« Énorme succès » pour la Conférence sur les océans qui s’achève par l’adoption d’une déclaration politique axée sur l’action
LISBONNE, 1er juillet -- La Conférence sur les océans s’est achevée cet après-midi à Lisbonne, au Portugal, avec l’adoption d’une déclaration politique ambitieuse, point d’orgue d’une semaine de débats très riches où les nombreuses menaces pesant sur les océans –pollution plastique, surpêche, dégradation des écosystèmes, réchauffement climatique-, comme les moyens d’y remédier, ont été abondamment discutés. Financement accru de l’objectif de développement durable no 14 sur la gestion durable des océans, approfondissement des connaissances océaniques et des transferts de technologie, lutte renforcée contre la pêche illicite ont ainsi été quelques-unes des pistes explorées.
Alors que la Conférence s’était ouverte le 27 juin sur une inquiétude palpable, notamment celle des petits pays insulaires en développement dont l’existence même est menacée par l’élévation du niveau des mers, elle s’est achevée dans un climat d’optimisme prudent, tant la nécessité d’agir pour remédier à « l’urgence océanique », selon l’expression du Secrétaire général, a été comprise de tous. « Cette conférence est un énorme succès », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques de l’ONU, en saluant le fait qu’elle ait permis de générer de nouvelles idées et de nouveaux engagements pour la cause des océans.
« La déclaration politique envoie un signal fort sur la nécessité d’agir de manière décisive et urgente pour améliorer la santé, l’utilisation durable et la résilience des océans », a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Une satisfaction pleinement partagée par le Président du Portugal qui a loué l’élan imprimé par cette « inoubliable » conférence. « Ici, à Lisbonne, le mot d’ordre était “action” », a déclaré le Président, en rappelant qu’il faut aller plus loin, parce que « l’action climatique, c’est vivre avec passion ». Les délégations se sont d’ores et déjà donné rendez-vous en 2025 pour la prochaine conférence sur les océans, que la France et le Costa Rica se sont proposé d’accueillir.
Dans cette déclaration intitulée « Notre océan, notre avenir, notre responsabilité » et adoptée par consensus, les chefs d’État et de gouvernement, profondément alarmés par la situation d’urgence que connaît l’océan à l’échelle mondiale, se sont engagés à prendre d’urgence plusieurs mesures, fondées sur des données scientifiques et innovantes, visant à appuyer la réalisation de l’ODD 14. Cette déclaration détaille notamment l’engagement des États Membres à renforcer les efforts d’observation scientifique et systématique et de collecte de données environnementales et socioéconomiques, en particulier dans les pays en développement.
Reconnaissant que ces derniers, en particulier les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés, sont confrontés à des problèmes de capacités, les chefs d’État et de gouvernement se sont engagés à améliorer la coopération à tous les niveaux dans le domaine de la recherche scientifique marine, et à aider les pays en développement à surmonter leurs difficultés d’accès aux technologies. Outre l’établissement de partenariats efficaces, les États Membres comptent explorer, développer et promouvoir « des solutions de financement innovantes » pour favoriser la transformation vers des économies durables fondées sur les océans.
Déterminés à agir de « manière décisive » et sans plus attendre, ils s’engagent aussi à renforcer l’interface science-politique pour la réalisation de l’ODD 14, et réduire dès que possible les émissions de gaz à effet de serre provenant du transport maritime international. Parmi les engagements pris à titre volontaire, les États Membres comptent en outre donner aux femmes et aux filles les moyens d’agir, « car leur participation pleine, égale et réelle est essentielle pour progresser vers une économie durable fondée sur l’océan », et veiller par ailleurs à ce que les enfants et les jeunes soient dotés de connaissances et de compétences sur les océans.
Ils entendent également reconnaître le rôle important des connaissances, innovations et pratiques autochtones, traditionnelles et locales détenues par les peuples autochtones et les communautés locales.
En adoptant cette déclaration, les États Membres se déclarent enfin conscients de la menace que la pandémie de COVID-19 fait peser sur la santé de l’océan en raison d’une gestion inappropriée des déchets plastiques, tels que les équipements de protection individuelle (EPI), qui a exacerbé le problème des déchets plastiques marins et des microplastiques dans l’océan.
Les enjeux juridiques n’ont pas été oubliés pendant cette semaine de débats, avec le souhait unanime que les négociations en cours sur des instruments contraignants sur la pollution plastique, ainsi que sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, débouchent sur des textes ambitieux. Les délégations ont aussi souligné leur attachement à la Convention sur le droit de la mer, véritable « phare du multilatéralisme », qui fête cette année son cinquantième anniversaire.
Avant de se prononcer sur la déclaration, les délégations ont adopté le projet de rapport de la Conférence, ainsi que le rapport de la Commission de vérification des pouvoirs. Cette dernière a été vivement critiquée par les Palaos, le Royaume-Uni et les États-Unis en raison du refus d’accréditation de délégués de Taïwan, alors que la Chine a rappelé que, faisant partie de son territoire, Taïwan ne pouvait participer à cette conférence.
La Conférence a été conclue par une performance musicale du chœur Kayamba du Kenya, qui n’a pas manqué de provoquer les déhanchés des participants.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES DE 2022 VISANT À APPUYER LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE NO 14: CONSERVER ET EXPLOITER DE MANIÈRE DURABLE LES OCÉANS, LES MERS ET LES RESSOURCES MARINES AUX FINS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Adoption du rapport de la Commission de vérification des pouvoirs
Avant l’adoption du rapport de la Commission de vérification des pouvoirs, les Palaos ont regretté que les délégués de Taïwan que sa délégation et celle de Tuvalu accueillaient n’aient pu être accrédités et ont critiqué la décision de la Commission de vérification des pouvoirs. La Chine a rappelé que, faisant partie de son territoire, Taïwan ne peut participer à la Conférence. Appuyés par les Îles Marshall et le Royaume-Uni, les États-Unis ont rappelé que chaque délégation peut décider de sa composition et ont eux aussi critiqué la décision de la Commission, tandis que le Pakistan a souligné la nécessité de respecter le principe de la Chine unique s’agissant de la représentation à l’ONU.
Document final de la Conférence (A/CONF.230/2022/L.1)
Explications de position
Avant l’adoption, le représentant du Danemark, en tant que l’un des deux cofacilitateurs du processus intergouvernemental de négociation du projet de déclaration politique de la Conférence des Nations Unies sur les océans avec la Grenade, a filé la métaphore du navire pour le présenter. Il a rappelé qu’alors que « le bateau avait fait un départ en fanfare en janvier 2020, les négociations ont marqué une pause et un nouveau capitaine s’est joint au navire, Mme Keisha McGuire, de la Grenade ». Pour le représentant, il ne fait pas de doute que pour résoudre les problèmes des océans, il faut pouvoir compter sur une collaboration internationale à tous les niveaux, et les deux cofacilitateurs ont été frappés par la volonté de dialoguer des États Membres de l’ONU sur cette question. Les océans sont en danger alors même qu’ils sont fondamentaux, a-t-il souligné, en affirmant que nous sommes à court de temps et d’excuses. C’est pourquoi les cofacilitateurs ont retenu le titre de la Conférence sur les océans de 2017 en y ajoutant le terme « responsabilité ».
Lui emboîtant le pas, la représentante de la Grenade, l’autre cofacilitatrice du projet de document, a tenu à remercier les experts et M. Peter Thomson, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les océans, qui ont assuré le succès de ce processus de négociation. Se déclarant fière de cette déclaration politique, elle a expliqué que ce texte souligne que les changements climatiques sont l’un des principaux défis de notre époque, y compris pour les océans en parlant même de la survie de nombreuses îles qui est en jeu. La déclaration politique reconnaît l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les économies océaniques. En outre, elle est une source d’espoir et prouve la volonté de tous de monter la barre plus haut en misant sur des actions ancrées dans l’innovation et la science. En effet, s’est-elle réjouie, les 193 États Membres des Nations Unies se sont engagés à mettre en œuvre des mesures ambitieuses basées sur la science, reconnaissant de concert « que nous n’avons plus de temps ». Alors mettons-nous au travail, a-t-elle conclu.
Le représentant de l’Azerbaïdjan a souligné qu’à cause des changements climatiques, l’accès à l’eau est devenu un facteur critique pour tous les pays dans la définition de leurs politiques environnementales, sociales et économiques. Il a également mis en exergue la problématique croissante de la gestion et de la pollution des eaux transfrontalières, s’attardant sur la situation du fleuve transfrontalier Okhchuchay, pollué par des métaux lourds et des substances dangereuses. La principale source de cette pollution sont les usines de cuivre et de molybdène situées en Arménie et exploitées par des entreprises internationales, a expliqué le représentant. Il a déploré que ces graves problèmes transfrontaliers n’aient pas suscité de réaction adéquate de la part des organisations internationales, les exhortant à partager leurs connaissances et leur expérience sur les pratiques de réhabilitation afin de conserver l’écosystème unique de la région et de protéger la santé des habitants. Le représentant a également signalé que le réservoir d’eau de Sarsang est devenu une source potentielle de danger pour 400 000 personnes vivant dans les zones environnantes en raison du manque d’entretien.
Le délégué a ensuite indiqué que son gouvernement a adopté un plan d’action pour assurer l’utilisation efficace des ressources en eau pour 2020-2022 et prépare une stratégie nationale de l’eau pour assurer la sécurité de l’eau au cours des 18 prochaines années. En outre, la création de la Commission de l’eau a facilité la coopération proactive de toutes les parties prenantes dans la gestion des ressources en eau et la mise en œuvre de projets dans le secteur de l’eau.
Le représentant de l’Arménie a estimé qu’en diffusant des information fallacieuses, l’Azerbaïdjan nuit au développement de sa région. Ces propos n’ont pas leur place dans cette importante conférence et ne sont aucunement liés à la déclaration politique de Lisbonne, a ajouté le représentant, avant d’inviter l’Azerbaïdjan à éviter de politiser cette plénière et à faire preuve de respect.
À l’issue de l’adoption, la déléguée des États-Unis a rappelé que cette déclaration n’a pas de caractère juridiquement contraignant. Elle a également souligné que la protection des droits de propriété intellectuelle est nécessaire pour encourager l’innovation. « La crise océanique est une crise climatique », a-t-elle dit, avant de se joindre au consensus.
La République islamique d’Iran, tout en se joignant au consensus, a estimé que certaines questions ne sont pas reflétées comme il se doit dans la déclaration. La délégation a ainsi fait valoir que la protection et la conservation des océans ne peuvent être seulement liées au processus de ratification de la Convention internationale sur le droit de la mer. Elle a ajouté que le Gouvernement iranien participe activement aux négociations sur un instrument juridiquement contraignant relatif à la biologie marine dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale. Son attitude constructive ne doit toutefois pas être considérée comme une évolution de sa position vis-à-vis de la Convention, a précisé le représentant. Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, en tant que pays ayant des côtes sur le golfe Persique et le golfe d’Oman, l’Iran est préoccupé par la construction d’îles artificielles qui causent la destruction d’habitats marins. Ces activités de récupération de la terre sur l’océan supposent selon l’Iran de prendre des mesures de contrôle car elles menacent la survie d’écosystèmes entiers mais aussi les populations qui vivent dans le golfe Persique. Les États côtiers ont la responsabilité de veiller à ce que les droits des États voisins soient respectés afin de promouvoir la coopération régionale, a-t-il souligné.
Le représentant du Costa Rica a salué l’adoption par consensus de la déclaration politique. Il a confirmé ce qui a été annoncé hier par le Président Macron de la France, à savoir que le Costa Rica et la France se portent candidats pour accueillir la prochaine Conférence des Nations Unies sur les océans en 2025. Il a espéré pouvoir compter sur le soutien de tous pour avancer dans le cadre de l’Assemblée générale d’ici là.
La représentante du Venezuela a rappelé que son pays s’est associé au consensus sur la déclaration politique, tenant à rappeler que le Venezuela n’est pas un État partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Les normes de cette convention ne s’appliquent donc pas à lui puisque les raisons qui ont empêché le Venezuela de ratifier cette convention sont toujours valides.
Adoption du rapport de la Conférence (A/CONF.230/2022/L.2)
Déclarations de clôture
Au nom du Secrétaire général, M. MIGUEL DE SERPA SOARES, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Conseiller juridique des Nations Unies et Conseiller spécial des Présidents de la Conférence sur les océans et les questions juridiques, a qualifié cette deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans d’ « énorme succès », saluant le fait qu’elle ait permis de générer de nouvelles idées et de nouveaux engagements pour la cause des océans. Il s’est réjoui que, malgré les revers liés à la pandémie, de nombreuses initiatives présentées à Lisbonne aient démontré la possibilité d’une transition vers une économie durable basée sur les océans. Il a ainsi relevé que l’industrie du transport maritime a proposé un plan global pour atteindre l’objectif de zéro émission nette de CO2 d’ici à 2050. Il s’est également félicité que, grâce à la coopération, des pays d’Afrique et du Commonwealth aient su saisir les opportunités qu’offre l’économie bleue, notant à cet égard que les Seychelles ont lancé les premières obligations bleues au monde pour mobiliser les investissements du secteur privé au bénéfice de protection marine et de la gestion de la pêche. Plus largement, le haut fonctionnaire s’est déclaré impressionné par les nouveaux engagements pris au cours de cette conférence, de la protection de 30% ou plus des zones maritimes nationales d’ici à 2030 à la neutralité carbone d’ici à 2040, en passant par la réduction de la pollution plastique, l’augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables, le maintien de 100% des stocks de poissons dans des limites biologiquement durables et des fonds accrus pour la recherche océanique, les aires marines protégées et les projets de résilience climatique.
De l’avis du Secrétaire général adjoint, il n’est pas trop tard pour rompre avec le cycle du déclin de la biodiversité, du réchauffement des océans, de l’acidification et de la pollution marine. « Mais il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il souligné, citant comme priorité l’intensification des investissements dans la restauration et la conservation des écosystèmes côtiers, y compris les mangroves, les zones humides et les récifs de coraux. Alors que nous entrons dans la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, ces dernières doivent recevoir le soutien et le financement nécessaires car elles sont au cœur de l’action pour une planète bleue durable, a-t-il plaidé. Grâce au développement des capacités et aux transferts de technologie, nous devons aussi veiller à ce que tous les pays puissent entreprendre des recherches scientifiques et utiliser durablement l’océan à des fins économiques, sociales et culturelles, a poursuivi le haut responsable onusien, pour qui il importe de tirer parti de la science et des connaissances traditionnelles. De même, les partenariats multiacteurs doivent être ambitieux, la coopération internationale doit donner lieu à des modèles de financement innovants et l’aide aux pays en développement doit être renforcée, a-t-il ajouté, non sans rappeler que l’objectif de développement durable no 14 reste le moins financé de tous les ODD.
La déclaration politique « Notre océan, notre avenir, notre responsabilité » qui vient d’être adoptée adresse, selon lui, un signal fort sur la nécessité d’agir de manière décisive et urgente pour améliorer la santé, l’utilisation durable et la résilience des océans. Pour cela, a insisté le haut fonctionnaire, nos actions doivent être collaboratives et inclure tous les pays, toutes les parties prenantes et tous les secteurs océaniques, avec le soutien du système des Nations Unies, et notamment d’ONU-Océans, le mécanisme de coordination interinstitutions. Il a par ailleurs estimé que les accords historiques conclus cette année sur le développement d’un instrument international juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique et sur la réduction les subventions nuisibles à la pêche témoignent de la façon dont le multilatéralisme agit pour le bien-être de l’océan. Au cours des prochains mois, a-t-il ajouté, la conférence intergouvernementale sur un traité relatif à biodiversité marine des zones au-delà de la juridiction nationale, les négociations sur un cadre mondial pour la biodiversité pour l’après-2020 et la prochaine Conférence des parties sur le climat (COP27) organisée en Égypte seront autant d’occasions de démontrer notre engagement et notre volonté d’inverser le déclin de la santé de l’océan.
« Le monde a parlé », s’est félicité M. KERIAKO TOBIKO, Secrétaire de cabinet au Ministère de l’environnement et des forêts du Kenya. Nous avons tous convenu qu’il existe des preuves sans équivoque montrant que l’intervention humaine a entraîné un changement rapide des propriétés biologiques, physiques et chimiques des océans. Nous avons donc la responsabilité collective d’inverser cette tendance et d’actualiser l’ODD 14, a-t-il plaidé, encourageant ceux qui n’ont pas encore pris d’engagement dans ce sens à le faire « dans un esprit de solidarité pour nos océans et notre avenir ». Pour y parvenir, l’écart existant entre les pays développés et les pays en développement en matière de capacités, de financements et d’accès à la technologie doit être comblé. Il importe aussi, selon lui, que la transition vers une action océanique durable soit juste et inclusive, tout en tenant compte du rôle crucial des connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones, des femmes et des jeunes. Pour ce qui est du travail à venir, il a appelé de ses vœux l’adoption d’un traité juridiquement contraignant sur les matières plastiques, tel que convenu lors de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement. Il a également souhaité que soit enfin conclu le traité sur la protection, la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale et que soit sérieusement examinée la demande d’imposition d’un moratoire sur l’exploitation minière en haute mer. Enfin, il a formé l’espoir que les résultats de cette conférence alimenteront les délibérations de la COP27 sur le climat à Charm el-Cheikh, en Égypte, et de la COP15 sur le cadre mondial pour la biodiversité pour l’après-2020 à Montréal, au Canada.
En tant que plateforme entre les océans, les continents, les cultures et les civilisations, le Portugal, aux côtés du Kenya, a tout fait pour rendre votre semaine inoubliable, a déclaré le Président de ce pays, M. MARCELO REBELO DE SOUSA, à l’entame de ses remarques de clôture de la Conférence.
Avec l’aide du Kenya et, surtout, sous l’impulsion excellente et déterminée du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui se bat depuis près de six ans pour le multilatéralisme dans le climat et, par conséquent, dans les océans, nous avons abouti à la déclaration « Notre océan, notre avenir, notre responsabilité », s’est-il réjoui.
Ici, à Lisbonne, 156 pays, 26 chefs d’État et de gouvernement, 4 000 délégués, 200 parties prenantes, 500 journalistes étaient au rendez-vous cette semaine, et la leçon retenue est qu’à l’avenir, il faudra plus de temps et d’espace pour les dialogues interactifs et pour donner la voix aux jeunes, aux femmes, aux ONG, aux universités et aux centres de recherche. Ici, à Lisbonne, les jeunes ont pris la parole en premier dans leur forum. Ils ont demandé une plus grande attention à leurs propositions, a retenu le Chef d’État, soulignant que certaines d’entre elles sont inclues dans la déclaration. Mais pas toutes, a-t-il concédé en mettant en garde contre le fait que si nous perdons le soutien de la jeunesse, nous perdrons l’avenir et même notre présent.
Ici, à Lisbonne, le mot d’ordre était « action », a poursuivi M. Rebelo de Sousa , parce que le temps ne joue pas en notre faveur. Il faut agir pour aider les États insulaires, les plus touchés par l’augmentation du niveau de la mer, la réduction de la pêche, l’érosion côtière. Il faut agir pour finaliser le traité sur la pollution plastique; agir pour renforcer l’observation satellitaire des océans, ou encore garantir la sûreté de la navigation; agir pour sauver la biodiversité marine, agir pour élargir les aires marines protégées, et agir pour conclure un traité juridiquement contraignant sur la biodiversité et finaliser le traité sur la haute mer, a exigé le Président.
« L’heure n’est plus aux bonnes intentions, mais à l’action », a-t-il résumé. Aux côtés du Kenya, le Portugal souhaitait que cette conférence soit synonyme de paix pour prouver que le multilatéralisme peut vaincre, et M. Rebelo de Sousa s’est dit convaincu que ce pari a été relevé cette semaine, ici, à Lisbonne. Maintenant, il faut aller plus loin, parce que « l’action climatique, c’est vivre avec passion », a-t-il conclu, persuadé que cette conférence entrera dans l’histoire.