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Congrès pour la prévention du crime: l’Iraq, le Kenya, le Nigéria, la Tunisie et la Somalie placent au cœur des débats la lutte contre le terrorisme, les combattants étrangers et la cybercriminalité

Treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale,
3e, 4e & 5e séances plénières - matin, après-midi & soir
SOC/CP/361

Congrès pour la prévention du crime: l’Iraq, le Kenya, le Nigéria, la Tunisie et la Somalie placent au cœur des débats la lutte contre le terrorisme, les combattants étrangers et la cybercriminalité

DOHA, QATAR, 13 avril - « Aucun pays au monde ne peut dire qu’aucun de ses ressortissants ne combat aux côtés de Daesh », a prévenu le Ministre iraquien des affaires étrangères à la deuxième journée du treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.  Avec l’Iraq, le Kenya, le Nigéria, la Tunisie et la Somalie, la question de la lutte contre le terrorisme et contre le phénomène des combattants étrangers a dominé la journée, tout comme la question connexe de la cybercriminalité.  

Le terrorisme n’a commencé ni au Moyen-Orient, ni en Iraq ni en Syrie, a déclaré le Ministre des affaires étrangères de l’Iraq qui s’est dit horrifié par le niveau de violence de Daesh qui innove en s’attaquant à des objets culturels millénaires, en faisant sa publicité et en recrutant sur Internet.  Il a réclamé une structure globale contre le terrorisme et des mesures vigoureuses pour couper ses flux financiers.  Dix jours après l’attaque terroriste qui a fait 150 morts à l’Université de Garissa, le représentant du Kenya a dit l’engagement de son pays à renforcer la coordination au niveau régional pour s’attaquer à la criminalité transfrontière.  Il a espéré que le treizième Congrès pour la prévention du crime et la justice sociale utilisera bien son temps pour trouver des solutions qui rapprocheront le monde « du triomphe sur la criminalité organisée ».  « Il faut que nous soyons à la hauteur de nos responsabilités », a encouragé le Ministre des affaires étrangères du Nigéria, fort de l’expérience de son pays face au terrorisme de Boko Haram.

Le Ministre tunisien de la justice a insisté sur la « responsabilité partagée » de combattre un phénomène qui a pris une tournure dangereuse, ces derniers temps, comme l’illustre, entre autres, l’attaque odieuse contre le Musée Bardo, il y a quelques semaines.  Parce qu’aucune nation ne peut venir à bout du terrorisme tout seul, a souligné son homologue de la Somalie.  Le terrorisme est un crime mondial qui exige une forte coopération internationale, a dit celui dont le pays a réussi à réduire Al-Chabab « à de petites poches » dans le territoire somalien. 

Plusieurs délégations se sont dit inquiètes du phénomène des combattants étrangers.  « Aucun pays au monde ne peut dire qu’aucun de ses ressortissants ne combat aux côtés de Daesh », a prévenu le Ministre iraquien des affaires étrangères.  Le Ministre de l’intérieur des Maldives a exhorté à criminaliser toute tentative de rejoindre un mouvement terroriste et à lancer des poursuites judiciaires contre ceux qui reviennent.     

Dans la Déclaration politique qu’ils ont adoptée hier, les chefs d’État et de gouvernement, les ministres et les représentants s’engagent à resserrer la coopération aux niveaux international, régional, sous-régional et bilatéral pour identifier les combattants terroristes étrangers, les empêcher de quitter ou de traverser le territoire d’un État Membre ou d’y pénétrer, prévenir le financement, la mobilisation, le recrutement et l’organisation des combattants terroristes étrangers.  Les États sont aussi invités à redoubler d’efforts dans la mise en œuvre de programmes de déradicalisation et à veiller à ce que quiconque participe au financement, à la planification, à la préparation ou à la perpétration d’actes terroristes ou à l’appui à de tels actes soit traduit en justice. 

Les combattants étrangers étant dans la plupart des cas recrutés par Internet, la question de la cybercriminalité a été commentée à plusieurs reprises.  Le Secrétaire national de la justice du Brésil a reconnu que les autorités de tous les pays font face à des défis complexes pour enquêter et collecter les preuves dans un environnement numérique où les méthodes traditionnelles de la coopération internationale sont assez souvent inefficaces.  Il a jugé essentiel de développer un cadre juridique véritablement mondial. 

Dans la « Déclaration politique », les États s’engagent à envisager les mesures spéciales à prendre pour mettre en place un cyberenvironnement sûr et résilient, prévenir et combattre les actes criminels commis sur Internet, et s’attacher à fournir une assistance technique afin que les autorités nationales soient mieux à même de faire face à la cybercriminalité, notamment de prévenir cette criminalité sous toutes ses formes, la détecter, enquêter à son sujet et en poursuivre les auteurs. 

Le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale devrait terminer son segment de haut niveau demain mardi 14 avril à partir de 10 heures.

Déclarations

Dans tous les pays du monde, l’efficacité du système de justice pénale est étroitement et naturellement liée à l’adhésion de la société à l’état de droit, a déclaré M. ORSAT MILJENIĆ, Ministre de la justice de la Croatie.  À cet égard, il s’est attardé sur une question de « grande importance », à savoir la lutte contre la corruption et la criminalité organisée.  La corruption, a-t-il dit, est un problème mondial qui menace la stabilité et la sécurité des sociétés, les institutions démocratiques et le développement économique durable.  Contre ce phénomène, la Croatie a adopté une approche systématique dans les domaines du droit pénal, du règlement des conflits d’intérêts et des achats publics, conformément à la nouvelle stratégie anticorruption. 

La criminalité organisée est un autre phénomène qui menace la sécurité nationale, d’autant qu’elle évolue constamment, a poursuivi le Ministre.  Les nouvelles technologies, l’ouverture des frontières et la facilité avec laquelle on voyage et on communique ont conduit à des formes plus souples de criminalité organisée.  C’est la raison pour laquelle la Croatie appuie fermement toute initiative fondée sur la coopération internationale.  Le Ministre de la justice a, dans ce cadre, attiré l’attention sur le phénomène des combattants étrangers impliqués dans les activités terroristes et, pour se conformer au paragraphe 6 de la résolution 2178 du Conseil de sécurité, la Croatie est en train d’amender sa législation. 

M. RUI JORGE CARNEIRO MANGUEIRA, Ministre de la justice et des droits de l’homme de l’Angola, a passé en revue les initiatives prises par son pays conformément à la « Déclaration de Salvador » dont la création du Bureau de la prévention et de la lutte contre la corruption, l’adoption du statut de l’Unité des renseignements financiers et celle de la Commission du marché des capitaux qui s’assure de la transparence dudit marché.  Le Gouvernement angolais, a-t-il assuré, réaffirme son engagement à promouvoir la coopération et à mettre en œuvre des politiques et mesures de prévention du crime et de justice pénale.  L’Angola a signé, au cours de ces cinq dernières années, des accords internationaux de coopération judiciaire avec plusieurs États.

M. SAMUEL SANTOS LÓPEZ, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a dénoncé la cupidité de l’ordre capitaliste mondial qui met à mal la démocratie et la justice forcées de se repenser sans cesse.  Le Nicaragua, a-t-il indiqué, met l’accent sur des politiques en faveur de la famille comme moyen de prévenir la violence et la criminalité.  Il a parlé de la participation bénévole des citoyens aux efforts de la police criminelle qui a fait que le taux d’homicide est tombé à 8,7 pour 1000.  En Amérique centrale, c’est la police du Nicaragua qui a le plus petit budget mais qui compte le pourcentage le plus élevé de femmes policières, soit 34%. 

Le Ministre a aussi dénoncé le fait que son pays soit devenu un pays de transit de la drogue en provenance de l’Amérique du Sud vers les marchés « opulents » du Nord.  Il a jugé indispensable de promouvoir la coopération internationale et de reconnaître l’insuffisance des ressources dans les pays comme le sien pour faire face à la criminalité liée au trafic de drogues.  Il faut redonner aux pays riches et développés le sens des responsabilités vis-à-vis de ce que subissent les pays en développement.  Tout en se félicitant de la reprise des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, le Ministre a regretté que les États-Unis continuent de qualifier le Venezuela de « menace à la sécurité nationale ».  Il a espéré que les relations entre ces pays vont s’améliorer dans l’intérêt d’une meilleure coopération dans la lutte contre la criminalité.

M. GALO CHRIBOGA ZAMBRANO, Procureur général de l’Équateur, a souligné que la Constitution de son pays a été conçue pour renforcer l’état de droit et édifier une société qui respecte la dignité humaine.  La Constitution a permis le renforcement du système judiciaire et pénal et de la lutte contre l’impunité.  Le nouveau Code pénal adopté en 2014 protège mieux les droits de la femme et renforce les dispositions contre la cybercriminalité ou le blanchiment d’argent. 

S’agissant de la criminalité transnationale organisée, le Procureur général a appelé à une coopération internationale respectueuse de la souveraineté des États, la création d’un mécanisme rapide d’entraide, le partage d’informations et la facilitation des extraditions.  Il a parlé du trafic des biens culturels, pour suggérer une étude de faisabilité sur un protocole additionnel à la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels.  Le Procureur général a aussi souligné la responsabilité commune face au phénomène de la traite des êtres humains et la nécessité de partager les informations.  Ce sont les restrictions à la liberté de mouvement qui encouragent la traite, a-t-il prévenu.

M. ASHRAF RIFI, Ministre de la justice du Liban, a déclaré qu’à ce Congrès, nous parlons « la langue de la raison » méprisée par ceux qui ne respectent ni la justice ni la dignité humaine.  De tous les crimes dénoncés, la criminalité transnationale organisée est le plus alarmant, a ajouté le Ministre qui a aussi regretté le manque d’efficacité des mesures prises contre le trafic des biens culturels.  S’agissant de la lutte contre le terrorisme, il a dit privilégier des mesures « équilibrées » respectueuses des droits de l’homme et soucieuses du maintien de la paix et de la sécurité.  Au Liban, le Gouvernement a entamé la réforme du Code pénal pour renforcer les mesures contre la cybercriminalité, qui exige une réelle coopération internationale, a indiqué le Ministre.  Dans la lutte contre le terrorisme, il a voulu que l’on tienne dûment compte de l’oppression et des injustices endurées par les communautés concernées. 

Mme TEA TSULUKIANI, Ministre de la justice de la Géorgie, a expliqué les grandes lignes de la « quatrième vague de réforme » du système judiciaire dans son pays dont le but est de renforcer l’indépendance dudit système, de réformer le Haut Conseil de la justice, d’améliorer la transparence des processus judiciaires, d’établir un mécanisme structuré, transparent et objectif pour évaluer et nommer les juges permanents, et renforcer l’indépendance des juges.  Toutes ces mesures ont renforcé la confiance des citoyens dans le système, a affirmé la Ministre.  Les droits de l’homme étant l’élément constitutif d’un système de justice pénale « humain et juste », la Ministre a indiqué que le 30 avril 2014, le Parlement a adopté, pour la première fois, la Stratégie nationale des droits de l’homme, résultat d’un processus consultatif qui a impliqué toutes les agences publiques, les organisations internationales et les ONG.  Le but ultime de la Stratégie est de consolider « la démocratie institutionnelle » et de faire en sorte que les droits de l’homme soient respectés dans tous les aspects de la vie quotidienne grâce à une politique multisectorielle, intégrée et robuste.

M. MAMADOU GNÉNÉMA COULIBALY, Ministre de la justice, des droits de l’homme et des libertés publiques de la Côte d’Ivoire, a indiqué que pour donner une réponse nationale à la criminalité organisée, l’État ivoirien s’est doté de nouveaux instruments juridiques et institutionnels tout en continuant d’accorder un intérêt particulier au fonctionnement de la justice.  Le Ministre a parlé de la nouvelle loi sur la lutte contre le terrorisme, de la loi sur la traite des personnes et de la création d’un Comité national de lutte contre ce phénomène.  Le Gouvernement, a-t-il dit, envisage de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 et dans ce cadre, la justice doit, plus que jamais, rassurer car elle constitue le dernier rempart de toutes les initiatives de développement économique et social. 

Le Ministre a salué l’assistance technique de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), avant de s’attarder sur « certaines déclinaisons » de la criminalité qui devraient faire davantage l’objet d’intenses réflexions.  Il a cité le trafic illicite de biens culturels et cultuels, et des biens de la faune; de la corruption; et de la cybercriminalité.  S’agissant des biens culturels, il a jugé souhaitable d’élaborer un instrument dans le cadre des Nations Unies.  Pour ce qui est de la corruption, il a appelé à une coopération étroite et à des mécanismes simplifiés d’échanges d’informations et de moyens.  Le Ministre a aussi suggéré l’élaboration d’une convention internationale sur la cybercriminalité pour promouvoir la mise en place efficace de législations nationales, la coopération internationale et le renforcement des compétences, pour traiter efficacement des questions complexes de ce phénomène, en particulier celles de nature transfrontalière dans la mesure où, pris individuellement, les pays ne sont pas au même niveau de développement et donc de protection.

M. OKELLO HENRY ORYEMI, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a rappelé la convocation en 2016 de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les stupéfiants.  Il a dit attendre que la question des drogues et la menace qu’elle représente pour le monde seront traitées honnêtement et de manière créative sans tomber dans le jeu des accusations et des prédications idéologiques qui ne font qu’alimenter les démons.  Les solutions doivent servir les intérêts sociaux, économiques, culturels et sécuritaires de tous, en tenant dûment compte des pratiques identifiées dans les débats en cours sur les objectifs de développement durable.  Les solutions ne devraient en aucun cas compromettre la sacralité des droits de l’homme.  De manière générale, le Ministre a appelé les partenaires au développement à accroître leur assistance technique pour permettre aux pays comme le sien de s’attaquer avec efficacité à la criminalité.  L’assistance doit porter sur les domaines du contrôle de l’immigration et de la cybercriminalité.  Il a appelé l’ONUDC à mener les efforts pour solliciter, rassembler et diffuser les meilleures pratiques dans les enquêtes, les poursuites et la surveillance des agents de l’ordre impliqués dans des actes criminels.

M. MOHAMED BUSHARA DOUSA, Ministre de la justice du Soudan, a affirmé qu’avec la charia, son pays dispose d’un système juridique depuis le XVe siècle.  Il a mis en garde contre toute tentative d’imposer un système juridique ou culturel unique.  « Nous ne voyons aucune contradiction entre la charia et des droits de l’homme, a argué le Ministre, en voyant, au contraire, une complémentarité.  Il a souhaité une coopération internationale fondée sur le consensus et le respect de la souveraineté nationale et de la diversité.  S’agissant de la lutte contre le terrorisme, il a demandé que l’on en examine les causes profondes.  Pour sa part, le Soudan s’est doté d’une législation contre ce phénomène mais aussi contre la cybercriminalité et le blanchiment d’argent. 

M. SAID YUSUF HALEM, Ministre de la justice de l’Afghanistan, a souligné que son pays continue de souffrir du terrorisme, du trafic de drogues et d’autres formes de criminalité organisée.  Devant ces défis, le Gouvernement a déployé des efforts considérables pour améliorer ses cadres institutionnel et judiciaire de la prévention du crime et de la justice pénale.  Le plus récent effort est l’accession au Protocole contre la traite des êtres humains.  Le pays entend aussi adhérer, cette année, au Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer et à celui de la Convention unique sur les stupéfiants.  Le Ministre a aussi parlé des lois contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la corruption.  Le trafic des biens culturels a conduit à la révision de la loi sur la protection des propriétés culturelles et historiques et la création d’une police spéciale.

Dans le cadre de la coopération régionale, l’Afghanistan a signé des accords d’extradition avec la Fédération de Russie, l’Iran, le Tadjikistan, les Émirats arabes unis et la Turquie.  Il négocie un certain nombre d’accords bilatéraux d’entraide judiciaire.  En conclusion, le Ministre a souligné le manque de capacités pour la mise en œuvre des instruments internationaux sur la prévention du crime et la justice pénale.  L’assistance technique est la clef du succès, a-t-il dit, en insistant sur l’appui financier et technique dont son pays a besoin. 

M. GHANIM BIN FADHEL AL-BUAINAIN, Ministre chargé des relations avec le Conseil de la Choura et la Chambre des représentants du Bahreïn, a affirmé que son pays a adapté sa législation nationale aux normes internationales pertinentes préconisées par les Nations Unies.  La Constitution protège dûment les droits de l’homme, y compris les droits de la femme.  Pour le Bahreïn, l’implication de la société civile est essentielle à une bonne administration de la justice.  Le lien entre les gouvernements et les organisations de la société civile permettrait à l’État de mieux appréhender les mesures correctives qu’il doit prendre.  Les questions et le rôle de la société civile devraient faire l’objet de discussions au cours de ce Congrès.

M. MOHAMED SALAH BEN AISSA, Ministre de la justice de la Tunisie, a insisté sur la « responsabilité partagée « de combattre le terrorisme, un phénomène qui a pris une tournure dangereuse, ces derniers temps, comme l’illustre, entre autres, l’attaque odieuse contre le Musée Bardo, il y a quelques semaines.  La Tunisie fait partie des pays les plus menacés par le terrorisme et la criminalité et, en tant que tel, coordonne étroitement ses efforts avec les pays voisins et les organisations régionales et internationales.  Le Ministre a salué les derniers succès dont l’élimination de plusieurs leaders d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).  Il a parlé d’un nouveau projet de loi contre le terrorisme et le blanchiment d’argent, élaboré avec l’aide de l’ONUDC.  Il a d’ailleurs demandé à l’Office de finaliser son résumé analytique sur la Tunisie afin qu’on puisse l’examiner en juin prochain.  Le Ministre s’est aussi attardé sur une autre priorité de son pays qui est la restitution des biens volés.  Les appels de la Tunisie aux pays voisins pour localiser ces biens sont restés vains, a dénoncé le Ministre qui a néanmoins remercié le Liban, le seul pays à avoir restitué les biens volés par l’ancien Président destitué.

M. TAYEB LOUH, Ministre de la justice de l’Algérie, a rappelé que son pays a toujours souligné la nécessité de couper le financement du terrorisme, un phénomène multidimensionnel qui doit être traité sur une base globale, dans le cadre d’une conférence des Nations Unies qui élaborerait un accord global international et s’accorderait sur une définition commune du terrorisme.  Il a aussi rappelé que l’Algérie, qui a toujours son rôle dans la prévention et la lutte contre le crime, a été choisie pour abriter le siège de l’Interpol africain, AFRIPOL.  Le Ministre a d’ailleurs jugé qu’en matière de lutte contre la cybercriminalité, il faudrait adopter un document qui fixerait les modalités de la coopération internationale.

Mme PELONOMI VENSON-MOITOI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Botswana, a rappelé que son pays est désormais l’hôte du Centre africain sur la lutte contre la corruption du Commonwealth.  Dans la lutte contre le crime, a avoué la Ministre, des pays comme le Botswana ne sauraient réussir sans les partenaires régionaux et internationaux.  Aussi, le Botswana a-t-il joint ses forces avec les pays voisins pour renforcer la lutte contre le braconnage des éléphants et des rhinocéros.  Le pays juge aussi qu’il est temps de traiter de la demande asiatique.  Le Congrès a lieu, s’est-elle réjouie, au moment où les États et tous les acteurs pertinents de la communauté internationale finalisent les objectifs de développement durable dont l’objectif 16 parle de l’accès à la justice pour tous.

Mme THELMA ESPERANZA ALDANA HERNÁNDEZ, Procureure du Guatemala, a affirmé que son pays a lancé des programmes robustes pour prévenir la violence et protéger les droits de l’homme.  La loi sur la paix, la sécurité et la justice vise à traiter des défis tels que la traite des êtres humains et des migrants, le trafic d’organes, la cybercriminalité, le narcotrafic, la violence domestique ou encore les violations des droits de l’enfant.  Les méthodes modernes ont remplacé les enquêtes traditionnelles basées sur les témoins.  Le renforcement de la lutte contre le trafic de drogues a envoyé un signal fort aux trafiquants qui savent désormais qu’il est risqué de se servir du Guatemala comme pays de transit.  À cet égard, la coopération avec le Nicaragua, El Salvador et le Honduras a donné des résultats positifs.  Le Bureau du Procureur s’est en outre restructuré pour mieux s’attaquer à la corruption dans l’administration.  La police nationale a, de son côté, renforcé ses efforts pour lutter contre la violence et assurer la sécurité publique, en sachant qu’elle peut compter sur le Gouvernement, le secteur privé et la société civile.

M. YAACOUB ABDULMOHSEN AL-SANAA, Ministre de la justice et des affaires islamiques du Koweït, s’est particulièrement inquiété des tendances et de l’évolution de la criminalité transnationale organisée qui, selon lui, représente une menace à la sécurité de tous les pays du monde.  Il a dit l’importance de la primauté du droit dans la lutte contre toutes les formes de criminalité et mis l’accent sur la charia, qu’il a définie comme une « législation islamique tolérante ».  L’état de droit est indispensable pour asseoir un environnement propice au développement économique et social, a dit le Ministre qui salué la complémentarité entre la Convention des Nations Unies contre le trafic des stupéfiants et celle contre la corruption.  Quant à la cybercriminalité, il a indiqué que son pays a adopté, en 2014, une loi sur les transactions électroniques et qu’il en prépare une autre sur la criminalité liée aux technologies de l’information et des communications.

SHRI D. V. SADANANDA GOWDA, Ministre de la justice de l’Inde, a souligné que l’Inde, un pays de plus d’1,2 milliard d’habitants et appelé « la plus grande démocratie du monde », croit fermement aux principes de l’état de droit comme pilier de la survie des processus et des institutions démocratiques.  Le Ministre a appelé à une coopération renforcée contre la traite des êtres humains, des drogues ou des armes, sans oublier le blanchiment d’argent.  Le renforcement de la coopération internationale doit aussi viser la cybercriminalité et la protection des patrimoines culturels, a-t-il ajouté.  Victime du terrorisme, l’Inde, a rappelé le Ministre, a présenté dès 1996 aux Nations Unies, un projet de convention globale.  L’Inde appelle aujourd’hui les États à renforcer les efforts pour une adoption rapide d’une telle convention.  Avant de conclure, le Ministre s’est réjoui de la Déclaration politique adoptée hier par le Congrès.

Le terrorisme n’a commencé ni au Moyen-Orient, ni en Iraq ni en Syrie, a déclaré M. IBRAHIM Al JAAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq.  Ce phénomène a toujours existé et dans toutes les régions du monde.  Si les méthodes des terroristes se sont souvent diversifiées, elles ont rarement atteint le niveau de violence de Daesh qui innove en s’attaquant à des objets culturels millénaires, en faisant sa publicité sur le net qui lui sert aussi à recruter.  Aujourd’hui, a affirmé le Ministre, aucun pays au monde ne peut dire qu’aucun de ses ressortissants ne combat aux côtés de Daesh.  Le Ministre a en revanche compté 60 pays aux côtés de l’Iraq dans la lutte contre Daesh.  Il a argué que tous les pays menacés par le terrorisme devraient pouvoir compter sur un soutien international.  Il a réclamé une structure globale contre la menace terroriste et des mesures vigoureuses pour couper les flux financiers des terroristes qui, s’agissant de l’Iraq, multiplient leurs crimes, en faisant croire sur le net qu’il s’agit d’une guerre de religion.  Le Ministre a espéré que les victimes de Daesh pourront compter sur des indemnisations.

M. EL MOSTAFA RAMID, Ministre de la justice et des libertés publiques du Maroc, a présenté les efforts de modernisation de la justice pénale au Maroc et la politique de protection juridique pour les groupes les plus vulnérables de la société dont les femmes et les enfants.  Face à la menace du terrorisme, a poursuivi le Ministre, le Maroc a pris un certain nombre de mesures judiciaires.  Le Ministre a en effet dénoncé l’insécurité persistante dans la région du Sahel, due au terrorisme des séparatistes et autres.  La lutte contre les stupéfiants est une autre priorité au Maroc qui s’y emploie depuis 2003, a rappelé le Ministre, en s’attardant sur l’adoption, grâce à l'ONUDC, d’une stratégie pluridimensionnelle.  Le Ministre n’a pas oublié de mentionner la création d’un cadre juridique contre la cybercriminalité et la corruption qui a permis au Maroc de réelles avancées.

M. JOSÉ EDUARDO AYÚ PRADO, Président de la Cour suprême de justice de Panama, a déclaré que Panama concentre ses efforts contre le trafic de drogues, le terrorisme, la corruption et la criminalité transnationale ou nationale organisée.  L’approche est basée sur la prévention et la justice réparatrice.  L’objectif ultime est d’effacer l’image du Panama comme « un paradis fiscal qui sert les intérêts des trafiquants ».  La lutte anticorruption porte aussi sur le système judiciaire sur lequel un audit a été mené.  Les nominations des fonctionnaires et l’attribution des marchés publics ont été passées au peigne fin pour détecter les cas de corruption et de blanchiment d’argent.  La réforme a aussi prévu des rencontres avec le secteur privé, les professions libérales, les médias et les églises afin de favoriser la compréhension et rendre compte des actions de la Cour suprême.

M. GARVIN EDWARD TIMOTHY NICOLAS, Procureur général de Trinité-et-Tobago, a déclaré que la position géographique de son pays en fait un endroit idéal pour le transbordement de la drogue et d’autres activités illégales telles que le blanchiment d’argent, le trafic d’armes, la corruption et la traite des êtres humains.  Cette position géographique est également idéale pour la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée.  Le Procureur a passé en revue les mesures adoptées par son pays pour faire face à ces fléaux et a souligné qu’étant un point majeur pour le transbordement illégal des armes et des munitions illégales, Trinité-et-Tobago a pris l’initiative de parrainer le Traité sur le commerce des armes.  La première Conférence préparatoire de la première Conférence des États parties au Traité a d’ailleurs eu lieu dans le pays les 23 et 24 février derniers, a rappelé le Procureur général avant d’énumérer les lois contre la cybercriminalité et les crimes écologiques.  Il a aussi parlé des nouvelles mesures de protection des témoins et de réinsertion des condamnés.

M. DAVIES MWILA, Ministre de l’intérieur de la Zambie, a indiqué que son pays est sur le point d’amender sa loi de 2007 sur la lutte contre le terrorisme pour mettre en place un centre antiterroriste dont le rôle sera d’enquêter et de veiller à ce que les terroristes soient traduits en justice.  La Zambie a aussi mis en place un centre de renseignements financiers pour prévenir le financement du terrorisme.  Ses frontières sont désormais surveillées électroniquement pour mieux contrôler les entrées et les sorties.  Le Ministre a aussi parlé des mesures sur la dignité des prisonniers, la traite des êtres humains et le trafic de drogues.  La Zambie, a-t-il souligné en concluant, s’est dotée d’une Commission indépendante anticorruption régie par la loi de 2012.  Enfin, le pays a, depuis 2010, un cadre pour une administration efficace de la justice pénale.

M. UMAR NASEER, Ministre de l’intérieur des Maldives, s’est particulièrement inquiété des recrutements par Internet dans les rangs des terroristes.  Les gouvernements doivent faire front commun, agir contre ces recrutements et commuer en infraction toute volonté de partir avec l’intention de combattre aux côtés d’un groupe terroriste.  Des mécanismes juridiques adéquats doivent être mis en place pour appréhender ceux qui reviennent chez eux après avoir combattu auprès des terroristes.  À cet égard, le Gouvernement des Maldives travaille, en ce moment, à des cadres juridiques, a indiqué le Ministre qui a aussi parlé de la lutte contre le trafic des êtres humains, l’exploitation des enfants et les violations des droits de l’homme.  Avec l’aide financière du Programme des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), les Maldives, a-t-il indiqué, ont mis sur pied un projet pilote « Safe Island Model » qui travaille aux niveaux individuel, familial et communautaire.

Le terrorisme est un crime transnational contre lequel il faut une collaboration internationale, a déclaré M. AMINU BASHIR WALI, Ministre des affaires étrangères du Nigéria.  Il a parlé de la coalition de son pays avec le Bénin, le Cameroun, le Tchad et le Niger contre la menace régionale grandissante que représente le groupe terroriste Boko Haram.  À ce jour, s’est réjoui le Ministre, presque tous les territoires occupés par les insurgés ou terroristes ont été repris permettant aux déplacés de rentrer chez eux et de reprendre une vie normale.  S’agissant de la lutte contre la corruption, le Ministre a reconnu les « succès remarquables » dans la restitution des biens volés, en particulier ces derniers mois.  Le Nigéria attend avec impatience le retour des autres biens qui ont été dûment tracés ou identifiés par plusieurs juridictions nationales, a souligné le Ministre. 

Le Ministre a aussi appelé les États à envisager de pénaliser toutes les activités liées au trafic des biens culturels et élaboré, pour ce faire, une définition élargie qui s’appliquerait aux biens volés, pillés et illégalement exportés ou importés.  Le trafic des biens culturels, dont le vol dans les sites archéologiques, doit devenir un crime grave au titre de l’article 2 de la Convention contre la criminalité transnationale organisée. 

La lutte contre le trafic de drogues, le terrorisme et autres maux de la société, a souligné Mme NENEH MACDOUALL-GAYE, Ministre des affaires étrangères de la Gambie, exige des partenariats forts.  Elle a ainsi annoncé que l’ONC vient de proposer un mémorandum d’accord avec les institutions gambiennes chargées de la sécurité sur l’établissement d’une communication opérationnelle en temps réel entre les aéroports d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes.  Cet accord a pour objectif de s’attaquer au trafic de drogues dans ces aéroports internationaux.  Les aéroports sélectionnés font tous partie de réseaux transatlantiques de trafics de cocaïne, a souligné la Ministre.  Le caractère transnational de ces crimes exige que tous les pays travaillent ensemble dans un « effort agressif » non seulement pour contrer mais aussi pour prévenir ces attaques barbares contre les droits de l’homme et la dignité humaine, a prévenu la Ministre. 

Mme FATMA ABDULHABIB FEREJI, Ministre d'État de la République-Unie de Tanzanie, a déclaré que son pays se trouvant à la croisée de six régions enclavées et faisant office de pont entre l’Afrique australe, orientale et centrale, il ne peut que subir une augmentation des activités criminelles liées à la traite des êtres humains, au trafic des migrants, à la piraterie, au blanchiment d'argent et la corruption, au trafic de drogues et le transbordement des produits du braconnage.  En raison de ces tendances, le Gouvernement tanzanien a adopté, ratifié ou fait sien un certain nombre d'instruments internationaux.  Mais la Tanzanie continue d’être confrontée à des ressources financières limitées, à la dextérité informatique des réseaux criminels et à l'insuffisance des infrastructures, lesquelles sont des problèmes qui ne peuvent être résolus sans une coopération régionale et internationale.  

La Somalie va mieux, a déclaré son Ministre de la justice, M. ABDULLAHI AHMED JAMA.  Mais, a-t-il tempéré, elle se bat encore contre plusieurs démons de la criminalité avec des services de police non encore professionnels et un système de justice pénale toujours en discussion dans le cadre du dialogue et de l’examen constitutionnels.  Parmi les défis, c’est le terrorisme qui est le plus difficile, bien avant la piraterie et la traite des êtres humains, a dit le Ministre dont le Gouvernement est déterminé à gagner la guerre contre Al-Chabab et à recouvrer le contrôle total de son territoire.  Quelque 80% du territoire national étant récupéré, les terroristes Al-Chabab se retranchent dans des petites poches en commettant des meurtres, conscients depuis longtemps que le peuple somalien voit désormais leur idéologie comme la rhétorique en faillite qu’elle a toujours été.  La principale tactique de ces terroristes est désormais de se livrer à une sorte de guérilla contre les propriétés privées et la population.  Grâce aux agences de l’ONU, à l’Union africaine, à la Ligue des pays arabes et à d’autres encore, la violence d’Al-Chabab est contenue. 

Toutefois, a poursuivi le Ministre, tout le monde sait que le terrorisme est un crime transnational, comme vient de l’illustrer la tragédie de l’Université de Garissa.  Le terrorisme est un crime mondial qui exige une forte coopération internationale.  Quant à la lutte contre la piraterie, la Somalie ne compte pas s’endormir sur ses lauriers.  Elle est en train de construire sa force navale qui entreprendra de sécuriser la mer.  Plutôt que de se battre sur l’eau, nous devons combattre ce fléau sur la terre, a pourtant souligné le Ministre qui juge indispensable d’offrir une alternative aux jeunes leurrés par des promesses d’enrichissement rapide.  Il faut surtout, a dit le Ministre, cibler les argentiers des pirates et ceux qui bénéficient de ce banditisme.  Ce n’est qu’en créant une économie alternative dans les régions touchées par la piraterie qui présentent de faux airs de prospérité, que l’on pourra s’attaquer à ce qui attire les gens vers la piraterie.  Il est tout aussi fondamental d’appuyer le secteur de la justice.  La lutte contre la criminalité exige des opportunités économiques et le retour de l’espoir.  Aucun pays ne peut combattre seul la criminalité transnationale organisée.  Il faut coopérer pour trouver des solutions durables et apprendre des meilleures pratiques. 

M. VALENTIN RYBUKORR, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a estimé que le monde s’approchait à grands pas d’un point critique, à savoir le prochain sommet sur le programme de développement pour l’après-2015 qui déterminera l’avenir du monde.  Il a dit que ce programme devrait refléter les questions relatives à la prévention du crime et de la justice pénale et qu’un financement conséquent sera nécessaire pour le financer.  La criminalité doit être approchée d’une manière holistique, par une approche à deux voies: prévention du crime et justice pénale.  Il est urgent de s’attaquer aux nouvelles formes de la criminalité comme la cybercriminalité et le trafic des personnes et des organes. Il a mis l’accent sur l’importance de la coopération internationale pour mettre en œuvre la Déclaration de Doha.

M. ROBERTO CAMPA CIFRIÁN, Sous-Secrétaire d’État à l’intérieur chargé de la prévention du crime et de la participation citoyenne du Mexique, a, après avoir expliqué la transition de son pays vers un système de justice pénale « accusatoire et oral », souligné que la coopération internationale est fondamentale pour contrer les diverses manifestations de la criminalité transnationale organisée.  La traite des êtres humains est toujours une « infection mondiale » contre laquelle le Mexique a promulgué une loi en 2012.  La même année, le pays a adopté un cadre de règlementations qui fournit la protection nécessaire aux victimes et aux témoins de cette traite.  Le trafic des migrants est une autre source de grande préoccupation.  Le Mexique estime d’ailleurs qu’il ne faut pas criminaliser la migration illégale, comme il s’en abstient depuis la loi de 2011.  La législation nationale stipule qu’en aucun cas l’immigration illégale ne devrait être vue comme un délit.  La Déclaration de Doha, a conclu le Sous-Secrétaire d’État, guidera les efforts de la communauté internationale au cours de ces cinq prochaines années.  Le Mexique appuie fermement l’accent mis sur l’éducation et la participation citoyenne, convaincu qu’il n’y a pas de moyen plus efficace de prévenir et de combattre le crime. 

Mme AUREA ROLDÁN MARTÍN, Sous-Secrétaire d’État au Ministère de la justice de l’Espagne, a présenté la réforme de la justice pénale menée dans son pays et dans le cadre de laquelle, le Gouvernement ne perd pas de vue la lutte contre le terrorisme et en particulier, le recrutement de combattants étrangers sur Internet.  Le Gouvernement est d’ailleurs dit favorable à la création d’un mécanisme international de lutte contre le terrorisme violent.  En attendant, la Sous-Secrétaire d’État a mis l’accent sur le travail de l’Alliance des civilisations et sur les initiatives similaires.  La Sous-Secrétaire d’État s’est félicitée de l’intention de mettre au point des stratégies contre les crimes émergents comme la cybercriminalité.  Une attention particulière, a-t-elle voulu, doit être accordée aux victimes, en particulier les plus vulnérables comme les enfants ou les personnes vivant avec un handicap.  L’Espagne travaille aussi à la confiscation de biens d’origine illicite et met au point un bureau pour le recouvrement de ces biens.

M. KIM JOO-HYUN, Vice-Ministre de la justice de la République de Corée, a indiqué que son gouvernement a mené une action globale pour promouvoir l’État de droit et déraciner les pratiques anormales et les irrégularités structurelles en lançant une initiative pour la « Normalisation de l’anormalité fondée sur l’état de droit », élément important de l’agenda national.  Le Gouvernement a aussi identifié « les quatre démons de la société » pour offrir à la population un environnement de vie plus sûr.  Ces démons sont le crime sexuel, la violence domestique, la violence à l’école et les crimes liés à l’insécurité alimentaire.  Dans ce contexte, le Gouvernement a mis en œuvre une initiative sur la prévention du crime et, avec la coopération de communautés locales, il a par ailleurs créé un parc à thèmes sur l’éducation au droit.  En 2014, 1,3 million avaient visité le parc. 

Avec les pays d’Asie, le Gouvernement japonais, a poursuivi le Vice-Ministre, a très vite compris qu’il faut un réseau régional pour combattre la criminalité transnationale organisée.  Le pays a donc lancé le réseau interinstitutions pour la restitution des biens qui est installé dans le Bureau du Procureur.  Contre la cybercriminalité, le Gouvernement dote les différents départements des ressources humaines et matérielles suffisantes.  Comme aucun pays ne peut régler seul le problème de la criminalité transnationale organisée, le Vice-Ministre a souligné le caractère crucial de la coopération entre États et l’importance de la participation citoyenne.

M. JOHN JEFFERY, Vice-Ministre de la justice et du développement constitutionnel de l’Afrique du Sud, a affirmé que son pays poursuit sa lutte contre le blanchiment d’argent, la corruption et la criminalité transnationale organisée, grâce à « goAML », un outil informatique que l’ONUDC devrait distribuer aux États qui le demandent.  Le Vice-Ministre s’est dit préoccupé par le trafic illicite des minerais et a annoncé que son pays a déjà versé la somme de 500 000 euros pour l’étude demandée par la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale.  Après avoir énuméré les lois et mesures adoptées par son pays dans ces domaines, le Vice-Ministre a estimé que les activités criminelles et leurs réseaux transcendent les frontières nationales.  Il est donc urgent que les efforts de la communauté internationale aboutissent à des solutions collectives.  Rappelant la convocation, au moins de juillet, de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le Vice-Ministre a prévenu que le programme de développement pour l’après-2015 sera voué à l’échec s’il n’est pas accompagné de moyens de mise en œuvre.  Le Congrès nous offre l’occasion d’intégrer la prévention du crime et la justice pénale dans le programme de développement pour l’après-2015, s’est-il réjoui.

M. MOHAMED ABDGHANILWAIWI, Procureur général de la Palestine, a exhorté les États à mettre en place un mécanisme global financé par le budget ordinaire de l’ONU pour suivre et évaluer la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses protocoles.  La Palestine, a-t-il rappelé, a accédé à plusieurs conventions et traités internationaux et a adopté des mesures pour en réaliser les objectifs, y compris la lutte contre la corruption et la criminalité organisée.  La promotion de l’état de droit est essentielle à une croissance et à un développement durables.  Il est nécessaire pour éradiquer la pauvreté et consolider les droits de l’homme.  Le Gouvernement palestinien, a dit le Procureur général, appuie le lien entre état droit et développement et estime qu’il doit figurer clairement dans le programme de développement pour l’après-2015.  Toutefois, la lutte contre la criminalité organisée est plus difficile en Palestine que dans d’autres parties du monde, compte tenu de l’occupation israélienne et de l’imposition de « lois coloniales ».  Malgré cela, l’état de droit a permis d’établir la confiance entre l’État et ses citoyens, a affirmé le Procureur qui a fait observer que l’État de Palestine a aligné ses lois avec les principes directeurs de la justice pénale.

Mme TIINA ASTOLA, Secrétaire permanente au Ministère de la justice de la Finlande, a parlé de trois questions qui ne sont pas seulement une source de préoccupations pour de nombreux pays mais qui sont aussi des questions auxquelles la Finlande peut apporter sa contribution.  Elle a cité l’état de droit dans l’agenda plus large des Nations Unies, le rôle des normes édictées par ces mêmes Nations Unies, s’agissant en particulier du traitement des délinquants, et le défi de la surpopulation carcérale. 

La Finlande, a-t-elle expliqué, est une bonne illustration du lien entre état de droit et développement.  L’état de droit a eu un large impact pour faire passer la Finlande d’une société pauvre, rurale et déchirée par la guerre à ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir une société égalitaire, sûre et prospère.  L’état de droit est donc un élément important du programme de développement pour l’après-2015 qui doit se fonder sur nos engagements communs en faveur des droits de l’homme.  L’oratrice a également estimé que les Règles des Nations Unies concernant le traitement des détenus et l’imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes sont importantes comme complément aux législations nationales et aux conventions internationales.  Ces Règles, qui datent de 1955, doivent néanmoins être révisées pour refléter les dernières avancées en matière de sciences correctionnelles et les meilleures pratiques, sans pour autant en baisser la valeur. 

La Finlande, a conclu la Secrétaire permanente, a relevé le défi de la surpopulation carcérale grâce à une politique efficace de justice pénale.  Le nombre de prisonniers par tête d’habitant est désormais le plus bas au monde, parce qu’on a eu de cesse de diminuer les peines et de multiplier les recours aux peines alternatives comme les sentences suspendues ou les amendes.  La Finlande a en outre réalisé que les sanctions communautaires qu’elle pratique aussi sont moins dangereuses que l’emprisonnement.

M. BETO VASCONCELOS, Secrétaire national à la Justice du Brésil, a d’abord souligné à quel point son pays est déterminé à prévenir et à combattre la corruption.  Les efforts faits jusqu’ici ont d’ailleurs fait remonter à la surface des cas graves de corruption, des résultats qui démontrent, si besoin en était, que les mesures prises vont dans la bonne direction et que les institutions exercent leur contrôle de manière indépendante et autonome.  Pour renforcer ces actions, la Présidente Dilma Rousseff a annoncé, le mois dernier, des mesures additionnelles, dont la criminalisation du financement illégal des campagnes électorales et la détermination à faciliter le recouvrement et la saisie des biens dérivés de la corruption.  Beaucoup a été fait mais le Gouvernement sait qu’il faut faire plus, a reconnu le Secrétaire national.  S’agissant toujours de la corruption, le Brésil réaffirme, a-t-il poursuivi, la nécessité de développer la coopération internationale non seulement dans le domaine pénal mais aussi dans les domaines civil et administratif.  Le pays a déjà souligné l’importance qu’il y a à renforcer le réseau international des autorités centrales et à améliorer la qualité des réseaux internationaux de la police et des procureurs. 

La cybercriminalité, a poursuivi le Secrétaire national, mérite une attention particulière.  Les autorités de tous les pays font face à des défis complexes pour enquêter et collecter les preuves dans un environnement numérique où les méthodes traditionnelles de la coopération internationale sont assez souvent inefficaces.  Il est donc essentiel de développer un cadre juridique véritablement mondial, en se concentrant sur les outils de la coopération internationale et en accordant l’attention voulue au nécessaire équilibre entre les mesures de répression et le respect des droits de l’homme, en particulier de la vie privée.  Au Brésil, cet équilibre est assuré par le Cadre de régulation de l’Internet qui sera bientôt complété par un cadre sur les données personnelles toujours en discussion. 

Essayer de prévenir la criminalité en n’envisageant que la répression c’est comme essayer d’étendre un feu en y déversant du gazole, a déclaré M. IVAN ŠIMONOVIĆ, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, en insistant sur le fait que c’est le manque de respect des droits civils, politiques, sociaux et économiques qui érode la cohésion sociale et l’état de droit et qui facilite la criminalité.  Dans ce monde interdépendant, la corruption et la criminalité organisée affectent non seulement le développement national mais aussi le développement mondial.  Nous devons faire plus pour partager les informations et assurer une action conjointe et coordonnée.  On ne peut s’offrir de laisser les criminels se coordonner mieux que les gouvernements et les organisations internationales, a prévenu le Sous-Secrétaire général. 

M. Šimonović a aussi parlé du cercle vicieux entre le manque de respect des droits de l’homme, la criminalité et les conflits.  Si ce manque de respect figure parmi les causes sous-jacentes de la criminalité et des conflits, les conflits eux-mêmes exacerbent les violations des droits de l’homme et offrent un terrain fertile à la criminalité ordinaire et opportuniste.  L’expérience a montré, a affirmé M. Šimonović, que la protection des droits de l’homme et de l’état de droit contribue au contreterrorisme.  Les États doivent reconnaître que les violations des droits de l’homme au nom de la lutte contre le terrorisme sont contreproductives.  Les arrestations arbitraires, la torture ou les procès non équitables aggravent le sentiment d’injustice et peuvent conduire à d’autres recrutements par les groupes terroristes. 

M. Šimonović a aussi tenu à souligner qu’aucune preuve scientifique n’a jamais étayé l’idée selon laquelle la peine de mort est plus dissuasive qu’une peine de prison sans perspective de liberté conditionnelle.  Les recherches n’ont cessé de montrer que la manière la plus efficace de dissuader de commettre un crime est un système de justice efficace qui veille à ce que les criminels aient une forte chance d’être punis dans un délai raisonnable.  Le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, qui est aussi ancien Ministre de la justice et professeur de droit, a invité les délégations à une manifestation parallèle sur la peine de mort, la drogue et le terrorisme, ce mardi 14 avril.

M. UUGANGEREL TSOGOO, Vice-Ministre de la justice de la Mongolie, a déclaré que face à la menace grandissante de la criminalité organisée, son pays a créé un environnement juridique dans lequel les syndicats du crime encourent de plus grands risques et font face à plus d’obstacles.  Ces dernières années, comme tous les pays, la Mongolie a connu une hausse du nombre des crimes liés à la traite des êtres humains, à la drogue, au blanchiment d’argent et au trafic des biens culturels.  Le pays a donc agi pour renforcer son système juridique et améliorer l’efficacité de ses agences de maintien de l’ordre, tout en reconnaissant que ces efforts doivent aller de pair avec des initiatives visant à protéger les droits de citoyens.  Après avoir énuméré les lois prises en ce sens, le Vice-Ministre a rappelé que son pays a aboli la peine de mort, montrant ainsi son engagement à protéger les droits de l’homme.

M. LUIS E. ARREAGA¸ Représentant spécial du Secrétaire d’État des États-Unis, a rappelé qu’il y a deux mois, le Président Obama a demandé au Congrès américain de débloquer une somme d’1 milliard de dollars pour appuyer les efforts des gouvernements d’Amérique centrale pour promouvoir la prospérité, la sécurité et la bonne gouvernance, une approche en trois volets qui reconnaît que la paix, la croissance économique et des institutions publiques transparentes et efficaces se renforcent mutuellement.  Dans d’autres régions comme l’Afrique de l’Ouest, l’Asie centrale et les Caraïbes, les États-Unis sont tout aussi déterminés à travailler avec les partenaires internationaux pour s’attaquer à la réforme du secteur de la sécurité aux niveaux des communautés, de la police, des tribunaux et des prisons. 

Le Représentant spécial a ajouté qu’au moment où nous explorons les moyens d’intégrer la prévention du crime et la justice pénale dans le programme de développement pour l’après-2015, il faut garder à l’esprit que « la justice » et les « meilleurs standards de vie » sont 2 des 3 objectifs de la Charte des Nations Unies et que « les droits de l’homme » sont un autre dont la protection et la promotion relèvent de la responsabilité des États.  Cette semaine, a poursuivi le Représentant spécial, nous devons garder à l’esprit qu’il n’est pas nécessaire voire contreproductif de développer de nouveaux protocoles et traités pour s’attaquer à des formes spécifiques de crimes.  Nous devons plutôt nous consacrer à la mise en œuvre effective des traités, moyens et normes existants.  Après avoir souligné le rôle important de la société civile dans les discussions sur la prévention du crime et la justice pénale, le Représentant spécial a annoncé que son pays organise une manifestation parallèle sur le trafic des espèces sauvages sur Internet, ce mardi 14 avril. 

M. ASHOT HOVAKIMIAN, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a regretté qu’en dépit des congrès et des déclarations, des conventions internationales et autres documents, le déni et l’impunité pour les crimes les plus graves dont le crime de génocide ne soient toujours pas examinés.  Les efforts des terroristes, y compris les combattants étrangers, pour dépouiller les groupes ethniques ou religieux de leur vie, de leurs biens, de leur religion, de leur culture et de leur mémoire peuvent en effet être qualifiés de crimes contre l’humanité et contre la civilisation.  L’Arménie a survécu en 1925 au premier génocide du XXe siècle dont le centenaire sera commémoré dans 10 jours.  À ce titre, elle a la responsabilité morale de protéger les droits collectifs et individuels des groupes religieux et ethniques et de leurs membres, en particulier dans les situations où leur survie est en danger.  En réponse à la déclaration faite hier par l’Azerbaïdjan, le Vice-Ministre a réitéré le droit du peuple du Haut-Karabakh à l’autodétermination.  Il a appelé l’Azerbaïdjan à respecter ce droit et à s’abstenir de s’en prendre à ce peuple.

M. SAEED BIN ABDULLAH AL-QAHTANIi (Arabie saoudite) a appelé à un programme de travail réalisable au niveau mondial avec des mesures qui ne vont pas à l’encontre des législations nationales et qui s’appuient sur le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Il a expliqué que son pays avait ratifié la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses trois protocoles et qu’il souhaitait la création d’un mécanisme pour en évaluer la mise en œuvre.  Il s’est inquiété du développement « incontrôlable » des nouvelles technologies qui offrent de nouvelles opportunités aux criminels.  Il a jugé incontournable de renforcer la coopération internationale pour prévenir ce type de criminalité. 

M. JEAN-PAUL LABORDE, Directeur exécutif du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité (UNCTED), a noté que, malgré nos efforts répétés, l’état de droit progressait très lentement, si tant est qu’il progresse sous les coups de boutoirs des organisations criminelles internationales et des organisations terroristes amenant avec elles un long cortège de violations massives des droits de la personne humaine. Il a rappelé que les milliers de victimes directes ou collatérales de l’État islamique d'Iraq et du Levant, de Boko Haram et d’Al-Chabab.  Il a relevé que le crime organisé et le terrorisme s’invitent hélas de plus en plus souvent aux débats du Conseil de sécurité.  Il a noté que 2014 constituait un exemple frappant et que 2015 en prenait le chemin.  Une fois les stratégies de prévention mises en place, il faut aussi accélérer la coopération internationale en matière pénale dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, a dit M. Laborde.  Malheureusement, il a regretté que malgré des formations multiples d’une grande partie des acteurs des systèmes de justice pénale, il n’apparait pas que les résultats soient à la hauteur des espérances mises dans ces actions de coopération technique.  Il a précisé que son Comité a identifié dans le document S/2015/123 du Conseil de sécurité les manques et les difficultés de ces organes de la justice pour traduire en justice les combattants terroristes étrangers, nouveau fléau de notre temps.  Jugeant insuffisante la coopération entre les cours suprêmes et des cours de cassation dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, le Directeur du Comité contre le terrorisme a suggéré une jurisprudence plus harmonisée entre ces cours grâce à l’échange d’expérience et des débats sur l’interprétation des instruments internationaux tout en respectant scrupuleusement l’état de droit et l’indépendance de chacun.  « Interprétation harmonisée des conventions et protocoles de l’ONU contre le terrorisme, concepts juridiques cohérents concernant le crime organisé, voilà un projet commun par lequel nous pourrions faire avancer ensemble la lutte contre ces grands phénomènes criminels non seulement en respectant l’état de droit mais par l’état de droit », a conclu Jean Paul Laborde. 

M. CARLOS ALFREDO CASTAÑEDA MAGAÑA, Vice-Ministre des relations extérieures, de l’intégration et de la promotion économique d’El Salvador, a dit que les questions de migration, de l’éducation, de la sécurité civile et des droits de l’homme sont les plus importantes pour El Salvador.  Le Gouvernement a mis en œuvre un Plan national de sécurité et de coexistence fondé sur la communauté.  Il a aussi mis en œuvre une politique nationale du « vivre ensemble », qui a conduit à la création en 2014 d’un conseil national qui regroupe notamment les autorités religieuses, le milieu des affaires, la société civile et les représentants des populations.  Le Ministre a également fait part de la préoccupation du Gouvernement face aux gangs criminels et à leur impact sur les jeunes.  Le Gouvernement a donc inscrit dans la loi le « crime d’extorsion » et lancé des programmes qui donnent aux jeunes l’opportunité de s’exprimer sur la question de la justice pénale.  Un programme sur la cybercriminalité a en outre été lancé avec l’appui de l’ONUDC.  En la matière, il faut des approches sur mesure.  Pays d’origine des migrants, ayant une importante communauté à l’étranger, El Salvador demande à la communauté internationale plus de protection pour les droits de ses émigrés, dont le droit au développement.

Mme SUSAN JANE LE JEUNE D'ALLEGEERSHECQUE (Royaume-Uni) a estimé qu’au Royaume-Uni, 40 600 personnes sont impliquées dans la criminalité organisée notamment le trafic de drogues et d’armes à feu, la cybercriminalité, la corruption et la traite des personnes.  S’agissant en particulier de la lutte contre la traite de personnes, elle a dit qu’une loi contre l’esclavagisme moderne a été adoptée et rappelé que le Gouvernement a aussi organisé le Sommet « We protect » en décembre 2014 sur la protection des enfants contre la criminalité en ligne.  Quarante-huit pays y ont participé et le Royaume-Uni a promis 50 millions de livres aux programmes pertinents du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme et en particulier contre Daesh, la représentante a révélé que de nombreux complots de cette organisation ont été déjoués grâce à la vigilance du Gouvernement.  Pour contrer Daesh, a-t-elle estimé, il faut combattre la vulnérabilité des personnes susceptibles d’être recrutées.   

Mme DRAGANA KIPRIJANOVSKA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a estimé que l’évolution de la criminalité transnationale et la diversité de ses formes mais aussi ses victimes exigent une réponse multisectorielle en matière de prévention et de maintien de l’ordre.  Les tendances peuvent être inversées dans un temps relativement court mais la situation peut s’aggraver très rapidement si l’on ne fait rien.  La réponse tient dans une approche équilibrée et intégrée pour prévenir et répondre de manière adéquate aux nouvelles formes sophistiquées de la criminalité, en promouvant l’état de droit et la participation citoyenne.  L’accès à la justice impartiale doit être assurée et soutenue par des jugements crédibles pour combattre l’impunité et permettre à ceux dont les droits ont été violés de demander réparations.  La nouvelle « phénoménologie » de la criminalité non conventionnelle représente un puzzle complexe que nous pouvons résoudre ensemble.  La Vice-Ministre a appuyé la Déclaration de Doha, avant de dire que cette dernière décennie sera celle des réformes entamées dans son pays pour créer un système de justice pénale global, cohérent et efficace.  Elle a brossé le tableau des lois adoptées à cette fin.

M. CHRISTOPHE PAYOT (Belgique) a voulu témoigner des réalisations et des priorités belges relatives à la prévention du crime et à la justice pénale, lesquelles réalisations et priorités s’inscrivent dans la promotion de la démocratie, de l’état de droit et des droits humains en ce que leur conjonction participe fondamentalement au principe de la bonne gouvernance qui permet, à travers plus d’égalité, d’éradiquer la pauvreté, de favoriser la paix et d’éliminer les ferments de la violence.  C’est donc en se référant à ces notions que la Belgique met l’accent sur la Déclaration européenne, et en particulier sur l’importance de se dissocier de toute personne promouvant le recours à la peine de mort, de toute politique restant passive à l’égard des violences faites aux femmes et aux enfants, et de toute politique tolérant les discriminations à l’égard de la communauté homosexuelle, bisexuelle, transgenre ou intersexe à considérer au titre de « personnes vulnérables ». 

C’est aussi dans le sens de la valorisation de la démocratie, de l’état de droit et des droits de l’homme que la Belgique favorise l’action bénéfique de la société civile.  Le représentant a cité la récente réforme du paysage judiciaire accordant davantage d’autonomie de gestion à l’ordre judiciaire et qui a donné lieu au plan « Justice ».  Après avoir expliqué les tenants et les aboutissants de ce plan, le représentant a demandé que soit expressément inscrit dans le calendrier post-2015 au titre de bonne gouvernance, la promotion de l’état de droit selon la définition du Secrétaire général dans son rapport intitulé « Rendre justice; programme d’action visant à renforcer l’état de droit aux niveaux national et international ».

M. DATO’ SRI ADENAN BIN AB. RAHMAN, Ministre de l’intérieur de la Malaisie, a dit que l’échec dans la lutte contre les nouvelles formes de menaces transnationales pourrait avoir de graves répercussions sur la sécurité du pays et sur le développement et pourrait sévèrement affecter l’ambition malaisienne de devenir un pays développé en 2020.  La prévention du crime, en particulier la lutte contre les menaces transnationales, est un travail titanesque qu’aucun pays ne serait capable d’affronter tout seul.  La Malaisie, en tant que signataire de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, reconnaît l’importance de la coopération internationale, régionale et sous-régionale.  La Malaisie accueillera, du 28 septembre au 1er’ octobre 2015, une réunion ministérielle sur la lutte contre la criminalité transnationale des États membres de l’ASEAN.

Mme MUTHONI KIMANI (Kenya) a rappelé que jeudi 2 avril, son pays a subi une attaque terroriste à l’Université de Garissa qui a fait 152 morts parmi des jeunes kényans innocents.  Renouvelant la détermination de son pays à combattre ce fléau et appuyant fermement la Déclaration de Doha, en énumérant les mesures prises en faveur des questions énoncées, la représentante a exprimé l’engagement de son pays à renforcer la coordination au niveau régional pour s’attaquer à la criminalité transfrontière.  Cette question résonne dans les oreilles du Kenya qui appartient à une région « volatile », a souligné la représentante.  Elle a souligné que le terrorisme, le trafic illicite des espèces sauvages, la cybercriminalité, la corruption, le blanchiment d’argent, le trafic de drogues et celui des petites armes ne menacent pas seulement la paix locale mais aussi la paix régionale et internationale voire le tissu même de l’humanité.  Elle a appelé à un dialogue franc et ouvert prouvant que le temps imparti est bien utilisé et que les solutions trouvées rapprocheront le monde d’une vraie lutte voire du triomphe sur la criminalité organisée.

M. NGUYEN KHANH NGOC, Vice-Ministre de la justice du Viet Nam, a dit que face à la sophistication croissante des activités criminelles transnationales, il était important que les États agissent collectivement pour prévenir et réduire les impacts humain et financier négatifs des crimes sous toutes leurs formes.  À cet égard, le Ministre a réitéré le rôle de l’état de droit et d’un système de justice pénale et de prévention du crime crédible, humaine et efficace.  Le Gouvernement vietnamien est pleinement conscient des menaces posées par les crimes émergents comme le trafic des produits de la faune qui sont couverts par une convention internationale.  Nous essayerons de faire de notre mieux pour améliorer notre politique nationale, y compris amender le Code pénal et le Code de procédure pénale pour lutter efficacement contre les nouvelles formes du crime, a assuré le Ministre.

Après avoir salué la Déclaration de Doha qui reconnaît comme il se doit l’importance de l’état de droit pour tous les aspects de la société, Mme LUCIE ANGERS (Canada) a rappelé que son pays joue depuis longtemps un rôle actif dans l’appui aux victimes des crimes.  Le Canada, a-t-elle dit, s’emploie particulièrement à protéger les enfants.  Énumérant quelques lois, la représentante a souligné que tous les membres d’une société, femmes et filles comprises, doivent être légalement habilités à participer pleinement à la vie sociale, politique et économique de leur communauté et de leur pays.  Ils doivent donc avoir le droit à une protection juridique de leurs droits, de leur sécurité de leur liberté.  Le Canada est convaincu que tous les pays doivent faire plus pour protéger la femme et la fille de la violence, y compris la violence sexuelle et le mariage précoce et forcé.  Le Canada sait que des sociétés libres et saines exigent la participation des plus marginalisés.  L’exclusion, quelle qu’en soit la raison n’est pas acceptable et elle peut même éroder la cohésion sociale et devenir un obstacle au développement.  C’est cette exclusion et cette marginalisation qui fournissent un terreau favorable au recrutement par les terroristes.

M. MANSA OUNTANA (Burkina Faso) a expliqué que le Gouvernement de transition mis en place après l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 vient d’organiser du 24 au 28 mars 2015, les états généraux de la justice en vue de répondre aux aspirations profondes des populations au renforcement de la justice et d’en faire le socle de la démocratie et de l’État de droit.  Ces réflexions auront permis d’adopter un pacte national qui favorise davantage l’administration d’une justice garantissant les libertés fondamentales et le respect des droits de l'homme.  Il permettra de consolider les efforts de lutte contre l’impunité, le respect des normes internationales, le renforcement des capacités des ressources humaines et l’amélioration du système carcéral, en particulier les conditions de détention.  S’agissant du volet de la coopération internationale, le Burkina Faso est partie à plusieurs instruments et mécanismes bilatéraux et multilatéraux sur l’entraide et l’extradition, a-t-il encore précisé.  

M. ERNESTO PLASENCIA (Cuba) a dit que ces cinq dernières années, son pays avait fait des progrès considérables dans la prévention du crime et la justice pénale, y compris la ratification d'instruments internationaux qui y sont relatifs.  Il a ajouté que l’accès à la justice est un droit fondamental et qu'il ne pouvait y avoir de société juste sans le développement durable ou la protection de l'environnement.  Il a en outre indiqué que dans la région, des millions de personnes vivent dans la pauvreté, n’ont pas accès aux soins de santé ni à l'eau potable.  Les gouvernements, la société civile et le secteur privé ont un rôle évident à jouer pour répondre à ces préoccupations, a-t-il déclaré après avoir expliqué que la pauvreté et la misère pouvaient conduire les individus à des actes criminels.  Il a aussi parlé de la nécessité d’un mécanisme d'examen de la Convention contre la criminalité transnationale organisée qui devrait être impartial, transparent et inclusif.  La coopération internationale devait également être renforcée pour mettre en œuvre cette Convention.

M. REYNALDO A. CATAPANG (Philippines) a axé son propos sur la transparence financière pour laquelle trois lois ont été adoptées pour renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent.  Les 14 délits figurant dans la précédente loi ont été élargis pour couvrir des actes comme la traite des personnes, la corruption, l’extorsion de fonds et le financement du terrorisme et pour décourager l’utilisation du pays comme place pour blanchir de l’argent sale.  Le représentant a déclaré que le passage de la loi de prévention de la cybercriminalité a ajouté une dimension importante au système de justice pénale, criminalisant les délits informatiques et en donnant un cadre légal à la protection de la communication et des ordinateurs.  Cette loi pénalise les cybercrimes impliquant notamment l’interception illégale des communications et l’accès illégal aux données.  Le représentant a aussi souligné la priorité qu’accorde son gouvernement à la protection des travailleurs migrants.  Il a rappelé la réunion de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la criminalité transnationale relative à la traite des personnes qui s’est soldée par un projet de convention et un plan régional.  Ces instruments seront soumis pour ratification au Sommet de l’ASEAN de novembre 2015.

Mme CHRISTINE JEANGEY (Saint-Siège) a mis l’accent sur la lutte contre l’esclavage et la traite des êtres humains qu’elle a définis comme un crime contre l’humanité.  La persistance de formes diverses de traite des êtres humains démontrent que les traités, quoi que nécessaires, ne sont pas suffisants pour mettre fin à ce fléau sans que l’on soit en mesure de traiter les sources de ce problème.  Rappelant que les conflits armés sont souvent la principale source du trafic de migrants, la représentante du Saint-Siège a dit l’importance de prévenir les conflits et de garantir un dialogue permanent. 

Droits de réponse

Réagissant à une déclaration du représentant de l’Arménie, la représentante de la Turquie a regretté le recours au terme « génocide » en rappelant qu’il n’y a aucun consensus juridique entre les chercheurs sur ces évènements de 1915.  Elle a proposé à nouveau l’établissement d’une « commission historique conjointe » qui permettra d’entretenir la mémoire plutôt que de susciter l’opposition. 

Le représentant de l’Arménie a refusé de répondre à la représentante de la Turquie et a préféré exprimer sa déception que la Déclaration de Doha ne fasse aucune référence à la Charte des Nations Unies qui est un document fondateur.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement s’ouvre par des appels à la prise en compte des changements démographiques dans le programme de développement pour l’après-2015

Quarante-huitième session
2e & 3e séances – matin & après-midi
POP/1036

La Commission de la population et du développement s’ouvre par des appels à la prise en compte des changements démographiques dans le programme de développement pour l’après-2015

 

La quarante-huitième session de la Commission de la population et du développement s’est ouverte aujourd’hui par des appels pour que les changements démographiques d’ampleur qui attendent l’humanité lors des 15 prochaines années soient pris en compte dans le programme de développement pour l’après-2015, dont l’adoption est prévue en septembre à New York.

Comme l’écrit le Secrétaire général dans l’un de ses trois rapports examinés aujourd’hui, le défi majeur sera de s’adapter à une population mondiale, qui, de 7,3 milliards en 2015, passera en 2030 à « 8,4 milliards de personnes avides de parvenir à des niveaux de vie plus élevés tout en minimisant l’impact négatif de l’activité humaine sur l’environnement ».

« Nous avons la plus large génération de jeunes de l’histoire », a affirmé M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, en ouverture de cette session, dont les travaux, sous la présidence de Mme Bénédicte Frankinet (Belgique), se poursuivront jusqu’au vendredi 17 avril.

Alors que la proportion de jeunes de plus de 15 ans augmentera de 7% sur les 15 prochaines années, M. Wu Hongbo, qui a donné lecture du message du Secrétaire général, a rappelé les défis inhérents à cette situation, en termes d’accès à l’éducation ou à des emplois de qualité.

« Nous ne devons laisser personne sur le bord de la route », a-t-il dit, avant de se féliciter de l’inclusion de la protection des droits des travailleurs migrants dans les objectifs de développement durable.

« Il faut s’assurer que le lien inextricable entre développement et population se retrouve dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 », a affirmé pour sa part le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Babatunde Osotimehin.  Il a indiqué que la réalisation du potentiel de la jeunesse exigerait un engagement réel en faveur de l’éducation, de la santé génésique et du droit à la procréation.

« Les jeunes ne doivent plus souffrir de la violence sexuelle et sexiste et les femmes doivent pouvoir décider du nombre et de l’espacement de leurs enfants », a-t-il insisté, avant de rappeler qu’en 2015, 59 millions de filles auront 10 ans.  « Ne les sacrifions pas! » a-t-il lancé.

Soulignant que la transition démographique pouvait contribuer à une déstabilisation socioéconomique, M. Tim Dyson, Professeur à la London School of Economics, a, pour sa part, recommandé que les moyens de contraception soient accessibles à tous ceux qui le souhaitent.

« Il y a des dizaines de millions de femmes en âge de procréer qui ne veulent pas d’un autre enfant et qui n’utilisent pas de contraceptifs », a-t-il déploré, en rappelant que le contrôle des naissances était « un droit de l’homme fondamental ».

Au cours du débat général qui s’est déroulé cet après-midi, certaines délégations ont dressé un bilan mitigé de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire (CIPD) adopté en septembre 1994 et qui, selon l’expression de la déléguée égyptienne, a été la clef de voûte des Objectifs du Millénaire pour le développement.

À l’instar du délégué du Cambodge, le délégué de l’Afrique du Sud a souligné les « lacunes considérables » dans sa mise en œuvre.  « Au vu du manque de ressources, les objectifs ne seront sans doute pas réalisés », a-t-il déploré.  Alors que se tient en juillet à Addis-Abeba la Conférence sur le financement du développement, il a demandé aux pays développés de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement, conformément à leurs engagements.

D’autres délégations, comme celles du Niger, au nom du Groupe des États d’Afrique, et de Bahreïn, au nom du Groupe des États arabes, ont demandé à la Commission de s’abstenir de toute action visant à imposer des concepts ou des notions relevant du domaine des questions sociales, y compris dans la conduite des individus.  Le représentant de Bahreïn a pour sa part demandé le plein respect des « principes moraux » qui guident certains pays dans l’application de leurs programmes.  Son homologue de la Norvège a, quant à lui, souligné que chaque personne devait pouvoir jouir pleinement de tous ses droits fondamentaux, indépendamment de ses orientations sexuelles et de son identité de genre.  « Il est regrettable que les cultures et les religions, au lieu de jouer leur rôle de soutien à la dignité humaine, soient souvent utilisées pour priver les populations de la protection et des services dont elles ont besoin. »

Plus tôt dans la journée, M. John Wilmoth, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la prise en compte des questions de population dans le développement durable*.

M. Benoit Kalasa, Directeur de la Division technique du FNUAP, et Mme Ann Pawliczsko, responsable du service de la population et du développement de la Division technique du FNUAP, ont présenté les rapports, respectivement, sur le suivi des programmes de population** et sur les flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire (CIPD)***.

Enfin, Mme Christine Kalamwina (Zambie), Mme Lidija Bubanja (Serbie), et M. Ruben Armando Escalante Hasbun (El Salvador) ont été élus à la vice-présidence de la quarante-huitième session de la Commission.  M. Mesbah Ansari Dogaheh (République islamique d’Iran), qui avait été élu le 11 avril Vice-Président du Bureau de la Commission, a également été nommé Rapporteur de la Commission.

Les travaux de la Commission de la population et du développement reprendront demain matin à 10 heures dans la salle 4.

*E/CN.9/2015/3; **E/CN.9/2015/4; ***E/CN.9/2015/5

MESURES POUR ASSURER LA POURSUITE DE L’APPLICATION DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT (E/CN.9/2015/3, E/CN.9/2015/4 ET E/CN.9/2015/5)

Déclarations liminaires

Ouvrant la séance, M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a donné lecture du message du Secrétaire général, qui affirme que les mouvements démographiques auront des incidences sur les priorités de la communauté internationale que sont l’adoption d’un accord sur les changements climatiques et le programme de développement pour l’après-2015.

Nous avons la plus large génération de jeunes de l’histoire, a rappelé le message, avant de relever les défis inhérents à cette situation, tels que l’accès à l’éducation ou à des emplois décents.  Le Secrétaire général a également souligné les défis qui découlent du fait que les personnes de plus de 60 ans sont le groupe qui connaît la plus grande expansion démographique.  Par ailleurs, plus de la moitié de la population est urbanisée et ce taux ne fera que croître, indique le message, qui plaide pour des « migrations ordonnées » et déplore que trop de migrants souffrent de discrimination.  « Nous devons faire mieux pour protéger les droits des migrants », conclut le message, se prononçant pour la concrétisation de la promesse « de ne laisser personne sur le bord de la route », tout en protégeant l’environnement.

En sa qualité de Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo a rappelé que le reste de l’année 2015 serait jalonné par trois grandes conférences relatives au financement du développement en juillet à Addis-Abeba, au programme de développement pour l’après-2015 à New York en septembre et aux changements climatiques à Paris en décembre.  Il s’est ensuite félicité de l’inclusion de la protection des droits des travailleurs migrants dans les objectifs de développement durable.  Enfin, le Secrétaire général adjoint a souligné le lien étroit entre financement du développement et questions démographiques, comme en atteste l’emploi des ressources de la diaspora.

M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a souligné que la jeunesse est au cœur de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Les principes du Programme, a-t-il rappelé, sont « essentiels pour un développement durable valable pour tous ».  Il faut s’assurer que le lien inextricable entre développement et population se retrouve dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Il faut également, selon lui, pouvoir avancer vers le développement durable « en réalisant la dignité et les droits de l’homme de chaque être humain ».

Réaliser le potentiel de la jeunesse va exiger un engagement réel en faveur de l’éducation, de la santé génésique et du droit à la procréation, a affirmé M. Osotimehin.  Les jeunes ne doivent plus souffrir de la violence sexuelle et sexiste, et « les femmes doivent pouvoir décider du nombre et de l’espacement de leurs enfants », a-t-il insisté.  Dans les zones rurales et dans les  bidonvilles, celles-ci continuent d’être vulnérables.  Investir dans des systèmes de santé et d’éducation, dans les infrastructures de l’eau, des transports et de l’énergie, permettra de s’attaquer aux inégalités entre les hommes et les femmes qui ralentissent les progrès des femmes.  Il s’agit ainsi d’encourager les jeunes à prendre des décisions responsables et autonomes en matière de santé génésique et de réduire les taux de transmission des maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida, pour qu’ils puissent « mieux planifier leur avenir ».

En outre, la moitié des maladies non transmissibles sont attribuées à des comportements adoptés pendant la jeunesse, comme le tabagisme et l’alcoolisme, a poursuivi le Directeur du FNUAP.  En investissant dans la santé et dans l’emploi des jeunes, « nous vivrons plus vieux », a-t-il assuré.  Il a préconisé de « ne pas ralentir nos efforts ».  En 2015, 59 millions de filles auront 10 ans.  « Ne les sacrifions pas », a-t-il plaidé, faute de quoi, en 2030 les inégalités seront plus accentuées.

Dans les situations de crise, les femmes sont doublement vulnérables, a affirmé M. Osotimehin, regrettant que trop de filles et de jeunes femmes se retrouvent dans des cycles de mariages et de grossesses précoces, et exprimant l’espoir que l’accord qui devrait être signé à Paris en décembre prochain permettrait aux personnes les plus marginalisées à surmonter les difficultés liées aux changements climatiques.  Évoquant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, le Directeur du FNUAP a estimé que ce fléau avait mis en relief la nécessité de travailler sur un plus grand accès aux services.  Enfin, a conclu le Directeur, « il faut procéder à une révolution des données et à une meilleure analyse des données pour apporter une aide à ceux qui en ont besoin ». 

M. JOHN WILMOTH, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a souligné l’importance de cette session qui se déroule au moment même où le monde cherche à élaborer un nouveau cadre de développement pour éradiquer la pauvreté.  Il a exprimé l’espoir de voir la dimension démographique placer au cœur de la discussion sur le développement durable, précisant que sa prise en compte permettrait d’étudier les changements de taille et de composition des populations, et d’observer les niveaux de fertilité, de mortalité et de migration d’une population.  Cela permettrait aussi d’examiner les choix individuels et les circonstances qui sous-tendent les tendances démographiques globales.

Le Directeur a par ailleurs affirmé qu’il y avait souvent un conflit, sur le plan politique, entre la tendance des gouvernements à vouloir influencer les caractéristiques démographiques globales d’une population ou faciliter et renforcer les capacités et l’autonomie des individus.  Au Caire, a-t-il rappelé, la communauté internationale, tout en reconnaissant l’importance de la dimension population, a mis en garde contre les efforts de manipulation des tendances démographiques globales, craignant qu’ils nuisent au respect des droits humains.  De ce fait, a-t-il poursuivi, les discussions récentes sur la population et le développement ont essentiellement porté sur les individus, en particulier sur leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs; c’est ainsi que les objectifs en matière de développement durable prévoient des cibles en matière d’accès universel à la santé reproductive, d’inscription des naissances, d’élimination du mariage des enfants, des mariages précoces et forcés et des mutilations génitales, rien de tel n’est prévu en revanche en matière de fertilité, de croissance démographique, d’urbanisation et de migration.

M. Wilmoth a également affirmé qu’il était logique que les domaines de la santé et de la longévité soient inclus dans les objectifs de développement durable, car ils faisaient l’objet d’un accord universel sur la nécessité de sauver des vies et de réduire le nombre de maladies et d’invalidités, permettant de fixer des cibles en matière de réduction des taux de mortalité infantile et maternelle et de diminution du nombre de décès dûs aux accidents de la route, aux maladies non transmissibles, aux produits chimiques dangereux et à la pollution, entre autres.

M. Wilmoth a ensuite souligné que la croissance rapide de la population rendait plus difficile les progrès de certains pays en matière de santé, de logement, d’éducation et d’emploi.  En même temps, le vieillissement de la population pose des problèmes aux systèmes de protection sociale.  Pour conclure, il a rappelé les leçons apprises au Caire: les gouvernements ne doivent pas ignorer les tendances démographiques, mais les préoccupations relatives à ces tendances ne doivent pas justifier la violation des droits fondamentaux des individus, d’autre part. 

Débat général

M. JIN XIAOTAO (Chine) a souligné l’intérêt qui réside dans une compréhension approfondie des questions démographiques pour la promotion d’un développement durable.  Dans les domaines de la population et du développement, il est impératif d’élaborer des systèmes et mécanismes fondés sur le cycle de la vie humaine et de mettre l’accent sur les investissements dans la personne humaine, a-t-il affirmé.  Le délégué de la Chine a ainsi indiqué qu’il fallait s’attacher à développer de meilleurs services obstétriques.  S’agissant des enfants et des adolescents, il a plaidé pour des investissements dans l’éducation, en particulier en milieu rural, et pour l’élimination des inégalités entre filles et garçons dans l’accès à l’éducation.  Enfin, M. Jin s’est prononcé, en ce qui concerne la population en âge de travailler, pour le concept de formation permanente et le remplacement d’une main-d’œuvre de quantité par une main-d’œuvre de qualité.  « Il doit être observé qu’en raison des différentes conditions qu’ils connaissent, les pays et régions peuvent avoir des notions différentes en matière d’investissements à consentir dans la personne humaine », a-t-il conclu.

Exposé

M. TIM DYSON, Professeur à la London School of Economics, a fait un long exposé illustré de diapositives sur le thème « Dynamique des populations et développement durable ».  Il a tout d’abord évoqué la transition démographique, « un phénomène très important » qui s’étend sur plusieurs décennies et a des implications profondes sur nos vies, indiquant les cinq processus principaux de la transition démographique: le déclin de la mortalité, la croissance naturelle de la population, la baisse de la fertilité, l’urbanisation et le vieillissement de la population.  Aujourd’hui, a-t-il affirmé, les pays du monde se trouvent dans la seconde phase de la transition démographique ou ils viennent d’en sortir.

C’est ainsi que les pays d’Afrique subsaharienne enregistrent des taux de fertilité d’environ cinq naissances par femme et l’âge moyen de la population y était de 19 ans en 2010.  Par contre, l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon enregistrent deux naissances par femme, ou moins; l’âge moyen de la population y est de 40 ans.  Enfin, la plupart des pays d’Amérique latine, d’Afrique du Nord et d’Asie approchent du niveau de deux naissances par femme.

« Le monde dans lequel nous vivons connaît encore une croissance démographique exceptionnelle », a constaté M. Dyson.  La planète compte à l’heure 7,3 milliards d’habitants et la Division de la population de l’ONU prévoit qu’elle atteindra les 9,6 milliards en 2050 et, peut-être, les 10,9 milliards en 2100.

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, « nous vivons dans un monde d’une diversité démographique sans précédent » du fait que les pays traversent des phases très différentes en matière de transition démographique.  Enfin, le cadre démographique ne laisse que peu de doutes sur une baisse sensible de la fertilité partout dans le monde, contribuant ainsi au phénomène de vieillissement généralisé des populations.

Données à l’appui, M. Dyson a comparé la situation dans les différentes régions du monde et dans des pays se trouvant à diverses étapes de la transition démographique.  Ainsi, au Mali et en Afghanistan, où près de la moitié de la population est âgée de moins de 15 ans, les besoins en matière de santé et d’éducation sont immenses.  À l’inverse, les taux de croissance démographique au Japon et en Fédération de Russie sont respectivement de 0,1 et 0,2%.  Quant à l’ONU, elle prévoit qu’en 2050 l’âge moyen de la population sera de 46,3 ans en Chine et de 36,7 ans en Inde.

M. Dyson a souligné que « la transition démographique est une période de déséquilibre et de déstabilisation » qui peut contribuer à une « déstabilisation socioéconomique ».  Pour minimiser les effets déstabilisateurs, il a recommandé que les moyens de contraception soient accessibles à tous ceux qui le souhaitent.  « Il y a des dizaines de millions de femmes en âge de procréer qui ne veulent pas d’un autre enfant et qui n’utilisent pas de contraceptifs », a-t-il déploré.

M. Dyson a ensuite expliqué les implications sociales, psychologiques et politiques de la transition démographique sur le développement.  Il a abordé des questions liées à la croissance urbaine, à l’environnement, à l’économie, ainsi qu’au mariage et aux relations entre les sexes.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par la consommation accrue de combustibles fossiles et de gaz à effet de serre.  Il a également fait remarquer qu’il existe un lien négatif reconnu entre le taux de croissance démographique et celui du revenu par habitant.

Enfin, le professeur Dyson a souligné que « l’accès universel à la santé procréative est loin d’être une réalité ».  Dans de nombreux pays, a-t-il déploré, les femmes ne sont pas bien traitées.  En conclusion, il a rappelé que le contrôle des naissances est « un droit de l’homme fondamental ».

Dialogue interactif

La représentante du Libéria lui ayant demandé quelle était son expérience en Afrique, M. Dyson a reconnu que ses propres travaux étaient en grande partie axés sur l’Inde.  En tant qu’universitaire, a-t-il expliqué, il tente de diffuser les résultats de recherches récentes. 

Comme le représentant de Cuba, M. Dyson a estimé que ce pays avait bien surmonté sa transition démographique.

Répondant à une question de la représentante du Japon sur la dépendance à l’égard des engrais azotés, il en a souligné les dangers.  Malheureusement, a-t-il dit, « personne ne sait dans quelle mesure les êtres humains en dépendent pour leur nourriture ».  Il n’y a pas d’alternative pour l’instant, a-t-il ajouté, et le méthane est également libéré dans l’atmosphère du fait d’activités agricoles.

Pour sa part, le représentant de l’Ouganda a remercié M. Dyson d’avoir insisté sur le planning familial et soulevé la question des moyens, compte tenu des ressources limitées.

Suite du débat

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé que les changements et les tendances démographiques étaient à la fois un défi et une opportunité de rendre les processus de développement durable et complet.  Selon le rapport du Secrétaire général, il faut investir davantage dans les questions démographiques pour garantir la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, a-t-il affirmé.  Il a souligné par ailleurs l’importance à cet égard du droit à la liberté, à la dignité, à l’éducation et à l’accès aux ressources pour tous, notamment l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive pour les femmes et les adolescents, qui permet de faire des choix responsables.

Le représentant a ensuite réitéré sa condamnation des mariages forcés ou d’enfants, des mutilations génitales féminines et de toute violence à l’encontre des enfants et des femmes.  L’Italie, a-t-il indiqué, a toujours lutté contre ces pratiques, notamment en finançant le Programme conjoint du FNUAP et de l’UNICEF sur l’abandon des mutilations génitales féminines.  Enfin, il a relevé le rôle positif des migrants en matière de réduction de la pauvreté et de promotion du développement durable par les envois de fonds.  L’Italie, qui plaide en faveur de la réduction des frais d’envois qui ne devraient pas dépasser 5% des fonds envoyés, a créé un groupe de travail à cet effet, a précisé M. Lambertini, avant d’évoquer le problème de vieillissement de la population des pays développés et d’appeler à mieux leur faire face, notamment en améliorant les systèmes de retraite.  

M. RY TUY (Cambodge) a indiqué que son pays connaissait une transition démographique rapide.  « La force de travail augmente avec l’entrée sur le marché de nombreux jeunes en âge de travailler », a-t-il souligné, avant de mentionner les politiques de son pays pour tirer le meilleur parti du dividende démographique.  Le délégué a ensuite souligné les lacunes graves qui persistent dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  « Nous voulons réaffirmer au plus haut niveau politique possible notre engagement pour réaliser les objectifs du Programme d’action », a-t-il déclaré, soulignant par ailleurs la nécessité vitale d’un partenariat plus étroit pour réaliser ledit Programme d’action et la mobilisation d’un financement international adéquat.  En conclusion, le délégué du Cambodge a plaidé pour la mise à disposition de ressources additionnelles pour les pays par le biais de mécanismes de financement bilatéraux, multilatéraux et de la contribution du secteur privé.

M. HEIKO THOMAS (Allemagne) a reconnu que les grandes tendances démographiques, comme la croissance de la population, le vieillissement, l’urbanisation et la migration auront un impact énorme sur l’élimination de la pauvreté et sur les trois dimensions du développement durable: économique, sociale et environnementale.  Il a regretté les progrès modestes réalisés en matière de mortalité maternelle et d’accès aux contraceptifs.  Ainsi, près de 800 femmes meurent tous les jours à l’accouchement, et 225 millions de femmes environ, dont 90% dans les pays en développement, n’ont pas accès aux méthodes de contraception modernes.

Le représentant a jugé prioritaire la santé sexuelle et reproductive, qui représente un droit fondamental et une condition préalable au développement durable.  Il a préconisé une approche en matière de planification familiale centrée sur les droits de l’homme et tenant compte des disparités entre les sexes, ainsi qu’une éducation sexuelle complète intégrant la lutte contre le VIH/sida.  

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a regretté que beaucoup d’objectifs du Programme d’action du Caire n’aient pas été réalisés, d’autant plus que les migrations internationales n’ont pas été prises en considération de manière adéquate.  Il a souhaité qu’elles le soient dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015. 

Il a suggéré de développer des indicateurs permettant un suivi au niveau mondial des phénomènes liés aux migrations, comme les envois de fonds ou le taux de poursuite des responsables de la traite des personnes.  D’après lui, il faut travailler sur la couverture des personnes déplacées, réfugiées et apatrides.  Sans les moyens de mise en œuvre, a-t-il averti, le programme pour l’après-2015 restera lettre morte.  Un monde plus mobile a une incidence sur le développement, et les communautés de la diaspora jouent un rôle important sur le commerce.

DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION SUR LE THÈME « RÉALISER L’AVENIR QUE NOUS VOULONS: PRENDRE EN COMPTE LES QUESTIONS DE POPULATION DANS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, Y COMPRIS DANS LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015 »

M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a jugé crucial que les questions de population soient intégrées au programme de développement pour l’après-2015.  Il a souligné les lacunes considérables dans l’application du Programme d’action du Caire, notamment en ce qui concerne la mortalité infantile, jugeant essentiel que les gouvernements intensifient leurs efforts pour protéger les populations les plus vulnérables, dont les migrants.  L’éradication de la pauvreté ne concerne pas que les pays en développement, a-t-il dit, avant de plaider pour la mise en place de politiques macroéconomiques appropriées au niveau mondial.  Au vu du manque de ressources, il a indiqué que les objectifs du Programme d’action ne seront sans doute pas réalisés.  En conclusion, il a demandé aux pays développés de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement, conformément à leurs engagements.

M. BOUBACAR BOUREIMA (Niger), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que 65% de la population du continent africain avait moins de 35 ans et indiqué que l’Afrique supportait le fardeau de la mortalité le plus lourd, puisque 53% des 358 000 décès maternels enregistrés tous les ans dans le monde survenaient en Afrique.  « Ces statistiques soulignent la nécessité de redoubler d’efforts pour la réalisation des objectifs des OMD et du Programme d’action », a dit M. Boureima, affirmant que l’autonomisation des femmes, l’un des OMD, était la condition préalable pour la réalisation de tous les autres objectifs.  L’Afrique a accompli de grands progrès dans l’égalité entre les sexes depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing, a-t-il dit, relevant que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), accordait une grande attention à l’autonomisation des femmes.  « L’Union africaine a lancé en octobre 2010 à Nairobi la Décennie de la femme africaine », a indiqué le délégué, appelant la communauté internationale à apporter sa contribution pour que cette Décennie soit couronnée de succès.  Il a aussi fait part de la politique zéro tolérance prônée par les États de son Groupe vis-à-vis des pratiques nocives à l’égard des femmes et des filles.

En conclusion, il a demandé à la Commission de s’abstenir de toute action tendant à saper le système international des droits de l’homme en cherchant à imposer des concepts ou des notions relevant du domaine des questions sociales, y compris dans la conduite des individus, laquelle ne relève pas du cadre juridique internationalement intégré des droits de l’homme. 

Le Représentant de l’Union européenne a souligné que depuis son adoption en 1994, le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement avait eu un impact énorme en plaçant les droits de l’homme au cœur du développement.  Mettre fin à la discrimination et garantir les droits de l’homme pour tous, y compris les femmes et les filles, constitue une nécessité absolue pour la réalisation du développement durable et l’élimination de la pauvreté, a affirmé la déléguée.  L’autonomisation et les droits fondamentaux des femmes et des filles et la nécessité de mettre fin à la discrimination sous toutes ses formes et à la violence contre les femmes et les filles doivent être au cœur du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle ajouté.

D’après la délégation, les progrès en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier ceux liés à la santé maternelle et à l’accès universel à la santé reproductive, doivent être accélérés.  La délégation a en outre mis l’accent sur l’importance des liens entre les dynamiques démographiques, l’autonomisation des femmes, l’éducation des femmes et des filles, en particulier leur éducation sexuelle.  À cet égard, elle a exprimé sa préoccupation concernant les millions de jeunes personnes, notamment les filles, qui demeurent privées d’accès à une éducation de qualité, y compris au niveau secondaire et tertiaire, les empêchant ainsi d’atteindre leur plein potentiel.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn), au nom du Groupe des États arabes, a appelé au plein respect des principes moraux qui guident certains pays dans l’application de leurs programmes d’action nationaux relatifs aux questions de développement.  Il a demandé l’inclusion d’une référence aux personnes handicapées dans le préambule aux ODD et a souligné l’importance de la mise en place de mécanismes de financement adéquats permettant aux pays en développement de mettre en œuvre leurs programmes de développement pour l’après-2015.

Le délégué a souligné les conséquences que l’afflux de réfugiés fuyant la guerre pouvait avoir pour les infrastructures des pays d’accueil, notamment arabes.  Ces derniers doivent voir leurs capacités renforcées, a-t-il estimé, rappelant que les Musulmans étaient les principales victimes du terrorisme et dénonçant les agissements d’Israël dans les territoires occupés.  Enfin, il a dit espérer que les négociations déboucheraient cette année sur la rédaction d’un texte équilibré respectant les valeurs culturelles de certains pays.

M. ANDRÉS FIALLO (Équateur), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appuyé le mandat de la Commission de la population et du développement après 2014 et l’inscription des questions démographiques dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  À cet égard, la CELAC est d’avis qu’« il ne faut pas rouvrir ni renégocier » le rapport final du groupe de travail sur les objectifs de ce programme.

D’après l’Équateur, il reste beaucoup à faire pour éliminer les inégalités entre les sexes, notamment sur le lieu de travail, et pour réaliser l’autonomisation économique des femmes.  Trop souvent, celles-ci se trouvent dans des situations de vulnérabilité, migrantes et adolescentes en particulier.  Les pays de la CELAC recommandent la poursuite des programmes spécifiques visant à prévenir les grossesses précoces et de renforcer l’accès des femmes à tous les niveaux d’éducation et aux services de santé, y compris sexuelle et reproductive.

En 2030, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes représenteront 8,5% de la population mondiale, a précisé le représentant.  Il a souligné également qu’il faut garantir la pleine participation des personnes âgées au développement et l’inclusion de tous, y compris les populations autochtones et d’ascendance africaine, dans les sociétés.  Il faut, a-t-il insisté, « faire des droits de l’homme une priorité dans la politique du développement ».  La CELAC appuie en outre « le concept de changement structurel pour l’égalité et l’équité » et réaffirme que chaque pays a le droit d’appliquer les recommandations internationales conformément à son droit interne, et de mettre en place des programmes de suivi régionaux et nationaux.

M. MARLENE MOSES (Nauru), qui s’exprimait également au nom des États fédérés de Micronésie, de Samoa et des Îles Salomon, a souligné qu’au cours des deux dernières décennies, ces pays avaient réalisé des progrès importants au regard des objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement dans les domaines de la réduction de la mortalité infantile, de l’amélioration de l’accès à des services de santé de qualité et de l’accès à l’éducation primaire.  Ainsi, selon la délégation, le programme de développement pour l’après-2015, de même que les objectifs de développement durable sont essentiels dans leurs efforts en vue de réaliser les objectifs du Programme d’action.

Pour les petits États insulaires en développement, il est tout aussi important que la Voie à suivre de Samoa soit pleinement mise en œuvre.  Celle-ci, adoptée l’an dernier par la communauté internationale, est à la fois globale, au sens où elle s’attaque aux obstacles du développement divers et profondément enracinés et universelle, car elle représente un partenariat mondial.  Pour la délégation, il est impératif que la réalisation du développement durable repose sur la promotion d’une éducation de qualité, de la santé, de l’emploi et d’environnements sains pour toutes les catégories d’âge et les personnes handicapées, autant de priorités reflétées dans la Voie à suivre de Samoa.

Mme ROHANI ABDUL KARIM, Ministre des femmes, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a indiqué que son pays devrait faire partie de la catégorie des pays vieillissants d’ici à 2030, en raison d’un déclin spectaculaire de la fertilité et de l’augmentation de l’espérance de vie.  C’est pour cette raison que la Malaisie a élaboré une politique de la santé pour les personnes âgées pour la période 2010-2020 et créé un Conseil consultatif national chargé de cette question.

La Ministre a évoqué les défis posés par cette situation, appelée communément « la génération sandwich », soit un parent vieillissant et de jeunes enfants sous un même toit.  Elle a indiqué que les autorités avaient repoussé à 60 ans l’âge de la retraite et élaboré un régime privé de fonds de retraite.

Le Prince HLANGUSEMPHI, Ministre de la planification économique et du développement du Swaziland, a affirmé que le Swaziland était un petit pays subissant une transition démographique marquée par une diminution de la proportion d’enfants de moins de 15 ans et une augmentation de la population active de 15 à 64 ans, une tendance due pour une grande part au déclin de la fertilité.  Cette transition démographique, a-t-il expliqué, représente une opportunité pour le pays de bénéficier d’une prospérité économique spectaculaire.  Ainsi, a-t-il ajouté, le Gouvernement reconnaît la nécessité urgente de mettre en place des politiques macroéconomiques et de développement du capital humain appropriées.

Le Ministre a ajouté que son pays avait pris des mesures pour intégrer les questions de développement dans ses processus de programmation et de planification de politiques de développement, appliquant ainsi les recommandations du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  La Stratégie nationale de développement met l’accent sur l’importance essentielle de l’intégration des facteurs de population dans la planification du développement, a-t-il conclu.

M. SAID AIDI, Ministre de la santé de la Tunisie, s’est félicité du thème choisi pour la session de la Commission qui traduit selon lui une réelle prise de conscience de l’importance du volet démographique dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  Il a rappelé que son pays avait réussi, progressivement, à adopter une politique de développement de la population au sein de laquelle la santé globale et la santé reproductive constituent une composante essentielle.  Le Ministre a mentionné l’initiative prise par la Tunisie pour la mise en place d’un programme national de planification familiale et qualifié d’« avant-gardiste » la politique tunisienne en matière démographique, expliquant qu’elle avait eu des effets positifs sur plusieurs aspects du développement humain, comme l’éducation, l’emploi et la couverture sociale.  La femme tunisienne a connu une « complète transfiguration », a-t-il précisé, mentionnant à cet égard la maîtrise de la fécondité dont le taux est aujourd’hui de 2,2.  En ce qui concerne la croissance démographique, elle est de 1,32 contre 1,7 en 1994.

Toutefois, a-t-il poursuivi, ces progrès ne doivent pas occulter les faiblesses liées à l’opacité de la gouvernance sous l’ancien régime, dénonçant l’aggravation des disparités régionales et des inégalités sociales.  Il a regretté qu’un pan considérable de la population tunisienne vive encore dans la précarité, le chômage et l’exclusion sociale et réaffirmé l’engagement de son pays de poursuivre ses efforts en vue de valoriser ses acquis et de répondre aux besoins des personnes des deux sexes.  La Tunisie s’engage également à poursuivre sa politique de soutien à tous les mécanismes de promotion de la santé des jeunes, a encore souligné le Ministre, appelant tous les organismes de soutien aux processus de développement humain durable à coordonner leurs efforts de soutien aux populations victimes d’exaction, de guerre et de conflit ethnique, notamment le peuple palestinien.

Mme HALA MOHAMED ALY YOUSSEF ELSAYED (Égypte) a rappelé que le Programme d’action de la Conférence sur la population et le développement de 1994 a été à la base des OMD.  La Conférence du Caire demeure le seul exemple de consensus international dans les domaines de la population et du développement, a-t-elle dit, réaffirmant que son pays restait engagé en faveur du processus d’examen du Programme d’action afin de remédier aux lacunes qui subsistent.

Au vu des négociations relatives au Programme de développement pour l’après-2015, elle a jugé indispensable le lien entre population et développement durable dans la lutte contre l’éradication de la pauvreté.  Au niveau national, la déléguée a indiqué que son pays avait accompli des progrès remarquables en matière de mise en œuvre du Programme d’action, même si des lacunes persistent, notamment dans les domaines des mariages précoces et des mutilations génitales.

Mme CLOTILDE NIRAGIRA, Ministre de la solidarité, des droits de la personne humaine et du genre du Burundi, a estimé qu’il fallait terminer le travail inachevé des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier en matière de santé maternelle (OMD 5) et pour mettre fin aux décès maternels évitables.  Elle a regretté que, malgré les efforts déployés, le faible revenu et les autres inégalités freinent le développement durable.  Il faut, a-t-elle plaidé, mettre en œuvre des stratégies nationales efficaces, intégrées, coordonnées et cohérentes pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités, ce qui nécessite à son avis la mise en place de structures sociales et le développement des capacités des individus.  La Ministre a affirmé l’engagement de son pays à appliquer des politiques d’investissement pour renforcer les systèmes de santé, en tant que moyen de lutte contre les inégalités, et à promouvoir les politiques d’investissement dans le bien–être des adolescents et des jeunes, y compris pour l’accès à l’éducation sexuelle dans le respect de la culture et des mœurs, les compétences de la vie courante, l’entreprenariat et le travail décent.

Au Burundi, a indiqué la Ministre, la densité moyenne de la population est de 345 habitants au kilomètre carré, avec, en 2010, un indice de fécondité de 6,4 enfants par femme et un taux de prévalence contraceptif de 22%.  La politique du Gouvernement burundais est axée sur le renforcement des capacités techniques nécessaires à l’intégration effective de la dynamique démographique dans la planification du développement, et dans la production, l’analyse et l’utilisation de données provenant des recensements et des enquêtes.  En conclusion, la Ministre burundaise a assuré que son pays s’engageait, avec l’aide de ses partenaires, à renforcer ses lois et politiques de protection des droits de l’homme en vue du développement économique et social inclusif et durable, à éradiquer la pauvreté en ciblant les groupes marginalisés et à harmoniser ses lois avec les instruments internationaux en faveur de l’égalité homme-femme.

Mme ANA AMINTA MADRID (Honduras) a souligné les progrès de son pays dans l’application des politiques relatives à la population et au développement, notamment en ce qui concerne la prévention de la grossesse des adolescentes, et a indiqué que 150 000 nouveaux emplois avaient récemment été créés au Honduras.  Mme Madrid a jugé impératif que les questions relatives aux femmes et aux filles soient placées au cœur des efforts de développement.  « L’avenir que nous voulons est une tâche collective », a-t-elle déclaré.  Enfin, elle a réaffirmé l’engagement de son pays pour que les questions de population, telles que la santé procréative et l’autonomisation des femmes, figurent au centre du programme de développement pour l’après-2015.

M. ALEXANDER DE CROO, Vice-Premier Ministre et Ministre du développement de la Belgique, a souligné que les questions de population étaient au cœur du programme de développement pour l’après-2015.  Si l’on veut réaliser les objectifs de développement durable, il faut prendre en compte les différentes dynamiques démographiques, a-t-il dit, ajoutant que les gouvernements avaient la responsabilité de les intégrer dans la planification de leurs politiques. 

Selon le Ministre, les inégalités doivent cesser, de même que toutes les formes de discrimination ou de violence fondées sur le genre, l’orientation sexuelle, le handicap ou l’âge.  M. De Croo a en particulier mis l’accent sur l’importance d’assurer l’égalité des droits des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres, précisant qu’en Belgique les droits des minorités sexuelles étaient protégés et reconnus par la loi.  Il a insisté également sur l’importance d’une éducation de qualité, dont doivent bénéficier sur un pied d’égalité les femmes et les filles.

Mme COMFORT CUDJOE-GHANSAH, Ministre en charge des agences sociales et associées du Ghana, a indiqué que la politique nationale de son pays en matière de population a été mise à jour pour intégrer systématiquement les variables démographiques dans la planification du développement, en vue notamment de la réduction de la pauvreté, de la croissance partagée et de l’amélioration de la qualité de vie.  Le Conseil national de la population a milité en faveur de « liens clairs entre le développement et la population » et a ciblé les décideurs à tous les niveaux.

En rappelant les défis sur les plans logistiques du financement et des capacités, la Ministre s’est prononcée en faveur de l’intégration de la question de la population dans les prochains objectifs de développement durable (ODD), en particulier la santé génésique et le droit à la reproduction et à la planification familiale.

Mme ULRIKA MODÉER, Secrétaire d’État de la Suède, a déclaré que les questions relatives à la population, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs, devaient être au centre du programme de développement pour l’après-2015, car elles sont cruciales pour le développement, l’élimination de la pauvreté, les droits de l’homme et l’égalité des sexes, ainsi que pour les changements climatiques.  Elle a retracé l’évolution démographique de son pays en soulignant qu’après avoir été l’un des pays occidentaux au plus fort taux de mortalité maternelle, il était maintenant celui avec la plus grande espérance de vie.  Cette réussite est notamment due à son engagement en faveur de l’accès universel à l’éducation et à la santé, notamment pour ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’à ses efforts pour promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes. 

Mme Modéer a par ailleurs dénoncé l’abandon scolaire des filles causé par les mariages forcés ou des grossesses précoces.  C’est pourquoi, a-t-elle expliqué, il est impératif de leur offrir une éducation sexuelle complète, des contraceptifs ainsi que l’accès à des avortements dans des bonnes conditions de sécurité, leur permettant de disposer librement de leur vie, leur corps et leur sexualité.  Dénonçant la violence et la discrimination sexistes qui constituent un obstacle à la réalisation de ces objectifs, elle a invité les hommes et les garçons à remettre en question les structures qui perpétuent ces inégalités.  La Ministre suédoise a aussi souligné les effets des changements climatiques sur la dynamique démographique et rappelé que son pays s’était engagé à contribuer au Fonds vert pour le climat.  S’agissant des migrations, elle a appelé les États à offrir davantage de lieux d’accueil aux réfugiés.  La Ministre a enfin mentionné une stratégie que la Suède a lancée en Afrique subsaharienne en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs.

M. JIN XIAOTAO, Vice-Ministre chargé de la santé nationale et de la Commission de planning familial de la Chine, a affirmé que les questions de population sont essentielles pour le développement durable.  La politique familiale adoptée par la Chine, l’un des pays les plus peuplés de la planète, a eu une incidence sur sa croissance démographique, a-t-il indiqué, précisant l’attachement des autorités chinoises à l’amélioration de la qualité de vie de la population en tant qu’outil fondamental du développement durable.  Les taux de mortalité infantile et maternelle ayant baissé, la Chine a atteint les OMD en la matière et réduit les écarts avec les pays développés, s’est félicité le Vice-Ministre.

Pour faire face au vieillissement rapide de sa population, la Chine a élaboré un plan national économique et social spécial et mis sur pied un système de soutien urbain et rural en faveur des personnes âgées, a expliqué M. Jin.  En outre, confrontée à de nombreux défis dus à la taille de sa population et des problèmes de ressources et structurels, la Chine s’engage à mieux partager les données et à mieux comprendre les relations entre les facteurs démographiques et le développement durable.  Son pays s’efforce également à améliorer le développement urbain en intégrant davantage les migrants et à perfectionner les infrastructures et les services des soins de santé, de lutter contre les maladies chroniques et de prendre en considération la diversification des familles, a indiqué en conclusion le Vice-Ministre.

Mme ATARMAA DASHDORJ (Mongolie) a détaillé les progrès de son pays dans les domaines de la population et du développement, avec la diminution par quatre sur les deux dernières décennies des taux de mortalité infantile et maternelle.  Des lois pour lutter contre les violences domestiques et les inégalités entre les genres ont été adoptées en 2004 et 2011, a-t-elle indiqué, admettant toutefois que les inégalités dans l’accès à des services sociaux de qualité s’étaient creusées.  Elle a ensuite passé en revue les changements démographiques inédits que connaît son pays, ainsi que les défis qui en découlent.  Les jeunes représentent une proportion record de 38,5% de la population de la Mongolie, a-t-elle conclu, affirmant que « cela se traduit par une pression considérable pour les services sociaux sanitaires et éducatifs ».

Mme PATRICIA CHEMOR RUIZ (Mexique) a souhaité que les résultats atteints au terme de cette session de la Commission soient pleinement inclus dans le programme de développement pour l’après-2015.  Ce programme doit viser à la pleine éradication de la pauvreté, a-t-elle indiqué, affirmant que son pays avait fait de l’éradication de la pauvreté l’une de ses priorités, plus d’un million de familles ayant bénéficié des politiques idoines mises en place récemment.  La diminution du taux de mortalité infantile atteste de l’efficacité des politiques sociales du Mexique, a-t-elle précisé, comme le taux de vaccination de 85% de la population du pays.  Parmi les défis sanitaires actuels auxquels se heurte son pays, elle a cité le phénomène préoccupant de grossesses des adolescentes.

M. SUDIBYO ALIMOESO (Indonésie) a souligné que la pauvreté restait un défi important et qu’un certain nombre de problèmes étaient liés à des questions de population.  Notant l’absence de correspondance entre les objectifs et les moyens de mise en œuvre, il a recommandé de poursuivre les progrès réalisés et souhaité davantage de coopération entre les gouvernements et les acteurs concernés.  En outre, il a défendu la diversité économique, sociale et environnementale de chaque pays, dans le respect de ses propres valeurs culturelles, éthiques et religieuses.

En Indonésie, les politiques nationales actuelles sont conformes au plan d’action de la CIPD, a expliqué le représentant.  Pour la période 2015-2019, la planification familiale est identifiée comme un élément essentiel d’amélioration de la qualité de vie des citoyens, de même que la protection des migrants, des personnes âgées et handicapées.  M. Alimoseo a estimé que le programme de développement pour l’après-2015 doit promouvoir la justice sociale, éradiquer la pauvreté et protéger l’environnement, c’est-à-dire « une croissance durable dans l’équité ».

M. THEIN THEIN HTAY, Vice-Ministre de la santé du Myanmar, a indiqué que son pays était en train d’évaluer le recensement mené en avril 2014, le premier en 30 ans, dont les résultats seront publiés le mois prochain.  Cela permettra de combler les lacunes en matière de population et de questions de développement, a-t-il déclaré, avant de remercier le FNUAP et tous les pays donateurs pour leur aide financière et technique qui a permis d’organiser ce recensement.  Il a aussi demandé de l’aide pour que son pays puisse mettre pleinement en œuvre le Programme d’action de la Conférence sur la population, notamment par le biais du transfert de ressources et de technologies, ainsi que par la coopération Sud-Sud.

Les jeunes de 10 à 24 ans constituent près du tiers de la population du Myanmar, a indiqué M. Htay, en soulignant l’importance de la santé et des droits sexuels et reproductifs.  Il faut aussi investir dans le capital humain, a-t-il dit, en visant particulièrement les jeunes qui doivent pouvoir participer à la prospérité économique.  Notant cependant les obstacles auxquels se heurtent les jeunes dans ce domaine, comme la pauvreté, l’inégalité entre les sexes, le manque d’éducation ou encore les maladies sexuellement transmissibles, il a mentionné le Plan stratégique national pour la santé des adolescents et le développement 2009-2013 qui a été adopté pour apporter des solutions.  M. Htay a enfin signalé que son ministère avait prévu de faire augmenter le taux de prévalence de la contraception à 50%.

M. JANNE TAALAS (Finlande) a défendu la participation réelle des jeunes aux débats concernant leur avenir.  « Les droits à la santé sexuelle et génésique font partie des droits humains », a-t-il insisté.  Les services de santé doivent être abordables, « sans peur de stigmatisation et de violence ». 

Dans un monde caractérisé par l’inégalité, trop d’individus sont abandonnés sur le bas-côté de la route, a déploré le représentant.  Il a plaidé pour la réduction de grossesses des adolescentes.  En Finlande, a-t-il déploré, le nombre de jeunes exclus, le taux de chômage et les besoins en services psycho-sociaux a augmenté.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a dit espérer que la présente session de la Commission s’achèverait sur une note positive, à la différence de ce qui a pu se passer au cours des années précédentes.  Il a souhaité que le projet de texte en discussion inclue une référence spécifique aux populations autochtones et aux personnes d’ascendance africaine, ainsi qu’à l’orientation sexuelle.  « Le moment est venu de reconnaître les droits sexuels comme une aspiration universelle.  Nous devrions au moins reconnaître qu’ils constituent une réalité tangible dans certains pays. »  Il a ensuite indiqué que l’autonomisation des femmes était une question transversale qui se retrouvait tant dans le Programme d’action du Caire que dans le processus relatif au programme de développement pour l’après-2015.  « L’application du Programme d’action du Caire demeure une entreprise commune débordante de vitalité », a-t-il conclu.

M. ANTONIO GUMENDE (Mozambique) a indiqué que la coopération internationale était cruciale pour la réalisation des ODD.  Il a indiqué que son pays avait mis en place des politiques visant à faire fructifier le dividende démographique que connaît le Mozambique, via notamment la promotion de la croissance économique et l’expansion des services de planification familiale.  Il a aussi réaffirmé l’engagement de son pays envers la pleine intégration des questions de population dans les stratégies de son gouvernement.  Enfin, M. Gumende a apporté le plein soutien du Mozambique à l’intégration du Programme d’action dans le programme de développement pour l’après-2015.

Mlle LOTTE DIJKSTRA, Ambassadeur de la jeunesse, pour la santé et les droits sexuels et reproductifs des Pays-Bas, a fait valoir que les jeunes ont « un droit fondamental à une participation réelle à toutes les décisions fondamentales » qui engagent leurs vies.  Elle a souligné que les droits des jeunes à la santé et à l’éducation sont violés au quotidien, surtout pour ceux qui ne sont pas mariés.  « Avant de finir mon discours, 135 filles auront été forcées d’accepter un mariage précoce », a-t-elle ainsi déclaré.

Les droits à la santé sexuelle et génésique des jeunes sont essentiels et améliorent leur chance de trouver un emploi et le bien-être, a poursuivi la représentante.  Aux Pays-Bas, l’éducation sexuelle à l’école est obligatoire et, de ce fait, les taux de grossesse et d’avortement chez les adolescentes y sont les plus bas du monde.  Cependant, a-t-elle averti, 17% des filles ont déjà connu la violence sexuelle et les décès liés au VIH/sida augmentent chez les jeunes.

M. ERIK LAURSEN (Danemark) a rappelé que « sans un engagement en faveur du respect des droits de l’homme, il ne peut y avoir de développement durable ».  Les principes et les objectifs de la CIPD doivent continuer de guider le programme pour l’après-2015, a-t-il estimé, en incluant les droits à la santé sexuelle et génésique pour tous.  Les jeunes doivent pouvoir décider de leur vie « sans discrimination, ni violence, ni imposition ».  

Le représentant a dit que son pays était favorable à l’égalité et à l’autonomisation des femmes et des filles.  « L’apparition de la plus grande génération de jeunes de l’histoire de la planète est un immense défi », qui implique que l’on réalise le dividende du développement de la démographie, notamment par l’éducation, a-t-il conclu. 

M. GONZALO KONCKE PIZZORNO (Uruguay) a indiqué que la pauvreté était un phénomène multidimensionnel et souhaité que son éradication soit au cœur du programme de développement pour l’après-2015.  Il a indiqué que la pauvreté avait été réduite en Uruguay de 71% depuis 2004 grâce à des politiques de redistribution vigoureuses.  Nous avons concentré une partie de nos efforts sur les populations les plus vulnérables, telles que les femmes, a-t-il précisé.  Le délégué de l’Uruguay a par ailleurs affirmé que l’éducation sexuelle était centrale pour la promotion des droits sexuels et reproductifs et plaidé pour l’élimination de la stigmatisation des personnes en raison de leur orientation sexuelle.  Rappelant l’urgence qui s’attache à « conférer plus de droits à plus de monde », il a indiqué que le Programme du Caire était toujours d’actualité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Congrès pour la prévention du crime: les États reconnaissent « la forte interdépendance » entre développement durable et état de droit et ouvrent « un nouveau chapitre de l’histoire de l’humanité »

Treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale,
Plénière, 1re & 2e séances - matin & après-midi,
SOC/CP/359

Congrès pour la prévention du crime: les États reconnaissent « la forte interdépendance » entre développement durable et état de droit et ouvrent « un nouveau chapitre de l’histoire de l’humanité »

DOHA, QATAR, 12 avril - Aujourd’hui à Doha, les chefs d’État et de gouvernement, les ministres et les représentants des États, réunis jusqu’au 19 avril, ont reconnu la forte interdépendance entre le développement durable et l’état de droit, devant M. Ban Ki-moon, le premier Secrétaire général de l’ONU à assister à un Congrès quinquennal sur la prévention du crime et la justice pénale qui en est à sa treizième édition.  Ce dernier a estimé que cette année, avec ses rendez-vous importants, la communauté internationale ouvre un « nouveau chapitre de l'histoire de l’humanité».

Les chefs d’État et de gouvernement, les ministres et les représentants ont dans une « Déclaration politique »*, adoptée dès le premier jour du Congrès, réaffirmé leur volonté partagée de faire prévaloir l’état de droit et de prévenir et combattre la criminalité, de veiller à ce que les systèmes de justice pénale soient efficaces, équitables, humains et responsables, d’assurer l’accès à la justice pour tous, de mettre en place des institutions efficaces, responsables, impartiales et non exclusives, et de défendre le principe de la dignité humaine ainsi que la reconnaissance et le respect universels de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales.  Pour parvenir au développement durable, ils jugent important de promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques, exemptes de corruption et sans laissés-pour-compte.

À la lumière de l’impact négatif de la criminalité sur le développement, il devient « crucial » d’intégrer la justice pénale dans l’agenda plus large des Nations Unies, dont le programme de développement durable pour l’après-2015, a commenté M. Abdullah Bin Nasser Bin Khalifa Al Thani, Premier Ministre du Qatar et Président du Congrès, qui a paraphrasé le thème du treizième Congrès « L’intégration de la prévention de la criminalité et de la justice pénale dans le programme d’action plus large de l’ONU visant à faire face aux problèmes sociaux et économiques et à promouvoir l’état de droit aux niveaux national et international et la participation du public ».

En septembre, a rappelé M. Ban Ki-moon, le premier Secrétaire général à assister à un Congrès, les États Membres examineront un programme pour l’après-2015 dont le succès exige que les nouveaux objectifs de développement durable reflètent la centralité de l’état de droit.  Quelle chance a une jeune fille si les ressources nécessaires à la santé et à l’éducation sont détournées par la corruption?  Comment sa mère peut-elle prospérer si elle est soumise à la violence à la maison?  Comment un jeune homme peut-il faire son chemin dans le monde si son quartier est contrôlé par des gangs?  Comment les gens peuvent-ils prospérer si la police et les tribunaux deviennent des instruments de répression?

Nous ouvrons un « nouveau chapitre de l'histoire de l’humanité », a estimé le Secrétaire général, en comptant sur le treizième Congrès pour ajouter son expérience aux parties les plus importantes de l’agenda post-2015.  Notre objectif est que le monde puisse dire d’une seule voix: aujourd’hui est plus sûr et plus juste qu’hier et demain sera meilleur qu’aujourd’hui ».  Le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa, a rappelé que l’objectif 16 du futur programme pour l’après-2015 parle d'accès à la justice pour tous.  Profitons de ce treizième Congrès pour générer des idées concrètes qui puissent contribuer au processus en cours sur le futur programme, a encouragé le Président.

Dans leur « Déclaration politique », les chefs d’État et de gouvernement et représentants des États promettent de combattre le terrorisme sous toutes ses formes dont son financement, l’utilisation d’Internet à des fins terroristes, la destruction du patrimoine culturel par des terroristes et les enlèvements avec demande de rançon ou à des fins d’extorsion.  Ils disent aussi vouloir envisager des mesures spéciales pour mettre en place un cyberenvironnement sûr et résilient et appliquer en les renforçant les mesures globales de prévention de la criminalité et de justice pénale visant le trafic de biens culturels.

Ils prennent note avec satisfaction de l’offre du Gouvernement japonais d’accueillir, en 2020, le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.  Mais avant cela, ils promettent de continuer d’étudier toutes les options envisageables pour mettre en place un ou plusieurs mécanismes qui aideraient la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée à examiner de manière efficace et rationnelle l’application de la Convention et des protocoles s’y rapportant.  Par ses programmes de recherche, d’assistance technique et de renforcement des capacités, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) se tient prêt à traduire la vision agréée ici à Doha dans le travail sur le terrain et à faire la différence dans la vie des gens partout dans le monde, a assuré le Directeur exécutif de l’Office, M. Yury Fedetov.

Á l’ouverture du Congrès, les chefs de gouvernement, les ministres et les représentants ont visionné  un documentaire sur l’implication du Forum des jeunes à ce Congrès puis entendu les déclarations de trois jeunes du Qatar, du Royaume-Uni et de l’Espagne énoncer leur propre « Déclaration de Doha ».  Les participants ont aussi visionné une vidéo de quelques minutes retraçant les 60 ans du Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, avant d’entamer le Segment de haut niveau qui se poursuivra jusqu’à mercredi 15avril.

*A/CONF.222/L.6

Allocutions d’ouverture

M. ABDULLAH BIN NASSER BIN KHALIFA AL THANI, Premier Ministre et Président du Congrès, a noté que ce Congrès avait lieu au moment où les tensions et les conflits sont en train de mener au terrorisme et à l’insécurité.  Le Qatar a proposé d’accueillir le treizième Congrès pour illustrer sa détermination à combattre une criminalité qui compromet le développement durable et les autres objectifs internationaux essentiels, a expliqué le Premier Ministre.  Les efforts nationaux et régionaux doivent être consolidés, a-t-il dit, en insistant sur le fait que le succès dépend de la justesse des mesures adoptées dans le respect du droit international.  La prévention de la criminalité doit inclure la lutte contre la corruption, la fourniture des services sociaux de base, la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’intégration sociale de tous les segments de la société, a insisté le Premier Ministre.

À la lumière de l’impact négatif de la criminalité sur le développement, a-t-il poursuivi, il devient « crucial » d’intégrer la justice pénale dans l’agenda plus large des Nations Unies, dont le programme de développement durable pour l’après-2015.  Dans ce contexte, a noté le Premier Ministre, le Qatar a pris l’initiative de créer un fonds régional pour les victimes des conflits au Moyen-Orient.  Après avoir appelé « les partenaires » à y contribuer, le Premier Ministre a souligné que l’état de droit à tous les niveaux est l’une des garanties les plus importantes du développement et de la justice.  Au nom d’un pays qui lutte pour la transparence et contre le terrorisme, il a mis en garde contre les politiques de « deux poids, deux mesures » en matière de justice pénale.  Les violations des lois se commettent partout dans le monde entier et les condamnations et poursuites sélectives ne sauraient être tolérées.  Le Conseil de sécurité de l’ONU doit donc s’engager en faveur de la justice pénale internationale dans « le vrai sens du terme », a insisté le Premier Ministre.

En arabe, Doha signifie « grand arbre » mais nous ne sommes pas ici pour admirer les grands arbres, par contre pour examiner ce que nous trouvons dans les sous-bois, a prévenu M. BAN KI-MOON.  Le Secrétaire général de l’ONU a averti que comme une mauvaise herbe, les racines de la criminalité sont partout, menaçant d'étouffer le faible et le vulnérable.  Partout dans le monde, des milliers de gens sont tués chaque année par une violence liée à la drogue et au terrorisme.  Plus de 40 000 femmes sont assassinées chaque année par leurs partenaires.  Des centaines de milliers de femmes et de jeunes filles sont forcées par des trafiquants à une vie de servitude, à l'esclavage sexuel et à d'immenses souffrances.

La faune est gravement menacée: en Afrique du Sud, plus de 1 200 rhinocéros ont été abattus par des braconniers, l’année dernière.

La criminalité se nourrit de la corruption et entrave la bonne gouvernance.  Elle sape les institutions et l’état de droit.  Elle menace la paix et la sécurité, elle entrave le développement et elle viole les droits de l’homme.  Le diagnostic posé, le Secrétaire général a rappelé que cette année est « cruciale » pour ces trois piliers de l'ONU.  En septembre, les États Membres examineront un programme de développement pour l’après-2015 qui peut ouvrir la voie à un avenir meilleur pour des milliards de personnes.  Le succès exige que le nouvel agenda et les nouveaux objectifs de développement durable reflètent la centralité de l’état de droit.  Quelle chance a une jeune fille si les ressources nécessaires à la santé et à l’éducation sont détournées par la corruption?  Comment sa mère peut-elle prospérer si elle est soumise à la violence à la maison?  Comment un jeune homme peut-il faire son chemin dans le monde si son quartier est contrôlé par des gangs?  Comment les gens peuvent-ils prospérer si la police et les tribunaux deviennent des instruments de répression?

Le développement et les droits de l'homme dépendent des cadres juridiques qui favorisent l'égalité et d’une gouvernance qui respecte ces lois, a répondu le Secrétaire général.  Toutes les sociétés ont besoin de systèmes de justice pénale équitables, d’institutions efficaces et responsables et d’accès à la justice pour tous. 

Vous êtes venus à Doha, a souligné le Secrétaire général, pour raconter vos succès et vos défis.  La coopération internationale et la coordination sont essentielles, en particulier dans des domaines tels que la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.  Nous devons nous adapter aux mutations: la cybercriminalité est devenue une entreprise qui dépasse les milliards de dollars par an.  Elle touche des millions de personnes dans le monde, le monde des affaires et les gouvernements.  Nous devons, a insisté le Secrétaire général, examiner les liens croissants entre criminalité organisée et terrorisme.  Nous devons adopter une approche globale pour lutter contre l'extrémisme, le trafic, le blanchiment d'argent, la corruption et toute une gamme de questions connexes.

La criminalité et les extrémistes existeront toujours, a reconnu le Secrétaire général, mais nous devons travailler pour qu’ils ne soient plus des options attrayantes ou nécessaires, en particulier pour les jeunes.  C’est pourquoi, a souligné le Secrétaire général, nous nous concentrons sur un développement équitable et durable.  C’est pourquoi les Nations Unies appuient l’état de droit et la réforme du secteur de sécurité dans le maintien et la consolidation de la paix.  C’est pourquoi les Nations Unies élaborent un plan d'action sur la prévention de l'extrémisme violent.  Notre devoir envers les citoyens du monde est d'agir aujourd’hui pour empêcher que des fonds ne soient utilisés pour détruire et tuer demain. 

Nous ouvrons un « nouveau chapitre de l'histoire de l’humanité», a estimé le Secrétaire général, en comptant sur le treizième Congrès pour ajouter son expérience aux parties les plus importantes de l’agenda post-2015.  Notre objectif est que le monde puisse dire d’une seule voix: aujourd’hui est plus sûr et plus juste qu’hier et demain sera meilleur qu’aujourd’hui ».  Si nous tenons nos promesses et si nous bâtissons un monde de justice et d’égalité alors, nous aurons pris part à un succès extraordinaire pour des milliards de gens dans le monde, a conclu le Secrétaire général.

Cette année, le monde s’est mis ensemble pour définir un programme de développement pour l’après-2015 véritablement transformateur et qui puisse renforcer le progrès humain et mettre fin à la pauvreté et aux inégalités, a déclaré le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  M. YURY FEDOTOV a estimé qu’ici à Doha, les délégations peuvent contribuer à cette entreprise « historique ».  Pendant 60 ans, a-t-il précisé, les congrès sur la prévention du crime et la justice pénale ont été en première ligne pour définir les politiques, établir les normes et renforcer la coopération internationale dans les domaines en discussion.

Le treizième Congrès est l’occasion de se mettre d’accord sur des réponses fortes au crime, à la violence, à la corruption et au terrorisme, lesquels représentent certains des défis les plus pressants de notre temps et certaines des menaces les plus dangereuses pour le développement durable. 

Nous devons faire plus, a dit le Directeur exécutif, pour préserver et pérenniser le développement grâce à des mesures justes et efficaces de prévention du crime et à des systèmes de justice pénale qui permettent à la police, aux procureurs, aux tribunaux et aux prisons de fonctionner et d’interagir efficacement, dans le respect de l’état de droit et des normes des droits de l’homme. 

Le treizième Congrès offre l’occasion de faire avancer l’action mondiale et de promouvoir une approche holistique qui intègre des mesures efficaces de prévention du crime et de justice pénale dans l’agenda plus large des Nations Unies, y compris le travail sur les droits de l’homme, l’égalité entre les sexes et la protection des enfants.

La déclaration politique qui doit être adoptée ici à Doha et sa mise en œuvre peuvent contribuer à la réalisation des objectifs qui seront définis dans le programme de développement pour l’après-2015, a insisté le Directeur exécutif. 

Le Congrès, a-t-il aussi insisté, est l’occasion d’élargir et de renforcer la coopération internationale pour contrer la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et les flux financiers illicites et trouver des réponses rapides, souples et efficaces. 

C’est une chance, a estimé le Directeur exécutif, de promouvoir des politiques globales et des programmes globaux et inclusifs.  En la matière, les partenariats sont une partie intégrante de la prévention du crime et il faut faire plus pour impliquer la société civile.

Par ses programmes de recherche, d’assistance technique et de renforcement des capacités, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime se tient prêt à traduire la vision agréée ici à Doha dans le travail sur le terrain et à faire la différence dans la vie des gens partout dans le monde.

M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a souligné les défis qu’ont générés les technologies de l’information et des communications.  Le long de la trajectoire de la mondialisation, s’est-il expliqué, des nouvelles menaces font leur apparition, aggravées par la vitesse avec laquelle les individus et les gangs criminels partagent les informations.  M. Kutesa s’est dit heureux que le Congrès se concentre sur les nouvelles formes de criminalité transnationale organisée, y compris les crimes liés à la vie sauvage et aux bois précieux.

En travaillant à prévenir la criminalité, il faut reconnaître, a poursuivi le Président, que la gouvernance, y compris l’état de droit, est un ingrédient essentiel à une croissance économique et à un développement durable et inclusif.  Il ne fait aucun doute que cette croissance et ce développement vont main dans la main avec la nécessité d'un système de justice pénale équitable et indépendant.  Ces questions seront d'une importance cruciale au moment de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, a dit le Président.  Nos efforts pour attirer les investissements du secteur privé et sa contribution au nouveau programme nécessitent un certain degré de certitude quant au climat des affaires, a-t-il réitéré.

Des questions telles que l'intégrité des marchés et l'accès équitable et impartial à la justice pointent vers la nécessité de renforcer l’état de droit et la justice pénale comme cadres permettant aux entreprises de prospérer et, par extension, la croissance et le développement.  Le Président a rappelé que l’objectif 16 du projet de programme de développement pour l’après-2015 parle de sociétés pacifiques et inclusives, d'accès à la justice pour tous, et d’institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux.  Profitons de ce treizième Congrès pour générer des idées concrètes qui puissent contribuer au processus en cours sur le futur programme, s’agissant de la prévention du crime et de la justice pénale, a conclu le Président.

Cette année, a dit, à son tour, M. MARTIN SAJDIK, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), nous aurons à « gravir des montagnes » dont l’une s’appelle « crime »: le crime sous la forme de la misère et de la traite des personnes, sous la forme du terrible tribut payé au trafic de drogues; sous la forme de l’effroyable violence contre les femmes.  Ces crimes et bien d’autres encore, érodent la santé et la richesse des sociétés.  Ils minent les institutions mêmes qui devraient protéger les citoyens et ils sapent la paix et la sécurité internationales.

Le Président de l’ECOSOC a aussi rappelé, à son tour, que l’objectif 16 du futur programme de développement pour l’après-2015 parle de l’accès à la justice et du renforcement des capacités institutionnelles.  Ce renforcement, a pronostiqué M. Sajdik, sera sans doute l’un des résultats centraux de la Conférence sur le financement du développement à Addis-Abeba.  Ne soyons pas naïfs, a-t-il concédé: ni la criminalité ni la pauvreté ne disparaîtront du jour au lendemain.  Mais le propos de ce Congrès est justement d’établir un agenda contre la criminalité pour les cinq prochaines années et de faire en sorte qu’une action soit prise en faveur de la bonne mise en œuvre du futur programme de développement.  Nous allons affiner nos plans pour un développement durable pour tous et, a insisté le Président, ce n’est pas seulement une cause précieuse mais c’est aussi une cause « fondamentale » pour nous, les êtres humains et nous, les gardiens de cette planète.

Déclarations

M. EVANDRO DE SAMPAIO DIDONET (Brésil), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné l’importance de créer un mécanisme intergouvernemental « transparent, efficace, non intrusif, inclusif et impartial, totalement financé par le budget ordinaire de l’ONU » pour suivre la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles.  Le représentant a aussi appelé à « la bonne foi » dans la mise en œuvre des obligations des États parties en vertu de l’article 32 de la Convention qui parle de l’assistance technique et du renforcement de la coopération internationale.

Après être revenu sur des points repris dans la Déclaration politique, le représentant a exprimé la « grave » préoccupation de son Groupe face aux mesures visant à « noter » les États Membres en matière pénale qu’il s’agisse de la traite de personnes, du financement du terrorisme, du blanchiment d’argent, du trafic d’armes, de la contrebande de migrants ou encore de la corruption.  Le Groupe, a-t-il dit, appelle tous les États Membres et les organisations régionales et internationales pertinentes à éviter « les classements » et les actions unilatérales comme les sanctions qui pourraient affaiblir le cadre de la coopération internationale et la faculté des États à lutter contre la criminalité.  Le Groupe, a-t-il ajouté, répète que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a besoin de ressources « adéquates et pérennes » pour mettre efficacement en œuvre « un mandat de plus en plus complexe ».  Le Groupe demande à tous les États d’accroître leurs contributions « inconditionnelles », en particulier au Fonds général, a conclu le représentant.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ADELAKUN ABEL AYOKO (Nigéria), a tenu à souligner que la nature changeante de la criminalité transnationale organisée représente un grave défi pour son continent et menace sérieusement les efforts en faveur du développement durable.  Le Groupe des États d’Afrique appelle en conséquence à une assistance technique « pertinente et adéquate », fondée sur les besoins spécifiques des pays pour renforcer leurs capacités à lutter contre les activités criminelles et à protéger leurs populations.  Le Groupe souhaite que l’on appui les instruments africains contre le terrorisme, le trafic de drogues et autres formes de criminalité organisée.  Le Groupe rappelle le rôle joué par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme basé en Algérie, lequel doit être soutenu tout comme les autres mécanismes africains pertinents.  Tout en reconnaissant la responsabilité partagée de préserver la dignité humaine, les droits de l’homme et les libertés fondamentales, le Groupe des États d’Afrique, a conclu le représentant, appelle au plein respect des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale de tous les États, de leurs lois nationales et de leurs particularités socioculturelles et religieuses. 

Au nom du Groupe des États d’Asie, M. BASSAM SAMEER AL-TALHOUNI, Ministre de la justice de la Jordanie, a, à son tour, passé en revue toutes les questions soulevées dans la Déclaration politique, avant de condamner « fermement et sans équivoque » le terrorisme sous toutes ses formes, quels qu’en soient les auteurs, quels que soient les endroits où les actes terroristes sont commis et quelles qu’en soient les raisons, car il s’agit d’une des menaces les plus graves à la paix et à la sécurité internationales.  S’il a salué la manière dont l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime s’acquitte de son mandat, le Ministre a estimé qu’on ne saurait trop souligner l’importance de la coopération interinstitutions et de l’assistance technique dont le transfert des technologies et le renforcement des systèmes de justice pénale pour prévenir et combattre plus efficacement la criminalité, dont le terrorisme.  Le Ministre a appelé l’Office à poursuivre son travail avec les différentes parties prenantes pour affiner les processus d’évaluation des besoins.

Au nom du Groupe des pays d'Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC), Mme GLORIA DEL CARMEN YOUNG CHIZMAR (Panama), a dit la nécessité de faire en sorte que les politiques de prévention du crime et de la justice pénale tiennent compte des besoins spécifiques des groupes les plus vulnérables dont les femmes, les enfants, les peuples autochtones et les minorités ethniques, ou encore les handicapés et les lesbiennes, gays, transgenres et bisexuels (LGTB).  Elle s’est dite préoccupée par l’absence d’accord sur la mise en place du mécanisme d’examen proposé lors du précédent Congrès en 2010 pour suivre la mise en œuvre de la Convention contre la criminalité transnationale organisée.  Elle a appelé les États Membres à trouver la volonté politique nécessaire pour créer un mécanisme intergouvernemental transparent, inclusif et impartial doté d’un financement prévisible.  Elle a jugé indispensable que la lutte contre les différentes formes de criminalité soit « plus intégrale et plus multidisciplinaire » et mette davantage l’accent sur la prévention.  Elle a appelé à la conception de nouvelles ripostes face aux nouveaux défis comme la cybercriminalité, le trafic de biens culturels, les crimes contre l’environnement, le trafic d’organes, de sang et de tissu humains, le crime en milieu urbain et l’extraction minière illégale.  Elle a aussi insisté sur la justice réparatrice et sur des peines proportionnelles aux délits, conformément au devoir de préserver la dignité humaine.

Mme GYORGYI MARTIN ZANATHY, Union européenne, a condamné les attaques qui viennent d’être commises par des groupes terroristes en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie.  Dans un monde « mondialisé », de telles menaces ne peuvent être contrées que par la coopération internationale et une action nationale « déterminée », a-t-elle souligné.  La représentante a aussi tenu à réitérer la conviction de l’Union européenne que l’abolition de la peine de mort contribue au respect de la dignité humaine et au renforcement des droits de l’homme.  Pour l’Union européenne, la peine de mort est une punition cruelle, inhumaine et dégradante, qui n’a pas prouvé sa capacité à prévenir les crimes.  L’Union salue donc les mesures prises par certains États visant à réduire le nombre des crimes pour lesquels la peine de mort est applicable.  L’Union européenne, a poursuivi la représentante, est également gravement préoccupée par le fait que l’orientation et l’identité sexuelles soient encore invoquées pour justifier de graves violations des droits de l’homme dans le monde.  Les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres représentent un groupe vulnérable qui est toujours victime de persécution, de discrimination, d’abus et de mauvais traitements, impliquant souvent des formes extrêmes de violence, y compris la torture et le meurtre.  L’Union européenne, a insisté la représentante, tient au principe d’universalité des droits de l’homme et réaffirme que les valeurs culturelles, traditionnelles ou religieuses ne sauraient en aucun cas être invoquées pour justifier la discrimination, a conclu la représentante qui a, comme les autres délégations, donné son point de vue sur toutes les questions soulevées dans la Déclaration politique.

M. KOTARO OHNO, Procureur général du Japon, a affirmé que dans son pays, la participation des citoyens à la justice pénale peut être vue comme l’illustration de la culture juridique nationale.  Il a donné l’exemple du « Saiban-in » introduit en 2009, selon lequel un panel composé de juges professionnels et de citoyens ordinaires jugent certains crimes graves.  Une des raisons pour lesquelles le système fonctionne bien est que les citoyens japonais ont acquis une culture du respect de la loi grâce à l’éducation et à la vie sociale.  Le Procureur a aussi donné l’exemple des officiers de probation volontaires qui aident à la réinsertion des anciens condamnés. 

S’agissant du terrorisme, le Procureur a promis que son pays élargira son assistance technique aux pays et aux organisations internationales.  Il a rappelé que le Japon vient de signer un plan d’action avec l’ONUDC sur un partenariat stratégique.  Le Japon a aussi dépêché des experts dans les pays d’Asie pour appuyer le développement juridique et judiciaire et il gère l’Institut asiatique des Nations Unies pour la prévention du crime.  Le Japon organise aussi plusieurs cours de formation et de séminaires pour les agents concernés à travers le monde.    

Le Procureur général a rappelé qu’après avoir accueilli le Congrès en 1970, le Japon entend réitérer l’exploit en 2020.  Dans chaque pays, le système de justice pénale s’adosse à un contexte culturel, historique et social qu’il faut respecter quelles que soient les différences.  Dans le même temps, avec l’internationalisation de la criminalité, a argué le Procureur, il est vraiment important que les pays coopèrent étroitement au-delà de leurs différences.  Le Japon a développé une culture « de progrès et d’originalité » en fusionnant les cultures étrangères avec ses propres traditions.  En partageant notre expérience, a conclu le représentant, nous espérons contribuer davantage aux efforts de coopération de la communauté internationale.

M. IVICA DAČIĆ, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a salué la participation des jeunes au Congrès, soulignant que l’approche nationale dans la prévention du crime et la justice pénale fait aussi appel aux jeunes qui sensibilise l’opinion publique.  Le Ministre a parlé d’un mécanisme d’assistance et de compétence technique pour la région Europe du Sud pour le renforcement des capacités nationales.  Par ailleurs, Présidente de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la Serbie a fait de la lutte contre la corruption une priorité.  Le programme de trois ans vise, entre autres, à lutter contre le blanchiment d’argent.

M. SEBAHATTIN ÖZTÜRK, Ministre de l’intérieur de la Turquie, a estimé que la criminalité transnationale organisée et le terrorisme international demeuraient la principale menace à la sécurité internationale et au développement.  « Si nous voulons riposter de manière efficace contre cette criminalité et notamment le terrorisme, nous devons appliquer les stratégies nationales et régionales de manière intégrée », a insisté le Ministre.  Il a salué les initiatives de l’ONUDC pour renforcer les capacités des États de mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles.  Il a estimé que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies est l’épine dorsale de la lutte internationale contre ce phénomène.  Il a parlé des combattants étrangers pour dire qu’ils ne sont qu’une partie du problème.  La Turquie, a-t-il affirmé, a empêché beaucoup de gens, suspectés de vouloir rejoindre le djihad, d’aller en Syrie.  « Nous avons expulsé de nombreuses personnes », a-t-il précisé. 

Le Ministre a salué l’importance des mesures adoptées en 2013 sur la traite des êtres humains.  Il a précisé que son pays a signé un certain nombre d’accords bilatéraux sur ce problème.  Face à l’augmentation du trafic illicite des biens culturels, il a exhorté les États de l’ONU à considérer l’élaboration d’un traité international juridiquement contraignant.  

M. ANDREA ORLANDO, Ministre de la justice de l’Italie, a affirmé l’engagement de son pays à protéger les droits des migrants clandestins, à commencer par leur droit à la vie.  Grâce à l’opération « Mare Nostrum », l’Italie a sauvé plus de 100 000 migrants d’octobre 2013 à décembre 2014.  L’opération « Triton » de l’Union européenne, qui est actuellement en cours, a déjà sauvé environ 6 000 migrants.  Nous appelons, a dit le Ministre, tous les États Membres à garantir la mise en œuvre pleine et universelle de la Convention de Palerme et de ses protocoles, dont le niveau de ratification n’est toujours pas satisfaisant et qui sont toujours insuffisamment mis en œuvre.  L’Italie appelle aussi les États à établir le plus vite possible un mécanisme de suivi de la Convention pour contrer plus efficacement les formes anciennes et nouvelles de la criminalité. 

Le Ministre a voulu mettre l’accent sur trois aspects changeants du « phénomène criminel » qui font obstacle au développement durable et qui pointent sur la nécessité de renforcer la coopération judiciaire.  Il a cité le trafic illicite des biens culturels, les crimes écologiques et la contrefaçon.  L’Italie finance en ce moment un instrument pratique d’assistance à la mise en œuvre des Principes directeurs internationaux sur les mesures de prévention du crime et de justice pénale relatives au trafic des biens culturels et autres infractions connexes qui sera publié par l’ONUDC.  Pour ce qui est de la contrefaçon, le Ministre a estimé qu’il faut mieux connaître le phénomène et renforcer la coopération entre les autorités judiciaires.  Il s’est félicité de ce que la Déclaration politique ait soulevé cette question.  Le Ministre a conclu sur l’importance de la société civile, des ONG, du secteur privé, du milieu universitaire et des instituts de recherche dans la prévention du crime et la justice pénale.  Sans leur contribution, il sera impossible de vaincre la criminalité, le terrorisme et la corruption et l’expérience de l’Italie contre « le terrorisme national » et « la mafia » en est un exemple concret.

M. ROBERT PELIKAN, Ministre de la justice de la République tchèque, a, après avoir expliqué les dispositions de protection de l’enfant dans son pays, expliqué qu’en République tchèque, la prévention est organisée à trois niveaux: national, ministériel et local.  Même les meilleures mesures préventives peuvent quelque fois s’avérer inefficaces, a ensuite reconnu le Ministre.  Il a appelé les États à tout faire pour que l’auteur du crime soit arrêté et dûment puni dans le respect de tous ses droits.  À cet égard, il a parlé du nouveau Code pénal tchèque qui prévoit, depuis 2009, « la peine de détention à domicile» dont le contrôle est exercé par le Service national de probation et de médiation.  Néanmoins, a ajouté le Ministre, l’État envisage de se procurer un système de surveillance électronique qui devrait considérablement simplifier les choses et grâce auquel le nombre de personnes placées dans des établissements pénitentiaires n’aura plus tendance à augmenter.

Mme AIYING WU, Ministre de la justice de la Chine, a exhorté les États à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour augmenter encore le niveau de la coopération contre la criminalité transnationale organisée.  Il nous faut, a-t-elle estimé, un « réseau international ».  Elle a aussi appelé à un cadre juridique international contre la cybercriminalité et à de nouvelles interventions nationales et internationales.  Le Gouvernement de la Chine développe l’état de droit « à un rythme accéléré », a affirmé la Ministre.  Notre législation pénale continue d’être améliorée et touche aux questions de la protection de l’environnement, de la lutte contre la corruption, de la protection des biens culturels ou encore de la protection des mineurs.  La Chine a le souci de promouvoir la transparence de son système judiciaire et a conclu 129 traités bilatéraux sur l’extradition et d’autres questions de coopération.

Comme le Congrès est là pour partager les expériences dans la prévention du crime et la justice pénale, M. TOMÁŠ BOREC, Ministre de la justice de la Slovaquie, a parlé de l’introduction, dans son pays, d’un système de surveillance électronique des accusés et condamnés.  Une peine de détention à domicile a été introduite en 2006 mais sans le système de contrôle technique qui n’a été introduit que cette année.  Grâce à ce système, le nombre des peines alternatives devrait augmenter et les prisons devraient être décongestionnées.  Le système devrait aussi améliorer le processus de réinsertion et prévenir d’autres crimes.  Le nouveau système, a expliqué le Ministre, couvrira l’exécution d’autres décisions comme la probation, la liberté conditionnelle et la suspension conditionnelle des poursuites.  Le système devrait aussi améliorer l’exécution des jugements aux tribunaux civils et améliorer la protection des victimes de la violence domestique.  Le Ministre a tenu à souligner le rôle des technologies de l’information et des communications dans la prévention du crime.

CHEIK ABDULMALIK BIN ABDULLAH BIN ALI AL-KHALILI, Ministre de la justice d’Oman, a affirmé que la Constitution du Sultanat d’Oman a renforcé le concept d’état de droit et d’indépendance du pouvoir judiciaire.  Le Gouvernement a adopté des lois sur les droits de l’homme, le terrorisme, la traite des personnes ou le blanchiment d’argent.  L’état de droit et la sécurité préparent la voie du développement, a argué le Ministre qui a ajouté qu’Oman apportera sa contribution à la coopération internationale sur ces trois questions, une coopération, a-t-il insisté, qui doit reposer sur le respect réciproque.  Le Ministre a rappelé qu’Oman a adhéré à 13 instruments internationaux et régionaux de lutte contre le terrorisme.    

M. MORGAN JOHANSSON, Ministre de la justice et de la migration de la Suède, a souligné que l’état de droit n’est pas seulement le moyen de parvenir à d’autres fins.  C’est aussi un principe de gouvernance et « quelque chose de positif en soi ».  Quand ce principe est respecté et promu, tous les individus quels que soient leur sexe, leur religion ou leur ethnicité peuvent jouir d’une vie digne.  L’égalité entre les sexes est un autre principe fondamental, a poursuivi le Ministre, une condition préalable à la lutte contre la pauvreté, à l’accès à l’éducation et à la santé, à la participation économique et aux processus de prise de décisions.  Les droits de la femme, qui sont des droits de l’homme, ne peuvent en aucun cas être niés au nom d’une culture, d’une tradition ou d’une religion, a insisté le tenant d’un pays qui a élaboré « une politique étrangère féministe.  « Le Ministre s’est attardé sur un des éléments fondamentaux du système suédois s’agissant de la coopération judiciaire.  La Suède permet en effet la coopération avec un État sans la signature préalable d’un accord, par exemple, sur l’extradition ou l’entraide judiciaire.  Le Ministre n’a pas nié les limites et la réglementation stricte du dispositif actuel mais en lui-même, a-t-il argué, un accord n’est pas nécessaire pour la coopération judiciaire.  Le système est efficace, a-t-il conclu, en encourageant les autres pays à envisager des options pour permettre une coopération aussi large que possible.

M. FÉLIX BRAZ, Ministre de la justice du Luxembourg, s’est félicité de ce que la Déclaration de Doha mette l’accent sur l’impact négatif de la criminalité sur le développement durable.  Il a salué une Déclaration qui réserve aussi, et à juste titre, une place à la lutte contre le terrorisme et le financement du terrorisme.  « Nous ne devrons jamais accepter la peur et la violence », a dit le Ministre qui a souligné l’importance des instruments de l’ONU en matière de lutte contre le terrorisme.  Il faut intensifier la coopération internationale et respecter les droits fondamentaux.  Le Ministre a fait part des efforts du Luxembourg pour adapter sa législation aux obligations découlant de la résolution 2178 du Conseil de sécurité.  Le Ministre a confié qu’il aurait voulu voir dans la Déclaration de Doha un paragraphe sur la suppression de la peine de mort.  Rappelant que de nombreux pays ont mis en place un moratoire, il a insisté sur le caractère inhumain de cette peine.

M. FIKRAT MAMMADOV, Ministre de la justice de l’Azerbaïdjan, a fait part de la forte volonté politique des dirigeants de son pays à réformer en profondeur le secteur de la justice.  Il a parlé de la création du Conseil judiciaire, un organe indépendant qui a été doté de pouvoirs de plus en plus élargis.  Des garanties pour l’indépendance de la justice ont été adoptées et des nouveaux mécanismes pour combattre les interférences ont été introduits.  Il a souligné l’amélioration de l’accès à la justice grâce à la multiplication du nombre des tribunaux et des juges.  Le Ministre a également évoqué la modernisation des infrastructures pénitentiaires, avec la coopération des défenseurs des droits de l’homme. 

L’Azerbaïdjan a adopté des lois particulières sur l’extradition et l’entraide judiciaire qui ont permis la coopération sans traité.  Mais il a tenu à dire que parfois, la coopération internationale est entravée, surtout lorsqu’il s’agit de territoires touchés par un conflit incontrôlé, des territoires utilisés par des sociétés privées pour des activités criminelles dont les profits servent à financer le terrorisme.  De tels cas existent en Azerbaïdjan depuis l’agression de l’Arménie qui dure depuis plus de 25 ans.  Un cinquième du pays est occupé, lequel pays compte désormais un million de réfugiés et de déplacés internes.  Le Ministre n’a pas oublié de mentionner les « centaines » de monuments historiques et de biens culturels pillés et détruits.

Mme NATALIA GHERMAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de Moldova, a rappelé que son pays a accueilli en février dernier, avec le soutien de l’Allemagne, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’Organisation internationale du Travail (OIT), une réunion internationale de haut niveau sur le renforcement des capacités institutionnelles dans la mise en œuvre des objectifs de développement pour l’aprè-2015.  À cet égard, la République de Moldova est ferme dans son intention d’élaborer un agenda global sur la réforme judiciaire, conformément à l’engagement qu’elle a pris dans son Accord d’association à l’Union européenne, en juin dernier.  Au cours de ces quatre dernières années, la République de Moldova a empêché plusieurs tentatives des réseaux criminels de faire passer de l’uranium.  Aujourd’hui, s’est enorgueilli le Vice-Premier Ministre, la République de Moldova est le seul pays du Partenariat avec les pays d’Europe orientale à avoir signé un accord de coopération opérationnelle et stratégique avec EUROPOL.

M. WOLFGANG BRANDSTETTER, Ministre de la justice de l’Autriche, a fait observer que l’état de droit et la protection des droits de l’homme sont soumis à la pression croissante des groupes terroristes, ces derniers temps.  Il faut absolument sortir gagnant de cette épreuve et battre le terrorisme.  L’Autriche est attachée à une approche intégrée contre le recrutement des jeunes sur Internet et au problème du financement du terrorisme, a soutenu le Ministre.  À son tour, il s’est opposé à la peine de mort en toutes circonstances.  Il a appelé les pays qui pratiquent cette mesure à adopter un moratoire avant son abolition.  S’agissant de la lutte contre la corruption, le Ministre a révélé l’élaboration d’une stratégie internationale, avec la Thaïlande, en vue de renforcer la lutte contre ce fléau et a réaffirmé le soutien de l’Autriche à l’Académie internationale de lutte contre la corruption.  Pour ce qui est de la contrebande de migrants, M. Brandstetter a plaidé pour la création d’un fonds de contribution volontaire en faveur des personnes victimes de la traite.  Cet argent devrait aider les victimes à se refaire une vie, a estimé le Ministre.  

M. MOHAMMAD BAGHER OLFAT, Chef adjoint du système judiciaire de la République islamique d’Iran, a réitéré son opposition aux actions unilatérales et aux sanctions qui pourraient d’ailleurs affaiblir le cadre de la coopération internationale et amoindrir la capacité des États à lutter contre la criminalité.  Les sanctions finissent toujours par faire naître des circuits parallèles pour les transactions financières et commerciales qui en retour facilitent les crimes comme le blanchiment d’argent, le trafic des biens y compris des médicaments et les délits fiscaux.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur les crimes de haine commis par des groupes terroristes au Moyen-Orient.  Le but d’« Un monde sans violence ni extrémisme » proposé par l’Iran à la dernière session de l’Assemblée générale devrait être dûment examiné, a-t-il estimé.  Il a aussi souligné l’énorme coût humain, financier et social que son pays paie dans la lutte contre le trafic de drogues, un trafic alimenté par la production illicite dans des pays voisins et par la demande dans les pays de la région et au-delà, en particulier en Europe.  L’Iran est seul dans cette lutte contre un phénomène en constante aggravation et compte que la communauté internationale jouera son rôle, conformément au principe de la responsabilité partagée.

M. PAIBOON KOOMCHAYA, Ministre de la justice de la Thaïlande, a indiqué que son pays a adopté une nouvelle loi appelée « Justice Fund Act » qui a permis de donner une assistance juridique à ceux qui sont dans une procédure pénale et d’élargir la base de la justice communautaire.  Le Ministre a ajouté que le traitement des délinquants se trouve au cœur du système judiciaire.  La peine de prison est prononcée non seulement pour punir les délinquants mais aussi pour les réhabiliter et réduire la récidive.  S’agissant de la corruption, le Ministre a souligné la nécessité d’y investir et à propos du trafic de drogues, il a appelé à une coopération internationale robuste.  En Asie du Sud-Est, « l’ASEAN Narcotics Cooperation Centre » a été mise en place à Bangkok, l’année dernière, pour améliorer la coopération et le partage d’informations.  Pour ce qui est de la lutte contre la traite des personnes, le Gouvernement a adopté une politique de zéro tolérance en septembre dernier.  Depuis, la situation s’est améliorée de manière significative en termes de taux de poursuite et de condamnation.  Concernant le « crime environnemental », la Thaïlande a amendé ses lois pour s’attaquer aux trafics des espèces protégées de la faune, dont l’ivoire.  Sur la cybercriminalité, la Thaïlande cherche à renforcer ses capacités en particulier pour lutter contre l’exploitation sexuelle en ligne des enfants.

Mme CRISTINA RAMÍREZ CHAVARRÍA, Ministre de la justice et de la paix du Costa Rica, a « totalement » approuvé le lien établi entre état de droit et développement durable.  Elle a ensuite souligné, après avoir énoncé les progrès faits dans son pays en matière de prévention du crime et de justice pénale, que le Costa Rica se situe dans une région où la confrontation avec le trafic international de drogues est inévitable.  Elle s’est donc dite préoccupée par une coopération internationale qui ne vise presqu’exclusivement que la répression.  La lutte contre le trafic, a-t-elle rappelé, implique un certain niveau de violence et des tentatives de corruption des institutions dans une région caractérisée par un ordre institutionnel déjà fragile et par des niveaux importants voire alarmants d’insécurité sociale.  Cette lutte met en contraction l’état de droit et le développement, les deux concepts autour desquels s’articule le Congrès. 

Comme le coût humain et institutionnel est très élevé pour les pays d’Amérique centrale et que les bénéfices de la criminalité sont saisis dans les pays développés où la demande est d’ailleurs la plus forte, la Ministre a demandé à ces pays d’envisager non seulement d’offrir leur assistance technique mais aussi de transférer un pourcentage des sommes saisies pour financer des programmes de prévention qui permettraient aux jeunes gens de la région de multiplier leurs chances d’accès à l’éducation et à une vie saine, a conclu la Ministre en reprenant ainsi les termes de la Déclaration d’El Salvador.

Contre la criminalité, a estimé M. ABDUL QADIR BALOCH, Ministre des régions frontalières du Pakistan, il ne saurait y avoir de solution unique.  Dans ce contexte, il a jugé indispensable que la lutte contre cette criminalité soit respectueuse de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États.  Après avoir appelé au renforcement de la lutte contre la corruption, le Ministre a souligné que le terrorisme est un défi commun et qu’au Pakistan, il est le produit « malheureux » de l’évolution politique et géostratégique de la région au cours des 30 dernières années.  Le Ministre a dénoncé l’attaque « odieuse » contre une école à Peshawar le 16 décembre 2014.  La lutte contre la criminalité est une responsabilité partagée, a-t-il insisté.  Le consensus et la coopération sont des conditions préalables au succès, a insisté le Ministre. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC élit 23 membres du Conseil d’administration d’ONU-Femmes

Session de 2015,
24e séance – matin
ECOSOC/6683

L’ECOSOC élit 23 membres du Conseil d’administration d’ONU-Femmes

 

Il élit également un membre du Conseil d’administration d’ONU-Habitat

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a élu, ce matin, 23 membres du Conseil d’administration de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes).  Douze ont été désignés par acclamation et cinq à l’issue d’un vote, afin de pourvoir les postes réservés au Groupe des États d’Asie et du Pacifique.  Six autres ont été élus pour remplacer des membres démissionnaires.

En outre, après avoir élu mercredi dernier 14 membres sur les 19 nouveaux postes à pourvoir au Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), l’ECOSOC a élu par acclamation la Suède, pour un mandat qui s’achèvera le 31 décembre 2015. 

Le scrutin organisé ce matin pour élire cinq membres du Groupe des États d’Asie et du Pacifique au Conseil d’administration d’ONU-Femmes, qui a réuni 53 votants, a donné des sièges aux pays suivants: les Émirats arabes unis (53 voix), Samoa (53 voix), Turkménistan (52 voix), Pakistan (49 voix) et la République islamique d’Iran (36 voix).  Ce sont les pays dont les candidatures avaient été approuvées par le Groupe des États d’Asie et du Pacifique pour remplacer cinq membres issus de ce groupe.

Les 12 autres membres élus, par acclamation, pour occuper les sièges réservés aux autres groupes régionaux sont les suivants: Comores, Gabon, Libéria, Namibie, Tunisie, Croatie, Fédération de Russie, Antigua-et-Barbuda, Guyana, Panama, Luxembourg et Allemagne.

Le mandat de ces 17 nouveaux membres durera quatre ans, de 2016 à 2018.

Cette élection avait été reportée, hier, pour éclaircir une question procédurale sur la présentation du bulletin de vote.

Après les recherches nécessaires effectuées sur la question et malgré le peu de pratique sur ce cas de figure, la représentante du Secrétariat a expliqué que les bulletins devaient rester vierges pour que les membres puissent y inscrire les noms des États Membres qu’ils souhaitent élire. 

Toutefois, pour satisfaire les demandes de plusieurs délégations qui souhaitaient voir les noms des pays candidats approuvés par leur Groupe inscrits sur les bulletins, cette option a été retenue pour le vote d’aujourd’hui.  En outre, les votants avaient la possibilité d’ajouter d’autres noms de pays éligibles, à condition que le nombre de pays choisis ne soit pas supérieur à cinq.

Le Secrétariat a rappelé quels pays* du Groupe des États d’Asie et du Pacifique étaient éligibles, outre les cinq candidats présentés par le groupe lui-même.  Il a aussi rappelé que les membres actuels du Conseil d’administration d’ONU-Femmes, qui sont membres du même groupe (Bangladesh, Chine, Inde, Japon et République de Corée), n’étaient de ce fait pas éligibles.

En ce qui concerne les membres démissionnaires du Conseil d’administration d’ONU-Femmes qu’il fallait remplacer, l’ECOSOC a procédé en deux temps.  Il fallait d’abord remplacer trois membres issus du Groupe des États d’Europe de l’Ouest et autres États (Israël, Italie et Portugal), ce qui a conduit à élire par acclamation trois autres pays issus de ce groupe: le Danemark, l’Espagne et le Canada.  Ils effectueront leur mandat du 1er janvier au 31 décembre 2016.

Les trois autres membres démissionnaires du Conseil d’administration d’ONU-Femmes relevaient de la catégorie des « pays contributeurs », c’est-à-dire qu’ils figurent parmi les 10 plus gros donateurs d’ONU-Femmes en termes de contribution de base.  Pour remplacer le Danemark, l’Espagne et les États-Unis, l’ECOSOC a ainsi élu par acclamation la Norvège, la Suède et les Pays-Bas pour un mandat allant du 1er janvier au 31 décembre 2016.

L’ECOSOC a ainsi achevé sa réunion de coordination et d’organisation qui avait commencé mercredi 8 avril.

 

* Liste des pays du Groupe des États d’Asie et du Pacifique qui étaient éligibles, outre les 5 candidats présentés par le Groupe: Afghanistan, Bahreïn, Bhoutan, Brunei Darussalam, Cambodge, Chypre, République populaire démocratique de Corée, Fidji, Indonésie, République islamique d’Iran, Iraq, Jordanie, Kazakhstan, Kiribati, Koweït, Kirghizstan, République populaire démocratique lao, Liban, Malaisie, Maldives, Îles Marshall, Micronésie, Mongolie, Myanmar, Nauru, Népal, Oman, Pakistan, Palau, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines, Qatar, Samoa, Arabie saoudite, Singapour, Îles Salomon, Sri Lanka, République arabe syrienne, Tadjikistan, Thaïlande, Timor-Leste, Tonga, Turkménistan, Tuvalu, Émirats arabes unis, Ouzbékistan, Vanuatu, Viet Nam et Yémen.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU estime que le Mali est à un moment clef de son processus politique et de paix

7425e séance – matin
CS/11854

Conseil de sécurité: le Chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU estime que le Mali est à un moment clef de son processus politique et de paix

« La crise au Mali ne pourra être réglée que grâce à un accord viable, inclusif et applicable », a déclaré ce matin, devant le Conseil de sécurité, M. Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  Malgré une situation sécuritaire qui reste très volatile dans le pays, M. Ladsous a également estimé que la « paix au Mali était à notre portée ».

Le Secrétaire général adjoint, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali, a détaillé les avancées du processus politique en cours dans ce pays, avec la tenue à Alger en février 2015 d’une cinquième série de pourparlers.  « Nous sommes à un moment clef de ce processus », a-t-il affirmé, en indiquant que deux des trois parties avaient donné leur agrément au projet d’accord de paix qui leur a été soumis par la Médiation internationale.

La Coordination des mouvements armés, qui regroupe plusieurs groupes rebelles, dont le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a, pour sa part, demandé plus de temps pour consulter sa base, a indiqué M. Ladsous en précisant néanmoins qu’elle aurait exprimé son intention de parapher le projet d’accord.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a ensuite déclaré que ce projet d’accord de paix constituait un point de départ satisfaisant pour la résolution de tous les aspects de la crise malienne.  « Un accord n’est qu’une étape dans un processus qui sera forcément long », a-t-il poursuivi, avant d’exhorter toutes les parties à s’engager résolument en faveur dudit processus.  Ces dernières ne doivent pas laisser passer la chance « historique » de parvenir à un règlement politique, a relevé M. Ladsous, d’autant plus qu’à la différence des efforts passés, la communauté internationale n’a jamais été autant mobilisée pour appuyer la mise en œuvre d’un accord.  « Il y a une conjonction astrale très favorable », a-t-il dit. 

Le Chef des opérations de maintien de la paix a jugé essentiel que les parties maliennes, appuyées par la Médiation internationale, mettent en place un cadre et un calendrier détaillé pour la mise en œuvre de leurs efforts de paix.  Des mécanismes d’application robustes et clairs seraient de nature à restaurer la confiance entre les parties au Mali, a-t-il estimé, avant d’ajouter que « la paix était à notre portée ».

M. Ladsous a néanmoins admis que la situation sécuritaire restait très volatile dans le nord du Mali mais aussi, et de plus en plus, dans d’autres parties du pays.  Cette insécurité entrave le rétablissement de l’autorité de l’État, ainsi que la conduite des efforts humanitaires et des programmes de stabilisation, a-t-il prévenu.  « Alors que le processus d’Alger suivait son cours en janvier, les parties ont violé le cessez-le-feu sur le terrain et menacé la sécurité des civils », a déploré le Secrétaire général adjoint.  Il a tenu à rappeler qu’aucune partie ne pouvait espérer gagner ou regagner du terrain par des moyens militaires.  « La paix ne pourra être obtenue qu’au moyen de négociations », a-t-il souligné.

M. Ladsous a, en fin de présentation, relevé que les groupes extrémistes et criminels tiraient profit de l’absence d’un accord politique et des lacunes sécuritaires pour étendre leurs activités.  « Il y a eu des incidents graves non seulement dans le nord mais aussi à Bamako le 7 mars et dans d’autres régions situées au sud du fleuve Niger », a-t-il noté.  Il a donc demandé un soutien accru à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), laquelle a, par ailleurs, étendu et opérationnalisé sa présence dans le nord du pays.

« Le refus de la Coordination des mouvements armés du Nord de parapher le projet d’accord favorise les groupes terroristes et de narcotrafiquants dans leurs actions de déstabilisation du nord du Mali et de toute la région du Sahel, et voire même au-delà », a fait remarquer le Ministre malien des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, M. Abdoulaye Diop, qui a pris la parole à la suite de M. Ladsous.

M. Diop a également estimé qu’un tel refus, qui comporte des « risques énormes pour la paix au Mali et dans la région », constituait une marque de défiance vis-à-vis de la communauté internationale.  « Il est inacceptable que le processus de paix au Mali, espoir de 15 millions de Maliens, soit pris en otage par un groupe d’individus radicaux et extrémistes », a-t-il dit.

Le Ministre des affaires étrangères du Mali a en conséquence demandé au Conseil de continuer d’exercer les pressions nécessaires pour amener la Coordination des mouvements armés à parapher l’accord sans délai, afin que sa signature ait lieu à Bamako au courant de ce mois d’avril 2015 et d’envisager, le cas échéant, l’imposition de sanctions ciblées contre ceux qui font obstacle au processus de paix d’Alger.

M. Diop a également invité le Conseil de sécurité à ne pas cautionner une reprise quelconque des pourparlers.  Une telle option ferait en effet courir, a-t-il averti, un risque, étant un précédent dangereux.  « Le Gouvernement du Mali n’a jamais fermé la porte du dialogue avec nos frères de la Coordination, mais les négociations sont terminées », a conclu le Ministre.

 

 

*     S/2015/219

 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: une demande de vote pour l’élection de membres du Conseil d’administration d’ONU-Femmes entraîne un report du processus

Session de 2015,
23e séance – matin
ECOSOC/6682

ECOSOC: une demande de vote pour l’élection de membres du Conseil d’administration d’ONU-Femmes entraîne un report du processus

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a dû reporter à demain, 10 avril, l’élection* de 17 membres du Conseil d’administration de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) à cause d’une difficulté procédurale: un vote a été demandé pour élire les cinq membres à choisir au sein du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, alors que le nombre de candidats présentés par ce groupe correspondait au nombre de sièges à pourvoir.

Réuni ce matin après avoir procédé hier à des élections et des nominations concernant une quinzaine de ses organes subsidiaires, l’ECOSOC a entendu plusieurs de ses membres s’interroger sur la régularité d’une procédure de vote dans un tel cas de figure.  En effet, lorsque le nombre de candidats présentés par un groupe de pays correspond au nombre de sièges à pourvoir, l’ECOSOC a pour habitude d’entériner purement et simplement ce choix en élisant les candidats par acclamation.

Suivant cette procédure, la représentante du Turkménistan, en sa qualité de Présidente du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, avait présenté ce matin les cinq candidatures retenues par son groupe (République islamique d’Iran, Pakistan, Samoa, Turkménistan et Émirats arabes unis) pour pourvoir les cinq sièges qui lui étaient attribués.  Toutefois, le Vice-Président de l’ECOSOC a annoncé qu’un vote secret avait été demandé par un État pour l’élection des candidats du Groupe d’Asie et du Pacifique, contrairement à la procédure habituelle.  Premier à réagir, le représentant de la Chine a manifesté sa surprise que certains États aient un avis sur le choix d’un groupe régional, rappelant la procédure habituelle qui veut que l’ECOSOC entérine la liste de candidats soumise par les groupes régionaux. 

En réponse à la délégation de la Chine, le Vice-Président de l’ECOSOC a précisé que les États-Unis avaient demandé un vote pour l’élection des candidats d’Asie et du Pacifique.  Le représentant du Pakistan a pour sa part demandé des détails sur le fondement juridique de cette procédure de vote et sur l’existence d’un précédent, soulignant qu’on pourrait arriver à une situation où les États élus ne seraient même pas candidats et n’auraient pas été entérinés par leur groupe.

S’inquiétant lui aussi de cette éventualité, le représentant de la Chine a demandé, par souci de transparence, les raisons qui avaient poussé un pays à émettre une objection au sujet d’une candidature du groupe concerné.

Après une suspension de séance qui a permis de consulter le Bureau des affaires juridiques et le Secrétariat, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, a confirmé la régularité de la procédure en affirmant qu’il faudra en effet procéder à un vote.  L’élection des candidats d’un groupe suppose l’accord de tous les membres de l’ECOSOC, faute de quoi il faut procéder à un vote, a-t-il indiqué.

Le vote a cependant été reporté à demain en raison de consultations sur une autre question procédurale, certaines délégations, comme le Honduras, ayant en effet contesté l’opportunité ou même la validité de fournir un bulletin de vote vierge sur lequel les votants devraient inscrire eux-mêmes le nom des candidats qu’ils veulent élire.  Le représentant de l’Ouganda a rappelé que les noms des candidats figuraient traditionnellement sur le bulletin de vote afin qu’il n’y ait plus qu’à les cocher.  Si le bulletin n’en mentionne aucun, tout État pourrait être élu, a fait remarquer pour sa part le représentant de la Russie, en exigeant que cette méthode ne constitue pas de précédent.

Cela a amené la représentante du Turkménistan à demander expressément que les noms des pays dont les candidatures ont été entérinées par le groupe figurent sur le bulletin, quitte à ce que les votants puissent en ajouter d’autres.

Notant qu’il n’y avait pas, à ce stade, de précédent sur la question des mentions à porter sur les bulletins, le Vice-Président a annoncé le report des élections à demain.

Le Conseil d’administration d’ONU-Femmes compte 41 membres.  Les 17 membres qui seront élus demain effectueront un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2016.  Ils remplaceront les membres suivants à l’expiration de leur mandat: Algérie, Allemagne, Brésil, Djibouti, Émirats arabes unis, Fédération de Russie, Gabon, Gambie, Îles Salomon, Lettonie, Malawi, Maldives, Philippines, Thaïlande, Turquie, Uruguay et Venezuela.

Les 17 membres doivent être élus selon la répartition suivante: cinq membres à choisir parmi les États d’Afrique; cinq membres à choisir parmi les États d’Asie et du Pacifique; deux membres à choisir parmi les États d’Europe orientale; trois membres à choisir parmi les États d’Amérique latine et des Caraïbes, et deux membres à choisir parmi les États d’Europe occidentale et autres États.

L’ECOSOC poursuivra donc les travaux de sa réunion de coordination et d’organisation demain, vendredi 10 avril, à 10 heures.

*E/2015/9/Add.7

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC prend note du rapport d’ONUSIDA et procède à des élections et à des nominations dans plusieurs de ses organes subsidiaires

Session de 2015,
21e & 22e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6681

L’ECOSOC prend note du rapport d’ONUSIDA et procède à des élections et à des nominations dans plusieurs de ses organes subsidiaires

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a pris note, aujourd’hui, lors d’une réunion de coordination et d’organisation, du rapport du Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)* et a procédé à des élections, des présentations de candidatures, des confirmations et des nominations concernant plusieurs de ses organes subsidiaires.

L’ECOSOC, dans sa résolution, dont le texte avait été présenté conjointement par le Zimbabwe et la Suisse, respectivement Président et Vice-Président du Conseil de coordination d’ONUSIDA, demande instamment au Programme de continuer à soutenir la mise en œuvre intégrale et efficace de la « Déclaration politique de 2011 sur le VIH et le sida: intensifier nos efforts pour éliminer le VIH et le sida ».

Conscient que l’épidémie de VIH/sida n’est pas terminée, l’ECOSOC estime que, pour mettre fin d’ici à 2030 à cette menace pesant sur la santé publique, « il faudra agir de manière accélérée au cours des cinq prochaines années, qui représentent une occasion sans précédent ».

Enfin, l’ECOSOC affirme attendre « avec intérêt » la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le VIH/sida, qui doit se tenir en 2016 et, selon le rapport du Directeur exécutif d’ONUSIDA, qui « offrira une occasion unique de façonner et d’accélérer la prochaine phase de l’action engagée pour lutter contre le sida, en encourageant les résultats et la responsabilisation ».

Ce rapport avait été présenté auparavant par la Directrice exécutive adjointe pour la gestion et la gouvernance d’ONUSIDA, Mme Jan Beagle.

Les efforts consacrés à l’action mondiale de lutte contre le sida ont produit des résultats importants, a-t-elle dit.  Ainsi, a-t-elle expliqué, le nombre de nouveaux cas d’infection en 2013, était de 38% inférieur à celui de 2001.

En 2013, 1,5 million de personnes en moyenne sont mortes de causes liées au sida, soit une baisse de 35% par rapport au nombre sans précédent atteint en 2005.  De même, en 2013, le nombre d’enfants ayant contracté l’infection a diminué de 58% par rapport à 2002, soit en moyenne 240 000 (210 000-280 000).

Néanmoins, le sida demeure la sixième cause de mortalité dans le monde, la principale cause des décès en Afrique subsaharienne et la principale cause de mortalité dans le monde parmi les femmes en âge de procréer.

À cause des difficultés persistantes rencontrées dans le cadre de l’action qui est menée, la situation reste grave.  En juin 2014, plus de 60% de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH ne recevaient pas de traitement antirétroviral, et ce en grande partie parce que plus de la moitié d’entre elles ne savaient pas qu’elles étaient séropositives.

Tandis que 3% des adultes vivant avec le VIH ont obtenu un traitement antirétroviral en 2013, seulement 24% des enfants infectés en ont bénéficié.

Mme Beagle a souligné également que les activités menées par le Programme commun continuaient de s’inspirer de l’objectif, énoncé dans la stratégie Objectif zéro d’ONUSIDA pour 2011-2015, à savoir un monde avec zéro nouveau cas d’infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida.

La Directrice exécutive adjointe a ajouté qu’en vue de poser les fondements voulus pour mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, ONUSIDA s’attachait à élaborer une nouvelle stratégie pour la période 2016-2021 afin de veiller à ce que le Programme commun réponde aux besoins de l’après-2015.

L’ECOSOC a également adopté le rapport du Comité chargé des ONG sur les travaux de sa session ordinaire de 2015, lequel contenait trois projets de décision**.

Aux termes de ces décisions, l’ECOSOC a ainsi, entre autres, accordé le statut consultatif à 124 ONG et reclassé deux autres ONG.

La prochaine séance du Conseil économique et social aura lieu demain, jeudi 9 avril, à partir de 10 heures.

 

*     E/2015/8 et E/2015/L.5
**    E/2015/32 (Part I)

 

ÉLECTIONS, PRÉSENTATIONS DE CANDIDATURES, CONFIRMATIONS ET NOMINATIONS (E/2015/1/Add.1)

Organe international de contrôle des stupéfiants (E/2015/9/Add.1)

À l’issue de deux tours de scrutin à bulletin secret, M. Richard Phillip Mattick, de l’Australie, a été élu avec 27 voix sur 54, contre M. Isidore Silas Obot, du Nigéria, qui n’en a reçu que 26.  M. Mattick remplace son compatriote M. Wayne Hall, démissionnaire, pour un mandat allant jusqu’au 1er mars 2017.

Commission de statistique (E/2015/9*)

Sur les huit postes à pourvoir, l’ECOSOC a élu les sept nouveaux membres suivants: Cuba, Kenya, Lettonie, Roumanie, République de Corée, Qatar et Togo, pour un mandat de 4 ans commençant le 1er janvier 2016.

Commission de la population et du développement (E/2015/9*)

Sur les neuf postes à pourvoir, l’ECOSOC a élu les sept nouveaux membres suivants: Chili, Maroc, Moldova, Ouganda, Qatar, Soudan et Turkménistan, pour un mandat de 4 ans, de 2016 à 2020.

Sur les autres quatre postes à pourvoir, l’ECOSOC en a élu deux: l’Iraq, pour un mandat allant d’aujourd’hui à 2017, et la Jamaïque, pour un mandat allant de la première réunion de la quarante-neuvième session en 2015 à 2019.

Commission du développement social (E/2015/9*)

Sur les 15 postes à pourvoir, l’ECOSOC a en a élu 10: Bangladesh, El Salvador, Fédération de Russie, Ghana, Japon, Moldova, Paraguay, Pérou, République de Corée et Rwanda, pour un mandat allant de 2016 à 2020.

Sur les autres six postes à pourvoir, l’ECOSOC a en a élu un, l’Autriche, pour un mandat allant d’aujourd’hui à 2019.

Commission de la condition de la femme (E/2015/9*)

L’ECOSOC a pourvu les 10 postes vacants en élisant le Brésil, l’Érythrée, la Fédération de Russie, le Guatemala, le Koweït, le Nigéria, la Norvège, le Royaume-Uni, le Qatar et Trinité-et-Tobago, pour un mandat de 4 ans allant de 2016 à 2020.

Commission des stupéfiants (E/2015/9*)

Sur les 33 postes à pourvoir, l’ECOSOC a en a élu 31: 24 par acclamation et 7 par vote.

Ont ainsi été élus par acclamation les pays suivants: Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Autriche, Belarus, Cameroun, El Salvador, Équateur, Espagne, États-Unis, Guatemala, Israël, Italie, Kenya, Mauritanie, Mexique, Norvège, Ouganda, Pays-Bas, Pérou, République démocratique du Congo, Soudan, Turquie et Uruguay.

À l’issue d’un vote à bulletin secret avec la participation de 54 votants, les pays suivants ont été élus: Japon (53 voix), Chine (52 voix), République de Corée (51 voix), Qatar (49 voix), Pakistan (45 voix), Thaïlande (42 voix) et République islamique d’Iran (38 voix).  L’Afghanistan, qui a reçu 33 voix, n’a pas été élu.

Le mandat des membres élus sera de 4 ans à partir du 1er janvier 2016.

Le représentant de la République islamique d’Iran, l’un des candidats, a informé l’ECOSOC de l’importance que son pays attache aux travaux de la Commission des stupéfiants.  L’emplacement géographique de l’Iran, à proximité des plus gros producteurs d’opium et de drogue, en a fait un pays de transit majeur.  L’Iran combat le trafic de stupéfiants, a-t-il assuré en donnant les chiffres suivants: 74% des saisies d’opium dans le monde et 25% des saisies de morphine et d’héroïne en 2012 ont été faites par l’Iran qui consacre des fonds importants à cette cause et qui collabore étroitement avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et les autres agences internationales concernées.

Commission pour la prévention du crime et la justice pénale (E/2015/9*)

L’ECOSOC a pourvu les 20 postes vacants en élisant les membres suivants: Afrique du Sud, Arabie saoudite, Autriche, Belarus, Bénin, Brésil, Cameroun, Chili, Côte d’Ivoire, Cuba, États-Unis, France, Guatemala, Inde, Mexique, Pakistan, République de Corée, République islamique d’Iran, Serbie et Suède, pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2016.

Comité du programme et de la coordination (E/2015/9/Add.2)

Sur les sept postes à pourvoir, l’ECOSOC a en a pourvu six en élisant les membres suivants: Argentine, Fédération de Russie, France, Pérou, République Unie de Tanzanie et Zimbabwe, pour un mandat de 3 ans commençant le 1er janvier 2016.

L’ECOSOC a également élu le Portugal, sur les cinq postes qui restaient à pourvoir parmi le Groupe d’Europe occidentale et autres États, pour un mandat allant d’aujourd’hui au 31 décembre 2017.

Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication (E/2015/9/Add.3)

Sur les 13 postes à pourvoir, l’ECOSOC a en a pourvu cinq en élisant les membres suivants: Bénin, Brésil, Cameroun, Kenya et Ouganda, pour un mandat de 3 ans commençant le 1er janvier 2016.

Outre les huit membres pour lesquels l’élection a été reportée, il reste 24 postes vacants depuis les précédentes élections.

Comité des politiques de développement (E/2015/9/Add.4)

L’ECOSOC a élu, pour un mandat de 3 ans commençant le 1er janvier 2016, les 24 membres suivants:

  • Jose Antonio Alonso (Espagne), professeur d’économie appliquée à l’Université Complutense
  • Giovanni Andrea Cornia (Italie), professeur d’économie du développement à l’Université de Florence
  • Le Dang Doanh (Viet Nam), membre du Conseil d’administration de l’Institut d’administration des entreprises de l’Université nationale d’économie de Hanoï
  • Diane Elson (Royaume-Uni), professeur émérite à l’Université d’Essex
  • Marc Fleurbaey (France), professeur d’économie et de sciences humaines (chaire Robert E. Kuenne) à la Woodrow Wilson School de l’Université de Princeton
  • Sakiko Fukuda-Parr (Japon), professeur des affaires internationales à la New School
  • Ann Harrison (États-Unis), professeur de gestion des multinationales à la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie
  • Rashid Hassan (Soudan), professeur, Directeur du Centre d’économie et de politiques environnementales en Afrique de l’Université de Pretoria
  • Stephan Klasen (Allemagne), professeur d’économie (titulaire de chaire) et Directeur de l’Institut de recherches économiques ibéro-américaines de l’Université de Göttingen
  • Keun Lee (République de Corée) Directeur du Center for Economic Catch-Up (Centre pour le rattrapage économique) et professeur d’économie à l’Université nationale de Séoul
  • Lu Aiguo (Chine), maître de recherche à l’Institut d’économie et de politiques mondiales de l’Académie chinoise des sciences sociales, Beijing
  • Vitalii A. Meliantsev (Fédération de Russie), professeur, Directeur du Département d’économie internationale à l’Institut d’études asiatiques et africaines de l’Université d’État Lomonosov, Moscou
  • Adil Najam(Pakistan), doyen fondateur de la Frederick S. Pardee School of Global Studies (École d’études internationales Frederick S. Pardee) de l’Université de Boston
  • Leonce Ndikumana (Burundi), professeur d’économie au Département d’économie et Directeur du programme d’études africaines à l’Institut de recherche en économie politique de l’Université du Massachusetts, Amherst
  • Keith Nurse (Trinité-et-Tobago), Directeur exécutif du Centre de conseils de l’Université des Indes occidentales et titulaire de la chaire Organisation mondiale du commerce à l’Université des Indes occidentales
  • José Antonio Ocampo Gaviria (Colombie), professeur, Directeur du Département du développement économique et politique à l’École des affaires internationales et publiques de l’Université de Columbia
  • Tea Petrin (Slovénie), professeur émérite à l’Université de Ljubljana
  • Pilar Romaguera (Chili), vice-rectrice de l’Université des Amériques, Santiago
  • Onalenna Selolwane (Botswana), consultante indépendante pour le cadre national du Botswana pour le développement durable et l’Agenda 2063de l’Union africaine
  • Claudia Sheinbaum-Pardo (Mexique), professeur à l’Université nationale autonome du Mexique
  • Lindiwe Majele Sibanda (Zimbabwe), administratrice et Chef de mission; coordonnatrice au Food, Agriculture and Natural Resources Policy Analysis Network
  • ZenebewerkeTadesse (Éthiopie), enseignante-chercheuse au Centre de recherche de l’Université d’Afrique du Sud
  • Dzodzi Tsikata (Ghana), professeur associée à l’Institut de recherche statistique, sociale et économique de l’Université du Ghana
  • Juree Vichit-Vadakan (Thaïlande), Présidente du Centre pour la philanthropie et la société civile et du Secrétariat général de la transparence (Thaïlande)

Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (E/2015/9/Add.5)

L’ECOSOC a pourvu les 14 postes vacants en élisant les membres suivants: Australie, Bosnie-Herzégovine, Botswana, Cameroun, Danemark, El Salvador, Éthiopie, Inde, Libye, Népal, République islamique d’Iran, Sierra Leone, Suède et Suisse, pour un mandat de 3 ans commençant le 1er janvier 2016.

Pour remplacer trois démissionnaires à partir du 31 décembre 2016, l’Allemagne et l’Espagne, et à partir du 31 décembre 2017, la Norvège, l’ECOSOC a élu Andorre et le Royaume-Uni, jusqu’au 31 décembre 2016, et le Luxembourg jusqu’au 31 décembre 2017.

Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (A/RES/69/153)

En application de la résolution 69/153 de l’Assemblée générale, qui a élargi la composition de ce comité en portant de 94 à 98 le nombre d’États membres, l’ECOSOC a élu l’Arménie, la Géorgie, le Tchad et l’Uruguay.

Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds des Nations Unies pour la population et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (E/2015/9/Add.6)

L’ECOSOC a pourvu les 14 sièges vacants en élisant les membres suivants: Autriche, Belarus, Bénin, Cameroun, Espagne, France, Haïti, Japon, Malawi, Ouganda, République de Corée, République démocratique populaire lao, Samoa et Tchad, pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2016.

Compte tenu des démissionnaires, que sont l’Australie, le Danemark, l’Italie et le Royaume-Uni, à partir du 31 décembre 2015, l’ESOCOC a élu la Suisse pour un mandat allant jusqu’au 31 décembre 2016 et la Belgique, le Canada et la Turquie, pour un mandat allant jusqu’au 31 décembre 2017.

Conseil d’administration de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (E/2015/9/Add.7)

L’élection de 17 membres a été reportée à demain, jeudi 9 avril. 

Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (E/2015/9/Add.8)

Sur les six postes à pourvoir, l’ECOSOC a en a élu 5, à savoir la Fédération de Russie, la France, l’Inde, le Libéria et les Pays-Bas, pour un mandat de 3 ans commençant le 1er janvier 2016.

Compte tenu de la démission de la République de Corée à partir du 31 décembre 2015, la Chine a été élue pour un mandat allant jusqu’au 31 décembre 2017.

Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population (E/2015/9.Add.9)

Sur les 10 postes à pourvoir, l’ECOSOC en a pourvu deux en élisant le Bangladesh et la République islamique d’Iran, pour un mandant de 3 ans commençant le 1er janvier 2016.

Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (E/2015/9/Add.10)

Sur les neuf postes à pourvoir, l’ECOSOC en a pourvu six en élisant les membres suivants: Chine, Équateur, Fédération de Russie, Ghana, Japon et Malawi, pour un mandat de 3 ans commençant le 1er janvier 2016.

Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (E/2015/9/Add.11)

Sur les 19 postes à pourvoir, l’ECOSOC en a pourvu 14 en élisant les membres suivants: Allemagne, Angola, Bahreïn, Brésil, Chili, Géorgie, Inde, Kenya, Mexique, Nigéria, Serbie, Suède, Tchad et Turkménistan, pour un mandat de 4 ans commençant le 1er janvier 2016.

En ce qui concerne les sept sièges vacants depuis de précédentes élections, l’ECOSOC en a pourvu deux en élisant la Géorgie et la Serbie pour un mandat commençant allant d’aujourd’hui au 31 décembre 2015.

Instance permanente sur les questions autochtones

Faute de candidat, l’ECOSOC a reporté à nouveau l’élection d’un membre pour pourvoir le seul siège vacant depuis des élections précédentes.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au vu de la menace que les armes atomiques posent à la survie de l’humanité, les délégations de la Commission du désarmement exigent un désarmement nucléaire total

Session de fond de 2015,
349e & 350e séances – matin & après-midi
CD/3545

Au vu de la menace que les armes atomiques posent à la survie de l’humanité, les délégations de la Commission du désarmement exigent un désarmement nucléaire total

Face à l’incapacité des membres de la Commission du désarmement (CD) à s’entendre sur des recommandations depuis 15 ans et face au « risque inacceptable que représente l’existence même des armes nucléaires », selon les mots de plusieurs intervenants, de nombreuses délégations ont appelé aujourd’hui à poursuivre le moratoire sur les essais nucléaires en attendant l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  

Au cours de la deuxième et dernière journée de débat général des travaux de la Commission, la plupart des délégations ont lancé un appel invitant les États à faire preuve de volonté politique pour mettre fin à l’impasse qui paralyse les travaux de la Commission du désarmement, seul organe délibérant de l’ONU en la matière, et de la Conférence du désarmement, forum de négociations sur cette question.  Si plusieurs délégations ont estimé que l’établissement de mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques et la proposition de recommandations en vue de réaliser le désarmement nucléaire étaient liées, elles se sont aussi accordées sur le fait que la prochaine Conférence quinquennale des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) prévue au mois de mai, devait être l’occasion de donner la priorité au désarmement nucléaire. 

« La péninsule coréenne peut exploser à tout moment », a prévenu le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en évoquant les tensions croissantes entre son pays, qu’il a qualifié de « plus jeune puissance nucléaire », et les États-Unis, « première puissance nucléaire ».  « Rien ne justifie l’existence de 17 000 ogives nucléaires », a ajouté le représentant de Cuba avant de se féliciter de l’importance du lancement, le 26 septembre 2014, de la première Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires. 

« La mise au point de nouvelles générations d’armes nucléaires va à l’encontre des objectifs de désarmement », a prévenu de son côté le représentant de la Namibie, en notant la qualité de son pays en tant que signataire du Traité de Pelindaba, qui instaure une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) sur tout le territoire de l’Afrique.  À l’instar de ces délégations, le représentant du Nicaragua a dit le rôle et les responsabilités particulières qui incombent aux États-Unis en matière de désarmement, en raison du statut de première puissance militaire du monde qui revient à ce pays.  Comme d’autres intervenants, il a jugé contreproductifs, en termes de confiance, la récente déclaration et le décret signé par le Président des États-Unis, qui qualifient le Venezuela de « menace à la sécurité » des États-Unis. 

Dénonçant « l’occupation illégale » de la Crimée par la Fédération de Russie, le représentant de l’Ukraine a exhorté la Conférence du désarmement à conclure la mise au point d’un instrument juridiquement contraignant qui fournirait des garanties de sécurité aux pays non dotés d’armes nucléaires face aux menaces exercées par des États dotés de l’arme nucléaire. 

Le représentant de l’Iran, quant à lui, a estimé que le monde fait face à une profonde crise de confiance remettant en question la crédibilité du « marché » et du contrat qui sont inscrits au cœur du Traité sur la non-prolifération, ceci parce que les États dotés de l’arme nucléaire ne s’acquittent pas de leurs obligations.  Il a ajouté que le TNP avait réussi à contenir la prolifération des armes nucléaires grâce aux efforts et à la bonne volonté des États non dotés de l’arme nucléaire, « qui se sont acquittés de leur part du contrat ». 

Jugeant importants les progrès au niveau régional, le représentant du Bahreïn, au nom du Groupe des États arabes, a demandé la mise en œuvre de la résolution appelant à la tenue d’une conférence internationale visant à établir une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a aussi souhaité que les mesures de confiance relatives au désarmement en matière d’armes classiques prennent en compte les principes de la Charte des Nations Unies, tel que le droit des peuples vivant sous occupation étrangère à se défendre. 

Illustrant les progrès potentiels de la Commission du désarmement, le représentant du Brésil a rappelé que la Commission s’est entendue en 1988 sur des recommandations relatives aux principes et méthodes de vérification de l’élimination des armes; qu’elle l’a également fait en 1996 sur des directives portant sur le transfert des armes au niveau international, et en 1999, sur des directives sur les zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN).  

En fin de réunion, les délégations de la Fédération de Russie, de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ont exercé leur droit de réponse. 

Le Président de la Commission a indiqué que le Groupe de travail I, dont les travaux sont consacrés aux recommandations relatives au désarmement nucléaire commencera ses travaux demain, mercredi 9 avril, à 10 heures.

Débat général

M. GIORGI KVELASHVILI (Géorgie) a déclaré que la prolifération des armes de destruction massive, des matériels et technologies connexes, ainsi que le risque du terrorisme nucléaire, exigent un haut niveau de coordination et de coopération aux niveaux régional et international.  À cet égard, le strict respect des obligations internationales existant dans le cadre de conventions internationales comme le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et leur destruction, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines, et la résolution 1540 du Conseil de sécurité, doit être l’une des priorités de la communauté internationale.  Le représentant a ensuite regretté que la Conférence du désarmement continue à démontrer une incapacité à remplir pleinement son mandat.

Il a ensuite dénoncé le fait que « les assurances de sécurité données à l’Ukraine dans le cadre du Mémorandum de Budapest aient été ignorées par la Fédération de Russie qui a ouvertement violé l’intégrité et la souveraineté territoriale de l’Ukraine ».  L’occupation de territoires ukrainiens où des installations et des matériels nucléaires sont entreposés et le manque de contrôle sur ces installations sont un défi posé à la sécurité internationale, a estimé le représentant.  Il a également évoqué « l’agression militaire russe contre la Géorgie en août 2008, qui a résulté en l’occupation de plus de 20% du territoire géorgien ».  « Douze mille soldats faisant partie des troupes d’occupation russes sont aujourd’hui stationnés illégalement en Géorgie », a dit le représentant.  La Russie doit sans délai se conformer à ses obligations découlant de la Charte des Nations Unies, des arrangements de l’OSCE, y compris l’Accord final d’Helsinki et le Traité européen sur les forces conventionnelles en Europe, et la Russie doit également respecter les engagements qu’elle a pris dans le cadre du Mémorandum de Budapest, en ce qui concerne l’Ukraine, et l’accord de cessez-le-feu d’août 2008, concernant la situation en Géorgie, a demandé le représentant.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a indiqué que son pays était en faveur d’un désarmement général.  La délégation du Chili préférerait que les débats de la  Commission soient mieux ciblés afin de lui permettre de sortir de l’impasse actuelle et de proposer enfin des recommandations à l’Assemblée générale, a dit M. Olguín.  Le délégué a ensuite déclaré que les voix de la société civile devaient être entendues au cours de cette session.

Il a indiqué en outre qu’il aurait souhaité l’adoption d’une approche plus spécifique en ce qui concerne le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires.  C’est l’absence de volonté politique qui nous empêche de progresser, a-t-il estimé, avant d’ajouter que sa délégation était en faveur de l’ajout d’un troisième point à l’ordre du jour de la Commission.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a espéré que le cycle triennal de travaux qui vient de s’ouvrir permettra de sortir la Commission de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis longtemps.  Il nous faut adopter une approche souple, pragmatique, afin de mettre fin à l’immobilisme, a-t-il préconisé.  Il a ensuite plaidé pour que des réductions graduelles soient opérées dans les arsenaux nucléaires des pays qui en ont et s’est félicité de la réduction du nombre d’ogives et de vecteurs d’armes stratégiques à laquelle sont parvenus les États-Unis et la Fédération de Russie dans le cadre du Traité Start.  Il a ensuite lancé un appel aux huit États qui ne l’ont pas encore fait pour qu’ils rejoignent le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires.  M. Marchesi s’est également dit en faveur de la création de zones exemptes d’armes nucléaires et a espéré la tenue, dans les plus brefs délais, d’une conférence pour l’établissement d’une telle zone au Moyen-Orient.

Le représentant de l’Espagne s’est ensuite félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, ce qui montre qu’il est possible de faire des progrès dans le domaine du désarmement.  Puis, il a souligné qu’il est nécessaire de prendre des mesures pour que des armes de destruction massive ne tombent pas entre les mains des groupes terroristes et a rappelé que son pays occupait la présidence du Comité 1540.  « Nous faisons face à des défis, mais nous allons les relever », a-t-il conclu.

M. SUN LEI (Chine) a déclaré que pour maintenir la paix et la sécurité internationales, tous les États doivent abandonner la mentalité de la guerre froide et développer une nouvelle démarche acceptée et partagée par tous.  La Chine est favorable à une doctrine nucléaire fondée sur la dissuasion et l’autodéfense et qui réponde à ses besoins sécuritaires nationaux, a dit M. Sun Lei.  La Chine n’a jamais pris part à une course aux armements nucléaires, a indiqué le représentant.  Il a demandé aux États dotés d’importantes armes nucléaires de réduire de manière importante leurs arsenaux.

Il a aussi dit que son pays était favorable au consensus récemment trouvé sur la question du dossier nucléaire de l’Iran, fruit des négociations de ce pays avec le “P5 + 1”.  Un accord complet devrait être trouvé rapidement, a estimé M. Sun Lei qui a indiqué, en ce qui concerne la péninsule coréenne, que la Chine a toujours adopté une approche équilibrée entre toutes les parties prenantes et souhaite la reprise des pourparlers sur cette question.  La Chine souhaite aussi que l’espace stratosphérique ne fasse pas l’objet d’une course aux armements.  En 2014, la Chine et la Russie ont présenté un texte de négociation de traité dans ce sens, a rappelé M. Sun Lei en indiquant que la Chine apprécie les commentaires que pourraient faire les autres pays sur ce sujet.  S’agissant de la Conférence du désarmement, chaque partie devra adopter une attitude pratique et rationnelle pour faire avancer le processus, a ensuite suggéré le représentant.

Mme MARÍA SOLEDAD URRUELA ARENA (Guatemala) a souligné l’importance de la Commission du désarmement, « enceinte qui permet de débattre de manière spécifique des questions de désarmement ».  « Nous devons avoir pour objectif de formuler des recommandations concrètes », a-t-elle dit.  Elle s’est ensuite félicitée de l’adoption du récent accord relatif au programme nucléaire iranien.  Le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) est la pierre angulaire des efforts internationaux dans le domaine du désarmement nucléaire, a-t-elle poursuivi, avant de préciser que l’une des conditions de sa mise en œuvre était de prêter la même attention aux trois piliers sur lesquels il repose.

La représentante s’est ensuite félicitée que les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires soient discutées par la communauté internationale, avant de rappeler que si le monde venait à faire face à l’utilisation des armes nucléaires, celle-ci serait incompatible avec le droit international humanitaire.  Elle a ensuite dit que le Guatemala était en faveur de la création de zones exemptes d’armes nucléaires et a déploré que la conférence pour l’établissement d’une telle zone au Moyen-Orient n’ait pas pu se tenir.  La représentante du Guatemala s’est ensuite félicitée de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, qui constitue « un grand pas en avant » en matière de contrôle d’armements.  Elle a ajouté que les discussions sur les trafics illicites d’armes devaient également aborder la question des munitions.   

M. ABDULAZIZ A M A ALAJMI (Koweit) a souligné le rôle croissant que doit jouer la Commission du désarmement, forum de la diplomatie multilatérale en matière d’armes, pour traiter de tous les aspects de la question du désarmement et créer des cadres efficaces de désarmement et de non-prolifération.  En ce qui concerne les recommandations en vue de réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires, il a regretté que, malgré sept décennies d’efforts internationaux, la Commission n’ait jamais pu parvenir à des progrès sur la question.  Face à l’impasse dans laquelle sont ses travaux, il a souligné l’importance de la dimension régionale et de la mise en place de zone exempte d’armes nucléaires.  Il a jugé indispensable de parvenir à un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires avant d’appeler Israël à adhérer au TNP et au système de sauvegarde de l’AIEA.  Il a dit qu’il est nécessaire de parvenir à une Convention internationale sur l’interdiction de la mise au point, de l’essai, de la fabrication, du stockage, du transfert, de l’emploi ou de la menace d'emploi d'armes nucléaires.

Pour ce qui est des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, M. Alajmi a dit que le rétablissement de la confiance était un préalable incontournable.  À cet égard, il a souligné l’importance de garantir le respect du principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, du règlement pacifique des conflits, du respect du principe d’une souveraineté égale de tous les États Membres de l’ONU, et de celui du non-recours à l’usage ou à la menace de l’emploi de l’arme nucléaire.  Le droit inaliénable de tous les peuples et nations vivant sous le joug de l’occupation à rejeter l’occupation étrangère doit être respecté, a ajouté le représentant.

M. AN MYONG HUN (République populaire démocratique de Corée) a rappelé que Les travaux de la Commission piétinaient depuis plus de 15 ans.  Une session de fond de la Commission couronnée de succès permettrait de relancer les efforts de désarmement, a-t-il dit.  Il a déclaré que le principal obstacle auquel devait faire face la Commission était de nature politique et non pas procédural.  « Il y a en effet un manque de volonté politique », a-t-il estimé.  Il a critiqué « les États qui préfèrent poursuivre leurs intérêts unilatéraux plutôt que de rechercher au sein de la Commission une solution satisfaisante pour tous ».  « Une percée sera difficilement envisageable, à moins que l’on ne batte en brèche les positions unilatérales actuelles et que l’on mette fin à la pratique du "deux poids, deux mesures" qui prévaut au sein de la Commission », a-t-il déclaré.

M. An a ensuite déploré que des menaces de recours aux armes nucléaires soient formulées par certains États contre d’autres pays, dans le but d’en renverser les dirigeants et les régimes.  « Le premier pays à avoir produit des armes nucléaires est aussi le premier à les avoir utilisées », a-t-il rappelé.  Il a indiqué que les États-Unis poursuivaient une stratégie de domination militaire à l’échelle de toute l’Asie et a rappelé que 60% de la puissance navale de ce pays était concentrée dans la région Asie-Pacifique.  « La péninsule coréenne peut exploser à tout moment », a ensuite prévenu le délégué, précisant que des bombardiers stratégiques américains étaient dépêchés vers la péninsule coréenne dans le but ultime de pouvoir occuper Pyongyang.  C’est en réaction à la menace nucléaire croissante posée par les États-Unis que la RPDC a dû renforcer ses capacités nucléaires, a-t-il ensuite affirmé.  « Mon pays n’a pas eu d’autre choix », a dit M. An.

Il a ensuite affirmé que les manœuvres navales qui doivent se tenir en avril dans les eaux de la péninsule coréenne représentaient des exercices de guerre très dangereux, préfigurant l’envoi de forces hostiles dont la mission sera de renverser le régime de la RPDC.  C’est ce qui ressort d’une déclaration du Président Obama, appuyée par la République de Corée, a-t-il affirmé.  « Ces exercices s’apparentent à une quasi-déclaration de guerre », a-t-il conclu. 

M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a souligné que l’élimination totale des armes nucléaires reste l’unique assurance contre le recours ou la menace de recours à ces armes meurtrières.  Il est important qu’une assurance universelle, inconditionnelle, non discriminatoire et juridiquement contraignante contre l’utilisation ou la menace de l’utilisation des armes nucléaires en toute circonstance, soit donnée à tous les États non dotés d’armes nucléaires par tous les États dotés de ce type d’armes, a souligné le représentant.  Il a ajouté que la Namibie est un signataire du TNP et qu’elle est partie au Traité de Pelindaba qui fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires et lui fournit un bouclier en empêchant tout stationnement de dispositifs explosifs nucléaires sur le continent et en y interdisant les essais de ces armes destructrices sur le sol africain.  L’Afrique est une zone totalement dénucléarisée.  La Namibie exhorte les autres États, notamment ceux mentionnés au Protocole III du Traité d’interdiction des essais nucléaires de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer sa ratification immédiate.  La Namibie appuie la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et est préoccupée par le fait que les engagements et les obligations du Plan d’action de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010 concernant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes armes de destruction massive au Moyen-Orient, n’ont pas été mis en œuvre, a expliqué le représentant. 

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a tenu à rappeler les progrès accomplis dans le passés par la Commission du désarmement, avant de se féliciter de l’adoption en 1988, des « Principes et méthodes de vérification de l’élimination des armes ».  La Commission a aussi permis l’adoption des directives de 1996 portant sur le transfert des armes au niveau international; et des directives sur les zones exemptes d’armes nucléaires, adoptées en 1999.  M. Patriota a dit que l’absence de progrès à l’heure actuelle est le résultat d’une totale absence de volonté politique et non pas de problèmes de procédures internes à la Commission.  Il a indiqué que la résolution 69/77 prévoit que l’ordre du jour de la Commission doit traiter de questions précises en gardant à l’esprit la possibilité d’y ajouter un troisième point.

Le représentant du Brésil a invité la Commission à mettre l’accent sur les trois priorités que sont la transparence, l’irréversibilité et la vérification, qui pourrait se faire en appliquant les principes arrêtés en 1988.  Il a appelé au lancement de négociations générales en faveur d’une convention sur l’interdiction de la mise au point, de l’essai, de la fabrication, du stockage, du transfert, de l’emploi ou de la menace d’emploi d’armes nucléaires. 

Parce que l’existence même des armes nucléaires représente une menace pour le monde, accroit les tensions et présente des risques catastrophiques et durables pour l’humanité, M. Patriota a jugé que l’élimination de ces armes était impérieuse et relevait d’une obligation juridique.  Concernant le renforcement des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, il a souligné l’importance de l’instrument de traçage des armes.  Il a aussi précisé que le Brésil s’apprêtait à signer et ratifier le Traité sur le commerce des armes, et a indiqué que son pays était favorable à l’ajout d’un troisième point à l’ordre du jour de la Commission du désarmement qui serait celui de la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.

M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a vivement critiqué le fait que les États-Unis prétendent percevoir le Venezuela comme une menace à leur sécurité.  Une telle position est préoccupante, a-t-il dit.  « Plus rien ne justifie l’existence des 17 965 armes nucléaires présentes dans les arsenaux de certains pays », a poursuivi le représentant de Cuba, avant de demander le lancement de négociations en vue d’une convention globale sur les armes nucléaires qui prévoirait notamment leur destruction.  Il a ensuite exprimé l’opposition de son pays au perfectionnement des armes nucléaires existantes et à la mise au point de nouvelles armes de ce type.  « Il faut éliminer toute référence aux armes nucléaires dans les doctrines militaires », a-t-il souligné.  Le délégué a ensuite exigé des États dotés de l’arme nucléaire qu’ils s’acquittent des obligations qui découlent de l’article 6 du TNP, avant de déplorer la non-tenue de la conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  « Cette conférence doit être organisée dans les plus brefs délais », a-t-il préconisé.  Il a enfin regretté que l’ordre du jour de la Commission ne soit pas plus spécifique, ce qui aurait facilité l’adoption de recommandations.

M. ANDREAS RIECKEN (Autriche) a rappelé que son pays a accueilli, en décembre 2014, la troisième Conférence sur les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes atomiques.  Il s’est félicité que 158 pays aient participé à cet événement.  Il a dit qu’il est nécessaire de soumettre les conclusions des travaux de cette Conférence à tous les forums pertinents et notamment à la Conférence des États parties au TNP qui se tiendra au mois de mai.  Tout en reconnaissant le droit des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, le droit constitutionnel autrichien interdit toute possession d’armes nucléaires mais aussi la construction de toute infrastructure intervenant dans la production de matières fissiles pouvant être utilisées pour produire des armes atomiques, a dit le représentant.  Concernant le domaine des armes classiques, il a salué l’entrée en vigueur, le 24 décembre 2014, du Traité sur le commerce des armes classiques. 

Mme SARAH TELFORD (Royaume-Uni) a dit que le Royaume-Uni est déterminé à œuvrer à l’avènement d’un monde plus stable au sein duquel les États dotés de l’arme nucléaire pourront un jour l’abandonner.  « Nous continuons de travailler à la réduction de notre arsenal nucléaire », a-t-elle affirmé.  Elle a ensuite rappelé que le groupe des P5 s’était récemment réuni à Londres pour discuter des moyens de progresser sur les trois piliers du TNP et qu’il avait convié certains États non dotés de l’arme nucléaire lors de ses discussions.  Le groupe des P5 est en faveur de plus de transparence, a-t-elle assuré.  Elle a en outre espéré que le consensus allait prévaloir au sein de la prochaine Conférence des États parties au TNP comme il avait prévalu en 2010.

La représentante s’est ensuite félicitée de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, qui pourrait « changer la vie de tous ceux qui sont affectés par le trafic illicite des armes ».  « Le succès de ce Traité dépend de son universalité », a-t-elle ensuite affirmé, avant de souligner le potentiel déstabilisateur des armes classiques, comme le prouve la situation en Libye.  En conclusion, elle a indiqué que la redynamisation des travaux de la Commission ne pouvait avoir que des effets positifs et elle a espéré que le nouveau cycle triennal serait couronné de succès. 

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a jugé inacceptables les récents ordre exécutif et déclaration du Président des États-Unis qualifiant le Venezuela de « menace pour la stabilité » des États-Unis.  Il a insisté sur la nécessité de parvenir à un désarmement nucléaire complet, ainsi qu’à la destruction au niveau mondial des stocks d’armes de destruction massive et d’armes classiques.  Il a estimé qu’il est nécessaire de parvenir à la négociation et l’adoption d’une convention générale sur les armes nucléaires, en espérant que la Conférence de haut niveau prévue en 2018 par la résolution 68/32 de l’Assemblée générale, permettra d’avancer dans ce sens. 

En attendant, le représentant a appelé à la cessation immédiate de tous les essais nucléaires, même ceux qui sont menés en simulation grâce à des outils informatiques puissants.  Il a expliqué que les populations mondiales paient encore aujourd’hui les conséquences des 2 000 essais nucléaires menés depuis 1945 par les puissances atomiques actuelles.  Rappelant que le Nicaragua appartient à la première zone exempte d’armes nucléaires créée au monde par le Traité de Tetlalolco, il a particulièrement fustigé l’incapacité de la communauté internationale d’organiser comme prévu une conférence internationale sur la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a dit que son pays considérait comme très importantes les conférences tenues à Oslo, Nayarit et Vienne sur les conséquences humanitaires du recours à l’arme nucléaire.  

M. ROB WENSLEY (Afrique du Sud) a souligné le besoin impérieux que la Commission s’accorde sur un ensemble de recommandations concrètes au cours de cette session de fond.  « Un échec des travaux saperait davantage encore la machinerie du désarmement multilatéral », a-t-il prévenu.  Il a ensuite exprimé sa vive préoccupation devant le peu de progrès accomplis par les États dotés de l’arme nucléaire dans l’exécution des obligations qui leur incombent sous les termes du TNP.

M. Wensley a déploré que l’ordre du jour de la présente session de fond n’inclue pas les éléments qui permettraient de lancer des négociations en vue d’une convention globale sur les armes nucléaires.  En ce qui concerne les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, il a rappelé que la Commission avait été proche, l’année dernière, de formuler des recommandations à ce sujet.  « Nous avons l’espoir que la Commission fera fond sur ces projets de recommandation afin d’avancer dans ce domaine », a-t-il indiqué.  M. Wensley a ensuite dit que l’Afrique du Sud se félicite de l’adoption et de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.

M. RY TUY (Cambodge) a souligné l’importance de la transparence, de l’irréversibilité et de la vérification internationale qui doivent s’appliquer aux États dotés de l’arme nucléaire.  Il a souligné l’importance de la Conférence d’examen des États parties au TNP, qui se tiendra au mois de mai.  M. Tuy a ensuite mis l’accent sur l’importance, pour la communauté internationale, de faire preuve d’une forte volonté politique pour soutenir la Commission du désarmement et son mandat.  Il a indiqué que le Cambodge était prêt à tout mettre en œuvre pour garantir le succès de la nouvelle période triennale de négociations en matière d’armes qui vient de s’ouvrir.

Au nom du Groupe des États arabes, M. HAMAD FAREED AHMED HASAN (Bahreïn) a exhorté tous les États Membres à faire montre d’une nette volonté politique en matière de désarmement nucléaire.  Il a rappelé que la résolution 69/58, adoptée en 2014, et concernant le suivi à donner à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire de 2013 est une feuille de route visant à ce que le désarmement nucléaire complet soit accompli dans des délais spécifiques par le biais d’une convention générale relative à ce désarmement.  Il a salué l’attention croissante accordée par la communauté internationale aux conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires.  Il a souligné la nécessité pour le monde de disposer d’une Convention sur l’interdiction de la mise au point, de l’essai, de la fabrication, du stockage, du transfert, de l’emploi ou de la menace du recours à l’emploi d’armes nucléaires.  Le représentant a dit que l’avènement d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient était une des priorités que s’assigne le Groupe des États arabes.  Il a espéré que la Conférence d’examen du TNP de mai 2015 sera l’occasion de réitérer l’importance d’une ZEAN au Moyen-Orient.  Le représentant a ensuite estimé que les mesures d’instauration de la confiance, relatives aux armes classiques, doivent s’appuyer sur les principes de la Charte de l’ONU que sont le droit à l’autodéfense, la protection de la sécurité, ou le respect du droit à l’autodétermination des peuples vivant sous occupation étrangère.

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a déclaré que le vingtième anniversaire de la décision qu’avait prise l’Ukraine de renoncer aux armes nucléaires a eu lieu « dans le contexte de l’agression de la Fédération de Russie » contre son pays et au cours de l’annexion d’une partie du territoire ukrainien.  De telles actions sont d’autant plus cyniques qu’elles ont été perpétrées par un État qui s’était porté garant de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine en vertu des termes du mémorandum sur les garanties de sécurité, signé à Budapest dans la foulée de l’adhésion de l’Ukraine au TNP, le 5 décembre 1994.  « Puisque le Mémorandum de Budapest a été totalement foulé aux pieds par la Fédération de Russie, qui en était l’un des États signataires, nous exhortons la Commission à penser et à adopter de toute urgence un instrument multilatéral juridiquement contraignant qui permettrait de fournir aux États dénués d’armes atomiques des garanties de sécurité contre l’emploi ou la menace du recours à des armes nucléaires par les États qui en ont », a demandé M. Sergeyev.

Il a ensuite plaidé pour la tenue d’une Conférence sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et pour l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  M. Sergeyev a ensuite indiqué que sa délégation condamne les déclarations faites par certains responsables russes selon lesquelles la Fédération de Russie aurait le droit de déployer des armes nucléaires sur le territoire « temporairement occupé » de la Crimée.  « Les actions de la Fédération de Russie posent une menace directe au régime international établi par le TNP, auquel l’Ukraine a adhéré en tant qu’État non doté de l’arme nucléaire », a-t-il conclu.

M. TUVAKO NATHANIEL MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a souligné qu’il est impérieux que la Commission, au cours de la présente session de fond, parvienne à des résultats concrets.  « Il nous incombe à tous de faire preuve de la flexibilité nécessaire », a-t-il dit.  Il a ensuite plaidé pour une élimination totale et irréversible des armes nucléaires, ajoutant qu’une apocalypse nucléaire ne pourrait être totalement exclue tant que des pays disposeront de ces armes, ce qui incite, ce faisant, d’autres pays à en acquérir.

M. Manongi a ensuite exhorté la Commission à entamer de toute urgence des négociations en vue de parvenir à l’établissement d’une convention complète sur l’interdiction de la fabrication, de la possession ou de l’usage des armes nucléaires.  En attendant l’élimination de ces armes, a dit le délégué de la Tanzanie, nous demandons que les États dotés de l’arme nucléaire fournissent des garanties de sécurité aux pays qui en sont dépourvus.  Ils devraient s’engager à ne pas employer ces armes ou menacer d’y avoir recours contre les États non nucléaires.  M. Manongi a ensuite exprimé la vive préoccupation de la Tanzanie face aux conséquences négatives découlant du commerce illicite et de la circulation d’armes légères et de leurs munitions.  Il s’est en revanche félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.

M. EMAD AL-JUHAISHI (Iraq) a exhorté les États Membres à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour parvenir au désarmement nucléaire et à l’accomplissement de progrès en matière d’armes classiques.  Il a dit que la mise en œuvre d’une ZEAN au Moyen-Orient sera le meilleur moyen de rétablir la confiance et la stabilité au niveau régional.  Il a appelé à mettre en œuvre les résolutions 487, de 1981, et 687, adoptées en 1991 par le Conseil de sécurité.  Il a appelé à organiser la conférence qui était prévue en 2012 pour discuter de la création d’une ZEAN au Moyen-Orient. 

M. Al-Juhaishi a espéré que les États Membres sauront faire montre de volonté la politique nécessaire pour parvenir à un programme de travail équilibré de la Commission du désarmement et a salué l’importance de la résolution 69/77 de l’Assemblée générale.  Il s’est ensuite félicité de l’organisation, en 2014, de la première Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires qui menacent la survie même de l’humanité.  Le représentant a estimé que le seul moyen qui puisse garantir l’élimination totale des armes nucléaires est de parvenir à l’application universelle des termes du TNP.  L’Iraq a activement participé aux trois conférences sur les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires, a annoncé le représentant.  S’agissant de l’élimination des armes classiques, il a rappelé combien ces armes posaient des obstacles au développement économique et social des communautés et a souligné les efforts menés par le Gouvernement iraquien pour mettre en œuvre les traités pertinents.

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) a expliqué que l’impasse dans laquelle se trouve la Commission avait affaibli la pertinence et l’efficacité de cet organe.  Du fait de ses dysfonctionnements, la Commission n’a également pas pu mener les efforts qui auraient permis d’accroître le financement du développement au lieu de voir le monde donner en priorité l’avantage au financement de ses besoins d’armement.  Au regard des conséquences catastrophiques qu’aurait l’usage des armes nucléaires pour l’humanité, M. Bhattarai a plaidé pour une élimination totale et irréversible de ces armes.  Il a souligné le besoin d’entamer sans tarder des négociations pour intensifier les efforts de désarmement et a indiqué qu’une coopération étroite entre la Commission du désarmement, la Conférence sur le désarmement et la Première Commission était à ce titre cruciale.  Tout en réaffirmant le droit qu’a chaque État d’acquérir des armes classiques, il s’est prononcé en faveur de leur non-prolifération.  En conclusion, M. Bhattarai a exhorté tous les États Membres à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour que la Commission sorte de l’impasse dans laquelle elle se trouve et devienne « une entité viable et crédible au sein de l’architecture onusienne du désarmement ».

M. SAAD AL SAAD (Arabie saoudite) s’est dit préoccupé par les efforts déployés par certains pays pour acquérir des armes de destruction massive qui posent des menaces à la sécurité et à la paix internationales.  Le statu quo sur cette question compliquera encore plus les choses en ce qui concerne l’impasse qui paralyse depuis trop longtemps les travaux de la Commission, notamment en matière de désarmement nucléaire, a estimé le représentant.  S’agissant de la question du Moyen-Orient, le représentant saoudien a indiqué que l’absence de progrès tangible dans les efforts menés pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient pourrait conduire à une course aux armements dans la région.  Soulignant en outre que les États ont le droit d’utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques, il a dit que le chemin qui y mène est semé d’embuches.  M. Saad a ajouté que la bonne volonté et une analyse objective de la situation sur le terrain devraient encourager les États à adopter une attitude constructive sur la question du nucléaire au Moyen-Orient.  L’Arabie saoudite accorde une grande importance à la lutte contre le trafic des armes légères et de petit calibre, a ensuite déclaré le représentant.  Il a estimé que la volonté internationale permettra de venir à bout de tous les problèmes qui se posent et de trouver un consensus sur les questions en suspens.   

M. PHAM QUANG HIEU (Viet Nam) a remarqué que le programme multilatéral de désarmement était plus chargé que jamais avec de nombreuses questions encore en suspens.  Tout en prenant note des progrès accomplis en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération, ainsi que pour répondre aux questions relatives aux armes classiques, il a averti qu’il faudrait faire preuve d’une plus grande volonté politique.  Il a toutefois estimé qu’il y avait des raisons d’être optimiste, vu les accords récemment atteints sur les activités nucléaires.  Alors que démarre un cycle de trois ans pour la Commission du désarmement, il a estimé crucial de laisser au désarmement nucléaire sa place prioritaire dans le programme de désarmement.

M. Hieu a appuyé la proposition du Mouvement des non-alignés en faveur de négociations complètes sur une convention relative aux armes nucléaires.  Il serait aussi intéressant, aux yeux du Viet Nam, d’examiner la nécessité de créer une synergie entre des initiatives récentes portant sur le désarmement nucléaire, et notamment sur les conséquences humanitaires qu’entrainerait l’utilisation des armes nucléaires.  M. Hieu a également appelé à redoubler d’efforts pour instaurer des conditions favorables à l’établissement de mesures de confiance.  Ces mesures devraient garantir le droit légitime des États à l’autodéfense, et donc leur droit d’importer et de produire des armes classiques.  Il a par ailleurs dénoncé le scepticisme croissant face à la machinerie du désarmement, notamment concernant les travaux de la Commission, avant d’appeler à faire en sorte que ce nouveau cycle soit différent des précédents.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a indiqué que le TNP avait réussi à contenir la prolifération d’armes nucléaires grâce aux États non dotés de l’arme nucléaire, « qui se sont acquittés de leur part du contrat ».  « Nous faisons néanmoins face à une profonde crise de confiance dans la crédibilité du marché et du contrat qui sont au cœur du Traité parce que les États dotés de l’arme nucléaire ne s’acquittent pas de leurs obligations », a-t-il estimé.  Il a en conséquence invité ces États à réaffirmer leur engagement en faveur du désarmement nucléaire avec l’adoption de mesures concrètes et dont la mise en œuvre se ferait de manière immédiate.  « Ces États doivent faire des progrès dans la vérification et l’élimination de leurs arsenaux nucléaires », a-t-il insisté.  Il s’en est ensuite pris à l’attitude qui consisterait, pour les États dotés de l’arme nucléaire, à penser que l’extension illimitée du TNP les dispenserait de se montrer plus convaincants en matière de désarmement auprès des États non dotés de l’arme.  « Un tel calcul sape la crédibilité du TNP. »

Le délégué a regretté que les États nucléaires insistent sur une approche graduelle du désarmement, approche dépourvue notamment d’un calendrier précis, au terme duquel les armes nucléaires seraient éliminées.  « Les résultats de cette approche lacunaire ont été décevants », a-t-il dit.  Il a ajouté qu’en tant qu’État non doté de l’arme nucléaire, l’Iran était en faveur de l’entame de négociations multilatérales en vue de l’adoption d’une convention globale qui prévoirait le désarmement nucléaire selon un échéancier défini.  Seule une approche globale permettra d’aboutir à des résultats, a-t-il affirmé.  Enfin, M. Dehghani s’est prononcé en faveur de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et a vivement critiqué le refus d’Israël d’abandonner ses armes nucléaires.

M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a déploré que la Commission n’ait pas pu parvenir à un document consensuel depuis deux décennies, faisant ainsi peser le danger de l’utilisation ou la menace d’utilisation des armes nucléaires et des autres armes de destruction massive.  Le représentant a estimé que l’élimination totale des armes nucléaires reste la seule solution pouvant garantir la paix et la sécurité internationales.  M. Dabbashi a ensuite indiqué que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires, l’interdiction de la présence d’armes de destruction massive et de l’utilisation des technologies nucléaires à des fins douteuses au Moyen-Orient reste aussi une priorité.  La Libye est déçue que la conférence internationale prévue sur la création d’une ZEAN au Moyen-Orient n’ait pas eu lieu, a dit le représentant qui a préconisé de reprendre les négociations.  Il a également parlé de la nécessité de faire des efforts pour garantir l’universalité du TNP et de la nécessité, pour les pays dotés d’armes nucléaires, de respecter leurs engagements et obligations.  Il a félicité l’accord-cadre récemment trouvé entre l’Iran et le “P5 + 1” sur le dossier nucléaire iranien.  Dans le domaine des armes classiques, il a dit que son pays appuyait les mesures de renforcement de la confiance et a appelé à une mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes qui soit équilibrée et respecte les intérêts de tous les États.

M. OMAR HILALE (Maroc) a indiqué que la Commission avait par le passé réussi à aboutir à des résultats concrets, mais que cela s’était uniquement produit lorsque les questions débattues étaient spécifiques.  « Sans volonté politique, nous ne parviendrons pas à un consensus », a-t-il déclaré, avant d’indiquer que l’amélioration des méthodes de la Commission devrait également faire partie des consultations.

Le délégué du Maroc a ensuite affirmé que le point de départ de progrès dans le champ du désarmement serait le respect des obligations découlant du TNP.  À la veille de la Conférence des parties au TNP, il a vigoureusement plaidé en faveur de la préservation de la crédibilité du TNP.  « L’universalité du TNP est essentielle pour la paix internationale », a-t-il dit, expliquant que le respect de ce Traité par Israël bénéficierait à la sécurité au Moyen-Orient.  Enfin, il a dit que l’adoption de mesures de confiance dans le domaine des armes classiques devrait respecter la souveraineté des États.

M. ALMUSTAFA MUBARAK HUSSEIN RAHAMTALLA (Soudan) a demandé à la communauté internationale de tout faire pour que se tienne une conférence internationale sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a ensuite évoqué les efforts que fait le Soudan pour préserver l’Afrique comme zone exempte d’armes nucléaires.  Le Soudan est aussi particulièrement préoccupé par les problèmes posés par les trafics d’armes légères et classiques.  Le Soudan s’inquiète des conflits qui pointent à l’horizon, comme ceux ayant trait au contrôle des sources d’eau potable.

Le représentant a également parlé des efforts des organisations régionales dont le Soudan fait partie pour assurer le contrôle des frontières dans le cadre de la lutte contre les trafics d’armes conventionnelles.  Il a ajouté que ce contrôle devait aussi se faire dans les pays fabricants d’armes.  Au plan national, le Soudan a mis en place un programme contre la diffusion des armes légères, a-t-il indiqué, et une loi est en cours d’élaboration, avec l’appui des Nations Unies, pour assurer la traçabilité et le contrôle des armes.

M. ABIODUN RICHARDS ADEJOLA (Nigéria) a indiqué que son pays appuyait pleinement le Traité de Pelindaba, entré en vigueur en 2009.  Il a expliqué que ce Traité s’opposait à tout stationnement d’armes nucléaires et à tout essai nucléaire sur le continent africain.  Il a exhorté la communauté internationale à reproduire cet exemple dans d’autres régions du monde, notamment au Moyen-Orient.  Il a dit que le Nigéria appuie les trois piliers du TNP, avant de se féliciter de l’entrée en vigueur, le 24 décembre 2014, du Traité sur le commerce des armes.  Il a dit que ledit Traité aidera non seulement à réduire les souffrances humaines mais qu’il contribuera aussi à la paix, à la sécurité et à la stabilité.  Il a espéré que le groupe de travail sur les mesures de confiance relatives aux armes classiques soulignera les bénéfices et l’utilité du Traité sur le commerce des armes. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a rappelé l’importance des 13 mesures pratiques adoptées lors de la Conférence d’examen du TNP de l’année 2000, qui était alors présidée par l’Algérie.  Il a exhorté les États Membres à renouveler dans des termes encore plus forts leur engagement au cours de la prochaine Conférence de 2015, qui va se tenir le mois prochain.  Il a souhaité la mise en œuvre de la résolution 69/58 de l’Assemblée générale et le lancement immédiat de négociations pour parvenir à une Convention interdisant la possession, la production ou le développement d’armes nucléaires.  Il a cité comme exemple à suivre l’entrée en vigueur, le 15 juillet 2009 du Traité de Pelindaba en regrettant que la communauté internationale n’ait toujours pas progressé sur la question de la mise en œuvre d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient.  S’agissant des armes classiques, il a insisté sur la pertinence du programme des Nations Unies sur les armes légères et sur celle de l’Instrument de traçage.  Il a indiqué que l’Algérie avait récemment ratifié la Convention sur certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou frappant sans discrimination et ses protocoles I, III et IV. 

M. ZAEL ALEXIS FERNÁNDEZ RIVERA (Venezuela) a rappelé que, lors du Sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), la région avait été déclarée zone de paix, cette déclaration venant consolider une longue tradition régionale consacrée dans le Traité de Tlatelolco.  À propos de ce Traité, il a appelé les États qui ont émis des réserves sur les garanties négatives de sécurité à accorder à ses États membres de les retirer de toute urgence et à respecter le caractère dénucléarisé de la région.  Il leur faut aussi éliminer la menace de l’utilisation des armes nucléaires de leur doctrine de sécurité concernant les pays de la CELAC, a-t-il ajouté.

M. Fernández Rivera a ensuite jugé illégal en droit international le décret du Président Obama qui a récemment déclaré le Venezuela comme étant une menace posée à la sécurité nationale des États-Unis.  Il a au contraire estimé que c’est l’attitude des États-Unis qui est une menace à l’égard de son pays.  Cela rend plus que jamais nécessaire la convocation d’une conférence de haut niveau pour identifier les mesures à prendre afin d’éliminer complètement et de manière irréversible la production, le développement, les essais, le stockage et l’utilisation, ou la menace d’utilisation, des armes nucléaires, a-t-il dit.  Enfin, il a appelé tous les États Membres à redoubler d’efforts et de volonté politique dans le cadre de la machinerie multilatérale de désarmement.  Il a réitéré tout le soutien du Venezuela à la Commission du désarmement en espérant qu’elle parviendrait à des résultats importants en matière de désarmement nucléaire.

Droits de réponse

Le représentant de la République de Corée a tenu à exercer son droit de réponse en indiquant que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) cherchait à se défausser en ce qui concerne son programme nucléaire en accusant à tort les autres États.  Les arguments avancés au cours de ce débat par la RPDC sont absurdes, a-t-il dit, en rappelant que plus de 80 pays ont condamné l’essai nucléaire mené en 2013 par la RPDC.  Il a indiqué que la communauté internationale était convaincue de la nécessité de voir la RPDC renoncer à ses capacités nucléaires.  « Tant que la RPDC poursuivra son programme nucléaire, les sanctions continueront de la frapper », a dit le représentant, avant d’inviter la RPDC à abandonner son programme et investir plutôt dans le bien être de sa population.  « Nous sommes prêts à coopérer avec la RPDC si elle fait les bons choix », a-t-il conclu.

Prenant à son tour la parole, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a exercé son droit de réponse et accusé son homologue de la République de Corée d’ignorer l’historique de la question nucléaire dans la Péninsule coréenne.  « Nous avons été partie au TNP avant d’être contraints de nous en retirer en raison des manipulations militaires et politiques des États-Unis », a-t-il dit.  Il a ajouté que le programme de dissuasion nucléaire de son pays avait été développé en réaction à l’hostilité des États-Unis.  Si la République de Corée était réellement une entité souveraine, elle n’aurait aucune raison de s’en inquiéter, a estimé le représentant en soulignant que son pays n’abandonnera pas son programme nucléaire tant que les États-Unis ne cesseront pas leur politique faite d’hostilité à l’égard de la RPDC.

Le représentant de la Fédération de Russie a exercé son droit de réponse et a répondu aux déclarations de ses homologues de la Géorgie et de l’Ukraine concernant le statut des ogives nucléaires déployées en Crimée en indiquant que ces matériels jouissent des mêmes traitements que ceux s’appliquant aux armes nucléaires déployées sur la partie continentale du territoire de la Fédération de Russie car la péninsule de Crimée fait de nouveau intégralement partie de la Russie depuis le référendum du 18 mars 2014.  La responsabilité de ces matériels, que ce soit de leur usage ou de leur entretien, incombe à la Fédération de Russie qui respecte ses obligations internationales, a souligné le représentant.  Il a ajouté que ces équipements nucléaires ont toujours été présents sur la péninsule et ne sont jamais sortis de la Crimée. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Il faut faire preuve de volonté politique afin de sortir la Commission du désarmement de sa longue paralysie, soulignent de nombreuses délégations

Session de fond de 2015,
346e, 347e & 348e séances – matin & après-midi
CD/3544

Il faut faire preuve de volonté politique afin de sortir la Commission du désarmement de sa longue paralysie, soulignent de nombreuses délégations

Après avoir adopté plus tôt dans la journée l’ordre du jour de sa session de fond de 2015, la Commission du désarmement a entamé cet après-midi son débat général, marqué par les appels lancés par de nombreuses délégations à certains États Membres de faire montre de volonté politique et de flexibilité pour mettre fin à l’impasse qui paralyse depuis trop longtemps les travaux de la Commission.

La Commission, organe subsidiaire et délibérant de l’Assemblée générale en matière de désarmement, n’est en effet pas parvenue, depuis l’année 1999, à s’entendre sur des recommandations en matière de contrôle des armes conventionnelles, de désarmement nucléaire, ou de déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique et autres questions cruciales pour la survie de l’humanité.  C’est une véritable « déception », a dit le délégué de l’Inde, alors que son homologue du Mexique a indiqué qu’un tel immobilisme allait à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme.

Ils ont en conséquence joint leur voix à celles de la douzaine de délégations qui se sont exprimées pour exhorter les États Membres à faire preuve de volonté politique et de flexibilité afin de parvenir à des résultats.  « Si l’impasse dans laquelle se trouve la Commission perdurait, alors cette dernière perdrait sa crédibilité, et son existence même serait remise en question », a averti la déléguée de la République de Corée.

« La Commission est la seule enceinte délibérative et spécialisée au sein de la machinerie du désarmement des Nations Unies habilitée à formuler des recommandations à l’Assemblée générale », a rappelé le représentant de l’Indonésie, parlant au nom du Mouvement des non-alignés, avant de demander l’entame de négociations au sein de la Commission en vue de l’adoption d’une Convention globale sur les armes nucléaires.

L’approche inclusive et délibérative de la Commission est nécessaire si l’on veut aboutir à un résultat qui reçoive le soutien le plus large possible, a soutenu la délégation de la Malaisie.  À l’instar d’autres intervenants, le représentant de ce pays s’est aussi félicité du consensus qui a permis l’adoption, ce matin, de l’ordre du jour.

Il faut garder à l’esprit et respecter le principe de consensus qui a permis cette adoption, a souligné la représentante de la Fédération de Russie en insistant pour que ce principe guide les travaux de la Commission.  « S’en éloigner risque d’avoir des conséquences néfastes pour la sécurité internationale », a-t-elle prévenu, indiquant que son pays était prêt à examiner les différentes idées visant à dynamiser les travaux de la Commission.  Son homologue du Pakistan a, pour sa part, rappelé que l’objectif final à atteindre « ne pouvait être que l’élimination totale des armes nucléaires dans un cadre de désarmement multilatéral ».

Si les délégations ont brossé un tableau sombre des efforts de désarmement –la déléguée pakistanaise allant jusqu’à affirmer qu’ils étaient « au point mort »-, certaines d’entre elles ont néanmoins tenu à souligner des avancées récentes, telles que la sortie de toutes les armes chimiques de Syrie, l’adoption d’un cadre de règlement du programme nucléaire iranien, ou bien encore l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.

Pour de nombreuses délégations, ce Traité devrait encourager la Commission à proposer, au cours de cette session, des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques.  « Une paix durable doit se construire sur le droit international et non sur le stockage d’armes mortelles », a en effet commenté le représentant du Mexique, pays qui accueillera cette année la première Conférence des États parties audit Traité.

Le délégué de l’Égypte a demandé que ces mesures de confiance visent notamment à mettre en place une surveillance internationale de la production et des stocks d’armes conventionnelles actuellement entre les mains des principaux exportateurs d’armes et producteurs.

La Commission du désarmement, dont les travaux se poursuivront jusqu’au 24 avril, a également élu par acclamation M. Kairat Abdrakhmanov, du Kazakhstan, et M. Bouchaib El Oumni, du Maroc, Présidents, respectivement, du Groupe de travail I, chargé des « Recommandations en vue de réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires », et du Groupe de travail II, chargé des « Mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques ».

La République populaire démocratique de Corée et la République de Corée ont fait usage de leurs droits de réponse.

La Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 8 avril, à partir de 10 heures.

Débat général

M. DESRA PERCAYA (Indonésie), qui a parlé au nom du Mouvement des non-alignés, a exhorté tous les États Membres à faire montre de volonté politique et de flexibilité afin de permettre que les travaux de cette session de la Commission du désarmement aboutissent à des résultats positifs.  La Commission est la seule enceinte délibérative et spécialisée existant au sein de la machinerie du désarmement des Nations Unies pour traiter des questions de désarmement et formuler des recommandations en la matière à l’Assemblée générale, a-t-il rappelé.  Il a ensuite exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à procéder à l’élimination de ces armes et arsenaux nucléaires conformément aux termes du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).  Le désarmement nucléaire ne doit pas dépendre de la mise en place de mesures de confiance ou de tout autre effort de non-prolifération, a-t-il souligné.  Il a également souhaité que des négociations commencent au sein de la Commission en vue de promouvoir l’adoption d’une convention globale sur les armes nucléaires.  Une forte volonté politique est nécessaire pour sortir de l’impasse actuelle, a-t-il estimé.

M. Percaya a indiqué que la tenue, pas plus tard qu’en 2018, d’une conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire serait l’occasion pour la communauté internationale d’intensifier les efforts menés en vue d’un monde débarrassé des armes nucléaires.  « L’élimination des armes nucléaires est la seule garantie absolue que l’humanité peut avoir contre l’utilisation ou la menace d’utiliser ces armes », a-t-il rappelé.  En attendant qu’on parvienne un jour à ce stade, il est indispensable que les États non dotés de l’arme nucléaire reçoivent de la part des pays qui en sont dotés des garanties négatives de sécurité aux termes desquelles les puissances atomiques s’engagent de manière juridiquement contraignante à ne jamais recourir à l’emploi ou à la menace d’emploi de telles armes contre les États non nucléaires.  Le représentant a ensuite souligné qu’il est important que soit pleinement respecté le droit inaliénable des pays en développement à produire et à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il a en outre souligné que les questions relatives au désarmement devaient être réglées seulement par des moyens diplomatiques et politiques.

M. Percaya a ensuite exprimé la profonde déception ressentie par les États non alignés après que certaines parties ont refusé la tenue de la conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  « Les États membres du Mouvement des non-alignés parties au TNP déplorent qu’Israël soit le seul État au Moyen-Orient à refuser de participer à une telle conférence », a souligné le représentant.  Il s’est enfin dit vivement préoccupé par la détention, par Israël, de l’arme nucléaire, « un fait qui pose une menace sérieuse et continue à la sécurité des États voisins ».

M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur), parlant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a exprimé l’inquiétude des États Membres de la CELAC quant à l’impact humanitaire et aux conséquences globales à long terme de toute utilisation accidentelle ou intentionnelle d’armes nucléaires.  « Nous estimons que cette question devrait être soulevée à chaque fois que les armes nucléaires sont discutées.  Nous félicitons donc l’organisation des conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, qui ont eu lieu à Oslo, à Nayarit et à Vienne, notamment pour leurs délibérations et leurs contributions au discours mondial relatif à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires », a ajouté le représentant.  Il a en outre exhorté les États dotés d’armes nucléaires de retirer toutes les réserves qu’ils ont exprimées face au Protocole du Traité de Tlatelolco (OPANAL), qui fait de l’Amérique latine et des Caraïbes une zone exempte d’armes nucléaires.  Leur demandant de respecter le caractère dénucléarisé de l’Amérique latine et des Caraïbes, il les a exhortés à donner des garanties négatives de sécurité à tous les pays de la CELAC, et à mettre ainsi fin à toute possibilité d’utilisation d’armes nucléaires contre la région.  D’autre part, la CELAC déplore l’échec de la mise en œuvre de l’accord auquel les États Membres de l’ONU étaient parvenus de tenir la conférence internationale sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, a indiqué le représentant.

La CELAC souligne l’importance de parvenir à l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et exhorte donc les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Traité en tant qu’États non nucléaires.  Elle appelle les États dotés d’armes nucléaires à respecter leurs engagements en vertu de l’article VI du TNP, et à aller vers l’élimination complète de ces armes.  « Nous les exhortons à mettre en œuvre pleinement et immédiatement les 13 mesures pratiques vers le désarmement nucléaire convenues lors de la Conférence d’examen du TNP de 2000, ainsi que le Plan d’action, adopté lors de la Conférence d’examen de 2010 », a indiqué le représentant.  La CELAC exhorte les États inscrits à l’annexe 2, dont la ratification est indispensable à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à accélérer leur processus de signature et/ou de ratification de cet instrument.  Le représentant a également regretté que la Commission du désarmement ait été incapable de faire des recommandations au cours de ses sessions précédentes.  Il est important pour la Commission de s’acquitter de son mandat tel qu’il a été exprimé par la première session extraordinaire de l’ONU sur le désarmement, ceci afin de faire avancer nos objectifs, a-t-il estimé.

M. VENKATESH VARMA (Inde) a fait part de la grande déception ressentie par sa délégation après l’absence de recommandations à l’issue de la session de 2014 de la Commission du désarmement, alors que l’Inde continue à accorder une grande importance à ce forum, car c’est le seul organe à composition universelle traitant de la question, et il constitue la branche délibérante de la « machinerie du désarmement ».  M. Varma a mis cet échec sur le compte du manque de volonté politique des États Membres pour s’investir dans des pourparlers et des documents multilatéraux.  Il a estimé que la Commission devait faire tout son possible pour améliorer son fonctionnement, en permettant une discussion orientée sur des résultats pour les sujets inscrits à son ordre du jour.

L’Inde, a-t-il poursuivi, attache une grande importance à un désarmement nucléaire mondial, non discriminatoire et vérifiable, ainsi qu’à l’élimination totale des armes nucléaires dans un délai contraignant.  Il a indiqué que sa délégation avait apporté son appui à la proposition du Mouvement des non-alignés de commencer les négociations sur une convention générale sur les armes nucléaires, ainsi qu’à la proposition qui a été faite de démarrer des négociations, au sein de la Conférence sur le désarmement, sur un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d’armes nucléaires.  L’Inde, a-t-il souligné, a participé à la Conférence de Vienne sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires dans l’espoir d’attirer une attention renouvelée sur la menace que posent ces armes et qui est la plus grave planant sur la survie de l’humanité.  Nous avons appelé tous les États dotés de l’arme nucléaire à s’engager dans un dialogue authentique afin de renforcer la confiance et de réduire la prépondérance des armes nucléaires dans les affaires internationales et dans les doctrines de sécurité, a indiqué M. Varma.

Le représentant indien a estimé que la Commission du désarmement a contribué à l’élaboration de directives de grande valeur dans le domaine des mesures de confiance sur les armes classiques.  La Commission était près du but, en ce qui concerne l’adoption des recommandations l’an dernier, a-t-il noté en soulignant l’utilité de tenir des discussions au sein de la Commission pour rapprocher les vues des différents États et parties.  L’adoption de mesures de confiance doit rester une prérogative des États concernés, et elles doivent être mises en œuvre par les États pour lesquelles elles sont pertinentes, a-t-il précisé.  Enfin, il a dit ne pas s’opposer à l’ajout d’un troisième sujet à l’ordre du jour de la Commission, surtout si cela permet d’élargir le terrain des discussions pour atteindre un consensus.

Mme OLGA KUZNETSOVA (Fédération de Russie) a déclaré que la Russie soutenait les efforts à déployer en vue de parvenir à l’objectif d’une sécurité égale et indivisible pour tous les États dans l’intérêt de la stabilité mondiale.  Elle a jugé essentiel qu’il soit tenu compte des compétences et de l’expertise de la Commission du désarmement (CD) pour faire face aux défis sécuritaires contemporains.  « Nous sommes prêts à examiner les différentes idées visant à dynamiser les travaux de la CD en respectant le principe fondamental, qui consiste à ne pas nuire au déroulement des pourparlers en respectant le principe fondamental du consensus.  « S’éloigner du principe du consensus risque d’avoir des conséquences néfastes pour la sécurité internationale », a prévenu la représentante russe. 

Elle a espéré que la prochaine Conférence des États parties au TNP sera l’occasion de progresser en matière de non-prolifération nucléaire.  Elle a notamment souligné la nécessité d’appuyer la mise en œuvre du plan d’action à long terme adopté en 2010, qui continue d’être d’actualité.  Elle a indiqué que la Fédération de Russie s’est engagée à ne pas dépasser le nombre de 1 550 missiles à ogives nucléaires déployés sur 700 vecteurs et plateformes déployés.  Il faut éviter une situation dans laquelle les dirigeants travaillent sur la mise en place de nouveaux systèmes, dont des systèmes antimissiles qui représenteraient un danger pour l’équilibre des forces et la parité stratégique, a-t-elle prévenu.  « Un monde sans armes nucléaires nécessite des objectifs de limitations de ces armes et de leurs plateformes de soutien qui s’appliquent à tous », a-t-elle estimé.

À cet égard, elle a ajouté qu’un des facteurs déstabilisants est le déploiement d’armes antimissiles américaines à travers le monde et notamment sur le théâtre européen.  Elle a accusé les États-Unis de duplicité et de chercher des prétextes infondés pour justifier le déploiement de systèmes antimissiles.  C’est un précédent dangereux qui risque de relancer la course aux armes nucléaires, a-t-elle dit.  Les tentatives américaines visant à renforcer leur propre sécurité aux dépens de celle des autres sont inadmissibles, a-t-elle prévenu.  Elle a dit que la Fédération de Russie appuyait le projet de texte proposé par la Chine et qui vise à bannir le déploiement d’armes dans l’espace atmosphérique.   Elle s’est félicitée du succès de l’opération qui a permis, l’été dernier, la sortie de toutes les armes chimiques de Syrie.  Cela a été possible grâce à la volonté du Gouvernement syrien et à l’appui de la Russie.  Elle a dit le danger que représente l’accumulation d’armes classiques dans certaines parties du monde avec les risques que cela représente en termes de conflit

M. RAJA REZA RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) s’est réjoui du consensus qui a permis l’adoption, ce matin, d’un ordre du jour pour la session de fond de 2015 de la Commission du désarmement, avant de souligner la centralité de ladite Commission dans le domaine du désarmement.  « La Commission promeut une approche inclusive et délibérative qui est nécessaire si l’on veut aboutir à un résultat qui reçoive le soutien le plus large possible », a-t-il indiqué.  Il a ensuite appelé tous les États Membres à faire preuve de volonté politique et de flexibilité pour sortir la Commission de l’impasse dans laquelle elle se trouve.  Le représentant a espéré que la prochaine Conférence des États parties au TNP soit l’occasion de renforcer la coopération en vue de la réalisation des objectifs de non-prolifération.

M. Raja Zaib Shah a ensuite invité la Commission à concentrer ses discussions sur des propositions concrètes en vue de promouvoir l’élimination des armes nucléaires, parmi lesquelles il a cité l’adoption d’une convention globale sur les armes nucléaires.  Enfin, le représentant de la Malaisie a indiqué que l’établissement de mesures de confiance dans le domaine des armes classiques permettra de renforcer la paix et la sécurité internationales.  « En dépit des positions nuancées et divergentes exprimées par les États Membres sur la question, nous espérons que les travaux de la Commission permettront de trouver un terrain d’entente et que nous pourrons aller de l’avant. »

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a regretté que les dépenses militaires et les stocks d’armes conventionnelles augmentent notamment en Asie du Sud.   Elle s’est inquiétée des nouveaux défis qui pointent à l’horizon, comme l’installation d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, les nouvelles capacités d’attaques informatique et cybernétique, ou le recours à des drones armés.  Nous devons, dans le cadre d’une nouvelle approche, partir du principe qu’il y a un droit égal de tous les États à la sécurité dans les domaines conventionnels et non conventionnels aux niveaux international et régional, a dit Mme Lodhi.  Nous devons examiner les considérations de sécurité qui poussent des petits États à acquérir des armes.  Elle a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à faire preuve d’un engagement renouvelé de parvenir à un désarmement nucléaire.  Elle a rappelé que l’objectif final à atteindre ne pouvait être que l’élimination totale des armes nucléaires dans un cadre de désarmement multilatéral.  Elle a estimé que les inspections de l’AIEA ont rendu possible la promotion d’une technologie nucléaire à usage civil et résistant à la prolifération des armes atomiques.  Elle a appelé la Commission à délimiter clairement le champ du recours, par les États, à des drones ou à robots militaires opérant de manière autonome.  

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a déclaré qu’il ne faisait aucun doute qu’il faut sortir de l’impasse la Commission du désarmement, dont les travaux sont bloqués depuis 1999, et revitaliser le mécanisme de désarmement pour répondre aux nombreuses menaces d’aujourd'hui.  Le Kazakhstan s’engage pleinement à créer cet élan, ainsi qu’à contribuer à l’amélioration des méthodes de travail de la Commission, fondées sur les résolutions antérieures de l’Assemblée générale et d’autres plateformes sur le désarmement.  « Notre appui devrait être adossé sur le passé et, en même temps, répondre à l’évolution des situations et des défis politiques », a ajouté le représentant.  Il a dit qu’il était clair que le désarmement nucléaire et la non-prolifération doivent recevoir une attention égale à celle prêtée aux armes classiques dans le contexte des récents développements régionaux et mondiaux.  Saluant les énormes progrès accomplis en ce qui concerne les armes classiques, et qui ont permis l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, le représentant a estimé que « nous devons nous focaliser maintenant sur sa mise en œuvre effective ».  Il a appelé au renforcement de la réglementation des ventes d’armes et de la lutte contre le trafic illicite d’armes légères. 

À la lumière des nombreuses tensions régionales croissantes observables dans différentes parties du monde, le représentant a appelé à l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de son Protocole additionnel.  Tout doit être fait pour exercer une véritable volonté politique sur cette question, et des compromis doivent être trouvés pour assurer le succès de la Conférence d’examen de 2015 et pour aller de l’avant, a-t-il exhorté.  L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) est quant à elle, essentielle.  Le TICE peut renforcer le TNP et faire avancer le processus de non-prolifération, a dit le représentant.  Pour la période 2015-2017, le Japon et le Kazakhstan qui président conjointement la conférence organisée en application de l’article 14, s’engagent à faire tout ce qui est possible pour que les pays figurant à l’annexe II, signent le TICE pour sauvegarder un monde fragile et menacé par les armes atomiques, a déclaré le représentant.     

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a regretté l’immobilisme de la Commission, qui va à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme.  Malgré le manque de volonté politique, le représentant du Mexique s’est réjoui que l’immense majorité des États se soient dit prêts à négocier aussi bien sur le nucléaire que sur les armes conventionnelles.  S’agissant de la mise en œuvre du TNP, il a espéré que la prochaine Conférence des États parties sera l’occasion d’avancer sur la mise en œuvre de l’article 6 du Traité, étant donné que le pilier désarmement n’a pas progressé.  Il a souligné l’importance des conférences qui ont été organisées sur les risques et dangers que représentent les armes nucléaires.  Notant que ces conférences se sont tenues hors du cadre de l’ONU, le représentant du Mexique a exhorté la Conférence sur le désarmement et l’ONU d’intégrer dans leurs travaux l’examen des conséquences humanitaires qu’auraient d’éventuelles frappes nucléaires.  « Une paix durable doit se construire sur le droit international et non sur le stockage d’armes mortelles », a dit M. Sandoval avant de préciser que son pays accueillera cette année la première Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (TCA), entré en vigueur le 24 décembre dernier.  Il a espéré que les membres de la Commission du désarmement parviendront à s’entendre sur des recommandations en matière de désarmement, dans l’intérêt de la stabilité à travers le monde.  

M. JOHN A. BRAVACO (États-Unis) a souligné que cette session de la Commission du désarmement se déroule à la veille de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP), un traité dont les trois piliers sont la prévention de la prolifération des armes nucléaires, la paix et la sécurité dans un monde exempt d’armes nucléaires, et la promotion d’une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a estimé qu’un consensus pouvait être atteint dans de nombreux domaines sur des mesures concrètes qui renforceraient les clauses du TNP.  Il a aussi espéré que la Conférence d’examen serait l’occasion de réaffirmer le Plan d’action qui avait été approuvé par consensus en 2010 et de le mettre à jour si c’est possible.  Lors de la Conférence, a-t-il indiqué, les États-Unis feront tout pour que le régime des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) reste effectif et fort.

M. Bravaco a ensuite mis en évidence les avancées récentes en matière de désarmement, citant notamment à cet égard la Conférence des États du Groupe des P5 tenue à Londres les 4 et 5 février, dont le Document final a souligné les progrès accomplis en matière de confiance mutuelle et de transparence entre les P5.  Le représentant a aussi mentionné l’initiative qu’ont prise les États-Unis de constituer un partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire, qui a été présentée à Prague, en République tchèque, en décembre 2014 et lancée à Washington D.C. le mois dernier en même temps que l’Initiative sur la menace nucléaire.  Il a expliqué que le rôle de ce partenariat serait de nature technique et donc mené par des experts.  Ce sera un processus assez long, a-t-il prévenu avant de remercier la Norvège d’accueillir la prochaine réunion plénière, prévue cet automne.

Les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la production d’armes nucléaires sont la prochaine étape logique du programme multilatéral de désarmement nucléaire, a poursuivi M. Bravaco en précisant que les États-Unis n’avaient pas produit d’uranium hautement enrichi destiné à la fabrication d’armes nucléaires depuis 1964, ni de plutonium susceptible d’être utilisé aux mêmes fins depuis 1989.  Nous sommes engagés à maintenir un moratoire sur la production de matières fissiles et nous encourageons d’autres États à faire de même, a dit le représentant pour qui la Conférence sur le désarmement est le meilleur forum pour lancer des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.  Il a espéré que le rapport final du Groupe d’experts gouvernementaux créé sur cette question revitaliserait le dialogue entre États.  Ce rapport, a-t-il précisé, va inclure les recommandations du Rapport Shannon (CD/1299) qui fait état de l’accord unanime auquel les parties sont parvenues sur un élément: la nécessité d’interdire la production de matières fissiles pour les armes nucléaires ou tout autre explosif nucléaire.

En ce qui concerne le programme de travail de la Commission, il a proposé d’examiner à fond les questions relatives aux mesures de confiance et de transparence sur le non-usage de l’espace extra-atmosphérique à des fins militaires pour le cycle 2015-2017.  Il a rappelé deux résolutions adoptées à ce sujet par l’Assemblée générale, sans vote, et qui ont été parrainées par son pays ainsi que par la Russie et la Chine.  Si cette question était ajoutée à l’ordre du jour, a-t-il dit, la délégation des États-Unis proposerait d’en prendre note lors de la réunion commune des Première et Quatrième Commissions de l’Assemblée générale en octobre prochain.

Mme JI-AH PAIK (République de Corée) a indiqué que si l’impasse dans laquelle se trouve la Commission perdurait, alors cette dernière perdrait de sa crédibilité et son existence même serait remise en question.  Elle a indiqué que la session de fond de la Commission se déroulait dans un environnement particulièrement dynamique, avec notamment la récente adoption d’un cadre de règlement du programme nucléaire iranien et l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.  L’entrée en vigueur de ce Traité devrait encourager la Commission à proposer, lors de la présente session, des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, a-t-elle dit.

La déléguée de la République de Corée a ensuite indiqué que le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) était une menace grave pour le régime de non-prolifération nucléaire.  « Il s’agit du seul pays au monde à avoir conduit des essais nucléaires au XXIe siècle », a-t-elle rappelé, ajoutant que la RPDC continuait de développer ses capacités nucléaires et balistiques en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a, en conclusion, exhorté ce pays à respecter ses obligations internationales et à abandonner son programme nucléaire. 

M. HALIT ÇEVIK (Turquie) s’est inquiété des conséquences de l’impasse dans laquelle se trouve actuellement la Commission du désarmement, et qui dure depuis très longtemps, pour sa crédibilité.  Néanmoins, il s’est dit encouragé par l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes et les percées observées dans les négociations sur le programme nucléaire iranien.  « Nous sommes heureux de constater que nous avons un ordre du jour pour le nouveau cycle triennal 2015-2017, conformément aux termes de la résolution 69/77 de l’Assemblée générale », a ajouté M. Çevik.  Il a salué l’importance des conférences organisées sur les conséquences humanitaires d’un éventuel usage d’armes nucléaires par un État détenteur de ce type de moyens militaires.  Il a rappelé que toutes les menaces à la sécurité sont liées entre elles, et qu’elles ne peuvent pas être traitées séparément.  « La Turquie a cependant toujours défendu l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques », a-t-il dit en précisant que son pays a joué un rôle important dans la Déclaration de Téhéran de 2010.

M. RYO FUKAHORI (Japon) a déclaré qu’un monde exempt d’armes nucléaires ne pourrait voir le jour sans une coopération entre les États qui disposent de l’arme nucléaire et ceux qui ne l’ont pas.  Le Japon, avec d’autres États membres de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, a soumis 19 propositions pratiques au Secrétariat de la Conférence sur le désarmement, y compris une proposition découlant de la Déclaration d’Hiroshima, adoptée à la réunion ministérielle de l’Initiative en avril dernier, laquelle pourrait constituer une bonne base de consensus pour la prochaine conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération.

Cette proposition, a souligné la délégation japonaise, appelle les États dotés d’armes nucléaires et les États non dotés d’armes atomiques à prendre des mesures concrètes et à couvrir un large éventail de questions.  La délégation japonaise, qui a notamment insisté sur l’importance de la transparence des forces nucléaires des États dotés d’armes nucléaires, a également invité les représentants à se rendre à Hiroshima et à Nagasaki afin de mieux comprendre les conséquences humanitaires catastrophiques des bombardements atomiques.

M. AMR ALJOWAILY (Égypte) a indiqué que concernant les travaux du Groupe de travail I relatifs aux « Recommandations pour la réalisation de l’objectif du désarmement et de la non-prolifération des armes nucléaires », le point de départ aurait dû être la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale sur le suivi de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire tenue le 26 septembre 2013 (A/RES/69/58).  La résolution continue de tracer une feuille de route vers l’élimination totale des armes nucléaires, a relevé le représentant.  La Commission du désarmement devait être prête à apporter sa contribution, et délibérer sur la mise en œuvre de cette feuille de route, en particulier en ce qui concerne les éléments d’une convention globale sur les armes nucléaires pour en interdire la possession, le développement, la production, l’acquisition, le contrôle, le stockage, le transfert, l’utilisation ou la menace d’utilisation et prévoir leur destruction, a poursuivi le représentant.  Il a en outre noté que la résolution 1995, qui appelle à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient reste d’actualité jusqu’à ce que ses objectifs soient réalisés et que ses termes devraient être mis en œuvre sans délai. 

Les délibérations du Groupe de travail II « Mesures concrètes de confiance dans le domaine des armes classiques » prennent une importance croissante, a dit M. Aljowaily.  Les travaux de la Commission du désarmement doivent contribuer à apporter une réponse aux préoccupations relatives aux armes classiques, y compris la question saillante des armes légères et de petit calibre, a ajouté le représentant qui a demandé que les éléments suivants fassent partie intégrante de toutes mesures de confiance: surveillance internationale de la production et des stocks d’armes conventionnelles actuellement entre les mains des principaux exportateurs d’armes et producteurs; responsabilité mutuelle internationale comme seule garantie contre les abus potentiels du déséquilibre existant entre les principaux producteurs d’armes et le reste du monde, et apport d’une solution aux menaces prolongées sur la paix et la sécurité internationales causées par ces armes.  À cet égard, il n’y a pas de menace plus profonde à la paix et à la stabilité, au droit international, au droit international humanitaire, aux droits de l'homme et aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies que les crimes d’agression et d’occupation étrangère commis par des puissances qui emploient des arsenaux d’armes conventionnelles pour menacer et dominer des peuples et leur refuser leurs droits les plus fondamentaux, a souligné M. Aljowaily.

Droits de réponse

Réagissant à la déclaration du représentant de la République de Corée, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit que son pays s’était doté d’armes nucléaires comme armes dissuasives parce que les circonstances extérieures et la politique hostile des États-Unis à son égard l’ont forcé à franchir cette ligne.  « Nous avons été contraints de nous doter de l’arme nucléaire face à la menace que constituent les États-Unis, qui souhaitent détruire la RPDC », a-t-il dit.  Il a regretté que la République de Corée parle de problèmes nucléaires alors que se déroulent en ce moment, sous l’égide des États-Unis, des manœuvres militaires sans précédent sur la péninsule coréenne menées par son armée et celle des États-Unis.

Reprenant la parole, le représentant de la République de la Corée a dit que la RPDC était obligée, conformément à une résolution du Conseil de sécurité, d’abandonner ses armes nucléaires sans conditions et de mettre fin à ses provocations.  Il a dit que les manœuvres sont purement défensives et ont pour seul but de faire face aux menaces de la RPDC.

Reprenant à nouveau la parole, le représentant de la RPDC, a estimé que « la Corée du Sud se trompe sur la voie à suivre », avant de regretter que la République de Corée essaie d’altérer la nature des travaux de la Commission du désarmement.

Le représentant de la République de Corée a repris la parole et a insisté que son pays aiderait la RPDC à rejoindre la communauté économique mondiale si elle abandonnait son programme nucléaire.    

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du désarmement entame sa session 2015 sans que les délégations ne s’entendent sur un ordre du jour qui mettrait fin à 15 années d’impasse

Session de fond de 2015,
344e & 345e séances – matin & après-midi
CD/3543

La Commission du désarmement entame sa session 2015 sans que les délégations ne s’entendent sur un ordre du jour qui mettrait fin à 15 années d’impasse

La Haute Représentante de l’ONU pour le désarmement exhorte les délégations à faire preuve de volonté politique pour sortir de cette longue impasse

Après 15 années d’impasse marquées par l’incapacité de ses membres à s’entendre sur des mesures de désarmement nucléaire ou en matière d’armes classiques, la Commission du désarmement (CD), qui ouvrait aujourd’hui sa session de 2015, n’a pas été en mesure de s’entendre sur un ordre du jour. 

Dans une déclaration liminaire, Mme Angela Kane, Haute Représentante de l’ONU pour les affaires de désarmement, a exhorté les États Membres à faire preuve de volonté politique afin que la Commission puisse sortir de l’impasse dans laquelle elle est depuis trop longtemps bloquée.  Notant que les trois années écoulées n’ont pas été les meilleures pour le désarmement, elle a regretté l’existence d’un « clivage aujourd’hui plus profond que jamais » entre les États dotés de l’arme nucléaire et les autres.  Dans ce contexte, elle a souhaité que la prochaine conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération (TNP) soit fructueuse et couronnée de succès.

S’agissant des armes classiques, qui à travers le monde coûtent chaque année la vie à 740 000 personnes, Mme Kane s’est félicitée de l’enlèvement des armes chimiques auquel, la communauté internationale a procédé en Syrie, même si les bombes au chlore y restent un sujet de préoccupation constante.  Elle a qualifié d’historique l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, dont la mise en œuvre va permettre de faire en sorte que ces armes, notamment celles légères et de petit calibre, ne tombent plus entre de mauvaises mains.  La Haute Représentante a enfin estimé avec regret que la Commission du désarmement avait à ce jour semblé privilégier « la tenue de réunions rituelles plutôt que l’obtention de résultats », avant d’exhorter la Commission à intensifier ses efforts et à se pencher sur les nouvelles menaces que représentent, entre autres, les cybermenaces ou l’usage des drones. 

« La sécurité est globale ou elle n’est pas » a, de son côté, martelé avec force le Président de la Commission, M. Fodé Seck, du Sénégal, en appelant les membres de la Commission à tout faire pour que les travaux de ce forum parviennent à atteinte des résultats positifs afin de « restaurer la crédibilité de la Commission ».  Il a insisté que le déblocage des travaux de la Commission était crucial afin de parvenir au désarmement au niveau international, qu’il s’agisse de celui lié aux armes nucléaires ou de celui portant sur les armes classiques.

La Commission du désarmement, organe subsidiaire et délibérant de l’Assemblée générale en matière de désarmement, n’est pas parvenue à s’entendre sur des recommandations depuis 1999, et cette première journée des travaux de sa session de 2015 n’a pas permis de débloquer la situation malgré plusieurs heures de consultations informelles.  Le 25 avril 2014, la Commission du désarmement avait conclu sa session1 de 2014 sans que ses membres ne soient parvenus à s’entendre sur le moindre document, ceci au terme d’une session qui se tenait à la fin de la dernière année de son cycle triennal de négociations (2012-2014).  Après trois semaines de discussions, les membres de la Commission n’ont pu trouver de consensus ni sur des objectifs de désarmement nucléaire, ni sur des mesures de confiance relatives aux armes classiques. 

Au terme d’une journée de consultations, le Président de la Commission a indiqué que de nombreuses délégations ont souhaité consulter leurs capitales sur le contenu du document de travail qui leur a été distribué avant de pouvoir revenir sur le projet d’ordre du jour demain, mardi 7 avril, à 10 heures.  Réagissant à une déclaration du représentant du Pakistan qui a relevé que des propositions formulées cet après-midi au cours des consultations ne figuraient pas au document de travail, le Président a tenu à rassurer que toutes les questions discutées aujourd’hui méritaient l’attention de la Commission du désarmement.   

Ce matin, en début de séance, la Commission n’a pas été en mesure d’adopter l’ordre du jour2, ni l’organisation des travaux3 de sa session de 2015.  Néanmoins, les délégations ont pu compléter la composition du Bureau de la Commission en élisant Mme Marija Perisic, de la Serbie; M. Andrea Romussi, de l’Italie; M. Manuel Frederico Pimhero da Silva, du Portugal; et M. Claudio Garrido, du Chili, en tant que Vice-Présidents.  Elles ont également élu Mme Lachezara Stoeva, de la Bulgarie en tant que Rapporteur.  

La Commission du désarmement, dont les travaux se poursuivront jusqu’au 24 avril, se réunira demain, mardi 7 avril, à 10 heures.  Les travaux de son Groupe de travail I chargé des « Recommandations en vue de réaliser le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires » et de son Groupe de travail II chargé des « Mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques » débuteront à une date à préciser.

1CD/34922A/CN.10/L.743A/CN.10/2015/CRP.1.

 

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