En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée adopte « la Voie à suivre de Samoa » reconnaissant les vulnérabilités uniques et particulières qui compliquent le développement durable des petits États insulaires

Soixante-neuvième session
51e séance plénière – matin
AG/11585

L’Assemblée adopte « la Voie à suivre de Samoa » reconnaissant les vulnérabilités uniques et particulières qui compliquent le développement durable des petits États insulaires

Le Ministre de la technologie de l’information et de la communication de Samoa a assisté aujourd’hui à l’adoption, par l’Assemblée générale, de « la Voie à suivre de Samoa », à savoir les conclusions de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement qui s’est déroulée, à Apia, dans son pays, du 1er au 4 septembre 2014, sur le thème : « Le développement durable des petits États insulaires en développement grâce à des partenariats authentiques et durables ». 

L’adoption de « cet accord intergouvernemental finement équilibré et frappé du sceau de l’ensemble des États Membres » est un moment rêvé et un succès pour les petits États insulaires en développement (PEID) qui ne cessent d’attirer l’attention du monde sur leurs besoins en termes de développement durable, en tant que groupe ayant des circonstances spéciales et des vulnérabilités inhérentes, échappant à leur volonté et à leur contrôle, a dit M. Tuisugaletaua Sofara Aveau. 

Dans « la Voie à suivre de Samoa » qui vient après le Programme d’action de la Barbade de 1994 et la Stratégie de Maurice de 2004, les chefs d’État et de gouvernement déclarent en effet : « Nous réaffirmons que les petits États insulaires en développement demeurent un cas particulier en matière de développement durable compte tenu de leurs vulnérabilités uniques et particulières et continuent à faire face à des contraintes pour assurer leur développement durable dans ses trois dimensions.  Nous soulignons qu’en l’absence de coopération internationale leurs chances de succès resteront limitées ».

Les chefs d’État et de gouvernement conviennent de promouvoir « des partenariats authentiques et durables » pour contrer les problèmes liés à l’élévation du niveau de la mer et autres impacts négatifs des changements climatiques, principale menace à la survie et à la viabilité des PEID. 

Ils demandent au Secrétaire général de présenter des recommandations pour un cadre de partenariat permettant de suivre et d’assurer la pleine exécution des engagements pris dans les domaines du financement, du commerce, du renforcement des capacités, de la technologie, des données et des statistiques, et de l’appui institutionnel.

Ils demandent aussi au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES) de tenir un registre des partenariats et de convoquer régulièrement le Groupe consultatif interinstitutions pour qu’il fasse un rapport sur la pleine exécution du Programme d’action de la Barbade, de la Stratégie de Maurice et de « la Voie à suivre de Samoa ».

Le Secrétariat de l’ONU ayant annoncé que cette dernière disposition nécessiterait un budget de 470 100 dollars pour 2016-2017, la représentante des États-Unis a estimé que chiffrer les incidences budgétaires de la résolution, à ce stade, était aller au-delà du nécessaire.  Cette résolution ne saurait engager financièrement mon pays, a prévenu le représentant du Japon.  Elle n’engage « nullement » mon pays, a ajouté son homologue du Canada. 

Personne pendant les négociations n’a parlé de ressources supplémentaires ni pour que le Département des affaires économiques et sociales continue à entretenir une plateforme de partenariat ni pour que le Groupe consultatif interagences continue à se réunir.  Il faudrait veiller à une plus grande transparence, a tranché le représentant de l’Union européenne.

Nous suivrons très attentivement la manière dont les engagements que la communauté internationale a fait aux PEID seront traduits dans les actes, a prévenu le Ministre de la technologie de l’information et de la communication de Samoa.  Il a voulu que les objectifs de développement durable et le programme de développement pour l’après-2015 tiennent compte des groupes comme les PEID pour faire en sorte que les indicateurs qui seront développés soient aussi applicables à leur situation. 

De même, il a réclamé que la Conférence internationale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, prévue l’année prochaine au Japon et les Conférences de Lima et de Paris sur les changements climatiques utilisent « la Voie à suivre de Samoa » comme une source d’inspiration.

L’Assemblée générale se réunira lundi 17 novembre à partir de 10 heures pour examiner le rapport du Conseil des droits de l’homme.

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES : PROJET DE RÉSOLUTION (A/69/L.6)

Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire: Rapport du Secrétaire général (A/69/201)

Adoption de la résolution sur « Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) (A/69/L.6)

Par ce texte, l’Assemblée générale adopte les conclusions de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement qui s’est déroulée, à Apia au Samoa, du 1er au 4 septembre 2014, sur le thème :« Le développement durable des petits États insulaires en développement grâce à des partenariats authentiques et durables ». 

« Nous, les chefs d’État et de gouvernement et représentants de haut niveau réaffirmons notre engagement en faveur du développement durable des petits États insulaires en développement.  Un tel objectif suppose qu’une vaste coalition de personnes, de gouvernements, de membres de la société civile ainsi que le secteur privé travaillent ensemble à la construction de l’avenir que nous souhaitons aux générations présentes et futures. » 

Les chefs d’État et de gouvernement poursuivent par ces termes: « Nous réaffirmons que les petits États insulaires en développement demeurent un cas particulier en matière de développement durable compte tenu de leurs vulnérabilités uniques et particulières et continuent à faire face à des contraintes pour assurer leur développement durable dans ses trois dimensions.  Nous soulignons qu’en l’absence de coopération internationale leurs chances de succès resteront limitées ».

Les chefs d’État et de gouvernement conviennent donc d’accélérer, grâce à « des partenariats authentiques et durables », l’effort fait à l’échelle mondiale pour le développement durable de ces États.  Ils reconnaissent que l’élévation du niveau de la mer et d’autres impacts négatifs des changements climatiques continuent à présenter un risque important et constituent pour beaucoup la principale menace à la survie et la viabilité de ces États.  Les effets négatifs des changements climatiques, qui viennent s’ajouter aux défis de ces États, constituent un fardeau supplémentaire pour leurs budgets nationaux et leurs efforts de développement durable. 

Les ressources financières disponibles à ce jour ne sont pas suffisantes pour faciliter la mise en œuvre de projets d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de ces changements et les procédures d’application complexes empêchent certains petits États insulaires en développement d’accéder aux fonds disponibles à l’échelon international.

Les chefs d’État et de gouvernement se félicitent donc de la récente décision du Conseil du Fonds vert pour le climat de se fixer pour but d’allouer aux pays particulièrement vulnérables un plancher de 50% de l’allocation d’adaptation.  Ils notent cependant « avec une vive préoccupation » l’écart important entre l’effet combiné des engagements pris par les parties en matière de réduction des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2020 et les tendances cumulées des émissions qui permettraient de limiter la hausse de la température mondiale moyenne à 2°C ou à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels.

Ils disent attendre avec intérêt la pleine mise en œuvre opérationnelle et la capitalisation initiale du Fonds de Copenhague pour le climat et réaffirment la décision prise par la Conférence des Parties à la Convention-cadre d’adopter, à sa vingt et unième session, qui se tiendra en décembre 2015 à Paris, un protocole, un autre instrument juridique ou un texte convenu d’un commun accord ayant valeur juridique au titre de la Convention, applicable à toutes les parties, qui prendra effet et sera mis en œuvre à compter de 2020.

Les chefs d’État et de gouvernement promettent de collaborer à la mise en œuvre et à la concrétisation du Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques par des approches globales.  Ils se félicitent de l’existence du Réseau insulaire mondial pour les énergies renouvelables de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables qui aide les petits États insulaires en développement par la mise en commun de connaissances et des échanges de pratiques optimales.

Ils reconnaissent que la poursuite du Programme d’action de la Barbade et de la Stratégie de Maurice, ainsi que la mise en œuvre du « scénario de Samoa » nécessiterait un examen approprié au titre du programme de développement pour l’après-2015.

Les chefs d’État et de gouvernement énumèrent ensuite plusieurs mesures relatives à la croissance économique soutenue et durable, inclusive et équitable, avec un travail décent pour tous; aux changements climatiques; aux énergies renouvelables; à la réduction des risques de catastrophe; aux mers et aux océans; à la sécurité alimentaire et à la nutrition; à l’eau et à l’assainissement; au transport durable; à la consommation et à la production durables; à la gestion des produits chimiques et des déchets; à la santé et aux maladies non transmissibles; à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes; au développement social; à la biodiversité; et aux espèces étrangères envahissantes.

Ils réaffirment que les petits États insulaires en développement sont des partenaires à part entière, que des partenariats efficaces, authentiques et durables reposent sur une collaboration mutuelle et sur l’adhésion, la confiance, l’alignement, l’harmonisation, le respect, l’orientation sur les résultats, la responsabilité et la transparence, et qu’une volonté politique est nécessaire pour prendre et mettre en œuvre des engagements à long terme et prévisibles. 

Tous les types de partenariat, indépendamment de leur taille et de leur valeur économique, devraient être utilisés, activés et renforcés pour assurer l’engagement réel de divers acteurs (autorités locales, société civile et ONG, fondations, secteur privé et institutions financières internationales) et devraient contribuer à réaliser l’idéal des petits États insulaires en développement, qui repose sur l’autosuffisance.

À cet égard, les chefs d’État et de gouvernement demandent au Secrétaire général de présenter des recommandations pour un cadre de partenariat permettant de suivre et d’assurer la pleine exécution des engagements pris dans le cadre de partenariats pour les petits États insulaires en développement.  Les domaines à suivre sont le financement, le commerce, le renforcement des capacités, la technologie, les données et les statistiques, et l’appui institutionnel aux petits États insulaires en développement.

Les chefs d’État et de gouvernement demandent au Département des affaires économiques et sociales de tenir un registre des partenariats axé sur les petits États insulaires en développement et de convoquer régulièrement le groupe consultatif interinstitutions pour qu’il fasse un rapport sur la pleine exécution du Programme d’action de la Barbade, de la Stratégie de Maurice et des Orientations de Samoa, de façon à garantir la responsabilisation à tous les niveaux.

Déclarations

Mme LARA ERAB DANIEL (Nauru), qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déclaré que la Conférence de Samoa restera dans l’histoire des Nations Unies en tant que première conférence à avoir finalisé les négociations à New York avant le coup d’envoi, permettant aux discussions à Samoa de traiter en profondeur des partenariats.  Si elles sont réellement mises en œuvre, les Orientations de Samoa pourraient fixer le cap pour un changement dans la coopération au développement.

La question est maintenant de savoir comment effectivement mettre en œuvre cette feuille de route et tenir les engagements faits à ces États insulaires?  Comment faire pour ne pas laisser ces États à l’écart du programme de développement pour l’après-2015?  Par des « partenariats authentiques et durables », a répondu la représentante, en se félicitant des 300 partenariats annoncés à Samoa. 

Une bonne mise en œuvre des Orientations de Samoa exige aussi, a poursuivi la représentante, des moyens suffisants et prévisibles.  À cet égard, elle a jugé important d’inscrire les priorités de petits États insulaires en développement dans les résultats de la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement qui sera l’une des contributions les plus importantes au programme de développement pour l’après-2015. 

Il faut aussi, a poursuivi la représentante, évaluer les progrès et pour ce faire, mettre en place un système de surveillance international fort pour renforcer la redevabilité à tous les niveaux.  Il faut enfin, a-t-elle conclu, intégrer les Orientations de Samoa dans le programme de développement pour l’après-2015.  Ne pas y intégrer les questions des changements climatiques et de la dégradation des océans, qui sont les plus grands obstacles au développement des petits États insulaires en développement, équivaudrait à abandonner beaucoup de pays sur la route. 

Au nom des 12 petits États insulaires en développement du Pacifique présents aux Nations Unies, M. MAHE’ULI’ SANDHURST TUPOUNIUA (Tonga) a souligné que les Orientations de Samoa reconnaissaient la vulnérabilité de ces États et les défis auxquels ils sont confrontés à cause des catastrophes naturelles et des changements climatiques.  Avec une capacité agricole limitée, une petite base de ressources naturelles et des défis uniques en matière d’infrastructures, auxquels s’ajoute leur isolement géographique, ces États rencontrent de nombreux obstacles, a expliqué le représentant.  Il a également évoqué l’élévation du niveau de la mer et de l’acidification des océans.

Le représentant a, à son tour, réitéré l’importance des partenariats car il est temps de concrétiser les engagements.  Les petits États insulaires en développement travaillent déjà au sein de la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières pour suivre les progrès dans ce domaine, notamment dans le cadre du futur Forum politique de haut niveau, a prévenu le représentant.

M. COURTNENAY RATTRAY (Jamaïque), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est félicité que les petits États insulaires en développement reçoivent une attention particulière en raison de leurs vulnérabilités bien connues.  « Pour la CARICOM, la troisième Conférence internationale sur les PEID illustre un engagement mondial renouvelé en faveur de ces pays », a-t-il dit.  Il a souligné l’importance qui s’attache à la mise en œuvre des « Orientations de Samoa » et à l’opérationnalisation des nombreux partenariats annoncés lors de la Conférence.

Notant que les « Orientations de Samoa » ont été adoptées au moment où la communauté internationale se penche sur le programme de développement pour l’après-2015, il a souhaité que ce programme place l’être humain en son cœur et vise d’abord et avant tout à l’élimination de la pauvreté.  Les « Orientations de Samoa » représentent une contribution essentielle au processus d’élaboration de ce programme », a-t-il affirmé, avant de souhaiter que les difficultés des PEID, en particulier celles relatives à l’accès aux marchés financiers, à la gestion des systèmes statistiques et au transfert des technologies, soient dûment prises en compte pendant les négociations sur ce programme.

M. MARK NEO (Singapour) a tout d’abord salué l’adoption de « Samoa, la Voie à suivre ».  « Nous devons maintenant nous concentrer sur sa mise en œuvre et sur l’opérationnalisation des différents partenariats lancés lors de la Conférence. »  Le représentant a estimé que l’adoption de « Samoa, la Voie à suivre » par l’Assemblée générale serait un jalon important dans ce processus de mise en œuvre.  Il a détaillé les initiatives prises par son pays pour réaliser « Samoa, la Voie à suivre », en particulier les programmes de coopération technique courant sur trois ans et visant à renforcer les capacités des petits États insulaires en développement.  Des programmes spécifiques ont aussi été mis au point pour des hauts responsables dans les domaines des changements climatiques, de la gestion des catastrophes ou encore de la santé publique.  « Mon pays va également offrir 150 bourses d’études à l’Académie d’aviation civile de Singapour », a-t-il conclu.

M. DMITRY MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a souligné que son pays ne cesse d’accroître son aide financière aux petits États insulaires en développement, ayant déboursé environ 20 millions de dollars ces dernières années, en particulier pour la modernisation des infrastructures et le renforcement des mécanismes de gouvernance.  Le représentant a mis l’accent sur l’amélioration des systèmes d’éducation et de santé, du secteur de l’énergie et de la résilience face aux catastrophes naturelles.  En outre, la Fédération de Russie envisage la possibilité de « mener avec le PNUD un projet pluriannuel d’aide de grande ampleur face aux catastrophes naturelles ».

Mme CHEN YINGZHU (Chine), soulignant l’importance de partenariats efficaces sur le long terme pour promouvoir le développement durable, a proposé de se concentrer sur les défis posés par les changements climatiques et sur le programme de développement pour l’après-2015.  La Chine, a-t-elle dit, a accru sa coopération avec les petits États insulaires dans le cadre d’un partenariat « honnête et fiable ».  Elle a ainsi fourni à 23 pays 235 produits de l’aide.  La Chine entend offrir des prêts concessionnels d’une valeur d’un milliard de dollars pour les secteurs des infrastructures, de l’eau, des petites exploitations agricoles et des systèmes d’alerte précoce aux catastrophes naturelles.

Explications de position

Le Secrétariat de l’ONU a fait savoir que la résolution implique que l’Assemblée générale prévoie dans le budget ordinaire de l’ONU 2016-2017 une somme de 470 000 dollars pour la création d’un poste de P-4 au Département des affaires économiques et sociales; le Bureau des services centraux d’appui; et les contributions du personnel.

La représentante des États-Unis a estimé que la déclaration du Secrétariat est allée au-delà de ce qui était nécessaire, en chiffrant les incidences budgétaires de la résolution.  Il existe des lieux et des moments pour cela, a-t-elle tranché, avant de rappeler l’attachement de son pays aux peuples des petits États insulaires et à leur développement.

Le représentant du Japon a jugé regrettable que les estimations financières afférentes à la résolution n’aient été publiées qu’hier soir alors qu’elles auraient dû l’être longtemps à l’avance.  Il a dit avoir de nombreuses questions quant à ces coûts qui, a-t-il insisté, devraient être examinés au cours des prochaines discussions sur le budget ordinaire de l’ONU.  Il a averti que cette résolution ne saurait engager financièrement le Japon.

Le représentant du Canada, préoccupé par l’interprétation des demandes de ressources, a prié le Secrétariat d’analyser « avec soin » ces demandes.  L’adoption de la résolution, après la déclaration orale du Secrétariat, n’engage « nullement » mon pays, a prévenu, à son tour, le représentant. 

Le représentant de l’Australie a souligné que le développement des petits États insulaires en développement est important pour la stabilité et la prospérité de la région du Pacifique que l’Australie.  L’une des forces des « Orientations de Samoa » est l’accent mis sur l’autonomisation des femmes et le développement économique de la région, a insisté le représentant.  Il faut mettre en œuvre ces Orientations qui devront également figurer dans le programme de développement pour l’après-2015, a-t-il estimé.

Le représentant de l’Union européenne s’est dit « très surpris » que la résolution ait été assortie d’une communication orale du Service de la planification des programmes et du budget.  Il a exprimé l’adhésion de l’Union européenne à « Samoa, la Voie à suivre », plaidant pour une relation avec les petits États insulaires en développement qui aille au-delà du lien traditionnel entre donateur et bénéficiaire.

Il a tout de même fait valoir que certaines estimations financières ne pouvaient pas être considérées comme des exigences.  « Ces estimations ne doivent pas être perçues comme ayant été approuvées aujourd’hui par les États Membres », a-t-il insisté.  Le représentant s’est particulièrement étonné que ces estimations soient données « longtemps après la fin des négociations et à la veille de l’adoption du texte ».

Il a rappelé que lors des négociations informelles, « personne n’avait parlé des ressources supplémentaires ni pour que le Département des affaires économiques et sociales continue à entretenir une plateforme de partenariat ni pour que le Groupe consultatif interagences continue à se réunir.  Il faudrait veiller à une plus grande transparence budgétaire pendant les négociations sur des textes, a-t-il tranché.

Déclaration finale

M. TUISUGALETAUA SOFARA AVEAU, Ministre de la technologie de l’information et de la communication de Samoa, a déclaré que l’adoption de la résolution est un moment rêvé et un succès pour les petits États insulaires en développement (PEID) qui ne cessent d’attirer l’attention du monde sur leurs besoins en termes de développement durable, en tant que groupe, reconnu par les Nations Unies, comme ayant des circonstances spéciales et des vulnérabilités inhérentes, échappant à leur volonté et à leur contrôle.

Nous célébrons aujourd’hui, a estimé le Ministre, un nouveau chapitre dans l’existence des PEID, lequel a commencé il y a 29 mois quand le Document final de Rio+20, « L’Avenir que nous voulons » a appelé à la convocation de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement.  « Persévéré, nous avons, déterminés, nous étions, et nous avons pratiqué le compromis et avons fait de la flexibilité la norme.  La détermination et l’ancrage dans les principes sont devenus notre boussole morale », s’est enorgueilli le Ministre. 

En regardant en arrière, a-t-il poursuivi, nous nous rendons compte que les doutes sur le succès de la Conférence n’étaient rien d’autre que de l’eau sous un pont parce que les actions parlent bien plus fort que les mots.  Avec l’adoption de la résolution aujourd’hui, l’Assemblée générale a récompensé la détermination des petits États insulaires en développement avec sa confiance et sa foi. 

Les « Orientations de Samoa », a estimé le Ministre, constituent un accord intergouvernemental finement équilibré et frappé du sceau de l’ensemble des États Membres.  C’est la feuille de route du développement durable des petits États insulaires en développement pour aujourd’hui et pour demain. 

Nous espérons que la compréhension et l’appréciation des problèmes et des défis des PEID ne seront pas oubliés ou relégués ailleurs compte tenu des agendas en concurrence défendus par des États plus influents.  Nous avons pris très au sérieux les engagements que la communauté internationale faits aux PEID et nous suivrons attentivement la manière dont ils seront traduits en actions, a prévenu le Ministre.

Il a souligné que nous nous approchons désormais du programme de développement pour l’après-2015 et nous devons faire en sorte que l’approche à cadre unique certes importante ne veut pas dire « approche à taille unique » dans la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation.  Il faut que les objectifs de développement durable et le programme de développement pour l’après-2015 tiennent compte des groupes comme les PEID pour faire en sorte que les indicateurs qui seront développés soient aussi applicables à leur situation.  De même, a dit le Ministre, nous voulons que la Conférence internationale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophes, prévue l’année prochaine au Japon et les Conférences de Lima et de Paris sur les changements climatiques utilisent les « Orientations de Samoa » comme une source faisant autorité et une source d’inspiration.

Le Ministre a appelé à une évaluation globale des institutions de l’ONU qui s’occupent des PEID.  Il a aussi appelé à un système de suivi mondial fort qui renforcerait la redevabilité sur la mise en œuvre des « Orientations de Samoa », a dit le Ministre, confiant que Samoa ne sera plus jamais le même.  « Nous avons invité 4 000 délégations et quelques jours plus tard, nous avons dit au revoir à 4 000 véritables amis. »  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission adopte des textes sur la marée noire au Liban et l’utilisation des ressources naturelles du Territoire palestinien et du Golan syrien occupés

Soixante-neuvième session,
31e et 32e séances – matin & après-midi
AG/EF/3412

La Deuxième Commission adopte des textes sur la marée noire au Liban et l’utilisation des ressources naturelles du Territoire palestinien et du Golan syrien occupés

Elle adopte quatre autres projets de résolution par consensus, et un après vote, qui préconise la mise en place de centres d’excellence en matière d’entrepreneuriat

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a eu recours aujourd’hui à des procédures de vote, au terme desquelles ses délégations ont adopté 3 projets de résolution, dont 2 portaient sur le développement durable et l’environnement dans la région du Moyen-Orient.  Le troisième texte, relatif à « l’entrepreneuriat au service du développement », encourage les États et la communauté internationale dans son ensemble à encourager la création d’entreprises pour le bénéfice de toute la population.

La Commission a adopté par consensus 4 autres projets de résolution, après avoir entendu la présentation de 9 projets de texte sur lesquelles elle agira ultérieurement.

Pour la neuvième année consécutive, en adoptant le projet de texte dont elle était saisie sur la question de la marée noire sur les côtes du Liban, la Deuxième Commission a décidé de saisir l’Assemblée générale de ce texte par lequel celle-ci se déclarerait « à nouveau profondément préoccupée par les conséquences néfastes », sur les plans écologique et économique, de la destruction par l’armée de l’air israélienne de réservoirs de carburant situés dans le voisinage immédiat de la centrale électrique de Jiyeh, au Liban.  Cet incident, datant du 15 juillet 2006, avait entraîné une marée noire qui avait recouvert tout le littoral libanais et s’était étendue jusqu’au littoral syrien.

En adoptant ce texte par 155 voix en sa faveur, 6 contre et 5 abstentions, la Commission a recommandé à l’Assemblée générale de demander à nouveau au Gouvernement israélien « d’assumer la responsabilité qui est la sienne de dédommager rapidement et convenablement le Gouvernement libanais ».  Les délégations d’Israël, du Liban et de la République arabe syrienne ont pris la parole pour expliquer leurs votes.

La Deuxième Commission a aussi adopté, par 153 voix en sa faveur, 5 contre et 8 abstentions, un projet de résolution relatif aux ressources naturelles du Territoire palestinien et du Golan syrien occupés, par lequel l’Assemblée générale exigerait qu’« Israël, Puissance occupante, cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril les ressources naturelles du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et du Golan syrien occupé ». 

En adoptant ce texte, l’Assemblée demanderait en outre à Israël de mettre fin à la destruction d’équipements essentiels, notamment de réseaux d’adduction d’eau, d’assainissement et d’alimentation en électricité.  Elle demanderait aussi le retrait immédiat et en toute sécurité de toutes les munitions non explosées de la bande de Gaza.

Les représentants de la Bolivie, parlant au nom du Groupe des 77 et la Chine, de l’Égypte, de l’Italie et d’Israël se sont exprimés avant le vote, tandis que l’observateur de la Palestine et les délégations d’Israël et de la République arabe syrienne ont expliqué leurs positions après l’adoption du projet de résolution.

Le troisième texte adopté aujourd’hui par la Commission l’a été à l’issue d’un vote, de 127 voix en sa faveur, 28 contre, et 10 abstentions.  Par ce texte la Commission économique et financière recommande à l’Assemblée générale d’engager les pays à envisager de mettre en place des centres d’excellence en matière d’entrepreneuriat ou des organes similaires et de renforcer ceux qui existent.

Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale engagerait la communauté internationale à « appuyer l’action menée par les pays pour promouvoir l’entrepreneuriat et favoriser la création de petites et moyennes entreprises ainsi que de microentreprises ».  Ce texte explique que la création d’entreprise peut beaucoup contribuer au développement durable en créant des emplois, en stimulant la croissance économique et l’innovation, en améliorant les conditions sociales et en permettant de faire face aux problèmes environnementaux.

Le représentant du Maroc, s’exprimant au nom du Groupe arabe, a invité les délégations à voter contre ce texte, arguant que l’occupation, par Israël, des territoires palestiniens et du Golan syrien occupé, est un obstacle aux efforts de promotion de l’entrepreneuriat palestinien.  Le délégué d’Israël, qui a pris la parole après le vote, s’est félicité du « grand engouement suscité par ce projet de résolution ».  Cela témoigne de l’importance de l’autonomisation des entrepreneurs dans le cadre de l’avènement d’un développement durable, a-t-il estimé.

Les autres textes adoptés aujourd’hui avaient trait aux questions suivantes: environnement et développement économique de la région de Semipalatinsk au Kazakhstan; éducation au service du développement durable; rôle des femmes dans le développement; et renforcement des capacités en vue de l’évaluation des activités de développement au niveau des pays.

La prochaine séance officielle de la Deuxième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

PRÉSENTATIONS DE PROJETS DE RÉSOLUTION

Mme VALERIA DENISSE VILASECA CHUMACERO (Bolivie), parlant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a présenté en bloc six projets de résolution (A/C.2/69/L.42; A/C.2/69/L.31; A/C.2/69/L.34; A/C.2/69/L.26; A/C.2/69/L.39 et A/C.2/69/L.40).  Elle a ensuite présenté, séparément, le projet de résolution A/C.2/69/L.41 intitulé « Année internationale des camélidés ».  Elle a expliqué à ce sujet l’importance économique et culturelle de ces animaux regroupés sous six espèces: le dromadaire, le chameau, le lama, l’alpaga, la vigogne et le guanaco.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a présenté le projet de résolution A/C.2/69/L.13/Rev.1 intitulé « Le rôle des couloirs de transport et de transit en matière de coopération internationale et de développement durable ».  Ce texte prévoit notamment la mobilisation financière et technique de la part des institutions financières internationales et des structures publiques, afin de développer des couloirs de transit et de transport.

M. TARIK IZIRAREN (Maroc) a procédé à la présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.37 intitulé « Promotion du tourisme durable, et notamment l’écotourisme, aux fins de l’élimination de la pauvreté et de la protection de l’environnement ».  Soulignant que la contribution de ce secteur au développement durable a été reconnue dans le Document final de Rio+20, il a recommandé de lui accorder encore une plus grande importance dans le programme de développement pour l’après-2015.

Questions de politique macroéconomique: système financier international et développement

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.42.

Développement durable

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.13/Rev.1 intitulé « Le rôle des couloirs de transport et de transit en matière de coopération internationale et de développement durable ».

a) Mise en œuvre d’Action 21, du Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable et de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.31.

h) Harmonie avec la nature

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.34.

Mondialisation et interdépendance: culture et développement durable

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.41 intitulé « Année internationale des camélidés ».

Groupes de pays en situation particulière: suivi de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.26.

Élimination de la pauvreté et autres questions liées au développement

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.37 intitulé « Promotion du tourisme durable, et notamment l’écotourisme, aux fins de l’élimination de la pauvreté et de la protection de l’environnement ».

Activités opérationnelles de développement

a) Activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.39.

b) Coopération Sud-Sud pour le développement

Présentation du projet de résolution A/C.2/69/L.40.

ADOPTION DE PROJETS DE RÉSOLUTION

Adoption d’un projet de résolution intitulé « Marée noire sur les côtes libanaises » (A/C.2/69/L.21)

Au terme d’un vote, la Deuxième Commission a adopté, par 155 voix pour, 6 voix contre (Australie, Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Îles Marshall et Israël) et 5 abstentions (Cameroun, Colombie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, République centrafricaine et Tchad), un projet de résolution par lequel l’Assemblée générale se déclarerait à nouveau profondément préoccupée, pour la neuvième année consécutive, par les conséquences néfastes qu’a eues pour la réalisation du développement durable au Liban la destruction, par l’armée de l’air israélienne, de réservoirs de carburant situés dans le voisinage immédiat de la centrale électrique de Jiyeh.

Aux termes de ce texte, l’Assemblée accueillerait avec intérêt les conclusions formulées par le Secrétaire général dans son rapport, indiquant que selon les études de la question, les dommages subis par le Liban se chiffrent maintenant à 856,4 millions de dollars.  Elle prierait le Secrétaire général d’engager les organismes et institutions des Nations Unies et les autres organisations participant à l’évaluation initiale des dégâts écologiques à entreprendre, dans la limite des ressources existantes, une nouvelle étude s’appuyant sur les travaux initialement menés par la Banque mondiale.

Par ce texte, l’Assemblée générale demanderait à nouveau au Gouvernement israélien d’assumer la responsabilité qui est la sienne de dédommager rapidement et convenablement le Gouvernement libanais.

Elle remercierait à nouveau le Gouvernement libanais et les États Membres, les organisations régionales et internationales, les institutions financières régionales et internationales, les organisations non gouvernementales et le secteur privé de ce qu’ils ont fait pour lancer des opérations de nettoyage et de remise en état des côtes polluées, et les engagerait à continuer d’aider le Gouvernement libanais.  Enfin, elle se féliciterait de ce que le Fonds pour le relèvement du Liban ait accepté d’accueillir le Fonds de financement de la réparation des dégâts causés par la marée noire en Méditerranée orientale, alimenté par des contributions volontaires.

Explications de vote avant le vote

La représentante d’Israël a expliqué son intention de voter contre ce projet de texte en arguant qu’il s’agit d’une résolution « politisée et contre-productive » qui dresse un tableau biaisé de ce qui s’est passé en 2006.  Elle a réfuté l’historique selon lequel Israël serait coupable, « alors que le pays avait subi des attaques provenant du Liban »  Elle a indiqué que, le 12 juillet 2006, le Hezbollah avait tué des soldats israéliens et en avait enlevé d’autres, et que le Hezbollah avait mené des attaques contre Israël.

Si le projet de résolution concernait vraiment le développement durable et l’environnement, a-t-elle argué, il aurait mentionné les 800 feux de forêt provoqués par ces attaques qui ont détruit plusieurs hectares de forêts et causé la mort d’un grand nombre d’animaux sauvages, tout en causant la destruction de sites historiques.  « Les attaques aveugles du Hezbollah ont touché des raffineries de pétrole et des usines », a-t-elle ajouté.  Expliquant l’attitude d’Israël, elle a indiqué que son pays avait mené des opérations de coopération avec les Nations Unies et des ONG le long de la côte du Liban, fournissant une assistance après l’incident survenu en 2006.  « Ce projet de résolution ne fait qu’institutionnaliser un ordre du jour anti-israélien », a-t-elle estimé avec regret.

Explications de vote après le vote

Le représentant du Liban a remercié les États Membres qui ont voté en faveur du projet de résolution et a indiqué que le Liban comptait sur leur appui constant.  Il s’est réjoui que le projet de résolution ait été adopté avec une majorité écrasante de votes en sa faveur.  Il a estimé que le contexte de cette résolution était un exemple typique de catastrophe environnementale.  Il a expliqué que les mesures prises par Israël continuaient de menacer des vies humaines, la croissance économique et les efforts visant à parvenir au développement durable.

Neuf ans après le bombardement des réservoirs de la centrale de Jiyeh, le Liban est encore en train de gérer les déchets de la marée noire causée par l’attaque israélienne et poursuit la réhabilitation des lieux.  Cela prendra encore plusieurs années, a-t-il prévenu.  Il a ajouté que le Liban avait encore besoin d’une aide constante de la communauté internationale pour l’accompagner et le soutenir dans ses efforts.  Il est grand temps qu’Israël se soumette à ses responsabilités et dédommage le Liban, a-t-il dit.

Le représentant de la République arabe syrienne a exprimé sa gratitude aux États Membres pour leur soutien en faveur du texte adopté.  Il a rappelé les dégâts environnementaux et socioéconomiques causés par l’incident de 2006.  Cette résolution a été présentée chaque année depuis cette date à cause du manque de réaction de l’agresseur responsable de cette grave catastrophe écologique, a-t-il expliqué.  Il a souhaité que le message lancé par les Nations Unies dans ce texte obtienne une réponse directe et immédiate d’Israël.

Adoption du projet de résolution intitulé « Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles » (A/C.2/69/L.33)

La Deuxième Commission a adopté, par 153 voix pour, 5 voix contre (Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Îles Marshall et Israël) et 8 abstentions (Australie, Cameroun, Gabon, Honduras, Panama, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay et République centrafricaine), un projet de résolution aux termes duquel l’Assemblée générale réaffirmerait les droits inaliénables du peuple palestinien et de la population du Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles, notamment leurs terres et leurs ressources en eau et en énergie.

Gravement préoccupée par le fait qu’Israël, Puissance occupante, détruit en grand nombre terres agricoles et vergers dans le Territoire palestinien occupé, et notamment arrache d’innombrables arbres fruitiers et détruit des fermes et des serres, et par les profondes répercussions qu’ont ces destructions sur l’environnement et sur l’économie, l’Assemblée générale exigerait aux termes de ce texte qu’Israël cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril les ressources naturelles du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et du Golan syrien occupé.

Par ce texte, l’Assemblée reconnaîtrait le droit du peuple palestinien de demander réparation si ses ressources naturelles sont exploitées, altérées, détruites, épuisées ou mises en péril par suite de mesures illégales prises par Israël, Puissance occupante, ou par les colons israéliens dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et elle exprimerait l’espoir que cette question sera réglée dans le cadre des négociations entre les parties palestinienne et israélienne relatives au statut final.

Elle demanderait à Israël, Puissance occupante, de mettre fin, dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé, à toute intervention, y compris celle des colons israéliens, portant atteinte à l’environnement, en particulier au déversement de déchets de toutes sortes, qui fait peser une grave menace sur les ressources naturelles de ces territoires, à savoir les ressources en eau et les terres, et qui risque de nuire à l’environnement et à l’assainissement ainsi qu’à la santé des populations civiles.

L’Assemblée générale demanderait en outre à Israël de mettre fin à la destruction d’équipements essentiels, notamment de réseaux d’adduction d’eau, d’assainissement et d’alimentation en électricité.  Elle insisterait, par ce texte, sur la nécessité de faire avancer d’urgence les projets de reconstruction et de développement à cet égard, notamment dans la bande de Gaza.  Enfin, elle demanderait le retrait immédiat et en toute sécurité de toutes les munitions non explosées de la bande de Gaza.

Explications de vote avant le vote

Avant que la Commission ne passe à la procédure de vote de ce projet de résolution, le représentant de la Bolivie, s’exprimant au du Groupe des 77 et la Chine, a déclaré que le mur de séparation construit par Israël et les colonies de peuplement, mises en place dans les territoires palestiniens et dans le Golan syrien occupé, vont à l’encontre du droit international et privent gravement les peuples palestinien et syrien du droit à l’usage de leurs ressources.  Le représentant a appelé Israël à respecter les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale sur la question de l’occupation, et il a fait part de la préoccupation du G77 face aux destructions des terres agricoles et des vergers dans les territoires occupés par Israël.  « Le Groupe des 77 et la Chine s’inquiètent également de la destruction de canalisations d’eau et d’égouts au cours des opérations militaires menées en juillet dernier par Israël dans la bande de Gaza », a déclaré le représentant.  Il a ensuite indiqué que le Groupe des 77 et la Chine reconnaissent au peuple palestinien le droit de « revendiquer des compensations à la suite des mesures illégales prises par Israël à son encontre, et qui ont entrainées la destruction des ressources palestiniennes ».  Il a enfin souhaité que le projet de résolution soumis à la Commission soit adopté par consensus par les délégations.

Le représentant de l’Égypte a pour sa part rappelé que l’exploitation des ressources palestiniennes et syriennes par la Puissance occupante se fait en violation du droit international.  Il a notamment relevé que les Palestiniens sont en ce moment affectés par une grave pénurie en eau qui s’explique non seulement par des conditions environnementales peu favorables, mais aussi par les mesures prises par Israël à leur encontre.  Il a invité tous les États Membres à soutenir l’adoption du texte présenté à la Commission.

Le représentant de l’Italie, s’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré que l’Union européenne allait, comme cela est de coutume, soutenir ce projet de résolution.  Il a néanmoins indiqué que cela ne signifiait pas que l’UE soutenait le statut de la Palestine, considérée comme État, et que l’engagement de l’UE envers le projet de résolution ne contredisait pas les spécificités des politiques de chacun des membres de l’Union européenne vis-à-vis du conflit israélo-palestinien.

La représentante d’Israël a pour sa part pris la parole pour regretter que le texte dont était saisie la Deuxième Commission « ne prenne pas en compte la pleine mesure de la situation sur le terrain », marquée notamment, a-t-elle expliqué, « par la misère du peuple palestinien qui est victime de la corruption de ses dirigeants ».  Elle a estimé que ce projet de résolution ne renforcerait pas la coopération sur le terrain, et qu’il n’améliorerait pas non plus la vie des Palestiniens, mais qu’il allait plutôt attiser les divisions et donner l’occasion à certains États de faire croire qu’ils contribuent à la cause palestinienne, alors qu’ils ne font en réalité rien de substantiel sur le terrain.  Elle a aussi estimé « que ce texte n’avait pas sa place au sein des travaux de la Deuxième Commission », ajoutant « qu’il existe à travers le monde de nombreux conflits qui mériteraient bien plus l’attention de la Commission ».  Elle a conclu son intervention en indiquant qu’Israël voterait contre ce texte, et elle a invité « les États épris de paix pour le Moyen-Orient à en faire autant ».

Déclarations après le vote

Après la mise aux voix du projet de résolution et son adoption, l’observateur de la Palestine a déclaré que «  cette victoire écrasante en faveur de ce texte est un appel lancé à l’endroit d’Israël, la Puissance occupante, afin qu’il mette fin à son exploitation des ressources palestiniennes et cesse de polluer l’environnement des terres palestiniennes. »  Il a aussi déclaré que l’heure avait sonné pour que le monde « force Israël à respecter la volonté de la communauté internationale en mettant fin à son occupation des territoires palestiniens et arabes».  Il a ensuite remercié les États Membres qui ont voté en faveur du projet de résolution.

La représentante d’Israël a réagi aux propos de l’observateur de la Palestine en appelant les Palestiniens « à regarder les actes qu’ils posent eux-mêmes et qui vont à l’encontre de leur épanouissement ».  Elle a également invité les délégations qui se sont exprimées pour s’opposer au blocus imposé à la bande de Gaza « à bien étudier la géographie de la région afin de se rendre à l’évidence que Gaza a deux points d’entrée ».    

Le représentant de la République arabe syrienne a pour sa part déploré que ce projet de résolution vienne simplement s’ajouter à de nombreux autres textes qui ont souligné qu’Israël « a pour intention d’affamer les peuples des territoires occupés ».  Il a exigé qu’Israël mette un terme à la destruction des ressources naturelles des territoires occupés et a en outre demandé, sur un ton ironique, à la représentante d’Israël si elle aurait plutôt préféré et approuvé « un texte qui aurait glorifié l’occupation et l’exploitation des ressources des territoires occupés par Israël ».

Développement durable

Adoption du projet de résolution intitulé « Coopération et coordination internationales en vue du rétablissement de la santé de la population, de la régénération de l’environnement et du développement économique de la région de Semipalatinsk au Kazakhstan » (A/C.2/69/L.2)

Aux termes de ce texte, adopté par consensus par les délégations de la Deuxième Commission, l’Assemblée générale demanderait aux États Membres, aux organisations financières multilatérales compétentes et aux autres entités de la communauté internationale, y compris les établissements d’enseignement et les organisations non gouvernementales, de transmettre leurs connaissances et de faire part de leur expérience pour contribuer au rétablissement de la santé de la population, à la régénération de l’environnement et au développement économique de la région de Semipalatinsk.

En outre, l’Assemblée générale demanderait également au Secrétaire général de continuer à s’efforcer de sensibiliser l’opinion publique mondiale aux problèmes et besoins de la région de Semipalatinsk.

Adoption du projet de résolution intitulé « L’entrepreneuriat au service du développement » (A/C.2/69/L.14/Rev.1)

La Deuxième Commission a adopté, par 127 voix pour, 28 contre et 10 abstentions (Afghanistan, Afrique du Sud, Bangladesh, Chine, Équateur, Guinée, Mali, Maurice, Namibie et Sri Lanka), un projet de résolution par lequel l’Assemblée générale encouragerait les gouvernements à promouvoir la création d’entreprises d’une manière coordonnée et sans exclusive, en associant à cette action toutes les parties concernées, en prenant note des initiatives de la société civile, des milieux universitaires et du secteur privé qui jouent un rôle déterminant dans la promotion de l’entrepreneuriat, et à élaborer, compte tenu de la situation et des priorités nationales, des politiques visant à éliminer les obstacles juridiques, sociaux et réglementaires à une participation économique réelle reposant sur le principe de l’égalité.

Par ce texte, l’Assemblée générale considèrerait que l’innovation technologique, notamment grâce à la diffusion des technologies, peut offrir aux entreprises de nouvelles possibilités d’améliorer leur compétitivité, et engagerait donc les États Membres à renforcer leur coopération en vue de faciliter l’échange et le transfert de technologies, l’innovation et les programmes de renforcement des capacités de manière à promouvoir l’entrepreneuriat.

Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale inviterait le système des Nations Unies, en coopération avec les États Membres, à déterminer les indicateurs permettant de mesurer le succès des politiques en faveur de l’entrepreneuriat.  En outre, en adoptant ce texte, l’Assemblée générale engagerait les pays à envisager de mettre en place des centres d’excellence en matière d’entrepreneuriat ou des organes similaires et de renforcer ceux qui existent, et préconiserait la coopération, la création de réseaux et l’échange de pratiques optimales entre ces centres.

Par ce texte, l’Assemblée générale demanderait aux organismes et organes compétents des Nations Unies de continuer de faire une place à l’entrepreneuriat et de l’intégrer sous ses différentes formes dans leurs politiques, programmes et rapports, et d’appuyer les efforts faits en ce sens par les pays, selon qu’il conviendra.

Déclaration avant le vote 

Avant la mise aux voix de ce texte, le représentant du Maroc, s’exprimant au nom du Groupe arabe, a indiqué que le Groupe arabe est contre cette résolution.  Il a ainsi expliqué que les rapports pertinents du Secrétaire général relatifs à l’occupation, par Israël, des territoires palestiniens et du Golan syrien occupé, démontrent que cette occupation va à l’encontre du droit des Palestiniens au développement, et que cela crée des obstacles aux efforts de promotion de l’entrepreneuriat palestinien.

Il a également déclaré que les pratiques israéliennes sont un obstacle au développement socioéconomique des Palestiniens, notamment à cause du fait qu’elles dissuadent les investissements locaux et étrangers.  Il a en outre affirmé que les actes de destruction perpétrés par Israël contre les infrastructures palestiniennes ont contribué à augmenter le taux de chômage des Palestiniens, et a de ce fait conclu qu’au vu des raisons qu’il a évoquées, il n’était pas légitime pour Israël de soumettre un tel texte à la Deuxième Commission.

Déclaration générale après le vote 

Après le vote, le représentant d’Israël a salué « le grand engouement suscité par ce projet de résolution », ce qui témoigne de l’importance de l’autonomisation des entrepreneurs dans le cadre de l’avènement d’un développement durable.  Il a ensuite évoqué deux projets lancés par des entrepreneurs africains, un homme et une femme, qui ont su voir des opportunités là où la plupart de leurs concitoyens voyaient de l’adversité, et a dit que sa délégation souhaitait que ce genre d’opiniâtreté soit davantage promu.

Il a déploré en revanche le fait que le Groupe arabe ait voté contre le texte, « votant ainsi contre la prospérité économique et contre son propre peuple », a-t-il estimé.  Il a souligné que le vote des États arabes contre le texte était une autre tentative, par les membres du Groupe arabe, de « délégitimer Israël ».  Il s’est par ailleurs « félicité de l’esprit d’innovation qui habite Israël », soulignant aussi que son pays compte le plus grand nombre de petites entreprises par habitant dans le monde et plaidant pour que des investissements soient faits au profit des êtres humains et des citoyens, notamment les femmes et les jeunes. 

Adoption du projet de résolution intitulé « Suivi de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation au service du développement durable (2005-2014):Programme d’action mondial pour l’éducation au service du développement durable » (A/C.2/69/L.38)

Les délégations de la Deuxième Commission ont adopté par consensus un projet de résolution aux termes duquel l’Assemblée générale engagerait les gouvernements à prendre des dispositions pour mettre en application le Programme d’action global pour l’éducation en vue du développement durable, qui fait suite à la Décennie des Nations Unies pour l’éducation au service du développement durable au-delà de 2014, approuvée par la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

En adoptant ce texte, l’Assemblée inviterait l’UNESCO, en sa qualité d’organisme chef de file pour l’éducation au service du développement durable, à continuer de coordonner la mise en œuvre dudit programme d’action, en coopération avec les gouvernements, les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, et avec les organisations non gouvernementales et les autres parties intéressées.

Ce projet de résolution remplace le projet de texte portant le même intitulé et publié sous la cote A/C.2/69/L.16.

Élimination de la pauvreté et autres questions liées au développement: Participation des femmes au développement

Adoption du projet de résolution intitulé « Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement » (A/C.2/69/L.36)

Les délégations de la Deuxième Commission ont adopté, par consensus, le projet de résolution ci-dessus nommé, aux termes duquel l’Assemblée générale prendrait note du rapport du Secrétaire général, qui est centré sur l’égalité des sexes et le développement durable, et déciderait de l’examiner à sa soixante-dixième session au titre de la question subsidiaire intitulée: « Élimination de la pauvreté et autres questions liées au développement: participation des femmes au développement ».

En outre, l’Assemblée prierait le Secrétaire général d’actualiser l’Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement et noterait que cette étude devrait rester axée sur certaines questions de développement nouvelles qui ont une incidence sur le rôle des femmes dans l’économie aux niveaux national, régional et international.

Ce projet de résolution remplace le projet portant le même intitulé et paru sous la cote A/C.2/69/L.23.

Activités opérationnelles de développement

Adoption du projet de résolution intitulé « Renforcement des capacités en vue de l’évaluation des activités de développement au niveau des pays » (A/C.2/69/L.35)

Les délégations de la Deuxième Commission ont adopté, par consensus, tel qu’oralement amendé, un projet de résolution par lequel l’Assemblée générale noterait que la coopération internationale en vue de renforcer les capacités nationales des pays doit avoir un caractère non contraignant et être instaurée à la demande des États Membres.

En outre l’Assemblée générale inviterait les entités du système des Nations Unies pour le développement, avec la collaboration des parties prenantes nationales et internationales, à appuyer, sur leur demande, les mesures prises pour renforcer davantage les capacités des États Membres en matière d’évaluation, conformément à leurs politiques et priorités nationales.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission propose à l’Assemblée générale une « Journée mondiale des compétences des jeunes »

Soixante-neuvième session,
44e séance – matin
AG/SHC/4120

La Troisième Commission propose à l’Assemblée générale une « Journée mondiale des compétences des jeunes »

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a proposé à l’Assemblée générale, ce matin, de proclamer le 15 juillet « Journée mondiale des compétences des jeunes »*. 

Les États Membres ont également adopté deux autres projets de résolution portant respectivement sur le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Centre de formation et de documentation des Nations Unies sur les droits de l’homme pour l’Asie du Sud-Ouest et la région arabe.

Dans le préambule du texte intitulé « Journée mondiale des compétences des jeunes », l’Assemblée générale se déclarerait préoccupée par le nombre élevé de jeunes chômeurs à l’échelle mondiale, estimé à 74,5 millions en 2013, et considérerait que la promotion de l’acquisition de compétences par les jeunes leur donnerait les moyens d’accéder à un marché du travail qui évolue.

Après l’adoption de ce projet de résolution, le représentant de l’Italie, au nom de l’Union européenne, a toutefois engagé les délégations à éviter les redondances, rappelant que la communauté internationale célébrait déjà le 12 août la Journée internationale de la jeunesse.

Par un autre texte adopté sans mise aux voix**, l’Assemblée générale a été invitée à se déclarer préoccupée par le fait que les moyens dont le HCR a besoin pour aider les personnes relevant de sa compétence continuent d’augmenter et que l’écart qui existe entre les besoins mondiaux et les ressources disponibles continue de s’élargir.

Enfin, la Troisième Commission a proposé à l’Assemblée générale, au terme d’un vote, de souligner le rôle du Centre de formation et de documentation des Nations Unies sur les droits de l’homme pour l’Asie du Sud-Ouest et la région arabe en tant que source de compétences régionales et le fait qu’il doit satisfaire un nombre croissant de demandes de formation et de documentation, en arabe notamment***.

Au cours de cette matinée, les délégations ont également entendu la présentation de douze autres projets de résolution portant sur les réfugiés, rapatriés et déplacés; la protection des droits de l’enfant; les droits des peuples autochtones; l’élimination du racisme ; les droits des peuples à l’autodétermination; et la promotion et protection des droits de l’homme.   

La Troisième Commission reprendra ses travaux le lundi 17 novembre, à 15 heures, pour examiner le rapport du Conseil des droits de l’homme et dialoguer avec son Président. 

* A/C.3/69/L.13/Rev.1           * A/C.3/69/L.54           *** A/C.3/69/L.36/Rev.1

 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL, Y COMPRIS LES QUESTIONS RELATIVES À LA SITUATION SOCIALE DANS LE MONDE ET AUX JEUNES, AUX PERSONNES ÂGÉES, AUX PERSONNES HANDICAPÉES ET À LA FAMILLE

Décision sur le projet de résolution A/C.3/69/L.13/Rev.1

Selon les termes de ce projet de résolution (A/C.3/69/L.13/rev.1), présenté le 16 octobre par la Bolivie, et adopté sans mise aux voix, l’Assemblée générale déciderait de proclamer le 15 juillet Journée mondiale des compétences des jeunes.

Elle soulignerait par ailleurs que toutes les activités qui pourraient découler de l’application de ce texte devraient être financées au moyen de contributions volontaires.

Avant l’adoption de ce texte, la représentante de la Bolivie, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a affirmé que selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), il y a actuellement plus de 74 millions de jeunes chômeurs dans le monde et a insisté sur la nécessité, pour les jeunes, de disposer de suffisamment de compétences pour leur permettre d’obtenir un emploi décent.  Elle a formulé l’espoir que la célébration de cette Journée permettra de réduire le fossé des compétences chez les jeunes.

Explication de position

Le représentant de l’Italie, au nom de l’Union européenne, a estimé que seule une approche globale et complète permettrait un épanouissement de la jeunesse.  Il a rappelé la célébration, le 12 août, de la Journée internationale de la jeunesse, et a appelé les délégations à éviter les redondances en proclamant des journées et des décennies similaires.

Dans un esprit de compromis, l’Union européenne s’est ralliée au consensus, mais estime néanmoins nécessaire d’appuyer le renforcement de l’efficacité des travaux de l’ECOSOC.

RAPPORT DU HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS, QUESTIONS RELATIVES AUX RÉFUGIÉS, AUX RAPATRIÉS ET AUX DÉPLACÉS ET QUESTIONS HUMANITAIRES

Décision sur le projet de résolution A/C.3/69/L.54*

Aux termes de ce projet de résolution sur le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) (A/C.3/69/L.54*), présenté par la Suède et adopté sans mise aux voix, l’Assemblée générale ferait sien le rapport du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés sur les travaux de sa soixante-cinquième session.

Elle se féliciterait de l’action menée récemment par le HCR pour faire en sorte que l’aide aux réfugiés ainsi qu’aux déplacés et autres personnes relevant de sa compétence soit fournie d’une façon moins sélective et d’une manière transparente, prévisible et bien coordonnée, comme le veut son mandat, et à cet égard prend note de l’articulation du modèle de coordination de l’aide aux réfugiés.

Elle engagerait le HCR à souscrire aux objectifs de l’initiative « Unis dans l’action » et à les appliquer intégralement.

Elle se déclarerait préoccupée par le fait que les moyens dont le Haut-Commissariat a besoin pour aider les personnes relevant de sa compétence continuent d’augmenter et que l’écart qui existe entre les besoins mondiaux et les ressources disponibles continue de s’élargir.

Avant l’adoption de ce texte, le représentant de la Suède a précisé que ce projet de résolution omnibus avait été mis à jour afin de tenir compte de l’augmentation du nombre de réfugiés dans le monde.

La représentante du Canada a regretté qu’il n’ait pas été possible d’inclure, dans ce texte, une référence aux minorités religieuses en situation de déplacements.  Elle a notamment dénoncé les « atrocités » perpétrées par l’État islamique d’Iraq et du Levant, lesquelles, s’est-elle alarmée, ont attisé les différences sectaires en Iraq.

QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME, Y COMPRIS LES DIVERS MOYENS DE MIEUX ASSURER L’EXERCICE EFFECTIF DES DROITS DE L’HOMME ET DES LIBERTÉS FONDAMENTALES

Décision sur le projet de résolution A/C.3/69/L.36/Rev.1

Par un projet de résolution sur le Centre de formation et de documentation des Nations Unies sur les droits de l’homme pour l’Asie du Sud-Ouest et la région arabe (A/C.3/69/L.36/Rev.1), parrainé par les États-Unis et le Qatar, et adopté par 161 voix pour, une voix contre (République arabe syrienne) et trois abstentions (Angola, Afrique du Sud et Zimbabwe), l’Assemblée générale engagerait le Centre à poursuivre sa collaboration avec d’autres bureaux régionaux des Nations Unies afin de renforcer ses travaux et d’éviter le chevauchement des activités.

Elle soulignerait par ailleurs le rôle du Centre en tant que source de compétences régionales et le fait qu’il doit satisfaire un nombre croissant de demandes de formation et de documentation, en arabe notamment.

Déclarations avant le vote

La représentante des États-Unis a regretté qu’un vote enregistré ait été demandé, faisant notamment observer que, dans le passé, un seul État s’était opposé à l’adoption de ce texte.

La représentante de la République arabe syrienne a déploré la « tentative acharnée » du Qatar à faire adopter ce projet de résolution.  Elle a affirmé que le Qatar s’était précédemment engagé à couvrir les dépenses liées au fonctionnement du Centre, mais que celui-ci était à présent financé avec des ressources provenant de l’ONU.  Ces ressources, a-t-elle souligné, pourraient être autrement affectées, notamment au vu du fait que le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme a connu une réduction de son budget annuel.

La représentante a estimé que ce centre n’avait pas effectué suffisamment d’activités pour justifier une attribution supplémentaire de ressources.  En outre, dans la région du Moyen-Orient, il n’y a guère de coopération en matière des droits de l’homme, mais une tentative acharnée d’ingérence dans les affaires internes de la Syrie.  La déléguée syrienne a notamment accusé les autorités qataries d’utiliser le Centre, qui est établi à Doha, pour servir leur propre ordre du jour et pour s’ingérer dans les affaires internes des pays de la région.  La Syrie a donc demandé la mise aux voix de ce texte contre lequel elle votera, a-t-elle dit.

La représentante du Koweït a fait observer que le Centre bénéficiait d’un appui de plus en plus marqué, tandis que la représentante du Qatar a souligné que l’adoption du texte n’entraînait aucune implication budgétaire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ebola:l’Assembléee générale débat de la réponse d’urgence et à long terme contre l’épidémie

Soixante-neuvième session,
Réunion informelle sur Ebola - matin
AG/11584

Ebola:l’Assembléee générale débat de la réponse d’urgence et à long terme contre l’épidémie

Huit mois après la déclaration de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, l’Assemblée a fait le point, ce matin, sur la réponse immédiate et à long terme à apporter à une crise sanitaire ayant déjà fait plus de 5 000 morts. 

Réunies lors d’une réunion informelle à l’initiative du Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kahamba Kutesa, une vingtaine de délégations, y compris celles de deux des trois pays les plus touchés, la Guinée et la Sierra Leone, ont évalué les besoins et indiqué leurs contributions financières et logistiques.  Elles ont appuyé les propos du Représentant spécial et Chef de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (UNMEER), M. Anthony Banbury.  Dans son exposé, celui-ci a mis l’accent sur la nécessité de déployer davantage de personnels de santé dans les zones isolées.  Il a insisté sur la nécessité de mettre l’accent sur le renforcement de la mobilité des équipes et la prévention de la propagation du virus aux pays voisins, le Mali et le Nigéria, qui ne disposent pas d’infrastructures capables de répondre à des situations de crise. 

De son côté, le Chef de cabinet du Secrétaire général, Mme Susana Malcorra, a souligné qu’il était nécessaire de planifier la riposte internationale à plus long terme, « car les conséquences sanitaires, économiques, politiques et sociales de l’épidémie sont colossales ».

Les représentants des pays affectés ont, quant à eux, salué les progrès réalisés grâce à l’appui international pour ralentir les flambées de l’épidémie.  Ils ont cependant demandé à la communauté internationale de continuer à mobiliser des ressources financières pour parvenir à éradiquer la maladie, préserver leurs acquis économiques et sociaux et sauvegarder la stabilité politique.

L’Union européenne, les États-Unis, Cuba ou encore le Japon ont détaillé leurs contributions financières et en nature, et annoncé d’autres efforts bilatéraux ou consentis au titre du Fonds d’affectation spécial.  Ce mécanisme, selon le vœu du Secrétaire général, « doit garantir une contribution cohérente du système des Nations Unies à l’ensemble des opérations ».

« La guerre contre Ebola n’est pas encore gagnée », a prévenu le Président de l’Assemblée générale.  Il a aussi souligné l’importance d’éviter toute stigmatisation.  « Les survivants comme les travailleurs sanitaires, a-t-il insisté, doivent être remerciés chaleureusement. »

Exposés

Mme SUSANA MALCORRA, Chef du Cabinet du Secrétaire général, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que M. Ban Ki-moon se félicitait de la réaction remarquable qu’a provoqué son appel à travers le monde.  Après avoir assuré que le Secrétariat travaillait à une réponse plus vaste, dépassant le cadre de l’ONU, notamment avec l’Union africaine, elle a fait remarquer qu’Ebola était « une maladie qui continue de nous échapper ».  « Elle n’est pas contenue géographiquement et c’est pourquoi, nous devons impérativement nous adapter en nous montrant capables de faire évoluer notre réponse en fonction des besoins », a-t-elle déclaré. 

Mme Malcorra a par ailleurs attiré l’attention sur la nécessité de planifier la riposte internationale à plus long terme, surtout parce que « les conséquences sanitaires, économiques, politiques et sociales de l’épidémie sont colossales ».  « Cet effort de planification, aussi, doit être collectif. »

De son côté, le Représentant spécial et Chef de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (UNMEER), M. Anthony Banbury, a tenu à mettre en exergue l’évolution de la maladie, « sa dispersion géographique au fil du temps ».  Commentant des diapositifs, il a noté qu’Ebola était très actif car, a-t-il précisé, le virus n’a cessé de se déplacer semaine après semaine dans les trois pays les plus touchés.  « Comme vous le savez, nous avons atteint un seuil terrible, celui de 5 000 personnes mortes à cause du virus. »  « Sur le terrain, on me l’a rappelé à chacune de mes visites, les répercussions sont catastrophiques, non seulement sur le plan sanitaire mais aussi au niveau psychologique, le virus générant la peur et forçant les gens à modifier leur comportement au quotidien », a indiqué M. Banbury. 

« Les activités commerciales sont durement frappées dans les trois pays car les marchands ont peur de venir en ville.  En Guinée, la production du café a chuté de 50 % », a-t-il encore détaillé, avant d’évoquer la situation dans les pays voisins.  « Au Mali, un deuxième cas a été signalé aujourd’hui, tandis qu’au Nigéria, il a été établi que le seul cas recensé a eu près de 1 000 contacts avec d’autres personnes. »  Le Représentant spécial s’est inquiété de ce que les structures de santé au Nigéria ne soient pas en mesure d’apporter une réponse d’urgence en cas de propagation rapide. 

M. Banbury s’est voulu confiant, en reconnaissant que les pires scénarios ne s’étaient pas réalisés, grâce, a-t-il dit, au rôle crucial que les communautés locales ont joué et à l’aide fournie par la communauté internationale.  « Peu d’éléments sont nécessaires au succès: un plan d’action national, des sites performants de traitement et de diagnostic, des capacités de suivi et une forte mobilisation sociale », a-t-il rappelé.  M. Banbury a ensuite indiqué qu’à ce stade 55 % des cas signalés avaient été traités.  « Mais nos chiffres ne sont pas aussi bons car beaucoup de cas nous échappent, mais nous pouvons déclarer que des progrès remarquables ont été réalisés ».  Le Chef de l’UNMEER a insisté sur le fait que la Mission devrait faire preuve de flexibilité et « nous permettre tant de répondre à la crise qu’à prendre les devants pour freiner la maladie ». 

Il a ainsi souligné la nécessité de renforcer les moyens de mobilité du personnel de santé de la Mission, qui doit être en mesure d’intervenir dans l’arrière-pays des trois pays touchés.  Il sera bientôt temps d’évaluer la performance de la Mission, a-t-il dit, en estimant, pour sa part, que « l’ONU a su relever le défi en se montrant innovante en un temps record ».

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour Ebola, le Docteur David Nabarro, a mis l’accent sur les « ajustements collectifs permanents » à apporter face à une crise sanitaire en perpétuelle évolution, à commencer par la nécessité d’étendre l’emprise de l’action de la communauté internationale sur les régions les plus reculées touchées par Ebola.  Tous les pays touchés attendent une « intervention décentralisée » capable de s’adapter à une crise multidimensionnelle, ce qui suppose une coalition de partenaires et de mécanismes, a-t-il dit. 

Pour M. Nabarro, une assistance doit également être prêtée à titre préventif aux pays voisins où l’épidémie ne s’est pas encore déclarée, dans la mesure où ils sont particulièrement exposés.

À son tour, le Docteur Tolbert Nyenswah, Président du « Système de gestion des incidents » pour la réponse à Ebola au Libéria, a expliqué, par visioconférence depuis Monrovia, que son gouvernement s’était doté d’un Plan stratégique national de lutte contre Ebola et visant à remettre sur pied le système de santé du pays.  Faisant état d’un nombre de cas quotidiens en baisse, le médecin a expliqué que les équipes médicales avaient été renforcées à travers tout le pays et que les malades étaient systématiquement placés en quarantaine dans des centres de soins adaptés, avec plus de 400 lits disponibles.  « Le nombre de personnes affectées diminue, mais très lentement », a reconnu M. Nyenswah, qui a évalué à une vingtaine le nombre de nouveaux cas recensés chaque jour dans le pays depuis le début du mois de novembre. 

« Pour chaque nouveau cas, nous identifions 10 contacts que nous suivons quotidiennement, soit plus de 5 000 au total, la plupart se trouvant dans la capitale Monrovia, mais aussi dans des zones plus rurales du pays », a-t-il expliqué.  La dernière phase du plan national consistera à poursuivre le travail de surveillance à l’échelle régionale, en coopération à la fois avec les autres pays touchés et d’autres pays.  Dans ce contexte, la communauté internationale doit appuyer le Libéria, notamment dans le déploiement de personnels de santé, a plaidé en conclusion M. Nyenswah.

Débat interactif

Le représentant de la Sierra Leone a estimé qu’il faudrait veiller à ce que les ressources du Fonds d’affectation soient employées au mieux et le plus rapidement possible.  En outre, at-il dit, la coopération doit prévaloir dans le cadre de notre action de lutte contre Ebola, y compris avec les organisations de la société civile, comme Médecins sans frontières.  Le délégué s’est en outre félicité de la mobilisation de la Commission de consolidation de la paix et du Conseil de sécurité contre cette crise, avant même qu’elle n’éclate, le système de santé publique dans son pays était déjà confronté à de réelles difficultés.  Les représentants permanents des trois pays les plus touchés par Ebola sont d’accord pour reconnaître « qu’il ne sert à rien de régler le problème en Sierra Leone s’il ne l’est pas simultanément au Liberia et en Guinée ».  Mais isoler ces pays, « ce n’est pas la bonne méthode », a estimé le représentant.  Il a ainsi remercié le Nigéria pour le pont aérien qu’il a ouvert avec la Sierra Leone.

Le représentant de la Guinée a réagi à ses propos en se référant au rapport du Secrétaire général.  « Nous appuyons les commentaires relatifs à l’appropriation nationale, à la nécessité impérieuse de s’attaquer à d’autres aspects que l’éradication et le renforcement des structures sanitaires, a-t-il déclaré.  S’il a salué les progrès remarquables enregistrés sur le terrain grâce notamment à la mobilisation internationale - un ralentissement de la flambée épidémique ayant été constaté dans son pays -, il a cependant insisté sur l’importance « de ne pas baisser la garde ».  « Le virus est loin d’être vaincu ».  

Le représentant guinéen a mis l’accent sur les efforts menés par son pays, citant les opérations en cours pour assurer la communication de proximité et les activités de suivi, la surveillance des cas signalés, et l’organisation d’enterrements sécurisés des victimes.  Il a demandé à la communauté internationale d’aider la Guinée à combler le déficit de ressources humaines qualifiées.  « La Mission doit déployer des moyens dans toutes les régions touchées de nos pays », a-t-il insisté.  Par ailleurs, il a attiré l’attention sur le fait qu’Ebola risquait d’entamer les acquis économiques et sociaux de ces pays.  « En Guinée, la stabilité politique est mise à rude épreuve », a-t-il également relevé, en déplorant que l’épidémie sapait la croissance économique et le bien-être des couches les plus vulnérables de la société, y compris les femmes et les enfants.  Enfin, s’adressant au Président de l’Assemblée générale, il lui a demandé d’encourager les donateurs à contribuer au Fonds d’affectation spécial mis en place pour financer la riposte à la crise causée par le virus Ebola. 

L’Union européenne, a rappelé son représentant, a été parmi les premiers à se mobiliser à la crise, en levant au total plus d’un milliard d’euros à ce jour et déployé, dès le début de l’épidémie, des experts humanitaires et des laboratoires mobiles dans les pays affectés.  La délégation du Royaume-Uni a rappelé, pour sa part, que son gouvernement avait contribué à hauteur de 30 millions de dollars au Fonds d’affectation spécial, qu’il travaille actuellement à la mise au point d’un vaccin contre la maladie et assiste activement sur place la Sierra Leone.  Soulignant qu’il est indispensable de débloquer des ressources prévisibles pour les pays concernés, le représentant de Cuba a fait remarquer que 256 professionnels de santé cubains avaient été déployés sur place.  En outre, un sommet régional s’est tenu les 29 et 30 octobre à La Havane en vue de formuler une réponse commune des pays d’Amérique latine face à Ebola, a-t-il ajouté.

Après avoir rappelé, comme la Turquie, qu’Ebola n’est pas seulement une crise sanitaire, mais aussi une crise de développement et une crise économique, la délégation des États-Unis a demandé à tous les États Membres de répondre à l’appel lancé par l’Administration américaine à Washington D.C. pour lever 1,5 milliard de dollars au titre du financement de la lutte contre cette crise.  Pour sa part, le Gouvernement des États-Unis a contribué à hauteur de 414 millions de dollars et mobilisé 2 000 membres du personnel de santé, qui œuvrent depuis les États-Unis, sous le leadership des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies, mais aussi sur le terrain.  La délégation de la Norvège a expliqué que la contribution de son gouvernement se ferait auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds d’affectation spéciale, ainsi que dans le cadre de l’opération du Royaume-Uni en Sierra Leone, où quatre équipes de 50 personnes sont en rotation. 

L’Allemagne, a indiqué son représentant, a débloqué environ 115 millions de dollars à l’appui de la lutte contre Ebola et enverra, sous peu, deux avions militaires pour assurer l’évacuation des malades.  Le représentant de la France a rappelé la solidarité de son pays avec les pays touchés, en précisant que le Gouvernement français avait déjà fourni une aide estimée à près de 100 millions d’euros.  Il a, par ailleurs, évoqué l’ouverture prochaine d’un nouveau centre de soins en Guinée forestière, qui sera opéré par la Croix-Rouge française et disposera de 50 lits.  La France, a-t-il poursuivi, prête également assistance dans le cadre du Mécanisme européen de coordination d’évacuation sanitaire.  En Guinée, a ajouté le délégué de la France, nous participons aussi à la formation de 140 membres du personnel de santé par semaine et prévoyons aussi d’y déployer plus de 100 professionnels français.

Le représentant du Bénin a prévenu des risques que fait peser la densité de la population en Afrique, en soulignant l’importance de diffuser plus largement les informations sur la maladie et de sensibiliser davantage la population aux mesures de prévention.  Son pays, tout en étant loin de l’épicentre, a-t-il fait observer, n’en ressent pas moins son impact.  Le représentant du Bénin en a voulu pour preuve le témoignage du propriétaire d’une station balnéaire béninoise, dont la fréquentation est en chute libre depuis le début de l’épidémie.

Le représentant de la Chine a appelé la communauté internationale à se concentrer sur l’assistance aux pays affectés, « qui doit être revue à la hausse, en particulier en matière de technologies de soins et d’appui à la recherche d’un vaccin ».  Il a également noté l’importance de planifier la reconstruire post-Ebola des systèmes de santé des pays les plus touchés et de s’attaquer aux causes profondes « de cette crise régionale qui a menacé et menace encore la paix et la sécurité internationales ».   « La Chine a déjà versé 6 millions au Fonds d’affectation spécial et va bientôt déployer 700 docteurs et infirmières. »  « Nous gérerons sous peu un centre de traitement près de Monrovia », a-t-il fait savoir.  La Mauritanie, au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré que les efforts des pays du continent pour gagner la guerre contre Ebola avaient été l’un des principaux rouages de l’accélération de la réponse d’urgence.  L’apparition de nouveaux foyers exige la décentralisation des moyens dans les pays touchés, a estimé son représentant, en précisant que l’Union africaine avait déployé 120 agents sanitaires dans les trois pays les plus touchés.  « D’autres suivront », a-t-il assuré.  Le représentant s’est en outre réjoui que la Banque mondiale et les banques africaines conjuguent leurs efforts pour atténuer l’impact économique et social de l’épidémie dans ces pays et à l’échelle régionale. 

Le représentant de la Suède a estimé que de nouveaux donateurs doivent faire des contributions et les autres accroître leurs efforts.  « Les composantes de l’aide doivent être à long terme », a-t-il souligné, en notant que son pays avait participé à hauteur de 13,5 millions de dollars au Fonds d’affectation spécial.  « La Suède a fait d’autres contributions en nature, par le biais de l’envoi de membres du personnel de santé sur le terrain », a-t-il indiqué.  Pour le délégué de l’Égypte, il est nécessaire de ne pas isoler les pays en imposant des interdictions de voyager, car ils dépendent de l’importation de biens de base.  « Isoler ces pays pourrait provoquer une inflation et des tensions sociales avec des conséquences catastrophiques », a-t-il averti.  Le représentant du Brésil a tenu à rappeler que les trois pays les plus touchés étaient inscrits à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix, « qui suit la situation sur le terrain et évalue l’impact d’Ebola sur les efforts de paix et de développement en Guinée, au Libéria et en Sierra-Leone ».  « Nous devrons dialoguer avec les parties concernées pour faire face au défi de l’avenir », a-t-il recommandé.

La délégation du Japon a annoncé que son pays était prêt à consacrer jusqu’à 100 millions de dollars à la reconstruction des installations sanitaires des pays touchés et accompagner leur résilience économique.   « En outre, le Japon a fait don de 4 millions de dollars à chacun des trois pays », a-t-il ajouté.

Le représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déploré la pression qui pèse sur les membres du personnel de santé, qui sont l’objet de stigmatisation aux conséquences dramatiques.  « Certains ont même été rejetés par leur propre famille ou empêchés de voir leurs enfants de retour de mission », a-t-il signalé, en estimant que les interdictions de voyager n’aidaient en rien la lutte contre Ebola et alimentaient la peur.  

Reprenant la parole, M. Banbury a salué le consensus qui s’est dégagé au cours de la discussion sur la nécessité de voler au secours des communautés les plus isolées et touchées et de protéger les pays voisins contre l’épidémie.  Les délégations ont insisté sur le besoin de renforcer la présence dans les districts et d’accroître la mobilité de la Mission, et ce, en phase avec notre approche, s’est-il réjoui.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission achève ses travaux par un échange houleux sur les potentielles implications financières du multilinguisme dans les activités du DPI

Soixante-neuvième session
25e séance – matin
CPSD/576

La Quatrième Commission achève ses travaux par un échange houleux sur les potentielles implications financières du multilinguisme dans les activités du DPI

Elle adopte des projets de texte sur les missions politiques spéciales, l’information, l’UNRWA et les pratiques israéliennes

La Quatrième Commission a achevé ses travaux, aujourd’hui, en adoptant un projet de texte relatif aux missions politiques spéciales, deux projets de texte qui portent sur les questions relatives à l’information, ainsi que les neuf projets de résolution relatifs au mandat de l’UNRWA et aux pratiques israéliennes.

La nouveauté cette année a été l’adoption par un vote séparé d’un paragraphe du projet de texte intitulé « politique et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière d’information ».  L’interprétation donnée par le Secrétariat de la Commission sur les implications financières de ce paragraphe a suscité de vives réactions de la part de certaines délégations qui se sont abstenues lors du vote. 

Par ce paragraphe, l’Assemblée générale soulignerait qu’il importe d’utiliser à fond et de traiter sur un pied d’égalité toutes les langues officielles de l’Organisation dans toutes les activités de l’ensemble des divisions et bureaux du Département de l’information, de manière à supprimer les disparités entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles de l’Organisation.  Elle prierait de nouveau le Secrétaire général de veiller à ce que le Département dispose, dans toutes les langues officielles, des moyens nécessaires pour mener à bien l’ensemble de ses activités, et qu’il soit tenu compte de cette exigence dans les futurs budgets-programmes concernant le Département, en gardant à l’esprit le principe de l’égalité des six langues officielles et en prenant en considération la charge de travail dans chacune d’elles.

Pour le Secrétariat, les implications financières de la mise en pratique de ce paragraphe s’élèveraient à quelque 13 821 700 dollars pour le biennum 2016-2017.  Ce chiffre a provoqué la surprise de plusieurs délégations pour lesquelles il s’agit d’une interprétation erronée, le projet de résolution n’ayant à leur avis pas d’implications financières et son adoption ne devant en rien préjuger des travaux futurs au sein du CCQAB et de la Cinquième Commission chargés des questions budgétaires. 

Cette prise de position leur a valu une remarque du représentant de l’Iran, qui s’est demandé comment il serait possible d’envisager la mise en œuvre des principes du multilinguisme et de la parité linguistique sans encourir des frais supplémentaires.

Au total, ce sont quatre projets de résolution adoptés par vote que la Commission a recommandés à l’Assemblée générale sur l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), lequel, d’après la Commission, doit pouvoir poursuivre ses opérations et ses services pour le bien-être, la protection et le développement humain des réfugiés de Palestine et la stabilité de la région, en attendant le règlement équitable de la question des réfugiés.

Aux termes de ce projet de texte, l’Assemblée générale demanderait à tous les donateurs de continuer à intensifier leurs efforts afin de répondre aux besoins prévus de l’Office, notamment ceux qui résultent de l’accroissement des dépenses dû à la gravité de la situation socioéconomique et humanitaire et à l’instabilité dans la région, en particulier dans le Territoire palestinien occupé, ainsi qu’aux besoins mentionnés dans les récents appels de contributions d’urgence, de relèvement et de reconstruction et dans les plans pour la bande de Gaza, afin de prendre en charge la situation des réfugiés de Palestine dans ce pays, et celle des réfugiés de Palestine qui ont fui vers d’autres pays de la région.

L’UNRWA a été créé par la résolution 302 (IV) de l’Assemblée générale de l’ONU du 8 décembre 1949.  Entré en activité le 1er mai 1950, l’UNRWA s’occupait à l’époque de 750 000 réfugiés, un nombre qui est passé aujourd’hui à plus de cinq millions.

Plusieurs délégations ont fourni des explications sur leur vote concernant les textes relatifs à l’UNRWA et les cinq autres textes sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.  L’Observatrice de l’État de Palestine a remercié les délégations qui ont souscrit aux projets de résolution et réaffirmé le rôle indispensable de l’UNRWA dont la réunion d’annonces de contributions doit avoir lieu le 3 décembre.

Aux termes du projet de résolution qu’elle a adopté aujourd’hui sur ces missions politiques spéciales, la Commission recommande à l’Assemblée générale de prendre acte de l’augmentation sensible du nombre de ces missions et de leur complexité croissante, ainsi que des difficultés auxquelles elles font face.  L’Assemblée générale noterait aussi que le Secrétaire général a annoncé la création d’un groupe indépendant de haut niveau chargé de réaliser une étude des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies.

La Commission recommande en outre à l’Assemblée de réaffirmer les principes d’impartialité, de consentement des parties, de maîtrise et de responsabilités nationales.  Selon la Commission, l’Assemblée devrait instaurer un dialogue régulier, interactif et ouvert à toutes les parties intéressées sur les questions de politique générale relatives à ces missions afin de favoriser le resserrement de la coopération avec les États Membres.

Dans ses remarques de clôture, le Président de la Commission, M. Durga Prasad Bhattarai (Népal), a fait le bilan des travaux de la Commission, rappelant qu’elle avait adopté cette année, 24 projets de résolution et 4 projets de décision, après avoir tenu 25 séances officielles.  Il a en outre rappelé la « nature politique » de la Commission, estimant que cette dernière devait être maintenue et renforcée.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DES MISSIONS POLITIQUES SPÉCIALES

Adoption d’un projet de résolution

Aux termes d’un projet de résolution relatif à l’Étude d’ensemble des missions politiques spéciales (A/C.4/69/L.18), adopté sans vote, réaffirmant les principes d’impartialité, de consentement des parties, de maîtrise et de responsabilité nationales, et soulignant combien il importe de prendre en compte les vues des pays accueillant des missions politiques spéciales et de dialoguer avec eux, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général d’instaurer un dialogue régulier, interactif et ouvert à toutes les parties intéressées sur les questions de politique générale relatives aux missions politiques spéciales et engagerait le Secrétariat à se rapprocher des États Membres avant la tenue de ce dialogue afin que la participation y soit plus large et plus fructueuse.

Consciente du rôle des missions politiques spéciales en tant qu’outil flexible de maintien de la paix et de la sécurité internationales, l’Assemblée générale dirait qu’elle respecte le cadre des mandats confiés aux missions politiques spéciales, tels que définis dans les résolutions pertinentes, reconnaît la spécificité de chacun de ces mandats et souligne le rôle qu’elle-même joue dans les débats tenus sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales.

L’Assemblée devrait aussi prier le Secrétaire général de présenter un rapport sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales, qui rende compte notamment des mesures prises pour renforcer dans chacune d’entre elles la transparence, le respect du principe de responsabilité, la représentation géographique, la participation des femmes, les compétences et l’efficacité, et l’engager à s’assurer que des informations détaillées concernant ces questions figurent dans ledit rapport.

QUESTIONS RELATIVES À L’INFORMATION

Décisions sur les projets de résolution A et B contenus dans le rapport du Comité de l’information (A/69/21)

Par le projet de résolution A intitulé « l’information au service de l’humanité », adopté sans vote par les délégations de la Quatrième Commission, l’Assemblée générale demanderait instamment que tous les pays, les organismes du système des Nations Unies dans son ensemble et tous les autres acteurs intéressés coopèrent et agissent de manière concertée, afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux, en fournissant une assistance accrue pour développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement, compte dûment tenu de leurs besoins et du rang de priorité qu’ils confèrent à ces domaines, de manière à leur permettre, ainsi qu’à leurs médias publics, privés ou autres, d’élaborer librement et indépendamment leurs propres politiques d’information et de communication et de faire participer davantage les médias et les particuliers au processus de communication, et à assurer la libre circulation de l’information à tous les niveaux.

Aux termes de ce texte, l’Assemblée demanderait également de faire en sorte que les journalistes puissent travailler librement et efficacement, toute attaque contre leur personne étant résolument condamnée.  Elle demanderait en outre que tous les pays, les organismes du système de l’ONU et tous les acteurs intéressés s’efforcent de fournir aux pays en développement et à leurs médias publics, privés ou autres, en complément de la coopération bilatérale, tout l’appui et toute l’aide possibles.

Le projet de résolution B intitulé « politiques et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière d’information », a été adopté sans vote, alors que le paragraphe 22 de son dispositif avait fait l’objet d’un vote séparé auparavant.

Le paragraphe 22 a été adopté par 116 voix pour, 0 voix contre, et 48 abstentions.  Aux termes de ce paragraphe l’Assemblée générale soulignerait qu’il importe d’utiliser à fond et de traiter sur un pied d’égalité toutes les langues officielles de l’Organisation dans toutes les activités de l’ensemble des divisions et bureaux du Département de l’information, de manière à supprimer le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles.  Elle prierait de nouveau le Secrétaire général de veiller à ce que le Département dispose, dans toutes les langues officielles, des moyens nécessaires pour mener à bien l’ensemble de ses activités, et qu’il soit tenu compte de cette exigence dans les futurs budgets-programmes concernant le Département, en gardant à l’esprit le principe de l’égalité des six langues officielles et en prenant en considération la charge de travail dans chacune d’elles. 

Aux termes du projet de résolution B, l’Assemblée générale demanderait au Département de l’information (DPI) et à son réseau de centres d’information d’être particulièrement attentif aux progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement arrêtés au niveau international, dont ceux du Millénaire, à la teneur des débats sur le programme de développement pour l’après 2015, et aux décisions issues des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies sur des thèmes connexes.  Elle prierait le Département de s’employer activement à faire connaitre les répercussions qu’a eues et continue d’avoir la crise financière et économique mondiale et à son incidence sur le développement, y compris sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le financement du développement et le débat sur les questions relatives à la mise en place d’un mécanisme de facilitation qui favorise la mise au point, le transfert et la diffusion de technologies propres et respectueuses de l’environnement.  Par ce texte, l’Assemblée réaffirmerait que le DPI doit établir un ordre de priorité dans son programme de travail afin de mieux cibler son message et concentrer ses efforts, et d’adapter ses programmes aux besoins des publics visés, y compris du point de vue linguistique, en s’appuyant sur des mécanismes améliorés de retour d’information et d’évaluation.

Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale demanderait de nouveau au Département de l’information et aux services  auteurs du Secrétariat de faire en sorte que les publications des Nations Unies soient produites dans les six langues officielles sans que cela ait d’incidences financières, et de continuer à agir en étroite coordination avec les autres entités, y compris tous les autres départements du Secrétariat et les fonds et programmes des Nations Unies, afin d’éviter, chacun pour ce qui concerne son mandat, les doubles emplois lors de la parution des publications des Nations Unies.  Elle engagerait, à cet égard, le Département de l’information et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences à se consulter sur la possibilité de mettre au point de nouveaux arrangements permettant de promouvoir le multilinguisme dans d’autres produits, sans que cela ait d’incidences financières, étant donné qu’il importe de faire en sorte que toutes les langues officielles de l’Organisation des Nations Unies soient utilisées à fond et traitées sur un pied d’égalité, et à présenter à ce sujet un rapport au Comité de l’information à sa trente-septième session. 

L’Assemblée réaffirmerait qu’elle est de plus en plus préoccupée par le fait que, contrairement à la demande formulée dans ses résolutions antérieures et au principe de l’égalité des six langues officielles, les communiqués de presse quotidiens ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles.  Elle prierait le Département de l’information d’élaborer à titre prioritaire une stratégie permettant de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, par des moyens innovants et sans que cela ait d’incidences financières, et de faire rapport à ce sujet à la trente-septième session du Comité de l’information.

Par ce texte, l’Assemblée générale soulignerait qu’il importe d’utiliser à fond et de traiter sur un pied d’égalité toutes les langues officielles de l’Organisation dans toutes les activités de l’ensemble des divisions et bureaux du Département de l’information, de manière à supprimer le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles.  Elle prierait de nouveau le Secrétaire général de veiller à ce que le Département dispose, dans toutes les langues officielles, des moyens nécessaires pour mener à bien l’ensemble de ses activités, et qu’il soit tenu compte de cette exigence dans les futurs budgets-programmes concernant le Département, en gardant à l’esprit le principe de l’égalité des six langues officielles et en prenant en considération la charge de travail dans chacune d’elles. 

L’Assemblée générale prendrait note de la proposition du Président du Comité de l’information de créer le Groupe des amis de la Présidence sur le multilinguisme.

L’Assemblée générale demanderait au Département de l’information (DPI) de contribuer à la prise de conscience par la communauté internationale de ce qu’il importe de donner suite aux documents issus du Sommet mondial sur la société de l’information, et des possibilités que l’utilisation d’Internet et des autres technologies de l’information et des communications peuvent offrir aux sociétés et aux économies, ainsi que des moyens de réduire la fracture numérique.

L’Assemblée constaterait avec préoccupation que le développement multilingue du site Web de l’Organisation et son enrichissement dans certaines langues officielles ont progressé bien plus lentement que prévu, et, à ce propos, prierait le DPI de s’employer, en coordination avec les bureaux auteurs, à appliquer les dispositions prises pour atteindre l’égalité parfaite entre les six langues officielles sur le site.

Elle réaffirmerait qu’il est nécessaire de renforcer constamment l’infrastructure technologique du Département de l’information de façon à accroître son audience et de continuer d’apporter des améliorations au site Web de l’Organisation sans que cela ait d’incidences financières.

Déclaration du Secrétariat de la Quatrième Commission sur les implications budgétaires du projet de résolution B

Le Secrétariat a détaillé  les implications budgétaires qu’aurait l’adoption du projet de résolution B.  Il ne serait pas nécessaire d’ouvrir des crédits supplémentaires au titre du biennum 2014-2015 dans la mesure où les dispositions seraient prises à compter de l’exercice 2016-2017.  Pour le biennum 2016-2017, les implications budgétaires afin de diffuser les produits d’information dans les six langues officielles, y compris par le biais des médias sociaux, seraient de 13 821 700 dollars. 

Ces crédits supplémentaires comprennent notamment 7 119 000 dollars pour la création de 29 postes supplémentaires au sein du Département de l’information, à savoir 9 postes de niveau P3, 4 postes de niveau P2 et 16 postes au titre des services généraux.  Ils incluent également un crédit de 579 600 dollars pour les postes supplémentaires  temporaires durant la période de travail accru pendant la session d’automne de l’Assemblée générale, et un crédit de 4 083 700 dollars au titre des services de vidéo en ligne et des demandes visant à la traduction extérieure des communiqués de presse en espagnol, russe, chinois et arabe.  Le Secrétariat a précisé que le coût estimé de cette traduction externalisée concernait seulement la traduction des comptes rendus de réunions, communiqués de presse et résumés analytiques.  Ces coûts ne prévoient pas la traduction dans les quatre langues indiquées des conférences de presse, notes aux correspondants ou notices biographiques.

Déclarations après le vote

Le représentant de l’Italie, au nom de l’Union européenne, a rappelé que l’Union européenne avait rallié avec satisfaction en début d’année le consensus sur les résolutions concernant le Comité de l’information.  Il appartient au Secrétariat d’intégrer le multilinguisme dans la diffusion des produits d’information dans la limite des ressources équitables, a-t-il indiqué, exprimant sa surprise de se voir présenter un rapport oral du Secrétariat qui évoque un besoin de ressources supplémentaires de près de 14 millions de dollars pour l’exercice biennal 2016-2017.  L’Union européenne comprend que cette estimation repose sur une interprétation du paragraphe 22 du dispositif du projet de résolution, mais ne comprend pas pourquoi cette explication a été donnée aujourd’hui oralement, d’où son abstention lors du vote sur le paragraphe 22.

Rappelant que le projet de résolution avait été négociée de bonne foi sans qu’il soit question de ressources supplémentaires, le représentant a estimé que les mesures nécessaires à l’établissement de la parité linguistique au sein des Nations Unies dans le domaine de l’information devraient être prises dans la limite des ressources disponibles.  L’Union européenne souhaite donc faire savoir qu’elle interprète la résolution dans son ensemble comme n’impliquant pas de ressources supplémentaires, a-t-il affirmé, précisant que l’adoption de la résolution ne saurait être considérée comme constituant un engagement des États concernant les dépenses supplémentaires mentionnées par le Secrétariat. 

Le représentant du Japon a rappelé que le projet de résolution avait été négocié de bonne foi entre les États avec l’espoir qu’il pourrait être adopté par consensus.  Le multilinguisme a été un des éléments essentiels examiné lors de la réflexion sur le projet de résolution, et le paragraphe 22 a été  très clair sur ce point, a-t-il souligné, affirmant que sa délégation estimait que le Secrétariat avait donné une interprétation erronée du paraphe 22 du texte de manière unilatérale, en estimant qu’il impliquait une augmentation de près de 14 millions de dollars.  C’est pourquoi le Japon s’est abstenu sur le vote du paragraphe 22, a-t-il précisé, estimant que le Secrétariat devrait trouver le moyen de parvenir à la parité linguistique sans ressources supplémentaires.

La représentante du Canada s’est dite surprise de l’interprétation orale que le Secrétariat a donnée au paragraphe 22, soulignant que le paragraphe 21 demandait au Secrétariat de continuer son travail sur la base des ressources existantes.  Le Canada estime que l’adoption du projet de résolution ne devrait être considérée comme constituant un engagement des États en faveur des implications budgétaires mentionnées par le Secrétariat.  Pour le Canada, l’adoption de la résolution de ce jour est sans préjugée de l’examen à venir du projet de budget biennal 2016-2017 par le CCQAB et la Cinquième Commission, a-t-elle ajouté.

À titre de rappel, le paragraphe 21 du dispositif dit: « L’Assemblée générale souligne que le Secrétariat a la responsabilité de prendre en compte systématiquement le multilinguisme dans toutes ses activités de communication et d’information, dans la limite des ressources disponibles et de façon équitable, demande au Département de l’information de continuer, pour assumer cette responsabilité, à œuvrer avec le Coordonnateur pour le multilinguisme à l’instauration de pratiques optimales dans l’ensemble du Secrétariat et prie le Secrétaire général de rendre compte des pratiques retenues et de leur application dans son prochain rapport au Comité de l’information ».

Le représentant de la Bolivie a fait part de sa surprise devant la demande de vote sur un projet de résolution qui est le fruit d’un consensus.  Il regrette ce pas en arrière qui va à l’encontre des efforts déployés en faveur du multilinguisme et de la parité des six langues officielles de l’ONU.

Le représentant de Cuba s’est également dit surpris par cette demande de vote pour un projet de résolution qui a toujours été adopté par consensus.  Ce texte, qui a été présenté par le G77 et la Chine, a fait l’objet d’un long débat, y compris des séances de questions-réponses avec le DPI, et sa délégation pensait qu’il serait possible de l’adopter sans vote.  Le représentant a rappelé les efforts faits pour faciliter le multilinguisme et la parité entre les six langues officielles au sein de l’Organisation, ainsi que les besoins du DPI pour lui permettre de respecter ces principes de base qui sous-tendent ses travaux.

Le représentant de l’Argentine a repris à son compte les déclarations faites par Cuba et la Bolivie, rappelant que l’adoption de ce projet était le fruit de deux semaines de négociations intenses qui a débouché sur un consensus soutenu par tous les États.  Ceux qui ont insisté sur l’importance du multilinguisme ont dû céder sur certains points et maintenant on veut soumettre au vote un texte adopté par tous, s’est-il étonné.  Il a également fait état d’une certaine confusion provoquée par la déclaration de ce matin du Secrétariat de la Commission au sujet d’une révision budgétaire à la hausse pour 2016-2017, alors que le projet de résolution, dans son paragraphe 21, stipulait clairement que la parité entre les six langues officielles dans tous les supports devait être réalisée dans la limite des ressources disponibles.

La représentante de l’Australie a relevé que l’intervention orale faite par le Secrétariat ce matin conditionnait la mise en œuvre du multilinguisme à l’obtention de ressources supplémentaires de l’ordre de 14 millions de dollars, affirmant qu’une telle interprétation du paragraphe 22 n’était pas partagée par sa délégation, qui de ce fait s’est abstenue de voter ce texte. 

La représentante des États-Unis a affirmé que sa délégation appuyait le multilinguisme et avait dûment pris note de la frustration exprimée par certains États Membres face à la lenteur de la mise en œuvre de cette priorité.  Toutefois, a-t-elle indiqué, la réalisation du multilinguisme au sein de l’Organisation doit se faire dans la limite des ressources disponibles, a-t-elle rappelé, se disant « déçue » par l’interprétation différente donnée ce matin par le Secrétariat au paragraphe 22 du dispositif.  Les ressources supplémentaires proposées, de l’ordre de 14 millions de dollars, sont à son avis inacceptables et ne reflètent pas le consensus réalisé au sein du Comité de l’information, a-t-elle affirmé, annonçant l’abstention de sa délégation.

Le représentant de la République de Corée, est également revenu sur l’intervention orale du Secrétariat, qui a annoncé une incidence financière de près de 14 millions de dollars pour la mise en place concrète d’un système multilinguistique au sein du DPI, estimant que toute décision entraînant une charge financière pour les États Membres devait faire l’objet d’une étude plus approfondie.

Déclarations générales

Le représentant de l’Iran a souligné que dans toutes les interventions de ce matin les délégations ont exprimé leur soutien aux principes du multilinguisme et de la parité linguistique dans les activités de l’ONU.  Il leur a demandé comment elles pouvaient envisager la mise en œuvre de ces principes sans pour autant engendrer des coûts supplémentaires.

Le représentant d’El Salvador a dit avoir l’impression que le Secrétariat « n’avait pas bien lu le paragraphe 21 du dispositif » qui demande que les aménagements en faveur du multilinguisme soient réalisés dans la limite des ressources disponibles et de façon équitable.  « On ne demande pas des ressources supplémentaires », a-t-il rappelé au Secrétariat.

Aux termes d’un projet de décision, l’Assemblée générale déciderait de porter de 114 à 115 le nombre des membres du Comité de l’information et d’y nommer l’Iraq.

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT (UNRWA)

Adoption de projets de résolution

Aux termes du projet de résolution intitulé « Aide aux réfugiés de Palestine » (A/C.4/69/L.9), adopté par 165 voix pour, une voix contre (Israël) et 9 abstentions (Côte d’Ivoire, Cameroun, Canada, États-Unis, Micronésie, Îles Marshall, Palaos, Paraguay et Vanuatu), la Commission recommande à l’Assemblée générale d’affirmer la nécessité de poursuivre l’œuvre de l’UNRWA ainsi que l’importance de ses opérations, qui doivent être menées sans entrave, et de ses services pour le bien-être, la protection et le développement humain des réfugiés de Palestine et la stabilité de la région, en attendant le règlement équitable de la question des réfugiés de Palestine.

Si elle suit sa Commission, l’Assemblée demanderait à tous les donateurs de continuer à intensifier leurs efforts afin de répondre aux besoins prévus de l’Office, notamment ceux qui résultent de l’accroissement des dépenses dû à la gravité de la situation socioéconomique et humanitaire et à l’instabilité dans la région, en particulier dans le Territoire palestinien occupé, ainsi qu’aux besoins mentionnés dans les récents appels de contributions d’urgence, de relèvement et de reconstruction et dans les plans pour la bande de Gaza, afin de prendre en charge la situation des réfugiés de Palestine dans ce pays, et celle des réfugiés de Palestine qui ont fui vers d’autres pays de la région.

Par ce projet de résolution intitulé « Personnes déplacées du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures » (A/C.4/69/L.10), adopté par 165 voix pour, 7 voix contre (Canada, États-Unis, Israël, Micronésie, Palaos, Nauru, Îles Marshall) et 4 abstentions (Cameroun, Côte d’Ivoire, Paraguay et Vanuatu), la Commission recommande à l’Assemblée de réaffirmer le droit de toutes les personnes déplacées du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures de regagner leurs foyers ou anciens lieux de résidence dans les territoires occupés par Israël depuis 1967.  En attendant, la Commission recommande à l’Assemblée d’approuver les efforts déployés par le Commissaire général de l’Office pour continuer à fournir toute l’aide humanitaire possible, à titre de mesure d’urgence provisoire, aux personnes de la région actuellement déplacées qui ont grand besoin de continuer à recevoir une assistance du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures.

L’Assemblée devrait en outre adresser un appel pressant à tous les gouvernements, ainsi qu’aux organisations et aux particuliers, pour qu’ils versent de généreuses contributions à l’Office et aux autres organisations intergouvernementales et non gouvernementales intéressées.

Aux termes de ce projet de résolution intitulé « Opérations de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient » (A/C.4/69/L.11), adopté par 164 voix pour, 6 voix contre (Îles Marshall, Canada, États-Unis, Israël, Micronésie et Palaos) et 4 abstentions (Cameroun, Côte d’Ivoire Paraguay et Vanuatu), la Commission recommande à l’Assemblée générale d’encourager l’Office à renforcer l’aide qu’il apporte aux réfugiés de Palestine en République arabe syrienne touchés ainsi qu’à ceux qui ont fui dans des pays voisins, conformément à son mandat et aux plans d’intervention régionale élaborés pour faire face à la crise en Syrie, et demande aux donateurs de veiller à apporter sans délai un soutien durable à l’Office à cet égard.  Elle demanderait à Israël de se conformer aux articles 100, 104 et 105 de la Charte des Nations Unies et à la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies  afin d’assurer en toutes circonstances la sécurité du personnel de l’Office, la protection de ses institutions et la sûreté de ses installations dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.

L’Assemblée demanderait en outre qu’il soit procédé à une enquête approfondie et transparente sur les incidents qui ont touché les locaux de l’Office pendant le conflit qui s’est déroulé dans la bande de Gaza en juillet et août 2014, afin que les responsables de toutes les violations du droit international répondent de leurs actes.

Elle demanderait instamment au Gouvernement israélien de rembourser rapidement à l’Office tous les frais de transit et les autres pertes financières occasionnées par les retards et les restrictions à la liberté de circulation et à la liberté d’accès imposés par Israël.  L’Assemblée devrait demander, en particulier, à Israël de cesser d’entraver la circulation et l’accès du personnel, des véhicules et des fournitures de l’Office et d’arrêter de percevoir des taxes, des droits supplémentaires et des redevances, ce qui nuit aux activités de l’Office.

Si elle suit sa Commission, l’Assemblée demanderait de nouveau au Gouvernement israélien de lever entièrement les restrictions entravant ou retardant l’importation des matériaux de construction et des fournitures nécessaires pour la reconstruction et la réparation de milliers de logements de réfugiés endommagés ou détruits, et pour l’exécution des projets d’équipement civils en suspens dans les camps de réfugiés de la bande de Gaza, tout en notant la mise en train de plusieurs projets en la matière.

L’Assemblée prierait instamment l’Office et la communauté des donateurs de continuer de s’employer vigoureusement à atteindre les objectifs fixés dans les conclusions approuvées par un groupe de soutien de l’Office lors d’une réunion extraordinaire qu’il a tenu le 26 septembre 2013 en marge du débat général de sa soixante-huitième session.  Elle demanderait instamment à tous les États, aux institutions spécialisées et aux organisations non gouvernementales de soutenir le travail éminemment utile et nécessaire que l’Office accomplit en faveur des réfugiés de Palestine dans tous ses domaines d’intervention en apportant des contributions à l’Office ou en augmentant leur montant afin de remédier aux graves difficultés financières qu’il connaît et à l’insuffisance de financement de son budget ordinaire, notant que ses besoins financiers se sont encore accrus du fait des conflits et de l’instabilité récents et de la détérioration de la situation humanitaire sur le terrain.

Par ce projet de résolution intitulé « Biens appartenant à des réfugiés de Palestine et produit de ces biens » (A/C.4/69/L.12), adopté par 165 voix pour, 7 voix contre (Canada, États-Unis, Israël, Micronésie, Palaos, Nauru et Îles Marshall) et 4 abstentions (Cameroun, Côte d’Ivoire, Paraguay et Vanuatu), la Commission recommande à l’Assemblée générale de réaffirmer que les réfugiés de Palestine ont droit à la jouissance de leurs biens et du produit de ces biens, conformément aux principes d’équité et de justice.  Elle devrait demander une fois de plus à Israël de fournir au Secrétaire général toutes facilités et formes d’assistance pour l’application du présent projet de résolution.

L’Assemblée devrait en outre demander à toutes les parties concernées de communiquer au Secrétaire général tous les renseignements pertinents dont elles disposent au sujet des biens, des avoirs et des droits de propriété arabes en Israël, qui seraient de nature à aider le Secrétaire général à appliquer le présent projet de résolution.  Si elle suit la Commission, l’Assemblée engagerait instamment les parties palestinienne et israélienne à examiner, ainsi qu’elles en sont convenues, l’importante question des biens des réfugiés de Palestine et du produit de ces biens, dans le cadre des négociations de paix liées au statut final.

M. JOÃO PAULO SOARES ALSINA (Brésil) a déclaré que c’était un honneur pour son pays d’avoir été invité à joindre le comité consultatif de l’UNRWA.  Il a rappelé l’importance des efforts constants de l’Office en faveur des réfugiés palestiniens et son rôle dans la lutte contre la pauvreté et pour la promotion de leur développement social et économique.

RAPPORT DU COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ENQUÊTER SUR LES PRATIQUES ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DE L’HOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS

Adoption de projets de résolution

Aux termes du projet de résolution intitulé « Travaux du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés » (A/C.4/69/L.13), adopté par 90 voix pour, neuf voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Israël, Micronésie, Nauru, Palaos, Îles Marshall et Panama) et 75 abstentions, l’Assemblée générale exigerait de nouveau qu’Israël, Puissance occupante, collabore avec le Comité spécial dans l’exécution de son mandat conformément aux obligations que lui impose sa qualité d’État Membre de l’ONU et déplorerait l’absence persistante de coopération à cet égard.  

L’Assemblée déplorerait les politiques et les pratiques d’Israël qui violent les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.  Elle se déclarerait gravement préoccupée par la situation de crise créée dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, en particulier dans la bande de Gaza, par les pratiques et mesures israéliennes illégales; elle condamnerait en particulier toutes les activités israéliennes de colonisation et la construction du mur, le blocus de la bande de Gaza ainsi que l’usage excessif et systématique de la force et les opérations militaires contre la population civile, les actes de violence commis par les colons, la destruction et la confiscation de biens, le déplacement forcé de civils, toutes les mesures de châtiment collectif et la détention et l’emprisonnement de milliers de civils, en demandant la cessation immédiate de ces agissements.

Par le projet de résolution intitulé « Applicabilité de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, au Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux autres territoires arabes occupés » (A/C.4/69/L.14), adopté par 160 voix pour, sept voix contre (Canada, États-Unis, Israël, Micronésie, Îles Marshall, Nauru et Palaos) et neuf abstentions (Australie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Rwanda, Soudan du Sud, Togo et Vanuatu), la Commission recommande à l’Assemblée générale de réaffirmer que la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949 est applicable au Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967. 

Par le même texte, l’Assemblée générale enjoindrait à Israël de reconnaître l’applicabilité de jure de la Convention au Territoire palestinien occupé et d’en respecter scrupuleusement les dispositions.  Elle exhorterait toutes les Hautes Parties contractantes à la Convention, agissant en application de l’article 1 commun aux quatre Conventions de Genève, et conformément à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice rendu le 9 juillet 2004, à continuer de tout mettre en œuvre pour en faire respecter les dispositions par Israël, Puissance occupante.

Aux termes du projet de résolution intitulé « Les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé y compris Jérusalem-Est et le Golan syrien occupé » (A/C.4/69/L.15), adopté par 157 voix pour, sept voix contre (Canada, États-Unis, Israël, Micronésie, Îles Marshall, Nauru et Palaos) et 11 absentions, la Commission recommande à l’Assemblée générale de réaffirmer que les colonies de peuplement israéliennes implantées dans le Territoire palestinien occupé y compris Jérusalem-Est et le Golan syrien occupé sont illégales et constituent un obstacle à la paix et au développement économique et social.  L’Assemblée générale devrait réitérer l’appel qu’elle a lancé pour que soient évités tous les actes de violence, de destruction, de harcèlement et de provocation de la part des colons israéliens, en particulier contre des civils palestiniens et contre leurs biens, y compris les sites historiques et religieux, et leurs terres agricoles.  Elle demanderait instamment que soient poursuivis en justice les colons israéliens ayant commis des actes illégaux dans le Territoire palestinien occupé.

Par le projet de résolution intitulé « Pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est » (A/C.4/69/L.16), adopté par 155 voix pour, huit voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Israël, Micronésie, Nauru, Palau et Îes Marshall) et 11 absentions, la Commission recommande à l’Assemblée générale d’affirmer de nouveau que toutes les mesures et décisions qu’Israël, Puissance occupante, prend dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, en violation des dispositions applicables de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949 et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sont illégales et n’ont aucune validité.

Aux termes du projet de résolution, l’Assemblée générale exigerait qu’Israël, Puissance occupante, renonce à toutes les pratiques et à tous les actes ayant pour effet de violer les droits de l’homme du peuple palestinien.  Elle exigerait également qu’Israël applique intégralement toutes les dispositions de la quatrième Convention de Genève de 1949 et mette fin immédiatement à toutes les mesures et décisions prises en violation des dispositions de la Convention.

L’Assemblée générale noterait qu’Israël a recommencé à coopérer avec le Conseil des droits de l’homme et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, et lui demanderait d’étendre sans réserve cette coopération aux rapporteurs spéciaux concernés et aux autres mécanismes pertinents et aux enquêtes du Conseil des droits de l’homme.  Elle exigerait qu’Israël, Puissance occupante, mette fin à toutes ses activités de colonisation, à la construction du mur et à toute autre mesure visant à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et son pourtour, qui ont toutes des conséquences graves et préjudiciables, entre autres, pour les droits de l’homme du peuple palestinien et pour la perspective de mettre fin le plus tôt possible à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967 et de parvenir à un accord de paix juste, durable et global entre les parties israélienne et palestinienne.

Enfin, aux termes du projet de résolution intitulé « Le Golan syrien occupé » (A/C.4/69/L.17), adopté par la Commission par 158 voix pour, une voix contre (Israël) et 16 abstentions, l’Assemblée générale demanderait à Israël, Puissance occupante, de se conformer aux résolutions concernant le Golan syrien occupé et de renoncer à modifier le caractère physique, la composition démographique, la structure institutionnelle et le statut juridique du Golan syrien occupé et, en particulier, de renoncer à y établir des colonies de peuplement.  Elle considérerait que toutes les mesures et décisions législatives et administratives qui ont été prises ou seront prises par Israël, Puissance occupante, pour modifier le caractère et le statut juridique du Golan syrien occupé sont nulles et non avenues, constituent une violation flagrante du droit international et de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 août 1949 et n’ont aucun effet juridique.

Explication de position avant le vote

Le représentant de l’Italie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a indiqué que l’UE n’avait pas émis des réserves quant à l’emploi du terme de « déplacements forcés », ni sur l’utilisation du terme Palestine dans le contexte de ces projets de résolution.

Déclarations générales au titre des points 50 et 51 de l’ordre du jour

L’Observatrice de l’État de Palestine a exprimé sa gratitude aux délégations qui avaient voté en faveur des résolutions relatives à l’UNRWA et aux pratiques israéliennes dans le Territoire palestinien occupé et les autres territoires arabes occupés.  L’adoption à une majorité écrasante de ses différentes résolutions réaffirme les droits du peuple palestinien, qui ne se sont pas effacés avec le temps, a-t-elle dit.  Elle a réaffirmé le rôle indispensable de l’UNRWA et la nécessité impérieuse de respecter le droit international humanitaire et le droit international et a invité les donateurs à continuer de faire preuve de générosité, rappelant à ce sujet que la conférence d’annonces de contributions de l’UNRWA aura lieu aux Nations Unies à New York le 3 décembre.  Elle a rappelé les graves déficits de financement auxquels est confronté l’UNRWA dans un contexte où les besoins sont particulièrement criants.

Le représentant de la République arabe syrienne a remercié les délégations qui avaient voté en faveur des projets de résolution, y compris celui qui concerne le Golan syrien occupé, affirmant que cette politique d’annexion rappelait l’annexion de territoires par un pays au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Le représentant a estimé que le message envoyé par la Commission était clair: Israël devait cesser de violer le droit international, y compris les Conventions de Genève, et mettre fin à l’occupation du Territoire palestinien occupé, ainsi que du Golan syrien.  La tentative d’annexion du Golan syrien est une initiative nulle et non avenue, a-t-il rappelé, affirmant qu’Israël ne s’est pas contenté de l’occupation de ce territoire, mais a aussi adopté des positions absurdes et provocatrices en faisant passer une loi sur l’annexion du Golan.

Le représentant a, par ailleurs, accusé Israël de soutenir le terrorisme takfiri et de coopérer avec les terroristes du Front el-Nosra en facilitant le passage de ses membres par la zone de séparation où la FNUOD est active, comme les télévisions israéliennes le montrent quotidiennement.  Le représentant a jugé très significatif qu’Israël ait voté contre tous les projets de résolution de ce jour relatifs à la situation au Moyen-Orient, et le seul pays à avoir voté contre la résolution sur le Golan syrien occupé.  Cela démontre qu’Israël fait fi du consensus international, a-t-il déclaré, affirmant qu’Israël rêvait de remplacer toutes les résolutions adoptées ce jour par un seul texte, qui glorifierait l’annexion du Golan, l’occupation de Gaza, les violations des droits des Palestiniens ou encore les atteintes à la mosquée d’Al Aqsa.  Il a accusé le représentant d’Israël, « comme tous les Israéliens », de n’avoir pas conscience des réalités.  Les politiques d’Israël sont les seules ennemies d’Israël, a-t-il déclaré.

Le représentant d’Israël a déclaré que c’est la deuxième fois en deux ans que le représentant de la Syrie fait allusion à l’Allemagne nazie, estimant qu’il s’agissait d’une provocation inacceptable et antisémite que le Président de la Commission ne devrait pas autoriser.

La représentante du Canada a jugé malheureux et tout à fait inappropriées les comparaisons faites par le représentant de la République arabe syrienne entre Israël et l’Allemagne nazie.

Le représentant des États-Unis a également regretté la comparaison faite par le représentant syrien entre le régime nazi et le régime israélien et a condamné ces termes le plus fermement possible.

Le représentant de l’Allemagne a regretté que cette Commission ait à nouveau à entendre les paroles du représentant de Damas avec une comparaison historique très malheureuse.  Il a dit regretter un tel abus de l’histoire.

Le représentant d’Israël a estimé qu’il est honteux qu’une telle rhétorique se fasse entendre dans une enceinte de l’ONU, estimant surprenant que le représentant syrien donne des leçons alors qu’il représente un régime qui procède à un terrorisme systématique contre son propre peuple.  « Assad a massacré plus de 220 000 Syriens au cours des trois dernières années », a-t-il affirmé.  Quant aux conditions des Palestiniens, il a rappelé que le Gouvernement syrien n’avait pas hésité à les massacrer en Syrie.  Pour ce qui est de la situation de la zone de séparation au Golan, il a affirmé que l’armée syrienne avait pris la fuite devant l’avancée des forces d’el-Nosra et qu’Israël avait ouvert ses frontières pour accueillir les membres de la FNUOD et apporter une aide humanitaire aux Syriens blessés lors de ces affrontements.

Le représentant de l’Australie a également dénoncé le fait que le représentant syrien laisse entendre des comparaisons entre le Gouvernement israélien et le régime nazi, comparaisons qu’il a qualifiées de totalement infondées.

Droits de réponse

Le représentant de la République arabe syrienne a déclaré qu’il avait été mal compris.  Il a répété qu’Israël viole le droit international par ses politiques d’annexion forcée de territoires d’autres États et cette politique nous rappelle certains chapitres les plus noirs de l’humanité, ajoutant que toute interprétation de ses propos était celle de celui qui la faisait.  Le représentant a estimé que son homologue d’Israël avait été perturbé par les résultats de vote de ce jour, et a accusé Israël d’avoir « sa place dans le livre des records » en matière de violations des droits de l’homme.

Le représentant d’Israël, reprenant la parole, a déclaré que ce n’est pas la première fois que le représentant de la Syrie proférait des mensonges systématiques dans une enceinte de l’ONU.  Ces mensonges sont honteux et inacceptables, a-t-il répété, rappelant que le conflit en Syrie avait fait 220 000 victimes.

ROULEMENT DANS L’EXERCICE DES FONCTIONS DE RAPPORTEUR DE LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES (QUATRIÈME COMMISSION) DE LA SOIXANTE-DIXIÈME À LA SOIXANTE-TREIZIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Aux termes de ce projet de résolution, adopté sans vote, l’Assemblée générale déciderait que, pour les quatre prochaines sessions de l’Assemblée, ces fonctions seront exercées selon le roulement ci-après:

70e session (2015)

États d’Europe occidentale et autres États

71e session (2016)

États d’Afrique

72e session (2017)

États d’Asie et du Pacifique

73e session (2018)

États d’Europe orientale

PROJET DE PROGRAMME DE TRAVAIL ET DE CALENDRIER DE LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES (QUATRIÈME COMMISSION) POUR LA SOIXANTE-DIXIÈME SESSION

Aux termes de ce projet de résolution (A/C.4/69/L.8), adopté sans vote et tel qu’oralement amendé, l’Assemblée générale approuverait le projet de programme de travail et de calendrier de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) pour la soixante-dixième session de l’Assemblée générale.

Par le projet de résolution A intitulé « l’information au service de l’humanité », adopté sans vote par les délégations, l’Assemblée générale demanderait instamment que tous les pays, les organismes du système des Nations Unies dans son ensemble et tous les autres acteurs intéressés coopèrent et agissent de manière concertée, afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux, en fournissant une assistance accrue pour développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement.

Aux termes du projet de résolution B intitulé « politique et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière d’information », également adopté sans vote par les délégations présentes, l’Assemblée générale demanderait de nouveau au Département de l’information et aux services du Secrétariat fournisseurs de contenus de faire en sorte que les publications des Nations Unies soient produites dans toutes les langues officielles, de manière écologiquement rationnelle et sans que cela ait d’incidences financières.  Elle engagerait le Département de l’information (DPI) et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences à se consulter sur la possibilité de fusionner leurs activités de publication, à mettre au point de nouveaux arrangements de collaboration permettant de promouvoir, sans que cela ait d’incidences financières, le multilinguisme dans d’autres produits étant donné qu’il importe de faire en sorte que toutes les langues officielles de l’Organisation des Nations Unies soient traitées sur un pied d’égalité totale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ukraine: l’application des Accords de Minsk toujours dans l’impasse, affirment le Secrétariat de l’ONU et la Mission de l’OSCE devant un Conseil de sécurité divisé

7311e séance – après-midi
CS/11645

Ukraine: l’application des Accords de Minsk toujours dans l’impasse, affirment le Secrétariat de l’ONU et la Mission de l’OSCE devant un Conseil de sécurité divisé

Trois semaines après la dernière réunion en date du Conseil de sécurité sur la situation en Ukraine, le Sous-Secrétaire général par intérim aux affaires politiques, M. Jens Anders Toyberg-Frandzen, a présenté au Conseil de sécurité les derniers développements dans ce pays, dominés par la tenue de deux élections et l’insécurité.

Des élections parlementaires ont eu lieu le 26 octobre.  « Si elles n’ont pu se tenir dans la Crimée annexée, ni dans les parties du Donbass sous contrôle des rebelles », elles ont été considérées comme étant démocratiques par la Mission spéciale de surveillance de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a-t-il déclaré.

« Des négociations sont en cours pour former le nouveau gouvernement, et la capacité de la coalition arrivée en tête à travailler de manière constructive avec le Bloc d’opposition sera essentielle pour l’unité et la stabilité du pays », a noté M. Toyberg-Frandzen, qui a dit espérer voir rapidement démarrer un dialogue national afin de rétablir la cohésion nationale et de résoudre les questions critiques en suspens.

Le 2 novembre dernier, a poursuivi le Sous-Secrétaire général par intérim, les rebelles des oblasts de Donetsk et Lougansk avaient organisé « de prétendues élections », rejetées par le Gouvernement ukrainien, une bonne partie de la communauté internationale et la plupart des 15 membres du Conseil de sécurité, à l’exception notable de la Fédération de Russie.  S’exprimant par visioconférence depuis Kiev, la Représentante de la présidence en exercice de l’OSCE, Mme Heidi Tagliavini, s’est ralliée à cette condamnation.

Face à la rhétorique « incendiaire » et « sécessionniste » des rebelles à la suite de l’annonce des résultats de ce scrutin, le Président ukrainien, M. Petro Porochenko, a proposé au Parlement de révoquer la loi, adoptée le 16 septembre dernier, qui a accordé un statut spécial d’autonomie élargie pendant trois ans aux territoires concernés de l’est de l’Ukraine, a rappelé le Sous-Secrétaire général par intérim.

Le représentant de l’Ukraine, M. Yuriy Sergeyev, a précisé à l’attention du Conseil que cette loi, prévue par les Accords de Minsk signés par l’Ukraine, la Fédération de Russie et l’OSCE, prévoyait des élections sur la « gouvernance autonome locale légitime » le 7 décembre prochain.  Agissant au mépris de cette échéance, les « terroristes appuyés par les Russes » ont préféré organiser des « élections » illégales de « prétendus présidents et parlements » de certaines entités illégitimes autoproclamées, a-t-il dénoncé vigoureusement.

Le Chef de la Mission spéciale de surveillance de l’OSCE en Ukraine, M. Ertuğrul Apakan, s’est dit alarmé, quant à lui, de l’intensification des violences ces dernières semaines dans le Donbass, où des mouvements de chars opérés par les forces séparatistes ont été observés.  M. Toyberg-Frandzen a fait remarquer que l’on était proche du niveau des violences que connaissait le pays avant le 5 septembre, date de la signature du Protocole de Minsk, qui prévoyait pourtant un cessez-le-feu.

En outre, s’est inquiété M. Apakan, une centaine de kilomètres de la frontière orientale de l’Ukraine n’est toujours pas contrôlée par les forces gouvernementales et les drones de surveillance déployés par l’OSCE pour pallier ce problème sont « régulièrement pris pour cible ». 

« Les espoirs de renouveau incarnés par les récentes élections parlementaires risquent donc d’être éclipsés par l’aggravation de cette situation », a averti M. Toyberg-Frandzen, qui n’a pas exclu la possibilité d’une reprise des combats à grande échelle, ni celle d’un « gel » du conflit pouvant s’éterniser pendant des années, « voire des décennies ».

Le représentant de la Fédération de Russie a catégoriquement rejeté les accusations visant son pays, demandant à ses collègues du Conseil de sécurité de ne pas transformer cette réunion en « farce hystérique ».  Pour lui, l’invitation faite aux représentants de l’OSCE de s’exprimer dans ce cadre « les écarte de leur rôle principal et conduit à une regrettable et dangereuse politisation des débats du Conseil ». 

La Mission de l’OSCE n’a pas pour mandat de chercher une solution à la crise et les déclarations que ses analyses inspirent relèvent de la « propagande », notamment les allégations d’influx d’armes et de troupes russes en Ukraine, a-t-il tenu à rappeler.  La situation dans l’est de l’Ukraine est incontestablement complexe, même si, de l’avis de sa délégation, la « concentration de troupes ukrainiennes » le long de la ligne de front est à blâmer, obligeant les rebelles à se défendre.

Le représentant de la France, M. François Delattre, a jugé au contraire particulièrement inquiétante « l’annonce de la création d’une armée du Donbass et d’une mobilisation générale ».  Pour la France, les accords des 5 et 19 septembre derniers restent les meilleurs instruments d’une sortie de crise qui repose sur trois axes: « le respect du cessez-le-feu, la surveillance de la frontière et des négociations politiques afin de trouver une solution pérenne ».

Son homologue des États-Unis, Mme Samantha Power, a souligné, de son côté, qu’il était « impossible » d’empêcher un nouveau conflit « tant que des signataires du Protocole de Minsk le foulent au pied de manière répétée ».  « Ce que nous devons faire, c’est continuer d’exercer une pression jusqu’à ce que la Fédération de Russie choisisse la désescalade », a-t-elle estimé.

* CS/11614

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations

M. JENS ANDERS TOYBERG-FRANDZEN, Sous-Secrétaire général par intérim aux affaires politiques, a rappelé que les élections parlementaires ukrainiennes du 26 octobre, si elles n’ont pu se tenir dans la Crimée annexée ni dans les parties du Donbass sous contrôle des rebelles, ont été jugées conformes au critère démocratique par la Mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Des négociations sont en cours pour former le nouveau gouvernement, et la capacité de la coalition arrivée en tête à travailler de manière constructive avec le Bloc d’opposition sera essentielle pour l’unité et la stabilité du pays.  M. Toyberg-Frandzen a dit espérer voir rapidement démarrer un dialogue national afin de rétablir la cohésion nationale en Ukraine et de traiter les questions critiques en suspens.

Parallèlement, a déclaré M. Toyberg-Frandzen, les rebelles de Donetsk et Lougansk ont tenu « de prétendues élections », défiant ainsi le Gouvernement ukrainien qui a condamné ces scrutins, tout comme l’a fait une bonne partie de la communauté internationale.  Les rebelles ont ensuite adopté une rhétorique enflammée, se déclarant de facto indépendants de l’Ukraine et menaçant d’étendre leur contrôle à d’autres territoires.  En réponse, le Président Porochenko a proposé au Parlement de révoquer la loi accordant pour trois ans un statut spécial de plus grande autonomie aux territoires concernés.

Le Sous-Secrétaire général a rappelé que, depuis le 3 novembre, les hostilités avaient repris dans l’est de l’Ukraine avec une intensité proche de celle d’avant le cessez-le-feu du 5 septembre.  L’OSCE signale régulièrement l’arrivée d’importants convois chargés d’armes lourdes et de chars de combat dans les zones rebelles.  Alors que la situation humanitaire se dégrade dans plusieurs parties du Donbass, il est clair que le cessez-le-feu est mis en péril et que, si les hostilités se poursuivent, ce sont les Accords de Minsk qui seront menacés.  En même temps, a rappelé M. Toyberg-Frandzen, il est important de noter qu’aucune des parties n’a unilatéralement abrogé ces Accords.  Le Sous-Secrétaire général a rappelé que tous les acteurs concernés doivent s’acquitter de leurs responsabilités et se consacrer à la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk.  La communauté internationale a la responsabilité de les y aider, a-t-il noté.

Pendant ce temps, la mission d’évaluation des droits de l’homme en Ukraine dépêchée par les Nations Unies continue de rendre compte de la situation des droits de l’homme dans le pays, a déclaré M. Toyberg-Frandzen, qui a précisé que son prochain rapport mensuel serait publié le 20 novembre.  La mission considère une prorogation de sa présence dans le pays au-delà du 15 décembre, a-t-il indiqué.  Par ailleurs, les agences humanitaires des Nations Unies renforcent leur présence pour pouvoir venir en aide à plus d’un million de personnes déplacées dans le pays ou à l’extérieur, et les Nations Unies mènent actuellement une évaluation de grande ampleur en prévision de la reconstruction, a dit le Sous-Secrétaire général.  Enfin, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, doit retourner prochainement en Ukraine, a-t-il dit.

Les espoirs de renouveau incarnés par les récentes élections parlementaires risquent d’être éclipsés par l’aggravation de la situation dans l’est du pays, a averti M. Toyberg-Frandzen, qui s’est dit très préoccupé par la possibilité d’une reprise des combats sur une grande échelle.  Il a jugé tout aussi catastrophique la possibilité que le conflit continue de bouillonner pendant des mois, avec des combats sporadiques de faible intensité alternant avec des périodes d’hostilités plus marquées.  Il a en outre évoqué la possibilité d’un « gel » du conflit pouvant durer des années, voire des décennies.  Il est de notre responsabilité de s’assurer qu’aucun de ces scénarios ne se réalise, a déclaré le Sous-Secrétaire général.  La seule alternative aux combats est, pour les Ukrainiens, de reconstruire ensemble un pays sable et sûr, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a estimé le Sous-Secrétaire général.  Toutes les parties doivent respecter les Accords de Minsk, et les Nations Unies sont disposées à les y aider quand les parties le jugeront approprié, a conclu M. Toyberg-Frandzen.

S’exprimant par visioconférence, M. ERTUĞRUL APAKAN, Chef de la Mission spéciale de surveillance en Ukraine de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a déclaré que son équipe était déployée depuis avril dernier en Ukraine, où elle s’acquitte de diverses tâches d’observation, notamment dans les domaines électoral et des droits de l’homme, et ce, dans un environnement en constante évolution.  L’escalade des violences dont le Donbass est le théâtre, notamment dans les villes de Donetsk et de Louhansk, est très préoccupante, a-t-il affirmé, faisant état de mouvement de chars opérés par les forces séparatistes.  La Mission de l’OSCE est compliquée par le fait qu’en lieu et place des 500 observateurs dont elle était supposée être dotée, « nous n’en disposons que de 266 », a déploré M. Apakan.  Après avoir assuré que la Mission est en liaison permanente avec le Groupe de contact trilatéral et l’ensemble des parties prenantes, M. Apakan a rappelé que le Mémorandum d’Accord de Minsk contient une feuille de route très claire, même s’il est regrettable de ne pas avoir pu la mettre en œuvre jusqu’à présent.

En outre, a poursuivi le Chef de la Mission de l’OSCE, une centaine de kilomètres de la frontière n’est toujours pas contrôlée par les forces gouvernementales ukrainiennes.  S’il a été possible d’utiliser des drones de surveillance pour pallier ce problème, M. Apakan a assuré qu’ils sont régulièrement pris pour cible.  Par ailleurs, les personnes déplacées sont de plus en plus nombreuses, ce qui est une tendance très préoccupante à l’approche de l’hiver, a-t-il noté.  Toutefois, les élections législatives du 26 octobre dernier ont créé, a-t-il estimé, une nouvelle atmosphère dans le pays, et l’OSCE s’efforcera de son côté de promouvoir le dialogue sur le terrain en vue d’améliorer la situation.  Mais la liberté de mouvement et d’accès de la Mission de l’OSCE continue d’être mise à mal, a reconnu le Chef de la Mission, alors que ni le Protocole de Minsk, ni le Mémorandum d’Accord qui a suivi ne prévoient de limites aux déplacements des observateurs, qui dépendent donc du bon vouloir des forces en présence.  Selon M. Apakan, un cessez-le-feu durable ne sera possible qu’avec la coopération de tous.  Il a donc demandé en conclusion aux parties de respecter les documents de Minsk pour rétablir la paix et la sécurité dans le pays.

Mme HEIDI TAGLIAVINI, Représentante de la présidence en exercice de l’OSCE, a rappelé qu’à l’heure où elle s’exprime, les combats se poursuivent dans l’est de l’Ukraine.  Le Protocole de Minsk du 5 septembre et le Mémorandum d’Accord visant à en faciliter la mise en œuvre conservent pourtant toute leur pertinence.  Même si la violence a momentanément reculé, le cessez-le-feu n’est toujours pas respecté, a-t-elle relevé, affirmant que des heurts continuent de se produire dans le Donbass, notamment des combats à l’arme lourde, dans lesquels des chars d’assaut auraient été utilisés, faisant des victimes aussi bien parmi les civils que les militaires.  Elle a donc appelé les parties prenantes à respecter la ligne de séparation des forces en présence, avant de rappeler que les parties aux documents de Minsk se sont engagées à retirer mercenaires et éléments étrangers des zones de conflit.

Quant aux « prétendues » élections organisées le 2 novembre dernier à Donetsk et Louhansk, elles ont été jugées inacceptables par une large partie de la communauté internationale, a rappelé Mme Tagliavini.  « Le processus de mise en œuvre du document de Minsk est donc à la croisée des chemins »: d’un côté, le cessez-le-feu a été partiellement respecté dans une grande partie du pays et une centaine d’otages libérés; de l’autre, nombre d’engagements pris à Minsk sont restés lettre morte.  La Représentante a donc encouragé à l’ouverture d’un dialogue politique entre toutes les parties prenantes, soulignant aussi l’importance de lancer un programme de relèvement économique et une assistance humanitaire dans les zones de conflit.  « Enfin, et surtout, il sera impossible de parvenir à un cessez-le-feu en l’absence d’un contrôle de la frontière orientale de l’Ukraine », a assuré Mme Tagliavini, qui s’est dite convaincue que le conflit ne serait réglé que de manière pacifique et négociée, avec les documents de Minsk comme « repères ».

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a souligné le rôle crucial joué par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur le terrain.  « La situation évolue mais les problèmes restent les mêmes », a-t-elle ajouté, estimant qu’ils ne découlaient de rien d’autre que de la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine par la Fédération de Russie. 

« Les Russes et les séparatistes ne respectent pas la parole donnée, profitant notamment de pauses dans les combats pour étendre leur avancée », a condamné Mme Power, citant par exemple l’intensification des attaques menées près de l’aéroport de Donetsk par les séparatistes ukrainiens.  Les attaques ont aussi pris pour cible des drones de l’OSCE, touchés par des armes fournies par la Fédération de Russie, lesquelles attaques violent l’espace aérien de l’Ukraine. 

La représentante a par ailleurs déploré la détention de 500 personnes par les séparatistes, « dont des artistes et des défenseurs des droits de l’homme ».  Après avoir regretté l’envoi de forces et d’équipements de l’autre côté de la frontière par la Fédération de Russie, Mme Power a répété que « les Russes ont négocié un plan de paix pour le fouler à chaque étape de sa mise en œuvre ». 

S’agissant des élections du 2 novembre, elle a considéré qu’elles constituaient une violation du point 9 du Protocole de Minsk.  « Il s’agit d’une tentative éhontée d’utiliser la force au profit de l’instauration d’une démocratie qui ne trompe personne », a-t-elle encore souligné.  « M. (Sergey) Lavrov a dit que les élections faisaient partie du Protocole.  C’est faux, et elles n’ont rien à voir avec l’amélioration de la situation humanitaire dans le Donbass. » 

« Les Ukrainiens ont choisi des dirigeants qui recherchent la diffusion des tensions, pas de les attiser », a déclaré la représentante des États-Unis.  Selon elle, « il n’existe pas de solution militaire à cette crise, comme l’a souligné aujourd’hui l’OSCE et comme le dit depuis le début l’ONU ».  « Mais la partie russe et les séparatistes qu’elle appuie ne tiennent pas leurs engagements. »

Mme Power a jugé qu’il était impossible d’empêcher un nouveau conflit tant que des signataires du Protocole de Minsk le foulent au pied de manière répétitive.  « Ce que nous devons faire, c’est continuer à exercer une pression jusqu’à ce que la Fédération de Russie choisisse la désescalade », a-t-elle conclu.

M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a déclaré que depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le sujet, la situation sécuritaire en Ukraine avait continué de se détériorer.  « À chaque avancée, les parties anéantissent les progrès aux dépens de la population, et ce, alors que l’hiver approche. »

« Elles ne sont pas prêtes à mettre pleinement en œuvre le Protocole de Minsk, comme en témoigne le non-respect du cessez-le-feu le long de la frontière orientale de l’Ukraine », a-t-il ajouté avant de juger inconstitutionnelles les élections du 2 novembre, lesquelles, a-t-il dit, sapent de fait la validité du Protocole de Minsk.  « Il est temps que tous les signataires se réengagent à l’égard de cet Accord, sinon notre effort collectif ne suffira pas, et la situation risquera de dégénérer en une guerre sur le continent européen », a averti le représentant.

M. BANTE MANGARAL (Tchad) s’est déclaré préoccupé par l’intensification des combats dans l’est de l’Ukraine, notamment à Donetsk et à Louhansk, où les forces gouvernementales et séparatistes se livrent d’âpres combats.  Appelant les parties à respecter les Accords de Minsk, à commencer par le cessez-le-feu qu’il prévoit, le représentant s’est dit ému du nombre de victimes civiles faites jusqu’à présent, plus de 4 000, auxquelles s’ajoutent plus de 100 000 personnes déplacées, « un chiffre particulièrement inquiétant à l’approche de l’hiver », a dit le représentant.  Il a en conclusion encouragé les parties à mettre fin aux hostilités.

M. KAYODE LARO (Nigéria) s’est dit alarmé de la détérioration de la situation dans le Donbass, affirmant que les élections organisées le 2 novembre dernier à Donetsk et à Louhansk allaient à l’encontre du Protocole de Minsk.  Le représentant a donc demandé aux nations exerçant une influence sur les parties au conflit de le faire pour parvenir à une solution négociée.

M. EIHAB OMAISH (Jordanie) a considéré que les renforts militaires et l’afflux illégal d’armes dans les régions ukrainiennes, tels qu’ils sont décrits dans le rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, constituent une violation grave du Protocole de Minsk.  « Attiser les tensions, c’est faire fi des efforts de la communauté internationale pour rétablir le calme sur tout le territoire de l’Ukraine et résoudre la crise humanitaire, qui menace de s’aggraver à l’approche de l’hiver », a souligné le délégué jordanien.

Il a exhorté les Ukrainiens de tous bords à s’unir pour remettre le pays sur la voie des réformes politiques, de la réconciliation nationale et du développement.  « La Jordanie continuera de soutenir le Protocole de Minsk, dont la mise en œuvre rapide des dispositions relatives au cessez-le-feu nécessite la pleine coopération de toutes les parties », a-t-il conclu.

M. MARIO OYARZÁBAL (Argentine) a estimé que les Accords de Minsk constituaient une feuille de route tout à fait pertinente pour parvenir à un règlement pacifique et négocié du conflit dans l’est de l’Ukraine.  Malheureusement, a-t-il dit, les mesures unilatérales prises par les parties au conflit et le regain de violences constatées à Donetsk et à Louhansk bloquent pour l’heure leur mise en œuvre. 

Le représentant a ensuite salué les mesures prises par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), soulignant la « responsabilité politique et institutionnelle » du Conseil de sécurité face à cette situation.  L’Argentine a donc regretté qu’il n’eût pas été en mesure de jouer un « rôle positif » dans ce dossier et qu’il fût miné par les « divisions ». 

Parallèlement aux efforts déployés pour résoudre la crise par des voies diplomatiques, la délégation a salué le travail effectué par les organisations humanitaires, « parfois au péril de leur vie ».  Elle a, pour finir, insisté sur la nécessité d’ouvrir des enquêtes indépendantes crédibles sur toutes les violations des droits de l’homme commises dans le cadre de conflit, pour que leurs auteurs soient poursuivis en justice et empêcher que ne s’installe une culture d’impunité.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) s’est dite préoccupée par la grave détérioration de la situation dans l’est de l’Ukraine depuis le 2 novembre 2014, jour où les séparatistes ont tenu des élections illégales dans les régions de Donetsk et de Louhansk.  Alors que le Protocole et le Mémorandum de Minsk, signés les 5 et 19 septembre 2014, ont tracé la voie d’un règlement pacifique du conflit, le non-respect des dispositions clefs des Accords conclus à Minsk a contribué à une nouvelle escalade des tensions et à l’intensification des combats dans plusieurs régions de l’est de l’Ukraine, a ajouté Mme Lucas. 

Dans ce contexte, elle s’est déclarée très préoccupée par les nouvelles concentrations de troupes russes à la frontière ukrainienne et les mouvements accrus de convois militaires dans les zones contrôlées par les séparatistes et qui se dirigent vers les positions de l’armée ukrainienne.  Elle a précisé que la Mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait fait ces derniers jours état d’importants convois de camions militaires sans plaques d’immatriculation, transportant des troupes et armes lourdes.  « Un convoi de 9 chars, 4 chars T-72 et 5 chars T-64 a été observé le 8 novembre se dirigeant vers l’ouest », a précisé la représentante du Luxembourg.

Par ailleurs, elle a condamné le simulacre d’élections qui se sont tenues le 2 novembre dans les régions de l’est de l’Ukraine contrôlées par les séparatistes.  Elle a précisé que ces élections constituaient une violation flagrante des engagements que la Russie et les représentants des groupes armés illégaux ont pris en signant le Protocole de Minsk. 

Elle a salué les mesures concrètes prises par l’Ukraine pour respecter ses engagements au titre des Accords de Minsk, notamment l’adoption des lois prévoyant une amnistie et un statut temporaire d’autonomie locale.  Elle a jugé crucial que la Mission d’observation des postes frontière de Goukovo et Donetsk soit étendue dans les meilleurs délais à d’autres postes frontière.  Elle a dit l’urgence de mettre fin à un conflit qui a déjà fait 4 000 victimes depuis avril 2014 en expliquant que le chemin pour sortir du conflit passait par l’application de bonne foi du Protocole de Minsk et du Mémorandum de Minsk. 

M. OH JOON (République de Corée) s’est dit préoccupé par les violations flagrantes par les séparatistes des Accords de Minsk signalées dans le rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  « Nous engageons les parties à éviter toute provocation qui pourrait faire dérailler le Protocole, et toutes les interventions extérieures doivent cesser immédiatement », a-t-il demandé, en soulignant que la solution politique fondée sur les engagements de Minsk devait être reconnue et relancée sans délai. 

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a insisté sur le fait que la situation en Ukraine représentait une menace croissante à la paix et sécurité internationales.  « Une seule raison à cela: le comportement russe qui fait fi de la Charte des Nations Unies depuis le début de la crise », a-t-il tranché.  Pour le représentant, « la violation des Accords de Minsk est une étape de plus vers le pire ».  « La fourniture d’armes et de contingents aux rebelles dans les zones séparatistes foule au pied le Protocole de Minsk. » 

« Ce que la Mission de l’OSCE observe ne trompe plus personne, et les tentatives de tromperie de la Fédération de Russie afin de cacher l’envoi de colonnes vers l’Ukraine pour appuyer les opérations des séparatistes deviennent une farce », a encore affirmé le représentant.  « Si la Fédération de Russie ne fournit pas une aide aux séparatistes, pourquoi bloque-t-elle les activités des observateurs internationaux, et pourquoi brouille-t-elle l’espace aérien ukrainien pour parasiter les vols de drones de l’OSCE autour de Donetsk », a-t-il demandé.

« Ceux qui contrôlent ces territoires ne veulent pas coopérer », a-t-il assuré, qualifiant en outre d’illégales et de provocation les élections du 2 novembre.  « Il n’y a que la Fédération de Russie pour ne pas reconnaître cette illégalité. »  Le représentant britannique a par ailleurs demandé que ne soit pas oubliée la crise humanitaire dans l’est du pays, en particulier dans la péninsule de Crimée « où les missions de l’OSCE ne peuvent toujours pas se rendre ».  

« En Crimée, les autorités de facto tentent de retirer à la région et à ses habitants leur identité ukrainienne, notamment en s’en prenant brutalement aux Tatares. »  Enfin, il a souligné la nécessité de juger la Fédération de Russie à l’aune de ses actes et non de ses paroles, insistant sur le fait que la désescalade « passe par un vrai engagement de la partie russe, qui doit cesser d’appliquer de manière aussi sélective le Protocole de Minsk ».

M. WANG MIN (Chine) a regretté les hostilités observées récemment dans l’est de l’Ukraine.  Il s’est toutefois félicité des accords récemment conclus sur le gaz entre Kiev et Moscou.  Le représentant a ensuite encouragé toutes les parties prenantes à mettre en œuvre les Accords de Minsk, afin de parvenir à un cessez-le-feu et à une amélioration de la situation humanitaire.  

Selon lui, une solution à la crise dans la région exige de prendre en compte les aspirations de toutes les populations ukrainiennes.  Rappelant qu’elle avait toujours respecté les principes de souveraineté territoriale et de non-ingérence, la Chine a assuré qu’elle continuerait de participer aux efforts visant à trouver une solution à la crise actuelle.

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a déclaré que l’agitation de séparatistes aidés de l’extérieur s’était répandue dans l’est du pays, suscitant troubles, violations des droits de l’homme et une situation humanitaire grave.  Il a condamné avec la plus grande fermeté cette ingérence dans les affaires intérieures ukrainiennes, au mépris de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.

Il a dit que les élections organisées le 2 novembre par les séparatistes dans la partie du Donbass qu’ils occupaient contrevenaient au texte et à l’esprit du Protocole de Minsk qui prévoit des élections locales en conformité avec la loi ukrainienne. 

Il a dit que les Accords du 5 et 19 septembre restaient une bonne base pour envisager une sortie de crise qui repose sur trois axes: le respect du cessez-le-feu, la surveillance de la frontière orientale de l’Ukraine et des discussions politiques afin de trouver une solution pérenne.  « Notre objectif est de ramener Ukrainiens, séparatistes et Russes autour de la table des négociations, pour mettre fin à l’escalade », a-t-il insisté.

Il a jugé très préoccupants les mouvements militaires de la fin de semaine à la frontière russo-ukrainienne, confirmés par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en notant que plusieurs dizaines de véhicules militaires dont des chars étaient entrés en Ukraine ces derniers jours. 

Il a dit que le renforcement du dispositif militaire du côté séparatiste et la multiplication des mouvements de troupes faisaient craindre une reprise des combats sur une plus grande échelle.  L’annonce de la création d’une armée du Donbass et d’une mobilisation générale est particulièrement inquiétante, a-t-il ajouté, en souhaitant que les séparatistes et leurs soutiens prouvent qu’ils sont prêts au dialogue et à la recherche de la paix. 

Le représentant de la France a appelé à nouveau la Russie à empêcher le transfert d’armements et d’hommes à travers sa frontière et à faire usage de toute son influence sur les séparatistes pour que soit pleinement respecté le cessez-le-feu.  Il a dit que la question de la surveillance de la frontière russo-ukrainienne restait un point central pour l’obtention d’une solution politique à la crise. 

Il a estimé que le mandat de la Mission de l’OSCE en territoire russe devait être renforcé et élargi le plus rapidement possible à d’autres postes frontière en précisant que les sanctions ne visaient pas à punir mais à inciter au dialogue.  Il a estimé que la conclusion des négociations sur le gaz, il y a une dizaine de jours, était un signe que certaines avancées pouvaient être obtenues par le dialogue. 

« L’Europe a donné une alternative claire entre un alourdissement des sanctions ou un réexamen si la situation sur le terrain témoigne d’une mise en œuvre réelle des Accords du 5 septembre », a-t-il dit, avant d’appeler à une mobilisation en faveur de la désescalade et du rétablissement de relations de bon voisinage entre États indépendants et souverains.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) s’est dit préoccupé par l’escalade de la crise dans l’est et le sud de l’Ukraine.  Il est urgent de respecter à la lettre le cessez-le-feu, a-t-il dit, engageant toutes les parties à respecter les Accords de Minsk, qui sont les meilleurs instruments pour parvenir au rétablissement de la paix et de la sécurité dans le Donbass.  

Il est tout aussi urgent de répondre aux besoins humanitaires qui se posent dans la région, en particulier parmi les nombreuses personnes déplacées, a poursuivi le représentant.  La délégation a souligné elle aussi l’importance de renforcer l’état de droit et de respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine et le principe de non-ingérence dans les affaires internes des États, comme le prévoit la Charte des Nations Unies. 

Le Chili a affirmé en conclusion qu’il continuerait d’appuyer toutes les démarches susceptibles de rétablir la stabilité dans le pays.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a dit que le conflit en Ukraine n’était pas une guerre civile, mais une guerre menée par la Russie contre l’Ukraine parce qu’elle a choisi la voie de l’Europe.  Elle a précisé que la Russie s’opposait à l’élargissement de la Mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui ne contrôle que deux kilomètres parmi les 400 kilomètres de frontière commune entre la Russie et l’Ukraine. 

Elle a affirmé que les élections organisées le 2 novembre par les séparatistes dans la partie du Donbass qu’ils occupaient contrevenaient au Protocole de Minsk.  Elle a noté que parmi les observateurs électoraux de ces élections illégales avaient figuré des extrémistes nationalistes, des sympathisants nazis et des antisémites de plusieurs pays européens.  Elle s’est étonnée du fait que Moscou prétende combattre le fascisme en Ukraine aux côtés de telles personnalités. 

Elle a souligné que la Russie se préparait à envoyer son septième convoi vers l’Ukraine en expliquant que les séparatistes gagnaient du terrain après chaque convoi.  Elle a précisé que l’agression russe en Ukraine avait déjà fait 400 000 déplacés, 4 035 morts et 9 336 blessés alors que 5,2 millions de personnes vivaient désormais dans la zone affectée par le conflit. 

Elle a déclaré que seul un retour durable au cessez-le-feu permettrait d’atténuer la tension, avant de souligner que l’Ukraine avait apporté sa part.  Elle a demandé à la Russie de cesser de menacer ses voisins et d’accepter l’esprit et la lettre des Accords de Minsk en permettant une surveillance internationale illimitée de la frontière russo-ukrainienne. 

Elle a estimé que la Russie portait la responsabilité d’une nouvelle escalade de la situation.  Elle a dit que toute tentative visant à redessiner la carte de l’Europe 25 ans après la chute du Mur de Berlin était criminelle et sapait les fondations mêmes des Nations Unies. 

M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a demandé à ses collègues de ne pas transformer une réunion du Conseil de sécurité « en une farce hystérique ».  « L’analyse de ceux qui travaillent sur place et œuvrent à la résolution des problèmes dans le sud-est du pays est a priori utile.  Mais les inviter ici les écarte de leur rôle principal et conduit à une regrettable et dangereuse politisation des débats », a jugé le représentant. 

Selon lui, la Mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe n’a pas pour mandat de chercher une solution à la crise, et les déclarations que ses analyses inspirent relèvent de la propagande.  « La situation est difficile, c’est indéniable, caractérisée par une concentration de troupes ukrainiennes le long de la ligne de front, ce qui oblige les rebelles à se défendre, en particulier près du Donbass. »

« Chaque jour des civils meurent, et les bombardements ukrainiens sont systématiques », a ajouté le délégué.  Il a ensuite affirmé que « de vérité, il n’y en a qu’une », livrée selon lui de manière tronquée par l’OSCE.  S’agissant des allégations de transferts d’armes et de convois russes vers l’Ukraine, il les a qualifiées de mensonges et de déclarations de propagande.  « La frontière orientale fait l’objet d’une surveillance très attentive, en premier lieu de l’espace aérien.  « Nous déplorons l’absence totale de réaction de l’OSCE quant au redéploiement massif des forces ukrainiennes. »  La Mission ne donne en effet aucune information sur ces mouvements, « son tableau de la situation est par conséquent incomplet, inexact et provocateur ».  

Assurant que son pays respectait pleinement les termes du Protocole de Minsk, il a accusé Kiev de ne pas s’intéresser aux dispositions relatives à son volet humanitaire.  Sur ce point, il a qualifié d’immorales les accusations portant sur la nature de l’aide humanitaire fournie par la Fédération de Russie aux populations du sud-est de l’Ukraine. 

Pour ce qui est des élections du 2 novembre, il a affirmé qu’elles s’étaient déroulées dans le calme et avaient été marquées par une importante participation.  « Des mesures ont été prises pour garantir un retour à la normale dans la région », a-t-il en outre noté, soulignant en conclusion que ces élections formaient la base « d’un dialogue sérieux entre les représentants du Donbass et le pouvoir central ». 

M. GARY QUINLAN (Australie) a déclaré que le rapport présenté il y a deux semaines par le Sous-Secrétaire général aux affaires politique était déjà inquiétant, et que la situation dans l’est de l’Ukraine s’était encore détériorée depuis lors.  L’Australie est très préoccupée par la situation actuelle, « et notamment par les violations par la Russie des annexes aux Accords de Minsk », du fait qu’elle ne retire pas son personnel d’Ukraine.  Le représentant a dénoncé comme une autre violation de l’Accord le fait que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été empêchée de surveiller correctement la frontière entre l’Ukraine et la Russie.  Il a également condamné les « prétendues élections » organisées par les rebelles dans les zones de l’est de l’Ukraine sous leur contrôle.

L’Australie se félicite des élections parlementaires ukrainiennes du 26 octobre, a déclaré M. Quinlan, qui a jugé encourageant le rapport de l’OSCE sur les conditions de leur tenue.  Tout en regrettant que la population de la Crimée et de plusieurs parties de l’est de l’Ukraine contrôlées par les rebelles n’aient pu s’exprimer, le représentant a salué les efforts des autorités ukrainiennes pour assurer le droit de vote du plus grand nombre.

M. Quinlan a rappelé la volonté de son pays de poursuivre les responsables de la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines.  Il a dit apprécier la confirmation donnée hier par le Président russe Vladimir Poutine au Premier Ministre australien Tony Abbott de son soutien à la pleine mise en œuvre de la résolution 2166 (2014) et à une commission internationale d’enquête indépendante sur les causes de la catastrophe.

Toutefois, a déclaré le représentant, un retour sur le site ne sera possible que lorsque les séparatistes soutenus par la Russie respecteront le cessez-le-feu.

Plus généralement, le respect du cessez-le-feu et des engagements pris en vertu des Accords de Minsk est essentiel pour parvenir à une paix durable en Ukraine, laquelle devra reposer sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a déclaré M. Quinlan, pour qui ce ne sera possible que si la Russie s’engage réellement. 

Le représentant a dénoncé la « campagne persistante de déstabilisation délibérée » menée par la Russie, qu’il a accusée d’alimenter les troubles et de saper l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine.  Le chemin pour mettre fin à la violence dans l’est de l’Ukraine est simple, a poursuivi M. Quinlan: « C’est l’arrêt du soutien de la Russie aux séparatistes, le retrait de ses troupes et moyens en Ukraine et son engagement dans un réel dialogue avec l’Ukraine ».

L’OSCE doit aussi être autorisée à jouer son rôle de surveillance de la frontière.  Le refus de la Russie de répondre à l’appel de la communauté internationale en faveur de la désescalade ne peut qu’isoler davantage la Russie, a  conclu M. Quinlan.

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a rappelé qu’avec l’assistance du Conseil de sécurité et des États membres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), un groupe de contact trilatéral réunissant l’Ukraine, la Fédération de Russie et l’OSCE elle-même avait été formé avec pour objectif de parvenir à un règlement pacifique de la crise dans l’est de l’Ukraine. 

Une série de réunions, auxquelles ont été invités les dirigeants des groupes séparatistes, a permis de déboucher sur la signature par tous les participants, à Minsk, les 5 et 19 septembre, respectivement, du Protocole et du Mémorandum d’Accord dits de Minsk.  Aussi, a-t-il regretté les « violations grossières » de ces Accords par la Fédération de Russie et le « prétendu leadership » des militants séparatistes, à commencer par le non-respect du cessez-le-feu bilatéral et le maintien de groupes armés illégaux, d’équipements militaires et de combattants et mercenaires.

« Depuis le 5 septembre, les forces ukrainiennes et les civils ont été pilonnés plus de 2 700 fois, 129 militaires ont été tués, 650 autres ont été blessés, et au moins 65 victimes sont à déplorer parmi les civils », a affirmé le représentant.

En outre, depuis le 4 novembre dernier, les militants et leurs soutiens russes ont multiplié les manœuvres militaires dans les secteurs de Donetsk et de Louhansk, a poursuivi M. Sergeyev, pour qui ces mouvements de troupes et d’armement augurent d’une offensive imminente dans différentes localités situées le long de la ligne de contact.

« Nous ne pouvons pas exclure une tentative de créer un corridor terrestre depuis la Russie vers la Crimée momentanément occupée », a-t-il dit.  Une des autres violations flagrantes des Accords de Minsk est, selon le représentant, l’afflux illicite, de Russie vers l’Ukraine, d’armements militaires lourds et d’équipements, ainsi que de personnels et de carburant, ininterrompu depuis le 5 septembre, et sans que la moindre explication ne soit donnée à l’OSCE, au Conseil de sécurité ou au Gouvernement ukrainien.  « S’agit-il de préparatifs à une invasion armée plus poussée en Ukraine », s’est-il alarmé devant le Conseil.

Contrairement à ce qu’affirme la « propagande russe », a dit le représentant, les forces ukrainiennes respectent le cessez-le-feu, en faisant de leur mieux pour éviter les opérations militaires de grande envergure et n’usent de leurs armes qu’en cas de légitime défense lors d’attaques commises par des militants. 

« Disons-le clairement: la seule raison pour laquelle une guerre ouverte n’a pas encore éclaté dans l’est de l’Ukraine, c’est la retenue de notre pays, toujours engagé en faveur d’un règlement pacifique de la crise et de l’application des Accords de Minsk », a tranché M. Sergeyev. 

Il a accusé les militants soutenus par la Russie de ne pas garantir la sécurité des membres de la Mission spéciale de surveillance de l’OSCE dans les zones sous leur contrôle et, occasionnellement, de les empêcher de s’acquitter de leur mandat, soulignant qu’avec l’aide de la technologie de pointe russe, ils parvenaient à brouiller les communications avec les drones de l’OSCE, compliquant les efforts de surveillance dans la région.

La délégation a rappelé que la loi sur le statut spécial des oblasts de Donetsk et de Louhansk avait été adoptée le 16 septembre dernier par le Parlement ukrainien, comme le demandaient les Accords de Minsk.  Dans ce contexte, des élections sur la « gouvernance autonome locale légitime » étaient prévues le 7 décembre prochain. 

Sans en tenir compte, les « terroristes appuyés par les Russes » ont organisé le 2 novembre des « élections » illégales de « prétendus présidents et parlements » de certaines entités illégitimes autoproclamées, s’est élevé M. Sergeyev, qui s’est dit très préoccupé par la manière dont la Fédération de Russie manipule les droits des peuples à l’autodétermination.

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a reconnu que la normalisation de la situation était bien la tâche la plus importante, « mais encore faut-il y croire, encore faut-il faire confiance aux autorités de Kiev, qui ne semblent pas attachées à un règlement diplomatique du conflit ». 

Citant à maintes reprises le Président ukrainien Petro Porochenko, il a assuré que tout arrêt des hostilités « ne servirait qu’à un redéploiement de ses troupes ».  « Dans ses propos, pas un mot sur l’application du Protocole de Minsk, mais des allusions répétées à une victoire sur le champ de bataille », a-t-il dit. 

S’adressant directement à son homologue ukrainien, il lui a demandé pourquoi la question de la démarcation avait disparu du débat.  « Vous refusez d’en parler, mais vous m’avez demandé pourquoi des centaines d’unités russes sont concentrées le long de la frontière avec l’Ukraine.  D’où sortez-vous ces informations qui m’impressionnent beaucoup?  Si troupes russes il y a, elles sont déployées sur le sol de mon pays, et elles circulent à travers mon pays », a-t-il dit.  Il a conclu en estimant qu’annoncer « l’imminence d’un déploiement en Ukraine » n’aidait en rien à atténuer les tensions.

Le représentant de l’Ukraine a cité, en russe, l’auteur russe Ivan Tourgueniev: « Chacun a sa propre vérité, mais la sincérité est unique ».  « Votre Président, a-t-il lancé à l’adresse de son collègue russe, avait promis à la communauté internationale de retirer ses troupes et ses armes du territoire ukrainien.  Pourquoi, en dépit des promesses faites, des centaines d’hommes russes se trouvent encore en Ukraine », a-t-il dit, faisant état de chiffres issus de différentes sources à ce sujet et soulignant que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) continuait de demander le respect des accords auxquels vous êtes parties sur le terrain. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: une MINUL forte doit être maintenue dans le contexte de crise sanitaire que traverse le Libéria, déclare M. Hervé Ladsous

7310e séance - matin
CS/11644

Conseil de sécurité: une MINUL forte doit être maintenue dans le contexte de crise sanitaire que traverse le Libéria, déclare M. Hervé Ladsous

Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, la situation au Libéria, l’un des trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par l’épidémie d’Ebola avec la Guinée et la Sierra-Leone. 

Les membres du Conseil ont ainsi entendu un exposé du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, qui s’est attardé sur les conséquences politiques de la crise sanitaire.  À cet égard, il s’est réjoui que la situation en matière de sécurité ait cessé de se détériorer, autorisant les autorités libériennes à accélérer la décentralisation de la fourniture de services publics.  M. Ladsous a également indiqué qu’hier, l’état d’urgence de 90 jours avait été levé et que les élections sénatoriales, qui étaient prévues pour le 14 octobre dernier, ont été reportées au 16 décembre prochain.  Le Secrétaire général adjoint a surtout insisté sur la nécessité d’envisager, dès maintenant, la nature de l’aide internationale dans le contexte de reconstruction post-Ebola.  À ce propos, il a prôné la prorogation pour une période d’un an du mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), qui expire le 31 décembre.

La représentante du Libéria, Mme Marjon V. Kamara, a confirmé que les élections sénatoriales se tiendraient le 16 décembre 2014, dans des conditions propices, a-t-elle espéré, à la conduite « souple » du processus électoral.  Elle a aussi estimé qu’il était indispensable, à ce stade, de maintenir la présence dans son pays d’une MINUL renforcée sur les plans matériel et humain et qui agit de concert avec la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE).

Le représentant de la Suède, M. Per Thoresson, dont le pays préside la configuration « Libéria » de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a également plaidé pour le maintien d’une « présence internationale forte au Libéria ».  « En raison des risques d’instabilité que fait peser Ebola, la décision de reconduire le mandat de la MINUL serait bienvenue », a-t-il déclaré.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a d’abord expliqué que la crise sanitaire au Libéria avait eu pour effet délétère d’aggraver les différends politiques et les divisions sociales.  « Les institutions nationales sont affaiblies et la survie des plus vulnérables économiquement est aujourd’hui en jeu », a-t-il constaté.  « La possibilité de toucher et de réconforter les malades a été détruite par le virus », a encore déploré M. Ladsous.  Se voulant ensuite optimiste à l’heure « où le Libéria vit une tragédie nationale », il a déclaré que la crise actuelle était une occasion à saisir pour accélérer la transformation politique du pays.  Il s’est ainsi félicité de ce que les autorités libériennes aient su profiter de la baisse des violences pour intensifier la décentralisation de la fourniture des services publics, et du fait que la Commission nationale des droits de l’homme ait demandé un renforcement du contrôle « démocratique » des Forces libériennes de sécurité.

« Nous devons encourager le peuple et le Gouvernement du Libéria non seulement à répondre à la crise sanitaire mais aussi à préparer la reconstruction post-Ebola du pays », a-t-il par ailleurs souligné, en rendant un hommage appuyé à la résilience dont ont fait preuve les Libériennes et les Libériens.  Pour le Chef des opérations de maintien de la paix, la situation actuelle exige que la MINUL soit maintenue et que son volet politique soit renforcé.  Il a également estimé que le retrait d’une partie des contingents de troupes et de police de la Mission, que le Secrétaire général a recommandé dans un rapport, devrait être réexaminé une fois que les autorités compétentes de santé auront officiellement déclaré la fin de la crise sanitaire dans le pays et la région.

« Sans sous-estimer la résilience du peuple libérien face à la pandémie, il nous faut reconnaître que l’assistance internationale a été indispensable pour contenir la propagation de la maladie à travers le pays », a réagi la représentante du Libéria, Mme Marjon Kamara.  Notant que la levée, hier, de l’état d’urgence entrainerait la restauration de certaines libertés, y compris de mouvement, elle a assuré le Conseil de sécurité que le Gouvernement libérien maintiendrait une vigilance de tous les instants, à travers notamment une coopération accrue avec les autres pays touchés.  Après avoir confirmé que les élections sénatoriales prévues pour le 14 octobre dernier auront lieu le 16 décembre prochain, Mme Kamara a estimé, qu’à ce stade, le retrait des Casques bleus de la MINUL aurait de graves conséquences sur le moral des populations. 

Pour elle, ce retrait enverrait un message erroné selon lequel « la communauté internationale isole un pays et non pas une maladie ».  « Une forte présence internationale dans le pays était et demeure toujours importante en tant que facteur de stabilisation, dans une situation où l’environnement social, politique et économique est particulièrement fragile », a-t-elle ainsi fait remarquer.  C’est pourquoi, la représentante a demandé le maintien de la présence d’une MINUL renforcée sur les plans matériel et humain, agissant aux côtés de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (UNMEER) et de ses partenaires régionaux et internationaux.

M. Thoresson a expliqué que la Commission s’efforçait de répondre aux besoins en matière de sécurité et de gouvernance des trois pays touchés par Ebola.  « Au Libéria, nous mettons l’accent sur le renforcement des capacités de mouvement et d’action de la Police nationale libérienne et de l’état de droit ».  « La Commission propose également aux parties des mesures de confiance afin d’empêcher tous troubles sociaux supplémentaires qui viendraient compromettre ou ralentir la réponse internationale d’urgence à Ebola », a-t-il détaillé. 

M. Thoresson a recommandé à tous les acteurs concernés à préparer dès à présent le troisième temps de la réponse d’urgence, à savoir la reconstruction post-Ebola.  Il a annoncé que la Commission demanderait en ce sens au Secrétaire général une évaluation complète des répercussions de la pandémie sur les priorités libériennes en matière de consolidation de la paix.  « Cette évaluation devra comporter des recommandations sur la fourniture d’un appui international efficace, en particulier économique », a-t-il précisé.  M. Thoresson a appuyé les propos de M. Ladsous et de la délégation du Libéria, en soulignant qu’en raison des risques d’instabilité liés à Ebola et du besoin continue d’assistance sanitaire, « la décision de reconduire le mandat de la MINUL serait bienvenue ».

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité autorise pour une année supplémentaire les États Membres et les organisations régionales à coopérer avec la Somalie contre la piraterie

7309e séance - matin
CS/11643

Le Conseil de sécurité autorise pour une année supplémentaire les États Membres et les organisations régionales à coopérer avec la Somalie contre la piraterie

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui autorise l’usage de la force, le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de reconduire, pour une nouvelle période d’un an, les autorisations accordées aux États Membres et aux organisations régionales qui coopèrent avec les autorités de la Somalie dans la lutte contre la piraterie et les vols à main armée au large de ce pays de la Corne de l’Afrique.

Dans la résolution 2184 (2014) présentée par la délégation des États-Unis et adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil note toutefois que « c’est à ces autorités [somaliennes] qu’il incombe au premier chef de lutter » contre ce phénomène.

Dans le rapport* dont était saisi aujourd’hui le Conseil, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, salue, à cet égard, les progrès considérables accomplis par la Somalie et la communauté internationale.

« Il demeure toutefois préoccupé par le fait que, sans l’appui constant des forces navales internationales et les mesures d’autoprotection adoptées par le secteur des transports maritimes, la piraterie à grande échelle pourrait resurgir » dans le pays, avait prévenu** le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, il y a quelques semaines, lors d’un débat sur cette question.

Le Conseil précise que les autorisations reconduites aujourd’hui s’appliquent « à la seule situation en Somalie », en soulignant en particulier que la présente résolution « ne saurait être regardée comme établissant un droit international coutumier ».

Cette reconduction répond à la demande faite, dans une lettre en date du 4 novembre dernier, par la Mission permanente de la Somalie auprès des Nations Unies, est-il précisé dans le préambule de la résolution.  Le représentant de la Somalie, M. Awale Ali Kullane, est intervenu à l’issue du vote pour se féliciter des recommandations et solutions à long terme contenues dans la résolution et assurer le Conseil de la pleine coopération de son gouvernement dans la mise en œuvre de ce texte. 

Les autorités somaliennes sont priées, en vertu de la résolution 2184 (2014), d’adopter « sans plus attendre » un ensemble complet de textes législatifs de répression de la piraterie et de droit maritime et de mettre en place des forces de sécurité chargées d’en assurer l’application, tout en continuant de développer, avec l’appui de la communauté internationale, la capacité d’enquête des tribunaux somaliens.

      Le Conseil considère en effet que « l’instabilité que connaît la Somalie est une des causes profondes du problème de la piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes et de sa perpétuation, et qu’à son tour, la piraterie aggrave l’instabilité en faisant entrer en Somalie une quantité considérable de liquidités qui viennent financer de nouvelles activités criminelles et alimenter la corruption ».

Enfin, le Conseil demande à tous les États de coopérer pleinement avec le Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée, « notamment en échangeant des renseignements sur d’éventuelles violations de l’embargo sur les armes ou de l’interdiction d’exporter du charbon de bois ».

Une assistance internationale est actuellement fournie à la Somalie dans sa lutte contre la piraterie par l’opération Atalante de l’Union européenne, l’opération Ocean Shield de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et la Force opérationnelle multinationale 151 des Forces maritimes combinées, sous commandement de la République de Corée et de la Nouvelle-Zélande.  Les États-Unis participent également à cet effort dans le cadre de la Force opérationnelle multinationale 151 et de la Force opérationnelle 508 de l’OTAN.

La Communauté de développement de l’Afrique australe mène également des activités au large de la Somalie et l’Union africaine sur le sol somalien, précise le Conseil dans son préambule.  Le Conseil se félicite aussi, comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport, de l’action menée par le groupe SHADE et par certains pays –notamment la Chine, l’Inde, la République islamique d’Iran, le Japon, la République de Corée et la Fédération de Russie–, qui ont déployé des missions dans la région pour combattre la piraterie.

 

*     S/2014/740

**    CS/11611

 

LA SITUATION EN SOMALIE

Rapport du Secrétaire général sur la situation concernant la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes(S/2014/740)

Texte du projet de résolution (S/2014/803)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures concernant la situation en Somalie, en particulier les résolutions 1814 (2008), 1816 (2008), 1838 (2008), 1844 (2008), 1846 (2008), 1851 (2008), 1897 (2009), 1918 (2010), 1950 (2010), 1976 (2011), 2015 (2011), 2020 (2011), 2077 (2012) et 2125 (2013), ainsi que les déclarations de son président S/PRST/2010/16 en date du 25 août 2010 et S/PRST/2012/24 en date du 19 novembre 2012,

Accueillant avec satisfaction le rapport présenté par le Secrétaire général (S/2014/740), comme suite à la résolution 2125 (2013), sur l’application de cette résolution et sur la situation concernant la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes,

Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie, y compris les droits de la Somalie sur les ressources naturelles se trouvant au large de ses côtes, notamment celles des zones de pêche, conformément au droit international,

Tout en notant que l’action de lutte contre la piraterie mise en œuvre conjointement par les États, les régions, les organisations, le secteur du transport maritime, le secteur privé, les centres d’étude et de réflexion et la société civile s’est traduite par un net recul des actes de piraterie signalés au large des côtes somaliennes, qui sont à leur plus bas niveau depuis 2011, restant profondément préoccupé par la menace que les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer continuent de faire peser sur la sécurité, la célérité et l’efficacité de l’acheminement de l’aide humanitaire en Somalie et dans la région, sur la sécurité des gens de mer et d’autres personnes, sur la navigation internationale et la sécurité des routes maritimes commerciales et sur d’autres navires, y compris les activités de pêche, menées conformément au droit international, et par le fait que les pirates menacent désormais l’ouest de l’océan Indien et les zones maritimes adjacentes et ont accru leurs moyens d’action,

Se déclarant préoccupé par les informations faisant état de la participation d’enfants à des actes de piraterie au large des côtes somaliennes et par les informations selon lesquelles des femmes et des filles seraient victimes d’exploitation sexuelle dans les zones contrôlées par des pirates et contraintes de participer à des activités à l’appui de la piraterie,

Considérant qu’il faut poursuivre les suspects capturés en mer, mais aussi rechercher et poursuivre quiconque incite à la commission de tout acte de piraterie ou la facilite intentionnellement, y compris les cerveaux des réseaux criminels de piraterie qui planifient, organisent, facilitent ou financent illégalement les attaques ou en tirent un profit illicite, se déclarant une nouvelle fois inquiet que des personnes soupçonnées de piraterie soient libérées sans avoir été jugées, et réaffirmant que la non-poursuite des auteurs d’actes de piraterie ou de vols à main armée commis au large des côtes somaliennes nuit à la lutte menée contre la piraterie,

Réaffirmant que le droit international, tel que consacré par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982, régit les activités maritimes, y compris la lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer,

Soulignant que la lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer au large des côtes somaliennes incombe au premier chef aux autorités somaliennes, et prenant note des multiples demandes d’aide internationale présentées par les autorités somaliennes pour combattre la piraterie au large des côtes somaliennes, notamment de la lettre datée du 4 novembre 2014, par laquelle le Représentant permanent de la Somalie auprès de l’Organisation des Nations Unies a fait savoir que les autorités somaliennes étaient reconnaissantes au Conseil de sécurité de l’aide qu’il lui apportait, se déclaraient disposées à envisager de collaborer avec d’autres États et avec les organisations régionales pour combattre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes et demandaient que les dispositions de la résolution 2125 (2013) soient reconduites pour une nouvelle période de douze mois,

Se réjouissant de la participation du Gouvernement fédéral somalien et des partenaires régionaux à la dix-septième session plénière du Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes, qui s’est tenue aux Émirats arabes unis en octobre 2014,

Saluant l’action menée par le Groupe de contact pour que les personnes soupçonnées de piraterie soient traduites en justice et pour favoriser la création de l’Équipe spéciale de la répression, réseau et mécanisme permanents d’échange d’informations et d’éléments de preuve entre enquêteurs et procureurs, conformément au droit international, se félicitant de l’action que mène le groupe de travail du Groupe de contact sur le renforcement des capacités pour coordonner les efforts de renforcement des capacités en matière judiciaire, pénale et maritime destinés à aider les États de la région à mieux lutter contre la piraterie, et saluant le travail que réalise le groupe de travail du Groupe de contact sur le démantèlement à terre des réseaux de pirates pour bloquer les flux financiers illicites liés à la piraterie,

Accueillant favorablement le financement fourni par le Fonds d’affectation spéciale destiné à soutenir les initiatives prises par les États pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes en vue de renforcer les capacités régionales permettant de poursuivre les personnes soupçonnées de piraterie et d’emprisonner celles reconnues coupables dans le respect du droit international des droits de l’homme en vigueur, notant avec appréciation l’assistance fournie par le Programme de lutte contre la criminalité maritime de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), et déterminé à continuer de veiller à ce que les pirates répondent de leurs actes,

Saluant les efforts déployés par l’opération Atalante de l’Union européenne, l’opération Ocean Shield de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), la Force opérationnelle multinationale 151 des Forces maritimes combinées, commandée par la République de Corée et la Nouvelle-Zélande, ainsi que par les navires des États-Unis d’Amérique affectés à la Force opérationnelle multinationale 151 et à la Force opérationnelle 508 de l’OTAN, les activités de lutte contre la piraterie menées par l’Union africaine sur le sol somalien, les activités navales de la Communauté de développement de l’Afrique australe et l’action menée par d’autres États agissant individuellement en coopération avec les autorités somaliennes et d’autres pays, pour réprimer la piraterie et protéger les navires qui passent au large des côtes somaliennes, et se félicitant de l’action menée par le groupe SHADE et par certains pays, notamment la Chine, l’Inde, la République islamique d’Iran, le Japon, la République de Corée et la Fédération de Russie, qui ont déployé des missions dans la région pour combattre la piraterie, comme le relève le Secrétaire général dans son rapport (S/2014/740),

Notant les efforts déployés par les États du pavillon pour prendre des mesures permettant aux navires battant leur pavillon et traversant la zone à haut risque d’embarquer des détachements de protection et de recruter du personnel de sécurité armé sous contrat privé, et engageant les États à réglementer ces activités, conformément au droit international applicable, et à autoriser les navires affrétés à privilégier les dispositifs faisant appel à de tels moyens,

Prenant note de la demande de certains États Membres selon laquelle il conviendrait de revoir, de façon objective et transparente, les limites de la zone à haut risque en tenant compte des faits de piraterie effectifs, et notant que ladite zone est établie et définie par les secteurs des assurances et du transport maritime,

Se félicitant des activités de renforcement des capacités menées dans la région grâce au Fonds d’affectation spéciale de l’Organisation maritime internationale (OMI) pour le Code de conduite de Djibouti et au Fonds d’affectation spéciale destiné à soutenir les initiatives prises par les États pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes, ainsi que des activités menées par la mission de l’Union européenne visant au renforcement des capacités maritimes régionales dans la Corne de l’Afrique (EUCAP Nestor), qui aide le Gouvernement fédéral somalien à renforcer son système de justice pénale, et notant qu’il faut que toutes les organisations internationales et régionales concernées se coordonnent et coopèrent pleinement,

Appuyant la mise en place d’une force de police côtière, prenant note avec satisfaction de l’action menée par l’OMI et le secteur du transport maritime pour élaborer et actualiser des principes directeurs, de bonnes pratiques de gestion et des recommandations visant à aider les navires à prévenir et à réprimer les attaques lancées par des pirates au large des côtes somaliennes, y compris dans le golfe d’Aden et l’océan Indien, saluant l’action menée par l’OMI et le Groupe de contact, prenant acte, à ce sujet, de l’initiative prise par l’Organisation internationale de normalisation, qui a mis au point des normes en matière de formation et de certification applicables aux sociétés de sécurité maritimes privées qui fournissent du personnel de sécurité armé embarqué sur des navires traversant les zones à haut risque, et saluant le travail de la mission EUCAP Nestor, qui œuvre au renforcement des capacités maritimes de la Somalie, de Djibouti, des Seychelles et de la République-Unie de Tanzanie,

Notant avec préoccupation que le manque de moyens et l’absence de législation interne permettant de détenir et poursuivre les personnes soupçonnées de piraterie après leur capture ont empêché de mener une action internationale plus vigoureuse contre les pirates agissant au large des côtes somaliennes et ont trop souvent eu pour effet de rendre des pirates à la liberté sans qu’ils aient été traduits en justice, et ce, que les éléments à charge aient été suffisants ou non pour justifier des poursuites, et réaffirmant qu’en application de la Convention de 1988 pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime, les États parties sont tenus d’ériger en infraction le fait de s’emparer d’un navire ou d’en exercer le contrôle par la violence ou la menace de violence ou toute autre forme d’intimidation, d’établir leur compétence à l’égard de ces infractions et d’accepter la remise des personnes responsables ou soupçonnées de tels actes,

Soulignant qu’il importe de continuer d’améliorer la collecte, la préservation et la transmission aux autorités compétentes d’éléments de preuve relatifs aux actes de piraterie et vols à main armée commis au large des côtes somaliennes, se félicitant de ce que font l’OMI, INTERPOL et les entreprises du secteur maritime pour élaborer à l’intention des gens de mer des instructions quant à la manière de maintenir en l’état, après la commission d’actes de piraterie, les lieux où ces actes ont été commis, et notant qu’il importe de permettre aux gens de mer de témoigner lors des instances pénales visant à poursuivre les auteurs d’actes de piraterie,

Constatant que les réseaux de pirates continuent de se livrer à des enlèvements et à des prises d’otages en vue de se procurer des fonds pour acheter des armes, attirer de nouvelles recrues et poursuivre leurs opérations, compromettant ainsi la sûreté et la sécurité de civils et portant atteinte à la liberté du commerce, se félicitant des mesures prises par la communauté internationale pour coordonner le travail des enquêteurs et des procureurs, notamment dans le cadre de l’Équipe spéciale de la répression, et pour collecter et échanger des informations afin de mettre à bas la piraterie, telle que la mise en place de la base de données mondiale d’INTERPOL sur la piraterie maritime, et prenant acte de l’action menée par le Centre régional de coordination du renseignement et de la répression pour la sécurité en mer, installé aux Seychelles, pour lutter contre la piraterie et la criminalité transnationale organisée,

Réaffirmant la condamnation que suscitent dans la communauté internationale les enlèvements et les prises d’otages, y compris les infractions visées par la Convention internationale contre la prise d’otages, condamnant fermement la pratique persistante de la prise d’otages par des pirates opérant au large des côtes somaliennes, se déclarant gravement préoccupé par les conditions inhumaines dans lesquelles les otages sont retenus en captivité, conscient des répercussions préjudiciables sur la vie de leur famille, demandant la libération immédiate de tous les otages, et constatant l’importance de la coopération entre États Membres concernant la question de la prise d’otages et les poursuites contre les pirates auteurs présumés de prises d’otages,

Saluant les efforts faits par le Kenya, Maurice, les Seychelles et la République-Unie de Tanzanie pour poursuivre les personnes soupçonnées de piraterie devant leurs tribunaux, et notant avec satisfaction l’assistance fournie par le Programme de lutte contre la criminalité maritime de l’ONUDC, le Fonds d’affectation spéciale destiné à soutenir les initiatives prises par les États pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes et d’autres organisations et donateurs internationaux, en coordination avec le Groupe de contact, afin d’aider le Kenya, Maurice, les Seychelles, la République-Unie de Tanzanie, la Somalie et d’autres pays de la région à poursuivre des pirates ou à les faire incarcérer dans un État tiers à l’issue des poursuites, y compris les personnes qui facilitent ou financent les actes de piraterie depuis la terre ferme, en respectant le droit international des droits de l’homme en vigueur, et soulignant qu’il faut que les États et les organisations internationales redoublent d’efforts à cet égard,

Se félicitant que les administrations nationales et régionales somaliennes soient prêtes à coopérer entre elles et avec les États qui ont engagé des poursuites contre des personnes soupçonnées de piraterie afin que les pirates condamnés puissent être rapatriés en Somalie dans le cadre d’accords appropriés de transfèrement des détenus, dans le respect du droit international en vigueur, y compris le droit international des droits de l’homme, et prenant acte du retour en Somalie de personnes condamnées et incarcérées aux Seychelles qui souhaitaient purger leur peine en Somalie et y avaient été autorisées,

Rappelant les rapports du Secrétaire général (S/2011/360 et S/2012/50), qui illustrent la gravité de la piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes et donnent des indications utiles sur la recherche et la poursuite des pirates ainsi que sur les juridictions spécialisées compétentes pour juger les auteurs d’acte de piraterie,

Soulignant qu’il faut que les États examinent les moyens d’aider les gens de mer qui sont victimes des pirates et se félicitant, à cet égard, de l’action menée dans le cadre du Programme d’aide aux otages et de la création récente par le Groupe de contact du Fonds d’aide aux victimes de la piraterie et à leurs familles en vue d’apporter aux otages un appui au moment de leur libération et de leur retour chez eux, ainsi qu’à leur famille durant toute la période de captivité,

Saluant les progrès faits par le Groupe de contact et l’ONUDC en ce qui concerne les outils d’information utilisés pour sensibiliser le grand public aux dangers de la piraterie et pour faire connaître les meilleures pratiques permettant d’éliminer ces agissements criminels,

Notant avec satisfaction les efforts que continue de faire l’ONUDC pour renforcer les capacités de la Somalie en matière de sécurité et de police maritimes, et notant également ceux de l’ONUDC et du Programme des Nations Unies pour le développement et le financement fourni par le Fonds d’affectation spéciale, l’Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et d’autres donateurs pour renforcer à l’échelon régional, dans les domaines de la justice et de la police, les capacités permettant d’enquêter, d’arrêter et de poursuivre les personnes soupçonnées d’actes de piraterie, ainsi que d’incarcérer les pirates condamnés, dans le respect du droit international des droits de l’homme en vigueur,

Ayant à l’esprit le Code de conduite de Djibouti concernant la répression des actes de piraterie et des vols à main armée à l’encontre des navires dans l’océan Indien occidental et dans le golfe d’Aden, prenant acte des activités des centres d’échange d’informations situés au Yémen, au Kenya et en République-Unie de Tanzanie et du Centre régional de formation maritime de Djibouti, et conscient des efforts que font les États signataires pour élaborer les cadres réglementaires et législatifs nécessaires pour combattre la piraterie, renforcer leurs capacités de patrouille dans les eaux de la région, intercepter les navires suspects et poursuivre en justice les personnes soupçonnées de piraterie,

Soulignant que la paix et la stabilité en Somalie, le renforcement des institutions de l’État, le développement économique et social et le respect des droits de l’homme et de l’état de droit sont nécessaires pour créer les conditions d’une élimination permanente de la piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes, et soulignant également que la sécurité à long terme de la Somalie repose sur la mise en place effective, par les autorités somaliennes, des Forces nationales de sécurité somaliennes,

Prenant acte avec satisfaction de l’action que mène l’Association des États riverains de l’océan Indien, à la quatorzième réunion du Conseil des ministres, de renforcer la sécurité et la sûreté maritimes, notamment à l’occasion du deuxième Dialogue de l’océan Indien, qui portera sur les moyens concrets de renforcer la coopération en matière de lutte contre la piraterie, notamment l’amélioration des dispositifs de partage d’information maritime et le renforcement des législations et capacités juridiques nationales, encourageant l’Association des États riverains de l’océan Indien à poursuivre ses efforts de manière complémentaire et coordonnée avec le Groupe de contact, et se félicitant de la demande d’adhésion à l’Association présentée par la Somalie, qui marque une étape importante vers le resserrement de la coopération régionale en matière de sécurité maritime et dans d’autres domaines,

Considérant que l’instabilité qui perdure en Somalie et les actes de piraterie ou de vols à main armée commis au large des côtes somaliennes sont inextricablement liés, soulignant que la communauté internationale doit continuer à mener une action sur tous les fronts pour s’attaquer à la piraterie et aux vols à main armée en mer et à leurs causes profondes, et considérant qu’il est nécessaire de mener une action durable à long terme pour réprimer la piraterie et qu’il faut offrir des perspectives économiques à la population somalienne,

Constatant que les actes de piraterie et les vols à main armée commis au large des côtes somaliennes ainsi que les activités des groupes de pirates en Somalie concourent pour une large part à aggraver la situation dans le pays, laquelle continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Réaffirme qu’il condamne et déplore tous les actes de piraterie et vols à main armée commis au large des côtes somaliennes;

2.    Considère que l’instabilité que connaît la Somalie est une des causes profondes du problème de la piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes et de sa perpétuation, et qu’à son tour, la piraterie aggrave l’instabilité en faisant entrer en Somalie une quantité considérable de liquidités qui viennent financer de nouvelles activités criminelles et alimenter la corruption;

3.    Souligne que la communauté internationale doit mener une action sur tous les fronts pour réprimer la piraterie et remédier à ses causes profondes;

4.    Souligne que c’est aux autorités somaliennes qu’incombe au premier chef la lutte contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer au large des côtes de la Somalie, et prie instamment les autorités somaliennes, avec l’aide du Secrétaire général et des entités compétentes des Nations Unies, d’adopter sans plus attendre un ensemble complet de textes législatifs de répression de la piraterie et de droit maritime et de mettre en place sans plus tarder des forces de sécurité chargées d’en assurer l’application et habilitées à le faire, et de continuer de développer avec l’appui de la communauté internationale, s’il y a lieu, la capacité des tribunaux somaliens d’enquêter sur les actes de piraterie et les vols à main armée et d’en poursuivre les responsables, notamment les cerveaux des réseaux criminels de piraterie qui les planifient, les organisent, les facilitent, les financent ou en tirent profit illicitement, et note la proclamation par le Président de la République fédérale de Somalie, le 30 juin 2014, de la Zone économique exclusive de la République fédérale de Somalie;

5.    Considère qu’il faut continuer de rechercher et poursuivre ceux qui planifient, organisent ou financent illégalement des actes de piraterie commis au large des côtes somaliennes ou en tirent un profit illicite, y compris les cerveaux des réseaux criminels de piraterie, et engage les États Membres à coopérer avec les organisations internationales compétentes en vue d’adopter une législation facilitant les poursuites contre les pirates qui sont présumés agir au large des côtes somaliennes;

6.    Exhorte les autorités somaliennes à empêcher d’agir les pirates qui opèrent au large des côtes somaliennes, à mettre en place des mécanismes permettant de recouvrer en toute sécurité les biens dont ils se sont emparés, à enquêter sur ces pirates et à les poursuivre, et à patrouiller dans les eaux territoriales somaliennes afin d’empêcher la commission d’actes de piraterie et de vols à main armée en mer;

7.    Exhorte également les autorités somaliennes à tout faire pour traduire en justice quiconque se sert du territoire somalien pour planifier, faciliter ou entreprendre des actes de piraterie et des vols à main armée en mer, engage les États Membres à aider la Somalie, sur la demande des autorités somaliennes et en avisant le Secrétaire général, à renforcer ses capacités maritimes, notamment celles des autorités régionales, et souligne que toutes les mesures prises en application du présent paragraphe devront être conformes au droit international applicable, en particulier le droit international des droits de l’homme;

8.    Demande aux États de coopérer également, selon qu’il conviendra, à la poursuite des pirates auteurs présumés de prises d’otages;

9.    Demande la libération immédiate et inconditionnelle de tous les gens de mer otages de pirates somaliens, et demande également aux autorités somaliennes et à toutes les parties prenantes de redoubler d’efforts pour qu’ils soient immédiatement libérés sains et saufs;

10.   Considère qu’il faut que les États, les organisations internationales et régionales et les autres partenaires concernés puissent partager des éléments de preuve et d’information utiles aux services de répression afin que les personnes soupçonnées et reconnues coupables de piraterie soient effectivement poursuivies et incarcérées et que les cerveaux des réseaux criminels de piraterie qui planifient, organisent, facilitent ou financent illégalement les attaques ou en tirent un profit illicite soient appréhendés et poursuivis, continue d’examiner la possibilité d’appliquer des sanctions contre les personnes et entités qui planifient, organisent, facilitent ou financent illégalement des opérations de piraterie ou en tirent un profit illicite et qui répondent aux critères énoncés au paragraphe 8 de la résolution 1844 (2008); et demande à tous les États de coopérer pleinement avec le Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée, notamment en échangeant des renseignements sur d’éventuelles violations de l’embargo sur les armes ou de l’interdiction d’exporter du charbon de bois;

11.   Demande à nouveau aux États et aux organisations régionales qui en ont les moyens de participer à la lutte contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes, en particulier, conformément à la présente résolution et au droit international, en y déployant des navires de guerre, des armes et des aéronefs militaires, en fournissant des bases et un appui logistique aux forces antipiraterie, en saisissant les embarcations, navires, armes et autre matériel apparenté qui servent ou dont on a de bonnes raisons de soupçonner qu’ils servent à commettre des actes de piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes, et en en disposant;

12.   Souligne l’importance de la coordination des activités des États et des organisations internationales visant à décourager les actes de piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes, salue les initiatives prises par le Groupe de contact en vue de faciliter cette coordination en coopération avec l’OMI, les États du pavillon et les autorités somaliennes, et demande instamment de continuer à soutenir ces efforts;

13.   Engage les États Membres à continuer de coopérer avec les autorités somaliennes dans la lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer, note que c’est à ces autorités qu’il incombe au premier chef de lutter contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes, et décide de reconduire pour une nouvelle période de douze mois à compter de l’adoption de la présente résolution les autorisations visées au paragraphe 10 de la résolution 1846 (2008) et au paragraphe 6 de la résolution 1851 (2008) et renouvelées au paragraphe 7 de la résolution 1897 (2009), au paragraphe 7 de la résolution 1950 (2010), au paragraphe 9 de la résolution 2020 (2011), au paragraphe 12 de la résolution 2077 (2012) et au paragraphe 12 de la résolution 2125 (2013), accordées aux États et aux organisations régionales qui coopèrent avec les autorités somaliennes dans la lutte contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes et dont les autorités somaliennes auront préalablement communiqué les noms au Secrétaire général;

14.   Déclare que les autorisations reconduites dans la présente résolution s’appliquent à la seule situation en Somalie et n’affectent pas les droits, obligations ou responsabilités des États Membres au regard du droit international, notamment les droits ou obligations découlant de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, pour ce qui est de toute autre situation, et souligne en particulier que la présente résolution ne saurait être regardée comme établissant un droit international coutumier; et affirme que les présentes autorisations n’ont été reconduites qu’à la suite de la réception de la lettre datée du 4 novembre 2014 par laquelle les autorités somaliennes ont signifié leur accord;

15.   Décide que l’embargo sur les armes imposé au paragraphe 5 de la résolution 733 (1992), précisé par les paragraphes 1 et 2 de la résolution 1425 (2002) et modifié par les paragraphes 33 à 38 de la résolution 2093 (2013), ne s’applique pas aux livraisons d’armes et de matériel militaire ni à l’assistance exclusivement destinées à appuyer les États Membres et les organisations internationales, régionales et sous-régionales qui prennent des mesures en application du paragraphe 13 ci-dessus;

16.   Demande aux États coopérants de prendre les dispositions voulues pour garantir que les activités qu’ils mèneront conformément aux autorisations accordées au paragraphe 13 de la présente résolution n’auront pas pour effet dans la pratique de refuser ou de restreindre le droit de passage inoffensif des navires d’États tiers;

17.   Demande à tous les États, en particulier aux États du pavillon, aux États du port et aux États côtiers, ainsi qu’aux États de nationalité des victimes ou des auteurs d’actes de piraterie ou de vols à main armée et aux États tirant juridiction du droit international ou de leur droit interne, de coopérer en vue de déterminer lequel aura compétence et de prendre les mesures voulues d’enquête et de poursuite à l’encontre de toutes les personnes responsables d’actes de piraterie et de vols à main armée commis au large des côtes somaliennes, notamment les cerveaux de réseaux criminels de piraterie qui planifient, organisent, favorisent ou financent illégalement des actes de piraterie ou en tirent un profit illicite, dans le respect du droit international applicable, y compris le droit international des droits de l’homme, afin que tous les pirates remis à des autorités judiciaires soient traduits en justice, et de seconder ces efforts, notamment en fournissant une assistance en matière de logistique et d’exercice des voies de droit vis-à-vis des personnes relevant de leur juridiction et de leur contrôle, telles que les victimes, les témoins et les personnes placées en détention dans le cadre d’opérations menées en vertu de la présente résolution;

18.   Demande également à tous les États d’ériger la piraterie en infraction dans leur droit interne et d’envisager favorablement de poursuivre les personnes soupçonnées de piraterie qui ont été appréhendées au large des côtes somaliennes ainsi que celles qui ont facilité ou financé leurs actes et d’incarcérer celles qui ont été reconnues coupables, dans le respect du droit international, y compris du droit international des droits de l’homme, décide de suivre de près ces questions, notamment, le cas échéant, la création de juridictions spécialisées dans la lutte contre la piraterie en Somalie avec une participation ou une assistance substantielles de la communauté internationale, comme prévu par la résolution 2015 (2011), et encourage le Groupe de contact à poursuivre ses travaux à cet égard;

19.   Salue, à cet égard, l’action de l’ONUDC qui continue, dans le cadre de son Programme de lutte contre la criminalité maritime, à collaborer avec les autorités de la Somalie et des États voisins pour faire en sorte que les personnes soupçonnées soient poursuivies, et les personnes reconnues coupables incarcérées, dans le respect du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme;

20.   Engage instamment tous les États à prendre en vertu de leur droit interne les mesures voulues pour empêcher le financement illicite d’actes de piraterie et le blanchiment des produits qui en sont tirés;

21.   Prie instamment les États, en coopération avec INTERPOL et Europol, d’enquêter plus avant sur les réseaux criminels internationaux associés à la piraterie au large des côtes somaliennes, y compris ceux qui sont responsables du financement et de la facilitation illicites;

22.   Demande instamment à tous les États de veiller à ce que les activités de lutte contre la piraterie, en particulier les activités terrestres, tiennent compte de la nécessité de protéger les femmes et les filles contre l’exploitation, notamment l’exploitation sexuelle;

23.   Félicite INTERPOL d’avoir mis sur pied une base de données mondiale sur la piraterie regroupant les informations sur la piraterie au large des côtes somaliennes et facilitant leur analyse dans la perspective d’une action judiciaire, et prie instamment tous les États de communiquer à INTERPOL, par les voies appropriées, des informations à intégrer dans cette base de données;

24.   Prend note avec satisfaction des contributions au Fonds d’affectation spéciale destiné à soutenir les initiatives prises par les États pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes et au Fonds d’affectation spéciale de l’OMI pour le Code de conduite de Djibouti et demande instamment aux acteurs étatiques et non étatiques affectés par la piraterie, et tout particulièrement au secteur des transports maritimes internationaux, de verser des contributions à ces fonds;

 

25.   Exhorte les États parties à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et à la Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime à s’acquitter pleinement des obligations que ces conventions et le droit international coutumier leur imposent en la matière, et à coopérer avec l’ONUDC, l’OMI et les autres États et organisations internationales pour se doter des moyens judiciaires de poursuivre les personnes soupçonnées d’actes de piraterie et de vols à main armée commis au large des côtes somaliennes;

26.   Prend acte des recommandations et des orientations de l’OMI concernant la prévention et la répression des actes de piraterie et des vols à main armée en mer; engage les États, en collaboration avec les secteurs des transports maritimes et des assurances et l’OMI, à continuer de mettre au point des notes d’information et des pratiques optimales concernant les techniques d’évitement, d’évasion et de défense que doivent appliquer les navires attaqués ou naviguant au large des côtes somaliennes, et engage également les États à mettre leurs ressortissants et navires à disposition aux fins d’enquêtes de police scientifique, selon les besoins, au premier port d’escale adéquat, immédiatement après tout acte de piraterie ou vol à main armée en mer ou toute tentative de piraterie ou de vol, ou après une libération;

27.   Engage les États du pavillon et les États du port à étudier plus avant la mise au point de mesures de sûreté et de sécurité à bord des navires, notamment, s’il y a lieu, l’établissement de règles de déploiement de personnel de sécurité armé sous contrat privé à bord des navires, afin de prévenir et de réprimer la piraterie au large de la Somalie, dans le cadre de consultations faisant intervenir notamment l’OMI et l’Organisation internationale de normalisation;

28.   Invite l’OMI à continuer de concourir à la prévention et à la répression des actes de piraterie et des vols à main armée visant des navires, en coordination, notamment, avec l’ONUDC, le Programme alimentaire mondial (PAM), le secteur des transports maritimes et toutes les autres parties concernées, et constate le rôle joué par l’OMI en ce qui concerne l’embarquement de personnel de sécurité privé armé à bord des navires dans les zones à haut risque;

29.   Note qu’il importe de garantir l’acheminement en toute sécurité par la voie maritime de l’aide fournie par le PAM et se félicite de l’action menée par celui-ci, l’opération Atalante de l’Union européenne et les États du pavillon en ce qui concerne les détachements de protection embarqués sur des navires affrétés par le PAM;

30.   Prie les États et les organisations régionales qui coopèrent avec les autorités somaliennes de l’informer, ainsi que le Secrétaire général, au bout de neuf mois, de l’application des mesures qu’ils auront prises en exécution des autorisations découlant du paragraphe 12 de la présente résolution et prie tous les États qui participent au Groupe de contact, notamment la Somalie et les autres États de la région, de faire rapport à la même échéance sur les mesures qu’ils auront prises pour établir leur compétence en matière d’enquête et de poursuite et pour coopérer dans les affaires de piraterie;

31.   Prie le Secrétaire général de lui rendre compte, dans les onze mois suivant l’adoption de la présente résolution, de l’application de celle-ci et de la situation concernant la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes;

32.   Entend suivre la situation et, le cas échéant, envisager de reconduire pour des périodes supplémentaires les autorisations découlant du paragraphe 13 de la présente résolution si les autorités somaliennes lui en font la demande;

33.   Décide de rester saisi de la question.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: des délégations veulent que le 70e anniversaire de l’ONU en 2015 serve de date butoir pour la conclusion d’un accord sur la réforme du Conseil de sécurité

Soixante-neuvième session
49e & 50e séances plénières – matin – après-midi
AG/11583

Assemblée générale: des délégations veulent que le 70e anniversaire de l’ONU en 2015 serve de date butoir pour la conclusion d’un accord sur la réforme du Conseil de sécurité

Après 7 ans et 10 cycles de négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité, « rien n’a changé », s’est impatientée aujourd’hui la représentante de Sainte-Lucie, à la tribune de l’Assemblée générale qui a vu défiler une cinquantaine de délégations dont la plupart a voulu que le soixante-dixième anniversaire de l’ONU en 2015 serve de date butoir pour la conclusion d’un accord.

Au nom du Groupe L.69, qui comprend 42 pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Asie et du Pacifique, la représentante de Sainte-Lucie a rejeté le « double langage » et les « arguments superficiels » qui réfutent l’idée d’imposer un calendrier pour les négociations alors que tous les autres processus des Nations Unies fixent des dates.  « Il faut que cela change », a renchéri son homologue de Guyana, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), en voulant comme plusieurs autres délégations que le soixante-dixième anniversaire de l’ONU, en 2015, soit « l’occasion de montrer les progrès faits sur cette question centrale mais discutée depuis deux décennies », selon les mots du représentant du Bhoutan. 

« Sans accord sur un calendrier et sans processus clair, il est plus facile pour les délégations de répéter à l’envi des positions bien connues plutôt que de faire des concessions qui permettraient d’avancer », s’est agacé le représentant du Liechtenstein.  « Malheureusement, il ne s’agit ni de science-fiction, ni d’un mauvais film, mais bien d’une réalité lamentable », a taclé son homologue de la Hongrie.

Après deux décennies de discussions, nous avons un large accord sur la nécessité d’élargir le nombre des membres non permanents du Conseil; sur la proposition française relative à l’encadrement du droit de veto, à défaut de sa suppression; sur la nécessité d’une représentation géographie équitable; sur la taille d’un Conseil de sécurité élargi à une vingtaine de membres; sur la nécessité d’améliorer les méthodes de travail du Conseil; et sur le renforcement de son interaction avec l’Assemblée générale, a résumé le représentant de la Thaïlande, passant ainsi en revue les cinq aspects principaux de la réforme du Conseil. 

« Pourquoi alors ne parvenons-nous pas à avancer? » s’est demandé son homologue de l’Afrique du Sud.  Alors que les États s’apprêtent à ouvrir le onzième cycle des négociations intergouvernementales, la majorité d’entre eux ont demandé au Président de l’Assemblée générale de donner un mandat clair au nouveau Facilitateur, M. Courtney Rattray, de la Jamaïque, pour les mener immédiatement sur la base d’un texte, sans faire du consensus une condition préalable.

« La tâche est peut-être colossale mais nous pouvons aller de l’avant dans cette entreprise », a encouragé le Président de l’Assemblée générale, sachant, comme l’ont reconnu de nombreuses délégations, que le véritable obstacle tient à l’augmentation du nombre des membres permanents au Conseil.

Le G-4 -Allemagne, Brésil, Inde et Japon- qui réclame un siège permanent pour chacun de ses membres a, par la voix du Brésil, jugé impératif d’entamer la première réunion du prochain cycle des négociations « avec un texte sur la table ».  Accusé par le représentant du Pakistan de « s’accrocher » à des revendications qui constituent « la plus grande barrière » au progrès des négociations, le G-4 a entendu un autre membre d’« Unis pour le consensus », le représentant de l’Italie, réitérer l’idée consistant à créer une nouvelle catégorie de sièges non permanents avec la possibilité d’un plus long mandat par rapport aux deux ans actuels et d’une réélection immédiate, « point de convergence recherché » pour faire avancer les négociations.

« La France souhaite que le Conseil tienne compte de l’émergence des nouvelles puissances qui ont la volonté et la capacité d’assumer la responsabilité d’une présence permanente au Conseil », a toutefois déclaré le représentant français, clairement en faveur du G-4 mais aussi de la position commune africaine.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant de la Sierra Leone a réclamé deux sièges permanents « au moins et pas moins », avec tous les prérogatives et privilèges, y compris le droit de veto, si celui-ci continue d’exister, et deux sièges non permanents.  La Ligue des États arabes a défendu l’idée d’un siège permanent tout comme les petits États insulaires en développement, « un groupe bien établi et cohérent, confronté à des défis uniques dont les changements climatiques qui sont une question fondamentalement liée à la sécurité et à la stabilité internationales », selon le représentant des Maldives.  Une autre revendication pour un siège permanent est venue du représentant du Népal, au nom des États en développement sans littoral.  

Pourquoi attendre que l’on s’accorde sur l’élargissement du Conseil de sécurité pour avancer sur le droit de veto et les méthodes du travail avec des mesures qui n’exigent pas d’amender la Charte des Nations Unies? s’est impatienté le représentant du Liechtenstein.  Reprenant l’idée de la France, le représentant a défendu « un code de conduite » qui limiterait le recours au droit de veto dans les situations où sont commis des crimes atroces. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu le vendredi 14 novembre, à 10 heures, pour étudier le suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social.

QUESTION DE LA REPRÉSENTATION ÉQUITABLE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ ET DE L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE SES MEMBRES ET QUESTIONS CONNEXES

Déclarations

M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que promouvoir la revitalisation de l’Assemblée générale et la réforme du Conseil de sécurité faisait partie des priorités qu’il a fixées pour la présente session.  Au début de cette session, plus d’une centaine de dirigeants se sont dit préoccupés par l’absence de progrès dans les négociations sur la réforme du Conseil.

Il faut renouveler l’engagement de tous les États Membres et passer à la phase suivante des négociations intergouvernementales, dans un esprit de compromis, a souligné le Président.  Il s’est dit « confiant que le débat d’aujourd’hui permettra de peindre un tableau plus clair des défis qu’il faut surmonter et des opportunités qu’il faut saisir pour avancer dans le processus de réforme ».

« La tâche est peut être colossale mais nous pouvons aller de l’avant dans cette entreprise », a insisté M. Kutesa.  Il faut réformer le Conseil de sécurité pour qu’il soit plus représentatif, plus efficace et plus pertinent.  « C’est dans l’intérêt de tous les États Membres de faire les réformes qui s’imposent pour le Conseil de sécurité et de préserver son rôle fondamental dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales pour les générations futures », a-t-il résumé.

Alors que les négociations progressent, il faut veiller à ce que ce débat ne se contente pas de répéter les positions déjà exprimées.  Que ce débat serve de base utile et galvanise les négociations à venir, a conclu le Président.

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (Iran) a noté avec préoccupation le manque de résultats concrets durant les 10 derniers cycles des négociations intergouvernementales.  Ces négociations ont montré que des divergences majeures persistent, a-t-il constaté.  La réforme du Conseil de sécurité doit être complète et traiter des questions de fond comme le nombre des membres, la représentation régionale, l’ordre du jour, les méthodes de travail et le processus de prise de décisions, y compris le droit de veto.

La réforme du Conseil, a poursuivi le représentant, doit être abordée de manière rapide, globale, transparente et équilibrée, sans retard ni date butoir artificielle.  Elle doit faire en sorte que l’ordre du jour du Conseil reflète les besoins et les intérêts tant des pays en développement que des pays développés, et ce, de manière objective, rationnelle, non sélective et non arbitraire.  L’élargissement du Conseil et la réforme de ses méthodes de travail doivent conduire à un Conseil plus démocratique, plus représentatif, plus comptable de ses actes et plus efficace.  Le règlement intérieur, provisoire depuis plus de 60 ans, doit être formalisé pour améliorer sa transparence et la redevabilité.

La transparence, l’ouverture et la cohérence, voilà les principes clefs que le Conseil doit respecter dans toutes ses activités, a insisté le représentant.  Malheureusement, a-t-il dénoncé, le Conseil continue d’annuler des débats publics par des notifications sélectives, de refuser ce type de débats sur certaines questions de grande importance, de restreindre la participation dans certains pays à ses débats, de faire une discrimination entre ses membres et les autres, dans l’ordre de passage et le temps de parole, par exemple, et d’éviter de présenter des rapports analytiques à l’Assemblée générale.

Le représentant a aussi reproché au Conseil sa précipitation à agiter le spectre des sanctions, dans certains cas tout en restant silencieux et passif dans d’autres.  En plus, a-t-il aussi reproché, le Conseil invoque de plus de plus le Chapitre VII de la Charte pour des questions qui ne constituent pas nécessairement une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Les sanctions, a insisté le représentant, sont une source de grande préoccupation pour le Mouvement des pays non alignés.  C’est un instrument brutal dont le recours soulève des questions d’éthique fondamentales quant à la légitimité d’infliger des souffrances à des groupes vulnérables pour exercer une pression.  Les objectifs des sanctions devraient être clairement définis et leur imposition bien encadrée par un calendrier et un socle juridique tenable.  Les sanctions devraient être levées le plus rapidement possible une fois les objectifs atteints.

Le Mouvement des pays non alignés, a encore dit le représentant, rejette catégoriquement l’idée de mettre le Conseil au service des intérêts et des agendas politiques nationaux.  Le Mouvement souligne la nécessité pour le Conseil de respecter les principes de non-sélectivité, d’impartialité et de responsabilité, et de rester strictement dans le cadre des pouvoirs et fonctions conférés par la Charte, a insisté le représentant.  

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. TROY TORRINGTON (Guyana), s’est impatienté: « après 10 cycles de négociations, très peu de progrès ont été enregistrés.  Il faut que cela change ».  Il faut tracer une nouvelle voie pour la paix et la sécurité mondiales, en engageant une réforme du Conseil pour le rendre plus représentatif et plus accessible, a-t-il poursuivi.

Le représentant a prévenu que la réaffirmation de positions bien connues ne saurait tenir lieu de négociations, déplorant que les possibilités de consensus n’aient pas été saisies par le passé.  « Nous pensons que ce onzième cycle doit être différent et conduire à des progrès tangibles. »  Il a souhaité que les discussions se fondent sur un texte qui reflèterait le sentiment de l’Assemblée.  « Un tel texte doit être disponible rapidement. » 

Il a ensuite souhaité l’élargissement de la composition du Conseil de 15 à 27 membres et ce, dans les deux catégories de membres.  Le rôle des pays en développement doit également être renforcé, a-t-il affirmé.  « Il ne saurait y avoir de réforme du Conseil sans que l’Afrique ne dispose de sièges de membres permanents en son sein », a-t-il dit.  Enfin, le délégué du Guyana a demandé que les petits États insulaires en développement disposent d’un « siège spécial » au Conseil.

Au nom « Groupe des quatre » (G-4) -Allemagne, Brésil, Inde et Japon-, M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a affirmé que des convergences ont été identifiées, notamment l’existence d’une majorité claire en faveur d’une augmentation du nombre des membres dans les deux catégories du Conseil.  Pour le G-4, « il est impératif d’entamer la première réunion du prochain cycle de négociations intergouvernementales avec un texte sur la table », a déclaré le représentant.  Ceux qui estiment qu’il faut d’abord un consensus avant le document de travail ont tort: il n’y a aucun précédent dans les processus de négociations des Nations Unies.  Le G-4 se tient prêt à entamer à tout moment les négociations mais elles ne peuvent se tenir « dans le vide ».  Le représentant a enjoint le Président de l’Assemblée générale à présenter lui-même « un texte de négociation qui ne préjuge ni des positions ni des résultats ».

Au sein des États et de la société civile, a prévenu le représentant, on entend une opinion répandue selon laquelle le Conseil de sécurité n’est pas capable de répondre, de façon satisfaisante, à des crises spécifiques dans le monde.  « Un sentiment croissant de frustration résulte de la paralysie des efforts visant à réformer » le Conseil.  Lors du dernier débat général, plus de 100 délégations ont souligné la nécessité de cette réforme et « si nous ne faisons rien, nous courrons le risque de voir l’autorité des Nations Unies discréditée et érodée », a averti le représentant.

Au nom du Groupe L.69, Mme MENISSA RAMBALLY (Sainte-Lucie) a précisé qu’elle prenait la parole au nom d’un groupe de 42 pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Asie et du Pacifique, unis par une cause commune, à savoir réaliser, de façon durable et complète, la réforme du Conseil de sécurité.  Le Groupe est convaincu que l’augmentation du nombre de membres permanents et non permanents est impérative pour mieux refléter les réalités du monde contemporain et avoir un Conseil plus responsable, plus représentatif, plus transparent et, avant tout, pertinent.

Après sept ans de négociations intergouvernementales, rien n’a changé, a déploré Mme Rambally, mis à part l’accent mis sur cette question par la présidence de l’Assemblée générale.  Elle a souligné que 140 pays, soit largement plus des deux tiers de l’Assemblée, avaient demandé par écrit dès 2009 qu’un processus de négociation basé sur un texte soit initié.  Préoccupé par « le vide » qui caractérise la situation actuelle, le Groupe L.69 estime que « le processus n’ira de l’avant que si le Président de l’Assemblée générale donne au Président des négociations intergouvernementales un mandat pour conduire immédiatement des négociations à partir d’un texte ».

Par contre, a poursuivi la représentante, « si nous laissons gagner l’argument défaitiste du consensus comme condition préalable au lancement des négociations, nous empêcherons tout progrès dans le processus, ce qui ne sert que les intérêts d’une minorité limitée d’objecteurs ».  C’est pour cette raison que le Groupe L.69 compte sur l’autorité du Président de l’Assemblée générale pour engager un processus véritable et parvenir au moins à un texte « entre crochets » d’ici à la conclusion de la session.

Mme Rambally a relevé « la situation bizarre » dans laquelle se trouve le Conseil de sécurité qui concentre aujourd’hui 75% de son action sur le continent africain, alors qu’il ne compte pas un seul membre permanent d’Afrique.  Le Groupe appuie la position commune africaine énoncée dans le Consensus d’Ezulwini.  La représentante a rejeté le « double langage » et les « arguments superficiels » qui réfutent l’idée d’imposer un calendrier pour la réforme du Conseil, alors que tous les autres processus des Nations Unies fixent des dates.  Le soixante-dixième anniversaire de l’ONU, l’année prochaine, doit être l’occasion de réaliser des progrès sur cette question.

Au nom d’« Unis pour le consensus » -Argentine, Canada, Colombie, Costa Rica, Espagne, Indonésie, Italie, Malte, Mexique, Pakistan, République de Corée, San Marin et Turquie-, M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a rappelé que depuis 20 ans, soit la création du Groupe de travail à composition non limitée, en 1993, l’Assemblée travaille à la réforme du Conseil de sécurité.  La principale leçon est que les solutions qui divisent sont vouées à l’échec et qu’elles risquent de créer des complications et de retarder le processus de réforme.  Si nous voulons parvenir à des progrès significatifs dans les négociations intergouvernementales, nous devons aller au-delà des propositions traditionnelles et tendre la main aux autres parties.  Ce n’est qu’à ce moment-là que nous serons capables de parvenir à l’acceptation la plus large et nécessaire à une réforme aussi cruciale, a averti le représentant. 

Il a estimé que les discussions de ces dernières années, y compris le dernier cycle des négociations intergouvernementales, ont mis en lumière les principes qui devraient conduire la réforme du Conseil de sécurité.  L’ensemble des États Membres partagent les objectifs d’un Conseil plus représentatif, plus démocratique, plus comptable de ses actes et plus efficace.  « Mais peut-on se mettre d’accord sur la manière de réaliser ces objectifs? » a demandé le représentant.

M. Cardi a prévenu qu’il faudra bien plus que l’augmentation du nombre des membres pour rendre le Conseil plus représentatif.  Cela exigera, a-t-il estimé, la possibilité pour tous les États Membres de siéger périodiquement au Conseil.  Le meilleur moyen d’atteindre cet objectif est d’augmenter le nombre des sièges élus, une mesure qui rendrait le Conseil plus démocratique et plus comptable de ses actes.  L’allocation de nouveaux sièges permanents, sur une base nationale, ne rendrait pas le Conseil plus représentatif, a tranché le représentant.  Elle ne ferait que permettre à un nombre limité de pays d’occuper des sièges pour toujours, perpétuant ainsi la tendance selon laquelle plus d’un tiers des États Membres n’ont jamais siégé au Conseil.  Les nouveaux sièges permanents créeraient un Conseil plus exclusif qu’inclusif, rendant vains les appels à plus de démocratie et à plus de redevabilité.

Au nom de la redevabilité et de l’efficacité, « Unis pour le consensus » veut permettre aux États Membres qui souhaitent faire des contributions significatives au travail du Conseil de siéger pour de plus longues périodes et plus régulièrement.  Nous ne demandons à personne de renoncer à ses ambitions, a assuré le représentant.  Mais nous demandons à ceux qui aspirent à un plus grand rôle au Conseil de maintenir leur niveau élevé d’engagement et de relever le défi de rendre compte périodiquement de leur contribution au maintien de la paix et la sécurité internationales.  « Unis pour le consensus » croit en un nouveau Conseil de sécurité basé sur le mérite et pas les privilèges.

Notre travail doit être d’identifier les moyens d’ouvrir aux petits États un accès direct au Conseil.  « Unis pour le consensus » comprend aussi les aspirations de l’Afrique et est prêt à travailler à l’égalité et à la non-discrimination pour tous les groupes.  « Unis pour le consensus », a affirmé le représentant, est le seul groupe qui a déjà officiellement présenté deux propositions concrètes.  Nous appuyons, a-t-il dit, une solution de compromis, un modèle que nous jugeons juste et équitable et qui pourrait raisonnablement refléter les intérêts de tous.  Nous devons rechercher un terrain d’entente et pour y parvenir, nous devons trouver « un point de convergence ». 

« Unis pour le consensus » travaille à une proposition consistant à créer de nouveaux sièges avec la possibilité d’un plus long mandat et d’une réélection immédiate.  Cette formule permettrait à ceux qui veulent et qui peuvent contribuer encore plus au travail du Conseil d’y passer de plus longues périodes.  La longueur des mandats et la possibilité d’une réélection immédiate offrent un plus grand éventail d’alternatives qui permettrait d’identifier « le point de convergence » recherché.

« Unis pour le consensus » est ouvert aux nouvelles idées et est le premier à encourager le débat « mais sans calendrier artificiel ».  Il ne veut pas travailler dans le vide et perdre encore plus de temps, a prévenu le représentant.  À ce jour, le seul document valable qui a l’appui de tous les États Membres est le « Rev.2 », a conclu le représentant.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. VANDI CHIDI MINAH, (Sierra Leone), a indiqué que les convergences, les divergences et les points de discorde étaient bien connus.  Mais il a tenu à rappeler l’importance de réformer le Conseil pour corriger l’injustice historique faite à l’Afrique.  L’Afrique, s’est-il expliqué, est le seul continent qui n’est pas représenté dans la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité et qui est sous-représenté dans la catégorie des non-permanents.  « Cela est d’autant plus paradoxal que le Conseil voue 70% de son temps à des questions relatives à l’Afrique », a-t-il dit.

Réaffirmant les termes du Consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte, le représentant a réclamé deux sièges permanents « au moins et pas moins », avec tous les prérogatives et privilèges, y compris le droit de veto, si celui-ci continue d’exister, et deux sièges non permanents.  « L’Union africaine serait responsable de la sélection des candidats africains. »

S’il a souligné la qualité des interactions antérieures, il a indiqué que les négociations n’avaient pas véritablement commencé.  « À ce stade, l’adoption d’un document de travail, la définition d’un calendrier de négociations et les modalités selon lesquelles les accords sur les points en discussion seraient inclus dans un texte soumis à l’examen ultérieur de l’Assemblée générale sont de la plus haute importance. »  Seules de véritables négociations permettront d’aboutir à une véritable réforme, a-t-il poursuivi.  M. Minah a ensuite noté les consultations fructueuses nouées entre son Groupe, le L-69 et la CARICOM.

« Mon Groupe souhaite l’entame de négociations, dès qu’aura été adopté un accord préliminaire sur les principes qui doivent gouverner la réforme. »  Enfin, M. Minah a indiqué que le Groupe des États d’Afrique restait ouvert à la discussion avec les autres groupes, tout en précisant que ces derniers devaient dûment prendre en compte le soutien grandissant dont bénéficie la position commune africaine. 

Au nom du Groupe des États arabes, M. Mansour Ayyad S.H. A. Alotaibi (Koweït) a jugé plus que nécessaire d’accélérer la réforme du Conseil de sécurité d’autant qu’il y a un consensus sur cette question.  Mais il ne faut pas pour autant se précipiter, a averti le représentant pour qui une date butoir artificielle ne serait pas acceptable.  Le point de départ doit être la compilation de toutes les propositions avancées par les États Membres.  Toute nouvelle proposition devrait se faire avec l’accord des autres pays ou groupes. 

Le représentant a souligné que ces toutes dernières années, le droit de veto a été utilisé 27 fois dont 15 fois sur la question de Palestine.  Passant aux méthodes de travail du Conseil, il a demandé, à son tour, que le règlement intérieur soit pérennisé.  Il a aussi demandé l’augmentation du nombre des séances publiques pour permettre aux États non membres de participer aux débats.  À cet égard, il a estimé nécessaire de limiter le nombre des consultations « secrètes » du Conseil et s’agissant de ses organes subsidiaires, il les a invités à rendre leurs travaux publics.  Le représentant a souligné que la Ligue des États arabes réclame un siège permanent au Conseil de sécurité.

Au nom de la Belgique et des Pays-Bas, Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a souligné que, depuis plusieurs années, la question de la réforme du Conseil de sécurité avait été analysée sous tous les angles possibles, affirmant qu’en dépit des avis divergents sur le sujet, il était nécessaire de sortir de la logique de répétition des débats qui ne font pas bouger les lignes.  Elle a déclaré que cette année devrait permettre de faire avancer le processus sur la base des résultats obtenus l’an dernier.  Il est vital, a-t-elle dit, que les États Membres s’engagent dans une nouvelle dynamique « du donner et du recevoir », laquelle exige de véritables négociations fondées sur un texte comme point de départ pour aplanir les divergences.  Néanmoins, il est nécessaire que cette approche ne soit pas conditionnée à un consensus préalable, car cela équivaudrait à convenir d’une solution bien avant de résoudre le problème.  En conséquence, elle a exhorté les États Membres à la détermination en vue d’impulser un nouvel élan au Conseil de sécurité et de faire que cet organe contribue à la crédibilité des Nations Unies et au renforcement du système international.

M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a indiqué que le processus de réforme du Conseil était déterminant pour l’avenir de l’ONU.  Il a souhaité que les négociations gouvernementales se déroulent dans un esprit constructif en vue d’aboutir à un consensus.  « Il est crucial que le Conseil soit plus représentatif », a-t-il dit.  Il a néanmoins indiqué que les efforts ne devraient pas entamer la capacité de réaction du Conseil qui est confronté à des conflits toujours plus nombreux.  « Il faut un nombre limité de membres du Conseil, 20 ou légèrement plus. »

Il n’est pas acceptable de réduire les prérogatives des membres permanents, y compris le droit de veto, a-t-il dit, ajoutant que cette question ne devrait pas être politisée.  Il a reconnu que la solution universelle et acceptable pour tous les États Membres était encore loin.  Toute solution doit bénéficier du soutien du plus grand nombre, a-t-il dit, précisant que ce soutien devait excéder la majorité des deux tiers.

Le représentant a estimé que la meilleure solution pour l’heure était de poursuivre les négociations et de faire converger les positions qui, pour certaines d’entre elles, sont diamétralement opposées.  Les négociations doivent être conduites de manière transparente et sans exclusive, a-t-il dit, mettant en garde contre tout retard.  « Ce n’est pas parce que nous voulons aboutir à un consensus que nous allons y parvenir. »

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a attribué les retards dans la réforme du Conseil de sécurité non pas au manque de propositions mais bien à l’absence d’un véritable engagement.  « Sans véritable enjeu, sans accord sur un calendrier et sans processus clair, il est plus facile pour les délégations de répéter sans fin des positions bien connues plutôt que de faire des concessions qui permettraient d’avancer », a-t-il tranché. 

S’agissant de l’élargissement du Conseil, le représentant s’est prononcé pour l’ajout d’une catégorie de siège élus pour 8 à 10 ans et la possibilité d’une réélection immédiate.  Il a aussi rappelé sa proposition d’une « clause flip flop » selon laquelle les États qui n’auraient pas réussi à se faire élire dans la nouvelle catégorie ne pourraient pas se présenter à un siège non permanent de deux ans pendant ces 8 à 10 ans.  Un examen obligatoire du mécanisme relatif à la nouvelle catégorie aurait lieu après deux ans.

Il s’agit là, a plaidé le représentant, d’une approche « intermédiaire » dans le sens où elle cherche à rapprocher ceux qui sont en faveur de l’élargissement des deux catégories existantes de ceux qui ne souhaitent qu’élargir la catégorie des non-permanents.  Mais il ne s’agit en aucun cas d’une transition dans l’attente d’un résultat particulier.  Le représentant s’est en effet dit profondément sceptique face à l’idée que l’augmentation du nombre des membres permanents dotés du droit de veto rendrait véritablement le Conseil plus efficace.

Nous sommes conscients, a reconnu le représentant, qu’il nous faudra un train de mesures sur tous les aspects de la réforme du Conseil de sécurité avant de pouvoir s’attaquer à la « tâche énorme » d’amender la Charte des Nations Unies.  Mais, a-t-il prévenu, utiliser cet argument comme prétexte pour ne pas appeler le Conseil à prendre immédiatement toutes les mesures qu’il peut pour devenir plus transparent, plus comptable de ses actes et plus efficace est tout simplement « grotesque ».  Le représentant a dit penser à un code de conduite qui limiterait le recours au droit de veto dans les situations où sont commis des crimes atroces.  Un tel accord, a-t-il estimé, n’exige pas un amendement de la Charte ni une action de l’Assemblée générale.  Pourquoi donc attendre que l’on s’accorde sur l’élargissement du Conseil de sécurité?  On peut dire la même chose des questions liées aux méthodes de travail du Conseil, a-t-il ajouté.

Avant de commencer les négociations intergouvernementales, a conclu le représentant, il serait bon que leur Président évalue les résultats qu’il croit atteignables au cours de cette session.  Ce sera là un moyen de mesurer les progrès, a-t-il estimé.

Mme Ann Elizabeth Jones (États-Unis), reconnaissant que « les défis sont plus complexes et plus pressants que jamais auparavant », a déclaré que le monde avait besoin d’un Conseil de sécurité pleinement en mesure d’exécuter son mandat.  Les États-Unis continuent à juger « essentielle que toute réforme fasse l’objet du consensus le plus large possible entre les États Membres », dans le cadre d’un processus de négociation sérieux.

Tout examen de la question de l’élargissement de la catégorie des membres permanents doit prendre en compte la capacité des États à assumer la lourde responsabilité qui accompagne cette charge, a insisté la représentante.  Selon elle, « les négociations intergouvernementales sont le forum le plus approprié pour poursuivre les discussions ».  Elle a proposé de travailler ensemble pour trouver un moyen d’aller de l’avant et de renforcer la fonction principale du Conseil de sécurité qui est de maintenir la paix et la sécurité internationales.

M. ASOKE K. MUKERJI (Inde) a affirmé que l’immense majorité des États Membres est en faveur de l’élargissement du nombre de sièges permanents et non permanents au sein du Conseil de sécurité, y compris le G4, le Groupe L.69, le Groupe des États d’Afrique, la Communauté des Caraïbes, les petits États insulaires en développement et le Groupe des États arabes, qui vient de demander un siège permanent.  Le représentant a précisé que son affirmation se base sur plus d’une centaine de déclarations prononcées aussi bien dans les discussions que durant le débat de haut niveau de l’Assemblée générale.

Le représentant a jugé que le principe selon lequel aucune avancée ne pourra avoir lieu sans un consensus préalable sur la base d’un document exhaustif est contraire à l’accord généralisé sur une réforme rapide » du Conseil, formulé dans le Document final du Sommet mondial de 2005.  Il a appelé à ce que le processus de négociations s’engage afin de déterminer, dès la présentation d’un document approuvé par le Président de l’Assemblée générale, le sens que donnent les États au concept de « réforme rapide ».

Le représentant a déploré que le Conseil de sécurité, dont le mandat relève du maintien de la paix et la sécurité internationales, soit frappé de disfonctionnements graves, comme en témoignent les nombreuses crises internationales auxquelles il ne parvient pas à faire face, par manque de volonté ou de ressources.  Il a déclaré que seules des réformes en profondeur, allant dans le sens d’une démocratisation du Conseil, permettront de rétablir sa crédibilité, actuellement entamée par son manque de représentativité.  Il a estimé que de nouvelles ressources financières et intellectuelles sont nécessaires afin que le Conseil se conforme au Chapitre VI de la Charte, à savoir la préférence au recours à des moyens pacifiques et non violents pour le règlement des différends internationaux.

M. MARK LYALL-GRANT (Royaume-Uni) a souligné l’engagement de son pays en faveur d’une réforme du Conseil.  Il a appuyé les candidatures de l’Allemagne, du Brésil, de l’Inde et du Japon à des sièges permanents, l’Afrique devant elle aussi être représentée dans cette catégorie de membres.  M. Lyall-Grant s’est également dit en faveur de l’élargissement de la catégorie des membres non permanents.  Notant que la question du droit de veto était l’un des principaux obstacles rencontrés lors des négociations, il a indiqué que toute réforme devait préserver la capacité d’action du Conseil.  Dans ce contexte, le délégué a indiqué qu’il n’était pas en faveur de l’extension du droit de veto aux nouveaux membres permanents.

M. Lyall-Grant s’est ensuite dit atterré par le cynisme avec lequel le droit de veto a été utilisé s’agissant de la situation en Syrie.  Saluant l’initiative française visant à prévenir le recours au droit de veto dans les situations où des crimes de masse sont constatés, le représentant a indiqué que cette initiative devait jouir du soutien de tous les membres permanents.  « Les divergences sur la question du droit de veto ne doivent pas entraver les efforts visant à rendre la composition du Conseil plus équitable », a-t-il dit.  En conclusion, M. Lyall-Grant a plaidé pour l’amélioration des méthodes du Conseil.

Mme MARITZA CHAN (Costa Rica) a indiqué que son pays avait participé à tous les cycles de négociations dans l’objectif de parvenir à « une réforme profonde, intégrale et inclusive du Conseil de sécurité ».  Souhaitant une réforme démocratique, ce qui suppose un compromis et un esprit constructif et souple entre les États Membres, elle a partagé les préoccupations d’« Unis pour le consensus ». 

Le Costa Rica, a rappelé Mme Chan, a déjà expliqué pourquoi il s’oppose fermement à la création de nouveaux sièges permanents et à l’extension du droit de veto ou tout autre privilège au Conseil.  Il milite en faveur d’une augmentation prudente du nombre des membres non permanents, avec la possibilité pour certains de siéger plus de deux ans consécutifs.  Un organe où se feraient entendre les voix de l’Afrique, de l’Asie et du Pacifique, et de l’Amérique latine et des Caraïbes, contribuerait aussi à renforcer la reddition de comptes chez les membres non permanents.  Dans la foulée, la représentante a préconisé « une amélioration profonde des méthodes de travail » du Conseil.

Enfin, Mme Chan s’est inquiétée du document présenté par le Groupe d’experts, qui, selon elle, ne résume que certaines des propositions faites.  Pour son pays, ce document ne peut ni ne doit servir de base de travail.  Le seul document qui compte à cet égard est le « Rev.2 » sur lequel ont travaillé ensemble les 193 États Membres. 

M. OH JOON (République de Corée) a rappelé la position d’« Unis pour le consensus » pour dire que ce Groupe est le seul à avoir avancé des propositions concrètes.  Le Groupe demeure ouvert aux propositions des autres parties et cherche à trouver un compromis et « un point de convergence ».  Toute proposition devra recevoir l’appui du plus grand nombre, a averti le représentant.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a voulu que le Conseil de sécurité reflète les réalités géopolitiques du XXIe siècle grâce à l’augmentation du nombre des membres permanents et non permanents.  Le Japon attache une importance particulière aux négociations intergouvernementales qui demeurent l’unique forum où tous les États peuvent négocier.  Mais les discussions sont dans l’impasse et nous ne pouvons pas nous permettre de « laisser les choses comme elles sont », a prévenu le représentant.  Nous devons travailler sur la base d’un texte de négociations. 

Le représentant a rappelé que les ministres des affaires étrangères du G4 ont décidé, en septembre dernier, de tendre la main aux autres États pour discuter des modèles d’un Conseil de sécurité élargi.  S’agissant de la question du droit de veto, le représentant a dit avoir pris note de la proposition de la France visant à y renoncer dans les situations de crimes de masse.  Face à un membre permanent du Conseil qui se dit prêt à réduire ses prérogatives, le Japon, a conclu le représentant, appelle les autres membres permanents à faire de même. 

M. WANG MIN (Chine) a voulu que la réforme du Conseil conduise au renforcement du rôle des pays en développement, notamment africains, et des petits États.  Cette réforme doit promouvoir les intérêts de tous, a-t-il dit, avant d’insister sur le principe d’unité qui doit, selon lui, gouverner le processus de négociations.  « Les négociations n’avanceront pas si elles se déroulent dans un climat de confrontations », a-t-il dit.  Il a affirmé que la prise en compte des intérêts de tous était nécessaire pour aboutir au consensus.  La précipitation ne fera que renforcer les divergences, a-t-il dit.  Enfin, le délégué a jugé crucial de faire preuve de patience afin de parvenir à un accord global.

M. NORATCHI SINHASENI (Thaïlande) a déclaré qu’après deux décennies de discussions menées consécutivement au sein du groupe de travail ad hoc et dans le processus intergouvernemental, il devrait maintenant être possible de trouver un consensus sur la réforme du Conseil de sécurité.  Il n’y a pas d’objection sur la nécessité d’élargir le nombre de membres non permanents.  La proposition française sur la question du droit de veto rencontre un soutien de plus en plus large, à défaut de la suppression de ce droit qui s’avère impossible.  Il y a également un vrai consensus sur la nécessité d’une représentation géographie équitable.  La taille d’un Conseil de sécurité élargi à une vingtaine de membres jouit aussi d’une convergence de vues, de même que la nécessité de réformer ses méthodes de travail de manière progressive, y compris au-delà de sa propre réforme.  Enfin, tous semblent être d’avis que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale devraient travailler ensemble, chacun en conformité avec son mandat respectif, a résumé le représentant. 

Le seul sujet qui retarde cette réforme reste la question de l’élargissement des membres permanents, a-t-il encore observé, indiquant que sa délégation est ouverte à toute idée ou proposition, y compris celle qui préconise l’élargissement des deux catégories de membres ou l’introduction de l’option dite intérimaire ou intermédiaire.  Consciente qu’il sera difficile de trouver un consensus sur cette question, en raison de l’opposition ou du scepticisme de certains États, la Thaïlande estime pour autant que cet objectif n’est pas impossible.  Les éventuels nouveaux membres permanents devraient être intégrés sur la base de leurs capacités et leur engagement à maintenir la paix et la sécurité internationales, mais aussi sur l’éventuelle efficacité qu’ils apporteraient au travail du Conseil de sécurité.  Afin qu’ils puissent démontrer leurs atouts, un statut de membre intermédiaire pourrait leur être octroyé, avec un mandat de trois à cinq ans, sur la base de critères à établir.  S’ils sont réélus pour un nouveau mandat, le statut de membre permanent pourrait alors être envisagé, a encore plaidé le représentant.  Mais l’introduction de cette catégorie de membre ne devrait pas se faire aux dépens de l’élargissement des membres non permanents, a-t-il conclu.  

M. FRANCOIS-XAVIER DENIAU (France) a pensé que « le soixante-dixième anniversaire de l’ONU doit être mis à profit pour que les États Membres s’accordent sur un projet de réforme ambitieux ».  La France espère qu’un texte sera diffusé pour permettre une négociation concrète en vue d’élargir le Conseil de sécurité dans les deux catégories de membres.  Le Conseil doit en effet davantage refléter les réalités du monde d’aujourd’hui, tout en renforçant sa capacité à assumer pleinement ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, a estimé le représentant.

« La France souhaite que le Conseil de sécurité tienne compte de l’émergence des nouvelles puissances qui ont la volonté et la capacité d’assumer la responsabilité d’une présence permanente au Conseil et qui sont, conformément à la Charte des Nations Unies, en mesure d’apporter une contribution importante à l’action du Conseil », a précisé M. Deniau.  À cet égard, la France appuie la candidature de l’Allemagne, du Brésil, de l’Inde et du Japon comme membres permanents du Conseil de sécurité.  Elle est également favorable à une présence renforcée des pays africains parmi les membres permanents et non permanents.

M. Deniau a rappelé ensuite l’initiative française sur l’encadrement volontaire du recours au veto.  La réunion ministérielle du 25 septembre dernier sur ce veto, coprésidée par les Ministres des affaires étrangères de la France et du Mexique, a montré qu’un grand nombre d’États Membres ainsi que la société civile soutiennent cette initiative qui consisterait pour les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à s’abstenir volontairement et collectivement de recourir au veto « lorsqu’une situation d’atrocités de masse est constatée », a-t-il expliqué.  Cette démarche volontaire n’exige donc pas de révision de la Charte.  La France espère aboutir à un accord avec les autres membres du Conseil dans les mois à venir, a conclu le représentant, en soulignant que cette initiative est « distincte et complémentaire de la réforme globale du conseil ».

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a déclaré qu’il était de la responsabilité des États Membres de corriger le déséquilibre actuel du Conseil de sécurité.  Il a espéré que le rythme des négociations s’accélèrera pour qu’un débat franc, animé et flexible puisse générer la volonté politique nécessaire pour réformer le Conseil.  Il a rappelé que l’Algérie soutenait la position commune africaine, destinée à corriger l’injustice qui fait de l’Afrique le seul continent à ne compter aucun membre permanent au Conseil et une région sous représentée parmi les membres non permanents.

Il a rappelé qu’aux termes du Consensus d’Ezulwini défendu par l’ensemble des pays africains, une pleine représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité s’illustrerait par la détention d’au moins deux sièges permanents, dotés des mêmes privilèges que les autres membres permanents, y compris le droit de veto s’il continue à exister, et de cinq sièges non permanents.

S’inquiétant du manque de résultats concrets à l’issue de 10 cycles de négociations intergouvernementales qui ont déjà eu lieu, M. Boukadoum a souligné la nécessité d’un « accord général sur ce qu’il faut faire durant la session actuelle ».  Enfin, il a noté que si le principe est retenu de négocier sur la base de documents écrits, le document « Rev.2 » devait être considéré comme une bonne base de négociations.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) qui a rappelé son appartenance à « Unis pour le consensus », a indiqué qu’il faut examiner de nouvelles idées et rapprocher les différentes propositions pour parvenir à l’objectif commun d’avoir un Conseil de sécurité plus représentatif, plus responsable, plus efficace et plus démocratique.  Il a réitéré la position de son Groupe selon laquelle les États Membres qui souhaitent contribuer de manière plus substantielle au travail du Conseil doivent pouvoir avoir un mandat plus long et la possibilité d’une réélection immédiate. 

M. MATEO ESTREME (Argentine) a indiqué que les cinq thèmes en discussion faisaient partie d’un même ensemble et ne pouvaient être traités de manière distincte.  Il est crucial de sortir du statu quo, sous peine de voir le Conseil menacé d’obsolescence, a-t-il dit, indiquant que la perte de légitimité du Conseil affectait toute l’Organisation.  Le délégué a noté la convergence de vues sur les méthodes de travail du Conseil, la question de la taille du Conseil et les relations de ce dernier avec l’Assemblée générale.

S’agissant des différentes catégories de membres, il s’est prononcé en défaveur d’un accroissement du nombre des membres permanents, avant d’expliquer que toute réforme devait consacrer l’importance du principe électif.  Sur la question du droit de veto, il s’est dit en faveur de l’élimination d’un tel droit, avant d’expliquer, devant l’impossibilité d’une telle suppression, que le droit de veto ne devait pas être étendu à de nouveaux membres.  Enfin, le délégué de l’Argentine a mis en garde contre toute position intransigeante dans le processus de négociations.

M. JORGE MONTAÑO (Mexique) a souligné que la flexibilité et la volonté de compromis seraient indispensables pour parvenir à réformer le Conseil de sécurité.  Il a mis en garde contre l’imposition d’un calendrier « artificiel » qui saperait la confiance entre négociateurs et risquerait d’aggraver les dissensions.  M. Montaño a souligné que le mouvement « Unis pour le consensus » entendait prendre en compte les intérêts des petits États, notamment insulaires et en développement, « qui ont eu d’énormes difficultés pour être élus au Conseil ».  « Nous concevons un Conseil de sécurité de 26 membres où, en sus des cinq membres permanents, il y aurait six pays africains, cinq asiatiques, quatre d’Amérique latine et des Caraïbes, trois d’Europe de l’Ouest, deux d’Europe de l’Est et un représentant des petits États insulaires en développement ou des petits États. »

En outre, les mandats des sièges non permanents dépasseraient les deux ans actuellement de rigueur et il y aurait une possibilité de réélection immédiate de telle sorte que « les États aspirant véritablement à participer plus activement au Conseil puissent prolonger leur présence ».  « Ce modèle offre une marge d’action suffisante pour négocier et garantit une représentation régionale adéquate aux groupes sous représentés », tout en préservant les principes de transparence et de reddition de comptes, a fait valoir le représentant mexicain.

À l’ouverture d’un nouveau cycle de négociations, il a aussi souligné l’importance d’une réforme pour limiter l’utilisation du droit de veto et pour améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité et ses relations avec l’Assemblée générale, dans l’intérêt d’une meilleure transparence.  « La réforme du Conseil de sécurité ne réussira pas si on octroie de nouveaux privilèges à perpétuité à quelques États » pour satisfaire des ambitions nationales.  Le nouveau Conseil doit être fondé sur le « mérite et non les privilèges », a-t-il souligné.

M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a souligné le caractère constructif du processus de négociations intergouvernementales mais, reconnaissant les difficultés inhérentes à la réforme du Conseil de sécurité, il a souhaité que des voies soient explorées pour rendre ce processus plus souple.  Pour sa part, la Colombie plaide pour la poursuite des négociations intergouvernementales sur la base des consensus obtenus et appelle tous les groupes à faire preuve de souplesse.  Le représentant a également souhaité un organe plus transparent, plus représentatif et plus responsable.  Revendiquant le principe de l’égalité souveraine des États, il a dit qu’il fallait « se demander si les propositions qui sont sur la table sont les meilleures pour maintenir la paix et la sécurité internationales ».  Il a appelé de ses vœux un Conseil adapté aux réalités contemporaines et reflétant les intérêts de tous les États.  « Les pays en développement ne peuvent pas continuer d’être sous représentés au Conseil », a-t-il insisté.

M. BOLA AKINTERINWA (Nigéria) a émis le vœu que le onzième cycle de négociations intergouvernementales fasse progresser les discussions et se termine autrement que les précédents cycles qui n’ont fait émerger aucun consensus.  Cela fait 10 ans maintenant, depuis le Sommet de 2005, que les dirigeants du monde appellent à cette réforme.  Des progrès auraient dû être faits, notamment sur un texte négocié qui leur serait soumis au Sommet en 2015, qui marquera également les 70 ans de l’ONU, a-t-il ajouté.  C’est pour cette raison que le nouveau cycle qui s’annonce doit souligner l’engagement de tous, d’autant qu’il est clair que la vaste majorité des États est en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité et de l’élargissement de la catégorie des membres non permanents.

Le Nigéria, qui se range derrière le Consensus d’Ezulwini sur la position des pays africains, demande que le processus de réforme reste transparent et ouvert.  Il doit garantir les intérêts des pays africains qui demandent deux sièges permanents et autant sinon plus dans la catégorie des membres non permanents.  Les pays africains plaident pour l’abolition du droit de veto et s’il n’est pas aboli, pour son extension aux nouveaux membres permanents.    

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a dit que son pays considère le document préparé par l’ancien Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe et son Groupe consultatif comme essentiel car il résume les différentes positions et constitue un texte de base pour les négociations intergouvernementales.  Le représentant a ajouté que la demande pour un consensus préalable ne donnera pas de résultats, d’autant plus qu’elle n’est pas conforme aux méthodes de travail habituelles des Nations Unies et qu’elle risque, en conséquence, de pérenniser l’impasse.  Des discussions transparentes et orientées vers les résultats nécessitent un document de négociations.  Nous espérons que le Président de l’Assemblée générale présentera un tel texte au début des prochaines négociations intergouvernementales.

La demande légitime par la majorité des États pour une représentation géographique équitable au Conseil de sécurité représente un autre pilier majeur de la proposition du « G4 ».  La proposition franco-mexicaine pour un recours encadré au droit de veto dans les cas des atrocités de masse a aussi reçu un important appui.  Mais surmonter la paralysie actuelle du Conseil par la réforme de ses méthodes de travail sans une réforme réelle et structurelle équivaut à « vouloir couper le proverbial nœud gordien sans épée ».  C’est voué à l’échec.

Le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies en 2015 sera une occasion historique qui marque les 50 ans de la première et dernière réforme du Conseil de sécurité, les 20 ans du lancement du débat actuel sur la réforme et la création du Groupe de travail ouvert à composition non limitée, et plus important encore, les 10 ans de l’appel des chefs d’États et de gouvernements pour une « réforme rapide ».  Il est de notre devoir d’être à la hauteur des attentes, a dit le représentant en promettant que l’Allemagne et ses partenaires du « G4 » feront tout leur possible pour donner de la vigueur au processus en vue de parvenir à des résultats tangibles avant la fin de l’année prochaine.  Le représentant a appelé les pays orientés vers la réforme à se joindre à cet effort.

M. JA SONG NAM, (République populaire démocratique de Corée - RPDC), a indiqué que l’arbitraire des superpuissances siégeant au Conseil de sécurité a atteint un niveau sans précédent, comme en témoigne la gestion de la situation dans la péninsule coréenne.  Les causes fondamentales du cycle vicieux des violences dans la péninsule sont à chercher dans la politique hostile des États-Unis à l’égard de la RPDC, a affirmé le représentant.  Il a vivement déploré que le Conseil détourne intentionnellement les yeux de la menace nucléaire brandie par les États-Unis à l’encontre de la RPDC, ce qui ne laisse pas d’autre choix à ce pays que d’y remédier par lui-même.  « L’impartialité et la compétence du Conseil seront jugées à l’aune de son attitude vis-à-vis des manœuvres militaires conjointes de la République de Corée et des Etats-Unis. »

Le délégué a estimé que le Conseil devait être réformé en vue d’assurer l’impartialité, l’objectivité et le caractère démocratique de ses activités.  Il a avancé l’idée que les sanctions et l’usage de la force décidés par le Conseil soient autorisés par l’Assemblée générale.  Il a également souhaité que le Mouvement des pays non alignés et les autres pays en développement soient mieux représentés au sein du Conseil.  « La seule manière de remédier au caractère inéquitable et déraisonnable de la composition du Conseil est d’augmenter le nombre des membres non permanents », a-t-il poursuivi. 

Le Japon, a-t-il tranché, n’est en aucune mesure qualifié pour devenir membre permanent du Conseil.  « Le Japon continue de nier les extraordinaires crimes contre l’humanité qu’il a commis, tels que les pillages, les massacres et l’invasion des pays voisins au cours du siècle dernier. »

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a regretté que les nombreux appels à réformer le Conseil de sécurité soient jusqu’à présent restés sans réponse.  Il a souligné que la Malaisie, élue à une « majorité écrasante » pour siéger au Conseil de sécurité en 2015-2016, restait engagée à poursuivre sans relâche la constitution d’un Conseil plus représentatif, plus démocratique, plus légitime et plus transparent.

À cette fin, il a plaidé pour un élargissement du Conseil, avec de nouveaux sièges à la fois permanents et non permanents, et une meilleure représentation géographique, afin que chaque État Membre ait la possibilité d’y siéger plus souvent.  M. Haniff a ajouté que sa délégation souhaitait également amender le droit de veto afin d’empêcher qu’il soit utilisé « injustement et contre les souhaits de la majorité ».  L’usage du droit de veto devrait également être restreint dans des cas de crimes internationaux tels que le génocide, le crime de guerre et le crime contre l’humanité.  Dans la mesure où chaque région géographique obtiendrait un siège permanent, ce siège devrait être doté du droit de veto.  « Cependant, il se pourrait qu’il faille explorer une option requérant un nombre minimum de veto nécessaire pour entraîner le rejet d’une résolution par le Conseil », a précisé M. Haniff.

Le représentant, tout en plaidant pour diverses réformes pour améliorer le fonctionnement du Conseil et notamment ses relations avec les pays fournisseurs de contingents, a également indiqué que selon sa délégation, chaque membre du Conseil devrait conserver l’opportunité de le présider à tour de rôle une fois qu’il aura été élargi.  Enfin, il a appelé à un partage des tâches plus clair entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, et l’institutionnalisation des rencontres mensuelles entre leur Président.  Il a aussi demandé que les négociations identifient les possibilités de compromis pour faciliter les progrès.

L’élargissement du Conseil est un des éléments de la réforme globale.  Les quatre autres éléments sont tout aussi importants et tous les cinq sont étroitement liés, a déclaré M. MASOOD KHAN (Pakistan).  Il a prévenu qu’une solution tenable et durable sur le nombre de membres du Conseil ne saurait être conçue par un « petit caucus » ou un « groupe consultatif ».  Elle doit résulter de négociations ouvertes entre États, conduites aux Nations Unies.

La rigidité des positions a retardé les progrès au cours des 20 dernières années, a déploré M. Khan, en appelant à la souplesse pour explorer un terrain d’entente.  Cette année, nous devons travailler avec énergie mais sans calendrier artificiel, a-t-il dit.  Il a estimé que le document « Rev.2 » constituait un bon point de départ pour la reprise des négociations.

Le Pakistan, a-t-il confirmé, s’oppose à la création de nouveaux sièges permanents, pas pour des rivalités régionales ou la « realpolitik », mais à cause des principes de représentativité, d’équité, de responsabilité et de transparence qui doivent gouverner le Conseil au XXIe siècle.  La situation actuelle remonte à la Deuxième Guerre mondiale quand les décisions étaient prises par les vainqueurs qui ont aussi pris les sièges permanents.  « L’ordre mondial n’est pas statique.  Il bouge.  Il n’y a plus ni vainqueurs ni vaincus.  Le monde est beaucoup plus pluraliste, beaucoup plus diversifié », a-t-il ajouté. 

Les quatre pays qui ont présenté leurs candidatures à des sièges permanents doivent comprendre qu’un grand nombre d’États de taille moyenne sont en concurrence avec eux en termes de population, d’économie, de capacités militaires, de contributions aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et d’engagement vis-à-vis des droits de l’homme et de la démocratie, a fait valoir M. Khan, en rejetant ainsi l’idée que les « nations émergentes » deviennent un critère pour accéder aux sièges permanents.  « Comme aucun État n’est perpétuellement puissant, n’investissons pas dans la permanence », a-t-il plaidé, « car la prochaine réforme du Conseil de sécurité ne se produira peut-être que dans 70 ans ».

L’objectif de la réforme n’est pas de consolider des nouveaux centres de privilèges au sein du Conseil mais de démocratiser ce dernier.  L’ONU appartient à tout le monde et pas à quelques-uns, a encore plaidé le représentant, expliquant que c’est la raison pour laquelle, « Unis pour le consensus » défend « la solution intermédiaire ». 

Le représentant a tenu à souligner, une nouvelle fois, l’importance de la souplesse et du compromis sans lesquels « il ne sert à rien de négocier ».  Il a reproché au G-4 de « s’accrocher » à ses revendications et de se plaindre du manque de progrès sans vouloir reconnaître que c’est sa position qui est l’obstacle le plus important aux progrès.  Pour le G-4, a-t-il insisté, la seule mesure du progrès serait de voir à quel point les autres groupes s’ajustent à leurs prétentions.  « Ce n’est pas de cette façon que l’on négocie », a tranché le représentant. 

M. CSABA KÖRÖSI (Hongrie) a déploré l’impasse dans laquelle se trouve actuellement la réforme du Conseil de sécurité, voire les retours en arrière constatés sur les cinq grands thèmes structurant l’essentiel des négociations.  « Malheureusement, il ne s’agit ni de science-fiction, ni d’un mauvais film, mais bien d’une réalité lamentable », a résumé le représentant.

Tout en affirmant son attachement à la recherche du consensus, M. Körösi a précisé que ce dernier ne doit être obtenu que dans la phase finale du processus de négociations sur les principales questions et non préalablement à l’entame des discussions.  Le représentant a ainsi estimé qu’en mettant l’accent sur la nécessité de trouver un consensus a priori, les États Membres condamnent les négociations au blocage, réduisant par là-même les perspectives de consensus.

Afin de sortir de cette impasse, le représentant a appelé à ce que toute nouvelle proposition soit formulée par écrit et s’est prononcé pour un document de travail unique, susceptible de servir de base aux négociations.  Il a également recommandé d’organiser des réunions à intervalles réguliers, chacune d’entre elles devant se conclure par la présentation d’un nouveau document de travail afin de résoudre progressivement les désaccords entre États.  Le représentant a proposé en conclusion de consacrer l’intégralité de la première réunion du processus de négociations intergouvernementales à l’élaboration des procédures.

M. KUNZANG C. NAMGYEL (Bhutan) a souligné le caractère « impératif » de la réforme du Conseil de sécurité, rappelant que les premiers débats sur cette question avaient été lancés par l’Assemblée générale dès 1993.  Il a souligné son attachement à l’élargissement du nombre de membres permanents et non permanents ainsi qu’à l’amélioration des méthodes de travail, alors que s’ouvre le onzième cycle de négociations intergouvernementales.  Le représentant a mis en avant l’attachement de son pays à une réforme qui reflète « les réalités contemporaines » et respecte les « principes d’égalité souveraine entre États, d’équité dans la représentation géographique et de transparence et de démocratisation dans le processus décisionnel ».  Insistant sur le besoin de renforcer la légitimité du Conseil de sécurité, il a demandé la rédaction d’un véritable document de travail qui compile les positions exprimées ces dernières années et qui serve de base à de véritables négociations, pour parvenir à « un point de convergence » et tenté de dépasser les différends qui existent.

En conclusion, le représentant a estimé que le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies en 2015 devait être « l’occasion de montrer les progrès faits sur cette question centrale mais discutée depuis deux décennies », soulignant que « l’absence de consensus ne pouvait plus faire indéfiniment obstruction à un véritable progrès ».      

M. Jaime Hermida Castillo (Nicaragua) a souhaité passer à l’étape suivante des négociations.  Membre du Groupe L.69, le Nicaragua a fait montre de suffisamment de souplesse et œuvré dans un esprit de compromis dans le cadre des 10 cycles de négociations, et appuyé la position africaine.  Toutefois, l’équilibre dans les progrès à réaliser laisse beaucoup à désirer.  Lors de la présente session de l’Assemblée générale, et à l’aube du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, il faut redoubler d’efforts et imprimer un dernier élan au processus de négociations.  « Nous avons besoin que vous donniez un mandat clair au nouveau Facilitateur des négociations intergouvernementales pour qu’il puisse mener immédiatement des négociations sur la base d’un texte », a dit le représentant en s’adressant au Président de l’Assemblée générale.  Pour sa part, le Nicaragua souhaite augmenter le nombre des membres permanents et non permanents pour refléter la réalité du monde d’aujourd’hui.

M. Amr Abdellatif Aboulatta (Égypte) s’est dit convaincu de la pertinence des cinq thèmes de discussion relatifs à la réforme du Conseil.  Il a réaffirmé son engagement sans faille envers la position commune africaine qui constitue une vision globale de la réforme du Conseil.  « Il faut corriger l’injustice historique faite à l’Afrique, seul continent qui n’est pas représenté dans la catégorie des membres permanents du Conseil et qui est sous représenté dans la catégorie des non-permanents ».  Le représentant a jugé essentiel que la transparence et l’impartialité régissent le processus de négociations afin d’aboutir à une réforme globale du Conseil.  « Le Conseil doit être plus représentatif, plus équitable, plus accessible, plus responsable et plus transparent », a-t-il dit.  En conclusion, le délégué de l’Égypte a exhorté les États Membres à tout faire pour rapprocher leurs positions et dégager un consensus.

M. Mohamed Khaled Khiari (Tunisie) a réitéré que les négociations intergouvernementales devraient continuer à constituer l’unique cadre institutionnel approprié, mandaté par l’Assemblée générale pour traiter de la question de la réforme du Conseil de sécurité de manière ouverte et inclusive, en vue d’identifier une solution à même de recueillir l’adhésion politique le plus large possible parmi les États Membres.  La Tunisie considère que l’objectif de parvenir à des résultats concrets ne devrait pas se réaliser dans la précipitation, ou au détriment du large consensus requis entre tous les États Membres.  L’imposition d’un délai « fictif » ou d’un texte de négociations ne reflétant pas les positions de tous les pays, serait contradictoire avec l’esprit de consensus et le principe de transparence qui avaient marqué le processus de négociations jusqu’à présent, a-t-il indiqué.

Le représentant a ajouté qu’un renforcement de la légitimité du Conseil, notamment à travers le renforcement de la représentation équitable, entraînera, sans doute, des mandats plus réalistes, des décisions plus efficaces et une mise en œuvre plus conséquente de ses décisions.  L’objectif d’un Conseil élargi assurant une représentation équitable et reflétant les sensibilités présentes et actives, devrait se focaliser sur l’élargissement de sa composition, notamment aux pays en développement.  Dans ce contexte, la Tunisie réitère son appui à la position de l’Union africaine reflétée dans le Consensus d’Ezulwini ainsi que dans la Déclaration de Syrte.  Le représentant a aussi appuyé les revendications légitimes des pays arabes d’avoir une représentation permanente au Conseil de sécurité.  « La situation actuelle dans la région qui risque de perdurer, ne nous donne que raison », a-t-il prévenu.      

M. TUY RY (Cambodge) a déploré que les négociations de ces dernières années n’aient pas permis de « trouver un terrain d’entente sur un cadre clair ou sur un document pouvant servir de base aux négociations ».  Se félicitant toutefois des conclusions du dixième cycle de négociations quant à l’augmentation du nombre de membres permanents et non permanents, il a souhaité qu’une dynamique soit enclenchée sur cette base.  Le représentant a rappelé les appels à une réforme profonde du système des Nations Unies lancés lors du débat général de la session précédente, soulignant les nouveaux défis mis en avant et auxquels les Nations Unies doivent désormais répondre, comme les nouveaux types de conflits armés qui menacent la stabilité de nombreuses régions du monde.  « Dans ce contexte, ma délégation pense que l’année 2015 sera une année cruciale pour les Nations Unies, qui célèbreront leur soixante-dixième anniversaire », a-t-il poursuivi, avant d’insister sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité pour qu’il soit « représentatif des réalités du monde actuel ».  Il a conclu en appuyant l’élargissement du Conseil de sécurité, qu’il s’agisse des membres permanents ou non permanents, et en insistant également sur la nécessité d’une représentation géographiquement équitable des pays en développement. 

M. YUSRA KHAN (Indonésie) a déclaré que « quand des cas comme celui de la Palestine ou de la Syrie restent non résolus par le Conseil de sécurité pendant de longues périodes, cela fait peser de graves questions sur sa crédibilité ».  En conséquence, « puisque tous les États Membres s’en sont remis au Conseil de sécurité pour qu’il agisse en leur nom, il est de leur responsabilité collective de contribuer à faire en sorte que le Conseil réponde pleinement à ses impératifs en termes de paix et de sécurité ».

Afin de faire avancer le processus, le représentant a appelé les États Membres à faire preuve de « plus de flexibilité politique » et à envisager des « options intermédiaires » susceptibles de rapprocher les points de vue, particulièrement sur les thèmes de l’élargissement du Conseil et du droit de veto.

« Plusieurs pays ont proposé des modèles d’option intermédiaire pour les catégories de sièges », a-t-il noté, assurant que la délégation indonésienne était prête à en discuter avec un esprit ouvert lors du prochain cycle de négociations.

Pour ce qui est du droit de veto, l’Indonésie souhaite sa suppression, a dit M. Khan, et dans un premier temps, elle pourrait « soutenir un mécanisme pour le réguler ou le gérer ».  Les appels renouvelés à ce que le veto ne soit pas utilisé en cas de graves violations du droit international humanitaire et de génocide doivent être pris au sérieux.  D’une façon générale, l’Indonésie est favorable à ce que le veto ne puisse pas être utilisé quand il s’agit de questions relevant du Chapitre VI de la Charte sur le règlement pacifique des différends.  Il faudrait aussi imposer deux votes négatifs de la part des membres permanents pour empêcher l’adoption d’une résolution.   

Évoquant la suggestion d’une mission d’audit de haut niveau pour parvenir à une réforme rapide du Conseil, M. Khan a souligné que les négociations devaient continuer à être dirigées par les États Membres.  Il a aussi précisé que « tous les États Membres doivent avoir une voix égale dans un processus de réforme transparent », et qu’il fallait éviter les solutions partielles.

M. Gustavo Meza-Cuadra (Pérou) a réitéré son appel à la nécessité d’avoir un Conseil de sécurité renouvelé, efficace, plus démocratique et plus transparent, doté de méthodes de travail améliorées.  Le représentant a insisté sur le fait qu’il appartenait à l’Assemblée générale de garantir la poursuite et la mise en œuvre de la réforme du Conseil.  Il a appelé les États Membres ainsi que les différents groupes à des concessions pour avoir un texte de négociations et parvenir à un consensus sur la nécessité d’avancer.  Le représentant a aussi revendiqué l’intégration de nouveaux membres permanents et non permanents au Conseil pour que cet organe ait plus de représentativité. 

S’agissant du droit de veto, il a dit qu’il faut le supprimer mais avant d’y arriver, il a demandé aux États dotés du droit de veto de réduire les possibilités de recours en cas de violations massives des droits de l’homme et d’atrocités de masse.  Il a invité les États Membres à étudier la proposition française et a aussi suggéré, dans l’objectif d’avoir un Conseil plus transparent et plus crédible, de recourir plus souvent à des réunions publiques et à institutionnaliser les séances récapitulatives mensuelles.  

M. JEFFREY SALIM WAHEED (Maldives) a souligné que la composition du Conseil de sécurité reflète de moins en moins le monde d’aujourd’hui.  La moitié des États Membres de l’ONU sont des petits États, a-t-il fait observer, et pourtant, la majorité de ces derniers n’a jamais siégé au Conseil.  Les petits États insulaires en développement représentent un cinquième des membres de l’ONU et pourtant 78% d’entre eux n’ont jamais été élus au Conseil.  On peut commencer à corriger ce tableau hideux avec une simple mesure: créer un siège spécifique pour les petits États insulaires en développement.  Ces États, a plaidé le représentant, forment un groupe bien établi et cohérent, confronté à des défis uniques.  Ce sont des nations petites de taille, isolées et particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques. 

D’ailleurs ce phénomène est fondamentalement une question de sécurité et de stabilité internationales que le Conseil doit examiner.  Mais ce jour n’arrivera certainement pas à moins que le Conseil ait une représentation équitable et inclusive des États affectés par ce fléau.  C’est parce que le Conseil manque de diversité qu’il est incapable de répondre à la diversité des besoins de la communauté internationale, a tranché le représentant, en pensant en particulier aux pays en développement.  Un changement de composition du Conseil serait impossible sans parler du coût prohibitif des campagnes électorales qui empêche les petits États d’accéder à un siège.  Ces sièges ne devraient pas être un prix gagné par le plus offrant mais bien le fruit de l’équité et de la représentativité.  Tous les membres de l’ONU doivent être à même de concourir sur un pied d’égalité et avoir les mêmes chances d’être élus, a conclu le représentant. 

Pour M. Ibrahim O. A. Dabbashi (Libye), il ne fait aucun doute que la réforme du Conseil de sécurité est l’une des priorités des Nations Unies, étant donné le rôle central joué par cet organe pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Déplorant l’absence de changement tangible depuis le premier cycle de négociations intergouvernementales, il a estimé qu’il fallait un nouveau texte consensuel qui servira de socle pour ces négociations.  Ensuite, a ajouté le représentant, il s’agira de répondre aux « injustices historiques infligées au continent africain » qui n’est pas représenté de façon permanente au Conseil.  Tous les aspects de la réforme du Conseil de sécurité sont liés entre eux, notamment les méthodes de travail qui doivent être ouvertes et transparentes, a fait remarquer le représentant.  Il faut « éviter les négociations secrètes dans toute la mesure du possible ».  Enfin, le Conseil doit renforcer ses relations avec les autres organes des Nations Unies, notamment l’Assemblée générale, sans empiéter sur leur mandat, conformément aux dispositions de la Charte.  Le représentant a souhaité voir augmenter le nombre des débats et des réunions publiques.

M. JEAN FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) a estimé qu’après un si grand nombre de rounds de négociations intergouvernementales, il était temps que le round qui s’ouvre soit basé sur un texte condensé du Président de l’Assemblée générale, qui facilite les délibérations et qui reprennent les aspects de la réforme sur lesquels conviennent un grand nombre d’États.  Les points de convergence existent et ont fait l’objet d’un recoupement constant des positions exprimées par une immense majorité d’États qui, durant les précédentes négociations intergouvernementales, ont clairement opté pour l’élargissement du Conseil dans les deux catégories de membres, à savoir les membres non permanents et les membres permanents avec droit de veto, ce droit étant, à n’en point douter, l’un des aspects clefs de la réforme du Conseil de sécurité à laquelle le continent africain accorde la plus haute importance.

Le représentant a rappelé, à cet égard, le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte qui énoncent de façon claire la position unanime du continent sur cette question.  Il a réaffirmé l’attachement du Bénin à cette position qui constitue une exigence minimum au regard de l’importance de l’Afrique dans le travail du Conseil dont plus de 60% des questions figurant à son agenda.  Il a insisté sur le fait que même réformé, le droit de veto, en ce qui concerne ses conditions d’exercice, devra également être le même pour tous les bénéficiaires. 

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a invité l’Assemblée générale à se départir des divisions qui minent l’aboutissement des négociations de réforme du Conseil, organe qui compte depuis 1965, 15 membres, alors que l’ONU a accueilli, en 49 ans, 76 autres États.  Il a ensuite déploré que les cycles de négociations tenus depuis 2009 se soient déroulés « littéralement dans le vide », sans texte et contre toute logique de la diplomatie multilatérale.  Comment peut-on négocier sans texte de base, s’est-il interrogé tout haut.  « Il serait erroné de considérer systématiquement l’appel à des négociations fondées sur un document de base comme une solution visant à diluer les positions des uns et des autres », a dit M. Shingiro.  Il a également précisé que chaque État Membre pourra proposer des amendements à ce document, qui ne sera pas un document final.

Relevant que l’Assemblée générale devra à la fin se prononcer par un vote sur la réforme du Conseil, comme le prévoit la Charte, le délégué a affirmé que « prétendre qu’aucun mouvement ne sera possible sans un consensus complet revient à repousser toute forme de processus ».  M. Shingiro a en outre rappelé que le processus actuel ne vise pas à dire qui sera ou pas membre du Conseil mais plutôt à définir les paramètres qui donneront le profil du futur Conseil.  Il a ensuite souligné que la position commune de l’Afrique a toujours bénéficié de l’appui de la majorité des États Membres car elle est une option viable pour la réforme du Conseil.  « Il faut corriger l’injustice historique à l’encontre de l’Afrique et 2015 serait le bon moment pour le faire », a-t-il conclu.

M. Robert Guba Aisi (Papouasie Nouvelle-Guinée) a rappelé qu’en 2005, au Sommet mondial, tous les dirigeants du monde avaient réclamé la réforme nécessaire du Conseil de sécurité.  Il s’est dit ravi d’entendre que les cinq membres permanents sont désormais favorables à cette réforme « lente mais réelle ».  Cette soixante-neuvième session de l’Assemblée générale devrait constituer une occasion de faire le bilan de ce qui a été fait depuis le Sommet de 2005.  Le représentant a regretté l’absence d’un texte de négociation après 10 tours de discussions.  Il a réitéré l’appel du Président de l’Assemblée générale, qui, ce matin, a dit que « nous devons prendre un engagement sans faille en faveur de la réforme du Conseil de sécurité sur la base d’un texte ».  Ce texte, a-t-il réitéré, devrait être présenté sous la houlette du Président de l’Assemblée générale.  Il permettrait de sortir de l’ambiguïté actuelle et faire en sorte que tous les pays, grands ou petits, développés ou en développement, participent activement à tous les stades des négociations.  Mon pays propose son aide au Président de l’Assemblée générale pour la rédaction du texte de négociations qui devrait inclure toutes les propositions avancées sur la réforme du Conseil de sécurité, a conclu le représentant.   

Le Congo est membre du Comité des 10 et se reconnaît dans la déclaration faite par le représentant de la Sierra Leone au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré M. RAYMOND SERGE BALE (Congo).  La position commune africaine sur la question de la réforme du Conseil de sécurité est bien connue de tous.  L’Afrique est le seul continent qui n’est pas représenté dans la catégorie des membres permanents, a-t-il rappelé, et elle est sous représentée dans la catégorie des membres non permanents.  « C’est pourquoi la réparation de l’injustice historique faite à ce continent devrait être consacrée », a poursuivi M. Balé.  L’élargissement dans les deux catégories de membres, ainsi que l’octroi aux nouveaux membres permanents de tous les prérogatives et privilèges, y compris le droit de veto, « si et si seulement, il est maintenu », s’inscrit dans cette perspective.  « Il nous faut, dès à présent, sortir de l’impasse et persévérer dans nos efforts afin de doter le monde d’un Conseil de sécurité plus représentatif », a-t-il conclu. 

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a déclaré que la structure et la capacité des Nations Unies à s’adapter aux circonstances et défis actuels ont montré leurs limites.  Alors que l’on célèbrera l’an prochain les 70 ans de l’Organisation, il est plus que temps que les États Membres avancent sur la question de la réforme.  Dans ce contexte, elle a qualifié la réforme du Conseil de sécurité de « cruciale », observant qu’il y a plus de 50 ans que cet organe a été élargi, alors que le nombre d’États Membres a presque doublé.  Elle a également estimé que cette réforme devait renforcer le mandat du Conseil en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, y compris en élargissant ses deux catégories de membres afin de lui garantir une représentation géographique équitable, comme le stipule la Charte.  Les pays en développement devraient y être mieux représentés.  

Les méthodes de travail du Conseil doivent également être améliorées pour plus de transparence et de démocratie.  Dans ce contexte, la représentante s’est félicitée de la récente pratique du Conseil consistant à organiser des débats de synthèses et des réunions ouvertes aux États non membres.  Elle s’est aussi félicitée de l’ouverture du prochain cycle de négociations intergouvernementales sur la réforme dudit organe, tout en invitant les délégations à produire un texte écrit à la fin du cycle.  En ce qui la concerne, la délégation du Viet Nam est disposée à travailler à cet objectif, a assuré sa représentante.   

M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) s’est tout d’abord interrogé sur la lenteur des progrès enregistrés dans le dossier de la réforme du Conseil, alors que l’écrasante majorité des États Membres sont d’accord pour une réforme des deux catégories de membres du Conseil.  « Il faut tirer parti du soixante-dixième anniversaire de l’ONU l’année prochaine pour prendre les mesures concrètes ouvrant la voie à une réforme du Conseil. »  Il a affirmé que les positions des uns et des autres étaient connues.  « Pourquoi alors ne parvenons-nous pas à avancer? » a-t-il demandé.  « La vérité est que nous n’avons pas encore négocié, nous n’avons pas encore abordé le cœur des négociations », a-t-il affirmé.  Il a rappelé que 140 pays avaient dans un passé récent demandé que les négociations se basent sur un texte, avant d’indiquer que le prochain cycle de négociations devra avant toute chose s’attaquer à la question de ce texte et à sa teneur.  « Le facilitateur, sous l’égide du Président de l’Assemblée générale, devra nous rassembler », a-t-il dit.

Il a invité les États Membres à ne pas appliquer « la politique de l’autruche » sur la question du droit de veto.  Soulignant les réticences des États membres permanents d’étendre ce droit de veto à de nouveaux membres, il a indiqué que le droit de veto, s’il est conservé, doit être conféré à tous.  « Nous pensons néanmoins que le droit de veto est un détail et qu’il ne constitue pas le défi majeur, le vrai défi étant celui de la composition du Conseil. »  En conclusion, le délégué a indiqué que ce serait une erreur que de célébrer l’année prochaine le soixante-dixième anniversaire de la création de l’ONU sans avoir convenu de la manière de faire avancer au mieux la réforme du Conseil.  « Le facilitateur doit travailler sans relâche pour aboutir à un texte qui soit une feuille de route, assortie d’une date butoir ».  Le délégué a précisé que cette date butoir était pour lui le soixante-dixième anniversaire de la création de l’ONU. 

M. Hasan SH J Y A Abulhasan (Koweït) a déclaré que malgré les très nombreuses mesures prises depuis 20 ans en vue de la réforme du Conseil de sécurité, l’impasse persiste et la volonté politique manque.  L’objectif est pourtant noble, a estimé le représentant qui a précisé que toute mesure visant l’élargissement du Conseil devait être consensuelle.  Il a rappelé les positions de principe de son pays concernant cette réforme; le premier étant que la réforme doit préserver l’équilibre entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Le deuxième principe est de créer un Conseil de sécurité représentatif du nombre actuel des Membres de l’ONU.  Troisièmement, la réforme devra contribuer à améliorer les méthodes de travail du Conseil pour les rendre plus transparentes et à pérenniser le règlement intérieur.  Le quatrième principe concerne le fait que l’augmentation du nombre des membres du Conseil devra bénéficier aux petits États et aux États en développement.  Le représentant a aussi réitéré le droit des États arabes à un siège permanent.  S’agissant du droit de veto, il s’est dit favorable à la position française sur l’encadrement du recours au droit de veto.  Il a rappelé que les négociations intergouvernementales doivent rester la seule et unique instance de discussions.

Mme HELEN BECK (Îles Salomon) a déclaré: « nous devons nous asseoir à la table des négociations et éviter de poser des conditions préalables impossibles à remplir ».  Partisane d’une suppression du droit de veto, elle a néanmoins indiqué qu’il devait être conservé, il devrait être étendu à tous les nouveaux membres permanents.  La déléguée a appuyé l’élargissement des deux catégories de membres du Conseil, précisant que les pays insulaires en développement devaient aussi être représentés.

Mme BHATTARAI (Népal) a rappelé que l’objectif de la réforme du Conseil de sécurité vise notamment à améliorer la transparence, la légitimité et les relations de cet organe avec l’Assemblée générale.  Mais 20 ans après le Sommet mondial de 2005, les résultats brillent par leur absence, a regretté la représentante.  Nous ne pouvons pas avancer sans se concentrer sur les points de convergence, a-t-elle ajouté.  Le Népal appuie ainsi la proposition avancée par différents groupes sur l’augmentation du nombre des membres permanents et non permanents du Conseil.  Le Népal estime que le souhait du Brésil, de l’Inde, du Japon et de l’Allemagne d’être membres permanents du Conseil de sécurité est légitime.  La représentante a aussi revendiqué un siège de membre permanent pour les petits États en développement sans littoral.  S’agissant du droit de veto, elle a salué la proposition française.  Elle a enfin indiqué que le nombre idéal des membres du Conseil de sécurité serait 24.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a promis que les négociations se dérouleront dans un climat constructif et transparent.  Soulignant la grande complexité de la réforme du Conseil, il a néanmoins indiqué que l’espoir était permis de la voir aboutir.  Il a également invité tous les États Membres à rejoindre la table des négociations dans un esprit de bonne foi.  « Ce qui peut sembler hors de portée est en fait à portée de main », a-t-il conclu sur un ton résolument optimiste. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: à un an du 20e anniversaire de l’Accord de Dayton, le Haut-Représentant appelle la Bosnie-Herzégovine à sortir de l’impasse

7308e séance – après-midi
CS/11642

Conseil de sécurité: à un an du 20e anniversaire de l’Accord de Dayton, le Haut-Représentant appelle la Bosnie-Herzégovine à sortir de l’impasse

Au lendemain des élections générales, le Conseil attend désormais la formation rapide d’un gouvernement capable de répondre aux attentes de la population

Au lendemain des élections générales du 12 octobre 2014, et à un an du vingtième anniversaire de la signature de l’Accord de paix de Dayton, la Bosnie-Herzégovine peut sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui, a estimé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’Accord de paix concernant ce pays.

M. Valentin Inzko était venu présenter aux membres du Conseil les conclusions de son dernier rapport en date, qui couvre la période allant du 21 avril au 21 octobre 2014, au cours de laquelle « la Bosnie-Herzégovine est restée sur la trajectoire descendante qu’elle suit depuis huit ans », une situation qui a été aggravée, a-t-il rappelé, par les inondations dévastatrices de mai dernier.  Comme le note le document, « les instances gouvernantes et les responsables politiques ne sont pas parvenus à faire progresser toute une série de réformes, y compris la mise en place des conditions nécessaires pour que le pays avance sur la voie de l’intégration à l’Union européenne (UE) et à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ».  Pour M. Inzko, ce scrutin « n’est pas un scrutin de plus », mais il sera déterminant pour les quatre prochaines années.  « Le début d’un nouveau mandat pourrait donner le point de départ vers l’intégration euro-atlantique », a soutenu le Haut-Représentant, tout en reconnaissant que le « désenchantement », la « frustration » et la « colère » gagnent de plus en plus de Bosniens vis-à-vis de leurs dirigeants, à commencer par les jeunes, dont 57% sont au chômage. 

« Un changement fondamental dans la manière dont les politiques sont menées est attendu de la part des citoyens et de la communauté internationale », a-t-il lancé, en déclarant que la première étape est la formation rapide d’un gouvernement, en faveur de laquelle a vigoureusement plaidé la délégation des États-Unis, qui affirme être attachée à un « esprit de compromis » parmi les élus.  Le Haut-Représentant s’est ainsi félicité de l’initiative, annoncée la semaine dernière par l’Allemagne et le Royaume-Uni, de définir une « feuille de route de réforme » pour renforcer les institutions bosniennes et accélérer les progrès « en direction de l’Europe ».

Commentant le rapport, plusieurs membres du Conseil, comme la Lituanie ou la République de Corée, se sont dit préoccupées par les irrégularités qui ont entaché le scrutin –en particulier le nombre élevé de bulletins nuls ou invalides–, même s’ils se sont tous accordés à reconnaître que ces élections générales se sont déroulées dans le calme.

Le représentant de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, n’a pas été de cet avis, affirmant, au contraire, que le succès de ces élections démontrait qu’« il n’est nul besoin d’un protectorat international ou d’ingérence extérieure pour que les autorités de Bosnie-Herzégovine mènent à bien leurs affaires intérieures ».

D’autres délégations ont condamné en revanche la « rhétorique incendiaire » d’usage en Bosnie-Herzégovine et, plus précisément, « les appels toujours plus nombreux que les dirigeants de la Republika Srpska lancent en faveur de la séparation [avec ce pays] et la recrudescence des déclarations remettant en cause la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays », note le Haut-Représentant dans son rapport.  Dans ce contexte, les représentants de la Jordanie, du Nigéria, de la France ou encore des États-Unis se sont félicités de l’autorisation donnée par le Conseil, un peu plus tôt cet après-midi, de reconduire, pour une nouvelle période d’un an, la Force multinationale de stabilisation de l’Union européenne (EUFOR ALTHEA).

Le Chef de la délégation de l’Union européenne, M. Thomas Mayr-Harting, a encouragé, de son côté, le Conseil de sécurité à inciter la direction politique de la Bosnie-Herzégovine à surmonter ses divisions internes et à assurer le bon fonctionnement du pays à tous les niveaux, afin de réaliser les réformes nécessaires à l’intégration européenne.  Parmi elles, figure la nomination d’un plus grand nombre de femmes à des postes ministériels, notamment dans le domaine économique, a plaidé le Haut-Représentant.  La lutte contre la corruption et le réengagement en faveur de l’état de droit, a-t-il souligné, doivent « trouver leur place au centre de la vie politique ».

La représentante de la Bosnie-Herzégovine, Mme Mirsada Čolaković, s’est efforcée de rassurer le Conseil de sécurité, en soulignant qu’à l’issue d’élections jugées « libres et équitables par des observateurs internationaux », les partis politiques étaient « entrés dans le processus de formation d’un gouvernement ».  Elle a cependant invoqué les difficultés posées par les inondations catastrophiques que son pays a subies au printemps dernier et qui ont fait des dégâts d’un montant total de deux milliards d’euros, « soit l’équivalent de 15% du produit intérieur brut national ».

L’Union européenne estime que la Bosnie-Herzégovine devrait cultiver des relations de « bon voisinage » avec les pays des Balkans.  Le Gouvernement de la Serbie, a assuré son représentant, M. Milan Milanović, entretient un dialogue soutenu avec la Bosnie-Herzégovine.

En témoignent ainsi la visite à Sarajevo du Premier Ministre serbe au lendemain de son élection ou encore la signature à Belgrade, en septembre dernier, d’un « mémorandum d’accord sur les entreprises gérées en commun sur les marchés extérieurs ».  La conclusion de cet accord, a-t-il souligné, démontre la volonté d’une coopération économique et d’une intégration régionale dynamiques.

Son collègue de la Croatie, M. Vladimir Drobnjak, a fait remarquer que les Croates de Bosnie-Herzégovine, « qui forment la minorité la moins importante du pays », étaient descendus dans la rue, en septembre dernier, pour exprimer les frustrations profondes « de tous les Bosniens » face à la dégradation de la situation économique et sociale.  « Les appels à la tenue d’un référendum sur la sécession de la Republika Srpska sont inacceptables », a-t-il tranché. 

*S/2014/777

LA SITUATION EN BOSNIE-HERZÉGOVINE

Lettre datée du 30 octobre 2014, adressée à la Présidente du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2014/777)

M. VALENTIN INZKO, Haut-Représentant chargé d’assurer le suivi de l’application de l’Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine, a rappelé qu’il y a un mois, les citoyens de la Bosnie-Herzégovine se sont rendus aux urnes pour les septièmes élections générales de l’après-guerre et à un an du vingtième anniversaire de la signature des Accords de paix de Dayton.  Ce scrutin s’est déroulé sur fond de stagnation profonde et de fardeau socioéconomique, a-t-il noté.  Il a également fait état des inondations catastrophiques qui ont touché plus d’un million de personnes au printemps dernier, pointant du doigt la disparité entre d’un côté, l’entraide dont les populations ont fait preuve envers les sinistrés, et, de l’autre, la lenteur avec laquelle les autorités ont répondu à l’urgence de la situation.  Le « désenchantement », la « frustration » et la « colère » des Bosniens n’a donc rien de surprenant, a souligné le Haut-Représentant, qui a rappelé qu’en Bosnie-Herzégovine, le taux de chômage des jeunes est de 57%, et est « parmi les plus élevés d’Europe ». 

Aussi, a repris M. Inzko, ces élections générales ne sont pas un scrutin de plus, déterminantes qu’elles sont pour les quatre ans à venir.  Il est toujours possible de faire une avancée décisive, a-t-il estimé.  « Le début d’un nouveau mandat est l’occasion d’un nouveau départ vers l’intégration euro-atlantique », a plaidé le Haut-Représentant, sommant les dirigeants bosniens à ne plus agir comme par le passé.  « Un changement fondamental dans la manière dont les politiques sont menées est attendu par les citoyens du pays et la communauté internationale », a-t-il prévenu, jugeant qu’il était tout à fait possible de parvenir à un tel objectif.  Il s’est félicité à cet égard de l’initiative, annoncée la semaine dernière par l’Allemagne et le Royaume-Uni, de définir une « feuille de route de réforme » pour renforcer les institutions et accélérer les progrès du pays en direction de l’Europe. 

Ce dont nous avons besoin, maintenant, a affirmé le Haut-Représentant, « c’est de la formation rapide d’un gouvernement », afin d’éviter ce qui s’est passé en 2010, lorsqu’il avait fallu un an pour parvenir à en former un.  Dans ce contexte, a-t-il dit, « j’ai mis au défi les autorités de nommer davantage de femmes et de chercher des candidates à des postes ministériels disposant de l’expertise requise, notamment dans le domaine économique, pour accomplir les progrès indispensables ».  Ceci devrait être possible « avec un minimum de volonté politique », a-t-il estimé.  En outre, la lutte contre la corruption et pour le réengagement en faveur de l’état de droit doit trouver toute sa place au centre de la vie politique, a encouragé M. Inzko.  Enfin, a-t-il ajouté, les remises en question des Accords de Dayton et de la souveraineté de l’État doivent cesser.  Il s’est dit tout particulièrement choqué par les appels à la sécession, à la division et à la haine lancés dans le pays par un certain nombre de personnalités au cours de la période à l’examen, soulignant que « les frontières du pays ne seraient pas redessinées ».

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) s’est dite préoccupée par le fait que les septièmes élections générales qui se sont tenues le 12 octobre dernier aient été marquées par des divisions interethniques dans le pays.  Elle a exhorté tous les dirigeants des groupes ethniques de Bosnie-Herzégovine à changer fondamentalement leur manière de conduire la politique, et à répondre aux attentes des gens en coopération étroite avec la société civile afin de réaliser des progrès irréversibles. 

Elle a souligné l’importance de garantir le fonctionnement des institutions de manière à ce qu’elles soient capables de répondre aux besoins de la population et de lui donner une perspective d’avenir.  Elle a estimé qu’il était urgent de renforcer l’état de droit, de lutter contre la corruption et de garantir la redevabilité financière.  Malgré la rhétorique de division qui demeure au niveau politique, la représentante de la Lituanie s’est dite encouragée par les manifestations de solidarité multiethniques démontrées en réaction aux inondations massives observées au mois de mai. 

La représentante a salué le soutien apporté par l’Union européenne au processus de réforme de la Bosnie-Herzégovine et pour favoriser des changements positifs indispensables pour renforcer la stabilité du pays.  Elle a précisé que l’Union européenne a présenté, en juillet 2014, un paquet de réformes économiques et sociales indispensables pour améliorer la gouvernance économique et créer un environnement plus propice au développement du secteur privé. 

L’Accord de Dayton est indispensable pour mettre un terme au pire conflit intervenu en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, a-t-elle rappelé.  Avant de conclure, elle a fait siennes les inquiétudes du Haut-Représentant au sujet des effets déstabilisants des différentes déclarations sécessionnistes d’un certain nombre de dirigeants de la Republika Srpska. 

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a rappelé que, près de 20 ans après la fin de la guerre civile, la Bosnie-Herzégovine était toujours confrontée à des défis considérables, notamment sur les plans social et économique.  Elle a jugé regrettable que « nous soyons face à des luttes de pouvoir entre dirigeants », ce qui nuit à une gouvernance stable et à l’intégration euro-atlantique du pays.  Le rythme particulièrement lent auquel l’aide est parvenue aux sinistrés des inondations de mai dernier en témoigne, a lancé la représentante, qui s’est toutefois félicitée du déroulement réussi des élections du mois d’octobre.  Mais elle a regretté que le scrutin ait été entaché de certaines irrégularités et ait été marqué par un nombre élevé de bulletins nuls.  Enfin, la représentante a condamné les « déclarations sécessionnistes belliqueuses » faites récemment par les dirigeants de la Republika Srpska.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a déploré la détérioration de la situation dans le pays et le retard pris dans la mise en œuvre des réformes politiques conformes aux Accords de Dayton.  « Le maintien de la présence de l’EUFOR ALTHEA permet de réaliser les Accords et est un gage de stabilité, comme l’a montré la tenue, dans le calme, des dernières élections », a-t-elle estimé.  La représentante jordanienne a invité les parties à relever le pays à l’unisson: « seuls les comportements exemplaires déjoueront l’activisme de ceux qui veulent faire sécession », a-t-elle jugé.  Elle a également déclaré que l’unité bosnienne était le moyen le plus sûr de voir émerger une société reconnaissant sans exclusion toutes ses composantes ethniques et religieuses.  « Les phases d’inertie politique que connaît le pays menacent ce qui a été réalisé jusqu’à présent sur la voie de la stabilisation et de l’intégration », a-t-elle conclu.

M. KAYODE LARO (Nigéria) a déploré l’absence de « vision commune » des trois principales communautés de la Bosnie-Herzégovine, qu’il a encouragées à œuvrer à la réussite de l’ultime phase du processus électoral.  Il a tenu à rappeler qu’il avait fallu plus d’un an pour former un gouvernement, après les dernières élections.  Dans ce contexte, a estimé le représentant, la présence continue de l’Organisation du Traité de l’'Atlantique Nord (OTAN) et de l’Union européenne est essentielle pour l’application pleine et entière de l’Accord de paix de Dayton.  Le représentant s’est dit tout autant convaincu du fait que la reconduction de l’EUFOR serait un facteur de stabilité dans le pays.  En conclusion, le représentant du Nigéria a demandé aux dirigeants de s’abstenir de toute rhétorique susceptible de nourrir les tensions, les encourageant au contraire à appuyer les efforts déployés par l’État en vue d’assurer une bonne gouvernance.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a tenu à souligner l’attachement des Serbes de Bosnie au respect à la lettre des Accords de Dayton.  « Les élections d’octobre ont été reconnues comme un succès, et elles démontrent qu’il n’est nul besoin d’un protectorat international ou d’ingérence extérieure pour que les autorités de Bosnie-Herzégovine mènent à bien leurs affaires intérieures », a-t-il ajouté.  Il a invité celles-ci à établir des mécanismes et des structures politiques conformes aux Accords de Dayton, notant en outre qu’il est inutile d’y insérer de nouveaux éléments liés à l’intégration euro-atlantique de la Bosnie-Herzégovine.  L’intervention, dans les affaires intérieures du pays, du Haut-Représentant est inutile et son retrait doit être envisagé au plus vite, a encore insisté M. Churkin.  Le représentant a déploré les accusations de la communauté internationale visant les Serbes et Croates, « qui saperaient les Accords de Dayton ».  Ces déclarations créent davantage de nervosité, a-t-il jugé.  Il a conclu en demandant à la présence internationale « de se concentrer plutôt » sur les menaces islamistes et sur le phénomène des combattants originaires de la région qui rejoignent en nombre les rangs de l’État islamique d’Iraq et du Levant.

M. ALEXIS LAMEK (France) a dit que la situation de la Bosnie-Herzégovine continue d’accuser un certain retard par rapport à celle de ses voisins en ce qui concerne son rapprochement avec l’Union européenne.  Il a regretté que les principaux vainqueurs des élections d’octobre sont les dirigeants nationalistes d’une classe politique qui s’est jusqu’à présent « montrée incapable de faire fonctionner les institutions du pays, de répondre aux besoins de la population ni de lui donner une perspective d’avenir ».  Néanmoins, il a relevé avec satisfaction que la campagne électorale a aussi abordé les préoccupations socioéconomiques des Bosniens, laissant espérer que les lignes de fracture ethnique s’effaceront à terme du jeu politique.  Une conscience politique nouvelle émerge de jour en jour, qui permettra de donner de véritables réponses aux aspirations de la population, a-t-il estimé. 

Il a dit l’attachement de la France à voir la Bosnie-Herzégovine rejoindre l’Union européenne en tant que pays uni, souverain et jouissant de sa pleine intégrité territoriale.  C’est l’Europe toute entière qui envoie ce message aux Bosniens, a-t-il insisté avant d’appeler à éviter les dérapages nationalistes qui conduisent aux drames observés ailleurs.  À l’inverse, il est bien de la responsabilité du Conseil de sécurité de célébrer l’effet positif qu’exerce la perspective européenne sur la sécurité de la Bosnie-Herzégovine, comme nous le faisons à travers la résolution que nous venons d’adopter, a dit M. Lamek.  Le nier serait méconnaître les responsabilités de ce Conseil, mais également témoigner d’une ignorance quant au rôle que joue l’Union européenne dans les Balkans, a-t-il estimé.

Il a regretté que la Fédération de Russie se soit abstenue lors du vote de la résolution « alors qu’elle peut jouer un rôle positif dans les Balkans eu égard aux liens historiques et culturels qui l’unissent aux Balkans ».  « Nous regrettons que la Russie ait cherché à afficher une désunion artificielle du Conseil de sécurité sur un sujet qui précisément fait l’unanimité », a insisté le représentant de la France.  Il a dit l’importance de la mission de l’Union européenne, EUFOR Althéa, qui est la déclinaison sur le terrain de la politique d’intégration de la Bosnie-Herzégovine dans son environnement européen.

Il a déclaré que le cadre hérité de Dayton demeure le cadre de référence de l’action de la communauté internationale en Bosnie-Herzégovine.  Il a appelé toutes les parties constituantes de Bosnie-Herzégovine à mettre fin à toute rhétorique nationaliste, ainsi qu’à toute action ou propos divisant le pays.  « Notre message est clair: il ne peut y avoir de remise en cause de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine », a dit le représentant.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a dit que sa délégation accueillait avec satisfaction les résultats des élections du 12 octobre en Bosnie-Herzégovine, tout en prenant note des préoccupations exprimées par la mission électorale de l’OSCE.  Il a souhaité que les dirigeants élus agissent rapidement pour former de nouveaux gouvernements.  Le représentant a appelé les mêmes dirigeants à s’abstenir de toute rhétorique négative et à saisir l’occasion pour progresser véritablement dans la réconciliation nationale et l’intégration.  Le Chili juge important que les nouvelles autorités travaillent en commun pour faire face aux défis auxquels le pays est confronté et pour avancer sur la voie de l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN.

Le représentant a notamment apporté son soutien aux efforts menés par la Bosnie-Herzégovine pour surmonter les blessures du passé et a insisté sur le rôle important que jouent l’exhumation et l’identification des restes de personnes disparues.  Le Chili sait par expérience combien ce travail est important, a ajouté M. Olguín Cigarroa.  Le représentant a rappelé le soutien du Chili à l’intégrité territoriale et la stabilité de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que sa participation passée à la FORPRONU et aujourd’hui encore à l’opération EUFOR ALTHEA.  Le Chili considère la présence de cette force européenne en Bosnie-Herzégovine comme essentielle.  C’est pourquoi la délégation chilienne apporte son appui au vote de la résolution autorisant la reconduction d’EUFOR ALTHEA pour 12 mois.  De même, le représentant a indiqué que son pays appelle la communauté internationale à poursuivre son soutien aux aspirations du peuple de la Bosnie-Herzégovine, qui sont en faveur d’un avenir euro-atlantique et à la pleine mise en œuvre des Accords de paix de Dayton.

M. WANG MIN (Chine) a assuré que la chine respectait la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine.  Il a insisté sur le fait que le peuple de ce pays avait le droit de déterminer sa propre voie de développement.  Il a voulu voir dans la tenue, dans le calme, d’élections au mois d’octobre, des évènements qui créeront les conditions nécessaires pour l’unification des différentes composantes ethniques du pays.  Ces élections permettront aussi au pays de faire les avancées dont il a besoin.  Les parties doivent se concentrer sur la mise en œuvre des Accords de Dayton, a ajouté le représentant de la Chine, rappelant que la Bosnie-Herzégovine était un pays important de la région des Balkans « qui a cependant encore besoin de l’appui de la communauté internationale ».  « Mais cette dernière doit agir de manière prudente et promouvoir les processus de paix en cours », a-t-il préconisé.

M. MICHAEL TATHAM (Royaume-Uni) a salué l’engagement du Haut-Représentant en faveur de la complète mise en œuvre des Accords de Dayton.  « Ces quatre dernières années ont été une période de stagnation où les différends politiques l’ont emporté sur la volonté de réformer le pays et le mettre sur la voie du changement », a-t-il ensuite regretté, notant que 14 lois seulement avaient été adoptées au cours de cette période.  « Le chômage mine les perspectives d’avenir des jeunes citoyens », a-t-il encore relevé, appelant à la mise en place d’un gouvernement orienté vers la réforme.  

Pour le représentant du Royaume-Uni, les manifestations de février ont montré toute l’ampleur de la frustration des Bosniennes et des Bosniens, « à laquelle le Gouvernement doit trouver des réponses ».  Les citoyens ont besoin de leadership politique et surtout de résultats, a-t-il insisté.  Après avoir rappelé l’attachement de son pays à l’intégration euro-atlantique de la Bosnie-Herzégovine, il a condamné les discours séparatistes et de division, qui éloignent le pays des perspectives d’accession à l’Union européenne.  L’abstention de la Fédération de Russie lors du vote de la résolution 2183 reflète une position cynique à l’égard de la présence de l’EUFOR ALTHEA et du rôle joué par M. Inzko dans le pays, a-t-il estimé en conclusion.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) s’est déclaré déçu de constater « qu’une délégation se soit abstenue d’apporter son soutien à la résolution autorisant la reconduction de l’EUFOR pour une année ».  Attristé par les inondations catastrophiques qui ont touché la Bosnie-Herzégovine en mai dernier, il a relevé qu’elles n’ont fait qu’ajouter à une situation déjà difficile dans le pays.  Se félicitant du bon déroulement des élections générales, le représentant a souhaité qu’un gouvernement soit formé le plus rapidement possible et que les élus cherchent à faire preuve d’esprit de compromis dans l’exercice de leur mandat.  Conscient que la Bosnie-Herzégovine souhaite intégrer l’Union européenne, le représentant a rappelé que cette intégration ne serait pas possible sans la participation des différentes parties prenantes.  Aussi a-t-il espéré que le gouvernement entreprendrait les réformes nécessaires pour y parvenir, alors que les objectifs « 5+2 », préalables à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant, n’ont toujours pas été remplis.  Le représentant a dit que les États-Unis défendent fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, et condamnent toute rhétorique enflammée, notamment de la part de dirigeants de la Republika Srpska.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a regretté que les autorités bosniennes ne soient pas parvenues à faire progresser les réformes destinées à engager le pays sur la voie de l’intégration euro-atlantique, tout en s’inquiétant des discours séparatistes tenus par plusieurs responsables politiques bosniens, notamment issus de la Republika Srpska.

Saluant toutefois la bonne tenue des élections du 12 octobre dernier, M. Maes a appelé à la poursuite des pourparlers entre dirigeants politiques en vue de la formation d’un nouveau gouvernement capable de répondre aux préoccupations légitimes des citoyens de Bosnie-Herzégovine.  Suite aux inondations qui ont frappé le pays en mai dernier, la situation économique et sociale du pays s’est en effet fragilisée, a poursuivi le représentant, tout en se félicitant de l’aide apportée par l’Union européenne pour surmonter les dégâts des inondations.

M. Maes a déclaré que les nouveaux représentants élus devront procéder aux réformes institutionnelles nécessaires à l’intégration euro-atlantique de la Bosnie-Herzégovine.  Cette intégration, dont dépendent la stabilité et la prospérité économique du pays, est appelée de ses vœux par la grande majorité des Bosniens, a précisé le représentant.  Dans ce contexte, M. Maes s’est félicité de l’appui fourni par l’Union européenne aux institutions et citoyens bosniens, dans le domaine du maintien de l’ordre et de la sécurité, de l’état de droit et des réformes économiques.

M. Maes a salué, en conclusion, la prorogation par le Conseil de sécurité, pour une période de 12 mois, de l’autorisation de la force européenne EUFOR ALTHEA, signe du soutien de la communauté internationale à l’engagement actif de l’Union européenne en faveur de la stabilité et de la sécurité en Bosnie-Herzégovine.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) s’est félicitée du déroulement dans le calme des septièmes élections générales à se tenir en Bosnie-Herzégovine depuis l’adoption des Accords de paix de Dayton.  La déléguée a ensuite regretté les dégâts et les pertes de vies occasionnées par les terribles inondations qui ont touché le pays en mai dernier.  Elle a exhorté toutes les parties à réaliser les objectifs préalables à la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.  Mme Perceval a ensuite regretté qu’en dépit de l’avis du Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix, pour qui des élections locales devaient se tenir à Mostar en octobre 2014 au plus tard, les autorités nationales et les partis politiques n’aient pris aucune mesure pour donner suite à l’arrêt de la Cour constitutionnelle de la Bosnie-Herzégovine, qui avait décidé que le système électoral de la ville n’était pas conforme à la Constitution.  La délégation de l’Argentine a donc demandé l’application de cet arrêt avant de réaffirmer son appui au Bureau du Haut-Représentant pour veiller à la mise en œuvre des aspects civils de l’Accord de Dayton.

M. GOMBO TCHOULI (Tchad) a déclaré que l’impact humanitaire et économique des inondations avait été tel qu’il avait entraîné des retards dans la poursuite de l’agenda politique en Bosnie-Herzégovine.  Saluant la tenue dans le calme des élections d’octobre, il a souligné que les partis nationalistes devaient être représentés dans le Gouvernement, « conformément aux Accords de Dayton ».  Après avoir demandé aux acteurs de respecter les droits de toutes les minorités, le représentant a noté avec satisfaction que la situation au plan sécuritaire était calme et stable.  Il a salué à cet égard le rôle joué conjointement par le Bureau du Haut-Représentant, l’EUFOR, l’OTAN et l’OSCE.  « La stabilité doit être consolidée avant d’envisager sérieusement la fermeture du Bureau du Haut-Représentant », a-t-il conclu.

M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) s’est dit préoccupé par l’impact économique des inondations, qui ont fait 2 milliards de dollars de dégâts.  Il s’est en outre félicité de la tenue « d’élections justes et libres en Bosnie-Herzégovine, comme cela a été confirmé par l’équipe de suivi de l’OSCE ».  « Pour débloquer définitivement le jeu politique, nous pensons, avec M. Inzko, qu’il faudrait organiser des élections locales », a encore considéré le représentant.  Appelant les autorités bosniennes à sortir de l’impasse et à aller de l’avant sur la voie de l’intégration, il a prôné à cette fin le maintien de l’appui international fourni par l’EUFOR et le Bureau du Haut-Représentant.  « Les représentants de la Republika Srpska doivent s’impliquer dans un dialogue politique constructif et renoncer aux velléités séparatistes », a conclu le délégué.

Mme PHILIPPA KING (Australie) a fait état des préoccupations de son pays face à l’absence de progrès dans un grands nombre de domaines allant de la gouvernance aux réformes économiques, condition essentielle pour offrir des conditions plus équitables à l’ensemble des Bosniens.  La Bosnie-Herzégovine n’a pas fait de progrès concrets en faveur de son propre objectif d’intégration euro-atlantique, a estimé la représentante, qui a jugé cette situation particulièrement décourageante au regard des progrès réalisés par certains de ses voisins.

Réaffirmant le soutien de son pays à l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine, la représentante s’est dite préoccupée par la poursuite de la rhétorique enflammée et clivante de certains dirigeants de la Republika Srpska, y compris à l’occasion des récentes élections, même si l’Australie se félicite du calme et de l’ordre dans lesquels elles se sont déroulées.  Il est désormais essentiel que l’ensemble des forces politiques travaillent de manière constructive à la formation rapide d’un gouvernement à tous les niveaux afin de promouvoir la croissance économique et d’instiller la confiance dans les institutions du pays.  La représentante a dit reconnaître l’ampleur des défis auxquels la Bosnie-Herzégovine doit faire face, y compris après les inondations dévastatrices du printemps dernier.  À cet égard, l’Australie est encouragée par la démonstration de solidarité régionale et interethnique qui a caractérisé la réponse locale aux inondations, a-t-elle indiqué.

L’Australie se félicite que la situation générale en Bosnie-Herzégovine reste calme et stable.  Elle reconnaît l’utilité du travail de l’EUFOR Althéa en faveur de la paix et de la sécurité dans le pays, et elle la félicite pour l’assistance qu’elle a apportée pendant les inondations.  Elle se félicite donc de l’adoption de la résolution de ce jour.  En conclusion,  la représentante a toutefois rappelé une nouvelle fois que l’impasse politique demeure, et continue de menacer les progrès réalisés depuis près de 20 ans.  Les dirigeants de la Bosnie-Herzégovine doivent regarder au-delà des divisions du passé et se concentrer sur les réformes économiques et de gouvernance qui sont urgentes, a-t-elle conclu.

Mme MIRSADA ČOLAKOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a présenté les événements qu’a connus son pays au cours des six derniers mois.  Elle a mentionné en premier lieu les élections générales du 12 octobre, rappelant qu’elles s’étaient déroulées dans le calme sous le regard de 500 observateurs internationaux venus de 38 pays, et de plus de 3 000 observateurs d’une coalition d’ONG de la société civile bosnienne.  Les élections ont été jugées libres et équitables, et le choix des Bosniens doit être respecté, a-t-elle déclaré, ajoutant que les partis politiques sont actuellement entrés dans le processus de formation d’un gouvernement.  Mme Čolaković a ensuite rappelé les inondations catastrophiques dont son pays a été victime au printemps dernier et qui ont fait environ 2 milliards d’euros de dégâts, soit l’équivalent de 15% du produit intérieur brut du pays.  Elle a remercié les agences des Nations Unies et la mission EUFOR ALTHEA pour leur assistance rapide et efficace, ainsi que les autres partenaires internationaux qui ont promis une importante aide financière à la reconstruction.  La représentante a rappelé ce qui a été souvent dit à l’occasion de cette catastrophe, à savoir qu’elle avait permis de voir le meilleur de la Bosnie-Herzégovine: un pays et des habitants faisant preuve de solidarité, d’humanisme, d’hospitalité et d’attention pour leurs voisins. 

Mme Čolaković a ensuite attiré l’attention du Conseil de sécurité sur l’importante question des réfugiés de Bosnie-Herzégovine.  Rappelant que l’annexe VIII de l’Accord de Dayton prévoyait que les gens ont un droit au retour dans leur foyer d’avant la guerre, la représentante a fait observer que les conditions nécessaires à ce retour n’avaient pas encore pu être créées partout dans le pays.  C’est pourquoi la Bosnie-Herzégovine considère que l’initiative prise par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, qui étudie la possibilité de mettre fin au statut de réfugié dont ont bénéficié ces populations, aurait sans aucun doute à ce stade un effet très négatif sur les réfugiés eux-mêmes et sur tout le pays, a-t-elle averti.  La Bosnie-Herzégovine est donc opposée à une telle suppression.

La représentante a également présenté plusieurs mesures prises par son pays pour illustrer son engagement au sein de la communauté internationale.  Face à la menace que constitue la participation de combattants étrangers à certains conflits, la Bosnie-Herzégovine a ainsi amendé en juin son Code pénal pour interdire et sanctionner l’adhésion et la participation de ses ressortissants à des groupes paramilitaires ou parapoliciers étrangers.  Depuis septembre, 16 personnes ont déjà été poursuivies en vertu de cette nouvelle loi, a expliqué la représentante, qui a insisté sur la participation de son pays à la lutte contre le terrorisme.  Mme Čolaković a également rappelé que son pays participe depuis 15 ans aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et dispose actuellement de personnels de police et de Casques bleus au Libéria, au Soudan du Sud et à Chypre.

Mme Čolaković a rappelé que l’intégration euro-atlantique restait une priorité pour son pays, qui espère voir entrer rapidement en vigueur l’Accord de stabilisation et d’association, signé voici six ans avec l’Union européenne, dans la perspective d’une candidature à l’intégration européenne.  La représentante a dit que sa délégation appuie l’engagement progressif et révisé de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine pour y faciliter le processus de réforme et renforcer l’état de droit et la bonne gouvernance.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne suivait avec beaucoup d’intérêt l’évolution de la situation en Bosnie-Herzégovine.  Elle espère voir souffler un nouvel esprit d’engagement après les élections générales du 12 octobre.  Le Chef de la délégation de l’Union européenne a dit vouloir être franc: il reste de nombreux défis à relever, et les réformes politiques et économiques sont trop limitées depuis trop longtemps.  Il faut faire davantage pour s’assurer qu’une Bosnie-Herzégovine unie, stable, viable, multiethnique et prospère peut avancer de manière irréversible vers l’Union européenne.  À cet égard, établir des relations de bon voisinage avec tous les pays de la région est essentiel.

En ce sens, une perspective claire d’intégration européenne est importante, a poursuivi M. Mayr-Harting.  C’est un facteur fort et unificateur très largement partagé par la population et les forces politiques de Bosnie-Herzégovine, quelle que soit leur origine religieuse ou ethnique.  La perspective européenne est également un élément de l’engagement international en faveur du pays.  C’est pourquoi l’Union européenne encourage le Conseil de sécurité à inciter la direction politique de la Bosnie-Herzégovine à surmonter ses divisions internes et à assurer le bon fonctionnement du pays à tous les niveaux, afin de réaliser les réformes nécessaires à cette intégration européenne.

M. Mayr-Harting a pris note de la bonne tenue des élections générales du 12 octobre.  Il est désormais de la plus grande importance que les institutions et gouvernements, aux deux différents niveaux du pays, soient mis en place le plus rapidement possible, a-t-il ajouté.  Les questions économiques et sociales sont particulièrement urgentes, a noté le Chef de la délégation, qui a rappelé les manifestations violentes survenues au début de l’année.  Ceci est encore plus vrai après les inondations désastreuses du printemps dernier, a-t-il précisé.  La détérioration des conditions socioéconomiques risque de saper les efforts dans d’autres domaines, a-t-il averti.  Il a estimé que la mise en œuvre du « Contrat pour la croissance », initiative de l’Union européenne en étroite coopération avec les institutions financières internationales, constituerait une étape essentielle.  Il a également appelé les nouvelles autorités à accorder la plus grande attention à une amélioration en profondeur et à long terme de la fonctionnalité des institutions.

M. Mayr-Harting a insisté sur le renforcement de la présence politique de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine depuis 2011, afin de faciliter les progrès du pays vers l’intégration dans l’UE, renforcement marqué en 2012 par l’ouverture de nouveaux bureaux régionaux à Mostar, Banja Luka et Brcko.  L’Union européenne continue en outre d’accompagner la Bosnie-Herzégovine dans le domaine de la sécurité avec l’opération EUFOR ALTHEA, ceci sous mandat des Nations Unies, ce qui permet de maintenir un environnement stable et sûr dans le pays.  L’Union européenne espère, dans le cadre de sa stratégie globale pour la Bosnie-Herzégovine, poursuivre ses discussions avec la communauté internationale sur la reconfiguration de la présence internationale.  L’Union européenne appelle en outre les autorités de Bosnie-Herzégovine à poursuivre leurs efforts pour remplir les différents objectifs et conditions fixés pour la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.   

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a déclaré que les élections générales du mois d’octobre en Bosnie-Herzégovine ont été « libres et démocratiques » et leurs résultats acceptés par tous les acteurs politiques.  Il a assuré que le dialogue entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine était soutenu, comme en témoigne le fait que Sarajevo a été la première destination du Premier Ministre serbe, M. Aleksandar Vučić, au lendemain de son élection.  En outre, a poursuivi le représentant, les deux pays sont d’accord pour envisager prochainement la tenue d’une réunion conjointe du Gouvernement serbe et du Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine.  De plus, ils ont signé, à Belgrade en septembre dernier, un « mémorandum d’accord sur les entreprises gérées en commun sur les marchés extérieurs », ce qui est le reflet de leur bonne entente, notamment sur le plan économique.  Par ailleurs, alors que la Serbie accueille le plus grand nombre de réfugiés en provenance de Bosnie-Herzégovine, M. Milanović s’est déclaré, lui aussi, à la suite du Haut-Représentant, inquiet de la recommandation avancée par le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, qui envisage de mettre fin au statut de réfugié accordé à ces populations.  Enfin, il a réaffirmé le soutien du Gouvernement serbe à l’intégration de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.

M. VLAMIDIR DROBNJAK (Croatie) a souligné que les Croates de Bosnie-Herzégovine, qui forment la minorité la moins importante du pays, faisaient valoir des aspirations légitimes en matière de respect de leurs droits.  Évoquant les manifestations qui se sont déroulées en début d’année, il a estimé qu’elles avaient exprimé les frustrations profondes de tous les citoyens bosniens face à la dégradation de la situation socioéconomique.  « Ces tensions font peser le risque d’une déstabilisation ethnique en Bosnie-Herzégovine », a-t-il averti avant de condamner à son tour la rhétorique séparatiste des représentants de la Republika Srpska.  « Les appels à la tenue d’un référendum sur la sécession de la Republika Srpska sont inacceptables », a-t-il lancé.  Pour M. Drobnjak, la réalisation de l’objectif commun d’une Bosnie-Herzégovine stable et prospère requiert une stratégie réaliste, prenant en compte la situation et les besoins spécifiques de toutes les composantes du pays. 

« La Croatie prône une approche spécifique taillée sur mesure afin de relancer le processus d’intégration euro-atlantique de la Bosnie-Herzégovine », a-t-il déclaré.  Il a expliqué, qu’en ce sens, la Croatie et d’autres partenaires européens du pays, dont l’Allemagne et le Royaume-Uni, devaient se concentrer sur l’appui au processus de réforme politique.  « L’engagement à mettre en place les réformes nécessaires à l’intégration devrait faire partie intégrante du programme du nouveau gouvernement et être approuvé par le Parlement de Bosnie-Herzégovine », a-t-il encore souligné.  Il a également exhorté le futur gouvernement à participer dans un esprit constructif aux négociations devant aboutir à la conclusion « tant attendue » du Protocole additionnel de l’Accord de stabilisation et d’association entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine.   

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