À l’Assemblée générale, les États africains, mis à rude épreuve par la pandémie, plaident pour un accès équitable aux vaccins et au développement durable
La pandémie de COVID-19 a changé pour toujours la nature de notre engagement multilatéral, a résumé le Président de la République sud-africaine, M. Cyril Ramaphosa, à l’ouverture du troisième jour du débat annuel de l’Assemblée générale. Cette pandémie a réduit à néant dans certains pays, notamment du continent africain, des années de progrès en matière de développement et creuse les inégalités préexistantes. C’est pourquoi la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) est aujourd’hui plus essentielle que jamais, se sont accordés à dire une majorité d’intervenants.
Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Afrique n’a reçu que 2% des doses mondiales de vaccin. « Apartheid vaccinal » et « iniquité vaccinale », ont dénoncé les Présidents de la Namibie, M. Hage Geingob, et du Botswana, M. Mokgweetsi Masisi, qui ont demandé un accès universel aux vaccins anti-COVID-19, tandis que leurs homologues du Zimbabwe et de l’Ouganda, MM. Emmerson Mnangagwa et Yoweri Museveni, appelaient à la fin du « nationalisme vaccinal ».
« Nous ne pouvons pas nous permettre de nous réfugier derrière la COVID-19 comme excuse pour ne pas faire suffisamment de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable », a enchaîné la Présidente de la Tanzanie, Mme Samia Suluhu Hassan, seule intervenante féminine de la journée. « La pandémie a révélé les faiblesses et vulnérabilités de nos économies ainsi que de nos systèmes de santé, nous contraignant aujourd’hui à penser autrement nos modèles de développement afin de les rendre plus résilients », a reconnu le dirigeant du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba. Afin de renforcer la résilience par l’espoir, a plaidé son homologue du Libéria, M. George Weah, il faut continuer à appuyer les sociétés vulnérables et les pays en développement, en particulier les moins avancés.
Dans l’ensemble, la pandémie n’a pas affecté la dynamique sous-jacente des conflits armés, mais elle a pu créer de nouvelles zones de tension. La situation sécuritaire au Sahel a continué d’inquiéter les dirigeants du Burkina Faso, M. Roch Marc Christian Kaboré, et du Tchad, M. Mahamat Idriss Déby Itno, qui ont tous deux demandé au Conseil de sécurité de placer le mandat de la Force conjointe du G5 Sahel sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
Si M. Déby Itno a affirmé que le Tchad est engagé dans une transition politique, la Libye, par la voix du Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale, M. Mohamed Younis Menfi, a confié qu’elle traversait une étape critique, « voire fatidique »: soit elle réussit sa transition démocratique par la tenue d’élections libres, équitables, transparentes et acceptables, en décembre prochain, soit elle échoue et renoue avec la division et le conflit armé.
Pour sa part, le leader angolais, M. João Lourenço, a reproché à la communauté internationale sa léthargie face aux « changements d’ordre institutionnel qui se produisent fréquemment par l’usage de la force militaire dans les pays africains », « comme nous l’avons vu au Mali et, plus récemment, en Guinée ».
Ailleurs, en Europe, les Présidents du Monténégro et de la Macédoine du Nord, MM. Milo Đukanović et Stevo Pendarovski, ont signalé que les aspirations européennes des pays des Balkans occidentaux se heurtent à de sérieux défis. Le dirigeant monténégrin a évoqué « des théories destructrices qui prétendent que, du fait de son retard, cette région ne peut pas vivre comme une communauté multiethnique et multiconfessionnelle ». En outre, face à « une vague migratoire potentiellement nouvelle et plus forte », il a appelé à une réponse globale à la crise des réfugiés et des migrants et à un partage équitable des responsabilités. Son homologue de la Macédoine du Nord a rappelé à ce sujet que son pays était prêt à accueillir des réfugiés afghans.
Pendant ce temps fort de la diplomatie multilatérale qu’est le débat général de l’Assemblée, l’action climatique est un sujet récurrent, notamment dans les interventions des petits États insulaires. Ainsi le Président de la Micronésie, M. David Panuelo, s’est-il inquiété des « jours sombres » qui se profilent si une action urgente n’est pas entreprise face aux changements climatiques. Les États ne peuvent plus se permettre de savoir s’ils sont étiquetés « développés » ou « en développement »: tout le monde a un rôle à jouer, a-t-il souligné, appuyé par son homologue de Nauru, M. Lionel Aingimea. Concrètement, le Chef d’État de Kiribati, M. Taneti Maamau, a attiré l’attention sur l’importance vitale, pour son pays, de sécuriser les limites de ses frontières maritimes face à la montée du niveau des eaux.
Toujours sur cette thématique, le Président iraquien, M. Barham Salih a reconnu que son pays traverse des moments difficiles avec la désertification et la rareté des ressources en eau. Mais le pays peut être « un point de rencontre environnementale des États du Moyen-Orient », a-t-il espéré.
L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, vendredi 24 septembre, à partir de 9 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
La pandémie de COVID-19 a changé pour toujours la nature de notre engagement multilatéral, a affirmé M. CYRIL RAMAPHOSA, Président de la République sud-africaine, à l’entame de son message préenregistré. Citant les ravages causés par l’épidémie, le Chef de l’État a souligné que les liens forts de solidarité entre les États avaient permis de surmonter les plus grands défis. Mais si les vaccins sont considérés comme la meilleure manière de se défendre, il est très inquiétant que la communauté internationale n’ait pas respecté les principes de solidarité et de coopération pour en assurer un accès équitable, a dénoncé M. Ramaphosa. Il a rappelé que 82% des doses de vaccin mondiales ont été obtenues par des pays riches alors que moins d’1% ont été attribuées aux pays à faible revenu. Dans ce contexte, il a lancé un appel à une distribution juste et équitable. Le Président a ensuite plaidé en faveur d’une levée temporaire de certaines clauses de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, afin de permettre à davantage de pays de produire des vaccins contre la COVID-19.
M. Ramaphosa a ensuite appelé à augmenter les investissements pour donner aux pays à faible revenu les moyens de mettre en place les objectifs de développement durable (ODD), dans un contexte de pandémie. Il en a profité pour saluer l’initiative du gel de la dette du G20. Quant à l’allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) d’un montant de 650 milliards de dollars, elle est significative mais non suffisante, a tranché le Président. « L’Afrique du Sud renouvelle son appel pour que 25% de la somme soit mise à la disposition du continent africain. »
Sur le sujet des changements climatiques, le Président a souligné que « les pays africains sont parmi ceux qui en paient les plus grands frais alors qu’ils en sont le moins responsables ». Il a donc appelé à plus d’ambition et de progrès pour le sommet de la COP26 prévu à Glasgow. La COP26 doit lancer un programme formel de travail pour mettre en œuvre l’objectif mondial sur l’adaptation, a-t-il réclamé.
Expliquant que la pandémie avait rappelé notre dépendance mutuelle, M. Ramaphosa a plaidé en faveur d’un approfondissement des relations entre l’ONU et l’Union africaine (UA). L’Afrique du Sud va continuer ses efforts pour contribuer à la paix mondiale et à la sécurité, a-t-il promis. Il a ensuite évoqué la question de Palestine: « Nous croyons profondément qu’il n’y aura ni paix ni justice tant que le peuple palestinien ne sera pas libéré de l’occupation et capable d’exercer ses droits. ». Le Sahara occidental a le droit à l’autodétermination, a ensuite déclaré le Président de l’Afrique du Sud. Il a enfin affirmé sa solidarité avec le peuple cubain et a appelé à la levée de l’embargo économique.
Le Président sud-africain a aussi regretté que, 16 ans après le Sommet mondial de 2005, où les leaders du monde entier se sont mis d’accord sur une réforme du Conseil de sécurité, « nous n’avons pas respecté cet engagement ». L’Afrique du Sud renouvelle son appel pour une réforme urgente et des négociations directes sur un texte, a-t-il lancé, espérant ainsi qu’un accord puisse finalement être conclu. « Nous devons remédier au problème de la sous-représentation du continent africain dans le système de l’ONU et s’assurer que la voix du continent soit renforcée au sein du système multilatéral. » Le Président a également attiré l’attention sur l’importance de la question de la parité entre les genres au sein de l’ONU.
Hier, nous avons célébré le vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, a rappelé M. Ramaphosa. « Nous avons une responsabilité commune pour combattre à la fois l’héritage du racisme passé et sa manifestation de nos jours. » Citant les défis de la reprise économique, de l’égalité des genres, des changements climatiques, de la paix, de la sécurité, et de la pauvreté, M. Ramaphosa a fait valoir que ces questions pourront être réglées seulement grâce à un système multilatéral réformé, avec en son centre l’ONU.
M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président de la République du Guyana, a relevé que les peuples du monde vivent sous « un nuage d’incertitude » du fait des ravages de la COVID-19 et des changements climatiques, dont les capacités de destruction augmentent chaque jour. La pandémie a joué un rôle de révélateur, mettant en évidence les faiblesses du système international et encourageant les nationalismes et « les intérêts nationaux égoïstes », a-t-il noté avec pessimisme. La pandémie a aussi saccagé le Programme de développement durable à l’horizon 2030: « les acquis en termes de développement ont été annulés, la pauvreté s’est étendue et les inégalités se sont creusées ». Il a rappelé l’appel du Gouvernement guyanais à augmenter les ressources à disposition des États en fonction de leurs vulnérabilités et pas seulement sur la base du niveau de revenu par habitant, qualifié d’« instrument de mesure trompeur ». Faute de quoi, la croissance des pays en développement ne sera pas rétablie et les politiques économiques et sociales ne seront pas réalignées sur le Programme 2030, a prévenu M. Ali.
Ces répercussions seront également ressenties par les pays riches, le virus ne connaissant pas de frontières, et « ceux qui, au début de la pandémie, se sont concentrés sur leur sécurité, comprennent maintenant qu’ils ne seront pas en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », a noté le Président. À cet égard, il a salué la tenue d’un sommet sur la COVID-19 organisé par le Président des États-Unis, sommet ayant abouti à des engagements en faveur d’une action mondiale conjointe ainsi qu’à l’allocation de ressources supplémentaires. M. Ali s’est aussi félicité qu’en début de mois, les dirigeants du FMI, de la Banque mondiale, de l’OMS et de l’OMC aient rencontré les dirigeants de grands laboratoires privés pour discuter des stratégies visant à améliorer l’accès aux vaccins dans les pays à faible revenu et en Afrique.
Concernant la lutte contre les changements climatiques, le dirigeant guyanais a émis l’espoir que « les pires émetteurs de gaz à effet de serre », menaçant le bien-être de l’humanité, se rendent compte qu’au bout du compte, il ne leur servirait pas à grand-chose d’être « les rois d’un monde de poussière ». Arguant qu’il y reste « moins de 5% de chances de maintenir les températures bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et moins de 1% de chances d’atteindre l’objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris », il a déploré que les pays pollueurs n’aient pas encore tenu parole et que « la méfiance règne dans l’air désormais ». Les petits États insulaires et les pays côtiers de faible élévation, comme le Guyana, seraient les premiers à en subir de plein fouet les effets, a-t-il craint.
Le Président a fait valoir que le Guyana est un pays absorbeur de carbone: ses forêts en absorbent bien plus que n’en produit l’activité humaine. « Dans ces circonstances, nous estimons avoir le droit d’insister sur un système équitable de partage des charges », a pointé M. Ali.
Le Président du Guyana a enfin porté l’attention de l’Assemblée sur « un contentieux territorial l’opposant à la République bolivarienne du Venezuela » et sur « les menaces manifestes et continues que le Venezuela fait peser sur l’intégrité territoriale et la souveraineté du Guyana ». Récemment, a-t-il indiqué, un accord a été conclu à Mexico entre les factions en conflit au Venezuela: « elles y ont renouvelé une revendication sans fondement sur les deux tiers du territoire du Guyana ». « Le Guyana ne sera pas sacrifié pour régler les différends politiques internes du Venezuela », a fermement prévenu son président. Il a rappelé que dans un accord signé à Genève en 1966, le Venezuela avait consenti à laisser le Secrétaire général de l’ONU décider des moyens de régler la controverse. Le Secrétaire général avait choisi la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il souligné, appelant dès lors les deux parties à s’en tenir à la décision finale de la Cour.
M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président de la République du Botswana, a relevé que l’histoire regorge d’exemples de grandes choses qui peuvent être accomplies lorsque l’espoir est préféré à la peur et au désespoir. Notre grande Organisation, qui a été fondée après la dévastatrice Seconde Guerre mondiale, est en soi un produit et une manifestation d’espoir. Même au milieu de la pire pandémie depuis un siècle, nos actions devraient être motivées par la conviction que les choses peuvent et iront mieux, a-t-il souhaité. Étant donné que la science a livré les vaccins, il a jugé qu’il est maintenant temps que les dirigeants mondiaux, guidés par les idéaux de la Charte des Nations Unies, veillent à ce que cette ressource vitale soit distribuée équitablement. Selon lui, une campagne mondiale de vaccination pourrait contenir la propagation de ce virus mortel et de ses variants les plus transmissibles. C’est pour cette raison que le Botswana partage la frustration de beaucoup et soutient fermement l’appel à ce que les vaccins soient traités comme un bien public mondial, a-t-il dit. N’oublions pas qu’un variant quelque part est un variant partout, a-t-il rappelé. Il a affirmé que son gouvernement a accordé la priorité à la protection de sa population en achetant des vaccins contre la COVID-19. Mais le pays est confronté à des problèmes logistiques d’approvisionnement qui entravent ses plans de vaccination, a-t-il regretté, déplorant cette « iniquité vaccinale qui est le vrai problème et le reflet des faiblesses inhérentes à notre système multilatéral ». Pour y remédier, il a préconisé le partage et le transfert de connaissances et la renonciation aux droits de propriété intellectuelle sur la production de vaccins.
Dans la perspective de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), le Président du Botswana a estimé que tout n’est pas perdu. Pour lui, si nous appuyons sur le bouton de réinitialisation et réaffirmons notre attachement aux idéaux multilatéraux, nous pourrons accélérer la mise en œuvre des ODD au cours de cette Décennie d’action. Le financement, le commerce, la technologie et la viabilité de la dette sont quelques-unes des conditions préalables pour atteindre les objectifs, a-t-il analysé. Dans la perspective de la reconstruction post-COVID et dans un contexte de plus en plus interdépendant, M. Masisi a prévenu que la trajectoire de développement du Botswana est inextricablement liée à celle du reste du monde. « Aujourd’hui plus que jamais, le multilatéralisme, la coopération internationale et la solidarité mondiale sont impératifs. » Il incombe donc à l’Assemblée générale, en tant que principal organe délibérant, décisionnel et représentatif de l’ONU, de lutter pour un monde meilleur, a-t-il lancé. « Un monde où aucun pays n’est laissé pour compte dans la réalisation des 17 objectifs mondiaux. » Le Président a dit espérer que les leçons tirées de cette pandémie permettront aux Nations Unies de trouver des moyens innovants de renforcer la collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales, pour assurer la préparation aux futures pandémies et épidémies.
Alors que la dernière décennie avait déjà été la plus chaude de notre planète, le Président a relevé que, ces derniers mois, des températures record et d’autres incidents provoqués par les changements climatiques signalent « un réel danger de réchauffement planétaire accru ». « J’aimerais encore croire que nous pouvons éviter que la situation ne s’aggrave et apporter des solutions innovantes. » Il a terminé en insistant sur la revitalisation et le renforcement de l’action et de la coordination entre les principaux organes des Nations Unies, avant de plaider pour la réforme du Conseil de sécurité, appelant à faire fi de nos différences, afin de ne pas laisser ce chantier aux générations futures.
« Nous vivons une époque incertaine », a constaté M. MIGUEL MARIO DÍAZ-CANEL BERMÚDEZ, Président de Cuba, dans un message vidéo préenregistré, observant que, sous l’effet d’une pandémie qui exacerbe les inégalités structurelles, le rôle du multilatéralisme et des Nations Unies est devenu de plus en plus important. Pourtant, a-t-il regretté, la coopération internationale reste insuffisante et l’application de « recettes néolibérales » a réduit les capacités des États à répondre aux besoins de leurs populations. De fait, les plus vulnérables sont laissés sans protection, tandis que les nations riches, les élites et les sociétés pharmaceutiques transnationales augmentent leurs profits. Il est donc « moralement urgent », selon lui, de conjuguer les efforts pour le bien de l’humanité, a fortiori quand des centaines de millions de personnes dans les pays à faible revenu attendent toujours leur première dose de vaccin contre la COVID-19. Pendant ce temps, a-t-il dénoncé, les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2020 près de 2 000 milliards de dollars. Combien de vies auraient pu être sauvées si ces ressources avaient été utilisées pour la santé ou la production et la distribution de vaccins? À ses yeux, la réponse à cette question passe par la transformation d’un ordre international « profondément inégal ». Une ONU « revitalisée, démocratisée et renforcée » est appelée à jouer un rôle central dans cet effort, a plaidé le Président cubain.
M. Díaz-Canel Bermúdez s’est ensuite élevé contre « l’abus pernicieux » des mesures de coercition économique, qui sont devenues un instrument central de la politique étrangère des États-Unis. Par ce biais, le Gouvernement de ce pays fait pression sur des États souverains pour qu’ils agissent contre ceux qu’il identifie comme des adversaires. Il exige de ses alliés qu’ils forment des coalitions pour renverser les gouvernements légitimes, enfreindre les engagements commerciaux, interdire certaines technologies et appliquer des mesures judiciaires injustifiées contre les citoyens des pays qui ne s’y soumettent pas. Bref, a-t-il pointé, nous assistons aujourd’hui à des pratiques politiques inacceptables dans le contexte international, qui vont à l’encontre de l’engagement universel de respecter la Charte des Nations Unies, y compris le droit souverain à l’autodétermination.
Depuis plus de 60 ans, le Gouvernement des États-Unis n’a cessé d’attaquer Cuba, a poursuivi M. Diaz-Canel Bermúdez, estimant qu’en ces temps de pandémie, une telle agressivité « dépasse les limites ». Alors que le blocus le plus long jamais appliqué contre une nation est exacerbé par cette crise, l’administration démocrate actuelle maintient en vigueur les 243 mesures de coercition adoptées par le Gouvernement de Donald Trump, y compris l’incorporation de Cuba à la liste « fallacieuse et immorale » des pays qui parrainent le terrorisme, a-t-il souligné, fustigeant les campagnes de manipulation et de mensonges menées par les États-Unis pour renvoyer une image fausse de la réalité cubaine, déstabiliser le pays et justifier un changement de régime. « Nos ennemis doivent savoir que nous ne renoncerons jamais à la patrie et à la Révolution que plusieurs générations de patriotes nous ont léguées », a averti le Président cubain. Dans ce contexte, les défis colossaux ne nous intimident pas, a-t-il assuré, rappelant que son pays, fidèle à sa tradition de solidarité, a envoyé plus de 4 900 collaborateurs, organisés en 57 brigades médicales, dans 40 pays et territoires touchés par la COVID-19. Ces mêmes personnes se sont portées au secours du peuple haïtien après le récent tremblement de terre, s’est-il enorgueilli, se disant également fier de la communauté scientifique cubaine qui, malgré d’énormes lacunes, a créé trois vaccins et deux candidats vaccins contre la COVID-19. Nous aspirons à immuniser totalement la population d’ici fin 2021, a-t-il précisé.
Affirmant par ailleurs soutenir l’aspiration à l’indépendance totale de la région d’Amérique latine et des Caraïbes et son engagement à être une zone de paix, le Chef d’État a dit s’opposer aux tentatives de déstabilisation et de subversion de l’ordre constitutionnel au Venezuela. De même, a-t-il ajouté, nous réitérons notre ferme soutien au « peuple frère nicaraguayen » et à son gouvernement de réconciliation et d’unité nationale, tout comme nous accompagnons les nations des Caraïbes dans leurs demandes de justes réparations pour les horreurs de l’esclavage et de la traite négrière. Le Président cubain s’est d’autre part prononcé pour l’indépendance de Porto Rico, tout en appuyant les revendications de l’Argentine sur les « îles Malvinas ». Il a aussi exigé la cessation des ingérences extérieures en Syrie, appelé à la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens et condamné les mesures coercitives unilatérales imposées à la République islamique d’Iran et à la République populaire démocratique de Corée. Enfin, il a jugé que les Nations Unies « ne peuvent ignorer la leçon de l’Afghanistan », laquelle a démontré que « là où les États-Unis interviennent, l’instabilité, les décès et les souffrances augmentent, et il y a des cicatrices durables ».
M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, notant que la lutte contre la COVID-19 et ses variants se poursuit, a estimé que les efforts combinés, sans distinction entre riches et pauvres, sont la seule voie à suivre pour un retour complet à la vie normale. Le Président s’est dit choqué par la disparité entre certaines nations et d’autres en ce qui concerne la disponibilité des vaccins. « Ces disparités permettent d’administrer des troisièmes doses, dans certains cas, alors que, dans d’autres cas, comme en Afrique, la grande majorité de la population n’a même pas reçu la première dose. » À son avis, le vaccin contre la COVID-19 doit être reconnu comme un bien pour toute l’humanité, avec un accès universel. La pandémie a eu un fort impact sur la vie économique et sociale de l’Angola, a déploré M. Lourenço, même si le Gouvernement a pu agir pour maintenir les niveaux de contagion dans les limites de la capacité de réponse de ses structures de santé. Aujourd’hui, a-t-il fait valoir, nous devons engager une réflexion profonde pour trouver des solutions pérennes pouvant servir de base à la reconstruction de nos économies.
Le dirigeant a rappelé que l’Angola avait déployé des efforts considérables pour contribuer à la paix et à la stabilité en Afrique centrale, dans la région des Grands Lacs et dans d’autres parties du continent. Notre sensibilité vis-à-vis des questions de paix et de guerre est le résultat de notre long conflit interne, ce qui nous donne une perspective claire sur l’importance de rechercher des solutions aux différends par le dialogue et la compréhension entre les parties en conflit, a-t-il témoigné. M. Lourenço s’est dit préoccupé par « les changements d’ordre institutionnel qui se produisent fréquemment par l’usage de la force militaire dans les pays africains ». Il a estimé que ces actes inconstitutionnels n’ont pas suscité une réaction suffisante de la part de la communauté internationale pour décourager de telles actions, « comme nous l’avons vu au Mali et, plus récemment, en Guinée ». « Nous ne pouvons pas continuer à laisser des exemples récents, comme celui de la Guinée et d’autres, réussir en Afrique et sur d’autres continents. C'est une belle occasion pour les chefs d’État et de gouvernement réunis ici de réclamer, d’une seule voix, la libération immédiate et inconditionnelle du Président de la République de Guinée, le professeur Alpha Condé », a-t-il insisté.
Le Président angolais s’est également inquiété des menaces à la paix et à la sécurité mondiales résultant des actions de groupes extrémistes dans le Sahel africain, en République démocratique du Congo, au Mozambique et dans d’autres parties du monde. Malheureusement, a-t-il regretté, nous assistons à un retour à l’utilisation de mercenaires, avec le recrutement de professionnels sans armée, qui sont payés pour tuer, déstabiliser des pays et évincer des politiciens et des régimes « démocratiquement élus mais gênants ». Ce phénomène était autrefois fermement condamné et combattu mais, malheureusement, il est maintenant encouragé et alimenté par des forces puissantes « qui se cachent derrière l’anonymat ». L’ONU, l’Union africaine et la communauté internationale en général doivent encourager les autorités éthiopiennes à mettre fin au conflit dans la région du Tigré et contrer la menace d’une catastrophe humanitaire avant qu’elle ne s’aggrave et qu’il ne soit trop tard, a conclu M. Lourenço.
Dans son message vidéo préenregistré, M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, a d’entrée plaidé pour « un multilatéralisme encore plus renforcé et plus engagé ». En effet, a fait observer M. Kaboré, outre le défi de la pandémie de COVID-19, de nombreux pays dans le monde font face aujourd’hui à d’autres fléaux tels que le terrorisme, le dérèglement climatique, la pauvreté. Tout indique que si la tendance se maintient, les objectifs de développement durable, à l’horizon 2030, ne seront malheureusement pas atteints, a averti le Président burkinabé.
S’agissant particulièrement de la maladie à coronavirus, il a fait valoir que, grâce au Mécanisme COVAX et grâce à des gouvernements de pays amis, le Burkina Faso a reçu des doses de vaccin. Le programme de vaccination est donc en cours. Le Président a saisi cette occasion pour lancer un appel pressant à une plus grande solidarité́ internationale afin de nous permettre d’être véritablement à l’abri des effets dévastateurs de cette pandémie. En outre, la lutte contre la COVID-19 ne doit pas nous faire oublier la lutte contre le VIH-Sida, considérée aussi comme une pandémie, a-t-il demandé.
Le terrorisme demeure un autre grand défi auquel nous devons faire face au regard des nombreuses victimes à travers le monde, a poursuivi M. Kaboré. Il a fait savoir que la situation sécuritaire au Burkina Faso continue de se dégrader, surtout dans la zone des trois frontières (Burkina Faso, Mali, Niger), mais aussi dans d’autres régions du pays. Il a promis que tout sera mis en œuvre pour garantir la sécurité́ dans toutes les régions menacées du pays, voulant rassurer la communauté́ internationale sur le fait que les opérations militaires, à l’instar de celles déjà réalisées, seront menées dans le strict respect des droits humains.
Le Président a tenu à dire que la stabilité, la sécurité et la paix au Sahel ne sont pas seulement l’affaire des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), « surtout que la situation résulte de l’effondrement de la Libye en 2011 ». Il s’agit de paix et de sécurité internationales, a-t-il martelé, jugeant dès lors nécessaire, voire même urgent pour la communauté internationale et particulièrement le Conseil de sécurité, de soutenir les pays du G5 Sahel. La meilleure façon de le faire, selon lui, serait de placer le mandat de la Force conjointe du G5 Sahel sous le Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies. Pour l’heure, il a salué les efforts de coordination et de coopération des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la lutte commune contre le terrorisme.
Sur le volet économique, il a évoqué le Plan national de développement économique et social (PNDES II) 2021-2025, un nouveau référentiel de développement dans son pays qui va nécessiter 19 000 milliards de FCFA, soit environ 34 milliards de dollars américains, dont 63% seront assurés par le budget national. Il a saisi cette tribune pour remercier tous les partenaires techniques et financiers, bilatéraux, multilatéraux et privés, qui « nous ont accompagnés ».
En ce qui concerne la question des changements climatiques, il a dit que la fréquence des évènements extrêmes avec leurs terribles conséquences « nous interpelle sur l’urgence d’une action forte et concertée ». D’autant plus, a-t-il souligné, qu’au Burkina Faso, on estime à 34% du territoire la superficie totale des terres de production dégradées du fait non seulement de l’action de l’homme, mais aussi et surtout de la sécheresse et des inondations endémiques.
Face aux différents défis ardus auxquels le monde fait face, le Président burkinabé a appelé, pour finir, à une Organisation des Nations-Unies encore plus forte, à un multilatéralisme plus renforcé et à une communauté internationale plus que jamais engagée.
M. LAURENTINO CORTIZO COHEN, Président de la République du Panama, a constaté que la pandémie de COVID-19 nous a révélé dans toute sa dureté les profondes inégalités dans nos sociétés, non seulement au niveau régional, mais aussi au niveau mondial. Face à cette réalité, nous pouvons choisir la voie qui nous conduit à la division, au conflit, à l’indifférence, ou prendre le chemin de l’unité et de la solidarité, a-t-il dit. Selon lui, la pandémie a mis en exergue le fait que dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, la seule façon pour l’humanité de survivre est la solidarité. Pour sa part, le Panama s’est engagé à construire un avenir durable et inclusif, et pour cela, même au milieu de pandémie, le Gouvernement a tenu un dialogue national afin de prendre de bonnes décisions qui durent au-delà de son mandat. Ce dialogue, le Pacte du bicentenaire, a donné lieu à une large consultation, avec l’appui des Nations Unies, afin de jeter les bases d’un Panama plus juste, plus inclusif et plus solidaire, a expliqué le Président.
Pour se prémunir de la COVID-19, le Panama a acheté assez de vaccins pour sa population, et le pays est désormais à quelques semaines de parvenir à l’immunité collective, s’est-il enorgueilli. Sur le plan social, le Gouvernement soutient les familles par des transferts de fonds et la distribution de denrées alimentaires et autres fournitures à ceux qui vivent dans des régions éloignées difficiles d’accès, a-t-il ajouté. Il a misé sur ce plan, en vigueur depuis mars 2020, qui évolue en fonction de la dynamique de la pandémie.
Abordant la question de la migration irrégulière, « un phénomène historique et constant auquel on ne peut être indifférent », M. Cortizo a révélé que depuis le début de cette année, plus de 80 000 migrants irréguliers ont traversé le territoire panaméen. Pour comprendre le drame de la situation, le Président a donné des chiffres criants: le Panama est passé de 800 migrants en janvier de cette année à 30 000 le mois dernier. La plupart de ces migrants, originaires des Caraïbes et d’Afrique, voyagent dans des conditions difficiles, a-t-il souligné en assurant que le Panama leur assure un traitement digne et leur offre, pour la première fois au cours de leur périple, un abri temporaire, une assistance médicale et de la nourriture. Le Président a précisé que le pays doit pour ce faire consacrer une part importante de ses ressources limitées, avant d’appeler la communauté internationale à faire, dès que possible, un effort conjoint.
En ce qui concerne les changements climatiques, le Président du Panama a estimé que tous les grands problèmes auxquels notre planète est confrontée sont liés aux changements climatiques. De quoi d’autre les dirigeants du monde ont-ils besoin pour comprendre cette réalité dramatique? a-t-il lancé. Sur cette question, le Panama fait sa part, a-t-il dit en soulignant que le pays est l’un des trois au monde taxé de « négatif » en matière d’émissions. Dans ce pays de transit à vocation logistique, « nous avons compris que ce qui est bon pour la planète est bon pour l’économie », a—t-il expliqué.
M. MILO ĐUKANOVIĆ, Président du Monténégro, a jugé la pandémie de COVID-19 comme la crise la plus grave depuis la création de l’Organisation mondiale. Il a prôné une approche plus responsable qui pourrait permettre de tirer des leçons de chaque crise. « Cette fois, la leçon est un avertissement fort sur l’importance d’être solidaire. » Il lui a semblé que le monde est à la croisée des chemins: nous pouvons soit opter pour un isolationnisme accru et une érosion de la confiance, en tolérant la montée de la xénophobie, du nationalisme et des idées de droite, en ignorant les avertissements alarmants sur l’état de l’environnement et en acceptant en silence l’augmentation de l’inégalité dans tous les domaines; ou nous pouvons avancer pour assurer un meilleur avenir commun.
Préoccupé par la détérioration générale de la situation sécuritaire et humanitaire, le Président a dit se préparer à une vague potentiellement nouvelle et plus forte de migrants qui aura sans aucun doute des répercussions régionales et mondiales. Il a appelé à une réponse globale à la crise des réfugiés et des migrants. « Nous devons partager la responsabilité, comme nous l’avons envisagé dans les accords mondiaux pour les réfugiés et les migrants. Nous devons coopérer dans la recherche de solutions et aider également les pays d’accueil et les pays d’origine. » M. Đukanović a rappelé que le Monténégro est la seule des républiques de l’ex-Yougoslavie à ne pas avoir eu de guerre sur son territoire pendant les conflits des années 1990. À cette époque, le Monténégro a accueilli plus de 100 000 réfugiés et personnes déplacées, soit plus de 20% de l’ensemble de sa population. « En tant que membre de l’ONU, le Monténégro a beaucoup de mal à comprendre et à accepter toute autre approche que la solidarité et le soutien aux plus vulnérables. »
Cela fait 15 ans que le Monténégro a restauré son indépendance, a noté le Chef de l’État, reconnaissant que le chemin parcouru n’avait pas été facile. Les défis et menaces pesant sur la démocratie multiethnique dans les Balkans n’ont pas diminué, a-t-il alerté. « Les Balkans occidentaux sont encore une fois un champ de bataille pour des intérêts géopolitiques conflictuels, dont la conséquence est le ralentissement de l’intégration des sociétés dans leur cadre européen naturel, ce qui sape la confiance et l’adoption des valeurs européennes. » M. Đukanović a évoqué « des théories destructrices qui prétendent que, du fait de son retard, cette région ne peut pas vivre comme une communauté multiethnique et multiconfessionnelle et que ses États ne peuvent être fonctionnels ». Notre détermination à combattre ces idées rétrogrades et dangereuses n’a pas faibli, a toutefois assuré le dirigeant monténégrin. Donc aujourd’hui, depuis ce lieu, le Monténégro met en garde contre le danger renouvelé que les Balkans occidentaux soient déstabilisés et les horizons de ses perspectives européennes réduits, a-t-il conclu.
M. HAGE GEINGOB, Président de la République de Namibie, a rendu hommage aux milliers de victimes de la pandémie et salué les efforts mondiaux pour la conception de vaccins, y voyant la preuve d’un véritable « triomphe scientifique » et un « témoignage de l’ingéniosité humaine ». Le Président a cependant déploré avec véhémence que le vaccin n’ait pas été distribué équitablement parmi les pays: un phénomène qu’il a qualifié d’« apartheid vaccinal ».
En cette période volatile de pandémie et de changements climatiques irréversibles, la Namibie vise à déployer des approches innovantes pour assurer un développement économique durable, a indiqué son président. Compte tenu de ses riches ressources renouvelables -solaires, éoliennes, océaniques-, la Namibie a décidé de donner la priorité au développement de son économie verte et bleue. Sa récente adhésion au groupe de haut niveau sur la viabilité des océans, dont l’objet est de concevoir et défendre une économie bleue durable, devrait contribuer à développer sa base économique et créer des emplois ardemment recherchés, tout en luttant contre les changements climatiques, a expliqué le Président. Il a assuré que, dans le cadre de cette transition énergétique, la Namibie a progressé dans le secteur de la production « d’hydrogène vert » et d’ammoniac, avec le développement en cours de plusieurs sites destinés à l’exportation d’hydrogène vert.
Concernant la vie démocratique sur le continent africain, le Président a noté avec optimisme que les dirigeants ont inauguré pour de bon une nouvelle ère, définie par des élections démocratiques et la limitation des mandats présidentiels. Troisième Président de la Namibie depuis l’indépendance acquise en 1990, M. Geingob a dit poursuivre son second et dernier mandat qui s’achèvera le 20 mars 2025. « C’est la nouvelle donne sur le continent », s’est-il réjoui. En matière de transition démocratique, le Chef de l’État a admis qu’il demeurait des blocages, « mais partout où de tels incidents ont lieu, l’Union africaine, soutenue par les communautés économiques régionales, s’assure que les auteurs de tels actes soient ostracisés ». M. Geingob a évoqué une « nouvelle Afrique », aux principes reposant sur l’ordre constitutionnel.
Le Président a aussi déclaré que la Namibie, convaincue qu’il ne peut plus y avoir de place pour les discriminations de toutes natures, demeure engagée dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, qui incarne l’engagement de la communauté internationale pour éliminer les fléaux du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance.
Favorable à une solution à deux États concernant le conflit israélo-palestinien, ainsi qu’à la fin de l’embargo des États-Unis qui frappe Cuba, la Namibie est engagée dans la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, a aussi indiqué son président. En tant que membre du Comité des Dix de l’Union africaine, le M. Geingob a appelé les États Membres à soutenir la réforme du Conseil, conformément au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.
M. STEVO PENDAROVSKI, Président de la Macédoine du Nord, a déclaré que « le monde est aujourd’hui loin d’être un endroit sûr où vivre ». Les conflits, le terrorisme, les défis complexes menacent la paix et notre mode de vie, les droits de l’homme et les libertés; ils provoquent des catastrophes humanitaires et des vagues de réfugiés. Le Président s’est dit notamment préoccupé par les derniers développements en Afghanistan. La Macédoine du Nord, a-t-il rappelé, a immédiatement annoncé qu’elle était prête à accueillir des réfugiés afghans, en particulier les catégories les plus vulnérables et les personnes qui travaillent pour les organismes des Nations Unies dans ce pays depuis de nombreuses années. Les nouveaux développements en Afghanistan n’ont fait qu’accentuer les menaces du terrorisme et de l’extrémisme violent, s’est inquiété M. Pendarovski demandant une approche multidimensionnelle pour s’attaquer aux causes du terrorisme. « Le multilatéralisme est le moyen d’assurer la sécurité, la démocratie, la liberté, les droits de l’homme, le développement durable et la prospérité pour tous. »
Le Président a estimé que la COVID-19 appelle à repenser notre attitude à l’égard de la santé publique, l’éducation et la science. Cela exige de nouveaux partenariats pour restructurer les économies et pour changer l’état d’esprit qui nous retient en arrière et qui n’apporte pas de progrès, a-t-il analysé. La dignité humaine doit être au centre des efforts, tant au niveau national qu’international, a encore déclaré le Président pour qui l’éradication de la pauvreté n’est qu’un point de départ pour garantir au moins les droits et les besoins fondamentaux de tous. Il a plaidé pour un leadership responsable et visionnaire à l’intérieur de nos propres frontières et au-delà, comme moyen important pour atteindre ces nobles objectifs.
Aucune ressource ni aucun effort ne doit être épargné pour l’autonomisation structurelle des femmes, dans le but ultime de l’égalité totale des sexes dans tous les domaines de la société, que ce soit dans l’entrepreneuriat, la sécurité, l’éducation ou la politique étrangère, a continué le Président. Il a demandé d’ouvrir un débat sur la démocratie, au moment où celle-ci est menacée à l’échelle mondiale, et de continuer à investir dans les valeurs démocratiques tout en réprimant les tendances autoritaires, la corruption de haut niveau et les violations systémiques des droits de l’homme. M. Pendarovski a apporté son appui à l’idée du Président Biden de convoquer un sommet pour la démocratie en décembre de cette année.
Le Président a encouragé à apprendre de nos échecs. Relevant que « nous empruntons cette Terre à nos enfants », il a appelé à ouvrir un espace pour leur contribution, leur liberté et leur créativité. Il a plaidé pour une éducation universelle accessible à tous, afin de préparer les jeunes à faire face aux défis modernes et faire du monde un lieu de vie plus digne qu’il ne l’est aujourd’hui.
Soulignant le consensus pour relever le plus grand défi de notre époque, que sont les changements climatiques, il a toutefois constaté les difficultés à mobiliser les forces contre cette menace, avant de réitérer que la Macédoine du Nord reste attachée à l’Accord de Paris.
S’agissant des questions régionales ou nationales, le Président a dit que les Balkans occidentaux sont confrontés à de sérieux défis face aux aspirations de leurs populations à l’intégration européenne. L’impasse actuelle dans ce processus provoque la frustration des citoyens et diminue constamment leur enthousiasme pour un changement positif, a-t-il prévenu. « L’état actuel de l’intégration européenne dans la région est-il conforme à la vision conçue par ses Pères fondateurs il y a des décennies? » Si nous nous soucions d’une région des Balkans occidentaux stable et prospère en tant que lien important de la stabilité et de la sécurité continentales et transcontinentales, nous devons comprendre qu’une percée dans l’intégration européenne est un besoin urgent, a exhorté M. Pendarovski.
La Macédoine du Nord a prouvé sa capacité, avec la Grèce, sous la médiation des Nations Unies, à résoudre des questions même complexes, comme la soi-disant « question du nom », contribuant ainsi à une stabilité accrue dans la région, a fait remarquer le Président. Nous sommes prêts à engager un dialogue constructif avec la Bulgarie, afin d’assurer la pleine mise en œuvre du Traité de bon voisinage et de coopération, a-t-il terminé.
M. LIONEL ROUWEN AINGIMEA, Président de la République de Nauru, dans un message vidéo préenregistré, a décrit une année marquée par les catastrophes, les conflits et les souffrances humaines, « le tout aggravé par la pandémie de COVID-19 ». « Les obstacles auxquels fait face la communauté internationale en ce moment reflètent l’histoire de Nauru », qui a subi des épidémies dévastatrices et a dû se reconstruire après le fléau des guerres mondiales, a d’ailleurs remarqué son président. Rappelant qu’une épidémie d’un côté du globe peut produire une vague de destruction de l’autre, M. Aingimea a appelé chacun à travailler à changer de cap et à tenir la promesse du multilatéralisme. Car les approches précédentes n’ont pas réussi à rendre le monde plus sûr, a regretté le Président de Nauru, pour qui il est temps d’adhérer de nouveau à la vision du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Président d’un des plus petits États Membres de l’ONU et l’un des plus vulnérables, M. Aingimea a affirmé son fort attachement au multilatéralisme, « le seul moyen pour avancer ensemble ». Le dirigeant a cependant appelé à ouvrir les yeux sur ses échecs actuels. « Les stratégies et les plans pour empêcher d’autres catastrophes ont été négociés et adoptés dans les couloirs de l’ONU mais n’ont fait l’objet que de tentatives de mise en œuvre médiocres et sont restés sur les étagères ou dans les disques durs », a asséné le Président.
Les inégalités augmentent à un rythme rapide et la pandémie aggrave les divisions, a ensuite relevé M. Aingimea reconnaissant que Nauru n’est pas une exception avec la pandémie de COVID-19 qui a exacerbé son isolement de la communauté internationale. Aucun cas de coronavirus n’a été enregistré dans le pays, s’est toutefois réjoui le Président. Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas été touchés par les conséquences de la pandémie, a-t-il nuancé. Se plaignant que les mesures d’urgence et les coûts ne cessent d’augmenter, il a vu le défi de l’accessibilité de l’approvisionnement comme « une dure réalité », alors que le pays dépend de produits importés.
M. Aingimea a ensuite insisté sur la nécessité d’un accès juste à des vaccins sûrs, efficaces et abordables économiquement, arguant que personne n’est en sécurité tant que nous ne sommes pas tous vaccinés. Pourtant l’accès aux vaccins reste inégal et difficile, a dénoncé le Président de Nauru. Or, la pandémie de COVID-19 représente une grave menace sur les systèmes de santé du Groupe des petits États insulaires en développement, a-t-il rappelé. M. Aingimea a regretté qu’en raison de sa faible population et de l’absence de cas, Nauru ait été exclue des qualifications requises pour avoir accès à des vaccins supplémentaires.
Sur le plan international, M. Aingimea a lancé un appel à l’ONU pour qu’elle intègre Taiwan « qui partage des défis internationaux communs ». Soulignant la réponse modèle de Taiwan contre la pandémie de COVID-19, et sa volonté de rejoindre l’Assemblée mondiale de la Santé, le Président a affirmé que Taiwan devrait avoir le droit de participer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
« Personne ne doit être laissé de côté » avec l’ONU 2.0, a déclaré M. Aingimea, citant notamment les pays du Groupe des petits États insulaires en développement et du Pacifique. M. Aingimea a ensuite rejeté le classement de Nauru comme « pays à haut revenu », ce qui l’empêche d’avoir accès à des financements à des conditions favorables. « Sans une aide prévisible et adéquate de la part de la communauté internationale, Nauru et beaucoup d’États insulaires ne pourront pas réaliser les ODD, ni lutter contre les conséquences des changements climatiques. »
« Tous les dirigeants et toutes les nations doivent agir » pour le climat, a insisté ensuite le Président qui s’est prononcé une nouvelle fois en faveur de la création d’un bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité. De même, nous demandons au G20 de supprimer progressivement toutes les subventions aux combustibles fossiles d’ici à 2023, a lancé M. Aingimea. De son côté, a-t-il rappelé, Nauru avait invoqué une clause de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer afin que l’Autorité internationale des fonds marins fournisse un cadre pour l’exploitation minière sous-marine. Cela permettra à Nauru, et à d’autres pays en développement, de participer à cette nouvelle industrie et d’avoir accès à des ressources précieuses.
Enfin, l’éducation et le développement des compétences restent des priorités et des domaines d’investissement-clefs afin d’assurer aux jeunes de Nauru une éducation de qualité accessible à tous, a conclu M. Aingimea.
Dans un message vidéo préenregistré, M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président de la République du Zimbabwe, a appelé à la fin du « nationalisme vaccinal » et à une distribution plus équitable des vaccins dans le monde. Soulignant que l’éradication de la pauvreté et de la faim sont toujours les priorités absolues de son pays, il a ajouté que les changements climatiques et les conditions météorologiques erratiques qui en résultent, et la croissance démographique, associés aux effets de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire, exigent de repenser les systèmes traditionnels de production, de transformation et de distribution de la nourriture.
Nous avons su, a-t-il affirmé, promouvoir une production alimentaire soutenue grâce au programme de redistribution des terres et un soutien accru aux petits exploitants. Cela a conduit à des revenus plus larges et plus durables pour la majorité de la population rurale laquelle contribue désormais à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays. Le Président a espéré que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires offrira des solutions innovantes pour assurer des progrès dans la réalisation de tous les objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris sur le climat.
Mon pays, a-t-il poursuivi, a lancé sa Vision 2030, une vision inclusive et transformatrice qui conduit à des emplois plus décents, à la réduction des inégalités et à l’élargissement de l’accès à des services sociaux de qualité. Le Président a rappelé que son pays s’est soumis à son deuxième examen national volontaire cette année au Forum politique de haut niveau, où il a pu démontrer des progrès remarquables dans la couverture sanitaire universelle et les avancées d’un système éducatif tout entier orienté vers une économie axée sur les connaissances.
Le Président s’est aussi vanté des efforts visant à ancrer la démocratie, le constitutionnalisme et la primauté du droit par le biais d’une législation saine et une administration juste et impartiale de la justice. Nous avons approuvé, a-t-il dit pour illustrer ses propres, la visite du Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’impact négatif des mesures unilatérales coercitives sur la jouissance des droits humains. Il a remercié la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Union africaine et les autres nations progressistes qui continuent d’appeler à la levée inconditionnelle des sanctions « illégales, injustes et injustifiées » imposées à son pays.
S’attardant sur le fléau du terrorisme en Afrique, il a plaidé pour que les nations africaines soient dotées de moyens efficaces de lutte. Il a conclu, en appelant, entre autres, à la réforme du Conseil de sécurité et à la revitalisation de l’Assemblée générale, sans oublier de fustiger la tendance de certains organes de l’ONU à empiéter sur les prérogatives de cette dernière.
Évoquant la pandémie de COVID-19, M. MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO, Président du Conseil militaire de transition du Tchad, a, dans un message vidéo préenregistré, souligné que les pays en développement en général, et ceux d’Afrique en particulier, sont profondément impactés en raison de leurs vulnérabilités structurelles. S’il a salué l’élan de solidarité des partenaires bilatéraux et multilatéraux, il a souhaité cependant que la mobilisation et la vigilance restent de mise pour soutenir durablement les efforts de relèvement post-COVID. M. Déby Itno a regretté en particulier que l’inégalité dans l’accès aux vaccins demeure extrêmement profonde. Les pays riches ont atteint une couverture vaccinale à plus de 50%, tandis que la plupart des pays africains sont à moins de 2%. « Rien ne justifie ce déséquilibre. » Le virus, a-t-il insisté, ne connaît pas de continent, ni de frontières, moins encore de nationalité ou de statut social. À cet égard, il a salué les appels répétés du Secrétaire général et du Directeur général de l’OMS en faveur de l’accessibilité du vaccin pour tous.
Le dirigeant tchadien a demandé à tous les partenaires du Nord d’honorer leurs engagements vis-à-vis des pays vulnérables en vue de contribuer à une meilleure reprise économique et à la réalisation des ODD à l’échéance de 2030. Dans cette perspective, le Tchad réitère l’appel lancé par les pays membres du G5 Sahel relatif à l’annulation de la dette de ces pays durement frappés par le terrorisme et les changements climatiques. M. Déby Itno a rappelé que l’absence de perspectives pour la jeunesse au Sahel pousse celle-ci à tomber dans « le piège des idéologies extrémistes » et à emprunter le chemin de l’immigration clandestine vers l’Europe avec tous les risques que cela comporte.
Abordant la situation politique et sécuritaire de son pays, M. Déby Itno a rappelé qu’après la disparation tragique de l’ancien Président, le Maréchal Idriss Déby Itno, le 20 avril dernier, le Tchad a entamé une période de transition politique. Un Conseil militaire de transition a été mis en place pour assurer la continuité de l’État et garantir la sécurité du pays, « gravement mises en péril par des assaillants lourdement armés qui écument le sud de la Libye ». Un Gouvernement de large ouverture, dirigé par un Premier Ministre civil, a été mis en place le 2 mai 2021, et travaille d’arrache-pied pour tenir les échéances devant boucler le processus de transition, sur la base d’une feuille de route, adoptée en juillet dernier. Au regard d’énormes difficultés d’ordre sécuritaire, économique, financier et sanitaire auxquelles le Gouvernement de transition fait face, le Tchad en appelle à un soutien fort de la communauté internationale, a poursuivi le Président du Conseil militaire de transition. Dans le même élan, a-t-il assuré, toutes les dispositions nécessaires sont prises pour la tenue d’un dialogue national inclusif, dont les modalités d’organisation et de déroulement sont en train d’être examinées par un comité mis en place à cet effet.
M. Déby Itno a déploré que le Tchad qui partage avec la Libye plus de 1 000 kilomètres de frontières et qui est lié à ce pays frère par l’histoire, la géographie et la culture, subisse de plein fouet les conséquences de la crise libyenne, en termes d’attaques armées récurrentes lancées depuis le sud de ce pays. Il a exprimé sa préoccupation devant la forte pression de la communauté internationale exigeant un départ immédiat de Libye des mercenaires, combattants étrangers et autres bandes armées irrégulières. « Un tel départ des ressortissants tchadiens recrutés, formés, encadrés, armés et financés pour le besoin de la guerre en Libye, n’est pas sans conséquence sur la sécurité du Tchad. » C’est pourquoi le Tchad demande avec insistance à la communauté internationale, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, de faire prendre toutes les mesures nécessaires pour la mise en place d’un mécanisme d’encadrement d’un départ planifié et coordonné de ces éléments.
Enfin, M. Déby Itno s’est inquiété de la situation sécuritaire dans le Sahel et son voisinage, marquée par l’expansion du terrorisme, le crime organisé et les trafics illicites des armes, de drogues et d’êtres humains. Il a réitéré l’appel lancé par la Conférence des Chefs d’État du G5 Sahel au Conseil de sécurité de l’ONU, relatif à l’octroi à la Force conjointe du G5 Sahel d’un mandat sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies afin de lui assurer un financement pérenne et prévisible.
M. AZALI ASSOUMANI, Président de l’Union des Comores, a d’abord rendu hommage aux experts ainsi qu’aux laboratoires pour leur investissement dans la recherche et la production de vaccins contre le coronavirus, saluant des « élans de solidarité salutaires qui ont permis d’éviter le pire ».
La pandémie a ralenti le cours de la vie, exacerbé les inégalités, perturbé les économies nationales. Elle a également révélé l’ampleur de l’écart technologique entre les pays, selon M. Assoumani, qui a mis en évidence l’importance cruciale des technologies de l’information et des communications (TIC) et la nécessité d’agir vite pour réduire le fossé. De même, les inégalités observées dans l’accès au vaccin rappellent, selon lui, le rôle primordial du multilatéralisme. Cette session offre une opportunité pour évaluer les performances de l’Organisation en vue de garantir une meilleure représentation des pays en développement. Notamment ceux du continent africain qui, a-t-il rappelé, renferment à la fois des zones de croissance économique dynamiques et des conflits sanglants.
Sur le plan diplomatique, le Président comorien a réitéré le caractère nécessaire d’une solution rapide, juste et équitable à la question de Palestine. Il a dit comprendre la position de « certains pays frères du monde arabe » de renouer des relations avec l’État d’Israël: il appartient désormais à ce dernier de prendre la mesure de ces initiatives audacieuses et d’en tenir compte dans l’intérêt de tous. Par ailleurs, dans la perspective d’un règlement durable de la question du « Sahara marocain », M. Assoumani a encouragé les efforts engagés par le Maroc. Il a espéré qu’ils permettront au Royaume « de recouvrer son autonomie et son intégrité territoriale sur cette province marocaine ». Saluant toute initiative contribuant à assurer la paix dans cette région, il a fortement encouragé le dialogue entre le Maroc et l’Algérie. À propos de Taiwan, M. Assoumani a réitéré sa position selon laquelle la Chine devait « recouvrer son intégrité » sur le territoire.
S’agissant du différend territorial entre son pays et la France relatif à la question de « l’Île comorienne de Mayotte », le Chef d’État a remarqué que ce dossier avait été marqué, ces dernières années, par une volonté des deux parties de « capitaliser sur les acquis » de leur passé commun, de maintenir un dialogue franc et constructif en vue d’aboutir à une « solution définitive », respectueuse du droit international.
Concernant les changements climatiques, qui n’épargnent aucun pays, le cas des PEID mérite une plus grande attention selon M. Assoumani. D’autant plus qu’ils sont confrontés à d’autres phénomènes dangereux comme la piraterie maritime, la traite humaine en mer, le trafic de drogue, la pêche illicite et le pillage des ressources en mer. Les Comores s’associent à toutes les initiatives nationales et mondiales pour les combattre.
Au niveau national, il s’est dit conscient de la nécessité d’une stabilité politique de l’Union des Comores. Il a dénoncé des « fausses informations véhiculées çà et là », notamment sur les réseaux sociaux, n’ayant d’autre objectif que de nuire à un climat serein. Décidé à engager un dialogue politique national, le Président a dit espérer qu’il contribuerait à rassembler davantage le peuple comorien autour d’objectifs essentiels tels que la paix, la sécurité et l’unité nationale en vue du développement socioéconomique de l’Union des Comores. Le Gouvernement a mis en place un Conseil supérieur de la Magistrature et fait adopter la révision du Code pénal comorien, dans le but de « doter le pays d’un cadre politico-juridique adéquat », a ajouté le Président.
Dans un message vidéo préenregistré, M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a estimé que la conjugaison de toutes nos forces pour venir à bout de la pandémie à coronavirus est une opportunité de surmonter d’autres crises d’envergure. « La COVID-19 a révélé les faiblesses et vulnérabilités de nos économies ainsi que de nos systèmes de santé, nous contraignant aujourd’hui à penser autrement nos modèles de développement afin de les rendre plus résilients », a insisté M. Bongo Ondimba avant d’exhorter l’Afrique à s’inscrire dans ce changement de paradigme. Il a dit que cela passait aussi par la construction d’infrastructures de base à même de garantir la sécurité des populations, une tolérance zéro vis-à-vis de la corruption et une gestion efficace des ressources publiques. Il a jugé indispensable que les économies africaines s’industrialisent pour créer davantage de richesses en tirant pleinement profit dudit capital humain et de nos ressources naturelles.
En matière de changements climatiques, il a espéré que la COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre prochain, sera l’occasion de permettre de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre et de préserver la biodiversité, tout en favorisant les investissements dans les infrastructures vertes des pays en développement. M. Bongo Ondimba a estimé que l’agenda politique international a besoin d’une hausse significative des ressources consacrées à l’adaptation aux changements climatiques. Il a jugé indispensable une coopération internationale pour soutenir l’action locale en matière d’adaptation pour renforcer la sécurité internationale et d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).
Par ailleurs, le Président du Gabon a dit que le Gabon saisira l’opportunité de son mandat de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2022-2023 pour mettre l’accent sur la paix et de la sécurité climatiques. Il saisira chaque opportunité pour appeler à l’avènement d’un ordre international plus juste, marqué par une réforme du Conseil intégrant aussi bien une représentation équitable en son sein qu’une amélioration de ses méthodes de travail, en phase avec la Position commune africaine exprimée par le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. En outre, le Président a mis l’accent sur l’importance du transfert des technologies « propres » et de l’amélioration de l’accès des peuples aux énergies renouvelables, afin d’accélérer leur passage à une industrie décarbonée, respectueuse de l’environnement. M. Bongo Ondimba a indiqué que le Gabon, grâce à son investissement pour la sécurité climatique, séquestre annuellement l’équivalent de 140 000 tonnes de carbone, alors qu’il n’en émet que 35 000. Il a expliqué que cette différence de plus de 100 000 tonnes représentait une action déterminante du Gabon pour l’avenir de l’humanité tout entière.
Notant que le Gabon, à l’instar de nombreux pays producteurs de pétrole, a subi de plein fouet l’impact de la baisse drastique des cours des matières premières, M. Bongo Ondimba a cité la mise en place d’un Plan d’accélération de la transformation (P.A.T) pour accélérer la transition vers l’après-pétrole. Il s’est aussi félicité du renforcement des capacités énergétiques du Gabon par la finalisation imminente de nouvelles centrales solaires ou hydroélectriques en vue de donner une nouvelle impulsion à son processus d’industrialisation.
Mme SAMIA SULUHU HASSAN, Présidente de la République-Unie de Tanzanie, a remercié tous les États Membres des Nations Unies pour les messages de condoléances à la suite du décès prématuré du Président John Pombe Joseph Magufuli, le 17 mars dernier. Elle a dit avoir fait le voyage de New York, son premier hors d’Afrique depuis sa prise de fonction, pour marquer sa conviction profonde et sa foi dans le multilatéralisme pour résoudre une multitude de défis auxquels notre monde est confronté aujourd’hui. Parmi lesquels figure l’impact socioéconomique de la COVID-19, a relevé la Cheffe d’État, en appelant la communauté internationale à aider les pays en développement. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous réfugier derrière la COVID-19 comme excuse pour ne pas faire suffisamment de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle argué. Elle a mentionné la campagne de vaccination qui a débuté en juillet dans son pays, notamment au sein des communautés les plus vulnérables. Au rythme actuel, il est peu probable que nous atteignions le seuil de l’OMS qui tablait sur au moins 40% de gens vaccinés dans le monde fin 2021, et au moins 70% d’ici le premier semestre 2022. Elle a ainsi dénoncé « le niveau d’iniquité vaccinale qui est épouvantable ». Selon elle, il est vraiment décourageant de constater que si la plupart de nos pays ont inoculé moins de 2% de leur population, d’autres en revanche parlent d’une troisième dose, une dose de rappel, disent-ils. Elle a souhaité que les pays ayant un surplus de doses de vaccin contre la COVID-19 puissent les partager avec d’autres.
Sur le plan économique, la République-Unie de Tanzanie n’a pas été épargnée par la pandémie, a reconnu la Présidente. Elle essaie de relancer son secteur touristique qui a été durement impacté par les restrictions de voyage. Tout en essayant de relancer la plupart des activités économiques, le Gouvernement continue d’œuvrer à améliorer l’environnement des affaires et à attirer plus d’investissements. Conscient du lien entre croissance économique et gouvernance, son gouvernement a réussi à maintenir la paix et la stabilité politiques, avec une démocratie dynamique et des pratiques de bonne gouvernance institutionnalisées. En tant que première femme Présidente de l’histoire de mon pays, le fardeau de l’attente de mener à bien l’égalité entre les sexes pèse lourdement sur mes épaules, a-t-elle confié. Son gouvernement œuvre donc à la mise en œuvre de plans macroéconomiques avec un accent sur les problématiques de genre, de réformes budgétaires et plans de relance, pour aider à réduire le nombre de femmes et de filles vivant dans la pauvreté.
En ce qui concerne les changements climatiques, le Gouvernement tanzanien dépense 2 à 3% du Produit intérieur brut (PIB) pour atténuer et renforcer la résilience des communautés, ce qui représente beaucoup pour un pays aux prises avec la pauvreté et l’urgence de la COVID-19, a expliqué la Présidente. Elle a en conclusion appelé les pays développés à remplir leur engagement de contribuer à hauteur de 100 milliards de dollars par an à l’action climatique d’ici à 2025.
M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a souligné, dans son message vidéo préenregistré, que depuis le début de la Décennie d’action pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le monde a été englouti par une pandémie qui a mis à rude épreuve notre faculté de mettre en œuvre le Programme 2030, au risque même d’annuler les gains enregistrés jusqu’ici. Afin de renforcer la résilience par l’espoir, a plaidé M. Weah, nous devons continuer à aider les sociétés vulnérables et les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés. Une reprise durable doit se fonder sur le principe d’inclusion et de solidarité, a déclaré le Président, en rappelant la tenue de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés (LDC-5) à Doha, au Qatar, en janvier 2022, et le nouveau Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie à venir.
En réponse à la pandémie, a expliqué M. Weah, mon gouvernement, conformément au « Programme en faveur des pauvres pour la prospérité et le développement » (PADP), a élaboré un plan de relance économique post-COVID qui vise à booster les investissements dans les secteurs clefs de l’agriculture, du tourisme et des infrastructures. L’économie libérienne, s’est félicité le dirigeant, commence déjà à montrer des signes de reprise, et malgré l’impact négatif du coronavirus, les projections de croissance du PIB sont désormais positives et devraient atteindre 4% en 2022.
S’agissant de l’action climatique, le Président a indiqué que l’inventaire des forêts qui vient d’être réalisé avec le soutien de la Banque mondiale et de la Norvège a révélé que le Libéria est doté de près de sept millions d’hectares de forêt, soit près de la moitié des forêts de Haute-Guinée, en Afrique de l’Ouest. Si vous ajoutez à cela nos 1,9 million d’hectares d’agroforesterie et de mangroves côtières, il devient évident que près de 90% de notre masse continentale séquestre le carbone, a précisé M. Weah. Il est donc impératif que les forêts du Libéria soient préservées à l’avenir, a-t-il insisté. « Nous voulons continuer à maintenir nos forêts et nos écosystèmes, ainsi que notre incroyable biodiversité, tout en adoptant des approches agricoles et minières intelligentes face au climat. Cependant, pour ce faire et laisser ses forêts intactes, a prévenu le Président, le Libéria a besoin de partenariats significatifs avec les États-Unis et le reste du monde développé.
M. BARHAM SALIH, Président de la République d’Iraq, a énuméré les défis sanitaires imposés par la pandémie, la violence et le terrorisme, sans oublier la question du développement durable et des changements climatiques, des défis qui soulignent encore une fois le rôle central des Nations Unis. Il a appelé à les affronter de manière collective.
Le Président a indiqué que, malgré des infrastructures médicales limitées, le Gouvernement iraquien avait pris une série de mesures sanitaires nécessaires. L’Iraq, a-t-il ajouté, était un des premiers pays à rejoindre le Mécanisme COVAX. Durant les 40 dernières années, l’Iraq a souffert de guerres, d’embargo, de campagnes de génocide, de l’utilisation d’armées chimiques, et de l’emprise du terrorisme, a expliqué le Président, en indiquant que les Forces armées iraquiennes poursuivent leurs mobilisations pour venir à bout des dernières cellules terroristes. Nous ne pouvons amoindrir le danger que représente le terrorisme, a ensuite mis en garde M. Salih, ajoutant que « notre laxisme et notre dispersion dans les conflits régionaux verront le retour de l’obscurantisme ». Il a appelé une nouvelle fois à la coopération et à la solidarité dans la lutte contre le terrorisme.
Demandant à la communauté internationale son soutien dans la reconstruction des villes libérées, le Président a ensuite salué l’adoption de la loi sur les rescapés yézidis en vue de leur garantir une justice. Il est revenu sur le problème de la corruption qui représente « une vraie bataille nationale ». Nous devons veiller à la restitution des fonds qui ont fait l’objet de pillages, a-t-il dit, indiquant travailler sur un projet de loi pour la restitution des avoirs pillés. « Je lance un appel à la communauté internationale pour nous aider à retrouver et restituer l’argent pillé d’Iraq. » Le Président a aussi appelé à former une alliance internationale pour la lutte contre la corruption et la restitution des biens pillés. On ne peut éliminer le terrorisme qu’à travers l’éradication de la corruption, a-t-il martelé.
Poursuivant sur les problèmes liés aux changements climatiques, M. Salih a appelé une fois encore à l’unité dans la lutte contre ces défis. L’Iraq traverse des moments difficiles, a reconnu le Président, citant notamment la désertification et la rareté des ressources en eau. Mais le pays peut être un point de rencontre environnementale des États du Moyen-Orient, a-t-il espéré, indiquant cependant que cela nécessite un soutien international.
L’Iraq a adopté une politique équilibrée se basant sur le dialogue, a poursuivi M. Salih. Pour lui, il est nécessaire de créer une nouvelle organisation se basant sur la coopération et les liens économiques des pays de la région afin de répondre aux défis communs. L’Iraq, qui était synonyme de conflit, est désormais un point de rencontre, a assuré le Président. Évoquant le conflit syrien et ses retombées humanitaires – jugées inacceptables -, le dirigeant a mis en garde contre le réveil permanent de poches dangereuses de terrorisme. Il a ensuite appelé à garantir au peuple palestinien un État indépendant, sans quoi il n’y aura pas de paix durable dans la région.
Le mois prochain, l’Iraq fera face à une échéance nationale déterminante, celle des élections législatives anticipées pour parvenir à des réformes cruciales, a-t-il annoncé. Des élections qui seront déterminantes et auront un effet sur l’Iraq et éventuellement sur la région tout entière. M. Salih a reconnu qu’il était primordial de restaurer la confiance des Iraquiens dans les élections, car une des causes des tensions politiques réside dans le manque de confiance populaire dans les précédents processus électoraux. Il a remercié, dans ce cadre, la Mission des Nations Unis en Iraq pour son soutien.
« Nous avons besoin de solidarité pour mettre un terme à la détérioration de l’environnement et à la lutte contre les guerres », a conclu M. Salih.
Dans un message vidéo préenregistré, M. DAVID W. PANUELO, Président des États fédérés de Micronésie, a fait savoir que son pays continue d’être exempt de la COVID-19, grâce notamment à la fermeture de ses frontières, et que 75% de la population adulte y a reçu au moins une dose de vaccin. La pandémie a cependant provoqué des pertes d’emplois et des retards dans la mise en œuvre de projets d’infrastructure, et nombre de ressortissants du pays se sont retrouvés bloqués à l’étranger, a-t-il déploré, notant que malgré les efforts de rapatriement, des centaines de familles attendent le retour de leur proche. « À tous les Micronésiens bloqués à l’étranger, je vous donne ma parole que nous vous ramènerons », a-t-il lancé. Le Chef d’État a ensuite appelé à venir à bout de la pandémie et à se préparer à la prochaine en créant une architecture de santé plus vigoureuse.
M. Panuelo s’est ensuite inquiété des « jours sombres » qui se profilent si une action urgente n’est pas prise pour faire face aux changements climatiques. Les États ne peuvent plus se permettre de se préoccuper de savoir s’ils sont étiquetés « développés » ou « en développement ». Tout le monde a un rôle à jouer, a-t-il souligné. Il a expliqué que la Micronésie vise à protéger 30% de son territoire océanique et 50% de son territoire côtier et terrestre. L’importation de la plupart des plastiques est dorénavant interdite et le pays a amorcé sa transition vers l’utilisation d’énergies renouvelables. Exhortant à une action globale, le Président s’est félicité du retour des États-Unis à l’Accord de Paris. « Le monde a besoin des États-Unis pour résoudre la crise des changements climatiques », tout comme il a besoin de la Chine, du Japon et de l’Australie, a-t-il noté. Il a ensuite appelé l’ensemble des États Membres à soumettre des contributions prévues déterminées au niveau national plus ambitieuses. Pour leur part, les principaux émetteurs doivent ratifier l’Amendement de Kigali et supprimer les hydrofluorocarbures, a-t-il exhorté.
Dans son intervention, le Chef d’État a également parlé des efforts déployés par la Micronésie pour renforcer l’état de droit. Il a notamment indiqué qu’une législation sur la cybercriminalité doit être adoptée et que le pays s’attaque également à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Notant que la capacité de son pays à faire respecter l’état de droit dépend en grande partie de son Accord de libre association avec les États-Unis, il a exhorté le Gouvernement américain à conclure les négociations sur certaines dispositions dudit Accord avant leur expiration fin 2023.
M. Panuelo a par ailleurs attiré l’attention sur la Déclaration sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau des mers liée aux changements climatiques, adoptée le mois dernier par les États insulaire du Pacifique. Ce texte, a-t-il expliqué, stipule que les zones maritimes établies en accord avec la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, et les droits qui en découlent, doivent être maintenues quels que soient les changements physiques provoqués par la montée des eaux. Il serait fortement injuste qu’un petit État insulaire en développement comme la Micronésie doive céder ses droits maritimes, notamment sur les ressources halieutiques de sa zone économique exclusive, en raison de la montée du niveau de la mer, a-t-il argué.
Préoccupé en outre par les « ravages » provoqués par les maladies non transmissibles relatives à l’alimentation, le Président de la Micronésie a salué la tenue du Sommet sur les systèmes alimentaires. Il a fait savoir qu’un tiers des Micronésiens souffrent de diabète et d’hypertension en raison de leur préférence pour une nourriture importée et à haute transformation. Décriant un système alimentaire intenable, il a fait part de l’engagement de son gouvernement à le « re-indigéniser ». M. Panuelo a par ailleurs salué l’ouverture imminente, en Micronésie, du Bureau multipays de l’ONU pour le Pacifique Nord.
M. ÉVARISTE NDAYISHIMIYE, Président de la République du Burundi, a noté que cette soixante-seizième session de l’Assemblée Générale coïncide avec le soixantième anniversaire de l’indépendance de son pays. Avec le rétablissement de la paix, la sécurité, la stabilité et la cohésion sociale au Burundi, le Président a estimé que le seul ennemi des Burundais, outre la pandémie de COVID-19, c’est la pauvreté. Face à cette réalité, il a expliqué que son pays a identifié plusieurs priorités, inscrites à la feuille de route du Plan National de Développement du Burundi (PND 2018-2027). Parmi elles, il a cité la bonne gouvernance et la justice sociale, en mettant l’accent sur lutte contre la corruption, les malversations économiques et l’impunité. Il a cité aussi les efforts pour garantir l’indépendance et l’impartialité de la magistrature et le bon fonctionnement du processus de justice transitionnelle pour répondre aux attentes des victimes des conflits passés.
Préoccupé par la prolifération du terrorisme dans la sous-région, le Président a dénoncé les violences de l’ADF et du Red TABARA, deux organisations basées dans l’est de la RDC qui recrutent des jeunes chômeurs et tuent aveuglement des citoyens innocents. Face à ce fléau, il a jugé indispensable une coopération internationale. Soulignant la contribution de son pays à la paix et à la sécurité internationales, il a indiqué que le Burundi met des contingents militaires et de police à la disposition de l’ONU et de l’Union africaine depuis 2007. Par ailleurs, le chef d’État a invité certains partenaires, notamment au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à reconnaître les efforts déployés par le Burundi. « Toute tendance à pointer du doigt le Burundi en mettant en place des mécanismes spéciaux en matière des droits de l’homme est tout simplement contreproductif », a-t-il estimé, avant de rappeler que son pays dispose d’une commission nationale indépendante des droits de l’homme, d’un Observatoire national pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et autres crimes contre l’humanité, d’une commission vérité et réconciliation, d’un conseil national pour l’unité nationale, d’une Commission des terres et des biens immobiliers et d’un ombudsman. Illustrant les initiatives de son pays en matière de droits de l’homme, il a cité la réouverture de médias fermés après l’insurrection de 2015, la libération de 5 000 prisonniers par grâce présidentielle, la participation effective des partis politiques et de la société civile dans la gestion de la vie politique et sociale du pays.
S’agissant de la pandémie de COVID-19, il a affirmé que le Burundi avait pris des mesures ayant permis de maintenir la positivité aux tests à un taux inférieur à 3%. Le Gouvernement du Burundi, a indiqué son Président, a pour ambition d’assurer la gratuité de soins de santé pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes qui accouchent dans les structures sanitaires publiques. Il a aussi vanté les succès des politiques de lutte contre la pauvreté qui ont fait de son pays l’un des rares à ne pas importer de denrées alimentaires. « Nous avons assuré la gratuité de l’enseignement pour permettre à chaque enfant d’aller à l’école », s’est aussi félicité M. Ndayishimiye, avant de citer l’objectif d’une « école pour chaque colline de recensement ». Enfin, il a souligné son ambition de développer un enseignement technique et professionnel pour disposer d’une jeunesse formée à répondre à tous les besoins de tous les secteurs économiques. Soulignant les succès de son pays en matière d’aide au retour des réfugiés, il a indiqué que 75 000 réfugiés sont rentrés volontairement chez eux entre juillet 2020 et septembre 2021, auxquels s’ajoutent 50 000 rapatriés qui n’ont pas transité par les organismes spécialisés de l’ONU.
Il a indiqué que son pays a adhéré à une vingtaine de conventions internationales sur la protection de l’environnement et s’efforce, notamment à travers son programme « EWE BURUNDI URAMBAYE » (Burundi couvert dans sa totalité), de mobiliser les moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre de projets liés à la biodiversité, à la dépollution des eaux, à la protection des sols et à la protection de la couche d’ozone.
Sur le plan diplomatique, le Président du Burundi a salué la décision historique du Conseil de sécurité de l’ONU et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de retirer le Burundi de leurs ordres du jours en guise de reconnaissance du retour à la paix et la stabilité durable du pays. Il a aussi cité le processus de normalisation de ses relations avec l’Union européenne à travers un dialogue politique constructif. Au niveau continental, le Président a dit que le Burundi avait ratifié l’accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), visant à terme à intégrer à l’ensemble des 55 États de l’Union africaine au sein d’un même bloc de libre-échange, en phase avec l’Agenda 2063 qui vise la libre circulation des personnes, des biens et services sur le continent. Il a cité en exemple le projet de chemin de fer en cours entre le Burundi, la Tanzanie et la RDC, pour relier le port de Dar es-Salaam au Burundi et à l’est de la RDC. Enfin, le Président a estimé que l’Afrique, en tant que seul continent non représenté parmi les membres permanents du Conseil de sécurité et continent sous-représenté dans la catégorie des membres non permanents, continuait de subir une injustice historique.
M. LUIS ALBERTO ARCE CATACORA, Président constitutionnel de l’État plurinational de Bolivie, a relevé que la pandémie de COVID-19 avait révélé les grandes inégalités entre les pays d’un « capitalisme du centre » et ceux qui se trouvent à sa périphérie. La hausse de la pauvreté extrême et l’accaparement injuste des vaccins par les pays développés ont été dénoncés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rappelé le Président. Or, cet accès doit être décrété comme un droit humain, a-t-il asséné, notant que la disponibilité des vaccins, en particulier pour les pays situés à la périphérie du capitalisme, était limitée. Le dirigeant a plaidé pour l’ouverture des brevets des multinationales, demandant notamment à l’ONU de travailler à un accès juste et équitable aux vaccins.
Rendant hommage aux « serviteurs de la santé », le dirigeant a évoqué les accords en Europe ou aux États-Unis afin que des milliards de dollars puissent être injectés dans l’économie. Mais en Amérique latine, en Afrique, les États ne disposent pas d’organismes qui pensent à « la bataille qu’il faut mener pour la vie », a constaté avec regret M. Arce Catacora. Au contraire, des organisations comme l’Organisation des États américains nous divisent et provoquent la déstabilisation, a accusé le Président bolivien. Il a ensuite appelé à protéger les travailleurs, les populations autochtones, les micro- et moyennes entreprises de la même façon que le sont les banques et multinationales. Le dirigeant a ensuite souligné l’importance des mesures prises par les institutions financières internationales, notamment celles qui ne supposent pas une augmentation de la dette des États bénéficiaires.
L’ordre mondial actuel est injuste, a insisté M. Arce Catacora, mettant en cause la fracture numérique. La Bolivie propose de travailler au rééchelonnement ou à l’allégement de la dette extérieure au niveau mondial, a-t-il poursuivi. Il est important que les mécanismes financiers internationaux octroient des prêts à des conditions préférentielles, a continué le dirigeant. Notre planète continue de souffrir des conséquences graves de la consommation à l’extrême, a mis en garde M. Arce Catacora, en citant le système capitaliste comme cause principale des changements climatiques.
Le dirigeant bolivien a ensuite proposé aux États Membres de réfléchir à plusieurs questions à l’occasion du Sommet de la COP26 à Glasgow. Les pays du capitalisme du centre doivent reprendre à leur compte la dette climatique et indemniser les autres, a-t-il préconisé, en appelant aussi à la répartition du budget carbone entre les pays.
Évoquant le droit international, le Président s’est élevé contre les pays hégémoniques qui prennent des mesures unilatérales. Cela affaiblit le multilatéralisme, a-t-il dénoncé, en rejetant « toute mesure visant à empêcher nos pays de déterminer librement nos systèmes politiques et sociaux ». Citant le blocus imposé à Cuba, M. Arce Catacora l’a qualifié de crime contre l’humanité, accusant ses responsables de faire fi des appels de la communauté internationale.
Rappelant le coup d’état de novembre 2019, puis les élections d’octobre 2020, le Président bolivien a souligné que son pays avait retrouvé sa démocratie. Il a ensuite accusé l’OEA et l’Argentine, entre autres, d’être responsables en partie de la rupture de l’ordre constitutionnel en Bolivie. Citant le dernier rapport d’un groupe d’experts indépendants qui fait état de graves violations des droits humains, M. Arce Catacora a assuré que son gouvernement souhaitait rendre la justice. Nous entendons défendre notre indépendance en tant qu’État libre et souverain, a par ailleurs affirmé le Président bolivien, qui a réclamé le droit à obtenir un accès à l’océan Pacifique par le biais d’un dialogue avec le Chili.
Pour M. NAYIB ARMANDO BUKELE, Président de la République d’El Salvador, parfois les crises sont des avertissements pour changer de voie, pour se demander si ce que nous faisons est vraiment ce que nous voulons faire, réfléchir à l’avenir dans lequel nous aimerions vivre.
De fait, a constaté M. Bukele dans une déclaration préenregistrée, « nous sommes dans un monde qui devient plus accéléré, plus désuni, plus anxieux, plus pessimiste et plus individualiste ». Un monde où presque personne ne sait où nous allons, ou du moins où nous aimerions aller, a-t-il ajouté. Il a remarqué que le monde actuel essaye de résoudre les problèmes momentanément, de sauter d’une crise à l’autre jusqu’à ce que nous atteignions une crise que nous ne pourrons pas résoudre. La société et le monde souffrent, et nous semblons de plus en plus éloignés de la résolution des causes de cette souffrance, s’est-il inquiété.
Il a décrit un monde toujours en proie à une pandémie, où nous avons vu le pire et le meilleur de notre espèce; une pandémie dont la réponse collective n’a fait que multiplier l’anxiété mondiale; une pandémie qui a aggravé la crise qui existait déjà. Pour lui, cette crise est celle, depuis des décennies, qui nous rapproche le plus de l’effondrement de la civilisation. Il a continué à décrire une civilisation fragile, qui ne parvient pas à avancer. Une crise de plus, a-t-il averti, et nous pourrions perdre beaucoup plus, et beaucoup plus vite, que ce que nous pensons possible.
Dès lors, il a pressé à tirer les leçons des civilisations passées, de leurs réussites et de leurs erreurs, car « nous avons une responsabilité envers l’histoire, envers tous ceux qui nous ont précédés, pour poursuivre les progrès de l’humanité et avancer aussi loin que possible ». Nous avons encore le temps de tirer les leçons de cette crise et d’analyser si nous faisons ce que nous devons vraiment faire, a-t-il insisté, en estimant que nous avons tous les outils pour le faire. M. Bukele a en effet rappelé que nous vivons dans un monde interconnecté et mondialisé, doté de la technologie nécessaire pour résoudre facilement tous ces problèmes. Toutefois, sans la volonté de le faire, a-t-il regretté.
Pour aller de l’avant, le Président a invité à « faire ce qui nous rend vraiment heureux, à maintenir nos traditions, prendre soin de nos familles et les valoriser ». Il nous faut enseigner à nos enfants ce que nous avons appris de nos parents, de nos professeurs, a-t-il ajouté. Comme philosophie, il a proposé d’être optimiste quant à l’avenir et au potentiel de l’être humain, se référant à Confucius et à Goëthe et annonçant l’intention de son pays de s’engager dans cette nouvelle voie. « Ce ne sera pas facile, mais nous tirerons le meilleur parti du temps que Dieu nous a donné. »
Pour finir, M. Bukele a invité à suivre les personnes du monde entier qui pensent aussi de cette façon. Des personnes qui n’ont pas encore été absorbées par l’hypercommunication du système et qui croient au potentiel illimité de l’imagination et de la créativité humaines. « Dieu a déjà décidé si nous allons réussir. » C’est notre destin et nous ferons de notre mieux pour l’atteindre, a-t-il conclu.
Dans un message vidéo préenregistré, M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a déclaré que la crise en Afghanistan représente une menace sérieuse pour la stabilité régionale, précisant que ce pays partage avec le sien 1 400 kilomètres de frontière. L’émergence des Taliban, désignés comme terroristes par le Conseil de sécurité, a encore détérioré la situation géopolitique déjà complexe de la région, a-t-il indiqué, se déclarant profondément préoccupé que ces derniers n’aient pas honoré leur engagement à créer un gouvernement cohésif. Il a condamné toutes les formes d’oppression infligées au peuple afghan et déploré le silence des organisations de droits humains face aux violations des droits de minorités et des femmes afghanes. Des violations tragiques des droits de l’homme sont notamment commises dans la province du Panshir où la population n’a accès ni à l’alimentation, ni à l’aide humanitaire, le Comité internationale de la Croix rouge ne pouvant y pénétrer, a-t-il signalé.
Le Chef d’État a insisté sur l’impératif de nouer le dialogue avec toutes les tranches de la société afghane afin d’instaurer une paix et une stabilité durable dans le pays. Les Tadjiks d’Afghanistan, qui représentent 46% de la population, ont le droit de participer à la sphère publique, a-t-il plaidé, avant d’appeler à former un gouvernement à l’issue d’élections permettant la participation de tous. La structure de celui-ci devra être déterminée par le truchement d’un référendum, a-t-il recommandé. Former un gouvernement sans prendre en compte l’avis de tous peut mener à des résultats catastrophiques, a-t-il averti, rappelant par ailleurs les conséquences de la « catastrophe » du 11 septembre 2001.
Déplorant la « décision insensée » qu’a été, selon lui, le départ des troupes étrangères, le Président du Tadjikistan a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour stabiliser la situation sécuritaire et politique par des moyens pacifiques. Il a également appelé l’ONU et le CICR à fournir une assistance immédiate à la population. Il a par ailleurs dénoncé les meurtres brutaux d’anciens membres des forces armées et de fonctionnaires et a décrié la libération de « milliers » de membres de Daech et d’Al-Qaida des prisons du pays. « L’Afghanistan est en train de devenir à nouveau le terreau fertile du terrorisme », s’est-il alarmé.
Poursuivant, M. Rahmon a passé en revue les efforts déployés par son gouvernement pour lutter contre le terrorisme, précisant qu’il s’est doté d’une nouvelle stratégie antiterroriste pour les cinq prochaines années. Le Tadjikistan se mobilise également pour contrecarrer le trafic de substances psychotropes et leurs précurseurs, qui sont une importante source de financement du terrorisme. Il a adopté une stratégie de contrôle du trafic de stupéfiant.
Le Président a par ailleurs appelé à revoir à la hausse le nombre de Tadjiks qui contribuent au maintien de la paix de l’ONU, pour ensuite annoncer la candidature du Tadjikistan à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2028-2029. S’agissant de la COVID-19, il a salué la riposte mise sur pied par l’ONU ainsi que l’OMS, notamment pour ce qui est de la fourniture de vaccins.
Dans son allocution, le Président tadjik s’est également attardé sur la question des changements climatiques. Il a indiqué que 93% du territoire du Tadjikistan est recouvert de montagnes et que son pays est confronté au problème du stress hydrique. Chaque année, des centaines de milliers de dollars s’évaporent suite à des catastrophes liées à l’eau qui provoquent des pertes humaines et la destruction d’infrastructures, a-t-il déploré. Il a aussi fait savoir que 1 000 des 13 000 glaciers des montagnes du Tadjikistan avaient complétement fondus, et que le glacier Fedtchenko s’était contracté de 11 kilomètres carrés et avait perdu 2 kilomètres cubes de glace. Précisant que 60% des ressources hydriques de l’Asie centrale se trouvent dans les glaciers du Tadjikistan, il a appelé à faire de 2025 l’année internationale pour la protection des glaciers afin d’attirer l’attention sur le phénomène de leur fonte.
Dans un message vidéo préenregistré, M. YOWERI MUSEVENI, Président de la République de l’Ouganda, a appelé à une action plus vigoureuse au niveau international pour favoriser un accès équitable aux vaccins pour tous, avant de fustiger les conséquences du « nationalisme vaccinal ». Il a noté que la pandémie de COVID-19 avait renforcé les obstacles préexistants à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) en mettant à nu les lacunes existantes. M. Museveni a félicité le Secrétaire général pour son plaidoyer continu et son engagement permanent en faveur d’un accès équitable aux vaccins, avant d’espérer que cette question de l’accès figurerait au cœur des efforts de reprise.
Il a espéré que le succès de la mise en œuvre du troisième plan national de développement de l’Ouganda sur le thème de « l’industrialisation durable pour une croissance, des emplois et une richesse inclusifs » serait déterminant pour la réalisation des 17 ODD. Tout en reconnaissant que la pandémie avait freiné certains secteurs économiques, M. Museveni a noté que cette crise avait aussi donné un nouvel élan à la campagne d’industrialisation du pays. Néanmoins, M. Museveni s’est inquiété des effets croissants des changements climatiques qui réduisent le capital naturel de son pays.
Bien que l’Ouganda contribue peu aux changements climatiques, M. Museveni a indiqué que l’Ouganda entreprend des actions ciblées, notamment en réalisant des investissements dans des mesures d’adaptation et d’atténuation. Illustrant son propos, il a cité la promotion de la consommation d’énergie propre et l’expansion de la couverture forestière et des zones humides, entre autres, conformément aux contributions fixées au niveau national. Le Président a aussi cité les efforts en cours pour restaurer 64 000 hectares de zones humides dégradées au profit de 4 millions d’agriculteurs et reboiser 200 000 hectares avec l’objectif de faire passer la couverture forestière de l’Ouganda de 12,4% en 2015 à 24% en 2030.
M. Museveni a réaffirmé la volonté de son pays de maintenir sa politique de porte ouverte aux réfugiés en expliquant que l’Ouganda en accueille actuellement 1,4 million, soit le plus grand nombre pour un seul dans toute l’Afrique. Après avoir souligné la récente décision d’accueillir des Afghans, le dirigeant a expliqué que l’approche de son pays en faveur des réfugiés est ancrée dans la conviction que personne ne choisit de fuir son pays ou d’être un réfugié et que ces personnes méritent d’être traitées avec dignité.
Par ailleurs, le Président de l’Ouganda a jugé plus urgent et plus impératif que jamais de réformer le Conseil de sécurité pour parvenir une représentation équitable du continent africain. Il a dit l’importance de promouvoir les droits humains sans les politiser, en indiquant que l’Ouganda se soumettra à l’examen périodique universel lors de la prochaine session du Conseil des droits de l’homme, qui se tiendra en janvier et février 2022.
Depuis le début, l’Azerbaïdjan a pris des mesures vigoureuses et concrètes pour protéger la population et atténuer l’impact négatif de la pandémie de COVID-19, s’est enorgueilli M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de la République d’Azerbaïdjan, dans un message vidéo préenregistré. Son pays a lancé une campagne d’immunisation dès la mi-janvier 2021 et un plan de relance de l’économie à hauteur de 2,7 milliards de dollars a été mis en place. Le Président s’est réjoui que les efforts du pays aient été internationalement reconnus, en soulignant que l’Azerbaïdjan avait mené ces programmes en utilisant ses propres fonds. Dix millions de dollars ont été par ailleurs versés à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et plus de 150 000 doses de vaccin fournies gratuitement à quatre pays, a-t-il ajouté.
Mais une plus grande solidarité mondiale est nécessaire pour surmonter la pandémie, a réclamé M. Aliyev. À plusieurs reprises, l’Azerbaïdjan a exprimé son mécontentement face à la constitution de réserves de doses par certains pays riches. Critiquant une nouvelle fois la persistance du « nationalisme vaccinal » et les inégalités croissantes entre pays développés et pays en développement dans l’accès aux vaccins, le Président a annoncé que le sien prendrait l’initiative d’une résolution sur le sujet lors de l’Assemblée générale. Nous suggérons aussi d’établir un groupe de haut niveau de l’ONU sur la reprise mondiale à la suite de la pandémie, a ajouté M. Aliyev.
Rappelant que l’Azerbaïdjan avait été réélu à la présidence du Mouvement des pays non alignés jusqu’à 2023, il a précisé que la mise en œuvre des objectifs de développement durable était d’une importance particulière pour son pays. L’Azerbaïdjan est à la cinquante-cinquième place sur 165 pays dans le Rapport sur les objectifs de développement durable 2021, s’est enorgueilli son président. Évoquant ensuite l’Accord de Paris sur le climat, M. Aliyev a réitéré son objectif de réduire de 35% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Il a aussi annoncé son objectif d’accroître la part de renouvelables dans la capacité électrique totale de 17% à 30% d’ici à 2030.
M. Aliyev a ensuite consacré son discours au conflit opposant l’Azerbaïdjan à l’Arménie. « Je peux aujourd’hui dire avec fierté que l’Arménie a été battue sur le champ de bataille et que l’Azerbaïdjan a mis fin à son occupation », s’est réjoui le Président. Revenant sur l’occupation de 20% du territoire azéri pendant 30 ans, M. Aliyev a dénoncé les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par l’Arménie. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté quatre résolutions en 1993 demandant le retrait des forces armées arméniennes des territoires d’Azerbaïdjan occupés, a rappelé le dirigeant. Mais toutes ont été ignorées par l’Arménie, a accusé M. Aliyev, citant également celles de l’Assemblée générale des Nations Unies ou du Parlement Européen. « C’est clairement le signe d’un deux poids, deux mesures », a estimé M. Aliyev, en appelant à la mise en place d’un mécanisme pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
M. Aliyev a ensuite rappelé avoir soulevé à plusieurs reprises la nécessité d’imposer des sanctions contre l’Arménie. Des appels restés sans suite, a regretté le dirigeant. Accusant l’Arménie d’avoir délibérément détruit le processus de négociations entre les deux pays, M. Aliyev est revenu sur le déroulement des affrontements à partir de juillet 2020. Il a incriminé l’Arménie pour la mort de plus de 100 civils, dont 11 enfants, et pour avoir fait plus de 450 blessés, assurant que l’Azerbaïdjan n’avait jamais visé de civils. Précisant ensuite qu’il n’y avait pas de zone territoriale appelée Nagorno-Karabakh en Azerbaïdjan, M. Aliyev a demandé aux États Membres de l’ONU de ne pas utiliser d’appellations « juridiquement inexistantes ou biaisées politiquement ».
Revenant sur les « actes de barbarie commis par l’Arménie », le Président a expliqué que chaque délégation à l’ONU recevrait un livre illustré montrant les destructions commises par l’Arménie. Ce pays a commis un « gécocide très grave » dans les anciens territoires occupés d’Azerbaïdjan, a ensuite accusé M. Aliyev, en citant notamment la pollution de la rivière Okhchuchay et l’exploitation illégale des ressources naturelles. Le dirigeant a ensuite sommé l’Arménie de fournir des informations sur le sort de 4 000 citoyens déclarés disparus après la première guerre du Karabakh. M. Aliyev a appelé aussi le pays à prendre la responsabilité des agressions militaires et des autres crimes commis contre l’Azerbaïdjan.
L’Azerbaïdjan est l’un des pays les plus minés au monde, a déploré M. Aliyev, accusant l’Arménie de refuser de rendre public une carte précise des mines situées dans les territoires libérés et appelant à l’intervention de la communauté internationale. Nous avons déjà exprimé la volonté d’entamer des négociations de paix avec l’Arménie afin d’amener la paix et la coopération dans la région mais nous n’avons pas vu de réponse positive de l’Arménie, a regretté M. Aliyev. La communauté internationale doit jouer son rôle positif à ce sujet en incitant l’Arménie à réaliser qu’il n’y a pas d’alternative autre que la paix, a conclu le Président.
M. MOHAMED YOUNIS MENFI, Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale de la Libye, a consacré son intervention aux derniers développements dans son pays, en prévision des échéances électorales prévues en décembre prochain. La Libye traverse une étape critique, voire fatidique: soit elle réussit sa transition démocratique par la tenue d’élections libres, équitables, transparentes et acceptables, avant de progresser vers une stabilité et une prospérité permanentes, soit elle échoue et renoue avec la division et le conflit armé.
Au vu de cette situation difficile et des craintes qu’elle reflète, il faut de réelles garanties pour parvenir au succès auquel aspirent les Libyens pour parvenir à un État civil et démocratique. Malgré les réalisations que nous cherchions à obtenir, que ce soit en consolidant le cessez-le-feu et en s’attaquant à toute tension de nature à éloigner encore davantage les parties, ainsi qu’en travaillant avec le Comité militaire pour ouvrir la liaison entre l’est et l’ouest de la Libye, le problème de l’expulsion des forces étrangères et des mercenaires du pays demeure un véritable défi. C’est pourquoi le Président du Conseil a appelé la communauté internationale à s’acquitter de ses responsabilités pour soutenir les efforts en cours afin de parvenir à la conduite d’élections de manière sûre, libre, équitable et inclusive.
Depuis que nous avons assumé nos responsabilités, nous nous sommes efforcés de traiter plusieurs dossiers importants, d’obtenir les avantages requis et d’aller de l’avant avec tous les efforts possibles pour veiller à la pleine mise en œuvre des engagements convenus, en particulier la feuille de route émanant du Forum de dialogue politique, du processus de Berlin et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Cependant, nous sommes confrontés à de réels défis et à des évolutions rapides qui nous poussent à réfléchir à des options plus réalistes et pratiques en vue d’éviter les risques de blocage qui pourraient saper le processus politique, « au risque de nous ramener à la case départ ».
C’est pourquoi il a annoncé différentes mesures visant à préserver le processus politique et à éviter au pays d’entrer dans une nouvelle crise. Il a ainsi invité à une réunion des parties prenantes concernées, notamment les dirigeants des institutions politiques et militaires pour faciliter la recherche d’un consensus pour maintenir le processus politique et organiser des élections sûres, transparentes, justes et acceptables. Une telle voie requiert, en premier lieu, une concession de la part de chacun, un sens des responsabilités, et de placer l’intérêt de la nation au-dessus de tout autre, a insisté M. Menfi.
Ces dernières années, de nombreuses initiatives et propositions internationales ont été présentées à la Libye pour tenter de résoudre la crise, sans succès. C’est pourquoi, dans l’intérêt de l’appropriation et du leadership libyens, son pays prend l’initiative d’accueillir une rencontre internationale en octobre prochain, dans le cadre d’une proposition qui traite de diverses pistes politiques. L’initiative vise à assurer la poursuite du soutien international de manière unifiée et cohérente, conformément à une vision nationale globale.
Sur le plan économique, M. Menfi a indiqué que le Conseil présidentiel libyen avait examiné avec beaucoup d’intérêt et d’engagement les résultats de la piste économique parrainée par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), à laquelle ont participé des experts libyens d’élite. Nous pensons que ces recommandations sont l’une des pierres angulaires d’une solution pour désamorcer le conflit en Libye, a insisté M. Menfi. S’adressant en conclusion au « grand peuple libyen, fier et libre », il s’est dit confiant qu’ensemble avec une forte volonté et une solide détermination , il sortira renforcé de cette épreuve.
Dans un message vidéo préenregistré, le Prince Albert II de Monaco a indiqué que le monde post-COVID-19 se doit d’être plus résilient et durable et exige de repenser les modes de production et de consommation. « Une gestion rigoureuse de la crise et un soutien conséquent à sa population et à ses entreprises ont permis à la Principauté de surmonter jusqu’ici cette tempête inédite. » L’action publique a démontré qu’elle conservait une place essentielle dans la résolution des défis mondiaux, a-t-il poursuivi, regrettant néanmoins que la réponse soit demeurée fragmentée. Le Prince a estimé que la solution ne peut venir que d’une action collective déterminée dont la clef de voûte est le multilatéralisme. « Le multilatéralisme n’est pas une option, c’est une nécessité. » Nous devons faire le choix de la coopération équilibrée, celle qui accepte les discussions, les désaccords, les médiations, pour trouver des solutions communes, guidées par les principes et idéaux de la Charte des Nations Unies, a-t-il martelé.
Le Prince a déclaré que la réduction de la fracture numérique apparaît comme une priorité alors que 3 milliards de personnes n’ont pas accès à l’Internet. « Il y a trois ans, je lançais le programme Extended Monaco, pour bâtir le Monaco de demain, plus écologique et mieux connecté », a-t-il rappelé. Mieux préparée, la Principauté a su maintenir l’activité économique, ses services sociaux, éducatifs et culturels, même au plus fort de la crise, a-t-il argué. Il a déclaré qu’un subtil équilibre reste à trouver « entre, d’une part, la désinformation, le discours de haine, les théories complotistes et, d’autre part, le respect des libertés fondamentales ». Les mesures prises pour enrayer l’épidémie ont également eu de lourdes conséquences sur la santé mentale et le bien-être des populations, a poursuivi le Prince. « Cet aspect a d’ailleurs été probablement sous-estimé et il est essentiel que chacun puisse retrouver une vie normale. » Pour un très grand nombre d’entre nous, un épanouissement personnel s’exprime aussi par la pratique d’une activité sportive, a-t-il noté, en ajoutant que le sport contribue de fait à la réalisation des objectifs de développement durable. Il a souligné la nécessité de ne pas laisser la pandémie retarder la réalisation desdits objectifs, ajoutant que celle-ci a mis en lumière les inégalités inhérentes aux systèmes agroalimentaires.
Le Prince a aussi appelé tous les États à faire preuve de la plus haute ambition lors de la révision de leurs contributions déterminées au niveau national dans la lutte contre les changements climatiques et à adopter des mesures fortes lors de la prochaine COP26 de Glasgow. « La reconstruction post-COVID se doit d’être verte et durable et, j’irai plus loin, fondée sur la nature. » La pandémie nous a rappelé à quel point la destruction des écosystèmes pouvait s’avérer coûteuse et dangereuse pour l’être humain, a-t-il dit, en plaidant en faveur de « mesures concrètes » pour la protection de la nature. À ce titre, la COP15 de la CDB (Convention sur la diversité biologique) nous offre une occasion unique d’adopter un cadre mondial ambitieux pour la préservation de la biodiversité, a-t-il espéré. Il a en outre estimé que la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable offre une opportunité pour une action collective en vue de lutter contre la dégradation des océans et les menaces provenant de l’activité humaine. Le Prince a ajouté que Monaco concentre son action au niveau international sur la lutte contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Il a salué la récente nomination de la nouvelle mandataire mondiale pour « Toutes les femmes, tous les enfants », Mme Kersti Kaljulaid, Présidente de la République d’Estonie, « dont la noble mission sera de nous mobiliser sur les besoins en matière de santé des femmes et des enfants ».
Mettant en garde contre une faillite commune face à la crise climatique, il a indiqué que le point de non-retour est extrêmement proche. « Face à un risque existentiel, il n’est plus possible de temporiser. » Le Prince a donc appelé à « replacer le multilatéralisme au cœur de notre action, utiliser tous les outils à notre disposition pour accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et répondre aux besoins de nos peuples et de la planète avant que nos excès ne deviennent irréversibles ».
M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a, dans un message vidéo préenregistré, proposé la tenue d’une conférence internationale sur les causes et les conséquences de la pandémie de COVID-19, et le soutien aux pays les plus faibles. Si la pandémie a exacerbé des problèmes endémiques tels que les conflits, l’extrême pauvreté ou les migrations, elle a également aggravé la crise économique provoquée par la chute du prix du pétrole sur les marchés internationaux. La Guinée équatoriale a programmé et appliqué des politiques sur la diversification de l’économie, en essayant de redynamiser d’autres secteurs qui ne sont pas aussi vulnérables ou fluctuants que celui des hydrocarbures, a expliqué le Président. Malheureusement, ces efforts ont subi un revers important avec les explosions accidentelles à Bata le 7 mars, qui ont causé plus d’une centaine de pertes en vies humaines, de nombreux blessés, ainsi que des dégâts matériels importants, avec un effet très négatif sur l’économie nationale.
Le Président a tenu à féliciter les gouvernements et les acteurs politiques de la Libye, de la Guinée Bissau et de la République centrafricaine pour leurs efforts en vue de restaurer la paix et la stabilité. La Guinée équatoriale, a-t-il souligné, est un État souverain qui se garde de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres et s’attend en retour à ce que sa souveraineté soit respectée, a souligné M. Obiang Nguema Mbasogo. Il a de nouveau plaidé en faveur de la réforme du Conseil de sécurité, conformément au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte, qui reflètent la Position commune africaine. Par ailleurs, le Président a observé avec « une grande inquiétude » la tendance dangereuse de certains pays à imposer des valeurs étrangères, sans tenir compte de l’histoire, de la culture, des traditions et des priorités des autres. Enfin, il a souligné la situation d’instabilité et d’insécurité croissantes dans la sous-région d’Afrique centrale, où la criminalité transnationale organisée prend la forme de la piraterie. Le golfe de Guinée est devenu une zone instable qui menace l’existence même des pays côtiers et du trafic maritime international. Ce problème, a fait valoir M. Obiang Nguema Mbasogo, mérite la même attention mondiale que celle que la communauté internationale avait accordée à la situation dans le golfe d’Aden.
Dans un message vidéo préenregistré, M. TE BERETITENTI TANETI MAAMAU, Président de la République de Kiribati, a constaté que, face à des défis sans précédent, la réalisation des ODD s’axe dorénavant sur le redressement et le renforcement de la résilience. Il a déclaré que la consolidation de cette résilience est un des fondements de la vision sur 20 ans qu’a défini son gouvernement pour créer une nation plus prospère, plus pacifique et en meilleure santé. Cette vision, a-t-il précisé, s’aligne notamment sur l’Agenda 2030 et les Orientations de Samoa. Il a également indiqué que, pour ne laisser personne de côté, son gouvernement œuvre sans relâche à réduire les inégalités et à mobiliser un appui ciblé à l’intention des communautés marginalisées. Il a en outre indiqué que Kiribati s’était soumis à l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme en 2020, saluant au passage un processus qui respecte la souveraineté des États Membres.
M. Maamau a ensuite fait savoir que Kiribati peine à atténuer les effets adverses de la pandémie en raison de sa dépendance aux importations, notamment s’agissant des articles médicaux, pour répondre à ses besoins essentiels. Il a plaidé pour des politiques commerciales holistiques et en synergie avec les priorités de développement de son pays, signalant au passage que son gouvernement privilégie l’amélioration de la connectivité numérique en raison du potentiel qu’elle recèle en matière de croissance inclusive et de développement socioéconomique. Il a par ailleurs fait savoir que Kiribati est en bonne voie pour vacciner plus de 50% de sa population, et que 70% des Kiribatiens qui se trouvaient à l’étranger avaient pu être réunis avec leur famille. Mais depuis la découverte du variant Delta, les personnes restantes, notamment les gens de mer, se retrouvent de nouveau bloqués, s’est-il inquiété, assurant de son engagement sans relâche à rapatrier les ressortissants kiribatiens qui demeurent bloqués.
Poursuivant, le Chef d’État a attiré l’attention sur l’importance vitale, pour son pays, de sécuriser les limites de ses frontières maritimes face à la montée du niveau de la mer et aux changements climatiques. Lorsque la délimitation des frontières maritimes de Kiribati sera achevée, celle-ci doit être permanente et ne saurait être affectée par ces deux phénomènes, a-t-il souligné. Il a ensuite appelé les États Membres à se réengager en vertu des obligations auxquelles ils ont souscrit dans le cadre de l’Accord de Paris et à revoir à la hausse leurs ambitions en matière de biodiversité et d’adaptation aux changements climatiques.
Dans un message vidéo préenregistré, M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a estimé d’emblée que, ces deux dernières années, la communauté mondiale n’a pas réussi à aborder de manière adéquate certains des problèmes les plus urgents de notre temps, à commencer par la pandémie de COVID-19. Alors que la disponibilité et la distribution des vaccins sont au cœur de la reprise mondiale, « les faits parlent d’eux-mêmes »: sur 554 millions de doses promises par les nations les plus riches, seulement 91 millions, soit 16%, ont été livrées, a-t-il déploré. Et en Afrique, moins de 3,5% des habitants ont été vaccinés, ce qui est « honteux ». À ses yeux, « il y a un virus bien plus terrible que la COVID-19, c’est le virus de l’inégalité ». Pour que le Mécanisme COVAX puisse remplir son mandat, il importe que les engagements pris par les nations les plus riches soient honorés « et non utilisés comme un levier à court terme », a martelé le Chef d’État, avant d’exhorter la communauté internationale à aider les économies les plus vulnérables du monde à améliorer leur résilience aux chocs futurs.
L’économie des Seychelles, comme celle de nombreux autres petits États insulaires en développement (PEID), a été « mise à genoux » par la pandémie en raison de l’effondrement de l’industrie touristique, a rappelé M. Ramkalawan, pour qui les « insuffisances » dans la réponse à cette crise soulignent le besoin urgent de mesures collectives plus fortes entre les États Membres. Les vulnérabilités des PEID sont « bien connues », a-t-il fait remarquer, en estimant à cet égard qu’une approche « taille unique » pour l’allégement de la dette et les financements concessionnels n’est « certainement pas la plus appropriée pour nous ». De fait, l’application de l’Indice de vulnérabilité reste pour les PEID « la seule solution cohérente et viable » pour ces États dont beaucoup, au prix d’un travail acharné, ont atteint le statut de pays à revenu intermédiaire. Or, l’examen des critères d’aide au développement et d’accès au financement font encore l’objet de débats incessants dans d’innombrables forums, ce qui pénalise gravement les PEID, lesquels sont en outre frappés de manière disproportionnée par « l’injustice environnementale » due aux changements climatiques. « Nous en sommes les moins responsables, et pourtant nous en payons le plus lourd tribut », a dénoncé le Président.
Malgré « l’énormité du péril » auquel son pays est confronté, M. Ramkalawan a dit croire en des solutions collectives qui conduisent à un monde plus durable et plus vert. Cependant, les promesses et les engagements doivent être tenus, a-t-il dit, en évoquant la prochaine COP26 à Glasgow. Il a donc appelé la communauté internationale, « en particulier les plus gros émetteurs du G20 », à accroître leurs contributions déterminées au niveau national « à un niveau qui atteigne voire dépasse les exigences du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ». En conclusion, il s’est dit convaincu que, grâce au multilatéralisme, le monde parviendra à surmonter les défis auxquels il est confronté, « par l’action collective, la solidarité mondiale et la volonté politique ».
Alors que nous nous dirigeons vers la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), à Doha, l’année prochaine, M. MOEKETSI MAJORO, Premier Ministre du Royaume du Lesotho, a dit garder l’espoir de l’adoption par consensus d’un nouveau programme d’action ambitieux qui devrait faire en sorte que ces pays ne soient pas laissés de côté dans la réalisation des objectifs de développement durable. Le Lesotho, a-t-il promis, entend demander à la communauté internationale d’augmenter le financement des systèmes de santé et d’accroître les investissements dans les infrastructures physiques, le développement scientifique et technologique et la recherche dans les PMA.
Nous pensons que de telles mesures audacieuses nous aideraient à nous remettre sur la trajectoire de la mise en œuvre complète des objectifs de développement durable, a dit le Premier Ministre. Abordant la problématique des changements climatiques, il a mentionné les initiatives et programmes mises en œuvre par son gouvernement, en parlant de son intention de réduire, sans condition, les émissions nettes de gaz à effet de serre de 10 % d’ici à 2030 et de faire pression pour obtenir une réduction supplémentaire de 25 %. Guidé par le principe de ne laisser personne de côté, le Lesotho, a rappelé le Premier Ministre, ne cesse de prier la communauté internationale et d’autres organisations régionales et internationales de soutenir les efforts d’adaptation et d’atténuation et de renforcer la résilience, en particulier des pays vulnérables. C’est la seule de mettre à leur portée la réalisation des objectifs de développement durable.
Sur un autre registre, le Premier Ministre s’est dit vivement préoccupé par le fléau du racisme qui persiste dans toutes les parties du monde. Il a demandé instamment à tous les États Membres de promouvoir et de protéger collectivement les droits de l’homme et de restaurer la dignité des peuples qui ont été les plus durement touchés par les fléaux du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance. Il a ensuite affirmé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale doit rester une priorité, surtout en cette période où il existe un besoin urgent de solidarité et d’engagement inébranlable envers le multilatéralisme et l’ONU.
Le Premier Ministre a rappelé que la dernière réforme des Nations Unies remonte à 1963, soit à plus de cinq décennies. Il s’est dit convaincu que le moment est venu de soulever des questions cruciales pour permettre à l’Organisation de faire face aux menaces du XXIe siècle, « lourde tâche s’il en est ».
M. MARIO DRAGHI, Président du Conseil des Ministres de l’Italie, a, dans un message vidéo préenregistré, tout d’abord constaté un affaiblissement progressif du multilatéralisme qui a garanti la paix, la sécurité et la prospérité depuis l’après-guerre. Dans le même temps, a-t-il observé, nous sommes confrontés à des problèmes que nous ne pouvons pas résoudre seuls, qu’il s’agisse de la pandémie, des changements climatiques, de la relance économique, de la lutte contre les inégalités et l’insécurité alimentaire, du règlement des conflits ou encore du combat contre le terrorisme. Autant de questions qui sont au cœur de l’Assemblée générale d’aujourd’hui mais aussi à l’ordre du jour de la présidence italienne du G20.
Pour M. Draghi, il importe de relancer le multilatéralisme afin de relever les défis de notre temps. Cela passe, selon lui, par un meilleur accès des pays pauvres aux vaccins et la levée des obstacles logistiques à leur distribution là où ils sont le plus nécessaires. Nous devons aussi garantir au niveau mondial la libre circulation des vaccins et des matières premières nécessaires à leur fabrication, a-t-il plaidé, réaffirmant le plein soutien politique et financier de son pays au Mécanisme COVAX.
Alors que la pandémie a eu des effets particulièrement graves dans les pays à faible revenu, le G20 présidé par l’Italie a adopté un train de mesures économiques pour les aider à surmonter cette crise et les accompagner dans leur développement, a indiqué le Chef du Gouvernement italien. Nous avons soutenu la décision du Fonds monétaire international (FMI) d’émettre de nouveaux droits de tirage spéciaux à hauteur de 650 milliards de dollars, dont 33 milliards de dollars pour les pays africains. Nous avons aussi accéléré la reconstitution du Fonds IDA-20 de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres et nous souhaitons faciliter une restructuration durable de leur dette, a-t-il ajouté, avant d’assurer que l’Italie maintiendra son soutien au continent africain, qui est « de plus en plus central pour la sécurité et la croissance économique à l’échelle mondiale ».
L’autre urgence est de protéger la planète, les économies et les générations futures face aux changements climatiques, a poursuivi M. Draghi. En tant que Présidente du G20 et Coprésidente de la COP26 avec le Royaume-Uni, l’Italie entend atteindre des objectifs ambitieux sur les trois piliers de l’Accord de Paris: l’atténuation, l’adaptation et le financement, a-t-il précisé, réitérant son soutien à l’engagement de l’Union européenne (UE) de réduire ses émissions de CO2 de 55% d’ici à 2030 et de parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050. Il a cependant tenu à rappeler que l’UE ne représente actuellement que 8% des émissions mondiales, contre 75% pour les pays du G20. À ses yeux, il faut au plus vite éliminer les subventions aux combustibles fossiles et promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables.
Cette transition aura un coût important mais sera aussi un moteur de la croissance économique, a-t-il soutenu, avant de souhaiter que la table ronde sur le climat annoncée lundi dernier par le Secrétaire général de l’ONU et le Premier Ministre du Royaume-Uni donne un « nouvel élan » aux négociations qui mèneront au Sommet du G20 à Rome et à la COP26 à Glasgow.
Évoquant ensuite la situation en Afghanistan, M. Draghi a mis en garde contre les risques liés à la présence de groupes affiliés à Al-Qaida et à Daech. Face à la menace terroriste, la communauté internationale doit coopérer efficacement, à commencer par le partage de renseignements, a-t-il souligné, invitant également les États à combiner leurs objectifs de sécurité avec la prévention, la protection des droits de l’homme et le respect de l’état de droit. « Tous ceux qui ont signé la Charte des Nations Unies et qui adhèrent aux valeurs fondatrices de cette Organisation doivent s’engager dans la résolution de cette crise », a plaidé le Chef du Gouvernement italien, selon lequel la communauté internationale doit notamment exiger que les femmes afghanes préservent leurs droits fondamentaux.
Active sur ces questions, l’Italie l’est aussi sur le plan humanitaire, alors qu’une personne sur trois en Afghanistan est confrontée à l’insécurité alimentaire et que l’exode de réfugiés se poursuit. Cette crise appelle également une réflexion sur l’avenir des missions internationales, a estimé M. Draghi qui a réaffirmé l’engagement de son pays en tant que « plus gros contributeur de Casques bleus parmi les pays occidentaux ». Enfin, après avoir fait état du soutien de son pays au processus de transition en Libye, « sans ingérence extérieure et sous l’égide de l’ONU », il a appelé de ses vœux une « réforme consensuelle » du Conseil de sécurité afin d’assurer une répartition géographique plus équitable des sièges grâce à une augmentation du nombre de membres élus, autre condition d’un « multilatéralisme efficace ».
M. JAKUB KULHÁNEK, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a d’emblée rappelé qu’il y a deux semaines, nous commémorions le vingtième anniversaire des horribles attaques terroristes commises contre les États-Unis. Mais cet acte de terrorisme barbare n’était pas seulement dirigé contre les États-Unis, mais aussi contre nos valeurs communes. Ce crime nous rappellera toujours avec force que nous devons rester unis dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent sous toutes leurs formes, a-t-il dit. La menace du terrorisme international n’a malheureusement pas diminué, les groupes terroristes et extrémistes violents ayant démontré leur capacité à s’adapter aux nouvelles circonstances, même pendant la pandémie de COVID-19. « Notre vigilance est donc plus que jamais nécessaire », a mis en garde le Chef de la diplomatie tchèque.
Poursuivant, il a évoqué la situation en Afghanistan qui constitue un défi majeur. Il importe désormais d’unir nos forces pour y éviter une catastrophe humanitaire, poursuivre notre lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée et prévenir les déplacements forcés et les migrations illégales. Lors de la Conférence des donateurs à Genève, la République tchèque s’est engagée à accroître son soutien humanitaire aux personnes dans le besoin en Afghanistan. Notre contribution s’élèvera à environ 5 millions de dollars, a annoncé le Ministre, en insistant sur le fait que l’ONU reste un acteur clef sur le terrain. Les Taliban doivent garantir un accès libre et sûr à l’ensemble du territoire du pays pour tout le personnel humanitaire et des Nations Unies, y compris le personnel féminin, a soutenu M. Kulhánek. Il s’est dit particulièrement préoccupé par les actions des Taliban dirigées contre les femmes et les filles.
Une autre région où la population a été durement éprouvée, selon lui, est le Sahel. « Avec nos partenaires internationaux et africains, la République tchèque continuera à participer à des activités conjointes de stabilisation pour apporter la paix et la prospérité à cette partie du continent. » La République tchèque a d’ailleurs mis en œuvre un programme national doté d’un budget annuel de plus de 14 millions de dollars qui soutient les pays africains confrontés aux déplacements forcés et à la migration irrégulière.
Évoquant la pandémie de COVID-19, il a souligné le rôle particulier de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le renforcement des systèmes de santé et la préparation aux pandémies. Le Chef de la diplomatie tchèque a précisé, dans ce contexte, que dans le cadre de l’Équipe Europe, son pays aura donné plus de deux millions de doses de vaccin d’ici à la fin de 2021, principalement par le biais du Mécanisme COVAX.
Sur un autre sujet, il a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris constituent les pièces maîtresses de nos efforts communs face au réchauffement planétaire. M. Kulhánek a également alerté sur les profondes fractures numériques mises en évidence par la pandémie, se disant consterné par l’augmentation des cyberattaques contre les infrastructures critiques qui fournissent des services essentiels à nos citoyens.
Poursuivant, il s’est élevé contre un type de haine particulièrement méprisable: la montée de l’antisémitisme et la négation de l’Holocauste. La République tchèque s’est engagée à prévenir et à combattre l’antisémitisme, tant hors ligne qu’en ligne. En 2022, elle accueillera une conférence internationale de suivi de la Déclaration de Terezín (2009), approuvée par 47 pays. Notre ambition, a conclu le Ministre, est de progresser vers la rectification des injustices patrimoniales datant de l’Holocauste et de créer des fonds pour l’éducation et la lutte contre l’antisémitisme, la xénophobie et la haine.
M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral aux affaires européennes et internationales de l’Autriche, a commencé par rappeler que « la pandémie n’est pas encore derrière nous », soulignant que nous avons perdu des décennies de gains en développement durement acquis. Le Ministre a constaté que ce recul serait d’autant plus grave si nous ne garantissons à tout le monde accès au vaccin « dans les plus brefs délais ». C’est pourquoi, a-t-il dit, l’Autriche figure parmi les principaux contributeurs au Mécanisme COVAX. Mon pays, a-t-il ajouté, a été le premier à fournir aux voisins des Balkans occidentaux des doses de vaccin via le mécanisme de l’Union européenne. Mon pays a fait également don de plus de deux millions d’euros de doses de vaccin aux partenaires de la Géorgie, du Liban, de la Tunisie, de l’Ukraine et de l’Iran, a dit le Ministre.
La COVID-19, a-t-il alerté, a nourri le feu des tensions géopolitiques existantes. Il a cité les situations au Yémen, en Syrie, en Éthiopie, au Haut-Karabakh, au Bélarus, au Myanmar ou encore au Nicaragua. Il a qualifié de « revers amer » la situation en Afghanistan, en soulignant qu’après 20 ans d’engagement, il semble que nous retournions à la case départ. Nous ne pouvons pas tourner le dos au peuple afghan, a martelé le Ministre, avant d’annoncer que l’Autriche fournira un total de 20 millions d’euros en aide humanitaire d’urgence à l’Afghanistan et à la région. Mais, a-t-il souligné, nous devons exprimer clairement nos attentes vis-à-vis des nouvelles autorités au pouvoir à Kaboul.
Le Ministre a ensuite déclaré que les nouvelles technologies ne sont pas « une frontière où les droits de l’homme n’existent pas ». Selon lui, il faut définir les lignes à ne pas dépasser et cela inclut de prendre du recul par rapport à la création d’armes létales autonomes. Il a fustigé les systèmes où un algorithme décide en une fraction de seconde qui vit et qui meurt. Le Ministre a rappelé que l’Autriche a organisé une Conférence sur le maintien du contrôle humain sur ces armes, dans le but d’aboutir à l’interdiction de ces « robots tueurs ». Il s’est aussi réjoui du fait que son pays accueillera la première Assemblée du Traité d’interdiction des armes nucléaires à Vienne, au mois de mars 2022. Avant de conclure, le Ministre a souligné l’importance du multilatéralisme et plaidé en faveur « d’une ONU 2.0 ».
La pandémie a mis en évidence la nécessité d’un système multilatéral fort et efficace, a dit M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Ministre des affaires étrangères du Mexique, jugeant inacceptable que les espaces de la solidarité la plus élémentaire entre les États soient fermés. En lieu et place, la désinformation, le déni des preuves scientifiques et le repli xénophobe ont gagné du terrain, a-t-il mis en garde. Selon lui, cette crise sans précédent ne peut être surmontée par des mesures unilatérales ou isolées mais par une coopération renouvelée et une véritable solidarité internationale.
Dès le début, le Mexique a soulevé la nécessité de garantir un accès équitable et universel aux médicaments, vaccins et autres fournitures médicales et le fait à nouveau avec un sentiment d’urgence, soulignant la compétence de l’OMS. C’est pourquoi le Mexique a présenté une proposition au G20 pour que l’ensemble de la communauté internationale reconnaisse l’OMS en tant qu’« autorité de certification » des vaccins. Son pays, a poursuivi M. Casaubón contribuera au processus de réforme du système sanitaire international. D’ores et déjà, le Mexique l’a prouvé en faisant don de plus d’un million de vaccins à des pays frères d’Amérique latine et des Caraïbes.
Sur le volet des changements climatiques, le Mexique a réitéré son soutien à l’Accord de Paris, a dit le Chef de la diplomatie de son pays, en évoquant l’un des plus grands programmes de reforestation au monde « Sembrando Vida » promu par le Gouvernement mexicain. Sept cent millions d’arbres ont été plantés, ce qui contribue non seulement à lutter contre la dégradation de l’environnement, mais aussi à créer des emplois décents et à améliorer la qualité de vie. Dans son adresse, M. Casaubón s’est aussi inscrit en faveur de la revitalisation de l’ONU et a souligné, s’agissant de la réforme du Conseil de sécurité que son pays continuera à être un acteur constructif pour que cette instance soit plus représentative, démocratique, transparente et efficace. De fait, face à la paralysie fréquente de cet organe, le Mexique, avec la France a proposé de réglementer le droit de veto des cinq membres permanents. Plus d’une centaine d’États nous soutiennent dans cette initiative, s’est réjoui le Ministre.
Il a, par ailleurs, indiqué que son pays continuera d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le commerce et le trafic irresponsable d’armes, ainsi que sur son lien avec la hausse de la violence, des homicides et des crimes qui affectent la sécurité des citoyens et limitent leurs possibilités de développement. « Nous espérons que le Conseil pourra prendre des mesures en vue d’un contrôle plus strict des armes légères et de petit calibre, car elles alimentent les conflits dans le monde. »
Évoquant la situation régionale, le responsable s’est félicité du rôle de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), une plateforme permettant d’amplifier la voix de l’Amérique latine et des Caraïbes dans les forums multilatéraux. Il s’est, en outre, félicité du lancement du processus de négociation au Venezuela, facilitée par la Norvège et dont les réunions se sont tenues au Mexique. « Nous considérons que c’est par le dialogue et la négociation qu’une solution doit être trouvée au bénéfice du peuple vénézuélien », a-t-il insisté.
Pour finir, M. Casaubón a réaffirmé son engagement à respecter les objectifs du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et sur les réfugiés. « La migration n’est pas un phénomène pernicieux », a-t-il dit. Au contraire, toutes nos sociétés ont bénéficié, à un certain moment de leur histoire. Il est de la responsabilité de chacun de respecter et de défendre les droits de toutes les personnes, quel que soit leur statut migratoire. Dès lors, a-t-il conclu, la coopération internationale est cruciale pour les communautés d’origine, de transit et de destination afin de développer leurs capacités sans avoir à recourir à l’émigration.
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, s’est tout d’abord réjoui que cette soixante-seizième session de l’Assemblée générale se tienne en présentiel, « c’est là l’essence de la diplomatie ». Il a ensuite noté qu’après 18 mois de pandémie de COVID-19, la situation s’est améliorée tout en restant « très incertaine ». Il a toutefois tenu à remercier la communauté scientifique mondiale qui a rendu possible « la seule réponse à cette crise », à savoir la vaccination. Mais comme il s’agit d’une « attaque mondiale », la réponse doit l’être aussi, a fait valoir le Chef de la diplomatie hongroise, souhaitant que tout soit fait pour les vaccins soient produits « dans autant de régions possibles dans le monde ». De même, soulignant que sauver des vies ne doit être « ni idéologique ni politique », il a invité les organes de régulation et les autorités nationales et internationales à mener des procédures fondées sur les faits pour l’autorisation des vaccins, « en mettant de côté toute politisation ».
Pour le Ministre, cette crise n’est pas seulement sanitaire mais économique, comme en attestent les millions de pertes d’emploi, la baisse de 48% des flux commerciaux et la contraction de 5,3% du PIB mondial. « Notre devoir est de sauver le plus d’emplois possibles et de les remplacer par des nouveaux », et ce, en privilégiant « le travail plutôt que l’aide sociale ». Nous devons aussi penser aux familles qui font face à un « double fardeau » en devant travailler tout en élevant leurs enfants, parfois privés d’école. M. Szijjártó a indiqué, à cet égard, que si la croissance atteint 5,5% d’ici à la fin de l’année en Hongrie, le Gouvernement remboursera les impôts payés par les familles pour 2021. Alors que la pandémie a « transféré des pans entiers de nos vies au monde numérique », il a également fait état d’une réglementation nationale stricte destinée à protéger les jeunes et les familles contre les abus en ligne.
« Si nous sommes incapables de surmonter les défis liés à la COVID-19, nous serons impuissants à l’avenir face à des défis encore plus grands », a averti le Ministre, mettant en garde notamment contre des « vagues migratoires » de grande ampleur. Qualifiant de « cercle vicieux » le lien existant entre la pandémie et la migration, il a estimé que cette dernière « n’est plus seulement un risque civilisationnel mais aussi un risque sanitaire ». Il a ensuite évoqué la situation en Afghanistan et « l’échec cuisant » enregistré après 20 ans de présence dans ce pays. S’il faut « identifier les erreurs commises », notre devoir est d’abord de « limiter les dégâts », d’éviter que le pays ne redevienne un « havre pour les terroristes » et de « prévenir les flux migratoires », a-t-il affirmé, y voyant des « menaces directes » pour les pays voisins et l’Europe.
Il a rappelé à ce sujet qu’en 2015, des millions de migrants ont pu entrer en Europe alors que de nombreux terroristes se cachaient parmi eux. Depuis, les programmes d’intégration ont échoué et certains quartiers de villes européennes sont devenus des « zones inaccessibles », a constaté M. Szijjártó, avant d’appeler à ne pas commettre les mêmes erreurs avec les Afghans. De son côté, a-t-il dit, la Hongrie a rempli son « devoir moral » en accueillant 400 Afghans, y compris les membres de leurs familles, qui avaient aidé les troupes hongroises. « Mais nous n’accepterons personne d’autre », a-t-il tranché. « Nous protégerons nos frontières et nous résisterons à la pression migratoire ». En 2015, a encore rappelé le Ministre, nous avions rejeté les quotas obligatoires sur la distribution des migrants et « nous ferons de même cette fois ». Quant au Pacte mondial sur les migrations, que la Hongrie a refusé de ratifier en 2018, « tout le monde convient, trois ans plus tard, que son approche est un échec total », a-t-il renchéri, non sans préciser que son pays s’emploie à aider les populations tentées par l’émigration, comme les chrétiens du Moyen-Orient, à rester chez elles. Enfin, considérant que la COVID-19 a insufflé l’espoir d’une plus grande coopération, il a souhaité que celle-ci prenne une forme « plus pragmatique » entre l’Est et l’Ouest. « Nous en connaissons l’importance en Europe centrale », a-t-il conclu.