En cours au Siège de l'ONU

À l’heure de la COVID-19, la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation entame ses travaux selon des modalités « réalistes et flexibles »

Soixante-quinzième session,
Session d’organisation - Matin
CPSD/714

À l’heure de la COVID-19, la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation entame ses travaux selon des modalités « réalistes et flexibles »

Chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, la Quatrième Commission a approuvé, ce matin, son programme de travail* et son calendrier pour la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Comme l’a expliqué le Président de la Commission, M. Collen Vixen Kelapile, du Botswana, en raison des contraintes imposées par la pandémie de COVID-19, la Commission ne tiendra que 12séances publiques, ses travaux de fond débutant le 14 octobre par un débat général conjoint sur l’ensemble des 15 points inscrits à son ordre du jour, débat qui s’achèvera le 4 novembre.  Les 6 et 10 novembre, la Commission se prononcera sur ses projets de résolution et de décision.

Ces nouvelles modalités, a précisé le Président, répondent au souci de circonscrire une démarche « réaliste et flexible » pour les travaux de la Commission dans le contexte de la COVID-19, mais ne sont que temporaires et ne constituent en aucun cas un précédent.  M. Kelapile a également indiqué que le Bureau allait se pencher sur « un plan B » au cas où les réunions présentielles ne pourraient avoir lieu en raison de la pandémie.

La Commission a également procédé ce matin à l’élection par acclamation des membres de son Bureau.  Ainsi ses Vice-Présidents seront Paul Hussar, de la Roumanie; José Osvaldo Sanabria Rivarola, du Paraguay; et Darren Camilleri, de Malte; tandis que le poste de Rapporteur sera occupé par M. Jassim Sayar A. J. Al-Maawda, du Qatar.  Par une décision orale, la Commission a décidé qu’à l’avenir, le Rapporteur de la Quatrième Commission sera élu parmi le groupe régional qui a assuré la présidence de la Commission lors de la session précédente.

Contrairement aux années précédentes, la Commission n’entendra pas cette année d’interventions de représentants des 17 territoires non autonomes qui figurent à son ordre du jour, ni de pétitionnaires.

Son débat général commun portera donc sur la totalité des points à l’ordre du jour, sans doute le plus éclectique des grandes commissions: seront abordés des sujets aussi variés que les effets des rayonnements ionisants et les utilisations pacifiques de l’espace; la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects; le Rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés; les activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes; ou encore les questions relatives à l’information, pour n’en citer que quelques-uns.

S’agissant de l’organisation du débat général commun, le Président a indiqué que les délégations devront s’inscrire sur la « liste évolutive des orateurs » avant le mardi 15 octobre à 18 heures et qu’elles passeront par ordre d’inscription.  Concrètement, cela signifie que les délégations doivent être prêtes à intervenir à tout moment.  Celles dont les déclarations sont relativement longues devront en fournir un résumé concis et soumettre le texte complet de leur intervention par écrit pour publication sur le portail des déclarations électroniques.

La République islamique d’Iran, qui s’exprimait aussi au nom de Cuba, de la Fédération de Russie, de la République arabe syrienne et la République bolivarienne du Venezuela, est intervenue pour revendiquer le droit légitime de tous les États Membres des Nations Unies à prendre part aux travaux de l’Assemblée générale sur un pied d’égalité et sans discrimination.  Ces délégations ont reproché au pays hôte de violer ce droit en imposant des retards, voire en refusant des visas à leurs diplomates.

À ce jour, 18 membres de ces délégations, y compris un ministre des affaires étrangères, auraient été visés par de telles restrictions.  Il s’agit, à leurs yeux, d’une violation de conventions internationales, en particulier la Convention de Vienne sur le droit des traités.  « Il ne faut pas que les travaux de l’Assemblée générale soient l’otage de manœuvres politiques », a exigé l’Iran avant d’appeler le Secrétaire général à user des pouvoirs qui sont les siens pour garantir la participation, sur un pied d’égalité, de tous les États Membres aux travaux de l’Assemblée.

Les séances publiques de la Commission seront retransmises en direct sur le site de l’ONU et les communiqués de presse résumant les délibérations de chaque séance publique publiés le jour même en français sur le site: https://www.un.org/press/fr.

La Commission tiendra sa prochaine séance plénière, au cours de laquelle le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, s’adressera à ses membres, le mercredi 14 octobre, à partir de 15 heures, dans la salle de l’Assemblée générale.

 

*A/C.4/75/L.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: la pandémie de COVID-19 exacerbe les inégalités de toutes sortes, s’alarment les délégations

Soixante-quinzième session,
3e séance plénière – matin
AG/EF/3533

Deuxième Commission: la pandémie de COVID-19 exacerbe les inégalités de toutes sortes, s’alarment les délégations

Les répercussions économiques et sociales de la pandémie exacerbent les inégalités au sein des pays et entre les pays, ont prévenu les délégations, lors du troisième jour de débat général de la Deuxième Commission (questions économiques et financières).  Pauvreté, inégalités : la COVID-19 a révélé au grand jour la vulnérabilité des pays en développement, s’attaquant au groupe des pays les moins avancés (PMA) de manière particulièrement brutale.

Comme l’a souligné le Bangladesh, ce sont les PMA et les pays les plus vulnérables qui payent le plus lourd tribut face à la COVID-19.  La pandémie va pousser plus de 170 millions de personnes dans une pauvreté extrême, s’est alarmé le Panama, pour qui « la vitesse de reprise économique » constitue le principal défi lancé aux États Membres.  Avec une contraction « sans précédent de l’activité économique », 85 millions de travailleurs vont perdre leur emploi dans les pays à revenu intermédiaire, et l’économie informelle sera frappée dans les PMA « d’une manière bien pire que lors de la dernière récession », a-t-il ajouté.  L’impact sur les femmes sera encore pire dans les pays en développement, du fait de leur surreprésentation dans le secteur économique informel et de leur accès limité à une forme de protection sociale.

Ces inégalités entre pays, creusées par la pandémie de COVID-19, sapent les avancées sur la voie de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a noté la République-Unie de Tanzanie, qui a cependant salué l’assistance débloquée par la Banque mondiale pour soutenir la riposte tanzanienne à la pandémie.

Conséquence d’un tel contexte, les PMA et les pays sortant de conflits se disent incapables d’affronter le virus seuls.  Il faut « leur venir en aide », en « leur donnant accès aux informations et au vaccin quand il sera disponible », a réclamé le Yémen, qui appartient aux deux catégories, et dont le Gouvernement, en conflit avec la minorité houthiste, a dû déplacer sa Banque centrale vers la capitale par intérim, Aden, pour continuer de payer ses fonctionnaires.  Le Yémen a insisté sur la nécessité d’assurer un accès « universel », « en temps voulu », à un éventuel vaccin.  Le Koweït a acquiescé: « il ne pourra y avoir de concurrence dans l’accès des citoyens à un vaccin sûr et efficace ».  Le futur vaccin comme « bien public mondial » est également une revendication du Bangladesh, qui s’est dit prêt à le produire et à le distribuer.  « Sans vaccin, pas de relance », a résumé le représentant de Monaco.

Le défi économique pour les pays en développement est complexe.  Plusieurs de ces États ont témoigné qu’ils subissent de plein fouet la baisse des recettes des exportations, des investissements étrangers et des transferts de fonds de l’étranger.  La pandémie a eu une conséquence directe sur ces envois de fonds, a reconnu le Bangladesh qui, pour compenser, a pris des mesures facilitant le retour et la réinsertion des travailleurs bangladeshis migrants.

Le Liban, meurtri par le triple effet de « l’horrible explosion » qui a secoué Beyrouth le 4 août, de la COVID-19 et d’une crise socioéconomique majeure, a demandé de « réduire le coût des envois de fonds », qui représentant 14% du PIB du pays.  Il a aussi fait état des discussions avec le Fonds monétaire international (FMI), lancées en mai 2020, en vue d’élaborer un « programme complet d’assistance » pour le pays.

Pour contribuer au relèvement post-coronavirus, les États Membres devaient honorer leurs engagements au titre de l’Aide publique au développement (APD) et encourager la coopération Sud-Sud, ont revendiqué le Venezuela et la Sri Lanka.  Celles-ci ne doivent toutefois pas se substituer aux aides publiques mais les appuyer, a précisé ce dernier.

Les conditions de l’aide dépendant souvent du niveau de PIB d’un pays, la Bolivie a réitéré l’urgence de revoir le classement des pays qui se fonde uniquement sur ce critère.  Même son de cloche du côté de l’Uruguay : classé « pays en développement à revenu élevé », il s’est plaint de n’avoir aucun accès à l’aide internationale et a appelé à prendre en considération les besoins et les réalités de chaque pays de manière plus fine, « au-delà du seul indicateur basé sur le PIB ».

Une autre inégalité, obstacle au développement, a été soulignée par la République arabe syrienne et la République bolivarienne du Venezuela.  Ces deux pays ont dénoncé les « mesures coercitives unilatérales » dirigées contre eux, qui entravent toute avancée vers le développement durable et sapent à court terme les possibilités de combattre la pandémie.  Dénonçant une « politisation » des objectifs de développement durable (ODD) et des méthodes de travail des Nations Unies, ils ont appelé à élargir les possibilités de financement et de prêts dans des conditions favorables à leur égard.

Concernant les inégalités au sein des pays, le Qatar a expliqué avoir réagi rapidement au début de la pandémie pour garantir l’éducation de tous: une transition en ligne du système éducatif a été réalisée, en promouvant l’égalité des sexes.  De son côté, Monaco s’est engagé à fournir une éducation de qualité aux jeunes entravés par la pandémie « jusqu’à leur entrée sur le marché du travail », ainsi qu’à respecter « les droits des femmes » et diminuer les inégalités entre les sexes.  C’est le même souci qui anime le Nigéria dont le plan national de relèvement s’efforce de « promouvoir l’inclusion » et de lancer des programmes visant à autonomiser la population en agissant dans les domaines de l’éducation, la santé, le développement des jeunes et la protection sociale.

La Deuxième Commission poursuivra et terminera son débat général demain, vendredi 9 octobre, à 15 heures.

Suite du débat général

M. CEDRIC BRAQUETTI (Monaco) a déclaré qu’alors que le monde entier est touché par la COVID-19, l’objectif de réformes est devenu une « nécessité impérieuse » et « un devoir moral ».  Reconstruire mieux, en plus vert, en ne laissant personne de côté, telle est la volonté de Monaco, dont les lignes directrices sont définies par la quinzième Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15).  De nombreux messages, a relevé le délégué, ont appelé l’ONU à être plus inclusive afin d’éviter que les jeunes se retrouvent piégés dans la pauvreté.  Monaco s’est engagé pour sa part à leur fournir une éducation de qualité jusqu’à leur entrée sur le marché du travail, ainsi qu’à respecter les droits des femmes et diminuer les inégalités entre les sexes.  « Sans vaccin, pas de relance », a ajouté le représentant monégasque, avant d’annoncer contribuer pour la recherche médicale à hauteur de 150.000 dollars.

Selon Mme MARÍA TERESA PETROCELLI Rojas (Panama), les répercussions économiques et sociales de la pandémie exacerbent les inégalités au sein des pays et entre eux.  La pandémie va pousser plus de 170 millions de personnes dans une pauvreté extrême, a pointé la déléguée, pour qui « la vitesse de reprise économique » constitue le principal défi.  Avec une contraction sans précédent de l’activité économique, 85 millions de travailleurs vont perdre leur emploi dans les pays à revenu intermédiaire, et l’économie informelle sera durement frappée dans les pays les moins avancés (PMA), d’une manière bien pire que lors de la dernière récession.  L’impact sur les femmes sera encore pire dans les pays en développement, parce qu’elles sont surreprésentées dans l’économique informelle, et que leur accès à la protection sociale est limité.

Le secteur du tourisme a aussi été durement frappé par la pandémie, entraînant beaucoup de chômage, c’est pourquoi, selon la déléguée, il est essentiel de préserver la continuité de la chaîne logistique dans l’aide financière, alimentaire et médicale fournie en Amérique centrale.  « Plus grande crise sanitaire et financière de notre époque », la pandémie nous permettrait aussi de « nous réinventer », de « faire mieux » pour combler les écarts sociaux et économiques entre les populations.  Elle pourrait même, a-t-elle espéré, nous permettre d’accroître notre niveau de vie, avant de citer l’assistance médicale, et la coopération numérique.  Pour tendre vers le développement durable ainsi que la paix et la sécurité, il est important de réduire les inégalités, a-t-elle conclu.  

Mme ANAT FISHER-TSIN (Israël) a souligné combien la pandémie de COVID-19 avait constitué un coup d’arrêt à la réalisation des objectifs de développement durable, le confinement planétaire, notamment, ayant provoqué la suppression de quelque 60 millions d’emplois dans le monde et exposé les femmes et les filles, souvent moins protégées socialement que les hommes et les garçons, aux maltraitances sexuelles.  Pour la représentante, l’ONU a un rôle essentiel à jouer pour accompagner la reprise mondiale, les travaux de la Deuxième Commission représentant une occasion à saisir pour montrer ce que peuvent accomplir des nations vraiment unies.  La déléguée a ainsi invité ses homologues à se concentrer sur les points importants lors de chaque délibération sur des projets de résolution.  À cet égard, elle a annoncé qu’Israël présenterait de nouveau cette année un projet de résolution sur l’entrepreneuriat pour le développement durable, notant que les PME créent la majorité des emplois dans le monde, qui plus est dans les pays en développement.  Les entrepreneurs trouvent souvent des solutions à des problèmes locaux et aident les gouvernements à réduire les taux de chômage tout en élargissant, par leurs activités, l’assiette fiscale, ce qui permet de financer des programmes de protection sociale pour tous, a-t-elle expliqué.  La pandémie nous rappelle combien nous sommes liés les uns aux autres: redoublons d’efforts pour trouver de meilleures solutions à nos problèmes communs, a-t-elle conclu.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a prôné une approche centrée sur les personnes pour un relèvement post-COVID-19 plus inclusif, plus fort et plus résilient.  Il a parlé des plans de relance économique de la Mongolie, assortis de mesures concrètes.  Après avoir dit que le pays n’avait jusqu’à présent enregistré aucune transmission locale, le délégué a indiqué que la Mongolie continue de travailler en étroite collaboration avec ses voisins et partenaires afin de stimuler l’économie et améliorer l’accès aux marchés.  Elle a ainsi récemment adhéré à l’Accord commercial Asie-Pacifique qui contribuera à la diversification économique et à la participation active aux processus d’intégration régionale.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur du financement du développement, de l’investissement, de la solution de la dette, de l’élimination de la pauvreté, de la protection de l’environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la réduction des risques de catastrophe, de la prise en compte des besoins spéciaux de l’Afrique ainsi que des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement.

L’examen quadriennal périodique est un rendez-vous important pour accélérer le développement durable et renforcer la reprise des quatre prochaines années, a estimé le délégué en abordant la question des activités opérationnelles de développement.  En tant que pays en développement sans littoral, la Mongolie est pleinement engagée à mettre en œuvre le Programme d’action de Vienne et la Feuille de route des Nations Unies pour la mise en œuvre de ce programme au cours des cinq années à venir, qui vise à accélérer les efforts concertés et à renforcer le soutien de la communauté internationale, a aussi déclaré le représentant.

M. ISRAEL CHOKO DAVIES (Liberia) a dit que « construire mieux » après la pandémie, exige une coopération, une solidarité et une collaboration mondiales entre toutes les parties prenantes.  Le Gouvernement, a affirmé le représentant, reste activement engagé dans la mise en œuvre du Programme 2030 et la réalisation des objectifs de développement durable.  Avec son plan national de développement, le Gouvernement continue de faire des progrès pour lutter contre les inégalités entre les genres et le chômage des jeunes.  Il s’efforce de promouvoir l’inclusion et de lancer des programmes visant à autonomiser la population par la fourniture de chances équitables en matière d’éducation, de santé, de développement des jeunes et de protection sociale.  Le Gouvernement, a poursuivi le délégué, veut promouvoir un secteur public inclusif et responsable en vue d’une prospérité partagée et d’un développement durable: ce sont les conditions fondamentales de la transformation économique et de la mise en œuvre intégrale des objectifs de développement durable.  En outre, a continué M. Davies, une évaluation des impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 sur la mise en œuvre du plan national de développement du pays et du Programme 2030 est en cours.  Les résultats de l’évaluation éclaireront la reprogrammation et la mise en œuvre du plan de développement et du plan de stabilisation et de relance de l’économie post-COVID-19 qui mettra l’accent, entre autres, sur l’inclusion, le développement du capital humain en particulier les jeunes qui constituent plus de la moitié de la population, l’autonomisation des femmes et l’éradication de la pauvreté.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a déclaré qu’alors que les économies reprennent partout dans le monde, la chute de la croissance en 2021 pourrait être de 7% dans les pays développés et de 2 % dans les pays en développement.  Il a aussi prévenu que 70 millions de personnes pourraient connaître l’extrême pauvreté en raison des conséquences directes et indirectes de la pandémie.  Le représentant a souligné l’importance, dans un tel contexte de crise planétaire, des plans de relance destinés à « limiter la casse sociale », les interventions des États devant être à visée tant sociale que sanitaire.  Pour le délégué, il convient de poursuivre « coûte que coûte » la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en optimisant la solidarité et la coopération multilatérales.  Il a également insisté sur la nécessité d’assurer un accès universel « en temps voulu » au vaccin contre la COVID-19 et d’aider prioritairement les entreprises des secteurs du tourisme et de la culture à se relever.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (République bolivarienne du Venezuela) a exprimé la détermination de son pays à éliminer la pauvreté extrême, « comme le prouvent les différents programmes d’État ».  La crise de la COVID-19 menaçant de saper les progrès accomplis jusqu’à présent, le représentant a préconisé de mettre en place les mesures nécessaires pour vaincre le virus, afin de remettre sur les rails la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Pérez Ayestarán a ainsi appelé à faire cesser les mesures coercitives envers son pays et à élargir les possibilités de financement et de prêts dans des conditions favorables, « sans politisation », afin de donner davantage accès aux financements pour les pays en développement.  Appelant à davantage de coopération Nord-Sud et Sud-Sud, le délégué a affirmé que les États Membres avaient un rôle essentiel à jouer: « ce sont eux qui définissent leurs priorités et leurs politiques publiques » a-t-il pointé, ajoutant que l’on ne pouvait pas « favoriser les entreprises au détriment des pays ».

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a souligné qu’une coopération régionale efficace facilitera la réalisation des objectifs de développement durable, en indiquant que, sur le plan national, son gouvernement a adopté la Stratégie nationale de développement pour la période allant jusqu’en 2030.  Le délégué a fait remarquer que la menace de catastrophes naturelles liées à l’eau est inévitable, car les changements climatiques et d’autres défis continuent d’exacerber la vulnérabilité naturelle et sociale, augmentant ainsi les menaces à la sécurité humaine.  Le Tadjikistan travaille collectivement aux côtés d’autres États Membres, au sein du Groupe des Amis de l’eau, à la promotion de l’agenda mondial de l’eau et continuera de fournir une plate-forme pour le dialogue politique, le partenariat, l’action et l’organisation, avec le soutien des Nations Unies et d’autres partenaires, des conférences internationales de haut niveau tout au long de la Décennie d’action en matière d’eau.  Cette soixante-quinzième session de l’Assemblée générale devra finaliser les modalités de la Conférence des Nations Unies sur la mise en œuvre des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau pour le développement durable » (2018-2028) qui se tiendra les 22 et 24 mars 2023, a rappelé le représentant avant de signaler que sa délégation et celle des Pays-Bas présenteront conjointement à la Deuxième Commission un projet de résolution sur ce sujet.

Selon M. FAISAL NASSER M. ALHAKBANI (Arabie saoudite), les visions les meilleures sont fondées sur les points forts d’un pays.  En Arabie saoudite, cette vision a été baptisée « bâtir une patrie ambitieuse en incluant tout le monde ».  La feuille de route saoudienne a permis des avancées selon les indices de progrès, de développement et de mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il fait valoir en donnant des exemples de programmes adoptés pour, notamment, améliorer la qualité de vie, moderniser et diversifier le secteur financier, moderniser les soins de santé, opérer des privatisations en vue d’améliorer la qualité et le coût des services, et attirer les investissements étrangers.  Le Royaume d’Arabie saoudite a dépensé de grandes sommes pour éduquer et former sa population, ainsi que des « centaines de milliards de dollars » en infrastructures, s’est vanté le représentant.  « Les efforts individuels des pays ne suffisent pas », a néanmoins affirmé le représentant saoudien en plaidant pour la coopération internationale en vue de remporter la lutte contre la pandémie.

M. KENNEDY GODFREY GASTORN (République-Unie de Tanzanie) a souligné que les niveaux d’inégalités entre pays développés et en développement avaient été brutalement creusés par la pandémie de COVID-19, celle-ci sapant les avancées sur la voie de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a préconisé la mise en place rapide de réponses adaptées aux besoins des pays en développement qui, outre la crise sanitaire, continuent de subir de plein fouet les conséquences dévastatrices de la multiplication d’événements climatiques extrêmes.  Le représentant a salué les mesures prises par le G20 et le Club de Paris concernent la dette, et celles envisagées au titre du Fonds d’affectation spécial de réponses et de relèvement.  L’assistance débloquée par la Banque mondiale pour soutenir la riposte à la pandémie est également un instrument essentiel de relèvement socioéconomique des pays les plus touchés par la convergence des crises, a-t-il encore dit.  Enfin, il s’est voulu confiant quant à la capacité des États Membres de concrétiser « ensemble nos objectifs sans qu’il n’y ait de laissés-pour-compte ».

M. INAYET ISMAIL (Afrique du Sud) a plaidé pour que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles soient au centre de tous les programmes de rétablissement post-COVID-19.  En Afrique, a-t-il indiqué, l’Union africaine a créé un Fonds d’intervention contre la COVID-19 et lancé une plateforme africaine de fournitures médicales pour s’assurer que tous les pays aient accès aux équipements et fournitures nécessaires.  Il a aussi mentionné le programme de relance verte de l’Afrique qui veut assurer un relèvement « vert et durable ».  Au niveau national, a continué le délégué, chaque pays africain s’engage à construire une économie plus verte dans de nouveaux domaines tels que les voitures hybrides, les piles à combustible, le stockage des batteries et la valorisation des déchets ainsi que l’économie circulaire.  M. Ismail a aussi plaidé pour le renforcement du multilatéralisme pour contenir les dommages causés par la pandémie.  Cela nécessite le renforcement du soutien financier et technologique ainsi que celui des capacités pour les projets d’infrastructure à grande échelle et d’autres projets en Afrique et dans d’autres pays en développement afin d’apporter des changements transformateurs, a indiqué le représentant.  Il faut un nouveau soutien financier, qui s’ajoute aux autres, sous la forme appropriée de subventions plutôt que de prêts commerciaux avec des ratios de cofinancement toujours plus élevés et des conditions qui aggravent les dettes ou excluent les pays en développement, a expliqué le délégué.  Il a ajouté que, pour faire face à la pandémie, un engagement ferme en faveur des droits de l’homme est impératif, les plans de relance devant s’attaquer aux inégalités.

En Afrique du Sud, a poursuivi M. Ismail, la pandémie a eu un impact dévastateur sur l’économie avec des pertes d’emplois, la fermeture d’entreprises et la suspension des secteurs clefs tels que le tourisme, un moteur-clef de la croissance économique.  Pour y faire face, le Gouvernement a lancé un programme d’aide économique et sociale d’une valeur de plus de 30 milliards de dollars pour aider les entreprises en difficulté, sauver des emplois et fournir des revenus aux travailleurs informels et aux ménages pauvres.  Le régime spécial d’allégement COVID-19 de la Caisse d’assurance-chômage (FIM) a versé plus de 11 milliards de rands à deux millions de salariés employés par plus de 160 000 entreprises en difficulté.  Un système de garantie des prêts COVID-19 de 200 milliards de rands, garanti par le Gouvernement, a également été mis en place pour stimuler les petites et moyennes entreprises, a énuméré le représentant.  Enfin, le délégué a demandé la suspension des paiements d’intérêts sur la dette extérieure et publique de l’Afrique, la restructuration de la dette et l’annulation de la dette pour les pays très endettés.  Il a appelé les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’Aide au développement.  Il faut également intensifier les efforts pour mettre fin au fléau des flux financiers illicites qui coûtent chaque année 88,6 milliards de dollars, soit 3,7% du PIB de l’Afrique.

 M. VLADIMIR KURT SEAN BUDHU (Trinité-et-Tobago) a insisté sur le fait que les objectifs de développement durable sont une réponse valable à la pandémie de COVID-19.  La solution réside aussi dans le renforcement du multilatéralisme, a ajouté le représentant.  Alors que les petits États insulaires continuent de faire les frais de la crise induite par la COVID-19, il a plaidé en faveur de la conception de mécanismes d’intervention novateurs, du renforcement des instruments financiers, de l’intensification des partenariats public-privé et des investissements, dans le but de libérer ces pays des pressions socioéconomiques.  Le représentant a réitéré l’appel lancé par l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) en faveur d’un Pacte sur les PEID, qui prescrive des solutions sur mesure pour relever les défis de financement auxquels sont confrontés ces pays.  Il a plaidé à cet égard pour un « indice de vulnérabilité multidimensionnelle » pour refléter avec précision le cas particulier des PEID en matière d’accès au financement.  Il a estimé que l’examen quadriennal sur les politiques globales du système des Nations Unies pour le développement de 2020 sera d’une importance capitale dans le contexte de la réponse à la pandémie.  La COVID-19 a mis en évidence la nécessité, mais aussi la possibilité de construire, de promouvoir et de renforcer des mesures d’adaptation et d’atténuation pour réduire le risque de catastrophes et de crises, a également relevé le représentant.

M. ALBERTO ESTEBAN CABALLERO GENNARI (Paraguay) a prévenu qu’on ne connaît pas encore l’étendue des conséquences de la pandémie de COVID-19.  On ne sait pas non plus combien de temps elle affectera notre façon de vivre, a ajouté le représentant.  Nous connaissons toutefois les défis, a-t-il continué, en exhortant à reprendre le contrôle des économies et à revenir sur la voie des objectifs de développement durable en donnant la priorité aux plus vulnérables.  Le Programme 2030, l’Accord de Paris et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, entre autres instruments, doivent guider notre action collective et notre riposte face à la fragilité que la pandémie a révélée et exacerbée, a exhorté le représentant.

Le Gouvernement paraguayen a pris la décision de donner la priorité à la vie et à la santé de sa population en facilitant le rapatriement des migrants ainsi que le retour des étrangers bloqués dans leur pays d’origine ou de résidence.  Il garantit l’approvisionnement et le libre transit des marchandises, a aussi indiqué le représentant avant de mentionner le plan de relance économique du pays, fondé sur le renforcement de la protection sociale, de l’investissement public et des crédits de développement.  Le délégué a plaidé pour que les travaux de la Deuxième Commission examinent l’effet négatif que la pandémie a eu sur le commerce international, la dette publique, la connectivité et la sécurité alimentaire.  Le Paraguay est le pays le plus vulnérable aux changements climatiques en Amérique du Sud, a rappelé le représentant qui s’est réjoui d’avoir rejoint l’Engagement des dirigeants pour la nature, dans le cadre du Sommet sur la biodiversité, convaincu de l’importance de mener des actions transformatrices au nom des populations, de la nature et du climat.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a recommandé, dans le cadre de la Décennie d’action lancée pour réaliser les objectifs mondiaux, des actions et des politiques pour faire face aux pénuries de liquidités, éviter une crise de la dette, accroître la protection sociale et stopper les flux financiers illicites.  Cette année a été exceptionnelle, notamment pour le Liban avec l’horrible explosion qui a secoué Beyrouth le 4 août, a indiqué la représentante en rappelant que les pertes matérielles sont estimées à environ 4,5 milliards de dollars et les besoins urgents de reconstruction à environ 2 milliards de dollars.  La représentante a plaidé pour une mobilisation importante de ressource pour mettre en œuvre un programme de relèvement durable et inclusif.  Elle a rappelé qu’avant l’explosion, le Liban était déjà confronté à une crise socioéconomique accentuée par les retombées du conflit en Syrie et la pandémie de COVID-19, et que depuis des années, le pays accueille plus de 1,2 million de réfugiés syriens.  Pour relever ces défis, a annoncé la déléguée, il faut des prêts et des subventions concessionnels au Liban.

Le Gouvernement libanais a adopté, en avril 2020, un plan de relance visant à résoudre les problèmes macroéconomiques, financiers et institutionnels, à rétablir la confiance, à stimuler la croissance économique, à promouvoir un système financier sain et à assurer la viabilité de la dette.  Il a lancé l’exploration des ressources pétrolières et gazières, a poursuivi la représentante, faisant aussi état des discussions avec le FMI, lancées en mai 2020, en vue d’élaborer un programme complet d’assistance au Liban.  La déléguée a en outre demandé de réduire le coût des envois de fonds qui représentant 14% du PIB du pays.  Le Liban soutient en outre l’appel lancé à la communauté internationale pour qu’elle étende et élargisse l’initiative de suspension du service de la dette, a indiqué Mme Mudallali.  Le pays milite aussi pour doter le système des Nations Unies pour le développement de capacités suffisantes pour prévenir, contrôler et contenir les pandémies et les catastrophes mondiales, ainsi que pour développer et mettre en œuvre des programmes de relèvement durables, inclusifs et résilients.  Le système des Nations Unies doit se concentrer sur l’élimination de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’éducation, y compris l’apprentissage à distance, la numérisation, ainsi que l’égalité des sexes et les soins de santé, a préconisé le Liban.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a appelé les États Membres à éviter de revoir leurs engagements en matière d’environnement durable en raison de la crise sanitaire mondiale.  Cela équivaudrait en particulier à perdre la bataille climatique, a-t-il ajouté, en soulignant que son pays restait engagé, au plan régional, à réaliser l’objectif de protection de 30% des milieux marins à l’horizon 2030.  Concernant les questions économiques et sociales, le représentant a souhaité davantage de décentralisation pour rendre les sociétés plus inclusives.  À ce propos, il a indiqué que la stratégie nationale territoriale de son pays faisait le pari d’une économie décarbonée et durable et d’un modèle de développement axé sur la réduction des inégalités. « Les accords internationaux de développement sont importants, mais il est de notre responsabilité collective de créer les conditions nécessaires à leur mise en œuvre concrète. »  Le délégué a, en ce sens, rappelé l’importance de réorienter les flux financiers vers la durabilité et d’avancer en matière de facilités fiscales.  Les mécanismes d’attribution des financements du développement durable doivent tenir compte, dans leur conception, du caractère multidimensionnel de celui-ci et de la persistance de la pauvreté, laquelle réduit les marges de manœuvre des pays à revenus intermédiaires, a plaidé le délégué.

M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen) a cité les grands idéaux des Nations Unies notamment les paragraphes 3 et 4 de la Charte, centrés sur la coopération internationale, les jugeant pleinement conformes aux travaux de la Deuxième Commission.  L’enjeu de la COVID-19 et ses répercussions appellent à une coopération entre nations nanties et nations démunies, selon le Yémen, car « le virus se joue des frontières ».  Les pays les moins avancés (PMA) et les pays sortant de conflits ne pouvant faire face au virus seuls, il importe de leur venir en aide, en leur donnant accès aux informations et au vaccin quand il sera disponible, a recommandé le délégué.

Critiquant l’action de la minorité houthie et ses objectifs expansionnistes, il a décrié la situation humanitaire actuelle dans le pays, expliquant que la plupart des Yéménites étaient « au bord de la famine ».  Malgré ses faibles moyens, l’État yéménite « fait tout pour y remédier: la Banque centrale a été déplacée de Sanaa vers la capitale par intérim, Aden ; les salaires des fonctionnaires sont de nouveau versés ».  Mais le pays demeure en guerre, a déclaré le délégué, qui a invité les organisations internationales et les donateurs à trouver des solutions pour les PMA et les pays en situation de conflit.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a décrit les mesures de prévention prises par son pays pour contenir la pandémie comme « efficaces » et « urgentes ».  En effectuant rapidement une transition en ligne du système éducatif, le royaume a su maintenir une éducation pour tous, promouvant l’égalité des sexes, a notamment fait valoir la représentante.  Elle a ajouté que, dès le début de la pandémie, le Qatar a fourni une aide médicale à 78 pays, dont le montant dépasse les 80 millions de dollars.  La vision « Qatar 2030 » met en exergue le Programme 2030, a poursuivi la déléguée en indiquant que le pays présentera en 2021 son examen national volontaire.

Impatient d’accueillir à Doha, du 23 au 27 janvier 2022, la prochaine Conférence des PMA, le Qatar, a-t-elle rappelé, « a toujours été pionnier en matière d’Aide au développement », fournissant depuis des années des contributions pour soutenir le réseau des laboratoires des objectifs de développement durable du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Des contributions aux petits États insulaires en développement (PEID) et aux PMA ont aussi été annoncées par le royaume, afin d’aider ces groupes de pays à atteindre les objectifs ambitieux de l’Accord de Paris, a assuré Mme Al-Thani.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a indiqué que, cette année, « en dépit de circonstances extraordinaires », son pays avait présenté son premier rapport au forum politique de haut niveau pour le développement durable.  La Syrie, comme le montre cette participation, est attachée à la réalisation du Programme 2030, les principes qu’elle applique à cette fin visant à aider les communautés en renforçant leurs capacités à exercer leur droit au développement durable, a-t-il expliqué.  Pour le représentant, l’accent mis de manière quasi exclusive sur la dimension humanitaire du développement durable, au détriment des volets économique et social, a pour effet de politiser la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a ensuite estimé que les « mesures coercitives unilatérales imposées à l’encontre du peuple syrien » entravent toute avancée vers le développement durable de son pays et sapent à court terme les possibilités de combattre la pandémie de COVID-19.  Le représentant syrien a par ailleurs salué la pertinence de la résolution de la Deuxième Commission, adoptée chaque année depuis 1996, relative à la souveraineté sur les ressources naturelle dans le Golan occupé.  « L’Occupant israélien exploite les ressources naturelles dans ce territoire, bloquant tout progrès vers le développement durable », a-t-il fustigé.  Enfin, il a appelé les États Membres à revenir à un modèle dépolitisé de travail aux Nations Unies et au sein des autres organisations internationales engagées dans la réalisation des objectifs de développement durable. 

Mme SALOME SUPATASHVILI (Géorgie) a estimé que la Deuxième Commission devait servir de plate-forme pour aider à mieux construire après la COVID-19.  La Géorgie, a-t-elle assuré, a fait des progrès socioéconomiques remarquables au cours des dernières années dont un taux de chômage historique le plus bas (11,6%) en 18 ans.  Cependant, a-t-elle regretté, ces réalisations sont menacées par la pandémie.  Depuis le début de celle-ci, trouver un équilibre entre la protection des vies humaines et la santé et la réduction de l’impact économique négatif a été une priorité pour le Gouvernement géorgien, a assuré Mme Supatashvili.  Le Plan économique anti-crise couvre presque tous les secteurs et tente d’atteindre le plus grand nombre possible de personnes touchées par la pandémie.  Dans le même temps, la réalisation des objectifs de développement durable est devenue plus difficile que jamais et le pays ne ménage aucun effort pour s’assurer que les gains récents soient protégés autant que possible, a-t-elle promis avant d’ajouter que la crise climatique et de la biodiversité reste l’un des principaux problèmes mondiaux qui ne peuvent être ignorés ou négligés.  « La seule voie vers un monde meilleur après la pandémie passe par une reprise verte fondée sur les engagements du Programme 2030, de l’Accord de Paris et des objectifs mondiaux en matière de biodiversité. »  Avant de terminer, Mme Supatashvili a fait savoir que la population vivant actuellement dans les régions occupées de la Géorgie, l’Abkhazie et la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, est laissée pour compte, car le Gouvernement est empêché de mettre en œuvre les mesures visant à ne laisser personne sur le côté.

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a déploré que la pandémie de COVID-19 vienne s’ajouter à la crise climatique et à la pauvreté sur la voie du développement durable.  Selon elle, il convient de changer d’approche et de comportement à l’égard des ressources naturelles, la durabilité étant l’objectif numéro un à atteindre collectivement.  La représentante, parmi les actions menées au plan national, a mentionné la préservation de la biodiversité d’Andorre, qui est inscrite dans la Constitution, et les orientations législative en faveur de l’économie circulaire.  Elle a aussi attiré l’attention sur la nécessité de démocratiser les bonnes pratiques contre le gaspillage, non seulement en promouvant des comportements individuels adaptés mais aussi en prenant des mesures collectives, ce qui concerne tant les acteurs publics que privés.

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a demandé à ce que les traitements et les vaccins contre la COVID-19 soient reconnus comme des biens publics mondiaux, avec un accès juste, équitable et abordable pour tous.  À cette fin, a-t-elle continué, l’ONU et l’OMS en particulier ont un rôle central à jouer dans une réponse mondiale coordonnée.  Sur le plan économique, Mme Tshering a déclaré que pour surmonter les perturbations économiques, stabiliser l’économie et stimuler la croissance, le plan national de développement actuel du Bhoutan a été révisé avec une attention particulière à la revitalisation de l’économie rurale et à la création d’emplois.  Le Gouvernement a émis sa toute première obligation souveraine de trois ans d’une valeur de 41 millions de dollars pour combler les lacunes en matière de ressources et fournir l’espace budgétaire nécessaire pour soutenir la reprise économique.  L’obligation a été entièrement souscrite, démontrant que même les pays les moins avancés ayant une infrastructure financière limitée peuvent émettre des obligations souveraines comme outil de reprise économique et de développement sur les marchés financiers sans dépendre fortement des moyens conventionnels d’APD et des prêts concessionnels.

Le Bhoutan est en outre préoccupé par l’impact de cette crise sur la transition durable.  Le Plan national de développement, conçu à l’origine pour relever les défis du « dernier kilomètre » pour permettre une transition en douceur afin de sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2023, a dû être recalibré, en mettant l’accent sur la maîtrise de la pandémie et sur les objectifs de sauver des vies et des moyens de subsistance.  Le chemin qui est devant nous semble maintenant incertain, a averti Mme Tshering.

Selon M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin), la pandémie révèle les vulnérabilités de notre planète.  Et l’ONU, en prenant les rênes de la riposte, « nous donne les moyens de fournir une aide humanitaire salvatrice » et « d’intervenir rapidement pour en prévenir les conséquences socioéconomiques ».  Souscrivant au Plan d’intervention humanitaire mondial pour atténuer les effets de la pandémie, le représentant a jugé « l’inclusivité » et « le dialogue » comme des ingrédients essentiels pour obtenir des résultats au niveau mondial.  L’ONU, « démocratique, universel » et qui a une « légitimité incontestée », doit jouer un plus grand rôle, a-t-il estimé.  « Nous n’y arrivons qu’en unissant nos efforts et en renforçant le multilatéralisme », a insisté le délégué saint-marinais.  Selon lui, si la crise entrave les avancées pour parvenir aux objectifs de développement durable, « elle est également une occasion sans pareille d’opérer une transition vers le développement durable, et de bâtir des sociétés sans laissés-pour-compte ».

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a rappelé que les PMA et les pays les plus vulnérables payaient le plus lourd tribut face à la COVID-19.  Le Bangladesh a beaucoup souffert dans l’industrie manufacturière et a également subi de plein fouet la pandémie au niveau des envois de fonds de l’étranger.

Le plus grand plan de relance de l’histoire du pays a été lancé pour atténuer les effets de la pandémie, a annoncé la représentante.  Dans un contexte de chute de l’économie planétaire où les investissements étrangers directs (IED), de même que les envois de fonds, devraient accuser une baisse de 5 à 20%, et où des millions de personnes vont se retrouver au chômage, la Deuxième Commission doit jouer un rôle sans précédent, a souhaité la déléguée.  Mais pour se débarrasser de la COVID, elle a demandé de s’assurer qu’un éventuel vaccin devienne « un bien public mondial »: le Bangladesh est prêt à le produire et à le distribuer.

La représentante a ensuite plaidé pour que les PMA et les pays les plus vulnérables bénéficient de mesures d’aide particulière, tout comme les pays sortant de la catégorie des PMA.  Le Bangladesh a lancé un nouvel indice de mesure de la pauvreté « multidimensionnel » pour mieux cibler les populations les plus impactées par la COVID-19, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi signalé que le Bangladesh avait lancé des mesures pour faciliter le retour et la réinsertion des travailleurs bangladeshis migrants.  Les pays développés sont invités à honorer leurs engagements « pour un marché sans droit de douanes », pour aider notamment les pays à revenu intermédiaire, a enfin lancé la déléguée qui a appelé à des solutions plus novatrices pour faire face à la fracture numérique.

Mme LUO(Singapour) a fait remarquer que la COVID-19 avait fait basculer les économies dans une récession sans précédent depuis la Grande dépression, exacerbant les tensions entre pays.  Elle a appelé à garantir la santé et la sécurité des citoyens en ripostant de manière coordonnée aux effets de la pandémie sur l’économie mondiale et les systèmes de protection sociale.  Nos discussions devront cette année plus que jamais porter sur le renforcement du rôle de l’ONU, qui doit être en mesure de tracer la voie d’un meilleur relèvement, a-t-elle ajouté.  La représentante a ainsi appelé à la consolidation du système multilatéral de développement et du « filet financier et social mondial ».  Elle a également jugé important que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) garde toute sa pertinence en cette période d’incertitude, son mécanisme d’arbitrage devant continuer de fonctionner par le biais de financements adéquats.

Mme DINUSHI SONALI RUPATHUNGA HETTIWELIGE (Sri Lanka) a estimé que la COVID-19 avait fait éclater au grand jour les inégalités et la vulnérabilité des pays en développement par rapport à la pauvreté et à la récession économique.  Elle a assuré que son pays continuait d’œuvrer à la réalisation des objectifs de développement durable, en axant ses programmes socioéconomiques sur l’être humain et la gestion environnementale durable.  Tous nos ministères ont été restructurés pour faciliter la réalisation des objectifs de développement durable, des organismes dédiés étant chargés de les mettre en œuvre par le biais de l’entrepreneuriat local, a-t-elle indiqué.  La représentante a par ailleurs estimé que pour contribuer au relèvement post-COVID, les États Membres devaient honorer leurs engagements au titre de l’Aide publique au développement (APD) et encourager la coopération Sud-Sud.  Celles-ci ne doivent toutefois pas se substituer aux aides publiques mais les appuyer, a-t-elle précisé.

M. MATIAS PAOLINO LABORDE (Uruguay) a défendu le multilatéralisme dans tous les domaines et lancé un appel à la communauté internationale pour que la pandémie n’aboutisse pas à un affaiblissement du commerce international, notamment dans le domaine des médicaments.  Soucieux du sort des plus vulnérables, l’Uruguay a revendiqué un développement durable nécessaire, une défense de l’état de droit et de la démocratie, ainsi qu’une bonne gestion des ressources publiques.  Il a aussi souhaité que la communauté internationale s’efforce, d’une manière coordonnée, d’augmenter l’aide internationale, de réduire la fracture numérique et de fournir une aide au développement.

Le représentant a indiqué que l’Uruguay présentera en 2021 son troisième examen national volontaire.  Il a appelé à garantir la sécurité alimentaire mondiale, un défi alors que les changements climatiques menacent.

Pays largement agricole, signataire de l’Accord de Paris, l’Uruguay a promu un développement durable ainsi qu’une réduction de la dépendance au carbone.  Le délégué a enfin jugé paradoxal que l’Uruguay, classé « pays en développement à revenu élevé », n’ait aucun accès à l’aide internationale, et a appelé à prendre en considération les besoins et les réalités de chaque pays de manière plus fine, au-delà du seul indicateur basé sur le PIB.

Mme SEBASTIANA BARROS (Timor-Leste) a déclaré que son pays avait fait de grands progrès dans les domaines de la santé, l’éducation, l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes, la protection sociale, l’accès à l’eau et à l’assainissement, les infrastructures et l’électricité.  Toutefois, a-t-elle nuancé, il reste des défis à surmonter pour transformer l’économie en un pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici à 2030.  Les catastrophes liées au climat, aggravées par les effets de la pandémie de COVID-19, sont une pression supplémentaire sur les efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, a déploré la représentante qui a assuré que le Gouvernement est déterminé à réaliser ces objectifs.  Dans sa stratégie de relèvement post-COVID-19, le Gouvernement a lancé le Plan de relance économique qui comprend des mesures pour atténuer les effets immédiats de la pandémie sur la vie de la collectivité et développer les secteurs de la santé, l’éducation, l’agriculture, le tourisme et les infrastructures de base.

Mme Barros a souligné l’importance de renforcer les capacités du système de santé publique, de s’attaquer à l’impact de la COVID-19 sur l’économie et de garantir une économie résiliente et diversifiée qui garde sa pleine capacité de production.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de préserver les moyens de subsistance et de garantir de l’emploi des jeunes.  S’agissant de l’adaptation aux changements climatiques, le plan de développement stratégique vise à atteindre 50% de la production nationale d’énergie à partir de ressources écologiquement durables d’ici à 2030.  La représentante a également mis l’accent sur le plan de protection et de conservation des ressources naturelles et de la biodiversité nationales qui donne la priorité à l’intensification des efforts de plantation massive d’arbres et au reboisement et à la réhabilitation d’habitats essentiels qui contribuent à rétablir l’équilibre de l’écosystème et, à terme, qui permettent de faire de grands progrès en matière de développement socioéconomique.

M. RUBÉN DARÍO CUÉLLAR SUÁREZ (Bolivie) a souhaité un monde « plus équitable » et « plus juste » face à une situation sans précédent.  « Le défi, pour les pays en développement, est très complexe, car les recettes des exportations, des investissements étrangers et des transferts de fonds sont en chute libre. »  Réitérant l’urgence de revoir le classement des pays qui se fonde uniquement sur le PIB, il a encouragé à trouver un nouvel accord concernant la dette, pour permettre aux pays en développement de se remettre sur pied pour parvenir à réaliser le Programme 2030.

Évoquant les pressions sur les écosystèmes comme les incendies de forêts et les augmentations de risque de sécheresse, dues à une croissance non raisonnable, il a appelé à des « changements en profondeur » pour éviter « d’atteindre un point de non-retour », notamment à l’aide d’une meilleure gestion des forêts et des sols.  Le rôle des peuples autochtones est essentiel pour relever ce défi, a-t-il jugé.  Étant donné sa situation géographique particulière, le défi est d’autant plus grand pour la Bolivie, qui a souscrit au Plan d’Action de Vienne.  Sans accès à l’océan, les exportations des pays en développement sans littoral ne représentent qu'une infime partie du commerce international, a-t-il déploré.

M. ABDULLAH A. KH. A. KH. ALSHARRAH (Koweït) a indiqué que les efforts investis dans la réalisation des objectifs de développement durable risquaient d’être en partie annulés par la pandémie de COVID-19.  Cette crise sanitaire mondiale s’avère un défi exceptionnel à la survie même de millions de personnes à travers le monde, a-t-il relevé, estimant que, le moment venu, il ne pourra y avoir de concurrence dans l’accès des citoyens à un vaccin sûr et efficace.  Le représentant a ensuite souligné que les retombées économiques et environnementales de la COVID-19 ne pourront être appréhendées sans la contribution de chacun des États Membres des Nations Unies.  Il nous faudra aussi préparer la survenue d’autres épidémies planétaires, a-t-il déclaré, appelant à une coopération multilatérale accrue pour relever les pays les plus touchés par la pandémie et œuvrer à un monde prospère et stable.  C’est ainsi qu’il a également appelé à tenir compte des leçons du passé concernant les réponses à la convergence des crises.  Notre responsabilité en faveur d’un développement plus équitable et durable est engagée au travers des accords qui nous lient, a-t-il dit, en demandant aux pays développés de s’acquitter de leurs obligations en matière d’APD, celle-ci restant le moyen le plus sûr de permettre aux pays en développement de mener à bien la mise en œuvre du Programme 2030.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a appelé à renforcer les efforts pour lutter contre la pauvreté et la faim, ce qui implique que la Deuxième Commission travaille de manière collaborative.  Il a salué l’accent porté à une reprise plus durable et inclusive dans la thématique de cette session, en encourageant la Commission à saisir toutes les occasions pour enrayer les inégalités enracinées dans le système international, mises au grand jour par la pandémie.  Appelant à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, il s’est dit inquiet des conséquences de la pandémie pour les pays en développement et a plaidé pour un accès facile à des sources de crédit et un allègement de la dette, afin de préserver les investissements des pays en développement dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le délégué a aussi souhaité la mise en place d’un espace fiscal plus souple, pour réduire les coûts liés à l’envoi de fonds vers les pays d’origine.  Il a ajouté que son pays, à travers des programmes sociaux, avait tenté de répondre aux besoins urgents de ses laissés-pour-compte.  Il a aussi appelé la communauté internationale à lutter plus efficacement contre les flux financiers illicites et à restructurer le système fiscal pour rapatrier les avoirs illicites, afin d’assurer davantage d’équité fiscale et sociale.

M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a déclaré que l’instabilité et la vulnérabilité sécuritaire qui frappent son pays l’empêchent d’avancer sur la voie du développement durable.  Il a expliqué que les institutions libyennes étaient divisées et que l’économie du pays, qui dépend du pétrole et du gaz, était particulièrement affectée par les baisses de la production.  Il a appelé la communauté internationale à apporter à la Libye l’aide qui lui est nécessaire pour contrôler, dans ce contexte fragile, la pandémie de COVID-19.  Il a également exhorté l’ONU à alléger le régime de sanctions contre son pays, souhaitant que les capitaux et crédits libyens gelées en vertu des résolutions du Conseil de sécurité soient rapatriés pour être alloués au développement durable.  Le représentant a d’autre part souhaité que les pays d’origine des migrants qui transitent par la Libye s’emparent du problème des migrations clandestines, qui occasionnent violences et instabilité à l’échelle de régions entières.  L’ONUDC doit œuvrer de manière plus active au démantèlement des réseaux clandestins de migrants, a-t-il dit.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la transition malienne offre une opportunité pour sortir le pays d’un « cycle infernal », affirme le Chef de la MINUSMA

8765e séance – matin
CS/14320

Conseil de sécurité: la transition malienne offre une opportunité pour sortir le pays d’un « cycle infernal », affirme le Chef de la MINUSMA

Pour la première fois depuis les événements qui ont mené le Mali au coup d’État du 18 août, le Conseil de sécurité a examiné ce matin la situation dans le pays et entendu le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. Mahamat Saleh Annadif.  Celui-ci a expliqué que la réussite de la transition en cours était « à portée de main » et « la balle dans le camp des Maliens et Maliennes », estimant, comme après lui plusieurs membres du Conseil, que la situation actuelle offrait l’occasion de sortir le pays d’un « cycle infernal ponctué d’une succession de coups d’État périodiques ». 

La séance de ce matin marquait le retour du Conseil de sécurité dans « sa » salle, autour de la célèbre table en fer à cheval désormais entrecoupée de barrière de plexiglas, une des mesures destinées à lutter contre les risques sanitaires liés à la pandémie de COVID-19.  Le Président du Conseil, M. Vassily Nebenzia (Fédération de Russie), qui avait ardemment plaidé pour ce retour, a remercié les délégations pour leur soutien, et notamment l’Allemagne, sous la présidence de laquelle le Conseil, en juillet, avait déjà repris certaines séances en « présentiel », mais dans la salle plus vaste de l’ECOSOC.  

C’est en revanche par visioconférence que M. Annadif a présenté le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali, soulignant que celui-ci traversait une « période critique de son histoire », les quatre derniers mois ayant été marqués par des « événements politiques d’importance ».  C’est du fait d’un « contexte d’impasse », a expliqué le Représentant spécial, qu’est intervenue la mutinerie du 18 août, qui a tourné au coup d’État et conduit à la démission du Président Ibrahim Boubacar Keïta. 

M. Annadif est revenu sur les causes principales de la crise, parmi lesquelles l’affaiblissement des institutions centrales et la perte de confiance en les chefs politiques et religieux ; le retard dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger de 2015 pour la paix et la réconciliation ; et la détérioration de la sécurité, notamment dans le centre du pays, qui a conduit à de multiples violations des droits de l’homme. 

M. Annadif a toutefois noté des raisons d’espérer.  Avec l’adoption en septembre de la Charte de transition et la nomination du Gouvernement de transition de 18 mois, «  c’est la première fois depuis la signature de l’Accord de 2015 que les mouvements signataires ont fait leur entrée au gouvernement », a-t-il fait observer, avant que la Chine ne vienne déclarer que « les parties maliennes doivent se servir de la transition comme d’une occasion d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire du pays ».  Il n’en reste pas moins que le vide institutionnel persiste, avec la dissolution de la Cour constitutionnelle et la paralysie de l’Assemblée nationale, a averti M. Annadif.  

Le Représentant spécial a également fait part du « réel soulagement » avec lequel les populations maliennes et des pays voisins ont accueilli l’annonce de la levée des sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au lendemain du coup d’État.  Autre point positif relevé par plusieurs membres du Conseil: la remise en liberté, ce jour, des personnes arrêtées en marge du coup d’État.  En attendant la nomination prochaine d’un Conseil national de la transition composé de 121 membres « issus de l’ensemble des forces de la nation malienne », qu’a annoncé le représentant du Mali. 

Le représentant malien a également assuré le Conseil de la détermination du Gouvernement de transition à mettre en œuvre l’Accord de Paix, qui reste, pour le Secrétaire général comme pour les membres du Conseil, « le cadre pertinent pour les réformes institutionnelles nécessaires et urgentes » dont la mise en œuvre doit rester la priorité.  Les États-Unis ont d’ailleurs prévenu que quiconque entraverait la mise en œuvre de l’Accord d’Alger s’exposerait aux sanctions du Conseil, conformément à la résolution 2374 (2017).  Ils ont également rejeté tout contrôle du pouvoir par les militaires au détriment des civils et tout retard dans la tenue des élections.  Le respect des échéances a aussi été demandé par la Fédération de Russie, qui souhaite en outre la poursuite de la réforme du secteur de la sécurité et de la gouvernance de l’État. 

Un autre point soulevé par les membres du Conseil a été l’insécurité dans le centre du pays, le terrorisme et les violations des droits de l’homme qui y sont liés.  L’absence de poursuites contre les auteurs de violations a été déplorée par plusieurs membres.  Quant à la lutte contre le terrorisme, elle est liée aussi à l’action de la Force conjointe du G5 Sahel, dont plusieurs membres ont salué la meilleure opérationnalité, tout comme le Mali, qui a néanmoins rappelé les États à leur engagement de soutien à cette Force constituée par les États du Sahel.   

Les membres du Conseil ont aussi invité les parties maliennes à coopérer non seulement entre elles, mais aussi avec l’Union africaine, la CEDEAO et la MINUSMA, dans l’intérêt de tous les Maliens.  « S’il vous plaît, n’abandonnez pas votre peuple », a exhorté l’Allemagne à l’adresse des autorités maliennes de transition. 

Mise en œuvre de l’Accord d’Alger, stabilisation du centre du Mali, respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, mobilisation des autorités de transition pour fixer un cadre propice au dialogue, appui à la MINUSMA, y compris en lui fournissant les moyens aériens nécessaires: résumant les différentes priorités, le représentant de la France a annoncé que son pays présenterait rapidement au Conseil un projet de déclaration présidentielle reprenant ces divers éléments. 

LA SITUATION AU MALI (S/2020/952)

Déclarations

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a présenté le rapport du Secrétaire général à un moment, a-t-il dit, où le Mali traverse une « période critique de son histoire ».  La période à l’examen est marquée par des événements politiques d’importance, a-t-il rappelé. Énumérant rapidement les principales causes de la crise, il a cité, en particulier, l’affaiblissement des institutions centrales, la perte de confiance en les chefs politiques et religieux ; le retard dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali ; et la détérioration de la situation sécuritaire, notamment dans le centre du pays, qui a conduit à des violations des droits de l’homme que la MINUSMA a documenté. 

Cette situation a occasionné une paralysie des institutions du Mali, notamment de la Cour constitutionnelle et de l’Assemblée nationale, a expliqué M. Annadif.  C’est dans ce contexte d’impasse qu’est intervenue la mutinerie du 18 août, qui a conduit à la démission du Président Ibrahim Boubacar Keïta.  Ce coup d’État a été condamné par la communauté internationale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ayant décidé de suspendre le Mali, puis imposé un régime de sanctions et fermé toutes les frontières terrestres et aériennes.  La CEDEAO a également suspendu les transactions financières et économiques ainsi que les échanges commerciaux entre ses États membres et le Mali. 

D’autre part, les 10, 11 et 12 septembre, une charte de la transition a été adoptée pour progresser vers la légalité et définissant le cadre dans lequel les élections se dérouleront au bout de 18 mois.  Le colonel à la retraite Bah N’Daou a été désigné à la présidence du Gouvernement de transition de 18 mois, et le colonel Assami Goïté, à la vice-présidence, en charge de la sécurité.  Un premier ministre a été nommé le 27 septembre par le Président de la transition.  

Dans son discours à l’occasion de sa prestation de serment, le nouveau Président a énuméré des priorités : renforcement des capacités des forces de sécurité en termes d’équipement et de formation; organisation d’élections libres, et mise en œuvre de l’Accord de paix.  Un gouvernement de 25 membres a été constitué, avec 4 femmes, loin du quota de 30% exigé par la loi, a fait observer M. Annadif.  C’est la première fois depuis la signature de l’Accord de 2015 que les mouvements signataires ont fait leur entrée au gouvernement, a-t-il en revanche fait observer. 

C’est également avec un réel soulagement que les populations maliennes et des pays voisins ont reçu la nouvelle levée des sanctions, a précisé le Représentant spécial. 

M. Annadif a rappelé que le Mali avait connu « plusieurs turbulences » en 2020, avec un vide politique de quatre mois.  Cette situation, a-t-il constaté, a aussi engendré un retard considérable dans l’application de l’Accord d’Alger et aggravé la crise humanitaire.  

Pendant ce temps, a poursuivi le Chef de la MINUSMA, la Mission a poursuivi ses activités pour la paix et la stabilité et son appui aux Forces armées maliennes, surtout dans le centre du pays en proie à des violences.   

Avec la levée des sanctions, il faut espérer une mise en place rapide du conseil du gouvernement, a noté M Annadif, pour qui l’organisation d’élections crédibles permettant d’en revenir à un retour à l’ordre politique est vitale.  La transition constitue une opportunité pour les Maliens et Maliennes de sortir de ce cycle infernal, a-t-il escompté. 

L’ONU doit saisir cette occasion pour accompagner une sortie de la crise, avec les partenaires régionaux, l’Union africaine et la CEDEAO.  La réussite de la transition est à « portée de main et la balle est dans le camp des Maliens et Maliennes », a conclu le Représentant spécial. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que son pays saluait la mise en place de la transition au Mali et la libération des personnalités détenues depuis le 18 août.  Il salue également la levée des sanctions par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et rejoint son appel à la dissolution du Comité national de salut du peuple (CNSP).  La France estime aussi que la transition doit mener à la tenue d’élections ouvertes, libres et transparentes, d’ici à 18 mois, et au rétablissement de l’ordre constitutionnel. La France encourage les nouvelles autorités à profiter de cette période pour jeter les bases d’une réforme des institutions.  De son point de vue, il s’agit de bâtir une démocratie plus forte et plus légitime, conformément aux attentes exprimées par le peuple malien.  Il importe d’inclure dans ce processus l’ensemble des parties prenantes, y compris les femmes et les jeunes, conformément à la résolution 2535 (2020).  

Cela dit, la France voit trois priorités pour les mois à venir.  Elle estime d’abord impératif de poursuivre la lutte contre le terrorisme.  Un nouvel élan a été donné en ce sens en janvier dernier, à la suite du Sommet de Pau.  À nos côtés, nos partenaires sahéliens ont enregistré plusieurs succès, s’est réjoui le représentant, observant que la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) était de plus en plus autonome et efficace, même si elle a encore besoin de soutien.  

La France estime ensuite que la mise en œuvre de l’Accord de paix doit reprendre sans tarder, dans le contexte où le processus est à l’arrêt depuis juin. Or, il n’y a pas d’alternative à cet Accord pour une réconciliation durable entre Maliens, a insisté le représentant, qui a appelé les Maliens à saisir l’opportunité historique d’avoir à disposition la MINUSMA pour les aider dans leur tâche.  La participation des groupes signataires de l’Accord au Gouvernement de transition est en ce sens un signal encourageant, a ajouté M, de Rivière. 

Enfin, pour la France, la troisième priorité reste de stabiliser le centre du Mali, où les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire se poursuivent.  Il est impératif que le droit international humanitaire soit respecté par tous et que les autorités de transition se mobilisent afin de fixer un cadre propice au dialogue, à la réconciliation et à la lutte contre l’impunité, a insisté le représentant.  Mais, a-t-il ajouté, pour appuyer pleinement les efforts de la MINUSMA dans la protection des civils, il faut notamment que la Mission dispose de davantage d’hélicoptères.  La France appelle donc les États membres à répondre à ce besoin urgent.  

En conclusion,  M. De Rivière, a indiqué que la France allait, à l’issue de la réunion, proposer un projet de déclaration du Président du Conseil de sécurité qui reprendrait ces divers éléments. 

Au nom du Groupe A3+1 (Afrique du Sud, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Tunisie) mais aussi son pays M. AOUGI NIANDOU (Niger) a salué la tenue d’une série de consultations avec les principaux acteurs politiques et ceux de la société civile les 10 et 12 septembre, qui se sont traduites par l’adoption d’une charte de la transition qui définit le cadre dans lequel les élections se dérouleront au bout de 18 mois et le retour progressif à l’ordre civil et constitutionnel. 

Le représentant a appuyé la poursuite de la stratégie de stabilisation du Mali central en appelant tous les acteurs à s’engager dans un dialogue conformément à l’Accord de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) du 5 octobre 2020.  Pour les A3+, l’Accord de paix et de réconciliation de 2015 reste le cadre pertinent pour les réformes institutionnelles nécessaires et urgentes et il faut le mettre en œuvre de toute urgence pour parvenir à la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  « Afin de consolider les progrès il faut redoubler d’efforts pour que les unités militaires reconstituées déployées puissent jouer leur rôle notamment à Kidal pour faciliter le retour des représentants de l’État », a insisté M. Niandou.  Le représentant a ajouté que la recherche de la paix exigeait que la CEDEAO l’Union africaine et les Nations Unies travaillent conjointement. 

Notant que le coup d’État du 18 août au Mali qui a conduit à la démission du Président n’était pas un phénomène nouveau dans le pays, le représentant a estimé que cette actualité démontrait la nécessité de réétudier les fondamentaux constitutionnel et démocratique du pays, mais aussi l’efficacité des programmes de développement, qui doivent être centrés sur les personnes.  

Condamnant les attaques des groupes armés, M. Niandou a appelé à tout mettre en œuvre pour que les auteurs de ses attaques soient traduits en justice.  Enfin, il s’est dit très préoccupé par la situation humanitaire au Mali et au Sahel, qui a été aggravée par l’épidémie de COVID-19.   

M.  ZHANG JUN (Chine) s’est félicité que le Président et le Vice-Président du Mali soient entrés en fonction et que le Premier Ministre ait déjà été nommé. Il a salué les efforts suivis de l’ONU et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour appuyer le processus et faciliter la sécurité et la stabilité dans le pays.  Il a souhaité qu’une dynamique positive soit créée par les acteurs nationaux et que ceux-ci poursuivent la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation.  La Chine les appelle à renouveler leur attachement à cet Accord et à l’appliquer.  

Le représentant a relevé que le Nord et le Centre du Mali étaient encore en proie aux activités terroristes et a soutenu la MINUSMA dans son travail constant aux côtés de la Force G5 Sahel.  Il a insisté sur la nécessité d’une approche holistique pour assurer le développement de ces régions et pour lutter contre la pandémie de COVID-19.  Il convient de soutenir la CEDEAO et l’Union africaine pour épauler le Mali, a ajouté M. Zhang, qui a appelé les parties maliennes à la coopération avec ces organisations et avec la MINUSMA.  Les parties maliennes doivent se servir de la transition comme d’une occasion d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire du pays, a conclu le représentant. 

M. DINH QUY DANG, (Viet Nam), s’exprimant également au nom de l’Indonésie, c’est-à-dire des deux pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) membres du Conseil de sécurité, a déclaré suivre avec la plus grande attention les récents développements au Mali.  Les deux pays prennent donc note de la désignation d’un président et d’un premier ministre de transition et saluent les efforts de la CEDEAO pour assurer la stabilité au Mali.  Ils prennent également note des progrès faits en matière de désarmement, démobilisation et de réintégration. 

En dépit de cela, le Viet Nam et l’Indonésie restent préoccupés par la situation sécuritaire, en particulier dans le centre du Mali, où le nombre d’attaques terroristes visant les forces de sécurité et les travailleurs humanitaires a fortement augmenté.  Ces attaques sont inacceptables et leurs auteurs doivent être traduits en justice, a dit le représentant.  

Le représentant a estimé que la transition requerrait d’énormes efforts pour répondre aux défis auxquels le Mali est confronté, comme l’insécurité alimentaire, le crime organisé, le terrorisme et la pandémie de COVID-19.  Pour y parvenir, la transition doit renforcer la confiance mutuelle avec les autres parties prenantes. Il est « important » qu’ils résolvent leurs différences par le biais du dialogue et mettent en œuvre l’Accord de paix d’Alger.  Le Gouvernement de transition doit également remplir ses obligations afin de faire respecter le droit international humanitaire et protéger les femmes et enfants du Mali.  

Pour l’aider à parvenir à ces objectifs, le Viet Nam et l’Indonésie appellent à une approche cohérente intégrée en matière de sécurité et de développement social, y compris en s’attaquant aux effet des changements climatiques.  Ils appellent aussi à un clair soutien à la mise en œuvre du Plan d’adaptation de la MINUSMA et insistent sur la nécessité d’un redéploiement des forces armées maliennes, en particulier dans le nord.  Dans la même veine, la Force conjointe du G5 Sahel doit continuer de recevoir tout l’appui dont elle a besoin pour accomplir ses tâches, a conclu M. Dang. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déclaré que la primauté du droit devait être rétablie sans attendre dans l’ensemble du Mali.  Dans ce contexte, il a salué la réaction rapide de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et son travail constant pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel.  Le représentant a rappelé que l’Accord d’Alger restait le fondement de la solution politique au Mali.  Notant que le Gouvernement de transition a fait des annonces encourageantes quant à l’application de cet Accord, il a souhaité que cet engagement se traduise par des réalisations concrètes.  Le représentant a jugé important d’appliquer le programme de réformes et de traiter des défis structurels, dont la participation insuffisante des femmes aux décisions politiques. 

Par ailleurs, M. Jürgenson s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire au Mali.  Pour l’Estonie, une paix durable ne sera possible qu’à travers une coopération complète entre les parties maliennes.  Face à la multiplication des violences, le représentant a aussi appelé à lutter contre l’impunité.  Il a regretté que les mesures prises par le Gouvernement pour faire face aux crimes commis dans le centre du pays en violation du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire restent largement insuffisantes et il a appelé à entendre les plaintes relatives à des exactions commises par les forces armées maliennes. 

M. JONATHAN GUY ALLEN Royaume-Uni s’est félicité de l’établissement d’un gouvernement de transition présidé par des civils.  Il s’est fait l’écho de l’appel du Secrétaire général pour la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation et s’est réjoui que cette question soit une «  question clef  » du nouveau Gouvernement.  Il a regretté que l’inaction de l’ancien Gouvernement à cet égard ait eu des incidences graves sur la population.  « On ne peut plus esquiver » l’essentiel car il faut que les Maliens puissent vivre dignement et en sécurité, a-t-il ajouté. 

Le représentant a insisté sur l’adoption et l’application de mesures concrètes, l’achèvement de la phase de rattrapage du programme désarmement, démobilisation et réintégration et la poursuite des auteurs de violations relatives aux droits de l’homme.  Il a exigé des « preuves de progrès » tout en assurant de l’appui du Royaume-Uni qui, a-t-il rappelé, verse environ 100 millions de dollars au Sahel et déploiera une force spéciale au sein de la MINUSMA, laquelle va continuer à jouer un rôle clef.  Nous sommes là pour soutenir le peuple et le Gouvernement maliens, mais à condition d’avoir des progrès tangibles, a-t-il conclu. 

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a rappelé que son pays avait condamné les actions menées par les militaires contre les anciennes autorités et immédiatement suspendu toute assistance sécuritaire au Mali.  Si des progrès ont été accomplis dans le retour de l’ordre constitutionnel, les États-Unis estiment toutefois que la formation d’un gouvernement de transition n’est qu’une première étape.  Ils attendent surtout que les nouvelles autorités respectent les engagements pris devant la CEDEAO, notamment la tenue d’élections dans un délai de 18 mois.  Le Conseil de sécurité devrait se tenir prêt en cas de manquement à ces engagements, a ajouté Mme Craft.  

La représentante a précisé que les États-Unis n’accepteraient pas un contrôle du pouvoir par les militaires au détriment des civils, ni même un retard dans la tenue des élections.  Ces dernières doivent en outre être ouvertes, transparentes et inclusives, avec une participation effective des femmes, des déplacés internes, des réfugiés, des jeunes et des groupes marginalisés du nord.  

Pour les États-Unis, l’Accord d’Alger doit en outre rester le cadre pertinent pour répondre aux défis auquel est confronté le Mali.  C’est donc dans ce cadre que le Gouvernement de transition doit agir.  Toute personne qui entraverait la mise en œuvre de cet accord s’exposera aux sanctions du Conseil de sécurité, conformément à la résolution 2374 (2017), a fermement prévenu la représentante des États-Unis.  

Mme Craft a également assuré que son pays reconnaissait le rôle essentiel de la MINUSMA pour la stabilisation du Mali.  Les États-Unis attendent donc que la Mission aide les nouvelles autorités à tenir leurs engagements, notamment en ce qui concerne la tenue des élections, le retour de l’état de droit et la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.  En tout état de cause, les États-Unis restent un partenaire fiable du Mali, a assuré la représentante.  Pour preuve, elle a cité l’annonce, voici deux semaines par le Secrétaire d’État, M. Mike Pompeo, du déblocage de 152 millions de dollars pour les personnes déplacées à cause des conflits au Sahel.  Sur cette somme, environ 54 millions de dollars iront au Mali, a-t-elle conclu. 

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a rappelé que son pays mettait à disposition de la MINUSMA 95 soldats de ses forces spéciales sous drapeau allemand, en soulignant la force de ce symbole de l’Union européenne.  S’agissant de l’évolution politique sur le terrain après le coup du 18 août, le représentant a qualifié la nomination d’un président et d’un premier ministre civils à la tête de la transition d’étape importante sur la route du retour à l’ordre constitutionnel.  « La libération aujourd’hui des personnes arrêtées en marge du coup d’État du 18 août est une évolution toute aussi positive, tout comme l’organisation prévue d’élections dans un délai de 18 mois », a-t-il ajouté.  Il a jugé primordial que la mise en œuvre de l’Accord de paix se poursuive.    

Par ailleurs, le représentant a rappelé que la lutte contre le terrorisme passait par le renforcement de la légitimité de l’État.  « Cela passe aussi par la lutte contre l’impunité et la mise en œuvre de réformes », a insisté M. Kridelka , qui a regretté qu’aucun procès n’ait été tenu à ce jour contre des auteurs de crimes contre les casques bleus de la MINUSMA.

Le représentant a également regretté que peu de femmes aient été nommées au sein du nouveau Gouvernement, alors que la législation nationale prévoit un quota de 30% de femmes ministres. Il a par ailleurs appelé à maintenir l’accès humanitaire alors que de nombreux civils souffrent en raison d’un manque d’accès à des besoins de base. 

M. Kridelka a salué l’organisation d’un événement régional sous l’égide du Niger, qui a permis de mettre en évidence comment les changements climatiques amplifiaient la détresse des populations au Sahel.  Dans ce contexte, le représentant a mis en avant la nécessité de sensibiliser davantage l’opinion publique internationale aux conséquences de cette catastrophe climatique. 

M. CHRISTOPH HEUSSGEN (Allemagne), qui s’est d’abord réjoui que le Conseil de sécurité « revienne chez lui », a remercié la CEDEAO et le Niger pour tous leurs efforts de contact et de médiation avec les autorités transitionnelles du Mali.  Ce qui compte maintenant, c’est d’appliquer toutes les dispositions en termes de transition vers un ordre civil car cette transition augure d’un nouveau départ pour le Mali, a-t-il ajouté.  Il a dit espérer que les autorités ne failliraient pas à leur population car il est essentiel que le nouveau Gouvernement « regagne » la confiance de la population grâce à un gouvernement « inclusif ».  

M. Heussgen a toutefois considéré comme « un mauvais signe » qu’en 2021 , il y ait encore 21 hommes pour seulement 4 femmes au sein du Gouvernement.  Il a recommandé aux autorités de veiller à mener un dialogue et des consultations avec la société civile, les organisations féminines, les artistes et toutes les composantes de la société.  La justice doit fonctionner et l’impunité n’est pas acceptable, a-t-il souligné, ajoutant qu’en tant que pays fournisseur de contingent à la MINUSMA, l’Allemagne promouvait le dialogue politique mais aussi l’assistance humanitaire, d’autant que les changements climatiques n’arrangent rien.  « S’il vous plaît, n’abandonnez pas votre peuple », a-t-il lancé en conclusion aux autorités maliennes. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER(République Dominicaine) a déclaré que la levée des sanctions qui pesaient contre le Mali, décidée par les Chefs d’État de la CEDAO, était une « bonne nouvelle » pour la transition.  Toutefois, d’autres sujets importants doivent encore être abordés, notamment la libération de tous les anciens dignitaires gouvernementaux arrêtés lors du « coup d’État », a-t-il ajouté.  Il faudrait également continuer de suivre la mise en œuvre de l’Accord de paix d’Alger, qui constitue le cadre le plus « viable » pour répondre aux questions les plus pressantes en matière de paix, de sécurité et de lutte contre le terrorisme.  Cela ne peut être atteint que par une appropriation concertée de tous les Maliens, a dit le représentant.  

M. Singer Weisinger a également estimé que la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et les attaques asymétriques en coordination avec les partenaires régionaux et internationaux devait rester une priorité, autant que le renforcement de l’autorité de l’État dans le centre et le nord du Mali.  À cette fin, le Conseil de sécurité doit rester attentif, notamment en s’attaquant aux causes sous-jacentes du conflit et en usant des moyens à sa disposition contre les personnes qui entravent la mise en œuvre de l’Accord de paix, comme son régime de sanctions, a conclu le représentant. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a appelé à un rétablissement le plus rapide possible d’un dialogue national inclusif après le coup d’État du 18 août.  Après la nomination d’un président et d’un premier ministre de transition conformément à la Charte et à la Feuille de route de transition, le représentant russe a dit espérer que le délai de 18 mois serait respecté pour la tenue des élections.  Il a aussi souligné la nécessité de poursuivre la réforme du secteur de la sécurité et de la gouvernance de l’État, dans l’intérêt de tous les peuples du Mali, notamment des peuples du nord du pays. 

M. Nebenzia a jugé déterminant d’avancer dans ces domaines afin que les terroristes ne puissent plus exploiter les insuffisances de l’État.  Il s’est inquiété de la persistance d’attaques contre des convois militaires maliens, alors que le banditisme prospère parallèlement à la violation de droits de l’homme.  Le représentant a estimé que la situation humanitaire sur le terrain en marge de l’épidémie de COVID-19, marquée par la fermeture des écoles et des installations médicales débordées, nécessitait un appui renforcé de la part de la communauté internationale. 

Le représentant a salué la contribution positive de la  Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine dans le domaine de la médiation politique au Mali, avant d’exhorter les acteurs maliens à coopérer avec les partenaires régionaux.  « Nous comptons que les forces nationales maliennes continuent de participer aux opérations de la force conjointe du G5 Sahel », a insisté M. Nebenzia avant de saluer l’aide apportée par la MIMUSMA. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a souligné les évolutions positives intervenues ces dernières semaines dans son pays après le coup d’État du 18 août, qui a conduit à la démission du Président, Ibrahim Boubacar Keïta.  Il a cité la création d’un Comité national de salut du peuple (CNSP), qui a organisé une série de consultations avec les principaux acteurs politiques et ceux de la société civile les 10 et 12 septembre. 

« À l’issue de ce processus participatif, la Charte et la feuille de route de la transition ont été adoptées » s’est félicité le représentant, avant de citer les principales missions assignées à la transition à savoir: le rétablissement et le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire; le redressement de l’État et la création des conditions de base pour sa refondation; la promotion de la bonne gouvernance; la refonte du système éducatif; l’adoption du pacte de stabilité sociale; le lancement du chantier des réformes politiques, institutionnelles, électorales et administratives; l’organisation des élections générales; la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.  Il a indiqué que la Charte précisait aussi les organes chargés de mener la transition à son terme.  Après la nomination d’un président et d’un premier ministre de transition, le représentant du Mali a annoncé la nomination prochaine d’un Conseil national de la Transition, qui sera composé de 121 membres issus de l’ensemble des forces de la nation malienne. 

Après avoir assuré de la détermination du Gouvernement de transition à mettre en œuvre l’Accord de Paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, le représentant a assuré le Conseil de la détermination de ce gouvernement à veiller au respect des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire national, notamment dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. 

Parmi les évolutions positives, M. Konfourou a aussi cité la libération intervenue hier de personnalités civiles et militaires arrêtées dans le contexte des événements du 18 août.  « Les autorités nationales restent déterminées à respecter tous les engagements nationaux et internationaux du Mali », a précisé le représentant. 

Le représentant a par ailleurs déclaré que la Force conjointe G5 Sahel avait atteint un niveau d’opérationnalité assez encourageant mais qu’elle avait toujours besoin du soutien de ses partenaires.  Il a réitéré la gratitude du peuple malien à la force française Barkhane ainsi qu’aux pays contributeurs de troupes à la MINUSMA avant de remercier aussi la CEDEAO, l’Union africaine,  l’Organisation de la coopération islamique et l’Organisation internationale de la francophonie  pour leur soutien apporté au Mali. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: les jeunes veulent être entendus et participer aux processus de prise de décisions

Soixante-quinzième session,
4e & 5e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4288

Troisième Commission: les jeunes veulent être entendus et participer aux processus de prise de décisions

La voix des jeunes a résonné aujourd’hui dans l’enceinte de l’Assemblée générale abritant les travaux de la Troisième Commission.   De nombreux délégués de la jeunesse se sont en effet mobilisés pour faire part de leur empressement à contribuer au dialogue international et plaider pour un multilatéralisme revigoré. 

La Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles a également été marquée par des joutes oratoires s’agissant de la question du respect des droits de l’homme en différentes parties du monde. 

D’une manière générale, les délégués de la jeunesse qui sont intervenus aujourd’hui ont signalé attendre beaucoup de l’ONU, la délégation de l’Albanie appelant notamment à faire de l’initiative UN75 un « processus permanent ».  

Les délégués des jeunes de l’Allemagne ont toutefois interrogé leurs aînés sur les chances d’être entendus.  Pour eux, en effet, tant que l’on refusera d’autonomiser les jeunes, il faut « arrêter de les qualifier d’agents de changement ». 

Le sort des jeunes figurait également parmi les préoccupations de plusieurs délégations qui, à l’instar de la Bulgarie, se sont inquiété des effets négatifs de la pandémie de COVID-19 sur l’avenir des enfants, notamment leur accès à la santé.  Préoccupé par la question de l’éducation, le Kazakhstan a exhorté en outre à veiller à ce que le système éducatif ne devienne pas une « catastrophe générationnelle ».  

Notant que la pandémie a entraîné la fermeture des écoles de 188 pays affectant plus de 1,5 milliard d’enfants, Monaco a déploré qu’un tiers des jeunes du monde soient exclus du numérique et n’aient donc pu bénéficier de la poursuite de leurs cursus.  Or, si nous voulons que l’éducation soit accessible à tous, il est important de réduire la fracture numérique, a souligné la délégation.  

Pour sa part, la Nouvelle-Zélande a signalé que les femmes, les enfants, les peuples autochtones, les personnes handicapées et les personnes LGBTI endurent un risque accru de violence domestique, de mortalité et d’insécurité économique en raison de la pandémie de COVID-19. 

Les travaux de la Commission ont également été marqués par un vif débat sur le respect des droits de l’homme, les États-Unis s’emportant contre les pays qui foulent au pied ses principes, citant notamment le Venezuela, la Chine, la Syrie et l’Iran. 

Ces accusations ont été jugées « ironiques » par la délégation iranienne, qui a signalé que les sanctions imposées par ce même pays et ses alliés portent un coup terrible au droit à la vie de son peuple.  

L’intervention des États-Unis a également provoqué de nombreuses réactions au titre du droit de réponse. 

La Troisième Commission a par ailleurs adopté la liste provisoire des titulaires de mandats spéciaux appelés à lui présenter leur rapport au cours de cette session. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 8 octobre, à partir de 10 heures.  

Suite du débat général

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) qui s’exprimait au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA), a souligné que le travail de cette Commission sera important pour apporter des réponses aux nombreux défis sociaux, culturels, humanitaires et des droits de la personne posés par la pandémie.  Il a saisi cette occasion pour dire sa solidarité et présenter ses condoléances aux familles qui ont perdu des êtres chers et à tous ceux qui souffrent des conséquences de la COVID-19, « cette pandémie qui a mis le monde au bord de l’abîme ».  Il a indiqué que les systèmes nationaux de santé de la région font face à la pandémie en respectant les protocoles de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS).  Il a évoqué l’adoption, en mars dernier, de la Déclaration d’Amérique centrale contre le coronavirus qui prévoit un plan d’urgence régional pour la prévention et le traitement de la COVID-19.

Pour finir, les pays du SICA appellent à ce que les vaccins et les autres technologies de santé nécessaires pour faire face à la crise soient accessibles.  Leur accès doit être universel et équitable pour tous les habitants de la planète et à des prix abordables, a insisté le représentant.  Et l’OMS doit, à ce titre, jouer un rôle important et travailler avec le secteur privé et les pays donateurs pour que cet objectif soit atteint. 

S’exprimant au nom du Groupe des amis des personnes âgées, M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a salué les travaux de l’Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, lesquels soulignent les lacunes des dispositifs en place et la nécessité d’un instrument juridique contraignant pour protéger la dignité des personnes âgées.

La pandémie de COVID-19 a des effets dévastateurs qui s’accompagnent d’un risque d’isolement pour les personnes âgées.  Elle entraîne aussi une hausse des violences, en particulier pour les femmes âgées qui dépendent de leur famille pour leur survie.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, il est essentiel que la vaccination de masse envisagée contre le virus soit accessible aux personnes âgées, sans restriction.

Se félicitant ensuite des résolutions sur la COVID-19 adoptées par l’Assemblée générale, le délégué a souhaité qu’elles permettent le recueil de données statistiques de qualité et ventilées par sexe et par âge afin de mieux apprécier leur situation.  Il a aussi encouragé la communauté internationale et les agences de l’ONU à appuyer les efforts nationaux déployés pour assurer la collecte de données sur la violence à l’encontre des personnes âgées.  Selon lui, les rapports de l’Experte indépendante ont identifié des aspects qui doivent être approfondis par les États.  

Le représentant a par ailleurs plaidé pour une intégration des seniors dans la vie sociale des pays, sans aucune discrimination, afin de garantir leur autonomisation et leur jouissance des droits fondamentaux.  La réaction à la COVID-19 doit être axée sur le respect des droits de la personne des personnes âgées, dont les opinions et les besoins doivent être pris en compte, a-t-il insisté, en soulignant l’importance à cet égard d’un dialogue et d’une solidarité intergénérationnels.  Enfin, il a réitéré l’appui de son Groupe à la Décennie du vieillissement en bonne santé 2020-2030.

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a estimé que la COVID-19 ne devrait pas être la cause d’un nouveau fossé entre les pays développés et les pays en développement, les PMA, les pays africains et les petits États insulaires, qui doivent composer avec des budgets limités et la fermeture de la plupart de leurs secteurs économiques vitaux. 

Il a souhaité que l’espoir guide les délibérations de la Troisième Commission pour aboutir à des propositions concrètes pour surmonter les défis actuels.  Le contexte actuel donne un éclairage nouveau sur le besoin de coopération internationale, de solidarité et de réduction des inégalités entre et au sein des pays, a-t-il estimé.  « Faire respecter les droits sociaux de tous est la clef de la prospérité des nations, y compris l’accès égal et universel aux fournitures médicales et aux vaccins pour tous. »

Poursuivant, le représentant a indiqué que Cabo Verde est fermement résolu à mettre en œuvre les dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant, dans la conviction que les enfants ont besoin de sociétés pacifiques, ainsi que d’institutions solides, ce qui signifie davantage d’investissements dans des domaines cruciaux tels que l’éducation, la santé et la protection sociale.

Il a aussi souligné que les droits de l’homme pour tous signifient « des droits de l’homme pour chacun », ce qui signifie également que « nous ne pourrons pas reconstruire en mieux si nous n’arrivons pas à remplir nos engagements pour garantir les droits de l’homme ». 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a fait remarquer que la COVID-19 est une pandémie mondiale sans précédent qui touche toutes les sphères de nos moyens de subsistance et constitue la plus grande épreuve à laquelle nous ayons été collectivement confrontés.  « Cette crise mondiale confirme à quel point nous sommes interdépendants et vulnérables. »  En effet, a-t-il poursuivi, la COVID-19 n’est pas seulement un défi pour les systèmes de santé mondiaux.  Elle a mis en évidence les défis sociaux, économiques et environnementaux sous-jacents, et déclenché ou aggravé de nombreux problèmes liés aux droits de l’homme.  Les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus durement touchés par la pandémie, a-t-il déploré.

Le ralentissement économique mondial provoqué par la pandémie représente également un défi sans précédent pour les efforts de développement de la communauté internationale, en entravant les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable, a poursuivi le représentant avant d’expliquer que, comme dans d’autres pays, la Mongolie avait pris des mesures proactives pour prévenir la propagation de la pandémie, atténuer ses conséquences négatives sur le développement socioéconomique et protéger les groupes les plus vulnérables de la société.  Il a également dit que le Gouvernement avait mis en place deux plans de relance économique qui comprennent des programmes temporaires d’exonération et de report d’impôts, des subventions salariales et une augmentation des prestations sociales.  Des mesures de relance supplémentaires sont reflétées dans le plan d’action du Gouvernement.

Mme AL AMERII (Émirats arabes unis) a noté que la pandémie a mis à l’épreuve un grand nombre de pays et entraîné l’aggravation des inégalités dans le monde.  Pour tenter d’y remédier, les Émirats arabes unis ont fourni une assistance à 118 États, notamment dans le domaine médical, a-t-elle fait valoir.  Sur le plan intérieur, le pays a réalisé des progrès dans la promotion et la protection des droits de l’homme, en particulier ceux des femmes et des travailleurs étrangers, a précisé la représentante.  Elle a fait état de la promulgation d’une loi contre la violence conjugale, dont plusieurs articles prennent en considération la violence psychologique des victimes.   En outre, a-t-elle ajouté, une stratégie nationale est en préparation pour compléter la législation, de même qu’un organe national indépendant chargé de suivre le respect des droits de l’homme dans le pays, conformément aux Principes de Paris.

La déléguée a également indiqué que les femmes occupent 50% des postes au Parlement national, tandis qu’une loi prévoit l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes.  Sur le plan international, a-t-elle ajouté, la promotion de la femme fait partie des trois piliers sur lesquels le pays se base pour fournir une aide dans le monde.  Enfin, jugeant qu’il saurait y avoir de croissance et de prospérité sans coopération internationale, elle a indiqué que son pays se porterait candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024.

Interventions avant la reprise du débat général 

Cuba a souhaité qu’il y ait davantage de collaboration avec les États Membres concernant les dialogues interactifs avec les titulaires de mandat.  Cela permettrait d’aborder de manière équilibrée tous les points à l’ordre du jour, a estimé la délégation.  

Cuba s’est par ailleurs étonnée qu’une délégation se soit présentée ce matin avec trois représentants dans la salle de l’Assemblée générale.  Or, a-t-elle signalé, il était entendu que deux personnes seulement par délégation pouvaient pénétrer dans cette salle.  Elle a souhaité connaître la raison de cette différence, précisant que la délégation en question est celle des États-Unis.  Il n’est pas surprenant que cette délégation puisse obtenir plus de badges que les autres, a-t-elle commenté, rappelant au passage le principe d’égalité souveraine défendu par les Nations Unies.  

La Présidente de la Troisième Commission a indiqué qu’elle examinerait le problème. 

À son tour, la Syrie a dit n’avoir obtenu aucune réponse concernant ses préoccupations portant sur l’utilisation de termes allant à l’encontre des principes généraux des Nations Unies. 

La Présidente de la Commission  a indiqué avoir consulté le Bureau des affaires juridiques à ce sujet et que cette question ne peut être traitée par la présidence ou le Secrétariat.  «  Je n’ai rien de plus à ajouter », a-t-elle dit. 

Suite du débat général

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a indiqué que depuis son arrivée au pouvoir, son gouvernement travaille sur une plateforme politique permettant le développement humain.  La pauvreté a été identifié comme notre principal problème à éliminer, et des progrès ont été réalisés dans le pays grâce à des programmes de lutte contre ce fléau.

En ce qui concerne le sujet de la drogue, le représentant a rappelé brièvement toutes les conventions et textes sur cette question et a appelé à leur application pleine et entière.  Il a expliqué que le Nicaragua est un pays de transit entre la Colombie et les États-Unis.

L’argent dépensé à lutter contre la drogue pourrait être utilisé pour la lutte contre la pauvreté, a-t-il signalé, avant d’appeler les États Membres à coopérer avec les pays d’Amérique centrale pour combattre ces trafics. 

Le représentant a par ailleurs indiqué que son gouvernement allait créer des commissariats de femmes pour aider les femmes.  Une loi sur l’égalité des sexes a été promulguée, et le pays compte plusieurs femmes ministres et plus de 45% de femmes députés dans le parlement.  Dans la branche judiciaire, 59% des juges d’instructions sont des femmes, s’est-il félicité.

Les délégués des jeunes de l’Allemagne, intervenant par visioconférence depuis leur pays, se sont interrogés sur la définition du concept de la paix.  En effet, est-il possible de parler de sociétés pacifiques sans inclure les jeunes, en particulier leur inclusion politique?  Ils ont estimé que l’agenda « jeune, paix et sécurité » n’a pas beaucoup progressé, pour ensuite inviter l’ONU à redéfinir son concept de la paix en plaçant la sécurité humaine avant celle des États.  Avez-vous donné suffisamment de possibilité aux jeunes pour partager leur expérience unique en matière de conflit et de paix ?  Accorde-t-on suffisamment de chance aux jeunes pour qu’ils soient entendus?  Car, tant que vous refuserez d’autonomiser les jeunes, « arrêtez de les qualifier d’agents de changement », s’est emportée la jeune femme qui s’exprimait alternativement avec son homologue masculin. 

S’adressant aux décideurs, les deux jeunes les ont mis devant leur responsabilité pour tirer les conclusions des impacts de la pandémie afin d’en atténuer les conséquences, citant pêle-mêle, les inégalités structurelles et les discriminations au sein des sociétés, notamment le sexisme que la jeune femme a dit vivre au quotidien en tant que jeune militante.  « C’est maintenant qu’il faut agir, bien que vous auriez dû commencer hier! » ont-ils lancé, ajoutant que les jeunes attendent beaucoup de l’ONU.

À son tour M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a relevé que partout dans le monde, les jeunes demandent à être inclus dans les processus politiques, à lutter contre les inégalités en particulier entre les sexes, ainsi que contre le racisme et les changements climatiques.  Le Gouvernement allemand souscrit totalement à ces attentes et la Troisième Commission ne doit pas manquer à ces devoirs auprès des jeunes, a-t-il estimé.

À l’issue de cette intervention, le représentant de la République arabe syrienne a demandé une motion, décriant le fait que son homologue de l’Allemagne ait utilisé le terme régime pour qualifier le Gouvernement syrien.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a assuré que le droit des peuples à l’autodétermination est le socle de l’édifice des relations internationales.  Le déni de ce droit constitue une violation grossière de la Charte de l’ONU, a-t-il souligné, avant d’accuser l’Inde de refuser ce droit au peuple du Jammu-et-Cachemire.  Selon le représentant, le Gouvernement indien a en effet lancé la « solution finale » dans ce territoire en y imposant l’état de siège et en changeant sa composition démographique.  Les autorités indiennes ont en outre placé en détention des dirigeants politiques, exécuté de jeunes garçons, réprimé des manifestations et imposé des punitions collectives, a-t-il poursuivi, déplorant qu’aucun soldat indien n’ait été sanctionné pour ces crimes.  L’Inde, a insisté le délégué, entend transformer un territoire à majorité musulmane en territoire à majorité hindoue. 

Saluant la publication, le 4 août, d’un appel d’experts des droits de l’homme sur la situation alarmante au Jammu-et-Cachemire, M. Akram a relevé que de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) des droits de l’homme ont exprimé la même préoccupation.  J’aurais aimé que le collègue allemand ajoute le Jammu-et-Cachemire à la longue liste qu’il a citée, a-t-il dit.  Regrettant l’absence de réponse des autorités indiennes à ces différents appels, il a fait état d’une véritable « chasse aux sorcières » lancée par l’Inde contre ceux qui osent évoquer cette question.  Il a ainsi indiqué que l’ONG Amnesty International avait dû cesser ses opérations dans le pays.  Dans ce contexte, il a souhaité que l’Inde accepte de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité afin de permettre au peuple du Jammu-et-Cachemire d’exercer son droit à l’autodétermination.  Enfin, après avoir qualifié l’islamophobie de « manifestation des tendances extrémistes de notre époque », il a déclaré soutenir l’appel visant à faire du 15 mars une journée internationale contre ce fléau.  

Mme FABRE PIERRE (Haïti) a déclaré que la pandémie de COVID-19 a des conséquences dramatiques, et qu’Haïti en subit les graves retombées sociales et économiques, le pays étant déjà en proie à de nombreux défis liés à son faible développement économique.  Après l’épidémie de choléra en 2016, et le passage du cyclone Matthieu, c’est maintenant la COVID-19 qui délabre un pays à l’économie si fragile.  Elle a assuré que le Gouvernement haïtien accepte qu’il doive mettre en œuvre des politiques sociales pour protéger les catégories les plus fragiles.

Alors que nous célébrons l’anniversaire de la Déclaration de Beijing sur l’égalité des femmes, a poursuivi la représentante, nous devons nous interroger sur les raisons qui ont fait que les pays en développement n’ont pas atteint cette égalité.  L’inégalité des revenus, la faible part des femmes dans les processus décisionnels sont les témoins des progrès qu’il reste à faire, a-t-elle estimé.  Elle a également noté que durant la pandémie, les violences contre les femmes ont augmenté. 

Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a centré son intervention sur l’impact de la COVID-19 sur les populations les plus vulnérables, notamment les enfants, les femmes et les personnes vivant en situation de conflit, qui sont encore une fois de plus les plus affectés.  Rappelant que la pandémie a entraîné la fermeture des écoles de 188 pays affectant plus de 1,5 milliard d’enfants, elle a déploré qu’un tiers des jeunes du monde soient exclus du numérique et n’aient donc pu bénéficier de la poursuite de leurs cursus.  Or, si nous voulons que l’éducation soit accessible à tous, il est important de réduire la fracture numérique, a-t-elle souligné.  Consciente que l’isolement et les mesures de distanciation physique et sociale ont exacerbé les difficultés émotionnelles chez les jeunes, la représentante a également jugé essentiel d’inclure la santé mentale dans les réponses à la COVID-19 et d’investir dans la formation et l’insertion des jeunes.

La déléguée a ensuite constaté que les femmes ont, elles aussi, souffert de cette crise.  Alors que l’année 2020 et les 25 ans du Programme d’action de Beijing se voulaient un moment marquant pour l’égalité des sexes, la pandémie a « retourné la situation et aggravé les inégalités préexistantes », a-t-elle regretté, évoquant en particulier la hausse du travail non rémunéré et des violences domestiques.  Consciente de cette situation, Monaco a redoublé d’efforts en la matière.  Une étude sur les salaires a été lancée pour mesurer les écarts, et les employeurs de la Principauté ont signé une Charte pour l’égalité des femmes et des hommes au travail, a indiqué Mme Calem-Sangiorgio.  Enfin, estimant que la pandémie ne doit pas faire oublier le sort des populations en situation de conflit, elle a réaffirmé le soutien de son pays au Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie depuis mars 2011.  

Mme RAHMA KHALFAN SALIM RASHID AL ABRI (Oman) a souligné que les plans nationaux de développement faisaient la part belle au développement durable et à la défense des droits des catégories les plus vulnérables de la société, afin « que ces dernières soient en mesure de participer pleinement à tous les aspects de la vie quotidienne ».  La représentante a ajouté que son pays est partie à tous les traités et conventions internationaux pertinents en matière de droits de l’homme.  Les résultats de ces politiques sont reflétés, par exemple, dans l’amélioration continue des soins de santé reproductive et dans l’augmentation de l’espérance de vie chez les deux sexes, a-t-elle dit.  Le Gouvernement omanais a instauré l’éducation gratuite en tant que droit fondamental pour tous, et il est à noter que plus de 20% des hauts diplômés étaient des femmes en 2019, a encore indiqué la déléguée.  Celle-ci a en outre mentionné la stratégie nationale pour l’enfance 2020-2025 d’Oman, laquelle garantit les droits des enfants au sein de la famille comme des institutions publiques et privées.  Enfin, elle a attiré l’attention sur le fait que 40% de la force de travail omanaise était féminine, et qu’une loi protège des licenciements arbitraires.

M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine) a recommandé de donner la priorité à la mise en œuvre des obligations et des normes existantes, y compris les droits de l’homme, notamment dans des situations extraordinaires, telles que la pandémie de COVID-19.  ll a estimé que ces obligations ne doivent pas être modifiées arbitrairement ou politiquement et que les réponses apportées à la COVID-19 doivent respecter la dignité et les droits humains de tous, sans discrimination.

En outre, l’Ukraine s’est efforcée de maintenir son intégrité territoriale et sa souveraineté face à l’agression et à l’occupation armées.  Les quelques 40 000 personnes blessées et les autres 15 millions qui ont fui leurs maisons démontrent l’impact de l’agression subie.  Le représentant s’est opposé au refus de la Fédération de Russie de respecter ses obligations de fournir une assistance médicale pour la COVID-19 dans le territoire temporairement occupé de Crimée.

Notant que le Président ukrainien a récemment annoncé la création d’un bureau international pour lutter contre la désinformation et la propagande, il a déclaré que les journalistes et les peuples autochtones -notamment les Tatars de Crimée- faisaient parties des personnes visées par la Puissance occupante.  Il a également dénoncé les mesures coercitives prises en Crimée, qui obligent les gens à renoncer à leur citoyenneté et à leur terre.  Tant que l’occupation de la péninsule de Crimée et de tout le territoire ukrainien n’aura pas pris fin, il est important que la Troisième Commission adopte le projet de résolution sur les droits de l’homme en Crimée, a-t-il estimé.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a déclaré que la pandémie a prouvé l’importance du multilatéralisme et de la coopération internationale et confirmé la nécessité de s’engager en faveur des droits de l’homme, priorité des relations internationales de l’Italie.

Le représentant a rappelé l’engagement de son pays pour la prévention du crime, cette année marquant le vingtième anniversaire de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, dite Convention de Palerme.  Sa délégation proposera d’ailleurs un projet de résolution sur cette question.

Après avoir indiqué que l’Italie est sur le point de mettre en œuvre un moratoire sur la peine de mort, M. Stefanile a émis l’espoir que les efforts faits pour reconstruire en mieux après la pandémie incluront la promotion des droits des femmes.  « Il ne peut y avoir de croissance, de paix et de stabilité dans une société qui ne considérerait pas les femmes comme égales, protégées de la violence, avec un accès à l’éducation fort, invitées à la table des négociations et incluses dans les processus de décisions », a-t-il souligné.

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les États doivent respecter leurs obligations dans le domaine des droits de l’homme dans leurs réponses à l’extraordinaire crise que constitue la pandémie.  Les États doivent être transparents dans leurs mesures qui doivent être pertinentes pour la santé publique, temporaires et adaptées aux circonstances.  Ces mesures ne doivent pas servir de prétexte pour saper les droits humains, a-t-il insisté.  

Le représentant a rappelé que les femmes, les enfants, les peuples autochtones, les personnes handicapées, les personnes LGBTI et les membres d’autres minorités sont disproportionnellement touchés par la pandémie et les réponses apportées.  Tous ces groupes endurent un risque accru de violence domestique, de mortalité et d’insécurité économique.  Il a indiqué que la pandémie a mis en lumière les stigmatisations et discriminations frappant certains groupes ethniques.  Il a dénoncé la répression et l’emploi de la force contre des manifestations pacifiques, ainsi que les arrestations arbitraires ou bien encore les privations d’accès à Internet.  Les gouvernements devraient répondre à ces manifestations avec plus d’empathie et d’écoute, a dit le délégué, en ajoutant que son propre pays est toujours aux prises avec sa propre histoire coloniale.  « Nous sommes toujours à la recherche de ce partenariat que notre document fondateur, le Traité de Waitangi, envisageait entre les Maori, les peuples autochtones de la Nouvelle-Zélande et la Couronne. » 

M. PERKS LIGOYA (Malawi) a indiqué que beaucoup reste encore à faire pour parvenir à une égalité entre les genres, même si des progrès ont été accomplis.  Il a ainsi détaillé ceux accomplis par son pays dans ce domaine, en particulier s’agissant de la participation des femmes aux processus de prise de décisions.  En 2019, les femmes constituaient 23,3% des membres du Parlement, alors qu’elles ne représentaient que 16,7% en 2014.  Pour la première fois dans l’histoire du pays, le Président du Parlement est une femme, a ajouté le délégué.  Il a indiqué que la pandémie n’est pas seulement une crise sanitaire mais aussi une crise socioéconomique.  En effet, la pandémie a en quelques mois sapé les gains enregistrés dans les domaines du développement, de l’égalité entre les genres et de l’autonomisation des femmes.  Le Malawi a enregistré une augmentation sans précédent de la violence en raison du genre, avec 1 399 cas de violence sexospécifique enregistrés entre janvier et juillet 2020 contre 986 cas entre juillet et décembre 2019.  Malgré ces développements décourageants, le Gouvernement du Malawi demeure engagé à assurer une vie digne pour tous ses citoyens, a conclu le délégué.

Pour Mme  ANEL BAKYTBEKKYZY (Kazakhstan), le défi actuel est de surmonter la pandémie qui a gravement affecté l’économie mondiale et les situations d’urgence qui sont devenues un « test de stress » pour le système de l’ONU et les États Membres.  Elle a indiqué qu’à ce « carrefour du destin », le Kazakhstan s’emploie tout d’abord à atténuer les turbulences sanitaires, humanitaires et socioéconomiques de la pandémie, et à tirer les leçons des erreurs passées.  Le pays est également à l’avant-garde pour élargir les soins de santé primaires et universels et pour veiller à ce que le vaccin ne soit pas politisé et mis à la disposition de tous.

Elle a estimé qu’un moratoire de la dette s’impose pour assurer une reprise économique à l’échelle mondiale et une certitude budgétaire.  Les institutions financières internationales doivent donc mettre en œuvre des solutions innovantes telles que l’échange de dettes contre des systèmes de santé.

Mme Bakytbekkyzy a également mis l’accent sur l’éducation, le fondement de la société, exhortant à veiller à ce que le système éducatif ne devienne pas une « catastrophe générationnelle ».  Elle a par ailleurs indiqué que le Kazakhstan avait désigné 2020 comme l’Année des volontaires, la crise actuelle ayant fait naître une solidarité mondiale grâce au bénévolat.  Elle a aussi proposé la proclamation d’une année internationale de la mobilisation des volontaires pour le développement à l’ONU.  

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a d’emblée dénoncé les effets dévastateurs des mesures coercitives unilatérales qui, en cette période de crise sanitaire mondiale, affectent plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde, soit au total « plus d’un tiers de l’humanité ».  Ces mesures illégales empêchent ces populations de recevoir des équipements de protection, des médicaments, des tests de dépistage et d’autres biens essentiels dans le contexte de la plus grande pandémie depuis un siècle, a-t-il martelé.  Les États-Unis, utilisent, selon lui, la pandémie de COVID-19 comme une arme pour affirmer leur suprématie.  Dénonçant ce qu’il a qualifié de « crime d’extermination prévu par le Statut de Rome », le représentant a souligné que cette crise complexe est encore aggravée par la mise à sac des ressources nationales qui se trouvent dans des banques aux États-Unis.  Il importe, a-t-il dit, que le Gouvernement américain respecte ses obligations internationales et annule les mesures coercitives imposées à la République bolivarienne du Venezuela en violation du droit international.  Tout acte qui vise à obtenir des avantages égoïstes en faisant de la pandémie une arme constitue un crime contre l’humanité, a insisté le délégué, avant de réitérer l’engagement de son pays en faveur des droits de la personne et sa détermination à mener un dialogue constructif sur la base des principes d’objectivité et de non-sélectivité.

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a estimé que si la pandémie a touché tous les États, ses effets seront plus graves dans les sociétés les plus vulnérables.  Mais d’un autre côté, c’est aussi l’occasion de repenser les dogmes anciens pour les remplacer par ne nouveaux, a-t-elle estimé.  Alors que nous célébrons les 25 ans de la Déclaration de Beijing sur l’égalité homme-femme, nous devons faire en sorte que la pandémie actuelle n’érode pas les progrès qui ont été faits au cours des dernières décennies.

Par ailleurs, la représentante a souligné que la capacité à protéger les enfants de la pandémie de COVID-19 est la clef pour assurer à tous un avenir meilleur.  Elle a rappelé que 80% des enfants dans les pays pauvres ne peuvent pas lire, et que le confinement imposé par la COVID-19 a amplifié la fracture numérique.  « Ceci peut avoir des incidences sur le développement à long terme », a-t-elle alerté.

La déléguée a aussi appelé à lutter contre la xénophobie, d’autant que les migrants, en particulier la diaspora érythréenne, ont été à la pointe de l’aide de soins donné dans les pays développés.  Un des enseignements de la COVID-19, c’est que l’humanité est interconnectée, et pour l’avenir, il faut privilégier un développement qui prenne en compte cette interconnexion, a-t-elle affirmé.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a fait remarquer que la pandémie avait révélé les inégalités non seulement entre pays mais aussi au sein même des communautés.  Selon lui, pour lutter contre la COVID-19, la solidarité internationale doit prévaloir et l’ONU doit être aux avant-postes dans la promotion de l’accès universel au vaccin une fois celui-ci mis sur le marché.  Concernant les modifications exceptionnelles des modalités d’organisation des travaux de la Commission, le représentant a souligné l’importance que ces derniers restent impartiaux et non politisés.  À cet égard, il a insisté sur le fait que les nouveaux moyens de consultation instaurés pour la présente session ne doivent pas être un obstacle à la transparence des débats et aux prises de décisions.  Il a également appelé au respect du principe intangible de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays au cours des travaux de la Commission, chaque gouvernement ayant en dernière instance la responsabilité de garantir les droits de l’homme de ses citoyens.

M. SYED MOHD HASRIN AIDID (Malaisie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que les pays de la région étaient déterminés à intensifier leur coopération pour soutenir les actions plaçant les groupes vulnérables au centre des mesures de lutte contre la COVID-19.  Nos ministres ont identifié des mesures pour atténuer les effets de la COVID-19, faciliter un rétablissement rapide et renforcer la résilience des groupes vulnérables, a-t-il ajouté.  À cet égard, il a souligné que la déclaration conjointe de la réunion ministérielle de l’ASEAN du 10 juin 2020, intitulée « Atténuer les effets de la COVID-19 sur les groupes vulnérables dans l’ASEAN », prévoit d’importantes mesures, parmi lesquelles: faciliter l’accès à la protection sociale, protéger les droits, la sécurité et la dignité des peuples de l’ASEAN, garantir la santé et la sécurité des travailleurs sociaux à tous les niveaux, renforcer la coopération nationale, régionale intersectorielle ou encore développer un programme global et intégré de relèvement en cas de nouvelle pandémie.  Pour le délégué, la mise en œuvre de toutes ces mesures doit se faire conformément aux législations nationales des États membres de l’ASEAN et avec la participation active des groupes vulnérables et des parties prenantes concernées.

Sur les droits des enfants, le représentant a indiqué qu’en février 2020, l’ASEAN avait organisé la première conférence régionale sur la protection en ligne des enfants, à laquelle participaient des agences des Nations Unies, des organisations non gouvernementales, des experts universitaires et des acteurs du secteur privé.  La conférence s’est concentrée sur le partage de bonnes pratiques, l’identification de solutions et l’amélioration des mécanismes qui renforceraient les protections en ligne pour les enfants, a-t-il précisé. 

Le représentant a réitéré sa conviction que la communauté internationale doit travailler de façon unie et dans la solidarité à la promotion du développement socioéconomique, à la protection et à la promotion droits des enfants ainsi que pour faire de l’ASEAN et du monde un lieu plus sûr face aux éléments criminels.  « Nous faisons face ensemble à ces défis à un moment où nos ressources nationales sont mises à rude épreuve par la pandémie de COVID-19 », a-t-il dit avant de conclure que « seule une collaboration régionale et internationale décisive permettra de surmonter cette tempête de crises multiples et de construire un avenir meilleur ».

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) s’est inquiétée du fait que des gouvernements autoritaires utilisent la pandémie de COVID-19 pour justifier les répressions infondées contre les citoyens, citant notamment le cas d’un médecin chinois puni pour avoir essayé d’avertir le monde au sujet de l’existence d’un foyer préoccupant dans le Wuhan (Chine) et qui est décédé par la suite de ce virus.

La répression systémique de la liberté d’association, de réunion et d’expression freine la capacité de la société à répondre à la COVID-19, a-t-elle alerté.  En effet, l’étouffement de ces libertés par le Parti communiste chinois a transformé une « épidémie locale en une pandémie mondiale » qui menace de faire reculer des décennies de progrès en matière de développement et d’économie.  Le peuple chinois mérite tout simplement mieux, a-t-elle affirmé.

Après avoir fait savoir que les États-Unis sont en tête de l’aide humanitaire pour la COVID-19, ayant contribué à hauteur de plus de 9 milliards de dollars, Mme Craft s’est déclarée déçue par les tentatives de la Chine de détourner l’attention de son terrible mépris pour les droits de l’homme et de présenter les préoccupations croissantes de la communauté internationale comme une question bilatérale en accusant les États-Unis de mentir.

Elle s’est alarmée du maintien en détention arbitraire de plus d’un million de Ouïghours et d’autres groupes minoritaires dans des camps d’internement au Xinjiang.  Le Parti communiste chinois a érodé l’autonomie et la liberté à Hong Kong et perpétré un large éventail de violations des droits de l’homme contre les membres des communautés minoritaires, y compris les Africains et les Tibétains, ainsi que les avocats et les défenseurs des droits de l’homme dans toute la Chine.

Elle a également condamné les violations des droits de l’homme à grande échelle commises par le régime Assad en Syrie.  La Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies a documenté des milliers de cas crédibles d’exécutions extrajudiciaires, de torture et fait 6,6 millions de déplacés et 5,5 millions de réfugiés alors que 11 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.

Elle a aussi dénoncé les violations flagrantes des droits de l’homme en Iran et au Venezuela où le régime « illégitime et corrompu » de Maduro enrichit ses fonctionnaires, commet de nombreuses violations des droits de l’homme et bloque la tenue des élections libres et équitables nécessaires au rétablissement de la démocratie.  En Russie, nous sommes préoccupés par la persistance des menaces, du harcèlement et de la violence contre la presse, la société civile indépendante, les groupes religieux et l’opposition politique.  Les États-Unis sont également alarmés par les cas signalés de disparitions forcées, de torture et d’exécutions extrajudiciaires, notamment en Tchétchénie et condamnent par ailleurs l’agression continue de la Russie dans l’est de l’Ukraine et son invasion de la Crimée.

Suite à l’intervention des États-Unis, la Syrie, appuyée par l’Iran, a demandé une motion d’ordre pour contester l’utilisation du terme « régime » pour désigner le Gouvernement de son pays.  Elle a demandé au Secrétariat d’obtenir l’avis consultatif du Bureau des affaires juridiques.

Le Secrétariat a répondu qu’il ne lui appartenait pas de répondre à cette question, suite à quoi la Syrie a dit attendre une réponse plus claire.  Le Secrétariat a alors expliqué que la réponse fournie est fondée sur des cas précédents et qu’il allait concerter avec le Bureau des affaires juridiques.

Mme THILAKAMUNI REKHA NISANSALA GUNASEKERA (Sri Lanka) a indiqué que son pays avait pu relever le défi sanitaire de la pandémie de COVID-19 en maîtrisant la propagation du virus grâce à un mécanisme bien coordonné prévoyant des mesures préventives au niveau national appuyées, pour leur mise en œuvre, par un système de santé local robuste.  Tout en ayant réussi à contenir la propagation de la COVID-19, le Gouvernement de Sri Lanka a tenu son engagement en faveur des processus démocratiques en cours et a mené avec succès des élections parlementaires, s’est-il félicité.  La politique de santé universelle du pays donne à tous les citoyens le droit de bénéficier de soins de santé gratuits dans les hôpitaux publics, et c’est bien ce système robuste, couplé à des mesures inclusives, non discriminatoires et holistiques prises par le Gouvernement, sous la direction du Président, qui ont permis de contenir la propagation du virus COVID-19 dans le pays, a expliqué le délégué.  Il a indiqué que l’OMS avait d’ailleurs salué les efforts déployés par Sri Lanka pour contrôler efficacement la pandémie avec des moyens « modestes ».  Il convient également de noter que Sri Lanka a été l’un des premiers pays d’Asie du Sud à rouvrir avec succès ses écoles, ce qui a été salué par l’UNICEF, a-t-il également signalé.  Par ailleurs, il a souligné que le Conseil mondial du voyage et du tourisme avait récemment déclaré Sri Lanka « destination sûre pour les touristes ».

L’intervention de Sri Lanka a été interrompue par la présentation d’une motion d’ordre par l’Iran qui a dit soutenir la demande d’avis juridique formulée par la Syrie.

Le Secrétariat a indiqué qu’il n’appartient pas à la Présidence de répondre à cette question.  Cette réponse a été critiquée par la Syrie qui a pointé son manque de clarté et demandé à savoir qui est responsable.  Le Secrétariat a alors dit avoir fourni une réponse sur la base de cas précédents et indiqué qu’il allait se concerter avec le Bureau des affaires juridiques.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a estimé qu’il n’y a pas de violations plus graves que celle du droit à la vie.  Or, de nombreux pays occidentaux tuent des personnes notamment celles d’ascendance africaine.  Ces pays ne sont pas qualifiés pour parler des droits de la personne dans d’autres pays, a-t-il affirmé.  Selon le représentant, les pays occidentaux comptent le nombre le plus élevé de violations des droits de l’hommes et de cas de pauvreté; Plutôt que de tirer les leçons de cette situation injuste et de faire preuve de prudence, ces pays essaient d’imposer des stéréotypes au sujet de la RPDC, s’est-il insurgé, dénonçant une manigance politique qui vise à discréditer la RPDC.  Les pays occidentaux devraient balayer devant leur porte avant de donner des leçons aux autres, a-t-il lancé.

Poursuivant, le représentant a affirmé que plutôt que de reconnaître les huit millions d’enlèvements dont il s’est rendu coupable, le Japon a exclu de ses écoles des ressortissants coréens.  Ils ont un passé de criminels de guerre qui pourrait être lavé en agissant bien mais ils ne le font pas, a-t-il déploré.  Pour sa part, la RPDC continuera de garantir sa politique de protection des droits de la personne, quelque soient les difficultés rencontrées.

M.  MOHAMMAD REZA SAHRAEI (République islamique d’Iran) a affirmé que les droits de la personne appartiennent au patrimoine commun de l’humanité.  La République islamique d’Iran s’est engagée à promouvoir et protéger ces droits, dont les citoyens iraniens bénéficient tous de manière égale, sans aucune distinction, a-t-il dit, ajoutant que son gouvernement a, en outre, renforcé les droits des femmes et des minorités religieuses.

Selon lui, les États-Unis insistent pour continuer et renforcer leur politique de sanction à l’encontre de l’Iran, ce qui met en péril la vie de millions de personnes confrontées à la COVID-19.  De plus, les institutions financières internationales craignent une vengeance américaine.  C’est pourquoi, a-t-il déploré, les financements qui devaient aller à l’aide humanitaire d’urgence n’ont pu être engagés.  Cela hypothèque nos efforts sur le plan médical et porte un coup terrible au droit à la vie, a poursuivi le délégué.  Dans ce contexte, il a jugé ironique que les États-Unis et leurs alliés accusent l’Iran de violer les droits de l’homme.  Il a rappelé, à cet égard, que le commandant militaire Qassem Soleimani, qui défendait les droits des Iraniens, a été assassiné en janvier dernier par les États-Unis, un crime qui, a-t-il décrié, « n’a pas été considéré comme une violation ».

Dénonçant les agissements des pays qui contribuent aux conflits par leurs ventes d’armes, il a ensuite réitéré sa condamnation de l’occupation du territoire palestinien par Israël.  Avant de conclure, il a une nouvelle fois souligné le refus de la nation iranienne de céder au harcèlement des États-Unis, pour ensuite assurer que son pays entendait poursuivre sa collaboration avec les organes et mécanismes des Nations Unies.  

Mme EKA KIPIANI (Géorgie) a estimé que la pandémie de COVID-19 « teste » la fragilité de nos sociétés et démontre la nécessité de protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales.  La représentante a annoncé que son pays est en train d’élaborer sa seconde Stratégie des droits de l’homme pour la période 2021-2030, axée sur quatre priorités: l’égalité des sexes et la protection des droits des femmes; la protection des droits de l’enfant; la lutte contre la discrimination et l’adoption de politiques en faveur de l’égalité; et la protection des droits des personnes handicapées.  

Le Gouvernement géorgien, a expliqué la représentante, a pris des mesures pour réduire les risques accrus de violence contre les femmes et de violence domestique pendant la pandémie, grâce à une nouvelle stratégie de communication dont les priorités ont été identifiées par la Commission interinstitutions chargée de la question.  Déterminée à protéger les droits de l’enfant, la Géorgie, s’est enorgueillie la représentante, a introduit le modèle « Barnahus », un centre pour aider et réhabiliter les enfants victimes de violence sexuelle.  Avec l’adoption, en juillet dernier, d’une loi sur la protection des personnes handicapées, la Géorgie a unifié sa législation en la matière, a ajouté la représentante, qui s’est aussi attardée sur l’adoption de la toute première politique nationale sur le respect de l’orientation et de l’identité sexuelles.  

Il y a quelques jours, a encore indiqué la représentante, la Géorgie a introduit des amendements à son Code du travail et a amélioré la loi sur l’inspection du travail, conformément aux directives de l’Union européenne.  Mais, a fait observer la représentante, l’occupation russe de l’Abkhazie et de Tskhinvali empêche le Gouvernement d’élargir à ces régions le cadre de protection des droits de l’homme.  La représentante a accusé la Fédération de Russie de rester sourde à l’appel au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général, énumérant toutes les violations des droits de l’homme commises dans ces régions.  La communauté internationale doit obtenir de la Fédération de Russie qu’elle honore ses obligations internationales, dont faciliter l’accès du Bureau de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et autres mécanismes régionaux aux régions occupées.  

M. ENIAN LAMCE (Albanie) a suggéré de profiter de cette époque sans précédent pour réfléchir aux moyens d’améliorer le système des droits de l’homme.  Il s’agit aussi de construire des sociétés plus résistantes, de mettre en place des systèmes éducatifs accessibles et efficaces, et de développer des systèmes de protection sociale et de santé réactifs, capables de fournir des services à tous les membres de nos sociétés, en particulier en temps de crise.  La solution passe, selon lui, par un travail en commun car aucun pays ne peut relever seul les défis complexes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

Il a appelé la Troisième Commission à contribuer à la mise en œuvre de l’appel à l’action pour les droits de l’homme lancé par le Secrétaire général afin de générer des actions concrètes pour relever les défis actuels et faire avancer l’agenda des droits de l’homme.

Le délégué a ensuite donné la parole à deux délégués pour les jeunes de l’Albanie, Fiona et Henri, qui ont déclaré qu’en cette période d’incertitude, nous devons reconnaître à nouveau le rôle crucial de la jeunesse pour faire face à la crise et façonner l’avenir que nous voulons.

Ils ont souligné que les jeunes sont prêts à contribuer activement au dialogue international et à aider à trouver des solutions.  Parallèlement, les jeunes réclament un multilatéralisme revigoré, ouvert et inclusif pour tous les acteurs, y compris les jeunes.  C’est pourquoi, ils ont demandé à l’ONU de faire de l’initiative UN75 un processus permanent et d’impliquer les jeunes dans ses actions de suivi.

L’intervention de ces deux délégués des jeunes a été saluée par M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) qui a jugé très important de garantir la participation des jeunes à tous les niveaux, y voyant notamment un exemple de la coopération entre le secteur privé et public.  Il a ensuite déclaré que la pandémie a ramené à la raison d’être de l’ONU.  Notre engagement de protéger et garantir les droits de l’homme est plus importante que jamais, a-t-il affirmé.  Et les mesures prises pour endiguer à la pandémie doivent respecter les droits de l’homme.

En ce qui concerne le droit des enfants, le représentant s’est inquiété des effets négatifs de la pandémie de COVID-19 sur l’avenir des enfants y compris leur accès à l’éducation et à la santé; « Ils restent une priorité de la Bulgarie, en particulier les enfants handicapés et privés de soins parentaux », a-t-il assuré. 

M. RASMUS JENSEN (Danemark) a insisté sur l’universalité et l’indivisibilité des droits humains, ainsi que sur l’absence de hiérarchie entre ces droits.  Il a observé que la crise de la COVID-19 n’avait fait qu’accroître la pression qui pesait déjà sur les droits de l’homme, la démocratie, l’espace public, l’état de droit et la bonne gouvernance.  « Cette pression n’est pas nouvelle et ce mouvement de poussée contre les droits humains fondamentaux est une cause de préoccupation depuis longtemps. »  Le délégué a notamment dénoncé les violations des droits individuels, la pression accrue sur les droits reproductifs et sexuels des femmes et filles, le rétrécissement de l’espace pour la société civile et la persécution des défenseurs des droits de l’homme.  « Cela n’est pas acceptable et nous ne l’accepterons pas. »  M. Jensen a déclaré que les droits humains sont plus cruciaux que jamais pour des efforts de relèvement efficaces face à la pandémie.  « Nous, les États Membres, devons travailler ensemble pour promouvoir, protéger et réaliser les droits humains afin d’honorer notre promesse collective de ne laisser personne de côté. »

La représentante du Soudan a fait remarquer que, depuis la « glorieuse révolution de décembre 2018 », son pays connaît une profonde transformation, notamment sur le plan des droits de la personne.  Tout en veillant au bien-être de tous ses citoyens, il veille à l’autonomisation des personnes handicapées et à la protection des personnes âgées.  Le Gouvernement soudanais place également la protection des enfants et des femmes au rang de priorité majeure, a ajouté la représentante, avant de réitérer l’engagement de son pays à mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  De surcroît, a-t-elle souligné, le Soudan a abrogé des lois restrictives pour les droits des femmes et poursuit le renforcement de ses institutions à cette même fin. 

En outre, a souligné la déléguée, le Soudan renouvelle son engagement à mettre en œuvre la Convention relative aux droits de l’enfant.  D’une manière générale, le Gouvernement s’emploie à protéger les droits de l’homme partout au Soudan tout en luttant contre la criminalité sous toutes ses formes.  En témoignent ses réformes destinées à lever les restrictions sur les rassemblements politiques et à assurer l’indépendance du système judiciaire.  Dans le même ordre d’idée, a poursuivi la déléguée, le pays a confirmé l’abolition de la peine de mort pour les crimes commis par des mineurs.  En conclusion, elle a réaffirmé l’attachement du Soudan à collaborer avec tous les mécanismes des droits de l’homme de l’ONU et sa volonté de

M. CHOKO DAVIES (Libéria) a relevé que la pandémie de COVID-19 aggrave les inégalités préexistantes et expose les vulnérabilités des systèmes sociaux, politiques et économiques.

Pour lui, il est évident que le virus a un effet régressif sur les gains réalisés en ce qui concerne l’égalité des sexes, même si cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Il a estimé que les défis mondiaux existants obligent à renouveler les engagements pour une société inclusive, pacifique et juste.  Pour veiller à ce que les plans d’intervention et de relèvement face à la COVID-19 prennent en compte les impacts sexospécifiques de la pandémie, le Président du Libéria a nommé deux femmes à la tête de l’équipe nationale de lutte contre le coronavirus du pays.  En outre, suite aux abus constatés durant le confinement, le président Weah a déclaré l’urgence nationale face aux viols, nommé un procureur spécial pour le viol et mis en place un registre national des délinquants sexuels.

Le représentant a réaffirmé l’engagement sans faille du Gouvernement libérien en faveur de l’égalité des sexes et de la promotion de la femme.  Un groupe de travail national sur le genre et la sécurité a été élaboré.  L’objectif est de renforcer la prise en compte des perspectives des femmes dans la réforme du secteur de la sécurité et de veiller à ce que les initiatives répondent aux besoins et aux capacités des femmes, des hommes, des garçons et des filles.  « En partenariat avec l’UNICEF, nous gérons un centre de soins pour les enfants séparés de familles touchées par la COVID-19, et nous fournissons des services psychosociaux, éducatifs et récréatifs », a-t-il indiqué. 

Le représentant de Sierra Leone a fait part de l’engagement continu de son pays en faveur du bien-être de toutes les personnes, en particulier les femmes et les enfants.  Il a fait part de la préoccupation de son pays face à l’augmentation des violations systématiques des droits de femmes surtout en cette période difficile.  Dans le cadre de « nos valeurs partagées », il est nécessaire d’aller de l’avant pour consolider le cadre institutionnel pour faire de la promotion des femmes et des filles une priorité internationale, a-t-il estimé.  Pour finir, il a appelé au respect des libertés fondamentales pour tous surtout en les circonstances actuelles.

Le représentant de Cuba a pris la parole pour remercier le Secrétariat pour sa présentation des titulaires de mandats qui se présenteront devant la Troisième Commission durant cette session.  La délégation a cependant souhaité qu’il y ait davantage de collaboration avec les États Membres en vue des dialogues interactifs.  Cela permettrait, selon elle, d’aborder de manière équilibrée tous les points à l’ordre du jour.  Cuba s’est par ailleurs étonné qu’une délégation se soit présentée ce matin avec trois représentants dans la salle de l’Assemblée générale.  Or, a-t-elle ajouté, il était entendu que deux personnes seulement par délégation pouvait pénétrer dans cette salle.  Elle a souhaité connaître la raison de cette différence, précisant que la délégation en question est celle des États-Unis.  Il n’est pas surprenant que cette délégation puisse obtenir plus de badges que les autres, a-t-elle conclu, rappelant au passage le principe d’égalité souveraine défendu par les Nations Unies.  

La Présidente a pris acte de cette interrogation et a dit qu’elle examinerait le problème. 

Le représentant de l’Iraq a mis l’accent sur les difficultés rencontrées par son pays pour faire face à la pandémie de COVID-19.  Nous luttons grâce à une série de mesures de prévention mais la route est encore longue, a-t-elle indiqué.  La représentante a ajouté que l’Iraq est confronté à une « autre pandémie mortelle » qui est celle du terrorisme.  Le pays lutte contre ce fléau en s’appuyant sur ses forces armées et sur celles de la coalition internationale.  Ce contexte difficile ne l’empêche toutefois pas de réaffirmer son engagement en faveur de la protection des droits de l’homme, a assuré la représentante, avant de rappeler que son pays promeut l’égalité dans sa législation nationale et rejette toute forme de discrimination raciale. 

Évoquant ensuite le sort des enfants iraquiens, qui ont traversé une « véritable tragédie » sous le joug de l’EIIL, elle a indiqué que le Ministère du travail et des affaires sociales a adopté, en 2019, une loi pénalisant le recrutement ou l’utilisation d’enfants.  Elle a également confirmé que l’Iraq poursuit la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et travaille au renforcement des droits des Iraquiennes afin qu’elles puissent participer aux prises de décisions et s’autonomiser.  Avant de conclure son intervention, la déléguée a exprimé la solidarité de l’Iraq avec le « peuple frère   de la Palestine.  Elle a appelé la communauté internationale à contribuer à la concrétisation du droit des Palestiniens à un État indépendant, ce qui, selon elle, contribuera à la stabilité du monde.  

Le représentant du Paraguay a indiqué que face à la COVID-19, le Paraguay a renforcé les plans et programmes pour l’intégration sociale déjà et en a créé d’autres. « Les circonstances nous forcent à agir », a-t-il déclaré.  Un programme d’aide aux personnes âgées a été notamment établi ainsi que des mesures pour favoriser les personnes ayant perdu leur emploi, notamment les entrepreneurs indépendants.  Face à la nécessité de répondre à la crise en cours, un plan gouvernemental prévoit en outre d’octroyer des crédits pour le développement.

Soulignant qu’une société plus juste ne pourra pleinement se réaliser qu’avec la participation des femmes, le représentant a appelé à lutter contre toutes les violences faites aux femmes et agir pour leur émancipation, notamment en milieu rural.  Il a aussi parlé de l’existence d’un plan visant à développer les communautés autochtones les plus vulnérables.  Ce plan a été réalisé avec leur participation et tient compte de leur vision du monde, et nous avons traduit les mesures à prendre pour lutter contre la COVID-19 dans les principales langues autochtones, ce qui permet ainsi de les protéger.  Le délégué a conclu en disant que les 19 langues autochtones du Paraguay « sont des trésors de notre pays ».

Le représentant du Guatemala a déclaré que le multilatéralisme et la solidarité entre les nations sont les clefs pour sortir de la crise de COVID-19, tout comme ils ont aidé la communauté internationale à surmonter les différentes crises que le monde a dû affronter depuis 75 ans.  Le représentant a souligné ensuite les grandes avancées réalisées partout dans le monde et dans son pays depuis l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme en 1948.  Insistant sur la nécessité d’accroître la prévention et la promotion des droits de l’homme partout, le délégué a indiqué que son gouvernement continue de donner suite à ses obligations découlant des instruments internationaux des droits de l’homme.  

Le représentant du Tchad a assuré que son pays était attaché à la promotion des droits de l’homme, notamment ceux des femmes et des petites filles.  Dans ce contexte, le Gouvernement a déployé des efforts importants pour décharger le fardeau des femmes, en particulier celles vivant en milieu rural.  Ces mesures incluent l’octroi de microcrédits pour leur permettre de créer des microentreprises.  Le Gouvernement a en outre instauré, en 2018, une politique de promotion de la parité dans la représentation nationale.  Aujourd’hui les femmes comptent pour 30% des élus, s’est-il félicité.  Et ce taux est amené à évoluer vers la parité totale.  L’âge minimum de mariage pour les filles a par ailleurs été fixé à 18 ans, sous peine de sanctions. 

Pour autant, la situation économique et sécuritaire dans laquelle se trouve le Tchad aujourd’hui, marquée notamment par des attaques terroristes, est aggravée par la pandémie de COVID-19.  Cela compromet les efforts du Gouvernement, a déploré le représentant, appelant les partenaires internationaux du Tchad à se tenir aux côtés de son pays.  

Par ailleurs, le représentant a déclaré que, concernant la question de Hong Kong et du Xinjiang, son pays appuyait le principe d’une seule Chine, conformément au droit international et au principe de respect de la souveraineté des États.  

Le représentant de Saint-Marin a souligné que la pandémie est non seulement une crise sanitaire, mais également humanitaire, qui exacerbe des problèmes structurels notamment parmi les pays et populations les plus vulnérables, en particulier les minorités, les peuples autochtones ainsi que les femmes et les enfants.  Ces populations sont impactées de manière disproportionnée à la fois par le confinement et le ralentissement des activités économiques.

À cet égard, il s’est félicité de la résolution de l’Assemblée générale sur cette question, du plan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds de solidarité pour la riposte à la COVID-19 en faveur des pays les plus vulnérables.

Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a déclaré qu’en dépit des défis auxquels il fait face, son pays s’efforce de respecter les objectifs fixés dans le Programme 2030.  La Tanzanie a notamment progressé sur le plan de l’économie inclusive et elle généralise ses politiques de défense des droits humains, a affirmé le représentant.  Dans ce cadre, le pays fait tous les efforts possibles pour garantir les droits de ses citoyens, à commencer par les plus vulnérables.  Un effort particulier a été consenti pour les enfants et leur éducation, a dit le représentant qui a précisé que son gouvernement a réussi la parité entre les sexes dans les cycles primaire et secondaire.  Dans le domaine de la santé publique, le pays fournit tous les médicaments indispensables aux hôpitaux et dispensaires du pays, tout en s’acquittant de ses obligations en matière d’assainissement.  Il travaille par ailleurs à l’intégration socioéconomique des femmes et des personnes âgées, qui sont des composantes « essentielles » de la société.

Le représentant a d’autre part indiqué que sa délégation présentera cette année sa résolution bisannuelle sur le développement inclusif des personnes handicapées et a appelé les pays partenaires à coparrainer ce texte important afin qu’il soit adopté par consensus comme les fois précédentes.  Il a ensuite évoqué la présence en Tanzanie d’environ 230 400 réfugiés et demandeurs d’asile en provenance de la République démocratique du Congo (RDC) et du Burundi.  Assurant que son pays respecte tous les instruments internationaux relatifs à la protection de ces personnes, il a fait état du rapatriement volontaire, en décembre 2019, de 96 000 Burundais.  Enfin, le délégué a appelé au respect du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.

Mme ELISENDA VIVES BALMANA (Andorre) a fait état, elle aussi, d’une accentuation des inégalités et d’un recul des droits humains dans le monde en raison des divers effets de la pandémie de COVID-19.  Elle s’est déclarée particulièrement préoccupée par la tendance croissante de la violence sexiste et sexuelle et par l’augmentation des cas de mariages forcés, de harcèlement et de cyberintimidation.  Le domicile familial s’est avéré être, dans cette crise, « le piège le plus dangereux pour une multitude de femmes et de filles », a déploré la représentante.  Sur le plan national, a-t-elle indiqué, le Parlement andorran a approuvé en septembre un renforcement du dispositif de lutte contre la violence faite aux femmes et d’assistance aux victimes.

La déléguée a par ailleurs pointé la vulnérabilité des progrès de la réalisation du Programme 2030, observant que la pandémie a considérablement perturbé l’éducation de plus de 1,5 milliard d’enfants.  Face au défi urgent d’assurer la continuité de l’éducation, le Ministère de l’éducation d’Andorre a mis à la disposition des enseignants et des élèves un soutien technique afin qu’ils puissent recourir aux nouvelles technologies.  Pour la déléguée, la coopération internationale doit être encouragée pour réduire la fracture numérique et faire en sorte que tous les pays puissent bénéficier de l’utilisation de ces technologies, nécessaires pour faire de l’ODD 4 une réalité.  Enfin, soulignant l’attachement de son pays à la justice, elle a réitéré son soutien aux travaux de la Cour pénale internationale et aux mécanismes existants, pour garantir que les violations des droits humains les plus graves ne restent pas impunies.

Le représentant du Brésil a fait part de sa solidarité envers tous les pays frappés par la COVID-19 s’inquiétant du fait que la pandémie exacerbe les inégalités.  Il faut adopter des approches fondées sur les droits de la personne, en considérant qu’il appartient aux États de mettre en place les approches pour lutter contre la pandémie, a-t-il estimé.  Dans ce contexte, le Brésil a établi un partenariat pour les familles touchées par la pandémie.

Le représentant a appelé à redoubler d’effort pour promouvoir les femmes et les filles dans toutes les circonstances et à tenir compte des peuples autochtones, personnes LBGTI et personnes handicapées.  Il a indiqué que son pays a mis en place un système d’accueil des personnes fuyant le Venezuela.  « Nous faisons la promotion de la lutte contre le racisme, mais nous regrettons de ne pas avoir mis en place de mesure de promotion des peuples d’ascendance africaine comme la soixante-quatorzième session en avait décidé », a-t-il indiqué, avant de signaler que sa délégation présentera, avec l’Allemagne, un projet de résolution sur les risques qui pèsent sur la vie privée.

Le représentant de l’Autriche a déclaré que la promotion et protection des droits de l’homme devaient se faire par plusieurs biais, dont celui de la coopération et du dialogue.  Ce dialogue doit s’instaurer au sein de la Troisième Commission, mais aussi du Conseil des droit de l’homme, actuellement sous la présidence autrichienne.

Promouvoir les droits de l’homme implique aussi de rejeter et de lutter contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les formes de discriminations, y compris sur la base de l’orientation sexuelle.  Il faut également promouvoir les droits de la femme, mais aussi ceux des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme ou encore des personnes handicapées.  La délégation présentera au cours de cette session des projets de résolution abordant ces questions, a indiqué le représentant.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a déclaré qu’en mettant à rude épreuve nos objectifs et avancées envisagés sur les plans sanitaire, économique, social, politique et sécuritaire, la pandémie de COVID-19 nous impose inéluctablement de réinventer, en mieux, notre vivre ensemble.  Il a donc estimé que le droit des peuples à l’autodétermination et l’élimination du racisme sont deux questions qui demeurent parmi les lancinantes préoccupations de la communauté internationale.

En sa qualité de Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, le Sénégal, a dit le représentant, réitère son appel pour l’intensification des efforts en vue de la seule solution juste et viable des deux États, pierre angulaire d'une paix et d'une sécurité durables dans la région.  Il a ensuite indiqué que, pour matérialiser sa volonté politique de faire avancer l’égalité des sexes, son pays a adopté lois, programmes et stratégies, y compris dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE) 2019-2023.  Le représentant a annoncé l’intention de sa délégation de soumettre à l’Assemblée, cette année encore, la résolution intitulée « Intensifier l’action engagée pour en finir avec la fistule obstétricale ».

En aggravant les défis existants en matière de développement, la COVID-19 laissera, a dit craindre le représentant, un impact négatif sur la capacité des gouvernements à atteindre correctement les objectifs du Programme 2030.  Il a donc renouvelé l’appel de son gouvernement pour l’annulation de la dette des pays vulnérables et invité la communauté internationale à s’attaquer, sans relâche, aux défis multidimensionnels du développement social.

Mme LALA MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) a affirmé que cette année était différente des autres, son pays devant défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale face à une « agression étrangère ».  

Après la large offensive militaire lancée le 27 septembre dernier par les Forces armées de l’Arménie contre des civils, l’Azerbaïdjan n’a pas eu d’autres choix que de prendre des mesures pour repousser cet assaut.  Faisant ainsi, l’Arménie a, une fois de plus, fait preuve de son manque de respect pour le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Au cours de cette attaque 30 civils azerbaïdjanais ont été tués et 144 autres blessés.  Pas moins de 66 installations civiles et 427  maisons ont été détruites, a chiffré la représentante, appelant à ce que des enquêtes soient ouvertes et les responsables traduits en justice.  

La représentante a également déclaré que son pays n’avait jamais cessé d’attirer l’attention de la communauté internationale sur « l’agression continue » que subit l’Azerbaïdjan de la part de l’Arménie.  Il n’a jamais cessé de dire que la présence illégale de l’Arménie dans les territoires de son pays est la principale source du conflit et de la récurrence des escalades sur le terrain.  

Or, avec ses résolutions 822 (1993), 853 (1993), 874 (1993) and 884 (1993) adoptées à l’unanimité, le Conseil de sécurité a sans équivoque condamné l’usage de la force contre l’Azerbaïdjan et réaffirmé son attachement à son intégrité territoriale et à l’inviolabilité de ses frontières, tout en demandant le retrait de ses « territoires occupés ».  L’Azerbaïdjan de son côté a toujours réitéré le besoin de coexistence pacifique entre les communautés azerbaïdjanaises et arméniennes du Nagorno-Karabakh.  Malheureusement, rien de cela n’a résonné chez les dirigeants arméniens, a déploré la représentante. 

Revenant au sujet de l’ordre du jour, la représentante a déclaré qu’en dépit des temps difficiles, l’Azerbaïdjan a continué de répondre aux besoins économiques et sociaux de sa population.  En réponse à la pandémie de COVID-19, pas moins de 2 milliards de dollars ont été débloqués pour répondre aux problèmes liés à l’emploi.  Ces mesures ont touché près de cinq millions de personnes, soit la moitié de la population.  Les pensions de retraite ont été réévaluées de 27%, a notamment indiqué la délégation.  

Mme ROSHELLE HENRY (Jamaïque) a déclaré que son pays, qui considère les droits de l’homme comme un élément central de la dignité humaine, est « pour le moins troublé » par la multiplication des informations sur les violations de ces droits, les manifestations de racisme et les actes individuels et systémiques d’exclusion sociale.  La représentante a donc appuyé l’Appel pour les droits de l’homme du Secrétaire général.  Elle a ensuite alerté du fait que les mesures de confinement prises pendant la pandémie ont eu un impact réel sur les économies et les sociétés des pays comme le sien.  La Jamaïque a donc lancé un programme d’allocations de ressources aux salariés et mis en œuvre des mesures « novatrices » pour aider les personnes âgées, particulièrement touchées par la pandémie.  

Réitérant la détermination de son pays à mettre pleinement en œuvre le Programme d’action de Beijing, la représentante s’est enorgueillie de ce qu’à la suite des élections du mois dernier, le Parlement national compte désormais 28,5% de femmes.  Le pays encourage aussi les hommes et les garçons à devenir de véritables partenaires du programme en cours sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  

Nous devons éviter, a poursuivi la représentante, que la pandémie ne se transforme en « crise des droits de l’enfant », s’agissant, en particulier de l’éducation.  La Jamaïque a donc mis en place un groupe de travail pour la gestion du secteur de l’éducation pendant la pandémie (E-COVID1).  Comme cette pandémie a aussi affecté la faculté nationale à s’attaquer à la criminalité et au trafic de drogues, la représentante s’est dite impatiente de participer au quatorzième Congrès sur la prévention du crime et la justice pénale, prévue à Kyoto, en mars 2021.  

Le représentant de la République arabe syrienne a constaté que 75 ans après sa création et malgré les efforts consentis, l’ONU n’a toujours pas réussi à concrétiser les aspirations de ses pères fondateurs quant à la promotion des principes du droit international et de la Charte, notamment la souveraineté égale des États, la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et le non-recours à la force.  Aujourd’hui, a-t-il déploré, des millions de personnes continuent de souffrir des politiques d’occupation, d’hégémonie et de haine et sont privées de leur droit à l’autodétermination et des droits connexes.  Certains États ont recours à des mesures de coercition unilatérales en violation des principes de la Charte et plus grave encore, ils continuent d’imposer ces mesures pendant la crise engendrée par la COVID-19, ce qui impacte grandement la capacité des pays ciblés à faire face à cette pandémie.  Saluant l’appel du Secrétaire général en faveur de la levée des sanctions, le délégué a réitéré son refus de la politisation des questions relatives aux droits humains et de l’instrumentalisation des mécanismes contre des pays comme le sien. 

Le représentant a ensuite dénoncé la présence de forces d’occupation américaines et turques sur le territoire syrien.  Ces forces pillent le pétrole et le gaz, et appuient des organisations terroristes telles que les groupes HTS et le Front el-Nosra, lesquelles sèment la terreur et recrutent des enfants, a-t-il accusé.  Mon pays, a ajouté le représentant, est fier d’avoir été parmi les États pionniers qui ont adopté des lois garantissant aux hommes et aux femmes des droits égaux dans le travail, l’éducation et la participation politique.  Malgré ces avancées, la guerre contre le terrorisme menée depuis neuf ans a alourdi le fardeau des femmes.  Le délégué a également évoqué l’occupation israélienne du Golan, une violation qui n’aurait pu perdurer sans l’immunité garantie à Israël par certains États.  « Le Golan fait partie intégrante de notre territoire et nous le récupérerons tôt ou tard », a-t-il conclu.  

M. DUSHKO UZUNOVSKI (Macédoine du Nord) s’est dit convaincu que la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales est la pierre angulaire de toute société démocratique et une condition préalable à la stabilité, aux progrès et au développement.  Mon pays, a-t-il rappelé, a vécu plusieurs crises politiques et institutionnelles, posant un sérieux défi aux droits de l’homme, à l’état de droit et à la démocratie.  Pour surmonter ces crises, une série de réformes a été lancée dans des domaines prioritaires, dont le renforcement du système judiciaire, la lutte contre la criminalité organisée et la corruption, la protection des droits des minorités et le bien-être de toutes les communautés ethniques, grâce à la pleine mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Ohri).

Le représentant a insisté sur les mesures prises en faveur des femmes et des filles, dont l’intégration d’une perspective soucieuse d’égalité entre les sexes dans la budgétisation des politiques et programmes.  Des progrès ont aussi été enregistrés s’agissant de l’accès à la santé sexuelle et reproductive et de la lutte contre la violence domestique.  Une autre source de fierté, a dit le représentant, est l’avancée dans la protection de la communauté LGBTI.  La Macédoine du Nord, a-t-il ajouté, a aussi rejoint un certain nombre de pays pour soutenir la campagne « Verified » contre la désinformation en ligne, « un virus toxique » qui secoue les fondements démocratiques dans de nombreux États.

Mme ANESIE NDAYISHIMIYE (Burundi) a noté que cette session intervient dans une situation sans précédent marquée par la pandémie de COVID-19.  Alors que nous célébrons 75 ans de l’existence de notre organisation et ses progrès et que nous avons commémoré le vingt-cinquième anniversaire de Beijing, les conséquences socioéconomiques de cette crise menacent d’effacer les gains obtenus.  

Elle a souligné que le droit au développement est un droit inaliénable de l’homme.  Ainsi, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains est un principe important consacré dans la Charte des Nations Unies et une norme fondamentale des relations internationales.  La représentante s’est ensuite opposée à la politisation des droits de l’homme en exerçant des pressions sur d’autres pays.  C’est pour cela que le Burundi soutien la position de la Chine concernant Xinjiang et Hong Kong, a-t-elle indiqué.  

Poursuivant, Mme Ndayishimye a indiqué que, depuis son adhésion au Programme de Beijing, le Burundi a mis en place une loi visant à soutenir la participation des femmes à la prise de décisions et le renforcement des sanctions à l’égard des auteurs des violences faites aux femmes.  En outre, le taux de représentativité de femmes au Gouvernement est de 30% et, pour la première fois, le Président de la République a nommé dans son gouvernement une femme de l’ethnie minoritaire des Batwa.  Le Burundi a également établi un réseau de femmes médiatrices qui jouent un rôle fondamental dans la résolution pacifique des conflits par le dialogue et la culture de la non-violence dans le pays. 

La représentante du Népal a déclaré que des progrès ont été réalisés s’agissant de la participation des femmes à la vie publique.  Pour ce qui est des échecs, la représentante a demandé à examiner ce qui n’a pas marché avec un regard « juste et honnête ».  Elle a ajouté que les droits de l’homme sont dûment inscrits dans la nouvelle Constitution du Népal.  Le pays a une société civile florissante et a créé un organisme chargé de promouvoir et de protéger ces droits.  Il s’efforce également de protéger les droits des personnes vulnérables et âgées.  La liberté religieuse est un droit fondamental au Népal qui est depuis 2018, membre du Conseil des droits de l’homme.  Il y apporte la perspective d’un pays sans littoral qui a connu un « succès inégalé ».  La politique ne doit pas passer avant le bien être des gens, a plaidé la représentante.

Le représentant de Thaïlande a reconnu que les femmes et les filles ont dû subir de façon disproportionnée les effets de la crise, et a indiqué que son gouvernement continuera à promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes et des filles, ainsi que l’égalité des postes pour les femmes, tout en se mobilisant pour combattre les violences domestiques.  

Le représentant a aussi signifié l’attachement de son pays au droit à la santé, que le Gouvernement royal n’a cessé d’améliorer depuis 2002.  Il a souligné qu’en juillet de cette année, son pays a adopté une loi reconnaissant les partenariats civils homosexuels, qui est en attente de validation.  Il a émis l’espoir que la COVID-19 soit une occasion de refaçonner le monde dans lequel nous vivons. 

Le représentant du Botswana a mis l’accent sur la stratégie et les initiatives du Gouvernement pour protéger et aider les victimes de la pandémie de COVID-19, dont l’octroi d’une aide salariale pendant trois mois et un plan économique à long terme pour le relèvement.  En dépit de la pandémie, le représentant a souligné les avancées en matière d’éducation, en parlant de l’accès universel aux enseignements primaire et secondaire.  En outre, une loi sur la violence sexuelle et sexiste sera adoptée en novembre prochain, a indiqué le délégué qui a reconnu que la malnutrition des enfants est un problème grave dans son pays.  Pour y remédier, mon pays demande l’appui de la communauté internationale, a-t-il conclu.

La représentante du Koweït a déclaré qu’il est indubitable que les premières victimes de la pandémie seront les plus vulnérables, dont les femmes.  C’est pour cela que les efforts du Gouvernement se concentre sur les femmes et sur les jeunes, qui représentent 60% de la population koweïtienne.  Le Koweït estime qu’il faut particulièrement protéger les minorités, y compris les minorités religieuses et lutter contre l’intolérance.  Pour la délégation, la pandémie souligne l’importance du multilatéralisme pour répondre à tous les défis, a insisté la représentante.  

Le représentant des Fidji a indiqué que la parité femmes-hommes est au cœur des politiques de son pays.  Les Fidji ont déployé d’importants efforts pour lutter contre les violences faites aux femmes et œuvrent au renforcement de leur participation à la vie publique.  Mais, comme partout dans le monde, les femmes paient un lourd tribut à la pandémie de COVID-19, en raison notamment du fardeau disproportionné de leurs tâches et des violences domestiques dont elles sont victimes.  Le représentant a également insisté sur le problème croissant lié aux changements climatiques, qui risque lui aussi de remettre en cause le développement des petits États insulaires et d’entraîner le déplacement de millions de personnes dans le monde.  Face à ces différents défis, les Fidji s’emploient à protéger les groupes vulnérables, notamment les personnes âgées, les personnes handicapées et les filles.  Conscients du caractère central des droits humains, les Fidji ont ratifié la Convention contre la torture et sont membres de l’initiative intergouvernementale contre ce fléau, a encore précisé le délégué, jugeant essentiel que les militants et les défenseurs des droits humains puissent faire leur travail.  Enfin, il a réaffirmé l’appui de son pays à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et a plaidé pour un accès universel au futur vaccin contre la COVID-19.

La représentante des Maldives a remarqué que les petits États insulaires en développement (PEID) comme les Maldives qui sont très dépendants du tourisme ont été très affectés par la pandémie de COVID-19.  À cet égard, nous estimons que le vaccin soit accessible à tous.  Elle a salué les efforts de réponses face à la pandémie qui ont été menés par les femmes, précisant que son pays compte sur le rôle de cheffe de file des femmes dans la reconstruction post-pandémie.  Engagées en faveur de l’égalité homme-femme, les Maldives ont également amendé leur législation sur les conseils locaux.  La législation sur les droits des enfants a aussi été ratifiée.

La menace existentielle des changements climatiques est un des plus grands défis auquel nous devons faire face, a-t-elle poursuivi.  Reconnaissant que les femmes et les filles sont disproportionnellement touchées par les changements climatiques, elle a insisté sur la nécessité de les autonomiser afin de progresser davantage.

Le représentant de l’Équateur a constaté que la pandémie affecte particulièrement les groupes vulnérables et retardé la réalisation des objectifs de développement durable.  Pour contrer ces impacts, a suggéré le représentant, il faut favoriser une meilleure répartition des revenus et des richesses et aider les femmes et les filles qui sont l’un des groupes les plus frappés par la pandémie.  Le délégué a aussi insisté sur l’importance de tenir compte de la situation des peuples autochtones dans les plans de relèvement.  Il s’est opposé aux tentatives de saper le multilatéralisme et le travail de l’ONU qui est « absolument nécessaire » dans la situation actuelle.  La pandémie, a-t-il conclu, est l’occasion d’avancer dans la couverture sanitaire universelle.

Le représentant de l’Irlande a énuméré les situations dans lesquelles les droits de l’homme ont de nombreux progrès à faire que ce soient les attaques contre les lanceurs d’alertes ou les défenseurs des droits.  Il a particulièrement condamné les attaques contre des journalistes et a appelé les gouvernements à respecter les minorités religieuses. 

Il a fait part de son opposition à la peine de mort et appelé les pays qui la maintiennent à l’abolir ou adopter un moratoire sur cette question.  En outre, il a noté que l’Irlande a fait beaucoup de progrès en ce qui concerne les droits des personnes LGBTI mais s’est préoccupée des mesures répressives qui existent dans certains États.  

La représentante de la République dominicaine a indiqué que son gouvernement a créé un guichet pour faciliter l’accès aux services publics.  Face à la pandémie de COVID-19, il a élaboré un guide sanitaire, notamment pour les personnes handicapées et les personnes vulnérables.  En matière d’éducation, le Gouvernement a pris des mesures pour l’apprentissage des malentendants, publiant un dictionnaire à leur usage.  Le Gouvernement a également lancé un programme visant à donner un abri aux jeunes en difficulté ainsi qu’aux personnes handicapées.  S’agissant de la prévention de la violence contre les femmes, « un problème national » dont le Président dominicain a fait une « affaire nationale » qui a donné lieu à l’adoption d’une politique spécifique.  Un centre d’accueil des victimes de violence a ainsi été créé et le Ministère de la condition féminine a reçu une somme de 200 millions de pesos pour financer les programmes nécessaires.  Toujours en faveur des femmes, le Gouvernement a lancé un programme de formation à la technologie numérique, doublé d’un autre sur les bourses scientifiques, sans oublier l’aide financière aux jeunes.  À ce propos, pour détourner les jeunes du trafic et de la consommation de drogue, le Gouvernement s’emploie à favoriser leur entreprenariat, dans les quartiers les plus touchés.

Soulignant à son tour l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’ensemble de la communauté internationale, le représentant du Kenya a salué le rôle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et a appelé à une action concertée pour trouver un vaccin accessible à tous.  Il a ensuite réitéré l’attachement de son pays à la protection des droits de l’homme, rappelant que son gouvernement vient d’établir une commission des droits humains pour garantir l’égalité de tous les citoyens et la réalisation des objectifs de développement durable.  Prenant acte du fait que les femmes sont affectées de manière disproportionnée par la pandémie, le représentant a indiqué que le Kenya s’emploie à autonomiser ce groupe « essentiel » de la population nationale.  Le Gouvernement a en outre mis en place une équipe spéciale chargée de lutter contre la violence faite aux femmes et les mutilations génitales féminines. 

S’agissant des enfants, eux aussi très touchés par cette crise, le délégué a indiqué que son pays a augmenté ses investissements dans l’éducation, rendant gratuits les cycles primaire et secondaire, et progressant sur la voie de la parité.  En réponse à la fermeture des établissements scolaires en raison de la pandémie, le Gouvernement a également mis en œuvre un plan de réponse d’urgence prévoyant l’utilisation d’une chaîne de télévision et d’outils numériques pour assurer la continuité de l’enseignement.  Enfin, après avoir fait état des programmes de santé en faveur des plus vulnérables, notamment les ménages à faible revenu, les femmes, les jeunes et les personnes handicapées, il a indiqué que le Kenya entend toujours mettre en œuvre la couverture sanitaire universelle en 2022. 

La représentante du Monténégro a rappelé que la pandémie a frappé ceux qui étaient déjà les plus vulnérables, c’est-à-dire les migrants, les personnes handicapées, les personnes LGBTI et d’autres.  La crise en matière d’éducation a bouleversé la vie des enfants, et ceux issus des pays pauvres qui subissaient déjà des difficultés n’ont en eu que plus, s’est-elle inquiétée, indiquant que le Monténégro fournit des cours en ligne, ainsi que sur les trois chaînes de télévision nationales. 

La représentante s’est ensuite inquiétée du manque de progrès pour réaliser l’égalité entre les sexes.  Pourtant la paix est plus durable lorsque les femmes sont impliquées dans la reconstruction post-conflit, a-t-elle signalé, relevant en outre que les femmes sont aussi parmi les premières victimes de la pandémie en raison de leur rôle de première ligne.  

La représentante a par ailleurs indiqué que le Monténégro est le premier pays candidat à l’UE à autoriser le partenariat homosexuel, se préoccupant en outre de l’état de santé des personnes handicapées.  

Droits de réponse

La Syrie a jugé paradoxal que certains gouvernements, qui font l’éloge des droits de l’homme chez eux, refusent de rapatrier leurs ressortissants qui ont combattu dans les rangs de Daech sur le territoire syrien.  Ces même États, a-t-elle accusé, ont même essayé de déchoir de leur nationalité ces ressortissants, s’ils envisageaient de rentrer dans leur pays d’origine.  Ces États, a insisté la Syrie, ont échoué dans leur obligation « morale » de réhabiliter ces personnes, préférant les laisser semer la mort.  Rappelant que le Conseil de sécurité a adopté, au mois d’août, un projet de résolution demandant aux pays membres de réhabiliter leurs combattants terroristes étrangers, la Syrie a regretté que lors des négociations sur ce texte, certains pays européens comme l’Allemagne aient refusé de juger leurs ressortissants.  La Syrie a aussi rappelé aux États-Unis que c’est eux qui volent le pétrole syrien, dévastent le pays et contribuent à la dévaluation de la devise nationale.  Pourtant, a-t-elle relevé, les États-Unis accusent le « régime » de tous les maux.  « N’est-ce pas là une schizophrénie politique ? » 

L’Inde a condamné les commentaires « infondés et inqualifiables » du Pakistan, estimant que le monde n’a pas besoin des leçons de démocratie de ce pays.  Elle a accusé le Pakistan de s’être livré à un génocide contre la population indienne et ne pas s’en être excusé.  En outre, a-t-elle poursuivi, le Pakistan se distingue, en accueillant des terroristes qui figurent sur la liste de l’ONU.  Le Pakistan, a précisé l’Inde, a abrité Oussama ben Laden, le qualifiant de « martyr ».  L’Inde a encore accusé le Pakistan d’appeler au meurtre d’autres frères musulmans, de terroriser ses voisins et de procéder à des nettoyages ethniques.  Rejetant en bloc les « accusation fallacieuses » de ce pays concernant le Jammu-et-Cachemire, l’Inde a affirmé que ce territoire fait partie de son État et a appelé le Pakistan à mettre fin au terrorisme transfrontière afin que les peuples indien et pakistanais puissent jouir de la paix. 

À son tour, Cuba a rejeté les termes utilisés par les États-Unis qui prétendent se préoccuper de la situation des droits de l’homme dans le monde au lieu de se pencher sur leurs propres problèmes.  Comment comptent-ils résoudre le problème de racisme dont souffre leur population d’origine africaine? a, par exemple, demandé Cuba, en dénonçant un comportement prompt à l’affrontement et à la dénégation. 

Quant à lui, le Japon a rétorqué que les chiffres donnés par la République populaire démocratique sont pour le moins infondés.  Nous luttons, s’est-il défendu, contre la non-discrimination et nous voulons coopérer à un avenir meilleur. 

Dans une autre attaque contre les États-Unis, le Venezuela a dénoncé les crimes contre l’humanité que ce pays commet « tous les jours » dans le monde entier.  Aujourd’hui, 30 millions de vénézuéliens sont privés de médicaments en pleine pandémie de COVID-19.  C’est « un crime d’extermination » , un crime contre l’humanité qui exige que les gouvernants américains soient traduits en justice.  Pour ce qui est du flux de migrants causé par le « blocus illégal », le Venezuela a estimé que tout le monde peut voir que ses ressortissants reviennent chez eux, parce qu’ils fuient les discriminations subies ailleurs, y compris dans leur région.  « Notre peuple ne cédera jamais au chantage », a prévenu le Venezuela.  

À son tour, la Chine a dénoncé les accusations des États-Unis qui ne visent qu’à la discréditer.  Ce sont, a-t-elle tranché, des « tentatives futiles ».  Nous combattons la COVID-19 avec succès, a-t-elle dit, et nous menons une vie heureuse en comparaison avec les États-Unis où la maladie progresse.  Nos scientifiques ont été distingués et nos efforts nous ont permis de trouver les meilleurs traitements possibles, alors que plus de 200 000 personnes ont péri aux États-Unis.  La Chine a expliqué que des milliers de mosquées sont recensées dans le Xinjiang et que la population des Ouighours a augmenté de 25% pour atteindre les 12 millions.  Nous accueillons, a-t-elle dit, des millions de touristes étrangers qui ne remarquent pas les soi-disant camps de concentration dans cette région.  Quant à la question de Hong Kong, la Chine a renvoyé les États-Unis au soutien exprimé par des dizaines de pays à sa souveraineté sur ce territoire.  Elle a plutôt conseillé aux États-Unis d’arrêter mensonge et agression.  

L’Arménie a rejeté de nouveau les affirmations de l’Azerbaïdjan concernant le Haut-Karabakh, voyant en elles le fait d’un État « irresponsable ».  La situation dans ce territoire est bien documentée par les rapports des organismes des droits de l’homme, lesquels font état de répression et d’arrestations des membres des minorités, a argué l’Arménie.  Nous sommes devant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a-t-elle accusé, dénonçant les « velléités génocidaires » de l’Azerbaïdjan contre la population du Haut-Karabakh.  En réponse à la Turquie, elle a dénoncé les mesures déstabilisatrices qui recourent aux mercenaires.   

Répondant à l’Inde, le Pakistan a dénoncé le racisme et la politique de haine de l’État indien.  La caste des Hindous, a-t-elle affirmé, sape les droits des castes inférieures  et le parti au pouvoir codifie « l’extermination totale » des minorités.  Au Jammu-et-Cachemire, le « régime fasciste » de l’Inde mène une politique de haine, n’hésitant pas à barrer l’accès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour éviter que le monde voie ses agissements.  Aucun crime ne pourra atténuer la volonté de lutte des habitants de ce territoire, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission poursuit son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme mondial et s’inquiète de l’impact de la pandémie sur ce fléau

Soixante-quinzième session,
2e séance plénière – après-midi
AG/J/3615

La Sixième Commission poursuit son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme mondial et s’inquiète de l’impact de la pandémie sur ce fléau

Près d’une trentaine de pays ont présenté cet après-midi à la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, les mesures qu’ils ont prises aux niveaux national et international en matière de prévention et de répression pour lutter contre le terrorisme international.  Sur fond de crise sanitaire, les délégations ont été nombreuses à estimer que la pandémie de COVID-19 représente un défi sans précédent et à réclamer un effort spécifique pour évaluer son influence potentielle sur les activités terroristes. 

La COVID-19 a en effet été perçue dans ce débat comme un facteur d’amplification probable du terrorisme en raison de ses effets socioéconomiques désastreux pour les populations.  L’accent a été également mis sur la façon dont les groupes terroristes exploitent l’omniprésence des technologies de l’information et de la communication pendant cette période de confinement mondial pour disséminer plus efficacement leurs idéologies violentes. 

Selon le représentant du Cameroun, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, la COVID-19 exacerbera sans aucun doute « les conditions connues pour engendrer le terrorisme ».  Le représentant de l’Australie, au nom de la Nouvelle-Zélande et du Canada, a déploré que les terroristes aient exploité la pandémie pour « souffler sur les braises des revendications sociales », tandis que la représentante de la Suisse, l’un des nombreux intervenants à appeler à une recherche des causes profondes du terrorisme, a affirmé que les violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et l’absence d’état de droit constituaient des facteurs du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Si la lutte contre le terrorisme se déroule au détriment des paramètres juridiques internationaux, elle aura non seulement manqué sa cible mais aussi contribué à attiser d’autres formes d’extrémisme potentiellement propices au terrorisme, a averti son homologue du Brésil.

De plus, les États ont exprimé leur crainte que la pandémie n’entrave les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme, particulièrement à cause de la réorientation des ressources des pays développés vers d’autres objectifs nationaux au détriment de l’aide au développement ou à la sécurité des pays en voie de développement. 

Le Cameroun, alarmé par l’augmentation des attaques terroristes en Afrique et par la prolifération des groupes, pour certains liés à Daech, sur ce continent, a rappelé que la situation actuelle exigeait plutôt d’accélérer les efforts d’assistance et de renforcement des capacités.  Le Groupe des États d’Afrique a ainsi fait savoir qu’il redoublait d’efforts de coopération au niveau régional, évoquant la création du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme à Alger, ainsi que le rôle de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  À l’instar de l’Éthiopie, Djibouti a souligné que la Corne de l’Afrique était « la zone de prédilection » des groupes extrémistes et terroristes tels que Al-Qaida et les Chabab qui ont prêté allégeance à l’État islamique. 

La plupart des interventions ont également noté que la pandémie, en provoquant la fermeture des frontières, limitait les déplacements physiques des groupes armés, mais qu’elle avait, en revanche, accéléré la diffusion et accru l’efficacité de la propagande extrémiste et des discours violents.  Les discussions ont souvent abordé le problème de la radicalisation par le biais d’Internet de populations plus vulnérables à la propagande en raison du confinement, et loué, comme le Qatar, des initiatives d’éducation contre le terrorisme.  Pour sa part, l’Australie a mentionné l’Appel de Christchurch contre la radicalisation sur Internet au titre des initiatives importantes contre l’extrémisme en ligne.   

Le financement du terrorisme était aussi au cœur des préoccupations, comme l’a montré l’hommage des délégués au travail du Groupe d’action financière (GAFI) dans la lutte contre les transferts de fonds illicites et le blanchiment d’argent.  Autre problème crucial, celui du rapatriement des combattants terroristes étrangers, qui se justifie, selon la représentante des États-Unis, par des impératifs humanitaires mais aussi par « le besoin d’éviter la radicalisation de la prochaine génération ».  Concernant les combattants terroristes étrangers, le représentant de la Turquie a rappelé que son pays restait en première ligne du conflit en Syrie, et que la présence de ces combattants avait des implications directes pour la sécurité de la Turquie et au-delà. 

Enfin, le débat sur la lutte contre le terrorisme a donné l’occasion aux intervenants de rappeler leur attachement à leur souveraineté, et la crainte que la lutte contre la violence terroriste ne donne prétexte à des ingérences extérieures dans leurs politiques nationales.  Le Cameroun a ainsi proclamé l’impossibilité pour les États de déroger à leurs obligations concernant le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les États.  Cette question a donné lieu à une vive réaction du représentant de la Chine aux propos jugés « mensongers et diffamatoires » tenus par les États-Unis sur la politique de déradicalisation lancée par la Chine dans la région du Xinjiang. 

Les États Membres sont parties à plusieurs instruments juridiques internationaux relatifs à la prévention et à la répression du terrorisme international.  On dénombre à l’heure actuelle 55 instruments consacrés au terrorisme international: 19 sont universels et 36 ont une portée régionale. 

La Commission poursuivra ses travaux le jeudi 8 octobre, à 15 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/75/176)

Suite du débat

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que le Groupe condamnait fermement et sans équivoque le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, où qu’ils se produisent, quels qu’en soient les auteurs et les cibles - y compris le terrorisme d’État.  Il a en outre réaffirmé que le terrorisme ne pouvait et ne devait être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.

C’est pourquoi le Groupe des États d’Afrique perçoit tout acte de terrorisme comme une violation flagrante du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Le représentant a en outre reconnu « l’obligation impossible à déroger » des États concernant le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les États. 

Le Groupe des États d’Afrique apprécie « l’engagement sincère » du Secrétaire général en faveur d’une révision réussie de l’architecture antiterroriste de l’ONU, a rapporté M. Tommo Monthe.  Réitérant son soutien au Bureau de lutte contre le terrorisme, il a jugé important de noter que l’actuelle pandémie de COVID-19 nécessitait d’accélérer les efforts d’assistance et de renforcement des capacités.  L’impact socioéconomique dévastateur de la pandémie « exacerbera sans aucun doute les conditions connues pour engendrer le terrorisme », a prévenu le représentant.  Les circonstances sont inquiétantes en Afrique, où les attaques terroristes ont augmenté et où les groupes prolifèrent sur tout le continent, y compris ceux affiliés à Daech.

Appréciant le travail accompli jusqu’à présent par le comité ad hoc pour rédiger une convention générale sur le terrorisme international, le représentant a réaffirmé l’importance d’établir un tel instrument, et s’est dit prêt à travailler avec d’autres délégations pour parvenir à un consensus sur ce projet.  L’effort et l’engagement continus du continent africain par l’intermédiaire de l’Union africaine ont redoublé.  Il a notamment cité la création du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme (ACSRT) à Alger, ainsi que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Ces entités ont pour objectifs de « guider, promouvoir, sensibiliser, prévenir, protéger et renforcer les capacités des parties prenantes », en prodiguant des conseils, un soutien opérationnel et technique, et en organisant des sessions de formation.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie), au nom de la Nouvelle-Zélande et du Canada, a déclaré que les femmes sont « un rempart » contre l’extrémisme violent, avant de souligner la nécessité d’identifier et de remédier aux causes profondes du terrorisme.  Les terroristes ont exploité la pandémie pour souffler sur les braises des revendications sociales, a-t-il dit, en notant que la pandémie a entravé les efforts antiterroristes internationaux.  Il a insisté sur l’importance de protéger Internet de la propagande extrémiste et terroriste et mentionné l’Appel de Christchurch pour agir contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne. 

Face au phénomène des combattants terroristes étrangers, le délégué a prôné une approche globale conjuguant prévention et réhabilitation, tout en prenant en compte la spécificité de chaque cas.  Il a ensuite souligné l’importance de protéger les droits des victimes du terrorisme, avant de rappeler que les trois pays au nom desquels il s’exprime font partie de la Coalition internationale contre le terrorisme en Iraq.  « Nous voulons un Iraq stable et nous devons vaincre Daech », a-t-il affirmé.  Enfin, il a redit l’engagement de ces trois pays à œuvrer avec le secteur privé et les entités de l’ONU pour vaincre le fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a affirmé que la lutte contre le terrorisme est une priorité de son pays, qui fonde son action sur les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.  Elle s’est félicitée de son partenariat avec l’Organisation et a renouvelé son appel à l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international qui comporterait une définition du terrorisme et ne l’associerait pas à une religion.  La déléguée a rappelé son appui aux agences pertinentes de l’ONU dans ce domaine et sa contribution de 75 millions de dollars aux efforts du Bureau de lutte contre le terrorisme.  En tant que pays pilote dans la lutte contre le blanchiment de fonds terroristes, le Qatar, a ajouté la déléguée, collabore fructueusement avec le Groupe d’action financière (GAFI) et avec le Fonds monétaire international (FMI).  Il est en outre l’initiateur d’une journée internationale pour l’éducation contre le terrorisme. 

Mme LILA DESTA ASGEDOM (Éthiopie) a indiqué que son pays est victime du terrorisme, avant d’insister sur les efforts de son gouvernement pour le combattre.  L’Éthiopie a ainsi mis en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et ratifié les traités internationaux pertinents.  Elle a récemment amendé sa législation antiterroriste qui autorise désormais les forces de sécurité à prendre les mesures préparatoires nécessaires et vise à punir les actes terroristes de manière proportionnée, a précisé la déléguée.  Certaines lacunes antérieures ont été comblées conformément au droit international. 

La déléguée a insisté sur le rôle joué par son pays dans la lutte contre le terrorisme, notamment en Afrique de l’Est.  L’Éthiopie s’acquitte par ailleurs de ses responsabilités dans le cadre de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement.  Enfin, Mme Asgedom a affirmé que son pays a ratifié plusieurs instruments antiterroristes obligeant les parties à punir les responsables et les crimes définis par lesdits textes.  « Nous devons redoubler les efforts internationaux en vue de prendre des mesures concrètes et de renforcer notre coopération aux niveaux régional et international dans la lutte contre le terrorisme.  »

Mme AL-MASHHRI (Yémen) a rejeté toute association du terrorisme avec un groupe ou une religion en particulier.  Elle a souligné la pertinence de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU et de ses quatre piliers, avant d’insister sur les efforts de son gouvernement contre le terrorisme.  Ce dernier a ainsi promulgué des lois pour empêcher le recrutement par des groupes terroristes, ainsi que pour tarir leur financement, conformément au droit international.  La déléguée a mentionné les mesures vigoureuses prises par la Banque centrale basée à Aden pour lutter contre le blanchiment d’argent.  Toutes les personnes figurant sur des listes noires de gel des avoirs se voient interdites de toute transaction financière.  Le Yémen respecte tous les instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et n’épargne aucun effort dans la lutte contre les groupes affiliés à Daech et Al-Qaida, a assuré la représentante.  Enfin, elle a tenu à dire que son pays fait face au défi posé par les milices armées houthistes, véritable menace pour la stabilité régionale.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a évoqué l’importance que revêt pour son pays la coopération avec l’ONU et les organisations régionales dans le domaine du terrorisme.  La Mongolie, a-t-il assuré, n’a détecté aucun attentat ou groupe actif sur son territoire.  Il a cité plusieurs mesures nationales, dont la première loi antiterroriste de 2004, qui a été actualisée en 2019. 

Le délégué a rappelé que la Mongolie a organisé une conférence interrégionale sur le rôle de l’ensemble de la société dans le combat contre le terrorisme, en coopération avec le Bureau de lutte contre le terrorisme et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Elle a signé le protocole pour la structure antiterroriste régionale de l’Organisation de coopération de Shanghai, ainsi que plusieurs accords de coopération avec la Turquie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Fédération de Russie.  En outre, la Mongolie a pris l’engagement de travailler avec le Groupe d’action financière (GAFI) pour lutter contre le blanchiment d’argent et a accueilli une visite du GAFI destinée à évaluer les réformes entreprises dans ce pays. 

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a expliqué la vision de la lutte contre le terrorisme de son pays, laquelle, pour être efficace, doit être collective puisque le terrorisme ignore les frontières.  L’ONU doit, selon elle, orienter le discours et l’action mondiaux sur la lutte contre le terrorisme « d’une manière plus robuste ».  Mme Fatima a ensuite appelé de ses vœux des progrès concrets vers la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international prenant en compte les causes profondes du terrorisme et prévoyant des mesures spécifiques pour les éliminer.  Nous nous félicitons de la création d’un groupe de travail pour finaliser le processus lié à ce projet, a-t-elle noté. 

Pour la représentante, le renforcement des capacités nationales et la formation du personnel antiterroriste des pays en développement devraient rester au premier rang des priorités des Nations Unies, cela pour aider à la mise en œuvre des diverses obligations en vertu de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Parce que les femmes et les enfants sont touchés de manière disproportionnée par le terrorisme, la déléguée a souligné l’importance d’accorder une attention particulière à l’intégration de la dimension du genre dans les campagnes nationales et internationales contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Enfin, après avoir rappelé que le respect des droits de l’homme et de l’état de droit doit guider le programme international de lutte contre le terrorisme, Mme Fatima a appelé les États Membres à trouver des solutions innovantes pour contrer les tendances nouvelles du terrorisme afin, en particulier, de réaliser pleinement le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme ELIZABETH MARYANNE GROSSO (États-Unis) a déclaré que la situation actuelle s’agissant du terrorisme est plus fluide et complexe que jamais, avant d’insister sur la pertinence des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.  Elle a espéré que son prochain examen sera l’occasion de remédier aux lacunes de certaines résolutions.  Elle a regretté qu’en août dernier, le Conseil de sécurité ne se soit pas montré à la hauteur de ses responsabilités en ne prévoyant pas le rapatriement dans son projet de résolution sur la poursuite, la réhabilitation et la réintégration des combattants terroristes étrangers et de leurs familles.  « L’adoption d’une telle résolution aurait été pire qu’aucune résolution. »  Alors que des milliers de ces combattants sont emprisonnés en Iraq et en Syrie et que des milliers de familles croupissent dans des camps de déplacés, la déléguée a jugé essentiel les rapatriements pour des raisons humanitaires mais aussi pour prévenir la radicalisation terroriste de la prochaine génération.  « Nous avons, avec nos partenaires, détruit le soi-disant califat territorial de Daech, nous ne devons pas baisser la garde contre la menace grandissante de ses branches et réseaux au niveau mondial. »

La représentante a indiqué que les gouvernements ne doivent pas user de l’antiterrorisme comme d’un prétexte pour étouffer la liberté de religion et les autres libertés fondamentales, en mentionnant la situation au Xinjiang.  Elle a souligné l’importance de contrer l’utilisation d’Internet à des fins terroristes, tout en respectant les droits de l’homme, notamment la liberté d’expression.  Enfin, la représentante a appelé à remédier aux activités terroristes parrainées par l’Iran, y compris au moyen de désignations et de sanctions rejetant « la distinction fallacieuse entre les soi-disant ailes politiques et militaires du Hezbollah ».

M. NÉSTOR POPOLIZIO (Pérou) a réaffirmé l’engagement du Pérou par rapport à la Charte des Nations Unies, ainsi que sa condamnation du terrorisme dans toutes ses manifestations.  Il a mentionné les différentes politiques engagées par son Gouvernement, notamment les actions multisectorielles de lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé, en matière de renseignement financier et pour empêcher les groupes terroristes de se servir des technologies de l’information.  De plus, le délégué a souligné l’importance pour la communauté internationale de gérer le retour et la réintégration des combattants terroristes étrangers en conformité avec le droit international et les droits de l’homme. Il a rappelé la nécessité urgente d’une convention générale sur le terrorisme international « qui dépasse l’acquis symbolique d’une définition consensuelle à l’Assemblée générale ».

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a fait part de sa préoccupation face à la menace terroriste, en particulier dans ses effets sur les groupes les plus vulnérables comme les femmes et les enfants.  Elle a renouvelé son appel à la coopération mondiale et à l’échange d’informations et insisté sur l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.  La déléguée a insisté sur la nécessité d’instruments juridiques contraignants, à commencer par une convention internationale contre le terrorisme.  À cet égard, El Salvador a pris des mesures internes sous la forme d’une loi spéciale contre les actes de terrorisme et d’un plan de contrôle territorial qui constitue une ferme réponse au crime organisé, via la reconstruction du tissu social, la reconquête de territoires et d’espaces publics et la promotion du rôle civique de la jeunesse. 

M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala) a exprimé sa « stupéfaction » devant les conséquences du terrorisme, qui s’attaque à la dignité humaine même et génère une très forte insécurité mondiale.  Il a demandé des règles plus rigoureuses dans l’encadrement du commerce des armes classiques, avant d’insister sur l’importance de remédier aux causes profondes du terrorisme.  Même si la communauté internationale dispose de nombreux instruments, le délégué a souligné la perception parmi les peuples d’une insuffisance desdits instruments.  Il a demandé une actualisation des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU, avant d’enjoindre l’Organisation à jouer un rôle plus visible dans les efforts antiterroristes.  Il a exhorté les États à s’acquitter de leurs obligations dans le domaine des transactions financières, insistant sur les efforts de son pays contre les flux financiers illicites.  Le délégué a mentionné le guide national de gestion des risques sur le blanchiment d’argent suivi par les banques guatémaltèques, ainsi que le travail accompli par la Commission présidentielle contre le blanchiment d’argent.

Mme NATHALIE SCHNEIDER RITTENER (Suisse) a déclaré que les violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et l’absence d’état de droit constituent des facteurs du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Faisant un lien entre la prévention de l’extrémisme violent et la lutte contre le terrorisme, d’une part, et les efforts de l’ONU en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix, d’autre part, elle a encouragé à investir dans des institutions responsables, efficaces et légitimes.  Selon elle, tous les acteurs concernés, les États comme la société civile, doivent œuvrer de concert à la prévention du terrorisme et de l’extrémisme violent en s’assurant du plein respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

La Suisse salue dans ce contexte le travail accompli par le Bureau de lutte contre le terrorisme dans l’élaboration d’une stratégie d’engagement de la société civile qui met l’accent sur les droits de l’homme, le genre et les jeunes.  Le meilleur moyen d’assurer une collaboration efficace entre l’ONU et ce bureau serait de créer une entité en son sein capable de développer et coordonner la mise en œuvre de programmes concrets sur le terrain en partenariat étroit avec la société civile, les États Membres et les autres entités onusiennes, a préconisé la représentante.  Par ailleurs, La Suisse dénonce l’amalgame entre la lutte contre le terrorisme et les engagements humanitaires, qui fait que des populations entières, vivant dans des zones contrôlées par des groupes armés répertoriés, se retrouvent sans assistance ni protection.  À titre de solution, la représentante a proposé la tenue de discussions ouvertes et inclusives au niveau international concernant la forme que pourraient revêtir les exemptions humanitaires prévues dans les régimes de sanctions et dans le cadre de la lutte antiterroriste, la résolution 2462 (2019) du Conseil de sécurité constituant un excellent exemple.

Mme MAITÊ DE SOUZA SCHMITZ (Brésil) a estimé que « le patchwork » actuel de conventions interdisant des actes spécifiques liés au terrorisme manque de l’unité et de la cohérence qu’offrirait une convention générale contre le terrorisme international.  « Il est nécessaire de sortir de l’impasse dans les processus de négociation devant mener à l’adoption d’une telle convention et à la convocation d’une conférence de haut niveau de l’ONU qui permettrait de l’entériner », a-t-elle ajouté.  La représentante a insisté sur le fait qu’avancer juridiquement sur le projet de convention redynamiserait la dimension « état de droit » de la lutte contre le terrorisme, « condition préalable à son efficacité ».  Cela créerait également les conditions adéquates pour garantir que les mesures adoptées aux niveaux régional et national respectent les droits de l’homme, a-t-elle encore jugé. 

La représentante s’est dite consciente que franchir la dernière étape de cette tâche juridique exige un véritable élan politique.  Notant à cet égard que, l’an dernier, le Secrétaire général a organisé la toute première Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme, elle a souhaité que la deuxième édition de la conférence soit l’occasion de d’aboutir à la convention générale sur le terrorisme international.  Concernant l’obstacle que constituent les désaccords sur une définition universellement acceptée du terrorisme, elle a estimé que l’émergence de nouvelles expressions telles que « radicalisme » et « extrémisme violent » peuvent ajouter de la confusion, « à la fois dans la compréhension des causes et dans la recherche des meilleurs moyens de prévenir et de contrer ces phénomènes ». 

Par ailleurs, la représentante a affirmé que la Sixième Commission était particulièrement bien placée pour assurer que le droit international est au cœur des débats sur la lutte contre le terrorisme.  « Les efforts de lutte contre le terrorisme ne seront durables et efficaces que s’ils sont conformes à la Charte des Nations Unies et aux autres normes du droit international, y compris les droits de l’homme, les droits humanitaires et les droits des réfugiés », a-t-elle encore insisté.  En conclusion, la représentante a averti que si la lutte contre le terrorisme se déroule au détriment des paramètres juridiques internationaux, elle aura non seulement manqué sa cible mais aussi contribué, peut-être, à attiser d’autres formes d’extrémisme potentiellement propices au terrorisme.

M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a réitéré sa condamnation du terrorisme et fait part de ses actions nationales, telle une loi de 2005 amendée en 2012 sur le financement du terrorisme.  Il a rappelé les initiatives de son pays au sein de l’Afrique de l’Ouest pour le maintien de la stabilité économique et la sécurité régionale.  Ces efforts, a-t-il ajouté, se sont traduits par la présence du Président de la Sierra Leone au Sommet des chefs d’État au Mali, où a été exprimée la crainte d’une propagation du terrorisme du Mali vers le Niger, ce qui représente un grand danger pour toute l’Afrique de l’Ouest. 

Après avoir loué les efforts de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDAO) et l’engagement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le représentant s’est déclaré favorable à une convention générale sur le terrorisme international et, dans cet objectif, à une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU.  Il a, en conclusion, rappelé l’aide fournie par la Sierra Leone aux autres États Membres de la région pour la création d’un cadre juridique permettant de lutter de façon organisée et structurée contre le terrorisme dans le Sahel et dans l’Afrique de l’Ouest.

M. HAZAA MOHAMMED SAIF AL REESI (Oman) a indiqué que son pays était partie à tous les instruments et accords régionaux et internationaux liés à la lutte contre le terrorisme, au blanchiment d’argent et à d’autres manifestations du terrorisme.  Sa politique nationale en la matière repose sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies, sur le droit international et sur son rejet total de toutes formes d’extrémisme et d’idéologies prônant le terrorisme et l’extrémisme.  Le pays s’efforce à favoriser l’entente et le dialogue, ainsi que l’esprit de tolérance et d’harmonie, a assuré le représentant, en exhortant au resserrement de la coopération internationale dans la lutte antiterroriste. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) s’est déclaré favorable à la tenue d’une conférence de haut niveau qui permettrait d’aborder les difficultés freinant les efforts mondiaux contre le terrorisme, sans qu’elle repose sur la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international.

La Malaisie craint que la pandémie n’exacerbe une menace terroriste déjà complexe, évolutive et de plus en plus localisée, car, même si la COVID-19 peut gêner les déplacements des terroristes, elle expose le public au danger de la radicalisation et du recrutement sur Internet.

Citant les propos de son Premier Ministre, le délégué a réitéré l’importance de « gagner les cœurs et les esprits » dans la guerre psychologique contre le terrorisme.  À cette fin, il a vanté le rôle d’une communication efficace, transparente ainsi que d’une bonne coopération dans le domaine du renseignement.  Pour lutter contre la désinformation, a-t-il ajouté, la Malaisie a entrepris une veille continue des activités en ligne.  Le Centre régional d’Asie du Sud-Est pour la lutte contre le terrorisme met en garde les jeunes contre les dangers de la radicalisation et la Malaisie a rejoint la France et la Nouvelle-Zélande dans l’Appel de Christchurch contre les contenus violents et extrémistes sur Internet.  Enfin, le délégué a mentionné les efforts de détection et de prévention visant les adeptes et les sympathisants locaux de Daech, ainsi que le plus strict contrôle des frontières.  Il a aussi noté la vigilance de son pays face aux cyberattaques contre les infrastructures et à la menace du bioterrorisme. 

M. ELSADIG ALI SAYED AHMED (Soudan) a noté les graves répercussions de la pandémie, qui a entravé les efforts contre le terrorisme.  Le multilatéralisme est plus important que jamais, a-t-il dit.  Le délégué a mentionné la révolution qui a eu lieu dans son pays et le nouveau chapitre qui s’est en conséquence ouvert.  Le Soudan lutte contre le terrorisme, tout en œuvrant à la promotion des droits de l’homme et à la pleine participation des femmes.  Le délégué a prôné une approche globale contre l’extrémisme violent, prenant en compte les aspects idéologiques et culturels, en plus des aspects sécuritaires.  Il a souligné la pertinence de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU, ainsi que la nécessité de renforcer les capacités grâce à une coopération respectant la souveraineté des pays.  La coopération internationale et régionale est le meilleur moyen de lutter contre ce fléau dans le respect des droits humains, a conclu le représentant soudanais.

Historiquement, a indiqué M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), son pays a été épargné par le terrorisme jusqu’en 2018 quand il a subi une dizaine d’attentats dans des localités de sa frontière nord commis par des groupes armés liés au crime transnational organisé.  Pour répondre à cette menace complexe, le Gouvernement a fondé un comité national de sécurité frontalière assorti d’un plan de défense.  L’Équateur, a ajouté le délégué, met en garde contre les connexions entre le terrorisme, le crime organisé et la corruption.  C’est pourquoi il demande une coopération plus fluide par les accords d’échange d’informations pour mener des enquêtes efficaces sur la question du financement du terrorisme et du blanchiment d’argent.

Dans ce contexte, il a reconnu l’importance la résolution 2482 (2019) du Conseil de sécurité.

M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a affirmé qu’il n’y a aucune justification au terrorisme et souligné la nécessité d’avancer dans le projet d’élaboration d’une convention générale contre le terrorisme international, dans un esprit de compromis.  Une telle convention permettrait de promouvoir les efforts existants.  La pandémie a rendu encore plus urgente la lutte contre le terrorisme, en s’accompagnant de suppressions d’emplois massives qui forment un terreau fertile pour les terroristes, a déclaré le délégué.  Il a souhaité que les droits des victimes du terrorisme soient expressément mentionnés dans un tel instrument.  Enfin, le délégué a déclaré que la lutte antiterroriste doit respecter les droits de l’homme et ne pas entraîner la marginalisation de certains groupes, avant de demander un renforcement des capacités des pays en développement.

Mme AAHDE LAHMIRI (Maroc) s’est félicitée de la signature hier, d’un accord de siège pour l’établissement, à Rabat, au Maroc, du Bureau du Programme pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique du Bureau de lutte contre le terrorisme.  Elle a expliqué que ce bureau est le fruit d’une ambition commune de conjuguer les efforts afin de faire face aux défis liés à la menace terroriste grandissante en Afrique.  Il veillera, a-t-elle dit, à ce que ses actions soient en parfaite adéquation avec les besoins des États africains, qu’elles soient complémentaires aux différentes initiatives lancées par ces États et développées avec la contribution des États africains.  Le terrorisme portant, selon elle, atteinte au développement économique durable et à la consolidation de l’état de droit dans certaines régions déjà instables, la représentante a insisté sur l’importance du plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.  En matière de lutte contre la menace terroriste, le Maroc adopte une approche globale, multidimensionnelle et respectueuse des droits de l’homme et du droit international humanitaire, accompagnée de mesures concrètes, a-t-elle encore indiqué.

Concernant le Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), que copréside le Maroc avec le Canada, la représentante a signalé l’adoption le mois dernier d’une déclaration ministérielle véhiculant un message d’unité et d’engagement face à la menace constante posée par le terrorisme dans le contexte pandémique actuel.  Elle a également souligné l’adoption de deux nouveaux documents cadres, le mémorandum sur les bonnes pratiques pour le renforcement de la coopération entre les autorités nationales et locales en matière de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent pouvant mener au terrorisme, et l’addendum aux bonnes pratiques de La Haye sur le lien entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.  Par ailleurs, consciente que l’approche sécuritaire ne peut à elle seule suffire pour faire face à la montée du terrorisme, elle a jugé impératif que le contre-terrorisme soit complété de mesures d’inclusion économique et sociale et d’une éducation religieuse et civique appropriée.  La précarité sociale et économique à laquelle s’ajoute le fossé de la non-éducation offre un terreau pour la radicalisation, notamment chez les jeunes, a-t-elle averti, précisant que la stratégie du Maroc repose sur plusieurs fondements dont l’Initiative nationale pour le développement humain, l’insertion sociale des ex-détenus, les programmes de villes sans bidonvilles, la formation des imams et la promotion de l’islam modéré.

La pandémie offre des conditions propices à l’aggravation du terrorisme, a déploré M. GENG SHUANG (Chine), un fléau qui, tout en nuisant au développement, contribue à un cercle vicieux et constitue une menace à long terme.  Ce défi, à ses yeux, requiert de renforcer la coopération et le multilatéralisme en se fondant sur le respect du droit international.  Le délégué chinois a demandé davantage de consensus et moins d’ingérence dans les affaires intérieures des États Membres sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. 

Reconnaissant l’importance du respect des résolutions de l’ONU et la nécessité d’une lutte contre la radicalisation, il a appelé chaque pays à se pencher sur ses mesures propres de lutte contre la radicalisation et contre les sources de financement illicites.  Il a appelé à une analyse profonde des causes du terrorisme et rappelé son soutien au pays en voie de développement, au Bureau de lutte contre le terrorisme et aux efforts de renforcement de la gouvernance.  En conclusion, le délégué s’est insurgé contre les propos « diffamatoires » tenus par les États-Unis sur sa politique antiterroriste dans le Xinjiang, reprochant à ce pays « ses mensonges et son ingérence », et rappelant que la Chine mène sa politique de « déradicalisation » dans une région qui a beaucoup souffert d’actes terroristes, avec une efficacité telle qu’aucun attentat n’a eu lieu ces trois dernières années. 

Mme SARAH WEISS MA’UDI (Israël) a réitéré l’engagement de son pays à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et rappelé les avancées réalisées au niveau national avec l’adoption d’une vaste loi antiterroriste en 2016, ainsi que la création du Bureau national contre le financement du terrorisme en 2018.  La même année, Israël a rejoint le Groupe d’action financière.  La déléguée s’est félicitée de voir son pays offrir son expertise à l’ONU et aux États Membres confrontés à des défis similaires.  Elle a loué la contribution de certains États, qui ont identifié de nouvelles organisations terroristes.

Elle s’est aussi déclarée satisfaite de la collaboration d’Israël avec les organes de l’ONU dans ce domaine, dont la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Bureau de lutte contre le terrorisme, mentionnant la participation récente de son pays au programme de lutte contre le terrorisme axé sur les déplacements.  Enfin, la représentante a salué le prochain examen de la Stratégie antiterroriste mondiale et rappelé, en tant que membre du Groupe des Amis des victimes du terrorisme, l’attachement d’Israël à une convention générale sur le terrorisme international qui adopterait une approche de « tolérance zéro » contre le terrorisme et toutes ses manifestations.  « Aucune cause ou grief, a-t-elle affirmé, ne peut et ne doit justifier ou excuser le terrorisme. »

M. ABDELAZIZ (Égypte) a souligné la nécessité d’avancer dans le projet d’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme, notamment en ce qui concerne une définition du terrorisme international.  Il a détaillé les efforts de son pays contre le terrorisme et la propagande radicale.  Ces efforts passent notamment par une lutte résolue contre la pauvreté, afin que les jeunes ne deviennent pas des proies pour les groupes terroristes.  Il a mentionné les diverses lois adoptées dans le domaine antiterroriste, notamment deux lois contre le blanchiment d’argent et sur la lutte contre l’extrémisme en ligne.  Les institutions religieuses égyptiennes, dont l’université al-Azhar, n’épargnent pas leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme et la promotion d’une coexistence pacifique.  Les forces égyptiennes ont déjoué récemment plusieurs attaques terroristes, notamment dans le mont Sinaï.  Enfin, il a indiqué que son pays compte jouer un rôle actif lors de la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.

M. MOUSSA (Djibouti) a constaté que la crise sanitaire actuelle fait émerger de nouveaux défis dans la lutte commune contre le terrorisme, défis d’autant plus importants que les États ont réorienté leurs ressources vers la lutte contre la pandémie de COVID-19 et ses conséquences économiques.  S’inquiétant du risque d’une exploitation de ces perturbations par les groupes terroristes, le délégué a insisté sur les actions à engager dans le domaine des technologies de l’information, car « les victimes de l’embrigadement idéologique de ces groupes sont souvent caractérisées par un isolement social qui risque de se renforcer avec les discours de haine et les théories du complot en période de pandémie ». 

Le délégué a ajouté que malgré la fermeture des frontières, les groupes terroristes restent actifs dans plusieurs pays africains, ce qui rend nécessaire un renforcement de l’action collective et une mise en œuvre équilibrée des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  L’Afrique de l’Est, a-t-il souligné, est « la zone de prédilection » des groupes extrémistes et terroristes tels que Al-Qaida et les Chabab qui ont fait allégeance à l’État islamique.  Il a craint que les progrès militaires dans la Corne de l’Afrique, en particulier le succès de la Mission de l’Union africaine en Somalie, ne soient remis en question, tout comme le travail du Centre d’excellence pour la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent des pays de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), situé à Djibouti.

Enfin, il s’est inquiété des conséquences de la forte perturbation du flux d’aide humanitaire pour les réfugiés et déplacés de sa région ainsi que de la réduction ou de l’arrêt des opérations militaires, qui souffrent déjà d’un manque de financement.  Rappelant que Djibouti occupe une place centrale dans l’action antiterroriste dans la Corne de l’Afrique et contre la piraterie dans le Golfe d’Aden, le délégué a appelé les États partenaires de la région, tant au niveau bilatéral que régional et continental au sein de l’IGAD et de l’Union africaine, à renforcer leur appui en matière de lutte contre le terrorisme.

M. ANIL KAYALAR (Turquie) a exhorté la communauté internationale à agir avec la même détermination contre toutes les organisations terroristes.  Une approche sélective vis-à-vis des organisations terroristes est contre-productive pour notre sécurité collective, a-t-il estimé, jugeant que « lutter contre une organisation terroriste tout en comptant sur le soutien d’autres, conduit à de graves lacunes dans les efforts globaux de lutte contre le terrorisme ».  Ainsi, pour le représentant, une position de principe contre toutes les organisations terroristes est une condition préalable à un succès viable dans la lutte contre le terrorisme.  Poursuivant, il a appelé à des mesures dissuasives visant les auteurs potentiels d’actes terroristes et ceux qui apportent un soutien financier et participent à la propagande du terrorisme.  Regrettant que les membres d’organisations terroristes soient encore autorisés à exploiter le droit d’asile dans certains pays pour contourner la justice, il a aussi demandé l’application universelle du principe « extrader ou poursuivre ». 

Concernant les combattants terroristes étrangers, il a rappelé que son pays reste en première ligne du conflit en Syrie, et que la présence de ces combattants a des implications directes pour la sécurité de la Turquie et au-delà.  C’est pourquoi, au niveau bilatéral et dans toutes les enceintes multilatérales, y compris l’ONU et la Coalition mondiale contre Daech, nous défendons l’idée que des solutions temporaires et juridiquement mal fondées sur la prévention des retours de combattants terroristes étrangers ne résoudront pas ce problème de sécurité, a-t-il déclaré.  Pour le délégué, la détention de ces combattants « ne doit pas être laissée à d’autres groupes terroristes ».  Surtout, a-t-il ajouté, les États devraient éviter les actions qui, même de manière implicite, donneraient une légitimité aux autres organisations terroristes sur le terrain.  Sur cette même question, il a indiqué que la Turquie a, au cours des dernières années, expulsé plus de 8 000 ressortissants étrangers soupçonnés d’être des combattants terroristes étrangers.  « En outre, nous avons inclus environ 100 000 ressortissants étrangers ayant des liens avérés avec le terrorisme international dans notre base de données de liste d’interdiction d’entrée. »  La Turquie, a assuré le représentant, continuera d’expulser ces combattants et leur famille vers leur pays d’origine et d’encourager d’autres pays à rapatrier leurs propres ressortissants.

M. KAWASE TARO (Japon) a fait remarquer que la pandémie de COVID-19, qui crée une dépendance accrue envers les technologies de l’information et de la communication ainsi que des difficultés inédites en matière de gouvernance, pose également des défis aux efforts mondiaux en matière de contre-terrorisme.  Le représentant a donc recommandé une plus grande vigilance dans le cyberespace où les terroristes profitent du confinement des populations pour intensifier leur propagande, leur recrutement et leur financement.

La crise sanitaire souligne le besoin de coopération internationale entre les États mais aussi avec les différents éléments de la société civile, allant des universitaires aux chefs d’entreprise.  Le délégué a rappelé les efforts conjoints du Japon avec les organes compétents de l’ONU, dont le Bureau de lutte contre le terrorisme, en vue de renforcer les compétences de divers pays d’Asie pour enquêter sur le « dark Web » et l’usage de la cybermonnaie.

Outre l’activité sur Internet, le représentant a également appelé la communauté internationale à se préparer aux nouveaux risques liés aux déplacements et aux mouvements transfrontières.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a rappelé que Cuba condamne tous les actes, méthodes et pratiques terroristes, y compris ceux dans lesquels les gouvernements sont directement ou indirectement impliqués.  Aussi a-t-elle dénoncé toute action visant à encourager, soutenir, financer ou dissimuler tout acte, méthode ou pratique terroriste, ainsi que les actes et mécanismes unilatéraux de certains États, tels que les États-Unis, qui prétendent avoir le droit d’établir des listes à motivation politique, contraires au droit international.  « Malgré les mécanismes bilatéraux existants de coopération dans la lutte contre le terrorisme, le Département d’État américain a arbitrairement et unilatéralement inclus Cuba dans la liste des pays qui ne coopéreraient pas pleinement dans la lutte contre le terrorisme », a dénoncé la représentante.  Cette liste, bien connue pour son manque de fondement ou de soutien international, vise à diffamer et contraindre les pays qui refusent de se plier à la volonté du Gouvernement américain dans leurs décisions souveraines, a-t-elles ajouté.

Paradoxalement, a soutenu la délégation cubaine, le Gouvernement américain a choisi de ne pas reconnaître le caractère terroriste de l’attaque perpétrée par Alexander Alazo contre l’ambassade de Cuba à Washington en avril dernier, bien que cet individu ait mis en danger la vie et la sécurité du personnel diplomatique.  En refusant de qualifier cette attaque grave de terroriste, le Gouvernement américain ne tient pas compte de la mise en œuvre d’instruments internationaux tels que la Convention sur la prévention et la répression des infractions contre les personnes jouissant d’une protection internationale, y compris les agents diplomatiques, à laquelle les deux pays sont parties.  « Cet acte terroriste est le résultat direct de la politique agressive et du discours de haine du Gouvernement américain contre Cuba, et de l’incitation permanente à la violence de la part de ses politiciens, y compris de hauts fonctionnaires du Département d’État; ainsi que par des groupes extrémistes anticubains qui ont fait de ce type d’attaques leur moyen de subsistance », a encore accusé la représentante. 

M. GIORGI MIKELADZE (Géorgie) a déclaré que d’après le « Global Terrorism Index », la Géorgie est placée sur la liste des pays à « très faible » impact s’agissant du terrorisme.  Cependant, l’évaluation des défis et l’élaboration de politiques pour contrer toute forme de menace restent au premier rang des priorités de son gouvernement, a-t-il assuré.  Au niveau national, il continue de promouvoir des mesures antiterroristes efficaces, y compris dans les champs de l’application des lois, de la législation, de la coordination interne et de la coopération internationale.  La Géorgie, a-t-il dit, a considérablement amélioré sa législation antiterroriste, notamment en adoptant une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et son plan d’action pour 2019-2021, qui a été élaboré sur la base des recommandations de la société civile, d’experts et de partenaires internationaux.  « L’an dernier, nous avons adopté une nouvelle loi sur la facilitation de la répression du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, qui crée un mécanisme juridique permettant de mieux prévenir, détecter et supprimer les activités illégales, y compris le financement de la prolifération des armes de destruction massive », a poursuivi le représentant.

En outre, a-t-il dit, la Stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et son plan d’action couvrent les questions liées à la prévention de l’extrémisme et de la radicalisation.  Selon la stratégie, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, les mesures préventives sont prioritaires, ainsi que l’identification du rôle particulier des enfants et des jeunes, en termes de prévention de la radicalisation, de la déradicalisation et de la resocialisation.  Afin d’empêcher les mouvements de combattants terroristes étrangers, une attention particulière est accordée au renforcement de la sécurité des frontières de l’État, tandis que toutes les douanes et points de passage des frontières de l’État sont strictement contrôlés, a-t-il ajouté.  Malheureusement, nous vivons dans un monde où nous avons encore des soi-disant « zones grises », des territoires échappant au contrôle des gouvernements centraux qui créent un terrain fertile pour les activités illicites, y compris les activités liées au terrorisme, a regretté le délégué.  « Les exemples frappants sont les régions de Géorgie occupées par la Russie, l’Abkhazie et Tskhinvali, qui constituent une menace sérieuse, car elles restent en dehors du contrôle et de la surveillance nationaux et internationaux », a-t-il affirmé en conclusion.

Droits de réponse

Le délégué de l’Inde a exercé son droit de réponse pour réagir à la déclaration du Pakistan, « un tissu d’affabulations », avant de dénoncer des chiffres fantaisistes.  Il a accusé le Pakistan d’avoir commis un génocide contre son propre peuple il y a des décennies, d’abriter des terroristes qui figurent sur les listes noires et de réprimer les minorités religieuses.  « Le visage du Pakistan, c’est terrorisme, nettoyage ethnique et prolifération nucléaire. »  Enfin, il a rappelé que le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde et enjoint le Pakistan à se retirer de la partie qu’il occupe illégalement. 

Le délégué du Pakistan a réfuté toutes les allégations proférées par son homologue indien.  « C’est l’Inde qui a eu recours au terrorisme contre chacun de ses voisins, en particulier le Pakistan. »  Il a accusé l’Inde de mener un terrorisme d’État au Jammu-et-Cachemire, de financer et d’organiser des groupes illégaux le long de la frontière indo-pakistanaise et de réprimer violemment les minorités en Inde.  « Modi a été responsable d’un pogrom dans le Gujarat. »  Enfin, il a apporté son appui indéfectible à la lutte du peuple du Jammu-et-Cachemire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission recommande le maintien du droit de vote des Comores, de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie malgré leurs arriérés de paiement

Soixante-quinzième session
2e séance plénière – matin
AG/AB/4356

La Cinquième Commission recommande le maintien du droit de vote des Comores, de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie malgré leurs arriérés de paiement

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a recommandé aujourd’hui à l’Assemblée générale d’autoriser les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie à participer à ses votes jusqu’à la fin de cette session.  En adoptant à l’unanimité son projet de résolution*, la Commission demande à l’Assemblée de convenir que le non-paiement par ces trois pays du montant minimum requis pour éviter l’application de l’Article 19 de la Charte –droit de vote- est dû à des circonstances indépendantes de leur volonté.

Cette dérogation a également été réclamée par le Venezuela qui a argué: nous avons tenté de faire les versements nécessaires cette année mais ils ont été soit bloqués, soit confisqués, à cause des mesures unilatérales coercitives imposées par les États-Unis.  Le Venezuela a dénoncé l’instrumentalisation de la question au nom intérêts « mesquins » d’un pays tiers pour l’empêcher de participer aux travaux de l’Assemblée générale.  Malgré les difficultés liées à des revenus pétroliers, qui sont passés de 42 à 4 milliards de dollars entre 2013 et 2018, le Venezuela a confirmé sa détermination à payer son dû au budget ordinaire de l’ONU.  Malgré les difficultés liées à des revenus pétroliers qui sont passés de 42 à 4 milliards de dollars entre 2013 et 2018, le Venezuela a confirmé sa détermination à payer son dû au budget ordinaire de l’ONU. 

Il a été soutenu par Cuba, la Chine, la Fédération de Russie, l’Iran et la Syrie qui ont rappelé que les sanctions constituent une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et exhorté le Comité des relations avec le pays hôte et le Président de la Commission à saisir de cette question.  Une petite lueur d’espoir est venue de la Fédération de Russie qui a dit avoir reçu, ce matin-même, les assurances du Secrétariat de l’ONU sur un règlement « rapide » de la question. 

L’Article 19 de la Charte stipule qu’« un Membre des Nations Unies en retard dans le paiement de sa contribution aux dépenses de l’Organisation ne peut participer au vote à l’Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.  L’Assemblée générale peut néanmoins autoriser ce Membre à participer au vote si elle constate que le manquement est dû à des circonstances indépendantes de sa volonté ».

La Cinquième Commission tenait aujourd’hui sa deuxième séance publique prévue dans un programme de travail** pour le moins bouleversé par les mesures de distanciation sociale liées à la pandémie de COVID-19.  Les délégations se réunissent désormais non plus dans une salle de conférence mais dans trois où elles sont connectées par un système télévisuel interne.  Sachant que les six grandes Commissions de l’ONU se disputent les quatre principales salles de conférence, elles se sont résignées à multiplier les réunions virtuelles officielles ou officieuses.

Alors qu’elle a prévu de tenir deux réunions par jour jusqu’au 11 décembre, la Commission n’en organisera que neuf en présentiel et en public.  Le 5 octobre dernier, lors de l’organisation des travaux, le Groupe des 77 et la Chine s’étaient dits « très déçus » que la Commission ait été contrainte de prévoir tant de réunions officieuses sans services d’interprétation.  « Le multilinguisme est décidément une autre victime de la pandémie. »  Il est de la plus grande importance, avait renchéri le Groupe des États d’Afrique, que toutes les délégations puissent participer aux discussions, négociations et processus de prise de décisions dans les six langues officielles de l’Organisation.

Le multilinguisme, avait ajouté l’Union européenne, doit être vu comme « la clef » d’une inclusivité et d’une transparence particulièrement nécessaires aux travaux de la Commission, d’autant que des questions aussi importantes que la réforme de la gestion, l’amélioration de la situation financière de l’ONU ou encore le budget-programme 2021 seront examinées principalement en réunions officieuses.

Si l’Assemblée générale a décidé, l’année dernière, de revenir sur sa décision de 1972 et de repasser d’un budget biennal à un budget annuel pour assoir l’ONU sur des bases financières plus solides, l’Union européenne n’avait pu, le 5 octobre dernier, que s’alarmer de la crise de liquidités que traverse l’Organisation, au détriment de l’exécution de mandats plus que jamais essentiels pour relever les défis du moment.

Avec plus de précision, la Chine avait rappelé que le budget ordinaire et celui des opérations de maintien de la paix accusent un déficit total de 5,1 milliards de dollars dont 3,25 milliards sont dus par « un seul État ».  Au cours de cette session, avaient prévenu les États-Unis, nous allons évaluer les « fondamentaux » du budget ordinaire pour en améliorer les informations sur la transparence, la reddition des comptes et la performance du personnel.

Les États-Unis s’étaient d’emblée dits enclins à appuyer certaines mesures « audacieuses » recommandées par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) dont l’inclusion dans le budget du coût estimatif des principaux projets de rénovation.  En revanche, ils s’étaient montrés plus circonspects devant d’autres recommandations qui semblent tendre vers une micro-gestion des taux de vacances.   

Dans un jeu de mots avec « 5e Commission », la Chine avait dévoilé les « 5 C », pour assurer le succès d’une session inédite: « Coopération, Consultation, Constructivité, Compromis, Consensus. »

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine séance publique lundi 12 octobre à partir de 10 heures pour une première lecture du budget-programme 2021.

*A/C.5/75/L.2

**A/C.5/L.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

Soixante-quinzième session,
1re séance – après-midi
AG/DSI/3646

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a tenu aujourd’hui sa toute première séance sous la présidence de M. Augustin Santos Maraver (Espagne) et a approuvé son programme de travail pour la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, lequel a subi quelques modifications en raison des contraintes sanitaires liées à la pandémie de COVID-19.  Ainsi, alors que chaque année, les travaux de la Première Commission s’organisent selon trois phases distinctes: le débat général, les discussions thématiques et les prises de décisions (adoption de résolutions) sur la base des propositions de la Commission, cette année la deuxième phase sera remplacée par trois discussions interactives virtuelles prévues le 13, 26 et 30 octobre.  

Même si la phase des discussions thématiques ne pourra se dérouler cette année comme les années précédentes en raison du grand nombre de participants impliqués, le Président a tenu à rappeler que les sept grands sujets qu’elle a l’habitude de couvrir sont les armes nucléaires, les autres armes de destruction massive, les aspects du désarmement dans l’espace extra-atmosphérique, les armes classiques, les autres mesures de désarmement et de sécurité internationale, le désarmement régional, et enfin les mécanismes de désarmement de l’ONU.

En adoptant ce programme, la Commission a décidé que son débat général sur toutes les questions inscrites à son ordre du jour se tiendrait du 9 au 23 octobre.  Ce débat devrait comprendre 12 séances et sera notamment marqué par l’intervention du Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, qui s’exprimera lors de la première journée, le 9 octobre, au matin.  

La Commission achèvera sa session avec l’adoption des projets de résolution et de décision portés par les États Membres, qui se déroulera du 27 octobre au 4 novembre 2020, date de clôture de cette session.

Les délégations étaient saisies des documents A/C.1/75/CRP.1/Rev.1, qui comprend le calendrier de toutes les séances de travail et A/C.1/75/CRP.2, qui présente le calendrier et programmes des trois séances virtuelles interactives prévues le 13 octobre, en présence de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, puis les 26 et 30 octobre, en présence d’experts du désarmement et de représentants de la société civile.  Ces deux dialogues interactifs de deux heures chacun porteront respectivement sur les autres mesures de désarmement et la sécurité internationale le 26 octobre de 10 à 12 heures et les armes classiques, le désarmement régional et sécurité et le mécanisme de désarmement, le 30 octobre de 10 à 12 heures.

En marge de l’organisation des travaux, Cuba, la Fédération de Russie, la Syrie et le Venezuela, par la voix de l’Iran, ont rejeté la politique du pays hôte visant à discriminer certaines délégations en violation flagrante de l’Accord de siège.  Au nom de ces pays, l’Iran a déploré les restrictions à la circulation imposées à des délégués, l’expulsion de membres de missions permanentes et les obstacles mis au versement de contributions, qui empêchent les États Membres de remplir pleinement leurs fonctions.  Le représentant de l’Iran a également dénoncé les refus et retards de délivrance de visas par les services du pays hôte, lesquels ne permettent pas aux membres de certaines délégations de se rendre au Siège.  Il a ensuite appelé les États Membres à faire en sorte d’éviter que leurs travaux soient pris en otage par les États-Unis qui, en tant que pays hôte, sapent sciemment les capacités organisationnelles des États.  Après avoir demandé au Secrétaire général d’utiliser ses compétences pour que le principe de l’égalité souveraine entre États soit respecté, le représentant de la République arabe syrienne a appelé le Président de la Commission à assurer un suivi du traitement des problèmes persistants précités.

En sa capacité nationale, le représentant de la République islamique d’Iran a convenu que, compte tenu de la crise sanitaire, la session aurait un caractère unique, les pays s’engageant à protéger ensemble la santé des États Membres de l’ONU tout en assurant le bon fonctionnement général de l’Organisation.  Les modifications de notre plan de travail ne doivent pas atteindre le fond de nos délibérations, a-t-il toutefois averti, estimant que la conduite des consultations pourrait poser problème en termes de transparence et d’équité de représentation, mais aussi de fuites d’information dans les médias.  Pour réduire de tels risques, prévoyons des solutions efficaces, a-t-il exhorté.  Enfin, le représentant iranien a souhaité que ces modifications exceptionnelles des modalités d’organisation des travaux ne créent pas de précédents.

Avec l’élection, en début de séance, de M. Bassem Hassan (Égypte) au troisième poste de Vice-Président de la Commission, le Bureau de celle-ci est désormais complet et est composé de M. Augustin Santos Maraver (Espagne), Président; de Mme Corina-Cristina Lefter (Roumanie) et MM. Ariel R. Penaranda (Philippines) et M. Bassem Hassan (Égypte), Vice-Présidents; et de Mme Maria del Rosario Estrada Giron (Guatemala), Rapporteure.  

La Première Commission se réunira de nouveau vendredi 9 octobre à 10 heures.  Elle entamera son débat général après une intervention liminaire du Président de l’Assemblée générale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Débat houleux à la Troisième Commission sur le respect des droits de l’homme

Soixante-quinzième session,
3e séance – matin
AG/SHC/4287

Débat houleux à la Troisième Commission sur le respect des droits de l’homme

Un échange d’une rare intensité sur la situation des droits de l’homme, notamment au Xinjiang et à Hong Kong, a opposé aujourd’hui deux camps parmi les États Membres au deuxième jour des travaux de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.

Dans un premier temps, les délégations ont entendu une intervention liminaire du Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, qui s’est réjoui que la Troisième Commission puisse se réunir en personne dans la salle de l’Assemblée générale en dépit des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19.

« L’avantage de la diplomatie personne est évident », a souligné le Président qui a relevé que les conséquences de la pandémie seront particulièrement prononcées pour les points à l’ordre du jour de la Commission, notamment en ce qui concerne l’égalité entre les sexes et la promotion du programme humanitaire.  

La Troisième Commission, a-t-il affirmé, est au cœur des questions liées aux droits de l’homme et les groupes de la société civile des différents pays suivent de près ces dossiers.  Il a, par conséquent, invité les États Membres « à faire preuve de solidarité, d’unité et d’écoute afin de parvenir à des consensus ». 

Au nom d’un groupe de pays, l’Allemagne a ensuite fait part de ses préoccupations au sujet de la situation des droits de l’homme au Xinjiang, dénonçant les graves restrictions imposées aux libertés des Ouïghours.  La délégation s’est notamment inquiétée des « grands réseaux de camp de rééducation politique » et de l’existence d’un système de surveillance à grande échelle, alertant en outre que des informations crédibles font état de plus d’un million de personnes « rééduquées » arbitrairement.

La délégation allemande s’est aussi inquiétée de la promulgation de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong, estimant que celle-ci ne correspond en rien aux obligations juridiques internationales de la Chine, en particulier la transmission vers la Chine des poursuites judiciaires.

Intervenant lui aussi au nom d’un groupe de pays, le Pakistan a toutefois estimé que cette loi est une mesure légitime qui garantit le respect du principe d’« un pays, deux systèmes ».

« Rien ne peut justifier une ingérence étrangère dans les affaires de la Chine », a martelé le Pakistan.  « Hong Kong fait partie intégrante de la Chine et les affaires de Hong Kong sont celles de la Chine. »  

 Poursuivant cette passe d’armes, Cuba, qui s’exprimait également au nom d’un groupe de pays, a félicité la Chine pour ses mesures de lutte contre les fléaux du terrorisme et de l’extrémisme, relevant qu’aucun attentat n’a été enregistré ces trois dernières années dans le Xinjiang.

La Chine, elle, a vivement dénoncé les politiques de « deux poids, deux mesures » appliquées par des pays comme l’Allemagne.  Invectivant également les États-Unis aux « mains tâchées de sang », la délégation les a notamment appelés à éliminer la discrimination raciale, évoquant le mouvement Black Lives Matter et invitant la Troisième Commission à se pencher sur cette question dans la perspective de l’adoption d’un projet de résolution.

Cette deuxième journée du débat général a également été marquée par de vives oppositions au sujet de Hagia Sophia, la Grèce et Chypre ayant notamment dénoncé la récente transformation en mosquée de cette ancienne église d’Istanbul.  

Comme la veille, de nombreuses délégations ont fait part de leur préoccupation face aux nombreux défis engendrés par la pandémie de COVID-19, en particulier la montée alarmante des violences domestiques fondées sur le genre, une question sur laquelle, a estimé l’Afrique du Sud, la Troisième Commission devrait se concentrer.

« La pandémie a mis à jour nos fragilités, les limites de nos pays en matière de système de santé et les failles de nos économies.  La pandémie nous a appris qu’il faut aussi se recentrer sur l’essentiel », a résumé le Cameroun.

La Troisième Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 7 octobre, à partir de 10 heures. 

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, s’est dit ravi de prendre pour la première fois la parole devant une grande commission.  Il a félicité la Troisième Commission d’avoir élu à sa tête une femme.  C’est la seule de la soixante-quinzième session à l’avoir fait, a-t-il signalé, réitérant son souhait de voir davantage de femmes aux responsabilités.  Il s’est ensuite réjoui que la Troisième Commission puisse se réunir en personne dans la salle de l’Assemblée générale en dépit des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19.  L’avantage de la diplomatie personne est évident, a-t-il souligné, avant de remercier les membres du bureau de la Commission pour leur pragmatisme.

Observant à nouveau que cette pandémie est non seulement une crise sanitaire mais aussi une crise sécuritaire et des droits de l’homme, M. Bozkir a noté que les conséquences seront particulièrement prononcées pour les points à l’ordre du jour de cette Commission, notamment pour l’égalité entre les sexes et la promotion du programme humanitaire.  Selon lui, les résultats en matière d’égalité des sexes sont mis en péril par la COVID-19.  De fait, a-t-il dit, nous devons y accorder plus de ressources et remédier aux problèmes que rencontrent les femmes et les filles.  Beaucoup de femmes ne pourront pas revenir sur le marché du travail car elles sont touchées de manière disproportionnée par le travail non rémunéré et le fardeau des enfants.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, la pandémie menace les plus vulnérables et de plus en plus de personnes souffrent d’insécurité alimentaire.  Si une aide n’est pas fournie rapidement, les chiffres continueront d’augmenter, a averti le Président de l’Assemblée générale, faisant état de la mort de 6 000 enfants par jour du fait de maladies évitables.  Évoquant également les conditions de vie difficiles dans les centres de réfugiés et de demandeurs d’asile, il a averti que la pandémie risque de causer de nouveaux déplacements et a appelé les États Membres à en tenir compte.

Pour M. Bozkir, nous devons reconstruire en mieux et comprendre que la bonne gouvernance, la protection de l’état de droit et le respect des droits de la personne doivent faire partie de notre riposte.  La Troisième Commission, a-t-il affirmé, est au cœur des questions liées aux droits de l’homme et les groupes de la société civile des différents pays suivent de près ces dossiers.  « Votre travail sera essentiel pour lutter contre les discours racistes, la haine, la discrimination, les stéréotypes et les fausses informations sur la pandémie », a-t-il lancé aux membres de la Commission.  Il les a invités à faire preuve de solidarité, d’unité et d’écoute afin de parvenir à des consensus.  L’objectif des normes développées par cette Commission est de rechercher des solutions durables pour améliorer la vie et le bien-être des personnes, a-t-il conclu.

Au nom du Groupe des Amis des peuples autochtones, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a souligné l’impact grave et disproportionné de la pandémie de COVID-19 sur la santé, le bien-être et les moyens de subsistance des 476 millions d’autochtones dans le monde entier.  En conséquence, l’égalité, la non-discrimination et l’intégration doivent guider notre riposte dont la conception, la mise en œuvre et l’évaluation doivent se faire avec la pleine implication des peuples autochtones.  Dans ce contexte, les futurs vaccins doivent être reconnus comme un « bien public mondial ».  S’agissant de la lutte contre la discrimination, en particulier à l’encontre des femmes et des filles autochtones, le représentant a jugé urgent que les États et les organisations internationales fournissent aux peuples autochtones des informations adéquates, accessibles, fiables et « culturellement appropriées ».

Les peuples autochtones ont toujours fait preuve d’une énorme résilience mais face à la COVID-19, il faut encore la renforcer.  Nous devons à tout moment, a dit le représentant, respecter leurs connaissances et pratiques traditionnelles, leurs territoires et leurs ressources.  La promotion des droits de ces peuples, a-t-il ajouté, implique également la protection des défenseurs autochtones des droits de l’homme, trop souvent victimes d’attaques et d’intimidations.  Notre travail au sein de la Troisième Commission sera également crucial pour assurer une préparation adéquate de la « Décennie internationale des langues autochtones » qui doit commencer en 2022.  Ces langues disparaissent à un rythme alarmant dans le monde entier et nous ne devons épargner aucun effort pour inverser la tendance.  Nous devons, a conclu le délégué, agir de toute urgence pour préserver, revitaliser et promouvoir les langues autochtones. 

Au nom d’un groupe de pays, M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a fait part de sa préoccupation face à la situation des droits de l’homme au Xinjiang et à Hong Kong.  En juin 2020, a-t-il poursuivi, 50 détenteurs de mandats ont publié une lettre demandant à la Chine de respecter les droits de la personne.  Nous partageons leur préoccupation, a dit le représentant, et nous lançons un appel à la Chine pour qu’elle respecte les droits des minorités religieuses et ethniques, en particulier au Xinjiang et au Tibet.  S’agissant, en particulier du Xinjiang, le représentant s’est inquiété des « grands réseaux de camp de rééducation politique ».  Des informations crédibles, a-t-il affirmé, font état de plus d’un million de personnes « rééduquées » arbitrairement.  Le représentant a dénoncé les graves restrictions aux libertés des Ouïghours.  Il a aussi dénoncé un système de surveillance à grande échelle et les contraceptions forcées, y compris la stérilisation. 

Pour ce qui est de Hong Kong, le représentant a partagé les préoccupations des experts de l’ONU face à la loi sur la sécurité qui ne correspond en rien aux obligations juridiques internationales de la Chine, en particulier la transmission vers la Chine des poursuites judiciaires.  Nous exhortons les autorités au respect du Pacte international sur les droits civils et politiques et la Déclaration conjointe Chine-Royaume Uni sur les libertés d’expression, de la presse et de réunion, a insisté le représentant.  Il a lancé un appel à la Chine pour qu’elle garantisse aux experts indépendants et au Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme un accès sans entraves au Xinjiang et qu’elle veille à l’autonomie de Hong Kong.  La Chine, a martelé le représentant, doit en respecter les libertés de l’indépendance du système judiciaire. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan), au nom d’un groupe de pays, a indiqué que la non-ingérence dans les affaires des États souverains est inscrite dans les principes de la Charte, y voyant une norme fondamentale des relations internationales. 

Il a estimé que la région de Hong Kong fait partie intégrante de la Chine et que les affaires de Hong Kong sont celles de la Chine.  Ainsi, rien ne peut justifier une ingérence étrangère dans les affaires de la Chine, a dit le représentant.

À ses yeux, la promulgation de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong est une mesure légitime, qui garantit le respect du principe d’« un pays, deux systèmes ».  Ainsi, les libertés pourront être mieux garanties, a-t-il fait valoir. 

Au nom d’un groupe de pays, Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) une nouvelle fois rejeté toute politisation des questions relatives aux droits de la personne.  Elle a salué à cet égard les mesures prises par le Gouvernement chinois pour promouvoir les droits des minorités, améliorer la vie des habitants et protéger les droits de la personne.  La représentante a également félicité la Chine pour ses mesures de lutter contre les fléaux du terrorisme et de l’extrémisme.  Aucun attentat n’a été enregistré ces trois dernières années dans le Xingjang, a-t-elle souligné, avant de relever que la Chine fait montre de transparence et d’ouverture, notamment en invitant plus de mille diplomates, journalistes et chefs religieux dans cette région.  En outre, le Gouvernement chinois a invité la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  Les deux parties sont en contact constant, a ajouté la déléguée pour laquelle il est essentiel de respecter les faits plutôt que d’avancer des « allégations infondées ».  

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a assuré que son pays reste engagé à promouvoir les droits de la personne à travers le monde, en vertu des instruments internationaux pertinents.  Chacun, a estimé le représentant, doit s’engager à respecter la souveraineté des États et le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures.  Le représentant a pressé la communauté internationale de s’engager activement dans la lutte contre le terrorisme, dans le strict respect des principes relatifs aux droits de l’homme, notamment le principe de proportionnalité.  Il est important, a-t-il conclu, de promouvoir le dialogue et le respect entre les peuples, tout en tenant compte des contextes politiques et culturels différents.

M. ZHANG JUN (Chine) a regretté que des pays cherchent à s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine et à utiliser la plateforme de l’ONU pour la discréditer.  Il a dénoncé les clichés véhiculés sur la Chine par les États-Unis, affirmant que ceux-ci ne survivront pas l’effet du temps.  Il s’est enorgueilli des réalisations accomplies par la Chine en faveur des droits de la personne, ainsi que pour combattre le terrorisme et appuyer le développement socioéconomique.  « Vos jeux politiques ne seront jamais couronnés de succès », a-t-il lancé à l’intention des États-Unis.  Les pays en développement ont le droit de défendre leur souveraineté et accuser les autres ne vous permettra pas de dissimuler vos échecs et votre mauvais parcours en matière de droits de la personne.

Rappelant que plus de 200 000 Américains sont morts de la COVID-19, M. Zhang a invité les États-Unis à protéger et soigner les Américains plutôt que s’en prendre à la Chine.  Il les a aussi appelés à éliminer la discrimination raciale, relevant que des millions de personnes avaient défilé dans les rues américaines sous la bannière de Black Lives Matter.  La Troisième Commission devrait en discuter et adopter une résolution à ce sujet, a-t-il estimé. 

Le représentant a dénoncé les guerres menées, selon lui, par les États-Unis ainsi que leur retrait du Conseil de droits de l’homme et leur refus de ratifier les traités des droits de l’homme.  « Vos mains sont tâchées de sang, le sang des civils innocents que vous avez tués partout dans le monde », a lancé le délégué à la délégation américaine avant de regretter que des pays comme le Royaume-Uni et l’Allemagne ne jouent pas le jeu de la coopération internationale et applique des politiques de deux poids, deux mesures.  De son côté, a-t-il affirmé, la Chine a extirpé 800 millions de personnes de la pauvreté, enregistré de francs succès face à la COVID-19 et promeut le développement, notamment dans le Xinjiang. 

Le représentant de l’Afrique du Sud a souligné qu’en raison de la COVID-19, les gouvernements sont confrontés à une multitude de défis.  Afin de combattre les conséquences négatives de la pandémie, le Gouvernement sud-africain a octroyé plus de fonds aux personnes dans le besoin.  Il est essentiel de prendre des mesures urgentes pour protéger les plus faibles, a-t-il souligné.  Le développement social et le bien-être doivent figurer au centre de notre riposte afin de reconstruire en mieux.

Le représentant s’est ensuite préoccupé de la montée alarmante des violences domestiques fondés sur le genre et a appelé la Troisième Commission à se concentrer sur cette question.  Il a également relevé, en ce qui concerne les apatrides, les migrants ou les peuples autochtones, que la pandémie de COVID-19 a bien montré que la discrimination raciale n’est pas terminée.  Il a appuyé les appels lancés en faveur de l’adoption de mesures rapides pour combattre le racisme.  À cet égard, le G77 proposera des amendements à la Déclaration de Durban pour le nouveau millénaire contre le racisme qui fêtera ses 20 ans l’an prochain, a-t-il fait savoir.

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a estimé que le monde est en proie à de profonds bouleversements, aggravés par une crise sanitaire sans précédent.  La COVID-19 cause en effet des problèmes sociaux, économiques, humanitaires et en matière de droits de l’homme.  Le représentant a souligné l’importance qu’il y a à faire en sorte que toutes les mesures prises dans le contexte de la COVID-19 respectent les principes de l’égalité, de nécessité, de proportionnalité et de non-discrimination.  Les organisations de la société civile, les défenseuses et défenseurs des droits de l’homme, ainsi que les journalistes, qui contribuent de manière essentielle à la lutte contre la pandémie, doivent pouvoir exercer librement leur travail, sans être sujet à des représailles.  

Le représentant a estimé que « reconstruire en mieux » ne peut se faire que si les acteurs des trois piliers du travail de l’ONU travaillent en étroite collaboration.  À cet égard, il a salué le plan de travail conjoint du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et du Bureau d’appui à la consolidation de la paix. 

Il a souligné que le Plan d’action de la Suisse pour l’abolition universelle de la peine de mort reste prioritaire.  Notre objectif est d’assumer un rôle moteur dans le mouvement mondial pour l’abolition, a-t-il déclaré.  Cette année, a annoncé le représentant, la Suisse et le Mexique cofacilitent la résolution relative au moratoire sur la peine de mort, au nom de la « task force » interrégionale.  Cette résolution est de la plus haute importance pour parvenir à un moratoire mondial, première étape vers l’abolition universelle.

Par ailleurs, M. Favre a estimé qu’il est essentiel de reconnaître le rôle fondamental joué par les femmes durant la COVID-19 – que ce soit dans leur emploi, dans les communautés ou dans leur famille.  Cependant il a craint que la crise exacerbe les inégalités définies ou en crée de nouvelles, alors qu’avec le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et le vingtième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, les Nations Unies célèbrent, cette année, deux jalons importants en matière de droits des femmes.  

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a constaté que la COVID-19 touche toutes les sociétés et que nombre de pays sont aujourd’hui occupés à relever le défi d’une possible deuxième vague d’infections, tout en s’efforçant de se relever de la crise.  Dans ce contexte, a-t-il souligné, nous devons renforcer la coopération internationale, pour assurer notamment un accès juste et équitable au vaccin.  Sur ce point, il s’est dit favorable à une approche multilatérale et non unilatérale, pour ne pas laisser certains pays monopoliser le vaccin.

Singapour, a-t-il dit, privilégie une approche pragmatique et s’emploie à améliorer les conditions de vie de sa population.  Mais ce qui fonctionne pour nous ne fonctionne pas forcément pour les autres, a-t-il observé, avant d’appeler la communauté internationale à travailler dans un esprit de respect mutuel.  À ses yeux, la pandémie ne peut servir de prétexte pour imposer son opinion aux autres.  Singapour, a prévenu le représentant, s’oppose aux résolutions qui tentent d’imposer des points de vue et réaffirme le droit souverain de chaque État de déterminer son système politique et juridique.  Singapour, a-t-il poursuivi, rejette aussi toutes les résolutions portées par des considérations politiques et qui ne sont pas centrées sur les droits de la personne, « dans des tentatives d’ingérence contreproductives ».  

Le représentant s’est également déclaré favorable à l’élimination des mesures coercitives unilatérales qui étouffent les pays en développement et empêchent une bonne riposte à la pandémie.  Ces mesures sapent le processus multilatéral et n’aident en rien la recherche de solutions, a-t-il insisté.  Après s’être félicité de ce que son pays occupe le neuvième rang mondial dans l’Indice du développement humain, le représentant a estimé que les gouvernements doivent s’attacher à la bonne gouvernance, à l’état de droit et à une meilleure protection de leur population, tout en avançant dans la réalisation des objectifs de développement durable.  

M. ANDREAS MAVROYIANNIS (Chypre) a déploré que la Turquie continue sa politique d’occupation.  Une situation anormale ne peut être considérée comme normale juste parce qu’elle dure depuis longtemps, a-t-il rappelé. 

Il a affirmé que les chypriotes grecs et les maronites sont victimes de discriminations, s’inquiétant en outre que plus de la moitié des 2 001 personnes disparues n’ont pas été retrouvées.  « Nous demandons à la Turquie de donner accès à toutes les zones pour que les dépouilles puissent être exhumées. » 

Le représentant a en outre estimé que la Turquie méprise les valeurs culturelles et religieuses, comme en témoigne la transformation de Hagia Sophia à Istanbul.  

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a précisé que les droits de la personne sont au cœur de toutes les politiques de la Grèce.  Après avoir souligné les initiatives prises par son pays pour juguler l’épidémie de COVID-19, la représentante a mis l’accent sur les difficultés que rencontre son pays face à la crise migratoire qui frappe son pays de manière disproportionnée.  Elle a rappelé que 46 ans après l’invasion de Chypre par la Turquie, 30% du territoire chypriote est toujours occupé en dépit des jugements rendus par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et des nombreuses résolutions de l’ONU.  Cette occupation se poursuivait au mépris du droits des personnes privées de leurs biens dans la partie occupée alors qu’un grand nombre de citoyens grecs sont toujours portés disparus, a-t-elle dénoncé. 

La représentante de la Grèce a appelé à un règlement pacifique de la question chypriote sur la base des résolutions pertinentes de l’ONU et les initiatives de l’Union européenne.  Elle s’est particulièrement inquiétée aussi du « pillage à large échelle du patrimoine culturel et religieux grec dans la partie turque », avant de dénoncer la récente transformation en mosquée de l’ancienne église Hagia Sofia à Istanbul.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a partagé l’avis selon lequel la pandémie de COVID-19 a profondément affecté les droits de l’homme.  C’est exactement pour cette raison, a-t-il argué, qu’il faut se rappeler les leçons de 1995, à savoir que le multilatéralisme est le seul chemin viable.  La crise montre également l’importance de redoubler d’efforts pour le développement social, y compris l’investissement dans le capital humain, par l’accès de tous à une éducation de qualité et à des systèmes robustes de protection sociale.  

Le représentant a aussi estimé que la protection des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des membres de la société civile doit être une priorité dans le cadre de la riposte à la pandémie.  Il s’est dit favorable à la pratique du dialogue avec la société civile que l’Assemblée générale a inaugurée à sa session précédente.  Le représentant n’a pas manqué de condamner toutes les formes de discrimination et les discours de haine.  

M. NGOSA SIMBYAKULA (Zambie) a indiqué que son pays a accompli des progrès notables en matière d’égalité des sexes depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing, citant notamment la promulgation, en 2015, de la loi sur l’égalité et l’équité entre les sexes.  La Zambie est également un des rares pays de sa région à avoir établi des tribunaux spécialisés dans les procédures accélérées pour les cas de violence sexiste, afin d’augmenter l’accès des victimes à la justice.  Des centres de soins ont également été ouverts au niveau des villages pour fournir un appui aux victimes. 

Le représentant a ensuite indiqué que son gouvernement poursuit ses efforts pour intervenir auprès des dirigeants traditionnels afin de réformer les coutumes qui perpétuent les mariages d’enfants.  La priorité est également donnée à l’inscription et à la rétention des filles dans les écoles.  Une politique spéciale a également été adoptée pour permettre aux jeunes filles enceintes de passer leurs examens et/ou d’interrompre leurs études pendant un an.  Par ailleurs, les programmes de protection sociales ont été rehaussés et permettront d’atteindre 994 000 ménages en 2021, comparé à 700 000 actuellement 

Pour Mme DOMA TSHERING (Bhoutan), la pandémie de COVID-19 nous apprend que si nous voulons réussir notre programme de transformation pour les peuples, la planète et leur prospérité, nous devons veiller à ce que les êtres humains puissent réaliser leur potentiel dans la dignité et l’égalité, dans un environnement sain.  À cette fin, la réalisation de tous les droits de l’homme et des libertés fondamentales est essentielle.  Le travail de cette Commission reste donc crucial, a insisté la déléguée, soulignant que le Bhoutan, qui est dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA), a toujours respecté « la centralité » des intérêts du peuple et de son bien-être dans l’harmonie.

Or aujourd’hui, a poursuivi la représentante, l’on constate que la crise de la pandémie de COVID-19 a un impact considérable sur les femmes, alors qu’elles font preuve d’un leadership important face à la pandémie, en tant que décideuses, professionnelles de la santé de première ligne et mères de famille.  La pandémie a alourdi la charge du travail non rémunéré et augmenté les risques de violence sexiste et d’exploitation sexuelle.  Il est donc essentiel, a souligné la représentante, qu’alors que nous nous efforçons de nous remettre de la pandémie, son impact différent sur les sexes doivent guider nos stratégies.  Au Bhoutan, le plan d’urgence sur la protection des femmes et des enfants est une priorité et s’appuiera sur une évaluation approfondie de l’impact de la pandémie sur ces deux catégories de la population.  Quant aux jeunes, il est question de s’inspirer de la Stratégie « Jeunesse 2030 » des Nations Unies, qui vise à impliquer davantage les jeunes dans l’édification d’un avenir plus juste, plus égal et plus pacifique pour tous.

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a mis en valeur la politique de défense des droits de l’homme de son pays, et déploré les difficultés accrues que rencontrent les groupes vulnérables en raison de la pandémie.  Il a notamment présenté les initiatives islandaises en matière de lutte contre la maltraitance des enfants, « un modèle de collaboration entre agences aujourd’hui reproduit dans 20 autres pays ».  

S’agissant des droits des femmes et de leurs droits reproductifs, il s’est alarmé du recul et de la remise en cause du discours sur l’autonomie corporelle, l’éducation sexuelle complète, les droits sexuels et reproductifs ainsi que les violences liées aux genres; des normes pourtant consenties internationalement au titre des objectifs de développement durable.  « La pandémie, a-t-il rappelé, ne peut tenir lieu d’excuse et doit au contraire constituer un encouragement dans la quête d’égalité, au moment où nous célébrons les progrès accomplis à Beijing il y a 25 ans ». 

Le représentant a ensuite marqué sa fierté pour les propositions de lois internes de son gouvernement destinées à améliorer le cadre juridique de la protection des transgenres et rappelé la contribution de l’Islande aux efforts d’autres pays pour l’abolition des stigmatisations et des discriminations contre les personnes LGBTI, avec son entrée, cette année, dans le Groupe LGBTI.  Il a regretté que 70 pays déclarent encore illégales les relations entre personnes de même sexe. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a souligné que la pandémie de COVID-19 a bouleversé notre quotidien d’une manière sans précédent.  Il s’est donc félicité de la résolution de l’Assemblée générale sur la réponse à la COVID-19 qui nous aidera à orienter notre travail, a-t-il estimé.  La pandémie est un test pour nous tous en matière de respect, de promotion et d’exécution de nos obligations en matière de droits de l’homme, a souligné le représentant.  Les professionnels de la santé ont été les véritables héros de cette pandémie et parmi eux, 70% de femmes, alors qu’elles sont les plus affectées par les conséquences socioéconomiques de la pandémie.  Le représentant a réaffirmé l’engagement de son pays à intégrer une perspective soucieuse d’égalité des sexes à tous les stades et niveaux des politiques, avec un accent particulier sur la prévention des effets croisés de la pandémie et de la violence contre les femmes et les filles.  

La Croatie, a ajouté le représentant, se joint à l’appel du Secrétaire général pour une meilleure protection des enfants et de leurs droits à la santé, à l’éducation et à la sécurité dans le cadre de la COVID-19.  Il a aussi parlé des réfugiés comme des personnes très vulnérables pendant la pandémie et insisté sur le respect du droit international humanitaire.  La crise mondiale à laquelle nous sommes confrontés a montré que notre engagement collectif en faveur des droits de l’homme, du multilatéralisme et d’un ordre international fondé sur des règles est plus pertinent que jamais, a conclu le représentant.  

Mme ELLENI HENOK AREGA (Éthiopie) a souligné à son tour les effets délétères de la pandémie de COVID-19 qui a mis à nu les vulnérabilités de nos sociétés.  Face à cette crise sans précédent, il faut plus que jamais créer des sociétés justes et équitables, condition sine qua non à tout relèvement.  Toutefois, a-t-elle relevé, tous les pays n’en sont pas tous au même niveau en matière de protection des droits de la personne.  C’est pourquoi, il convient de tenir compte des expériences des autres et de privilégier la coopération internationale.  Pour la représentante, il est également impératif que les différentes institutions des Nations Unies continuent leurs travaux de manière transparente et non sélective.  Les efforts que déploient des pays pour améliorer les conditions de vie de leur population devraient être salués et non décriés, a-t-elle plaidé, estimant notamment que la question de Hong Kong relève strictement des affaires intérieures de la Chine.  

De l’avis de Mme Arega, la paix, la sécurité et les droits de la personne sont intimement liés. La connexion entre les droits doit être rappelée et, selon elle, rien ne reflète mieux cette notion que le Programme 2030 et sa volonté affichée de ne laisser personne de côté.  Dans ce cadre, l’Éthiopie s’est lancée dans une série de réformes politiques destinées à promouvoir de nouvelles normes de gouvernance.  Malgré les difficultés, nous nous sommes engagés à tenir notre promesse d’un ordre pluraliste, dans le respect des droits et des libertés fondamentaux, a affirmé la déléguée, notant que les pays comme le sien sont les plus touchés par la crise actuelle.  Dans ce contexte, a-t-elle indiqué, l’Éthiopie s’emploie à permettre le retour sûr et sans entrave des personnes déplacées qui figurent parmi les groupes les plus vulnérables.  Le pays entretient à cette fin un dialogue constructif avec les pays d’accueil et entend protéger les droits et la dignité des personnes concernées. 

M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie) a déclaré qu’il ne fait aucun doute que la crise de COVID-19 influencera les discussions de la Commission.  L’appel du Secrétaire général en faveur de l’arrêt des conflits va dans le sens de ne laisser personne de côté, a-t-il déclaré.  «  Il faut pouvoir bénéficier de tous les droits humains. »  Or, politiser les droits de la personne ou retirer ces droits à certaines personnes en raison du conflit n’est pas conciliable avec cette idée.  

Par ailleurs, le représentant a déclaré que l’agression militaire dans le Haut-Karabagh a pour objectif de perpétrer un génocide.  Des villes et des communautés sur le territoire arménien ont été détruites par des frappes aveugles qui ont visé les hôpitaux et les civils et ont fait de nombreuses victimes.  L’Azerbaïdjan vise les journalistes pour que les crimes de guerre ne puissent être relatés.  Ce sont de graves violations des droits de l’homme, s’est-il insurgé, indiquant en outre que des mercenaires venant de la Syrie et envoyés par la Turquie, cherchent à entraver le droit à l’autodétermination. 

Il a indiqué que la glorification, par l’Azerbaïdjan, de coupables de crimes de haines contre les Arméniens a été signalée par les institutions internationales.  Après avoir échoué à faire respecter les droits de la personne et la démocratie, le régime azerbaïdjanais actuel justifie sa politique en faisant des Arméniens des « ennemis utiles », a-t-il dénoncé, avant d’indiquer que des élections nationales se sont tenues dans le Haut-Karabagh. 

Mme AYŞE INANÇ ÖRNEKOL (Turquie) a appelé à intégrer la question du genre dans les stratégies de lutte contre l’épidémie de COVID-19 avant de souligner aussi la nécessité de garantir la protection des enfants.  « En tant que pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés dans le monde nous prenons en charge la protection de 1,5 million d’enfants réfugiés », a-t-elle fait savoir.  Elle s’est dite préoccupée par la réapparition d’idéologies nationalistes en Europe et par la situation des minorités musulmanes en Chine. 

Elle a rappelé que le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale a appelé la Chine à donner suite à huit recommandations qui, a-t-elle souligné, sont toujours valables.  La Turquie, qui entretient de nombreux liens culturels avec les Ouïghours, continuera à discuter de la question de la protection des Ouïghours au niveau bilatéral avec la Chine.  La représentante a par ailleurs dénoncé la poursuite de la colonisation israélienne en Palestine et demandé que le « régime syrien » soit appelé à rendre des comptes pour ses exactions. 

Mgr GABRIELE CACCIA, du Saint-Siège, s’est inquiété des pressions exercées pour réinterpréter le fondement des droits de l’homme afin de satisfaire des intérêts politiques ou économiques.  Cette tendance qui se manifeste notamment dans le refus de reconnaître la valeur de chaque vie humaine à égalité à tous les stades de la vie humaine est source de nombreuses inégalités et injustices.  « On ignore le droit à la vie des fœtus et l’on perçoit les personnes âgées ou handicapées comme des fardeaux » a dénoncé le représentant.

Mgr Caccia a ensuite insisté que le caractère inadmissible de la peine de mort est inadmissible, notant que les systèmes de détention permettent de garantir la sécurité des gens sans priver les coupables de crime d’une seconde chance.  Par ailleurs, il a souligné que la liberté de culte est un droit de la personne qui ne peut être négocié.  S’inquiétant du fait que la pandémie de COVID-19 a exacerbé la violence domestique et favorisé le développement de la pornographie en ligne, le représentant a appelé à protéger les enfants de tous ces abus en rappelant que la cellule familiale, « cellule fondamentale de toute société », est le premier rideau de protection des enfants. 

Dans un message vidéo, M. FONCEA, délégué de la jeunesse de la Roumaine, a déclaré que, compte tenu de la période sans précédent que l’on vit actuellement, il est important de trouver des solutions innovantes pour les jeunes, notamment en ce qui concerne l’éducation dématérialisé.  Il a également demandé que les jeunes aient une plus grande place autour des tables où se prennent les décisions, « à défaut de participer à la fabrication de ces tables »

À son tour, M. BAILAN, autre délégué de la jeunesse de la Roumanie, a affirmé que les jeunes sont une ressource et qu’ils savent prendre des initiatives et utiliser les technologies pour « aller plus loin ».  Cette richesse doit être utilisée, a-t-il plaidé.  Il a également expliqué que, pour surmonter les défis posés par la pandémie de COVID-19, la communauté internationale devra prendre des mesures plus inclusives, notamment pour ce qui est de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Au plan national, cela a pu être accompli notamment suite à la création de l’Agence nationale pour l’égalité entre les genres, a assuré le représentant.

M. SOVANN KE (Cambodge) a réaffirmé l’attachement indéfectible de son pays à la promotion et à la protection des droits de l’homme pour tous et à la mise en œuvre du Programme 2030.  À cet égard, a-t-il dit, le Cambodge a fait des progrès remarquables en matière de développement socioéconomique, contribuant à la réalisation des objectifs de développement durable, à l’amélioration du niveau de vie et à la promotion des droits humains et des libertés fondamentales du peuple cambodgien.  Il a ajouté que son pays est partie à huit des neuf conventions fondamentales des Nations Unies relatives aux droits de l’homme et collabore activement à des mécanismes tels que l’Examen périodique universel (EPU).  Le pays continue en outre de promouvoir les droits des femmes et l’égalité des sexes, a-t-il assuré.

Dans cet esprit, a poursuivi M. Ke, le Cambodge estime que la politisation et les « deux poids, deux mesures » en matière de droits de l’homme doivent être évités car ils entraînent des conflits et de la violence.  Selon lui, il convient de lever toutes les sanctions unilatérales et financières visant des pays en développement.  Ces sanctions n’entravent pas seulement les efforts de développement mais violent également les droits de l’homme et constituent une grave atteinte à l’esprit de la Charte de l’ONU.

Alors que le monde est confronté à la pandémie de COVID-19, le Cambodge ne compte aucun décès dû à cette maladie, a fait observer le représentant.  Toutefois, a-t-il ajouté, la pandémie a considérablement affecté le progrès social et économique du pays et ses effets se feront sentir pendant des années.  Saluant l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale sur la pandémie de COVID-19 et la mise en place du Fonds d’intervention et de redressement de l’ONU, il a appelé à une solution mondiale, avec le concours des institutions financières internationales.  Enfin, il s’est joint à l’appel pour un vaccin équitable et abordable lorsqu’il sera disponible.

Pour Mme NELLY BANAKEN ELEL (Cameroun), alors que nous revenons peu à peu à la vie normale, après la pandémie de COVID-19, il faut « reconstruire en mieux ».  En effet, a poursuivi la déléguée, la pandémie nous a fait comprendre quels étaient les droits fondamentaux qui ne peuvent être restreints: le droit à la vie, à la santé, à l’éducation et à l’alimentation.  La pandémie a également mis à jour nos fragilités, les limites de nos pays en matière de système de santé et les failles de nos économies.  Il s’agit d’en tirer les conséquences pour les droits de l’homme, et d’inverser l’ordre de nos priorités, a-t-elle dit.  La pandémie nous a appris qu’il faut aussi se recentrer sur l’essentiel, la promotion et la garantie des droits économiques, sociaux et culturels et particulièrement le droit au développement.  Le Cameroun a su saisir, a-t-elle conclu, cette opportunité et pris des mesures appropriées qui expliquent « son extraordinaire et inattendue résilience » face à la pandémie.  

Mme VERO HENINTSOA ANDRIAMIARISOA (Madagascar) a fait observer que, pour réduire les impacts de la pandémie et asseoir les bases d’un relèvement pérenne, de nombreuses initiatives innovantes ont été entreprises.  Elle a noté qu’actuellement, Madagascar affiche un taux de guérison de 95% et un taux de mortalité à 1%, largement en-deçà de la moyenne mondiale.  La représentante a mis en avant la qualité des recherches, les savoirs traditionnels et les ressources endémiques qui ont permis d’éviter un nombre massif de décès.

Cependant, a-t-elle reconnu, la COVID-19 a exacerbé les disparités en matière d’accès aux soins et traitements, même si le pays n’a ménagé aucun effort pour assurer la couverture nationale des services de santé et la création d’une usine pharmaceutique moderne.  En outre, Madagascar reste engagé dans la lutte contre la violence basée sur le genre, a-t-elle déclaré, et c’est dans cette optique qu’il a adoptée, en 2019, la loi pénalisant ce crime.

La représentante a souhaité s’exprimer sur le cas de Xinjiang.  Madagascar, a-t-elle dit, soutient la Chine dans l’instauration d’un dialogue constant et productif afin d’éviter toute allégation non fondée de manquement au respect des droits de l’homme.

Elle a estimé que chaque État se doit de faire preuve d’intégrité, de transparence et d’impartialité dans l’appréciation d’une situation particulière à la lumière du droit international.  Dans le cas de la Région administrative spéciale de Hong Kong et l’application de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, elle a suggéré que cette question soit traitée dans le respect du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a affirmé que son pays a démontré une détermination et un professionnalisme sans faille dans la réponse à la pandémie de COVID-19.  De grands services ont par exemple été mis sur pied notamment le dépistage et les campagnes de sensibilisation, à l’intention de tous les travailleurs, sans discrimination.  Par ailleurs, des nouvelles lois ont été adoptées en faveur des droits des travailleurs étrangers.  Des programmes de protection sociale, y compris dans le secteur privé, ont également été mis sur pied.  Dans tous ces efforts, l’Émir du Qatar a été partie prenante, a insisté la représentante. 

Elle a également déclaré que le « blocus injuste » qui pèse sur son pays dure maintenant depuis trois ans, aggravant les conséquences de la pandémie.  Pour autant, cela n’a pas empêché le Qatar de répondre aux défis posés par cette pandémie, non seulement pour son peuple, mais aussi pour ceux qui n’ont pas les moyens de répondre efficacement aux défis de cette pandémie.  Le Qatar a ainsi apporté une aide humanitaire à 78 pays pour un montant de 99 millions de dollars, a indiqué la représentante. 

M. NNAMDI OKECHUKWU NZE (Nigéria) a noté que les chefs d’États ont débattu récemment dans cette enceinte du sujet pertinent qui est le monde d’après la COVID-19.  Ils ont, à cet égard, souligné l’importance du multilatéralisme, qui est une notion puissante, a-t-il déclaré.  La coopération internationale n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui, a-t-il souligné.  Il a rappelé que les questions dont les délégués sont saisis ont un impact direct sur la vie de « nos frères et sœurs ».  Il a estimé que le monde doit créer des sociétés inclusives, tout en rappelant qu’aucune nation n’est épargnée par la pandémie.  « C’est pour cela que nous devons lutter ensemble pour faire avancer les technologies de santé », a-t-il plaidé.  Il a par ailleurs appelé à combattre la pauvreté, qui met à mal le développement social. 

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a estimé que l’urgence actuelle en matière de santé publique requiert une riposte mondiale structurée qui place en son cœur l’individu.  De son côté, El Salvador reconnaît dans sa législation que tout citoyen a le droit de jouir de la santé.  Face à cette crise sans précédent, a indiqué la représentante, le Gouvernement du pays a pris dès le 11 mars une série de mesures pour endiguer la pandémie et protéger la vie sans distinction de race ou de religion.  Il a notamment construit un hôpital pour répondre aux besoins les plus pressants de la population.  Il a aussi appuyé les interventions du Secrétaire général en faveur des personnes âgées et des migrants, conscient que la crise a accru les niveaux de pauvreté des groupes les plus vulnérables.  Selon la déléguée, il convient de protéger ces populations qui ne bénéficient pas des retombées du développement économique et souffrent de discrimination.  

Le Gouvernement a aussi donné la priorité aux droits de l’enfant afin de permettre la réalisation de l’objectif 4 du Programme 2030.  Dans ce cadre, a précisé la représentante, il met l’accent sur la diffusion d’informations fiables sur Internet et sur la qualité de l’éducation, assurant en particulier une continuité de l’apprentissage en ligne.  Par ailleurs, le pays rejette la criminalisation des migrants et réaffirme son engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles.  Toutefois, a reconnu Mme González López, en raison de la COVID-19, les progrès obtenus sur ces fronts risquent d’être inversés.  Avant de conclure, elle a souhaité à son tour que le vaccin en développement soit accessible à tous et considéré comme un « bien public mondial ».  

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a appelé à garantir la promotion et la protection des droits de l’enfant à tous les niveaux.  « Nous avons joué un rôle de chef de file sur le plan régional et international ».  Pour preuve, cela fait plusieurs années que l’Uruguay coordonne la résolution sur le droit des enfants du Groupe d’Amérique latine et cofacilite avec l’Union européenne (UE) la rédaction de cette résolution.  Il a encouragé les États à mettre en œuvre des politiques publiques de protection de l’enfance.

Le délégué a, par ailleurs, voulu rappeler l’engagement ferme de son pays en faveur de la Déclaration et du Plan d’action de Beijing.  Il a appelé à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles dans toute leur diversité.  Par ailleurs, depuis le début de la pandémie de COVID-19, l’Uruguay a adopté plusieurs mesures destinées à défendre les catégories les plus vulnérables, notamment en période de confinement. 

M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a assuré que son pays accordait une grande importance au développement social de son peuple.  Cet objectif est contenu dans le Plan Vision 2050 du Rwanda et, avant le début de la pandémie, plus d’un million de personnes avaient été sorties de la pauvreté.  Cependant, cette crise a renversé des décennies de progrès, reléguant les plus vulnérables encore plus en arrière, s’est-il inquiété, relevant qu’à l’échelle mondiale, 71 millions de personnes seront poussées dans l’extrême pauvreté en 2020, le chiffre le plus élevé depuis 1998.  Les femmes et les enfants sont les premières victimes de ces reculs, a déploré le représentant. 

Il a jugé nécessaire de redoubler d’efforts pour répondre à ces défis émergents.  Le temps n’est pas propice à montrer du doigt un tel ou un autre, mais au contraire à décider de ce qui doit être fait pour mieux répondre à cette pandémie, a plaidé le représentant, ajoutant qu’en la matière, son pays jouerait son rôle.  À ce titre, le Gouvernement rwandais a adopté un plan de reprise économique transversal dont le but est de réduire la vulnérabilité des femmes, des hommes et des enfants dans divers domaines, y compris dans le domaine de l’éducation en ligne pour les enfants, a assuré le représentant.  

Droits de réponse

La Turquie a dénoncé la présentation biaisée de l’histoire de Chypre présentée par la Grèce.  Elle a rappelé que les Chypriotes turcs ont été éjectés de l’île en 1963 et qu’au cours des 10 années suivantes, des dizaines de milliers de Chypriotes turcs ont été contraints de vivre dans des enclaves.  La seule occupation est celle de l’Administration chypriote grecque et dans le contexte actuel, a ajouté la délégation, les Chypriotes turcs continuent de vivre dans un isolement qui touche tous les domaines de la vie.  Pour ce qui est des personnes portées disparues, tout est fait pour trouver une solution par le biais d’un comité chargé de cette question.  S’agissant du patrimoine culturel, un comité conjoint technique a été créé.  Dans ce cadre, a-t-il dit, toutes les décisions des autorités chypriotes turques se font dans le respect du droit à la propriété.  

La Turquie a ensuite condamné l’attaque de l’Arménie, une agression qui montre, selon lui, que l’Arménie représente la plus grande menace pour la paix et la sécurité régionales.  Appelant au retrait des forces arméniennes du Nagorno-Karabakh, il a estimé que les accusations infondées de l’Arménie ne sont pas plus crédibles que son habituel détournement de la vérité.  

La République arabe syrienne a accusé la Turquie et son Président de figurer parmi les principaux soutiens du terrorisme dans la région.  La Turquie se livre à une politique de déplacement forcé des citoyens sous la contrainte, elle empêche l’acheminement d’eau pour les civils, ce qui est d’autant plus grave en raison de la pandémie, et continue en outre d’empiéter sur le territoire de l’Iraq.  C’est un régime voyou qui ne respecte pas les accords internationaux, a affirmé la délégation.  

À son tour, Chypre a précisé que les Chypriotes turcs n’ont pas été exclus des institutions gouvernementales mais qu’ils s’en étaient retirés.  Elle a regretté que la Turquie utilise les Chypriotes turcs comme vecteur de séparation.  Cette tentative de réécriture de l’histoire est une tactique qui ne fonctionne pas, a-t-elle martelé.  

Reprenant la parole, la Turquie a déclaré qu’elle n’avait pas besoin de recevoir de leçon de la part d’un régime qui a utilisé les armes chimiques contre son peuple.  Seuls les Syriens ont le droit le parler au nom de leur peuple, a rétorqué la République arabe syrienne.  

Suite à l’intervention de la Turquie, le représentant de la Syrie a présenté une motion d’ordre, regrettant que la délégation parle de « régime syrien » alors qu’il s’agit d’un gouvernement légitime.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: la pandémie entrave les efforts de relèvement durable, notamment pour les pays en situation particulière face aux crises climatiques

Soixante-quinzième session,
2e séance plénière – après-midi
AG/EF/3532

Deuxième Commission: la pandémie entrave les efforts de relèvement durable, notamment pour les pays en situation particulière face aux crises climatiques

Les membres de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, se sont penchés aujourd’hui sans complaisance sur la manière de surmonter les graves difficultés économiques provoquées par la pandémie pour réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  La thématique de cette soixante-quinzième session, « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable », s’y prête assurément.

Reconstruire en mieux pour un relèvement durable -ou « reconstruire mieux et en plus vert », selon une formule heureuse de la Thaïlande, les pays en situation particulière ne demandent pas mieux.  Mais ils ont clamé avec force, en ce deuxième jour de débat, que la pandémie les éloigne de leurs objectifs d’adaptation aux crises climatiques.

Peu contributeurs d’émissions de gaz à effet de serre, ils sont en première ligne face au réchauffement, aux tempêtes de sable et de poussière, à la désertification, ou encore à l’élévation rapide et irréversible du niveau des océans.  L’Inde, dont un plan national de développement prévoit la suppression des plastiques à usage unique avant 2022, l’a pointé: tous les pays ne sont pas à mettre « dans le même sac » concernant leur responsabilité historique face aux changements climatiques.

En revanche, quand la délégation indienne en a conclu que chaque État devrait « développer librement ses propres actions dans ce domaine », elle faisait presque figure de cavalier seul.  Les mots d’ordre du débat ont au contraire semblés être « l’action collective », comme l’a dit le Kenya, et « la coopération ».  Ce fut l’opinion du Kirghizistan qui, considérant que les catastrophes naturelles sont étroitement liées aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement, a jugé important de « poursuivre le développement de la coopération internationale, afin de produire des solutions efficaces et durables dans ce domaine ».  Il a été suivi par la Norvège, pour qui l’ONU doit être une « puissance fédératrice » garantissant une « riposte coordonnée » des États Membres pour renforcer la résilience contre les changements climatiques.

Pour le Pérou, en première ligne face aux crises climatiques de par sa position géographique, la réduction des risques de catastrophes doit être au centre des réflexions.  Plus largement, la Sierra Leone a appelé la communauté internationale à fournir une aide humanitaire, à harmoniser les plans de relèvement et à multiplier les partenariats public-privé, afin que les économies des pays en situation particulière tels que le sien puissent se remettre sur les rails du développement durable.  L’Arménie a appelé à des efforts de redressement « inclusifs », afin de soutenir le Groupe des pays en développement sans littoral auquel elle appartient, pour que ses membres enclenchent de nouveau la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

L’Islande a répondu présent, évoquant des initiatives nationales diverses en matière de lutte contre la désertification, inquiétude principale de l’Iraq avec les tempêtes de sable et de poussière.  Le Mexique a quant à lui revendiqué une approche innovante en matière de financement, en étant le premier, le mois dernier, à émettre une obligation souveraine liée aux objectifs de développement durable.  La coopération Sud-Sud, sans pour autant qu’elle se substitue à la coopération Nord-Sud, est une option de choix pour l’Algérie.

Les pays en développement ont aussi sonné l’alarme face à un autre défi de taille: la fracture numérique, qui s’élargit en conséquence de l’épidémie de COVID-19.  La Norvège l’a qualifiée de « nouvelle inégalité criante de notre temps ».  Durant la pandémie, la technologie numérique a émergé comme une bouée de sauvetage pour beaucoup de gens pendant ces périodes difficiles, a constaté le Népal.  Toutefois, la fracture numérique a laissé loin derrière les plus touchés: si cet écart dans l’accès à la technologie n’est pas comblé, les inégalités augmenteront encore.  L’Égypte et le Mexique ont particulièrement insisté sur le problème du manque d’accès à la connectivité dont souffrait déjà la moitié de la population mondiale avant la pandémie.  Même constat pour le Kenya, qui a appelé à une coopération internationale accrue par le transfert de technologies appropriées, ainsi que par le renforcement des capacités.  Le Mexique a réaffirmé son soutien à la feuille de route du Secrétaire général dans le domaine de la coopération numérique.

La République de Corée a fait part d’un plan de relèvement national semblant opérer une synthèse entre verdissement de l’économie et développement numérique, baptisé le « New Deal coréen ».  Ce programme a pour ambition de rebâtir une économie coréenne moins riche en carbone et plus inclusive, à l’aide de « filets de protection sociale ».

Plus généralement, la pandémie a entraîné une remise en question du système par plusieurs délégations, avec l’idée qu’il ne sera pas possible, si la pandémie est vaincue, de revenir sur des objectifs de croissance pré-COVID-19.  La situation nous conduit à « revisiter le déséquilibre dans le rapport entre les humains et la nature, origine de ces maladies », a estimé la Thaïlande.  Ce fut aussi l’avis du Pérou, pour qui l’approche « traditionnelle », plaçant la croissance au-dessus de tout, met en péril l’avenir de nos sociétés.  Ce pays a misé sur le Fonds vert pour le climat dans le but d’atteindre une véritable résilience et appelé à prendre en compte l’avis des pays en développement dans le processus de décision.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général jeudi 8 octobre, à partir de 10 heures.

Ce débat se tient en présentiel, les délégations étant réparties sur trois salles de conférence reliées par la sonorisation et l’image.  Les débats sur les différents points à l’ordre du jour sont abordés en séances virtuelles informelles.  Cette semaine, la Commission discute des questions suivantes: Activités opérationnelles de développement; Questions de politique macroéconomique; Système financier international et développement; Groupes de pays en situation particulière; Les technologies de l’information et des communications au service du développement durable; Mondialisation et interdépendance.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. FERNANDO DE LA MORA SALCEDO (Mexique) a rappelé l’initiative de son pays pour un projet de résolution concernant l’accès à la médecine, aux vaccins et aux équipements médicaux.  Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de saisir cette opportunité pour « reconstruire mieux sans tenter de revenir aux modèles du passé ».   Le Mexique s’est ensuite félicité de la revitalisation des travaux de la Deuxième Commission et de la voir, pour la première fois, dépasser les notes conceptuelles et opter pour un dialogue direct pour des résultats concrets.  Dans le cadre de l’examen quadriennal, le Mexique a indiqué qu’il allait proposer une série de mesures destinées à renforcer le système des coordonnateurs résidents, au bénéfice des objectifs du Programme 2030.

La délégation a particulièrement insisté sur le problème du manque d’accès à la connectivité dont souffre la moitié de la population mondiale et a réaffirmé son soutien à la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique, tout en continuant à promouvoir ces discussions au sein du groupe des Amis des Technologies Numériques que le Mexique copréside avec la Finlande et Singapour.  Par ailleurs, le délégué s’est réjoui que son pays, au nom de l’innovation en matière de financement, ait été le premier, le mois dernier, à émettre une obligation souveraine liée aux objectifs de développement durable.

Selon M. NESTOR POPOLIZIO (Pérou), si la pandémie représente le plus grand défi depuis la création de l’Organisation, c’est l’occasion de trouver des solutions innovantes pour « reconstruire le monde en mieux » et l’ONU représente l’enceinte idéale pour créer une réponse coordonnée.  Le représentant a appelé à redoubler d’efforts pour éliminer la pauvreté et les inégalités, demandant aussi que les futurs traitements et vaccins liés à la COVID soient considérés comme des « biens publics mondiaux ». Soucieux de remettre les groupes de pays en situation particulière sur les rails dans la mise en œuvre du Programme 2030, il a insisté sur le sort actuel des pays à revenu intermédiaire, qui doivent faire l’objet d’une attention particulière.

Partisan d’une croissance économique équitable et durable, le Pérou a engagé d’importants efforts en ce sens, a poursuivi le délégué en mettant l’accent sur l’urgence de la crise climatique, encore plus pressante depuis la pandémie.  L’approche « traditionnelle », plaçant la croissance au-dessus de tout, met en péril l’avenir de nos sociétés, a-t-il estimé.  Il a cité en exemple le Fonds vert pour le climat dans le but d’atteindre une véritable résilience, et appelé à prendre en compte l’avis des pays en développement dans le processus de décision.  Du fait de son emplacement géographique, le Pérou est très sensible aux questions relatives aux changements climatiques, a aussi expliqué le délégué qui a appelé la communauté internationale à agir de manière ambitieuse en matière de développement durable.  La réduction des risques de catastrophes doit être au centre des réflexions, selon lui; elle doit être intégrée dans les plans nationaux et internationaux.  Enfin, le délégué a dit que son pays attend beaucoup de l’examen quadriennal et des réformes du fonctionnement de l’ONU.

M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a rappelé le contexte d’incertitude pesant sur les débats, la COVID ayant encore aggravé la situation des pays en situation particulière.  Il a cité le recul des envois de fonds et la dette, ainsi que les investissements en berne.  Compte-tenu des circonstances actuelles, il a jugé « pertinente » et « appropriée » la thématique du débat général, « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable ».

La COVID a eu un effet néfaste sur le budget 2020 de la Sierra Leone et sur son programme de développement national, a expliqué le représentant.  Il a loué le fonds de relèvement mis en place par les organisations internationales, qui a grandement aidé le pays à maintenir « une certaine stabilité économique et financière ».  Le représentant a appelé la communauté internationale à fournir une aide humanitaire, à harmoniser les plans de relèvement et à multiplier les partenariats public-privé, afin que les économies des pays en situation particulière puissent se remettre sur les rails du développement durable.  En Sierra Leone, la priorité a été accordée à l’ODD 4 (éducation), avec la volonté d’offrir une éducation gratuite et de qualité aux enfants, aux femmes et aux filles, a précisé le représentant.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a relevé que le confinement et les mesures de distanciation sociale ont un coût économique et social disproportionné, faisant référence à l’arrêt de la production, à la fermeture des entreprises et au chômage qui touche des millions de personnes.  On prévoit une contraction de l’économie de 3 à 4% dans la région Amérique latine et Caraïbes, qui ne devrait revenir au niveau d’activité antérieur à la crise qu’en 2022, a-t-elle indiqué.  Selon la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL), à défaut d’adopter des politiques actives pour protéger ou remplacer les revenus des groupes vulnérables, plus de 30 millions de personnes pourraient tomber dans la pauvreté.  La représentante s’est inquiétée en particulier des personnes qui dépendent des marchés informels, ainsi que des microentreprises et petites et moyennes entreprises, des femmes détentrices d’emplois précaires, des peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine.

Le Honduras a élaboré un plan pour atténuer l’impact de la pandémie sur la population et ses conséquences macroéconomiques, a indiqué la représentante en citant notamment la baisse d’impôt sur les sociétés pour éviter les licenciements massifs.  La représentante a dit néanmoins craindre une récession économique pour son pays où 64,7% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.  Mais cela n’empêche par le Honduras de poursuivre la mise en œuvre du Programme 2030, a assuré la déléguée en insistant sur la nécessité d’une transition vers des sociétés durables et résilientes.  Elle a aussi soulevé le problème de l’accès réduit au financement préférentiel pour les pays qui voient leur revenu augmenter, comme ceux à revenu intermédiaire.  Elle a réclamé de nouveaux critères multidimentionnels pour mesurer les progrès sur la voie du développement, et pas seulement celui du revenu par habitant, avant de rappeler aux pays développés l’importance de verser l’APD qu’ils ont promise en l’alignant sur les priorités nationales des pays aidés.

Le Représentant du Royaume-Uni a rappelé que son pays avait contribué à hauteur de plus d’un milliard de dollars pour la réponse internationale à la pandémie de COVID-19.  La semaine dernière, a ajouté le délégué, le Premier Ministre britannique a annoncé jusqu’à 600 millions de dollars pour le mécanisme de garantie de marché COVAX, et 400 millions de dollars pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au cours des quatre prochaines années.  Le Royaume-Uni a doublé son prêt, qui est passé de 2 à 4 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS), au Fonds pour la réduction de la pauvreté et la croissance du Fonds monétaire international (FMI) et fourni jusqu’à 190 millions de dollars en subventions pour l’allégement de la dette.  Le Royaume-Uni demeure le troisième plus gros donateur au système des Nations Unies pour le développement et respecte son engagement de 0,7% en matière d’Aide publique au développement (APD), a ajouté le représentant.

Pour ce qui est de l’après-COVID-19, a dit le délégué, le Royaume-Uni mise sur une reprise verte et inclusive.  Il faut que les gens, la planète, la prospérité, la paix et le partenariat restent au cœur du Programme 2030, a plaidé la délégation qui a promis de défendre l’approche sexospécifique des ODD ainsi que son fondement dans les normes internationales en matière de droits de l’homme.  Il faut, en outre, faire des progrès pour relier davantage le développement humanitaire et la paix, a exhorté le représentant, invitant à ne pas perdre de vue les défis existentiels à long terme tels que les changements climatiques et la perte de biodiversité.  « Il est urgent de prévenir la dégradation de l’environnement, réduire les émissions de gaz à effet de serre, accroître la résilience et accélérer une croissance verte, inclusive et résiliente aux changements climatiques. »

S’agissant des pays en situation particulière, le délégué a réitéré la nécessité de tenir compte des besoins des pays les plus vulnérables et des situations spécifiques des pays en conflit et d’après-conflit.  La délégation organisera à la fin du mois une conférence sur l’accès au financement concessionnel pour ces pays.  Elle garde également comme domaines prioritaires la transparence et la lutte contre la corruption, a ajouté le délégué.

Selon M. DAVIT GRIGORYAN (Arménie), les délibérations de la Deuxième Commission –l’une des principales plateformes multilatérales pour la coopération au développement- devraient jouer un rôle important pour définir les moyens de sortir de la crise et de mieux reconstruire.  À cet égard, le thème du débat général de cette année, « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable », ne pouvait pas être plus opportun et pertinent, selon lui.  Toutefois, alors que de nombreuses nations du monde entier sont aux prises avec la crise socioéconomique mondiale causée par COVID-19, « certains États ont décidé de profiter des vulnérabilités mondiales causées par la pandémie pour concrétiser leurs menaces de longue date de recourir à la force », en violation flagrante de l’appel au cessez-le-feu mondial lancé par le secrétaire général, a regretté le représentant.

Le 27 septembre, a-t-il poursuivi, les forces armées d’Azerbaïdjan, « avec le soutien d’acteurs extérieurs et de combattants terroristes étrangers », ont lancé une attaque de grande envergure sur toute la ligne de contact avec le Haut-Karabakh.  « Des dizaines de civils ont été tués, et des centaines blessés », au cours de « l’agression azerbaïdjanaise en cours ».  Des colonies civiles et des infrastructures essentielles ont été détruites, entraînant ainsi de graves risques pour l’environnement, a-t-il poursuivi.  Tous les appels de la communauté internationale à cesser les hostilités et à s’engager en faveur de la paix sont « ouvertement rejetés par l’Azerbaïdjan », qui continue de mettre en danger des vies humaines et le droit au développement des peuples de la région, s’est indigné M. Grigoryan.

Le représentant a ensuite défendu le cas des pays en situation particulière.  Si la pandémie a eu des répercussions dans tous les coins du monde, les pays en situation particulière, tels que les pays en développement sans littoral, sont les plus sensibles aux chocs mondiaux.  Ils sont particulièrement exposés aux revers et aux conséquences disproportionnées des retombées de la pandémie, a-t-il déclaré.  À cet égard, l’Arménie attache une importance particulière à la mise en œuvre intégrale du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024.  L’adoption de la feuille de route pour la mise en œuvre accélérée de ce programme, le 25 septembre, a été une étape essentielle pour accélérer les efforts concertés de la communauté internationale, afin d’aider les pays concernés à atténuer les effets négatifs de la pandémie.  Enfin, le représentant a plaidé pour des efforts de redressement « inclusifs » afin de soutenir les pays en développement sans littoral, pour qu’ils enclenchent de nouveau la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a prôné un multilatéralisme plus robuste, conforme à la feuille de route du Secrétaire général, et souhaité en ce moment de crise que la Deuxième Commission soit à la hauteur de sa tâche.  Nous combattons une pandémie qui se trouve aussi être une occasion de reconstruire « mieux et en plus vert », a-t-il déclaré, ajoutant que « cette approche doit être axée sur l’être humain et prendre en compte les effets de la pandémie sur des populations différentes et pour beaucoup d’entre elles, vulnérables ».  Ce constat implique, selon lui, une action en leur faveur par l’investissement dans l’instruction, les services sociaux et une couverture santé universelle, sans oublier des efforts pour faire des vaccins et des médicaments des biens publics mondiaux.

Dans le contexte de la pandémie, le délégué ajoute que l’aide aux communautés locales est plus que jamais nécessaire et demeure la priorité de la Thaïlande en vertu de sa philosophie d’économie autosuffisante. « Cette crise nous conduit à revisiter le déséquilibre dans le rapport entre les humains et la nature, origine de ces maladies », a-t-il constaté, appelant à promouvoir une économie verte et circulaire, en conformité aux ODD afin de léguer une planète en bonne santé aux futures générations.  Le représentant a, en conclusion, souhaité que le Système des Nations Unies pour le développement continue à se montrer efficace et responsable, précisant le montant de la contribution de 500 000 dollars de la Thaïlande au fonds des Nations Unies pour la COVID.

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a rappelé l’impact drastique de la pandémie de COVID-19, qui pèse à la fois sur les économies et sur les populations les plus vulnérables, comme les femmes et les enfants, en provoquant une grave crise de développement.  Il a établi un parallèle avec une autre grave urgence: la crise climatique.  « Très peu d’événements dans l’Histoire de l’humanité ont mis en évidence de manière aussi claire les liens entre la santé des humains, la nature et les écosystèmes », a-t-il remarqué.

Selon le délégué, les changements climatiques ont un impact disproportionné sur les pays en développement et sur les populations vulnérables.  Il l’a interprété comme un besoin urgent de redresser les économies d’une manière « durable », « moins carbonée », afin d’atteindre les objectifs de résilience.  « La science nous ayant appris que nous n’avions que 10 ans pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre de 45% si nous voulions limiter le réchauffement de la planète de 1,5 degré seulement, nous ne pouvons pas revenir à ce que nous faisions auparavant, mais bien reconstruire nos économies de manière plus soutenable et inclusive », a tranché le délégué.  Jugeant cet état d’esprit essentiel pour rendre viable les objectifs du Programme 2030 et réduire les risques de catastrophe, la Colombie a réitéré son engagement en faveur du la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de la Convention sur la diversité biologique (CBD).

Le représentant colombien a enfin appelé à une approche multisectorielle pour sauvegarder les emplois ainsi que les exportations, cruciales pour le pays, et a espéré que l’examen quadriennal porte ses fruits.

M. SIDDHARTH MALIK (Inde) a relevé que la pandémie est une nouvelle incitation à poursuivre les efforts pour traduire en réalité les objectifs du Programme 2030, car « la COVID risque de détruire des décennies de progrès ».  Il s’est félicité de l’efficacité avec laquelle l’Inde a intégré les idéaux de 2030 dans ses objectifs nationaux, rappelant que 271 millions d’Indiens étaient sortis de la pauvreté en une décennie et que 400 millions de comptes en banques avaient été ouverts.  Le pays a aussi contribué à l’installation de 110 millions de toilettes et fourni une couverture santé d’une valeur de 7 000 dollars à un demi-milliard de citoyens.

Vantant diverses politiques environnementales de son pays, comme le plan de suppression des plastiques à usage unique avant 2022, le délégué a rappelé l’équilibre délicat que représente la gestion des productions des pays et affirmé que les considérations politiques et écologiques devaient être séparées.  Il a par ailleurs déploré que l’on revisite les exigences imposées aux pays développés en matière d’émissions de gaz à effet de serre et rappelé que son pays est aujourd’hui un leader dans le domaine des énergies renouvelables.  De plus, il a noté que tous les pays ne sont pas « dans le même sac » dans le domaine de la responsabilité face aux changements climatiques et que chaque État doit développer librement ses propres actions dans ce domaine. L’Inde, a insisté le délégué, a engagé un plan de relance économique de 300 milliards de dollars et fourni une aide médicale à 150 nations.  Son pays, l’un des leaders mondiaux pour la production de vaccin, a aussi contribué au fonds de l’ONU pour la COVID.  En conclusion, le délégué a marqué son souhait que la pandémie se révèle une occasion de « remettre les choses en ordre » dans les priorités de États Membres et des organisations internationales.

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a jugé le Programme 2030 ambitieux mais nécessaire pour les générations à venir.  Il a constaté des progrès, que la pandémie a stoppés net, avec 71 millions de personnes qui devraient retomber dans la pauvreté en 2020, le chômage qui augmente, des systèmes sanitaires et scolaires en effondrement, tandis que la crise climatique se poursuit et que l’humanité est trop passive.  La réalisation des ODD n’en devient que plus essentielle, a dit le délégué.  « D’ailleurs, si nous avions investi davantage dans des institutions plus transparentes, nous serions mieux préparés face à la pandémie. »  Le représentant a plaidé pour une croissance inclusive et un développement durable, qui sont des éléments importants pour lutter contre la COVID-19, tandis que des institutions fortes sont nécessaires pour prévenir les crises à venir.  Le délégué a soutenu l’appel du Secrétaire général à prévenir « l’érosion des institutions ».

Le représentant a axé le reste de son discours sur la lutte contre la traite des êtres humains, « déjà un des plus grands défis avant la COVID ».  Les auteurs restent impunis, la pandémie l’accentue, alors que de plus en plus de familles basculent dans la pauvreté, que les plus précaires sont à la merci de mariages forcés et de trafics d’enfants, a-t-il déploré.  Le Liechtenstein, qui a insisté sur la nécessité de lutter contre les flux financiers illicites liés à la traite des êtres humains, a développé des partenariats public-privé ainsi qu’une feuille de route préconisant un financement novateur et des prêts responsables pour lutter contre ces crimes.  «  Les flux financiers illicites tirés de la criminalité privent nos citoyens de ressources financières, sapent la primauté du droit et des institutions  », a conclu le représentant.

Mme OH HYUNJOO (République de Corée) a rappelé le rôle central du Programme 2030 et de l’Accord de Paris, « feuilles de route » pour sortir de la pandémie.  «  Le multilatéralisme fonctionne  », a-t-elle insisté, disant que son pays est déterminé à contribuer aux efforts de la Deuxième Commission pour reconstruire en mieux après la COVID-19.  « La réponse pour surmonter la COVID-19 réside dans la marche vers un monde plus inclusif par une action multilatérale », a formulé la déléguée, qui a défendu des actions coordonnées pour sauvegarder le libre-échange fondé sur le système commercial multilatéral de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  La République de Corée, pour sa part, s’est efforcée de « protéger les chaînes d’approvisionnement mondiales contre les perturbations » et de « faciliter la circulation transfrontalière essentielle des personnes », notamment des hommes d’affaires et des équipages maritimes.

Le « New Deal coréen  », plan national de relance, est basé sur un « New Deal numérique », un « New Deal vert » et des « filets de protection sociale » généreux, afin de rebâtir une économie moins riche en carbone et plus inclusive, a expliqué Mme Oh.  Elle a rappelé le rôle joué par son pays dans la célébration, le mois dernier, de la première Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus, dans plusieurs capitales du monde avec l’aide du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Elle a par ailleurs souligné que les partenariats multipartites doivent constituer une priorité transversale pour lutter contre la pandémie.  « Les efforts que nous avons déployés pour tester, tracer et traiter les cas de COVID-19 n’auraient pas été efficaces sans de solides partenariats avec le secteur privé. »  À ce titre, la déléguée a appelé à continuer à s’engager avec un large éventail d’acteurs, « notamment la société civile, les jeunes, le secteur privé, le secteur philanthropique, les médias et les universités ».

Enfin, concernant les réformes structurelles de l’ONU, la représentante a préconisé une approche renforcée à l’échelle du système, centrée sur des « conseils stratégiques intégrés  » pour « gérer les compromis  » et « créer des synergies  ».  Au niveau national, les coordonnateurs résidents devraient faciliter la cohérence des équipes de pays des Nations Unies et renforcer les liens entre les efforts humanitaires, de développement et de consolidation de la paix.

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a souligné que la COVID-19 avait montré à quel point nous sommes tous liés et en même temps mis en lumière les profondes disparités dans les pays et dans la communauté internationale.  La pandémie menace des décennies d’actions en faveur du développement économique, s’est-il inquiété.  Il a donc prôné une impulsion nouvelle pour protéger les acquis, tant du point de vue des changements climatiques, que de la santé et de l’insécurité alimentaire.

Le représentant a loué l’accent mis par l’Islande sur le concept de durabilité, clef de la croissance inclusive que connaît son pays, et décrit une politique étrangère qui prend en compte les changements climatiques, la réduction des inégalités des sexes, les personnes LGBTI et l’égalité d’accès à la santé.  Il a, de plus, mis en exergue la politique islandaise, lancée il y a plus d’un siècle, de restauration des terres, facteur d’un meilleur équilibre entre la nature et l’exploitation par les humains.  Il a aussi parlé des initiatives diverses de son pays en matière de lutte contre la désertification.  Enfin, le délégué a espéré que le nouvel examen quadriennal permettrait de combler les lacunes du précédent, exprimant l’intérêt de l’Islande pour la revitalisation en vue de la réalisation des objectifs du Programme 2030.

Selon Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan), la crise mondiale provoquée par la pandémie de COVID-19 a entraîné des changements fondamentaux dans le développement des États Membres, de nouvelles conditions qui exigent des mesures supplémentaires pour poursuivre la mise en œuvre des ODD.  Ces mesures, selon elle, devraient tout d’abord viser à poursuivre la promotion du financement du développement, devenu particulièrement pertinent à l’heure actuelle, et l’allégement de la dette des États Membres, en particulier celle des pays en développement.  La représentante a jugé encourageant que cette question reçoive l’attention nécessaire à la Deuxième Commission, ainsi que l’examen de la coopération internationale en matière de lutte contre la corruption, l’amélioration de la transparence financière et la restitution des avoirs transférés illégalement.  Élargir l’accès aux ressources financières nécessaires améliorera la situation des pays en développement, a-t-elle fait valoir en soulignant leurs besoins supplémentaires pour lutter contre la COVID-19.

Un autre domaine d’action important, selon la délégation, est le soutien au rétablissement des échanges commerciaux perturbés par la pandémie, surtout pour les pays en développement dont les économies dépendent non seulement des exportations mais aussi des importations de biens essentiels, notamment de médicaments.  Les États Membres sont maintenant obligés de dépenser des ressources importantes pour lutter contre l’épidémie de COVID-19, et continuent de faire face à la menace croissante des catastrophes naturelles.  Au niveau national, le Gouvernement kirghize applique systématiquement les principales dispositions du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes et continuera à soutenir les initiatives et résolutions pertinentes des Nations Unies, a affirmé la représentante.  Considérant que les catastrophes naturelles sont étroitement liées aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement, elle a enfin jugé important de « poursuivre le développement de la coopération internationale », afin de produire des solutions efficaces et durables dans ce domaine.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déploré les effets socioéconomiques de la pandémie, illustrés par des inégalités plus marquées encore dans l’accès à la santé et dans les conditions sociales.  L’occasion, à ses yeux, de mettre en pratique le multilatéralisme incarné par les Nations Unies et de lancer une véritable « alliance mondiale » pour lutter contre la pandémie.  « Le droit au développement appartient à tous », a-t-il affirmé, avant d’appeler les pays développés à, plus que jamais, remplir leurs responsabilités historiques en tenant leurs promesses d’aide à l’élimination de la pauvreté.  

Le représentant a loué les efforts du Nicaragua en ce domaine, en faisant état de la réduction de la pauvreté, passée de 40% en 2007 à 29% en 2017.  Il a aussi mentionné la mise en œuvre de la parité des sexes dans son pays, qu’il a décrite comme la meilleure au monde.  Mais il s’est aussi insurgé contre « les mesures coercitives unilatérales qui frappent nos peuples et constituent des crimes contre l’humanité nuisant gravement aux objectifs de 2030 ».

Il a, enfin, encouragé les pays développés à changer de cap et à contribuer véritablement au développement en soutenant la lutte contre les changements climatiques, les transferts de technologie et une utilisation responsable des ressources naturelles.  « Tous les États Membres doivent y contribuer », a-t-il conclu.

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a déclaré que la pandémie de COVID-19 aura ouvert des plaies béantes qui mettront certainement plusieurs années à panser.  Pour sortir de la pandémie et de ses conséquences dévastatrices, il ne faut pas perdre de vue le Programme 2030 qui doit être « le bréviaire de nos actions », a rappelé le délégué qui a demandé: comment assurer, dans la Décennie d’action pour atteindre les ODD, un relèvement socioéconomique durable après la pandémie afin que personne ne soit laissé pour compte? 

Pour y trouver réponse, a-t-il dit, il est impératif de s’atteler à trois priorités.  Premièrement, le financement du développement est une urgence.  Il faut, notamment, encourager les banques multilatérales de développement à soutenir de manière proactive les économies en développement.  Le financement du développement devra nécessairement intégrer le défi numérique et des solutions innovantes en faveur de l’environnement.  Deuxièmement, a poursuivi M. Niang, nous devons lutter vigoureusement contre les changements climatiques et protéger l’environnement.  L’action pour le climat et les solutions basées sur la nature doivent être renforcées dans les plans de relance.  À ce titre, a dit le représentant, le financement climatique est l’opportunité pour les pays en développement de privilégier des activités vertes.  Il a recommandé à cet égard que les pays développés fassent beaucoup d’efforts pour mobiliser les 100 milliards de dollars annuels promis à partir de 2020, a-t-il souligné.  Enfin, troisièmement, il faut renforcer la coopération et le multilatéralisme pour nous protéger des crises majeures, a encore suggéré le délégué.  

La COVID-19 a mis à nu nos vulnérabilités, a constaté le délégué.  « Individuellement, nous sommes tous faibles face à ce minuscule virus; mais unis, nous avons la force de le vaincre. »  De même, il a estimé que nous pouvons, par la coopération, relever tous les défis.  C’est tout le sens qu’il faut donner à la deuxième encyclique du pape François, parue dimanche dernier, appelant à « la fraternité universelle » et à « l’amitié sociale » pour construire un monde meilleur, a estimé le représentant du Sénégal.

Mme SUSAN WANGECI MWANGI (Kenya) a d’abord souligné le rôle important de la science, de la technologie et de l’innovation en tant que catalyseurs essentiels pour la réalisation du développement durable à tous les niveaux.  La pandémie actuelle a, en effet, démontré la nécessité urgente d’éliminer la fracture numérique alors que nous nous efforçons de ne laisser personne de côté, a constaté la représentante qui a appelé à une coopération internationale accrue par le transfert de technologies appropriées ainsi que par le renforcement des capacités.  Au Kenya, a indiqué la représentante, le Programme national de développement pour la période 2018-2022 a comme priorités de fournir des logements abordables et décents, de réaliser l’objectif de 100% de couverture sanitaire universelle et celui de la sécurité alimentaire pour tous les Kenyans.

La représentante a expliqué que le financement du programme de développement reste un défi et, à cet égard, elle a dit attendre avec impatience le dialogue de haut niveau sur le financement du Programme 2030 à l’ère de la COVID-2019 et au-delà.  Comme la pandémie a considérablement sapé les politiques budgétaires du pays et comme, par conséquent, la mobilisation des ressources intérieures a été interrompue, c’est l’occasion de donner un caractère formel au secteur informel et, par conséquent, d’élargir l’assiette fiscale, a estimé la représentante qui a, par ailleurs, réitéré l’urgence de réduire l’empreinte environnementale et de placer les gens et la nature au cœur de la reconstruction de « l’avenir que nous voulons ».  Enfin, elle a souligné l’importance d’une action collective pour le climat dans la quête du Kenya de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 45% au cours de la prochaine décennie et d’une émission nette « zéro » d’ici à 2050.

M. AHMED MAGDY MOHAMED RASHAD ABDELAAL (Égypte) a indiqué que son pays a placé le développement durable en tête des priorités de son programme national et entamé la mise en œuvre d’un programme ambitieux de réformes économiques, législatives et structurelles profondes, contribuant à des opportunités de travail décentes, à l’autonomisations des femmes et des filles égyptiennes et à une amélioration générale du cadre de vie des citoyens.  L’Égypte a d’ailleurs joué un rôle prépondérant dans la réforme des Nations Unies, s’est enorgueilli le représentant.

Concernant la macroéconomie, l’Égypte fonde de grands espoirs sur le projet de résolution renforçant les capacités des coordinateurs résidents, a dit le représentant, avant d’appeler les organisations internationales à honorer leurs engagements en matière d’aide au financement.  Il a aussi demandé aux pays du G20 de réduire le fardeau de la dette sur les pays africains, en raison des conséquences économiques de la pandémie.  Il a également encouragé toutes les opportunités permettant de réduire le fossé numérique et de favoriser le transfert des technologies.  Attachant une grande importance aux changements climatiques, qui affectent tous les aspects du développement des pays en développement, le représentant a appelé à une bonne gouvernance des cours d’eau transfrontaliers.  Enfin, affirmant le lien étroit entre biodiversité et changements climatiques, il a enfin réaffirmé sa disposition à coopérer pour progresser dans ces domaines.

M. ADISALEM DESTA TEKLU (Éthiopie) a dit que la panacée est de faire des progrès en matière de développement durable pour garantir le relèvement après la pandémie de COVID-19.  Le représentant a estimé que, pour y parvenir, le partenariat et la solidarité internationale s’imposent.  Les pays développés doivent fournir aux pays en développement des moyens de renforcement des capacités, a-t-il recommandé.  Il faut aussi, a ajouté le délégué, renforcer les capacités de remboursement des dettes des pays en développement et mobiliser des fonds pour que ces derniers puissent faire face aux chocs.

Pour l’Éthiopie, les changements climatiques sont un enjeu grave, a poursuivi le délégué.  Il a regretté que des pays se soient écartés des programmes internationaux sur les changements climatiques.  Avant de terminer, le représentant a insisté sur l’importance des équipes de pays des Nations Unies qui doivent être dotées de ressources nécessaires, surtout celles qui travaillent dans les pays en situation particulière qui ont besoin d’un climat propice pour mettre en œuvre leurs politiques nationales de développement.

Mme MONA JUUL (Norvège) a loué le système des Nations Unies pour le développement et les banques de développement.  L’accès à des sources plus flexibles de financement a permis au système de réagir plus efficacement, ce qui montre que nos efforts portent des fruits, selon elle.  « Hélas, la pandémie aura réduit à néant des années d’avancées. »  Près de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté, a en effet relevé Mme Juul en disant que « nous n’avons pas d’autre choix que de mettre à contribution le secteur privé, de maintenir l’aide publique au développement, de barrer la route aux flux financiers illicites, de régler les problèmes d’endettement croissant ».  Le moratoire de la dette ne doit être qu’une première étape en ce sens, a-t-elle précisé.

Les incidents liés aux changements climatiques frappent plus fort que jamais et portent atteinte à tous nos objectifs, a continué Mme Juul.  Or « il nous faut une planète en bonne santé pour parvenir aux ODD », a-t-elle mis en garde.  Elle a aussi parlé de la fracture numérique, qui risque d’être, selon elle, « la nouvelle inégalité criante de notre temps ».  La primauté du droit et l’égalité des sexes doivent être au cœur de nos initiatives, a-t-elle poursuivi.  Quant au système des Nations Unies, elle a plaidé pour qu’il soit renforcé.  Il faut que l’examen quadriennal garantisse la mise en œuvre des réformes.  Il faut que les coordonnateurs résidents puissent s’acquitter de leur rôle de dirigeant stratégique.  Il faut accroître la coopération dans les pays entre les différents acteurs, garantir une riposte coordonnée des États Membres dans le respect du Programme 2030, renforcer la prévention contre les chocs externes et la résilience contre les changements climatiques.  « L’ONU doit être une puissance fédératrice. »  Mme Juul a enfin demandé aux États Membres de fournir un financement prévisible, sans lequel l’ONU ne pourra fonctionner de manière soudée.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que la disponibilité de vaccin contre la COVID-19 devait être assurée à tous de manière équitable et durable.  Au Pakistan, a indiqué le représentant, le Gouvernement a investi dans la relance de l’économie et le relèvement après la pandémie.    Cependant, les efforts nationaux n’ont pas suffi, a-t-il averti.  Il faut des moyens supplémentaires pour donner une marge de manœuvre budgétaire aux pays pauvres, comme les allègements des dettes.  L’initiative du G20 d’un moratoire sur les dettes des pays en développement doit être prorogée d’un an et l’aide publique au développement doit être égale ou supérieure aux allègements des dettes obtenues, a réclamé le représentant.  Il a aussi suggéré l’octroi de prêts concessionnels, la création de 500 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) ainsi que la réaffectation des DTS non utilisés.

Le représentant a préconisé de restructurer les économies des pays en développement pour plus d’efficacité et d’égalité, avant de plaider pour un régime international fiscal juste.  Il faut aussi stopper les flux financiers illicites et investir dans les infrastructures publiques durables, selon le Pakistan.  Le représentant a aussi appelé à harmoniser les propriétés intellectuelles nécessaires pour réaliser les ODD et à numériser les économies des pays en développement.  Enfin, le délégué a préconisé la création d’une économie durable sans sacrifier la nature.

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a rappelé qu’avant le début de l’épidémie, l’économie mondiale avait connu une reprise au cours des deux dernières années et que le commerce mondial devait augmenter de 3%.  Mais avec l’effondrement lié à la COVID-19, qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de 2020, les pertes dans le commerce mondial pourraient s’élever à « environ 6 000 milliards de dollars, soit à peu près le double de la baisse du commerce pendant la crise financière de 2008  », selon le rapport du Secrétaire général.  Ces perturbations économiques et sociales causées par la pandémie, conjuguées à la fréquence accrue des catastrophes naturelles et à l’aggravation des inégalités de revenus au sein des pays et entre eux, menacent d’avoir de graves répercussions sur le programme de développement à long terme, à tous les niveaux, a prévenu le représentant.  En particulier dans les pays en développement et les groupes de pays vulnérables, qui dépendent fortement du commerce international comme moteur d’une croissance économique inclusive et de l’éradication de la pauvreté, ainsi qu’en tant que source essentielle de soutien au développement national et au Programme 2030.

La République démocratique populaire lao, comme de nombreux autres pays en situation particulière, fait tout son possible pour amortir les effets de la pandémie de COVID-19 et maintenir les progrès réalisés jusqu’à présent dans la mise en œuvre des ODD, tout en s’efforçant de sortir en douceur du statut de PMA dans les années à venir, a expliqué M. Vongnorkeo.  Il a cependant reconnu que la pandémie avait des conséquences immédiates et à long terme sur le développement socioéconomique national, et, surtout, sur les moyens de subsistance des populations, l’éradication de la pauvreté, la santé, l’éducation, les possibilités d’emploi et la protection sociale.  Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à garantir une réponse mondiale unie ainsi qu’un engagement renouvelé à soutenir le multilatéralisme.  Il a appelé à contenir conjointement la pandémie, à traiter son impact à long terme, tout en adoptant une « approche holistique » pour mieux reconstruire.  Pour cela, il a réclamé une évaluation de l’impact socioéconomique de la COVID-19, ainsi qu’un soutien technique et financier suffisant de la part des partenaires du développement, des entités du système des Nations Unies, des institutions financières internationales et d’autres parties prenantes.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a déploré que cinq ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon  2030, les objectifs de développement durable soient encore aussi lointains et entravés par la pandémie, qui va remettre en cause de nombreux acquis en matière d’élimination de la pauvreté, de la faim et des inégalités.  Elle va accentuer les différences entre nations, a-t-elle craint.  En même temps, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence que la volonté de renforcer le multilatéralisme et la solidarité entre nations, la coopération devant être mise en avant.

Pourtant la mise en œuvre du Programme 2030, de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai ne pourra progresser du fait des intérêts égoïstes de certaines nations, a regretté la déléguée.  Les exclusions économiques doivent être interrompues, a aussi réclamé la représentante, en plaidant pour des solutions immédiates qui respectent les intégrités des nations.  Elle a déploré que beaucoup de pays aient systématiquement violé les accords internationaux en matière de développement.  Il faut aussi renforcer le traitement spécial et différencié pour les pays en développement: la communauté internationale ne peut remettre ce problème à plus tard, a estimé la représentante.  Elle a également souhaité que l’Accord de Paris soit suivi, pour pouvoir préserver la planète.  Enfin, elle a rappelé que le peuple cubain est victime d’un « blocus financier illégal, immoral et injuste de la part des États-Unis », mais que cela ne l’empêche pas de s’atteler à mettre en œuvre le Programme 2030.

M. DAI BING (Chine) a estimé que « le Programme 2030 nous permettra de vaincre le virus ».  À condition, a-t-il précisé, de renforcer la coopération internationale et le multilatéralisme pour gagner la lutte contre la crise économique et renforcer la stabilité des marchés.  Le représentant a réitéré que le développement doit être la priorité de tous.  Il a donc demandé aux pays donateurs de respecter leurs engagements dans le cadre de l’Aide publique au développement.  Il faut en outre utiliser les DTS du FMI, alléger les dettes et atténuer les risques de crise de liquidités dans les pays en développement.  Le délégué de la Chine a également exigé une représentation accrue des pays en développement dans la gouvernance mondiale et l’industrie numérique.

La Chine, a informé le représentant, s’engage à fournir 2 milliards d’aide internationale dans les deux prochaines années.  Elle s’engage aussi à annuler la dette de pays africains cette année 2020 et à participer à l’initiative d’allègement de dettes du G20.  La Chine, qui a promis de parvenir à la neutralité carbone avant 2060, a donné 50 millions de dollars au plan de réaction à la COVID-19 et 50 millions de dollars pour la FAO, cette année, a encore indiqué le représentant.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a appelé à atténuer la faim dans le monde.  Le Brésil contribue à œuvrer en ce sens, a-t-il témoigné, en indiquant que le pays avait augmenté sa production alimentaire de 380% en 30 ans.  Seulement 30% de son territoire est dédié à l’agriculture, permettant, selon le représentant, de protéger l’Amazonie.  Il a signalé que le Code des forêts brésilien enjoint aux producteurs de protéger 80% des espèces natives sur leur sol.  L’agriculture brésilienne tend à être « propre », « non carbonée », a-t-il aussi assuré.

Le commerce international et l’accès aux carburants sont des problèmes délicats pour les pays en développement, a ensuite fait valoir le représentant, observant que les subventions massives ailleurs dans le monde nuisent aux exportations des pays en développement.  En ce qui concerne le bouquet énergétique brésilien, il est constitué à 40% d’énergies renouvelables, ce qui prouve qu’il y a des moyens pour contrer les changements climatiques.  Le représentant a conclu en appelant à trouver un équilibre entre production et soutenabilité.

Selon Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée), la réponse globale à ce défi mondial qu’est la pandémie de COVID-19 a révélé nos faiblesses et prouvé que nous avons un long chemin à parcourir avant que le véritable sens du multilatéralisme ne soit atteint.  Au moment où l’on met en place des mesures de précaution pour toute menace mondiale future, il faut commencer à travailler en coopération sur des questions fondamentales, a-t-elle recommandé.  S’agissant des engagements pris dans le cadre du Programme 2030, les réalisations jusqu’à présent n’ont pas été très prometteuses, a regretté la déléguée.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, la pandémie de COVID-19 menace d’inverser les gains réalisés et continue d’aggraver les inégalités déjà existantes entre les États et au sein des États.

Pour répondre à la crise actuelle, nous avons besoin d’un engagement accru envers nos actions et d’une solidarité sincère, a suggéré la délégation.  Elle a indiqué que son pays avait fait de modestes progrès, depuis son indépendance en 1991, et beaucoup restant à faire.  La priorité est accordée aux moins favorisés, aux populations rurales et aux personnes vulnérables.  De l’exploitation de l’eau à la reconstruction de ses infrastructures dévastées par la guerre, l’Érythrée a jeté les bases d’une croissance économique durable qui apporte une amélioration notable du niveau de vie de son peuple, a annoncé la représentante pour qui les effets socioéconomiques de la pandémie et l’invasion acridienne imminente dans la région obligent à redoubler d’efforts pour maintenir les progrès réalisés jusqu’à présent.

M. SOFIANE MIMOUNI (Algérie) a expliqué que l’Algérie avait mis sur pied un cadre national de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Le Programme 2030 sera bientôt incorporé aux lois financières et un cadre juridique sera élaboré par le biais d’une stratégie intégrée, a-t-il précisé.  Pour le représentant, la situation de la COVID-19 exige de veiller à ce qu’aucun pays ne soit marginalisé.  Il a notamment plaidé en faveur du renforcement de la coopération Sud-Sud, en précisant cependant qu’elle ne saurait se substituer à la coopération Nord-Sud.  Pour sa part, l’Algérie a intégré la coopération Sud-Sud dans sa stratégie de développement, a-t-il déclaré.

La question du financement du développement doit également être au cœur de nos travaux dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba, a poursuivi le représentant, soucieux de développer les liens économiques entre pays.  Concernant les activités opérationnelles de développement de l’ONU, l’Algérie soutient sans réserve les réformes du système opérationnel des Nations Unies pour le développement, a assuré le délégué, à l’approche de l’examen du nouveau système des coordonnateurs résidents.

M. OMAR HILALE (Maroc) a assuré que le Maroc restait engagé dans la réalisation du développement durable, aux plans régional et international.  Il a ajouté que le Maroc avait connu, au cours des deux dernières décennies, un développement sans précédent en termes d’infrastructures, de compétitivité et d’attractivité.  Plaidant pour des mesures volontaristes pour faire face aux défis sanitaires et socioéconomiques posés par la pandémie, il a indiqué que le Maroc avait versé 33,7 milliards de dirhams au fonds spécial de gestion des effets de la pandémie, grâce aux contributions volontaires de donateurs individuels ou de personnes morales publiques ou privées au bénéfice des petites entreprises, des personnes nouvellement au chômage et des plus vulnérables, des femmes et enfants ainsi que des travailleurs de l’économie informelle.  Le délégué a aussi indiqué que plus de 20 pays africains avaient bénéficié d’une aide médicale fournie par des entreprises marocaines, la coopération Sud-Sud étant un axe prioritaire de la politique marocaine.

Le délégué s’est aussi inquiété de la perturbation de la chaîne de valeur alimentaire, qui menace de pénurie alimentaire de nombreux pays dans les régions les plus défavorisées, notamment en Afrique.  Il a rappelé les efforts de son pays à l’ONU pour la promotion de la sécurité alimentaire dans les pays où les secteurs agricoles et alimentaires connaissent une crise.  Rappelant que les changements climatiques demeurent les plus graves menaces du XXIe siècle, le délégué a évoqué les efforts de son pays au niveau régional, tant du point de vue du développement social, de l’agriculture durable et de la conservation de la biodiversité que de l’accès à l’énergie.  Il a loué le rôle du Maroc dans la promotion d’un écotourisme durable, avant d’indiquer vouloir collaborer avec les délégations de la Deuxième Commission afin que cette dernière puisse capitaliser sur les expériences les plus réussies.

Pour M. SURENDRA THAPA (Népal), ces temps extraordinaires exigent des efforts extraordinaires de tous, et pour tous.  La Décennie d’action et de mise en œuvre du développement durable sera une décennie déterminante pour mieux construire l’après-COVID-19, a estimé le représentant.  Elle devra être une décennie qui permette d’en finir avec le modèle économique insoutenable actuel.  Les efforts nationaux doivent être complétés par des mesures internationales de soutien de même niveau, a suggéré le Népal qui a souligné la nécessité d’intensifier le soutien aux pays vulnérables pour faire face à la crise et pour la mise en œuvre accélérée du Programme 2030.  La situation exige le plein respect des engagements pris en matière d’aide publique au développement, a fait savoir le délégué.

Ce n’est pas le moment d’être complaisant, mais c’est le moment de s’engager pour la santé de la planète, pour l’avenir de l’humanité, a exhorté le Népal qui a voulu que dans la lutte contre les changements climatiques, les grands émetteurs intensifient leurs actions.  Le représentant a demandé une action forte et plus vigoureuse aux niveaux mondial et national, conformément à l’Accord de Paris.  Durant la pandémie de COVID-19, a constaté le délégué, la technologie numérique a émergé comme une bouée de sauvetage pour beaucoup de gens pendant ces périodes difficiles.  Toutefois, la fracture numérique a laissé loin derrière ceux qui sont les plus touchés.  Si cet écart dans l’accès à la technologie n’est pas comblé, les inégalités augmenteront encore, a prévenu le représentant.

M. FIRAS HASSAN JABBAR AL-KHAQANI (Iraq) a expliqué que son pays faisait face au terrorisme et à la baisse du prix du pétrole causant un déficit budgétaire en 2020 et les prochaines années.  En ce qui concerne le système des Nations Unies pour le développement, le représentant a demandé un déploiement géographique équitable des coordonnateurs résidents et des techniciens qui les épaulent, « lesquels doivent être recrutés localement ».

L’Iraq, a indiqué le délégué, attend avec intérêt le prochain Dialogue sur l’énergie organisé par le Département des affaires économiques et sociales.  C’est un secteur très important pour l’Iraq, a signalé le représentant qui a souligné l’importance de la transparence pendant les négociations avant le Dialogue.  Il a en outre exigé la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale sur l’énergie.  S’agissant de l’environnement, le représentant a dit être préoccupé par les conséquences des tempêtes de sable qui frappent son pays, notamment pour les secteurs de la santé publique, de la navigation aérienne, ainsi que pour la dégradation des sols.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a rappelé que prendre des mesures concrètes pour relever les défis de la COVID-19 est la tâche principale confiée à la Deuxième Commission.  Il est important que les gouvernements s’acquittent pleinement de leur responsabilité et de leur rôle en matière de développement économique, a avancé le délégué.  Chaque pays, a-t-il insisté, doit avoir son propre mode de développement conformément aux intérêts de sa population.  Ce qui est également important, a continué le représentant, c’est de créer un environnement favorable au développement économique des pays en développement.  À cette fin, des efforts conjoints devraient être faits, entre autres, pour établir des relations économiques internationales fondées sur des principes d’impartialité et d’avantages mutuels, a-t-il suggéré.  Les pays en développement ne se débarrasseront pas des lourds fardeaux de la dette extérieure et ne réaliseront pas une véritable coopération internationale dans le cadre des relations économiques internationales injustes actuelles, qui permettent des bénéfices économiques illimités conduisant à des modes de production et de consommation insoutenables, a jugé le délégué.  Il a refusé aussi de définir les droits de l’homme, la démocratie et la bonne gouvernance comme des conditions préalables au développement économique.

Il a poursuivi en plaidant pour que l’ONU joue un rôle central dans le dialogue et les négociations sur le développement économique.  Les résolutions des grandes conférences internationales doivent aussi être mises en œuvre, a plaidé le représentant qui a exigé une coopération accrue pour combattre la pandémie.  S’agissant de la situation dans son pays, le délégué a dit que « le peuple, lié comme un seul homme au camarade Kim Jong Un, s’engage dans la construction d’un État socialiste puissant, bravant de front toutes sortes de difficultés », notamment en intensifiant la construction de l’hôpital général de Pyongyang, un établissement de santé moderne pour le peuple.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission entame un programme de travail très « serré et ambitieux », malgré la réduction du temps de réunion en raison de la COVID-19

Soixante-quinzième session,
1re séance plénière – matin
AG/J/3614

La Sixième Commission entame un programme de travail très « serré et ambitieux », malgré la réduction du temps de réunion en raison de la COVID-19

À l’instar des autres grandes commissions de l’Assemblée générale de l’ONU, la Sixième Commission chargée des questions juridiques a entamé, ce matin, ses travaux sous la contrainte inédite de la pandémie COVID-19, dans le respect d’un strict protocole sanitaire pour les délégués sur place et avec une réduction significative du temps de réunion lors de cette session, soit trois à quatre réunions « en présentiel » par semaine.

Le programme de travail de la Commission demeure néanmoins « extrêmement serré et ambitieux », a déclaré son Président, M. Milenko E. Skoknic, du Chili.  Après avoir réglé des questions d’ordre procédural, la Commission a aussitôt commencé l’examen de son premier point à l’ordre du jour -les mesures visant à éliminer le terrorisme international- avec la prise de parole d’une quinzaine de délégations.

Le Président de la Commission a indiqué que 21 réunions en présentiel sont prévues pendant cette session, une majorité d’entre elles devant se tenir dans trois salles de conférence différentes pour respecter les mesures de distanciation sociale.  L’année dernière, la Commission avait adopté un programme de travail provisoire pour la présente session prévoyant la tenue de 36 réunions.

« Ces arrangements ont été pris pour une raison exceptionnelle et n’ont pas vocation à modifier le format des travaux de la Commission », a précisé le Président.  La Commission ne tiendra ainsi pas le débat très riche qu’elle a chaque année sur le rapport de la Commission du droit international.  La session de cette dernière a en effet été reportée à 2021, a précisé M. Skoknic, en ajoutant que les groupes de travail se tiendront de manière virtuelle.

Les délégués de la Fédération de Russie et de la Chine ont tenu à préciser que ces groupes virtuels devront être considérés comme informels et ont réclamé, compte tenu de la réduction du nombre de réunions, que les réunions physiques soient consacrées à l’examen des projets de résolution.  La dernière réunion de cette session de fond doit se tenir le 20 novembre prochain.

La Commission a élu par acclamation Mme Sarah Weiss Ma’udi, d’Israël, au poste de vice-président pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, qui était resté vacant.  Les délégués de l’Iran et de la République arabe syrienne ont pris la parole pour dénoncer l’élection d’une ressortissante « d’un pays méprisant le droit international ».  Cette élection ne vaut pas légitimation du régime israélien, a déclaré le délégué de l’Iran.  La déléguée du Cuba, s’exprimant au nom de la Fédération de Russie, de la Syrie et du Venezuela, a, quant à elle, dénoncé les refus d’octroi de visa du pays hôte à l’endroit de certains délégués.

La pandémie a été au cœur du débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Le délégué de la Norvège, au nom des pays nordiques, a ainsi rappelé que Daech et Al-Qaida ont tiré profit de la pandémie pour intensifier leur propagande et semer la méfiance envers les gouvernements.  Les activistes d’extrême droite se sont, quant à eux, montrés très efficaces dans l’utilisation du virus afin de propager leurs théories du complot, a-t-il dit.

« Les groupes terroristes continuent à exploiter la situation pour instiller la peur et la haine, entraver la cohésion sociale et radicaliser et recruter des membres », a déclaré Singapour, appuyé par le Népal.  Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), la représentante de l’Arabie saoudite, a, quant à elle, rejeté le ciblage des minorités musulmanes durant la pandémie de COVID-19 accusées à tort de transmission locale du virus. 

La pandémie et la récession qu’elle a provoquée apportent de nouveaux obstacles à la lutte contre le terrorisme car elles révèlent des fragilités existantes propices à ce même terrorisme, a appuyé le délégué du Cambodge, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il a indiqué que la maladie a eu de profondes conséquences sur les victimes du terrorisme, les services à ces dernières ayant été perturbés par l’allocation prioritaire des ressources à la crise sanitaire.

Face à cette situation inédite, la plupart des délégations ont jugé nécessaire de promouvoir une plus grande coopération internationale.  L’Union européenne a ainsi réclamé un effort spécifique pour évaluer l’influence potentielle de la pandémie sur les activités terroristes et anticiper à cette aune d’éventuelles actions ciblées.  Elle a privilégié une approche fondée sur les droits de l’homme pour prévenir et contrer l’extrémisme violent, « y compris sur Internet ».

Le représentant de l’Iran, qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a rejeté tout recours à la force ou menace d’user de la force par un État contre un de ses membres sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de poursuivre un objectif politique, y compris en les qualifiant directement ou indirectement d’États parrains du terrorisme. 

Il a aussi rejeté la préparation unilatérale de listes accusant des États d’apporter un appui aux terroristes, ce qui est selon lui une violation du droit international et une « forme de terrorisme politique et psychologique ».  Enfin, à l’instar du Honduras, l’Iran a demandé la tenue d’une conférence de haut niveau pour parachever le projet de convention générale de lutte contre le terrorisme international.

La Commission a également décidé de créer trois groupes de travail consacrés aux thèmes suivants: responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite; portée et application du principe de compétence universelle; et mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Ces trois groupes de travail seront présidés respectivement par M. Thabo Molefe (Afrique du Sud), M. Rodrigo Carazo (Costa-Rica) et M. Rohan Perera (Sri Lanka).

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 7 octobre 2020, à 15 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/75/176)

Déclarations

Le représentant de l’Iran, au nom du Mouvement des pays non alignés, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ainsi que les actes terroristes dans lesquels des États sont directement ou indirectement impliqués.  Il a rappelé que le terrorisme ne peut être assimilé à la lutte légitime des peuples vivant sous une occupation étrangère ou sous une domination coloniale pour exercer leur droit à l’autodétermination et se libérer.  « La brutalisation des peuples demeurant sous une occupation étrangère doit continuer à être dénoncée comme la forme la plus grave de terrorisme. »  Le délégué a rappelé que le terrorisme ne doit pas être associé à une religion, une civilisation, une nationalité ou un groupe ethnique.

Le Mouvement des pays non alignés rejette tout recours à la force ou menace d’user de la force par un État contre un de ses membres sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de poursuivre un objectif politique, y compris en les qualifiant directement ou indirectement d’États parrains du terrorisme.  Le Mouvement, a poursuivi le représentant.  Le Mouvement rejette aussi la préparation unilatérale de listes accusant des États d’apporter un appui aux terroristes, ce qui est une violation du droit international et une « forme de terrorisme politique et psychologique ».  Il s’est dit préoccupé par la menace grandissante posée par les combattants terroristes étrangers et a exhorté les États concernés à y remédier, y compris en mettant en œuvre leurs obligations internationales. 

Le délégué a souligné la nécessité de contrer la propagande terroriste en élaborant un cadre complet et international et en apportant une réponse à ses causes profondes.  Le Mouvement exhorte tous les États à respecter les droits humains dans la lutte contre le terrorisme.  Le délégué a souhaité l’achèvement d’une convention générale de lutte contre le terrorisme international, en notant les négociations au sein du Comité ad hoc établi par l’Assemblée générale le 17 décembre 1996.  « Nous appelons tous les États à coopérer pour régler les questions en suspens. »  Enfin, le représentant a souligné l’importance de la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

La représentante de l’Arabie saoudite, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, indépendamment des motivations et de l’identité de l’auteur et du lieu où il est perpétré.  Elle a réaffirmé la position de l’OCI à savoir que le terrorisme constitue une violation flagrante du droit international, notamment du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme, en particulier celui à la vie.  Les actes terroristes mettent en péril l’intégrité territoriale et la stabilité des États ainsi que la sécurité nationale, régionale et internationale.  Elle a également réitéré le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les États, en vertu de la Charte des Nations Unies.  Après avoir indiqué que le terrorisme ne saurait être associé à aucune religion, race, croyance, théologie, valeur, culture ou société, la représentante de l’OCI a fermement condamné « toute tentative visant à lier le terrorisme à l’islam pour des intérêts étroits ».  De telles tentatives, a-t-elle déploré, servent aux terroristes et constituent une apologie de la haine religieuse, de la discrimination et de l’hostilité envers les musulmans. 

La représentante a également rejeté le ciblage des minorités musulmanes durant la pandémie de COVID-19 en les blâmant pour la transmission locale du virus.  Elle a cité à cet égard le Secrétaire général pour qui « à mesure que la COVID-19 se propage, elle provoque un tsunami de fausses informations, de discours de haine, de boucs-émissaires et d’alarmisme ».  En conséquence, l’OCI réitère l’importance de la promotion du dialogue et de la coopération entre les religions, les cultures et les civilisations pour la paix et l’harmonie dans le monde.  Il faut en outre s’attaquer aux causes qui sous-tendent le terrorisme, notamment le recours illégal à la force, l’agression, l’occupation étrangère, les différends internationaux, ainsi que la marginalisation et l’aliénation politique.  Il faut surtout, a insisté la représentante, combattre tous les groupes et organisations terroristes, où qu’ils se trouvent. 

L’OCI prie aussi le Secrétaire général, en coopération avec les États Membres, de s’adresser aux mécanismes pertinents en vue d’élargir la portée des sanctions de la résolution 1267 (1999) du Conseil de sécurité en incluant des individus et entités associés à des groupes antimusulmans extrémistes racistes pour répondre efficacement à cette menace croissante du terrorisme.  Il est également essentiel d’améliorer la coopération et la coordination entre les États Membres pour des poursuites contre les auteurs d’actes terroristes, la prévention de tout financement, d’assistance ou d’armes à des groupes et organisations terroristes.  L’Organisation réitère la nécessité d’établir une distinction entre terrorisme et exercice légitime du droit des peuples à résister contre l’occupation étrangère. 

Enfin, la représentante a appelé à une mise à jour de la Stratégie antiterroriste mondiale qui est « un effort permanent et un document vivant » qui gagnerait à faire régulièrement l’objet d’un examen et à être mis en œuvre de manière équilibrée dans tous ses aspects.  Il faut, à cet égard, améliorer la capacité technique des États à travers l’accroissement de ressources pour les entités et départements de l’ONU chargés de cette tâche, et renforcer l’assistance technique bilatérale et le transfert technologique. 

Le représentant du Cambodge, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que la pandémie et la récession qu’elle a provoquée infligent de nouveaux obstacles à la lutte contre le terrorisme car elles révèlent des fragilités existantes et des conditions propices à ce même terrorisme.  La maladie a par ailleurs eu un profond impact sur les victimes du terrorisme, car les services à ces dernières ont été perturbés par l’allocation prioritaire des ressources à la crise sanitaire.  Il est donc nécessaire, selon le délégué, de promouvoir une plus grande coopération internationale dans ces deux domaines et de garantir la mise en place du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui bénéficie à l’économie et donc à la prise en compte des causes sous-jacentes de la violence.

De même, il est important, selon le représentant, de travailler à la coordination des politiques et au partage de l’information en particulier pour le contrôle aux frontières, sans oublier des efforts communs pour la lutte contre la propagation de l’extrémisme violent sur les réseaux sociaux.  La pandémie, a-t-il rappelé, a montré à quel point la désinformation se diffuse sur Internet, et combien les réseaux contribuent à la radicalisation.  Le représentant a insisté, en conclusion, sur l’engagement de l’ASEAN dans la lutte contre le terrorisme à travers la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme, ratifiée par 10 pays membres, et son Plan d’action pour prévenir et contrer la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent (2018-2025).  Le vingt-septième Forum régional de l’ASEAN, réuni le mois dernier, a mis en avant le travail des autorités locales qui collaborent avec les leaders féminins, religieux, culturels et éducatifs.  

La représentante de l’Union européenne (UE), au nom d’un groupe de pays, a souligné que l’Union poursuit une approche globale en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, cela dans le plein respect de l’état de droit et du droit international, en particulier du droit international des droits de l’homme, du droit humanitaire et du droit international des réfugiés.  Elle a attiré l’attention sur la nécessité d’agir de manière plus résolue pour lutter efficacement contre la radicalisation, les cellules dormantes, les terroristes agissant seuls et contre toutes les autres formes de terrorisme.  Pour l’UE, il convient tout autant de s’attaquer au financement du terrorisme par la voie du blanchiment d’argent, d’enrayer l’utilisation d’Internet et des technologies numériques à des fins terroristes ou encore d’empêcher l’accès à des substances chimiques et des explosifs pouvant être détournés à ces mêmes fins.  Par ailleurs, l’oratrice a attiré l’attention sur question de la réhabilitation et de la réintégration des combattants étrangers et de leurs familles. 

En outre, a poursuivi la représentante, l’impact de la pandémie de COVID-19 représentant un défi aux effets d’une ampleur sans précédent, un effort spécifique doit être consenti pour évaluer son influence potentielle sur les activités terroristes et anticiper à cette aune d’éventuelles actions ciblées.  Elle a privilégié une approche fondée sur les droits de l’homme pour prévenir et contrer l’extrémisme violent, « y compris sur Internet », la lutte contre le terrorisme ne devant jamais servir de prétexte à des violations des droits de l’homme. L’UE appelle à s’attaquer aux causes sous-jacentes du terrorisme et de l’extrémisme violent, en promouvant de moyens non violents pour répondre aux mécontentements politiques ou sociaux des populations.  En outre, nous devons accorder une attention particulière aux victimes dans la lutte contre le terrorisme et veiller à ce que leurs droits soient protégés, a ajouté la représentante. 

L’UE et ses États membres travaillent sur de nouveaux moyens de s’attaquer tant à la dimension intérieure qu’internationale de la menace terroriste, a ensuite indiqué la représentante.  Concernant les pays de l’espace européen, elle a cité l’échange optimisé d’informations, la prévention de l’exploitation d’Internet à des fins terroristes et le tarissement des ressources du financement du terrorisme.  Au niveau international, l’Union met l’accent sur le renforcement des capacités des pays et régions partenaires stratégiquement importants, la coopération judiciaire et le partage d’expertise en matière de contre-terrorisme.  Enfin, l’UE réitère l’engagement de ses membres à lutter contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent et au terrorisme dans un cadre multilatéral renforcé. 

Le représentant de la Norvège, au nom des pays nordiques, a déclaré que la pandémie a entravé les efforts internationaux contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Daech et Al-Qaida ont tiré profit de la pandémie pour renforcer leur propagande et semer la méfiance envers les gouvernements, a-t-il constaté, en se disant préoccupé par les attaques au Sahel.  « Les activistes d’extrême droite ont efficacement utilisé le virus pour propager leurs théories du complot et faire de nouvelles recrues. »  Notre réponse aux terroristes et extrémistes doit être la coopération mondiale, l’ONU jouant un rôle central, a dit le délégué.  Il a indiqué que les femmes jouent, d’une part, un rôle essentiel au sein des organisations terroristes mais que, d’autre part, elles sont cruciales pour contrer l’extrémisme violent en étant dotées des outils adéquats.  « Nous devons autonomiser les femmes pour les aider à créer des communautés stables et pacifiques, afin de mieux prévenir l’extrémisme violent.  »

Le représentant a indiqué que les jeunes jouent un rôle crucial dans la prévention de la radicalisation.  « Nous devons prendre en compte les perceptions qu’ont les jeunes de leurs propres griefs, puisqu’ils peuvent détenir les solutions à des défis clefs. »  Le délégué a souligné l’importance d’un examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies dès que les circonstances le permettront, cet examen ayant été reporté en raison de la pandémie.  « En attendant cet examen, les pays nordiques considèrent que cette stratégie doit continuer à reposer sur ses quatre piliers. »  Enfin, le délégué a rappelé que toutes les mesures antiterroristes doivent respecter le droit international et les droits de l’homme.

Le représentant de l’Inde a souligné que l’avancée des technologies a offert aux terroristes un accès à des ressources et des connaissances qui leur permettent de promouvoir leur idéologie.  Pour répondre à ce défi, a-t-il préconisé, il faut une coopération véritable en matière d’entraide judiciaire.  Il faut renforcer les contrôles aux frontières et la lutte contre les flux financiers illégaux qui nourrissent les réseaux et les activités terroristes.  À cette fin, le délégué a préconisé un renforcement de la coopération avec le Groupe d’action financière (GAFI), excellent instrument de lutte contre le blanchiment d’argent selon lui.

Le délégué a rappelé les propos du Premier Ministre indien devant l’Assemblée générale qui déclarait récemment que « nous avons évité une troisième guerre mondiale mais nous n’avons pas pu nous prémunir contre le terrorisme ni contre les bains de sang ».  L’Inde n’hésitera pas à agir, a-t-il ajouté.  Si l’ONU joue un rôle important dans la lutte contre le terrorisme, l’Organisation ne doit toutefois pas être utilisée pour justifier des pratiques inappropriées sous couvert de lutte contre la violence terroriste, a-t-il dit.  Ensuite, les victimes sont principalement des groupes vulnérables comme les femmes et les enfants, d’où la nécessité d’une convention internationale globale permettant de faire face à ce fléau.  Or l’ONU, a-t-il regretté, n’arrive pas à se mettre d’accord sur un tel instrument, qu’il est pourtant urgent de parachever. 

Il faut redoubler de vigilance en ces temps de pandémie, a averti la représentante de Singapour, car les groupes terroristes continuent à exploiter la situation pour instiller la peur et la haine, entraver la cohésion sociale et radicaliser et recruter des membres.  La représentante a expliqué que Singapour a adopté une stratégie antiterroriste globale et s’attache à améliorer les capacités de ses services de sécurité.  Reconnaissant le rôle important de l’opinion publique dans la lutte antiterroriste, Singapour a lancé en 2016 un mouvement visant à la mobilisation de ses citoyens pour prévenir et répondre aux attentats terroristes.  Dans sa lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, le pays dispose en outre d’un cadre équilibré de coordination entre les différents organismes publics, de partenariats public-privé, et d’un régime régulatoire assorti de sanctions sévères.  La loi sur le terrorisme a été amendée pour mieux s’attaquer aux délits de financement du terrorisme. 

Ensuite, la représentante a fait état de l’approche régionale en termes de coopération pour la défense et la sécurité grâce à des exercices conjoints comme les patrouilles du détroit de Sulu-Sulawesi et du détroit de Malacca.  Au niveau international, Singapour est partie à 15 accords internationaux de lutte contre le terrorisme, notamment au Protocole de Montréal de 2014, entré en vigueur cette année.  En conclusion, la représentante a regretté que les circonstances actuelles n’aient pas permis de procéder au septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale ni de tenir la deuxième Conférence de haut niveau des chefs d’agence antiterroriste des États Membres. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dénoncé le terrorisme perpétré par certains États visant des changements de régime dans d’autres pays.  Il a condamné les sanctions unilatérales prises par certains pays contre d’autres à des fins politiques et souligné la nécessité de mettre fin aux abus et à l’arbitraire de ces États dans la lutte antiterroriste. 

Le délégué a appelé à remédier aux causes profondes du terrorisme.  La RPDC est résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme et s’acquitte de ses obligations internationales, a-t-il assuré.  La RPDC a notamment rejoint la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  Enfin, il a déclaré que son pays œuvre à la stabilité de la péninsule coréenne.

Si la communauté mondiale a réussi à défaire des groupes et organisations terroristes, a constaté le représentant du Pakistan, d’autres groupes prolifèrent malheureusement.  Le Pakistan a perdu 75 000 vies et consenti un effort financier de milliards de dollars, a précisé le délégué.  Pour parvenir à l’élimination du terrorisme, il convient, en premier lieu d’établir une distinction claire entre ce fléau et l’occupation étrangère ou coloniale. 

La représentante de l’Argentine a salué la publication du rapport qui présente les bonnes pratiques et mesures adoptées par les États parties aux niveaux national et international en vue de l’élimination du terrorisme international.  Elle a encouragé une approche multidimensionnelle dans le combat contre le terrorisme, rappelant que son pays avait subi deux graves attentats à Buenos Aires, contre l’ambassade d’Israël, en 1992, puis contre le siège de l’Association des mutuelles israélites argentines (AMIA), en 1996.  Cette expérience a renforcé notre conviction qu’il importe de combattre le terrorisme dans le cadre de la primauté du droit et du respect des garanties fondamentales, notamment par une procédure équitable, a confié la représentante.  Selon elle, il faut recourir davantage à la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Elle a espéré que l’ONU facilitera l’établissement de plateformes d’échange de pratiques optimales comme la réunion sur la promotion de la coopération Sud-Sud dans la lutte antiterroriste et l’extrémisme violent, qui a eu lieu en novembre dernier à New York. 

L’Argentine a renforcé, quant à elle, sa législation relative aux droits et garanties de protection des victimes du terrorisme, afin de renforcer l’évaluation, l’assistance, la représentation juridique, ainsi que la protection et l’accès des victimes à la justice.  Elle a appuyé l’adoption d’une perspective paritaire dans tous les plans, stratégies et réponses nationales et internationales pour mieux traiter les besoins spécifiques des femmes et des filles affectées par le terrorisme, en garantissant le plein respect de leurs droits et l’accès à des services éducatifs et de santé intégrale de qualité.  Au plan régional, l’Argentine appuie les initiatives de renforcement des capacités et d’échange d’informations et de bonnes pratiques dans le cadre de la Commission interaméricaine contre le terrorisme de l’Organisation des États américains, a précisé la déléguée. 

Le représentant de la Colombie a affirmé qu’en matière de lutte contre le terrorisme, la victoire n’est pas possible sans l’application de mesures qui privilégient les droits de l’homme, le droit international humanitaire et l’état de droit.  Ajoutant que le terrorisme est une manifestation transnationale du crime organisé qui ne respecte aucune frontière nationale, il a insisté sur l’impact du multilatéralisme et de la coopération internationale pour lutter contre ce fléau et, a fortiori, sur la nécessité d’un renforcement de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. 

Selon le représentant, la communauté internationale doit concentrer ses efforts sur les pays où les organisations criminelles et les terroristes ont trouvé des sanctuaires, développé des réseaux délictueux et un ancrage territorial.  Ceci implique un travail essentiel contre le blanchiment des fonds qui servent autant au terrorisme, aux narcotrafiquants, au trafic de migrants qu’à l’extraction illégale de ressources minérales.  De même, le délégué a insisté sur le partage de l’expertise et de l’information, et sur la coopération judiciaire.

La représentante du Honduras a indiqué que rien ne justifie le terrorisme et appelé à la création d’espaces d’entente entre États et à la promotion d’une culture de paix.  La déléguée a demandé la tenue dans les meilleurs délais d’une conférence de haut niveau afin de parachever la convention générale sur le terrorisme.  La représentante du Honduras a insisté sur les liens entre groupes criminels et terroristes, véritable menace à la paix et à la sécurité internationale, et appelé à y remédier dans le droit fil des résolutions du Conseil de sécurité.  Enfin, elle a assuré de la pleine participation de son pays, membre fondateur de l’ONU, aux travaux de la Sixième Commission.

La représentante des Philippines a déclaré que la bataille de Marawi il y a trois ans, et à laquelle ont participé des combattants terroristes étrangers, avait instruit son pays qu’un cadre juridique efficace est essentiel.  Avec la loi antiterroriste de 2020, nous l’avons maintenant, a-t-elle dit, ajoutant que cette loi renforce notamment le cadre juridique en permettant aux autorités de poursuivre les combattants tout en respectant les droits et les libertés fondamentaux du peuple tels que consacrés par la Constitution.  La représentante a aussi souligné que l’application de cette loi respecte les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, ainsi que les principes de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Pour réussir véritablement à éradiquer les éléments terroristes, les poursuites, les opérations militaires et l’application de lois spécifiques ne sont pas suffisantes, a poursuivi la représentante, qui a appelé à s’attaquer aux causes profondes qui poussent les individus à rejoindre des groupes extrémistes violents.  À cet égard, elle a indiqué que l’adoption, l’année dernière, d’un plan d’action national sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent mobilise désormais, autour du Ministère de l’intérieur et des gouvernements locaux, des experts et les acteurs spécialisés de la société civile.  Ce partenariat permet de mieux lutter, dans le respect des droits des personnes, contre la diffusion de la propagande terroriste et d’aider durablement les victimes innocentes du terrorisme à réinsérer dans la vie des communautés.

Conscient des menaces qui pèsent sur l’économie touristique de son pays, particulièrement vulnérable face à l’extrémisme violent, le représentant des Maldives a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Pour cette raison, les Maldives ont adopté la loi sur la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme en 2014, et la loi sur la prévention du terrorisme en 2015, conduisant à la création du Centre national de lutte contre le terrorisme en 2016, a-t-il indiqué.  C’est une infraction pénale grave pour tout ressortissant des Maldives de voyager pour combattre dans des guerres sur un sol étranger, a-t-il également noté.

Le représentant a expliqué que les autorités de son pays luttent contre l’extrémisme dans le cadre d’une stratégie de prévention et en s’efforçant de construire une société plus harmonieuse et à même d’autonomiser les communautés.  À cet égard, il a plaidé en faveur d’un dialogue inclusif et d’un système éducatif ouvert pour faire échec aux rhétoriques haineuses, à la xénophobie et à l’intolérance.

Compte tenu de la nature interdépendante et évolutive du terrorisme, nous devons établir des partenariats solides pour contrer les menaces communes à notre sécurité, a-t-il encore dit, notant que le Gouvernement des Maldives travaille en étroite collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour renforcer les capacités et partager les meilleures pratiques dans la région.

Le représentant du Népal a dit que le terrorisme, à la différence d’un virus, est un danger qui naît dans la « psyché humaine », avant de dénoncer les « faux rêves » offerts par les groupes terroristes à certains jeunes fragiles.  Les terroristes ont tiré profit de la pandémie pour propager des discours antiétatiques.  Face à ce fléau, l’ONU doit être au cœur de tous nos efforts, a poursuivi le délégué.  Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et indiqué que le Népal est partie aux six instruments internationaux de lutte contre le terrorisme.

La protection des droits de l’homme est cruciale pour prévenir la radicalisation qui conduit au terrorisme, a insisté le représentant.  Il a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, telles que la marginalisation de certaines communautés.  Enfin, il a demandé un appui en vue du renforcement des capacités des pays en développement face au terrorisme.

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