En cours au Siège de l'ONU

7419e séance – matin
CS/11840

Minorités persécutées au Moyen-Orient: de nombreux « États expriment leur engagement à lutter contre Daech et d’autres groupes terroristes

Le Secrétaire général annonce un plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent, qui sera lancé en septembre, ainsi que la création d’un groupe de sages

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et de nombreux États ont, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, lors d’un long débat ouvert marqué par des interventions émouvantes, manifesté leur engagement et leur détermination à se mobiliser dans la lutte contre la persécution généralisée et systématique par Daech et d’autres groupes terroristes de minorités ethniques et religieuses au Moyen-Orient.

Convoqué* par le Ministre français des affaires étrangères et du développement international, M. Laurent Fabius, dont le pays assure au cours de ce mois la présidence du Conseil de sécurité, ce débat, intitulé « Les victimes d’attaques et d’exactions ethniques ou religieuses au Moyen-Orient », a réuni plus de 60 délégations, dont une dizaine conduite par des ministres, ainsi que le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Patriarche de Babylone des Chaldéens, Mgr Louis Raphaël I Sako, et une députée iraquienne, Mme Vian Dakhil. 

Le Secrétaire général, qui a ouvert la discussion, s’est dit vivement préoccupé par les graves dangers auxquels sont exposées les minorités dans certaines parties du Moyen-Orient.  Des millions de vies humaines sont en jeu, ainsi que le tissu social de pays entiers, a-t-il dit.

« Nous sommes plus que jamais déterminés à défendre et à protéger la diversité au Moyen-Orient », a assuré M. Ban, en indiquant que l’ONU s’employait à élaborer un plan d’action visant à prévenir l’extrémisme violent, qui sera lancé en septembre.  Il réunira en outre un « groupe d’hommes et de femmes hautement respectés ayant une bonne connaissance de la région du point de vue religieux, civil, culturel, universitaire et économique » et auront un « rôle consultatif sur les dynamiques qui sont à l’œuvre au sein des groupes confessionnels et entre ces groupes ».

De même, le Secrétaire général a annoncé que le mois prochain, le Président de l’Assemblée générale et lui-même inviteraient les personnalités influentes de diverses confessions à une réunion extraordinaire qui se tiendrait à l’ONU dans le but de s’inspirer de ce que fait l’Alliance des civilisations de l’ONU pour favoriser l’entente mutuelle et la réconciliation.

« Daech est une abomination », a lancé, de Genève, où il s’exprimait par vidéoconférence, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  M. Zeid Ra’ad Al-Hussein, pour qui le pluralisme est indispensable à « notre survie », a exhorté le Conseil de sécurité à mettre fin aux conflits en Iraq et en Syrie et à saisir la Cour pénale internationale (CPI).  Il en va de même pour la Libye et le Yémen, et d’autres pays, a-t-il ajouté. 

En ce qui concerne son pays, le Patriarche de Babylone des Chaldéens a lancé un appel pour que l’on soutienne le Gouvernement central de l’Iraq et le Gouvernement régional du Kurdistan qui œuvrent en faveur de la libération de toutes les villes iraquiennes et, en particulier, pour les Chrétiens, les Yézidis et les Shabaks, notamment dans la ville de Mossoul, ainsi que dans la plaine de Ninive et dans les villages. 

Mgr Sako a invité la communauté internationale, y compris la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), à prendre des décisions juridiques et sans appel visant à protéger la mosaïque nationale et préserver les droits de tous les citoyens, tout en renforçant les relations entre eux. 

Avec des sanglots dans la voix, Mme Dakhil a décrit les crimes « sans précédent dans l’histoire de l’humanité » commis par Daech en Iraq, en particulier contre les Yézidis.  Elle a ainsi souhaité que les atrocités soient constituées en crime de génocide, et a appelé la communauté internationale à intensifier la campagne militaire pour libérer l’Iraq de Daech, notamment la région de Mossoul où plus de 3 000 femmes sont toujours maintenues en esclavage.

Tout au long de ce débat, les États ont manifesté leur engagement à se mobiliser pour trouver des moyens de protéger la diversité des sociétés au Moyen-Orient, identifier des mesures permettant de lutter contre l’impunité et assurer une assistance sécuritaire et humanitaire.

De nombreuses délégations ont salué l’annonce faite par le Secrétaire général concernant la constitution d’un groupe de sages.  M. Fabius, qui présidait cette séance, a souligné que son pays était prêt à accueillir une conférence internationale consacrée à la présentation des conclusions de ce groupe.  Le Chef de la diplomatie française a, en outre, proposé au Secrétaire général de présenter au Conseil de sécurité une charte d’action pour faire face à la situation des minorités au Moyen-Orient.  « La communauté internationale a besoin d’une feuille de route précise pour mettre en œuvre sa réponse », a-t-il estimé. 

Son homologue de l’Espagne, M. José Manuel García-Margallo, a suggéré que le Secrétaire général nomme un « représentant spécial des Nations Unies pour la lutte contre l’extrémisme et le fanatisme ».  Celui-ci devrait travailler en étroite collaboration avec l’Alliance des civilisations, initiative qui avait été lancée par son pays et la Turquie, et pourrait référer des cas à un tribunal international qui serait créé pour cette cause.

Le Ministre des affaires étrangères et des émigrés du Liban, M. Gebran Ebran Bassil, a proposé au Conseil de sécurité d’adopter une résolution protégeant réellement les minorités d’Orient et traçant des « lignes rouges géographiques et morales ». 

 

*     S/2015/176

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Les victimes des attaques et des abus sur une base ethnique ou religieuse au Moyen-Orient

Lettre datée du 12 mars 2015, adressée au Secrétaire général par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/176)

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est dit vivement préoccupé par les graves dangers auxquels sont exposées les minorités dans certaines parties du Moyen-Orient.  Des millions de vies humaines sont en jeu, ainsi que le tissu social de pays entiers, a-t-il dit.

M. Ban, qui a en particulier cité les exactions commises par l’État islamique d’Iraq et du levant, a condamné dans les termes les plus vifs tous les actes de persécution et les violations du droit à la vie et à l’intégrité physique commis contre des personnes et des communautés, quel qu’en soit le motif, religieux, ethnique, national, racial ou autre. 

Le Secrétaire général a demandé instamment à toutes les parties d’assurer la protection des civils et d’épargner les vies innocentes.  Les membres de ce Conseil, et tous ceux qui ont de l’influence, doivent aider les populations de la région à se réapproprier leur diversité historique et leur dynamisme.  Cela est essentiel pour garantir notre avenir commun, a-t-il déclaré.

Les crimes atroces qui sont perpétrés dans la région appellent une réaction urgente, a lancé M. Ban, qui a appelé à mettre un terme à l’impunité des personnes responsables de crimes graves, que ce soit contre une communauté ou contre toutes.

Il a souligné de nouveau que toute atteinte commise dans le cadre de la lutte antiterroriste est moralement inacceptable et contreproductive sur le plan stratégique.  En matière de droits de l’homme, a-t-il dit, les gouvernements ont des obligations dont ils ne sauraient s’exonérer sous prétexte que des atrocités ont été commises.

Tout porte à croire que les membres de plusieurs minorités ont été victimes de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et d’autres violations très graves des droits de l’homme ou atteintes à ces droits, a-t-il affirmé, en précisant que cela était tout particulièrement vrai en ce qui concerne les femmes et les filles.

M. Ban a salué le Gouvernement iraquien pour les mesures qu’il a prises pour favoriser la réconciliation nationale et l’inclusion, renforcer la cohésion sociale et réformer le secteur de la sécurité, tout en lui demandant de faire davantage pour faire respecter les droits de l’homme et rétablir l’état de droit dans les zones tenues par Daech.  La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit aider l’Iraq à cet égard.

Concernant la Syrie, le Secrétaire général a exhorté les membres de la communauté internationale, à commencer par le Conseil de sécurité, à surmonter leurs divergences et à trouver de nouveaux moyens d’assurer la protection de tous les civils syriens. 

Il a annoncé qu’il se rendrait au Koweït pour participer à une conférence internationale d’annonce de contributions pour la Syrie et a demandé à tous les pays de faire preuve de générosité pour apporter une aide aux millions de Syriens qui souffrent et aux pays voisins qui supportent la plus grande part du fardeau.

Le Secrétaire général s’est également déclaré très inquiet de l’évolution de la situation en Libye, où des groupes affiliés à Daech s’en prennent aux minorités et aux sites religieux.  Aucune stratégie ne pourra réussir sans une coopération régionale forte et un État libyen doté de moyens d’actions, a-t-il soutenu.

M. Ban a indiqué que l’ONU s’employait à élaborer un plan d’action visant à prévenir l’extrémisme violent, qui sera lancé en septembre.  « Nous sommes plus que jamais déterminés à défendre, et à protéger, la diversité au Moyen-Orient », a-t-il assuré.

Il a dit espérer réunir un groupe d’hommes et de femmes respectés ayant une bonne connaissance de la région du point de vue religieux, civil, culturel, universitaire et économique.  Ils auraient un rôle consultatif sur les dynamiques qui sont à l’œuvre au sein des groupes confessionnels et entre ces groupes.

Il a dit également attendre des chefs religieux et autres qu’ils rappellent à leurs communautés que les religions reposent sur des valeurs de paix, et non de violence et de guerre.

Le Secrétaire général a annoncé que le mois prochain, le Président de l’Assemblée générale et lui-même inviteraient les personnalités influentes de diverses confessions à une réunion extraordinaire qui se tiendrait à l’ONU dans le but de s’inspirer de ce que fait l’Alliance des civilisations de l’ONU pour favoriser l’entente mutuelle et la réconciliation.

Il est largement admis que le Moyen-Orient est le berceau de plusieurs grandes civilisations, a-t-il souligné, en ajoutant, avant de conclure: « Décidons aujourd’hui de donner aux populations de cette région, surtout aux jeunes, les moyens d’en faire le berceau d’un monde plus stable et plus sûr ».

M. ZEID RA’AD AL-HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, qui intervenait par vidéoconférence de Genève, a souligné que le pluralisme était nécessaire à « notre survie », celle de sociétés enrichies par des échanges et ancrées dans le respect.  Si, aujourd’hui, il est facile de dépeindre le Moyen-Orient comme une région « fragmentée », il ne faut pas oublier son histoire qui est marquée par une longue acceptation d’identités multiples, a-t-il rappelé.  Pour lui, les atrocités et crises dramatiques auxquelles nous assistons aujourd’hui ont été attisées par la discrimination et par la négligence délibérée du respect de l’égalité et des droits de l’homme de tous.  Il a cité à titre d’exemple le cas de la Syrie, où des manifestations pacifiques ont été écrasées par la force, et où la guerre civile qui s’en est suivie pousse de nombreuses personnes à se retrancher dans leurs identités ethniques et religieuses.  Aujourd’hui, a-t-il dit, la diversité célébrée, il fut un temps, est tragiquement exploitée pour justifier des divisions « létales », alors que le pays s’écroule.  De nombreuses communautés y ont été victimes de violences consternantes et ont été visées par des attaques de toute part, souvent à cause de leur affiliation religieuse ou ethnique, a déploré M. Zeid.

Le chaos et la violence en Syrie « saignent au-delà des frontières internationales », et ont donné naissance à Daech, un groupe « takfiri » totalitaire qui est déterminé à réduire au silence toute dissidence, a-t-il poursuivi.  La diversité culturelle exceptionnelle et historique de l’Iraq a été mise à l’épreuve, comme l’explique la récente mission du Haut-Commissariat aux droits de l’homme qui a conclu que les attaques vicieuses infligées par Daech aux Yézidis constituent un génocide.  Le rapport d’enquête souligne que d’autres communautés ont également été victimes de crimes de guerre et contre l’humanité aux mains d’acteurs non étatiques et des forces affilées à l’État.

En outre, des monuments historiques significatifs ont été ravagés.  Pour le Haut-Commissaire, qui condamne tous ces actes, « Daech est une abomination ».  Un tissu social étroitement lié en Syrie et en Iraq est en passe de faire la place à l’effacement de toute différence, à tout choix non conforme à la vision « takfiri ».  Paradoxalement, Daech semble plus ouvert à la différence ethnique lorsqu’il s’agit de ses propres membres -à condition qu’ils agissent dans le droit fil de l’idéologie « takfiri »- que de nombreux États vis-à-vis de leurs propres citoyens, a-t-il relevé.

Le Haut-Commissaire a regretté que l’attention accordée par la communauté internationale aux droits de l’homme des minorités soit trop souvent partielle et sporadique.  Elle est partielle dans la mesure où les États ont tendance à se limiter aux communautés avec lesquelles ils ont des liens culturels spécifiques, et ferment les yeux face aux abus vécus par d’autres communautés marginalisées, s’est-il expliqué.  Elle est sporadique, parce que malheureusement l’accent est généralement mis sur les droits des minorités qu’à la suite de violences extrêmes,  alors même que cette violence est pratiquement toujours précédée par des années d’exclusion, de mépris de leurs droits religieux et linguistiques et de leur impossibilité de participer pleinement à la vie politique, économique, culturelle et sociale du pays.

« Nous nous penchons sur les droits des minorités que lorsque les massacres commencés, mais à ce moment-là nous avons déjà échoué », a déploré le Haut-Commissaire.  L’oxygène du fanatisme est l’absence de tolérance et le désaveu des normes internationales des droits de l’homme car il se développe dans des États qui ont « trahi leur peuple » et qui ne respectent pas leurs propres constitutions, a-t-il soutenu.  « Malheureusement, il y existe beaucoup de ces États, au Moyen-Orient et ailleurs, et par leurs actions ils alimentent l’intolérance où l’extrémisme prend racine », a-t-il déclaré.

Le réseau des Nations Unies sur les discriminations raciales et les minorités, que le Haut-Commissariat coordonne, peut aider les États Membres à développer des stratégies pour offrir des opportunités aux minorités marginalisées, et pour faire en sorte que la protection de leurs droits de l’homme soit mieux prise en compte, a indiqué M. Zeid. 

« Ce n’est qu’en mettant l’accent sur la dignité et la valeur de chaque être humain, en garantissant leurs droits et leur place sur cette terre, que nous pourrons tous survivre », a-t-il dit avant de lancer un appel au Conseil de sécurité pour qu’il mette fin aux conflits en Iraq et en Syrie et qu’il en saisisse la Cour pénale internationale.  Il en va de même pour la Libye et le Yémen, et d’autres pays, a-t-il ajouté.  « Allons-nous attendre que les victimes n’aient même plus la force de pleurer et qu’il ne reste plus que les pierres pour agir? » a-t-il lancé avant de conclure.

Mgr LOUIS RAPHAËL I SAKO, Patriarche de Babylone des Chaldéens, a rappelé qu’un siècle après les massacres commis contre des Chrétiens en 1915, la communauté chrétienne de l’Iraq vit aujourd’hui une situation catastrophique similaire qui pousse de nombreuses familles à quitter le pays.  « De toute évidence, ce qu’on appelle le printemps arabe a eu un effet négatif sur nous.  Alors que si nous avions eu la chance de travailler en harmonie avec une mosaïque de religions et de groupes ethniques de notre région, nous aurions pu jouer ensemble un rôle moteur dans la région en faveur de la paix, de la stabilité et du progrès ».  La coexistence positive, basée sur la justice et la paix dans un esprit d’amour et de citoyenneté, devrait rester une des plus hautes priorités du Conseil de sécurité et des Nations Unies, a-t-il préconisé. 

En ce qui concerne son pays, le Patriarche a lancé un appel pour que l’on soutienne le Gouvernement central de l’Iraq et le Gouvernement régional du Kurdistan qui œuvrent en faveur de la libération de toutes les villes iraquiennes et, en particulier, pour les Chrétiens, les Yézidis et les Shabaks, notamment dans la ville de Mossoul, ainsi que dans la plaine de Ninive et dans les villages.  Il faut aussi fournir une protection internationale aux habitants de ces zones qui ont été déplacés et promulguer une loi sur la propriété privée pour leur garantir des droits sur leurs terres, afin de faciliter le retour et de leur permettre de vivre chez eux normalement.  Le Gouvernement central a également la responsabilité d’indemniser  ces personnes, a-t-il ajouté. 

Le plus grand problème, a-t-il poursuivi, c’est de bien comprendre les différents facteurs qui composent l’État: la religion, la citoyenneté, les individus, la communauté, le rôle de la femme et l’éducation nationale.  Les groupes islamiques extrémistes refusent de vivre avec les non-musulmans, a-t-il noté, en mettant l’accent sur les persécutions et les déracinements qu’ils leur font subir.  Il a qualifié cette crise d’idéologique visant à monopoliser le pouvoir, à rendre invalides les institutions et à restreindre les libertés.  En même temps, le Patriarche a invité à ne pas imputer ces actes terroristes à tous les Musulmans.  Il y a en fait une majorité silencieuse et pacifique de musulmans qui rejette une telle politisation de la religion, a-t-il précisé.

Mgr Sako a appelé la communauté internationale, y compris la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique, à prendre des décisions juridiques et sans appel.  Ces solutions, a-t-il souligné, doivent protéger la mosaïque nationale et préserver les droits de tous les citoyens, tout en renforçant les relations entre eux.  Il a attiré l’attention sur le sort de millions d’enfants et de jeunes qui sont privés d’éducation et sur celui de millions de réfugiés privés de soins. La frustration croissante, la pauvreté et le chômage, a-t-il prévenu, risquent de créer une atmosphère de revanche et d’extrémisme.  C’est pourquoi il faut s’occuper de ces réfugiés, a-t-il plaidé.

Le Patriarche de Babylone des Chaldéens a proposé de mettre à jour, par le biais de l’ONU, les constitutions et les lois, afin de promouvoir la justice, l’égalité et la dignité pour tous, en soulignant la responsabilité des gouvernements de protéger les individus et leurs droits.  Il faut, a-t-il ajouté, encourager les chefs religieux à adopter un discours modéré et une culture d’appartenance à leur pays.  En outre, il a plaidé en faveur de la réforme des programmes scolaires pour que ceux-ci renforcent les principes de respect entre les citoyens et promeuvent la tolérance et la communication.  À cette fin, il a conseillé à la hiérarchie religieuse de donner une explication exégétique appropriée des textes religieux.  Enfin, il a prôné l’adoption de lois pénales qui tiennent responsables les États et les individus qui apportent un soutien aux groupes terroristes.  Il a aussi demandé de favoriser le développement d’organisation des droits de l’homme et de la société civile, en leur donnant plus qu’un rôle de conseil, c’est-à-dire un rôle de décision aux niveaux régional et international.

Mme VIAN DAKHIL, membre du Parlement iraquien, dans une déclaration chargée d’émotion, a indiqué qu’elle était venue s’exprimer devant le Conseil de sécurité non pas seulement au nom des Yézidis, mais aussi au nom de tous les groupes ethniques iraquiens qui ont payé le prix fort à la suite de l’agression de Daech.  Elle a précisé que les crimes commis par le groupe extrémiste Daech sont sans précédent dans l’histoire de l’humanité.  « Ils ont réintroduit l’esclavage avec les enlèvements des femmes yézidies qui sont mises en vente comme des objets », a-t-elle déploré, en notant que la communauté internationale fait face à ses responsabilités morales devant la souffrance de ces minorités iraquiennes.  Aucune minorité ethnique en Iraq, a-t-elle dit, n’a été épargnée par Daech.

Mme Dakhil a en outre indiqué que les Yézidis étaient un peuple épris de paix avant que Daech n’apparaisse.  Ils sont pour la plupart des agriculteurs dont le nombre en Iraq est de 600 000.  Aujourd’hui, 420 000 d’entre eux sont déplacés à l’intérieur de leur propre pays, a—t-elle regretté, en ajoutant que plus de 6 000 Yézidis avaient été  enlevés par Daech, dont plus de 1 000 enfants qui se trouvent actuellement dans des camps contrôlés par ce groupe extrémiste et qui subissent un lavage de cerveau.  Elle a aussi évoqué le cas des filles yézidies vendues en Iraq et à l’étranger comme esclaves, citant ainsi le cas d’une jeune fille qui avait été vendue pour la somme de 18 dollars.  « Tous ces crimes ne sont fondés que sur notre identité », a soutenu la représentante avec une voix cassée par des sanglots.  Le Conseil de sécurité est notre dernier recours, a-t-elle plaidé, avant de faire des suggestions concrètes pour une sortie de crise. 

Elle a ainsi souhaité que les atrocités subies par les Yézidis soient constituées en crime de génocide, et elle a également appelé la communauté internationale à intensifier la campagne militaire pour libérer l’Iraq de Daech, notamment la région de Mossoul où plus de 3 000 femmes sont toujours maintenues en esclavage.  Dans cette optique, elle a aussi appelé à soutenir l’armée iraquienne et à reconstruire les villes détruites par Daech.

M. LAURENT FABIUS, Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France, a déclaré qu’au Moyen-Orient, nous faisons face à une entreprise barbare et systématique d’éradication ethnique et religieuse.  Si les musulmans sont par leur nombre les premières victimes des djihado-terroristes, les communautés non musulmanes constituent des cibles privilégiées.  Elles incarnent cette diversité que Daech veut faire disparaître.  Les Chrétiens, Yézidis, Turkmènes, Kurdes, Shabaks sont tous menacés par ce triangle de l’horreur: l’exil forcé, l’asservissement, la mort.

La France, a-t-il dit, a hérité de liens historiques étroits avec les Chrétiens d’Orient, ainsi qu’une longue tradition de protection des minorités, qui constitue même est une partie intégrante de la France.  Nous entendons y rester fidèles, a déclaré M. Fabius.

Le danger, c’est bien celui d’une disparition totale des minorités.  La communauté internationale ne doit pas le laisser se produire.  Nous sommes la communauté internationale et c’est pourquoi, nous ne devons plus être, collectivement, une sorte de puissance impuissante, a affirmé le Ministre français des affaires étrangères.

M. Fabius a adressé un double message: solidarité avec les persécutés et détermination contre les terroristes.  Aux minorités du Moyen-Orient, nous devons montrer que nous sommes à leurs côtés - et aux côtés des États respectueux de la diversité.  Aux terroristes de Daech, nous devons leur montrer que nous les combattrons sans relâche et que nous les mettrons en échec.

Les minorités ne réclament pas des faveurs, elles demandent leurs droits, a poursuivi le Chef de la diplomatie française, en estimant que le mot d’ordre doit être le retour des minorités déplacées sur les terres dont elles ont été chassées.  Tous les leviers doivent être mobilisés, a-t-il dit.

Il a ainsi mis l’accent sur le nécessaire accompagnement humanitaire.  Les institutions des Nations Unies, en particulier le Haut-Commissariat pour les réfugiés, jouent un rôle majeur: elles doivent orienter leurs actions en ce sens.  Les États Membres doivent renforcer leur concours financier, a-t-il souligné, en proposant que soit mis en place un fonds spécifique d’aide au retour, qui servirait notamment à la reconstruction des habitations et des lieux de culte.

L’action militaire, elle aussi, doit intégrer cette logique.  Les troupes aujourd’hui mobilisées au sol doivent assurer la sécurisation du retour des minorités car, sans sécurité, i1 n’y a pas de retour viable.  Pour les zones non encore libérées, la France souhaite que la coalition, en lien avec, d’une part, les autorités iraquiennes et, d’autre part, l’opposition syrienne modérée, intègre dans sa stratégie l’exigence du retour des minorités: à côté de la lutte contre les djihadistes, la préservation des minorités en Iraq et en Syrie doit devenir un des objectifs principaux de l’action militaire de la Coalition et des forces locales.

En outre, a estimé M. Fabius, la communauté internationale doit soutenir la consolidation d’États qui ne soient pas les défenseurs d’une seule communauté, mais également les garants de la coexistence de toutes les composantes de la société.  À travers cette notion d’inclusivité, la place des minorités est au cœur de la solution des crises.

Enfin, le Ministre a réaffirmé l’attachement de la France à la lutte contre l’impunité: les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité doivent être poursuivis, notamment les terroristes de Daech.  Il a appelé les États de la région à adhérer au Statut de Rome afin que la Cour pénale internationale (CPI) puisse juger les auteurs de ces crimes.  Compte tenu des destructions irrémédiables commises, le génocide culturel devrait être inclus dans le champ des crimes contre l’humanité, a-t-il recommandé, en jugeant indispensable que le Conseil de sécurité saisisse la CPI.

M. Fabius a proposé et demandé que le Secrétaire général puisse présenter au Conseil de sécurité une charte d’action pour faire face à la situation des minorités au Moyen-Orient.  La communauté internationale a besoin d’une feuille de route précise pour mettre en œuvre sa réponse, a-t-il estimé.

Cette « charte » pourrait s’organiser autour de quatre: l’accompagnement humanitaire, qui doit être orienté davantage vers le retour des minorités; sur le plan militaire, la question du retour et de la sécurisation des minorités doit être intégrée dans la stratégie de la Coalition et des forces locales; sur le plan politique, le renforcement de la stratégie de rassemblement en Iraq et la promotion d’une transition politique inclusive en Syrie; enfin, dans la lutte contre l’impunité, les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devront être jugés par la CPI.

Le Ministre a salué l’annonce faite par le Secrétaire général concernant la constitution d’un groupe des sages pour se saisir de cette question cruciale.  Il a proposé que leur tâche prioritaire consiste à élaborer la charte d’action.  La France est prête à accueillir une conférence internationale consacrée à la présentation des conclusions de ce groupe, a-t-il ajouté.

« Notre action n’est pas seulement un cri d’alarme, c’est surtout un appel à l’action », a souligné M. Fabius.  Cette action doit être centrée autour d’un objectif: préserver dans toute la région une diversité deux fois millénaire et permettre le retour durable des minorités persécutées sur les terres qui sont les leurs.

M. JOSÉ MANUEL GARCÍA-MARGALLO, Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a prévenu contre le risque de voir le Moyen-Orient disparaître car, a-t-il précisé, le terrorisme djihadiste menace d’anéantir ce lieu symbolique qui fut le berceau des trois grandes religions monothéistes.  Il a ensuite déploré le fait que le djihadisme prenne en otage l’islam.  On ne peut donc pas parler de choc ou de confrontation de civilisations, mais davantage de lutte entre la civilisation et cette barbarie uniforme qui a pour seul  objectif de réduire les individus à des objets.  Le Ministre a ensuite déclaré que la communauté internationale attendait du Conseil de sécurité qu’il agisse dans l’unité contre la haine et la barbarie.  Il a aussi souligné que le fléau terroriste devrait être combattu sur plusieurs fronts, notamment par la lutte contre la radicalisation et le recrutement des jeunes.  « Il faut faire front contre les terroristes et tarir leurs sources de financement », a-t-il préconisé. 

Par ailleurs, M. Garcia-Margallo a rappelé que son pays comprenait la souffrance des victimes du terrorisme et qu’il assurait, à travers sa politique internationale, la tolérance religieuse, comme en témoigne l’engagement de l’Espagne en faveur de l’Alliance des civilisations de l’ONU.  Il a ainsi rappelé qu’au cours du dernier Forum de l’Alliance des civilisations, l’Espagne avait proposé la mise sur pied d’une plateforme de dirigeants religieux qui devrait s’investir pour la recherche de la paix dans les pays et régions en conflit.  Il a ainsi souhaité qu’une équipe spéciale de religieux soit affectée aux efforts entreprises par l’ONU dans le cadre des médiations, du maintien et de la consolidation de la paix.  Il a en outre souhaité que les auteurs d’atrocités contre les minorités ethniques et religieuses puissent répondre de leurs crimes devant la justice.  À cette fin, il a suggéré que le Secrétaire général de l’ONU nomme un « représentant spécial des Nations Unies pour la lutte contre l’extrémisme et le fanatisme », qui devrait travailler en étroite collaboration avec l’Alliance des civilisations, et pourrait référer des cas à un tribunal international qui serait créé pour cette cause.

M. TOBIAS ELLWOOD, Sous-Secrétaire d’État parlementaire des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré avoir vu, de ses propres yeux, les attaques dirigées contre les groupes ethniques et religieux au Moyen-Orient. 

Il a plaidé pour une direction audacieuse qui rassemble les communautés, tout en se félicitant de l’annonce faite par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, de la création d’un groupe de sages qui serait chargé de cette question et celle faite par le Ministre français des affaires étrangères, M. Laurent Fabius, d’une conférence internationale consacrée à la présentation des conclusions de ce groupe.

Après avoir énoncé toutes les atrocités commises par Daech, il a affirmé que les États Membres, en vertu de la Charte des Nations Unies, avaient le devoir de protéger tous les peuples.  Une autre priorité consiste à régler la crise humanitaire qui ravage la Syrie et l’Iraq.  Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de faire cesser les violences sexuelles.

M. Ellwood a insisté sur l’importance de favoriser l’établissement dans la région de gouvernements représentatifs sans exclusion qui rendent des comptes.  Ceci sera le résultat, probablement, d’une génération, a-t-il dit, tout en appelant néanmoins à agir rapidement.

M. Ellwood a, de même, mis l’accent sur l’indispensable reddition de comptes pour les auteurs de telles exactions et sur la justice.  Il faut, par ailleurs, lutter contre les discours tronqués par Daech contre l’éducation.  Enfin, le Sous-Secrétaire d’État parlementaire a appuyé la participation des femmes pour construire un Moyen-Orient stable et prospère.

M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Secrétaire d’État pour les relations extérieures de l’Angola, a déclaré que la communauté internationale devait mener une introspection et se poser des questions: croyons-nous vraiment dans la protection des minorités, des personnes défavorisées et marginalisées par les abus et les persécutions?  Que devons-nous faire de différent pour prévenir les massacres et les persécutions des minorités?

Le Secrétaire d’État a reconnu que les membres du Conseil de sécurité avaient condamné les violations massives et graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme par Daech contre des groupes ethniques, religieuses ou minoritaires et ont réitéré leur soutien à la protection des civils, y compris les minorités, conformément au droit international humanitaire, et aux normes énoncées dans les instruments juridiques internationaux sur les droits de l’homme et les droits des réfugiés.

Il a déploré qu’aucune des conventions, déclarations ou résolutions adoptées par le Conseil de sécurité ne semblaient avoir eu l’effet désiré dans des endroits où la guerre fait rage et les plus flagrantes violations des droits de l’homme se produisent.  Par conséquent, ces documents normatifs ont tendance à perdre du poids sans une forte volonté politique du Conseil de sécurité à faire respecter ses décisions par tous les moyens nécessaires, a-t-il ajouté.  M. Augusto a dénoncé le fait que la communauté internationale continue d’être fondamentalement motivée par des intérêts nationaux, et, ce faisant, permet à certains conflits de traîner et de donner lieu à des dépenses énormes pour financer la prise en charge de millions de réfugiés.

Il a ensuite proposé que « la menace posée par les extrémistes radicaux soit identifiée et qu’en plus de l’utilisation de la force, une réponse idéologique claire soit établie, y compris à travers les technologies de communication, la lutte contre leur propagande, et la réduction de leur capacité de mobiliser les jeunes à leurs sinistres objectifs ».

S’agissant du « printemps arabe » de 2011, « notre réponse était un échec total, a-t-il estimé.  Au lieu de soutenir les forces de la paix, de la démocratie et les partisans du changement pacifique, le choix a été fait en faveur d’une politique de changement de régime, avec la livraison d’armes aux groupes d’opposition, tout simplement parce qu’ils s’opposaient au régime en place », a dénoncé M. Augusto.  « Une telle attitude a eu des conséquences désastreuses comme en Syrie et la Libye par exemple, avec la montée de Daech et d’EIIL, ce qui prouve que le tissu social et politique brisé de ces pays ne pouvait être rétabli par la livraison d’armes et la poursuite de conflits », a encore dit le représentant.

« Promouvoir une culture de tolérance et de compréhension commune sera non seulement possible avec la stabilité politique et la prospérité économique et les politiques de réelle inclusion politique, sociale et économique, en particulier de la jeunesse et, à cet égard, nous devons continuer à aider les peuples du Moyen-Orient à résoudre pacifiquement les conflits dans la région, et apporter les changements positifs proclamés par le printemps arabe », a suggéré le Secrétaire d’État, avant de conclure.

M. ALFREDO LABBÉ VILLA, Directeur général de la politique étrangère au Ministère des affaires étrangères du Chili, a plaidé en faveur du respect de la dignité humaine dans la poursuite de la paix et de la sécurité internationales.  Le Chili soutient fermement la doctrine de l’interdépendance entre les trois piliers des Nations Unies -paix et sécurité, droits de l’homme et développement-, a-t-il dit, en soulignant l’importance de la dignité et de l’unité dans la diversité.  Le caractère multiculturel, multiethnique et multireligieux de nombreux États, et non seulement au Moyen-Orient, a-t-il estimé, est un bien commun qui doit être préservé.  Il a dénoncé le « cruel opportunisme » du déchaînement de violence contre des minorités religieuses.  Aucune communauté minoritaire ne peut survivre, ni se développer si elle n’est pas pleinement intégrée et protégée dans le cadre de la coexistence, a-t-il dit.  Cette coexistence avait enrichi les civilisations de la région, a-t-il rappelé, avant de réaffirmer le droit inaliénable des communautés minoritaires à vivre dans leurs pays en jouissant de la paix, de la liberté, de l’égalité et de la dignité. 

M. Labbé Villa a souligné le rôle structurel que jouent les Chrétiens arabes dans l’édification de l’identité arabe laïque.  Il a prévenu que leur disparition ou leur exil virtuel de la région entraînerait à moyen terme l’effondrement de la laïcité arabe et, dès lors, créerait un risque d’abolition des principes démocratiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  C’est pour cela que son pays s’était joint à la déclaration sur le soutien aux droits de l’homme des Chrétiens et d’autres communautés, en particulier au Moyen-Orient, qui avait été initiée par les délégations de la Fédération de Russie, du Saint-Siège et du Liban au nom de 64 pays lors de la vingt-huitième session du Conseil des droits de l’homme.  De même, au Conseil de sécurité, le Chili a fermement soutenu l’action collective de la communauté internationale pour combattre le terrorisme et l’extrémise violent, tout en soulignant que le terrorisme ne pouvait pas être élimé uniquement par des moyens militaires.  Au cours de sa présidence du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté,  le Chili avait partagé sa perception concernant les causes profondes du conflit et les liens entre développement inclusif et maintien de la paix et de la sécurité. 

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a dénoncé la violence et les crimes perpétrés contre les minorités ethniques et religieuses en Syrie et en Iraq.  Elle a rappelé que la région du Moyen-Orient fut connue auparavant pour son pluralisme, sa tolérance et sa façon de coexister avec les autres.  Le vrai défi est de traduire en justice les responsables, d’empêcher l’impunité en imposant le châtiment pour ces crimes, a-t-elle dit.

La représentante jordanienne a appelé à élaborer un mécanisme visant à assurer la traçabilité des biens saisis à ces minorités.  Les États doivent assurer la protection des minorités ethniques et religieuses, a-t-elle ajouté.

Pour la délégation de la Jordanie, la région ne connaîtra jamais la paix et la sécurité tant que des efforts ne sont pas entrepris pour combattre l’extrémisme et le radicalisme.  Il faut répondre aux problèmes majeurs de la région, notamment le conflit israélo-palestinien et la crise syrienne.  Mme Kawar a également mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes premières de ce fléau qui incitent les jeunes à rejoindre les groupes terroristes.

Mme SITI HAJJA ADNIN (Malaisie) a déclaré que le terrorisme et l’extrémisme violent constituent, aujourd’hui, de graves menaces à la paix et à la sécurité.  Son pays, a-t-elle assuré, est fermement engagé à mettre en œuvre les résolutions 2170, 2178 et 2199 du Conseil de sécurité relatives à ces questions.  La représentante a en outre réaffirmé sa détermination à travailler, de manière coordonnée, avec tous les partenaires de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, dans le cadre des Nations Unies et d’autres organisations internationales et régionales.  Elle a déploré la vague actuelle d’extrémisme violent au Moyen-Orient, en particulier en Iraq et en Syrie, contre des communautés qui, pour la plupart, vivaient côte à côte depuis des siècles si ce n’est des millénaires. 

« Nous devons, a-t-elle recommandé, renforcer les liens entre ces communautés afin d’édifier un avenir meilleur pour la prochaine génération. »  Elle a aussi voulu attirer l’attention sur la situation des arabes palestiniens citoyens d’Israël, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, qui continuent de souffrir de discrimination raciale et d’inégalités, en dénombrant pas moins de 40 lois discriminatoires à leur égard.

La Malaisie réaffirme qu’il incombe en premier lieu aux gouvernements d’assurer la sécurité des citoyens et le respect des droits de l’homme.  La représentante a noté que certains pays, en particulier ceux qui sortent d’un conflit, rencontrent des difficultés pour établir une solide gouvernance.  Elle a aussi fait remarquer qu’il appartenait aux institutions étatiques de créer les conditions propices au développement social et économique et à la promotion des droits de l’homme, avec l’appui de la communauté internationale.  En tant que pays multiethnique, multiculturel et multireligieux, la Malaisie est consciente de l’équilibre à trouver entre les droits et libertés, d’une part, et le maintien de relations harmonieuses et pacifiques entre les communautés, d’autre part.  Avec l’éclairage de notre expérience, a indiqué Mme Adnin, le gouvernement œuvre en faveur de la tolérance et de l’inclusion, de la diversité en tant que force, en adoptant une approche modérée.  Elle a estimé que, lorsque cela est utile, certains droits et libertés des communautés minoritaires doivent bénéficier d’une protection légale et de sanctions en cas de non-respect.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rappelé que, pendant des millénaires, le Moyen-Orient avait été le carrefour des religions et le berceau des trois grandes religions monothéistes du monde.  Il a expliqué que les conditions de l’émergence des extrémismes dans la région ne datent pas d’hier, mais que tout cela avait commencé bien avant le printemps arabe.  Le représentant a ainsi fait remarquer que l’invasion de l’Iraq en 2003 avait contribué à laisser des communautés entières livrées à elles-mêmes, avant d’ajouter que les bombardements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye en 2010 avaient également créé le « délabrement de l’État libyen ».  M. Churkin a par ailleurs déploré le fait qu’au lieu d’aider les autorités syriennes à ramener la paix dans leur pays, certains membres de la communauté internationale avaient préféré apporter leur soutien aux forces de l’opposition et aux partisans d’Al-Qaida qui en ont profité pour installer leur « califat ».

En Iraq, 1,5 million de Chrétiens sont menacés de disparition et les répercussions de cette tragédie vont au-delà de la région, a déploré le représentant.  « Au début du printemps arabe, a-t-il expliqué, la Fédération de Russie avait plaidé afin que ces processus politiques internes ne soient pas influencés par des interventions externes ».  Il a souligné que les appels de son pays n’avaient pas été entendus, et que les « forces de l’ombre » en avaient profité pour s’installer dans certains des pays arabes qui ont vécu ces revendications populaires.  Il a aussi déclaré que la lutte contre ces extrémismes passe par des actions coordonnées de la part de la communauté internationale, notamment en renonçant à la politique des « deux poids, deux mesures » qui consiste à vouloir tirer des avantages géostratégiques de ces situations.  « Il faut arrêter de miser sur des forces radicales et de former des combattants de l’opposition, car, a prévenu M. Churkin, ils deviennent par la suite des forces extrémistes ».  Avant de conclure, il a plaidé pour des actions coordonnées qui vont allier des mesures militaires et politiques.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a fait état des crimes d’une atrocité inouïe commis par des groupes terroristes en Iraq ou en Syrie.  Des efforts importants doivent être déployés aux niveaux régional et international pour protéger les minorités au Moyen-Orient. 

La communauté internationale et, en particulier, l’ONU doivent renforcer la coopération internationale, a-t-il dit.  Cette question, a-t-il estimé, doit être régulièrement inscrite à  l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Le représentant a mis aussi l’accent sur la nécessité d’élargir le cadre de la coopération internationale pour éviter le déni de justice aux criminels transfrontaliers.

Il a ensuite appelé les États concernés à s’engager dans un processus politique et inclusif.  L’éducation et la sensibilisation sont les meilleurs vecteurs pour faire tomber les barrières entre les communautés, a-t-il dit.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a déclaré que le Gouvernement des États-Unis condamnait les attaques contre les groupes minoritaires et exigeait que leurs auteurs en répondent devant la justice.  Les communautés religieuses en Libye, en Égypte et en Iraq font face à des atrocités effroyables, a-t-elle déploré, en ajoutant que de nombreux arabes en Iraq font aussi partie des victimes de Daech.  La protection des minorités fait partie des priorités du Président des États-Unis, M. Barack Obama, a assuré la représentante, en rappelant que son pays avait également pris de mesures militaires appropriées pour venir en aide aux Yézidis qui étaient assiégés sur le mont Sinjar en Iraq, l’été dernier.  Les États-Unis entendent prendre des mesures pour venir en aide aux femmes yézidies, qui sont détenues par Daech.   

En Syrie, a-t-elle poursuivi, le régime brutal du Président Bashar Al-Assad a utilisé la force et la violence pour répondre aux manifestations pacifiques des populations, ce qui a contribué à exacerber les extrémismes dans le pays.  Elle a ainsi cité le cas de la ville de Homs où vivent aujourd’hui 1 000 Chrétiens, un chiffre qui est, a-t-elle fait observer, bien inférieur aux 160 000 Chrétiens qui y vivaient avant le début de la crise.  La plupart d’entre eux ont dû quitter la ville qui a subi le siège des forces gouvernementales.  « Nous ne pouvons pas oublier le rôle que la marginalisation des minorités religieuses a joué dans l’émergence de cette crise », a-t-elle insisté, avant d’expliquer que la privation des droits civils de certains citoyens avait constitué le terreau des revendications. 

La représentante a ensuite déclaré que son pays était le principal donateur de l’aide humanitaire en faveur de la Syrie, dont le montant total a atteint, à ce jour, 3 milliards de dollars.  Elle a ajouté qu’en Iraq, les États-Unis avaient débloqué près de 219 millions de dollars depuis l’an dernier pour venir en aide aux Iraquiens déplacés.  Par ailleurs, la représentante des États-Unis a indiqué que d’autres montants seront annoncés lors de la conférence des donateurs sur la Syrie, qui se tiendra au Koweït le 31 mars.  « Nous devons parler haut et fort en faveur des minorités et c’est pourquoi, la communauté internationale doit défendre le droit de ces minorités religieuses et ethniques qui luttent pour leur survie », a-t-elle souligné en conclusion.

M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) s’est dit choqué par le niveau de violence et de persécution de minorités ethniques ou religieuses au Moyen-Orient en mettant l’accent sur le génocide perpétré par l’État islamique d’Iraq et en Syrie contre la communauté yézidie.  Il a rappelé que la plupart des pays du Moyen-Orient ont une longue histoire de tolérance et de gestion de la diversité ethnique et religieuse. Il a fustigé les groupes extrémistes qui exploitent l’instabilité du moment pour propager leur haine en exploitant toutes les opportunités qu’offrent les médias sociaux.  Face à ces défis, le représentant de la Nouvelle-Zélande a souligné que l’urgence était de rétablir la sécurité en priorité là où les minorités sont les plus menacées. 

Notant que l’approche sécuritaire ne pouvait suffire à elle-même, il a estimé qu’il était nécessaire de permettre aux communautés de gérer leurs diversités.  Il est déterminant de s’attaquer aussi à la discrimination économique, sociale, sectaire, à l’inégalité, la marginalisation et à la mauvaise gouvernance, a-t-il ajouté.  Parce que la violence extrémiste trouve ses racines au niveau communautaire, c’est à ce niveau qu’il doit être combattu, a recommandé le représentant de la Nouvelle-Zélande en soulignant le rôle essentiel des dirigeants communautaire et religieux.  Il a exhorté l’ONU et les États Membres à continuer de promouvoir l’antiradicalisation et de lutter contre l’extrémisme en impliquant ces dirigeants religieux et communautaires.  Il a insisté sur le rôle du Conseil de sécurité pour lutter contre la persécution de minorités ethniques ou religieuses en renforçant la résilience des communautés et en promouvant une gouvernance inclusive et un dialogue transculturel. 

M. RAFAEL DARIO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a rejeté avec force tous les actes d’intimidation et de violence commis par des groupes terroristes contre les minorités ethniques ou religieuses au Moyen-Orient, ainsi que les pratiques médiévales et la destruction du patrimoine culturel et religieux par ces mêmes groupes.

Comment ces groupes terroristes peuvent-ils se déployer avec de telles capacités militaires, qui les financent et les arment? a demandé le représentant vénézuélien, avant de lancer un appel pour assurer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité qui, a-t-il rappelé, interdisent le financement et l’appui à ces groupes criminels. 

Des mesures fermes de la communauté internationale doivent être prises contre ces organisations terroristes, a-t-il dit, tout en estimant que les actions militaires ne suffiront pas pour freiner ces groupes.  Il est nécessaire, a-t-il souligné, de traiter des causes profondes qui ont permis l’émergence de telles entités.

M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré que tant qu’il n’y aura pas de paix dans le monde, les forces terroristes et extrémistes saisiront toujours des opportunités pour s’imposer.  Il a estimé que la coopération et le dialogue étaient les voies idoines pour faire front contre le terrorisme et l’extrémisme.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à ne pas ménager d’efforts pour apporter tout son soutien aux pays en proie au terrorisme.  La politique des « deux poids, deux mesures » ne peut s’appliquer dans cette lutte, a-t-il martelé. 

La communauté internationale, a-t-il souligné, doit s’adapter aux modifications des modes opératoires de ces groupes terroristes en adoptant des mesures pour détruire leur idéologie et en promouvant le dialogue des civilisations.  Dans ce contexte, le représentant a précisé qu’il n’y avait pas de civilisation supérieure, et que l’ONU devrait promouvoir la coexistence pacifique des religions au Moyen-Orient.  Il a en outre précisé que la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme au Moyen-Orient passe par la promotion des économies locales, condition sine qua non pour permettre aux populations de pouvoir bénéficier de la paix.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a fait remarquer que la force de l’humanité résidait dans sa diversité.  Il a ainsi déploré le fait que des communautés entières qui existent depuis des milliers d’années au Moyen-Orient risquent de disparaître à cause des attaques fanatiques et radicales.  « Sans la richesse d’une diversité religieuse, ethnique, linguistique et culturelle, le Moyen-Orient ne sera plus lui-même », a-t-elle déclaré.  Il s’agit là non seulement de la perte d’un patrimoine millénaire, mais aussi de la transformation structurelle d’une région où l’extrémisme ne trouverait plus d’entraves à sa propagation, a-t-elle dit.  Les fanatiques de Daech ne sont pas des terroristes comme les autres, a-t-elle alerté, en précisant qu’ils aspirent à la création d’un espace pour eux-mêmes, un espace d’extrémisme fanatique, aveugle, et meurtrier et où tous ceux qui ne partagent pas leur vision, -comme les Yézidis, les Shabaks, les Kurdes, les Chrétiens ou même des Musulmans qui ont une notion différente de leur foi- n’ont d’autre choix que la fuite, la conversion forcée, l’esclavage des femmes et des filles, le recrutement forcé des enfants ou encore le massacre.  Elle a notamment souligné que les Chrétiens, une partie intégrale de la diversité historique régionale, « l’un des peuples du Livre », sont en train de disparaître dans les zones sous le contrôle de Daech.

La représentante a souligné que le fléau terroriste, en raison de sa nature, ne connaît pas de frontière, en notant que de la Syrie et d’Iraq, il est passé désormais en Libye, organisant aussi des attentats au Mali, au Yémen, en Tunisie et même en Europe.  « Il faut les arrêter, ces extrémistes barbares, en prenant toutes les mesures nécessaires », a-t-elle insisté.  La communauté internationale, a-t-elle préconisé, doit coordonner les efforts pour « déchirer leur tissu de propagande mensongère, arracher leur masque religieux, tout en montrant leur vrai visage criminel, brutal et dépravé.  Tandis que le terrorisme change et se modernise, la réponse de la communauté internationale doit aussi changer, a—t-elle estimé.  Elle a ainsi indiqué que la nouvelle dimension de la menace demande un travail soutenu d’intelligence et d’analyse, y compris sur la propagande, le recrutement et la désinformation par Internet des terroristes.  Elle a aussi appelé à la mise en œuvre complète des différentes résolutions du Conseil de sécurité sur la question.  Il faudrait promouvoir, de façon cohérente et soutenue, des idées de tolérance, de la diversité enrichissante et de dialogue ouvert et inclusif entre les religions, les cultures et les civilisations.  Avant de conclure, la représentante a mis l’accent sur la responsabilité et la justice pour que les responsables d’atrocités terroristes, crimes de guerre et violations graves de droits de l’homme, y compris contre les minorités, soient dûment identifiés et punis. 

M. USMAN SARKI (Nigéria) a estimé que la protection de minorités ethniques et religieuses ne devrait pas se limiter au Moyen–Orient, mais s’étendre également à d’autres régions du monde.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire.

Le délégué a souligné que son pays avait adopté une approche concernant la lutte contre l’extrémisme et qu’il était prêt à la partager avec d’autres États.  Le Nigéria, a-t-il affirmé, est au côté de la communauté internationale dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

M. GEBRAN BASSIL, Ministre des affaires étrangères et des émigrés du Liban, a déclaré que son pays était notamment le représentant d’une civilisation phénicienne qui avait inventé l’alphabet et qui l’avait transmise au monde à travers ses ports commerciaux.  Le pays est né dans des communautés humaines confessionnelles, a-t-il rappelé, en précisant que Daech détruisait tout cela. 

Il a dénoncé les actions commises par Daech et Israël au vu et au su du monde, mais sans autre réaction que l’établissement de rapports.  Il a accusé Israël d’être le père légitime de Daech depuis des décennies.

Le Ministre s’est interrogé sur ce qu’il restait des valeurs des Nations Unies lorsque le droit n’est plus en vigueur.  Son pays, a-t-il dit, demande l’application de la justice internationale.

M. Bassil a demandé à ce que le Conseil de sécurité fasse plus qu’une simple déclaration et adopte une résolution qui protège réellement les minorités d’Orient et qui trace des lignes rouges géographiques et morales.  Il a demandé le retour de tous ceux qui ont été chassés de chez eux depuis le XIXe siècle, ainsi que la création d’un fonds pour les civilisations détruites au nom de la realpolitik.

« Nous devons qualifier les agissements choquants de Daech de « crimes de guerre, crimes contre l’humanité voire de génocide », a déclaré M. SEBASTIEN KURZ, Ministre des affaires européennes, de l’intégration et des affaires étrangères de l’Autriche.  Il a rejeté l’idée que de tels crimes restent impunis et a appelé le Conseil de sécurité à saisir rapidement la Cour pénale internationale de la situation en Syrie.  Pour prévenir le recrutement de combattants étrangers, a expliqué le Ministre, l’Autriche a adopté, la semaine dernière avec tous les pays des Balkans, un plan contre le djihadisme visant, entre autres, une coopération plus étroite entre les systèmes judiciaires, un contrôle renforcé aux frontières et la suppression sur l’Internet de tous les contenus terroristes.  Mais, a prévenu le Ministre, il ne suffira pas de combattre Daech pour atténuer les tensions dans nos sociétés.  Il faut faire plus et souligner, tout d’abord, que  l’occident n’est pas en conflit avec le monde musulman et qu’il n’y a pas non plus un conflit entre les différentes religions mais qu’il s’agit, au contraire, une lutte de l’ensemble du monde contre le terrorisme »

Il faut ensuite défendre la liberté religieuse et la coexistence et aussi, être crédible, en assurant le respect de nos valeurs, et ainsi, proclamer haut et fort que la diversité est une partie intégrante de notre culture.  L’islam, a insisté le Ministre, fait autant partie de l’Europe que le judaïsme et le christianisme.  On peut être à la fois un fier citoyen européen et un musulman croyant.  « Empêchons la division, combattons l’intolérance et la radicalisation et restons unis dans la lutte contre le terrorisme », a lancé le Ministre, en se disant convaincu que l’ONU peut et doit jouer un rôle encore plus important dans ce domaine.

Mme LYNNE YELICH, Ministre d’État du Canada, a rappelé que le Moyen-Orient, que l’on désigne comme étant le berceau de la civilisation, est depuis longtemps le théâtre d’une grande diversité culturelle et religieuse, caractérisée par la coexistence de Musulmans sunnites et chiites, de Chrétiens, de Yézidis et de bien d’autres groupes religieux, alors que l’EIIL et d’autres groupes terroristes tentent aujourd’hui d’éradiquer cette diversité.  Leurs attaques visent la communauté mondiale et la disparition quasi totale des Chrétiens de la région se joue actuellement.  Prenant note du dernier rapport du Haut-Commissaire aux droits de l’homme selon lequel l’EIIL pourrait avoir commis les trois crimes internationaux les plus graves, à savoir crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, le Canada condamne très sévèrement ces atrocités qui « portent atteinte à la dignité humaine, à nos valeurs communes et aux principes mêmes sur lesquels furent fondées les Nations Unies ».  Il est solidaire des victimes, dont le seul crime a été de s’opposer à « l’idéologie tordue de haine et d’oppression qui anime l’EIIL », a assuré Mme Yelich.

Pour la Ministre, si rien n’est fait, ce cancer qu’est l’extrémisme ne pourra que se développer et se propager.  « Nous ne pouvons pas refuser d’agir; nous devons protéger nos citoyens et nos principes; appuyer les populations de la région qui s’efforcent de préserver le pluralisme et la diversité que nous valorisons, et amener les auteurs de ces crimes odieux à rendre compte de leurs actes », a-t-elle déclaré.

Le Canada se joint aux efforts internationaux pour lutter contre l’EIIL et pour assurer la sécurité des Canadiens.  C’est la raison pour laquelle la Ministre des affaires étrangères du Canada a récemment déposé une motion au Parlement demandant de prolonger la mission du Canada contre l’EIIL, a-t-elle expliqué.  Sans la tolérance et la liberté de religion, on ne peut guère espérer l’instauration d’une démocratie stable fondée sur le respect des droits de la personne et la primauté du droit, a encore fait valoir la Ministre.  Il s’agit aujourd’hui de « combattre et de discréditer l’idéologie extrémiste de l’EIIL qui se forge une culture d’impunité et de violence et qui aspire à dominer par l’intimidation brutale et barbare », a-t-elle dit.  Dans le cadre des efforts pour la paix et la stabilité durable durables au Moyen-Orient, il faudrait, a-t-elle estimé, reconnaître l’importance de la liberté de religion ou de croyance.

M. ASHOT HOVAKIMIAN, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, s’est dit outré que la communauté internationale ait à faire face à un tel niveau de violence et de haine à la veille du soixante-dixième anniversaire des Nations Unies.  Il a rappelé qu’Al-Qaida avait attaqué, le 21 mars 2014, une communauté arménienne de Kessab à la frontière de la Syrie et de la Turquie.  Il a expliqué qu’il était toujours choqué par les images de la décapitation de 21 égyptiens cooptes en Libye et de la destruction d’un patrimoine de 2 700 ans au musée de Mossoul.  Il a estimé que la pleine mise en œuvre des résolutions 2170, 2178 et 2199 était essentielle pour prévenir les violations massives des droits de minorités ethniques ou religieuses.  Il a souligné que la prévention du génocide était une priorité de l’Arménie avant de se féliciter de l’adoption sans vote, il y a une heure, d’une résolution sur la prévention du génocide par le Conseil des droits de l’homme.

L’’éducation et la mémoire du génocide sont des outils importants de prévention, a-t-il dit, avant de rappeler que le 24 avril 2015 marquera le centenaire du génocide arménien.  Il a ajouté que la ville syrienne de Deir el-Zor et le désert environnant était la destination finale de centaines de milliers d’Arméniens victimes du génocide arménien.  Il ne sera pas possible de marquer ce centenaire à Deir el-Zor puisque le site est actuellement occupé par des groupes terroristes qui l’ont vandalisé et détruit l’église, a-t-il déploré.  Ces nouvelles destructions de l’église des Saints Martyrs, a-t-il indiqué, est un lien symbolique entre les anciens et les récents crimes.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à travailler de concert afin de combler les fossés qui divisent les communautés ethniques et religieuses et de renforcer les individus autour des principes des droits de l’homme et de toutes les libertés qui sont le fondement de notre humanité et de notre civilisation.

M. STAVROS LAMBRINIDIS, Représentant spécial pour les droits de l’homme de l’Union européenne, a déclaré que tout crime devrait être puni.  Les citoyens syriens et iraquiens, a-t-il fait remarquer, sont en première ligne face aux violences sectaires.  M. Lambrinidis a salué la présentation du dernier rapport de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, en appelant à nouveau le Conseil de sécurité à soumettre la situation de la Syrie devant la CPI.  Il a tenu à rendre hommage aux défenseurs des droits de l’homme syriens.  Selon le rapport de la Commission d’enquête, l’enlèvement de 200 Chrétiens assyriens par Daech dans la région d’Hassaké à la fin février, est juste le dernier épisode d’une liste d’actions brutales et de crimes contre l’humanité.  Il a dit que Daech menaçait la survie d’un Moyen-Orient multiethnique et multireligieux.  Les États membres de l’Union européenne et l’Union européenne dans son ensemble participent autant que possible à la coalition mondiale contre Daech, a assuré M. Lambrinidis.  

« Nous sommes unis pour appuyer les travaux du Conseil de sécurité, en particulier ses résolutions 2170 et 2178, et pour appeler tous les États Membres à les mettre en œuvre dans le plein respect des droits de l’homme et de la primauté du droit.  Si l’action militaire est essentielle, elle ne suffira pas tant que l’on ne s’attaquera pas aux causes sous-jacentes de la violence en Syrie et en Iraq, a-t-il prévenu.  C’est l’instabilité causée par le régime de Bashar Al-Assad en Syrie et une longue période de politiques non inclusives en Iraq qui ont permis à Daech de prospérer et d’étendre son contrôle.  M. Lambranidis a indiqué que les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne avaient décidé de consacrer 1 milliard de dollars pour la période 2015-2016 à une stratégie d’ensemble visant à s’attaquer aux dynamiques sous-jacentes des conflits, en soutenant les réformes politiques, économiques et sociales, ainsi que la réconciliation entre les différents groupes ethniques 

M. NIKOS CHRISTODOULIDES (Chypre) a déclaré qu’il ne faudrait pas concentrer les efforts à une situation particulière car, a-t-il prévenu, les affrontements ethniques et religieux constituent, aujourd’hui, une source ou un prétexte dans presque tous les conflits à travers le monde.  Ils sont également invoqués comme la base idéologique du terrorisme, de l’intolérance, de la discrimination, du racisme et de toutes les formes de haine.  Si ce fléau n’est pas abordé de manière décisive, il aura bientôt des retombées qui ne seront plus contrôlables, a averti le représentant. 

En Syrie, la communauté internationale devrait envoyer des messages clairs et forts condamnant le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris les organisateurs, les financiers et les parrains des actes de terrorisme.  En Iraq, bien que la situation semble devenir sous contrôle, le groupe extrémiste Daech ne pourra être vaincu que s’il y a une unité politique et une lutte commune contre le terrorisme dans ce pays.  Le représentant a estimé que si l’Iraq était capable d’assurer sa sécurité et de mieux répondre à la crise politique dans le pays, il pourrait ainsi garantir sa stabilité et celle de la région.  Concernant la Libye, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de trouver une solution politique pour restaurer la stabilité et la sécurité dans le pays, avec l’appui de la communauté internationale. 

M. UFUK GOKCEN, Observateur permanent de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a rappelé que cette organisation avait condamné publiquement à plusieurs reprises les actes inhumains commis par Daech, ainsi que les déplacements forcés.  L’OCI a également déclaré que ces pratiques n’avaient rien à voir avec l’islam et ses principes qui sont plutôt la justice, la bonté, l’équité, la liberté de foi et la coexistence.  L’OCI a notamment condamné le meurtre de sang-froid de 21 coptes égyptiens en Libye.  Le Secrétaire général Madani a aussi condamné la destruction des monuments historiques de Mossoul par Daech, a-t-il ajouté.  L’OCI a fermement condamné les attaques contre des Chrétiens en Syrie et en Iraq, ainsi que la discrimination dont ils sont victimes au quotidien et la destruction de leurs lieux de prière, a assuré son représentant.  De même, la Commission indépendante permanente des droits de l’homme de l’OCI a condamné ces atrocités, a-t-il ajouté. 

M. Gokcen a souligné que les Chrétiens au Moyen-Orient sont une composante de leurs pays respectifs et qu’ils doivent exercer les mêmes droits que tous leurs compatriotes.  Ils font partie intégrante du tissu social, de la culture, des luttes et accomplissements, ainsi que de l’avenir des leurs pays.  M. Gokcen a reconnu que leur disparition serait une grande perte pour leurs pays et pour l’humanité entière.  L’observateur s’est également dit très préoccupé par les attaques ciblant des lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem-Est, et il a appelé la communauté internationale à assurer la protection de ces lieux et à faire pression sur Israël pour qu’il respecte le droit international.

M. Gokcen s’est réjoui des efforts entrepris par la communauté internationale, notamment ceux de l’UNESCO et ceux menés dans le cadre de l’Alliance des civilisations, pour lutter contre la haine religieuse.  Il a aussi souligné la coopération accrue entre l’ONU et les organisations régionales avec les acteurs religieux et traditionnels.  Au titre des efforts menés par les gouvernements, il a mentionné le projet de construction, à Bahreïn, de la plus grande église catholique du Golfe.

Il est crucial que les dirigeants religieux jouent un rôle responsable pour assurer la paix et l’harmonie, a poursuivi M. Gokcen.  Il a cité, à cet égard, l’existence du Conseil régional interreligieux MENA, seul mécanisme multireligieux régional dirigé par des chefs religieux de communautés religieuses de la région pour promouvoir la citoyenneté, la liberté religieuse et la protection des minorités.  Ce Conseil a un réseau de femmes et un autre consacré aux jeunes.  Il a aussi parlé de la conférence organisée sur le thème « Unis contre la violence au nom de la religion », à Vienne en novembre 2014, qui s’est conclue par la « Déclaration de Vienne ».

Mme MÓNICA BOLAÑOS PÉREZ (Guatemala) a estimé que la diplomatie et le dialogue étaient la meilleure voie pour trouver une solution à long terme aux problèmes que traverse le Moyen-Orient.  Le Guatemala, a-t-elle dit, condamne tous les actes de violence commis dans la région, évoquant notamment le crime de génocide. 

La représentante a également lancé un appel pour empêcher la destruction du patrimoine culturel et religieux de l’Iraq.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre l’impunité des auteurs des exactions commises, en soulignant à cet égard, le rôle de la Cour pénale internationale (CPI).

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour protéger les populations vulnérables comme les minorités ethniques et religieuses  en attendant que Daech et d’autres groupes terroristes puissent être défaits.  Soulignant le rôle de son pays, contre l’extrémisme et le terrorisme au Moyen-Orient, elle a indiqué que la Hongrie avait accordé une aide humanitaire aux communautés chrétiennes et aux autorités kurdes en Iraq, sans oublier une aide financière et matérielle aux réfugiés syriens, ainsi qu’aux familles des Chrétiens coptes décapités en Libye.  Mme Bogyay a jugé essentiel que les auteurs des crimes soient tenus responsables de leur acte avant de saluer les efforts du Gouvernement iraquien pour enquêter sur les allégations du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Elle a encouragé l’Iraq à devenir partie au Statut de Rome.  Au-delà du rôle de la CPI, elle a exhorté tous les États Membres à poursuivre les auteurs de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme avec tous les moyens dont ils disposent au niveau national.  Elle a rappelé que toute attaque contre un patrimoine culturel de l’humanité constitue un crime de guerre au regard de l’article 8 du Statut de Rome. 

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a rappelé que depuis des milliers d’années, son pays était le foyer de nombreuses communautés ethniques et religieux et que la Constitution actuelle reconnaissait l’égalité de tous devant la loi.  Les évènements tragiques que connaît l’Iraq représentent, selon lui, un danger double pour les iraquiens en général et pour les minorités, en particulier dans la mesure où ils menacent la cohabitation pacifique de toutes les identités ethniques et religieuses qui constituent la civilisation iraquienne.  Le Gouvernement iraquien a encouragé l’unité nationale dès sa prise de fonction, a-t-il précisé.  « Nous devons combattre l’’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) qui s’est imposé par la force armée et a pu faire tomber sous sa coupe de nombreux territoire de l’Iraq », a martelé le représentant. 

Daech a d’emblée attaqué les minorités religieuses, puis s’est livré à une agression systématique des  lieux saints et historiques.  Des centaines de femmes et de jeunes filles yézidies ont été enlevées et vendues aux complices de Daech et des milliers de musulmans sont morts aux mains de ce groupe extrémiste, a dénoncé le représentant. Aucune composante de la société iraquienne, a-t-il dit, ne peut être protégée tant que ces groupes terroristes extrémistes ne sont pas éliminés. Il n’a pas hésité à qualifier les actes de Daech de génocide et de crimes contre l’humanité, comme cela a été confirmé par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

C’est pourquoi, il faudrait empêcher le déplacement forcé de ces populations pour qu’elles puissent rester en Iraq en mettant fin à l’extrémisme violent.  La situation des personnes déplacées en Iraq est tragique et exige de la communauté internationale des efforts de secours et de solidarité.  Pour sa part, l’Iraq s’efforce de respecter et  de protéger les droits humains et la liberté de religion et cherche à éradiquer Daech afin de préserver sa diversité religieuse et ethnique, a-t-il assuré avant de conclure.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a appelé la communauté internationale à ne pas rester indifférente face aux actes de sauvagerie commis par l’EIIL et les groupes qui y sont associés, des actes qu’il a condamnés avec vigueur.  En tant que nation pluriculturelle et multiethnique, le Brésil assume une diversité qui le définit, a-t-il dit en assurant que son pays défendait l’égalité de droits des personnes, quelle que soit leur religion ou leur foi.  Il a rappelé que la Commission internationale indépendante d’enquête sur les crimes commis en Syrie, dirigée par le professeur Paulo Sergio Pinheiro, avait prouvé la sauvagerie commis par l’EIIL contre les Syriens.  Il a appelé à mettre un terme à l’impunité et rappelé que son pays avait parrainé la déclaration sur le soutien aux droits de l’homme des Chrétiens et d’autres communautés, en particulier au Moyen-Orient, dont était saisie récemment le Conseil des droits de l’homme.

L’extrémisme violent est une menace multidimensionnelle, a souligné M. de Aguiar Patriota, avant d’inviter à prendre en considération ses causes sous-jacentes, en particulier celles associées au conflit social, politique, économique et culturel.  Il a estimé que le Moyen-Orient et le monde entier ne pouvaient pas continuer à supporter le poids du conflit non résolu entre Israël et la Palestine.  Il faut aussi trouver une solution politique en Syrie, tandis que la communauté internationale doit être unie pour condamner la violence en Libye et au Yémen.  « Nous n’y arriverons que si nous unissons nos efforts, sur la base de valeurs communes et de la coopération multilatérale », a-t-il prévenu.  La situation actuelle résulte en partie au désordre social, politique et institutionnel après des interventions étrangères et des stratégies mal conçues au Moyen-Orient, a estimé le représentant brésilien.  Avant de conclure, il a dit apprécier des initiatives telles que l’Alliance des civilisations et appelé à s’abstenir de toute rhétorique qui alimente la xénophobie. 

M. RON PROSOR (Israël) a déclaré que pendant plus de 2 500 ans, un million de juifs avaient vécu pacifiquement dans les pays arabes.  Mais en 1947, la situation avait dramatiquement changé.  Après le vote aux Nations Unies créant l’État juif, les gouvernements arabes se sont tournés contre leurs citoyens juifs.  De Bagdad au Caire, en passant par Tripoli, des milliers de juifs avaient été tués au cours de violentes émeutes et des centaines de milliers avaient été forcés de fuir pour sauver leur vie.  Cette persécution continue aujourd’hui.  Au Yémen, les rares juifs qui sont restés ont souffert de persécutions successives.  Dans leurs manifestations, les militants houthis chantent « Mort à l’Amérique, mort à Israël ».

Après avoir réussi à renvoyer la vaste majorité des juifs dans les pays arabes, les extrémistes se tournent maintenant contre les Chrétiens.  Au début du XXe siècle, les Chrétiens représentaient 26% de la population au Moyen-Orient.  Aujourd’hui, ils sont moins de 10%, a fait observer le représentant.   Mais la persécution des minorités n’est pas le seul fait des groupes extrémistes.  Au Moyen-Orient, des régimes tyranniques maintiennent des lois archaïques comme prétexte pour séparer, discriminer et tuer.  Il a ensuite parlé des cas de Chrétiens persécutés en Arabie saoudite et en Iran.

M. Prosor a ensuite assuré que l’Israël était l’unique endroit, au Moyen-Orient, où les minorités jouissent de la liberté de vivre leur croyance, de changer de foi ou de n’en avoir aucune.  Israël est la seule démocratie au Moyen-Orient, a soutenu le représentant, avant de rappeler que depuis la création d’Israël en 1948, les communautés chrétiennes du pays avaient augmenté de 1000%.  On ne peut pas en dire de même pour les Chrétiens vivant sous le leadership palestinien, a-t-il fait remarquer.  Depuis que le Hamas a pris le contrôle de Gaza, en 2007, la moitié des Chrétiens ont fui.  La situation n’est pas meilleure sous l’Autorité palestinienne, après avoir pris le contrôle de Bethléem en 1995, des hommes armés palestiniens avaient saisi les maisons des Chrétiens, occupé et saccagé l’Église de la Nativité.  En conséquence, la population chrétienne de la ville a chuté de 70%, a précisé le représentant israélien. 

Il y a une crise qui se déroule au Moyen-Orient.  Quelle que soit votre origine, votre croyance ou votre appartenance politique, vous ne pouvez pas, en tant qu’être humain, ignorer la calamité que subissent les minorités au Moyen-Orient.  Des millions de personnes à travers le monde font confiance dans le rôle de l’ONU.  C’est pourquoi, a insisté M. Prosor, le Conseil doit rompre son silence et leur donner une raison de croire à ce qui peut être fait pour eux.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) s’est dit alarmé par le fait que certains groupes terroristes aient réussi à créer des entités similaires à des États et se livrent à une persécution des minorités et des groupes vulnérables, ainsi qu’à la démolition de l’héritage culturel mondial au Moyen-Orient.  Pour en venir à bout, sa délégation préconise une approche à long terme de la communauté internationale et, à cet effet, appuie la proposition du Secrétaire général de mettre sur pied un groupe international d’experts, ainsi que la suggestion de la délégation française d’organiser une conférence internationale sur la question du combat des groupes terroristes et extrémistes.  Tous les efforts doivent être déployés pour permettre aux personnes déplacées de retrouver leurs terres.  Cela signifie aussi qu’il faut faire preuve d’une volonté politique plus forte dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour sa délégation, ces efforts devraient également s’appuyer sur la sagesse et l’expérience des dirigeants religieux de toutes confessions.  Dans cet esprit, le Kazakhstan organise tous les trois ans un congrès de dirigeants religieux et politiques qui sert de plateforme de dialogue.  Il espère que les recommandations de ce congrès pourront, cette année, être prises en compte par le Groupe d’experts internationaux.

M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a condamné les violences commises au nom de la religion et de l’ethnicité au Moyen-Orient.  Il a insisté sur le fait que la diversité religieuse, culturelle et ethnique est indispensable au tissu social de la civilisation humaine et que toute persécution sur ces bases est une atteinte à l’humanité.  Il a également souligné le fait que les actions de ces groupes extrémistes mettent en péril la paix et la sécurité de la région.  Il faut, a-t-il insisté, que toutes les parties concernées fassent des efforts pour combattre ce danger sectaire et ces tendances extrémistes.  Cela passe, a-t-il dit, par la consolidation des processus politiques et des solutions tout en mettant en place des institutions durables.

L’Inde préconise une approche consolidée, qui prévoit le développement d’un cadre juridique international pour lutter contre le terrorisme, ainsi que d’un cadre réglementaire approprié pour la poursuite en justice des terroristes, a indiqué son représentant.  Il a ainsi appelé le Conseil de sécurité à agir avec détermination pour la mise en œuvre de la résolution 2178 sur les combattants terroristes étrangers.  Toutefois, pour l’Inde, la responsabilité de la protection des droits de l’homme de tous revient en premier aux États, a-t-il précisé. 

Il est impératif que les principes de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriale de tous les États membres des Nations Unies soient respectés dans le cadre de ces efforts.  De leur côté, les États doivent veiller à promouvoir les principes de l’égalité et de la non-discrimination de tous leurs citoyens et lutter contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination et l’incitation à la violence et la haine sur la base de la religion ou de croyances, a précisé le représentant.  « Il n’y a aucune justification possible au terrorisme sous toutes ses formes », a-t-il affirmé, avant d’exiger que cette menace soit combattue sur tous les fronts et partout.

M. STEPHAN TAFROV (Bulgarie) a estimé que la persécution systématique et généralisée menée par Daech contre un grand nombre de groupes ethniques ou religieux au Moyen-Orient vise la destruction systématique du tissu même des sociétés de cette région, l’anéantissement de leur diversité culturelle et de leurs identités.  « Il y a urgence à agir vite et avec détermination pour faire échec à ce plan monstrueux », a-t-il déclaré.  Le représentant a souligné qu’en tant que membre de la coalition internationale contre Daech, la Bulgarie est au cœur de l’action visant à préserver le caractère multiethnique et multiconfessionnel du Moyen-Orient.  Il a aussi indiqué que la Bulgarie fait partie des efforts internationaux visant à alléger la souffrance des réfugiés syriens dans les pays voisins.  Son pays, a-t-il assuré, contribuera pour la troisième année consécutive aux activités du Programme alimentaire mondial (PAM).  Pour faire face aux crimes de Daech, le Conseil de sécurité devrait saisir la Cour pénale internationale (CPI), en particulier concernant les crimes contre l’humanité perpétrés en Iraq et en Syrie, a-t-il préconisé.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé que l’extrémisme violent avait conduit au meurtre d’un nombre considérable de personnes au Moyen-Orient, y compris au début de cette année, le meurtre de deux citoyens japonais: Haruna Yukawa et Kenji Goto.  Condamnant ces actes inhumains et barbares, le représentant a annoncé que le Gouvernement du Japon présentait deux initiatives pour lutter contre l’extrémisme violent.  Le Japon appuie le renforcement des capacités contre le terrorisme des pays du Moyen-Orient.  Il a décidé de consacrer 15,5 millions de dollars pour financer le renforcement des capacités d’investigation et d’enquête, le contrôle des frontières et l’amélioration des lois contre le terrorisme. 

En outre, le Japon donne une aide dans la création de sociétés qui sont résilientes face à la radicalisation, a indiqué le représentant.  Il a estimé que le meilleur moyen d’étouffer la violence dans l’œuf est d’apporter la stabilité aux moyens de subsistances des populations en renforçant les classes moyennes, même si cela peut prendre du temps.

Concernant l’Asie, le représentant a assuré que le Japon continuera de renforcer son partenariat avec les pays de l’ASEAN pour promouvoir la modération dans la région.  Le Japon accueillera des ateliers et séminaires sur la lutte contre le terrorisme en Asie.  Il continuera à mener en avant sa diplomatie vers la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient.  En janvier, le Premier Ministre, M. Shinzo Abe, avait souligné, dans un discours politique prononcé au Caire, l’idée de « the Best Way to Go is in the Middle ».  Ce dicton ancien encourage les gens à embrasser la modernisation pour stabiliser leurs moyens de subsistance.  Le Premier Ministre avait aussi promis une aide humanitaire de 200 millions de dollars pour les pays qui combattent l’EIIL dans la région.  Le représentant a également annoncé que l’initiative en Palestine baptisée « Corridor for Peace and prosperity » a permis de commencer un projet de parc agro-industriel à Jéricho.

M. ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré que la menace que représentent des groupes terroristes et extrémistes comme Daech exige que des mesures fermes soient prises pour combattre leurs objectifs « nihilistes sous prétexte d’établir une suprématie religieuse ».  Il faut contrer les extrémismes et non pas les membres d’un groupe religieux parce qu’un tel amalgame pourrait attiser le sentiment d’injustice et encourager à son tour l’extrémisme, a-t-il averti.  La pensée de certains groupes extrémistes, liée à tort à la religion musulmane, ne doit pas servir de prétexte pour se retourner contre l’islam et les musulmans.  De par son histoire, l’Égypte a de tout temps été un creuset des différentes religions, a-t-il rappelé. 

Son peuple et son gouvernement se sont insurgés face aux crimes odieux commis par Daech en Libye contre 12 de ses ressortissants.  Toutefois, il faut éviter toute politique sélective dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il prévenu.  C’est une « politique aveugle par laquelle le pyromane finit toujours par se brûler », a-t-il souligné.  L’Égypte lutte contre le terrorisme et contre les extrémismes violents sous toutes leurs formes.  C’est pourquoi, la classification des victimes par leur religion présente des risques dans la mesure où les Chrétiens d’Orient font partie de cette partie du monde, a-t-il estimé.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a regretté que la diversité religieuse du Moyen-Orient soit aujourd’hui plus menacée que jamais.  L’apparition de groupes extrémistes comme Daech et Al-Qaida, ainsi que les groupes affiliés, a conduit à des atrocités énormes, des conversions forcées, de attaques ciblées de ceux qu’ils considèrent être non croyants et à la destruction inconsidérée d’antiquités et de sites historiques, a-t-elle rappelé.

Prenant note avec inquiétude du récent rapport du Conseil des droits de l’homme selon lequel Daech aurait commis un génocide de la communauté yézidie en Iraq, la représentante a assuré que son gouvernement travaillait avec les autorités iraquiennes et d’autres partenaires régionaux pour combattre la menace posée par Daech.  Pour l’Australie, la liberté de religion est un droit fondamental qui doit être respecté par tous les pays.  C’est pourquoi, elle lance un appel aux pays du Moyen-Orient pour s’acquitter de leur responsabilité de protéger les minorités ethniques et religieuses, a indiqué la représentante, en rappelant que le Conseil de sécurité avait demandé aux autorités syriennes d’agir dans ce sens par ses résolutions 2139 et 2165.  En outre, l’Australie demande à tous les États Membres d’explorer les moyens leur permettant de jouer un rôle pour défendre la liberté de religion dans cette région, y compris en venant en aide aux États qui supportent la lourde charge de l’accueil de personnes déplacées et en prenant des mesures pour empêcher les voyages et déplacements de combattants étrangers.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a invité à ne pas rester passif face aux atrocités actuellement commises au Moyen-Orient, berceau de civilisations et des religions monothéistes.  Il a prévenu contre une « entreprise d’effacement de notre mémoire collective, de celle de l’humanité ».  Le Maroc, a-t-il dit, tient à marquer son engagement et sa condamnation la plus vigoureuse et absolue du terrorisme et de la stigmatisation des minorités religieuses, ethniques ou raciales sous toutes leurs formes et quelles qu’en soient les motivations.  Estimant cependant que la condamnation unanime ne saurait à elle seule nous donner bonne conscience, il a appelé à prendre des mesures de manière collective et concertée, pour rendre la justice et prévenir ces crimes barbares.

Pour s’attaquer aux causes profondes, M. Laassel a prôné la promotion d’un « monde pluriel qui puise sa richesse dans sa diversité ».  « Les décideurs politiques, les faiseurs d’opinions, la société civile, les médias de masse et l’école devront être au cœur de cette guerre contre l’ignorance et les discours de haine », a-t-il recommandé.  Il a ainsi fait mis l’accent sur le Plan d’action de Rabat axé sur l’interdiction de l’appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence, adopté en octobre 2012, et qui constitue une première dans le corpus des alliances internationales.  Il a aussi parlé du premier Forum des leaders religieux dans la prévention de l’incitation à la haine donnant lieu aux crimes atroces qui se tiendra à Fès, capitale spirituelle du Maroc, les 23 et 24 avril prochain.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a condamné fermement les meurtres de minorités ethniques et religieuses par des terroristes de Daech et autres groupes extrémistes, ainsi que la destruction de mosquées, de lieux saints, d’églises, de temples, de même que pour les objets d’art et les trésors archéologiques qui représentent la richesse du patrimoine mondial de l’humanité.  Il a dénoncé l’extrémisme violent provenant d’un réseau mondial unique, qui recrute dans 90 pays et qui met en œuvre une politique de terreur et de destruction.  Cela rappelle le phénomène arabo-afghan des années 1980.  Cela montre qu’on n’a pas tiré la leçon de l’histoire, a-t-il commenté.

M. Khoshroo a souligné les tactiques de terreur que prônent ces extrémistes, en utilisant les médias sociaux les plus avancés pour recruter de nouveaux combattants partout dans le monde.  Après avoir recensé les horreurs commises, il a rappelé que ces extrémistes, qui se disent musulmans, ont tué des milliers de musulmans, dont 140 Yéménites récemment à Sanaa.  Le représentant a déploré l’incohérence de la stratégie internationale de lutte contre ces groupes extrémistes.  C’est pourquoi il a appelé la communauté internationale à faire preuve d’un engagement authentique pour adopter une approche sérieuse face à l’extrémisme.  Il faut une stratégie complète contre Daech, qui traite des aspects idéologique, social, politique et économique de l’extrémisme violent. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) s’est focalisé sur les questions spécifiques dans lesquelles l’Italie peut apporter une valeur ajoutée, en particulier la prévention, la sensibilisation, la réconciliation et l’inclusion, la recevabilité et l’héritage culturel.  En matière de prévention, le représentant a souligné la nécessité de promouvoir le dialogue et la compréhension mutuelle par l’éducation et les campagnes de sensibilisation.  La lutte contre la discrimination ethnique et religieuse est une initiative culturelle qui requiert des efforts inlassables pour protéger les jeunes générations. 

Le programme de développement pour l’après-2015 pourra contribuer aux efforts de prévention, a estimé le représentant.  Un programme transformateur peut s’attaquer aux causes de la violence et les violations des droits de l’homme et promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives.  L’Italie a aussi travaillé avec le Bureau de la prévention du génocide pour actualiser le cadre d’analyse des besoins dont le rôle est de renforcer la capacité d’alerte précoce, a-t-il assuré,  en soulignant l’importance de la propagande basée sur la violence sectaire et religieuse.

Le représentant a aussi évoqué la sensibilisation de toutes les communautés religieuses et ethniques en Méditerranée et au Moyen-Orient.  C’est seulement par la reconquête de groupes et communautés qui éprouvent des sentiments de privation des droits civiques, de la méfiance et de la marginalisation, qu’il sera possible d’affecter gravement le pouvoir de recrutement des Daech et autres groupes extrémistes.  Les médias peuvent jouer un rôle clef dans la promotion du dialogue et de la tolérance, et contre la propagande des extrémistes.  S’agissant du patrimoine culturel des pays de la région, il a rappelé que l’Italie était le premier pays à avoir créé un corps de police spécialisé dans la protection de l’héritage culturel et la lutte contre le trafic de propriétés culturelles.  Dans ce cadre, l’Italie travaille avec l’Espagne et d’autres partenaires sur un projet de résolution sur l’héritage culturel dans les zones de conflit, a indiqué son représentant, avant d’appeler tous les États membres de l’UNESCO à se joindre à cet effort.

La situation en Syrie et en Iraq est une catastrophe humaine aux conséquences dévastatrices qui vont bien au-delà du Moyen-Orient, a estimé M. OLOF SKOOG (Suède), au nom des pays nordiques.  Il a demandé que tous les responsables des atrocités dont de très nombreuses s’apparentent à des crimes contre l’humanité.  Il a prévenu qu’une région qui abritait alors une mosaïque de communautés risque aujourd’hui d’être réduite à une entité politique d’une « uniformité paralysante ».  La diversité ethnique et religieuse du Moyen-Orient doit être préservée.  En l’absence d’une solution politique, a poursuivi le représentant, nous devons nous montrer solidaires avec les voisins de la Syrie, à savoir le Liban, la Jordanie et la Turquie qui portent un lourd fardeau. 

Les pays nordiques, a souligné le représentant, ont contribué substantiellement aux Fonds de la Banque mondiale pour le Liban et la Jordanie.  Ils ont aussi accueilli, depuis la guerre civile au Liban en 1975, des milliers d’émigrés et de réfugiés du Moyen-Orient.  La Suède, à elle seule, a offert l’asile à plus de 70 000 Syriens depuis le début du conflit qui entre, maintenant, désormais dans sa cinquième année.  Pour l’Iraq comme pour la Syrie, les solutions politiques doivent être inclusives et offrir un espace aux populations majoritaires et minoritaires.  Les efforts de réconciliation sont la clef de la solution à ces crises, a insisté le représentant. 

La menace accrue d’une radicalisation dans certaines parties de la région rend encore plus pressante une solution au conflit israélo-palestinien.  Il faut, a souligné le représentant, envoyer un signal « clair et convaincant » aux jeunes générations et leur dire qu’il existe une alternative à la violence et au statu quo.  « Nous devons donc souligner la nécessité de relancer les négociations de paix pour parvenir à un accord de paix global fondé sur la solution à deux États.»  Les évènements dramatiques de ces dernières années nous montrent qu’aucune partie du monde, y compris les pays nordiques, n’est à l’abri du fléau de la violence sectaire et fondée sur le sexe.  « Nous sommes tous confrontés aux défis de l’islamophobie, de l’antisémitisme et d’autres formes de xénophobie.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, la meilleure réponse à la polarisation, c’est la participation inclusive. »

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a estimé que le but recherché par Daech est « la destruction méthodique et systématique de la mosaïque de diversité religieuse et confessionnelle qui caractérise depuis des millénaires le Moyen-Orient ».  Il a ensuite relevé que d’aucuns estiment que la seule recette qui fonctionne contre Daech est la contrainte exercée par un État dictatorial imposant une « version étatique » de la tolérance.  Il a, pour sa part, noté que l’exemple de la Syrie nous enseigne que la tyrannie exercée par un régime despotique non seulement ne garantit pas une stabilité durable, mais ne permet pas non plus une véritable tolérance interreligieuse de s’établir.  « Ce que la dictature arrive à créer, a-t-il affirmé, c’est un silence politique assourdissant, le calme trompeur qui précède la tempête ».

« Pendant que nous parlons, a-t-il poursuivi, des quartiers entiers, des femmes et des enfants sont attaqués, souvent avec des bombes barils et même au chlore », en faisant ainsi allusion à la situation en Syrie et assurant qu’« attiser les ressentiments entre les différents groupes faisait partie de la stratégie militaire des autorités syriennes.  « Plus de 220 000 victimes, voilà un bilan qui montre bien que le régime de Damas ne protège pas ses citoyens, ne garantit pas la stabilité, mais au contraire la menace et la détruit », a-t-il encore noté.

M. Braun a rappelé que l’Allemagne participe activement à la coalition anti-Daech, notamment en équipant et en formant les forces de sécurité en Iraq.  Il a souligné que l’Allemagne a accueilli, depuis 2011, quelque 100 000 réfugiés syriens, en invitant la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour créer les conditions ouvrant à toutes les victimes de la barbarie terroriste de Daech et de la tyrannie du régime de Bachir al-Assad une perspective réaliste de rentrer dès que possible dans leur pays.  Il a aussi plaidé pour la protection de l’héritage culturel de ces pays, en ajoutant que c’est notre héritage commun, et précisant que la diversité de ses peuples fait la richesse du Moyen-Orient. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que dans les mosquées et les églises syriennes « on continue à prier pour la paix ».  Le projet contre la Syrie est de déchirer un tissu social « historiquement pluriel » et propager « la maladie du sectarisme ».  Jusqu’ici, a dit le représentant, nous faisons face à un terrorisme qui se joue de toute morale et qui s’épanouit grâce à la complicité de quelques États Membres des Nations Unies dont certains siègent même au Conseil de sécurité.  Ces pays, a accusé le représentant, financent des groupes comme Daech ou l’Armée libre.  En Syrie, a-t-il insisté, il n’existe que des composantes cohérentes et pas des minorités.  Les différents groupes ethniques ont vécu pendant des siècles dans la paix et ceux qui veulent vraiment protéger les victimes du terrorisme doivent commencer par s’attaquer aux racines de ce fléau que subissent tous les Syriens.  Pour ce faire, il faut mettre en œuvre sérieusement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Pourtant, a poursuivi le représentant, certains États continuent à aider et à financer le terrorisme et à ce titre, ils ne peuvent pas faire partie de la solution.  Nous savons qu’il faut combattre l’idéologie « takfiri » mais certains États en font la promotion depuis des années.  Ceux qui pensent que Daech est une génération spontanée ont tort.  Il y a eu des précurseurs qu’on a délibérément ignorés.  Les organisations terroristes ont pu recruter à travers des réseaux sociaux qui peuvent être supprimés s’il y a la volonté politique nécessaire, a prévenu le représentant dont le Gouvernement « fait son possible pour protéger ses citoyens ».  Il a conclu en accusant le Front el-Nosra de s’être fait l’allié d’Israël. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dénoncé les millions de morts, torturés, mutilés ou dépossédés par le venin de la haine religieuse ou raciale, tout au long de l’histoire.  Ce qui est inacceptable, a-t-elle regretté, c’est que certains essayent de blâmer l’islam au lieu de souligner les racines historiques et politiques à l’origine de ces crimes.  Elle a expliqué qu’au Moyen-Orient, les exemples sont nombreux pour prouver que l’islam pratique ce qu’il prêche: l’amour, la fraternité, la tolérance et l’humanité.  Pour la représentante, le désordre et l’effondrement de l’autorité de l’État en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont transformé le printemps arabe en hiver cruel.  La représentante a cité l’exemple de la situation en Iraq et en Syrie, avec la montée de groupes extrémistes comme Daech.  Ce qui est inquiétant, a-t-elle dit, c’est l’attirance qu’éprouvent les jeunes pour ces groupes.

Si la police et l’armée peuvent réagir aux symptômes de ce phénomène, ils ne peuvent pas guérir la maladie, a estimé Mme Lodhi.  C’est pourquoi, il est important d’adopter une approche globale qui encourage la participation des jeunes à la vie économique, sociale et politique de leur pays.  Il faudrait surtout répondre, de manière bien pensée, à la rhétorique de ces groupes extrémistes qui prétendent que les musulmans, historiquement oppressés, ne peuvent reconquérir leurs droits que par la violence.  Il faut s’opposer à cette théorie en réglant les problèmes politiques, notamment en trouvant une solution à la question palestinienne et aux autres conflits qui sévissent en Syrie et au-delà.  De l’avis de Mme Lodhi, l’expérience a prouvé que les défis au Moyen-Orient ne seront pas réglés par une intervention étrangère.  Il a donc plaidé en faveur du plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ces pays.  Il a aussi prôné la réconciliation nationale, avec un soutien régional et mondial.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a estimé que la communauté internationale devrait déployer des efforts concertés pour promouvoir la coexistence des cultures, des religions et  des croyances, et stopper le terrorisme et la violence extrémiste.  Ensemble,  nous devons envoyer un message fort sur le rejet du mépris ou de l’intolérance face aux différences religieuses, culturelles ou ethniques, quel qu’en soit le motif.  Il faut prendre les mesures nécessaires pour veiller à ce que ceux qui persécutent brutalement et délibérément des gens à cause de ce mépris et de cette intolérance soient traduits en justice.  La diversité des cultures, des groupes ethniques, des religions et des civilisations est une bénédiction et forme le patrimoine commun de l’humanité.  Le Moyen-Orient a été doté de la beauté de cette diversité qui devrait pouvoir être léguée à la prochaine génération.  La communauté internationale ne doit pas fermer les yeux devant les actes brutaux qui sont commis aujourd’hui.  Elle doit agir « solidairement et maintenant ».

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a mis l’accent sur trois actions concrètes à mener pour lutter contre les extrémismes.  « La première est de faire vivre nos valeurs au sein de nos sociétés, en particulier auprès des jeunes », a-t-elle dit en précisant que la Belgique dans le cadre de sa présidence du Comité des ministres du Conseil de l’Europe organisera, le 8 mai prochain, une conférence sur le thème « la tolérance est plus forte que la haine ».  Elle a souligné la nécessité de montrer que la diversité est un atout de la société plutôt qu’un risque.  La paix durable ne pourra être établie dans la région tant que tous les auteurs de crimes ne sont pas traduits en justice, a-t-elle soutenu.

Dans ce contexte, elle a appuyé le travail de la commission d’enquête de l’ONU dans la région.  Elle a invité l’Iraq à adhérer au Statut de Rome et le Conseil de sécurité à saisir la CPI de la situation en Syrie.  Mme Frankinet a appelé à assurer que les minorités persécutées pourront à terme rentrer chez elles.  Elle a encouragé le Gouvernement iraquien à poursuivre ses efforts vers une plus grande inclusivité, en précisant que l’Union européenne avait décidé de consacrer un milliard d’euros pour la période 2015-2016 à sa nouvelle stratégie de soutien de la Syrie et de l’Iraq. 

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a déclaré qu’il était impératif que la communauté internationale réaffirme les droits des individus qui ont souffert de la persécution à vivre en paix dans leurs pays. « Nous sommes aussi obligés, en cette année du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, de défendre et de faire respecter les principes de la Charte et de réaffirmer les droits fondamentaux de toute l’humanité.  Nous devons en outre être fermes dans l’éradication des causes de toutes les forces d’intolérance, et trouver des voies en s’attaquant aux idéologies de la haine. »

Le représentant a estimé que les principes de la liberté de religion, et d’opinion, l’interdiction de la discrimination injuste pour divers motifs, y compris religieuse et la protection des droits des personnes appartenant à une communauté religieuse à vivre sa foi dans la paix, et la promotion et la protection des droits culturels et des communautés linguistiques, inscrits dans la constitution du pays, sont sacrés et que l’Afrique du Sud continuera de promouvoir ces principes dans tous ses engagements.  

Il faut aussi traiter les causes fondamentales du terrorisme.  Pour ce faire, il est nécessaire de comprendre et de s’attaquer aux conditions qui rendent attractif le terrorisme pour une partie des mécontents, et développer des stratégies adéquates pour les contrer.  À cet égard, il a préconisé des efforts concertés pour résoudre les conflits dans toutes les parties du monde, y compris au Moyen-Orient.

M. OLIVIER ZEHNDER (Suisse) a déclaré que la diversité du tissu social, ethnique et religieux au Moyen-Orient doit être défendue contre toute agression fondée sur l’identité.  La Suisse condamne avec la plus grande fermeté les abus des droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire commis par des forces armées étatiques et des groupes armés non étatiques au Moyen-Orient et ailleurs.  Elle est préoccupée par les allégations crédibles de la Commission d’enquête du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur la situation en Iraq selon lesquelles l’État islamique autoproclamé et d’autres groupes extrémistes pourraient avoir commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et le crime de génocide.

La Suisse appelle toutes les parties au conflit armé à respecter leurs obligations de droit international et de respecter les principes humanitaires. « L’aide humanitaire doit profiter aux personnes affectées sans discrimination », a souligné le représentant qui demande que les mesures prises dans le cadre de la lutte antiterroriste ne criminalisent pas l’aide humanitaire ou les contacts établis avec des acteurs armés non étatiques à des fins humanitaires.  La Suisse rappelle que le respect et la protection des droits de l’homme est la responsabilité première des États qui doivent, en toute situation, respecter et faire respecter ces droits sur leur territoire.   Elle souligne l’importance de la reddition des comptes aux niveaux national et international pour que toutes les violations et les abus commis contre des civils, tout comme pour les attaques contre des objets culturels et lieux de culte.  Elle encourage les États à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et invite le Conseil de sécurité à considérer un déferrement des situations iraquienne et syrienne à la CPI.  Par ailleurs, elle préconise un engagement préventif de l’extrémisme violent.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a déclaré qu’en réponse aux actes des groupes extrémistes, la communauté internationale doit d’abord parler d’une seule voix pour apporter son appui aux minorités victimes des persécutions.  Face à la politique délibérée des groupes extrémistes d’éliminer les minorités, la représentante a exhorté les États Membres à réfléchir à l’efficacité des mécanismes dont ils disposent face à « des ennemis qui nous ont surpris ».  « Sommes-nous bien préparés pour y faire face? » a-t-elle demandé, exigeant des États qu’ils présentent un front commun et qu’ils surmontent leurs divergences.  Elle a également souligné la nécessité de prendre en compte les besoins des victimes et des États dans l’élaboration de stratégies de lutte contre ce fléau.  Elle a voulu que l’on réponde de toute urgence à la situation humanitaire alarmante des minorités victimes en Iraq, en Syrie et dans d’autres régions du monde. « Cet engagement doit être soutenu et souple », a-t-elle précisé.

Mme LANA NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé que toutes les communautés étaient menacées par Daech et a estimé que le Conseil de sécurité devait condamner régulièrement la persécution systématique des minorités où qu’elle se produise.  En recherchant des solutions, il convient, a-t-elle dit, de respecter la Charte des Nations Unies.       De même, il est impératif de consulter et d’écouter de près les États de la région.  L’impunité des auteurs doit être stoppée par des coalitions internationales résolues.  Mme Nusseibeh a mis l’accent sur la nécessité d’encourager les Gouvernements à assurer la protection de tous leurs citoyens et de défendre leurs libertés.  Les institutions et les mécanismes forts de protection des droits de l’homme, d’alerte précoce et de réponse aux violations doivent être maintenus et renforcés.

Mme CATHERINE BOURA (Grèce) a déploré que des communautés qui ont coexisté dans la tolérance et le respect pendant des siècles soient aujourd’hui déplacées, kidnappées et exécutées.  En Iraq, a-t-elle noté, les attaques contre les Yézidis, les chaldéens et autres communautés chrétiennes ont contraint ces populations à fuir.  La moitié des Chrétiens d’Iraq sont partis, a-t-elle précisé.  La Grèce soutient les efforts déployés par le Secrétaire général, ainsi que les mesures prises par l’Union européenne pour réagir à ces actes de barbarie.  Nous condamnons aussi la destruction et le pillage du patrimoine mondial, a dit la représentante qui a estimé que la situation des groupes religieux ou ethniques devait servir de critère pour mesurer l’atmosphère politique au Moyen-Orient.  Elle a plaidé en faveur d’un consensus régional pour soutenir la présence historique de ces communautés sur leurs terres.  Il faut appuyer les efforts entrepris par les institutions religieuses et la société civile, a-t-elle recommandé.  C’est dans ce contexte que la Grèce, a-t-elle signalé, a convoqué une conférence internationale pour traiter de cette question de manière globale. 

M. MATEJ MARN (Slovénie) a estimé que les crimes de Daech s’apparentent à des crimes contre l’humanité, aux crimes de guerre, au nettoyage ethnique voire au génocide.  Il a appelé la communauté internationale à mettre fin à l’impunité, soulignant que la CPI devrait agir.  Il a invité tous les États de la région à accéder au Statut de Rome pour permettre à la CPI de se saisir de cette situation.  Il a appelé le Conseil de sécurité à déférer ces cas à la Cour.  Le représentant a invité la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver la riche et ancienne diversité des cultures et religions qui existe au Moyen-Orient depuis plus de 2 000 ans.  La réponse de la communauté internationale ne doit pas se résumer à des mesures de répression mais prendre aussi compte les causes sous-jacentes qui ont conduit à la radicalisation.  Le contexte actuel est favorable à un réexamen de la finalisation d’une convention sur le terrorisme international qui pourrait inclure également une définition agréée du terrorisme.

M. ALVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) a estimé que la violation des droits de l’homme par des États pouvait conduire les gens à se radicaliser et à se faire recruter par des groupes terroristes.  La haine et la violence à l’égard des communautés ethniques ou religieuses n’arrivent pas sans une stigmatisation et une déshumanisation préalables des groupes ciblés ou des incitations à la haine, a-t-il expliqué.  Il s’agit de l’héritage social, culturel, économique et politique qui bien souvent se fonde sur la répression et la corruption de l’État et le manque de confiance dans les institutions publiques. 

Il est, a-t-il dit, de l’obligation des États de faire en sorte que les minorités puissent exercer pleinement et efficacement tous leurs droits fondamentaux, sans discrimination et dans l’égalité totale.  La lutte contre l’impunité doit être la priorité.  Le pluralisme ne peut être une réalité que dans des sociétés où sont garanties l’inclusion et la cohésion sociale, économique et politique.

Pour Mme SIMONA-MIRELA MICULESCU (Roumanie), la stratégie de groupes tels que le « soi-disant » État islamique (Daech) est aussi simple qu’une croyance qui incarne la régression.  En détruisant le riche patrimoine religieux et la diversité ethnique et religieuse au Moyen-Orient, ils veulent subjuguer et manipuler toute la population.  Menée au nom de l’islam, « avec lequel ces sauvages n’ont rien en commun », leur campagne vise à effacer la diversité, a affirmé la représentante qui a rappelé le rôle central des Chrétiens arabes dans le développement de la civilisation et de la culture arabe, menant à la renaissance arabe du XIXe siècle (Al-Nahdha).  « Malgré cela, la survie même du christianisme au Moyen-Orient est en danger », a-t-elle regretté avant de lancer un appel à l’intensification des efforts pour préserver la mosaïque des communautés religieuses et ethniques qui ont enrichi la région depuis des siècles. 

La Roumanie encourage l’ONU à développer ses activités à cet égard, à la fois par la sensibilisation du monde aux tragédies de ces minorités, notamment par le biais de l’Alliance des civilisations.  La Roumanie soutient l’initiative du Secrétaire général de lancer un plan d’action, avec l’implication des chefs religieux, et celle de la France d’organiser une conférence internationale sur cette thématique.  Face au danger imminent du sectarisme, la tolérance et le dialogue interreligieux doivent être encouragés et renforcés.  Il faut atteindre les jeunes dans les zones en conflit et leur faire passer ces valeurs de tolérance et de respect mutuel qui ont permis la cohabitation pendant des millénaires.  La représentante s’est dit encouragée par le fait qu’une grande partie des musulmans dénonce l’idéologie extrémiste et se dise elle-même terrifiée par les atrocités commises.  La solution passe par une réponse à la situation économique et sociale des peuples.  Il faut mettre l’accent sur l’éducation, particulièrement dans les étapes postconflit, afin de prévenir de nouvelles atrocités et faire en sorte que les minorités ethniques et religieuses retrouvent leur place dans la société.

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a estimé qu’une transition politique inclusive en Syrie et une gouvernance inclusive en Iraq sont importantes pour une paix et une stabilité durables dans la région du Moyen-Orient.  Il a fermement condamné la persécution systématique des minorités ethniques et religieuses, exprimant sa préoccupation face à la destruction du patrimoine culturel de l’Iraq et de la Syrie, notamment par Daech.  Le représentant a dit que l’Ukraine, qui est confrontée sur son propre territoire au phénomène des combattants terroristes étrangers et à une agression directe venant de l’est, partage l’idée selon laquelle le groupe Daech est une menace, non seulement pour l’Iraq et la Syrie, mais également pour toute la communauté internationale.

M. BOGUSLAW WINID (Pologne) a rappelé la tradition séculaire de tolérance et de dialogue interreligieux de son pays en évoquant la déclaration de la Confédération de Varsovie de 1573 qui a accordé à tous les citoyens de l’Union polono-lituanienne la liberté de religion.  C’était le premier acte juridique de ce genre adopté en Europe.  C’est pourquoi les violences contre les groupes ethniques et religieux au Moyen-Orient constituent une source de grave préoccupation pour le Gouvernement polonais qui a contribué à l’aide apportée par les Nations Unies et l’Union européenne.  Au plan national, la Pologne a envoyé, en août dernier, 8 tonnes d’aide aux Chrétiens du nord de l’Iraq.  

Chaque jour, nous sommes témoins d’autres chapitres de la destruction barbare de l’héritage culturel du Moyen-Orient perpétrée par l’État islamique et les autres groupes extrémistes.  L’année dernière, le Front el-Nosra a détruit l’église des Saints Serge et Bacchus à Maaloula près de Damas et deux icônes offertes à cette église en 1943 par le général Wladislaw Anders, commandant de l’armée polonaise qui peu de temps avant, venait de s’échapper du brasier de la Sibérie stalinienne. 

Le représentant a dit: nous ne pouvons pas sous-estimer des actes qui visent à effacer toutes traces des non-Sunnites au Moyen-Orient.  L’objectif ultime est non seulement d’intimider « les infidèles » mais aussi de changer à jamais la composition sociale et ethnique de la région.  L’histoire du XXe siècle nous apprend la nécessité d’agir face à de telles situations similaires pour prévenir des atrocités à grande échelle, a averti le représentant qui a exhorté le Conseil de sécurité à honorer ses obligations en vertu de la Charte et à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à cette situation. 

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a affirmé que tout extrémisme était un aveuglement de la pensée et ne pouvait survivre que coupé du monde réel et protégé par l’ignorance.  Il a condamné avec la plus grande fermeté toutes les atrocités commises par Daech et les autres parties au conflit.  Le Luxembourg soutient l’idée que les Nations Unies devraient établir un plan d’action pour protéger les minorités au Moyen-Orient avec tous les outils à leur disposition, a-t-il dit, précisant que son pays était prêt à y apporter son concours, notamment dans le domaine humanitaire.

Contrer Daech passe aussi par la recherche d’une solution politique aux multiples crises qui agitent la région et aux difficultés socioéconomiques auxquelles font face les populations.  Le Luxembourg continue de plaider pour que le Conseil de sécurité défère la situation en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI).

M. LEVENT ELER (Turquie) a rappelé que depuis des siècles, le Moyen-Orient a été le berceau de la coexistence pacifique entre différentes communautés, contrairement à aujourd’hui.  Le sectarisme et la réaction brutale aux demandes légitimes de démocratie se sont ajoutés aux frustrations dues à la discrimination croissante, à la xénophobie et à l’islamophobie dans d’autres régions du monde.  Tout cela a créé un « mélange empoisonné » qui a érodé la culture de tolérance qui était la fabrique sociale de la région.  Le représentant a affirmé que le terrorisme et l’extrémisme ne sont pas des phénomènes propres au Moyen-Orient et qu’ils ne peuvent être associés à aucune religion, nationalité, civilisation ou ethnie.  Comme la violence et le terrorisme n’ont pas de religion, notre empathie et notre solidarité devraient être témoignées à toutes les victimes sans distinction et pas seulement aux musulmans.  

La situation en Syrie, a-t-il poursuivi, ne devrait pas se résumer aux enlèvements et autres persécutions de Daech.  La brutalité de leurs actes ne doit pas faire oublier les conditions qui ont été à la naissance de ce groupe terroriste: la « brutalité du régime qui a refusé d’accéder aux demandes légitimes de son peuple, utilisant divers moyens comme les armes chimiques, les barils d’explosifs et les violations massives des droits de l’homme ».  La communauté internationale et le Conseil de sécurité se doivent d’examiner les causes profondes de la crise syrienne.  Une transition politique véritable, conforme au Communiqué de Genève, est l’unique sortie de crise.  Pour le cas de l’Iraq, le représentant a précisé que les Chiites et les Sunnites étaient parmi les premières communautés persécutées par Daech, forçant 2,2 millions de personnes à fuir.  Il a présenté les mesures prises par le Gouvernement turc pour apporter de l’aide aux 200 000 Iraquiens qui ont trouvé refuge en Turquie, s’ajoutant aux plus de 1,7 million de Syriens qui s’y sont installés.

« Nous devons garder à l’esprit que l’injustice historique contre le peuple palestinien alimente la haine, l’aliénation et la radicalisation », a ensuite déclaré le représentant.  Il a estimé que la résolution du conflit israélo-palestinien, notamment par la solution à deux États, constituerait la clef contre l’instabilité et la radicalisation dans la région.  Il a relevé qu’aujourd’hui, aucune région du monde ou aucune communauté n’est à l’abri de la violence et de la persécution.  Face à ce phénomène mondial, nous devons avoir une réponse mondiale et empreinte de coopération.  Il a rappelé que la Turquie a coparrainé l’Alliance des civilisations en 2005.  Des solutions politiques, démocratiques et inclusives sont essentielles pour mettre fin aux multiples crises du Moyen-Orient, a conclu le représentant.

M. KAREL VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a affirmé que son pays défendait le principe selon lequel tout individu doit avoir la liberté d’exprimer son identité telle qu’elle est constituée par sa religion ou autres croyances, ceci incluant le droit de changer de religion ou de n’en avoir point.   Se disant gravement préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire au Moyen-Orient, il a encouragé les États à agir, comme le fait son pays sur le plan militaire ou humanitaire.  Il a également exhorté les membres permanents du Conseil de sécurité à accepter de s’abstenir de recourir à leur droit de veto dans des situations où des civils sont menacés par des crimes de masse.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a relevé que les actes de Daech constituent des violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire et pourraient constituer des crimes contre l’humanité et un génocide.  Il a appelé la CPI à se saisir de ces cas et a invité l’ONU et les ONG internationales à documenter autant que possible les actes perpétrés par Daech.  Il a souligné que la situation au Moyen-Orient est très complexe, mais qu’il faudrait que la communauté internationale ne se focalise pas que sur les questions de sécurité mais aussi sur la souffrance des groupes religieux et autres minorités de la région.  « Nous ne pouvons ignorer que les Chrétiens du Moyen-Orient sont de plus en plus ciblés par des islamistes fondamentalistes, et que leur nombre continue de diminuer », s’est-il alarmé.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a affirmé que l’islam était une religion de tolérance et d’ouverture qui ne faisait pas de distinction entre les croyances.  C’est une religion, a-t-il expliqué, qui prend également en charge les minorités religieuses, comme elle l’a fait tout au long de son histoire.  Ce qui se déroule en Iraq ou en Syrie est une exploitation haineuse et une déformation de l’islam et de ces préceptes.

Le représentant a appelé à lutter contre toutes les formes de terrorisme et à isoler ses partisans, et à rétablir les droits et la justice internationale au sein des États et entre les États.  Le Conseil de sécurité doit aussi, a-t-il dit, trouver des solutions et des remèdes aux problèmes politiques, notamment en permettant au peuple palestinien de recouvrer ses droits.

Pour M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie), le terrorisme et l’extrémisme ne sont pas une question de religion mais une question liée à un ensemble de facteurs comme la mondialisation, les migrations, les problèmes sociaux, le manque d’éducation, le désespoir et le manque de perspective.  La Slovaquie rejette toute forme d’intolérance raciale ou religieuse, tout radicalisme et extrémisme et toute tentative de vouloir justifier le terrorisme par la religion.  Il ne s’agit pas d’un « clash de civilisations » mais plutôt d’un « clash entre l’humanité et la brutalité ».  Au Moyen-Orient, berceau des grandes religions de ce monde, l’État islamique et Al-Qaida veulent mettre en péril cette diversité religieuse.  Des millions de personnes ont été déplacées ou forcées de quitter leurs terres ancestrales et celles qui restent subissent des violations graves de droits de l’homme, la répression et les abus.  Dans sa haine, le terrorisme n’épargne personne, a souligné le représentant.  Musulmans, juifs, chrétiens, hommes, femmes, jeunes et vieux, personne n’est épargné par des terroristes qui agissent en toute impunité, s’est-il indigné.

Pour la Slovaquie, le fanatisme religieux n’est le propre d’aucune religion, et il faut que la communauté internationale, les gouvernements locaux, les institutions religieuses et autres dénoncent clairement et avec vigueur ces actes commis au nom d’une religion.  Il faut combattre l’extrémisme et l’incitation à la haine « plus efficacement ».  Le monde entier est concerné et seuls des efforts conjoints pourront mener aux résultats escomptés, a précisé le représentant.  Il faut en particulier exiger la reddition de comptes, à la fois des États et des groupes armés non étatiques, et aider les pays à renforcer les capacités nécessaires à la protection de leurs populations contre les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, a-t-il conclu.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a attiré l’attention sur les communautés ethniques et religieuses qui souffrent de pressions, d’abus des droits de l’homme, de torture, de persécution et qui sont tuées à cause de leur foi ou de leur appartenance ethnique, comme les turkmènes, les Shabacks, les Yézidis, les Sabiens, les Kaka’e, les Kurdes, les arabes shiites et même les arabes sunnites et kurdes.  Les Chrétiens au Moyen-Orient ont été particulièrement visés, tués ou contraints à fuir leur pays, a-t-il noté, en parlant des Chrétiens assyriens enlevés en Iraq par le groupe qui s’appelle État islamique, des Chrétiens coptes égyptiens décapités par les organisations affiliées à l’EIIL en Libye, et de l’élimination presque totale des Chrétiens à Mossoul. 

Il y a seulement 25 ans, on comptait encore près de 2 millions de Chrétiens en Iraq, aujourd’hui ils représentent moins d’un quart de ce chiffre.  Il a rappelé que cette population constamment menacée de mort avait dû fuir pour la région du Kurdistan ou d’autres pays voisins.  Le Saint-Siège exprime sa reconnaissance aux pays et dirigeants de la région qui ont défendu ouvertement les Chrétiens en tant que partie intégrante de leur tissu religieux, historique et culturel. 

L’observateur du Saint-Siège a rappelé que les Chrétiens au Moyen-Orient se trouvaient dans la région depuis plus de 2 000 ans.  Il a déploré que des communautés chrétiennes anciennes, dont beaucoup parlent l’araméen, la langue du Christ, soient ainsi menacées d’extinction, alors que leur présence ferait perdre à la région un riche patrimoine culturel et religieux.  Mgr Auza a fait remarquer que, lorsqu’un État était incapable ou ne voulait pas protéger sa population, la communauté internationale devrait prendre des mesures pour le faire.  C’est pour cela, a-t-il souligné, que le pape François a appelé à plusieurs reprises la communauté internationale à faire tout son possible pour faire cesser et prévenir la violence systématique contre les minorités ethniques et religieuses. 

M. TIM MAWE (Irlande) a relevé que les attaques contre les individus et les communautés, du fait de leur appartenance religieuse ou de leur origine ethnique, sont devenues constantes dans le monde, mais, a-t-il précisé, le phénomène semble avoir pris une forme virulente dans de nombreux pays du Moyen-Orient.  Il a mentionné les atrocités contre des minorités religieuses en Syrie, en Iraq et en Libye, soulignant que ces actes apparaissent comme la destruction du caractère multiethnique et multiconfessionnel du Moyen-Orient, sapant ainsi les perspectives de stabilité durable de la région.  Le fait que les auteurs de ces atrocités justifient leurs actes par des raisons religieuses ne fait qu’exacerber la situation.  Il a salué le fait que certains pays voisins aient accueilli les persécutés, notant tout de même que la relocalisation de communautés entières ne peut être la solution idoine.  M. Mawe a émis le vœu que ces communautés seront protégées là où elles ont toujours vécu, et parfois depuis l’antiquité.  Il a souhaité que les femmes arabes soient impliquées dans la politique, aux niveaux les plus élevés, qu’il s’agisse des négociations de paix, de la consolidation de la paix ou de la formulation des constitutions.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a affirmé que son pays restait toujours le berceau des civilisations.  Bahreïn, a-t-il dit, croit fermement à la nécessité de combattre les pensées extrémistes qui dénaturent la nature humaine et les préceptes de l’islam. La communauté internationale doit, a poursuivi le représentant, assumer ses responsabilités pour que le Moyen-Orient soit une terre d’accueil pour tous et protège les minorités ethniques et religieuses, tout en fournissant l’aide humanitaire nécessaire aux groupes victimes des déplacements et de persécutions.

M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a condamné les violations des droits des minorités religieuses et ethniques notamment les Chrétiens au Moyen-Orient.  La liberté de religion est un des droits de l’homme fondamentaux qui ne devrait jamais être violée.  Les sociétés ont des valeurs, des croyances et des religions différentes et elles devraient pouvoir vivre sans crainte, a plaidé le représentant.  Il a rappelé les gouvernements à leur responsabilité de protéger leurs populations contre les atrocités de masse et les violations des droits de l’homme, surtout quand elles sont liées à la religion et l’origine ethnique.  Les victimes méritent la justice auprès de la CPI, a-t-il estimé, en appelant cette dernière à continuer de mener des enquêtes et de poursuivre les responsables des crimes de haine. 

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a rappelé que la responsabilité de protéger engage les États à protéger leurs citoyens du génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et du nettoyage ethnique.  Elle a relevé que ce principe impose à la communauté internationale d’assister les États en la matière et au besoin, d’agir à leur place.  Elle a rappelé que durant sa présidence du Conseil de sécurité, au mois de mai 2014, la République de Corée avait voté en faveur d’un projet de résolution visant à ce que le Conseil saisisse la CPI des « crimes contre l’humanité » commis en Syrie.  Si le texte n’a pas été adopté, la République de Corée a pu défendre le point de vue selon lequel « sans justice pas de paix ».

M. JANIS MAŽEIKS (Lettonie) a déclaré que les violations des droits de l’homme commises par Daech et par d’autres groupes doivent faire l’objet d’enquêtes qui conduisent à la traduction en justice de leurs auteurs.  Une action internationale concertée est essentielle pour contrer l’extrémisme violent et c’est pourquoi, a dit le représentant, la Lettonie a rejoint la coalition mondiale contre l’État islamique.  Il est tout aussi important de s’attaquer aux causes de l’extrémisme violent et de l’intolérance religieuse et de mettre en œuvre des mesures préventives pour réduire la radicalisation et le recrutement, en particulier des jeunes.   Les besoins humanitaires des populations déplacées de force, principalement les groupes ethniques et religieux minoritaires, ainsi que le soutien aux victimes libérées des mains de Daech sont des domaines qui nécessitent notre attention et des efforts mieux coordonnés, a conclu le représentant.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a affirmé que son pays rejetait les violations répétées de Daech contre les minorités ethniques, condamnant toutes ses actions terroristes.  Elle a appelé à respecter les principes ethniques, les normes juridiques universelles et inaliénables des Nations Unies.  

La reconnaissance de la diversité est nécessaire à notre planète pour cohabiter, a-t-elle dit, citant le pape François.  La déléguée a mis l’accent sur la nécessité pour la communauté internationale de lutter contre l’impunité des auteurs de telles violations, soulignant à cet égard le rôle de la Cour pénale internationale (CPI).  De même, selon elle, ces groupes ne sauraient être associés à une communauté religieuse ou à une religion.

La lutte contre l’extrémisme passe par la coopération internationale dans le cadre du respect du droit international, a-t-elle déclaré, appuyant l’initiative du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale d’inviter des personnalités influentes de diverses confessions à une réunion extraordinaire à l’ONU.

 

 

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