Quarante-huitième session
2e & 3e séances – matin & après-midi
POP/1036

La Commission de la population et du développement s’ouvre par des appels à la prise en compte des changements démographiques dans le programme de développement pour l’après-2015

 

La quarante-huitième session de la Commission de la population et du développement s’est ouverte aujourd’hui par des appels pour que les changements démographiques d’ampleur qui attendent l’humanité lors des 15 prochaines années soient pris en compte dans le programme de développement pour l’après-2015, dont l’adoption est prévue en septembre à New York.

Comme l’écrit le Secrétaire général dans l’un de ses trois rapports examinés aujourd’hui, le défi majeur sera de s’adapter à une population mondiale, qui, de 7,3 milliards en 2015, passera en 2030 à « 8,4 milliards de personnes avides de parvenir à des niveaux de vie plus élevés tout en minimisant l’impact négatif de l’activité humaine sur l’environnement ».

« Nous avons la plus large génération de jeunes de l’histoire », a affirmé M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, en ouverture de cette session, dont les travaux, sous la présidence de Mme Bénédicte Frankinet (Belgique), se poursuivront jusqu’au vendredi 17 avril.

Alors que la proportion de jeunes de plus de 15 ans augmentera de 7% sur les 15 prochaines années, M. Wu Hongbo, qui a donné lecture du message du Secrétaire général, a rappelé les défis inhérents à cette situation, en termes d’accès à l’éducation ou à des emplois de qualité.

« Nous ne devons laisser personne sur le bord de la route », a-t-il dit, avant de se féliciter de l’inclusion de la protection des droits des travailleurs migrants dans les objectifs de développement durable.

« Il faut s’assurer que le lien inextricable entre développement et population se retrouve dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 », a affirmé pour sa part le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Babatunde Osotimehin.  Il a indiqué que la réalisation du potentiel de la jeunesse exigerait un engagement réel en faveur de l’éducation, de la santé génésique et du droit à la procréation.

« Les jeunes ne doivent plus souffrir de la violence sexuelle et sexiste et les femmes doivent pouvoir décider du nombre et de l’espacement de leurs enfants », a-t-il insisté, avant de rappeler qu’en 2015, 59 millions de filles auront 10 ans.  « Ne les sacrifions pas! » a-t-il lancé.

Soulignant que la transition démographique pouvait contribuer à une déstabilisation socioéconomique, M. Tim Dyson, Professeur à la London School of Economics, a, pour sa part, recommandé que les moyens de contraception soient accessibles à tous ceux qui le souhaitent.

« Il y a des dizaines de millions de femmes en âge de procréer qui ne veulent pas d’un autre enfant et qui n’utilisent pas de contraceptifs », a-t-il déploré, en rappelant que le contrôle des naissances était « un droit de l’homme fondamental ».

Au cours du débat général qui s’est déroulé cet après-midi, certaines délégations ont dressé un bilan mitigé de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire (CIPD) adopté en septembre 1994 et qui, selon l’expression de la déléguée égyptienne, a été la clef de voûte des Objectifs du Millénaire pour le développement.

À l’instar du délégué du Cambodge, le délégué de l’Afrique du Sud a souligné les « lacunes considérables » dans sa mise en œuvre.  « Au vu du manque de ressources, les objectifs ne seront sans doute pas réalisés », a-t-il déploré.  Alors que se tient en juillet à Addis-Abeba la Conférence sur le financement du développement, il a demandé aux pays développés de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement, conformément à leurs engagements.

D’autres délégations, comme celles du Niger, au nom du Groupe des États d’Afrique, et de Bahreïn, au nom du Groupe des États arabes, ont demandé à la Commission de s’abstenir de toute action visant à imposer des concepts ou des notions relevant du domaine des questions sociales, y compris dans la conduite des individus.  Le représentant de Bahreïn a pour sa part demandé le plein respect des « principes moraux » qui guident certains pays dans l’application de leurs programmes.  Son homologue de la Norvège a, quant à lui, souligné que chaque personne devait pouvoir jouir pleinement de tous ses droits fondamentaux, indépendamment de ses orientations sexuelles et de son identité de genre.  « Il est regrettable que les cultures et les religions, au lieu de jouer leur rôle de soutien à la dignité humaine, soient souvent utilisées pour priver les populations de la protection et des services dont elles ont besoin. »

Plus tôt dans la journée, M. John Wilmoth, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la prise en compte des questions de population dans le développement durable*.

M. Benoit Kalasa, Directeur de la Division technique du FNUAP, et Mme Ann Pawliczsko, responsable du service de la population et du développement de la Division technique du FNUAP, ont présenté les rapports, respectivement, sur le suivi des programmes de population** et sur les flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire (CIPD)***.

Enfin, Mme Christine Kalamwina (Zambie), Mme Lidija Bubanja (Serbie), et M. Ruben Armando Escalante Hasbun (El Salvador) ont été élus à la vice-présidence de la quarante-huitième session de la Commission.  M. Mesbah Ansari Dogaheh (République islamique d’Iran), qui avait été élu le 11 avril Vice-Président du Bureau de la Commission, a également été nommé Rapporteur de la Commission.

Les travaux de la Commission de la population et du développement reprendront demain matin à 10 heures dans la salle 4.

*E/CN.9/2015/3; **E/CN.9/2015/4; ***E/CN.9/2015/5

MESURES POUR ASSURER LA POURSUITE DE L’APPLICATION DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT (E/CN.9/2015/3, E/CN.9/2015/4 ET E/CN.9/2015/5)

Déclarations liminaires

Ouvrant la séance, M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a donné lecture du message du Secrétaire général, qui affirme que les mouvements démographiques auront des incidences sur les priorités de la communauté internationale que sont l’adoption d’un accord sur les changements climatiques et le programme de développement pour l’après-2015.

Nous avons la plus large génération de jeunes de l’histoire, a rappelé le message, avant de relever les défis inhérents à cette situation, tels que l’accès à l’éducation ou à des emplois décents.  Le Secrétaire général a également souligné les défis qui découlent du fait que les personnes de plus de 60 ans sont le groupe qui connaît la plus grande expansion démographique.  Par ailleurs, plus de la moitié de la population est urbanisée et ce taux ne fera que croître, indique le message, qui plaide pour des « migrations ordonnées » et déplore que trop de migrants souffrent de discrimination.  « Nous devons faire mieux pour protéger les droits des migrants », conclut le message, se prononçant pour la concrétisation de la promesse « de ne laisser personne sur le bord de la route », tout en protégeant l’environnement.

En sa qualité de Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo a rappelé que le reste de l’année 2015 serait jalonné par trois grandes conférences relatives au financement du développement en juillet à Addis-Abeba, au programme de développement pour l’après-2015 à New York en septembre et aux changements climatiques à Paris en décembre.  Il s’est ensuite félicité de l’inclusion de la protection des droits des travailleurs migrants dans les objectifs de développement durable.  Enfin, le Secrétaire général adjoint a souligné le lien étroit entre financement du développement et questions démographiques, comme en atteste l’emploi des ressources de la diaspora.

M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a souligné que la jeunesse est au cœur de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Les principes du Programme, a-t-il rappelé, sont « essentiels pour un développement durable valable pour tous ».  Il faut s’assurer que le lien inextricable entre développement et population se retrouve dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Il faut également, selon lui, pouvoir avancer vers le développement durable « en réalisant la dignité et les droits de l’homme de chaque être humain ».

Réaliser le potentiel de la jeunesse va exiger un engagement réel en faveur de l’éducation, de la santé génésique et du droit à la procréation, a affirmé M. Osotimehin.  Les jeunes ne doivent plus souffrir de la violence sexuelle et sexiste, et « les femmes doivent pouvoir décider du nombre et de l’espacement de leurs enfants », a-t-il insisté.  Dans les zones rurales et dans les  bidonvilles, celles-ci continuent d’être vulnérables.  Investir dans des systèmes de santé et d’éducation, dans les infrastructures de l’eau, des transports et de l’énergie, permettra de s’attaquer aux inégalités entre les hommes et les femmes qui ralentissent les progrès des femmes.  Il s’agit ainsi d’encourager les jeunes à prendre des décisions responsables et autonomes en matière de santé génésique et de réduire les taux de transmission des maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida, pour qu’ils puissent « mieux planifier leur avenir ».

En outre, la moitié des maladies non transmissibles sont attribuées à des comportements adoptés pendant la jeunesse, comme le tabagisme et l’alcoolisme, a poursuivi le Directeur du FNUAP.  En investissant dans la santé et dans l’emploi des jeunes, « nous vivrons plus vieux », a-t-il assuré.  Il a préconisé de « ne pas ralentir nos efforts ».  En 2015, 59 millions de filles auront 10 ans.  « Ne les sacrifions pas », a-t-il plaidé, faute de quoi, en 2030 les inégalités seront plus accentuées.

Dans les situations de crise, les femmes sont doublement vulnérables, a affirmé M. Osotimehin, regrettant que trop de filles et de jeunes femmes se retrouvent dans des cycles de mariages et de grossesses précoces, et exprimant l’espoir que l’accord qui devrait être signé à Paris en décembre prochain permettrait aux personnes les plus marginalisées à surmonter les difficultés liées aux changements climatiques.  Évoquant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, le Directeur du FNUAP a estimé que ce fléau avait mis en relief la nécessité de travailler sur un plus grand accès aux services.  Enfin, a conclu le Directeur, « il faut procéder à une révolution des données et à une meilleure analyse des données pour apporter une aide à ceux qui en ont besoin ». 

M. JOHN WILMOTH, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a souligné l’importance de cette session qui se déroule au moment même où le monde cherche à élaborer un nouveau cadre de développement pour éradiquer la pauvreté.  Il a exprimé l’espoir de voir la dimension démographique placer au cœur de la discussion sur le développement durable, précisant que sa prise en compte permettrait d’étudier les changements de taille et de composition des populations, et d’observer les niveaux de fertilité, de mortalité et de migration d’une population.  Cela permettrait aussi d’examiner les choix individuels et les circonstances qui sous-tendent les tendances démographiques globales.

Le Directeur a par ailleurs affirmé qu’il y avait souvent un conflit, sur le plan politique, entre la tendance des gouvernements à vouloir influencer les caractéristiques démographiques globales d’une population ou faciliter et renforcer les capacités et l’autonomie des individus.  Au Caire, a-t-il rappelé, la communauté internationale, tout en reconnaissant l’importance de la dimension population, a mis en garde contre les efforts de manipulation des tendances démographiques globales, craignant qu’ils nuisent au respect des droits humains.  De ce fait, a-t-il poursuivi, les discussions récentes sur la population et le développement ont essentiellement porté sur les individus, en particulier sur leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs; c’est ainsi que les objectifs en matière de développement durable prévoient des cibles en matière d’accès universel à la santé reproductive, d’inscription des naissances, d’élimination du mariage des enfants, des mariages précoces et forcés et des mutilations génitales, rien de tel n’est prévu en revanche en matière de fertilité, de croissance démographique, d’urbanisation et de migration.

M. Wilmoth a également affirmé qu’il était logique que les domaines de la santé et de la longévité soient inclus dans les objectifs de développement durable, car ils faisaient l’objet d’un accord universel sur la nécessité de sauver des vies et de réduire le nombre de maladies et d’invalidités, permettant de fixer des cibles en matière de réduction des taux de mortalité infantile et maternelle et de diminution du nombre de décès dûs aux accidents de la route, aux maladies non transmissibles, aux produits chimiques dangereux et à la pollution, entre autres.

M. Wilmoth a ensuite souligné que la croissance rapide de la population rendait plus difficile les progrès de certains pays en matière de santé, de logement, d’éducation et d’emploi.  En même temps, le vieillissement de la population pose des problèmes aux systèmes de protection sociale.  Pour conclure, il a rappelé les leçons apprises au Caire: les gouvernements ne doivent pas ignorer les tendances démographiques, mais les préoccupations relatives à ces tendances ne doivent pas justifier la violation des droits fondamentaux des individus, d’autre part. 

Débat général

M. JIN XIAOTAO (Chine) a souligné l’intérêt qui réside dans une compréhension approfondie des questions démographiques pour la promotion d’un développement durable.  Dans les domaines de la population et du développement, il est impératif d’élaborer des systèmes et mécanismes fondés sur le cycle de la vie humaine et de mettre l’accent sur les investissements dans la personne humaine, a-t-il affirmé.  Le délégué de la Chine a ainsi indiqué qu’il fallait s’attacher à développer de meilleurs services obstétriques.  S’agissant des enfants et des adolescents, il a plaidé pour des investissements dans l’éducation, en particulier en milieu rural, et pour l’élimination des inégalités entre filles et garçons dans l’accès à l’éducation.  Enfin, M. Jin s’est prononcé, en ce qui concerne la population en âge de travailler, pour le concept de formation permanente et le remplacement d’une main-d’œuvre de quantité par une main-d’œuvre de qualité.  « Il doit être observé qu’en raison des différentes conditions qu’ils connaissent, les pays et régions peuvent avoir des notions différentes en matière d’investissements à consentir dans la personne humaine », a-t-il conclu.

Exposé

M. TIM DYSON, Professeur à la London School of Economics, a fait un long exposé illustré de diapositives sur le thème « Dynamique des populations et développement durable ».  Il a tout d’abord évoqué la transition démographique, « un phénomène très important » qui s’étend sur plusieurs décennies et a des implications profondes sur nos vies, indiquant les cinq processus principaux de la transition démographique: le déclin de la mortalité, la croissance naturelle de la population, la baisse de la fertilité, l’urbanisation et le vieillissement de la population.  Aujourd’hui, a-t-il affirmé, les pays du monde se trouvent dans la seconde phase de la transition démographique ou ils viennent d’en sortir.

C’est ainsi que les pays d’Afrique subsaharienne enregistrent des taux de fertilité d’environ cinq naissances par femme et l’âge moyen de la population y était de 19 ans en 2010.  Par contre, l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon enregistrent deux naissances par femme, ou moins; l’âge moyen de la population y est de 40 ans.  Enfin, la plupart des pays d’Amérique latine, d’Afrique du Nord et d’Asie approchent du niveau de deux naissances par femme.

« Le monde dans lequel nous vivons connaît encore une croissance démographique exceptionnelle », a constaté M. Dyson.  La planète compte à l’heure 7,3 milliards d’habitants et la Division de la population de l’ONU prévoit qu’elle atteindra les 9,6 milliards en 2050 et, peut-être, les 10,9 milliards en 2100.

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, « nous vivons dans un monde d’une diversité démographique sans précédent » du fait que les pays traversent des phases très différentes en matière de transition démographique.  Enfin, le cadre démographique ne laisse que peu de doutes sur une baisse sensible de la fertilité partout dans le monde, contribuant ainsi au phénomène de vieillissement généralisé des populations.

Données à l’appui, M. Dyson a comparé la situation dans les différentes régions du monde et dans des pays se trouvant à diverses étapes de la transition démographique.  Ainsi, au Mali et en Afghanistan, où près de la moitié de la population est âgée de moins de 15 ans, les besoins en matière de santé et d’éducation sont immenses.  À l’inverse, les taux de croissance démographique au Japon et en Fédération de Russie sont respectivement de 0,1 et 0,2%.  Quant à l’ONU, elle prévoit qu’en 2050 l’âge moyen de la population sera de 46,3 ans en Chine et de 36,7 ans en Inde.

M. Dyson a souligné que « la transition démographique est une période de déséquilibre et de déstabilisation » qui peut contribuer à une « déstabilisation socioéconomique ».  Pour minimiser les effets déstabilisateurs, il a recommandé que les moyens de contraception soient accessibles à tous ceux qui le souhaitent.  « Il y a des dizaines de millions de femmes en âge de procréer qui ne veulent pas d’un autre enfant et qui n’utilisent pas de contraceptifs », a-t-il déploré.

M. Dyson a ensuite expliqué les implications sociales, psychologiques et politiques de la transition démographique sur le développement.  Il a abordé des questions liées à la croissance urbaine, à l’environnement, à l’économie, ainsi qu’au mariage et aux relations entre les sexes.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par la consommation accrue de combustibles fossiles et de gaz à effet de serre.  Il a également fait remarquer qu’il existe un lien négatif reconnu entre le taux de croissance démographique et celui du revenu par habitant.

Enfin, le professeur Dyson a souligné que « l’accès universel à la santé procréative est loin d’être une réalité ».  Dans de nombreux pays, a-t-il déploré, les femmes ne sont pas bien traitées.  En conclusion, il a rappelé que le contrôle des naissances est « un droit de l’homme fondamental ».

Dialogue interactif

La représentante du Libéria lui ayant demandé quelle était son expérience en Afrique, M. Dyson a reconnu que ses propres travaux étaient en grande partie axés sur l’Inde.  En tant qu’universitaire, a-t-il expliqué, il tente de diffuser les résultats de recherches récentes. 

Comme le représentant de Cuba, M. Dyson a estimé que ce pays avait bien surmonté sa transition démographique.

Répondant à une question de la représentante du Japon sur la dépendance à l’égard des engrais azotés, il en a souligné les dangers.  Malheureusement, a-t-il dit, « personne ne sait dans quelle mesure les êtres humains en dépendent pour leur nourriture ».  Il n’y a pas d’alternative pour l’instant, a-t-il ajouté, et le méthane est également libéré dans l’atmosphère du fait d’activités agricoles.

Pour sa part, le représentant de l’Ouganda a remercié M. Dyson d’avoir insisté sur le planning familial et soulevé la question des moyens, compte tenu des ressources limitées.

Suite du débat

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé que les changements et les tendances démographiques étaient à la fois un défi et une opportunité de rendre les processus de développement durable et complet.  Selon le rapport du Secrétaire général, il faut investir davantage dans les questions démographiques pour garantir la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, a-t-il affirmé.  Il a souligné par ailleurs l’importance à cet égard du droit à la liberté, à la dignité, à l’éducation et à l’accès aux ressources pour tous, notamment l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive pour les femmes et les adolescents, qui permet de faire des choix responsables.

Le représentant a ensuite réitéré sa condamnation des mariages forcés ou d’enfants, des mutilations génitales féminines et de toute violence à l’encontre des enfants et des femmes.  L’Italie, a-t-il indiqué, a toujours lutté contre ces pratiques, notamment en finançant le Programme conjoint du FNUAP et de l’UNICEF sur l’abandon des mutilations génitales féminines.  Enfin, il a relevé le rôle positif des migrants en matière de réduction de la pauvreté et de promotion du développement durable par les envois de fonds.  L’Italie, qui plaide en faveur de la réduction des frais d’envois qui ne devraient pas dépasser 5% des fonds envoyés, a créé un groupe de travail à cet effet, a précisé M. Lambertini, avant d’évoquer le problème de vieillissement de la population des pays développés et d’appeler à mieux leur faire face, notamment en améliorant les systèmes de retraite.  

M. RY TUY (Cambodge) a indiqué que son pays connaissait une transition démographique rapide.  « La force de travail augmente avec l’entrée sur le marché de nombreux jeunes en âge de travailler », a-t-il souligné, avant de mentionner les politiques de son pays pour tirer le meilleur parti du dividende démographique.  Le délégué a ensuite souligné les lacunes graves qui persistent dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  « Nous voulons réaffirmer au plus haut niveau politique possible notre engagement pour réaliser les objectifs du Programme d’action », a-t-il déclaré, soulignant par ailleurs la nécessité vitale d’un partenariat plus étroit pour réaliser ledit Programme d’action et la mobilisation d’un financement international adéquat.  En conclusion, le délégué du Cambodge a plaidé pour la mise à disposition de ressources additionnelles pour les pays par le biais de mécanismes de financement bilatéraux, multilatéraux et de la contribution du secteur privé.

M. HEIKO THOMAS (Allemagne) a reconnu que les grandes tendances démographiques, comme la croissance de la population, le vieillissement, l’urbanisation et la migration auront un impact énorme sur l’élimination de la pauvreté et sur les trois dimensions du développement durable: économique, sociale et environnementale.  Il a regretté les progrès modestes réalisés en matière de mortalité maternelle et d’accès aux contraceptifs.  Ainsi, près de 800 femmes meurent tous les jours à l’accouchement, et 225 millions de femmes environ, dont 90% dans les pays en développement, n’ont pas accès aux méthodes de contraception modernes.

Le représentant a jugé prioritaire la santé sexuelle et reproductive, qui représente un droit fondamental et une condition préalable au développement durable.  Il a préconisé une approche en matière de planification familiale centrée sur les droits de l’homme et tenant compte des disparités entre les sexes, ainsi qu’une éducation sexuelle complète intégrant la lutte contre le VIH/sida.  

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a regretté que beaucoup d’objectifs du Programme d’action du Caire n’aient pas été réalisés, d’autant plus que les migrations internationales n’ont pas été prises en considération de manière adéquate.  Il a souhaité qu’elles le soient dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015. 

Il a suggéré de développer des indicateurs permettant un suivi au niveau mondial des phénomènes liés aux migrations, comme les envois de fonds ou le taux de poursuite des responsables de la traite des personnes.  D’après lui, il faut travailler sur la couverture des personnes déplacées, réfugiées et apatrides.  Sans les moyens de mise en œuvre, a-t-il averti, le programme pour l’après-2015 restera lettre morte.  Un monde plus mobile a une incidence sur le développement, et les communautés de la diaspora jouent un rôle important sur le commerce.

DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION SUR LE THÈME « RÉALISER L’AVENIR QUE NOUS VOULONS: PRENDRE EN COMPTE LES QUESTIONS DE POPULATION DANS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, Y COMPRIS DANS LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015 »

M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a jugé crucial que les questions de population soient intégrées au programme de développement pour l’après-2015.  Il a souligné les lacunes considérables dans l’application du Programme d’action du Caire, notamment en ce qui concerne la mortalité infantile, jugeant essentiel que les gouvernements intensifient leurs efforts pour protéger les populations les plus vulnérables, dont les migrants.  L’éradication de la pauvreté ne concerne pas que les pays en développement, a-t-il dit, avant de plaider pour la mise en place de politiques macroéconomiques appropriées au niveau mondial.  Au vu du manque de ressources, il a indiqué que les objectifs du Programme d’action ne seront sans doute pas réalisés.  En conclusion, il a demandé aux pays développés de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement, conformément à leurs engagements.

M. BOUBACAR BOUREIMA (Niger), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que 65% de la population du continent africain avait moins de 35 ans et indiqué que l’Afrique supportait le fardeau de la mortalité le plus lourd, puisque 53% des 358 000 décès maternels enregistrés tous les ans dans le monde survenaient en Afrique.  « Ces statistiques soulignent la nécessité de redoubler d’efforts pour la réalisation des objectifs des OMD et du Programme d’action », a dit M. Boureima, affirmant que l’autonomisation des femmes, l’un des OMD, était la condition préalable pour la réalisation de tous les autres objectifs.  L’Afrique a accompli de grands progrès dans l’égalité entre les sexes depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing, a-t-il dit, relevant que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), accordait une grande attention à l’autonomisation des femmes.  « L’Union africaine a lancé en octobre 2010 à Nairobi la Décennie de la femme africaine », a indiqué le délégué, appelant la communauté internationale à apporter sa contribution pour que cette Décennie soit couronnée de succès.  Il a aussi fait part de la politique zéro tolérance prônée par les États de son Groupe vis-à-vis des pratiques nocives à l’égard des femmes et des filles.

En conclusion, il a demandé à la Commission de s’abstenir de toute action tendant à saper le système international des droits de l’homme en cherchant à imposer des concepts ou des notions relevant du domaine des questions sociales, y compris dans la conduite des individus, laquelle ne relève pas du cadre juridique internationalement intégré des droits de l’homme. 

Le Représentant de l’Union européenne a souligné que depuis son adoption en 1994, le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement avait eu un impact énorme en plaçant les droits de l’homme au cœur du développement.  Mettre fin à la discrimination et garantir les droits de l’homme pour tous, y compris les femmes et les filles, constitue une nécessité absolue pour la réalisation du développement durable et l’élimination de la pauvreté, a affirmé la déléguée.  L’autonomisation et les droits fondamentaux des femmes et des filles et la nécessité de mettre fin à la discrimination sous toutes ses formes et à la violence contre les femmes et les filles doivent être au cœur du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle ajouté.

D’après la délégation, les progrès en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier ceux liés à la santé maternelle et à l’accès universel à la santé reproductive, doivent être accélérés.  La délégation a en outre mis l’accent sur l’importance des liens entre les dynamiques démographiques, l’autonomisation des femmes, l’éducation des femmes et des filles, en particulier leur éducation sexuelle.  À cet égard, elle a exprimé sa préoccupation concernant les millions de jeunes personnes, notamment les filles, qui demeurent privées d’accès à une éducation de qualité, y compris au niveau secondaire et tertiaire, les empêchant ainsi d’atteindre leur plein potentiel.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn), au nom du Groupe des États arabes, a appelé au plein respect des principes moraux qui guident certains pays dans l’application de leurs programmes d’action nationaux relatifs aux questions de développement.  Il a demandé l’inclusion d’une référence aux personnes handicapées dans le préambule aux ODD et a souligné l’importance de la mise en place de mécanismes de financement adéquats permettant aux pays en développement de mettre en œuvre leurs programmes de développement pour l’après-2015.

Le délégué a souligné les conséquences que l’afflux de réfugiés fuyant la guerre pouvait avoir pour les infrastructures des pays d’accueil, notamment arabes.  Ces derniers doivent voir leurs capacités renforcées, a-t-il estimé, rappelant que les Musulmans étaient les principales victimes du terrorisme et dénonçant les agissements d’Israël dans les territoires occupés.  Enfin, il a dit espérer que les négociations déboucheraient cette année sur la rédaction d’un texte équilibré respectant les valeurs culturelles de certains pays.

M. ANDRÉS FIALLO (Équateur), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appuyé le mandat de la Commission de la population et du développement après 2014 et l’inscription des questions démographiques dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  À cet égard, la CELAC est d’avis qu’« il ne faut pas rouvrir ni renégocier » le rapport final du groupe de travail sur les objectifs de ce programme.

D’après l’Équateur, il reste beaucoup à faire pour éliminer les inégalités entre les sexes, notamment sur le lieu de travail, et pour réaliser l’autonomisation économique des femmes.  Trop souvent, celles-ci se trouvent dans des situations de vulnérabilité, migrantes et adolescentes en particulier.  Les pays de la CELAC recommandent la poursuite des programmes spécifiques visant à prévenir les grossesses précoces et de renforcer l’accès des femmes à tous les niveaux d’éducation et aux services de santé, y compris sexuelle et reproductive.

En 2030, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes représenteront 8,5% de la population mondiale, a précisé le représentant.  Il a souligné également qu’il faut garantir la pleine participation des personnes âgées au développement et l’inclusion de tous, y compris les populations autochtones et d’ascendance africaine, dans les sociétés.  Il faut, a-t-il insisté, « faire des droits de l’homme une priorité dans la politique du développement ».  La CELAC appuie en outre « le concept de changement structurel pour l’égalité et l’équité » et réaffirme que chaque pays a le droit d’appliquer les recommandations internationales conformément à son droit interne, et de mettre en place des programmes de suivi régionaux et nationaux.

M. MARLENE MOSES (Nauru), qui s’exprimait également au nom des États fédérés de Micronésie, de Samoa et des Îles Salomon, a souligné qu’au cours des deux dernières décennies, ces pays avaient réalisé des progrès importants au regard des objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement dans les domaines de la réduction de la mortalité infantile, de l’amélioration de l’accès à des services de santé de qualité et de l’accès à l’éducation primaire.  Ainsi, selon la délégation, le programme de développement pour l’après-2015, de même que les objectifs de développement durable sont essentiels dans leurs efforts en vue de réaliser les objectifs du Programme d’action.

Pour les petits États insulaires en développement, il est tout aussi important que la Voie à suivre de Samoa soit pleinement mise en œuvre.  Celle-ci, adoptée l’an dernier par la communauté internationale, est à la fois globale, au sens où elle s’attaque aux obstacles du développement divers et profondément enracinés et universelle, car elle représente un partenariat mondial.  Pour la délégation, il est impératif que la réalisation du développement durable repose sur la promotion d’une éducation de qualité, de la santé, de l’emploi et d’environnements sains pour toutes les catégories d’âge et les personnes handicapées, autant de priorités reflétées dans la Voie à suivre de Samoa.

Mme ROHANI ABDUL KARIM, Ministre des femmes, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a indiqué que son pays devrait faire partie de la catégorie des pays vieillissants d’ici à 2030, en raison d’un déclin spectaculaire de la fertilité et de l’augmentation de l’espérance de vie.  C’est pour cette raison que la Malaisie a élaboré une politique de la santé pour les personnes âgées pour la période 2010-2020 et créé un Conseil consultatif national chargé de cette question.

La Ministre a évoqué les défis posés par cette situation, appelée communément « la génération sandwich », soit un parent vieillissant et de jeunes enfants sous un même toit.  Elle a indiqué que les autorités avaient repoussé à 60 ans l’âge de la retraite et élaboré un régime privé de fonds de retraite.

Le Prince HLANGUSEMPHI, Ministre de la planification économique et du développement du Swaziland, a affirmé que le Swaziland était un petit pays subissant une transition démographique marquée par une diminution de la proportion d’enfants de moins de 15 ans et une augmentation de la population active de 15 à 64 ans, une tendance due pour une grande part au déclin de la fertilité.  Cette transition démographique, a-t-il expliqué, représente une opportunité pour le pays de bénéficier d’une prospérité économique spectaculaire.  Ainsi, a-t-il ajouté, le Gouvernement reconnaît la nécessité urgente de mettre en place des politiques macroéconomiques et de développement du capital humain appropriées.

Le Ministre a ajouté que son pays avait pris des mesures pour intégrer les questions de développement dans ses processus de programmation et de planification de politiques de développement, appliquant ainsi les recommandations du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  La Stratégie nationale de développement met l’accent sur l’importance essentielle de l’intégration des facteurs de population dans la planification du développement, a-t-il conclu.

M. SAID AIDI, Ministre de la santé de la Tunisie, s’est félicité du thème choisi pour la session de la Commission qui traduit selon lui une réelle prise de conscience de l’importance du volet démographique dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  Il a rappelé que son pays avait réussi, progressivement, à adopter une politique de développement de la population au sein de laquelle la santé globale et la santé reproductive constituent une composante essentielle.  Le Ministre a mentionné l’initiative prise par la Tunisie pour la mise en place d’un programme national de planification familiale et qualifié d’« avant-gardiste » la politique tunisienne en matière démographique, expliquant qu’elle avait eu des effets positifs sur plusieurs aspects du développement humain, comme l’éducation, l’emploi et la couverture sociale.  La femme tunisienne a connu une « complète transfiguration », a-t-il précisé, mentionnant à cet égard la maîtrise de la fécondité dont le taux est aujourd’hui de 2,2.  En ce qui concerne la croissance démographique, elle est de 1,32 contre 1,7 en 1994.

Toutefois, a-t-il poursuivi, ces progrès ne doivent pas occulter les faiblesses liées à l’opacité de la gouvernance sous l’ancien régime, dénonçant l’aggravation des disparités régionales et des inégalités sociales.  Il a regretté qu’un pan considérable de la population tunisienne vive encore dans la précarité, le chômage et l’exclusion sociale et réaffirmé l’engagement de son pays de poursuivre ses efforts en vue de valoriser ses acquis et de répondre aux besoins des personnes des deux sexes.  La Tunisie s’engage également à poursuivre sa politique de soutien à tous les mécanismes de promotion de la santé des jeunes, a encore souligné le Ministre, appelant tous les organismes de soutien aux processus de développement humain durable à coordonner leurs efforts de soutien aux populations victimes d’exaction, de guerre et de conflit ethnique, notamment le peuple palestinien.

Mme HALA MOHAMED ALY YOUSSEF ELSAYED (Égypte) a rappelé que le Programme d’action de la Conférence sur la population et le développement de 1994 a été à la base des OMD.  La Conférence du Caire demeure le seul exemple de consensus international dans les domaines de la population et du développement, a-t-elle dit, réaffirmant que son pays restait engagé en faveur du processus d’examen du Programme d’action afin de remédier aux lacunes qui subsistent.

Au vu des négociations relatives au Programme de développement pour l’après-2015, elle a jugé indispensable le lien entre population et développement durable dans la lutte contre l’éradication de la pauvreté.  Au niveau national, la déléguée a indiqué que son pays avait accompli des progrès remarquables en matière de mise en œuvre du Programme d’action, même si des lacunes persistent, notamment dans les domaines des mariages précoces et des mutilations génitales.

Mme CLOTILDE NIRAGIRA, Ministre de la solidarité, des droits de la personne humaine et du genre du Burundi, a estimé qu’il fallait terminer le travail inachevé des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier en matière de santé maternelle (OMD 5) et pour mettre fin aux décès maternels évitables.  Elle a regretté que, malgré les efforts déployés, le faible revenu et les autres inégalités freinent le développement durable.  Il faut, a-t-elle plaidé, mettre en œuvre des stratégies nationales efficaces, intégrées, coordonnées et cohérentes pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités, ce qui nécessite à son avis la mise en place de structures sociales et le développement des capacités des individus.  La Ministre a affirmé l’engagement de son pays à appliquer des politiques d’investissement pour renforcer les systèmes de santé, en tant que moyen de lutte contre les inégalités, et à promouvoir les politiques d’investissement dans le bien–être des adolescents et des jeunes, y compris pour l’accès à l’éducation sexuelle dans le respect de la culture et des mœurs, les compétences de la vie courante, l’entreprenariat et le travail décent.

Au Burundi, a indiqué la Ministre, la densité moyenne de la population est de 345 habitants au kilomètre carré, avec, en 2010, un indice de fécondité de 6,4 enfants par femme et un taux de prévalence contraceptif de 22%.  La politique du Gouvernement burundais est axée sur le renforcement des capacités techniques nécessaires à l’intégration effective de la dynamique démographique dans la planification du développement, et dans la production, l’analyse et l’utilisation de données provenant des recensements et des enquêtes.  En conclusion, la Ministre burundaise a assuré que son pays s’engageait, avec l’aide de ses partenaires, à renforcer ses lois et politiques de protection des droits de l’homme en vue du développement économique et social inclusif et durable, à éradiquer la pauvreté en ciblant les groupes marginalisés et à harmoniser ses lois avec les instruments internationaux en faveur de l’égalité homme-femme.

Mme ANA AMINTA MADRID (Honduras) a souligné les progrès de son pays dans l’application des politiques relatives à la population et au développement, notamment en ce qui concerne la prévention de la grossesse des adolescentes, et a indiqué que 150 000 nouveaux emplois avaient récemment été créés au Honduras.  Mme Madrid a jugé impératif que les questions relatives aux femmes et aux filles soient placées au cœur des efforts de développement.  « L’avenir que nous voulons est une tâche collective », a-t-elle déclaré.  Enfin, elle a réaffirmé l’engagement de son pays pour que les questions de population, telles que la santé procréative et l’autonomisation des femmes, figurent au centre du programme de développement pour l’après-2015.

M. ALEXANDER DE CROO, Vice-Premier Ministre et Ministre du développement de la Belgique, a souligné que les questions de population étaient au cœur du programme de développement pour l’après-2015.  Si l’on veut réaliser les objectifs de développement durable, il faut prendre en compte les différentes dynamiques démographiques, a-t-il dit, ajoutant que les gouvernements avaient la responsabilité de les intégrer dans la planification de leurs politiques. 

Selon le Ministre, les inégalités doivent cesser, de même que toutes les formes de discrimination ou de violence fondées sur le genre, l’orientation sexuelle, le handicap ou l’âge.  M. De Croo a en particulier mis l’accent sur l’importance d’assurer l’égalité des droits des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres, précisant qu’en Belgique les droits des minorités sexuelles étaient protégés et reconnus par la loi.  Il a insisté également sur l’importance d’une éducation de qualité, dont doivent bénéficier sur un pied d’égalité les femmes et les filles.

Mme COMFORT CUDJOE-GHANSAH, Ministre en charge des agences sociales et associées du Ghana, a indiqué que la politique nationale de son pays en matière de population a été mise à jour pour intégrer systématiquement les variables démographiques dans la planification du développement, en vue notamment de la réduction de la pauvreté, de la croissance partagée et de l’amélioration de la qualité de vie.  Le Conseil national de la population a milité en faveur de « liens clairs entre le développement et la population » et a ciblé les décideurs à tous les niveaux.

En rappelant les défis sur les plans logistiques du financement et des capacités, la Ministre s’est prononcée en faveur de l’intégration de la question de la population dans les prochains objectifs de développement durable (ODD), en particulier la santé génésique et le droit à la reproduction et à la planification familiale.

Mme ULRIKA MODÉER, Secrétaire d’État de la Suède, a déclaré que les questions relatives à la population, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs, devaient être au centre du programme de développement pour l’après-2015, car elles sont cruciales pour le développement, l’élimination de la pauvreté, les droits de l’homme et l’égalité des sexes, ainsi que pour les changements climatiques.  Elle a retracé l’évolution démographique de son pays en soulignant qu’après avoir été l’un des pays occidentaux au plus fort taux de mortalité maternelle, il était maintenant celui avec la plus grande espérance de vie.  Cette réussite est notamment due à son engagement en faveur de l’accès universel à l’éducation et à la santé, notamment pour ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’à ses efforts pour promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes. 

Mme Modéer a par ailleurs dénoncé l’abandon scolaire des filles causé par les mariages forcés ou des grossesses précoces.  C’est pourquoi, a-t-elle expliqué, il est impératif de leur offrir une éducation sexuelle complète, des contraceptifs ainsi que l’accès à des avortements dans des bonnes conditions de sécurité, leur permettant de disposer librement de leur vie, leur corps et leur sexualité.  Dénonçant la violence et la discrimination sexistes qui constituent un obstacle à la réalisation de ces objectifs, elle a invité les hommes et les garçons à remettre en question les structures qui perpétuent ces inégalités.  La Ministre suédoise a aussi souligné les effets des changements climatiques sur la dynamique démographique et rappelé que son pays s’était engagé à contribuer au Fonds vert pour le climat.  S’agissant des migrations, elle a appelé les États à offrir davantage de lieux d’accueil aux réfugiés.  La Ministre a enfin mentionné une stratégie que la Suède a lancée en Afrique subsaharienne en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs.

M. JIN XIAOTAO, Vice-Ministre chargé de la santé nationale et de la Commission de planning familial de la Chine, a affirmé que les questions de population sont essentielles pour le développement durable.  La politique familiale adoptée par la Chine, l’un des pays les plus peuplés de la planète, a eu une incidence sur sa croissance démographique, a-t-il indiqué, précisant l’attachement des autorités chinoises à l’amélioration de la qualité de vie de la population en tant qu’outil fondamental du développement durable.  Les taux de mortalité infantile et maternelle ayant baissé, la Chine a atteint les OMD en la matière et réduit les écarts avec les pays développés, s’est félicité le Vice-Ministre.

Pour faire face au vieillissement rapide de sa population, la Chine a élaboré un plan national économique et social spécial et mis sur pied un système de soutien urbain et rural en faveur des personnes âgées, a expliqué M. Jin.  En outre, confrontée à de nombreux défis dus à la taille de sa population et des problèmes de ressources et structurels, la Chine s’engage à mieux partager les données et à mieux comprendre les relations entre les facteurs démographiques et le développement durable.  Son pays s’efforce également à améliorer le développement urbain en intégrant davantage les migrants et à perfectionner les infrastructures et les services des soins de santé, de lutter contre les maladies chroniques et de prendre en considération la diversification des familles, a indiqué en conclusion le Vice-Ministre.

Mme ATARMAA DASHDORJ (Mongolie) a détaillé les progrès de son pays dans les domaines de la population et du développement, avec la diminution par quatre sur les deux dernières décennies des taux de mortalité infantile et maternelle.  Des lois pour lutter contre les violences domestiques et les inégalités entre les genres ont été adoptées en 2004 et 2011, a-t-elle indiqué, admettant toutefois que les inégalités dans l’accès à des services sociaux de qualité s’étaient creusées.  Elle a ensuite passé en revue les changements démographiques inédits que connaît son pays, ainsi que les défis qui en découlent.  Les jeunes représentent une proportion record de 38,5% de la population de la Mongolie, a-t-elle conclu, affirmant que « cela se traduit par une pression considérable pour les services sociaux sanitaires et éducatifs ».

Mme PATRICIA CHEMOR RUIZ (Mexique) a souhaité que les résultats atteints au terme de cette session de la Commission soient pleinement inclus dans le programme de développement pour l’après-2015.  Ce programme doit viser à la pleine éradication de la pauvreté, a-t-elle indiqué, affirmant que son pays avait fait de l’éradication de la pauvreté l’une de ses priorités, plus d’un million de familles ayant bénéficié des politiques idoines mises en place récemment.  La diminution du taux de mortalité infantile atteste de l’efficacité des politiques sociales du Mexique, a-t-elle précisé, comme le taux de vaccination de 85% de la population du pays.  Parmi les défis sanitaires actuels auxquels se heurte son pays, elle a cité le phénomène préoccupant de grossesses des adolescentes.

M. SUDIBYO ALIMOESO (Indonésie) a souligné que la pauvreté restait un défi important et qu’un certain nombre de problèmes étaient liés à des questions de population.  Notant l’absence de correspondance entre les objectifs et les moyens de mise en œuvre, il a recommandé de poursuivre les progrès réalisés et souhaité davantage de coopération entre les gouvernements et les acteurs concernés.  En outre, il a défendu la diversité économique, sociale et environnementale de chaque pays, dans le respect de ses propres valeurs culturelles, éthiques et religieuses.

En Indonésie, les politiques nationales actuelles sont conformes au plan d’action de la CIPD, a expliqué le représentant.  Pour la période 2015-2019, la planification familiale est identifiée comme un élément essentiel d’amélioration de la qualité de vie des citoyens, de même que la protection des migrants, des personnes âgées et handicapées.  M. Alimoseo a estimé que le programme de développement pour l’après-2015 doit promouvoir la justice sociale, éradiquer la pauvreté et protéger l’environnement, c’est-à-dire « une croissance durable dans l’équité ».

M. THEIN THEIN HTAY, Vice-Ministre de la santé du Myanmar, a indiqué que son pays était en train d’évaluer le recensement mené en avril 2014, le premier en 30 ans, dont les résultats seront publiés le mois prochain.  Cela permettra de combler les lacunes en matière de population et de questions de développement, a-t-il déclaré, avant de remercier le FNUAP et tous les pays donateurs pour leur aide financière et technique qui a permis d’organiser ce recensement.  Il a aussi demandé de l’aide pour que son pays puisse mettre pleinement en œuvre le Programme d’action de la Conférence sur la population, notamment par le biais du transfert de ressources et de technologies, ainsi que par la coopération Sud-Sud.

Les jeunes de 10 à 24 ans constituent près du tiers de la population du Myanmar, a indiqué M. Htay, en soulignant l’importance de la santé et des droits sexuels et reproductifs.  Il faut aussi investir dans le capital humain, a-t-il dit, en visant particulièrement les jeunes qui doivent pouvoir participer à la prospérité économique.  Notant cependant les obstacles auxquels se heurtent les jeunes dans ce domaine, comme la pauvreté, l’inégalité entre les sexes, le manque d’éducation ou encore les maladies sexuellement transmissibles, il a mentionné le Plan stratégique national pour la santé des adolescents et le développement 2009-2013 qui a été adopté pour apporter des solutions.  M. Htay a enfin signalé que son ministère avait prévu de faire augmenter le taux de prévalence de la contraception à 50%.

M. JANNE TAALAS (Finlande) a défendu la participation réelle des jeunes aux débats concernant leur avenir.  « Les droits à la santé sexuelle et génésique font partie des droits humains », a-t-il insisté.  Les services de santé doivent être abordables, « sans peur de stigmatisation et de violence ». 

Dans un monde caractérisé par l’inégalité, trop d’individus sont abandonnés sur le bas-côté de la route, a déploré le représentant.  Il a plaidé pour la réduction de grossesses des adolescentes.  En Finlande, a-t-il déploré, le nombre de jeunes exclus, le taux de chômage et les besoins en services psycho-sociaux a augmenté.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a dit espérer que la présente session de la Commission s’achèverait sur une note positive, à la différence de ce qui a pu se passer au cours des années précédentes.  Il a souhaité que le projet de texte en discussion inclue une référence spécifique aux populations autochtones et aux personnes d’ascendance africaine, ainsi qu’à l’orientation sexuelle.  « Le moment est venu de reconnaître les droits sexuels comme une aspiration universelle.  Nous devrions au moins reconnaître qu’ils constituent une réalité tangible dans certains pays. »  Il a ensuite indiqué que l’autonomisation des femmes était une question transversale qui se retrouvait tant dans le Programme d’action du Caire que dans le processus relatif au programme de développement pour l’après-2015.  « L’application du Programme d’action du Caire demeure une entreprise commune débordante de vitalité », a-t-il conclu.

M. ANTONIO GUMENDE (Mozambique) a indiqué que la coopération internationale était cruciale pour la réalisation des ODD.  Il a indiqué que son pays avait mis en place des politiques visant à faire fructifier le dividende démographique que connaît le Mozambique, via notamment la promotion de la croissance économique et l’expansion des services de planification familiale.  Il a aussi réaffirmé l’engagement de son pays envers la pleine intégration des questions de population dans les stratégies de son gouvernement.  Enfin, M. Gumende a apporté le plein soutien du Mozambique à l’intégration du Programme d’action dans le programme de développement pour l’après-2015.

Mlle LOTTE DIJKSTRA, Ambassadeur de la jeunesse, pour la santé et les droits sexuels et reproductifs des Pays-Bas, a fait valoir que les jeunes ont « un droit fondamental à une participation réelle à toutes les décisions fondamentales » qui engagent leurs vies.  Elle a souligné que les droits des jeunes à la santé et à l’éducation sont violés au quotidien, surtout pour ceux qui ne sont pas mariés.  « Avant de finir mon discours, 135 filles auront été forcées d’accepter un mariage précoce », a-t-elle ainsi déclaré.

Les droits à la santé sexuelle et génésique des jeunes sont essentiels et améliorent leur chance de trouver un emploi et le bien-être, a poursuivi la représentante.  Aux Pays-Bas, l’éducation sexuelle à l’école est obligatoire et, de ce fait, les taux de grossesse et d’avortement chez les adolescentes y sont les plus bas du monde.  Cependant, a-t-elle averti, 17% des filles ont déjà connu la violence sexuelle et les décès liés au VIH/sida augmentent chez les jeunes.

M. ERIK LAURSEN (Danemark) a rappelé que « sans un engagement en faveur du respect des droits de l’homme, il ne peut y avoir de développement durable ».  Les principes et les objectifs de la CIPD doivent continuer de guider le programme pour l’après-2015, a-t-il estimé, en incluant les droits à la santé sexuelle et génésique pour tous.  Les jeunes doivent pouvoir décider de leur vie « sans discrimination, ni violence, ni imposition ».  

Le représentant a dit que son pays était favorable à l’égalité et à l’autonomisation des femmes et des filles.  « L’apparition de la plus grande génération de jeunes de l’histoire de la planète est un immense défi », qui implique que l’on réalise le dividende du développement de la démographie, notamment par l’éducation, a-t-il conclu. 

M. GONZALO KONCKE PIZZORNO (Uruguay) a indiqué que la pauvreté était un phénomène multidimensionnel et souhaité que son éradication soit au cœur du programme de développement pour l’après-2015.  Il a indiqué que la pauvreté avait été réduite en Uruguay de 71% depuis 2004 grâce à des politiques de redistribution vigoureuses.  Nous avons concentré une partie de nos efforts sur les populations les plus vulnérables, telles que les femmes, a-t-il précisé.  Le délégué de l’Uruguay a par ailleurs affirmé que l’éducation sexuelle était centrale pour la promotion des droits sexuels et reproductifs et plaidé pour l’élimination de la stigmatisation des personnes en raison de leur orientation sexuelle.  Rappelant l’urgence qui s’attache à « conférer plus de droits à plus de monde », il a indiqué que le Programme du Caire était toujours d’actualité.

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