ECOSOC: une demande de vote pour l’élection de membres du Conseil d’administration d’ONU-Femmes entraîne un report du processus
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a dû reporter à demain, 10 avril, l’élection* de 17 membres du Conseil d’administration de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) à cause d’une difficulté procédurale: un vote a été demandé pour élire les cinq membres à choisir au sein du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, alors que le nombre de candidats présentés par ce groupe correspondait au nombre de sièges à pourvoir.
Réuni ce matin après avoir procédé hier à des élections et des nominations concernant une quinzaine de ses organes subsidiaires, l’ECOSOC a entendu plusieurs de ses membres s’interroger sur la régularité d’une procédure de vote dans un tel cas de figure. En effet, lorsque le nombre de candidats présentés par un groupe de pays correspond au nombre de sièges à pourvoir, l’ECOSOC a pour habitude d’entériner purement et simplement ce choix en élisant les candidats par acclamation.
Suivant cette procédure, la représentante du Turkménistan, en sa qualité de Présidente du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, avait présenté ce matin les cinq candidatures retenues par son groupe (République islamique d’Iran, Pakistan, Samoa, Turkménistan et Émirats arabes unis) pour pourvoir les cinq sièges qui lui étaient attribués. Toutefois, le Vice-Président de l’ECOSOC a annoncé qu’un vote secret avait été demandé par un État pour l’élection des candidats du Groupe d’Asie et du Pacifique, contrairement à la procédure habituelle. Premier à réagir, le représentant de la Chine a manifesté sa surprise que certains États aient un avis sur le choix d’un groupe régional, rappelant la procédure habituelle qui veut que l’ECOSOC entérine la liste de candidats soumise par les groupes régionaux.
En réponse à la délégation de la Chine, le Vice-Président de l’ECOSOC a précisé que les États-Unis avaient demandé un vote pour l’élection des candidats d’Asie et du Pacifique. Le représentant du Pakistan a pour sa part demandé des détails sur le fondement juridique de cette procédure de vote et sur l’existence d’un précédent, soulignant qu’on pourrait arriver à une situation où les États élus ne seraient même pas candidats et n’auraient pas été entérinés par leur groupe.
S’inquiétant lui aussi de cette éventualité, le représentant de la Chine a demandé, par souci de transparence, les raisons qui avaient poussé un pays à émettre une objection au sujet d’une candidature du groupe concerné.
Après une suspension de séance qui a permis de consulter le Bureau des affaires juridiques et le Secrétariat, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, a confirmé la régularité de la procédure en affirmant qu’il faudra en effet procéder à un vote. L’élection des candidats d’un groupe suppose l’accord de tous les membres de l’ECOSOC, faute de quoi il faut procéder à un vote, a-t-il indiqué.
Le vote a cependant été reporté à demain en raison de consultations sur une autre question procédurale, certaines délégations, comme le Honduras, ayant en effet contesté l’opportunité ou même la validité de fournir un bulletin de vote vierge sur lequel les votants devraient inscrire eux-mêmes le nom des candidats qu’ils veulent élire. Le représentant de l’Ouganda a rappelé que les noms des candidats figuraient traditionnellement sur le bulletin de vote afin qu’il n’y ait plus qu’à les cocher. Si le bulletin n’en mentionne aucun, tout État pourrait être élu, a fait remarquer pour sa part le représentant de la Russie, en exigeant que cette méthode ne constitue pas de précédent.
Cela a amené la représentante du Turkménistan à demander expressément que les noms des pays dont les candidatures ont été entérinées par le groupe figurent sur le bulletin, quitte à ce que les votants puissent en ajouter d’autres.
Notant qu’il n’y avait pas, à ce stade, de précédent sur la question des mentions à porter sur les bulletins, le Vice-Président a annoncé le report des élections à demain.
Le Conseil d’administration d’ONU-Femmes compte 41 membres. Les 17 membres qui seront élus demain effectueront un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2016. Ils remplaceront les membres suivants à l’expiration de leur mandat: Algérie, Allemagne, Brésil, Djibouti, Émirats arabes unis, Fédération de Russie, Gabon, Gambie, Îles Salomon, Lettonie, Malawi, Maldives, Philippines, Thaïlande, Turquie, Uruguay et Venezuela.
Les 17 membres doivent être élus selon la répartition suivante: cinq membres à choisir parmi les États d’Afrique; cinq membres à choisir parmi les États d’Asie et du Pacifique; deux membres à choisir parmi les États d’Europe orientale; trois membres à choisir parmi les États d’Amérique latine et des Caraïbes, et deux membres à choisir parmi les États d’Europe occidentale et autres États.
L’ECOSOC poursuivra donc les travaux de sa réunion de coordination et d’organisation demain, vendredi 10 avril, à 10 heures.