L’Assemblée générale décide de convoquer en 2026 une nouvelle réunion de haut niveau sur la sécurité routière dans le monde
L’Assemblée générale a conclu cet après-midi sa première réunion de haut niveau consacrée à l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, sur le thème « La sécurité routière à l’horizon 2030: garantir une décennie d’action et de réalisations ». À cette occasion, l’Assemblée a adopté dès hier une Déclaration politique par laquelle elle décide de convoquer une nouvelle réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde, en 2026, à New York, en vue d’entreprendre un examen à mi-parcours complet de l’application de ladite Déclaration pour identifier les lacunes existantes et les solutions envisageables afin d’accélérer les progrès vers la réalisation, d’ici à 2030, des cibles des objectifs de développement durable liés à la sécurité routière.
Déclarant que la sécurité routière est « une priorité de développement urgente, un problème majeur de santé publique et une question d’équité sociale, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire », l’Assemblée reprend une série de mesures qu’il importe de continuer d’appliquer aux niveaux national, régional et international.
Près de 80 délégations ont participé au débat plénier sur les moyens de promouvoir la sécurité routière et le transport durable en vue de réduire d’au moins 50% le nombre de décès dus aux accidents de la route d’ici à 2030. À cette fin, elles se sont engagées à intensifier la mise en œuvre du Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030), sachant que plus de 90% des décès et des blessures dus à ces accidents ont lieu dans des pays en développement.
Une majorité d’intervenants ont jugé nécessaire de se mobiliser en faveur d’autres objectifs, en particulier l’élimination de la pauvreté, l’égalité des sexes, l’adaptation aux changements climatiques, l’innovation, des infrastructures et des transports publics sûrs. Ils ont demandé la mise en place d’un financement adéquat et à long terme et des partenariats pour compléter les efforts de leurs pays.
Trois tables rondes multipartites ont également été organisées aujourd’hui en tenant compte des cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030 relatives à la sécurité routière. Le Directeur du Département pour les déterminants sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Etienne Krug, a résumé les discussions qui ont porté sur les thèmes suivants: « Intégrer la sécurité routière dans le développement durable: volonté politique et approche pangouvernementale »; « Mobiliser toutes les parties prenantes pour accélérer la mise en œuvre du Plan mondial et atteindre la réduction de 50% »; « Investissements nationaux soutenus et financement international pour le renforcement des capacités et l’aide au développement dans les interventions de sécurité routière fondées sur des données probantes ». M. Krug a prié les participants de dire à leurs ministres des finances « à quel point les investissements en matière de sécurité routière sont rentables ».
En conclusion, le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, a rappelé que la sécurité routière est une question transversale et complexe, liée à tous les objectifs de développement durable. Il a salué la volonté politique qui s’est manifestée pendant cette réunion de promouvoir la coopération avec toutes les parties prenantes pour mettre en place une approche globale en la matière, basée sur la science et les meilleures pratiques.
SUITE DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR L’AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE DANS LE MONDE
Suite et clôture du débat plénier
Le représentant du Japon a jugé indispensable d’atteindre les objectifs de la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030) par le biais de la coopération internationale pour réaliser les objectifs de développement durable. À cet égard, il a mis l’accent sur le renforcement des capacités humaines, la prévention et l’amélioration de la qualité des infrastructures routières. Il a cité en particulier les efforts entrepris par son pays pour développer des zones piétonnes dans les villes.
Le représentant du Nicaragua a dit que la sécurité routière est un moyen de faciliter la mise en œuvre de plusieurs objectifs de développement durable. Il a mentionné les efforts entrepris par son pays pour que les routes et les chemins atteignent les populations les plus enclavées. Le Nicaragua, qui dispose aujourd’hui de 6 000 kilomètres de route contre seulement 2 000 kilomètres en 2007, a été classé en tête des pays d’Amérique centrale en matière de qualité des routes.
Le représentant du Bélarus a regretté que des délégations aient politisé les débats de ces deux jours et les négociations intergouvernementales relatives à la mise en œuvre de la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030). Il a indiqué que la Commission nationale de la sécurité routière de son pays coordonne la mise en œuvre des mesures visant à améliorer la sécurité routière. Il a également cité la stratégie « Bonnes routes 2019-2025 » qui comprend des objectifs de sécurité routière, de gestion de la demande de transports en commun, ainsi que la création de systèmes de transports intelligents et la construction d’un réseau routier « idéal ». Après avoir mis l’accent sur les liens entre les objectifs de sécurité routière et la cible 3.6 des ODD, le représentant s’est félicité d’une baisse de 5,6% du nombre de victimes de la route, en 2021, dans son pays. Enfin, il a fustigé l’impact des récentes sanctions occidentales sur les objectifs de sécurité routière de son pays, en expliquant que les sanctions de l’Union européenne empêchent les entreprises de transport automobile du Bélarus d’accéder à des cartes et technologies numériques indispensables à l’amélioration de la sécurité routière.
Le représentant de la Sri Lanka s’est inquiété du fait que, malgré l’augmentation du nombre d’accidents de la route dans son pays et de décès et de blessures qui en résultent, la société semble accepter ces tragédies humaines et le fardeau économique qui en découle comme « une chose normale ». Pour sa part, le Gouvernement a créé le Conseil national pour la sécurité routière afin d’assurer la mise en place d’un système routier sûr et il a renforcé sa législation, notamment en imposant le port obligatoire de la ceinture de sécurité et du casque. Selon le représentant, nous devons mettre l’accent sur la réduction des accidents de la route en tant que condition essentielle à la réalisation des objectifs de développement. Il a salué le rapport de la Banque mondiale qui quantifie la façon dont les investissements dans la sécurité routière sont également des investissements dans le capital humain.
Le représentant du Guatemala a exprimé sa profonde préoccupation alors que, moins d’un an après avoir été frappé par les ouragans Eta et Iota, qui ont endommagé des routes et des infrastructures, son pays est confronté à une nouvelle saison des ouragans. Pour sauver des vies tout en favorisant la croissance économique, il faut continuer d’investir dans la résilience à la crise climatique, dans des infrastructures publiques durables et des voies de circulation modernes. Le sort des personnes vulnérables telles que les migrants a également inquiété le représentant qui a appelé à assurer leur protection dans le plein respect des droits de l’homme, indépendamment de leur statut migratoire.
Le représentant de la Côte d’Ivoire s’est inquiété de perspectives peu reluisantes puisque l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) prévoit 2,3 millions de morts d’accidents de la route d’ici à 2030. Il s’est particulièrement inquiété de l’ampleur des souffrances humaines et du coût socioéconomique très élevé pour tous les États, en particulier les pays en développement. Il a expliqué que le Gouvernement ivoirien a mis en place un système d’information sur les accidents de la circulation routière; institué un schéma harmonisé de gestion de la sécurité routière; renforcé le contrôle technique automobile et mis en place de la Commission nationale de la sécurité routière. Il a aussi mentionné le Plan stratégique pour la période 2021-2025 qui vise notamment l’amélioration de la sécurité des transports en commun de populations et de marchandises ainsi que le renforcement de la prise en charge des victimes d’accidents. La Côte d’Ivoire a également lancé, le 7 septembre 2021, après une campagne de sensibilisation, la « vidéo-verbalisation »: c’est un système de transport intelligent qui notifie par SMS les infractions aux automobilistes. « Enfin, mon pays a mis en place un Fonds d’Entretien Routier (FER), destiné à assurer le financement de prestations relatives aux études et travaux d’entretien périodique du réseau routier »
Le représentant du Bangladesh a estimé que les nombreuses crises que nous traversons ne doivent pas nous empêcher de garder à l’esprit l’incidence des accidents de la route sur la population et les États. Malgré les progrès considérables réalisés sur le plan politique pour combattre cette « épidémie causée par l’homme », il faut intensifier les efforts de sensibilisation des usagers au moyen de stratégies de plaidoyer susceptibles de mener à de réels changements de comportement. Pour y arriver, les voix des personnes vulnérables -femmes, enfants et personnes âgées- doivent être intégrées aux politiques publiques relatives à la sécurité routière, les infrastructures sanitaires doivent être améliorées et les transferts technologiques vers les pays en développement augmentés.
La représentante du Zimbabwe s’est inquiétée de l’impact des dérèglements climatiques sur l’état des routes. Elle a dit l’objectif de son pays d’atteindre un service de transport public efficace et de haut niveau dans tout le pays d’ici à 2025. Le Zimbabwe a publié, en janvier 2022, un rapport sur sa performance en matière de sécurité routière au regard des ambitions du Plan mondial pour la deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030). Chaque année, 35 000 accidents de la route font 1 800 morts et 10 000 blessés dans son pays, a précisé la représentante, avant de dire sa détermination à intégrer dans ses réglementations routières toutes les recommandations internationales et régionales. Enfin, elle a fustigé l’impact délétère des sanctions sur les capacités du pays à entretenir son réseau routier.
Le représentant de la Colombie a noté que son gouvernement a adopté un plan national de sécurité routière 2022-2031 pour mettre en œuvre la Décennie d’action. Ce plan repose notamment sur une gestion publique innovante, la mise en œuvre de l’approche « Système sûr », qui fait de la sécurité une priorité sur les routes, la coresponsabilité des parties prenantes ainsi que le suivi des progrès réalisés. Pour y parvenir, il a invité les États Membres à renforcer leur coopération afin de répondre à « l’impératif moral » que constitue la sécurité routière.
Le représentant de la Bolivie a estimé que la sécurité routière constitue une illustration claire de la disparité entre pays développés et pays en développement. Dans ces derniers, réduire les accidents de la route requiert la construction d’infrastructures et de systèmes de transport sûrs, le renforcement de la législation et la sensibilisation du public. De même, l’éradication de la pauvreté est indispensable pour protéger les personnes vulnérables sur le plan socioéconomique, qui sont exposées de manière disproportionnée aux accidents de la route. En Bolivie, a poursuivi le représentant, la redistribution de la richesse a permis non seulement d’accroître le réseau routier, mais aussi de développer des systèmes de transport multimodal et alternatif comme le réseau de transport public par câble de La Paz.
Le représentant de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (CICR), a exposé ses trois priorités, à commencer par la nécessité d’améliorer les enquêtes sur les accidents graves et la qualité des données, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire. Il faut comprendre les coûts réels de ces accidents et développer des stratégies globales pour y faire face, a-t-il ajouté. La deuxième priorité selon le CICR est de promulguer et d’appliquer une meilleure législation sur la sécurité routière mettant l’accent sur la prévention et la sensibilisation sur l’impact de l’alcool et de la vitesse excessive. Il s’est dit prêt à soutenir les États Membres dans le développement de lois appropriées. Enfin, il a appelé à améliorer la police routière afin de s’assurer que les lois soient effectivement appliquées, de manière à réduire les comportements à risques. Il a prôné à cet effet l’adoption de programmes complets de renforcement des capacités de la police routière.
Le représentant de l’Ordre souverain de Malte, évoquant une tradition de l’Ordre qui remonte à neuf siècles et qui est d’aider les voyageurs, a déploré le fait que 200 000 personnes qui meurent chaque année sur les routes auraient pu être sauvées si les secours d’urgence étaient arrivés plus tôt. Il a recommandé à cet effet aux États Membres d’exiger une formation aux secours d’urgence pour ceux qui passent leur permis, comme le fait l’Australie. Le délégué a jugé « décevant et préoccupant » que les paragraphes qui mentionnaient la nécessité d’une telle formation dans le projet de résolution de l’Assemblée générale sur la sécurité routière aient été supprimés.
Dans ses remarques de clôture, M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, s’est félicité des progrès réalisés au cours de ces deux jours de débat dont l’adoption d’une Déclaration politique « ambitieuse » qui réaffirme collectivement l’importance d’améliorer la sécurité routière mondiale et souligne notre responsabilité partagée à tous les niveaux, tout en reconnaissant la responsabilité première des gouvernements. Il a aussi salué l’engagement de tous les intervenants à mettre en œuvre le Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030, dans le but de réduire les décès dus aux accidents de la route d’au moins 50% d’ici à 2030. Le Président s’est félicité de la volonté politique de promouvoir la coopération avec toutes les parties prenantes pour mettre en place une approche globale de la sécurité routière, basée sur la science et les meilleures pratiques, qui s’attaque aux facteurs de risque. Il a en outre salué l’engagement d’intégrer une perspective de genre dans toutes les politiques et actions relatives aux plans de sécurité routière et d’assurer un financement adéquat et prévisible pour soutenir les efforts à long terme. M. Shahid a relevé la volonté des États Membres d’assurer une meilleure connectivité entre les différents types de transport. Alors que certains pays ont montré l’exemple en élaborant des plans et objectifs nationaux, le Président a dit la nécessité de répondre aux besoins des communautés locales. Il a appelé à mettre l’accent sur la sécurité des usagers de la route particulièrement vulnérables, tels que les piétons et les cyclistes. Enfin, a-t-il conclu, nous ne pourrons pas faire de compromis sur les normes de sécurité routière. L’amélioration des infrastructures de transport doit rendre nos communautés plus sûres. Mettons-nous au travail!
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