En cours au Siège de l'ONU

7425e séance – matin
CS/11854

Conseil de sécurité: le Chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU estime que le Mali est à un moment clef de son processus politique et de paix

« La crise au Mali ne pourra être réglée que grâce à un accord viable, inclusif et applicable », a déclaré ce matin, devant le Conseil de sécurité, M. Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  Malgré une situation sécuritaire qui reste très volatile dans le pays, M. Ladsous a également estimé que la « paix au Mali était à notre portée ».

Le Secrétaire général adjoint, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali, a détaillé les avancées du processus politique en cours dans ce pays, avec la tenue à Alger en février 2015 d’une cinquième série de pourparlers.  « Nous sommes à un moment clef de ce processus », a-t-il affirmé, en indiquant que deux des trois parties avaient donné leur agrément au projet d’accord de paix qui leur a été soumis par la Médiation internationale.

La Coordination des mouvements armés, qui regroupe plusieurs groupes rebelles, dont le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a, pour sa part, demandé plus de temps pour consulter sa base, a indiqué M. Ladsous en précisant néanmoins qu’elle aurait exprimé son intention de parapher le projet d’accord.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a ensuite déclaré que ce projet d’accord de paix constituait un point de départ satisfaisant pour la résolution de tous les aspects de la crise malienne.  « Un accord n’est qu’une étape dans un processus qui sera forcément long », a-t-il poursuivi, avant d’exhorter toutes les parties à s’engager résolument en faveur dudit processus.  Ces dernières ne doivent pas laisser passer la chance « historique » de parvenir à un règlement politique, a relevé M. Ladsous, d’autant plus qu’à la différence des efforts passés, la communauté internationale n’a jamais été autant mobilisée pour appuyer la mise en œuvre d’un accord.  « Il y a une conjonction astrale très favorable », a-t-il dit. 

Le Chef des opérations de maintien de la paix a jugé essentiel que les parties maliennes, appuyées par la Médiation internationale, mettent en place un cadre et un calendrier détaillé pour la mise en œuvre de leurs efforts de paix.  Des mécanismes d’application robustes et clairs seraient de nature à restaurer la confiance entre les parties au Mali, a-t-il estimé, avant d’ajouter que « la paix était à notre portée ».

M. Ladsous a néanmoins admis que la situation sécuritaire restait très volatile dans le nord du Mali mais aussi, et de plus en plus, dans d’autres parties du pays.  Cette insécurité entrave le rétablissement de l’autorité de l’État, ainsi que la conduite des efforts humanitaires et des programmes de stabilisation, a-t-il prévenu.  « Alors que le processus d’Alger suivait son cours en janvier, les parties ont violé le cessez-le-feu sur le terrain et menacé la sécurité des civils », a déploré le Secrétaire général adjoint.  Il a tenu à rappeler qu’aucune partie ne pouvait espérer gagner ou regagner du terrain par des moyens militaires.  « La paix ne pourra être obtenue qu’au moyen de négociations », a-t-il souligné.

M. Ladsous a, en fin de présentation, relevé que les groupes extrémistes et criminels tiraient profit de l’absence d’un accord politique et des lacunes sécuritaires pour étendre leurs activités.  « Il y a eu des incidents graves non seulement dans le nord mais aussi à Bamako le 7 mars et dans d’autres régions situées au sud du fleuve Niger », a-t-il noté.  Il a donc demandé un soutien accru à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), laquelle a, par ailleurs, étendu et opérationnalisé sa présence dans le nord du pays.

« Le refus de la Coordination des mouvements armés du Nord de parapher le projet d’accord favorise les groupes terroristes et de narcotrafiquants dans leurs actions de déstabilisation du nord du Mali et de toute la région du Sahel, et voire même au-delà », a fait remarquer le Ministre malien des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, M. Abdoulaye Diop, qui a pris la parole à la suite de M. Ladsous.

M. Diop a également estimé qu’un tel refus, qui comporte des « risques énormes pour la paix au Mali et dans la région », constituait une marque de défiance vis-à-vis de la communauté internationale.  « Il est inacceptable que le processus de paix au Mali, espoir de 15 millions de Maliens, soit pris en otage par un groupe d’individus radicaux et extrémistes », a-t-il dit.

Le Ministre des affaires étrangères du Mali a en conséquence demandé au Conseil de continuer d’exercer les pressions nécessaires pour amener la Coordination des mouvements armés à parapher l’accord sans délai, afin que sa signature ait lieu à Bamako au courant de ce mois d’avril 2015 et d’envisager, le cas échéant, l’imposition de sanctions ciblées contre ceux qui font obstacle au processus de paix d’Alger.

M. Diop a également invité le Conseil de sécurité à ne pas cautionner une reprise quelconque des pourparlers.  Une telle option ferait en effet courir, a-t-il averti, un risque, étant un précédent dangereux.  « Le Gouvernement du Mali n’a jamais fermé la porte du dialogue avec nos frères de la Coordination, mais les négociations sont terminées », a conclu le Ministre.

 

 

*     S/2015/219

 

 

 

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