En cours au Siège de l'ONU

7422e séance – après-midi
CS/11846

Le Conseil de sécurité dresse le bilan des travaux du mois de mars 2015, marqués par une mission en Afrique et un débat sur les minorités victimes du terrorisme au Moyen-Orient

Le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, pour dresser le bilan de ses travaux au cours du mois de mars, qui aura connu une activité très intense, marquée notamment par une mission des membres du Conseil en Afrique, et par l’organisation d’un débat de haut niveau consacré aux victimes d’attaques et d’exactions ethniques ou religieuses au Moyen-Orient.

Le représentant de la France, M. François Delattre, s’exprimant en tant que Président du Conseil de sécurité pour ce mois de mars 2015, a rappelé que le mois qui s’achève a vu le Conseil tenir 28 réunions au cours desquelles il a adopté 9 résolutions, 3 déclarations présidentielles et 8 déclarations à la presse.

Pour mieux mesurer ce que couvrent ces statistiques, le représentant a relevé que ces chiffres sont comparables, compte tenu de l’absence du Conseil pendant une semaine de la ville de New York, à ceux relevés à la fin du mois de mars 2014, durant lequel les activités du Conseil avaient battu les records d’intensité jusque-là enregistrés.

Le représentant de la Lituanie a abondé dans ce sens en notant qu’il n’y a pratiquement pas eu de jour sans activité du Conseil au cours du mois qui s’achève.  Les statistiques ne mentent pas, a-t-il souligné, ajoutant que le volume de travail du Conseil de sécurité ne cesse de croître, ce qui ne laisse pas aux comités de sanctions suffisamment de temps pour se réunir.  

Le Président du Conseil a rappelé que la France avait établi trois axes de travaux pour sa présidence du Conseil de sécurité ayant notamment trait à la situation au Moyen-Orient, à la problématique des enfants dans les conflits armés et à l’Afrique. 

Sur la question du Moyen-Orient, le représentant a rappelé que le 27 mars dernier, le Conseil de sécurité a tenu un débat de haut niveau portant sur les personnes ou groupes victimes d’attaques et d’exactions à caractère ethnique ou religieux au Moyen-Orient.  Ce débat a été présidé par le Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France, M. Laurent Fabius.  Le débat a permis notamment au Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, d’annoncer qu’un plan d’action visant à prévenir l’extrémisme violent sera lancé au mois de septembre.  Le Secrétaire général a aussi indiqué qu’il réunira un « groupe d’hommes et de femmes hautement respectés ayant une bonne connaissance de la région du point de vue religieux, civil, culturel, universitaire et économique » et que ces personnalités auront un « rôle consultatif sur les dynamiques qui sont à l’œuvre au sein des groupes confessionnels et entre ces groupes ».

Le représentant de la Jordanie a salué la tenue et la teneur de ce débat, soulignant que le Moyen-Orient ne connaîtra la paix et la sécurité que lorsque les efforts déployés contre le terrorisme seront accompagnés de moyens adéquats pour s’attaquer aux causes profondes de ce terrorisme.  Son homologue de l’Angola a relevé que pour lutter contre le terrorisme, les États doivent promouvoir la participation des jeunes aux affaires publiques et à la vie sociale, afin de pouvoir faire obstacle à leur radicalisation par des groupes mal intentionnés.

Au rang des délégués qui ont salué l’organisation de ce débat, qui était une première, le représentant de la Fédération de Russie a dit que le « terrible cancer » qu’est le terrorisme s’est propagé par les actions menées par certains pays extérieurs à la région du Moyen-Orient.  Il a ajouté que la lutte contre la montée de l’extrémisme ne peut se faire que dans le cadre d’une approche globale qui ne pratique pas la politique du « deux poids deux mesures » face aux situations et aux différents acteurs.

Concernant la situation en Libye, le Président du Conseil, M. Delattre a rappelé que le Conseil de sécurité a voté trois résolutions au cours du mois, portant sur les volets politique et sécuritaire de la crise et soulignant l’importance de la médiation des Nations Unies.  De nombreuses voix ont plaidé pour que les pourparlers engagés puissent permettre de trouver une solution pacifique à la crise qui embrase non seulement le pays, mais également toute la région du Sahel.

De même, face à la crise au Yémen, le Conseil s’est réuni en urgence le dimanche 22 mars et a adopté une déclaration présidentielle renouvelant son soutien au Président légitime et aux efforts déployés par le Conseiller spécial du Secrétaire général.  Sur cette question, le représentant du Chili a estimé que la situation au Yémen est tragique, et que le Conseil n’a pas été assez efficace, ses efforts n’ayant pas de ce fait été couronnés de succès.

Une résolution sur l’emploi des armes chimiques en Syrie a en outre été adoptée par le Conseil au cours du mois qui s’achève.  Par ce texte, le Conseil avertit que toute future violation de l’interdiction de l’usage de ces armes fera l’objet de mesures prises sous le Chapitre VII de la Charte.

Toujours au Moyen-Orient, le Conseil a adopté une résolution qui couvre un ensemble de questions liées au Liban.

Par ailleurs, le processus de paix israélo-palestinien a été l’objet d’une réunion avec le Coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Robert Serry, qui a présenté son dernier rapport sur la question après sept années à ce poste.  La réunion aura permis de relever, a noté le représentant de la France, qu’il existe un consensus au sein du Conseil de sécurité sur le fait que la solution à deux États reste plus que jamais « la boussole de l’action » de la communauté internationale concernant la question israélo-palestinienne.

Le représentant du Venezuela a souligné que le Conseil de sécurité a une « dette historique » vis-à-vis de la Palestine, « une dette vieille de plus de 50 ans », a-t-il précisé.  Il a appelé le Conseil à reprendre ses responsabilités afin de mettre fin à l’occupation israélienne des territoires palestiniens, appelant en outre à la libération des 300 enfants palestiniens emprisonnés en Israël. 

Le représentant du Venezuela a par ailleurs salué les pourparlers en cours sur la question du programme nucléaire iranien, et a souhaité que ces négociations puissent conduire à la levée des sanctions économiques dont est frappé ce pays.  Il a aussi demandé la levée des sanctions qui frappent le Soudan.

Pour marquer le dixième anniversaire de l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 1612 (2005) par laquelle il a établi le Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, un débat public a eu lieu le 25 mars dernier.  Plus de 80 délégations y ont participé.  Le Conseil a entendu à cette occasion le témoignage poignant d’un ancien enfant soldat de la République démocratique du Congo (RDC), M. Junior Nzita, devenu aujourd’hui Ambassadeur des efforts de lutte contre ce phénomène.

Le représentant du Tchad s’est félicité du fait que son pays soit cité aujourd’hui en exemple pour les actions qu’il a menées en matière de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) d’enfants soldats, et il a dit que le Tchad était prêt à partager cette expérience avec les États qui font face à ce phénomène.

Les crises africaines ont aussi marqué le travail du Conseil en ce mois de mars 2015.  Le Conseil de sécurité s’est rendu en mission sur le continent du 10 au 13 mars dernier, successivement en République centrafricaine, et auprès de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba où le Conseil de sécurité a tenu sa réunion annuelle conjointe avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  La dernière étape de la mission du Conseil a été sa visite au Burundi.  

La quasi-totalité des membres du Conseil de sécurité ont salué cette visite opportune, notamment les délégations du Nigéria, de la Nouvelle-Zélande, de l’Espagne et de la Malaisie qui ont déclaré que cette mission a été l’occasion pour le Conseil de renforcer sa collaboration avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Si la réunion conjointe entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a été sanctionnée par un communiqué commun paraphé par les deux organes, le représentant du Tchad s’est tout de même élevé contre les difficultés qu’ont éprouvées les Africains à se faire entendre.  Il a néanmoins souligné que ce genre de rencontre se révèle plus efficace que des présentations faites à New York devant le Conseil de sécurité.

Pour le délégué du Royaume-Uni, le voyage du Conseil en Afrique est d’autant plus important que le continent va connaître 11 élections législatives en cette année 2015, sans compter la situation « explosive » que connaît le Burundi, pays où la société civile et les partis d’opposition se sont prononcés contre la possibilité d’un troisième mandat pour le Président actuel.

Au cours du mois de mars, le Conseil a également adopté une résolution qui renouvelle le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de sa Brigade d’intervention, et une autre aux termes de laquelle il a augmenté le nombre des effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) afin de répondre à la demande et à la recommandation faites par le Secrétaire général.

Pour la première fois, le Conseil a procédé, en ce mois de mars, à l’adoption d’une résolution mettant en place un régime de sanctions au Soudan du Sud, et il a adopté une déclaration présidentielle après l’échec des pourparlers d’Addis-Abeba.

Pour atteindre la paix au Soudan du Sud, la place et le rôle que joue l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sont fondamentaux, a souligné le représentant de la Chine qui a invité la communauté internationale à collaborer avec l’IGAD pour parvenir à un cessez-le-feu global.  Il a en outre invité les gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à assurer la stabilité dans leurs pays et à veiller au respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

« C’est sous la présidence française que le Conseil a tenu sa première réunion publique sur Boko Haram », a aussi fait remarquer M. Delattre qui a ajouté que des négociations sont en cours afin de mettre aux voix un texte relatif au soutien à apporter aux efforts engagés, dans le cadre de la Force mixte multinationale, par les soldats des pays de la région contre le groupe terroriste. 

Ce projet de résolution, présenté par le Tchad au nom des pays membres de la Commission du bassin du Lac Tchad (CBLT) et du Bénin a reçu le soutien de plusieurs délégations au rang desquelles celle du Chili.

En outre, la représentante des États-Unis a rappelé que le régime du Président Assad, en République arabe syrienne, « ne met pas en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité ».  Elle a aussi rappelé que ce mois de mars marque « le premier anniversaire du recours à la force par la Fédération de Russie pour annexer la Crimée ».  Elle a demandé qu’il soit mis fin à cette annexion et que soit assurée la mise en œuvre des Accords de Minsk.

Reprenant la parole, son homologue de la Fédération de Russie a pour sa part souligné que « ce mois de mars marque le premier anniversaire de la réunification de la Crimée à la Fédération de Russie après un référendum ».  Il a dit être déçu par la déclaration des États-Unis, ajoutant que la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité reste le cadre idoine pour le retour à la paix en Ukraine.

Les membres du Conseil ont unanimement salué la présidence française du Conseil de sécurité en ce mois de mars, souhaitant par la même occasion une bonne chance à la Jordanie qui prendra le relais de la France au mois d’avril 2015.

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