête sur les violations et les crimes contre l’humanité commis par les États-Unis.

M. JOSÉ ULISSES CORREIA E SILVA, Premier Ministre de la République de Cabo Verde, a dressé le portrait d’un pays qui a connu de nombreux progrès, et qui veut poursuivre sur la voie du développement.  De pays très pauvre, Cabo Verde est désormais devenu un pays à revenu intermédiaire et aspire, légitimement, au développement.  Cabo Verde a toujours eu une relation difficile mais passionnée avec la nature, et ses ressources, considérées à une époque comme une nuisance, sont à présent devenues des atouts: la mer est devenue un atout pour le tourisme et l’économie; le vent et le soleil, qui signalaient une sécheresse, produisent désormais de l’énergie renouvelable; et son emplacement, distant du reste du monde, positionne désormais Cabo Verde comme une plateforme connectant l’Afrique à l’Europe, aux États-Unis et au Brésil.  Cabo Verde n’a pas inventé un nouveau pays, mais a su s’y adapter.  Ce pays a su, a expliqué son Premier Ministre, dépasser les défis et entreprendre un engagement patriotique en faveur du développement.

Le pays fait cependant face aux mêmes défis que tous les autres petits États insulaires en développement sur les plans économique, social et environnemental, à commencer par les aléas climatiques mais également à cause de sa condition d’archipel volcanique.  Il a aussi évoqué les défis liés au fait que Cabo verde fait désormais partie des pays à revenu intermédiaire.  Notre objectif n’était pas d’être radié de la liste des pays les moins avancés pour crouler sous des conditions financières et de coopération encore plus pénalisantes, a-t-il indiqué.

Poursuivant, le Premier Ministre a entrepris de présenter les actions qui ont été menées par son pays en matière d’égalité des genres et d’équité, du droit à l’éducation pour tous, de protection sociale et de soins aux plus vulnérables, d’autonomie et d’autosuffisance, d’eau et de transition énergétique.  Il a notamment indiqué que 70% de la population consomme de l’eau dessalée, un taux qui devrait prochainement atteindre 90% et qu’une stratégie de transition énergétique est en train d’être mise en œuvre.  Il s’est également enorgueilli du fait que Cabo Verde est le premier pays africain à faire partie de l’Alliance pour la décarbonisation des transports.

M. Silva a appelé à des mesures concrètes pour faire face aux changements climatiques et à mettre en œuvre des réponses effectives face au défi de la pauvreté.  Cette génération d’acteurs politiques ne dispose pas de tout le temps au monde et doit être redevable devant l’humanité, a-t-il souligné.  Et il est temps pour nous d’entreprendre des actions concrètes, mesurables et engagées pour réaliser les aspirations de nos peuples et nos besoins mondiaux. 

M. MAHATHIR BIN MOHAMAD, Premier Ministre de Malaisie, a appelé à revigorer les efforts multilatéraux qui incarnent les Nations Unies.  Le droit de veto contredit tous les principes des droits de l’homme et sape l’objectif de l’ONU, a-t-il ajouté, notant qu’en raison de leurs divisions idéologiques, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité n’ont pas pu régler les problèmes ou conflits mondiaux.  « Pendant combien de temps encore cette poignée de pays pourra-t-elle exercer son pouvoir?  Éternellement? » a-t-il lancé.  Selon lui, le droit de veto conduit à la course aux armements et ces cinq pays ne cessent de s’armer pour garder leurs privilèges et leur pouvoir, une situation qui, a-t-il affirmé, empêche l’ONU d’atteindre ses objectifs de paix et de sécurité dans le monde.  Il a estimé que le droit de veto ne doit pas être valide que si au moins deux membres permanents l’utilisent. 

Le Premier Ministre a poursuivi en s’attardant sur la situation au Moyen-Orient.  Il a indiqué que l’État d’Israël est « un fait accompli » que son Gouvernement accepte, mais a rejeté l’accaparement des terres arabes par cet État.  M. Mohamad a aussi regretté que les réfugiés rohingya ne veulent plus revenir au Myanmar pour ensuite demander à l’Inde de discuter avec le Pakistan du cas de Jammu-et-Cachemire. 

S’agissant de la question du développement, M. Mohamad a estimé que les pays anciennement colonisés devraient avoir le droit de réaliser leur propre développement.  Il a dénoncé les règles commerciales imposées par les pays riches qui font obstacle au commerce et que les pays en développement sont forcés d’accepter « comme dans le cas du partenariat transpacifique ».  Il a également dénoncé la demande faite par les pays riches aux pays en développement de lever les taxes à l’importation.  Comment pourrons-nous financer notre industrialisation? a-t-il demandé.  Il a également critiqué avec véhémence la mesure européenne interdisant l’entrée de l’huile de palme sur ce continent, affirmant qu’il n’existe pas de preuve que celle-ci est toxique. 

Le Premier Ministre a en outre dénoncé les sanctions commerciales imposées à certains pays en développement.  Il a notamment expliqué que les sanctions américaines contre l’Iran avaient fait perdre beaucoup d’argent à la Malaisie et a jugé nécessaire de les réglementer.  Avant de terminer, il a dénoncé les pays riches qui ne paient pas leurs contributions au budget ordinaire de l’ONU.  Cela est scandaleux, a-t-il dit.

M. ALLEN MICHAEL CHASTANET, Premier Ministre de Sainte-Lucie, s’est dit encouragé par l’appui du Secrétaire général à l’initiative « Dette contre adaptation au climat » de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC) qu’ont défendue les petits États insulaires en développement.  Cette initiative, a-t-il expliqué, permettra de nous ménager l’espace fiscal nécessaire mais aussi de créer un fonds de résilience pour financer des projets d’adaptation.  Il devient troublant, a en effet avoué le Premier Ministre, que chaque fois que nous nous réunissons ici, c’est dans le contexte d’un autre événement climatique extrême.  Il a dit avoir vu de ses propres yeux la dévastation aux Bahamas.  Mais, a-t-il demandé, avons-nous oublié ce qui s’est abattu sur la Dominique en 2017 quand l’ouragan Maria a causé des pertes estimées à 226% du PNB?  Avons-nous oublié Antigua-et-Barbuda détruite par l’ouragan Irma?  Avons-nous oublié les îles Vierges britanniques et Anguilla?

Aux Bahamas, a dit le Premier Ministre, j’ai vu des gens pleurer, hurler, mais après les premières « reflexes » d’empathie et de secours, rester sans voix.  Nous devons leur montrer par nos actions que nous les entendons, que nous les voyons et que nous ne les oublions pas.  Or aujourd’hui, malgré les preuves accablantes, nous avons échoué, a tranché le Premier Ministre.  En tant que leaders mondiaux, nous échouons à agir avec le sentiment d’urgence requis, laissant la poignée de sceptiques masquer la menace réelle et existentielle qui pèse sur la vie des gens.  Que faisons-nous pour mettre en œuvre avec effet immédiat les solutions de résilience?  Où est l’engagement à reconnaître que ce n’est pas la faute d’une planète en surchauffe mais bien celle de ceux qui la surchauffent? 

Compte tenu de la lutte pour notre survie, a poursuivi le Premier Ministre, il est de plus en plus évident que l’architecture financière internationale est beaucoup trop lente pour s’attaquer à la « nouvelle norme » des petits États insulaires.  L’incapacité, voire la réticence à changer le statu quo des pays qui sont sortis de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) et à créer de nouveaux véhicules de financement est simplement « intolérable ».  Devant cette situation, nous sommes obligés, s’est résigné le Premier Ministre, d’envisager nos propres options d’où l’initiative de la CELAC.  Nous espérons sincèrement, a-t-il dit, que nous saurons convaincre les États Membres de l’embrasser. 

Nous ne sommes pas, a précisé le Premier Ministre, une région qui reste assise sur ses mains en attendant les secours.  Mais, a-t-il admis, notre ambition en matière de développement durable se fracasse sur des problèmes « insurmontables » dont beaucoup résultent de règles et de systèmes incapables de créer les mécanismes dont nous avons besoin pour relever nos défis.  Certaines de ces règles imposent des restrictions aux États sans preuve crédible sur les prétendus crimes commis.  Nos îles sont mises sur des listes noires, avec le risque de souiller durablement notre réputation.  Des pays comme Sainte-Lucie, qui ont l’ambition de devenir autosuffisants et de se départir de l’aide, ne peuvent pas participer au secteur des services financiers, un domaine où ils ont pourtant un avantage comparatif. 

Mais pressée d’aller de l’avant, Sainte-Lucie, a indiqué le Premier Ministre, a noué un nouveau partenariat avec le Forum économique mondial en vertu duquel elle sera le premier pays à mettre en œuvre la « feuille de route du financement ».  Le Forum s’engage donc à actionner ses nombreux réseaux et à promouvoir une compréhension commune des obstacles qui limitent les flux de capitaux vers Sainte-Lucie, s’est réjoui le Premier Ministre. 

Aujourd’hui, s’est réjoui, M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaire étrangères de Samoa, l’Assemblée générale va adopter la Déclaration politique sur l’examen à mi-parcours des « Orientations de Samoa » dont l’objectif est d’accélérer la réalisation de l’agenda du développement durable des petits États insulaires en développement.  Adopter la Déclaration, c’est facile, mais se l’approprier, c’est courageux, a prévenu le Premier Ministre, qui a ajouté: concrétiser les promesses et mettre les contributions au service d’une pleine mise en œuvre des Orientations d’ici à 2024, « ça, c’est la marque d’un vrai leader ».  Pour un leader du Pacifique, a-t-il dit, mon message aujourd’hui est le même que celui que je transmets depuis 21 ans du haut de cette tribune: les changements climatiques, qui incarnent les aspirations et les priorités de Samoa pour aujourd’hui et demain.  Désormais, a poursuivi le Premier Ministre, la science a parlé et son message est fort et clair: les changements climatiques sont réels, ils sont là, ils ont un impact plus fréquent et plus profond, ils portent un risque sécuritaire plus grave que beaucoup ne le croient.  Les changements climatiques, a insisté le Premier Ministre, c’est ce phénomène qui peut signer la mort des atolls et des petits États insulaires. 

Les changements climatiques, a-t-il aussi prévenu, traversent les frontières « sans être invités ».  Ils ne connaissent pas la discrimination: ils touchent tous les pays même si les petits États insulaires ont des vulnérabilités spéciales et uniques.  Il a souligné que les changements climatiques sont un problème mondial qui exige une réponse mondiale: il doit nous unir plutôt que nous diviser.  Les solutions, s’est impatienté le Premier Ministre, sont connues et pourtant, l’ambition fait défaut.  Il a voulu que l’on remplace l’approche « donateur-victime » par celle de « partenariat ».  Pointer un doigt accusateur sur ceux qui ont commis des fautes par le passé ne fera pas revenir l’environnement de nos aïeux, a-t-il dit.  Il faut nous concentrer non pas sur hier mais sur aujourd’hui et demain.  Nous devons travailler ensemble avec un sentiment d’urgence, se fondant sur la science mais aussi et surtout sur ce que nous dicte notre conscience et sur notre volonté politique. 

L’unité autour des intérêts communs est plus que jamais nécessaire, a souligné le Premier Ministre.  Seuls la coopération et les efforts conjoints nous mèneront au respect des droits de l’homme, à la paix et à la sécurité et à un véritable développement durable et les Nations Unies sont particulièrement bien placées pour coordonner les initiatives mondiales.  Le Premier Ministre s’est félicité de la facilité pour la résilience du Pacifique (PRF) qui change véritablement la donne, en débloquant des dons prévisibles, constants et accessibles pour la préparation aux risques de catastrophe.  Il a aussi fermement appuyé l’idée de créer un bureau multipays des Nations Unies dans le Pacifique Nord. 

M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, a tout d’abord exprimé sa solidarité envers le peuple des Bahamas, durement touché par l’ouragan Dorian, avant de louer les objectifs de la soixante-quatorzième session de dynamiser les efforts multilatéraux pour l’éradication de la pauvreté, une éducation de qualité, l’action pour le climat et l’inclusion.  Des objectifs d’autant plus importants, à son sens, que « la poursuite de l’unilatéralisme par certains pays constitue un risque pour la sécurité du monde ». 

En 39 ans d’existence, a-t-il poursuivi, le Vanuatu a connu une croissance économique soutenue étayée par une bonne stabilité macroéconomique et un gouvernement responsable et efficace.  Mais son pays, a-t-il nuancé, est toujours considéré comme le pays le plus vulnérable au monde face aux catastrophes naturelles et aux bouleversements extérieurs de l’économie mondiale.  Il a expliqué que cette réalité « dure et complexe » rend ardue la réalisation des objectifs de développement durable.

Évoquant le rapport du GIEC qui annonce un réchauffement planétaire de 3 degrés Celsius, M. Salwai a dit craindre que les Petits États insulaires en développement comme le Vanuatu continuent à subir des catastrophes naturelles, l’élévation du niveau des mer, les sécheresses et l’acidification des océans.  Ces défis constituent une menace pour leurs objectifs de développement durable et accroissent la dépendance de pays comme le mien à l’égard du système multilatéral, a-t-il indiqué.

Il a ensuite précisé que loin d’être un producteur majeur de gaz à effet de serre, le Vanuatu n’en ménage pas moins ses efforts pour réduire la hausse des températures mondiales en s’engageant à produire 100% de son électricité par des énergies renouvelables à l’horizon 2030.

De plus, alors que la santé des océans est menacée par « des activités humaines irresponsables », a poursuivi le Premier Ministre, le Vanuatu a mis en place une politique de l’océan et de planification de l’espace marin pour la protection et l’usage durable des ressources océaniques, tout en interdisant l’usage des plastiques à usage unique sur son territoire.  Des mesures qui figureront en bonne place sur son rapport à la deuxième conférence des Nations Unies sur les océans au Portugal en 2020. 

M. Salwai a en outre présenté cinq domaines qui nécessitent un partenariat entre les Nations Unies et les autres instances multilatérales tels l’accès au financement subventionné pour les pays vulnérables comme le Vanuatu, l’augmentation du financement pour combattre les changements climatiques et la reconstitution du Fond vert pour le climat, ainsi que des instruments de financement innovants pour les risques de catastrophes naturelles.  Il a en outre souhaité une révision de la gestion des risques par les grandes banques internationales qui, a-t-il affirmé, nuisent aux banques nationales et aux échanges économiques.  Il a espéré, enfin, réduire les obstacles qui limitent les investissements sur leurs marchés.

Poursuivant, le Premier Ministre a fait savoir que 60% de la population du Vanuatu a moins de 15 ans.  Cette jeunesse constitue selon lui un atout pour le développement du pays qui implique, en priorité, un effort d’investissement dans l’enseignement technique et supérieur, garantissant la productivité et de l’emploi de cette génération.

La santé publique constitue aussi un défi pour la Vanuatu, dont la géographie archipélagique rend difficile l’accès aux soins, a regretté M. Salwai, qui précisé que la recrudescence des maladies non transmissibles grève lourdement les ressourcés, « rivalisant avec le montant alloué aux soins de santé primaires » et exige de nouvelles infrastructures et une formation des personnels de santé.

Le Premier ministre a par ailleurs déploré que la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et la Papouasie occidentale « luttent toujours pour leur autodétermination » et a appelé les puissances administrantes à respecter le processus de décolonisation, en particulier en Polynésie française, où il a souhaité la tenue d’un référendum semblable à celui du Nouvelle-Calédonie.  Il a également sollicité le recours au système onusien pour « trouver une solution aux abus des droits de l’homme commis en Papouasie occidentale », et a appuyé le projet d’une visite d’évaluation par la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU dans cette province. 

Au terme de son propos, M. Salwai a déploré que les petits États insulaires, dépourvus d’armée et de puissance nucléaire, soient « ridiculisés, regardés de haut et de travers par la communauté internationale, alors que leurs préoccupations sont aussi les préoccupations de l’humanité ».

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a rappelé que son pays est souvent cité comme un miracle de développement.  En dépit des turbulences qui perturbent l’ordre international et les appréhensions suscitées par le ralentissement de la croissance économique mondiale, le Bangladesh n’a cessé de prospérer ces 10 dernières années, a-t-elle indiqué.  « Selon le Spectator Index 2019, il a enregistré la plus forte croissance économique sur une liste de 26 pays au cours des 10 dernières années, avec une hausse de 188% de son produit intérieur brut (PIB), qui est passé de 102 milliards de dollars en 2009 à 302 cette année », a fait valoir la Chef du Gouvernement.  Entre 2005-2006 et 2017-2018, les exportations du Bangladesh ont été multipliées par trois, atteignant 37 milliards de dollars, tandis que ses investissements sont passés de 26% à 31,5% du PIB.  Au cours de la même période, les investissements dans le secteur privé ont été multipliés par 5 pour atteindre 70,8 milliards de dollars, et la réserve en devises par 9, totalisant désormais 33 milliards de dollars.

Mme Hasina a également assuré que son pays pouvait s’enorgueillir d’un des taux de pauvreté les plus rapidement en baisse au monde, lequel est tombé de 41,5% en 2006 à 21,4% en 2018, et l’extrême pauvreté de 24% à 11,3%, en grande partie grâce à des projets de développement rural axés sur les besoins des communautés locales.  Un des éléments déterminants de la success story du Bangladesh a été, selon la Première Ministre, de lutter contre les inégalités en offrant à tous une sécurité sociale, un travail décent et une inclusion financière, en mettant aussi l’accent sur la qualité de l’éducation, sachant que la scolarisation est désormais universelle. 

Après avoir annoncé la construction en cours de la toute première usine nucléaire dans son pays, « à des fins strictement civiles et pacifiques », Mme Hasina a dit que l’action de son gouvernement contre les changements climatiques était consacrée par le plan Delta 2100, qui met l’accent sur la sécurité alimentaire, la sûreté des eaux, la viabilité environnementale, la gestion des catastrophes et la croissance économique soutenue du delta du Bangladesh.  En tant que deuxième pays contributeur de troupes et de personnel de police le plus important, a-t-elle observé, le Bangladesh continue de répondre à l’appel de l’Organisation pour doter les opérations de paix des personnels compétents.  Le Gouvernement soutient aussi l’agenda Action pour le maintien de la paix.

La Chef du Gouvernement a ensuite évoqué la question « regrettable » de la crise des Rohingya, qui n’est toujours pas résolue.  « Nous continuons d’accueillir 1,1 million de réfugiés rohingya contraints de quitter le Myanmar en raison des atrocités commises contre eux », a-t-elle dit en rappelant que la crise est maintenant entrée dans sa troisième année mais que pas un seul de ces réfugiés n’a pris le chemin du retour en raison du climat qui règne dans l’État rakhine.  Soulignant à quel point cette situation est devenue intenable, la Première Ministre a rappelé le plan en cinq points qu’elle avait présenté lors de la précédente session de l’Assemblée générale des Nations Unies, à savoir que le Myanmar doit manifester une volonté politique claire à l’appui d’un retour durable des Rohingya; qu’il doit instaurer la confiance parmi cette population en renonçant à toutes pratiques et législations discriminatoires; qu’il doit garantir la sécurité et la sûreté des Rohingya en déployant des observateurs civils en provenance de la communauté internationale dans l’État rakhine; et que cette même communauté internationale doit veiller à répondre aux causes profondes du problème rohingya et à tenir pour responsables de leurs actes les auteurs d’atrocités et de violations des droits de l’homme.

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a rappelé que son pays continue, deux ans plus tard, à souffrir des dégâts de l’ouragan Irma, illustration des « terribles réalités des changements climatiques ».  Dans les îles, les conséquences des changements climatiques sont « notre Hiroshima annuel », a-t-il insisté, et dans cette guerre qu’elles n’ont pas initiée, les populations sont désarmées.  Elles sont victimes des États qui, par leurs politiques destructrices du climat, tuent les petites îles à coup de tempêtes brutales.  En dépit de l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, chacun doit comprendre que, même si cette maigre ambition était atteinte, les dégâts déjà infligés par les changements climatiques continueraient de se faire sentir pendant 1 000 ans.  Le Premier Ministre a appelé l’Assemblée à prendre en compte le dernier rapport du GIEC sur les océans.  Dans les îles, a-t-il ajouté, nous sommes parvenus à la triste conclusion qu’au moins 30 générations et plus subiront les conditions déjà créées par les émissions de gaz à effet de serre d’une poignée de pays.

Cette année marque le trentième anniversaire de la Convention des droits de l’enfant, mais les activités de quelques pays tournent ce document en dérision quand il appelle à « améliorer les conditions de vie des enfants pauvres ».  Le Premier Ministre a dûment félicité Greta Thunberg et tous les jeunes qu’elle a su motiver à travers le monde pour mettre en garde leurs gouvernements contre les effets des changements climatiques.  La protection des intérêts économiques pétroliers aux dépends d’une justice climatique est « inique », a-t-il martelé.  Le nombre de « refugiés climatiques » déjà existants et les perspectives d’avenir imposent de leur attribuer un statut et la reconnaissance du statut de « réfugié » quand ils passent les frontières.  Le Gouvernement d’Antigua-et-Barbuda propose donc à cette Assemblée de confier cette question à ses commissions pertinentes qui s’emploieront à s’accorder sur une définition du « réfugié climatique », laquelle doit être dûment versée au droit international.  « Mon gouvernement sait pertinemment que cette proposition rencontrera la résistance de ceux qui nient la réalité des changements climatiques », s’est-il résigné.  Mais si cette question reste ignorée aux Nations Unies, alors des nations désunies seront à jamais coupables des catastrophes qui ne manqueront pas de s’abattre sur nos pays, faute d’un cadre global adéquat pour gérer les mouvements transfrontaliers.  Les petites îles seront les premières frappées mais, tôt ou tard, les changements climatiques finiront par faire des victimes dans les grands territoires, non seulement sur leurs côtes mais aussi au cœur des continents.  Le processus a déjà commencé.

Par ailleurs, le Premier Ministre a déploré la discrimination subie par les petits États insulaires qui se voient disqualifiés de l’accès à certains prêts préférentiels, fondés sur le critère du revenu par tête.  Ce revenu est artificiellement élevé, compte tenu de notre faible population, a expliqué le Premier Ministre qui a réclamé de nouveau la levée de ces critères.  Il a également dénoncé le système de taxation de l’Union européenne, « anticoncurrentiel », alors que les États insulaires se sont alignés sur les normes de l’OCDE.  Le GAFI -Groupe d’action financière- comme le Forum mondial de l’OCDE ont estimé que la plupart de ces pays sont parfaitement alignés sur les normes bancaires internationales.  Pourtant, a dénoncé le Premier Ministre, on voit toujours des établissements se retirer ou menacer d’exclure les Caraïbes des systèmes de paiements internationaux.  Les échanges bancaires sont un bien public mondial, un droit fondamental qui doit être accordé à tous les pays et toutes les régions, a rappelé le Premier Ministre.

M. KEITH ROWLEY, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, a énuméré les défis pressants de notre époque et en particulier celui de l’impact des changements climatiques, y compris dans sa région.  Pour en venir à bout, il a suggéré de recourir à des solutions collectives et au multilatéralisme plutôt qu’à des approches unilatérales, préconisant à cet effet le renforcement des partenariats à travers le respect mutuel et la coopération.  Parlant de l’expérience des 60 dernières années à Trinité-et-Tobago, M. Rowley n’a pas hésité à dire que son peuple en est le plus grand atout.  L’objectif du pays est de parvenir à une société dans laquelle les besoins fondamentaux de tous sont satisfaits, chaque individu respecté et des opportunités créées pour tous.  Cela signifie qu’il va falloir garantir la sécurité alimentaire, parvenir à l’élimination de la pauvreté et des inégalités, lutter contre la discrimination et permettre l’accès à la santé.  C’est dans cet esprit que Trinité-et-Tobago a adopté sa stratégie nationale de réduction de la pauvreté qui est à la fois collaborative, durable et pertinente pour toutes les parties concernées, a expliqué le Premier Ministre.

L’une des priorités de son gouvernement est d’assurer la consolidation et la stabilité de l’économie en restant intégré dans l’architecture financière et commerciale mondiale.  M. Rowley a exprimé ses préoccupations par rapport à l’intégration unilatérale des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) dans la liste des « juridictions fiscales non coopératives » par certains partenaires internationaux.  Pour lui, ce terme risque d’avoir des répercussions négatives sur la réputation et les économies des petits États insulaires en développement comme le sien.  Par conséquent, il a exhorté les partenaires internationaux de Trinité-et-Tobago à adopter une approche plus « collaborative, juste et équitable ».  Dans la même veine, il s’est dit alarmé par le déclin progressif des services offerts par les banques correspondantes des banques internationales.  C’est particulièrement problématique pour les États de la CARICOM parce que cela menace leur stabilité financière et représente un frein pour leur développement durable et leurs efforts de lutte contre la pauvreté.  Dès lors, les pays de la CARICOM exhortent les banques internationales à reprendre leur collaboration avec les pays concernés dans le cadre d’une relation financière mutuellement acceptable, a déclaré le Premier Ministre.

M. Rowley a également plaidé en faveur de nouveaux paramètres pluridimensionnels pour l’accès des pays à des financements à des conditions de faveur.  Le système des Nations Unies pour le développement devrait, selon lui, opter pour une approche pluridimensionnelle de l’aide au développement qui corresponde mieux aux besoins spécifiques et aux priorités nationales de chaque pays.

En réponse à la menace des changements climatiques, son gouvernement s’oriente vers une approche concertée de manière à pouvoir contrecarrer leurs effets négatifs.  Le Premier Ministre a néanmoins souligné l’importance d’une approche collaborative et des partenariats dans ces efforts pour pouvoir remplir les obligations internationales, en ligne avec la législation, les politiques et les priorités nationales.  Compte tenu de l’importance des fonds marins pour son pays, M. Rowley a espéré l’entrée en vigueur rapide de la Convention des Nations Unies sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones se trouvant au-delà des juridictions nationales.

Attaché à la paix et la sécurité de la région, il s’est dit préoccupé par la situation au Venezuela, un pays qui se trouve à 7 miles marins des côtes de Trinité-et-Tobago.  À l’instar des autres pays de la CARICOM, il a appelé à une désescalade urgente des tensions et la mise en place d’une plateforme de négociation pour un règlement pacifique de la crise vénézuélienne.  À ce sujet, il a estimé que les initiatives de la Norvège, de la CARICOM et du Mécanisme de Montevideo méritaient d’être soutenues.  Il s’est d’ailleurs dit « peiné » par le retrait récent de l’une des parties de cette initiative, en espérant que cela ne sera que temporaire parce qu’il « appartient uniquement aux Vénézuéliens de s’approprier leur situation, et que les membres dans cette enceinte ne peuvent que les accompagner et les aider sur la voie de la sécurité et de la stabilité politique ».  Trinité-et-Tobago a jusque-là accueilli 16 000 réfugiés vénézuéliens, a précisé le Premier Ministre, en insistant sur les défis que cela représente pour des petites nations comme la sienne.

Avant de conclure, M. Rowley a plaidé pour la représentation des PEID au Conseil de sécurité par l’octroi d’un siège qui serait attribué à tour de rôle à un pays de chaque région.  Trinité-et-Tobago est d’ailleurs candidat au Conseil de sécurité pour la période 2027-2028.  S’il était élu, ce serait la deuxième fois pour le pays, a précisé le Premier Ministre.

Mme RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, s’est particulièrement inquiété de la rapide accélération des changements climatiques, qu’il a qualifiée de « manifestation de l’échec du multilatéralisme ».  Face à cette menace, le Premier Ministre a regretté que, chaque année, de nombreuses personnes souffrent et meurent « parce que les indispensables actions attendues au niveau mondial sont sabotées par des acteurs égoïstes à la courte vue qui nient la réalité des changements climatiques ».  Il a relevé que les ouragans sont les manifestations les plus violentes des changements climatiques, avant de citer les conséquences catastrophiques des inondations, de la dégradation des sols, de la sécheresse, des glissements de terrain, de l’érosion des côtes et toutes les autres manifestations climatiques qui détruisent les vies et les capacités de production des nations vulnérables, en particulier des PEID.  Il a estimé que les trois conventions internationales relatives respectivement à la biodiversité, à la désertification et à la dégradation des sols constituent un ensemble intégré indispensable à la préservation de notre existence.  Il a salué la conférence organisée cette semaine par le Secrétaire général pour confronter la paralysie du monde face à l’accélération des changements climatiques. 

En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, le Premier Ministre a souligné l’importance d’avoir des objectifs contraignants pour limiter le réchauffement à moins de 1,5 degré Celsius.  Il a appelé à des investissements dans la protection de l’air et dans les énergies renouvelables avant d’appeler à adapter les opportunités de financement pour s’attaquer aux priorités des nations les plus vulnérables.  M. Gonsalves a estimé que l’incapacité des principaux émetteurs de gaz à effet de serre à s’entendre sur des objectifs d’atténuation constitue un acte d’hostilité à l’égard de l’existence même des petits États insulaires.  Les nations industrialisées qui tuent les petits États insulaires en raison de leur inaction en matière de changements climatiques ne peuvent prétendre être les amies des PEID, a-t-il dit. 

Par ailleurs, M. Gonsalves s’est inquiété de l’émergence d’une « nouvelle vague d’interférences hégémoniques, unilatérales et interventionnistes » qui menace de toucher toutes les nations.  Illustrant son propos, il a dénoncé les tentatives coordonnées d’imposer, depuis l’extérieur, un changement de régime au Venezuela.  « Nous observons la mise en place d’un blocus illégal contre le Venezuela, similaire à celui qui frappe Cuba et que nous dénonçons chaque année comme une manœuvre immorale et anachronique. »  Face à ce constat, le Premier Ministre a demandé que le principe du droit international cesse d’être appliqué de manière sporadique et sélectif.  Alors que Saint-Vincent-et-les Grenadines célèbre cette année le quarantième anniversaire de son indépendance qui avait succédé à 216 années de loi coloniale, le Premier Ministre a dit que son pays continue de réévaluer ses défis et opportunités en développant des liens avec le continent africain. 

Par ailleurs, le Premier Ministre s’est dit très fier que l’Assemblée générale ait élu cette année son pays en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité.  Il a précisé que son pays sera le plus petit du monde à avoir un siège au Conseil de sécurité avant d’estimer que cette présence constitue une reconnaissance de la capacité des petits États insulaires de participer aux débats les plus importants.  Il a espéré que la présence de son pays au Conseil de sécurité permettra de réformer les méthodes de travail afin que les priorités du Conseil de sécurité reflètent mieux les réalités mondiales contemporaines. 

« La révolution du grand peuple soudanais a triomphé, emportant avec elle à trois décennies abominables d’oppression et de discrimination », a d’emblée déclaré M. ABDALLA HAMDOK, Premier Ministre du Soudan.  Avec cette victoire héroïque, où les valeurs humaines de coexistence et la cohésion sociale ont prévalu, le Soudan a écrit un nouveau chapitre de sa glorieuse histoire marquée par le courage et les sacrifices.  Il a rappelé que c’est à partir de décembre 2018 et trois mois durant que les vaillants Soudanais, hommes et femmes, armés de leur unité et de leur volonté inébranlable, ont manifesté pacifiquement contre un des régimes les plus brutaux dans l’histoire de l’humanité.

Il a également indiqué que si « Liberté, égalité, fraternité » représente la devise de la grande révolution française et continue de servir les forces de libération de l’humanité depuis le XVIIIsiècle, la révolution soudanaise s’en est inspirée sous la bannière « Liberté, paix et justice » pour se libérer du carcan et de l’ignominie.

M. Hamdok a assuré que son pays ouvre désormais un nouveau chapitre en matière de relations étrangères.  Cette nouvelle approche dans ses relations avec les États régionaux voisins ainsi que tous les pays à travers le monde repose sur un esprit de fraternité guidée en cela par sa ferme croyance en les valeurs humaines et l’héritage issue de la sagesse soudanaise, a-t-il indiqué.  De même, le Soudan est déterminé à respecter ses engagements reposant sur les principes de l’état de droit, des droits de l’homme ainsi que sur les efforts visant à éradiquer toute forme de discrimination, d’exploitation, d’injustice et d’inégalité. 

« Nous, au sein du Gouvernement de transition du Soudan, croyons fermement que les relations entre États doivent être bâties sur les piliers de l’intérêt commun des nations et d’une coopération significative pour la réalisation de ces mêmes intérêts » pour vivre tous ensemble dans la prospérité et la paix, a-t-il dit.

Avec cette révolution, a-t-il poursuivi, le Soudan entend mettre fin à une sombre ère d’isolationnisme international et régional qui lui a valu une longue série de sanctions internationales et d’être inscrit sur la liste noire des États soutenant le terrorisme.  « Le peuple soudanais n’a jamais parrainé ni soutenu le terrorisme », a-t-il martelé.  Au contraire, le peuple soudanais a résisté à ces actes défendus par l’ancien régime.  Ces sanctions ont également ravagé notre peuple.  Il a appelé les États-Unis à retirer le Soudan de la liste des États soutenant le terrorisme et de ne plus punir le peuple soudanais victime d’actes commis par un régime vicieux.  Il a souhaité que cet « appel juste » soit suivi d’une « rapide réponse » afin de permettre à son gouvernement d’aller de l’avant dans les efforts de « reconstruction et de développement ». 

Conscient des énormes défis auxquels son pays fait face, notamment mettre fin à la guerre civile et instaurer une paix durable sur l’ensemble du territoire, deux objectifs de la plus haute importance, le Soudan compte d’ailleurs mettre en place une justice holistique et traiter les causes profondes à l’origine des divisions, à commencer par la marginalisation économique et la discrimination ethnique, culturelle et religieuse.  Le Premier Ministre a aussi fait part de sa détermination à édifier un nouvel État reposant sur l’état de droit, un développement équilibré avec des orientations claires pour protéger les droits de l’ensemble du peuple soudanais.  Mon gouvernement, a-t-il assuré, n’épargnera aucun effort pour remettre le pays sur les rails du développement afin de réaliser le Programme 2030.

M. ANTONIO RIVAS PALACIOS, Ministre des relations extérieures du Paraguay, a réaffirmé le droit au développement de tous les peuples et exprimé sa solidarité avec les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.  Il a salué la conclusion récente des négociations des accords de libre-échange entre le MERCOSUR et l’Union européenne, ainsi qu’avec les pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE).  À travers le Programme 2030, a-t-il assuré, nous cherchons un nouveau modèle de gouvernance pour le pays, où tous puissent bénéficier du « bien-être social ».

À l’occasion de l’Année internationale des langues autochtones, célébrée en 2019, le Ministre a souligné que les 19 langues autochtones qui survivent au Paraguay font partie de son identité nationale.  Son pays, a-t-il dit, a montré à maintes reprises sa ferme volonté de consolider sa démocratie.  Préoccupé par « la tragédie » au Venezuela, l’exode et la crise régionale qu’elle engendre, il a jugé nécessaire d’unir les forces en faveur de la restauration de la démocratie dans ce pays.

Abordant la crise migratoire et humanitaire en Amérique latine, M. Rivas Palacios a indiqué que le Paraguay est « un pays de portes ouvertes, qui croit au potentiel de la migration pour contribuer au développement économique, social et culturel de tous les pays ».  Fidèle à cette conviction, le Ministre a appelé à un traitement digne des migrants, et en particulier des enfants et des jeunes.

En tant que pays en développement sans littoral, a—t-il enchaîné, le Paraguay est sévèrement affecté par les effets adverses des changements climatiques.  Récemment, a déploré M. Rivas Palacios, 100 000 hectares de forêts ont été dévastés par des feux qui ont détruit une grande partie de la diversité écologique de la région dite du « Gran Chaco Americano ».  En partenariat avec le Fonds vert pour le climat, le Gouvernement paraguayen s’est engagé à établir un fonds spécial destiné à la reforestation, et, par là même, à la lutte contre la pauvreté extrême qui affecte les secteurs les plus vulnérables de la société.  C’est dans ce cadre également que s’inscrit le projet hydroélectrique intitulé « Itaipu Binacional » que le Paraguay partage avec le Brésil. 

M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a rappelé la responsabilité des États Membres de veiller au respect des principes, droits et obligations de la Charte des Nations Unies.  Nous avons besoin de préserver le système international fondé sur le droit avec l’ONU au centre, a-t-il indiqué, avant d’appeler à la poursuite de la réforme de l’Organisation.  Les États, petits et moyens, devraient assumer plus de rôle sur la scène mondiale.  L’année dernière, a-t-il rappelé, l’Islande est devenue membre du Conseil des droits de l’homme et durant son mandat, a promu activement l’égalité des genres, les droits des enfants et des LGBTI.  Nous avons aussi plaidé pour la réforme plus que nécessaire du travail et de la composition de ce Conseil dans lequel nous continuons de voir certains membres élus émettre des jugements et voter alors que leurs prestations en matière de droits de l’homme au plan national devraient faire l’objet de procès.  Certes, les États Membres sont diverses et font face à différents défis, mais les groupes régionaux et les États Membres devraient s’assurer que ceux qui sont élus au Conseil des droits de l’homme soient vraiment engagés à respecter ces droits, a-t-il affirmé. 

Passant à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, M. Thórdarson a indiqué que la durabilité a été la clef de la survie de son pays depuis longtemps.  Il s’est préoccupé de l’impact des changements climatiques « un des défis les plus importants de notre époque ».  Dans l’Arctique, ainsi qu’en Islande, nous sommes témoins de la fonte des glaces, et les mers et la vie marine changent rapidement.  « Ce qui se passe en Arctique ne restera pas en Arctique », a averti le Ministre, raison pour laquelle l’Islande est fermement attachée à mettre en œuvre l’Accord de Paris et vise à atteindre la pleine neutralité carbone avant 2040. 

Le Ministre a également souligné que le lien entre les changements climatiques, les droits de l’homme, le développement et la sécurité est évident dans de nombreux conflits et exige une approche holistique.  Il a appelé le Conseil de sécurité à jouer un rôle plus actif afin de prévenir et résoudre les crises, et être à la hauteur de sa responsabilité en vertu de la Charte des Nations Unies.  En Syrie, au Yémen, en Arabie saoudite, en Libye, au Sahara occidental, en Israël et en Palestine, au Venezuela, au Myanmar, en Ukraine et en Géorgie, ces conflits et autres conflits prolongés, ainsi que la défiance qui ne cesse d’augmenter entre les grandes puissances, exigent un engagement plus grand, une pensée créative et plus de ressources, a-t-il souligné.  Il a appelé à mettre ces efforts au service du contrôle des armes, du désarmement et de la non-prolifération, mais également des technologies émergentes, de la cybersécurité et des menaces hybrides.

Habitat naturel de l’Everest, a rappelé M. PRADEEP KUMAR GYAWALI, Ministre des affaires étrangères du Népal, mon pays est au cœur des changements climatiques.  Baromètre de ces changements, l’Himalaya subit la fonte de ses glaciers et l’asséchement de son eau douce à un rythme de plus en plus soutenu.  D’ici à la fin du siècle, un tiers des glaciers de l’Hindou Kouch et de l’Himalaya auront fondu même si on réussit à bloquer l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius.  Le climat produit des catastrophes qui répandent la désolation partout.  Cette année, a rappelé le Ministre, les inondations et les tornades ont emporté avec eux plusieurs Népalais.  Le Gouvernement du Népal a donc décidé de convoquer en avril 2020 un dialogue sur les changements climatiques qui sera le premier épisode du dialogue de Sagarmatha créé par le pays pour parler des questions vitales du monde contemporain. 

Le Népal, qui s’emploie à mettre pleinement en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, se heurte au problème des ressources.  Nous réclamons donc, a dit le Ministre, une assistance technique et financière, des investissements et toute autre forme de soutien pour tous les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral.  Pays hôte du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement, le Népal, a-t-il poursuivi, appelle au renforcement des approches régionales dont le Processus de Katmandou.  Conformément à son attachement à la Charte des Nations Unies, mon pays, a ajouté le Ministre, a rendu les services les plus dévoués, les plus fiables et les plus professionnels aux opérations de paix des Nations Unies, ces six dernières décennies.  Nos Casques bleus se sont déployés sans restriction aucune même dans les situations fragiles et caractérisées par des menaces asymétriques. 

Le Ministre a donc appuyé la Déclaration d’engagements communs en appui à l’initiative « Action pour le maintien de la paix ».  Les opérations de paix, a-t-il martelé, doivent être dotées de ressources prévisibles, adéquates et durables pour leur succès.  Le remboursement en temps voulu des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police est essentiel pour que « notre brave personnel » puisse donner le meilleur de lui-même, y compris dans les situations difficiles.  Les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police doivent aussi avoir accès aux postes de leadership tant au Siège de l’ONU que sur le terrain. 

Après avoir souligné que les leçons apprises du tremblement de terre en 2015 ont conduit son pays à se concentrer sur la résilience des infrastructures, le Ministre a ajouté que même privé de littoral, le Népal s’inquiète de la santé des océans car il croit au lien « organique » entre ces derniers et les montagnes.  Il a estimé que l’instrument juridiquement contraignant actuellement en négociation sera une étape essentielle pour la protection et la conservation de la biodiversité marine.  Pour illustrer l’attachement de son pays aux droits de l’homme, le Ministre a rappelé la candidature népalaise à une réélection au Conseil des droits de l’homme pour la période 2021-2013. 

M. PALAMAGAMBA KABUDI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération est-africaine de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que les priorités de son gouvernement sont d’éradiquer la corruption, d’instituer une éthique et une discipline au sein du service public, et de renforcer la collecte des impôts afin d’accélérer la croissance socioéconomique.  Il s’agit également d’améliorer la qualité de l’éducation, et de lutter contre la pauvreté et le chômage.  En juillet dernier, la Tanzanie a présenté au Forum politique de haut niveau un examen national volontaire des progrès réalisés en matière d’objectifs de développement durable. 

Au titre des mesures ainsi prises au niveau socioéconomique, le Ministre a relevé que depuis 2015, la scolarisation des enfants a augmenté de 32,5%.  Depuis 2017, le Gouvernement a recruté plus de 18 000 enseignants.  De plus, la couverture sanitaire de la population est passée de 20% à 33%.  De nouveaux hôpitaux, dispensaires et centres sanitaires ont été construits ou réhabilités à travers le pays et l’accès aux médicaments a augmenté.  Dans le secteur de l’énergie, un vaste programme d’électrification rurale a été lancé.  Aujourd’hui, 67% de la population a accès à l’électricité, contre 50% en 2015, s’est encore félicité M. Kabudi.  De même, 71% des Tanzaniens ont accès à l’eau potable.  De plus, 2 000 kilomètres de routes ont été construites et les grands ports de Dar es-Salaam, Zanzibar, Mtwara et Tanga ont été élargis, tout comme les aéroports. 

En matière environnementale, le chef de la diplomatie tanzanienne a indiqué que 38% des terres sont protégées, et, cette année, le Gouvernement a porté à 24 le nombre de parcs nationaux, afin de protéger les écosystèmes, les forêts et la biodiversité.  En juin dernier, l’usage de sacs en plastique a été interdit dans tout le pays.  Enfin, pour réduire l’impact des changements climatiques, la Tanzanie investit dans les énergies renouvelables, a poursuivi M. Kabudi. 

Le pays reste en outre engagé à promouvoir la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et l’état de droit.  Depuis le 1er juillet 2019, le Gouvernement a mis en œuvre un modèle de réformes pour améliorer « l’environnement économique » en Tanzanie.  C’est sur ce thème général que la Tanzanie a assumé, au mois d’août, la présidence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  À ce titre, le Ministre a appelé la communauté internationale à demander la levée des sanctions unilatérales imposées au Zimbabwe, qui affectent négativement aussi les autres pays de la région. 

M.SOROI EOE, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, s’est réjoui de la récente visite du Secrétaire général dans la région du Pacifique, pour témoigner « des défis de développement durable, de nos vulnérabilités et de nos atouts », et « sonner le clairon de l’offensive contre l’impact néfaste des changements climatiques ».

Il a confirmé l’importance du programme 2030 pour son pays et décrit des progrès mesurés dans le domaine de l’éducation, de la santé publique, de l’égalité des sexes, de la paix et de la sécurité, tout en reconnaissant que beaucoup reste encore à faire, dans la perspective de l’examen national volontaire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée lors du Forum politique de haut niveau pour le développement durable de juillet 2020.

L’objectif des mesures gouvernementales, a précisé le Premier Ministre, est d’encourager les citoyens à prendre part à l’avancée du pays vers le développement, visant l’indépendance économique et l’autosuffisance dans les 10 ans, tout en assurant la protection de nos importantes ressources naturelles.

Il a expliqué que ce processus passe par la revitalisation du secteur agricole, représentant 80% du pays, grâce à une meilleure productivité des communautés rurales, tandis que des plans sectoriels sont menés dans la pêche, l’exploitation forestière, les mines, le gaz et le pétrole et les produits industriels de base. 

Le Premier Ministre a confirmé son souhait de développer le traitement en aval des ressources naturelles afin de gagner de la valeur ajoutée; et d’étoffer les ressources humaines et matérielles nécessaires à l’industrialisation de l’économie, d’accueillir des investisseurs étrangers, « dans le but d’accéder au rang de pays à revenu intermédiaire en 2030 ».

Ensuite, il a annoncé la révision et la réforme du corp de lois régissant les ressources renouvelables et non renouvelables, dont les carences actuelles lèsent la population.  Il a aussi cité la construction d’infrastructures de transport et de communication assurant l’accès des citoyens au marché des produits de base et des services, mentionnant avec satisfaction l’achèvement du câble de fibre optique sous-marin entre Port Moresby et Sidney, Australie.

Poursuivant, le Premier Ministre a indiqué que dans un but de bonne gouvernance, son pays entend bientôt mettre en place une commission indépendante de lutte contre la corruption et une réforme du secteur public qui pourrait inclure des partenariats avec le secteur privé.  Essentielles, à ses yeux, au développement socioéconomique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, des mesures favorables aux femmes et jeunes filles, améliorant l’égalité entre les sexes dans le monde du travail, sont mises en œuvre, ainsi qu’une stratégie nationale contre les violences liées au genre. 

M. Eoe, s’est ensuite félicité de la célébration de 18 ans de paix ininterrompue dans la région autonome de Bougainville depuis la signature de l’accord de paix de 2001 entre le Gouvernement et les habitants de la région, au terme d’un conflit qui a coûté de nombreuses vies et nécessité l’intervention des Nations Unies.

Il a insisté sur l’engagement de son pays en faveur de l’Accord de Paris, ainsi qu’envers la gestion forestière durable de sa forêt primaire, le recours aux énergies renouvelables hydroélectriques et solaires, et l’adéquation climatique de ses infrastructures.

La protection de l’océan, « ressource vitale de l’économie, de la société et de la culture de la Papouasie-Nouvelle-Guinée » est aussi au cœur des priorités de M. Eoe, qui a confirmé l’extension des droits sur son plateau continental dans la zone du plateau d’Otong Java en mars 2017, œuvre d’une commission trilatérale inédite réunissant les États fédérés de Micronésie et les Îles Salomon.  À ce succès s’ajoute l’engagement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à combattre la pêche irrégulière, a-t-il indiqué. 

Dans la perspective de la seconde Conférence sur les océans de juin 2020, le Premier Ministre a exhorté tous les participants à « s’élever au-dessus de leurs considérations nationales mesquines et à accorder à ce patrimoine commun leur protection collective et un usage durable ».

M. SIMEON OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires extérieures et de la coopération de la Guinée équatoriale, a estimé que l’ONU devait se réformer pour continuer d’être utile à l’humanité, y compris à travers l’élargissement du Conseil de sécurité afin de réparer l’injustice historique faite au continent africain.  N’oublions pas, a-t-il dit, que les thèmes africains occupent les deux tiers de l’ordre du jour du Conseil.  Le Ministre a également appuyé le programme de réforme des opérations de maintien de la paix. 

Préoccupé par les effets des changements climatiques en Afrique, notamment quand ils contribuent aux conflits armés et aux déplacements forcés de populations, M. Esono Angue a salué l’Accord de Paris qui doit permettre de faire face à cette menace.  Les changements climatiques, a-t-il insisté, détruisent les maigres infrastructures africaines, diminuent la production agricole, font augmenter le prix des denrées, réduisent les ressources hydriques et les moyens de subsistance des populations côtières.

Le chef de la diplomatie équato-guinéenne a rappelé que son pays est exposé à « des tentatives de déstabilisation dans l’objectif de faire tomber les autorités légitimes afin de s’emparer des ressources naturelles et des richesses qui appartiennent au peuple », ce qui aurait des conséquences sur toute une région, a-t-il prévenu.  Néanmoins la Guinée équatoriale résiste, même si elle traverse une crise économique due à la chute du prix du pétrole.  Et l’économie se diversifie, a rapporté M. Esono Angue. 

En conclusion, le Ministre a salué l’opportunité que le fait d’avoir occupé pendant deux ans un siège non permanent au Conseil de sécurité aura présenté à la Guinée équatoriale.  Sous sa présidence en février 2019, par exemple, le Conseil a adopté à l’unanimité une résolution pour faire taire les armes en Afrique.  En conclusion, il a invité tous les États à participer au mois de novembre prochain à la conférence que son pays organisera sur ce thème. 

Droits de réponse

La représentante de la Serbie a vivement critiqué l’appel de l’Albanie à reconnaître un État indépendant au Kosovo.  Le Kosovo n’est pas un État indépendant et n’est pas membre de l’ONU, a souligné la délégation, qui a rappelé que la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité déclare que le Kosovo est une province de la Serbie. 

La représentante de l’Albanie a soutenu qu’on ne peut pas remettre en cause le statut du Kosovo: c’est un État indépendant et souverain reconnu par 116 membres de l’ONU et qui est partie à des dizaines d’organisations internationales et régionales.  C’est un partenaire fiable dans la région et une démocratie vivante, a-t-elle affirmé, notant également que le Kosovo dispose d’un cadre constitutionnel pour protéger ses minorités.  L’Albanie considère d’ailleurs que si le Kosovo devenait membre de l’ONU, ce serait un succès de la communauté internationale. 

Le représentant de l’Iran a dénoncé les propos tenus hier par le Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite.  Les « despotes saoudiens » ne peuvent plus cacher leurs échecs qu’en accusant l’Iran, a-t-il affirmé.  Le délégué a accusé l’Arabie saoudite de financer Daech et a rappelé que 15 des 18 personnes qui ont commis les attentats du 11 septembre 2001 venaient d’Arabie saoudite.  L’Arabie saoudite cherche à exporter l’idéologie takfiri en corrompant des dirigeants étrangers, a imposé un blocus économique contre ses voisins, mène une guerre criminelle contre le Yémen en commettant des crimes de guerre et a aidé l’Iraq dans sa guerre contre l’Iran, a dit le délégué.  Il a ensuite appelé l’Arabie saoudite à éviter toute erreur de calcul.  Le régime saoudien est une menace à la paix et la sécurité dans le monde, a-t-il affirmé. 

Ces propos ont été rejeté par le représentant de l’Arabie saoudite qui a accusé le régime iranien de parrainer des actes terroristes dans de nombreuses parties du monde.  Il a appelé à mettre un terme au programme nucléaire et balistique iranien et aux soutiens militaires et financiers de l’Iran au Yémen et en Syrie.  Le régime iranien, a-t-il encore accusé, a attaqué avec 25 missiles des sites et des champs pétroliers en Arabie saoudite.  Il a également affirmé que l’attaque iranienne contre le drone américain est un acte terroriste international de l’Iran. 

Les machinations d’Israël et de l’Arabie saoudite contre l’Iran sont connues de tout le peuple arabe, a rétorqué le représentant de l’Iran.  Il a affirmé que l’Iran n’est pas responsable des mauvais choix de l’Arabie saoudite de ces dernières années et a estimé que la répression des mouvements démocratiques dans le golfe Persique est la faute des Saoudiens.  L’idéologie takfiri saoudienne veut mener à l’extinction toutes les autres croyances du monde, a-t-il dit, avant de rappeler que le meurtre de Jamal Khashoggi et l’esclavage des milliers de femmes en Arabie saoudite ont ému le monde entier. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a réagi en disant que son pays cherche la paix et la sécurité dans la région et ne va pas traiter avec l’Iran.  Les armes iraniennes prennent pour cible le monde entier en s’attaquant aux sources énergétiques, mais nous sommes capables de nous défendre, a averti le représentant.  Même si l’Iran dépense des milliards de dollars au Yémen, nous ne permettrons pas que ce pays puisse s’infiltrer ni dans la région ni en Arabie saoudite. 

La représentante de l’Inde a vu dans la déclaration du Premier Ministre du Pakistan est une déformation de la réalité et une promotion de la division.  C’est une incitation à la haine, s’est-elle alarmée.  Les mots qu’il a utilisés démontrent une mentalité moyenâgeuse.  Parler de guerre nucléaire aux Nations Unies n’est pas digne d’un chef d’État.  Le Pakistan est sur la liste des pays les plus violents au monde et son Président a dans le passé ouvertement soutenu Oussama Ben Laden.  En outre, le Premier Ministre pakistanais se fait passer pour un défenseur des minorités alors que ces dernières subissent la conversion forcée et sont victimes de pogroms. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Examen à mi-parcours des Orientations de Samoa: les petites îles revendiquent leur « exceptionnalisme » et un meilleur accès aux financements

Soixante-quatorzième session,
Réunion de haut niveau - matin & après-midi
AG/12197

Examen à mi-parcours des Orientations de Samoa: les petites îles revendiquent leur « exceptionnalisme » et un meilleur accès aux financements

Cinq ans après les « Orientations de Samoa », les chefs d’État et de gouvernement, les ministres et les hauts-représentants ont reconnu aujourd’hui, dans une Déclaration politique* adoptée par consensus, que les petits États insulaires en développement (PEID) continuent de subir les effets conjugués de leur éloignement géographique, de la petite taille de leur économie, des coûts élevés des effets des changements climatiques et des catastrophes naturelles.  « Un exceptionnalisme » qu’a revendiqué le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines parmi les appels à un meilleur accès aux financements internationaux.

Quelques semaines après la dévastation totale laissée par l’ouragan Dorian aux Bahamas, le dernier rapport spécial du GIEC** est venu confirmer que l’élévation du niveau de la mer, un phénomène qui n’apparaissait qu’une fois par siècle, risque de prendre un rythme annuel et de se répandre partout.  Le désespoir des petits États insulaires en développement (PEID), dont le quart vit à cinq mètres ou moins au-dessus du niveau de la mer, a trouvé écho ce vendredi, lors de la Séance plénière de haut niveau sur les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement, autrement appelées les « Orientations de Samoa ». 

Le déni des changements climatiques est « diabolique, incroyable », a dénoncé la Première Ministre de la Barbade, au nom des PEID.  « Je ne sais quel mot trouver.  Je n’ai pas la passion de Greta Thunberg.  Je ne peux pas prendre les mêmes risques: elle a 16 ans, j’en ai bientôt 64.  J’ai pu vivre ma vie… ».  Les PEID n’ont pas caché leur amertume, voire leur colère, devant la menace de leur disparition pure et simple et ce qu’ils considèrent comme un manque d’engagement des plus grands pollueurs.  L’urgence climatique est la plus grande menace à votre survie, a reconnu le Secrétaire général de l’ONU, à l’ouverture de « la réunion de la semaine qui lui tient le plus à cœur ». 

Si seulement la communauté internationale n’était pas aussi divisée, a déploré, la Première Ministre de la Barbade, à une époque où le monde n’a pas le luxe de se le permettre.  Décrivant des enjeux « bien pires que tout ce qu’on imagine », elle s’est demandé: « pourquoi dois-je prendre l’argent du contribuable pour me payer un énième voyage à New York, et revenir ici dire encore la même chose? » 

« Nous savons tous pourquoi », a répondu le Ministre suédois de la coopération et du développement international.  « Nous pouvons planter des millions d’arbres, il restera toujours beaucoup de charbon, de gaz et de pétrole à extraire de la Terre.  Le changement ne viendra pas tant que l’Australie et la Chine ne fermeront pas leurs centrales à charbon; que la Norvège, la Fédération de Russie et les États-Unis pomperont le pétrole de leur sol.  Quand les politiciens prendront des décisions courageuses, le changement viendra », a-t-il conclu sous les applaudissements.

Heureusement que « la force de la voix de la société civile a dépassé la petitesse de nos nations », ont poursuivi les Fidji, évoquant les manifestations pour le climat de la semaine dernière.  Invitées à s’exprimer, les ONG n’ont pas été tendres ni avec les diplomates ni avec la race humaine.  Dans une déclaration sombre, voire apocalyptique, l’acteur et natif d’Hawaï, Jason Momoa, a comparé l’humanité à une maladie qui infecte la planète.  « Je suis ici parce que j’ai honte.  Je vous le demande: voulez-vous honorer vos engagements ou continuer à être obsédés par des profits à court terme?  L’espèce humaine est proche de la disparition; la Terre n’a pas besoin de nous », a-t-il prévenu. 

Balayant à son tour l’assistance du regard, le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda a ajouté: « où sont-ils, les partenaires des pays développés? Nous remercions ceux qui sont présents mais sommes amers de l’absence des autres.  Pourquoi devons-nous assumer seuls ce fardeau, pendant qu’ils vivent confortablement chez eux?  Pourquoi un tel niveau de dette »?  La Première Ministre de la Norvège a opiné.  Il est clair, a-t-elle avoué, que l’aide actuelle ne suffit pas.  La Norvège, qui a doublé sa contribution au Fonds vert pour le climat, dépend aussi de l’économie bleue et, à ce titre, elle est au cœur du combat.  « Si pas nous, qui d’autre? ». 

Le Président des Maldives a résumé le problème: « nous sommes petits, dispersés, à faibles ressources.  Nous dépendons des importations et il nous est difficile de faire des économies d’échelle.  Nos partenaires doivent nous aider pour parvenir à un développement durable. »   Dans un pied-de-nez géopolitique et sémantique, le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines a renversé la notion d’exceptionnalisme américain et revendiqué un « exceptionnalisme » des PEID.  « Certains pays se disent exceptionnels, par la volonté de Dieu, ou que sais-je…  Nous, nous sommes exceptionnels, du fait des circonstances exceptionnelles qui nous menacent. » 

Sous les applaudissements, il a réclamé des « instruments financiers adaptés » et notamment un « statut spécial classifié » pour l’aide au développement.  Son homologue des Fidji n’a pas dit autre chose, demandant des prêts à taux zéro pour renforcer la résilience, et ce, sur une durée de 50 ans voire un siècle, a plaidé le représentant des Îles Cook, compte tenu de la dimension intergénérationnelle des changements climatiques.  L’échelle temporelle du phénomène dépasse l’espérance de vie d’un être humain, a confirmé le Président de l’Irlande. 

Le Secrétaire général a rendu hommage à des pays qui se sont engagés à atteindre la neutralité carbone et à passer à 100% d’énergies renouvelables d’ici à 2030, montrant au reste du monde la voie à suivre.  Mais parce qu’ils sont des pays à revenu intermédiaire, ils sont piégés dans un cycle invivable de catastrophes et de dettes.  Il est temps, s’est impatienté le Secrétaire général, de prendre « de grandes décisions » et de consentir à de « gros investissements » en faveur de ces États. 

Dans leur Déclaration politique, déclinée en préambule; progrès, lacunes et défis; et appel à l’action; les chefs d’État et de gouvernement, les ministres et les hauts-représentants énumèrent 24 mesures à prendre dont l’apport d’une aide à l’atténuation et à l’adaptation à l’impact des changements climatiques, en protégeant la viabilité de la dette par l’examen de mécanismes comme l’Initiative « Dette contre adaptation au climat » de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC).

Certains PEID semblent s’en sortir mieux que d’autres.  Le Président des Seychelles a confirmé: « notre revenu par habitant nous permet d’investir dans l’adaptation, bannir le plastique à usage unique, recycler, être proactif pour protéger corail et mangroves ».  Sur le plan concret de l’aide au développement, le Directeur exécutif par intérim de la Banque mondiale a fait part des « progrès » de son institution.  Les PEID reçoivent 100 dollars par habitant, comparés aux fonds alloués par l’Association internationale de développement, qui sont de 10 dollars par tête.  Entre 2015 et 2017, nous avons versé 200 millions de dollars par an.  Nous devons continuer, bien sûr, à renforcer la résilience tout en répondant aux situations d’urgence.

La difficulté de concilier aide d’urgence -en cas de catastrophe naturelle- et aide au développement était dans tous les esprits.  Le Président de la Micronésie a fait remarquer qu’après le passage d’un ouragan, « le produit d’années de lutte pour la résilience peut être balayé en un clin d’œil ».  Comment faire?  La Banque mondiale a tenté une réponse: quand une catastrophe a lieu, on ajoute des fonds permanents qui peuvent être déployés en permanence, ainsi qu’un mécanisme de riposte pour des financements supplémentaires en cas d’urgence.  Avec les Caraïbes, nous essayons de débloquer des liquidités pour que les pays puissent agir vite en cas de crise.  Nous disposons aussi d’une « option après catastrophe » pour libérer des liquidités.  Le Premier Ministre des Samoa s’est réjoui des « 79 partenariats enregistrés » et a remercié les Nations Unies pour avoir créé un réseau de points focaux pour les PEID. 

La collecte d’informations pour mesurer les progrès a été perçue comme le chaînon manquant.  La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction des risques a confirmé que l’on manque encore d’indicateurs pour mesurer correctement les « Orientations de Samoa ».  Nous y travaillons, a-t-elle répondu au Président par intérim de Maurice.  En attendant, les États devront bien faire des rapports, et ce n’est pas facile.  Il nous faut développer des compétences et renforcer les capacités pour concrétiser les objectifs de Sendai et de Samoa.

 *La Déclaration politique n’est pas encore disponible en français

**Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sauvegarder la planète oui, mais pas au prix du développement, avertissent les pays du Sud au troisième jour du débat général

Soixante-quatorzième session,
7e et 8e séances plénières
AG/12190

Sauvegarder la planète oui, mais pas au prix du développement, avertissent les pays du Sud au troisième jour du débat général

Près d’une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement et de hauts responsables se sont succédé au podium de marbre vert de l’Assemblée générale durant cette troisième journée du débat général, dont la sobriété protocolaire n’aura été interrompue que le temps pour le Président salvadorien de prendre un selfie à l’entame de son allocution et pour les partisans du Président de la République démocratique du Congo, le premier à prendre pacifiquement les rênes du pouvoir depuis l’indépendance du pays, de l’acclamer depuis la salle. 

Toutefois, l’heure n’était pas aux réjouissances dans l’enceinte de l’Assemblée, où de nombreuses délégations ont appelé à raviver l’action climatique dans la foulée du Sommet Action Climat 2019, organisé en début de semaine par le Secrétaire général de l’ONU. 

« Les changements climatiques ne sont pas seulement une question politique, pour nous, ils sont une question de survie », a ainsi martelé le Roi des Tonga, Tupou VI.  Bien que les petits États insulaires du Pacifique comme le sien ne contribuent qu’à moins de 1% au réchauffement planétaire, Tupou VI et ses homologues de Sao Tomé-et-Principe, des Comores et de la Micronésie ont tous réaffirmé leur engagement à respecter l’Accord de Paris.  Signé en 2015, ce dernier vise à limiter le réchauffement global à 1,5 degré Celsius par le biais de mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en vue d’atteindre l’objectif de neutralité carbone.

Soucieux de préserver l’Accord de Paris, plusieurs pays en développement ont souligné les efforts qu’ils déploient pour réaliser ces objectifs au niveau national.  Le Vice-Président de la Côte d’Ivoire, M. Daniel Kablan Duncan, a notamment indiqué que son pays s’était doté d’une stratégie de lutte contre les changements climatiques 2015-2020, afin de réduire de 28% ses émissions d’ici à 2030.  À l’instar d’autres dirigeants, il a toutefois souhaité que ces efforts soient davantage soutenus financièrement par les pays développés et émergents. 

C’est également le sens du message livré dans la matinée par le Président de la République démocratique du Congo (RDC).  « La nature a fait de mon pays le dépositaire de 47% des forêts du continent, a relevé M. Félix Tshisekedi, soulignant la responsabilité majeure de son pays pour la survie de la planète.  Mais la préservation de notre patrimoine naturel ne saurait se faire « au détriment du développement » et de l’industrialisation du pays, a-t-il prévenu, jugeant « incompréhensible » que les forêts du bassin du Congo ne captent que 1% des financements disponibles.  Pour y remédier, le Président a proposé d’amender l’architecture du Fonds monétaire international (FMI), afin qu’il prenne davantage en compte la donne environnementale dans son analyse des critères et défis macroéconomiques.

En réponse à ces différents appels, plusieurs pays développés ont insisté sur leurs efforts pour débloquer des ressources.  L’enveloppe de 200 millions d’euros allouée pour la période 2021-2025 aux activités de lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement illustre bien notre solidarité internationale, a ainsi estimé le Premier Ministre du Luxembourg, M. Xavier Bettel.  Entre autres initiatives, M. Bettel a cité deux projets novateurs de finance verte, dont le « Luxembourg Green Exchange », première plateforme mondiale de cotation dédiée exclusivement aux obligations vertes, et la « Climate Finance Plateform », chargée d’accroître l’effet de levier sur les investissements privés en faveur de projets climatiques.  À sa suite, le Premier Ministre de la Belgique, M. Charles Michel, a invité les États Membres à ne pas céder à la peur, à la colère ou au « catastrophisme ».  Le tout est de reconnaître avec « lucidité » le diagnostic climatique, a-t-il dit, faisant écho aux propos livrés quelques minutes plus tôt par le Président du Conseil européen de l’Union européenne, M. Donald Tusk.  Ce dernier a en effet appelé les hommes politiques à arrêter de « répandre des mensonges » pour accéder ou se maintenir au pouvoir et à cesser de « courtiser des dictateurs », au profit d’une défense de la vérité et de la liberté de la presse.  Dans le cas contraire, les dirigeants de ce monde risquent, selon M. Tusk, de passer dans l’histoire « non pas pour des héros mais pour des faussaires ». 

La réforme de l’ONU, sujet récurrent du débat général, était également à l’honneur.  Le monde change et l’Assemblée générale continue, toujours la même depuis 74 ans, a critiqué le Président d’El Salvador, M. Nayib Bukele, jugeant cette dernière obsolète.  « Nous pouvons l’ignorer et attendre de subir le même sort que Kodak ou que les dinosaures », s’est-il impatienté.  Même ton d’agacement chez le Président de la Sierra Leone, M. Julius Maada Bio, s’agissant de la réforme du Conseil de sécurité.  « L’Afrique demeure la seule région sans représentation dans la catégorie des membres permanents, et elle est également sous-représentée dans celle des non permanents », a-t-il déploré.  Selon le Chef de l’État, le « bon sens » voudrait pourtant que l’Afrique dispose de deux sièges permanents, ainsi que d’une voix égale dans les processus décisionnels relatifs à la paix et à la sécurité internationales. 

La séance d’aujourd’hui a justement été marquée par les discours de parties à des conflits, à commencer par le Président de l’État de Palestine.  M. Mahmoud Abbas a notamment décrié l’annonce par le Premier Ministre Netanyahu, une semaine avant les récentes élections israéliennes, de sa volonté d’annexer en cas de victoire la vallée du Jourdain, le nord de la mer Morte et les colonies de peuplement israéliennes.  « Nous rejetons totalement ce plan illégal », a déclaré M. Abbas, accusant les États-Unis d’avoir enhardi Israël dans son entêtement à violer tous les accords conclus avec la Palestine.  Pour sa part, le chef de la diplomatie israélienne, M. Israël Katz, a appelé l’Autorité palestinienne à arrêter d’encourager et de financer le terrorisme et à reconnaître le droit du peuple juif à son propre État.  Il a demandé aux Palestiniens de revenir à des négociations directes « sans aucune précondition ». 

Avec véhémence, le Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, M. Ibrahim Bin Abdulaziz Al-Assaf, a accusé le régime iranien d’être responsable des attaques du 14 septembre contre ses infrastructures pétrolières, puis demandé à l’ONU d’adopter une réponse « ferme et unifiée ».

Sur une note plus positive, le Président de la Somalie a estimé que son pays était « le parfait exemple du succès que peut produire le système multilatéral ».  Les progrès vers la reconstruction avancent à grands pas, a assuré M. Mohamed Abdullahi Mohamed, en évoquant les élections législatives et présidentielle de 2021.  À son tour, la Présidente de l’Éthiopie, Mme Sahle-Work Zewde, a salué le chemin parcouru ces dernières années par la Somalie, qui consolide aujourd’hui selon elle ses institutions.  Dans le même temps, la menace des Chabab subsiste dans le pays et dans toute la région, a-t-elle nuancé, appelant à éviter tout retour en arrière sur les progrès réalisés grâce à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et aux forces armées somaliennes.  De même, leur homologue djiboutien, M. Ismaïl Omar Guelleh, s’est félicité de la poursuite du « mouvement salutaire vers la paix » dans la Corne de l’Afrique, avant de saluer les « bonnes nouvelles » en provenance du Soudan voisin.

Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, vendredi 27 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

TUPOU VI, Roi des Tonga, a remercié la présidence de l’Assemblée générale pour son souci d’inclusion des petites délégations aux débats et réunions de haut niveau lors de cette soixante-quatorzième session.  Le souverain a renouvelé son engagement pour les objectifs de développement durable et l’Agenda 2030.

« Bien que mon pays et les petits États insulaires du Pacifique ne contribuent qu’à moins de 1% du réchauffement planétaire, nous restons engagés à respecter l’Accord de Paris », a affirmé le souverain.  La priorité pour les Tonga est de garantir des financements pour lutter contre les changements climatiques.  À cet égard, le pays salue l’annonce du Royaume-Uni qui va doubler sa participation au Fonds vert pour le climat.

« Les changements climatiques ne sont pas seulement une question politique, pour nous, c’est une question de survie », a martelé M. Tupou VI.  Il a rappelé l’importance de la déclaration conjointe des États du Pacifique, dite de « Kainaki II », présentée le mois dernier aux Tuvalu, qui proclame l’existence d’une « crise des changements climatiques » dans les archipels du Pacifique.  Le Roi a eu une pensée pour les habitants des Bahamas, confrontés aux destructions de l’ouragan Dorian.

Les Tonga ont pour objectif d’atteindre 50% d’énergies renouvelables d’ici à 2020 et ont négocié les financements nécessaires à cette fin.  Le dirigeant a détaillé la participation de son pays aux différentes institutions et enceintes de travail internationales pour la protection de la faune et des fonds marins.  Les frontières maritimes des Tonga, tracées en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ne doivent pas être modifiées par la montée des eaux, a prévenu le souverain.  « Notre souveraineté ne doit pas être compromise par les effets des changements climatiques » a-t-il insisté.

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, a estimé que ne pas s’attaquer aux grands défis posés au monde ne peut qu’aggraver les phénomènes de fanatisme religieux, d’extrémisme violent, de sectarisme, ainsi que la destruction des héritages culturels, les guerres civiles et les conflits ethniques qui entraînent le déplacement de millions de personnes.  Malgré les faiblesses et les ratés de l’ONU, personne ne peut ignorer qu’elle reste l’unique forum international dans lequel chacun peut interagir, a-t-il fait valoir.  « Le multilatéralisme et l’action collective restent l’unique réponse pour éliminer les menaces. »

Depuis 45 ans, a poursuivi le Président, Chypre est à l’avant-garde des initiatives de paix et de stabilité dans la région du Moyen-Orient, alors même qu’elle est confrontée à un statu quo inacceptable sur son propre territoire.  Celui-ci résulte de l’invasion turque de 1974 et de l’occupation illégale de plus d’un tiers du pays, qui ont entraîné le déplacement de 40% de la population.  « Chypre demeure le seul pays divisé d’Europe et réitère son plein soutien aux efforts du Secrétaire général pour reprendre le processus arrêté à Crans-Montana », a insisté M. Anastasiades.

À cette fin, a précisé le dirigeant, les représentants des deux communautés ont décidé que les « termes de référence » devaient intégrer: la déclaration conjointe du 11 février 2014 qui jette les bases et principes d’un accord et propose une méthodologie de négociation; les points de convergence arrêtés à la Conférence de Chypre à Crans-Montana; le plan en six points du Secrétaire général sur la sécurité et les ajustements territoriaux du 30 juin 2017.  Sur ces bases, la négociation d’un accord est possible ouvrant la voie vers l’évolution de Chypre en une fédération bizonale, bicommunautaire, et aux droits égaux dans le cadre d’une souveraineté et d’une citoyenneté uniques.  Mais un accord ne saurait dévier des résolutions du Conseil de sécurité ni des principes et valeurs de l’Union européenne, a-t-il averti.

Hélas! a regretté le Président, de récentes initiatives de la part de la Turquie ont violé le droit international et gravement sapé l’environnement nécessaire à un règlement.  « Sans chercher à lancer des accusations, il est clair que Chypre refusera toute diplomatie de la canonnière », a-t-il déclaré.  Mais comment réussir quand la Turquie viole la souveraineté de Chypre?  Ou quand elle menace les États voisins et les compagnies énergétiques qui coopèrent avec Chypre? Ou quand elle envisage d’étendre son occupation militaire sur la zone fermée de Varosha, près de Famagosta?  « En ce moment même, Chypre est confrontée à une politique agressive et à une escalade militaire de la Turquie dans la zone tampon », a dénoncé M. Anastasiades, ce qui rend le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) plus nécessaire que jamais.

« Je souhaite parler de la Serbie et de sa région, car on ne peut parler de l’un sans l’autre », a déclaré à l’entame de son discours M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, signalant son attachement au dialogue, à la paix et à la stabilité dans les Balkans. 

« En 2014, mon pays était au bord de la faillite économique », a ensuite rappelé M. Vučić.  « Mais aujourd’hui, nous n’avons plus de problème de finances publiques », s’est-il enorgueilli, mentionnant l’augmentation de 45% du PIB par habitant au cours des cinq dernières années et la réduction du taux de chômage du pays, « le plus bas de la région ».  Selon le Président, cette dynamique est amenée à se prolonger au cours des trois prochaines années, durant lesquelles les perspectives de croissance de la Serbie devraient demeurer positives.  « Mais les habitants de la région vivent-ils correctement? » s’est-il interrogé.  « La réponse est non ».  M. Vučić a, en effet, estimé que la Serbie et les Balkans auraient besoin de plusieurs décennies de développement pour se rapprocher des niveaux de vie de l’Europe occidentale.  Dans ce contexte, le Chef de l’État a salué les bonnes relations de son pays avec la Chine et, « de plus en plus », avec les États-Unis.

« Nous pensons néanmoins que nous pouvons faire nos propres choix et ne pas suivre les préceptes d’autres puissances », a poursuivi le Président.  Abordant le « problème non résolu » du Kosovo, le Chef de l’État a estimé que le progrès économique de la Serbie pâtissait de l’état actuel des relations entre Belgrade et Pristina.  Il a toutefois réaffirmé sa détermination à trouver une solution durable au Kosovo, « pour le bien-être de toute la région ».  Le Président a appelé les grandes puissances à appuyer son pays en ce sens, « et non l’inverse », comme cela a été le cas, selon lui, par le passé.  Même si nous ne reconnaissons pas l’indépendance « autoproclamée » du Kosovo, « une province administrée par l’ONU », nous maintenons un dialogue avec Pristina et faisons preuve d’une attitude constructive, a-t-il affirmé, à l’image des « concessions » faites par la Serbie lors de la signature de l’Accord de Bruxelles.  Or, a déploré le Chef de l’État, les dispositions de l’Accord « n’ont été respectées que par la Serbie » et non par Pristina.  À ses yeux, cette dernière multiplie les provocations, comme en témoigne, selon lui, l’imposition d’un taux de 100% de tarifs douaniers aux produits serbes, au détriment de la coopération entre les deux parties et des conditions de vie des Serbes du Kosovo.  Face à ces actions unilatérales, M. Vučić a affirmé que son pays agissait « de manière mesurée », en ayant pleinement conscience que l’avenir de la Serbie est intrinsèquement lié à celui du Kosovo.

Le maintien de bonnes relations entre les Serbes et les Albanais est également indispensable pour la stabilité de la région et l’unité de l’Europe, a, en outre, déclaré le Président, avant de citer un ensemble de projets d’infrastructures de transports avec les pays voisins de la Serbie.  Nous construisons une autoroute vers la Macédoine et la Bulgarie, des voies ferrées modernes vers la Hongrie et nous nous apprêtons à construire une autoroute entre Belgrade et Sarajevo, a ainsi précisé M. Vučić.  Ces différents projets, a-t-il indiqué, ont tous pour but de promouvoir le libre-échange de biens et de capitaux dans le cadre d’un marché commun.  « Les peuples des Balkans doivent se battre pour eux-mêmes », a-t-il insisté, avant d’appeler de ses vœux la création d’une « zone économique unique régionale », qui « ne serait pas un substitut à l’Union européenne », mais une mesure pour favoriser la convergence entre les Balkans et le reste de l’Europe.

M. RUMEN RADEV, Président de la Bulgarie, a appelé à accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment en matière de santé publique et d’éducation.  La race humaine est confrontée aux conséquences néfastes de la surexploitation croissante des ressources naturelles et de l’urbanisation massive, a-t-il déclaré.  Dans ce contexte, M. Radev a remercié le Secrétaire général pour ses efforts en vue de dynamiser l’action climatique des États Membres dans le cadre du Sommet Action Climat 2019, en début de semaine. 

« La Bulgarie respecte ses obligations découlant de l’Accord de Paris », a ensuite affirmé le Président, précisant que son pays ne ménageait aucun effort pour limiter la montée des températures mondiales à 1,5 degrés Celsius et atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050.  « Mon pays a d’ores et déjà atteint l’objectif ciblé de 18% de part d’énergie renouvelable dans sa production nationale, ce qui le place à l’avant-garde de l’Union européenne », s’est-il enorgueilli.

Le Chef de l’État a ensuite abordé la question de la menace croissante posée par le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour renforcer sa coopération en la matière, sous l’égide des Nations Unies.  « Malheureusement, au cours de l’année écoulée, la communauté internationale n’a pas été en mesure de réaliser des progrès significatifs », a-t-il déploré, estimant que la « victoire militaire proclamée » contre le califat de Daech, en mars dernier, n’avait pas suffi à ramener la paix au Moyen-Orient.  À ses yeux, la communauté internationale doit donc demeurer vigilante face à la menace terroriste, « qui existe toujours sous différentes formes ».

M. Radev a en outre jugé crucial de trouver une solution politique au conflit en Syrie.  « J’appelle à une cessation des hostilités à l’échelle nationale et à la protection des civils », a-t-il déclaré, jugeant impératif de garantir un accès humanitaire à l’ensemble de la population du pays.  Passant ensuite à la crise libyenne, le Chef de l’État a dit appuyer la relance du processus de médiation sous l’égide de l’ONU, dans la perspective éventuelle de la tenue d’élections parlementaires et présidentielle.  « La stabilisation de la Libye est d’une importance capitale pour la sécurité régionale et la gestion des flux de migrants en Méditerranée », a-t-il insisté, avant de plaider en faveur d’une coopération étroite entre l’Union européenne et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Cette coopération, a poursuivi le Président, devrait se traduire par une augmentation du nombre de retours volontaires et par une amélioration des conditions de vie dans les centres de détention libyens. 

Abordant la situation « hautement précaire » dans l’est de l’Ukraine, le Président a appelé les parties au conflit à mettre en œuvre les accords signés et approuvés par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2202 (2015).  Il est d’une importance « vitale », a-t-il insisté, que les parties respectent le cessez-le-feu, finalisent le retrait des armes lourdes de la zone et octroient un accès sans entrave à la Mission spéciale d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Concernant le dossier iranien, M. Radev s’est dit préoccupé par la décision de l’Iran de suspendre la mise en œuvre de certains de ses engagements en vertu du Plan d’action global commun.  « Le retour à un strict respect de l’accord sur le nucléaire et la poursuite de la diplomatie sont les seuls prérequis à l’abaissement des sanctions », a-t-il indiqué, appelant à aborder séparément les questions liées au rôle de l’Iran dans la région et à son programme de missiles balistiques.  Enfin, le Président bulgare a plaidé en faveur de l’intégration des pays des Balkans occidentaux à l’Union européenne.  « Le processus visant à devenir membre est un investissement dans la stabilité », a-t-il affirmé, appelant à « dépasser l’héritage du passé » dans la région en « construisant activement des relations de bon voisinage ».

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a déclaré que son pays soutenait le principe d’un engagement à la fois dans les domaines de la prévention et du règlement des conflits et des différends.  En tant que contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, son pays a démontré un engagement vigoureux en faveur de la promotion et du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Chef d’État a ensuite souligné la nécessité d’une réforme du Conseil de sécurité, dont son pays est l’un des partisans historiques, laquelle réforme doit s’inscrire dans le cadre plus général d’une réforme de l’Organisation.  « L’Afrique demeure la seule région sans représentation dans la catégorie des membres permanents, et est également sous-représentée dans celle des non-permanents », a-t-il constaté à regret.  Dans ce contexte, la demande de l’Afrique pour obtenir deux sièges permanents est une question de bon sens, comme le droit de disposer d’une voix égale dans les processus décisionnels relatifs à la paix et à la sécurité internationales.  « La patience de l’Afrique est mise à l’épreuve », a insisté le dirigeant, en demandant à l’Assemblée générale de soutenir collectivement l’appel « urgent » du continent en faveur d’une représentation équitable de l’Afrique au Conseil de sécurité, conformément au Consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.

M. Bio a ensuite rappelé que son pays avait toujours privilégié le dialogue et la réconciliation nationale dans ses efforts pour rétablir la paix.  « Nous avons récemment conclu une conférence consultative nationale intitulée Bintumani III, dans le cadre de laquelle un organe représentatif de l’ensemble de la nation a entrepris de mettre en place une commission permanente et indépendante pour la paix et la cohésion sociale », a indiqué le Président.  En outre, les aspirations des Sierra-Léonais sont reflétées dans un plan de développement quinquennal aligné sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 : « L’Afrique que nous voulons », et qui est le fruit d’une consultation élargie.  Dans ce contexte, la Sierra Leone a alloué 21% de son budget national à l’éducation, la scolarité de la maternelle au collège étant gratuite, et elle a élargi les opportunités sur le plan éducatif pour les filles en créant des « espaces sûrs » au sein des établissements scolaires.  « Nous sommes ouverts aux partenariats; nous sommes ouverts à la collaboration; nous sommes ouverts aux idées sur les meilleurs moyens d’améliorer la qualité de l’éducation parce que nous croyons que notre succès dans une économie numérique mondialisée dépendra des investissements que nous réaliserons dans l’avenir de nos enfants », a ajouté le Chef d’État.

C’est d’ailleurs grâce aux partenariats et à l’innovation que la Sierra Leone a fait des progrès considérables dans l’établissement d’une identité juridique et des actes de naissance, ce qui lui a permis de renforcer son registre d’état civil et ses systèmes statistiques, a fait observer M. Bio.  Cependant, les menaces des inégalités et de l’exclusion pèsent toujours sur les jeunes du pays, a-t-il regretté, en faisant valoir les mesures prises par son gouvernement pour remédier à cette situation sous la forme de programmes sociaux, de formations et de projets agricoles.  Le Président a également vanté les efforts déployés par son pays pour réaliser la couverture sanitaire universelle, y compris pour les soins de santé mentale, qui sont disponibles au niveau communautaire. 

L’éradication de la pauvreté et de la faim relève aujourd’hui de l’urgence, a alerté M. FÉLIX ANTOINE TSHILOMBO TSHISEKEDI, Président de la République démocratique du Congo (RDC).  Mon pays, a-t-il affirmé, peut faire partie de la solution, avec ses 120 millions d’hectares de terres arables et ses eaux abondantes, capables de nourrir plus de deux milliards d’individus.  Énumérant les mesures qu’il a prises en matière d’éducation, de formation et de santé, le Président s’est aussi attardé sur le « vaste » programme d’urgence de développement communautaire qu’il a lancé dès son accession au pouvoir.  Dans cette Afrique, pivot de la durabilité, a-t-il poursuivi, la nature a fait de mon pays le dépositaire de 47% des forêts du continent, lui conférant une responsabilité majeure face aux enjeux de survie de la planète.  Mais, a-t-il prévenu, la préservation de notre patrimoine naturel ne peut se faire au détriment de notre développement.

Il est incompréhensible, a-t-il avoué, que les forêts du bassin du Congo, qui sont les mieux conservées au monde, ne captent que 1% des financements disponibles.  Le Président a jugé impératif que toute l’architecture financière internationale, dont le Fonds monétaire international (FMI), intègre davantage la donne environnementale dans son analyse des critères et défis macroéconomiques.  Son gouvernement ayant fait de la production d’énergie propre et renouvelable la première de ses priorités économiques, le Président a estimé que moyennant des investissements agressifs et une politique attractive de protection de ses investissements, la RDC pourra passer de moins de 10% d’électrification actuellement à 60% dans les 10 prochaines années, faisant reculer très significativement la consommation du bois de chauffe.  À terme, a-t-il confié, « nous voulons être l’endroit de la planète où le kilowatt heure électrique sera le moins cher, grâce à l’exploitation de notre capacité de plus de 100 000 mégawatts en hydroélectricité ». 

Nous sommes disposés, a promis M. Tshilombo Tshisekedi, à encadrer davantage l’exploitation forestière et à étendre les réserves et parcs de protection naturels pour augmenter notre biomasse et protéger notre biodiversité.  Mais, a nuancé le Président, cela ne peut s’entendre qu’avec, en contrepartie, la mise en œuvre effective d’une stratégie d’industrialisation écoresponsable, concentrée autour des centres de production et de consommation et génératrice d’emplois pour la jeunesse.  Il a aussi promis de poursuivre une agroforesterie qui maximise l’avantage comparatif de son pays pour certaines cultures, en privilégiant les zones de savane.

Passant au front politique, en rappelant la relation particulière que l’ONU entretient avec son pays depuis son accession à l’indépendance, le Président a tout de même demandé: « pourquoi, malgré cette longue présence, la plupart des espoirs de paix et de développement ont été déçus? »  Au-delà des choix et responsabilités internes, a-t-il estimé, on ne peut pas observer le Congo ou l’Afrique en isolation du reste du monde et des intérêts des autres.  « Nous vivons chaque jour ces chocs d’intérêt qui expliquent le plus souvent la fragilité récurrente » de la RDC, a-t-il ainsi constaté.  Il a rappelé sa proposition de créer « une coalition régionale contre le terrorisme » pour éradiquer le fléau de l’insécurité créé par les groupes armés internes et externes.  Comme si les conflits ne suffisaient, les contrées de l’est, a-t-il déploré, sont aussi affectées depuis une année par l’épidémie d’Ebola.  Le Président, qui a fait part des progrès et des mesures envisagées, a salué l’élan de solidarité des partenaires bi et multilatéraux dont la Mission de l’ONU.

S’agissant en particulier de cette dernière, M. Tshilombo Tshisekedi a dit: « La RDC a encore besoin de la Mission mais une Mission non pléthorique, bien équipée, forte et dotée d’un mandat adapté, à l’image de la Brigade d’intervention rapide qui avait jadis mis en déroute le Mouvement M 23 ».  Aujourd’hui, a encore rappelé le Président, la RDC détient environ 70% des réserves mondiales des métaux stratégiques indispensables pour la réalisation de la transition énergique et numérique qui s’impose à l’humanité.  Plutôt que d’utiliser ses réserves naturelles de minerais comme « source de rente monopolistique », la RDC, a-t-il assuré, se propose de s’ouvrir au monde en permettant l’exploitation réglementée de son sous-sol contre un accompagnement à l’industrialisation et à la production de batteries et de composants à plus haute valeur ajoutée.  « Le monde a soif de cobalt, de coltan, de lithium; la RDC, d’emplois industriels, de formation et de développement.  Le pays a aussi 53% des réserves en eaux douces de l’Afrique et une gestion durable de ce potentiel « permettra un jour d’étancher la soif d’un quart des habitants de la planète ».

« Depuis mon investiture, je m’emploie à consolider les avancées démocratiques afin de garantir l’ensemble des droits et libertés », a conclu le Président, qui s’est félicité du « bonheur » que son pays a eu de vivre, pour la première fois de son histoire, une alternance pacifique et démocratique, « alors que nombre d’observateurs brossaient un tableau sombre et pessimiste de l’issue du processus électoral ».  Ayant développé une intense activité diplomatique en vue de réaffirmer l’engagement de la RDC pour des relations de bon voisinage et une coexistence pacifique, le Président a déclaré: « Nous, leaders africains, nous devons doter notre continent d’une voix consensuelle et harmonieuse, fondée sur une politique véritablement africaine. »

Son pays a fait de notables progrès sur la question de l’égalité hommes-femmes s’est félicité M. IGOR DODON, Président de la République de Moldova.  Il a précisé que des femmes étaient aujourd’hui à la tête du Gouvernement et du Parlement, où elles sont respectivement représentées à 65% et 25%.  Il a aussi insisté sur « le rôle crucial des femmes dans toute société moderne, celui de mère et de protectrice de la santé de la famille ».  Afin de promouvoir la création et la protection des familles, la Moldavie a fait de 2019 l’année de la famille.

Le Président s’est dit fermement convaincu que dans le contexte mondial actuel, les problèmes internes d’une nation ne peuvent souvent être résolus que grâce à l’aide internationale.  « Ceci est encore plus vrai pour les petits pays », a-t-il renchéri, présentant la République de Moldova comme un exemple type.  Depuis son indépendance en 1991, le pays a vu sa population diminuer de près d’un tiers, le nombre de naissances annuel divisé par 3 et certains indicateurs économiques restent sous les niveaux de 1990.  Un million de Moldoves, soit l’équivalent de la moitié de la population active, travaillent à l’étranger.  « La dépopulation du pays est devenue une menace pour la survie même de l’État », s’est-il inquiété.

Les énormes investissements dans l’éducation et le capital humain n’ont eu quasiment aucun résultat sur le plan économique, a-t-il regretté.  Cette situation est le fruit d’un mélange complexe de mauvaise gouvernance, de corruption endémique, et de « politiques interethniques ».  Abordant les questions sécuritaires, M. Dodon a noté que « la confrontation entre les grands acteurs géopolitiques de la région n’a jamais cessé ».  Le pays ne doit pas s’engager d’un côté ou de l’autre, a-t-il estimé.  Quand il l’a fait, comme en Transnistrie, « il l’a payé très cher ».

Après s’être félicité des dernières initiatives de la Fédération de Russie relatives à l’élimination des munitions étrangères conservées en Moldova et la fin du retrait des troupes étrangères de son territoire, le Président a confié avoir bon espoir de voir le conflit de Transnistrie se résoudre.  « Contrairement à beaucoup de conflits gelés, celui de Transnistrie n’a pas pour conséquence d’attiser les haines ethniques et religieuses », a-t-il ajouté.

M. Dodon s’est aussi félicité d’un « consensus interne et externe » sans précédent en Moldova: pour la première fois, les deux grandes familles politiques moldoves et les grandes puissances mondiales, Fédération de Russie, États-Unis et Union européenne, semblent prêtes à agir de conserve.

En conclusion, le Président a plaidé pour « une Europe unie de Lisbonne à Vladivostok, au sein de laquelle la République de Moldova aura toute sa place ».  Il a affirmé vouloir « maintenir le statut de neutralité permanente » de son pays, présentant la neutralité militaire de l’Autriche comme un exemple à suivre.

M. DANIEL KABLAN DUNCAN, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, a salué le thème choisi pour la présente session de l’Assemblée générale, qui souligne, selon lui, l’importance que chaque État Membre devrait accorder au multilatéralisme pour relever collectivement les grands défis contemporains.  Or, le multilatéralisme fait aujourd’hui l’objet de « fortes pressions », a déploré le Vice-Président.  Pour contrer la montée des antagonismes et de l’unilatéralisme sur la scène internationale, M. Duncan a salué la création par l’Assemblée générale, le 12 décembre 2018, de la Journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix, qui sera célébrée cette année pour la première fois.

Le Vice-Président a ensuite appelé à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Selon lui, quatre années après son adoption, les enjeux demeurent les mêmes, à savoir la persistance de la faim, de la malnutrition et de la pauvreté dans le monde, les effets des changements climatiques, les crises migratoires et l’exclusion.  « Ces défis nous commandent d’agir en synergie avec plus de célérité et de détermination », a-t-il appelé, précisant que, pour sa part, la Côte d’Ivoire s’était dotée d’un plan national de développement. 

Dans ce cadre, le pays a notamment triplé, au cours des huit dernières années, son niveau de dépenses publiques en faveur des pauvres, qui est passé de 1,7 milliard de dollars en 2011 à 5 milliards de dollars en 2019.  La Côte d’Ivoire a également mis en place un programme social sur la période 2019-2020 assorti d’un budget de 2 milliards de dollars, a précisé le Vice-Président, ajoutant que le pays s’apprêtait prochainement à étendre la couverture maladie universelle, instituée en 2014.  Entre autres réalisations nationales, il a également cité l’instauration de la gratuité de l’école primaire, l’école obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 16 ans et l’adoption d’un plan stratégique d’alphabétisation visant à faire passer le taux d’analphabétisme en dessous de 10% d’ici à 2024. 

Selon M. Duncan, toutes ces actions ont permis de réduire sensiblement le taux de pauvreté dans le pays.  Cependant, le Vice-Président a indiqué que ces stratégies ne sauraient produire les résultats escomptés en l’absence d’un financement adéquat de la part des parties prenantes, notamment du système des Nations Unies. 

Par ailleurs, face à la menace des changements climatiques, M. Duncan a appelé à promouvoir « une économie verte », fondée sur la valorisation des écosystèmes, la promotion de la technologie propre et l’amélioration de la productivité des ressources.  Il a jugé plus que jamais important de mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre de la Conférence des Parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques, notamment pour adopter « un pacte mondial pour l’environnement ».  Le Vice-Président ivoirien a également réaffirmé l’intention de son pays de respecter ses engagements découlant de l’Accord de Paris de 2015, à savoir la réduction de 28% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.  Pour ce faire, il a indiqué que son pays avait adopté une stratégie nationale de lutte contre les changements climatiques 2015-2020.  Quant aux pays développés et émergents, ils devraient contribuer davantage à la mobilisation des ressources financières, conformément aux recommandations de l’Accord de Paris, a estimé le Vice-Président.

Sur le plan de la sécurité, M. Duncan a déploré la persistance de nombreux foyers de tension sur le continent africain, notamment en Afrique du Nord et de l’Ouest, où différents groupes terroristes continuent de semer le trouble.  « Aucune solution durable à ces défis ne peut être envisagée sans une approche globale dans un cadre multilatéral et une collaboration de tous », a affirmé le haut responsable.  C’est dans ce sens, a-t-il précisé, que les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO), de la Mauritanie et du Tchad ont décidé, à Ouagadougou, le 14 septembre dernier, de se doter d’un plan d’action d’un milliard de dollars sur quatre ans pour vaincre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et dans le bassin du lac Tchad.

« Une semaine avant les récentes élections israéliennes, le Premier Ministre Netanyahu a annoncé avec arrogance, qu’en cas de victoire, il annexerait la vallée du Jourdain, le nord de la mer Morte et les colonies de peuplement israéliennes, bien que ces zones fassent toutes partie du Territoire palestinien occupé », a constaté M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, à l’ouverture de son allocution. 

« Nous rejetons totalement ce plan illégal, et si un gouvernement israélien devait l’appliquer, notre réponse sera d’abroger tous les accords signés avec lui », a prévenu M. Abbas.  « Nous avons le droit de défendre nos droits par tous les moyens possibles, quelles que soient les conséquences, tout en restant attachés au droit international et à la lutte contre le terrorisme », a-t-il précisé.  Le Président a remercié tous les dirigeants, pays et organisations internationales qui ont condamné les déclarations israéliennes.

« Je vous demande mesdames et messieurs, que feriez-vous si quelqu’un essayait de prendre possession de votre pays et d’en effacer la trace de votre présence? » a-t-il lancé.  « Il est temps pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités, d’appliquer ses résolutions et de mettre fin à l’agression d’Israël », a-t-il martelé.  « Je vous le demande encore une fois: le temps n’est-il pas venu de réaliser l’émancipation du peuple palestinien et de le libérer de l’injustice, de l’oppression et de l’occupation? »

M. Abbas a remercié l’Assemblée générale d’avoir accordé à la Palestine le statut d’État observateur de l’ONU en 2012.  Il s’est dit fier de voir son pays reconnu par 140 États, membre de plein droit de 110 instances et organisations internationales et présidant actuellement le Groupe des 77 et de la Chine.  Puis il s’est exclamé: « La Palestine mérite d’être membre à part entière de l’ONU.  Citez une seule raison pour laquelle nous ne pourrions pas le devenir! »

D’après le dirigeant palestinien, la paix et le droit international sont gravement menacés par les politiques d’Israël en Palestine occupée et par son non-respect des engagement pris depuis les Accords d’Oslo en 1993.  « Vous êtes responsables de la préservation de la paix et du droit international! » a-t-il rappelé à l’Assemblée.  « La Puissance occupante livre une guerre raciste et sans merci à tout ce qui est palestinien à Jérusalem-Est. »  M. Abbas a cité l’expulsion de citoyens palestiniens, la confiscation et la destruction de maisons, les attaques contre des représentants religieux, les tentatives de violer le caractère sacré de la mosquée Al-Aqsa et de l’église du Saint-Sépulcre, et le déni d’accès aux lieux saints.

M. Abbas a condamné la « décision arbitraire » d’Israël de bloquer des fonds destinés à l’État palestinien et d’en confisquer une partie, aggravant la crise économique dont souffraient déjà les Palestiniens.  « Mais le peuple palestinien ne se rendra pas, quelles que soient les souffrances endurées.  Nous résisterons à l’occupation par tous les moyens possibles, au premier rang desquels la résistance pacifique du peuple », a-t-il assuré.  « Israël ne doit pas penser que l’occupation pourra lui amener la paix. »

Évoquant le rôle des États-Unis, le Président a qualifié de « regrettable et choquant » le soutien apporté à l’agression israélienne, en contradiction avec leurs obligations internationales, politiques, légales et morales.  Il a dénoncé en particulier leur décision de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade américaine comme « extrêmement agressive » et « illégale ».  Il y a vu une « provocation flagrante » à l’encontre de millions de musulmans et de chrétiens.  « Jérusalem restera la capitale éternelle de la Palestine », a-t-il insisté.  M. Abbas a également déploré la fermeture de la représentation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington et l’arrêt de toute contribution américaine au budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

La politique américaine a encouragé le gouvernement d’occupation israélien à ne faire aucun cas des accords conclus avec la Palestine, privant ainsi le processus de paix de toute crédibilité et compromettant la solution des deux États, a-t-il déploré.  Cette situation amène beaucoup de Palestiniens à s’interroger sur les vertus d’une solution à un seul État où tous les citoyens seraient égaux en droit.  « Que puis-je répondre à ces questions soulevées par les gens? » s’est-il interrogé, avant de préciser qu’il demeurait malgré tout en faveur d’une solution de deux États basée sur le droit international. 

Le Président de l’État de Palestine s’est dit prêt à négocier avec Israël qu’il accuse de refuser le dialogue.  S’il a souhaité la tenue d’une conférence internationale de paix sur la base de sa proposition de février 2018, il a rejeté toute solution présentée par un seul pays ou une médiation unique des États-Unis.  Annonçant ensuite la convocation d’élections législatives en Cisjordanie, Jérusalem-Est inclus, et dans la bande Gaza, il a invité l’ONU et les organisations internationales à venir les observer.

Certain que l’occupation israélienne, comme toutes celles qui l’ont précédée, aux États-Unis, en Europe ou en Afrique, prendra fin, M. Abbas a conclu son discours en affirmant: « Un droit n’est jamais perdu tant qu’il y a quelqu’un pour le faire valoir. »

Soulignant que « l’engagement en faveur du multilatéralisme n’a jamais été aussi urgent », Mme SAHLE-WORK ZEWDE, Présidente de l’Éthiopie, a passé en revue les réformes entreprises par son pays depuis la transition politique d’avril 2018.  L’Éthiopie, a-t-elle dit, dispose désormais de fondations démocratiques solides, et des élections devraient avoir lieu l’an prochain.  La dirigeante a également relevé que la parité homme-femme s’applique désormais au plus haut niveau de l’État éthiopien.  « Qui parmi vous aurait pensé qu’une femme d’Afrique s’adresserait à vous aujourd’hui? » a-t-elle lancé.  Elle a salué les avancées réalisées par l’Éthiopie en matière de développement et par la Corne de l’Afrique en ce qui concerne la paix et la stabilité.  « Le rapprochement avec l’Érythrée a clairement démontré la capacité qu’ont les Africains à résoudre leurs problèmes par la voie du dialogue constructif », a-t-elle déclaré, affirmant œuvrer à la transformation de la région en une « zone inclusive de paix et de prospérité ».  Un projet qui devrait, selon elle, bénéficier du soutien de la communauté internationale.

Sur le plan international, Mme Zewde a jugé « très encourageante » la formation d’un gouvernement d’union nationale au Soudan, sur la base de l’accord politique conclu le mois dernier.  Les parties représentées aux négociations ont reconnu les efforts de médiation déployés par l’Éthiopie et l’Union africaine, a-t-elle noté, estimant que la nouvelle équipe dirigeante mérite d’être pleinement soutenue par la communauté internationale dans ses efforts destinés à relancer l’économie nationale. Elle a ajouté que l’Éthiopie était favorable à la levée de toutes les sanctions économiques et financières qui pèsent encore sur le Soudan et souhaitait qu’il ne figure plus sur la liste des pays soutenant le terrorisme.

La Présidente a ensuite évoqué la Somalie, saluant le chemin parcouru ces dernières années par ce pays qui consolide aujourd’hui ses institutions, comme l’attestent les élections programmées en 2020.  Dans le même temps, a-t-elle constaté, la menace des Chabab subsiste en Somalie et dans toute la région.  Il importe d’empêcher toute inversion des progrès réalisés grâce aux sacrifices de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et des Forces nationales somaliennes, a martelé la Présidente, appelant les partenaires de l’AMISOM à maintenir leur soutien, notamment financier.

S’agissant du Soudan du Sud, Mme Zewde a noté avec satisfaction que, depuis la rencontre entre le Président Salva Kiir et M. Riek Machar, les parties ont progressé de manière encourageante vers la mise en œuvre effective de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit.  Elle les a appelées à poursuivre sur cette voie et à profiter de l’élan actuel pour atteindre l’ensemble des objectifs de la prétransition.  Là encore, la dirigeante a déclaré attendre beaucoup du soutien de la communauté internationale, non sans préciser que son pays est aujourd’hui le premier pays contributeur de troupes pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Depuis 70 ans, a-t-elle affirmé, les Casques bleus éthiopiens assument leur mission avec professionnalisme, dévouement et courage.  Dans ce contexte, elle s’est également prononcée pour une réforme du Conseil de sécurité, jugeant que l’Afrique « se doit d’y être représentée de manière permanente ».     

Avant de conclure son propos, la Présidente a assuré que son pays enregistrait d’importants progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Pour faire reculer la pauvreté et améliorer la qualité de vie, son gouvernement s’emploie à promouvoir une croissance économique rapide et inclusive.  De plus, les objectifs de développement durable seront intégrés dans les plans de développement nationaux des cinq prochaines années, a-t-elle précisé.  Enfin, réitérant son engagement à appliquer les dispositions de l’Accord de Paris sur le climat, elle a plaidé pour une action urgente et décisive pour faire barrage au réchauffement climatique.  Rappelant que son pays de plus de 100 millions d’habitants est « sans cesse affecté par des sécheresses dues au dérèglement climatique », elle a souligné les efforts déjà accomplis par l’Éthiopie en matière de reboisement et d’économie verte.  

M. DONALD TUSK, Président du Conseil européen de l’Union européenne, est revenu sur l’opposition entre globalisme et patriotisme.  « Cette opposition est erronée et dangereuse, même si ceux qui la défendent sont nombreux et puissants », a-t-il déclaré, estimant que l’idée à l’origine même de l’ONU ou de l’Union européenne (UE) était une « tentative héroïque » de dépasser cette opposition.

S’agissant de la notion de patriotisme, M. Tusk a jugé que l’histoire de nos nations montre combien il est facile de transformer l’amour de la patrie en haine du voisin, l’orgueil envers sa propre culture en mépris pour la culture de l’autre et la souveraineté nationale en violation de la souveraineté des autres États.

Quant à l’idée de globalisme, le représentant européen a estimé qu’elle n’était pas attrayante.  « Je préfère parler de solidarité », a indiqué M. Tusk.  « Je ne vous parle pas ici d’une idéologie naïve ou d’un jeu de mot abstrait », a-t-il insisté, mais bien d’une solidarité concrète.  Selon lui, où que l’on se trouve et quelles que soient les origines de chacun, « la vie risque de devenir un enfer si l’on ne trouve pas ici, à l’ONU, les moyens de résoudre les grands défis mondiaux ».  Au nombre d’entre eux, le Président du Conseil européen, dont le mandat arrive à son terme, a mentionné le terrorisme international, la prolifération nucléaire et la destruction de l’environnement.

S’agissant de cette dernière, M. Tusk a déploré la prolifération des matières plastiques dans les océans, l’extinction quotidienne d’espèces animales et végétales, la fonte des glaces et la crise amazonienne.  « Nous en sommes désormais à un point où nous ne pourrons plus qu’atténuer les changements climatiques et serons dans l’incapacité de faire marche arrière », a-t-il mis en garde.  Face à cette menace, le représentant a indiqué que l’UE était la garante du respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris.  « Et nous ne ménagerons aucun effort pour être le premier continent à atteindre la neutralité carbone », a-t-il ajouté. 

L’environnement naturel de l’homme n’est pas seulement composé de la terre, des océans et des forêts, a par ailleurs noté M. Tusk.  Il repose également sur la liberté et la vérité, a-t-il estimé, appelant à défendre ces principes.  Pour y parvenir, le Président du Conseil européen a notamment jugé important « d’arrêter de répandre des mensonges ».  Selon lui, en effet, trop d’hommes politiques emploient aujourd’hui le mensonge pour accéder ou se maintenir au pouvoir.  À l’opposé de ces tactiques, M. Tusk les a appelés à défendre la liberté de parole et de la presse, ainsi qu’à « cesser de courtiser les dictateurs ».  Pour protéger la solidarité internationale, le représentant a également appelé à « protéger le faible quand il est attaqué par le plus fort », comme c’est le cas, selon lui, en Ukraine.  Si les dirigeants de ce monde ne veulent pas comprendre tout cela, ils passeront dans l’histoire « non pas pour des héros mais pour des faussaires ».

Mon pays, a estimé M. MOHAMED ABDULLAHI MOHAMED, Président de la Somalie, est le parfait exemple du succès que peut produire le système multilatéral.  Les progrès de la Somalie vers la reconstruction avancent à grands pas mais, a reconnu le Président, l’on ne peut rester sourd et aveugle face aux mécontentements d’un monde dominé par des inégalités, la pauvreté et des divisons causées par une mondialisation « injuste ».  La Somalie, a-t-il affirmé, joue un rôle de premier plan dans le développement socioéconomique de la Corne de l’Afrique.  Il s’est dit confiant que la coopération entre les pays de la région ne fera que renforcer la stabilité politique et la connectivité sociale et culturelle.

Le Président a exprimé toute la fierté de son pays après le succès des élections régionales dans certains des États fédérés, en prévision des élections législatives et présidentielle de 2021.  La Somalie, a-t-il poursuivi, est un exemple « historique » de la réforme, de la résilience et de l’attachement au progrès et à la reconstruction.  Mais malgré des progrès tangibles, le pays doit encore relever de nombreux défis et d’abord ceux liés à la sécurité dont « tout dépend ».  Avec l’aide de nos partenaires internationaux, a expliqué le Président, nous nous efforçons de nous débarrasser des dernières poches de l’extrémisme violent et du terrorisme.  Cette tâche n’est pas facile, a-t-il reconnu, compte tenu de la violence, de la lâcheté et des tactiques de guérilla opportunistes des Chabab.  Mais M. Mohamed s’est dit confiant qu’avec l’aide de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et des autres partenaires, son pays retrouvera la stabilité, dans l’intérêt de la région et du monde entier.  Il a aussi parlé des efforts entrepris pour doter le pays de forces armées bien équipées et responsables.  La réforme du secteur de la sécurité devrait offrir au pays le meilleur appareil sécuritaire possible.

S’agissant de l’environnement, la Somalie, qui a la plus longue côte du continent africain subit déjà les effets de la montée des eaux et de la température, comme en attestent la dégradation des sols et la déforestation.  En 2007, a déploré M. Mohamed, la sécheresse a provoqué des pertes estimées à plus de 600 millions de dollars, 93% des élevages ayant été détruits dans certaines régions.  Le dirigeant a réitéré son attachement à l’Accord de Paris, mais aussi à la résolution 751 (1992) du Conseil de sécurité qui demande à tous les États de prendre les mesures nécessaires pour empêcher l’importation et l’exportation directes et indirectes du charbon somalien.  « Cela ne sauvera peut-être pas l’environnement, mais cela privera sans aucun doute les terroristes d’une source de financement. »  Par ailleurs, la Somalie, qui vient de recevoir « les félicitations » du Fonds monétaire international (FMI), a adopté une politique de tolérance zéro face à la corruption.

M. NAYIB ARMANDO BUKELE, Président d’El Salvador, qui s’est interrompu pour prendre un selfie à la tribune de l’Assemblée générale, a pourtant estimé que cette assemblée était devenue chaque année plus obsolète depuis 74 ans.  Le monde change et l’Assemblée générale continue, toujours la même, a-t-il constaté.  « Bientôt nous n’aurons plus besoin de voyager ni de quitter famille et amis et dépenser des millions de dollars pour venir ici, nous pourrons échanger via un réseau de visioconférences avec le même effet, peut-être même mieux », a-t-il prédit.  Nous pouvons l’ignorer, nous tous -le système des Nations Unies, les gouvernements, les politiques- et attendre qu’il nous arrive ce qui s’est passé avec Kodak ou avec les dinosaures, comme ce qui est arrivé à de nombreuses grandes marques, quantité d’hôtels, d’agences de voyage, de compagnies et de partis.  « Pourquoi continuons-nous ici de faire comme si de rien n’était? »

Comment devons-nous agir, en tant que communauté internationale? a encore demandé le Président.  Réformer l’Assemblée générale, c’est déjà trop tard.  Nous devons accepter que le monde a changé, qu’il change sans cesse alors que nous continuons ici comme depuis 74 ans sans accepter l’inévitable.  « Tous les discours de ces chefs d’État ici pendant la semaine auront moins d’impact qu’une vidéo sur YouTube. »  Jugeant le format actuel « obsolète », M. Bukele a proposé à chacun d’envoyer « une vidéo de 15 minutes sur une plateforme en ligne de l’Assemblée générale ».  Et pourquoi ne donnons-nous pas à la jeunesse du monde l’occasion de proposer des idées nouvelles? a-t-il lancé.  Car ici, représentons-nous vraiment la jeunesse d’aujourd’hui?  Les populations de nos pays?  Pourquoi ne pas organiser « un concours d’idées », doté d’un prix pour les gagnants qui proposeraient des clefs pour résoudre les grands problèmes auxquels notre planète est confrontée – manque d’eau, pauvreté, faim, changements climatiques.  Pour cette organisation, ce serait une goutte d’eau que d’offrir 10 millions de dollars à chaque jeune arrivant, grâce à ses idées, à résoudre l’une de ces questions.

Il faut accepter que le format actuel de l’Assemblée ne fonctionne pas.  Le processus de renouvellement est déjà en cours, a insisté le Président.  « Les jeunes m’écoutent sur leur portable. »  Au Salvador, le nombre de téléphones cellulaires dépasse celui des habitants.  Et chaque citoyen qui se connecte à Internet devient un porte-parole, une source d’information et peut devenir un acteur politique.

Ne vous méprenez pas, a conclu M. Bukele, l’ONU a joué un rôle fondamental dans le maintien de la paix mondiale, la lutte contre la faim, la santé, le développement, le droit des femmes, des enfants, la protection de l’environnement.  Mais alors que les problèmes nous dépassent, la révolution des communications est un fait, c’est « une révolution démocratique ».  Il faut changer, s’adapter et accepter le progrès.

M. MICHAEL ASHWIN ADHIN, Vice-Président du Suriname, a indiqué que son pays, « le plus boisé de la planète », s’était engagé à protéger 93% de son couvert forestier, mettant également en avant sa biodiversité « unique ».  Il s’est dit solidaire des Bahamas, récemment frappées par l’ouragan Dorian.  Est-ce une coïncidence qu’en moins de trois ans, plusieurs pays des Caraïbes aient subi des ouragans parmi les plus puissants, ou est-ce un phénomène qui indique que les changements climatiques sont déjà devenus un fait de la vie quotidienne, avec tous leurs effets dévastateurs? a-t-il lancé.  « Le temps est à l’action, pas aux paroles et promesses creuses. »

En février dernier, a rappelé M. Adhin, le Suriname a accueilli la première réunion de haut niveau des pays à forte couverture forestière et à faible déforestation.  Depuis 2007, ces derniers ont reçu moins de 2 milliards de dollars en fonds climatiques, soit moins de 14% de l’ensemble des fonds promis.  Il a expliqué que cette conférence avait débouché sur l’adoption de la Déclaration conjointe du krutu de Paramaribo sur la mobilisation de moyens de financement de l’action climatique pour ces pays engagés à agir pour préserver leurs forêts.

Poursuivant, le Vice-Président a salué les récentes mesures prises sur le plan national par les parties vénézuéliennes pour trouver un terrain d’entente grâce à un dialogue authentique.  Le Suriname compte d’ailleurs opter pour cette voie pour résoudre les vestiges de son passé colonial, à commencer par les questions frontalières qui demeurent en suspens dans les parties est et ouest du territoire.  M. Adhin a ensuite salué le Pacte Leticia qui appelle à protéger et à assurer le développement durable de la région amazonienne.  Il a insisté sur le fait que l’inclusivité des pays de la région, « en tant que partie intégrante d’une Amazone vivante », doit les inciter à surmonter leurs différends politiques et à prendre des mesures pour assurer le développement des communautés autochtones et tribales, et respecter la souveraineté à la fois des pays et de la région amazonienne dans son ensemble.

Préoccupé par les différends commerciaux entres grandes puissances, le Vice-Président surinamais s’est dit opposé à la création de listes noires et à la saisie arbitraire de fonds, sans considération pour les graves conséquences que cela entraîne pour la stabilité des pays.  Il a vivement désapprouvé la poursuite de l’embargo contre Cuba.  M. Adhin a également expliqué qu’en raison de ses frontières ouvertes et de son arrière-pays à faible densité de population, le Suriname est devenu victime du trafic de drogue transfrontière.  Un plan directeur national sur les drogues pour la période 2019-2023 a été adopté pour faire face au fléau, a-t-il indiqué, expliquant que celui-ci repose en grande partie sur la coopération internationale.

Après avoir insisté sur l’importance de la participation des jeunes à tous les niveaux de prise de décisions, le Vice-Président a indiqué que la stagnation économique provoquée par la chute du prix mondial du pétrole brut entre 2013 et 2015 avait réduit de manière notable les revenus en devises de l’économie surinamaise.  Mais grâce au lancement d’un programme de réforme l’économie a pu enregistrer une croissance positive ces deux dernières années.

Enfin, M. Adhin a averti que la persistance de la classification du Suriname parmi les pays à revenu intermédiaire risque de rendre inatteignable la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a fermement rejeté cette classification qui repose uniquement sur le PIB par habitant, sans tenir compte de l’ensemble des défis auxquels le pays fait face.  Il faut répondre à cette situation de manière urgente, a-t-il conclu, soulignant que l’accès à un financement concessionnel est essentiel pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.

M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, a d’abord rendu hommage à l’ancien Président de la France, M. Jacques Chirac, en lui empruntant cette formule: « Dans un monde qui change, il n’y a pas de plus grand risque que de rester immobile. »  Partisan d’un multilatéralisme « audacieux, courageux et entreprenant », M. Michel a souligné que le progrès résidait dans la coopération, européenne ou internationale.

Concernant les changements climatiques, le Premier Ministre a invité à ne pas se tétaniser de peur ou de colère, à « ne pas tomber dans le catastrophisme », mais, au contraire, à « transformer les appels à nos consciences en forces positives et irréversibles », et à reconnaître avec lucidité le diagnostic.  Certes les changements climatiques impactent de façon structurelle la sécurité alimentaire, les migrations et même la stabilité dans de nombreux pays.  Mais la transition vers la neutralité carbone peut offrir des opportunités pour le développement et l’amélioration de notre cadre de vie, a encouragé le Chef du Gouvernement, citant l’innovation, la technologie, l’esprit d’initiative et la liberté d’entreprendre comme conditions indispensables pour s’adapter. 

En matière de développement durable, M. Michel a salué la baisse générale du niveau d’extrême pauvreté et du taux de mortalité infantile, et la hausse de l’accès à l’eau potable.  Cependant les défis restent nombreux, a-t-il averti, et la Belgique a invité le secteur privé à jouer un rôle majeur dans ce combat, encourageant un libre-échange bien encadré et le respect des règles de réciprocité, accompagnés de standards sociaux et environnementaux ambitieux.

Membre non permanent du Conseil de sécurité, la Belgique juge chaque opération de maintien de la paix nécessaire, a ensuite indiqué le Premier Ministre, qui a recommandé de « suivre avec attention les signes avant-coureurs de situations de crise », d’investir dans le dialogue politique et de renforcer les médiations.  Inquiet de l’escalade de la situation dans la région du Golfe, M. Michel a appelé toutes les parties à respecter le libre passage du détroit d’Ormuz et à la retenue.  La Belgique continue de soutenir le Plan d’action global commun (JCPOA), « un instrument utile du régime de non-prolifération », et appelle à une reprise des discussions sur le nucléaire, le rôle régional de l’Iran et son programme de missiles balistiques.

Concernant la Syrie, a poursuivi le Premier Ministre, la Belgique tient à rappeler qu’elle a constamment appelé à la fin des violences au Conseil de sécurité avec l’Allemagne et le Koweït, et proposé la semaine dernière un projet de résolution humanitaire visant à instaurer un cessez-le-feu et à protéger les civils d’Edleb.  « Nous regrettons que cette résolution ait fait l’objet d’un veto », a-t-il pointé.

Mobilisée aux côtés des populations de la République démocratique du Congo, la Belgique a salué les premiers gestes d’ouverture de l’espace politique, par exemple la libération de prisonniers, mais a constaté que les efforts à fournir demeuraient immenses, a dit M. Michel.  Déplorant la dégradation de la situation sécuritaire au Sahel, il a réaffirmé qu’il fallait honorer les engagements financiers à l’égard des pays de la région.  D’une manière générale, la Belgique, touchée en son cœur par le terrorisme, considère que la combativité face à l’extrémisme violent doit être sans faille, et que la coopération internationale est vitale pour l’éradiquer.

« C’est de l’action des États et des hommes et des femmes qui les gouvernent que doivent venir l’impulsion et la détermination pour éviter une catastrophe environnementale, économique et géopolitique », a déclaré M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg.  Seule une réduction de moitié d’ici à 2030 des émissions mondiales de gaz à effet de serre par rapport au niveau actuel, suivie de la neutralité climatique en 2050 permettra de limiter le réchauffement global à 1,5 degrés Celsius, a mis en garde le Premier Ministre en s’appuyant sur le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  En ce sens, le Luxembourg s’apprête à adopter une loi-cadre sur le climat visant la neutralité climatique en 2050. 

« Ces chiffres ne doivent en aucun cas rester des coquilles vides, car il nous appartient de rassurer nos enfants que leur avenir est assuré », a poursuivi M. Bettel avant d’appeler à miser sur la jeunesse, notre alliée dans ce combat car « elle n’est jamais opposée au changement ».  L’enveloppe de 200 millions d’euros pour la période 2021-2025 allouée par le Luxembourg à l’assistance financière et technique des activités de lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement, illustre sa solidarité internationale.  Le Luxembourg poursuivra aussi ses efforts en faveur d’une finance verte, a-t-il expliqué, en citant le « Luxembourg Green Exchange », qui est la première plateforme mondiale de cotation dédiée exclusivement aux obligations vertes, ou encore la « Climate Finance Plateform », lancée en partenariat avec la Banque européenne d’investissement, chargée d’accroître l’effet de levier sur les investissements privés en faveur de projets climatiques en atténuant leurs risques financiers.  Conscient de l’impératif du financement du développement durable, M. Bettel a annoncé que le Luxembourg allait étendre cet effort au financement des objectifs de développement durable.

Le Chef du Gouvernement a constaté une adhésion « parfois bien tiède » au multilatéralisme.  Cela a ouvert la voie, selon lui, à un affaiblissement des formats multilatéraux depuis une dizaine d’années dans de nombreux domaines, y compris les droits de l’homme, la migration, la sécurité et le commerce.  « Il est de notre devoir, et il y va de notre avenir, de relancer les formats multilatéraux », a-t-il tranché en défendant un « multilatéralisme actif, dynamique et fondé sur la règle de droit ».  À ce sujet, il a souligné que l’Union européenne est la « quintessence du multilatéralisme » à travers le processus d’intégration et de souveraineté partagée.

Exprimant ensuite ses préoccupations face à la situation au Proche et Moyen-Orient, il a estimé que « dans cette région nous continuons à payer collectivement les erreurs du passé ».  Ne les répétons pas, a-t-il demandé en exhortant notamment les acteurs de la région à contribuer à calmer le jeu et éviter l’escalade des tensions.  Il a notamment invité Téhéran à respecter tous les éléments de l’accord nucléaire de 2015.  À l’instar de l’ensemble de l’Union européenne, le Luxembourg persiste à croire qu’il est possible, quitte à en élargir le champ, de faire fonctionner cet accord, mais, pour cela il faut que les États-Unis et l’Iran reprennent le dialogue.

Par ailleurs, M. Bettel a vu dans l’accord quadrilatéral sur le secours en mer et la répartition des réfugiés qui fuient la Libye vers l’Europe un signe encourageant.  Les liens du Luxembourg avec les pays et les peuples du continent africain sont des liens d’amitié, de solidarité et de respect mutuel.  Cela est particulièrement vrai pour l’Afrique francophone de l’Ouest, a précisé M. Bettel, puisque son pays y consacre une partie importante de son aide au développement.  

Déplorant la remise en cause systématique des droits de l’homme dans le monde, le Premier Ministre a indiqué que l’engagement du Luxembourg pour la promotion des droits de l’homme « fait partie de son ADN » que ce soit sur le plan national, européen ou international.  Il couvre sans discrimination tout le socle des droits reconnus par l’ONU, y compris les droits économiques et sociaux, a-t-il expliqué.  C’est pour ces raisons que le Luxembourg a présenté sa candidature pour être élu au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024.

M. MILO ĐUKANOVIĆ, Président du Monténégro, a affirmé que l’expérience de son pays, membre de l’ONU depuis son indépendance en 2006, peut lui permettre de contribuer à la résolution de problèmes mondiaux, par son engagement pour le multilatéralisme dans la période de polarisation, de fragmentation et d’instabilité que connaissent les relations internationales.  Il a rappelé que 70 millions d’individus sont aujourd’hui déplacés dans le monde, un record depuis la Seconde Guerre mondiale, et que la planète compte 26 millions de réfugiés, dont la moitié ont moins de 18 ans.  Pour le Monténégro, qui a, durant le conflit dans l’ex-Yougoslavie, accueilli un flux de réfugiés égal au cinquième de sa population, « la solidarité envers les réfugiés ne doit pas être une affaire de décision ou de choix politique, mais une question d’humanité ».  À l’heure où des populations fuient non seulement des conflits mais aussi les méfaits des changements climatiques, a assuré M. Đukanović, nos sociétés, particulièrement en Europe et dans la région méditerranéenne, « ne doivent pas tolérer que notre mer, la Mare Nostrum, devienne une tombe et le lieu de l’effondrement de notre civilisation ».

Le Président monténégrin a loué l’ambition du Secrétaire général d’accélérer le plan d’action lancé par l’Accord de Paris, et souhaité, au vu des résultats initiaux du Programme 2030, que l’accent soit mis sur l’amélioration des mécanismes de gouvernance et sur la réforme des modèles de développement actuels.  Dans le cas du Monténégro, les objectifs de développement durable s’inscrivent dans un projet de développement garant du renforcement des institutions et de la sécurité à long terme, qui a eu pour conséquence l’entrée de son pays dans l’OTAN et son processus actuel d’adhésion à l’Union européenne.  Nouveau membre du Conseil économique et social (ECOSOC), son pays, a assuré M. Đukanović, s’engage à travailler à la mise en œuvre des programmes clefs de développement multilatéraux.

Face à l’intensification des tensions, au retour d’une rhétorique de guerre froide et à la montée de l’activité d’acteurs non étatiques armés, le Chef de l’État a recommandé la prudence et un retour du dialogue et de la confiance sur la scène internationale.  Selon lui, l’abandon du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire exige « que les pays prennent leurs responsabilités au lieu de les éluder ». 

Soucieux de la défense des droits de l’homme, M. Đukanović s’est encore inquiété de la montée de l’intolérance, de la xénophobie, de l’antisémitisme et des discours de haine.  Vantant la démocratie pluriethnique et la croissance économique de son pays, le Président a confirmé que le Monténégro, par sa politique de bon voisinage, contribue à la stabilité régionale dans les Balkans occidentaux.  En conclusion, il a assuré n’entrevoir l’avenir et la sécurité de son pays que par sa pleine intégration dans l’Union européenne. 

M. EVARISTO DO ESPIRITO SANTO CARVALHO, Président de Sao Tomé-et-Principe, s’est félicité du thème retenu pour le débat général de cette session de l’Assemblée générale, estimant que « le multilatéralisme est le meilleur moyen de résoudre les problèmes que connaît le monde ».  Parmi ces problèmes, la pauvreté est le plus grave fléau de l’humanité, ce qui justifie, selon lui, que son élimination soit le premier objectif de développement durable.  Il devrait s’agir de la priorité absolue dans le concert des nations, a-t-il insisté, rappelant tout ce qu’engendre la pauvreté, de la faim aux déplacements de population en passant par l’exploitation sans limite des ressources naturelles. 

Autre conséquence de la pauvreté, la question des flux migratoires du Sud vers le Nord est dans une « impasse injustifiable », a déploré le Président.  Il importe, selon lui, que les pays de destination combinent leurs efforts en coordonnant l’accueil des réfugiés et le soutien aux pays d’origine afin de contrecarrer ce « triste phénomène ».  Dans ce contexte, il est dans l’intérêt de tous d’avoir des sociétés pacifiques, équitables et durables, capables d’apporter des solutions non seulement au problème des migrations mais aussi aux différents conflits armés qui continuent de faire rage dans le monde, a fait valoir le dirigeant.  À ses yeux, il conviendrait que l’ONU crée « davantage de mécanismes contraignants ».  Cela permettrait d’offrir une plus grande solidarité aux victimes de la guerre et du terrorisme et de régler durablement les anciens et nouveaux conflits, notamment le conflit israélo-palestinien mais aussi ceux qui déchirent la Syrie, la Libye, sans oublier les actions terroristes perpétrées au Sahel et dans le reste de l’Afrique par des groupes comme les Chabab et Boko Haram. 

Pour M. Carvalho, l’instabilité politico-militaire en République centrafricaine est aussi une grave source de préoccupation: elle nécessite selon lui des « mesures concertées » afin de faire taire les armes et de rendre possible une solution négociée par le biais du dialogue.  Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra mettre un terme aux souffrances du peuple centrafricain, a-t-il plaidé, avant d’évoquer « l’évolution positive » du processus de consolidation démocratique en cours en Guinée-Bissau.  Il a encouragé les acteurs politiques bissau-guinéens à poursuivre sur cette lancée afin d’organiser une élection présidentielle couronnée de succès en novembre prochain. 

Dans la même veine, il a souhaité que les élections générales programmées en octobre au Mozambique se tiennent dans un climat de paix et d’harmonie, au bénéfice du peuple et du développement socioéconomique.  Eu égard à la situation au Sahara occidental, le Président a invité les parties à s’engager en faveur du processus politique piloté par les Nations Unies jusqu’à ce qu’il soit mené à bien.  Il s’est félicité des efforts déployés par le Maroc afin de trouver une solution politique sur la base de l’initiative d’autonomie défendue par Rabat. 

Avant de conclure son intervention, il a invité l’ONU à assumer son rôle directeur en faisant converger les efforts de lutte contre le dérèglement climatique, lequel affecte tout particulièrement les pays les moins développés de la planète.  « Il ne fait aucun doute qu’une action mondiale doit se poursuivre sous les auspices de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques car il s’agit là d’une responsabilité que nous devons tous partager », a-t-il dit.  Enfin, après s’être félicité de « l’esprit d’inclusion » que génèrent les débats sur le développement durable, il a souhaité que cette inclusion inspire également la réforme de l’ONU afin, notamment, que l’Afrique « obtienne la place qui lui revient et ne soit plus le seul continent sans siège permanent au Conseil de sécurité ». 

M. AZALI ASSOUMANI, Président des Comores, a rappelé que lors de la création de l’ONU, les pères fondateurs visaient la paix et la sécurité internationales, par un désarmement progressif, la justice sociale et le bien-être des peuples, à travers l’assistance mutuelle entre les nations.  Aujourd’hui, de nouveaux enjeux et défis se sont imposés dans le monde, qui interpellent les dirigeants et les engagent à revoir politiques et stratégies: l’élimination de la pauvreté, un monde meilleur plus sécurisé tant d’un point de vue politique, social qu’économique, ainsi que les réalités des changements climatiques et la dégradation de l’environnement.  Les petits États insulaires, a souligné le Président comorien, sont particulièrement exposés aux aléas climatiques, mais aussi à d’autres phénomènes dangereux tels que la piraterie maritime, le trafic humain en mer, le trafic des drogues, la pêche illicite et le pillage des autres ressources en mer.  Face à ces défis, le Président Assoumani a rappelé que les actions doivent être collectives, coordonnées et d’envergure mondiale, sachant qu’à défi global, il n’est de réponse que globale.

Le Président des Comores a ensuite fait le point sur la situation dans son pays, qui a connu un référendum et des réformes constitutionnelles, ainsi que des élections anticipées qui ont amené le peuple comorien à porter à nouveau son choix sur lui.  Le Président reconduit a également souligné l’élection d’une femme à la tête du Gouvernorat de Ngazidja, la plus grande des quatre îles des Comores, « une première dans l’histoire de ce pays ».  Par ailleurs, des mesures d’apaisement du climat social se sont notamment traduites par la grâce accordée à de nombreux détenus.  Remerciant ses différents partenaires pour leur soutien constant, le Président Assoumani a lancé un appel solennel à toute la communauté internationale pour que les Comores soient davantage accompagnées.

Par ailleurs, le Président des Comores a évoqué l’épineux problème de Mayotte, soulignant qu’en dépit de ce contentieux, une volonté politique de rapprochement et un engagement commun animent les deux parties.

Le Président comorien a rappelé que la promotion de sociétés pacifiques et équitables ne sera effective que si nous mettons les moyens requis pour réduire les inégalités sous toutes leurs formes.  Il a également évoqué la situation au Proche et Moyen-Orient, notamment en Syrie et au Yémen, avec une pensée toute particulière pour « son peuple frère de la Palestine ».  Il a ainsi appelé l’Assemblée générale à rétablir le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, par la création d’un État palestinien vivant en paix avec l’État d’Israël, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Le Président des Comores a enfin réaffirmé son attachement indéfectible à la résolution définitive de la question du « Sahara marocain » et annoncé suivre avec intérêt l’évolution de la situation au Soudan.  Ayant une pensée pour tous les peuples qui vivent sous la menace terroriste, pour lesquels aucun développement ne peut être envisagé dans un contexte d’attaques permanentes, le Président comorien a lancé un appel pour qu’on évite l’amalgame dangereux entre l’islam et le terrorisme, car, a-t-il rappelé, « le terroriste n’est ni musulman, ni catholique, ni juif, ni animiste ».  Un terroriste reste un terroriste et un barbare qui défie toutes les religions et bafoue toutes les civilisations, a-t-il ajouté.

Face aux nouveaux défis qui ont surgi sur la planète, l’ONU doit être en mesure de faire face, a-t-il conclu en appelant à mobiliser les moyens humains et financiers nécessaires.  Mais l’ONU a également et surtout besoin d’un souffle nouveau, selon le Président qui a, pour un renouveau et une réelle universalité de cette organisation, appelé à une réforme de ses principaux organes, notamment le Conseil de sécurité.

« Croient-ils que les dirigeants feront passer l’intérêt des peuples en premier? »  C’est en citant le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à propos des questionnements des peuples du monde, que M. LIONEL ROUWEN AINGIMEA, Président de Nauru, a ouvert son discours.  Il a vu là un appel à l’humilité pour les dirigeants, censés servir leurs peuples, et une exhortation à plus « d’équité et d’écoute » de la part des gouvernements et dans le système des Nations Unies. 

Le Président a noté que les citoyens nauruans, touchés par une violente crise économique puis des années de stagnation, aspirent au changement.  Preuve en est les dernières élections qui ont vu plus de la moitié des parlementaires être renouvelés.  Il s’est félicité des progrès dans la construction d’un nouveau port qui permettra d’augmenter les ressources en nourriture et en énergie de l’île et de développer son économie.  Il a aussi présenté « l’initiative hautes terres » (« Higher Ground » initiative), qui vise à développer le cœur de l’île, comme un moyen de lutter contre les effets de la montée des eaux.  En effet, 80% du territoire de Nauru se trouve largement au-dessus du niveau des plus hautes marées.  Cette zone est très peu développée et constitue une véritable « page blanche » pour imaginer les moyens d’accroître la résilience des petits États insulaires. 

M. Aingimea a évoqué les graves difficultés dans le secteur éducatif à Nauru et demandé un rapport complet sur la situation.  Le pays souffre d’un des plus hauts taux de maladies non transmissibles au monde, a-t-il encore noté.  Le prix exorbitant des produits frais, la vétusté des installations médicales et la faible qualité de l’eau potable font partie des causes principales de cette situation.  Le Président a insisté sur le besoin de construire un système moderne d’adduction d’eau.  Il s’est félicité des importants progrès accomplis pour que l’énergie solaire représente la moitié de la production nationale en 2020.  Préoccupé par les menaces que fait peser le réchauffement climatique sur le secteur crucial de la pêche au thon, il a dit craindre un « Armageddon économique » si cette industrie s’effondrait. 

« Dans les petits États insulaires en développement, les impacts des changements climatiques se font déjà sentir depuis longtemps », a déploré le Chef de l’État.  C’est la raison pour laquelle Nauru soutient la proposition des petits États insulaires du Pacifique de nommer un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité.  Enfin, le Président a appelé l’Organisation à inclure Taïwan dans la coalition pour atteindre les objectifs de développement durable. 

Vingt-deux ans après le Protocole de Kyoto et quatre ans après l’Accord de Paris, a souligné, M. DAVID W. PANUELO, Président de Micronésie, les changements climatiques, leur impact et les menaces sur l’avenir des petits États insulaires en développement sont « tout simplement insupportables ».  Ceux qui vivent dans des atolls et des zones côtières de basse altitude vivent la réalité des changements climatiques et cette réalité est « un véritable cauchemar ».  Le « chœur » des appels et des supplications lancés par les dirigeants des petits États insulaires en développement du haut de cette tribune, a dit le Président, montre à quel point leurs peuples sont en première ligne des changements climatiques et à quel point ils sont alarmés.  La Micronésie sait qu’il est impossible de résoudre la question sans une bonne protection des océans, « le puits de carbone le plus grand au monde ». 

La Micronésie s’est donc jointe à la « Blue Prosperity Coalition (BPC) » pour créer un plan lié à la zone économique exclusive.  Elle s’est aussi engagée à renforcer le contrôle des activités de pêche, a expliqué son Président.  Avec « The Nature Conservancy », le pays a lancé une initiative pour installer un système de contrôle électronique dans toutes les pêcheries de thon, d’ici à 2023.  La Micronésie, qui a promulgué une loi rendant obligatoire l’intégration des changements climatiques dans toutes les branches du Gouvernement, a aussi été celle qui a milité pour l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal afin de réduire la production et la consommation des hydrofluorocarbures.  L’interdiction de toutes les formes de plastique a également été érigée en loi, laquelle sera bientôt complétée par l’interdiction d’importer du plastique. 

M. Panuelo a exhorté le système des Nations Unies à faire des changements climatiques une partie intégrante de son travail.  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit transcender ses mandats traditionnels et s’attaquer à l’impact de ce phénomène sur la sécurité.  Nous devons être « radical » dans cette lutte, a prévenu le Président.  Il a dit compter sur les citoyens américains pour qu’ils poussent leur gouvernement à adopter les énergies renouvelables et à protéger le Pacifique. 

État océanique important, la Micronésie a délimité ses zones marines conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Mais ce serait tout simplement « inadmissible », a prévenu le Président, de voir des zones et des droits s’éroder à cause de l’élévation du niveau de la mer à laquelle le pays n’a aucunement contribué.  « Nous sommes un grand État océanique », a insisté le dirigeant, expliquant que la zone économique exclusive de son pays fait près de 3 millions de kilomètres carrés, soit le tiers de l’Australie.  Il s’est donc élevé contre la pêche illégale et s’est félicité de l’idée du Secrétaire général de créer un bureau de pays des Nations Unies qui s’occuperait des États de la région. 

M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Président du Malawi, s’est adressé à l’Assemblée générale en invitant les nations à « écouter la voix du silence, celle de ceux qui ne peuvent s’exprimer mais qui attendent une action de cette Assemblée ».  Mettant l’accent sur la guerre contre la pauvreté, il a affirmé que le monde a les moyens d’arriver à l’éradiquer, d’envoyer chaque enfant à l’école et de ralentir l’impact des changements climatiques.  « Reste à penser comme une seule humanité, avec un seul objectif et des ressources communes. »  Mais, le problème du multilatéralisme réside, selon le Président, dans le fait que 1% de la population du monde contrôle les ressources des 99% restants. 

« L’Afrique n’est pas pauvre par la volonté de ses peuples », a déclaré le Président, mais plutôt parce que ce continent a souffert de la pire exploitation de l’histoire, passant de l’esclavage au colonialisme puis au régime de l’aide des 60 dernières années.  Aujourd’hui, plus nous cherchons à développer nos économies, plus les changements climatiques les impactent et pourtant, les principaux responsables de ce phénomène ne sont pas originaires du monde en développement, s’est indigné M. Mutharika.  L’Afrique subsaharienne est l’une des régions les plus frappées par la pauvreté extrême dont les femmes et les jeunes sont les premières victimes.  La pauvreté déshumanise et alimente la radicalisation en Afrique, a-t-il mis en garde, en expliquant qu’il s’agit là d’un danger existentiel pour le monde entier. 

Passant en revue les mesures prises dans son pays pour lutter contre la pauvreté et en faveur du développement durable, le Président malawien a cité la Stratégie III de croissance et de développement qui définit le cadre de ces efforts notamment pour ce qui est d’un accès gratuit aux services sociaux de base, comme la santé et l’éducation, ou encore le programme de transferts sociaux en liquide qui a touché 1,2 million de personnes dans 280 000 foyers démunis.  Le Gouvernement a également misé sur des programmes pour la jeunesse notamment par l’ouverture de collèges techniques communautaires et d’établissements secondaires sur tout le territoire, et des microcrédits sont proposés aux femmes rurales. 

Si le Chef de l’État s’est dit alarmé par la baisse de l’engagement mondial en faveur de l’éducation, son constat a été tout aussi sévère au sujet de l’engagement pour la survie de la planète.  Les changements climatiques représentent une menace existentielle, a-t-il témoigné en rappelant que le Malawi a été frappé en mars dernier par le cyclone Idai.  Sur les 370 millions de dollars dont le pays a besoin pour se relever, seuls 45 millions ont pu être levés à ce jour.  Par conséquent, le Président a compté sur la communauté internationale pour l’aider à combler ce déficit énorme.

M. Mutharika a ensuite dénoncé la nature non démocratique des Nations Unies qui ne traitent pas toutes les nations sur un pied d’égalité quand il est question de sécurité puisque certaines nations refusent toujours de partager le pouvoir avec les nations africaines.  C’est la raison pour laquelle la réforme du Conseil de sécurité s’impose, car, a-t-il conclu, « on ne peut ignorer et marginaliser un continent de plus de 1,3 milliard d’habitants ».

M. CHARLES ANGELO SAVARIN, Président de la Dominique, a rappelé qu’il y a deux ans, son Premier Ministre s’est adressé à cette tribune, cinq jours seulement après que l’ouragan Maria a « ravagé » son pays et l’a « laissé en ruines ».  Aujourd’hui, s’est enorgueilli le Président, notre plan de reconstruction et de résilience est presque terminé et notre agence d’exécution de la résilience est pleinement opérationnelle.  Tous ceux qui se rendent à la Dominique s’étonnent de sa transformation « miraculeuse », s’est réjoui le Président.  Améliorer la résilience est une tâche capitale mais « coûteuse » et un des défauts du système international, a estimé le Président, c’est la « longue période de gestation » entre les promesses de contributions et leur matérialisation. 

« Les forces de la nature sont en train d’écrire un nouveau chapitre », a prévenu le Président, « et les preuves sont là ».  Pour les États insulaires, en particulier les plus petits d’entre eux, l’élévation du niveau de la mer, les tempêtes tropicales et les ouragans, les sécheresses succédant aux inondations, les feux de forêt, les nouvelles maladies végétales, les maladies vectorielles comme le Chikungunya ou le Zika, sont des menaces existentielles.  « L’heure de l’action a sonné », s’est impatienté le Président.  « Si l’impact dévastateur des ouragans Irma et Maria ne vous a pas convaincus, regardez la catastrophe provoquée par l’ouragan Dorian, il y à peine quelques semaines, aux Bahamas », a ajouté le Président.

Les scientifiques nous ont dit que les tempêtes tropicales sont plus fréquentes et plus intenses mais, a alerté le Président, ce qu’ils n’ont pas dit c’est qu’une tempête d’une telle férocité peut « littéralement s’asseoir » sur une île pendant 40 heures et causer un nombre « incalculable » de dégâts.  Nous n’avons plus d’autres choix, s’est résigné le Président, que d’accepter que la catégorie 5 est devenue « la nouvelle norme ».  Retournons donc à nos tableaux et réévaluons notre approche de l’atténuation des risques et de la préparation aux catastrophes, a conseillé M. Savarin, qui a aussi prévenu que bientôt ce sera la crise des réfugiés climatiques qui deviendra « la nouvelle norme ». 

« Quand les flammes lèchent votre quartier, vous ne convoquez pas une réunion pour voir si vos voisins sont assurés.  Vous appelez les pompiers. »  C’est ce qu’il nous faut, a-t-il martelé, une « action urgente » parce que « notre planète est en feu ».  Après le passage de l’ouragan, a précisé le Chef de l’État dominiquais, les dégâts et les pertes représentaient 226% du PNB.  Le pays a donc dû adopter une nouvelle approche de gestion et de mise en œuvre des projets.  En plus du plan de résilience et de l’agence d’exécution, le pays a élaboré une stratégie sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Le climat est en guerre contre nous, n’aggravons pas la situation avec des hostilités et des conflits, a conclu le Président, en insistant ainsi sur l’attachement de son pays à la paix. 

M. ISMAÏL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a constaté que, dans le climat de crise que connaît le monde, « les défis globaux requièrent des actions collectives globales ».  De fait, a-t-il souligné, l’action multilatérale est vitale car « ce n’est que collectivement que l’on peut trouver des solutions aux défis globaux que sont la pauvreté, l’inégalité et les changements climatiques ».  Autant de défis qui affectent en premier lieu les pays les plus pauvres en raison de leur fragilité.  Dans ce contexte, a-t-il noté, les bouleversements géopolitiques, la montée des tensions dues à la guerre commerciale et les prévisions de baisse de la croissance économique mondiale soulèvent des questions quant à la capacité que nous avons de mobiliser les ressources nécessaires pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il appartient donc aux gouvernements d’améliorer le climat des affaires afin d’attirer des investissements pour le développement durable, avec le concours du secteur privé.  Dans ce cadre, le Président a réaffirmé l’attachement de Djibouti aux engagements pris dans le cadre de la cible 3.8 du Programme 2030 pour parvenir à la santé pour tous. 

Élargissant son propos au continent africain, M. Guelleh s’est félicité de la poursuite du « mouvement salutaire vers la paix » dans la Corne de l’Afrique.  « Notre conviction est qu’une paix totale et durable dans notre région est possible », a-t-il affirmé, avant de saluer les « bonnes nouvelles » en provenance du Soudan voisin.  « Nous nous félicitons du succès des négociations qui ont conduit à une sortie de crise pacifique et à la signature d’un accord de partage du pouvoir », a commenté le Président djiboutien.  Il a par ailleurs jugé « encourageants » les progrès enregistrés par le processus de paix au Soudan du Sud, saluant notamment le renouvellement de l’engagement pris par le Président Salva Kiir et M. Riek Machar de former un gouvernement de transition d’ici au 12 novembre.  En tant que membre de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), Djibouti continuera à exhorter les parties à concrétiser les engagements pris, a-t-il dit. 

S’agissant de la Somalie, le Chef de l’État s’est dit encouragé par les progrès accomplis sur les plans économique et sécuritaire, et ce, en dépit des tensions électorales et des actes de violence perpétrés par les Chabab.  De même, il s’est dit confiant que les relations entre son pays et l’Éthiopie « s’amélioreront encore davantage ».  Par ailleurs, condamnant sans réserve le terrorisme en Afrique, il a réaffirmé son soutien aux efforts déployés dans le cadre du G5 Sahel.  Après avoir dénoncé les attaques du 14 septembre contre des installations pétrolières saoudiennes, qui vont à « l’inverse de la désescalade prônée par la communauté internationale », il a aussi exprimé son inquiétude quant à la détérioration de la situation humanitaire au Yémen.  Réaffirmant sa solidarité avec les autorités légitimes, il a salué « la volonté politique de poursuivre leurs efforts de mise en œuvre de l’Accord de Stockholm en dépit de développements négatifs », assurant que Djibouti continuera à accueillir « les frères et les sœurs du Yémen ».  Enfin, en vue de l’élection en juin de cinq membres non permanents du Conseil de sécurité pour la période 2021-2022, il a invité les États Membres à soutenir la candidature de son pays pour le siège réservé à l’Afrique. 

M. TABAN DENG GAI, Premier Vice-Président du Soudan du Sud, a rappelé que la période prétransitionnelle du processus de paix touche à sa fin et qu’un nouveau gouvernement d’unité nationale devrait être formé d’ici au 12 novembre.  Il a appelé la communauté internationale et l’ONU à encourager les efforts visant à rallier le soutien des acteurs non signataires de l’accord de paix.  Le haut responsable a fait état d’un certain nombre de programmes lancés au Soudan du Sud pour éliminer la pauvreté, ainsi que d’un cadre de politique environnementale et d’une loi pour gérer l’exploitation des ressources naturelles de manière durable.  De plus, le Gouvernement sud-soudanais a l’intention de participer à l’initiative du « Mur vert » de l’Union africaine et de planter six millions d’arbres sur six ans.  Abordant également le problème de l’assèchement progressif du lac Tchad, le Premier Vice-Président a appelé à trouver une solution le plus rapidement possible pour réalimenter le lac en eau.

L’éducation reste l’arme la plus puissante pour changer le monde, a poursuivi M. Den Gai, en faisant siennes les paroles de Nelson Mandela, avant de faire part des progrès réalisés dans ce domaine au Soudan du Sud grâce à sa politique pour l’éducation.  Le nouveau curriculum prévoit notamment des formations sur des sujets comme la paix et la prévention de l’extrémisme violent, a-t-il annoncé, avant de remercier les partenaires de développement qui soutiennent l’éducation dans son pays, même s’il reste encore beaucoup à faire pour scolariser des millions d’enfants et de jeunes.

Fier de pouvoir déclarer du haut de cette tribune que « le Soudan du Sud est sur la voie de la paix durable et de la stabilité », le Premier Vice-Président a estimé que l’Accord revitalisé et la volonté des parties de travailler ensemble à Djouba pour parvenir à un règlement définitif du conflit en sont la preuve.  Il a également parlé du nouvel élan impulsé à cette dynamique par la retraite spirituelle à laquelle tous les dirigeants du Soudan du Sud ont été invités par le pape au Vatican.  Mais « les prières ne se sont pas arrêtées là » puisque le Conseil des églises et le Conseil islamique du Soudan du Sud dirigent les groupes confessionnels dans le processus de réconciliation.  La Journée nationale de prière a eu lieu le 19 septembre.

Sur le processus de paix, M. Deng Gai a indiqué que la réunion « face à face » qui a eu lieu dernièrement à Djouba entre le Président Salva Kiir et M. Riek Machar leur a permis d’aborder les questions en instance pour ouvrir la voie à la formation du prochain gouvernement d’unité nationale.  Il faut maintenant pouvoir compter sur le soutien de toutes les parties, a dit le Premier Vice-Président, d’autant plus que depuis la signature de l’Accord revitalisé, la situation sécuritaire au Soudan du Sud est restée stable.  Parallèlement, le dialogue national se poursuit aux niveaux local, national et régional et les initiatives de paix de « personne à personne » ont eu beaucoup de succès en termes de réconciliation entre les différentes communautés.  De plus, les résultats du dialogue consultatif, qui a eu lieu dans les trois régions du Soudan du Sud, vont être discutés prochainement à la Conférence nationale.

M. Den Gai a également annoncé le retour dans leurs États et leurs maisons d’un nombre important de personnes réfugiées et déplacées.  Il faut de toute urgence prévoir des mécanismes de soutien à ces personnes pour faciliter leur transition et leur réintégration, a-t-il estimé en citant notamment des moyens de transport et de la nourriture, ainsi que l’accès aux soins de santé, à l’eau potable et à l’éducation.  En termes d’aide humanitaire, les indicateurs se sont significativement améliorés grâce à une collaboration accrue entre le Gouvernement, les agences onusiennes et les partenaires de développement.  Il n’y a plus de longs délais dans la fourniture humanitaire parce que les convois sont instantanément débloqués aux points d’entrée.

Avant de conclure, le Premier Vice-Président a salué les Soudanais, « nos frères et sœurs » pour le patriotisme et le leadership « exemplaire » dont ils ont fait preuve pour sortir à l’amiable de l’impasse politique alors que beaucoup pensaient que la situation allait dégénérer.  Pour permettre au nouveau Gouvernement par intérim de réussir au Soudan, le Premier Vice-Président a appelé à la levée des sanctions qui le visent, à retirer le Soudan de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme, à annuler sa dette et à normaliser les relations économiques.  Il a tenu à réitérer que « nous sommes un seul peuple vivant dans deux pays indépendants unis par leur histoire et leur culture », et qu’en tant que tel, le Soudan du Sud cherchera toujours à avoir une très bonne relation avec le Soudan.  Les prochaines négociations de paix entre les parties devraient avoir lieu à Djouba le 14 octobre pour l’accord de paix final.

Les Gambiens ont bien saisi l’importance des efforts multilatéraux et leur impact crucial dans la transformation de la société, a affirmé Mme ISATOU TOURAY, Vice-Présidente de la Gambie.  L’histoire de la « nouvelle » Gambie a commencé en décembre 2016, quand le peuple est entré de plain-pied dans une nouvelle ère de démocratie, de liberté et d’état de droit.  Des réformes ont été lancées touchant aussi bien la gouvernance, la justice transitionnelle qu’une gestion prudente de l’économie et de la fiscalité. 

Aujourd’hui, s’est félicitée Mme Touray, la Gambie est en train d’engranger les fruits de ces transformations.  La Gambie dispose désormais d’une commission nationale chargée des droits de l’homme, et cela est une première dans l’histoire de son pays.  Et le résultat des différentes décisions et actions politiques entreprises depuis l’avènement du nouveau gouvernement, en 2017, ne s’est pas fait attendre, puisque la Gambie est « la capitale des droits de l’homme en Afrique ».  Un petit État, certes, mais disposant d’une grande voix en matière de droits humains dans le continent et au-delà. 

En matière de justice transitionnelle, a poursuivi la Vice-Présidente gambienne, la Commission vérité, réconciliation et réparation est opérationnelle et traite les violations passées des droits de l’homme perpétrées par l’ancien gouvernement avec la participation active aussi bien des victimes que de leurs auteurs.  La diaspora gambienne a aussi été associée à cet exercice, dans le cadre d’une approche inclusive ayant pour objectif la réconciliation nationale. 

Poursuivant le chemin des réformes, la Gambie a mis en place un ministère de la femme, des enfants et du bien-être, a expliqué Mme Touray.  Avec le lancement du plan de développement national 2018-2021, le Gouvernement cherche à consolider « notre jeune démocratie », la paix et promouvoir une croissance solide qui a enregistré un taux de 6,6%.  De plus, le secteur du tourisme, principale source de devises, a connu un accroissement de 21% ces deux dernières années.  Ces réalisations ont eu un impact positif sur la réduction du phénomène de l’immigration illégale des jeunes qui bénéficient de soutien en matière de création d’entreprises.  Elle a, par ailleurs, annoncé que son pays compte se soumettre à l’examen national volontaire dans le cadre du Forum politique de haut niveau. 

Mais un des défis majeurs à relever pour son pays reste le lourd fardeau de la dette, c’est pourquoi la Vice-Présidente a jugé crucial l’appui « de nos partenaires de développement, l’action du secteur privé et la coopération technique ».  Elle a saisi cette occasion pour saluer le soutien continu des Nations Unies et leur disposition à jouer un rôle catalyseur en tant que facilitateur dans le processus de développement.  Elle a critiqué, à cet égard, « les activités illégales et le financement illicite de l’ancien Président et ses collaborateurs » qui ont fait perdre à la Gambie plus de 350 millions de dollars de fonds qui auraient pu conduire le pays sur la trajectoire définitive du développement. 

La Gambie compte sur la solidarité et l’aide de la communauté internationale pour recouvrer ces fonds, a plaidé Mme Touray.  Pour finir, elle a salué le soutien de tous les partenaires bilatéraux, tels que l’Union européenne, les organisations multilatérales et en particulier, la Banque mondiale, le Fonds monétaire internationale (FMI) ainsi que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAS) qui ont permis ce processus de transition réussie. 

M. ZORAN ZAEV, Président du Gouvernement de Macédoine du Nord, a mis l’accent sur l’accord de Prespa qui est entré en vigueur cette année, mettant fin à un différend vieux de 27 ans avec la Grèce.  Ce différend a eu des incidences négatives, et « une réputation de problème insoluble ».  « Nous avons maintenant une identité complète aux Nations Unies, nous avons de bonnes relations avec la Grèce, et notre coopération bilatérale a avancé », s’est félicité M. Zaev.  Le règlement du différend a aussi permis d’accélérer l’intégration du pays dans l’OTAN et a ouvert la voie vers l’accession à l’Union européenne.  « L’accord de Prespa est un signe du pouvoir de la diplomatie et du dialogue. »

Le monde est à un moment charnière, a poursuivi le Président du Gouvernement.  Voilà pourquoi il faut des Nations Unies plus fortes et un ordre international fondé sur des règles, avec un multilatéralisme efficace, et une gouvernance responsable.  Le monde continue d’être confronté à des phénomènes qui dépassent les frontières, comme notamment les changements climatiques.  « La fonte de glaciers en Islande, voilà qui devrait être un avertissement planétaire pour tous. »  Nous devons mettre en œuvre nos engagements envers les changements climatiques, a-t-il appelé, soulignant que « c’est une course que nous pouvons remporter, que nous devons remporter ».

Revenant sur l’accord de Prespa, mentionné dans le rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation, M. Zaev a insisté: « Il nous a fallu de la bonne foi, de l’ambition, de la diplomatie, de la résilience et une confiance mutuelle. »  Cet accord a, selon lui, jeté les bases d’une nouvelle ère, fondée sur l’amitié et le partenariat.  Il s’agit, pour le Président du Gouvernement de Macédoine du Nord, d’un jalon qui devrait catalyser la transformation dans les Balkans et servir d’exemple ailleurs dans le monde qui semblerait être dans une impasse.

L’autre grand défi actuel, la crise migratoire, est un signe préoccupant qui indique que nous ne pouvons opérer seuls, ni regarder ailleurs.  M. Zaev a appelé les pays à unir leurs forces pour lutter contre les causes profondes de ces flux migratoires et transformer cette crise en une opportunité.  Terrorisme, violations des droits de la personne, armes de destruction massive, il nous reste beaucoup à faire, a conclu le dirigeant. 

M. ISRAËL KATZ, Ministre des affaires étrangères d’Israël, s’est présenté à l’Assemblée en tant que fils de rescapés de l’Holocauste, évoquant la mémoire de ses parents Meir et Malka Katz.  En 1947, a-t-il rappelé, l’ONU a reconnu le droit du peuple juif à son propre État sur la terre d’Israël et un État-nation du peuple juif a été établi, fondé sur des milliers d’années d’histoire juive et sur le droit du peuple juif à sa propre patrie.

Le Ministre a remercié le Président des États-Unis, M. Donald Trump, pour sa décision « courageuse et historique » de reconnaître Jérusalem comme « capitale éternelle du peuple juif depuis 3 000 ans, et capitale d’Israël », et pour avoir transféré l’ambassade américaine à Jérusalem.  Il appelé tous les pays à suivre cet exemple et à reconnaître cette capitale. 

Israël veut la paix avec tous ses voisins, a assuré M. Katz, mentionnant les traités de pays avec l’Égypte et la Jordanie et les progrès des relations « avec de nombreux États arabes de la région ».  Mais il a appelé l’Autorité palestinienne à arrêter d’encourager et de financer le terrorisme et à reconnaître le droit du peuple juif à son propre État.  Le Ministre a demandé aux Palestiniens de revenir à des négociations directes « sans aucune précondition ».  Il a également prié l’ONU d’interdire à tous les pays d’apporter une aide à Gaza tant que le Hamas n’aura pas rendu deux israéliens captifs ainsi que les dépouilles de deux soldats israéliens.

M. Katz a tenu à répondre aux attaques du Président turc, M. Erdoğan, contre Israël, l’accusant « d’opprimer le peuple turc, de massacrer la minorité kurde et de soutenir le Hamas ».  « Vous n’êtes pas le Sultan et la Turquie n’est pas l’Empire ottoman, s’est-il exclamé.  Honte à vous! »

Le chef de la diplomatie israélienne a ensuite accusé l’Iran d’être « la principale menace à la sécurité du Moyen-Orient » en raison, a-t-il dit, de son recours à des « organisations terroristes » dont Hezbollah, le Hamas et les houthistes du Yémen.  Après s’être insurgé contre l’envoi par l’Iran de missiles sur des installations pétrolières saoudiennes « afin de déstabiliser l’approvisionnement pétrolier mondial », il a exhorté la communauté internationale à s’unir pour interdire à l’Iran de développer des armes nucléaires et des missiles balistiques et de soutenir des organisations terroristes.  Dans cet esprit, il a encouragé « tous les pays » à suivre la politique de pression maximale imposée par M. Trump à l’Iran.  « Nous devons arrêter l’Iran aujourd’hui pour éviter la guerre demain », a insisté M. Katz, avant de prononcer, en farsi, un dicton iranien dont la signification est proche de « il ne faut pas vendre la peau de l’ours… ». 

En conclusion, le Ministre, vantant le savoir-faire technologique israélien, a évoqué les projets de coopération économique régionaux du Premier Ministre, M. Benjamin Netanyahu, en particulier le projet de liaison ferroviaire qui relierait les pays arabes du Golfe à la Méditerranée et au port de Haïfa via la Jordanie, précisant qu’il souhaitait associer l’Autorité palestinienne à ce projet afin de stimuler son économie.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a axé son intervention sur la question des migrations.  Il a rappelé que l’an dernier, il avait appelé à ce que le Pacte sur les migrations ne soit pas approuvé.  Or, il a été approuvé, et depuis, de plus en plus de personnes prennent la route, créant de nouveaux défis sécuritaires, et des tendances « très effrayantes » selon le Ministre hongrois.

L’on pourrait s’attendre à ce que l’ONU protège le droit international, notamment en ce qui concerne les droits fondamentaux.  Or, a demandé M. Szijjártó, « les migrations sont-elles un droit fondamental »?  Non, a-t-il répondu.  Il a regretté que l’Organisation promeuve les migrations.  Autre question, a-t-il poursuivi, qu’est ce qui fait partie des droits fondamentaux?  Le fait que tout le monde ait le droit de vivre dans des conditions pacifiques et sûres dans son pays, a-t-il argué.  Est-ce que le Pacte mondial sur les migrations protège les droits de ces personnes? a-t-il enfin questionné.  Non, car d’après lui, ce document aggrave les risques sécuritaires dans le monde, ce qui est « inacceptable ».

Le chef de la diplomatie hongroise a rappelé que les États-Unis, Israël, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie avaient voté contre le Pacte, ce qui a empêché son adoption à l’unanimité.  « C’est le document le plus dangereux qui ait été créé par les Nations Unies », a-t-il considéré, et la Hongrie ne veut pas qu’il fasse partie du droit international.  La Hongrie demande donc de cesser de citer ce pacte aux Nations Unies et de cesser de le promouvoir.  La Hongrie a annoncé qu’elle rejettera tout document des Nations Unies qui y ferait référence.

À cause de la politique migratoire de Bruxelles, a encore accusé M. Szijjártó, plus d’un million de migrants ont pénétré en Europe, et d’autres ont péri en Méditerranée.  La menace terroriste s’est accrue, avec plus de 30 attentats ces dernières années en Europe, des attentats commis par des migrants, selon lui.  Il a souhaité que l’Union européenne (UE) redevienne forte, or cela ne sera possible que lorsque les pays de l’UE seront forts, « comme la Hongrie ».  Les Hongrois sont fiers de leur héritage et fiers d’être « de véritables patriotes » pour lesquels la Hongrie passe en premier, s’est enorgueilli le Ministre.

La Hongrie, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères, s’attend à ce que ses partenaires respectent sa spécificité et son droit à décider de son avenir.  Elle ne veut pas recevoir de migrants en situation irrégulière et se réserve le droit de décider quelles personnes pourront entrer et vivre en Hongrie.  « C’est la volonté du peuple hongrois », a martelé M. Szijjártó. 

Hélas, a-t-il déploré, la Hongrie a dû redoubler d’efforts pour protéger son peuple.  Des personnes paient des milliers de dollars à des passeurs et sont poussées à s’attendre à ce que des organisations non gouvernementales (ONG) les récupèrent et les amènent en Europe.  « À qui cela profite-t-il? a-t-il interrogé.  Aux passeurs et aux groupes criminels organisés, ainsi qu’aux organisations terroristes. »

Qui perd? a-t-il insisté.  Les pays d’origine, qui perdent leurs citoyens, et les pays de destination. 

Le Ministre hongrois a ensuite déclaré que les Nations Unies devraient aider ces citoyens à regagner leurs foyers, et aider les pays à assurer la sécurité de leurs citoyens.  « C’est pour protéger ses citoyens que la Hongrie a fermé ses frontières. »  Hélas, a-t-il accusé, les Nations Unies promeuvent la violation de frontières entre pays pacifiques, alors qu’elles devraient considérer cela comme un grave crime.  Il faut arrêter de présenter les ONG comme les représentants des nations, a-t-il mis en garde. 

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre chargé des affaires européennes, de l’intégration et des affaires étrangères de l’Autriche, s’est alarmé d’une diplomatie multilatérale « en crise », rappelant que l’Accord de Paris sur le climat n’est plus un compromis mondial, que les grandes puissances se sont retirées de traités pourtant anciens sur le désarmement, que le Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien ne tient plus qu’à un fil, que les Nations Unies et les autres organisations multilatérales sont poussées sur le côté quand il s’agit de régler un conflit et que le Conseil de sécurité ne cesse d’échouer à parvenir au consensus.  « État de droit ou loi de la jungle », pour l’Autriche, la réponse est claire, a tranché le Ministre. 

M. Schallenberg a réclamé un ordre international fondé sur des règles, où la bonne gouvernance, le libre-échange et la notion de « pacta sunt servanda » prévalent.  Le multilatéralisme est un travail ardu, souvent frustrant, sans victoire facile ni solutions immédiates.  Mais il n’y a tout simplement pas d’alternative à la coopération, a prévenu le Ministre.  L’unilatéralisme ou le multilatéralisme « à la carte » ne résoudra aucun des problèmes complexes que nous connaissons aujourd’hui, a-t-il aussi prévenu. 

S’agissant des changements climatiques, le Ministre a annoncé que l’Europe, qui a été construite grâce à la coopération et au compromis, deviendra le premier continent à neutralité carbone, à savoir, zéro émission d’ici à 2050.  Le « New Deal vert » de l’Europe est ambitieux et envoie au monde un signal fort, mais cette ambition ne saurait se limiter au continent européen. 

Venant à la situation en Syrie où l’État islamique a été battu, le Ministre a estimé que l’on doit aux victimes un processus judiciaire pour les crimes subis.  Il a donc réitéré son appel à la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) et estimé qu’un tribunal pénal spécial devrait être créé dans la région.  Fervent défenseur de la protection des civils dans les situations de conflit, le Ministre a rappelé la convocation à Vienne, les 1er et 2 octobre 2019, de la première conférence mondiale sur la question. 

Sur la question du désarmement, il a exhorté les États-Unis et la Fédération de Russie, après la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, à éviter tout déploiement de ces forces en Europe et a prôné la prorogation du Traité sur la réduction des armes stratégiques « New START ».  Le Ministre s’est d’ailleurs réjoui de ce que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires pour lequel son pays a milité soit sur la voie de son entrée en vigueur. 

S’il a commencé par exprimer son inquiétude quant à l’état du multilatéralisme, le Ministre s’est tout de même dit confiant.  Pourquoi?  Parce que, a-t-il expliqué, la semaine de haut niveau des Nations Unies a, une nouvelle fois, réuni ceux qui insistent sur leur souveraineté et ceux qui appellent au multilatéralisme, ceux qui insistent sur leurs priorités nationales et ceux qui appellent aux solutions internationales, sans oublier les patriotes et les mondialistes.  Tous ces gens, s’est félicité le Ministre, ont parlé, discuté et écouté.  C’est ça le multilatéralisme, s’est-il exclamé, en promettant que l’Autriche est prête à assumer ses responsabilités en tant que membre du Conseil des droits de l’homme, hôte de l’Office des Nations Unies à Vienne, contributrice de troupes aux opérations de paix et candidate à un siège permanent du Conseil de sécurité pour la période 2027-2028. 

M. IBRAHIM BIN ABDULAZIZ AL-ASSAF, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, est revenu sur les graves attaques qui ont ciblé son pays le 14 septembre dernier en violation des principes de la Charte des Nations Unies et « qui exigent de nous l’adoption d’une position historique ».  M. Al-Assaf aurait souhaité partager avec l’assistance les progrès réalisés par son pays en matière de développement, « malheureusement ces actes qui menacent la sécurité et la stabilité de la région et du monde en ont décidé autrement ».

Les attentats perpétrés contre les installations pétrolières du Royaume ont eu pour conséquence, en plus des dégâts occasionnés aux installations, de réduire de près de 50% de la production pétrolière, soit l’équivalent de 5,7 millions de barils, a rappelé le Ministre.  Ce sont 25 missiles de croisière et drones qui ont frappé les sites, et menacé l’approvisionnement mondial en pétrole. 

« Nous savons pertinemment qui se tient derrière ces attaques et avons invité les Nations Unies et les experts internationaux à identifier leurs auteurs », a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne.  « Quiconque se tient derrière ces actes est également responsable des autres agressions contre les tankers commerciaux dans le golfe d’Oman perpétrées en juin et juillet derniers, ainsi que de l’attaque contre l’aéroport de Abha en juillet et les champs pétrolifères de Shaybah en août dernier. »  Un régime « vil et lâche » se cache derrière ses milices affiliées, les poussant à revendiquer la responsabilité de ces attentats contre les installations pétrolières de Abqaiq et Khurais et avant cela, contre une station de pompage.  « Le même régime ne voit dans nos États et peuples qu’un champ de bataille pour la réalisation de son agenda subversif », a accusé M. Al-Assaf. 

Cela fait 40 ans que nous côtoyons ce régime, a continué le Ministre.  Régime « bon uniquement à organiser explosions, destruction et assassinats, non seulement dans notre région mais également à travers le monde ».  C’est ce même régime qui, depuis sa création, a mené des attaques terroristes contre le Royaume d’Arabie saoudite, à Bahreïn, au Koweït, au Liban, ainsi que dans des pays européens et ailleurs.  C’est le même régime qui a procédé à l’assassinat de nombreux diplomates saoudiens en Thaïlande en 1989 et en 1990 ainsi qu’à Karachi en 2011.  La même année, ce régime a mené une tentative d’assassinat contre l’Ambassadeur d’Arabie saoudite auprès des États-Unis.  C’est ce même régime qui a tué en 2005, au cœur de Beyrouth, le Premier Ministre libanais, Rafik Al-Hariri, a affirmé M. Al-Assaf.  Ces agissements se poursuivent malheureusement jusqu’à nos jours, comme nous en avons été témoins ces dernières années quand ce régime a essayé de perpétrer des attentats terroristes en France et au Danemark, et « pas un jour ne passe sans que nous soyons témoins de ses méthodes terroristes au Yémen, en Syrie, en Iraq, au Liban et ailleurs dans d’autres pays de la région ».

« Les dernières attaques et agressions ont exposé le régime iranien aux yeux du monde », a clarifié le Ministre.  « Nous sommes aux prises avec un régime voyou et terroriste qui continue d’être une menace à la paix et à la sécurité internationales » et qui tient en otage les installations énergétiques et l’économie mondiale.

M. Al-Assaf a vu dans ces récentes attaques un véritable test de la volonté de la communauté internationale.  Selon lui, l’ONU et le monde entier ont la responsabilité éthique et historique d’adopter une « position ferme et unifiée ».  Il a appelé à exercer « la plus ferme pression » avec tous les moyens à notre disposition pour mettre fin aux agressions terroristes du régime iranien, a-t-il martelé. 

Le chef de la diplomatie saoudienne a critiqué la politique d’apaisement envers le régime iranien dans le cadre d’accords partiels, qui a, au contraire, encouragé la recrudescence des activités terroristes au cours des quatre dernières années.  Il a invité quiconque ayant un doute sur l’échec de l’accord sur le nucléaire iranien à se pencher sur les crimes perpétrés par ce régime en Syrie qui ont causé la mort de plus d’un demi-million de personnes.  Pour finir, il a jugé nécessaire de priver ce régime des revenus tirés de cet accord, pour l’obliger à renoncer à ses milices, l’empêcher de développer des missiles balistiques et mettre fin à ses activités de déstabilisation dans la région et le monde.  « Notre pays, terre de la Qaaba, n’a jamais été un promoteur de la guerre, mais n’hésitera pas à défendre ses sites sacrés et sa souveraineté », a conclu M. Al-Assaf. 

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a rappelé que l’horreur du nazisme a permis au monde de se mettre d’accord sur un ordre mondial.  Or, a-t-il souligné, nous sommes proches d’un tournant, avec des défis pour la paix, la sécurité, le développement durable, ou encore les changements climatiques.  Face aux questions de terrorisme et de migrations illégales, face aux défis mondiaux, il faut des réponses efficaces et des solutions communes, et les Nations Unies pourraient en être chef de file. 

Or, a regretté M. Makei, « les mécanismes des Nations Unies deviennent otages de démarches partiales, et toutes ces actions mettent à mal ces démarches multilatérales ».  Et, selon lui, cela pourrait aller jusqu’à déclencher une nouvelle guerre mondiale.

Le Ministre des affaires étrangères s’est ensuite penché sur le traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et a assuré que le Bélarus ne se dotera pas de tels missiles tant que sa sécurité n’est pas mise à mal.  Il a également souligné que le cyberespace devient une zone de confrontation.  Le Chef de l’État du Bélarus, a-t-il indiqué, a proposé « une coalition de bon voisinage numérique », avec la souveraineté numérique, la neutralité numérique et la non-ingérence comme principes.

Le chef de la diplomatie bélarussienne a prédit que l’ordre mondial futur sera un monde construit autour de régions et non plus de grandes puissances.  Le Bélarus est ainsi convaincu que les instances régionales doivent coopérer les unes avec les autres, ce qui permettra aux pays de soulever les problèmes communs auxquels ils sont confrontés.  Abordant ensuite la question des changements climatiques, le Ministre a considéré que les efforts sont insuffisants et que nous devons prendre des mesures rigoureuses.  Le Bélarus, a-t-il conclu, espère une concertation des efforts de la communauté internationale, et s’engage, de son côté, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

M. JEPPE KOFOD, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a constaté qu’alors que nous vivons dans un monde plus « petit » que jamais où les avenirs des nations sont liés comme jamais auparavant, les titres à la une ne parlent que de division, de sortie, d’unilatéralisme et d’intérêt personnel.  C’est à nous, les preneurs de décisions du monde, de comprendre les réalités et perceptions qui ont provoqué la montée de ces idées, a estimé le Ministre.  La mondialisation a créé des fortunes énormes qui ne sont pas partagées de manière équitable.  « Quand les compagnies et les individus les plus riches du monde ne respectent plus le contrat social, lorsqu’ils ne payent pas leur juste part d’impôts, comment peut-on demander à ceux qui ont bien moins de moyens de le faire? » s’est-il interrogé.  Il faut que chacun assume sa part du fardeau, a-t-il tranché en appelant à se mobiliser pour une mondialisation plus juste et durable, ce qui exige une approche globale. 

Les objectifs de développement durable (ODD) et l’Accord de Paris servent en cela comme des points de départ, a souligné M. Kofod, « mais il faut agir maintenant ».  Si les ODD sont une vision pour le monde que l’on souhaite, ils sont aussi une feuille de route pour y arriver, et la responsabilité première incombe aux pays eux-mêmes.  Mais le Ministre a aussi reconnu que nous vivons dans un monde qui a besoin de pouvoir compter sur la solidarité, et non pas simplement la solidarité des mots.  Pour sa part, le Danemark a fourni au moins 0,7% de sa richesse à l’aide publique au développement depuis 40 ans et continuera de le faire.

S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, le chef de la diplomatie danoise a affirmé que cela ne peut plus être le problème de la « prochaine génération », ni même du « prochain gouvernement », et, là encore, « il faut agir maintenant ».  Pour cela, le Danemark s’est fixé des objectifs climatiques très ambitieux, comme la réduction de 70% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et la neutralité climat avec zéro émission d’ici à 2050.  Il s’est dit fier d’avoir coprésidé le volet « transition énergétique » du Sommet Action Climat 2019.  Il faut augmenter rapidement la part des énergies renouvelables, a martelé le Ministre, électrifier les industries qui dépendent des carburants fossiles et augmenter notre efficience énergétique.  Mais, a-t-il averti, aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes vivent sans électricité et la transition vers l’énergie renouvelable ne sera viable socialement que si « l’on ne les laisse pas dans l’obscurité ».  Il a également mis l’accent sur la protection de l’environnement qui va main dans la main avec l’action climatique.  Dans ce domaine, le Danemark est déterminé à réduire la déforestation et se dit prêt à assister d’autres pays dans cet effort. 

À cette fin, a poursuivi M. Kofod, il faut développer des partenariats avec toutes les parties prenantes, notamment les investisseurs internationaux pour lever des fonds privés en vue de financer l’énergie verte d’ici à 2020.  Au Danemark, même les fonds de pension ont annoncé vouloir agir en ce sens et la contribution danoise au Fonds vert pour le climat va doubler.  Ces partenariats doivent aussi être intergénérations, a poursuivi le Ministre en appelant à associer les jeunes, à écouter leur voix et à leur donner les moyens d’agir.  « Prouvons aux millions de jeunes qui ont manifesté dans le monde récemment pour une action climatique que nous les entendons, et allons plus loin.  Agissons! », a lancé le Ministre. 

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a présenté le monde d’aujourd’hui comme étant interdépendant, divers, conscient mais en même temps pollué, isolationniste et inégalitaire.  « Nous n’avons jamais été aussi proches et en même temps aussi éloignés » les uns des autres, a-t-il fait observer.  Les situations contradictoires sont devenues le nouvel ordre du jour, qu’il ne faut en aucun cas accepter comme inévitable, car notre responsabilité est justement d’œuvrer pour que les transformations en cours ne laissent personne de côté.  « La prospérité économique n’est pas synonyme d’inégalité sociale et le patriotisme ne signifie en aucun cas isolationnisme. »

Selon M. Muscat, il s’agit de mettre en avant la valeur de chacun quels que soient son âge, sa race, ses orientations sexuelles, son genre, sa croyance, car la diversité est un facteur d’enrichissement de la société.  C’est convaincu de cela que Malte s’est embarquée dans la lutte contre la marginalisation sociale pour répondre aux besoins et droits de tout un chacun.  Il s’est félicité des avancées de son pays en particulier vis-à-vis de la communauté LGBT, faisant de son pays un pionnier en la matière en Europe.  À cet égard, le Ministre a loué le lien solide entre le Gouvernement et la société civile.  L’expérience en la matière a démontré qu’autonomiser les citoyens est la clef du succès.  Cependant, a-t-il nuancé, beaucoup reste à faire dans ce domaine, notamment une approche holistique incluant l’acceptation par les familles. 

Un autre point sur lequel son pays œuvre inlassablement est l’égalité des sexes, car le futur est féminin et longtemps le rôle de la femme a été ignoré, a fait valoir M. Muscat, invitant à saisir la dynamique en cours pour parachever cet objectif.  Il a également évoqué la couverture sanitaire universelle, soulignant que Malte a introduit un programme de garde gratuite pour les enfants dont les parents travaillent.  Le résultat ne s’est pas fait attendre: l’emploi des femmes est passé de 52% en 2013 à 63,4% en 2018.  Aujourd’hui, une réforme a été lancée pour une meilleure représentativité de la femme au sein du Parlement. 

Face aux problématiques et aux maux liés aux conflits, au terrorisme, à la pauvreté et au dérèglement climatique, la meilleure solution réside « dans une solidarité accrue et agissante, vigoureuse et mieux structurée, aux niveaux local, national, régional et international », a clamé M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, à l’entame de son intervention.  Dans cet esprit, a-t-il ajouté, le multilatéralisme se présente comme une « solution salutaire ».  Il suppose en effet l’instauration d’un ordre international nouveau et équitable reposant notamment sur notre détermination à réaliser les objectifs de développement durable mais aussi sur le renoncement aux prises de décisions unilatérales.  À cet égard, a souligné le Ministre, il importe de réformer le Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que les institutions économiques mondiales afin de « permettre aux pays du continent africain de retrouver la place qu’ils méritent dans le concert des nations ». 

Confrontés aux défis de l’insécurité et de la précarité socioéconomique, le Cameroun s’est engagé, en cohérence avec le Programme 2030 des Nations Unies et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, à bâtir une stratégie volontariste de développement à long terme, a poursuivi le Ministre, faisant état de progrès dans les secteurs de l’éducation et de la réduction des inégalités.  Le pays s’est aussi engagé dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques.  Il figurait parmi les premiers signataires de l’Accord de Paris et vient d’adopter un plan national à cet effet.  Il soutient aussi depuis 2008 le projet Sahel Vert, qui s’emploie à restaurer des terres dégradées en y plantant des milliers d’arbres pour arrêter l’avancée du désert, a précisé M. Mbella Mbella.  Il a souhaité, à ce sujet, que les moyens de mise en œuvre des programmes envisagés par la communauté internationale dans le cadre du Fonds vert soient mis à disposition pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.  De même, il a appelé les « pays nantis » à concrétiser les engagements souscrits dans l’Accord de Paris. 

Évoquant l’insécurité causée par le groupe Boko Haram au Cameroun et dans les pays du bassin du lac Tchad, le chef de la diplomatie camerounaise a salué les succès remportés par le Force multinationale mixte contre cette « secte terroriste ».  Remerciant les partenaires bilatéraux et multilatéraux dans cette lutte contre le terrorisme, il a aussi sollicité leur appui pour mettre en œuvre les projets de développement conçus dans la région, et ce, afin d’attaquer « les racines profondes de cette menace ».  Il a par ailleurs assuré que la « gestion sécuritaire » opérée par le Gouvernement camerounais dans les régions nord-ouest et sud-ouest du pays, confrontées à des poussées séparatistes, a connu de « nombreuses avancées », la plus décisive étant l’annonce faite le 10 septembre par le Président Paul Biya de la convocation d’un « grand dialogue national ».  Les autorités camerounaises ne ménagent aucun effort pour parvenir au rétablissement d’une « paix définitive » dans le pays, a-t-il conclu. 

M. MIGUEL VARGAS MALDONADO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a fait remarquer que son pays, pourtant l’un des membres fondateurs de l’ONU, a enfin obtenu pour la première fois, cette année, un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité.  Cette responsabilité, a-t-il ajouté, lui a permis d’organiser un débat sur l’impact des catastrophes climatiques sur la paix et la sécurité internationales, thème dont la pertinence est à nouveau démontrée par les incendies en Amazonie et le passage de l’ouragan Dorian.  Ces désastres, a rapporté le Ministre, confirment que dans la région des Caraïbes, les effets des changements climatiques sont « réels, visibles, dévastateurs », et constituent « une menace pour l’existence même de nos pays ».

M. Vargas Maldonado, louant les objectifs de développement durable, a assuré que ces derniers ont été intégrés immédiatement dans la politique de développement de la République dominicaine, avec des résultats probants, particulièrement dans les zones rurales, où le taux de pauvreté a chuté de 49,3% à 25,6% depuis 2012.  Quant à l’éducation, s’est félicité le Ministre, elle fait l’objet d’un investissement égal à 4% du PIB du pays et de la plus grande transformation de son histoire.

Abordant la question des inégalités sociales, le chef de la diplomatie dominicaine a fait valoir que l’objectif d’inclusion des plus défavorisés ne peut se limiter à assurer leurs premières nécessités, et s’est inquiété du manque d’accès et de préparation de la population à la révolution d’Internet.  Rappelant que selon certaines études, la révolution technologique pourrait faire disparaître 50% des emplois en 20 ans, M. Vargas Maldonado a craint de voir ainsi « disparaître les acquis économiques obtenus par le Gouvernement dominicain » et douté que les progrès du numérique, inaccessibles à des populations rurales toujours au stade de l’agriculture vivrière, puissent contribuer à réduire les inégalités. 

Déplorant que « pas un seul pays latinoaméricain ne figure sur la liste des 10 pays les plus innovants du monde », en tête de laquelle figurent la Corée du Sud, l’Allemagne et la Finlande, M. Vargas Maldonado a conclu qu’il y a urgence à accélérer la coopération technologique et les échanges en matière de recherche et de développement, demandant aux pays en pointe dans ces industries de la connaissance de prêter main forte à des pays comme le sien. 

La présente session se tient à un moment où le monde subit les terribles effets des changements climatiques, a affirmé M. ALAIN-CLAUDE BILIE-BY-NZE, Ministre des affaires étrangères du Gabon.  Les ravages des cyclones Idai et Kenneth en Afrique australe et, plus récemment, ceux de l’ouragan Dorian aux Bahamas et sur la côte est des États-Unis, pour ne citer que ces cas récents, révèlent l’extrême vulnérabilité de notre planète face à l’ampleur sans précédent des évidences du dérèglement climatique.

Au moment où les populations du Mozambique, du Malawi et du Zimbabwe peinent à se relever des terribles dégâts et du traumatisme causés par ces catastrophes, notre conscience doit nous interpeller sur l’exigence et l’urgence d’agir ensemble contre cette menace dont personne n’est à l’abri, a poursuivi M. Bilie-By-Nze.  L’occasion pour lui de rendre hommage à l’ancien Président français Jacques Chirac qui se plaisait si opportunément à dire « notre planète brûle et nous regardons ailleurs ». 

Le chef de la diplomatie gabonaise s’est interrogé sur le point de savoir comment parvenir à « dynamiser les efforts multilatéraux pour l’éradication de la pauvreté, l’éducation de qualité, l’action contre les changements climatiques et l’inclusion » dans un contexte international où le multilatéralisme est plus que jamais mis à rude épreuve.  Un contexte marqué notamment par une crise migratoire sans précédent qui exige de la communauté internationale d’être encore plus unie afin d’apporter une réponse inclusive et solidaire à « un phénomène qui met en péril le bien-être des forces vives de nos nations ». 

Quatre années se sont écoulées depuis l’adoption du Programme 2030 et la signature de l’Accord de Paris.  Pourtant, a constaté avec regret le Ministre, les résultats sur le front de la lutte contre les changements climatiques demeurent très en retrait des attentes.  Pire, certains acteurs continuent à douter de manière ostensible de la pertinence du dérèglement climatique et naviguent dans « une dynamique divergente ».  Les objectifs de développement durable exigent une importante mobilisation et la mutualisation de nos efforts, et cela est d’autant plus crucial que les fluctuations et dépréciations récurrentes du prix du pétrole ainsi que de plusieurs autres matières premières ont largement fragilisé les économies des pays producteurs comme le Gabon.  En effet, a-t-il poursuivi, la forte dépendance budgétaire envers les revenus pétroliers a entraîné une aggravation du déficit public et un net ralentissement des investissements publics, notamment dans le domaine social.

Rappelant l’appel lancé depuis cette tribune par le Président gabonais Ali Bongo Ondimba en faveur de la solidarité internationale, M. Bilie-By-Nze a jugé urgent de concrétiser les engagements pris en faveur des pays en développement, notamment en matière de transfert de technologies « propres ».  Il a, en outre, évoqué le prix de l’instabilité sous l’effet du terrorisme, particulièrement lourd pour de nombreux pays africains, et appelé à une approche globale et solidaire pour assécher les causes profondes de ces phénomènes.  Il a défendu une approche concertée de la paix et fait part de la détermination de son pays résolument engagé aux côtés des Nations Unies, notamment dans la promotion de la stabilité et de la paix en République centrafricaine.  Il a saisi cette occasion pour plaider en faveur de la levée totale de l’embargo sur les armes qui frappe ce pays.  Pour finir, il a appelé à une réforme de la gouvernance mondiale qui soit marquée du sceau d’une plus grande justice et d’un partage équitable de responsabilités entre le Nord et le Sud.  Pour lui, la réforme du Conseil de sécurité en sera la meilleure expression avec une représentation du continent africain, suivant la position commune contenue dans le consensus d’Ezulwini.

Droits de réponse

Le représentant de l’Azerbaïdjan a pris la parole pour présenter certains faits et réfuter les assertions faites par le Premier Ministre de l’Arménie la veille.  « Le refus d’assumer sa responsabilité est un obstacle à une paix durable », a-t-il considéré.  Le Premier Ministre arménien a parlé du règlement pacifique du conflit dans son discours, malheureusement de simples paroles ne suffisent pas pour le règlement du conflit, a déclaré le représentant azerbaïdjanais.  Pour lui, aucun règlement ne peut être obtenu en violation de la constitution de son pays.  Il a ainsi appelé au retrait de l’occupant des territoires et frontières internationalement reconnus.  Il accusé l’Arménie de « nettoyage ethnique » et lui a reproché de « manipuler les faits historiques ».  La région du Haut-Karabakh fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan, a-t-il insisté, dénonçant une interprétation erronée du principe d’autodétermination tel qu’énoncé par la Charte des Nations Unies.  Il est regrettable, a-t-il poursuivi, que l’Arménie continue de réclamer des privilèges tout en violant de façon flagrante le droit international. 

Ce discours a été jugé trompeur par le représentant de l’Arménie qui a déploré que l’Azerbaïdjan ait refusé tout dialogue, rappelant la déportation et le massacre des populations arméniennes.  Il faut créer un environnement propice à la paix, a-t-il contré.  Notant que les messages et la main tendue dans cette même salle par le Premier Ministre arménien n’ont pas été pris en compte, le représentant a rejeté les propos traitant de raciste le régime de son pays.  De plus, a-t-il ajouté, « un régime héréditaire est mal placé pour traiter de marionnette un régime élu démocratiquement ».  Et de conclure: « L’Azerbaïdjan essaie de changer la réalité et de violer ses obligations juridiques non contraignantes concernant le régime de contrôle des armes. » 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Financement du développement: « Avec des fonds adéquats, prévisibles et durables, tout est possible », affirme le Secrétaire général

Soixante-quatorzième session, dialogue de haut niveau,
Matin et après-midi
AG/12191

Financement du développement: « Avec des fonds adéquats, prévisibles et durables, tout est possible », affirme le Secrétaire général

« Le financement est un test pour mesurer notre sérieux », a prévenu d’emblée le Secrétaire général de l’ONU à l’ouverture du Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement du développement, premier sommet sur cette question depuis l’adoption en 2015 du Programme d’action d’Addis-Abeba.  M. António Guterres a prévenu les dirigeants du monde, les représentants d’organisations non gouvernementales et d’entités du secteur des entreprises et de la société civile que, « sans ressources, nous n’arriverons pas aux résultats escomptés pour les peuples de la planète ». 

En revanche, « avec un financement adéquat, prévisible et durable, tout est possible », selon lui.  Un vœu qui a reçu un écho concret à la fin de la journée avec les nombreuses annonces d’initiatives lancées en ce sens.  De plus, les discussions ont permis de dégager quelques idées fortes pour changer la donne: améliorer les systèmes fiscaux nationaux et internationaux, renforcer la mobilisation des ressources nationales, lutter contre les flux financiers illicites et trouver une issue à la crise de la dette des pays en développement.  Voilà quelques mesures phares qui devraient, ont jugé les participants, « faire passer le financement du développement de milliards de dollars à des milliers de milliards », comme l’envisage le Secrétaire général dans un rapport sur le sujet.

Nous avons besoin de quelques 2 500 milliards de dollars par an pour combler le déficit de financement, a rappelé en début des travaux, le Président de l’Assemblée générale.  Pour M. Tijjani Mohamad-Bande, « il est temps de passer des paroles à l’action ».

Le Secrétaire général a fait, pour l’heure, un constat sans complaisance: « nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs ».  Il a ainsi noté, entre autres, la baisse de l’aide publique au développement (APD) et l’augmentation du niveau d’endettement des pays en développement, ou encore le fait que les petits États insulaires en développement (PEID) subissent, en plus de tout, le coût élevé du dérèglement climatique.

Le chef de l’ONU a toutefois fait part de « nouvelles prometteuses », comme les marchés financiers qui intègrent de plus en plus la durabilité dans la façon dont ils exercent leurs activités.  Il a rappelé qu’en début de semaine, ici au Siège des Nations Unies, les Principes de l’ONU pour une banque responsable avaient été adoptés par de nombreuses institutions bancaires: un secteur d’une valeur de 35 000 milliards de dollars s’est ainsi engagé à utiliser des pratiques durables.  En outre, plus de 200 000 milliards de dollars de capital privé sont investis dans les marchés financiers mondiaux, des fonds qui peuvent être redirigés vers des projets de développement durable, y compris en utilisant des instruments financiers innovants.

Pour que certains individus ne soient plus exclus des services financiers, le Secrétaire général a mis en place une équipe spéciale chargée d’explorer la façon dont la numérisation financière peut contribuer à accélérer l’inclusivité et le développement durable, avec un accent sur les femmes pauvres, entrepreneuses, chefs de famille, et sur les pays les moins avancés.  Il a annoncé qu’il réunirait, le mois prochain, 30 patrons de toutes les régions du monde pour lancer l’Alliance des investisseurs mondiaux pour le développement durable.

En attendant la concrétisation de ces projets, les intervenants au dialogue ont suggéré une plus grande mobilisation des ressources nationales.  D’autant plus « qu’il n’y aura jamais assez d’aide pour développer le Ghana et l’Afrique au niveau souhaité », a fait, par exemple, observer le Président de ce pays.  La Directrice générale de la région Afrique du Groupe Standard Bank a suggéré aux gouvernements africains de susciter un sentiment d’urgence en vue de mobiliser le secteur privé et lever des fonds adéquats pour réaliser le développement, avant de préconiser d’améliorer le commerce interafricain qui reste à un niveau insuffisant selon elle, ainsi que le financement des petites et moyennes entreprises et de l’entrepreneuriat féminin.

Il n’y a pas de solution unique pour revenir sur la bonne voie, a constaté M. Bill Gates, Coprésident de la Fondation Bill and Melinda Gates.  Le philanthrope a de plus mis en garde quant aux limites de la contribution du secteur privé, car celui-ci ne peut à lui seul combler toutes les lacunes de financement.  D’où son insistance auprès des gouvernements pour qu’ils renforcent leurs systèmes de recouvrement des impôts, sans porter préjudice cependant aux plus démunis.  Il a dès lors conseillé aux pays en développement d’opter pour des systèmes fiscaux taxant moins les pauvres et se focalisant plus sur les grandes entreprises. 

Le Groupe des 77 et de la Chine a de son côté jugé contre-productif d’insister sur la mobilisation des ressources nationales dans les pays en développement sans essayer de combler les lacunes à l’échelle internationale qui empêchent ces pays de pouvoir bénéficier d’une bonne partie de leurs ressources.  Il parlait ainsi des 400 milliards de dollars détournés chaque année par les flux financiers illicites, qui pourraient servir au financement du développement si on luttait effectivement contre ce phénomène.  Le Premier Ministre du Pakistan s’est d’ailleurs insurgé contre « les pays occidentaux qui manquent de volonté politique pour régler ce problème », justifiant leur inaction par le fait qu’ils en sont selon lui les principaux bénéficiaires. 

À sa suite, le Ministre du développement international de la Norvège a suggéré de réinventer les institutions et les règles internationales, et, surtout, de « modifier notre posture morale » en mettant fin au système actuel de secret bancaire et au « contorsionnisme fiscal » qui nuit aux pauvres.  C’est aussi pourquoi d’autres intervenants ont insisté sur la réforme du système fiscal international qui, actuellement, facilite ces fuites de capitaux du Sud vers le Nord.  Il a également été question d’assurer la restructuration de la dette des pays en développement.

DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Déclarations d’ouverture

M. TIJJANI MOHAMAD-BANDE, Président de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, a rappelé que le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement avait pour but de faire l’évaluation des progrès accomplis depuis l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il donnera une orientation et une ligne directrice pour accélérer la mise en œuvre de ce Programme, a-t-il espéré.  Revenant sur les décisions prises cette semaine à l’ONU, il a rappelé que les dirigeants avaient lancé une action climatique ambitieuse et une décennie d’action pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, tout en veillant à bâtir un monde plus sain à travers la couverture sanitaire universelle.  Rien ne se fera pourtant sans combler le déficit de financement et sans saisir les opportunités d’investissements dans le financement du développement durable, a estimé le Président.  « Il est temps de passer des mots à l’action, la seule voie pour transformer notre monde. » 

Nous avons besoin de quelque 2 500 milliards de dollars par an pour combler le déficit de financement, a rappelé M. Mohamad-Bande en soulignant l’urgence de la sensibilisation et de l’action dans ce domaine.  Il a toutefois vu des signes encourageants dans les investissements, dans les infrastructures et les partenariats mondiaux public-privé qui ont porté des fruits.  Mais beaucoup reste à faire, a-t-il noté, appelant à « rester ferme » dans nos engagements et à « créer des ressources correspondant à notre niveau d’ambition ».  Ainsi, M. Mohamad-Bande a demandé de respecter les promesses en termes d’aide publique au développement (APD) et d’accroître les investissements publics et privés pour générer plus de croissance et créer des emplois décents.  Il a également invité à tenir compte des recommandations formulées dans le rapport de cette année sur le financement du développement durable: remanier l’architecture institutionnelle mondiale afin de libérer de nouvelles sources de financement innovantes.  Le Président de l’Assemblée générale a expliqué que cela est spécialement nécessaire pour faire face aux situations particulières des pays qui ont le plus besoin de financement, comme les pays les moins avancés (PMA), les pays à revenu intermédiaire et les petits États insulaires en développement (PEID).

Les ressources nationales doivent être davantage mobilisées, a poursuivi le Président, qui a attiré l’attention sur la nécessité d’avoir des politiques fiscales redistributives et une coopération fiscale internationale pour lutter contre les évasions fiscales.  Combattre les flux illicites des capitaux est l’autre face de la même médaille, a-t-il ajouté.  En effet, des milliers de milliards de dollars sont perdus chaque année dans les pays en développement à cause des fuites de capitaux, ces fonds dépassant largement le volume de l’aide au développement.  « Nous ne pouvons pas ignorer ces pertes sèches pour le développement durable », a-t-il dit, avant de parler aussi du problème de l’endettement.  Le Président a constaté en effet des signes alarmants d’accumulation de dettes qui touchent disproportionnellement les PMA, les PEID et les pays en développement sans littoral.  Il ne faut pas que l’histoire se répète avec la dette insoutenable qui pèse sur ces pays, a dit le Président.  Il a ensuite souligné que le commerce reste un moteur important de croissance.  Renforcer le cadre du commerce multilatéral peut donc permettre d’intégrer tous les pays dans l’économie mondiale, selon lui. Le Président a aussi plaidé pour l’innovation, les transferts de technologies et la numérisation, comme facteurs de développement, en priorité pour l’Afrique et les PEID. 

Quant à la lutte contre les changements climatiques, elle ne crée pas de dividendes économiques, a estimé M. Mohammad-Bande tout en encourageant à investir dans l’énergie propre et accessible qui permet de créer des revenus.  Les femmes constituent plus de la moitié de la main d’œuvre mondiale, a-t-il encore dit en soulignant que des femmes autonomisées sont des agents du changement économique et social.  Atteindre nos objectifs ne peut se faire qu’avec la participation active des femmes, a insisté le Président. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a commencé son intervention en rendant hommage à l’ancien Président de la France, Jacques Chirac, décédé aujourd’hui, en saluant son dévouement envers la démocratie et la coopération internationale.  M. Guterres, qui a eu l’ancien Président comme collègue au Conseil européen, a fait état d’« une solide et profonde amitié » entre les deux hommes.  Il a rappelé que Jacques Chirac avait été un véritable « pionnier dans la lutte contre les changements climatiques » en mettant, il y a déjà longtemps, le climat au centre de l’agenda international.

Passant au sujet du jour, il a fait remarquer que tout au long de cette semaine de haut niveau, les intervenants avaient souligné la nécessité d’agir d’urgence et d’élever le niveau d’ambition dans les efforts menés pour atteindre les objectifs de développement durable et répondre à l’urgence climatique.  « Le financement est un test de notre sérieux », a-t-il dit, en prévenant que, « sans ressources, nous n’arriverons pas aux résultats escomptés pour les peuples de la planète ».  En revanche, avec un financement adéquat, prévisible et durable, tout est possible, selon le Secrétaire général.

« Nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs », a rappelé le Chef de l’ONU, qui a dénoncé le manque de financement, qu’il soit public ou privé.  La baisse de l’aide publique au développement (APD) et l’augmentation du niveau d’endettement limitent les dépenses consacrées aux objectifs, a-t-il relevé, notant que près d’un tiers des pays les moins avancés (PMA) du monde sont actuellement endettés ou risquent grandement de l’être.  Pour les petits États insulaires en développement (PEID), il a observé qu’en plus de leur lourde dette, ils sont confrontés au coût élevé de la dévastation liée au climat.

Le Secrétaire général a toutefois fait part de « nouvelles prometteuses », comme les marchés financiers qui intègrent de plus en plus la durabilité dans la façon dont ils exercent leurs activités.  « Divers investisseurs, assureurs et bourses ont adopté les principes de responsabilité sociale et durable. »  M. Guterres a signalé qu’en début de semaine, ici au Siège des Nations Unies, les Principes de l’ONU pour une banque responsable avaient été adoptés par les institutions bancaires: un secteur d’une valeur de 35 000 milliards de dollars s’est ainsi engagé à utiliser des pratiques durables.  De plus, les investisseurs accordent une plus grande attention à l’empreinte environnementale des entreprises dans lesquelles ils investissent, leur demandant plus d’informations sur les risques climatiques et d’autres menaces.  En outre, plusieurs institutions financières ont déjà démarré la mise en œuvre des recommandations de l’Équipe spéciale sur les informations financières ayant trait au climat (TCFD), a indiqué le Secrétaire général, qui a invité chaque entreprise à s’y mettre.

Autres constatations du Secrétaire général: plus de 200 000 milliards de dollars en capital privé sont investis dans les marchés financiers mondiaux, des fonds qui peuvent être redirigés vers des projets de développement durable, y compris en utilisant des instruments financiers innovants.  Ces derniers marquent progressivement leur empreinte, mais il faut accélérer le rythme: « le marché des obligations vertes a d’ailleurs crû de 45%, et le marché des obligations à impact social a lui aussi augmenté de manière significative », s’est réjoui M. Guterres.  Il a aussi loué les mesures prises pour réduire les frais de virements bancaires trop élevés.  Elles pourraient donner à cette source majeure de financement un rôle encore plus important dans les économies nationales, en particulier concernant les individus vulnérables, comme les migrants et leurs familles. 

Partant de ces progrès, M. Guterres a encouragé l’industrie financière à prendre ses responsabilités en matière de pratiques risquées, tout en encourageant chaque pays à mobiliser ses ressources domestiques pour financer une stratégie de développement durable, notamment via le développement et la mise en œuvre du cadre de financement national intégré (CFNI).  Il a plaidé la collaboration entre pays: d’une part dans la lutte contre les crimes de nature fiscale, qui privent les communautés nationales de dizaines de milliards de dollars de revenus par an; d’autre part pour relever le nouveau défi de la taxation de l’économie numérique.

Pour que certains individus ne soient plus exclus des services financiers, le Secrétaire général a mis en place une équipe spéciale chargée d’explorer la façon dont la numérisation financière peut contribuer à accélérer l’inclusivité et le développement durable, avec un focus sur les femmes pauvres, entrepreneuses, chefs de famille, et sur les PMA.  « Nous devons faire en sorte que la haute finance soit canalisée dans de petits projets », a conclu M. Guterres.  Il a annoncé qu’il réunirait, le mois prochain, 30 patrons de toutes les régions du monde pour lancer l’Alliance des investisseurs mondiaux pour le développement durable, qui, à elle, seule gère 16 000 milliards de dollars.

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a déclaré que, depuis son accession à la présidence en janvier 2017, son but est de bâtir un « Ghana qui se passe de l’aide ».  La vérité est qu’il n’y aura jamais assez d’aide pour développer le Ghana et l’Afrique, au niveau souhaité, a-t-il remarqué.  En tirant les conclusions de cette affirmation, le Président a dit qu’il fallait que son pays exploite efficacement ses propres ressources et déploie ses efforts de manière créative et efficiente pour financer sa transformation économique et sociale.  M. Akufo-Addo a estimé que l’Afrique devait prendre les devants en générant les fonds supplémentaires nécessaires pour avancer.  « Nous devons prendre la direction tandis que les partenaires extérieurs -privés ou publics– doivent suivre les priorités que nous fixons », a-t-il dit. 

Après avoir énuméré les atouts de l’Afrique en matière de ressources naturelles et le fait que « le continent n’en tire aucun profit », le Président a souligné la nécessité de bâtir des institutions fortes capables d’éviter une telle situation.  Il a posé une série de questions pour ouvrir le débat: « Comment renforcer les capacités de nos services géologiques pour connaître exactement la qualité et la quantité de nos ressources? Comment faire pour créer des départements juridiques au sein de nos gouvernements qui veilleront à ce que les pays africains obtiennent leurs parts dans les contrats qu’ils signent? Comment renforcer les autorités fiscales pour lutter contre les évasions fiscales qui profitent aux multinationales?  Comment respectons-nous l’état de droit? »

Les contrats léonins et leurs effets pernicieux doivent être éliminés si nous voulons réaliser notre vision pour un développement socioéconomique rapide, a réclamé le Président du Ghana.  Il a aussi invité les gouvernements à prendre conscience de la manière dont ils dépensent leurs revenus et à en être responsables.  Cela exige, a-t-il expliqué, l’élaboration de budgets transparents et de systèmes de gestion des dépenses qui distribuent les ressources avec sagesse.  Nos économies devraient être basées sur la valeur ajoutée des activités économiques, c’est-à-dire sur les choses que nous produisons, a-t-il précisé.  Pour conclure, M. Akufo-Addo a affirmé qu’une grande partie de la croissance et de la prospérité que nous voulons sur le continent viendra du commerce entre les pays africains. 

M. BILL GATES, Coprésident de la Fondation Bill and Melinda Gates, a déclaré que le monde était loin d’avoir accompli la promesse des objectifs de développement durable.  Alors que les ressources nationales peinent à être mobilisées, a-t-il relevé, la croissance ralentie, les changements climatiques et l’endettement croissant font partie des sujets de préoccupation.  Il n’y a pas de solution unique pour revenir sur la bonne voie, a-t-il noté, avant de demander aux dirigeants de reconnaître que différents défis de développement nécessitent différents types de financement qui peuvent, par exemple, cibler des besoins spécifiques, des zones géographiques données ou encore des groupes de personnes particulières.

Étant donné le grand fossé qui existe entre ce qui est disponible et ce qui est nécessaire, il faut mobiliser les ressources nationales, a recommandé M. Gates.  Avec des revenus intérieurs supplémentaires, on pourrait trouver une partie du montant nécessaire pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il dit.  C’est pourquoi il a invité les États à collaborer pour renforcer leurs systèmes de recouvrement des impôts et combler ainsi le déficit de financement.  Pour éviter toutefois que les impôts n’aient un effet délétère sur les plus démunis, il a conseillé aux pays en développement d’opter pour des systèmes fiscaux taxant moins les pauvres et se focalisant plus sur les grandes entreprises.  C’est le sens du soutien qu’apporte la Fondation Gates aux pays en développement, en misant sur une plus grande transparence, a-t-il indiqué.

De même, l’APD joue un rôle essentiel, en particulier pour répondre aux besoins pressants des PMA, a reconnu M. Gates tout en avertissant de tendances inquiétantes.  Il a cité à cet égard des données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indiquant que les flux nets d’aide sont en baisse, en particulier vers l’Afrique subsaharienne.  Des restrictions supplémentaires peuvent nuire aux progrès déjà accomplis, a relevé M. Gates, en se disant enthousiaste face au potentiel des financements mixtes et à la contribution du secteur privé au développement par le biais des investissements et du partage des connaissances.  Il a tout de même mis en garde quant aux limites de la contribution du secteur privé, car celui-ci ne peut à lui seul combler toutes les lacunes de financement.  M. Gates a terminé en plaidant pour que les ressources mobilisées soient investies là où cela fera le plus de différence et là ou on en a le plus besoin.

Mme SOLA DAVID-BORA, Directrice générale de la région Afrique du Groupe Standard Bank, a dit que la réalisation des 17 objectifs de développement durable nécessite des capacités financières considérables, à savoir 2 600 milliards de dollars par an.  La collaboration et le dialogue entre les secteurs privé et public sont essentiels pour trouver le financement nécessaire, a-t-elle estimé.  Mme David-Bora a suggéré aux gouvernements africains de susciter un sentiment d’urgence face aux problèmes qui entravent le développement en vue de mobiliser le secteur privé et de lever suffisamment de financements pour réaliser le développement.  Ces pays doivent aussi créer d’autres conditions pour garantir des capitaux à long terme, a-t-elle ajouté: c’est la clef de l’inclusion financière, selon elle.  La collaboration internationale est nécessaire pour assurer que les Africains aient accès au marché financier, a encore déclaré la Directrice générale.  De plus, à son avis, les préoccupations liées au respect de la vie privée ne devraient pas empêcher de tirer parti des avantages de la technologie financière (fintech).  Elle a enfin préconisé d’améliorer le commerce interafricain qui reste à un niveau insuffisant, ainsi que le financement des petites et moyennes entreprises et de l’entreprenariat féminin.

Dialogue interactif 1: Mettre les ressources publiques au service de sociétés plus équitables et durables, notamment en combattant les flux financiers illicites

Le dialogue a donné l’occasion aux dirigeants et experts de faire le procès du système financier international tout en suggérant des moyens d’améliorer le financement du développement durable.

C’est ainsi que le Premier Ministre de la Palestine, M. MOHAMMAD SHTAYEH, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a estimé que, pour le financement du développement, les ressources mobilisées doivent être prioritairement orientées vers l’éradication de la pauvreté qui représente l’un des plus grands défis du monde.  Le Premier Ministre a aussi identifié des obstacles au financement des objectifs de développement durable, comme les mesures économiques coercitives, y compris les sanctions unilatérales contre des pays en développement.  Il a aussi jugé contre-productif de souligner l’importance de mobiliser des ressources nationales dans les pays en développement, sans essayer de combler les lacunes à l’échelle internationale qui empêchent ces pays de pouvoir bénéficier d’une bonne partie de leurs ressources. 

C’est dans cette même optique que le représentant du Président du Nigéria a déploré le fait que les flux financiers illicites restent un obstacle au financement du développement national, malgré les efforts de son pays pour mobiliser les ressources domestiques.  Ce sont ainsi 400 milliards de dollars qui pourraient servir au financement du développement chaque année si on luttait contre ces flux, a précisé M. KEVIN P. GALLAGHER, professeur à la Boston University.  Mme SNEHA SHAH, de Refinitiv-Thomson Reuters, n’a pas dit le contraire en affirmant que « l’argent est bien là, mais il n’est pas là où il devrait être », puisque 86% des transactions financières seulement passent par les systèmes bancaires réguliers.  « Pour le reste, le mystère reste entier. »

En attendant, « nos pays en développement sont dévastés à cause de ces flux financiers illicites », s’est révolté le Premier Ministre du Pakistan.  M. IMRAN KHAN s’est de fait insurgé contre « les pays occidentaux qui manquent de volonté politique pour régler ce problème », puisque, a-t-il affirmé, ils en sont les principaux bénéficiaires.  Il a accusé les dirigeants occidentaux de « vider les poches des pays les plus pauvres par des montages financiers qui continuent de marcher ».  Il a rappelé que les fonds dédiés à l’APD ne représentent qu’« une goutte d’eau dans la mer » par rapport aux fonds qui partent des pays du Sud vers ceux du Nord.  Il a ironisé en soulignant que s’il s’agissait de l’argent lié au trafic de stupéfiants ou du terrorisme, alors les pays développés réagiraient différemment.  Pourquoi donc y a-t-il deux poids, deux mesures ? a-t-il lancé sous une pluie d’applaudissements.

À sa suite, le Ministre du développement international de la Norvège, M. DAG-INGE ULSTEIN, a également pris un ton dramatique pour relever que l’objectif de « ne laisser personne de côté » n’est pas une formule magique, mais plutôt un vœu qui nécessite des fonds pour le réaliser.  Il s’est insurgé contre les secrets bancaires et la corruption qui sapent la confiance, alors même qu’il est connu de tous que mettre fin aux flux financiers illicites peut permettre de dégager des fonds pour financer le développement.  C’est pourquoi le Ministre a suggéré de réinventer les institutions et les règles internationales, et, surtout, de « modifier notre posture morale » en mettant fin à ce système de secret bancaire et ce « contorsionnisme fiscal » qui apparaît comme un fardeau pour les pauvres.  Selon M. Ulstein, « si la famille des Nations Unies adoptait cette posture morale, alors les flux financiers illicites tariraient et on aurait plus de transparence ».  Êtes-vous prêts à prendre une telle posture? a-t-il lancé à l’assistance en concluant son propos.

La Belgique est déjà dans la lutte contre les flux financiers illicites, a retorqué le Vice-Premier Ministre de Belgique.  M. ALEXANDER DE CROO a également assuré que son pays soutient un ensemble d’initiatives multilatérales de renforcement des systèmes fiscaux des pays en développement.  Le Commissaire pour la coopération internationale et le développement de l’Union européenne, M. NEVEN MIMICA, a aussi plaidé pour une plus grande mobilisation des ressources nationales dans les pays en développement.  C’est pourquoi l’Union européenne entend poursuivre la lutte contre les flux financiers illicites, tout en œuvrant à l’amélioration des systèmes fiscaux des pays en développement.

Parmi les mesures à changer, le Conseiller principal du Centre Sud, M. MANUEL MONTES, a évoqué des pratiques fiscales qui font que l’industrie extractive paye des impôts au lieu du siège des entreprises, dans les pays du Nord, alors que les ressources sont exploitées dans les pays en développement.  À ce propos, Mme SVETLANA V. LUKASH, du Bureau du Président de la Fédération de Russie, a parlé des actions menées par son pays dans la zone eurasiatique dans le but d’étendre le projet BEPS (projet sur l’érosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices) de l’Organisation de coopération et de développement économiques.  Il s’agit de lutter contre ces stratégies de planification fiscale qui exploitent les failles et les différences dans les règles fiscales en vue de faire « disparaître » des bénéfices à des fins fiscales ou de les transférer dans des pays ou territoires où l’entreprise n’exerce guère d’activité réelle.

Mme IRENE OVONJI-ODIDA, de la Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des entreprises, a pour sa part préconisé la réforme du système fiscal international par le biais d’une approche multilatérale, « car tout le monde est concerné », a-t-elle argué.  En attendant, le Ministre des affaires étrangères des Bahamas, M. DARREN HENFIELD, a dit que le système fiscal de son pays avait été adapté pour mobiliser plus de ressources, étant donné que le pays est peu enclin aux emprunts du fait de son statut de pays à revenu intermédiaire.  Lui emboitant le pas, le Ministre des affaires étrangères et de la mobilité humaine de l’Équateur, M. JOSE VALENCIA AMORES, a attiré l’attention sur la situation des pays à revenu intermédiaire qui ne peuvent accéder à des facilités de prêts comme les pays les moins avancés (PMA).

Le Premier Ministre du Tadjikistan, M. QOHIR RASULZODA, s’est félicité du fait que 43% des dépenses nationales soient désormais orientées vers le capital humain.  Le Président du Tchad, M. IDRISS DEBY ITNO, a appelé à une remobilisation de la communauté internationale en faveur du Programme d’action d’Addis-Abeba.  M. Deby Itno a aussi demandé que les pays développés respectent leurs engagements pris dans la capitale éthiopienne, et que ceux en développement renforcent leurs capacités fiscales. 

C’est la volonté politique qui est cruciale, a estimé M. ZHAOXU MA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, en énonçant l’une des conditions majeures d’amélioration du financement du développement.  Selon lui, les pays développés devraient donc respecter leurs promesses en matière d’APD, tandis que les pays en développement doivent utiliser de manière optimale des fonds dédiés au développement pour améliorer les secteurs importants comme la santé, l’éducation ou encore les infrastructures, tout en se prémunissant des interférences étrangères dans leurs affaires intérieures.   Il faut enfin renforcer le multilatéralisme et s’opposer à l’unilatéralisme, a préconisé le Vice-Ministre avant d’indiquer que la Chine avait toujours contribué au financement du développement en octroyant 400 milliards de yuan aux pays du Sud.  Enfin, la Chine entend intégrer dans le Programme 2030 son initiative appelée « une ceinture, une Route ».

En fin de dialogue, Mme SARAH CLIFFE, Directrice du Centre international sur la coopération de New York University (NYU), l’animatrice de la session, a conclu le débat en suggérant aux pays en développement de mobiliser davantage de ressources nationales sans forcément attendre les résultats de la lutte contre les flux financiers illicites.

Dialogue interactif 2: Financer les objectifs de développement durable et la lutte contre les changements climatiques en dépit du fardeau de la dette

Reprenant l’idée qu’il faut une courbe ascendante de financement pour réaliser les ODD, le modérateur de cette discussion, M. MATTHEW BISHOP, Directeur principal de Bellagio & Fellows Program Global Policy and Advocacy, Fondation Rockfeller, s’est inquiété de la situation des pays qui traversent des périodes difficiles et qui ont donc un long chemin à parcourir.  La Fondation Rockefeller est très dynamique dans le financement mixte, a-t-il indiqué avant de demander quelles politiques les pays et la communauté internationale pourraient prendre pour préserver et créer un espace fiscal tout en maintenant la viabilité de la dette.

Le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, M. RALPH E. GONSALVES, a tenu à dire, dès le début de ce segment, que le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement était plutôt politique que technique. « Je suis Premier Ministre depuis 17 ans et j’ai entendu beaucoup de choses sur la façon de s’attaquer aux problèmes de la dette », mais « concrètement, rien ne se fait », a-t-il dénoncé.  Bien sûr qu’il est difficile d’avoir accès à l’argent, a-t-il reconnu avant d’appeler à faire tout de même preuve de volonté politique pour financer et réaliser les objectifs de développement durable.  Pour lui, le problème c’est que les pays développés ne respectent pas leurs engagements en matière de financement du développement.

Le Premier Ministre des Fidji, M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, a aussi imputé le problème de la dette au manque de contribution financière des pays développés qui ne respectent pas leurs engagements.  Pour compenser cela, les pays en développement ont besoin de nouvelles idées et d’opportunités de collaboration pour les appliquer.  Il a suggéré de recourir, par exemple, à des prêts à taux zéro pour les dettes climatiques.  Au passage, le Premier Ministre a dénoncé les institutions financières internationales qui, à son avis, ont peur de prendre des risques pour financer le développement durable.  Il faut des fonds concédés à des conditions favorables, surtout pour les pays qui sont sous la menace des risques de catastrophes, a plaidé M. Bainimarama.

Il faut accorder des moratoires pour les dettes des pays frappés par les catastrophes naturelles, a renchéri M. ERIC LECOMPTE, expert de Jubilee États-Unis Network, regrettant que les pays victimes de ces catastrophes soient obligés de payer leurs dettes et leurs intérêts alors qu’ils ont besoin de cet argent pour leur reconstruction.  Il a plaidé pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et pour la restructuration des dettes des pays qui connaissent un fort endettement.  Il faut également des lois pour lutter contre les fonds vautours et les paradis fiscaux, a-t-il recommandé.  Si on y arrive, on dégagera quelque 12 000 milliards de dollars pour financer le développement, pour créer des millions d’emplois et pour éviter le décès de millions d’enfants, a-t-il promis.

Il faut investir dans les infrastructures et dans les énergies renouvelables pour parvenir à une viabilité à long terme, a recommandé, pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Timor-Leste, M. DIONISIO DA COSTA BABO SOARES, pour qui la soutenabilité de la dette est une responsabilité commune.

L’Irlande a créé un fonds pour bâtir la résilience climatique dans les petits États insulaires en développement, a déclaré M. CIARAN CANNON, Ministre d’État aux affaires étrangères de l’Irlande, qui a réitéré l’engagement de son pays à appliquer l’Accord de Paris sur le climat de 2015.  Le Gouvernement irlandais vient de lancer un plan pour interdire les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, a-t-il signalé en prévoyant zéro émission nette d’ici à 2050.

Attention, la crise de la dette est là pour durer, a prévenu Mme GITA GOPINATH, économiste en chef au Fonds monétaire international (FMI), en soulignant la nécessité d’une meilleure gestion des dépenses publiques, en particulier des dettes.  Elle a appelé les bailleurs de fonds à jouer leur rôle, tandis que le FMI a lancé des programmes d’aide aux gouvernements pour qu’ils améliorent la mobilisation des ressources et la coopération fiscale.  Pour ce qui est de l’octroi des crédits, le FMI travaille à ce que les grandes normes soient respectées et que les contrats tiennent compte de la vulnérabilité des économies. 

Beaucoup de pays ne sont pas en mesure de rembourser leurs dettes, a confirmé Mme REBECCA GRYNSPAN, Secrétaire générale de l’association des pays ibéro-américains, observant que la pratique du taux zéro est courante actuellement sur les grands marchés financiers.  Mais comment faire pour que les pays en développement puissent en bénéficier pour investir dans les infrastructures, notamment?  Elle a invité à soutenir les idées avancées par les PEID, surtout ceux qui sortent d’une catégorie de pays et courent le risque d’être surclassés dans une catégorie qui ne tient pas compte de leur vulnérabilité. 

Après avoir plaidé en faveur de l’investissement bleu, ou économie bleue, M. BABA MOUSSA, Directeur général de l’Institut ouest-africain pour la gestion financière et économique, a estimé qu’il fallait se concentrer plus sur la capacité de gérer les dettes et moins sur le remboursement des dettes.  Les pays à faible revenu doivent renforcer leurs capacités dans ce domaine, a-t-il dit.  Relevant que les prêts responsables ne sont pas suffisants, il a conseillé de recourir aussi aux placements de fonds ou aux investissements responsables.  Les institutions financières internationales doivent revoir leurs conditions de prêts pour les pays en développement, a-t-il en outre demandé, tandis que le secteur privé doit jouer son rôle dans ces pays pour fournir des assurances et des garanties face aux catastrophes naturelles.  

Le Premier Ministre de la Barbade a dénoncé la diminution des possibilités d’emprunt pour les pays à revenu intermédiaire comme le sien où l’économie n’est pas suffisamment diversifiée.  Il a demandé des critères plus souples d’accès aux crédits pour son pays.  Mais le Premier Ministre de Cabo Verde, M. JOSÉ ULISSES CORREIRA E SILVA, qui a demandé la mise en place d’un mécanisme d’adaptation pour répondre aux catastrophes extrêmes, a estimé que la résilience climatique ne devait pas être financée par l’endettement surtout dans les pays à revenu intermédiaire.  De même, Mme FRANCINE BARON, Ministre des affaires étrangères de Dominique, a estimé que les investissements dans les infrastructures ne peuvent être financés par les dettes dans les pays à faible revenu comme les PEID.  La Ministre a plaidé pour la création d’un instrument de financement du développement durable pour les PEID.

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a dénoncé le fait que son pays est victime de l’utilisation de l’énergie fossile par les grands pays qui provoquent le changement climatique et les catastrophes naturelles.  Les pays industrialisés doivent assumer leur responsabilité en acceptant d’accorder des financements tenant compte de la vulnérabilité des pays.  « Ceux qui ont créé la crise climatique doivent soutenir ceux qui en sont victimes aujourd’hui », a lancé le Premier Ministre.  Quant à M. DANNY FAURE, Président des Seychelles, il a proposé de suivre une nouvelle approche pour répondre aux sous-investissements des objectifs de développement durable, une approche qui attire des bailleurs de fonds « tous azimuts ». 

Enfin, Mme EMANUELA CLAUDIA DEL REI, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale d’Italie, s’est enorgueillie de financer, depuis 12 ans, à hauteur de 46 millions d’euros, 72 projets de résilience climatique dans les PEID.

Dialogue interactif 3: Redéployer l’argent pour combler le fossé financier de l’action climatique et des objectifs de développement durable 

L’expert ouvrant ce segment, M. THARMAN SHANMUGARATNAM, Ministre hors classe de Singapour et Président du Groupe des personnalités éminentes du G20 sur la gouvernance financière mondiale, s’est inquiété que le secteur de la finance mondiale ne ressente pas assez l’urgence climatique: « les changements sont urgents et nécessaires, la décennie à venir sera critique ». Pour lui, les réformes ne sont pas si radicales ou extraordinaires; elles sont tout à fait faisables. Mais elles nécessitent beaucoup de coordination.  Le Ministre a résumé les trois mesures à prendre, selon lui: mobiliser les financements privés, susciter de bons rendements et reverdir la finance. Vu le niveau quasi-insoutenable de dette de certains pays, il a appelé chaque pays à combler les déficits et à éliminer les fuites, au niveau national. « C’est aux gouvernements d’agir », a-t-il prévenu. « Il s’agit aussi de diversifier les risques pour attirer les investisseurs institutionnels. »

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a appelé à agir davantage pour rassurer les investisseurs en leur envoyant les bons signaux via des réformes structurelles et institutionnelles. Le plus important, selon le Chef d’État, est de surmonter les entraves aux structures numériques. Dans cet esprit, la Sierra Leone a donné la priorité aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et, parmi elles, aux chaînes de blocs favorisant l’inclusion financière grâce au protocole de Kiva, mis en place en partenariat avec l’ONU.  La Directrice exécutive de Kiva, Mme JULIA HANNA, a d’ailleurs présenté les progrès concrets obtenus grâce aux chaînes de blocs pour atteindre les populations les plus vulnérables de Sierra Leone et leur permettre d’ouvrir un premier compte en banque. Sous des applaudissements nourris, elle a invité les dirigeants présents à utiliser la technologie des chaînes de blocs pour accélérer l’accès au financement des populations rurales et vulnérables. Mme MONICA JUMA, Ministre des affaires étrangères du Kenya, a abondé dans ce sens en vantant, elle aussi, les bienfaits des TIC sur l’économie: une grande majorité des Kényans a accès aux services de financement grâce aux TIC, ce qui contribue à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle signalé. « Une percée sans précédent », a assuré la Ministre.

M. MATTHEW RYCROFT, dirigeant du Département du développement international du Royaume-Uni, a imaginé un « mouvement » rassemblant investisseurs, consommateurs, banques et organisations internationales pour aller dans la bonne direction, tandis que M. FRANK ELDERSON, Directeur exécutif de la supervision de la Banque des Pays-Bas, a pointé le rôle décisif des banques centrales et multilatérales dans le processus: « avec d’énormes pouvoirs viennent d’énormes responsabilités ».  La nécessité de mobiliser le capital mondial a été aussi soulignée par M. AKINWUMI ADESINA, Président de la Banque africaine de développement: « avec 113 000 milliards de dollars d’actifs, il faut travailler ensemble pour mobiliser tous ces fonds. N’ayons pas peur que l’argent ne soit pas là, car il est là, il faut seulement savoir comment l’utiliser. »

La modératrice de ce débat, Mme GILLIAN TETT, Présidente du Directoire de l’édition américaine du Financial Times, a alors donné la parole à deux personnes « représentant, justement, énormément de capital ».  Mme ANNE FINUCANE, Vice-Présidente et Directrice exécutive de Bank of America, qui a indiqué que la banque avait contribué au financement des objectifs de développement durable dans le domaine de l’environnement grâce à des conditions de faveur pour des produits comme les obligations vertes ».  Commercialement, ça fonctionne et on a pu le prouver », a-t-elle assuré.

« Vous avez beaucoup, beaucoup d’argent, et vous avez des objectifs à long terme. Pourtant, rien ne se fait. »  Que faut-il faire pour que les choses se passent? a alors demandé la modératrice à M. MARK WISEMAN, Président du fonds d’investissements Blackrock Alternative Investors.  « Il s’agit de protéger les investissements », a-t-il répondu, « et d’investir dans des projets à faible impact carbone dans les pays en développement ».  M. Wiseman a expliqué que l’argent circule et que les possibilités existent.  « Vous verrez plus d’argent et plus de capital privé », a-t-il prédit en soulignant l’importance de la notion d’échelle.  Il a aussi relevé que combiner les projets permet aux investisseurs institutionnels de se diversifier.  Si l’on peut, bien sûr, accepter certains risques, l’investisseur doit payer dans sa propre devise, a-t-il dit en invitant à régler le problème de la fluctuation des devises.  Aucun de ces problèmes n’est insurmontable, a-t-il assuré.  Selon lui, les conditions actuelles sont parfaites pour diversifier les portefeuilles.  Il a réitéré que, à son avis, on verra plus de capital circuler dans le futur.

« Le problème est que le carbone est trop bon marché », a pointé, quant à lui, le Directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI), M. DAVID LIPTON. Les taxes carbones sont le moyen le plus efficace de progresser, a-t-il assuré, à condition d’établir un prix correct: 75 dollars la tonne, selon l’expert.  « Cette taxe doit être appliquée de manière équitable », a-t-il recommandé avant de suggérer de répartir les recettes fiscales de manière harmonieuse afin de redistribuer vers les plus affectés.  Le Premier Ministre de la Jamaïque, M. ANDREW HOLNESS, a lui aussi appelé à établir un prix juste du carbone.  Mais « la répartition des financements pour la lutte contre les changements climatiques est à revoir », selon lui: il faut faire davantage pour l’adaptation des pays en développement particulièrement sous tension et endettés, car le système actuel de reclassement dans d’autres catégories limite leur développement.  Les pays développés devraient davantage s’engager, selon lui, parce que « les pays en développement n’auront jamais les ressources pour lutter ».  M. JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a abondé dans ce sens.

M. MAURICE TULLOCH, Président-Directeur général d’Aviva Assurances, a comparé les efforts à fournir à ceux du « Plan Marshall », en biens supérieurs. « Nous devons procéder à un classement des entreprises selon leur durabilité, orienter les subventions vers les bons domaines, notamment dans les énergies propres. »  M. MICHAL SABIA, Président-Directeur général de la Caisse des dépôts et de placement du Québec, a souligné qu’il n’y avait pas de solution magique à un problème si complexe mais a suggéré de changer de cadre.  Il faut, selon lui, ajuster l’utilisation de capitaux privés pour les diriger vers le développement des infrastructures dans les pays en développement.

« Tout le monde s’accorde à dire que des milliards de dollars sont mal investis, que des techniques peuvent être utilisées plus intelligemment et que les financements mixtes sont opportuns pour rééchelonner les projets. Une coopération et une direction claires sont plus que jamais nécessaires, a conclu la modératrice.

Annonces et nouvelles initiatives

Le modérateur, de ce segment consacré aux annonces et nouvelles initiatives, M. LOUIS ALFONSO DE ALBA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sommet sur le climat de 2019, a invité les délégations à faire part de leurs initiatives en vue de mobiliser les ressources.

Le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. ALLEN CHASTANET, a ainsi annoncé que Sainte-Lucie serait le premier pays à s’associer avec le Forum économique mondial sur une initiative dénommée « Country Financing Roadmap ».  Il a aussi déclaré que son pays, ainsi que d’autres États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), était encouragé par l’engagement pris par le Secrétaire général de faire progresser la proposition d’échange de dette climatique de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  

Le Ministre de l’économie de la Malaisie, M. MOHAMED AZMIN ALI, a annoncé la création d’un modèle de financement novateur à long terme, avec la Banque islamique d’investissement, pour financer un programme de lutte contre le choléra dans les pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI).  Des obligations islamiques seront lancées pour financer le « One Wash Program », une campagne d’assainissement et d’hygiène publique.

Le Ministre du développement et de la coopération internationale de Suède, M. PETER ERIKSSON, a précisé que son gouvernement entendait axer son intervention future sur les envois des fonds par les migrants dans leurs pays d’origine.

Le Ministre du commerce et du développement de la coopération du Danemark, M. RASMUS PREHN, a souligné que depuis 40 ans, le Danemark respectait l’obligation de consacrer 0,7% de son PIB à l’APD.  Le Gouvernement danois compte aussi solliciter le secteur privé dans le cadre d’un fonds de développement du secteur privé qui devrait être capable de mobiliser 4,5 milliards de dollars.

Le Secrétaire aux affaires étrangères du Mexique, M. MARCELO EBRARD, a annoncé l’augmentation de 15% de sa coopération avec les pays voisins dont l’objectif est d’obtenir des résultats concrets à court terme, en termes de développement.  Le Ministre a invité la communauté internationale à financer ce genre de coopération « en fonction des capacités de chaque pays ». 

Le Ministre des affaires et de la coopération internationale du Maroc, M. NASSER BOURITA, a parlé du processus de réforme de l’action publique qui doit bénéficier à la population et de l’Initiative « Triple A » visant à adapter l’agriculture africaine et l’environnement.  Le Maroc s’efforce aussi de promouvoir le commerce entre le pays et le reste du continent africain. 

Le Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, M. JEAN ASSELBORN, a insisté sur la nécessité d’aller au-delà de l’APD.  C’est pourquoi le Luxembourg entend consacrer 1% de son PIB à l’APD au lieu de 0,7%.  À cela s’ajoute l’action climatique que le Luxembourg finance à hauteur de 200 millions d’euros jusqu’en 2021.

Le Ministre du commerce extérieur et du développement de la coopération de Finlande, M. VILLE SKINNARI, a souligné le rôle de la Coalition des ministres des finances pour l’action climatique.  Quarante pays sont actuellement membres de cette initiative depuis février 2019.  Grâce à la Coalisation, les gouvernements reçoivent des outils pour élaborer des politiques fiscales qui incluent des mesures relatives au climat.  Ces politiques doivent permettre d’ouvrir des canaux financiers qui draineront le financement pour l’action climatique.

Le Sous-Secrétaire d’État des États-Unis pour la croissance économique, l’énergie et l’environnement, M. KEITH KRACH, a déclaré que l’engagement de son pays en faveur du développement international est inscrit dans la stratégie de sécurité nationale du Président Donald Trump.  Il a mis en avant deux initiatives de sa délégation, la première étant le programme « Mobiliser les investisseurs institutionnels au service du développement », financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qui vise à combler le déficit en investissements nécessaires à l’Afrique pour atteindre ses objectifs de développement durable.  La deuxième est le « Development Finance Corporation », dans le cadre duquel les États-Unis renforcent leur capacité de mobilisation et facilitent la participation des capitaux du secteur privé sur les marchés émergents.  « Notre modèle consiste à promouvoir la libre entreprise qui favorise l'autonomie plutôt que les prêts prédateurs ou la dépendance vis-à-vis de la dette », a-t-il expliqué.

La Ministre d’État pour le bien-être et le bonheur des États arabes unis, Mme OHOOD AL ROUMI, a défendu l’utilisation du financement privé et des partenariats pour réaliser le développement durable.  Dans le domaine de l’énergie renouvelable, les partenariats avoisinent le milliard de dollars, a-t-il souligné.

Le Directeur général de l’Agence de développement et de coopération de la Suisse, M. MANUEL SAGER, a axé son intervention sur l’importance de l’accès à l’eau potable dans les pays partenaires du sien: le but est de désamorcer les tensions causées par la rareté de l’eau. 

La représentante de la France a dit que son gouvernement vise à atteindre un objectif de 0,5% du PIB consacré à l’APD d’ici à 2025.  Elle a donné une liste d’initiatives menées par son pays avec différents partenaires en vue notamment de recueillir des données sur les flux financiers de développement, y compris les financements privés. 

M. AMAR BHATTACHARYA, membre du Groupe technique chargé de mobiliser 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020, a annoncé les résultats préliminaires d’une étude que le Groupe a mené sur la nécessité d’aligner le niveau de financement sur celui requis par l’Accord de Paris.  Il a annoncé la tenue, en 2020 d’un sommet mondial des banques qui réunira quelque 500 institutions financières dans le monde. 

M. RAMY RIOUX, Directeur de l’International Development Finance Club, a décrété que si les fonds publics existent pour réaliser les objectifs de développement durable, il faut consacrer 150 milliards de dollars pour le climat et 150 milliards autres pour le développement durable.  Le Club, a-t-il ajouté, peut jouer un rôle de catalyseur pour aider à trouver 20 000 milliards de dollars pour les objectifs de développement durable.

Mme BARBARA ZVAN, Présidente d’Investor Leadership Network, a souligné l’importance de la transparence pour les investisseurs privés en particulier dans l’action pour le climat.  C’est le même avis exprimé par Mme STEPHANIE VON FRIEDEBURG, Présidente d’International Finance Corporation, qui a prôné la transparence pour motiver les investisseurs privés qui gèrent des milliards de dollars.  Une partie de cet argent peut être consacrée aux objectifs de développement durable, a-t-elle remarqué.

Mme ANNE-MARIE LEVESQUE, Présidente de 2X CHALLENGE, a indiqué avoir mobilisé 2 milliards de dollars pour le développement durable depuis le lancement de cette initiative.  L’investissement ira en particulier à l’entreprenariat féminin.

Mme LISE KINGO, Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies, a annoncé le lancement d’un instrument financier visant à financer la décarbonisation complète d’ici à 2050.  Quelque 1,5 milliard de dollars sont déjà réunis grâce à la mobilisation d’une entreprise américaine pour cette initiative.

M. RICHARD CURTIS, Avocat des objectifs de développement durable et réalisateur, a déclaré qu’il mène une campagne pour mobiliser le monde de la finance sur la question du développement durable et pour sensibiliser l’opinion publique sur le fait qu’elle a le droit de connaître l’utilisation faite de l’argent public et privé, en particulier les pensions de retraite des travailleurs.

M. GERBRAND HAVERKAMP, Directeur exécutif de Global Benchmark Alliance, a dit qu’il lancera une campagne sur l’importance des TIC pour mobiliser le financement des ODD.  Quelque 2 000 entreprises seront invitées très bientôt pour participer à cette initiative.

Mme MARIA RAMOS, Secrétaire générale de l’Équipe chargée du financement numérique, a signalé le creusement du fossé numérique d’où la nécessité d’un fort engagement pour le combler.

Mme DOMINIQUE SOURIS, Directrice exécutive de Youth Climate Lab, a demandé des investissements pour l’inclusion des jeunes.  Vous avez des milliards de dollars pour les armements, donc vous devez avoir des millions pour les jeunes, a-t-elle lancé aux gouvernements en faisant appel aux promesses que ces derniers ont faites.

Mme GENEVIEVE JIVA, Coordonnatrice de Pacific Island Climate Action Network, a demandé plus de volonté politique et appelé à surmonter les obstacles de l’accès au financement pour les jeunes.

Déclarations de clôture

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD, (Canada), Président du Groupe des Amis du financement du développement, s’est félicité du fait que ce Groupe, qui était au début une plateforme de discussion entre ambassadeurs, est désormais au cœur de la recherche de financements pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il est possible, à son avis, de « mettre ensemble les capitaux et le développement durable ».  Pour cela, les Nations Unies doivent être en première ligne car c’est la seule tribune pouvant permettre un tel débat et faire changer les choses, a dit M. Blanchard.  Il a également fait part de sa fierté d’avoir été, avec la représentante du Ghana, cofacilitateurs du Dialogue de haut niveau de ce jour.  Il a expliqué que leur but initial était d’avoir, à défaut d’un document final, au moins des engagements et promesses qui, s’est-il félicité, ont été nombreux à être présentés au cours du dialogue.

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a estimé que la coopération multilatérale était la seule solution à tous les défis de notre temps.  Mais il faut travailler dur pour permettre que le multilatéralisme apporte un développement durable bénéficiant à tous, a-t-elle suggéré, ajoutant qu’il faut un niveau significatif d’investissement public et privé pour réaliser cette vision.  Elle a déclaré que les pays les plus vulnérables tels que les PEID doivent être au centre des efforts.  Mme Mohammed a également rappelé que les gouvernements ne peuvent réaliser les ODD à eux seuls, le secteur privé ayant un rôle important à jouer pour combler le manque de fonds.  Les gouvernements devraient, de leur côté, instaurer un environnement favorable aux investissements sur le long terme.

Mme Mohammed a relevé que les efforts nationaux de mobilisation de capitaux doivent aller de pair avec les efforts mondiaux pour lutter contre les flux financiers illicites, puisque les paradis fiscaux coûtent entre 500 et 600 milliards de dollars par an en termes de perte fiscale.  Sachant que 200 milliards de ces fonds concernent les pays en développement, soit plus que les 150 milliards de dollars qu’ils reçoivent par an dans le cadre de l’APD, les gouvernements doivent donc faire davantage pour lutter contre ce fléau et œuvrer au rapatriement des fonds, tout en traduisant les responsables en justice.  La Vice-Secrétaire générale a promis que l’ONU allait poursuivre son travail d’accompagnement des pays dans la recherche des financements.  « J’en ai fait une priorité en ma qualité de Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable », a-t-elle rappelé.

Mme MONA JUUL, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que le financement du développement était une priorité absolue de son mandat. Elle a dit avoir entendu des actions concrètes de la part des États Membres. Certains ont aligné toutes leurs ressources sur le programme des ODD, a-t-elle souligné, tandis que d’autres réforment leur régime fiscal pour élargir l’espace fiscal et développer une fiscalité plus progressive et respectueuse des genres. Mais, a-t-elle insisté, pour récolter les bénéfices de ces politiques, les actions globales et urgentes sont attendues de tous

Mme Juul a identifié quatre secteurs où il faut agir en priorité : les flux financiers illicites, qui érodent la confiance et augmentent les inégalités ; la fiscalité, qui doit devenir juste et équitable pour être un pilier du développement financier ; le rôle de la communauté internationale dans le changement systémique des marchés financiers et des affaires ; enfin, à mesure que les vulnérabilités face à la dette augmentent, Mme Juul a recommandé de mettre les promesses à exécution en matière de prêts et d’emprunts responsables, pour éviter de prochaines crises de la dette.

M. TIJJANI MUHAMMAD-BANDE, Président de l’Assemblée générale, a conclu les débats en louant les recommandations pratiques accouchées lors du Dialogue. « Le financement public reste la base du financement du développement », mais « l’échelle demeure un défi », c’est pourquoi le secteur privé jouera un rôle essentiel, selon lui.

Revoir à la hausse certains projets internationaux demeure certes une tâche difficile, mais le défi est à relever ensemble, a-t-il recommandé. La soutenabilité de la dette et la réforme fiscale pour les pays en développement seront là aussi des éléments cruciaux, a-t-il pointé, en soulignant aussi la nécessité d’une bonne gouvernance, en toute transparence, essentielle pour forger « l’avenir que nous voulons », selon la formule consacrée. Partisan d’une politique de long terme, M. Muhammad-Bande voit dans la lutte contre les flux financiers illicites un potentiel immense pour combler les déficits de financement des pays en développement. « Les investisseurs doivent pourvoir financer le développement durable. Nous voulons que les peuples aient confiance dans le système de gouvernance internationale », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires: craintes partagées quant au risque d’« annihilation nucléaire »

Soixante-quatorzième session,
Réunion de haut niveau - matin et après-midi
AG/12193

Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires: craintes partagées quant au risque d’« annihilation nucléaire »

« J’ai peur que nous retombions dans de vieux travers et que le monde entier se trouve à nouveau pris en otage, sous la menace de l’annihilation nucléaire » a avoué, aujourd’hui, le Secrétaire général de l’ONU, à la Réunion de haut niveau censée célébrer et promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires. 

Les inquiétudes de M. António Guterres ont fait écho aux frustrations de la cinquantaine de ministres qui ont fustigé un désarmement nucléaire « incertain et incomplet ».  Les relations entre les États dotés de l’arme nucléaire sont engluées dans la méfiance, les discours dangereux sur l’utilité des armes nucléaires se propagent, le régime de maîtrise des armements, édifié à tant de peine, s’effrite peu à peu et les divisions s’aggravent quant au rythme et à la portée des efforts de désarmement, pronostique le Secrétaire général dans le message qu’il a publié à l’occasion de la Journée, relayant ainsi le sentiment du Président du Costa Rica et du Vice-Président du Venezuela, au nom des 120 pays du Mouvement des pays non alignés.

La fin, le 2 août dernier, du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), signé entre les États-Unis et la Fédération de Russie, et l’incapacité de la Conférence du désarmement de lancer les négociations relatives à un traité interdisant la production de matières fissiles traduisent l’érosion du multilatéralisme et d’un ordre international fondé sur des règles communes, s’est alarmé, à son tour, le Secrétaire d’État du Saint-Siège.

Il est absolument honteux, s’est emporté le Ministre des affaires étrangères de Cuba, que 74 ans après les bombardements atomiques « criminels » d’Hiroshima et de Nagasaki, le monde vive encore dans la crainte des 13 865 armes nucléaires, dont 3 750 sont déployées et 2 000 en état d’alerte opérationnelle.  La prochaine guerre mondiale sera la dernière, a prévenu le Ministre, il faudra des dizaines de millions d’années avant que des êtres intelligents puissent écrire notre histoire.  Aujourd’hui, a confirmé le Secrétaire d’État aux affaires du Mexique, le monde n’aurait pas assez de ressources pour faire face aux conséquences humanitaires d’une guerre nucléaire. 

Les stocks d’armes existant pourraient détruire 100 fois notre monde, a renchéri le Ministre de la défense et de la sécurité nationale des Fidji, qui est revenu sur les conséquences sanitaires, dont l’explosion du nombre des cancers, des 300 essais nucléaires menés dans le Pacifique.  Les « réfugiés atomiques » des Îles Bikini ne peuvent plus rentrer chez eux, après les 24 essais que les Américains ont menés dans les années 50.  Ressortissant d’un pays qui a subi lui-même 500 essais sous l’ère soviétique, le Vice-Ministre kazakh des affaires étrangères a invité les États à faire comme le Kazakhstan et à s’engager pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires d’ici 2045, pour le centième anniversaire de l’ONU.  États nucléaires, la Chine et l’Inde ont plaidé pour une élimination « progressive et vérifiable ».

Les efforts de désarmement nucléaire allant de pair avec ceux liés à la non-prolifération, beaucoup de délégations ont espéré que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) prévue en 2020 permettra de restaurer le dialogue et la confiance.  C’est possible, a estimé le Ministre des affaires étrangères de l’Autriche qui a rappelé que 122 pays ont permis l’adoption le 7 juillet 2017, du Traité d’interdiction des armes nucléaires.  Avec 70 signataires et 27 ratifications, nous sommes à mi-chemin des 50 ratifications nécessaires pour son entrée en vigueur, s’est réjoui le Ministre.  Cette entrée en vigueur serait le meilleur moyen de rendre hommage aux survivants et victimes d’Hiroshima et Nagasaki, a souligné la représentante de l’ONG « International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (ICAN) », elle-même petite-fille d’une victime d’Hiroshima.  Elle a pris la parole aux côtés d’une collègue de « Peace Boat ». 

Nous soutenons l’élimination totale de ces armes, a affirmé le Vice-Ministre des affaires internationales de l’Iran, fustigeant « la politique irresponsable » des États-Unis qui se sont retirés du Plan d’action conjoint sur le nucléaire iranien.  Le Vice-Ministre n’a pas oublié d’exhorter Israël à éliminer ses armes sans condition préalable.  À ce propos, le Bahreïn a, au nom du Groupe des États arabes, salué la tenue en novembre 2019 d’une conférence attendue depuis 1995 sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il faut aussi, a ajouté le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, un traité juridiquement contraignant offrant des garanties de sécurité négative aux pays qui ne possèdent pas d’armes nucléaires. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réuni au niveau ministériel, le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de renforcer le partenariat avec l’Afrique pour y promouvoir paix et sécurité

8627e séance – après-midi
CS/13965

Réuni au niveau ministériel, le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de renforcer le partenariat avec l’Afrique pour y promouvoir paix et sécurité

Sous l’impulsion de la Fédération de Russie, qui en préside les travaux en septembre, le Conseil de sécurité a organisé, cet après-midi, une réunion au niveau ministériel sur les partenariats visant à renforcer la paix et la sécurité en Afrique, théâtre du plus grand nombre de conflits au monde.

La Chef de Cabinet du Secrétaire général, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, a indiqué à cette occasion que la collaboration entre l’ONU, l’Union africaine et ses États membres et les différentes communautés économiques régionales de l’Afrique n’avait jamais été « aussi conséquente ».  Elle en a voulu pour preuve le fait que le Fonds pour la paix de l’Union africaine totalise des contributions d’un montant de 124 millions de dollars à ce jour, « le niveau le plus important mobilisé depuis sa création », et que son Unité d’appui à la médiation, de même que le réseau FemWise, sont désormais opérationnels.

Mme Ribeiro Viotti s’est aussi félicitée du renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine grâce à la signature, depuis 2017, de deux cadres conjoints : le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et le Cadre de développement durable conjoint Union africaine-ONU.

Au cours d’une séance où nombreux ont été les orateurs à reconnaître la nécessité d’une appropriation par l’Afrique de ses priorités continentales, le Président de la Commission de cette organisation régionale, M. Moussa Faki Mahamat, a assuré que l’Union africaine n’avait aucun « agenda spécifique », avant de plaider en faveur d’un partenariat respectueux et « non supplétif ».

Il a illustré son propos par le dossier libyen, marqué « depuis le départ » par une « marginalisation frustrante » de l’Afrique, avec une pluralité d’intervenants extérieurs au continent « dont chacun poursuit un agenda qui lui est propre ».  Cette configuration a, selon lui, clairement montré ses limites et la crise ne cesse de s’approfondir, exigeant un « mécanisme conjoint d’exécution » mettant l’Afrique « au cœur » du dispositif, a affirmé M. Mahamat, pour qui il s’agit de « bon sens » et de « recherche d’efficacité ». 

Le Président de la Commission de l’Union africaine a été rejoint sur ce point par le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, qui a estimé que la Libye était devenue le théâtre d’une ingérence étrangère, et plus généralement que l’Afrique était soumise à des « diktats » imposés par des puissances étrangères.  Le Chef de la diplomatie russe lui a proposé la coopération de son pays, présentée comme respectueuse des principes de neutralité et d’impartialité consacrés par la Charte des Nations Unies, notamment s’agissant de ses programmes de formation des Casques bleus.

Force est de reconnaître que le choc libyen a favorisé, depuis 2011, la prolifération des armes et des réseaux de criminalité transnationale, a tranché M. Marcel Amon-Tanoh, Ministre des affaires étrangères de Côte d’Ivoire, exigeant un partenariat renforcé entre l’ONU et l’Union africaine.  Dans le seul espace de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), on a recensé plus de 2 200 attaques faisant 11 500 morts et des milliers de déplacés au cours des quatre dernières années, a poursuivi le Ministre.  Sans remettre en cause les initiatives existantes, les chefs d’État de la CEDEAO ont donc décidé de fédérer leurs moyens et le sommet extraordinaire que l’organisation sous-régionale vient de consacrer, à Ouagadougou, à la lutte contre le terrorisme a ainsi adopté un plan d’action d’un montant d’un milliard de dollars qui sera financé sur des ressources internes, a précisé M. Amon-Tanoh.

« Nous devons aussi aller plus loin en ce qui concerne le cofinancement par l’Union africaine et l’ONU des prochaines opérations africaines de paix », a estimé son homologue de la France, M. Jean-Yves Le Drian, appuyant ainsi la Chef de Cabinet du Secrétaire général.  La France apporte donc « son soutien à la démarche de l’Union africaine visant à ce que le Conseil de sécurité autorise, au cas par cas et selon des modalités précises, le recours aux contributions obligatoires, en complément de la contribution de l’Union africaine, pour financer ces mêmes opérations », a-t-il expliqué, une position également soutenue par le Royaume-Uni, mais qui butte toujours sur les réticences des États-Unis, pour lesquels toute résolution éventuelle du Conseil de sécurité sur ce point « devra prendre en compte des éléments tels que le partage des responsabilités et les normes de comportement en vigueur dans le maintien de la paix ».

La France n’en a pas moins salué le travail engagé par le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine sur la question, en particulier l’engagement pris au Sommet de Kigali de 2016 par l’Union africaine de financer 25% du coût de ces opérations d’ici à 2020, via son Fonds pour la paix.

Pour M. Jean-Christophe Belliard, le Secrétaire général adjoint de l’Union européenne, la prévention des conflits est une « obligation de la communauté internationale et non pas une ingérence », car c’est dans la prévention des conflits qu’on peut éviter des interventions plus énergiques, a expliqué M. Belliard.  L’Union européenne demeure engagée à poursuivre une démarche multidimensionnelle coordonnée des acteurs publics sur les plans sécuritaire, humanitaire, et du développement a-t-il poursuivi, citant le Sahel comme « le meilleur exemple de cette approche intégrée ».

Les initiatives de paix et de sécurité africaines menées par la communauté internationale doivent nécessairement respecter les engagements pris par les Africains en ce qui concerne la « gouvernance sécuritaire » du continent, dont la coordination a été assignée clairement à l’Union africaine, a encore déclaré M. Belliard.  Il a rappelé que, depuis 2007, l’Union européenne avait consacré 2,7 milliards d’euros au financement des initiatives africaines menées dans le cadre de l’architecture de paix et de sécurité du continent. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE: PARTENARIAT VISANT À RENFORCER LA PAIX ET LA SÉCURITÉ RÉGIONALE (S/2019/743)

Déclarations

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de Cabinet du Secrétaire général, a indiqué que la collaboration entre l’ONU, l’Union africaine et ses États membres et les différentes communautés économiques régionales de l’Afrique n’avait jamais été aussi importante.  Elle a salué la détermination des chefs d’État et de gouvernement africains à répondre de manière holistique aux défis à la paix et à la sécurité, citant notamment le fait que l’Union africaine avait choisi de placer l’année 2020 sous le thème « Faire taire les armes à feu: créer les conditions propices au développement de l’Afrique ».  Elle a également relevé que le Fonds pour la paix de l’Union africaine s’était procuré 124 millions de dollars à ce jour, « le niveau le plus important de contributions mobilisées depuis sa création », et que son Unité d’appui à la médiation, de même que le réseau FemWise, étaient désormais opérationnels.  Elle s’est aussi félicitée du renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine grâce à la signature de deux cadres conjoints: le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et le Cadre de développement durable conjoint Union africaine-ONU.

Selon Mme Ribeiro Viotti, les progrès se manifestent également au niveau des pays, aussi bien au sein des processus de paix que dans la vie des personnes.  Elle a rappelé la tenue d’élections libres et crédibles en 2018 à Madagascar, grâce à une coordination rapprochée entre la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Union africaine et l’ONU, ainsi que la signature, à l’issue d’un processus de négociation mené par l’Union africaine, de l’Accord politique relatif à la situation en République centrafricaine.  En Guinée-Bissau, le Groupe des Cinq continue d’appuyer les efforts de rétablissement de la stabilité, tandis qu’au Soudan la signature, le mois dernier, d’une déclaration constitutionnelle, à la suite des efforts menés par l’Éthiopie et l’Union africaine, a permis d’établir un gouvernement civil de transition.

La Chef de Cabinet a aussi parlé de l’intensification de la coopération entre l’ONU, l’Union africaine et les organisations sous-régionales dans le domaine des processus électoraux, citant notamment les efforts déployés par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel en Sierra Leone, au Nigéria et au Sénégal.  L’ONU appui aussi la mise en œuvre des recommandations d’une étude de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Commission économique pour l’Afrique sur les défis liés au pastoralisme et à la sécurité dans cette région.  Mme Ribeiro Viotti a également indiqué que l’ONU et l’Union africaine coopéraient de manière rapprochée pour que les voix des femmes et des jeunes fassent partie intégrante du processus de paix, pour ensuite évoquer l’alignement des stratégies de l’ONU et de l’Union africaine dans la région du Sahel. 

Mme Ribeiro Viotti a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts de l’Afrique de manière plus efficace et à renforcer davantage les capacités institutionnelles afin d’entreprendre des mesures de diplomatie préventive.  Elle a insisté sur le rôle central que jouent les opérations de paix dans les efforts de l’ONU, notant que plus 80 000 Casques bleus sont actuellement déployés dans sept opérations de maintien de la paix à l’échelle du continent.  Elle a de plus signalé que l’Afrique est devenue la plus importante région contributrice de contingents, pour ensuite saluer la coopération directe entre l’ONU et l’Union africaine au sein même des opérations de paix.

« Cependant, nous pouvons faire encore mieux », a tempéré la Chef de Cabinet.  Mme Ribeiro Viotti a notamment appelé à assurer le financement prévisible, durable et souple des opérations de paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par le Conseil de sécurité, et à appuyer, grâce à la Commission de consolidation de la paix, les infrastructures nécessaires à la paix aux niveaux local et national.  Il importe également que la communauté internationale appuie l’initiative « Faire taire les armes à feu » de l’Union africaine, a-t-elle indiqué, précisant que le Secrétariat, agences, fonds et programmes de l’ONU sont en train de renforcer l’appui aux objectifs de cette initiative.

MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine, a salué l’élaboration d’une architecture de paix aux organes relativement efficaces, qui reflète un socle de valeurs partagées sur le principe que les problèmes africains doivent être résolus par les Africains et que le fardeau doit être supporté, pour l’essentiel, par les ressources propres de l’Afrique.

Sur cette base, l’Union africaine a proposé au Conseil de sécurité un modèle original de financement des missions de maintien de la paix, assuré par l’Union africaine et aussi par le Conseil, seul vrai responsable de la paix dans le monde, sur les ressources éligibles de l’organisation: cette question est aujourd’hui au cœur des préoccupations en matière de paix et de sécurité en Afrique, a rappelé M. Mahamat. 

Pour le Président de la Commission de l’Union africaine, les menaces à la paix sur le continent appellent d’urgence des approches innovantes car les mécanismes et réponses traditionnels ne répondent plus vraiment aux besoins.  Il a cité à cet égard le terrorisme et les trafics en tous genres, insaisissables par des modèles anciens.

Les coûts et les lourdeurs bureaucratiques des déploiements traditionnels les rendent inadaptés, obsolètes et inefficaces, a-t-il insisté, en souhaitant un nouveau modèle doté de mécanismes juridique, politique, financier et opérationnel, mieux adapté au contexte africain.  L’Union africaine est prête à travailler avec le Conseil en ce sens.

Des avancées significatives ont été obtenues avec la normalisation en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et même au Soudan du Sud et en Somalie, ainsi qu’autour du bassin du lac Tchad, a estimé M. Mahamat.  Mais ces progrès ne doivent pas cacher les fragilités qui demeurent, ni les zones d’ombre.

Ainsi, au Sahel, les efforts contre le terrorisme ne donnent pas encore les résultats attendus.  Les pays du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel) se sont regroupés pour mutualiser leurs ressources, mais le soutien du Conseil est ici essentiel ainsi qu’une vraie solidarité internationale, a plaidé le Président de la Commission. 

M. Mahamat s’est également étendu sur la crise libyenne, marquée « depuis le départ » par une « marginalisation frustrante » de l’Afrique, avec une pluralité d’intervenants extérieurs au continent « dont chacun poursuit un agenda qui lui est propre ».  Cette configuration de traitement du dossier libyen a montré ses limites et la crise ne cesse de s’approfondir, a-t-il affirmé.  Pour l’Union africaine, il faut d’abord, pour sortir de cette situation, clairement décider qu’il n’y a pas de solution militaire à cette crise, appliquer avec rigueur l’embargo sur les armes d’extrême urgence et engager un processus de négociation politique inclusif.

Ceci requiert un « mécanisme conjoint d’exécution » mettant l’Afrique au cœur du dispositif, a affirmé M. Mahamat, pour qui il ne s’agit pas là d’ego de la part de l’Union africaine mais de bon sens et de recherche d’efficacité.  L’Union africaine n’a aucun agenda spécifique mais cherche un partenariat respectueux et non supplétif recevant des ordres, a-t-il conclu. 

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique était une mission cardinale, alors que ce continent est secoué de conflits et sous le coup de plusieurs menaces.  À la suite de leur lutte de libération acharnée pour l’accession à l’indépendance, dans laquelle la Russie a joué un rôle historiquement important, les pays africains se sont retrouvés confrontés à des diktats imposés par des puissances extérieures, a poursuivi M. Lavrov.  Le Ministre en a voulu pour preuve le cas de la Libye, devenue à ses yeux le théâtre d’une ingérence étrangère. 

En République centrafricaine et au Soudan du Sud, des accords de paix sont en train d’être mis en œuvre, grâce au courage des pays voisins qui se sont mobilisés pour assurer une médiation, a ensuite estimé M. Lavrov.  Toutefois, a-t-il ajouté, les dirigeants africains ne sont pas en mesure de résoudre tous leurs problèmes par eux-mêmes, ils ont besoin à cet égard de l’aide de la communauté internationale.

Considérant comme de la plus haute importance la coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité, M. Lavrov a déclaré que sa délégation était prête à négocier à un projet de résolution qui sera présenté au Conseil de sécurité par la « troïka » africaine, dans laquelle il a vu un maillon reliant le Conseil de sécurité à l’Union africaine. 

La coopération russe, a assuré M. Lavrov, s’appuie sur les principes de neutralité et d’impartialité consacrés par la Charte des Nations Unies.  C’est dans ce contexte que la Fédération de Russie finance des programmes de formation des Casques bleus, avec un accent particulier sur les policières africaines.  En outre, deux cargaisons d’armes russes viennent d’être livrées en République centrafricaine.  Pour la Fédération de Russie, il est primordial de créer des forces armées efficaces et de renforcer les capacités des institutions étatiques, deux domaines dans lesquels ce pays prête également assistance, a encore assuré le Ministre. 

Pour M. MARCEL AMON-TANOH, Ministre des affaires étrangères de Côte d’Ivoire, la détérioration inquiétante de la situation sécuritaire sur le continent appelle de la part des organisations régionales des réponses urgentes et concertés, axées sur des partenariats stratégiques solides et mutuellement bénéfiques pour tous les acteurs.  Ces partenariats permettront d’atteindre les résultats visés sans compréhension de dynamiques à l’œuvre sur des terrains aussi variés que la pauvreté ou les groupes armés.

Pour être efficace l’action doit avant tout s’orienter vers l’appui aux stratégies de lutte contre la pauvreté, a poursuivi le Ministre.  Toutefois, le renforcement des capacités et des institutions régionales dans les domaines de prévention des conflits est tout ainsi indispensable.

Dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire se félicite de la coopération entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  La Côte d’Ivoire souhaite d’ailleurs vivement le renforcement des capacités de la CEDEAO comme celles de l’Union africaine, car ce sont des outils d’alerte précoce, de veille stratégique et d’identification des conflits.

Dans l’espace de la CEDEAO, on a recensé plus de 2 200 attaques faisant 11 500 morts et des milliers de déplacés au cours des quatre dernières années, a poursuivi M. Amon-Tanoh.  Sans remettre en cause les initiatives existantes, les chefs d’État de la CEDEAO ont en donc décidé de fédérer leurs moyens et le sommet extraordinaire que l’organisation sous-régionale vient de consacrer à Ouagadougou à la lutte contre le terrorisme a ainsi adopté un plan d’action d’un montant d’un milliard de dollars qui sera financé sur des ressources internes, a poursuivi le Ministre.

Mais force est de reconnaître que le choc libyen a favorisé depuis 2011 la prolifération des armes et des réseaux criminels transnationaux, a encore fait observer M. Amon-Tanoh, ce qui impose, pour s’y opposer, un partenariat renforcé entre l’ONU et l’Union africaine.  Car, a-t-il conclu, les menaces dans la région pèsent bien au-delà de ses frontières.

M. SIMEON OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a déclaré que la prolifération des armes légères et de petit calibre, le trafic de ressources naturelles, la faiblesse des institutions de l’État figuraient parmi les principales raisons de l’instabilité du continent africain.  Ces causes sont trop souvent aggravées par la montée de l’extrémisme et du terrorisme, de même que par les changements climatiques, tous les phénomènes qui provoquent en conséquence des migrations massives. 

Après avoir souligné le rôle joué par les opérations de paix de l’Union africaine, M. Esono Angue a rappelé qu’en février 2019, son pays avait présenté une résolution sur le thème: « Faire taire les armes en Afrique: coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales », laquelle avait été adoptée par le Conseil.  Une fois mis en œuvre, ce texte sera de nature à pacifier le continent, a estimé le Ministre.  Il a également jugé nécessaire que soient mobilisées les communautés économiques régionales dans la formulation des mécanismes de règlement et de prévention des conflits en Afrique. 

Mme NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales d’Afrique du Sud, a salué les avancées réalisées en réponse aux aspirations de l’Union africaine dans le cadre de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020 », qui a permis de régler certains conflits de longue date.  Depuis que l’Organisation de l’unité africaine (OUA) est devenue l’Union africaine en 2002, le continent s’est doté d’un cadre solide face aux défis en matière de sécurité et aux menaces, a-t-elle estimé.  Ces cadres ont pour certains mué en initiatives sous-régionales qui ont permis au continent de réduire les conflits armés et violents.

Malgré ces progrès, les défis restent complexes et portent sur des questions transversales entre la paix et la promotion du développement, de l’accès aux ressources de la bonne gouvernance, a tempéré la Ministre.  Pauvreté, marginalisation, inégalité, chômage, pillage des ressources, ingérence extérieure ou encore changements climatiques ont encouragé l’instabilité et l’insécurité.  C’est aussi le cas de la mauvaise gouvernance ou de l’aventurisme militaire.

Les conséquences se font ressentir sur le continent et sur d’autres régions.  C’est pourquoi des partenariats solides sont nécessaires.  Pour que l’Afrique puisse atteindre la paix et la prospérité, il faut mettre en œuvre les aspirations du continent.  Les Nations Unies apportent une contribution considérable en Afrique, notamment avec les soldats de la paix et via le système des Nations Unies pour le développement, a relevé Mme Pandor.

L’Union africaine et les organisations régionales ont montré pour leur part un fort leadership en réagissant rapidement grâce à leur connaissance des situations et des dynamiques régionales, a plaidé la Ministre.  Mais, lorsque les missions se retirent pour céder la place à la reconstruction, il faut pouvoir coordonner les efforts et les harmoniser entre les différents acteurs.  La Commission de consolidation de la paix (CCP) des Nations Unies et le cadre d’action de l’UA pour la reconstruction et le développement après un conflit doivent travailler main dans la main pour assister les pays concernés, a poursuivi Mme Pandor, pour qui il convient d’associer les femmes et les jeunes, car ce sont les conditions sine qua non d’une paix durable.  Mais il est indispensable que ces organismes se complètent et œuvrent à des objectifs communs, a-t-elle averti.

M. SHEIKH SABAH KHALID AL HAMAD AL SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a expliqué que la coopération entre l’ONU et l’Union africaine avait connu des développements majeurs ces dernières années, grâce à la signature d’une déclaration conjointe visant à renforcer leurs axes de collaboration.  Il a appelé à préserver les efforts en cours pour conserver les divers gains, afin de rendre plus efficaces les opérations de paix africaines, tout en préconisant le développement de sociétés participatives, seules à même de garantir une stabilité durable. 

Le Ministre a rappelé les principes de « l’Agenda 2063: L’Afrique que nous voulons », qui affirme qu’il faut consolider la paix et la tolérance, la bonne gouvernance et les droits de l’homme.  Selon lui, l’Afrique assure la « continuité stratégique » de la paix dans le monde arabe. 

Se disant en phase avec le rapport de l’ancien Secrétaire général sur les causes profondes des conflits en Afrique, M. Al Sabah a affirmé qu’il ne saurait y avoir de paix sans développement ni de développement sans paix, un principe de réciprocité qui, a-t-il ajouté, est au fondement de la politique étrangère du Koweït vis-à-vis des nations africaines.  Le Koweït s’est ainsi engagé à réaliser des investissements d’un montant d’un milliard de dollars en vue d’améliorer les infrastructures africaines.  Enfin, le Chef de la diplomatie koweitienne a souligné que l’ONU devait faciliter l’application de la résolution « Faire taire les armes » adoptée le 27 février dernier.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine, a appuyé les pays africains dans la recherche de solutions africaines aux problèmes africains.  Aider le continent à accéder à la paix et à la sécurité est un devoir de la communauté internationale et il faut l’appuyer et renforcer ses capacités en ce sens, a-t-il ajouté.  L’Afrique représente un cinquième de la population mondiale, a rappelé le Ministre, pour qui le grand nombre des questions abordées par le Conseil de sécurité concernant le continent témoignent de l’importance de ses sujets.

En traitant leurs problèmes eux-mêmes les pays africains -qui connaissent le mieux la situation- ont renforcé leurs partenariats et le Conseil de sécurité devrait être à l’écoute de leurs points de vue, a poursuivi M. Yi.  Ces dernières années ont montré un approfondissement de cette coopération et cet élan doit être poursuivi, a-t-il affirmé.

Le défi principal pour le continent africain reste le manque de capacités et de financement, a estimé le Ministre.  Aussi, le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent-ils assumer leurs responsabilités.  La Chine appelle les membres du Conseil à parvenir à un consensus sur ce point au plus vite.

M. Yi a aussi salué la création d’un gouvernement de transition au Soudan, assurant que la Chine se tenait prête à travailler avec lui.  Par ailleurs, l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) devrait se retirer au plus vite, en juin, pour que ses ressources soient affectées ailleurs, a-t-il estimé.  À propos de la Libye, il a prôné une solution par les Libyens et pour les Libyens, avec le soutien des organisations régionales, Union africaine et Ligue arabe.

La Chine préconise des partenariats fondés sur les principes de bonne foi et de sincérité en vue d’une solution garantissant les intérêts communs, a encore affirmé le Ministre.  La Chine appuie le renforcement des capacités de l’Afrique à maintenir la paix en allouant des centaines de millions de yuans. 

M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a rappelé que l’Afrique n’était pas en attente de notre générosité, mais de partenaires.  C’est la raison pour laquelle la France se tourne vers elle pour y nouer des partenariats économiques durables, « d’égal à égal », investir dans le secteur privé, dans les innovations et la jeunesse.  Ce sera d’ailleurs le thème du prochain sommet Afrique-France qui sera organisé à Bordeaux en juin 2020, a annoncé le Chef de la diplomatie française. 

S’agissant du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU, M. Le Drian a cité trois exemples récents couronnés de succès, à commencer par le soutien apporté par l’ONU et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) aux efforts de l’Union africaine à Madagascar.  Des efforts conjugués qui ont permis de renforcer la transparence et la crédibilité de l’élection présentielle de 2018 dans ce pays, a-t-il estimé.

En République centrafricaine, a poursuivi M. Le Drian, l’action conjuguée de l’Union africaine et de l’ONU a permis la signature, le 6 février dernier, de l’Accord de paix entre le Gouvernement et les groupes armés.  Et au Sahel, l’action conjointe de l’ONU, l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du G5 Sahel est indispensable, comme en témoignent la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, où l’ONU et l’Union africaine jouent un rôle clef au sein du comité du suivi, mais aussi la lutte antiterroriste, avec le soutien logistique de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel.  Le Ministre a ensuite suggéré d’approfondir le partage de l’information d’alerte précoce, pour mieux anticiper et prévenir les crises. 

Nous devons aussi aller plus loin en ce qui concerne le cofinancement par l’Union africaine et l’ONU des prochaines opérations africaines de paix, a estimé M. Le Drian.  La France apporte donc son soutien à la démarche de l’Union africaine visant à ce que le Conseil de sécurité autorise, au cas par cas et selon des modalités précises, le recours aux contributions obligatoires, en complément de la contribution de l’Union africaine, pour financer ces opérations.  Le Ministre a donc salué le travail engagé par le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine sur cette question, en particulier l’engagement pris au Sommet de Kigali de 2016 par l’Union africaine de financer 25% du coût de ces opérations d’ici à 2020, via son fonds pour la paix.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a affirmé que son pays partageait la volonté de partenariat à tous les niveaux avec l’Afrique, détaillant un partenariat qui ne nuise pas, qui apporte des retombées économiques au continent et lui permette de progresser.

Les problèmes de paix et de sécurité auxquels sont confrontées certaines régions de l’Afrique sont de plus en plus complexes et chaque situation suppose une solution adaptée à la situation sur le terrain, a poursuivi la Ministre.  Pour l’Indonésie, la communauté internationale doit accompagner les efforts du continent dans la recherche de la paix et la sécurité, mais il est aussi nécessaire de renforcer les partenariats avec les organisations sous-régionales.  La coopération interrégionale compte également beaucoup, comme celle établie entre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et l’Union africaine sur des questions d’intérêts communs.

Enfin, il est important d’accroître le soutien international au développement des capacités africaines, dans le domaine des infrastructures, du commerce et des stratégies industrielles, a encore estimé la Ministre.  L’Indonésie, pour sa part, contribue à sept missions de maintien de la paix de l’ONU en Afrique et continuera de le faire, car elle entend être un partenaire dans le maintien de paix et de la sécurité. 

Pour M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, le principe « des solutions africaines aux problèmes africains » reste valable.  Néanmoins, les défis du continent en matière de sécurité, et en premier lieu ceux du terrorisme et de l’extrémisme, ne connaissent pas de frontières, a-t-il remarqué en citant les cas du Mali, de la Libye et de la Somalie.  Il s’agit là de menaces de sécurité qui concernent d’autres pays que ces trois-là et même toute la région.  Elles exigent des solutions sur mesure sur le terrain et des efforts conjoints internes et internationaux.

Le Ministre a dit voir dans la résolution 2475 (2019) adoptée par le Conseil de sécurité cette année et qui porte sur l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », un pas supplémentaire vers la stabilisation de la situation sur le continent à travers une coopération internationale renforcée.  Mais cette « collaboration étroite » ne signifie pas un transfert complet de la responsabilité à des organisations régionales et sous-régionales.  Les Nations Unies doivent répondre aux conflits de manière globale et avec tous les moyens disponibles, allant de la prévention, au maintien et à la consolidation de la paix.  À cette fin, une coopération plus intense entre l’ONU et l’Union africaine est cruciale, notamment pour ce qui est de développer et renforcer les bases institutionnelles de l’Union africaine, a reconnu M. Czaputowicz. 

Dès lors, la Pologne soutient les efforts visant à renforcer la médiation et la diplomatie préventive, le règlement pacifique des conflits et de leurs causes profondes.  Elle salue le leadership de l’Afrique de l’Ouest et des pays du Sahel qui sont à l’origine d’initiatives pour répondre aux défis sécuritaires de la région.  La Pologne reconnait aussi l’action de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour renforcer la sécurité dans les zones frontalières.  Les initiatives régionales pour faire face au terrorisme et au crime transnational organisé sont également bienvenues.  M. Czaputowicz a cité en exemple le rôle de la Force multinationale mixte contre Boko Haram, celui de la Force conjointe G5 Sahel et celui de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans la facilitation du processus de paix au Soudan du Sud.

Forte de son expérience, la Pologne rappelle l’importance d’institutions fortes et redevables pour la stabilité politique et la croissance économique en période de transition démocratique.  Pour le Ministre, la faiblesse des institutions de l’État est l’une des sources de l’insécurité et de l’instabilité en Afrique.  M. Czaputowicz a appelé à mettre l’accent sur les liens qui existent entre coopération dans les domaines de la sécurité et du développement pour construire des pays plus résilients et plus autosuffisants.

La Pologne est également consciente du fait que l’absence de perspectives pousse les jeunes Africains à s’embarquer dans des « voyages dangereux à l’étranger » et à se radicaliser.  Fort de ce constat, l’aide au développement de la Pologne mise sur l’éducation et la formation professionnelle pour offrir des opportunités aux jeunes en Afrique et répondre aux besoins des enfants et jeunes handicapés. 

M. NESTOR POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a appelé à renforcer les capacités de suivi et d’alerte précoce à l’échelle du continent africain, notamment en renforçant les différents Bureaux politiques de l’ONU de la région.  Il a jugé crucial d’y développer une diplomatie préventive et d’avoir recours aux moyens pacifiques de résolution des différends.  Il a estimé que les efforts déployés pour augmenter les normes d’efficacité et de performance des opérations de maintien de la paix devaient tenir compte des avantages comparatifs des institutions mondiales aussi bien que régionales.  Il a salué l’expérience africaine en matière de lutte contre le terrorisme, notamment par le truchement de la Force conjointe du G5 Sahel, pour ensuite insister sur l’importance d’un financement prévisible, durable et souple des opérations de paix de l’Union africaine. 

Le Ministre a par ailleurs appelé au renforcement mutuel du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, l’objectif final étant d’enrayer les causes sous-jacentes des conflits, de promouvoir la croissance économique et d’appuyer la participation des femmes et des jeunes en tant qu’agent du changement.

M. BRUNO VAN DER PLUIJM (Belgique) a rappelé que la Belgique, tout comme l’Union européenne, plaide depuis longtemps pour un partenariat renouvelé, « plus global, plus dynamique et plus ambitieux » avec le continent africain.  Il a appelé à dépasser les antagonismes du passé et à travailler encore plus étroitement avec l’Union africaine dans le but de « faire taire les armes » en Afrique.  Il faut aussi travailler davantage ensemble au développement, aux droits humains et à la bonne gouvernance, « puissants vecteurs de stabilité », a-t-il dit.

M. Van Der Pluijm s’est réjoui des progrès enregistrés dans la revitalisation du Fonds pour la paix de l’Union africaine, estimant par ailleurs que les opérations de l’Union africaine devaient pouvoir bénéficier d’un financement solide et prévisible.  Il a appelé le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à aller « un pas plus loin » dans la coordination et la collaboration, jugeant que l’analyse des risques devait être mieux alignée.  Il a également prévenu que ce « partenariat renouvelé » ne serait pertinent que s’il prenait en compte la diversité africaine.  Il a insisté sur le principe de subsidiarité, qui prévoit qu’une action publique doit être conduite en priorité au niveau le plus approprié.  En la matière, il a relevé que certaines crises étaient bien gérées à un niveau sous-régional, notamment en Gambie ou en Guinée-Bissau.  Il a cependant souligné que le principe de subsidiarité ne devait en aucun cas servir de prétexte à l’inaction et ne saurait être une barrière à des avancées.

M. Van Der Pluijm a conclu en rendant hommage aux femmes africaines, « qui prouvent chaque jour qu’elles sont prêtes à transformer le continent ».

M. HEIKO MAAS, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a déclaré qu’il faut continuer de s’engager au-delà des crises immédiates, pour travailler sur les liens entre paix et développement.  C’est la raison pour laquelle son gouvernement à l’intention de verser 15 millions de dollars de plus au Fonds de consolidation de la paix.  Selon lui, la communauté internationale a besoin de nouer des partenariats plus solides avec l’Afrique, dans le respect des priorités continentales.  Faisons en sorte que le Conseil de sécurité soit une instance vers laquelle les civils africains puissent placer leurs espoirs à l’avenir, a ajouté le Chef de la diplomatie allemande. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a prôné une approche intégrée des Nations Unies en Afrique, estimant que l’Union européenne et l’ONU étaient des partenaires indispensables sur le continent.  Ces efforts, étroitement liés à ceux des organisations sous-régionales, ont porté leurs fruits au Soudan en 2019 ainsi qu’en République centrafricaine, a-t-il estimé.

La coopération et la coordination sur toute une gamme de questions continuent d’être un élément vital des stratégies de partenariat entre l’Union africaine, l’ONU et le Royaume-Uni qui reconnait le rôle essentiel joué par l’Union africaine dans les activités de paix sur le continent, comme il appuie la contribution des Nations Unies aux opérations de paix des Africains, au cas par cas et sur la base de certaines normes prédéfinies.

Le Royaume-Uni entretient pour sa part un partenariat de défense de longue date en matière de sécurité avec l’Afrique, a poursuivi le représentant.  Ainsi, le Royaume-Uni a formé l’été dernier des troupes du Malawi avant leur déploiement en République démocratique du Congo.

Mais on ne peut avoir de véritables débats sur ces questions sans inclure les femmes et filles africaines, qui seront d’ailleurs au cœur d’une conférence à Londres en novembre, a poursuivi M. Allen.  Les recherches et les études suggèrent que les processus de paix incluant des femmes ont plus de 35% de chances supplémentaires de perdurer, a-t-il fait valoir.

Sécurité, développement et bonne gouvernance sont étroitement imbriqués, a encore rappelé M. Allen.  En tant que principal contributeur en matière de développement en Afrique, le Royaume-Uni continuera à tout faire pour améliorer le quotidien des Africains et va contribuer à mobiliser les investissements privés dans le cadre d’un sommet début 2020 à Londres.  Mais il s’agit avant tout d’insister sur le fait que ce sont les Africains qui façonnent l’avenir du continent, a conclu le représentant. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a indiqué que son pays avait versé 13,4 milliards de dollars d’aide financière à l’Afrique au cours de l’année, une somme qui témoigne de l’engagement de Washington auprès du continent.  Il a souligné l’importance de renforcer les liens avec différents partenaires. 

L’un des défis qui se posent à la coopération, c’est bien sûr le financement des opérations de paix de l’Union africaine, a rappelé le représentant, qui a déclaré que son gouvernement appuyait les efforts de l’ONU pour établir des systèmes en mesure de fournir des financements prévisibles.  Mais tout nouveau mécanisme nécessitera une approche réaliste et toute résolution éventuelle du Conseil de sécurité devra prendre en compte des éléments tels que le partage des responsabilités et les normes de comportement en vigueur dans le maintien de la paix, a-t-il averti.

M. MIGUEL VARGAS MALDONADO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a estimé que les situations au Mali, au Soudan, en Libye ou en Somalie, démontraient que les menaces auxquelles est confrontée l’Afrique doivent être abordées de manière holistique.  Cependant, a-t-il précisé, la responsabilité fondamentale d’y répondre appartient aux pays africains, qui doivent bénéficier du soutien de la communauté internationale.  Le Ministre s’est attardé sur l’importance de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », se félicitant des progrès réalisés par les États africains dans l’opérationnalisation de la feuille de route pour parvenir à sa mise en œuvre. 

Pour faire face aux défis qui se posent en Afrique, il faut se pencher sur les causes immédiates et profondes de ces conflits, avant que ces situations n’échoient à l’ordre du jour du Conseil, a recommandé M. Vargas Maldonado.  Il a exhorté les organisations régionales à cimenter la confiance et la volonté politique nécessaires pour faire advenir la paix durable sur le continent, jugeant indispensable à cette fin le leadership de l’Union africaine. 

M EHAB FAWZY, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Égypte, a estimé que la meilleure manière de garantir paix et sécurité dans le monde et en particulier sur le continent africain consistait à traiter des racines profondes des problèmes.  Mais pour prévenir les conflits et les crises et éviter ainsi qu’elles n’éclatent, il est important de mettre l’accent sur la résolution des problèmes africains par les Africains, a-t-il ajouté.  Il a insisté sur la diplomatie préventive et sur la gestion de la reconstruction après les conflits, faisant valoir que son pays consentait des efforts considérables dans ces domaines, y compris pour relancer les politiques africaines sur le sujet.

Des efforts doivent cependant être engagés au niveau international et pour garantir la coordination entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine sur les questions figurant à leurs ordres du jour commun, a poursuivi M. Fawzy.

Enfin, tous les efforts régionaux et internationaux doivent respecter la souveraineté des États et le rôle central des gouvernements, conformément aux priorités nationales, a insisté le Ministre adjoint.  Une paix durable ne saurait en effet être obtenue sans renforcer les capacités des gouvernements à étendre leur présence sur leur territoire.

M. Fawzy a conclu en mettant également l’accent sur le développement pour aller vers la pérennisation de la paix et de la stabilité.  C’est dans ce cadre que l’Égypte s’apprête à lancer le Forum d’Assouan pour la paix et le développement, les 11 et 12 décembre.

M. JEAN-CHRISTOPHE BELLIARD, Secrétaire général adjoint de l’Union Européenne, a relevé qu’hormis l’Union européenne, l’Afrique est le seul continent à s’être doté des moyens et instruments pour assurer la paix et la stabilité sur son territoire.  Grâce à l’Union africaine, il n’existe plus de conflits majeurs sur son territoire, a-t-il estimé.  Mais des défis sécuritaires importants demeurent souvent liés à l’incapacité des États à assurer une présence sécuritaire sur tout leur territoire ou à répondre aux aspirations de leur population.  Ces fragilités sont aggravées par les menaces et trafics transnationaux qui encouragent le terrorisme.  Il faut donc continuer de se mobiliser pour soutenir les États africains et à ce titre, l’engagement fervent de l’Union africaine au Soudan a valeur d’exemple.

Pour l’Union européenne, la prévention des conflits est une obligation de la communauté internationale et non pas une ingérence, car c’est dans la prévention des conflits qu’on peut éviter des interventions plus énergiques, a expliqué M. Belliard.  L’Union européenne demeure engagée à poursuivre une approche intégrée, qui exige une démarche multidimensionnelle coordonnée des acteurs publics sur les plans sécuritaire, humanitaire, et du développement a-t-il poursuivi, citant le Sahel comme « le meilleur exemple de cette approche intégrée » adoptée par l’Union européenne.

Les initiatives de paix et de sécurité africaines menée par la communauté internationale doivent nécessairement respecter les engagements pris par les Africains en ce qui concerne la « gouvernance sécuritaire » du continent, dont la coordination a été assignée clairement à l’Union africaine, a encore déclaré M. Belliard.  Il a rappelé que, depuis 2007, l’Union européenne avait consacré 2,7 milliards d’euros au financement des initiatives africaines menées dans le cadre de l’architecture de paix et de sécurité du continent.  Par ailleurs, l’Union africaine et l’Union européenne ont établi un partenariat stratégique lors de leur premier sommet au Caire en 2000 et le dernier sommet en date à Abidjan, en mai 2018, a permis de redéfinir les priorités communes.

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