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ECOSOC: le forum politique de haut niveau se penche sur la parité et la protection des océans

Session de 2022, Forum politique de haut niveau
5e et 6e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7095

ECOSOC: le forum politique de haut niveau se penche sur la parité et la protection des océans

La troisième journée du forum politique de haut niveau 2022 organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) s’est articulée aujourd’hui autour de deux tables rondes portant respectivement sur l’importance de la parité entre les genres ainsi que sur la vie aquatique et les leçons tirées de la récente Conférence des Nations Unies sur les océans tenue à Lisbonne.

Plusieurs acteurs du développement durable ont également participé à un bref échange qui leur a permis d’exprimer leurs attentes au sujet du sommet prévu par l’Assemblée générale en septembre 2023 pour faire le bilan à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme 2030. 

« La promotion des femmes ne concerne pas que les femmes, il s’agit d’un impératif qui concerne l’avenir du monde », a déclaré, ce matin, le lauréat du prix Nobel de la paix 2018, en ouverture de la première table ronde.  Jugeant impossible de réaliser les objectifs de développement durable (ODD) sans réaliser les pleins droits et le plein potentiel des femmes, M. Denis Mukwege s’est inquiété de la fragilité des acquis et d’une tendance à une régression, comme l’illustre la récente décision de la Cour suprême américaine violant les droits sexuels et reproductifs.  L’activiste des droits humains et gynécologue de l’hôpital de Panzi au Sud-Kivu a exhorté les responsables politiques à être audacieux pour promouvoir un monde plus inclusif et plus pacifique. 

Préoccupés par le recul, lors de la pandémie de COVID-19, des gains limités réalisés au cours des dernières décennies en matière des droits des femmes, des représentants de gouvernements, d’organisations internationales et de la société civile ont appelé à des efforts renouvelés pour placer les femmes et les filles au cœur des efforts de relèvement, prévenant que les ODD ne pourront être réalisés si plus de la moitié de l’humanité reste privée de droits. 

Les délibérations du forum se sont poursuivies l’après-midi dans le cadre d’un échange sur la réalisation de l’ODD 1 et l’ODD 14 qui vise à conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable. 

Le forum politique de haut niveau de l’ECOSOC se poursuivra lundi 11 juillet, à partir de 9 heures. 

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (résolution 75/290 B de l’Assemblée générale)

Table ronde 1

Les intervenants à cette première table ronde consacrée à la parité entre les genres ont mis l’accent sur les liens entre l’ODD 5 visant à « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles » et la réalisation de l’ensemble des 17 ODD.  Autour du docteur Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix 2018, représentants de gouvernements, d’organisations internationales et de la société civile ont débattu des moyens de faire face au recul, lors de la pandémie de COVID-19, des gains limités réalisés au cours des dernières décennies en matière des droits des femmes.  Tous ont appelé les gouvernements à des efforts renouvelés pour placer les femmes et les filles au cœur des efforts de relèvement, prévenant que les ODD ne pourront être réalisés si plus de la moitié de l’humanité reste privée de droits. 

« La promotion des femmes ne concerne pas que les femmes, il s’agit d’un impératif qui concerne l’avenir du monde » a déclaré le lauréat du prix Nobel de la paix 2018, M. DENIS MUKWEGE.  Illustrant son propos, l’activiste des droits humains et gynécologue de l’hôpital de Panzi au Sud-Kivu, a jugé impossible de réaliser les ODD sans réaliser les pleins droits et le plein potentiel des femmes.  Appelant à une prise de conscience, il a exhorté les responsables politiques à être audacieux pour promouvoir un monde plus inclusif et plus pacifique. 

Il a particulièrement regretté que, malgré la mobilisation sans précédent des femmes au XXe siècle pour « arracher leurs droits à un monde patriarcal » et malgré l’adoption de nombreux traités et conventions, l’inégalité entre hommes et femmes n’est toujours pas reléguée au passé.  M. Mukwege s’est aussi inquiété de la fragilité des acquis et d’une tendance à une régression, comme l’illustre la récente décision de la Cour suprême américaine violant les droits sexuels et reproductifs.  Face à ce constat, il a exhorté la communauté internationale à réaffirmer l’universalité des droits humains des femmes et à y consacrer les ressources nécessaires en soutenant la société civile et les organisations de base.  Il a aussi invité les délégations à s’inspirer des recommandations du Conseil consultatif du G7 de 2019 qui s’est penché sur 79 mesures législatives progressistes adoptées par les législateurs du monde entier en matière de parité.

Illustrant ensuite l’approche holistique de son hôpital, M. Mukwege a cité la prise en charge médico-chirurgicale, psychologique et juridique des victimes de violences sexuelles et l’accompagnement à une reprise d’activités, dans une démarche soucieuse de « transformer la souffrance en force et la peine en pouvoir ». 

Selon le Fonds Malala, 20 millions de filles à travers le monde risquent de ne pas retrouver le chemin de l’école après la pandémie en raison de leur statut de fille, s’est de son côté inquiétée la Princesse de Jordanie, Mme DINA MIRED.  L’activiste mondiale pour le contrôle du cancer et des maladies non transmissibles a signalé que la pandémie et les confinements ont exacerbé les abus physiques et psychologiques à l’encontre des femmes, s’inquiétant en outre du recul des progrès dans la lutte contre les violences domestiques.  Elle a également affirmé que 40 millions de décès prématurés liés à des maladies non transmissibles pourraient être évités chaque année, notant que de nombreuses femmes n’ont pas eu accès à des services de détection précoce du cancer de sein durant la pandémie.  Enfin, elle a signalé que les femmes qui représentent 70% des professionnels de la santé ont doublement souffert de la pandémie, en étant surexposées par rapport aux hommes mais aussi privées durablement de leur famille en raison de la surcharge de travail liée à la crise sanitaire. 

Présentant les points saillants du rapport du Secrétaire général relatifs à l’ODD 5 et la parité entre les genres, M. PAUL PACHECO, de la Division de statistique du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a alerté qu’il faudra 40 ans, au regard des rythmes observés, pour atteindre les objectifs de parité dans le monde politique.  Il a aussi jugé indispensable que les dépenses publiques prennent en compte les objectifs de parité entre les genres. 

La réalité est qu’aucun pays n’a atteint la parité homme-femme en 2022, a renchéri Mme PEGGY CLARK, Présidente du Centre international de recherche sur les femmes (ICRW), en sa qualité d’animatrice de cet échange, avant d’appeler à prendre exemple sur les efforts déployés par les ministères et les initiatives novatrices des représentants communautaires et de la société civile.  À l’instar de nombreux intervenants, Mme ROLA DASHTI, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a également exhorté les gouvernements à reformer les structures de protection sociale afin de prendre en compte la situation particulière des femmes qui occupent des activités informelles et qui doivent assumer des charges familiales en plus de leur travail. 

Mme JUTTA URPILAINEN, Commissaire européenne aux partenariats internationaux, a souligné le succès de l’Initiative Spotlight pour éliminer la violence dans 26 pays et six régions et qui a permis à 1,6 million de femmes et de filles d’accéder à des services de lutte contre la violence sexiste et de multiplier par deux le nombre de condamnations.  De son côté, la représentante des États-Unis a cité un ordre exécutif du Président Biden qui appelle tous les ministères à intégrer une approche du genre dans leurs programmes.  Un budget de 2,6 milliards de dollars a également été adopté pour promouvoir l’égalité des genres dans le monde par le biais de l’aide étrangère américaine, soit le double de l’année 2021. 

Mme NADINE GASMAN, Présidente de l’Institut national des femmes du Mexique, a présenté les efforts mexicains pour aider les femmes à accéder à un travail rémunéré sur un pied d’égalité avec les hommes dans un pays qui occupe désormais la quatrième place au niveau mondial en termes de représentation des femmes dans les parlements locaux et national.  Évoquant la récente décision de la Cour suprême américaine, elle s’est tout particulièrement félicitée que la Cour suprême du Mexique vient d’éliminer trois contraintes législatives au droit des femmes, dont la pénalisation de l’avortement. 

À son tour, la représentante des jeunes délégués de la Belgique a mis l’accent sur le rôle que joue l’éducation pour déconstruire les stéréotypes avant d’appeler à sensibiliser les communautés locales sur les droits des femmes et des filles et des communautés LGTBQ+.  Soulignant que la cohésion familiale est le pilier de la protection des femmes et des filles, le Saint-Siège a déploré pour sa part l’accent mis sur des droits sexuels allant à l’encontre du droit à la vie.

Fondatrice de Tofara Online au Zimbabwe, Mme TOFARA LINDSAY CHOKERA a présenté les initiatives de son organisation pour former les femmes aux fondamentaux de marketing numériques, soulignant l’importance des nouvelles technologies pour renforcer les capacités des femmes.  Mme FRIDA RAVN ROSLING, déléguée des jeunes du Danemark auprès de l’ONU, a ensuite jugé urgent d’élaborer de nouvelles politiques pour réduire à néant les stéréotypes afin de contrer le recul des droits que l’on pensait acquis.  Si les femmes agricultrices avaient accès aux mêmes ressources que les hommes, nous pourrions répondre aux besoins alimentaires de 150 millions de personnes supplémentaires dans le monde, a de son côté expliqué la représentante des agriculteurs, mettant ainsi l’accent sur les liens entre l’ODD 5 et l’ODD 2 « Faim zéro ». 

Regrettant des progrès mitigés en matière de droits des femmes, souvent trop lents et parfois remis en cause par la pandémie, la Suisse a indiqué qu’elle mettra son nouveau siège de membre non permanent du Conseil de sécurité au service du renforcement de la place de la femme dans les efforts de maintien et de consolidation de la paix aux niveaux local et mondial.  L’Ukraine a ensuite noté les conséquences disproportionnées de la guerre sur les femmes victimes de traite et d’abus sexuels, avant que la représentante du grand groupe des organisations non gouvernementales ne signale que l’insuffisance de données ventilées par sexe est un frein à la promotion de la parité et à une reconstruction postpandémie axée sur les femmes. 

Table ronde 2

Cette table ronde intitulée « Œuvrer vers le Sommet pour les ODD de 2023 » a été l’occasion pour les participants d’apporter des propositions et des solutions pour accélérer la mise en œuvre des ODD à l’échelon national régional et mondial. 

Le modérateur, M. NIKHIL SETH, Directeur exécutif de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a rappelé les défis de la pauvreté, des inégalités, de l’autonomisation des femmes, de l’écart technologique, du manque de financement, de l’urgence climatique, et de la crise de l’éducation, notant leur interconnexion.  Le sommet de septembre 2023 doit jouir d’une participation massive, a ajouté le modérateur qui a voulu savoir ce que les panélistes attendent de la déclaration politique qui sera adoptée à son issue. 

Après avoir appelé le secteur privé à prendre part au Sommet, M. MACHARIA KAMAU, Secrétaire principal du Ministère des affaires étrangères du Kenya, a appelé à s’attaquer aux défis des changements climatiques et de la paix et la sécurité, soulignant qu’il ne peut y avoir de perspectives de prospérité sans paix et sans sécurité.  Il a appelé à créer des synergies entre les résultats des différents sommets pour s’assurer de leur impact sur la vie quotidienne des gens, insistant en outre sur l’importance du financement, de la science, de la technologie et de l’information. 

Il faut raviver le dynamisme et la coopération mondiale, a exhorté M. DAVID DONOGHUE, Coprésident du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable, qui a appelé les chefs d’État et de gouvernement à saisir l’occasion du Sommet pour réaffirmer leur engagement à mettre en œuvre les ODD et de ne laisser personne de côté.  Ils doivent aussi accepter le rôle de la société civile, a-t-il ajouté.  Il a souhaité que la déclaration se penche sur les questions transversales, insistant en outre sur l’importance des données et la nécessité d’appuyer le rôle des organisations régionales, des villes et des communautés locales.  Le Sommet doit parvenir à galvaniser la communauté internationale autour des ODD comme en 2015.  De son côté, Mme JUTTA URPILAINEN, Commissaire européenne pour les partenariats internationaux de l’Union européenne, a indiqué que l’UE compte investir 300 milliards d’euros pour financer la transition numérique à l’échelle continentale et mondiale.  Le Sommet pour les ODD de 2023 nécessite une approche inclusive et doit garder le cap, a-t-elle souligné. 

Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a regretté l’oubli du Cadre de Sendai, soulignant que la prévention doit être un aspect central des politiques et des programmes de développement.  La prévention commençant au niveau communautaire, les gouvernements doivent leur donner les moyens d’agir et les solutions qui viennent des communautés doivent être promues en collaboration avec le secteur privé, a-t-elle estimé.  Elle a également appelé la communauté internationale à investir dans la résilience, la prévention et les infrastructures, insistant sur l’importance de l’allocation de fonds.  Sans prévention des risques, nous ne pourrons pas avancer, a-t-elle affirmé.

Les ODD ne sont pas des déclarations politiques mais un appel à l’action, a déclaré, Mme PAULA CABALLERO, Directrice principale régionale pour l’Amérique latine de The Nature Conservancy.  Il faut abattre le statu quo, l’inertie et le cloisonnement -c’est là le but du sommet de 2023 qui doit galvaniser un élan et changer la donne.  Elle a appelé à privilégier les solutions respectueuses de la nature, à identifier les domaines d’intervention en créant de nouveaux critères d’action, et à donner voix au chapitre à tout un chacun.  Mme ÅSA PERSSON, membre du Groupe indépendant de scientifiques pour le rapport sur les ODD et Directrice adjointe du Stockholm Environment Institute, a souhaité que le sommet de 2023 permette de créer un nouvel engagement des États Membres tout en remédiant aux goulots d’étranglement.  Nous disposons des outils scientifiques, des connaissances, des solutions novatrices et des données pour appuyer la réalisation des ODD.  Il faut à présent associer les populations pour trouver des solutions. 

Le Sommet est une occasion en or pour susciter la solidarité internationale, a estimé à son tour Mme DAISY NDIKUNO OWOMUGASHO, Directrice régionale de The Hunger Project in East Africa.  Souhaitant, elle aussi, que l’événement soit l’occasion d’entendre la voix des communautés locales, elle a appelé à procéder à un bilan de ce qui a été accompli, notant que les données officielles n’incluent pas toujours la voix des communautés qui, a-t-elle constaté, ont besoin de ressources pour affronter les changements climatiques et la pandémie.  Dans la même veine, Mme MARGARET OLABISI MEKWUYE, Civil Society Coalition on Sustainable Development du Nigéria, a engagé les gouvernements à travailler avec la société civile pour veiller à ce que les engagements souscrits soient axés sur l’individu car « on ne peut pas raser un homme s’il n’est pas là ».  Le secteur privé devrait aussi s’engager à apporter plus de financement, a-t-elle ajouté, avertissant que le Sommet sera un échec si ce n’est pas le cas. 

Suite à ces interventions, le Mexique a appelé les principaux pollueurs à assumer la responsabilité de leurs émissions de gaz à effet de serre.  La France a jugé nécessaire d’aligner les financements aux ODD, tandis que le grand groupe des peuples autochtones a appelé à tenir des consultations avec les peuples autochtones et à assurer leur participation directe, notamment lors des préparatifs du Sommet.  La paix et la sécurité doivent être au cœur de tous les engagements, a estimé pour sa part le Mali, évoquant les fléaux que sont le terrorisme, les massacres et les violences faites aux femmes.  Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, Antigua-et-Barbuda, a voulu que le sommet de 2023 réponde aux problèmes les plus préoccupants pour ces États.

La suite du dialogue n’a pas pu être couverte en raison de l’interruption des services d’interprétation.

Table ronde 3

Cette table ronde, consacrée à la vie sous l’eau, a été l’occasion pour les participants de réfléchir aux cadres de collaboration capables d’appuyer la réalisation de l’ODD 14 qui vise à conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable. 

Mme SYLVIA EARLE, biologiste marine et exploratrice en résidence à la National Geographic Society, a déclaré qu’une mer polluée est un problème qui menace la planète et l’existence de l’humanité, alertant que dans une semaine, un million d’espèces auront disparu.  Elle a dénoncé la surconsommation des produits océaniques et créatures maritimes.  Les baleines et les pingouins ont été les premiers à être pris pour cibles par l’appât du gain, a-t-elle indiqué.  Selon elle, la Conférence sur les océans qui s’est tenue à Lisbonne la semaine dernière est une source d’espoir car l’on a reconnu que les océans sont fondamentaux pour l’être humain et pour la vie.  Les pays ont promis de protéger 30% des mers et des terres d’ici à 2030 mais est-ce suffisant? a lancé l’intervenante qui a souligné que les ODD ne seront pas atteints si l’on ne protège pas la nature, les mers et les océans de l’extraction industrielle nuisible.  Notre vie en dépend. 

Mme ANGELA PAOLINI ELLARD, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a indiqué que la Conférence ministérielle de l’OMC de juin a débouché sur l’adoption d’un nouvel accord multilatéral contraignant sur les pêcheries.  Elle a expliqué que cet accord interdit le subventionnement de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, y compris en haute mer.  Grâce à cet accord, de nouveaux critères de transparence permettront d’exercer un meilleur contrôle sur les subventions.  L’accord prévoit également la création d’un fonds pour aider les pays les moins avancés à s’acquitter de leurs obligations au titre de l’ODD 14.  De même, un mécanisme sera chargé de prendre des mesures disciplinaires supplémentaires contre les contrevenants.  Il faut maintenant que ces nouvelles règles deviennent opérationnelles, a-t-elle ajouté, précisant que deux tiers des membres de l’OMC doivent déposer leurs instruments d’acceptation pour que l’accord entre en vigueur.  La situation est extrêmement préoccupante et il faut agir de toute urgence afin que tous les membres finalisent le processus d’acceptation le plus tôt possible. 

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a indiqué que l’ODD 14 est sous-financé, raison pour laquelle les États Membres et autres parties prenantes pertinentes ont pris un engagement supplémentaire à hauteur de plusieurs milliards de dollars.  Le haut fonctionnaire a encouragé les États Membres à prendre d’autres engagements en faveur des océans qui ne cessent de se dégrader.  Insistant sur l’urgence d’agir, il a appelé à changer le cap en profitant de l’élan généré à Lisbonne pour renforcer les politiques en matière d’action pour les océans. 

Mme HEATHER PAGE, Division de la statistique du DESA, a informé que depuis le déclenchement de la pandémie, 25 000 tonnes de déchets plastiques supplémentaires ont été déversées dans les océans.  En outre, l’acidification des océans s’accélère, la réserve halieutique est en baisse, la surpêche s’accroît et les contre-mesures sont trop lentes. 

M. PETER THOMSON, Envoyé spécial du Secrétaire général pour l’océan, a estimé que la Conférence sur les océans de Lisbonne était une réussite.  Il est important de prendre soin des êtres vivants dans les océans qui fournissent une nutrition saine à l’humanité, les océans étant par ailleurs une source potentielle d’énergie renouvelable.  Il a souligné l’importance du partenariat entre les Nations Unies, les jeunes et les femmes sur cette question.  Il a appelé à parvenir à un accord sur la haute mer dès cet automne.  Les 100 milliards de dollars promis dans le cadre de l’Accord de Paris sont importants, a rappelé l’Envoyé spécial. 

M. J. CHARLES FOX, Directeur exécutif de Oceans 5, a déclaré que ces cinq dernières années, la fondation a donné 125 millions de dollars à des associations qui travaillent pour la préservation des océans partout dans le monde.  La philanthropie privée maritime souhaite renverser les tendances inégales d’exploitation marine. 

Mme VALERIE HICKEY, Directrice pour l’environnement et les océans du Groupe de la Banque mondiale, a indiqué que cette discussion sur la vie aquatique n’était pas envisageable il y a encore cinq ans.  Les moyens d’action existent, à commencer par la planification intégrée et l’inclusion des communautés locales.  Elle a appelé à rétablir les stocks de poissons, à sortir de la pauvreté les personnes qui dépendent des océans et à inclure les peuples autochtones des zones maritimes dans la protection des océans.  Il faut aussi mettre en place une économie bleue résiliente. 

Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a exhorté à mettre en œuvre la Déclaration politique de Lisbonne au niveau mondial et régional.  En Asie-Pacifique, la Commission s’efforce de collecter des données pour renforcer l’interface science et politique, la connaissance des océans, ainsi que l’utilisation durable des ressources marines. 

Mme SANDA OJIAMBO, Présidente-Directrice générale et Directrice exécutive de du Pacte mondial des Nations Unies, a insisté sur l’importance du financement en particulier pour les petits États insulaires en développement et les autres pays en développement.  Le Pacte mondial a présenté 160 possibilités d’investissement pour le secteur privé.  La Présidente a également défendu les initiatives des jeunes dans la protection des océans ainsi que les engagements locaux. 

M. MARTIN VISBECK, professeur à l’Université de Kiel, Allemagne, a expliqué que la science océanographique permet d’appuyer une relation saine et durable entre les humains et les océans en faveur du développement durable.  La science montre les moyens de protéger les océans en optimisant les activités humaines qui reposent sur la cartographie des océans.  Il faut accélérer l’action, a-t-il dit.

Débat interactif

La Norvège a plaidé pour une collaboration étroite avec les peuples autochtones dans la protection des océans et demandé aux pays d’augmenter leur ambition en matière de protection des mers.  La Suède a insisté sur la coopération pour appliquer les accords mondiaux notamment sur la biodiversité.  Israël a appelé à une action décisive pour préserver 50% des océans comme cela a été convenu à Lisbonne.  Le Gouvernement consacrera d’ailleurs 900 millions de dollars à cette question. 

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé le programme « Océan bleu » pour préserver les ressources marines et aider les petits exploitants marins.  Un dollar investi dans la protection peut générer 5 dollars, a-t-elle indiqué.  La Suisse a dit avoir entamé un processus en vue d’améliorer la qualité d’eau douce.  Le Guatemala a dit avoir créé 348 aires protégées marines.  L’Union européenne a insisté sur l’importance de respecter l’objectif de 30% d’aires marines protégées de même que la Déclaration politique de Lisbonne et ses recommandations. 

La Finlande a annoncé sa disposition à débuter rapidement les discussions sur un accord mondial contraignant interdisant les plastiques.  À ce sujet, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a informé que ses études peuvent aider à lutter contre la pollution plastique et l’acidification des océans.  Antigua-et-Barbuda a demandé des actions transversales à travers tous les ODD, afin de renforcer la gouvernance océanique et améliorer la santé des océans.  La représentante de la jeunesse a demandé des actions contre toutes les activités de déversements de déchets industriels en mer. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le forum politique de haut niveau débat de l’importance d’une éducation de qualité pour la réalisation des ODD

Session de 2022, forum politique de haut niveau,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7094

ECOSOC: le forum politique de haut niveau débat de l’importance d’une éducation de qualité pour la réalisation des ODD

La deuxième journée du forum politique de haut niveau 2022 du Conseil économique et social (ECOSOC) s’est notamment articulée aujourd’hui autour de deux tables rondes portant respectivement, le matin, sur l’importance de l’éducation de qualité pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et, l’après-midi, sur l’accès aux vaccins pour permettre aux pays africains, pays enclavés et pays les moins avancés (PMA) de mieux reconstruire après la pandémie. 

Entre les deux, un bref échange sur le thème « Agir au niveau local » a mis en exergue le rôle crucial des autorités locales, notamment des villes, dans la réalisation du Programme 2030 avant de se conclure par deux sondages menés en temps réel auprès des délégations qui ont notamment révélé que 71% d’entre elles estiment que les ODD ne sont pas assez connus par les habitants de leurs pays. 

Animatrice de la première table ronde, la Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour la science, l’éducation et la culture (UNESCO), Mme Stefania Giannini, a souligné que l’éducation est la clef d’un avenir durable et a jugé urgent d’investir dans des systèmes éducatifs résilients pour réaliser les ODD et faire face aux crises multiples. 

Alertant que des millions d’enfants ne fréquentent plus l’école, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet sur la transformation de l’éducation a déploré la persistance de fossés en matière de financement dans l’éducation, relevant notamment que les pays riches investissent 8 500 dollars par an et par élève, comparé à 1 000 dollars pour les pays à moyen revenu, 250 dollars pour les pays à bas revenu et moins de 5 dollars pour les pays les plus pauvres. 

Après avoir prévenu que cet écart « perpétue les inégalités » et rappelé que les investissements dans l’éducation sont les investissements les plus rentables, M. Leonardo Garnie a expliqué que le Sommet sur la transformation de l’éducation qui se déroulera en septembre vise à mobiliser l’ambition politique, l’action, les solutions et la solidarité pour transformer l’éducation, récupérer les pertes d’apprentissage liées à la pandémie et réinventer les systèmes éducatifs. 

On ne peut pas accepter que la génération COVID-19 soit une génération perdue, s’est alarmée la Suisse, tandis que Mme Haoyi Chen, de la Division de statistique du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a expliqué que la réduction par deux du temps scolaire de 147 millions d’élèves au cours des deux dernières années de la pandémie se traduira à l’échelle d’une vie entière, pour cette génération d’enfants, par une perte cumulée de 17 000 milliards de dollars de revenus. 

Illustrant l’ampleur des investissements nécessaires, elle a précisé qu’un quart des écoles primaires dans le monde n’avaient pas accès à des services de première nécessité́ tels que l’électricité́, l’eau potable et des installations d’assainissement de base et que 50% n’avaient aucun accès à des technologies d’information et de la communication.  Les délégations étaient également saisies d’une note montrant que la pandémie a causé la fermeture provisoire de 90% des écoles du monde, privant 1,6 milliard d’enfants d’éducation, dont 369 millions des repas des cantines scolaires essentiels à leurs besoins alimentaires. 

S’agissant de l’aide vaccinale, la Ministre de la santé du Malawi, qui s’exprimait nom du Groupe des pays les moins avancés, a appelé au renforcement du Mécanisme COVAX, alors que le taux de vaccination est de 2% en Afrique contre 47% dans les pays développés.  Elle s’est également réjouie des accords conclus par le Sénégal et le Rwanda avec BioNTech pour la production locale de vaccins, souhaitant que des solutions soit apportées à l’Afrique pour qu’elle fasse de ces crises multiples « des chances de transformation ». 

Les vaccins doivent être reconnus comme des biens publics mondiaux, a souligné l’Érythrée au nom du Groupe des États d’Afrique, une position défendue par de nombreuses délégations qui ont condamné le nationalisme vaccinal comme une « claire violation des droits humains » et appelé à l’annulation des droits de propriété intellectuelle pour les vaccins et les médicaments.

Le forum politique de haut niveau de l’ECOSOC se poursuivra demain, jeudi 7 juillet, à partir de 9 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (résolution 75/290 B de l’Assemblée générale)

Table ronde 1

Cette table intitulée « L’ODD 4 et les liens avec les autres ODD: une éducation de qualité » a été l’occasion d’examiner les progrès et les défis qu’il reste à relever pour renforcer l’accès à une éducation de qualité et à l’apprentissage tout au long de la vie dans la perspective du Sommet sur la transformation de l’éducation qui aura lieu en septembre 2022. 

Alertant que des millions d’enfants ne fréquentent plus l’école et que nombre de ceux qui sont scolarisés ne maîtrisent pas les rudiments de base, M. LEONARDO GARNIER, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet sur la transformation de l’éducation, a indiqué que l’objectif du Sommet sur la transformation de l’éducation est de galvaniser les engagements socioéconomiques afin de réellement garantir une éducation de qualité pour toutes et tous comme convenu par l’ODD 4.  Le Sommet vise à lancer un mouvement pour la transformation de l’éducation, afin d’en faire un processus de découverte et d’épanouissement des étudiants et des élèves au sens le plus noble du terme.  Nous devons renforcer les capacités des élèves à acquérir les bases essentielles, à faire preuve de pensée critique, et à se montrer capable d’établir une distinction entre les informations véridiques et les fausses informations, a-t-il indiqué. 

Il a souligné que l’éducation joue un rôle essentiel dans le développement de nos capacités d’apprentissage et de vivre ensemble.  L’éducation doit aussi donner à chaque personne, jeune ou moins jeune, l’ambition de vivre ses rêves et la capacité de les transformer en réalité et de participer à la création du monde dans lequel elle souhaite vivre.  Mais pour que l’éducation arrive à ce niveau, il faut transformer les écoles pour en faire des lieux inclusifs et stimulants où toutes filles et les tous les garçons sont acceptés sans discrimination aucune, sans moqueries, sans abus ou agression. 

De leur côté, a-t-il ajouté, les enseignants et les professionnels de l’éducation doivent stimuler la curiosité et le questionnement, ne pas se contenter de transmettre des contenus mais encourager l’apprentissage autonome, ce qui exige qu’ils soient bien formés, disposent de ressources adéquates et qu’ils soient rémunérés à la hauteur de leurs responsabilités.  M. Garnier a également noté que la révolution numérique dans l’enseignement peut devenir l’un des outils les plus puissants pour transformer la manière dont les enseignants enseignent et les apprenants apprennent.  Elle permet de démocratiser l’éducation, a-t-il affirmé. 

Le Conseiller spécial a ensuite appelé à investir dans une éducation de qualité, déplorant la persistance de fossés en matière de financement.  Il a notamment relevé que les pays riches investissent 8 500 dollars par an et par élève, comparé à 1 000 dollars pour les pays à moyen revenu, 250 dollars pour les pays à bas revenu et moins de 5 dollars pour les pays les plus pauvres.  Cet écart ne fait que perpétuer les inégalités.  Pourtant, nous savons que les investissements dans l’éducation sont plus rentables que tout autre investissement –alors pourquoi ne le faisons-nous pas? a-t-il lancé.

Mme HAOYI CHEN, Division de la statistique du Département des affaires économiques et sociales, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a déclenché une crise mondiale dans l’éducation.  Ces deux dernières années, la durée des cours dispensés en milieu scolaire à 147 millions d’enfants a été réduite de moitié.  À l’échelle d’une vie entière, cette génération d’enfants pourrait perdre un montant cumulé de 17 000 milliards de dollars de revenus.  Les disparités en matière de fréquentation et de résultats scolaires persistent, et tous les établissements scolaires n’ont pas accès aux infrastructures de base.  En 2020, à l’échelle mondiale, un quart des établissements primaires, environ, n’avait pas accès à des services de première nécessité tels que l’électricité, l’eau potable et des installations d’assainissement de base.  Les chiffres sont encore inférieurs pour ce qui est des outils TIC ou des infrastructures adaptées au handicap, puisque seuls quelque 50% des établissements primaires en sont dotés.  En outre, depuis le début de la pandémie, les établissements scolaires situés dans des zones relativement défavorisées disposent de moins de moyens pour assurer la sécurité des enfants et du personnel.  Mme Chen a aussi parlé de la situation en Ukraine où l’éducation se poursuit en dépit de la destruction des infrastructures scolaires.  Les classes reprennent à nouveau en grand nombre et environ la moitié des écoles ont pris des mesures considérables pour assurer l’accès à l’eau, l’assainissement et aux services d’hygiène, ainsi qu’à des services de santé mentale et de soutien psychologique. 

Mme JOY-MARIE KING, Directrice du commerce extérieur au Ministère des affaires étrangères et de l’immigration, Antigua-et-Barbuda, a indiqué que la priorité de son gouvernement est de créer un système pédagogique qui développe les capacités de réflexion critique et d’innovation afin de permettre aux jeunes de tirer pleinement parti de l’économie des savoirs du XXIe siècle.  Le programme scolaire met l’accent sur les sciences, les technologies, l’ingénierie, les arts et les mathématiques, tandis que les services pédagogiques sont réglementés par la loi sur l’éducation de 2008.  Pendant la COVID-19, il s’agissait notamment mais pas exclusivement de fournir des uniformes et des repas chauds aux élèves les plus vulnérables.  Le Gouvernement a aussi fourni des appareils technologiques pour appuyer l’apprentissage numérique.  Les formations techniques et professionnelles jouent également un rôle essentiel dans le secteur de l’éducation avec des cours de gestion, de formation agricole entre autres. 

Mme NATIA TSIKARADZE, Coordinatrice nationale des ODD de Géorgie, a déclaré que le Gouvernement accorde une attention particulière à la qualité et à l’accessibilité de l’éducation.  En plus de la réforme de l’éducation générale, l’enseignement supérieur est axé sur l’amélioration des compétences nécessaires pour entrer sur le marché du travail.  Pendant la COVID-19, le pays a rapidement adopté l’éducation à distance y compris pour les étudiants minoritaires et les enfants handicapés.  Le Sommet sur la transformation de l’éducation de septembre devra appuyer un mouvement mondial pour la transformation de l’éducation, et la communauté internationale doit se fixer pour priorité d’aider les enfants et les jeunes à rattraper les retards accumulés pendant la pandémie. 

Débat interactif avec les panélistes

L’éducation est la clef pour un avenir durable de l’humanité.  Comment dès lors accélérer la réalisation de l’ODD 4 et quels sont les risques de recul? a lancé la Modératrice, Mme STEFANIA GIANNINI, Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour la science, l’éducation et la culture (UNESCO).

Rappelant que l’éducation est un élément essential pour accélérer la réalisation de tous les autres ODD, M. OMAR ABDI, Directeur exécutif adjoint pour les programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a demandé aux gouvernements « d’atteindre chaque enfant et le garder à l’école », d’enseigner les fondamentaux, d’appuyer le bien-être physique et social de chaque enfant et d’augmenter les investissements dans l’éducation.  De son côté, Mme SUSAN HOPGOOD, Présidente de l’ONG Education International, a appelé à élaborer un nouveau pacte sur l’éducation visant à payer correctement les enseignants, établir un cadre de travail décent, et investir dans la formation des enseignants qui, a-t-elle ajouté, doivent être inclus dans le processus de décision.  Mme SHEAM SATKURU, Directrice exécutive de l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), a plaidé pour davantage de collaboration intersectorielle dans le domaine des forêts.  Cela aura un impact sur les politiques nationales non seulement en matière d’éducation mais aussi environnementales et économiques. 

Pour une famille pauvre, l’éducation c’est choisir entre aller à l’école ou manger et survivre, a observé Mme VICTORIA HUALLPA MAMANI, membre de ATD Quart Monde, El Alto, Bolivie, qui a par ailleurs appelé au renforcement des capacités des enseignants qui travaillent avec des élèves en difficultés.  Les enseignants doivent aider ces enfants à avoir confiance en eux-mêmes quel que soit leur statut social.  Mme MADELEINE ZUNIGA, Vice-Présidente et fondatrice de Foro Educativo, Perou, a ensuite dénoncé l’exclusion des enfants autochtones des systèmes éducatifs et a prié les États de financer la formation des enseignants. 

Il n’y a pas de développement sans éducation et il n’y a pas de paix sans éducation civique, a souligné M. DAVID MOININA SENGEH, Ministre de l’éducation de base de Sierra Leone, qui a indiqué qu’après la pandémie de COVID-19, 22% du budget de l’État a été alloué à l’éducation.  Le mot clef est « investissement », a martelé le Ministre demandant aussi l’inclusion des groupes marginalisés y compris les filles enceintes.  De son côté, Mme LI ANDERSSON, Ministre de l’éducation de la Finlande, a appelé les gouvernements à investir dans la formation et l’encadrement des enseignants.  Elle a également fait savoir que la Finlande a créé la coalition mondiale de repas scolaire visant à offrir chaque jour un repas sain aux élèves.  Mme SAHONDRARIMALALA MARIE MICHELLE, Ministre de l’éducation de Madagascar, a indiqué que 20% du budget de l’État est consacré à l’éducation et que l’État prend en charge les impôts des écoles privées.  La numérisation de l’éducation est en cours de même que la réforme du cycle d’apprentissage et du calendrier scolaire, la création d’une année préparatoire avant la maternelle, la prise en compte des spécificités régionales et la diversification de l’apprentissage. 

Débat avec les États Membres 

Préoccupée par l’impact de la guerre en Ukraine sur l’éducation, la Roumanie a fait savoir qu’elle a pris en charge l’éducation des jeunes ukrainiens en Roumanie.  L’Ukraine a d’ailleurs indiqué que depuis le 24 février 2022, l’agresseur russe a bombardé plus de 2 000 écoles dont 200 qui ont été complètement détruites.  Cette nouvelle réalité contraint à revoir le sens de l’éducation et de bâtir un système éducatif résilient pour le relèvement après la guerre. 

Le Bangladesh a espéré que le Sommet sur la transformation de l’éducation permette de trouver des moyens pour réduire le coût de l’éducation y compris par l’apprentissage en ligne.  La délégation a également demandé la prise en charge de l’éducation des enfants migrants.  La Zambie a indiqué qu’outre la prise en charge du retour à l’école de tous les enfants après la pandémie, elle se prépare aux futures crises en appuyant la numérisation de l’éducation.  La Norvège a, pour sa part, indiqué qu’elle organisera en janvier 2023 une conférence internationale sur les enfants victimes des changements climatiques.  Le Mexique a dit « non » à la marchandisation de la connaissance.  L’Union européenne a parlé de sa nouvelle stratégie School Education Gateway qui investit dans l’éducation numérique, les enseignants, l’équité et la formation professionnelle.  Elle vise aussi à faciliter la mobilité en Afrique et entre l’Afrique et l’Europe. 

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a rappelé qu’elle appuie la formation professionnelle dans le domaine de l’énergie nucléaire, ainsi que les partenaires visant à acquérir des compétences pour la formation nucléaire.  La République tchèque a appelé à changer la perception des enseignants dans la société et à promouvoir une éducation inclusive à l’école primaire pour les enfants roms.  La Chine a encouragé les pays à préparer les étudiants à leur avenir professionnel, précisant soutenir la transformation numérique, l’éducation verte, et l’apprentissage tout au long de la vie.  L’Espagne a informé que 6,3% de son aide internationale est consacrée à l’éducation et au renforcement de la formation technique, tandis que la Suède a indiqué avoir établi avec des municipalités des partenariats sur la démocratie et l’éducation pour renforcer la connaissance. 

À son tour, M. JOSÉ MAURICIO PINEDA, Ministre par intérim de l’éducation d’El Salvador, a informé que son gouvernement consacre 5,3% du PIB à l’éducation y compris la prise en charge de la petite enfance, l’apprentissage continu, les échanges entre les pays.  Le Botswana a insisté sur l’importance de ne laisser personne en dehors du système éducatif en misant notamment sur la technologie numérique.  La Suisse a estimé que plus de 420 millions de personnes auraient pu sortir de la pauvreté si elles avaient eu accès à l’éducation.  Préoccupée par les conséquences de la pandémie sur les filles, elle a fait savoir qu’elle convoquera en 2023 une conférence intitulée Education Cannot Wait.  On ne peut pas accepter que la génération COVID-19 soit une génération perdue, a déclaré la délégation. 

Le Malawi a dit que pour faire face aux problèmes de l’enseignement informel, ainsi qu’au manque de formation des enseignants, et d’accès à l’enseignement supérieur, le Gouvernement parie sur le financement innovant, le partenariat public-privé, la numérisation, l’apprentissage à distance, ainsi que l’accès aux prêts pour permettre aux pauvres d’accéder à l’enseignement supérieur.  L’Iran a dénoncé les sanctions internationales dont est frappé son pays l’empêchant de prendre en charge les 500 000 enfants réfugiés qui sont inscrits dans les écoles iraniennes.  Après la pandémie, le Viet Nam est passé à l’éducation en ligne pour aider les étudiants dans les zones reculées.  L’ODD 4 sera atteint en 2030, a assuré la délégation.  Après la pandémie, l’Azerbaïdjan a embauché plus d’un million d’enseignants et pris en charge les frais de scolarité de tous les élèves en vue de se préparer aux crises futures.  Le Népal vise, pour sa part, à combler le fossé numérique. 

Table ronde 2

Cette discussion interactive qui avait pour thème « Agir au niveau local » a permis de faire le point sur le rôle crucial joué par les autorités locales, en particulier les villes dans la réalisation du Programme 2030. 

Insistant sur l’importance de l’action en faveur des jeunes, M. MUSTAFA UZBAS, maire adjoint de Konya, Türkiye, a indiqué que sa municipalité a donné près de 40 000 vélos aux jeunes de la ville.  Il a aussi mentionné l’ouverture de bibliothèques et fait savoir que les personnes âgées ont un accès gratuit aux transports.  De son côté, Mme ROSE KEFFAS, du Bureau du Conseiller spécial à la présidence du Nigéria, a insisté sur l’importance des examens locaux volontaires, de la collecte des données et de l’élaboration des programmes au profit des plus vulnérables.  Les communautés locales ont été étroitement associées à la création desdits programmes, a-t-elle assuré, tandis que M. VILLE TAAJAMAA, point focal pour les ODD de la ville d’Espoo, Finlande, a souligné l’importance d’associer les jeunes à la gouvernance locale.  Enfin, M. ASHOK KUMAN BYANJU, maire de Dhulikel, Népal, a indiqué que sa ville a mené à bien son examen volontaire local, avec un accent mis sur l’ODD 4 et l’ODD 6.  La quasi-totalité de nos programmes est conforme aux ODD, s’est-il félicité, en mentionnant le programme d’approvisionnement en eau potable et les efforts de lutte contre la pauvreté.  L’éducation est aussi la priorité, de même que le développement des microentreprises.  Il a aussi insisté sur l’importance de la coopération et de la volonté politique pour réaliser le développement durable. 

Au cours du débat interactif, les délégations ont décliné leur action pour réaliser les ODD au niveau local, à commencer par la Jamaïque qui a insisté sur l’importance de sensibiliser la population à cet enjeu.  L’action locale doit être conforme aux priorités nationales, a déclaré la déléguée jamaïcaine.  Le Guatemala a détaillé les efforts locaux pour réaliser l’ODD 11, avec notamment un meilleur accès à l’eau et à l’assainissement.  La déléguée de la France a mentionné les efforts déployés par la ville d’Évian afin d’être plus durable, solidaire, inclusive, responsable et résiliente.  Parmi les actions entreprises, elle a mentionné la gratuité des protections hygiéniques pour les femmes et la rénovation des bâtiments publics afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  La République tchèque et la Norvège ont rappelé que tous les acteurs, nationaux comme locaux, doivent concourir à la réalisation des ODD, tandis que le grand groupe des enfants et des jeunes a plaidé pour un partenariat renforcé avec la société civile. 

En conclusion de ce dialogue, deux sondages ont été menés en temps réel auprès des délégations qui ont été 41% à estimer que la coordination entre les autorités locales et nationales pour la réalisation des ODD peut encore être améliorée, 28% la jugeant satisfaisante.  Enfin, 71% des délégations ont estimé que les ODD sont connus de trop peu d’habitants de leurs pays. 

La couverture de la première partie de cette table ronde a été entravée par un problème technique.

Table ronde 3

En ouvrant, en tant que modératrice, cette troisième table ronde du jour, intitulée « Pays africains, pays les moins avancés et pays en développement sans littoral: garantir l’égalité d’accès aux vaccins et aux ressources dans les pays les plus pauvres », Mme RABAB FATIMA, Représentante permanente du Bangladesh et Coprésidente du Comité préparatoire de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés, a estimé que des actions urgentes sont nécessaires pour aider ces pays à surmonter les crises qui les accablent, en particulier la pandémie de COVID- 19.  Elle a relevé à cet égard que le Programme d’action de Doha pour les PMA, adopté en mars dernier, s’est fixé des cibles précises en matière de vaccination, alors que les pays les plus vulnérables affichent des taux extrêmement faibles, très éloignés de l’objectif de 70% préconisé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Les partenaires internationaux doivent y contribuer, tout comme ils doivent investir dans les efforts de reprise de ces pays, notamment dans leur accès aux technologies, a-t-elle plaidé, ajoutant que la Conférence de Doha sur les PMA, prévue en mars prochain, sera l’occasion de confirmer les engagements pris dans ce sens. 

La parole a ensuite été donnée à M. TAFFERE TESFACHEW, Directeur général par intérim de la Banque de technologie des Nations Unies pour les pays les moins avancés pays et membre du Comité de la planification du développement (CPD), qui a mis l’accent sur l’importance des innovations technologiques, qu’il s’agisse du déploiement des vaccins ou du développement du numérique, pour la relance des PMA.  Hélas, a-t-il déploré, la communauté internationale a manqué en 2020 la cible 9.c qui visait à accroître nettement l’accès aux technologies de l’information et de la communication et à faire en sorte que tous les habitants des PMA aient accès à Internet à un coût abordable.  Nous devons sans plus attendre agir pour y parvenir d’ici à 2030, ce qui suppose des investissements, a-t-il plaidé, avant de rappeler que plus de 60% de la population de ces pays a moins de 25 ans et doit avoir accès à des compétences numériques pour sortir de la pauvreté.  Il a également salué la création de la Banque de technologie pour les PMA, prévue dans le Programme d’action d’Istanbul et inaugurée en 2018 en Türkiye, y voyant un moyen d’améliorer la base de recherche scientifique et d’innovation de ces pays et de mieux préparer leur jeunesse aux futures crises. 

Sur cette même ligne, M. FARID FEZOUA, Directeur monde pour la santé et la formation à l’International Finance Corporation, a loué la mise sur pied de nouveaux partenariats avec les PMA pour renforcer leurs capacités au niveau local.  Il a ainsi cité en exemple les projets montés avec l’Institut Pasteur de Dakar, désormais en mesure de fabriquer toutes sortes de vaccins, et la construction au Rwanda et au Sénégal de sites de production de vaccins à ARN messager par la firme BioNTech.  La prestation de services de santé étant le « talon d’Achille » de ces pays fragiles, il est essentiel de la renforcer.  Mais il faut aussi faire levier et attirer des investissements privés pour parvenir à une plus grande autonomie vaccinale dans les PMA, a-t-il indiqué, non sans rappeler que l’Afrique ne compte que 350 fabricants de médicaments pour une population de 2 milliards d’individus. 

À sa suite, Mme PREETI SINHA, Secrétaire exécutive du Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU), a précisé que la mission de son agence consiste à « catalyser les finances ».  Dans le cadre du Programme d’action de Doha, nous proposons un système de financement dédié aux PMA, avec par exemple des prêts pour l’édification d’infrastructures numériques.  En effet, a-t-elle expliqué, ces pays sont confrontés à un manque d’accès aux capitaux et les banques locales ne leur viennent pas en aide.  Nous sommes donc le « chaînon manquant » pour l’accès aux crédits.  Les programmes d’action successifs pour les PMA ont permis de créer des banques d’investissement, mais il faudrait aussi un organisme qui garantisse les risques, a jugé la responsable onusienne, avant d’appeler les bailleurs à fournir des fonds garantis.  Elle s’est également félicitée du lancement d’obligations vertes pour lesquelles, a-t-elle dit, il existe un vaste marché.  Enfin, elle a soutenu à son tour la production locale de vaccins, estimant qu’il convient d’aider les pays à se doter des capacités idoines par le biais d’un mécanisme international. 

Lui emboîtant le pas, M. MIHIR KANADE, membre pour la région Asie-Pacifique du Mécanisme d’experts sur le droit au développement et Directeur académique de l’Université pour la paix, a insisté sur le fait que le Programme 2030 a fait de l’ODD 17 le moyen de mise en œuvre des 16 autres ODD par le biais de partenariats mondiaux.  Les États doivent donc exercer leur devoir de coopération, en particulier dans la mise à disposition de vaccins pour tous, a-t-il martelé, déplorant que de nombreux pays aient préféré traiter directement avec des producteurs de vaccins, au détriment d’initiatives comme le Mécanisme COVAX, tout en bloquant les droits de propriété intellectuelle sur ces produits vitaux.  Le résultat en est que plus de 80% de la population africaine n’est pas vaccinée, a-t-il tonné, avant de rappeler que « la coopération internationale est une obligation juridique, pas un simple appel à la générosité ».  Dénonçant cette « violation des droits humains et de l’obligation de coopération », il a souhaité que le cadre normatif international soit désormais fondé sur la solidarité en tant que « devoir » pour mieux appréhender les crises à venir.   

Il est nécessaire d’assurer la reddition de comptes sur la sécurité sanitaire mondiale, a renchéri Mme UGOJI ADANMA EZE, Directrice générale et fondatrice de la Aja Eze Foundation, pour qui la clef est la transparence.  Il importe également, d’après elle, d’accroître les financements internationaux pour combler les lacunes identifiées.  De même, les vaccins devraient être un droit humain pour tous, a-t-elle poursuivi, appelant à ce que la « diplomatie vaccinale » dont nous avons été témoins ces dernières années ne se reproduise pas.  Pour avancer, a-t-elle soutenu, nous devons prendre conscience que nous vivons dans un « village mondial » et qu’il est l’heure d’agir contre la survenance de maladies dans le cadre de projets communs.   

Au nom du Groupe des pays les moins avancés, Mme KHUMBIZE KANDODO CHIPONDA, Ministre de la santé du Malawi, a considéré que le Programme d’action de Doha pour les PMA donne la possibilité à ces pays de s’attaquer aux disparités socioéconomiques et d’accroître leur résilience de manière durable.  Soulignant, elle aussi, le caractère essentiel de la distribution équitable des vaccins, elle a salué l’action du Mécanisme COVAX, tout en appelant à un renforcement de ces efforts, alors que le taux de vaccination est de 2% en Afrique contre 47% dans les pays développés.  Elle s’est également réjouie des accords conclus par le Sénégal et le Rwanda avec BioNTech pour la production locale de vaccins, souhaitant que des solutions soient apportées à l’Afrique pour qu’elle fasse de ces crises multiples « des chances de transformation ». 

Nous ne pouvons pas reconstruire en mieux après la pandémie si nous n’incluons pas toutes les personnes handicapées dans le processus, a pour sa part averti Mme PAMELA MOLINA, Directrice exécutive de la Fédération mondiale des mal entendants et représentante du groupe des personnes handicapées.  Elle a rappelé à cet égard que les restrictions contre la COVID-19 ont touché de manière disproportionnée la vie et les moyens de subsistance des personnes handicapées, notamment les femmes, les mal entendants et les mal voyants, les migrants, les non binaires, les personnes d’ascendance africaine et les personnes autochtones.  L’exclusion a particulièrement frappé les personnes handicapées qui travaillaient dans le secteur informel ou qui ne pouvaient pas adopter les nouvelles conditions de travail, comme le télétravail ou la distanciation physique sur le lieu de travail, a-t-elle noté, avant d’appeler à ne plus laisser quiconque de côté dans les plans de relance. 

Plus axée sur les femmes et les filles, Mme FATIME ZARA HAROUN, Présidente du Parlement des jeunes filles leaders du Tchad et représentante du programme Super Banats, s’est présentée comme la porte-parole des filles victimes de violences dans son pays.  Elle a expliqué que son « Parlement », créé en 2017 à la faveur d’une bourse, vise à défendre les droits des filles et des femmes en luttant contre les maux qui minent leur épanouissement.  Grâce à cette initiative, elle a pu intégrer le programme « Super Banats », « filles modèles » en arabe local tchadien, qui, avec l’appui de l’UNICEF, s’emploie à sensibiliser les communautés à la santé sexuelle et reproductive ainsi qu’à la prévention des violences faites aux adolescentes et aux filles, qu’il s’agisse de viols, de mauvais traitements, de mariage d’enfants, de grossesses précoces ou d’infections sexuellement transmissibles.  Elle a demandé l’aide des États, des ONG et du système des Nations Unies « pour matérialiser nos droits, tant à la santé qu’à l’éducation ».

Dialogue interactif

Au nom du Groupe des États d’Afrique, l’Érythrée a encouragé les États Membres à faire preuve de solidarité avec son continent et à adopter une approche coordonnée pour renforcer les chaînes d’approvisionnement et forger des partenariats solides.  Elle a aussi souhaité que des solutions soient trouvées pour que les vaccins soient reconnus comme des biens publics mondiaux, une position également défendue par le Mécanisme de coordination régionale de l’Asie-Pacifique, le Kenya, le Cameroun, la Chine et le Népal, lequel a condamné le nationalisme vaccinal comme une « claire violation des droits humains » et appelé à l’annulation des droits de propriété intellectuelle pour les vaccins et les médicaments.  Ces droits ne doivent pas être un obstacle à la production de vaccins, a ajouté l’Espagne, qui a rappelé être l’un des premiers pays à avoir cédé des licences. 

Il faut faciliter l’accès de tous les pays aux technologies existantes, c’est une des clefs de la reprise dans les PMA et les pays africains, a abondé la Finlande, selon laquelle des partenariats doivent être trouvés dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour renforcer la production locale de vaccins.  Il faut également profiter de cette crise pour réformer les systèmes de financements, a soutenu la Norvège, en soulignant sa contribution à l’Accélérateur ACT, tandis que la Belgique appelait à renforcer la résilience des systèmes de santé africains. 

L’Union européenne a noté que le récent Sommet UE-UA a permis de réaffirmer les partenariats entre les deux organisations, notamment sur le développement numérique.  Elle a rappelé son engagement à hauteur de 100 milliards d’euros pour soutenir les efforts de reprise de l’Afrique alignés sur le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’UA.  Elle a aussi réitéré sa solidarité en matière vaccinale, précisant que, pour chaque dose administrée en Europe, une dose est envoyée en Afrique.  Tout en préconisant une priorisation des financements concessionnels en faveur des PMA, la France a annoncé qu’elle donnerait 120 millions de doses de vaccin aux pays fragiles, essentiellement par le biais du Mécanisme COVAX.  Elle a, d’autre part, accusé Moscou de plonger ces pays dans une crise alimentaire, financière et énergétique en raison de son agression de l’Ukraine.  Une « déclaration de propagande » a répondu la Fédération de Russie, selon laquelle les sanctions imposées par des pays tels que la France empêchent l’exportation de céréales et d’engrais vers ceux qui en ont besoin.  La situation en Ukraine fait payer un lourd tribut à l’Afrique et aux pays vulnérables, a averti l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui a réclamé que les importations de produits alimentaires puissent reprendre de toute urgence. 

Au nom des pays en développement sans littoral, la Mongolie a estimé que la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour faciliter l’accès des vaccins aux pays pauvres et enclavés.  A l’instar du Paraguay, elle a également sollicité une aide technique et commerciale, une assistance en matière de connectivité, d’allègement de la dette, de transition énergétique, plaidant pour que l’on tienne compte de la vulnérabilité des pays à situation particulière et que les partenaires consacrent toutes les ressources possibles, y compris l’aide publique au développement (APD), à des projets de coopération. 

Le Portugal a justement rappelé que 60% de son APD est allouée aux PMA.  Il s’est également engagé à fournir à ces pays vulnérables une assistance technique et des modules de formation afin de les aider à préparer leur reclassement, dans le droit fil du Programme d’action de Doha.  Le Danemark a, lui, appelé les partenaires des PMA à honorer leurs engagements en matière de financements, indiquant que son APD représente 7% de sa richesse nationale.  Une position saluée par l’Éthiopie, qui a plaidé pour des investissements sur le long terme, en particulier pour les pays d’Afrique subsaharienne.   

Enfin, relevant qu’elle préside avec la Belgique le Groupe des Amis des PMA à New York, la Türkiye a déclaré avoir augmenté son APD qui représente désormais 1,74% de son PIB.  Elle s’est également enorgueillie de fournir des médicaments à 160 pays et d’accueillir sur son sol la Banque de technologie pour les PMA, dont le bon fonctionnement est essentiel pour le Programme d’action de Doha. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le forum politique de haut niveau s’ouvre dans un monde appelé à reconstruire en mieux et à avancer sur la voie de la mise en œuvre du Programme 2030

Session de 2022, forum politique de haut niveau
1re et 2e séances, matin & après-midi
ECOSOC/7093

ECOSOC: le forum politique de haut niveau s’ouvre dans un monde appelé à reconstruire en mieux et à avancer sur la voie de la mise en œuvre du Programme 2030

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC) a donné aujourd’hui le coup d’envoi du forum politique de haut niveau 2022 qui a pour thème, cette année, « reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19, tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Après l’adoption de l’ordre du jour, le forum a entendu l’appel de M. Collen Vixen Kelapile à l’union pour mettre fin aux conflits et affronter l’insécurité alimentaire, les changements climatiques, la pauvreté rampante et les inégalités. 

En dépit des graves défis de l’heure, le Président de l’ECOSOC s’est voulu « optimiste » notant que le contrôle de la pandémie de COVID-19 dans de nombreux pays donne l’occasion de reconstruire en mieux et de fixer la résilience des systèmes socioéconomiques et sanitaires.  En outre, l’économie mondiale devrait croître de 3,1%, selon les dernières prévisions du Département des affaires économiques et sociales (DESA), et de nombreux pays institutionnalisent des mesures de protection sociale pour contrer la pandémie.  D’autres renforcent leurs systèmes de santé et se tournent vers une économie positive pour la nature.  Et l’augmentation des investissements dans la protection sociale pour tous, en particulier la protection sociale adaptée aux enfants et sensible au genre est une autre raison d’espérer, a ajouté M. Kelapile. 

À son tour, la Vice-Secrétaire générale a informé que lorsque le forum de haut niveau aura achevé ses travaux, 187 pays se seront soumis à l’examen national volontaire depuis la création du processus il y a sept ans, notant que les plans de résilience et de relance post-crise détaillés dans les rapports des États Membres représentent une source d’espoir.  Mais si nous sommes à mi-chemin de la réalisation des ODD, nous n’avons pas encore réalisé la moitié du travail en raison de multiples crises, a cependant averti Mme Amina J Mohammed, qui a mis l’accent sur les progrès à réaliser notamment dans le domaine des énergies renouvelables, de l’alimentation durable et de la connectivité. 

La crise oblige à repenser les modes de productions et de consommation, de concevoir des villes plus respirables et innover pour le bien-être de tous.  C’est l’avis de M. Nicholas Stern, professeur d’économie et de gouvernance et doyen de l’Institut de recherche sur les changements climatiques et l’environnement à la London School of Economics, qui a appelé à investir au moins 2% du produit intérieur brut (PIB) national pour espérer obtenir une économie résiliente.  « Reconstruire en mieux », c’est mettre l’accent sur la coordination, a suggéré à son tour le Vice-Président de l’ECOSOC qui a insisté sur l’importance de faire entendre les voix de toutes les parties prenantes du système de l’ECOSOC.  De l’équité vaccinale à l’équité financière, M. Suriya Chindawongse a aussi appelé à combler les fossés numériques et à mettre l’accent sur la parité entre les genres.

Avertissant que les risques de crises alimentaires sont réels et que le monde est aux prises avec une crise de disponibilité de denrées alimentaires la saison prochaine, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, a notamment appelé les secteurs public et privé à soutenir les petits producteurs et protéger les moyens de subsistance des agriculteurs face aux chocs.  Dans ce droit fil, l’Administratrice déléguée de la politique de développement et des partenariats du Groupe de la Banque mondiale, Mme Mari Pangestu, a fait savoir que la Banque compte allouer 30 milliards de dollars pour appuyer les foyers vulnérables et les agriculteurs et financer à hauteur de 170 milliards de dollars ces 15 prochains mois, plusieurs projets visant à aider les pays en développement à répondre à la crise alimentaire.  De son côté,  M. Kailash Satyarthi, lauréat du prix Nobel de la paix 2014, a appelé à contribuer 53 milliards de dollars pour financer un système de protection sociale, soit moins de 1% de ce qu’ont dépensé les pays riches pour leurs propres programmes de protection sociale. 

Après le segment d’ouverture, les délégations ont poursuivi leur réflexion dans le cadre d’une réunion-débat et de trois tables rondes consacrées respectivement au thème principal du forum, au financement d’une réponse robuste à la crise, à la mobilisation de la science, la technologie et l’innovation pour une reprise axée sur les ODD, et au renforcement des capacités et des partenariats.

Le forum politique de haut niveau de l’ECOSOC se poursuivra demain, mercredi 6 juillet, à partir de 9 heures. 

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Déclaration liminaire

M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a appelé la communauté internationale à l’union pour mettre fin aux conflits, que ce soit en Europe ou dans d’autres parties du monde, et à affronter les multiples crises, notamment l’insécurité alimentaire, les changements climatiques, la pauvreté rampante et les inégalités.  Se voulant optimiste, il a noté que les graves défis qui persistent, le contrôle de la pandémie de COVID-19 a progressé dans de nombreux pays, ce qui donne l’occasion de reconstruire en mieux, de rectifier les modes de vie et de fixer la résilience des systèmes socioéconomiques et sanitaires.  En dépit des nombreux défis, l’économie mondiale devrait croître de 3,1%, selon les dernières prévisions du Département des affaires économiques et social (DESA).  En outre, de nombreux pays institutionnalisent des mesures de protection sociale pour contrer la pandémie.  D’autres renforcent leurs systèmes de santé et se tournent vers une économie positive pour la nature.

Le Président de l’ECOSOC a relevé que des outils tels que le Mécanisme COVAX et le Centre de transfert de technologie pour les vaccins à ARNm peuvent augmenter considérablement l’immunité de la population à l’échelle mondiale, protéger les systèmes de santé, réduire le risque d’émergence de nouvelles variantes et permettre aux économies de véritablement redémarrer.  L’augmentation des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) ou l’initiative de suspension du service de la dette du G20 et du Club de Paris sont les bienvenues.  Mais nous devons aller plus loin, a exhorté le Président tout en constatant une augmentation des investissements dans la protection sociale pour tous, en particulier la protection sociale adaptée aux enfants et sensible au genre.  C’est une autre raison d’espérer.  Mais nous devons faire beaucoup plus, a encore insisté M. Kelapile qui a appelé à plus de volonté politique, de détermination, de courage, de confiance et de solidarité pour mettre en œuvre les solutions.  Nous devons trouver des solutions qui nous propulseront vers de nouveaux sommets, dans un monde où nous pourrons tous trouver la paix et la prospérité en protégeant notre peuple et notre planète, en mobilisant des partenariats forts et inclusifs. 

Discours d’ouverture

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a indiqué que lorsque le forum politique de haut niveau aura achevé ses travaux, 187 pays se seront soumis à l’examen national volontaire depuis la création du processus il y a sept ans.  « Nous sommes donc arrivés à une présentation presque universelle de rapports volontaires » s’est réjouie la Vice-Secrétaire générale avant de souligner les démarches des pays qui ont décrit les graves conséquences des crises, dont la pandémie de COVID-19, sur l’accès à l’éducation, l’égalité des genres et l’économie.  Elle a relevé que de nombreux pays ont vu leurs niveaux de revenus baisser, citant en particulier les difficultés des pays dépendant du tourisme, ainsi que l’impact des changements climatiques et des catastrophes naturelles sur les récoltes, la durabilité alimentaire et la situation économique des populations rurales.  Malgré les difficultés, les rapports des États Membres sont aussi une source d’espoir avec des plans de résilience et de relance post-crise.  Elle a particulièrement relevé des progrès dans l’aquaculture, la protection sociale, l’élargissement de l’économie verte et la lutte contre les abus et violences sexistes.  Elle a aussi cité des efforts pour faciliter des transformations dans le domaine de l’énergie.  « Le rôle de l’action nationale est aujourd’hui mieux compris. »  Mais si nous sommes à mi-chemin de la réalisation des ODD, nous n’avons pas encore réalisé la moitié du travail en raison de multiples crises, s’est inquiété Mme Mohammed qui a mis l’accent sur les progrès à réaliser notamment dans le domaine des énergies renouvelables, de l’alimentation durable et de la connectivité. 

M. NICHOLAS STERN, professeur d’économie et de gouvernance et doyen de l’Institut de recherche sur les changements climatiques et l’environnement à la London School of Economics, a estimé que le monde est à la croisée des chemins après une décennie difficile marquée par une faible croissance économique, des problèmes d’investissements et, maintenant, deux chocs liés à la pandémie de COVID-19 et à la guerre en Ukraine.  À cela s’ajoute le sentiment d’urgence que nous ont transmis les membres du GIEC au travers de leurs rapports d’évaluation sur le climat, a-t-il noté, jugeant essentiel de comprendre que la lutte contre les changements climatiques impose d’avoir une croissance plus efficace.  Aux yeux de l’expert, des bénéfices peuvent être tirés de cette crise car elle oblige à repenser les modes de production et de consommation, concevoir des villes plus respirables et innover pour le bien-être de tous.  Pour faire de ce scenario une réalité, des investissements sont nécessaires.  Mais il faut savoir à quelle échelle, dans quelles zones géographiques et dans quels secteurs, a-t-il relevé, avant de reconnaître que les pressions engendrées par la pandémie et le conflit ukrainien rendent urgent un appui et une relance des marchés émergents.  Il a ainsi précisé que, selon une étude à laquelle il a contribué pour la présidence britannique du G7, il faut investir au moins 2% du PIB national pour espérer obtenir une économie résiliente.  Or, les investissements ont atteint des niveaux historiquement bas et beaucoup d’infrastructures essentielles restent à construire dans les pays, s’est-il inquiété.  Reconstruire en mieux suppose par conséquent de bonnes politiques, appuyées par des partenariats internationaux et des financements, afin de traiter le plus rapidement possible les problèmes d’endettement que connaissent de nombreux pays.  Dans ce contexte, a souligné l’intervenant, les financements externes sont primordiaux.  Et si l’aide publique au développement (APD) conserve toute son importance, il faut aussi pouvoir compter sur le secteur privé et sur les banques internationales, a-t-il dit.  

M. SURIYA CHINDAWONGSE, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a mis l’accent sur le caractère crucial de la coordination dans un monde aux ressources rares et marqué par des crises multiples.  Il a insisté sur l’importance de faire entendre les voix de toutes les parties prenantes du système de l’ECOSOC, des commissions techniques régionales aux groupes d’experts de l’ECOSOC.  De l’équité vaccinale à l’équité financière, il a appelé à combler les fossés numériques et en mettant l’accent sur la parité entre les genres et les vulnérabilités particulières des femmes et des filles.  Insistant en outre sur la durabilité et les synergies, il a appelé à accélérer la mise en œuvre des ODD en tenant compte de l’interdépendance entre les différents ODD et en dépassant les approches cloisonnées.  Il a appelé à surmonter les défis liés à la pauvreté et à promouvoir la couverture sanitaire universelle ainsi qu’à utiliser l’élan de la COP26 pour le futur succès de la COP27.  En outre, toutes les composantes de l’architecture de l’ECOSOC doivent travailler harmonieusement ensemble.

M. QU DONGYU, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a dit que les risques de crises alimentaires sont réels.  Nous serons aux prises avec une crise de disponibilité de denrées alimentaires la saison prochaine, ce qui fait peser une menace dans les efforts pour réaliser les ODD.  Il a indiqué que le Plan stratégique 2022-2031 de la FAO vise à accélérer la réalisation des ODD en passant à des systèmes agroalimentaires plus inclusifs, résilients, efficaces et durables.  Il faut apporter l’argent nécessaire pour la production de céréales, de légumes et d’autres produits, mais aussi protéger le bétail grâce aux vaccins, l’alimentation et l’eau.  Il a également appelé les secteurs public et privé à soutenir les petits producteurs et les foyers, insistant sur l’importance de protéger les moyens de subsistances des agriculteurs face aux chocs.  Pour atténuer les retombées des conflits sur l’insécurité alimentaire, il faut également renforcer la productivité durable, ainsi que l’accès aux denrées alimentaires, aux services financiers et aux technologies numériques innovantes.  

Mme MARI PANGESTU, Administratrice déléguée de la politique de développement et des partenariats du Groupe de la Banque mondiale, a constaté que les crises multiples de ces dernières années se sont conjuguées à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt, entraînant des revers après des avancées en matière de développement.  Elle a indiqué que depuis le début de la pandémie, la Banque mondiale est venue à la rescousse des pays en développement en apportant un financement de 260 milliards de dollars.  Il s’agissait d’abord de sauver des vies par des mesures de santé et d’accès équitable aux vaccins.  Aujourd’hui, la Banque mondiale a un fonds de 10 milliards de dollars pour 78 pays en matière de vaccination, et des programmes d’appui à plus long terme de 14 milliards de dollars.  Pour aider les pays en développement à faire face à ces crises multiples, la Banque mondiale va financer à hauteur de 170 milliards de dollars ces 15 prochains mois plusieurs projets visant notamment à répondre à la crise alimentaire.  De plus, la Banque compte allouer 30 milliards de dollars pour appuyer les foyers vulnérables et les agriculteurs.  L’éducation, la parité, la biodiversité, les océans y compris la lutte contre la pollution plastique figurent également parmi les priorités de la Banque mondiale. 

M. KAILASH SATYARTHI, lauréat du prix Nobel de la paix 2014, a mis l’accent sur la situation alarmante des enfants dans le monde, exacerbée par la crise socioéconomique mondiale engendrée par la pandémie de COVID-19.  Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des millions d’enfants ukrainiens courent un grand danger.  Mais, de par le monde, des millions d’autres enfants sont confrontés à des risques de famine en raison des conséquences catastrophiques de ce conflit et ses effets domino sur les chaînes d’approvisionnement et les prix des denrées et des carburants.  Les enfants marginalisés sont ceux qui sont le plus à risque, a alerté le militant indien des droits de l’enfant et du droit à l’éducation, affirmant s’exprimer au nom des « sans voix », de ceux qui sont obligés de travailler et n’ont accès ni à l’eau potable ni à l’éducation.  Pour ces enfants qui vivent dans la pauvreté abjecte et intergénérationnelle, il faut agir de toute urgence et tirer les leçons de la pandémie.  Pour l’heure, c’est encore loin d’être le cas, a-t-il constaté, déplorant que seulement 0,13% des 12 000 milliards de dollars débloqués par le G7 aient été alloués aux pays à revenu faible.  De même, les 650 milliards de dollars en DTS du FMI ont davantage profité aux enfants des pays riches qu’à ceux du continent africain, s’est-il indigné.  Le prix Nobel 2014 a regretté à cet égard qu’un seul pays africain siège au sein du G20 et aucun au sein du G7.  C’est une injustice criante, il importe de garantir l’équité pour l’Afrique et pour ses enfants, a-t-il martelé.  « Si rien n’est fait, nous n’atteindrons jamais les ODD. »  Selon lui, des solutions existent pourtant, comme par exemple, aider les pays pauvres à se doter d’une protection sociale.  Pour cela, il suffit de 53 milliards de dollars, soit moins 1% de ce qu’ont dépensé les pays riches pour leurs propres programmes de protection sociale, a-t-il indiqué.  Il a également jugé essentiel de financer l’accès à une éducation de qualité, en recrutant des enseignants professionnels et qualifiés.  De même, il est vital de préserver les programmes d’alimentation à l’école, afin d’offrir des chances égales aux plus vulnérables. 

Se présentant comme la plus jeune activiste de ce forum, âgée de 19 ans, Mme VALENTINA MUNOZ RABANAL, militante féministe et des droits numériques du Chili, a appelé à être vigilants car les droits des femmes ne sont jamais acquis.  Après avoir rappelé que les droits des femmes sont souvent les premières victimes des crises, elle s’est néanmoins félicitée que le Chili soit devenu cette semaine le premier pays du monde à avoir présenté une nouvelle constitution rédigée par un comité paritaire qui sera présentée le 4 septembre.  Elle a jugé anormal qu’un homme armé ait plus de droit qu’un utérus dans certains pays avant d’appeler à courir pour réaliser les ODD.

Le Groupe de K-pop AESPA, a déclaré qu’alors que le métavers s’accélère, il faut se poser la question de savoir si on travaille toujours avec ardeur pour créer le meilleur monde réel possible.  Si notre propre réalité n’est pas durable, il sera difficile de maintenir les possibilités du monde virtuel.  Sans écosystèmes durables, ni égalité des chances pour une vie de qualité, aucun monde réel pourra être reflété.  AESPA continuera de se connecter avec la prochaine génération à travers la musique, et de travailler pour représenter les OOD dans la réalité, et au sein du métavers.

Reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (résolution 75/290 B de l’Assemblée générale)

Réunion-débat

Modérée par M. NIKHIL SETH, Directeur exécutif de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), cette première table ronde du forum politique de haut niveau de l’ECOSOC avait pour thème « Reconstruire en mieux et tout en avançant sur la voie d’une réalisation intégrale des objectifs de développement durable (ODD) ».  Quel a été l’impact de la COVID-19 sur les ODD?  Les mesures de relance font-elles progresser la mise en œuvre du Programme 2030?  Comment relever les défis des pays à revenu intermédiaire et des pays en situation particulière? La discussion visait à apporter des réponses à ces questions brûlantes. 

Premier intervenant à s’exprimer, M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté le rapport intérimaire du Secrétaire général (E/2022/55) sur l’état d’avancement des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.  Alors que le monde est entré dans une troisième année de pandémie, les progrès accomplis -déjà en perte de vitesse avant la crise- ont été stoppés voire inversés, a-t-il constaté, chiffres du rapport à l’appui: près de 15 millions de personnes décédées en raison de la COVID-19 fin 2021; 75 à 95 millions de personnes supplémentaires appelées à vivre dans l’extrême pauvreté en 2022 par rapport aux projections prépandémiques; 147 millions d’enfants privés d’au moins la moitié de leur enseignement en classe ces deux dernières années.  Il a également évoqué les systèmes de santé débordés, les femmes frappées de manière disproportionnée par les retombées socioéconomiques et l’augmentation de 6% des émissions de CO2 en 2021, ce qui fait craindre une catastrophe si les engagements ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique.  À cela s’ajoute le fait que le monde connaît le plus grand nombre de conflits violents depuis 1945, que 2 milliards de personnes sont déplacées et que le déclenchement de la guerre en Ukraine a fait monter en flèche les prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais, tout en perturbant les chaînes d’approvisionnement et le commerce mondial.  « Conjugués à la crise des réfugiés, les impacts de ce conflit peuvent conduire à une crise alimentaire et porter un coup dur à la progression des ODD », a averti le haut fonctionnaire, selon lequel la guerre pourrait réduire la croissance économique mondiale de 0,9 point de pourcentage en 2022 et avoir des implications sur les flux d’aide. 

Arguant que les crises sont aussi des occasions d’action et de partenariat pour transformer les systèmes économiques et sociaux conformément aux ODD, le Secrétaire général adjoint a préconisé de tirer parti de l’opportunité offerte par la reprise pour adopter un développement à faible émission de carbone.  Il a d’autre part jugé urgent de s’attaquer à l’iniquité en matière de vaccins et de redoubler d’efforts pour parvenir dès que possible à une couverture vaccinale de 70% de la population dans tous les pays.  Nous avons aussi besoin d’une transformation à grande échelle de la finance internationale et du mécanisme de la dette, a plaidé M. Liu, pour qui il importe de fournir aux pays la marge de manœuvre budgétaire et les liquidités adéquates, notamment en réorientant les droits de tirage spéciaux (DTS) inutilisés vers les pays dans le besoin, en procédant à un allégement effectif de la dette et en annulant les surtaxes du Fonds monétaire international (FMI) dans l’intervalle.  Enfin, cette économie mondiale nécessitera un nouveau contrat social pour que chacun puisse bénéficier des biens publics mondiaux, a-t-il ajouté, avant d’appeler à des investissements accrus dans les données pour anticiper les crises, empêcher la survenue de conflits et prendre les actions nécessaires pour réaliser le Programme 2030. 

Rappelant que la pandémie de COVID-19 n’est pas encore terminée, comme en atteste l’augmentation des cas dans 110 pays et la progression des décès dans trois régions, M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a pointé les lacunes de nos capacités de préparation et de riposte aux situations d’urgence mondiales.  Pour y remédier, a-t-il avancé, l’OMS propose une nouvelle architecture mondiale de santé, basée sur une gouvernance cohérente, inclusive et responsable, des systèmes de prévention, de détection et de réponse rapides aux urgences sanitaires et un financement adéquat et efficace.  Pour l’heure, le monde progresse au quart du rythme nécessaire pour atteindre les cibles des ODD liées à la santé.  Nous pouvons accélérer en nous concentrant sur les interventions au plus grand impact dans les pays, a-t-il ajouté, non sans inviter au renforcement de l’action multilatérale. 

Le droit à la santé sexuelle et reproductive a lui aussi fait les frais de la crise actuelle, alors même qu’il est fondamental pour le bien-être des femmes et des filles, a observé Mme NATALIA KANEM, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Pour améliorer la situation, il convient tout d’abord de disposer de données ventilées d’excellente qualité « pour que nous voyons ces personnes ».  Il faut également renforcer l’accès aux contraceptifs, qui est encore insuffisant pour 200 millions de femmes et de filles dans le monde.  Enfin, il importe de mettre les femmes au cœur de l’aide humanitaire et au développement, a-t-elle soutenu, relevant que 40% du soutien humanitaire du FNUAP passe par des organisations locales dirigées par des femmes. 

S’exprimant au nom du Réseau des Nations Unies sur les migrations, M. ANTONIO VITORINO, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé le tribut payé par les migrants à la pandémie, de l’accès inégal aux vaccins au risque d’expulsion et aux discriminations multiples.  Pourtant, a-t-il relevé, cette période de crise sanitaire a montré le rôle essentiel des migrants pour les économies et les sociétés.  À son avis, bon nombre des bonnes pratiques prises à leur égard par les États devraient être conservées et intégrées dans les plans de reprises, notamment en matière de vaccination, de programmes de santé universels et d’envois de fonds.  Évoquant pour sa part le sort des plus jeunes, Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, a mis en exergue les avantages économiques qu’auraient des investissements dans la protection, le développement et le bien-être des enfants.  Si tous les enfants restaient à l’école, les revenus de la main-d’œuvre nationale atteindraient 4 à 14% des PIB nationaux, a-t-elle affirmé.  De plus, mettre fin à la violence contre les enfants permettrait d’économiser jusqu’à 8% du PIB en aide sociale, soins de santé, éducation et autres services. 

Les asymétries entre régions du monde se sont exacerbées avec la pandémie, a analysé Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP).  Le fossé s’est creusé en matière de vaccins, l’endettement limite la capacité de nombreux pays à se relever, la guerre en Ukraine vient perturber davantage les chaînes d’approvisionnement et les engagements climatiques ne sont pas à la hauteur des enjeux.  Si l’on veut reconstruire en mieux, il faut des politiques « révolutionnaires », a-t-elle souligné, plaidant pour des financements prévisibles pour les pays en développement, une utilisation plus massive de DTS, la mise en place d’obligations vertes et bleues, et des échanges dette-durabilité. 

La crise multidimensionnelle que nous traversons donne l’occasion de « refaçonner » le monde, a jugé Mme LINDA YUEH, professeure d’économie à l’Université d’Oxford et à la London Business School, et professeure invitée à la London School of Economics and Political Science.  À ses yeux, les retours sur investissement de demain rendront la dette contractée plus durable.  Ce sera particulièrement le cas si l’on investit dans le capital humain et dans la technologie numérique, a-t-elle assuré, appelant également à privilégier la transition verte et à impliquer non seulement le secteur privé mais aussi les communautés locales.  Il a fallu plus d’un demi-siècle pour créer un nouveau monde fondé sur l’État providence, a-t-elle fait valoir.  « Par conséquent, reconstruire en mieux prendra du temps mais le retour sur investissement sera considérable .» 

Au nom d’un groupe de pays appuyant la situation des pays à revenu intermédiaire, Mme MARTA LUCIA RAMIREZ, Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a mis l’accent sur les défis colossaux auxquels sont confrontés les pays appartenant à cette catégorie, de l’insécurité alimentaire à la dépendance économique en passant par les retombées de la pandémie, des tensions internationales et des changements climatiques, sans oublier la dette extérieure.  Autant de défis qui entravent l’avancée des ODD et nécessitent le recours à un indice multidimensionnel de vulnérabilité pour décider plus équitablement de l’octroi de fonds aux pays à revenu intermédiaire.  Selon elle, la plupart des pays qui ont quitté la catégorie des pays moins avancé (PMA) restent aux prises avec des vulnérabilités structurelles.  Elle a donc souhaité que la cartographie promise par l’ONU sur l’aide fournie à ces pays permettre d’élaborer une riposte sur le long terme et aide à répondre à leurs besoins spécifiques.  « Le Programme 2030 ne pourra être réalisé si les pays à revenu intermédiaire sont oubliés », a-t-elle affirmé. 

Sur un plan plus national, Mme LI ANDERSSON, Ministre de l’éducation de la Finlande, a indiqué que son pays accroît ses efforts dans trois domaines liés aux ODD: les investissements dans l’éducation, l’appui au potentiel de l’innovation et la coopération au développement, notamment avec des partenaires africains.  De son côté, M. ANAR KARIMOV, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de l’Azerbaïdjan, a vanté les solutions trouvées par son gouvernement pour atténuer les effets de la pandémie, fournir une protection sociale, notamment aux groupes vulnérables et aux chômeurs, protéger l’emploi et les PME, construire des hôpitaux en zones rurales et faire bénéficier de cours en ligne à 1,5 million d’élèves.  Un ensemble de programmes qui ont représenté 6% du PIB national, a-t-il précisé, avant de noter que cette crise a aussi été l’occasion de développer les services sociaux et de paiements numériques dans tout le pays.   

Avertissant que les ODD semblent de plus en plus hors de portée pour des pays comme le sien, M. GEORGE GYAN-BAFFOUR, Président de la Commission gouvernementale de planification et Conseiller politique principal auprès du Ministre des finances du Ghana, a souhaité que la communauté internationale se montre plus proactive et agisse plus rapidement pour répondre aux catastrophes humanitaires provoquées par la pandémie et les tensions géopolitiques.  Il a ainsi estimé qu’un plan de 1,5 milliard de dollars aiderait l’Afrique à faire face aux perturbations des chaînes d’approvisionnement.  Sur une note plus personnelle, M. J. JAIME MIRANDA, Coprésident du groupe indépendant de scientifiques pour le rapport mondial sur le développement durable 2023 et professeur à la faculté de médecine de l’Universidad Peruana Cayetano Heredia, au Pérou, a confié avoir perdu de nombreux membres de sa famille au cours de cette flambée pandémique, déclarant ressentir douleur et fatigue.  Cette souffrance collective renforce la résilience et nous conduit à aller de l’avant, a-t-il professé, avant de former le vœu que le monde saura se reconstruire en mieux, pour le bien des générations à venir. 

Après avoir alerté sur les pressions inflationnistes que doit gérer son gouvernement pour tenter de se relever et progresser dans la réalisation des ODD Mme HALA EL-SAID, Ministre de la planification et du développement économique de l’Égypte, a insisté sur la nécessité de construire des économies plus résilientes, capable de résister aux chocs, à commencer par celui des changements climatiques.  À la veille de la COP27 à Charm el-Cheikh, elle a souhaité que ceux qui peuvent faire davantage en termes de capacités et d’engagements proposent des actions climatiques audacieuses.  Pour Mme VERA KATALINIC JANKOVIC, Conseillère spéciale du Ministre de la santé de la Croatie pour les questions de santé publique, la pandémie oblige à réviser l’approche de santé publique en attirant l’attention sur les interactions entre les humains et les animaux, à l’origine de zoonoses comme la COVID-19.  Cela nécessite de mettre en œuvre une coopération interdisciplinaire pour faire face à ces menaces et de construire des stratégies inspirées de l’approche « One Health », qui est déjà une réalité en Croatie. 

Au nom de la société civile, Mme LYNROSE JANE D. GENON, membre du Conseil exécutif de Young Women + Leaders for Peace, aux Philippines, a rappelé l’importance de l’inclusion dans tous les ODD.  Or, la pandémie s’est traduite dans son pays par l’exclusion des groupes marginalisés et des jeunes, avec à la clef des mariages précoces chez les filles et de nombreux enfants en décrochage scolaire.  Même son de cloche de la part de Mme GABRIELA ZAVALETA VERA, Coordinatrice du plaidoyer politique pour l’ONG Mas Igualdad-Pérou, selon laquelle les communautés marginalisées ont été particulièrement touchées en raison des défaillances des infrastructures et des institutions.  De nombreux LGBTI ont ainsi perdu leur emploi et sombré dans la pauvreté, ce qui les a rendus plus vulnérables à la violence.  De fait, des partenariats forts avec la société civile sont essentiels si l’on veut que les plus fragiles soient pris en compte dans les plans de relance, a-t-elle affirmé.   

M. AMBUJ SAGAR, membre du groupe indépendant de scientifiques pour le rapport mondial sur le développement durable 2023 et Directeur de l’École de politique publique de l’Institut indien de technologie, a estimé que les sciences, les technologies et l’innovation ont un rôle crucial à jouer dans la réalisation des ODD, à condition toutefois que leur utilisation soit systémique.  Pour cela, il est indispensable d’investir dans la formation, d’adapter les solutions aux contextes locaux et de favoriser la coopération pour que les fruits du progrès bénéficient à tous.  Un avis partagé par M. SETH BERKLEY, Président-Directeur général de GAVI Alliance, qui a appelé à la création de coalitions et de partenariats avec la société civile pour promouvoir les ODD et progresser sur des questions essentielles comme la vaccination contre la COVID-19 et contre les maladies routinières. 

Dialogue interactif

Au cours du dialogue qui a suivi ces présentations, l’Union européenne a insisté sur la pertinence et l’universalité des ODD, qui avaient « anticipé » les leçons à tirer d’un choc comme la pandémie et demeurent le chemin à suivre pour se relever en mieux.  La France a toutefois jugé que, par sa décision de « ramener la guerre en Europe », la Russie porte une grande responsabilité dans les difficultés que connaissent les pays, collectivement, pour réaliser le Programme 2030.  « Il ne peut y avoir de développement durable sans paix et de paix sans développement durable », a-t-elle souligné, rejointe par la Pologne, pour qui l’invasion russe de l’Ukraine « assombrit l’avenir ». 

Le Programme 2030 est le pilier de l’action future mais il convient aussi de reconnaître que la conjoncture actuelle au niveau international rend difficile l’atteinte des ODD, a fait valoir l’Algérie, avant d’appeler à davantage de coopération, en particulier dans la distribution de vaccins contre la COVID-19, une position proche de celle de la Chine, tandis que Cuba dénonçait l’unilatéralisme, le protectionnisme et les mesures coercitives comme autant de mesures entravant les capacités des pays pauvres à s’attaquer aux causes profondes du sous-développement. 

De l’avis du Népal, la communauté internationale a preuve d’une certaine volonté de coopérer, par le truchement du Mécanisme COVAX ou encore de l’Initiative de suspension du service de la dette, mais ces efforts restent insuffisants.  Il faudra plus de partenariats à tous les niveaux pour accélérer la réalisation des ODD, a-t-il tranché. 

Cela vaut aussi pour l’action climatique, a renchéri le Bangladesh, selon lequel les donateurs et le secteur privé doivent appuyer les efforts nationaux en apportant un soutien technologique et financier. 

Enfin, la Roumanie a mis en avant ses efforts en matière d’enseignement pour les plus vulnérables, une action qui a notamment permis d’identifier pendant la pandémie les élèves qui ne pouvaient accéder aux formations en ligne pour des raisons financières ou sociales. 

Plusieurs autres délégations, en particulier le Danemark et Antigua-et-Barbuda, ont aussi pris part à ce dialogue mais un problème technique a rendu inaudible leur intervention. 

Table ronde 1

Animé par M. HOMI KHARAS, Chercheur en économie mondiale et développement auprès du Centre pour le développement durable de l’Institut Brookings, cette table ronde consacrée aux moyens de « financer une riposte robuste à la crise et investir dans les ODD », a été l’occasion d’entendre de nombreuses suggestions pour augmenter les financements internationaux, dont les investissements privés et les mobilisations au niveau national. 

« Nous avons besoin d’une aide publique dix fois supérieure à ce que nous avons connu jusqu’à présent pour surmonter la crise de la pandémie » a prévenu M. JEFFREY SACHS, Directeur du Centre du développement durable de Colombia University, en appelant les banques de développement à faire des interventions à la hauteur des enjeux.  Dans une déclaration liminaire, l’économiste américain a appelé à débloquer des centaines de milliards de dollars par an pour aider les pays en développement et à revenus intermédiaires à réaliser les ODD.  Alors que l’économie mondiale est confrontée à de multiples crises interdépendantes –dont la pandémie prolongée de COVID-19, la crise climatique croissante et les retombées de la guerre en Ukraine- qui mettent en péril la réalisation des ODD, M. Sachs a aussi jugé urgent de pousser les parties à négocier en Ukraine de manière à ce qu’il n’y ait ni gagnant, ni perdant, afin d’éviter une crise internationale de grande ampleur. 

Par ailleurs, M. Sachs s’est inquiété que le monde connaisse les plus hauts niveaux d’inflation depuis 40 ans alors que la situation de la dette ne fait qu’empirer, la situation des marchés ne fait que s’aggraver et les emprunts se font de plus en plus onéreux pour les pays n’ayant pas de bonne note de solvabilité.  Il a également appelé à préparer l’avenir en finançant la scolarisation de centaines de millions d’enfants qui ne peuvent aller à l’école car ils vivent dans des pays qui ne peuvent pas payer les enseignants ou construire des écoles. 

Insistant elle aussi sur la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement, Mme VERA SONGWE, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, a estimé que de nouveaux droits de tirage spéciaux permettront de répondre aux besoins de tous, pas seulement des pays en développement.  Sur le même ton, M. RÉMY RIOUX, Directeur de l’Agence française de développement, a mis l’accent sur l’émission d’obligations consacrées aux ODD.  Tout en se félicitant d’un flux d’aide publique au développement (APD) record en 2021 avec 177 milliards de dollars, mais aussi de 1 580 milliards d’investissement étranger, et 605 milliards d’envois de fonds, Mme YONGYI MIN, de la Division des statistiques du Département des affaires économiques et sociales (DESA), s’est inquiétée du fait que l’augmentation de la dette des pays africains subsahariens menace leur relèvement postpandémie. 

À cet égard, M. LINO BRIGULGIO, Professeur à l’Institut de Malte pour les petits États et États insulaires, a appelé à financer les institutions et capacités statistiques des petits États en prévenant qu’aucun d’entre eux ne pourra survivre sans une aide internationaleSi M. Sachs a appelé à débloquer des centaines de milliards de dollars pour aider les pays en développement à réaliser les ODD, Mme LEILA FOURIE, Présidente de la Bourse de Johannesburg et Coprésidente de la Global Investors for Sustainable Development Alliance, a dit la nécessité de disposer de meilleures informations sur les bons instruments à financer en matière de développement durable. 

« Une crise colossale de la dette pointe son nez dans l’hémisphère sud et menace 60% des pays » a prévenu M. ULRICH VOLZ, Professeur en économie et Directeur du Centre pour les finances durables de l’Université de Londres, appelant à un nouveau cadre de gestion de la dette.  S’inquiétant des mouvements de capitaux des pays en développement vers les pays développés, il a notamment attiré l’attention sur le rôle important que jouent les banques multilatérales de développement pour mobiliser des capitaux. 

S’agissant de la mobilisation de fonds publics par le biais de la fiscalité, Mme PAOLA SIMONETTI, Directrice du Département de l’Égalité de la Confédération syndicale internationale, a appelé à une meilleure coordination internationale des systèmes d’imposition et à la création d’un fonds d’investissement dans la protection sociale.  De son côté, Mme CHENAI MUKUMBA, représentante du Tax Justice Network Africa (MGoS), a appelé à l’adoption d’une convention des Nations Unies sur la fiscalité afin d’harmoniser les accords fiscaux plus favorables aux pays en développement.  Si l’Union européenne a jugé indispensable une réforme fiscale de nature à optimiser la mobilisation des ressources nationales, le Mexique a souhaité que les pays à revenus intermédiaires ne soient pas lésés par une telle démarche. 

Enfin, Mme MATILDA ERNKRANS, Ministre de la coopération aux fins du développement international de la Suède, a jugé urgent de mobiliser les gouvernements et citoyens du monde sur la triple menace qui pèse actuellement sur la planète: les changements climatiques, la pollution de l’air et la disparition de la biodiversité. 

Table ronde 2

Cette table ronde, intitulée « Mobiliser et partager la science, la technologie et l’innovation pour une reprise axée sur les ODD », a été l’occasion pour les participants de discuter des principaux défis et opportunités pour mobiliser la politique de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) et renforcer l’interface science-politique-société. 

Dans un premier temps, M. KENNEDY GASTORN (République-Unie de Tanzanie), Coprésident du Forum africain sur la science, la technologie et l’innovation 2022, a présenté les recommandations du Forum STI de cette année appelant notamment à démonétiser les connaissances et renforcer la capacité de production de médicaments, de vaccins et de traitements.  Il a aussi souligné l’importance d’une planification à long terme étayée par des données et exhorté à des transformations qui soutiennent des sociétés résilientes et inclusives et qui favorisent des solutions ancrées dans l’innovation. 

Une plus grande solidarité et la coopération internationale sont nécessaires pour surmonter la fracture numérique et renforcer l’alphabétisation numérique, a-t-il estimé, tout en appelant à renforcer les partenariats et réfléchir à des solutions et des mécanismes qui approfondissent notre relation à la technologie. 

Pour M. MARIO CIMOLI, Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), les STI doivent aller de pair avec les accords commerciaux et les accords d’investissement entre les pays en développement et les pays développés qui incluent des plans d’application, des transferts de technologies et les droits de propriété intellectuelle.  Les déclarations de bonne volonté ne sont plus suffisantes, a-t-il estimé. 

Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM, Directrice scientifique associée du Centre de recherche sur le sida, Afrique du Sud, et Ambassadrice spéciale pour les adolescents d’ONUSIDA, a déclaré que les résultats scientifiques n’ont de sens que si tout le monde n’y a pas accès, en particulier durant une pandémie.  Pour remédier à l’accaparement des vaccins par certains pays, elle a suggéré une meilleure communication sur la disponibilité des vaccins.  S’agissant de la fracture numérique, elle a demandé un financement public pour combler le retard des pays en développement. 

M. LAWRENCE BANKS, Directeur général de l’International Centre for Genetic Engineering and Biotechnology (ICGEB), a déclaré que pour réaliser les ODD, il faut recourir à la biotechnologie afin d’améliorer la santé et la nutrition et rendre les populations plus résilientes.  Il a aussi plaidé pour une aide à l’industrie locale dans le cadre de partenariat international, tandis que M. JIAHUA PAN, Directeur de l’Institute of Eco-civilization Studies de la Chine, a mis l’accent sur l’importance de l’efficacité énergétique pour une réponse robuste à la pandémie et pour le relèvement.

Soulignant l’importance de l’autonomie des individus et de la connectivité, M. CHRIS SHARROCK, Directeur du Bureau des Nations Unies de Microsoft, a appelé à mobiliser des ressources pour l’éducation numérique des enfants.  Il n’y a pas de modèle unique mais il faut travailler avec des partenaires et élargir les efforts avec toutes les parties prenantes, a-t-il estimé. 

Mme VIOLET SHIVUTSE, Shibuye Community Health Workers and Huairou Commission, Kenya, a souligné l’importance des partages d’informations sur les changements climatiques dans les langues locales, notant en outre que les organisations de femmes doivent être reconnues comme des partenaires à part entière du développement et participer à la mise en œuvre.  M. CORNEL FERUTA, Vice-Ministre des affaires étrangères de Roumanie, a insisté sur l’importance de la sécurité dénonçant la guerre de la Russie en Ukraine.  La science a un rôle à jouer contre la désinformation.  Il faut mettre à la disposition des citoyens les outils nécessaires pour faire face aux nouvelles crises à l’avenir y compris la cybersécurité, a demandé le responsable gouvernemental.  Plaidant pour des STI abordables, M. JITENDR SINGH, Ministre de la science et de la technologie de l’Inde, a indiqué que son gouvernement défend l’égalité face aux vaccins, aux médicaments et aux traitements.

Au cours du débat interactif, la Jamaïque a indiqué que son plan de développement national s’appuie sur les STI afin de répondre aux besoins sociaux et de renforcer la sécurité alimentaire et la résilience climatique de la population.  La représentante des peuples autochtones a souligné l’importance des connaissances autochtones dénonçant le comportement des industries extractives sur les terres autochtones.  Le monde a besoin des STI pour lutter contre la COVID-19 et appuyer un développement vert, a estimé la Chine qui a appelé à mobiliser la coopération Sud-Sud à cette fin.  L’Arménie a fait savoir que son gouvernement dispose d’une stratégie de numérisation pour la période 2022-2025 qui met les STI au service de l’administration, et de la lutte contre la violence sexiste.  Les États-Unis ont estimé pour leur part qu’il faut utiliser les nouveaux moyens technologiques et scientifiques pour traiter la sécurité alimentaire et la résilience énergétique. 

Table ronde 3

Sur le thème « Développement des capacités et partenariats pour tirer au mieux parti des avantages de la science, de la technologie et des connaissances pour le développement durable », la troizième table ronde du forum politique de haut niveau de l’ECOSOC a été l’occasion de faire le point sur l’ODD n°17, qui s’articule autour d’une coopération et de partenariats mondiaux, ainsi que sur le développement des capacités dans le domaine des statistiques et de la technologie, entre autres des domaines de collaboration. 

Atteindre les ODD représente un effort colossal pour les pays ayant un accès réduit aux capitaux, a d’emblée souligné M. RAYMOND SANER, professeur titulaire au Département d’économie de l’Université de Bâle, en Suisse, et professeur sur les sciences de l’environnement à l’Université de Lunebourg, en Allemagne.  Une étude réalisée par le FMI en 2019, soit bien avant la pandémie et le conflit ukrainien, fait ainsi apparaître que les PMA doivent consacrer entre 4% et 15% de leur PIB pour espérer y parvenir, a-t-il relevé, avant de s’interroger sur la connaissance qu’ont ces États des partenariats public-privé pour financer leurs infrastructures.  En fait, bon nombre d’entre eux ne connaissent pas ou peu ces types de financements mixtes.  Ils ignorent également que le concept des partenariats public-privé a évolué au fil du temps, a noté l’expert.  Si les investisseurs veulent toujours « en avoir pour leur argent », ils doivent désormais le faire en fonction de la valeur apportée à la société et agir dans l’intérêt des générations à venir car ce sont elles qui devront rembourser.

À sa suite, Mme WEZZIE CHIMWALA, membre des services volontaires du Malawi, s’est dite consciente de l’écart énorme existant entre des pays comme le sien et d’autres plus développés en matière de santé ou d’éducation.  Au Malawi, a-t-elle témoigné, 11% des enfants, issus le plus souvent de communautés marginalisées, n’ont accès à aucune éducation.  Il faut donc renforcer de toute urgence l’inclusion du système éducatif, ce qui passe par des partenariats entre parents, enseignants et groupes locaux de différents districts.  Des programmes basés sur la responsabilité commune ont ainsi été lancés pour permettre aux enseignants de recevoir les formations nécessaires et pour que les parents comprennent les enjeux de l’éducation pour leurs enfants.  Des initiatives semblables ont été mises sur pied avec le Ministère de la santé afin de renforcer l’accès des jeunes aux services de soins, y compris aux services de santé sexuelle et reproductive.  Ces expériences s’appuient sur une approche volontaire afin de contribuer aux ODD, a-t-elle expliqué, appelant de ses vœux un vaste plan d’action rassemblant les services gouvernementaux et la société civile pour soutenir les communautés et les jeunes. 

Il y a différentes façons d’être partenaires et de contribuer aux ODD, a estimé M. PATRICK WOOD URIBE, Directeur général de la société Util, fournisseuse mondiale de données sur la durabilité.  Dans le secteur privé, cette contribution prend la forme d’un accès aux marchés financiers pour assurer des financements, a-t-il indiqué, précisant que sa structure vient en aide aux investisseurs en leur fournissant des informations factuelles et indépendantes sur la base de modèles.  « C’est là notre contribution au Programme 2030 », a expliqué l’entrepreneur, selon lequel il importe de soutenir ce travail et de promouvoir la collaboration avec le privé au service du développement durable. 

De son côté, M. ALEXANDER BUCK, Directeur exécutif de l’Union internationale des instituts de recherches forestières, a évoqué un autre écosystème, celui des forêts, qui couvrent un tiers de la surface terrestre et sont dégradées alors qu’elles contribuent à l’atténuation des changements climatiques.  Leur lien avec l’ODD n°17? Les forêts sont elles aussi transsectorielles et contribuent à tous les ODD, a fait valoir ce spécialiste, dont l’organisme réunit 15 organisations internationales œuvrant sur les questions forestières.  Ces dernières années, a-t-il ajouté, nous avons examiné les corrélations entre les forêts et les ODD.  Il ressort de cette étude que les forêts permettent de mieux comprendre les interdépendances entre les 17 ODD, a relevé le Directeur exécutif, souhaitant en conclusion que les promoteurs du développement durable fassent un meilleur usage de l’apport de la communauté scientifique. 

Cette discussion avait pour modératrice Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO). 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence sur les océans: l’ODD 14, un activateur potentiel pour une mise en œuvre complète du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Soixante-seizième session,
Conférence sur les océans, Dialogue de haut niveau – matin
MER/2155

Conférence sur les océans: l’ODD 14, un activateur potentiel pour une mise en œuvre complète du Programme de développement durable à l’horizon 2030

LISBONNE, 1er juillet -- Lors de la dernière table ronde organisée dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur les océans qui se tenait à Lisbonne, diverses parties prenantes ont examiné aujourd’hui la manière dont il serait possible de « tirer parti des liens entre l’objectif de développement durable no 14 et les autres objectifs aux fins de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », notamment en harmonisant les efforts en cours et des ressources limitées.

Le Vice-Premier Ministre des politiques climatiques et Ministre de l’environnement et de l’eau de la Bulgarie a ainsi jugé important d’assurer la coordination des actions afin de parvenir à la réalisation de l’ODD 14.  M. BORISLAV SANDOV, qui coprésidait ce dialogue interactif, a rappelé que la Bulgarie se trouve aux abords de la mer Noire et que son pays collabore avec ses voisins pour renforcer la protection de cet espace maritime.  Il a donc jugé crucial pour les nations riveraines de privilégier l’économie bleue, avec l’appui du champ académique et du secteur privé, afin de garantir la protection de l’environnement marin.  Sofia, a-t-il annoncé, vient également de lancer un programme spécifique pour impliquer les jeunes dans cette nouvelle réalité de l’économie bleue, tout en les intégrant aux efforts de protection de l’environnement, y compris marin.  L’autre Coprésident de la session, le Ministre de la santé, du bien-être et de l’environnement d’Antigua-et-Barbuda, M. MOLWYN JOSEPH, a expliqué que les ODD se renforcent mutuellement et qu’il est donc logique de les mettre en œuvre de manière intégrée, pour des résultats plus probants.  Compte tenu de la nature indivisible de ces objectifs et de leur interdépendance, son pays, a-t-il dit, a privilégié une approche holistique qui tire le maximum de bénéfices de la mise en œuvre concomitante de tous les ODD.  Il relève du bon sens de privilégier des politiques globales pour s’attaquer à tous ces problèmes cruciaux, a justifié M. Joseph.

En effet, réaliser l’ODD 14 peut avoir un impact sur les autres objectifs, a confirmé le modérateur du débat, M. JAMES LEAPE, de l’Institut pour l’environnement de Stanford Woods.  Selon lui, promouvoir la pêche durable, par exemple, aura un impact certain sur l’élimination de la faim (ODD 2), l’éradication de la pauvreté (ODD 1), sans oublier les retombées sur diverses cibles relatives à l’ODD 3 portant sur la santé.  Il est donc question d’initier une collaboration intersectorielle au niveau international, afin de tirer parti des interconnexions entre les divers objectifs. 

Pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’ONU, M. LIU ZHENMIN, en l’absence d’une intégration des préoccupations océaniques dans les activités engagées dans d’autres secteurs, nous ne pourrons pas parvenir à un océan sain et durable.  Sans la réalisation de l’objectif no 14 et de ses cibles liées à la pêche durable, nous aurons du mal à atteindre l’ODD 2 sur la sécurité alimentaire, a-t-il fait observer.  En effet, la pêche est une composante importante des systèmes alimentaires mondiaux et les ressources halieutiques représentent environ 20% de tous les apports en protéines animales pour 3,2 milliards de gens à travers le monde.  De même, durant la pandémie de COVID-19, quand des gestionnaires d’aires marines protégées ne pouvaient se rendre sur le terrain pour entreprendre les activités de suivi et de surveillance nécessaires, de nouvelles technologies innovantes ont été perfectionnées et exploitées, contribuant de facto à la réalisation de certaines cibles de l’ODD 9 relatif à l’industrie, l’innovation et l’infrastructure. 

Une innovation également de mise au sein de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a expliqué sa Secrétaire exécutive.  Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA a appelé les États Membres à mieux tirer parti de la recherche scientifique, du développement et de la technologie pour trouver des solutions océaniques aux changements climatiques.  Pour aider à faire le lien entre le climat et l’océan, la CESAP a mis au point une approche alignée sur les priorités nationales, avec une méthodologie destinée à identifier les défis posés par la réalisation des cibles fixées par l’objectif no 14 et de ses liens avec d’autres ODD. 

Mme TERESA MOREIRA, la Chef par intérim de la Division du commerce international et des marchandises à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a fait valoir une approche transversale et inclusive, qui prendrait en compte les femmes, les jeunes, la pêche artisanale et les petites entreprises, puisque personne « ne doit être laissé pour compte ».  À l’appui d’une économie océanique durable et résiliente profitant à tous, le « Blue Deal » pour le commerce mondial, l’investissement et l’innovation peut jouer un rôle.  Selon la déléguée, il existe de nombreuses opportunités commerciales et d’investissement qui pourraient être utilisées de manière durable dans le secteur des océans, d’autant que les opportunités économiques basées sur l’océan sont estimées à au moins 24 milliards de dollars par la CNUCED, soit le PIB des États-Unis en 2021.  Outre l’exploitation de l’énergie océanique qui soutient les ODD 7 et 13, la CNUCED a relevé qu’en cultivant juste 2% des 34,7 millions de tonnes de plantes aquatiques récoltées des océans et mers chaque année, nous pourrions fournir assez de protéines pour nourrir une population de 12 milliards de personnes, avec une empreinte carbone « quasi inexistante ».

Le Portugal s’est félicité d’avoir pu stabiliser ses stocks de poissons, notamment la très prisée sardine.  Pour ce pays, une bonne gestion de la pêche et une aquaculture de qualité pourraient avoir un impact positif sur la sécurité alimentaire.  Mme CLAIRE JOLLY, Chef de l’unité de l’économie océanique et spatiale de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a également insisté sur les liens entre préservation des océans et sécurité alimentaire.  Elle a relevé que près de 170 millions de personnes dans le monde pourraient échapper à la dénutrition d’ici à 2030 si l’on accroît la production durable de produits de la mer grâce à une gestion efficace des pêches, des investissements conséquents et une innovation dans le domaine des aquacultures.  Après s’être félicitée de l’accord historique sur les subventions à la pêche de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Mme Jolly a fait état d’une étude datant de 2016, qui conclut que l’économie océanique pourrait doubler de taille d’ici à 2030, atteignant 3 000 milliards de dollars, pour employer 40 millions de personnes.  Mais, a-t-elle prévenue, cette croissance a un prix, avec de nombreux défis pour la santé des océans, notamment du fait des changements climatiques.

La Directrice générale en charge des pêches et des affaires maritimes de l’Union européenne, Mme CHARLINA VITCHEVA, s’est également appesantie sur les liens entre climat et océans.  L’Union européenne (UE), a-t-elle expliqué, a déposé sept engagements volontaires relatifs aux océans et au climat.  Ceux-ci portent par exemple sur l’observation de la Terre par des satellites afin d’assurer un suivi des changements climatiques et établir des prévisions sur les océans.  Selon elle, aborder ces interconnexions, c’est faire preuve de bon sens, mais aussi ce qui est exigé par le droit international.

Au cours des 10 dernières années, nous avons fourni environ 120 millions de dollars à des groupes travaillant dans plus de 60 pays, a pour sa part souligné M. J. CHARLES FOX, Directeur exécutif de Ocean 5, une coalition internationale de bailleurs de fonds, 23 fondations privées d’Amérique du Nord et d’Europe, qui fournissent des subventions aux organisations de la société civile œuvrant à la mise en place de nouvelles politiques de conservation des océans à travers le monde.  Il a indiqué que les dons versés en faveur de la lutte contre les changements climatiques sont probablement 6 à 10 fois plus importants que ceux dédiés aux océans.  Il s’est tout de même réjoui de constater qu’un important groupe de donateurs souhaiterait soutenir l’objectif « 30x30 » qui consiste à préserver 30% des océans d’ici à 2030. 

Cette perspective de financement a été bien accueillie par Cabo Verde qui a fait observer que réaliser l’ODD 14 et les autres objectifs exige de renforcer les financements en faveur des pays en développement, notamment les petits États insulaires en développement (PEID).  Parmi ces derniers, la Trinité-et-Tobago a appelé à renforcer les interconnexions entre océans et changements climatiques, afin de renforcer le lien entre les ODD 14 et 13.  L’Autorité internationale des fonds marins a également expliqué l’importance de bien gérer les fonds marins.  Elle a pour sa part travaillé à la mise en œuvre de 12 des 17 ODD, a-t-elle fait valoir.  La Roumanie a confirmé que la clef serait d’exploiter les liens entre l’ODD 14 et les autres, en s’appuyant par exemple sur la coopération régionale en vue de mener conjointement des activités ciblant l’ODD 14 en relation avec les autres.  Les Philippines ont aussi plaidé pour une approche intégrée tenant compte des partenariats, tandis que le Brésil a aussi parié sur des partenariats avec le secteur privé pour la conservation des ressources hydriques du pays.

Nauru, qui s’exprimait au nom des petits États insulaire en développement du Pacifique, a également appelé à la coopération entre les parties prenantes.  Pour sa déléguée, l’éducation des jeunes aux questions océaniques est cruciale.  Elle a appelé à la mobilisation des fonds publics et privés en faveur de l’ODD 14 et des autres, en droite ligne des Orientations de Samoa.  Le Zimbabwe a insisté sur le renforcement des capacités et le transfert des technologies afin de soutenir les pays en développement, notamment ceux sans littoral, pour réaliser l’ODD 14, et partant, les autres ODD.  Même son de cloche pour la Colombie qui a souligné l’importance de l’assistance financière pour les projets des pays en développement. 

Le grand groupe des enfants et des jeunes a invité les politiques à collaborer avec les jeunes pour la prise de décisions, ainsi que les dirigeants à écouter la science.  Je suis lasse d’entendre les adultes parler de leurs erreurs, s’est empotée la déléguée d’Acqua Matter, en implorant les délégations d’inclure les agents du changement que sont les jeunes.  Au sein du International Council for Local Environmental Initiatives, on appelle les dirigeants à mettre l’accent sur les initiatives locales.  Haïti a dit sa détermination à coopérer avec les acteurs multinationaux pour créer un cadre national de gestion des océans qui veillera à ne laisser personne de côté.  Quant à Medical Impact, elle a regretté que les États n’aient pas réagi à l’acidification des océans avec la même urgence que pour la COVID-19, alors que la mauvaise santé des océans pourrait tuer autant de gens que la pandémie.  Enfin, l’organisation Apco Worldwide a dit miser sur le recyclage, en se servant des technologies modernes et du principe selon lequel « la poubelle de l’un peut être le trésor de l’autre ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Énorme succès » pour la Conférence sur les océans qui s’achève par l’adoption d’une déclaration politique axée sur l’action

Soixante-seizième session,
Conférence sur les océans, 8e séance plénière – après-midi
MER/2156

« Énorme succès » pour la Conférence sur les océans qui s’achève par l’adoption d’une déclaration politique axée sur l’action

LISBONNE, 1er juillet -- La Conférence sur les océans s’est achevée cet après-midi à Lisbonne, au Portugal, avec l’adoption d’une déclaration politique ambitieuse, point d’orgue d’une semaine de débats très riches où les nombreuses menaces pesant sur les océans –pollution plastique, surpêche, dégradation des écosystèmes, réchauffement climatique-, comme les moyens d’y remédier, ont été abondamment discutés.  Financement accru de l’objectif de développement durable no 14 sur la gestion durable des océans, approfondissement des connaissances océaniques et des transferts de technologie, lutte renforcée contre la pêche illicite ont ainsi été quelques-unes des pistes explorées. 

Alors que la Conférence s’était ouverte le 27 juin sur une inquiétude palpable, notamment celle des petits pays insulaires en développement dont l’existence même est menacée par l’élévation du niveau des mers, elle s’est achevée dans un climat d’optimisme prudent, tant la nécessité d’agir pour remédier à « l’urgence océanique », selon l’expression du Secrétaire général, a été comprise de tous.  « Cette conférence est un énorme succès », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques de l’ONU, en saluant le fait qu’elle ait permis de générer de nouvelles idées et de nouveaux engagements pour la cause des océans. 

« La déclaration politique envoie un signal fort sur la nécessité d’agir de manière décisive et urgente pour améliorer la santé, l’utilisation durable et la résilience des océans », a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Une satisfaction pleinement partagée par le Président du Portugal qui a loué l’élan imprimé par cette « inoubliable » conférence.  « Ici, à Lisbonne, le mot d’ordre était “action” », a déclaré le Président, en rappelant qu’il faut aller plus loin, parce que « l’action climatique, c’est vivre avec passion ».  Les délégations se sont d’ores et déjà donné rendez-vous en 2025 pour la prochaine conférence sur les océans, que la France et le Costa Rica se sont proposé d’accueillir. 

Dans cette déclaration intitulée « Notre océan, notre avenir, notre responsabilité » et adoptée par consensus, les chefs d’État et de gouvernement, profondément alarmés par la situation d’urgence que connaît l’océan à l’échelle mondiale, se sont engagés à prendre d’urgence plusieurs mesures, fondées sur des données scientifiques et innovantes, visant à appuyer la réalisation de l’ODD 14.  Cette déclaration détaille notamment l’engagement des États Membres à renforcer les efforts d’observation scientifique et systématique et de collecte de données environnementales et socioéconomiques, en particulier dans les pays en développement.   

Reconnaissant que ces derniers, en particulier les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés, sont confrontés à des problèmes de capacités, les chefs d’État et de gouvernement se sont engagés à améliorer la coopération à tous les niveaux dans le domaine de la recherche scientifique marine, et à aider les pays en développement à surmonter leurs difficultés d’accès aux technologies.  Outre l’établissement de partenariats efficaces, les États Membres comptent explorer, développer et promouvoir « des solutions de financement innovantes » pour favoriser la transformation vers des économies durables fondées sur les océans. 

Déterminés à agir de « manière décisive » et sans plus attendre, ils s’engagent aussi à renforcer l’interface science-politique pour la réalisation de l’ODD 14, et réduire dès que possible les émissions de gaz à effet de serre provenant du transport maritime international.  Parmi les engagements pris à titre volontaire, les États Membres comptent en outre donner aux femmes et aux filles les moyens d’agir, « car leur participation pleine, égale et réelle est essentielle pour progresser vers une économie durable fondée sur l’océan », et veiller par ailleurs à ce que les enfants et les jeunes soient dotés de connaissances et de compétences sur les océans. 

Ils entendent également reconnaître le rôle important des connaissances, innovations et pratiques autochtones, traditionnelles et locales détenues par les peuples autochtones et les communautés locales. 

En adoptant cette déclaration, les États Membres se déclarent enfin conscients de la menace que la pandémie de COVID-19 fait peser sur la santé de l’océan en raison d’une gestion inappropriée des déchets plastiques, tels que les équipements de protection individuelle (EPI), qui a exacerbé le problème des déchets plastiques marins et des microplastiques dans l’océan. 

Les enjeux juridiques n’ont pas été oubliés pendant cette semaine de débats, avec le souhait unanime que les négociations en cours sur des instruments contraignants sur la pollution plastique, ainsi que sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, débouchent sur des textes ambitieux.  Les délégations ont aussi souligné leur attachement à la Convention sur le droit de la mer, véritable « phare du multilatéralisme », qui fête cette année son cinquantième anniversaire. 

Avant de se prononcer sur la déclaration, les délégations ont adopté le projet de rapport de la Conférence, ainsi que le rapport de la Commission de vérification des pouvoirs.  Cette dernière a été vivement critiquée par les Palaos, le Royaume-Uni et les États-Unis en raison du refus d’accréditation de délégués de Taïwan, alors que la Chine a rappelé que, faisant partie de son territoire, Taïwan ne pouvait participer à cette conférence. 

La Conférence a été conclue par une performance musicale du chœur Kayamba du Kenya, qui n’a pas manqué de provoquer les déhanchés des participants. 

CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES DE 2022 VISANT À APPUYER LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE NO 14: CONSERVER ET EXPLOITER DE MANIÈRE DURABLE LES OCÉANS, LES MERS ET LES RESSOURCES MARINES AUX FINS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Adoption du rapport de la Commission de vérification des pouvoirs

Avant l’adoption du rapport de la Commission de vérification des pouvoirs, les Palaos ont regretté que les délégués de Taïwan que sa délégation et celle de Tuvalu accueillaient n’aient pu être accrédités et ont critiqué la décision de la Commission de vérification des pouvoirs.  La Chine a rappelé que, faisant partie de son territoire, Taïwan ne peut participer à la Conférence.  Appuyés par les Îles Marshall et le Royaume-Uni, les États-Unis ont rappelé que chaque délégation peut décider de sa composition et ont eux aussi critiqué la décision de la Commission, tandis que le Pakistan a souligné la nécessité de respecter le principe de la Chine unique s’agissant de la représentation à l’ONU. 

Document final de la Conférence (A/CONF.230/2022/L.1)

Explications de position

Avant l’adoption, le représentant du Danemark, en tant que l’un des deux cofacilitateurs du processus intergouvernemental de négociation du projet de déclaration politique de la Conférence des Nations Unies sur les océans avec la Grenade, a filé la métaphore du navire pour le présenter.  Il a rappelé qu’alors que « le bateau avait fait un départ en fanfare en janvier 2020, les négociations ont marqué une pause et un nouveau capitaine s’est joint au navire, Mme Keisha McGuire, de la Grenade ».  Pour le représentant, il ne fait pas de doute que pour résoudre les problèmes des océans, il faut pouvoir compter sur une collaboration internationale à tous les niveaux, et les deux cofacilitateurs ont été frappés par la volonté de dialoguer des États Membres de l’ONU sur cette question.  Les océans sont en danger alors même qu’ils sont fondamentaux, a-t-il souligné, en affirmant que nous sommes à court de temps et d’excuses.  C’est pourquoi les cofacilitateurs ont retenu le titre de la Conférence sur les océans de 2017 en y ajoutant le terme « responsabilité ».

Lui emboîtant le pas, la représentante de la Grenade, l’autre cofacilitatrice du projet de document, a tenu à remercier les experts et M. Peter Thomson, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les océans, qui ont assuré le succès de ce processus de négociation.  Se déclarant fière de cette déclaration politique, elle a expliqué que ce texte souligne que les changements climatiques sont l’un des principaux défis de notre époque, y compris pour les océans en parlant même de la survie de nombreuses îles qui est en jeu.  La déclaration politique reconnaît l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les économies océaniques.  En outre, elle est une source d’espoir et prouve la volonté de tous de monter la barre plus haut en misant sur des actions ancrées dans l’innovation et la science.  En effet, s’est-elle réjouie, les 193 États Membres des Nations Unies se sont engagés à mettre en œuvre des mesures ambitieuses basées sur la science, reconnaissant de concert « que nous n’avons plus de temps ».  Alors mettons-nous au travail, a-t-elle conclu.

Le représentant de l’Azerbaïdjan a souligné qu’à cause des changements climatiques, l’accès à l’eau est devenu un facteur critique pour tous les pays dans la définition de leurs politiques environnementales, sociales et économiques.  Il a également mis en exergue la problématique croissante de la gestion et de la pollution des eaux transfrontalières, s’attardant sur la situation du fleuve transfrontalier Okhchuchay, pollué par des métaux lourds et des substances dangereuses.  La principale source de cette pollution sont les usines de cuivre et de molybdène situées en Arménie et exploitées par des entreprises internationales, a expliqué le représentant.  Il a déploré que ces graves problèmes transfrontaliers n’aient pas suscité de réaction adéquate de la part des organisations internationales, les exhortant à partager leurs connaissances et leur expérience sur les pratiques de réhabilitation afin de conserver l’écosystème unique de la région et de protéger la santé des habitants.  Le représentant a également signalé que le réservoir d’eau de Sarsang est devenu une source potentielle de danger pour 400 000 personnes vivant dans les zones environnantes en raison du manque d’entretien. 

Le délégué a ensuite indiqué que son gouvernement a adopté un plan d’action pour assurer l’utilisation efficace des ressources en eau pour 2020-2022 et prépare une stratégie nationale de l’eau pour assurer la sécurité de l’eau au cours des 18 prochaines années.  En outre, la création de la Commission de l’eau a facilité la coopération proactive de toutes les parties prenantes dans la gestion des ressources en eau et la mise en œuvre de projets dans le secteur de l’eau.

Le représentant de l’Arménie a estimé qu’en diffusant des information fallacieuses, l’Azerbaïdjan nuit au développement de sa région.  Ces propos n’ont pas leur place dans cette importante conférence et ne sont aucunement liés à la déclaration politique de Lisbonne, a ajouté le représentant, avant d’inviter l’Azerbaïdjan à éviter de politiser cette plénière et à faire preuve de respect. 

À l’issue de l’adoption, la déléguée des États-Unis a rappelé que cette déclaration n’a pas de caractère juridiquement contraignant.  Elle a également souligné que la protection des droits de propriété intellectuelle est nécessaire pour encourager l’innovation.  « La crise océanique est une crise climatique », a-t-elle dit, avant de se joindre au consensus. 

La République islamique d’Iran, tout en se joignant au consensus, a estimé que certaines questions ne sont pas reflétées comme il se doit dans la déclaration.  La délégation a ainsi fait valoir que la protection et la conservation des océans ne peuvent être seulement liées au processus de ratification de la Convention internationale sur le droit de la mer.  Elle a ajouté que le Gouvernement iranien participe activement aux négociations sur un instrument juridiquement contraignant relatif à la biologie marine dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Son attitude constructive ne doit toutefois pas être considérée comme une évolution de sa position vis-à-vis de la Convention, a précisé le représentant.  Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, en tant que pays ayant des côtes sur le golfe Persique et le golfe d’Oman, l’Iran est préoccupé par la construction d’îles artificielles qui causent la destruction d’habitats marins.  Ces activités de récupération de la terre sur l’océan supposent selon l’Iran de prendre des mesures de contrôle car elles menacent la survie d’écosystèmes entiers mais aussi les populations qui vivent dans le golfe Persique.  Les États côtiers ont la responsabilité de veiller à ce que les droits des États voisins soient respectés afin de promouvoir la coopération régionale, a-t-il souligné.

Le représentant du Costa Rica a salué l’adoption par consensus de la déclaration politique.  Il a confirmé ce qui a été annoncé hier par le Président Macron de la France, à savoir que le Costa Rica et la France se portent candidats pour accueillir la prochaine Conférence des Nations Unies sur les océans en 2025.  Il a espéré pouvoir compter sur le soutien de tous pour avancer dans le cadre de l’Assemblée générale d’ici là. 

La représentante du Venezuela a rappelé que son pays s’est associé au consensus sur la déclaration politique, tenant à rappeler que le Venezuela n’est pas un État partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Les normes de cette convention ne s’appliquent donc pas à lui puisque les raisons qui ont empêché le Venezuela de ratifier cette convention sont toujours valides.

Adoption du rapport de la Conférence (A/CONF.230/2022/L.2)

Déclarations de clôture

Au nom du Secrétaire général, M. MIGUEL DE SERPA SOARES, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Conseiller juridique des Nations Unies et Conseiller spécial des Présidents de la Conférence sur les océans et les questions juridiques, a qualifié cette deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans d’ « énorme succès », saluant le fait qu’elle ait permis de générer de nouvelles idées et de nouveaux engagements pour la cause des océans.  Il s’est réjoui que, malgré les revers liés à la pandémie, de nombreuses initiatives présentées à Lisbonne aient démontré la possibilité d’une transition vers une économie durable basée sur les océans.  Il a ainsi relevé que l’industrie du transport maritime a proposé un plan global pour atteindre l’objectif de zéro émission nette de CO2 d’ici à 2050.  Il s’est également félicité que, grâce à la coopération, des pays d’Afrique et du Commonwealth aient su saisir les opportunités qu’offre l’économie bleue, notant à cet égard que les Seychelles ont lancé les premières obligations bleues au monde pour mobiliser les investissements du secteur privé au bénéfice de protection marine et de la gestion de la pêche.  Plus largement, le haut fonctionnaire s’est déclaré impressionné par les nouveaux engagements pris au cours de cette conférence, de la protection de 30% ou plus des zones maritimes nationales d’ici à 2030 à la neutralité carbone d’ici à 2040, en passant par la réduction de la pollution plastique, l’augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables, le maintien de 100% des stocks de poissons dans des limites biologiquement durables et des fonds accrus pour la recherche océanique, les aires marines protégées et les projets de résilience climatique. 

De l’avis du Secrétaire général adjoint, il n’est pas trop tard pour rompre avec le cycle du déclin de la biodiversité, du réchauffement des océans, de l’acidification et de la pollution marine.  « Mais il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il souligné, citant comme priorité l’intensification des investissements dans la restauration et la conservation des écosystèmes côtiers, y compris les mangroves, les zones humides et les récifs de coraux.  Alors que nous entrons dans la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, ces dernières doivent recevoir le soutien et le financement nécessaires car elles sont au cœur de l’action pour une planète bleue durable, a-t-il plaidé.  Grâce au développement des capacités et aux transferts de technologie, nous devons aussi veiller à ce que tous les pays puissent entreprendre des recherches scientifiques et utiliser durablement l’océan à des fins économiques, sociales et culturelles, a poursuivi le haut responsable onusien, pour qui il importe de tirer parti de la science et des connaissances traditionnelles.  De même, les partenariats multiacteurs doivent être ambitieux, la coopération internationale doit donner lieu à des modèles de financement innovants et l’aide aux pays en développement doit être renforcée, a-t-il ajouté, non sans rappeler que l’objectif de développement durable no 14 reste le moins financé de tous les ODD. 

La déclaration politique « Notre océan, notre avenir, notre responsabilité » qui vient d’être adoptée adresse, selon lui, un signal fort sur la nécessité d’agir de manière décisive et urgente pour améliorer la santé, l’utilisation durable et la résilience des océans.  Pour cela, a insisté le haut fonctionnaire, nos actions doivent être collaboratives et inclure tous les pays, toutes les parties prenantes et tous les secteurs océaniques, avec le soutien du système des Nations Unies, et notamment d’ONU-Océans, le mécanisme de coordination interinstitutions.  Il a par ailleurs estimé que les accords historiques conclus cette année sur le développement d’un instrument international juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique et sur la réduction les subventions nuisibles à la pêche témoignent de la façon dont le multilatéralisme agit pour le bien-être de l’océan.  Au cours des prochains mois, a-t-il ajouté, la conférence intergouvernementale sur un traité relatif à biodiversité marine des zones au-delà de la juridiction nationale, les négociations sur un cadre mondial pour la biodiversité pour l’après-2020 et la prochaine Conférence des parties sur le climat (COP27) organisée en Égypte seront autant d’occasions de démontrer notre engagement et notre volonté d’inverser le déclin de la santé de l’océan.

« Le monde a parlé », s’est félicité M. KERIAKO TOBIKO, Secrétaire de cabinet au Ministère de l’environnement et des forêts du Kenya.  Nous avons tous convenu qu’il existe des preuves sans équivoque montrant que l’intervention humaine a entraîné un changement rapide des propriétés biologiques, physiques et chimiques des océans.  Nous avons donc la responsabilité collective d’inverser cette tendance et d’actualiser l’ODD 14, a-t-il plaidé, encourageant ceux qui n’ont pas encore pris d’engagement dans ce sens à le faire « dans un esprit de solidarité pour nos océans et notre avenir ».  Pour y parvenir, l’écart existant entre les pays développés et les pays en développement en matière de capacités, de financements et d’accès à la technologie doit être comblé.  Il importe aussi, selon lui, que la transition vers une action océanique durable soit juste et inclusive, tout en tenant compte du rôle crucial des connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones, des femmes et des jeunes.  Pour ce qui est du travail à venir, il a appelé de ses vœux l’adoption d’un traité juridiquement contraignant sur les matières plastiques, tel que convenu lors de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement.  Il a également souhaité que soit enfin conclu le traité sur la protection, la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale et que soit sérieusement examinée la demande d’imposition d’un moratoire sur l’exploitation minière en haute mer.  Enfin, il a formé l’espoir que les résultats de cette conférence alimenteront les délibérations de la COP27 sur le climat à Charm el-Cheikh, en Égypte, et de la COP15 sur le cadre mondial pour la biodiversité pour l’après-2020 à Montréal, au Canada. 

En tant que plateforme entre les océans, les continents, les cultures et les civilisations, le Portugal, aux côtés du Kenya, a tout fait pour rendre votre semaine inoubliable, a déclaré le Président de ce pays, M. MARCELO REBELO DE SOUSA, à l’entame de ses remarques de clôture de la Conférence. 

Avec l’aide du Kenya et, surtout, sous l’impulsion excellente et déterminée du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui se bat depuis près de six ans pour le multilatéralisme dans le climat et, par conséquent, dans les océans, nous avons abouti à la déclaration « Notre océan, notre avenir, notre responsabilité », s’est-il réjoui. 

Ici, à Lisbonne, 156 pays, 26 chefs d’État et de gouvernement, 4 000 délégués, 200 parties prenantes, 500 journalistes étaient au rendez-vous cette semaine, et la leçon retenue est qu’à l’avenir, il faudra plus de temps et d’espace pour les dialogues interactifs et pour donner la voix aux jeunes, aux femmes, aux ONG, aux universités et aux centres de recherche.  Ici, à Lisbonne, les jeunes ont pris la parole en premier dans leur forum.  Ils ont demandé une plus grande attention à leurs propositions, a retenu le Chef d’État, soulignant que certaines d’entre elles sont inclues dans la déclaration.  Mais pas toutes, a-t-il concédé en mettant en garde contre le fait que si nous perdons le soutien de la jeunesse, nous perdrons l’avenir et même notre présent. 

Ici, à Lisbonne, le mot d’ordre était « action », a poursuivi M. Rebelo de Sousa , parce que le temps ne joue pas en notre faveur.  Il faut agir pour aider les États insulaires, les plus touchés par l’augmentation du niveau de la mer, la réduction de la pêche, l’érosion côtière.  Il faut agir pour finaliser le traité sur la pollution plastique; agir pour renforcer l’observation satellitaire des océans, ou encore garantir la sûreté de la navigation; agir pour sauver la biodiversité marine, agir pour élargir les aires marines protégées, et agir pour conclure un traité juridiquement contraignant sur la biodiversité et finaliser le traité sur la haute mer, a exigé le Président.

« L’heure n’est plus aux bonnes intentions, mais à l’action », a-t-il résumé.  Aux côtés du Kenya, le Portugal souhaitait que cette conférence soit synonyme de paix pour prouver que le multilatéralisme peut vaincre, et M. Rebelo de Sousa s’est dit convaincu que ce pari a été relevé cette semaine, ici, à Lisbonne.  Maintenant, il faut aller plus loin, parce que « l’action climatique, c’est vivre avec passion », a-t-il conclu, persuadé que cette conférence entrera dans l’histoire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale décide de convoquer en 2026 une nouvelle réunion de haut niveau sur la sécurité routière dans le monde

92e séance plénière,
après-midi
AG/12433

L’Assemblée générale décide de convoquer en 2026 une nouvelle réunion de haut niveau sur la sécurité routière dans le monde

L’Assemblée générale a conclu cet après-midi sa première réunion de haut niveau consacrée à l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, sur le thème « La sécurité routière à l’horizon 2030: garantir une décennie d’action et de réalisations ».  À cette occasion, l’Assemblée a adopté dès hier une Déclaration politique par laquelle elle décide de convoquer une nouvelle réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, en 2026, à New York, en vue d’entreprendre un examen à mi-parcours complet de l’application de ladite Déclaration pour identifier les lacunes existantes et les solutions envisageables afin d’accélérer les progrès vers la réalisation, d’ici à 2030, des cibles des objectifs de développement durable liés à la sécurité routière. 

Déclarant que la sécurité routière est « une priorité de développement urgente, un problème majeur de santé publique et une question d’équité sociale, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire », l’Assemblée reprend une série de mesures qu’il importe de continuer d’appliquer aux niveaux national, régional et international.

Près de 80 délégations ont participé au débat plénier sur les moyens de promouvoir la sécurité routière et le transport durable en vue de réduire d’au moins 50% le nombre de décès dus aux accidents de la route d’ici à 2030.  À cette fin, elles se sont engagées à intensifier la mise en œuvre du Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030), sachant que plus de 90% des décès et des blessures dus à ces accidents ont lieu dans des pays en développement.

Une majorité d’intervenants ont jugé nécessaire de se mobiliser en faveur d’autres objectifs, en particulier l’élimination de la pauvreté, l’égalité des sexes, l’adaptation aux changements climatiques, l’innovation, des infrastructures et des transports publics sûrs.  Ils ont demandé la mise en place d’un financement adéquat et à long terme et des partenariats pour compléter les efforts de leurs pays.

Trois tables rondes multipartites ont également été organisées aujourd’hui en tenant compte des cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030 relatives à la sécurité routière.  Le Directeur du Département pour les déterminants sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Etienne Krug, a résumé les discussions qui ont porté sur les thèmes suivants: « Intégrer la sécurité routière dans le développement durable: volonté politique et approche pangouvernementale »; « Mobiliser toutes les parties prenantes pour accélérer la mise en œuvre du Plan mondial et atteindre la réduction de 50% »; « Investissements nationaux soutenus et financement international pour le renforcement des capacités et l’aide au développement dans les interventions de sécurité routière fondées sur des données probantes ».  M. Krug a prié les participants de dire à leurs ministres des finances « à quel point les investissements en matière de sécurité routière sont rentables ».

En conclusion, le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, a rappelé que la sécurité routière est une question transversale et complexe, liée à tous les objectifs de développement durable.  Il a salué la volonté politique qui s’est manifestée pendant cette réunion de promouvoir la coopération avec toutes les parties prenantes pour mettre en place une approche globale en la matière, basée sur la science et les meilleures pratiques. 

SUITE DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR L’AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE DANS LE MONDE

Suite et clôture du débat plénier

Le représentant du Japon a jugé indispensable d’atteindre les objectifs de la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030) par le biais de la coopération internationale pour réaliser les objectifs de développement durable.  À cet égard, il a mis l’accent sur le renforcement des capacités humaines, la prévention et l’amélioration de la qualité des infrastructures routières.  Il a cité en particulier les efforts entrepris par son pays pour développer des zones piétonnes dans les villes. 

Le représentant du Nicaragua a dit que la sécurité routière est un moyen de faciliter la mise en œuvre de plusieurs objectifs de développement durable.  Il a mentionné les efforts entrepris par son pays pour que les routes et les chemins atteignent les populations les plus enclavées.  Le Nicaragua, qui dispose aujourd’hui de 6 000 kilomètres de route contre seulement 2 000 kilomètres en 2007, a été classé en tête des pays d’Amérique centrale en matière de qualité des routes. 

Le représentant du Bélarus a regretté que des délégations aient politisé les débats de ces deux jours et les négociations intergouvernementales relatives à la mise en œuvre de la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030).  Il a indiqué que la Commission nationale de la sécurité routière de son pays coordonne la mise en œuvre des mesures visant à améliorer la sécurité routière.  Il a également cité la stratégie « Bonnes routes 2019-2025 » qui comprend des objectifs de sécurité routière, de gestion de la demande de transports en commun, ainsi que la création de systèmes de transports intelligents et la construction d’un réseau routier « idéal ».  Après avoir mis l’accent sur les liens entre les objectifs de sécurité routière et la cible 3.6 des ODD, le représentant s’est félicité d’une baisse de 5,6% du nombre de victimes de la route, en 2021, dans son pays.  Enfin, il a fustigé l’impact des récentes sanctions occidentales sur les objectifs de sécurité routière de son pays, en expliquant que les sanctions de l’Union européenne empêchent les entreprises de transport automobile du Bélarus d’accéder à des cartes et technologies numériques indispensables à l’amélioration de la sécurité routière.

Le représentant de la Sri Lanka s’est inquiété du fait que, malgré l’augmentation du nombre d’accidents de la route dans son pays et de décès et de blessures qui en résultent, la société semble accepter ces tragédies humaines et le fardeau économique qui en découle comme « une chose normale ».  Pour sa part, le Gouvernement a créé le Conseil national pour la sécurité routière afin d’assurer la mise en place d’un système routier sûr et il a renforcé sa législation, notamment en imposant le port obligatoire de la ceinture de sécurité et du casque.  Selon le représentant, nous devons mettre l’accent sur la réduction des accidents de la route en tant que condition essentielle à la réalisation des objectifs de développement.  Il a salué le rapport de la Banque mondiale qui quantifie la façon dont les investissements dans la sécurité routière sont également des investissements dans le capital humain.

Le représentant du Guatemala a exprimé sa profonde préoccupation alors que, moins d’un an après avoir été frappé par les ouragans Eta et Iota, qui ont endommagé des routes et des infrastructures, son pays est confronté à une nouvelle saison des ouragans.  Pour sauver des vies tout en favorisant la croissance économique, il faut continuer d’investir dans la résilience à la crise climatique, dans des infrastructures publiques durables et des voies de circulation modernes.  Le sort des personnes vulnérables telles que les migrants a également inquiété le représentant qui a appelé à assurer leur protection dans le plein respect des droits de l’homme, indépendamment de leur statut migratoire. 

Le représentant de la Côte d’Ivoire s’est inquiété de perspectives peu reluisantes puisque l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) prévoit 2,3 millions de morts d’accidents de la route d’ici à 2030.  Il s’est particulièrement inquiété de l’ampleur des souffrances humaines et du coût socioéconomique très élevé pour tous les États, en particulier les pays en développement.  Il a expliqué que le Gouvernement ivoirien a mis en place un système d’information sur les accidents de la circulation routière; institué un schéma harmonisé de gestion de la sécurité routière; renforcé le contrôle technique automobile et mis en place de la Commission nationale de la sécurité routière.  Il a aussi mentionné le Plan stratégique pour la période 2021-2025 qui vise notamment l’amélioration de la sécurité des transports en commun de populations et de marchandises ainsi que le renforcement de la prise en charge des victimes d’accidents.  La Côte d’Ivoire a également lancé, le 7 septembre 2021, après une campagne de sensibilisation, la « vidéo-verbalisation »: c’est un système de transport intelligent qui notifie par SMS les infractions aux automobilistes.  « Enfin, mon pays a mis en place un Fonds d’Entretien Routier (FER), destiné à assurer le financement de prestations relatives aux études et travaux d’entretien périodique du réseau routier »

Le représentant du Bangladesh a estimé que les nombreuses crises que nous traversons ne doivent pas nous empêcher de garder à l’esprit l’incidence des accidents de la route sur la population et les États.  Malgré les progrès considérables réalisés sur le plan politique pour combattre cette « épidémie causée par l’homme », il faut intensifier les efforts de sensibilisation des usagers au moyen de stratégies de plaidoyer susceptibles de mener à de réels changements de comportement.  Pour y arriver, les voix des personnes vulnérables -femmes, enfants et personnes âgées- doivent être intégrées aux politiques publiques relatives à la sécurité routière, les infrastructures sanitaires doivent être améliorées et les transferts technologiques vers les pays en développement augmentés. 

La représentante du Zimbabwe s’est inquiétée de l’impact des dérèglements climatiques sur l’état des routes.  Elle a dit l’objectif de son pays d’atteindre un service de transport public efficace et de haut niveau dans tout le pays d’ici à 2025.  Le Zimbabwe a publié, en janvier 2022, un rapport sur sa performance en matière de sécurité routière au regard des ambitions du Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030).  Chaque année, 35 000 accidents de la route font 1 800 morts et 10 000 blessés dans son pays, a précisé la représentante, avant de dire sa détermination à intégrer dans ses réglementations routières toutes les recommandations internationales et régionales.  Enfin, elle a fustigé l’impact délétère des sanctions sur les capacités du pays à entretenir son réseau routier.

Le représentant de la Colombie a noté que son gouvernement a adopté un plan national de sécurité routière 2022-2031 pour mettre en œuvre la Décennie d’action.  Ce plan repose notamment sur une gestion publique innovante, la mise en œuvre de l’approche « Système sûr », qui fait de la sécurité une priorité sur les routes, la coresponsabilité des parties prenantes ainsi que le suivi des progrès réalisés.  Pour y parvenir, il a invité les États Membres à renforcer leur coopération afin de répondre à « l’impératif moral » que constitue la sécurité routière. 

Le représentant de la Bolivie a estimé que la sécurité routière constitue une illustration claire de la disparité entre pays développés et pays en développement.  Dans ces derniers, réduire les accidents de la route requiert la construction d’infrastructures et de systèmes de transport sûrs, le renforcement de la législation et la sensibilisation du public.  De même, l’éradication de la pauvreté est indispensable pour protéger les personnes vulnérables sur le plan socioéconomique, qui sont exposées de manière disproportionnée aux accidents de la route.  En Bolivie, a poursuivi le représentant, la redistribution de la richesse a permis non seulement d’accroître le réseau routier, mais aussi de développer des systèmes de transport multimodal et alternatif comme le réseau de transport public par câble de La Paz.

Le représentant de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (CICR), a exposé ses trois priorités, à commencer par la nécessité d’améliorer les enquêtes sur les accidents graves et la qualité des données, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire.  Il faut comprendre les coûts réels de ces accidents et développer des stratégies globales pour y faire face, a-t-il ajouté.  La deuxième priorité selon le CICR est de promulguer et d’appliquer une meilleure législation sur la sécurité routière mettant l’accent sur la prévention et la sensibilisation sur l’impact de l’alcool et de la vitesse excessive.  Il s’est dit prêt à soutenir les États Membres dans le développement de lois appropriées.  Enfin, il a appelé à améliorer la police routière afin de s’assurer que les lois soient effectivement appliquées, de manière à réduire les comportements à risques. Il a prôné à cet effet l’adoption de programmes complets de renforcement des capacités de la police routière.

Le représentant de l’Ordre souverain de Malte, évoquant une tradition de l’Ordre qui remonte à neuf siècles et qui est d’aider les voyageurs, a déploré le fait que 200 000 personnes qui meurent chaque année sur les routes auraient pu être sauvées si les secours d’urgence étaient arrivés plus tôt.  Il a recommandé à cet effet aux États Membres d’exiger une formation aux secours d’urgence pour ceux qui passent leur permis, comme le fait l’Australie.  Le délégué a jugé « décevant et préoccupant » que les paragraphes qui mentionnaient la nécessité d’une telle formation dans le projet de résolution de l’Assemblée générale sur la sécurité routière aient été supprimés. 

Dans ses remarques de clôture, M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, s’est félicité des progrès réalisés au cours de ces deux jours de débat dont l’adoption d’une Déclaration politique « ambitieuse » qui réaffirme collectivement l’importance d’améliorer la sécurité routière mondiale et souligne notre responsabilité partagée à tous les niveaux, tout en reconnaissant la responsabilité première des gouvernements.  Il a aussi salué l’engagement de tous les intervenants à mettre en œuvre le Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030, dans le but de réduire les décès dus aux accidents de la route d’au moins 50% d’ici à 2030.  Le Président s’est félicité de la volonté politique de promouvoir la coopération avec toutes les parties prenantes pour mettre en place une approche globale de la sécurité routière, basée sur la science et les meilleures pratiques, qui s’attaque aux facteurs de risque.  Il a en outre salué l’engagement d’intégrer une perspective de genre dans toutes les politiques et actions relatives aux plans de sécurité routière et d’assurer un financement adéquat et prévisible pour soutenir les efforts à long terme.  M. Shahid a relevé la volonté des États Membres d’assurer une meilleure connectivité entre les différents types de transport.  Alors que certains pays ont montré l’exemple en élaborant des plans et objectifs nationaux, le Président a dit la nécessité de répondre aux besoins des communautés locales.  Il a appelé à mettre l’accent sur la sécurité des usagers de la route particulièrement vulnérables, tels que les piétons et les cyclistes.  Enfin, a-t-il conclu, nous ne pourrons pas faire de compromis sur les normes de sécurité routière.  L’amélioration des infrastructures de transport doit rendre nos communautés plus sûres.  Mettons-nous au travail!
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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence sur les océans: appel unanime à l’approfondissement des connaissances océaniques et au transfert de technologies marines

Soixante-seizième session,
Conférence sur les océans, Dialogue de haut niveau #6 – matin
MER/2152

Conférence sur les océans: appel unanime à l’approfondissement des connaissances océaniques et au transfert de technologies marines

LISBONNE, 30 juin -- « Pour protéger, il faut connaître », a déclaré la Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires de la France, en ouverture de la sixième table ronde de la Conférence des Nations Unies sur les océans, intitulée « Approfondir les connaissances scientifiques et renforcer les moyens de recherche et le transfert de techniques marines ».  Coprésidente de cette discussion, Mme AMELIE DE MONTCHALIN a souligné la pertinence du traité actuellement en négociation pour garantir la préservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer.  « Nous engageons toutes nos forces pour encadrer les activités humaines dans cette zone si précieuse pour l’humanité, mais nous avons besoin de vous pour l’établir sur des bases solides », a-t-elle lancé aux délégations, non sans mentionner l’appui de son pays au projet Mercator de cartographie de l’ensemble des océans.  Autre Coprésident de cette séance, M. FRANZ TATTENBACH, Ministre de l’environnement et de l’énergie du Costa Rica, a pour sa part fait état du lancement par son pays d’une banque de connaissances sur les océans, destinée notamment à gérer plus durablement les ressources marines et à restaurer les mangroves.  L’investissement dans les connaissances est crucial, a-t-il souligné, mais les pays en développement ont besoin d’aide pour mettre en œuvre la cible 14.8 du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Cette cible a pour but d’améliorer la santé des océans et de renforcer la contribution de la biodiversité marine au développement des pays en développement, en particulier des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays les moins avancés (PMA), a rappelé M. VLADIMIR RYABININ, Secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), qui a appelé à une transformation de la science océanique en s’appuyant sur deux atouts majeurs de l’ONU, la Convention sur le droit de la mer et l’ODD 14.  Pour cela, il importe de passer du qualitatif au quantitatif en injectant des milliards de dollars dans la science océanique et en augmentant la coordination de nos actions.  En matière d’investissements dans la recherche océanique et les systèmes d’observation, l’Afrique et les PEID manquent à l’appel, alors même qu’ils dépendent fortement des océans, a-t-il déploré.  Mais le problème est plus large, selon lui, puisque les investissements internationaux dans les sciences océaniques ne représentent que 1,7% des sommes allouées à la recherche.  Il faut donc changer la donne pour revigorer les sciences océaniques au service du développement durable, a-t-il affirmé, en soulignant le pouvoir de la coopération et des partenariats. 

De son côté, Mme JANE LUBCHENKO, Directrice adjointe pour le climat et l’environnement au Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche des États-Unis, a rappelé que son pays a décidé de rejoindre le Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable, qui a permis de fournir un ensemble pionnier d’évaluations scientifiques, ouvrant la voie à des politiques et à des actions novatrices.  Par exemple, a-t-elle relevé, une évaluation scientifique a inversé la compréhension du lien océan-climat en nous faisant réaliser que l’océan n’est pas seulement une victime des changements climatiques mais une puissante source de solutions.  L’océan pourrait ainsi aider à réduire de 21% les émissions de CO2 pour atteindre l’objectif de 1,5 degré d’ici à 2050, tout en apportant des réponses en matière de sécurité alimentaire, d’emploi et de biodiversité.  À cette aune, les 17 membres du Groupe, qui représentent environ la moitié des zones économiques exclusives (ZEE) du monde, se sont engagés à prendre de nouvelles mesures audacieuses pour parvenir à une économie océanique durable, a indiqué la représentante, avant d’assurer que les États-Unis tiennent leurs engagements, tant sur le plan de l’action climatique que sur la pêche durable, la cartographie des océans et l’exploration des fonds marins. 

À sa suite, M. PETER DE MENOCAL, Président de la Woods Hole Oceanographic Institution, a insisté sur la responsabilité partagée des nations du monde à prendre les rênes de l’action climatique et de la protection de océans.  À cette fin, nous devons agir maintenant, a-t-il dit, rappelant que, selon les dernières évaluations du GIEC, toutes les voies permettant de limiter le réchauffement futur à 1,5 degré nécessitent une réduction du dioxyde de carbone sur terre et en mer.  L’océan étant le plus grand réservoir de carbone au monde, de petit stockage dans l’océan peuvent avoir d’énormes conséquences sur la teneur en CO2 de l’atmosphère, a-t-il fait valoir.  À ses yeux, la science doit montrer la voie, à l’image du projet de réseau d’observation des océans, conçu pour suivre avec précision les flux de nutriments et les éléments biomoléculaires qui définissent la force du mouvement du carbone de l’océan, de la surface vers la profondeur.  Ce projet de réseau d’observation révolutionnera notre compréhension de la façon dont la vie océanique transporte le carbone vers les eaux souterraines profondes.  Encadré par un strict code de conduite, il sera pour les sciences océaniques « ce que le télescope spatial Hubble a été pour notre appréciation du cosmos », a assuré l’expert.

Dans le même ordre d’idées, M. HIDE SAKAGUCHI, Président de l’Institut de recherche sur les politiques océaniques de la Fondation pour la paix de Sasakawa, a indiqué que sa structure mène des recherches sur un éventail de questions liées à l’océan en vue de promouvoir l’économie bleue durable.  Ces recherches ont démontré que les poissons nécessitent le plus petit volume de nourriture pour produire un kilogramme d’aliment.  C’est donc moins que tout autre animal pour assurer l’apport en protéines dont ont besoin les humains, a-t-il relevé, ajoutant toutefois que la durabilité des océans nécessite de contrôler toutes les espèces de poissons sur la base de connaissances scientifiques, afin qu’aucune ne soit menacée d’extinction en raison des activités humaines.  Son Institut travaille ainsi sur un projet prévoyant de doter les pêcheurs de communautés locales de filets équipés de capteurs pour surveiller les espaces marins et compter les prises.  Ce système de pêche intelligente doit permettre de réduire les pertes et les déchets ainsi que les frais et les délais de transport, a-t-il expliqué. 

Pour progresser dans ce domaine, il est nécessaire d’investir dans la capacité de recherche et la souveraineté scientifique des États, a estimé M. CAMERON DIVER, Directeur général adjoint de la Communauté du Pacifique, pour qui la décennie des Nations Unies des sciences océaniques au service du développement durable 2021-2030 doit être mise à profit pour allier science et connaissances traditionnelles dans la façon dont nous gérons les ressources marines.  Rappelant que les populations du Pacifique ont, de tout temps, eu une connaissance fine de leur océan, il a souhaité qu’elles soient associées aux prises de décision sur la gestion de leur espace vital.  Cela suppose d’investir dans la transformation de la relation entre les humains et l’océan, et de mettre au point des systèmes inclusifs d’observation océanographique, a-t-il plaidé, soutenant qu’un océan sain est l’atout le plus précieux pour l’humanité et le meilleur moyen de réaliser les ODD, à commencer par l’ODD 14. 

Reste que le financement public des sciences océaniques reste globalement modeste, a constaté Mme RATIH PANGESTUTI, Directrice du Centre d’industrie biomarine de l’Agence pour la recherche et l’innovation de l’Indonésie, selon laquelle ce déficit est particulièrement alarmant dans les pays en développement.  Pour soutenir le développement durable, une recherche océanique soutenue par des financements publics et privés à long terme devra être garantie dans les pays les plus vulnérables aux changements océaniques, en particulier les PEID, a-t-elle souligné, avant d’appeler à un renforcement urgent de leurs capacités.  En effet, a noté la spécialiste, de nombreux pays ne disposent pas de l’expertise nationale dans une vaste gamme de domaines scientifiques et technologiques.  Il faut, par conséquent, intensifier les activités d’échange pour accroître la coopération scientifique et technologique, tout en incluant les détenteurs de savoirs autochtones et locaux dans ces processus, a-t-elle préconisé, observant à cet égard que l’Indonésie accorde une grande importance aux systèmes de connaissances autochtones pour la gestion du milieu marin et des ressources naturelles.

Dialogue interactif  

Dans la foulée de ces présentations, le Ministre de la santé, du bien-être et de l’environnement d’Antigua-et-Barbuda a estimé que les négociations en cours sur un instrument juridiquement contraignant relatif à la conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale constituent la seule façon pour les PEID de bénéficier d’un renforcement de capacités et de transferts de technologies marines.  « Sinon, ils seront laissés pour compte », a-t-il averti. 

« Il est difficile de gérer ce qu’on ne peut pas mesurer », a regretté à son tour le Secrétaire permanent du Gouvernement des Tuvalu, qui au nom des PEID du Pacifique, a jugé urgent d’intensifier les investissements dans la recherche de prendre les bonnes décisions, complémentaires des connaissances traditionnelles.  Également préoccupé par le peu de connaissance dont dispose la communauté internationale sur les océans, le Ministre de l’économie et des affaires maritimes du Portugal a appelé à élaborer des programmes scientifiques internationaux pour mieux comprendre les grands fonds marins, si important pour cerner des phénomènes tels que les tsunamis et la formation des sédiments.  La Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique a expliqué que la CESAP soutient l’investissement dans le stockage du carbone bleu pour préserver les écosystèmes océaniques clés, en particulier autour des mangroves, des marais salants et récifs coralliens. 

Évoquant sa situation nationale, le Ministre de l’environnement du Guatemala a indiqué que 26% de la population de son pays vit dans des zones marines composées de plages, d’estuaires, de mangroves, de coraux et de lagons.  Le Gouvernement prévoit en outre de former du capital humain de haut niveau pour accroître ses connaissances océaniques, moyennant toutefois un renforcement de ses capacités techniques.  La Ministre de l’environnement du Chili s’est enorgueillie de vivre dans un pays dont 60% de la zone économique exclusive est très ou complètement protégée, et où un nouveau parc pour la préservation des baleines vient d’être approuvé, admettant cependant que des marges de progression existent encore pour que ces aires soient complètement suivie grâce à l’observation des écosystèmes. 

Le Vice-Ministre de l’environnement et des ressources naturelles de la République dominicaine a défendu une approche semblable, expliquant que son pays prépare une loi sur la gestion des ressources marines et côtières incluant l’aménagement d’espaces marins et la création de zones marines protégées.  En tant que membre de l’Océan Decade Alliance, la Suède continuera à utiliser ses réseaux dans la communauté océanique et à s’engager dans des collaborations, a promis son Secrétaire d’État à l’environnement, jugeant que l’engagement fort et l’appropriation par les diverses parties prenantes sont essentiels pour optimiser l’opportunité unique offerte par la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques.

Convaincu que des décisions politiques doivent être prises sur la base de données scientifiques solides, le Ministre de la coordination des océans et de la politique de l’Atlantique-Sud de l’Argentine a indiqué que son pays a lancé en 2020 l’initiative « Pampa Azul » afin de promouvoir les connaissances scientifiques et les innovations technologiques qui contribuent au renforcement des industries liées à la mer et au développement économique des régions maritimes argentines. 

Pour sa part, le Groupe des 77 et la Chine a appelé à reconnaître les connaissances des peuples autochtones et locaux comme source complémentaire et inestimable de données et d’appuyer le transfert de technologies marines à des conditions préférentielles vers les pays en développement.  Sur cette même ligne, l’ONG Ocean Networks Canada a souligné que l’accès aux technologies d’observation des océans est essentiel pour faire progresser la gouvernance autochtone des territoires océaniques traditionnels, ainsi que leur participation à l’économie bleue et à l’atténuation des risques liés aux changements climatiques.  Ce besoin est particulièrement critique dans l’Arctique où le réchauffement climatique entraîne une augmentation du trafic maritime, ce qui se traduit par une accélération de l’érosion côtière et la création de glaces de mer dangereuses, a-t-elle alerté. 

De son côté, la Directrice de la pêche et des affaires maritimes de la Commission européenne a fait valoir les investissements massifs consentis par les pays membres de l’Union européenne dans la recherche et l’innovation marines dans le cadre du « Green Deal » européen.  Il s’agit aussi de restructurer notre économie bleue et de trouver des solutions intelligentes aux problèmes du réchauffement climatique, notamment en favorisant un projet de pompe à carbone dans les océans, a-t-elle précisé. 

Nous avons besoin d’accroître nos capacités de recherche pour mieux comprendre le climat et les événements météorologiques extrêmes, a abondé la Sous-Secrétaire au commerce de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère.  Cela suppose d’appuyer la fourniture de services qui aide les communautés côtières à s’adapter aux changements climatiques, de tirer parti des progrès constants enregistrés par les technologies marines et de permettre une interopérabilité des données. 

Ces projets ne peuvent être atteints qu’en améliorant les connaissances grâce à la recherche coopérative internationale, a toutefois jugé le Chef des affaires maritime du Ministère des affaires étrangères du Bangladesh, tandis que la représentante du Groupe d’experts du mécanisme d’évaluation de l’état du milieu marin a relevé que l’absence d’interface robuste entraîne une mauvaise communication entre les chercheurs et les décideurs.  Sans une reconnaissance du rôle essentiel des océans dans la vie et le bien-être des humains, nos efforts resteront en deçà de ce qui est nécessaire, a-t-elle averti. 

Soulignant qu’« on ne peut bien gérer ce qu’on ne connaît pas », la République-Unie de Tanzanie a dénoncé l’avantage compétitif dont disposent ceux qui ont des données sur leurs ressources océaniques, appelant à investir dans des infrastructures scientifiques et à la création de pôles de recherche aquatique nationaux et régionaux.  Les informations sur l’océan doivent être des connaissances communes, a abondé l’ONG Global Fishing Watch, dont l’objectif est de créer et de partager publiquement des données ouvertes sur l’activité humaine en mer.

Pour l’Institut océanographique de l’Espagne, il est essentiel de promouvoir les investissements dans la formation et de favoriser les partenariats entre les agences nationales et internationales.  De telles stratégies sont des moteurs pour l’économie bleue durable, l’emploi et la gouvernance des océans. 

À sa suite, la Directrice des pêches du Canada a indiqué que son pays a lancé un « Super Cluster » pour les océans en vue d’ouvrir de nouvelles perspectives à l’économie bleue durable.  Le recours aux technologies de pointe permet aussi de prédire le mouvement des baleines de l’Atlantique-Nord, et de réduire les risques de collision et d’emmêlement dans des filets.  L’Ingénieur en chef du Ministère des ressources naturelles de la Chine a ensuite indiqué que son pays participe à des projets d’observation marine menés conjointement avec le Cambodge, le Sri Lanka et le Bangladesh et prévoit par ailleurs d’aider les pays de la Route de la soie à développer leur économie bleue.

Après EuroGOOS qui a expliqué contribuer au développement d’une plateforme européenne commune de partage d’informations et d’infrastructures pour optimiser les ressources et éviter les doublons, le Vice-Directeur du Ministère des affaires étrangères de l’Algérie a souligné la nécessité de renforcer les capacités des pays en développement et de faciliter les transferts de technologies marines, avant d’avertir que l’Afrique est « loin derrière » en matière de financements.  Il a été rejoint par OceanHub Africa, incubateur de startups à impact océanique basé en Afrique du Sud, qui a plaidé pour un renforcement des capacités au niveau local et une autonomisation des communautés côtières dans les affaires océaniques.

Cette table ronde avait pour modératrice Mme MARGARET LEINEN, Directrice de la Scripps Institution of Oceanography et Vice-Chancelière chargée des sciences marines de l’Université de Californie à San Diego

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la Conférence de Lisbonne sur les océans, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer est consacrée comme un « phare » du multilatéralisme

Soixante-seizième session,
Conférence sur les océans, Dialogue de haut niveau #7 – après-midi
MER/2153

À la Conférence de Lisbonne sur les océans, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer est consacrée comme un « phare » du multilatéralisme

LISBONNE, 30 juin -- Coprésidé par M. GUDLAUGUR THOR THORDARSON, Ministre de l’environnement, de l’énergie et du climat de l’Islande, et M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, ce dialogue sur l’amélioration de la conservation et l’utilisation durable des océans grâce au droit international, « tel que prévu par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer », a été dominé par des appels à une pleine application de cette Convention, « point de départ de toute discussion sur les océans », selon l’expression du Ministre islandais, dans un contexte d’élévation du niveau des mers liée aux changements climatiques.  « La Convention garantit un bon équilibre entre préservation de l’environnement et exploitation économique », a appuyé M. Balakrishnan, en estimant que ce texte, véritable constitution des océans, permet aussi de répondre aux nouveaux défis qui se posent aujourd’hui.

« Cette Convention est une réalisation phare des Nations Unies », a déclaré M. MICHAEL LODGE, Secrétaire général de l’Autorité internationale des fonds marins, en louant sa robustesse et son aspect visionnaire.  Il a estimé que cela ne serait plus possible d’adopter un tel texte aujourd’hui, en raison de l’affaiblissement du multilatéralisme.  Cette Convention comprend des dispositions sur la pollution et la biodiversité et prend en compte les besoins de tous les États.  Il a aussi précisé que le régime juridique prévu par la Convention a été progressivement complété avec des accords ultérieurs sur les stocks halieutiques et les fonds marins.  M. Lodge a rappelé que 31 contrats d’exploitation des fonds marins ont été accordés sans susciter de litige, attestant du bon fonctionnement du régime juridique relatif aux fonds marins.  Enfin, il a dénoncé les appels isolés qui demandent un ajustement de ladite Convention.  « Ce serait une erreur de les écouter. »

« En quoi l’application du droit de la mer nous permet-elle de nous rapprocher de la réalisation de l’ODD 14? » a lancé Mme RENA LEE, Présidente de la Conférence intergouvernementale « BBNJ ».  Elle a rappelé que les négociations d’un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale « BBNJ » se déroulent dans le cadre de la Convention.  « Ce texte demeure notre socle », selon elle.  Elle a ainsi indiqué que ce futur instrument devra respecter la Convention, tout en détaillant certaines de ses dispositions.  Enfin, Mme Lee a déclaré que ce processus de négociations doit fédérer toutes les parties prenantes, en particulier les experts scientifiques.

Mme JIA YU, Ministre des ressources naturelles de la Chine, a dit que cette Convention est compatible avec les autres règles du droit international.  Elle permet de traiter des nouvelles questions maritimes qui se posent, a-t-elle affirmé, en rappelant que la pollution est abordée par ladite Convention.  Elle prend en compte les intérêts légitimes des pays dans toute leur diversité.  La Ministre a demandé la pleine application de la Convention, appelant à une lutte accrue contre la pollution.  Après avoir détaillé l’action de la Chine pour la préservation des stocks halieutiques, elle a soutenu un instrument international juridiquement sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.

M. VLADIMIR JARES, Bureau des affaires juridiques des Nations Unies, a précisé que la Convention comprend 168 parties, dont l’Union européenne.  Le texte consacre le droit de recherche scientifique de tous les États sur les océans et prévoit également des partenariats de recherche entre États.  Ces dispositions gagneraient à être connues, a déclaré M. Jares, en rappelant l’importance de la science marine dans la délimitation du plateau continental par exemple. 

M. MĀRTIŅŠ PAPARINSKIS, Commission du droit international, a souligné le rôle des juridictions internationales, dont la Cour internationale de Justice (CIJ), dans l’application de la Convention, notamment s’agissant des questions des droits en haute mer et de délimitation du plateau continental.  L’élévation du niveau des mers liée aux changements climatiques a de grandes conséquences sur le droit de la mer et sur les droits et obligations des États.  Il a ainsi indiqué qu’eu égard à l’importance de ce sujet pour de nombreux États un groupe de travail a été créé au sein de la Commission.  Certains États souhaiteraient demander un avis consultatif à la Cour sur ce sujet.

M. JAKOB GRANIT, de l’Agence suédoise pour la mer et l’eau, a souligné la robustesse du droit international de la mer, tout en mentionnant les lacunes qui demeurent.  Il a espéré que la Conférence intergouvernementale « BBNJ » permettra de combler certaines d’entre elles.  Il a appelé à une lutte accrue contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, insistant sur l’importance de coopérations régionales, comme celle relative à l’Antarctique. 

Lors du dialogue interactif, les délégations ont souligné leur attachement à la Convention, à l’instar de l’Équateur, des Philippines, de l’Indonésie ou encore du Viet Nam, qui a demandé le respect des droits souverains consacrés par ce texte.  Le Timor-Leste a rappelé que c’est en recourant à un accord de conciliation avec l’Australie, prévu par la Convention, qu’il a pu délimiter ses zones maritimes.  « Pour son cinquantième anniversaire, la Convention est en bonne santé », a salué l’Argentine, en louant la « vitalité » de ce texte et le bon fonctionnement de ses organes.  C’est un exemple vivant de la manière dont les intérêts nationaux peuvent être conciliés avec des intérêts mondiaux, a renchéri le Bangladesh, tout en regrettant l’insuffisance des transferts de technologie. 

La question de l’élévation du niveau des mers liée aux changements climatiques a été largement abordée, notamment par Vanuatu.  « Notre position est claire: il faut préserver les zones maritimes face à une telle élévation », a dit la délégation, appuyé par le délégué du Forum des îles du Pacifique.  Les deux délégations ont aussi réclamé des efforts accrus en vue de la réalisation de l’ODD 14, en particulier sur le plan financier.  La Polynésie française a livré la vision des « peuples de la pirogue », en plaidant pour meilleure préservation des « espèces et des espaces ».  Le délégué a appelé à une lutte renforcée contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et à la création de « corridors bleus » entre zones économiques exclusives.

La Conférence intergouvernementale « BBNJ » a enfin été mentionnée.  À l’instar du Royaume-Uni, la Finlande a espéré un traité ambitieux, résistant à l’épreuve du temps, prévoyant notamment la création de mécanismes de coopération efficaces.  « Nous avons un besoin urgent d’un tel instrument », a dit la déléguée finlandaise, tandis que son homologue du Bangladesh a espéré un texte qui ne sera pas « édulcoré ».  Le Chili a espéré un « texte solide » qui viendrait combler les lacunes existantes, dans le respect de la Convention.  Ce nouveau traité ne devra pas fragiliser les traités existants, a averti le délégué chilien.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence sur les océans: pour le Président français, il faut « fixer un cap et avancer de manière mesurable » jusqu’à la prochaine échéance, en 2025

Soixante-seizième session,
Conférence sur les océans, 6e et 7e séances plénières – matin & après-midi
MER/2151

Conférence sur les océans: pour le Président français, il faut « fixer un cap et avancer de manière mesurable » jusqu’à la prochaine échéance, en 2025

LISBONNE, 30 juin -- À la veille de la clôture de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans qui se déroule à Lisbonne, le Président de la France, M. Emmanuel Macron, a présenté une feuille de route pour l’engagement multilatéral qui doit prévaloir en vue de préserver le « bleu » de notre planète, en exhortant les États à garder le cap et à avancer de manière mesurable.

Selon lui, c’est en protégeant les écosystèmes côtiers et les mangroves, « garants de notre avenir » grâce à leur capacité de séquestration du carbone, que nous protégeons la biodiversité marine et la vie sur Terre.  Le Chef d’État a salué la volonté internationale de supprimer la pollution plastique, ainsi que l’adoption, par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), d’un instrument juridiquement contraignant contre les subventions à la pêche illicite.  Il faut cependant avancer sur un traité international destiné à protéger la haute mer, qui est en négociation depuis sept ans, s’est-il impatienté.  Mais l’Europe a fait selon lui un énorme pas en avant en adoptant pas moins de 14 lois sur le climat qui permettront de tenir ses engagements, s’est réjoui M. Macron, avant d’annoncer que son pays est candidat aux côtés du Costa Rica pour accueillir la prochaine Conférence sur les océans, prévue en 2025.

Dans un contexte mondial d’insécurité alimentaire, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué qu’océans, rivières et lacs ne peuvent aider à nourrir le monde qu’à condition d’exploiter leurs ressources de manière responsable, durable et équitable.  En effet, les aliments aquatiques ont moins d’impact sur l’environnement et donnent lieu à de moindres émissions de gaz à effet de serre que la plupart des systèmes terrestres de production de protéines animales.  C’est pourquoi il faut de toute urgence rendre nos systèmes alimentaires aquatiques plus efficaces, inclusifs, résilients et durables, a-t-elle plaidé.  À cet égard, le programme « Transformation bleue » de la FAO propose des solutions aux défis de la sécurité alimentaire et de la durabilité environnementale.  Pour l’organisation, il est essentiel que les aliments aquatiques soient inclus dans les programmes nationaux de sécurité alimentaire. 

La question cruciale de la pollution marine, « une bombe à retardement pour l’humanité », selon le Cameroun, a suscité de nombreux commentaires lors de cette séance.  En tant que pays qui ne produit pas de plastiques, les Îles Cook ont marqué leur préoccupation devant les impacts environnementaux, sociaux, culturels et sanitaires de la pollution issus de ces matériaux dans l’archipel.  Ce pays a donc approuvé la « Déclaration régionale du Pacifique sur la prévention des déchets marins et de la pollution plastique et ses impacts ».

Justement, le représentant du Forum des Îles du Pacifique a salué la décision de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement qui entend élaborer un traité juridiquement contraignant sur les matières plastiques.  Au Yémen, s’est ému le délégué de ce pays, il y a un risque de marée noire provoquée par le pétrolier SAFER qui n’a pas fait l’objet d’une maintenance depuis cinq ans à cause du refus des milices houthistes qui n’entendent pas laisser les équipes d’inspecteurs de l’ONU y accéder.  Si cette catastrophe sanitaire et environnementale devait se produire, elle pourrait se faire ressentir dans tout le golfe d’Aden et la mer Rouge et mettre à mal les moyens de subsistance de nombreux pêcheurs, a mis en garde le représentant yéménite.    

Avec des côtes de près de 47 000 kilomètres de long, les mers génèrent 1,36% du PIB des pays africains.  Malheureusement, a déploré l’Union africaine, le continent ne peut totalement exploiter ses ressources marines et halieutiques en raison du commerce illégal, de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), de l’érosion côtière, de la pollution et d’autres facteurs qui sapent les perspectives d’une économie bleue africaine.  Pour sa part, la Secrétaire générale adjointe de l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (CEMN) a souligné que les efforts pour l’approbation de l’Agenda maritime commun pour cette région avait généré une nouvelle dynamique.  Ainsi, cela a conduit à l’établissement d’une plateforme pour la préservation et la restauration de l’environnement, ainsi que pour le développement des économies bleues et vertes.  Un optimisme partagé par la Secrétaire générale du Commonwealth, qui a souligné l’adoption par son organisation d’une charte bleue, attestant de son engagement en faveur des océans. 

Cette dernière journée du débat général a été marquée par une déferlante d’engagements et d’appels à l’action, notamment de la part de la société civile, dont de nombreux jeunes qui ont exhorté les dirigeants à les associer aux solutions visant à sauver les océans et, partant, à garantir leur avenir.  C’est loin d’être une évidence, comme l’a souligné la représentante de « The Millenials Mouvement », qui a souligné que l’Amérique latine et les Caraïbes forment la région la plus hostile pour les militants écologistes victimes de répression policière et de violences.  Selon elle, qui dit droits des océans, dit droits humains.

Le représentant d’Uno.Cinco a déclaré être venu à Lisbonne avec une demande concrète soutenue par 30 000 signatures, adressée par la jeunesse d’Amérique latine, qui veut que les gouvernements de la région adoptent l’initiative 30x30 pour les océans.  Son homologue de Gabidezin House of Fashion-Boadi a souligné que les jeunes exigent un moratoire sur les activités minières en mer, un engagement pourtant pris par les États à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable de 2012 à Rio, mais qui n’a jamais été tenu.  Il faut également inclure davantage les jeunes dans les initiatives en faveur des océans, ont unanimement demandé organisations et parties prenantes présentes aujourd’hui. 

La Conférence des Nations Unies sur les océans s’achèvera demain, vendredi 1er juillet, par l’adoption, à 15 heures, de sa déclaration politique. 

CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES DE 2022 VISANT À APPUYER LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE NO 14: CONSERVER ET EXPLOITER DE MANIÈRE DURABLE LES OCÉANS, LES MERS ET LES RESSOURCES MARINES AUX FINS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Suite et fin du débat général

M. BORISLAV SANDOV, Vice-Premier Ministre des politiques climatiques et Ministre de l’environnement et de l’eau de la Bulgarie, a affirmé que le développement côtier durable fait partie des principales priorités de son pays qui borde la mer Noire.  De ce fait, une attention particulière est versée au développement économique bleu, en se concentrant sur les secteurs dépendants de la qualité des eaux marines et des écosystèmes qui ont été gravement touchés par la pandémie de COVID-19.  Le plan bulgare de résilience et de relance prévoit des mesures pour assurer la collecte et le traitement des eaux usées des habitations.  Selon lui, la recherche, la technologie et l’innovation sont fondamentales pour fournir des réponses à certains des problèmes de développement durable les plus pressants du XXIe siècle.  De même, au-delà de tous les accords politiques et juridiques indispensables pour préparer l’avenir, le changement implique un changement de mentalité, a-t-il argué. 

M. ARNOLDO ANDRÉ, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, a estimé que se développer de manière durable et en harmonie avec l’océan est vital pour la survie humaine et pour une reprise économique plus résiliente et inclusive après la pandémie de COVID-19.  Engagé dans cet agenda bleu, le Costa Rica a mis en place une série d’actions stratégiques dans les domaines de l’utilisation durable, la conservation et la gouvernance.  Il a appelé à l’adoption urgente d’un traité ambitieux, efficace, transparent et équitable, fondé sur le principe du patrimoine commun de l’humanité, pour légiférer sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas des juridictions nationales.  En outre, pour renforcer la gouvernance des océans, le Costa Rica, en collaboration avec les membres du corridor marin du Pacifique oriental tropical, à savoir la Colombie, l’Équateur et le Panama, a signé une déclaration pour la création de la réserve de la biosphère marine transfrontalière entre les îles Coco, Galápagos, Malpelo et Coïba.  Le Ministre a par ailleurs souligné que ce n’est que par la coopération et les alliances qu’il sera possible de trouver des solutions durables pour des problèmes mondiaux qui nécessitent l’engagement de tous. 

M. MIKA LINTILÄ, Ministre des affaires économiques de la Finlande, a souligné que la manière dont nous traiterons les océans détermineront la manière dont ils nous traiteront.  Il a précisé que l’économie bleue permet de lutter contre la crise climatique et de s’acheminer vers une économie circulaire.  Il a détaillé les mesures prises par son pays pour assurer la durabilité des ressources naturelles des océans, avant d’insister sur l’importance des traités à venir sur la pollution plastique ainsi que la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Il a aussi insisté sur l’importance de protéger la mer Baltique.  « C’est maintenant que nous devons agir pour protéger les océans. »  Enfin, il a exhorté la Fédération de Russie à mettre un terme à son invasion illégale de l’Ukraine.

M. JOSÉ RAMÓN REYES, Vice-Ministre des ressources côtières et marines de la République dominicaine, a dit que son pays et Haïti sont très touchés par les conséquences des changements climatiques, alors qu’ils n’émettent que très peu d’émissions.  Il a mentionné les obstacles qui s’opposent à la diversification économique, notamment l’isolement géographique.  Il a indiqué que son pays compte 127 aires protégées, dont 28 aires marines.  Il a également noté l’expérience acquise par la République dominicaine dans la préservation des barrières de coraux, avant de souligner la menace pour le secteur touristique posée par les sargasses.  Enfin, il a souligné l’importance de l’appui des institutions privées et publiques à la réalisation de l’ODD 14. 

Mme SHARON IKEAZOR, Ministre d’État de l’environnement du Nigéria, a déclaré que son pays accordait la priorité à l’ODD 14 et qu’il s’engageait à assurer la santé et la viabilité de nos océans.  À cet égard, nous avons entrepris la création de deux zones marines protégées et formulé une politique nationale afin de lutter contre la menace de la pollution plastique marine provenant de sources et d’activités terrestres.  En outre, le Gouvernement nigérian a mis au point une politique nationale de gestion des déchets solides, a encore relevé la Ministre, qui a fait valoir également l’établissement d’une feuille de route nationale sur la gestion des déchets solides et plastiques au Nigéria.  « En intégrant l’océan dans notre économie, nous avons défini une vision 2050 et un plan de développement à moyen terme dont l’océan fait partie intégrante.  Pour réaliser le potentiel de l’économie bleue du Nigéria, un comité présidentiel sur l’économie bleue durable a été constitué », a poursuivi Mme Ikeazor.

Sa délégation est attachée aux accords multilatéraux relatifs aux océans et pleinement impliquée dans tous les processus/négociations en cours, notamment l’instrument international juridiquement contraignant sur la biodiversité dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale, le cadre mondial de la biodiversité post-2020 de la Convention sur la diversité biologique, et l’instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris en milieu marin.  La Ministre a noté que ces négociations doivent aboutir à un texte négocié ambitieux.  « La science nous dit que pour mettre fin à la spirale descendante à laquelle nous assistons dans l’océan, nous devons protéger entièrement et fortement au moins 30% de l’océan mondial d’ici à 2030, et renforcer considérablement la gestion des activités humaines dans les 70% restants », a-t-elle rappelé.  Cela doit se refléter dans le texte que nous négocions ici, a-t-elle exhorté.

M. TALAL ALJAMALI (Yémen) a appelé à exploiter tous les partenariats pour mettre en œuvre les ODD 14.2, 14.5 et 14.6 qui affectent notamment la sécurité alimentaire, les changements climatiques et la sécurité de la navigation.  Il a alerté que le Yémen risque d’être victime d’une marée noire provoquée par le pétrolier SAFER qui n’a pas fait l’objet d’une maintenance depuis cinq ans à cause du refus des milices houthistes de laisser les équipes d’inspecteurs de l’ONU y accéder.  Si cette marée noire devait se produire, elle pourrait se répandre jusqu’au golfe d’Aden et à la mer Rouge et mettre à mal l’environnement ainsi que les moyens de subsistances de nombreux pêcheurs.  Il a appelé la communauté internationale, les Nations Unies et le Conseil de sécurité à faire pression sur les milices houthistes pour qu’elles respectent l’inspection du SAFER.  Cette menace de marée noire plane sur un pays qui subit déjà de plein fouet une crise humanitaire et de sécurité alimentaire, a signalé le représentant qui a indiqué que le Gouvernement yéménite n’a pas les moyens de faire face seul à tous ces défis.

M. SOPHANN KET (Cambodge) a indiqué que la pêche non réglementée reste un problème majeur tout comme la pollution plastique, et que les pays en développement manquent souvent de ressources pour appliquer efficacement les réglementations de pêche dans leur domaine maritime.  Sans une action énergique pour rendre ces pratiques durables, les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de centaines de millions de personnes sont menacés, a mis en garde le représentant.  Il a indiqué que les quatre provinces côtières, où vit 10% de la population cambodgienne, et les plus de 60 îles du pays jouent un rôle crucial dans l’économie du Cambodge, non seulement pour la sécurité alimentaire grâce à la production de la pêche, mais aussi en tant que domaine clef pour le tourisme, qui est l’un des secteurs les plus rentables de l’économie cambodgienne.  Le tourisme côtier représente d’ailleurs 85% des 15% du PIB généré par le secteur marin et maritime.  Il a indiqué que le Gouvernement entend transformer la province de Preah Sihanouk en pôle de croissance national et zone économique spéciale polyvalente, évoquant ses plages, son port en eau profonde et son aéroport international.  En outre, la première aire marine protégée à grande échelle a été lancée en juin de cette année, couvrant 405 kilomètres carrés autour des îles de Koh Rong.  Un certain nombre de programmes de conservation côtière et marine sont également en cours, en partenariat avec des partenaires au développement et le secteur privé. 

Mme MARGO DEIYE (Nauru) a déclaré qu’en tant que petit État insulaire en développement (PEID), Nauru fait face à des défis importants et uniques en raison de sa petite taille, de ses ressources naturelles limitées, de sa vulnérabilité aux effets néfastes des changements climatiques et de sa dépendance excessive aux importations.  Notant que son pays dépend de l’océan pour ses moyens de subsistance et son développement durable, elle a indiqué que l’augmentation des avantages économiques de l’utilisation et de la gestion durables de l’océan et de ses ressources est essentielle pour la population de Nauru.  Pour Nauru, la pêche est actuellement une source majeure, voire l’une des rares sources, de fonds pour sa trésorerie nationale.  L’archipel soutient des mesures de conservation et de gestion efficaces pour assurer la viabilité à long terme des stocks mais ces efforts sont entravés par le fardeau disproportionné que cet effort représente.  La représentante a donc exigé que tous les pays qui bénéficient du thon assument une part équitable du fardeau de la conservation et de la gestion des stocks.  Outre la protection et l’amélioration des rendements économiques de la pêche, Nauru cherche également à bénéficier d’autres utilisations durables de l’océan et ses ressources.  L’écotourisme marin, les projets d’aquaculture, ainsi que l’exploration minérale des fonds marins font partie des voies empruntées.  Elle a ensuite exhorté l’Autorité internationale des fonds marins et toutes les parties prenantes à achever leur travail pour adopter un régime réglementaire pour la collecte responsable des minéraux des fonds marins tout en garantissant la protection de l’environnement. 

M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a indiqué que malgré les difficultés causées par la pandémie de COVID-19 et la guerre de 44 jours au Nagorno-Karabakh, le Gouvernement arménien a continué de prendre des mesures en vue de la réalisation des ODD.  Il a rappelé le rôle primordial et fondamental joué par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  L’Arménie étant un pays en développement sans littoral, il a attaché une importance particulière à la partie 10 de la Convention qui accorde aux États sans littoral un droit d’accès à la mer et la liberté de transit.  Que nous vivions sur la côte ou au sommet d’une montagne enclavée, les océans et les mers ont un impact sur nos vies et nous y sommes tous connectés par les rivières, les lacs et les ruisseaux, a expliqué le représentant.  Il a appelé à mettre en œuvre les projets et mesures de manière intégrée, intersectorielle et inter-échelle, conformément à l’approche écosystémique et impliquant toutes les parties prenantes.  Il a également souligné la nécessité d’établir des partenariats et des réseaux efficaces avec le secteur privé visant également à accroître l’engagement du public.

Mme TEURU PASSFIELD (Îles Cook) a rappelé que, lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans en 2017, les Îles Cook avaient annoncé leur intention de consacrer leur zone économique exclusive de près de 2 millions de kilomètres carrés à la protection, à la conservation et à la gestion intégrée de leur parc marin, Marae Moana.  La loi Marae Moana a été adoptée en 2017 avec pour objectif principal de protéger et de conserver les valeurs écologiques, la biodiversité et le patrimoine du milieu marin des Îles Cook, a-t-elle noté.  Ce texte établit des zones marines protégées de 50 miles nautiques autour de chacune de nos 15 îles, où toutes les activités extractives commerciales sont limitées.  Ces zones fermées représentent une superficie de plus de 320 000 kilomètres carrés, soit environ trois fois la superficie de notre pays hôte, le Portugal, s’est-elle enorgueillie. 

En tant que pays qui ne produit pas de plastique, les Îles Cook restent extrêmement préoccupées par les impacts environnementaux, sociaux, culturels et sanitaires de la pollution plastique dans nos îles.  Nous avons donc rejoint nos voisins du Pacifique en approuvant la « Déclaration régionale du Pacifique sur la prévention des déchets marins et de la pollution plastique et ses impacts ».  Nous avons également soutenu les initiatives visant à lutter contre la pollution plastique dans d’autres enceintes internationales, notamment à l’Organisation maritime internationale, a ajouté la représentante.  Il n’y a donc eu aucune hésitation lorsqu’il s’est agi de soutenir la résolution visant à établir un comité de négociation intergouvernemental pour un traité international contraignant pour lutter contre la pollution plastique, et nous appelons à un effort international concerté dans ce processus, a indiqué Mme Passfield. 

Mme ASHA DESUZA (Saint-Kitts-et-Nevis) a indiqué que son pays est extrêmement vulnérable aux impacts délétères des changements climatiques, évoquant notamment la montée du niveau de la mer, l’érosion des côtes et l’acidification des océans.  Outre une loi de 2016 sur la gestion durable des pêches et des ressources marines, le pays a créé une zone de gestion maritime qui intègre les zones côtières.  Une approche multisectorielle a également été élaborée pour lutter contre la pollution plastique.  La représentante a ensuite annoncé qu’il y a quatre jours, son pays a validé sa stratégie nationale de mise en œuvre de l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port visant à prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

Mme ANNICK CAPET BAKOU (Côte d’Ivoire) a déclaré qu’une meilleure gestion des ressources marines et côtières est essentielle pour assurer la sécurité alimentaire à l’échelle de la planète.  Il convient donc d’engager des actions fortes pour gérer de façon durable ces précieuses ressources ainsi que pour les protéger.  Elle a indiqué que la Côte d’Ivoire a adopté une stratégie nationale qui précise ses orientations en matière de développement des ressources halieutiques.  Cette stratégie veille à la cohérence des interventions publiques et privées et offre une vision d’ensemble pour une pêche durable et un accès pour les petits pêcheurs artisanaux aux ressources marines et aux marchés.  Parmi les mesures de reconstitution des stocks de poissons mises en place par son pays, elle a cité les plans d’aménagement de la lagune Aby avec une période d’arrêt biologique caractérisée par une fermeture des activités de pêche pour une durée de six mois, ainsi que le plan de gestion de la pêcherie de senne de plage.  Elle a également parlé du Programme stratégique de transformation de l’aquaculture en Côte d’Ivoire (PSTACI) dont la mise en œuvre a débuté en 2021 et de l’Économie bleue (EB) dont la première phase a été lancée en mai 2022.  Les projets IPC-FAO et surimi participent également au renforcement de la gestion durable des ressources par la réduction des pertes postcaptures estimées à 30% des débarquements, à l’amélioration de l’information sur la situation et les tendances statistiques de la pêche artisanale et à l’autonomisation des femmes notamment en vulgarisant les fours FTT-Thiaroye.

M. SERGE PAMPHILE MEZANG AKAMBA (Cameroun) a dit être particulièrement préoccupé par le réchauffement climatique, la hausse continue du niveau de la mer, ainsi que le déversement anarchique de déchets plastiques et autres produits chimiques toxiques qui font aujourd’hui des espaces marins « une bombe à retardement pour l’humanité ».  Il a appelé à des actions fortes pour lutter contre la piraterie maritime, ainsi que pour assurer une gestion durable des océans impliquant une technologie verte et des utilisations innovantes des ressources marines.  Le représentant a aussi parlé de l’adoption au niveau national d’un plan de gestion de l’environnement orienté sur la conservation de la côte maritime et la gestion durable des ressources halieutiques.  Il a ensuite appelé à soutenir les efforts des pays en développement pour résorber la pollution des océans, la dégradation des écosystèmes marins et d’assurer un meilleur ancrage à l’économie bleue.

M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti) a noté, parmi les menaces qui pèsent sur les océans, leur acidification, la surpêche et la pollution plastique.  Il a demandé la pleine application des instruments juridiques aux océans.  Il a souligné les handicaps structurels dont souffre son pays, auxquels s’ajoutent les catastrophes naturelles.  Il faut gérer le bien public que sont les océans dans un esprit de solidarité internationale, a-t-il déclaré, en souhaitant que cette conférence imprime un élan en ce sens.  Enfin, il a souhaité que la déclaration politique, dont il a espéré l’adoption au terme de la Conférence, contienne des engagements forts de la part de la communauté internationale.

Le représentant du Viet Nam, a déclaré qu’en tant qu’État côtier de la mer de Chine méridionale, le Viet Nam a un littoral d’environ 3 260 kilomètres, avec plus de la moitié de la population et du PIB basés sur les océans.  C’est pourquoi le Viet Nam attache une grande importance à l’utilisation durable et à la conservation des océans et de leurs ressources et, par conséquent, à la pleine mise en œuvre de l’ODD 14.  Ces dernières années, son gouvernement a pris des mesures concrètes pour répondre à l’urgence des questions maritimes et océaniques à travers sa stratégie nationale et ses mécanismes de développement économique durable fondé sur les océans, a indiqué le représentant.  Une attention particulière est accordée à la pollution plastique marine, a-t-il expliqué, tout comme à la pêche durable et la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) qui sont des politiques nationales.  L’écosystème marin est abordé de manière holistique, notamment à travers un certain nombre de zones marines protégées.

Les changements climatiques étant une priorité absolue, le Viet Nam s’est engagé à atteindre zéro émission nette grâce à son plan d’action national.  La Stratégie pour le développement durable de l’économie marine du Viet Nam identifie les changements climatiques et l’élévation du niveau des mers comme des problèmes urgents et définit des orientations et des actions concrètes, a indiqué le représentant en expliquant que le mécanisme interagences pour la mise en œuvre du Programme 2030 examine régulièrement les progrès, y compris sur l’ODD 14.  Il a dit que son pays attend également avec intérêt la poursuite de l’élaboration d’instruments internationaux, notamment celui sur la biodiversité marine au-delà de la juridiction nationale qui doit être conclu en août.  Une adhésion plus large à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et aux instruments connexes dans diverses questions marines devrait également être encouragée, a-t-il poursuivi, alors que la coopération et l’assistance internationales sont essentielles à la réussite de la mise en œuvre de l’ODD 14.  Tout cela doit s’accompagner de ressources plus innovantes, a ajouté en conclusion le représentant.

Le représentant du Forum des îles du Pacifique a réitéré la primauté et la centralité de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982.  Sur cette base, il a renouvelé l’appel de cette organisation à tous les États Membres pour qu’ils soutiennent la déclaration du Forum des îles du Pacifique sur la préservation des zones maritimes, face à l’élévation du niveau de la mer liée aux changements climatiques.  En outre, en tant que leaders mondiaux de la gouvernance des océans, nous attendons avec impatience la finalisation cette année du traité mondial pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones situées dans les zones situées au-delà des juridictions nationales, a souligné le représentant.  Cependant, l’ODD 14 ne reçoit que 0,1% du financement total des ODD, a-t-il regretté: « Nous appelons donc la communauté mondiale à accélérer le financement des océans pour une économie bleue durable, à maximiser les rendements économiques de nos pêcheries du Pacifique et à renforcer nos capacités en matière de sciences, de données et de technologies océaniques ».  En ce qui concerne la pollution marine, le Forum se félicite de la décision prise par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement au début de l’année d’élaborer un traité juridiquement contraignant sur les matières plastiques. 

Le représentant a également insisté pour que l’on se penche de toute urgence sur la sécurité nucléaire et les déchets nucléaires, qui constituent actuellement une véritable menace pour le « continent bleu du Pacifique ».  « L’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima en 2011 et ses conséquences nous obligent à demander à tous les États dotés de centrales nucléaires de s’efforcer constamment d’améliorer les normes de sûreté et de trouver des solutions pour les déchets nucléaires, qui n’incluent pas le déversement de matières radioactives dans notre océan », a-t-il argué.  Nous, dans le Pacifique, ne resterons pas sans rien faire et ne permettrons pas aux actions ou inactions des autres de créer de nouvelles injustices pour nos générations actuelles et futures, a-t-il lancé en conclusion. 

Mme EBRU BARUTÇU GÖKDENİZLER, Secrétaire générale adjointe de l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (CEMN), a indiqué que la mer Noire est l’une des mers les plus polluées du globe avec des eaux anoxiques en dessous de 200 mètres, et que sa situation problématique pâtit également du grave conflit qui sévit actuellement dans la région et qui a causé de graves pertes de vie marine.  Elle a fait savoir que l’approbation de l’Agenda maritime commun pour la mer Noire par les pays riverains a généré une nouvelle dynamique dans la région en établissant une plateforme pour la préservation et la restauration de l’environnement, le développement des économies bleues et vertes et la construction d’un système de transport respectueux de l’environnement.  Elle a également mentionné deux projets phares qui sont le projet Black Sea CONNECT, une initiative de croissance bleue pour la recherche et l’innovation en mer Noire; et le Centre de connaissances virtuel de la mer Noire, qui vise à fournir une plateforme centralisée d’informations sur l’économie bleue en mer Noire et à améliorer les synergies entre les parties prenantes.  Il existe également trois projets financés par une subvention directe de la Commission européenne, dont le projet BRIDGE pour faire progresser la recherche et l’innovation en mer Noire pour appuyer la croissance bleue et la résilience des écosystèmes.  Le projet ARSINOE a pour objectif d’identifier les solutions nécessaires pour un avenir résilient au climat,  tandis que REST-COAST porte sur la restauration à grande échelle des écosystèmes côtiers grâce à la connectivité des rivières à la mer. 

Mme PATRICIA SCOTLAND, Secrétaire générale du Commonwealth, a souligné l’adoption par le Commonwealth d’une charte bleue, attestant de son engagement pour les océans.  « Nous sommes 2,5 milliards de personnes, dont 60% ont moins de 30 ans. »  Elle a indiqué que le tiers de toutes les mangroves se trouvent dans le Commonwealth.  Elle a déploré le sous-financement de l’ODD 14, tandis que l’aide publique au développement pour les océans ne représente que 1,6% du montant total.  Changeons cela, soyons à l’écoute les uns les autres et trouvons les ressources dont nous avons besoin pour sauver les océans, a-t-elle plaidé, en soulignant l’importance du mécénat. 

M. HEREMOANA MAAMAATUAIAHUTAPU, Ministre de la culture, de l’environnement et des ressources marines de la Polynésie française, a rappelé que, dès 1996, la pêche industrielle destructrice avait été interdite, de même que toute autre technique que celle de la pêche à l’hameçon dans la zone économique exclusive.  « En 2002, nous devenions le plus grand sanctuaire des mammifères marins au monde.  Depuis, il protège également toutes les espèces de requins, de tortues marines et de raies Mobula », s’est-il encore enorgueilli.  En 2018, conformément à notre engagement pris devant cette même conférence l’année précédente, nous avons créé Tainui ātea, un espace océanique protégé de 5 millions de kilomètres carrés, dont l’objectif est la préservation des espèces et de la diversité génétique; le maintien des fonctions écologiques; et l’utilisation durable des ressources et des écosystèmes naturels, a précisé le Ministre.

À l’occasion du One Ocean Summit de Brest en février dernier, a-t-il ensuite rappelé, le Président Edouard Fritch a pris des engagements forts, portant sur une superficie océanique de plus d’un million de kilomètres carrés.  Ils sont le fruit de cette stratégie politique de protection et de gestion durable des espaces et des espèces polynésiens.  Et dans ce cadre, la Polynésie française s’est engagée à protéger, dès cette année, toutes les espèces de coraux et, à l’horizon 2030, tous ses écosystèmes coralliens, ce qui correspond, notamment, à protéger 20% des atolls présents dans le monde.  La Polynésie française s’est également engagée avant la fin de cette année à réserver une zone côtière à la pêche artisanale et vivrière, une protection qui marque un retrait de 20% des zones de pêche professionnelle actuelles, a encore remarqué M. Maamaatuaiahutapu.

M. MELVIN TURNBULL, Ministre des ressources naturelles et du travail des Îles vierges britanniques, a dit son engagement en faveur de l’ODD 14, comme l’atteste la protection des raies et requins et le développement des mangroves.  Il a souligné le défi posé par la régulation des yachts et voiliers.  Nous sommes compétents au titre du droit international sur 200 miles nautiques, a-t-il dit, avant de détailler la feuille de route pour une économie bleue adoptée par son gouvernement.  Elle vise à améliorer les connaissances scientifiques et à exploiter de nouvelles opportunités, dans le respect de l’intégrité écologique.  Il a souligné l’importance de la question des ressources pour le développement des petits pays insulaires en développement: « Ces ressources doivent être à la hauteur. »

M. ABDUL MOMEN, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a relevé que la science marine est importante pour lutter contre la pauvreté, renforcer la sécurité alimentaire et préserver l’environnement, entre autres.  Il a déploré la persistance de disparités entre les pays développés et pays en développement en matière de capacité scientifique, notamment en termes de ressources financières, technologiques et humaines.  Insistant sur l’importance du développement des capacités, il a fait savoir que le Bangladesh est prêt à s’engager activement avec les pays développés disposés à procéder à des transferts de sciences et de technologie marines sur une base raisonnable et équitable. 

Poursuivant, le représentant a indiqué que 8,8% de la ZEE du Bangladesh est une zone marine protégée.  Le pays a également lancé, en 2019, un plan d’action pour éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et interdire les pratiques de pêche destructrices.  La loi de 2018 sur le recyclage des navires a été amendée et le Bangladesh est le premier pays en développement à avoir interdit la fabrication et l’utilisation de sacs plastiques à usage unique en 2002, les sacs en jute biodégradable étant dorénavant obligatoires pour l’emballage des produits.  Il a également fait savoir que la pêche de toutes les variétés de poissons est interdite 65 jours par an, celle des poissons juvéniles de l’espèce hilsa l’étant durant huit mois de l’année.

M. MICHAEL LODGE, Secrétaire général de l’Autorité internationale des fonds marins, a expliqué que le régime mis en place par l’Autorité garantit une égalité dans l’accès aux ressources marines et un partage équitable des retombées financières et économiques futures.  L’Autorité s’engage à faire sa part pour la réalisation de l’objectif de développement durable no 14, a assuré M. Lodge en passant en revue les nombreux succès de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer sans laquelle l’ODD 14 n’existerait simplement pas.  Faisant part de ses préoccupations face au recul du multilatéralisme dans le monde, il a insisté sur le fait que la Convention et la réalisation du Programme 2030 en dépendent et qu’il faut inverser cette tendance.

M. DARIUS CAMPBELL, Secrétaire de la Commission des pêches de l’Atlantique Nord-Est, qui a pour mission de gérer les pêches en dehors des zones maritimes nationales de l’Atlantique Nord-Est, a évoqué certaines mesures prises par la Commission pour protéger les écosystèmes marins vulnérables comme les éponges et les coraux, ainsi que pour protéger les requins.  La Commission reconnaît qu’une approche écosystémique doit englober tous les secteurs qui travaillent sur les océans, a-t-il déclaré, y compris ceux qui travaillent sur la Convention d’Oslo.  Cet organe collabore avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et ses secrétariats régionaux et d’autres régions, a précisé son représentant.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unis pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a rappelé que la proclamation de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) a permis de mobiliser la communauté scientifique autour des océans.  La Commission océanographique de l’UNESCO est le chef de file de la mise en œuvre des activités relatives à la Décennie, tout en élaborant des rapports qui sont des sources d’informations utiles pour comprendre les problèmes des océans.  Ces documents laissent par exemple voir que les États investissent trop peu dans la science océanographique.  Pour l’UNESCO, il faut gérer de façon durable les océans afin qu’ils soutiennent la vie sur Terre.

La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué que les océans, rivières et lacs peuvent aider à nourrir le monde, mais seulement si on utilise leurs précieuses ressources de manière responsable, durable et équitable.  En effet, la production d’aliments aquatiques est plus efficace, a moins d’impact sur l’environnement et donne lieu à moins d’émissions de gaz à effet de serre que la plupart des systèmes terrestres de production de protéines animales.  De plus, des systèmes alimentaires aquatiques durables et inclusifs améliorent les droits, les revenus et les moyens de subsistance des communautés de pêche et de pisciculture. 

En outre, a poursuivi la FAO, les aliments aquatiques offrent des sources très accessibles et abordables de protéines animales et micronutriments, lesquels jouent un rôle vital dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle de nombreuses personnes, en particulier les populations côtières vulnérables.  Pour l’organisation, sans action urgente pour conserver, protéger, restaurer et gérer durablement les écosystèmes, l’océan ne pourra pas maintenir son rôle important dans la fourniture de nourriture et assurer la prospérité économique.  C’est pourquoi il faut transformer de toute urgence nos systèmes alimentaires aquatiques pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.  À cet égard, le programme « Transformation bleue » de la FAO propose des solutions à fort impact pour répondre aux défis de la sécurité alimentaire et de la durabilité environnementale.  Ce programme, a détaillé la déléguée, a trois objectifs principaux: intensification et expansion durables de l’aquaculture; gestion efficace de toutes les pêcheries; et mise en place de chaînes de valeurs améliorées qui garantissent la sécurité sociale, économique et environnementale des systèmes alimentaires aquatiques. 

La représentante a ensuite signalé que la production mondiale de la pêche et de l’aquaculture est à un niveau record.  En effet, l’aquaculture représente la moitié des aliments aquatiques que nous consommons et offre un grand potentiel pour nourrir notre population croissante.  De ce fait, l’expansion de la production aquacole soutiendra des millions de moyens de subsistance, y compris en faveur des femmes, des jeunes et des peuples autochtones.  Elle a souligné que des partenariats publics et privés proactifs sont nécessaires pour améliorer la production, réduire les pertes et gaspillages alimentaires et améliorer l’accès équitable aux marchés lucratifs.  De même, elle a jugé essentiel que les aliments aquatiques soient inclus dans les programmes nationaux de sécurité alimentaire et de nutrition. 

Mme KAREN EVANS, membre du Groupe d’experts du Mécanisme de notification et d’évaluation systématiques à l’échelle mondiale de l’état du milieu marin, y compris les aspects socioéconomiques, a expliqué que ce groupe a pour objectif de renforcer les connaissances et les évaluations régulières de l’environnement marin pour que les décisions soient sous-tendues par des données scientifiques.  La deuxième évaluation confirme que toutes les dimensions de l’océan sont affectées par les changements climatiques et les activités humaines, a-t-elle constaté, même s’il y a eu certains progrès.  Des difficultés subsisteront dans la réalisation de l’objectif de développement durable no 14 si l’on ne reconnaît pas à large échelle le rôle que jouent les océans dans la vie des êtres humains et si l’on ne veille pas au partage des connaissances pour assurer la pérennité des océans, a prévenu la représentante.  Le troisième cycle d’évaluation devra fournir des informations pertinentes pour combler le fossé entre science et politique afin de contribuer aux processus décisionnels et de renforcer l’interface science/politique aux niveaux national, régional et international, a-t-elle expliqué.  La participation à ce mécanisme est absolument fondamentale, a souligné l’experte en encourageant tous les États Membres, les femmes et la société civile à participer aux ateliers qui seront organisés par le Groupe d’experts des Nations Unies.

Le représentant de la Fondation nippone a constaté que l’océan, « berceau de la vie », est en souffrance.  Il a expliqué que la Fondation travaille depuis 20 ans à renforcer des initiatives de bonne gouvernance océanique, notamment en collaboration avec les Nations Unies.  Elle souhaite mettre sur pied un programme de formation spécialisé destiné aux PEID et à leurs jeunes chercheurs.  La Fondation a également l’intention de convoquer un sommet mondial en 2024 à Tokyo pour entendre la voix des PEID et rechercher des solutions aux difficultés qu’ils rencontrent dans la protection de leurs océans.  Il faut agir ensemble, a-t-il conclu, en vue de transmettre le patrimoine commun qu’est l’océan.

Le Conseil international des sciences a souligné que les solutions océanographiques doivent être partagées.  Il a appelé à jeter plus de passerelles entre la science et la politique.  Le Conseil a également rappelé que les communautés doivent être impliquées dans la gestion des fonds marins, dont les groupes de petits pêcheurs qui ont des connaissances à partager. 

Pour Comunidad y Biodiversidad, il est important de se mobiliser et ne pas laisser en marge les communautés vulnérables.  Démocratisons la science et rendons-la publique, a plaidé l’organisation qui a aussi dit que l’on ne peut sauver les océans sans justice sociale. 

Selon Oceano Azul Foundation, pour préserver la nature, il faut prendre des risques comme le fait le monde des affaires.  L’organisation a appelé à conclure des accords internationaux contraignants en faveur des océans, tout en plaidant pour davantage d’actions de la part des décisionnaires. 

Le représentant de United Cities and Local Governments a souligné que ce réseau se rassemble autour d’une équipe spéciale qui œuvre à la protection des océans.  Il est crucial d’insister auprès des gouvernements locaux pour qu’ils participent aux efforts de sauvegarde des océans, a-t-il souligné.  Les installations humaines dans les régions côtières sont de plus en plus touchées par les changements des écosystèmes marins, a-t-il noté, et doivent être associées aux processus de prise de décisions en se basant sur les connaissances et expériences des gouvernements locaux.  Le représentant a espéré que cet aspect sera retenu dans la Déclaration finale de la conférence.

Mme CORREA LEONEL JOSEFA SACKO, Commissaire pour l’agriculture, le développement rural et l’économie bleue de l’Union africaine (UA), a déclaré que les océans et les mers sont la nouvelle frontière de l’Afrique sur la voie du développement durable.  Cependant, malgré une côte de près de 47 000 kilomètres, les mers ne représentent que 1,36% du PIB des pays africains, le continent ne pouvant pas exploiter la totalité de ses ressources marines et halieutiques à cause de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, de l’érosion côtière, de la pollution et d’autres éléments qui sapent les perspectives d’une économie bleue africaine.  Face à cette situation, l’UA a développé la stratégie pour l’économie bleue de l’Afrique qui appuie ses États membres dans ce domaine.  En outre, le cadre de gouvernance des océans est sur le point d’être finalisé et l’Union travaille aussi sur un plan d’action pour la gestion des déchets plastiques. 

La représentante de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a indiqué que la technologie et les techniques nucléaires sont particulièrement précieuses pour relever certains des défis climatiques et océaniques, notamment l’acidification des mers, l’économie circulaire, les cycles biochimiques et les changements dans la biodiversité, ainsi que pour évaluer la pollution marine.  Elle a expliqué que l’AIEA vise à aider les États Membres à renforcer leur capacité technique à utiliser ces techniques nucléaires bénéfiques.  C’est pourquoi l’AIEA a récemment lancé la NUclear TEChnology for Controlling Plastic Pollution, ou NUTEC Plastics, pour relever les défis de la pollution plastique.  NUTEC utilise des techniques nucléaires et isotopiques, telles que la spectroscopie infrarouge, pour surveiller et suivre les plastiques -en particulier les microplastiques- dans l’océan.  Le projet aide également les États qui souhaitent améliorer les taux de recyclage et progresser vers une économie circulaire.  Là encore, la science nucléaire, dans ce cas les technologies de rayonnement gamma et par faisceaux d’électrons, est le catalyseur clef.  L’AIEA s’appuie sur le travail de ses laboratoires en Autriche et à Monaco pour mettre en œuvre ce projet. 

Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a indiqué qu’au moins 200 millions de personnes dépendent de l’océan pour assurer leur subsistance dans cette région où se trouvent 71% des récifs de coraux du monde et 45% des mangroves et qui représente 66% de la production halieutique et 89% de l’aquaculture mondiales.  Elle a expliqué que la CESAP fournit un appui technique pour appuyer le processus du G20 visant à promouvoir des solutions tirées des océans pour faire face aux changements climatiques.  La CESAP promeut également des modes de transport à faibles émissions de carbone et aide par ailleurs les gouvernements locaux à utiliser des technologies numériques pour surveiller l’étendue de la pollution plastique.  Elle s’est inquiétée de la persistance d’écarts pour ce qui est de la connaissance scientifique des océans et a fait savoir que la CESAP a consacré en 2018 la Journée Asie-Pacifique pour l’océan.

L’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) a appelé à préserver les océans, notamment en renforçant les chaînes de valeurs du secteur de la pêche.  Elle a plaidé pour des solutions fondées sur les océans.  Pour la durabilité des pêches, elle a appelé à des partenariats solides et efficaces à tous les niveaux, afin de mettre en œuvre l’ODD 14. 

L’Institut pour la sécurité environnementale a dénoncé le mépris fait aux océans.  Il a parlé d’une course de fond, mieux, d’une course vers le fond des mers afin d’exploiter toutes les ressources y disponibles.  Nos enfants ne nous donneront pas de médaille en or pour cette course, a-t-il prédit.  Si vous donner du poisson à un homme, alors il pourra manger à sa faim ce jour-là, mais si vous lui apprenez à pêcher, alors il risque de détruire les stocks de poissons, a-t-il ironisé en appelant à une gestion plus durable des richesses marines. 

La Global Sustainable Seafood Initiative a indiqué que ce partenariat public-privé a notamment mis en place des outils de certification des produits de la mer.  Elle a indiqué que les produits de la mer ont un rôle important à jouer en matière d’alimentation et de nutrition et a espéré que des engagements seront pris pour assurer la durabilité de la pêche et réglementer l’aquaculture.  Il faut lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, mettre en avant le rôle des pêcheurs artisanaux et leur faciliter l’accès aux marchés.  Pour cela, elle a appelé à élaborer une cartographie des produits de la mer. 

Heirs To Our Oceans, une organisation de jeunes qui travaillent dans le domaine de la protection des océans, a regretté que les jeunes ignorent trop souvent les données scientifiques et les informations sur l’incidence des activités humaines sur les océans, en appelant à une éducation de qualité.  Les ODD 4 et 14 doivent être liés pour pouvoir compter sur la participation des jeunes dans la gouvernance océanique, a-t-elle estimé.  Elle a indiqué avoir mis en place un conseil consultatif des jeunes sur les océans, et souhaiterait que cette expérience soit élargie et reprise dans d’autres pays.  En outre, l’organisation a souhaité voir des jeunes de 15-16 ans participer aux conférences onusiennes pour faire entendre leur voix. 

EarthEcho International a demandé aux États Membres d’impliquer davantage les jeunes dans les délégations et de protéger 30% des océans d’ici à 2030, afin que les jeunes puissent avoir un avenir.  En attendant, les jeunes agissent, plantant des arbres dans les mangroves et s’impliquant pour la cause des océans.  Nous devrons vivre avec les conséquences de vos actions ou de vos inactions, a-t-elle signalé. 

L’organisation Missionary Society of St. Columban a expliqué qu’elle comprend des femmes des Fidji qui dénoncent notamment la surexploitation des océans.  Elle a évoqué un projet d’exploitation minière qui prévoit de déplacer les communautés locales pour des intérêts économiques.  Elle a souhaité que les habitants des îles soient davantage invités à ce genre de rencontre internationale portant sur les océans, et que leur avis et leur culture soient pris en compte. 

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a dit vouloir être présent aujourd’hui pour avancer sur l’agenda des océans malgré la guerre qui revient sur le sol européen.  Les Nations Unies ont fort à faire, a-t-il remarqué, en appelant à ne pas détourner l’ambition commune du Programme 2030 et de son ODD 14.  C’est face à cette urgence que la France a organisé en février dernier à Brest le One Ocean Summit pour réunir tous ceux et celles qui veulent agir et se mobiliser pour sauver les océans, a rappelé M. Macron.  Depuis, 35 acteurs dans 18 ports internationaux se sont engagés à décarboner la navigation alors qu’il y a 13 jours, à Marseille, 13 armateurs ont obtenu le label Green Marine Europe. 

Il a également insisté sur l’importance d’assurer la protection des écosystèmes côtiers et des mangroves car leur capacité de séquestration du carbone permet de protéger la biodiversité marine et la planète.  Appelant à fixer un cap et à avancer de manière mesurable, le Président a indiqué que dans foulée de Brest, au Sommet de Nairobi, les États se sont engagés sur la voie de la suppression de la pollution plastique.  C’est cette même dynamique qui a permis de mobiliser les nations contre le fléau de la pêche illicite, l’OMC venant d’adopter un instrument juridiquement contraignant contre le subventionnement de ce type de pêche, a-t-il relevé. 

Le Chef d’État a ensuite appelé à avancer sur l’élaboration du traité sur la haute mer dont on discute depuis sept ans.  Il est temps d’agir pour créer ces nouvelles règles pour les eaux internationales, a-t-il estimé, notant que la Conférence de Lisbonne est importante pour remobiliser la communauté internationale autour de cet objectif.  À ses yeux, la Coalition pour de hautes ambitions doit permettre d’apporter des résultats concrets pour protéger au moins 30% des terres et des mers de la planète d’ici à 2030.  C’est un cadre d’action systématique que nous sommes en train de construire, a insisté M. Macron avant de saluer le fait qu’hier, l’Europe a fait un énorme pas en avant en adoptant pas moins de 14 lois sur le climat.  Il faut élargir ce que nous faisons à travers les engagements de l’Accord de Paris, a-t-il urgé, et pour cela « notre engagement doit être total et collectif ».  Il a ensuite annoncé que la France présente sa candidature, avec le Costa Rica, pour accueillir une nouvelle conférence des Nations Unies sur les océans en 2025. 

La représentante de The Millenials Mouvement a relevé que la région d’Amérique latine et des Caraïbes est la plus hostile pour les militants environnementaux.  Nous sommes victimes de répression policière et de violences et parfois perdons la vie, s’est-elle lamentée.  Selon elle, parler des droits des océans revient également à parler des droits humains. 

Le délégué de Gabidezin House of Fashion-Boadi a souligné que les jeunes appellent à un moratoire sur les activités minières en mer, étant donné que les États ont pris cet engagement à Rio de Janeiro et ne l’ont pas tenu.  Dans le même temps, en investissant dans l’ODD 14, on lutte contre la pollution et en faveur de la justice climatique.  Il a ensuite appelé à inclure davantage les jeunes dans les initiatives en faveur des océans. 

La déléguée de The Global Ghost Gear Initiative a appelé à trouver une solution au problème des engins de pêche abandonnés ou perdus en mer.  Si nous prenons soin des océans, alors les océans prendrons soin de nous, a-t-elle affirmé. 

Le représentant de Sailors for the Sea Japan a salué la nouvelle législation sur les pêches adoptée au Japon en 2020.  Celle-ci prévoit des systèmes de certificat pour les pêcheurs respectueux de l’environnement. 

L’organisation Uno.Cinco a déclaré qu’elle est venue ici avec une demande concrète soutenue par 30 000 signatures, adressée par la jeunesse d’Amérique latine, à travers la déclaration régionale 2021 de la Conférence régionale sur le climat de la jeunesse pour l’Amérique latine: « Nous avons exhorté les gouvernements nationaux de notre région à adopter l’initiative 30x30, en protégeant au moins 30% des zones marines d’ici à 2030 ».  Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, nous voulons réaffirmer notre pétition et l’étendre à tous les pays côtiers du monde.  Nous voulons vous démontrer que c’est possible et que les jeunes sont profondément engagés envers nos océans.  Il y a des milliers d’actions que les jeunes mènent pour l’océan dans notre région, même sans soutien financier et parfois en mettant leurs vies en danger dans des situations difficiles. 

Pour OceanCare, il est important de lutter contre les bruits océaniques anthropiques, issus des navires ou de constructions offshore, qui sapent les tentatives de faire des océans des environnements résilients.  Lutter contre le bruit sous-marin passe notamment par la restriction des activités de forage et d’exploration liées à l’exploitation d’hydrocarbures. 

Seascape Consultants Ltd, un partenariat de 40 institutions scientifiques œuvrant notamment à la protection de l’environnement marin et financé par le Gouvernement allemand, a insisté sur la contribution de la science au traçage des espèces marines et à la connaissance des fonds marins.  Pour cet organisme, il s’agit de donner la priorité à la science dans la politique marine. 

L’Institute of Oceanology Polish Academy of Sciences a appelé à redoubler d’efforts pour autonomiser les jeunes scientifiques et leur permettre des vecteurs de changement.  Les jeunes générations doivent être conscientes des enjeux du développement durable et comprendre la nature complexe des changements des océans et du climat.  Cette jeune génération prendra des décisions déterminantes pour l’avenir de la planète à travers ses votes et ses modes de vie. 

Mediterranean Protected Areas Network a plaidé en faveur de l’établissement de plus d’aires marines protégées et de les doter de ressources et de moyens.  Ces réseaux de gestionnaires des aires marines protégées contribuent à la sauvegarde de la biodiversité, a argué la délégation qui a noté que le projet de gouvernance des aires marines protégées de l’UE a permis de mobiliser des fonds et le partage des connaissances, un effort qui mérite d’être soutenu. 

La Congregation of the Sisters of St. Joseph of Peace a demandé que les documents de cette conférence reflètent l’avis de tous, y compris des populations autochtones et des congrégations religieuses.  Elle a ensuite appelé à l’interdiction des forages profonds qui pourraient nuire aux communautés côtières, mener à la perte d’habitat, et mettre en danger le cycle mondial du carbone. 

Le Scientific Committee on Oceanic Research (SCOR) a expliqué travailler sur une série de projets, notamment dans l’océan indien ou pour la lutte contre les algues nocives, et contribuer des informations scientifiques pour appuyer la prise de décisions dans le domaine des océans. 

Pour Ocean Conservancy, il est fondamental de réduire la production des plastiques et lutter contre la pollution des océans.  De même, il faut diminuer la production du carbone due à la navigation maritime. 

Le Réseau Océan Mondial a indiqué que la génération actuelle de jeunes est prête à travailler avec les dirigeants du monde pour le bien-être des océans.  Elle a dénoncé le forage des fonds marins et a invité les délégués à signer une pétition sur la question. 

Upwell Turtles, qui protège les tortues marines dans le Pacifique, a expliqué utiliser des technologies modernes pour suivre leurs déplacements et obtenir des données qui permettront de mieux les protéger.  Le but est de rétablir un seuil acceptable de populations de sept espèces de tortues en danger de disparition.   

La délégation de Marine Stewardship Council a expliqué que cette ONG met à disposition des outils de certification des ressources marines.  Notant qu’un tiers des stocks de poissons pour lesquels il existe des données font déjà l’objet de surpêche, elle a appelé à tout faire pour préserver les stocks de poissons pour qu’ils puissent se reconstituer, exhortant en outre à interdire la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

L’Instituto Baleia Jubarte (Institut brésilien pour les baleines à bosses) a déclaré que le moment est venu de rejeter le paradigme d’une exploitation maximale des océans, dans la mesure où ces écosystèmes ne pourront pas se reconstituer une fois qu’ils auront été épuisés.  Personne ne parle de la sécurité alimentaire des baleines, des requins ou des oiseaux marins, aussi des mesures doivent être prises pour permettre le renouvellement des espèces animales, a exhorté l’organisation. 

« Nous n’avons plus le temps », a déclaré Orsted, pour qui le réchauffement planétaire fait peser une menace existentielle sur la viabilité des océans, d’où l’importance de placer leur santé au cœur des mesures d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques. 

Blue Ventures a plaidé de son côté pour une meilleure gestion des aires communautaires maritimes, en commençant par donner un accès préférentiel aux pêcheurs artisanaux aux eaux dont dépendent leurs moyens de subsistance. 

Le Stiftelsen Stockholm International Water Institute a déclaré qu’il faut prendre acte des liens qui unissent l’ODD 14 aux objectifs no 6, no 13 et no 15.  Nous devons encourager une gestion holistique des systèmes d’eau et mobiliser l’action aux niveaux international et national et prendre en considération les préoccupations des communautés marginalisées, des jeunes et des peuples autochtones. 

BlueBio Alliance, qui travaille sur la biodiversité marine, a indiqué que le Portugal est en première ligne des technologies bleues et dispose d’une structure articulée autour de trois piliers: un institut de recherche, un comité scientifique et des investisseurs qui soutiennent cette dynamique. 

Le représentant du Conseil des Innu de Ekuanitshit a indiqué que le mode de vie de cette nation autochtone du golfe du fleuve Saint Laurent au Canada, qui vit de la pêche commerciale, est menacé par le trafic, les changements climatiques, ainsi que par les forages d’hydrocarbures le long des routes migratoires des saumons.  Il a revendiqué une meilleure protection des mers semi-fermées et des aires marines protégées où l’exploration d’hydrocarbures et minière est interdite. 

GreenX Telemechanics Limited a abordé le problème des plastiques à usage unique et des microplastiques qui sont déversés dans les océans.  Venant d’un pays où beaucoup d’espèces sont menacées d’extinction, elle a insisté sur l’urgence à agir, autrement « nos enfants vont respirer des gaz toxiques et manger du poisson contaminé ».  Il faut trouver des solutions durables pour mettre fin à l’utilisation du plastique non dégradable et l’ONG travaille à trouver des solutions novatrices. 

La représentante de Live Ocean, une organisation néo-zélandaise, est venu témoigner de l’état de l’océan qui entoure sa nation.  Avec 140 responsables de communautés océaniques, l’ONG offre une plateforme pour faire entendre leurs voix et préserver l’océan « ensemble et dans l’urgence ». 

Energias de Portugal a expliqué qu’elle est l’un des plus grands fournisseurs d’énergies renouvelables du pays.  Tous les secteurs économiques du Portugal doivent jouer leur rôle afin de mettre une énergie propre au service de tous, avec pour objectif ne plus dépendre du pétrole et du charbon d’ici à 2025, date à laquelle des éoliennes en mer auront été construites au large du pays pour fournir de l’électricité équivalant à 11 gigawatts. 

Blue Forest, qui est basée au Émirats arabes unis, a expliqué avoir pour mission la restauration des mangroves, dont près de 50% dans le monde ont disparu.  Heureusement, existe la possibilité de mettre fin à cette déforestation, en donnant la place qui lui revient au secteur privé pour innover et investir. 

RARE, un réseau de conservation des fonds marins et des mangroves, a préconisé l’autonomisation des communautés locales pour mieux les protéger. 

Le Centre océanographique national a considéré que la connaissance et la rigueur scientifiques doivent servir à promouvoir, protéger et observer les océans.  Ce n’est pas une activité passive que d’observer, mais le meilleur moyen de comprendre quelle action doit être menée, en concertation avec les parties prenantes pertinentes, a expliqué cette organisation.  Nous devons tenir compte des zones côtières situées sous le niveau de la mer et être unis dans nos efforts communs pour partager les données. 

Caritas Internationalis a rappelé qu’en 2015, le pape François a dit pleurer « face à notre utilisation irresponsable du don que Dieu nous a fait ».  La violence et le mépris dont nous avons fait montre ont entraîné la pollution, l’infertilité des terres, des catastrophes naturelles et une surcharge de déchets, s’est-elle indignée.  Rappelons-nous que nous ne sommes que poussière, a-t-elle dit en appelant à travailler à la protection des océans, à lutter contre la surpêche, l’acidification et les changements climatiques et à interdire les activités minières en haute mer. 

Le représentant de MUN Impact a appelé à protéger « les océans qui soutiennent la vie sur Terre ».  Son organisation œuvre à sensibiliser des centaines de milliers de jeunes dans plus de 120 pays aux enjeux de l’ODD 14, notamment à l’élargissement des aires marines protégées, la lutte contre la pollution plastique et autres.  Les solutions sont là et trois milliards de vies sont en jeu.  Et pourtant nous tardons à agir, s’est-il indigné.  Jugeant le temps des négociations révolu, il a appelé à agir et faire preuve de courage pour ne plus exploiter mais protéger les océans. 

L’Union internationale de la jeunesse socialiste a averti que si les océans meurent, nous mourrons tous.  La délégation a dénoncé les pêches illicites et les forages profonds en mer pour extraire des minerais, exigeant leur interdiction.

La Société pour la nature et les parcs du Canada, qui représente une population autochtone du Canada, a indiqué travailler avec le Gouvernement canadien pour mettre en place la plus grande aire marine protégée gérée de manière collective par les populations autochtones.  Cette aire est basée sur un plan de gestion, les connaissances autochtones et des données scientifiques, et les populations autochtones veilleront à l’utilisation durable de ses ressources, a-t-elle expliqué en appelant les gouvernements à travailler avec les populations autochtones en tant que partenaires. 

SWEN Blue Ocean s’efforce de mobiliser les acteurs financiers pour les inciter à investir dans des projets susceptibles de préserver les océans, citant en exemple une coalition internationale d’un millier de start-ups. 

La représentante des Émirats arabes unis a déclaré que son pays œuvre à la protection des environnements côtiers et marins, conformément à l’ODD 14, dont la cible 5 a été déjà atteinte, s’est-elle félicitée.  Certaines des zones marines protégées émiraties ont d’ailleurs été reconnues, dont six au niveau de la Convention de Ramsar.  L’accent a été mis sur les écosystèmes basés sur l’économie bleue, dont les mangroves.  Les Émirats, a indiqué la représentante, ont réhabilité des écosystèmes dégradés et planté plus de 5 000 récifs coralliens artificiels.  Elle s’est félicitée que les Émirats occupent aujourd’hui la première position de l’Index 2021 pour la santé des océans en ce qui concerne la région du golfe Persique.  Mais si nous voulons préserver nos océans, a ajouté la déléguée, davantage de partenariats sont nécessaires.

Droit de réponse

Le représentant de Maurice a exercé son droit de réponse pour regretter que le Royaume-Uni continue d’ignorer l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) et le jugement de la Chambre spéciale du Tribunal international du droit de la mer qui, tous deux, disent que l’archipel de Chagos fait partie intégrante du territoire de Maurice et que le « territoire britannique de l’océan Indien » est fictif.  En vertu de l’avis de la CIJ, a-t-il précisé, l’archipel de Chagos a toujours fait partie du territoire de Maurice et le processus de décolonisation de Maurice n’a pas été mené à son terme.  La position britannique est donc « un acte illicite qui se poursuit », a dénoncé le délégué, avant de rappeler que le jugement de la CIJ a été repris par l’Assemblée générale dans sa résolution 73/295 adoptée en 2019 à une écrasante majorité.  Il s’est par ailleurs déclaré déçu que le Royaume-Uni s’efforce de déjouer les efforts de Maurice visant à mettre en place dans l’archipel une aire maritime protégée.  Enfin, il a dénoncé le fait que les personnes déplacées lors de l’annexion de l’archipel, antérieurement à l’indépendance de Maurice, n’aient toujours pas la possibilité de rentrer chez elles. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte une Déclaration politique sur l’amélioration de la sécurité routière mondiale, problème de santé publique et de développement

90e et 91e séances plénières,
matin & après-midi
 AG/12432

L’Assemblée générale adopte une Déclaration politique sur l’amélioration de la sécurité routière mondiale, problème de santé publique et de développement

L’Assemblée générale a ouvert aujourd’hui sa toute première réunion de haut niveau consacrée à l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, sur le thème « La sécurité routière à l’horizon 2030: garantir une décennie d’action et de réalisations », en adoptant une Déclaration politique et en lançant un appel à la mobilisation pour sauver des vies.  En début de séance, l’Assemblée a observé une minute de silence à la mémoire des milliers de vies perdues chaque année dans les accidents de la route.

En adoptant la « Déclaration issue de la réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde », les États Membres des Nations Unies déclarent notamment que la sécurité routière est une « priorité de développement urgente, un problème majeur de santé publique et une question d’équité sociale », et s’engagent à intensifier leurs efforts pour atteindre les objectifs fixés dans la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030). 

Chaque année, les accidents de la route sont à l’origine de près de 1,3 million de décès évitables et d’environ 50 millions de blessés, ce qui en fait la principale cause de mortalité des enfants et des jeunes dans le monde.  Pour y remédier, l’Assemblée générale a proclamé la période 2021-2030 deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière, avec l’objectif de réduire d’au moins 50% le nombre de morts et de blessés sur les routes.  En 2020, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les commissions régionales des Nations Unies ont lancé le Plan mondial, qui propose une approche intégrée faisant de la sécurité routière un moteur essentiel du développement durable. 

« Les accidents de la route sont une épidémie silencieuse ambulante » a déploré le Secrétaire général de l’ONU.  Ils représentent la première cause de mortalité au monde chez les jeunes de 5 à 29 ans, a-t-il insisté.  De plus, neuf victimes sur dix vivent dans des pays à revenu intermédiaire ou faible.  Pour relever ces défis, M. Guterres a exhorté tous les participants à intégrer la sécurité routière dans leurs politiques nationales en matière d’éducation, de santé et de transport, et à adhérer aux conventions des Nations Unies dans ce domaine.  « Nous avons besoin d’actions plus ambitieuses et urgentes pour réduire les risques les plus importants. »

Les pays en développement perdent chaque année entre 2 et 5% de leur produit intérieur brut (PIB), a abondé l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la sécurité routière, M. Jean Todt.  Au cours des 45 dernières années, l’Europe a ajouté cinq fois plus de véhicules tout en déplorant trois fois moins de victimes que les pays en développement, où le nombre de véhicules et de victimes sont tous deux à la hausse.  En revanche, l’Afrique, qui ne compte que 2% des véhicules dans le monde, enregistre le taux de mortalité routière le plus élevé, a relevé l’Envoyé spécial, en dénonçant un écart « inacceptable » entre le monde développé et le monde en développement. 

« Cette tendance peut et doit changer », a martelé le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid.  Il a ainsi appelé à une évolution majeure dans la façon d’aborder la mobilité en utilisant au mieux les investissements dans des systèmes de transport sûrs et durables. 

Le Sous‑Directeur général chargé du Bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et Représentant spécial du Directeur général pour la réforme des Nations Unies, M. Stewart Simonson, a expliqué que la motorisation croissante des systèmes de transport accroît aussi la pollution de l’air et la dépendance aux combustibles fossiles, souvent aux dépens des piétons et des cyclistes qui sont les membres les plus défavorisés de la société sur les routes.  Il s’agit là d’un prix trop élevé à payer pour la mobilité, a-t-il argué, estimant que placer la sécurité au cœur de nos systèmes de transport est un « impératif moral urgent ». 

S’il existe des solutions simples à ces problèmes, comme boucler sa ceinture de sécurité ou porter un casque, dans de nombreux pays en développement améliorer la sécurité routière requiert des investissements massifs dans les infrastructures, l’éducation, le réaménagement de routes à l’écart de zones sensibles telles que des écoles ou une refonte des lois relatives à la circulation.  Le Ministre des transports de la Jamaïque, comme ses homologues du Cambodge et du Burkina Faso, ont plaidé à cet effet pour une coopération élargie entre les organismes multilatéraux, les pays développés et en développement, ainsi que pour des partenariats public-privé.  Une position partagée par l’Union européenne, pour qui la communauté internationale doit concentrer son action sur l’aide aux pays en développement où, outre les coûts humains tragiques, les mauvaises conditions routières représentent un fardeau économique insoutenable. 

Nous devons également faire en sorte que les objectifs de sécurité routière coïncident avec ceux du développement durable tels que la lutte contre les changements climatiques, l’urbanisme, l’éducation, la santé des enfants et les droits de l’homme, a encore expliqué M. Todt.  « Les changements climatiques représentent la principale menace de ce siècle », a renchéri la Ministre des transports des Maldives, en appelant à faire plus pour favoriser des communautés urbaines sûres et une mobilité sans carbone, notamment en utilisant les transports en commun, la marche et le vélo. 

Certains États où sévissent des conflits doivent aussi composer avec les défis additionnels liés à l’afflux de réfugiés et la destruction des infrastructures civiles existantes par d’autres États, comme l’Ukraine, dont les progrès ont été « stoppés net » le 24 février dernier par l’invasion de la Fédération de Russie, qui a causé la destruction de plus de 23 000 kilomètres de routes et 23 ponts.  La Lituanie, au nom de plusieurs pays, a ainsi condamné « le pilonnage aveugle des infrastructures par les forces russes en Ukraine ».  De son côté, Moldova a assuré poursuivre ses efforts pour améliorer la sécurité routière malgré l’afflux de plus de 500 000 réfugiés ukrainiens en quelques mois. 

Le débat plénier de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale se poursuivra demain, vendredi 1er juillet, à 16h30

RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR L’AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE DANS LE MONDE

Débat d’ouverture

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a décrété une minute de silence en mémoire des 1,3 millions de vies perdues chaque année du fait des accidents de la circulation.  Ces pertes coutent jusqu’à 3% du produit intérieur brut (PIB) annuel pour certains pays.  Les accidents de la route sont la principale cause de décès pour les jeunes âgés de 5 ans à 29 ans.  Cette tendance peut changer et doit changer, a martelé le Président.  Il a ensuite décliné cinq messages.  Premièrement « la sécurité routière relève du droit universel à la santé », un droit fondamental pour chaque être humain où qu’il se trouve.  Deuxièmement, le Plan mondial est la clef de la réduction des décès sur les routes.  Le Président a appelé à un changement majeur dans la façon d’aborder la mobilité en utilisant au mieux les investissements dans des systèmes de transport sûrs afin de réduire de moitié les décès évitables d’ici à 2030.  « La sécurité doit être au premier plan de nos préoccupations. »  Troisièmement, le Président a prié les gouvernements d’entériner le Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030) et d’agir urgemment sur la base de ses recommandations en fixant des objectifs nationaux et en élaborant des plans d’action détaillés.  Les gouvernements devraient aussi garantir un financement durable et mettre en place des politiques axées sur le genre et non discriminatoires.  Il s’agit également d’appliquer le Plan mondial sur la base de pratiques fondées sur les données. 

Quatrièmement, a poursuivi M. Shahid, un leadership porteur de changement et la bonne gouvernance sont essentiels.  « La sécurité routière doit être une priorité politique au plus haut niveau du gouvernement. »  Les gouvernements doivent établir un mécanisme de coordination générale et inclusive pour faire en sorte que tous les ministères et partenaires soient pleinement associés à l’édification du système de transport.  Les gouvernements sont la clef du cadre juridique et du financement, a insisté le Président demandant encore des investissements durables à long terme pour tout le secteur du transport.  Cinquièmement, il a appelé à la responsabilité individuelle en particulier des jeunes s’agissant de la sécurité routière.  Il faut élaborer des politiques qui incluent les jeunes et qui sont fondées sur le genre.  Il faut aussi entendre la voix des femmes et des personnes vulnérables à l’heure de concevoir des politiques de mobilité sûres et inclusives.  Les urbanistes, les ingénieurs, les universitaires et la société civile jouent un rôle important et doivent accepter leur responsabilité, a souligné M. Shahid.  Il existe des mécanismes pour les aider à concevoir et entretenir les routes.  Aux fabricants de véhicules, le Président a rappelé qu’ils sont aussi responsables des problèmes de sécurité. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que « les accidents de la route sont une épidémie silencieuse ambulante ».  La réunion d’aujourd’hui doit permettre d’améliorer la situation, de prendre des mesures concrètes et d’œuvrer à des changements durables.  Chaque année, 1,3 million de personnes meurent sur la route et 50 millions de personnes sont gravement blessées, a rappelé le Secrétaire général.  Les accidents de la route représentent la première cause de mortalité au monde chez les jeunes de 5 à 29 ans.  De plus, neuf victimes sur dix vivent dans des pays à revenu intermédiaire ou à bas revenu.  « Cette tragédie est d’autant plus inacceptable que beaucoup de ces morts pourraient parfaitement être évitées. »

Notant que les accidents de la route font perdre chaque année entre 2 à 5% du produit intérieur brut (PIB) des pays en développement, le Secrétaire général a expliqué que l’aménagement de routes plus sûres favorise le développement.  Dans ce contexte, il a invité les États à promouvoir une collaboration plus étroite entre les secteurs et les parties prenantes dans l’objectif de réduire de moitié le nombre de décès et de blessures dus à des accidents de la route d’ici à 2030 et une mobilité durable axée sur la sécurité.  « Nous avons besoin d’actions plus ambitieuses et urgentes pour réduire les risques les plus importants, tels que les excès de vitesse; la conduite sous influence de l’alcool ou de toute substance psychoactive ou médicament; la non-utilisation des ceintures de sécurité, des casques et dispositifs de retenue pour enfants; les infrastructures routières dangereuses et les véhicules peu sûrs », a insisté M. Guterres. 

Pour ce faire, le Secrétaire général a exhorté les États Membres à mieux intégrer la sécurité routière dans les politiques nationales de l’éducation, de la santé et des transports, et à adhérer aux conventions des Nations Unies dans le domaine de la sécurité routièreIl a aussi encouragé tous les donateurs à intensifier leurs efforts financiers et techniques à cet égard. 

M. STEWART SIMONSON, Sous‑Directeur général chargé du Bureau de l’Organisation mondiale de la Santé et Représentant spécial du Directeur général pour la réforme des Nations Unies, a déclaré que les systèmes de transport que nous utilisons chaque jour nous ouvrent le monde mais sont toutefois dangereux et polluants.  La motorisation croissante des systèmes de transport entraîne des risques de décès et de blessures, accroît la pollution de l’air et la dépendance aux combustibles fossiles, souvent aux dépens des piétons et des cyclistes qui sont les membres les plus défavorisés de la société sur les routes.  Il s’agit là d’un prix trop élevé à payer pour la mobilité, a-t-il argué, estimant que placer la sécurité au cœur de nos systèmes de transport est un « impératif moral urgent ». 

Pour inverser ces tendances, le Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030 appelle à une approche globale, équilibrée et réalisable en plaçant la sécurité au cœur des politiques de transport, d’environnement, d’urbanisme et de développement, a poursuivi M. Simonson, notamment en faisant la promotion du cyclisme, de la marche et des transports en commun.  « Il est important que les décideurs politiques gardent à l’esprit que la mobilité sûre est fondamentalement un droit de l’homme », a-t-il relevé, en plaidant pour une meilleure conception de l’environnement urbain et des systèmes de transport afin de protéger et de promouvoir la santé et le bien-être des usagers.  Le Sous‑Directeur général a encouragé les dirigeants mondiaux à s’inspirer du Plan mondial dans leurs politiques et programmes nationaux de sécurité routière, assurant que « des systèmes de transport sûrs, abordables, accessibles et durables sont à portée de main ».  Alors que nous reconstruisons après la pandémie de COVID-19, il a souhaité que les gouvernements partagent une vision commune de l’avenir de la mobilité et de ses liens avec la santé humaine et planétaire.

M. JEAN TODT, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la sécurité routière, a vu dans cette toute première réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’amélioration de la sécurité routière la preuve de la reconnaissance de la sécurité routière comme un problème mondial urgent qui requiert nos efforts combinés.  Bien que la première Décennie d’action pour la sécurité routière nous ait permis d’acquérir une expérience valable sur la manière de traiter cette question et de sauver des vies, les accidents de la route représentent aujourd’hui encore une cause majeure de décès et de blessures dans le monde: ils tuent plus de 1,35 million de personnes et font jusqu’à 50 millions de blessés par an, et 90% de ces victimes se trouvent dans les pays en développement. 

« Ce n’est qu’en unissant nos forces partout que nous pourrons inverser cette destruction croissante sur nos routes », a déclaré M. Todt, en invitant les participants à garder à l’esprit le thème de la réunion, « garantir une décennie d’action et de réalisations ».  « Le monde s’unit pour s’attaquer à cette menace invisible et omniprésente », a poursuivi l’Envoyé spécial, en se félicitant de l’augmentation du financement de la sécurité routière au cours des dernières années et de la multiplication des partenaires que sont le Plan d’action mondial, les conventions de l’ONU sur la sécurité routière, le Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière, le Fonds mondial pour la sécurité routière de la Banque mondiale, les rapports de situation mondiaux, entre autres. 

Bien que la mesure du succès en matière de sécurité routière ne soit pas simple, « nous devons croire qu’avec un travail constant vers la réalisation de notre objectif, nous verrons une baisse du nombre effrayant de morts et de blessés de la route », a poursuivi M. Todt.  Il a toutefois déploré l’écart « inacceptable » entre la situation dans le monde développé et celle dans le monde en développement.  Ainsi, au cours des 45 dernières années, l’Europe a ajouté cinq fois plus de véhicules mais compté trois fois moins de victimes que dans les pays en développement où le nombre de véhicules et de victimes sont en augmentation.  L’Afrique, qui ne compte que 2% des véhicules dans le monde, a le taux de mortalité routière le plus élevé, a-t-il relevé. 

Alors qu’il existe des solutions simples à ces problèmes, comme boucler sa ceinture de sécurité ou porter un casque, d’autres demandent la construction ou le réaménagement de routes loin des zones à risques comme les écoles.  C’est pourquoi, a expliqué M. Todt, nous travaillons maintenant, dans le cadre de notre deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière qui se termine en 2030, pour que les objectifs de sécurité routière coïncident avec les objectifs de développement durable tels que la lutte contre les changements climatiques, l’urbanisme, l’éducation, la santé des enfants et les droits de l’homme.  Établissant un parallèle avec l’espérance de vie, qui est passée de 32 ans à 73 ans au cours du dernier siècle et demi, il a considéré comme réaliste l’objectif d’une baisse de 50% du nombre de victimes de la route.  « Nous avons beaucoup moins de temps pour y parvenir, mais nous avons déjà de nombreuses solutions.  En travaillant ensemble pour appliquer une approche systémique à tous nos modes de transport, nous pouvons atteindre cet objectif », a conclu l’Envoyé spécial.

ADOPTION DU PROJET DE RÉSOLUTION A/76/L.70  

L’Assemblée générale a adopté, sans vote, une résolution par laquelle elle fait sienne la « Déclaration politique issue de la réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde ». Ce texte détaille les efforts que les pays s’engagent à intensifier pour garantir une décennie d’action et de réalisations dans le domaine de la sécurité routière.

Explication de vote après l’adoption

Le représentant de la Fédération de Russie s’est félicité de l’adoption de ce texte important, en soulignant notamment le principe du droit à la santé et une approche systémique de la sécurité routière.  Il a toutefois regretté que l’Assemblée n’ait pas adopté un texte plus exhaustif, estimant que plusieurs thèmes manquent.

Il a cité à cet égard la sensibilisation et l’éducation, le rôle des acteurs vulnérables de la circulation routière, les limitations de vitesse, le financement, les technologies de pointe, les études scientifiques, la normalisation, le rôle des transports publics, l’aide à apporter aux victimes des accidents de la route, la contribution du secteur privé et du Groupe des Nations Unies pour la collaboration en matière de sécurité routière ainsi que les conséquences de la pandémie de COVID-19.  La responsabilité de ces manquements revient à un groupe de pays qui a, « de manière absurde », bloqué le texte complet pour des raisons politisées qui n’ont rien à voir avec le thème de la présente séance, a avancé le représentant qui y a vu une violation de la pratique établie et une façon de bafouer au pied les efforts réalisés par d’autres États.  Il a regretté que ce soit la sécurité routière dans les pays en développement qui en souffre.  Le représentant a condamné ces « actes destructeurs et insensés » de la part de ce « groupe d’États ». 

Débat plénier

M. FRANCOIS BAUSCH, Vice-Premier Ministre du Luxembourg, a jugé inacceptable que les accidents de la route représentent la première cause de mortalité au monde chez les jeunes de 5 à 29 ans dont la plupart sont de pays en développement et de pays à revenus intermédiaires.  Notant que la vitesse est la première cause des accidents, il a appelé à transformer les routes en corridors multimodaux dans les zones urbaines en laissant de la place aux véhicules lents.  Notant que les accidents de voiture font 38 morts pour 1 million d’habitant chaque année en Europe, il a promu des aménagements permettant d’atteindre l’objectif zéro mort, zéro blessé

M. WEE KA SIONG, Ministre des transports de la Malaisie, a jugé important de se pencher sur la question de la sécurité des véhicules à deux roues pour réduire de 50% le nombre de tués et de blessés grave à l’horizon 2030.  Il a cité la mise en place d’un plan de sécurité routière de la Malaisie en phase avec la deuxième Décennie mondiale d’action pour la sécurité routière 2021-2030, qui appelle à améliorer la sécurité des infrastructures routières comme celle des véhicules, à agir sur la question des équipements et à promouvoir le transport multimodal.  Dans l’aménagement du territoire, il a recommandé de garder à l’esprit les besoins des usagers de la route vulnérables.

M. ALEXIS GUERRERA, Ministre des transports de l’Argentine, s’est félicité des statistiques argentines qui montrent une baisse de 25% du nombre de victimes de la route par rapport aux chiffres d’avant la pandémie de COVID-19 grâce à des politiques ambitieuses de prévention.  Ces politiques argentines ont permis d’éviter 5 morts par jour, soit un total de 1 825 morts par an, par rapport aux statistiques précédentes.  Elle a également signalé la mise en place d’un système de permis à 20 points et l’objectif d’alcoolémie zéro. 

M. AUDLEY SHAW, Ministre des transports et des mines de la Jamaïque, a noté que les accidents mortels ont augmenté en moyenne de 10% depuis 2012 dans son pays, ce qui illustre le fait que les pays en développement, bien qu’ils comptent moins de véhicules, déplorent davantage de décès sur les routes que les pays développés.  Pour inverser cette tendance et réduire de 50% le nombre de victimes sur les routes, il a plaidé pour une coopération élargie entre les organismes multilatéraux, les pays développés et en développement, les ONG et le développement de partenariats public-privé. 

M. CHANTHOL SUN, Ministre des travaux publics et des transports du Cambodge, a noté que son pays enregistre une baisse de 2,5% à 3% de son produit intérieur brut (PIB) chaque année du fait des accidents de la route.  Après avoir énuméré les initiatives de son gouvernement pour atteindre l’objectif de réduire de 50% les accidents de la route, il a souligné l’importance que toutes les parties prenantes, y compris les secteurs public et privé, les ONG et les médias, travaillent main dans la main. 

Mme AISHATH NAHULA, Ministre des transports et de l’aviation civile des Maldives, a fait part de sa préoccupation alors que les accidents de la route représentent la principale de cause de mortalité chez les personnes âgées de 18 à 30 ans dans son pays.  Elle a soutenu l’établissement d’une limite de vitesse de 30 km/h sur les routes où coexistent piétons et voitures.  Alors que les changements climatiques représentent la principale menace de ce siècle, nous devons faire davantage pour favoriser des communautés urbaines sûres et une mobilité sans carbone, notamment avec la marche et le vélo, a-t-elle ajouté. 

M. MAHAMOUDOU ZAMPALIGRE, Ministre du transport et de la mobilité urbaine du Burkina Faso, a déclaré que l’insécurité routière freine le développement durable en particulier au Burkina Faso où le nombre d’accidents qui était de 20 578 en 2019 est passé à 25 118 en 2021, soit une progression moyenne de 15,13% par an.  Le coût économique s’évalue à 3% du PIB, soit l’équivalent de l’aide publique au développement, a expliqué le Ministre.  Les difficultés du pays sont imputables à l’absence d’un mécanisme de financement pérenne de la sécurité routière, la gestion insuffisante des données relatives aux accidents de la route, l’inapplication des textes règlementaires et l’absence de contrôles et de sanctions réguliers en matière de sécurité routière.  Pour relever ces défis, a-t-il conclu, son pays a besoin de l’accompagnement de ses partenaires en matière de financement des activités de sécurité routière et de renforcement des capacités techniques de l’Office national de la sécurité routière.

M. THOMAS ENEROTH, Ministre des infrastructures de la Suède, a dit qu’il faut être porté par un sentiment d’urgence sur la question de la sécurité routière.  Cette question doit faire partie des ODD au même titre que les changements climatiques.  À cette fin, il a préconisé davantage de collaboration au niveau mondial.  Le Ministre a demandé un consensus sur la Déclaration politique et une action conjointe pour faire en sorte que les décès liés aux accidents de la route appartiennent au passé.  Le succès de la Suède repose sur le fait qu’elle tient compte des erreurs humaines en associant toutes les parties prenantes et en adoptant des technologies innovantes pour les véhicules, les routes et la sécurité.  Cette combinaison peut réduire de moitié les accidents de la route d’ici à 2030, a-t-il assuré. 

M. DELIGNE ASCENCIÓN, Ministre des travaux publics et de la communication de la République dominicaine, a informé que son pays enregistre plus 34 000 décès par an du fait des accidents de la route, un chiffre « plus élevé que le nombre des victimes de la COVID-19 ».  Le pays ambitionne de réduire de moitié ce chiffre d’ici à 2030 en lançant une évaluation des accidents sur les trois grands axes routiers du pays.  Notre stratégie, a expliqué le Ministre, repose sur l’amélioration du cadre juridique, des infrastructures routières et de l’éducation.  Le Gouvernement vise aussi les utilisateurs de moto qui constituent 50% des usagers de la route et des accidents.  Un programme d’assistance pour les usagers sur les trois grands axes routiers a également été mis en place. 

M. JAMES MACHARIA, Ministre des transports, logements et travaux publics du Kenya, a déclaré que 4 579 personnes sont décédées lors d’accidents de la route au Kenya en 2021 et que l’objectif de son pays est de réduire ce nombre de 50% d’ici à 2030.  Il a expliqué que toutes les routes du Kenya font désormais l’objet d’un audit de sécurité routière avant, pendant et après leur construction.  Il a aussi fait part d’efforts menés pour améliorer les voies pédestres et cyclistes. 

Mme ARSÉNIA FELICIDADE FÉLIX MASSINGUE, Ministre aux affaires intérieures du Mozambique, a noté que l’augmentation du trafic routier fait augmenter les risques d’accidents de la route.  Elle a assuré de la volonté de son gouvernement de mettre en œuvre les recommandations de la deuxième Décennie mondiale d’action pour la sécurité routière 2021-2030, qui appelle à améliorer la sécurité des infrastructures routières, ainsi que celles de la troisième Conférence mondiale sur le sécurité mondiale tenue à Stockholm en février 2020.  Elle a cité la mise en place d’un Comité scientifique sur la sécurité routière qui est bien conscient des liens entre sécurité routière et objectifs de développement durable. 

M. JACOB HARA, Ministre du transport et des travaux publics du Malawi, a cité le chiffre de 10 265 personnes tuées sur la route dans son pays entre 2011 et 2020 avant de signaler des initiatives de lutte contre la conduite en état d’ébriété et pour l’incitation au port de la ceinture de sécurité et du casque pour les deux roues.  Son pays est déterminé à mettre en œuvre le plan d’action de la deuxième Décennie mondiale d’action pour la sécurité routière 2021-2030, a-t-il assuré, notamment dans l’objectif de réduire de moitié d’ici à 2030 le nombre de morts et de blessés sur les routes.

Mme MARÍA DEL CARMEN GONZÁLEZ DE PORRO, Vice-Ministre et Directrice exécutive de l’Agence nationale de la circulation et de la sécurité routière du Paraguay, a déclaré qu’en tant que membre fondateur de l’Association des parents et victimes de l’insécurité routière (AFAVIV), et ayant elle-même souffert de la perte de sa fille de 16 ans dans un accident de la route, elle comprend le besoin « d’humaniser les statistiques » relatives aux accidents de la route.  À cette fin, a-t-elle précisé, nous assurons: la coordination de la sécurité routière; des transports publics sûrs et accessibles; l’assurance accident obligatoire; la formation des usagers de la route.  Devant le fardeau que constituent les accidents de la route pour la société, nous devons faire de la sécurité routière une priorité urgente en matière de santé publique et de développement, a-t-elle conclu.

Mme KRISTINE GHALECHYAN, Vice-Ministre de l’Administration territoriale et des infrastructures de l’Arménie, a déclaré que les accidents de la route sont devenus une « pandémie silencieuse » qui tue des millions de personnes dans le monde, notamment des enfants et des jeunes.  Alors que plus de 300 personnes meurent chaque année sur les routes arméniennes, elle a reconnu que les lacunes existantes en matière d’infrastructures, de gestion des données sur les accidents, de lois sur la sécurité routière, de sécurité des véhicules et de planification du système de transport doivent être comblées pour redresser la situation. 

M. SERGHEI DIACONU, Secrétaire général du Ministère de l’intérieur de Moldova, a noté que les victimes de la route ont diminué de 36% dans son pays depuis le début la première Décennie d’action pour la sécurité routière.  Alors qu’en 2013, son bilan routier était le pire en Europe, Moldova a su changer la donne grâce à une réglementation stricte.  Afin d’atteindre les objectifs de la nouvelle Décennie d’action, son pays a harmonisé ses cadres nationaux avec les valeurs et principes internationaux, notamment au moyen d’examens de performance.  Malgré les défis additionnels posés par l’afflux de plus de 500 000 réfugiés ukrainiens depuis le début de l’invasion russe, Moldova compte poursuivre ses efforts pour améliorer la sécurité routière tout en respectant ses obligations humanitaires, a assuré le Ministre. 

M. SAÚL ANTONIO CASTELAR CONTRERAS, Vice-Ministre du transport d’El Salvador, a indiqué que son pays a créé un mécanisme devenu modèle au niveau du continent pour faire respecter le code de route.  Les 20 et 21 juin derniers, aucune perte de vie n’a été enregistrée sur les routes du pays, a informé le Vice-Ministre qui a aussi parlé du programme d’aide aux victimes d’accidents et des zones de limitation de vitesse dans les villes.  El Salvador organisera en 2024 le Forum international pour la sécurité routière pour les enfants, a annoncé le Vice-Ministre avant de plaider pour le renforcement des transferts des données, celles-ci étant essentielles pour atteindre les objectifs en matière de sécurité routière. 

M. SHAIKH NASER BIN ABDULRAHMAN AL KHALIFA, Vice-Ministre de l’intérieur du Bahreïn, a insisté sur l’importance de la coopération internationale pour améliorer la sécurité routière dans le monde.  Il a préconisé de développer des systèmes routiers sûrs et de sensibiliser les usagers afin de protéger les biens économiques et les vies.  Le Bahreïn a lancé son premier programme stratégique de sensibilisation à la sécurité routière dès 1914 lors de la mise en circulation du premier véhicule dans le pays, s’est-il remémoré.  Ce plan, et les stratégies qui ont suivi, ont des effets positifs sur les ODD, a-t-il noté. 

M. NADHAPIT SNIDVONGS, Vice-Ministre de l’intérieur de Thaïlande, a déclaré que la sécurité routière est une priorité du Gouvernement dont l’approche est d’associer la société civile et le secteur privé.  Cette stratégie a fait passer de 27% à 22% pour 100 000 habitants les accidents sur les routes en une année.  Le Gouvernement vient de lancer le cinquième plan-cadre de sécurité d’ici à 2027 qui repose sur une approche fondée sur la baisse des accidents à vélo, le contrôle de vitesse, l’amélioration de l’application du code de la route et la prise en charge des accidents.  Le Vice-Ministre a insisté sur l’importance d’associer les communautés locales dans la sensibilisation, la prise en charge des accidents et la création de centres de sécurité routière au niveau local. 

M. JOSE BAMOQUINA ZAU, Secrétaire d’État aux affaires intérieures de l’Angola, a évoqué l’application de la nouvelle stratégie nationale de sécurité routière 2019-2022 de son pays.  Il a cité la création de plusieurs diplômes qui viennent compléter les formations des codes de la route.  Il a également mentionné la construction d’infrastructures de transport dotées de technologies modernes afin de prévenir les accidents, ainsi que la création de centres de contrôle technique obligatoire pour les véhicules.

M. PERE NAVARRO OLIVELLA, Directeur général de la circulation de l’Espagne, a mis en relief la stratégie nationale de sécurité routière à l’horizon 2030 de son pays et la création d’une commission de la sécurité routière au sein de l’Assemblée nationale qui a permis de fédérer tous les partis politiques autour d’une véritable politique d’État sur la sécurité routière.  Il a souligné l’importance des statistiques et poursuivre de près la pertinence des mesures adoptées.  Une vitesse maximale de 30 km/h a été imposée dans toutes les villes espagnoles car c’est la seule vitesse qui permet de garantir la cohabitation entre les différents modes de déplacement. 

M. PYOTR ILYICHEV, Directeur du Département des organisations internationales au Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que la prévention des accidents de la route est un élément clef de la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a salué l’adoption ce matin de la Déclaration politique qui donne des orientations claires pour la mise en œuvre du Plan mondial pour la deuxième Décennie mondiale pour la sécurité routière 2021-2030. Il a rappelé que Moscou a accueilli en 2009 la première conférence ministérielle sur la sécurité routière.  Enfin, il a vanté la baisse de 30 % et de 50% respectivement du nombre de décès et de blessures dus à des accidents de la route depuis 10 ans en Russie.  

M. ZEKI BAL, Premier superintendant en chef et Vice-Directeur du Département de la circulation de la Direction générale de police du Ministère de l’intérieur de la Türkiye, a souligné qu’au cours de la première Décennie d’action, bien que le nombre de véhicules ait augmenté de 60% et le nombre de conducteurs de 45%, les décès par 100 000 personnes ont diminué de 56% dans son pays.  Pour poursuivre dans cette voie, un Conseil de coordination de la stratégie de la sécurité routière a été créé afin d’identifier les domaines prioritaires et d’améliorer la gestion de la sécurité routière, les infrastructure, l’environnement, l’éducation et de l’application des règles de circulation. 

M. MOHAMMED ABDULLAH AL-MALKI, Secrétaire du Comité de la sécurité routière nationale du Ministère de l’intérieur du Qatar, a déclaré que la sécurité routière est une responsabilité collective permettant le développement des États.  Les défis liés à la sécurité routière se font particulièrement sentir dans les pays en développement, où les infrastructures et les normes de sécurité routière sont souvent faibles, voire absentes.  Le Qatar a fait de la sécurité routière une priorité socioéconomique, notamment en créant un comité chargé d’élaborer des politiques publiques concernant la circulation, ce qui permis d’obtenir des résultats positifs.  Toutefois, alors que les décès sur les routes de la région sont à la hausse, il a appelé à renforcer la coopération internationale et l’éducation.  Lors de la première Décennie d’action, le Qatar a réduit les décès sur les routes de 49% ainsi que le temps de réponse en cas d’urgence, et compte faire de même d’ici à 2030. 

M. MIHNEA CLAUDIU DRUMEA, Conseiller d’État au Cabinet du Premier Ministre de la Roumanie, a indiqué que son gouvernement a récemment adopté une stratégie nationale de la sécurité routière pour la période 2022-2030, qui vient compléter la loi relative à la mobilité urbaine, l’énergie et les changements climatiques.  Cette stratégie globale, qui s’appuie sur l’amélioration des infrastructures, de la condition des véhicules et des compétences des conducteurs, est accompagnée d’une campagne éducative et d’autres actions préventives à l’échelle du pays.  En outre, le Ministère des transports utilise davantage des systèmes numériques et automatisés de gestion de la circulation afin d’améliorer le temps de réponse des services d’urgence. 

M. SAIF SAEED GUBASH, Directeur des transports terrestres au Ministère des infrastructures des Émirats arabes unis, a fait remarquer que les stratégies routières adoptées au niveau mondial durant la dernière décennie ont contribué à réduire le nombre des pertes en vies humaines sur les routes dans le monde.  Au niveau national, il a insisté sur l’importance du recours aux technologies modernes afin d’atteindre l’objectif de baisser de 50% le nombre de victimes de l’insécurité routière d’ici à 2030.  Le Gouvernement de son pays a adopté un plan qui repose sur les innovations pour atteindre cet objectif.  Il s’appuie sur la mise en circulation de véhicules qui émettent zéro gaz à effet de serre et a investi 40 milliards de dollars dans les énergies propres, y compris pour les véhicules autonomes qui sont un facteur important pour la sécurité routière.  La stratégie de mobilité des Émirats ambitionne d’augmenter de moitié « le déplacement autonome » d’ici à 2030, a-t-il annoncé. 

M. FREDERICO CARNEIRO, Secrétaire de la circulation au Ministère des infrastructures du Brésil, a présenté le plan national de la sécurité routière de son pays qui s’articule autour de six piliers, notamment le respect du code de la route, la prise en charge des victimes et la sensibilisation.  Il a été élaboré avec la participation de plus d’une centaine d’experts gouvernementaux, privés et internationaux.  Compte tenu de la taille et de la diversité du Brésil, le Gouvernement compte, pour réussir, sur la détermination et l’engagement des 27 États fédéraux où le nombre de décès continue de diminuer depuis 2014.  On espère sauver plus 80 000 vies d’ici à 2030.  Ce plan est en phase avec le Plan mondial pour la sécurité routière des Nations Unies et s’appuie sur des données de qualité. 

Mme MAGDALENE AJANI, Secrétaire permanente du Ministère fédéral du transport du Nigéria, a indiqué que son Gouvernement a adopté une approche holistique pour garantir la sécurité de tous.  Il a déployé des efforts pour mettre en œuvre Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030).  La stratégie fédérale tourne autour de cinq piliers, en particulier des routes, des infrastructures et des usagers plus sûrs.  Dès 1988, la Commission fédérale de la sécurité a été créée.  Elle est financée par le budget fédéral.  Le Gouvernement a aussi élaboré un cadre de sécurité routière pour l’Afrique de l’Ouest avec les pays de la région.  Il s’efforce de mettre en œuvre son programme de contrôle de vitesse, de lutte contre l’ébriété au volant, d’aide à l’évacuation des victimes de la circulation et d’amélioration de la collecte de données routières.  Les jeunes Nigérians peuvent aujourd’hui s’inscrire à une formation en sécurité routière. 

M. MOHAMED LEHRETANI, Directeur général de la sécurité routière de la Mauritanie, a indiqué que son pays a adopté en 2012 une stratégie nationale de la sécurité routière s’inspirant de sa stratégie de lutte contre la pauvreté.  Il a cité les efforts en matière de contrôle routier avant de saluer l’importance de cette réunion pour le partage des meilleures pratiques.  Il s’est dit persuadé que les recommandations de la Déclaration politique permettront d’accélérer la mise en œuvre du Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030). 

M. ABDULLAH BANI HUWAYZ, Général de division et Directeur des consultants au Département de la circulation générale d’Arabie saoudite, a appelé à promouvoir la coopération internationale pour renforcer la sécurité routière et partager les meilleures pratiques et données scientifiques.  Illustrant les initiatives de son pays, il a évoqué l’amélioration du réseau routier et les efforts de sensibilisation des usagers. 

Mme KARINA MUÑOZ, Secrétaire exécutive de la Commission nationale de la sécurité des transports du Chili, a indiqué que son pays s’est doté d’une stratégie nationale pour la sécurité routière (2021-2030) s’appuyant sur une collaboration entre les différents acteurs pertinents des secteurs civil et privé.  L’objectif du Chili est de réduire le nombre de victimes d’accidents de la route de 50% d’ici à 2030.  Parmi les défis, il faut matérialiser le contrôle automatique des vitesses grâce aux nouvelles technologies et offrir davantage d’informations aux usagers pour qu’ils prennent des décisions plus éclairées lorsqu’ils achètent des véhicules.

Mme ADRAAI, Directrice de l’Autorité de la sécurité routière du Suriname, a déclaré que l’amélioration de la sécurité routière est une priorité de son pays, afin de faire en sorte que chaque usager soit en sécurité et contribue lui-même à la sécurité.  Elle a décrit les mesures de prévention et de contrôle des accidents de la route contenues dans le plan stratégique national 2018-2021, que l’Autorité entend harmoniser avec le Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030).

M. SKOOG (Union européenne) a déclaré que les statistiques relatives aux accidents de la route sont inacceptables, même au sein de l’Union européenne, où les routes sont comparativement plus sûres.  Il a appuyé le Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030) et appelé les gouvernements à mettre en œuvre une approche intégrée et sûre dans le cadre de la politique de l’Union européenne en matière de sécurité routière pour cette nouvelle Décennie d’action.  Cette approche holistique repose sur la coopération, la bonne gouvernance et le partage des responsabilités, en abordant tous les domaines de la sécurité routière, notamment des véhicules et des routes plus sûrs ainsi qu’une meilleure protection des usagers.  Selon le délégué, la communauté internationale doit se concentrer sur l’aide aux pays en développement où, outre les coûts humains tragiques, les mauvaises conditions routières représentent un fardeau économique important.  L’Union européenne, a-t-il précisé, continue de jouer un rôle mondial en finançant des initiatives de sécurité routière dans le monde entier, en particulier en Afrique où elle est l’un des principaux contributeurs du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière et où elle déploie sa stratégie « Global Gateway ».  Il s’est félicité à cet égard de l’adoption de la Déclaration politique sur la sécurité routière, alors que des efforts renouvelés sont nécessaires pour atteindre les objectifs et les cibles de la deuxième Décennie d’action.

S’exprimant au nom d’un groupe d’États comprenant entre autres le Maroc, le Mexique et le Pérou, M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a réitéré son engagement en faveur de mesures visant à atteindre les objectifs liés à la sécurité routière du Programme 2030.  Il a condamné la guerre d’agression injustifiée menée par la Fédération de Russie en Ukraine.  Selon les estimations du Gouvernement ukrainien, plus de 23 000 kilomètres de routes et 23 ponts ont été endommagés à ce jour.  Il a condamné le pilonnage aveugle des infrastructures par les forces russes en Ukraine et appelé la Fédération de Russie à se retirer immédiatement de ce pays.  Le représentant a fustigé les attaques menées contre des véhicules civils et des convois humanitaires, en appelant à ce que les responsables soient traduits en justice. 

La froideur des chiffres ne saurait raconter la douleur des familles des victimes de la sécurité routière, a fait observer M. OMAR HILALE (Maroc).  Il a affirmé que son pays a très tôt lancé son plan stratégique sur la sécurité routière qui a été par la suite étoffé par la création de l’agence nationale chargée d’améliorer l’efficacité de la politique nationale de sécurité routière.  Ces différentes mesures ont permis au Maroc d’atteindre les normes internationales de sécurité routière, ce qui explique pourquoi, avec la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il a été l’hôte du premier Forum africain sur la sécurité routière. 

Le Mexique, a dit sa représentante Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU, a concentré ses efforts sur l’amélioration de l’accès aux modes de transport sûr et viable et au transport public, et sur le renforcement de la coordination, y compris avec le secteur privé.  Le Mexique, qui est déterminé à atteindre les cibles fixées, a d’ailleurs inscrit dans sa Constitution le droit à la mobilité et aux moyens de transport sûrs.  La loi sur la sécurité des usagers donne la priorité aux piétons, aux cyclistes, à la lutte contre l’ébriété et au contrôle de la vitesse.  Elle établit le lien entre sécurité routière et santé physique et mentale. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a déclaré que son gouvernement a consolidé les différentes lois et adopté une politique et un plan stratégique pour réduire le nombre des accidents et optimiser la prise en charge des victimes.  Le Gouvernement travaille aussi à réduire la longueur des routes dangereuses et s’efforce de coordonner la gestion de toutes les routes.  Des tables rondes sur la sécurité routière ont été organisées avec la participation de tous les segments de la société en vue de la création d’une agence de la sécurité routière.

Les pays en développement doivent être accompagnés dans leurs efforts par la communauté internationale, a plaidé M. ZHANG JUN (Chine).  Mon pays, a-t-il affirmé, travaille à la mise en œuvre du Plan d’action de la deuxième Décennie mondiale d’action pour la sécurité routière 2021-2030, avec la ferme intention d’y injecter les fonds nécessaires. 

Mme HEBA MOSTAFA RIZK (Égypte) a insisté sur les efforts de son pays pour améliorer les infrastructures routières et développer le réseau routier.  En 2021, s’est-elle enorgueillie, l’Égypte a été classée à la vingt-huitième place de l’indice de la qualité des routes.  La représentante a aussi attiré l’attention sur les techniques nationales de recyclage de l’asphalte, avant de rappeler que son pays a accueilli en 2021 la quatrième Conférence internationale sur les moyens de transport intelligents. 

La Constitution népalaise contient bien des dispositions sur le transport sûr, a assuré Mme PRATHMA UPRETY (Népal).  Elle a jugé indispensable de mettre la pleine mise en œuvre de la cible 3.6 des Objectifs de développement durable (ODD) mais aussi des cibles liées aux villes durables.  La représentante a souligné l’importance qu’il y à coopérer avec le secteur privé pour financer des infrastructures routières sûres. 

Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée) a déploré que la sécurité routière constitue un réel problème pour les pays à revenu intermédiaire ou faible en Afrique, ainsi qu’un obstacle au développement.  Alors que l’Afrique est la région la moins motorisée, elle enregistre les taux de mortalité les plus élevés au monde.  Face aux conséquences socioéconomiques des accidents de la route, la déléguée a déclaré que son pays compte mettre en place des politiques et des plans d’action coordonnés.  Des campagnes d’éducation à la sécurité routière ont été lancées en 2010 à Asmara, notamment auprès des étudiants.  En outre, des pistes cyclables ont été aménagées et la réglementation dans ce domaine continue d’être affinée. 

M.  BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a souligné l’urgence du fléau de l’insécurité routière alors que les accidents de la route demeurent la principale cause de mortalité dans toutes les classes démographiques, mais particulièrement chez les jeunes.  L’Ouzbékistan a lancé un programme national pour la sécurité routière et la sécurité des piétons, qui prévoit notamment l’élaboration de nouvelles règles de circulation conformes aux normes internationales, l’amélioration des infrastructures routières, des pistes cyclables et des trottoirs, de même que la numérisation de la gestion de la circulation, a expliqué le représentant.  Selon lui, ces priorités sont compatibles avec celles de la Décennie d’action et le Programme 2030. 

Les transports routiers et ferroviaires étant très importants, nous sommes déterminés à diminuer de 50% les accidents fatals de la route d’ici à 2050, a déclaré M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde).  La stratégie nationale repose sur quatre piliers: l’éducation, l’ingénierie, le prise en charge des victimes et leur traitement.  Le Gouvernement envisage de créer une feuille de route avec un accent particulier sur le comportement des usagers de la route, la recherche et la création de centres d’excellence.  Avec la Banque mondiale, l’Inde va lancer des concours de projets sur la lutte contre l’insécurité routière et le Gouvernement s’efforce aussi de collecter et d’analyser les données sur la circulation.  Le Gouvernement réfléchit également à l’idée d’élaborer une stratégie de sensibilisation des entreprises privées à la responsabilité individuelle, conscient du caractère particulier de l’usager indien de la route.

Pour M. MAURIZIO MASSARI (Italie), l’insécurité routière est un « virus » qui frappe les jeunes adultes et les enfants partout dans le monde.  La sécurité routière, a-t-il dit, c’est la lutte contre les infrastructures défaillantes, les lois obsolètes et l’absence de sensibilisation de l’opinion publique.  La Déclaration politique peut faire la différence mais il faut encore que les gouvernements fassent preuve d’une volonté tout aussi politique pour la mettre en œuvre.  L’Italie, a affirmé le représentant, a élaboré l’an dernier un plan national de sécurité du transport multimodal, doté de 44 actions stratégiques visant à renforcer la répression et la sensibilisation. 

Nos progrès, s’est désolé M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), ont été stoppés net le 24 février dernier par l’invasion de la Fédération de Russie qui a causé la destruction de plus 24 000 kilomètres de routes et de 200 ponts, et ces chiffres augmentent au fur et à mesure que la guerre se poursuit.  Selon le délégué, la Déclaration politique ne décrit pas la réalité des routes dans le monde parce que n’y figure pas la destruction des infrastructures routières d’un État par un autre.  Ce manquement met gravement en cause la crédibilité de cette Déclaration, a tranché le représentant, devant un texte qui ne permet aucun progrès puisqu’il privilégie l’avis d’une partie seulement des États Membres des Nations Unies.  Dénoncer la destruction des routes ukrainiennes devrait être un des objectifs prioritaires de l’Assemblée générale, en la matière, a-t-il conclu. 

En 2021, a fait observer M.  AHMED SAHRAOUI (Algérie), les accidents de la route ont fait plus de 2 000 morts et 10 000 blessés dans mon pays.  La défaillance humaine, a-t-il expliqué, a été reconnue comme la cause de 93% de ces accidents.  Le représentant a parlé de la Commission du Ministère de l’intérieur chargée de suivre la mise en œuvre de la stratégie nationale de sécurité routière et des efforts de sensibilisation de l’opinion publique à l’importance qu’il y a à respecter le code de la route.  Il a aussi parlé des efforts pour développer le réseau du tram et du métro afin de désengorger les routes.

Notre objectif national de réduire de 50% le nombre des accidentés de la route d’ici à 2030 nécessite des partenariats robustes et des financements durables, a souligné M. HAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq), en insistant, à cet égard, sur la grande importante du paragraphe 13 de la Déclaration politique.  Il a aussi mis l’accent sur toute l’importance de la Réunion d’examen prévue à New York en 2026. 

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a voulu attirer l’attention sur les liens entre les objectifs de sécurité routière et les cibles 3.6 et 11.2 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mon pays, a-t-il dit, est le neuvième plus grand contributeur au Fonds des Nations Unies sur la sécurité routière.  Notre objectif national, c’est zéro mort, zéro blessé d’ici à 2050, a-t-il souligné.

M. SOW, Chef de cabinet du Ministre des transports du Sénégal, a souligné que son pays s’est engagé à agir vigoureusement pour éradiquer l’insécurité routière dont les coûts sociaux, économiques et écologiques ont un impact négatif sur l’avancement des pays en développement.  Avec une moyenne annuelle de plus de 4 000 accidents de la circulation, dont 745 morts en 2019, donc près de 2 morts par jour, les accidents de la route sont un véritable fléau au Sénégal.  Pour inverser cette tendance, le pays s’inspire de la Décennie d’action 2021-2030 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, lesquels ont été déclinés dans le Programme de modernisation des transports, levier majeur du Plan Sénégal Émergent (PSE). 

Chez nous, s’est réjoui M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran), le nombre des morts dues aux accidents de la route a diminué de près de 39%, au cours des deux dernières décennies.  Ce résultat a été obtenu grâce à la planification et aux efforts d’ingénierie, d’application stricte de la loi, de secours et de soins médicaux, d’éducation générale et spécifique et de développement des infrastructures routières.  Dans ce contexte, l’Iran a franchi des étapes significatives au cours de la première Décennie d’action, s’est enorgueilli le représentant, citant l’exemple de l’intégration de la gestion de la sécurité routière sous l’égide de la Commission nationale de la sécurité routière (CNSR) qui promeut activement une coopération multisectorielle.

Grâce à la Stratégie nationale, a affirmé M. TAREK LADEB (Tunisie), mon pays a pu enregistrer des résultats encourageants, illustrés par une réduction de 25% du taux de mortalité et de 33% du nombre des blessés.  Comme le parc automobile et les centres urbains s’élargissent, des investissements sont consentis dans un système plus efficace pour le transport public et partant offrir des alternatives au transport privé.  Il a évoqué, pour finir, la mise en œuvre de divers grands projets pour les réseaux routiers ainsi que le lancement de projets territoriaux et de planification urbaine.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a dit que depuis 2017, le nombre des victimes a diminué de 17%.  Cela a coûté 12 millions de dollars au pays.  La stratégie sud-africaine en matière de sécurité routière couvre l’éducation et la formation, le respect du code de la route, l’utilisation de technologies modernes et l’amélioration des infrastructures, le contrôle de la vitesse près des écoles et dans les zones urbaines et rurales.  Le Gouvernement a rédigé un manuel sur les limitations de vitesse qui sera inclus dans le code de la route.  En outre, a ajouté le délégué, la lutte contre les véhicules ne respectant pas les normes environnementales s’est concrétisée par la création d’une taxe.

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda) a dit que son pays est fortement frappé par la question de l’insécurité routière.  Le Gouvernement a réalisé des avancées à travers différents plans d’action nationaux sous la bannière « Ouganda 2040 ».  L’accent est mis en particulier sur la création de davantage de trottoirs et l’amélioration de la prise en charge des victimes dans les hôpitaux en coopération avec l’OMS.  Cela a permis de diviser par deux le nombre de morts.  En 2018, la nouvelle politique de transport visait à compléter la politique sur les véhicules motorisés et la politique routière.  Toutefois, l’on a enregistré 40% de décès de plus sur les routes en 2021.  Le représentant a dénoncé le comportement irresponsable des usagers de la route et le fait que la moitié des accidents ont lieu dans la capitale, Kampala.  Il a appelé à l’action avec la société civile et le secteur privé et demandé des financements pour la sécurité routière dans le monde afin de pousser les pays sur la voie de la croissance économique.

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a dit que la Déclaration politique sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde devrait aider les pays soumis à des sanctions unilatérales à faire face à leurs conséquences, en particulier la Syrie qui est un carrefour international, traversé par des routes liant trois continents.  Le représentant a demandé la levée des mesures coercitives unilatérales et contre le développement.  Il faut mettre en œuvre la Déclaration et promouvoir le Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière.  Il a aussi voulu plus de partenariats avec les États Membres dans les domaines du renforcement des capacités techniques et de l’apport des technologies modernes. 

Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines) a dit la volonté de son pays d’accorder la priorité aux modes de transport non motorisés et aux transports en commun.  Il faut, selon elle, investir dans le transport multimodal et rendre plus sûre la circulation des deux roues.  Elle a indiqué que les Philippines ont mis en place 580 kilomètres de pistes cyclables. 

Mme LISA A. CARTY (États-Unis) a cité l’adoption fin 2021 d’une loi sur l’amélioration des infrastructures routières.  Elle a indiqué que le Secrétaire aux transports a lancé, au mois de janvier 2022, une stratégie nationale en matière de sécurité routière mettant l’accent sur des technologies sûres pour réduire le nombre de victimes d’accidents de la route.  Mettant l’accent sur les liens entre sécurité routière et développement durable, la représentante a assuré que son pays s’efforce de rendre les routes plus sûres pour tous les usagers grâce au développement de transports alternatifs. 

Mme BLANCA INES ALTA PERUGACHI (Équateur) a rappelé que les accidents de la route sont la deuxième cause de mortalité en Amérique du Sud.  L’Équateur s’est doté d’un manuel de la sécurité routière en zone urbaine afin de favoriser la mise en œuvre du Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030).

M. JONGIN BAE (République de Corée) s’est enorgueilli d’une baisse de 32% du nombre des morts sur les routes, ces cinq dernières années, et des efforts transversaux menés pour réduire encore ce pourcentage.  L’objectif, a-t-il expliqué, est de protéger les piétons et les personnes âgées, principales victimes des accidents mortels de la route.  Le représentant a ainsi parlé des zones à vitesse réduite et d’un système de protection spécifique pour les motos et les trottinettes.

En dépit d’une réduction de 54% du nombre de morts sur les routes, Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a avoué que son pays se heurte toujours au problème de la sécurité routière.  Le Ministère du transport et des infrastructures a élaboré un plan stratégique, aligné sur les stratégies européennes et la deuxième Décennie d’action de l’ONU.  L’objectif, a-t-elle dit, est d’appliquer plusieurs mesures pour réduire drastiquement le nombre des accidents, en tirant partie des nouvelles technologies. 

Nous avons adopté une stratégie nationale pour la période allant de 2021 à 2030, avec une vision à l’horizon 2045, a déclaré Mme NGUYEN PHUONG TRA (Viet Nam).  Cette stratégie, a-t-elle expliqué, vise à réduire de 5 à 10% par an le nombre des morts et des blessés, et de développer des infrastructures de transport sûr, moderne et respectueux de l’environnement, en n’oubliant pas de promouvoir une culture de la sécurité auprès des usagers de la route.  Le Viet Nam, a affirmé la représentante, est prêt à renforcer sa coopération avec ses partenaires internationaux pour contribuer à la mise en œuvre de la Décennie d’action 2021-2030.

Comme l’insécurité routière a fauché la vie de 116 000 personnes en 2019, a dit M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie), le Gouvernement a élaboré une stratégie cohérente avec le secteur privé.  Le plan national de sécurité routière de 2022 a ainsi mis en place des normes plus strictes.  Il prévoit la construction de routes plus sûres et l’éducation de la population à la sécurité routière.  Le programme scolaire indonésien comprend d’ailleurs, depuis 2010, l’apprentissage du code de la route.  Le Gouvernement veut en effet travailler avec les jeunes, par le biais des technologies modernes. 

La guerre non provoquée de la Fédération de Russie en Ukraine a détruit des villes, des gares et des infrastructures de transports essentiels, a dénoncé M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne).  Parlant de son pays, il a indiqué que le programme national vise à réduire de moitié le nombre des victimes des accidents de la route d’ici à 2030, en mettant l’accent sur une protection plus forte des piétons et des cyclistes, l’interdiction du téléphone mobile sur les voies publiques, l’imposition d’une certaine distance entre les véhicules, et des sanctions sévères pour tous les réfractaires.  Le représentant a vanté les mérites de la technologie, s’agissant en particulier de la collecte de données pour améliorer la circulation en temps réel.

Mme GUERRA TAMAYO (Cuba) a insisté sur la volonté politique et la coopération internationale.  Au niveau national, le plan de la sécurité routière prévoit plus de 250 actions, à tous les niveaux.  Le Gouvernement entend créer une « culture de la responsabilité », grâce à une stratégie de communication qui implique la participation des écoles et des centres de formation professionnels.  Mais, a rappelé la représentante, les efforts de Cuba sont limités par le blocus imposé par les États-Unis qui limite l’accès à des équipements de protection essentiels pour réduire le nombre de morts parmi les accidentés de la route.

La réalisation de l’objectif de réduire le nombre des accidentés de la route de 50% d’ici à 2030 serait une percée humanitaire aux énormes conséquences pour l’avancement des pays en développement, a estimé M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie).  Il a souligné l’importance du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière, auquel son pays a versé une somme de 200 000 euros pour soutenir des projets dans les pays à revenu moyen et bas. 

Droit de réponse

La Fédération de Russie a dit ne pas être étonnée que certaines délégations aient pris le prétexte de cette tribune pour « politiser » le débat, refusant de participer aux débats concernant les causes et objectifs de l’opération spéciale menée en Ukraine, cette question n’étant pas à l’ordre du jour.  La délégation a exprimé son désaccord avec ce qui a été dit par la Lituanie au nom d’un groupe de pays, l’Ukraine, les États-Unis et la Pologne.  La destruction d’installations civiles peut être le résultat, selon elle, de leur utilisation délibérée à des fins militaires.  De plus, les militaires ukrainiens ont eux-mêmes détruit, à maintes reprises, et à des fins militaires, des ponts et routes qu’ils ont minés.  Il n’a, en outre, pas été fait mention, a poursuivi la délégation, des tirs d’obus, d’artillerie et de missiles qui depuis 2014 et aujourd’hui encore frappent l’infrastructure civile dans le Donbass.  Pas un mot, non plus, sur les routes et les transports publics endommagés et au sujet des nombreuses victimes notamment à Lougansk, sans parler du blocus imposé sur les transports par Kiev, a-t-elle déploré.

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