En cours au Siège de l'ONU

8862e séance – matin
CS/14639

Afghanistan: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MANUA et demande aux parties afghanes d’assurer la sécurité du personnel de l’ONU

Le Conseil de sécurité a décidé aujourd’hui de proroger le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) jusqu’au 17 mars 2022.  Par la résolution 2596 (2021) (document à paraître S/RES/2596(2021)), adoptée à l’unanimité de ses membres, le Conseil demande par ailleurs à toutes les parties afghanes et internationales d’assurer « la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé dans tout le pays ». 

Le Conseil prie en outre le Secrétaire général de lui présenter un rapport écrit, d’ici au 31  janvier 2022, sur les recommandations stratégiques et opérationnelles relatives au mandat de la MANUA, « compte tenu des récents événements survenus dans les domaines politique, social et de la sécurité ».  Le Secrétaire général informera le Conseil de la situation en Afghanistan et des activités de la MANUA tous les deux mois, jusqu’au 17 mars 2022. 

Dans le préambule de la résolution, le Conseil souligne en outre l’importance en Afghanistan de la mise en place d’un gouvernement « inclusif et représentatif », de la participation « pleine, égale et effective » des femmes et du respect des droits humains, « notamment en ce qui concerne les femmes, les enfants et les membres des minorités ». 

Dans leurs explications de vote, plusieurs délégations, dont celles du Mexique et de l’Irlande, ont appelé au respect des droits des femmes en « ces temps troublés » que connaît l’Afghanistan.  « Les Taliban seront jugés à l’aune de leurs actes, non pas de leurs discours », a notamment déclaré la déléguée du Royaume-Uni.

Explications de votes

« En adoptant cette résolution à l’unanimité, le Conseil a envoyé un signal d’unité », a déclaré la déléguée de la Norvège, au nom de l’Estonie, tous deux porte-plumes de ce texte.  Elle a estimé que ce texte est un « pas en avant vital » pour l’ONU et souligné la nécessité d’accompagner la population afghane. 

La représentante des États-Unis a estimé que ce texte constitue un « pas en avant essentiel », en rappelant que l’ONU travaille en Afghanistan depuis 1948.  « Nous montrons par ce texte que nous sommes attachés au rôle vital de l’ONU dans ce pays. »  Mentionnant la détérioration des conditions sécuritaires dans le pays, elle a exhorté l’ONU à protéger le personnel national travaillant pour elle. 

La représentante de la Fédération de Russie a espéré que le personnel onusien évacué d’Afghanistan pourra retourner rapidement à Kaboul, avant de saluer la volonté des autorités afghanes de coopérer avec l’ONU et de garantir la sécurité de son personnel.  Elle a déploré que la version finale du texte ne comprenne pas une évaluation objective de la menace posée par l’EIIL, ainsi que du défi posé par le trafic de stupéfiants.  « Il est inadmissible de minimiser ces défis. »

Le délégué du Mexique a regretté que la question du respect scrupuleux des droits humains, en particulier ceux des femmes, ne figure pas dans la résolution. Il a en outre souhaité que le rapport précité du Secrétaire général sur les recommandations relatives à la MANUA ménage une large place à cette question cruciale des droits des femmes et des filles. 

La déléguée du Royaume-Uni a souligné la situation très difficile en Afghanistan et exhorté les Taliban à respecter les engagements qu’ils ont pris à Doha.  Le pays ne doit plus être un sanctuaire pour les terroristes.  Elle a aussi affirmé que les Taliban seront jugés à « l’aune de leurs actes, non pas de leurs discours », avant de dénoncer les représailles menées par ces derniers contre le personnel de l’ONU.  

Le délégué de la Chine a dit que le pays est engagé dans une « transition du chaos vers la stabilité », avant de dénoncer le « retrait hâtif » des États-Unis et de leurs alliés qui a créé de « nouvelles difficultés ».  Alors que le risque terroriste est « bien connu » dans le pays, il a espéré que les nouveaux dirigeants afghans rompront tout lien avec les groupes terroristes.  Enfin, il a estimé que les sanctions unilatérales et le gel des avoirs afghans aggravent les difficultés que connaît le pays. 

Tout en reconnaissant que la résolution n’évoque pas tous les défis qui se posent au pays « en ces temps troublés », la représentante de l’Irlande a souligné que l’Afghanistan doit respecter toutes ses obligations en vertu du droit international et garantir un accès humanitaire sans entraves.  Elle a également insisté sur la nécessité de faire respecter les droits des Afghans, notamment des femmes. 

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