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L’Assemblée générale adopte 66 recommandations de sa Première Commission visant à faire face aux menaces sécuritaires traditionnelles et émergentes

Soixante-quinzième session,
37e séance plénière – après-midi
AG/12296

L’Assemblée générale adopte 66 recommandations de sa Première Commission visant à faire face aux menaces sécuritaires traditionnelles et émergentes

L’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, 66 résolutions et décisions, parmi les 71 textes qui lui ont été soumis par sa Première Commission (chargée du désarmement et de la sécurité internationale) pour faire face aux enjeux du désarmement sous toutes ses formes, allant des menaces traditionnelles liées aux armes de destruction massive, aux menaces émergentes liées à l’utilisation malicieuse du cyberespace, aux risques de militarisation de l’espace extra-atmosphérique, au recours à des systèmes d’armes létaux autonomes (SALA), ou encore à l’utilisation de munitions fabriquées à partir d’uranium appauvri.

Cette séance d’adoption a été marquée par l’opposition fréquente des États-Unis et de la Fédération de Russie sur la perception de la sécurité dans les domaines du cyberespace et l’espace extra-atmosphérique.  Elle a aussi mis au jour la diversité des attentes et des perceptions de l’ensemble des délégations qui s’est traduite par une centaine de votes sur les textes en entier ou sur certains de leurs paragraphes.  Seul un tiers des textes a été adopté sans vote et l’examen de cinq textes a été reporté dans l’attente de précisions sur leurs incidences budgétaires.  Deux de ces textes concernent la création de groupes de travail et d’experts chargés de faire des recommandations pour une utilisation responsable du cyberespace.

Dans ses remarques liminaires, le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir a remercié le Président de la Première Commission, M. Agustín Santos Maraver ainsi que les autres Membres du Bureau d’avoir terminé avec succès la session de la Première Commission.  Il a salué les efforts déployés par celle-ci pour résoudre et surmonter les différends afin d’accroître la confiance entre les nations et de trouver un terrain d’entente pour renforcer la sécurité mondiale pour nous tous. 

M. Bozkir a notamment regretté que la pandémie ait affecté la présence physique de la société civile lors des débats de la Commission et réduit le temps à la disposition des délégations pour discuter des questions de paix et de sécurité.  « Nous devons faire en sorte que chaque seconde compte », a-t-il insisté en rappelant le combat commun que mène la communauté internationale contre une pandémie aux effets désastreux sur le climat économique et social mondial. 

De son côté, la Rapporteuse de la Première Commission, Mme María del Rosario Estrada Girón (Guatemala), a souligné une année particulière dans les travaux de la Commission qui tenu 15 réunions en personne et trois réunions virtuelles, et qui a approuvé 71 projets de résolution et de décision.  Ce sont 143 délégations qui ont prononcé des discours au cours de cette session 2020, contre 132 en 2019, a-t-elle aussi noté.  Selon elle, la Première Commission a connu « l’une de ses sessions les plus harmonieuses depuis des années » et a « atteint ses objectifs de contribuer de manière significative aux travaux de l’Assemblée générale dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale ». 

Il a cependant fallu que la Commission procède à 15 votes sur divers paragraphes avant d’adopter le texte entier, également par vote, de la résolution intitulée « Modes d’action conjoints et dialogue tourné vers l’avenir pour l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires ».  Par ce texte, les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) se disent résolus à atteindre l’objectif ultime de l’élimination des armes nucléaires.  Adopté par 150 voix pour et 35 abstentions, il a vu l’opposition de la Chine, de la Fédération de Russie, de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et de la Syrie.  L’Assemblée générale a aussi adopté par 130 voix pour, 42 contre et 14 abstentions un texte appelant les États à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) qui, fort de sa récente et cinquantième ratification, doit entrer en vigueur en janvier 2021.

L’Assemblée générale a aussi condamné dans les termes les plus forts possibles, l’utilisation, depuis 2012, d’armes chimiques en Iraq, en Malaisie, en Syrie et au Royaume-Uni, et l’utilisation récente d’un produit chimique toxique comme arme contre Alexeï Navalny en Fédération de Russie.

L’Assemblée a aussi adopté des textes sur des instruments tels que le Traité sur le commerce des armes et les conventions interdisant le recours à des armes à sous-munitions, des armes biologiques, des mines antipersonnel et des armes nucléaires.

Sans vote, l’Assemblée générale a adopté deux résolutions sur des mesures visant à prévenir l’acquisition d’armes de destruction massive ou radioactives par des terroristes.

Face aux menaces émergentes, l’Assemblée a adopté, par 179 voix et 3 contre (Israël, Ukraine et États-Unis), une résolution sur un rapport de la Conférence du désarmement relatif à l’interdiction du développement et de la fabrication de nouveaux types d’armes de destruction massive et de nouveaux systèmes de ces armes.

Agissant sans vote, l’Assemblée a adopté une résolution contenant le rapport annuel de la Conférence du désarmement, qui est le forum multilatéral unique de négociation sur le désarmement de la communauté internationale, dont le rôle est primordial dans les négociations de fond sur des questions prioritaires.  L’Assemblée a appelé la Conférence du désarmement à intensifier davantage les consultations et à explorer les possibilités de sortir de deux décennies d’impasse.

Enfin, elle a adopté le programme de travail et le calendrier 2021 de la Première Commission dont les travaux se tiendront du 30 septembre du 5 novembre 2021.

RAPPORTS DE LA PREMIÈRE COMMISSION: ADOPTION DES RÉSOLUTIONS ET DÉCISIONS

Réduction des budgets militaires A/75/390

L’Assemblée générale a pris note du rapport intitulé « Réduction des budgets militaires Rapport de la Première Commission » contenu au document A/75/390.

Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique A/75/391

Aux termes de cette résolution portant sur le « Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande aux États visés par le Protocole III au Traité qui ne l’ont pas encore fait de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la prompte application du Traité aux territoires dont ils sont internationalement responsables de jure ou de facto et qui sont situés à l’intérieur de la zone géographique définie dans le Traité.  Elle demande également aux États d’Afrique parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui ne l’ont pas encore fait de conclure des accords de garanties généralisées avec l’Agence internationale de l’énergie atomique conformément au Traité.

Interdiction de mettre au point et de fabriquer de nouveaux types et systèmes d’armes de destruction massive: rapport de la Conférence du désarmement A/75/392

Aux termes de cette résolution intitulée « Interdiction de mettre au point et de fabriquer de nouveaux types et systèmes d’armes de destruction massive: rapport de la Conférence du désarmement » et adoptée par 179 voix pour, 3 contre (États-Unis, Israël et Ukraine) et zéro abstention, l’Assemblée générale prie la Conférence du désarmement, sans préjudice de l’examen ultérieur de son ordre du jour, de maintenir la question à l’étude, selon que de besoin, afin de formuler, quand il le faudra, des recommandations concernant les négociations spécifiques à entreprendre sur des types déterminés d’armes de ce genre.

Elle engage tous les États à envisager de donner une suite favorable aux recommandations de la Conférence du désarmement dès que celle-ci les aura formulées.

Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est A/75/393

Aux termes de cette décision intitulée « Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-septième session la question intitulée « Maintien de la sécurité internationale – relations de bon voisinage, stabilité et développement en Europe du Sud-Est ».

Progrès de l’informatique et des télécommunications et sécurité internationale A/75/394

Résolution I

Par cette résolution intitulée « Favoriser le comportement responsable des États dans le cyberespace dans le contexte de la sécurité internationale », adoptée par 163 voix pour, 10 contre et 7 abstentions (Bélarus, Cambodge, Égypte, Liban, Myanmar, Palaos et République populaire démocratique lao), l’Assemblée générale demande aux États Membres de s’inspirer, pour ce qui touche à l’utilisation des technologies numériques, des rapports de 2010, 2013 et 2015 du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.

Elle demande aussi aux États Membres de contribuer à l’application des mesures collectives recensées dans les rapports du Groupe d’experts gouvernementaux, afin de faire face aux menaces qui existent ou pourraient exister dans ce domaine et de garantir un environnement ouvert, interopérable, fiable et sûr en matière de technologies numériques, compte tenu de la nécessité de préserver la libre circulation de l’information. 

L’Assemblée générale se félicite du démarrage des travaux du Groupe d’experts gouvernementaux créé par le Secrétaire général en application de sa résolution 73/266, selon le principe d’une répartition géographique équitable, et se félicite du démarrage des travaux du Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.

Résolution II

La Première Commission a reporté à plus tard l’examen du projet de résolution intitulé « Progrès de l’informatique et des télécommunications et sécurité internationale », de même que celui des deux projets de décision contenus dans le rapport, afin de pouvoir examiner au préalable leurs incidences budgétaires.

Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient A/75/395

Par cette résolution relative à la « Création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient » et adopté par 174 voix pour, contre 2 (États-Unis et Israël) et une abstention, l’Assemblée générale prie instamment toutes les parties directement intéressées d’envisager sérieusement de prendre d’urgence les mesures concrètes voulues pour donner effet à la proposition tendant à créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, conformément à ses résolutions sur la question et, dans la poursuite de cet objectif, invite les pays intéressés à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

L’Assemblée générale demande à tous les pays de la région qui ne l’ont pas encore fait d’accepter, en attendant la création d’une telle zone, de soumettre toutes leurs activités nucléaires aux garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Elle invite également les pays du Moyen-Orient à s’abstenir, en attendant la création de la zone, de mettre au point, de fabriquer, de mettre à l’essai ou d’acquérir de toute autre manière des armes nucléaires ou d’autoriser l’implantation sur leur territoire, ou sur des territoires placés sous leur contrôle, d’armes nucléaires ou de dispositifs explosifs nucléaires.

Conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes A/75/396

Par sa résolution portant sur la « Conclusion d’arrangements internationaux efficaces visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes » et adoptée par 125 voix pour, zéro contre et 62 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’il est urgent de parvenir rapidement à un accord sur des arrangements internationaux efficaces qui garantissent les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes. 

Elle note avec satisfaction qu’il n’y a à la Conférence du désarmement aucune objection de principe à l’idée d’une convention internationale visant à garantir les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes, même si les difficultés que pose l’élaboration d’une approche commune acceptable pour tous ont été mises en évidence.

L’Assemblée générale engage aussi tous les États, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, à œuvrer activement à la conclusion rapide d’un accord sur une approche commune, en particulier sur une formule commune qui pourrait figurer dans un instrument international ayant force obligatoire.

Prévention d’une course aux armements dans l’espace A/75/397

Résolution I

Aux termes de sa résolution intitulée « Prévention d’une course aux armements dans l’espace », adoptée par 185 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et zéro abstention, l’Assemblée générale réaffirme qu’il est important et urgent de prévenir une course aux armements dans l’espace.

Elle constate une fois encore que, comme il est indiqué dans le rapport du Comité spécial sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, le régime juridique applicable à l’espace ne suffit pas, à lui seul, à garantir la prévention d’une course aux armements dans ce milieu.

L’Assemblée générale demande à tous les États, en particulier aux États dotés de capacités spatiales importantes, de contribuer activement à la réalisation de l’objectif qui consiste à utiliser l’espace à des fins pacifiques et à prévenir la course aux armements dans l’espace, et de s’abstenir d’actes incompatibles avec cet objectif et avec les traités en vigueur en la matière.

Elle invite, en outre, la Conférence du désarmement à créer aussi tôt que possible un groupe de travail au titre du point de son ordre du jour intitulé « Prévention d’une course aux armements dans l’espace ».

L’Assemblée générale prie aussi instamment les États qui mènent des activités dans l’espace, ainsi que les États désireux d’en mener, de tenir la Conférence du désarmement informée du déroulement, le cas échéant, de négociations bilatérales ou multilatérales sur la question.

Résolution II

Aux termes de sa résolution intitulée « Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable », adoptée par 164 voix pour, 12 contre et 6 abstentions (Arménie, Bélarus, Inde, Israël, Madagascar et Palaos), l’Assemblée générale affirme que tous les États doivent mener leurs activités relatives à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, conformément au droit international, y compris la Charte des Nations Unies, et invite instamment les États Membres à en tenir compte dans la formulation de leurs politiques spatiales.

L’Assemblée générale encourage les États qui ne sont pas encore parties aux instruments internationaux régissant l’exploration et l’utilisation de l’espace à envisager de les ratifier ou d’y adhérer, conformément à leur droit interne, et d’en incorporer les dispositions dans leur législation.

L’Assemblée générale exprime le souhait que tous les États Membres s’entendent sur la meilleure façon d’agir pour réduire les menaces pesant sur les moyens spatiaux afin que l’espace demeure un environnement pacifique, sûr, stable et durable, à l’abri d’une course aux armements et de conflits, pour le bienfait de tous, et envisagent d’établir des canaux de communication directe pour gérer les perceptions de la menace.

Elle invite les États membres et observateurs de la Conférence du désarmement et de la Commission du désarmement à informer ces organes de leurs politiques, stratégies ou doctrines nationales en matière de sécurité spatiale, à titre volontaire, conformément aux mandats de ces organes.

L’Assemblée générale encourage les États Membres à étudier les menaces et les risques de sécurité qui existent ou pourraient exister pour les moyens spatiaux, y compris ceux découlant d’actions, d’activités ou de moyens dans l’espace ou sur Terre, à caractériser les actions et les activités qui pourraient être considérées comme responsables, irresponsables ou menaçantes et leur incidence potentielle sur la sécurité internationale, et à faire part de leurs idées sur la poursuite de l’élaboration et de l’application de normes, règles et principes de comportement responsable et sur la réduction des risques de malentendus et d’erreurs d’appréciation en ce qui concerne l’espace.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général, dans la limite des ressources disponibles, de solliciter les vues des États Membres sur les questions visées au paragraphe précédent et de lui présenter, à sa soixante-seizième session, un rapport de fond assorti d’une annexe contenant ces vues, dans la perspective de futurs débats entre les États Membres.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter trois paragraphes.

Le paragraphe 12 du préambule a été adopté par 149 voix pour, 12 contre et 5 abstentions (Afrique du Sud, Arménie, Bélarus, Israël et Madagascar).

Le paragraphe 14 du préambule a été adopté par 143 voix pour, 12 contre et 10 abstentions.

Le paragraphe 5 du dispositif a été adopté par 148 voix pour, 13 contre et 5 abstentions (Arménie, Bélarus, Israël, Madagascar et Pakistan).

Résolution III

Aux termes de sa résolution intitulée « Non-déploiement d’armes dans l’espace en premier », adoptée par 132 voix pour, 34 contre et 21 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’il importe au plus haut point de prévenir une course aux armements dans l’espace et que les États doivent sans plus de retard manifester la volonté de contribuer à la réalisation de cet objectif commun.

L’Assemblée générale réaffirme également que la Conférence du désarmement, seule instance multilatérale de négociation sur le désarmement, a un rôle primordial à jouer dans la négociation d’un ou, le cas échéant, de plusieurs accords multilatéraux visant à prévenir, sous tous ses aspects, une course aux armements dans l’espace.

L’Assemblée générale demande instamment que des travaux de fond débutent au plus tôt, sur la base du projet révisé de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux, présenté par la Chine et la Fédération de Russie à la Conférence du désarmement en 2008, au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Prévention d’une course aux armements dans l’espace ».

L’Assemblée générale souligne qu’en l’absence d’un tel accord, d’autres mesures peuvent contribuer à faire en sorte que des armes ne soient pas déployées dans l’espace.

L’Assemblée générale engage tous les États, en particulier ceux qui mènent des activités spatiales, à envisager la possibilité de prendre l’engagement politique de ne pas être les premiers à déployer des armes dans l’espace.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter trois paragraphes.

Le paragraphe 5 du préambule a été adopté par 120 voix pour, 48 contre et 8 abstentions (Bosnie-Herzégovine, Brésil, Îles Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée, République de Corée, Suisse, Tchad et Turquie).

Le paragraphe 9 du préambule a été adopté par 119 voix pour, 45 contre et 7 abstentions (Bosnie-Herzégovine, Canada, Liechtenstein, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Suisse et Turquie).

Le paragraphe 11 du préambule a été adopté par 119 voix pour, 31 contre et 21 abstentions.

Par sa décision relative aux « Nouvelles mesures concrètes de prévention d’une course aux armements dans l’espace » et adoptée par 152 voix pour, 3 contre (États-Unis, Israël et Pays-Bas) et 30 abstentions, l’Assemblée générale décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Prévention d’une course aux armements dans l’espace », la question subsidiaire intitulée « Nouvelles mesures concrètes de prévention d’une course aux armements dans l’espace ».

Rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement A/75/398

Par cette résolution intitulée « Rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale invite les États Membres à continuer de s’employer à mettre les progrès de la science et de la technique au service du désarmement, y compris la vérification des instruments relatifs au désarmement, à la maîtrise des armements et à la non-prolifération, et à mettre à la disposition des États intéressés les technologies relatives au désarmement. 

Elle engage les États Membres à continuer de veiller à suivre de près les récentes évolutions scientifiques et techniques qui pourraient mettre en péril la sécurité internationale, et souligne qu’il importe que les États Membres collaborent avec les experts du secteur industriel, de la communauté scientifique et de la société civile pour relever ce défi. 

Elle prend note du rapport actualisé du Secrétaire général sur les dernières évolutions scientifiques et techniques et leurs incidences éventuelles sur l’action menée en matière de sécurité internationale et de désarmement, et prie le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-seizième session, un rapport actualisé sur la question.

Elle encourage le Conseil consultatif pour les questions de désarmement à poursuivre ses débats sur les dernières évolutions scientifiques et techniques et leurs incidences éventuelles sur l’action menée en matière de sécurité internationale et de désarmement.

Elle engage les États Membres à organiser, aux niveaux national, régional et international, des manifestations, telles que conférences, séminaires, ateliers et expositions, consacrées au rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement en vue de faciliter des échanges multilatéraux et un dialogue entre les parties intéressées sur les dernières évolutions scientifiques et techniques et leurs incidences éventuelles sur l’action menée en matière de sécurité internationale et de désarmement.

Désarmement général et complet A/75/399

Ce rapport de la Première Commission contient 36 projets de résolution et 5 projets de décision sur lesquels s’est prononcée l’Assemblée générale.

Résolution I

Aux termes de la résolution intitulé « Conséquences humanitaires des armes nucléaires » et adopté par 146 voix pour, 13 voix contre et 29 abstentions, l’Assemblée générale affirme qu’il importe, pour la survie même de l’humanité, que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées, quelles que soient les circonstances. 

Elle souligne que le seul moyen de garantir que les armes nucléaires ne seront plus jamais utilisées est de les éliminer totalement et rappelle qu’on ne peut répondre de manière adéquate aux effets catastrophiques d’une explosion nucléaire, qu’elle résulte d’un accident, d’une erreur d’appréciation ou d’un acte intentionnel.

Elle demande à tous les États de prévenir, en appliquant le principe de la responsabilité partagée, l’utilisation d’armes nucléaires, de lutter contre leur prolifération verticale et horizontale et de procéder au désarmement nucléaire.

Elle exhorte les États à n’épargner aucun effort pour éliminer totalement la menace que représentent ces armes de destruction.

Résolution II

Aux termes de la résolution intitulée « Traité sur l’interdiction des armes nucléaires » et adoptée par 130 voix pour, 42 voix contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale, notant que le Traité est ouvert à la signature depuis le 20 septembre 2017 au Siège de l’ONU, à New York, se félicite que, au 30 septembre 2020, 84 États avaient déjà signé le Traité et que 46 États l’avaient ratifié ou y avaient adhéré.  Elle invite tous les États qui ne l’auraient pas encore fait à signer le Traité, à le ratifier, à l’accepter, à l’approuver ou à y adhérer dès que possible.  L’Assemblée générale engage les États qui sont en mesure de le faire à encourager l’adhésion au Traité grâce à des contacts bilatéraux, infrarégionaux, régionaux et multilatéraux, à des actions d’information et à d’autres moyens.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes de la résolution.

Le paragraphe 5 du dispositif a été adopté par 121 voix pour, 41 voix contre et 12 abstentions.

Le paragraphe 6 du dispositif a été adopté par 125 voix pour, 25 voix contre et 23 abstentions.

Résolution III

Aux termes de sa résolution portant sur la « Sécurité internationale et statut d’État exempt d’armes nucléaires de la Mongolie » et adopté sans vote,  l’Assemblée générale invite les États Membres à continuer d’aider la Mongolie à prendre les mesures nécessaires pour consolider et renforcer son indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale, l’inviolabilité de ses frontières, l’indépendance de sa politique étrangère, sa sécurité économique, son équilibre écologique et son statut d’État exempt d’armes nucléaires.

Elle demande aussi aux États Membres de la région de l’Asie et du Pacifique d’appuyer les efforts menés par la Mongolie pour adhérer aux arrangements régionaux appropriés touchant la sécurité et l’économie.

Résolution IV

Par cette résolution intitulée « Effets de l’utilisation d’armes et de munitions contenant de l’uranium appauvri », adoptée par 159 voix pour, 3 contre (Israël, États-Unis et France) et 24 abstentions, l’Assemblée générale invite les États Membres et les organisations internationales compétentes, en particulier ceux qui ne l’ont pas encore fait, à communiquer au Secrétaire général leurs vues sur les effets de l’utilisation d’armes et de munitions contenant de l’uranium appauvri.  Elle invite aussi les États Membres qui ont utilisé des armes et des munitions contenant de l’uranium appauvri en période de conflit armé à fournir aux autorités compétentes des États touchés qui en font la demande des informations aussi détaillées que possible sur l’emplacement des zones où ils ont utilisé ces armes et munitions et sur les quantités utilisées, dans le but de faciliter l’évaluation et la décontamination de ces zones.

Résolution V

Par sa résolution intitulée « Relation entre le désarmement et le développement » et adoptée sans vote, l’Assemblée souligne le rôle central que joue l’ONU dans la relation entre le désarmement et le développement, et prie le Secrétaire général de renforcer encore ce rôle, en particulier de consolider le Groupe directeur de haut niveau sur le désarmement et le développement, afin d’assurer une coordination continue et effective et une coopération étroite entre les organismes, départements et services compétents de l’ONU. 

Elle prie le Secrétaire général de continuer à prendre, par l’intermédiaire des organes compétents et dans les limites des ressources disponibles, des mesures propres à assurer l’application du programme d’action adopté le 11 septembre 1987 à la Conférence internationale sur la relation entre le désarmement et le développement.  L’Assemblée générale invite instamment la communauté internationale à consacrer au développement économique et social une partie des ressources libérées par la mise en œuvre d’accords de désarmement et de limitation des armements, afin de réduire l’écart toujours croissant entre pays développés et pays en développement.

Résolution VI

Aux termes de sa résolution portant sur la « Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement » et adoptée par 182 voix pour, zéro contre, et 3 abstentions (États-Unis, France et Israël), l’Assemblée générale encourage les États Membres à poursuivre les consultations sur les prochaines étapes menant à la convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.

Elle décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Convocation de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement ».

Résolution VII

Par cette résolution portant sur le « Suivi de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire de 2013 » et adoptée par 143 voix pour, 34 contre et 9 abstentions (Bosnie-Herzégovine, Canada, Finlande, Géorgie, Japon, Serbie, Suède, Suisse et Ukraine), l’Assemblée générale demande que des négociations commencent au plus tôt, dans le cadre de la Conférence du désarmement, en vue de l’adoption de mesures efficaces de désarmement nucléaire visant à parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires et, notamment, de la mise au point d’une convention globale sur les armes nucléaires.

L’Assemblée générale décide de convoquer à New York, à une date qui sera précisée ultérieurement, une conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire pour faire le point sur les progrès accomplis dans ce domaine.  Elle se félicite qu’une journée internationale, célébrée le 26 septembre, soit consacrée à l’élimination totale des armes nucléaires et que des activités soient menées en vue de la promouvoir, et elle prie de nouveau sa présidence d’organiser chaque année, le 26 septembre, une réunion plénière de haut niveau d’une journée en vue de célébrer et de promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 14 du préambule qui a été adopté par 121 voix pour, 35 contre et 16 abstentions.

Résolution VIII

Aux termes de sa résolution intitulée « Mesures visant à renforcer l’autorité du Protocole de Genève de 1925 » adoptée par 182 voix pour, zéro contre et 2 abstentions (États-Unis et Israël), l’Assemblée générale demande de nouveau à tous les États de se conformer strictement aux principes et objectifs du Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques, et réaffirme qu’il est vital de donner effet aux dispositions de cet instrument. 

Elle engage les États qui maintiennent leurs réserves au Protocole de Genève de 1925 à les retirer.

Résolution IX

Par cette résolution relative à la « Promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération » et adoptée par 130 voix pour, 4 voix contre (États fédérés de Micronésie, États-Unis, Israël et Royaume-Uni) et 51 abstentions, l’Assemblée générale gravement préoccupée par l’érosion continue et progressive du multilatéralisme dans le domaine de la réglementation des armements, de la non-prolifération et du désarmement, et considérant que l’abrogation d’instruments importants composant le dispositif de maîtrise des armements et de non-prolifération qui sont le résultat de mesures unilatérales prises par des États Membres pour régler leurs problèmes de sécurité mettrait en danger la paix et la sécurité internationales et ébranle la confiance dans le système international de sécurité, ainsi que les fondements mêmes de l’Organisation.  Elle réaffirme que le multilatéralisme est le principe fondamental qui doit régir les négociations portant sur le désarmement et la non-prolifération, si l’on veut maintenir et renforcer les normes universelles et élargir leur champ d’application.

L’Assemblée générale souligne qu’il importe de préserver les accords de réglementation des armements et de désarmement en vigueur, qui sont les fruits de la coopération internationale et des négociations multilatérales menées pour faire face aux défis auxquels se heurte l’humanité.   Elle demande de nouveau à tous les États Membres de renouveler et d’honorer les engagements qu’ils ont pris individuellement et collectivement en faveur de la coopération multilatérale, sachant qu’elle les aidera beaucoup à poursuivre et à atteindre leurs objectifs communs dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.

L’Assemblée générale invite en outre les États parties aux instruments relatifs aux armes de destruction massive à se consulter et à coopérer aux fins du règlement des problèmes résultant du non-respect de ces instruments, ainsi qu’aux fins de leur application, suivant les procédures prévues par lesdits instruments, et à s’abstenir de recourir ou de menacer de recourir à des mesures unilatérales ou de se lancer mutuellement des accusations non vérifiées de non-respect pour régler leurs problèmes.

Résolution X

Par cette résolution intitulée « Femmes, désarmement, non-prolifération et maîtrise des armements » et adoptée sans vote l’Assemblée générale, prenant en considération l’impact que la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) a eu sur les progrès réalisés en matière d’égalité des genres, de désarmement multilatéral et de maîtrise des armements, et considérant que la pandémie a encore aggravé les conditions socioéconomiques des groupes vulnérables dans le monde, ce qui a entraîné une intensification des tensions et une augmentation alarmante des cas de violence armée familiale et fondée sur le genre, exhorte les États Membres, les organisations sous-régionales et régionales concernées, les organismes des Nations Unies et les institutions spécialisées à promouvoir l’égalité des chances de sorte que les femmes soient représentées dans tous les mécanismes où sont prises les décisions touchant le désarmement, la non-prolifération et la maîtrise des armements, en particulier dans la perspective de la prévention et de la réduction de la violence armée et des conflits armés.  Elle demande instamment aux États Membres d’appuyer et de renforcer la participation effective des femmes aux travaux des organisations locales, nationales, sous-régionales et régionales dont les activités concernent le désarmement.

Des votes séparés ont toutefois été nécessaires pour adopter quatre paragraphes.

Le paragraphe 5 du préambule a été approuvé par 174 voix pour, zéro contre et 5 abstentions (Arménie, Fédération de Russie, Madagascar, République arabe syrienne et République islamique d’Iran).

Le paragraphe 9 du préambule a été approuvé par 175 voix pour, zéro contre et 4 abstentions (Algérie, Chine, Fédération de Russie et Îles Salomon).

Le paragraphe 13 du préambule a été approuvé par 158 voix pour, zéro contre et 20 abstentions.

Le paragraphe 16 du préambule a été approuvé par 155 voix pour, zéro contre et 22 abstentions.

Résolution XI

Par sa résolution relative au « Désarmement régional » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande aux États de conclure, chaque fois qu’ils le pourront, des accords sur la non-prolifération des armes nucléaires, le désarmement et les mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional.

Elle soutient et encourage les efforts visant à promouvoir des mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional afin d’atténuer les tensions régionales et de faire progresser à ces deux niveaux le désarmement et la non-prolifération des armes nucléaires.

Résolution XII

Aux termes de sa résolution portant sur la « Maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional » et adoptée par 183 voix pour, une contre (Inde) et 4 abstentions (Bhoutan, Fédération de Russie, Madagascar et Zimbabwe), l’Assemblée générale décide d’examiner d’urgence les questions que pose la maîtrise des armes classiques aux niveaux régional et sous-régional.

Elle demande également à la Conférence du désarmement d’envisager de formuler des principes susceptibles de servir de cadre à des accords régionaux sur la maîtrise des armes classiques, et attend avec intérêt un rapport de la Conférence portant sur ce sujet.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes.

Le paragraphe 7 du préambule a été approuvé par 174 voix pour et 2 voix contre (Inde et Fédération de Russie) et une abstention (Madagascar).

Le paragraphe 2 du dispositif a été approuvé par 124 voix pour, une contre (Inde) et 50 abstentions.

Résolution XIII

Aux termes de sa résolution intitulée « Adoption de mesures de confiance à l’échelon régional et sous-régional » et adoptée sans vote l’Assemblée générale demande instamment aux États de respecter rigoureusement tous les accords bilatéraux, régionaux et internationaux auxquels ils sont parties, y compris les accords de maîtrise des armements et de désarmement.

Elle souligne que les mesures de confiance doivent avoir pour objet de contribuer à renforcer la paix et la sécurité internationales, et être conformes au principe d’une sécurité non diminuée au niveau d’armement le plus bas.

L’Assemblée générale préconise la promotion, avec l’assentiment et la participation des parties concernées, de mesures de confiance bilatérales et régionales destinées à prévenir les conflits et à empêcher l’éclatement fortuit et non intentionnel d’hostilités.

Résolution XIV

Par sa résolution  portant sur la « Mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction » et adoptée par 169 voix pour, zéro contre et 17 abstentions, l’Assemblée générale invite tous les États qui n’ont pas signé la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction à y adhérer sans tarder; exhorte le seul État qui a signé la Convention mais ne l’a pas encore ratifiée à le faire sans tarder.  Elle souligne à quel point il importe que la Convention soit effectivement mise en œuvre et respectée dans son intégralité, et notamment que les plans d’action prévus par la Convention soient appliqués de manière suivie; se déclare vivement préoccupée par l’emploi de mines antipersonnel dans plusieurs parties du monde, y compris par les cas récemment allégués, mentionnés dans des rapports ou étayés par des éléments de preuve; demande instamment à tous les États parties de fournir au Secrétaire général, dans les délais voulus, toutes les informations visées à l’article 7 de la Convention, afin d’améliorer la transparence et de favoriser le respect de la Convention.

L’Assemblée générale invite tous les États qui n’ont pas encore ratifié la Convention ou n’y ont pas encore adhéré à fournir, à titre volontaire, des informations pour renforcer l’efficacité de l’action menée à l’échelle mondiale en vue d’éliminer les mines; demande de nouveau à tous les États et aux autres parties concernées de collaborer pour promouvoir, soutenir et améliorer les soins dispensés aux victimes des mines, de même que leur réadaptation et leur réinsertion sociale et économique, les programmes de sensibilisation aux dangers des mines et de réduction des risques liés à celles-ci, ainsi que l’enlèvement et la destruction des mines antipersonnel disséminées ou stockées dans le monde; et demande instamment à tous les États de rester saisis de la question au plus haut niveau politique et, s’ils sont en mesure de le faire, de promouvoir l’adhésion à la Convention dans le cadre de contacts bilatéraux, sous-régionaux, régionaux et multilatéraux, de campagnes d’information et de séminaires et par d’autres moyens.

Résolution XV

Par cette résolution intitulée « Respect des normes environnementales dans l’élaboration et l’application des accords de désarmement et de maîtrise des armements » et, adopté sans vote, l’Assemblée générale réaffirme que les instances internationales s’occupant de désarmement devraient tenir pleinement compte des normes environnementales pertinentes lorsqu’elles négocient des traités et des accords de désarmement et de limitation des armements et que tous les États devraient contribuer pleinement, par leurs actes, à assurer le respect de ces normes dans l’application des traités et des conventions auxquels ils sont parties.  Elle demande aux États d’adopter des mesures unilatérales, bilatérales, régionales et multilatérales pour faire en sorte que l’application des progrès scientifiques et techniques aux domaines de la sécurité internationale et du désarmement et à d’autres domaines connexes ne porte pas atteinte à l’environnement ou ne l’empêche pas de contribuer utilement à la réalisation du développement durable.

Résolution XVI

Par cette résolution intitulée « Information sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale engage les États Membres à continuer d’adopter des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques et de les appliquer.  Elle invite les États Membres à communiquer au Secrétariat, à titre volontaire, des informations sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques; et engage les États Membres à instaurer un dialogue sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques ou à poursuivre le dialogue en cours.

Résolution XVII

Aux termes de cette résolution intitulée « Application de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction », adoptée par 152 voix pour, 8  voix contre (Cambodge, Chine, Nicaragua, Fédération de Russie, République arabe syrienne, République islamique d’Iran, Venezuela et Zimbabwe) et 23  abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’elle condamne dans les termes les plus vigoureux l’emploi d’armes chimiques par quiconque et en quelque circonstance que ce soit, soulignant que l’emploi d’armes chimiques en tout lieu, à tout moment, par quiconque et en quelque circonstance que ce soit est inacceptable et qu’il constitue ou constituerait une violation du droit international, et se déclarant fermement convaincue que les personnes responsables de l’emploi de ces armes doivent ou devraient répondre de leurs actes.

Elle condamne dans les termes les plus vigoureux l’emploi comme arme d’un produit chimique toxique contre Alexeï Navalny en Fédération de Russie, et prend acte avec une vive préoccupation de la note datée du 6 octobre 2020 dans laquelle le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques a résumé le rapport sur les activités menées à l’appui d’une demande d’assistance technique faite par l’Allemagne.

L’Assemblée générale condamne également dans les termes les plus vigoureux l’emploi d’armes chimiques en Iraq, en Malaisie, en République arabe syrienne et au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, depuis 2012, emploi signalé notamment par le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies et par l’Équipe d’enquête et d’identification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques dans une série de rapports du Mécanisme d’enquête conjoint et de l’Équipe d’enquête et d’identification.

L’Assemblée générale prend note à cet égard avec une profonde préoccupation des rapports de la mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques concernant les faits qui se seraient produits à Latamné (République arabe syrienne) et à Saraqeb (République arabe syrienne), ainsi que du rapport final de la mission d’établissement des faits sur l’incident relatif à une allégation d’emploi de produits chimiques toxiques comme arme à Douma (République arabe syrienne), qui a conclu à l’existence de motifs raisonnables selon lesquels un produit chimique toxique a été employé comme arme.

Elle insiste sur l’importance de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, qui contrôle le respect des dispositions de la Convention et veille à ce que tous ses objectifs soient atteints en temps voulu et avec efficacité.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter six paragraphes.

Le paragraphe 6 du préambule a été adopté par 138 voix pour, 7 voix contre (Bélarus, Fédération de Russie, Iran, République arabe syrienne, République populaire démocratique de Corée, Roumanie et Zimbabwe) et 25 abstentions.

Le paragraphe 2 du dispositif a été adopté par 101 voix pour, 14 contre et 52 abstentions.

Le paragraphe 3 du dispositif a été adopté par 123 voix pour, 11 contre et 31 abstentions.

Le paragraphe 4 du dispositif a été adopté par 124 voix pour, 10 contre et 30 abstentions.

Le paragraphe 5 du dispositif a été adopté par 119 voix pour, 15 contre et 30 abstentions.

Le paragraphe 17 du dispositif a été adopté par 119 voix pour, 10 contre et 35 abstentions.

Résolution XVIII

Par sa résolution intitulée « Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale engage la communauté internationale à appuyer la mise en œuvre de la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes.

Elle engage aussi les pays de la sous-région sahélo-saharienne à faciliter le bon fonctionnement des commissions nationales qui luttent contre la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre et, à cet égard, invite la communauté internationale à leur apporter son appui chaque fois que cela est possible.

L’Assemblée générale engage en outre les organisations et associations de la société civile à collaborer aux efforts des commissions nationales dans la lutte contre la circulation illicite des armes légères et de petit calibre et la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

Elle engage enfin les organismes publics, les organisations internationales et la société civile à coopérer pour soutenir les programmes et les projets visant à lutter contre la circulation illicite des armes légères et de petit calibre et à les collecter.

Un vote séparé a néanmoins été nécessaire pour adopter le paragraphe 16 du préambule qui a été adopté par 157 voix pour, zéro contre et 19 abstentions.

Résolution XIX

Aux termes de la résolution portant sur la Réduction du danger nucléaire et adoptée par 122 voix pour, 49 contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale demande que les doctrines nucléaires soient réexaminées et, dans ce contexte, que des mesures d’urgence soient prises immédiatement pour réduire les risques d’emploi involontaire ou accidentel d’armes nucléaires, telles que la levée de l’état d’alerte et le dépointage des armes nucléaires.  Elle prie les cinq États dotés d’armes nucléaires de prendre des mesures pour donner suite à cette demande.

L’Assemblée générale demande aux États Membres de prendre les mesures propres à empêcher la prolifération des armes nucléaires sous tous ses aspects et à favoriser le désarmement nucléaire, l’objectif étant l’élimination des armes nucléaires.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général de redoubler d’efforts et de soutenir les initiatives propres à favoriser l’application pleine et entière des sept recommandations formulées dans le rapport du Conseil consultatif pour les questions de désarmement qui permettraient de réduire sensiblement le risque de guerre nucléaire, de continuer à inviter les États Membres à envisager de convoquer une conférence internationale pour définir les moyens d’éliminer les dangers nucléaires, comme il est proposé dans la Déclaration du Millénaire.

Résolution XX

Aux termes de sa résolution intitulée « Mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive » et adoptée, sans vote l’Assemblée générale demande à tous les États Membres d’appuyer l’action menée au niveau international pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs.

L’Assemblée générale lance un appel à tous les États Membres pour qu’ils envisagent d’adhérer sans tarder à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et de la ratifier, et encourage les États parties à la Convention à examiner l’application de celle-ci.

L’Assemblée générale prie instamment tous les États Membres de prendre des mesures au niveau national et de renforcer, le cas échéant, celles qu’ils ont prises, pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive, leurs vecteurs et les matières et technologies liées à leur fabrication.

Elle encourage la coopération entre les États Membres ainsi qu’entre ceux-ci et les organisations régionales et internationales compétentes en vue de renforcer les capacités nationales dans ce domaine.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’établir un rapport récapitulant les mesures déjà prises par les organisations internationales sur des questions en rapport avec les liens entre la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, de solliciter les vues des États Membres sur les mesures supplémentaires à prendre, y compris au niveau national, pour faire face à la menace que l’acquisition d’armes de destruction massive par des terroristes ferait peser sur le monde, et de lui faire rapport à ce sujet à sa soixante-seizième session.

Résolution XXI

Par sa résolution intitulée « Lutter contre la menace que représentent les engins explosifs improvisés », adoptée sans vote, l’Assemblée générale est invitée à considérer que, les approches actuellement mises en œuvre dans le cadre de la réglementation multilatérale des armements, bien que très utiles, ne permettent pas de régler entièrement la question de l’utilisation d’engins explosifs improvisés pendant un conflit et au lendemain d’un conflit.

L’Assemblée générale engage vigoureusement les États à élaborer et à appliquer, s’il y a lieu, toutes les mesures nationales qui s’imposent, y compris des activités d’information et des partenariats avec les acteurs concernés, notamment le secteur privé, pour diffuser les bonnes pratiques et accroître la sensibilisation et la vigilance de leurs nationaux, des personnes relevant de leur juridiction et des sociétés enregistrées sur leur territoire ou relevant de leur juridiction qui participent à la production, à la vente, à la fourniture, à l’achat, au transfert et au stockage de composants précurseurs et de matériaux pouvant servir à fabriquer des engins explosifs improvisés.

L’Assemblée générale demande instamment aux États Membres d’appliquer pleinement toutes les résolutions des Nations Unies sur la question, y compris celles qui portent sur les moyens visant à empêcher des groupes terroristes d’utiliser et d’acquérir des matériaux pouvant servir à fabriquer des engins explosifs improvisés.

L’Assemblée générale encourage vivement les États, dans le cadre d’initiatives comme le projet « Watchmaker » d’INTERPOL, les projets d’INTERPOL de lutte contre le trafic de substances chimiques et de détection et de réduction des risques chimiques et le programme « Global Shield » de l’Organisation mondiale des douanes, à échanger des informations, à titre volontaire, sur le détournement d’explosifs industriels et de détonateurs disponibles dans le commerce vers le marché illicite, au profit de groupes armés illégaux, de terroristes et d’autres destinataires non autorisés.

Résolution XXII

Par sa décision portant sur le « Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques », adoptée par 176 voix pour, une voix contre (République islamique d’Iran) et 10 abstentions, l’Assemblée générale note avec satisfaction que 143 États ont à ce jour souscrit au Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques, mesure concrète contre la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs.

L’Assemblée générale invite tous les États qui ne l’ont pas encore fait, en particulier ceux qui possèdent des capacités en matière de lanceurs spatiaux et de missiles balistiques ainsi que ceux qui élaborent des programmes nationaux correspondants, à souscrire au Code de conduite, tout en gardant à l’esprit le droit d’utiliser l’espace à des fins pacifiques.  Elle engage les États qui ont déjà souscrit au Code de conduite à faire le nécessaire pour renforcer la participation à celui-ci et améliorer davantage sa mise en œuvre; elle prend note des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Code de conduite.

L’Assemblée générale encourageait la recherche d’autres moyens permettant de faire effectivement face au problème de la prolifération de missiles balistiques capables de servir de vecteurs à des armes de destruction massive, de prendre les mesures nécessaires pour éviter d’y contribuer, et de continuer d’approfondir le lien entre le Code de conduite et le système des Nations Unies.

Résolution XXIII

Par cette résolution intitulée « Étude de l’Organisation des Nations Unies sur l’éducation en matière de désarmement et de non-prolifération » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale exprime sa gratitude aux États Membres, à l’ONU et aux autres organisations internationales et régionales, à la société civile, aux établissements universitaires et aux organisations non gouvernementales qui, dans leurs domaines de compétence respectifs, ont appliqué les recommandations figurant dans l’étude de l’ONU. Elle les engage de nouveau à continuer d’appliquer ces recommandations et de rendre compte au Secrétaire général des mesures qu’ils prennent à cette fin.

Par ce texte, l’Assemblée générale engage les États Membres, l’Organisation des Nations Unies, les institutions spécialisées et les organisations régionales et sous-régionales concernées à continuer d’envisager d’élaborer et d’appliquer des politiques et des programmes d’éducation de manière à accroître et à faciliter la participation constructive des jeunes dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’établir un rapport sur le bilan de l’application des recommandations et de nouveaux moyens de promouvoir l’éducation en matière de désarmement et de non-prolifération, et de le lui présenter à sa soixante-dix-septième session.  Elle prie une nouvelle fois le Secrétaire général d’utiliser autant que faire se peut les moyens électroniques pour diffuser, dans le plus grand nombre de langues officielles possible, les informations ayant trait à son rapport et tous les renseignements que le Bureau des affaires de désarmement recueille régulièrement concernant l’application des recommandations.  Elle le prie de continuer à tenir à jour le site Web « Éducation pour le désarmement: ressources pour l’éducation » et les podcasts « Disarmament Today », qui constituent des outils efficaces pour promouvoir l’éducation en matière de désarmement et de non-prolifération.

Un vote séparé a toutefois été nécessaire pour adopter le paragraphe 4 du dispositif qui a été approuvé par 176 voix pour, zéro contre et 4 abstentions (Fédération de Russie, Madagascar, République arabe syrienne et République islamique d’Iran).

Résolution XXIV

Par sa résolution intitulée « Application de la Convention sur les armes à sous-munitions », adoptée par 147 voix pour, zéro contre et 38 abstentions, l’Assemblée générale demande instamment aux États qui ne sont pas encore parties à la Convention sur les armes à sous-munitions de le devenir sans tarder, en la ratifiant ou en y adhérant, et aux États parties qui sont en mesure de le faire de promouvoir l’adhésion à la Convention dans le cadre de contacts bilatéraux, sous-régionaux et multilatéraux, de campagnes d’information et par d’autres moyens.

L’Assemblée générale demande instamment à tous les États parties de fournir au Secrétaire général, dans les délais voulus, toutes les informations visées à l’article 7 de la Convention, afin d’améliorer la transparence et de favoriser le respect de la Convention.

L’Assemblée générale invite tous les États qui n’ont pas encore ratifié la Convention ou n’y ont pas encore adhéré à fournir, à titre volontaire, toutes informations permettant de renforcer l’efficacité de l’enlèvement des restes d’armes à sous-munitions disséminés et de leur destruction, et celle des activités connexes.

L’Assemblée générale invite tous les États intéressés, l’Organisation des Nations Unies, les autres organisations et institutions internationales compétentes, les organisations régionales, le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations non gouvernementales concernées à participer à la deuxième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, qui se tiendra à Lausanne (Suisse) du 23 au 27 novembre 2020, et à contribuer au programme des réunions à venir des États parties à la Convention.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer de convoquer les Assemblées des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions et de continuer de fournir l’assistance voulue et d’assurer les services qui pourraient être nécessaires à l’accomplissement des tâches lui ayant été confiées en vertu de la Convention et des décisions pertinentes prises lors des Assemblées des États parties et de la deuxième Conférence d’examen.

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 14 du préambule qui a été adopté par 154 voix pour, zéro contre et 19 abstentions.

Résolution XXVI

Par sa résolution intitulée « Désarmement nucléaire » et adoptée par 123 voix pour, 41 contre et 22 abstentions, l’Assemblée générale exhorte tous les États dotés d’armes nucléaires à prendre des mesures effectives de désarmement pour que toutes ces armes soient totalement éliminées dès que possible. 

L’Assemblée générale accueille avec satisfaction et soutient les efforts de création de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires dans différentes régions du globe, notamment au Moyen-Orient, sur la base d’accords ou d’arrangements librement conclus entre les États de la région intéressée, zones qui sont un moyen efficace de limiter la dissémination géographique des armes nucléaires et contribuent au désarmement nucléaire.  Elle encourage les États parties au Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est et les États dotés d’armes nucléaires à intensifier les efforts pour résoudre toutes les questions en suspens.

L’Assemblée générale exhorte les États dotés d’armes nucléaires à mettre immédiatement un terme au perfectionnement qualitatif, à la mise au point, à la fabrication et au stockage de têtes et de vecteurs nucléaires.  Elle les exhorte également, à titre transitoire, à lever immédiatement l’état d’alerte de leurs armes nucléaires, à les désactiver et à prendre d’autres mesures concrètes pour réduire encore la disponibilité opérationnelle de leurs systèmes d’armes nucléaires, tout en soulignant qu’une réduction du nombre d’armes déployées et de la disponibilité opérationnelle des armes ne saurait remplacer une diminution irréversible des armements nucléaires et leur élimination totale.

L’Assemblée générale demande de nouveau aux États dotés d’armes nucléaires de prendre des mesures effectives de désarmement nucléaire en vue de parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires dans des délais déterminés. Elle leur demande d’adopter, en attendant l’élimination totale de ces armes, un instrument international juridiquement contraignant dans lequel ils s’engageraient à ne pas recourir en premier à l’arme nucléaire.

L’Assemblée générale demande instamment aux États dotés d’armes nucléaires de commencer en temps opportun à mener entre eux des négociations plurilatérales pour procéder de façon irréversible, vérifiable et transparente à de nouvelles réductions importantes qui contribueraient efficacement au désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale demande l’application intégrale et effective des 13 mesures concrètes pour le désarmement nucléaire énoncées dans le Document final de la Conférence d’examen de 2 000 des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2 000.  Elle demande également l’application intégrale du plan d’action présenté dans les conclusions et recommandations concernant les mesures de suivi qui figurent dans le Document final de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires TNP en 2010, en particulier les 22 mesures qui concernent le désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale demande instamment aux États dotés d’armes nucléaires de procéder à de nouvelles réductions de leurs armements nucléaires non stratégiques, notamment dans le cadre d’initiatives unilatérales et en tant que partie intégrante du processus de réduction des armements nucléaires et de désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale demande que, sur la base d’un programme de travail concerté, équilibré et complet, s’ouvrent immédiatement à la Conférence du désarmement des négociations sur un traité non discriminatoire, multilatéral et internationalement et effectivement vérifiable interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires.  Elle prie instamment la Conférence du désarmement d’entamer dès que possible ses travaux de fond à sa session de 2021, sur la base d’un programme de travail complet et équilibré couvrant toutes les priorités réelles et présentes dans le domaine du désarmement et de la maîtrise des armements, notamment l’ouverture immédiate de négociations concernant l’établissement d’une convention globale sur les armes nucléaires.

L’Assemblée générale demande que soit adopté un instrument juridique international apportant des garanties de sécurité inconditionnelles aux États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi d’armes nucléaires en quelque circonstance que ce soit.

L’Assemblée générale demande également que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur rapidement et de manière universelle et qu’il soit rigoureusement appliqué, puisque cela contribue au désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale demande de nouveau à la Conférence du désarmement de constituer en 2021, dès que possible et à titre de priorité absolue, un comité spécial sur le désarmement nucléaire et d’entamer des négociations sur un programme échelonné de désarmement nucléaire devant mener à l’élimination totale des armes nucléaires dans des délais déterminés.

L’Assemblée générale demande que soit convoquée, dans les meilleurs délais, une conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire pour faire le point sur les progrès accomplis.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter trois paragraphes.

Le paragraphe 32 du préambule a été adopté par 120 voix pour, 37 contre et 14 abstentions.

Le paragraphe 12 du dispositif a été adopté par 154 voix pour, 4 contre (États-Unis, Israël, France et Royaume Uni) et 17 abstentions. 

Le paragraphe 16 du dispositif a été adopté par 165 voix pour une contre (États-Unis) et 9 abstentions (Afrique du Sud, États-Unis, France, Israël, Madagascar, Monaco, Royaume-Uni, RPDC et Zimbabwe).

Résolution XXVII

Aux termes de sa résolution portant sur le Traité sur le commerce des armes, adoptée par 156 voix pour, une contre (États-Unis) et 28 abstentions, l’Assemblée générale accueille avec satisfaction les décisions prises à la sixième Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes, tenue selon une procédure écrite à Genève du 17 au 21 août 2020, et note que la septième Conférence se tiendra à Genève du 30 août au 3 septembre 2021.

L’Assemblée générale invite tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier, à accepter ou à approuver le Traité ou à y adhérer, selon leurs procédures constitutionnelles respectives, dans l’objectif de son universalisation.

L’Assemblée générale demande instamment aux États parties et aux États signataires de prévenir et d’éliminer le commerce illicite d’armes classiques, y compris les armes légères et de petit calibre, conformément aux articles 6 et 7, et d’empêcher leur détournement pour un usage final non autorisé, ou à destination d’utilisateurs finaux non autorisés, notamment en s’efforçant d’améliorer la gestion efficace des stocks.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes.

Le paragraphe 9 du préambule a été adopté par 157 voix pour, zéro contre et 19 abstentions.

Le paragraphe 10 du dispositif a été adopté par 141 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et 30 abstentions.

Résolution XXVIII

Par cette résolution intitulée « Vers un monde exempt d’armes nucléaires: accélération de la mise en œuvre des engagements en matière de désarmement nucléaire », adoptée par 138  voix pour, 33 voix contre et 15 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme que chaque article du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires lie les États parties en tout temps et en toutes circonstances et que tous les États parties sont entièrement responsables du strict respect des obligations que leur impose le Traité, et demande à tous les États parties de se conformer pleinement à l’ensemble des décisions, des résolutions et des engagements issus des Conférences d’examen de 1995, de 2000 et de 2010.

L’Assemblée générale demande à tous les États parties au TNP d’œuvrer en faveur de l’application intégrale de la résolution sur le Moyen-Orient adoptée à la Conférence de 1995 des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires chargée d’examiner le Traité et la question de sa prorogation, application qui est indissociablement liée à la prorogation du Traité pour une durée indéfinie.  Elle se déclare déçue et profondément préoccupée par le fait que la Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP en 2015 n’a débouché sur aucun résultat concret, notamment en ce qui concerne la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive demandée dans la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient, qui reste valide tant qu’elle n’a pas été intégralement mise en œuvre.

L’Assemblée générale demande à tous les États parties de tout faire pour rendre le TNP universel et, à cet égard, prie instamment l’Inde, Israël et le Pakistan d’y adhérer rapidement et sans condition en qualité d’États non dotés d’armes nucléaires, et de placer toutes leurs installations nucléaires sous le régime des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

L’Assemblée générale exhorte tous les États à s’employer ensemble à surmonter les obstacles qui, au sein des instances internationales de désarmement, entravent les efforts visant à faire progresser le désarmement nucléaire dans un cadre multilatéral, et prie à nouveau instamment la Conférence du désarmement d’entamer immédiatement des travaux de fond de nature à promouvoir le désarmement nucléaire, notamment dans le cadre de négociations multilatérales.

L’Assemblée générale exhorte tous les États parties au TNP à s’acquitter pleinement et sans délai des obligations et engagements que leur impose le Traité, comme il a été convenu lors des Conférences d’examen de 1995, de 2000 et de 2010.

L’Assemblée générale exhorte également tous les États parties au TNP à s’acquitter d’urgence des obligations que leur impose l’article VI afin d’asseoir la crédibilité du Traité et de son processus d’examen.

L’Assemblée générale exhorte les États dotés d’armes nucléaires à honorer les obligations et engagements qu’ils ont pris, sur les plans tant qualitatif que quantitatif, en matière de désarmement nucléaire, d’une manière qui permette à tous les États parties de suivre régulièrement les progrès accomplis, notamment en adoptant une présentation normalisée des informations détaillées qu’ils communiquent, afin d’établir un climat de confiance non seulement entre eux mais aussi entre eux et les États non dotés d’armes nucléaires, et de contribuer ainsi au désarmement nucléaire.

Elle les exhorte également à faire figurer dans les rapports qu’ils présenteront au cours du prochain cycle d’examen de 2020 du TNP des renseignements concrets et détaillés montrant qu’ils honorent leurs obligations et engagements en matière de désarmement nucléaire.

L’Assemblée générale exhorte les États Membres à mener de bonne foi et sans tarder des négociations multilatérales sur les mesures efficaces qui pourraient être prises en vue d’édifier un monde exempt à jamais d’armes nucléaires, conformément à l’esprit et à l’objet de sa résolution 1(I) et de l’article VI du TNP.

L’Assemblée générale demande aux États Membres de continuer à contribuer à la définition, à l’élaboration, à la négociation et à la mise en œuvre de mesures de désarmement nucléaire qui soient effectives et juridiquement contraignantes et se félicite à cet égard de l’adoption, le 7 juillet 2017, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter cinq paragraphes.

Le paragraphe 6 du préambule a été adopté par 145 voix pour, une contre (États-Unis) et 30 abstentions.

Le paragraphe 14 du préambule a été adopté par 117 voix pour, 36 contre et 14 abstentions.

Le paragraphe 28 du préambule a été adopté par 158 voix, pour 4 contre (États-Unis, Inde, Israël et Pakistan) et 10 abstentions.

Le paragraphe 15 du dispositif a été adopté par 157 voix pour, 4 contre (États-Unis, Inde, Israël et Pakistan) 10 abstentions.

Le paragraphe 24 du dispositif a été adopté par 118 voix pour, 37 contre et 13 abstentions.

Résolution XXIX

Par cette résolution intitulée « Suite donnée à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires » et adoptée par 136 voix pour, 33 voix contre et 15 abstentions, l’Assemblée générale souligne de nouveau la conclusion unanime de la Cour internationale de Justice selon laquelle il existe une obligation de poursuivre de bonne foi et de mener à terme des négociations conduisant au désarmement nucléaire sous tous ses aspects, assorti d’un contrôle international strict et efficace. 

L’Assemblée générale demande de nouveau à tous les États d’engager des négociations multilatérales afin de parvenir sans tarder au désarmement nucléaire dans tous ses aspects, sous un contrôle international strict et efficace, y compris dans le cadre du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

L’Assemblée générale prie tous les États de tenir le Secrétaire général informé des efforts qu’ils font et des mesures qu’ils prennent en application de la présente résolution et aux fins du désarmement nucléaire, et prie le Secrétaire général de lui communiquer ces informations à sa soixante-seizième session. 

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter trois paragraphes.

Le paragraphe 9 du préambule a été adopté par 146 voix pour, une contre (États-Unis) et 29 abstentions.

Le paragraphe 17 du préambule a été adopté par 120 voix pour, 36 contre et 13 abstentions.

Le paragraphe 2 du dispositif a été adopté par 121 voix, pour 36 contre et 13 abstentions.

Résolution XXX

Aux termes de sa résolution relative au « Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale se félicite également du fait que les États dotés d’armes nucléaires ont signé, le 6 mai 2014, le Protocole au Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et que quatre d’entre eux l’ont ratifié, et demande que le processus de ratification soit achevé au plus vite.

L’Assemblée générale se félicite en outre de la présentation, lors de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2015, de deux documents de travail, dont l’un concernait le Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et l’autre les conséquences pour l’environnement de l’exploitation de l’uranium.

L’Assemblée générale se félicite de la tenue de réunions consultatives des États parties au Traité, le 15 octobre 2009 à Achgabat, le 15 mars 2011 à Tachkent, les 12 juin 2012 et 27 juin 2013 à Astana, le 25 juillet 2014 à Almaty (Kazakhstan), le 27 février 2015 à Bichkek et le 11 avril 2019 à Nour-Soultan, au cours desquelles des mesures à mettre en œuvre conjointement par les États d’Asie centrale ont été définies aux fins de l’exécution des obligations énoncées dans le Traité et du développement de la coopération avec les instances internationales pour les questions de désarmement, ainsi que de l’adoption d’un plan d’action des États parties au Traité visant à renforcer la sécurité nucléaire, à empêcher la prolifération de matières nucléaires et à lutter contre le terrorisme nucléaire en Asie centrale.

Résolution XXXI

Par sa résolution intitulée « Renforcement et développement du système de traités et d’accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération » et adoptée par 186 voix pour, zéro contre et 3 abstentions (Géorgie, Ukraine et Palaos), l’Assemblée générale exhorte tous les États qui sont parties aux traités et accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération à appliquer les dispositions de ces instruments dans leur intégralité.

L’Assemblée générale appelle de ses vœux la poursuite de l’action menée pour renforcer le système de traités et d’accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération et pour en préserver l’intégrité et la validité aux fins du maintien de la stabilité mondiale et de la paix et de la sécurité internationales.  Elle demande à tous les États Membres de sérieusement considérer les incidences négatives que les mesures qui fragilisent ces traités et accords auraient sur la sécurité et la stabilité internationales, ainsi que sur les progrès dans le domaine du désarmement.

L’Assemblée générale exhorte tous les États Membres à appuyer les efforts déployés pour régler les questions relatives à l’application de tels traités et accords d’une manière qui soit conforme à ces instruments et au droit international, en vue d’encourager le strict respect de leurs dispositions par tous les États qui y sont parties, de maintenir ou de rétablir leur intégrité et de renforcer et développer leurs régimes.

L’Assemblée générale encourage la communauté internationale à continuer de s’efforcer de protéger l’intégrité des traités et accords existants sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération, qui va du plus grand intérêt de l’humanité.  Elle estime qu’il est indispensable de préserver l’efficacité et l’efficience ainsi que le caractère consensuel des instruments multilatéraux pertinents dans ce domaine.

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer à apporter l’assistance nécessaire à la protection de l’intégrité des traités et accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération et au renforcement du système de traités et accords en la matière.

L’Assemblée générale engage les États qui sont en mesure de le faire à fournir aux États Membres qui en feraient la demande une assistance technique et un renforcement des capacités en faveur de l’application au niveau national des traités et accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération.  Elle encourage tous les États parties à s’efforcer d’élaborer, lorsqu’il y a lieu, d’autres mesures de coopération susceptibles de renforcer la confiance dans les traités et accords existants dans ce domaine et de faciliter la conclusion d’autres traités et accords de ce type.

Résolution XXXII

Aux termes de sa résolution intitulée « Mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales », adoptée par 176 voix pour, 2 contre (Israël et États-Unis) et 6 abstentions (Australie, Djibouti, Géorgie, Royaume-Uni, Palaos et Ukraine), l’Assemblée générale souligne l’importance du rapport du Groupe d’experts gouvernementaux sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales qu’elle a examiné le 5 décembre 2013.  Elle encourage les États Membres qui le souhaitent à continuer d’examiner et de mettre en œuvre, dans toute la mesure possible et compte tenu de leurs intérêts nationaux, les mesures de transparence et de confiance proposées dans ce rapport, dans le cadre de mécanismes nationaux adaptés.

L’Assemblée générale encourage également les États Membres à avoir, conformément aux recommandations figurant dans le rapport, des échanges de vues réguliers dans le cadre du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, de la Commission du désarmement et de la Conférence du désarmement, sur les perspectives de l’application des mesures de transparence et de confiance, le but étant de la promouvoir.  Elle se félicite que les Première et Quatrième Commissions se soient réunies en 2015, 2017 et 2019, dans le cadre de séances spéciales communes, afin d’examiner les risques éventuels pour la sécurité et la viabilité des activités spatiales.

L’Assemblée générale invite les États Membres à continuer de présenter, dans les instances concernées, des informations sur les mesures concrètes de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales, qu’elles soient unilatérales, bilatérales, régionales ou multilatérales, qui sont appliquées conformément aux recommandations figurant dans le rapport du Groupe d’experts gouvernementaux.

Un vote séparé a été nécessaires pour adopter le paragraphe 9 du préambule qui a été adopté par 139 voix pour, 5 contre (Australie, États-Unis, Israël, Italie et Royaume-Uni) et 27 abstentions.

Résolution XXXIII

Aux termes de cette résolution relative à la « Prévention de l’acquisition de sources radioactives par des terroristes », adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande aux États Membres de soutenir les efforts internationaux visant à prévenir l’acquisition et l’emploi par des terroristes de sources radioactives et, si nécessaire, de réprimer ces actes, conformément à leur droit interne et au droit international. Elle encourage tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à devenir parties à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire dans les meilleurs délais.

L’Assemblée générale invite les États Membres à étudier, en coordination avec l’AIEA et conformément à son statut, l’opportunité de procéder à une évaluation du cadre international applicable à la sécurité des sources radioactives et, si nécessaire, à réfléchir aux mesures qui pourraient être prises pour le consolider.

L’Assemblée générale exhorte les États Membres à renforcer leurs capacités et à prendre et à renforcer les mesures qui s’imposent au plan national pour prévenir l’acquisition et l’emploi par des terroristes de sources radioactives ainsi que les attentats terroristes contre des centrales et installations nucléaires qui entraîneraient des émissions radioactives et, si nécessaire, à réprimer ces actes, en conformité avec leur droit interne et leurs obligations internationales.

L’Assemblée générale invite les États Membres, notamment les États producteurs et fournisseurs de sources radioactives, à soutenir et à entériner les mesures de l’AIEA visant à renforcer la sûreté et la sécurité des sources radioactives, et à renforcer la sécurité de leurs sources radioactives, comme le prévoit le Plan sur la sécurité nucléaire 2018-2021.  Elle prie instamment tous les États de s’employer à suivre les orientations contenues dans le Code de conduite sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives de l’AIEA.

Résolution XXXIV

Par sa résolution intitulée « Modes d’action conjoints et dialogue tourné vers l’avenir pour l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires », adoptée par 150 voix pour, 4 contre (Chine, Fédération de Russie, République populaire démocratique de Corée et République arabe syrienne) et 35 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme que tous les États parties au TNP sont résolus à atteindre l’objectif ultime de l’élimination des armes nucléaires, notamment en apaisant les tensions internationales et en renforçant la confiance entre les États et le régime international de non-prolifération nucléaire, et à appliquer intégralement et continuellement le Traité sous tous ses aspects, dont l’article VI.

L’Assemblée générale invite tous les États parties au TNP à définir des mesures concrètes pour mettre en œuvre les engagements pris dans la perspective de la dixième Conférence d’examen et au-delà.  Elle encourage notamment divers modes d’action conjoints, énumérés dans le texte.

L’Assemblée générale encourage également, afin de faciliter les dialogues tournés vers l’avenir de manière à faire progresser le désarmement nucléaire, les États dotés d’armes nucléaires à énoncer clairement leurs politiques et doctrines nucléaires dans les instances internationales, et engage tous les États à tenir des débats interactifs, fondés sur ces politiques et doctrines nucléaires; tous les États à engager un dialogue sur les incidences possibles des progrès de la science et de la technologie sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération; tous les États à engager un dialogue franc sur la relation entre désarmement nucléaire et sécurité.

L’Assemblée générale réaffirme l’engagement pris de renforcer le régime international de non-prolifération nucléaire et de parvenir à la dénucléarisation complète de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, et la responsabilité qui incombe à tous les États d’appliquer intégralement toutes les résolutions du Conseil sur la question, et invite la RPDC à se remettre rapidement en situation de pleine conformité avec le TNP, notamment en ce qui concerne les garanties de l’AIEA.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter 15 paragraphes.

Le paragraphe 2 du préambule a été adopté par 157 voix pour, 2 contre (Pakistan et Inde) et 18 abstentions.

Le paragraphe 4 du préambule a été adopté par 131 voix pour 12 contre et 32 abstentions.

Le paragraphe 8 du préambule a été adopté par 163 voix pour, 2 contre (Chine et Pakistan) et 10 abstentions.

Le paragraphe 9 du préambule a été adopté par 128 voix pour, 4 contre (Afrique du Sud, Autriche, Espagne et Irlande) et 42 abstentions.

Le paragraphe 12 du préambule a été adopté par 143 voix pour, une contre (Chine) et 30 abstentions.

Le paragraphe 17 du préambule a été adopté par 150 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et RPDC) et 19 abstentions.

Le paragraphe 19 du préambule a été adopté par 157 voix pour, une contre (France) et 16 abstentions.

Le paragraphe 20 du préambule a été adopté par 165 voix pour, 2 contre (Chine et Fédération de Russie) et 6 abstentions (Arabie Saoudite, Bahamas, Iran, Israël, République de Corée et Venezuela).

Le paragraphe 1 du dispositif a été adopté par 147 voix pour, 9 contre (Autriche, Costa Rica, Égypte, Irlande, Liechtenstein, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Afrique du Sud) et 19 abstentions.

Le paragraphe 3b du dispositif a été adopté par 139 voix pour, une contre (Pakistan) et 37 abstentions.

Le paragraphe 3c du dispositif a été adopté par 158 voix pour, 2 contre (Chine et Pakistan) et 17 abstentions.

Le paragraphe 3d du dispositif a été adopté par 120 voix pour, 7 contre (Autriche, Brésil, Espagne, Inde, Irlande, Mexique et Nouvelle-Zélande,) et 46 abstentions. 

Le paragraphe 3e du dispositif a été adopté par 154 voix pour, 2 voix contre (Fédération de Russie et Chine) et 18 abstentions.

Le paragraphe 3f du dispositif a été adopté par 164 voix pour, 2 voix contre (Chine et Fédération de Russie) et 7 abstentions (Algérie, Arabie saoudite, Bahamas, Pakistan, République de Corée, Venezuela et Israël).

Le paragraphe 5 du dispositif a été adopté par 146 voix pour, 3 voix contre (Chine, Fédération de Russie et RPDC) et 24 abstentions.

Résolution XXXV

Par sa résolution intitulée « Réduction du niveau de disponibilité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires », adoptée par 176 voix pour, 5 voix contre (États-Unis, Fédération de Russie, France, Royaume-Uni et Zimbabwe) et 4 abstentions (États fédérés de Micronésie, Israël, République de Corée et République populaire démocratique de Corée), l’Assemblée générale demande que soient prises, de façon unilatérale, bilatérale et multilatérale, des mesures pratiques et concrètes pour réduire le niveau de disponibilité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires, le but étant de lever l’état de haute alerte de toutes ces armes.  

L’Assemblée générale attend avec intérêt que la question de la réduction du niveau de disponibilité opérationnelle soit examinée plus avant à la dixième Conférence des Parties chargées d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Elle invite instamment les États à la tenir informée des progrès accomplis dans l’application de la présente résolution. 

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 8 du préambule qui a été adopté par 163 voix pour, 2 contre (Fédération de Russie et États-Unis) et 7 abstentions (France, Israël, Inde, Pakistan, République de Corée, Royaume-Uni et Zambie).

Résolution XXXVI

Par sa résolution intitulée « Impératifs éthiques pour un monde exempt d’armes nucléaires » et adoptée par 134 voix pour, 37 voix contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale engage tous les États à reconnaître les conséquences humanitaires catastrophiques qu’aurait une explosion nucléaire et les risques qui y sont associés, que l’explosion résulte d’un accident, d’une erreur d’appréciation ou d’un acte que l’explosion résulte d’un accident, d’une erreur d’appréciation ou d’un acte intentionnel.  Elle prend note des impératifs éthiques pour le désarmement nucléaire et de la nécessité pressante d’instaurer un monde exempt à jamais d’armes nucléaires, qui serait un bien public des plus précieux, servant les intérêts de la sécurité nationale et collective.  

L’Assemblée générale déclare notamment que la menace mondiale que constituent les armes nucléaires doit être éliminée de toute urgence; que les débats, décisions et mesures concernant les armes nucléaires doivent porter avant tout sur les effets que ces armes peuvent avoir sur les êtres humains et sur l’environnement et tenir compte des souffrances indicibles et intolérables qu’elles peuvent causer; qu’une attention accrue doit être portée aux effets qu’une explosion nucléaire pourrait avoir sur les femmes et à l’importance de leur participation aux débats, décisions et mesures concernant les armes nucléaires.

Elle déclare également que les armes nucléaires compromettent la sécurité collective, augmentent le risque d’une catastrophe nucléaire, exacerbent les tensions internationales et rendent tout conflit plus dangereux; que tous arguments en faveur du maintien des armes nucléaires nuisent à la crédibilité du désarmement nucléaire et du régime de non-prolifération; que les plans à long terme de modernisation d’arsenaux d’armes nucléaires vont à l’encontre des engagements et obligations de procéder au désarmement nucléaire et font penser que certains États en posséderont indéfiniment; que dans un monde où les besoins essentiels de l’être humain n’ont pas encore été satisfaits, les ressources considérables consacrées à la modernisation des arsenaux d’armes nucléaires pourraient être réaffectées à la réalisation des objectifs de développement durable.

L’Assemblée générale déclare encore qu’étant donné les incidences humanitaires que pourraient avoir les armes nucléaires, il est inconcevable que tout emploi de celles-ci, quelle qu’en soit la cause, puisse être compatible avec les règles du droit international humanitaire et du droit international, les lois morales ou les exigences de la conscience publique; et qu’étant donné qu’elles frapperaient sans discrimination et pourraient anéantir l’humanité, les armes nucléaires sont intrinsèquement immorales.

En outre, l’Assemblée générale rappelle que tous les États responsables ont le devoir solennel de prendre des décisions visant à protéger leur population et les autres États des ravages d’une explosion nucléaire et que le seul moyen de le faire est d’éliminer totalement les armes nucléaires.

Elle souligne que tous les États ont une responsabilité morale partagée de prendre résolument et de toute urgence, avec l’appui de toutes les parties prenantes concernées, les mesures concrètes nécessaires à l’élimination et à l’interdiction de toutes les armes nucléaires, y compris des mesures juridiquement contraignantes, compte tenu des conséquences humanitaires catastrophiques que pourraient entraîner ces armes et des risques qui y sont associés.

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 11 du préambule qui a été adopté par 118 voix pour, 33 contre et 17 abstentions.

Décision I 

Aux termes de sa décision portant sur le Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires et adoptée par 184 voix pour, une contre (Pakistan) et 4 abstentions (Iran, Israël, République populaire démocratique de Corée et Syrie), l’Assemblée générale, rappelant sa décision 74/509 du 12 décembre 2019, décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires ».

Décision II 

Aux termes de sa décision intitulée « Vérification du désarmement nucléaire », adoptée par 184 voix pour, une contre (Fédération de Russie) et 2 abstentions (Iran et Syrie), l’Assemblée générale décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Vérification du désarmement nucléaire ».

Décision III 

Par sa décision portant sur le Respect des accords et obligations en matière de non-prolifération, de limitation des armements et de désarmement et adoptée par 177 voix pour, une contre (Iran) et 9 abstentions (Bélarus, Cuba, Égypte, Nicaragua, RPDC, Russie, Syrie, Venezuela et Zimbabwe), l’Assemblée générale, rappelant sa résolution 72/32 du 4 décembre 2017 et ses résolutions antérieures sur la question, décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Respect des accords et obligations en matière de non-prolifération, de limitation des armements et de désarmement ».

Décision V

Par sa décision intitulée « Missiles » et adoptée par 174 voix pour, 3 contre (Israël, États-Unis et Palaos) et 6 abstentions (Australie, Japon, Panama, Ukraine, Émirats arabes unis et Uruguay), l’Assemblée générale décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-septième session, au titre de la question intitulée « Désarmement général et complet », la question subsidiaire intitulée « Missiles ».

Examen et application du Document de clôture de la douzième session extraordinaire de l’Assemblée générale A/75/400

Résolution I

Par sa résolution intitulée « Bourses d’études, formation et services consultatifs desNations Unies dans le domaine du désarmement », adoptée sans vote, l’Assemblée générale note avec satisfaction que, depuis sa mise en place il y a plus de 40 ans, le programme de bourses d’études sur le désarmement a permis de former 1033 fonctionnaires originaires de 170  États Membres, dont beaucoup occupent maintenant, au sein de l’Administration publique de leur pays, des postes de responsabilité dans le domaine du désarmement.  Elle prie le Secrétaire général de continuer, dans les limites des ressources disponibles, à exécuter chaque année le programme et de lui présenter un rapport à ce sujet à sa soixante-dix-septième session.

Résolution II

Par sa résolution intitulée « Convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires » et adoptée par 120 voix pour, 50 contre et 14 abstentions, l’Assemblée générale demande de nouveau à la Conférence du désarmement d’engager des négociations en vue de parvenir à un accord sur une convention internationale interdisant en toutes circonstances de recourir à des armes nucléaires ou de menacer d’y recourir.

Elle prie la Conférence du désarmement de lui présenter un rapport sur les résultats de ces négociations.

Résolution III

Aux termes de cette résolution relative au « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale félicite le Centre pour le soutien constant qu’il apporte aux États Membres dans la mise en œuvre d’activités de désarmement, de maîtrise des armements et de non-prolifération, au moyen de séminaires et de conférences, d’activités de renforcement des capacités et de formation, de la transmission d’un savoir-faire dans le domaine des politiques et sur le plan technique, ainsi que d’activités d’information et de sensibilisation aux niveaux régional et national.   Elle salue les efforts accomplis par le Centre pour promouvoir le rôle et la représentation des femmes dans les activités de désarmement, de non-prolifération et de maîtrise des armements.

L’Assemblée générale exhorte tous les États, ainsi que les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations internationales, à verser des contributions volontaires afin de permettre au Centre de mener ses programmes et ses activités et de répondre aux besoins des États d’Afrique.

L’Assemblée générale exhorte les États membres de l’Union africaine, en particulier, à verser des contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale pour le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, conformément à la décision prise par le Conseil exécutif de l’Union africaine à Khartoum en janvier 2006.

Résolution IV 

Par cette résolution portant sur le « Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes », adoptée sans vote, l’Assemblée générale invite tous les États de la région à continuer de s’associer aux activités du Centre, en participant à l’élaboration de son programme d’activité et en optimisant les moyens dont il dispose pour aider à résoudre les difficultés que la communauté internationale rencontre actuellement, en vue d’atteindre les objectifs de paix, de désarmement et de développement énoncés dans la Charte des Nations Unies.

L’Assemblée générale engage le Centre à continuer de mettre en place des activités, dans tous les pays de la région, dans les domaines importants que sont la paix, le désarmement et le développement, et à aider les États Membres de la région, à leur demande et conformément à son mandat, à mettre en œuvre au niveau national les instruments applicables, notamment le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et le Traité sur le commerce des armes, ainsi que le programme 1540 relatif à la non-prolifération des armes de destruction massive.

Résolution V

Aux termes de cette résolution portant sur le « Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique » et adoptée sans vote,l’Assemblée générale exprime sa satisfaction au sujet des activités menées par le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique durant l’année écoulée et invite tous les États de la région à continuer de les appuyer, notamment en y participant, dans la mesure du possible, et en proposant des thèmes à intégrer dans le programme d’activité du Centre afin de contribuer à la mise en œuvre des mesures en faveur de la paix et du désarmement.

L’Assemblée générale engage les États Membres, en particulier ceux de la région de l’Asie et du Pacifique, ainsi que les fondations et les organisations gouvernementales et non gouvernementales internationales à verser des contributions volontaires, qui sont les seules ressources du Centre, pour renforcer son programme d’activité et en faciliter l’exécution.

Résolution VI

Par sa résolution intitulée « Mesures de confiance à l’échelon régional: activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale », adoptée sans vote, l’Assemblée générale salue et encourage les initiatives des États membres du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale visant à développer des collaborations et synergies avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, en particulier la Commission de défense et de sécurité, y compris au moyen de réunions à huis clos, en vue de favoriser la mise en œuvre de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes légères et de petit calibre en Afrique centrale adoptée par le Comité.

L’Assemblée générale encourage les États membres du Comité consultatif permanent et autres États intéressés à appuyer financièrement la mise en œuvre de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage (Convention de Kinshasa), et encourage les signataires qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention.

L’Assemblée générale réaffirme son adhésion à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et à ses quatre axes, et demande aux États Membres, à l’ONU et aux autres organisations internationales, régionales et sous-régionales pertinentes de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre la Stratégie, de façon intégrée et équilibrée et en tenant compte de toutes ses dimensions.    Elle salue l’adoption, par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, à sa dix-septième session ordinaire, tenue le 30 juillet 2020, de la stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme en Afrique centrale, et demande à l’Organisation des Nations Unies et aux partenaires régionaux et internationaux d’en appuyer la mise en œuvre. 

L’Assemblée générale demande à la communauté internationale de soutenir les États concernés dans l’action qu’ils mènent pour mettre en œuvre leurs programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, et engage les États concernés à veiller à ce que ces programmes tiennent compte des besoins des femmes et des enfants associés aux ex-combattants.

L’Assemblée générale demande aux États Membres et aux organes sous-régionaux de prendre immédiatement des mesures concertées pour lutter contre le phénomène du braconnage et le trafic des espèces sauvages et des ressources naturelles.

L’Assemblée générale encourage l’élaboration de mécanismes de régulation communautaire et appelle à la tenue d’une conférence de haut niveau pour discuter de questions liées au pastoralisme et à la transhumance transfrontalière en vue d’une gestion concertée et intégrée.

Elle prie le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale d’aider les États membres du Comité consultatif permanent, en collaboration avec le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, dans l’action qu’ils mènent, en particulier pour exécuter le Plan de mise en œuvre de la Convention de Kinshasa.

Résolution VII

Par sa résolution intitulée « Programme d’information des Nations Unies sur le désarmement » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale recommande que le Programme poursuive ses activités d’information et d’éducation de façon concrète, équilibrée et objective afin d’amener le public à comprendre combien il importe d’appuyer l’action multilatérale dans le domaine de la maîtrise des armements et du désarmement, menée notamment par l’Organisation des Nations Unies et la Conférence du désarmement.

Résolution VIII 

Aux termes de cette résolution portant sur les « Centres régionaux des Nations Unies pour la paix etledésarmement » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale réaffirme que, dans l’optique de résultats concrets, il est utile que les trois centres régionaux exécutent des programmes d’information et d’éducation visant à promouvoir la paix et la sécurité régionales et à modifier les attitudes fondamentales à l’égard de la paix, de la sécurité et du désarmement, afin de favoriser la réalisation des buts et principes des Nations Unies.

Elle engage les États Membres de chaque région qui sont en mesure de le faire, ainsi que les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations internationales, à verser des contributions volontaires aux centres régionaux situés dans leur région afin qu’ils puissent mener davantage d’activités et d’initiatives.  L’Assemblée générale prie aussi le Secrétaire général de fournir aux centres régionaux, dans la limite des ressources existantes, tout l’appui dont ils ont besoin pour exécuter leurs programmes d’activité.

Examen de l’application des recommandations et décisions adoptées par l’Assemblée générale à sa dixième session extraordinaire A/75/401

Résolution I

Aux termes de cette résolution portant sur le « Quarantième anniversaire de l’Institut des Nations Unies pourlarecherche sur le désarmement » et adoptée par 180 pour, zéro contre et 2 abstentions (États-Unis et Israël), l’Assemblée générale réaffirme sa conviction que l’Institut doit continuer de mener des recherches indépendantes sur les problèmes relatifs au désarmement et à la sécurité et d’effectuer des recherches spécialisées demandant un degré élevé de compétence.  Elle souligne l’importance que revêt l’Institut, organisme indépendant et autonome qui contribue, par ses travaux de recherche, ses analyses et ses activités, aux progrès en matière de désarmement et, à terme, à l’avènement d’un monde plus sûr.

L’Assemblée générale souligne également la contribution que l’Institut apporte et devrait continuer d’apporter dans le domaine de l’éducation au service du désarmement et de la non-prolifération dans toutes les régions du monde.  Elle lance un appel à tous les États Membres pour qu’ils continuent de soutenir financièrement l’Institut, si possible au moyen de contributions pluriannuelles, et les encourage vivement à ne pas préaffecter leurs contributions, de façon à concourir à long terme à la viabilité, à l’indépendance et à l’impartialité de l’Institut et à la qualité de ses travaux.

Par un vote séparé, le paragraphe 8 du dispositif de la résolution I a été approuvé par 171 voix pour, une contre (États-Unis) et 3 abstentions (Japon, Israël et Madagascar).

Résolution II

Par cette résolution portant sur le « Rapport de la Conférence du désarmement », adoptée sans vote, l’Assemblée générale estime qu’il importe que la société civile participe aux travaux de la Conférence du désarmement, conformément aux décisions prises par celle-ci.

L’Assemblée générale réaffirme le rôle de la Conférence du désarmement, unique instance multilatérale de la communauté internationale pour les négociations sur le désarmement.  Elle se félicite de l’appui sans réserve que les ministres des affaires étrangères et d’autres hauts responsables ont témoigné à la Conférence du désarmement pendant sa session de 2020 tout en prenant note de leur préoccupation face à l’impasse dans laquelle elle se trouve encore, et tiendra compte du fait qu’ils ont demandé une plus grande souplesse afin que la Conférence puisse entamer ses travaux de fond sans plus tarder.

L’Assemblée générale demande à la Conférence du désarmement d’intensifier encore les consultations et d’examiner les possibilités qui s’offrent à elle de sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis 20 ans en adoptant et en suivant un programme de travail équilibré et global le plus tôt possible pendant sa session de 2021, compte tenu de la décision sur l’établissement d’un programme de travail qu’elle a prise le 29 mai  2009, ainsi que des propositions qui ont été, sont ou seront présentées sur la question.

L’Assemblée générale prie la présidence actuelle de la Conférence du désarmement et celles qui lui succéderont de coopérer avec les États membres de la Conférence en vue de faire en sorte que celle-ci commence rapidement ses travaux de fond, notamment les négociations, à la session de 2021.   Elle estime qu’il importe de poursuivre, en 2021, les consultations sur la question de l’élargissement de la composition de la Conférence du désarmement.

Décision sur la Commission du désarmement

En rappelant ses décisions 74/511 du 12 décembre 2019 et 74/546 du 2 avril 2020 et notant avec préoccupation la situation engendrée par la maladie à coronavirus (COVID-19), l’Assemblée générale a décidé, sans vote: a) que la Commission du désarmement tiendra en 2021 une session de fond pendant trois semaines au plus, à savoir du 5 au 23 avril, et lui présentera un rapport de fond à sa soixante-seizième session; b) que la Commission du désarmement tiendra sa session d’organisation au début de 2021, avant la session de fond, afin d’élire son bureau et de traiter toute autre question d’organisation en suspens; c) d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-seizième session, au titre de la question intitulée « Examen de l’application des recommandations et décisions adoptées par l’Assemblée générale à sa dixième session extraordinaire », la question subsidiaire intitulée « Rapport de la Commission du désarmement ».

Explication de vote

Intervenant après le vote, le représentant de la Fédération de Russie a dit qu’il se dissociait du consensus parce que la délégation australienne ayant parrainé ce texte n’avait pas souhaité prendre en considération les préoccupations russes.

Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient A/75/402

Par la résolution intitulée « Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient »  et adoptée par 153 voix pour, 6 contre (Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, Micronésie et Palaos) et 25 abstentions, l’Assemblée générale réaffirme qu’il importe qu’Israël adhère au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et place toutes ses installations nucléaires sous le régime des garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour que l’objectif de l’adhésion de tous les États de la région au Traité puisse être atteint.  

Elle demande à cet État d’adhérer sans plus tarder au Traité, de ne pas mettre au point, fabriquer, mettre à l’essai ou acquérir d’aucune autre manière des armes nucléaires, de renoncer à posséder de telles armes et de placer sous les garanties généralisées de l’Agence toutes ses installations nucléaires qui ne le sont pas, ce qui ferait beaucoup pour renforcer la confiance entre tous les États de la région et serait un pas vers la consolidation de la paix et de la sécurité.  

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes.

Le paragraphe 5 du préambule a été adopté par 163 voix pour, 3 contre (Israël, Inde et Pakistan) et 6 abstentions (Bhoutan, États-Unis, France, Israël, Luxembourg, Madagascar et Panama).

Le paragraphe 6 du préambule a été adopté par 164 voix pour, 3 contre (Israël, Inde et Pakistan), et 5 abstentions (Bhoutan, États-Unis, France, Madagascar et Panama).

Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination A/75/403

Par cette résolution relative à la « Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination », et adoptée sans vote, l’Assemblée générale demande à tous les États qui ne l’ont pas encore fait de prendre toutes les mesures voulues pour devenir parties le plus tôt possible à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination et aux Protocoles y afférents, tels que modifiés, afin que le plus grand nombre possible d’États y adhèrent sans tarder et que ces instruments deviennent à terme universels.

L’Assemblée générale demande à toutes les Hautes Parties contractantes à la Convention qui ne l’ont pas encore fait d’exprimer leur consentement à être liées par les Protocoles à la Convention et par l’amendement élargissant le champ d’application de la Convention et des Protocoles y afférents aux conflits armés n’ayant pas un caractère international.   Elle souligne l’importance de l’universalisation du Protocole relatif aux restes explosifs de guerre (Protocole V).

L’Assemblée générale rappelle les décisions adoptées par la cinquième conférence des Hautes Parties contractantes chargée de l’examen de la Convention.  Elle rappelle également les décisions adoptées par les Hautes Parties contractantes à la Convention à leur réunion de 2019.

L’Assemblée générale se félicite également des décisions prises par la Réunion de 2019 des Hautes Parties contractantes à la Convention concernant le Groupe d’experts gouvernementaux sur les technologies émergentes dans le domaine des systèmes d’armes létaux autonomes et prend note du rapport dudit Groupe d’experts sur sa session de 2019.

Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée A/75/404

Aux termes de cette résolution intitulée « Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée » et adoptée par 181 voix pour, zéro contre et 2 abstentions (États-Unis et Israël), l’Assemblée générale réaffirme que la sécurité de la région de la Méditerranée est étroitement liée à la sécurité de l’Europe, ainsi qu’à la paix et à la sécurité internationales.

Elle invite tous les États de la région de la Méditerranée qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à tous les instruments juridiques relatifs au désarmement et à la non-prolifération issus de négociations multilatérales qui sont en vigueur, de manière à créer les conditions nécessaires au renforcement de la paix et de la coopération dans la région. 

L’Assemblée générale engage tous les États de la région à favoriser la mise en place des conditions nécessaires au renforcement des mesures de confiance mutuelle en traitant toutes les questions militaires dans un esprit de franchise et de transparence, notamment en participant au Rapport des Nations Unies sur les dépenses militaires et en communiquant des données et informations exactes au Registre des armes classiques de l’Organisation des Nations Unies. 

Elle engage aussi les pays méditerranéens à renforcer davantage leur coopération dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.

Des votes séparés ont été nécessaires pour adopter deux paragraphes.

Le paragraphe 2 du dispositif a été approuvé par 174 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et une abstention (Madagascar).

Le paragraphe 5 du dispositif a été approuvé par 174 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et une abstention (Madagascar).

Traité d’interdiction complète des essais nucléaires A/75/405 

Aux termes de cette résolution intitulée « Traité d’interdiction complète des essais nucléaires » et adoptée par 182 voix pour, 2 contre (États-Unis et République populaire démocratique de Corée) et 3 abstentions (Inde, Maurice et République arabe syrienne), l’Assemblée générale souligne qu’il est extrêmement important et urgent que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires soit signé et ratifié sans retard ni condition, afin qu’il puisse entrer en vigueur le plus tôt possible.

L’Assemblée générale se félicite de la contribution des États signataires aux travaux de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en particulier aux efforts entrepris pour que le régime de vérification soit capable de satisfaire aux exigences du Traité concernant la vérification dès l’entrée en vigueur de celui-ci, comme le prévoit son article IV, et engage lesdits États à poursuivre leur action en ce sens.

L’Assemblée générale souligne qu’il faut maintenir l’élan acquis en vue de la mise en place définitive de tous les éléments du régime de vérification. 

L’Assemblée générale prie instamment tous les États de s’abstenir de procéder à des explosions expérimentales d’armes nucléaires et à toutes autres explosions nucléaires, de maintenir leurs moratoires à cet égard et de s’abstenir de tout acte contraire à l’objet et au but du Traité, tout en soulignant que ces mesures n’ont pas le même effet permanent et juridiquement contraignant que l’entrée en vigueur du Traité.

Elle condamne de nouveau les six essais nucléaires auxquels la République populaire démocratique de Corée a procédé, en violation des résolutions du Conseil de sécurité sur la question, demande instamment que les obligations qui découlent de ces résolutions soient intégralement respectées, notamment l’obligation qu’a la République populaire démocratique de Corée d’abandonner son programme d’armement nucléaire et de ne procéder à aucun nouvel essai nucléaire, et réaffirme son appui à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne de manière pacifique, y compris au moyen des pourparlers à six, se félicite des efforts et du dialogue engagés à cette fin, notamment les sommets intercoréens et les sommets entre les États-Unis d’Amérique et la République populaire démocratique de Corée, et encourage toutes les parties à persévérer dans leurs efforts et à poursuivre le dialogue.

Par ce texte, l’Assemblée générale exhorte tous les États qui n’ont pas encore signé ou ratifié le Traité, ou qui l’ont signé mais ne l’ont pas encore ratifié, en particulier ceux dont la ratification est nécessaire pour qu’il entre en vigueur, à le signer et à le ratifier dès que possible et à accélérer leurs formalités de ratification de sorte qu’elles aboutissent au plus vite. 

En outre, elle encourage les États restants dont la ratification est nécessaire pour que le Traité entre en vigueur et qui ont manifesté leur intention de poursuivre et de conclure leurs formalités de ratification à continuer de montrer leur volonté. 

Un vote séparé a été nécessaire pour adopter le paragraphe 7 du préambule qui a reçu 169 voix pour, une voix contre (États-Unis) et 5 abstentions (Inde, Israël, Madagascar, Pakistan et République arabe syrienne).

Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction A/75/406

Aux termes de cette résolution portant sur la « Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction » et adoptée sans vote, l’Assemblée générale, rappelant que la neuvième Conférence d’examen se tiendra à Genève au plus tard en 2021, note avec satisfaction que les États parties à la Convention réunis à Genève du 4 au 8 décembre 2017 sont convenus, de manière consensuelle, de réaffirmer les objectifs des précédents programmes intersessions en place de  2003 à  2015 et de maintenir la structure selon laquelle les réunions annuelles des États parties sont précédées par les réunions annuelles d’experts.

L’Assemblée générale note également avec satisfaction que, étant donné la nécessité de mesurer ses ambitions d’amélioration du programme intersessions compte tenu des contraintes −en termes de moyens financiers et de ressources humaines− auxquelles les États parties se heurtent, il a été décidé d’allouer 12 journées au programme intersessions pour les années 2018 à 2020, et que les réunions d’experts s’étaleraient sur huit journées consécutives et se tiendraient au moins trois mois avant la réunion annuelle des États parties qui, elle, durera quatre jours. 

L’Assemblée générale constate qu’il a été décidé à la huitième Conférence d’examen de continuer d’améliorer la base de données mise en place par la septième Conférence d’examen et destinée à faciliter les demandes et les offres d’assistance et de coopération, et invite instamment les États parties qui le souhaitent à présenter à l’Unité d’appui à l’application leurs demandes et leurs offres de coopération et d’assistance, notamment celles qui portent sur l’équipement, les matières et les renseignements scientifiques et techniques ayant un rapport avec l’emploi d’agents biologiques et de toxines à des fins pacifiques.

L’Assemblée générale encourage les États parties à rendre compte au moins deux fois par an des mesures qu’ils auront prises aux fins de l’application de l’article X de la Convention et à collaborer pour offrir aux États parties qui en font la demande, laquelle doit revêtir une forme précise, une assistance ou des activités de formation afin de les aider à se donner les moyens, législatifs et autres, de se conformer à la Convention. 

L’Assemblée générale note qu’il a été décidé à la huitième Conférence d’examen de renouveler le programme de parrainage mis en place à la septième Conférence d’examen visant à faciliter et à renforcer la participation des États parties en développement aux réunions annuelles. 

L’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer de prêter l’assistance voulue aux gouvernements dépositaires de la Convention.

Revitalisation des travaux de l’Assemblée générale A/75/407

Par cette décision, adoptée sans vote, l’Assemblée générale a approuvé le Programme de travail et le calendrier provisoires de la Première Commission pour 2021.

Planification des programmes A/75/408

L’Assemblée générale a pris note du rapport de la Première Commission.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: la Représentante spéciale précise devant le Conseil de sécurité la stratégie d’un retrait « graduel et responsable » de la MONUSCO

8778e séance – matin
CS/14374

RDC: la Représentante spéciale précise devant le Conseil de sécurité la stratégie d’un retrait « graduel et responsable » de la MONUSCO

La Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC), Mme Leïla Zerrougui, a détaillé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la stratégie d’un retrait « graduel, responsable et durable » de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), dans un contexte de divergences persistantes entre les membres de la coalition au pouvoir.  Le retrait de la Mission a dominé les interventions des délégations, dont celle du représentant congolais qui a souhaité que la MONUSCO « réussisse sa sortie ». 

La Représentante spéciale, qui est également Cheffe de la Mission, a entamé son intervention en indiquant que, six semaines après avoir suspendu le Conseil des ministres, le Président Tshisekedi a annoncé, hier, la fin de la coalition unissant le parti Cap pour le changement (CACH) et le Front commun pour le Congo (FCC).  « Au moment où nous parlons, tout en prenant acte de la fin de la coalition décidée par le Président, le FCC a rejeté le diagnostic de crise entre le Gouvernement et le Parlement et qualifié les décisions du Chef de l’État d’inconstitutionnelles », s’est inquiétée la Représentante spéciale. 

Outre ces tensions politiques, Mme Zerrougui s’est dite préoccupée par la poursuite de la crise sécuritaire dans l’est du pays, marquée par de graves violations des droits de l’homme, des attaques de civils et de graves incidents de violence intercommunautaire dans les Nord-Kivu et Sud-Kivu.  Les activités meurtrières de groupes nationaux et étrangers armés soulignent le rôle crucial que la Mission, y compris la brigade d’intervention, doit continuer de jouer pour appuyer les forces de sécurité nationales dans l’extension de l’autorité de l’État et la prévention de la violence contre les civils.  « La protection des civils demeure la priorité centrale de la MONUSCO », a-t-elle assuré. 

Alors que le Conseil de sécurité doit se pencher sur le renouvellement du mandat à la fin du mois, Mme Zerrougui a expliqué que la stratégie d’un retrait la Mission a été arrêtée avec les autorités du pays.  « Cette transition n’est pas un processus qui vient de commencer mais bel et bien la poursuite de mesures prises au lendemain de l’ élection présidentielle de 2018 et de la passation pacifique du pouvoir », a-t-elle rappelé.   Depuis, la Mission a fermé neuf bureaux extérieurs ; elle est présente dans six provinces, en plus de son siège à Kinshasa. 

D’ici à juin 2021, la Mission se sera complétement retirée des Kasaïs et, d’ici à juin 2022, si la stabilisation s’est enracinée, elle sera en mesure de se retirer du Tanganyika.  Au regard des besoins sécuritaires distincts, Mme Zerrougui a défendu une consolidation progressive de la présence de la Mission dans les trois provinces les plus touchées par la violence: le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.  Plus globalement, la Cheffe de la MONUSCO a précisé que la transition dépendra de la capacité du Gouvernement à assurer la sécurité. 

Des étapes importantes ont été franchies, au cours de l’année écoulée, vers la stabilisation de la RDC, bien que le Gouvernement et le peuple congolais continuent de devoir relever d’importants défis et d’avoir besoin, à cette fin, du soutien de la MONUSCO et des principaux partenaires régionaux et internationaux du pays, résume le Secrétaire général dans son rapport sur la Mission dont était saisi le Conseil.  Il recommande donc que le mandat de la MONUSCO soit prorogé d’un an. 

« Nous sommes déçus par le fait que certains critères prévus par la résolution de l’année dernière sur la MONUSCO n’ont pas été remplis », a déclaré le délégué des États-Unis, tout en saluant la stratégie commune sur le retrait de la Mission.   Il a, en conséquence demandé, « un affinement des critères et un calendrier plus précis », tout en invitant la MONUSCO à entamer la remise de certaines tâches aux autorités congolaises et à l’équipe de pays des Nations Unies pour se concentrer sur la réforme du secteur de la sécurité.  

« Un transfert graduel des responsabilités ne doit pas saper les gains enregistrés », a averti le délégué de l’Estonie.  Les dates de retrait doivent être flexibles et réajustées en fonction des développements sur le terrain.  Dans ce droit fil, la Belgique a demandé une démarcation claire entre les tâches de la Mission et celles de l’équipe de pays.  La Chine a rappelé que le retrait dépendra des capacités du Gouvernement et jugé « raisonnable » le renouvellement d’un an de son mandat. 

« Toute reconfiguration de la Mission doit tenir compte de la situation sur le terrain et des priorités établies par Kinshasa et les pays fournisseurs de contingents », a appuyé le délégué de la Fédération de Russie.   De son côté, l’Afrique du Sud, qui s’exprimait aussi au nom du Niger, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a mis en garde contre un « retrait prématuré de la Mission pour des raisons budgétaires », qui serait « désastreux » et saperait des décennies d’investissement dans le maintien de la paix.  Le délégué sud-africain a jugé indispensable un plein engagement du Conseil afin de fournir à la Mission tous les moyens nécessaires à l’exécution de son mandat, en étroite collaboration avec le Gouvernement congolais.  « La MONUSCO doit atteindre sa pleine capacité opérationnelle, ce qui passe par la mise en œuvre de la reconfiguration de la Brigade d’intervention de la force », a déclaré le délégué de la France, appuyé par son homologue du Royaume-Uni. 

Dans son intervention, le représentant de la RDC a, lui aussi, appelé au renforcement des capacités offensives de la Mission, notamment de sa brigade d’intervention.  « Ce sont là les conditions sine-qua non que la MONUSCO doit suivre à la lettre pour réussir sa mission première, à savoir la protection des civils, ainsi que pour réussir sa sortie progressive responsable suivant le calendrier établi d’un commun accord avec le Gouvernement », a-t-il déclaré.  Le délégué a notamment souhaité que la brigade d’intervention soit dotée d’unités spéciales adaptées à la guerre asymétrique dans l’est du pays.  Enfin, il est revenu sur les deux années « de grâce, de patience et d’abnégation » pour préserver la coalition et qui n’auront pas réussi à éviter une situation de crise persistante.  Un « informateur », nommé conformément aux dispositions de la Constitution, sera chargé d’identifier une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l’Assemblée nationale. 

Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué, avant le renouvellement du mandat de la Mission, que le pays traverse malheureusement une période de tensions politiques accrues, marquée par des divergences persistantes entre les membres de la coalition au pouvoir.  « Six semaines après avoir suspendu le Conseil des ministres et annoncé le lancement de consultations avec un large éventail de représentants des forces politiques et de la société civile, le Président Tshisekedi s’est adressé à la Nation hier après-midi. »  Dans ce discours, le Président a annoncé la fin de la coalition unissant Cap pour le changement (CACH) et Front commun pour le Congo (FCC), et a soutenu qu’au vu de l’érosion de la majorité parlementaire actuelle, il avait décidé de nommer un informateur, mandaté pour identifier une nouvelle majorité prête à soutenir son programme de réformes, a expliqué Mme Zerrougui.  Le Président a également souligné que si cet informateur était incapable d’identifier une nouvelle majorité parlementaire, il procèderait à la dissolution de l’Assemblée nationale et demanderait au peuple congolais de lui donner une majorité par les urnes. 

« Au moment où nous parlons, tout en prenant acte de la fin de la coalition décidée par le Président, le FCC a rejeté le diagnostic de crise entre le Gouvernement et Parlement et qualifié les décisions du Chef de l’État d’inconstitutionnelles », s’est inquiétée la Représentante spéciale.  Elle a fait remarquer qu’entre temps, plusieurs représentants de la société civile et de l’opposition ont accueilli favorablement l’évaluation de la situation politique du pays par le Chef de l’État, et ont indiqué leur soutien à sa démarche.  « Nous devons malheureusement déplorer aujourd’hui des échauffourées entre militants des deux forces politiques autour du Parlement. » 

Au vu de ces tensions, la Représentante spéciale a déclaré que la MONUSCO a rencontré au cours du mois dernier de nombreux représentants des forces politiques et de la société civile concernées, pour les encourager à résoudre leurs différends par le dialogue, et éviter toutes provocations susceptibles d’inciter à la violence.  La Mission a également souligné la nécessité de concentrer leurs efforts pour trouver un accord sur les politiques de stabilisation et les réformes institutionnelles essentielles à l’amélioration de la sécurité et de la vie quotidienne des Congolais.  « Nous continuerons à faire usage de nos bons offices pour faciliter une résolution rapide et pacifique de cette situation politique délicate qui, si elle persistait, pourrait avoir des répercussions sérieuses sur la situation économique et sécuritaire du pays », a averti Mme Zerrougui. 

La Représentante spéciale s’est dite préoccupée par la poursuite de la crise sécuritaire dans l’est du pays, marquée par de graves violations des droits de l’homme, des attaques de civils et de graves incidents de violence intercommunautaire dans les Nord-Kivu et Sud-Kivu.  Les activités meurtrières de groupes nationaux et étrangers armés soulignent le rôle crucial que la Mission, y compris la brigade d’intervention, doit continuer de jouer pour appuyer les forces de sécurité nationales dans l’extension de l’autorité de l’État et la prévention de la violence contre les civils.  « La protection des civils demeure la priorité centrale de la MONUSCO », a déclaré Mme Zerrougui, ajoutant que la Mission a adopté à cette fin une approche globale impliquant ses composantes militaire, civile et policière.  Elle a ensuite condamné les attaques inacceptables contre les travailleurs humanitaires alors que ceux-ci jouent un rôle vital dans l’appui aux populations civiles vulnérables. 

La Représentante spéciale a affirmé que la protection des civils exige un établissement des responsabilités pour les crimes commis, ajoutant que la récente condamnation de Ntabo Ntaberi Sheka est une victoire pour la justice militaire congolaise dans sa lutte contre l’impunité.  Elle a ensuite salué les efforts constructifs entrepris par les autorités congolaises en vue d’engager les pays voisins pour une résolution des différends et la consolidation de la stabilité.  Ces efforts devraient se poursuivre en 2021, lorsque le Président Tshisekedi assumera la présidence de l’Union africaine. 

Mme Zerrougui a ensuite abordé le sujet du retrait de la Mission débattu avec les autorités du pays.  Ces discussions ont abouti à une stratégie commune d’un retrait graduel, par étapes, responsable et durable de la Mission.  Cette transition n’est pas un processus qui vient de commencer mais bel et bien la poursuite de mesures prises au lendemain de l’élection présidentielle de 2018 et de la passation pacifique du pouvoir, a-t-elle rappelé.  Depuis, la Mission a fermé neuf bureaux extérieurs et est présente dans six provinces, en plus de son siège à Kinshasa.  Au regard des besoins sécuritaires dans la région, la vision commune appelle à une stratégie adaptée à la situation dans les provinces et à une consolidation progressive de la présence de la Mission dans les trois provinces les plus touchées: le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.  D’ici à juin 2021, la Mission se sera complétement retirée des Kasaïs et sera, d’ici à juin 2022, si la stabilisation s’est enracinée, en mesure de se retirer du Tanganyka.  « Au bout du compte, la responsabilité première de la protection des civils incombera aux autorités de l’État. »  La Cheffe de la MONUSCO a précisé que la transition dépend de la capacité du Gouvernement à assurer la sécurité, ajoutant que la Mission l’appuie activement en ce sens.  S’agissant de la pandémie, elle a précisé que 173 membres de la Mission ont été infectés par le virus et que six d’entre eux ont trouvé la mort. 

« La situation politique que traverse actuellement la République démocratique du Congo est très incertaine. »  Selon la Représente spéciale, le Conseil de sécurité peut jouer un rôle important pour encourager une résolution négociée de cette crise politique, de sorte qu’elle privilégie des solutions durables, donnant priorité aux intérêts de la population congolaise sur des objectifs politiques à court terme qui risquent d’accroître plus encore les tensions.  « La République démocratique du Congo ne peut pas se permettre une crise institutionnelle grave et a besoin d’institutions stables et fonctionnelles se remettant au travail le plus vite possible et se concentrant sur le relèvement économique national et la stabilisation de l’est du pays, avant les élections générales prévues en 2023. »  La Mission est aujourd’hui arrivée à un point critique de soutien aux autorités nationales pour consolider la stabilité permettant de s’engager vers une paix durable et le développement, a conclu Mme Zerrougui. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a commencé par évoquer la persistance des défis sécuritaires dans l’est du pays.  Condamnant les attaques récurrentes contre les civils et les forces armées, dans les Kivus et en Ituri, il a jugé impératif de mettre fin à l’exploitation illégale des ressources naturelles, et de régler les tensions intercommunautaires en renforçant la présence de l’État pour rompre le cycle de violence.  Dans ces provinces, a-t-il dit, la MONUSCO doit concentrer son action sur la protection des populations mais aussi sur la stabilisation et le soutien aux institutions congolaises.  À cet égard, les efforts en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration, notamment du groupe FRPI, doivent être menés à terme.  Dans ce contexte, la coopération régionale doit être renforcée, a ajouté le représentant, saluant les initiatives du Président Tshisekedi et la stratégie des Nations Unies pour la région des Grand Lacs.  

Au plan humanitaire, a poursuivi M. De Rivière, alors que la onzième épidémie d’Ebola vient de s’achever, il est indispensable de garantir un accès à l’ensemble des populations dans le besoin et que les civils soient protégés.  De plus, les attaques contre le personnel humanitaire doivent cesser et les droits de l’homme doivent être respectés.  La lutte contre la COVID-19 ne justifie pas les violations de ces droits, a souligné le représentant, appelant la communauté internationale à soutenir le pays pour contrer les conséquences économiques et sociales de cette crise sanitaire.  Enfin, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité doit accompagner la transition de la MONUSCO.  Selon lui, la stratégie conjointe pour sa transition définit un cap clair en poursuivant la consolidation de l’État et de ses institutions.  Cette stratégie, qui pose les bases du transfert des tâches de la MONUSCO aux autorités congolaises, doit être progressive et séquencée.  La stabilisation durable du pays nécessitera l’engagement de tous, notamment pour la réforme de la justice et du secteur de sécurité.  Alors que le Conseil s’apprête à renouveler le mandat de la Mission, il importe également que celle-ci puisse atteindre sa pleine capacité opérationnelle, ce qui passe par la mise en œuvre de la reconfiguration de la brigade d’intervention de la force, a-t-il conclu. 

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a exprimé sa préoccupation quant à la persistance de l’insécurité dans la partie orientale de la RDC.  Alors que plus des deux tiers du pays sont stables, tel n’est pas le cas au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri, a-t-il déploré, dénonçant les attaques de groupes armés, notamment les Forces démocratiques alliées (ADF), qui ont fait de nombreuses victimes parmi la population civile durant la période considérée.  Cela doit cesser, a affirmé le représentant après avoir condamné ces actes de violence, en particulier ceux visant la MONUSCO et le personnel humanitaire.  Pour parvenir à une solution durable, a-t-il dit, il importe de rechercher les causes profondes de ces conflits en se concentrant sur la restauration de l’autorité de l’État, le renforcement des capacités des forces de sécurité nationale, le rétablissement du dialogue politique et l’appui aux efforts économiques.  Une attention particulière doit aussi être accordée, selon lui, aux progrès en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration. 

Le représentant s’est par ailleurs dit inquiet de la dégradation continue de la situation humanitaire, qui est aggravée par l’insécurité, la récession économique et la pandémie de COVID-19.  Relevant que la RDC est le pays d’Afrique qui compte le plus grand nombre de personnes déplacées internes, il a constaté que 21,8 millions d’individus sont confrontés à une insécurité alimentaire aigüe en RDC, dont 5,7 millions en phase d’urgence.  Ces défis ne peuvent être éliminés sans l’aide précieuse des partenaires, a-t-il souligné, en appelant à la poursuite des efforts de soutien aux populations.  À cet égard, il a réaffirmé l’importance d’une intensification de la coopération régionale pour parvenir à la paix, à la sécurité et au développement, saluant les discussions entre la RDC, l’Angola, le Rwanda et l’Ouganda sur la situation dans la sous-région des Grands Lacs.  Enfin, le délégué s’est félicité de l’élaboration par les autorités congolaises et la MONUSCO d’une stratégie commune sur le retrait progressif de la Mission.  Il a toutefois plaidé pour une approche prudente, liée à l’évolution de la situation sur le terrain et des capacités des autorités de la RDC. 

M. KARTIKA HANDARUNINGRUM (Indonésie) a encouragé l’ONU et la région à continuer de travailler ensemble pour maintenir la paix en République démocratique du Congo (RDC).  Il a conseillé de continuer d’écouter les Congolais sur ce dont ils ont besoin et de procéder avec soin à la configuration future de l’engagement des Nations Unies, pour éviter toute rechute.  Pour le représentant, les efforts de consolidation de la paix ne devraient jamais être mis de côté.  Les défis multiformes auxquels la RDC est actuellement confrontée exigent une coopération étroite de toutes les parties prenantes.  « Nous continuons à demander une consultation plus approfondie avec les pays voisins et les organisations régionales, ainsi qu’avec les pays contributeurs de troupes et de policiers à la MONUSCO. » 

Tout en félicitant le Gouvernement de la RDC d’avoir pris des mesures rapides et décisives pour mettre fin à la onzième épidémie de maladie à virus Ebola dans la province de l’Équateur et limiter la propagation de la COVID-19, le représentant a reconnu que d’autres défis humanitaires persistent.  Près de 22 millions de personnes en RDC souffrent aujourd’hui d’une insécurité alimentaire aiguë, la plus élevée au monde, tandis que 5,2 millions de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur du pays en raison du conflit, a-t-il rappelé.  Pour finir, l’Indonésie continuera à soutenir la RDC par le biais de sa contribution à la MONUSCO et se joint à l’appel du Secrétaire général pour prolonger d’un an le mandat de la Mission. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) s’est dit impressionné par les progrès accomplis par la RDC en mentionnant la récente condamnation d’un seigneur de guerre, le rôle accru des femmes dans la vie politique et les succès engrangés dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola.  Le délégué a néanmoins plaidé pour davantage de progrès dans la réforme du secteur de la sécurité et dans la planification stratégique du retrait de la MONUSCO.  Il a notamment regretté l’absence d’un cadre national de désarmement, démobilisation et réintégration, avant de mettre en garde contre les violations commises par les forces de sécurité congolaises.  Il a souligné l’importance de l’établissement des responsabilités pour les violations commises dans le Sud-Kivu.  

M. MILLS s’est ensuite dit préoccupé par les attaques répétées des Forces démocratiques alliées (ADF) qui ont fait 70 morts parmi les civils ces trois derniers mois et a exhorté l’ONU à aller de l’avant, y compris en renforçant la brigade d’intervention.  Il a plaidé pour un retrait responsable de la Mission et salué la stratégie commune et le calendrier s’agissant notamment du retrait des Kassaïs et du Tanganyka.  Le délégué s’est néanmoins dit déçu par le fait que certains critères prévus par la résolution de l’année dernière sur la MONUSCO n’ont pas été remplis.  Il a en conséquence demandé « un affinement des critères et un calendrier plus précis ».  Enfin, le délégué a invité la Mission à planifier la remise de certaines tâches aux autorités congolaises et à l’équipe pays de l’ONU pour se concentrer sur la réforme du secteur de la sécurité. 

M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a confirmé son appui à la MONUSCO, saluant son travail important, indispensable dans des circonstances souvent très difficiles.  Abordant la situation politique et sécuritaire, il s’est dit préoccupé par les tensions en cours et a appelé les acteurs politiques à régler leurs différends à travers le dialogue et l’esprit de compromis.  En cette période critique de transition, M. Sautter a estimé important de mettre l’accent sur les réformes politiques nécessaires.  L’ensemble des défis ne peuvent être relevés sans prise en main congolaise forte et unifiée. 

Le représentant a fait part de sa préoccupation sur les violences dans l’est de la RDC en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, ainsi que par les activités des groupes armés, tels que les ADF.  Il a appelé la communauté internationale à appuyer le plan d’aide humanitaire pour la RDC, rappelant que son pays a contribué à hauteur de 62 millions d’euros pour des mesures d’aide humanitaire en 2020, y compris la riposte à la maladie à virus Ebola et la COVID-19.  M. Sautter a toutefois salué les évolutions positives, notamment l’amélioration de la situation sécuritaire dans la province du Tanganyika et dans les Kasaï.  Pour finir, il a estimé que le temps est venu de penser aux étapes suivantes en vue de reconfigurer la Mission.  

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a salué le récent sommet virtuel entre la RDC, l’Angola, le Rwanda et l’Ouganda destiné à éradiquer les forces négatives dans la région, lutter plus efficacement contre la pandémie de COVID-19 et trouver de nouvelles pistes de développement économique.  Ces efforts d’intégration sont indispensables pour résoudre les conflits et assurer la croissance régionale, a-t-il souligné.  Préoccupé par la détérioration de la situation dans l’est de la RDC, il a réitéré le soutien de sa délégation au déploiement de la MONUSCO dans les zones de conflit et à la réorganisation des forces de l’ONU dans les zones post-conflit.  Il a également encouragé le renforcement du redéploiement des forces armées congolaises dans les zones pacifiées.  Dans le même temps, il faut élaborer un cadre révisé pour le désarmement et la réintégration et poursuivre la lutte contre l’impunité, a plaidé le délégué.  Il a par ailleurs condamné les violences sexuelles et sexistes en RDC, appelant à une participation plus importante des femmes et des jeunes pour contribuer à la résolution des conflits et permettre une paix durable.  S’agissant de la situation humanitaire, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour aider les populations les plus fragiles, ce qui passe, selon lui, par des contributions au Plan de réponse humanitaire.  Il s’est également dit soulagé que l’épidémie d’Ebola ait pris fin en RDC et que la COVID-19 y ait un effet modéré.  Enfin, il a salué l’accord sur la stratégie conjointe de retrait progressif de la MONUSCO.  À ses yeux, cette stratégie et le renouvellement du mandat de la Mission doivent se fonder sur des paramètres justes qui tiennent compte des capacités du pays.  

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a salué la stratégie commune sur le retrait de la Mission, en affirmant que la protection des civils doit demeurer sa priorité et en soulignant la nécessité de la réforme du secteur de la sécurité congolais.  Le délégué a insisté sur l’importance des indicateurs régissant le retrait de la MONUSCO et sur les liens entre la paix, la sécurité et le développement.  Il a plaidé dans de dernier domaine pour un partenariat robuste entre la RDC et la communauté internationale, en ajoutant que la Belgique prendra toute sa part dans le cadre bilatéral.  « Depuis les années 60, le pays est le principal récipiendaire de l’aide publique au développement belge », a-t-il rappelé, en ajoutant qu’un nouveau cadre sera négocié en 2021 « si les conditions sont réunies ».  

Le délégué a encouragé la RDC à jouer un rôle de chef de file dans la transition avant de souhaiter une démarcation claire entre les compétences de la MONUSCO et l’équipe pays de l’ONU.  Enfin, le représentant de la Belgique a souligné l’importance du contexte régional pour la situation en RDC, compte tenu de la présence d’agents étrangers sur son sol et de l’exploitation de ses ressources naturelles.  Il a donc salué le fait que la stratégie régionale de l’ONU mette l’accent sur la diplomatie préventive. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a convenu que la situation sécuritaire dans les provinces orientales de RDC reste difficile.  Dans les Kivus et en Ituri, il s’est dit particulièrement préoccupé par les violences interethniques et les attaques contre les civils menées ces derniers mois par les Forces démocratiques alliées (ADF).  Le représentant s’est inquiété de l’augmentation du nombre de victimes parmi la population civile, ce qui a conduit à la reprise de manifestations contre les Casques bleus à Beni et dans d’autres villes.  De plus, a-t-il poursuivi, la situation dans le pays est compliquée par la crise politique interne, qui a poussé l’actuel Président à rompre sa coalition avec les partisans de l’ancien Chef de l’État congolais Joseph Kabila.  Il a donc appelé les différents acteurs à réduire le degré de tension politique à Kinshasa et à résoudre les problèmes dans le domaine constitutionnel.  Il a toutefois tenu à saluer des signes positifs, à commencer par la fin de la dernière épidémie de fièvre Ebola et les mesures efficaces prises contre la pandémie de COVID-19, en dépit d’une situation humanitaire difficile. 

Le représentant a ensuite exprimé son soutien aux efforts du Président Tshisekedi et des pays voisins pour parvenir un règlement des conflits dans l’est de la RDC.  Il a salué à cet égard le rôle de médiation joué par des organisations telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  Il a souhaité qu’un élan supplémentaire soit donné à ces processus par la nouvelle stratégie régionale de l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.  M. Nebenzia a également salué les mesures visant à renforcer la coordination de la MONUSCO avec les forces armées congolaises et à améliorer l’efficacité des Casques bleus, notamment par le biais de la brigade d’intervention.  Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à proroger d’un an le mandat de la MONUSCO, la Russie est prête à travailler de manière constructive à une résolution pertinente mettant en avant les tâches concrètes de la Mission, a-t-il assuré, estimant que toute reconfiguration de cette dernière doit « tenir compte de la situation sur le terrain et des priorités établies par Kinshasa et les pays fournisseurs de contingents ».  Il a plaidé pour une approche « souple », s’appuyant sur une stratégie conjointe de retrait progressif et responsable, sur la base des critères et cibles déterminés. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a salué la poursuite des opérations essentielles de la MONUSCO malgré un environnement opérationnel complexe et les défis que ne cesse de poser la pandémie de COVID-19.  Il s’est félicité en particulier du succès de la Mission à Pinga dans un environnement volatile.  Cela a permis de protéger les personnes déplacées par la violence.  Le représentant a réitéré le besoin d’être attentif dans l’exécution du mandat de la MONUSCO.  Il faut réfléchir par exemple à la question de savoir si les évasions de prisonniers dans le Nord-Kivu auraient pu être prévenues et en tirer les enseignements.  Enfin, il a appelé à une application rapide des réformes prévues par le mandat au sein de la MONUSCO et de sa brigade d’intervention. 

M. DAI BING (Chine) a jugé que la situation est stable dans le pays, même si l’est de la RDC reste en proie à la violence.  Il a souligné la nécessité de préserver la stabilité politique et appelé les partis congolais à respecter l’esprit de la Constitution et à préserver l’unité du pays.  La communauté internationale doit respecter l’indépendance et la souveraineté de la RDC.  Le délégué chinois a jugé « raisonnable » le renouvellement du mandat de la Mission pour une année, en ajoutant que son retrait dépendra de l’évolution de la situation et des capacités du Gouvernement à assurer la sécurité.  La MONUSCO doit coordonner ses efforts avec l’équipe de pays et mettre en œuvre la transition prévue, a-t-il dit, en ajoutant que les pays contributeurs de troupes doivent être tenus informés.  Le délégué chinois a appelé le Gouvernement de la RDC à se pencher sur la création d’emplois et sur le cadre d’une exploitation licite des ressources naturelles du pays.  Enfin, il a demandé l’application de la stratégie du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déclaré que la situation sur le terrain ne s’améliore pas, avec une détérioration sécuritaire dans l’est de la RDC et une augmentation des violations des droits de l’homme.  « Il est regrettable de constater qu’un grand nombre de violations continuent d’être commises par les forces de sécurité congolaises. »  Il a souligné l’importance de l’établissement des responsabilités afin d’empêcher l’enracinement d’une culture de l’impunité et d’instaurer la confiance dans les forces de sécurité.  

Mentionnant les multiples tâches de la MONUSCO, M. Jürgenson a affirmé qu’un transfert graduel de ses responsabilités ne doit pas saper les gains enregistrés.  Il a souhaité que la cessation des activités de la Mission dans les différentes provinces se fasse par étapes et suive des indicateurs pertinents.  Les calendriers de retrait doivent être flexibles et réajustés en fonction des développements sur le terrain, tandis que le Gouvernement congolais et l’équipe de pays des Nations Unies doivent se tenir prêts à remédier aux tâches laissées vacantes par la Mission.  Enfin, le délégué a souhaité que les partenaires humanitaires et les organisations de la société civile nationales et internationales soient associés à la stratégie commune. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), s’exprimant nom du groupe A3+1 (Niger, Afrique du Sud, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), a noté avec préoccupation les tensions politiques observées au cours de la période considérée.  À cette aune, il a salué la rencontre organisée en RDC par le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat, entre les coalitions dirigées par le Président Félix Tshisekedi et l’ancien Président Joseph Kabila, en marge de sa visite de travail des 2 et 3 décembre 2020.  M. Matjila a espéré que cette initiative contribuera de manière positive à la recherche d’une solution durable afin de préserver la paix et la sécurité dans le pays.  Par ailleurs, il s’est dit satisfait de la mise en œuvre de l’approche stratégique de la résolution des conflits et de la consolidation de la paix en RDC et dans la région.  Le sommet virtuel entre les Présidents de la RDC, de l’Angola, du Rwanda et de l’Ouganda est révélateur, à ses yeux, de la volonté de la RDC et de la région d’aborder la menace posée par les groupes armés dans la sous-région des Grands Lacs.  

Abordant le volet sécuritaire qui s’améliore dans les différentes régions de la RDC, M. Matjila a, toutefois, réitéré la préoccupation du groupe A3+1 face aux attaques aveugles contre les civils, le personnel de sécurité, la MONUSCO et face au harcèlement et à l’enlèvement de travailleurs humanitaires par des groupes armés dans l’est de la RDC.  « Nous condamnons ces attaques dans les termes les plus forts et appelons les autorités de la RDC à traduire les auteurs en justice. »  En outre, les quatre délégations appellent les partenaires régionaux et internationaux à redoubler d’efforts pour lutter contre l’extraction et le commerce illicites des ressources minérales, qui restent un facteur clef de conflit et une source majeure de revenus qui alimente l’activité des groupes armés dans l’est de la RDC. 

En ce qui concerne la situation humanitaire et sanitaire, les délégations réitèrent leurs préoccupations face à la situation volatile.  Outre les défis posés par la pandémie de COVID-19, l'aggravation de la situation économique et les risques liés au changement climatique ont intensifié les conditions de vie difficiles pour beaucoup, a constaté le représentant sud-africain.  Les délégations réaffirment leur soutien à l'engagement de longue date de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) d'aider la RDC à atteindre une paix, une sécurité et une stabilité durables.  Pour les quatre délégations, il est indispensable que le Conseil de sécurité s’engage à fournir à la MONUSCO tous les moyens nécessaires pour exécuter son mandat en étroite collaboration avec le Gouvernement de la RDC.  Selon elles « une sortie précipitée de la MONUSCO, guidée par des considérations budgétaires, serait désastreuse et saperait des décennies d'investissement dans le maintien de la paix ». 

En conclusion, le groupe A3+1 appuie la recommandation du Secrétaire général de proroger d’un an le mandat de la MONUSCO avec ses effectifs militaires et de police autorisés actuels et ses objectifs stratégiques, à savoir la protection des civils et la stabilisation et le renforcement des institutions de l’État, ainsi que les principales réformes de la gouvernance et du secteur de la sécurité. 

M. PAUL LOSOKO EFAMBE EMPOLE (République démocratique du Congo) a salué le rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) présenté devant le Conseil de Sécurité.  Il a voulu notamment répondre à certaines des préoccupations soulevées dans le rapport.  Sur le plan politique, l’actualité de son pays a été dominée par le discours à la nation, dimanche dernier, du Président Tshisekedi à l’issue des consultations politiques des forces vives de la nation tenues du 2 au 25 novembre. Le Chef de l’État, tenant compte de la large convergence de vues sur les questions relatives à la réhabilitation sécuritaire, économique et sociale, a annoncé la fin de la coalition entre le Front Commun pour le Congo (FFC) et le Cap pour le changement (CACH) après deux années d’efforts inlassables « de patience et d’abnégation » pour préserver la coalition.  « Deux années de grâce, selon lui, qui n’auront malheureusement pas réussi à éviter une situation de crise persistante ».  Cette décision, a expliqué le représentant, été motivée par le fait que le Gouvernement de coalition FCC-CACH institué au lendemain de l’alternance politique, en janvier 2019, n’a pas permis au Chef de l’État de mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu.  D’autre part, il n’a pas été en mesure de répondre aux attentes et aux aspirations du peuple congolais. C’est pourquoi il a été décidé de nommer un « informateur », conformément aux dispositions de la Constitution, qui sera chargé d’identifier une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l’Assemblée nationale.  C’est avec cette nouvelle coalition que le Président mettra en place le gouvernement qui conduira son action, a annoncé M. Empole

La situation sécuritaire, a-t-il ensuite rapporté, est restée, de façon générale, « calme ».  Toutefois, dans certaines localités bien identifiées dans l’est du pays, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, elle a été marquée par des attaques de groupes armés d’origine interne et externe ainsi que d’autres milices résiduelles encore actives, causant de nombreuses pertes en vies humaines. Ces groupes terroristes, dont certains ont fait allégeance à l’État islamique, pratiquent une guerre asymétrique et continuent à s’attaquer indistinctement à la population civile, aux travailleurs humanitaires, aux Casques bleus de la MONUSCO, ainsi qu’aux forces armées de la RDC, a déploré le représentant.  À ce sujet, il a indiqué que grâce à l’offensive militaire de la RDC, menée depuis octobre 2019 avec l’appui logistique de la MONUSCO, beaucoup de ces groupes ont été affaiblis et de nombreux miliciens ont déposé les armes.  Le pays est déterminé à ce que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), avec l’appui de leurs partenaires dont la MONUSCO, poursuivent leurs offensives contre tous ces groupes, jusqu’à leur éradication complète. 

En outre, M. Empole a évoqué la stratégie en trois volets mise en place par son pays pour remédier à la situation préoccupante dans l’est du pays, notamment la promotion de la réconciliation nationale, principalement entre les communautés locales en conflit, et l’activation de la diplomatie régionale pour un apaisement des tensions.  Toutes ces initiatives ont pour objectif la paix, la sécurité et le développement de la RDC et de la région des Grands Lacs ainsi que le retour à une vie normale, a-t-il insisté.  Si ces initiatives continuent d’être soutenues, a assuré le représentant, elles permettront de changer « durablement et définitivement » la situation dans l’est de la RDC et dans la région.  Il a également appelé à lutter tant contre le trafic illicite des minerais qui financent les groupes armés terroristes, que contre le trafic des armes et la contrebande.  Il faut aussi appuyer la réforme judiciaire en cours et militer en faveur de la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et de la stratégie du Secrétaire général pour les Grands Lacs.  Le représentant a dit qu’il faut œuvrer à l’application du mandat de la MONUSCO dans sa globalité et au renforcement des capacités offensives de la force en générale et de sa brigade d’intervention rapide en particulier. 

Ce sont là, pour le Gouvernement de la RDC, les conditions sine-qua non que la MONUSCO doit suivre « à la lettre » pour réussir sa mission première en RDC, à savoir la protection des civils, ainsi que pour réussir sa « sortie progressive responsable » suivant le calendrier établi d’un commun accord avec le Gouvernement.  « Alors que vous vous apprêtez à renouveler le mandant de la MONUSCO », a rappelé le représentant, le travail convenu a été réalisé au travers des discussions tenues au mois d’octobre 2020 entre les experts des deux parties prenantes.  Ces discussions ont conduit à une stratégie conjointe de retrait progressif échelonné de la MONUSCO de la RDC qui a été validée par les autorités politiques de son pays ainsi que par les responsables de la Mission.  Son pays, a-t-il dit, milite en faveur de l’accroissement de la capacité opérationnelle de la brigade d’intervention, notamment en la dotant des unités spéciales adaptées à la guerre asymétrique dans l’est du pays et en la renforçant par les équipements adéquats.  Pour conclure, M. Empole a fait part de la détermination de son pays à rompre le cercle vicieux du conflit armé et de l’insécurité, pour un retour à une vie normale dans cette partie du territoire national après plus de de deux décennies de turbulences. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame le 27 décembre « Journée internationale de préparation aux épidémies  »

Soixante-quinzième session,
36e séance plénière – matin 
AG/12295  

L’Assemblée générale proclame le 27 décembre « Journée internationale de préparation aux épidémies  »

L’Assemblée générale a proclamé, ce matin, le 27 décembre « Journée internationale de préparation aux épidémies » en adoptant sans mise aux voix une résolution qui fait part d’une vive inquiétude face aux effets dévastateurs qu’ont sur les vies humaines les grandes maladies infectieuses et les épidémies, telle la pandémie actuelle de maladie à coronavirus (COVID-19).  Elle a également fait sienne, à l’issue d’un vote, une résolution qui prie la Fédération de Russie de retirer ses forces militaires de la Crimée. 

Par la résolution proclamant la « Journée internationale de préparation aux épidémies », l’Assemblée générale dit notamment craindre que face aux crises sanitaires mondiales, les systèmes de santé, déjà surchargés, ne soient submergés, que les chaînes d’approvisionnement mondiale ne soient perturbées et que les moyens de subsistance des populations, notamment des femmes et des enfants, et les économies des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ne soient frappés de manière disproportionnée. 

La COVID-19 n’est ni la première ni la dernière épidémie, a prévenu le Viet Nam.  Et il n’est pas exclu qu’une nouvelle épidémie surgisse à tout moment et surpasse en intensité et en gravité les épidémies antérieures si aucune préparation n’est envisagée, a averti la délégation, qui a vu dans la proclamation de cette Journée un moyen important de rappeler à toutes les parties prenantes la nécessité d’avoir, en permanence, un plan de prévention. 

Notant que la COVID-19 a déjà coûté la vie à 1,5 million de personnes et provoqué de graves conséquences socioéconomiques, le Président de l’Assemblée générale a appelé, de son côté, au renforcement de l’engagement et de l’action politiques, de la coopération multilatérale et de la solidarité en matière de soins de santé, y voyant des facteurs essentiels pour soutenir la reprise économique mondiale.  M. Volkan Bozkir a également appelé les États Membres à soutenir l’initiative Vaccines4all en vue de garantir un accès juste et équitable aux vaccins et à accroître leurs investissements pour parvenir à une couverture sanitaire universelle afin de se préparer aux pires urgences sanitaires et d’établir les bases pour un meilleur avenir.

L’Assemblée générale a ensuite adopté sans mise aux voix une résolution intitulée « Le rôle de la politique de neutralité et son importance pour le maintien et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et le développement durable » avant de faire sien le texte par lequel elle prie la Fédération de Russie, en tant que Puissance occupante, de retirer « immédiatement, complètement et sans condition » ses forces militaires de la Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine. 

En adoptant par 63 voix pour, 17 voix contre et 62 abstentions la résolution consacrée au « Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov », l’Assemblée générale condamne en outre l’exploitation par la Fédération de Russie d’entreprises d’armement ukrainiennes saisies en Crimée occupée, et lui demande de s’abstenir de tout acte visant à étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée. 

Elle condamne également la construction et l’ouverture du pont du détroit de Kertch et du pont ferroviaire faisant parties du projet d’autoroute de Tavrida, qui relient la Fédération de Russie et la Crimée temporairement occupée, facilitant la poursuite de la militarisation de la Crimée et empêchant les navires d’une certaine taille d’accéder aux ports ukrainiens de la côte de la mer d’Azov.

La Fédération de Russie a décrié l’adoption d’une « résolution politisée » qui équivaudrait, à ses yeux, à donner une nouvelle drogue à un toxicomane au lieu de le soigner, reprochant à l’Assemblée générale d’adopter des résolutions « pleines d’illusions et de mensonges » et qualifiant de « honteuse » la tentative de l’Ukraine de « réécrire l’Histoire ».  

Assurant que la résolution ne cherche « rien de moins » qu’à faire respecter l’ordre dans la zone de la mer d’Azov et des alentours, l’Ukraine a affirmé que la Fédération de Russie tente de prendre le contrôle des sites nucléaires, s’immisce dans le secteur de l’éducation et bloque la circulation maritime, tandis que la circulation de vaisseaux et aéronefs russes en mer Noire lui permet désormais d’atteindre des zones comme l’Afrique.  La délégation ukrainienne s’est également préoccupée du fait que la Crimée demeure inaccessible à tout mécanisme de contrôle relevant des traités applicables, que ce soit par mer, terrestre ou aérien. 

Gravement préoccupée par le fait que la Fédération de Russie transfère des systèmes d’armes hautement déstabilisateurs vers la Crimée, l’Union européenne a pour sa part appelé tous les États Membres à rester fermes dans leur politique de non-reconnaissance de « l’annexion illégale », notant que la militarisation de la péninsule par la Fédération de Russie a eu un impact négatif sur la situation sécuritaire dans l’ensemble de la région de la mer Noire.

L’Assemblée générale poursuivra ses travaux cet après-midi, à partir de 15 heures, en se prononçant sur les projets de résolution présentés par sa Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale.

SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE

Déclaration liminaire

M. VOZKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a déclaré que la tenue, la semaine dernière, de la session extraordinaire consacrée à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), fut l’occasion de renouveler l’engagement en faveur du multilatéralisme.  La COVID-19 continuera d’être ma priorité, a-t-il assuré.

M. Bozkir a rappelé l’adoption, l’an dernier, de la Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle.  Il est à présent temps que notre action soit à la hauteur de nos ambitions afin d’améliorer la santé et le bien-être de tous, a-t-il lancé.  Il a notamment relevé que la moitié de la population mondiale, au moins, n’a pas une couverture complète des services de santé essentiels et que près de 800 millions de personnes dans le monde consacrent plus de 10% de leur budget à la santé.  Durant la pandémie de COVID-19, a-t-il ajouté, les personnes les plus vulnérables qui n’étaient pas protégées par une couverture sanitaire universelle ont été les plus durement frappées.

La COVID-19 a déjà couté la vie à 1,5 million de personnes et provoqué de graves conséquences socioéconomiques, a-t-il enchaîné.  C’est un coup de semonce qui appelle au renforcement de l’engagement et de l’action politiques, de la coopération multilatérale et de la solidarité en matière de soins de santé qui, a-t-il ajouté, sont essentiels pour soutenir la reprise économique mondiale et pour mieux reconstruire.  Le Président de l’Assemblée générale a ensuite appelé l’ensemble des États Membres à soutenir l’initiative Vaccines4all et les efforts multilatéraux connexes, afin de garantir un accès juste et équitable aux vaccins. En outre, nous devons travailler ensemble pour garantir que tous les outils nécessaires, du diagnostic aux équipements préventifs, en passant par les traitements, soient mis à la disposition de tous ceux qui en ont besoin.

M. Bozkir a également encouragé les États Membres à accroître leurs investissements pour parvenir à une couverture sanitaire universelle, notamment pour appuyer les services antituberculeux, se préparer aux pires urgences sanitaires, et établir les bases pour un meilleur avenir.

Présentation et adoption de la résolution

Au nom du Canada, du Niger, du Royaume-Uni, de Saint-Vincent-et les Grenadines et du Sénégal, le Viet Nam a présenté le projet de résolution sur la Journée internationale de la préparation aux épidémies (A/75/L/18).  Il a souligné qu’à ce jour, la pandémie de COVID-19 s’est propagée partout dans le monde, avec des répercussions dévastatrices sur la vie humaine.  Ce n’est ni la première ni la dernière épidémie, a-t-il prévenu, en évoquant le VIH/sida, Ebola, le MERS, le SARS et le H1N1, entre autres.  Il n’est pas exclu, a averti le Viet Nam, qu’une nouvelle épidémie surgisse à tout moment et surpasse en intensité et en gravité les épidémies antérieures, si aucune préparation n’est envisagée.  Le Viet Nam a renvoyé à la Déclaration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU qui invite à une telle préparation.  La pandémie nous a surpris mais elle doit nous alerter sur notre état de préparation. 

Le Viet Nam a estimé en conséquence que la commémoration de la Journée internationale serait un moyen important de rappeler à toutes les parties prenantes la nécessité d’avoir, en permanence, un plan de prévention.  Le projet de résolution souligne en outre qu’il est indispensable d’élever le degré de préparation pour une riposte plus rapide et plus adéquate à toute éventuelle épidémie.  Le Viet Nam a précisé que, lors des négociations, les coauteurs de la résolution ont tenu compte des priorités de tous les États Membres.  Le texte a d’ailleurs passé la procédure d’approbation tacite.

Adoptée sans vote, la résolution fait part d’une vive inquiétude face aux effets dévastateurs qu’ont sur les vies humaines les grandes maladies infectieuses et les épidémies, telle la pandémie actuelle de maladie à coronavirus (COVID-19), qui font des ravages en compromettant le développement social et économique à long terme.  Dans ce texte, l’Assemblée générale dit craindre que face aux crises sanitaires mondiales, les systèmes de santé, déjà surchargés, ne soient submergés, que les chaînes d’approvisionnement mondiale ne soient perturbées et que les moyens de subsistance des populations, notamment des femmes et des enfants, et les économies des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ne soient frappés de manière disproportionnée.

Elle décide donc de proclamer le 27 décembre, Journée internationale de la préparation aux épidémies et invite l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à concourir à la célébration de ladite Journée, en collaboration avec les autres organisations concernées, dans le respect des dispositions de l’annexe de la résolution 1980/67 du Conseil économique et social (ECOSOC).  L’Assemblée souligne que toutes les activités qui pourraient découler de l’application de la résolution devraient être financées au moyen de contributions volontaires.

Déclarations

M. MOHD HAFIZ BIN OTHMAN (Malaisie) a déclaré qu’il faut parfois savoir « penser petit », dans un monde surarmé, y compris en armes de destruction massive, et pourtant, non préparé à lutter contre cet « ennemi invisible ».  Alors que la crise de COVID-19 « choque » le monde, les pays à faible revenu sont dans une position particulièrement difficile.  Le représentant a estimé que les États doivent se préparer aux incertitudes et équiper leurs sociétés pour les rendre résilientes, et leurs systèmes de santé, pour qu’ils soient abordables et accessibles à tous.  Une couverture sanitaire universelle efficace, et louée par l’OMS, a été mise en place en Malaisie dans les années 1990, a rappelé le représentant, en saluant ce « solide » filet de sécurité qui ouvre à tous l’accès aux soins de santé quelle que soit le pouvoir d’achat.

Mme HOE (Singapour) a souligné que des populations en bonne santé sont « indispensables » à la réalisation des objectifs de développement durable.  La représentante a mis l’accent sur le lourd impact de la COVID-19 sur l’économie et la santé mentale, ce qui risque de réduire à néant les acquis en matière de développement durable.  Les institutions multilatérales ont un rôle critique à jouer dans la coordination de la lutte contre la COVID-19, notamment pour une distribution équitable des vaccins et la réduction des risques.  La représentante a indiqué que son pays a travaillé en étroite coopération au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour mettre en place un Conseil de coordination des urgences médicales et un Fonds d’affectation spéciale.  Au niveau international, a poursuivi la représentante, nous nous efforçons d’appuyer la riposte à la pandémie, en plaidant pour un multilatéralisme renforcé dans la fabrication des vaccins.  Singapour a en effet rejoint le Mécanisme COVAX.

Les pays en développement sont ceux qui paieront le prix le plus fort à cause de la pandémie, a déclaré M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) qui a jugé essentiel que ce fléau ne fasse pas oublier d’autres maladies transmissibles comme le sida, le paludisme ou la tuberculose.  Le représentant a appelé à la fin de « la course irresponsable » aux mesures coercitives unilatérales.  Cuba, a-t-il alerté, subit maintenant un renforcement « sans précédent » du blocus économique, financier et commercial imposé depuis des décennies, avec des déficits accumulés dans le secteur de la santé estimés à plus de 3 milliards de dollars.  Nous n’avons pu, a précisé le représentant, nous fournir, comme nous aurions voulu, en médicaments, en équipements ou en pièces de rechange à cause de cette politique « injuste ».  Le peuple cubain est privé de respirateurs, de masques et autres matériels médicaux indispensables dans les circonstances actuelles, sans compter l’incidence négative sur le personnel médical.  Le représentant s’est tout de même enorgueilli que son pays ait pu déployer 39 équipes médicales pour aider d’autres pays, « convaincu que seules la solidarité et l’aide permettront de venir à bout d’une pandémie de ce genre ».

M. ASHISH SHARMA (Inde) a dit que son pays a adopté une approche holistique en matière de santé basée sur la prévention, dont la pratique du yoga et la bonne nutrition; et les soins de santé abordables, comme le Programme de santé universelle qui profite à 126 millions de personnes et encore le Programme d’assurance-maladie pour 500 millions de personnes.  L’Inde s’est aussi attachée à améliorer les infrastructures de santé, y compris les facultés de médecins, sans oublier de mettre en place des interventions spécifiques comme le Programme de nutrition à l’intention des femmes vulnérables.  La COVID-19, a poursuivi le représentant, a mis à jour les faiblesses des systèmes de santé qui doivent être comblées.  Le monde entier, a-t-il insisté, doit mieux se préparer aux crises sanitaires, en améliorant par exemple les mécanismes existants comme la COVAX pour l’accès aux vaccins et en élaborant des stratégies sanitaires à long terme d’accès à des vaccins abordables.  Pour y parvenir, a ajouté le délégué, les nouvelles technologies sont cruciales.  L’Inde, a-t-il affirmé, a pris des mesures qui lui ont permis d’avoir une longueur d’avance s’agissant de la COVID-19. 

Explication de position

Les États-Unis se sont dissociés des références à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui figurent dans la résolution.  La délégation a également renvoyé à sa déclaration du 18 novembre pour ce qui est des références au Programme 2030. 

PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉS

Présentation et adoption des résolutions

Le Turkménistan qui a présenté le projet de résolution intitulé « Le rôle de la politique de neutralité et son importance pour le maintien et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et le développement durable » (A/75/L.31) a rappelé qu’il a dûment soutenu l’appel à un cessez-le-feu immédiat que le Secrétaire général a lancé au mois de mars.  Le Turkménistan a insisté sur la notion de « neutralité politique » et souligné le lien étroit entre paix et sécurité et développement durable.  C’est la neutralité des États et leur expérience de la diplomatie préventive qui contribueront à renforcer la paix et la sécurité dans le monde, a estimé le Turkménistan.  Il a attiré l’attention sur le fait que le projet de résolution parle des liens importants entre les aspects géoéconomiques de la neutralité politique.  L’adoption de ce texte permettra d’élargir le concept de neutralité politique, dans une perspective de développement durable, a affirmé le Turkménistan.  

Adoptée sans vote, la résolution invite le Secrétaire général à continuer de coopérer étroitement avec les États neutres aux fins de la mise en œuvre des principes de la diplomatie préventive et de leur application dans leurs activités de médiation.  Elle recommande à tous les États Membres, aux organisations du système des Nations Unies et aux autres organisations internationales, régionales et sous-régionales de tirer parti, selon qu’il convient, de tout ce que peuvent apporter les États neutres et la médiation au règlement pacifique des différends et à la prévention et au règlement des conflits, dans le respect de la Charte des Nations Unies.  

Dans ce texte, l’Assemblée générale se félicite de ce que le Gouvernement turkmène ait décidé d’accueillir une conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement, qui sera consacrée à la Journée internationale de la neutralité, célébrée le 12 décembre.  Elle note avec satisfaction que le Gouvernement turkmène a pris également l’initiative de créer le « Groupe des Amis de la neutralité pour la paix, la sécurité et le développement durable ».  

À son tour, l’Ukraine a présenté le projet de résolution sur le « Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov » (A/75/L.38-Rev.1).  Elle a souligné que cette année, le texte porte essentiellement sur la militarisation progressive de la Crimée par la Fédération de Russie, ce qui sape la sécurité de la région et des alentours.  La Crimée demeure inaccessible à tout mécanisme de contrôle relevant des traités applicables, que ce soit par mer, terrestre ou aérien, a alerté l’Ukraine.  On voit affluer les armes, sans compter le fait que la Fédération de Russie tente désormais de prendre le contrôle des sites nucléaires, s’immisce dans le secteur de l’éducation et bloque la circulation maritime.  À quelques jours du vingtième anniversaire du Mémorandum de Budapest, l’on assiste à l’agression de l’un des signataires, a accusé l’Ukraine, en prévenant les autres délégations que la Fédération de Russie dira évidemment le contraire.  La vérité, a dit l’Ukraine, est que nous sommes devant une violation du Mémorandum et l’occupation de la Crimée par un État qui cherche à l’annexer. 

Les vaisseaux et aéronefs russes circulent dans la mer Noire, ce qui permet à la Fédération de Russie d’atteindre désormais des zones comme l’Afrique.  Le projet de résolution de cette année, a donc fait observer l’Ukraine, parle d’éléments importants comme la confiscation des entrepôts d’armes de la Crimée, l’afflux d’armes et l’exploitation illicite du territoire ukrainien.  La résolution ne cherche rien de moins qu’à faire respecter l’ordre dans la zone de la mer d’Azov et des alentours.

Adoptée par 63 voix pour, 17 voix contre et 62 abstentions, la résolution prie la Fédération de Russie, Puissance occupante, de retirer immédiatement, complètement et sans condition ses forces militaires de Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine.  Elle demande à tous les États Membres et aux organisations internationales compétentes de coopérer avec l’ONU afin de promouvoir et d’appuyer les efforts visant à mettre fin le plus rapidement possible à l’occupation russe de la Crimée et de s’abstenir de tout acte ou de tout rapport avec la Fédération de Russie concernant la Crimée qui seraient incompatibles avec cet objectif. 

Dans ce texte, l’Assemblée générale soutient les engagements et les mesures concertées pris par la communauté internationale, notamment dans le cadre des dispositifs internationaux relatifs à la Crimée, pour faire face aux difficultés nouvelles que cause la militarisation progressive de la Crimée, laquelle compromet la sécurité et la stabilité dans la région et au-delà.  Elle souligne que la présence de troupes russes en Crimée porte atteinte à la souveraineté nationale, à l’indépendance politique et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et compromet la sécurité et la stabilité des pays voisins et de la région européenne.  L’Assemblée générale condamne l’exploitation par la Fédération de Russie d’entreprises d’armement ukrainiennes saisies en Crimée occupée, et demande à ce pays de s’abstenir de tout acte visant à étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée.  Elle condamne en outre les visites de responsables russes en Crimée temporairement occupée, y compris dans le cadre d’exercices militaires, de défilés militaires et d’autres activités.

Elle demande à la Fédération de Russie de s’abstenir d’ouvrir des établissements d’enseignement dans lesquels un entraînement au combat serait dispensé aux enfants criméens dans le but déclaré de les préparer à servir dans les forces armées russes, de s’abstenir d'instaurer des séances d'entraînement au combat dans les écoles de Crimée et de cesser de s’employer à intégrer officiellement les établissements d’enseignement de Crimée dans son système d’éducation « militaro-patriotique ». 

Elle demande à la Fédération de Russie de s’abstenir de mener en Crimée et dans certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov des activités illicites d’ordre militaire qui ne feraient qu’exacerber les tensions dans la région et au-delà.  L’Assemblée condamne également le fait que la Fédération de Russie construise des navires de guerre dans la Crimée temporairement occupée, ce qui contribue encore davantage à la concentration de forces et constitue une menace pour la sécurité et la stabilité dans la région. 

L’Assemblée générale condamne aussi la construction et l’ouverture par la Fédération de Russie du pont du détroit de Kertch et du pont ferroviaire faisant partie du projet d’autoroute de Tavrida, qui relient la Fédération de Russie et la Crimée temporairement occupée, facilitant la poursuite de la militarisation de la Crimée et empêchant les navires d’une certaine taille d’accéder aux ports ukrainiens de la côte de la mer d’Azov. 

Explications de position ou de vote

La République arabe syrienne a annoncé qu’elle voterait contre la résolution L.38.  Sa position se résume au fait de sa volonté de « s’opposer à la politisation de l’Assemblée générale » et à « respecter la Charte ».

La Fédération de Russie a, elle aussi, indiqué qu’elle votera contre la « résolution politisée de l’Ukraine » et a dénoncé un « spectacle » de la part de l’Ukraine, affirmant que les résidents de la presqu’île ont déjà mis en œuvre leurs droits à l’autodétermination.  Aucune consultation sur ce texte n’a été réalisée, « comme d’habitude », a ironisé la Russie, et l’absence de tentatives de l’Ukraine d’expliquer les événements récents a été dénoncée par les Criméens eux-mêmes.  Elle a accusé « les autorités de Maidan » de répandre de fausses informations sur les réseaux sociaux.  Le « virus de Maidan » c’est-à-dire la rhétorique antirusse de l’Ukraine, est un virus « peut-être encore pire que la COVID-19 », a lancé la délégation.  

« Plus tôt l’Ukraine reconnaîtra qu’il sera impossible de faire revenir la Crimée dans son giron sans l’appui des Criméens eux-mêmes, et mieux cela vaudra », a ajouté le représentant russe, après avoir appelé à voter contre le texte.

L’Azerbaïdjan a appuyé la souveraineté territoriale de l’Ukraine.  Le strict respect des normes de souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance est essentiel pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a souligné la délégation.

Le Danemark, au nom du Groupe des pays nordiques, s’est dit préoccupé par les transferts d’armes opérés par la Fédération de Russie en Crimée, ainsi que par la détérioration des droits fondamentaux en Crimée.  Il a condamné la conscription forcée des jeunes criméens et a demandé à la Russie de retirer ses forces militaires de la Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine.

Le Royaume-Uni a pleinement appuyé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et jugé que les agissements de la Russie continuent de mettre à mal l’ordre international.  La délégation a relevé que la militarisation de la Crimée passe, entre autres, par le transfert de personnel militaire de la Russie vers le territoire ukrainien, le transport d’aéronefs et l’envoi des forces criméennes vers le territoire russe.  Elle a également rappelé la saisie par la force de trois navires ukrainiens, signalant en outre que la Russie continue d’alimenter le conflit ukrainien grâce à l’assistance et à la force qu’elle apporte dans d’autres régions de l’Ukraine.  Cela est inacceptable, a-t-elle affirmé.

Singapour a souligné qu’en tant que petit État, elle a toujours appuyé les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence.  La délégation a pris bonne note des amendements dans la résolution tout en exprimant des réserves sur certains libellés. 

Les États-Unis ont déclaré que, près de sept ans après le début de l’occupation de la péninsule de Crimée par la Russie, la militarisation du territoire est une menace pour tous.  Ils ne reconnaîtront jamais l’annexion de la Crimée, par la Russie, qui appartient à l’Ukraine. 

Le Bélarus a jugé de nouveau inacceptable de présenter des résolutions devant l’Assemblée générale à des seules fins de politique: « cela n’aide en rien à régler les conflits ».  À ses yeux, le texte  L.38/Rev.1 est un cas d’espèce qui ne fait qu’attiser les tensions et amoindrir les chances de trouver une issue au conflit.  Aucune consultation n’a été tenue durant l’élaboration du document et les consultations de Minsk n’y sont pas mentionnées, a regretté le Bélarus qui a fait part de son intention de continuer d’appuyer le dialogue. 

L’Indonésie a appuyé le principe de non-ingérence et souligné l’importance du dialogue entre les États concernés.  Elle s’est abstenue de voter, car elle est consciente du fait que certains éléments du texte risquent de saper un environnement propice au dialogue.  Elle a appelé à la communauté internationale à appuyer les efforts consentis par toutes les parties prenantes pour reprendre le dialogue.  

L’Iran a estimé que cette résolution n’aurait pas dû être examinée à l’Assemblée générale car elle risque d’exacerber les différends.  La délégation a souligné l’importance du dialogue et fait part de son appui à toute solution pacifique à ce différend.  

L’Algérie a indiqué s’être abstenue, déplorant la présentation d’une résolution déséquilibrée et rédigée sans aucune consultation entre les parties pour parvenir à un libellé consensuel.  Elle ne fait que mettre à mal les mécanismes déjà agréés par les parties, a dit la délégation qui a préconisé un dialogue direct et des négociations entre les parties pour résoudre ce différend.

Déclarations

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a indiqué que le « régime de Maidan » va réussir à recevoir un appui de plus « contraire au bon sens et à la logique ».  Alors que l’Ukraine s’entête à multiplier les résolutions, pensons plutôt aux populations ukrainiennes qui continuent de souffrir, a préconisé le représentant.  Malgré leurs efforts géopolitiques, les dirigeants ukrainiens n’arrivent à rien mais « le feu de Maiden » est « bien pratique pour les Occidentaux ».  L’adoption de cette résolution, a commenté le représentant, équivaut à donner une nouvelle drogue à un toxicomane au lieu de le soigner.  Il a renvoyé au discours que l’Ukraine a prononcé lors de la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, lequel a « choqué » toutes les républiques de l’ex-Union soviétique.  C’était, s’est désolé le représentant, un discours méprisant et « très douloureux ».  Il a affirmé que les vétérans ukrainiens, qui ont sacrifié leur sang dans la lutte contre Hitler, « savent bien de quoi on parle ».  Le représentant a jugé bon de présenter ses excuses aux centaines de milliers de Juifs ukrainiens et aux vétérans de la France et d’autres pays.  Il n’a pas manqué de reprocher à l’Assemblée générale d’adopter des résolutions « pleines d’illusions et de mensonges ».  Pensez-y lorsque vous adopterez d’autres textes antirusses qui sont en fait tout aussi anti-ukrainiens, a lancé le représentant.

Voilà une déclaration « sans substance », a commenté M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), en présentant une motion d’ordre.  Être critiqué par un représentant de la Fédération de Russie est en fait « un honneur », a-t-il ironisé.  S’exprimant en russe, il a relevé que la Fédération de Russie ne respecte même pas les déclarations de son propre Président, qui avait dûment condamné les pactes passés entre Staline et Hitler.  Voilà qui confirme à quel point Moscou s’écarte des faits et des réalités historiques.

M. SILVIO GONZATO, délégation de l’Union européenne (UE), a réitéré que l’UE ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Fédération de Russie.  Les actes posés par la Fédération de Russie sont en violation flagrante du droit international et des principes clefs de l’ordre international, a accusé le délégué.  Ce sont des violations des engagements internationaux et bilatéraux de la Fédération de Russie et des principes de sécurité et de stabilité régionales européennes, consacrés par l’Acte final d’Helsinki et la Charte de Paris, textes fondateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Il s’agit aussi, a ajouté le représentant, d’une violation du Mémorandum de Budapest de 1994.

M. Gonzato a rappelé que le soi-disant référendum organisé par la Fédération de Russie sur la péninsule, en mars 2014, n’a aucune validité juridique.  Il constitue une violation de la Constitution ukrainienne et ne peut donc servir de base à la modification du statut de la Crimée et de Sébastopol.  L’Union européenne, a dit son représentant, appelle tous les États Membres à rester fermes dans leur politique de non-reconnaissance de l’annexion illégale, conformément à la résolution 68/262 de l’Assemblée générale. 

Il a ajouté que, depuis cette annexion illégale, la militarisation de la péninsule par la Fédération de Russie a eu un impact négatif sur la situation sécuritaire dans l’ensemble de la région de la mer Noire.  La construction du pont du détroit de Kertch sans le consentement de l’Ukraine et le régime d’inspection arbitraire qui a suivi limitent la navigation vers et à partir des ports ukrainiens, avec des conséquences économiques négatives pour l’économie et les ports en mer d’Azov.  L’UE, a souligné son représentant, est gravement préoccupée par le fait que la Fédération de Russie transfère des systèmes d’armes hautement déstabilisateurs vers la Crimée et déploie des militaires dans le territoire de l’Ukraine.  La citoyenneté russe et la conscription obligatoire dans les forces armées de la Fédération de Russie ont été imposées aux résidents de la Crimée en violation du droit international humanitaire, a encore dénoncé M. Gonzato.

Comme l’UE l’a demandé à maintes reprises, et comme l’indique également la résolution 74/17 de décembre 2019, il est crucial que la Fédération de Russie retire ses forces militaires de Crimée et mette fin sans délai à son annexion illégale, a demandé le délégué, qui a appelé tous les États Membres à coopérer avec l’ONU pour encourager et soutenir les efforts en ce sens et à s’abstenir de tout commerce avec la Fédération de Russie  qui pourrait être considéré comme une reconnaissance « implicite de cette violation du droit international ».  Le représentant a exhorté la Fédération de Russie à garantir un accès sûr, inconditionnel et sans entrave à tous les mécanismes internationaux de surveillance, y compris la mission spéciale d’observation de l’OSCE en République autonome de Crimée « annexée illégalement » et à la ville de Sébastopol. 

Droit de réponse

« La vérité de l’Histoire a été oubliée », a déploré la Fédération de Russie, en justifiant le pacte Molotov-Ribbentrop comme « nécessaire pour préserver la paix ».  Elle a qualifié de « honteuse » la tentative de l’Ukraine de « réécrire l’Histoire » et lui a demandé d’arrêter, sous peine de « le regretter à l’avenir ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la COVID-19: l’ONU tire le bilan de neuf mois d’efforts et se projette vers l’avenir

Trente et unième session extraordinaire,
Dialogues interactifs & 2e séance (reprise), Matin, après-midi & soir
AG/12294

Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la COVID-19: l’ONU tire le bilan de neuf mois d’efforts et se projette vers l’avenir

Quelles formes a pris la riposte du système de l’ONU à la COVID-19?  Doit-on considérer le vaccin comme un « bien public mondial »?  Comment reconstruire en mieux?  Au deuxième jour de sa session extraordinaire consacrée à la pandémie, l’Assemblée générale a entendu les principaux acteurs onusiens, mais aussi des experts et des chercheurs, dialoguer avec les États Membres sur les grandes questions posées par cette crise qui, de l’avis du docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a démontré la nécessité de changer de modèles et d’investir dans la préparation, la couverture sanitaire universelle et l’action multilatérale. 

Aucun des défis auxquels a été confrontée l’ONU depuis sa création n’a été aussi « immense » que cette pandémie, qui a mis à mal le tissu même du multilatéralisme, a observé le chef de l’OMS en introduction aux tables rondes.  Si elle a montré « ce dont était capable l’humanité », la crise actuelle a aussi fait apparaître « des signes troublants d’intérêts étroits et de division », a-t-il pointé, avant de fustiger les « théories du complot » qui visent la science et font prospérer le virus. 

Alors que plus de 70 millions de cas de COVID-19 ont déjà été signalés dans le monde et que plus de 1,4 million de personnes ont succombé à la maladie, il a mis l’accent sur quatre investissements essentiels pour « reconstruire un monde meilleur ».  Les vaccins, tout d’abord, alors que des « nouvelles positives » permettent d’entrevoir « la lumière au bout du tunnel ».  Toutefois, a-t-il soutenu, ces « solutions » doivent être partagées afin que nul ne soit laissé pour compte.  En créant l’Accélérateur ACT, l’OMS a souhaité que les vaccins soient alloués de manière équitable. 

Pour le docteur Tedros, il convient aussi d’investir dans la préparation aux autres pandémies, afin de renforcer le contrôle et l’atténuation de telles crises sanitaires.  Réaffirmant l’importance du Règlement sanitaire international (RSI), instrument juridique visant à éviter la propagation des maladies, il s’est prononcé pour la création d’un nouveau mécanisme pilote d’examen périodique qui aurait pour but de faciliter l’élaboration de mesures médicales relevant de « biens publics mondiaux ». 

Avant de céder la parole aux panélistes, M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale, a fait valoir à son tour que, face à un virus qui ne connaît pas de frontières, l’approche multilatérale s’avère essentielle.  Beaucoup a déjà été fait par l’ONU pour renforcer la riposte des gouvernements, soutenir les efforts humanitaires et veiller à la solidité des chaînes d’approvisionnement, a pour sa part souligné Mme Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale.  Mais il faut « tourner une nouvelle page » et réunir pour cela les 28 milliards de dollars que nécessitent l’accès au vaccin et l’appui aux stratégies de relèvement. 

Cette question a dominé la première table ronde de la journée, qui portait sur la riposte du système des Nations Unies.  L’échange a permis aux responsables de l’OMS, du Programme alimentaire mondial (PAM), du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de faire le point sur la réponse apportée par leur agence ces neuf derniers mois. 

Il ressort de ce dialogue qu’en dépit d’un élan de solidarité sans précédent depuis 30 ans, la famille onusienne s’est trouvée contrainte par un manque de financement pour ses appels humanitaires.  Comme l’a noté le chef du HCR, M. Filippo Grandi, cette assistance vitale dépendra en 2021 de la mise en place des plans de relance.  S’il a été possible d’éviter des famines, le pari n’est pas gagné pour l’an prochain, a renchéri son homologue du PAM, M. David Beasley, lui aussi dans l’attente de fonds d’urgence.  « Être pauvre, ça coûte cher en pleine pandémie », a résumé le patron du PNUD, M. Achim Steiner, tandis que la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, relevait que ce constat s’applique à tous les groupes vulnérables. 

De son côté, le docteur Mike Ryan, Directeur exécutif du Centre stratégique d’opérations sanitaires de l’OMS, a fait état d’une situation « toujours très, très difficile », quatre millions de nouveaux cas de COVID-19 et environ 70 000 morts étant dénombrés chaque semaine, alors que certaines zones géographiques enregistrent encore des taux de transmission très élevés, notamment l’Europe et les États-Unis.  « Nous espérons pouvoir ajouter les vaccins aux mesures de contrôle actuelles mais, pour le moment, la vaccination ne veut pas dire que nous allons éliminer le virus », a-t-il ajouté. 

Centrée sur le développement du vaccin contre la COVID-19, la deuxième table ronde a réuni virtuellement le couple de scientifiques Uğur Şahin et Özlem Türeci, cofondateurs de BioNTech et développeurs du vaccin de Pfizer, la professeure Sarah Gilbert, de l’Université d’Oxford, à l’origine du vaccin d’AstraZeneca, et le docteur Soumya Swaminathan, Directrice exécutive de l’OMS.  Pour ces quatre chercheurs, les succès engrangés depuis l’apparition du nouveau coronavirus en Chine, fin 2019, tiennent au fait que la communauté scientifique a su partager ses données, ce qu’a salué le docteur Sahin.  Le docteur Swaminathan a quant à elle applaudi l’élaboration d’un vaccin en 320 jours, un « record » auquel l’OMS a pris part.  En réponse aux craintes exprimées par plusieurs États Membres quant à la distribution équitable des vaccins, elle s’est voulue rassurante, rappelant qu’il s’agit d’un objectif clef du Mécanisme COVAX de l’OMS. 

La troisième et dernière table ronde s’est intéressée aux voies et moyens de la relance post-COVID-19.  « Nous espérons voir la lumière au bout du tunnel en 2021 », a confié Mme Zsuzsanna Jakab, Directrice générale adjointe de l’OMS, non sans rappeler la « tâche herculéenne » qui consistera à vacciner 20% de la population mondiale d’ici à la fin de l’an prochain. 

De l’avis de Mme Natalia Kanem, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), il faudra avant tout disposer de davantage de matériel médical pour servir les plus vulnérables.  Aider ces personnes « laissées pour compte depuis des années » doit être la priorité du relèvement, a abondé M. Guy Ryder, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), parlant de « catastrophe » pour le monde du travail.  Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a souhaité que les femmes puissent reprendre leurs activités « à des niveaux prépandémiques ».  Elle a également mis en garde contre les « solutions court-termistes » dans les plans de relance, appelant les États à prendre en compte le secteur informel.  « Il faut rectifier le tir pour éviter davantage de souffrances », a conclu Mme Mari Pangestu, Directrice générale pour les politiques de développement et les partenariats à la Banque mondiale. 

Cette trente et unième session extraordinaire de l’Assemblée générale a été suspendue après la reprise du débat général interrompu la veille.  Le débat sera achevé à une date ultérieure.

SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACRÉE À LA PANDÉMIE DE MALADIE À CORONAVIRUS (COVID-19) - A/RES/75/4

Déclarations d’ouverture des dialogues interactifs

M. VOLKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a souligné la nécessité d’une approche multilatérale pour lutter contre une maladie « qui ne reconnaît aucune frontière ».  Les dialogues interactifs organisés ce jour vont permettre d’entendre des experts, des parties prenantes et d’apprendre des expériences de ceux qui travaillent pour créer un monde meilleur, a-t-il déclaré. 

Trois dialogues sont organisés sur les thèmes suivants : La riposte du système des Nations Unies à la COVID-19 ; Sur la voie d’un vaccin contre la COVID-19, un bien public mondial ; Renforcer la résilience et reconstruire en mieux après la COVID-19.  Il s’agit de lutter contre les conséquences socioéconomiques de cette crise, a ajouté M. Bozkir.  Nous devons œuvrer en faveur d’une paix pérenne, durable, et de la protection des droits de la personne si nous voulons créer le monde que nous voulons, a-t-il conclu. 

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a indiqué que la riposte de l’ONU s’est concentrée sur l’apport d’un soutien aux gouvernements sur le terrain.  Elle a précisé que l’action de l’ONU a veillé à préserver le bon acheminement des services et des biens, dont les équipements de protection personnelle, à soutenir les efforts humanitaires et à renforcer la riposte des gouvernements face à la pandémie.  L’ONU a également appuyé les entreprises dans ce contexte et veillé à la solidité des chaînes d’approvisionnement.  La riposte onusienne a été conduite dans le respect des droits de la personne, en appui à 71 pays. 

Mais nous devons aller plus loin dans notre riposte, a poursuivi Mme Mohammed.  Elle a appelé à « tourner une nouvelle page » en insistant sur les décisions cruciales qui devront être prises dans les 12 prochains mois en vue d’éliminer la pauvreté, de défendre les droits des femmes ou bien encore de promouvoir « une économie verte ».  « Ce ne sera pas une tâche aisée. »

La Vice-Secrétaire générale a ensuite mentionné les 28 milliards de dollars nécessaires pour l’accès au vaccin, ajoutant que les équipes de l’ONU sont prêtes à l’appuyer dès que les ressources auront été fournies.  Elle a ensuite insisté sur la contribution de l’ONU aux gouvernements pour renforcer leurs stratégies de relèvement postpandémie, avant de souligner l’importance de prendre des mesures robustes pour protéger l’environnement.  L’ONU entend réunir en 2021 les différents acteurs concernés dans des domaines de l’alimentation, des transports, de l’éducation ou bien encore des océans pour répondre aux défis, a assuré Mme Mohammed.  Enfin, la Vice-Secrétaire générale a souligné la nécessité de fournir des ressources aux pays qui en ont le plus besoin et de réaliser le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Nous devrons retrouver en 2021 la voie du développement durable pour tous, dans une planète en bonne santé, a-t-elle conclu. 

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a estimé qu’aucun des défis auxquels a été confrontée l’ONU depuis sa création voilà 75 ans n’a été aussi « immense » que la pandémie de COVID-19, qui a mis à mal le tissu même du multilatéralisme.  Cette crise, a-t-il dit, a mis l’Organisation à l’épreuve mais a aussi montré ce que peuvent faire les Nations Unies lorsqu’elles agissent au mieux.  Dès les premiers jours, a rappelé le docteur Tedros, l’OMS a créé une équipe de gestion de la crise qui a travaillé avec toute la famille onusienne et un grand nombre de pays.  La collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’UNICEF a, par exemple, permis de renforcer les chaînes d’approvisionnement et d’envoyer plusieurs millions de tests à 171 pays et territoires.  « La pandémie a montré ce dont était capable l’humanité », au prix de grands sacrifices et d’efforts d’innovation et de solidarité.  « Mais elle a aussi fait apparaître des signes troublants d’intérêts étroits et de division », a-t-il déploré.  Rappelant que plus de 70 millions de cas de COVID-19 ont déjà été signalés et que plus de 1,4 million de personnes ont succombé au virus, il a relevé que tous les pays n’ont pas riposté de la même façon.  Certains ont réussi grâce à des outils sanitaires éprouvés et pas à la faveur d’un « coup de chance ».  Ils ont prouvé que, grâce à la science et aux sacrifices, il est possible d’endiguer ce virus.  En revanche, « là où la science est mise à mal par des théories du complot ou des intérêts particuliers, le virus prospère ». 

Le Directeur général de l’OMS a ensuite mis l’accent sur quatre domaines essentiels, sur lesquels les Nations Unies comptent s’appuyer pour « reconstruire un monde meilleur ».  Le monde doit, en premier lieu, investir dans les vaccins, a-t-il souligné, faisant état de « nouvelles positives » qui permettent d’entrevoir « la lumière au bout du tunnel ».  Toutefois, si la fin de ce combat est en vue, nous ne pouvons accepter un monde où les plus pauvres seraient écrasés par les plus riches dans cette course au vaccin, a-t-il fait valoir.  Dans cette crise mondiale, les solutions doivent, selon lui, être partagées comme des « biens publics mondiaux » et ne laisser personne pour compte.  Réduire les inégalités entre les personnes et entre les nations n’est pas une tâche à laquelle nous devons nous attaquer après la pandémie mais pendant la riposte, a martelé le docteur Tedros, y voyant le seul moyen d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  C’est pourquoi l’OMS a créé l’Accélérateur ACT, fruit d’un partenariat sans précédent destiné à élaborer des vaccins et outils de diagnostic et à les allouer de façon équitable.  Cette initiative a déjà généré des résultats, avec quelque 120 millions de tests rapides distribués et des doses de dexaméthasone fournies à plus de 4,5 millions et personnes dans le monde.  Mais elle se heurte à des difficultés de financement, 4,3 milliards de dollars étant nécessaires pour lancer les achats de masse et l’approvisionnement en vaccins, et 23 milliards de dollars pour mener à bien les opérations l’an prochain. 

Il convient également d’investir dans la préparation d’autres pandémies, a prévenu le Chef de l’OMS.  De nombreux pays n’étaient pas prêts à affronter la COVID-19, certains pensaient que leur solide système de santé les protégerait.  Or tous doivent se doter de cette même « mémoire des muscles » et investir dans le contrôle et l’atténuation des crises, a-t-il plaidé.  À cette fin, le Règlement sanitaire international (RSI) est un outil juridique puissant, que les pays doivent utiliser de manière plus efficace, a-t-il affirmé.  Le RSI doit jouir de plus de transparence et de légitimité politique, a estimé le docteur Tedros, indiquant avoir chargé un comité de formuler des recommandations.  Il a notamment évoqué la création d’un nouveau mécanisme pilote d’examen périodique qui, à l’image de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme, aurait pour but de faciliter l’élaboration de mesures médicales relevant de « biens public mondiaux ».  

Il faut, d’autre part, investir dans la santé, qui est « le socle de la paix et de la prospérité », a encore préconisé le Directeur général de l’OMS.  Alors que l’économie mondiale a connu son plus fort déclin depuis la Grande Dépression, que les écarts géopolitiques se sont creusés et que le système multilatéral est remis en cause, le sous-investissement actuel est préoccupant.  La santé représente en effet un investissement dans les sociétés et permet aux nations de prospérer, a-t-il souligné.  Si le monde consacre environ 10% de son PIB à la santé, ces dépenses visent plus à traiter qu’à prévenir, a-t-il observé, annonçant la création d’un nouveau Conseil sur l’économie de la santé pour tous.  Se félicitant de la Déclaration politique de haut niveau de l’an dernier sur la couverture sanitaire universelle, il a jugé que la pandémie ne fait que souligner l’importance d’un tel dispositif.  Nombre de pays ont ainsi donné un accès gratuit aux tests et prévoient de faire de même avec le vaccin.  Cela ne devrait-il pas s’appliquer également aux cancers, à la tuberculose, au paludisme, à la prise en charge des grossesses et à la lutte contre le tabagisme? s’est-il interrogé.  Selon lui, trop de pays ont négligé d’investir dans les fonctions les plus essentielles qui nécessitent des investissements modestes mais sont la pierre de touche de tout système de santé.  « Si le monde veut éviter d’autres crises de cette ampleur, il doit investir dans la prise en charge primaire », a-t-il insisté.  

Le docteur Tedros a, enfin, appelé à investir dans le multilatéralisme pour préserver notre avenir commun, relevant qu’il n’existe pas de vaccin contre la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques.  En 2015, a-t-il rappelé, la communauté internationale s’est dotée des ODD et de l’Accord de Paris sur le climat, convergeant ainsi vers un avenir commun.  Depuis, des divergences dangereuses sont apparues, les ambitions de Paris ont été remises en cause et les dispositions d’Addis-Abeba sont restées lettre morte, a-t-il regretté, avant d’appeler les pays à faire le « choix de la collaboration et de la solidarité ».  Nous devons, ensemble, répondre à l’appel du Secrétaire général à réaliser les ODD avec encore plus de détermination et appuyer le Plan d’action mondial pour une vie saine et le bien-être, a lancé le Directeur général de l’OMS.  Ce type de coopération doit caractériser l’ère postpandémie, a-t-il dit, souhaitant que le monde agisse maintenant, sans revenir aux mêmes modèles de production, aux mêmes cycles de panique et de divergences.  Cette pandémie nous a menés à un carrefour : « derrière, il y a le statu quo, et devant, un nouveau chemin dans lequel les pays ne sont pas des rivaux à somme nulle mais des compagnons de route qui partagent une même vision », a-t-il conclu. 

Table ronde 1: La riposte du système des Nations Unies à la COVID-19

La première table ronde de la journée portait sur la riposte du système des Nations Unies à la COVID-19.  Modérée par la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, ce dialogue a été l’occasion pour les hauts responsables de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Programme alimentaire mondial (PAM), du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de faire le point sur les neuf derniers mois et sur la réponse que leurs agences ont apporté à une pandémie qui a pris le monde par surprise et à laquelle personne n’était suffisamment préparé selon eux.

Des ONG partenaires de l’ONU sur le terrain, Save the Children, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFCR) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ont également apporté leur point de vue à ce débat, avant d’engager une discussion avec les États Membres.

Ce qui est ressorti de ce bilan c’est qu’il y a eu un élan de solidarité sans précédent depuis 30 ans, et que la seule contrainte à laquelle la famille de l’ONU ait eu à faire face et qui l’a empêchée de faire davantage, c’est un manque de financement de ses appels humanitaires.

« La situation actuelle est toujours très, très difficile et dangereuse », a d’emblée déclaré M. MIKE RYAN, Directeur exécutif du Centre stratégique d’opérations sanitaires de l’Organisation mondiale de la Santé.  Chaque semaine on dénombre 4 millions de nouveaux cas de COVID-19 et environ 70 000 morts, et certains pays connaissent encore des taux de transmission très élevés, notamment en Europe et aux États-Unis.  La situation épidémiologique n’est pas stabilisée, a-t-il souligné.  Et les pays ou les régions qui ont réussi à stabiliser la transmission pourraient perdre le contrôle rapidement.  Il va être difficile de sortir de cette situation sans mesures ou stratégies qui soient aptes à contrôler la transmission tout en tenant compte des systèmes économiques et sociaux, a-t-il indiqué.

« Nous espérons pouvoir ajouter les vaccins aux mesures de contrôle actuelles, mais pour le moment, la vaccination ne veut pas dire que nous allons éliminer le virus », a enchaîné M. Ryan.  Le vaccin signifie juste que nous pourrons reprendre le contrôle sur la transmission et peut-être l’arrêter, a-t-il signalé.  Pour revenir à une nouvelle normalité, des efforts énormes vont être nécessaires.  Il a en outre souligné que disposer d’un vaccin est une chose, mais que vacciner les populations et veiller à la disponibilité équitable des vaccins est un tout autre défi.  Les Nations Unies ont un rôle très important à jouer à cet égard, notamment face à la défiance des populations envers le vaccin, a-t-il estimé.

M. Ryan a par ailleurs salué les efforts déployés pour mettre de côté les rivalités, relevant que la riposte mondiale à la pandémie avait démontré l’étendue de ce qui peut être accompli lorsque l’on travaille ensemble, mais également que lorsque la clarté et l’unité font défaut « nous ne faisons pas bien ».

M. DAVID BEASLEY, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a alerté que la COVID-19 a fait passer le nombre de personnes souffrant de la faim de 135 millions à 270 millions de personnes.  L’année 2021 va littéralement être catastrophique, a-t-il affirmé.  La contraction économique est réelle et les besoins ne cessent d’augmenter.  Mais si nous réagissons de façon stratégique nous pourrons éviter la déstabilisation, les migrations et les famines, a-t-il affirmé en se basant notamment sur les leçons déjà tirées de la crise.  Il a également insisté sur l’importance de fournir au PAM les fonds dont il a besoin.

Il a rappelé que le PAM s’était mobilisé pour assurer la livraison de l’aide humanitaire dans le monde lorsque l’industrie aérienne avait été stoppée au début de la pandémie et que d’autres agences, notamment l’OMS et le PNUD, fournissent un soutien nécessaire sur le terrain, en particulier aux pays qui n’avaient pas accès au secteur privé pour se procurer des tests de dépistages ou des équipements de protection personnelle, entre autres.

Pour le Directeur exécutif du PAM, 2021 risque d’être l’année de la pire crise humanitaire depuis la création de l’ONU et il va falloir faire une hiérarchisation stratégique des priorités notamment pour ce qui est de l’allocation des fonds.  Face à la limite des ressources, « il faut donner la priorité aux icebergs qui se trouvent devant le Titanic », va-t-il estimé.  M. Beasley reste cependant optimiste que le pire peut être évité à condition de travailler main dans la main et de débloquer les fonds nécessaires.  Il a conclu par un vibrant plaidoyer pour mettre fin aux conflits qui rendent la donne impossible dans le contexte de la pandémie.

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que les objectifs de développement durable, même en pleine pandémie, restent essentiels.  « Ils sont notre boussole. »  Cette pandémie a des conséquences terribles pour les individus, les pays et les ODD, a-t-il dit, en indiquant que l’indice de développement humain devrait reculer l’année prochaine.  Il a insisté sur les choix fondamentaux qui attendent l’humanité, en insistant sur la notion de vulnérabilité, essentielle pour le PNUD.

M. Steiner a ensuite alerté que la moitié de la population mondiale n’a aucune forme de protection sociale et nombre de personnes tirent leurs revenus du secteur informel.  Le PNUD a été un filet de sécurité important cette année, puisqu’en moins de 100 jours, dans plus de 100 pays, à la demande du Secrétaire général, le PNUD a mobilisé son réseau pour aider les pays à faire face à la pandémie.  « C’est une chose extraordinaire. »  L’Administrateur a indiqué que dans sa riposte, le PNUD a dû remédier à deux défis: le manque de données et le genre.  S’agissant du genre, il a précisé que le PNUD a corrigé le tir afin de prendre pleinement en compte cette question, en ajoutant que 117 plans de riposte nationaux incluent un élément relatif à l’égalité entre les sexes.

Il a insisté sur l’énormité des choix à faire, en soulignant les pressions immenses pesant sur les pays en développement qui ont perdu une grande partie de leurs revenus.  « Serons-nous capables de répondre? »  M. Steiner a déclaré que le G20 a fait montre de leadership plus tôt dans l’année, en gelant le service de la dette.  « Mais soyons honnêtes, la riposte de la communauté internationale n’est pas du tout suffisante. »  Il a indiqué que les plans de relance des pays riches équivalent à 20% de leur PIB, ceux des pays émergents à 6% et ceux des pays pauvres à 2% seulement.  « Il est très cher d’être pauvre en pleine pandémie. »  Enfin, M. Steiner a indiqué qu’il est encore temps d’agir pour éviter qu’un milliard de personnes ne sombrent dans la pauvreté extrême d’ici à 2030.  C’est en effet l’un des scenarii possibles si nous ne faisons rien, a conclu M. Steiner.

Mme ASHA MOHAMMED, Secrétaire générale de la Croix-Rouge du Kenya, intervenant au nom de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que la Croix-Rouge, qui s’est beaucoup investie dans la lutte contre la COVID-19, se trouve aux avant-postes de la riposte.  Au Kenya nous avons travaillé dans les camps de réfugiés et en prison, et nous avons distribué de l’aide alimentaire notamment à ceux qui travaillent dans le secteur informel, entre autres.  Elle a indiqué que l’un des facteurs essentiels pour l’IFRC et le CICR est de savoir comment intégrer la riposte à la COVID-19 tout en continuant leurs autres activités et services.  Elle a rendu hommage aux bénévoles qui se sont impliqués, soulignant que ce sont eux les véritables acteurs locaux.

Mme Mohammed a expliqué qu’il a été compliqué pour le CICR et l’IFRC de pérenniser une riposte dans les zones de conflits.  La COVID-19 a chamboulé notre organisation, et c’est la première fois que nous avons lancé un plan de riposte de cette ampleur, a-t-elle dit.  Et nos partenariats, en tant que réseaux, ont été cruciaux.

Elle a ensuite appelé à veiller à ce que le vaccin contre la COVID-19 soit disponible pour tous.  Il faudra veiller à ce que les régions les plus reculées soient fournies en vaccin, les personnes vivant dans des zones non contrôlées par des gouvernements représentant entre 70 et 80 millions de personnes.  Pour finir, elle a souligné que les autres catastrophes ne se sont pas arrêtées avec la COVID-19.  L’urgence climatique est sûrement un défi encore plus important que la pandémie de COVID-19 qui vient souligner la nécessité de changement systémique, a-t-elle déclaré.

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a braqué les projecteurs sur l’urgence humanitaire qui résulte de la pandémie de COVID-19.  Il a notamment signalé que la pauvreté dans le monde avait augmenté pour la première fois en 30 ans et que l’espérance de vie avait baissé.  Si nous finissons 2020 en évitant une famine, ce sera un acquis énorme, a-t-il dit.  Il s’est également alarmé de la « conséquence choquante » de la pandémie qui se manifeste dans le fléau de la violence à l’égard des femmes et des filles, y voyant l’expression du stress et de la frustration des hommes canalisées contre les femmes et les filles dans le monde.

S’agissant de la réponse d’OCHA à la crise, il a expliqué qu’à peine deux semaines après la déclaration par l’OMS de la pandémie mondiale, un plan de riposte humanitaire a été lancé et mis à jour deux fois depuis.  En tout, ce sont 4 milliards de dollars qui ont été levés pour ce plan qui a investi dans des campagnes visant à assurer que chaque personne ait accès aux informations nécessaires pour se protéger du virus.  Ce plan cible aussi la prise en charge des paiements de protection sociale, la mise à niveau de système de santé publique, l’assainissement et la prise en charge de réfugiés en partenariat avec le Haut- Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Se tournant vers l’avenir, M. Lowcock a appelé la communauté internationale à se concentrer sur cinq priorités à commencer par la levée de fonds auprès des États Membres, des milliardaires et d’autres partenaires pour pouvoir financer le programme humanitaire qui permettra d’atteindre 600 millions de personnes et éviter des fléaux terribles que la famine.  Il a également encouragé les pays du G20, à travers les institutions financières internationales notamment, à venir en aide aux pays les plus pauvres dans le financement de leurs plans de relance post-COVID-19.  Par ailleurs il faut veiller à ne pas financer le vaccin aux dépens des programmes humanitaires, et se concentrer sur le déploiement du vaccin via des systèmes de santé faibles.

Enfin M. Lowcock a appelé à protéger les femmes et les filles pendant cette crise de la COVID-19 en regrettant que les programmes à leur intention sont les moins financés à ce jour.  Avant de conclure le Chef d’OCHA a mis en garde contre le risque de voir un « asséchement des ONG ».  En effet, plus de 1 000 ONG africaines ne savent pas si elles vont survivre cette année et il en est de même ailleurs.  Il a demandé aux dirigeants du monde de penser aux types d’institutions qu’ils souhaitent voir survivre et d’investir dans ces institutions.

M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé qu’il y a dans le monde 80 millions de déplacés et de réfugiés.  La grande majorité de ces personnes se trouvent dans des pays pauvres et sont confrontées au choc de la pandémie, à l’instar des communautés hôtes.  Le HCR a coopéré avec les acteurs locaux pour éviter des catastrophes majeures dans les endroits de forte concentration de réfugiés.  Nous étions très préoccupés au début de la pandémie de ce qui allait se passer à Cox’s Bazar, au Bangladesh, ou dans les îles grecques, mais grâce à une action humanitaire généreuse, nous avons été en mesure d’éviter des catastrophes majeures, a-t-il dit.  M. Grandi a déclaré que les crises se sont néanmoins poursuivies comme au Venezuela, dans la région du Tigré en Éthiopie, ou encore au Nagorno-Karabakh. « Partir est devenu un risque alors que c’est aussi un moyen de sauver sa vie ».

S’agissant des restrictions de déplacements liées à la pandémie, le Haut-Commissaire a salué le fait qu’une centaine de pays ont prévu des mesures d’exception pour les demandeurs d’asile.  Ces restrictions doivent être temporaires et si vous les assouplissez pour votre population, alors vous devez le faire aussi pour les réfugiés, a-t-il lancé aux gouvernements.  Il s’est inquiété des conséquences catastrophiques du confinement et les risques accrus de pauvreté, qui pourraient jeter davantage de personnes sur les routes.  Nous devons faire en sorte que les réfugiés et les personnes déplacées soient pris en compte dans les programmes d’assistance et les campagnes de vaccination des pays, a-t-il dit, en reconnaissant les difficultés politiques d’une telle prise en charge.

La pandémie de la COVID-19 est une crise des enfants, a déclaré à son tour Mme INGER ASHING, Directrice générale de Save the Children International.  Les progrès sur la voie des ODD et les progrès sur le front du droit des enfants risquent d’être mis en périls, voir détruits.  La pauvreté augmente et la pandémie risque de mettre à mal des décennies de progrès.  Il y a les conséquences d’aujourd’hui pour les enfants, mais il y a aussi les conséquences pour leur avenir, donc pour notre humanité, a-t-elle rappelé.  C’est la première fois que nous rencontrons une telle urgence sur le plan éducatif à l’époque moderne.  Des millions d’enfants ne retourneront jamais à l’école et ils sont plus vulnérables face à la faim, aux violences, et aux mariages précoces.  Selon les prévisions faites avec l’UNICEF, le nombre d’enfants vivant dans des familles pauvres pourrait augmenter de 15%.  Elle a ajouté qu’un milliard d’enfants de 2 à 17 ans sont victimes de violence physique, sexuelle ou émotionnelle chaque année.  C’était donc un problème majeur même avant la COVID-19, mais qui risque de s’aggraver.

En ce qui concerne les filles, le recueil d’informations sur le terrain indique que la fermeture des écoles et le confinement ont des conséquences très graves pour elles.  Nous craignons que les risques de violence sexuelles et sexistes augmentent: chaque mois de confinement est égal à 15 millions de violences sexistes dans le monde, a signalé Mme Ashing.  Et 500 000 fillettes de plus devaient être mariées de force cette année, ce qui s’ajoute aux 12 millions de mariages forcés déjà existants.  Cela annihile tous nos efforts, a–t-elle déploré.  S’ajoutent à cela les risques de grossesses et d’accouchement.  En outre, à cause des restrictions mises en place, les efforts de prévention de la violence sont plus difficiles à mener.  L’accès était déjà difficile avant la pandémie, mais la situation s’est empirée depuis.

En ce qui concerne la question du financement, Mme Ashing a appelé à mieux financer les appels humanitaires.  Les budgets nationaux doivent aussi prévoir des programmes de prises en charge dans le domaine des violences sexuelles et sexistes.  C’est malheureusement un des domaines où les financements sont les moins importants.  Par ailleurs, nous avons besoin de davantage de données pour bien cerner la situation, car il y a beaucoup de lacunes dans nos connaissances au sujet de la réaction face à la COVID-19.  Elle a aussi insisté sur l’importance d’impliquer les populations, notamment les femmes et les filles qui doivent pouvoir s’exprimer en toute sécurité.  Ce sont ces groupes qui connaissent le mieux la réalité qui est leur quotidien, a-t-elle dit.  Enfin, il faut renforcer les efforts de sensibilisation.

« Le monde a changé, nous ne reviendrons pas à ce monde et nous ne le voulons pas, car le monde d’avant était un monde d’inégalités », a déclaré Mme MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire aux droits de l’homme.  Selon elle, les pays qui ont le mieux fait face à la pandémie sont ceux où la confiance dans les institutions étaient fortes et les filets de protection sociale robustes.  Pour sa part, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a veillé à élaborer des recommandations, en attirant l’attention sur les vulnérabilités de certains groupes face au virus.  Elle a indiqué que les plans de relèvement sont souvent basés sur des données ou des ventilations de données insuffisantes sur cette question-là.  Certains groupes ne sont pas davantage vulnérables au virus en raison de prédispositions génétiques mais en raison des discriminations qui les frappent, a expliqué Mme Bachelet, en mentionnant les réfugiés, les déplacés, les minorités ou bien encore les personnes LGBT.  Ces personnes, a-t-elle alerté, sont les plus vulnérables et n’ont pas accès aux services essentiels.

Mme Bachelet a aussi indiqué que les femmes ont été particulièrement touchées, en raison des violences domestiques liées au confinement, mais aussi en raison du fait qu’un grand nombre d’entre elles tirent leurs revenus du secteur informel ou de secteurs touchés de plein fouet par la crise, comme le tourisme et la restauration.  Les femmes n’ont pas souvent été incluses dans les commissions nationales chargées des stratégies de relèvement et il est probable que leurs besoins ne seront pas pris en compte car elles n’ont pas été conviées à la table, a-t-elle déploré.  Mme Bachelet a salué dans le même temps l’excellent travail abattu par des dirigeantes femmes face à la pandémie.  Enfin, elle a appelé à se « relever mieux » afin que la démocratie prévale.

Tour de table

À l’issue des interventions des panélistes, la modératrice de cette table ronde, Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, leur a demandé de préciser quel avait été le plus grand enseignement tiré de la pandémie de COVID-19 pour le système des Nations Unies et ses partenaires.

La réponse a été unanime pour M. Amir Abdulla, du PAM, le Coordonnateur des secours d’urgence, et le Haut-Commissaire pour les réfugiés qui ont tous salué la solidarité dont le système a fait preuve pour agir ensemble.  « En 30 ans, je n’ai jamais vu une riposte aussi solidaire », s’est félicité le représentant du PAM.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a ajouté que cette collaboration s’est traduite par les 19 réunions qui se sont tenues depuis le mois de mars, alors qu’en « temps normal » il n’y en a que deux par an.  Pour le Chef d’OCHA, la seule véritable contrainte qui a empêché le système de l’ONU de faire plus et de réduire davantage les souffrances, c’est le manque de ressources.  Le Haut-Commissaire pour les réfugiés a renchéri en martelant que si les ressources sont essentielles cette année, elles le sont également pour l’année prochaine parce que l’assistance humanitaire va devoir combler les lacunes en attendant de pouvoir mettre en place des ripostes post-COVID-19 au niveau des pays.

De son côté, la représentante de l’IFRC et du CICR a retenu de cette année la place cruciale des communautés dans la riposte.  À l’avenir, il faudra leur donner plus de pouvoir pour leur permettre d’agir car les communautés doivent être au cœur de l’action, a-t-elle martelé.  Elle a appelé ses collègues à réfléchir aux moyens de garantir l’accès aux communautés, en particulier aux plus marginalisées d’entre elles, et d’optimiser l’action au niveau local.  Allant dans le même sens, la Directrice générale de Save the Children, a souligné qu’il va falloir travailler « avec » et pas seulement « pour » les communautés, et qu’il est inquiétant de constater qu’un nombre significatif d’ONG risquent de disparaître faute de ressources.

Quelles mesures privilégier pour avoir le plus d’impact à l’avenir? a alors demandé la Secrétaire générale adjointe à la communication globale.

Pour le représentant de l’OMS, c’est la pérennisation des mesures prises pour empêcher la propagation du virus, et l’adoption, par les gouvernements de stratégies informées et basées sur la science.  Ces derniers doivent aussi miser sur la décentralisation de la riposte et apporter une information claire aux citoyens partout dans le monde.  L’autre volet est bien sûr de réussir à vacciner tout le monde, a ajouté le représentant de l’OMS, qui a souligné que le vaccin contre la COVID-19 mettra soit en exergue les inégalités dans le monde ou deviendra au contraire le symbole de la solidarité à l’échelle mondiale.

On ne peut pas non plus se permettre de sombrer dans une amnésie après la pandémie, a-t-il poursuivi, en insistant sur les liens entre l’impact de la pandémie et les injustices sociales.  Pour l’OMS, la leçon à tirer de cette pandémie c’est qu’il faut redécouvrir l’écoute, le respect mutuel et la diplomatie pour pouvoir aller de l’avant.  La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a ajouté qu’il faut des « dirigeants transparents » qui jouissent d’une confiance au sein de leur population.  La protection sociale des populations du monde est également nécessaire.

Pour sa part, l’Administrateur du PNUD a retenu des derniers mois qu’en dépit de toutes les analyses et des faits, il n’est pas toujours facile de faire vibrer « notre corde d’humanité commune » et que bien souvent ce ne sont pas les plus riches qui sont les plus généreux.  « Pensez au Liban, à la Jordanie, ou encore à la Turquie qui ouvrent leurs portes aux réfugiés alors même qu’ils connaissent de grandes difficultés ».  Pour le Chef du PNUD, il est impératif de retrouver cette solidarité.  S’adressant à ses collègues de la famille onusienne, il a estimé qu’ils avaient aussi le devoir de prendre soin de leurs personnels et de ceux de leurs partenaires.

Dialogue interactif

Dans un premier temps, la Barbade a signalé que pour les petits États insulaires en développement (PEID), notamment ceux de la Communauté des caraïbes (CARICOM), les fonds prévus pour la lutte contre le réchauffement climatique et à la réalisation des ODD ont dû être alloués à la lutte contre la COVID-19.  Que compte faire l’ONU pour que les PEID puissent continuer de mettre en œuvre les ODD, en particulier à la lumière de la crise de l’endettement, sachant que ces pays ne bénéficient pas de la suspension de la dette à l’initiative du G20?

L’Administrateur du PNUD a alors reconnu que l’échelle utilisée par l’ONU permettant de classer les pays crée une catégorisation qui n’est pas adéquate pour évaluer les besoins en aide internationale et qui ne reflète pas adéquatement la réalité.  Le PNUD tente donc de mettre en place une nouvelle catégorisation qui tienne compte des vulnérabilités, a indiqué l’Administrateur, qui a par ailleurs relevé que les PEID ont subi certaines des baisses de revenus les plus fortes au cours des 10 derniers mois, en raison de la baisse du tourisme notamment.

Étant donné la complexité de la crise actuelle, quel nouveau modèle pourrait être adapté aux nouveaux défis afin de réaliser les ODD, a demandé à son tour la Turquie.  Quand il y a une crise majeure, on se concentre sur les mesures d’urgence pour sauver des vies, mais que la seule façon de sortir de la crise humanitaire, c’est le développement, a souligné le Coordonnateur des secours d’urgence.  Lui emboîtant le pas, l’Administrateur du PNUD a rappelé que « ne pas avoir de nourriture, ça donne faim, mais surtout ça vous met en colère ».  Il faut comprendre l’intensité de la souffrance de ceux qui ont faim, a-t-il souligné, notant que cette crise demande aux acteurs humanitaires de repenser leur action.

À leur tour, les États-Unis ont voulu connaître le pourcentage de transmission du virus par des sujets asymptomatiques.  Ce mode de transmission va-t-il évoluer depuis le début de la pandémie?  Y a-t-il des variances selon l’âge ou les régions ?  La délégation a par ailleurs relevé que les données et les outils utilisés pour effectuer des évaluations lors des pandémies précédentes n’ont pas vraiment fonctionné dans le contexte de la COVID-19.  Notant que certains pays à revenu intermédiaire ne sont pas éligibles pour l’Alliance du Vaccin, elle a voulu savoir si la Banque mondiale prévoit de leur fournir une dérogation.

Le représentant de l’OMS a alors expliqué que 80% des personnes qui transmettent le virus sont asymptomatiques en faisant les principaux responsables de la propagation du coronavirus.  Il est donc essentiel que chacun continue de porter un masque, qu’on manifeste des symptômes ou non.

S’agissant du vaccin, le Coordonnateur des secours d’urgence a noté que certains pays vont être plus à même de pouvoir financer la vaccination de leur population que d’autres.  La Banque mondiale a déjà débloqué 12 milliards de dollars pour soutenir les pays qui vont avoir le plus de mal à financer leurs campagnes de vaccination.  Le mandat d’origine était de financer les pays qui avaient le plus grand mal à mobiliser des fonds à cette fin mais, a reconnu M. Lowcock, il faut à présent réévaluer cette catégorie car certains pays qui parvenait autrefois à financer leur propre campagne de vaccination ne peuvent plus le faire.

Notant que selon la Banque mondiale, il y aura 150 millions de personnes supplémentaires qui seront dans le besoin, la majorité dans les pays à revenu intermédiaire, la Haute-Commissaire aux droits de l’homme a, elle aussi, reconnu l’importance de changer notre façon de mesurer.

Que peut faire le système de l’ONU pour promouvoir l’assainissement qui représente un des meilleurs moyens de lutter contre la pandémie? a demandé l’Équateur.

L’eau est un des meilleurs exemples du dilemme que rencontrent beaucoup de pays aujourd’hui pour répondre aux besoins immédiats et à long terme, a indiqué l’Administrateur du PNUD.  Nous devons réagir à cette crise mais il faut aussi investir dans l’avenir que ce soit pour l’eau ou pour l’accès au numérique.  Le système de l’ONU doit aider les gouvernants à prendre des décisions difficiles, car la plupart d’entre eux n’ont pas les moyens de faire face à cette crise, d’où la nécessité d’impliquer le secteur privé qui détient le plus d’argent dans le monde.

« Comment l’ONU a-t-elle aidé les pays africains pour faire face à la pandémie? » a demandé le Maroc.  La délégation a aussi demandé comment mieux lutter contre la désinformation et la véritable guerre qui semble être livrée à la science aujourd’hui.  Le représentant de l’OMS a souligné l’étroite coopération nouée entre l’OMS et les pays africains, en vue d’augmenter les capacités de dépistage des pays africains qui étaient très faibles.  Au début de la pandémie, seuls deux pays africains avaient ces capacités, a-t-il rappelé.  L’OMS s’attaque aussi au problème de l’« infodémie » et veille à ce que les populations aient accès à des informations sanitaires fiables, en adaptant ses messages aux contextes locaux en vue de stopper la transmission.  La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a, elle, mentionné l’action de son Bureau pour répondre aux discours de haine visant des minorités ethniques et religieuses.

« Quels sont les enseignements tirés de l’opérationnalisation du nouveau système de développement face à la pandémie? » a demandé l’Afrique du Sud.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé que tous les pays ont été touchés quasiment en même temps et que la riposte de l’ONU a été menée selon plusieurs phases, avec d’abord une phase de conseil et orientation au début de la pandémie sur, notamment, l’acquisition d’équipements de protection personnelle et les capacités de dépistage.  Puis, en avril et mai, l’ONU est entrée dans une phase de réponse aux conséquences économiques sévères de la pandémie.  De son côté, le représentant du PAM a détaillé la riposte apportée au niveau régional, avant d’insister sur l’importance des liens transversaux entre les entités du système onusien en vue de permettre une riposte collective.

Dans ce droit fil, l’Administrateur du PNUD a indiqué que l’action de l’ONU face à la pandémie a suivi trois axes en Afrique du Sud: humanitaire, sanitaire et développement.  Un secrétariat interinstitutionnel a été mis en place pour un déploiement de toutes les composantes du système, a-t-il dit, en insistant sur l’importance des ponts aériens en Afrique au début de la pandémie.  La représentante de la FIRC et du CICR a d’ailleurs loué l’excellente coordination nouée avec l’ONU au Kenya, l’Organisation ayant joué un rôle central.

De son côté, la Directrice générale de Save the Children a reconnu que la pandémie a pris tout le monde par surprise et qu’il convient d’en tirer les enseignements pour être mieux préparés à la prochaine crise.  Pour Mme Ashing, le système des Nations Unies, les gouvernements nationaux et la société civile ont cherché à apporter leur pierre à l’édifice et fait montre d’une mobilisation et solidarité sans précédent.

Table ronde 2: Sur la voie d’un vaccin contre la COVID-19; un bien public mondial

La science

Retraçant son expérience cruciale au cours des derniers mois, M. UĞUR ŞAHIN, Cofondateur de BioNTech, laboratoire allemand, a expliqué qu’il travaillait à un vaccin contre le cancer pour lequel de nouvelles technologies sont nécessaires, ainsi qu’à la préparation très rapide des vaccins.  Il a appris qu’une épidémie s’était déclarée à Wuhan en janvier, qu’il a suivie avec un certain intérêt, mais sans implication personnelle au départ.  Mais il a été alarmé par une publication chinoise laissant entendre qu’il s’agissait d’un nouveau coronavirus, contre lequel l’humanité n’avait aucune immunité.  En fait, il s’est avéré que c’était une forme grave de pneumonie qui fait que les personnes infectées étaient contagieuses, a poursuivi M. Şahin.  Il a souligné que Wuhan a un aéroport international et un système ferroviaire très avancé, et qu’en conséquence, c’est l’une des villes les plus connectées en Chine.

Le chercheur a alors contacté son épouse Özlem Türeci, cofondatrice de BioNtech, pour l’alerter sur la gravité de l’épidémie.  Ils ont décidé ensemble de modifier leurs projets pour se concentrer exclusivement sur l’élaboration d’un vaccin contre la maladie à coronavirus (COVID-19).  Les deux médecins se sont mis en relation avec plusieurs candidats et ont réuni d’autres scientifiques pour la recherche.  L’une des conditions, a précisé M. Sahin, était que les équipes acceptent des coupes de salaires.  Ils ont fait passer le message qu’il n’y avait pas de temps à perdre et qu’il fallait aussi créer des partenariats.  Cela a permis d’avancer rapidement, de développer le produit et de montrer que le vaccin obtenu était sûr et très efficace, s’est félicité M. Sahin.  S’agissant de l’approbation d’urgence, il a rappelé que le Royaume-Uni a été le premier pays à reconnaître ce vaccin développé avec la compagnie américaine Pfizer.

Mme SARAH GILBERT, professeure à l’Université d’Oxford, a dit avoir réagi dès les premiers rapports sur un nouveau type de pneumonie apparu en Chine.  Nous avions déjà travaillé sur les maladies émergentes et savions qu’il était nécessaire de créer une plateforme initiale qui soit applicable à différentes pathologies pour éviter d’avoir à réinventer la roue, en établissant des outils génériques, a-t-elle expliqué, mais nous ne disposions pas de fonds suffisant pour des vaccins.  La chercheuse a précisé que l’OMS et le monde de la recherche s’attendaient plutôt à l’apparition d’une bactérie et non d’un virus, et envisageaient plus des « flambées » qu’une pandémie.

Mme Gilbert a souligné qu’il faut normalement deux à trois ans pour arriver à un vaccin, et qu’un catalogue était prêt depuis 18 mois sans disposer de financement suffisant.  Des centres de fabrications étaient prêts au Royaume-Uni mais l’épidémie est arrivée trop vite.  « Nous ne disposions pas de vaccins contre les coronavirus et nous nous sommes basés sur des vaccins de coronavirus sur les animaux », a-t-elle témoigné.  Le 23 avril, a-t-elle ajouté, nous disposions d’un lot de vaccins mais pas assez pour des essais cliniques, d’où la nécessité d’un partenariat avec AstraZeneca, afin de créer des centres de productions à l’échelle mondiale, particulièrement en Inde, pour rendre ce vaccin accessible.  Mme Gilbert a aussi insisté sur la nécessité d’informer la population pour vaincre le scepticisme envers les vaccins et rassurer le public sur les ingrédients du vaccin.  Elle s’est réjouie de la collaboration avec AstraZeneca pour l’échelle de production et de distribution et des caractéristiques du vaccin qui, conservé entre 2 et 8 degrés centigrades, présente des avantages logistiques pour les pays.

Comme Mme Gilbert, Mme ÖZLEM TÜRECI, Cofondatrice de BioNTech, a jugé que la distribution du vaccin doit se faire à l’échelle mondiale, d’où l’importance d’un partenariat capable de réaliser cet objectif.  Nous travaillons avec tous ceux qui nous contactent dans tous les pays du monde et avec diverses organisations tout en étant confrontés à une situation tout à fait nouvelle, a-t-elle souligné.  Les stratégies doivent être élaborées dans le respect des règles en la matière, avec les Nations Unies et d’autres partenaires, comme AstroZeneca ou Pfizer.  La chercheuse a prôné un « nouveau modèle de coopération entre les scientifiques » au lieu d’une relation fondée sur la concurrence, compte tenu de l’envergure de la pandémie et des risques qu’elle engendre. 

Mme SOUMYA SWAMINATHAN, Directrice exécutive et scientifique en chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a soutenu que l’élaboration du vaccin en 320 jours constitue « un record » dans lequel l’OMS a joué un rôle important.  Elle a rappelé qu’après l’épidémie de la maladie à virus Ebola, l’OMS avait créé un cadre pour la prévention de flambées pathogènes et multiplié les préparatifs après avoir tiré les leçons de la désorganisation lors de la riposte à cette maladie.   Mme Swaminathan s’est félicitée que, dès février 2020, une réunion de haut niveau a réuni 400 chercheurs et autorités diverses pour établir une feuille de route et surtout pour harmoniser leurs données et les rendre comparables.  Cela explique le succès actuel, fruit de huit plateformes initiales, avec des vaccins dont l’efficacité dépasse de loin les espérances d’un taux de 70%, et suscite l’optimisme quant aux quantités disponibles pour la population.

La Directrice exécutive de l’OMS s’est aussi inquiétée du danger de la désinformation.  Il est normal que les scientifiques débattent et se contredisent, et cela ne doit pas inquiéter le public, mais, a-t-elle prévenu, les scientifiques doivent avoir une politique de communication transparente et crédible pour assurer la confiance des citoyens dans leurs autorités sanitaires.  Mme Swaminathan a fait part de son optimisme pour l’accessibilité du vaccin grâce au Mécanisme COVAX.  En conclusion, elle a rappelé que les 35 à 40 milliards de dollars nécessaires au lancement du vaccin ne représentent que 1,1% des sommes investies dans la relance économique des États.

Reprenant la parole, le chercheur Uğur Şahin a fourni des explications d’ordre scientifique, et expliqué qu’un vaccin est une exposition à un pathogène, pour une prévention à la fois contre une infection et contre la maladie.  Répondant à la question de savoir comment faire entrer le vaccin dans le corps humain, il a évoqué une nouvelle approche avec un vecteur viral.  Il s’agit de comprendre ce qui fonctionne le mieux et quelle est la partie du système immunitaire la plus à même de confronter le virus, a-t-il élaboré.  L’une des leçons apprises les plus importantes est que la communauté scientifique a partagé ses données, a indiqué M. Sahin, en signalant qu’un service d’échange a été créé à cet effet, ce qui aide à se mettre au courant des progrès et à avancer en tant que communauté scientifique, car « disposer du vaccin ne veut pas dire que le travail est terminé ».  Il faudra en effet veiller à préparer les doses et à déterminer qui en seront les premiers bénéficiaires.

La modératrice, Mme LYSE DOUCET, de la BBC, a félicité les deux scientifiques pour leur performance « historique » qui a consisté à mettre au point un vaccin en moins de 10 mois alors qu’en règle générale, il faut 10 ans en moyenne.  Elle s’est demandé s’il fallait différents vaccins dans chaque partie du monde, en fonction des facteurs locaux, ce à quoi Mme Türeci a répondu en invitant à la prudence: il faut procéder à des évaluations de données, certains sérums ayant la possibilité de neutraliser d’autres mutations d’ores et déjà connues.  La journaliste a mentionné à son tour le refus de certains parents de vacciner leurs enfants contre des maladies infantiles, en s’interrogeant sur les conséquences potentielles si des individus refusent que le vaccin contre la COVID-19 leur soit administré.

L’Algérie, au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré aux deux scientifiques que leur découverte était inestimable et que « le monde ne les oubliera pas ».  Après le développement du premier vaccin, nous en sommes encore aux phases expérimentales et certains pays ont déjà conclu des accords bilatéraux pour acquérir ces vaccins, a fait remarquer la délégation, en se demandant comment s’assurer que le Mécanisme COVAX, par exemple, aide tous les pays à disposer du vaccin, et comment les entités onusiennes et autres pourront aider à le stocker de manière sûre.  Dans le même esprit, Mme Doucet a ajouté que les vaccins ont été déjà achetés et qu’il semble qu’il n’y ait pas de place pour les pays pauvres.  Pour Mme Türeci, il faut appréhender cette problématique comme on aborde un problème technique à régler.  L’ONU et l’OMS doivent être à la tête de ces efforts, a-t-elle voulu.

D’ici à la fin de 2021, plusieurs vaccins auront achevé la période de tests, a souligné pour sa part Mme Gilbert, avant d’encourager les scientifiques à poursuivre leur coopération, car « plus il y aura de vaccins, plus il y aura de doses ».

Tous les panélistes ont affiché leur optimisme tant pour les vaccins que pour leur distribution, Mme Swaminathan rappelant que 35 à 41 milliards de dollars sont cependant nécessaires.  Il est dans l’intérêt de tous les pays d’aider à la vaccination de tous et pas seulement de leurs propres citoyens, a préconisé la responsable de l’OMS.

Les scientifiques, en particulier le couple fondateur de BioNTech sont « les héros de notre époque », a conclu la modératrice à la fin de la première partie de la table ronde qui s’est achevée par une vidéo de l’UNICEF, le plus grand acheteur de vaccins au monde.

Des vaccins pour tous

Cette table ronde, qui a réuni Coalition et Alliance pour veiller à ce que les vaccins soient à la fois disponibles et accessibles pour tous à un prix abordable, représente une collaboration sans précédent, a relevé la modératrice Mme LYSE DOUCET, correspondante internationale en chef de la BBC, avant de s’inquiéter du manque de moyens.  « Il n’y a pas assez d’argent » pour l’achat de ses ces vaccins, s’est-elle inquiétée en s’adressant au docteur SETH BERKLEY, Directeur général de l’Alliance du Vaccin (GAVI).

Deux milliards de doses sont d’ores et déjà disponibles pour ceux qui n’ont pas accès au vaccin, soit certains pays à faible revenu ou revenu intermédiaire ou même, parfois, à revenu élevé.  C’est la raison d’être du Mécanisme COVAX, a expliqué M. Berkley.  Il s’agit de s’assurer que les vaccins achetés soient distribués justement aux populations les plus vulnérables.  Nous avons mis en place un fonds avec l’aide des institutions financières internationales à destination des pays à revenu inférieur, a-t-il précisé.  Pour l’heure, nous disposons de 2 milliards de dollars pour commencer, a-t-il poursuivi, reconnaissant que 5 milliards supplémentaires seront nécessaires pour avancer.  Le Conseil de GAVI va décaisser 150 millions de dollars pour travailler avec les pays pour la planification en prévision de l’arrivée de ces vaccins, notamment mettre en place la chaîne de froid et d’approvisionnement.  Au-delà des beaux discours, a demandé Mme Doucet, qu’en est-il de l’accessibilité?  C’est vrai, a répondu le responsable de GAVI, « j’ai l’impression de vendre du rêve mais notre objectif est 2 milliards de doses de vaccins et nous pensons que cela sera possible avant la fin de 2021 ».

S’adressant ensuite à Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive de l’UNICEF, la modératrice s’est enquise du sort de certains pays comme le Yémen, dont la situation humanitaire est alarmante.  Mme Fore a reconnu que le marché est en effet « très complexe et mouvementé ».  Il est vrai que certains pays s’adressent au marché privé qui peut être parfois trop cher.  Souvent les produits ne seront pas disponibles, c’est là qu’intervient le Mécanisme COVAX dont la tâche est de coordonner un accès mondial équitable et juste aux vaccins.

L’UNICEF tire également parti de ses atouts uniques en matière d’engagement communautaire et d’approvisionnement en vaccins pour s’assurer que les pays participant au Mécanisme COVAX aient un accès sûr, rapide et équitable au vaccin.  Il s’agit d’une entreprise énorme et de nombreux défis restent à relever, a témoigné Mme Fore.  En effet, a-t-elle insisté, il faut associer les communautés dont le rôle est essentiel pour promouvoir la confiance auprès des populations.  Elle a encouragé l’utilisation des plateformes Internet qui peuvent aider en termes de préparation des communautés.

En tant que « premier acheteur de vaccins au monde », avec plus de deux milliards de doses acquises chaque année pour la vaccination de routine et la lutte contre les épidémies dans près de 100 pays, l’UNICEF coordonne et soutient l’achat, le transport international et la distribution dans les pays des vaccins contre la COVID-19 pour le Mécanisme COVAX.

M. RICHARD HATCHETT, Directeur général de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), a dit que COVAX est plus qu’un mécanisme pour rendre les vaccins accessibles ; c’est une solution intérimaire qui assure une coordination entre diverses organisations comme la CEPI, l’UNICEF et l’OMS, et qui s’avère précieuse pour les multiples aspects réglementaires.  « Nous avions subi une pandémie il y a 11 ans et nous savions qu’il y aurait une véritable course pour l’élaboration des vaccins », a rappelé le médecin.  Or, grâce au Mécanisme COVAX et à nos investissements, nous nous trouvons en tête de la file d’attente pour être les premiers sur le marché, s’est-il félicité.

Nous savons que les pays font face à des incertitudes énormes et pensent avant tout à leur population, ce qui implique un risque de concentration dans certains pays, c’est pourquoi nous devons axer le dialogue sur le projet d’un accès équitable, a recommandé M. Hatchett.  Il a ajouté que le défi serait avant tout de rassembler les outils nécessaires pour assurer les volumes de production.  C’est la clef de l’équité, a-t-il dit, car « la pénurie c’est la quintessence de l’iniquité ».  M. Hatchett a indiqué que COVAX permettra la distribution de deux milliards de doses de vaccin en 2021, sans nier les difficultés liées à la production et aux essais cliniques à grande échelle.  S’il a aussi abordé les difficultés des petits pays qui dépendent de produits conçus ailleurs, il a fait part de son optimisme en raison des caractéristiques révolutionnaires des nouveaux vaccins comme celui de Pfizer.  « Ces vaccins marquent le passage du processus de la biotechnologie, si coûteuse, à celui de la simple chimie, beaucoup plus facile à effectuer à petite échelle et avec moins de ressources, donc un avantage certain pour les pays moins riches. »

M. ANDREW WITTY, Envoyé spécial de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Accélérateur ACT, a informé que le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 enregistre 4,3 milliards de dollars de déficit.  Il a chiffré le budget nécessaire à 30 ou 35 milliards de dollars pour les mois à venir, une somme qui reflète les besoins du monde entier et de l’économie mondiale.  Comparée aux sommes dépensées rien que pour réparer les dégâts déjà causés par la pandémie, cette somme se révèle minime, c’est un investissement rentable, a assuré M. Witty.  Il s’est toutefois félicité du rythme de la levée de fonds.  Cinq milliards de dollars ont déjà été reçus, alors qu’un montant de ce niveau requiert en général plusieurs années.  L’Accélérateur ACT essaie de trouver une solution équilibrée, car « il est impossible de vacciner toute la planète en 2021 », a-t-il averti.  Saluant les aides déjà fournies par des acteurs comme la Fondation Gates ou l’Alliance du Vaccin (GAVI), il a recommandé de promouvoir la collaboration public/privé.

S’il existait heureusement des capacités de production prêtes avant l’épidémie, il reste nécessaire de maintenir des capacités excédentaires, a fait valoir M. Witty.  De même, les innovations doivent se poursuivre, par exemple pour les anticorps monoclonaux qui peuvent être utilisés pour les patients qui ne peuvent supporter le vaccin.  Il s’agit d’un « double défi d’ingénierie et de distribution » qui implique une mobilisation mondiale.  Si le multilatéralisme fonctionne dans le cadre du Mécanisme COVAX qui permet de nouer des contacts entre une vaste gamme de fabricants, il est important, selon l’intervenant, d’assouplir les réglementations au niveau mondial.  « Les productions de masse de vaccins ne peuvent être bloquées par un simple problème de réglementation sur leur emballage! »

Répondant ensuite à une question concernant l’Afrique, l’Envoyé spécial de l’OMS a salué les énormes avancées des chercheurs africains depuis 15 ans, en particulier sur le paludisme, mais il a ajouté qu’à l’avenir les chaînes de production devront être renforcées dans les pays du continent.  M. Witty a assuré que le vaccin est un bien commun de l’humanité.  « Quel que soit son processus de création, tous les humains y ont droit. »  « Son prix ne doit pas être un obstacle mais il faut aussi motiver ceux qui le fabriquent », a-t-il conclu.

Le monde se trouve aujourd’hui à un tournant dans la lutte contre la COVID-19, comme l’ont montré les discussions entre États Membres et la communauté scientifique.  Des vaccins très prometteurs sont en train de voir le jour.  Dès lors, se sont interrogées plusieurs délégations, comment faire de ce vaccin « pour tous » un bien commun?  Comment atteindre un tel objectif ? a voulu savoir le Cameroun, au nom du Groupe des États d’Afrique.  D’abord, « le prix ne doit pas être un obstacle », a répondu M. Witty, Envoyé spécial de l’OMS pour l’Accélérateur ACT.  En même temps, a-t-il poursuivi, il faut pousser les acteurs qui créeront ce bien à le produire et cela doit être notre aspiration à tous.  Un accès juste au vaccin demande de la transparence, comme l’ont souligné à maintes reprises les différents panélistes.

Alors comment éviter les risques de fraude pour garantir la qualité du produit ? a interrogé la Suède au nom des pays nordiques.  C’est là qu’intervient le Mécanisme COVAX, a expliqué Mme Fore, Directrice exécutive de l’UNICEF, en établissant notamment un cadre d’évaluation des produits.   Singapour a demandé ce que pouvaient faire les petits États vulnérables pour se préparer à la réception du vaccin et sa distribution.  Comment assurer la vaccination, vers la fin de 2021, une part minimale significative de leur population?  Pour M. Hatchett, Directeur général de laCoalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies(CEPI), l’objectif du Mécanisme COVAX est de distribuer deux milliards de doses de vaccins minimum et d’essayer d’atteindre environ 20% de la population de différents pays.  Il faut pouvoir protéger les travailleurs sanitaires et les membres des populations les plus vulnérables dans le contexte de chaque pays.   De plus, les petits pays doivent compter sur des produits mis au point ailleurs, alors que nous essayons de lutter contre les iniquités en matière de distribution, a-t-il continué.  Cependant, a-t-il nuancé, le vaccin de Pfizer, par exemple, implique l’utilisation d’une technologie révolutionnaire inédite et exigeante, mais cette production passe à un autre stade, celui de la chimie, un travail qui peut être réalisé à plus petite échelle et donc plus accessible pour les petits États disposant de moindres ressources.

Une autre question qui a retenu l’attention des panélistes est de savoir comment les pays de la Communauté des Caraïbes(CARICOM), qui dépendent entièrement du tourisme, pourront bénéficier d’un accès équitable à ce vaccin, synonyme de reprise économique pour eux.  Pour le docteur Berkley, Directeur général de l’Alliance du Vaccin (GAVI), il appartient aux différents pays d’établir leurs priorités en termes d’octroi des vaccins.  Pour finir, tous sont conscients que cette pandémie est une épreuve pour toutes les nations, mais les efforts colossaux consentis par tous les acteurs produiront sûrement les objectifs que nous voulons en atteindre en 2021.  « Pour que nous puissions tous prendre des vacances bien méritées et pourquoi pas à Sainte-Lucie », a souri la modératrice Lyse Doucet.

Table ronde 3: Renforcer la résilience et reconstruire en mieux après la COVID-19

Après une courte vidéo de deux minutes produite par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), consacrée aux conséquences économiques de la COVID-19 sur les travailleurs migrants originaires des pays en développement, Mme FEMI OKE, journaliste et modératrice, a demandé aux panélistes quelles actions concrètes pouvaient être prises pour renforcer la résilience et reconstruire en mieux après la COVID-19.

Pour Mme NATALIA KANEM, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), il faut avant tout disposer de davantage de matériel médical pour servir les populations les plus vulnérables, à savoir les personnes âgées, les enfants, les adolescents, les communautés afro-descendantes ainsi que les femmes, qui représentent 70% de la main-d’œuvre médicale.

« Il faut rectifier le tir pour éviter davantage de souffrances », a lancé la Directrice générale pour les politiques de développement et les partenariats à la Banque mondiale, Mme MARI PANGESTU, en faisant part de ses « prédictions sombres ». 

« Ne jamais gaspiller une bonne crise », a scandé la modératrice, paraphrasant une déclaration prononcée en juillet dernier par la Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, qu’elle avait trouvée très à propos.  Sollicitée de nouveau, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA a insisté sur les inégalités de genre: « il faudra bien veiller à ce que les femmes puissent reprendre leurs activités à des niveaux prépandémiques », a prévenu la Secrétaire générale adjointe.  Les secteurs des services et les secteurs informels doivent être pris en compte dans les plans de relance nationaux.  Mme Mlambo-Ngcuka a aussi appelé à « éviter les solutions court-termistes » dans les plans de relance. 

M. GUY RYDER, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a parlé de « catastrophe » pour le monde du travail, et tiré de l’année 2020 cet enseignement: la crise a touché les plus vulnérables.  « Des personnes laissées pour compte depuis des années à cause des échecs de nos politiques.  Pouvons-nous mettre en place des mesures pour lutter contre ces vulnérabilités?  Si oui, peut-être que quelque chose de positif sortira de cette crise », a-t-il espéré.

« Ne pas gaspiller une bonne crise » signifie pour M. ROBERT PIPER, Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement, de veiller à ce que la reconstruction rende le monde « plus inclusif » mais aussi « plus sûr » en termes de gestion des risques.  « Aujourd’hui, le monde fait face à une pandémie; demain, ce sera peut-être une crise climatique ou un tremblement de terre.  Nous devons nous préparer à d’autres crises », a prévenu M. Piper.

Les « dégâts incommensurables causés par l’homme sur la nature » ont d’ailleurs inquiété M. PAVAN SUKHDEV, Président de la World Wildlife Federation et ambassadeur de bonne volonté du PNUE, qui a conseillé dans ce contexte de ne pas trop se féliciter de la découverte d’un vaccin par le secteur privé.  « En l’espace de 28 ans, c’est-à-dire un clin d’œil pour l’histoire de la Terre, nous avons perdu 10% de la couverture forestière en Amérique du Sud », et plusieurs virus sont apparus (SARS, grippe aviaire), a-t-il rappelé. 

Les investissements dans le secteur de la santé sont néanmoins très importants, ils sont « l’alpha et l’oméga », selon Mme ZSUZSANNA JAKAB, Directrice générale adjointe de l’OMS.  Aucune croissance ne sera possible si les systèmes sanitaires ne sont pas résilients, a-t-elle estimé, en prévenant que cela vaut aussi pour les pays développés. 

Interrogée sur la situation des femmes et des filles face à la pandémie, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a exhorté à inclure les femmes dans les processus de prise de décisions: « si les femmes ne sont pas présentes aux tables des négociations, alors les politiques mises en place ne leur seront pas favorables », a-t-elle appuyé. 

La Directrice exécutive du FNUAP a abondé en ce sens.  « Nous devons garder à l’esprit l’aspect intersectionnel », a-t-elle déclaré.  « Ces femmes et ces filles dont nous parlons ont plusieurs casquettes »; elles peuvent être chargées de la désinfection dans un hôpital, donner des soins quand elles rentrent chez elles, donner la vie...  Mme Kanem a profondément regretté que la question de la contraception soit politisée, et a appelé à penser à ceux qui prodiguent les soins dans les hôpitaux, c’est-à-dire les femmes.  Elle a remercié les hommes qui défendent les femmes, mais regretté qu’« ils ne soient pas la majorité ».  Elle a en outre évoqué le problème de la répartition des tâches domestiques et du manque de protection sociale dont les femmes souffrent.

« Comment reconstruire mieux? »  Répondant à cette question, la Directrice générale à la Banque mondiale a indiqué que celle-ci avait d’abord dû faire face à l’urgence en débloquant 12 milliards de dollars pour les activités de subsistance et les programmes de protection sociale mis à rude épreuve par la pandémie.  Notant la complémentarité des ripostes sanitaire et économique, elle a rappelé que la pandémie n’était pas terminée et qu’il fallait se concentrer sur le dépistage, l’isolement et le traitement.  « S’adapter rapidement est fondamental et pour ce faire, nous devons mesurer ‘qui a besoin de quoi’ avant de pouvoir veiller à ce que notre action ait l’impact escompté », a-t-elle indiqué. 

« Nous payons le prix de décennies d’inaction », a constaté le Directeur général de l’OIT.  « Cette crise nous pendait au nez », a-t-il dit, car nous n’avons pas su régler la question de la protection sociale ni des inégalités sociales.  Il a indiqué que 6 personnes sur 10 vivent de l’économie informelle, des personnes qui n’ont aucun filet de sécurité. 

Mettant l’accent sur la contradiction consistant à devoir débloquer des moyens considérables pour la relance alors que les économies se contractent, le Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement des Nations Unies a estimé que la clef sera, dans les mois à venir, de trouver les bonnes coalitions d’investissement pour régler les problèmes existants. 

« Nous espérons voir la lumière au bout du tunnel en 2021 », a déclaré la Directrice générale adjointe de l’OMS, avant de citer la « tâche herculéenne » qui consistera à vacciner 20% de la population mondiale d’ici à la fin 2021 et de trouver les 23,9 milliards de dollars nécessaires à cette fin.  En 2021, ce sont 35 millions de femmes et de filles qui vont tomber dans la pauvreté à cause de la pandémie, a enchaîné la Directrice exécutive d’ONU-Femmes pour faire comprendre l’ampleur des conséquences.  Son homologue du FNUAP a ajouté qu’avec les contraintes liées à six mois de confinement, 47 millions de femmes ont perdu la capacité de contrôler leur fertilité, ce qui se traduit par sept millions de grossesses non désirées.

Le Directeur général de l’OIT a, lui, demandé d’utiliser cette phase de relèvement pour réfléchir aux moyens d’aider les petits exploitants.  Sachant que sur les cinq milliards de ruraux à travers le monde, 1,2 milliard travaillent et vivent sur des exploitations de moins de 2 hectares, il a recommandé de trouver les moyens de les aider à vivre dans de bonnes conditions « là où ils sont » plutôt que de les voir obligés de migrer vers les villes. 

Après le dialogue entre experts, les États Membres ont posé leurs questions sur le relèvement post-COVID, notamment pour savoir comment réaliser le Programme 2030 malgré la pandémie. 

Comment faire en sorte, a d’abord demandé la Chine, que la réalisation du Programme contribue vraiment à améliorer la situation des populations les plus vulnérables et à les protéger.  Le Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement a répondu que la question de vulnérabilité n’était pas un problème nouveau et que les orientations politiques pour y remédier étaient nombreuses.  C’est qu’il faut, a ajouté le haut responsable, c’est mesurer et évaluer « les grandes données assommantes » et comprendre pourquoi les choses ne marchent pas.  Ensuite, il faut donner la parole aux personnes vulnérables et savoir à quel moment elles doivent intervenir dans la réalisation des politiques.  Ce qu’il faut aussi, a-t-il insisté, c’est mesurer les progrès réalisés. 

Les marginalisés doivent participer à l’élaboration des politiques et des stratégies, a acquiescé la Directrice exécutive du FNUAP.  Elle a ajouté à cela la nécessité de placer l’argent là où c’est utile et nécessaire.  Le FNUAP a consacré 30% de son budget pour ceux qui en ont réellement besoin, a-t-elle dit ajoutant que c’est la clef pour reconstruire en mieux. 

L’importance de la couverture sanitaire universelle a été mise en avant par la Directrice générale adjointe de l’OMS qui a rejeté la faute des revers actuels sur le manque d’investissements dans la préparation.  Pourtant, investir dans la préparation d’un individu ne coûte que 5 dollars par an, a-t-elle dit.  Si l’on maintient le niveau actuel d’investissement dans la préparation, il faudra 500 ans pour y arriver.

Dénonçant les mesures coercitives unilatérales, le Fédération de Russie a regretté que ces sanctions touchent 20% des Membres de l’ONU.  Que font les institutions pour combattre les mesures coercitives unilatérales?  La Directrice générale adjointe de l’OMS a répondu que, dans le contexte humanitaire, l’OMS continue son travail avec tous ses partenaires, y compris la société civile, comme en Syrie.  C’est le seul moyen d’atteindre les endroits les plus reculés et les populations isolées.  Il faut placer les choses dans le contexte humanitaire, a-t-elle insisté.  Le Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement a répondu que les agences des Nations Unies fonctionnent conformément aux décisions des États Membres.  « C’est un dilemme et on préfère que de telles situations ne se posent pas. »  En tant qu’acteurs du Secrétariat, les agences acceptent les contraintes et continuent de mener à bien leur travail sur le terrain.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a ajouté que, en ces temps difficiles, les agences de l’ONU travaillent d’arrache-pied pour que tous les pays s’en sortent. 

Le Chili a voulu savoir quels sont les domaines prioritaires pour veiller à ce que la riposte accorde suffisamment d’attention aux femmes et aux filles dans le contexte de la relance de l’économie?  Pour la Directrice exécutive du FNUAP, il faut se montrer innovant pour avoir des informations correctes, surtout en temps de pandémie, en faisant appel notamment aux jeunes qui sont bien informés alors que bon nombre d’entre eux sont au chômage.  La COVID-19 nous ramène aussi au fossé numérique qu’il faudra combler.  Concernant les femmes, y compris les femmes âgées, il faut tenir compte de leur dignité, combattre leur solitude, entretenir les liens intergénérationnels en ligne ou face-à-face en respectant la distanciation sociale, a suggéré la Directrice exécutive. 

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a souligné l’importance d’investir dans une éducation résiliente et moderne ainsi que dans la santé des populations vulnérables.  Il faut tout mettre en œuvre pour que ces deux secteurs soient abordables et accessibles, a-t-elle conseillé.  La Directrice à la Banque mondiale a rappelé que son institution avait pris depuis longtemps l’engagement de tenir compte, dans ses programmes, du paradigme homme-femme.  Mais c’est aux gouvernements d’avoir la volonté politique de s’y atteler, a-t-elle ajouté.  Il faut traiter les filles dès leur naissance sur un même pied d’égalité que les garçons, améliorer la connaissance juridique des femmes dont beaucoup ignorent leurs droits.  Les solutions de microfinances sont aussi très efficaces, a-t-elle assuré avant de prôner l’entraide communautaire pour que les collectivités renforcent mutuellement leurs capacités. 

Pour reconstruire en mieux, il faut impérativement parler du travail des femmes, a renchéri le Président de la World Wildlife Federation.  Le secteur de l’agriculture est celui qui emploie le plus de monde avec cinq milliards de personnes qui y travaillent, dont 2,3 milliards dans des fermes de moins de 2 hectares, a-t-il ajouté en recommandant de donner à ces dernières les moyens de prospérer.  Ce modèle agricole des petites exploitations est d’ailleurs positif pour le climat, car il consomme moins d’eau.  L’expert a donc suggéré d’aider les petits exploitants agricoles à réussir là où ils sont plutôt que de les encourager à migrer vers les villes. 

Le problème de résilience des travailleurs non qualifiés a été soulevé par le Canada, au nom d’un groupe de pays, alors que les situations économique et sanitaire sont désastreuses.  Cette même délégation a demandé à ce propos à la représentante de la Banque mondiale, comment elle évaluait l’attitude de la communauté internationale face au niveau d’endettement croissant.

L’oratrice de la Banque mondiale a reconnu que les niveaux d’endettement de nombreux pays étaient déjà très inquiétants avant que la pandémie ne survienne.  Point positif, les pays du G20 ont accepté un système de suspension de la dette: il concerne 44 des pays les plus endettés de la planète.  Ce mécanisme reste cependant une bouffée d’oxygène temporaire: davantage de créanciers non traditionnels doivent participer, sans quoi la crise ne se terminera pas, a prévenu l’oratrice.  Les crises d’endettement passées ont montré qu’elles étaient longues à disparaître, durant parfois plus de 10 ans, comme l’exemple de l’Amérique latine l’a montré.  Il faut donc agir en amont et en temps voulu, le gros point d’interrogation restant la participation du secteur privé.

Interrogé sur la manière d’éviter une prochaine pandémie, l’ambassadeur de bonne volonté du PNUE a attiré la discussion sur le terrain de l’environnement: il faut selon lui commencer par mettre fin à la déforestation, au commerce illégal de vie et de faune sauvages, et changer nos régimes alimentaires, particulièrement la consommation de viande.  Il a aussi donné des recommandations aux marchés financiers, qui décident du cap de l’économie mondiale: ils doivent impérativement changer la manière dont ils opèrent ainsi que leurs critères de performance. Tels sont les grands axes pour éviter une prochaine pandémie, selon lui.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, la Sierra Leone a prévenu que les politiques d’allégement de la dette soulageaient les pays sur le court terme mais étaient délétères à moyen terme, car elles l’alourdissaient.

Elle a demandé comment éviter ce cercle vicieux, et comment alléger véritablement la dette.

La représentante de la Banque mondiale a reconnu que le problème allait s’aggraver tant que les recettes fiscales étaient insuffisantes.  Elle a qualifié « l’épongement » de la dette de question cruciale, tout comme le rôle du secteur privé.  Elle a aussi évoqué le concept de « transparence de l’endettement », soit veiller à que les pays aient « la viabilité nécessaire » pour qu’ils puissent se lancer dans une « restructuration saine », « transparente » de la dette, afin que les parties prenantes aient toutes les cartes en main pour régler les crises.  Le G20 a élaboré une approche commune, mais celle-ci n’a pas encore été mise en œuvre; or, il s’agit d’une question urgente pour la Banque mondiale.  Mais elle a prévenu qu’il fallait faire attention à ne pas faire dégringoler sur les marchés financiers la notation du pays dont on allège la dette.

Le Kenya, parlant lui aussi au nom du Groupe des États d’Afrique, a demandé des précisions au sujet des plans de relance.  L’oratrice de la Banque mondiale a expliqué que cette crise, davantage que les précédentes, avait touché de nouvelles cibles de population, au-delà des publics très pauvres habituellement touchés par les crises.  Il faudra donc élargir les cibles de ces plans.  D’autre part, il faudra prendre en compte, dans les efforts de reconstruction, la possibilité de l’apparition d’une nouvelle zoonose.  Il faudra renforcer les systèmes de santé et d’éducation, construire des infrastructures vertes et réhabiliter les côtes ou les terres dégradées.  À moyen terme, cette dernière mesure soulagera des populations telles que les agriculteurs.  Emploi, réduction de la pauvreté et amélioration de l’environnement: il faut toujours essayer d’agir en respectant ce triptyque, a-t-elle expliqué.  

Le représentant de l’OIT a, quant à lui, jugé que l’occasion de réformes présentée par la crise financière de 2008 avait été « totalement gâchée ».

La Barbade, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déplacé le débat sur les changements climatiques, faisant valoir que les petits États insulaires en développement (PEID), très peu émetteurs, sont pourtant les plus vulnérables aux émissions de gaz à effet de serre.  Or « certains pays ont de façon délibérée, ou du fait de la COVID-19, réduit leurs engagements en matière d’aide publique au développement », a déploré la CARICOM.  « Comment veiller à ce que la lutte contre les changements climatiques ne soit pas mise à mal par la lutte actuelle contre la COVID? »

L’ambassadeur de bonne volonté du PNUE a d’abord estimé qu’on devrait rebaptiser les petits États insulaires en développement en « immenses pays océaniques », en raison de leur superficie marine incroyable, et donc de leur rôle important dans la sauvegarde des écosystèmes de la planète.  Le Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement a opiné sur l’immense risque que ce groupe de pays courait, et a appelé la communauté internationale à ne pas se détourner de cette aide publique au développement.

Ce panéliste a aussi répondu à l’Union européenne (UE) qui voulait connaître les mesures pratiques imaginées pour inclure le numérique dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a répondu que la numérisation était l’une des manières de progresser dans plusieurs objectifs, mais que ces débats devaient être menés pays par pays.

En conclusion, les panélistes ont été d’accord pour protéger tout à la fois « les individus, la planète et la biodiversité » sans laisser aucun de ces aspects de côté.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a réclamé davantage de services publics pour les populations vulnérables.

Suite du débat général

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a souligné que la sous-région a été durement touchée par la pandémie de COVID-19.  Deux tiers des décès en Afrique ont eu lieu dans cette région où les États n’ont eu de cesse de préserver la vie des citoyens et des systèmes de santé, parfois à travers des mesures contraignantes comme le confinement ou la limitation de la circulation des biens et personnes.  Ces mesures ont durement impacté nos économies, aggravant notamment l’inflation et les inégalités.  Se référant à un rapport d’évaluation de la SADC, il a indiqué qu’il s’agit maintenant de se mobiliser pour la reconstruction et la relance de l’économie.  De plus, s’est-il inquiété, la deuxième vague qui frappe la partie occidentale de la sous-région est une source de préoccupation.  La région place son espoir dans l’obtention d’un vaccin, mais on ne sait pas si ce vaccin sera distribué de manière équitable, a-t-il dit, avant d’exhorter à adopter une riposte mondiale face à cette pandémie globale.  Les défis sont certes immenses, c’est pourquoi, a-t-il conclu, nous ferons en sorte que la paix et la sécurité continuent de l’emporter afin de bâtir un monde commun.

M. DATO ERYWAN PEHIN YUSOF, Ministre des affaires étrangères du Brunéi Darussalam, a expliqué que, dès le début de la pandémie, en mars dernier, le pays a agi rapidement et pris la difficile décision de fermer les frontières et de limiter les déplacements pour prévenir et contrôler la propagation du virus.  Aujourd’hui, le Brunéi Darussalam a mis en œuvre un vaste programme de tests et un mécanisme de traçage des contacts grâce à l’application mobile BruHealth qui identifie les foyers du virus, tant pour les cas importés que transmis localement.  M. Yusof a expliqué que le Ministre de la santé a tenu des points de presse quotidiens via les médias traditionnels et sociaux.  Une ligne téléphonique verte informe l’opinion publique et permet aux citoyens de poser des questions et faire part de leurs préoccupations.  Le Ministre des affaires étrangères a encore mis l’accent sur la responsabilisation et la sensibilisation des citoyens à l’importance de la distanciation sociale, de l’isolement volontaire et du respect des règles d’hygiène, grâce à quoi aucun cas n’a été détecté depuis début mai.  Le pays s’est aussi efforcé de procurer des outils électroniques aux élèves pour éviter « une génération perdue » en termes d’éducation.  Au niveau international, M. Yusof a loué le Mécanisme COVAX et l’Accélérateur ATC, qu’il a jugés indispensables pour garantir une distribution équitable des tests et des médicaments, ainsi que pour des traitements abordables et accessibles pour tous.

M. ANŽE LOGAR, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a estimé qu’il faut collaborer avec l’OMS qui aide les États Membres en élaborant, diffusant et mettant à jour des outils, des données et des preuves sur l’évolution de la COVID-19.  En outre, il a souligné qu’il faut encourager les innovations permettant de renforcer les systèmes de santé et d’améliorer les réponses aux défis à venir.  La santé doit appartenir à tous et ne pas être le privilège de quelques-uns, a-t-il noté.  Nous devons travailler dur pour garantir l’accès à la couverture sanitaire universelle dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il déclaré.  La crise a un impact dévastateur sur les droits des groupes les plus vulnérables et aggrave les inégalités structurelles des sociétés, ce qui se manifeste par une augmentation de la violence domestique.

M. Logar a souligné que la Slovénie fait partie de l’initiative Team Europe qui vise une reprise mondiale durable dans l’esprit de « reconstruire mieux et plus vert », notamment en mettant en œuvre les objectifs du Programme 2030 et de l’Accord de Paris.  Il a souligné que la reprise ne peut que passer par l’innovation, la transformation numérique et des solutions vertes.  Ainsi, la Slovénie s’est engagée à mettre l’intelligence artificielle au service de l’humanité, en accueillant, sous les auspices de l’UNESCO, le Centre international de recherche sur l’intelligence artificielle (IRCAI) qui a lancé la Corona Virus Media Watch pour surveiller l’évolution de la pandémie dans le monde.

M. ALEX AZAR, Secrétaire d’État à la santé et aux services sociaux des États-Unis, a reconnu le défi sanitaire sans précédent auquel est confronté le monde et a assuré que les États Membres peuvent compter sur la coopération des États-Unis pour vaincre cette crise.  Il s’est félicité du fait que nous disposons aujourd’hui, contrairement à l’époque de la grippe espagnole de 1918, des outils pour lutter contre cette pandémie.  À ce titre, il a notamment cité l’initiative américaine Warp Speed qui a appuyé la création de pas moins de six vaccins potentiels.  Grâce à l’ingéniosité des entreprises américaines et d’autres, M. Azar s’est dit optimiste que la fin de la pandémie est proche.

Il a regretté que toutes les données sur la pandémie n’aient pas été partagées de manière transparente dès le départ et a affirmé que ce « manquement de devoir » a été dévastateur pour le monde entier.  Qui plus est, s’est-il indigné, cela continue puisque l’enquête demandée à l’OMS sur les origines du virus ne sera publiée que l’année prochaine, ce qui est inacceptable.  Pour leur part, les États-Unis ont été entièrement transparents et partageront leurs outils, une fois qu’ils se seront occupés de leur citoyens.  M. Azar a espéré qu’en œuvrant ensemble il sera possible de vaincre la COVID-19 et de revenir à la normalité d’ici à quelques mois.

M. NASSER BOURITA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger du Maroc, a déclaré que la COVID-19 avait pris de cours nos systèmes de santé, nos économies et notre protection sociale.  La pandémie, a-t-il ajouté, induit aujourd’hui des choix difficiles, car à l’urgence de sauver des vies, s’ajoute celle de relancer les économies, en particulier dans les pays africains.  Cette situation implique l’abandon des vieilles recettes et le recours à des moyens plus innovants, un multilatéralisme fondé sur la responsabilité qui oriente l’action des Nations Unies vers le concret et vers les résultats.  Au vu des inégalités exacerbées par la pandémie, il a appelé à redoubler d’efforts, notant que la restructuration de la dette annoncée au G20 est un pas positif.  Le Ministre a par ailleurs décrit les mesures mises en œuvre au Maroc, tel un fonds social pour les plus vulnérables doté de 3,5 milliards de dollars, une injection de fonds dans l’économie équivalant à 11% du PIB, un fonds d’investissement stratégique pour les grands projets et une couverture santé généralisée pour tous les Marocains, accompagnés d’une aide médicale solidaire à 20 pays africains.  Il a enfin appelé la communauté internationale à prendre en compte l’impact qu’aura la pandémie sur les systèmes nationaux et internationaux à l’avenir et plaidé pour un monde plus juste et solidaire.

M. CHRISTOPHER TUFTON, Ministre de la santé et du bien-être de la Jamaïque, a indiqué que les stratégies qui ont guidé la Jamaïque au cours des derniers mois sont le fruit d’une réorientation du plan de préparation à une pandémie de grippe.  Grâce à l’OMS, à l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et à plusieurs partenaires, le pays a pu renforcer les capacités de test de telle sorte qu’il peut désormais se vanter d’un délai de 24 à 48 heures pour obtenir les résultats de tests PCR.  Mais la COVID-19 a mis en évidence plusieurs lacunes dans le système de santé, a reconnu le Ministre, expliquant que le Gouvernement avait saisi l’occasion pour renforcer ses capacités.  Par ailleurs, au cours des neuf derniers mois, la Jamaïque a connu une baisse massive de son PIB - au moins 14% en un seul trimestre.  Plus de 100 000 emplois ont été perdus et de nombreuses personnes se sont retrouvées aux prises avec de l’anxiété et des problèmes mentaux.  Mais il faut continuer de répondre à la pandémie, tout en maintenant des fonctions sanitaires essentielles.  « L’avenir n’est pas clair, mais ce qui est clair, c’est que nous nous rétablirons plus forts et que la Jamaïque, comme plusieurs autres petits États insulaires en développement, a bénéficié de partenariats, à la fois internes et externes. »  En tant que monde globalisé, nous avons appris à dépendre les uns des autres en temps de crise, a conclu le Ministre.

M. TANDI DORJI, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan, a souligné que la pandémie avait révélé et exacerbé les fragilités existantes et mis à nu l’absence de couverture sanitaire inadéquate dans beaucoup de pays.  Les acquis du développement risquent aussi d’être remis en question, a-t-il craint.  Le Bhoutan n’a enregistré aucun mort et a réussi à restreindre le nombre de cas, a fait valoir le Ministre, car le pays a mis l’accent sur les secteurs les plus vulnérables de la société.  D’autre part, la résilience et la solidarité ont primé malgré de graves conséquences.  Il a exhorté à aider les pays pauvres en ressources et s’est dit préoccupé sur les répercussions économiques des mesures de confinement.  L’ONU et les partenaires de développement devront assister le Bhoutan pour qu’il puisse se relever économiquement et réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il conclu.

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et Ministre de la défense de l’Irlande, a d’entrée souligné l’importance de la coopération, un élément déterminant, à ses yeux, pour l’élaboration de stratégies de santé publique.  L’Irlande a bénéficié des conseils d’experts et du leadership multilatéral de l’ONU et de l’OMS et a également cherché à aider les autres.  Elle a ainsi participé à hauteur de plus de 150 millions de dollars à la riposte mondiale à la pandémie de COVID-19 et quadruplé sa contribution financière à l’OMS.  M. Coveney a aussi énuméré différentes actions entreprises par son pays, notamment le Mécanisme COVAX dans le cadre de l’Union européenne, afin d’assurer un accès équitable aux vaccins.

Il a également indiqué que son gouvernement avait établi une stratégie solide de dépistage et de traçabilité « complète, fiable et réactive ».  M. Coveney a ensuite parlé des mesures prises pour limiter la transmission du virus.  « Il y a eu des choix difficiles à faire et les restrictions imposées par le Gouvernement ont eu des effets majeurs sur la vie économique et sociale de notre pays », a-t-il reconnu.

M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a d’entrée souligné le rôle de l’OMS qui, avec son expertise et ses atouts uniques, devrait rester l’autorité directrice chargée de renforcer le système de santé mondial.  Elle doit être soutenue par toutes les entités concernées du système des Nations Unies et la Pologne est prête à engager des discussions sur la manière d’y parvenir.  Il a fait valoir que son pays a été l’un des premiers à soutenir les efforts de l’ONU pour gérer la pandémie.  Dans un esprit de solidarité, la Pologne a notamment déployé un certain nombre de missions médicales en Italie, au Bélarus et en Ukraine, et envoyé du matériel médical dans les Balkans occidentaux, dans le Caucase, au Moyen-Orient et en Afrique.  Dans un esprit de responsabilité collective, elle a également contribué au programme « Team Europe » de l’Union européenne, qui aide les pays partenaires à faire face aux conséquences humanitaires, sanitaires et socioéconomiques de la pandémie.  M. Rau a par ailleurs exhorté à assurer l’accès universel à une vaccination efficace et abordable contre la COVID-19, se disant soulagé de pouvoir bientôt bénéficier des premiers vaccins contre le coronavirus.  Cependant, a-t-il ajouté, tout en nous concentrant sur la pandémie, nous ne devons pas oublier les autres défis auxquels le secteur de la santé doit faire face.

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a tout d’abord rendu hommage aux professionnels de la santé de par le monde.  Il a noté que la crise sanitaire de la COVID-19 s’est transformée en une véritable crise humanitaire, socioéconomique et sécuritaire.  Les PIB ont chuté, a-t-il indiqué, ce qui a une incidence directe sur des millions de personnes et risque d’entraîner la faim dans le monde.  Pour sa part, l’Ukraine fera tout son possible pour assurer la sécurité alimentaire de ses citoyens et la mise en place des technologies novatrices pour leur apporter des services et des ressources pertinents, notamment pour lutter contre « l’infox » au sujet de la maladie.  Pour le Ministre, les pays devront sortir « par le haut » de cette épreuve, grâce au multilatéralisme.  Il a reproché à un petit groupe d’état d’avoir cherché à exploiter cette situation au profit d’intérêts politiques étroits.  L’Ukraine compte sur l’unité et la solidarité mondiales comme seule voie de sortie de la pandémie.

M. PAUL OQUIST KELLEY, Secrétaire privé pour les politiques nationales du Président du Nicaragua, a rappelé les propos du Président Roosevelt qui disait « nous n’avons à craindre que la peur elle-même », et noté que la crise de 1929 avait débouché sur de grands efforts pour une redistribution sociale et des réformes économiques.  Il a déploré que les États-Unis ne prennent pas de telles mesures aujourd’hui et persistent dans l’imposition de mesures unilatérales contre le Nicaragua qui, a-t-il ajouté, constituent des crimes contre l’humanité, car ils nuisent à l’effort contre la COVID-19.  Le Secrétaire a regretté que la planète compte deux milliards de victimes de mesures unilatérales imposées par des pays qui se prétendent supérieurs.  Il a aussi évoqué les changements climatiques qui ont ajouté, avec deux récents ouragans, aux difficultés subies par son pays et demandé un accès équitable aux vaccins, condition d’un relèvement inclusif de son pays.

Mme MARTA TEMIDO, Ministre de la santé du Portugal, s’est inscrite en faveur d’une riposte internationale coordonnée à la pandémie de COVID-19, dirigée par l’OMS et soutenue par le système de l’ONU, et a appuyé les « travaux importants » qui ont été menés avec persévérance par l’OMS.  La Ministre a ensuite insisté sur l’importance de la santé et l’objectif d’une couverture sanitaire universelle en tant que droit de l’homme.  Elle a d’ailleurs appelé à saisir l’occasion de cette crise sanitaire pour « redéfinir les fondements mêmes » de nos systèmes de santé.

La Ministre a également appelé à une gestion efficace de l’infodémie et de la désinformation qui y est associée, car la désinformation « coûte des vies ».  Dans ce contexte, et avec l’arrivée d’un vaccin potentiellement efficace, il est crucial, a-t-elle préconisé, de renforcer collectivement les efforts pour combattre ce phénomène.

M. BOGDAN LUCIAN AURESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a détaillé les grands axes de la politique roumaine de lutte contre la pandémie: prévention de la propagation, renforcement des capacités du système de santé, développement de la coopération avec les partenaires de l’UE et sensibilisation de la population aux risques du virus.  Dans les prochains mois, ces mesures politiques seront complétées par des activités liées à la campagne de vaccination, considérée comme une question de sécurité nationale, a-t-il expliqué.  La Roumanie a aussi réorienté plus de la moitié de son budget de coopération au développement international pour répondre à la pandémie de COVID-19, en mettant l’accent sur la consolidation des systèmes de santé et sur la lutte contre les fausses nouvelles liées à l’épidémie.

M. Aurescu a ajouté que la pandémie de COVID-19 avait montré, une fois de plus, que les défis mondiaux nécessitaient une action commune, de la solidarité et de la coopération.

M. MOHAMED T. H. SIALA, Ministre des affaires étrangères de la Libye, a estimé qu’il n’y a pas d’autre choix que celui de sauver tout le monde, sans discrimination aucune, et ce, par le biais d’une stratégie globale humaine, rapide et résolue, dans le respect de la dignité de chacun et du droit à la vie.  Il convient dès lors que « les armes pour combattre la pandémie » soient à la portée de tous, a-t-il réclamé.  Avec la production d’une dizaine de vaccins, il incombe maintenant à l’OMS de garantir leur distribution à tous les pays et à un prix abordable, a-t-il espéré.  Il a appelé les autres parties au conflit en Libye à respecter le cessez-le-feu auquel le Secrétaire général de l’ONU a appelé.  La Libye savait qu’elle n’était pas à l’abri dès le début de la pandémie alors même qu’elle était en proie à une agression, a expliqué le Ministre, en disant que son pays n’avait d’autre choix que celui de repousser l’agresseur, ce à quoi il est parvenu, et de procéder à la protection rapide de la population.  L’ampleur des défis dépasse largement les moyens à notre disposition, a-t-il déploré, avant d’énumérer les principales mesures prises comme la mise en place d’unités de quarantaine et la fourniture de matériel de dépistage.  Il a espéré recevoir plus de matériel médical pour lutter contre un virus qui s’est infiltré jusque dans les camps d’accueil des migrants.  Il a demandé à l’ONU de fournir aux migrants une assistance alimentaire et les moyens de retourner dans leur pays.  Il a aussi demandé la restitution des biens et ressources libyennes usurpés.

M. DJACOBA OLIVA TEHINDRAZANARIVELO, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a déclaré que son gouvernement avait fait le choix de prioriser la protection de la population, en instaurant, dès l’apparition des premiers cas de COVID-19, l’état d’urgence dans la capitale, puis progressivement dans les autres régions touchées.  En parallèle, les ressources humaines, financières et sanitaires du secteur médical ont été renforcées.  De cette initiative est née le CovidOrganics ou CVO, un remède de plantes médicinales à vocation préventive et curative contre le Coronavirus, a fait valoir le Ministre.  Les autorités ont en outre pris l’initiative « inédite » de faire rechercher, produire et distribuer à la population un remède traditionnel amélioré.  Grâce à ces mesures, le nombre de cas s’est maintenant stabilisé, avec un nombre de guérisons largement supérieur, depuis trois mois, à celui des nouvelles contaminations, a assuré le Ministre.

M. DINESH GUNAWARDENA, Ministre des affaires étrangères de Sri Lanka, a indiqué que son pays a géré la propagation de la COVID-19 en respectant strictement les précautions sanitaires universelles et en adoptant une approche pangouvernementale, visant la transmission zéro.  Un centre national d’opérations pour la prévention de l’épidémie a été créé et une plateforme numérique facilite l’engagement du public pour la recherche des contacts, a-t-il précisé, ajoutant que les soins de santé gratuits fournis à la population ont également permis de réduire la propagation du virus.  Pour faire face à l’impact socioéconomique de la pandémie, le Gouvernement a accordé une aide financière et des rations sèches à plus de six millions de familles et groupes vulnérables, tout en créant un fonds COVID-19 pour la santé et la sécurité sociale.  S’agissant de la vaccination à venir, le Ministre a fait état de la nomination d’un comité de coordination au sein du Ministère de la santé et de l’obtention de fonds d’aide pour l’entretien des chaînes du froid des vaccins.  Appelant l’ONU à mobiliser toutes ses ressources pour que le vaccin soit un « bien public mondial », gratuit et accessible à tous, il a également plaidé pour un financement international accru et un moratoire sur la dette des pays en développement en cette période de crise.  Selon lui, une attention particulière devrait être accordée aux pays à revenu intermédiaire afin qu’ils soient éligibles à l’Initiative de suspension du service de la dette du G20.

M. E. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO, Ministre des relations extérieures du Paraguay, a énuméré les actions menées par son pays pour renforcer la protection et la promotion des droits des femmes, des enfants et des adolescents et mettre en œuvre des programmes sociaux pour répondre aux besoins des plus défavorisés dans le contexte de la crise.  Pour répondre à la nécessité d’apporter des réponses économiques et sociales structurelles à grande échelle, son pays a lancé le plan de relance économique « Ñapu’ã Paraguay » (Relevons le Paraguay), qui comprend un ensemble de mesures dans des domaines stratégiques: protection sociale, investissement public pour l’emploi et crédit pour le développement.  À cet égard, il a estimé que les institutions financières multilatérales devraient s’attaquer aux vulnérabilités des pays et appuyer leurs stratégies de relance économique.  Il s’agit également, a-t-il poursuivi, d’assurer la chaîne d’approvisionnement, de renforcer les mesures de facilitation du commerce extérieur et de l’accès à un crédit à visage plus humain.

M. MATTHEW JOHN DAVID HANCOCK, Secrétaire d’État à la santé et aux affaires sociales du Royaume-Uni, a constaté que le coronavirus se joue des frontières.  « Il nous prend pour cible en tant qu’êtres humains et cette humanité commune doit nous rassembler », a-t-il souligné.  Dans la lutte contre la COVID-19, le Royaume-Uni a appuyé la mobilisation mondiale, augmentant notamment de 30% sa contribution à l’OMS.  Le Secrétaire d’État, saluant les mesures prises par le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus pour renforcer l’efficacité de son agence, a indiqué avoir levé de près de 9 milliards de dollars, en juin dernier, pour contribuer à l’immunisation contre la pandémie.  Sur le plan intérieur, le pays a lancé son essai clinique pour le relèvement, ce qui a permis d’identifier des traitements et de sauver de nombreuses vies, a poursuivi le Secrétaire d’État.  Il a ajouté que la présidence du G7, l’an prochain, sera l’occasion pour le Royaume-Uni de soumettre une nouvelle approche en matière de sécurité sanitaire basée sur un plan en cinq points destiné à prévenir toute nouvelle pandémie.  Ce plan visera notamment à augmenter la recherche-développement dans les vaccins, à renforcer l’action sur les données, à poursuivre le travail sur les résistances antimicrobiennes et à protéger les chaînes d’approvisionnement en levant les contrôles à l’exportation.  Enfin, évoquant l’enjeu mondial que constitue la mise en place d’un vaccin sûr et efficace contre la COVID-19, M. Hancock a réitéré l’engagement de son gouvernement en faveur d’un accès pour tous.  Le vaccin développé par l’Université d’Oxford et la société AstraZeneca coûtera seulement 4 dollars et pourra être stocké à des températures de réfrigérateur, a-t-il précisé, estimant que cet élan permet d’espérer une vaccination mondiale. 

M. GINÉS GONZÁLEZ GARCÍA, Ministre de la santé de l’Argentine, a déclaré que la pandémie constitue une occasion unique de réaffirmer les valeurs de solidarité dans les politiques de relance de l’économie.  Le Ministre a décrit les mesures de protection des personnes et groupes les plus vulnérables et les efforts de la première heure déployés dans son pays pour renforcer le système de santé, doubler la production de respirateurs mécaniques, reconvertir une partie de l’industrie textile dans la production d’équipements de protection, bâtir 12 hôpitaux préfabriqués en un temps record et créer un fonds national d’équité qui assure la couverture intégrale de la population.  Il a aussi mentionné l’Unité Coronavirus qui a présenté des innovations technologiques en matière de tests.  L’Argentine participe aux recherches « Solidarity I et III » de l’OMS pour les vaccins et traitements, au dispositif visant à accélérer l’accès aux outils de lutte contre ‎la COVID-19 (Accélérateur ACT) et au Groupement d’accès aux technologies contre la COVID-19.  Le pays a, ainsi déjà procédé à l’achat anticipé de 9 millions de doses de vaccins suffisants pour 10% de la population argentine, et mène la phase d’essais cliniques de trois vaccins de Pfizer, SInofarm et Janssen, et collaborera avec le Mexique pour la production de 150 à 250 millions de doses du vaccin de l’université d’Oxford destinées aux pays d’Amérique latine.  En outre, le Ministre a rappelé l’engagement du Président argentin, lors du G20, à participer au comblement du déficit de 4,5 milliards de dollars de l’Accélérateur ACT, afin de faciliter l’accès des pays les moins favorisés aux vaccins.

Mme SIGRID KAAG, Ministre du commerce étranger et de la coopération pour le développement des Pays-Bas, a appelé à s’engager sur un nouveau chemin.  Le relèvement doit pouvoir nous lancer sur une trajectoire menant à un monde plus transparent, plus résilient et plus équitable.  Il faut que le respect et l’appui à la coopération multilatérale guident nos pas.  Notant que l’OMS n’a ni les moyens ni le mandat de répondre aux attentes immenses qui sont placées sur elle, la Ministre a appelé à trouver des solutions structurelles.  Il faut également un meilleur mécanisme de contrôle afin de mieux détecter les prémices de nouvelles flambées.  Pour finir, elle a engagé tous les pays à participer à l’Accélérateur ACT.

M. DAVID ZALKALIANI, Ministre des affaires étrangères de Géorgie, a déclaré que son pays, comme il l’a déjà fait « en 30 siècles d’histoire marqués par les guerres et les turbulences », va surmonter, grâce à son unité, le défi inédit de la COVID-19 et poursuivre ses efforts en vue d’un développement inclusif et durable.  Le Ministre a félicité le personnel de santé et le Bureau régional OMS de l’Europe pour leur aide face à la pandémie, et salué la coopération internationale sans précédent engagée pour la fabrication d’un vaccin, dont il espère qu’il sera équitablement distribué et universellement accessible.

Exhortant les Nations Unies à contribuer à cette coopération, M. Zalkaliani a vivement critiqué la Fédération de Russie qui, en occupant les régions d’Ossétie du Sud, nuit, selon lui, gravement à la sécurité et à la situation humanitaire des populations affectées par le conflit.  Ce pays poursuit également sa « propagande médiatique agressive » contre le Centre Richard Lugar de recherche en santé publique si crucial pour la riposte de la Géorgie au virus et empêche les résidents de la zone occupée de bénéficier de soins sur le territoire contrôlé par la Géorgie.  Le Ministre a ensuite indiqué que la Géorgie, dont l’économie connaissait une croissance de 5% avant la pandémie, se prépare déjà à une reprise qui requiert une aide internationale.

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a indiqué que, dans l’esprit du multilatéralisme nécessaire face à la COVID-19, le Ghana s’était joint à cinq autres pays pour rédiger une résolution sur la lutte contre la pandémie.  Le Ghana a également accepté d’accueillir le centre humanitaire régional des Nations Unies pour la COVID-19, qui est utilisé par l’OMS et le PAM pour assurer des services d’évacuation médicale et des opérations aériennes à l’appui de la réponse humanitaire mondiale des Nations Unies à la pandémie en Afrique de l’Ouest et centrale.  Sur le plan national, le Ghana a mis en place des politiques et procédures pour, entre autres, limiter et arrêter l’importation du virus, contenir la propagation nationale, fournir des soins adéquats aux malades, renforcer la gouvernance et la coordination de la riposte à la COVID-19, limiter l’impact du virus sur la vie sociale et économique, et étendre les capacités nationales, a précisé la Ministre.  À ce jour, le pays a enregistré un total de 51 667 cas positifs dont 323 décès, le nombre de cas actifs étant estimé à 797.  La Ministre a également fait état des mesures prises pour contenir l’impact sur le plan socioéconomique, dont l’accès gratuit à l’eau pour tous les ménages jusqu’à fin décembre 2020, la prise en charge de 50% des factures d’électricité par le Gouvernement, des incitations financières pour motiver les agents de santé de première ligne ainsi qu’un programme de réduction du coronavirus et de revitalisation des entreprises (CARES).  Avant de conclure, la Ministre a exhorté les institutions financières et de développement internationales à soutenir les interventions des gouvernements dans la lutte contre les effets économiques négatifs de la pandémie.

Mme WILHELMINA JALLAH, Ministre de la santé du Libéria, a salué les efforts de l’ONU tendant à préserver des vies, protéger les sociétés et les personnes les plus vulnérables en leur sein, et aider le monde à s’en relever.  En se fondant sur l’expérience acquise dans la lutte contre le virus de l’Ebola au cours des six années écoulées, le Libéria a réussi à « éviter le pire » avec le nouveau coronavirus, a-t-elle souligné, ajoutant que le pays comptait, à ce jour, 1 637 cas, dont 1 354 sont guéris et 83 décès, dont 13 seulement en milieu médical.  Elle a évoqué « une spirale de cas de viol » durant la pandémie qui a conduit à déclarer ce crime comme une urgence nationale, avec la nomination d’un procureur spécial pour le viol et la création d’un registre national de prédateurs sexuels et une équipe spéciale de sécurité sur la violence sexuelle et sexiste.  Le Libéria s’efforce également de répondre aux besoins des personnes handicapées, notamment par la mise sur pied d’un secrétariat chargé de cette question.  Le pays a dit avoir sollicité l’assistance internationale en vue du renforcement des capacités de prévention, d’identification et de riposte aux cas de COVID-19.  Il a anticipé que cette capacité d’assistance ciblera les travailleurs de la santé pour qu’ils soient mieux préparés à fournir l’aide nécessaire.  La Ministre a également fait état du plan de redressement économique qui privilégie les mesures et investissements à court terme dans des secteurs prioritaires comme l’agriculture et le tourisme.

M. GEOFFREY ONYEAMA, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a réaffirmé son engagement en faveur du multilatéralisme, en particulier pour endiguer la COVID-19 et lutter contre les effets négatifs de la pandémie sans discrimination.  Le Nigéria est d’avis que les moyens les plus efficaces pour lutter contre le virus sont la solidarité mondiale et la coopération.  À cet égard, le Ministre a salué le rôle de premier plan de l’OMS, avant de faire part de ses préoccupations par rapport au fait que les pays en développement risquent d’être laissés pour compte dans l’accès aux vaccins.  Pour de nombreux pays, la voie du relèvement post-COVID-19 sera difficile, a noté le Ministre.  Par conséquent, le Nigéria a demandé aux institutions financières internationales d’accorder des prêts concessionnels et un rééchelonnement de la dette des pays en développement.

Déclarations de clôture

M. JERRY MATTHEWS MATJILA, Président du Conseil de Sécurité, a déclaré que la pandémie avait ébranlé les bases de nos systèmes politiques économiques et sociaux et imposé d’énormes pressions aux systèmes de santé nationaux.  Il a rappelé qu’il n’y a pas de meilleur moyen de vaincre la pandémie que de renforcer nos capacités multilatérales face aux crises sanitaires mondiales.  Il a aussi réaffirmé le rôle essentiel de l’ONU pour la coordination de la riposte mondiale à la pandémie.  Déplorant ses conséquences pour la paix et la sécurité mondiales, le Président a souligné l’impact disproportionné de l’épidémie sur les femmes et les filles, les réfugiés et personnes déplacées, les personnes âgées et handicapées, confiant sa crainte de voir les progrès réalisés par les pays en transition ou sortis de conflits effacés par la pandémie.

Néanmoins, a-t-il déclaré, la COVID-19, défi pour la paix et la sécurité, apporte aussi une opportunité d’en finir avec les violences et les hostilités, comme le démontre la résolution 2532 (2020) adoptée en juillet dernier qui soutenait l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu général et plaçait les humains au cœur de la riposte à la COVID-19.  Si cet appel à l’arrêt des hostilités a été entendu, le Président du Conseil a regretté que certaines parties à des conflits n’aient pas saisi cette occasion.  La pandémie nous a rappelé à quel point nous sommes interconnectés, a-t-il dit, et nous devons continuer à coopérer pour que personne ne soit laissé pour compte.

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a clos cette session extraordinaire consacrée à la COVID-19 en se félicitant du haut niveau de représentation au débat général, ce qui démontre, selon lui, l’engagement de tous les États Membres face au défi mondial de la pandémie.  En outre, a-t-il noté, les dialogues interactifs ont rappelé le grand nombre des parties prenantes qui œuvrent sans relâche à la lutte contre le virus.  Ils ont permis de prendre connaissance des travaux pionniers de la recherche et de membres de la société civile, qui ne représentent qu’une partie des efforts planétaires visant à protéger l’humanité et à reconstruire en mieux.  Pour M. Bozkir, la distribution prochaine d’un vaccin suscite l’espoir que, dans un avenir proche, chacun puisse être protégé de la COVID-19.  Pendant la prochaine session de l’Assemblée générale, a-t-il ajouté, nous poursuivrons ces efforts avec la volonté de ne faire aucun laissé-pour-compte.  2021 sera l’année de l’intensification des efforts, après une année 2020 qui a vu la société civile s’adapter à la menace.  C’est en restant forts ensemble que nous lutterons contre la COVID-19, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Session extraordinaire sur la COVID-19 à l’Assemblée générale: appels à faire du vaccin un bien public mondial et à annuler les dettes extérieures

Trente et unième session extraordinaire,
2e séance - Matin, après-midi & soir
AG/12293

Session extraordinaire sur la COVID-19 à l’Assemblée générale: appels à faire du vaccin un bien public mondial et à annuler les dettes extérieures

C’est debout, unis dans le silence, en hommage aux 1,3 million de victimes de la pandémie de COVID-19, que les États Membres ont entamé, ce matin, sous la coupole de l’Assemblée générale, la trente et unième session extraordinaire qui se tient sur deux jours. 

Le segment d’ouverture a été suivi de onze heures ininterrompues de débat général auquel ont participé 105 chefs d’État et de gouvernement et ministres, par le biais de vidéos préenregistrées, qui ont partagé leurs expériences sur la riposte au niveau national, et parfois régional.  Les vidéos étaient introduites par les ambassadeurs présents dans la salle. 

« Les participants à cette session sont réunis aujourd’hui pour tracer la voie et mettre fin à la souffrance des personnes que nous servons », a posé d’emblée le Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale.  Se voulant rassembleur, M. Volkan Bozkir a souligné que ce n’était pas le moment de pointer du doigt. 

Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé à cette occasion son appel à un cessez-le-feu mondial qui doit permettre aux pays de se concentrer sur la lutte contre le virus.  M. António Guterres a recommandé un plan de relance d’au moins 10% du PIB mondial et l’allégement de la dette de tous les pays en ayant besoin.  Ces mesures risquant d’être insuffisantes, il a émis l’espoir que les initiatives du G20 en matière de dette soient élargies afin que tous les pays en développement soient éligibles. 

L’allégement ou l’annulation de la dette des pays mal lotis pour faire face aux conséquences de la pandémie a été un des points forts du débat, alors que, selon les statistiques, 60 pays en développement nécessiteraient à cause de la pandémie une assistance d’urgence, comme l’a signalé M. Munir Akram, Président du Conseil économique et social (ECOSOC).

Ce sont les pays les moins avancés qui ont payé le plus lourd tribut, a précisé le Président du Malawi en sollicitant une annulation « pleine et entière » de la dette de ces pays, ainsi que l’activation d’un mécanisme de financement vital, celui du Fonds monétaire international (FMI), au travers de l’émission de droits de tirage spéciaux.  Il a aussi invité à déclarer les vaccins et médicaments « biens publics communs à l’humanité », dans la lignée de l’appel du Secrétaire général à ce que le vaccin soit un « bien public mondial, accessible à tous, partout ».

Un vaccin qui doit être « universellement distribué à des prix abordables pour tous », a aussi plaidé le Président de l’Azerbaïdjan, M. Ilham Heydar Oglu Aliyev, s’exprimant à l’ouverture en sa qualité de Président du Mouvement des pays non alignés (NAM), groupe de pays à l’origine de la convocation de cette session extraordinaire, décidée par la résolution du 5 novembre. Il a salué les efforts de coordination de l’OMS et s’est félicité que celle-ci utilise la base de données du NAM sur les besoins humanitaires et médicaux de ses pays membres. 

Les appels en ce sens se sont multipliés.  « Nous avons besoin de solidarité locale, régionale et mondiale », a demandé le Président de la Bosnie-Herzégovine, tandis que la Ministre des affaires étrangères du Sénégal a réitéré la nécessité d’annuler la dette des pays en développement, en particulier ceux du continent africain.  Le Président de la Serbie a, lui, jugé que les conséquences de la récession mondiale devaient contraindre les institutions financières internationales à faire montre de plus de souplesse, dans le même sens que les Présidents du Honduras, de Cuba, du Pérou et de la Bolivie qui ont lancé des appels à ces mêmes institutions.

En réponse, les pays qui sont en mesure de le faire ont témoigné de leur volonté d’aider, comme la Suisse qui œuvre, dans le cadre du G20 et du Club de Paris, à l’allégement de la dette des pays les plus pauvres.  De son côté, la France a proposé la création d’un mécanisme de don pour qu’une partie des premières doses de vaccin disponibles soit destinée à la vaccination des publics prioritaires dans les pays en développement. 

Le Président des Îles Marshall a salué les partenaires les plus proches du Pacifique qui se sont engagés à aider les petit États insulaires à obtenir des vaccins en temps opportun.  Son homologue de Nauru a fait de même en citant la Chine et les États-Unis, grâce à qui le pays dispose d’équipements de dépistage de qualité.  La Chine, qui a apporté son soutien à l’OMS et défendu l’accessibilité du vaccin pour les pays en développement, a encouragé « les plus grands pays » à jouer un rôle exemplaire pour promouvoir la collaboration.

Les idées de collaboration sur le plan scientifique n’ont d’ailleurs pas manqué, une majorité d’États Membres voulant que le monde se place sous la houlette de l’OMS, dont le travail a été salué, pour poursuivre le combat contre la maladie.

Plusieurs chefs d’État se sont engagés à garantir le succès des outils mis en place par l’OMS: le Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) et le Mécanisme COVAX auquel 172 pays participent à ce jour.  C’est la seule initiative mondiale qui collabore avec les gouvernements et les fabricants pour mettre les vaccins contre la COVID-19 à la disposition du monde entier, ce que le Premier Ministre lao a qualifié de « multilatéralisme vaccinal ». 

Si le Ministre de la santé de la Russie s’est réjoui des trois vaccins russes et le Président de la Turquie des 16 recherches turques en cours, le Président du Venezuela a, lui, vanté le brevet de molécule DR10 et ses propriétés curatives.  Il a aussi saisi cette occasion pour rendre hommage au personnel médical. 

À ce sujet, le Président français a mentionné la mise en place d’une académie mondiale de la santé à Lyon, qui formera les personnels de santé du monde entier.  Il a aussi appuyé la mise en place d’un conseil d’experts de haut niveau « Une seule santé » pour diffuser les informations scientifiques sur les liens entre santés humaine, animale et environnementale.  En écho, le Prince Albert II de Monaco a recommandé de se pencher sur la relation entre les maladies émergentes et la destruction de la biodiversité. 

Avant ce débat, l’Assemblée a décidé d’autoriser la participation des Comores, de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie à ses votes, dans le cadre de l’Article 19 de la Charte des Nations Unies. 

La session extraordinaire se poursuivra demain, vendredi 4 décembre à 9 heures, sous la forme de dialogues interactifs.

SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACRÉE À LA PANDÉMIE DE MALADIE À CORONAVIRUS (COVID-19) - A/RES/75/4

Déclarations liminaires

M. VOLKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a estimé que nous sommes confrontés à la récession mondiale la plus profonde depuis la Grande Dépression et au plus grand effondrement des revenus depuis 1870.  Il a ainsi mentionné l’économie mondiale qui a reculé de 4,4%, l’extrême pauvreté mondiale qui devrait augmenter pour la première fois en plus de 20 ans, avec 115 millions de personnes risquant d’être poussées dans l’extrême pauvreté.  Il a également listé les investissements étrangers évaporés, les restrictions commerciales et de voyage, ainsi que les fortes baisses de recettes d’exportation, du tourisme et des envois de fonds qui mettent en péril les moyens de subsistance de milliards de personnes dans le monde.  Les crises humanitaires en cours se sont aggravées, a-t-il encore relevé, ajoutant que la communauté internationale est aujourd’hui confrontée à un « risque grave » où la moitié de la Décennie d’action pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 aura été consacrée simplement à « retourner là où nous étions au début de l’année ».

M. Bozkir a ajouté que cette pandémie avait touché de manière disproportionnée les membres les plus vulnérables des sociétés, à savoir les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les réfugiés, les migrants, les personnes vivant dans les bidonvilles et les sans-abris.  Elle a également révélé les inégalités structurelles et les obstacles à la pleine jouissance des droits de l’homme.  Les mesures de confinement ont de leur côté conduit à une augmentation de la violence à l’encontre des femmes.  Les jeunes se sentent frustrés, car leur éducation, leur engagement communautaire et leurs possibilités d’emploi sont limités.  Les perturbations liées à la pandémie dans les services de santé et de nutrition pourraient entraîner une augmentation des taux de décès d’enfants de causes évitables, a encore prévenu M. Bozkir.  Avec la fracture numérique entre les pays en développement et les pays développés ainsi qu’entre les milieux urbains et ruraux, des millions d’enfants n’ont pas accès à l’apprentissage à distance.  À cela s’ajoute l’augmentation des discours racistes, de la haine, de la stigmatisation, des stéréotypes et de la désinformation qui accompagnent la pandémie. 

« Dans ce contexte, la crise oblige à bousculer la façon dont les choses se font, à faire preuve d’audace et à restaurer la confiance dans l’ONU. »  Aucune autre institution n’est aussi étendue, aussi mandatée ou mieux placée sur le plan normatif, a estimé le Président de l’Assemblée pour qui l’ONU doit montrer la voie: cette session extraordinaire de l’Assemblée générale est « un moment historique » pour les États Membres, l’ONU, la communauté scientifique et d’autres parties prenantes, y compris la société civile, de s’écouter les uns les autres, d’engager un dialogue sur les conséquences multiformes de la pandémie.  Ce n’est pas le moment de pointer du doigt, a encore déclaré M. Bozkir.

Le Président de l’Assemblée a exposé sa vision des choses, qui commence par garantir un accès juste et équitable aux vaccins, en renforçant la mobilisation politique et des ressources pour les initiatives multilatérales qui visent une distribution juste et équitable du vaccin.  Il a appelé à travailler ensemble pour protéger les pays les plus vulnérables qui sont à la traîne, c’est à dire les moins avancés, les petits États insulaires en développement et ceux en développement et sans littoral.  Il faut veiller à ce que des ressources financières adéquates soient disponibles pour parvenir à une reprise inclusive et résiliente et relever les défis de la vulnérabilité de la dette et de la réduction de l’espace budgétaire. 

La communauté internationale doit en outre garantir une couverture sanitaire universelle, tout en s’attaquant aux conséquences immédiates de la pandémie.  Elle doit œuvrer à la réalisation des 17 objectifs de développement durable, en tenant l’engagement de ne laisser personne de côté.  Enfin, nous devons nous assurer que les politiques que nous mettons en œuvre pour lutter contre la pandémie ne sapent pas les institutions démocratiques qui sous-tendent la santé à long terme de nos économies et de nos sociétés, a plaidé M. Bozkir, ajoutant que les politiques doivent être universelles, ouvertes, transparentes, responsables et inclusives.  

Mais même à cette époque de tragédie inimaginable, le monde s’est réuni, pour le bien de l’humanité, a fait observer M. Bozkir avant de conclure.  S’adressant aux réfugiés, aux personnes atteintes de maladies sous-jacentes, aux filles et aux garçons qui souhaitent avant tout retourner à l’école, aux personnes en attente de test COVID, aux travailleurs de la santé, et aux familles du monde entier qui pleurent la perte de leurs proches, le Président a lancé: « ne vous découragez pas.  L’ONU travaille pour vous ». 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déploré qu’en dépit des conseils scientifiques fournis par l’OMS, les recommandations n’aient pas été suivies par certains pays.  Cependant, grâce au travail acharné des chercheurs, les vaccins peuvent devenir disponibles rapidement, a-t-il espéré tout en faisant observer qu’un vaccin ne pourra réparer les dommages causés par la plus grande récession mondiale en 80 ans.  Le Secrétaire général a appelé à ce que le vaccin contre la COVID-19 soit un bien public mondial, accessible à tous, partout.  Il a estimé que l’Accélérateur ACT et son Mécanisme COVAX sont les outils pour y mener.  Toutefois, il a mis le doigt sur le déficit de financement de 28 milliards de dollars, dont 4,3 milliards de dollars sont attendus d’urgence pour les deux prochains mois. 

Le Secrétaire général a rappelé avoir appelé à un cessez-le-feu mondial pour que les pays puissent se concentrer sur la lutte contre le virus et avoir recommandé un plan de relance d’au moins 10% du PIB mondial et l’allégement de la dette de tous les pays en ayant besoin.  Cependant, ces mesures sont à son avis insuffisantes pour éviter une crise de liquidité dans les pays en développement.  Il a émis l’espoir que les initiatives du G20 en matière de dette seront élargies afin que tous les pays en développement soient éligibles. 

Pour l’avenir, des systèmes de santé plus solides doivent être une priorité, a-t-il estimé.  Il a également plaidé pour un nouveau contrat social entre les personnes, les gouvernements, le secteur privé, la société civile, afin de s’attaquer aux racines des inégalités.  En outre, il faut de nouveaux investissements pour reconstruire qui jettent les bases du développement durable et de la neutralité carbone, conformément au Programme 2030 et à l’Accord de Paris.  M. Guterres a ainsi estimé que les marchés, les investisseurs et les décideurs devaient investir dans des infrastructures résilientes.  Il a appelé les pays développés à tenir leur promesse de fournir 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs climatiques.  Il est temps de mettre fin à la guerre suicidaire avec notre planète et 2021 doit être une année pour répondre à notre urgence planétaire, a-t-il déclaré. 

Pour M. MUNIR AKRAM, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), cette crise est non seulement sanitaire et économique mais surtout humanitaire.  Elle a ravi plus d’1,3 million d’âmes, infecté plus de 65 millions d’individus, bouleversé les moyens de subsistance d’un nombre incalculable de personnes à travers le monde, en particulier dans les pays en développement.  Il a tenu à rendre hommage au Chargé d’affaires de la Guinée décédé des suites de la maladie à coronavirus.  Les statistiques économiques sont « tout aussi dévastatrices » car plus de 60 pays en développement, dont 20 confrontés à une crise alimentaire sans précédent, nécessiteraient une assistance d’urgence, et 100 millions de personnes sont plongées dans la pauvreté, a résumé M. Akram.   

Le Président de l’ECOSOC a plaidé pour un vaccin « disponible partout et pour tous »: riches et pauvres, hommes, femmes et enfants.  Une fois prêt, le vaccin devra être administré en priorité aux malades, au personnel sanitaire, aux personnes âgées et aux enfants.  Les gouvernements, pour leur part, doivent faire preuve de transparence dans la production, la distribution et la tarification équitable du vaccin, et s’engager à répondre aux besoins de leur population et à maintenir à flot leur économie, a poursuivi M. Akram.  Or, les pays en développement n’ont pas la latitude budgétaire pour financer le relèvement postpandémie, a-t-il noté, précisant que le Premier Ministre de son pays, le Pakistan, proposera un plan d’urgence pour cette catégorie de pays, faute de quoi, a-t-il dit, la réalisation des objectifs de développement durable ne sera que « chimère ».  Parce que nul ne doit être laissé pour compte, il s’agit de « reconstruire en mieux » et de créer des infrastructures durables, a préconisé le Président de l’ECOSOC, convaincu que la session extraordinaire contribuera à cet objectif important.  De plus, les divers forums de haut niveau prévus en 2021, notamment le Forum politique de juillet, permettront d’avancer vers ces objectifs.  Il est temps d’allier l’acte à la parole, a-t-il lancé à l’adresse des États. 

M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de l’Azerbaïdjan, s’exprimant en sa qualité de Président du Mouvement des pays non alignés (NAM), a rappelé que, devant « la plus grande crise sanitaire de l’histoire récente », avec près de 60 millions de cas signalés et plus d’un million de décès à travers le monde, son pays avait convoqué par visioconférence un sommet du Groupe de contact du NAM le 4 mai 2020.  Une manifestation qui a conduit à la formation d’un groupe de travail en riposte à la COVID-19 et à une base de données sur les besoins humanitaires et médicaux fondamentaux des pays membres du Mouvement.  L’OMS, s’est-il enorgueilli, se sert de cette base de données comme l’un de ses points de référence pour identifier les besoins existants des États membres du NAM face à la pandémie.

« Le NAM souligne l’importance d’un accès abordable, sans entrave et équitable de tous les pays aux médicaments, vaccins et équipements médicaux, qui devraient faire partie intégrante d’une riposte mondiale coordonnée et efficace à la COVID-19 », a poursuivi le Président.  Comme de nombreux vaccins sont actuellement à l’étude, le Groupe attend avec impatience le succès des essais cliniques et espère qu’un vaccin sûr et efficace sera bientôt disponible et considéré comme un « bien public mondial », universellement distribué à des prix abordables pour tous.  « Nous apprécions les efforts de coordination de l’OMS dans le cadre de ce processus et soulignons l’importance de cette Organisation pour faciliter l’accès équitable des populations du monde entier à ce vaccin, une fois qu’il sera disponible. »

Débat général

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a souligné que les vaccins contre la COVID-19 avaient été développés en moins d’un an, grâce à une coopération mondiale sans précédent.  L’Union européenne a mobilisé près de 16 milliards d’euros de fonds publics et privés pour la recherche de produits de diagnostic et de traitements, a-t-il signalé.  Il s’est déclaré en faveur d’une distribution équitable de ces vaccins, par des dons d’une partie des doses achetées par les États membres de l’Union européenne.  Face aux futures pandémies, il faut pérenniser l’approche de solidarité internationale, en structurant la capacité collective à anticiper, préparer et gérer ce type de crises par la voie d’un traité international sur les pandémies qui s’inscrirait dans le cadre de l’OMS, a recommandé M. Michel.  Son objectif est de mieux surveiller les risques et de mieux financer et coordonner la recherche.  Ainsi, l’expérience de l’Accélérateur ACT doit servir de modèle pour la mise en place d’une capacité de réaction scientifique et industrielle rapide, a préconisé le Président du Conseil européen.  Il a plaidé pour que le « principe fondamental de l’accès universel aux nouveaux vaccins anti-COVID-19 » soit confirmé par un traité.  M. Michel a aussi jugé nécessaire d’améliorer la résilience des systèmes de soins de santé et de réfléchir à la sécurisation des chaînes d’approvisionnement des produits et équipements médicaux.  C’est un enjeu de santé à l’échelle mondiale, qui relève du fonctionnement du commerce international, a-t-il conclu. 

M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a estimé que ce sont les pays les moins avancés (PMA) qui ont payé le plus lourd tribut à la pandémie.  Avant celle-ci, 35% de la population des PMA vivaient déjà dans la pauvreté.  Cette session démontre l’efficacité des mesures d’adaptation pratiques fondées sur la collaboration pour défendre l’intérêt commun, a-t-il dit.  La pandémie a réduit à néant les acquis obtenus de haute lutte dans certains aspects du développement durable.  Alors que les recettes publiques diminuent et que les dépenses sociales augmentent, il est probable que la plupart des PMA se trouvent en défaut de paiement de leurs dettes, a souligné le Président.  Pour le moment, la priorité doit être de sauver des vies.  Alors que certains vaccins vont apparaître sur le marché, il a exhorté les dirigeants mondiaux à déclarer ces médicament « biens communs de l’humanité ».  Mais M. Chakwera a demandé une annulation pleine et entière de la dette des PMA.  De plus, il a demandé l’activation d’un mécanisme de financement vital, celui du Fonds monétaire international (FMI), au travers de l’émission de droits de tirage spéciaux à hauteur de 50 milliards de dollars en faveur de ces pays.  Les partenaires doivent respecter l’engagement pris d’allouer de 0,15 à 0,2% de l’aide publique aux PMA, avec effet immédiat, a-t-il insisté.  En outre, le Président a souligné que la connectivité numérique s’est avérée être une bouée essentielle au maintien de l’activité économique, or les PMA ont besoin d’un accès aux informations importantes pour mieux reconstruire.  Ces priorités seront au cœur de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui se tiendra à Doha, au Qatar, en janvier 2022.

M. RECEP TAYYİP ERDOĞAN, Président de la Turquie, s’est félicité d’avoir fourni une assistance à 156 pays et 9 organisations internationales, et de mener des programmes dans 16 pays pour les personnes âgées, les personnes handicapées et les orphelins, depuis le début de la pandémie de COVID-19.  Il a aussi félicité le couple de chercheurs Ugur Sahin et Ozlem Türeci, fondateurs de l’entreprise BioNTech, qui ont contribué à la fabrication d’un vaccin et qui participent à la session extraordinaire.  Il s’est réjoui que parmi les 16 recherches de vaccins en cours en Turquie, la phase d’essai sur des humains ait pu commencer pour l’un.  Il a souligné que le « bureau géographiquement dispersé de l’Organisation mondiale de la Santé pour la préparation aux urgences humanitaires et sanitaires » avait été établi à Istanbul en septembre.  Partout dans le monde, les groupes vulnérables et défavorisés sont les plus touchés, a-t-il relevé.  À son avis, l’attention doit être portée sur leurs besoins, en mettant l’accent notamment sur la protection des droits des femmes, des enfants, des personnes âgées et celles qui sont handicapées.  Le Président Erdoğan a affirmé que 3,6 millions de Syriens sous sa protection bénéficient des services de santé turcs.  Enfin, il a souligné qu’il est nécessaire de lutter non seulement contre la pandémie mais aussi contre l’islamophobie, la xénophobie et le racisme.  Il a aussi déclaré soutenir « l’Initiative d’allégement de la dette » lancée par le G20, dont la Turquie est membre.  

Mme SIMONETTA SOMMAGURA, Présidente de la Suisse, a mis l’accent sur trois points essentiels dans la lutte contre « l’ennemi invisible » qu’est le virus de la COVID-19.  Tout d’abord, a-t-elle fait valoir, le rôle et la valeur du multilatéralisme doivent être soutenus alors que l’on célèbre cette année le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  La Suisse s’engage à soutenir son fonctionnement, a-t-elle assuré, jugeant que la crise mondiale actuelle démontre qu’une approche coordonnée est nécessaire pour faire face aux défis sanitaires.  Par ailleurs, a ajouté la dirigeante suisse, faire le lien entre l’économie et la santé est indispensable pour prévenir de telles crises.  « Investir dans la prévention coûte moins cher que de riposter à la pandémie », a-t-elle souligné.   Enfin, si un vaccin est en vue et devrait permettre de contrecarrer la propagation du virus, il convient d’en faire bénéficier le plus grand nombre.  Pour Mme Sommagura, il est possible de s’orienter vers un modèle international plus inclusif et de garantir la santé de tous, conformément au Programme 2030.  Conjointement avec ses partenaires, la Suisse soutient la recherche et le développement d’un vaccin sûr, efficace, accessible et équitablement distribué au niveau mondial.  Elle s’est ainsi engagée pour faire du Mécanisme COVAX un succès.  Elle finance en outre de manière substantielle la lutte contre la pauvreté et œuvre, dans le cadre du G20 et du Club de Paris, à l’allégement de la dette des pays les plus pauvres.  Les contributions et les actions sont importantes mais seuls la solidarité et le multilatéralisme nous permettront de surmonter ensemble la pandémie, a-t-elle conclu.   

M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a mis l’accent sur la vulnérabilité de l’Amérique latine aux effets des changements climatiques.  Après avoir mentionné la mise en place d’un fonds de roulement de l’Organisation panaméricaine de la santé, il a appelé à appuyer le fonds de l’Alliance du Vaccin (GAVI) pour l’accès au vaccin contre la maladie à coronavirus. Il s’est ensuite félicité du déploiement d’une équipe internationale d’évaluation des catastrophes au lendemain des ouragans qui ont frappé la région, dont le Honduras. L’ONU et la communauté internationale doivent prendre en compte la vulnérabilité des pays à revenu intermédiaire, a plaidé M. Hernández Alvarado, qui a appelé à une coopération grâce à des mesures novatrices des institutions financières internationales. Le Honduras est, depuis 25 ans, un des pays les plus vulnérables au monde aux effets des changements climatiques. Le Président a aussi lancé un autre appel pour des contributions pour le Fonds vert pour le climat. Il faut pouvoir répondre aux urgences humanitaires et compenser les pertes et les dommages car les dégâts sont colossaux, a-t-il encore plaidé. « Nous demandons à la communauté internationale de ne pas nous laisser seuls », a-t-il insisté, ajoutant que cette situation dépasse les seules ressources du Honduras. 

M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de l’Azerbaïdjan, a estimé avoir pris en temps voulu les mesures nécessaires pour arrêter la propagation de la pandémie dans son pays.  Aujourd’hui, les patients atteints de coronavirus sont traités dans 46 hôpitaux publics, tandis que les laboratoires opérationnels sont passés de 6 à plus de 40.  De plus, le Gouvernement a mis en place des mesures de soutien socioéconomiques et financiers à hauteur de de 2,5 milliards de dollars.  Le Président a souligné que le financement de la lutte contre la pandémie provient uniquement de sources nationales, sans aucun soutien financier extérieur.  Par ailleurs, depuis l’éclosion de la pandémie, l’Azerbaïdjan est en contact étroit avec l’OMS à laquelle il a fait deux contributions volontaires pour 10 millions de dollars, a-t-il dit.  M. Aliyev a rappelé qu’il avait appuyé l’initiative du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial pendant la pandémie, mais regretté que cet appel soit resté inconnu de « l’Arménie qui a commis en juillet 2020 une provocation militaire ».  « Le 27 septembre et pendant 44 jours, l’Arménie a lancé une agression militaire en bombardant des villes d’Azerbaïdjan le long de la ligne de front ».  L’armée azerbaïdjanaise a défendu ses citoyens et son territoire et a lancé une contre-attaque réussie qui a abouti à la victoire militaire de l’Azerbaïdjan lors des opérations, a rappelé le Président avant de conclure en exprimant l’espoir que cette session extraordinaire de l’Assemblée générale puisse contribuer à la lutte mondiale contre la pandémie et nous rendra plus unis autour de notre objectif commun.

M. KAIS SAIED, Président de la Tunisie, a remercié le Président du Mouvement des pays non alignés pour la convocation de cette session extraordinaire, et salué les efforts internationaux entrepris sous l’égide de l’ONU pour juguler la pandémie dont les répercussions mettent à mal la paix et la sécurité internationales.  La Tunisie a toujours insisté, depuis le début, sur l’importance d’une riposte internationale collective et coordonnée qui tienne compte des besoins des pays et des populations.  Ce pays a pris l’initiative, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, et en coordination avec la France, de présenter une résolution qui a été adoptée sur la pandémie, a rappelé le Président.  Cette résolution permet d’élargir le concept de sécurité collective pour y inclure les dimensions sanitaires.  Elle a permis d’adopter une vision commune sur la responsabilité de cesser toutes les opérations militaires et d’observer une trêve humanitaire dans les zones de conflit.  M. Saied a appelé à l’élaboration d’un plan répondant aux besoins de tous et à une « véritable solidarité » en matière d’allégement de la dette extérieure et des pressions économiques.  Il a demandé en outre un accès « équitable » au vaccin une fois qu’il sera disponible.  L’appui doit être à la mesure des circonstances exceptionnelles que nous traversons, a dit le Président, en plaidant pour une protection sociale et une couverture sanitaire universelle, sans oublier le respect des droits fondamentaux de tous.  Cette nouvelle situation est l’occasion d’améliorer la gouvernance pour un avenir meilleur pour les générations futures, a-t-il conclu. 

M.  MIGUEL DÍAZ CANEL BERMÚDEZ, Président de Cuba, a considéré qu’une riposte cohérente à la pandémie de COVID-19, conforme aux protocoles et bonnes pratiques fixés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ne peut être promue à l’échelle mondiale que par cet organisme, « le plus universel et le plus représentatif du système des Nations Unies ».  Selon lui, la pandémie de COVID-19 a mis à nu le coût humain des inégalités mondiales et révélé l’urgente nécessité de renforcer les systèmes de santé nationaux, de promouvoir l’accès universel et gratuit aux services médicaux de base, et de garantir une répartition équitable des ressources vitales.  « Le monde est choqué, par exemple, de voir comment les États-Unis, responsables de 38% des dépenses militaires dans le monde, sont incapables d’assumer la responsabilité des plus de onze millions de cas et des plus de 238 000 morts de la COVID-19 dans ce pays », a déclaré M. Bermúdez.  Cuba, à l’inverse, a mis en place un système de gestion gouvernementale fondé sur la science et l’innovation, qui a renforcé les interconnexions dans des domaines tels que la connaissance, la production et les services sociaux.  « Il s’agit d’un système inclusif, participatif, systémique, transversal et intersectoriel, qui cristallise et atteint ses meilleurs résultats dans les protocoles robustes appliqués pour faire face à la pandémie de COVID-19 et dans l’attitude responsable adoptée par notre peuple », a-t-il ajouté.

M. FRANCISCO RAFAEL SAGASTI HOCHHAUSLER, Président du Pérou, a réitéré son appel pour que les vaccins contre la COVID-19 soient déclarés « biens publics mondiaux ».  À ses yeux, un accès universel, opportun et équitable aux vaccins, médicaments, traitements et équipements nécessaires sera essentiel pour remplir l’engagement du Programme 2030 de « ne laisser personne de côté ».  Partant de cette conviction, il a indiqué que son pays avait rejoint l’initiative COVAX, dirigée par l’OMS, l’Alliance du Vaccin (GAVI) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI).  Face à cette crise, qui s’ajoute à celle des changements climatiques, il est nécessaire de renforcer l'architecture multilatérale de la santé basée sur l'OMS, a-t-il plaidé.  Mais il convient aussi de réduire les écarts sociaux, de construire des sociétés plus justes, inclusives et durables, et de combler le manque de connaissances scientifique pour comprendre la nature et concevoir des réponses appropriées.  Un effort multilatéral important est, selon lui, indispensable afin de fournir aux pays à faible revenu des ressources pour la formation de ressources humaines de haut niveau, la recherche scientifique, le développement technologique et l'innovation.  En conclusion, le Président du Pérou a appelé les institutions financières internationales à promouvoir les mécanismes de financement et d'investissement dans le développement de ces capacités.

M. LUIS ALBERTO ARCE CATACORA, Président de la Bolivie, a déclaré que le virus avait touché avec plus d’intensité encore les pays les plus vulnérables.  Selon lui, on ne peut parvenir à une solution à cette crise sanitaire que par les efforts conjoints des pays et des organismes spécialisés.  Il a expliqué que la crise politique de novembre 2019 en Bolivie et la « mauvaise gestion par le gouvernement de fait » avaient conduit à la détérioration de la situation économique, aggravée par la pandémie qui a provoqué une contraction de 11% du PIB et l’augmentation du chômage, de la pauvreté et des inégalités.  Le Président a énuméré les efforts de son pays pour obtenir des vaccins et les distribuer au premier trimestre 2021, gratuitement, à trois millions de Boliviens dont les groupes vulnérables et les personnels soignants.  Il a souligné que cette pandémie avait mis en évidence l’inégalité des pays souffrant de systèmes de santé et de protection sociale insuffisants, et la fragilité de segments de la population de ces pays défavorisés, ce qui rend prioritaire la résolution du défi de la pauvreté.  Le Président a donc appelé au respect des engagements de financement du Programme 2030 et d’effacement de la dette, et a recommandé de porter une attention systémique au prix des matières premières, au commerce international, aux revenus du tourisme, à l’emploi et aux recettes fiscales, une stratégie qui nécessite l’appuis de tous les acteurs internationaux.

M. LENIN MORENO GARCÉS, Président de l’Équateur, a réclamé l’apport d’une aide rapide et efficace aux économies les moins développées et à celles à faible et moyen revenu.  Jugeant, d’une part, essentiel que les pays donateurs intensifient leurs efforts pour respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement, il a loué, d’autre part, le soutien des organismes financiers internationaux, qui a permis à l’Équateur de faire face à la situation.  Craignant « une reprise longue, très longue » et un monde post-COVID marqué par la pauvreté, le chômage et les inégalités, « tout comme dans une situation d’après-guerre », le Président a appelé à activer immédiatement les moyens techniques, technologiques et économiques pour en contenir les effets.  Prédisant que non seulement les objectifs de développement durable ne seront pas atteints, mais que certains, déjà réalisés, seront perdus, M.  Moreno a estimé que, « comme toujours », les personnes les plus touchées ont été, sont et seront les populations de la catégorie des plus vulnérables, telles que les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les peuples autochtones et les migrants. 

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, a indiqué qu’en dépit d’un début de pandémie relativement maîtrisé, son pays fait face aujourd’hui face à une augmentation alarmante des cas de COVID-19.  Rappelant que le Botswana avait fait appel à l’aide internationale pour combattre et contenir l’épidémie de VIH/sida, il a souligné que cette solidarité est à nouveau nécessaire pour répondre aux effets de crise actuelle.  Pour endiguer la progression du virus, le Gouvernement du Botswana a décidé d’un dépistage à tous les points d’entrée dans le pays, d’un isolement de tous les cas suspects et d’une stricte mise en œuvre de la distanciation sociale et du port du masque dans les zones publiques.  Mais il a également dû limiter les déplacements et les voyages avec l’étranger, ce qui a eu des répercussions néfastes sur son économie, en particulier sur les petits commerces, a déploré le Chef d’État.  Afin d’atténuer ces impacts, le Botswana a réouvert ses frontières depuis le 1er décembre, tout en s’employant à faciliter l’accès aux crédits.  Constatant que la COVID-19 a mis à nu la dépendance excessive de son pays aux importations de produits alimentaires et de ressources essentielles, M. Masisi a insisté sur l’importance de la solidarité internationale.  Si le Botswana peut compter sur le soutien solide de ses voisins, il s’appuie également sur l’aide fournie par le système des Nations Unies, notamment l’OMS, qui lui a permis d’assurer les achats d’équipements de protection et de matériels de test contre la COVID-19.  Il est indispensable que cette assistance se poursuive, a affirmé le Président, appelant à cet égard à un accès universel et abordable au vaccin.  Enfin, il a jugé impératif de mettre à profit les progrès technologiques pour garantir la mise en œuvre des objectifs de développement durable.    

Le Prince ALBERT II de Monaco a appelé à se mobiliser, de façon coordonnée et solidaire, pour garantir un accès équitable à tous aux vaccins, comme le fait Monaco en contribuant aux efforts internationaux en la matière, notamment au travers de l’initiative « Access to COVID-19 Tools Accelerator » conduite par l’OMS et ses partenaires.  Pour le Prince Albert II, il est impératif de construire des systèmes de santé plus solides et d’améliorer nos capacités à faire face aux situations d’urgence pour être mieux préparés à d’éventuelles futures pandémies.  Il a également mis l’accent sur le lien entre les maladies émergentes et la destruction de la biodiversité, en rappelant que, selon le dernier rapport de l’IPBES publié en octobre dernier, environ 60% des maladies infectieuses humaines sont d’origine animale.  C’est pourquoi, il a recommandé de traiter ces sujets de façon concomitante, en renforçant les systèmes de gestion des crises sanitaires, tout en développant une approche préventive basée sur la préservation de l’environnement.  Le Prince s’est réjoui que de nombreux pays aient choisi de faire de la protection de l’environnement un axe important de leur plan de relance.  Le propre plan de relance de la Principauté englobe un soutien aux entreprises, commerces et salariés, par la mise en place de plusieurs fonds qui prennent en compte tous les secteurs d’activités, favorisent l’investissement et intègrent les enjeux de la transition énergétique et de la transformation numérique.  Cette dernière était déjà bien engagée à Monaco avant la crise de la COVID-19 et elle a connu une accélération suite aux mesures de confinement, a dit le souverain avant de préciser que le déploiement du numérique ne doit pas se limiter aux services de l’État et aux entreprises, mais également intégrer d’autres sphères.  Il a aussi indiqué que le Gouvernement monégasque avait maintenu les écoles et les cantines ouvertes, tout en y assurant une sécurité sanitaire.

M. BARHAM SALIH, Président de l’Iraq, a indiqué que cette session extraordinaire confirme que nous sommes « une seule famille dans la souffrance », mais déterminée à « assainir la planète », car si un seul village reste contaminé, l’humanité ne sera pas encore saine et sauve.  Cette réunion réaffirme l’engagement collectif et intervient alors que tous les pays suivent les informations émanant d’entreprises, de laboratoires et de chercheurs quant à la mise au point, imminente, d’un vaccin.  Partant, il sera primordial d’éviter les spéculations mercantiles, et leurs conséquences dans le domaine politique, a dit le Président.  Il s’agira de faire également le nécessaire pour garantir l’acheminement rapide d’un vaccin aux pays en développement puis la distribution gratuite aux citoyens une fois sur place.  L’Iraq, en guerre depuis 17 ans, après des décennies d’une dictature, subit les conséquences de la pandémie sur la production et le prix du pétrole, une de ses principales ressources.  M. Salih a salué les sacrifices du personnel de santé, le sens de la responsabilité des Iraquiens et la solidarité des pays amis.  Il a dit sa conviction de l’utilité de cette session, tout en rappelant que le vaccin, à lui seul, ne sera pas suffisant, mais qu’il faudra contrôler l’évolution industrielle pour la protection de la planète.  L’ONU peut aider à instaurer un climat favorable à une action multilatérale pour que notre monde puisse retrouver, très vite, la prospérité normale et que les individus puissent vivre, se déplacer et échanger. 

M. DAVID KABUA, Président de la République des Îles Marshall, a dit que son pays reste l’une des rares nations libres de COVID-19 dans le monde, néanmoins affecté par les sévères restrictions imposées aux importations et un quasi-arrêt du transport aérien.  Alors que le monde avance avec un optimisme prudent en vue de mieux se construire, le Président des Îles Marshall a exhorté toutes les nations à saisir l’opportunité de ce nouveau défi pour atteindre une ambitieuse réduction des émissions et de renforcer la résilience aux impacts climatiques.  « Nous avons l’occasion de transformer les engagements vis-à-vis de l’Accord de Paris et des ODD en une réalité », a-t-il estimé.

M. Kabua a salué les appels entendus à l’Assemblée générale, et récemment réaffirmés par le G20, sur la nécessite d’une distribution équitable des vaccins.  Il a jugé essentiel que les pays les plus vulnérables, mais aussi les populations les plus vulnérables au sein de ces pays, aient accès aux vaccins et à la protection médicale.  Le Président des Îles Marshall s’est dit particulièrement heureux de constater que les partenaires les plus proches du Pacifique se sont déjà engagés à aider les petit États insulaires à obtenir des vaccins en temps opportun.  Enfin, il a souhaité que le monde saura surmonter ce défi sanitaire en mettant en place un monde plus fort en matière de santé et de développement économique.  Il a jugé particulièrement important que les plus vulnérables soient protégés, mais aussi que le système international prenne le temps de bien comprendre les circonstances uniques et les défis, en particulier pour les petits États insulaires en développement.

M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a indiqué qu’à ce jour, le Kenya a enregistré 81 102 cas confirmés de coronavirus, dont 53 526 de guérison et 1 427 décès.  Il a fait part de la création du Comité national d’intervention d’urgence et du Centre d’opération d’urgence de santé publique qui assure la surveillance quotidienne de la maladie, le traçage des contacts et la coordination de la riposte.  Le Président a reconnu que, comme dans la plupart des pays du monde, le système de santé kenyan n’était pas tout à fait équipé pour faire face à une crise de santé publique d’une telle ampleur, mais a signalé les efforts menés pour y faire face à travers le programme de renforcement rapide des capacités.  Les établissements de santé ont été agrandis avec des installations d’isolement plus nombreuses, une plus grande capacité de test, plus de lits de soins intensifs et d’oxygène.  Les agents de santé ont été formés et les équipements de protection individuelle (EPI) sont fabriqués localement.  Le Président a également parlé de la surveillance accrue à travers tout le pays, des efforts menés pour inciter au lavage des mains, à la distanciation physique et sociale, au nettoyage des lieux publics, au port du masque dans les lieux publics.  Il s’est aussi vanté des travaux de l’Institut de recherche médicale du Kenya, qui dirige le processus des essais locaux pour l’un des vaccins COVID-19 les plus avancés au monde (vaccin ChAdOx1 nCoV-19), et de la participation du Kenya à l’initiative COVAX.

M. MILORAD DODIK, Président de la Bosnie-Herzégovine, a apprécié que cette réunion permette de se concentrer sur cette menace mondiale, pour vaincre ce fléau des temps nouveaux.  En Bosnie-Herzégovine, le système de santé national a réussi à répondre au défi grâce aux plans et mesures adoptés, aux efforts du personnel de la santé et au comportement exemplaire des citoyens.  La lutte contre la COVID-19 a bénéficié du soutien de l’OMS, de l’Union européenne et d’autres organes internationaux.  Le Président a indiqué que son pays avait besoin d’appui financier pour faire face à la pandémie.  C’est l’élément clef de la réussite contre le virus, a-t-il insisté avant d’attirer l’attention sur les femmes entrepreneures qui sont parmi les plus touchés par le contre-coup économique de la pandémie.  La COVID-19 a aussi exacerbé d’autres problèmes comme les migrations illégales, a ajouté le Président en soulignant l’importance pour tous les pays de respecter leurs engagements internationaux sur cette question.  Au début de la pandémie, a rappelé le Président, les pays riches ont fait montre d’hésitation à aider les autres.  « Pour autant, en temps de crise, aucune nation ne doit se trouver seule ou se sentir abandonnée. »  Nous avons besoin de solidarité locale, régionale et mondiale, a déclaré M. Dodik. 

M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, a déclaré que, depuis le début de l’année, son gouvernement avait mis en œuvre des mesures en vue d’endiguer la pandémie dans le cadre d’un plan d’urgence multisectoriel adapté au profil épidémiologique du pays.  Parmi elles, figurent la surveillance nationale et des frontières, la création et la formation d’équipes d'intervention rapide, et l’application de quarantaines strictes assorties de restrictions des déplacements d’une région à l’autre.  Par ailleurs, a affirmé le Chef d’État, nous avons progressivement accru nos capacités de dépistage et mis en place des infrastructures dédiées exclusivement aux soins des malades de la COVID-19, comme des dispensaires, tout en augmentant de 5 000 le nombre de lits disponibles pour les accueillir, dont plus d’un millier dans les unités de soins intensifs.  « En dépit d’une hausse des cas positifs, 14 742 au 24 novembre, la transmissibilité du virus de personne à personne est en baisse, à hauteur de 0,9% », a observé le Président, qui a cependant plaidé pour une assistance renforcée s’agissant de l’accès aux vaccins.

Selon M. MILO ĐUKANOVIĆ, Président du Monténégro, la pandémie a exercé une pression supplémentaire sur le multilatéralisme mais ne l’a pas brisé, quoique ses conséquences à long terme ne soient pas encore perceptibles.  Elle a déjà mis à genoux l’économie mondiale, a-t-il noté.   Sans une réponse globale et coordonnée, nous ne pourrons pas relever le défi le plus grave de l’histoire des Nations Unies, a estimé le Président.  La crise sanitaire et la crise économique pouvant facilement conduire à la déstabilisation et à l’incertitude, en particulier dans les sociétés vulnérables dont les institutions démocratiques sont encore faibles, le Président Đukanović a appelé à un monde post-COVID fait de coopération plus étroite, de plus grande solidarité et d’empathie plus forte. 

M. MOHAMMAD ASHRAF GHANI, Président de la République islamique d’Afghanistan, a appelé à regarder vers l’avenir et à se préparer à faire face aux effets de la pandémie à long terme.  Dans ce contexte, le Président afghan a félicité le Secrétaire général et les Nations Unies pour leur rôle et leur travail inlassable.  Il a ajouté que son pays est fier d’avoir contribué à la riposte mondiale en tant que cocoordonnateur avec la Croatie des initiatives connexes sur la COVID-19 à l’Assemblée générale.  La résolution omnibus facilitée par notre Mission permanente a créé « un cadre normatif commun pour la riposte », s’est-il félicité avant d’exhorter tous les gouvernements à mettre en œuvre la résolution et à mieux coordonner leur riposte à la deuxième vague et aux impacts socioéconomiques.  Alors que nous entrons dans la deuxième vague de la pandémie et que nous ne savons pas comment le temps froid affectera la nature de celle-ci, le Président a espéré que la communauté internationale saura être en mesure de tirer parti des leçons apprises.  Il a souligné combien la pandémie a transformé notre façon de faire des affaires, de communiquer et de vivre.  « Tout n’est pas négatif », a toutefois lancé M. Ghani en notant que la COVID-19 a poussé à la numérisation de nos activités à une vitesse inconcevable.  Dans ce contexte, il a appelé à réduire la fracture numérique pour permettre aux nouvelles technologies de promouvoir le dialogue politique et de favoriser l’accès et la distribution du vaccin. 

M. FÉLIX ANTOINE TSHILOMBO TSHISEKEDI, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a expliqué que depuis mars 2020, son pays a enregistré 12 469 cas de COVID-19 dont 333 cas de décès.  L’impact de la pandémie a été ressenti en RDC dans plusieurs secteurs, dont le secteur socioéconomique, a-t-il reconnu, à telle enseigne que 79% des foyers les plus pauvres ont été touchés par la hausse des prix des aliments et la perte des revenus.  Grâce aux stratégies novatrices déployées, la RDC a cependant pu contrôler la pandémie et en minimiser les répercussions sur le plan social et économique.  La proclamation de l’état d’urgence sanitaire pendant plus de six mois fut accompagnée des mesures de fermeture des frontières, d’isolement entre provinces et de confinement strict. 

Il y a également eu la mise en place d’un Secrétariat technique chargé du pilotage de la riposte sanitaire au niveau national et d’une Task-force présidentielle.  Les activités déployées en vue de réguler la pandémie de la COVID-19 ont consisté notamment à renforcer la communication stratégique; à confiner l’épicentre de l’épidémie et renforcer en même temps les mesures barrières; à intégrer la lutte contre la COVID-19 dans le système national de santé avec une grande décentralisation; à mettre en place la recherche active dans les formations sanitaires; à dépister les voyageurs et migrants au niveau des ports d’entrée et à renforcer et décentraliser le diagnostic COVID-19 à travers le pays et standardiser la prise en charge médicale des patients.  Le Président Tshilombo Tshisekedi a dit envisager de renforcer et redynamiser les activités de la lutte contre la pandémie afin de mitiger au maximum les conséquences négatives d’une possible deuxième vague.

M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président du Guyana, a salué les efforts déployés par les Nations Unies dans la riposte à la pandémie de COVID-19, estimant qu’ils démontrent l’efficacité et la nécessité de la coopération mondiale.  Les efforts consentis par l’ONU dans le cadre de cette crise planétaire équivalent à « la plus grande opération d’aide de l’histoire », a-t-il insisté, avant de souhaiter que l’Organisation reste en première ligne, comme ces huit derniers mois, pour organiser les campagnes de vaccination contre le virus dans les pays en développement.  Le Guyana est conscient de l’impact de cette pandémie sur les populations vulnérables, en particulier les enfants, a ajouté le Président.  C’est pourquoi le pays appuie le plan en six points de l’UNICEF pour protéger les plus jeunes face aux effets néfastes de cette crise et les prendre en compte dans les efforts de relèvement mondiaux.  Il faut les aider à continuer d’apprendre en comblant le fossé numérique, mais aussi éradiquer la pauvreté infantile et protéger la santé mentale des enfants et des adolescents, a-t-il plaidé.  M. Ali a par ailleurs réitéré son soutien à l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un nouveau contrat social afin de permettre le transfert de ressources vers les pays en développement et de garantir une répartition plus équitable des fruits du développement.  À ses yeux, la relance rapide post-COVID-19 sera facilitée par ce renouvellement des relations mondiales et par le multilatéralisme. 

M. MATAMELA CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, a dit que grâce aux mesures prises par le Gouvernement, l’arrivée du virus dans le pays a été retardée et de nombreuses vies ont été ainsi sauvées.  Le pouvoir exécutif a lancé un dispositif d’urgence sanitaire et élaboré un plan de relèvement pour que l’économie retrouve la voie de la croissance.  S’agissant du continent africain, le Président a relevé que l’Union africaine (UA) a créé un fonds pour le relèvement et désigné des envoyés spéciaux chargés de trouver des soutiens spécifiques pour le continent auprès de l’Union européenne et d’organismes financiers.  Si l’UA a créé une plateforme de pharmacies pour offrir des fournitures médicales aux systèmes sanitaires africains, le Président a aussi évoqué la création d’une plateforme d’accès aux vaccins afin de préparer leur distribution de manière équitable.  L’Union africaine a également élaboré un plan de croissance verte africaine pour une croissance durable.  L’Afrique a besoin d’un soutien durable pour relever de la pandémie, a insisté le Président, qui a réitéré la demande africaine de la suspension du paiement des intérêt des dettes extérieures et la levée des sanctions contre le Zimbabwe et le Soudan pour que ces deux pays puisent financer leur lutte contre la pandémie.  M. Ramaphosa a appelé à soutenir le leadership de l’OMS dans la lutte contre la pandémie.  Il a réitéré la nécessité d’une réponse globale car il ne faut pas que la COVID-19 nous écarte de l’application de l’Accord de Paris pour les changements climatiques et la réalisation du Programme 2030.  « L’égalité doit être au cœur du relèvement », a-t-il conclu. 

M. CHANDRIKAPERSAD SANTOKHI, Président du Suriname, a souhaité une riposte intégrée à la pandémie avant de citer en exemple l’initiative du Canada et de la Jamaïque, appuyée par le Secrétaire général, sur le financement du développement à l’ère de la COVID-19 et au-delà.  En outre, il a salué l’initiative régionale lancée par le Costa Rica et la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), citant la création d’un fonds pour alléger le fardeau économique lié à la COVID-19 et d’un fonds de résilience des Caraïbes.  Le Président a expliqué que son gouvernement a appelé à renforcer le rôle de plaidoyer de l’ONU au sein de la communauté internationale.  En particulier, il a exhorté les institutions financières internationales à concevoir des stratégies spécifiques aux pays et aux régions pour aider les États Membres à renforcer leur résilience financière, économique, sociale et environnementale.  Parmi les mesures urgentes, il a cité l’allégement et/ou la suspension de la dette ainsi que d’autres aides pour permettre aux États les plus fragiles de renforcer leurs infrastructures de santé publique.  Notant l’avancée du processus de mise au point de vaccins, M.  Santokhi a souligné l’importance de veiller à ce que ceux-ci soient accessibles et abordables pour tous.  Mieux reconstruire après la pandémie dépend fortement de l’interprétation que nous donnons au multilatéralisme et de la façon dont nous le mettons en œuvre, a-t-il conclu.

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, a indiqué que depuis le début de la pandémie, la Colombie a prêté attention aux plus vulnérables, à la protection de l’emploi et à la promotion d’une relance responsable et progressive de l’économie.  La Colombie a d’ailleurs été le premier pays d’Amérique latine à disposer d’une capacité locale de diagnostic avec les tests moléculaires.  D’autre part, grâce au travail du Ministère de la santé et du Fonds pour la gestion des urgences, les unités de soins intensifs ont été multipliées, a ajouté le Président avant de mentionner le Programme de surveillance durable et de suivi sélectif des données, qui permet d’augmenter les capacités de dépistage, d’accélérer l’identification et, surtout, le traçage des cas positifs.  De la même manière, la Colombie a cherché à atténuer les effets socioéconomiques de la pandémie à travers des programmes tels que Familias en Acción, Jóvenes en Acción, et Colombia Mayor.  De plus, elle a créé un revenu de solidarité dont trois millions de personnes bénéficient et, pour protéger l’emploi, le Programme de soutien à l’emploi formel.  En tant que membre actif du Conseil exécutif de l’OMS, la Colombie a défendu l’accès universel équitable de tous les pays aux futurs vaccins et aux mêmes traitements, reconnaissant l’importance de la vaccination contre la COVID-19 en tant que bien public mondial.  Elle a signé l’accord officiel pour le Mécanisme COVAX.  Le Président Duque Márquez a conclu son intervention en réaffirmant l’importance du multilatéralisme en tant qu’outil pour surmonter cette crise.

M. STEVO PENDAROVSKI, Président de la Macédoine du Nord, a dit que la pandémie a affaibli l’économie et fait des victimes dans son pays.  Le Gouvernement a donc décrété l’état d’urgence durant 30 jours afin de contrôler la propagation de la COVID-19 pour sauver le plus de vies possibles.  Pour M. Pendarovski, cette pandémie l’offre l’occasion de faire montre de solidarité et de promouvoir la coopération internationale pour contenir la pandémie.  La lutte contre la pandémie présente également un dilemme moral entre sauver des vies et faire marcher l’économie.  Le Chef d’État a ajouté qu’il faut sauver des vies en priorité, sans que cela ne se fasse au détriment des droits fondamentaux.   Il a également mis en garde contre le racisme, la xénophobie et la discrimination.  Il a aussi suggéré la création d’un système de santé de qualité disponible pour tous.  « De nombreux défis restent à relever et nous n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler pour ne laisser personne de côté », a conclu le Président. 

M. EGILS LEVITS, Président de la Lettonie, a rendu hommage à la communauté médicale internationale pour son dévouement et son professionnalisme dans la riposte à la COVID-19 et dans l’élaboration d’un vaccin.  Aujourd’hui plus que jamais, nous devons faire montre de solidarité pour surmonter cette crise mondiale, a-t-il plaidé, assurant que seule une approche multilatérale permettra d’y parvenir.  Observant que l’OMS est l’autorité chef de file pour la coordination des efforts déployés dans la lutte contre le virus, le Président a appelé au renforcement de son efficacité et a indiqué que la Lettonie a contribué au fonds de l’agence sanitaire onusienne contre la COVID-19.  De plus, des scientifiques lettons participent activement au développement d’un vaccin.  Sur le plan national, a expliqué M. Levits, le Gouvernement a pris des décisions cruciales pour garantir le traçage, la distanciation sociale et la détection.  Il s’emploie par ailleurs à limiter les pertes économiques tout en garantissant une protection sociale à sa population.  Dans le cadre de cette crise, il a également lancé différentes solutions numériques, notamment une plateforme parlementaire et d’autres outils gouvernementaux en ligne, des méthodes d’apprentissage à distance et une application de traçage de la COVID-19 téléchargeable sur les téléphones portables.  Favorable à l’appel du Secrétaire général en faveur d’une reconstruction en mieux, M. Levits a souhaité que la communauté internationale profite de ce choc pour repenser ses modes de production et de consommation.  Nous avons la possibilité de changer d’approche et de trouver des solutions plus durables, a-t-il conclu, appelant à un meilleur partage des informations scientifiquement fiables pendant et après la pandémie. 

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a remarqué qu’au moment de la deuxième vague de la pandémie de COVID-19, l’attention s’est déplacée de l’objectif « sauver des vies tout en sauvegardant l’économie » à celui du « vaccin contre le virus ».  Notre priorité doit être un accès universel et équitable au vaccin, a-t-elle déclaré.  Elle a souligné qu’au sein même des Nations Unies, certains pays n’ont pas eu la chance de pouvoir adopter les impressionnants paquets de sauvetage de l’économie de certains, ou d’avoir les moyens digitaux nécessaires pour endiguer la pandémie.  Face au besoin de solidarité de la communauté internationale, elle a plaidé pour le renforcement du multilatéralisme.  En tant que première nation digitale, l’Estonie a contribué à l’aide pour la lutte contre la pandémie grâce aux technologies numériques, a fait savoir la Présidente en expliquant que les données peuvent aider à détecter les personnes dans le besoin et à prendre les bonnes décisions politiques.  « Pour cela, il faut construire une architecture de confiance mondiale, avec l’OMS à sa tête. »  À cet égard, l’Estonie a signé récemment un Protocole d’accord avec l’OMS, pour certifier les vaccins grâce au numérique, a-t-elle déclaré, avant de signaler aussi les Protocoles d’accord signés avec d’autres pays ou région, notamment avec l’Union africaine, afin de faire avancer la coopération numérique.

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a d’emblée enjoint la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour préserver et renforcer le rôle de l’ONU et de ses agences spécialisées, telles que l’OMS, qui ont une place irremplaçable dans les efforts de lutte contre la pandémie de COVID-19 mais aussi dans les actions de riposte socioéconomiques.  Pour le Chef d’État, les réponses aux différents enjeux mondiaux reposent dans une action conjointe et un respect mutuel.  Il a salué à cet égard la tenue de cette réunion extraordinaire à laquelle participent plus de 150 États Membres.  À ses yeux, une telle mobilisation suscite l’espoir pour la réussite de l’humanité.  En tant que pays candidat à l’Union européenne, la Serbie appuie l’approche de cette dernière dans sa lutte contre la pandémie et ses efforts en faveur d’un relèvement vert et durable.  Elle plaide aussi pour un accès égal et équitable au vaccin rendu possible par les échanges d’informations et appuie l’initiative COVAX qui a pour but de distribuer deux milliards de doses au monde entier en appliquant les principes d’humanisme et de non-sélectivité.  M. Vučić a d’autre part jugé que les conséquences de la récession mondiale doivent contraindre les institutions financières internationales à faire montre de plus de souplesse.  Un multilatéralisme efficace et productif est indispensable pour sortir de cette crise mais ce ne sera possible que si un esprit de dialogue et de compromis prévaut, a-t-il conclu. 

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, s’est réjoui de l’action collective portée par l’initiative ACT-A, qui vise à rendre accessibles les outils de la lutte contre la pandémie à tous les pays, et à en faire des biens publics mondiaux.  Il a souligné que 10 milliards de dollars avaient déjà été mobilisés dans ce cadre.  Qui plus est, la France a proposé la création d’un mécanisme de dons pour qu’une partie des premières doses de vaccin disponibles soit destinée à la vaccination des publics prioritaires dans les pays en développement.  Ces doses, d’où qu’elles proviennent, seraient ainsi allouées de façon efficace et équitable, sur la base des recommandations de l’OMS.  Toutefois, les vaccins ne suffiront pas sans personnel formé, et la France soutient l’OMS dans la mise en place d’une académie mondiale de la santé à Lyon, qui formera les personnels de santé du monde entier.  Par ailleurs, M. Macron a dit accorder une contribution financière de 50 millions d’euros supplémentaires à l’OMS pour 2020 et 2021.  Le Président français a souhaité l’établissement d’un niveau d’alerte intermédiaire qui permette de tirer la sonnette d’alarme plus en amont.  Il a de surcroît appuyé la mise en place d’un conseil d’experts de haut niveau « Une seule santé » qui sera chargé de diffuser les informations scientifiques disponibles sur les liens entre santé humaine, animale et environnementale. 

M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président du Venezuela, a souligné que la pandémie avait mis en exergue la vulnérabilité de tous les pays du monde, voyant le multilatéralisme comme la solution à la COVID-19, comme le sont aussi la coopération et la coordination internationales.  Mais, a-t-il regretté, celles-ci sont aujourd’hui obscurcies par « des pays puissants du Nord ».  La riposte nationale du Venezuela contre la pandémie est caractérisée par le courage et la bravoure de son personnel de santé, a-t-il salué.  En dépit des menaces contre notre pays, nous avons déployé nos moyens au service de la population, a aussi assuré M. Maduro Moros en vantant les mérites de la politique vénézuélienne de prise en charge intégrale, qui a permis de venir en aide à 90% des personnes atteintes.  En dépit des circonstances créées par la pandémie, des pays puissants ont renforcé leur hégémonie économique pour geler plus de 4 milliards de dollars du Venezuela, s’est plaint par ailleurs le Chef d’État en faisant remarquer que cette somme aurait pu aider le pays à accéder aux médicaments et aux matériels médicaux nécessaires.  « Le temps est venu de lever ces mesures criminelles illicites », a-t-il exhorté.  Il a aussi réclamé que le ou les vaccins soient déclarés par l’ONU et l’OMS comme étant des biens publics mondiaux.  Le Venezuela a déposé auprès de l’OMS le brevet de molécule DR10 dont les propriétés curatives contre la COVID-19 sont avérées, a signalé le Président.

M. RODRIGO ROA DUTERTE, Président des Philippines, a plaidé pour un renforcement de la solidarité dans la lutte contre la COVID-19 et en particulier dans l’élaboration et la distribution d’un vaccin contre cette maladie.  Les produits qui sauvent des vies doivent être accessibles à tous, à commencer par les plus vulnérables, a-t-il souligné, réitérant son appel à un accès universel aux traitements et au vaccin.  Si un pays est exclu en raison de sa pauvreté ou de son manque d’importance stratégique, cette injustice hantera le monde, a prévenu le Chef d’État, ajoutant que nul ne sera en sécurité tant que tous ne le seront pas.  Dans ce contexte, a-t-il ajouté, les Philippines appuient pleinement les initiatives de l’OMS, notamment les mécanismes COVAX et C-TAP.  Aux coté des autres pays non alignés, elle souhaite que l’agence sanitaire onusienne soit dotée des ressources nécessaires pour mobiliser une aide aux pays sans condition préalable.  C’est là notre meilleure chance pour vaincre la pandémie, a-t-il assuré, observant toutefois que les défis liés à la pandémie dépassent les seuls enjeux sanitaires et exacerbent les menaces sur la paix et la sécurité.

Quant à la relance post-COVID-19, il a indiqué que son gouvernement utilise tous les instruments à sa disposition pour protéger les progrès accomplis sur le plan économique et social.  Notre plan de développement fait fond sur une base budgétaire solide, supérieure à 9% du PIB national, a-t-il précisé.  Il s’est enfin félicité que la pandémie ait permis de tirer profit de la technologie et ait ouvert la voie à un développement plus vert et plus résilient.

M. LIONEL ROUWEN AINGIMEA M.P., Président de Nauru, a déclaré avec fierté que son pays n’a pas eu de cas de COVID-19.  Selon lui, l’expérience historique de Nauru est la clef de la réponse mondiale, compte tenu du fait que l’île n’est pas à l’abri des épidémies.  Il a reproché à l’OMS d’avoir tardé à déclarer la pandémie mondiale.  Son gouvernement a immédiatement déclaré un état de catastrophe national qui reste toujours en place.  Il s’agit de mesures proactives, y compris pour sécuriser les frontières tout en les gardant ouvertes de manière contrôlée, a-t-il expliqué.  Nauru dispose d’équipement de dépistage de qualité mis à disposition par ses partenaires comme la Chine et les États-Unis, a indiqué le dirigeant.  Signalant qu’en tant que petit État insulaire en développement (PEID), Nauru n’a pas les moyens de participer à la recherche scientifique sur le virus, M. Aingimea a salué les mécanismes visant à en faire bénéficier tous les pays.  Il a ensuite appelé les institutions financières internationales à venir au secours des pays en développement, et en particulier aux PIED; dans leurs efforts de relève post-COVID-19 et de réalisation des ODD.

Mme RAQUEL PEÑA, Vice-Présidente de la République dominicaine, a indiqué que les résultats obtenus par son pays dans sa lutte contre la COVID-19 sont étroitement liés à la mise en œuvre du plan stratégique de préparation et de riposte élaboré par l’OMS/OPS.  Elle a précisé que, depuis sa prise de fonctions, son gouvernement a mis l’accent sur la communication des risques et la participation communautaire.  Grâce à ce dispositif, il a pu effectuer environ 70 000 tests et distribuer 25 000 kits de protections individuelle à la population.  De plus, le laboratoire national a la capacité de traiter jusqu’à 10 000 tests par jour, ce qui démontre l’importance accordée à la détection et au diagnostic dans cette phase d’atténuation.  S’agissant de la crise économique engendrée par la pandémie, elle a révélé le caractère indispensable de la transition technologique.  Elle a également fait état de mesures incitatives pour soutenir les producteurs et les commerçants nationaux.  Si certaines économies sont plus résilientes que d’autres, l’intégration et la coopération entre les pays sont essentielles, a-t-elle cependant admis, souhaitant que des outils et ressources soient offerts à son pays pour l’aider à relancer son économie et à atteindre les « objectifs communs » pour un monde meilleur. 

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre et Ministre d’État du Luxembourg, s’exprimant au nom du Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable, a déclaré que si « nous n’agissons pas rapidement et de manière décisive, cette crise risque d’être aggravée par la création d’une génération perdue d’enfants ».  Cela est d’autant plus urgent que plus de 91% des enfants et des jeunes dans le monde -plus de 1,8 milliard de jeunes- ont été touchés par les fermetures d’écoles, dont 463 millions d’entre eux n’ayant pas pu accéder à l’apprentissage en ligne et à distance.  Par ailleurs, plus de 80 millions d’enfants ne bénéficieront pas de vaccins vitaux, cette année, en raison des perturbations dans les centres de santé submergés par la réponse à la pandémie.  De plus, les enfants déjà exposés à la violence, à l’exploitation et aux abus sont coupés des principaux services de soutien en même temps qu’ils subissent le stress physique et mental supplémentaire imposé aux ménages fragiles.  

En guise d’action rapide, le Groupe propose trois actions clefs.  D’abord, s’engager à fournir un financement adéquat pour protéger et promouvoir les droits et le bien-être de l’enfant, dans les budgets nationaux et la mobilisation de financements extérieurs.  Il faut notamment investir dans les services et les systèmes qui permettent aux enfants de continuer à apprendre, en santé et en sécurité.  Ensuite, s’engager avec les enfants et les jeunes en tant que parties prenantes et créateurs de solutions, notamment en intégrant leurs points de vue et perspectives dans la conception et la mise en œuvre des politiques, programmes, services et processus pertinents de l’ONU.  Enfin, le Groupe propose de se réengager collectivement à atteindre les ODD et à lutter contre la menace existentielle posée par les changements climatiques et la dégradation de l’environnement.  Cette déclaration est appuyée par 174 autres délégations, a-t-il précisé. 

S’exprimant cette fois à titre national, le Premier Ministre du Luxembourg a dit se réjouir des annonces concernant la mise au point de vaccins efficaces contre le coronavirus.  Cela permet d’espérer que nous serons bientôt à même de venir à bout de cette terrible pandémie qui a déjà coûté la vie à un million et demi d’êtres humains, a-t-il dit, ajoutant que pour réussir, il faut être « unis et travailler ensemble ».  Dans cet esprit, le Grand-Duché de Luxembourg a contribué au Fonds central d’intervention d’urgence de l’ONU et au Plan mondial de réponse humanitaire à la pandémie.  Il soutient également des pays partenaires, en Afrique de l’Ouest notamment, pour les aider à renforcer leurs systèmes sanitaires.  Il a en outre intensifié son appui à l’OMS et augmenté de 22% son soutien au GAVI, l’Alliance du vaccin.  Au sein de l’Union européenne, le Luxembourg participe aux efforts pour assurer un accès équitable, partout dans le monde, à des vaccins abordables contre le coronavirus.  Le Gouvernement a ainsi décidé de contribuer au Mécanisme COVAX, a indiqué M. Bettel.

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre des Tuvalu, au nom du Forum des îles du Pacifique, a expliqué que sa région était confrontée à une triple crise: les effets de la COVID-19, la crise climatique et la santé économique fragile de la région en raison des vulnérabilités inhérentes aux petits États insulaires en développement (PEID).  La région du Pacifique a appliqué des restrictions sans précédent qui ont permis aux deux tiers des États membres du Forum de demeurer vierges de toute contamination, les seuls pays au monde à l’être depuis l’apparition du virus.  Si ces mesures ont permis de sauver d’innombrables vies, elles ont aussi fortement limité les échanges avec le reste du monde, notamment l’achat et la distribution de fournitures médicales essentielles qui permettraient d’envisager la réouverture des frontières. 

Les conséquences des mesures anti-COVID-19 ont été dévastatrices sur les économies de la région, a poursuivi M. Natano en prévenant que celles-ci allaient se contracter de 6,1% en 2020, un chiffre sans précédent.  Pendant ce temps, les inégalités croissent, les communautés vulnérables sont encore plus marginalisées.  Plus que jamais, le multilatéralisme est nécessaire, a lancé le Premier Ministre.  Il a porté la voix des nations du Forum -fortement tributaires de l’ouverture des frontières pour les voyages, le commerce et les affaires- en demandant instamment aux dirigeants mondiaux de soutenir la distribution équitable et abordable de traitements et de vaccins contre la COVID-19.  Estimant cependant que les changements climatiques sont la plus grande menace pour les peuples du Pacifique, le Forum a demandé, en cette année charnière pour l’Accord de Paris, que la COVID-19 ne fasse pas dérailler les engagements tenus.

M. ISMAËL OMAR GUELLEH, Président du Djibouti, a salué les programmes et plans de partenariat mondiaux visant à aider les pays à disposer des biens et services nécessaires pour la prise en charge, le traitement et les soins en vue de combattre la pandémie et de surmonter les conséquences humanitaires et socioéconomiques potentiellement catastrophiques de ce virus.  Il a souligné le rôle de leadership décisif de l’OMS pour relever ce défi.  M. Guelleh a soutenu le Mécanisme COVAX pour un accès global et équitable aux vaccins contre le virus ainsi que toutes les initiatives qui contribueront au développement d’outils collectifs de lutte et à leur distribution équitable.  Il s’est réjoui de la hausse des engagements pris dans le cadre de l’initiative Accélérateur ACT visant à accélérer l’accès équitable et juste aux outils de lutte contre la COVID-19, qui ont dépassé la barre des 5 milliards de dollars.  À Djibouti, cette pandémie aura révélé nos capacités à nous rassembler pour procéder à l’élaboration d’une riposte, s’est félicité le Président, en indiquant que son gouvernement avait pris des décisions fondées sur des données factuelles en se basant sur les recommandations de l’OMS.  Un fonds de solidarité a ainsi été créé pour le financement de la riposte initiale face à la pandémie et, depuis 16 semaines, aucun décès n’est à déplorer, ni d’hospitalisation en soins intensifs.  Le Président a aussi fait valoir la gratuité des dispositifs qui conforte le pays dans l’objectif d’atteindre 100% d’adhésion à la couverture santé universelle.  Inclure dans l’assurance maladie un fonds de financement des urgences sanitaires est, pour nous, un objectif fixé, a informé le Président.

M. JOHN BRICEŇO, Premier Ministre de Belize, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a plaidé pour un accès juste, transparent, équitable et rapide aux matériels de soins essentiels, ainsi que pour la disponibilité des diagnostics et des vaccins, conformément à la résolution 74/274 (2019) adoptée par consensus.  Insistant sur la situation économique et sanitaire critique des pays en situation particulière, notamment les petits États insulaires en développement (PEID), l’Alliance a réclamé un soutien accru et des actions tangibles.  M. Briceño a décrit une situation de dilemme cruel pour les PEID, dont les ressources limitées sont constamment tiraillées entre deux impératifs: bâtir des sociétés résilientes et faire face aux situations d’urgence.  La COVID-19 n’a pas créé de nouvelle situation pour les PEID, elle a simplement levé un voile sur leur situation existante, a expliqué M. Briceño.

L’Alliance a plaidé pour une refonte du système financier international, pour résoudre les problèmes d’endettement des petits États insulaires et pour remédier à leurs ressources fiscales limitées et à leur vulnérabilité face à la volatilité des marchés financiers.  « Sortir de cette pandémie sans apporter de changements tangibles au système international financier et sans permettre aux pays vulnérables un accès aux ressources dont ils ont désespérément besoin, serait un gâchis total », a insisté M. Briceño.

M. JUSTIN TRUDEAU, Premier Ministre du Canada, a rappelé que la pandémie de COVID-19 ne peut-être vaincue que si le virus est battu partout et dans tous les pays.  C’est pourquoi il a mis l’accent sur les efforts déployés par le Canada pour aider les autres pays à lutter contre la pandémie.  Il a noté que les économies développées avaient accordé 20% de leur PIB à des plans de soutien depuis le début de la crise alors que les économies en développement les plus faibles n’ont pu y consacrer que 2% de leur PIB.  Notant aussi que la pandémie avait pour effet d’exacerber les défis humanitaires, le Premier Ministre a appelé à soutenir les pays les plus démunis.  « Dans le cadre de notre relance nous devons investir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et construire des économies plus propres », a-t-il insisté avant de préciser que les efforts canadiens de lutte contre la pandémie tiennent compte des objectifs de développement durable.  Les Nations Unies, a-t-il conclu, peuvent jouer un rôle de premier plan pour renforcer le multilatéralisme en vue de bâtir un monde meilleur, où personne n’est laissé pour compte.

M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a estimé qu’il est plus opportun que jamais de renforcer le multilatéralisme.  Il s’est félicité de l’adoption de la résolution sur une approche globale et coordonnée à la COVID-19 qui exhorte les États à s’abstenir de promulguer et d’appliquer des mesures et sanctions économiques financières ou commerciales unilatérales.  Les sanctions entravent la pleine jouissance des droits humains fondamentaux, des droits des peuples, y compris le droit à la santé et le droit au développement, a-t-il déclaré.  Il a jugé essentiel d’intensifier la coopération internationale pour contenir, atténuer et vaincre la pandémie.  À cet égard, l’échange d’informations, de connaissances scientifiques et des meilleures pratiques restent essentielles, a dit le Président avant de demander à ce que les vaccins contre la COVID-19 soient un bien public mondial pour être accessibles à tous.  Il a estimé que la pandémie avait fourni au monde la chance de renforcer les mécanismes de la sécurité sanitaire mondiale, invitant à soutenir l’OMS pour qu’elle puisse combler les lacunes existantes dans la préparation à une pandémie.  Pendant la présente « décennie d’action », il est nécessaire d’accélérer l’alignement des plans nationaux et des investissements avec le Programme 2030 dans un monde post-COVID–19, a-t-il déclaré en conclusion.

M. GIUSEPPE CONTE, Président du Conseil des ministres de l’Italie, a rappelé que l’Italie, en tant que premier pays occidental touché par la pandémie, avait dû développer une nouvelle méthode de gestion de crise, mettant le droit à la santé des citoyens au premier plan.  L’Italie a également été parmi les premiers à comprendre l’importance cruciale de la coopération internationale, et d’une approche multilatérale et multidimensionnelle de la pandémie.  Elle a promu l’Accélérateur ACT, la plateforme multilatérale la plus importante pour garantir un accès universel et équitable aux moyens de diagnostic, aux traitements et aux vaccins qui doivent être des biens publics accessibles à tous, a exigé M. Conte dont le pays fait également partie de l’initiative COVAX.  M. Conte s’est aussi soucié de soutenir les pays les plus vulnérables, compte tenu de la connectivité de tous dans le monde actuel, et annoncé que, lors de sa prochaine présidence du G20, l’Italie s’engagerait à travailler avec toutes les parties prenantes.  M. Conte a souligné l’impact de la COVID-19 sur les chaînes de valeur clefs de l’agroalimentaire, en affirmant que la sécurité alimentaire est une priorité pour l’Italie qui attend avec impatience le Sommet 2021 sur les systèmes alimentaires.  De plus, dans le cadre de sa présidence du G20, l’Italie accueillera un sommet mondial sur la santé avec la Commission européenne, a annoncé M. Conte et, en partenariat avec le Royaume-Uni, l’Italie travaille déjà au succès de la COP26, où les jeunes seront au cœur du débat sur la relation entre l’humanité et l’environnement.

M. CHUNG SYE-KYUN, Premier Ministre de la République de Corée, a plaidé en faveur d’une coopération internationale renforcée face à la deuxième vague et expliqué que le Gouvernement avait misé sur trois grands principes -ouverture, transparence et démocratie- pour encourager la participation des citoyens.  Des mesures innovantes telles que des « drive » de dépistage ou encore des centres de traitement résidentiels ont été mises en place, a-t-il indiqué, en assurant vouloir partager les expériences réussies avec le reste du monde.  Il a insisté sur l’impératif d’un accès juste et équitable pour tous les pays aux vaccins.  Faisant partie de la plateforme du Mécanisme COVAX, la République de Corée a alloué 10 millions de dollars à la distribution de vaccins dans les pays en développement.  En outre, elle accueille sur son territoire le siège de l’Institut international de recherche sur les vaccins.  De plus, le Gouvernement a tendu la main aux pays en détresse, en mettant l’accent sur la fourniture d’aide humanitaire, le renforcement des capacités de santé publique et des systèmes de santé, et la réponse aux effets socioéconomiques à long terme.  Le Premier Ministre a d’ailleurs annoncé l’intention de son pays d’augmenter l’enveloppe de son aide publique au développement dédiée à la santé publique.  Enfin, M. Chung a fait valoir les avantages du « New Deal coréen », basé sur l’équilibre régional numérique et vert, en espérant qu’il servirait d’exemple pour les stratégies de développement post-COVID-19.  Avant de conclure, il a rappelé que lors de l’Assemblée générale en septembre, le Président Moon Jae-in avait proposé le lancement d’une « Initiative de coopération en Asie du Nord-Est pour la lutte contre les maladies infectieuses et la santé publique » comprenant les nations de la région.

M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a salué les diverses initiatives des Nations Unies, notamment le plan de riposte humanitaire global COVID-19, ainsi que les appels du Secrétaire général à un cessez-le feu mondial, à l’action humanitaire et à la lutte contre la violence envers les femmes et la violence domestique.  L’Andorre soutient pleinement le rôle primordial de l’OMS, qu’elle souhaite voir renforcée, car « seule une réponse coordonnée nous permettra d’être à la hauteur des enjeux provoqués par cette pandémie », a estimé M. Zamora.  Il a plaidé pour le principe d’universalité concernant l’accès aux résultats des recherches scientifiques, aux avancées en matière de protocoles de prévention, aux médicaments, aux matériels de protection et surtout aux vaccins: « nous ne pouvons, en aucun cas, permettre que seule une partie de la planète puisse avoir accès aux réponses de qualité.  Il s’agit ici d’un défi mondial auquel nous devons tous faire face de façon solidaire et égale », a-t-il déclaré. 

M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de la Croatie, qui, ayant été testé positif lundi, s’est exprimé à partir de son domicile, a rappelé que sa délégation est coauteur de la réponse globale à la COVID-19.  Pour lui, les récentes déclarations sur l’arrivée prochaine des vaccins constituent une lueur d’espoir.  Le défi suivant est l’accès gratuit et équitable, a ajouté le Premier Ministre, ainsi que la garantie d’informations fiables sur l’efficacité des vaccins.  En matière de relèvement, M. Plenković a insisté sur l’importance de se concentrer sur l’Accord de Paris sur le climat et sur le Programme 2030.  Il a terminé en vantant le système de couverture sanitaire universelle de son pays et les nouvelles mesures fondées sur la technologie afin de lutter contre la COVID-19. 

M. K. P. SHARMA OLI, Premier Ministre du Népal, a dit que la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) n’était pas seulement une crise sanitaire mais constituait aussi un défi à notre capacité à vivre en harmonie avec la nature.  Il a expliqué que la réaction de son pays face à la pandémie et à ses impacts s’appuyait sur trois piliers: l’accès aux soins de santé, la protection de la vie humaine et une relève durable et inclusive.  M. Oli a expliqué que le Gouvernement a ouvert des centres de dépistage partout dans le pays en collaboration avec 68 laboratoires.  Il a cité la construction de nouveaux hôpitaux pour faire face aux besoins en matière de prévention et de soins.  Le Premier Ministre du Népal a félicité l’ONU et particulièrement l’OMS pour son rôle de chef de file dans la lutte contre la crise sanitaire.  Cette crise nous rappelle selon lui la nécessité de revitaliser le multilatéralisme pour relever les défis de notre époque dont la lutte contre la pauvreté et les changements climatiques.  M. Oli a demandé que la pandémie ne soit pas utilisée comme prétexte pour renoncer à la solidarité et aux engagements internationaux.  Dans ce contexte, il a jugé contradictoire d’utiliser les vaccins pour générer des profits et souhaité qu’ils soient accessibles partout et gratuitement pour les plus démunis à travers le monde. 

Mme KATRIN JAKOBSDOTTIR, Première Ministre de l’Islande, a tiré la sonnette d’alarme en prévenant que la pandémie de COVID-19 ne sera certainement pas la dernière et que cela exige de repenser nos structures et nos sociétés.  Soulignant que l’histoire a montré que les pandémies exacerbent les inégalités dans les sociétés, elle a appelé à en tirer les leçons et à faire en sorte que cela ne soit pas le cas cette fois-ci.  La sécurité et la santé de la nation dépendent de celles de tous les citoyens, a martelé la Chef du Gouvernement en expliquant que l’Islande s’est pleinement engagée en ce sens dans la lutte contre les retombées de la COVID-19.  Elle a constaté à regret que cette pandémie s’est accompagnée d’une pandémie de violence sexiste contre les femmes et de l’augmentation des inégalités entre les femmes et les hommes.  La parité femmes-hommes est véritablement remise en question, a constaté Mme Jakobsdottir, or il faut en faire une priorité alors que nous reconstruisons nos sociétés post-COVID-19.  Il en va de même pour la crise climatique pour laquelle elle a appelé à faire des choix ambitieux pour un avenir plus juste et plus vert.  Pour elle, il s’agit là d’un devoir collectif envers les jeunes de ce monde.  Les questions d’égalité et d’environnement sont inextricablement liées et la clef d’un avenir meilleur.

Mme JACINDA ARDERN, Première Ministre de la Nouvelle-Zélande, a raconté la situation de la COVID-19 dans son pays où le Gouvernement a mis l’accent sur la prévention et l’élimination du virus en adoptant une politique visant à l’éradiquer définitivement.  Elle a ainsi énuméré les mesures telles que les dépistages, la quarantaine, le traçage, et le dépistage aux frontières.  Mme Ardern a aussi mis en exergue la réponse unie du Gouvernement avec tous ses partenaires institutionnels, le secteur privé et la société civile.  La COVID-19 a montré notre interdépendance et le rôle central de l’OMS, a estimé Mme Ardern.  Pour éviter des situations d’urgence de ce type à l’avenir, elle a recommandé de soutenir l’OMS et ses actions, de garantir l’accès des vaccins aux communautés vulnérables, de garantir une distribution équitable et générale pour tous.  Elle a prévenu qu’il faudrait des années pour reconstruire socialement et économiquement après la pandémie.  Elle a suggéré de repenser les politiques de bien-être de la population et de l’environnement.  Mme Ardern a insisté sur le caractère fondamental de l’Accord de Paris.  Elle a exhorté à respecter les engagements financiers pris pour une économie plus verte et durable.  La Nouvelle-Zélande, a-t-elle indiqué, a adopté un style de développement vert et a arrêté la subvention des énergies fossiles; elle vise une économie qui fonctionne pour l’ensemble de la population et non pour quelques-uns.

Selon M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre de la Thaïlande, les principaux facteurs qui ont contribué à la réussite de la Thaïlande dans la lutte contre la COVID-19 ont été la force de son système de santé et le dévouement de son personnel soignant, ainsi que l’étroite coopération de tous les secteurs de la société.  Jugeant essentiel de promouvoir les recommandations de l’OMS telles que le port du masque, le lavage fréquent des mains et le maintien des distanciations physiques, le Premier Ministre a aussi souligné l’importance de la coopération en matière de recherche et de développement de vaccins et de traitements pour la COVID-19, ainsi que la garantie qu’ils deviennent des « biens publics mondiaux » accessibles à tous.  

M. IMRAN KHAN, Premier Ministre du Pakistan, a dit que la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) représente la crise la plus grave à laquelle fait face la communauté internationale depuis la Seconde Guerre mondiale.  Cent millions de personnes vont retomber dans la pauvreté extrême en raison de cette crise sanitaire alors que les pays concernés ne disposent pas des moyens nécessaires pour stimuler leurs économies.  Il a expliqué que le Pakistan a mobilisé huit milliards de dollars, soit 3% de son PIB, pour aider les plus pauvres et maintenir son économie à flot.  « Réduire la dette tout en distribuant des aides pour la relance économique ne sera possible que si nous avons accès à des liquidités supplémentaires », a prévenu le Premier Ministre, en estimant que les aides du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale sont insuffisantes pour faire face à cette crise.  Alors que cinq pays sont déjà en cessation de paiement, il a jugé indispensable l’avènement d’un système commercial basé sur les objectifs de développement durable et d’un système fiscal international plus juste.  Dans l’urgence, il a proposé 10 actions dont la suppression de la dette des pays les moins avancés (PMA), l’attribution de droits de tirage spéciaux à hauteur de 500 milliards de dollars ou encore des mesures immédiates pour arrêter les flux illicites qui vont des pays en développement vers les pays riches.

Pour Mme ERNA SOLBERG, Première Ministre de la Norvège, il faut traiter collectivement la crise actuelle et mettre un terme à cette pandémie le plus vite possible.  Rappelant que le nombre de décès a dépassé 1,3 million de personnes et qu’il y a de nouvelles vagues de confinement alors que nous assistons à un effondrement social dans de nombreux pays, la Première Ministre a appelé à accroître les efforts collectifs tout en saluant les acquis, notamment en termes de vaccins.  Cependant, a-t-elle souligné, il nous faut plus de vaccins, de tests et de mesures thérapeutiques, tout en veillant à l’accès universel à ces outils.  À ce jour, 223 millions ont été mobilisés pour le projet ACT, a rappelé Mme Solberg, appelant davantage de pays à y participer car « l’engagement en faveur de la coopération internationale a fait ses preuves ».  Pour éviter ce genre de situation à l’avenir, elle a encouragé la communauté internationale à se doter d’une feuille de route en vue de renforcer les défenses conjointes.  Dès lors, la Norvège appuie l’appel du Secrétaire général pour convoquer un sommet sur cette question cruciale.

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a rappelé que 1,4 million de personnes étaient déjà mortes de la COVID et que l’épidémie avait appauvri les populations, augmenté les inégalités et perturbé le commerce et le tourisme.  Elle a en même temps relevé que la pandémie avait généré une réponse unie et permis d’apprendre à reconstruire en mieux.  Elle a rappelé que le Bangladesh avait été durement frappé par le virus, mais qu’une réponse rapide du Gouvernement s’était illustrée par un plan de relance de 14,14 milliards de dollars et un élargissement de l’assistance à plus de 25 millions de personnes.  Ces mesures doivent, selon elle, être accompagnées d’un accès équitable et abordable aux vaccins, qui doivent être reconnus mondialement comme un bien public et justifier une collaboration entre les Nations Unies, les institutions financières internationales, la société civile et les gouvernements nationaux.  La Première Ministre a rappelé que l’endiguement de l’épidémie devait avoir lieu dans tous les pays et que les engagements pour le Programme 2030 devaient être renouvelés pour garantir la résilience des prochaines générations devant les futures épidémies.

M. ALLEN MICHAEL CHASTANET, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a rappelé que les petits États sont aux prises non seulement avec les effets de la pandémie, mais aussi avec les effets persistants des changements climatiques et, en tant que pays vulnérables en voie de développement dans un monde très hostile, ils comptent sur la communauté internationale et ses institutions financières.  Si Sainte-Lucie était en bonne voie avant la pandémie, avec l’augmentation de sa croissance économique, la réduction du chômage et un ratio dette/PIB de 59%, l’année 2020 s’est soldée par des revenus inférieurs, des dépenses accrues et des remboursements de dette importants, ce qui a eu une incidence considérable sur les flux de trésorerie du pays.  Comme ils l’ont redit il y a quelques semaines, lors de la réunion annuelle de la Banque mondiale et du FMI, les PEID ont besoin d’un financement concessionnel et d’une assistance qui ne dépende pas d’un ratio dette/PIB cible de 60%.  Le Premier Ministre a conclu que les PEID doivent être considérés comme des partenaires, « car nous n’attendons pas d’être les bénéficiaires d’opportunités auxquelles nous n’avons pas droit ».  À ce titre, il a lancé un appel vigoureux aux institutions financières internationales pour qu’elles facilitent l’engagement au plus haut niveau alors que ces pays cherchent à atténuer la crise actuelle. 

Pour M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre de la Belgique, le plus grand danger aujourd’hui est que cette pandémie nous divise et que la crise sanitaire se transforme en crise géopolitique, en confrontation entre nations et en spirale vers le bas.  Seule la coopération internationale peut nous sauver, a-t-il affirmé, ajoutant que si « nous travaillons ensemble, il y aura de la lumière au bout du tunnel » parce qu’en dépit de toutes les crises des dernières décennies et de la montée des nationalismes, le multilatéralisme est resté ferme.  Grâce à des organisations comme l’ONU, l’OMS mais également l’Union européenne, des progrès ont été possible et des solutions ont été apportées à commencer par la stratégie commune de vaccination.  Les investissements conjoints et la mutualisation des ressources logistiques ont permis d’avoir bientôt accès à un vaccin sûr et efficace, s’est réjoui M. de Croo pour lequel c’est bien le fruit de la coopération internationale.  C’est la raison pour laquelle la Belgique plaide pour un accès libre et juste de tous les pays aux vaccins.  Il a aussi plaidé que la crise de la COVID-19 soit l’occasion de forger une nouvelle économie, pas juste une économie plus durable et plus numérique mais aussi une économie plus juste et plus inclusive.  L’indépendance économique est aussi un gage pour des citoyens plus forts et des voix plus fortes dans le débat politique, a-t-il ajouté, en faisant particulièrement allusion à l’autonomisation des femmes.

M. PRAVIND KUMAR JUGNAUTH, Premier Ministre de la République de Maurice, a indiqué que jusqu’à présent, son pays avait géré avec succès la pandémie de COVID-19 en agissant avec prévoyance.  Après des mesures préventives précoces, le pays a amélioré le dépistage sanitaire aux ports d’entrée, a renforcé la surveillance par les autorités sanitaires, a déployé des équipes d’intervention rapide pour transférer les cas suspects vers un établissement de santé dédié.  Ayant aussi imposé le confinement et le suivi des contacts, l’île a pu détecter et limiter l’étendue de la contamination.  Sur le plan réglementaire, Maurice a imposé le port obligatoire du masque facial dans tous les lieux publics et des mesures de distanciation sociale, tout en intensifiant la campagne de sensibilisation.  En moins de cinq semaines, la chaîne des contaminations locales a été arrêtée, a annoncé le Premier Ministre et, à partir du 15 juin, l’espace aérien a graduellement été réouvert, avec néanmoins des obligations de test PCR et de quatorzaine, a-t-il précisé avant de remercier l’OMS pour son soutien « précieux » dans l’articulation de la réponse à la COVID-19.  Sur le plan économique, Maurice connaît à une contraction de 12 à 14% en raison de la fermeture des frontières et du confinement de trois mois, ce qui laisse craindre des conséquences prolongées, même si le Gouvernement a mis en place un programme d’assistance pour protéger les emplois dans le secteur privé.  Le Premier Ministre a dès lors dit compter sur une assistance mondiale en termes d’allégement du service de la dette, voire d’annulation de la dette, ainsi que d’autres mesures de soutien financier. 

Mme METTE FREDERIKSEN, Première Ministre du Danemark, a plaidé pour une Organisation mondiale de la Santé (OMS) réformée et renforcée avant d’annoncer que le Danemark doublera sa contribution à l’OMS.  Elle a souhaité que l’on fasse de la pandémie une opportunité pour « définir l’avenir que nous voulons ».  Mme Frederiksen a jugé indispensable de promouvoir une économie plus respectueuse de l’environnement, condition sine qua non pour parvenir à des sociétés plus résilientes.  D’après elle, la communauté internationale n’a pas besoin de nouveaux plans puisque les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris sur le climat nous montrent la voie à suivre pour parvenir à un monde plus inclusif.  Ces efforts passent par une coopération plus concrète, a insisté la Première Ministre avant d’appeler à ce que l’ONU s’affirme comme le lieu où nous nous réunissons tous pour régler les grands problèmes du monde en général et de cette pandémie en particulier.

Pour Mme SANNA MARIN, Première Ministre de la Finlande, le temps et la manière qu’il faudra pour se remettre de la pandémie dépendent des décisions d’aujourd’hui.  Estimant possible d’équilibrer protection sanitaire et relèvement économique, elle a appelé à une réponse coordonnée, cohérente et homogène des Nations Unies à tous les niveaux, et réclamé des capacités et des ressources pour que l’OMS dirige les efforts au niveau mondial.  Appelant à l’universalité de l’accès aux vaccins, usant de l’adage « personne n’est à l’abri, tant que tout le monde ne l’est pas », elle a aussi prévenu qu’alors que le ralentissement économique se déroulait à une échelle jamais vue, les pays en développement demeuraient les plus durement touchés.  Mme Marin a appelé à une relance verte, inclusive et durable, ainsi qu’à une transformation numérique, essentielle, selon elle, pour progresser vers les objectifs de développement durable; à des efforts de prévention, pour que la COVID-19 ne soit pas le premier chapitre des pandémies à venir; à renforcer la confiance des citoyens dans les pouvoirs publics et la science, l’accès à des informations fiables et factuelles étant la meilleure arme contre la désinformation.  « L’ouverture, la participation du public et la prise de décision démocratique nous rendent plus résistants », a-t-elle conclu, en appelant enfin à prendre en compte les inégalités de genre dans les politiques de lutte contre la pandémie, le virus ayant davantage touché les femmes et les filles en termes de licenciements économiques, d’accès entravé aux services de santé sexuelle et reproductive et de violences domestiques.

Mme ANGELA MERKEL, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, a dit que la pandémie de COVID-19 avait mis en évidence le rôle important de l’OMS et de la coopération internationale.  Rappelant les conséquences de la pandémie depuis son déclenchement, Mme Merkel s’est réjouie de voir enfin poindre la lumière au bout du tunnel grâce à l’Accélérateur ACT qui, a-t-elle indiqué, nécessite davantage de financement.  La Chef du Gouvernement a prévenu que la pandémie ne sera vaincue que lorsque tout le monde aura accès à des vaccins efficaces et abordables.  Il faut une coopération internationale forte, a-t-elle conclu.

M. SAMDECH AKKA MOHA SENA PADEI TECHO HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a estimé que la bataille contre la COVID-19 ne devait être considérée par aucun pays comme son propre agenda géopolitique.  Aucun pays ne doit politiser la question de la santé publique, a-t-il ajouté, voyant en revanche les régions, la solidarité et l’unité mondiales comme des éléments indispensables pour sortir de cette crise.  Il a plaidé pour un cadre multilatéral de la riposte à la COVID-19 qui respecte le droit international, la souveraineté de chaque nation, indépendamment de sa taille ou sa richesse, avec l’ONU et l’OMS comme organisations chefs de file.  Le Premier Ministre a également souligné l’importance et l’urgence du vaccin COVID-19 en tant que bien public mondial, pour lequel l’approvisionnement et la distribution doivent se faire dans un esprit humanitaire pour tous les pays, en particulier les plus vulnérables.  S’agissant de l’impact socioéconomique de la pandémie, le Premier Ministre a mis l’accent sur le rôle de l’aide, mais aussi des facteurs cruciaux comme le maintien du multilatéralisme, la mondialisation, le libéralisme commercial, la chaîne d’approvisionnement régionale et mondiale, les échanges transfrontaliers, les investissements, le tourisme international et la mobilité des personnes.  En ce sens, il a exprimé son plein soutien à l’initiative du Fonds d’affectation spéciale pour la réponse et le redressement COVID-19 du Secrétaire général des Nations Unies, qui a été lancé plus tôt cette année.

M. NGUYEN XUAN PHUC, Premier Ministre du Viet Nam, a recommandé, pour vaincre la COVID-19, de confirmer le rôle central de l’ONU, améliorer la coordination des politiques, prendre des mesures collectivement et promouvoir la coopération internationale et multilatérale.  Il a réitéré son soutien à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, à la levée des sanctions unilatérales et à l’apport d’aide à la lutte contre la COVID-19.  Il a par ailleurs demandé que priorité soit donnée à la protection des populations, à la distribution d’un vaccin, et à la stimulation de l’économie, des voyages, des investissements et des échanges tout en maintenant les objectifs du Programme 2030.  Le Premier Ministre a, par ailleurs, décrit les efforts de coopération au sein de l’ASEAN pour la santé et la reprise économique et souligné l’aide médicale fournie par son pays à d’autres nations frappées par la pandémie.

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a dit que la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), qui a déjà coûté la vie à près de 1,5 million de personnes, a mis à jour les défaillances de nos sociétés.  « Si la lutte contre la pandémie est urgente, il nous faut dès à présent nous armer pour éviter les crises sanitaires à venir », a insisté M. Löfven.  Il a salué l’excellence de la communauté scientifique internationale pour produire les vaccins nécessaires.  Il a aussi dit l’importance d’appuyer le Mécanisme COVAX dont le but est de maîtriser la pandémie grâce à un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 et qui exige de tous les pays un engagement et un investissement immédiats et de grande ampleur.  La Suède, a assuré le Premier Ministre, continuera d’affecter 1% de son PIB à l’aide au développement et de travailler à la prévention des conflits et au maintien de la paix.  Il a fait sienne une déclaration du Directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a rappelé qu’il n’y a pas de vaccins contre la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques.  En conclusion, il a appelé les États à jeter ensemble les fondements d’un monde meilleur, plus juste, inclusif et vert. 

M. THONGLOUN SISOULITH, Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, a déclaré que son gouvernement avait rapidement pris des mesures préventives strictes contre la COVID-19, telles que la mise en place d’un mécanisme de coordination et le confinement du pays, depuis mars, pour restreindre l’entrée et la sortie des individus ainsi que les mouvements à l’intérieur du pays.  Grâce à ces mesures préventives, il a été possible de contenir l’épidémie à un certain niveau, avec un nombre d’infections « gérable » et aucun décès.  Par la suite, le Gouvernement a progressivement assoupli les mesures préventives pour réduire l’impact sur l’économie, tout en continuant de maintenir les mesures nécessaires.

Sur un autre point, le Premier Ministre a expliqué que son pays est « fermement convaincu » que le développement et la distribution des vaccins contre la COVID-19 sont l’un des facteurs décisifs de la réponse à la pandémie.  Le plus important est que les vaccins soient des biens mondiaux et des biens accessibles à tous sans aucune discrimination.  À cet égard, son gouvernement demande instamment à la communauté internationale de promouvoir le « multilatéralisme vaccinal » ou COVAX, afin de garantir que le vaccin contre la COVID-19 soit un bien public mondial commun. 

M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement d’Espagne, a souligné que, face à la pandémie, l’union permet de faire plus. L’Accélérateur ACT, qui garantit que le lieu de naissance ne détermine pas l’accès à un vaccin, a été créé en un temps record, a-t-il remarqué, en se félicitant que plusieurs vaccins aient été développés contre ce nouveau virus en moins d’un an.  L’Espagne vient d’annoncer son plan de vaccination pour janvier, tandis qu’elle continue à travailler avec les États membres et l’Union européenne.  « Ce niveau sans précédent de collaboration internationale devrait renforcer notre engagement ferme et sans équivoque en faveur du multilatéralisme. »  L’interrelation profonde entre la santé, l’économie et les aspects sociaux de cette crise nécessitent des réponses simultanées, selon M. Sánchez Pérez-Castejón qui a appelé, en plus du vaccin, à se concentrer sur le renforcement des systèmes de santé sans négliger les autres maladies.  Le Président du Gouvernement a souligné que les femmes souffrent de manière disproportionnée de l’impact de la crise économique, sociale et sanitaire, appelant à ne pas compromettre les progrès réalisés au cours des dernières décennies concernant l’égalité des sexes.  Seule une action internationale concertée pourra répondre à la crise économique et, même si des mesures très importantes ont été prises dans cette direction dans le contexte des institutions multilatérales, nous devons aller plus loin, a-t-il plaidé.  Il est essentiel de développer les instruments nécessaires pour chaque situation, quel que soit le niveau de revenu des pays, a-t-il déclaré.

M. SUGA YOSHIHIDE, Premier Ministre du Japon, a salué les Nations Unies et l’OMS pour les efforts inlassables qu’ils déploient.  Le Japon continuera de s’efforcer à protéger les vies et le bien-être de son peuple, a assuré le Ministre avant d’exhorter la communauté internationale à ne pas aller vers un monde plus divisé dans sa réponse à cette crise.  Pour sa part, le Japon renforcera notamment sa collaboration avec l’OMS et encourage tous les pays à ne laisser personne de côté dans la couverture sanitaire universelle.  Au niveau national, il a pris une série de mesures de prévention et pour surmonter la pandémie, y compris dans le cadre du Mécanisme COVAX.  Pour ce qui est du renforcement des systèmes sanitaires, le Japon a mis l’accent sur le niveau communautaire au niveau régional.  Il est également en train d’œuvrer à développer la résilience aux épidémies.  Dans ce contexte, il met particulièrement l’accent sur des initiatives dans le secteur de la nutrition et attend le Sommet sur les systèmes alimentaires de 2021.  Avant de conclure, le Ministre a réitéré son souhait de pouvoir organiser l’année prochaine les Jeux olympiques au Japon.  Ce serait symbolique pour pouvoir dire que le monde a réussi à surmonter cette pandémie, a-t-il dit.

M. SABAH KHALED AL-HAMAD AL-SABAH, Premier Ministre de l’État du Koweït, a rappelé les mesures prises par son gouvernement pour contenir la propagation de la pandémie conformément aux informations fournies par l’OMS au niveau national.  Puis il a annoncé les aides accordées par le Koweït aux pays « amis et frères » ainsi que son soutien aux chercheurs pour la découverte et la mise au point de vaccins et pour garantir une distribution équitable.  Le Koweït a octroyé quelque 287 millions de dollars aux pays, aux organisations internationales, aux instituts de recherche dans la lutte contre la COVID-19, a comptabilisé le Premier Ministre.  L’État du Koweït poursuivra ses efforts avec la communauté internationale pour vaincre ce fléau, a-t-il assuré avant de demander l’aide d’« Allah » pour que l’humanité prenne le dessus sur le coronavirus.

M. KEITH ROWLEY, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, a salué la réponse rapide de l’OMS face à la COVID-19 qui, a-t-il ajouté, a réaffirmé le besoin d’une action collective et du multilatéralisme, la pandémie ne pouvant être contrée que par des consultations et la coopération locale, régionale et internationale.  Au niveau national, Trinité-et-Tobago a mis en place un paquet de mesures sociales, économiques et financières pour soutenir la riposte à la COVID-19.  Un comité multisectoriel a été chargé d’établir une feuille de route pour l’après-pandémie qui vise notamment à atténuer les souffrances provoquées par la COVID-19, à relancer l’économie et à établir les fondements d’un relèvement économique durable, notamment en renforçant la protection sociale et la création d’emplois.

Une aide en espèces a également été versée aux personnes négativement affectées par les mesures restrictives, et un système de soins parallèle a été établi pour traiter les malades de la COVID-19, prévenir les risques d’infection avec d’autres malades et assurer la poursuite du fonctionnement du système existant.  En l’absence d’un vaccin efficace, le Premier Ministre a estimé que la stratégie d’atténuation globale de l’OMS est la meilleure pour lutter contre le virus.  Il a ajouté que son pays a demandé des vaccins pour couvrir 33% de sa population dans un premier temps.

M. ION CHICU, Premier Ministre de la République de Moldova, a indiqué que son pays a pris des mesures opportunes et nécessaires pour faire face à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) avec le soutien de ses partenaires au développement.  Il a appelé à soutenir l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui est l’instance de référence pour la coordination de tous les efforts sanitaires internationaux.  Pour faire face aux fragilités communes mises à jour par cette pandémie, le Premier Ministre a jugé urgent d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Il a rappelé que la santé est un droit fondamental et que nous devons assurer un accès universel aux vaccins et aux médicaments indispensables pour faire face à la COVID-19.  Après avoir rappelé « qu’aucun d’entre nous ne sera à l’abri tant que tout le monde ne sera pas à l’abri », M. Chicu a exhorté tous les acteurs de la communauté internationale à dialoguer et coopérer plus activement pour garantir la dignité de chacun dans un monde plus juste et plus inclusif.

M. HASSAN DIAB, Président du Conseil des ministres du Liban, a indiqué que son pays avait été frappé par la COVID-19 alors qu’il était aux prises avec des « difficultés socioéconomiques et financières existentielles ».  Le Liban, a-t-il relevé, est un pays densément peuplé, avec 6,9 millions d’habitants, dont 2 millions de personnes déplacées ou réfugiées et 500 000 travailleurs migrants.  Après un début de pandémie relativement maîtrisé, grâce à la fermeture de secteurs et un confinement national, le pays a subi les retombées de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août, a fait remarquer M. Diab.  Le Liban a alors connu une croissance exponentielle du nombre de cas de COVID-19 et son système de santé a été incapable d’y faire face, a-t-il relaté, expliquant pourquoi le Gouvernement avait eu recours à un deuxième confinement, le 14 novembre, laissant les seules entreprises essentielles en activité.  Pour atténuer l’impact de ces mesures, le Gouvernement a mis en place un dispositif d’aide qui ne représente toutefois que 1% du PIB national.  Cela démontre l’extrême nécessité de l’aide internationale pour renforcer le filet de sécurité sociale, a plaidé M. Diab, déplorant que son pays n’ait pas eu accès aux lignes d’urgence du FMI.  En outre, la pandémie a entraîné un retard dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il dit, avant d’appeler la communauté internationale à accorder une attention particulière aux pays en développement.

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a déclaré que si son pays n’a eu à endurer aucune perte de vie humaine en raison de la COVID-19, les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien ont subi une élimination presque totale de leurs revenus et emplois vitaux liés au tourisme.  Il a donc jugé crucial que chaque personne dans le monde puisse accéder à un vaccin contre la COVID-19, avant d’indiquer que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) soutient et salue le Mécanisme COVAX.  S’il s’est félicité de l’engagement du mécanisme de garantie de marché COVAX pour soutenir l’achat de vaccins pour les économies à revenu faible et intermédiaire, il a cependant estimé que les paramètres utilisés pour sélectionner les pays qui participeront à cet instrument de financement ne prennent pas suffisamment en compte les « vulnérabilités inhérentes et le manque de résilience économique et climatique » des PEID.  Il a blâmé la base de calcul retenue, qui s’appuie sur le revenu national brut par habitant. 

Pour M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’industrie sucrière des Fidji, ce sommet représente une occasion attendue depuis longtemps de briser l’emprise du nationalisme induit par la pandémie de COVID-19 qui a paralysé la réponse globale à cette crise.  Nous devons reconnaître que les conditions de concurrence dans le cadre d’une riposte mondiale à la pandémie de COVID-19 sont extrêmement inégales.  Tous les pays n’ont pas le même niveau technique et les mêmes connaissances nécessaires pour vaincre le virus.  Tous ne peuvent pas résoudre seuls le problème des défaillances de la chaîne d’approvisionnement.  Tous les pays n’ont pas les capitaux financiers nécessaires pour injecter des milliards de dollars dans leurs économies dévastées.  Les habitants des îles du Pacifique -et tous les petits États insulaires en développement- sont particulièrement et intensément désavantagés par toutes ces contraintes, a déploré le Premier Ministre.  Le fossé entre la rhétorique internationale sur la solidarité et l’action que nous pouvons ressentir sur le terrain est vaste et, alors que nous nous tournons vers la reprise, il risque de se creuser encore davantage, a-t-il averti.

M. EDI RAMA, Premier Ministre et Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a dressé un parallèle entre la COVID-19 et la grippe espagnole de 1917-1918, rappelant qu’à l’époque de cette dernière, l’ONU et son prédécesseur, la Société des Nations, étaient encore « sur la planche à dessin » et chacun était « laissé à lui-même ».  Cette fois, a-t-il relevé, sous l’impulsion de l’OMS et des Nations Unies, chaque pays a adopté des protocoles unifiés de distanciation sociale qui ont sauvé des millions de vies.  En mai, a poursuivi le dirigeant, le monde s’est réuni à l’occasion de la première Assemblée mondiale virtuelle de la Santé et a appelé à une distribution équitable des vaccins, des diagnostics et des produits thérapeutiques.  Maintenant que les vaccins sont en vue, nous devons nous rassembler une fois de plus pour faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte et pour planifier ensemble la reprise économique mondiale après la pandémie, a-t-il plaidé.  Pour M. Rama, la meilleure façon de lutter contre la pandémie et ses conséquences est de jeter les bases d’une reprise inclusive, verte et durable, conformément aux objectifs de développement durable.  Pour ce faire, nous devons investir dans des systèmes de santé résilients, protéger la planète et placer l’égalité des sexes et l’innovation au cœur des stratégies de relèvement, a-t-il encore préconisé, ajoutant que la COVID-19 est aussi un « test de solidarité et de leadership » à l’échelle mondiale.  Avant de conclure, il a appelé de ses vœux l’élaboration d’un « nouveau plan Marshall », d’une « feuille de route concentrée et unie pour vaincre le virus et assurer un avenir meilleur ». 

M. CLÉMENT MOUAMBA, Premier Ministre de la République du Congo, a estimé que la COVID-19 est la plus grande menace à la stabilité mondiale.  C’est pourquoi les Nations Unies doivent prendre toute leur place pour engager une action mondiale coordonnée face à la pandémie.  S’agissant du Congo, il a déclaré que le premier cas dans le pays est apparu le 14 mars 2020 et qu’au 25 novembre, il y avait 5 574 cas confirmés, 5 003 cas guéris et 97 décès, pour un taux de létalité de 1,6%.  Le Président a énuméré les différentes mesures sanitaires mises en œuvre, dont le couvre-feu, la mise en quarantaine ou bien l’exigence d’un test PCR négatif de moins de 72 heures.  Si ces mesures ont permis de limiter la propagation du virus, a-t-il dit, elles ont toutefois impacté négativement et fragilisé la situation des couches sociales les plus démunies.  M. Mouamba a voulu que « solidarité » et « coopération » soient des mots qui sonnent fort dans cette enceinte.  « Il faut prendre ici la mesure des conclusions pertinentes tirées lors du Somment du G20 à Riyad », a-t-il dit, pour fournir des vaccins sûrs et efficaces et assurer leur accès universel, équitable et à un coût abordable pour tous.  Le Président a en outre souhaité la prolongation du moratoire sur le service de la dette du G20 après juin 2021.  De plus, il a porté un intérêt particulier à l’OMS, qui a mis en place le Mécanisme COVAX qui permet aux pays éligibles à l’aide publique au développement un approvisionnement en vaccins.  Le huitième Sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, qu’il a présidé, s’est penché sur le thème de la pandémie et ses enjeux pour la région des Grands Lacs.  Il en est résulté des recommandations, comme le renforcement de la coopération régionale et du partenariat dans la région, de l’intensification des plaidoyers pour mobiliser les ressources nécessaires. 

M. ABDELAZIZ DJERAD, Premier Ministre de l’Algérie, a salué le rôle fondamental de l’OMS qui n’a cessé d’œuvrer pour la coordination des efforts internationaux, ajoutant que la nature même de cette pandémie nous oblige à nous unir pour une solidarité globale.  Il a déploré l’impact du virus sur les gains réalisés par les pays les plus vulnérables, en particulier en Afrique, qui sont déjà confrontés aux changements climatiques, au terrorisme, au conflits armés et à l’immigration irrégulière.  Le Premier Ministre a préconisé une attention aux plus démunis par une responsabilité collective, au lieu d’une approche unilatérale et égoïste.  Une telle approche, contraire au principe de justice, entraînerait des millions de gens dans la pauvreté et la malnutrition du fait de l’impact supplémentaire de la pandémie.  Il a rappelé que l’Algérie a été l’un des premiers pays à fermer ses frontières avant d’imposer des mesures de prévention sanitaire accompagnées du renforcement des hôpitaux et de campagnes de tests, et d’une aide aux entreprises.  « Malgré les difficultés économiques dues à la baisse des cours des hydrocarbures, nous avons respecté nos engagements de solidarité et coordination d’aide internationale » a déclaré M. Djerad, ajoutant que son pays a maintenu sa contribution financière au fonds mondial pour la riposte contre la COVID-19 et au fonds de l’Union africaine.  Enfin, il a souhaité un partenariat mondial renforcé pour l’accès à un vaccin.

Mme VICTOIRE SIDÉMÉHO TOMEGAH-DOGBE, Première Ministre du Togo, a déclaré que pour contenir les risques de propagation du coronavirus, son gouvernement avait pris une série de mesures d’urgence sur les plans sanitaire, juridique et socioéconomique.  Des infrastructures sanitaires dédiées ont été mises en place et le port du masque a été rendu obligatoire au Togo, l’accent ayant été mis sur la protection des personnels de santé, a-t-elle précisé.  En outre, une force spéciale anti-COVID-19 a été créée, et des mesures de bouclage de la circulation adoptées quand c’était nécessaire.  Sur le plan socioéconomique, un programme de revenu universel de solidarité a été instauré, de même que des avantages spécifiques pour les partenaires sociaux et le secteur privé, a ajouté Mme Tomegah-Dogbe.  Elle a enfin déclaré que le Togo adhère pleinement à l’Accélérateur ACT et s’engage à accueillir le vaccin COVAX au bénéfice de l’ensemble de sa population.

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a d’entrée apporté le soutien de son pays à l’OMS afin qu’elle puisse jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre la pandémie.  Il a formé le vœu que toutes les parties parviennent à « généraliser » le consensus pour renforcer la coopération.  Durant cette période éprouvante, l’humanité est en train d’écrire un nouveau chapitre de son histoire.  Nous sommes confrontés à la deuxième vague, a-t-il poursuivi, reconnaissant que « cela va être dur » mais qu’il faut tout faire pour limiter le spectre du virus.  Il a préconisé de mettre à profit la science et les technologies pour renforcer le traitement, le dépistage et le partage de l’information et, enfin, encourager la responsabilité collective dans le monde afin de limiter la prolifération du coronavirus.  Les vaccins sont, à ses yeux, une arme importante pour vaincre le virus et doivent être, dès lors, un bien public accessible et abordable pour les pays en développement.  Nous devons nous préparer à une lutte longue, protéger l’économie, les sociétés et les marchés pour améliorer la résilience et l’emploi, a-t-il indiqué avant d’encourager « les plus grands pays » à jouer un rôle exemplaire pour promouvoir la collaboration.  C’est là la « bonne solution », a-t-il affirmé. 

Soulignant l’acuité du problème de la faim exacerbée par la pandémie de COVID-19, M. AYMAN SAFADI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de Jordanie, a promis de soutenir la création dans son pays d’un dépôt de vivres et de produits pharmaceutiques afin d’aider à lutter contre la faim dans la région.  Rappelant ensuite que son pays accueille plus de deux millions de réfugiés dont plus d’un million de réfugiés syriens, le Ministre a demandé l’aide internationale pour porter ensemble ce fardeau et répondre ainsi aux besoins vitaux de ces populations vulnérables.  M. Safadi a également demandé à la communauté internationale d’apporter son soutien financier à l’UNRWA afin que l’Office puisse poursuivre la fourniture de l’aide humanitaire aux réfugiés.

M. CHRIS FEARNE, Vice-Premier Ministre de Malte, a observé que la pandémie de COVID-19 avait mis en lumière la résilience de nos systèmes de santé.  Dès le début de la pandémie, Malte a cherché à organiser rapidement ses équipes de santé publique et à renforcer son système de santé, a-t-il indiqué.  Malte a également mis en place un système de surveillance approfondie, de tests étendus à tous les niveaux, ainsi qu’une application de vérification des symptômes pour permettre aux citoyens d’être responsabilisés.  Cette pandémie a montré que la coopération internationale est extrêmement importante.  Les limites en termes de santé publique, de capacité et d’expertise cliniques, ainsi que la disponibilité d’équipements et de médicaments, ont été problématiques pour un petit État insulaire comme Malte, a expliqué le Vice-Premier Ministre tout en reconnaissant que les expériences partagées par d’autres pays l’avaient aidé.  Il a déclaré avoir hâte d’une collaboration plus poussée.  Concernant l’arrivée du vaccin contre la COVID-19, il a estimé qu’il devrait être considéré comme un bien public mondial et être disponible pour tous les peuples, partout dans le monde.

Mme EKATERINA ZAHARIEVA, Vice-Première Ministre de Bulgarie, a déclaré que la lutte contre la pandémie ne devait pas se faire au détriment de la démocratie et de l’espace civique, de l’état de droit et des engagements internationaux.  Elle a appelé à la mise en œuvre du plan d’action pour les droits de l’homme du Secrétaire général, soulignant le sort des femmes, au premier rang de la réponse à l’épidémie, et les difficultés économiques subies particulièrement par les enfants, qui justifient les efforts de l’ONU et du plan en six points de l’UNICEF.

Mme Zaharieva a souligné l’importance des objectifs de développement durable, d’investissement dans le domaine sanitaire et d’un soutien au rôle directeur de l’OMS, autant que la feuille de route pour la coopération numérique pour la lutte contre la pandémie et pour le combat contre la désinformation en ligne.  Saluant le plan de réponse humanitaire global, elle a prôné l’aide aux groupes les plus vulnérables et appelé à la levée des obstacles à l’aide humanitaire.  Elle a rappelé que son pays participe à la stratégie de relance économique de l’Union européenne incluant un allégement de la dette et des investissements liés aux objectifs de développement durable.

M. THEMBA MASUKU, Vice-Premier Ministre de l’Eswatini, a appelé le monde à rassembler toutes ses forces pour combattre la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) alors que nous faisons face à la deuxième vague.  « L’Eswatini continue de chercher à sauver des vies en maximisant les ressources dont dispose le pays », a dit M. Masuku avant de souligner les efforts visant à soutenir l’économie nationale.  Il a cité la création d’une facilité particulière pour subventionner ceux qui vivaient du commerce transfrontalier.  Le Vice-Premier Ministre a espéré que le vaccin sera rapidement distribué et parviendra aux régions les plus enclavées du monde et aux personnes les plus démunies.

M. DEMEKE MEKONNEN, Vice-Premier Ministre de l’Éthiopie, a rendu hommage aux personnels de santé mobilisés dans la lutte contre la COVID-19.  L’Afrique, a-t-il souligné, est préoccupée par l’impact socioéconomique de la pandémie, en particulier pour les groupes vulnérables.  C’est dans ce contexte que nous avons besoin d’un train de mesures et d’un stimulus sous la forme d’une mobilisation de capitaux, a préconisé M. Mekonnen.  Selon lui toutefois, la stratégie de redressement doit être verte et résiliente et s’inscrire dans le respect des accords conclus, notamment l’Accord de Paris et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Ministre des affaires étrangères du Mexique, qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a estimé qu’il est indispensable de pouvoir compter sur l’ONU pour assumer un rôle de chef de file de la coordination à l’échelle mondiale de la relève post-COVID-19.  Il a appelé à penser au-delà du niveau national en affirmant que « moins nous coopérons, moins nous serons en mesure de répondre aux exigences de nos peuples ».  Pour la CELAC, il ne s’agit pas uniquement d’une crise sanitaire, mais bien d’une possible remise en cause du Programme 2030 compte tenu de l’impact socioéconomique de la pandémie.  La pauvreté en Amérique latine et dans les Caraïbes connaîtra une hausse 37%, a prévenu le Ministre en appelant les institutions financières internationales à envisager une coordination accrue et des transferts de ressources.  La CELAC est convaincue qu’il faut un accord sur la dette, et que cela ne doit pas uniquement porter sur un allégement de la dette mais bien sur une réforme de fond, le Ministre étant d’avis qu’il faut concevoir de nouveaux instruments financiers.  Les taux d’intérêt sont très bas dans les pays développés, or cela n’est pas relayé par les institutions financières internationales.  C’est pourquoi les pays de la CELAC sont persuadés que le monde développé est en mesure de faire davantage et soulignent l’urgence de la situation parce que « plus on agit vite, moins on souffrira ».  La CELAC a demandé en outre que l’initiative COVAX soit élargie pour inclure les traitements en plus des vaccins.  Saluant le travail admirable fait par l’OMS, le Ministre s’est dit convaincu qu’il faut des mesures extraordinaires et a assuré que les pays de la CELAC sont prêts à faire front commun.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a dit que l’une des constatations de cette crise est que les pays doivent être capables de produire les équipements de protection nécessaires, notamment des masques, des combinaisons de protection pour les médecins et des respirateurs, plutôt que de les attendre d’un pays tiers.  Il a précisé que la Hongrie a, dès les premières prémices de la pandémie, organisé un pont aérien avec la Chine par lequel 185 avions ont livré des équipements à la Hongrie.  Alors qu’une nouvelle ère de l’économie mondiale a commencé, le Ministre a indiqué que son pays a décidé de financer la lutte contre le chômage, « plutôt que le chômage », et de soutenir les entreprises qui prennent des décisions courageuses pour investir dans des circonstances compliquées.  Il a expliqué que plus de 1 300 entreprises hongroises ont décidé d’investir au total près de 3 milliards d’euros et de sauver ainsi 270 000 emplois, sur fonds d’un milliard d’euros d’incitation de l’État hongrois.  Il a souhaité que le vaccin ne devienne pas un problème politique.  « Nous ne devrions pas permettre aux lobbies économiques et commerciaux financés par certaines entreprises de faire pression sur les politiciens ou les gouvernements » a-t-il dit, avant d’appeler à ce que les vaccins soient disponibles pour toutes les populations sans conditions.

Pour M. ALEXEY TSOY, Ministre de la santé du Kazakhstan, la protection de la santé publique est une des priorités de son pays.  Il a remercié l’OMS pour son assistance méthodologique et humanitaire en cette période difficile.  Il a également remercié tous les pays qui ont fourni une assistance humanitaire au Kazakhstan.  En cette période difficile, son gouvernement doit redoubler d’efforts pour prévenir la propagation du virus à travers un plan d’action national.  Il a notamment évoqué une application « COVID-19 Control Center » et les mesures qui ont renforcé le contrôle migratoire et épidémiologique aux frontières.  Jusqu’à présent, les autorités ont procédé à 6,3 millions de tests, soit une capacité maximale de 71 000 tests par jour.  Pour finir, le Ministre s’est enorgueilli que les scientifiques de son pays aient passé avec succès les tests cliniques du vaccin qu’ils ont créé.

M. IVAN KORČOK, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a décrit les mesures de confinement partiel, de port du masque et de restrictions des déplacements mises en œuvre dans son pays, les campagnes de tests au niveau national et l’opération « responsabilité conjointe » lancée par les médecins, les volontaires, la police et les forces armées.  Il a rappelé que les tests avaient identifié 50 000 cas actifs et permis de réduire l’épidémie plus efficacement qu’un confinement national, ce qui a inspiré d’autres pays.  Prônant une coordination internationale des efforts et un accès équitable aux technologies sanitaires et médicales marqué par la collaboration entre secteurs privé et public, il a aussi souligné l’importance du partage d’informations au niveau international et de la lutte contre la désinformation, appelant à une approche de collaboration multilatérale et soulignant les aides humanitaires fournies par la Slovaquie à titre bilatéral et par les organisations internationales.

M. HISHAMMUDDIN TUN HUSSEIN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a déploré que cette pandémie puisse ruiner des décennies de progrès et appelé à empêcher que ce virus ne nous détruise.  Il a noté que le cheminement vers le relèvement ne sera pas linéaire et devra tenir compte des spécificités nationales tout en étant épaulé par des efforts internationaux.  Le Ministre a insisté sur le besoin d’un vaccin accessible et abordable et appelé tout pays qui le posséderait à le partager au nom d’une responsabilité morale qui fait prévaloir la solidarité sur la concurrence.  Il a par ailleurs regretté que cette lueur d’espoir soit ternie par la prolifération des fausses informations sur les vaccins, qui ne visent qu’à remettre en cause les experts, la confiance en la médecine et à promouvoir le nihilisme.  « La désinformation coûte des vies, surtout au moment où nous préparons notre campagne nationale de vaccination », a-t-il déclaré, avant d’appeler les nations à embrasser un multilatéralisme qui, « s’il n’est pas parfait, reste essentiel pour surmonter ce virus mortel ».

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a déclaré qu’il faut aller au-delà des mesures à court terme et œuvrer à surmonter les inégalités qui perdurent d’un système de santé à un autre.  Pour développer les capacités nationales, elle a privilégié la création d’un écosystème international destiné à faciliter le transfert de technologies et les collaborations entre industries de recherche.  Au-delà de cette pandémie, l’enjeu est de parvenir au renforcement de la gouvernance sanitaire mondiale, a insisté Mme Marsudi. L’Accélérateur ACT et le Mécanisme COVAX, tels doivent être les modèles de notre résilience à venir, a-t-elle encore souligné.

Mme MARISE PAYNE, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a dit que son pays a agi rapidement et avec détermination contre la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) en s’appuyant sur trois axes: le contrôle des frontières, le dépistage et le traçage, et des restrictions sociales proportionnées.  « Nous avons réussi à contenir la pandémie et avons mis en place des ripostes en collaboration avec nos voisins du Pacifique », s’est félicitée Mme Payne.  Elle a souligné le rôle de l’Australie au sein de l’Alliance du Vaccin (GAVI) pour promouvoir l’accès aux vaccins.  La Ministre a rappelé la nécessité de nouer des accords économiques régionaux pour favoriser le relèvement après la crise sanitaire.

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a estimé que cette session vient à point nommé.  De fait, malgré les bonnes nouvelles quant aux éventuels vaccins contre la COVID-19, la dévastation socioéconomique se sera pas résorbée avant des années et aucun pays ne pourra venir seul à bout des multiples défis complexes posés par cette pandémie, a-t-il averti.  C’est pourquoi, Singapour a été favorable au multilatéralisme en matière de vaccins.  Nous avons coprésidé avec la Suisse le Groupe des Amis du Mécanisme COVAX pour appuyer l’objectif qui est celui d’un accès global et équitable à un ensemble de vaccins sûrs et efficaces, a rappelé M. Balakrishnan.  Il a indiqué pour finir que son pays a contribué à hauteur de 5 millions de dollars des États-Unis à cette initiative.

M. MYINT HTWE, Ministre de la santé et des sports du Myanmar, a fait un tour d’horizon des moyens mis en œuvre dans son pays pour endiguer le virus, précisant le rôle du comité central de prévention et de traitement, et du comité de riposte d’urgence dirigé par le Vice-Président.  Il s’est félicité du système d’information anti-COVID-19 mis en place par son pays qui permet aux lignes d’orientation d’être transmises à tous les niveaux du secteur sanitaire.  Le Ministre a insisté sur les campagnes de sensibilisation de la population aux mesures préventives diffusées sur les médias nationaux et sur les réseaux sociaux.  Il a précisé que les soins et le dépistage sont gratuits grâce à l’aide internationale fournie dans le cadre de l’Alliance du Vaccin (GAVI) et offerte par des pays comme l’Inde, le Japon, la Chine et Singapour.  Enfin, il noté l’effort de son pays pour maîtriser les conséquences économiques délétères de ce fléau.

M. NIKOLAOS-GEORGIOS DENDIAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a souligné que la persistance des conflits ne fait qu’aggraver l’impact de la pandémie, d’où la nécessité d’appliquer l’appel au cessez-le-feu lancé par le Secrétaire général de l’ONU.  La santé environnementale, animale et humaine constitue une chaîne dont la continuité ne doit pas être rompue, a-t-il souligné, avant de plaider pour une disponibilité universelle du futur vaccin contre la COVID-19.  Le multilatéralisme est le seul moyen de faire advenir « une santé pour un monde », a insisté le chef de la diplomatie grecque, en conclusion.

M. JAN BLATNÝ, Ministre de la santé de la République tchèque, a fait remarquer que la COVID-19 avait pris la communauté internationale « par surprise ».  Pour éviter, « autant que possible », des surprises similaires à l’avenir, il faudra une coopération multilatérale forte, un respect des obligations internationales et un partage d’expériences, d’informations et de bonnes pratiques, a-t-il préconisé.  Car le renforcement de la résilience à tous les niveaux est un facteur clef de la prévention des maladies et « nous sommes tous à bord du même navire », a lancé le Ministre.  Pour cette raison, il a demandé aux représentants politiques et aux instances internationales de ne pas se détourner des principes de solidarité et de l’engagement à ne laisser personne de côté.  Chaque pays du monde doit recevoir le soutien dont il a besoin et la devise « Personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité » ne doit pas être une simple phrase vide, a déclaré le Ministre.  Selon lui, il faut travailler davantage pour sensibiliser le public aux stratégies nécessaires pour faire face à la pandémie et lutter contre la diffusion de la désinformation.  Seules des campagnes de sensibilisation et une communication claire, associées à un engagement politique fort au plus haut niveau possible, peuvent nous apporter des résultats et conduire à l’atténuation de la pandémie de COVID-19, a conclu le Ministre tchèque.

M. SAEED NAMAKI, Ministre de la santé et de l’éducation médicale de la République islamique d’Iran, a indiqué que depuis le début de la pandémie, son pays à exploité toutes les capacités au niveau national pour faire le suivi de la COVID-19 et adopter des mesures strictes d’endiguement de la maladie.  Il a parlé, ensuite, des systèmes de surveillance et de gestion des soins de santé que « nous gérons de façon pionnière ».  Malgré toutes les restrictions dues à des sanctions illégales et unilatérales, le Gouvernement a offert des mesures de financement spéciales pour les populations pauvres.  En particulier, le Ministre a déploré les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis et leurs effets négatifs sur « nos efforts de lutte contre la pandémie » qui sapent la possibilité de la population iranienne à avoir accès à des mécanismes de soins.

M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a déclaré que le multilatéralisme qui a été essentiel depuis 75 ans pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement durable, est de nouveau mis à l’épreuve par la pandémie.  Il a décrit les mesures immédiates de confinement total imposé par son Gouvernement, y compris la suspension des visas d’entrée qui a porté un coup fatal au tourisme qui représente 80% de PIB des Maldives.  Confronté à une contraction de 30% de son économie, le Ministre a salué l’annonce par le G20 de la suspension de la dette et demandé une distribution équitable des vaccins et traitements.  Il a par ailleurs souligné les innovations des Maldives en matière de gouvernance pendant cette crise et fait part de sa reconnaissance envers la communauté internationale.  M. Shahid a rappelé le danger que font peser les changements climatiques sur l’existence même de son pays.  Il a appelé à des actions collectives autant pour vaincre ce virus que « pour guérir notre planète et lui offrir un avenir plus vert, plus bleu et plus propre ».

M. NURMUHAMMET AMANNEPESOV, Ministre de la santé et de l’industrie médicale du Turkménistan, a déclaré que son gouvernement avait pris d’emblée des mesures sérieuses de lutte contre la pandémie de COVID-19, en renforçant les capacités des personnels de santé et le suivi épidémiologique, sans compter les contrôles aux points d’entrée de son territoire.  Son chef d’État, a-t-il affirmé, a fait en outre preuve de coopération avec les pays de la région en privilégiant des « mécanismes de diplomatie scientifique » visant à faciliter les échanges d’informations et de pratiques optimales dans le cadre de la lutte conjointe contre le coronavirus.

M. LUCA BECCARI, Ministre des affaires étrangères, de la coopération économique internationale et les télécommunications de Saint-Marin, a souligné que son gouvernement a rapidement répondu à cette urgence sanitaire en garantissant le droit à la santé à chaque citoyen et en assurant des traitements appropriés pour tous.

Comme d’autres pays, Saint-Marin, au-delà de la tragédie sanitaire et humaine, a subi des conséquences socioéconomiques négatives en raison des dépenses liées à la santé, la sécurité sociale et aux mesures financières en plus du ralentissement de son système économique.

Pour finir, M. Beccari a fait part du soutien de son pays au travail effectué par l’OMS ainsi que pour son rôle dans la coordination de la réponse sanitaire à l’épidémie.

M. AHMED AL SAIDI, Ministre de la santé d’Oman, a souligné que son gouvernement avait pris toutes les mesures nécessaires pour réduire les répercussions de la pandémie et limiter la propagation du virus autant que faire se peut.  Nous avons multiplié les mesures de prévention et garanti l’accès aux examens et aux traitements gratuits en plus de fournir l’aide nécessaire au secteur de la santé, ce qui a permis de contenir le taux de mortalité comparé aux autres pays dans le monde, a dit le Ministre.  Compte tenu de la pandémie et de la crise économique qui l’accompagne, il a reconnu que le confinement, la fermeture des frontières et autres mesures représentent un défi majeur pour les gouvernements.  C’est pourquoi les solutions futures doivent promouvoir, selon lui, des mesures de prévention communautaires et institutionnelles, en attendant qu’un vaccin soit disponible.  À cet égard, son pays a ouvert plusieurs pistes de consultations et de négociations avec, notamment, l’Alliance du Vaccin pour assurer des quantités nécessaires et une livraison rapide de vaccins pour les populations.  Pour finir, le Ministre a salué le rôle de l’OMS et de ses efforts pour la distribution du vaccin, notamment aux pays qui ont des revenus limités.

M. AOUÉLÉ EUGÈNE AKA, Ministre de la santé publique de Côte d’Ivoire, a déclaré que son pays avait pris très au sérieux l’avènement de la pandémie.  Le Gouvernement ivoirien a élaboré et mis en œuvre rapidement un plan de riposte qui a permis de contenir la maladie.  Ce plan, basé sur le triptyque « tester, isoler, traiter », a permis de contenir le taux de cas positifs à 5% depuis septembre dernier.  Ce qui fait que depuis cette date, la maladie est « sous contrôle » en Côte d’Ivoire.  En date du 26 novembre 2020, le pays avait dénombré 21 199 cas confirmés et 131 décès, soit 0,6% des cas confirmés.  La moyenne d’âge de ces malades est de 45 ans, les plus de 65 ans représentant 21% des malades.  Le taux de guérison est quant à lui de 98,4%, avec 20 852 personnes guéries de la maladie.  Le nombre de personnes actuellement traitées est de 216.  La majorité des cas, soit 97% se trouvent dans la région d’Abidjan, qui est de fait l’épicentre de la maladie.  Face à la persistance de la pandémie, le Gouvernement envisage d’organiser au cours de ce mois, un atelier pour faire le bilan de la riposte, dans le but de l’intégrer dans le système de santé de routine.  Il entend aussi renforcer les campagnes de sensibilisation communautaire pour limiter la propagation du virus.  Des directives sont en outre en cours d’élaboration pour l’utilisation des tests antigéniques ainsi que la mise en œuvre, dès 2021, d’un plan national de vaccination, au regard des avancées scientifiques actuelles, a conclu le Ministre.

M. ERNESTO HENRIQUE FRAGA ARAÚJO, Ministre des relations extérieures du Brésil, a déclaré qu’il faut faire face à la COVID-19 sans pour autant trahir les principes fondamentaux de l’ONU qui respecte la souveraineté des États et « ne sert pas à élaborer les constitutions nationales des États Membres ».  « Les gouvernements doivent répondre à la pandémie avant tout en fonction de leurs contextes nationaux et il n’existe pas de panacée universelle », a-t-il dit avant de critiquer le fonctionnement et la compétence de l’OMS dans la riposte au virus.  Décrivant l’assistance et les mesures d’assistance d’urgence fournies à 67 millions de Brésiliens vulnérables, le Ministre a loué le contribuable brésilien, « plus que tout autre bienfaiteur », pour un effort qui a coûté 8% du PIB, ainsi que son système de santé gratuit et l’assistance aux communautés autochtones.  Il a reconnu la valeur de la coopération internationale, en particulier par l’Accélérateur ACT et les six vaccins nationaux en cours d’élaboration au Brésil qui seront partagés avec d’autres pays.  Le Ministre a aussi souligné l’importance du partenariat pour la famille conclu par son pays avec les États-Unis, la Pologne et la Hongrie.  Il a enfin rappelé que les ennemis de la liberté « savent profiter des crises comme celles de la COVID-19 pour infliger des contrôles totalitaires à la population ». 

Mme AÏSSATA TALL SALL, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur du Sénégal, a d’entrée renouvelé l’appel de son pays en faveur de l’annulation de la dette des pays en développement, en particulier ceux africains.  Le Sénégal, a-t-elle poursuivi, a subi de plein fouet les effets de la pandémie qui a affecté tous les secteurs de la vie nationale.

Pour faire face et surmonter l’impact dévastateur de la COVID-19, le Sénégal a mis en place le Programme de résilience économique et sociale à hauteur de « 1 640 000 000 milliards » de dollars, soit 7% de son PIB.  Grâce à cette réaction vigoureuse du Gouvernement, une récente mission du Fonds monétaire international (FMI) a estimé que la contraction économique de 0,7% prévue en 2020, pourrait être évitée, permettant ainsi à la dynamique de croissance du Sénégal de se prolonger jusqu’en 2021.  Toutefois, a nuancé la Ministre, ces perspectives restent tributaires de l’évolution de la pandémie et de la conjoncture internationale.  La crise nous rappelle, de façon implacable, qu’il n’existe pas d’alternative crédible à la coopération internationale et au multilatéralisme, a insisté Mme Sall.

Mme KATRIN EGGENBERGER, Ministre des affaires étrangères, de la justice et de la culture du Liechtenstein, a estimé que, face à la crise engendrée par la COVID-19, la communauté internationale doit coordonner ses efforts et travailler ensemble pour être efficace.  Si des enseignements peuvent être tirés des réponses apportées jusqu’ici, il ressort que toutes les mesures ne sont pas révélées efficaces pour contenir la propagation du virus.  De plus, a relevé la Ministre, les restrictions aux droits et libertés fondamentaux ont parfois été excessives, tandis que la faim et la pauvreté, la violence sexiste et le racisme systémique ont augmenté.  Les fermetures d’écoles et l’isolement dans les établissements de soins ont privé de leurs droits les plus jeunes et les plus âgés.  La démocratie a également été menacée par les tendances autoritaires et les théories du complot, a-t-elle encore noté, tout en soulignant la capacité « percutante » des sociétés et des économies libres à innover.  Maintenant, a-t-elle poursuivi, nous devons fournir un accès égal et efficace aux vaccins, en tant que biens publics.  « Alors que la crise a entraîné de graves revers pour les objectifs du Programme 2030, nous devons mettre nos sociétés et nos économies en conformité avec notre promesse générationnelle de parvenir à un monde plus durable, égalitaire et pacifique. »  Nous avons besoin d’une nouvelle forme de coexistence durable entre l’humanité et la nature, comme le préconise l’approche « Un monde, une santé », et nous devons renforcer la confiance des citoyens dans leurs institutions de gouvernance, a-t-elle plaidé, jugeant que l’ONU doit montrer la voie vers un avenir meilleur.

M. SAMEH HASSAN SHOKRY SELIM, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a déclaré que la stratégie de lutte de son pays contre la pandémie était axée sur trois domaines distincts mais liés entre eux - sanitaire, économique et social. En coopération avec nos partenaires, nous avons lancé des initiatives nombreuses en phase avec le système des Nations Unies pour faire face à la COVID-19, a-t-il indiqué.  Les conséquences de cette pandémie touchent les économies les plus faibles et les plus pauvres, notamment en Afrique, d’où la nécessité de mobiliser les ressources et d’alléger la dette pour protéger les acquis réalisés ces dernières années dans la lutte contre la pauvreté, a plaidé M. Selim.  Il a souligné en conclusion la nécessité d’appuyer les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies.

M. DANIEL NGAMIJE, Ministre de la santé du Rwanda, a déclaré que le défi de la COVID-19, en mettant à l’épreuve les systèmes de santé, a aussi suscité des investissements dans ce secteur qui apportent d’énormes avantages économiques, comme au Rwanda, où un groupe de travail multisectoriel a mis en place des moyens de surveillance solides, des équipes de riposte rapide au niveau local et un suivi des cas à domicile.  Le Ministre a décrit le recours aux technologies numériques pour les campagnes de sensibilisation menées à l’aide de drones, le suivi GPS des transporteurs routiers et des patients par bracelets électroniques, ainsi que l’usage de robots dans les centres médicaux.  Le confinement total au début de l’épidémie, puis partiel dans des localités ciblées s’est accompagné de soins à domicile et de livraisons de médicaments pour les patients immobilisés.  Quant au coût des prises en charge, il a fait l’objet d’accords négociés avec les entreprises du secteur de la santé, y compris les assurances, pour assurer la couverture des patients sans ressources suffisantes.  M. Ngamije a ajouté que l’approche multisectorielle, l’engagement des communautés et le solide leadership en place au Rwanda permettront d’assurer les tests d’efficacité et l’administration à grande échelle des vaccins sur son territoire.

M. LINAS ANTANAS LINKEVIČIUS, Ministre des affaires étrangères de Lituanie, a estimé que l’impact mondial de la pandémie, bien que dévastateur, est également un rappel brutal de la nécessité d’un multilatéralisme efficace.  Alors que l’espoir de vaccins efficaces grandit, il faut assurer leur disponibilité à un prix abordable pour tous.  Il a également insisté sur le besoin d’informations fiables et fondées sur des faits.  En période de pandémie, la peur et l’incertitude donnent lieu à la désinformation et même aux théories du complot.  Les répercussions de la COVID-19 se feront sentir longtemps après que le virus sera contenu, a-t-il déploré.  Il faut en conséquence prendre des mesures pour que les systèmes de santé soient plus résilients et réactifs à l’avenir.  La sécurité sanitaire et la préparation aux situations d’urgence doivent devenir partie intégrante du développement durable, a-t-il insisté.  Il a souligné que la pandémie a obligé à adopter rapidement des solutions technologiques et a relevé qu’après cette crise, il va falloir développer davantage ces compétences.

Le Prince FAISAL BIN FARHAN AL-SAUD, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a souligné les retombées socioéconomiques majeures de la pandémie qui a surpris le monde entier.  Malgré les avancées technologiques, la pandémie a mis en lumière la fragilité de notre ordre mondial, a-t-il relevé.  C’est pourquoi, il a recommandé de laisser de côté les différences et d’agir de façon concertée pour travailler sur la voie de la stabilité économique, en développant une croissance économique durable permettant de se relever de la récession.  Il a souligné que le G20, dont le Royaume assure cette année la présidence, avait amendé son programme initial afin qu’il reflète les nouveaux faits sur le terrain.  C’est ainsi qu’une promesse de 500 millions de dollars a été faite, lors du Sommet extraordinaire de mars dernier, pour appuyer les efforts de lutte contre la pandémie et améliorer la préparation d’urgence.  Ce sommet, a-t-il rappelé, s’est également prononcé sur une série de mesures, dont une initiative de suspension de la dette des PMA.

M. MIKHAIL MURASHKO, Ministre de la santé de la Fédération de Russie, a déclaré que pour lutter contre le virus, il importe de donner la priorité au travail d’analyse pour lequel la Russie dispose d’une expérience unique.  Il a rappelé que la mise en œuvre d’un arsenal de dépistage précis avait évité une situation dramatique dans le pays.  Il s’est félicité que la Russie ait élaboré des traitements novateurs comme les deux vaccins Spoutnik V et Epina Corona, bientôt suivis par un troisième vaccin.  Fort de ce portefeuille de traitements, la Fédération de Russie est prête à collaborer avec d’autres pays dans le cadre de l’OMS dont elle a loué le travail de coordination, déplorant la politisation des commentaires qui accompagnent ses campagnes de vaccination internationales.  Le Ministre a aussi évoqué, outre l’aide aux États frappés par la COVID-19, l’importance du renforcement du travail médical avec l’OMS sur les maladies non transmissibles et aussi sur la tuberculose, qui contribuent à l’aggravation des risques pour les personnes atteintes de COVID-19.

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre des affaires européennes et internationales de l’Autriche, a mis en garde contre toute forme de « nationalisme vaccinal », préconisant au contraire un accès précoce, équitable et abordable aux vaccins pour tous.  Le Ministre s’est dit encouragé par des initiatives telles que l’Accélérateur ACT et son Mécanisme COVAX, auxquels son gouvernement a déjà promis 31 millions d’euros.  L’Autriche, a-t-il ajouté, a également promis 1 million d’euros au Fonds des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement, une contribution qui sera augmentée à un total de 2,1 millions d’euros.  Le Ministre a par ailleurs constaté que la pandémie était rapidement devenue une « infodémie », avec « une érosion générale de la confiance envers les experts, les gouvernements, la science et la technologie ».  Non seulement les conspirationnistes et les gens en marge du spectre politique sont méfiants, mais la pandémie a prouvé que la désinformation peut se propager plus rapidement que le virus et infecter la pensée, s’est alarmé le Ministre.  Il en a conclu que nous avons besoin de l’OMS en tant qu’autorité dirigeante et de coordination, ainsi que de plateformes de réseaux sociaux qui jouent leur rôle.  Le Ministre a, enfin, encouragé chacun à prendre ses responsabilités et à contribuer à la formulation d’une « réponse immunitaire à la désinformation ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte ses cinq résolutions annuelles sur la situation en Palestine et au Moyen-Orient et deux résolutions sur la culture de paix

Soixante-quinzième session,
34e & 35e séances, Matin & après-midi
AG/12292

L’Assemblée générale adopte ses cinq résolutions annuelles sur la situation en Palestine et au Moyen-Orient et deux résolutions sur la culture de paix

L’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, ses cinq résolutions annuelles sur la question de Palestine et la situation au Moyen-Orient, un processus qui, comme dans le passé, a été critiqué par Israël qui a estimé que ces textes, qui ont tous été mis aux voix, ne font pas la promotion de la paix.  L’Assemblée a aussi adopté deux résolutions sur la culture de paix. 

Par la résolution sur le « règlement pacifique de la question de Palestine », adoptée par 147 voix pour, 7 voix contre (Autriche, Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, Micronésie et Nauru) et 9 abstentions (Brésil, Cameroun, Guatemala, Honduras, Madagascar, Malawi, Palaos, Rwanda et Soudan du Sud), l’Assemblée générale souligne notamment qu’il est urgent de déployer collectivement des efforts pour engager des négociations crédibles sur toutes les questions relatives au statut final dans le processus de paix au Moyen-Orient sur la base des mandats de longue date et de paramètres clairs et selon le calendrier énoncé par le Quatuor dans sa déclaration du 21 septembre 2010.  Le texte demande une fois de plus aux parties de redoubler d’efforts, y compris par le biais de négociations constructives, avec l’appui de la communauté internationale, en vue de parvenir à un règlement juste, durable et global. 

En ce qui concerne « le Golan syrien », résolution adoptée par 88 voix pour, 9 voix contre (Australie, Brésil, Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, Micronésie, Palaos et Royaume-Uni) et 62 abstentions, l’Assemblée générale demande par ailleurs à Israël de relancer les volets syrien et libanais des pourparlers et exige une fois de plus qu’en application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, Israël se retire de tout le Golan syrien occupé jusqu’à la ligne du 4 juin 1967. 

Selon les termes d’un autre texte, adopté par 91 voix pour, 17 voix contre et 54 abstentions, l’Assemblée générale prie le « Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien » de continuer de tout mettre en œuvre pour promouvoir l’exercice effectif des droits inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination, de contribuer à mettre sans tarder un terme à l’occupation israélienne qui dure depuis 1967, à concrétiser la solution des deux États, sur la base des frontières d’avant 1967, et à parvenir à un règlement juste de toutes les questions relatives au statut final. 

Elle prie également, par 82 voix pour, 25 voix contre et 53 abstentions, la « Division des droits des Palestiniens du Secrétariat » de continuer de suivre les événements ayant un rapport avec la question de Palestine, et d’organiser des réunions et des activités au niveau international en vue d’appuyer le mandat du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. 

De même, l’Assemblée générale prie, par 172 voix pour, 8 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Hongrie, Israël, Îles Marshall, Micronésie et Nauru) et 11 abstentions, le Département de la communication globale de continuer à exécuter son Programme d’information spécial sur la question de Palestine pour 2021-2023, avec la souplesse voulue pour tenir compte des événements qui pourraient avoir une incidence sur la question de Palestine. 

Israël a estimé qu’au lieu de promouvoir la paix, ces résolutions renforcent des idées fausses au sujet du conflit ainsi que la position sans compromis des Palestiniens.  Ces textes pressent également Israël à renoncer à sa souveraineté sur « nos sites les plus saints », s’est indignée la délégation.  Les États-Unis ont regretté que l’Assemblée générale ait adopté un nombre disproportionné de résolutions « déséquilibrées » renforçant ainsi le « parti pris institutionnel » contre Israël. 

L’État de Palestine a toutefois estimé que « sans action, sans responsabilisation et sans conséquence réelle », Israël continuera de violer les droits du peuple palestinien et les résolutions de l’ONU et ses engagements internationaux.  Il faut utiliser tous les moyens disponibles, a exhorté la délégation, car c’est comme cela que toutes les formes de colonialisme ont été vaincues.  La Palestine ne fait pas exception, a-t-elle insisté. 

L’Assemblée générale a ensuite adopté sans mise aux voix la résolution sur la « suite donnée à la Déclaration et au Programme d’action en faveur d’une culture de paix » et, par 90 voix pour, zéro voix contre et 52 abstentions, un texte consacré à la « promotion du dialogue, de l’entente et de la coopération entre les religions et les cultures au service de la paix » qui engage notamment les États Membres à promouvoir l’inclusion et l’unité dans les mesures prises pour lutter contre la pandémie de COVID-19.  Par cette résolution, elle salue également l’initiative engagée en vue d’ouvrir le corridor de Kartarpur Sahib.

Avant la mise aux voix, l’Inde a demandé la suppression du paragraphe faisant référence audit corridor, citant l’altération de son caractère sikh et l’inquiétude de la communauté sikhe à ce sujet.

La délégation a également déploré que l’Assemblée « échoue encore » à reconnaître la montée de la haine et de la violence à l’égard du bouddhisme, de l’hindouisme et du sikhisme.  « La culture de la paix ne peut pas concerner que les religions abrahamiques », a fait valoir l’Inde selon laquelle le Pakistan aurait arbitrairement transféré le mois dernier la gestion du temple sikh sacré de Kartarpur Sahib Gurudwara à une autorité administrative non sikhe.

Le Pakistan a assuré avoir ouvert le corridor de Kartarpur Sahib à toutes les communautés sikhes du monde entier.  « C’est une initiative pacifique », a insisté la délégation qui, dans le cadre d’un droit de réponse, a accusé le « régime fasciste indien » d’avoir adopté une stratégie pour éradiquer certaines minorités religieuses notamment musulmanes et sikhes. 

L’Assemblée générale, qui a décidé de proroger ses travaux ainsi que ceux de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires jusqu’au 21 décembre 2020, se réunira demain jeudi 3 décembre, à partir de 9 heures, au cours d’une session extraordinaire consacrée à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19). 

QUESTION DE PALESTINE (A/75/35, A/75/195, A/75/310)

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a déploré qu’en dépit de l’adoption, ces sept dernières décennies par l’Assemblée générale, de nombreuses résolutions et décisions affirmant le droit des Palestiniens à être libres, « rien n’a changé » et on cherche à nier les droits historique et juridique du peuple palestinien.

Il a brossé la situation qui prévaut sur le terrain y compris les tentatives « constantes » d’obliger le peuple palestinien à accepter le statu quo en lui infligeant souffrance et humiliation.  Le moment est venu de choisir le camp de la justice et de respecter les droits historiques et juridiques du peuple palestinien, a affirmé M. Bozkir qui a souligné que la paix et la stabilité internationales ne se réaliseront pas sans la paix et la stabilité entre la Palestine et Israël.

Il a exhorté l’ONU à ne pas rester les bras croisés et à maintenir son attention sur la nécessité urgente de résoudre le conflit israélo-palestinien.  De manière collective, a-t-il indiqué, nous devons faire respecter le droit international, protéger les paramètres établis pour une paix durable et mettre en œuvre toutes les résolutions de l’ONU sur la question palestinienne.  Nous devons en outre soutenir les Palestiniens et Israël pour résoudre le conflit sur la base de la solution des deux États.  Pour cela, la communauté internationale doit s’armer de courage et de résilience, a encore encouragé le Président de l’Assemblée générale.

M. Bozkir s’est ensuite déclaré profondément préoccupé par l’acuité des problèmes financiers de l’UNRWA alors que les besoins des 5,6 millions de réfugiés palestiniens ne cessent d’augmenter en raison de la pandémie de COVID-19.  Il a prié les bailleurs de fonds de lui fournir un financement fiable et suffisant.

Intervenant en sa capacité de Vice-Présidente du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, la Namibie a déclaré que l’année 2020 avait infligé des difficultés sans précédent aux Palestiniens, aggravant notamment une situation économique déjà très grave.  Elle s’est également préoccupée du fait que le plan d’annexion d’Israël ait été suspendu et pas annulé.  Nous sommes à la croisée des chemins.  Il faut une mobilisation urgente et cohérente et des solutions pour sauver la solution des deux États, a-t-elle affirmé.  La délégation a ensuite présenté les projets de résolution A/75/L.32, A/75/L.33, A/75/L.34 et A/75/L.35, précisant qu’il s’agissait de prorogations techniques et qu’aucune modification de fonds n’avait été apportée aux textes.

L’Afghanistan, prenant la parole en tant que Rapporteur du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a présenté le dernier rapport du Comité (A/75/35), précisant notamment que celui-ci exhorte en particulier le Conseil de sécurité à mettre en œuvre ses résolutions pertinentes et à prendre des mesures contre les personnes et entités qui les violent, y compris par le moyen de sanctions.

Le Comité rappelle également et conformément aux résolutions 476 (1980) et 478 (1980) du Conseil de sécurité que toute décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et de transfert d’ambassades dans cette ville est « nulle et non avenue ».  Tous les États qui ont entrepris ces démarches sont appelés à y revenir, a souligné la délégation.

Le Comité souligne par ailleurs l’obligation des États et des entreprises à ne pas violer les droits du peuple palestinien, y compris dans les territoires palestiniens occupés.  Il est en outre préoccupé par la propagation de la COVID-19 dans les territoires palestiniens occupés et salue les mesures prises par les autorités palestiniennes pour contenir l’épidémie.  Le Comité appelle par ailleurs toutes les parties prenantes à soutenir et participer au financement de l’UNRWA.

L’État de Palestine a rappelé que 73 ans se sont écoulés depuis la décision de l’ONU de partition de la Palestine, qui continue d’avoir des effets incalculables sur les Palestiniens du fait du déni des droits élémentaires d’une population tout entière.  La délégation a appelé à réaliser la paix et la sécurité, qui sont essentielles pour la région également, en appuyant, sans équivoque, le droit des Palestiniens à vivre dans l’indépendance dans leur foyer, un droit inaliénable.  Elle s’est cependant dite fortement rassurée par les messages d’appui de tous les peuples et les nations du monde à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.  La paix finira par l’emporter, a-t-elle appuyé, tout en ajoutant que « les déclarations ne suffisent plus ».

La délégation a lancé un appel urgent à l’action.  Il est plus que temps que les États respectent leurs décisions prises au niveau international pour que l’on puisse enfin entrer dans une ère de paix faute de quoi, il est évident qu’Israël continuera à détruire les possibilités d’une paix durable.  La Palestine ne peut être l’exception, car les Palestiniens tiennent debout et n’accepteront jamais moins que leurs droits légitimes et leur liberté.  Le droit international est au centre du consensus international sur la Palestine, a-t-elle justifié.

La délégation a ajouté que sans action, sans responsabilisation et sans conséquence réelle, Israël continuera de violer les droits du peuple palestinien et les résolutions de l’ONU et ses engagements internationaux.  Il faut utiliser tous les moyens disponibles, a exhorté la délégation, car c’est comme cela que toutes les formes de colonialisme ont été vaincues.  La Palestine ne fait pas exception, a-t-elle insisté.  La solution des deux États a été conçue par la communauté internationale et les dirigeants palestiniens ont eu le courage de l’accepter, a poursuivi la délégation, dénonçant qu’Israël, la Puissance occupante, continue à fouler au pied toutes les résolutions.

Elle a exigé que cessent l’occupation illicite et les plans d’annexion israéliens.  Chaque jour qui passe, les colonies de peuplement s’élargissent et prospèrent sur les terres palestiniennes, a-t-elle décrié.  Israël persiste à construire un mur, à confisquer des terres, à violer les sites sacrés et le statu quo du Haram Al Sharif.  Et pendant ce temps, les Palestiniens sont transférés dans des camps ou des zones sans futur.  Les écoles et les maisons palestiniennes sont détruites tandis que des enfants, des hommes et des femmes continuent d’être tués, arrêtés, de subir des détentions administratives et de croupir dans des geôles israéliennes.  Israël impose ainsi un régime d’apartheid raciste, avec des contrôles de routine aux points de passage, ce qui fragmente le territoire palestinien en bantoustans.

Cela ressemble à de la purification ethnique, a accusé la délégation qui a constaté que les colons israéliens sont épaulés par l’armée israélienne dans leurs comportements agressifs contre les Palestiniens.  La délégation s’est également inquiétée de la situation dans la bande de Gaza, devenue une prison à ciel ouvert où deux millions de personnes sont obligées de dépendre de l’UNRWA.  Notant que l’Office connaît une crise financière sans précédent, la délégation a demandé la fin du blocus et de l’aide pour l’UNRWA pour qu’il puisse poursuivre son aide aux réfugiés.

Poursuivant, la délégation a souligné que l’aide et les « belles déclarations » ne suffiront jamais à résoudre le conflit, la seule solution étant de mettre fin à une situation « intenable », ce qui ne peut se faire que si la communauté internationale « rompt le cercle d’apaisement » autour des pratiques et exactions israéliennes, en mettant fin au « deux poids, deux mesures ».  L’absence de conséquences des violations du droit international commises par Israël ne fait qu’encourager plus de violations, a estimé la délégation qui a réclamé la cessation du traitement d’exception réservé à Israël « séance tenante ».  Il n’y a pas d’autres choix si nous voulons mettre fin à cette situation.  La lutte contre l’impunité est aussi une obligation juridique, a insisté la délégation.  Les résolutions de l’Assemblée générale sur le règlement pacifique de la question de Palestine, ainsi que la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, constituent un cadre du consensus international, qui ne s’est pas fissuré, en dépit des mesures punitives que continue d’infliger Israël, de même que l’administration Trump.

La délégation a exhorté à réactiver les perspectives de paix, notamment en appliquant la proposition du Président Abbas de convoquer une nouvelle conférence internationale.  Le Quatuor et toutes les parties prenantes aux niveaux régional et international peuvent jouer un rôle déterminant.  Elle a aussi demandé une assistance humanitaire continue des réfugiés palestiniens jusqu’à ce que soit appliqué leur droit au retour.  Les mécanismes juridiques internationaux, en particulier la Cour pénale internationale et la Cour internationale de Justice, peuvent également être saisis pour faire justice aux Palestiniens pour toutes les activités illégales depuis tant de décennies.

Elle a également exigé l’interdiction du transport, de l’acheminement et de la vente des produits et marchandises produits dans les territoires occupés.  Ce sera le signe d’un début de reddition de compte, la route vers une solution juste, a estimé la délégation.  Pour mettre fin au conflit israélo-arabe, la paix est la seule voie à suivre, à travers des négociations, n’excluant pas d’autres mesures garantissant une solution juste et globale.  La délégation a engagé tous les États à rejoindre les Palestiniens dans cette voie, celle du consensus international propice au dialogue.  Elle a rejeté dans ce contexte les critiques à l’endroit du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.

Nous voici encore une fois à débattre de la question de Palestine, a constaté la Libye qui a reproché au Conseil de sécurité de ne pas avoir réussi à faire cesser les violations des droits fondamentaux des Palestiniens.  Rappelant la résolution 2334 (2016) du Conseil qui demande à Israël de mettre fin à son occupation, la délégation a noté qu’Israël vient de publier un plan de construction de 5 000 logements supplémentaires, ce qui revient à empêcher la création d’un État palestinien viable.  De plus, les colons rendent la vie des Palestiniens impossible, tandis que toute la bande de Gaza subit un siège qui fait d’elle « une prison à ciel ouvert ».  La Libye a appelé à documenter toutes les exactions israéliennes, conformément au mandat du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.  La Puissance occupante utilise même la conjoncture dramatique de la pandémie de COVID-19 pour exercer davantage de pressions sur les Palestiniens et leurs représentants légitimes, a déploré la Libye, en appelant l’ONU à faire entendre raison à Israël.  Passant à l’occupation du Golan syrien, la délégation a appelé à refuser toute remise en question des droits de la Syrie sur ce territoire occupé par Israël.  Il est indispensable que l’ONU envisage des mesures pratiques pour la protection des civils, car les Israéliens abusent leurs droits de manière systématique et méthodique, a ajouté la Libye, assurant qu’en dépit de sa propre crise, elle restera solidaire des Palestiniens.

La Jordanie a réitéré son attachement au multilatéralisme et à la coopération internationale dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et des crises qui en découlent.  La délégation a souligné que le travail du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien permet à la question de Palestine de rester au cœur des préoccupations de la communauté internationale jusqu’à l’établissement d’un État palestinien indépendant, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Citant le Roi de Jordanie à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, la délégation a évoqué deux choix possibles: soit la reconnaissance de l’État de Palestine, soit la poursuite de l’occupation israélienne, avec la violence et l’instabilité qu’elle engendre.  La paix et la sécurité au Moyen-Orient sont « au bord du précipice » si Israël poursuit son occupation et ses pratiques illégales, notamment les colonies de peuplement illégales, les confiscations de terres, l’expulsion des Palestiniens de leur logement ou encore l’exploitation illégale de leurs ressources naturelles, a-t-il prévenu.  La délégation a renvoyé à la déclaration conjointe jordano-palestinienne du 29 novembre à Al Aqaba qui a réaffirmé la responsabilité jordanienne sur la ville de Jérusalem et ses lieux saints.  Aujourd’hui, l’UNRWA est confrontée à une crise aggravée par la COVID-19, a ajouté la délégation, en espérant que la conférence internationale de l’année prochaine sous son égide et celle de la Suède favorisera la poursuite de son mandat.

La Malaisie a continué de plaider en faveur d’une résolution de la question de Palestine fondée sur les paramètres établis et convenus au niveau international, en accord avec le droit international, la Charte des Nations Unies et les résolutions pertinentes.  « Nous continuerons à soutenir la quête légitime des droits inaliénables du peuple palestinien sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  »  La Malaisie reste également engagée à soutenir l’UNRWA, a poursuivi la délégation, appelant tous les États Membres à contribuer d’urgence à l’Office pour répondre aux besoins humanitaires et de développement de 5,7 millions de réfugiés palestiniens dans la région, en particulier pour lutter contre la pandémie.  Par ailleurs, la Malaisie a appelé Israël à mettre fin à son occupation des terres palestiniennes et retirer ses troupes du territoire palestinien occupé et des États arabes environnants.  « Israël doit cesser toutes ses activités de colonisation illégales, comme l’exige la résolution 2334 du Conseil de sécurité  », a martelé la délégation.  À cet égard, le délégation a pressé Israël de rétablir sa crédibilité et de revenir à la table des négociations avec la Palestine.  La seule voie viable, à ses yeux, est une solution négociée à deux États.  Dans ce contexte, la Malaisie soutient l’appel lancé par la communauté internationale, notamment par le Secrétaire général, pour que le Quatuor pour le Moyen-Orient trouve une voie mutuellement acceptable permettant aux parties de renouer avec un règlement pacifique négocié.

L’Inde a rappelé que le négociateur palestinien, Saeb Erekat, était attaché à la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.  La délégation a noté que l’ONU a été fondée il y a 75 ans et que le conflit palestinien est presque aussi ancien.  Pourtant, les aspirations du peuple palestinien à un État indépendant restent inaccomplies.  Les négociations de paix sont enlisées depuis 2014 et l’évolution de la situation sur le terrain n’est pas propice à leur reprise.  Toutefois, l’Inde a salué le retour des négociations entre Palestiniens et Israéliens et souhaité que cela puisse déboucher sur une solution à deux États.  L’Inde a appelé les parties à s’abstenir de mesures qui nuiraient à la reprise des négociations.  Ayant toujours soutenu la juste cause du peuple palestinien, le pays a, au fil des ans, investi dans le renforcement des capacités en ressources humaines des Palestiniens.  L’Inde fournit chaque année 250 bourses à des étudiants palestiniens et œuvre à solidifier les institutions, un investissement essentiel pour favoriser la création d’un État palestinien souverain.  Reconnaissant la grave crise de l’UNRWA, l’Inde a affirmé avoir multiplié par quatre, son appui ces dernières années et promis 10 millions de dollars dans les deux ans qui viennent.  Ce partenariat avec l’UNRWA est un investissement dans la paix et la stabilité dans la région, a-t-elle souligné.

Le Koweït a réitéré son attachement sans faille à la juste cause des Palestiniens visant l’autodétermination et la jouissance de tous leurs droits fondamentaux.  La pandémie de COVID-19 n’a fait qu’aggraver les souffrances des populations du Moyen-Orient, déjà aux prises avec des crises multiples au centre desquelles la question de Palestine, qui demeure vitale pour les nations arabes et musulmanes.  Le Koweït a déploré que le peuple palestinien subisse à la fois une occupation étrangère et les répercussions de la pandémie dans tous les secteurs de la vie.  Alors même que l’Autorité palestinienne s’efforce de prévenir la propagation du virus, tout en faisant face à un blocus et à une réduction de ses ressources financières, Israël en profite et persiste dans ses pratiques illégales, notamment en construisant de nouveaux logements dans les colonies de peuplement sur les terres palestiniennes occupées en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.  La délégation a déploré la violence perpétrée par des colons israéliens à l’encontre de Palestiniens, la confiscation des biens de nombreuses familles palestiniennes, qui n’ont nulle part où aller, le tout sans aucun établissement des responsabilités.  Il faut redoubler d’efforts pour mettre fin à ces souffrances inutiles avec la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières d’avant 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.  Pour ce faire, a estimé le Koweït, il est indispensable de reprendre les pourparlers sur la base d’un calendrier clair en vue d’un règlement juste et global de la question.

Du point de vue des Émirats arabes unis, la communauté internationale doit trouver de « nouveaux moyens  » de résoudre ce conflit, en réexaminant ceux du passé.  Les Émirats restent attachés à la cause palestinienne, qui fait partie de ses priorités internationales.  Pour cette raison, ils n’ont pas hésité à se rapprocher des initiatives « justes  » qui permettent de défendre les droits du peuple palestinien.  À titre d’exemple, les Émirats ont obtenu le gel des colonies dans les territoires palestiniens occupés, par le biais de la signature d’un accord de paix avec Israël.  Cet accord permet de répondre aux objectifs de la communauté internationale.  Par ailleurs, la position des Émirats arabes unis reste celle du Groupe arabe, à savoir une condamnation de l’extension des colonies israéliennes au-delà des frontières de 1967.

La Chine a déclaré que la communauté internationale n’a cessé de promouvoir une solution durable à la question palestinienne.  Elle a appuyé la juste cause des Palestiniens et regretté « l’enlisement » du processus de paix, ainsi que la recrudescence des tensions entre Palestiniens et Israéliens.  La délégation a plaidé pour la solution des deux États et appelé à sa mise en œuvre.  Les parties doivent s’engager dans des pourparlers de paix et s’abstenir de toute mesure susceptible d’alimenter le conflit.  La délégation a demandé que la question palestinienne ne soit pas marginalisée.  Elle doit être la priorité de la communauté internationale, a déclaré la Chine.  La délégation a ensuite appuyé l’initiative du Président Abbas visant à convoquer une conférence internationale l’année prochaine, avant de demander un soutien accru à l’UNRWA.  « Nous devons aider la Palestine à lutter contre la pandémie », a déclaré la délégation, en ajoutant que la Chine a fourni des équipements de protection personnelle.  Enfin, préoccupée par la recrudescence des tensions dans la région du Golfe, la délégation chinoise a appelé les pays concernés à œuvrer à leur apaisement.

Année après année, le débat au sein de cette instance ne parvient à aucune solution réaliste ni à aucun changement utile de la situation au Moyen-Orient, a amèrement constaté la délégation d’Israël.  Et si la solution définitive « nous échappe  », c’est parce que tout simplement, selon elle, les débats ignorent la réalité sur le terrain.  « Tous les ans, les États Membres répètent les mêmes mots d’ordre et votent en faveur de résolutions contre-productives », a-t-elle déploré, critiquant une « position d’opposition  » loin de toute recherche de règlement du conflit et voyant dans la multiplication de résolutions autant d’exemples de la manière dont le discours dans cette enceinte est « coupé de tout ce qui se produit hors de ces murs  ».

Israël a rappelé à cet égard, les négociations initiées en juillet 2000 sous l’administration Clinton pour parvenir à la paix entre les parties.  Des négociations balayées, selon la délégation, d’« un revers de la main » par le Président Yasser Arafat.  Bien plus, a-t-elle regretté, elles aient donné lieu à l’Intifada.  Et toutes les nouvelles tentatives visant à attirer les Palestiniens vers la cause de la paix ont échoué et attisé le terrorisme qui a propagé la terreur dans les collectivités israéliennes.  Il s’agit purement et simplement du rejet de la paix, a-t-elle dénoncé.

Elle a critiqué les diverses résolutions qui ne sont pas réalistes et n’ont pour but que d’accuser Israël et de prétendre que la « soi-disant question de la Palestine est le cœur même du conflit au Moyen-Orient ».  Elle a rappelé qu’en septembre dernier, Israël a signé avec les Émirats arabes unis et Bahreïn des accords de paix historique, suivi d’un accord de même nature avec le Soudan, déplorant que la résolution de cette année omette de les mentionner.  Cela prouve que l’ONU ne tient aucun compte des événements historiques qui changent le cours des choses et qui ont lieu dans la région.  Au lieu d’encourager les Palestiniens à voir comment ces accords sont porteurs de transformation dans la région et peuvent produire une paix avec Israël, la présente institution a voté pour des résolutions partiales, ce qui gâche l’occasion de relancer les négociations.  « Il est temps que cette institution reconnaisse que la démarche suivie jusqu’à présent pour le règlement de ce conflit a échoué », a martelé la délégation.

L’Égypte a observé que le rapport du Secrétaire général fait état d’une détérioration de la situation dans les territoires palestiniens occupés en raison des pratiques israéliennes, aujourd’hui aggravées par les répercussions de la pandémie de COVID-19.  Dénonçant la poursuite des destructions de biens palestiniens, de l’implantation de colonies en Cisjordanie occupée, des détentions de femmes et d’enfants et du siège de la bande de Gaza, la délégation a estimé que ces agissements entravent tout règlement de la question de Palestine.  Cette situation contredit le droit international et profite aux mouvements extrémistes qui sèment la violence et les idéologies dévastatrices, ce qui risque de prolonger le conflit durant des décennies.  L’Égypte a toujours considéré que la question de Palestine constitue le « point d’ancrage  » de la stabilité au Moyen-Orient.  Son règlement doit, selon elle, passer par la création d’un État palestinien indépendant, dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Dans ce contexte, la délégation s’est félicitée des efforts du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien visant à sensibiliser l’opinion publique internationale à la justesse de cette cause.  Nous entendons poursuivre nos efforts à l’échelle internationale en faveur de la question de Palestine, notamment en appuyant les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier le droit du peuple à disposer de lui-même, a-t-elle affirmé, se disant favorable à l’ensemble des projets de résolution présentés.

La Norvège a rendu hommage à Saeb Erekat, décédé en novembre dernier.  Elle a plaidé pour la solution des deux États, la seule viable afin de parvenir à une paix durable.  Elle a salué la reprise de la coopération entre Palestiniens et Israéliens et appelé à faire fond sur ce nouvel élan.  Les parties doivent reprendre leur dialogue en vue de régler les questions en suspens, a déclaré la Norvège, en leur apportant son aide.  La délégation a aussi salué le processus de normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan.  Elle a ensuite souligné la situation budgétaire critique de l’Autorité palestinienne et l’augmentation alarmante des cas de COVID-19 à Gaza.  L’UNRWA fait face à la plus grave situation budgétaire de son histoire mais continue néanmoins d’apporter une aide à des millions de Palestiniens, a déclaré la délégation, en appelant les donateurs à tenir leurs promesses.  Enfin, la Norvège s’est dite inquiète devant l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, y voyant un obstacle de taille à la solution des deux États.

La Turquie a déclaré que les souffrances du peuple palestinien ne font que s’aggraver chaque année, tandis que les pratiques israéliennes sapent tous les efforts de paix.  Dans ce contexte, il est « injuste » de demander aux Palestiniens de faire des concessions et d’accepter l’idée que les paramètres de base pour la création de l’État de Palestine ne sont plus d’actualité.  La solution des deux États est la seule manière de parvenir à une paix entre Israéliens et Palestiniens, a fait valoir la délégation, ajoutant que la reconnaissance de l’État de Palestine est un moyen d’y parvenir.  La Turquie s’est également alarmée de la situation à Gaza, où plus de la moitié de la population est sans emploi, soit le plus haut taux de chômage au monde.  Pour cette raison, la délégation a appelé à un soutien à l’UNRWA.  Elle a plaidé aussi pour une redynamisation des efforts de paix, en appuyant notamment la proposition du Président palestinien Abbas de convoquer une conférence internationale sur la paix au Moyen-Orient.

Le Qatar a estimé que les déclarations précédentes reflétaient l’appui massif à la cause palestinienne.  Le peuple palestinien a toujours bénéficié de ce soutien, mais la communauté internationale n’est jamais parvenue à le faire fructifier par une solution à deux États avec Jérusalem-Est comme capitale, ainsi qu’à mettre fin à l’occupation et à résoudre la question des réfugiés.  En faveur des résolutions adoptées annuellement, car elles se fondent sur le droit international, les coutumes du droit international et les droits humains, le Qatar a dénoncé les tentatives par Israël d’annexer les territoires palestiniens et de changer la composition démographique de Jérusalem, contrevenant au droit international.  Préoccupé par la dégradation économique dans la bande de Gaza, le Qatar poursuit son appui politique et humanitaire aux Palestiniens, via notamment des dons cumulés de 1 milliard de dollars au fonds pour le développement et au Comité pour la reconstruction de Gaza, accompagnés d’efforts financiers dirigés vers la scolarisation des enfants de Gaza.  Le Qatar a jugé le rôle de l’UNWRA « fondamental  » et « incontestable  ».

La délégation de Cuba a réitéré son opposition au « pacte du siècle  », élaboré par l’Administration américaine actuelle, qui n’envisage pas la création d’un État palestinien et ignore la solution des deux États historiquement soutenue par l’ONU, le Mouvement des pays non alignés, la Ligue des États arabes, l’Organisation de la coopération islamique (OIC) et d’autres acteurs internationaux.  Poursuivant, Cuba a condamné la décision des États-Unis de reconnaître le Golan syrien occupé comme territoire israélien, ce qui constitue une violation grave et flagrante de la Charte des Nations Unies, du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 497 (1981).  « Nous continuerons à soutenir la demande du Gouvernement de la République arabe syrienne de reconquérir le plateau du Golan  », a affirmé la délégation cubaine, appelant, une fois de plus, à un retrait total et inconditionnel d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés.  Il y a tout juste 24 heures, nous avons célébré la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, a-t-elle rappelé, avant de plaider pour le soutien du peuple palestinien par des « actes plutôt que par des paroles  ».  Soutenons sans réserve les actions qui permettront de lancer un processus politique de négociations dans lequel, a-t-elle conclu, les droits inaliénables du peuple palestinien seront garantis et une paix juste et durable sera réalisée pour tous les peuples de la région.

Le Maroc a critiqué les mesures unilatérales entreprises par Israël dans le territoire palestinien qui sapent la paix et exacerbent les tensions dans la région.  Il a appelé à préserver le statut particulier de Jérusalem en tant que ville de paix.  « C’est une des questions de la solution définitive  », a-t-il insisté avant de rappeler que le Roi Mohamed VI a signé en 2019 avec le pape François une déclaration sur le rôle de Jérusalem en tant que centre de dialogue entre les trois grandes religions monothéistes.  La délégation du Maroc a estimé que cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien doit être l’occasion pour la communauté internationale de renforcer chaque année les efforts en vue de trouver une solution pacifique à la préservation des droits légitimes du peuple palestinien.  Le Maroc a redit qu’il appuie l’avènement d’un État de Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale.

Les Maldives ont indiqué que la détérioration de la situation humanitaire dans le Territoire palestinien occupé souligne le rôle vital joué par l’UNRWA et appelé les États Membres à continuer d’appuyer cette agence.  Israël continue de priver les Palestiniens de toute dignité par le biais d’arrestations arbitraires, de discriminations ou encore de détentions administratives, y compris d’enfants.  Les Maldives appellent la communauté internationale à protéger et promouvoir les droits des plus vulnérables en Palestine, conformément au droit international.  La délégation a rappelé que plus de 140 pays ont reconnu l’État de Palestine, ajoutant que « la volonté de la communauté internationale est des plus claires ».  Le plan d’annexion d’Israël est la démonstration éclatante de son mépris pour la volonté de paix de la communauté internationale, ont déclaré les Maldives.  La délégation a estimé qu’Israël continue de défier le Conseil de sécurité, en ne se conformant pas à ses résolutions.  L’impunité avec laquelle les forces israéliennes agissent dans le Territoire palestinien occupé est une menace à un ordre international régi par des règles.  La délégation a estimé qu’il ne pourra y avoir de paix tant que le peuple palestinien sera opprimé.  « Nous ne pouvons en conséquence accepter une reconnaissance d’Israël qui ne s’accompagnerait pas de la restauration et de la reconnaissance universelles des droits du peuple palestinien, par la communauté internationale et par Israël. »

Le Japon a adressé ses condoléances à l’Autorité palestinienne à la suite du décès du négociateur Saeb Erekat le 10 novembre dernier.  Il a renouvelé son soutien aux aspirations du peuple palestinien à se doter d’un État et a encouragé les mesures visant à instaurer la confiance entre les parties.  Le Japon a également réitéré son soutien à la solution des deux États, dans lesquels Israéliens et Palestiniens vivraient côte à côte dans la paix et la sécurité.  Appelant les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à une solution négociée, la délégation a estimé que les mesures unilatérales qui peuvent préjuger du statut final ne sont pas acceptables.  Il y a quatre ans, a-t-elle rappelé, le Japon a voté en faveur de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité et, depuis lors, la situation n’a cessé de se détériorer.

La délégation a réaffirmé que les activités de peuplement, y compris à Jérusalem-Est, constituent une violation du droit international et a déploré profondément la poursuite de ces agissements ainsi que les démolitions de structures palestiniennes.  Tout en exhortant, à nouveau, Israël à cesser ces activités, elle a souligné que la violence reste également un risque majeur pour la paix et compromet tout règlement pacifique du conflit.  Dans ce contexte, elle a salué la décision de l’Autorité palestinienne de relancer la coopération avec Israël, y voyant un moyen de rétablir la confiance en vue de négociations futures.  Depuis des décennies, a-t-elle ajouté, le Japon s’emploie à aider les Palestiniens à parvenir au développement économique.  Il continuera à le faire, notamment par le biais de l’opération, « Couloirs pour la paix et la prospérité », qu’il a lancée, en 2006, et qui permet aux entreprises palestiniennes d’exporter leurs produits via la Jordanie.  La Conférence sur la coopération entre les pays d’Asie orientale, lancée en 2013, continue également, selon elle, d’être essentielle pour le développement de la Palestine.

Le Japon s’est par ailleurs dit préoccupé par la nette augmentation des cas de COVID-19 dans la bande de Gaza.  Il a assuré qu’il continuera à apporter des contributions volontaires à l’UNRWA afin d’atténuer les souffrances des réfugiés palestiniens.  Il lui a versé 13 millions de dollars cette année et a fourni, parallèlement, une aide bilatérale à l’Autorité palestinienne pour la construction d’écoles et l’appui aux camps de réfugiés.

La Tunisie a réaffirmé la nécessité d’un engagement de la communauté internationale en faveur de la cause palestinienne, notant dans les rapports du Secrétaire général une détérioration de la situation économique, sociale et humanitaire dans les territoires palestiniens y compris Jérusalem-Est.  De plus, la poursuite de la politique expansionniste israélienne accroît la souffrance du peuple palestinien dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

Louant les efforts des organisations internationales et du Comité des droits inaliénables du peuple palestinien pour aider les Palestiniens à recouvrer leurs droits sur leur territoire, la Tunisie a rappelé que la paix au Moyen-Orient passe par un retrait d’Israël des territoires occupés y compris du Golan, et a rappelé l’engagement du Président tunisien pour ces droits « imprescriptibles ».  La délégation a par ailleurs appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités vis-à-vis des Palestiniens et des occupations illégales de territoire, prévenant que négliger cette cause et la souffrance des Palestiniens contribuerait à une « grave déstabilisation de la région ».  « La paix doit être un choix stratégique, qui implique de mettre un terme à des siècles d’injustice », a dit sa délégation.  Elle a appelé à une conférence internationale regroupant toutes les parties prenantes et plaidé pour la protection des civils par les organisations internationales, la fin du « siège » des territoires palestiniens et une aide accrue en période de pandémie.  Soulignant le rôle vital de l’UNRWA, la Tunisie a demandé à la communauté internationale d’augmenter son aide humanitaire et a salué les récentes manifestations d’unité intrapalestinienne.

La délégation de Bahreïn a assuré de son attachement à la « cause palestinienne » et à la paix au Moyen-Orient, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.  Le Royaume de Bahreïn a, dans ce contexte, normalisé ses relations avec Israël dans l’intérêt de la région et celui du peuple frère de Palestine, a déclaré la délégation, appelant les Nations Unies à renforcer la dynamique de la paix, dans l’intérêt des peuples et de la cohabitation pacifique. 

Le Bangladesh a déclaré que, le mois dernier, le Gouvernement israélien a approuvé la construction de milliers de nouveaux logements dans les territoires palestiniens occupés, occasionnant ainsi des démolitions et expulsions supplémentaires et créant une concurrence pour l’accès aux ressources.  La communauté internationale doit tenir ses promesses et ne pas laisser des laissés-pour-compte, a souligné délégation, avant de faire part de son attachement à la cause palestinienne et à la souveraineté de la Syrie sur le Golan syrien occupé. 

L’Afrique du Sud a rappelé son soutien indéfectible au respect des droits inaliénables du peuple palestinien, notamment l’autodétermination et l’indépendance, et à l’avènement d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale.  Elle a demandé l’organisation d’une conférence de paix internationale visant à aider les parties sur toutes les questions en souffrance et à offrir les garanties attendues.  La délégation a fustigé la poursuite des colonies de peuplement par Israël avant de condamner la démolition récente d’un village dans la vallée du Jourdain.  Elle a appelé Israël à cesser toutes les démolitions dans le contexte de la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) .

Le Pakistan a déploré les décennies d’humiliation du peuple palestinien et la persistance d’une situation humanitaire difficile exacerbée par la pandémie de COVID-19.  « La tragédie palestinienne est celle de l’échec commun de la communauté internationale », a insisté la délégation avant d’appeler à cesser de saper la solution à deux États.  Elle s’est particulièrement inquiétée des difficultés financières de l’UNRWA qui apporte un soutien quotidien à cinq millions de réfugiés palestiniens.  Le seul règlement pacifique acceptable est celui qui réponde aux aspirations des Palestiniens dont l’établissement d’un État indépendant viable avec Jérusalem-Est comme capitale, a insisté la délégation. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (A/75/195, A/75/297)

La République arabe syrienne a appelé à exiger d’Israël, Puissance occupante, qu’elle se retire du Golan syrien occupé.  L’Assemblée générale doit rappeler que toutes mesures prises par Israël pour faire appliquer son droit et ses lois sur le Golan sont nulles et non avenues et sans effet juridique, a-t-elle affirmé.

Soulignant que le Golan syrien occupé et son annexion de facto sont un obstacle à une paix juste, durable et définitive dans la région, la Syrie a notamment dénoncé l’incapacité à faire appliquer les résolutions visant à mettre fin à l’occupation, alertant que cela ne fait qu’exacerber les obstacles à la paix dans la région.  La délégation a également décrié la reconnaissance par le Gouvernement américain de Jérusalem comme capitale d’Israël, « la Puissance occupante ».  « Cela revient à appuyer l’élargissement des colonies et à les considérer comme un fait accompli », a-t-elle déploré.  Il s’agit de décisions unilatérales sans fondement politique, juridique ou moral pour dicter les destinées des peuples et décider du sort de territoires qui ne lui appartiennent pas: ce sont des territoires qui font partie de la Syrie ou de la Palestine. 

Il est honteux, a poursuivi la délégation, que 100 ans après le crime de la déclaration de Balfour que les États-Unis reproduisent à présent ce crime à Jérusalem-Est et dans le Golan, au lieu de faire progresser une paix juste au Moyen-Orient.  Elle a regretté que l’actuelle Administration américaine, « qui vit ses derniers jours », ait renié ses engagements passés avant d’exiger que l’ONU prenne des mesures immédiates pour mettre fin à l’occupation israéliennes des territoires arabes occupés.  La Syrie a le droit souverain sur le territoire du Golan dans les limites de 1947, et cela n’est pas sujet à discussion, ni à négociation! s’est-elle exclamée.

QUESTION DE PALESTINE

Explications de vote avant le vote

L’Argentine a dit qu’elle était préoccupée par les activités de colonisation israéliennes qui doivent cesser car elles vont à l’encontre du droit international, entravent la paix et affaiblissent les perspectives de la solution des deux États tout en provoquant un statu quo insoutenable.  Elle a ajouté que les dirigeants palestiniens doivent répondre sérieusement aux préoccupations sécuritaires d’Israël.  Le statut final de Jérusalem devrait être déterminé par les parties lors des négociations bilatérales, a estimé l’Argentine qui a terminé en soutenant des négociations le plus tôt possible visant à mettre fin à l’occupation du Golan syrien par Israël.

Israël a estimé que ces résolutions ne font pas la promotion de la paix mais renforcent au contraire des idées fausses au sujet du conflit ainsi que la position sans compromis des Palestiniens.  Ces textes les convainquent qu’il n’est pas nécessaire de négocier parce que l’ONU se battra pour eux.  C’est également contraindre Israël à renoncer à sa souveraineté sur « nos sites les plus saints ».  De telles mesures vont à l’encontre de notre État et de sa juridiction et cela, « nous ne pouvons jamais l’accepter ». 

Les États-Unis ont affirmé vouloir continuer de prendre des mesures actives pour la paix et la stabilité au Proche-Orient.  Comme le démontre le soutien américain apporté aux Accords d’Abraham, conclus par Israël avec les Émirats arabes unis d’une part, avec Bahreïn d’autre part, nous voulons garantir la prospérité dans la région, a indiqué la délégation.  Elle s’est toutefois déclarée « déçue mais pas surprise » que l’Assemblée générale ait adopté un nombre disproportionné de résolutions « déséquilibrées » renforçant le parti pris institutionnel contre Israël.  Cela sape la confiance et ne permet pas de créer un contexte international propice à la paix, a-t-elle souligné, jugeant que ces textes recyclent des discours anciens et hypothèquent l’impartialité des Nations Unies.  Il est troublant, selon elle, que l’ONU et les institutions internationales soient utilisées contre Israël de manière injuste.  De plus, ces projets de résolution ne disent rien sur les attaques terroristes perpétrées par le Hamas contre Israël.  C’est pourquoi la délégation votera contre ces projets de texte partiaux qui nous éloignent de véritables progrès et encourage les autres États Membres à faire de même. 

Adoption des résolutions L.32 à L.35

Selon les termes de la résolution « Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien » (A/75/L.32), adopté par 91 voix pour, 17 voix contre et 54 abstentions, l’Assemblée générale prie ledit Comité de continuer de tout mettre en œuvre pour promouvoir l’exercice effectif des droits inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination, de contribuer à mettre sans tarder un terme à l’occupation israélienne qui dure depuis 1967, à concrétiser la solution des deux États, sur la base des frontières d’avant 1967, et à parvenir à un règlement juste de toutes les questions relatives au statut final, et de mobiliser l’aide et le soutien de la communauté internationale en faveur du peuple palestinien. 

Elle prie en outre le Comité de continuer d’apporter son concours et son soutien aux organisations de la société civile palestinienne et de faire participer d’autres organisations de ce type et des parlementaires à ses travaux.  Elle invite tous les gouvernements et toutes les organisations à apporter leur concours et leur soutien au Comité dans l’exécution de ses tâches.

Selon les termes de la résolution « Division des droits des Palestiniens du Secrétariat » (A/75/L.33), adopté par 82 voix pour, 25 voix contre et 53 abstentions, l’Assemblée générale prie la Division de continuer de suivre les événements ayant un rapport avec la question de Palestine, et d’organiser des réunions et des activités au niveau international en vue d’appuyer le mandat du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. 

Elle prie également la Division de continuer à organiser tous les ans, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le 29 novembre, une exposition sur les droits des Palestiniens ou une manifestation culturelle, sous la direction du Comité et en coopération avec la Mission permanente d’observation de l’État de Palestine. 

Par la résolution « Règlement pacifique de la question de Palestine » (A/75/L.34), adopté par 147 voix pour, 7 voix contre (Autriche, Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, Micronésie et Nauru) et 9 abstentions (Brésil, Cameroun, Guatemala, Honduras, Madagascar, Malawi, Palaos, Rwanda et Soudan du Sud), l’Assemblée générale souligne qu’il est urgent de déployer collectivement des efforts pour engager des négociations crédibles sur toutes les questions relatives au statut final dans le processus de paix au Moyen-Orient sur la base des mandats de longue date et de paramètres clairs et selon le calendrier énoncé par le Quatuor dans sa déclaration du 21 septembre 2010.  Le texte demande une fois de plus aux parties de redoubler d’efforts, y compris par le biais de négociations constructives, avec l’appui de la communauté internationale, en vue de parvenir à un règlement juste, durable et global. 

Par ce texte, l’Assemblée générale demande qu’une conférence internationale soit organisée à Moscou en temps voulu, comme l’a envisagé le Conseil de sécurité dans sa résolution 1850 (2008), en vue de promouvoir et d’accélérer la conclusion d’un règlement de paix juste, durable et global. 

Elle demande aux deux parties d’agir de façon responsable dans le respect du droit international et de leurs précédents accords et obligations, tant dans leurs politiques que dans leur action, afin d’inverser d’urgence, avec l’appui du Quatuor et d’autres parties intéressées, les tendances négatives, y compris toutes les mesures prises sur le terrain qui contreviennent au droit international, et de mettre en place les conditions nécessaires à la création d’un horizon politique crédible et à la promotion des efforts de paix. 

Le texte demande notamment à Israël, Puissance occupante, de s’acquitter rigoureusement des obligations qui lui incombent en vertu du droit international et de rapporter toutes les mesures contraires au droit international, y compris toutes les activités unilatérales menées dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, qui visent à modifier la nature, le statut et la composition démographique du Territoire et qui préjugent de l’issue finale des négociations de paix.

Le texte souligne qu’il importe, en particulier, de mettre immédiatement fin à toutes les activités d’implantation de colonies de peuplement, à la confiscation de terres et aux démolitions de maisons, de rechercher des mesures visant à assurer la responsabilité, de libérer les prisonniers et de mettre fin aux arrestations et aux détentions arbitraires.  Il souligne également qu’il faut respecter et préserver l’unité, la continuité et l’intégrité de tout le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. 

Par ce texte, l’Assemblée générale demande qu’Israël se retire du territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est; que les droits inaliénables du peuple palestinien, au premier rang desquels viennent le droit à l’autodétermination et le droit de créer un État indépendant, soient réalisés; et que soit apportée une solution juste au problème des réfugiés de Palestine conformément à sa résolution 194 (III) du 11 décembre 1948. 

Par la résolution « Programme d’information spécial sur la question de Palestine du Département de la communication globale du Secrétariat » (A/75/L.35), adopté par 172 voix pour, 8 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Hongrie, Israël, Îles Marshall, Micronésie et Nauru) et 11 abstentions, l’Assemblée générale prie le Département, agissant en coopération et coordination étroites avec le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, de continuer à exécuter son programme d’information spécial pour 2021-2023, avec la souplesse voulue pour tenir compte des événements qui pourraient avoir une incidence sur la question de Palestine. 

Explications de vote après le vote

La Hongrie a indiqué être en faveur d’une approche constructive quant à ses relations avec Israël.  Elle a ainsi été le premier pays européen à saluer la normalisation historique entre Israël et plusieurs États arabes.  Ce processus bénéficie à tous et nous en sommes ravis, a-t-elle affirmé, souhaitant que cette même approche soit adoptée dans les efforts déployés sur le plan multilatéral.  La Hongrie est prête à prendre sa part dans ces efforts mais elle fait part de ses réserves lorsqu’elle constate que l’approche choisie est déséquilibrée.  Pour la délégation, les efforts internationaux devraient se concentrer sur la coopération avec le Moyen-Orient et les pays d’Afrique du Nord plutôt que de favoriser une approche unilatérale et partiale qui sape nos travaux à l’ONU.  À cette aune, la Hongrie appuie les résolutions sur le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, sur la Division des droits des Palestiniens du Secrétariat et sur le Programme d’information spécial sur la question de Palestine du Département de la communication globale du Secrétariat. 

L’Union européenne, par la voix de l’Allemagne, a précisé que le terme « gouvernement palestinien » inscrit dans les résolutions fait référence à l’Autorité palestinienne.  Elle a ajouté que les termes utilisés dans les résolutions peuvent être interprétés comme une reconnaissance de l’État de Palestine sans préjudice des positions individuelles des États Membres et de l’adhésion de ces États aux traités mentionnés dans les résolutions. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Adoption de la résolution L.29

Par la résolution sur « Le Golan syrien » (A/75/L.29) présenté par l’Égypte et adopté par 88 voix pour, 9 contre (Australie, Brésil, Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, Micronésie, Palaos et Royaume-Uni) et 62 abstentions, l’Assemblée générale déclare que la décision du 14 décembre 1981, par laquelle Israël a imposé ses lois, sa juridiction et son administration au Golan syrien occupé, est nulle et non avenue et sans validité aucune, comme le Conseil de sécurité l’a confirmé dans sa résolution 497(1981), et demande à Israël de la rapporter.

Elle demande à Israël de relancer les volets syrien et libanais des pourparlers et de respecter les garanties et engagements précédemment souscrits.  Elle exige une fois de plus qu’en application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, Israël se retire de tout le Golan syrien occupé jusqu’à la ligne du 4 juin 1967.  

Explications de vote après le vote

L’Argentine a dit qu’elle était préoccupée par les activités de colonisation israéliennes qui doivent cesser car elles vont à l’encontre du droit international, entravent la paix et affaiblissent les perspectives de la solution des deux États tout en provoquant un statu quo insoutenable.  Elle a ajouté que les dirigeants palestiniens doivent répondre sérieusement aux préoccupations sécuritaires d’Israël.  Le statut final de Jérusalem devrait être déterminé par les parties lors des négociations bilatérales, a estimé la délégation qui a ensuite appelé à la reprise des négociations le plus tôt possible pour mettre fin à l’occupation du Golan syrien par Israël.

La République de Moldova a pris la parole pour dire s’être abstenue au cours du vote.

Pour la République islamique d’Iran, les États Membres ont exprimé leur soutien à la cause du peuple palestinien, demandant au « régime occupant » de répondre des crimes qu’il commet à l’encontre des femmes et des enfants palestiniens en particulier. La question palestinienne reste la crise la plus longue à laquelle nous sommes confrontés et après plus de 70 ans, ce régime continue de violer la dignité et les droits fondamentaux du peuple palestinien et d’autres arabes vivant sous occupation.

La délégation iranienne a également pointé Israël pour dénoncer le récent assassinat « lâche » d’un scientifique iranien, le qualifiant de terrorisme d’État. Un tel acte doit être rejeté et condamné par la communauté internationale, a-t-elle affirmé, soulignant que l’Iran se réserve le droit de défendre sa population et ses intérêts.

L’État de Palestine a remercié les délégations pour leur soutien, soulignant que l’élément central de tous les textes adoptés ce jour est la recherche d’un règlement pacifique à la question palestinienne et la cessation de l’occupation israélienne.  La délégation a expliqué qu’il existe toujours un consensus fort sur les axes d’une solution à la question palestinienne.  Elle a ensuite entendu répondre aux « remarques offensantes » faites par Israël qui a parlé de la « soi-disant » question palestinienne, alors que celle-ci est à l’ordre du jour de la communauté internationale depuis des décennies.  Elle a accusé Israël de vouloir détruire le peuple palestinien et de fouler aux pieds le droit international.  Il est temps qu’Israël rende des comptes, a-t-elle dit.  Enfin, la délégation a affirmé qu’aucune partie n’a fait montre d’une plus grande volonté de compromis que la Palestine et réclamé une action résolue pour mettre fin à ce conflit une bonne fois pour toutes.

CULTURE DE PAIX (A/75/233)  

Le Maroc s’est dit convaincu que le renforcement du multilatéralisme est l’outil indispensable pour renforcer la culture de la paix.  La délégation a dit que le Maroc avait une forte tradition de rencontre et de brassage de différentes cultures et religions.  Illustrant son propos, elle a indiqué que les lieux de pèlerinage judaïques sont légions dans toutes les parties du Maroc.  Elle a également estimé que la visite historique du pape François au Maroc les 30 et 31 mars 2019 à l’invitation du Roi du Maroc était une démonstration éloquente du rôle que joue le Maroc dans la compréhension interculturelle.

Elle a salué les initiatives de l’UNESCO dans la promotion du dialogue interculturel et la contribution qu’elle apporte au dialogue interreligieux, ainsi que les activités qu’elle mène en faveur d’une culture de paix et de non-violence.  Elle a aussi salué la contribution de l’Alliance des civilisations dans ces domaines.  La délégation a ensuite parlé des efforts déployés par le Maroc pour promouvoir l’histoire et la culture juive du Maroc dans les cours des écoles primaires.  Le Maroc a également initié de nombreux plans visant à promouvoir une culture de la paix, notamment le Plan d’action de Rabat sur l’interdiction de l’appel à la haine nationale, raciale ou religieuse et celui de Fès visant à lutter contre les incitations à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence. 

L’Inde a assuré que son pays a toujours cherché à renforcer la culture de compréhension, de tolérance et de respect des religions, des cultures et des droits de l'homme, héritée du Mahatma Gandhi.  De plus, l’Inde n’est pas seulement le pays de naissance de l’hindouisme, du bouddhisme, du jaïnisme et du sikhisme, mais aussi une terre d’enseignement de l’islam, du christianisme, du judaïsme et du zoroastrisme.  Sur ces terres, la tradition du soufisme a également pris racine, a expliqué la délégation.  Aujourd’hui, toute personne pratiquant une de ces religions majeures peut trouver sa place en Inde, qui, depuis des millénaires, est une terre d’accueil pour toutes les personnes persécutées.  L’Inde a appuyé le projet de résolution présenté par le Bangladesh.  Elle a réaffirmé la ferme condamnation de l’antisémitisme, de l’islamophobie et de l’antichristianisme.  Toutefois, a déploré la délégation, l’Assemblée échoue encore à reconnaître la montée de la haine et de la violence à l’égard du bouddhisme, de l’hindouisme et du sikhisme.  « Pourquoi une telle sélectivité », s’est-il interrogé, faisant référence à la destruction des bouddhas de Bamyan, de temples hindouistes et bouddhistes et au « nettoyage » visant ces minorités religieuses dans certains pays.  Or, l’hindouisme compte 1,2 milliard d’adeptes, contre 535 millions pour le bouddhisme et 30 millions de sikhs.  Il est temps que les attaques contre ces religions soient ajoutées à la liste sur laquelle figure les trois religions abrahamiques dans la résolution.  « La culture de la paix ne peut pas concerner que les religions abrahamiques », a fait valoir la délégation.  L’Inde a ensuite accusé le Pakistan d’avoir violé la résolution sur la culture de la paix adoptée l’an dernier par l’Assemblée générale.  Selon elle, le Pakistan a arbitrairement transféré le mois dernier la gestion du temple sikh sacré de Kartarpur Sahib Gurudwara à une autorité administrative non sikhe, allant ainsi à l’encontre de la religion Sikh.

L’Azerbaïdjan s’est félicité que l’Assemblée générale ait adopté un nombre croissant de résolutions au titre du point relatif à la « culture de paix » avec la majorité écrasante des États Membres, ce qui témoigne, selon lui, de la primauté et de l’urgence accordées par la communauté internationale à ce sujet. 

De l’avis de la délégation, il est essentiel que l’ONU continue de mobiliser le monde contre la haine, notamment en mettant en œuvre les engagements contenus dans la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies contre les discours de haine.  Il importe aussi de lutter contre les attaques délibérées contre les biens culturels pendant les conflits, ainsi que contre la destruction et la profanation de patrimoines culturels et de sites religieux en tant que méthode de guerre et moyen de colonisation.  Des mesures plus résolues et ciblées sont nécessaires pour mettre fin à l’impunité pour de telles infractions, qui peuvent être constitutives de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, a-t-elle plaidé, estimant que le Plan d’action des Nations Unies pour la sauvegarde des sites religieux offre une approche multidimensionnelle pour prévenir ces agressions et y répondre. 

La délégation a fait remarquer que, parmi les initiatives proposées et mises en œuvre par son pays, le processus de Bakou s’est révélé être l’une des principales plateformes internationales pour favoriser le dialogue et la diversité culturelle.  Elle s’est également réjouie de la reconnaissance internationale croissante du Forum mondial sur le dialogue interculturel, dont le rôle est également souligné dans le Plan d’action des Nations Unies pour la sauvegarde des sites religieux.  Le dialogue interculturel et interreligieux aux niveaux national et international a été et doit rester l’une des voies importantes dans le cadre des objectifs plus larges de maintien de la paix, de consolidation de la paix, de réconciliation, de reconstruction et de réintégration, a ajouté l’Azerbaïdjan, appelant à cette fin à une coopération renforcée avec toutes les parties prenantes.

En temps de crise, la condition humaine et les valeurs communes doivent être une source d’unité et non de division, a affirmé le Guatemala qui accorde une grande importance à la culture de la paix, en tant que bien le plus précieux de l’humanité.  La crise de la COVID-19 a mis en évidence l’interdépendance entre les pays et la nécessité de renforcer la coopération pour faire face au fléau auquel nous sommes tous confrontés.  La délégation a indiqué appuyer le rôle des Nations Unies dans la prévention des conflits et les investissements consentis dans le domaine de développement durable.  C’est la raison pour laquelle, elle a appelé à redoubler d’efforts pour renforcer les structures de consolidation de la paix et le concept de paix durable.

El Salvador a déclaré que la recherche de la paix est un processus constant qui connaît aujourd’hui des écueils dus, entre autres, à la pandémie de COVID- 19.  D’où l’importance pour la communauté internationale de respecter les engagements pris depuis plus de 20 ans dans le cadre de la promotion par l’ONU d’une culture mondiale de la paix.  La délégation s’est félicitée du soutien consenti au fil des ans à ces résolutions appelant à un rejet de la violence et à un dialogue entre les cultures pour le bien des générations futures.  El Salvador a souligné les efforts internes de son pays destinés à promouvoir le rôle des jeunes dans la préservation de la paix en accroissant leur éducation et leur participation à la société, par les arts et les sports aussi.  Malgré ces initiatives, la pandémie a exacerbé les inégalités existantes et eu des conséquences sociales et économiques profondes qui risquent d’intensifier la violence.  En conclusion, El Salvador a lancé un appel à tous les pays pour la mise en œuvre du programme 2030.

Face à la gravité et à la complexité des enjeux actuels, a déclaré l’Égypte, la communauté internationale doit faire front, d’autant plus que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les menaces.  Ainsi, la radicalisation dans certaines couches de la société, la haine religieuse et les stéréotypes religieux doivent être combattus, a dit la délégation.  « Parfois l’on favorise la haine de certaines religions sous couvert de liberté d’expression, de même que l’on prend prétexte de la lutte contre le terrorisme pour stigmatiser certaines religions », a fait remarquer la délégation.  Face à ces logiques, l’Égypte a plaidé pour une approche globale favorisant l’acceptation des autres et le dialogue.  Pour ces raisons, la délégation a salué les initiatives déployées par l’ONU visant à favoriser la paix et le dialogue interreligieux.

L’Arabie saoudite a souligné que la doctrine de tolérance, de promotion de la paix et de dialogue entre les cultures est profondément inscrite dans l’Islam, qui comprend que la diversité est une caractéristique inhérente aux sociétés.  Elle a ajouté que le point à l’ordre du jour convoque à lui seul tous les principes de la Charte des Nations Unis auxquels l’Arabie saoudite souscrit par son attention au pluralisme et à la diplomatie.  Le pays fait aussi preuve de respect dans ses relations avec les autres États, sans ingérence dans leurs affaires intérieures, ainsi qu’en adhérant aux trois piliers: développement durable; paix et sécurité; droits de l’homme. La délégation a décrit les initiatives saoudiennes comme le Centre international pour le dialogue interculturel établi à Vienne pour promouvoir l’entente entre les religions, ou le Centre contre les idéologies extrémistes créé avec d’autres organisations qui marque la volonté de l’Arabie saoudite de s’ériger en pilier de la tolérance et de la modération.  Elle a aussi mentionné son centre antiterroriste et appelé la communauté internationale à promouvoir des politiques intégrées contre l’extrémisme par l’éducation et les médias afin de prévenir les conflits, accroître le bien-être des populations et l’émancipation des femmes.  L’Arabie saoudite a annoncé de surcroît le dépôt d’un prochain projet de résolution conjoint avec le Pakistan et l’Égypte pour la promotion de la paix et la protection des lieux saints et de leur caractère identitaire.

L’Algérie a réaffirmé son attachement à la culture de paix, pilier des Nations Unies consacré dans la Charte de l’Organisation.  Elle a estimé que la Déclaration et le Programme d’action pour une culture de paix sont des jalons fondamentaux, car ils supposent de consentir des efforts en faveur de la coopération internationale, de la compréhension et du dialogue, des principes d’autant plus importants lorsque le monde fait face à une crise telle que celle engendrée par la COVID-19.  Pour la délégation, cette pandémie a montré l’importance de mobiliser la communauté internationale pour garantir la coexistence pacifique et avancer dans la réalisation des objectifs de développement durable.  En effet, a-t-elle fait valoir, il ne saurait y avoir de développement durable sans paix et de paix sans développement durable.  Une action concrète doit être engagée pour faire de la culture de paix une réalité en luttant contre la colonisation, l’extrémisme violente et la pauvreté et en faveur de l’éducation, de l’état de droit et de la bonne gouvernance.  L’Algérie, qui a toujours été une défenseure acharnée de cette notion, s’emploie à promouvoir le vivre-ensemble et à renforcer le respect mutuel sans discriminations sur des bases linguistiques, sexuelles ou religieuses.  Au niveau national, a-t-elle précisé, le Gouvernement algérien a mis en place une politique de réconciliation et travaille de concert avec la société civile pour créer une société ouverte et tolérante.  Le pays a également adopté une loi contre les discours de haine, contraires aux principes de l’islam, et prévoit de lancer une stratégie nationale de prévention de ces manifestations haineuses par le biais de l’éducation, de la sensibilisation et de la promotion d’une culture des droits de l’homme.

Adoption de la résolution L.28

L’Assemblée générale a adopté sans mise aux voix la résolution sur la « Suite donnée à la Déclaration et au Programme d’action en faveur d’une culture de paix » (A/75/L.28), par laquelle elle invite les États Membres à continuer de privilégier et de multiplier les activités visant à promouvoir une culture de paix aux échelons national, régional et international, et à veiller à ce que la paix et la non-violence soient encouragées à tous les niveaux. 

Elle encourage les États Membres, les entités des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales et les acteurs intéressés à envisager de créer des dispositifs permettant d’amener les jeunes à devenir des artisans d’une culture de paix, de tolérance et de dialogue interculturel et interreligieux et à faire comprendre, selon qu’il convient, les notions de respect de la dignité humaine, de pluralisme et de diversité.

De même, elle exhorte les autorités compétentes à dispenser aux enfants, dans les écoles, une éducation adaptée à chaque âge qui favorise une culture de paix et de non‑violence en accordant notamment une place à la compréhension de l’autre, au respect, à la tolérance, à la citoyenneté mondiale active et aux droits de l’homme.

Par ailleurs, l’Assemblée générale prie à nouveau sa présidence d’envisager d’organiser un forum de haut niveau sur la mise en œuvre du Programme d’action, lequel se tiendrait à l’occasion de l’anniversaire de son adoption, le ou vers le 13 septembre.

Explications de vote avant le vote

L’Inde a indiqué que sa relation bilatérale avec le Pakistan n’a fait que se détériorer récemment.  Elle a demandé la suppression du paragraphe 10 du dispositif de la résolution L.36/Rev.1 et la référence faite au corridor de Kartarpur Sahib, citant l’altération du caractère sikh dudit corridor et l’inquiétude de la communauté sikhe à ce sujet.  Le Pakistan a violé la résolution adoptée l’an dernier sur ce sujet, a déclaré la délégation, en demandant une nouvelle fois la suppression de ce paragraphe.  Elle a également mis en garde contre une instrumentalisation des résolutions de l’Assemblée générale sur des sujets qui relèvent de questions bilatérales.  Si notre proposition n’est pas acceptée, alors nous n’aurons pas d’autre choix que de nous abstenir, a conclu l’Inde.

Le Brésil a déclaré que le dialogue interculturel fait partie de l’identité de la nation brésilienne, qui est un creuset de cultures et de civilisations très diverses.  Toute initiative visant à promouvoir ce dialogue aura le soutien du Brésil, a déclaré la délégation.  Elle a néanmoins jugé problématique toute restriction apportée à la liberté d’expression, avant d’affirmer que les victimes ne peuvent être tenues responsables de leurs propres souffrances.  Enfin, la délégation a invité l’Assemblée à promouvoir le dialogue interculturel sur la base de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des autres textes fondamentaux.

L’Union européenne (UE), par la voix de l’Allemagne, a émis des inquiétudes concernant les dispositions de fond du texte, regrettant que, par de nombreux endroits, il s’efforce de dénaturer les dispositions de deux autres projets de résolution d’ores et déjà adoptés au sein de la Troisième Commission et qui seront bientôt examinés par l’Assemblée générale.  Il s’agit des textes sur la liberté de religion et de croyance et sur la tolérance, la stigmatisation, les stéréotypes, la discrimination, et l’incitation à la violence.  Pour l’UE qui compte s’abstenir lors du vote, il n’est pas nécessaire d’aborder certaines questions dans ce projet de résolution.  Certaines mentions peuvent en effet prêter à confusion a poursuivi l’Allemagne, citant à titre d’exemple la liberté d’expression concernant la religion.  De plus, l’UE a regretté que le processus ayant abouti à ce projet de résolution ait été mené « tambour battant » et le manque de volonté de prendre en considération les inquiétudes émises par la délégation.

La Pologne a indiqué ne pas être en mesure d’appuyer le texte, et a espéré arriver à un consensus l’année prochaine.

Adoption de la résolution L.36/Rev.1

Selon les termes de la résolution « Promotion du dialogue, de l’entente et de la coopération entre les religions et les cultures au service de la paix » (A/75/L.36/Rev.1 ), présenté par le Pakistan et adopté par 90 voix pour, zéro contre et 52 abstentions, l’Assemblée générale engage les États Membres et toutes les parties prenantes, y compris les dirigeants politiques et les chefs religieux, à promouvoir l’inclusion et l’unité dans les mesures prises pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et à combattre, dénoncer et combattre vigoureusement le racisme, la xénophobie, le discours de haine, la violence, la discrimination, y compris celle fondée sur l’âge, et la stigmatisation.

Elle salue l’initiative engagée en vue d’ouvrir le corridor de Kartarpur Sahib et prend note avec satisfaction de l’acte historique en matière de coopération entre les religions et les cultures au service de la paix que constitue l’accord que les Gouvernements indien et pakistanais ont conclu pour exempter de visa les pèlerins de toutes confessions, en particulier les Nanak Naam Levas et les sikhs du monde entier.

Par ce texte, elle souligne en outre l’importance de la modération, valeur que les sociétés doivent mettre au service de la lutte contre l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, dans le respect des droits humains et des libertés fondamentales, et de la promotion du dialogue, de la tolérance, de l’entente et de la coopération entre les religions et les cultures, et encourage les efforts faits, selon qu’il convient, pour permettre aux voix de la modération de s’unir afin de bâtir un monde plus sûr, plus inclusif et plus pacifique.

Explications de vote après le vote

Concernant la résolution L.28, les États-Unis, qui se sont joints au consensus, ont rappelé qu’ils se sont retirés de l’UNESCO et ont renvoyé également à leur position s’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  S’agissant de la résolution L.36/Rev.1, la délégation a indiqué « s’être abstenue ».  Elle a regretté les changements d’approche dans les négociations de la résolution.  Elle a aussi émis des réserves sur le paragraphe 13 du dispositif.  Plutôt que de restreindre la liberté d’expression, nous en faisons la promotion auprès d’autres États Membres, a-t-elle assuré.  Elle a également estimé que le paragraphe 12 du dispositif risque de faire l’objet d’abus. 

L’Argentine a indiqué avoir voté pour la résolution L.36/Rev.1.  Elle a affirmé privilégier une attitude qui va « au-delà de la tolérance », y compris à l’égard des personnes athées.  Elle a souligné que le droit international des droits de l’homme oblige les États à adopter une approche modérée sur la liberté d’expression, de religion ou de conviction, à condition que cela ne se transforme pas en une apologie de la discrimination ou de l’intolérance religieuse.  La délégation a ensuite mis en garde contre une interprétation erronée du paragraphe 23 du préambule.

L’Azerbaïdjan a voté en faveur du texte déplorant que, pour la première fois depuis 2004, l’Assemblée « ait été empêchée » de l’adopter par consensus, comme ce fut le cas depuis cette date.  Il a pleinement souscrit aux buts et principes contenus dans la résolution. 

L’Ukraine a indiqué qu’elle était opposée à l’idée d’inclure dans le texte une mention de la conférence sur le dialogue interreligieux et interculturel qui se tiendra en Fédération de Russie car ce pays organise des événements internationaux pour « blanchir les actions illégales » qu’il commet, notamment en Ukraine.  Les pressions et la violence de la Fédération de Russie sont monnaie courante dans les territoires ukrainiens occupés, notamment les raids et les exactions contre la population et les groupes ethniques.  De surcroît, la pandémie de COVID-19 peut aussi influer sur une conférence prévue dans deux ans et dont les préparatifs n’ont pas encore commencé. 

L’Arménie, qui s’est présentée comme un carrefour de civilisations et de religions, a déclaré se dissocier du paragraphe 36 du préambule, qui fait référence du Forum mondial sur le dialogue interculturel, organisé tous les deux ans par l’Azerbaïdjan.  En effet, a-t-elle argué, Bakou mène des actions de ce type pour détourner l’attention de la communauté internationale quant à la situation déplorable dans le pays.  Selon la délégation, l’événement en question n’est mentionné qu’à des fins de propagande.  Il conviendrait, selon elle, de tenir compte de la situation du pays hôte de cette manifestation, notamment en matière de respect des droits humains. 

Le Mexique a dit avoir voté en faveur de cette résolution, en témoignage de son esprit de tolérance.  Il s’est toutefois déclaré choqué de la manière abrupte avec laquelle les consultations sur ce texte ont été suspendues.  Selon lui, ces questions méritent un examen plus approfondi, ce qui aurait vraisemblablement permis de parvenir à une adoption consensuelle.

À son tour, la République de Corée a regretté que l’on ne soit pas parvenu à un consensus sur cette résolution qui, d’ordinaire, était adoptée de manière consensuelle.  Pour la délégation, il est important que la tolérance et le respect des droits de l’homme soient promus, mais le droit à la liberté d’expression est aussi un droit fondamental qui ne saurait être compromis.  Cela étant, le pays continuera à œuvrer avec la communauté internationale pour que cette liberté soit respectée.  

Droits de réponse

Le Pakistan a dit catégoriquement rejeter la « propagande » véhiculée par l’Inde concernant le corridor de Kartarpur Sahib, critiquant la volonté belliqueuse de son voisin oriental.  Il a dit ne pas être, au demeurant, étonné de cette réaction, car « comprendre l’harmonie » dépasse les capacités du « régime indien ».  Le Pakistan a ouvert ce site à toutes les communautés sikhes du monde entier.  « C’est une initiative pacifique », a insisté la délégation qui a accusé le « régime fasciste indien » d’avoir adopté une stratégie pour éradiquer certaines minorités religieuses notamment musulmanes et sikhes.

Prenant la parole à son tour, l’Azerbaïdjan a réagi aux « observations iniques habituelles » de l’Arménie, au demeurant « rien de surprenant » venant d’un pays pour qui les notions de culture de la paix et du dialogue sont étrangères.  La délégation arménienne a « poussé le ridicule » jusqu’à donner des leçons s’agissant de principes et valeurs méprisés par son propre gouvernement.  Il s’agit, en fait, a poursuivi l’Azerbaïdjan, de camoufler ses politiques racistes et ses crimes de haine. 

Les propos de l’Azerbaïdjan sont une « incitation à la haine », a rétorqué l’Arménie.  Un tel discours de promotion du dialogue et de l’entente est douteux venant d’un pays qui « annihile toute trace de civilisation arménienne sur les territoires sur lesquels il a juridiction », a-t-elle affirmé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​L’Assemblée générale rend un hommage solennel aux victimes de la guerre et sensibilise aux besoins des gens de mer pendant la pandémie de COVID-19

Soixante-quinzième session,
32e & 33e séances plénières - Matin & après-midi
AG/12291

​​​​​​​L’Assemblée générale rend un hommage solennel aux victimes de la guerre et sensibilise aux besoins des gens de mer pendant la pandémie de COVID-19

L’Assemblée générale a tenu, aujourd’hui, une réunion extraordinaire « solennelle », en hommage à toutes les victimes de la guerre, suite à sa résolution du 5 novembre 2020 adoptée à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.  Elle a aussi adopté une résolution sur les gens de mer, qu’elle a appelé à considérer comme des « travailleurs clefs », et une autre sur le sport comme facteur de développement durable, avant d’examiner un rapport sur les migrations.

« Souvenons-nous des victimes de la Guerre et rassemblons-nous », a exhorté le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, appelant à « faire davantage » pour un monde qui n’est pas prêt à affronter les pandémies ou les défis des changements climatiques.  Les 17 délégations intervenues, certaines au nom de groupe d’États, ont mis en garde contre la résurgence de la xénophobie et du racisme, voire du révisionnisme, certaines condamnant avec force l’apologie du nazisme et du néonazisme et exigeant une lutte sans merci contre l’impunité.

Cependant, pour la première fois dans l’Histoire, a fait valoir le Secrétaire général, M. António Guterres, 75 années sont passées sans qu’il n’y ait eu de confrontation militaire entre les grandes puissances, attribuant cela à l’efficacité des outils du Chapitre VI de la Charte tels que la négociation, l’enquête, la médiation, la conciliation, l’arbitrage et le règlement judiciaire, ou encore les efforts de consolidation et de maintien de la paix pour éviter une autre guerre mondiale « catastrophique ».

Par ailleurs, deux jours avant sa session extraordinaire sur la réponse à la pandémie de COVID-19, l’Assemblée générale a adopté, sans mise aux voix, deux résolutions imprégnées par les changements survenus en 2020 au niveau mondial des suites de la propagation du virus.

Aucun secteur n’ayant été épargné par la pandémie, l’Assemblée générale a ainsi adopté une résolution sur la coopération internationale face aux difficultés connues par les gens de mer à cause de la pandémie de COVID-19 et en appui aux chaînes d’approvisionnement mondiales.  Elle y demande aux États Membres de désigner les gens de mer et les autres personnels marins comme des travailleurs clefs, « héros invisibles qui travaillent dans la discrétion », sur plus de 98 000 navires commerciaux, transportant plus de 11 milliards de tonnes de marchandises dans le cadre du commerce maritime, d’après l’Indonésie, qui a présenté le texte.

Par un autre texte sur le sport, pris comme facteur de développement durable, les États Membres sont encouragés à inclure le sport et l’activité physique dans les plans de relance post-COVID-19 et les stratégies nationales de développement durable, compte tenu de la contribution du sport à la santé, et à promouvoir un sport « sûr » en tant que facteur de santé et de bien-être des personnes et des communautés.

Nombreux sont ceux qui se sont tournés vers le sport pour faire face aux défis posés par les incertitudes liées à la COVID-19, a fait remarquer Brunei Darussalam.  Monaco, qui a introduit le texte au nom également du Qatar, avec lequel il préside conjointement le Groupe des amis du sport au service du développement durable, a appuyé les six recommandations du Secrétaire général relatives à la cohérence à l’échelle du système et la coordination, alors que la plupart des grands événements sportifs ont été annulés ou reportés, y compris les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020.

Par ailleurs, l’Assemblée générale a examiné le premier rapport du Secrétaire général sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui fait suite à la Conférence intergouvernementale de Marrakech (10-12 décembre 2018) et à l’adoption du Pacte le 19 décembre 2018.

El Salvador a invité les États à « changer de point de vue sur les migrants » en faisant remarquer que beaucoup parmi les quelque 272 millions d’entre eux sont en première ligne face à la pandémie, en particulier dans le secteur sanitaire.  Ce pays et le Mexique ont plaidé pour davantage de ressources financières pour honorer les 10 principes directeurs du Pacte, réaliser ses 23 objectifs et favoriser la participation des migrants au relèvement socioéconomique postpandémie.

L’Assemblée générale a aussi adopté le rapport de la Commission de la vérification des pouvoirs (A/75/606) qui contient la résolution de celle-ci intitulée « Pouvoirs des représentants à la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale ».

Demain, mardi 2 décembre à partir de 10 heures, l’Assemblée générale examinera la question de Palestine et la situation au Moyen-Orient et adoptera plusieurs résolutions sur ces questions.

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES A/75/188, A/75/229, A/75/542

Renforcement du système des Nations Unies: renforcement du système des Nations Unies

Adoption de la résolution L.37

L’Assemblée générale a adopté, sans mise aux voix, une résolution sur la « coopération internationale face aux difficultés connues par les gens de mer à cause de la pandémie de COVID-19 et en appui aux chaînes d’approvisionnement mondiales » (A/75/L.37) qui demande aux États Membres de désigner les gens de mer et les autres personnels marins comme des travailleurs clefs.  Ce texte rappelle qu’il y avait, en 2019, environ 2 millions de gens de mer qui travaillaient sur plus de 98 000 navires commerciaux, transportant plus de 11 milliards de tonnes de marchandises dans le cadre du commerce maritime.

Profondément préoccupée par les problèmes rencontrés dans le monde maritime pour faire tourner les équipages et rapatrier les marins à cause de la pandémie, l’Assemblée réaffirme, par ce texte, que les mesures d’urgence doivent être ciblées, proportionnées, transparentes et temporaires, et qu’elles ne doivent pas créer d’obstacles inutiles au commerce ni perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Elle encourage les gouvernements et les parties prenantes concernées à mettre en œuvre les protocoles visant à garantir la sécurité de la relève et du voyage des équipages pendant la pandémie de COVID-19, tels qu’approuvés par le Comité de la sécurité maritime de l’Organisation maritime internationale à sa 102e session, en permettant que les marins qui sont bloqués en mer soient rapatriés et que d’autres les remplacent, en tenant compte des mesures préventives essentielles prises par les États du port contre la COVID-19.

L’Assemblée générale engage les gouvernements à mettre rapidement en œuvre les mesures pertinentes destinées à faciliter les changements d’équipage en mer, notamment en permettant embarquements et débarquements et en redoublant d’efforts pour faciliter les voyages et les rapatriements ainsi qu’en garantissant l’accès aux soins médicaux.  Elle engage les organisations internationales et les autres parties prenantes, y compris les organisations de travailleurs et d’employeurs concernées, à aider les gouvernements qui le souhaitent à élaborer et mettre en œuvre des stratégies et politiques visant à préserver l’intégrité des chaînes d’approvisionnement mondiales, en les rendant plus résilientes, à assurer des conditions de travail et de vie décentes pour les gens de mer et à faire respecter leurs droits humains.

Elle prie le Secrétaire général, en collaboration avec l’Organisation maritime internationale (OMI), l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), ainsi que les autres entités compétentes du système des Nations Unies, d’informer l’Assemblée générale à sa soixante-seizième session, par le biais du rapport de l’OMI, de la situation relative aux changements d’équipage pendant la pandémie de COVID-19, établi à partir des travaux de l’Équipe de gestion des crises pour les gens de mer, ainsi que dans la section spéciale consacrée à la question dans l’Étude sur les transports maritimes de la CNUCED.

En présentant ce texte, M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné que la crise de la COVID-19 avait créé des défis sans précédent pour l’économie mondiale où l’industrie maritime joue un rôle essentiel dans le transport des marchandises.  Plus de 2 millions de gens de mer ont continué à travailler depuis le début de la pandémie en étant confrontés à des difficultés inédites.  Les gens de mer appartiennent au groupe de personnes essentielles, héros invisibles qui travaillent dans la discrétion, a commenté l’Indonésie.  Le texte appelle à désigner les gens de mer comme personnel essentiel, notamment pour une prise en charge médicale.  Le projet de résolution a été préparé grâce à une participation ouverte et transparente, a précisé l’Indonésie avec l’espoir que cette initiative permettra de soutenir les gens de mer et les chaînes d’approvisionnement au niveau mondial.

Mme PEGGY VISSERS, de l’Union européenne, a rappelé que les gens de mer sont des travailleurs essentiels, puisqu’ils transportent des biens de toute première nécessité, dont des denrées alimentaires, du carburant ou bien encore des médicaments.  Nombre de gens de mer sont bloqués en raison des restrictions de déplacements liées à la COVID-19 et n’ont pu regagner leurs foyers, a-t-elle rappelé.  Ils sont épuisés, a-t-elle dit, en soulignant les sacrifices que les gens de mer consentent dans l’exercice de leur métier.  La déléguée a aussi rappelé que le rapatriement des gens de mer est un droit fondamental quand leur contrat est achevé.  Elle a salué l’adoption de la résolution par consensus, tout en regrettant l’attention insuffisante accordée aux pêcheurs.  Cette résolution est un engagement clair en faveur des gens de mer, a conclu la déléguée, en demandant un allégement des restrictions de déplacement.

Explication de vote avant l’adoption

Les États-Unis ont appuyé le projet de résolution et mis l’accent sur le rôle des gens de mer.

La Malaisie a jugé crucial le secteur maritime et s’est réjouie de la résolution qui appuie les gens de mer.  Elle a appelé à renforcer encore plus la protection médicale de ces derniers.  Elle a aussi appelé les États Membres à soutenir les gens de mer en particulier dans cette pandémie, au même titre que tous les travailleurs qui sont sur la ligne de front dans la lutte contre la maladie à coronavirus.

Le Royaume-Uni a indiqué que nombre de gens de mer bloqués en raison des restrictions de déplacements liées à la pandémie de COVID-19 n’ont pas pu regagner leurs foyers.  Le Royaume-Uni a dit être en première ligne sur ce dossier, en rappelant que les gens de mer sont des travailleurs essentiels.  Attaché au bien-être des gens de mer, le Royaume-Uni a ainsi accueilli une réunion sur la question de la sécurité des changements d’équipage en ce qui concerne la COVID-19.  Enfin, la délégation a appelé à agir pour améliorer dès à présent le bien-être des gens de mer.

Le Mexique s’est félicité du rapport du Secrétaire général sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il a parlé de « réalisation extraordinaire » et souligné la volonté d’appliquer les 23 objectifs contenus dans le Pacte.  Il a réitéré la conviction du Mexique de l’importance de ce document qui fait la différence sur le terrain.  Le Mexique s’est d’ailleurs engagé à contribuer au fonds d’affection spéciale de mise en œuvre du Pacte.  Le Mexique a aussi fait rapport à la CEPAL sur les réalisations et les difficultés auxquelles il s’est heurté dans ce cadre.  Le moment est venu de prendre acte des énormes avancées de la question migratoire, a estimé le Mexique, tout en soulignant que la pandémie montrait encore plus à quel point les migrants sont fondamentaux pour leur apport et la nécessité d’une coopération accrue entre les États sur la migration.  Les migrations doivent cependant être « ordonnées, sûres et régulières » pour que les migrants puissent participer au relèvement socioéconomique, a tenu à rappeler le Mexique.

Pour El Salvador, l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dont le rapport du Secrétaire général (A/75/542) rend compte de l’application, permet une approche plus globale de cette question.  En effet, a souligné la délégation, le Pacte mondial maintient l’engagement 10.7 du Programme 2030 en faveur de telles migrations grâce à la mise en œuvre de politiques migratoires réfléchies.  Dans ce cadre, El Salvador est prêt à contribuer constructivement à l’examen du Pacte mondial.  La délégation a estimé que, sans un suivi efficace et une réorientation des organisations de développement, le Pacte risquait de devenir un instrument sans effet.  C’est pourquoi elle a salué le rôle de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et s’est félicitée des liens établis avec d’autres enceintes que l’ONU.  Pour parvenir aux objectifs du Pacte, a poursuivi la délégation, il faut s’assurer que les ressources techniques et financières soient présentes.  Il convient aussi d’y associer tous les pays hôtes, de transit et d’accueil.

Le rapport évoque également les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les migrants et la contribution essentielle de ces derniers à la riposte.  Bien qu’ils soient confrontés à des conditions de logement et d’emploi insuffisantes, qu’ils n’aient souvent pas accès aux services de santé et qu’ils souffrent d’exclusion sociale, un grand nombre d’entre eux sont en premières ligne face à la pandémie, en particulier dans le secteur sanitaire, a-t-elle fait valoir, appelant les États Membres à « changer leur point de vue sur les migrants ».

LE SPORT AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA PAIX

Rapport du Secrétaire général (A/75/155/Rev.1)

Adoption de la résolution L.30

L’Assemblée générale a adopté, sans mise aux voix, une résolution intitulée « Le sport, facteur de développement durable » (A/75/L.30) qui encourage notamment les États Membres à inclure le sport et l’activité physique dans les plans de relance post-COVID-19 et les stratégies nationales de développement durable, compte tenu de la contribution du sport à la santé, à promouvoir un sport sûr en tant que facteur de santé et de bien-être des personnes et des communautés, et à utiliser efficacement toutes les possibilités offertes par le sport et ses valeurs aux fins de la mise en œuvre du Programme 2030 et de la poursuite des objectifs de développement durable.

L’Assemblée appuie l’indépendance et l’autonomie du sport ainsi que la mission du Comité international olympique, qui est de conduire le Mouvement olympique, ainsi que celle du Comité international paralympique, qui est de conduire le Mouvement paralympique.  Elle prend note des mesures prises par le Secrétaire général, sa présidence, les États Membres et la société civile pour faire respecter la Trêve olympique, et encourage les pays qui accueilleront les futurs Jeux olympiques et paralympiques et les autres États Membres à appuyer l’observation effective de la Trêve.

L’Assemblée demande aux États Membres de redoubler d’efforts pour prévenir et combattre la corruption dans le sport, souligne à cet égard qu’il importe d’adopter des mesures législatives et répressives énergiques, et demande également aux États Membres d’améliorer la coopération, la coordination et l’échange d’informations, conformément aux principes fondamentaux de leur système juridique.

Déclarations

En présentant ce texte en son nom et au nom de Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar), en leurs qualités de Coprésidentes du groupe des amis du sport au service du développement durable, Mme ISABELLE F. PICCO (Monaco) a salué les six recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général sur la question: la cohérence à l’échelle du système et la coordination; l’inclusion du sport et de l’activité physique dans les plans de relance post-COVID-19 et dans les stratégies nationales de développement durable; la fourniture d’orientations en matière de recherche, de normes et de politiques; la fourniture de services de renforcement des capacités, de coopération technique et d’assistance financière, selon qu’il conviendra; l’exploitation de la technologie numérique dans le contexte de la pandémie et au-delà; l’élaboration et l’adoption d’indicateurs communs visant à mesurer la contribution de l’éducation physique, de l’activité physique et du sport.

Mme Picco s’est notamment félicitée d’une résolution qui est l’occasion pour les États Membres de reconnaître le travail du Département des affaires économiques et sociales, en charge du portefeuille du sport pour le développement durable depuis 2017 et d’encourager le Département à continuer son travail.  « Les États Membres sont en outre invités à soutenir ce travail, y compris par le biais de contributions volontaires » a-t-elle dit avant de mettre l’accent, en sa capacité nationale, sur quelques éléments additionnels.  À ce titre, elle a dit que la Principauté de Monaco considère depuis longtemps le sport comme un outil de développement, par sa contribution à la santé, l’éducation, l’inclusion et la lutte contre les inégalités et que cette conviction s’est vue renforcée avec la pandémie de la COVID-19.  Notant qu’il est souvent bien plus difficile pour les filles, les femmes, les personnes handicapées et les personnes en situation vulnérable d’avoir accès aux structures sportives et aux opportunités offertes par le sport, elle a appelé à lever ces disparités dès à présent et a fortiori sur le long terme.  « Par son pouvoir unificateur, par sa contribution à la santé physique et mentale, par les valeurs qu’il promeut, par les opportunités économiques qu’il offre et par son impact social, le sport est véritablement un facteur important de développement durable », a conclu la représentante.

Mme GUO YIRAN (Singapour) a souligné l’impact significatif de la pandémie de COVID-19 sur le secteur du sport.  La plupart des grands événements sportifs ont été annulés ou reportés, y compris les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020.  Alors que le monde commence à se remettre de la COVID-19, il y aura d’importants problèmes à résoudre, a prédit la déléguée.  À cet égard, elle a préconisé de travailler avec la communauté sportive pour trouver des moyens nouveaux et innovants d’atténuer l’impact de la COVID-19.  Mme Yiran a saisi cette occasion pour souligner les actions de son pays pour aider le secteur du sport à se maintenir à flot, citant notamment un soutien financier aux sportifs indépendants et aux entreprises pour qu’elles transforment leur modèle économique et adoptent des solutions numériques.  Il s’agit de veiller à ce que les capacités essentielles du secteur sportif soient préservées et que la communauté sportive soit bien équipée pour s’adapter.  À Singapour, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement s’est engagé à moderniser tous les gymnases publics pour qu’ils soient ouverts à tous et adaptés aux personnes âgées d’ici à 2026, afin d’aider les personnes handicapées et les personnes âgées à rester actives, en bonne santé et engagées grâce au sport.  Pour finir, elle a réaffirmé l’engagement de Singapour à tirer parti du sport pour construire un avenir plus inclusif, durable et prospère.

M. BIN RASIDI (Malaisie) a souligné le rôle du sport comme élément facilitant l’édification de la nation.  Il a expliqué que le Ministère du sport de son pays a mis en place plusieurs cadres de politique nationale dont un plan quinquennal 2016-2020 favorisant l’inclusion et la participation de tous aux activités sportives.  Les restrictions à la liberté de mouvement liées à la pandémie de COVID-19 ont poussé la Malaisie à innover pour soutenir le mouvement sportif.  Le représentant a cité la création de programmes de gymnastique et la mise en ligne de tutoriels permettant de guider et d’encadrer les activités sportives menées à la maison.  Il a également évoqué des initiatives permettant aux sportifs qualifiés pour les jeux olympiques de Tokyo de se maintenir en forme, ainsi que la création d’un fonds spécial visant à appuyer les activités sportives partout dans le pays dans le contexte de la pandémie.  La Malaisie, a-t-il assuré, continuera à appuyer le sport comme facteur de développement durable et de promotion de la paix.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a dit que le sport est très important dans son pays, avant de souligner l’apport du sport à la réalisation du Programme 2030. Elle a rappelé que le Qatar va accueillir en novembre 2022 la coupe du monde de football.  Elle a espéré que cet évènement planétaire permettra de contribuer à l’entente entre les peuples et sera neutre d’un point de vue écologique, en appelant de ses vœux « une coupe du monde verte. »  Enfin, la déléguée a insisté sur l’importance du sport afin de tenir éloignés les jeunes de toute activité délictueuse.

En ces temps particulièrement difficiles, nombreux sont ceux qui se sont tournés vers le sport pour faire face aux défis posés par les incertitudes liées à la COVID-19, a indiqué, Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunéi Darussalam), saluant la communauté sportive qui a été à la hauteur de la situation en offrant au monde entier des moyens alternatifs de pratiquer le sport en intérieur et en extérieur.  Peu après son indépendance, le Brunéi Darussalam a mis en œuvre une politique sportive nationale, qui a fait du sport un élément central et l’un des moyens les plus efficaces pour améliorer la qualité de vie.  À cet égard, notre objectif est d’inculquer à la société l’esprit et la valeur du sport pour tous, a expliqué la représentante en mettant l’accent sur l’intégration, les liens familiaux, et la sensibilisation.  De plus, et afin d’encourager une meilleure compréhension et de contribuer au maintien d’une communauté harmonieuse en Asie du Sud-Est, Brunei Darussalam a accueilli divers événements sportifs régionaux qui servent de plateforme pour promouvoir la valeur de la diversité.  Pour finir, Mme Sulaiman a réitéré l’engagement de son pays à travailler avec d’autres États Membres et des organismes régionaux et internationaux connexes pour faire progresser le sport, ce qui contribue à la réalisation des objectifs de développement durable.

Mme HAYWORTH (États-Unis) a rappelé les mesures prises dans son pays pour la promotion du sport, en particulier l’action du Council on Sports, Fitness and Nutrition établi depuis 1957 et composé d’entrepreneurs et de médecins engagés à améliorer le bien-être de la population.  Elle a insisté sur le rôle du sport dans l’unité de la culture, l’amélioration des communautés et l’esprit d’équipe pour la jeunesse.  Notant qu’une pandémie « effroyable » a touché le monde, la représentante a ajouté que le sport, déjà connu comme un « accélérateur de la paix », peut jouer un rôle précieux pour atténuer les effets de la pandémie et a félicité le Secrétaire général pour le rapport excellent publié par le groupe d’experts sur le sujet.  Elle a évoqué de nouveaux signes d’espoir s’agissant de la pandémie et s’est réjouie du « retour prochain du sport dans nos vies ».  La représentante a par ailleurs plaidé pour une plus grande autonomie du sport et pour un règlement indépendant des différends dans ce domaine, notant que ces mesures assurent une compétition équitable et évitent la radicalisation.  Elle a toutefois fait savoir que les États-Unis ne souhaitent pas adhérer à une résolution qu’ils ne reconnaissent pas, exprimant des réserves sur l’article 9, en raison de la faible autorité du Gouvernement fédéral américain sur l’enseignement et les leaders communautaires qui, aux États-Unis, sont de la responsabilité des États et des collectivités locales.

M. DAI BING (Chine) a estimé que le sport est un indicateur important du développement humain.  Alors que le monde est confronté à la pandémie de COVID-19, le sport permet de créer un bouclier contre le virus et de surmonter les effets de cette crise sanitaire, a souligné le délégué.  Dans ce contexte, l’esprit olympique demeure une aspiration forte pour les peuples du monde entier.  Il améliore en effet l’intégration sociale et contribue au développement et à la paix.  Le Gouvernement chinois accorde une grande importance au sport dans toutes ses formes et considère que le mouvement olympique est essentiel pour l’humanité.  Après avoir organisé les Jeux olympiques d’été en 2008, la Chine prépare les Jeux olympiques d’hiver prévus à Beijing en 2022.  Malgré la COVID-19, le pays mènera à bien la construction des grands stades et des installations d’ici à la fin de l’année, a-t-il assuré.  De même, la Chine s’emploie à faire en sorte que ces Jeux olympiques d’hiver respectent l’environnement, a ajouté M. Dai, précisant que toutes les infrastructures sportives seront « vertes » et utiliseront des énergies renouvelables.  Pour les quatre installations accueillant des sports de glace, les émissions de CO2 seront ainsi proches de zéro.  Ces nouvelles infrastructures permettront de faire bénéficier la population des biens du sport, chaque individu devant recueillir les retombées positives de ces Jeux, a soutenu le délégué. « Ensemble, nous devons nous efforcer d’aller plus haut, plus fort et plus vite. »  Il a enfin indiqué qu’à l’occasion de ces Jeux, le Gouvernement chinois continuera d’appliquer sa politique de tolérance zéro en matière de corruption et fera son possible pour que cette « manifestation verte » ne soit pas trop coûteuse.

Explication de vote après l’adoption

Le délégué de la République islamique d’Iran a évoqué un paragraphe de la résolution sur l’éducation physique et sportive pour tous et toutes, sans discriminations, et souligné l’importance des politiques nationales liées au sport et à l’éducation physique.  Il s’agit d’une priorité pour mon pays, a-t-il assuré.

Soixante-quinzième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale: réunion extraordinaire solennelle en hommage à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale (A/RES/75/5)

Déclarations

M. VOLKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a rappelé que l’ONU, née des cendres de la Seconde Guerre mondiale et de ses horreurs, n’a pas été créée pour « offrir le paradis à l’humanité mais pour préserver cette dernière de l’enfer ».  Il a évoqué le chemin qui reste à parcourir, en soulignant l’interdépendance des piliers sur lesquels reposent les activités de l’Organisation.  « Il faut en faire davantage. »  Les promesses du développement durable n’ont pas été honorées et le monde n’est pas prêt pour faire face aux pandémies ou au défi des changements climatiques, a constaté le Président.  Les horreurs de la Seconde Guerre mondiale nous obligent à mettre nos divergences de côté, a-t-il plaidé.  « Souvenons-nous des victimes de la Guerre et rassemblons-nous. »

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que la célébration de ce jalon -75 années après la fin de la Seconde Guerre mondiale- ne serait pas complète si l’on ne se souvenait pas des pertes engendrées par ce conflit, qui a conduit à la formation de l’ONU elle-même: des millions de personnes tombées au combat; des millions assassinées par les nazis pendant l’Holocauste; des millions victimes du génocide, de maladies, de massacres, de bombardements et des millions affamées.  Il a encouragé à dire « plus jamais ça ».

Il était inconcevable pour les pères fondateurs que le monde laisse de nouveau arriver de telles souffrances, a dit le Secrétaire général en soulignant que la Charte des Nations Unies avait mis la prévention et le règlement pacifique des conflits au cœur de sa vision.  Il a relevé que les outils du Chapitre VI de la Charte -négociation, enquête, médiation, conciliation, arbitrage et règlement judiciaire- avaient été efficaces pour éviter une autre guerre mondiale catastrophique.  Pour la première fois dans l’Histoire, a-t-il fait valoir, 75 années sont passées sans qu’il n’y ait eu de confrontation militaire entre les grandes puissances.  Il a aussi mentionné les réconciliations facilitées par le maintien de la paix de l’ONU et les progrès accomplis avec les traités et conventions sur des questions économiques, sociales, culturelles et des droits de l’homme.

Cependant, malgré ces progrès, nous n’arrivons toujours pas à atteindre complètement les buts et principes de la Charte, a poursuivi M. Guterres en citant la crise climatique qui menace la paix et la sécurité, les inégalités croissantes, l’espace démocratique qui se réduit, les droits de l’homme qui sont attaqués, ainsi que les divisions que cause la technologie numérique.  À tout cela, il a ajouté les guerres qui persistent et qui causent des pertes immenses, sachant que les moyens de les résoudre sont à un point de rupture.  Il a aussi parlé de la pandémie de COVID-19 et de la pauvreté au niveau mondial, en augmentation pour la première fois depuis 1998.  La famine, l’inégalité de genre sont encore des problèmes mondiaux que le Secrétaire général a déplorés, d’autant qu’avec les confinements et les quarantaines, des millions de femmes se retrouvent coincées chez elles aux prises avec les personnes qui abusent d’elles.

La COVID-19 met en lumière les fragilités et les inégalités de notre monde, a résumé le Secrétaire général en prévenant que si nous n’agissons pas maintenant, le monde pourrait connaître une instabilité et des divisions plus grandes encore.

S’agissant de son appel à un cessez-le-feu mondial d’ici à la fin de l’année, M. Guterres s’est déclaré encouragé par l’appui reçu de toutes parts, notamment de 180 États Membres et organisations régionales, de 20 mouvements armés et autres groupes, et de 800 organisations de la société civile.  Près de 150 pays ont exprimé leur soutien, mais seule une minorité d’entre eux y a donné suite en termes de politiques et de financements.  Le Secrétaire général a aussi appelé à des engagements concrets contre la violence sexiste.

Les efforts pour la paix exigent une participation complète des femmes, a-t-il encore souligné.  Il faut coopérer avec toutes les parties prenantes, la société civile et le secteur privé.  Il a encouragé à tirer des enseignements de l’histoire, à reléguer le bain de sang au passé et à aller de l’avant pour prévenir les conflits et bâtir des sociétés pacifiques et résilientes.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a évoqué un conflit qui a provoqué des tristesses « sans nom » pour l’humanité.  Le soixante-quinzième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale revêt une importance particulière pour l’ONU, créée juste après ce conflit brutal qui a fait des millions de victimes, a poursuivi le délégué.  Cette session extraordinaire est l’occasion de rappeler que l’Assemblée générale souhaite ardemment consentir tous les efforts nécessaires pour éviter toute souffrance humaine résultant des guerres.  Ayant survécu à la catastrophe de la Seconde Guerre mondiale, l’humanité a fait de son mieux pour trouver de nouveaux outils pour éviter que des évènements de cette ampleur ne renaissent.  C’est pour cela que l’ONU a été créée, a-t-il martelé.  « N’oublions pas les nombreux africains qui ont participé à la lutte contre l’axe lors de cette guerre: ils étaient plus d’un million à servir en tant que combattants pour les puissances coloniales. »  Aujourd’hui, plus que jamais, a conclu le représentant, nous sommes solidaires des principes fondateurs des Nations Unies qui incluent la non-agression, le règlement pacifique des différends, l’unité et l’harmonie ainsi que la coordination entre les États Membres.

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq), qui parlait au nom des États d’Asie et du Pacifique, a rendu hommage aux millions de personnes qui ont perdu la vie et ont souffert lors de la Seconde Guerre mondiale.  Tout en commémorant leur sacrifice, il a jugé essentiel de rappeler l’importance du cadre international créé par l’ONU, dont l’objectif est de promouvoir la paix par le truchement de la solidarité.  C’est un jour de souvenir mais aussi de réaffirmation de notre responsabilité collective partagée, a souligné l’Iraq.  Toutefois, a-t-il observé, encore aujourd’hui les tragédies de la guerre ne nous épargnent pas.  Dans de nombreuses régions du monde, des peuples souffrent et ont du mal à survivre.  De plus, le terrorisme est une menace persistante, tout comme le sont les armes de destruction massive.  La résolution 75/5 de l’Assemblée générale rappelle que la Seconde Guerre mondiale a établi les circonstances propices à la création de l’ONU, qui vise non seulement à préserver le monde du fléau de la guerre mais aussi à promouvoir les valeurs démocratiques et les libertés fondamentales, a-t-il souligné, appelant l’humanité à tirer les enseignements de cet événement historique.

Pour l’Iraq, le comportement responsable doit prévaloir face aux risques de conflit et il importe de s’appuyer sur la coopération face à des défis mondiaux comme la pandémie de COVID-19.  Nous partageons la même destinée, nous devons assurer un avenir meilleur aux générations à venir, a plaidé l’Iraq, se disant convaincu que permettre la paix et la stabilité contribuent au développement.  À ses yeux, il est essentiel d’honorer les buts et principes de la Charte de l’ONU pour éviter que les erreurs du passé ne se répètent.  Dans ce cadre, les États doivent opter pour la coopération et mettre l’individu au centre de leurs politiques, a-t-il insisté, avant de saluer le soutien apporté par le Secrétaire général aux efforts tournés vers l’avenir, dans le respect des principes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires internes des États.  Pour le Groupe des États d’Asie et du Pacifique, la communauté internationale est aujourd’hui confrontée à deux grands défis: le terrorisme et les conflits armés.  Jugeant que la meilleure façon de les surmonter est d’utiliser les mécanismes efficaces des Nations Unies, il a appelé à un renforcement des organes de l’Organisation afin de les rendre plus adaptés à leur objectif, ce qui, selon lui, passe notamment par une réforme du Conseil de sécurité.

Au nom du Groupe de l’Amérique latine et des Caraïbes, M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a estimé très opportun de convoquer cette réunion solennelle de l’Assemblée générale pour honorer les victimes de la Seconde Guerre mondiale et commémorer le soixante-quinzième anniversaire de la fin d’une période aussi douloureuse et sanglante qui a abouti à la défaite du nazisme, à la création de l’ONU et au début d’une nouvelle ère de foi dans un monde plus pacifique, plus digne, plus sûr et plus prospère.  Aujourd’hui, cependant, le monde est confronté à de nouveaux défis tout aussi complexes et multidimensionnels, comme la lutte contre la pandémie de COVID-19.  La Seconde Guerre mondiale a fait plus de 50 millions de victimes, occasionné d’innombrables pertes matérielles et un héritage de douleur dont les blessures ne sont pas encore complètement cicatrisées, a poursuivi la délégation.  En raison de son impact mondial, il est de la responsabilité de la communauté internationale dans son ensemble de « ne pas oublier les leçons de ce traumatisme collectif », ainsi que les terribles conséquences découlant des idéologies racistes, xénophobes, antisémites, islamophobes ou antichrétiennes.

La région de l’Amérique latine et des Caraïbes n’a pas été épargnée par le douloureux héritage de la Seconde Guerre mondiale, car, a rappelé le représentant, elle a également souffert de ses conséquences économiques, politiques, militaires et sociales.  La délégation a évoqué le soutien de cette région, qui, bien que n’étant pas directement impliquée, a fourni une « réserve morale » et, une fois la guerre terminée, ouvert ses portes à des millions de migrants et de réfugiés, survivants de la guerre qui ont activement contribué au développement économique régional et qui ont retrouvé l’espoir d’une vie meilleure après le traumatisme qu’ils ont subi.  Ce patrimoine de valeurs et de richesses culturelles est un trésor que notre région ne manquera jamais de dignifier, d’honorer et d’apprécier, a conclu M. Webson.

Au nom du Groupe des États d’Europe de l’Ouest, Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a souhaité que cet anniversaire soit l’occasion de rendre hommage à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale notamment les juifs et les autres groupes minoritaires victimes du régime nazi.  Il a souhaité que les leçons de la Seconde Guerre mondiale nous inspirent dans notre volonté de promouvoir les droits de l’homme et les valeurs associées au respect de l’être humain.   Alors que nous voyons ressurgir la menace de la xénophobie et les populismes, le Groupe des États d’Europe occidentale a dit que le mémoire de la Seconde Guerre mondiale doit nous rappeler les risques et les dangers de ces fléaux.  « Même si elles ne sont pas parfaites, les Nations Unies ont pu faire avancer les choses dans de nombreuses parties du monde », a souligné la représentante.  Alors que les principes du multilatéralisme sont remis en cause comme jamais auparavant, la délégation a souhaité que la Charte des Nations Unies soit notre principe, et le programme de développement, notre feuille de route.

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) se sont dits fiers de se joindre à cette célébration, et ont rappelé l’énormité du bilan de 60 millions de morts pour la plupart civils, ainsi que l’Holocauste infligé aux juifs et aux Roms.  Citant l’hommage du Président Truman aux alliés et à tous ceux qui ont su préserver la flamme de la résistance, la délégation a déclaré que cette victoire était celle de la liberté contre la tyrannie.  Elle a lancé un nouvel appel à lutter contre les atrocités du monde contemporain et à tirer les leçons de l’histoire.  Elle a salué la création de l’ONU et des organisations internationales de l’après-guerre comme la base d’un monde plus juste et prospère et un facteur de développement, et noté qu’elles doivent être soutenues et financées.  En conclusion, les États-Unis ont appelé à la vigilance face aux violations de leur principes et à « en finir avec les tyrannies d’aujourd’hui ».

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a salué le fait que, malgré des négociations pas « toujours très transparentes », un consensus ait pu être forgé s’agissant de la résolution A/RES/75/5 sur le soixante-quinzième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.  Nous avons la responsabilité que les atrocités de la Seconde Guerre mondiale ne se reproduisent pas, a dit la délégation, en invoquant notamment les victimes de l’Holocauste.  Les souffrances indicibles endurées ne doivent jamais être oubliées.  L’Union européenne a rappelé qu’elle est née « des cendres de la guerre », avant de réitérer l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial.  Enfin, la délégation a rendu hommage aux sacrifices des forces alliées qui ont vaincu le nazisme, tout en rappelant que, pour de nombreux pays, la fin de la guerre n’a pas apporté la liberté mais la commission de nouveaux crimes contre l’humanité.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan), qui s’exprimait au nom de plusieurs délégations, a estimé qu’en cette année où nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire d’un conflit sanglant, notre devoir était de rendre hommage aux personnes qui, au prix de leur vie, ont libéré l’Europe et le monde du joug nazi.  La victoire des alliés est un « cadeau » à l’humanité, a-t-il affirmé, renvoyant au verdict du procès de Nuremberg qui a consacré la victoire contre un système ignominieux.  Il a cependant mis en garde contre une résurgence de la xénophobie, du révisionnisme, du racisme ainsi que contre les tentatives d’apologie du nazisme et du néo-nazisme afin de glorifier le passé ou le mouvement nazi.  Il a aussi vivement condamné tous ceux qui ont commis des crimes de guerre, ainsi que ceux qui en font l’apologie et qui érigent des mémoriaux en leur honneur.  Il a appelé à soutenir la résolution annuelle sur la lutte contre l’apologie du nazisme et du néonazisme et toutes pratiques prônant le racisme, la discrimination raciale, l’intolérance et toute autre forme d’agissements inhumains.  Le Tadjikistan a enfin encouragé à soutenir les traditions à la mémoire des vainqueurs.

S’exprimant au nom d’un groupe de pays, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie), a estimé que la victoire sur le nazisme, il y a 75 ans, est l’héritage commun de l’humanité et « un monument en l’honneur de l’unité des peuples confrontés à un mal sans précédent ».  Appelant à chérir à jamais la mémoire de ceux qui ont sacrifié leur vie au nom de la victoire, la délégation a assuré que « nous n’oublierons jamais le grand sacrifice des peuples de l’Union soviétique », 27 millions de citoyens morts dans cette guerre d’extermination, dont les deux tiers étaient des civils.  Son représentant a également rendu hommage au sacrifice et au courage du peuple chinois, qui a perdu plus de 35 millions de soldats et de civils et a apporté des contributions historiques à la victoire de la guerre antifasciste mondiale en tant que « principal champ de bataille en Asie ».  Il a ensuite salué la résilience et la bravoure de tous les Européens qui ont résisté au nazisme, évoquant la valeur des soldats de la coalition alliée.  Le but de cette commémoration n’est pas de perpétuer la haine, a-t-il dit, mais de « tirer une leçon de l’histoire, de regarder vers l’avenir et de sauvegarder ensemble la paix ».

Rappelant que, le 20 novembre, était célébré le soixante-quinzième anniversaire de la création du Tribunal de Nuremberg, lequel a servi de modèle au Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, la Fédération de Russie a regretté que, de nos jours, il y ait des tentatives « honteuses » de réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et que de faux récits nient l’histoire de l’agression, voire même glorifient la guerre et le joug colonial.  Cela n’a, selon la délégation, aucune justification, quel que soit le raisonnement politique ou géopolitique qui sous-tend ces agissements.  « Ceux qui les commettent n’effaceront jamais le verdict incontestable de l’histoire », a martelé le représentant, jugeant que la responsabilité principale de prévenir et de combattre la propagation du néonazisme incombe aux États.  À cette aune, la communauté internationale doit rester vigilante et unie pour supprimer tout embryon d’idéologie nazie et empêcher la répétition des massacres de guerre.  C’est dans cet esprit qu’est présentée chaque année la résolution de l’Assemblée générale intitulée « Lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ».

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a rappelé les divisions du continent européen qui ont découlé du pacte Molotov-Ribbentrop conclu par « deux dictatures », pacte qui a été la première étape d’un plan dont les Ukrainiens et les Polonais ont été les victimes.  Les troupes nazies ont massacré des dizaines de milliers d’Ukrainiens, en 1941, au fur et à mesure de leur avancée avant que ce ne soit le tour, en 1944, des troupes soviétiques qui ont brûlé ce qui restait de l’Ukraine.  La délégation a vivement déploré les suppressions faites au texte en discussion, en ajoutant que, dans sa première version, il faisait référence aux conflits qui déchirent encore l’Europe aujourd’hui.  La fin de la Seconde Guerre mondiale a eu des conséquences pour les pays de notre région, avec des divisions de l’Europe, a rappelé l’Ukraine.  Seul l’établissement des responsabilités nous permettra de rendre hommage aux victimes, a déclaré l’Ukraine.  Enfin, M. Kyslytsya a souligné la réémergence en Europe du totalitarisme, de la xénophobie et du racisme.

Mme MARINA IVANOVIC (Serbie) a rappelé que la victoire des alliés s’est traduite par la création de l’ONU pour modeler la structure même des relations internationales afin de promouvoir un nouvel ordre mondial propice à une paix durable.  Elle a rappelé que la Yougoslavie a beaucoup souffert de la Seconde guerre mondiale.  La déléguée a mis l’accent en particulier sur le « sacrifice » de la communauté serbe avant de regretter que certains aient essayé récemment de nier les crimes de guerre.  Mme Ivanovic a dit l’obligation morale de tous les États et de tous les acteurs de la communauté internationale d’honorer les victimes de la Seconde Guerre mondiale et de tirer les enseignements de la guerre la plus destructrice de l’histoire de l’humanité.

L’Inde a tout d’abord rappelé que ses soldats avaient participé aux efforts de guerre.  Elle a estimé choquant que, malgré leur contribution aux guerres du monde colonial, des milliers de volontaires n’aient pas été reconnus comme il se doit.  La Seconde Guerre mondiale reste à ses yeux, l’engagement militaire le plus important de l’histoire du sous-continent indien.  L’armée indienne était la force volontaire la plus importante de l’histoire: 87 000 personnes ou disparues, a dit la délégation.  « Nous ne pouvons pas oublier les sacrifices de nos frères et sœurs asiatiques, africains et arabes qui se sont battus et qui sont morts pour la liberté des puissances alliées, même si ces pays étaient sous occupation coloniale, a-t-elle lancé.

Mme NOUR ALI (République arabe syrienne) a souligné que la communauté mondiale commémore en ce jour un événement historique qui a changé la face du monde. Aujourd’hui, nous nous souvenons des victimes de cette guerre sans équivalent, qui a modifié la trajectoire du monde et le destin des peuples.  L’une des conséquences de la fin de la Seconde Guerre mondiale a été la naissance de l’ONU, a rappelé la délégation, affirmant que la Charte de l’Organisation est venue concrétiser les principes sur lesquels doivent être bâties les relations internationales, à commencer par la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  Après la victoire contre le nazisme, nous nous sommes fait la promesse d’éviter une autre guerre mondiale, nous avons pris l’engament de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales, a ajouté la Syrie, estimant que « réinterpréter l’histoire est dangereux » car cela touche aux fondations de l’ordre mondial et encourage le racisme et la xénophobie.  La mauvaise interprétation faite par certains États qui nient ce qu’a présenté la Fédération de Russie doit être condamnée, a martelé la délégation.  Elle a notamment regretté les attaques perpétrées contre des monuments historiques en hommage à ceux qui ont fait la guerre avec les alliés, avant de dénoncer par extension ceux qui nient la menace du terrorisme ou l’attisent.  Cette dégradation de la conscience mondiale est préoccupante, a-t-elle conclu, appelant la communauté internationale à travailler de concert pour faire face aux défis et éviter des souffrances, telles que celles vécues pendant la Seconde Guerre mondiale.

M.YAŞAR ALIYEV (Azerbaïdjan) a déclaré que les victimes de la Seconde Guerre mondiale ne doivent pas sombrer dans l’oubli.  « Chaque famille dans mon pays a été touchée, même si les hostilités ne sont pas produites sur son territoire », a déclaré le représentant.  Près de 600 000 Azerbaïdjanais ont été mobilisés et la moitié ont perdu la vie.  Certains ont été membres de la résistance en France, en Pologne et en Yougoslavie.  Bakou a fourni 80% du pétrole utilisé par l’URSS pendant la Guerre, a ajouté l’Azerbaïdjan.  M. Aliyev a appelé à des efforts supplémentaires pour mettre fin à l’impunité.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a rappelé que les peuples des anciennes républiques soviétiques ont lutté et souffert terriblement de cette guerre, pendant laquelle 500 000 citoyens ouzbeks ont perdu la vie.  Le pays a accueilli 1,5 million de réfugiés, dont 2 000 enfants qui ont été traités comme ses propres enfants.  La victoire appartient à l’humanité toute entière et sa mémoire doit être préservée pour édifier les générations futures, a déclaré la délégation, avant d’appeler à renforcer l’ONU pour garantir la paix.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a rappelé que 600 000 Arméniens avaient participé à la Seconde Guerre mondiale, dont la moitié n’étaient jamais rentrés.  La délégation a salué l’adoption en 1945 de la Charte des Nations Unies qui édicte des principes pour la promotion d’un ordre mondial plus juste.  Notant que l’humanité est toujours le témoin de politiques de haine, l’Arménie a appelé à s’opposer aux discours de haine et à promouvoir le règlement des différends sans recours à la force.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a souligné que la victoire de la Seconde Guerre mondiale avait eu un impact sur la décolonisation et ouvert la voie à l’intensification de la lutte contre l’apartheid.  Elle a fait savoir qu’il y a 11 000 tombes de soldats sud-africains inconnus à travers les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale.  Pour éviter de nouvelles guerres, l’Afrique du Sud a appelé à promouvoir sans faille le multilatéralisme et à lutter contre l’unilatéralisme étroit de certains États.

M. ARTSIOM TOZIK (Bélarus) a dit que l’humanité doit se souvenir de la Seconde Guerre mondiale pour éviter qu’elle ne se reproduise.  Il a mis l’accent sur le devoir de mémoire pour ne pas oublier les millions de victimes qui ont trouvé la force de résister et de lutter contre le nazisme.  À ses yeux, l’existence de nombreuses armes de destruction massive semble démontrer que les leçons de la Seconde Guerre mondiale n’ont pas été retenues. 

Mme NOA FURMAN (Israël) a rendu hommage aux millions de morts de la Seconde Guerre mondiale, dont notamment 20 millions de Russes, et salué les alliés autant que l’entente des grandes puissances qui ont assuré la victoire.  La représentante a déclaré que pour le peuple juif, cette guerre représentait l’holocauste, l’assassinat d’un tiers de la population juive dont 1,2 million d’enfants.  Rappelant une époque où une personne était réduite à un chiffre au lieu d’être un père ou un fils, elle a mis en garde contre le risque de voir le temps effacer l’Histoire et souligné le devoir de mémoire.  Or, s’est inquiété Israël, la liberté est de plus en plus attaquée en Europe et dans le monde, où « nous entendons des chants contre les juifs, voyons des synagogues attaquées, les juifs craindre de se déplacer dans les rues en portant les signes de leur foi ».  Citant Menahem Begin, la représentante a dit: « si l’ennemi essaie de nous détruire, les vivants ne doivent pas douter.  Plus jamais le monde ne croira que le peuple juif puisse se laisser encercler et massacrer ».  La déléguée, en conclusion, a déclaré qu’une génération s’est sacrifiée pour défendre les valeurs de démocratie et de liberté et que « nous devons nous battre pour les préserver ».

Le fascisme basé sur la suprématie raciale a essayé d’imposer une idéologie totalitaire à travers le monde, a fait observer M. SAAD AHMAD WARRAICH (Pakistan).  Des millions de vie ont été perdues dans cette quête inouïe de domination mondiale.  Des grands déserts du Moyen-Orient à l’Afrique et l’Asie, de nombreuses régions sont passées sous le joug du colonialisme.  Alors que nous rendons hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale, la délégation a appelé à réfléchir aux leçons du conflit.

Rapport de la Commission de vérification des pouvoirs

L’Assemblée générale a adopté sans vote le rapport de la Commission de la vérification des pouvoirs (A/75/606), présenté par le Président de celle-ci, qui contient la résolution intitulée « Pouvoirs des représentants à la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale », que la Commission avait adoptée sans mise aux voix.  Le rapport précise que les États-Unis ont déclaré ne pas s’être associés à l’adoption de la résolution de la Commission uniquement pour ce qui est de l’acceptation des pouvoirs présentés par le représentant de M. Nicolas Maduro au nom de la République bolivarienne du Venezuela.  Il rapporte aussi que la Fédération de Russie a félicité le Président Maduro pour son anniversaire.

Explication de vote après l’adoption du rapport

Le Pérou, qui s’exprimait au nom des pays membres du Groupe de Lima et d’autres pays, a estimé que le rapport ne devait pas être interprété comme étant comme une reconnaissance tacite du « régime » de Nicolas Maduro, car 50 États ne le reconnaissent pas comme président légitime du Venezuela mais reconnaissent Juan Guaido.

La République islamique d’Iran a exprimé ses réserves sur des parties du rapport susceptibles d’être interprétées comme une reconnaissance du régime israélien.

Le Venezuela a remercié l’Assemblée générale d’avoir accepté les pouvoirs du pays comme reconnaissance de son gouvernement.  Il a en revanche dénoncé l’utilisation faite de l’Assemblée générale pour s’en prendre à un État souverain.  Aujourd’hui, a-t-il dit, cette pratique illégale cautionnée par certains États a échoué.  Selon la délégation, les États-Unis ont mené une opération de type colonial contre le Venezuela en encourageant une tentative de coup d’État et en menaçant de mener une attaque terrestre avec le recours de mercenaires.  De plus, Washington a gelé les comptes internationaux du Venezuela pour empêcher des livraisons de médicaments alors que la pire pandémie fait rage dans le monde. Ironiquement, a-t-elle ajouté, ce qui a commencé par une tentative de coup de force au Venezuela s’achève par une tentative de coup d’État du Président Trump, qui ne reconnaît pas la volonté exprimée par son propre peuple.  Dimanche prochain, des élections libres se tiendront au Venezuela, a conclu la délégation en espérant que la minorité de pays qui ont accompagné l’opération coloniale des États-Unis reconnaîtront leur erreur.

Le Nicaragua a déclaré que le Venezuela avait un seul Gouvernement et un seul Président, Nicolas Maduro.  Son peuple prend ses décisions souverainement, a-t-il ajouté.

CULTURE DE PAIX

Rapport du Secrétaire général A/75/233

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a présenté le projet de résolution (A/75/L.28) intitulé « Suite donnée à la Déclaration et au Programme d’action en faveur d’une culture de paix » au nom des 98 coauteurs.  Elle a indiqué qu’en raison des restrictions liées à la pandémie de COVID-19, il a été décidé de procéder à une mise à jour technique du texte de l’an dernier, avec quelques ajouts relatifs aux échanges menés de manière numérique.  Se félicitant que le forum de haut niveau ait reconnu l’importance de la culture de paix, la représentante a noté qu’après la tenue du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action en faveur d’une culture de paix, le projet de résolution de cette année demande de réfléchir à un forum de haut niveau en septembre 2021 et d’en faire un succès retentissant.  Pour le Bangladesh, la notion de culture de paix, née en 1999, s’est transformée en un thème dominant reconnu dans les enceintes des Nations Unies et vient aujourd’hui appuyer le concept de maintien de la paix.  Pendant la pandémie, alors que l’intolérance va croissante, ce concept n’a fait qu’augmenter en importance, a souligné Mme Fatima, se réjouissant du grand nombre de coauteurs de ce texte, ce qui prouve, selon elle, que la communauté internationale veut défendre l’objectif international de la culture de la paix.  Elle a appelé à une adoption consensuelle de cette résolution.

Déclarations

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est exprimé au nom des membres de l’Alliance internationale pour la liberté religieuse, réseau de pays pleinement attachés à la liberté de religion ou de foi dans le monde, dont le travail est fondé sur le principe que tous les droits fondamentaux sont universels, indivisibles et inaliénables.  Plus de 80% des populations vivent dans des pays où ces formes de libertés sont limitées, raison pour laquelle l’Alliance continuera à les défendre, a assuré le représentant.  Il a indiqué notamment que l’Alliance continuera à défendre le droit à changer de foi, à ne pas en avoir et le droit de lutter contre toutes formes de persécution, où qu’elles soient menées.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunei Darussalam) a reconnu la nécessité, dans un monde aux nombreux défis, d’institutionnaliser une culture de prévention en s’attaquant aux causes profondes de la violence, de l’extrémisme et d’autres formes de violences.  C’est dans ce contexte, a-t-elle expliqué, que les États de l’ASEAN ont adopté, lors du trente et unième Sommet de l’ASEAN en 2017, une Déclaration sur la culture de prévention pour une société pacifique, inclusive, résiliente, saine et harmonieuse.  La Culture de prévention de l’ASEAN s’appuie sur six axes clefs pour la promotion d’une culture de paix et de compréhension interculturelle; d’une culture de respect pour tous; d’une culture de la bonne gouvernance à tous les niveaux; d’une culture de résilience et de soins pour l’environnement; d’une culture prônant un mode de vie sain; et d’une culture valorisant la modération.

Mettant l’accent sur la complémentarité entre la vision communautaire de l’ASEAN 2025 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle a indiqué que les six axes de la Culture de prévention de l’ASEAN ont été alignés sur les 17 objectifs de développement durable (ODD), notamment ceux liés à l’éducation, l’autonomisation des jeunes et l’éradication de la pauvreté.  « Pour poursuivre la mise en œuvre de la Déclaration sur la culture de prévention, l’ASEAN a adopté un plan d’action sur la culture de prévention en 2019 », a-t-elle aussi signalé avant de souhaiter que ces initiatives favorisent une approche inclusive, fondée sur des communautés centrées sur les personnes.

« La culture de prévention de l’ASEAN est notre contribution au développement de la Culture de la Paix », a encore dit Mme Sulaiman avant de souligner l’importance de la coopération internationale et du multilatéralisme, qui sont plus importants que jamais du fait des contraintes liées à la pandémie de COVID-19.  Elle a assuré de l’engagement de l’ASEAN à promouvoir, avec ses partenaires internationaux, une culture de paix, de sécurité, de stabilité et de prospérité par le biais d’instruments clefs tels que le Traité d’amitié et de coopération dans le Sud-Est de l’Asie (TAC) et le Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est (SEANWFZ); les mécanismes dirigés par l’ASEAN tels que le Sommet de l’Asie de l’Est (SEA), le Forum régional de l’ASEAN et les réunions des ministres de la défense de l’ASEAN.

M. MOHAMED A. A. MOHAMED (Libye) a dressé le bilan de l’action de l’ONU dans le domaine de la promotion d’une culture de paix et de la lutte contre les discours de haine.  Nous avons des outils à notre disposition, tels que le plan d’action pour la défense des sites religieux, a-t-elle dit.  « La liberté de religion ne doit pas être un prétexte pour insulter les religions », a poursuivi le délégué.  La Libye a ensuite souligné l’importance de l’appel lancé par le Secrétaire général aux dignitaires religieux pour promouvoir la tolérance et dénoncer les discriminations.  Elle a souhaité une sensibilisation des médias en vue de la diffusion de messages de solidarité et de tolérance.  Évoquant la situation fragile en Libye, son représentant a encouragé les journalistes et les médias à choisir la modération et la tolérance et à rejeter tous les discours qui pourraient saper la cohésion de la société libyenne.

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) a fait remarquer que durant la crise de COVID-19, « nous avons trouvé espoir et résolution en nous même, quand l’humanité s’est rassemblée dans un effort mondial pour combattre la pandémie ».  Par l’unité et le multilatéralisme, nous espérons combattre ce nouvel ennemi commun, a-t-il ajouté.  Mais le représentant a noté que cette crise avait aussi été marquée par une augmentation des attaques racistes, des violences xénophobes, de la discrimination et des discours de haine, et qu’aujourd’hui, ce n’est pas la santé seulement qui est assiégée, mais aussi la paix elle-même.

La Malaisie fait l’éloge de la force morale des Malaisiens, qui inclut l’acceptation des différences et des particularités, la tolérance et la bonne entente entre des groupes, des religions et des fois différentes.  Nous avons aussi appris à aimer et apprécier la diversité et le caractère unique d’États qui composent la communauté internationale a déclaré le délégué avant d’expliquer le succès de la création de la nation Malaisienne qui repose sur l’avancement des droits de l’homme et de l’état de droit, et sur une approche holistique des droits de l’homme.  Selon la Malaisie, dans la constellation des droits de l’homme, si l’un de ces droits est recherché plus qu’un autre, les autres droits sont éclipsés.  La liberté d’expression, par exemple, ne devrait pas usurper la liberté religieuse et vice versa.  La Malaisie a regretté que cet équilibre a été mis en cause à l’ONU par certaines délégations qui ont promu des droits aux dépens des autres.

Le représentant a jugé important « de s’élever au-dessus de la haine et de la peur et poursuivre notre engagement à promouvoir des interactions positives entre les nations et les peuples aux cultures et valeurs différentes », appelant les États Membres à maintenir une culture de paix et empêcher d’agir des individus et groupes irresponsables qui profitent du désespoir de la pandémie pour répandre le racisme, les discours de haine, la discrimination et la xénophobie.

La délégation a exhorté les États Membres à se réengager en faveur des principes de la Déclaration et du programme d’action pour une culture de paix.  Elle a réitéré son soutien au Plan d’action sur les crimes motivés par la haine et salué le travail de l’Alliance des Civilisations.

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a dit que la pandémie de COVID-19 a démontré la nécessité de revitaliser l’alliance internationale pour la bonne utilisation des ressources, notamment celles nécessaires au renforcement de nos systèmes.  Il a fustigé les pressions exercées contre son pays par les États-Unis qui ont saisi l’opportunité de la pandémie pour porter atteinte à la souveraineté du Venezuela.  La délégation a également reproché aux États-Unis d’empêcher son pays d’acheter des médicaments et des instruments de dépistage du virus.

M. AHMED DAWOOD ALI AL ZADJALI (Oman) a souligné que la culture de la paix occupe une place de choix dans la politique de son gouvernement.  Il a salué la déclaration du Secrétaire général relative à la promotion d’une culture de paix à travers le monde.  D’ailleurs, a poursuivi la délégation, la Charte des Nations Unies confirme l’importance de la paix et exhorte les États Membres à s’abstenir de toute ingérence dans les affaires internes des États.  Pour finir, M. Al Zadjali a souligné que, sur la base de « notre conviction » de l’importance de la paix, le Sultanat en a fait une composante essentielle de sa politique étrangère.

Selon le Koweït, la communauté internationale fait face aujourd’hui, plus qu’avant, à des défis sans précédent, aggravés par la pandémie.  Cette dernière a clairement montré la recrudescence des formes de haine et de racisme, couplées à d’autres phénomènes déjà connus, tels que le terrorisme, le fanatisme ou l’extrémisme violent.  Pour cette raison, la délégation a appuyé l’appel du Secrétaire général visant à l’adoption de cessez-le-feu à l’échelle mondiale, afin, de se concentrer sur la lutte contre la pandémie et ses conséquences.  À l’inverse, la délégation a estimé que l’on ne pourrait parvenir à la paix dans ce contexte.

Le Koweït a en outre réitéré sa ferme condamnation du terrorisme, en déclarant qu’il ne peut s’appuyer sur aucune religion, ni être attribué à quelque religion que ce soit.  Dans le même sens, la délégation a appelé à l’arrêt des discours de haine religieuse, qui ne font que porter atteinte à l’objectif de dialogue et de tolérance.

Singapour a souligné que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les vulnérabilités, les inégalités et l’intolérance croissantes ainsi que les tensions sociales dans de nombreux pays.  Face à cette menace complexe et multidimensionnelle, il est plus important que jamais, à ses yeux, d’œuvrer en faveur d’une culture de paix en tant que fondement essentiel de la coopération multilatérale, mondiale et régionale.  Citant le Secrétaire général, la délégation a jugé l’engagement en faveur de la paix important pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en particulier dans le contexte mondial actuel.  Singapour est convaincu que le renforcement de la cohésion sociale par l’établissement de liens de confiance et de compréhension qui permettent de surmonter les différences raciales, sociales et culturelles, est essentiel à un environnement mondial plus pacifique et plus stable.  Sa représentante a rappelé que Singapour a accueilli la première Conférence internationale sur les sociétés cohésives en 2019, l’occasion pour plus d’un millier de délégués venus de près de 40 pays de débattre de questions relatives à la foi et à l’identité et de s’engager à préserver l’harmonie religieuse dans le monde entier.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a dénoncé les discours provocateurs visant plus de deux milliards de musulmans dans le monde, ainsi que la « diffamation délibérée » de leurs symboles religieux.  Elle a déclaré que son pays veille à mener une politique impartiale et équilibrée sur le plan international, en mettant l’accent sur le règlement des conflits, comme l’atteste l’accueil à Doha des négociations intra-afghanes.  En conclusion, la représentante a estimé que le blocus injuste imposé à son pays depuis trois ans désormais est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies.

Pour M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba), la pandémie de COVID-19 a ajouté de nouveaux défis à la communauté internationale et montré le caractère injuste du système international qui privilégie les pays riches et ne fait qu’accroître les carences des pays pauvres.  « Cela est un paradoxe inacceptable », a-t-il martelé.  Il a dénoncé les mesures coercitives unilatérales, pourtant contraires à la Charte des Nations Unies, qui ont été renforcées en période de pandémie, entravant la capacité des États à faire face à la crise sanitaire.  De plus, la délégation s’est élevée contre « l’égoïsme » qui a prévalu parmi les plus riches qui se sont lancés dans une concurrence pour s’accaparer les moyens et les technologies pour faire face à la pandémie.  Pour finir, Cuba, qui reste pleinement attachée à la paix, a dénoncé le blocus économique et financier imposé par les États-Unis.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Le Comité des ONG suspend, retire ou rétablit le statut consultatif de 385 organisations non gouvernementales auprès de l’ECOSOC

Reprise de la session de 2020,
1re séance plénière – matin
ONG/909

​​​​​​​Le Comité des ONG suspend, retire ou rétablit le statut consultatif de 385 organisations non gouvernementales auprès de l’ECOSOC

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales (ONG) a tenu ce matin, avec l’autorisation « exceptionnelle » du Conseil économique et social (ECOSOC)*, une session d’une demi-journée au cours de laquelle il a suspendu le statut consultatif de 187 ONG et retiré celui de 142 autres ONG qui n’ont pas répondu à ses trois derniers rappels.  Le Comité a aussi décidé de rétablir le statut de 56 ONG dont l’Association africaine de l’eau (AAE).

Au cours d’une brève réunion en personne, dans la salle de l’Assemblée générale, le Président du Comité, M. Mohamed Awadalla Sallam Adam, du Soudan, a rappelé qu’alors que la reprise de la session était initialement prévue du 18 au 28 mai et le 5 juin, les restrictions liées à la COVID-19 en vigueur au Siège de l’ONU en ont décidé autrement.  L’ECOSOC a alors fixé la reprise de session du 31 août au 4 septembre, mais avec le piratage, au mois de juin, d’une des plateformes technologiques utilisées par le Service des ONG, l’accès aux données sur les demandes de statut consultatif s’est avéré impossible. 

Le Comité a donc tenu une réunion informelle, le 8 octobre, pour décider d’une reprise de session avant la fin de cette année.  Une demande a été faite à l’ECOSOC pour qu’il accorde le temps et les ressources supplémentaires de façon à ce que le Comité puisse rattraper le temps perdu en 2021.  Le 25 novembre dernier, l’ECOSOC a autorisé le Comité « à titre exceptionnel » à convoquer une réunion aujourd’hui et huit supplémentaires en 2021.

Parmi les ONG qui ont récupéré aujourd’hui leur statut consultatif auprès de l’ECOSOC, il faut citer l’organisation ivoirienne « Association africaine de l’eau (AAE) », créée en 1980 sous le nom d’« Union Africaine des Distributeurs d’Eau (UADE) ».  L’AAE a pour objectif d’assurer une action coordonnée pour l’acquisition et l’amélioration des connaissances en matière d’eau, d’assainissement et d’environnement, notamment sur les plans technique, juridique, administratif et économique.  L’ONG mène actuellement plusieurs activités dont le programme du « Water Operators Partnership » avec ONU-Habitat, dont l’objectif est principalement le partage d’expériences et le renforcement des capacités des opérateurs des secteurs de l’eau et de l’assainissement.  Le programme est d’ailleurs appuyé par la Banque africaine de développement (BAD) et d’autres institutions financières. 

Le Comité a également rétabli le statut consultatif de l’ONG sénégalaise « Centre de recherches et de promotion pour la sauvegarde des sites et monuments historiques en Afrique ».  Le Centre propose des études de projets et maîtrises d’œuvre des chantiers de restauration des monuments et de sauvegarde des centres historiques.  L’ONG s’est dotée de laboratoires de conservation travaillant sur les techniques appropriées pour les matériaux traditionnels.  Elle offre enfin une assistance aux États africains pour la promotion de leurs monuments en vue de leur insertion dans la vie économique, culturelle et sociale, et dans le secteur du tourisme. 

Le Comité, qui est composé 19 membres, examine les demandes de statut consultatif auprès de l’ECOSOC et les demandes de reclassement présentées par des ONG.  Il prend aussi note des rapports quadriennaux que sont tenues de présenter les ONG dotées d’un des trois statuts, à savoir le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste. 

La prochaine session du Comité chargé des ONG se tiendra du 18 au 29 janvier et le 10 février 2021, les reprises de session sont programmées du 17 au 25 mai, puis le 27 mai et le 7 juin 2021.

* E/2021/L.9

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission adopte trois projets de résolution qui font le lien entre la nature, le climat et le développement

Soixante-quinzième session,
7e séance plénière – matin
AG/EF/3544

La Deuxième Commission adopte trois projets de résolution qui font le lien entre la nature, le climat et le développement

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a adopté trois projets de résolution par consensus ce mercredi, tous ayant trait aux interactions de l’homme avec la nature.  Ils concernent plus précisément le développement agricole et la nutrition, l’eau et la sauvegarde du climat.  Le dernier projet a fait l’objet de votes enregistrés concernant certaines dispositions.

Le premier texte, intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition », déplore que les difficultés persistantes pour réaliser le deuxième objectif de développement durable (ODD 2) sur l’élimination de la faim dans le monde soient encore aggravées par la pandémie. 

Les délégations sont d’accord sur le fait que des changements en profondeur sont nécessaires pour réaliser cet objectif, y compris baisser les importations agricoles pour augmenter la résilience des pays.  Mais les États-Unis n’ont pas manqué de relever que cette recommandation était en conflit avec les prescriptions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Ils ont tenu à préciser que s’ils se souciaient bien du droit à l’alimentation, ce dernier ne constituait pas une obligation pour eux, n’étant pas partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Le projet inclut aussi des références à un changement de systèmes agricoles pour, à la fois, juguler la production de gaz à effet de serre, s’attaquer aux changements climatiques et réduire les risques de catastrophe.  L’Union européenne (UE), qui a plaidé en faveur de « systèmes alimentaires durables et plus verts », aurait préféré un engagement plus fort sur la question des changements climatiques.  Elle a regretté, à l’instar du Royaume-Uni, que l’inclusion du principe « Un monde, une santé », n’ait pas été retenue dans le projet final.

Le second texte, intitulé « Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures », a lui aussi été adopté sans vote, mais le consensus n’a pas été facile à atteindre.  Il a fallu en effet que la Commission procède à quatre mises aux voix concernant des propositions d’amendement avant de pouvoir adopter le projet dans son ensemble, sans vote.  Si les deux amendements proposés ont été rejetés, leurs auteurs ont ensuite demandé des votes pour décider de la « conservation » des paragraphes visés.  Les votes ont confirmé les paragraphes 2 et 10 du dispositif dans leur rédaction originale.

Ce texte recommande aux pays d’aligner leurs politiques nationales sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, afin de « reconstruire en mieux » et d’accélérer la transition vers des économies et des sociétés à faibles émissions de carbone.  Il soutient l’Accord de Paris, mais se préoccupe que les contributions déterminées au niveau national ne soient pas suffisantes pour contenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.

Les États-Unis ont sans succès tenté de modifier le paragraphe 10 en profondeur pour en supprimer les termes « collectivement », « respectueuse de l’environnement », « esprit d’ouverture » et « solidarité ».  Ils ont déclaré que malgré leur soutien à l’adoption du projet, ils ne tiendraient pas compte de ce paragraphe. 

La Fédération de Russie, en opposition franche avec le Groupe des 77 et de la Chine, a tenté sans succès de modifier, puis de supprimer, le second paragraphe, qui recommande de « rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques ».  Dans les conditions socioéconomiques actuelles, la Russie a condamné les tentatives de régulation des flux financiers, un projet qu’elle a jugé « polémique » et « inacceptable ».  Elle n’a été suivie sur ce chemin que par le Bélarus. 

L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a exprimé son amertume face à un texte final qu’elle a jugé trop timoré.  « L’ONU rate encore l’occasion d’un engagement clair », s’est-t-elle insurgée, déplorant un « libellé faible », comme « un placebo contre une maladie mortelle », et des « engagements vagues ».  L’Union européenne (UE) a, elle, estimé que l’adoption par consensus envoyait un signal fort, alors que l’on célèbre le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris.  Elle a refusé de choisir entre deux luttes, celle contre la pandémie et celle contre les changements climatiques: « il faut s’attaquer aux deux », a-t-elle tranché, souhaitant voir créer des emplois dans les domaines des énergies renouvelables et de la restauration des espaces naturels. 

Quant à la Chine, elle a vertement critiqué sans les nommer les États-Unis, pour ce qu’elle considère comme des tentatives d’ébranler le consensus, leurs velléités unilatérales, leur retrait de l’Accord de Paris.  « Ce pays prétend que le Programme 2030 et d’autres accords internationaux ne sont pas juridiquement contraignants et n’entraînent pas de contraintes financières », a-t-elle protesté.

Le troisième projet de résolution adopté ce matin détaille le contenu d’une prochaine conférence dédiée à l’eau qui se tiendra en mars 2023.  Plusieurs pays ont expliqué leur soutien au texte par le caractère indispensable de la coopération entre les pays dans la gestion de l’eau.  Elle deviendra de plus en plus cruciale dans le futur avec la demande croissante en eau et les changements climatiques, ont expliqué l’UE, le Japon ainsi que l’Iraq, pour qui l’ONU est « l’enceinte appropriée » pour discuter de l’importance de l’eau sur le développement durable. 

La Commission se réunira de nouveau, courant décembre, pour se prononcer sur un dernier projet de résolution traitant de l’Examen quadriennal des activités de développement du système des Nations Unies.

DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition

Le projet de résolution intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition » (A/C.2/75/L.56), adopté sans vote, traite des difficultés persistantes pour réaliser l’objectif 2 de développement durable sur l’élimination de la faim dans le monde.  Ces dernières sont aggravées par la pandémie de COVID-19, souligne le texte qui prévient aussi que des changements en profondeur sont nécessaires pour réaliser l’objectif d’éliminer la faim et l’insécurité alimentaire.  Le projet inclut aussi des références aux dégâts causés par la pandémie sur l’insécurité alimentaire et les productions agricoles.

Le texte se félicite de l’initiative prise par le Secrétaire général de convoquer le Sommet sur les systèmes alimentaires en 2021.

Demeurant profondément préoccupée par l’insécurité alimentaire et la malnutrition dont souffrent toujours des centaines de millions de personnes, l’Assemblée constatera néanmoins via ce texte qu’un nombre croissant de pays, notamment en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans le Pacifique, intègrent la sécurité alimentaire et la nutrition dans leurs politiques agricoles et plans d’investissement.

Citant le prochain Sommet Nutrition pour la croissance qui doit se tenir à Tokyo en 2021, le texte prie instamment les États Membres et les autres parties prenantes de promouvoir une action collective visant à remédier aux conséquences de la pandémie de COVID-19 sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.  Pour y parvenir, il préconise notamment de favoriser l’agriculture et les systèmes alimentaires durables, en assurant l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Il encourage à prendre des mesures pour assurer la sécurité alimentaire et la nutrition durant la pandémie, et pour réduire au minimum les vastes répercussions de cette dernière.

Il souligne qu’il faut accélérer la résilience et la capacité d’adaptation des systèmes alimentaires face à la variabilité du climat et aux phénomènes climatiques extrêmes en vue de libérer le monde de la faim et de la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030 : il engage en particulier la communauté internationale à continuer d’appuyer la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine et son cadre de résultats.

Le texte rappelle aussi que la population urbaine mondiale devrait pratiquement doubler d’ici à 2050 : il recommande donc de se focaliser sur la sécurité alimentaire des populations urbaines pauvres.

Il note enfin le commencement de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028).  À cet égard, il préconise l’application intégrale de la résolution dédiée, et accueille avec satisfaction le plan d’action mondial de la Décennie visant à promouvoir l’élaboration, l’amélioration et la mise en œuvre de politiques publiques en matière d’agriculture familiale.

Après l’adoption, l’Union européenne (UE) s’est félicitée de l’adoption par consensus de ce « texte important » sur les questions de développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition, qui sont la pierre angulaire de l’objectif 2 de développement durable (élimination de la faim).  Elle a souligné que la pandémie est bien plus qu’une crise sanitaire, car elle risque d’affecter la sécurité alimentaire dans le monde.  Dès lors, cette résolution devrait donner une voie à suivre sur la transformation à effectuer pour des systèmes alimentaires durables, surtout à l’aune du Sommet sur les systèmes alimentaires en 2021.

L’UE a toutefois indiqué qu’elle aurait préféré un libellé plus fort sur la question des changements climatiques.  Elle a plaidé en faveur de systèmes alimentaires durables et plus verts, ainsi que pour l’inclusion du principe « Un monde, une santé » dans le texte de la résolution. 

Les États-Unis ont apprécié que ce texte salue le rôle important que joue le développement agricole pour la sécurité alimentaire.  S’agissant du paragraphe 12 du préambule, qui fait référence à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, ils ont rappelé que les États-Unis avaient toujours soutenu les objectifs de ce programme.  Ils ont cependant indiqué être préoccupés par le libellé de certains points de l’Agenda 2063 qui n’est pas forcément conforme avec les prescriptions de l’OMC, en particulier pour ce qui est de la baisse des importations alimentaires.  La délégation a voulu de nouveau rappeler que les États-Unis ne plaident pas en faveur du protectionnisme et ne voient pas l’intérêt d’y faire allusion dans ce texte.  Tout en œuvrant, dans leurs politiques, en faveur du droit à l’alimentation, les États-Unis ont souligné qu’il ne s’agit cependant pas d’une obligation pour eux, n’étant pas partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.   La résolution ne devrait pas définir le contenu de ce droit et des droits y afférant, a conclu la délégation.

Le Royaume-Uni a souligné les conséquences de la COVID-19 sur les systèmes alimentaires dans le monde ainsi que l’impératif de repenser l’environnement pour qu’il soit au service de la santé, du développement durable et de la sécurité alimentaire.  La délégation a regretté que la référence au principe « Un monde, une santé » n’ait pas été reprise dans ce texte et a émis l’espoir que ce serait rectifié l’année prochaine.

Développement durable

Le projet de résolution intitulé « Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures » (A/C.2/75/L.26/Rev.1) a été adopté dans son ensemble sans vote, après cependant quatre votes enregistrés sur deux projets d’amendement. 

Le premier amendement (A/C.2/75/L.59) a été rejeté par 54 voix pour, 102 voix contre et 2 abstentions (Madagascar et Turquie). 

Présenté par les États-Unis, il proposait de remplacer le paragraphe 10 du projet par le paragraphe suivant:

« 10. Réaffirme qu’elle est attachée à réaliser le développement durable dans ses trois dimensions –économique, sociale et environnementale– d’une manière équilibrée et intégrée; ».

Le paragraphe final se lit comme suit: « 10. Souligne qu’il convient d’agir collectivement afin de promouvoir le développement durable dans ses trois dimensions d’une manière novatrice, coordonnée et respectueuse de l’environnement, et dans un esprit d’ouverture et de solidarité; ».

Avant le vote sur cette proposition d’amendement, les États-Unis ont commenté leur initiative.  Les trois mots proposés par les États-Unis devraient être, selon eux, familiers à toutes les délégations: ils sont une innovation précieuse tirée du Programme 2030, ont-ils rappelé.  Il faut, ont-ils plaidé, réaliser le développement durable dans ses trois dimensions, « économique, sociale et environnementale », comme indiqué dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Or, dans le paragraphe actuel, on s’éloigne de cette idée. »

Pour le Mexique, qui a voté en faveur du projet d’amendement, la modification est d’importance.  Le Mexique a relevé en effet que la question des changements climatiques est indissociable du développement durable.  Il a réaffirmé son plein appui à la réalisation des cibles et expliqué son vote en disant vouloir appuyer « tout ce qui promeut les objectifs de développement durable ». 

Une mise aux voix a ensuite été demandée pour conserver le paragraphe 10 du dispositif en l’état.  Par 83 voix pour, 61 voix contre et 6 abstentions (Côte d’Ivoire, Islande, Guinée équatoriale, Madagascar, Norvège et Suisse), le paragraphe 10 du dispositif a été confirmé.

Après ce vote, la Chine a fait une déclaration pour dire qu’elle promouvait la neutralité carbone et les accords internationaux visant l’atténuation des changements climatiques d’une manière équilibrée, espérant que toutes les délégations travailleraient ensemble pour réaliser le Programme 2030.

Après le vote, Le Brésil, le Venezuela, le Botswana, la Libye, le Yémen, la République dominicaine, la Tunisie, le Mozambique, le Gabon, la République centrafricaine, Djibouti, le Kenya et le Tchad ont demandé oralement à rectifier leur vote; ils avaient voté contre par erreur.  Ils se sont donc positionnés en faveur de la conservation du paragraphe 10.

Un deuxième amendement (A/C.2/75/L.60), présenté par la Fédération de Russie, a été rejeté.  Il n’a reçu que 2 voix pour (Bélarus et Fédération de Russie), 150 voix contre et 2 abstentions (États-Unis et Madagascar).  Il proposait d’ajouter, dans le paragraphe 2, les termes « selon qu’il conviendra, » après « mesures de relance liées à la COVID-19 »; de supprimer les termes « les investissements et » après « en alignant »; et de supprimer le membre de phrase « et à rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques, ».

Avant le vote, la Fédération de Russie a fait remarquer que, en conséquence de la pandémie, plusieurs objectifs de développement durable étaient menacés, que les systèmes nationaux de santé étaient débordés et que des millions de personnes avaient été mises au chômage.  Dans ces conditions, la Fédération de Russie a jugé « incorrect » que des délégations cherchent à imposer ce qu’elle a considéré comme des « démarches de relèvement déséquilibrées », notamment la régulation des flux financiers.  « La position russe a été communiquée maintes fois, mais le projet contient toujours des propositions polémiques, inacceptables pour la Russie », a dit la délégation qui a demandé par ailleurs à savoir quel État Membre avait demandé un vote sur sa proposition d’amendement. 

« Le vote a été demandé par le Guyana », a précisé le Président de la Deuxième Commission.

Le Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré aussitôt que le Groupe voterait contre le projet d’amendement.

Après le vote, la Fédération de Russie a regretté le résultat, qui montre, selon elle, que les délégations ne sont pas prêtes au compromis. 

Une mise aux voix a ensuite été demandée par la Fédération de Russie concernant la conservation du paragraphe 2.  La délégation russe a appelé à voter contre, et le Groupe des 77 et de la Chine a aussitôt répliqué qu’il voterait pour. 

La conservation du paragraphe a été approuvée par 154 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Fédération de Russie) et une abstention (Madagascar). 

Le projet de résolution intitulé « Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures » (A/C.2/75/L.26/Rev.1), qui a finalement été adopté dans sa version originale, demande instamment aux États Membres de tenir compte du climat et de l’environnement dans les mesures de relance liées à la COVID-19. 

Il recommande aux pays d’aligner leurs politiques nationales sur le Programme 2030, l’Accord de Paris et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, afin de reconstruire en mieux et d’accélérer la transition vers des économies et des sociétés à faibles émissions de carbone.

Il soutient l’Accord de Paris mais se préoccupe que les contributions déterminées au niveau national présentées à ce jour par les Parties à l’Accord ne soient pas suffisantes.  Des mesures doivent être prises pour contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, insiste le texte, évoquant notamment comme moyen le renforcement des capacités d’adaptation et de résilience.

Le projet attend avec intérêt l’organisation par le Gouvernement du Royaume-Uni, à Glasgow, du 1er au 12 novembre 2021, de la vingt-sixième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations sur les changements climatiques, de la seizième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto, et de la troisième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris. 

Il décide en outre d’inscrire au calendrier des conférences et réunions des Nations Unies pour les années 2022 et 2023 les sessions de la Conférence des Parties à la Convention et de ses organes subsidiaires.

Avant l’adoption, le Belize, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déploré que l’ONU rate encore l’occasion d’un engagement clair.  L’AOSIS a déploré un libellé faible, comme « un placebo contre une maladie mortelle », et des « engagements vagues ».  Selon la délégation, la résolution actuelle n’est pas assez ambitieuse; elle ne répond pas de manière adéquate aux défis en matière d’investissements, de financement et de renforcement des capacités.  L’AOSIS a également regretté que le paragraphe 2 ne reconnaisse pas les caractères spécifiques des pays en développement.  Dix ans après que les pays développés se sont engagés à fournir 100 millions de dollars par an pour lutter contre les changements climatiques, cette promesse n’est pas tenue, et les citoyens en sont tenus à lutter seuls contre la pandémie et les changements climatiques, a-t-elle poursuivi.  Qu’il n’y ait pas de mention spécifique aux pays en développement, qu’ils soient mis sur le même plan que les pays développés dans ce paragraphe 2 crée un « véritable déséquilibre », a martelé l’Association.  Elle a aussi estimé que les auteurs du projet étaient atteints de « myopie ».  L’AOSIS a demandé que soit mentionné au procès-verbal le fait qu’elle estime que le paragraphe 2 ne doit pas créer de précédent, et ne doit pas être utilisé dans d’autres textes.

Le Groupe des 77 et de la Chine a relevé que les changements climatiques étaient l’un des plus importants défis de l’époque.  Il a prôné une adoption consensuelle du projet. 

Après l’adoption, la Fédération de Russie a répété qu’elle se dissociait du paragraphe 2 du dispositif et n’en tiendrait pas compte.

L’Union européenne (UE) a estimé que l’adoption par consensus envoyait un signal fort, alors que l’on célèbre le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris.  Il n’y a pas de choix à faire entre pandémie et changements climatiques, il faut s’attaquer aux deux, a-t-elle prôné, souhaitant voir créer des emplois dans les domaines des énergies renouvelables et de la restauration des espaces naturels.  L’UE a aussi loué les promesses faites par certains pays lors du dernier G20 d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. 

Les États-Unis ont regretté que le paragraphe 10 ne soit pas amendé.  Ils auraient préféré un « libellé de consensus » autour du développement durable.  Ils ont donc déclaré se dissocier du paragraphe 10 tout en s’associant au consensus sur ce projet.  Ils se sont aussi dissociés du paragraphe 2 du dispositif.  Concernant ce paragraphe 2 et le paragraphe 4 du préambule, ils se sont dits favorables au développement des énergies propres, et à canaliser les investissements privés à cette fin.  Concernant le relèvement contre la COVID-19, ils ont estimé qu’il n’y avait pas d’approche unique, et que chaque pays devrait organiser son relèvement comme bon lui semble.  Concernant les références au Cadre de Sendai, ils ont renvoyé à leur déclaration du 18 novembre.

Le Royaume-Uni a appelé à reconstruire en mieux et en plus vert, et a soutenu le paragraphe 2, qui lie relèvement économique et protection de l’environnement.  Il s’est dit impatient d’accueillir les délégations à Glasgow, du 1er au 12 novembre 2021, pour la vingt-sixième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations sur les changements climatiques, de la seizième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto, et de la troisième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris. 

L’Inde a estimé qu’avant de se fixer des objectifs pour 2050, il fallait d’abord se concentrer sur des objectifs à plus court terme, déjà fixés à 2030.  La délégation a appelé les pays développés à montrer plus d’enthousiasme, à l’instar de l’Inde, qui redouble d’efforts pour diminuer ses émissions carbonées.  Elle a appelé à plus de pragmatisme et engagé les pays développés à respecter leurs engagements internationaux. 

La Chine a relevé qu’« un certain pays » ébranlait l’approche consensuelle et a rejeté cette approche.  Poussé par des ambitions politiques nationales, ce « pays » s’est retiré de l’Accord de Paris et prétend que le Programme 2030 et d’autres accords internationaux ne sont pas juridiquement contraignants et n’entraînent pas de contraintes financières, a-t-elle dit.  Selon la Chine, ce « pays-là » ne fait que saper la communauté internationale, qui entend travailler par consensus.  La délégation a regretté que la locution « solutions basées sur la nature » ne fasse pas partie du dispositif final malgré le souhait de la Chine, dont le désir est de reconstruire en mieux, dans l’intérêt de tous les États Membres et de la communauté internationale. 

Le projet de résolution intitulé « Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème “L’eau et le développement durable” (2018-2028) » (A/C.2/75/L.2/Rev.1), adopté sans vote, détaille l’ordre du jour provisoire et le projet d’organisation des travaux de cette conférence qui se tiendra à New York, du 22 au 24 mars 2023, en même temps que la Journée mondiale de l’eau.

Avec ce texte, l’Assemblée réaffirmera aussi sa décision d’insister davantage sur le développement durable et la gestion intégrée des ressources en eau à des fins sociales, économiques et environnementales.

Elle accueillera avec satisfaction l’offre généreuse faite par les Gouvernements du Tadjikistan et du Royaume des Pays-Bas d’accueillir ensemble la Conférence et d’en assumer les frais.

La Conférence devra entre autres, selon le texte, évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la Décennie, y compris le Plan du Secrétaire général pour la Décennie d’action sur l’eau (2018-2028); identifier les éventuels défis et obstacles liés à la réalisation des objectifs de la Décennie. 

Elle devra aussi concevoir les actions et initiatives nécessaires pour accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs au cours de la deuxième moitié de la Décennie.  La Conférence comprendra une cérémonie d’ouverture et de clôture, six séances plénières et cinq dialogues interactifs.

Avec ce texte, l’Assemblée priera de nouveau sa présidence d’organiser à New York, en 2021, une réunion de haut niveau d’une journée pour promouvoir l’accomplissement de progrès sur la voie des objectifs et cibles relatifs à l’eau du Programme 2030.

Le texte demande en outre à sa présidence de tenir une réunion préparatoire d’une journée, d’ici à novembre 2022, au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, afin de finaliser les thèmes des dialogues interactifs et les autres questions d’organisation en suspens.

Le texte se félicite également de la contribution d’autres réunions existantes sur l’eau qui peuvent servir à alimenter le processus préparatoire de la Conférence.  Il salue à cet égard les offres généreuses du Gouvernement portugais d’accueillir un colloque de haut niveau sur l’eau pendant la Conférence des Nations Unies sur les océans, du Gouvernement allemand d’accueillir une conférence de haut niveau sur l’eau, du Gouvernement japonais d’appuyer l’organisation du Sommet Asie-Pacifique consacré à l’eau en avril 2022, du Gouvernement sénégalais d’accueillir le neuvième Forum mondial de l’eau du 21 au 26 mars 2022, et d’autres États Membres d’organiser des réunions visant à alimenter l’examen approfondi à mi-parcours.

Le Secrétariat de la Deuxième Commission, qui a rappelé l’offre généreuse faite par les Gouvernements du Tadjikistan et des Pays-Bas d’accueillir ensemble la Conférence et d’en assumer les frais, a annoncé que l’organisation de la Conférence n’aurait pas de conséquence sur le budget-programme.

Après l’adoption, le Tadjikistan, coauteur du projet de résolution, a salué le consensus ayant conduit à son adoption et a fait savoir que, depuis la présentation du projet de résolution, 190 États Membres s’étaient ralliés à la liste des coauteurs.  Il a fait part de son impatience à accueillir les délégations à la Conférence.  Il a plaidé en faveur de l’eau et d’un développement durable, des moyens de garantir l’atteinte des objectifs liés à l’eau dans le Programme 2030.  Il a invité les donateurs à soutenir la préparation des pays en développement à la Conférence. 

Également coauteurs, les Pays-Bas ont réitéré que les objectifs liés à l’eau sont au cœur du développement durable.  La délégation a insisté sur l’importance de faire résonner un nouveau sentiment d’urgence sur la question de l’eau et a rappelé qu’il s’agira de la première conférence sur l’eau en 50 ans.  Elle a salué le fait que les délégations accordent une grande importance à l’eau et à l’organisation de cette conférence.

Les États-Unis ont souhaité une approche « à parties prenantes multiples » sur la question de l’eau.  Ils ont ajouté qu’ils étaient prêts à faire le nécessaire pour le succès de la Décennie d’action sur l’eau.  La délégation a rappelé qu’elle n’était pas partie à tous les instruments internationaux, en particulier ceux qui menacent la vie et les conditions de vie sur terre, avant de renvoyer à sa déclaration du 18 novembre sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les autres accords internationaux.

L’Éthiopie a indiqué s’être jointe au consensus, reconnaissant l’importance de l’eau dans la réalisation du développement durable dans ses trois dimensions.  Le pays a prévenu que les paragraphes 8 et 16 du préambule de la résolution ne devront pas être considérés comme « convenus » pour des futures négociations.

L’Union européenne a salué le consensus sur le projet de résolution et a martelé que le Programme 2030 reste le cadre de ses actions.  Elle a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de ce programme et a déploré que certaines délégations aient formulé des objections à l’inclusion de références explicites aux objectifs de développement durable relatifs à l’eau.  Elle a estimé que le Programme ONU-Eau, qui plaide et communique dans le cadre de la Décennie, avait un rôle clef à jouer dans la préparation de la Conférence et de l’événement en tant qu’organe de coordination des Nations Unies pour les questions relatives à l’eau.  Cela aurait dû être plus clairement reflété dans le texte, a estimé la délégation.  Rappelant que la grande majorité des bassins versants dans le monde traversent les frontières nationales, elle a souligné le caractère indispensable de la coopération entre les pays dans la gestion de l’eau.  Cela deviendra encore plus important avec la demande croissante en eau et les changements climatiques, a-t-elle ajouté.  La délégation a regretté à cet égard que l’Assemblée générale n’ait pas été en mesure de prendre une position plus ferme en faveur d’une action accélérée en matière de coopération transfrontière.

Le Japon, qui s’est rallié au consensus, a prédit que les catastrophes liées à l’eau seront appelées à se multiplier à cause des changements climatiques.  Il a réitéré la nécessité de déployer des efforts supplémentaires pour réaliser les cibles internationalement agréées comme le Programme 2030, le Cadre de Sendai et l’Accord de Paris, au lieu de se focaliser uniquement sur l’objectif de développement durable no 6.  La délégation a annoncé qu’en avril 2022, elle organisera le quatrième Sommet Asie-Pacifique sur l’eau au Japon pour discuter de l’accès à l’eau et des questions relatives à l’eau, y compris les catastrophes liées à l’eau et la distribution.

L’Iraq, qui s’est joint au consensus, a souligné l’importance de l’objectif de développement durable 6 et de la première conférence liée à l’eau depuis 1977, étant donné l’importance de l’eau pour la vie et l’agriculture.  Il a annoncé qu’il était en faveur de la coopération transfrontalière sur l’eau afin de garantir le développement durable, la paix et la sécurité internationales.  Pour l’Iraq, l’ONU est l’enceinte appropriée pour discuter de l’importance de l’eau sur le développement durable.

Le Pakistan a dit que la conférence de 2023 sur l’eau était essentielle pour son pays qui souffre régulièrement de pénuries d’eau.  C’est une menace à la paix et la sécurité internationales, a prévenu la délégation qui a espéré que la Conférence arriverait à régler la question de la coopération transfrontalière liée à l’eau.

L’Égypte a souligné le rôle clef que joue l’eau pour l’intégration régionale et le développement durable.  Le nombre de problèmes liés à l’eau continue d’augmenter, a estimé la délégation, rappelant que 153 pays partagent 263 lacs et rivières transfrontaliers.  Il faut donc coopérer afin de régler toute crise existentielle liée à l’eau, a-t-elle prôné.  L’ONU ne peut pas fermer les yeux sur cette question, a alerté l’Égypte pour qui la Conférence sera une occasion de mener des discussions ouvertes et complètes sur la question de l’eau.  Il ne faudra occulter aucun problème, a plaidé la délégation. 

L’Afghanistan a estimé que le projet de résolution recouvrait les questions importantes liées à l’eau, avant de réaffirmer son appui pour assurer la réussite de la Conférence et les mesures pour y parvenir.

Le Saint-Siège a salué l’adoption de la résolution.  En 2023, la Conférence consacrée à l’examen à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème sera l’occasion de discuter des difficultés et des obstacles à la mise en œuvre de ladite décennie, a-t-il souhaité.  Après avoir salué les points positifs de la résolution, le Saint-Siège s’est félicité du paragraphe 8 du préambule. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC reconduit le mexicain Juan Sandoval Mendiolea à l’une de ses quatre vice-présidences et fixe les dates de la session du Comité des ONG

Session de 2021
2e séance – matin
ECOSOC/7029

L’ECOSOC reconduit le mexicain Juan Sandoval Mendiolea à l’une de ses quatre vice-présidences et fixe les dates de la session du Comité des ONG

Le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) a réélu, ce matin, M. Juan Sandoval Mendiolea, du Mexique, à l’une de ses quatre vices-présidences pour la session 2021.  M. Sandoval présidera le segment « intégration » de la session de fond.

Le Président du Conseil, M. Munir Akram, du Pakistan, a salué cette réélection qui garantira une interaction solide, un échange d’expériences et le partage des leçons apprises dans les instances de haut niveau.  En vue du segment « intégration », il a souligné l’importance d’une réponse intégrée des Nations Unies, avec les contributions des organisations régionales, de la société civile et du monde des affaires.  Le Président a insisté sur une riposte à la COVID-19 axée sur la personne pour « reconstruire en mieux » et réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’ECOSOC a aussi décidé que la session du Comité des ONG se tiendra du 18 au 29 janvier et le 10 février 2021; les reprises de session étant prévues du 17 au 25 mai, puis le 27 mai et le 7 juin*.  En adoptant sans vote, tel qu’oralement amendée, cette décision, le Conseil autorise, à titre exceptionnel, le Comité à tenir une dernière réunion, au cours du dernier trimestre de cette année, pour examiner la suspension, le retrait et le rétablissement du statut consultatif des ONG auprès de l’ECOSOC.  La réunion n’a pu se tenir en août 2020, en raison de contraintes liées à la pandémie de COVID-19.  

L’ECOSOC se réunira de nouveau au mois de décembre pour procéder aux élections en suspens dans ses organes subsidiaires.

*E/2021/L.9

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