Il faut faire preuve de volonté politique afin de sortir la Commission du désarmement de sa longue paralysie, soulignent de nombreuses délégations

Session de fond de 2015,
346e, 347e & 348e séances – matin & après-midi
CD/3544

Il faut faire preuve de volonté politique afin de sortir la Commission du désarmement de sa longue paralysie, soulignent de nombreuses délégations

Après avoir adopté plus tôt dans la journée l’ordre du jour de sa session de fond de 2015, la Commission du désarmement a entamé cet après-midi son débat général, marqué par les appels lancés par de nombreuses délégations à certains États Membres de faire montre de volonté politique et de flexibilité pour mettre fin à l’impasse qui paralyse depuis trop longtemps les travaux de la Commission.

La Commission, organe subsidiaire et délibérant de l’Assemblée générale en matière de désarmement, n’est en effet pas parvenue, depuis l’année 1999, à s’entendre sur des recommandations en matière de contrôle des armes conventionnelles, de désarmement nucléaire, ou de déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique et autres questions cruciales pour la survie de l’humanité.  C’est une véritable « déception », a dit le délégué de l’Inde, alors que son homologue du Mexique a indiqué qu’un tel immobilisme allait à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme.

Ils ont en conséquence joint leur voix à celles de la douzaine de délégations qui se sont exprimées pour exhorter les États Membres à faire preuve de volonté politique et de flexibilité afin de parvenir à des résultats.  « Si l’impasse dans laquelle se trouve la Commission perdurait, alors cette dernière perdrait sa crédibilité, et son existence même serait remise en question », a averti la déléguée de la République de Corée.

« La Commission est la seule enceinte délibérative et spécialisée au sein de la machinerie du désarmement des Nations Unies habilitée à formuler des recommandations à l’Assemblée générale », a rappelé le représentant de l’Indonésie, parlant au nom du Mouvement des non-alignés, avant de demander l’entame de négociations au sein de la Commission en vue de l’adoption d’une Convention globale sur les armes nucléaires.

L’approche inclusive et délibérative de la Commission est nécessaire si l’on veut aboutir à un résultat qui reçoive le soutien le plus large possible, a soutenu la délégation de la Malaisie.  À l’instar d’autres intervenants, le représentant de ce pays s’est aussi félicité du consensus qui a permis l’adoption, ce matin, de l’ordre du jour.

Il faut garder à l’esprit et respecter le principe de consensus qui a permis cette adoption, a souligné la représentante de la Fédération de Russie en insistant pour que ce principe guide les travaux de la Commission.  « S’en éloigner risque d’avoir des conséquences néfastes pour la sécurité internationale », a-t-elle prévenu, indiquant que son pays était prêt à examiner les différentes idées visant à dynamiser les travaux de la Commission.  Son homologue du Pakistan a, pour sa part, rappelé que l’objectif final à atteindre « ne pouvait être que l’élimination totale des armes nucléaires dans un cadre de désarmement multilatéral ».

Si les délégations ont brossé un tableau sombre des efforts de désarmement –la déléguée pakistanaise allant jusqu’à affirmer qu’ils étaient « au point mort »-, certaines d’entre elles ont néanmoins tenu à souligner des avancées récentes, telles que la sortie de toutes les armes chimiques de Syrie, l’adoption d’un cadre de règlement du programme nucléaire iranien, ou bien encore l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.

Pour de nombreuses délégations, ce Traité devrait encourager la Commission à proposer, au cours de cette session, des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques.  « Une paix durable doit se construire sur le droit international et non sur le stockage d’armes mortelles », a en effet commenté le représentant du Mexique, pays qui accueillera cette année la première Conférence des États parties audit Traité.

Le délégué de l’Égypte a demandé que ces mesures de confiance visent notamment à mettre en place une surveillance internationale de la production et des stocks d’armes conventionnelles actuellement entre les mains des principaux exportateurs d’armes et producteurs.

La Commission du désarmement, dont les travaux se poursuivront jusqu’au 24 avril, a également élu par acclamation M. Kairat Abdrakhmanov, du Kazakhstan, et M. Bouchaib El Oumni, du Maroc, Présidents, respectivement, du Groupe de travail I, chargé des « Recommandations en vue de réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires », et du Groupe de travail II, chargé des « Mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques ».

La République populaire démocratique de Corée et la République de Corée ont fait usage de leurs droits de réponse.

La Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 8 avril, à partir de 10 heures.

Débat général

M. DESRA PERCAYA (Indonésie), qui a parlé au nom du Mouvement des non-alignés, a exhorté tous les États Membres à faire montre de volonté politique et de flexibilité afin de permettre que les travaux de cette session de la Commission du désarmement aboutissent à des résultats positifs.  La Commission est la seule enceinte délibérative et spécialisée existant au sein de la machinerie du désarmement des Nations Unies pour traiter des questions de désarmement et formuler des recommandations en la matière à l’Assemblée générale, a-t-il rappelé.  Il a ensuite exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à procéder à l’élimination de ces armes et arsenaux nucléaires conformément aux termes du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).  Le désarmement nucléaire ne doit pas dépendre de la mise en place de mesures de confiance ou de tout autre effort de non-prolifération, a-t-il souligné.  Il a également souhaité que des négociations commencent au sein de la Commission en vue de promouvoir l’adoption d’une convention globale sur les armes nucléaires.  Une forte volonté politique est nécessaire pour sortir de l’impasse actuelle, a-t-il estimé.

M. Percaya a indiqué que la tenue, pas plus tard qu’en 2018, d’une conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire serait l’occasion pour la communauté internationale d’intensifier les efforts menés en vue d’un monde débarrassé des armes nucléaires.  « L’élimination des armes nucléaires est la seule garantie absolue que l’humanité peut avoir contre l’utilisation ou la menace d’utiliser ces armes », a-t-il rappelé.  En attendant qu’on parvienne un jour à ce stade, il est indispensable que les États non dotés de l’arme nucléaire reçoivent de la part des pays qui en sont dotés des garanties négatives de sécurité aux termes desquelles les puissances atomiques s’engagent de manière juridiquement contraignante à ne jamais recourir à l’emploi ou à la menace d’emploi de telles armes contre les États non nucléaires.  Le représentant a ensuite souligné qu’il est important que soit pleinement respecté le droit inaliénable des pays en développement à produire et à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il a en outre souligné que les questions relatives au désarmement devaient être réglées seulement par des moyens diplomatiques et politiques.

M. Percaya a ensuite exprimé la profonde déception ressentie par les États non alignés après que certaines parties ont refusé la tenue de la conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  « Les États membres du Mouvement des non-alignés parties au TNP déplorent qu’Israël soit le seul État au Moyen-Orient à refuser de participer à une telle conférence », a souligné le représentant.  Il s’est enfin dit vivement préoccupé par la détention, par Israël, de l’arme nucléaire, « un fait qui pose une menace sérieuse et continue à la sécurité des États voisins ».

M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur), parlant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a exprimé l’inquiétude des États Membres de la CELAC quant à l’impact humanitaire et aux conséquences globales à long terme de toute utilisation accidentelle ou intentionnelle d’armes nucléaires.  « Nous estimons que cette question devrait être soulevée à chaque fois que les armes nucléaires sont discutées.  Nous félicitons donc l’organisation des conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, qui ont eu lieu à Oslo, à Nayarit et à Vienne, notamment pour leurs délibérations et leurs contributions au discours mondial relatif à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires », a ajouté le représentant.  Il a en outre exhorté les États dotés d’armes nucléaires de retirer toutes les réserves qu’ils ont exprimées face au Protocole du Traité de Tlatelolco (OPANAL), qui fait de l’Amérique latine et des Caraïbes une zone exempte d’armes nucléaires.  Leur demandant de respecter le caractère dénucléarisé de l’Amérique latine et des Caraïbes, il les a exhortés à donner des garanties négatives de sécurité à tous les pays de la CELAC, et à mettre ainsi fin à toute possibilité d’utilisation d’armes nucléaires contre la région.  D’autre part, la CELAC déplore l’échec de la mise en œuvre de l’accord auquel les États Membres de l’ONU étaient parvenus de tenir la conférence internationale sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, a indiqué le représentant.

La CELAC souligne l’importance de parvenir à l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et exhorte donc les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Traité en tant qu’États non nucléaires.  Elle appelle les États dotés d’armes nucléaires à respecter leurs engagements en vertu de l’article VI du TNP, et à aller vers l’élimination complète de ces armes.  « Nous les exhortons à mettre en œuvre pleinement et immédiatement les 13 mesures pratiques vers le désarmement nucléaire convenues lors de la Conférence d’examen du TNP de 2000, ainsi que le Plan d’action, adopté lors de la Conférence d’examen de 2010 », a indiqué le représentant.  La CELAC exhorte les États inscrits à l’annexe 2, dont la ratification est indispensable à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à accélérer leur processus de signature et/ou de ratification de cet instrument.  Le représentant a également regretté que la Commission du désarmement ait été incapable de faire des recommandations au cours de ses sessions précédentes.  Il est important pour la Commission de s’acquitter de son mandat tel qu’il a été exprimé par la première session extraordinaire de l’ONU sur le désarmement, ceci afin de faire avancer nos objectifs, a-t-il estimé.

M. VENKATESH VARMA (Inde) a fait part de la grande déception ressentie par sa délégation après l’absence de recommandations à l’issue de la session de 2014 de la Commission du désarmement, alors que l’Inde continue à accorder une grande importance à ce forum, car c’est le seul organe à composition universelle traitant de la question, et il constitue la branche délibérante de la « machinerie du désarmement ».  M. Varma a mis cet échec sur le compte du manque de volonté politique des États Membres pour s’investir dans des pourparlers et des documents multilatéraux.  Il a estimé que la Commission devait faire tout son possible pour améliorer son fonctionnement, en permettant une discussion orientée sur des résultats pour les sujets inscrits à son ordre du jour.

L’Inde, a-t-il poursuivi, attache une grande importance à un désarmement nucléaire mondial, non discriminatoire et vérifiable, ainsi qu’à l’élimination totale des armes nucléaires dans un délai contraignant.  Il a indiqué que sa délégation avait apporté son appui à la proposition du Mouvement des non-alignés de commencer les négociations sur une convention générale sur les armes nucléaires, ainsi qu’à la proposition qui a été faite de démarrer des négociations, au sein de la Conférence sur le désarmement, sur un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d’armes nucléaires.  L’Inde, a-t-il souligné, a participé à la Conférence de Vienne sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires dans l’espoir d’attirer une attention renouvelée sur la menace que posent ces armes et qui est la plus grave planant sur la survie de l’humanité.  Nous avons appelé tous les États dotés de l’arme nucléaire à s’engager dans un dialogue authentique afin de renforcer la confiance et de réduire la prépondérance des armes nucléaires dans les affaires internationales et dans les doctrines de sécurité, a indiqué M. Varma.

Le représentant indien a estimé que la Commission du désarmement a contribué à l’élaboration de directives de grande valeur dans le domaine des mesures de confiance sur les armes classiques.  La Commission était près du but, en ce qui concerne l’adoption des recommandations l’an dernier, a-t-il noté en soulignant l’utilité de tenir des discussions au sein de la Commission pour rapprocher les vues des différents États et parties.  L’adoption de mesures de confiance doit rester une prérogative des États concernés, et elles doivent être mises en œuvre par les États pour lesquelles elles sont pertinentes, a-t-il précisé.  Enfin, il a dit ne pas s’opposer à l’ajout d’un troisième sujet à l’ordre du jour de la Commission, surtout si cela permet d’élargir le terrain des discussions pour atteindre un consensus.

Mme OLGA KUZNETSOVA (Fédération de Russie) a déclaré que la Russie soutenait les efforts à déployer en vue de parvenir à l’objectif d’une sécurité égale et indivisible pour tous les États dans l’intérêt de la stabilité mondiale.  Elle a jugé essentiel qu’il soit tenu compte des compétences et de l’expertise de la Commission du désarmement (CD) pour faire face aux défis sécuritaires contemporains.  « Nous sommes prêts à examiner les différentes idées visant à dynamiser les travaux de la CD en respectant le principe fondamental, qui consiste à ne pas nuire au déroulement des pourparlers en respectant le principe fondamental du consensus.  « S’éloigner du principe du consensus risque d’avoir des conséquences néfastes pour la sécurité internationale », a prévenu la représentante russe. 

Elle a espéré que la prochaine Conférence des États parties au TNP sera l’occasion de progresser en matière de non-prolifération nucléaire.  Elle a notamment souligné la nécessité d’appuyer la mise en œuvre du plan d’action à long terme adopté en 2010, qui continue d’être d’actualité.  Elle a indiqué que la Fédération de Russie s’est engagée à ne pas dépasser le nombre de 1 550 missiles à ogives nucléaires déployés sur 700 vecteurs et plateformes déployés.  Il faut éviter une situation dans laquelle les dirigeants travaillent sur la mise en place de nouveaux systèmes, dont des systèmes antimissiles qui représenteraient un danger pour l’équilibre des forces et la parité stratégique, a-t-elle prévenu.  « Un monde sans armes nucléaires nécessite des objectifs de limitations de ces armes et de leurs plateformes de soutien qui s’appliquent à tous », a-t-elle estimé.

À cet égard, elle a ajouté qu’un des facteurs déstabilisants est le déploiement d’armes antimissiles américaines à travers le monde et notamment sur le théâtre européen.  Elle a accusé les États-Unis de duplicité et de chercher des prétextes infondés pour justifier le déploiement de systèmes antimissiles.  C’est un précédent dangereux qui risque de relancer la course aux armes nucléaires, a-t-elle dit.  Les tentatives américaines visant à renforcer leur propre sécurité aux dépens de celle des autres sont inadmissibles, a-t-elle prévenu.  Elle a dit que la Fédération de Russie appuyait le projet de texte proposé par la Chine et qui vise à bannir le déploiement d’armes dans l’espace atmosphérique.   Elle s’est félicitée du succès de l’opération qui a permis, l’été dernier, la sortie de toutes les armes chimiques de Syrie.  Cela a été possible grâce à la volonté du Gouvernement syrien et à l’appui de la Russie.  Elle a dit le danger que représente l’accumulation d’armes classiques dans certaines parties du monde avec les risques que cela représente en termes de conflit

M. RAJA REZA RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) s’est réjoui du consensus qui a permis l’adoption, ce matin, d’un ordre du jour pour la session de fond de 2015 de la Commission du désarmement, avant de souligner la centralité de ladite Commission dans le domaine du désarmement.  « La Commission promeut une approche inclusive et délibérative qui est nécessaire si l’on veut aboutir à un résultat qui reçoive le soutien le plus large possible », a-t-il indiqué.  Il a ensuite appelé tous les États Membres à faire preuve de volonté politique et de flexibilité pour sortir la Commission de l’impasse dans laquelle elle se trouve.  Le représentant a espéré que la prochaine Conférence des États parties au TNP soit l’occasion de renforcer la coopération en vue de la réalisation des objectifs de non-prolifération.

M. Raja Zaib Shah a ensuite invité la Commission à concentrer ses discussions sur des propositions concrètes en vue de promouvoir l’élimination des armes nucléaires, parmi lesquelles il a cité l’adoption d’une convention globale sur les armes nucléaires.  Enfin, le représentant de la Malaisie a indiqué que l’établissement de mesures de confiance dans le domaine des armes classiques permettra de renforcer la paix et la sécurité internationales.  « En dépit des positions nuancées et divergentes exprimées par les États Membres sur la question, nous espérons que les travaux de la Commission permettront de trouver un terrain d’entente et que nous pourrons aller de l’avant. »

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a regretté que les dépenses militaires et les stocks d’armes conventionnelles augmentent notamment en Asie du Sud.   Elle s’est inquiétée des nouveaux défis qui pointent à l’horizon, comme l’installation d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, les nouvelles capacités d’attaques informatique et cybernétique, ou le recours à des drones armés.  Nous devons, dans le cadre d’une nouvelle approche, partir du principe qu’il y a un droit égal de tous les États à la sécurité dans les domaines conventionnels et non conventionnels aux niveaux international et régional, a dit Mme Lodhi.  Nous devons examiner les considérations de sécurité qui poussent des petits États à acquérir des armes.  Elle a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à faire preuve d’un engagement renouvelé de parvenir à un désarmement nucléaire.  Elle a rappelé que l’objectif final à atteindre ne pouvait être que l’élimination totale des armes nucléaires dans un cadre de désarmement multilatéral.  Elle a estimé que les inspections de l’AIEA ont rendu possible la promotion d’une technologie nucléaire à usage civil et résistant à la prolifération des armes atomiques.  Elle a appelé la Commission à délimiter clairement le champ du recours, par les États, à des drones ou à robots militaires opérant de manière autonome.  

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a déclaré qu’il ne faisait aucun doute qu’il faut sortir de l’impasse la Commission du désarmement, dont les travaux sont bloqués depuis 1999, et revitaliser le mécanisme de désarmement pour répondre aux nombreuses menaces d’aujourd'hui.  Le Kazakhstan s’engage pleinement à créer cet élan, ainsi qu’à contribuer à l’amélioration des méthodes de travail de la Commission, fondées sur les résolutions antérieures de l’Assemblée générale et d’autres plateformes sur le désarmement.  « Notre appui devrait être adossé sur le passé et, en même temps, répondre à l’évolution des situations et des défis politiques », a ajouté le représentant.  Il a dit qu’il était clair que le désarmement nucléaire et la non-prolifération doivent recevoir une attention égale à celle prêtée aux armes classiques dans le contexte des récents développements régionaux et mondiaux.  Saluant les énormes progrès accomplis en ce qui concerne les armes classiques, et qui ont permis l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, le représentant a estimé que « nous devons nous focaliser maintenant sur sa mise en œuvre effective ».  Il a appelé au renforcement de la réglementation des ventes d’armes et de la lutte contre le trafic illicite d’armes légères. 

À la lumière des nombreuses tensions régionales croissantes observables dans différentes parties du monde, le représentant a appelé à l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de son Protocole additionnel.  Tout doit être fait pour exercer une véritable volonté politique sur cette question, et des compromis doivent être trouvés pour assurer le succès de la Conférence d’examen de 2015 et pour aller de l’avant, a-t-il exhorté.  L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) est quant à elle, essentielle.  Le TICE peut renforcer le TNP et faire avancer le processus de non-prolifération, a dit le représentant.  Pour la période 2015-2017, le Japon et le Kazakhstan qui président conjointement la conférence organisée en application de l’article 14, s’engagent à faire tout ce qui est possible pour que les pays figurant à l’annexe II, signent le TICE pour sauvegarder un monde fragile et menacé par les armes atomiques, a déclaré le représentant.     

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a regretté l’immobilisme de la Commission, qui va à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme.  Malgré le manque de volonté politique, le représentant du Mexique s’est réjoui que l’immense majorité des États se soient dit prêts à négocier aussi bien sur le nucléaire que sur les armes conventionnelles.  S’agissant de la mise en œuvre du TNP, il a espéré que la prochaine Conférence des États parties sera l’occasion d’avancer sur la mise en œuvre de l’article 6 du Traité, étant donné que le pilier désarmement n’a pas progressé.  Il a souligné l’importance des conférences qui ont été organisées sur les risques et dangers que représentent les armes nucléaires.  Notant que ces conférences se sont tenues hors du cadre de l’ONU, le représentant du Mexique a exhorté la Conférence sur le désarmement et l’ONU d’intégrer dans leurs travaux l’examen des conséquences humanitaires qu’auraient d’éventuelles frappes nucléaires.  « Une paix durable doit se construire sur le droit international et non sur le stockage d’armes mortelles », a dit M. Sandoval avant de préciser que son pays accueillera cette année la première Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (TCA), entré en vigueur le 24 décembre dernier.  Il a espéré que les membres de la Commission du désarmement parviendront à s’entendre sur des recommandations en matière de désarmement, dans l’intérêt de la stabilité à travers le monde.  

M. JOHN A. BRAVACO (États-Unis) a souligné que cette session de la Commission du désarmement se déroule à la veille de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP), un traité dont les trois piliers sont la prévention de la prolifération des armes nucléaires, la paix et la sécurité dans un monde exempt d’armes nucléaires, et la promotion d’une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a estimé qu’un consensus pouvait être atteint dans de nombreux domaines sur des mesures concrètes qui renforceraient les clauses du TNP.  Il a aussi espéré que la Conférence d’examen serait l’occasion de réaffirmer le Plan d’action qui avait été approuvé par consensus en 2010 et de le mettre à jour si c’est possible.  Lors de la Conférence, a-t-il indiqué, les États-Unis feront tout pour que le régime des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) reste effectif et fort.

M. Bravaco a ensuite mis en évidence les avancées récentes en matière de désarmement, citant notamment à cet égard la Conférence des États du Groupe des P5 tenue à Londres les 4 et 5 février, dont le Document final a souligné les progrès accomplis en matière de confiance mutuelle et de transparence entre les P5.  Le représentant a aussi mentionné l’initiative qu’ont prise les États-Unis de constituer un partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire, qui a été présentée à Prague, en République tchèque, en décembre 2014 et lancée à Washington D.C. le mois dernier en même temps que l’Initiative sur la menace nucléaire.  Il a expliqué que le rôle de ce partenariat serait de nature technique et donc mené par des experts.  Ce sera un processus assez long, a-t-il prévenu avant de remercier la Norvège d’accueillir la prochaine réunion plénière, prévue cet automne.

Les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la production d’armes nucléaires sont la prochaine étape logique du programme multilatéral de désarmement nucléaire, a poursuivi M. Bravaco en précisant que les États-Unis n’avaient pas produit d’uranium hautement enrichi destiné à la fabrication d’armes nucléaires depuis 1964, ni de plutonium susceptible d’être utilisé aux mêmes fins depuis 1989.  Nous sommes engagés à maintenir un moratoire sur la production de matières fissiles et nous encourageons d’autres États à faire de même, a dit le représentant pour qui la Conférence sur le désarmement est le meilleur forum pour lancer des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.  Il a espéré que le rapport final du Groupe d’experts gouvernementaux créé sur cette question revitaliserait le dialogue entre États.  Ce rapport, a-t-il précisé, va inclure les recommandations du Rapport Shannon (CD/1299) qui fait état de l’accord unanime auquel les parties sont parvenues sur un élément: la nécessité d’interdire la production de matières fissiles pour les armes nucléaires ou tout autre explosif nucléaire.

En ce qui concerne le programme de travail de la Commission, il a proposé d’examiner à fond les questions relatives aux mesures de confiance et de transparence sur le non-usage de l’espace extra-atmosphérique à des fins militaires pour le cycle 2015-2017.  Il a rappelé deux résolutions adoptées à ce sujet par l’Assemblée générale, sans vote, et qui ont été parrainées par son pays ainsi que par la Russie et la Chine.  Si cette question était ajoutée à l’ordre du jour, a-t-il dit, la délégation des États-Unis proposerait d’en prendre note lors de la réunion commune des Première et Quatrième Commissions de l’Assemblée générale en octobre prochain.

Mme JI-AH PAIK (République de Corée) a indiqué que si l’impasse dans laquelle se trouve la Commission perdurait, alors cette dernière perdrait de sa crédibilité et son existence même serait remise en question.  Elle a indiqué que la session de fond de la Commission se déroulait dans un environnement particulièrement dynamique, avec notamment la récente adoption d’un cadre de règlement du programme nucléaire iranien et l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.  L’entrée en vigueur de ce Traité devrait encourager la Commission à proposer, lors de la présente session, des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, a-t-elle dit.

La déléguée de la République de Corée a ensuite indiqué que le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) était une menace grave pour le régime de non-prolifération nucléaire.  « Il s’agit du seul pays au monde à avoir conduit des essais nucléaires au XXIe siècle », a-t-elle rappelé, ajoutant que la RPDC continuait de développer ses capacités nucléaires et balistiques en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a, en conclusion, exhorté ce pays à respecter ses obligations internationales et à abandonner son programme nucléaire. 

M. HALIT ÇEVIK (Turquie) s’est inquiété des conséquences de l’impasse dans laquelle se trouve actuellement la Commission du désarmement, et qui dure depuis très longtemps, pour sa crédibilité.  Néanmoins, il s’est dit encouragé par l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes et les percées observées dans les négociations sur le programme nucléaire iranien.  « Nous sommes heureux de constater que nous avons un ordre du jour pour le nouveau cycle triennal 2015-2017, conformément aux termes de la résolution 69/77 de l’Assemblée générale », a ajouté M. Çevik.  Il a salué l’importance des conférences organisées sur les conséquences humanitaires d’un éventuel usage d’armes nucléaires par un État détenteur de ce type de moyens militaires.  Il a rappelé que toutes les menaces à la sécurité sont liées entre elles, et qu’elles ne peuvent pas être traitées séparément.  « La Turquie a cependant toujours défendu l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques », a-t-il dit en précisant que son pays a joué un rôle important dans la Déclaration de Téhéran de 2010.

M. RYO FUKAHORI (Japon) a déclaré qu’un monde exempt d’armes nucléaires ne pourrait voir le jour sans une coopération entre les États qui disposent de l’arme nucléaire et ceux qui ne l’ont pas.  Le Japon, avec d’autres États membres de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, a soumis 19 propositions pratiques au Secrétariat de la Conférence sur le désarmement, y compris une proposition découlant de la Déclaration d’Hiroshima, adoptée à la réunion ministérielle de l’Initiative en avril dernier, laquelle pourrait constituer une bonne base de consensus pour la prochaine conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération.

Cette proposition, a souligné la délégation japonaise, appelle les États dotés d’armes nucléaires et les États non dotés d’armes atomiques à prendre des mesures concrètes et à couvrir un large éventail de questions.  La délégation japonaise, qui a notamment insisté sur l’importance de la transparence des forces nucléaires des États dotés d’armes nucléaires, a également invité les représentants à se rendre à Hiroshima et à Nagasaki afin de mieux comprendre les conséquences humanitaires catastrophiques des bombardements atomiques.

M. AMR ALJOWAILY (Égypte) a indiqué que concernant les travaux du Groupe de travail I relatifs aux « Recommandations pour la réalisation de l’objectif du désarmement et de la non-prolifération des armes nucléaires », le point de départ aurait dû être la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale sur le suivi de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire tenue le 26 septembre 2013 (A/RES/69/58).  La résolution continue de tracer une feuille de route vers l’élimination totale des armes nucléaires, a relevé le représentant.  La Commission du désarmement devait être prête à apporter sa contribution, et délibérer sur la mise en œuvre de cette feuille de route, en particulier en ce qui concerne les éléments d’une convention globale sur les armes nucléaires pour en interdire la possession, le développement, la production, l’acquisition, le contrôle, le stockage, le transfert, l’utilisation ou la menace d’utilisation et prévoir leur destruction, a poursuivi le représentant.  Il a en outre noté que la résolution 1995, qui appelle à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient reste d’actualité jusqu’à ce que ses objectifs soient réalisés et que ses termes devraient être mis en œuvre sans délai. 

Les délibérations du Groupe de travail II « Mesures concrètes de confiance dans le domaine des armes classiques » prennent une importance croissante, a dit M. Aljowaily.  Les travaux de la Commission du désarmement doivent contribuer à apporter une réponse aux préoccupations relatives aux armes classiques, y compris la question saillante des armes légères et de petit calibre, a ajouté le représentant qui a demandé que les éléments suivants fassent partie intégrante de toutes mesures de confiance: surveillance internationale de la production et des stocks d’armes conventionnelles actuellement entre les mains des principaux exportateurs d’armes et producteurs; responsabilité mutuelle internationale comme seule garantie contre les abus potentiels du déséquilibre existant entre les principaux producteurs d’armes et le reste du monde, et apport d’une solution aux menaces prolongées sur la paix et la sécurité internationales causées par ces armes.  À cet égard, il n’y a pas de menace plus profonde à la paix et à la stabilité, au droit international, au droit international humanitaire, aux droits de l'homme et aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies que les crimes d’agression et d’occupation étrangère commis par des puissances qui emploient des arsenaux d’armes conventionnelles pour menacer et dominer des peuples et leur refuser leurs droits les plus fondamentaux, a souligné M. Aljowaily.

Droits de réponse

Réagissant à la déclaration du représentant de la République de Corée, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit que son pays s’était doté d’armes nucléaires comme armes dissuasives parce que les circonstances extérieures et la politique hostile des États-Unis à son égard l’ont forcé à franchir cette ligne.  « Nous avons été contraints de nous doter de l’arme nucléaire face à la menace que constituent les États-Unis, qui souhaitent détruire la RPDC », a-t-il dit.  Il a regretté que la République de Corée parle de problèmes nucléaires alors que se déroulent en ce moment, sous l’égide des États-Unis, des manœuvres militaires sans précédent sur la péninsule coréenne menées par son armée et celle des États-Unis.

Reprenant la parole, le représentant de la République de la Corée a dit que la RPDC était obligée, conformément à une résolution du Conseil de sécurité, d’abandonner ses armes nucléaires sans conditions et de mettre fin à ses provocations.  Il a dit que les manœuvres sont purement défensives et ont pour seul but de faire face aux menaces de la RPDC.

Reprenant à nouveau la parole, le représentant de la RPDC, a estimé que « la Corée du Sud se trompe sur la voie à suivre », avant de regretter que la République de Corée essaie d’altérer la nature des travaux de la Commission du désarmement.

Le représentant de la République de Corée a repris la parole et a insisté que son pays aiderait la RPDC à rejoindre la communauté économique mondiale si elle abandonnait son programme nucléaire.    

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du désarmement entame sa session 2015 sans que les délégations ne s’entendent sur un ordre du jour qui mettrait fin à 15 années d’impasse

Session de fond de 2015,
344e & 345e séances – matin & après-midi
CD/3543

La Commission du désarmement entame sa session 2015 sans que les délégations ne s’entendent sur un ordre du jour qui mettrait fin à 15 années d’impasse

La Haute Représentante de l’ONU pour le désarmement exhorte les délégations à faire preuve de volonté politique pour sortir de cette longue impasse

Après 15 années d’impasse marquées par l’incapacité de ses membres à s’entendre sur des mesures de désarmement nucléaire ou en matière d’armes classiques, la Commission du désarmement (CD), qui ouvrait aujourd’hui sa session de 2015, n’a pas été en mesure de s’entendre sur un ordre du jour. 

Dans une déclaration liminaire, Mme Angela Kane, Haute Représentante de l’ONU pour les affaires de désarmement, a exhorté les États Membres à faire preuve de volonté politique afin que la Commission puisse sortir de l’impasse dans laquelle elle est depuis trop longtemps bloquée.  Notant que les trois années écoulées n’ont pas été les meilleures pour le désarmement, elle a regretté l’existence d’un « clivage aujourd’hui plus profond que jamais » entre les États dotés de l’arme nucléaire et les autres.  Dans ce contexte, elle a souhaité que la prochaine conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération (TNP) soit fructueuse et couronnée de succès.

S’agissant des armes classiques, qui à travers le monde coûtent chaque année la vie à 740 000 personnes, Mme Kane s’est félicitée de l’enlèvement des armes chimiques auquel, la communauté internationale a procédé en Syrie, même si les bombes au chlore y restent un sujet de préoccupation constante.  Elle a qualifié d’historique l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, dont la mise en œuvre va permettre de faire en sorte que ces armes, notamment celles légères et de petit calibre, ne tombent plus entre de mauvaises mains.  La Haute Représentante a enfin estimé avec regret que la Commission du désarmement avait à ce jour semblé privilégier « la tenue de réunions rituelles plutôt que l’obtention de résultats », avant d’exhorter la Commission à intensifier ses efforts et à se pencher sur les nouvelles menaces que représentent, entre autres, les cybermenaces ou l’usage des drones. 

« La sécurité est globale ou elle n’est pas » a, de son côté, martelé avec force le Président de la Commission, M. Fodé Seck, du Sénégal, en appelant les membres de la Commission à tout faire pour que les travaux de ce forum parviennent à atteinte des résultats positifs afin de « restaurer la crédibilité de la Commission ».  Il a insisté que le déblocage des travaux de la Commission était crucial afin de parvenir au désarmement au niveau international, qu’il s’agisse de celui lié aux armes nucléaires ou de celui portant sur les armes classiques.

La Commission du désarmement, organe subsidiaire et délibérant de l’Assemblée générale en matière de désarmement, n’est pas parvenue à s’entendre sur des recommandations depuis 1999, et cette première journée des travaux de sa session de 2015 n’a pas permis de débloquer la situation malgré plusieurs heures de consultations informelles.  Le 25 avril 2014, la Commission du désarmement avait conclu sa session1 de 2014 sans que ses membres ne soient parvenus à s’entendre sur le moindre document, ceci au terme d’une session qui se tenait à la fin de la dernière année de son cycle triennal de négociations (2012-2014).  Après trois semaines de discussions, les membres de la Commission n’ont pu trouver de consensus ni sur des objectifs de désarmement nucléaire, ni sur des mesures de confiance relatives aux armes classiques. 

Au terme d’une journée de consultations, le Président de la Commission a indiqué que de nombreuses délégations ont souhaité consulter leurs capitales sur le contenu du document de travail qui leur a été distribué avant de pouvoir revenir sur le projet d’ordre du jour demain, mardi 7 avril, à 10 heures.  Réagissant à une déclaration du représentant du Pakistan qui a relevé que des propositions formulées cet après-midi au cours des consultations ne figuraient pas au document de travail, le Président a tenu à rassurer que toutes les questions discutées aujourd’hui méritaient l’attention de la Commission du désarmement.   

Ce matin, en début de séance, la Commission n’a pas été en mesure d’adopter l’ordre du jour2, ni l’organisation des travaux3 de sa session de 2015.  Néanmoins, les délégations ont pu compléter la composition du Bureau de la Commission en élisant Mme Marija Perisic, de la Serbie; M. Andrea Romussi, de l’Italie; M. Manuel Frederico Pimhero da Silva, du Portugal; et M. Claudio Garrido, du Chili, en tant que Vice-Présidents.  Elles ont également élu Mme Lachezara Stoeva, de la Bulgarie en tant que Rapporteur.  

La Commission du désarmement, dont les travaux se poursuivront jusqu’au 24 avril, se réunira demain, mardi 7 avril, à 10 heures.  Les travaux de son Groupe de travail I chargé des « Recommandations en vue de réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires » et de son Groupe de travail II chargé des « Mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques » débuteront à une date à préciser.

1CD/34922A/CN.10/L.743A/CN.10/2015/CRP.1.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Libéria: le Conseil de sécurité adopte une résolution par laquelle il approuve la recommandation du Secrétaire général relative à la reconfiguration de la MINUL

7423e séance – matin
CS/11849

Libéria: le Conseil de sécurité adopte une résolution par laquelle il approuve la recommandation du Secrétaire général relative à la reconfiguration de la MINUL

Au cours d’une réunion tenue ce matin, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité de ses 15 membres sa résolution 2215 (2015), aux termes de laquelle il approuve la recommandation que le Secrétaire général a formulée lors de l’exposé qu’il lui a présenté, le 16 mars 2015, sur le retrait du personnel en tenue de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).

En vertu du texte adopté aujourd’hui, et conformément à la résolution 2190 (2014), le Conseil de sécurité autorise le Secrétaire général à mettre en œuvre la troisième phase du retrait afin de porter l’effectif militaire de la MINUL à 3 590 personnes et l’effectif policier à 1 515 personnes, et ce, au plus tard en septembre 2015.

Pour rappel, le dernier rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies au Libéria, publié le 15 aout 2014, faisait état de 4 586 militaires en fonction au sein de la MINUL, alors que la composante de police s’établissait à 1 434 membres, pour un effectif autorisé de 1 763 éléments.

Aux termes de la résolution 2215 (2015), le Conseil de sécurité réaffirme qu’il compte que le Gouvernement libérien assumera pleinement l’ensemble des responsabilités en matière de sécurité exercées par la MINUL le 30 juin 2016 au plus tard et il réaffirme également qu’il a l’intention d’examiner en conséquence la reconfiguration continue et future de la MINUL.

En adoptant ce texte, le Conseil de sécurité décide par ailleurs que le mandat de la MINUL ne comprendra plus la tâche décrite au paragraphe 10 d) i) de sa résolution 2190 (2014).  Ledit paragraphe appelait la MINUL à « aider le Gouvernement libérien à organiser les élections sénatoriales ».

LA SITUATION AU LIBÉRIA

Texte du projet de résolution S/2015/222

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures concernant la situation au Libéria et dans la sous-région, en particulier les résolutions 1509 (2003), 2066 (2012), 2116 (2013), 2176 (2014), 2177 (2014) et 2190 (2014),

Félicitant le Gouvernement d’avoir fait face efficacement à l’épidémie d’Ebola au Libéria et prenant acte, à ce sujet, de la résilience du peuple et du Gouvernement libériens, et des institutions chargées de la sécurité, surtout des Forces armées du Libéria et de la Police nationale libérienne,

Accueillant avec satisfaction l’action menée par les États Membres, les partenaires bilatéraux et les organisations multilatérales, y compris l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, pour aider le Gouvernement libérien à faire face à l’épidémie d’Ebola, accueillant avec satisfaction également le concours apporté au Libéria après l’épidémie par la communauté internationale, notamment la Commission de consolidation de la paix, en contribuant à son projet de développement global pendant la période de relèvement et souhaitant vivement que d’autres mesures soient prises en ce sens,  

Rappelant que dans sa résolution 2066 (2012), il a approuvé, comme l’avait recommandé le Secrétaire général, la réduction de l’effectif militaire de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) en trois phases, d’août 2012 à juillet 2015,

Prenant note du rapport du Secrétaire général en date du 15 août 2014 (S/2014/598), ainsi que de l’exposé qu’il lui a présenté le 16 mars 2015 et des recommandations relatives à la reprise du retrait de la MINUL,

Constatant que la situation au Libéria continue de constituer une menace pour la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Approuve la recommandation que le Secrétaire général a formulée lors de l’exposé qu’il a présenté le 16 mars 2015 sur le retrait du personnel en tenue de la MINUL et, conformément à la résolution 2190 (2014), l’autorise à mettre en œuvre la troisième phase du retrait afin de porter l’effectif militaire à 3 590 personnes et l’effectif policier à 1 515 personnes, et ce, au plus tard en septembre 2015;

2.    Décide que le mandat de la MINUL ne comprendra plus la tâche décrite au paragraphe 10 d) i) de sa résolution 2190 (2014);

3.    Réaffirme qu’il compte que le Gouvernement libérien assumera pleinement l’ensemble des responsabilités en matière de sécurité exercées par la MINUL le 30 juin 2016 au plus tard et réaffirme également qu’il a l’intention d’examiner en conséquence la reconfiguration continue et future de la MINUL;

4.    Prie le Secrétaire général de continuer de rationaliser les activités des composantes de la MINUL –civile, police et militaire– afin de tenir pleinement compte de la réduction des effectifs policiers et militaires et du mandat décidée dans la résolution 2190 (2014) et dans la présente résolution et le prie également de consolider la présence civile, policière et militaire de la MINUL compte tenu de la transition en matière de sécurité évoquée au paragraphe 3 ci-dessus; 

5.    Demande aux Gouvernements du Libéria et de la Côte d’Ivoire de continuer à resserrer leurs liens de coopération, surtout en ce qui concerne la région frontalière et, à ce sujet, demande à toutes les entités des Nations Unies en Côte d’Ivoire et au Libéria, y compris à toutes les composantes concernées de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de la MINUL, dans la limite de leur mandat, de leurs capacités et de leurs zones de déploiement, ainsi qu’aux deux équipes de pays des Nations Unies, selon qu’il conviendra, d’apporter leur appui aux autorités ivoiriennes et libériennes;

6.    Réaffirme l’importance des mécanismes de coopération entre missions au moment où la MINUL et l’ONUCI réduisent leurs effectifs, ainsi que les dispositions du cadre de coopération entre missions énoncées dans sa résolution 1609 (2005) et rappelle les dispositions pertinentes de la résolution 2162 (2014) à ce sujet;

7.    Décide de demeurer saisi de la question.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale comble un déficit de 154 millions de dollars dans la rénovation du Siège de l’ONU à New York

Soixante-neuvième session,
84e séance plénière – matin
AG/11632

L’Assemblée générale comble un déficit de 154 millions de dollars dans la rénovation du Siège de l’ONU à New York

Une somme de 2,3 milliards de dollars, ce qu’aura coûté la rénovation du Siège de l’ONU à New York depuis le premier coup de pioche, en mai 2008.  Les travaux touchant à leur fin, l’Assemblée générale a dû combler aujourd’hui un déficit de 154,8 millions de dollars pour l’exercice 2014-2015, suivant ainsi les recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  L’Assemblée a aussi autorisé le financement du progiciel de gestion intégrée Umoja, des chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens et du Prix des Nations Unies Nelson Rolihlahla Mandela. 

L’Assemblée a noté que le coût définitif de la rénovation du Siège de l’ONU à New York est de 2,3 milliards de dollars et compte tenu du déficit pour l’exercice budgétaire 2014-2015, elle a autorisé le Secrétaire général à transférer un montant de 154,8 millions de dollars du Fonds général.  La somme débloquée doit être financée par la contribution des États à hauteur de 85,2 millions de dollars; l’annulation d’engagements de l’exercice biennal 2012-2014, à hauteur de 33 millions, et par une ponction de 36,1 millions de dollars au Compte spécial. 

L’Assemblée a débloqué une autre somme de 5,5 millions de dollars pour la mise en œuvre du progiciel de gestion intégrée Umoja et a noté que des dépenses d’un montant de 8,4 millions de dollars seront financées par des ressources extrabudgétaires du 1er janvier au 31 décembre 2015.  Une autre somme de 22,8 millions de dollars sera demandée dans le projet de budget du compte d’appui aux missions de maintien de la paix pour l’exercice allant du 1er juillet au 30 juin 2016. 

L’Assemblée a aussi autorisé le Secrétaire général, « à titre exceptionnel », à engager un montant de 12,1 millions de dollars pour compléter les contributions volontaires à la composante internationale des chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2015.  Le représentant du Cambodge s’est félicité de cette décision.

Informée par sa Cinquième Commission que l’attribution du Prix des Nations Unies Nelson Rolihlahla Mandela coûtera, cette année, la somme de 96 700 dollars, l’Assemblée a pu en adopter le statut.  Créé le 6 juin 2014, cinq ans après la proclamation du 18 juillet comme « Journée internationale Nelson Mandela », le Prix sera décerné pour la première fois cette année, à une femme et à un homme, pour « les services exceptionnels rendus à l’humanité au moyen d’activités promouvant la réconciliation et la cohésion sociale et le développement local ».  Le Vice-Président de l’Assemblée générale a fait une déclaration.  

Au total, l’Assemblée a adopté six résolutions recommandées par sa Cinquième Commission dont celle sur le budget-programme 2014-2015 qui couvre 10 sujets différents. 

L’Assemblée a aussi adopté des textes sur la coopération entre l’ONU et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), et l’Organisation pour la démocratie et le développement économique-GUAM, après avoir nommé de nouveaux membres au Comité des conférences.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

NOMINATION DE MEMBRES DU COMITÉ DES CONFÉRENCES

L’Assemblée générale a pris note de la nomination de la République centrafricaine, de la Namibie, du Paraguay et de la Fédération de Russie en tant que membres du Comité des conférences pour une période de trois ans, à partir du 1er janvier 2015. 

Elle a également pris note que le mandat de la France au sein du même Comité s’achèvera le 31 décembre 2017 et que les deux sièges qui reviennent au Groupe des États d’Asie-Pacifique dont le mandat se termine à la même date demeuraient vacants.

L’Assemblée a entériné la décision du Président de l’Assemblée de nommer le Sri Lanka pour un mandat du 2 avril 2015 au 31 décembre 2017 et l’Autriche, en remplacement du Danemark, pour un mandat s’achevant le 31 décembre 2016.

SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE (A/69/L.55)

L’Assemblée a décidé d’adopter le statut du Prix des Nations Unies Nelson Rolihlahla Mandela.  Ce prix a pour objet de récompenser ceux qui consacrent leur vie au service de l’humanité en promouvant les buts et principes des Nations Unies et en honorant la vie et l’héritage extraordinaires de Nelson Mandela et son action au service de la réconciliation, de la transition politique et de la transformation sociale.

L’Assemblée a été au préalable informée par sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires (A/69/837) que la résolution implique des ressources supplémentaires d’un montant total de 97 600 dollars pour l’exercice budgétaire 2014-2015.

Le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. EINAR GUNNARSSON (Islande), a encouragé États Membres, observateurs, organisations intergouvernementales et non gouvernementales à soumettre leurs nominations pour ce Prix Nelson Rolihlahla Mandela.  Il a aussi rappelé que La Journée internationale Nelson Mandela, célébrée depuis 2010 le 18 juillet de chaque année, demeurait un symbole international d’espoir, d’humilité et de sens des responsabilités.

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE (OIF) (A/69/L.58)

Par ce texte, adopté sans vote, l’Assemblée générale se félicite de la coopération renforcée et fructueuse entre l’ONU et l’OIF.  Elle souligne la coopération accrue entre, d’une part, l’OIF et, d’autre part, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions en vue du renforcement des effectifs francophones, y compris des femmes, sur le théâtre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Elle se félicite du lancement, en janvier 2014, du Réseau d’expertise et de formation francophone pour les opérations de la paix.

Elle se félicite en outre de la participation de l’OIF aux travaux de la Commission de consolidation de la paix consacrés au Burundi, à la Guinée, à la Guinée-Bissau et à la République centrafricaine.

L’Assemblée exprime sa gratitude à l’OIF pour les actions qu’elle a menées ces dernières années en faveur de la diversité culturelle et linguistique et du dialogue des cultures et des civilisations.  Elle se félicite des rencontres de haut niveau tenues périodiquement entre les Secrétaires généraux de l’ONU et de l’OIF.  

M. PAUL TIENDREBEOGO, Organisation internationale de la Francophonie, a indiqué que son organisation s’associerait étroitement aux travaux de l’ONU, en particulier ceux relatifs aux prochaines conférences sur le financement du développement et sur les changements climatiques.  Une coopération étroite entre l’OIF et l’ONU permet de défendre la diversité culturelle et le multilinguisme, a-t-il poursuivi, avant d’inviter le Secrétariat à respecter strictement le pluralisme linguistique dans ses activités.  Il a en outre souligné l’importance de cette coopération en vue de la finalisation du programme de développement pour l’après-2015.  « L’OIT continuera à jouer sa partition ».

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L’ORGANISATION POUR LA DÉMOCRATIE ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE – GUAM (GEORGIE, UKRAINE, AZERBAÏDJAN ET MOLDAVIE) (A/69/L.59)

Par ce texte, l’Assemblée se félicite de l’intention du GUAM de coopérer avec la Commission économique pour l’Europe et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement.  Elle invite le Secrétaire général de l’ONU à tenir régulièrement des consultations avec le Secrétaire général du GUAM.  Elle invite aussi les institutions spécialisées, entités, organismes, fonds et programmes des Nations Unies à coopérer avec le GUAM.  Elle prend note des pratiques de coopération déjà établies entre le GUAM et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, y compris le  projet relatif au commerce d’opiacés afghans intitulé « Renforcer les capacités des États membres du GUAM de coopérer aux niveaux national et régional dans la lutte contre le blanchiment d’argent et dans la saisie et la confiscation des produits du crime ».

EXAMEN DE L’EFFICACITÉ DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES: RAPPORT DE LA CINQUIÈME COMMISSION (A/69/702/ADD.1)

Par la résolution I sur l’application du principe de responsabilité pour le Secrétariat de l’ONU, l’Assemblée générale souligne qu’il importe de promouvoir à tous les niveaux de la hiérarchie du Secrétariat une culture de responsabilité, la gestion axée sur les résultats, la gestion des risques et l’utilisation de mécanismes de contrôle interne, sous l’impulsion et avec l’adhésion des hauts responsables.  Elle demande de nouveau au Secrétaire général de prendre les mesures qui s’imposent à cette fin, notamment en ce qui concerne la formation du personnel concerné. 

L’Assemblée souligne aussi le rôle et la responsabilité du Comité de gestion pour ce qui est de promouvoir et d’améliorer le système d’application du principe de responsabilité dans son ensemble.  Elle dit attendre avec intérêt les résultats du projet pilote de mise en œuvre du dispositif de gestion des risques lancé à la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et souligne que, compte tenu de la stratégie de mise en œuvre progressive qui a été adoptée, il importera de recenser et de partager avec les autres missions les enseignements tirés de l’expérience et les meilleures pratiques ainsi dégagées.

Elle engage le Secrétaire général à veiller au strict respect de la politique de tolérance zéro de l’Organisation à l’égard de toute forme d’exploitation et de violences sexuelles et entend se pencher sur cette question dans le cadre de l’examen du prochain rapport qui sera consacré aux questions concernant l’ensemble des opérations de maintien de la paix. 

Par la résolution II sur les achats, l’Assemblée générale souligne que les quatre principes généraux régissant les achats restent un rapport qualité-prix optimal; l’équité, l’intégrité et la transparence; une mise en concurrence internationale effective; et l’intérêt de l’Organisation, et prie le Secrétaire général de veiller à ce qu’ils soient respectés dans toutes les activités d’achat des Nations Unies.  Elle se félicite de l’aboutissement du projet pilote relatif aux invitations à soumissionner, et attend avec intérêt de recevoir des informations sur les avantages et les inconvénients respectifs des procédures d’appel d’offres et d’invitation à soumissionner pour la passation de marchés de services de transport aérien. 

L’Assemblée se félicite aussi de la mise en place du système indépendant de contestation des adjudications et de son extension progressive aux bureaux extérieurs, aux commissions régionales et aux tribunaux internationaux, ainsi qu’aux opérations de maintien de la paix et missions politiques spéciales.  Elle prie le Secrétaire général de lui rendre compte des progrès accomplis, y compris en ce qui concerne la possibilité d’abaisser le seuil financier au-dessus duquel les fournisseurs peuvent former un recours.

Elle prie le Secrétaire général de continuer de rechercher des moyens novateurs de favoriser l’attribution de marchés, tant au Siège que dans les bureaux extérieurs, à des fournisseurs issus de pays en développement ou en transition, et de lui rendre compte des mesures concrètes prises à cet effet.  Elle prie aussi le Secrétaire général d’encourager les entreprises locales intéressées à faire acte de candidature à l’inscription sur le fichier des fournisseurs du Secrétariat de l’ONU, aux fins d’en élargir la base géographique.

L’Assemblée dit attendre avec intérêt des informations actualisées sur le fonctionnement du Bureau régional d’achat à Entebbe, dans le cadre du modèle de prestation de services centralisée.  Elle prie le Secrétaire général de ne pas lancer de projet pilote sur une politique d’achat responsable à ce stade.

BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2014-2015 (A/69/702/ADD.2)

Par ce texte de 14 pages sur les questions spéciales relatives au budget-programme de l’exercice biennal 2014-2015, qui couvre 10 sujets suivants, l’Assemblée générale autorise le Secrétaire général, « à titre exceptionnel », à engager un montant de 12,1 millions de dollars pour compléter les contributions volontaires à la composante internationale des Chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2015. 

M. RY TUY (Cambodge) a réaffirmé l’appui de son gouvernement à la demande de subvention exceptionnelle, dans un esprit de partenariat avec les Nations Unies, ayant noté ces dernières années que ces chambres avaient connu des problèmes de financement.  Le Gouvernement du Cambodge, a-t-il affirmé, collabore toujours avec toutes les parties afin de garantir le bon fonctionnement des chambres.  Il a rappelé que la première affaire jugée par ces chambres avait abouti à la condamnation pour crime contre l’humanité de deux hauts dirigeants des Khmer Rouges et que la deuxième était pendante devant cette juridiction.

Depuis leur création en 2006, ces chambres perçoivent des contributions financières et en nature du Cambodge, a-t-il rappelé, soulignant que son pays s’est engagé à verser, pour 2015, 4,1 millions de dollars, dont 1,6 alloué au fonctionnement des chambres et 2,5 millions aux salaires du personnel national pour le premier semestre de 2015.  En ce qui concerne le deuxième semestre 2015, il a lancé un appel pour financer la composante nationale.  Il a signalé qu’un Mémorandum d’accord avait été signé pour rendre opérationnel le Centre de documentation juridique, dont le bâtiment a été financé par le Japon.

Après des recommandations sur l’examen stratégique des biens immobiliers et sur les conclusions du Groupe de travail de haut niveau sur l’importance des programmes, l’Assemblée générale en vient aux conditions de voyage en avion pour « constater avec préoccupation » que la fréquence et le coût des dérogations régissant ces conditions de voyages aient continué d’augmenter.  Elle prie donc le Secrétaire général de prendre « sans tarder » des mesures visant à restreindre l’octroi de ces dérogations, de renforcer les contrôles internes à cet égard et d’analyser l’historique des dérogations accordées.

Elle prie aussi le Secrétaire général d’arrêter une définition claire de la « qualité de haute personnalité » et de fixer un ensemble de critères communs à appliquer pour la déterminer.  L’Assemblée « insiste » auprès du Secrétaire général sur l’importance de disposer de données exactes, complètes et compréhensibles pour une gestion rationnelle et un contrôle efficace de toutes les dépenses afférentes aux voyages en avion. 

L’Assemblée fait ensuite des recommandations sur les modalités de fonctionnement et des conditions d’emploi en vigueur au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), avant de s’attarder sur le progiciel de gestion intégrée Umoja et de prier le Secrétaire général de veiller à ce que le progiciel soit pleinement déployé en décembre 2018 au plus tard.  L’Assemblée note que des ressources supplémentaires d’un montant de 54,3 millions de dollars sont demandées pour l’exercice 2016-2017 et prie le Secrétaire général de tout mettre en œuvre pour éliminer les dépassements de crédits. 

L’Assemblée décide d’ouvrir un crédit d’un montant de 5,5 millions de dollars pour l’exercice budgétaire 2014-2015 et prend note du fait qu’une somme de 22,8 millions de dollars sera demandée dans le projet de budget du compte d’appui aux missions de maintien de la paix pour l’exercice allant du 1er juillet au 30 juin 2016.  Elle prend également note du fait que des dépenses d’un montant de 8,4 millions de dollars seront financées par des ressources extrabudgétaires au cours de la période du 1er janvier au 31 décembre 2015. 

L’Assemblée générale fait aussi des recommandations sur l’étude de faisabilité détaillée de la mise en œuvre de stratégies de gestion souple de l’espace du travail à l’ONU.  Elle passe ensuite au Plan-cadre d’équipement, note que le coût définitif est de 2,3 milliards de dollars et ouvre un crédit de 154,8 millions pour combler le déficit: 85,2 millions viendront de la contribution des États Membres; 33 millions de l’annulation d’engagements de l’exercice biennal 2012-2013; et 36,1 millions du Compte spécial constitué par la résolution 3049 du 19 décembre 1972.  Elle autorise donc le Secrétaire général à transférer un montant de 154,8 millions de dollars du Fonds général au fonds du Plan-cadre d’équipement.

L’Assemblée générale termine avec des recommandations sur l’étude sur l’actualisation des coûts et les moyens de maîtriser les incidences des fluctuations des taux de change et de l’inflation.

CORPS COMMUN D’INSPECTION (A/69/846)

Dans cette résolution, l’Assemblée générale engage le Corps commun d’inspection, le Comité des commissaires aux comptes et le Bureau des services de contrôle interne du Secrétariat à continuer de partager leurs données d’expérience, leurs connaissances, leurs pratiques de référence et les enseignements qu’ils tirent de leur expérience avec les autres organes d’audit et de contrôle des Nations Unies, ainsi qu’avec le Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit, en vue d’éviter les chevauchements d’activités et les doubles emplois et de renforcer les effets de synergie, la coopération, l’efficacité et l’efficience, sans préjudice des mandats respectifs des organes d’audit et de contrôle.

L’Assemblée générale se félicite de l’intérêt et de l’utilité que présente le système en ligne pour le suivi de l’application des recommandations formulées par le Corps commun, souligne qu’il importe de tenir ce système à jour et engage le Corps commun à élaborer des indicateurs de succès pour déterminer dans quelle mesure ledit système a amélioré le suivi de l’application des recommandations.

FINANCEMENT DU MÉCANISME INTERNATIONAL APPELÉ À EXERCER LES FONCTIONS RÉSIDUELLES DES TRIBUNAUX PENAUX (A/69/693/ADD.1)

Dans ce texte sur la construction d’un nouveau bâtiment pour la division d’Arusha du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, l’Assemblée générale « constate avec préoccupation » que le montant engagé pour les services du cabinet d’architectes-conseils et les contrats de construction est plus élevé que prévu et, à cet égard, elle prie le Secrétaire général de n’épargner aucun effort pour obtenir des gains d’efficience tout au long de l’exécution du projet. 

L’Assemblée engage le Secrétaire général à continuer d’étudier la possibilité d’utiliser au Mécanisme le mobilier et le matériel utilisable des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: pour assurer son développement durable, le monde doit créer au moins 600 millions d’emplois au cours de la prochaine décennie

Session de 2015,
19e & 20e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6680

ECOSOC: pour assurer son développement durable, le monde doit créer au moins 600 millions d’emplois au cours de la prochaine décennie

« Avis de recherche: 600 millions d’emplois ».  Les participants aux travaux du Conseil économique et social (ECOSOC), qui terminait aujourd’hui son segment de l’intégration sur le thème « Réaliser le développement durable par la création d’emplois et le travail décent pour tous », ont estimé que le monde devait créer pas moins de 600 millions d’emplois décents, s’il entendait résorber les taux de chômage records que connaissent de nombreux pays.

Cet objectif est d’autant plus impérieux que la création d’emplois, comme l’a rappelé le représentant de l’Inde, est au centre des trois piliers du développement durable: la croissance économique, l’intégration sociale et la protection de l’environnement.  « Sans création d’emplois, tous les trois objectifs demeureront irréalisables. »  Un avertissement sans frais alors que le programme de développement pour l’après-2015, qui comprend un objectif sur l’emploi productif et le travail décent, est en cours d’élaboration. 

« La création d’emplois décents pour un développement durable est un défi aux proportions monumentales », a reconnu le Vice-Président de l’ECOSOC dans ces remarques de clôture.  Partisan d’une taxe sur le carbone et sur les transactions financières pour stimuler l’économie, il a affirmé qu’une « juste part » des 600 millions d’emplois devait revenir à l’Afrique.

Le représentant du Brésil a bien résumé l’enjeu sous-jacent de ces trois jours de discussion: « Comment élaborer des politiques inclusives de création d’emplois supplémentaires et de meilleure qualité qui génèrent non seulement la croissance économique et le bien-être, mais qui agissent aussi comme moteur de l’intégration sociale et de la réduction de la pauvreté? » 

Les participants aux trois tables rondes à s’être tenues aujourd’hui ont tenté d’apporter des éléments de réponse.  Alarmés par les taux de chômage records des jeunes –en Grèce, un jeune sur deux n’a pas d’emploi– ils ont identifié comme premier facteur explicatif l’inadéquation des qualifications avec les exigences d’un marché du travail que l’arrivée des nouvelles communications a profondément transformé.

Le Président-Directeur général de CodeAcademy a souligné que la formation était l’élément clef pour l’accès aux postes plus qualifiés, d’autant plus que les emplois répétitifs, requérant une faible qualification, peuvent désormais être occupés par des machines.  « En deux ans, les compétences pour devenir concepteur de logiciel ont changé. »

« L’alphabétisation digitale » a été conseillée par le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT), pour acquérir des compétences conformes aux postes à fort contenu technologique.  « Pour chaque augmentation de 10% de la pénétration de l’Internet à haut débit, le PIB des pays en développement augmente en moyenne de 1,38%. »

L’élimination des formalités nécessaires à la création d’entreprises a été une autre piste évoquée, au même titre que le renforcement de l’esprit entrepreneurial, en particulier chez les femmes.  Selon la Présidente-Directrice générale de WeConnect International, les femmes chefs d’entreprise créeraient davantage d’emplois et de meilleure qualité que les hommes.  « Les pays en développement doivent se focaliser sur les petites exploitations agricoles qui créent 1 milliard d’emplois dans le monde », a préconisé le Fondateur et Administrateur de GIST Advisory.

Les participants ont aussi essayé d’identifier les secteurs économiquement porteurs et les gisements d’emplois.  La Secrétaire générale d’Hydro-Québec a expliqué qu’en 2050, les énergies renouvelables occuperont une part de 20 à 25% dans la création d’emplois dans le monde.  « Quelque 20 millions d’emplois pourraient être créés d’ici à 2030. »

Les enjeux sociaux de l’emploi n’ont pas été oubliés, notamment par le Chef des ressources humaines de Tata Group, qui a invité le secteur privé à prendre conscience de sa responsabilité sociale.  Pour corriger l’écart salarial entre hommes et femmes, la Secrétaire générale d’Hydro-Québec a préconisé la multiplication des crèches dans les entreprises et l’aménagement du temps de travail.

Enfin, le Vice-Président de l’ECOSOC a pris date pour l’année prochaine en reprenant à son compte la proposition de l’UIT de consacrer le thème du segment de l’intégration de l’ECOSOC, en 2016, à l’exploitation des technologies digitales aux fins du développement durable.

DÉBAT CONSACRÉ À L’INTÉGRATION

Trouver les opportunités: faire correspondre l’éducation et les compétences avec les demandes du marché

Animée par M. ANTONIO PRADO, Secrétaire exécutif adjoint à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, la table ronde a été l’occasion pour les trois intervenants de proposer des solutions innovantes pour relever le défi persistant, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, que constitue l’inadéquation des qualifications des jeunes avec les exigences du marché du travail.  « Si vous voulez être payés, apportez de la valeur ajoutée », a résumé la Présidente-Directrice générale et Cofondatrice de WeConnect International, États-Unis.

Mme ELIZABETH A. VAZQUEZ, s’est surtout attardée sur la situation des femmes qui, bien souvent, manquent des connaissances nécessaires pour s’adapter à l’évolution du marché.  « WeConnect » veille à doter les femmes d’outils adéquats tout en les aidant à identifier les secteurs les plus porteurs.  Prenant l’exemple des exploitantes agricoles, elle a expliqué que son organisme les aidait à grimper les échelons de la valeur ajoutée, en proposant des produits plus sophistiqués et plus diversifiés.  Cet appui est d’autant plus important qu’empiriquement, a affirmé l’intervenante, les PME créées par des femmes généraient davantage d’emplois que celles créées par des hommes, et il s’agit souvent d’emplois de meilleure qualité.  Mme Vazquez a rappelé que si les PME  sont le moteur de la croissance, un grand nombre d’entre elles échouaient.

En Tunisie, les femmes n’ont pas peur d’échouer, a poursuivi M. RON BRUDER, fondateur d’Education for Employment, États-Unis.  « Elles se lancent avec passion dans la création d’entreprises. »  Il a affirmé que parmi les personnes que son organisation a formées en Tunisie, il y a 70% de femmes alors qu’au Yémen, ce taux est de 38%.  « Tout dépend de la structure des sociétés. »

Les nouvelles technologies permettent de former un bien plus grand nombre de personnes puisque les formations sont accessibles partout dans le monde grâce à Internet, a ajouté  M. ZACH SIMS, Cofondateur et Président-Directeur général de CodeAcademy, États-Unis.  Aujourd’hui, un cours dispensé à l’Université de Harvard peut profiter à tous, alors qu’auparavant il ne bénéficiait qu’à ceux qui étaient présents dans les auditoires.  En plus, l’enseignement en ligne facilite la formation continue.  Dans la même veine, le Fondateur d’Education for Employment a fait remarquer qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les utilisateurs d’Internet étaient passés en quelques années de 60 millions à 90 millions.  Nos formations sont adaptées aux spécificités culturelles des pays, a affirmé le Président-Directeur général de CodeAcademy.  Il s’agit d’un mouvement de fond, a-t-il poursuivi, faisant remarquer que Twitter prévoit des règles différentes d’utilisation en Inde et aux États-Unis par exemple.  Le cas de l’Inde a également été cité par la Présidente-Directrice générale de WeConnect International, qui a affirmé, qu’à sa connaissance, l’Inde où un aspirant créateur d’entreprises doit spécifier dans son dossier s’il est un homme ou une femme.

La pertinence des nouvelles technologies étant avérée s’agissant de la formation, qu’en est-il de l’emploi?  Le Président-Directeur général de CodeAcademy a expliqué que les technologies permettent une montée en gamme des emplois, puisque les tâches répétitives, requérant une faible qualification, peuvent désormais être assumées par des machines.  La formation est naturellement l’élément clef pour l’accès à des postes plus qualifiés, a-t-il poursuivi, ajoutant qu’en deux ans, les compétences pour devenir concepteur de logiciel avaient changé.  « Les nouvelles technologies sont la meilleure chose qui soit arrivée aux femmes », a renchéri la Présidente-Directrice générale de WeConnect International, expliquant qu’elles permettaient une plus grande souplesse des formes d’emploi, en favorisant par exemple le travail à domicile.  Nous vivons une époque excitante, a-t-elle poursuivi, indiquant que certains débouchés seront certes éliminés mais que d’autres verront le jour.

Un court débat s’est ensuite ouvert, marqué par une question de la représentante des États-Unis qui s’est interrogée, face à la « glorification » légitime de l’entrepreneur, sur le sort des millions de personnes qui n’ont pas de capacités entrepreneuriales.  « Tout le monde ne peut pas être entrepreneur mais il faut laisser ceux qui en ont les capacités de se lancer et de générer des emplois », a lancé la Présidente-Directrice générale de WeConnect International, alors que le Fondateur d’Education for Employment a identifié les gouvernements, en particulier au Moyen-Orient, comme les principaux freins à la création d’entreprises.  « En Égypte et en Jordanie, les bureaucraties sont colossales et les entrepreneurs doivent remplir tout un tas de formulaires », a-t-il dénoncé.

La Cofondatrice de WeConnect International a donné l’exemple de grands-mères devenues ingénieurs en énergie solaire dans des villages reculés en Inde, pour répondre à la question de la représentante de la République de Corée sur ce qui peut être fait pour combler les disparités d’emplois entre hommes et femmes en milieu rural.

Débat général

Mme LIZANNE ACHING (Trinité-et-Tobago) a constaté, par son expérience, que les initiatives destinées à accélérer la création d’emplois réussissent mieux lorsqu’elles intègrent les trois dimensions du développement durable.  C’est dans ce contexte que son pays a mis en œuvre des politiques, plans et stratégies visant le développement durable par la création d’emplois et le travail décent pour tous, a-t-elle dit, des initiatives qui sont coordonnées par les différents ministères concernés.  Elle a mentionné à cet égard le Cadre de politique à moyen terme 2011-2014 lié à la mise en œuvre de la première phase du Plan de développement national « Prospérité pour tous ».  Le Gouvernement a ainsi restructuré l’économie pour fournir des opportunités génératrices de revenus à des segments de la population qui étaient traditionnellement et économiquement marginalisés, en se penchant en particulier sur les jeunes, les femmes et les personnes handicapées.

Parmi les initiatives mentionnées, la représentante a indiqué que le Gouvernement s’employait à stimuler les secteurs de la construction, de l’agriculture, de l’industrie manufacturière, du tourisme, de l’artisanat, de la mode et des technologies de l’information et des communications (TIC).  Des efforts sont également menés, a-t-elle ajouté, pour mieux adapter les formations professionnelles aux besoins du marché du travail, pour permettre aux femmes de travailler de la maison avec des horaires flexibles et pour créer des entreprises vertes.  Le Gouvernement a en outre mis sur pied un groupe de travail sur le dialogue social qu’il entend mener avec les employeurs, les travailleurs et la société civile.  Mme Aching a assuré que ces activités seraient par la suite alignées sur les futurs objectifs de développement durable.  Elle a cependant demandé une aide technique pour promouvoir la demande en biens et services verts et a espéré que l’ECOSOC jouerait un rôle crucial dans le suivi des efforts régionaux et nationaux de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Mme KATARINA LALIĆ SMAJEVIĆ (Serbie) a affirmé que l’amélioration du marché de l’emploi était l’un des objectifs stratégiques de son gouvernement.  À cet effet, elle a mis en place des mesures spécifiques visant à améliorer l’employabilité des individus, augmenter le taux d’emploi et instaurer un meilleur climat des affaires afin de faciliter les investissements.  La déléguée a ensuite mentionné les objectifs poursuivis par le Plan national d’action pour l’emploi pour 2015, parmi lesquels elle a cité une meilleure inclusion des personnes faiblement qualifiées et l’appui aux politiques d’emploi locales et régionales.  Le Plan met aussi davantage l’accent sur l’emploi des personnes handicapées, a-t-elle conclu.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a appelé à une approche macroéconomique intégrée et des initiatives coordonnées, au niveau international, pour la croissance et l’emploi qui doivent être vus comme un objectif unique et non pas comme deux objectifs distincts.  Nous devons travailler sur les facteurs structurels qui influencent le marché du travail tels que le rétrécissement de la population active, compte tenu du vieillissement des populations dans certaines régions du monde et du changement radical dans les compétences demandées.

En effet, l’un des plus grands défis de l’économie mondiale est d’équilibrer l’offre et la demande sur le marché du travail.  Il faut résoudre le problème du chômage des jeunes, un problème majeur dans de nombreux pays, y compris en Italie.  Au cours de la présidence italienne de l’Union européenne, une réunion des ministres de l’éducation et du travail a été organisée pour souligner la nécessité d’une synergie entre ces deux secteurs.  Un sommet a également été convoqué sur le chômage, en particulier celui des jeunes, lequel a imprimé un élan à de nouvelles approches favorisant l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché du travail.  Au plan national, l’Italie a choisi de s’attaquer au chômage des jeunes en lançant une réforme structurelle des politiques de travail.  La création d’emplois exige la réforme de l’offre certes, mais aussi l’amélioration du climat économique général, par la préservation de la demande et des mesures incitatives pour des investissements productifs visant les petites et moyennes entreprises et l’innovation.

Si le développement durable repose sur l’équilibre entre la croissance économique, l’intégration sociale et la protection de l’environnement, alors, a dit M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde), la création d’emplois doit se trouver au centre de ces trois piliers.  Sans création d’emplois, tous les trois objectifs demeureront irréalisables.  Invoquant l’expérience indienne, le représentant s’est attardé sur le développement des compétences et l’industrie.  Ce qu’il faut, c’est un écosystème où l’économie nourrit la croissance qui elle-même amène le développement partout.  Ce développement doit être générateur d’emplois servis par des compétences conformes à une production de qualité.  Ce qu’il faut, ce n’est pas seulement une production de masse mais une production par les masses. 

Conscient de ces impératifs, le Gouvernement a lancé des initiatives ambitieuses pour faire du pays la destination mondiale de l’industrie et du développement des compétences et mettre une force de travail qualifiée au service de la diversification économique et du développement.  La politique d’industrialisation indienne vise à augmenter la part de l’industrie dans le PNB de 16 à 25% d’ici à 2022 et de créer, dans la même période, 100 millions emplois de plus dans le secteur de l’industrie. 

Avec une population composée de plus de 54% de jeunes gens de moins de 25 ans, l’Inde est bien placée pour tirer parti du dividende démographique.  Mais la jeunesse doit être éduquée et formée aux emplois du XXIe siècle, ce qui ne concerne aujourd’hui que moins de 5% de la population active.  Le Gouvernement a donc créé un nouveau Ministère du développement des compétences et de l’entreprenariat dont l’ambition est de doter rapidement des millions de jeunes indiens des compétences nécessaires pour pouvoir saisir les opportunités offertes par la croissance rapide de l’économie indienne. 

M. FEDERICO GONZALEZ (Paraguay) a annoncé que son pays venait d’approuver son Plan national de développement 2015-2030, en tenant compte des objectifs de développement durable et de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Ce Plan vise l’amélioration du niveau de vie, le plein emploi et le développement durable, et met l’accent sur le lien essentiel entre développement et commerce qui peut cependant s’avérer complexe dans les pays en développement.  Le représentant a en effet expliqué que tous les pays n’ont pas les capacités nécessaires pour tirer parti du commerce international.  Il a aussi fait remarquer que les besoins des pays varient en fonction de leur situation particulière, donnant l’exemple des pays sans littoral comme le Paraguay.  Le manque d’accès à la mer complique le transport qui est 45% plus cher que dans les pays côtiers.  Le représentant a plaidé en faveur des coopérations Sud-Sud et triangulaire, en complément de la coopération Nord-Sud, afin de renforcer les capacités institutionnelles des pays en développement.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a rappelé qu’en mai 2011, quelques mois après la révolution, le taux de chômage était de 18,3%.  « Au premier trimestre de 2014, il a chuté à 15,2% », a-t-il dit, ajoutant néanmoins que ce taux de chômage était, pour le même trimestre, de 31,4% dans la catégorie des diplômés universitaires.  Il a cité les objectifs de la stratégie de l’emploi de son pays parmi lesquels l’assainissement du climat d’investissement, l’identification des secteurs générant le plus d’emploi et de valeur ajoutée, la promotion d’un cadre réglementaire favorable à l’emploi et l’accès à la microfinance.  L’amélioration de l’employabilité de la main-d’œuvre est un autre objectif poursuivi grâce notamment à la promotion d’un système de formation adapté aux besoins de l’économie.  En conclusion, le délégué a rappelé que la Tunisie avait ratifié 58 conventions de l’Organisation internationale du Travail (OIT), dont les 8 Conventions relatives aux normes internationales fondamentales du travail.

M. DMITRY MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a indiqué que son pays connaît actuellement un taux de chômage de 5,5% et que la politique en la matière accorde la priorité aux jeunes et aux femmes.  Dans le pays, sur 1,7 million de jeunes demandeurs d’emploi, 74% en trouvent.  Ces résultats sont obtenus grâce à des mesures telles que des séances d’information pour les jeunes, des programmes de stage et une aide à la recherche d’emploi.  Les services nationaux d’orientation professionnelle accueillent chaque année 1,3 million de jeunes âgés de 14 à 29 ans, a ajouté le représentant.  Il a aussi fait remarquer le rôle crucial des PME pour aider les jeunes à trouver un emploi. 

En ce qui concerne les femmes, M. Maksimychez s’est félicité de l’augmentation de leur participation économique, grâce à des mesures qui facilitent la conciliation de leurs obligations familiales et professionnelles, comme la multiplication des crèches, les formes de travail flexible ou à distance ou encore la formation professionnelle pendant le congé parental.  La Fédération de Russie est en faveur de l’objectif 8 relatif à l’emploi du futur programme de développement pour l’après-2015.  Il a suggéré de prévoir des indicateurs pour évaluer les progrès.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que pour réaliser le plein emploi et le travail décent pour tous avant 2030, y compris l’emploi des femmes et des jeunes, il faut privilégier les approches intersectorielles grâce à des politiques inclusives de création d’emplois supplémentaires et de meilleure qualité qui génèrent non seulement la croissance économique et le bien-être, mais qui agissent aussi comme moteur de l’intégration sociale et de la réduction de la pauvreté.  Le travail décent est une question de justice sociale, a insisté le représentant.  Des approches intersectorielles qui conjuguent revenus, éducation, santé et environnement, en particulier, peuvent donner des résultats très positifs.

Comme le chômage des jeunes a atteint des niveaux records, il est urgent de donner aux jeunes la chance d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir compétitifs sur le marché du travail.  Il faut, à cet égard, garder à l’esprit que la croissance économique par elle-même ne débouche pas nécessairement sur la création d’emplois.  Les gouvernements doivent avoir une marge de manœuvre adéquate pour appuyer un développement inclusif et durable.  Le succès des politiques nationales dépend essentiellement d’un environnement international favorable aux besoins et priorités des pays en développement.  Ceci nécessite des réformes urgentes dans la gouvernance économique et financière mondiale et dans le commerce international.

La coopération internationale est vitale, en particulier dans les domaines de la technique et du renforcement des capacités dans les secteurs de la science, des technologies et de l’innovation.  La coopération Sud-Sud peut aussi apporter une contribution complémentaire conforme à ses propres principes et caractéristiques.  Le secteur privé est sans aucun doute un moteur de la croissance économique et un acteur principal de la création d’emplois.  Les pays en développement auront donc à acquérir les capacités réglementaires nécessaires pour stimuler l’entreprise privée et attirer les affaires, tout en préservant les priorités et stratégies nationales de développement, a estimé le représentant. 

M. MICHAEL GRANT (Canada) a déclaré qu’à l’échelle mondiale, il faudra créer plus de 200 millions d’emplois au cours des cinq prochaines années pour lutter contre le chômage et absorber l’augmentation de la population active.  D’ici à 2030, ce sont 600 millions de nouveaux emplois qui seront nécessaires.  Mais il ne suffira pas de créer n’importe quel emploi, il faudra des emplois décents qui améliorent les conditions de vie des citoyens et de leurs familles.  À cette fin, il sera essentiel de répondre aux besoins des jeunes.  Leurs talents, leur créativité et leur énergie représentant un immense potentiel pour la croissance économique et une occasion de favoriser leur intégration.  Grâce aux bonnes politiques, ce dividende démographique pourrait s’avérer extrêmement bénéfique à la fois pour les pays développés et en développement.  La formation professionnelle et les mesures d’aide à l’emploi sont importantes à cet égard. 

Le représentant a ajouté que l’amélioration des perspectives d’emploi et l’augmentation des revenus sont les principaux moyens par lesquels les femmes et les hommes touchés par la pauvreté peuvent accroître leur niveau de vie et parvenir à une plus grande résilience et autonomie.  C’est pourquoi le Canada a souscrit à l’objectif 8 proposé par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, à savoir promouvoir une croissance économique soutenue, inclusive et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous. 

Le représentant a également insisté sur l’importance de la compétitivité sur le marché international, mais pas au détriment des moyens du travail.  Des normes élevées se traduisent par un rendement élevé.  Lorsque les travailleurs bénéficient des meilleures conditions, la productivité augmente.  L’équité au travail s’avère importante pour la productivité et la stabilité de la main-d’œuvre.  Le fait d’éliminer la discrimination et de permettre à tous d’être sur le marché du travail crée une économie plus novatrice et plus concurrentielle.  Le représentant a aussi dit que l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes sont essentielles à une croissance économique durable, au développement et au progrès social.

M. MARCO SUAZO (Honduras) a parlé du Plan pour une vie meilleure qui prévoit un appui aux familles vivant dans l’extrême pauvreté.  En mettant en œuvre ce Plan, le Gouvernement entend aussi lutter contre la corruption et promouvoir une plus grande transparence dans la culture hondurienne.  M. Suazo a mentionné le Programme d’insertion par le travail à l’heure qui a bénéficié à 146 270 personnes dans sa première année de mise en œuvre.  Un nouveau Service national d’emploi a été mis en place pour le mettre en œuvre, a-t-il précisé.  La création d’emplois résulte en grande partie de la revitalisation de la production nationale, a aussi expliqué M. Suazo, en parlant notamment du renforcement des secteurs de l’agroalimentaire et du tourisme.  Il a mentionné le programme d’éducation intitulé « Yes we can » qui propose une formation en anglais entièrement gratuite à tous les Honduriens.  Par ailleurs, le Honduras est membre de l’Alliance mondiale des cuisines propres qui vise à réduire de manière significative la consommation du bois comme combustible: plus de 55 000 de ces cuisines ont ainsi pu être installées.  En outre, une loi sur l’égalité de salaires entre hommes et femmes a été adoptée, une loi qui sanctionne sévèrement toute discrimination dans ce domaine.  La parité dans les élections est un autre objectif que poursuit le Gouvernement du Honduras, a ajouté le représentant.

M. CHOONGHEE HAHN (République de Corée) a insisté sur le fait que son pays appuie l’éducation et la formation pour multiplier les opportunités d’emplois chez les jeunes.  Le pays a aussi remplacé le terme « congé-maternité » par « congé parental » pour promouvoir son utilisation auprès des pères.  Dans le même temps, le secteur public montre l’exemple avec ses heures de travail flexibles pour aider les femmes à optimiser leurs capacités, et pour aider les personnes d’âge moyen et les personnes âgées à rester économiquement actives, le Gouvernement fournit des services de réemploi, y compris une formation gratuite dans les petites et moyennes entreprises à ceux qui vont prendre leur retraite ou quitter leur emploi.  Le secteur public convertit aussi, depuis 2013, 65 000 contrats à durée limitée en contrats à durée illimitée.  Il s’attaque également aux écarts salariaux, aux discriminations pour augmenter les salaires des bas revenus.  Renforcer la sécurité sociale est une autre priorité, a ajouté le représentant.  Enfin, les institutions et pratiques commerciales sont en train d’être reformées pour les garder conformes aux changements économiques et sociaux et créer un système de travail et d’emploi orienté vers l’avenir et reposant sur un marché du travail ouvert et juste. 

Mme PAULINA FRANCESCHI (Panama) a fait part de la réduction de 7% du taux de chômage depuis 10 ans et du fait que 96% de la population active travaille mais 35% dans le secteur informel, générant une asymétrie entre les travailleurs peu qualifiés et la demande.  Le manque de compétences constitue un défi et a donc été créée une « Haute Commission » chargée de définir la politique publique de l’emploi pour les postes techniques et professionnels.  La « Haute Commission » a élaboré une stratégie sur 7 à 10 ans.  Le Panama a aussi lancé « Bilingual Panama » pour apporter au système éducatif les compétences linguistiques nécessaires à une meilleure compétitivité sur le marché de l’emploi.  D’autres initiatives comme « My first job », « Capacitation for adults » et « Network opportunities » ont réussi à promouvoir la protection sociale, à améliorer l’accès à l’éducation et à développer les compétences de ceux qui vivent dans des conditions vulnérables comme les jeunes et les femmes.  La corrélation entre éducation de qualité et bien-être social devrait être une raison suffisante pour accroître les investissements dans l’éducation.

L’expérience a montré, a argué M. DAVID ROET (Israël), que l’emploi est un moyen direct de lutter contre la pauvreté absolue.  En Israël, le capital humain est la plus grande ressource naturelle.  Créé il y a 67, le pays, dépourvu de ressources naturelles, a dû compter sur le dur labeur et la détermination de sa population.  La société israélienne est composée d’une diversité de cultures, qui pourrait poser problème, mais qui offre aussi la chance de créer une économie robuste et viable.  Une des stratégies importantes de promotion de l’emploi repose sur l’intégration des populations vulnérables sur le marché du travail.  Elle fournit éducation et formation aux jeunes, aux personnes âgées, aux secteurs arabe et ultraorthodoxe, aux immigrants et aux personnes handicapées.  Un programme redonne, par exemple, une formation aux ingénieurs et informaticiens de plus de 45 ans pour les aider à se réintégrer.  Une autre initiative aide les femmes bédouines, arabes et ultraorthodoxes à lancer leur propre microentreprise et à assurer leur indépendance financière. 

Le taux de chômage d’Israël a chuté à 5% l’année dernière, s’est enorgueilli le représentant.  Grâce à la recherche et au développement, Israël est devenu l’un des leaders mondiaux des start-ups.  L’industrie des hautes technologies génère par exemple 7 000 nouveaux emplois par an, soit 2% de la population active d’Israël.  Le représentant a souligné que l’appui que son gouvernement offre à l’entreprenariat va bien au-delà des frontières israéliennes.  Il a d’ailleurs rappelé que la résolution biennale de l’ONU « Entreprenariat et développement » dont son pays est auteur vise à souligner le rôle « critique » de l’entreprenariat dans le développement durable.  Le représentant n’a pas manqué de parler des activités de MASHAV, l’agence nationale de coopération au développement. 

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a indiqué que son pays, après le génocide qui a laissé des millions de personnes dans une grande vulnérabilité, a développé une stratégie de protection sociale qui prévoit notamment des transferts en nature aux personnes nécessiteuses.  Plus récemment, le Gouvernement a lancé sa « Vision 2020 » pour accélérer la lutte contre la pauvreté, notamment en créant des emplois.  Nous cherchons à développer une économie axée sur le secteur privé, en mettant l’accent sur l’entreprenariat, a-t-elle précisé.  Elle a assuré que l’économie connaissait ainsi une transformation rapide, avec une croissance en forte hausse de plus de 8%, grâce au secteur des services qui est en pleine expansion.  Cette croissance a conduit à la création de plusieurs milliers de PME et, par conséquent, à la création de nombreux emplois, notamment pour les jeunes.  Investir dans la formation technique et professionnelle et créer une culture de l’entreprenariat sont des priorités pour le Rwanda.  Nous devons aussi investir dans la recherche et le développement, en appuyant le secteur des technologies.  En outre, Mme Byaje a conseillé d’investir dans les infrastructures et l’énergie, comme l’a fait son pays en mettant en œuvre un programme d’électrification en zone rurale.  Enfin, elle a plaidé en faveur de l’intégration régionale en Afrique, notamment pour que les jeunes puissent trouver des emplois dans la région sans avoir besoin de visa.

Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) a détaillé les priorités de la Stratégie nationale d’emploi 2014 à 2020.  Les règles du marché du travail ont ainsi été revues afin de faciliter la transition des individus vers un emploi décent avec l’apport notamment de services adaptés, a-t-elle dit.  L’offre de formation des jeunes et des adultes a en outre été développée grâce à des programmes ciblés, ce qui devrait faciliter l’accès aux emplois du secteur privé comme public.  La déléguée de l’Albanie a aussi expliqué que son gouvernement avait mis l’accent sur les groupes vulnérables, tels que les femmes et les filles.  « Nous sommes également en train de réformer le système de protection sociale afin d’établir un lien entre l’aide reçue et le retour sur le marché de l’emploi. »

M. SEBASTIÁN DI LUCA (Argentine) a remarqué que la communauté internationale s’accorde sur l’importance du travail décent et de la protection sociale dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a prôné la mise en œuvre de mécanismes durables pour que ces secteurs trouvent leur place dans l’économie formelle de chaque pays.  Nous avons toujours défendu, auprès du Groupe de travail à composition non limitée sur les objectifs de développement durable, la nécessité de prévoir un objectif distinct sur le travail décent, a-t-il dit.  Selon le représentant, le plein emploi et le travail productif doivent en effet être au cœur des efforts déployés pour lutter contre la pauvreté.  Ce sont des objectifs que poursuit le Gouvernement argentin avec pour objectif ultime d’augmenter le nombre des emplois de qualité.  L’année 2011 a d’ailleurs été déclarée « Année du travail décent, de la santé et de la sécurité des travailleurs ».  Le représentant a aussi fait valoir les progrès importants dans la promotion des emplois productifs, l’élargissement de la protection sociale, le respect des droits fondamentaux dans le travail et la promotion du dialogue social.

M. AMY HADDAD (Australie) a affirmé que dans les pays en développement, le secteur privé génère 90% des emplois, finance 60% de tous les investissements et fournit 80% des revenus de l’État.  Il faut, a-t-il estimé, dialoguer directement avec le secteur privé pour réaliser les objectifs de développement.  La politique « aide pour le commerce » de l’Australie relie d’ailleurs les entreprises des pays en développement aux chaînes régionales et mondiales d’approvisionnement, encourageant des liens commerciaux vitaux pour la croissance et le développement.  Il faut avoir un environnement favorable pour profiter d’une croissance durable et inclusive tirée par le secteur privé, génératrice d’emplois et de recettes publiques et réduisant la pauvreté.  La semaine dernière, le Gouvernement australien a lancé « innovation XChange » qui vise à appuyer l’innovation dans le programme national d’aide au développement. 

Il faut, a insisté le représentant, inclure les femmes dans les efforts pour stimuler une croissance plus forte, la région Asie-Pacifique perdant 50 milliards de dollars par an à cause des obstacles à l’emploi des femmes.  Le G-20 s’est d’ailleurs engagé à réduire de 25% d’ici à 2025 l’écart entre le nombre d’hommes et de femmes dans la population active, y faisant entrer plus de 100 millions de femmes supplémentaires.  Les politiques de croissance et de création d’emplois, a conclu le représentant, doivent reposer sur une éducation et une santé de qualité et une bonne gouvernance, ce qui implique des institutions publiques fortes, stables et transparentes qui appuient la croissance du secteur privé et qui fabriquent des assiettes fiscales larges et bien équilibrées.

M. GARY FOWLIE, Union internationale des télécommunications (UIT), a indiqué qu’en termes de croissance économique et de création d’emplois, la fourniture d’un accès universel et abordable aux nouvelles technologies de l’information et des communications avait le potentiel de changer beaucoup de choses.  La Banque mondiale estime ainsi que pour chaque augmentation de 10% de la pénétration d’Internet à haut débit, le PIB des pays en développement augmente en moyenne de 1,38%.

Les femmes sont 200 millions de moins que les hommes à avoir accès à Internet.  Pourtant, a-t-il poursuivi, Internet leur permet d’améliorer leur éducation et leur productivité et d’accéder à de meilleurs emplois.  « Intel estime que l’accès de 600 millions de femmes et filles supplémentaires à Internet permettrait d’augmenter le PIB mondial de 13 à 18 milliards de dollars. »  En ce qui concerne les jeunes -ceux âgés de moins de 25 ans représentent 45% des utilisateurs d’Internet au monde-, l’accès aux technologies de l’information leur permet d’améliorer leur formation tout en développant l’esprit d’entreprise.

Il a enfin plaidé pour le développement d’une « alphabétisation digitale » permettant aux individus de se doter des nouvelles compétences afin d’occuper les postes de plus en plus nombreux à avoir un contenu technologique.  « C’est pourquoi nous proposons que le thème du segment de l’intégration de l’ECOSOC pour 2016 soit consacré à l’exploitation des technologies numériques aux fins du développement durable. »

Mme YAMINA DJACTA, Directrice du Bureau d’ONU-Habitat, a dit que les villes génèrent 80% du PIB mondial et 50% des emplois.  Les études montrent que sans urbanisation, très peu de pays ont réalisé une croissance économique durable, un développement social rapide et l’égalité entre les sexes.  Mais les inégalités sociales grandissantes dans les villes les empêchent de montrer leur potentiel économique.  À cet égard, la représentante a rappelé les stratégies et les politiques d’ONU-Habitat qui développent et diffusent des approches intégrées pour améliorer la productivité, la compétitivité et la croissance économique inclusive des villes par le renforcement des capacités locales et en partenariat avec les autorités urbaines, les leaders des communautés, le secteur privé et d’autres parties prenantes.

Pour permettre la croissance de l’emploi, les politiques des villes et des pays devraient se focaliser sur une bonne urbanisation et sur une bonne connectivité, des investissements dans l’éducation et la formation, des investissements dans le logement, les infrastructures et l’énergie renouvelable; et un climat des affaires promouvant l’investissement, l’entreprenariat et l’innovation.  Comme une grande proportion des populations pauvres des villes travaille dans le secteur informel, les autorités urbaines devraient mettre en œuvre des politiques qui améliorent la productivité de ce secteur au lieu de chercher à le supprimer.  Des mécanismes d’appui aux petites entreprises et au travail indépendant sont « extrêmement » importants.

Pour promouvoir un développement conduit par les jeunes, ONU-Habitat a développé et mis en œuvre des modèles d’autonomisation économiques visant spécialement les jeunes urbains comme « One Stop Youth Centres » et « Ubran Youth Fund Projects ».  Ces modèles élargissent l’accès des jeunes à l’entreprenariat, aux moyens de subsistance et à la gouvernance, a encore indiqué la représentante. 

M. PAUL MASELI, Directeur à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a relevé les difficultés que rencontrent les pays pour arriver à offrir un travail décent pour tous: ils se heurtent à une croissance économique sans emploi, à des emplois concentrés dans le secteur informel ou à faible rémunération, ou sans protection sociale, à l’exclusion des femmes et des jeunes, et à l’inadéquation entre les compétences individuelles et les exigences du marché du travail.  L’industrialisation revêt donc une importance particulière pour les pays en termes de création d’emplois décents.  Cela exige une transformation de l’économie.  Selon les dernières données de l’OIT, l’industrie générait 24% d’emplois en 2012, plus précisément 22% et 27% en Amérique latine et dans les Caraïbes, mais seulement 9% en Afrique subsaharienne.  M. Maseli a aussi parlé du problème que pose l’exportation de produits bruts en expliquant que c’est leur transformation qui crée des emplois.

En outre, a-t-il poursuivi, le marché du travail local n’a progressé que pour les emplois faiblement qualifiés.  Il a résumé le problème en accusant la structure de l’économie des pays en développement, ce qui confirme la nécessité d’une transformation structurelle afin de créer des emplois plus compétitifs.  Mais il faut aussi privilégier la qualité de l’emploi, a-t-il prévenu, car des emplois de qualité permettent une plus grande productivité et une plus grande sécurité.  Le représentant a aussi relevé que l’industrie a aussi l’avantage de promouvoir la recherche et le développement.  Le secteur formel offre quant à lui de plus grandes possibilités pour s’adapter à un marché du travail en pleine mutation.  En somme, l’industrialisation doit s’opérer de manière pérenne et juste, afin de parvenir au travail décent pour tous et au développement durable.

Moyens de mise en œuvre: le financement du développement et des partenariats pour un travail décent

Une discussion a été menée cet après-midi sur les moyens publics (subventions, créations d’emplois publics, formation des jeunes) et privés (assurance, investissements) de redynamiser le secteur de l’emploi, sous la direction de M. GEORGE TALBOT (Guyana), cofacilitateur des préparatifs de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, laquelle se tiendra en juillet prochain à Addis-Abeba.  Alors que le programme de développement pour l’après-2015 devrait être finalisé et adopté en septembre, M. Talbot a demandé aux participants de réfléchir aux conséquences politiques et financières de l’intégration du travail décent dans ce programme.

Quels sont les défis à relever pour financer le développement durable et pour réduire le chômage en Grèce, a tout d’abord demandé le modérateur à la Ministre déléguée au travail et à la solidarité sociale de la Grèce, qui participait à la discussion en vidéoconférence depuis Athènes.  Mme RANIA ANTONOPOULOS a rappelé que son pays entrait dans la cinquième année d’une récession causée par la politique d’austérité qui a conduit à un taux de chômage de 25%.  En Grèce, 76% des personnes sans emploi sont des chômeurs de longue durée et un jeune sur deux est au chômage.  Pour revenir aux taux de chômage d’avant la crise, soit 8 à 9%, la Grèce doit créer des emplois dans le secteur public, a-t-elle expliqué tout en soulignant les difficultés à trouver le financement nécessaire.  Le futur programme du secteur public vise à créer 52 000 emplois sur une période de deux ans.

En ce qui concerne les jeunes, il faut trouver les moyens d’améliorer leurs compétences.  Quelque 160 000 Grecs ont quitté leur pays ces derniers temps pour trouver un travail à l’étranger: « c’est la fuite des cerveaux », a craint la Ministre.  Face à toutes ces difficultés, elle a espéré trouver un accord dans quelques mois sur les moyens d’aller de l’avant.

Tout en saluant la décision de la Grèce de créer des emplois dans le secteur public, M. ROBERT SHILLER, lauréat du prix Nobel et Professeur d’économie à l’Université de Yale, a estimé que, pour favoriser la création d’emplois, il fallait en parallèle accorder des subventions au secteur privé.  Il a parlé du crédit fiscal qui a été mis en place aux États-Unis pour encourager les embauches dans les postes à faible revenu.  Face aux inégalités et aux incertitudes, il a proposé l’élargissement du programme visant le secteur des assurances.  Le Professeur a donné l’exemple de « African Risk Capacity », une assurance pour les États en Afrique. 

Répondant à une question de la délégation de l’Allemagne, il a précisé que les assurances pouvaient aussi être souscrites par des individus: assurance contre le risque de chômage, contre le risque immobilier ou encore assurance-vieillesse.  Sa théorie est qu’il vaut mieux avoir dès à présent un plan pour préparer l’avenir plutôt que d’attendre qu’un risque se réalise et essayer d’y faire face.  Prévenant que les inégalités allaient se creuser, il a misé sur l’idéalisme pour mieux se préparer à l’avenir.

Craignant que le système social ne puisse pas être financé durablement, M. MARTIN KHOR, Directeur exécutif du Centre Sud, a recommandé de solidifier le secteur de l’économie.  Il faut des règles au niveau mondial pour réduire les inégalités.  Si l’Organisation mondiale du commerce (OMC) invite à libéraliser les économies et à conclure des accords de libre-échange, on constate néanmoins que les principes contraires sont encore dominants, a-t-il dit, citant certains accords de partenariats entre l’Union européenne et les États-Unis.  Les préférences commerciales ont disparu, avec pour conséquence, que les produits des pays en développement ne peuvent plus faire face à la concurrence.  M. Khor a aussi dénoncé certaines clauses non commerciales relatives notamment aux droits de propriété intellectuelle.  Les médicaments risquent ainsi de devenir inabordables dans les pays en développement et même dans les autres, a-t-il prévenu.

Si chaque pays doit être en mesure d’accroître ses exportations en faisant des bénéfices, ce n’est pas toujours le cas, a regretté l’expert.  Il ne s’agit pas de suivre une démarche mercantiliste, a-t-il assuré, mais d’adopter des politiques commerciales équilibrées pour arriver au final à améliorer la situation de l’emploi. 

Pour revenir au problème de la qualification des demandeurs d’emploi, le représentant du Botswana a dit l’évidence suivante: il ne sert à rien de créer des emplois si la population n’a pas les compétences nécessaires.  Le Directeur exécutif du Centre Sud a confirmé qu’il fallait en priorité former les personnes et a souligné à cet égard l’influence de la demande nationale et de la demande extérieure.  « C’est la mondialisation qui détermine la pertinence des compétences », a finalement résumé la Ministre grecque.

« Il y a d’un côté une élite, qui parle plusieurs langues et peut obtenir un emploi dans d’autres pays, et, de l’autre, les laissés-pour-compte », a constaté le Professeur de Yale.  Pour mieux armer les jeunes, il a recommandé de leur enseigner comment mener une « réflexion experte », c’est-à-dire une pensée large et profonde, et les doter de capacités humaines de communication.

À la recherche de 600 millions d’emplois

M. ALI VELSHI, Présentateur à Al Jazeera America, a invité les participants à parler simplement, avant de demander à M. ALEXANDER MORA, Ministre du commerce extérieur du Costa Rica, quel est le plan du Gouvernement pour aider le secteur privé à créer des emplois?  En trois décennies, a répondu le Ministre, le Costa Rica a réussi à tripler son PIB par habitant tout en échouant à inverser la courbe du chômage.  Il a attribué cet échec aux gouvernements précédents qui avaient axé les politiques de développement sur les secteurs modernes de l’économie mondiale.  La concurrence internationale a certes conduit à la modernisation du cadre réglementaire mais la protection du citoyen a été oubliée, avec pour conséquence l’inadéquation entre le système éducatif et le marché du travail. 

Le Gouvernement actuel a donc créé un programme qui a pour ambition de réduire d’un quart le chômage, cette année, grâce à la stimulation du marché intérieur et à la relance du partenariat public-privé.  Le débat sur le système éducatif a conduit à placer l’accent sur les secteurs techniques, la simplification du cursus universitaire, l’amélioration de la qualité de l’emploi et les réformes favorables aux petites et moyennes entreprises et aux microentreprises.  Nous visons une meilleure répartition des richesses, a déclaré le Ministre.

Quelles pourraient être les conséquences du prix de l’énergie sur la création d’emplois?  Mme MARIE-JOSÉ NADEAU, Présidente du Conseil mondial de l’énergie et Secrétaire générale d’Hydro-Québec, a répondu qu’en 2050, les énergies renouvelables occuperont une part de 20 à 25% dans la création d’emplois dans le monde.  Quelque 20 millions d’emplois pourraient être créés d’ici à 2030.  Le secteur du photovoltaïque, par exemple, a besoin de beaucoup de personnel qualifié, comme on le voit en Chine et aux États-Unis.  Comment créer ces emplois dans d’autres pays?  Par deux éléments déclencheurs: une politique énergétique forte et cohérente et un marché national. 

Les pays en développement doivent se focaliser sur les petites exploitations agricoles qui créent 1 milliard d’emplois dans le monde, sachant que de manière générale, le secteur privé génère 70% des emplois et 75% aux États-Unis, par exemple, a poursuivi M. PAVAN SUKHDEV, Fondateur et Administrateur de GIST Advisory (Inde).  Le secteur privé doit être conscient de sa responsabilité sociale, a renchéri M. N. S. RAJAN, Chef de la Section des ressources humaines et membre du Conseil exécutif du groupe de Tata Group (Inde).  Il doit se préoccuper de la place des femmes et créer des espaces pour qu’elles puissent se reposer ou s’occuper de leurs enfants.  Depuis 1930, sans attendre les instructions du Gouvernement, le Groupe Tata le fait mais il est vrai que les fondations sont entrées dans son capital.

Si les gouvernements, les femmes et les jeunes peuvent être formés à saisir les opportunités d’emplois dans le secteur de l’énergie, a insisté la Secrétaire générale d’Hydro-Québec, avant que le Ministre du commerce extérieur du Costa Rica ne souligne que son pays fonctionne depuis 83 jours, complètement aux énergies renouvelables.  Le Gouvernement détient 20% du territoire et 100% de ces 20% sont consacrés à l’économie verte, génératrice d’emplois, dont l’écotourisme qui pourvoie 11% des emplois.  Le « Programme bleu » aura aussi un impact sur l’emploi car l’espace marin est 11 fois plus grand que l’espace terrestre.  Une nouvelle stratégie pour accélérer la création d’emplois a été développée dans le secteur animalier dans le but notamment d’améliorer les « relations avec les autres êtres vivants, les animaux ».  C’est un rêve comme notre décision de supprimer l’armée en 1949 mais nous y tenons, a précisé le Ministre. 

Quid de l’écart salarial?  Le Ministre du Costa Rica a reconnu qu’il n’y avait pas de solutions faciles à cette question, dans un pays qui d’ici à 2018, a prévu de consacrer 8% de son PIB à l’éducation pour notamment améliorer les compétences des femmes.  Il faut une approche globale et un dialogue avec tous les partenaires pour identifier les pratiques exemplaires.  Des solutions « simples » sont venues de la Secrétaire générale d’Hydro-Québec: la multiplication des crèches dans les entreprises, l’aménagement du temps de travail et puis la réforme du cadre juridique. 

L’important est d’avoir des femmes à tous les niveaux et non pas dans un ou deux niveaux ou un ou deux secteurs, a tranché l’Administrateur de GIST Advisory.  Le Ministre costaricien a prévenu que le Gouvernement ne peut faire ce travail seul.  Il a fait part de la création d’un « Conseil de la formation » qui réunit Gouvernement et secteur privé pour trouver la bonne formule en matière d’éducation et de formation.  Au Costa Rica, 8% de la population active a été formée en grande partie par le secteur privé.  En Inde, a indiqué l’Administrateur de GIST Advisory, comme 15% des ingénieurs partent travailler aux États-Unis et au Royaume-Uni après leurs études, il est regrettable que le capital dépensé pour leur formation ne soit pas comptabilisé dans les actifs des sociétés et du pays.  Les investissements sociaux doivent être comptabilisés dans les entreprises, a acquiescé le représentant du Groupe Tata.  Qu’en est-il de l’obligation faite aux entreprises indiennes de s’investir dans le social? a demandé la représentante de l’Allemagne.  Après l’adoption de la loi, les entreprises étaient tenues de consacrer 2% de leurs bénéfices à des projets sociaux.  Quelque 10% des entreprises indiennes y sont parvenues mais la loi ne prévoit pas d’amendes pour celles qui ne le font pas, a expliqué l’Administrateur de GIST Advisory.

Déclarations de clôture

M. VLADIMIR DROBNJAK, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a souligné que la croissance économique n’avait pas généré les emplois escomptés, en raison d’une demande insuffisante.  Une taxe sur le carbone et les transactions financières pourrait stimuler l’économie, a-t-il estimé.  Rappelant que l’industrialisation et le développement des infrastructures étaient les piliers de la création d’emplois en Afrique, il a indiqué que ce continent devait recevoir une juste part des 600 millions d’emplois dont le monde a besoin.  M. Gass a ensuite souligné la nécessité de doter les jeunes des compétences recherchées sur le marché de l’emploi, avant de dire qu’il n’y avait pas à choisir entre création d’emplois et environnement durable, puisqu’ils se renforcent mutuellement.

« Et maintenant?  Que faisons-nous pour que les conclusions de ce segment soient suivies d’effet », s’est-il interrogé.  Il a indiqué que son Département et l’OIT œuvraient à l’établissement d’un réseau mondial de toutes les parties prenantes à la création d’emplois décents pour un développement durable.  « Ce réseau sera la contribution de l’ECOSOC face à ce défi aux proportions monumentales ».  Enfin, il a repris à son compte l’idée de l’UIT de consacrer le thème du segment de l’intégration de l’ECOSOC en 2016 à l’exploitation des technologies digitales aux fins du développement durable.

M. GUY RYDER, Directeur général de l’OIT, a récapitulé les principales conclusions auxquelles sont parvenus les participants au cours de ces trois jours de discussion.  Il a plaidé pour un vaste éventail de politiques, coordonnées au niveau mondial, afin de relever les principaux défis économiques, à commencer par la recherche de ces 600 millions d’emplois.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: la situation de l’Afrique prouve que la croissance économique ne suffit à assurer ni le développement durable ni la création d’emplois

Session de 2015,
17e & 18e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6679

ECOSOC: la situation de l’Afrique prouve que la croissance économique ne suffit à assurer ni le développement durable ni la création d’emplois

Les taux de chômage dans le monde, en particulier en Afrique, ont conduit aujourd’hui les participants aux travaux du Conseil économique et social (ECOSOC) à constater unanimement le paradoxe selon lequel la croissance économique ne suffit à assurer ni le développement durable ni la création d’emplois.  L’ECOSOC poursuivait son segment de l’intégration sur le thème « Réaliser le développement durable par la création d’emplois et le travail décent pour tous ».  

Le Conseiller spécial du Président de la Banque africaine de développement (BAD) a noté, avec les autres, « le véritable paradoxe »: depuis la crise de 2009, la croissance renaît dans quelques pays, mais elle ne s’accompagne pas d’une création d’emplois.  Ce paradoxe est encore plus flagrant en Afrique où en 2015, la région connaîtra la plus forte croissance au monde, avec 5%, par rapport à la moyenne mondiale de 3,5%.  Mais le taux de chômage aux environs de 16% oblige à réfléchir aux moyens de créer des emplois dans des économies peu diversifiées.

La croissance économique est une condition nécessaire mais pas suffisante pour assurer le développement durable et la création d’emplois, a acquiescé le représentant de la Suisse.  Il faut encore que les cadres économiques associés à une politique active du marché du travail favorisent la productivité, l’intégration sur le marché de l’emploi et la recherche de solutions nouvelles orientées vers une économique verte. 

Économie verte?  Un professeur d’économie de l’Université du Massachusetts a précisément parlé du « Programme de stabilisation du climat mondial sur une période de 20 ans » consistant pour les États-Unis à investir un milliard de dollars par an dans l’énergie propre et l’efficacité énergétique pour provoquer « une expansion énorme » des opportunités d’emplois.  Le professeur a donné quelques exemples: au Brésil, 1 million de dollars investi dans l’énergie propre crée 75% plus d’emplois que le même investissement dans l’énergie fossile.  En Chine, ce sont 79% d’emplois de plus et en Inde 103%.

Dans un continent, l’Afrique, où 9 travailleurs sur 10 ont un emploi dans le secteur non structuré, le Directeur régional pour l’Afrique à l’Organisation internationale du Travail (OIT) a conseillé de se concentrer sur les petites et moyennes entreprises (PME) et de réduire les obstacles à la « formalisation » du secteur informel.  L’Afrique doit aussi, selon le Directeur exécutif de l’Institut des études africaines d’Afrique du Sud dépasser la logique du « pacte colonial » selon lequel les produits de base doivent être transformés dans la métropole.  « C’est la valeur ajoutée qui permet de créer des emplois. » 

Il faut promouvoir les secteurs qui ont un avantage comparatif et pour lesquels la demande est forte.  Il faut des mesures incitatives pour que le secteur bancaire ouvre l’accès au crédit, a aussi plaidé le représentant du Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique.

« Ce que chacun veut, c’est un bon emploi », a insisté le Directeur général de l’OIT qui a attiré l’attention sur la corrélation vertueuse entre croissance économique, protection sociale des travailleurs et répartition des richesses.  « Nous n’arriverons pas à faire de la prospérité la norme sans un mouvement mondial des syndicats », a argué le Secrétaire général de l’UNI Global Union, ajoutant que l’OIT pourrait devenir la « Cour pénale internationale » des entreprises irrespectueuses des droits des travailleurs, soit du travail décent. 

La Représentante de la Belgique et Coprésidente du Groupe des Amis du travail décent pour le développement durable a rappelé que le travail décent se base sur quatre éléments stratégiques: les droits sociaux comme base du développement économique et social harmonieux; l’emploi productif et librement choisi; une protection sociale étendue; et le dialogue social; la promotion de l’égalité entre les sexes étant prise en compte de manière transversale.

Le travail décent, qui livre une contribution majeure à la politique macroéconomique, a déjà été accepté depuis 20 ans par la communauté internationale comme objectif de développement.  Il est un objectif de gouvernance pour les États, ce qui devrait être rappelé « clairement » dans le programme de développement pour l’après-2015, a voulu la représentante.  Elle a indiqué que son pays a pris des initiatives « importantes » pour étudier dans les prochaines semaines avec le Directeur général de l’OIT comment réussir la promotion du travail décent comme objectif transversal du programme de développement pour l’après-2015.  

L’ECOSOC poursuivra ses travaux demain, mercredi 1er avril, à partir de 10 heures.

DÉBAT CONSACRÉ À L’INTÉGRATION

« Solutions au problème des changements climatiques: croissance d’emplois décents »

M. MICHAEL RENNER, Chercheur principal à l’Institut Worldwatch (États-Unis), qui a animé cette table ronde, a précisé qu’à l’heure actuelle sept millions de personnes sont employées dans le secteur de l’énergie dans le monde et 110 millions dans le secteur du bâtiment.  Il a donc demandé à M. ROBERT POLLIN, Professeur d’économie et Codirecteur de l’Institut de recherche en économie politique de l’Université du Massachusetts (États-Unis), comment les solutions au problème des changements climatiques pourraient-elles contribuer à la croissance d’emplois décents.  Ce dernier a présenté ce qu’on peut appeler le « Programme de stabilisation du climat mondial sur une période de 20 ans ».  Le Programme de 200 milliards de dollars consiste pour les États-Unis à investir 1 milliard par an, soit 1% du PNB par an dans l’énergie propre et 0,5% dans l’efficacité énergétique, ce qui, a-t-il affirmé, conduira à une expansion « énorme » des opportunités d’emplois dans toutes les régions.  L’énergie propre augmente en effet l’intensité du travail.  Le professeur a donné quelques exemples où l’on voit qu’au Brésil, 1 million de dollars investi dans l’énergie propre crée 75% plus d’emplois que le même investissement dans l’énergie fossile.  En Chine, il s’agit de 79% d’emplois de plus et en Inde 103%.

Le professeur a donné d’autres chiffres, si on soustrait des nouveaux emplois créés dans le secteur de l’énergie propre, le nombre d’emplois perdus dans l’énergie fossile, on a un solde positif de 395 000 emplois au Brésil, 6,4 millions en Chine et 5,7 millions en Inde.  Il ne faudra même pas faire appel à de nouvelles compétences car d’après le professeur, les emplois verts nécessitent à court terme le même niveau de formation que dans l’industrie fossile et ce n’est qu’à long terme, avec le développement de l’énergie propre, qu’il faudra de nouvelles compétences pour les secteurs de l’agriculture, de la construction et l’industrie.  Le professeur a vu l’occasion de « formaliser » le secteur informel et de multiplier les opportunités d’emplois pour les femmes, en particulier dans la construction et l’industrie.    

Comment trouver les investissements nécessaires pour diffuser ces solutions partout?  L’argent est là, a répondu M. PETER POSCHEN, Directeur du Département de la création d’emplois et du développement de l’entreprise à l’Organisation internationale du Travail (OIT), mais il faut le placer là où il faut.  Pour cela, on a besoin de banques de développement comme l’a fait l’Allemagne car la question clef est le secteur bancaire et l’accès au crédit, a renchéri le professeur de l’Université du Massachusets.

La Zambie est décidée à aller de l’avant et a créé une structure de partenariat entre tous les acteurs de l’économie verte, a indiqué M. MILES SAMPA, Vice-Ministre du commerce et de l’industrie de la Zambie.  Le pays a lancé un plan de développement de l’économie verte et un programme de création d’emplois verts qui rassemble plus de 3 000 petites et moyennes entreprises des secteurs du bâtiment, de la construction et du logement.  Dans un pays où 70% de la population est jeune, cette approche est essentielle et pour la financer, le Gouvernement mobilise ses ressources propres, en comptant pour l’appui technique sur des partenaires comme l’OIT.

« 3M », une société d’innovation technologique implantée dans 70 pays dont l’Inde, a créé à ce jour, 15 000 emplois dans le monde, a assuré Mme GAYLE SCHUELLER, Vice-Présidente en charge de la viabilité mondiale de la société 3M (États-Unis), tout en avouant ne pas pouvoir établir la part des emplois verts dans ce chiffre.  Le représentant du Kazakhstan a fait part de la « Stratégie 2050 » de son gouvernement qui prévoit une Révolution verte qui devrait augmenter de 3% le PIB et créer 600 000 nouveaux emplois d’ici à 2050.

Faire de la dignité et de la prospérité la norme

Animée par Mme BENEDICTE FRANKINET, Représentante de la Belgique et Coprésidente du Groupe des Amis du travail décent pour le développement durable, la table ronde qu’elle a souhaité la plus concrète possible, a été l’occasion pour les intervenants d’exposer leurs idées pour la création d’emplois décents dans un contexte marqué par les mutations sans précèdent du facteur travail.

Orateur principal, M. GUY RYDER, Directeur général de l’OIT, a rappelé la corrélation vertueuse entre croissance économique, protection sociale des travailleurs et répartition des richesses; les entreprises n’ayant rien à perdre à promouvoir les droits des travailleurs.  « Ce que chacun veut, c’est un bon emploi. »  Le programme de développement pour l’après-2015, a-t-il poursuivi, doit être résolument ambitieux, en particulier dans son volet consacré à l’emploi.  Alors que les Nations Unies fêtent cette année leur soixante-dixième anniversaire, M. Ryder a espéré que l’adoption dudit programme soit l’occasion pour les peuples et les gouvernements de signer un nouveau « contrat social » dont la pierre de touche serait la dignité.

Un vœu partagé par M. LUIS EDUARDO GARZON, Ministre du travail de la Colombie, qui a rappelé que son pays avait d’ores et déjà intégré les objectifs de développement durable dans ses politiques, en particulier les politiques sociales.  La coopération entre les parties au dialogue social a été consolidée avec la création d’un organisme ad hoc chargé d’en assurer le suivi.  Rappelant que la Colombie est signataire de 67 Conventions de l’OIT, le Ministre a jugé que la relation avec l’OIT était essentielle pour assurer la pleine mise en œuvre desdites Conventions.

L’adaptation des normes sociales aux mutations du marché de l’emploi a été au cœur de l’intervention de M. RADOSLAW MLECZKO, Vice-Ministre du travail et de la politique sociale de la Pologne, qui a indiqué qu’il fallait se montrer à la fois « visionnaire et pragmatique ».  Dans le droit fil des remarques du Directeur général de l’OIT, il a rappelé le lien vertueux entre vigueur du dialogue social au sein d’une entreprise et productivité des employés.  Les conventions collectives, en clarifiant les conditions de travail, sont un facteur bénéfique pour la productivité, a-t-il expliqué, soulignant également que les mécanismes de protection sociale sont les meilleurs outils pour protéger les sociétés contre les retournements du cycle économique.

« Dans le même temps, nous devons garder à l’esprit les nouvelles réalités du marché du travail, telles que le travail partiel, le travail à distance ou la multiplication des contrats à durée déterminée ».  Le Vice-Ministre a estimé que ces nouvelles réalités devaient être dûment prises en compte par les acteurs du dialogue social, les syndicats au premier chef, si ces derniers entendaient rester pertinents.  Nous avons besoin de nouvelles règlementations, a-t-il conclu.

Un point de vue tempéré par M. PHIL JENNINGS, Secrétaire général de l’UNI Global Union, Suisse, qui a insisté sur le préalable que constitue le renforcement des syndicats, dont il a souligné la faiblesse aujourd’hui dans le monde.  « Nous n’arriverons pas à faire de la prospérité la norme sans créer un mouvement mondial des syndicats. »  Or, a-t-il insisté, il est aujourd’hui très difficile de rassembler les travailleurs au sein de syndicats à cause des « vents contraires ».  M. Jennings a indiqué que les États-Unis étaient le pire pays au monde pour l’exercice des droits syndicaux, et ce, « quel que soit le gouvernement ».  Il a étayé sa démonstration par un graphique montrant la corrélation entre la faiblesse des syndicats et la concentration des richesses aux mains de quelques-uns.  Plus vous affaiblissez les syndicats, plus vous aggravez les inégalités.

Le Secrétaire général a rappelé qu’il n’existe aucune convention collective chez Walmart, qui ne compte d’ailleurs aucun employé syndiqué.  M. Jennings a dans la foulée déploré que les entreprises allemandes qui investissent dans des entreprises américaines, Tmobile, copient les mêmes « méthodes brutales américaines ».  L’OIT, a-t-il rappelé, est le gardien des droits des travailleurs, « il est notre Conseil de sécurité ».  Les gouvernements doivent donc appliquer ses conventions, a conclu M. Jennings en avouant qu’il n’est pas sûr que l’OIT aurait été créée aujourd’hui tant le contexte est défavorable aux droits des travailleurs.

Que fait votre entreprise pour promouvoir des emplois décents?  M. EDWARD POTTER, Directeur des droits internationaux du travail pour la société Coca-Cola et Président du Comité sur le travail et l’emploi du Conseil des États-Unis pour le commerce international, a d’emblée tenu à préciser que Coca-Cola était tout d’abord une entreprise locale, présente dans plus de 200 pays ou territoires.  Contrastant avec le tableau sombre dépeint par M. Jennings, il a indiqué que le taux de syndicalisation des employés de Coca-Cola aux États-Unis était de 30%.  Coca-Cola mène chaque année 2 500 audits de ses chaines de production dans le monde afin de s’assurer que les normes de protection sociale sont respectées.  « Ces audits s’ajoutent aux inspections des pays qui parfois peuvent être défaillantes. »  M. Potter a estimé que le respect des droits des travailleurs dépendait étroitement de la bonne coopération entre les entreprises, les syndicats et les gouvernements, ce qu’il a qualifié de « triangle d’or de la coopération ».

Un court débat s’est ensuite ouvert, marqué par la question du représentant de l’Ouganda au Directeur des droits internationaux du travail pour la société Coca-Cola sur les normes sociales minimales en vigueur dans les entreprises ou filiales de Coca-Cola.  Le Directeur a affirmé que Coca-Cola allait parfois bien au-delà de ce qui est demandé par les législations nationales.  Il a cité le cas du Myanmar où Coca-Cola a procédé à un audit à l’issue duquel « nous sommes passés de l’opacité qui prévalait jusqu’en 2005 à une réelle transparence ».  Comment peut-on évaluer les progrès dans le respect des droits des travailleurs? a demandé la représentante des États-Unis.  Le Secrétaire général de l’UNI Global Union a reconnu qu’il n’y avait pas de Cour pénale internationale pour les entreprises irrespectueuses des droits des travailleurs.  Il nous manque un lieu devant lequel les violations pourraient être discutées et corrigées, a-t-il dit, ajoutant que l’OIT pourrait être ce lieu.  Il a par exemple attiré l’attention sur le fait qu’il manque encore 9 millions de dollars au fonds de compensation en faveur des victimes de l’effondrement d’une usine de textiles au Bangladesh, il y a deux ans.

Examiner les progrès accomplis 20 ans après Beijing et Copenhague

Mme SIMONA MIRELA MICULESCU (Roumanie), Présidente de la cinquante-quatrième session de la Commission du développement social, a rappelé que l’emploi décent pour tous constitue un des piliers du développement social tels qu’ils ont été identifiés à Copenhague, il y a 20 ans, ce qui fait que la Commission du développement social (CDS) s’est toujours intéressée aux questions liées à l’emploi.  Le développement social inclusif ne peut être réalisé que par un travail décent et le plein emploi, a-t-elle insisté.  Elle a souligné l’importance de ces questions en notant qu’il y avait 200 millions de personnes au chômage en 2014 et qu’il faudrait créer plus de 100 millions d’emplois d’ici à 2019 pour faire face aux conséquences de la crise récente.

Amener plus de femmes sur le marché du travail est une des questions qui a été soulevée lors de la dernière session de la CDS, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi souligné qu’il fallait élargir les possibilités d’emploi décent pour créer des synergies positives entre les différents aspects du développement durable.  Mme Miculescu a plaidé contre les emplois précaires du secteur non structuré.  Il faut que les normes de l’OIT soient appliquées partout, en particulier en faveur des groupes sociaux marginalisés.  Les jeunes, dont le taux de chômage et de sous-emploi est élevé, requièrent aussi une attention particulière si on ne veut pas qu’ils soient une « génération perdue », a-t-elle alerté, avant de demander des politiques cohérentes en matière de protection sociale.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), Président de la soixantième session de la Commission de la condition de la femme, a expliqué que la dernière session a été le couronnement d’un processus de deux ans marqué, entre autres, par des examens approfondis des politiques nationales.  Un nombre sans précédent de 167 États ont mené ces examens, confirmant l’importance que leur gouvernement accorde à la réalisation de l’égalité entre les sexes, à l’autonomisation de la femme et aux droits de la femme et des filles.

La Déclaration politique adoptée lors de la session envoie un message fort et clair sur la situation et sur ce qu’il faut faire pour aller de l’avant.  Les progrès ont été reconnus mais la Commission l’a dit clairement: aucun pays n’a atteint ni l’égalité totale entre les sexes ni l’autonomisation complète de la femme.  De nombreuses femmes et filles subissent toujours des formes multiples et liées de discrimination, de vulnérabilités et de marginalisation.  Une attention accrue doit être accordée aux plus démunies à savoir les femmes d’ascendance africaine, les femmes handicapées, les femmes âgées et les femmes autochtones, entre autres. 

Les ministres et les responsables de gouvernement ont promis de prendre d’autres mesures pour accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, à travers six stratégies: le renforcement des lois, des politiques et des stratégies; le renforcement de l’appui aux mécanismes institutionnels d’égalité entre les sexes; l’élimination des normes discriminatoires et des stéréotypes; l’accroissement des investissements pour combler les inégalités de revenus tant par la mobilisation des ressources domestiques que par la coopération au développement; l’amélioration de la redevablité dans la mise en œuvre des engagements existants; et l’amélioration des capacités, de la collecte des données, du suivi et de l’évaluation. 

Le constat a été amer s’agissant de la place des femmes dans le marché du travail.  Si elles sont plus nombreuses, elles restent confinées à un type d’emplois vulnérables et informels.  La ségrégation contribue aux désavantages des femmes sur le marché de l’emploi, une ségrégation influencée par les normes sociales et les stéréotypes.  L’écart salarial est un phénomène universel et les femmes continuent à porter un fardeau disproportionné du travail non rémunéré, ce qui limite leur participation économique et politique.  L’accès de plus de plus facile des femmes et des filles à l’éducation n’a pas conduit à une amélioration proportionnelle de leurs revenus.  Les recommandations de la Commission pour s’attaquer à tous ces problèmes doivent être une partie intégrante des discussions de l’ECOSOC, a voulu la Présidente de ladite Commission.  Les conclusions et recommandations de la Commission devraient inspirer les débats sur l’intégration. 

Au travail en Afrique

Pour lancer la discussion, M. ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola), Coprésident du Groupe des Amis d’un travail décent pour le développement durable, a souligné qu’en encourageant l’entreprenariat et la croissance, on offre de nouvelles perspectives d’emploi aux jeunes en particulier.  Quelles stratégies ont été mises en place pour arriver au plein emploi en Afrique du Sud, a-t-il demandé au Ministre du développement économique de l’Afrique du Sud.

M. EBRAHIM PATEL a fait d’emblée remarquer qu’une croissance plus rapide ne suffit pas en tant que telle à créer des emplois.  Il faut, a-t-il expliqué, fixer des objectifs précis, sans oublier les personnes marginalisées.  L’Afrique du Sud s’est fixé comme objectif de créer 10 millions d’emplois d’ici à 2030, dans plusieurs secteurs.  Un programme sur les infrastructures logistiques et sociales a été mis en place avec un budget de 400 milliards de dollars.  En ce qui concerne l’agriculture, secteur vaste mais qui ne crée pas beaucoup d’emplois, l’accent est mis sur les petites exploitations vivrières.  Le Ministre a aussi parlé des investissements dans l’énergie verte et mentionné les accords signés avec 26 pays pour créer une zone de libre-échange.  Il s’est prévalu du dialogue social qui a été mis en place avec les entreprises et les syndicats. 

Comment utiliser les politiques budgétaire et commerciale pour créer des emplois, tout en garantissant la protection sociale et celle de l’environnement?  M. HAKIM BEN HAMMOUDA, ancien Ministre des finances de la Tunisie, Conseiller spécial du Président de la Banque africaine de développement (BAD), a noté le constat unanime d’un véritable paradoxe: depuis la crise de 2009, la croissance renaît dans quelques pays, mais elle ne s’accompagne pas d’une création d’emplois.  Ce paradoxe est encore plus flagrant en Afrique: en 2015, la région connaîtra la plus forte croissance au monde, avec 5%, par rapport à la moyenne mondiale de 3,5%, mais le taux de chômage aux environs de 16% oblige à réfléchir aux moyens de créer des emplois dans des économies peu diversifiées.

La macroéconomie peut aider à relever le défi de l’emploi, a poursuivi M. Ben Hammouda.  Elle peut d’abord maintenir un taux de croissance élevé, notamment grâce à des politiques budgétaires incitatives.  Mais les politiques macroéconomiques ont leurs limites: les déficits publics doivent être maintenus à des taux tolérables et les dépenses d’investissements réduites.  En matière de politique monétaire, il faut relever le défi de l’inflation, sans oublier la nécessité de diversifier le tissu économique.

S’agissant des jeunes, M. Ben Hammouda a souligné la nécessité de développer des programmes qui leur bénéficient et leur ouvrent des opportunités d’emploi dès leur sortie de l’université.  Il a en même temps reconnu que la Tunisie ne pourrait pas fournir un emploi à tous ses jeunes diplômés, expliquant qu’il fallait en orienter certains vers « l’international ».

Quelles mesures faut-il prendre pour réduire le secteur de l’économie souterraine?  M. AENEAS CHUMA, Sous-Directeur général et Directeur régional pour l’Afrique à l’Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé les chiffres en la matière: 9 travailleurs sur 10 en Afrique ont un emploi dans le secteur non structuré.  Pour résoudre ce problème, il a proposé de se concentrer sur le développement des petites et moyennes entreprises (PME) et de réduire les obstacles qui empêchent la « formalisation » des emplois.  Le coût du passage au secteur structuré est en effet élevé, a-t-il remarqué, plaidant pour l’établissement d’un salaire minimum et encourageant la multiplication. 

L’expert de l’OIT a également fait valoir que l’Afrique devait davantage transformer ses ressources naturelles avant de les exporter.  Cet avis a été partagé par le Ministre du développement économique de l’Afrique du Sud qui a invité l’Afrique à prendre une part plus importante dans la production de biens manufacturés.  M. ALIOUNE SALL, Directeur exécutif de l’Institut des études africaines prospectives de l’Afrique du Sud, a expliqué qu’il fallait pour cela dépasser la logique du pacte colonial qui voulait que les produits de base soient transformés dans la métropole.  Or, c’est la valeur ajoutée qui permet de créer des emplois, a-t-il souligné. 

M. Sall a appelé à innover: nous devons repenser la théorie du développement.  Le fait politique doit être explicitement réintroduit, car on ne peut séparer l’économie de la politique.  L’effort d’investissement initial doit venir du secteur public, s’agissant en particulier des infrastructures.

M. DAVID MEDHI HAMAM, représentant du Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, a prôné une meilleure collecte des données pour arriver à une croissance inclusive créatrice d’emplois sur le continent africain.  Il faut promouvoir les secteurs qui ont un avantage comparatif et pour lesquels la demande est forte.  Il faut aussi des mesures incitatives pour le secteur bancaire afin de faciliter l’accès au crédit.  L’expert a enfin recommandé d’investir davantage dans l’économie verte, un secteur créateur d’emplois.  Pour cela, les pays africains doivent utiliser les pratiques optimales de ce secteur, dans le cadre de la coopération Sud-Sud. 

Débat général

M. EBRAHIM PATEL, Ministre du développement économique de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a commencé son intervention en énumérant un certain nombre d’indicateurs économiques, rappelant, entre autres, qu’il y avait 220 millions de chômeurs dans le monde en 2014 et que plus de la moitié des travailleurs étaient vulnérables.  Le développement ne doit pas être imposé mais être conforme aux caractéristiques des pays, a-t-il dit.  Il a souligné que les objectifs de développement ne seront crédibles que si les efforts pour les atteindre incluent la réforme des institutions financières internationales.  « Le FMI doit être réformé et doté des ressources suffisantes pour appuyer les pays en développement », a affirmé le Ministre.  M. Patel a invité l’ONU à assurer une meilleure coordination des efforts pour atteindre les objectifs de développement fixés au niveau mondial.  Il a jugé que la coopération Nord-Sud restait fondamentale pour éliminer les goulets d’étranglement qui entravent encore le développement économique des pays.

M. MARKKU WALLIN, Directeur général au Ministère de l’emploi et de l’économie de la Finlande, a souligné le rôle important de l’OIT et expliqué que son pays a une politique vieille de 100 ans qui promeut l’emploi des femmes, dont le taux d’emploi dépasse aujourd’hui celui des hommes.  Des efforts sont aussi déployés pour réduire la période de chômage des jeunes de moins de 29 ans, a-t-il dit.  En revanche, le chômage est à la hausse pour la population active d’âge moyen, et ce, malgré le fort taux de diplômés en Finlande.  Le représentant a appelé à lutter contre le « dumping social » et la violation des droits fondamentaux sur le lieu de travail.  Il a plaidé pour la liberté d’association et le droit à la négociation collective.  Pour créer des emplois, en Afrique comme partout dans le monde, a-t-il conclu, il faut augmenter le nombre des entreprises de taille moyenne.  Prédisant le ralentissement de la croissance au cours des prochaines années, il a estimé que le seul moteur de la croissance serait alors la productivité.

M. BERNARD BEDAS (France) a rappelé que le chômage des jeunes en France s’élevait à 23%.  Il a cité les mesures prises par son gouvernement pour y remédier, mentionnant d’abord les emplois d’avenir qui bénéficient aux jeunes des quartiers favorisés.  « 180 000 emplois d’avenir ont ainsi été créés » et le développement de l’apprentissage est l’autre axe suivi par la France, l’objectif étant d’atteindre 500 000 apprentis d’ici à 2017, grâce à l’apport d’une aide financière aux entreprises.  Le délégué français a expliqué que l’apprentissage constituait un précieux levier d’intégration au monde du travail.  Il a également souligné l’importance de lutter contre le décrochage scolaire et de favoriser l’égalité hommes-femmes.  Une loi visant à féminiser les conseils d’administration des grandes entreprises a récemment été adoptée, a-t-il dit, en apportant le plein soutien de son pays à l’agenda pour un travail décent de l’OIT et aux objectifs de développement durable arrêtés par le Groupe de travail à composition non limitée de l’Assemblée générale.

Mme AGUS PRIHONO ROOSTIAWATI (Indonésie) a rappelé que, selon l’OIT, moins de 4% des emplois aujourd’hui sont considérés comme étant respectueux de l’environnement.  Elle a expliqué que son pays œuvrait à la promotion « d’emplois verts » grâce à sa participation à un projet ad hoc mené à l’échelle du continent asiatique.  Ce projet, a-t-elle expliqué, a pour but d’aider l’économie indonésienne à accomplir sa transition vers une économie respectueuse de l’environnement caractérisée par un faible taux d’émission de gaz à effet de serre.  La déléguée a invité l’OIT à prendre dûment en compte les conséquences pour le marché de l’emploi des politiques environnementales.  Elle a indiqué que son pays organisera courant 2015 des « ateliers verts » pour harmoniser les ambitions de tous les secteurs économiques.

M. MARTIN SHEARMAN (Royaume-Uni) a rappelé que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême a diminué de moitié au cours des 20 dernières années, expliquant ce fait par la croissance économique.  La croissance doit donc faire partie du programme de développement pour l’après-2015, un objectif qui est une priorité au Royaume-Uni.  Relevant que 80% des emplois sont créés par le secteur privé, le représentant a voulu que l’on tire parti de l’innovation de ce secteur.  La transparence doit être un des atouts du secteur privé, a-t-il souligné en plaidant pour l’état de droit et la lutte contre la corruption.  Nous devons aussi lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, a-t-il recommandé, en ajoutant que plus une nation est pauvre plus elle a besoin de ses recettes fiscales alors qu’elle n’a pas toujours les capacités de les collecter.  C’est pourquoi, dans le cadre de la coopération bilatérale, le Royaume-Uni a aidé l’Éthiopie à améliorer ses capacités dans ce domaine.

Mme SARAH FOX (États-Unis) a rappelé que la promotion d’une croissance économique profitant au plus grand nombre était un défi qui se posait à toutes les économies du monde.  Elle a insisté sur le décloisonnement des politiques qu’une telle croissance requiert, puisque celle-ci dépend tout à la fois de déterminants juridiques, micro et macroéconomiques.  Il faut donc mettre l’accent sur la création d’emplois, l’harmonisation des politiques de formation par rapport aux besoins du marché de travail mais aussi sur le respect des normes minimales en termes de salaires, de santé et de liberté syndicale.  Elle a notamment insisté sur la corrélation vertueuse qui existe entre protection sociale des travailleurs et productivité.  Enfin, elle a rappelé que l’État fédéral américain avait récemment augmenté le salaire minimum dans le secteur public, certains États fédérés, comme l’État de New York l’ayant imité pour les salariés du secteur privé.

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) s’est réjouie de l’intégration du travail décent dans l’objectif 8 du futur programme de développement pour l’après-2015.  Elle a rappelé que le travail décent se base sur quatre éléments stratégiques et un cinquième à vocation transversale.  Le développement économique et social harmonieux doit être fondé sur le respect des droits sociaux fondamentaux, l’emploi productif et librement choisi, une protection sociale étendue et le dialogue social.  En outre, la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes doit être prise en compte de manière transversale.

Le travail décent, a-t-elle dit, livre une contribution majeure à la politique macroéconomique.  Il a déjà été accepté depuis 20 ans par la communauté internationale comme objectif de développement, a rappelé la représentante qui a insisté sur le fait que le travail décent est aussi un objectif de gouvernance pour les États, ce qui devrait être rappelé clairement dans le programme de développement pour l’après-2015.  Dans les États, a encore déclaré Mme Frankinet, le travail décent implique une coordination des politiques économiques et d’emploi ainsi que des dispositifs de participation de tous les acteurs de l’économie, y compris les partenaires sociaux.  Pour que ceux-ci puissent livrer leur contribution par le dialogue, il convient qu’un cadre juridique organise ce dialogue et la négociation collective. 

Elle a aussi expliqué que dans les chaînes d’approvisionnement, les États concernés et le dialogue social sont sous la pression d’une concurrence effrénée des compagnies multinationales.  Les désastres sociaux ne peuvent être évités, d’une part, que par le dialogue entre les États qui accueillent les sites de production et les États où se trouvent les sièges de ces sociétés et d’autre part, par le dialogue entre ces sociétés et les organisations syndicales internationales et enfin par la responsabilité sociale des entreprises.  La Belgique espère beaucoup de la Conférence internationale du travail de 2016 sur le travail décent dans les chaînes d’approvisionnement.

Afin de réaliser ces objectifs, il convient d’impliquer l’ensemble des organisations, banques, fonds et programmes car l’enjeu du financement est capital, a continué la représentante qui a ajouté que son pays a pris des initiatives importantes pour étudier dans les prochaines semaines avec le Directeur général de l’OIT comment réussir la promotion du travail décent comme objectif transversal de l’agenda post-2015 et examiner des critères consensuels d’évaluation de la mise en œuvre des socles de protection sociale au sein de la recommandation 202.

M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a voulu que l’on base les politiques de l’emploi sur le principe du dialogue social comme s’y attèle son pays.  Ainsi, le Kirghizistan a adopté une feuille de route 2011-2015 sur le travail décent.  Le pays a aussi adopté une stratégie nationale de développement durable 2013-2017 qui vise en priorité à créer des emplois verts, en mettant l’accent sur le développement des secteurs de l’agriculture et du tourisme, la mise en œuvre des projets d’infrastructure et la promotion de l’entreprenariat par le biais du microcrédit et de la jeunesse.  Malgré tout, le Kirghizistan connait un taux de chômage de 8,4%, a-t-il dit, en parlant aussi de ses citoyens migrants qui sont au nombre d’un million.  C’est pourquoi le Kirghizistan accorde une grande priorité à la protection des droits des travailleurs migrants, notamment pour éviter la traite des personnes.  Le représentant a plaidé en faveur de la coopération régionale à cet égard, afin de lutter efficacement contre le travail forcé. 

M. FREDERICK SHAVA (Zimbabwe) a indiqué que l’emploi était une des priorités de son pays et de sa région.  Le Plan stratégique de développement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) promeut notamment la croissance économique durable et des approches proactives pour la création d’emplois.  Au niveau national, le Zimbabwe s’est engagé à créer davantage d’emplois pour les jeunes, grâce à l’expansion de son secteur de l’éducation et de la formation, à des investissements dans les secteurs clefs de l’économie, à la promotion des investissements étrangers directs et aussi à une meilleure utilisation de ses capacités industrielles.  Le représentant s’est plaint cependant de l’inadéquation entre les compétences acquises par les diplômés et les exigences de l’industrie, mais a signalé que le Gouvernement était en train de revoir les programmes de formation professionnelle afin de les adapter au marché du travail.

M. Shava a parlé de la réforme agraire qui a entrainé la création de 260 000 emplois permanents et 447 684 emplois saisonniers.  Le pays s’est en outre doté d’un Programme de transformation socioéconomique 2013-2018 appelé « ZimAsset » qui a le potentiel de favoriser la croissance économique et de créer des emplois.  Le représentant a souligné l’importance des PME pour la création d’emplois, tout en relevant les difficultés auxquelles sont confrontées ces entreprises, comme le manque d’accès aux capitaux, aux technologies et aux marchés.  C’est pourquoi le Gouvernement a prévu plusieurs mesures et créé des institutions en vue de soutenir ces entreprises.  Enfin, M. Shava a appelé à lever les sanctions économiques contre son pays, afin qu’il puisse développer tout son potentiel économique et créer des emplois.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a indiqué que les stratégies de réduction de la pauvreté devaient se concentrer sur les pauvres en milieu rural.  Il a également noté qu’une simple augmentation du taux d’emploi ne diminuera pas le nombre de travailleurs pauvres si elle ne s’accompagne pas de gains de productivité.  Il a en conséquence demandé la mise en place de politiques permettant une montée en gamme du secteur manufacturier et une expansion du secteur des services par le biais notamment de formations adéquates.  Dans un second temps, le délégué du Kazakhstan a invité les pays développés à ne pas mettre en place des barrières tarifaires dont les pays en développement pourraient pâtir.  Il a également jugé cruciales les coopérations triangulaire et Sud-Sud.  Il a détaillé la stratégie de développement « Kazakhstan 2050 », dont l’objectif est l’avènement d’une économie de la connaissance et de l’innovation technologique.  « Cela permettra de créer des emplois décents pour une partie appréciable de la population et d’aider à la transition du secteur informel vers le formel. »  M. Abdrakhmanov a confié son espoir de voir à l’horizon 2050 le PIB par habitant de son pays multiplié par 4,5.

La croissance économique est une condition nécessaire mais pas suffisante pour assurer le développement durable, a dit à son tour, M. OLIVER ZEHNDER (Suisse).  Il a jugé important de réaffirmer la volonté d’une croissance favorisant l’intégration économique et la cohésion sociale.  Le lien de causalité entre le développement durable et la création d’emplois pour lutter contre la pauvreté est complexe, a-t-il avoué, expliquant que le principal défi est de nature qualitative car il passe par l’amélioration des conditions de travail et de productivité.  Mais il est aussi quantitatif car il faut créer suffisamment de places de travail décentes et durables.  La cohérence entre les politiques est donc un enjeu fondamental.  Il faut que le but de la création d’emplois productifs et de travail décent figure au centre des politiques économiques et améliore l’accès des pauvres aux ressources productives.  C’est pourquoi la Suisse appuie la mise en œuvre de l’agenda du travail décent de l’OIT et le renforcement des politiques aux plans international et national, afin de développer un socle minimum de protection sociale.  

Nous devons être crédibles dans l’adoption de recommandations de politiques opérationnelles, a conclu le représentant.  Nous devons chercher à promouvoir un large consensus fondé sur le respect de la démocratie et la promotion des droits humains, la mise en œuvre des trois piliers du Sommet de Copenhague, l’intégration sociale par le travail décent et la mise en place d’une protection sociale efficace.  « Nous devons éviter de travailler en vase clos et nous inspirer des vastes expériences dont dispose la société civile, y compris les partenaires sociaux », a conclu le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité dresse le bilan des travaux du mois de mars 2015, marqués par une mission en Afrique et un débat sur les minorités victimes du terrorisme au Moyen-Orient

7422e séance – après-midi
CS/11846

Le Conseil de sécurité dresse le bilan des travaux du mois de mars 2015, marqués par une mission en Afrique et un débat sur les minorités victimes du terrorisme au Moyen-Orient

Le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, pour dresser le bilan de ses travaux au cours du mois de mars, qui aura connu une activité très intense, marquée notamment par une mission des membres du Conseil en Afrique, et par l’organisation d’un débat de haut niveau consacré aux victimes d’attaques et d’exactions ethniques ou religieuses au Moyen-Orient.

Le représentant de la France, M. François Delattre, s’exprimant en tant que Président du Conseil de sécurité pour ce mois de mars 2015, a rappelé que le mois qui s’achève a vu le Conseil tenir 28 réunions au cours desquelles il a adopté 9 résolutions, 3 déclarations présidentielles et 8 déclarations à la presse.

Pour mieux mesurer ce que couvrent ces statistiques, le représentant a relevé que ces chiffres sont comparables, compte tenu de l’absence du Conseil pendant une semaine de la ville de New York, à ceux relevés à la fin du mois de mars 2014, durant lequel les activités du Conseil avaient battu les records d’intensité jusque-là enregistrés.

Le représentant de la Lituanie a abondé dans ce sens en notant qu’il n’y a pratiquement pas eu de jour sans activité du Conseil au cours du mois qui s’achève.  Les statistiques ne mentent pas, a-t-il souligné, ajoutant que le volume de travail du Conseil de sécurité ne cesse de croître, ce qui ne laisse pas aux comités de sanctions suffisamment de temps pour se réunir.  

Le Président du Conseil a rappelé que la France avait établi trois axes de travaux pour sa présidence du Conseil de sécurité ayant notamment trait à la situation au Moyen-Orient, à la problématique des enfants dans les conflits armés et à l’Afrique. 

Sur la question du Moyen-Orient, le représentant a rappelé que le 27 mars dernier, le Conseil de sécurité a tenu un débat de haut niveau portant sur les personnes ou groupes victimes d’attaques et d’exactions à caractère ethnique ou religieux au Moyen-Orient.  Ce débat a été présidé par le Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France, M. Laurent Fabius.  Le débat a permis notamment au Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, d’annoncer qu’un plan d’action visant à prévenir l’extrémisme violent sera lancé au mois de septembre.  Le Secrétaire général a aussi indiqué qu’il réunira un « groupe d’hommes et de femmes hautement respectés ayant une bonne connaissance de la région du point de vue religieux, civil, culturel, universitaire et économique » et que ces personnalités auront un « rôle consultatif sur les dynamiques qui sont à l’œuvre au sein des groupes confessionnels et entre ces groupes ».

Le représentant de la Jordanie a salué la tenue et la teneur de ce débat, soulignant que le Moyen-Orient ne connaîtra la paix et la sécurité que lorsque les efforts déployés contre le terrorisme seront accompagnés de moyens adéquats pour s’attaquer aux causes profondes de ce terrorisme.  Son homologue de l’Angola a relevé que pour lutter contre le terrorisme, les États doivent promouvoir la participation des jeunes aux affaires publiques et à la vie sociale, afin de pouvoir faire obstacle à leur radicalisation par des groupes mal intentionnés.

Au rang des délégués qui ont salué l’organisation de ce débat, qui était une première, le représentant de la Fédération de Russie a dit que le « terrible cancer » qu’est le terrorisme s’est propagé par les actions menées par certains pays extérieurs à la région du Moyen-Orient.  Il a ajouté que la lutte contre la montée de l’extrémisme ne peut se faire que dans le cadre d’une approche globale qui ne pratique pas la politique du « deux poids deux mesures » face aux situations et aux différents acteurs.

Concernant la situation en Libye, le Président du Conseil, M. Delattre a rappelé que le Conseil de sécurité a voté trois résolutions au cours du mois, portant sur les volets politique et sécuritaire de la crise et soulignant l’importance de la médiation des Nations Unies.  De nombreuses voix ont plaidé pour que les pourparlers engagés puissent permettre de trouver une solution pacifique à la crise qui embrase non seulement le pays, mais également toute la région du Sahel.

De même, face à la crise au Yémen, le Conseil s’est réuni en urgence le dimanche 22 mars et a adopté une déclaration présidentielle renouvelant son soutien au Président légitime et aux efforts déployés par le Conseiller spécial du Secrétaire général.  Sur cette question, le représentant du Chili a estimé que la situation au Yémen est tragique, et que le Conseil n’a pas été assez efficace, ses efforts n’ayant pas de ce fait été couronnés de succès.

Une résolution sur l’emploi des armes chimiques en Syrie a en outre été adoptée par le Conseil au cours du mois qui s’achève.  Par ce texte, le Conseil avertit que toute future violation de l’interdiction de l’usage de ces armes fera l’objet de mesures prises sous le Chapitre VII de la Charte.

Toujours au Moyen-Orient, le Conseil a adopté une résolution qui couvre un ensemble de questions liées au Liban.

Par ailleurs, le processus de paix israélo-palestinien a été l’objet d’une réunion avec le Coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Robert Serry, qui a présenté son dernier rapport sur la question après sept années à ce poste.  La réunion aura permis de relever, a noté le représentant de la France, qu’il existe un consensus au sein du Conseil de sécurité sur le fait que la solution à deux États reste plus que jamais « la boussole de l’action » de la communauté internationale concernant la question israélo-palestinienne.

Le représentant du Venezuela a souligné que le Conseil de sécurité a une « dette historique » vis-à-vis de la Palestine, « une dette vieille de plus de 50 ans », a-t-il précisé.  Il a appelé le Conseil à reprendre ses responsabilités afin de mettre fin à l’occupation israélienne des territoires palestiniens, appelant en outre à la libération des 300 enfants palestiniens emprisonnés en Israël. 

Le représentant du Venezuela a par ailleurs salué les pourparlers en cours sur la question du programme nucléaire iranien, et a souhaité que ces négociations puissent conduire à la levée des sanctions économiques dont est frappé ce pays.  Il a aussi demandé la levée des sanctions qui frappent le Soudan.

Pour marquer le dixième anniversaire de l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 1612 (2005) par laquelle il a établi le Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, un débat public a eu lieu le 25 mars dernier.  Plus de 80 délégations y ont participé.  Le Conseil a entendu à cette occasion le témoignage poignant d’un ancien enfant soldat de la République démocratique du Congo (RDC), M. Junior Nzita, devenu aujourd’hui Ambassadeur des efforts de lutte contre ce phénomène.

Le représentant du Tchad s’est félicité du fait que son pays soit cité aujourd’hui en exemple pour les actions qu’il a menées en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) d’enfants soldats, et il a dit que le Tchad était prêt à partager cette expérience avec les États qui font face à ce phénomène.

Les crises africaines ont aussi marqué le travail du Conseil en ce mois de mars 2015.  Le Conseil de sécurité s’est rendu en mission sur le continent du 10 au 13 mars dernier, successivement en République centrafricaine, et auprès de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba où le Conseil de sécurité a tenu sa réunion annuelle conjointe avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  La dernière étape de la mission du Conseil a été sa visite au Burundi.  

La quasi-totalité des membres du Conseil de sécurité ont salué cette visite opportune, notamment les délégations du Nigéria, de la Nouvelle-Zélande, de l’Espagne et de la Malaisie qui ont déclaré que cette mission a été l’occasion pour le Conseil de renforcer sa collaboration avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Si la réunion conjointe entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a été sanctionnée par un communiqué commun paraphé par les deux organes, le représentant du Tchad s’est tout de même élevé contre les difficultés qu’ont éprouvées les Africains à se faire entendre.  Il a néanmoins souligné que ce genre de rencontre se révèle plus efficace que des présentations faites à New York devant le Conseil de sécurité.

Pour le délégué du Royaume-Uni, le voyage du Conseil en Afrique est d’autant plus important que le continent va connaître 11 élections législatives en cette année 2015, sans compter la situation « explosive » que connaît le Burundi, pays où la société civile et les partis d’opposition se sont prononcés contre la possibilité d’un troisième mandat pour le Président actuel.

Au cours du mois de mars, le Conseil a également adopté une résolution qui renouvelle le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de sa Brigade d’intervention, et une autre aux termes de laquelle il a augmenté le nombre des effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) afin de répondre à la demande et à la recommandation faites par le Secrétaire général.

Pour la première fois, le Conseil a procédé, en ce mois de mars, à l’adoption d’une résolution mettant en place un régime de sanctions au Soudan du Sud, et il a adopté une déclaration présidentielle après l’échec des pourparlers d’Addis-Abeba.

Pour atteindre la paix au Soudan du Sud, la place et le rôle que joue l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sont fondamentaux, a souligné le représentant de la Chine qui a invité la communauté internationale à collaborer avec l’IGAD pour parvenir à un cessez-le-feu global.  Il a en outre invité les gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à assurer la stabilité dans leurs pays et à veiller au respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

« C’est sous la présidence française que le Conseil a tenu sa première réunion publique sur Boko Haram », a aussi fait remarquer M. Delattre qui a ajouté que des négociations sont en cours afin de mettre aux voix un texte relatif au soutien à apporter aux efforts engagés, dans le cadre de la Force mixte multinationale, par les soldats des pays de la région contre le groupe terroriste. 

Ce projet de résolution, présenté par le Tchad au nom des pays membres de la Commission du bassin du Lac Tchad (CBLT) et du Bénin a reçu le soutien de plusieurs délégations au rang desquelles celle du Chili.

En outre, la représentante des États-Unis a rappelé que le régime du Président Assad, en République arabe syrienne, « ne met pas en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité ».  Elle a aussi rappelé que ce mois de mars marque « le premier anniversaire du recours à la force par la Fédération de Russie pour annexer la Crimée ».  Elle a demandé qu’il soit mis fin à cette annexion et que soit assurée la mise en œuvre des Accords de Minsk.

Reprenant la parole, son homologue de la Fédération de Russie a pour sa part souligné que « ce mois de mars marque le premier anniversaire de la réunification de la Crimée à la Fédération de Russie après un référendum ».  Il a dit être déçu par la déclaration des États-Unis, ajoutant que la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité reste le cadre idoine pour le retour à la paix en Ukraine.

Les membres du Conseil ont unanimement salué la présidence française du Conseil de sécurité en ce mois de mars, souhaitant par la même occasion une bonne chance à la Jordanie qui prendra le relais de la France au mois d’avril 2015.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine la situation humanitaire désastreuse causée par les attaques de Boko Haram dans les zones du bassin du lac Tchad

7421e séance – matin
CS/11845

Le Conseil de sécurité examine la situation humanitaire désastreuse causée par les attaques de Boko Haram dans les zones du bassin du lac Tchad

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, M. Mohammad ibn Chambas, et la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Kyung-Wha Kang, ont dressé, ce matin devant le Conseil de sécurité, un bilan humanitaire et sécuritaire très sombre de la situation dans la région du bassin du lac Tchad touché par les exactions sanguinaires du groupe terroriste Boko Haram.

Les deux hauts responsables de l’ONU ont également insisté pour que dans la conduite de ses opérations de lutte antiterroriste, la Force spéciale mixte multinationale respecte l’état de droit, les droits de l’homme et le droit international humanitaire.

Mme Kyung-Wha Kang a en particulier souligné que la situation humanitaire dans le nord-est du Nigéria et dans les zones touchées par le conflit dans les pays voisins était désastreuse, les femmes et les enfants étant particulièrement affectés, et elle a appelé la communauté internationale à verser des fonds supplémentaires pour répondre aux besoins humanitaires aigus des populations touchées par les hostilités.

M. Chambas, qui s’exprimait par vidéoconférence d’Abuja, au Nigéria, a déclaré que l’incidence des attaques menées par Boko Haram était multiple et s’ajoutait à d’autres crises, comme celle qui touche la République centrafricaine.  Il a à cet égard précisé que d’autres pays de la région, comme le Cameroun, le Tchad ou le Niger faisaient face également à une situation difficile due aux impacts des crises qui affectent le Nigéria et la République centrafricaine.

Il a indiqué qu’une mission d’évaluation du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’était rendue au Cameroun, dans la province de l’Extrême Nord, et avait confirmé que Boko Haram s’était rendu coupable de nombreuses violations des droits de l’homme, y compris d’assassinats commis de manière aveugle ou ciblée, d’enlèvements de femmes et de filles, d’utilisation d’enfants dans des opérations militaires, et de destruction de biens.

Au Niger également, une évaluation similaire a été conduite pour examiner la situation dans la région prévalant de Diffa à la suite d’une attaque menée par Boko Haram au mois de février.  La mission est parvenue aux mêmes conclusions que celles du HCR dans l’Extrême Nord du Cameroun, a-t-il dit.

L’économie locale des différentes régions a été affectée par la situation d’état d’urgence qui est maintenue dans les zones touchées par Boko Haram, a expliqué M. Chambas, tout en précisant que les Nations Unies renforçaient leur présence et leurs activités au Nigéria, au Niger et au Cameroun. 

À cet égard, le Représentant spécial a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts humanitaires entrepris dans la région du bassin du lac Tchad.

Les Nations Unies soutiennent les efforts nationaux et régionaux pour combattre et prévenir le terrorisme et faire en sorte que les gens coupables d’acte de cette nature soient traduits en justice, a-t-il rappelé.  Il a toutefois mis en garde contre des opérations antiterroristes qui pourraient être perçues par la population comme étant disproportionnées ou brutales, ou qui violeraient les normes que l’ONU défend.

Il est essentiel, a déclaré M. Chambas, qu’au cours de ses opérations, une force multinationale mixte respecte l’état de droit et les normes internationales en matière de droits de l’homme.

Le Représentant spécial s’est fait l’écho du message du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, selon lequel l’adoption d’une approche purement militaire pour résoudre la crise provoquée par Boko Haram n’est pas suffisante.  La communauté internationale peut et doit jouer un rôle crucial en vue d’aider les pays de la région à résoudre les défis socioéconomiques, qui ont le lit des mécontentements qui ont favorisé les actes et initiatives de Boko Haram, a-t-il dit.

Il est important pour l’ONU de réitérer l’engagement que l’Organisation a pris de travailler avec les pays de la région pour mettre fin à la violence et atténuer les souffrances des civils, a-t-il ajouté.

M. Chambas s’est également félicité du fait que les élections qui viennent de se dérouler au Nigéria, ce week-end, se soient dans l’ensemble, malgré quelques incidents, déroulées de façon libre et transparente.  Boko Haram n’a pas été en mesure de peser sur le processus électoral, s’est-il réjoui, espérant que le prochain gouvernement restera engagé dans la lutte contre Boko Haram dans toute la région.

De son côté, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires a rappelé que, depuis la déclaration de l’état d’urgence en mai 2013, le conflit violent en cours dans le nord-est du Nigéria et dans le bassin du lac Tchad avait provoqué le déplacement forcé d’au moins 1,5 million de personnes.

Tout au long de l’année 2014, a dit Mme Kyung-wa Kang, Boko Haram a accentué sa campagne de terreur et de violence, et les communautés du nord du Nigéria ont été davantage prises dans le feu croisé des échanges de tirs entre les insurgés et l’armée nationale.  Le conflit a causé des victimes sur une grande échelle, et a causé la destruction des maisons et des infrastructures.  Plus de 7 300 civils ont été tués par Boko Haram depuis le début de l’année 2014 dans les trois États où l’état d’urgence a été décrété.

Rien qu’au cours de cette année, 1 000 personnes ont perdu la vie, tandis que plus de 300 écoles ont été gravement endommagées ou détruites, et que moins de 40% des établissements de santé existant dans les zones touchées restent opérationnels.  Des violations flagrantes des droits humains, y compris la violence sexuelle et sexiste et la traite des enfants, sont fréquemment signalées, a expliqué Mme Kyung-wa Kang.

L’escalade de la violence liée à la secte Boko Haram dans la région continue d’entraver l’accès aux personnes qui ont désespérément besoin d’aide humanitaire et limite la portée de la réponse de l’ONU, a ajouté la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence.

Elle a dit que jusqu’à 3 millions de personnes vivant dans le nord du Nigéria ne seront pas en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires de base après le mois de juillet, à moins qu’elles ne reçoivent une aide humanitaire bien ciblée.  

Tandis que les autorités fédérales et étatiques nigérianes ont œuvré durement pour fournir une assistance à un grand nombre de ceux qui fuient la violence, la réponse humanitaire dans le nord-est du Nigéria demeure globalement pauvre, insuffisante et fragmentée.  Seuls neuf partenaires opérationnels, qui sont des organisations non gouvernementales internationales pour la plupart, sont actuellement actives dans les trois États les plus touchés, a déploré Mme Kyung-Wha Kang.

La Sous-Secrétaire générale a également mis l’accent sur le manque de soutien des donateurs, et a jugé essentiels plus d’engagement de la part des bailleurs de fonds et un soutien financier continu et prévisible.

L’expansion des activités de Boko Haram a un impact régional important, a-t-elle également déclaré, précisant qu’au Cameroun, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, environ 74 000 personnes fuyant la terreur au Nigéria avaient trouvé refuge dans la province de l’Extrême Nord.

Les attaques transfrontalières de Boko Haram au Cameroun ont aussi causé le déplacement interne de 100 000 à 150 000 personnes.  Au Niger, 50 000 personnes ont été déplacées, et elles s’ajoutent aux 100 000 réfugiés nigérians qui cherchaient refuge dans la région de Diffa depuis mai 2014.  Au Tchad, les incursions de Boko Haram ont créé environ 15 000 réfugiés nigérians et 8 800 réfugiés tchadiens, de même que 14 500 personnes déplacées autour du lac Tchad.

Les déplacements massifs causés par les incursions transfrontalières de Boko Haram mettent à rude épreuve les ressources déjà bien faibles des communautés d’accueil qui, dans certaines régions, sont aussi vulnérables que les déplacés, a souligné Mme Kyung-Wha Kang.

La nourriture est plus difficile à trouver sur les marchés locaux  et les prix ont, dans certains cas, doublé ou triplé, a-t-elle indiqué.  À Diffa, près d’un quart des enfants âgés de 6 à 23 mois souffraient de malnutrition aiguë à la fin de 2014.  Au Tchad, plus de 30% des enfants des communautés d’accueil étaient en situation d’insécurité alimentaire en 2014.  Dans le nord-est du Nigéria, on estime à 4,6 millions le nombre de personnes souffrant actuellement d’insécurité alimentaire et à 100 000 le nombre d’enfants menacés de malnutrition sévère.

La crise Boko Haram est susceptible d’avoir un impact plus large sur la région du Sahel, alors que le Nigéria produit traditionnellement près de la moitié des céréales de la région.  Le 15 mars, la Coordonnatrice des secours d’urgence a approuvé 28 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) pour faire face à l’impact humanitaire régional de Boko Haram, a indiqué la Sous-Secrétaire générale, espérant qu’un soutien plus important de la communauté internationale suivra afin de permettre aux acteurs humanitaires de continuer de porter assistance à ceux qui en ont besoin.

Enfin, Mme Kyung-Wha Kang a jugé essentiel que la Force spéciale mixte multinationale, en tant que force de lutte contre le terrorisme, limite son objectif à la création de conditions de sécurité et d’un environnement propices à des interventions connexes non militaires, tout en adhérant au droit international humanitaire et en prenant toutes les précautions pour éviter les pertes civiles.

La Force spéciale mixte multinationale étant de facto partie au conflit, Mme Kyung-Wha Kang a demandé aux membres du Conseil de sécurité de faire en sorte que ses opérations restent distinctes des opérations humanitaires dirigées par des civils.  Le maintien de la distinction entre les deux entités est crucial pour préserver la neutralité et l’indépendance des organisations humanitaires, a déclaré la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence.

En outre, la Force spéciale mixte multinationale ne devrait pas, a-t-elle estimé, être impliquée dans l’aide au retour des réfugiés et des personnes déplacées.  Celle-ci, a affirmé Mme Kang, doit être effectuée sur une base volontaire, ceci en conformité avec le droit humanitaire international et la Convention de Kampala, à laquelle le Nigéria est partie.

Une présence humanitaire internationale est nécessaire pour conseiller et aider à coordonner une opération complexe qui évolue rapidement et pour assurer la protection des civils pris dans le conflit, a conclu la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: face à la crise de l’emploi, le Premier Ministre suédois demande un « contrat mondial » pour augmenter la productivité et promouvoir une croissance inclusive

Session de 2015,
15e & 16e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6677

ECOSOC: face à la crise de l’emploi, le Premier Ministre suédois demande un « contrat mondial » pour augmenter la productivité et promouvoir une croissance inclusive

Le monde compte aujourd’hui 201 millions de chômeurs, un nombre qui devrait augmenter de 80 millions d’ici à quatre ans, alors que dans la population active, près de 900 millions de travailleurs vivent avec moins de 2 dollars par jour.  Face à cette « crise de l’emploi », le Conseil économique et social (ECOSOC) a choisi pour son segment sur l’intégration le thème « Réaliser le développement durable par la création d’emplois et le travail décent pour tous ».  Cette première journée sur les trois prévues a permis à des personnalités publiques et des représentants du système de l’ONU, du monde universitaire et du secteur privé, de défendre leurs solutions; le Premier Ministre Suédois proposant « un contrat mondial » pour augmenter la productivité et promouvoir une croissance inclusive.

Le Président de la République-Unie de Tanzanie, M. Jikaya Kikwete, qui a rappelé les chiffres du chômage dans le monde a aussi souligné que d’ici à 2019, il faudra créer 280 millions d’emplois pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail.  En Afrique, les statistiques montrent que le continent n’a créé que 37 millions d’emplois pendant la dernière décennie, dont 28% seulement sont des emplois qualifiés.  On estime que 122 millions de personnes entrent chaque année sur le marché du travail africain et « cela fait peur » parce que 200 millions d’Africains ont entre 15 et 24 ans, un nombre qui devrait doubler d’ici à 2045.

La croissance économique est réelle, entre 5 et 6%, et le PNB combiné devrait dépasser les 2 500 milliards de dollars, dans les cinq prochaines années, mais le nombre de jeunes hommes et femmes africains qui entrent sur le marché du travail reste plus élevé que le nombre d’emplois créés.  Le Président tanzanien a donc appelé les pays développés à aider l’Afrique à mettre en œuvre des programmes générateurs de croissance socioéconomique, d’emplois et de revenus pour stopper l’émigration vers le Nord.  Aussi longtemps que l’herbe sera brune en Afrique et verte en Europe, le flux ne cessera pas.  « Aider nous à verdir notre herbe », a lancé le Président. 

Le Premier Ministre des Bahamas et Président de la Conférence des chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) n’a pas dit autre chose.  M. Perry Gladstone Christie a demandé un soutien international au « Plan stratégique 2015-2019 », le premier plan communautaire de développement.

En attendant, le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Einar Gunnarsson a annoncé la convocation au moins de juin, d’une manifestation de haut niveau sur le bénéfice démographique et l’emploi des jeunes.  Outre les jeunes, le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson a jugé important que les politiques de l’emploi mettent l’accent sur les femmes et les personnes handicapées, plaidant en particulier pour la réduction de l’écart salarial entre hommes et femmes, pour la reconnaissance du travail non rémunéré et des tâches domestiques, et pour le partage équitable des responsabilités domestiques entre hommes et femmes. 

« Il est temps que la mondialisation bénéficie à tous », a reconnu le Premier Ministre de la Suède, M. Stefan Löfven, qui est revenu sur les près de 900 millions de travailleurs qui vivent avec moins de 2 dollars par jour.  « Un monde qui se construit sur l’exploitation des gens n’est ni éthique ni rentable », a-t-il martelé.  Le Premier Ministre a proposé un « contrat mondial » consistant pour les États à ratifier les conventions de l’Organisation international du Travail (OIT) et à reconnaître les droits de s’organiser, de négocier et de faire grève; pour les employeurs et les entreprises, à respecter ces droits, à assumer leur responsabilité sociale et à être prêts à négocier des accords; et pour les syndicats, à coopérer en gardant à l’esprit leur responsabilité sociale et à contribuer au développement de leur entreprise. 

Le « contrat mondial » serait une contribution concrète au travail sur le développement durable.  À la place de lieux de travail paralysés, nous aurions des économies stables et en croissance.  Au lieu d’une force de travail réprimée, épuisée et réduite au silence, nous aurions des gens qui croient en ce qu’ils font et qui veulent contribuer aux succès.  Au lieu d’une économie mondiale stagnante et au faible pouvoir d’achat, nous aurions des individus égaux et libres qui osent investir et consommer.

Après avoir entendu la Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale et le Président de l’Organisation internationale des employeurs, l’ECOSOC a tenu trois tables rondes, sur les thèmes « La grande réflexion sur les emplois et la croissance »; « Attention à la marche: comment les inégalités croissantes nuisent au développement »; et « Les voix de l’économie réelle ».

Au cours des trois jours de ce segment, le Vice-Président du Conseil économique et social, M. Vladimir Drobnjak, a annoncé qu’il s’agira de se pencher sur les questions centrales de la croissance économique, des inégalités, des changements climatiques, des normes de l’OIT et de l’inadéquation entre qualifications et offres d’emplois, une table ronde étant prévue sur l’emploi en Afrique.  Il a encouragé les participants à se joindre à la discussion en ligne par les mots clefs #600MillionJobs, #DecentWork et #Action2015.

Au moment où nous nous préparons à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, en juillet, à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, en septembre, et à celle d’un nouvel accord mondial sur les changements climatiques, nous avons une « occasion historique » de changer notre monde pour le meilleur, a estimé le Vice-Président de l’Assemblée générale. 

L’ECOSOC poursuivra son débat consacré à l’intégration demain, mardi 31 mars, à partir de 10 heures.

DÉBAT CONSACRÉ À L’INTÉGRATION

Déclarations

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a dressé le diagnostic selon lequel le chômage et le sous-emploi restent l’une des plus grandes priorités dans de nombreux pays.  Assurer des opportunités d’emploi suffisantes et un travail décent est l’un des défis les plus pressants aujourd’hui.  Les systèmes de protection sociale protègent à peine les jeunes gens, les bas salaires et les peu qualifiés, les personnes âgées ou handicapées, les peuples autochtones, les travailleurs migrants et ceux du secteur informel.  Le plein respect des normes internationales du travail et des principes et droits fondamentaux de la non-discrimination, de l’équité, de l’égalité, de la sécurité et de la dignité doit encore être réalisé. 

Après avoir rappelé les conclusions du Forum de la jeunesse, le mois dernier, et de l’examen ministériel annuel de 2012, le Vice-Président a annoncé que ce segment de l’intégration va se concentrer sur la manière dont le travail décent peut contribuer à une intégration équilibrée des dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable.  Cette intégration est considérée comme la clef de la mise en œuvre du futur programme de développement pour l’après-2015 dont l’objectif 8 parle de la promotion d’une croissance économique soutenue, inclusive et durable, du plein emploi productif et du travail décent pour tous.  Il faut faire en sorte que les capacités de production, l’emploi, le travail décent et la protection sociale soient plus accentués dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il faut par-dessus tout préserver les cibles et indicateurs appropriés conformément aux valeurs et aux objectifs originels de la Déclaration du Millénaire, compte tenu en particulier de leur importance pour la croissance, la pauvreté et les inégalités.

Le Vice-Président a émis l’espoir que ce segment serait une source d’inspiration pour les recommandations et les solutions concrètes pour surmonter les défis.  Il a aussi espéré que ce segment offrira aux pays et aux régions l’occasion d’apprendre les uns des autres.  Nous devons nous montrer créatifs et novateurs face au nouvel agenda du développement durable, a conclu le Vice-Président qui a encouragé les participants à se joindre à la discussion en ligne par les mots clefs #600MillionJobs, #DecentWork et #Action2015.

Le monde est plongé dans la crise de l’emploi et ce sont les jeunes qui en portent le fardeau, a reconnu M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU.  Quelque 73 millions de jeunes, qui sont à la recherche d’un emploi, courent trois fois plus que les adultes le risque de se retrouver au chômage.  Beaucoup de jeunes se retrouvent piégés dans des emplois où ils sont exploités.  M. Eliasson a demandé aux États de faire tout pour que les jeunes aient une éducation et une formation qui les rendent « employables », ce qui exige un soutien aux jeunes entrepreneurs, potentiels créateurs d’emplois.   

Travailler avec et pour les jeunes a été toujours une priorité du Secrétaire général de l’ONU, a souligné M. Eliasson, en rappelant la nomination de Ahmad Alhendawi, comme Envoyé pour la jeunesse et le fait que le Comité de haut niveau des programmes du Conseil des chefs exécutifs du système de l’ONU travaille en ce moment, sous la direction de l’Organisation internationale du Travail (OIT), à une initiative sur l’emploi des jeunes.   

M. Eliasson a fait deux suggestions pour parvenir à une croissance économique génératrice du plein emploi et du travail décent pour tous.  En premier lieu, il a jugé important que les politiques de l’emploi mettent l’accent sur les femmes, les jeunes et les personnes handicapées, plaidant en particulier pour la réduction de l’écart salarial entre hommes et femmes, pour la reconnaissance du travail non rémunéré et des tâches domestiques, et pour le partage équitable des responsabilités domestiques entre hommes et femmes.  Le Vice-Secrétaire général a jugé tout aussi important d’investir dans un avenir orienté vers l’économie verte, tout en concédant qu’il faudra des mesures de protection sociales bien conçues.

M. EINAR GUNNARSSON (Islande), Vice-Président de l’Assemblée générale, a prévenu qu’aujourd’hui près de 900 millions de travailleurs sont incapables de gagner suffisamment pour se hisser au-dessus des personnes qui vivent avec moins de 2 dollars par jour.  Pour réduire le chômage et créer des emplois de qualité, il faut, a conseillé le Vice-Président, une approche holistique et intégrée, et se fonder sur la promotion d’une croissance économique soutenue, inclusive et durable.  Pour les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement, cela veut dire transformation structurelle et diversification de l’économie, abandon des secteurs à emplois peu qualifiés, amélioration de la productivité agricole et de la valeur ajoutée, expansion du commerce domestique, régional et international et donc régime commercial fondé sur des règles et conclusion du Cycle de Doha.  Le Vice-Président a souligné l’importance du tourisme pour la création d’emplois, un secteur qui a généré en 2013 quelque 1 400 milliards de dollars. 

Chaque gouvernement doit tenir compte de ses propres réalités et identifier la bonne conjugaison des politiques mais la coordination internationale des politiques macroéconomiques et celles relatives au marché du travail sont importantes, a estimé le Vice-Président.  Pour de nombreux pays en développement, la capacité d’attirer l’investissement étranger direct, d’accéder aux technologies et de bénéficier de l’aide au renforcement des capacités est cruciale pour transformer l’économie et améliorer la faculté de créer des emplois.  Il faut des politiques favorables à l’emploi des femmes et contre le chômage des jeunes et à cet égard, le Président a insisté sur l’éducation, la formation et la promotion de l’entreprenariat chez les jeunes. 

Le Président a annoncé la convocation au moins de juin, d’une manifestation de haut niveau sur le bénéfice démographique et l’emploi des jeunes, en coopération avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Au moment où nous nous préparons à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, en juillet, à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, en septembre et à celle d’un nouvel accord mondial sur les changements climatiques, nous avons une « occasion historique » de changer notre monde pour le meilleur, a conclu le Vice-Président. 

À l’heure où je vous parle, il y a 201 millions de chômeurs dans le monde et ce nombre devrait augmenter de 80 millions d’ici à quatre ans, a déclaré M. JIKAYA KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie.  Il faudra donc créer, d’ici à 2019, 280 millions d’emplois pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail.  Le Président a aussi rappelé que la moitié des gens qui travaillent le font en fait dans des conditions vulnérables sans garantie d’accès ni à un travail décent ni à une protection sociale et, malheureusement, les femmes en forment la majorité.  C’est une situation « inacceptable » et nous devons trouver les moyens de faire en sorte que le travail soit décent partout et que la protection sociale soit partout. 

La situation en Afrique appelle une attention particulière et urgente, a alerté le Président.  Les statistiques montrent que le continent n’a créé que 37 millions d’emplois pendant la dernière décennie, dont 28% seulement sont des emplois qualifiés et donc un travail décent.  On estime à l’heure actuelle que 122 millions de personnes entrent chaque année sur le marché du travail africain et « cela fait peur » lorsque l’on sait que 200 millions d’Africains ont entre 15 et 24 ans, un nombre qui devrait doubler d’ici à 2045.

Cette situation est à la fois une chance et un défi; une chance parce que quand un investisseur cherche du personnel, ce personnel est là pour autant qu’il ait les qualifications.  Mais la situation est aussi un défi car, sans opportunité d’emploi, ces « armées énormes de jeunes au chômage » peuvent augmenter en nombre, et devenir une menace à la stabilité sociale et à la sécurité des pays.  Certains peuvent être attirés par des activités criminelles et créer ainsi des problèmes sociaux et sécuritaires.  D’autres peuvent être recrutés par des gens mal intentionnés pour des motifs religieux, politiques ou sociaux.  Les rebellions et les groupes terroristes remplissent leurs rangs de jeunes au chômage, a prévenu le Président.   

Il est donc important que la création d’emplois devienne une composante « essentielle » des agendas, plans et programmes de développement.  Certes, la création d’emplois survient quand les économies sont en croissance.  Mais M. Kikwete a rappelé qu’aujourd’hui plus de 10 pays africains ont des taux de croissance entre 5 et 6%, soit bien supérieurs à la moyenne mondiale.  Le PNB combiné du continent devrait approcher les 2 600 milliards de dollars, ces cinq prochaines années, ce qui fait du continent, la région au monde à la croissance la plus rapide.  Pourtant, a reconnu le Président, en dessous de ce succès, le nombre de jeunes hommes et femmes qui entrent sur le marché du travail reste plus élevé que le nombre d’emplois créés.

À leur stade de développement actuel, il est évident que de nombreux pays africains ne parviendront pas au développement durable par la création d’emplois et le travail décent.  Après tout, l’Afrique abrite 34 des pays les moins avancés (PMA).  Les pays africains nécessitent donc, a insisté le Président, une aide pour pouvoir réaliser l’objectif de la lutte contre la pauvreté d’ici à 2030, à savoir mettre en œuvre des programmes et projets générateurs de croissance socioéconomique, d’emplois et de revenus.  C’est ce que doivent faire les pays développés car la vague de migrants essayant d’entrer dans leurs territoires ne cessera pas.  Aussi longtemps que l’herbe sera brune en Afrique et verte en Europe, le flux ne cessera pas.  « Aider nous à verdir notre herbe », a lancé le Président. 

L’Afrique est sur la bonne voie, a-t-il affirmé, et si les acquis sociaux, politiques et économiques se maintiennent dans les deux ou trois décennies à venir, la plupart des PMA en Afrique, sinon tous, deviendront des pays à revenu intermédiaire ou sur la voie de devenir des pays développés voire complètement développés. 

La Tanzanie, a poursuivi le Président, s’est fixé l’objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2025, grâce à sa « Development Vision 2025 » lancée en 2000.  Mais l’incapacité de mobiliser toutes les ressources financières pour mettre en œuvre les programmes et les projets a été le principal obstacle.  Le Président a néanmoins fait état de progrès « importants », dont une croissance du PNB de 7% au cours des 15 dernières années et le fait que le taux de pauvreté absolue soit passé de 35,7% en 2007 à 28,2% en 2012.    

M. PERRY GLADSTONE CHRISTIE, Premier Ministre des Bahamas et Président de la Conférence des chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a tenu à rappeler que les crises économique et financière mondiales ont créé un environnement international moins favorable aux petits États insulaires en développement.  Il a ajouté à cette nouvelle donne les problèmes liés aux changements climatiques, à l’incidence grandissante des pandémies et aux risques de terrorisme et de conflits qui menacent les acquis engrangés par les pays en développement.  Compte tenu de sa « susceptibilité », la CARICOM voit se refléter comme dans un miroir les réalités mondiales.  Le Premier Ministre en a voulu pour preuve la faible croissance et le fardeau de la dette, sans parler de l’augmentation du chômage en particulier parmi les jeunes. 

Le Premier Ministre a expliqué le « Plan stratégique 2015-2019 » adopté l’année dernière par une CARICOM qui adoptait ainsi son tout premier plan communautaire.  Le mois dernier, a-t-il indiqué, les pays de la CARICOM ont eu à Nassau, des discussions importantes sur les meilleurs moyens de développer les « biens » humains, culturels et naturels, dont la création d’un « espace unique » pour les technologies de l’information et des communications (TIC).

Pour réaliser ce Plan, a prévenu le Premier Ministre, nous allons avoir besoin du soutien de la communauté internationale.  Il a souligné que la CARICOM a pris soin d’aligner son Plan stratégique avec l’agenda international et a veillé à ce que les besoins particuliers de la région et des petits États insulaires soient au centre du programme de développement pour l’après-2015.  Avec un engagement renouvelé en faveur du partenariat pour le développement, la communauté internationale peut offrir le soutien nécessaire aux efforts régionaux et nationaux pour réaliser le futur objectif 8, s’est dit convaincu le Premier Ministre.

« Il est temps que la mondialisation bénéficie à tous », a déclaré M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède.  Il a rappelé que plus de 1 100 personnes avaient trouvé la mort dans l’effondrement d’une usine de textiles au Bangladesh en avril 2013 et que cette tragédie n’était pas inédite: quelque deux millions de personnes meurent chaque année partout, y compris en Suède.  Chaque jour, des gens sont exposés à de terribles risques du travail, des syndicalistes sont persécutés et assassinés, des migrants sont exploités dans des conditions horribles, et tout cela au nom du profit.  Mais un monde qui se construit sur l’exploitation des gens n’est ni éthique ni rentable, bien au contraire, a martelé le Premier Ministre. 

Avec le travail décent, respectueux des droits syndicaux, nous pouvons à la fois augmenter la productivité et promouvoir la croissance inclusive, a-t-il affirmé.  Une diminution d’un quart du nombre des morts et des accidents correspondrait à une création de ressources de 1% du PNB mondial, et l’entrée des femmes dans la population active ne ferait qu’augmenter la croissance.  « La justice sociale est à la fois juste sur le plan éthique et pertinente sur le plan économique », a insisté le Premier Ministre.  La vraie mondialisation s’appuie sur l’idée du partage de la planète, de l’économie et d’un marché de l’emploi qui devient de plus en plus mondial. 

Le Premier Ministre a donc proposé la création d’un nouveau concept mondial, par lequel les différentes parties prenantes verraient l’intérêt de s’unir pour promouvoir des solutions communes, tout en représentant leurs intérêts.  C’est un concept où chaque acteur tiendrait compte des motivations, des buts et des limites des autres.  Un tel concept encouragerait la coopération entre partenaires sociaux qui pourraient assurer la paix sur le marché du travail, promouvoir la concurrence et favoriser la stabilité économique et une prospérité partagée, a-t-il expliqué.  Un tel concept reposerait sur le fait que les partenaires sociaux prendraient leurs responsabilités tout en reconnaissant ce qui est bon pour l’intérêt général.  Pour les États, il s’agirait de ratifier les conventions de l’OIT, et donc de reconnaître les droits de s’organiser, de négocier et de faire grève.  Pour les employeurs et les entreprises, il s’agirait de respecter ces droits, d’assumer leur responsabilité sociale et d’être prêt à négocier des accords.  Pour les syndicats, cela voudrait dire coopérer en gardant à l’esprit leur responsabilité sociale mais aussi en contribuant au développement de leur entreprise.  Cela veut dire aussi que les États reconnaîtraient les partenaires sociaux et le dialogue social comme « partie essentielle » de la forme démocratique de gouvernance et encourageraient des accords négociés.

Le Premier Ministre suédois a estimé que ce concept de responsabilités partagées entre les parties prenantes conduirait à une situation de « gagnant-gagnant », le cœur même de ce qu’il a appelé le « contrat mondial ».  Cela ne requiert pas de nouvelles institutions et quasiment pas de nouvelles tâches dans ces fora internationaux solides qui existent déjà.  L’OIT et sa structure tripartite a un rôle central à jouer, mais elle doit être outillée pour diriger le travail au niveau mondial.

M. Löfven a voulu que l’adoption de nouveaux objectifs de développement durable et d’un nouveau cadre financier ne soit pas vue comme une fin en soi mais, bien au contraire, comme le point de départ d’efforts plus intenses et « absolument essentiels » pour réaliser le développement durable aux niveaux national, régional et international.  « Cela exige que nous travaillions ensemble », a-t-il affirmé, ajoutant qu’un « Contrat mondial » serait une contribution importante et concrète au travail sur le développement durable.  À la place de lieux de travail paralysés, nous aurions des économies stables et en croissance.  Au lieu d’une force de travail réprimée, épuisée et réduite au silence, nous aurions des gens qui croient en ce qu’ils font et qui veulent contribuer aux succès.  Au lieu d’une économie mondiale stagnante et au faible pouvoir d’achat, nous aurons des individus égaux et libres qui osent investir et consommer.  C’est l’objectif que je veux pour le « contrat mondial » et c’est l’initiative à laquelle je vous invite, a conclu le Premier Ministre.

Mme SHARAN BURROW, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, a expliqué que le monde était affecté par la stagnation et une dette souveraine élevée dont le fardeau ne fera que s’accroître si les tendances se poursuivent dans le secteur du pétrole.  Elle a conseillé l’imposition de taxes sur les émissions de carbone et la mise en place des infrastructures nécessaires pour la lutte contre les changements climatiques. 

Citant un rapport de l’OIT de janvier 2015 qui montre que, cinq ans après la crise, les taux de chômage restent à des niveaux supérieurs à 2007, elle a mis en garde contre le fait que les individus baissent les bras, accablés, en outre, par les politiques d’austérité qui ont aggravé la situation.  Nous voyons, a-t-elle alerté, un désespoir social et de fortes tensions sociales.  Aujourd’hui si 60% des travailleurs ont un emploi dans le secteur formel, la majorité doit malgré tout travailler dans des circonstances précaires et un nombre croissant de personnes actives survit dans le secteur informel, sans compter les formes modernes d’esclave.

Mme Burrow a salué les travaux de l’OIT sur les indicateurs de travail décent et le fait que le G7 et le G20 aient placé la chaîne d’approvisionnement et l’emploi au rang de leurs priorités.  Elle a appelé les gouvernements à négocier avec les syndicats, en particulier sur le salaire minimum.  Un salaire minimum, c’est un droit de l’homme fondamental, a-t-elle martelé, citant les principes directeurs des Nations Unies pour les entreprises et les droits de l’homme qui fixent la responsabilité des entreprises, notamment celle de fournir un travail et un salaire décents. 

M. DANIEL FUNES DE RIOJA, Président de l’Organisation internationale des employeurs, a rappelé qu’il représente 150 associations nationales et 75% de l’emploi dans le monde.  Il a ajouté que son organisation était convaincue du pouvoir du dialogue social, du respect des droits de l’homme et de la protection sociale.  Pour relever les défis, il faut placer l’emploi au cœur de la croissance, a-t-il convenu, regrettant à cet égard, la faiblesse des engagements gouvernementaux dont ceux du G20.  Il a déploré que les gouvernements n’aient pas suffisamment aidé les petites et moyennes entreprises à créer des emplois. 

Il n’a pas manqué de souligner l’importance d’une meilleure adéquation entre la formation et l’offre d’emplois.  L’absence d’une formation risque de provoquer à terme un manque de compétences, a-t-il prévenu.  Pour que les entreprises puissent recruter plus, il faut lever les obstacles dont les blocages bureaucratiques.  Il faut encourager la mobilité, la participation des femmes et des jeunes dans la création d’emplois et les lois favorables tant aux employés qu’aux employeurs.  Les entreprises doivent elles-mêmes mettre en œuvre des politiques d’apprentissage de formation et se montrer plus soucieuses des employées qui ont des enfants en bas âge.  Le « Plan emploi » du G20 pourrait être un modèle, a conclu le Président en insistant sur la formation dans laquelle doivent investir les entreprises et les gouvernements. 

La « grande réflexion » sur les emplois et la croissance

Un véritable dialogue entre experts et délégations s’est instauré, sous la houlette de RICHARD QUEST, journaliste à CNN International, qui avait donné le ton en invitant les délégations à faire avancer le débat, en évitant « les platitudes », « au risque de briser toutes les règles de la diplomatie ».  Plusieurs pistes ont été proposées pour accroître la demande et les investissements, et donc relancer la croissance et l’emploi, tout en écoutant les préoccupations des États, du secteur privé et de la société civile, s’agissant notamment des droits de la femme et de la protection sociale.

Il y a aujourd’hui 200 millions de chômeurs, a rappelé en introduction M. GUY RYDER, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui s’est inquiété de l’absence de solutions, à cause d’une crise économique défavorable à la croissance.  C’est aussi la faute d’une mauvaise politique en Europe et de la faiblesse de la zone euro, a ajouté M. JOSEPH STIGLITZ, Lauréat d’un prix Nobel et Professeur d’économie à l’Université de Columbia de New York.  Il a aussi mentionné les problèmes que connaissent les économies américaine et chinoise.  La politique européenne s’est donnée pour priorité de créer des emplois durables, s’est défendue Mme MARIANNE THYSSEN, Commissaire européenne chargée de l’emploi, des affaires sociales et de l’intégration.  Nous voulons poursuivre les réformes structurelles pour investir davantage dans les individus, a-t-elle expliqué.

Il faut surtout imputer le ralentissement de la croissance et le chômage à l’insuffisance de la demande mondiale, a argué M. MIN ZHU, Sous-Directeur général du Fonds monétaire international (FMI).  C’est la « demande agrégée », a répondu Le Professeur de Columbia, qui souffre de déficience.  Si la demande est insuffisante, il y aura du chômage même si la productivité est bonne.  M. Stiglitz est donc revenu sur la nécessité d’améliorer les structures européennes, par le biais d’une union bancaire ou d’obligations européennes. 

Les panélistes sont ensuite passés à la question des investissements qui, ont-ils reconnu, doivent augmenter.  La Commissaire européenne a recommandé d’investir dans l’économie réelle, en donnant l’exemple de l’Union européenne qui a décidé de prélever des fonds dans son budget et dans ceux de la Banque européenne d’investissement, pour affronter les pertes éventuelles et encourager ainsi « les investisseurs à investir ».  Ce projet, qui a été présenté en novembre, sera mis en œuvre à l’automne prochain et vise à terme à créer un million d’emplois supplémentaires au cours des trois prochaines années.  Ce plan va dans le bon sens, a reconnu le Professeur Stiglitz, tandis que le représentant de l’OIT s’interrogeait sur sa réelle efficacité.

Le Modérateur a orienté la discussion sur les politiques qui font que « chacun s’occupe de son pré carré ».  L’expert du FMI a reconnu que la concurrence fiscale et la fluctuation des taux de change posaient des problèmes aux investisseurs.  C’est pourquoi nous engageons nos membres à renforcer la coopération fiscale, a-t-il dit.  Adopter des politiques fiscales et budgétaires incitatrices est, selon le Professeur Stiglitz, une des deux façons de relancer la demande mondiale, l’autre étant la redistribution des richesses aux pauvres, comme c’est le cas avec la baisse du cours du pétrole et les subventions.

Si l’on élimine la concurrence fiscale, a estimé la Commissaire européenne, il faut s’assurer que les impôts ne soient pas trop élevés.  Il n’en reste pas moins qu’une taxe sur le carbone permettrait des investissements et une croissance plus solide, a conclu le Professeur Stiglitz.

Une taxation plus élevée résoudrait-elle vraiment le problème? s’est étonné le Modérateur.  Le panéliste du FMI a tempéré cette affirmation en expliquant qu’il fallait plutôt parler de « taxation progressive ».  Aux États-Unis, nous en sommes à une « taxation régressive », a fait remarquer M. Stiglitz.

À ce stade du débat, le Modérateur a donné la parole aux États, dont le représentant du Viet Nam qui a abordé la question du commerce international.  La société civile a d’ailleurs exprimé sa frustration face aux accords commerciaux « lorsque les gouvernements dépassent les limites et n’écoutent pas la population ».  L’expert du FMI a présenté le commerce comme un facteur de profit mais, comme l’a fait remarquer le représentant de l’OIT, le monde développé ne permet pas au système commercial international de s’orienter vers le développement.  Et pourtant, a dit le Professeur Stiglitz, bien conçues, les politiques commerciales peuvent jouer un rôle important dans le développement.

Recentrant la discussion sur le terrain de l’emploi, le représentant du Japon a demandé aux experts leur avis sur la situation de son pays marqué par un faible taux de chômage et une forte productivité.  Le Professeur de Columbia a remarqué que les avis sur le Japon sont trop souvent négatifs à cause du déclin de la population active.  Le Japon devrait inclure davantage les femmes dans cette population.

Pour déplacer le débat sur le terrain du secteur privé, M. PHIL JENNINGS, Secrétaire général d’UNI Global Union, a rejeté la faute sur les dirigeants des entreprises qui sont « les plus irresponsables qu’on n’ait jamais vus » et qui « nous ont conduit à la crise financière ».  Le représentant de l’OIT a admis que les entreprises devaient investir davantage dans l’économie réelle.  Le Professeur de Columbia a tout de même voulu que l’on fasse la différence entre les multinationales qui ont des réserves suffisantes, d’une part, et les petites et moyennes entreprises (PME) qui n’ont pas accès aux capitaux, d’autre part.  Le délégué de la Finlande a insisté sur les nouvelles technologies et la numérisation de l’économie qui permettent de moins investir dans les infrastructures. 

La discussion s’est poursuivie par une remise en question de l’architecture financière internationale, après des remarques des représentants de Trinité-et-Tobago et de l’Argentine sur les institutions de Bretton Woods et le rôle mineur qu’y jouent les pays en développement.  La banque des BRICS –Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud- a déjà été créée, a relevé le professeur Stiglitz en guise de réponse.

Quant au financement du développement, question abordée par la représentante de la Norvège, le représentant du FMI a rappelé que la troisième Conférence internationale prévue à d’Addis-Abeba, en juillet prochain, serait importante pour ouvrir la voie aux objectifs de développement durable.  La Commissaire européenne a espéré atteindre à cette occasion un accord assorti d’indicateurs et d’un mécanisme.  Les pays développés devront respecter leurs engagements en termes d’aide publique au développement (APD), a ajouté le Professeur Stiglitz.

Le représentant de la Suède a entrainé le débat sur une autre question: les femmes.  Pour accroître leur place dans l’économie, le représentant du FMI a conseillé d’agir au niveau de la fiscalité, d’augmenter le nombre de crèches, de faire preuve de souplesse dans les horaires de travail et de scolariser davantage les filles.  Il faut adopter des politiques et des mesures sociales appropriées, a renchéri la Commissaire européenne.  Le représentant de l’OIT a tenu à rappeler à ce propos les inégalités de salaires auxquelles il faut encore remédier: lorsqu’une femme gagne 70 cents, un homme gagne 1 dollar, a-t-il indiqué.

Enfin, les participants ont reconnu le rôle crucial de la protection sociale pour l’économie mondiale, comme l’a exprimé la Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale.  Si les réformes structurelles sont cruciales dans ce domaine, il faut en même temps protéger les négociations collectives, a estimé le représentant du FMI.  Il a aussi parlé du socle de protection sociale qu’il faut mettre en place, un principe approuvé par la Commissaire européenne qui a donné l’exemple de l’Union européenne où 22 États sur 28 appliquent un revenu minimum.  Pour le Professeur de Columbia, il faudrait parler de protection sociale pour tous, et pas seulement de plancher ou de socle.

« Attention à la marche: comment les inégalités croissantes nuisent au développement »

Animée par M. MATTHEW BISHOP, Rédacteur en chef de la rubrique mondialisation de « The Economist », cette table ronde a permis à M. ALFONSO NAVARRETE PRIDA, Ministre du travail et de la protection sociale du Mexique; M. HU XIAOYI, Vice-Ministre des ressources humaines et de la sécurité sociale de la Chine; Mme STEPHANIE SEGUINO, Professeur d’économie à l’Université du Vermont aux États-Unis; et Mme SHARAN BURROW, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale à faire leurs solutions pour réduire les inégalités. 

« Quel est le rôle de la politique de l’emploi dans la lutte contre les inégalités?  Pourquoi les inégalités sont importantes et pourquoi les objectifs de développement durable sont essentiels dans la lutte contre ces inégalités?  Le Ministre du travail et de la protection sociale du Mexique s’est voulu simple: le Mexique a lancé la réforme de l’éducation pour aider les jeunes à participer à la mondialisation, la réforme de la communication pour pousser les gens à élargir leur vision du monde, la réforme financière pour faciliter aux travailleurs, aux jeunes, aux femmes et aux populations rurales l’accès aux crédits, la réforme énergétique pour réduire les coûts énergétiques et la réforme du travail pour assurer une meilleure répartition des richesses.  À cet égard, le Ministre a estimé que le salaire minimum peut être un progrès « si et seulement si » il est lié à l’amélioration de la productivité.  Le salaire minimum peut en effet aider les gens à transiter du secteur informel au secteur formel.  « Le seul engagement que le Mexique pourra tenir aujourd’hui est d’universaliser la protection sociale avant 2030. »

Au cours des 30 dernières années, la Chine est passée d’un pays à faible productivité à un pays à forte productivité, a souligné le Vice-Ministre chinois des ressources humaines et de la sécurité sociale.  Le modèle choisi qui voulait que le développement vienne de l’est de la Chine pour entraîner les autres régions et populations a porté des fruits mais a atteint désormais ses limites.  La Chine a dû en effet lancer un programme de développement pour l’ouest qui vit d’ailleurs un retour de ses travailleurs susceptible de créer des richesses.  Dans ces cas, l’accent est mis sur l’éducation et la formation.  Le Gouvernement a pris soin d’élargir la protection sociale.  Depuis 2005, quelque 840 millions de personnes ont accès au régime de retraite. 

Les améliorations sociales ont été rendues possibles par une croissance économique tirée par les exportations.  Mais aujourd’hui, l’accent est mis sur la consommation nationale, ce qui a profité aux travailleurs à bas revenu.  « Dans quelles mesures recommanderiez-vous cette démarche aux autres pays en développement? »  Il n’y a pas de réponse directe à cette question, a répondu le Vice-Ministre, il faut un processus national de consultation. 

« L’économie doit servir la communauté tout entière et pas seulement les très riches, a souligné Mme SHARAN BURROW, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale.  Pour lutter contre les inégalités, il faut se focaliser sur le système qui encouragerait ces inégalités et répondre à la question: qu’est-ce qui n’a pas marché?  Peut-être le trop peu d’importance accordée aux salaires et à la répartition des richesses ».  Sans cette remise en question, on n’arrivera pas à réduire les inégalités, a déclaré Mme Burrow. 

D’autant plus que les inégalités économiques conduisent aux inégalités politiques, a prévenu Mme STEPHANIE SEGUINO, Professeur d’économie à l’Université du Vermont aux États-Unis.  Une poignée de très riches détient le pouvoir important de manipuler les choix politiques, a insisté Mme Seguino, fervente défenseur de la réduction des inégalités entre hommes et femmes.   

Le Vice-Ministre de la Chine a parlé de la politique pour l’emploi des jeunes, premier groupe de demandeurs d’emplois dans les zones urbaines.  Chaque année, la Chine crée 10 millions d’emplois supplémentaires en zones urbaines mais le plus important n’est pas le nombre mais bien la pérennité de ces emplois, en sachant qu’à l’ère d’Internet, la frontière entre secteurs formel et informel est devenue floue.  Ce qu’il faut c’est garantir des emplois et des salaires dignes, faire montre d’une grande prudence sans avoir peur de l’évolution technologie, a répondu la Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, n’oubliant pas de mentionner le respect des négociations tripartites.  Concentrons-nous sur les machinations des entreprises qui sont les organisations les moins transparentes au monde, a tranché la représentante d’une ONG

« Voix de l’économie réelle »

Animée par M. Michael Shank, Directeur des stratégies d’information à Climate Nexus et chercheur principal à JustJobs Network, la table ronde a été l’occasion de passer en revue les stratégies mises en œuvre à différents niveaux pour relever les défis du développement durable et favoriser le travail décent.  Comme l’a rappelé le Vice-Président de l’ECOSOC, 55% environ des travailleurs dans les pays en développement ont des emplois précaires.  Les quatre intervenants ont répondu tour à tour à trois questions relatives à la manière dont la question du travail décent se pose dans leur communauté, aux politiques nécessaires pour parvenir à des emplois durables dans le secteur privé et à leur vision du futur huitième objectif de développement durable relatif à l’emploi.

Mme NOMVUZO SHABALALA, Adjointe au maire de Durban (Afrique du Sud), a mis en exergue l’importance du tourisme pour sa ville, un secteur qui a créé 15 972 emplois durables de septembre à janvier.  M. SANJAY KUMAR, Directeur de l’Association des travailleuses indépendantes de Bharat (Inde), a indiqué que 80% des emplois en Inde venaient du secteur informel.  Les vendeurs de rue représentent 2,5% de la population et sont particulièrement vulnérables car la loi qui les protège n’est pas toujours appliquée.  Il a également rappelé que 43% des travailleurs domestiques, qui sont en général au service de la classe moyenne et qui travaillent dans 3 ou 4 maisons par jour, n’ont aucune protection sociale.  Les femmes sont d’autant plus vulnérables dans le secteur informel qu’elles sont souvent des employées.

La vulnérabilité des travailleurs autochtones a été soulignée par Mme VICENTA TROTMAN, Membre du Conseil d’administration de l’approvisionnement en eau en milieu rural sur le territoire autochtone de Ngäbe-Buglé, dans la région de Ño-Kribo (Panama).  Pour y remédier, elle a demandé des politiques d’intégration spécifiques dont une éducation adaptée à l’évolution technologique et une lutte acharnée contre le racisme.

L’importance des coopératives pour la création d’emplois a été défendue par M. PAUL HAZEN, Directeur exécutif du Conseil sur les développements coopératifs d’outre-mer de l’Alliance coopérative internationale des États-Unis.  Il a rappelé que les coopératives ont d’ores et déjà généré 250 millions d’emplois dans le monde.  Rassemblant secteurs formel et informel, les coopératives sont bien outillées pour lutter contre les inégalités économiques, a-t-il affirmé, expliquant qu’elles constituaient un bon modèle pour relier les petits exploitants au marché mondial.  « Il faut rassembler les petits exploitants dans des entités économiques à même d’être concurrentielles au niveau mondial » et l’État ne devrait pas s’immiscer dans leur fonctionnement, comme cela peut parfois être fait à des fins politiques.  Les coopératives doivent avoir leurs propres mécanismes de financement.  « C’est le modèle le plus efficace. »

Durban, a expliqué l’Adjointe au maire, œuvre à une politique de développement du secteur informel, car ce secteur représente des emplois.  La municipalité met, par exemple, des entrepôts à la disposition des vendeurs.  Le développement de l’industrie du textile est un autre axe suivi par Durban.  Il faut faire profiter le secteur informel des avantages du secteur formel en procédant à une « reformalisation » progressive du secteur informel, a argué le Directeur de l’Association des travailleuses indépendantes de Bharat.  Il faut simplifier les procédures d’enregistrement des entreprises, les procédures foncières et revoir celles relatives à la déclaration de faillite, tout en garantissant l’accès au crédit.  Il a également insisté sur les droits des travailleurs du secteur informel, dont le droit d’association en syndicats.

L’État peut fournir des bourses, des capitaux aux aspirants entrepreneurs et des formations, en particulier dans le secteur du tourisme, a ajouté la représentante du Conseil d’administration de l’approvisionnement en eau en milieu rural sur le territoire autochtone de Ngäbe-Buglé, dans la région de Ño-Kribo (Panama). 

La table ronde s’est conclue par l’intervention de la déléguée de l’Argentine qui a voulu en savoir plus sur la « reformalisation » du secteur informel.  Il faut d’abord reconnaître l’apport économique de ce secteur, a répondu le Directeur exécutif du Conseil sur les développements coopératifs d’outre-mer de l’Alliance coopérative internationale.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Minorités persécutées au Moyen-Orient: de nombreux « États expriment leur engagement à lutter contre Daech et d’autres groupes terroristes

7419e séance – matin
CS/11840

Minorités persécutées au Moyen-Orient: de nombreux « États expriment leur engagement à lutter contre Daech et d’autres groupes terroristes

Le Secrétaire général annonce un plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent, qui sera lancé en septembre, ainsi que la création d’un groupe de sages

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et de nombreux États ont, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, lors d’un long débat ouvert marqué par des interventions émouvantes, manifesté leur engagement et leur détermination à se mobiliser dans la lutte contre la persécution généralisée et systématique par Daech et d’autres groupes terroristes de minorités ethniques et religieuses au Moyen-Orient.

Convoqué* par le Ministre français des affaires étrangères et du développement international, M. Laurent Fabius, dont le pays assure au cours de ce mois la présidence du Conseil de sécurité, ce débat, intitulé « Les victimes d’attaques et d’exactions ethniques ou religieuses au Moyen-Orient », a réuni plus de 60 délégations, dont une dizaine conduite par des ministres, ainsi que le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Patriarche de Babylone des Chaldéens, Mgr Louis Raphaël I Sako, et une députée iraquienne, Mme Vian Dakhil. 

Le Secrétaire général, qui a ouvert la discussion, s’est dit vivement préoccupé par les graves dangers auxquels sont exposées les minorités dans certaines parties du Moyen-Orient.  Des millions de vies humaines sont en jeu, ainsi que le tissu social de pays entiers, a-t-il dit.

« Nous sommes plus que jamais déterminés à défendre et à protéger la diversité au Moyen-Orient », a assuré M. Ban, en indiquant que l’ONU s’employait à élaborer un plan d’action visant à prévenir l’extrémisme violent, qui sera lancé en septembre.  Il réunira en outre un « groupe d’hommes et de femmes hautement respectés ayant une bonne connaissance de la région du point de vue religieux, civil, culturel, universitaire et économique » et auront un « rôle consultatif sur les dynamiques qui sont à l’œuvre au sein des groupes confessionnels et entre ces groupes ».

De même, le Secrétaire général a annoncé que le mois prochain, le Président de l’Assemblée générale et lui-même inviteraient les personnalités influentes de diverses confessions à une réunion extraordinaire qui se tiendrait à l’ONU dans le but de s’inspirer de ce que fait l’Alliance des civilisations de l’ONU pour favoriser l’entente mutuelle et la réconciliation.

« Daech est une abomination », a lancé, de Genève, où il s’exprimait par vidéoconférence, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  M. Zeid Ra’ad Al-Hussein, pour qui le pluralisme est indispensable à « notre survie », a exhorté le Conseil de sécurité à mettre fin aux conflits en Iraq et en Syrie et à saisir la Cour pénale internationale (CPI).  Il en va de même pour la Libye et le Yémen, et d’autres pays, a-t-il ajouté. 

En ce qui concerne son pays, le Patriarche de Babylone des Chaldéens a lancé un appel pour que l’on soutienne le Gouvernement central de l’Iraq et le Gouvernement régional du Kurdistan qui œuvrent en faveur de la libération de toutes les villes iraquiennes et, en particulier, pour les Chrétiens, les Yézidis et les Shabaks, notamment dans la ville de Mossoul, ainsi que dans la plaine de Ninive et dans les villages. 

Mgr Sako a invité la communauté internationale, y compris la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), à prendre des décisions juridiques et sans appel visant à protéger la mosaïque nationale et préserver les droits de tous les citoyens, tout en renforçant les relations entre eux. 

Avec des sanglots dans la voix, Mme Dakhil a décrit les crimes « sans précédent dans l’histoire de l’humanité » commis par Daech en Iraq, en particulier contre les Yézidis.  Elle a ainsi souhaité que les atrocités soient constituées en crime de génocide, et a appelé la communauté internationale à intensifier la campagne militaire pour libérer l’Iraq de Daech, notamment la région de Mossoul où plus de 3 000 femmes sont toujours maintenues en esclavage.

Tout au long de ce débat, les États ont manifesté leur engagement à se mobiliser pour trouver des moyens de protéger la diversité des sociétés au Moyen-Orient, identifier des mesures permettant de lutter contre l’impunité et assurer une assistance sécuritaire et humanitaire.

De nombreuses délégations ont salué l’annonce faite par le Secrétaire général concernant la constitution d’un groupe de sages.  M. Fabius, qui présidait cette séance, a souligné que son pays était prêt à accueillir une conférence internationale consacrée à la présentation des conclusions de ce groupe.  Le Chef de la diplomatie française a, en outre, proposé au Secrétaire général de présenter au Conseil de sécurité une charte d’action pour faire face à la situation des minorités au Moyen-Orient.  « La communauté internationale a besoin d’une feuille de route précise pour mettre en œuvre sa réponse », a-t-il estimé. 

Son homologue de l’Espagne, M. José Manuel García-Margallo, a suggéré que le Secrétaire général nomme un « représentant spécial des Nations Unies pour la lutte contre l’extrémisme et le fanatisme ».  Celui-ci devrait travailler en étroite collaboration avec l’Alliance des civilisations, initiative qui avait été lancée par son pays et la Turquie, et pourrait référer des cas à un tribunal international qui serait créé pour cette cause.

Le Ministre des affaires étrangères et des émigrés du Liban, M. Gebran Ebran Bassil, a proposé au Conseil de sécurité d’adopter une résolution protégeant réellement les minorités d’Orient et traçant des « lignes rouges géographiques et morales ». 

 

*     S/2015/176

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Les victimes des attaques et des abus sur une base ethnique ou religieuse au Moyen-Orient

Lettre datée du 12 mars 2015, adressée au Secrétaire général par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/176)

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est dit vivement préoccupé par les graves dangers auxquels sont exposées les minorités dans certaines parties du Moyen-Orient.  Des millions de vies humaines sont en jeu, ainsi que le tissu social de pays entiers, a-t-il dit.

M. Ban, qui a en particulier cité les exactions commises par l’État islamique d’Iraq et du levant, a condamné dans les termes les plus vifs tous les actes de persécution et les violations du droit à la vie et à l’intégrité physique commis contre des personnes et des communautés, quel qu’en soit le motif, religieux, ethnique, national, racial ou autre. 

Le Secrétaire général a demandé instamment à toutes les parties d’assurer la protection des civils et d’épargner les vies innocentes.  Les membres de ce Conseil, et tous ceux qui ont de l’influence, doivent aider les populations de la région à se réapproprier leur diversité historique et leur dynamisme.  Cela est essentiel pour garantir notre avenir commun, a-t-il déclaré.

Les crimes atroces qui sont perpétrés dans la région appellent une réaction urgente, a lancé M. Ban, qui a appelé à mettre un terme à l’impunité des personnes responsables de crimes graves, que ce soit contre une communauté ou contre toutes.

Il a souligné de nouveau que toute atteinte commise dans le cadre de la lutte antiterroriste est moralement inacceptable et contreproductive sur le plan stratégique.  En matière de droits de l’homme, a-t-il dit, les gouvernements ont des obligations dont ils ne sauraient s’exonérer sous prétexte que des atrocités ont été commises.

Tout porte à croire que les membres de plusieurs minorités ont été victimes de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et d’autres violations très graves des droits de l’homme ou atteintes à ces droits, a-t-il affirmé, en précisant que cela était tout particulièrement vrai en ce qui concerne les femmes et les filles.

M. Ban a salué le Gouvernement iraquien pour les mesures qu’il a prises pour favoriser la réconciliation nationale et l’inclusion, renforcer la cohésion sociale et réformer le secteur de la sécurité, tout en lui demandant de faire davantage pour faire respecter les droits de l’homme et rétablir l’état de droit dans les zones tenues par Daech.  La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit aider l’Iraq à cet égard.

Concernant la Syrie, le Secrétaire général a exhorté les membres de la communauté internationale, à commencer par le Conseil de sécurité, à surmonter leurs divergences et à trouver de nouveaux moyens d’assurer la protection de tous les civils syriens. 

Il a annoncé qu’il se rendrait au Koweït pour participer à une conférence internationale d’annonce de contributions pour la Syrie et a demandé à tous les pays de faire preuve de générosité pour apporter une aide aux millions de Syriens qui souffrent et aux pays voisins qui supportent la plus grande part du fardeau.

Le Secrétaire général s’est également déclaré très inquiet de l’évolution de la situation en Libye, où des groupes affiliés à Daech s’en prennent aux minorités et aux sites religieux.  Aucune stratégie ne pourra réussir sans une coopération régionale forte et un État libyen doté de moyens d’actions, a-t-il soutenu.

M. Ban a indiqué que l’ONU s’employait à élaborer un plan d’action visant à prévenir l’extrémisme violent, qui sera lancé en septembre.  « Nous sommes plus que jamais déterminés à défendre, et à protéger, la diversité au Moyen-Orient », a-t-il assuré.

Il a dit espérer réunir un groupe d’hommes et de femmes respectés ayant une bonne connaissance de la région du point de vue religieux, civil, culturel, universitaire et économique.  Ils auraient un rôle consultatif sur les dynamiques qui sont à l’œuvre au sein des groupes confessionnels et entre ces groupes.

Il a dit également attendre des chefs religieux et autres qu’ils rappellent à leurs communautés que les religions reposent sur des valeurs de paix, et non de violence et de guerre.

Le Secrétaire général a annoncé que le mois prochain, le Président de l’Assemblée générale et lui-même inviteraient les personnalités influentes de diverses confessions à une réunion extraordinaire qui se tiendrait à l’ONU dans le but de s’inspirer de ce que fait l’Alliance des civilisations de l’ONU pour favoriser l’entente mutuelle et la réconciliation.

Il est largement admis que le Moyen-Orient est le berceau de plusieurs grandes civilisations, a-t-il souligné, en ajoutant, avant de conclure: « Décidons aujourd’hui de donner aux populations de cette région, surtout aux jeunes, les moyens d’en faire le berceau d’un monde plus stable et plus sûr ».

M. ZEID RA’AD AL-HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, qui intervenait par vidéoconférence de Genève, a souligné que le pluralisme était nécessaire à « notre survie », celle de sociétés enrichies par des échanges et ancrées dans le respect.  Si, aujourd’hui, il est facile de dépeindre le Moyen-Orient comme une région « fragmentée », il ne faut pas oublier son histoire qui est marquée par une longue acceptation d’identités multiples, a-t-il rappelé.  Pour lui, les atrocités et crises dramatiques auxquelles nous assistons aujourd’hui ont été attisées par la discrimination et par la négligence délibérée du respect de l’égalité et des droits de l’homme de tous.  Il a cité à titre d’exemple le cas de la Syrie, où des manifestations pacifiques ont été écrasées par la force, et où la guerre civile qui s’en est suivie pousse de nombreuses personnes à se retrancher dans leurs identités ethniques et religieuses.  Aujourd’hui, a-t-il dit, la diversité célébrée, il fut un temps, est tragiquement exploitée pour justifier des divisions « létales », alors que le pays s’écroule.  De nombreuses communautés y ont été victimes de violences consternantes et ont été visées par des attaques de toute part, souvent à cause de leur affiliation religieuse ou ethnique, a déploré M. Zeid.

Le chaos et la violence en Syrie « saignent au-delà des frontières internationales », et ont donné naissance à Daech, un groupe « takfiri » totalitaire qui est déterminé à réduire au silence toute dissidence, a-t-il poursuivi.  La diversité culturelle exceptionnelle et historique de l’Iraq a été mise à l’épreuve, comme l’explique la récente mission du Haut-Commissariat aux droits de l’homme qui a conclu que les attaques vicieuses infligées par Daech aux Yézidis constituent un génocide.  Le rapport d’enquête souligne que d’autres communautés ont également été victimes de crimes de guerre et contre l’humanité aux mains d’acteurs non étatiques et des forces affilées à l’État.

En outre, des monuments historiques significatifs ont été ravagés.  Pour le Haut-Commissaire, qui condamne tous ces actes, « Daech est une abomination ».  Un tissu social étroitement lié en Syrie et en Iraq est en passe de faire la place à l’effacement de toute différence, à tout choix non conforme à la vision « takfiri ».  Paradoxalement, Daech semble plus ouvert à la différence ethnique lorsqu’il s’agit de ses propres membres -à condition qu’ils agissent dans le droit fil de l’idéologie « takfiri »- que de nombreux États vis-à-vis de leurs propres citoyens, a-t-il relevé.

Le Haut-Commissaire a regretté que l’attention accordée par la communauté internationale aux droits de l’homme des minorités soit trop souvent partielle et sporadique.  Elle est partielle dans la mesure où les États ont tendance à se limiter aux communautés avec lesquelles ils ont des liens culturels spécifiques, et ferment les yeux face aux abus vécus par d’autres communautés marginalisées, s’est-il expliqué.  Elle est sporadique, parce que malheureusement l’accent est généralement mis sur les droits des minorités qu’à la suite de violences extrêmes,  alors même que cette violence est pratiquement toujours précédée par des années d’exclusion, de mépris de leurs droits religieux et linguistiques et de leur impossibilité de participer pleinement à la vie politique, économique, culturelle et sociale du pays.

« Nous nous penchons sur les droits des minorités que lorsque les massacres commencés, mais à ce moment-là nous avons déjà échoué », a déploré le Haut-Commissaire.  L’oxygène du fanatisme est l’absence de tolérance et le désaveu des normes internationales des droits de l’homme car il se développe dans des États qui ont « trahi leur peuple » et qui ne respectent pas leurs propres constitutions, a-t-il soutenu.  « Malheureusement, il y existe beaucoup de ces États, au Moyen-Orient et ailleurs, et par leurs actions ils alimentent l’intolérance où l’extrémisme prend racine », a-t-il déclaré.

Le réseau des Nations Unies sur les discriminations raciales et les minorités, que le Haut-Commissariat coordonne, peut aider les États Membres à développer des stratégies pour offrir des opportunités aux minorités marginalisées, et pour faire en sorte que la protection de leurs droits de l’homme soit mieux prise en compte, a indiqué M. Zeid. 

« Ce n’est qu’en mettant l’accent sur la dignité et la valeur de chaque être humain, en garantissant leurs droits et leur place sur cette terre, que nous pourrons tous survivre », a-t-il dit avant de lancer un appel au Conseil de sécurité pour qu’il mette fin aux conflits en Iraq et en Syrie et qu’il en saisisse la Cour pénale internationale.  Il en va de même pour la Libye et le Yémen, et d’autres pays, a-t-il ajouté.  « Allons-nous attendre que les victimes n’aient même plus la force de pleurer et qu’il ne reste plus que les pierres pour agir? » a-t-il lancé avant de conclure.

Mgr LOUIS RAPHAËL I SAKO, Patriarche de Babylone des Chaldéens, a rappelé qu’un siècle après les massacres commis contre des Chrétiens en 1915, la communauté chrétienne de l’Iraq vit aujourd’hui une situation catastrophique similaire qui pousse de nombreuses familles à quitter le pays.  « De toute évidence, ce qu’on appelle le printemps arabe a eu un effet négatif sur nous.  Alors que si nous avions eu la chance de travailler en harmonie avec une mosaïque de religions et de groupes ethniques de notre région, nous aurions pu jouer ensemble un rôle moteur dans la région en faveur de la paix, de la stabilité et du progrès ».  La coexistence positive, basée sur la justice et la paix dans un esprit d’amour et de citoyenneté, devrait rester une des plus hautes priorités du Conseil de sécurité et des Nations Unies, a-t-il préconisé. 

En ce qui concerne son pays, le Patriarche a lancé un appel pour que l’on soutienne le Gouvernement central de l’Iraq et le Gouvernement régional du Kurdistan qui œuvrent en faveur de la libération de toutes les villes iraquiennes et, en particulier, pour les Chrétiens, les Yézidis et les Shabaks, notamment dans la ville de Mossoul, ainsi que dans la plaine de Ninive et dans les villages.  Il faut aussi fournir une protection internationale aux habitants de ces zones qui ont été déplacés et promulguer une loi sur la propriété privée pour leur garantir des droits sur leurs terres, afin de faciliter le retour et de leur permettre de vivre chez eux normalement.  Le Gouvernement central a également la responsabilité d’indemniser  ces personnes, a-t-il ajouté. 

Le plus grand problème, a-t-il poursuivi, c’est de bien comprendre les différents facteurs qui composent l’État: la religion, la citoyenneté, les individus, la communauté, le rôle de la femme et l’éducation nationale.  Les groupes islamiques extrémistes refusent de vivre avec les non-musulmans, a-t-il noté, en mettant l’accent sur les persécutions et les déracinements qu’ils leur font subir.  Il a qualifié cette crise d’idéologique visant à monopoliser le pouvoir, à rendre invalides les institutions et à restreindre les libertés.  En même temps, le Patriarche a invité à ne pas imputer ces actes terroristes à tous les Musulmans.  Il y a en fait une majorité silencieuse et pacifique de musulmans qui rejette une telle politisation de la religion, a-t-il précisé.

Mgr Sako a appelé la communauté internationale, y compris la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique, à prendre des décisions juridiques et sans appel.  Ces solutions, a-t-il souligné, doivent protéger la mosaïque nationale et préserver les droits de tous les citoyens, tout en renforçant les relations entre eux.  Il a attiré l’attention sur le sort de millions d’enfants et de jeunes qui sont privés d’éducation et sur celui de millions de réfugiés privés de soins. La frustration croissante, la pauvreté et le chômage, a-t-il prévenu, risquent de créer une atmosphère de revanche et d’extrémisme.  C’est pourquoi il faut s’occuper de ces réfugiés, a-t-il plaidé.

Le Patriarche de Babylone des Chaldéens a proposé de mettre à jour, par le biais de l’ONU, les constitutions et les lois, afin de promouvoir la justice, l’égalité et la dignité pour tous, en soulignant la responsabilité des gouvernements de protéger les individus et leurs droits.  Il faut, a-t-il ajouté, encourager les chefs religieux à adopter un discours modéré et une culture d’appartenance à leur pays.  En outre, il a plaidé en faveur de la réforme des programmes scolaires pour que ceux-ci renforcent les principes de respect entre les citoyens et promeuvent la tolérance et la communication.  À cette fin, il a conseillé à la hiérarchie religieuse de donner une explication exégétique appropriée des textes religieux.  Enfin, il a prôné l’adoption de lois pénales qui tiennent responsables les États et les individus qui apportent un soutien aux groupes terroristes.  Il a aussi demandé de favoriser le développement d’organisation des droits de l’homme et de la société civile, en leur donnant plus qu’un rôle de conseil, c’est-à-dire un rôle de décision aux niveaux régional et international.

Mme VIAN DAKHIL, membre du Parlement iraquien, dans une déclaration chargée d’émotion, a indiqué qu’elle était venue s’exprimer devant le Conseil de sécurité non pas seulement au nom des Yézidis, mais aussi au nom de tous les groupes ethniques iraquiens qui ont payé le prix fort à la suite de l’agression de Daech.  Elle a précisé que les crimes commis par le groupe extrémiste Daech sont sans précédent dans l’histoire de l’humanité.  « Ils ont réintroduit l’esclavage avec les enlèvements des femmes yézidies qui sont mises en vente comme des objets », a-t-elle déploré, en notant que la communauté internationale fait face à ses responsabilités morales devant la souffrance de ces minorités iraquiennes.  Aucune minorité ethnique en Iraq, a-t-elle dit, n’a été épargnée par Daech.

Mme Dakhil a en outre indiqué que les Yézidis étaient un peuple épris de paix avant que Daech n’apparaisse.  Ils sont pour la plupart des agriculteurs dont le nombre en Iraq est de 600 000.  Aujourd’hui, 420 000 d’entre eux sont déplacés à l’intérieur de leur propre pays, a—t-elle regretté, en ajoutant que plus de 6 000 Yézidis avaient été  enlevés par Daech, dont plus de 1 000 enfants qui se trouvent actuellement dans des camps contrôlés par ce groupe extrémiste et qui subissent un lavage de cerveau.  Elle a aussi évoqué le cas des filles yézidies vendues en Iraq et à l’étranger comme esclaves, citant ainsi le cas d’une jeune fille qui avait été vendue pour la somme de 18 dollars.  « Tous ces crimes ne sont fondés que sur notre identité », a soutenu la représentante avec une voix cassée par des sanglots.  Le Conseil de sécurité est notre dernier recours, a-t-elle plaidé, avant de faire des suggestions concrètes pour une sortie de crise. 

Elle a ainsi souhaité que les atrocités subies par les Yézidis soient constituées en crime de génocide, et elle a également appelé la communauté internationale à intensifier la campagne militaire pour libérer l’Iraq de Daech, notamment la région de Mossoul où plus de 3 000 femmes sont toujours maintenues en esclavage.  Dans cette optique, elle a aussi appelé à soutenir l’armée iraquienne et à reconstruire les villes détruites par Daech.

M. LAURENT FABIUS, Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France, a déclaré qu’au Moyen-Orient, nous faisons face à une entreprise barbare et systématique d’éradication ethnique et religieuse.  Si les musulmans sont par leur nombre les premières victimes des djihado-terroristes, les communautés non musulmanes constituent des cibles privilégiées.  Elles incarnent cette diversité que Daech veut faire disparaître.  Les Chrétiens, Yézidis, Turkmènes, Kurdes, Shabaks sont tous menacés par ce triangle de l’horreur: l’exil forcé, l’asservissement, la mort.

La France, a-t-il dit, a hérité de liens historiques étroits avec les Chrétiens d’Orient, ainsi qu’une longue tradition de protection des minorités, qui constitue même est une partie intégrante de la France.  Nous entendons y rester fidèles, a déclaré M. Fabius.

Le danger, c’est bien celui d’une disparition totale des minorités.  La communauté internationale ne doit pas le laisser se produire.  Nous sommes la communauté internationale et c’est pourquoi, nous ne devons plus être, collectivement, une sorte de puissance impuissante, a affirmé le Ministre français des affaires étrangères.

M. Fabius a adressé un double message: solidarité avec les persécutés et détermination contre les terroristes.  Aux minorités du Moyen-Orient, nous devons montrer que nous sommes à leurs côtés - et aux côtés des États respectueux de la diversité.  Aux terroristes de Daech, nous devons leur montrer que nous les combattrons sans relâche et que nous les mettrons en échec.

Les minorités ne réclament pas des faveurs, elles demandent leurs droits, a poursuivi le Chef de la diplomatie française, en estimant que le mot d’ordre doit être le retour des minorités déplacées sur les terres dont elles ont été chassées.  Tous les leviers doivent être mobilisés, a-t-il dit.

Il a ainsi mis l’accent sur le nécessaire accompagnement humanitaire.  Les institutions des Nations Unies, en particulier le Haut-Commissariat pour les réfugiés, jouent un rôle majeur: elles doivent orienter leurs actions en ce sens.  Les États Membres doivent renforcer leur concours financier, a-t-il souligné, en proposant que soit mis en place un fonds spécifique d’aide au retour, qui servirait notamment à la reconstruction des habitations et des lieux de culte.

L’action militaire, elle aussi, doit intégrer cette logique.  Les troupes aujourd’hui mobilisées au sol doivent assurer la sécurisation du retour des minorités car, sans sécurité, i1 n’y a pas de retour viable.  Pour les zones non encore libérées, la France souhaite que la coalition, en lien avec, d’une part, les autorités iraquiennes et, d’autre part, l’opposition syrienne modérée, intègre dans sa stratégie l’exigence du retour des minorités: à côté de la lutte contre les djihadistes, la préservation des minorités en Iraq et en Syrie doit devenir un des objectifs principaux de l’action militaire de la Coalition et des forces locales.

En outre, a estimé M. Fabius, la communauté internationale doit soutenir la consolidation d’États qui ne soient pas les défenseurs d’une seule communauté, mais également les garants de la coexistence de toutes les composantes de la société.  À travers cette notion d’inclusivité, la place des minorités est au cœur de la solution des crises.

Enfin, le Ministre a réaffirmé l’attachement de la France à la lutte contre l’impunité: les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité doivent être poursuivis, notamment les terroristes de Daech.  Il a appelé les États de la région à adhérer au Statut de Rome afin que la Cour pénale internationale (CPI) puisse juger les auteurs de ces crimes.  Compte tenu des destructions irrémédiables commises, le génocide culturel devrait être inclus dans le champ des crimes contre l’humanité, a-t-il recommandé, en jugeant indispensable que le Conseil de sécurité saisisse la CPI.

M. Fabius a proposé et demandé que le Secrétaire général puisse présenter au Conseil de sécurité une charte d’action pour faire face à la situation des minorités au Moyen-Orient.  La communauté internationale a besoin d’une feuille de route précise pour mettre en œuvre sa réponse, a-t-il estimé.

Cette « charte » pourrait s’organiser autour de quatre: l’accompagnement humanitaire, qui doit être orienté davantage vers le retour des minorités; sur le plan militaire, la question du retour et de la sécurisation des minorités doit être intégrée dans la stratégie de la Coalition et des forces locales; sur le plan politique, le renforcement de la stratégie de rassemblement en Iraq et la promotion d’une transition politique inclusive en Syrie; enfin, dans la lutte contre l’impunité, les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devront être jugés par la CPI.

Le Ministre a salué l’annonce faite par le Secrétaire général concernant la constitution d’un groupe des sages pour se saisir de cette question cruciale.  Il a proposé que leur tâche prioritaire consiste à élaborer la charte d’action.  La France est prête à accueillir une conférence internationale consacrée à la présentation des conclusions de ce groupe, a-t-il ajouté.

« Notre action n’est pas seulement un cri d’alarme, c’est surtout un appel à l’action », a souligné M. Fabius.  Cette action doit être centrée autour d’un objectif: préserver dans toute la région une diversité deux fois millénaire et permettre le retour durable des minorités persécutées sur les terres qui sont les leurs.

M. JOSÉ MANUEL GARCÍA-MARGALLO, Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a prévenu contre le risque de voir le Moyen-Orient disparaître car, a-t-il précisé, le terrorisme djihadiste menace d’anéantir ce lieu symbolique qui fut le berceau des trois grandes religions monothéistes.  Il a ensuite déploré le fait que le djihadisme prenne en otage l’islam.  On ne peut donc pas parler de choc ou de confrontation de civilisations, mais davantage de lutte entre la civilisation et cette barbarie uniforme qui a pour seul  objectif de réduire les individus à des objets.  Le Ministre a ensuite déclaré que la communauté internationale attendait du Conseil de sécurité qu’il agisse dans l’unité contre la haine et la barbarie.  Il a aussi souligné que le fléau terroriste devrait être combattu sur plusieurs fronts, notamment par la lutte contre la radicalisation et le recrutement des jeunes.  « Il faut faire front contre les terroristes et tarir leurs sources de financement », a-t-il préconisé. 

Par ailleurs, M. Garcia-Margallo a rappelé que son pays comprenait la souffrance des victimes du terrorisme et qu’il assurait, à travers sa politique internationale, la tolérance religieuse, comme en témoigne l’engagement de l’Espagne en faveur de l’Alliance des civilisations de l’ONU.  Il a ainsi rappelé qu’au cours du dernier Forum de l’Alliance des civilisations, l’Espagne avait proposé la mise sur pied d’une plateforme de dirigeants religieux qui devrait s’investir pour la recherche de la paix dans les pays et régions en conflit.  Il a ainsi souhaité qu’une équipe spéciale de religieux soit affectée aux efforts entreprises par l’ONU dans le cadre des médiations, du maintien et de la consolidation de la paix.  Il a en outre souhaité que les auteurs d’atrocités contre les minorités ethniques et religieuses puissent répondre de leurs crimes devant la justice.  À cette fin, il a suggéré que le Secrétaire général de l’ONU nomme un « représentant spécial des Nations Unies pour la lutte contre l’extrémisme et le fanatisme », qui devrait travailler en étroite collaboration avec l’Alliance des civilisations, et pourrait référer des cas à un tribunal international qui serait créé pour cette cause.

M. TOBIAS ELLWOOD, Sous-Secrétaire d’État parlementaire des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré avoir vu, de ses propres yeux, les attaques dirigées contre les groupes ethniques et religieux au Moyen-Orient. 

Il a plaidé pour une direction audacieuse qui rassemble les communautés, tout en se félicitant de l’annonce faite par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, de la création d’un groupe de sages qui serait chargé de cette question et celle faite par le Ministre français des affaires étrangères, M. Laurent Fabius, d’une conférence internationale consacrée à la présentation des conclusions de ce groupe.

Après avoir énoncé toutes les atrocités commises par Daech, il a affirmé que les États Membres, en vertu de la Charte des Nations Unies, avaient le devoir de protéger tous les peuples.  Une autre priorité consiste à régler la crise humanitaire qui ravage la Syrie et l’Iraq.  Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de faire cesser les violences sexuelles.

M. Ellwood a insisté sur l’importance de favoriser l’établissement dans la région de gouvernements représentatifs sans exclusion qui rendent des comptes.  Ceci sera le résultat, probablement, d’une génération, a-t-il dit, tout en appelant néanmoins à agir rapidement.

M. Ellwood a, de même, mis l’accent sur l’indispensable reddition de comptes pour les auteurs de telles exactions et sur la justice.  Il faut, par ailleurs, lutter contre les discours tronqués par Daech contre l’éducation.  Enfin, le Sous-Secrétaire d’État parlementaire a appuyé la participation des femmes pour construire un Moyen-Orient stable et prospère.

M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Secrétaire d’État pour les relations extérieures de l’Angola, a déclaré que la communauté internationale devait mener une introspection et se poser des questions: croyons-nous vraiment dans la protection des minorités, des personnes défavorisées et marginalisées par les abus et les persécutions?  Que devons-nous faire de différent pour prévenir les massacres et les persécutions des minorités?

Le Secrétaire d’État a reconnu que les membres du Conseil de sécurité avaient condamné les violations massives et graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme par Daech contre des groupes ethniques, religieuses ou minoritaires et ont réitéré leur soutien à la protection des civils, y compris les minorités, conformément au droit international humanitaire, et aux normes énoncées dans les instruments juridiques internationaux sur les droits de l’homme et les droits des réfugiés.

Il a déploré qu’aucune des conventions, déclarations ou résolutions adoptées par le Conseil de sécurité ne semblaient avoir eu l’effet désiré dans des endroits où la guerre fait rage et les plus flagrantes violations des droits de l’homme se produisent.  Par conséquent, ces documents normatifs ont tendance à perdre du poids sans une forte volonté politique du Conseil de sécurité à faire respecter ses décisions par tous les moyens nécessaires, a-t-il ajouté.  M. Augusto a dénoncé le fait que la communauté internationale continue d’être fondamentalement motivée par des intérêts nationaux, et, ce faisant, permet à certains conflits de traîner et de donner lieu à des dépenses énormes pour financer la prise en charge de millions de réfugiés.

Il a ensuite proposé que « la menace posée par les extrémistes radicaux soit identifiée et qu’en plus de l’utilisation de la force, une réponse idéologique claire soit établie, y compris à travers les technologies de communication, la lutte contre leur propagande, et la réduction de leur capacité de mobiliser les jeunes à leurs sinistres objectifs ».

S’agissant du « printemps arabe » de 2011, « notre réponse était un échec total, a-t-il estimé.  Au lieu de soutenir les forces de la paix, de la démocratie et les partisans du changement pacifique, le choix a été fait en faveur d’une politique de changement de régime, avec la livraison d’armes aux groupes d’opposition, tout simplement parce qu’ils s’opposaient au régime en place », a dénoncé M. Augusto.  « Une telle attitude a eu des conséquences désastreuses comme en Syrie et la Libye par exemple, avec la montée de Daech et d’EIIL, ce qui prouve que le tissu social et politique brisé de ces pays ne pouvait être rétabli par la livraison d’armes et la poursuite de conflits », a encore dit le représentant.

« Promouvoir une culture de tolérance et de compréhension commune sera non seulement possible avec la stabilité politique et la prospérité économique et les politiques de réelle inclusion politique, sociale et économique, en particulier de la jeunesse et, à cet égard, nous devons continuer à aider les peuples du Moyen-Orient à résoudre pacifiquement les conflits dans la région, et apporter les changements positifs proclamés par le printemps arabe », a suggéré le Secrétaire d’État, avant de conclure.

M. ALFREDO LABBÉ VILLA, Directeur général de la politique étrangère au Ministère des affaires étrangères du Chili, a plaidé en faveur du respect de la dignité humaine dans la poursuite de la paix et de la sécurité internationales.  Le Chili soutient fermement la doctrine de l’interdépendance entre les trois piliers des Nations Unies -paix et sécurité, droits de l’homme et développement-, a-t-il dit, en soulignant l’importance de la dignité et de l’unité dans la diversité.  Le caractère multiculturel, multiethnique et multireligieux de nombreux États, et non seulement au Moyen-Orient, a-t-il estimé, est un bien commun qui doit être préservé.  Il a dénoncé le « cruel opportunisme » du déchaînement de violence contre des minorités religieuses.  Aucune communauté minoritaire ne peut survivre, ni se développer si elle n’est pas pleinement intégrée et protégée dans le cadre de la coexistence, a-t-il dit.  Cette coexistence avait enrichi les civilisations de la région, a-t-il rappelé, avant de réaffirmer le droit inaliénable des communautés minoritaires à vivre dans leurs pays en jouissant de la paix, de la liberté, de l’égalité et de la dignité. 

M. Labbé Villa a souligné le rôle structurel que jouent les Chrétiens arabes dans l’édification de l’identité arabe laïque.  Il a prévenu que leur disparition ou leur exil virtuel de la région entraînerait à moyen terme l’effondrement de la laïcité arabe et, dès lors, créerait un risque d’abolition des principes démocratiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  C’est pour cela que son pays s’était joint à la déclaration sur le soutien aux droits de l’homme des Chrétiens et d’autres communautés, en particulier au Moyen-Orient, qui avait été initiée par les délégations de la Fédération de Russie, du Saint-Siège et du Liban au nom de 64 pays lors de la vingt-huitième session du Conseil des droits de l’homme.  De même, au Conseil de sécurité, le Chili a fermement soutenu l’action collective de la communauté internationale pour combattre le terrorisme et l’extrémise violent, tout en soulignant que le terrorisme ne pouvait pas être élimé uniquement par des moyens militaires.  Au cours de sa présidence du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté,  le Chili avait partagé sa perception concernant les causes profondes du conflit et les liens entre développement inclusif et maintien de la paix et de la sécurité. 

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a dénoncé la violence et les crimes perpétrés contre les minorités ethniques et religieuses en Syrie et en Iraq.  Elle a rappelé que la région du Moyen-Orient fut connue auparavant pour son pluralisme, sa tolérance et sa façon de coexister avec les autres.  Le vrai défi est de traduire en justice les responsables, d’empêcher l’impunité en imposant le châtiment pour ces crimes, a-t-elle dit.

La représentante jordanienne a appelé à élaborer un mécanisme visant à assurer la traçabilité des biens saisis à ces minorités.  Les États doivent assurer la protection des minorités ethniques et religieuses, a-t-elle ajouté.

Pour la délégation de la Jordanie, la région ne connaîtra jamais la paix et la sécurité tant que des efforts ne sont pas entrepris pour combattre l’extrémisme et le radicalisme.  Il faut répondre aux problèmes majeurs de la région, notamment le conflit israélo-palestinien et la crise syrienne.  Mme Kawar a également mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes premières de ce fléau qui incitent les jeunes à rejoindre les groupes terroristes.

Mme SITI HAJJA ADNIN (Malaisie) a déclaré que le terrorisme et l’extrémisme violent constituent, aujourd’hui, de graves menaces à la paix et à la sécurité.  Son pays, a-t-elle assuré, est fermement engagé à mettre en œuvre les résolutions 2170, 2178 et 2199 du Conseil de sécurité relatives à ces questions.  La représentante a en outre réaffirmé sa détermination à travailler, de manière coordonnée, avec tous les partenaires de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, dans le cadre des Nations Unies et d’autres organisations internationales et régionales.  Elle a déploré la vague actuelle d’extrémisme violent au Moyen-Orient, en particulier en Iraq et en Syrie, contre des communautés qui, pour la plupart, vivaient côte à côte depuis des siècles si ce n’est des millénaires. 

« Nous devons, a-t-elle recommandé, renforcer les liens entre ces communautés afin d’édifier un avenir meilleur pour la prochaine génération. »  Elle a aussi voulu attirer l’attention sur la situation des arabes palestiniens citoyens d’Israël, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, qui continuent de souffrir de discrimination raciale et d’inégalités, en dénombrant pas moins de 40 lois discriminatoires à leur égard.

La Malaisie réaffirme qu’il incombe en premier lieu aux gouvernements d’assurer la sécurité des citoyens et le respect des droits de l’homme.  La représentante a noté que certains pays, en particulier ceux qui sortent d’un conflit, rencontrent des difficultés pour établir une solide gouvernance.  Elle a aussi fait remarquer qu’il appartenait aux institutions étatiques de créer les conditions propices au développement social et économique et à la promotion des droits de l’homme, avec l’appui de la communauté internationale.  En tant que pays multiethnique, multiculturel et multireligieux, la Malaisie est consciente de l’équilibre à trouver entre les droits et libertés, d’une part, et le maintien de relations harmonieuses et pacifiques entre les communautés, d’autre part.  Avec l’éclairage de notre expérience, a indiqué Mme Adnin, le gouvernement œuvre en faveur de la tolérance et de l’inclusion, de la diversité en tant que force, en adoptant une approche modérée.  Elle a estimé que, lorsque cela est utile, certains droits et libertés des communautés minoritaires doivent bénéficier d’une protection légale et de sanctions en cas de non-respect.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rappelé que, pendant des millénaires, le Moyen-Orient avait été le carrefour des religions et le berceau des trois grandes religions monothéistes du monde.  Il a expliqué que les conditions de l’émergence des extrémismes dans la région ne datent pas d’hier, mais que tout cela avait commencé bien avant le printemps arabe.  Le représentant a ainsi fait remarquer que l’invasion de l’Iraq en 2003 avait contribué à laisser des communautés entières livrées à elles-mêmes, avant d’ajouter que les bombardements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye en 2010 avaient également créé le « délabrement de l’État libyen ».  M. Churkin a par ailleurs déploré le fait qu’au lieu d’aider les autorités syriennes à ramener la paix dans leur pays, certains membres de la communauté internationale avaient préféré apporter leur soutien aux forces de l’opposition et aux partisans d’Al-Qaida qui en ont profité pour installer leur « califat ».

En Iraq, 1,5 million de Chrétiens sont menacés de disparition et les répercussions de cette tragédie vont au-delà de la région, a déploré le représentant.  « Au début du printemps arabe, a-t-il expliqué, la Fédération de Russie avait plaidé afin que ces processus politiques internes ne soient pas influencés par des interventions externes ».  Il a souligné que les appels de son pays n’avaient pas été entendus, et que les « forces de l’ombre » en avaient profité pour s’installer dans certains des pays arabes qui ont vécu ces revendications populaires.  Il a aussi déclaré que la lutte contre ces extrémismes passe par des actions coordonnées de la part de la communauté internationale, notamment en renonçant à la politique des « deux poids, deux mesures » qui consiste à vouloir tirer des avantages géostratégiques de ces situations.  « Il faut arrêter de miser sur des forces radicales et de former des combattants de l’opposition, car, a prévenu M. Churkin, ils deviennent par la suite des forces extrémistes ».  Avant de conclure, il a plaidé pour des actions coordonnées qui vont allier des mesures militaires et politiques.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a fait état des crimes d’une atrocité inouïe commis par des groupes terroristes en Iraq ou en Syrie.  Des efforts importants doivent être déployés aux niveaux régional et international pour protéger les minorités au Moyen-Orient. 

La communauté internationale et, en particulier, l’ONU doivent renforcer la coopération internationale, a-t-il dit.  Cette question, a-t-il estimé, doit être régulièrement inscrite à  l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Le représentant a mis aussi l’accent sur la nécessité d’élargir le cadre de la coopération internationale pour éviter le déni de justice aux criminels transfrontaliers.

Il a ensuite appelé les États concernés à s’engager dans un processus politique et inclusif.  L’éducation et la sensibilisation sont les meilleurs vecteurs pour faire tomber les barrières entre les communautés, a-t-il dit.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a déclaré que le Gouvernement des États-Unis condamnait les attaques contre les groupes minoritaires et exigeait que leurs auteurs en répondent devant la justice.  Les communautés religieuses en Libye, en Égypte et en Iraq font face à des atrocités effroyables, a-t-elle déploré, en ajoutant que de nombreux arabes en Iraq font aussi partie des victimes de Daech.  La protection des minorités fait partie des priorités du Président des États-Unis, M. Barack Obama, a assuré la représentante, en rappelant que son pays avait également pris de mesures militaires appropriées pour venir en aide aux Yézidis qui étaient assiégés sur le mont Sinjar en Iraq, l’été dernier.  Les États-Unis entendent prendre des mesures pour venir en aide aux femmes yézidies, qui sont détenues par Daech.   

En Syrie, a-t-elle poursuivi, le régime brutal du Président Bashar Al-Assad a utilisé la force et la violence pour répondre aux manifestations pacifiques des populations, ce qui a contribué à exacerber les extrémismes dans le pays.  Elle a ainsi cité le cas de la ville de Homs où vivent aujourd’hui 1 000 Chrétiens, un chiffre qui est, a-t-elle fait observer, bien inférieur aux 160 000 Chrétiens qui y vivaient avant le début de la crise.  La plupart d’entre eux ont dû quitter la ville qui a subi le siège des forces gouvernementales.  « Nous ne pouvons pas oublier le rôle que la marginalisation des minorités religieuses a joué dans l’émergence de cette crise », a-t-elle insisté, avant d’expliquer que la privation des droits civils de certains citoyens avait constitué le terreau des revendications. 

La représentante a ensuite déclaré que son pays était le principal donateur de l’aide humanitaire en faveur de la Syrie, dont le montant total a atteint, à ce jour, 3 milliards de dollars.  Elle a ajouté qu’en Iraq, les États-Unis avaient débloqué près de 219 millions de dollars depuis l’an dernier pour venir en aide aux Iraquiens déplacés.  Par ailleurs, la représentante des États-Unis a indiqué que d’autres montants seront annoncés lors de la conférence des donateurs sur la Syrie, qui se tiendra au Koweït le 31 mars.  « Nous devons parler haut et fort en faveur des minorités et c’est pourquoi, la communauté internationale doit défendre le droit de ces minorités religieuses et ethniques qui luttent pour leur survie », a-t-elle souligné en conclusion.

M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) s’est dit choqué par le niveau de violence et de persécution de minorités ethniques ou religieuses au Moyen-Orient en mettant l’accent sur le génocide perpétré par l’État islamique d’Iraq et en Syrie contre la communauté yézidie.  Il a rappelé que la plupart des pays du Moyen-Orient ont une longue histoire de tolérance et de gestion de la diversité ethnique et religieuse. Il a fustigé les groupes extrémistes qui exploitent l’instabilité du moment pour propager leur haine en exploitant toutes les opportunités qu’offrent les médias sociaux.  Face à ces défis, le représentant de la Nouvelle-Zélande a souligné que l’urgence était de rétablir la sécurité en priorité là où les minorités sont les plus menacées. 

Notant que l’approche sécuritaire ne pouvait suffire à elle-même, il a estimé qu’il était nécessaire de permettre aux communautés de gérer leurs diversités.  Il est déterminant de s’attaquer aussi à la discrimination économique, sociale, sectaire, à l’inégalité, la marginalisation et à la mauvaise gouvernance, a-t-il ajouté.  Parce que la violence extrémiste trouve ses racines au niveau communautaire, c’est à ce niveau qu’il doit être combattu, a recommandé le représentant de la Nouvelle-Zélande en soulignant le rôle essentiel des dirigeants communautaire et religieux.  Il a exhorté l’ONU et les États Membres à continuer de promouvoir l’antiradicalisation et de lutter contre l’extrémisme en impliquant ces dirigeants religieux et communautaires.  Il a insisté sur le rôle du Conseil de sécurité pour lutter contre la persécution de minorités ethniques ou religieuses en renforçant la résilience des communautés et en promouvant une gouvernance inclusive et un dialogue transculturel. 

M. RAFAEL DARIO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a rejeté avec force tous les actes d’intimidation et de violence commis par des groupes terroristes contre les minorités ethniques ou religieuses au Moyen-Orient, ainsi que les pratiques médiévales et la destruction du patrimoine culturel et religieux par ces mêmes groupes.

Comment ces groupes terroristes peuvent-ils se déployer avec de telles capacités militaires, qui les financent et les arment? a demandé le représentant vénézuélien, avant de lancer un appel pour assurer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité qui, a-t-il rappelé, interdisent le financement et l’appui à ces groupes criminels. 

Des mesures fermes de la communauté internationale doivent être prises contre ces organisations terroristes, a-t-il dit, tout en estimant que les actions militaires ne suffiront pas pour freiner ces groupes.  Il est nécessaire, a-t-il souligné, de traiter des causes profondes qui ont permis l’émergence de telles entités.

M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré que tant qu’il n’y aura pas de paix dans le monde, les forces terroristes et extrémistes saisiront toujours des opportunités pour s’imposer.  Il a estimé que la coopération et le dialogue étaient les voies idoines pour faire front contre le terrorisme et l’extrémisme.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à ne pas ménager d’efforts pour apporter tout son soutien aux pays en proie au terrorisme.  La politique des « deux poids, deux mesures » ne peut s’appliquer dans cette lutte, a-t-il martelé. 

La communauté internationale, a-t-il souligné, doit s’adapter aux modifications des modes opératoires de ces groupes terroristes en adoptant des mesures pour détruire leur idéologie et en promouvant le dialogue des civilisations.  Dans ce contexte, le représentant a précisé qu’il n’y avait pas de civilisation supérieure, et que l’ONU devrait promouvoir la coexistence pacifique des religions au Moyen-Orient.  Il a en outre précisé que la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme au Moyen-Orient passe par la promotion des économies locales, condition sine qua non pour permettre aux populations de pouvoir bénéficier de la paix.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a fait remarquer que la force de l’humanité résidait dans sa diversité.  Il a ainsi déploré le fait que des communautés entières qui existent depuis des milliers d’années au Moyen-Orient risquent de disparaître à cause des attaques fanatiques et radicales.  « Sans la richesse d’une diversité religieuse, ethnique, linguistique et culturelle, le Moyen-Orient ne sera plus lui-même », a-t-elle déclaré.  Il s’agit là non seulement de la perte d’un patrimoine millénaire, mais aussi de la transformation structurelle d’une région où l’extrémisme ne trouverait plus d’entraves à sa propagation, a-t-elle dit.  Les fanatiques de Daech ne sont pas des terroristes comme les autres, a-t-elle alerté, en précisant qu’ils aspirent à la création d’un espace pour eux-mêmes, un espace d’extrémisme fanatique, aveugle, et meurtrier et où tous ceux qui ne partagent pas leur vision, -comme les Yézidis, les Shabaks, les Kurdes, les Chrétiens ou même des Musulmans qui ont une notion différente de leur foi- n’ont d’autre choix que la fuite, la conversion forcée, l’esclavage des femmes et des filles, le recrutement forcé des enfants ou encore le massacre.  Elle a notamment souligné que les Chrétiens, une partie intégrale de la diversité historique régionale, « l’un des peuples du Livre », sont en train de disparaître dans les zones sous le contrôle de Daech.

La représentante a souligné que le fléau terroriste, en raison de sa nature, ne connaît pas de frontière, en notant que de la Syrie et d’Iraq, il est passé désormais en Libye, organisant aussi des attentats au Mali, au Yémen, en Tunisie et même en Europe.  « Il faut les arrêter, ces extrémistes barbares, en prenant toutes les mesures nécessaires », a-t-elle insisté.  La communauté internationale, a-t-elle préconisé, doit coordonner les efforts pour « déchirer leur tissu de propagande mensongère, arracher leur masque religieux, tout en montrant leur vrai visage criminel, brutal et dépravé.  Tandis que le terrorisme change et se modernise, la réponse de la communauté internationale doit aussi changer, a—t-elle estimé.  Elle a ainsi indiqué que la nouvelle dimension de la menace demande un travail soutenu d’intelligence et d’analyse, y compris sur la propagande, le recrutement et la désinformation par Internet des terroristes.  Elle a aussi appelé à la mise en œuvre complète des différentes résolutions du Conseil de sécurité sur la question.  Il faudrait promouvoir, de façon cohérente et soutenue, des idées de tolérance, de la diversité enrichissante et de dialogue ouvert et inclusif entre les religions, les cultures et les civilisations.  Avant de conclure, la représentante a mis l’accent sur la responsabilité et la justice pour que les responsables d’atrocités terroristes, crimes de guerre et violations graves de droits de l’homme, y compris contre les minorités, soient dûment identifiés et punis. 

M. USMAN SARKI (Nigéria) a estimé que la protection de minorités ethniques et religieuses ne devrait pas se limiter au Moyen–Orient, mais s’étendre également à d’autres régions du monde.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire.

Le délégué a souligné que son pays avait adopté une approche concernant la lutte contre l’extrémisme et qu’il était prêt à la partager avec d’autres États.  Le Nigéria, a-t-il affirmé, est au côté de la communauté internationale dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

M. GEBRAN BASSIL, Ministre des affaires étrangères et des émigrés du Liban, a déclaré que son pays était notamment le représentant d’une civilisation phénicienne qui avait inventé l’alphabet et qui l’avait transmise au monde à travers ses ports commerciaux.  Le pays est né dans des communautés humaines confessionnelles, a-t-il rappelé, en précisant que Daech détruisait tout cela. 

Il a dénoncé les actions commises par Daech et Israël au vu et au su du monde, mais sans autre réaction que l’établissement de rapports.  Il a accusé Israël d’être le père légitime de Daech depuis des décennies.

Le Ministre s’est interrogé sur ce qu’il restait des valeurs des Nations Unies lorsque le droit n’est plus en vigueur.  Son pays, a-t-il dit, demande l’application de la justice internationale.

M. Bassil a demandé à ce que le Conseil de sécurité fasse plus qu’une simple déclaration et adopte une résolution qui protège réellement les minorités d’Orient et qui trace des lignes rouges géographiques et morales.  Il a demandé le retour de tous ceux qui ont été chassés de chez eux depuis le XIXe siècle, ainsi que la création d’un fonds pour les civilisations détruites au nom de la realpolitik.

« Nous devons qualifier les agissements choquants de Daech de « crimes de guerre, crimes contre l’humanité voire de génocide », a déclaré M. SEBASTIEN KURZ, Ministre des affaires européennes, de l’intégration et des affaires étrangères de l’Autriche.  Il a rejeté l’idée que de tels crimes restent impunis et a appelé le Conseil de sécurité à saisir rapidement la Cour pénale internationale de la situation en Syrie.  Pour prévenir le recrutement de combattants étrangers, a expliqué le Ministre, l’Autriche a adopté, la semaine dernière avec tous les pays des Balkans, un plan contre le djihadisme visant, entre autres, une coopération plus étroite entre les systèmes judiciaires, un contrôle renforcé aux frontières et la suppression sur l’Internet de tous les contenus terroristes.  Mais, a prévenu le Ministre, il ne suffira pas de combattre Daech pour atténuer les tensions dans nos sociétés.  Il faut faire plus et souligner, tout d’abord, que  l’occident n’est pas en conflit avec le monde musulman et qu’il n’y a pas non plus un conflit entre les différentes religions mais qu’il s’agit, au contraire, une lutte de l’ensemble du monde contre le terrorisme »

Il faut ensuite défendre la liberté religieuse et la coexistence et aussi, être crédible, en assurant le respect de nos valeurs, et ainsi, proclamer haut et fort que la diversité est une partie intégrante de notre culture.  L’islam, a insisté le Ministre, fait autant partie de l’Europe que le judaïsme et le christianisme.  On peut être à la fois un fier citoyen européen et un musulman croyant.  « Empêchons la division, combattons l’intolérance et la radicalisation et restons unis dans la lutte contre le terrorisme », a lancé le Ministre, en se disant convaincu que l’ONU peut et doit jouer un rôle encore plus important dans ce domaine.

Mme LYNNE YELICH, Ministre d’État du Canada, a rappelé que le Moyen-Orient, que l’on désigne comme étant le berceau de la civilisation, est depuis longtemps le théâtre d’une grande diversité culturelle et religieuse, caractérisée par la coexistence de Musulmans sunnites et chiites, de Chrétiens, de Yézidis et de bien d’autres groupes religieux, alors que l’EIIL et d’autres groupes terroristes tentent aujourd’hui d’éradiquer cette diversité.  Leurs attaques visent la communauté mondiale et la disparition quasi totale des Chrétiens de la région se joue actuellement.  Prenant note du dernier rapport du Haut-Commissaire aux droits de l’homme selon lequel l’EIIL pourrait avoir commis les trois crimes internationaux les plus graves, à savoir crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, le Canada condamne très sévèrement ces atrocités qui « portent atteinte à la dignité humaine, à nos valeurs communes et aux principes mêmes sur lesquels furent fondées les Nations Unies ».  Il est solidaire des victimes, dont le seul crime a été de s’opposer à « l’idéologie tordue de haine et d’oppression qui anime l’EIIL », a assuré Mme Yelich.

Pour la Ministre, si rien n’est fait, ce cancer qu’est l’extrémisme ne pourra que se développer et se propager.  « Nous ne pouvons pas refuser d’agir; nous devons protéger nos citoyens et nos principes; appuyer les populations de la région qui s’efforcent de préserver le pluralisme et la diversité que nous valorisons, et amener les auteurs de ces crimes odieux à rendre compte de leurs actes », a-t-elle déclaré.

Le Canada se joint aux efforts internationaux pour lutter contre l’EIIL et pour assurer la sécurité des Canadiens.  C’est la raison pour laquelle la Ministre des affaires étrangères du Canada a récemment déposé une motion au Parlement demandant de prolonger la mission du Canada contre l’EIIL, a-t-elle expliqué.  Sans la tolérance et la liberté de religion, on ne peut guère espérer l’instauration d’une démocratie stable fondée sur le respect des droits de la personne et la primauté du droit, a encore fait valoir la Ministre.  Il s’agit aujourd’hui de « combattre et de discréditer l’idéologie extrémiste de l’EIIL qui se forge une culture d’impunité et de violence et qui aspire à dominer par l’intimidation brutale et barbare », a-t-elle dit.  Dans le cadre des efforts pour la paix et la stabilité durable durables au Moyen-Orient, il faudrait, a-t-elle estimé, reconnaître l’importance de la liberté de religion ou de croyance.

M. ASHOT HOVAKIMIAN, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, s’est dit outré que la communauté internationale ait à faire face à un tel niveau de violence et de haine à la veille du soixante-dixième anniversaire des Nations Unies.  Il a rappelé qu’Al-Qaida avait attaqué, le 21 mars 2014, une communauté arménienne de Kessab à la frontière de la Syrie et de la Turquie.  Il a expliqué qu’il était toujours choqué par les images de la décapitation de 21 égyptiens cooptes en Libye et de la destruction d’un patrimoine de 2 700 ans au musée de Mossoul.  Il a estimé que la pleine mise en œuvre des résolutions 2170, 2178 et 2199 était essentielle pour prévenir les violations massives des droits de minorités ethniques ou religieuses.  Il a souligné que la prévention du génocide était une priorité de l’Arménie avant de se féliciter de l’adoption sans vote, il y a une heure, d’une résolution sur la prévention du génocide par le Conseil des droits de l’homme.

L’’éducation et la mémoire du génocide sont des outils importants de prévention, a-t-il dit, avant de rappeler que le 24 avril 2015 marquera le centenaire du génocide arménien.  Il a ajouté que la ville syrienne de Deir el-Zor et le désert environnant était la destination finale de centaines de milliers d’Arméniens victimes du génocide arménien.  Il ne sera pas possible de marquer ce centenaire à Deir el-Zor puisque le site est actuellement occupé par des groupes terroristes qui l’ont vandalisé et détruit l’église, a-t-il déploré.  Ces nouvelles destructions de l’église des Saints Martyrs, a-t-il indiqué, est un lien symbolique entre les anciens et les récents crimes.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à travailler de concert afin de combler les fossés qui divisent les communautés ethniques et religieuses et de renforcer les individus autour des principes des droits de l’homme et de toutes les libertés qui sont le fondement de notre humanité et de notre civilisation.

M. STAVROS LAMBRINIDIS, Représentant spécial pour les droits de l’homme de l’Union européenne, a déclaré que tout crime devrait être puni.  Les citoyens syriens et iraquiens, a-t-il fait remarquer, sont en première ligne face aux violences sectaires.  M. Lambrinidis a salué la présentation du dernier rapport de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, en appelant à nouveau le Conseil de sécurité à soumettre la situation de la Syrie devant la CPI.  Il a tenu à rendre hommage aux défenseurs des droits de l’homme syriens.  Selon le rapport de la Commission d’enquête, l’enlèvement de 200 Chrétiens assyriens par Daech dans la région d’Hassaké à la fin février, est juste le dernier épisode d’une liste d’actions brutales et de crimes contre l’humanité.  Il a dit que Daech menaçait la survie d’un Moyen-Orient multiethnique et multireligieux.  Les États membres de l’Union européenne et l’Union européenne dans son ensemble participent autant que possible à la coalition mondiale contre Daech, a assuré M. Lambrinidis.  

« Nous sommes unis pour appuyer les travaux du Conseil de sécurité, en particulier ses résolutions 2170 et 2178, et pour appeler tous les États Membres à les mettre en œuvre dans le plein respect des droits de l’homme et de la primauté du droit.  Si l’action militaire est essentielle, elle ne suffira pas tant que l’on ne s’attaquera pas aux causes sous-jacentes de la violence en Syrie et en Iraq, a-t-il prévenu.  C’est l’instabilité causée par le régime de Bashar Al-Assad en Syrie et une longue période de politiques non inclusives en Iraq qui ont permis à Daech de prospérer et d’étendre son contrôle.  M. Lambranidis a indiqué que les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne avaient décidé de consacrer 1 milliard de dollars pour la période 2015-2016 à une stratégie d’ensemble visant à s’attaquer aux dynamiques sous-jacentes des conflits, en soutenant les réformes politiques, économiques et sociales, ainsi que la réconciliation entre les différents groupes ethniques 

M. NIKOS CHRISTODOULIDES (Chypre) a déclaré qu’il ne faudrait pas concentrer les efforts à une situation particulière car, a-t-il prévenu, les affrontements ethniques et religieux constituent, aujourd’hui, une source ou un prétexte dans presque tous les conflits à travers le monde.  Ils sont également invoqués comme la base idéologique du terrorisme, de l’intolérance, de la discrimination, du racisme et de toutes les formes de haine.  Si ce fléau n’est pas abordé de manière décisive, il aura bientôt des retombées qui ne seront plus contrôlables, a averti le représentant. 

En Syrie, la communauté internationale devrait envoyer des messages clairs et forts condamnant le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris les organisateurs, les financiers et les parrains des actes de terrorisme.  En Iraq, bien que la situation semble devenir sous contrôle, le groupe extrémiste Daech ne pourra être vaincu que s’il y a une unité politique et une lutte commune contre le terrorisme dans ce pays.  Le représentant a estimé que si l’Iraq était capable d’assurer sa sécurité et de mieux répondre à la crise politique dans le pays, il pourrait ainsi garantir sa stabilité et celle de la région.  Concernant la Libye, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de trouver une solution politique pour restaurer la stabilité et la sécurité dans le pays, avec l’appui de la communauté internationale. 

M. UFUK GOKCEN, Observateur permanent de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a rappelé que cette organisation avait condamné publiquement à plusieurs reprises les actes inhumains commis par Daech, ainsi que les déplacements forcés.  L’OCI a également déclaré que ces pratiques n’avaient rien à voir avec l’islam et ses principes qui sont plutôt la justice, la bonté, l’équité, la liberté de foi et la coexistence.  L’OCI a notamment condamné le meurtre de sang-froid de 21 coptes égyptiens en Libye.  Le Secrétaire général Madani a aussi condamné la destruction des monuments historiques de Mossoul par Daech, a-t-il ajouté.  L’OCI a fermement condamné les attaques contre des Chrétiens en Syrie et en Iraq, ainsi que la discrimination dont ils sont victimes au quotidien et la destruction de leurs lieux de prière, a assuré son représentant.  De même, la Commission indépendante permanente des droits de l’homme de l’OCI a condamné ces atrocités, a-t-il ajouté. 

M. Gokcen a souligné que les Chrétiens au Moyen-Orient sont une composante de leurs pays respectifs et qu’ils doivent exercer les mêmes droits que tous leurs compatriotes.  Ils font partie intégrante du tissu social, de la culture, des luttes et accomplissements, ainsi que de l’avenir des leurs pays.  M. Gokcen a reconnu que leur disparition serait une grande perte pour leurs pays et pour l’humanité entière.  L’observateur s’est également dit très préoccupé par les attaques ciblant des lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem-Est, et il a appelé la communauté internationale à assurer la protection de ces lieux et à faire pression sur Israël pour qu’il respecte le droit international.

M. Gokcen s’est réjoui des efforts entrepris par la communauté internationale, notamment ceux de l’UNESCO et ceux menés dans le cadre de l’Alliance des civilisations, pour lutter contre la haine religieuse.  Il a aussi souligné la coopération accrue entre l’ONU et les organisations régionales avec les acteurs religieux et traditionnels.  Au titre des efforts menés par les gouvernements, il a mentionné le projet de construction, à Bahreïn, de la plus grande église catholique du Golfe.

Il est crucial que les dirigeants religieux jouent un rôle responsable pour assurer la paix et l’harmonie, a poursuivi M. Gokcen.  Il a cité, à cet égard, l’existence du Conseil régional interreligieux MENA, seul mécanisme multireligieux régional dirigé par des chefs religieux de communautés religieuses de la région pour promouvoir la citoyenneté, la liberté religieuse et la protection des minorités.  Ce Conseil a un réseau de femmes et un autre consacré aux jeunes.  Il a aussi parlé de la conférence organisée sur le thème « Unis contre la violence au nom de la religion », à Vienne en novembre 2014, qui s’est conclue par la « Déclaration de Vienne ».

Mme MÓNICA BOLAÑOS PÉREZ (Guatemala) a estimé que la diplomatie et le dialogue étaient la meilleure voie pour trouver une solution à long terme aux problèmes que traverse le Moyen-Orient.  Le Guatemala, a-t-elle dit, condamne tous les actes de violence commis dans la région, évoquant notamment le crime de génocide. 

La représentante a également lancé un appel pour empêcher la destruction du patrimoine culturel et religieux de l’Iraq.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre l’impunité des auteurs des exactions commises, en soulignant à cet égard, le rôle de la Cour pénale internationale (CPI).

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour protéger les populations vulnérables comme les minorités ethniques et religieuses  en attendant que Daech et d’autres groupes terroristes puissent être défaits.  Soulignant le rôle de son pays, contre l’extrémisme et le terrorisme au Moyen-Orient, elle a indiqué que la Hongrie avait accordé une aide humanitaire aux communautés chrétiennes et aux autorités kurdes en Iraq, sans oublier une aide financière et matérielle aux réfugiés syriens, ainsi qu’aux familles des Chrétiens coptes décapités en Libye.  Mme Bogyay a jugé essentiel que les auteurs des crimes soient tenus responsables de leur acte avant de saluer les efforts du Gouvernement iraquien pour enquêter sur les allégations du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Elle a encouragé l’Iraq à devenir partie au Statut de Rome.  Au-delà du rôle de la CPI, elle a exhorté tous les États Membres à poursuivre les auteurs de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme avec tous les moyens dont ils disposent au niveau national.  Elle a rappelé que toute attaque contre un patrimoine culturel de l’humanité constitue un crime de guerre au regard de l’article 8 du Statut de Rome. 

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a rappelé que depuis des milliers d’années, son pays était le foyer de nombreuses communautés ethniques et religieux et que la Constitution actuelle reconnaissait l’égalité de tous devant la loi.  Les évènements tragiques que connaît l’Iraq représentent, selon lui, un danger double pour les iraquiens en général et pour les minorités, en particulier dans la mesure où ils menacent la cohabitation pacifique de toutes les identités ethniques et religieuses qui constituent la civilisation iraquienne.  Le Gouvernement iraquien a encouragé l’unité nationale dès sa prise de fonction, a-t-il précisé.  « Nous devons combattre l’’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) qui s’est imposé par la force armée et a pu faire tomber sous sa coupe de nombreux territoire de l’Iraq », a martelé le représentant. 

Daech a d’emblée attaqué les minorités religieuses, puis s’est livré à une agression systématique des  lieux saints et historiques.  Des centaines de femmes et de jeunes filles yézidies ont été enlevées et vendues aux complices de Daech et des milliers de musulmans sont morts aux mains de ce groupe extrémiste, a dénoncé le représentant. Aucune composante de la société iraquienne, a-t-il dit, ne peut être protégée tant que ces groupes terroristes extrémistes ne sont pas éliminés. Il n’a pas hésité à qualifier les actes de Daech de génocide et de crimes contre l’humanité, comme cela a été confirmé par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

C’est pourquoi, il faudrait empêcher le déplacement forcé de ces populations pour qu’elles puissent rester en Iraq en mettant fin à l’extrémisme violent.  La situation des personnes déplacées en Iraq est tragique et exige de la communauté internationale des efforts de secours et de solidarité.  Pour sa part, l’Iraq s’efforce de respecter et  de protéger les droits humains et la liberté de religion et cherche à éradiquer Daech afin de préserver sa diversité religieuse et ethnique, a-t-il assuré avant de conclure.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a appelé la communauté internationale à ne pas rester indifférente face aux actes de sauvagerie commis par l’EIIL et les groupes qui y sont associés, des actes qu’il a condamnés avec vigueur.  En tant que nation pluriculturelle et multiethnique, le Brésil assume une diversité qui le définit, a-t-il dit en assurant que son pays défendait l’égalité de droits des personnes, quelle que soit leur religion ou leur foi.  Il a rappelé que la Commission internationale indépendante d’enquête sur les crimes commis en Syrie, dirigée par le professeur Paulo Sergio Pinheiro, avait prouvé la sauvagerie commis par l’EIIL contre les Syriens.  Il a appelé à mettre un terme à l’impunité et rappelé que son pays avait parrainé la déclaration sur le soutien aux droits de l’homme des Chrétiens et d’autres communautés, en particulier au Moyen-Orient, dont était saisie récemment le Conseil des droits de l’homme.

L’extrémisme violent est une menace multidimensionnelle, a souligné M. de Aguiar Patriota, avant d’inviter à prendre en considération ses causes sous-jacentes, en particulier celles associées au conflit social, politique, économique et culturel.  Il a estimé que le Moyen-Orient et le monde entier ne pouvaient pas continuer à supporter le poids du conflit non résolu entre Israël et la Palestine.  Il faut aussi trouver une solution politique en Syrie, tandis que la communauté internationale doit être unie pour condamner la violence en Libye et au Yémen.  « Nous n’y arriverons que si nous unissons nos efforts, sur la base de valeurs communes et de la coopération multilatérale », a-t-il prévenu.  La situation actuelle résulte en partie au désordre social, politique et institutionnel après des interventions étrangères et des stratégies mal conçues au Moyen-Orient, a estimé le représentant brésilien.  Avant de conclure, il a dit apprécier des initiatives telles que l’Alliance des civilisations et appelé à s’abstenir de toute rhétorique qui alimente la xénophobie. 

M. RON PROSOR (Israël) a déclaré que pendant plus de 2 500 ans, un million de juifs avaient vécu pacifiquement dans les pays arabes.  Mais en 1947, la situation avait dramatiquement changé.  Après le vote aux Nations Unies créant l’État juif, les gouvernements arabes se sont tournés contre leurs citoyens juifs.  De Bagdad au Caire, en passant par Tripoli, des milliers de juifs avaient été tués au cours de violentes émeutes et des centaines de milliers avaient été forcés de fuir pour sauver leur vie.  Cette persécution continue aujourd’hui.  Au Yémen, les rares juifs qui sont restés ont souffert de persécutions successives.  Dans leurs manifestations, les militants houthis chantent « Mort à l’Amérique, mort à Israël ».

Après avoir réussi à renvoyer la vaste majorité des juifs dans les pays arabes, les extrémistes se tournent maintenant contre les Chrétiens.  Au début du XXe siècle, les Chrétiens représentaient 26% de la population au Moyen-Orient.  Aujourd’hui, ils sont moins de 10%, a fait observer le représentant.   Mais la persécution des minorités n’est pas le seul fait des groupes extrémistes.  Au Moyen-Orient, des régimes tyranniques maintiennent des lois archaïques comme prétexte pour séparer, discriminer et tuer.  Il a ensuite parlé des cas de Chrétiens persécutés en Arabie saoudite et en Iran.

M. Prosor a ensuite assuré que l’Israël était l’unique endroit, au Moyen-Orient, où les minorités jouissent de la liberté de vivre leur croyance, de changer de foi ou de n’en avoir aucune.  Israël est la seule démocratie au Moyen-Orient, a soutenu le représentant, avant de rappeler que depuis la création d’Israël en 1948, les communautés chrétiennes du pays avaient augmenté de 1000%.  On ne peut pas en dire de même pour les Chrétiens vivant sous le leadership palestinien, a-t-il fait remarquer.  Depuis que le Hamas a pris le contrôle de Gaza, en 2007, la moitié des Chrétiens ont fui.  La situation n’est pas meilleure sous l’Autorité palestinienne, après avoir pris le contrôle de Bethléem en 1995, des hommes armés palestiniens avaient saisi les maisons des Chrétiens, occupé et saccagé l’Église de la Nativité.  En conséquence, la population chrétienne de la ville a chuté de 70%, a précisé le représentant israélien. 

Il y a une crise qui se déroule au Moyen-Orient.  Quelle que soit votre origine, votre croyance ou votre appartenance politique, vous ne pouvez pas, en tant qu’être humain, ignorer la calamité que subissent les minorités au Moyen-Orient.  Des millions de personnes à travers le monde font confiance dans le rôle de l’ONU.  C’est pourquoi, a insisté M. Prosor, le Conseil doit rompre son silence et leur donner une raison de croire à ce qui peut être fait pour eux.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) s’est dit alarmé par le fait que certains groupes terroristes aient réussi à créer des entités similaires à des États et se livrent à une persécution des minorités et des groupes vulnérables, ainsi qu’à la démolition de l’héritage culturel mondial au Moyen-Orient.  Pour en venir à bout, sa délégation préconise une approche à long terme de la communauté internationale et, à cet effet, appuie la proposition du Secrétaire général de mettre sur pied un groupe international d’experts, ainsi que la suggestion de la délégation française d’organiser une conférence internationale sur la question du combat des groupes terroristes et extrémistes.  Tous les efforts doivent être déployés pour permettre aux personnes déplacées de retrouver leurs terres.  Cela signifie aussi qu’il faut faire preuve d’une volonté politique plus forte dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour sa délégation, ces efforts devraient également s’appuyer sur la sagesse et l’expérience des dirigeants religieux de toutes confessions.  Dans cet esprit, le Kazakhstan organise tous les trois ans un congrès de dirigeants religieux et politiques qui sert de plateforme de dialogue.  Il espère que les recommandations de ce congrès pourront, cette année, être prises en compte par le Groupe d’experts internationaux.

M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a condamné les violences commises au nom de la religion et de l’ethnicité au Moyen-Orient.  Il a insisté sur le fait que la diversité religieuse, culturelle et ethnique est indispensable au tissu social de la civilisation humaine et que toute persécution sur ces bases est une atteinte à l’humanité.  Il a également souligné le fait que les actions de ces groupes extrémistes mettent en péril la paix et la sécurité de la région.  Il faut, a-t-il insisté, que toutes les parties concernées fassent des efforts pour combattre ce danger sectaire et ces tendances extrémistes.  Cela passe, a-t-il dit, par la consolidation des processus politiques et des solutions tout en mettant en place des institutions durables.

L’Inde préconise une approche consolidée, qui prévoit le développement d’un cadre juridique international pour lutter contre le terrorisme, ainsi que d’un cadre réglementaire approprié pour la poursuite en justice des terroristes, a indiqué son représentant.  Il a ainsi appelé le Conseil de sécurité à agir avec détermination pour la mise en œuvre de la résolution 2178 sur les combattants terroristes étrangers.  Toutefois, pour l’Inde, la responsabilité de la protection des droits de l’homme de tous revient en premier aux États, a-t-il précisé. 

Il est impératif que les principes de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriale de tous les États membres des Nations Unies soient respectés dans le cadre de ces efforts.  De leur côté, les États doivent veiller à promouvoir les principes de l’égalité et de la non-discrimination de tous leurs citoyens et lutter contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination et l’incitation à la violence et la haine sur la base de la religion ou de croyances, a précisé le représentant.  « Il n’y a aucune justification possible au terrorisme sous toutes ses formes », a-t-il affirmé, avant d’exiger que cette menace soit combattue sur tous les fronts et partout.

M. STEPHAN TAFROV (Bulgarie) a estimé que la persécution systématique et généralisée menée par Daech contre un grand nombre de groupes ethniques ou religieux au Moyen-Orient vise la destruction systématique du tissu même des sociétés de cette région, l’anéantissement de leur diversité culturelle et de leurs identités.  « Il y a urgence à agir vite et avec détermination pour faire échec à ce plan monstrueux », a-t-il déclaré.  Le représentant a souligné qu’en tant que membre de la coalition internationale contre Daech, la Bulgarie est au cœur de l’action visant à préserver le caractère multiethnique et multiconfessionnel du Moyen-Orient.  Il a aussi indiqué que la Bulgarie fait partie des efforts internationaux visant à alléger la souffrance des réfugiés syriens dans les pays voisins.  Son pays, a-t-il assuré, contribuera pour la troisième année consécutive aux activités du Programme alimentaire mondial (PAM).  Pour faire face aux crimes de Daech, le Conseil de sécurité devrait saisir la Cour pénale internationale (CPI), en particulier concernant les crimes contre l’humanité perpétrés en Iraq et en Syrie, a-t-il préconisé.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé que l’extrémisme violent avait conduit au meurtre d’un nombre considérable de personnes au Moyen-Orient, y compris au début de cette année, le meurtre de deux citoyens japonais: Haruna Yukawa et Kenji Goto.  Condamnant ces actes inhumains et barbares, le représentant a annoncé que le Gouvernement du Japon présentait deux initiatives pour lutter contre l’extrémisme violent.  Le Japon appuie le renforcement des capacités contre le terrorisme des pays du Moyen-Orient.  Il a décidé de consacrer 15,5 millions de dollars pour financer le renforcement des capacités d’investigation et d’enquête, le contrôle des frontières et l’amélioration des lois contre le terrorisme. 

En outre, le Japon donne une aide dans la création de sociétés qui sont résilientes face à la radicalisation, a indiqué le représentant.  Il a estimé que le meilleur moyen d’étouffer la violence dans l’œuf est d’apporter la stabilité aux moyens de subsistances des populations en renforçant les classes moyennes, même si cela peut prendre du temps.

Concernant l’Asie, le représentant a assuré que le Japon continuera de renforcer son partenariat avec les pays de l’ASEAN pour promouvoir la modération dans la région.  Le Japon accueillera des ateliers et séminaires sur la lutte contre le terrorisme en Asie.  Il continuera à mener en avant sa diplomatie vers la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient.  En janvier, le Premier Ministre, M. Shinzo Abe, avait souligné, dans un discours politique prononcé au Caire, l’idée de « the Best Way to Go is in the Middle ».  Ce dicton ancien encourage les gens à embrasser la modernisation pour stabiliser leurs moyens de subsistance.  Le Premier Ministre avait aussi promis une aide humanitaire de 200 millions de dollars pour les pays qui combattent l’EIIL dans la région.  Le représentant a également annoncé que l’initiative en Palestine baptisée « Corridor for Peace and prosperity » a permis de commencer un projet de parc agro-industriel à Jéricho.

M. ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré que la menace que représentent des groupes terroristes et extrémistes comme Daech exige que des mesures fermes soient prises pour combattre leurs objectifs « nihilistes sous prétexte d’établir une suprématie religieuse ».  Il faut contrer les extrémismes et non pas les membres d’un groupe religieux parce qu’un tel amalgame pourrait attiser le sentiment d’injustice et encourager à son tour l’extrémisme, a-t-il averti.  La pensée de certains groupes extrémistes, liée à tort à la religion musulmane, ne doit pas servir de prétexte pour se retourner contre l’islam et les musulmans.  De par son histoire, l’Égypte a de tout temps été un creuset des différentes religions, a-t-il rappelé. 

Son peuple et son gouvernement se sont insurgés face aux crimes odieux commis par Daech en Libye contre 12 de ses ressortissants.  Toutefois, il faut éviter toute politique sélective dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il prévenu.  C’est une « politique aveugle par laquelle le pyromane finit toujours par se brûler », a-t-il souligné.  L’Égypte lutte contre le terrorisme et contre les extrémismes violents sous toutes leurs formes.  C’est pourquoi, la classification des victimes par leur religion présente des risques dans la mesure où les Chrétiens d’Orient font partie de cette partie du monde, a-t-il estimé.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a regretté que la diversité religieuse du Moyen-Orient soit aujourd’hui plus menacée que jamais.  L’apparition de groupes extrémistes comme Daech et Al-Qaida, ainsi que les groupes affiliés, a conduit à des atrocités énormes, des conversions forcées, de attaques ciblées de ceux qu’ils considèrent être non croyants et à la destruction inconsidérée d’antiquités et de sites historiques, a-t-elle rappelé.

Prenant note avec inquiétude du récent rapport du Conseil des droits de l’homme selon lequel Daech aurait commis un génocide de la communauté yézidie en Iraq, la représentante a assuré que son gouvernement travaillait avec les autorités iraquiennes et d’autres partenaires régionaux pour combattre la menace posée par Daech.  Pour l’Australie, la liberté de religion est un droit fondamental qui doit être respecté par tous les pays.  C’est pourquoi, elle lance un appel aux pays du Moyen-Orient pour s’acquitter de leur responsabilité de protéger les minorités ethniques et religieuses, a indiqué la représentante, en rappelant que le Conseil de sécurité avait demandé aux autorités syriennes d’agir dans ce sens par ses résolutions 2139 et 2165.  En outre, l’Australie demande à tous les États Membres d’explorer les moyens leur permettant de jouer un rôle pour défendre la liberté de religion dans cette région, y compris en venant en aide aux États qui supportent la lourde charge de l’accueil de personnes déplacées et en prenant des mesures pour empêcher les voyages et déplacements de combattants étrangers.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a invité à ne pas rester passif face aux atrocités actuellement commises au Moyen-Orient, berceau de civilisations et des religions monothéistes.  Il a prévenu contre une « entreprise d’effacement de notre mémoire collective, de celle de l’humanité ».  Le Maroc, a-t-il dit, tient à marquer son engagement et sa condamnation la plus vigoureuse et absolue du terrorisme et de la stigmatisation des minorités religieuses, ethniques ou raciales sous toutes leurs formes et quelles qu’en soient les motivations.  Estimant cependant que la condamnation unanime ne saurait à elle seule nous donner bonne conscience, il a appelé à prendre des mesures de manière collective et concertée, pour rendre la justice et prévenir ces crimes barbares.

Pour s’attaquer aux causes profondes, M. Laassel a prôné la promotion d’un « monde pluriel qui puise sa richesse dans sa diversité ».  « Les décideurs politiques, les faiseurs d’opinions, la société civile, les médias de masse et l’école devront être au cœur de cette guerre contre l’ignorance et les discours de haine », a-t-il recommandé.  Il a ainsi fait mis l’accent sur le Plan d’action de Rabat axé sur l’interdiction de l’appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence, adopté en octobre 2012, et qui constitue une première dans le corpus des alliances internationales.  Il a aussi parlé du premier Forum des leaders religieux dans la prévention de l’incitation à la haine donnant lieu aux crimes atroces qui se tiendra à Fès, capitale spirituelle du Maroc, les 23 et 24 avril prochain.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a condamné fermement les meurtres de minorités ethniques et religieuses par des terroristes de Daech et autres groupes extrémistes, ainsi que la destruction de mosquées, de lieux saints, d’églises, de temples, de même que pour les objets d’art et les trésors archéologiques qui représentent la richesse du patrimoine mondial de l’humanité.  Il a dénoncé l’extrémisme violent provenant d’un réseau mondial unique, qui recrute dans 90 pays et qui met en œuvre une politique de terreur et de destruction.  Cela rappelle le phénomène arabo-afghan des années 1980.  Cela montre qu’on n’a pas tiré la leçon de l’histoire, a-t-il commenté.

M. Khoshroo a souligné les tactiques de terreur que prônent ces extrémistes, en utilisant les médias sociaux les plus avancés pour recruter de nouveaux combattants partout dans le monde.  Après avoir recensé les horreurs commises, il a rappelé que ces extrémistes, qui se disent musulmans, ont tué des milliers de musulmans, dont 140 Yéménites récemment à Sanaa.  Le représentant a déploré l’incohérence de la stratégie internationale de lutte contre ces groupes extrémistes.  C’est pourquoi il a appelé la communauté internationale à faire preuve d’un engagement authentique pour adopter une approche sérieuse face à l’extrémisme.  Il faut une stratégie complète contre Daech, qui traite des aspects idéologique, social, politique et économique de l’extrémisme violent. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) s’est focalisé sur les questions spécifiques dans lesquelles l’Italie peut apporter une valeur ajoutée, en particulier la prévention, la sensibilisation, la réconciliation et l’inclusion, la recevabilité et l’héritage culturel.  En matière de prévention, le représentant a souligné la nécessité de promouvoir le dialogue et la compréhension mutuelle par l’éducation et les campagnes de sensibilisation.  La lutte contre la discrimination ethnique et religieuse est une initiative culturelle qui requiert des efforts inlassables pour protéger les jeunes générations. 

Le programme de développement pour l’après-2015 pourra contribuer aux efforts de prévention, a estimé le représentant.  Un programme transformateur peut s’attaquer aux causes de la violence et les violations des droits de l’homme et promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives.  L’Italie a aussi travaillé avec le Bureau de la prévention du génocide pour actualiser le cadre d’analyse des besoins dont le rôle est de renforcer la capacité d’alerte précoce, a-t-il assuré,  en soulignant l’importance de la propagande basée sur la violence sectaire et religieuse.

Le représentant a aussi évoqué la sensibilisation de toutes les communautés religieuses et ethniques en Méditerranée et au Moyen-Orient.  C’est seulement par la reconquête de groupes et communautés qui éprouvent des sentiments de privation des droits civiques, de la méfiance et de la marginalisation, qu’il sera possible d’affecter gravement le pouvoir de recrutement des Daech et autres groupes extrémistes.  Les médias peuvent jouer un rôle clef dans la promotion du dialogue et de la tolérance, et contre la propagande des extrémistes.  S’agissant du patrimoine culturel des pays de la région, il a rappelé que l’Italie était le premier pays à avoir créé un corps de police spécialisé dans la protection de l’héritage culturel et la lutte contre le trafic de propriétés culturelles.  Dans ce cadre, l’Italie travaille avec l’Espagne et d’autres partenaires sur un projet de résolution sur l’héritage culturel dans les zones de conflit, a indiqué son représentant, avant d’appeler tous les États membres de l’UNESCO à se joindre à cet effort.

La situation en Syrie et en Iraq est une catastrophe humaine aux conséquences dévastatrices qui vont bien au-delà du Moyen-Orient, a estimé M. OLOF SKOOG (Suède), au nom des pays nordiques.  Il a demandé que tous les responsables des atrocités dont de très nombreuses s’apparentent à des crimes contre l’humanité.  Il a prévenu qu’une région qui abritait alors une mosaïque de communautés risque aujourd’hui d’être réduite à une entité politique d’une « uniformité paralysante ».  La diversité ethnique et religieuse du Moyen-Orient doit être préservée.  En l’absence d’une solution politique, a poursuivi le représentant, nous devons nous montrer solidaires avec les voisins de la Syrie, à savoir le Liban, la Jordanie et la Turquie qui portent un lourd fardeau. 

Les pays nordiques, a souligné le représentant, ont contribué substantiellement aux Fonds de la Banque mondiale pour le Liban et la Jordanie.  Ils ont aussi accueilli, depuis la guerre civile au Liban en 1975, des milliers d’émigrés et de réfugiés du Moyen-Orient.  La Suède, à elle seule, a offert l’asile à plus de 70 000 Syriens depuis le début du conflit qui entre, maintenant, désormais dans sa cinquième année.  Pour l’Iraq comme pour la Syrie, les solutions politiques doivent être inclusives et offrir un espace aux populations majoritaires et minoritaires.  Les efforts de réconciliation sont la clef de la solution à ces crises, a insisté le représentant. 

La menace accrue d’une radicalisation dans certaines parties de la région rend encore plus pressante une solution au conflit israélo-palestinien.  Il faut, a souligné le représentant, envoyer un signal « clair et convaincant » aux jeunes générations et leur dire qu’il existe une alternative à la violence et au statu quo.  « Nous devons donc souligner la nécessité de relancer les négociations de paix pour parvenir à un accord de paix global fondé sur la solution à deux États.»  Les évènements dramatiques de ces dernières années nous montrent qu’aucune partie du monde, y compris les pays nordiques, n’est à l’abri du fléau de la violence sectaire et fondée sur le sexe.  « Nous sommes tous confrontés aux défis de l’islamophobie, de l’antisémitisme et d’autres formes de xénophobie.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, la meilleure réponse à la polarisation, c’est la participation inclusive. »

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a estimé que le but recherché par Daech est « la destruction méthodique et systématique de la mosaïque de diversité religieuse et confessionnelle qui caractérise depuis des millénaires le Moyen-Orient ».  Il a ensuite relevé que d’aucuns estiment que la seule recette qui fonctionne contre Daech est la contrainte exercée par un État dictatorial imposant une « version étatique » de la tolérance.  Il a, pour sa part, noté que l’exemple de la Syrie nous enseigne que la tyrannie exercée par un régime despotique non seulement ne garantit pas une stabilité durable, mais ne permet pas non plus une véritable tolérance interreligieuse de s’établir.  « Ce que la dictature arrive à créer, a-t-il affirmé, c’est un silence politique assourdissant, le calme trompeur qui précède la tempête ».

« Pendant que nous parlons, a-t-il poursuivi, des quartiers entiers, des femmes et des enfants sont attaqués, souvent avec des bombes barils et même au chlore », en faisant ainsi allusion à la situation en Syrie et assurant qu’« attiser les ressentiments entre les différents groupes faisait partie de la stratégie militaire des autorités syriennes.  « Plus de 220 000 victimes, voilà un bilan qui montre bien que le régime de Damas ne protège pas ses citoyens, ne garantit pas la stabilité, mais au contraire la menace et la détruit », a-t-il encore noté.

M. Braun a rappelé que l’Allemagne participe activement à la coalition anti-Daech, notamment en équipant et en formant les forces de sécurité en Iraq.  Il a souligné que l’Allemagne a accueilli, depuis 2011, quelque 100 000 réfugiés syriens, en invitant la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour créer les conditions ouvrant à toutes les victimes de la barbarie terroriste de Daech et de la tyrannie du régime de Bachir al-Assad une perspective réaliste de rentrer dès que possible dans leur pays.  Il a aussi plaidé pour la protection de l’héritage culturel de ces pays, en ajoutant que c’est notre héritage commun, et précisant que la diversité de ses peuples fait la richesse du Moyen-Orient. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que dans les mosquées et les églises syriennes « on continue à prier pour la paix ».  Le projet contre la Syrie est de déchirer un tissu social « historiquement pluriel » et propager « la maladie du sectarisme ».  Jusqu’ici, a dit le représentant, nous faisons face à un terrorisme qui se joue de toute morale et qui s’épanouit grâce à la complicité de quelques États Membres des Nations Unies dont certains siègent même au Conseil de sécurité.  Ces pays, a accusé le représentant, financent des groupes comme Daech ou l’Armée libre.  En Syrie, a-t-il insisté, il n’existe que des composantes cohérentes et pas des minorités.  Les différents groupes ethniques ont vécu pendant des siècles dans la paix et ceux qui veulent vraiment protéger les victimes du terrorisme doivent commencer par s’attaquer aux racines de ce fléau que subissent tous les Syriens.  Pour ce faire, il faut mettre en œuvre sérieusement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Pourtant, a poursuivi le représentant, certains États continuent à aider et à financer le terrorisme et à ce titre, ils ne peuvent pas faire partie de la solution.  Nous savons qu’il faut combattre l’idéologie « takfiri » mais certains États en font la promotion depuis des années.  Ceux qui pensent que Daech est une génération spontanée ont tort.  Il y a eu des précurseurs qu’on a délibérément ignorés.  Les organisations terroristes ont pu recruter à travers des réseaux sociaux qui peuvent être supprimés s’il y a la volonté politique nécessaire, a prévenu le représentant dont le Gouvernement « fait son possible pour protéger ses citoyens ».  Il a conclu en accusant le Front el-Nosra de s’être fait l’allié d’Israël. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dénoncé les millions de morts, torturés, mutilés ou dépossédés par le venin de la haine religieuse ou raciale, tout au long de l’histoire.  Ce qui est inacceptable, a-t-elle regretté, c’est que certains essayent de blâmer l’islam au lieu de souligner les racines historiques et politiques à l’origine de ces crimes.  Elle a expliqué qu’au Moyen-Orient, les exemples sont nombreux pour prouver que l’islam pratique ce qu’il prêche: l’amour, la fraternité, la tolérance et l’humanité.  Pour la représentante, le désordre et l’effondrement de l’autorité de l’État en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont transformé le printemps arabe en hiver cruel.  La représentante a cité l’exemple de la situation en Iraq et en Syrie, avec la montée de groupes extrémistes comme Daech.  Ce qui est inquiétant, a-t-elle dit, c’est l’attirance qu’éprouvent les jeunes pour ces groupes.

Si la police et l’armée peuvent réagir aux symptômes de ce phénomène, ils ne peuvent pas guérir la maladie, a estimé Mme Lodhi.  C’est pourquoi, il est important d’adopter une approche globale qui encourage la participation des jeunes à la vie économique, sociale et politique de leur pays.  Il faudrait surtout répondre, de manière bien pensée, à la rhétorique de ces groupes extrémistes qui prétendent que les musulmans, historiquement oppressés, ne peuvent reconquérir leurs droits que par la violence.  Il faut s’opposer à cette théorie en réglant les problèmes politiques, notamment en trouvant une solution à la question palestinienne et aux autres conflits qui sévissent en Syrie et au-delà.  De l’avis de Mme Lodhi, l’expérience a prouvé que les défis au Moyen-Orient ne seront pas réglés par une intervention étrangère.  Il a donc plaidé en faveur du plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ces pays.  Il a aussi prôné la réconciliation nationale, avec un soutien régional et mondial.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a estimé que la communauté internationale devrait déployer des efforts concertés pour promouvoir la coexistence des cultures, des religions et  des croyances, et stopper le terrorisme et la violence extrémiste.  Ensemble,  nous devons envoyer un message fort sur le rejet du mépris ou de l’intolérance face aux différences religieuses, culturelles ou ethniques, quel qu’en soit le motif.  Il faut prendre les mesures nécessaires pour veiller à ce que ceux qui persécutent brutalement et délibérément des gens à cause de ce mépris et de cette intolérance soient traduits en justice.  La diversité des cultures, des groupes ethniques, des religions et des civilisations est une bénédiction et forme le patrimoine commun de l’humanité.  Le Moyen-Orient a été doté de la beauté de cette diversité qui devrait pouvoir être léguée à la prochaine génération.  La communauté internationale ne doit pas fermer les yeux devant les actes brutaux qui sont commis aujourd’hui.  Elle doit agir « solidairement et maintenant ».

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a mis l’accent sur trois actions concrètes à mener pour lutter contre les extrémismes.  « La première est de faire vivre nos valeurs au sein de nos sociétés, en particulier auprès des jeunes », a-t-elle dit en précisant que la Belgique dans le cadre de sa présidence du Comité des ministres du Conseil de l’Europe organisera, le 8 mai prochain, une conférence sur le thème « la tolérance est plus forte que la haine ».  Elle a souligné la nécessité de montrer que la diversité est un atout de la société plutôt qu’un risque.  La paix durable ne pourra être établie dans la région tant que tous les auteurs de crimes ne sont pas traduits en justice, a-t-elle soutenu.

Dans ce contexte, elle a appuyé le travail de la commission d’enquête de l’ONU dans la région.  Elle a invité l’Iraq à adhérer au Statut de Rome et le Conseil de sécurité à saisir la CPI de la situation en Syrie.  Mme Frankinet a appelé à assurer que les minorités persécutées pourront à terme rentrer chez elles.  Elle a encouragé le Gouvernement iraquien à poursuivre ses efforts vers une plus grande inclusivité, en précisant que l’Union européenne avait décidé de consacrer un milliard d’euros pour la période 2015-2016 à sa nouvelle stratégie de soutien de la Syrie et de l’Iraq. 

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a déclaré qu’il était impératif que la communauté internationale réaffirme les droits des individus qui ont souffert de la persécution à vivre en paix dans leurs pays. « Nous sommes aussi obligés, en cette année du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, de défendre et de faire respecter les principes de la Charte et de réaffirmer les droits fondamentaux de toute l’humanité.  Nous devons en outre être fermes dans l’éradication des causes de toutes les forces d’intolérance, et trouver des voies en s’attaquant aux idéologies de la haine. »

Le représentant a estimé que les principes de la liberté de religion, et d’opinion, l’interdiction de la discrimination injuste pour divers motifs, y compris religieuse et la protection des droits des personnes appartenant à une communauté religieuse à vivre sa foi dans la paix, et la promotion et la protection des droits culturels et des communautés linguistiques, inscrits dans la constitution du pays, sont sacrés et que l’Afrique du Sud continuera de promouvoir ces principes dans tous ses engagements.  

Il faut aussi traiter les causes fondamentales du terrorisme.  Pour ce faire, il est nécessaire de comprendre et de s’attaquer aux conditions qui rendent attractif le terrorisme pour une partie des mécontents, et développer des stratégies adéquates pour les contrer.  À cet égard, il a préconisé des efforts concertés pour résoudre les conflits dans toutes les parties du monde, y compris au Moyen-Orient.

M. OLIVIER ZEHNDER (Suisse) a déclaré que la diversité du tissu social, ethnique et religieux au Moyen-Orient doit être défendue contre toute agression fondée sur l’identité.  La Suisse condamne avec la plus grande fermeté les abus des droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire commis par des forces armées étatiques et des groupes armés non étatiques au Moyen-Orient et ailleurs.  Elle est préoccupée par les allégations crédibles de la Commission d’enquête du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur la situation en Iraq selon lesquelles l’État islamique autoproclamé et d’autres groupes extrémistes pourraient avoir commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et le crime de génocide.

La Suisse appelle toutes les parties au conflit armé à respecter leurs obligations de droit international et de respecter les principes humanitaires. « L’aide humanitaire doit profiter aux personnes affectées sans discrimination », a souligné le représentant qui demande que les mesures prises dans le cadre de la lutte antiterroriste ne criminalisent pas l’aide humanitaire ou les contacts établis avec des acteurs armés non étatiques à des fins humanitaires.  La Suisse rappelle que le respect et la protection des droits de l’homme est la responsabilité première des États qui doivent, en toute situation, respecter et faire respecter ces droits sur leur territoire.   Elle souligne l’importance de la reddition des comptes aux niveaux national et international pour que toutes les violations et les abus commis contre des civils, tout comme pour les attaques contre des objets culturels et lieux de culte.  Elle encourage les États à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et invite le Conseil de sécurité à considérer un déferrement des situations iraquienne et syrienne à la CPI.  Par ailleurs, elle préconise un engagement préventif de l’extrémisme violent.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a déclaré qu’en réponse aux actes des groupes extrémistes, la communauté internationale doit d’abord parler d’une seule voix pour apporter son appui aux minorités victimes des persécutions.  Face à la politique délibérée des groupes extrémistes d’éliminer les minorités, la représentante a exhorté les États Membres à réfléchir à l’efficacité des mécanismes dont ils disposent face à « des ennemis qui nous ont surpris ».  « Sommes-nous bien préparés pour y faire face? » a-t-elle demandé, exigeant des États qu’ils présentent un front commun et qu’ils surmontent leurs divergences.  Elle a également souligné la nécessité de prendre en compte les besoins des victimes et des États dans l’élaboration de stratégies de lutte contre ce fléau.  Elle a voulu que l’on réponde de toute urgence à la situation humanitaire alarmante des minorités victimes en Iraq, en Syrie et dans d’autres régions du monde. « Cet engagement doit être soutenu et souple », a-t-elle précisé.

Mme LANA NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé que toutes les communautés étaient menacées par Daech et a estimé que le Conseil de sécurité devait condamner régulièrement la persécution systématique des minorités où qu’elle se produise.  En recherchant des solutions, il convient, a-t-elle dit, de respecter la Charte des Nations Unies.       De même, il est impératif de consulter et d’écouter de près les États de la région.  L’impunité des auteurs doit être stoppée par des coalitions internationales résolues.  Mme Nusseibeh a mis l’accent sur la nécessité d’encourager les Gouvernements à assurer la protection de tous leurs citoyens et de défendre leurs libertés.  Les institutions et les mécanismes forts de protection des droits de l’homme, d’alerte précoce et de réponse aux violations doivent être maintenus et renforcés.

Mme CATHERINE BOURA (Grèce) a déploré que des communautés qui ont coexisté dans la tolérance et le respect pendant des siècles soient aujourd’hui déplacées, kidnappées et exécutées.  En Iraq, a-t-elle noté, les attaques contre les Yézidis, les chaldéens et autres communautés chrétiennes ont contraint ces populations à fuir.  La moitié des Chrétiens d’Iraq sont partis, a-t-elle précisé.  La Grèce soutient les efforts déployés par le Secrétaire général, ainsi que les mesures prises par l’Union européenne pour réagir à ces actes de barbarie.  Nous condamnons aussi la destruction et le pillage du patrimoine mondial, a dit la représentante qui a estimé que la situation des groupes religieux ou ethniques devait servir de critère pour mesurer l’atmosphère politique au Moyen-Orient.  Elle a plaidé en faveur d’un consensus régional pour soutenir la présence historique de ces communautés sur leurs terres.  Il faut appuyer les efforts entrepris par les institutions religieuses et la société civile, a-t-elle recommandé.  C’est dans ce contexte que la Grèce, a-t-elle signalé, a convoqué une conférence internationale pour traiter de cette question de manière globale. 

M. MATEJ MARN (Slovénie) a estimé que les crimes de Daech s’apparentent à des crimes contre l’humanité, aux crimes de guerre, au nettoyage ethnique voire au génocide.  Il a appelé la communauté internationale à mettre fin à l’impunité, soulignant que la CPI devrait agir.  Il a invité tous les États de la région à accéder au Statut de Rome pour permettre à la CPI de se saisir de cette situation.  Il a appelé le Conseil de sécurité à déférer ces cas à la Cour.  Le représentant a invité la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver la riche et ancienne diversité des cultures et religions qui existe au Moyen-Orient depuis plus de 2 000 ans.  La réponse de la communauté internationale ne doit pas se résumer à des mesures de répression mais prendre aussi compte les causes sous-jacentes qui ont conduit à la radicalisation.  Le contexte actuel est favorable à un réexamen de la finalisation d’une convention sur le terrorisme international qui pourrait inclure également une définition agréée du terrorisme.

M. ALVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) a estimé que la violation des droits de l’homme par des États pouvait conduire les gens à se radicaliser et à se faire recruter par des groupes terroristes.  La haine et la violence à l’égard des communautés ethniques ou religieuses n’arrivent pas sans une stigmatisation et une déshumanisation préalables des groupes ciblés ou des incitations à la haine, a-t-il expliqué.  Il s’agit de l’héritage social, culturel, économique et politique qui bien souvent se fonde sur la répression et la corruption de l’État et le manque de confiance dans les institutions publiques. 

Il est, a-t-il dit, de l’obligation des États de faire en sorte que les minorités puissent exercer pleinement et efficacement tous leurs droits fondamentaux, sans discrimination et dans l’égalité totale.  La lutte contre l’impunité doit être la priorité.  Le pluralisme ne peut être une réalité que dans des sociétés où sont garanties l’inclusion et la cohésion sociale, économique et politique.

Pour Mme SIMONA-MIRELA MICULESCU (Roumanie), la stratégie de groupes tels que le « soi-disant » État islamique (Daech) est aussi simple qu’une croyance qui incarne la régression.  En détruisant le riche patrimoine religieux et la diversité ethnique et religieuse au Moyen-Orient, ils veulent subjuguer et manipuler toute la population.  Menée au nom de l’islam, « avec lequel ces sauvages n’ont rien en commun », leur campagne vise à effacer la diversité, a affirmé la représentante qui a rappelé le rôle central des Chrétiens arabes dans le développement de la civilisation et de la culture arabe, menant à la renaissance arabe du XIXe siècle (Al-Nahdha).  « Malgré cela, la survie même du christianisme au Moyen-Orient est en danger », a-t-elle regretté avant de lancer un appel à l’intensification des efforts pour préserver la mosaïque des communautés religieuses et ethniques qui ont enrichi la région depuis des siècles. 

La Roumanie encourage l’ONU à développer ses activités à cet égard, à la fois par la sensibilisation du monde aux tragédies de ces minorités, notamment par le biais de l’Alliance des civilisations.  La Roumanie soutient l’initiative du Secrétaire général de lancer un plan d’action, avec l’implication des chefs religieux, et celle de la France d’organiser une conférence internationale sur cette thématique.  Face au danger imminent du sectarisme, la tolérance et le dialogue interreligieux doivent être encouragés et renforcés.  Il faut atteindre les jeunes dans les zones en conflit et leur faire passer ces valeurs de tolérance et de respect mutuel qui ont permis la cohabitation pendant des millénaires.  La représentante s’est dit encouragée par le fait qu’une grande partie des musulmans dénonce l’idéologie extrémiste et se dise elle-même terrifiée par les atrocités commises.  La solution passe par une réponse à la situation économique et sociale des peuples.  Il faut mettre l’accent sur l’éducation, particulièrement dans les étapes postconflit, afin de prévenir de nouvelles atrocités et faire en sorte que les minorités ethniques et religieuses retrouvent leur place dans la société.

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a estimé qu’une transition politique inclusive en Syrie et une gouvernance inclusive en Iraq sont importantes pour une paix et une stabilité durables dans la région du Moyen-Orient.  Il a fermement condamné la persécution systématique des minorités ethniques et religieuses, exprimant sa préoccupation face à la destruction du patrimoine culturel de l’Iraq et de la Syrie, notamment par Daech.  Le représentant a dit que l’Ukraine, qui est confrontée sur son propre territoire au phénomène des combattants terroristes étrangers et à une agression directe venant de l’est, partage l’idée selon laquelle le groupe Daech est une menace, non seulement pour l’Iraq et la Syrie, mais également pour toute la communauté internationale.

M. BOGUSLAW WINID (Pologne) a rappelé la tradition séculaire de tolérance et de dialogue interreligieux de son pays en évoquant la déclaration de la Confédération de Varsovie de 1573 qui a accordé à tous les citoyens de l’Union polono-lituanienne la liberté de religion.  C’était le premier acte juridique de ce genre adopté en Europe.  C’est pourquoi les violences contre les groupes ethniques et religieux au Moyen-Orient constituent une source de grave préoccupation pour le Gouvernement polonais qui a contribué à l’aide apportée par les Nations Unies et l’Union européenne.  Au plan national, la Pologne a envoyé, en août dernier, 8 tonnes d’aide aux Chrétiens du nord de l’Iraq.  

Chaque jour, nous sommes témoins d’autres chapitres de la destruction barbare de l’héritage culturel du Moyen-Orient perpétrée par l’État islamique et les autres groupes extrémistes.  L’année dernière, le Front el-Nosra a détruit l’église des Saints Serge et Bacchus à Maaloula près de Damas et deux icônes offertes à cette église en 1943 par le général Wladislaw Anders, commandant de l’armée polonaise qui peu de temps avant, venait de s’échapper du brasier de la Sibérie stalinienne. 

Le représentant a dit: nous ne pouvons pas sous-estimer des actes qui visent à effacer toutes traces des non-Sunnites au Moyen-Orient.  L’objectif ultime est non seulement d’intimider « les infidèles » mais aussi de changer à jamais la composition sociale et ethnique de la région.  L’histoire du XXe siècle nous apprend la nécessité d’agir face à de telles situations similaires pour prévenir des atrocités à grande échelle, a averti le représentant qui a exhorté le Conseil de sécurité à honorer ses obligations en vertu de la Charte et à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à cette situation. 

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a affirmé que tout extrémisme était un aveuglement de la pensée et ne pouvait survivre que coupé du monde réel et protégé par l’ignorance.  Il a condamné avec la plus grande fermeté toutes les atrocités commises par Daech et les autres parties au conflit.  Le Luxembourg soutient l’idée que les Nations Unies devraient établir un plan d’action pour protéger les minorités au Moyen-Orient avec tous les outils à leur disposition, a-t-il dit, précisant que son pays était prêt à y apporter son concours, notamment dans le domaine humanitaire.

Contrer Daech passe aussi par la recherche d’une solution politique aux multiples crises qui agitent la région et aux difficultés socioéconomiques auxquelles font face les populations.  Le Luxembourg continue de plaider pour que le Conseil de sécurité défère la situation en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI).

M. LEVENT ELER (Turquie) a rappelé que depuis des siècles, le Moyen-Orient a été le berceau de la coexistence pacifique entre différentes communautés, contrairement à aujourd’hui.  Le sectarisme et la réaction brutale aux demandes légitimes de démocratie se sont ajoutés aux frustrations dues à la discrimination croissante, à la xénophobie et à l’islamophobie dans d’autres régions du monde.  Tout cela a créé un « mélange empoisonné » qui a érodé la culture de tolérance qui était la fabrique sociale de la région.  Le représentant a affirmé que le terrorisme et l’extrémisme ne sont pas des phénomènes propres au Moyen-Orient et qu’ils ne peuvent être associés à aucune religion, nationalité, civilisation ou ethnie.  Comme la violence et le terrorisme n’ont pas de religion, notre empathie et notre solidarité devraient être témoignées à toutes les victimes sans distinction et pas seulement aux musulmans.  

La situation en Syrie, a-t-il poursuivi, ne devrait pas se résumer aux enlèvements et autres persécutions de Daech.  La brutalité de leurs actes ne doit pas faire oublier les conditions qui ont été à la naissance de ce groupe terroriste: la « brutalité du régime qui a refusé d’accéder aux demandes légitimes de son peuple, utilisant divers moyens comme les armes chimiques, les barils d’explosifs et les violations massives des droits de l’homme ».  La communauté internationale et le Conseil de sécurité se doivent d’examiner les causes profondes de la crise syrienne.  Une transition politique véritable, conforme au Communiqué de Genève, est l’unique sortie de crise.  Pour le cas de l’Iraq, le représentant a précisé que les Chiites et les Sunnites étaient parmi les premières communautés persécutées par Daech, forçant 2,2 millions de personnes à fuir.  Il a présenté les mesures prises par le Gouvernement turc pour apporter de l’aide aux 200 000 Iraquiens qui ont trouvé refuge en Turquie, s’ajoutant aux plus de 1,7 million de Syriens qui s’y sont installés.

« Nous devons garder à l’esprit que l’injustice historique contre le peuple palestinien alimente la haine, l’aliénation et la radicalisation », a ensuite déclaré le représentant.  Il a estimé que la résolution du conflit israélo-palestinien, notamment par la solution à deux États, constituerait la clef contre l’instabilité et la radicalisation dans la région.  Il a relevé qu’aujourd’hui, aucune région du monde ou aucune communauté n’est à l’abri de la violence et de la persécution.  Face à ce phénomène mondial, nous devons avoir une réponse mondiale et empreinte de coopération.  Il a rappelé que la Turquie a coparrainé l’Alliance des civilisations en 2005.  Des solutions politiques, démocratiques et inclusives sont essentielles pour mettre fin aux multiples crises du Moyen-Orient, a conclu le représentant.

M. KAREL VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a affirmé que son pays défendait le principe selon lequel tout individu doit avoir la liberté d’exprimer son identité telle qu’elle est constituée par sa religion ou autres croyances, ceci incluant le droit de changer de religion ou de n’en avoir point.   Se disant gravement préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire au Moyen-Orient, il a encouragé les États à agir, comme le fait son pays sur le plan militaire ou humanitaire.  Il a également exhorté les membres permanents du Conseil de sécurité à accepter de s’abstenir de recourir à leur droit de veto dans des situations où des civils sont menacés par des crimes de masse.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a relevé que les actes de Daech constituent des violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire et pourraient constituer des crimes contre l’humanité et un génocide.  Il a appelé la CPI à se saisir de ces cas et a invité l’ONU et les ONG internationales à documenter autant que possible les actes perpétrés par Daech.  Il a souligné que la situation au Moyen-Orient est très complexe, mais qu’il faudrait que la communauté internationale ne se focalise pas que sur les questions de sécurité mais aussi sur la souffrance des groupes religieux et autres minorités de la région.  « Nous ne pouvons ignorer que les Chrétiens du Moyen-Orient sont de plus en plus ciblés par des islamistes fondamentalistes, et que leur nombre continue de diminuer », s’est-il alarmé.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a affirmé que l’islam était une religion de tolérance et d’ouverture qui ne faisait pas de distinction entre les croyances.  C’est une religion, a-t-il expliqué, qui prend également en charge les minorités religieuses, comme elle l’a fait tout au long de son histoire.  Ce qui se déroule en Iraq ou en Syrie est une exploitation haineuse et une déformation de l’islam et de ces préceptes.

Le représentant a appelé à lutter contre toutes les formes de terrorisme et à isoler ses partisans, et à rétablir les droits et la justice internationale au sein des États et entre les États.  Le Conseil de sécurité doit aussi, a-t-il dit, trouver des solutions et des remèdes aux problèmes politiques, notamment en permettant au peuple palestinien de recouvrer ses droits.

Pour M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie), le terrorisme et l’extrémisme ne sont pas une question de religion mais une question liée à un ensemble de facteurs comme la mondialisation, les migrations, les problèmes sociaux, le manque d’éducation, le désespoir et le manque de perspective.  La Slovaquie rejette toute forme d’intolérance raciale ou religieuse, tout radicalisme et extrémisme et toute tentative de vouloir justifier le terrorisme par la religion.  Il ne s’agit pas d’un « clash de civilisations » mais plutôt d’un « clash entre l’humanité et la brutalité ».  Au Moyen-Orient, berceau des grandes religions de ce monde, l’État islamique et Al-Qaida veulent mettre en péril cette diversité religieuse.  Des millions de personnes ont été déplacées ou forcées de quitter leurs terres ancestrales et celles qui restent subissent des violations graves de droits de l’homme, la répression et les abus.  Dans sa haine, le terrorisme n’épargne personne, a souligné le représentant.  Musulmans, juifs, chrétiens, hommes, femmes, jeunes et vieux, personne n’est épargné par des terroristes qui agissent en toute impunité, s’est-il indigné.

Pour la Slovaquie, le fanatisme religieux n’est le propre d’aucune religion, et il faut que la communauté internationale, les gouvernements locaux, les institutions religieuses et autres dénoncent clairement et avec vigueur ces actes commis au nom d’une religion.  Il faut combattre l’extrémisme et l’incitation à la haine « plus efficacement ».  Le monde entier est concerné et seuls des efforts conjoints pourront mener aux résultats escomptés, a précisé le représentant.  Il faut en particulier exiger la reddition de comptes, à la fois des États et des groupes armés non étatiques, et aider les pays à renforcer les capacités nécessaires à la protection de leurs populations contre les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, a-t-il conclu.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a attiré l’attention sur les communautés ethniques et religieuses qui souffrent de pressions, d’abus des droits de l’homme, de torture, de persécution et qui sont tuées à cause de leur foi ou de leur appartenance ethnique, comme les turkmènes, les Shabacks, les Yézidis, les Sabiens, les Kaka’e, les Kurdes, les arabes shiites et même les arabes sunnites et kurdes.  Les Chrétiens au Moyen-Orient ont été particulièrement visés, tués ou contraints à fuir leur pays, a-t-il noté, en parlant des Chrétiens assyriens enlevés en Iraq par le groupe qui s’appelle État islamique, des Chrétiens coptes égyptiens décapités par les organisations affiliées à l’EIIL en Libye, et de l’élimination presque totale des Chrétiens à Mossoul. 

Il y a seulement 25 ans, on comptait encore près de 2 millions de Chrétiens en Iraq, aujourd’hui ils représentent moins d’un quart de ce chiffre.  Il a rappelé que cette population constamment menacée de mort avait dû fuir pour la région du Kurdistan ou d’autres pays voisins.  Le Saint-Siège exprime sa reconnaissance aux pays et dirigeants de la région qui ont défendu ouvertement les Chrétiens en tant que partie intégrante de leur tissu religieux, historique et culturel. 

L’observateur du Saint-Siège a rappelé que les Chrétiens au Moyen-Orient se trouvaient dans la région depuis plus de 2 000 ans.  Il a déploré que des communautés chrétiennes anciennes, dont beaucoup parlent l’araméen, la langue du Christ, soient ainsi menacées d’extinction, alors que leur présence ferait perdre à la région un riche patrimoine culturel et religieux.  Mgr Auza a fait remarquer que, lorsqu’un État était incapable ou ne voulait pas protéger sa population, la communauté internationale devrait prendre des mesures pour le faire.  C’est pour cela, a-t-il souligné, que le pape François a appelé à plusieurs reprises la communauté internationale à faire tout son possible pour faire cesser et prévenir la violence systématique contre les minorités ethniques et religieuses. 

M. TIM MAWE (Irlande) a relevé que les attaques contre les individus et les communautés, du fait de leur appartenance religieuse ou de leur origine ethnique, sont devenues constantes dans le monde, mais, a-t-il précisé, le phénomène semble avoir pris une forme virulente dans de nombreux pays du Moyen-Orient.  Il a mentionné les atrocités contre des minorités religieuses en Syrie, en Iraq et en Libye, soulignant que ces actes apparaissent comme la destruction du caractère multiethnique et multiconfessionnel du Moyen-Orient, sapant ainsi les perspectives de stabilité durable de la région.  Le fait que les auteurs de ces atrocités justifient leurs actes par des raisons religieuses ne fait qu’exacerber la situation.  Il a salué le fait que certains pays voisins aient accueilli les persécutés, notant tout de même que la relocalisation de communautés entières ne peut être la solution idoine.  M. Mawe a émis le vœu que ces communautés seront protégées là où elles ont toujours vécu, et parfois depuis l’antiquité.  Il a souhaité que les femmes arabes soient impliquées dans la politique, aux niveaux les plus élevés, qu’il s’agisse des négociations de paix, de la consolidation de la paix ou de la formulation des constitutions.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a affirmé que son pays restait toujours le berceau des civilisations.  Bahreïn, a-t-il dit, croit fermement à la nécessité de combattre les pensées extrémistes qui dénaturent la nature humaine et les préceptes de l’islam. La communauté internationale doit, a poursuivi le représentant, assumer ses responsabilités pour que le Moyen-Orient soit une terre d’accueil pour tous et protège les minorités ethniques et religieuses, tout en fournissant l’aide humanitaire nécessaire aux groupes victimes des déplacements et de persécutions.

M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a condamné les violations des droits des minorités religieuses et ethniques notamment les Chrétiens au Moyen-Orient.  La liberté de religion est un des droits de l’homme fondamentaux qui ne devrait jamais être violée.  Les sociétés ont des valeurs, des croyances et des religions différentes et elles devraient pouvoir vivre sans crainte, a plaidé le représentant.  Il a rappelé les gouvernements à leur responsabilité de protéger leurs populations contre les atrocités de masse et les violations des droits de l’homme, surtout quand elles sont liées à la religion et l’origine ethnique.  Les victimes méritent la justice auprès de la CPI, a-t-il estimé, en appelant cette dernière à continuer de mener des enquêtes et de poursuivre les responsables des crimes de haine. 

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a rappelé que la responsabilité de protéger engage les États à protéger leurs citoyens du génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et du nettoyage ethnique.  Elle a relevé que ce principe impose à la communauté internationale d’assister les États en la matière et au besoin, d’agir à leur place.  Elle a rappelé que durant sa présidence du Conseil de sécurité, au mois de mai 2014, la République de Corée avait voté en faveur d’un projet de résolution visant à ce que le Conseil saisisse la CPI des « crimes contre l’humanité » commis en Syrie.  Si le texte n’a pas été adopté, la République de Corée a pu défendre le point de vue selon lequel « sans justice pas de paix ».

M. JANIS MAŽEIKS (Lettonie) a déclaré que les violations des droits de l’homme commises par Daech et par d’autres groupes doivent faire l’objet d’enquêtes qui conduisent à la traduction en justice de leurs auteurs.  Une action internationale concertée est essentielle pour contrer l’extrémisme violent et c’est pourquoi, a dit le représentant, la Lettonie a rejoint la coalition mondiale contre l’État islamique.  Il est tout aussi important de s’attaquer aux causes de l’extrémisme violent et de l’intolérance religieuse et de mettre en œuvre des mesures préventives pour réduire la radicalisation et le recrutement, en particulier des jeunes.   Les besoins humanitaires des populations déplacées de force, principalement les groupes ethniques et religieux minoritaires, ainsi que le soutien aux victimes libérées des mains de Daech sont des domaines qui nécessitent notre attention et des efforts mieux coordonnés, a conclu le représentant.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a affirmé que son pays rejetait les violations répétées de Daech contre les minorités ethniques, condamnant toutes ses actions terroristes.  Elle a appelé à respecter les principes ethniques, les normes juridiques universelles et inaliénables des Nations Unies.  

La reconnaissance de la diversité est nécessaire à notre planète pour cohabiter, a-t-elle dit, citant le pape François.  La déléguée a mis l’accent sur la nécessité pour la communauté internationale de lutter contre l’impunité des auteurs de telles violations, soulignant à cet égard le rôle de la Cour pénale internationale (CPI).  De même, selon elle, ces groupes ne sauraient être associés à une communauté religieuse ou à une religion.

La lutte contre l’extrémisme passe par la coopération internationale dans le cadre du respect du droit international, a-t-elle déclaré, appuyant l’initiative du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale d’inviter des personnalités influentes de diverses confessions à une réunion extraordinaire à l’ONU.

 

 

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