L’Assemblée générale proclame le 27 décembre « Journée internationale de préparation aux épidémies »
L’Assemblée générale a proclamé, ce matin, le 27 décembre « Journée internationale de préparation aux épidémies » en adoptant sans mise aux voix une résolution qui fait part d’une vive inquiétude face aux effets dévastateurs qu’ont sur les vies humaines les grandes maladies infectieuses et les épidémies, telle la pandémie actuelle de maladie à coronavirus (COVID-19). Elle a également fait sienne, à l’issue d’un vote, une résolution qui prie la Fédération de Russie de retirer ses forces militaires de la Crimée.
Par la résolution proclamant la « Journée internationale de préparation aux épidémies », l’Assemblée générale dit notamment craindre que face aux crises sanitaires mondiales, les systèmes de santé, déjà surchargés, ne soient submergés, que les chaînes d’approvisionnement mondiale ne soient perturbées et que les moyens de subsistance des populations, notamment des femmes et des enfants, et les économies des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ne soient frappés de manière disproportionnée.
La COVID-19 n’est ni la première ni la dernière épidémie, a prévenu le Viet Nam. Et il n’est pas exclu qu’une nouvelle épidémie surgisse à tout moment et surpasse en intensité et en gravité les épidémies antérieures si aucune préparation n’est envisagée, a averti la délégation, qui a vu dans la proclamation de cette Journée un moyen important de rappeler à toutes les parties prenantes la nécessité d’avoir, en permanence, un plan de prévention.
Notant que la COVID-19 a déjà coûté la vie à 1,5 million de personnes et provoqué de graves conséquences socioéconomiques, le Président de l’Assemblée générale a appelé, de son côté, au renforcement de l’engagement et de l’action politiques, de la coopération multilatérale et de la solidarité en matière de soins de santé, y voyant des facteurs essentiels pour soutenir la reprise économique mondiale. M. Volkan Bozkir a également appelé les États Membres à soutenir l’initiative Vaccines4all en vue de garantir un accès juste et équitable aux vaccins et à accroître leurs investissements pour parvenir à une couverture sanitaire universelle afin de se préparer aux pires urgences sanitaires et d’établir les bases pour un meilleur avenir.
L’Assemblée générale a ensuite adopté sans mise aux voix une résolution intitulée « Le rôle de la politique de neutralité et son importance pour le maintien et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et le développement durable » avant de faire sien le texte par lequel elle prie la Fédération de Russie, en tant que Puissance occupante, de retirer « immédiatement, complètement et sans condition » ses forces militaires de la Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine.
En adoptant par 63 voix pour, 17 voix contre et 62 abstentions la résolution consacrée au « Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov », l’Assemblée générale condamne en outre l’exploitation par la Fédération de Russie d’entreprises d’armement ukrainiennes saisies en Crimée occupée, et lui demande de s’abstenir de tout acte visant à étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée.
Elle condamne également la construction et l’ouverture du pont du détroit de Kertch et du pont ferroviaire faisant parties du projet d’autoroute de Tavrida, qui relient la Fédération de Russie et la Crimée temporairement occupée, facilitant la poursuite de la militarisation de la Crimée et empêchant les navires d’une certaine taille d’accéder aux ports ukrainiens de la côte de la mer d’Azov.
La Fédération de Russie a décrié l’adoption d’une « résolution politisée » qui équivaudrait, à ses yeux, à donner une nouvelle drogue à un toxicomane au lieu de le soigner, reprochant à l’Assemblée générale d’adopter des résolutions « pleines d’illusions et de mensonges » et qualifiant de « honteuse » la tentative de l’Ukraine de « réécrire l’Histoire ».
Assurant que la résolution ne cherche « rien de moins » qu’à faire respecter l’ordre dans la zone de la mer d’Azov et des alentours, l’Ukraine a affirmé que la Fédération de Russie tente de prendre le contrôle des sites nucléaires, s’immisce dans le secteur de l’éducation et bloque la circulation maritime, tandis que la circulation de vaisseaux et aéronefs russes en mer Noire lui permet désormais d’atteindre des zones comme l’Afrique. La délégation ukrainienne s’est également préoccupée du fait que la Crimée demeure inaccessible à tout mécanisme de contrôle relevant des traités applicables, que ce soit par mer, terrestre ou aérien.
Gravement préoccupée par le fait que la Fédération de Russie transfère des systèmes d’armes hautement déstabilisateurs vers la Crimée, l’Union européenne a pour sa part appelé tous les États Membres à rester fermes dans leur politique de non-reconnaissance de « l’annexion illégale », notant que la militarisation de la péninsule par la Fédération de Russie a eu un impact négatif sur la situation sécuritaire dans l’ensemble de la région de la mer Noire.
L’Assemblée générale poursuivra ses travaux cet après-midi, à partir de 15 heures, en se prononçant sur les projets de résolution présentés par sa Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale.
SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Déclaration liminaire
M. VOZKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a déclaré que la tenue, la semaine dernière, de la session extraordinaire consacrée à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), fut l’occasion de renouveler l’engagement en faveur du multilatéralisme. La COVID-19 continuera d’être ma priorité, a-t-il assuré.
M. Bozkir a rappelé l’adoption, l’an dernier, de la Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle. Il est à présent temps que notre action soit à la hauteur de nos ambitions afin d’améliorer la santé et le bien-être de tous, a-t-il lancé. Il a notamment relevé que la moitié de la population mondiale, au moins, n’a pas une couverture complète des services de santé essentiels et que près de 800 millions de personnes dans le monde consacrent plus de 10% de leur budget à la santé. Durant la pandémie de COVID-19, a-t-il ajouté, les personnes les plus vulnérables qui n’étaient pas protégées par une couverture sanitaire universelle ont été les plus durement frappées.
La COVID-19 a déjà couté la vie à 1,5 million de personnes et provoqué de graves conséquences socioéconomiques, a-t-il enchaîné. C’est un coup de semonce qui appelle au renforcement de l’engagement et de l’action politiques, de la coopération multilatérale et de la solidarité en matière de soins de santé qui, a-t-il ajouté, sont essentiels pour soutenir la reprise économique mondiale et pour mieux reconstruire. Le Président de l’Assemblée générale a ensuite appelé l’ensemble des États Membres à soutenir l’initiative Vaccines4all et les efforts multilatéraux connexes, afin de garantir un accès juste et équitable aux vaccins. En outre, nous devons travailler ensemble pour garantir que tous les outils nécessaires, du diagnostic aux équipements préventifs, en passant par les traitements, soient mis à la disposition de tous ceux qui en ont besoin.
M. Bozkir a également encouragé les États Membres à accroître leurs investissements pour parvenir à une couverture sanitaire universelle, notamment pour appuyer les services antituberculeux, se préparer aux pires urgences sanitaires, et établir les bases pour un meilleur avenir.
Présentation et adoption de la résolution
Au nom du Canada, du Niger, du Royaume-Uni, de Saint-Vincent-et les Grenadines et du Sénégal, le Viet Nam a présenté le projet de résolution sur la Journée internationale de la préparation aux épidémies (A/75/L/18). Il a souligné qu’à ce jour, la pandémie de COVID-19 s’est propagée partout dans le monde, avec des répercussions dévastatrices sur la vie humaine. Ce n’est ni la première ni la dernière épidémie, a-t-il prévenu, en évoquant le VIH/sida, Ebola, le MERS, le SARS et le H1N1, entre autres. Il n’est pas exclu, a averti le Viet Nam, qu’une nouvelle épidémie surgisse à tout moment et surpasse en intensité et en gravité les épidémies antérieures, si aucune préparation n’est envisagée. Le Viet Nam a renvoyé à la Déclaration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU qui invite à une telle préparation. La pandémie nous a surpris mais elle doit nous alerter sur notre état de préparation.
Le Viet Nam a estimé en conséquence que la commémoration de la Journée internationale serait un moyen important de rappeler à toutes les parties prenantes la nécessité d’avoir, en permanence, un plan de prévention. Le projet de résolution souligne en outre qu’il est indispensable d’élever le degré de préparation pour une riposte plus rapide et plus adéquate à toute éventuelle épidémie. Le Viet Nam a précisé que, lors des négociations, les coauteurs de la résolution ont tenu compte des priorités de tous les États Membres. Le texte a d’ailleurs passé la procédure d’approbation tacite.
Adoptée sans vote, la résolution fait part d’une vive inquiétude face aux effets dévastateurs qu’ont sur les vies humaines les grandes maladies infectieuses et les épidémies, telle la pandémie actuelle de maladie à coronavirus (COVID-19), qui font des ravages en compromettant le développement social et économique à long terme. Dans ce texte, l’Assemblée générale dit craindre que face aux crises sanitaires mondiales, les systèmes de santé, déjà surchargés, ne soient submergés, que les chaînes d’approvisionnement mondiale ne soient perturbées et que les moyens de subsistance des populations, notamment des femmes et des enfants, et les économies des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ne soient frappés de manière disproportionnée.
Elle décide donc de proclamer le 27 décembre, Journée internationale de la préparation aux épidémies et invite l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à concourir à la célébration de ladite Journée, en collaboration avec les autres organisations concernées, dans le respect des dispositions de l’annexe de la résolution 1980/67 du Conseil économique et social (ECOSOC). L’Assemblée souligne que toutes les activités qui pourraient découler de l’application de la résolution devraient être financées au moyen de contributions volontaires.
Déclarations
M. MOHD HAFIZ BIN OTHMAN (Malaisie) a déclaré qu’il faut parfois savoir « penser petit », dans un monde surarmé, y compris en armes de destruction massive, et pourtant, non préparé à lutter contre cet « ennemi invisible ». Alors que la crise de COVID-19 « choque » le monde, les pays à faible revenu sont dans une position particulièrement difficile. Le représentant a estimé que les États doivent se préparer aux incertitudes et équiper leurs sociétés pour les rendre résilientes, et leurs systèmes de santé, pour qu’ils soient abordables et accessibles à tous. Une couverture sanitaire universelle efficace, et louée par l’OMS, a été mise en place en Malaisie dans les années 1990, a rappelé le représentant, en saluant ce « solide » filet de sécurité qui ouvre à tous l’accès aux soins de santé quelle que soit le pouvoir d’achat.
Mme HOE (Singapour) a souligné que des populations en bonne santé sont « indispensables » à la réalisation des objectifs de développement durable. La représentante a mis l’accent sur le lourd impact de la COVID-19 sur l’économie et la santé mentale, ce qui risque de réduire à néant les acquis en matière de développement durable. Les institutions multilatérales ont un rôle critique à jouer dans la coordination de la lutte contre la COVID-19, notamment pour une distribution équitable des vaccins et la réduction des risques. La représentante a indiqué que son pays a travaillé en étroite coopération au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour mettre en place un Conseil de coordination des urgences médicales et un Fonds d’affectation spéciale. Au niveau international, a poursuivi la représentante, nous nous efforçons d’appuyer la riposte à la pandémie, en plaidant pour un multilatéralisme renforcé dans la fabrication des vaccins. Singapour a en effet rejoint le Mécanisme COVAX.
Les pays en développement sont ceux qui paieront le prix le plus fort à cause de la pandémie, a déclaré M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) qui a jugé essentiel que ce fléau ne fasse pas oublier d’autres maladies transmissibles comme le sida, le paludisme ou la tuberculose. Le représentant a appelé à la fin de « la course irresponsable » aux mesures coercitives unilatérales. Cuba, a-t-il alerté, subit maintenant un renforcement « sans précédent » du blocus économique, financier et commercial imposé depuis des décennies, avec des déficits accumulés dans le secteur de la santé estimés à plus de 3 milliards de dollars. Nous n’avons pu, a précisé le représentant, nous fournir, comme nous aurions voulu, en médicaments, en équipements ou en pièces de rechange à cause de cette politique « injuste ». Le peuple cubain est privé de respirateurs, de masques et autres matériels médicaux indispensables dans les circonstances actuelles, sans compter l’incidence négative sur le personnel médical. Le représentant s’est tout de même enorgueilli que son pays ait pu déployer 39 équipes médicales pour aider d’autres pays, « convaincu que seules la solidarité et l’aide permettront de venir à bout d’une pandémie de ce genre ».
M. ASHISH SHARMA (Inde) a dit que son pays a adopté une approche holistique en matière de santé basée sur la prévention, dont la pratique du yoga et la bonne nutrition; et les soins de santé abordables, comme le Programme de santé universelle qui profite à 126 millions de personnes et encore le Programme d’assurance-maladie pour 500 millions de personnes. L’Inde s’est aussi attachée à améliorer les infrastructures de santé, y compris les facultés de médecins, sans oublier de mettre en place des interventions spécifiques comme le Programme de nutrition à l’intention des femmes vulnérables. La COVID-19, a poursuivi le représentant, a mis à jour les faiblesses des systèmes de santé qui doivent être comblées. Le monde entier, a-t-il insisté, doit mieux se préparer aux crises sanitaires, en améliorant par exemple les mécanismes existants comme la COVAX pour l’accès aux vaccins et en élaborant des stratégies sanitaires à long terme d’accès à des vaccins abordables. Pour y parvenir, a ajouté le délégué, les nouvelles technologies sont cruciales. L’Inde, a-t-il affirmé, a pris des mesures qui lui ont permis d’avoir une longueur d’avance s’agissant de la COVID-19.
Explication de position
Les États-Unis se sont dissociés des références à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui figurent dans la résolution. La délégation a également renvoyé à sa déclaration du 18 novembre pour ce qui est des références au Programme 2030.
PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉS
Présentation et adoption des résolutions
Le Turkménistan qui a présenté le projet de résolution intitulé « Le rôle de la politique de neutralité et son importance pour le maintien et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et le développement durable » (A/75/L.31) a rappelé qu’il a dûment soutenu l’appel à un cessez-le-feu immédiat que le Secrétaire général a lancé au mois de mars. Le Turkménistan a insisté sur la notion de « neutralité politique » et souligné le lien étroit entre paix et sécurité et développement durable. C’est la neutralité des États et leur expérience de la diplomatie préventive qui contribueront à renforcer la paix et la sécurité dans le monde, a estimé le Turkménistan. Il a attiré l’attention sur le fait que le projet de résolution parle des liens importants entre les aspects géoéconomiques de la neutralité politique. L’adoption de ce texte permettra d’élargir le concept de neutralité politique, dans une perspective de développement durable, a affirmé le Turkménistan.
Adoptée sans vote, la résolution invite le Secrétaire général à continuer de coopérer étroitement avec les États neutres aux fins de la mise en œuvre des principes de la diplomatie préventive et de leur application dans leurs activités de médiation. Elle recommande à tous les États Membres, aux organisations du système des Nations Unies et aux autres organisations internationales, régionales et sous-régionales de tirer parti, selon qu’il convient, de tout ce que peuvent apporter les États neutres et la médiation au règlement pacifique des différends et à la prévention et au règlement des conflits, dans le respect de la Charte des Nations Unies.
Dans ce texte, l’Assemblée générale se félicite de ce que le Gouvernement turkmène ait décidé d’accueillir une conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement, qui sera consacrée à la Journée internationale de la neutralité, célébrée le 12 décembre. Elle note avec satisfaction que le Gouvernement turkmène a pris également l’initiative de créer le « Groupe des Amis de la neutralité pour la paix, la sécurité et le développement durable ».
À son tour, l’Ukraine a présenté le projet de résolution sur le « Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov » (A/75/L.38-Rev.1). Elle a souligné que cette année, le texte porte essentiellement sur la militarisation progressive de la Crimée par la Fédération de Russie, ce qui sape la sécurité de la région et des alentours. La Crimée demeure inaccessible à tout mécanisme de contrôle relevant des traités applicables, que ce soit par mer, terrestre ou aérien, a alerté l’Ukraine. On voit affluer les armes, sans compter le fait que la Fédération de Russie tente désormais de prendre le contrôle des sites nucléaires, s’immisce dans le secteur de l’éducation et bloque la circulation maritime. À quelques jours du vingtième anniversaire du Mémorandum de Budapest, l’on assiste à l’agression de l’un des signataires, a accusé l’Ukraine, en prévenant les autres délégations que la Fédération de Russie dira évidemment le contraire. La vérité, a dit l’Ukraine, est que nous sommes devant une violation du Mémorandum et l’occupation de la Crimée par un État qui cherche à l’annexer.
Les vaisseaux et aéronefs russes circulent dans la mer Noire, ce qui permet à la Fédération de Russie d’atteindre désormais des zones comme l’Afrique. Le projet de résolution de cette année, a donc fait observer l’Ukraine, parle d’éléments importants comme la confiscation des entrepôts d’armes de la Crimée, l’afflux d’armes et l’exploitation illicite du territoire ukrainien. La résolution ne cherche rien de moins qu’à faire respecter l’ordre dans la zone de la mer d’Azov et des alentours.
Adoptée par 63 voix pour, 17 voix contre et 62 abstentions, la résolution prie la Fédération de Russie, Puissance occupante, de retirer immédiatement, complètement et sans condition ses forces militaires de Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine. Elle demande à tous les États Membres et aux organisations internationales compétentes de coopérer avec l’ONU afin de promouvoir et d’appuyer les efforts visant à mettre fin le plus rapidement possible à l’occupation russe de la Crimée et de s’abstenir de tout acte ou de tout rapport avec la Fédération de Russie concernant la Crimée qui seraient incompatibles avec cet objectif.
Dans ce texte, l’Assemblée générale soutient les engagements et les mesures concertées pris par la communauté internationale, notamment dans le cadre des dispositifs internationaux relatifs à la Crimée, pour faire face aux difficultés nouvelles que cause la militarisation progressive de la Crimée, laquelle compromet la sécurité et la stabilité dans la région et au-delà. Elle souligne que la présence de troupes russes en Crimée porte atteinte à la souveraineté nationale, à l’indépendance politique et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et compromet la sécurité et la stabilité des pays voisins et de la région européenne. L’Assemblée générale condamne l’exploitation par la Fédération de Russie d’entreprises d’armement ukrainiennes saisies en Crimée occupée, et demande à ce pays de s’abstenir de tout acte visant à étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée. Elle condamne en outre les visites de responsables russes en Crimée temporairement occupée, y compris dans le cadre d’exercices militaires, de défilés militaires et d’autres activités.
Elle demande à la Fédération de Russie de s’abstenir d’ouvrir des établissements d’enseignement dans lesquels un entraînement au combat serait dispensé aux enfants criméens dans le but déclaré de les préparer à servir dans les forces armées russes, de s’abstenir d'instaurer des séances d'entraînement au combat dans les écoles de Crimée et de cesser de s’employer à intégrer officiellement les établissements d’enseignement de Crimée dans son système d’éducation « militaro-patriotique ».
Elle demande à la Fédération de Russie de s’abstenir de mener en Crimée et dans certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov des activités illicites d’ordre militaire qui ne feraient qu’exacerber les tensions dans la région et au-delà. L’Assemblée condamne également le fait que la Fédération de Russie construise des navires de guerre dans la Crimée temporairement occupée, ce qui contribue encore davantage à la concentration de forces et constitue une menace pour la sécurité et la stabilité dans la région.
L’Assemblée générale condamne aussi la construction et l’ouverture par la Fédération de Russie du pont du détroit de Kertch et du pont ferroviaire faisant partie du projet d’autoroute de Tavrida, qui relient la Fédération de Russie et la Crimée temporairement occupée, facilitant la poursuite de la militarisation de la Crimée et empêchant les navires d’une certaine taille d’accéder aux ports ukrainiens de la côte de la mer d’Azov.
Explications de position ou de vote
La République arabe syrienne a annoncé qu’elle voterait contre la résolution L.38. Sa position se résume au fait de sa volonté de « s’opposer à la politisation de l’Assemblée générale » et à « respecter la Charte ».
La Fédération de Russie a, elle aussi, indiqué qu’elle votera contre la « résolution politisée de l’Ukraine » et a dénoncé un « spectacle » de la part de l’Ukraine, affirmant que les résidents de la presqu’île ont déjà mis en œuvre leurs droits à l’autodétermination. Aucune consultation sur ce texte n’a été réalisée, « comme d’habitude », a ironisé la Russie, et l’absence de tentatives de l’Ukraine d’expliquer les événements récents a été dénoncée par les Criméens eux-mêmes. Elle a accusé « les autorités de Maidan » de répandre de fausses informations sur les réseaux sociaux. Le « virus de Maidan » c’est-à-dire la rhétorique antirusse de l’Ukraine, est un virus « peut-être encore pire que la COVID-19 », a lancé la délégation.
« Plus tôt l’Ukraine reconnaîtra qu’il sera impossible de faire revenir la Crimée dans son giron sans l’appui des Criméens eux-mêmes, et mieux cela vaudra », a ajouté le représentant russe, après avoir appelé à voter contre le texte.
L’Azerbaïdjan a appuyé la souveraineté territoriale de l’Ukraine. Le strict respect des normes de souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance est essentiel pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a souligné la délégation.
Le Danemark, au nom du Groupe des pays nordiques, s’est dit préoccupé par les transferts d’armes opérés par la Fédération de Russie en Crimée, ainsi que par la détérioration des droits fondamentaux en Crimée. Il a condamné la conscription forcée des jeunes criméens et a demandé à la Russie de retirer ses forces militaires de la Crimée et de mettre immédiatement fin à son occupation temporaire du territoire de l’Ukraine.
Le Royaume-Uni a pleinement appuyé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et jugé que les agissements de la Russie continuent de mettre à mal l’ordre international. La délégation a relevé que la militarisation de la Crimée passe, entre autres, par le transfert de personnel militaire de la Russie vers le territoire ukrainien, le transport d’aéronefs et l’envoi des forces criméennes vers le territoire russe. Elle a également rappelé la saisie par la force de trois navires ukrainiens, signalant en outre que la Russie continue d’alimenter le conflit ukrainien grâce à l’assistance et à la force qu’elle apporte dans d’autres régions de l’Ukraine. Cela est inacceptable, a-t-elle affirmé.
Singapour a souligné qu’en tant que petit État, elle a toujours appuyé les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence. La délégation a pris bonne note des amendements dans la résolution tout en exprimant des réserves sur certains libellés.
Les États-Unis ont déclaré que, près de sept ans après le début de l’occupation de la péninsule de Crimée par la Russie, la militarisation du territoire est une menace pour tous. Ils ne reconnaîtront jamais l’annexion de la Crimée, par la Russie, qui appartient à l’Ukraine.
Le Bélarus a jugé de nouveau inacceptable de présenter des résolutions devant l’Assemblée générale à des seules fins de politique: « cela n’aide en rien à régler les conflits ». À ses yeux, le texte L.38/Rev.1 est un cas d’espèce qui ne fait qu’attiser les tensions et amoindrir les chances de trouver une issue au conflit. Aucune consultation n’a été tenue durant l’élaboration du document et les consultations de Minsk n’y sont pas mentionnées, a regretté le Bélarus qui a fait part de son intention de continuer d’appuyer le dialogue.
L’Indonésie a appuyé le principe de non-ingérence et souligné l’importance du dialogue entre les États concernés. Elle s’est abstenue de voter, car elle est consciente du fait que certains éléments du texte risquent de saper un environnement propice au dialogue. Elle a appelé à la communauté internationale à appuyer les efforts consentis par toutes les parties prenantes pour reprendre le dialogue.
L’Iran a estimé que cette résolution n’aurait pas dû être examinée à l’Assemblée générale car elle risque d’exacerber les différends. La délégation a souligné l’importance du dialogue et fait part de son appui à toute solution pacifique à ce différend.
L’Algérie a indiqué s’être abstenue, déplorant la présentation d’une résolution déséquilibrée et rédigée sans aucune consultation entre les parties pour parvenir à un libellé consensuel. Elle ne fait que mettre à mal les mécanismes déjà agréés par les parties, a dit la délégation qui a préconisé un dialogue direct et des négociations entre les parties pour résoudre ce différend.
Déclarations
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a indiqué que le « régime de Maidan » va réussir à recevoir un appui de plus « contraire au bon sens et à la logique ». Alors que l’Ukraine s’entête à multiplier les résolutions, pensons plutôt aux populations ukrainiennes qui continuent de souffrir, a préconisé le représentant. Malgré leurs efforts géopolitiques, les dirigeants ukrainiens n’arrivent à rien mais « le feu de Maiden » est « bien pratique pour les Occidentaux ». L’adoption de cette résolution, a commenté le représentant, équivaut à donner une nouvelle drogue à un toxicomane au lieu de le soigner. Il a renvoyé au discours que l’Ukraine a prononcé lors de la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, lequel a « choqué » toutes les républiques de l’ex-Union soviétique. C’était, s’est désolé le représentant, un discours méprisant et « très douloureux ». Il a affirmé que les vétérans ukrainiens, qui ont sacrifié leur sang dans la lutte contre Hitler, « savent bien de quoi on parle ». Le représentant a jugé bon de présenter ses excuses aux centaines de milliers de Juifs ukrainiens et aux vétérans de la France et d’autres pays. Il n’a pas manqué de reprocher à l’Assemblée générale d’adopter des résolutions « pleines d’illusions et de mensonges ». Pensez-y lorsque vous adopterez d’autres textes antirusses qui sont en fait tout aussi anti-ukrainiens, a lancé le représentant.
Voilà une déclaration « sans substance », a commenté M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), en présentant une motion d’ordre. Être critiqué par un représentant de la Fédération de Russie est en fait « un honneur », a-t-il ironisé. S’exprimant en russe, il a relevé que la Fédération de Russie ne respecte même pas les déclarations de son propre Président, qui avait dûment condamné les pactes passés entre Staline et Hitler. Voilà qui confirme à quel point Moscou s’écarte des faits et des réalités historiques.
M. SILVIO GONZATO, délégation de l’Union européenne (UE), a réitéré que l’UE ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Fédération de Russie. Les actes posés par la Fédération de Russie sont en violation flagrante du droit international et des principes clefs de l’ordre international, a accusé le délégué. Ce sont des violations des engagements internationaux et bilatéraux de la Fédération de Russie et des principes de sécurité et de stabilité régionales européennes, consacrés par l’Acte final d’Helsinki et la Charte de Paris, textes fondateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il s’agit aussi, a ajouté le représentant, d’une violation du Mémorandum de Budapest de 1994.
M. Gonzato a rappelé que le soi-disant référendum organisé par la Fédération de Russie sur la péninsule, en mars 2014, n’a aucune validité juridique. Il constitue une violation de la Constitution ukrainienne et ne peut donc servir de base à la modification du statut de la Crimée et de Sébastopol. L’Union européenne, a dit son représentant, appelle tous les États Membres à rester fermes dans leur politique de non-reconnaissance de l’annexion illégale, conformément à la résolution 68/262 de l’Assemblée générale.
Il a ajouté que, depuis cette annexion illégale, la militarisation de la péninsule par la Fédération de Russie a eu un impact négatif sur la situation sécuritaire dans l’ensemble de la région de la mer Noire. La construction du pont du détroit de Kertch sans le consentement de l’Ukraine et le régime d’inspection arbitraire qui a suivi limitent la navigation vers et à partir des ports ukrainiens, avec des conséquences économiques négatives pour l’économie et les ports en mer d’Azov. L’UE, a souligné son représentant, est gravement préoccupée par le fait que la Fédération de Russie transfère des systèmes d’armes hautement déstabilisateurs vers la Crimée et déploie des militaires dans le territoire de l’Ukraine. La citoyenneté russe et la conscription obligatoire dans les forces armées de la Fédération de Russie ont été imposées aux résidents de la Crimée en violation du droit international humanitaire, a encore dénoncé M. Gonzato.
Comme l’UE l’a demandé à maintes reprises, et comme l’indique également la résolution 74/17 de décembre 2019, il est crucial que la Fédération de Russie retire ses forces militaires de Crimée et mette fin sans délai à son annexion illégale, a demandé le délégué, qui a appelé tous les États Membres à coopérer avec l’ONU pour encourager et soutenir les efforts en ce sens et à s’abstenir de tout commerce avec la Fédération de Russie qui pourrait être considéré comme une reconnaissance « implicite de cette violation du droit international ». Le représentant a exhorté la Fédération de Russie à garantir un accès sûr, inconditionnel et sans entrave à tous les mécanismes internationaux de surveillance, y compris la mission spéciale d’observation de l’OSCE en République autonome de Crimée « annexée illégalement » et à la ville de Sébastopol.
Droit de réponse
« La vérité de l’Histoire a été oubliée », a déploré la Fédération de Russie, en justifiant le pacte Molotov-Ribbentrop comme « nécessaire pour préserver la paix ». Elle a qualifié de « honteuse » la tentative de l’Ukraine de « réécrire l’Histoire » et lui a demandé d’arrêter, sous peine de « le regretter à l’avenir ».