Soixante-seizième session,
3e & 4e séances – matin & après-midi
AG/12364

À l’entame de son débat annuel, l’Assemblée générale résonne d’appels pour rétablir le multilatéralisme et sauver un monde « au bord du précipice »

Plus que jamais « au bord du précipice », « le monde doit se réveiller », s’est alarmé ce matin le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, dans son réquisitoire à l’ouverture du débat général annuel de l’Assemblée générale.  Notoirement absents l’an dernier en raison de la pandémie de COVID-19, les chefs d’État ont été nombreux aujourd’hui à se succéder à la tribune pour, comme l’a fait le Président des États-Unis, réaffirmer leur adhésion à un multilatéralisme durement éprouvé.

« Nous sommes moralement coupables de l’état du monde dans lequel nous vivons », a lancé M. Guterres, en donnant l’exemple de la lutte contre le coronavirus.  Alors que plus de 90% d’Africains attendent toujours leur première injection, des vaccins sont « jetés à la poubelle » dans certains pays, comme si les succès fulgurants de la science se heurtaient à un manque « tragique » de volonté politique, s’est indigné le Chef de l’Organisation, suivi sur ce point par les Présidents des Philippines et de la Colombie, MM. Rodrigo Duterte et Iván Duque.  Soucieux lui aussi d’« équité vaccinale », le Président de l’Assemblée générale et Ministre des affaires étrangères des Maldives, M. Abdulla Shahid, a annoncé son intention d’organiser une réunion de haut niveau pour réfléchir aux obstacles, tandis que le Secrétaire général suggérait la constitution d’une équipe spéciale d’urgence pour exécuter le plan mondial de vaccination.

M. Guterres a axé son discours sur les « six fossés » qu’il voudrait voir combler, à commencer par celui qui nous sépare de la paix.  Il a aussi attiré l’attention sur le fossé climatique, le fossé entre riches et pauvres, le fossé entre les genres, le fossé numérique et le fossé entre les générations.  Pour le dernier, il a exprimé son intention de nommer un Envoyé spécial pour les générations futures et de créer un bureau des Nations Unies pour la jeunesse.  Le danger que représente la propagation du jihadisme en Afrique a, lui, été mis en avant par le Président de la République démocratique du Congo (RDC) et Président en exercice de l’Union africaine.

Après le Mali, le Niger, le Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Burkina Faso et le nord du Mozambique, l’intégrisme islamiste a atteint l’est de la RDC, a signalé M. Félix Tshisekedi en invitant la communauté des nations à adopter une stratégie globale et efficace pour éradiquer ce fléau, au risque de voir se concrétiser une menace réelle pour la paix et la sécurité internationales.

Dénonçant aussi les inégalités criantes, qui pourraient être résumées par « la balade des milliardaires dans l’espace » pendant que des millions de personnes ont faim sur Terre, le Secrétaire général a prévenu que les populations pourraient perdent confiance dans leurs gouvernements, mais aussi dans les valeurs fondatrices de l’ONU.  « L’interdépendance est la logique du XXIe siècle » et « c’est l’idée qui guide l’ONU », a argué M. Guterres, en appelant à relancer le multilatéralisme, rétablir la confiance et inspirer l’espoir.

Un appel semble-t-il entendu par M. Joe Biden, dans ce qui était sa première intervention à l’Assemblée, en tant que Président des États-Unis.  Il s’est dit fier de pouvoir dire qu’en 20 ans, c’est la première fois que son pays n’est pas partie à un conflit.  Quelques semaines après le départ des derniers soldats américains d’Afghanistan, il est temps de substituer à l’« exemple de notre pouvoir » le « pouvoir de notre exemple », a-t-il dit, prêt à consacrer les ressources disponibles aux défis d’aujourd’hui et de demain, plutôt qu’aux « guerres d’hier ».  « Je le répète, nous ne cherchons pas une nouvelle guerre froide et un monde divisé en blocs rigides », a-t-il insisté.  « Nous voulons trouver des solutions communes et améliorer la démocratie, car aucune n’est parfaite », et « cela vaut aussi pour les États-Unis ». 

Aucun pays n’a le monopole de la démocratie, a renchéri le Président de la Chine, M. Xi Ping qui a pointé le doigt sur les derniers évènements internationaux pour démontrer les conséquences « désastreuses » des « prétendues transformations démocratiques » par la « force militaire ».  Rejetant la mentalité des « clubs exclusifs » et les « jeux à somme nulle ».  La logique du « fait accompli » a été dénoncée par M. Recep Tayyip Erdoğan, Président de la Turquie, qui a pris pour exemple la situation en Afghanistan.  Cette année, a ajouté son homologue de l’Iran, les deux évènements marquants ont été la vision d’Afghans tombant d’un avion américain mi-août, à Kaboul, précédée par la prise d’assaut du Capitole à Washington, le 6 janvier dernier.  Pour M. Ebrahim Raisi, le message est clair: l’hégémonie des États-Unis n’a plus « aucune crédibilité », que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de leur territoire.  Malgré sa « méfiance » face aux promesses de l’Administration Biden, M. Raisi a tout de même appuyé l’organisation de pourparlers sur la levée des « sanctions oppressives », prévue par le Plan d’action global commun (PAGC). 

« La différence entre 1,5 degré et 2 degrés est une condamnation à mort pour les Maldives », a tout simplement déclaré le Président de ce petit État insulaire, M. Ibrahim Mohamed Solih, qui n’a pas été le seul à exprimer son angoisse devant la montée des eaux et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.  Toutes les nations doivent revoir à la hausse leurs ambitions à la Conférence des États parties à la Convention sur les changements climatiques (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au mois de novembre, a pressé le Président Biden, avec en main une enveloppe de 11,4 milliards de dollars pour le climat.  Son homologue du Portugal, M. Marcelo Rebelo de Sousa, a rappelé la tenue à Lisbonne, en 2022, de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans, une « dimension essentielle de l’action climatique ».

Le débat général se poursuivra demain, mercredi 22 septembre, à 11 heures.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION - A/76/1

Présentation du rapport par le Secrétaire général

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré être venu pour « tirer la sonnette d’alarme » car « le monde doit se réveiller ».  « Nous sommes au bord du précipice –et nous continuons de nous en approcher.  Jamais notre monde n’a été aussi menacé.  M. Guterres a cité non seulement la pandémie de COVID-19, qui a « amplifié des inégalités déjà flagrantes », la crise climatique, mais aussi les bouleversements qui, de l’Afghanistan à l’Éthiopie en passant par le Yémen, viennent menacer la paix.  Il y a ajouté « l’embrasement de méfiance et de désinformation » qui polarise les gens et paralyse les sociétés; les menaces pesant partout sur les droits de l’homme; et les attaques contre la science.

Face à cette situation, l’aide économique destinée aux plus vulnérables, à supposer qu’elle leur parvienne, est insuffisante et arrive trop tard, a poursuivi le Secrétaire général, pour qui la solidarité fait défaut au moment où elle est le plus nécessaire.  Le Secrétaire général l’a illustré par l’image de vaccins contre la COVID-19 jetés à la poubelle dans certaines parties du monde alors que plus de 90% des Africains attendent toujours leur première dose.  Il a opposé les succès de la science, capable de mettre au point ces vaccins en un temps record, au manque tragique de volonté politique, égoïsme et méfiance, estimant que « Nous sommes moralement coupables de l’état du monde dans lequel nous vivons. »

M. Guterres est ensuite revenu sur la crise climatique, rappelant le « code rouge pour l’humanité » que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) représente.  Températures torrides, perte de biodiversité choquante, pollution de l’air, des eaux et des espaces naturels, les signes avant-coureurs de la catastrophe sont visibles sur chaque continent, a-t-il poursuivi, rappelant que même New York, la capitale financière du monde, n’est pas à l’abri.  M. Guterres a rappelé que, s’il est encore possible de tenir l’objectif de 1,5 degré fixé lors de l’Accord de Paris sur le climat, « la fenêtre pour le faire se ferme rapidement » et qu’au rythme des engagements nationaux actuels, la planète serait condamnée à « une situation infernale » d’augmentations de température d’au moins 2,7 degrés au-dessus des niveaux préindustriels.  Nous sommes à quelques semaines de la Conférence des Nations Unies sur le climat de Glasgow, mais apparemment à des années-lumière d’atteindre nos objectifs, a-t-il ajouté, appelant les dirigeants à s’y mettre sérieusement et à agir vite.

Pour M. Guterres, la COVID-19 et la crise climatique ont mis en lumière les « profondes fragilités » des sociétés et de la planète.  Aussi a-t-il dénoncé l’orgueil qui prévaut sur l’humilité nécessaire face à ces « défis formidables », l’absence de solidarité et le « fléau de la méfiance » qui se répand, face aux promesses non tenues, la corruption ou les inégalités, illustrées par les promenades dans l’espace de milliardaires pendant que des millions de personnes ont faim sur terre.  Les personnes que nous servons et représentons risquent de perdre confiance non seulement dans leurs gouvernements et leurs institutions mais aussi dans les valeurs de paix, de droits humains et de dignité qui animent le travail des Nations Unies depuis plus de 75 ans, a averti le Secrétaire général, qui a mis en garde contre la « rupture des valeurs » à laquelle peut mener la rupture de confiance.  « À quoi bon des promesses si les gens ne voient pas de résultats dans leur vie quotidienne. »

Pour le Secrétaire général, « l’heure de vérité a sonné » et le moment est venu de rétablir la confiance et de redonner de l’espoir.  « Et de l’espoir, j’en ai! », a-t-il ajouté, car « les problèmes que nous avons créés sont des problèmes que nous pouvons résoudre ».  Toutefois, a ajouté M. Guterres, le système multilatéral actuel a ses limites dans ses instruments et ses capacités, par rapport à ce qui est nécessaire et trop « axé sur le court terme » pour gérer efficacement les biens publics mondiaux.  Le Secrétaire général a donc demandé un renforcement de la gouvernance mondiale et le renouvellement du contrat social, en se concentrant sur l’avenir.

M. Guterres a rappelé que son dernier rapport, « Notre programme commun », fournit une analyse à 360 degrés de l’état de notre monde et présente 90 recommandations spécifiques pour relever les défis d’aujourd’hui et renforcer le multilatéralisme de demain.  Ce programme, a-t-il insisté, s’appuie sur la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, étant également conforme au mandat confié au Secrétaire général par la Déclaration de l’ONU75.

Pour parvenir à ce monde meilleur, il faudra combler six grands fossés, a expliqué M. Guterres, qui les a ensuite présentés successivement.

Il a d’abord cité le fossé de la paix, dressant un panorama des instabilités, des coups de force, de l’impunité, ou encore les deux approches géostratégiques divergentes qui font naître le spectre d’un monde beaucoup plus instable et plus dangereux que celui de la guerre froide.  « Pour redonner confiance et raviver l’espoir, nous avons besoin de coopération.  Nous avons besoin de dialogue.  Nous devons nous entendre. »

Il a ensuite cité le fossé climatique entrer Nord et Sud et demandé davantage d’ambition dans les trois domaines clefs de l’atténuation, du financement et de l’adaptation aux changements climatiques.  « N’attendez pas que les autres fassent le premier pas, faites votre part », a-t-il lancé à l’adresse de chacun des États Membres, en rappelant qu’il s’agit d’une « urgence planétaire ».  Il a notamment souhaité que 50% de tous les financements climatiques fournis par les pays développés et les banques multilatérales de développement soient consacrés à l’adaptation, rappelant que la Banque africaine de développement avait montré la voie en 2019.

Le Secrétaire général a ensuite appelé à réduire le fossé entre riches et pauvres, y compris dans le cadre de la pandémie par l’adoption d’un plan de vaccination permettant d’au moins doubler la production de vaccins et de protéger ainsi 70% de la population mondiale avant la fin du premier semestre 2022.  Suggérant la constitution et la composition d’une équipe spéciale d’urgence pour exécuter le plan de vaccination mondial, il a aussi suggéré aux économies avancées de réaffecter l’excédent de leurs DTS (droits de tirage spéciaux) aux pays qui en ont vraiment besoin.  Mais, « les DTS ne sont pas la panacée », a-t-il reconnu.  M. Guterres a également demandé la poursuite de la suspension de la dette jusqu’en 2022 et la réforme des système fiscaux.  Il a plaidé pour la mise en place d’un nouveau contrat social, avec une couverture sociale universelle notamment.

S’exprimant en français, M. Guterres a aussi appelé à combler le fossé entre les genres, en rappelant notamment les effets disproportionnés de la pandémie sur les femmes et les filles.  « L’égalité des femmes est essentiellement une question de pouvoir », a-t-il dit en appelant à changer l’équilibre du pouvoir.  Il a ainsi recommandé de veiller à ce que les femmes soient pleinement représentées et puissent apporter la pleine contribution partout.  Il a exhorté les gouvernements, les entreprises et les autres organisations à prendre des mesures audacieuses, y compris des critères de référence et des quotas, pour établir la parité hommes-femmes à tous les niveaux de la hiérarchie, offrant l’exemple de ce que l’ONU est parvenue à réaliser au sein de l’équipe dirigeante et parmi les responsables de bureaux de pays.  Il a aussi plaidé pour que soit adopté un plan d’urgence pour lutter contre la violence de genre dans chaque pays.

Pour « redonner confiance et raviver l’espoir », le Secrétaire général a appelé à réduire la fracture numérique, vu que la moitié de l’humanité n’a pas accès à Internet.  Souhaitant que tout le monde soit connecté d’ici à 2030, il a rappelé la vision de son Plan d’action de coopération numérique.  Il s’est inquiété de l’usage fait des données collectées par les plateformes numériques ou les États, parlant de « vaste bibliothèque d’informations » en train d’être constituée sur chacun d’entre nous, et de « contrat à terme » sur nos comportements et habitudes qui deviennent des produits.  « Ce n’est pas de la science-fiction.  C’est notre réalité.  Et cela exige un débat sérieux. »  Quels cadres juridiques nous permettraient de faire face à une cyberattaque massive, a-t-il lancé, regrettant le manque de consensus sur la façon de réglementer ces technologies.  Nous devons placer les droits humains au centre des efforts visant à un avenir numérique sûr, ouvert et équitable, a-t-il aussi insisté.

Enfin, M. Guterres s’est exprimé en espagnol sur le sujet du fossé entre les générations, qu’il a appelé à réduire, en rappelant que ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui hériteront des décisions prises par leurs ainés.  « Il faut les laisser s’asseoir à la table des négociations. »  C’est pourquoi il a annoncé la création d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse et la nomination prochaine d’un Envoyé spécial pour les générations futures.  Il a aussi rappelé que son rapport propose la tenue, l’an prochain, d’un sommet sur la transformation de l’éducation.

Avec un engagement réel, nous pouvons tenir la promesse d’un monde meilleur et plus pacifique, a conclu le Secrétaire général, pour qui la meilleure façon pour un État de promouvoir les intérêts de ses ressortissants est de faire avancer les intérêts de notre avenir commun.  « L’interdépendance est la logique du XXIe siècle » et « c’est l’idée qui guide l’Organisation des Nations Unies », a-t-il lancé en appelant en à relancer le multilatéralisme, rétablir la confiance et inspirer l’espoir, en commençant dès maintenant.

M. ABDULLA SHAHID (Maldives), Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, s’est dit honoré d’accueillir les délégations alors que débute la Semaine de haut niveau.  Il n’a pas caché sa joie de voir cette session se tenir à nouveau en personne, après une année et demie où « nous avons souffert en silence et dans l’angoisse ».  Il a ensuite exprimé sa profonde gratitude à son prédécesseur, M. Volkan Bozkir, avant de remercier le Secrétaire général pour son leadership et sa sagesse.  Il a également su gré au Président Ibrahim Mohamed Solih et au peuple des Maldives de lui avoir accordé leur confiance.  « Je suis vraiment touché et profondément fier de me tenir en tant que petit insulaire à cette grande tribune au nom de notre peuple », a-t-il confié.

Avant d’aborder les nombreux défis auxquels la communauté mondiale doit faire face, M. Shahid a souhaité célébrer les accomplissements des deux dernières années.  En un « temps record », l’humanité a développé plusieurs vaccins viables contre la COVID-19, a-t-il relevé, saluant les scientifiques et les chercheurs qui ont collaboré à cet « exploit remarquable d’ingéniosité humaine ».  Et si le plus grand déploiement de vaccins de l’histoire de l’humanité, actuellement en cours, n’est pas sans défauts, « il est monumental dans son entreprise », a souligné le Président de l’Assemblée générale, selon lequel « rien que pour ces réalisations, nous devrions être fiers ».

Où voulons-nous être à cette époque l’année prochaine?  Qu’est-ce que nous, en tant que peuple, avons l’intention d’accomplir au cours des 12 prochains mois?  Selon M. Shahid, la réponse à ces questions est claire: « le monde veut la tranquillité d’esprit ».  Pourtant, les défis ne manquent pas, a-t-il admis, évoquant « la fragilité, les conflits, la COVID-19 et les changements climatiques ».  Ces problèmes et bien d’autres « alimentent une anxiété collective et la peur que les choses empirent progressivement ».  Les gens craignent que nous n’en fassions pas assez pour résoudre les problèmes auxquels notre monde est confronté, et « ils n’ont pas tort ».  De fait, a assuré le Président de l’Assemblée générale, « nous pouvons faire plus ».  Pour la COVID-19 comme pour les changements climatiques, il ne nous manque que « que le soutien politique et les financements associés ».  S’agissant des conflits et de l’instabilité, « nous avons un désir quasi universel de désarmement et de non-prolifération nucléaires, mais nous hésitons à l’approche de la ligne d’arrivée, laissant les traités non ratifiés ».  Quant à la question humanitaire, « nous avons suffisamment de nourriture et d’eau pour subvenir aux besoins de la planète plusieurs fois, mais il existe une véritable crainte de voir le retour de la famine et les effets de la sécheresse ».  Résultat: des centaines de millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire d’ici à la fin de l’année.

Pour le Président de l’Assemblée générale, ce moment est un « tournant » de l’histoire.  « Nous pouvons choisir une voie d’isolationnisme, de destruction mutuelle, de lent recul de l’expérience humaine, ou nous pouvons forger ensemble une nouvelle voie, une voie durable et résiliente qui change l’avenir de notre planète ».  Si la COVID-19 a été une « tragédie de la plus grande ampleur », elle nous a aussi averti des dangers auxquels nous sommes confrontés si nous continuons à « traîner les pieds », a-t-il observé, affirmant croire sincèrement au « pouvoir de l’humanité » pour surmonter ces défis.  « Vous ne pouvez pas vivre aux Maldives et faire face à la menace existentielle de l’élévation du niveau de la mer sans espoir », a insisté M. Shahid avant d’énumérer les « cinq lueurs d’espoir » sur lesquelles il entend s’appuyer pour orienter les travaux de l’Assemblée générale cette année.

Tout d’abord, il a dit vouloir soutenir fermement la nécessité d’assurer l’équité vaccinale et de « vacciner le monde ».  Il entend ainsi accueillir une réunion de haut niveau sur cette seule question et aborder les obstacles pratiques qui sont apparus autour de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution.  Pour ce qui concerne la reprise à plus long terme, il prévoit d’appuyer une reconstruction en mieux, « plus forte, plus verte et plus bleue ».  En suivant les voies tracées par le Programme 2030, « nous pouvons nous éloigner des pratiques destructrices et embrasser un avenir meilleur », a-t-il soutenu.

Troisièmement, nous devons porter notre attention sur la crise climatique, « qui a pris le pas sur la COVID-19 », a-t-il souligné.  Estimant que le rapport du GIEC et d’autres « parlent d’eux-mêmes », il a averti que « nous sommes au bord d’une falaise ».  Pour répondre à cette urgence, il a annoncé qu’il organiserait une série d’événements sur l’action climatique.  Le premier, dans la perspective de la COP26, « contribuera à renforcer l’ambition et à garantir que l’action figure bien à l’ordre du jour ».  Il s’agit de réunir les capacités nécessaires pour réellement tenir nos promesses climatiques, a-t-il expliqué, souhaitant que tout pays ou toute communauté puisse « absorber » les technologies renouvelables innovantes.  Plus tard, un deuxième événement rendra hommage aux autres efforts environnementaux majeurs en cours sur l’océan, la désertification et la biodiversité, avec pour objectif d’aborder ces questions imbriquées lors d’une « supersession sur l’environnement ».

M. Shahid a indiqué que sa quatrième « lueur d’espoir » porte sur les droits humains.  Nous devons respecter les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en particulier en période de conflit, tout en nous efforçant de toujours responsabiliser et soutenir les personnes les plus vulnérables, a-t-il plaidé, en se disant déterminé à adopter une « approche transversale du genre » durant sa présidence.  Enfin, il a appelé de ses vœux la poursuite de la réforme et de la revitalisation de l’ONU.  À ses yeux, ce n’est pas une question d’équilibre des pouvoirs mais une « question d’efficacité ».  À cet égard, il a dit vouloir donner la priorité à l’écoute.  En nous engageant mieux avec les organisations de la société civile et en attirant plus de jeunes, nous saurons ce qui compte pour les gens et découvrirons de nouvelles façons de faire la différence, a-t-il avancé.

Avant de conclure, M. Shahid a souhaité rappeler que, pour les sept milliards de personnes dans le monde, l’ONU représente des dirigeants qui débattent non pas pour savoir s’il faut aider mais comment aider.  « Ne les laissons pas tomber ».  Nous n’avons jamais été aussi connectés, nous n’avons jamais eu la richesse, les ressources ou le savoir-faire que nous avons maintenant.  Il n’y a rien sur notre chemin pour nous arrêter si ce n’est nous-mêmes, a-t-il dit. « Soyons l’ONU que les gens veulent que nous soyons » et « donnons-leur de l’espoir maintenant. »

OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. JAIR MESSIAS BOLSONARO, Président du Brésil, a déclaré avoir fait le déplacement jusqu’à l’Assemblée générale pour « montrer un Brésil qui diffère de celui qui est représenté dans les journaux ou à la télévision ».  Le Brésil, a-t-il affirmé, a beaucoup changé « depuis notre accession au pouvoir en janvier 2019 ».  Pas un seul de cas de corruption n’a été signalé au cours des deux années et huit mois derniers, et le Brésil a un Président qui croit en Dieu, respecte l’armée et les valeurs familiales, a-t-il dit.  « C’est beaucoup si l’on tient compte du fait que nous étions au seuil du socialisme. »

Les entreprises de l’État qui croulaient sous des milliards de dollars en dette sont à présent lucratives et le Brésil dispose maintenant du plus important programme de partenariat public-privé de son histoire, s’est-il félicité, se félicitant en outre que le pays ait « regagné sa crédibilité ».  M. Bolsonaro a notamment indiqué que 100 milliards de dollars de nouveaux investissements avaient été contractés et que des contrats pour un montant de 6 milliards de dollars avaient été conclus pour créer de nouvelles lignes de chemin de fer.  Le Gouvernement promeut d’ailleurs la revitalisation du système ferroviaire, entraînant ainsi une diminution de la consommation de combustible fossile et des coûts opérationnels associés aux affaires au Brésil, en particulier pour ce qui est de la production alimentaire.  Des progrès notables ont également été réalisés dans le domaine de l’assainissement avec la concession au secteur privé des services de distribution d’eau et d’assainissement à Rio de Janeiro.  Il a aussi annoncé l’organisation « au cours des prochains jours » d’une vente aux enchères pour la mise en application de la technologie du G5 au Brésil.

Poursuivant, le Président Bolsonaro a indiqué que le Brésil fait face à d’importants défis environnementaux, précisant que 66% de son territoire est encore recouvert par la même végétation native que lors de la « découverte » du pays.  Et le biome amazonien, où 84% de la forêt est intacte, abrite la plus grande biodiversité de la planète.  Il a indiqué que son gouvernement entend atteindre la neutralité climatique et que des ressources humaines et financières ont été mobilisées pour renforcer les agences environnementales dans le but d’éliminer la déforestation illégale.  Dans l’Amazone, la déforestation a d’ailleurs diminué de 32% en août comparativement à la même période l’an dernier, s’est-il félicité.  « Existe-t-il un autre pays au monde avec une politique de protection de l’environnement comparable à la nôtre? »  En outre, a ajouté le Président, 83% de l’énergie consommée dans le pays provient de sources renouvelables.  Et lors de la COP26, a-t-il fait savoir, le Brésil cherchera à obtenir un consensus sur les règles du marché mondial des crédits carbone.  Il a ensuite appelé les pays industrialisés à honorer leurs engagements de financement climatique.

M. Bolsonaro a par ailleurs indiqué que 14% du territoire national, soit une superficie équivalant à la taille de la France et de l’Allemagne réunies, abrite des « réserves » de peuples autochtones et que le Brésil a en outre accueilli 400 000 Vénézuéliens déplacés par la crise provoquée par la « dictature bolivarienne ».  Nous accorderons en outre des visas humanitaires aux Chrétiens, femmes, enfants et juges d’Afghanistan, a-t-il informé.

Abordant le sujet de la pandémie, le Président brésilien a déploré l’inflation provoquée par les mesures de confinement.  Il a fait savoir que son gouvernement avait accordé, en 2020, une indemnisation d’urgence de 800 dollars à 68 millions de personnes dans le besoin, « contraintes de rester chez elles par décision des gouverneurs et des maires » et qui avaient perdu leurs sources de revenu.  L’action du Gouvernement a également permis au Brésil de finir l’année 2020 avec plus d’emplois formels que l’année précédente, s’est-il félicité, précisant qu’au cours des sept premiers mois de 2021, environ 1 800 000 emplois avaient été créés.

En outre, le Gouvernement a distribué plus de 260 millions de doses de vaccin et 90% de la population adulte a reçu au moins une dose, avec 80% de la population autochtones entièrement vaccinée, s’est félicité le Président Bolsonaro.  S’il a indiqué appuyer la vaccination, il a précisé que son gouvernement s’oppose au « passeport sanitaire » et à tout autre obligation vaccinale.  Nous appuyons également l’autonomie des médecins pour ce qui est de la recherche d’un traitement précoce, a-t-il ajouté, précisant qu’il en avait lui-même fait l’essai.  Nous ne comprenons pas pourquoi tant de pays ainsi qu’une proportion importante des médias s’opposent aux traitements précoces, a dit le Président.  « L’histoire et la science les tiendront responsables. »

Le Brésil vit une nouvelle époque, a déclaré le Chef d’État.  En termes économiques, nous avons l’une des meilleures performances parmi les pays émergents, s’est-il enorgueilli.  Il a aussi fait valoir que son gouvernement avait restauré la crédibilité extérieure du Brésil qui est aujourd’hui « l’une des destinations les plus prometteuses pour les investissements ».

M. JOSEPH BIDEN, Président des États-Unis d’Amérique, a commencé par rappeler que plus de 4,5 millions de personnes dans le monde entier avaient perdu la vie dans la pandémie de COVID-19, soulignant que « notre avenir commun » dépendra de notre capacité à envisager un « avenir partagé », face à des crises qui sont autant d’opportunités.  L’une des tâches les plus urgentes selon lui est de se préparer collectivement à faire face à la prochaine pandémie, « car prochaine pandémie il y aura ».  Et allons-nous relever le défi des changements climatiques ou choisirons-nous de subir les incendies, les sécheresses, les ouragans et les vagues de chaleur qui nous accablent? a demandé le Chef d’État.  Allons-nous laisser les principes universels auxquels nous sommes tous tenus être foulés au pied dans une « quête de pouvoir pure et simple »?  La question est de savoir si nous sommes prêts à nous battre pour notre avenir commun qui aura des conséquences pour les générations futures, a insisté M. Biden, considérant que nous sommes arrivés à un « point d’inflexion ».  Selon lui, aucun doute: au lieu de continuer à livrer les guerres d’hier, nous devons consacrer les ressources disponibles à relever les défis d’aujourd’hui et de demain.

Nous avons mis fin à 20 ans de conflit en Afghanistan, a-t-il rappelé, en précisant que Washington utilise le pouvoir de son aide au développement pour venir en aide aux populations qui en ont besoin partout dans le monde.  Le Président américain a réaffirmé la volonté de son gouvernement de renforcer sa coopération avec ses partenaires et les organisations multilatérales pour relever les défis qu’il a identifiés et œuvrer à l’avènement de cet « avenir commun ».  Parmi ces partenaires, il a cité l’OTAN, l’Union européenne et le Dialogue quadrilatéral pour la sécurité entre les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde.  Nous avons en outre repris notre coopération avec l’OMS, rejoint l’Accord de Paris sur le climat et briguons un siège au sein du Conseil des droits de l’homme l’an prochain, a rappelé M. Biden.  Nous voulons donner « l’exemple de notre pouvoir » mais aussi « le pouvoir de notre exemple ».  Pour défendre nos intérêts vitaux, il faut que notre mission soit « claire et réaliste », et dans la mesure du possible menée « en partenariat avec nos alliés ».

Considérant que la force ne doit être utilisée qu’en dernier recours, le Président des États-Unis a déclaré que « les bombes et les balles » ne serviront à rien contre les variants de la COVID-19.  Nous devons donc agir maintenant pour étendre l’accès aux tests et aux vaccins, a-t-il plaidé, en précisant que, d’ores et déjà, les États-Unis ont consacré plus de 15 milliards de dollars à la lutte contre la pandémie.

M. Biden a ensuite rappelé que scientifiques et experts sont formels: nous arrivons à un « point de non-retour » en matière de réchauffement planétaire.  Toutes les nations doivent revoir à la hausse leurs ambitions lors de la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques (COP-26), qui se tiendra en novembre.  « J’ai annoncé l’intention des États-Unis de réduire de 50 à 52%, d’ici à 2030, les émissions de gaz à effet de serre par rapports aux niveaux de 2005 », s’est enorgueilli le Président.  En avril, a-t-il ajouté, j’avais annoncé que nous allions doubler le montant de l’aide pour permettre aux pays en développement de mettre en place des mesures d’adaptation aux changements climatiques.  Mon administration travaille désormais avec le Congrès pour « doubler à nouveau ce montant », a fait encore valoir le Chef d’État.

Alors que les nouvelles technologies ne cessent d’évoluer, nous ferons en sorte qu’elles soient utilisées pour régler des problèmes et non pour « bâillonner la dissidence » ou violer les droits humains, a poursuivi M. Biden.  Outre une amélioration des infrastructures informatiques, il a annoncé l’adoption d’un « code de conduite pour le cyberespace », avant d’avertir que les États-Unis se réservent le droit de riposter aux cyberattaques lancées contre eux.

Pour le Président, toutes les grandes puissances doivent bien gérer leur relations pour privilégier une « concurrence responsable » aux logiques de conflit.  « Je le répète, nous ne cherchons pas une nouvelle guerre froide et un monde divisé en blocs rigides », a-t-il insisté, en affirmant vouloir œuvrer à la recherche de solutions communes même si nous avons parfois des « désaccords profonds ».  Il a déclaré être opposé à l’acquisition de l’arme nucléaire par la République islamique d’Iran, à laquelle il a demandé de respecter ses obligations en vertu du Plan d’action global commun (PAGC).  Après avoir annoncé que les États-Unis comptaient consacrer 10 milliards de dollars à la lutte contre la famine aux niveaux national et international, et investir des centaines de millions dans des projets d’infrastructure internationaux en coopération avec ses partenaires du G-7, le Président Biden a souligné l’importance des négociations politiques pour parvenir à la paix au Moyen-Orient.  Il s’est déclaré convaincu que la solution des deux États est la seule possible pour Israël et la Palestine, même s’il a reconnu que « nous sommes encore loin de cet objectif ».  Mais nous ne pouvons pas renoncer à régler ce conflit, ou ceux qui sévissent aussi en Éthiopie et au Yémen, a-t-il relevé. 

Aucune démocratie n’est parfaite, « et cela vaut pour les États-Unis », mais nous continuerons à tout mettre en œuvre pour l’améliorer et permettre au potentiel humain « de pleinement s’exprimer », a-t-il assuré.  Pour le Président Biden, le moment est venu de réaffirmer cette humanité.  « Choisissons de faire plus.  Faisons reculer les changements climatiques, renforçons notre résilience et garantissons un avenir où la technologie sera au service des générations actuelles et futures et non une menace pour elles. »  Le Président s’est réjoui que, pour la première fois depuis 20 ans, les États-Unis ne soient pas en guerre.  « Toutes les énergies doivent se concentrer sur demain, et non hier. »  Demain, nous jouerons un rôle de premier plan sur tous les fronts, mais nous le ferons avec tous nos partenaires désireux de bâtir un avenir commun, a-t-il espéré.  Il a conclu son discours en invitant, « ensemble », à préserver notre planète et à choisir un monde meilleur.

M. IBRAHIM MOHAMED SOLIH, Président des Maldives, s’est dit fier, 56 ans après l’indépendance de son pays, de pouvoir s’adresser à la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU dans sa langue maternelle, le dhivehi.  « Les Maldives sont peut-être de petite taille mais les Maldiviens sont grands par la richesse de leur culture et de leur patrimoine », s’est-il enorgueilli à la tribune, avant de saluer la « présidence de l’espoir » de son compatriote Abdulla Shahid avec ses cinq « lueurs d’espoir ».

Pour les Maldives, comme dans le monde entier, la pandémie a été un « défi sans précédent », a témoigné M. Solih en rappelant que l’économie de son pays repose sur l’accueil des touristes.  De plus, a-t-il souligné, les Maldives « importent presque tout ».  Après avoir fermé nos frontières, nous avons été confrontés à des « résultats catastrophiques »: les touristes ont cessé d’arriver, les recettes en devises ont chuté, les entreprises ont coulé et le confinement a entravé le bien-être social.  Cela a retardé des années de scolarité pour nos enfants bien-aimés mais « nous avons réussi à gérer la pandémie en suivant avec détermination les consignes données par nos professionnels de santé ».  Aujourd’hui, s’est-il plu à dire, nous avons vacciné 95% de tous les écoliers et 85% de tous les résidents des Maldives.  Les écoles ont repris leurs cours, les entreprises ont redémarré et les frontières ont été rouvertes, relançant l’activité des stations balnéaires.  « Les Maldives sont redevenues le côté ensoleillé de la vie.  Venez nous rendre visite », a-t-il lancé.

Pourtant, a averti le Président maldivien, la COVID-19 persistera tant qu’elle ne sera pas vaincue partout, et il a appelé à vacciner le monde le plus tôt possible et de le faire équitablement.  Avec le temps, il faudra nous résoudre, collectivement, à faire en sorte qu'une telle catastrophe ne se reproduise plus.  « Nos concitoyens comptent sur tous ceux qui sont ici présents pour s’assurer que nous mettons en commun nos ressources, nos efforts, nos connaissances, nos compétences et nos découvertes pour prévenir la prochaine pandémie mondiale ». Pour l’heure, a-t-il relevé, l’urgence est de reconstruire notre économie, de restaurer les moyens de subsistance et de garantir un retour à une vie normale.

Dans le même temps, a souligné M. Solih, il existe des preuves scientifiques accablantes que l’urgence climatique serait catastrophique pour l’humanité.  Citant les conclusions du dernier rapport du GIEC, il a noté que les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et que le taux d’élévation du niveau de la mer a triplé par rapport à la période allant de 1901 à 1970.  Alors que nous avons déjà provoqué une augmentation de 1,1 degré Celsius du réchauffement de la planète, il est recommandé de réduire les émissions mondiales de 45% d'ici à 2030 et d’atteindre le « zéro émission net » d’ici à 2050 pour limiter le réchauffement à 1,5 degré.  « La différence entre 1,5 degré et 2 degrés est une condamnation à mort pour les Maldives », a-t-il prévenu, ajoutant que la catastrophe environnementale subie actuellement par les petits États insulaires rattrapera sans aucun doute les plus grandes nations.  De fait, a-t-il asséné, « il n’y a aucune garantie de survie pour une nation dans un monde où les Maldives cesseraient d'exister ».

Cela étant, nous gardons espoir que la bataille n’est pas perdue, a indiqué M. Solih, venu porter le plaidoyer d’enfants maldiviens pour le climat de notre monde.  Il a souhaité que les pays adoptent des mesures plus strictes pour arrêter leurs émissions et que les nations riches aident les petites nations à recevoir un soutien sous forme de renforcement des capacités, de transferts de technologies et de ressources financières pour renforcer leurs défenses dans la lutte contre le climat.  Cela nous oblige également à renoncer à notre dépendance aux combustibles fossiles et à adopter des technologies plus propres et plus intelligentes pour notre consommation d’énergie, a-t-il affirmé, se disant déterminé à « ne pas attendre passivement sur le front climatique ».

Autres « problèmes mondiaux urgents », le terrorisme et l’extrémisme violent restent d’actualité, a encore observé M. Solih, non sans préciser que les Maldives se sont toujours targuées d'être un pays musulman modéré dans lequel prévaut un islam « pluraliste et rationaliste ».  Toutefois, « nous ne sommes pas à l’abri de la menace que représentent les extrémistes radicalisés », comme est venue le rappeler, le 6 mai dernier, la tentative d’assassinat ciblé contre le président du Parlement maldivien, l’ancien Président Mohamed Nasheed.  « Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que d'autres attaques aussi lâches sont planifiées et alors que de plus en plus de jeunes esprits sont empoisonnés par des interprétations fausses et violentes de la religion », a martelé le Président maldivien, réitérant son engagement indéfectible à travailler avec la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme de manière coordonnée et globale.

Enfin, après avoir réaffirmé sa solidarité avec le peuple palestinien et appelé à la pleine reconnaissance de la Palestine en tant qu’État indépendant, M. Solih s’est dit préoccupé, en tant que voisin de la région d’Asie du Sud, par la paix et la stabilité à long terme en Afghanistan.  Il a souhaité que les droits des femmes et des filles y soient protégés et qu’un gouvernement inclusif et représentatif du peuple y soit formé.  L’Afghanistan pourra ainsi démontrer son engagement à bâtir un pays pacifique, durable et prospère, a-t-il dit, avant de se féliciter en conclusion que les Nations Unies soient « la plateforme mondiale la plus importante de délibération et de prise de décision pour résoudre les défis les plus importants du monde ».

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, a considéré que la pandémie avait révélé les forces et les faiblesses de la communauté internationale, et mis en échec le multilatéralisme.  Il en a vu pour preuve les écarts persistants et « sans précédent » dans l’accès au processus de vaccination.  « Alors que certains pays acquièrent des doses supplémentaires six ou sept fois supérieures à leur population et annoncent des campagnes de rappel, d’autres n’ont pas été en mesure d’injecter une seule dose », s’est-il indigné.  Mais la pandémie a exacerbé d’autres crises dont les effets sont tout aussi menaçants, a fait observer le Chef d’État.  Il a pointé les changements climatiques et les inégalités toujours plus grandes causées par les récessions économiques et les crises migratoires qui poussent des populations à « fuir les dictatures et les régimes honteux ».

M. Duque a expliqué que son pays avait suivi trois approches pour affronter la pandémie: la santé, la prise en charge des plus vulnérables et la relance économique.  Outre la mise en œuvre du plan national de vaccination pour couvrir au moins 70% des Colombiens, la Colombie a rejoint le Mécanisme COVAX, en assumant le leadership régional en coordination avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), a noté le Président, en insistant sur la nécessité de renforcer le multilatéralisme en matière de santé et de faire progresser l’équité pour la distribution des vaccins.  « C’est notre devoir moral. »

Le Chef d’État a ensuite soutenu que son gouvernement, en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, « a lancé l’agenda social le plus ambitieux de ce siècle en Colombie et, peut-être, de son histoire ».  Jusqu’en décembre 2022, a-t-il dit, nous maintiendrons un revenu de base d’urgence, dit de solidarité, pour prêter assistance à plus de quatre millions de ménages vulnérables, en fournissant un soutien économique direct à plus de 25% de la population.  Il a aussi mentionné l’aide à l’emploi mise en place pour protéger plus de quatre millions de travailleurs déclarés et le régime de remboursement de la TVA adopté qui bénéficie à plus de deux millions de ménages vulnérables.  À cela s’ajoutent le versement de 25% des coûts de l’embauche des jeunes et la gratuité indéfinie des frais de scolarité dans les établissements publics pour les foyers dans le besoin et la classe moyenne émergente. 

Ces réalisations dans les domaines de la santé, des soins sociaux et d’autres dans la stabilité fiscale font partie de l’« Engagement envers la Colombie », un programme de relance que le Président a qualifié de « New Deal colombien ».  Grâce à un mélange d’investissements privés, publics et public-privé, les résultats économiques au deuxième trimestre 2021 constituent les meilleurs résultats enregistrés pendant « ce siècle », avec un taux de croissance prévisionnel de plus de 7% pour cette année.  Face aux difficultés rencontrées par d’autres pays émergents, M. Duque a lancé un appel en faveur d’un « consensus mondial », sous l’impulsion du Fonds monétaire international (FMI) et des banques multilatérales de développement, pour établir de nouveaux « critères de risque budgétaire minimum pendant la phase de réactivation post-COVID ».  Sinon, a-t-il mis en garde, à court terme, compte tenu de la demande d’endettement et d’une hausse générale des coûts du capital, une crise de la dette pourrait se profiler, susceptible d’entraîner de nouveaux revers et des effets récessifs sur le plan mondial.

Le Président a ensuite déclaré que les dialogues avec le gouvernement intérimaire du Venezuela, qui incarne la résistance démocratique à la « narco-dictature », doivent aboutir à une élection présidentielle, libre, transparente.  « Toute issue qui perpétue la honte dictatoriale et permet au régime de gagner du temps aggravera la plus grande catastrophe humanitaire que notre continent connaisse.  La fin de la dictature EST la seule voie viable pour le bien-être du peuple vénézuélien, et ce doit être le but de l’action internationale », a tranché M. Duque.

D’autre part, la Colombie a également progressé dans la construction de la paix nationale, a dit le Président.  La mise en œuvre de l’accord de paix signé en 2016 avec le « groupe terroriste » FARC a aujourd’hui fait des progrès significatifs dans le processus de réintégration des ex-combattants, comme l’a vérifié la Mission de l’ONU déployée en Colombie.  Grâce à des plans de développement axés sur une approche territoriale et qui accordent une attention aux zones les plus touchées par la violence, davantage de progrès ont été accomplis ces trois dernières années qu’au cours des 20 premiers mois de la mise en œuvre, a reconnu le Bureau de l’Ombudsman de Colombie.  Toutefois, les défis demeurent, car les « dissidents des FARC, de l’ELN et d’autres groupes criminels » qui n’ont jamais misé sur la paix, selon le Président, persistent dans leurs tentatives de porter atteinte à la vie des leaders sociaux, des chefs de file environnementaux et des personnes en voie de réintégration, a-t-il dénoncé.

CHEIK TAMIN BEN HAMAD AL THANI, Émir du Qatar, a fait remarquer que l’épreuve difficile de la COVID-19 avait révélé les failles et les vulnérabilités du système de sécurité collective.  Elle a également fait ressortir l’importance de protéger la santé et les moyens de subsistance, ainsi que le rôle de l’État dans le règlement des crises.  Il a insisté sur l’importance de lutter contre le scepticisme vaccinal « qui a déferlé avec une violence égale à celle de la pandémie. »  Pour sa part, a-t-il dit, le Qatar s’est mobilisé pour aider les pays à répondre à leurs besoins, notamment dans le cadre de l’Alliance GAVI.

M. Al-Thani a ensuite insisté sur l’importance de trouver une issue aux conflits qui sévissent au Moyen-Orient.  Concernant la région du Golfe, le Qatar a souligné à mainte reprises l’importance du Conseil de coopération du Golfe dans le règlement des différends par le dialogue, a-t-il rappelé.  En outre, il a plaidé pour le respect mutuel et le dialogue qui doivent prévaloir pour assurer le retour de l’Iran au Plan d'action global commun.  L’Émir du Qatar a également dénoncé les agressions d’Israël contre des lieux saints, notamment la mosquée Al-Aqsa, et les incursions dans la bande de Gaza qui y ont aggravé la situation humanitaire.  Il a appelé à la création d’un État palestinien sur la base des frontières de 1967, déplorant que celle-ci reste en suspens et regrettant la « marginalisation » de la question palestinienne.

Le retrait des États-Unis de l’Afghanistan est un tournant majeur pour ce pays, a-t-il poursuivi, appelant à parvenir à un règlement politique global de la crise dans cet État.  Il a parlé de l’appui apporté par le Qatar à l’évacuation de milliers d’Afghans et rappelé que son pays avait accepté d’accueillir un bureau des Taliban afin de privilégier le dialogue.  Le Qatar entend tout faire pour préserver les accords conclus à Doha et veiller à leur mise en œuvre, a—t-il souligné, avant d’appeler la communauté internationale à aider l’Afghanistan, à dépolitiser l’aide humanitaire et à poursuivre le dialogue avec les Taliban.  Les boycotter ne fera qu’attiser la polarisation, a-t-il prévenu, notant que les Taliban ont vaincu un système politique imposé depuis l’extérieur.  Malgré les sommes colossales dépensées, cette tentative a échoué, a-t-il remarqué en concluant qu’on ne peut imposer un système politique depuis l’extérieur et par les armes.  « Chaque pays doit choisir le système qui lui correspond. »

En venant à la crise en Syrie, l’Émir a appelé à ne pas tourner le dos aux souffrances des Syriens, pointant le récent bombardement de Deraa. Il a également appelé à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité pour préserver l’intégrité de la Syrie. Il a estimé par ailleurs que l’évolution du dossier libyen incite à un optimisme prudent et a appelé les parties à veiller au bon déroulement des élections. S’agissant du Yémen, il a estimé que la seule solution à la crise passe par les négociations entre les parties et la mise en œuvre de la résolution 2216 (2015). Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, il a appelé l’ONU à diriger le processus pour prévenir l’utilisation des progrès scientifique en matière de cyber sécurité à des fins malveillantes. L’Émir a par ailleurs insisté sur l’importance d’assurer la réussite de la COP26 en indiquant que le Qatar déploie tous les efforts utiles pour développer des technologies propres.

Mme ZUZANA ČAPUTOVÁ, Présidente de la Slovaquie, tout en se disant optimiste que la science offre des solutions pouvant permettre de surmonter les défis actuels et de demain, a regretté que les promesses faites l’an dernier n’aient pas été tenues.  Elle a fait remarquer que sur les cinq milliards de doses de vaccins contre la COVID-19 administrées dans le monde, 10 pays ont concentré près de 75% des doses.  Cinquante pays ont un taux de vaccination inférieur à 5%, dont la moitié ont un taux d’à peine 1%, s’est-elle indignée, en dénonçant « l’égoïsme vaccinal ».  La solidarité devrait être un principe contraignant, pas une option, a plaidé Mme Čaputová en assurant que la Slovaquie continuera à soutenir l’effort COVAX.

« Notre tâche commune est de sauver notre planète », a dit la Présidente en souscrivant aux priorités fixées par le Secrétaire général de l’ONU.  Mme Čaputová a insisté sur l’urgence à agir, une tâche qui incombe aux dirigeants d’aujourd’hui et qui ne peut plus être repoussée.  S’appuyant sur les conclusions « choquantes » du récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Mme Čaputová a appelé à accélérer la réponse à la crise climatique.  En moins de six mois, nous avons pu conclure un accord sur une fiscalité mondiale équitable, a-t-elle noté, en invitant à faire de même pour conclure un accord sur les émissions mondiales de carbone.  Dès lors, la prochaine COP26 à Glasgow doit donner le ton à une adaptation beaucoup plus rapide et à des réductions radicales des émissions, a-t-elle espéré.

La Présidente de la Slovaquie a annoncé vouloir réduire les émissions de son pays de 55% d’ici à 2030 et devenir climatiquement neutre d’ici à 2050.  D’ici à 2023, le charbon ne sera plus utilisé pour produire de l’électricité et de la chaleur et, dans les années à venir, la Slovaquie consacrera près de 6% de son PIB à la relance économique dont un tiers ira à la transition verte, a-t-elle annoncé.  La Présidente a également exhorté la communauté internationale à correctement financer le Fonds vert pour le climat et à le rendre accessible.  Au sommet de Kunming, nous devrons tous jouer un rôle pour protéger la biodiversité, a-t-elle renchéri, en expliquant qu’en Slovaquie, la moitié du territoire des parcs nationaux sera libre d’intervention humaine d’ici à 2025 et les trois quarts dans 10 ans.

« Sauver la planète, c’est aussi faire respecter un ordre international fondé sur des règles et l’état de droit, sur le plan national comme à l’étranger. »  La Présidente a souligné la responsabilité principale du Conseil de sécurité en la matière, regrettant que, « trop souvent, on le voit incapable d’agir ».  Arrêter la violence et fournir un accès humanitaire ne saurait être quelque chose de négociable mais une priorité collective absolue, a-t-elle tranché.

Appelant aussi à tirer les enseignements de l’Afghanistan, elle a mis l’accent sur l’impératif de fournir d’urgence une aide humanitaire à la population afghane et de protéger les droits légitimes des femmes afghanes.  Avec les Premières Ministres islandaise et néo-zélandaise, et d’autres femmes dirigeantes politiques, nous avons lancé un appel pour soutenir les filles et les femmes afghanes, a annoncé Mme Čaputová en appelant ses pairs à unir leurs forces pour que cela se concrétise.  Elle a conclu son discours sur un appel à l’inclusion pour réussir à relever, ensemble, les défis d’aujourd’hui et de demain.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal, a commencé par féliciter M. Abdulla Shahid pour son mandat, estimant que l’Assemblée générale a accordé sa confiance « à la bonne personne, au bon moment ».  Il a ensuite fait observer que la pandémie de COVID-19, les crises économiques et sociales qui en résultent et les récents développements en Afghanistan nous confrontent à des « évidences » que nous ne pouvons ni ne devons ignorer, la première étant que le monde est multipolaire.  « Aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut faire face, seul ou avec quelques partenaires, aux changements climatiques, aux pandémies, aux crises économiques et sociales, au terrorisme, à la désinformation, ni promouvoir la circulation sûre et ordonnée des personnes, la protection des personnes les plus vulnérables et les droits de l'homme. »

Pour le Président portugais, la deuxième « évidence » est que la gouvernance d’un monde multipolaire nécessite un engagement et un accord entre les nations, « et cela signifie le multilatéralisme ».  Face à des défis qui dépassent les frontières et nécessitent des réponses communes, celui-ci doit s’appuyer sur le droit international, les valeurs de la Charte et le renforcement des organisations internationales, à commencer par les Nations Unies et ses agences spécialisées, a-t-il ajouté, y voyant une troisième « évidence ».

La quatrième « évidence » procède, selon lui, du fait que « chaque fois que nous hésitons sur le multilatéralisme, chaque fois que nous remettons en question le droit international et le rôle des organisations internationales, nous échouons », comme cela s’est vérifié dans la réponse à la pandémie ou aux crises émergentes, et dans la promotion de la paix et de la sécurité.  De fait, a-t-il argué, « Notre Programme commun » et les idées novatrices avancées dans le récent rapport du Secrétaire général constituent « notre meilleure feuille de route ».

Cinquième « évidence », à ses yeux: la nécessité d’élargir, approfondir et accélérer les réformes aux Nations Unies, à la fois dans la gestion, la paix et la sécurité, et le système de développement.  Mais il convient aussi d’avancer dans la réforme du Conseil de sécurité afin qu’il reflète les « réalités du XXIe siècle », a-t-il souligné, plaidant pour qu’au moins un État d’Afrique figure parmi les membres permanents, ainsi que le Brésil et l’Inde.  M. Rebelo de Sousa a convenu que ces réformes nécessitent des moyens financiers supplémentaires.  « Affirmer le rôle des Nations Unies, mais lutter contre les réformes et nier les ressources revient, dans la pratique, à affaiblir le multilatéralisme et à favoriser des situations de crise, avec des effets négatifs pour tous », a-t-il averti.

Assurant que le Portugal et l’Union européenne (UE) défendent le multilatéralisme, le Chef d’État a rappelé que son pays s’est engagé à réformer l’OMS, à soutenir un traité international sur les pandémies et à garantir que les vaccins soient un « bien public mondial ».  Le Portugal est aussi attaché au Programme 2030, à l’allègement de la dette extérieure des pays les plus vulnérables et à la mise en œuvre du Pacte mondial pour les migrations.  En 2022, il accueillera à Lisbonne, avec le Kenya, la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans, une « dimension essentielle de l’action climatique ».  De plus, a ajouté M. Rebelo de Sousa, le Portugal participe aux opérations de maintien de la paix, soutient le dialogue UE-Afrique et l’action internationale pour la stabilisation du Sahel, la sécurité maritime dans le golfe de Guinée et la coopération avec le Mozambique dans sa lutte contre le terrorisme.

« Le Portugal n’a jamais changé de cap », a-t-il insisté, évoquant la participation de son pays à la Communauté des pays de langue portugaise ou encore l’initiative audacieuse de feu le Président Jorge Sampaio offrant une plateforme mondiale pour les étudiants syriens, désormais étendue aux réfugiés afghans.  « Nous ne changeons pas nos principes.  Et nous tiendrons ce cap si vous nous faites confiance pour un mandat au Conseil de sécurité dans cinq ans », a-t-il affirmé, avant de condamner l’isolationnisme, le protectionnisme, l’unilatéralisme, l’intolérance, le populisme et la xénophobie, lesquels « conduisent inévitablement à des impasses ».  De fait, a-t-il conclu, 20 ans après le 11 septembre 2001, six ans après l’Accord de Paris et un an et demi après le début de la pandémie, nous avons plus que jamais besoin d’un multilatéralisme efficace.  « Il n’y a vraiment plus de temps à perdre. »

Dans son message vidéo préenregistré, M. SADYR ZHAPAROV, Président du Kirghizistan, a considéré que le plus grand exploit que son pays a réussi cette année a été l’avènement de la démocratie, « un chemin dont il n’est pas question de dévier ».  En une année, s’est-il enorgueilli, nous avons pu rétablir la stabilité économique, sociale et politique.  Après l’élection présidentielle de janvier 2021, dont les résultats ont été certifiés par la communauté internationale, nous nous préparons aux élections législatives prévues pour le 28 novembre, a affirmé le Chef d’État, en conviant les organisations régionales et internationales à déployer leurs observateurs.

M. Zhaparov a annoncé que son pays, soucieux d’apporter sa pierre aux efforts internationaux, brigue des sièges au Conseil des droits de l’homme et au Conseil de sécurité.  Il s’est vanté des relations de bon voisinage mutuellement bénéfiques que son pays entretient et a attiré l’attention sur le futur Sommet d’Asie centrale consacré à la sécurité.  Compte tenu de sa localisation géographique, le Kirghizistan, a ajouté le Président, a toujours été la passerelle des initiatives internationales, comme l’initiative « Une ceinture, une route ».  Dans les pays sans littoral d’Asie centrale, nous constatons, a dit le Président, le développement actif du chemin de fer et des terminaux logistiques.  Il a d’ailleurs évoqué l’autoroute nord-sud qui dessert aujourd’hui son pays ainsi que des projets régionaux de logistique.  Mais pour optimiser ces projets d’infrastructure, il faut créer les conditions propices au transport international, notamment en levant les obstacles à la coopération économique et les barrières douanières.

Évoquant la situation en Afghanistan, M. Zhaparov a annoncé son intention de redoubler d’efforts dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il a annoncé l’opérationnalisation d’un système national d’informations anticipées sur les passagers, souhaitant par ailleurs que l’ONU contribue au rapatriement de ses compatriotes qui se trouvent encore en Syrie.  Enfin, a-t-il dit, dans le cadre de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, un centre de lutte contre le terrorisme a été créé à Bichkek, a encore indiqué le Président.

S’agissant de la lutte contre la COVID-19, il a remercié la Chine, la Fédération de Russie, le Kazakhstan et la Suède pour avoir fourni des vaccins par le Mécanisme COVAX ou sur le plan bilatéral.  Mais il a fait observer que son pays a dû réaffecter les lignes budgétaires initialement prévues pour la réalisation des objectifs de développement durable à la lutte contre la pandémie et à la dette extérieure.  Il a plaidé pour l’annulation pure et simple de cette dette, avant de conclure sur l’attachement de son pays à la protection de l’environnement et la résolution que son pays a présentée à l’UNESCO sur la protection des montagnes et des glaciers.

M. GITANAS NAUSÉDA, Président de la Lituanie, a tout d’abord relevé que relevé que cette année marque un anniversaire spécial pour son pays puisqu’il y a 30 ans, il est devenu un État Membre des Nations Unies.  L’appartenance à l’ONU a fait de la Lituanie un membre à part entière de la communauté internationale, s’est-il félicité, saluant au passage la décision importante prise en 1992 par l’Assemblée générale d’appeler au retrait complet des forces militaires étrangères des États baltes.  C’était une puissante manifestation de solidarité mondiale, une solidarité dont nous avons encore souvent besoin aujourd’hui, a-t-il dit, établissant un parallèle avec l’effort mondial contre les conséquences de la COVID-19.

Bien que ce combat ne soit pas encore terminé, « nous sommes sur la bonne voie », a estimé le Chef d’État, avant d’appeler à l’accès généralisé à des vaccins sûrs et efficaces.  Au-delà des effets aggravants de la pandémie sur la pauvreté et les inégalités, M. Nauséda s’est dit alarmé par la dangereuse « infodémie » qui atteint des millions de personnes, contribuant à des décès prématurés.  Il a donc félicité les Nations Unies pour leurs efforts visant à lutter contre la désinformation, notamment par le biais de la campagne « Verified ».

Le Président lituanien a ensuite déploré la détérioration de la situation sécuritaire dans de nombreuses régions du monde.  Nous avons vu des États autoritaires continuer de renforcer leur arsenal militaire et intensifier la répression contre l’opposition politique, les médias libres et la société civile, a-t-il dénoncé, refusant d’accepter cette « nouvelle normalité ».  Il a, par exemple, dénoncé les pressions de la Fédération de Russie sur les juges et procureurs lituaniens qui enquêtent sur les atrocités commises par l’armée soviétique d’occupation en Lituanie en 1991.  Il s’est également souvenu avec tristesse des événements de l’année dernière au Bélarus, où un mouvement de protestation « né après une élection présidentielle truquée » a été brutalement réprimé.  Les actes irresponsables des autorités bélarussiennes pourraient avoir un impact plus important sur la sécurité internationale, comme l’a démontré le détournement du vol Ryanair le 23 mai dernier.

Ces actes, a estimé le Président, devraient être traités comme des « actes de terrorisme parrainés par l’État ».  Il a accusé le « régime bélarussien » de tester de nouvelles « méthodes d’action hybrides », notamment en orchestrant des flux artificiels de migrants clandestins pour faire pression sur l’Union européenne.  De plus, a ajouté M. Nauséda, le Bélarus a entamé l’exploitation commerciale d’une centrale nucléaire près de la frontière lituanienne, et ce, au mépris des normes fondamentales de sécurité agréées sur le plan niveau international.  Résoudre ce problème est d’une importance cruciale pour notre environnement et « une question de sécurité pour tous les citoyens européens », a affirmé le Président.

Pour la septième année, a-t-il poursuivi, nous assistons à la poursuite de l’agression militaire contre l’Ukraine, ainsi qu’à l’annexion et à l’occupation illégales de la Crimée.  Il a réitéré son respect au choix européen et euro-atlantique de l’Ukraine, avant d’alerter l’Assemblée générale sur l’aggravation de la situation des droits de l’homme et de la sécurité dans les régions d’Abkhazie et de Tskhinvali, en Géorgie.  « Notre devoir est de veiller à ce que l’agresseur soit comptable de ses actes. »

Dans ce contexte, a soutenu M. Nauséda, un Conseil de sécurité « efficace » est nécessaire à une ONU « pertinente et forte ».  Chaque cas d’inaction du Conseil encourage les agressions et menace le système multilatéral.  Le Président a donc appuyé l’initiative visant à renoncer à l’exercice du droit de veto dans les cas d’atrocités de masse, de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Mon pays, a-t-il annoncé, est candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme pour 2022-2024 et au Conseil exécutif de l’UNESCO pour 2021-2025.

M. SHAVKAT MIRZIYOYEV, Président de l’Ouzbékistan, s’exprimant par message vidéo préenregistré, a d’entrée pointé les menaces transnationales de plus en plus nombreuses à la paix, la sécurité et au développement durable ainsi que le déclin des valeurs traditionnelles.  Dans un environnement aussi complexe, l’importance et le rôle des Nations Unies et de ses agences spécialisées ne cessent de croître, a-t-il fait remarquer.  « C’est l’ONU qui doit continuer à jouer un rôle de premier plan dans ces importants processus du destin mondial. »  C’est pourquoi, M. Mirziyoyev a dit soutenir les efforts du Secrétaire général de l’ONU pour renforcer la solidarité et l’entente dans les relations internationales ainsi que pour accroître l’efficacité et la transparence de l’Organisation.

Face à la pandémie de COVID-19, qui est devenue « une catastrophe mondiale », le Président de l’Ouzbékistan a dit soutenir pleinement l’approche des Nations Unies qui garantit un accès égal et équitable aux vaccins, sur la base du principe selon lequel « personne ne doit être laissé pour compte ».  Le Président Mirziyoyev a saisi cette occasion pour exprimer sa gratitude à ses partenaires étrangers qui ont fourni une assistance pratique dans le cadre de la plateforme mondiale COVAX.

Poursuivant, il a proposé d’organiser à Tachkent une conférence internationale consacrée à l’étude des problèmes de la reprise économique mondiale, et à la mise en œuvre des meilleures pratiques en matière de réduction de la pauvreté dans la période postpandémique.  Il a de même annoncé l’organisation prochaine, à Samarcande, d’un forum éducatif mondial dans le cadre d’un dialogue régulier sur les droits de l’homme pour poursuivre les efforts dans cette direction.

Sur le plan régional, il a fait part de sa détermination à consolider un environnement politique complètement nouveau dans la région de l’Asie centrale, dans un esprit de compréhension et de respect mutuels, de bon voisinage et de partenariat stratégique.  À cet égard, il a rappelé avoir présenté une proposition d’adoption d’une résolution spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le renforcement de l’interconnexion de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud, réitérant que l’Afghanistan fait partie intégrante de l’Asie centrale.  « Ce n’est pas seulement nous et les États voisins, mais aussi le monde entier, qui sommes intéressés par l’établissement de la paix et de la tranquillité dans ce pays, car en ces temps difficiles, il est impossible d’isoler l’Afghanistan et de le laisser à l’écart. »  Pour le Président ouzbek, l’influence et la voix des Nations Unies sur l’Afghanistan doivent être entendues aujourd’hui plus que jamais.

Évoquant, par la suite, le nombre croissant de menaces et de conflits dans le monde, il a plaidé pour un renforcement de la coopération internationale.  Il a misé sur la présentation des résultats du plan décennal de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU en Asie centrale à Tachkent, en novembre de cette année, et la tenue d’une conférence internationale sur les perspectives dans ce domaine.

Abordant les questions liées aux changements climatiques, la protection de l’environnement et la biodiversité, il a tenu à exprimer sa profonde gratitude à tous les États Membres après l’adoption d’une résolution spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies déclarant la région de la mer d’Aral comme une zone d’innovations et de technologies écologiques.  Il a annoncé, à cet égard, l’organisation en 2022 d’un forum international de haut niveau en coopération avec les Nations Unies sur « l’énergie verte » dans cette région.

Pour finir, M. Mirziyoyev a proposé de tenir la sixième Assemblée de haut niveau sous les auspices des Nations Unies en 2023 en Ouzbékistan pour des discussions approfondies sur les priorités de la politique environnementale mondiale.

M. FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a prévenu que la victoire contre la COVID-19 n’est possible et durable que si le combat demeure une affaire de tous et si nous atteignons un taux d’immunité collective suffisant pour l’ensemble de l’humanité.  L’Afrique n’a pas croisé les bras, a-t-il affirmé, en citant le Fonds de réponse à la COVID-19 et la plateforme de fournitures médicales pour garantir l’accès aux équipements et fournitures nécessaires.  Le Président a aussi cité la signature, le 28 mars 2021, de l’African Vaccine Acquisition Trust (AVAT), un accord pour l’achat de 220 millions de doses de vaccins.  D’ici à janvier 2022, le nombre de vaccins à distribuer dépassera, sur le continent, les 25 millions par mois, a-t-il aussi affirmé, avant d’attirer l’attention sur les chercheurs africains de renommée mondiale qui ont proposé une gamme des remèdes efficaces méritant d’être soutenues.  

Pour renverser définitivement la tendance actuelle, le Président a préconisé l’augmentation de la capacité des tests dans les pays qui ne disposent pas des produits de laboratoires requis; un approvisionnement suffisant et rapide en médicaments et équipements; la généralisation de la vaccination et le soutien au projet de création de l’Agence africaine des médicaments; la promotion de la recherche médicale, et l’appui à la réforme des structures sanitaires et l’élargissement de la couverture santé dans les pays en développement.   

La COVID-19 est aussi un virus de l’économie mondiale, a-t-il poursuivi.  Les économies africaines, a-t-il plaidé, ont grandement besoin de financement pour se redresser.  Il a jugé insuffisant les 33 milliards des droits de tirage spéciaux DTS alloués à son continent et appelé à un appui à l’objectif du Sommet de Paris visant à atteindre 100 milliards de DTS pour l’Afrique, dont une partie pourrait contribuer à l’augmentation du capital de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque mondiale.  Le Président a aussi demandé « un soutien massif » des partenaires techniques et financiers à l’initiative de l’Alliance sur l’entreprenariat en Afrique, sans oublier « l’impératif » d’alléger la dette des pays africains et de matérialiser toutes les promesses faites en compensation des sacrifices consentis afin de préserver l’humanité contre le réchauffement climatique.  À ce propos, a-t-il comptabilisé, l’Afrique aura besoin de 30 milliards de dollars américains par an pour s’adapter, un montant qui devrait passer à environ 50 milliards d’ici à 2040. 

« L’Afrique n’a pas besoin d’aumône! », a ensuite martelé le Président.  Elle a besoin de partenariats constructifs et « gagnant-gagnant » pour mettre en valeur ses « fabuleuses » richesses naturelles.  Cependant, a-t-il prévenu, le fléau de l’insécurité provoquée par les cohortes de terroristes, de groupes armés, de mercenaires et de criminels de tous bords met à mal la stabilité institutionnelle de « nos jeunes démocraties » et annihilent les efforts de nombreux dirigeants africains pour développer leurs pays.  Après le Mali, le Niger, le Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Burkina Faso et le nord du Mozambique, l’intégrisme islamiste a atteint l’Est de la RDC.  Le Président s’est d’ailleurs félicité de la décision de la Coalition mondiale contre le terrorisme, dont son pays est devenu membre, de créer en son sein un groupe de travail sur le terrorisme en Afrique.   

Si, a-t-il insisté, la communauté des nations minimise le danger que représente la propagation du jihadisme en Afrique et n’adopte pas une stratégie globale et efficace pour éradiquer ce fléau, les plaies ouvertes dans la zone saharienne, en Afrique centrale et australe continueront à se métastaser jusqu’à faire jonction pour devenir une menace réelle pour la paix et la sécurité internationales.  Le Président a réclamé des politiques sécuritaires concertées et le renforcement des moyens des États, notamment par la mutualisation des ressources et l’échange d’informations sécuritaires.  Tant que les injustices et les inégalités entre les nations et les individus persisteront dans le monde, le terrorisme trouvera toujours un terreau fertile pour son émergence et sa propagation, a-t-il souligné. 

Réussir la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), a-t-il aussi souligné, et la transformer en un vaste marché de plus d’un milliard de consommateurs, devient ainsi un enjeu et un défi majeurs.  Depuis son accession à la présidence en exercice de l’Union Africaine, le Président de la RDC a dit s’être employé à faciliter le règlement du différend qui divise l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie sur l’opérationnalisation du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.  Il a annoncé la reprise des discussions dans un avenir proche. 

Sur le plan national, il s’est félicité de ce que son pays soit entré en programme avec le FMI au mois de juin dernier et qu’il bénéficie de l’assistance de la Banque mondiale pour réaliser des grands projets sociaux et des infrastructures de base.  La croissance économique a dépassé les 5% l’an, l’inflation s’est décélérée et la monnaie nationale s’est stabilisée sur le marché des changes.  La lutte contre la corruption, les détournements des deniers publics et l’impunité a conduit à une augmentation « substantielle » des recettes depuis le second trimestre de cette année. 

Des accords de partenariat ont été conclus avec plusieurs pays et groupes d’investisseurs privés mais, a avoué le Président, « une lourde hypothèque » pèse, celle de l’insécurité dans le nord-est de la RDC contre laquelle l’état de siège a été proclamé, avec des résultats qui constituent une opportunité d’en finir, une fois pour toutes, avec le cycle infernal de la violence imposée par les forces.  Il est essentiel, a souligné le Président, que les mesures de notification au Comité des sanctions imposées par la résolution 1807, pour toute importation d’effets militaires ou toute assistance aux Forces armées congolaises soient levées, que des sanctions soient prises contre tous les réseaux mafieux qui exploitent illégalement les minerais et alimentent les groupes armés en armes et munitions et que le retrait de la MONUSCO soit progressif, responsable et ordonné.  Le Président a rappelé que son gouvernement a souscrit au Plan de transition pour le retrait échelonné, responsable et durable de la MONUSCO laquelle, avec la Brigade d’intervention rapide, doit avoir tous les moyens nécessaires à l’exécution de son mandat.  Le Président a conclu en confirmant l’organisation d’élections libres, transparentes, inclusives et crédibles en 2023.

Dans une déclaration préenregistrée, M. SEYYED EBRAHIM RAISI, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré que deux évènements ont marqué cette année: la prise d’assaut du Capitole américain, le 6 janvier dernier, et la vision d’Afghans tombant d’un avion américain au mois d’août, à Kaboul.  Du Capitole à Kaboul, un message clair a été envoyé au monde: l’hégémonie des États-Unis n’a aucune crédibilité, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de leur territoire.  Ce que l’on voit dans notre région, aujourd’hui, prouve que le projet d’imposer « une identité occidentalisée » a lamentablement échoué, provoquant effusion de sang et instabilité et, finalement, la défaite et la fuite.  Les États-Unis ne quittent pas l’Iraq et l’Afghanistan: ils en ont été expulsés.  Aujourd’hui, ce sont les peuples opprimés de la Palestine à la Syrie, en passant par le Yémen et l’Afghanistan, qui doivent payer pour « cet irrationnalité », tout comme d’ailleurs le contribuable américain.

Les sanctions, a encore dénoncé M. Raisi, sont devenues la nouvelle arme de guerre des États-Unis.  Imposer de telles mesures sur l’achat de médicaments pendant la pandémie de COVID-19 doit être considéré comme un crime contre l’humanité, a affirmé le Président qui a rejeté toute mesure restrictive aux secteurs de la santé, de la protection de l’environnement ou de l’humanitaire.  Le Chef d’État a également condamné les sanctions américaines illégales qui ciblent des articles humanitaires.  Alors que nous nous empressions d’importer des vaccins contre la COVID-19, les sanctions « inhumaines » nous ont poussés à les fabriquer nous-mêmes, a ajouté le Président.

Poursuivant, M. Raisi a indiqué que le modèle de sécurité privilégié par l’Iran repose sur une diplomatie sans ingérence étrangère et un attachement à la stabilité et à l’intégrité territoriale de tous les pays de la région.  Sans nos efforts aux côtés des Gouvernements et des peuples de Syrie et d’Iraq, Daech serait, aujourd’hui, « le voisin méditerranéen » de l’Europe, a-t-il affirmé.  Il a prévenu que les velléités de créer une division « digne de la guerre froide » ne contribueront pas à améliorer la sécurité.  C’est la vie moderne « vide de sens et de spiritualité » ainsi que l’aggravation de la pauvreté, la discrimination et l’oppression qui ont contribué à la montée du terrorisme, et le « terrorisme autochtone » en Occident témoigne de cette amère vérité.  Le Président a mis en garde contre l’utilisation du terrorisme comme instrument de politique étrangère, soulignant que l’on ne peut pas créer un groupe terroriste, comme Daech, dans un endroit et prétendre le combattre dans un autre.

De même, la présence militaire américaine en Syrie et en Iraq est la plus grande entrave à la démocratie, et si un gouvernement inclusif avec la participation de toutes les ethnies ne voit pas le jour en Afghanistan, il n’y aura pas de sécurité, a encore prévenu le Président.  Il a aussi appelé à la fin « de l’agression » au Yémen, à l’accès de l’aide humanitaire et à des pourparlers constructifs entre les parties yéménites.  M. Raisi n’a pas manqué de dénoncer les agissements du « régime d’occupation sioniste ».  Face à l’échec du « soi-disant accord du siècle », il a rappelé la proposition iranienne d’organiser un référendum avec la participation de tous les Palestiniens musulmans, chrétiens ou juifs.

Le Président s’est attardé sur les violations du Plan d’action global commun (PAGC).  Il a décrié la « politique de pression maximale », arguant que 15 rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA) ont confirmé que son pays honore bien ses obligations, alors que les États-Unis ne se sont pas encore acquittés des leurs, à savoir la levée des sanctions.  « Les Américains ont violé le Plan, s’en sont retirés et ont imposé encore plus de sanctions à mon peuple, croyant "à tort" semer le désespoir et la dévastation. »  Avouant sa « méfiance » face aux promesses de l’Administration actuelle, M. Raisi a tout de même appuyé l’organisation de pourparlers sur la levée de toutes les « sanctions oppressives ».

M. SEBASTIAN PIÑERA ECHENIQUE, Président du Chili, a rappelé à ceux « d’entre nous » aujourd’hui qui ouvrent cette Assemblée générale, leur mission et leur responsabilité envers les générations futures.  Car, a averti M. Piñera, les décisions ou omissions d’aujourd’hui définiront le cours de l’humanité pour les décennies à venir.  L’époque exige un diagnostic serein et, surtout, la sagesse, la volonté et le courage de prendre les mesures efficaces et urgentes dont nous avons besoin, a-t-il lancé.  Il a cité, à cet égard, la pandémie de COVID-19 qui a clairement marqué le triomphe de la science face à l’échec de la politique.  Il en a voulu pour preuve le nombre de pays qui n’ont ni les vaccins ni les équipements pour protéger leur population.

De même, a-t-il poursuivi, la pandémie a engendré une crise sociale et économique sans précédent, provoquant une énorme perte de revenus et d’emplois pour les familles, la faillite de nombreuses entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, et une hausse de la pauvreté et des privations parmi les classes moyennes.  La crise a également entraîné une augmentation explosive des déficits budgétaires et de l’endettement public et privé, qui menacent la stabilité macroéconomique.  Ces maux ont touché plus durement les pays et les secteurs les plus vulnérables, en particulier les femmes, creusant ainsi les écarts entre les sexes, a-t-il relevé.

En revanche, a-t-il fait observer, la pandémie a accéléré l’installation de la société numérique, qui a changé notre façon de travailler, de nous éduquer, de nous informer et d’interagir dans la société, des changements qui sont là pour rester.  « Le Chili fait de son mieux pour monter dans ce train. »  De fait, après une baisse de 5,8% l’année dernière, l’économie du pays connaîtra cette année une croissance d’environ 10%, s’est réjoui le Président.

Poursuivant sur un autre registre, il a tiré la sonnette d’alarme, sur les questions liées à l’environnement, appelant à empêcher la crise climatique de se transformer en apocalypse environnementale, « et cela est la mission de notre génération », selon lui.

M. Echenique s’est, par ailleurs, attardé sur l’état des démocraties qui ont connu ces dernières années un processus de détérioration constante et progressive.  Si le diagnostic est unique, en revanche les raisons de cette situation sont, à ses yeux, multiples.  En Amérique latine, il a cité les raisons endémiques -faible croissance économique, pauvreté généralisée, inégalités persistantes, corruption et inefficacité de l’État- qui s’ajoutent à la pandémie de coronavirus et d’autres maladies tout aussi toxiques et mortelles pour les démocraties.

Aujourd’hui, a-t-il mis en garde, la principale menace vient des gouvernements démocratiquement élus, c’est-à-dire dotés d’une légitimité d’origine, qui manœuvrent pour rester éternellement au pouvoir.  Il y a 32 ans, le Chili a connu une transition exemplaire vers la démocratie, a rappelé le Président.  Il s’est félicité qu’au cours de ces trois dernières décennies, le pays ait atteint une croissance économique et un développement humain élevés, avec une diminution de la pauvreté et des inégalités, tout en respectant les libertés et les droits de l’homme de tous les citoyens. 

Toutefois, a-t-il reconnu, le Chili n’est pas à l’abri de ces menaces.  Le déchaînement social de 2019 a intégré des revendications sociales légitimes, mais a aussi entraîné une vague de violences « irrationnelles, inhabituelles et inacceptables ».  Mais son pays a su canaliser ce sursaut social, s’est-il remémoré, rappelant qu’après un plébiscite transparent et participatif, il s’est doté d’une Convention constitutionnelle démocratiquement élue qui devra proposer aux citoyens le texte d’une nouvelle constitution.  Celle-ci, en améliorant et en corrigeant tout ce qui doit être modifié, intègre une plus grande équité et justice sociale, protège les libertés et reflète une tradition républicaine et les valeurs de la société chilienne.

Sur le plan mondial, le Président chilien a préconisé des ajustements majeurs et une profonde réorganisation des institutions internationales qui doivent combiner, selon lui, deux principes: une légitimité reposant sur la participation la plus large possible et un système de prise de décision qui ne soit pas perturbé par des antagonismes, des vetos, des blocages ou des consensus très difficiles à obtenir.

M. MOON JAE-IN, Président de la République de Corée, a noté que dans le contexte de la lutte contre le coronavirus, les frontières ont été franchies pour partager des informations génomiques; une collaboration internationale étroite a permis de lancer des vaccins avec succès; et des traitements se développent à un rythme rapide.  Pour triompher du coronavirus il a fallu briser les barrières, a-t-il déclaré.  Il y a vu l’avènement d’une communauté mondiale, tout en relevant que ce sont toujours les pays à économie avancée qui sont en tête.  Pourtant, a-t-il souligné, toutes les nations sont appelées à évoluer en tandem pour réaliser le développement durable.  En tant que pierre angulaire d’une telle coopération, l’ONU devra recommander un nouvel ensemble de règles et d’objectifs pour cette nouvelle ère, renforcer la confiance entre les nations, et rassembler l’engagement et les capacités de la communauté des nations pour galvaniser l’action. 

Le Chef d’État a mis l’accent sur l’impératif de veiller à une relève inclusive de la crise du coronavirus, exhortant les États Membres de l’ONU à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Pour sa part, la République de Corée honorera son engagement de verser 200 millions de dollars au « COVAX AMC » et, en tant que centre de production de vaccins, elle œuvrera pour un approvisionnement équitable et rapide en vaccins contre la COVID-19.  Sur le plan national, le pays renforce l’emploi et les filets de sécurité sociale dans le cadre d’une politique de « New Deal humain ».  Et pour aider les pays en développement, la République de Corée prévoit d’augmenter son aide publique au développement (APD), notamment dans l’économie verte, le numérique et la santé.

Notant par ailleurs que la planète se réchauffe plus rapidement qu’il n’avait été anticipé, M. Moon a appelé à un nouvel élan collectif pour parvenir à la neutralité carbone, un objectif que son pays s’est fixé pour 2050.  Les centrales électriques au charbon ont été fermées plus tôt que prévu et des efforts sont en cours pour accélérer la production d’énergie renouvelable.  Grâce à son New Deal écologique, a-t-il ajouté, la Corée traduit son engagement de neutralité carbone en opportunité pour la création d’emplois et le développement de nouvelles industries.  Le Président a également annoncé la mise en place d’un fonds d’affectation spéciale du New Deal écologique en vue de soutenir le travail de l’Institut mondial de la croissance verte.  La République de Corée aimerait en outre accueillir la COP28 en 2023.

Le Président Moon a ensuite souligné que la paix dans la péninsule coréenne « commence toujours » par le dialogue et la coopération et a appelé à la reprise rapide du dialogue entre les deux Corée et entre les États-Unis et la « Corée du Nord ».  J’espère que la péninsule coréenne sera la démonstration de la puissance du dialogue et de la coopération au service de la paix, a-t-il affirmé.  Il a rappelé qu’il avait proposé, l’an dernier, une déclaration de fin de guerre dans la péninsule coréenne, pour ensuite exhorter la communauté internationale à se mobiliser à cette fin.  Ce n’est que lorsque les parties concernées se rapprocheront et proclameront la fin de la guerre qu’il sera possible de faire des progrès irréversibles en matière de dénucléarisation et qu’une ère de paix complète pourra commencer, a-t-il affirmé.  M. Moon a notamment appelé la communauté internationale à se maintenir prête et désireuse de tendre la main à la « Corée du Nord » dans un esprit de coopération, notant que lorsque la Corée du Sud et la Corée du Nord seront engagées ensemble dans des plateformes régionales, une réponse plus efficace aux maladies infectieuses et aux catastrophes naturelles deviendra possible.

M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, est revenu sur les récents évènements qui ont secoué le monde, estimant que « nos joies comme nos peines, nos souffrances comme nos succès, nos problèmes comme nos solutions sont communs » et lorsque l’on agit dans une logique de « fait accompli », c’est l’humanité entière qui en paie la facture, et pas seulement certains grands pays.  Cela, M. Erdoğan l’a constaté en Afghanistan, et de façon très douloureuse, car les problèmes ne peuvent être résolus en imposant des méthodes qui ne tiennent pas compte des réalités et du tissu social sur le terrain.  Le peuple afghan a été laissé seul avec les conséquences de l’instabilité et des conflits qui durent depuis plus de 40 ans, a-t-il déploré.  Quel que soit le processus politique, l’Afghanistan a besoin de l’aide et de la solidarité de la communauté internationale, a-t-il insisté.  Pour sa part, a assuré M. Erdoğan, la Turquie, continuera de remplir son devoir fraternel envers le peuple afghan pendant ses jours difficiles.

Poursuivant, il a souligné que 10 ans ont passé depuis le début du drame humanitaire en Syrie, qui a causé la mort de centaines de milliers de personnes et le déplacement de millions de personnes sous les yeux du monde entier.  Alors que son pays accueille près de quatre millions de Syriens, il combat également sur le terrain « les organisations terroristes qui ont noyé la région dans le sang et les larmes », a-t-il dit.  « Nous sommes le seul allié de l’OTAN à avoir combattu l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) corps-à-corps et à avoir vaincu cette organisation terroriste », s’est-il enorgueilli.

Là encore, a-t-il poursuivi, grâce à notre présence sur le terrain, nous avons pu mettre un terme aux massacres et aux activités de nettoyage ethnique commis par les extensions de « l’organisation terroriste Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) » en Syrie.  Nous devons faire preuve d’une volonté plus forte pour trouver une solution politique au problème, basée sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité des Nations Unies, et qui réponde aux attentes du peuple syrien, a souhaité le Chef d’État.  Il a tenu à saluer le renouvellement pour 12 mois du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière dans le nord-ouest de la Syrie.  Il a souhaité que l’approche conciliante affichée sur cette question soit imitée pour faire avancer le processus politique.  À cet égard, M. Erdoğan a jugé « inacceptable » de « faire une quelconque distinction » entre les organisations terroristes dans la région et de les utiliser comme sous-traitants.  « Notre lutte contre les organisations terroristes qui menacent l’intégrité territoriale de la Syrie et notre sécurité nationale se poursuivra avec détermination », a-t-il martelé à l’adresse des États Membres.

Dans son pays, à l’exception des Syriens, il y a aussi des migrants sous différents statuts, dont le nombre dépasse le million.  En raison des développements en Afghanistan, nous sommes confrontés à la possibilité d’un afflux de migrants provenant également de ce pays, a-t-il anticipé.  « En tant que pays qui a sauvé la dignité humaine dans la crise syrienne, nous n’avons plus le potentiel, ni la tolérance pour absorber de nouvelles vagues d’immigration. »  Dès lors, a plaidé le Président, il est grand temps que toutes les parties prenantes fassent leur part sur cette question.

Il a, par ailleurs, évoqué la situation en Libye et réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne le gouvernement légitime, qui représente toutes les régions du pays.  S’agissant du conflit israélo-palestinien, « qui alimente l’instabilité et menace la paix et la sécurité dans notre région », il a exhorté à la relance, sans plus attendre, du processus de paix et de la vision d’une solution des deux États.

Dans le Caucase, des étapes importantes ont été franchies récemment en matière de stabilité, s’est-il félicité.  Il a, par ailleurs, appelé la communauté internationale à évaluer les points de vue des Chypriotes turcs avec un esprit ouvert et sans préjugés.  Le maintien d’un environnement calme en Méditerranée orientale est dans notre intérêt commun, a-t-il aussi fait valoir, réitérant la proposition de son pays d’organiser une « Conférence de la Méditerranée orientale », qui est toujours sur la table.  M. Erdoğan, a également réaffirmé la détermination de son pays dans le processus d’adhésion à l’Union européenne.

Sur le plan de l’environnement, il a tenu à « annoncer au monde entier, ici, depuis l’Assemblée générale des Nations Unies », la décision prise par son gouvernement suite aux progrès réalisés récemment dans ce cadre.  « Nous prévoyons de présenter l’Accord de Paris sur le climat pour approbation au Parlement le mois prochain. »

Avant de clore son propos, le Président turc a réitéré sa conviction qu’« un monde plus juste est possible », malgré les difficultés auxquelles nous sommes confrontés.  Dans cette optique, la Turquie continue à considérer les Nations Unies comme la plateforme unique pour résoudre les problèmes qui concernent l’humanité tout entière.

M. GUY PARMELIN, Président de la Confédération helvétique, a commencé par rappeler son passé de vigneron.  La viticulture m’a enseigné la patience, la persévérance et la confiance, a-t-il confié, avant d’estimer que la pandémie de COVID-19 est « un peu à l’image de la grêle ou du gel qui peut soudainement ravager les vignes: imprévue et déstabilisante ».  Une telle catastrophe humaine, sociale et économique nous fait réaliser qu’il faut anticiper les prochaines crises, nous préparer à y faire face et faire preuve de solidarité afin de bâtir un monde résilient, a-t-il souligné, jugeant à cet égard que la bonne gestion des données est primordiale.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la Suisse est fière d’accueillir le prochain Forum mondial des Nations Unies sur les données à Berne en octobre.  Face aux risques, il faut selon lui investir dans la prévention et donner la priorité à la recherche, l’éducation et la formation professionnelle, tout particulièrement celle des filles et des femmes.  Plaidant pour des « solutions communes », il a appelé à défendre un multilatéralisme fondé sur des règles.  Dans ce cadre, la Suisse a beaucoup à apporter, a assuré M. Parmelin, indiquant que son pays est prêt à contribuer aux travaux du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2023-2024.

Avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous avons déjà le cadre dont nous avons besoin pour répondre aux défis du monde contemporain, a-t-il affirmé.  À cette aune, il a rappelé que la Suisse, pays hôte de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), s’engage pour un accès équitable et abordable aux vaccins, traitements et diagnostics.  Elle contribue, entre autres, à l’Alliance pour les vaccins et soutient l’initiative COVAX à hauteur de 155 millions de dollars.  Jugeant essentiel de renforcer la résilience des sociétés sans recourir à des mesures protectionnistes, il a ensuite appelé à améliorer la sécurité juridique et la prévisibilité en temps de crise, avec le soutien de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a par ailleurs souligné l’importance des approches technologiques innovantes pour les projets de développement et de lutte contre la pauvreté, tout en notant que des risques existent.  Pour y faire face, la Suisse s’implique pour l’application du droit international dans le cyberespace et participe aux efforts de lutte contre la cybercriminalité.

M. Parmelin a d’autre part appelé à prendre « au sérieux » les changements climatiques, précisant qu’il serait personnellement présent à la COP26 à Glasgow pour réaffirmer l’engagement suisse à mettre en œuvre, efficacement et de manière uniforme, l’Accord sur le climat.  Au niveau national, a-t-il relevé, la Suisse s’est engagée à la neutralité climatique d’ici à 2050.  Son pays invite les autres à faire de même, en soumettant des objectifs climatiques ambitieux pour 2030, a-t-il ajouté.  Enfin, il a rappelé que, fidèle à sa tradition, la Suisse offre « une plateforme neutre, propice aux échanges ».  Elle a ainsi accueilli, cette année, à Genève, le Forum de dialogue politique libyen et la conférence humanitaire sur l’Afghanistan convoquée par le Secrétaire général.  « Mettons-nous au travail en vue d’un monde toujours mieux éduqué, plus innovant, plus résilient et plus juste », a-t-il lancé en conclusion.  « Et cultivons ce monde qui est le nôtre comme j’ai appris à prendre soin de ma vigne. » 

Dans un discours préenregistré, le Président de la Chine, M. XI JINPING, a rappelé que l’année 2021 marque le centenaire de la création du Parti communiste chinois et le cinquantenaire du rétablissement de la République populaire de Chine dans son siège « légitime » aux Nations Unies, un évènement historique qui sera d’ailleurs solennellement commémoré en Chine.  Avec la pandémie de COVID-19, a-t-il dit, notre monde est entré dans une période de turbulences et de transformations nouvelles.  Il faut gagner « ce grand combat » crucial pour l’avenir de l’humanité, a encouragé le Président, en soulignant que l’histoire de la civilisation humaine est aussi une histoire de lutte contre les pandémies.  Malgré la férocité de la COVID-19, nous finirons par triompher, a-t-il promis.  Il a prôné une réponse coordonnée sur le plan international, afin de réduire autant que possible les risques de transmission transfrontalière.  Il a rappelé son appel à des vaccins, arme puissante contre le virus, un bien public mondial afin d’en assurer l’accès aux pays en développement.  L’urgence, a insisté le Président, est d’assurer une distribution juste et équitable des vaccins partout dans le monde.

Il a promis que cette année, la Chine s’efforcera de fournir au total deux milliards de doses.  En plus du don de 100 millions de dollars de vaccins au Mécanisme COVAX, elle fera don de 100 millions de doses supplémentaires aux pays en développement cette année.  La Chine continuera aussi de participer à l’identification scientifique de l’origine du virus et elle s’oppose fermement à toute manipulation politique de cette question.

M. Xi a ensuite appelé à la relance de l’économie mondiale, afin de parvenir à un développement plus fort, plus vert et plus sain partout dans le monde.  Face aux graves impacts de la COVID-19, nous devons œuvrer ensemble pour orienter le développement vers une nouvelle phase de croissance équilibrée, coordonnée et inclusive, a—t-il prôné.  À cet égard, il a proposé une initiative consistant à renforcer la coordination des politiques entre les principales économies mondiales.  Nous devons bâtir des partenariats mondiaux marqués par plus d’égalité et d’équilibre, promouvoir les synergies entre les différents processus de coopération au développement et accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Président a aussi préconisé de placer la personne au cœur de nos préoccupations, ce qui exige un « développement pour le peuple, par le peuple et au profit du peuple ».  I faut ce faisant, porter une grande attention aux besoins particuliers des pays en développement, par des mesures comme la suspension de la dette, l’aide publique au développement et autres.  Il faut, a encore estimé le Président, promouvoir l’innovation.  M. Xi a voulu que l’on saisisse les chances historiques offertes par la nouvelle révolution scientifique et industrielle pour accélérer la conversion des acquis scientifiques et technologiques en forces productives réelles, offrir un environnement ouvert, impartial, équitable et non discriminatoire à la science et à la technologie, explorer de nouveaux moteurs de croissance économique, et réaliser, « main dans la main », un développement rapide et vigoureux.

Dans ce cadre, le Président a souligné la nécessité de lutter activement contre les changements climatiques.  La Chine, a-t-il annoncé, s’efforcera d’atteindre la neutralité carbone avant 2060.  Elle soutiendra vigoureusement le développement des énergies vertes et faibles en carbone dans les pays en développement et ne construira plus de nouvelles centrales à charbon à l’étranger.  Pour les trois années, mon pays, a promis le Président, a prévu une aide supplémentaire de 3 milliards de dollars pour soutenir la lutte contre la COVID-19 dans les pays en développement et la reprise économique.

La démocratie, a tenu à souligner le Président, n’est pas le monopole d’un pays ou un autre.  Or l’évolution récente de la situation internationale a prouvé que la prétendue transformation démocratique par la force militaire a des conséquences désastreuses.  Rejetant la mentalité des « clubs exclusifs et des jeux à somme nulle », le Président a dit privilégier le dialogue et l’ouverture, au détriment de la confrontation et de l’exclusion.  Il a insisté sur des relations internationales fondées sur le respect mutuel, l’équité, la justice et une coopération « gagnant-gagnant ».  Il n’y a qu’un seul système international, c’est celui qui est centré sur les Nations Unies et fondé sur le droit international, a déclaré M. Xi.  Il revient donc à l’Organisation, a conclu le Président, d’assurer un ordre international stable, de respecter le droit de parole des pays en développement et de promouvoir, en tant que chef de file, la démocratie et l’état de droit dans les relations internationales.  

Dans un message vidéo préenregistré, M. ZORAN MILANOVIĆ, Président de la Croatie, a déclaré « qu’il est de notre responsabilité en tant que dirigeants de regagner la confiance des peuples et de leur redonner espoir ».  Il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme et à la coopération internationale, a-t-il martelé, en rappelant l’engagement de son pays en faveur des efforts collectifs pour relever les défis actuels.  Le Président s’est ainsi dit en faveur d’un accès sans discrimination aux vaccins contre la COVID-19 et d’une action climatique robuste. 

Il a aussi souligné l’importance pour son pays d’avoir des Balkans occidentaux stables et prospères.  Il a exprimé son ferme soutien aux perspectives d’élargissement de l’Union européenne dans la région et a prévenu que la Bosnie-Herzégovine est la pierre de touche de la sécurité régionale.  Ce pays connaît une situation complexe et il faut espérer qu’il progresse sur la voie de l’accession à l’Union européenne et que l’égalité entre ses trois peuples constitutifs soit respectée.  M. Milanović a pointé dans ce pays deux aspirations à la fois « injustes et inatteignables » : une gouvernance centralisée et le séparatisme.  Ces deux approches sont, chacune, contraires au cadre constitutionnel hérité de l’Accord de Dayton-Paris qui, a-t-il poursuivi, n’est pas sans défaut. 

Il ne faut pas, a encore prévenu le Président croate, sous-estimer les sensibilités et les complexités bien connues de ce pays, lequel ne doit pas faire l’objet d’une « expérimentation qui s’écarterait dangereusement des principes fondateurs de l’Accord de Dayton ».  La Bosnie-Herzégovine, a-t-il insisté, a besoin d’un cadre de partage du pouvoir, basé sur les principes du fédéralisme, de la décentralisation et d’une représentation légitime.  La notion des trois peuples constitutifs est souvent interprétée fallacieusement comme un obstacle à l’égalité des droits de tous les citoyens bosniens.  Ce qu’il faut, a professé le Président, ce sont des réformes électorales permettant aux trois peuples de choisir leurs représentants à tous les niveaux politiques.  Il n’est pas étonnant que les Croates de Bosnie-Herzégovine, qui n’ont pas pu exercer un tel droit, se sentent marginalisés.  « Cela doit changer  » a martelé le Président. 

Il a dûment salué l’adoption par cette Assemblée à une majorité écrasante d’une résolution sur la responsabilité de protéger et la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité.  Il a apporté son soutien à la Cour pénale internationale et exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Statut de Rome.  La justice et la vérité doivent être au cœur des priorités de l’ONU dans le domaine des droits humains, a estimé le Président, en rappelant que la Croatie est toujours à la recherche de 1 858 de ses citoyens portés disparus après la guerre de 1991-1995.  Il a exhorté les pays voisins à coopérer de bonne foi et à respecter leurs engagements.  « Je dois confesser que je ne comprends pas les lacunes dans le partage des informations et l’accès aux archives sur les possibles emplacements des fosses communes et de tombes, tant d’années après le conflit.  »  En conclusion, M. Milanović a souligné l’acuité de la menace posée par le trafic illicite d’armes légères, notamment dans les Balkans occidentaux, et plaidé en faveur d’une action multilatérale efficace pour y remédier. 

Dans un message vidéo préenregistré, le Président de l’Égypte, M. ABDEL- FATAH Al SISI, a d’emblée insisté sur l’impératif de garantir un accès équitable et universel aux vaccins contre la COVID-19 à tous les peuples du monde, et en particulier au continent africain.  Il a expliqué que l’Égypte a commencé à produire les vaccins à l’échelle nationale afin de répondre à ses propres besoins ainsi que pour les exporter vers les autres pays d’Afrique.  Il a appelé à augmenter l’appui de la communauté internationale au monde en développement, compte tenu du poids démographique de ces pays qui, a-t-il fait valoir, sont le moteur de la croissance mondiale. Évoquant en outre l’émission prochaine de droits de tirage spéciaux par le FMI, le Président égyptien a appelé à réduire le fardeau de la dette des pays en développement et leur offrir des taux préférentiels. Il s’agit là de mesures primordiales pour appuyer leur développement dans le contexte difficile actuel, a-t-il estimé.  Pour sa part, a-t-il enchainé, l’Égypte a adopté des réformes économiques et des programmes sociaux ambitieux, notamment en faveur des groupes minoritaires et défavorisés.  Pour ce qui est de la dégradation environnementale et des changements climatiques, l’Égypte ne ménage en outre aucun un effort en faveur de l’action climatique pour éviter « un point de non-retour ».  M. Al Sisi a ensuite rappelé que son pays accueillera la COP27 en 2022. 

Poursuivant, le Président égyptien a souligné que le terrorisme, l’un de plus grands défis que connait la communauté internationale, nuit aux efforts des gouvernements pour le développement.  Il a appelé à son éradication, ce qui passe, selon lui, par l’élimination de l’idéologie takfiriste.  M. Al Sisi a aussi réclamé des efforts nationaux et une coopération internationale pour assécher les sources de financement du terrorisme et renforcer l’échange d’informations, insistant en outre sur l’impératif de la reddition de compte des pays qui soutiennent le terrorisme. 

Abordant le conflit israélo-palestinien, le Président Al Sisi a insisté sur l’urgence d’une solution et de la création d’un État palestinien indépendant et viable.  En attendant, il a appelé à la consolidation du cessez-le-feu du 20 mai 2021 et à l’amélioration des conditions de vie du peuple palestinien.  Pour cela il faut notamment soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), en vue du processus de reconstruction de la bande de Gaza, a-t-il dit, précisant que l’Égypte va y allouer 500 millions de dollars.  M. Al Sisi a également décrié la mise à mal du concept de l’état-nation au Moyen-Orient en raison de divisions ethniques, sectaires ou autres, notamment en Iraq, au Liban et en Libye.  Le concept de l’état-nation inclusif doit primer au Moyen-Orient, a-t-il insisté. 

Dans son intervention, M. Al Sisi a également rappelé l’importance de la coopération réciproque.  Il a indiqué que son pays souffre de stress hydrique et souligné que le Nil est « l’artère de l’Égypte », pour ensuite se pencher sur la question du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.  Décriant la politique du fait accompli, il a expliqué que l’Égypte avait saisi le Conseil de sécurité pour soutenir les efforts africains de médiation sur ce dossier en espérant pouvoir arriver à un accord juridiquement contraignant pour la gestion de l’utilisation des ressources hydriques du fleuve.  Le multilatéralisme est la « planche de salut de l’humanité » et la seule voie à suivre pour répondre aux différends de ce monde et relever les défis actuels, a insisté M. Al Sisi. 

M. PEDRO CASTILLO TERRONES, Président du Pérou, a indiqué qu’en l’élisant en juillet dernier, le peuple péruvien a, pour la première fois, placé à la tête de l’État un instituteur issu du monde rural.  « Cette responsabilité fait de moi l’obligé des pauvres, des marginalisés, des populations vulnérables, des entrepreneurs et des classes moyennes qui ont tant souffert de la pandémie », a-t-il affirmé, avant d’assurer que le Pérou, pays multiculturel et multiethnique, parie sur son gouvernement pour construire un État aux racines populaires, « avec une intégration sociale qui élimine les inégalités et une répartition inéquitable des richesses et qui construit une société démocratique solide ».  Cela étant, a-t-il reconnu, le pays présente des indicateurs d’inégalité et d’exclusion extrêmes.  Par conséquent, une transformation sociale est nécessaire, qui permette à tous les Péruviens de jouir de leurs droits économiques et sociaux, en plus des libertés fondamentales et des droits civils et politiques, a estimé M. Castillo Terrones, appuyant, à cet égard, le « nouveau contrat social mondial » préconisé par le Secrétaire général pour rectifier l’iniquité dans la répartition des richesses. 

Alors que ce débat général se tient à nouveau dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le Président péruvien a constaté que cette crise nous montre l’incapacité du système international à coopérer selon les principes de solidarité et d’efficacité.  Nous avons besoin d’accords qui garantissent l’équité dans l’accès aux vaccins, a-t-il plaidé, souhaitant, en outre, que le nouveau « Programme commun » de l’ONU prévoie des actions multilatérales vigoureuses contre la pandémie, permette l’accès de tous les pays, notamment les plus pauvres, aux vaccins et ait une couverture santé complémentaire.  À ses yeux, il est impératif que ces vaccins puissent être produits dans d’autres pays.  Il a donc proposé la signature d’un accord mondial entre les Chefs d’État et les détenteurs de brevets pour garantir un accès universel, sans discrimination ni privilège. 

M. Castillo Terrones a ensuite observé qu’en raison des effets aggravants de la pandémie, la pauvreté et la marginalisation sont désormais une « réalité mondiale ».  Selon lui, les objectifs de développement durables doivent être une priorité à tous les niveaux de responsabilité, mais il convient de les adapter aux nouvelles réalités du monde postpandémique, où trop de personnes souffrent de discrimination et d’exclusion, en particulier les populations autochtones, les femmes, les migrants et toutes les personnes vulnérables.  Dans ce cadre, l’objectif « Faim Zéro » devrait mobiliser la communauté internationale, a-t-il soutenu, attirant l’attention sur l’action menée par son pays pour évoluer vers un système universel de protection sociale.  De même, le nouveau contrat social voulu par le Secrétaire général devrait mettre l’accent sur l’universalisation de l’accès à l’éducation et sur la nécessité de faire progresser les droits des femmes et des filles, a souhaité le Président péruvien.  Il a jugé urgent de mettre la composante sociale « en avant » dans les relations internationales et de faire en sorte que toutes les actions et ressources du système des Nations Unies soient liées à la réalisation des objectifs de développement durable. 

Après avoir réaffirmé son attachement à la paix et à la sécurité internationale, M. Castillo Terrones a annoncé une plus grande participation du Pérou aux opérations de paix.  Nous augmenterons le nombre de soldats péruviens qui travaillent déjà de manière solidaire pour le règlement des conflits et la paix internationale, a-t-il indiqué, avant de s’interroger, à son tour, sur la « viabilité de la planète », menacée par les changements climatiques.  Le moment est venu de repenser nos activités pour parvenir à un développement durable en harmonie avec la planète, avec l’ambition de laisser un monde habitable aux générations futures.  Le Chef d’État a précisé que le Pérou a pour objectif de devenir un pays neutre en carbone d’ici à 2050 et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% à 40%, par rapport à ce qui est projeté pour 2030. 

Par message vidéo préenregistré, M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a estimé que la réalité mondiale ainsi que la nature et les tendances des processus politiques, économiques et sociaux exigent une coopération plus étroite et plus coordonnée entre pays et entre grandes organisations internationales pour parvenir à l’objectif principal de la paix et de la sécurité internationales, des progrès dans le développement durable et de la préservation de la base juridique et institutionnelle de l’ordre mondial moderne.  L’efficacité d’une telle coopération, a-t-il prévenu, dépendra de la faculté à trouver un dénominateur commun entre les intérêts nationaux et les priorités et objectifs mondiaux.  Aurons-nous le sens des responsabilités, la vision et la volonté politique nécessaires pour surmonter les désaccords, les différends tactiques et les différences d’approches et d’évaluation pour nous concentrer sur la matérialisation des objectifs de développement et résoudre les problèmes mondiaux les plus aigus ? s’est demandé le Président. 

Très franchement, a-t-il avoué, nos efforts contre la COVID-19 et ses conséquences socioéconomiques sont toujours insuffisants.  La pandémie, a-t-il estimé, a révélé les échecs systémiques de la réponse internationale.  Ce n’est qu’unis, a-t-il prévenu, que les États membres et les institutions de l’ONU pourront créer les conditions nécessaires au succès.  Le Président a promis qu’il poursuivra ses efforts pour redynamiser « la diplomatie scientifique ».  Il a voulu qu’au cours de cette session, l’on institutionnalise par exemple le Centre d’Asie centrale pour l’épidémiologie, la virologie et la bactériologie.  Il faut aussi travailler à la résilience du système de transport international face aux situations d’urgence, a-t-il ajouté, en citant la résolution sur les modes de transport au service du développement pendant et après la pandémie que l’Assemblée a adoptée, à l’initiative de son pays, le 29 juillet dernier. 

Le Président a cité une autre résolution de l’Assemblée, celle sur l’importance des politiques de neutralité pour le maintien de la paix et la sécurité internationales et pour le développement durable, adoptée le 7 décembre 2020, une nouvelle fois, à l’initiative de son pays.  Également à l’origine de la proclamation de 2021 comme Année internationale de la paix et de la confiance, le Turkménistan, a poursuivi le Président, compte convoquer une conférence internationale, au mois de décembre, sur cette question qui devrait devenir un élément permanent de l’agenda stratégique des Nations Unies.  Nous avons aussi, a-t-il dit, présenté un projet de résolution sur la coopération régionale et internationale au service de la paix, de la stabilité et du développement durable en Asie centrale, afin de créer des mécanismes de dialogue en Asie centrale.  Le Président n’a pas oublié d’attirer l’attention sur sa proposition d’établir une zone de paix, de confiance et de coopération dans sa région. 

Le monde entier, a-t-il reconnu, suit la situation en Afghanistan.  Il a promis une aide économique et humanitaire globale, dont la finalisation des projets d’infrastructures.  Notre disposition de « pays voisin et neutre » à nouer des contacts et à créer les conditions nécessaires à la réalisation rapide de la paix, de l’harmonie et de l’unité en Afghanistan demeure inchangée, a souligné le Président.  Il a conclu sur la question du financement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et proposé la convocation d’une conférence sur la question, avant d’exprimer son attachement à la recherche de solutions à la catastrophe écologique de la Mer d’Aral et à l’idée de créer, à cet égard, un programme spécial des Nations Unies. 

Dans un message vidéo préenregistré, M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a indiqué que tous les défis actuels exigent une réponse globale apportée avec « le bon état d’esprit ».  Il a évoqué la signature de l’Acte final d’Helsinki en 1975, axé sur la sécurité et la coopération en Europe.  « Mais son esprit peut encore avoir une signification à l’échelle mondiale si nous réussissons à le ressusciter et à l’élargir. »  Il a rappelé que « l’esprit d’Helsinki » résidait dans la volonté de rivaux de s’engager dans le dialogue et de rechercher des dénominateurs communs.  « C’est cet esprit dont le monde et l’ONU ont aujourd’hui besoin. » 

M. Niinistö a rappelé que seule une solution globale permettra de mettre fin à la pandémie, avant de se dire en faveur de « la solidarité vaccinale » par le biais notamment du Mécanisme COVAX.  Il a souligné la nécessité de disposer d’une OMS au fonctionnement efficace et de remédier aux retards dans la réalisation des objectifs de développement durable, notamment en raison de la pandémie.  Rappelant que cette pandémie a entraîné des mesures extrêmes, il s’est demandé si l’on peut vraiment dire la même chose des efforts pour sauver la planète.  « Nous devons agir », a-t-il lancé, en regrettant que l’urgence climatique ne se reflète pas dans les actions entreprises jusqu’à présent.  M. Niinistö a ainsi insisté sur l’importance de plans ambitieux de réduction des émissions, en prévision de la Conférence de Glasgow, et d’une accélération de la transition énergétique.  « Nous devons améliorer la qualité, la quantité et l’accessibilité du financement climatique, en particulier pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. » 

Évoquant les « événements tragiques » en Afghanistan, le Président finlandais a exhorté la communauté internationale à ne pas oublier « les filles et les femmes afghanes ».  Il a également appelé à faire bon usage de la « boîte à outils » prévue par la Charte pour prévenir les conflits, priorité de son pays.  Soulignant l’importance des droits humains, il a indiqué que son pays est candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme pour 2022 à 2024.  En tant que membre, nous ferons tout notre possible pour mettre nos priorités dans le domaine des droits humains au service de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans le monde.  La promotion des droits des plus vulnérables, en particulier les personnes handicapées, est une priorité de la Finlande, a souligné le Président. 

M. Niinistö a aussi plaidé pour le renforcement de l’architecture de non-prolifération, avant de souhaiter de nouvelles solutions aux défis nouveaux et émergents dans ce domaine.  « Nous devons anticiper », a-t-il estimé.  Il a dûment salué la prorogation du Traité New START car la nécessité d’unir nos forces et de sauver notre planète pour les générations futures n’a jamais été aussi impérieuse.  L’ONU, a-t-il ajouté, est au centre du multilatéralisme « que nous voulons renforcer ».  Aucune organisation ne donne autant d’espoir en un monde meilleur à autant de personnes.  Pour autant, l’ONU ne pourra réussir que si ses Membres s’unissent et font ce qui est attendu d’eux et cela exige plus de dialogue, plus de confiance et plus de « cet esprit d’Helsinki », a-t-il conclu.  

M. RODRIGO ROA DUTERTE, Président des Philippines, s’est attardé d’emblée sur les inégalités qui se sont creusées depuis le début de la pandémie.  « C’est la façon de les résoudre qui définira notre avenir commun », a-t-il prédit.  Or, un avenir d’inégalités signifie un ordre injuste qui est intrinsèquement volatile, a-t-il fait valoir, rappelant aux gouvernements le défi à relever de concilier leurs obligations envers leurs propres citoyens avec leur responsabilité envers le reste de l’humanité.  Seul un multilatéralisme inclusif peut y arriver, avec l’équité, l’égalité et le respect pour socle de l’engagement des uns envers les autres, a-t-il estimé.  S’indignant face à la « sécheresse causée par l’homme de vaccins contre la COVID-19 », il a reproché aux pays riches d’accumuler les vaccins et de ne donner aux pays pauvres que des miettes.  Alors qu’ils parlent de doses de rappel, les pays en développement envisagent d’administrer des demi-doses juste pour s’en sortir.  C’est choquant et égoïste, a dit le Président, pour lequel ce comportement n’a aucune justification rationnelle ou morale.  Ce n’est qu’une fois le virus vaincu partout que cette pandémie prendra fin, a-t-il rappelé, soulignant que les vaccins sont essentiels pour cela.  Ayant versé un million de dollars au mécanisme COVAX, M. Duterte a appelé les « partenaires privilégiés » à pleinement le soutenir sans tarder. 

Tout comme la COVID-19 a eu un impact inégal sur les peuples, le fardeau du réchauffement climatique n’est simplement pas le même pour tout le monde, a poursuivi le Président, en prévenant que nous sommes à un point de basculement critique, où l’inaction aura des conséquences cataclysmiques pour l’ensemble de l’humanité.  Les Philippines se sont fixées pour objectif de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 75% d’ici à 2030, a informé M. Duterte, en mentionnant, à cet égard, le moratoire qu’il a décrété sur la construction de nouvelles centrales au charbon et la directive publiée pour explorer l’option de l'énergie nucléaire.  Mais cette contribution sera inutile si les plus gros pollueurs décident de faire « comme toujours », a-t-il constaté, en demandant à « ceux qui peuvent faire pencher la balance » de s’engager résolument dans une action climatique urgente.  Les pays développés doivent honorer leurs engagements de longue date en termes de financement climatique, transfert de technologie et renforcement des capacités des pays en développement, a-t-il plaidé, en demandant que la transition vers une économie verte ne se fasse pas au détriment de la vitalité économique des pays en développement. 

Les Philippines sont une économie à revenu intermédiaire et une démocratie florissante, s’est enorgueilli le Président, tout en concédant que des défis difficiles demeurent.  À ce titre il a parlé des conditions de travail inhumaines de millions de Philippins à l’étranger, et demandé la fin du système de kafala « au nom de la justice et de la décence ».  Les Philippines recherchent des partenariats plus solides pour protéger les droits des Philippins et réaliser le plein potentiel de la nation, a-t-il expliqué.  M. Duterte a insisté sur le principe suivant lequel la loi s’applique à tous.  Il a également dit avoir chargé le Ministère de la Justice et la police de revoir la campagne contre les drogues illégales.  Il a aussi annoncé la finalisation récente avec les Nations Unies d’un programme conjoint sur les droits de l’homme. 

Dans une période de profond changement géopolitique, il est vital que tous les pays, petits et grands, s’engagent à respecter l’état de droit, a souhaité M. Duterte, car un monde sans loi est un monde où les plus faibles sont à la merci du plus fort.  Il faut, en outre, régler pacifiquement les différends, mais alors que la démocratie et la transparence sont des concepts qui résonnent dans les couloirs de l’ONU, « ironiquement, le Conseil de sécurité viole tous ces principes », a-t-il accusé.  Il a jugé cet organe « ni démocratique ni transparent » dans sa représentation et ses processus, estimant que cela n’est « tout simplement pas correct ».  En conclusion, il a appelé à la réforme de l’ONU au nom de l’espoir de l’humanité. 

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a salué l’avènement du Mécanisme COVAX comme une illustration de l’esprit de solidarité et d’équité mondiales dont l’Organisation doit faire preuve.  Néanmoins, il a appelé à faire plus pour accélérer la distribution des vaccins et combler le déficit vaccinal de l’Afrique.  Il a invité à exploiter la dynamique positive manifestée face à la COVID-19 pour renforcer la résilience à long terme en cas de pandémie.  « La coopération au G7 et au G20 pour émettre de nouveaux droits de tirage spéciaux est un autre exemple positif », a dit M. Kagame en ajoutant que la nouvelle allocation de droits de tirage spéciaux aux pays qui en ont le plus besoin contribuera à créer l’espace budgétaire nécessaire à une reprise plus rapide et plus équitable après la pandémie. 

Face aux retards dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), le Président Kagame a appelé â transformer « ce sentiment d’urgence » en un engagement politique durable pour les ODD.  « Cet engagement doit placer l’atténuation des changements climatiques au centre de nos efforts », a-t-il insisté avant de s’inquiéter de la gravité croissante des catastrophes liées aux conditions météorologiques.  Après avoir jugé indispensable le succès de la COP26 en novembre prochain, il a souligné l’importance d’une gouvernance axée sur les citoyens pour garantir non seulement le bien-être et le progrès matériel, mais aussi la sécurité, la stabilité et la confiance. 

Par ailleurs, le Président du Rwanda a demandé que « les idéologies extrémistes qui nourrissent le terrorisme et les génocides soient nommées, identifiées suffisamment tôt et démantelées, sans ambiguïté ni hésitation ».  Le Président a fait siennes les craintes du Secrétaire général s’agissant d’une possible rupture du système multilatéral face aux conséquences conjuguées de la pandémie de COVID-19, de l’aggravation des conflits, de l’urgence climatique et de la pauvreté chronique.  C’est pourquoi, le Plan d’action du Secrétaire général mérite tout notre soutien, a-t-il dit, plaidant en particulier pour un plan mondial de vaccination, un renouveau de la confiance entre les gouvernements et les citoyens, une plus grande attention aux besoins des jeunes et un engagement renouvelé envers le raisonnement et la science fondés sur des faits.

Enfin, il a rappelé que la capacité des États Membres de se réunir en présentiel lors de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale en 2022 ou lors du Sommet du futur proposé par le Secrétaire général, dépendra des mesures déterminées que les États prendront dans les mois à venir. 

M. ALBERTO FERNÁNDEZ, Président de l’Argentine, a dit se présenter à ce grand forum à un moment unique pour l’humanité, qui fait face à une triple pandémie aux origines communes: la pandémie des inégalités mondiales, la pandémie des changements climatiques et la pandémie de COVID-19.  Il ne s’agit pas d’un simple changement de tendance, mais bien d’un véritable changement d’époque.  Les cris de la terre blessée s’unissent aux cris des populations vulnérables.  La pandémie, a souligné le Président, a montré la mondialisation des injustices et une vulnérabilité généralisée. La pandémie a également réveillé les risques de cupidité, de gaspillage et de réticence à offrir des réponses solidaires aux problèmes mondiaux.  Je suis convaincu, a martelé le Président, que les vaccins contre le COVID-19 doivent être considérés comme des biens publics mondiaux.  

Le monde, a-t-il poursuivi, doit s’attaquer non seulement aux conséquences sanitaires de la pandémie mais au redressement socioéconomique, ce qui va de pair avec notre mission de prendre soin de « notre maison commune, la planète ».  L’engagement de l’Argentine en faveur de l’Accord de Paris sur le climat est « total », a affirmé le Président, en insistant sur la détermination de son pays à contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C et à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.  Cependant, a-t-il averti, rien de tout ceci ne sera possible si nous ne nous attaquons pas à « l’épée de Damoclès » qu’est l’architecture financière internationale. 

À l’instar du Secrétaire général de l’ONU, le Président a jugé « affligeant » qu'en 10 ans, l'engagement de mobiliser la somme de 100 milliards de dollars en faveur de l’action climatique dans les pays en développement soit resté lettre morte.  La justice climatique, a-t-il pronostiqué, restera une chimère sans une justice financière et fiscale, alors que l’on craint une explosion généralisée de la dette extérieure des pays du Sud.  Déjà, a expliqué le Président, la région d’Amérique latine et les Caraïbes consacrent 57% de leurs revenus à l’exportation du paiement du service de la dette.  Le Président a dit s’attarder sur cette question « avec une douleur particulière », compte tenu de la dette « toxique et irresponsable » que son pays a réussi à contracter auprès du Fonds monétaire international (FMI).  

Pour illustrer l'ampleur de ce « detticide », il a cité un chiffre: les ressources qu’a versées le FMI à l’Argentine atteignent un total de 57 milliards de dollars, soit l’équivalent de tout ce qu’il a déboursé l'année de la pandémie en faveur de 85 pays dans le monde.  Je ne vois, s’est emporté le Président, aucune rationalité technique, aucune logique éthique ni aucune sensibilité politique qui puisse justifier une telle aberration.  Il faut, a-t-il plaidé, sauver les principes de viabilité de la dette agréés dans la résolution 69/319 de l’Assemblée générale.  Le Président a fermement soutenu la conclusion d’un accord multilatéral inclusif sur la restructuration de la dette souveraine.  

Le Président n’a pas manqué de soulever une autre question « d’une grande importance ».  Il a réaffirmé les droits légitimes et imprescriptibles et la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Ce sont, a-t-il réitéré, des territoires illégalement occupés par le Royaume-Uni depuis plus de 188 ans.  Il n’a vu aucune raison au maintien d’une telle situation, sinon l’intention du Royaume-Uni de maintenir une situation coloniale manifestement illégitime.  Ce dernier, a-t-il accusé, persiste dans son attitude et aggrave le différend, en promouvant l’exploitation illégale et unilatérale des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, une action contraire à la résolution 31/49 (1976) de cette Assemblée.  Le Président a dit avoir demandé au Secrétaire général de renouveler ses efforts dans le cadre de la mission de bons offices qui lui a été confiée par cette Organisation. 

Tout comme nous rejetons toute forme de colonialisme, nous comprenons également que notre humanité est confrontée au défi de combiner un changement technologique exponentiel et de s’attaquer à une dégradation environnementale terminale, grâce à une vision de développement humain intégral et de justice sociale planétaire.  Ce n’est pas un choix: la solidarité ou l'extinction.  Le temps presse.  C’est maintenant ou jamais car l'histoire nous jugera non pas sur nos paroles mais sur nos actes, a martelé le Président. 

M. SURANGEL WHIPPS, Président de la République des Palaos, a évoqué l’époque « inouïe » qu’ont traversé les Nations Unies du fait de la pandémie.  À ce jour, s’est-il réjoui, pratiquement toute la population palaosienne a reçu des vaccins et aucun décès lié à la COVID-19 n’a été déploré dans l’archipel.  Le Président a particulièrement loué Taïwan pour l’aide qu’il a fournie à son pays, via notamment l’instauration d’un pont aérien ayant permis une collaboration dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Le Chef d’État en a profité pour plaider avec ferveur en faveur de l’intégration de Taïwan au système des Nations Unies. 

Optimiste quant à la riposte internationale contre la pandémie, dont l’élaboration rapide de vaccins, il a espéré que la communauté internationale adoptera la même attitude face aux changements climatiques.  Cette année, a-t-il rappelé, un typhon a balayé l’archipel, minant sa sécurité alimentaire.  Les Palaos et bien d’autres petits États insulaires en développement (PEID) dépendent beaucoup des importations de produits alimentaires en raison de leur isolement géographique et de leur petite taille.  La destruction graduelle de l’agriculture palaosienne par les changements climatiques nécessite des mesures multilatérales d’urgence, a insisté le Président, en particulier des actions climatiques centrées sur les océans, pour réduire les gaz à effet de serre et éviter que l’archipel, à terme, ne disparaisse.  Le fait que les Palaos et les PEID en général n’aient accès qu’à 2% du financement climatique -sous la forme de prêts, qui plus est– est tout à fait insuffisant, a insisté le Chef d’État. 

Les Palaos dépendant de l’océan et de la pêche pour leur subsistance, le Président a cité plusieurs études évoquant des modifications importantes du taux d’oxygène des océans mettant en danger la vie aquatique.  Il en sera question à la prochaine Conférence sur les océans, prévue en février 2022 dans l’archipel des Palaos, a-t-il indiqué.  M. Whipps a parlé de la sécurité dont a bénéficié l’archipel grâce à la tutelle américaine qui a toutefois imposé « des limites économiques » dont l’archipel souffre encore.  Il s’est dit convaincu que l’actuelle Administration américaine saura corriger le tir.  M. Whipps a conclu par un second plaidoyer pour que Taïwan soit pleinement intégré aux Nations Unies. 

Le Président de la Roumanie, M. KLAUS WERNER IOHANNIS, a relevé que bien que la pandémie ait affecté presque tous les aspects de notre vie, elle nous a également fourni des occasions d’apprendre, de s’adapter et de mieux faire les choses. Les défis mondiaux nécessitent des solutions communes, la solidarité et la coopération, a-t-il dit.  Pour la Roumanie, les valeurs démocratiques et un ordre international fondé sur des règles, avec l’ONU en son cœur, sont fondamentaux pour construire un avenir meilleur et plus sûr.  Le Président a relevé que la pandémie nous a également montré que nous devons trouver des moyens de reconstruire en mieux et plus écologiquement.  Nous devons nous réengager à réaliser des économies durables, résilientes, justes et inclusives, et à développer des sociétés où « personne n’est laissé pour compte », a dit le Président.  Il a dès lors invité à accorder une attention particulière aux besoins des personnes vulnérables, ce qui nécessite la solidarité dans l’action.  La communauté internationale a également besoin d’une approche intégrée et innovante pour répondre simultanément à toute une gamme de défis interdépendants tels que la santé, les changements démographiques, les migrations, la gestion des ressources naturelles, les changements climatiques, la perte de biodiversité, l’extrême pauvreté et la faim, a noté M. Iohannis, en faisant remarquer que nous sommes à un « point d’inflexion ». 

Travailler avec d’autres États et des organisations internationales pour répondre aux changements climatiques est une priorité de son mandat de Président de la Roumanie, a-t-il assuré.  Il a également appelé à garantir un accès sûr à l’Internet, renforcer la cybersécurité et promouvoir un comportement responsable dans le cyberespace, tout en luttant contre la propagation numérique de la haine et la désinformation.  Pour sa part, Bucarest apporte sa contribution en accueillant le Centre européen de cybersécurité.  Dans la lutte contre la pandémie, il a plaidé pour des systèmes de santé plus résilients.  Dans le même temps, il a attiré l’attention sur une priorité urgente, celle d’assurer un accès mondial aux vaccins et aux traitements contre la COVID-19.  La Roumanie soutient pleinement l’adoption d’un instrument juridique international pour la préparation et la riposte aux pandémies. 

Par ailleurs, le Président roumain a souligné l’impératif de lutter contre les discriminations et les discours de haine, y compris l’antisémitisme.  Son pays a adopté, cette année, sa première stratégie nationale de prévention et de lutte contre l’antisémitisme, la xénophobie, la radicalisation et les discours de haine.  La Roumanie continuera d’œuvrer à la réalisation de ces objectifs, notamment en poursuivant un mandat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023–2025.  Sur la crise humanitaire et sécuritaire en Afghanistan, le Président a rappelé que la Roumanie a accueilli des groupes vulnérables d’Afghans, avant de plaider pour que les droits humains, en particulier les droits des femmes, des enfants et des minorités soient respectés en Afghanistan. 

Alors qu’elle assure la présidence de la Communauté des démocraties, la Roumanie entend continuer de travailler pour le respect de tous les principes démocratiques, a assuré M. Iohannis qui a rappelé que les conflits prolongés dans le voisinage de la Roumanie continuent de menacer la sécurité de l’Europe.  La Roumanie soutient le règlement pacifique et durable de ces conflits, par le biais des négociations politiques, a-t-il dit.  Il a jugé prioritaire d’assurer la résilience stratégique, tant au niveau de l’État que de la société, prenant l’exemple du Centre euro-atlantique pour la résilience, créé par son pays.  Un centre qui sera ouvert à tous les pays partenaires, destiné à gérer divers programmes et à faire progresser la résilience, qu’elle soit sociétale ou dans le domaine des technologies, des systèmes de communication, ainsi que la résilience aux crises et urgences complexes.  Enfin, « permettez-moi de rappeler qu’une organisation internationale est aussi forte que la volonté politique de ses États Membres de la rendre pertinente et adaptée à l’époque que nous vivons », a déclaré le Président roumain.  « Unissons nos efforts pour atteindre les nobles objectifs des Nations Unies », a-t-il lancé en conclusion. 

M. CARLOS ALVARADO QUESADA, Président du Costa Rica, a rappelé que l’idée centrale du multilatéralisme et de la sécurité humaine dans un monde interdépendant, c’est le fait que la sécurité de tous dépend de la sécurité du plus faible.  Or, seulement 20% de la population des pays à bas et moyen revenu ont eu accès à la première dose de vaccin contre 80% dans les pays développés.  Le Mécanisme COVAX, a tranché le Président, est donc insuffisant.  Pour accélérer le rythme, il faut que les vaccins soient considérés comme un bien public mondial, a-t-il martelé, en pronostiquant que les variants de la COVID-19 qui se multiplient dans les pays défavorisés finiront par frapper tôt ou tard les pays développés si tout n’est pas mis en œuvre pour vacciner tout le monde.  Il est « absurde voire incompréhensible », s’est emporté le Président, que nous n’ayons pas été capables de vacciner toute la planète alors que les dépenses militaires mondiales augmentaient considérablement en 2020.  

Le Président a aussi fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité, en rappelant les dangers pour notre planète si la température augmente de 4,4 degrés Celsius d’ici à 2100.  Il a exhorté les États Membres à prendre des engagements « concrets et quantifiables » pour un redressement économique favorable à la réalisation des objectifs de développement durable.  Revenant sur la pandémie, il a prié les États à rejoindre le nouveau Groupe d’accès aux technologies contre la COVID-19 (C-TAP) qui vise à accélérer la mise au point des médicaments, leur fabrication à plus grande échelle et la suppression des obstacles à leur accès. 

S’attardant sur le redressement post-COVID, il a salué le nouveau fonds de 650 milliards de droits de tirage spéciaux mais a dénoncé le fait que 40% de ce montant ira à des pays déjà riches.  Je rêve, a avoué le Président, d’un accord de coopération qui viendrait remplacer la concurrence entre les Etats-Unis et la Chine et aider le monde et ses parties les plus défavorisées à mieux s’en sortir.  Le Président a souligné l’importance des trois conventions issues du Sommet de la Terre de Rio en 1992.  Il a espéré que la COP26 à Glasgow et la 15ème Conférence des parties â la Convention sur la diversité biologique contribueront à l’objectif “absolu” de la neutralité carbone d’ici à 2050. 

Le Président a également attiré l’attention des Etats-Membres sur la Coalition internationale, initiée par son pays, la France et le Royaume Uni, à laquelle se sont joints 70 pays pour faire de 30% des espaces terrestres et marins des zones protégées d’ici à 2030.  Cette démarche, s’est-il expliqué, est indispensable pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.  Le Président a dûment salué la création récente du Forum permanent pour les personnes d’ascendance africaine.  Le bicentenaire de l’indépendance du Costa Rica, a-t-il affirmé, a été l’occasion de rappeler la contribution de ces personnes à la construction du pays.  Le Président a conclu en exhortant les Etats à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) et en insistant sur l’appartenance des Iles Malvinas à l’Argentine.  Les parties doivent régler ce différend territorial par le dialogue. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a fait de la solidarité le mot d’ordre de son intervention.  Ce concept est au cœur de la politique de son pays dans la lutte contre la COVID-19, a-t-il dit, en se souvenant comme tout le monde de l’horreur de ces premiers mois.  Mais est-ce que nous avons réussi l’examen de la solidarité ?  Nous rendons hommage à ceux qui ont gagné la bataille des vaccins dans les laboratoires mais l’accès a-t-il été équitable ?  Le vaccin est un droit de l’homme et pas une marchandise, a martelé M. Duda.  La Pologne, a-t-il assuré, a essayé de protéger tout un chacun avec le même engagement. Elle a déployé ses médecins à l’étranger et fait un don de 6 millions de doses de vaccins à des pays du sud. 

Le droit le plus important de chaque nation, c’est le droit à l’autodétermination, a ensuite fait valoir le Président polonais.  Chaque nation a le droit de protéger ses frontières et son système de gouvernance, et de légiférer avec l’assentiment de sa population. M. Duda a ainsi regretté que la pandémie de COVID-19 ait éclipsé les « faits tragiques » qui se déroulent autour de la frontière polonaise, à commencer par la guerre en Ukraine.  La réaction du « nord nanti » a été de construire deux grands gazoducs partant de la Fédération de Russie vers l’ouest, avec des milliards de dollars de revenus pour l’agresseur, s’est-il ainsi indigné.  La pandémie a aussi éclipsé les évènements qui se trament au Belarus où sont durement réprimées les manifestations démocratiques, a-t-il déploré en tant que dirigeant d’un pays dans lequel près de 150 000 Bélarussiens ont trouvé refuge.

La riposte du « régime autoritaire » du Belarus a pris la forme d’une attaque « hybride » contre les frontières orientales de la Pologne, de la Lettonie et de la Lituanie, en charriant des dizaines de milliers de personnes du Moyen-Orient, a accusé le Président. Or nous devons protéger nos frontières en tant que membres de l’Union européenne. 

La pandémie, a-t-il poursuivi, n’a pas dépourvu les nations de leurs aspirations démocratiques ni porté atteinte à l’espoir de dignité des différentes régions du monde, a voulu croire le dirigeant qui a partagé l’enthousiasme des électeurs de Moldova qui ont « repris le pouvoir des mains des oligarques ».  Chaque nation a ses valeurs mais le fait de partager la même planète nous amène à coexister dans le respect du droit international, a ajouté M. Duda dont le pays présidera l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCSE) en 2022. 

Enfin, la pandémie a aussi éclipsé la lutte contre les changements climatiques, a-t-il regretté.  Nous devons prendre conscience de ce qu’il faut faire pour protéger les populations, a-t-il plaidé.  Les pays riches du nord ne se soucient-ils que de leurs statistiques ? a-t-il demandé.  Pour sa part, a-t-il affirmé, la Pologne a réduit de plus de 30% ses émissions de CO2 en trente ans, et trace la voie de sa transition énergétique d’ici 2040 « Notre pays est plus vert » et lorsque nous présidions la COP24, nous avions insisté pour que l’on rende les dispositions de l’Accord de Paris sur le climat plus transparentes et plus équitables pour toutes les parties. 

Élu au mois de mai dernier, M. GUILLERMO LASSO MENDOZA, Président de l’Équateur, a évoqué le mouvement citoyen qui conduit aujourd’hui son pays « vers une nouvelle ère de compréhension avec la planète ».  Après avoir connu une situation catastrophique au début de la pandémie, l’Équateur remporte des succès en matière de vaccination contre la COVID-19.  Saluant à cet égard la diplomatie mondiale, M. Lasso a précisé que 62% des doses de vaccins reçues depuis son arrivée au pouvoir proviennent de Chine.  Il a ajouté avoir reçu un don de deux millions de doses des États-Unis et entamé des pourparlers avec la Fédération de Russie qui pourraient mener à la construction, sur le sol équatorien, du premier laboratoire latino-américain de production de vaccins Spoutnik.  En 100 jours, a-t-il encore résumé, la population vaccinée est passée de 3% à 52%.  

La phrase « plus dÉquateur dans le monde, et plus de monde en Équateur » synthétise notre idéal d'un pays plus compétitif, a poursuivi le chef d’État.  Mais ceux qui pensent que cette phrase parle exclusivement davantages économiques se trompent.  Au contraire, a-t-il développé, il s’agit d’un engagement profond envers toutes les causes que l'humanité défend et qui sont la raison d'être de l’ONU.  Il a cité une série d’actions qu’il a prises à cette fin, de la lutte contre la corruption en partenariat avec l’ONU à la création d’un ministère de la transition écologique.  L’Équateur étant l’un des pays les plus riches en biodiversité au monde, il est naturel que nous nous intéressions à la mise en œuvre de politiques de réduction des émissions de carbone, ainsi quà tout mécanisme traitant de la dégradation accélérée de lenvironnement, a souligné le dirigeant. 

Enfin, M. Lasso a consacré une partie de son discours à « la tragédie de la migration forcée ».  Face au départ de millions de ressortissants vénézuéliens de leur patrie, lÉquateur a réagi de manière fraternelle, a-t-il assuré, accueillant environ 433 000 personnes qui ont bénéficié dun processus de régularisation solidaire leur permettant daccéder aux avantages du travail et de la sécurité sociale.  Cependant, en Équateur, nous avons également subi une augmentation de notre population migrante, qui s’expose à « des risques inimaginables » pour entrer dans des pays comme les États-Unis, a déploré le Président.  Selon lui, la migration est le signal clair que les citoyens du monde veulent plus dintégration, pas moins.  Cest pourquoi il a lancé un appel à tous les pays qui souhaitent approfondir leurs relations commerciales avec lÉquateur car lune des solutions à ce problème réside précisément dans le rapprochement entre les marchés et les citoyens.  Faisons-en sorte que les opportunités viennent aux citoyens, et pas le contraire, a conclu M. Lasso. 

M. EGILS LEVITS, Président de la Lettonie, a salué la pertinence des stratégies présentées par le Secrétaire général dans son rapport intitulé « Notre programme commun », alors que la pandémie de COVID-19 n’est pas encore dernière nous.  Mettant l’accent sur la contribution de son pays à la lutte contre cette pandémie, M. Levits a indiqué que la Lettonie a envoyé des vaccins en Afrique et en Asie et entend continuer à le faire via le Mécanisme COVAX. 

Il s’est ensuite attardé sur la porosité de la frontière entre la désinformation et la liberté d’expression et rappelé que son pays a appuyé la résolution que l’Assemblée générale a adoptée en 2020 sur la promotion de l’éducation aux médias et à l’information qui appelle à une coopération internationale pour lutter contre la désinformation.  Il ne s’est pas pour autant opposé à l’innovation numérique, se vantant des initiatives pour rapprocher les niveaux de vie entre zones rurales et urbaines en Lettonie.  Le Président letton a tout de même mis l’accent sur les nouveaux risques nés de la transformation numérique et de l’intelligence artificielle.  Face aux menaces à la cybersécurité, il a souligné la nécessité d’un nouveau cadre juridique pour protéger à la fois le droit des personnes et la liberté d’expression.  Il faut, a-t-il insisté, atténuer la menace de l’intelligence artificielle et sa capacité d’influence voire de manipulation de la pensée humaine. 

M. Levits a prôné une transformation numérique inclusive propre à combler la fracture numérique entre pays développés et pays en développement et soucieuse de la protection des langues les moins répandues.  Il a poursuivi sur la prochaine COP26, soulignant qu’ici aussi, son pays, qui fait partie du Groupe des Amis de la lutte contre la pollution plastique dans les mers, recourt aux technologies numériques pour favoriser la gestion durable de ses forêts.  

Dans le domaine de la gouvernance, le Président s’est inquiété des « évènements dramatiques » au Bélarus, avant de fustiger les agissements du « régime Loukachenko » contre la société civile et les médias indépendants.  Il a accusé son homologue du Bélarus d’organiser des flux migratoires artificiels vers la Lituanie, la Lettonie et la Pologne pour les déstabiliser.  La crise au Bélarus, a-t-il estimé, ne pourra être réglée que par une élection présidentielle, en présence d’observateurs internationaux.  Le Président a par ailleurs plaidé pour le respect de l’intégrité territoriale de la Géorgie et illustrant la contribution de son pays au maintien de la paix, il a rappelé que 158 experts lettons ont participé à huit missions internationales.  Nous prendrons, a-t-il promis, une part active à la Commission de consolidation de la paix en 2022 et nous brigueront un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2026-2027.   

« Le multilatéralisme est la clef de notre futur », a souligné dans son message vidéo préenregistré, M. RUMEN RADEV, Président de la Bulgarie.  Mon pays, a-t-il dit, soutient l’approfondissement des partenariats stratégiques de l’Union européenne dans le monde et son engagement actif avec les États et les organisations régionales.  Pour M. Radev, plusieurs tâches urgentes nous attendent et d’abord la lutte contre la propagation du coronavirus, la reprise économique et la réduction des disparités économiques croissantes. Il est également nécessaire, a-t-il poursuivi, d’accélérer les progrès dans la lutte contre les changements climatiques et pour le développement durable. Enfin, il faut combattre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, et améliorer la cybersécurité. 

Soulignant l’importance de la solidarité avec les pays et les peuples les plus vulnérables, sous la supervision de l’ONU et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Radev a rappelé que la Bulgarie s’était jointe aux efforts pour fournir des vaccins à ceux qui en avaient besoin, grâce aux mécanismes de l’UE et aux accords bilatéraux.  La pandémie de COVID-19 et les changements climatiques ont fait perdre une décennie entière de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a déploré M. Radev.  Il ne fait aucun doute, a-t-il argué, que la durabilité ne pourra être réalisée sans une lutte contre les effets des changements climatiques, la dégradation de l’environnement et la perte de biodiversité. De même, « nos efforts doivent être dirigés contre les cyberattaques croissantes qui exploitent les vulnérabilités de nos sociétés démocratiques », a ajouté le dirigeant. 

Citant la situation en Afghanistan, au Moyen-Orient ou encore en Ukraine, le Président s’est dit profondément inquiet des menaces sur la sécurité et la stabilité dans de nombreux endroits du monde.  Il a exprimé sa grande inquiétude quant à la détérioration de la situation sécuritaire depuis le retour au pouvoir des Taliban et devant les attaques de Daech - Province de Khorassan.  Le Président a appelé tous les États à renforcer les efforts multilatéraux contre le terrorisme et à maintenir l’engagement humanitaire en Afghanistan. Il a fermement appuyé celui de l’Union européenne qui travaille à des solutions durables pour les réfugiés afghans et la situation des pays d’accueil. 

Également préoccupé par les violences dans le Territoire palestinien occupé, le Président a renouvelé son soutien politique et financier au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA).  Il a enfin appelé au règlement de la crise en Ukraine par une pleine mise en œuvre des Accords de Minsk. 

Le Président a conclu en renouvelant son attachement à l’ONU et en insistant, à cet égard, sur le respect des droits de l’homme et la lutte contre l’islamophobie, l’antisémitisme et les discours de haine.  Il a exprimé sa préoccupation face aux problèmes de liquidités persistants qui affectent l’ONU. Après avoir apporté son soutien à la réforme de l’Organisation, il a dit: « nous avons besoin d’une ONU revitalisée ». 

Elu au mois d’août dernier, M. HAKAINDE HICHILEMA, Président de la Zambie, s’est dit fier de diriger un pays « où les gens aspirent à une société libre et juste dans laquelle ils peuvent faire entendre leur voix ».  Il a salué la mémoire et les valeurs du « père fondateur » de son pays, le Président Kenneth David Kaunda, qui vient de décéder. Face à la pandémie de COVID-19, et malgré le plan de riposte national, la Zambie n’a réussi à vacciner que 3% de sa population environ, a déploré M. Hichilema, en dénonçant l’accès inéquitable des pays en développement aux vaccins.  Il a appuyé des initiatives telles que l’African Vaccine Acquisition Trust (AVAT) et le Mécanisme COVAX.  Il a ensuite appelé à des efforts concertés pour promouvoir les investissements dans les capacités locales et le transfert de technologie en matière de vaccins, ainsi que la recherche et le développement en général. 

La lutte contre la corruption sera au centre de mon agenda, a promis le Président zambien. Il s’est également engagé à promouvoir les médias et la société civile.  La priorité des priorités de mon Gouvernement, a-t-il toutefois souligné, est de rétablir « la stabilité macroéconomique » par la croissance et « la viabilité budgétaire », tout en gérant la dette.  À cette fin, la Zambie s’efforcera de garantir un environnement prévisible pour attirer les investisseurs directs locaux, régionaux et étrangers.  Pour compléter ses efforts, a poursuivi M. Hichilema, mon pays s’est engagé dans un programme de transformation économique et sociale « ambitieux » en vue de réduire la pauvreté et de créer des opportunités équitables pour les jeunes et les femmes.  Pour affronter les changements climatiques, le dirigeant, dont l’administration a créé un Ministère de l’économie verte et de l’environnement, a appelé à une coopération plus étroite au niveau international. 

Enfin, sur le volet paix et sécurité, M. Hichilema a réaffirmé l’engagement de la Zambie à jouer un rôle actif dans la mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC)au Mozambique pour rétablir la paix dans la province de Cabo Delgado.  De plus, son pays reste engagé en faveur de la feuille de route de Lusaka sur l’initiative “Faire taire les armes” en Afrique, laquelle est appuyée par tous les États Membres de l’Union africaine. L’initiative a d’ailleurs été prolongée jusqu’en 2030. 

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a estimé que la crise sanitaire que traverse le monde ne sera vaincue que par une solidarité agissante de la communauté internationale.  Pour en limiter les effets sur la population centrafricaine, mon pays veille, a-t-il affirmé, à la sauvegarde de ses capacités de financement du développement, en maintenant le cap des réformes du système de gestion des finances publiques.  Le Président a appelé à investir davantage dans le système de veille sanitaire et estimé que l’accès universel aux vaccins devrait relever d’une « urgence de sécurité internationale », au nom de principes fondamentaux de solidarité humaine. 

La mobilisation contre la COVID-19 ne doit pourtant pas faire oublier les autres défis auxquels nous sommes confrontés, a poursuivi le chef de l’État, qui a rappelé que le premier d’entre eux consiste à répondre aux besoins de la planète.  M. Touadera a rappelé la « modeste part » que son pays a prise à cette lutte par l’adoption d’une Stratégie nationale de développement durable. 

M. Touadera a rappelé les succès méritoires enregistrés en 75 ans par l’ONU grâce à « l’intelligente mutualisation de nos efforts ».  Il a toutefois réclamé une réforme profonde du système des Nations Unies, dont une étape majeure sera d’accorder au continent africain une représentation permanente au sein du Conseil de sécurité. 

Affirmant la volonté de la République centrafricaine de respecter et promouvoir les droits de l’homme, M. Touadera a affirmé la volonté de son pays de lutter contre l’impunité.  C’est dans ce cadre, a-t-il expliqué, qu’a été créée, le 4 mai dernier, une Commission d’enquête spéciale chargée de faire la lumière sur les présumées graves atteintes aux droits de l’homme dont se seraient rendues coupables les Forces armées centrafricaines, selon un rapport publié par la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).  M. Touadera a, en outre, présenté l’opérationnalisation de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation comme une contribution majeure au succès du processus de paix en cours dans son pays.  Il a également mentionné la poursuite de la réforme du secteur de la sécurité et l’accélération de la mise en œuvre du plan de développement post-conflit. 

« Le respect scrupuleux des engagements contenus dans l’Accord politique pour la paix et la réconciliation reste ma boussole » a affirmé M. Touadera, qui a appelé à une solidarité sans équivoque face aux groupes armées signataires de l’Accord qui poursuivent leurs exactions.  C’est à cette fin qu’il a demandé, une nouvelle fois, la levée totale de l’embargo sur certaines catégories d’armes imposé par le Conseil de sécurité, qui « pèse injustement sur notre armée nationale » et l’empêche d’accomplir pleinement sa mission.  Enfin, M. Touadera a rendu hommage aux Casques bleus de la MINUSCA, aux forces alliées russes et rwandaises, qui ont « défendu les droits fondamentaux, la démocratie et la paix » dans son pays, ainsi qu’aux différents facilitateurs de l’Accord de paix et au Secrétaire général. 

Pour le Président de la Somalie, M. MOHAMED ABDULLAHI MOHAMED FARMAJO, la priorité est de renforcer la résilience par l’espoir, le travail acharné et des partenariats multipartites pour une reprise équitable et holistique post-COVID-19. La pandémie mondiale a mis à nu les inégalités dans le monde et le large fossé entre le monde développé et le monde en développement.  Le Président a plaidé pour un accès égal au vaccin, avant d’affirmer que dans son pays, la pandémie a galvanisé le « peuple somalien et sa résilience », y compris le secteur privé et la diaspora, ainsi que les partenaires internationaux.  La Somalie, a-t-il promis, est déterminée à faire en sorte que ses stratégies nationales de redressement soient conformes à son neuvième Plan de développement national axé sur l’édification d’une société forte, cohésive et juste, soutenue par des institutions solides et des opportunités multiples. 

M. Farmajo s’est engagé à poursuivre les réformes économiques essentielles pour élargir l’assiette fiscale, renforcer la transparence et la bonne gouvernance, et à travailler encore plus étroitement avec le peuple et tous les partenaires au développement pour garantir un redressement rapide et durable.  La protection de l’environnement, a-t-il dit, est une autre priorité de la Somalie qui subit de plein fouet les effets dévastateurs des changements climatiques, notamment des cycles d’inondations et de sécheresses aux conséquences humaines et économiques graves, dont l’insécurité alimentaire et les déplacements massifs vers les grands centres urbains comme Mogadiscio.  Le Président s’est alarmé d’une situation intenable certainement pas propice au développement auquel le Gouvernement et le peuple somaliens aspirent. 

Le Président a conclu, en encourageant les États Membres à travailler ensemble pour revitaliser l’ONU et lui faire jouer son rôle qui est de « nous connecter pour faire face aux graves menaces à notre développement commun ».  En tant qu’État Membre, la Somalie est fière de sa contribution à l’ONU et du partenariat solide qu’elle entretient avec les agences de l’ONU. 

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