L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité adoptent une résolution commune pour renforcer l’architecture de paix de l’ONU

Soixante-dixième session,
93e & 94e séances – matin & après-midi
AG/11780

L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité adoptent une résolution commune pour renforcer l’architecture de paix de l’ONU

L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont tous deux, simultanément, adopté aujourd’hui une résolution* identique qui préconise davantage de cohérence, de coordination et de continuité dans les activités menées par le système des Nations Unies pour consolider la paix, insistant en particulier sur le concept de « pérennisation de la paix ».

L’Assemblée générale, dans ce texte adopté à l’unanimité, et qui s’appuie sur les recommandations du rapport du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix intitulé « Défi du maintien de la paix », appelle à renforcer la coordination, la cohérence et l’intégration des efforts déployés dans ce domaine, y compris par les missions et équipes de pays des Nations Unies ainsi que par les acteurs nationaux, régionaux et internationaux du développement.

Fruit de négociations intenses, l’adoption de cette résolution, que le Président sortant de la Commission de consolidation de la paix (CCP) affirme être « le plus exhaustif à ce jour sur la consolidation de la paix et la prévention des conflits », représente une nouvelle feuille de route pour le système de l’ONU qui place la consolidation de la paix au cœur des activités de paix de l’Organisation. 

Ce « changement de mentalité » qui s’imposait permet finalement, selon le délégué de l’Union européenne, de reconnaître que « consolider la paix revient dans bien des cas à prévenir les conflits » et n’est pas le propre d’une situation postconflit.  Le fait que la résolution mette l’accent sur la pérennisation de la paix, plutôt que sur la prévention de la reprise des conflits, comme c’était le cas par le passé, est une autre manifestation tangible de cette nouvelle approche.

Pour le Maroc, la force de cette résolution découle aussi du fait qu’elle responsabilise tous les organes des Nations Unies et appelle à lutter contre le cloisonnement dans les activités de paix des Nations Unies tout en mettant l’accent sur le rôle consultatif de la CCP, l’organe consultatif intergouvernemental chargé d’intégrer une approche stratégique dans les initiatives internationales en faveur de la consolidation de la paix.

« La consolidation de la paix est avant tout un processus politique, dans lequel la volonté politique du gouvernement joue un rôle déterminant, et les partenaires internationaux un rôle d’appui », a souligné la représentante de la Belgique, dans un point de vue partagé par l’ensemble des délégations qui se sont exprimées tout au long de la journée.  

Celles-ci ont été également nombreuses à préconiser une approche à long terme et holistique qui engloberait les efforts de prévention en s’attaquant notamment aux causes profondes des conflits et en veillant à l’appropriation nationale inclusive des processus de paix.

À l’instar de l’Union européenne, plusieurs pays ont salué le fait que la résolution redéfinisse les tâches de la CCP.  Ils ont plaidé en faveur de partenariats stratégiques entre l’ONU et les organismes financiers internationaux ainsi qu’avec les organisations régionales et sous-régionales.

Face au « tableau assez sombre des ressources financières à la disposition de la Commission », tel que l’a décrit la représentante du Pakistan, les intervenants ont tous exigé un financement suffisant et prévisible de la consolidation de la paix d’une part, par le biais du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, ou par d’autres sources, comme la Banque mondiale, les banques régionales ou les bailleurs régionaux et bilatéraux.

En adoptant cette résolution, l’Assemblée rappelle aussi le lien entre le développement économique et la consolidation de la paix.  Ainsi, elle souligne qu’il convient de continuer à renforcer la coopération et la coordination avec les équipes de pays des Nations Unies sur le terrain. 

L’Assemblée rappelle à cette occasion l’importance du « respect du principe de prise en main des programmes par les pays et des priorités fixées par les pays touchés par un conflit », après avoir réaffirmé la responsabilité première des autorités et des gouvernements nationaux pour ce qui est de recenser, de déterminer et de cibler les priorités, les stratégies et les activités axées sur la préservation de la paix.

L’Assemblée insiste aussi sur le « rôle moteur » que doivent jouer les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans la phase de consolidation de la paix, ce qui implique « d’accroître la représentation des femmes à tous les niveaux de décision dans les instances et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention et de règlement des conflits ».  Elle demande en outre « d’accroître et de diversifier la participation des jeunes aux efforts de consolidation de la paix ».

Faisant écho à ce dernier point, le représentant du Burundi a souligné le rôle actif que les jeunes peuvent et doivent jouer dans leurs pays.  « Très souvent, et c’est le cas au Burundi, ce sont les jeunes au chômage qui sont manipulés par les hommes politiques », a-t-il dit. 

Le Président de la présente session de l’Assemblée générale, M. Lykketoft, a rappelé que celui de l’architecture de consolidation de la paix est l’un des trois examens importants de cette année dans le domaine de la paix et de la sécurité, avec ceux des opérations de maintien de la paix et de l’étude mondiale sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.

Il a ajouté que dans moins de deux semaines aurait lieu le débat thématique de haut niveau visant à réunir les synergies des trois manifestations qu’il a organisées cette année.

L’Assemblée a également adopté une résolution** sur la coopération entre l’ONU et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), et a pris note des rapports de la CCP sur les travaux de sa neuvième session, ainsi que du rapport du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix.

* A/70/L.43*

** A/70/L.46

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES; SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE: PROJET DE RÉSOLUTION A/70/L.43

RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX (A/70/714)

Rapport du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix (A/70/715)

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L’ORGANISATION INTERNATIONALE POUR LES MIGRATIONS

Déclaration liminaire

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a déclaré que presque chaque jour, des vies innocentes étaient sacrifiées dans des conflits insensés.Depuis de nombreuses années, nous nous battons pour répondre efficacement à des crises humanitaires et de réfugiés qui ont atteint des proportions historiques et causées, pour une grande part, par l’instabilité politique et des conflits prolongés.

Améliorer la capacité des Nations Unies à consolider la paix est non seulement fondamental pour atténuer ces crises ou réaliser les 17 objectifs de développement durable, mais c’est aussi une responsabilité morale envers ces millions de personnes à qui l’on refuse les droits fondamentaux et des possibilités dans la vie.

L’Assemblée générale agit aujourd’hui à la suite de l’examen de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies en 2015.Le Conseil de sécurité adoptera simultanément une résolution identique qui souligne la nature unique et innovante de l’architecture de consolidation de la paix.

Les attentes sont nombreuses, ces décisions abordant quelques-unes des faiblesses qui ont sapé les efforts de consolidation de la paix.Ces résolutions reflètent les évolutions importantes de notre compréhension commune sur la manière de mieux aborder la question de la consolidation de la paix et de la prévention de conflit.

Elles soulignent l’importance du partenariat avec les organisations régionales.Elles mettent l’accent sur l’appropriation nationale et l’inclusion, y compris le renforcement de la participation des femmes et des autres parties prenantes.

En outre, le débat sur le rapport annuel de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) donnera l’occasion de mieux assurer un financement prévisible et durable de la consolidation de la paix.

M. Lykketoft a rappelé que l’examen de l’architecture de consolidation de la paix est un des trois examens importants qui ont lieu cette année dans le domaine de la paix et de la sécurité, ensemble avec l’examen des opérations de maintien de la paix et l’étude mondiale sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.

Le Président a ajouté que dans moins de deux semaines aurait lieu le débat thématique de haut niveau visant à réunir les synergies des trois manifestations qu’il a organisées cette année.

« J’espère que cette manifestation permettra aux gouvernements et d’autres dirigeants dans ce domaine de participer de manière ouverte et honnête sur la façon avec laquelle les Nations Unies puissent jouer son leur dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales aujourd’hui et dans le futur », a terminé le Président.

Explication de vote avant le vote

Le représentant de la Thaïlande s’est félicité de l’adoption simultanée par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de la résolution sur l’examen du dispositif de la consolidation de la paix de l’ONU.  La Thaïlande a toujours été en faveur d’une démarche consolidée de l’approche de la paix et cette résolution va dans ce sens, dans la mesure où il s’agit d’un « texte bien équilibré qui traduit les recommandations du Groupe consultatif d’experts » et inscrit la consolidation de la paix dans le cycle global du maintien de la paix. 

Elle souligne notamment le lien entre la paix et le développement durable et la nécessité de financement durable des activités de consolidation de la paix.

Déclarations

M. OLOF SKOOG (Suède) a d’abord présenté le rapport annuel de la neuvième session de la Commission de consolidation de la paix (CCP), dont il est l’ancien Président, puis a fait une déclaration à titre national dans laquelle il a déclaré qu’il était « rare que l’Assemblée générale transformait deux rapports dynamiques en deux résolutions dynamiques ».  La résolution adoptée ce matin est, selon lui, la plus exhaustive à ce jour sur la consolidation de la paix et la prévention des conflits. 

Elle trace une nouvelle feuille de route pour le système de l’ONU et place la consolidation de la paix au cœur des activités de paix de l’Organisation.  Cette résolution souligne en outre la nécessité d’éliminer la fragmentation et va au-delà du système de consolidation de la paix. 

Pour la Suède il y a des éléments prioritaires qui sont notamment le financement de la CCP, et le renforcement des partenariats.  Avant de conclure le représentant a annoncé que la Suède allait organiser une conférence de haut niveau pour le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, à New York, en marge de la soixante-et-onzième session de l’Assemblée générale.

M. MACHARIA KAMAU (Kenya), Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a salué l’adoption simultanée par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale de la résolution sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies.  À un moment crucial de l’action de l’ONU en matière de paix et de sécurité, il est revenu sur certains points « essentiels », notamment la nécessité d’un changement de mentalité quand on parle de consolidation de la paix et de sa mise en œuvre.

Il s’est engagé à s’appuyer sur les recommandations de la Commission de consolidation de la paix et a invité les États Membres à se pencher sur les applications de la résolution adoptée aujourd’hui sur les travaux de la Commission.  Il lui semble clair que les États Membres souhaitent plus d’efficacité dans les travaux de la Commission comme organe consultatif unique. 

Parmi les objectifs de la nouvelle architecture de la consolidation de la paix, M. Kamau a insisté sur le changement de mentalité nécessaire pour refléter la réalité actuelle, sur le fait que « préserver la paix doit s’entendre dans le sens le plus large du terme », et qu’il faut également veiller à la primauté de l’aspect politique de la CCP et à mener à bien des programmes de développement nationaux qui contribuent à la consolidation de la paix.  En outre, il a mis l’accent sur la nécessité d’en faire un processus inclusif, y compris aux femmes et aux jeunes.

La Commission va devoir se pencher sur plusieurs points clefs, notamment sur la façon de renforcer son engagement auprès des principaux organes, comme le Conseil de sécurité, pour plus de cohérence à travers les Nations Unies; créer des liens plus étroits avec les organisations internationales, régionales et sous-régionales; et explorer les moyens d’améliorer sa communication et sa visibilité dans et à l’extérieur du système des Nations Unies.  Avant de conclure, M. Kamau a annoncé que le Kenya avait décidé de coorganiser avec la Suède une conférence d’annonces de contributions au Fonds pour la consolidation de la paix en marge de la soixante-et-onzième session de l’Assemblée générale.

M. IOANNIS VRAILAS, Délégué de l’Union européenne, a salué l’adoption à la fois par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité des résolutions identiques sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies qui sont, selon lui, « les plus complètes adoptées sur cette question par les Nations Unies ».  Leur adoption marque la fin d’un processus d’examen qui avait débuté avec les travaux du Groupe consultatif d’experts, a rappelé M. Vrailas. 

L’Union européenne partage la recommandation du Groupe d’experts sur le « changement de mentalité qui s’impose » expliquant que la consolidation de la paix ne devait plus être perçue comme une activité postconflit dans la mesure où le défi d’une paix durable concerne tout le cycle des engagements pris en ce sens.  Il a souligné que 90% des conflits de la première décennie du XXIsiècle ont eu lieu dans des contextes où il y avait déjà eu conflit auparavant.  C’est pourquoi, pour l’Union européenne, consolider la paix correspond dans bien des cas à la prévention de conflits. 

« Trop souvent encore on pense qu’un processus de paix est terminé avec l’adoption d’un accord de paix ou des élections qui marquent la fin d’une phase de transition officiellement acceptée », a regretté le représentant qui pense qu’il faut continuer d’appuyer les processus de dialogue et de médiation sans quoi on constate souvent un retour en arrière.

Il a souligné le lien intrinsèque entre sécurité et développement et que la consolidation de la paix doit se faire au niveau du pays en tenant compte du contexte spécifique.  Il a estimé que pour être plus efficace dans son aide aux États fragiles, le système des Nations Unies devait travailler de façon plus intégrée et accorder plus d’importance aux systèmes d’alerte rapide. 

L’Union européenne se félicite du fait que la résolution reconnaît que la consolidation de la paix est un processus éminemment politique qui doit s’inscrire dans une approche à long terme et holistique.  Une telle approche devrait s’attaquer aux causes profondes des conflits, veiller à l’appropriation nationale inclusive du processus et travailler du bas vers le haut.

L’Union européenne se félicite aussi du fait que la résolution redéfinit les tâches de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Elle plaide en faveur de partenariats stratégiques entre l’ONU et les organismes financiers internationaux ainsi que les organisations régionales et sous-régionales sans oublier les institutions financières internationales.  À ce titre, M. Vrailas a rappelé que l’Union européenne, l’ONU et la Banque mondiale étaient en train d’intensifier leur partenariat en matière d’évaluation, de redressement et de consolidation de la paix. 

L’Union européenne a été membre à part entière de toutes les formations pays de la Commission de consolidation de la paix depuis le début et, malgré les bons résultats, estime qu’il reste des progrès à faire, notamment dans le cas du Burundi.  Pour ce qui est du Fonds pour la consolidation de la paix, l’Union européenne estime qu’il faut le compléter par des engagements à long terme émanant d’autres sources de financement, à la fois bilatérales, multilatérales et régionales.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a déclaré que l’effet transformateur de ces deux résolutions était clair et conforme aux nombreuses recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, de l’étude mondiale sur les femmes, la paix et la sécurité.  Cependant, nous devons reconnaître l’importance du financement prévisible et durable de la consolidation de la paix pour réaliser son potentiel, a-t-elle dit.  Sans un financement continu, tous les développements normatifs actuels seront sans significations. 

À cette fin, l’Australie attend avec impatience les options innovantes pour stabiliser le financement de la consolidation de la paix des Nations Unies.  Le travail commence et il est important que le système des Nations Unies, avec l’appui de la communauté internationale, cherche à mettre en œuvre ces résolutions.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a dit que la nouvelle approche mise en place par cette résolution changeait la dynamique de la consolidation de la paix en mettant l’accent sur les trois phases d’un cycle de conflit: prévenir l’escalade, prendre des mesures pour empêcher l’escalade, la prolongation et la récurrence et encourager les États Membres et les Nations Unies à développement des synergies pour une paix durable.

En fait, la résolution introduit le concept de la paix durable qui est la traduction de la détermination de l’Assemblée générale à s’attaquer aux causes des conflits, aider les parties au conflit à mettre fin aux hostilités, assurer la réconciliation nationale et l’importance de la promotion, au niveau national, des trois piliers des Nations Unies, en appui aux efforts des États Membres à consolider des sociétés pacifiques et le développement inclusif.

La résolution reconnaît le rôle premier des autorités nationales dans la prévention de conflit, l’aide que les Nations Unies peuvent apporter et la responsabilité première du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Elle examine aussi l’importance stratégique des partenariats avec les organisations internationales et régionales, et de prendre en compte l’important rôle de tous les segments de la société, en particulier la société civile, les femmes et les jeunes.

M.  ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que cette résolution était une occasion de tendre la main à tous les États Membres dans les efforts de consolidation de la paix.  Le représentant, qui a insisté sur l’importance de faire face aux causes profondes des conflits, a expliqué que la pauvreté menait généralement à des conflits.  Les autres causes de conflit sont la lutte pour le contrôle des ressources naturelles ou les rivalités entre les superpuissances, a-t-il précisé. 

Le représentant a ajouté que les autorités nationales étaient responsables de la pérennité de la paix.  La paix doit être inclusive.  À cet effet, la consolidation de la paix doit tenir compte du rôle des femmes.  Il a également souligné le fait que tous les membres de la Commission de la consolidation de la paix devaient participer de manière égale au travail de la Commission et que l’Assemblée générale devra aider à son autonomisation.

Mme SONIA ISHAQ AHMAD SUGHAYAR (Jordanie) a mis l’accent sur l’importance de la prévention des conflits et la paix durable.  Cette résolution est la preuve que les États Membres veulent réaliser ces deux objectifs.  La représentante a souligné l’importance de l’appropriation nationale de la consolidation de la paix par les États.  Elle a en outre mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes des conflits et de prendre des mesures concrètes sur le terrain.  Ces mesures doivent être conformes aux trois piliers des Nations Unies que sont la stabilité, les droits de l’homme et la sécurité. 

La résolution fait figure de feuille de route pour répondre aux besoins de pérennisation de la paix, a indiqué la représentante qui a rappelé les exigences de sa mise en œuvre.  Il faut, a-t-elle dit, combler les lacunes qui ont empêché l’implication des Nations Unies dans la consolidation de la paix, améliorer les moyens de promotion de la paix durable et mettre en exergue le rôle des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix.

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone), qui s’exprimait au nom du caucus africain de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a rappelé que son pays avait été l’un des principaux bénéficiaires des efforts de consolidation de la paix de l’ONU, et, en tant que tel, a remercié tous ceux qui ont joué un rôle clef dans les négociations qui ont permis l’adoption, aujourd’hui, de la résolution fondamentale sur l’examen du dispositif de la consolidation de la paix des Nations Unies.

« Aujourd’hui nous franchissons un pas supplémentaire vers la consolidation de la paix », a déclaré le représentant, qui a saisi cette occasion pour vanter les mérites des efforts de la CCP pendant la crise de l’Ebola.« Même si la Sierre Leone, la Guinée et le Libéria étaient l’épicentre de cette crise, toute l’Afrique et le monde tout entier étaient concernés », a-t-il rappelé.Ces trois pays ont connu des confits et sont toujours fragiles, a-t-il dit, en appelant à ne pas perdre de vue les efforts à long terme parce qu’il existe toujours le risque de voir la crise de santé déborder sur la situation politique, économique et sociale dans les pays de la région.La CCP peut servir de plateforme commune pour discuter des besoins et des implications d’une crise ainsi que des réponses à y apporter.

Sa délégation salue le fait que la résolution adoptée aujourd’hui fait ressortir toutes les préoccupations liées à la consolidation de la paix, notamment la nécessité de financement prévisible et durable du Fonds pour la consolidation de la paix, et le fait que la question de la consolidation de la paix concerne tout le monde et doit être au cœur des travaux de l’ONU, tout en évitant les doubles emplois au sein du système.

Le représentant a également insisté sur la relation entre paix, sécurité et développement ainsi que sur l’importance des partenariats stratégiques avec les organisations régionales et sous-régionales.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) s’est félicité de l’accent mis par la résolution sur la « pérennisation de la paix », la nécessité de l’engagement rapide et le financement durable et prévisible pour le Fonds pour la consolidation de la paix.Le représentant a ajouté que la Commission de la consolidation de la paix (CCP) devait être plus souple dans ses structures et améliorer la cohérence et la coordination de ses travaux avec ceux des autres organes des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, et des autres organisations internationales.

Il a aussi expliqué que la consolidation de la paix était un processus politique en soi.Le Fonds pour la consolidation de la paix nécessite un financement prévisible et durable et il faut saisir l’élan créé par l’adoption de cette résolution pour en accroître les contributions, a-t-il ajouté.Le représentant a indiqué qu’avec le Kenya et la Suède, le Royaume-Uni organiserait en septembre 2016, une conférence d’annonces de nouvelles contributions au Fonds.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a espéré que la résolution adoptée aujourd’hui aidera la Commission de consolidation de la paix à mieux remplir son rôle consultatif auprès des principaux organes des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité.  Lorsqu’il a présidé le Groupe de travail de la Commission sur les enseignements du passé, a-t-il rappelé, le représentant a mis l’accent sur l’importance du renforcement des institutions en matière de sécurité, de justice, d’administration publique et de services sociaux de base. 

M. Yoshikawa s’est réjoui du fait que le Conseil de sécurité ait exprimé son intention de « solliciter régulièrement les conseils spécifiques, stratégiques et ciblés de la Commission de consolidation de la paix, les étudier et s’en inspirer, y compris pour ce qui est de prendre en considération la perspective à long terme nécessaire pour préserver la paix ».

Après avoir promis d’agir en ce sens quand le Japon présidera le Conseil, en juillet prochain, il a déjà annoncé la tenue d’un débat public sur la consolidation de la paix.  Il a également appelé tous les États Membres à faire des contributions volontaires au Fonds pour la consolidation de la paix. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que les activités de consolidation de la paix avaient un impact positif sur la vie des gens ordinaires frappés par les conflits et pouvaient être améliorées grâce aux efforts de la Commission de consolidation de la paix (CCP), un travail auquel a participé au premier plan le Pakistan, à la fois en tant que membre de la Commission et en tant que pays contributeur de troupes.  Cette expérience lui permet d’affirmer que renforcer l’architecture de consolidation de la paix est à la fois important et impératif. 

Sa délégation salue l’adoption de la résolution sur cette question simultanément par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, ce qui marque, pour la représentante, la culmination du processus d’examen de la consolidation de la paix.  Il faut maintenant passer à la mise en œuvre sur la base de deux principes fondamentaux qui sont la paix durable, y compris en faisant face aux causes profondes des conflits, et l’ouverture, qui est la clef de la pérennisation de la paix. 

L’une des principales réalisations de la CCP a été de gérer les conséquences de la crise d’Ebola en Guinée, en Sierre Leone et au Libéria, a estimé la représentante, qui a salué la souplesse et la flexibilité de la Commission, permettant ainsi d’apporter une réponse cohérente.

Face au « tableau assez sombre des ressources financières à la disposition de la Commission », la représentante a regretté que cela entrave la bonne marche de ses travaux et a appelé à un financement suffisant et prévisible de la consolidation de la paix par le biais du Fonds pour la consolidation de la paix.  En outre, elle a encouragé les investissements visant à équiper et à outiller la Commission pour la rendre plus efficace et plus réactive.

M. Liu JIEYI (Chine) a mis en avant quatre points, selon lui, importants.  Premièrement, il faut appliquer et respecter le principe de l’appropriation par les pays hôtes.  À cet égard, le représentant a insisté sur l’importance de respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale des pays hôtes.  Deuxièmement, il faut respecter la réalité sur le terrain pour que l’action entreprise obtienne les résultats voulus.  Troisièmement, il a mis l’accent sur la nécessité de la coordination des efforts y compris dans les domaines socioéconomiques et le rôle des organisations.  Quatrièmement, il faut accorder une attention aux causes profondes des conflits et aider les pays à réaliser leur développement, en s’attaquant en particulier à la problématique de la pauvreté.  Enfin, le représentant a insisté sur l’importance de la coopération internationale en matière de consolidation de la paix.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a résolument appuyé l’action et le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP) au cours de l’année écoulée.  Grâce à cette résolution adoptée aujourd’hui, on sera en mesure de renforcer l’architecture de la consolidation de la paix.  À ce titre, il a mis en avant plusieurs points, notamment le fait que la consolidation de la paix ne se limitait pas aux efforts d’après-conflit et qu’il fallait l’inscrire dès le départ dans tous les mécanismes de prévention des conflits. 

L’ONU doit également faire preuve de plus d’efficacité en termes de synergie en son sein et pour rationaliser la mise en œuvre de ses politiques de paix pour parvenir à une plus grande cohérence interne, notamment entre ses organismes et ses équipes sur le terrain.  Par ailleurs, il faudrait miser sur les partenariats avec les institutions régionales et sous-régionales et assurer un financement à long terme des efforts de maintien et de consolidation de la paix, a encore fait valoir le représentant. 

Soulignant que « paix et développement sont les facettes d’une même médaille », il s’est félicité de la nouvelle initiative transfrontière lancée par le Fonds pour la consolidation de la paix dans la région du Kazakhstan, qui prévoit l’allocation de 15% de ses ressources à l’autonomisation des femmes.

Mme JUDITH MARCIA ARRIETA MUNGUIA (Mexique) a déclaré que la paix devait englober la sécurité, le développement et la justice.  La paix doit être « une paix qui parle aux jeunes, qui ouvre des possibilités d’emploi et qui inclut les femmes ».  L’individu doit être au centre de la paix, a encore dit la représentante pour laquelle une paix durable implique un dialogue continu entre le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et l’Assemblée générale. 

La Commission de la consolidation de la paix (CCP) doit servir de passerelle pour ce dialogue.  La représentante a indiqué que le Fonds pour la consolidation de la paix avait besoin de ressources supplémentaires.  Elle a dit attendre les propositions du Secrétaire général sur cette question.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a dit que pour faire face aux conflits, dont le nombre a triplé fois depuis 2007, des efforts durables en faveur du dialogue, la médiation et la prévention étaient importants.  Là où le Conseil de sécurité a un rôle à jouer, l’avis consultatif de la Commission de la consolidation de la paix et son appui sont essentiels. 

Après cette résolution, l’espoir est permis et il appartient maintenant aux organes des Nations Unies, à la Commission de la consolidation de la paix et aux autres acteurs du système des Nations Unies de montrer comment ils peuvent être efficaces dans l’atteinte des objectifs de la résolution.  

Pour Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg), la pérennisation de la paix requiert une approche intégrée visant à prévenir l’éclosion, l’escalade, la poursuite et la réapparition de conflits, qui associe autorités gouvernementales et autres parties prenantes au niveau national et qui bénéficie de l’appui de la communauté internationale.  Cette approche doit associer le développement, la paix et la sécurité, le respect des droits de l’homme ou encore la bonne gouvernance, et soutenir des processus nationaux inclusifs qui prennent en compte les besoins de toutes les composantes de la société. 

C’est ce que nous nous efforçons de faire au niveau de la formation « Guinée », que préside la Belgique, a expliqué Mme Lucas, en collaboration avec les autorités guinéennes et les différentes composantes de la société guinéenne, les partenaires de développement et les organisations régionales et sous-régionales, dont la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union du fleuve Mano. 

« Si nous voulons maximiser la valeur ajoutée de la Commission de consolidation de la paix, il nous faut lui donner les moyens de se saisir rapidement de contextes nationaux ou régionaux qui ne figurent pas à son ordre du jour, tout comme de questions thématiques et transversales, à l’instar de ce qui a été fait en 2015 au Burkina Faso, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou en Somalie », a-t-elle poursuivi.  Une telle approche a également été mise en pratique avec succès à partir de 2014 concernant l’épidémie d’Ebola.

M. ALEXANDR V. REPKIN (Fédération de Russie) s’est félicité de l’adoption simultanée par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de deux résolutions qui visent à adapter l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Il est important, selon lui, que la responsabilité de la préservation de la paix incombe avant tout aux acteurs nationaux et que l’ONU ne puisse, pour surmonter les conflits, apporter son concours qu’avec l’accord des parties nationales.  Sa délégation souligne en outre l’importance de l’inclusion des processus politiques nationaux.

Le document adopté aujourd’hui précise de nouveau le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP) qui est un organe consultatif, a rappelé le représentant.  Il a estimé que pour augmenter l’efficacité des efforts de consolidation de la paix, il fallait avant tout parvenir à une plus grande cohérence au sein du système des Nations Unies en tenant strictement compte des mandats respectifs de chaque organe.  Il attend avec intérêt les propositions du Secrétaire général relatives à un financement stable de la consolidation de la paix.

Mme SADIA FAIZUNNESA (Bangladesh) a mis l’accent sur la nécessité de procéder désormais à une mise en œuvre efficace de la résolution qui venait d’être adoptée.  La représentante a estimé que cette résolution soulignait l’importance de l’accompagnement politique tout au long du processus de consolidation de la paix.  La représentante a mis en avant plusieurs points: l’appropriation nationale, l’engagement des autorités nationales et la participation inclusive de tous des acteurs de la société; la nécessité de déployer des efforts pour briser le cloisonnement au sein du système de consolidation de la paix des Nations Unies; le rôle des organisations régionales en Afrique; l’importance de l’égalité des sexes et le rôle des jeunes dans la consolidation de la paix; l’accroissement du financement de la consolidation de la paix et l’appui politique à la mobilisation des ressources. 

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) s’est félicité de l’adoption d’une résolution identique sur la consolidation de la paix à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité, à une époque où les conflits causent de grandes souffrances dans le monde entier.  La prévention des conflits, la consolidation de la paix et l’examen de leurs causes profondes pourraient sauver des millions de vies.  Il s’est dit encouragé par la détermination des États Membres à revitaliser le Bureau d’appui à la consolidation de la paix. 

En tant que pays émergeant de 30 ans de conflit, le Sri Lanka est bien placé pour en comprendre le coût humain et sa priorité a été de « réconcilier et guérir les cœurs et les esprits » de son peuple, a rappelé M. Perera.  En janvier 2015, la transition politique a offert au pays des opportunités considérable pour la consolidation de la paix.  Il s’agit essentiellement d’un processus politique et d’appropriation nationale, a-t-il précisé. 

« Nous avons reconnu que le processus de réconciliation implique la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition », a-t-il ajouté.  La société civile y participe et l’ONU fournit une assistance technique.  Il a salué l’aide apportée par le mécanisme de financement des interventions rapides du Fonds pour la consolidation de la paix.     

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a souligné l’importance de la mise en œuvre concrète de la résolution qui devrait renforcer la Commission de consolidation de la paix (CCP) et son rôle comme moyen efficace pour le Conseil de sécurité, et sa capacité dans tout le système des Nations Unies dans le domaine de la diplomatie préventive.  Le représentant a mis l’accent sur le changement de mentalité et le nouveau concept de « paix durable » qui a des profondes implications sur la façon dont nous travaillons.  La consolidation de la paix sera désormais prise comme un défi pour une paix durable qui va tout au long du cycle complet de l’engagement pour prévenir les conflits et éviter la rechute. 

Le représentant a souligné la nécessité de mettre en œuvre une stratégie intégrée pour prévenir les menaces comme l’extrémisme violent, la traite des migrants et le trafic d’êtres humains en faisant face à leurs causes profondes, et pour consolider la paix par des initiatives de renforcement de capacités des institutions.  Une plus grande coopération avec les organisations régionales et sous-régionales et les institutions multilatérales, la société civile est essentielle et l’Italie jouera son rôle. 

Le représentant a mis aussi l’accent sur l’importance du rôle de chef de file des femmes dans la prévention, le règlement et la consolidation de la paix.  Concernant le financement prévisible de la consolidation de la paix, le représentant a évoqué le renforcement de la coopération avec la Banque mondiale et autres institutions financières et la nécessité d’aborder l’approche en silo.  Des ressources supplémentaires devraient être déployées pour les activités de consolidation de la paix, y compris les contributions non monétaires et celles du secteur privé. 

Il a mis en lumière, avant de conclure, la question de la protection et de la préservation de l’héritage culturel en particulier contre les actes terroristes et le trafic.  

Pour Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) aujourd’hui marque un jalon important pour l’architecture de la paix des Nations Unies avec l’adoption de la résolution sur l’examen de ce dispositif, un texte qui incarne une volonté de changement et qui est le résultat des travaux de l’année écoulée.  Les États-Unis appuient l’idée que le règlement et la prévention des conflits ne peuvent être gérés de façon cloisonnée et mettent l’accent sur la notion de la durabilité de la paix ainsi que sur les femmes et les droits de l’homme dans le domaine de la consolidation de la paix.  Pour sa délégation, l’adoption de ce texte ne représente qu’une première étape vers sa mise en œuvre plus large.

S’agissant du rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), la représentante a passé en revue un certain nombre de succès pour l’année écoulée notamment en termes de mobilisation de fonds pour certaines formations pays, notamment la République centrafricaine et dans la gestion de la crise de l’Ebola en Afrique.

Revenant aussi au rapport sur le Fonds pour la consolidation de la paix, elle s’est dite encouragée par l’allocation de 15% de ses ressources à l’autonomisation des femmes.  L’appui du Fonds à la région africaine a contribué à pouvoir déclarer la Guinée comme « libérée de l’Ebola ».  Pour sa délégation il est important de lui garantir un financement plus prévisible et suffisant.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a dit, concernant la notion de pérennisation de la paix, que des décennies de pratiques et d’observation avaient enseigné le fait que les conflits ne sont pas linéaires, qu’une prévention efficace nécessite des mesures concrètes en matière de sécurité, de développement de droits des personnes, que les investissements visant à empêcher les pays d’entrer en conflit ou de reprendre les hostilités coûtent une fraction de ce que nous dépensons pour intervenir dans les conflits et aider les sociétés à se reconstruire après coup.

Avec cette résolution, l’Assemblée générale affirme que la consolidation de la paix et la prévention sont les deux côtés d’une même médaille, et elle précise les outils à l’aide desquels le système des Nations Unies pourra commencer à abattre les silos. 

Pour ce faire, il faut investir dans la prévention, s’attaquer aux facteurs de conflit à tous les niveaux et intégrer la notion de « pérennisation de la paix » à chaque phase des efforts.  Il faut également investir dans la participation des femmes à tous les niveaux et à toutes les étapes, a dit le représentant. 

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a salué les avancées des trois processus d’examen de l’architecture de la paix des Nations Unies.  La Commission de consolidation de la paix (CCP) a pu accomplir au cours de l’année précédente un travail remarquable, selon lui, notamment en termes de résultats tangibles.  Forte de l’expérience accumulée en une décennie, la CCP a imprimé à son action l’essentiel des recommandations du Groupe consultatif de haut niveau, y compris pour ce qui est de l’implication des femmes et des jeunes aux processus de paix, et la question du financement de la consolidation de la paix, par le biais du Fonds établi à cet effet, a souligné le représentant.

Rappelant que ce Fonds apportait un appui soutenu aux pays en situation d’après-conflit ou qui risquent une reprise, le Maroc est préoccupé par les difficultés de mobilisation de ressources en sa faveur, ce qui est « aux antipodes des besoins de la consolidation de la paix ».  La résolution adoptée aujourd’hui offre une occasion à tous les États d’apporter leur pierre à l’édifice de l’architecture de la paix, a estimé le représentant et le Maroc y a participé activement au sein du mouvement des non-alignés. 

Ce texte reflète de manière exhaustive, selon lui, les préoccupations et recommandations des uns et des autres et contient des idées novatrices comme la nécessité de changer la perception actuelle de la consolidation de la paix et d’adopter une approche multidimensionnelle.  Elle responsabilise tous les organes des Nations Unies et appelle à lutter contre le cloisonnement dans les actions des Nations Unies tout en mettant l’accent sur le rôle consultatif de la CCP.   Elle pose en outre l’appropriation nationale des processus de paix par les acteurs nationaux comme une condition essentielle à leur succès et reflète les préoccupations des États Membres sur les difficultés de mobiliser des ressources prévisibles et suffisantes pour les activités de consolidation de la paix.

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a dit que cette résolution introduisait plus de transparence et des méthodes travail plus stratégiques, améliorait le partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales, musclait les efforts visant à prévenir le conflit et sécurisait le financement de la consolidation de la paix et les questions relatives au genre.

Cette résolution renforce également les capacités du système de consolidation des Nations Unies.Elle propose une approche intégrée de la prévention de conflit non seulement pour aider les pays qui sortent de conflit à préserver les acquis de la reconstruction mais aussi à réduire les chances d’émergence de conflit dans les pays qui font face à des forces de déstabilisation.

Comme les migrants continuent d’affluer en Europe, l’Allemagne est consciente des bénéfices qui peuvent être obtenus de la prévention de conflit.La crise des migrants montre le fait que l’échec de prévenir un conflit peut mener à une tragédie humaine.Ainsi, l’architecture de consolidation de la paix doit continuer à évoluer vers une institution qui aborde tous les types, aspects et étapes de la prévention de conflit.

Le représentant a, avant de terminer, annoncé qu’en 2016, son pays donnerait 10 millions d’euros au Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix.

M. HAHN CHOONGHE (République de Corée) a dit que la notion de « pérennisation de la paix » impliquait l’engagement de toutes les autorités nationales et la poursuite de l’aide internationale au processus de consolidation de la paix.  À cet égard, le représentant a souligné la nécessité de renforcer la cohérence et la coordination des efforts pour la consolidation de la paix. 

L’Assemblée générale, a-t-il poursuivi, devrait soutenir les initiatives visant à renforcer le travail de la Commission de consolidation de la paix.  Celle-ci devrait améliorer sa méthode de travail pour répondre aux nouvelles exigences de consolidation de la paix.  Concernant le financement, le représentant a salué la suggestion du Secrétaire général de consacrer 15% du Fonds pour la consolidation de la paix à des initiatives visant à inclure les femmes. 

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a dit que la résolution que l’Assemblée générale avait adoptée aujourd’hui aiderait notamment à la pérennisation de la paix.  C’est maintenant au tour des organes des Nations Unies et aux autres parties prenantes de prendre leurs responsabilités et de trouver des solutions pour la prévention des conflits et faire face à la fragmentation des travaux des organes des Nations Unies.  Les organes des Nations Unies doivent également établir un cadre efficace pour l’appropriation nationale de la consolidation de la paix.  L’Union africaine constitue par exemple un cadre qui peut aider l’ONU à faire face aux conflits, y compris le terrorisme et la migration. 

Il est en outre essentiel d’accroître les efforts de reddition de compte et les programmes de renforcement de capacités.  Le représentant a appelé à renforcer le Fonds d’affectation spéciale pour la consolidation de la paix.  Il a attiré l’attention sur la situation des pays qui sortent de conflit et qui n’intéressent plus les bailleurs de fonds.  Avant de conclure, il a souligné l’importance de la volonté politique en matière de mobilisation des ressources, de renforcement du rôle des femmes, ainsi que de partenariats avec les groupes régionaux.

M. GORGUI CISS (Sénégal) espère que l’ONU saura tirer pleinement profit du triple processus d’examen de son architecture pour la paix pour réorienter son approche de la consolidation de la paix. Pour sa délégation, la résolution adoptée aujourd’hui illustre la ferme volonté des États Membres de rompre avec les approches du passé.

Pour ce qui est du rapport de la Commission de consolidation de la paix, il s’est réjoui de sa collaboration avec les acteurs régionaux et sous-régionaux. À cet égard, il a souligné le rôle capital des pays voisins et de ces organisations pour le succès des processus politiques et la prévention de tout risque d’instabilité.Sa délégation réitère ici sa demande pour un partenariat institutionnel entre la Commission de consolidation de la paix, l’Union africaine et les organisations sous-régionales en Afrique.

Il s’avère aussi nécessaire d’adopter des stratégies de prévention plus efficaces qui tiennent compte des impératifs de développement, a poursuivi le représentant.La délégation salue l’action de la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour la Guinée-Bissau, dont le Sénégal est un partenaire de longue date.

Il a mis l’accent sur la nécessité d’une meilleure cohérence au sein du système onusien à laquelle doit s’ajouter une interaction plus dynamique entre la CCP et tous les organes des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité qui « devrait recourir plus fréquemment aux services de la Commission en matière de conseil ».

Abordant également la question du Fonds pour la consolidation de la paix, le représentant a estimé qu’il devait collaborer davantage avec la CCP, et, pour combler les lacunes de financement il va falloir renforcer les partenariats avec les institutions financières internationales et régionales.

De plus, pour que la paix soit pérenne il faut qu’elle s’accompagne de politiques de développement. Le Sénégal propose par conséquent à l’Assemblée générale de réfléchir à la possibilité de couvrir le financement de base du Fonds, qui correspond à 100 millions de dollars, par une allocation annuelle puisée dans le budget ordinaire de l’ONU.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a souhaité que l’on améliore l’efficacité de la Commission de consolidation de la paix en se fondant sur les enseignements pratiques du passé.  Il faut maximiser les synergies, promouvoir la cohérence au sein du système des Nations Unies, permettre aux femmes de jouer un rôle plus important et mobiliser davantage de ressources.  De plus, a-t-il ajouté, il faut prendre en considération le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui consacre son objectif 16 aux défis politiques, de paix, de sécurité, de gouvernance et de justice.  En effet, a-t-il noté, les pays les moins avancés qui sont ou ont été affectés par un conflit n’ont pas atteint un seul des Objectifs du Millénaire pour le développement.  « Sans développement ni élimination de la pauvreté, il ne peut y avoir de paix durable », a-t-il insisté.

Lors du débat public du Conseil de sécurité consacré à la consolidation de la paix, le 23 février dernier, l’Espagne a souligné qu’il fallait « un changement de mentalité dans la culture organisationnelle des Nations Unies ».  L’Espagne a préconisé de renforcer le sentiment d’appropriation nationale, d’améliorer la prévention et la médiation, d’intensifier la collaboration avec les acteurs régionaux et sous-régionaux, notamment en Afrique, a rappelé son représentant. 

Il faut aussi s’attaquer aux causes socioéconomiques et politiques des conflits.  « Pour tout cela, le Conseil de sécurité doit reprendre l’esprit des Chapitres VI et VII de la Charte des Nations Unies », a-t-il recommandé.  Il a aussi rappelé le rôle des équipes de pays et du coordonnateur résident et regretté que la Commission ne dispose pas d’une présence sur le terrain.

M. TANMAYA LAL (Inde) a salué l’accent que met la résolution d’aujourd’hui sur le développement durable, la croissance économique et un financement élargi des efforts de consolidation de la paix.  Selon lui, la Commission de consolidation de la paix (CCP) a le mérite d’avoir contribué à introduire la dimension du développement dans le débat sur la paix et la sécurité durables.  L’impact de ses efforts reste limité, a-t-il cependant constaté, en blâmant un financement inadéquat et un manque de coordination entre les organes de l’ONU, dont le Conseil de sécurité.

Alors que l’instabilité qui prévaut dans une partie du monde affecte les perspectives sécuritaires et économiques ailleurs dans le monde, la consolidation de la paix ne fait toujours pas l’objet d’une attention suffisante, a regretté le représentant.  Or, a-t-il insisté, « dans un monde globalisé, les destins des peuples sont interconnectés », d’où l’importance de financer une Commission efficace.  Il a également jugé indispensable d’aligner les efforts en la matière sur les priorités nationales.

M. RAFAEL HÉCTOR DALO (Argentine) a dit que la résolution jetait les bases de la consolidation de la paix des Nations Unies.  Elle a introduit la notion de « paix durable » qui est un processus continu s’étalant avant, pendant et après le conflit.  Ce processus est lié à un élément nouveau et fondamental qu’est la prévention de conflit.  La résolution met aussi l’accent sur l’importance de la coordination des travaux des organes des Nations Unies impliqués dans la consolidation de la paix. 

Le représentant a demandé un engagement clair des États Membres en matière de financement du Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix.  À cet égard, il a estimé qu’il était important de respecter le montant convenu de 100 millions pour le Fonds.

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a réitéré le fait qu’il est nécessaire d’assurer l’appropriation nationale du processus de consolidation de la paix.  Selon lui, il faut étendre ce processus aux niveaux local, régional et continental.  Il a insisté sur l’importance de la dimension régionale.  En effet, a-t-il dit, « de nombreux pays peuvent préférer recevoir de l’aide et des conseils de pays pairs dans leur propre région, et les organisations régionales peuvent être mieux placées pour intervenir en temps opportun et aider à la prise de décisions pour trouver des solutions à des questions sensibles ».

Dans le souci de renforcer les relations entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité, celui-ci devrait envisager d’inviter les présidents des configurations dans les exposés du Conseil sur des questions concernant des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission, a continué M. Shingiro.  Par ailleurs, il a trouvé que la participation de la femme dans la vie politique dans les périodes d’après-conflit méritait une attention soutenue. 

En ce qui concerne la lutte contre l’épidémie d’Ebola, le représentant a salué le fait que la Commission a mené une campagne d’information à New York sur les effets que la crise pourrait avoir à long terme sur la paix, la stabilité, la cohésion sociale et le bien-être économique des pays affectés.

Enfin, il a souligné le rôle actif que les jeunes peuvent et doivent jouer dans leurs pays.  « Très souvent, et c’est le cas au Burundi, ce sont les jeunes au chômage qui sont manipulés par les hommes politiques », a-t-il averti.  « Nous devons tout mettre en œuvre pour que les jeunes trouvent d’autres alternatives à la violence. »  

Parmi les principales avancées de la résolution, M. JÜRG LAUBER (Suisse) a salué la notion de préservation de la paix dans la durée et, par conséquent, l’inclusion d’une perspective « plus holistique » de la consolidation de la paix qui englobe les efforts de prévention.  Convaincue que le dispositif peut et doit contribuer à prévenir l’émergence et la reprise des conflits armés, la Suisse soutient pleinement « la reconnaissance de cette logique » dans la résolution, a-t-il dit.  En outre, il a apprécié le fait qu’elle représente un cadre solide pour garantir le rôle de la société civile.

De plus, a poursuivi le représentant, la résolution souligne l’importance d’une approche globale vis-à-vis de la justice transitionnelle dans la consolidation de la paix, tout en reconnaissant que la paix, la réduction de la pauvreté et la promotion de la bonne gouvernance ne peuvent être achevées sans justice et état de droit.  La Suisse salue également l’appel pour renforcer le financement de la consolidation de la paix.

M. CYPRIAN TERSEER HEEN (Nigéria) a salué l’adoption simultanée de la résolution sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix.  Il est d’avis que l’évolution dans les pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix (CCP) reste source de préoccupations.  Rappelant que le Nigéria avait organisé un débat sur la diplomatie préventive au Conseil de sécurité il y a quelques années, le représentant estime que 10 ans après la mise en place de la CCP, les résultats en termes de consolidation de la paix restent mitigés.  Sa délégation est favorable à des interventions rapides après le début d’un conflit.  C’est essentiel pour la consolidation de la paix, tout comme la bonne gouvernance, des institutions démocratiques, les droits de l’homme et l’acheminement de l’aide, a affirmé le représentant. 

Il salue le fait que cette résolution mette l’accent sur le lien entre paix, sécurité et développement ainsi que sur la notion d’appropriation nationale des processus de paix, ce qui essentiel pour leur succès, de même que le principe d’ouverture, notamment des femmes et des jeunes, aux processus de consolidation de la paix.  En outre, les enseignements tirés sur le terrain suggèrent que la CCP devrait renforcer sa collaboration avec les organisations régionales en vue de dégager des approches régionales dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies de consolidation de la paix.

Le Nigéria appelle aussi à des contributions financières et techniques aux activités de la CCP.  Sans financement adéquat, il est impossible de réaliser une consolidation de la paix efficace et, par conséquent, il faut contribuer au Fonds pour la consolidation de la paix, a estimé le représentant.  La CCP doit également œuvrer à plus de cohérence et de coordination au niveau du système onusien, selon lui. 

M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a salué l’adoption de la résolution « détaillée et consensuelle » sur l’architecture de paix et de sécurité.  La Belgique tient à souligner certains éléments notamment qu’il faut accorder la priorité à la prévention des conflits.  Le fait que la résolution mette l’accent sur la durabilité de la paix, plutôt que sur la prévention de la reprise des conflits, comme c’était le cas par le passé, constitue une avancée en ce sens. 

D’autre part, le représentant a insisté sur l’importance pour le succès des processus de consolidation de la paix qu’ils fassent l’objet d’une appropriation nationale inclusive, impliquant à la fois le gouvernement et l’opposition, de même que la société civile, y compris les organisations de femmes et de jeunes.  Sa délégation demande aussi à ce que les processus de consolidation de la paix intègrent systématiquement le respect et la promotion des droits de l’homme. 

Pour la Belgique, la consolidation de la paix est avant tout un processus politique, dans lequel la volonté politique du gouvernement joue un rôle déterminant, et les partenaires internationaux un rôle d’appui, ce que la notion de « compact » illustre bien.  Par conséquent, la Commission de consolidation de la paix (CCP) peut jouer un rôle important dans les situations de transition, qui sont souvent des périodes à risques, qu’il s’agisse de transition politique ou du départ programmé d’une opération de maintien de la paix. 

La Belgique a décidé de concentrer son aide au développement sur les pays les moins avancés et les États fragiles.  Elle fait partie de la formation pour la République centrafricaine, le Burundi et la Guinée, a rappelé sa représentante.  Le travail réalisé dans le cadre des formations de la CCP permet la participation des divers partenaires de développement et d’opter pour des approches sur mesure, a affirmé la représentante, qui souhaite que l’apport de ces formations à la réflexion du Conseil de sécurité devienne plus systématique. 

Rappelant aussi que le Fonds pour la consolidation de la paix avait permis de rapidement financer des actions urgentes en appui aux efforts politiques et que sa valeur avait été largement reconnue, le représentant a plaidé pour que la consolidation de la paix et la gestion de la fragilité deviennent un élément incontournable et une partie intégrante des programmes de coopération des partenaires internationaux dans les pays fragiles, qu’il s’agisse des Nations Unies, de la Banque mondiale, des banques régionales ou des bailleurs régionaux et bilatéraux.

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a estimé que la résolution adoptée aujourd’hui réaffirmait « une vision unifiée et cohérente de la consolidation de la paix » qui s’attache à toutes les étapes d’un conflit.  Il a appuyé l’idée d’une Commission plus flexible.  C’est une plateforme qui réunit le pays concerné, les institutions financières internationales et les organisations régionales et sous-régionales.  Il a rappelé que les efforts en la matière nécessitaient un appui financier, technique et politique prévisible à court, moyen et long termes.  Il s’est réjoui à la perspective de la réunion des donateurs pour le Fonds pour la consolidation de la paix qui aura lieu à la prochaine session de l’Assemblée générale.

M. Morales a souligné l’importance de la stratégie sexospécifique qui doit contribuer à autonomiser les femmes en temps de paix.  La Colombie, a-t-il conclu, « a mis en marche un processus et des actions politiques innovantes à la recherche d’une paix durable », après 50 ans de conflit.  

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a dit que cette résolution représentait une occasion de renouveler notre conception de la consolidation de la paix.  Elle offre aussi la possibilité de garantir une paix pérenne et de prévenir la rechute dans le conflit.  Les Nations Unies doivent être en mesure de s’adapter et répondre au défi de la paix.  La représentante a indiqué que le concept de « pérennisation de la paix » ne peut pas se limiter uniquement à des situations postconflit.  La résolution permet d’aller dans la bonne direction et de s’adapter aux situations sur le terrain.  Elle souligne également le rôle des femmes et de la jeunesse dans la consolidation de la paix et la nécessité d’une communication accrue entre les organes de consolidation de la paix. 

La représentante a estimé que la résolution jetait les nouvelles bases de la pérennisation et de la consolidation de la paix.  Elle a en outre souligné la nécessité d’utiliser plus avant le conseil consultatif de la Commission de consolidation de la paix (CCP) qui est une plateforme où les parties prenantes peuvent être entendues et coopérer de façon efficace.  Elle a appelé à la diversification des ressources pour le financement de la consolidation de la paix par la création des partenariats public-privé, le recours aux institutions financières internationales et la mobilisation des ressources nationales dans les pays en développement.

M. JUAN PABLO ESPINOZA JARA (Chili) a salué l’adoption simultanée par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de la résolution sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU.  Il a fait siennes les recommandations du Groupe consultatif d’experts sur la consolidation de la paix qui sont largement reprises dans ce texte.  Parmi les défis concrets qui appellent une réponse, le représentant a cité la question du financement car la pérennisation de la paix exige des ressources financières et techniques à court, moyen et long termes.  Il a également plaidé en faveur de l’implication des pays voisins dans les stratégies de consolidation de la paix. 

Par ailleurs, sa délégation salue l’accomplissement de la première phase de l’intégration de la perspective genre dans les efforts de paix et souhaite voir des progrès substantiels au cours de la deuxième phase de cette stratégie, même si le Fonds pour la consolidation de la paix a d’ores et déjà alloué 15% de ses ressources à l’autonomisation des femmes.  Il faut, selon lui, surmonter la fragmentation qui existe actuellement entre les activités de la Commission de consolidation de la paix, l’Assemblée générale et surtout le Conseil de sécurité ainsi que d’autres organes du système des Nations Unies.  Le Chili appelle à la mise en œuvre rapide de la résolution adoptée aujourd’hui.

Mme HELENA YÁNEZ LOZA (Équateur) a dénoncé la mauvaise compréhension de la consolidation de la paix, la fragmentation des travaux des Nations Unies et du Secrétariat ainsi que l’augmentation des conflits dans le monde depuis 10 ans.  La représentante a ajouté que cette résolution mettait l’accent sur la pérennisation de la paix et créait un cadre normatif à la consolidation de la paix. 

Le Conseil de sécurité devrait demander l’avis de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) au moment de renouveler le mandat des missions de consolidation de la paix, a estimé la représentante, qui a aussi rappelé que la résolution reconnaissait le rôle de femmes et des jeunes et la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans la consolidation de la paix. 

Elle s’est félicitée du fait que la résolution ait reconnu les travaux des organes des Nations Unies dans l’éradication de la pauvreté.  Elle a terminé en soulignant que « cette résolution sera un point d’inflexion après 10 ans de fragmentation et aidera à relever le défi de la consolidation de la paix ».

Pour Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay), la résolution adoptée aujourd’hui consolide et approfondit le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP) ainsi que ses relations avec les autres organes des Nations Unies.  Cette nouvelle vision en matière de consolidation de la paix génère, selon elle, de nouvelles synergies institutionnelles qui devraient permettre la transition entre une attitude réactive aux conflits à une attitude plus préventive et qui couvre l’ensemble des étapes d’un conflit.

Sa délégation salue les pays qui contribuent de façon volontaire au Fonds pour la consolidation de la paix, soulignant qu’une meilleure prévisibilité de ces ressources serait bénéfique pour les travaux de la Commission.  Son pays attache en outre une importance particulière à la notion d’appropriation nationale des processus de paix ainsi qu’à celle de l’inclusion des femmes et des jeunes à ces processus.  Avant de conclure, la représentante a mis l’accent sur le lien intrinsèque qui existe entre paix et objectifs de développement durable.

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a salué la référence au concept de paix durable et à la participation de la société civile dans la résolution de l’Assemblée générale.  Il a jugé important que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle de pont entre les principaux organes et les entités pertinentes des Nations Unies.  

Selon lui, les États Membres doivent assurer un financement adéquat, prévisible et continu pour aider efficacement les pays à maintenir la paix et à empêcher le déclenchement, l’escalade, la continuation et la répétition des conflits.  Il a également souhaité que le Conseil des droits de l’homme soit davantage impliqué dans le dispositif de consolidation de la paix de l’ONU.

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a déclaré que « 10 ans après la création de la Commission de la consolidation de la paix et de ses deux institutions d’appui, les résultats ne sont pas à la hauteur de l’enthousiasme du début ».  Aujourd’hui, le même enthousiasme est ressenti après l’adoption de la résolution sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU.  « Mais si nous ne tirons pas les leçons du passé, nous risquons les mêmes déconvenues lorsque le temps sera venu d’évaluer les résultats de cette résolution », a ajouté le représentant. 

« Pour éviter cette catastrophe », il a préconisé quatre démarches: une bonne coordination de l’ensemble qui devrait être exercée par la Commission de la consolidation de la paix (CCP), la mobilisation de ressources financières et non financières, l’appropriation nationale et la question du renforcement des capacités.  Il faut agir avec diligence et patience dans une perspective de longue haleine afin d’éviter la rechute du malade, a encore dit le représentant. 

M. RAJA REZA BIN RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) s’est félicité de l’adoption par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de la résolution sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix  de l’ONU.  La Malaisie est convaincue que l’adoption et la mise en œuvre de ce texte constitueront un changement de paradigme dans les approches de la Commission de consolidation de la paix.  L’ampleur et la portée du défi de la pérennisation de la paix nécessitent des partenariats entre l’ONU, les institutions financières internationales et régionales, les organisations régionales et sous-régionales ainsi qu’avec la société civile et le secteur privé tout en tenant compte des priorités nationales. 

En tant que membre de la Commission de consolidation de la paix (CCP), la Malaisie est encouragée par l’engagement permanent de la Commission même avec des États comme le Burundi et la Guinée, qui ne sont pas à son ordre du jour, ce qui témoigne de sa flexibilité.  La CCP dispose d’une capacité à adopter une approche de prévention et sur le long terme elle devra renforcer ce rôle, a estimé le représentant.  

Pour la Malaisie, les conclusions des processus d’examen de l’architecture de la paix des Nations Unies sont autant d’occasions pour l’Organisation de surmonter les problèmes liés à la fragmentation de ses activités dans ce domaine et pour renforcer les synergies en son sein en vue d’atteindre l’objectif central de la pérennisation de la paix.  Cet objectif doit également s’inscrire dans les efforts en faveur du développement durable, a précisé le représentant, qui a également plaidé en faveur d’un financement prévisible et adéquat par le biais du Fonds pour la consolidation de la paix et d’autres institutions financières et bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a mis l’accent sur la nécessité de faire de la prévention de conflit une priorité des Nations Unies.  La consolidation de la paix doit toujours partir du principe que la paix ne peut se construire qu’au sein de la société et que les gouvernements et les autres parties prenantes nationales doivent s’approprier le processus qui doit être inclusif. 

En outre, il faut garantir le développement inclusif et créer un système pour soutenir les pays qui sortent de conflit en matière notamment de gestion de ressources naturelles et de gestion de leurs propres économies.  Le représentant a rappelé à son tour que la résolution reconnaissait le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP) en matière de coordination des efforts de consolidation de la paix, de mobilisation de ressources et de renforcement des capacités.  Il a défendu la nécessité d’un financement prévisible et durable en faveur de la consolidation de la paix. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: multiplication des appels pour le respect du multilinguisme dans le travail de communication et d’information de l’ONU

Trente-huitième session,
2e et 3e séances – matin et après-midi
PI/2163

Comité de l’information: multiplication des appels pour le respect du multilinguisme dans le travail de communication et d’information de l’ONU

Le Costa Rica, la Colombie, El Salvador ou encore le Paraguay ont réitéré aujourd’hui devant le Comité de l’information, l’appel lancé hier par le Mexique, au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole, pour que le Département de l’information de l’ONU (DPI) traite équitablement dans ses contenus les six langues officielles des Nations Unies.  La Fédération de Russie, la Chine, le Liban et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ont également réaffirmé leur attachement au multilinguisme à l’ONU.

Hier devant le Comité de l’information, qui entamait sa session annuelle avec la traditionnelle intervention de la Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, la représentante du Mexique, au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole, annonçait que les chiffres de l’année 2015 « nous confortent dans l’idée de préserver la parité linguistique ».  Le trafic sur les pages du site Internet a augmenté par rapport à 2014 et « l’espagnol ne fait pas exception ».  Sur 60 millions de sessions, 32 millions étaient en anglais et 15 en espagnol.  Les six langues officielles de l’ONU sont l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe.

Aujourd’hui le représentant du Costa Rica a insisté pour que les contenus du site Internet de l’ONU soient « simultanément » disponibles dans toutes ces langues officielles, y compris les communiqués de presse.  Son homologue de l’Algérie a d’ailleurs regretté que la qualité de ces communiqués varie « selon la langue dans laquelle ils sont publiés », soit l’anglais et le français.  Or, l’espagnol est la seconde langue la plus utilisée par les visiteurs du site de l’ONU, a insisté la représentante de la Colombie, réclamant des statistiques ventilées par langue et demandant au DPI d’utiliser les ressources existantes de manière novatrice pour respecter le multilinguisme.  Ce « phénomène » a dit comprendre son homologue du Paraguay, n’est pas imputable à l’insuffisance des ressources.  Il s’agit d’autre chose, a-t-il suspecté.

Le représentant de la Chine s’est aussi étonné que le statut du chinois, langue la plus parlée au monde, ne semble pas être pris en compte dans les productions du DPI.  Les efforts déployés par le Département de l’information pour rendre l’ONU plus « accessible » ne seront couronnés de succès que s’ils sont associés à une utilisation systématique des six langues officielles, en particulier l’arabe, a prévenu, à son tour, la représentante du Liban.  À New York, a avoué la représentante de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIT), c’est « un travail quotidien de veille qui est mené afin de prévenir ou de dénoncer des manquements importants au respect du multilinguisme ».  L’année 2016, a-t-elle rappelé, marquera le dixième anniversaire du « Vade-mecum sur l’usage de la langue française dans les organisations internationales », un texte adopté par les 80 pays membres de l’OIF qui est un outil au service des diplomates et qui se réfère à leurs droits et devoirs linguistiques. 

De nombreuses délégations, dont celle de la Fédération de Russie, ont déploré que l’Assemblée générale n’ait pas approuvé la demande du DPI pour des postes supplémentaires afin de renforcer le multilinguisme.  L'Assemblée avait plutot demandé au Département de réfléchir à une stratégie permettant de produire les communiqués dans les six langues officielles, dans la limite des ressources existantes et en s’appuyant sur des solutions innovantes.  La représentante des États-Unis a réaffirmé l’attachement de son pays à l’innovation et à la discipline budgétaire pour un DPI efficace dont la mission est trop importante pour échouer.

Reconnaissant cette mission importante, son homologue du Népal a insisté pour que le Département de l’information recherche les moyens de toucher les publics qui ne parlent aucune des langues officielles de l’ONU.  Ces six langues ne sont parlées que par 40% de la population mondiale, a rappelé le représentant du Brésil, soulignant qu’en 2014, les Nations Unies ont produit des contenus dans 23 langues, parmi lesquelles le portugais et le bengali étaient les plus parlées au monde.  Il a en effet insisté sur le fait que le portugais compte environ 250 millions de locuteurs, ce qui en fait la langue la plus parlée dans l’hémisphère Sud.  Le bengali, a précisé le représentant du Bangladesh, en compte 300 millions. 

La prochaine réunion du Comité de l’information aura lieu demain, 28 avril, à 10 heures, avec une dernière intervention de la Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, Mme Cristina Gallach.

Déclarations

M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCIA (Costa Rica) a déclaré que les TIC peuvent devenir un outil didactique formidable qui pourrait aider les jeunes à s’impliquer davantage dans les initiatives de développement durable et de promotion de la paix.  Il a demandé des précisions sur les mesures que le DPI compte prendre pour faciliter l’accès des personnes handicapées au site Internet de l’ONU.  Il a aussi demandé des éclaircissements sur le renforcement de l’aspect commercial du site pour vendre les productions de l’ONU sous la forme électronique.

Le représentant a ensuite souligné l’importance pour l’ONU de faire entendre sa voix dans le plus grand nombre de langues possibles, en insistant sur la distribution équitable des ressources pour garantir un traitement équitable de toutes les langues officielles des Nations Unies, et ce dans toutes les activités du Département.  Il a donc regretté que les communiqués de presse du DPI ne respectent pas encore ce principe d’égalité, alors même que la Radio des Nations Unies émet en de très nombreuses langues.  Il a insisté pour que le site Internet de l’ONU soit « simultanément » disponible dans toutes les langues officielles, de même que les communiqués de presse, en demandant aussi que le Journal des Nations Unies soit publié en espagnol toute l’année durant et pas seulement pendant la semaine de haut niveau en septembre.  Ces mesures sont urgentes pour permettre à des millions d’hispanophones dans le monde de suivre en détail les travaux des Nations Unies, a-t-il dit.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) s’est attardé sur la journée que le DPI vient de consacrer à la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, rappelant que son pays met en œuvre depuis 2010 le « Bangladesh Model » pour sensibiliser l’opinion publique à la situation des personnes handicapées, en particulier les autistes, et pour promouvoir leurs droits.  Le représentant a rappelé qu’à l’occasion de la Journée mondiale, le DPI a invité la Présidente du Comité consultatif bengali sur l’autisme et membre du Conseil consultatif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la santé mentale.  Il a donc remercié le DPI d’avoir offert à son pays l’occasion de présenter le « Bangladesh Model ».  Il s’est ensuite félicité des rapports dont est saisi le Comité, en conseillant au DPI de solliciter régulièrement les commentaires de ses auditeurs dans le monde pour renforcer l’efficacité de sa communication.  Passant, dans ce cadre, à la fracture numérique, le représentant a rappelé les appels du Plan d’action de Genève et de l’Agenda de Tunis sur la société de l’information, ainsi que ceux du Programme d’action d’Istanbul sur les pays les moins avancés (PMA) et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui prônent un accès « abordable » des PMA aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC).

En la matière, s’est enorgueilli le représentant, le Bangladesh tutoie les taux des pays développés, avec les 37% d’habitants qui utilisent l’Internet grâce à la politique « Digital Bangladesh ».  Il s’est aussi enorgueilli des efforts en faveur de la liberté de la presse, comme en attestent les 428 journaux qui paraissent tous les jours, sans compter les 32 nouvelles licences accordées à des chaines de télévision privées et à 24 radios FM et 32 radios communautaires.  Le pays a adopté une loi sur un fonds de sécurité sociale pour les journalistes et une autre sur « le droit à l’information ».  Le représentant a conclu en rappelant que le bengali est parlé par 300 millions de personnes dans le monde et en promettant au DPI la collaboration de son pays à la commémoration de la Journée internationale de la langue maternelle.  Le Bangladesh, a-t-il dit, souhaite collaborer avec des partenaires intéressés pour mener des recherches sur l’évolution et le statut des langues maternelles et créer des archives complètes sur les langues vivantes et en voie d’extinction.  Il a salué le programme hebdomadaire de la Radio des Nations Unies en bengali et conseillé au DPI de produire davantage d’émissions dans cette langue en format digital, y compris un journal quotidien.

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a dit que les grands évènements internationaux de l’an dernier ont montré la nécessité pour le DPI de recourir de plus en plus à de nouvelles plateformes pour diffuser l’information, notamment celles accessibles sur des terminaux mobiles.  Il ne faut pas pour autant négliger les médias traditionnels qui demeurent pour beaucoup, le premier moyen d’information, notamment dans les pays en développement.  Le représentant a déploré la persistance d’une certaine disparité entre les six langues officielles de l’ONU, appelant notamment à plus de contenus en espagnol, la seconde langue la plus utilisée par les visiteurs du site Internet de l’Organisation, a-t-il rappelé.  Il a demandé que les futurs rapports du Secrétariat contiennent davantage de statistiques sur l’utilisation des six langues et regretté que l’Assemblée générale n’ait pas approuvé la demande du DPI pour des postes supplémentaires afin de renforcer le multilinguisme.  Il a invité le DPI à utiliser les ressources existantes de manière novatrice pour appliquer le multilinguisme.  Il a terminé en saluant le travail des Centres d’information des Nations Unies, se félicitant notamment du dynamisme de celui de Bogota.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a reconnu les efforts déployés au cours de la période à l’examen par le DPI pour élaborer des stratégies de communication et diffuser des messages importants des Nations Unies.  Il est fondamental, a-t-il souligné, de diffuser les messages de manière simple et claire dans le cadre du multilinguisme, afin d’atteindre rapidement une société de plus en plus mondialisée mais toujours divisée par la multiplicité des langues.  Étant donné l’évolution constante du contexte international, il a reconnu l’importance des communications électroniques tout en rappelant le rôle primordial des méthodes traditionnelles de communication, en particulier pour les pays en développement.  Les technologies de l’information et des communications, a-t-il ajouté, doivent être utilisées dans le respect de la souveraineté des États et de manière conforme aux dispositions de la Charte des Nations Unies. 

Le représentant s’est ensuite déclaré préoccupé par le manque de respect du principe de multilinguisme et de parité linguistique, et en particulier par l’insuffisance de moyens affectés à la production de contenus en espagnol, qui est la deuxième langue la plus populaire auprès des usagers du site de l’ONU.  Ainsi, les communiqués de presse quotidiens devraient être produits dans toutes les langues officielles, a-t-il plaidé en demandant au DPI d’élaborer une stratégie à cet effet.  La délégation a dès lors regretté que les demandes de ressources budgétaires présentées par le Département de l’information pour l’exercice biennal 2016-2017 n’aient pas été acceptées.  De même, s’il a apprécié les nombreuses activités menées par les Centres d’information de l’ONU au titre du multilinguisme, il a noté avec préoccupation que le rapport du Secrétaire général ne mentionne pas clairement les affectations de personnel et de ressources financières à ces centres, en particulier dans les pays en développement.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a rappelé que les résolutions pertinentes du Comité de l’information avaient souligné l’importance pour les États de se garder de diffuser des informations inexactes sur d’autres pays, sachant qu’une telle situation pourrait conduire à des tensions et parfois à des conflits.  Le représentant a salué le travail des Centres d’information des Nations Unies et souhaité que les programmes du DPI sur la question de Palestine se poursuivent jusqu’à l’indépendance complète du pays.    

Soulignant la primauté du multilinguisme M. MARCELO SCAPPINI (Paraguay) a rappelé l’importance pour le DPI de diffuser ses contenus dans autant de langues qu’il est possible, et notamment dans les langues parlées par les peuples autochtones, tout en diversifiant les moyens et supports de communication.  Il s’est inquiété de l’inégalité entre les langues officielles de l’ONU en ce qui concerne la publication des communiqués de presse quotidiens.  Ce « phénomène » n’est pas, selon lui, imputable à des ressources insuffisantes, mais à d’autres facteurs.  Il a rappelé que l’Assemblée générale avait demandé au Département de réfléchir à une stratégie permettant de produire les communiqués dans les six langues officielles, dans la limite des ressources existantes et en s’appuyant sur des solutions innovantes.

Le représentant n’en a pas moins souligné les efforts consentis par le DPI en matière de multilinguisme, notamment dans la couverture de sessions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité dans les six langues officielles et dans celle de l’orateur, par le biais des retransmissions vidéo.  S’associant à la déclaration faite par la délégation du Mexique, au nom du Groupe des amis de l’espagnol, le Paraguay a affirmé que la parité linguistique et le multilinguisme sont des priorités nationales pour son pays, qui a fait de l’espagnol et du guarani deux langues officielles.  Il a aussi salué les efforts menés par le DPI pour donner accès aux personnes handicapées au site Internet des Nations Unies.

M. HAJIME KISHIMORI (Japon) a estimé que l’objectif premier du DPI qui est de sensibiliser l’opinion publique au travail et aux activités de l’ONU nécessite l’amélioration de l’efficacité et de la transparence, la rationalisation des ressources actuelles et le déploiement d’activités sans coût supplémentaire.  Cette année marque le soixantième anniversaire de l’adhésion du Japon aux Nations Unies, a dit le représentant, en exprimant l’intention de son pays de renforcer sa collaboration avec le DPI pour marquer cette étape historique.  Il a salué en particulier la coopération du Centre d’information de Tokyo qui a organisé des manifestations dont un concours de photos sur le thème des objectifs de développement durable. 

Le représentant a également rappelé que le DPI, le Gouvernement du Japon et le Centre d’information de Tokyo ont collaboré à un projet de numérisation et de partage d’un large éventail de vidéos historiques tirées des archives de l’ONU.  L’année dernière, a aussi rappelé le représentant, la Journée mondiale de la paix a été célébrée pour la première fois depuis 2008 dans le Jardin japonais rénové du Siège de l’ONU à New York.  L’appui du DPI a été « crucial », a souligné le représentant, en parlant aussi de la Cérémonie du thé organisée au Mémorial de la paix pour le soixante-dixième anniversaire de l’ONU.  Il a enfin remercié le DPI qui organise tous les mois de septembre la cérémonie de la Cloche de la paix dans le Jardin japonais.

M. JOHN DEGORY (États-Unis) a déclaré que l’engagement des États en faveur des principes de la Charte des Nations Unies, de la réalisation des objectifs mondiaux et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre exigera un solide dialogue.  Nous devons, a dit le représentant, nous inspirer et nous mobiliser les uns les autres et, en la matière, le travail de l’ONU, en particulier du Département de l’information, sera crucial pour mener au succès.  La liberté d’expression, garantie par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que l’accès à l’information, seront « déterminants » pour nous tenir comptables de nos actes, a-t-il ajouté.

Les défis exigeront non seulement les efforts des États Membres mais aussi la participation effective de la société civile.  Ici aussi, il faut saluer le travail de partenariat de longue date du DPI, a dit le représentant, appelant les membres de ce Comité à continuer d’appuyer le Département pour qu’il trouve les moyens d’élargir la participation de la société civile au travail de l’ONU.  Insistant sur l’importance de la « viabilité », le représentant a promis que les États-Unis continueront à œuvrer pour un DPI efficace qui peut accomplir sa mission dans les limites des ressources allouées.  Le travail du DPI pour nouer des partenariats avec un large éventail d’acteurs, amplifiant ainsi la portée des activités de communication de l’ONU sans incidence budgétaire, montre que « l’effectivité et l’efficacité peuvent aller de pair ».  Les États-Unis continueront de soutenir l’innovation et la discipline budgétaire pour un DPI efficace dont la mission est trop importante pour échouer.

M. SIPHO SEAKAMELA (Afrique du Sud) a souligné que ce jour marque le vingt-deuxième anniversaire de l’accession de son pays à la liberté.  Cette année, a-t-il aussi souligné, marque le soixante-dixième anniversaire de l’inscription des politiques raciales sud-africaines à l’ordre du jour de l’Assemblée générale et le cinquantième anniversaire de la résolution 2202A (XXI) sur la campagne internationale contre l’apartheid.  L’ONU, a-t-il souligné, a réussi à mobiliser l’opinion publique pour isoler l’Afrique du Sud, dont la suspension de son état de Membre des Nations Unies et le premier boycott sportif et culturel promu.  Aujourd’hui, s’est réjoui le représentant, une Afrique du Sud libre travaille avec le DPI pour promouvoir la Journée internationale Nelson Mandela et elle a vu l’année dernière, la première attribution du premier Prix Nelson Mandela.

Le représentant a salué le rôle important que les services d’information de l’ONU jouent pour mettre en évidence la situation des peuples opprimés et occupés, en mobilisant le soutien mondial à leur libération.  Il a souligné que la question de la Palestine mérite l’attention du Comité et salué le travail du DPI pour former des journalistes palestiniens et appuyer la Palestine par la commémoration de la Journée internationale de solidarité.  Il a demandé au DPI d’élargir le champ de ses activités, en incluant la diffusion d’informations sur la situation au Sahara occidental « sous occupation, la dernière colonie sur le continent africain.  Il serait important de parler de la situation du peuple sahraoui qui aspire aux mêmes libertés dont nous jouissons aujourd’hui, a clamé le représentant sud-africain.

En tant que pays en développement, l’Afrique du Sud attache une grande importance aux Centres d’information des Nations Unies, a-t-il conclu, en demandant de ne pas oublier le fossé numérique qui fait que dans les pays en développement, les médias traditionnels restent la principale source d’informations.  Combler ce fossé est de la plus grande importance pour avancer vers le monde meilleur que nous recherchons tous, a conclu le représentant.

La diffusion et la médiatisation des activités de l’ONU, a dit M. YASSER HALFAOUI (Maroc), est probablement plus importante aujourd’hui car à l’ère de la mondialisation où l’information connaît un développement sans précédent, le besoin en informations fiables, neutres et objectives est un impératif.  La promotion de la paix, de la solidarité internationale, de la tolérance, des changements climatiques et du développement durable doit demeurer au cœur des activités du DPI, a-t-il insisté.  Le représentant a aussi insisté sur les programmes relatifs à la lutte contre l’extrémisme violent et l’intolérance, au dialogue entre les civilisations et au devoir de mémoire qui demeurent nécessaires, particulièrement en ces temps troubles où l’instrumentalisation des religions nous impose une vigilance et une mobilisation à la hauteur de la gravité de la situation.  Il a réitéré l’engagement continu de son pays auprès du DPI. 

Après avoir salué le programme spécial d’information du DPI sur la question de Palestine et appelé au renforcement de ces activités, le représentant a particulièrement salué la campagne médiatique sur la vingt-unième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) et la signature de l’Accord de Paris sur le climat, le 22 avril dernier.  Les efforts de médiatisation concernant la question cruciale des changements climatiques devront dès à présent se focaliser sur les préparatifs de la COP 22 qui se tiendra à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016, a souligné le représentant. 

Il s’est également félicité de l’action du DPI en matière de sensibilisation aux efforts internationaux visant à atténuer la crise des migrants et estimé que d’autres activités gagneraient à être médiatisées dont la question de la paix où la dimension « consolidation de la paix » devrait être davantage soulignée, et la lutte contre les abus et l’exploitation sexuelle.  En l’occurrence, il a appelé le DPI à s’assurer que l’information relative à cette question soit la plus transparence possible, en diffusant aussi bien les avis d’allégations que les résultats des enquêtes ainsi que les mesures prises par les États Membres à cet égard.  Le représentant a parlé à son tour de la fracture numérique et appelé le DPI à équilibrer et à adapter ses programmes en prenant en considération le fait que les outils traditionnels de communication demeurent le canal privilégié dans bon nombre de pays en développement.  Il a souligné le rôle joué par le Centre d’information de l’ONU à Rabat et a déclaré que la particularité marocaine renforce l’attachement du pays au traitement équitable des six langues officielles des Nations Unies dans la diffusion de l’information.

M. WANG GANG (Chine) a appelé le DPI à continuer de moderniser ses équipements, saluant notamment le dynamisme du site Internet de l’ONU et des comptes que l’Organisation a ouverts dans les médias sociaux.  Le représentant a tout de même précisé que les médias traditionnels ne doivent pas pour autant être négligés.  Il a à son tour rappelé l’importance du multilinguisme au sein de l’ONU, déplorant la disparité qui existe entre l’anglais et les cinq autres langues officielles de l’Organisation.  De ces six langues, le chinois, qui est la langue la plus parlée au monde, n’a pas pourtant ce statut dans les productions du DPI.  Le représentant a appelé le Département à diffuser plus de contenus vidéo en chinois et espéré que dans les limites des ressources disponibles, ce dernier pourra assurer la diffusion des informations dans les six langues officielles de l’ONU.  Il a invité le Coordonnateur des Nations Unies pour le multilinguisme à jouer pleinement son rôle afin de promouvoir l’équité entre les six langues.

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a encouragé le DPI à continuer de diffuser les idées et les activités des Nations Unies dans autant de langues que possible et en tenant compte de la diversité linguistique des pays et de leur différent niveau de développement technologique.  Le DPI doit continuer à conjuguer moyens traditionnels et modernes de communication, et à prôner le multilinguisme.  Le représentant a réaffirmé son engagement en faveur du multilinguisme et du principe de parité entre les six langues officielles des Nations Unies.  Toutefois, a-t-il fait observer, ces six langues ne sont parlées que par 40% de la population mondiale.  Il a rappelé qu’en 2014, les Nations Unies ont produit des contenus dans 23 langues, parmi lesquelles le portugais et le bengali étaient les plus parlées au monde.  Il a encouragé le DPI a ajouté d’autres langues, sans oublier d’insister sur le fait que le portugais compte environ 250 millions de locuteurs dans le monde, ce qui en fait la langue la plus parlée dans l’hémisphère sud.

Le Brésil est un fervent partisan du travail de la Radio des Nations Unies en portugais qui diffuse dans plus de 16 pays, y compris auprès de l’importante diaspora portugaise.  Ce contenu, a insisté le représentant, est aussi diffusé à la télévision, sur Internet et dans les médias sociaux dans ce qui est une véritable approche multimédia de l’information.  Le représentant a aussi salué le rôle du Centre d’information des Nations Unies à Rio qui est le Centre le plus ancien d’Amérique latine et qui est devenu la source d’informations la plus importante sur les Nations Unies en portugais, touchant des pays dans d’autres continents.  Le portail Web de l’ONU, géré par le Centre, a reçu en 2015, plus de cinq millions de visites et a déjà, en 2016, atteint un rythme de croisière de 400 000 visites par jour.  Quant au site Internet du Centre de Rio lui-même, il a été consulté plus de 2,5 millions de fois en 2015, ce qui représente un tiers des visites de l’ensemble des 63 Centres dans le monde, a encore noté le représentant.  La page Facebook du Centre a reçu plus de 530 000 « J’aime » et en moyenne 31 millions de clics par mois en 2016, tandis que son compte Twitter affiche plus de 215 000 abonnés.  La page Facebook en portugais des Nations Unies est la seconde au monde. 

« Refléter la diversité est de la plus haute importance dans notre approche de l’information et il n’y a pas d’hommage plus grand à notre humanité partagée que de démontrer le respect pour la diversité, non seulement au travers du multilinguisme, mais aussi en veillant à la diversité du contenu et à ne pas privilégier un style ou un segment de la population lorsque nous diffusons notre message », a déclaré le représentant qui a conclu en saluant la participation accrue de la société civile au travail de l’Organisation et les campagnes de communication de DPI, notamment sur les objectifs de développement durable, les changements climatiques et le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a voulu que le travail de communication du DPI s’inscrive sur le long terme.  Il a en effet estimé que le rapport du Secrétaire général donne l’impression « qu’il y a des manques en matière d’analyse et de prévision ».  Où sont les approches novatrices? s’est-il demandé.  Le représentant a approuvé le « focus » de l’ONU sur les réseaux sociaux, notamment russophones, mais a mis en garde contre la tentation de négliger les médias traditionnels.  Il a aussi demandé que les restrictions budgétaires n’aient pas d’incidence sur la capacité du Centre d’information des Nations Unies à Moscou de s’acquitter de son mandat.  Il a insisté sur le strict respect de la parité entre les langues et regretté que les postes supplémentaires demandés par le Département pour le multilinguisme n’aient pas été approuvés par l’Assemblée générale.  Le représentant a souhaité que d’autres mesures soient adoptées, avant de rappeler la nécessité de protéger les journalistes et de garantir les conditions de sécurité dans lesquelles ils travaillent. 

M. MOHAMED H. S. ELMODIR (Libye) a rendu hommage aux efforts du DPI pour faire connaitre le travail de l’ONU à travers le monde et plaidé pour la réduction de la fracture numérique, soulignant, à son tour, la pertinence des médias traditionnels, en particulier dans les pays en développement.  Les Centres d’information des Nations Unies doivent avoir tous les moyens nécessaires pour faire leur travail, a-t-il poursuivi, exhortant à une plus grande coopération pour assurer le multilinguisme et la parité des langues, y compris dans les communiqués de presse.  Il a aussi salué le travail que le DPI fait en faveur des Palestiniens et a plaidé pour l’égalité de traitement de la langue arabe au sein de l’ONU.

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a, à son tour, souligné que le portugais est une langue parlée par environ 250 millions de personnes sur 4 continents et la plus parlée dans l’hémisphère Sud.  Elle a rappelé la décision de créer, à Luanda, un Centre régional d’Information des Nations Unies pour les pays africains de langue officielle portugaise et a dit attendre avec impatience sa concrétisation.  Elle a salué les efforts de la Radio des Nations Unies pour développer davantage de synergies, comme en témoigne les accords passés avec 20 stations lusophones.

M. MASOOD ANWAR (Pakistan) a appelé le Département de l’information à développer une stratégie de long terme pour sensibiliser le public au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Accord de Paris sur le climat.  Il a insisté sur la neutralité dans le traitement de l’information, y compris par le Bureau du Porte-parole du Secrétaire général.  Il a salué le travail des Centres d’information des Nations Unies, appelant à leur renforcement et à l’élargissement de leur portée au-delà des grandes villes.  Le Département, a poursuivi le représentant, doit faire encore plus pour faire connaître la contribution de l’ONU à la paix et à la sécurité dans le monde grâce aux opérations de maintien de la paix et ne pas laisser les comportements de quelques-uns dominer les « unes ».  Le représentant a aussi appelé à l’unité dans la lutte contre « le monstre à deux têtes » qu’est le terrorisme et l’extrémisme.  Contrer la propagande de ces idéologies tordues est impératif et le DPI peut jouer un important rôle pour faire baisser les tensions et promouvoir l’harmonie entre les religions, a-t-il argué. 

Il a donc demandé au DPI de mettre sur pied des programmes et des campagnes sur les médias sociaux, aux niveaux régional et international, y compris en impliquant les journalistes, la société civile et le monde universitaire.  Il a rappelé que la Mission permanente du Pakistan auprès des Nations Unies a organisé une manifestation contre la xénophobie par la coopération entre les religions, au cours de la Semaine mondiale sur l’harmonie interconfessionnelle.  Elle a aussi organisé un concert de musique soufie pour propager le message de la paix.

Mme CAROLINE ZIADÉ (Liban) a affirmé que les efforts déployés par le Département pour rendre l’ONU plus « accessible » ne seront couronnés de succès que s’ils sont associés à une utilisation des six langues officielles, en particulier l’arabe, dans le cadre du multilinguisme et des « services à la clientèle ».  La représentante a une nouvelle fois plaidé pour l’utilisation combinée des médias traditionnels et numériques et appelé à l’intensification des partenariats avec les réseaux régionaux et nationaux pour élargir l’audience.  Le Liban, a-t-elle rappelé, est l’hôte d’un Centre régional d’information des Nations Unies dont le bon fonctionnement, a-t-elle insisté, dépend de ressources humaines et financières adéquates.  La représentante a salué en conclusion le travail du DPI dans le cadre du Programme spécial d’information sur la Palestine et a dit attendre avec intérêt la participation de jeunes journalistes libanais au Programme de stages de journalisme Reham Al-Farra. 

En 2015, a déclaré M. CHUNG BYUNG-HA (République de Corée), nous avons adopté le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur le climat.  Ces accords qui représentent une vision ambitieuse exigent que l’on explore de nouvelles voies de communication pour impliquer un plus grand nombre d’acteurs que ce soit de la société civile ou du grand public.  Le représentant a dit placer beaucoup d’espoirs dans la soixante-sixième Conférence des DPI/ONG qui aura lieu du 30 mai au 1er juin prochain à Gyeongju, dans son pays.  Cette Conférence qui a pour thème « l’Éducation à la citoyenneté mondiale: réaliser les objectifs de développement durable » contribuera à impliquer les ONG dans la mise en œuvre de ces objectifs.

Après avoir salué les activités du DPI dans la promotion des actions des Nations Unies, Mme ASSIA JAZAÏRY (Algérie) s’est dite préoccupée par la possibilité de politiser l’information publique et de faire un usage « inapproprié » des technologies de l’information et des communications pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’États souverains.  La représentante a plaidé pour le renforcement du réseau des Centres d’information des Nations Unies et souligné, à son tour, que les médias traditionnels demeurent le premier vecteur de communication dans le monde en développement.  Appelant à la mise en œuvre de la résolution 69/324 sur le multilinguisme, Mme Jazaïry a insisté sur la parité entre toutes les langues officielles des Nations Unies, en particulier de l’arabe, et pour leur traitement équitable dans toutes les activités du DPI.  Il faut donc assurer le personnel qu’il faut pour toutes les langues, a-t-elle insisté, en saluant les efforts visant à intégrer le multilinguisme dans toutes les activités d’information et de communication. 

C’est, a-t-elle insisté, essentiel pour la transparence, la redevabilité, l’appropriation et la viabilité du travail de communication du Département.  La représentante a toutefois regretté d’observer que « la qualité des communiqués de presse varie, selon la langue dans laquelle ils sont publiés ».  Elle a conclu en demandant au Département de continuer à fournir l’appui nécessaire à la diffusion d’informations sur le dialogue entre les civilisations et la culture de la paix, et de faire ainsi la promotion d’un monde contre la violence et l’extrémisme violent.

M. JO JONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a accusé certains pays de chercher à créer le désordre social et le chaos voire un changement de régime en propageant leurs propres valeurs dans les pays en développement, grâce aux TIC les plus récentes.  Il a cité le cas des États-Unis qui mènent une « guerre psychologique » avec leur « machine de propagande, Radio Free Asia », contre des États indépendants qui ne sont pas en bons termes avec eux pour affaiblir et détruire leurs systèmes internes.  Aussi longtemps que ce type de phénomènes « hostiles et anormaux » continuera d’exister dans la sphère de l’information publique internationale, la justice et l’égalité dans les relations internationales ne seront pas réalisables, compromettant ainsi la paix et la sécurité, l’unité entre nations et le développement durable.

Le représentant a donc appelé à l’avènement d’un nouvel ordre international de l’information et de la communication propre à diffuser des informations justes, impartiales et objectives sur la base des principes d’égalité souveraine entre États, de non-ingérence et de justice.  Appelant au rejet de toute politisation ou distorsion de l’information, le représentant a estimé qu’il faut aussi mettre fin à l’arbitraire de certains pays qui essayent de faire taire les voix légitimes des pays en développement, en imposant leur vues et leurs exigences au nom de la « liberté d’accès à l’information » et des « phénomènes anormaux » baptisés « liberté d’expression ».  Le renforcement des capacités des pays en développement dans le domaine de l’information est crucial, a ajouté le représentant, appelant à se battre contre les obstacles érigés par les pays développés pour barrer l’accès aux TIC.  Le représentant a au contraire prôné la coopération internationale pour réduire la fracture numérique.  

M. CHIBAULA DAVID SILWANBA (Zambie) a « imploré » le Département d’intensifier sa diffusion d’informations pour éduquer les gens au développement durable et aux changements climatiques, les incitant ainsi à travailler avec leur gouvernement et les autres parties prenantes à la réalisation des objectifs et cibles fixés.  Il a encouragé un partenariat plus étroit entre le DPI et les médias zambiens, afin d’aider ces derniers à accéder aux contenus des Nations Unies, en particulier sur le développement durable, les changements climatiques, la paix et à la sécurité.  Il a aussi appelé les Centres d’informations à renforcer leurs activités, en particulier auprès des écoles, et dans les langues locales pour permettre au citoyen ordinaire de discuter des questions d’intérêt national et international.  Le représentant n’a pas manqué de souligner et d’illustrer l’attachement de son pays à la liberté de la presse.

Mme SABITA NAKARMI (Népal) a appelé le DPI à continuer de sensibiliser le public sur les grandes décisions et accords des Nations Unies, y compris au sujet du développement durable, de la décolonisation, du dialogue des civilisations, des initiatives contre l’extrémisme violent, le maintien de la paix, la sécurité, le désarmement, l’éradication de la pauvreté, les changements climatiques, l’égalité des genres, les maladies non transmissibles telles qu’Ebola, le VIH/sida, le virus Zika et les droits de l’homme, entre autres.  Elle a également encouragé le DPI à rechercher les moyens de toucher les publics qui ne parlent aucune des langues officielles de l’ONU.  Elle a salué la diffusion de programmes en langues locales, souhaitant à ce propos que des programmes portant sur le maintien de la paix soient diffusés en népalais.  Mme Nakarmi a en outre relevé l’importance d’utiliser les méthodes traditionnelles de diffusion de l’information tout comme celles faisant appel aux TIC.  Mais elle a mis en garde contre les abus visibles dans l’usage des TIC, citant par exemple la cybercriminalité, et soulignant, en la matière, le rôle important et la responsabilité de DPI.  Le DPI, a-t-elle conclu, devrait poursuivre, renforcer et accroître le nombre des participants à son programme annuel de formation des journalistes des pays en développement.

M. FIDEL COLOMA GRIMBERG (Chili) a estimé que le Comité de l’information avait une mission importante, communiquer les principes et valeurs fondamentales de la Charte des Nations Unies auprès des peuples du monde entier.  Accordant de l’importance à ce que le message des Nations Unies soit entendu par le plus grand nombre de personnes dans le monde, il a salué en particulier le travail réalisé par la Bibliothèque Dag Hammarskjöld et la Bibliothèque de l’Office des Nations Unies à Genève pour numériser les documents les plus importants des organes principaux de l’Organisation.  Ainsi, près de cinq millions de pages ont été archivées jusqu’à présent, dont tous les documents essentiels de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.

Saluant également le travail réalisé par le DPI en coopération avec la société civile, le représentant a rappelé la contribution que les ONG peuvent apporter à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Sa délégation estime en outre que le COI joue un rôle fondamental dans la promotion des droits de l’homme, en donnant davantage de visibilité aux activités menées par l’Organisation en ce sens et en poursuivant un travail pédagogique sur la nécessité de préserver la liberté de la presse.  Cette liberté et la liberté d’expression sont des outils fondamentaux pour préserver la démocratie et l’état de droit, a-t-il expliqué.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a jugé qu’il n’est pas « envisageable ni acceptable » de programmer le dépérissement dans le système communicationnel onusien de la radio, médium très efficace d’intermédiation politique, économique, sociale et culturelle.  La radio doit garder sa place à l’ONU, à côté de la télévision et des possibilités offertes par le Web, a insisté le représentant.  L’ONU a aussi l’obligation de renforcer le multilinguisme et la parité entre les six langues officielles, « un défi qui appelle notre vigilance permanente » au moment où la communauté internationale est engagée dans le processus de définition de l’agenda du développement durable.  Il a encouragé le DPI à redoubler d’efforts sur la question de Palestine, une importante question qui préoccupe au premier chef le Sénégal.  Il a aussi estimé que le réseau des Centres d’information gagnerait à être renforcé et que toute action de rationalisation devrait être opérée au cas par cas et menée dans le cadre d’une étroite collaboration avec les pays hôtes.  Il a enfin jugé « fondamental » que l’ONU, les partenaires au développement et les États concernés adoptent des mesures à même de combler l’écart numérique entre les pays riches et les pays en développement. 

Mme SAHAR SALEM, État de Palestine, s’est félicitée des activités du DPI sur la Palestine, et regretté que pour la deuxième année consécutive, des jeunes journalistes de Gaza aient été exclus du Programme de formation de DPI en raison du blocus imposé par Israël.  La représentante a accusé les forces israéliennes d’occupation, y compris les colons extrémistes, de commettre, « systématiquement et délibérément », « et en toute impunité », des actes de violence et de provocation contre les journalistes palestiniens et étrangers dans le territoire palestinien occupé.  Après avoir cité des exemples, la représentante a appelé le Comité et les organisations internationales concernées par la liberté de la presse à réclamer la fin des violations du droit international par Israël.  Tout en réitérant son appréciation du travail fourni par le Programme du DPI, Mme Salem a souligné l’importance de donner suite aux autres activités demandées par l’Assemblée générale, notamment « l’organisation et la promotion de nouvelles missions d’établissement des faits pour les journalistes du territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est occupée, en Israël, en particulier pour mieux sensibiliser l’opinion publique à ces réalités ».  Elle a appelé au respect des résolutions de l’Assemblée générale sur la sécurité des journalistes et de la résolution 2222 du Conseil de sécurité. 

Mme PATRICIA HERDT, Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a réaffirmé « avec force » l’importance de la mobilisation du Secrétariat et des États Membres en faveur du plein respect du multilinguisme, « qui sera la clef » de la mise en œuvre effective des engagements souscrits en 2015.  La représentante a rappelé le lancement, le 2 mars 2016, de la nouvelle saison de l’émission « XXIe siècle » sur TV5 Monde, produite par la Télévision des Nations Unies, diffusée par 80 chaînes de télévision dans le monde et proposée en français, en anglais, en chinois et en turc.  Elle a aussi rappelé la projection du documentaire « Demain » sur les enjeux environnementaux que la Francophonie et le Festival « Focus on French Cinema » ont présenté le 31 mars dernier, en collaboration avec DPI et en partenariat avec les Missions permanentes de la France et du Maroc.  La Francophonie, a-t-elle ajouté, est heureuse de soutenir la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, soucieuse de s’associer à tout effort de promotion des valeurs de diversité, de paix et de solidarité. 

Elle a lancé le 10 mars dernier, une vaste campagne de mobilisation de la jeunesse, sur Internet et les réseaux sociaux, sur le thème « libres ensemble ».  En une semaine, ils ont été plus de 2 millions à s’y intéresser.  2016 marquera le dixième anniversaire du « Vade-mecum sur l’usage de la langue française dans les organisations internationales », un texte adopté par les 80 pays membres de l’OIF qui est un outil au service des diplomates et qui se réfère à leurs droits et devoirs linguistiques.  À New York, a en effet souligné la représentante, c’est « un travail quotidien de veille qui est mené afin de prévenir ou de dénoncer des manquements importants au respect du multilinguisme ».

M. VASQUEZ (Mexique) a rappelé que l’espagnol est la deuxième langue dans laquelle le Centre d’actualités est le plus consulté après l’anglais.  Il a ensuite plaidé pour la mise à disposition de données ventilées.  Tout en reconnaissant le rôle dévolu aux réseaux sociaux, le représentant a souligné celui que continue de jouer les médias traditionnels.  Il a ensuite regretté que les campagnes des Nations Unies ne soient pas toujours menées dans le respect du multilinguisme, affirmant que les contenus dans certaines langues étaient souvent simplifiés par rapport à d’autres.  Il a ensuite espéré que la qualité des services fournis par les Centres d’information dans le monde entier se maintiendrait, affirmant que seule la diffusion d’informations impartiales permettrait d’assurer la compréhension de la mission de l’Organisation.  Le Département devra à l’avenir communiquer sur les objectifs de développement durable dans le cadre d’une stratégie qui devra tenir compte de tous les publics, y compris les enfants, a recommandé le représentant, avant d’encourager le DPI à renforcer ses liens avec le secteur privé et la société civile.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité, simultanément avec l’Assemblée générale, adopte une résolution pour renforcer l’efficacité des activités de maintien de la paix de l’ONU

7680e séance – matin
CS/12340

Le Conseil de sécurité, simultanément avec l’Assemblée générale, adopte une résolution pour renforcer l’efficacité des activités de maintien de la paix de l’ONU

Les membres du Conseil de sécurité et ceux de l’Assemblée générale ont adopté, ce matin, une résolution identique qui appelle à plus de cohérence, de coordination et de continuité dans les activités menées par le système des Nations Unies pour consolider la paix, en s’appuyant sur les recommandations du rapport du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix intitulé « Défi du maintien de la paix ».

À l’unisson avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2282 (2016) adoptée à l’unanimité, a ainsi lancé un appel aux organes principaux de l’ONU pour qu’ils fassent preuve d’un « engagement cohérent, durable et coordonné », en vue de préserver la paix et plus précisément d’établir « une paix durable ».

Présentée par le représentant de l’Angola, l’un des deux cofacilitateurs des négociations avec l’Australie, cette résolution est le résultat d’un processus de révision de l’architecture des activités de l’ONU en faveur de la consolidation de la paix, lancé en octobre 2015 à l’occasion du dixième anniversaire de la création de la Commission de consolidation de la paix, du Fonds pour la consolidation de la paix et du Bureau d’appui à la consolidation de la paix.

Ce texte s’inspire des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies*, du rapport du Secrétaire général** sur l’application de ces recommandations, et du rapport du Secrétaire général en date du 17 septembre 2015 présentant les conclusions de l’Étude mondiale*** sur l’application de la résolution 1325 (2000).

Le Conseil reconnaît qu’il importe d’établir une coordination, une cohérence et une coopération fortes avec la Commission de consolidation de la paix.  Il compte solliciter régulièrement ses conseils spécifiques, stratégiques et ciblés, les étudier et s’en inspirer, y compris pour ce qui est de prendre en considération la perspective à long terme nécessaire pour préserver la paix lors de la création, de l’examen et de la liquidation du mandat des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.

Cette coordination concerne tant l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, que le Conseil économique et social (ECOSOC) et ses organes subsidiaires, car, « pour être efficaces, les activités de consolidation de la paix doivent bénéficier du soutien de l’ensemble du système des Nations Unies », précise le texte.  En outre, « une direction efficace et dynamique dans les opérations des Nations Unies peut contribuer à rassembler les organismes du système autour d’une stratégie commune de préservation de la paix ».

En ce qui concerne le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, le Conseil de sécurité recommande de revitaliser ses travaux de façon à ce qu’il puisse appuyer la Commission de consolidation de la paix, accroître les synergies avec les autres entités du système des Nations Unies et fournir des conseils stratégiques au Secrétaire général.

Toujours dans un souci de coordination et de cohérence, le Conseil demande instamment à la Commission de consolidation de la paix d’organiser régulièrement des échanges de vues avec les organisations régionales et sous-régionales intéressées.  Il prie en outre le Secrétaire général d’étudier les possibilités de renforcement de la collaboration entre l’ONU et la Banque mondiale dans les pays touchés par un conflit en vue.

Le Conseil rappelle également le lien entre le développement économique et la consolidation de la paix.  Ainsi, il souligne qu’il convient de continuer à renforcer la coopération et la coordination avec les équipes de pays des Nations Unies sur le terrain.  Il souhaite en outre que la capacité de la direction de l’équipe de pays soit en mesure d’absorber les fonctions de consolidation de la paix après le retrait d’une mission mandatée par le Conseil de sécurité. 

Le Conseil rappelle à cette occasion l’importance du « respect du principe de prise en main des programmes par les pays et des priorités fixées par les pays touchés par un conflit », après avoir réaffirmé la responsabilité première des autorités et des gouvernements nationaux pour ce qui est de recenser, de déterminer et de cibler les priorités, les stratégies et les activités axées sur la préservation de la paix.

Le Conseil n’oublie pas le « rôle moteur » que doivent jouer les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans la phase de consolidation de la paix, ce qui implique « d’accroître la représentation des femmes à tous les niveaux de décision dans les instances et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention et de règlement des conflits ».  Il demande aussi « d’accroître et de diversifier la participation des jeunes aux efforts de consolidation de la paix ».

Un financement prévisible et durable, ainsi que le renforcement des partenariats avec les principales parties prenantes, sont d’autres conditions qui sont essentielles aux yeux du Conseil de sécurité pour le succès des activités de consolidation de la paix des Nations Unies.  Ainsi, le Conseil se félicite des contributions versées au Fonds pour la consolidation de la paix et prend note des propositions formulées à ce sujet par le Groupe consultatif d’experts dans son rapport.

Il souligne, en particulier, l’importance des ressources dont ont besoin les composantes consolidation de la paix des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies, y compris pendant les phases de transition et de retrait, afin de garantir la stabilité et la continuité des activités de consolidation de la paix.

Enfin, le Conseil prend note de la décision prise par l’Assemblée générale de tenir, à sa soixante-douzième session, une réunion de haut niveau consacrée aux efforts entrepris pour renforcer les activités de préservation de la paix de l’ONU et aux perspectives dans ce domaine.  Ce sera l’occasion pour le Secrétaire général de rendre compte au Conseil de sécurité de ce qui aura été fait pour appliquer la présente résolution.

Texte du projet de résolution S/2016/302

      Le Conseil de sécurité,

      Guidé par les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies,

      Réaffirmant ses résolutions 1645 (2005), 1646 (2005) et 1947 (2010), rappelant ses résolutions 2171 (2014), 1325 (2000), ses résolutions ultérieures et sa résolution 2250 (2015) ainsi que les déclarations de son président S/PRST/2001/5, S/PRST/2011/4, S/PRST/2012/29 et S/PRST/2015/2, et rappelant les résolutions 69/313, 70/6 et 70/1 de l’Assemblée générale,

      Prenant note du rapport du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies (A/70/95-S/2015/446), du rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (A/70/357–S/2015/682) et du rapport du Secrétaire général en date du 17 septembre 2015 (S/2015/716) présentant les conclusions de l’Étude mondiale sur l’application de la résolution 1325 (2000), et encourageant à y donner suite de manière cohérente et en tirant parti des effets de synergie et des complémentarités,

      Sachant que le développement, la paix et la sécurité et les droits de l’homme sont interdépendants et se renforcent mutuellement,

      Réaffirmant qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales en vertu de la Charte des Nations Unies,

      Profondément préoccupé par le coût humain élevé des conflits et les souffrances que ceux-ci engendrent, et conscient du nombre non négligeable de crises à la fois sécuritaires et humanitaires auquel le monde fait actuellement face, et par le fardeau qui pèse en conséquence sur les ressources du système des Nations Unies,

      Rappelant la détermination des peuples des Nations Unies à préserver les générations futures du fléau de la guerre et rappelant également la volonté d’instaurer une paix juste et durable partout dans le monde conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies,

      Conscient que la préservation de la paix, au sens qui lui donné dans le rapport du Groupe consultatif d’experts, devrait être comprise au sens large comme étant un objectif et un processus tendant à la définition d’une vision commune d’une société, en faisant en sorte que les besoins de tous les groupes de la population soient pris en compte, ce qui suppose des activités permettant de prévenir le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence de conflits, de s’attaquer à leurs causes profondes, d’aider les parties à mettre fin aux hostilités, de veiller à la réconciliation nationale et de s’engager sur la voie du relèvement, de la reconstruction et du développement, et soulignant que la préservation de la paix constitue une tâche et une responsabilité partagées que doivent assumer le gouvernement et toutes les autres parties prenantes nationales, qu’elle devrait être reflétée dans chacun des trois piliers de la stratégie d’engagement des Nations Unies à tous les stades du conflit, et dans toutes ses dimensions, et qu’elle requiert l’attention et l’assistance constantes de la communauté internationale,

      Réaffirmant la responsabilité première des autorités et des gouvernements nationaux pour ce qui est de recenser, de déterminer et de cibler les priorités, les stratégies et les activités axées sur la préservation de la paix et, à cet égard, soulignant que l’ouverture est essentielle à la promotion des processus et des objectifs nationaux de consolidation de la paix si l’on veut faire en sorte que les besoins de tous les groupes de la société soient pris en compte,

      Soulignant que la société civile peut jouer un rôle majeur dans la promotion des efforts qui sont faits pour préserver la paix,

      Rappelant la résolution 70/1 de l’Assemblée générale, intitulée « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », dans laquelle a été adoptée une série complète d’objectifs et de cibles à caractère universel, qui sont ambitieux, axés sur l’être humain et porteurs de changement,

      Soulignant l’importance d’une approche globale de la préservation de la paix, reposant en particulier sur la prévention des conflits et l’élimination de leurs causes profondes, le renforcement de l’état de droit aux échelles internationale et nationale et la promotion d’une croissance économique soutenue et durable, de l’élimination de la pauvreté, du développement social, du développement durable, de la réconciliation et de l’unité nationales, y compris grâce à un dialogue inclusif et à la médiation, de l’accès à la justice et à la justice transitionnelle, de la responsabilité, de la bonne gouvernance, de la transparence des institutions, de l’égalité des sexes et du respect et de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales,

      Conscient que la consolidation de la paix est un processus intrinsèquement politique destiné à prévenir le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence de conflits, et conscient aussi que la consolidation de la paix recouvre un vaste éventail de programmes et de mécanismes politiques et dans les domaines du développement et des droits de l’homme,

      Conscient également que l’adoption d’une approche intégrée et cohérente par les acteurs compétents en matière de politique, de sécurité et de développement, à l’intérieur et à l’extérieur du système des Nations Unies, conformément à leurs mandats respectifs et à la Charte des Nations Unies, est cruciale au regard de la préservation de la paix et essentielle pour ce qui est d’améliorer le respect des droits de l’homme, de promouvoir l’égalité des sexes, d’autonomiser les femmes et les jeunes, de renforcer l’état de droit, d’éliminer la pauvreté, de créer des institutions et de contribuer au développement économique dans les pays en proie à un conflit,

      Se félicitant de l’action menée par la Commission de consolidation de la paix en sa qualité d’organe consultatif intergouvernemental spécialement chargé d’intégrer une approche stratégique dans les initiatives internationales en faveur de la consolidation de la paix et de les rendre cohérentes, et conscient du précieux travail accompli dans le cadre de ses formations et réunions,

      Conscient de la nécessité d’assurer aux initiatives de consolidation de la paix un financement suffisant, prévisible et durable de manière à aider efficacement les pays à préserver la paix et à prévenir le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence de conflits,

      Se félicitant du travail des plus utiles entrepris par le Fonds pour la consolidation de la paix en tant que fonds catalytique commun à décaissement rapide, souple et dont les crédits sont fixés à l’avance, permettant de financer des activités visant à préserver la paix dans les pays touchés par un conflit, et pour ce qui est de promouvoir l’alignement stratégique au sein du système des Nations Unies et entre l’ONU et les institutions financières internationales,

      Conscient de l’importance des partenariats stratégiques, du financement commun et du financement mixte entre les Nations Unies, les donateurs bilatéraux et internationaux, les institutions financières multilatérales et le secteur privé, qui permettent de partager les risques et d’optimiser l’utilité des initiatives de consolidation de la paix, en tenant compte de la nécessité de veiller à la transparence, au principe de responsabilité et à la surveillance de l’utilisation appropriée des fonds,

      Conscient également que l’ampleur et la nature du défi que constitue la préservation de la paix exigent l’instauration de partenariats stratégiques et opérationnels étroits entre les Nations Unies, les autorités nationales et les autres principales parties prenantes, dont les organisations internationales, régionales, et sous-régionales, les institutions financières internationales, les organisations de la société civile, les groupes de femmes, les organisations de jeunes et le secteur privé, qui tiennent compte des priorités et politiques nationales,

      Se félicitant du rôle que jouent les opérations de maintien de la paix dans la mise en œuvre d’une stratégie globale de préservation de la paix et prenant note avec satisfaction de la contribution que les soldats de la paix et les missions de maintien de la paix apportent aux efforts de consolidation de la paix,

      Réitérant que la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales et sous-régionales est cruciale au regard de la prévention du déclenchement, de l’intensification, de la poursuite et de la récurrence de conflits, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies,

      Réaffirmant le rôle majeur que jouent les femmes dans la consolidation de la paix et prenant note du lien important entre, d’une part, la participation pleine et concrète des femmes aux efforts en matière de prévention et de règlement des conflits et de reconstruction et, d’autre part, l’utilité et la viabilité à long terme de ces efforts, et soulignant à cet égard qu’il importe que les femmes participent sur un pied d’égalité à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité, et qu’il faut les associer davantage à la prise des décisions qui intéressent la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix,

      Réaffirmant que les jeunes peuvent jouer un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits et, singulièrement, pour ce qui est de l’efficacité à long terme, de la capacité d’intégration et de la réussite des activités de maintien et de consolidation de la paix,

      1.    Se félicite de la contribution précieuse du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix, intitulée « Défi du maintien de la paix »;

      2.    Insiste sur le fait que pour préserver la paix, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social doivent faire preuve d’un engagement cohérent, durable et coordonné, conformément à leur mandat tel qu’il est énoncé dans la Charte des Nations Unies;

      3.    Réaffirme qu’il importe que les activités de consolidation de la paix soient prises en main et dirigées par le pays concerné, sachant que la responsabilité de la préservation de la paix incombe aussi bien au gouvernement qu’aux autres parties prenantes nationales et, à cet égard, souligne que ces activités doivent être ouvertes à tous de façon à ce que les besoins de tous les groupes de la société soient pris en compte;

      4.    Réaffirme sa résolution 1645 (2005), y compris les fonctions principales de la Commission de consolidation de la paix en tant qu’organe consultatif intergouvernemental, et souligne qu’il importe que celle-ci s’acquitte des tâches suivantes :

      a)    Mobiliser une attention internationale soutenue en faveur de la préservation de la paix, encourager les pays touchés par un conflit à s’engager dans un processus politique et les accompagner dans cette démarche, avec leur accord;

      b)    Promouvoir une approche de la consolidation de la paix qui soit intégrée, stratégique et cohérente, sachant que la sécurité, le développement et les droits de l’homme sont étroitement liés et se renforcent mutuellement;

      c)    Faire le lien entre les principaux organes et les entités compétentes de l’Organisation des Nations Unies en leur donnant des conseils quant aux besoins et aux priorités en matière de consolidation de la paix, compte tenu de leurs compétences et responsabilités respectives;

      d)    Servir de cadre pour réunir tous les acteurs compétents, dans le système des Nations Unies et en dehors, y compris les États Membres, les autorités nationales, les missions et équipes de pays des Nations Unies, les organisations internationales, régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, la société civile, les groupes de femmes, les organisations de jeunes et, s’il y a lieu, le secteur privé et les institutions nationales de défense des droits de l’homme, en vue de leur faire des recommandations et de leur donner des renseignements pour améliorer la coordination de leurs activités, d’adopter de bonnes pratiques en matière de consolidation de la paix, y compris de création d’institutions, et de les mettre en commun, et d’assurer un financement prévisible des activités de consolidation de la paix;

      5.    Encourage la Commission de consolidation de la paix, par le biais de son Comité d’organisation, à réviser son règlement intérieur provisoire en vue d’assurer une continuité de la présidence et de la vice-présidence, d’accorder une plus grande attention à l’évolution de la situation aux niveaux national et régional et de susciter un engagement accru de ses membres, et à envisager la possibilité de diversifier ses méthodes de travail pour accroître son efficacité et sa marge de manœuvre au service de la préservation de la paix, notamment :

      a)    De proposer plusieurs modalités pour ses réunions et travaux en formation pays, à appliquer à la demande du pays concerné, comme le prévoient les dispositions de la résolution 1645 (2005) sur le sujet;

      b)    D’autoriser l’examen de questions régionales et transversales pouvant avoir une incidence sur la préservation de la paix;

      c)    De renforcer les synergies avec le Fonds pour la consolidation de la paix;

      d)    De continuer de profiter de sa session annuelle pour établir une collaboration plus étroite avec les parties concernées;

      6.    Demande de nouveau à la Commission de tenir compte de la question de l’égalité des sexes dans tous ses travaux;

      7.    Invite la Commission de consolidation de la paix à faire le point, dans son rapport annuel, sur les progrès accomplis dans l’application des dispositions de la présente résolution relatives à ses méthodes de travail et à son règlement intérieur provisoire;

      8.    Reconnait qu’il importe d’établir une coordination, une cohérence et une coopération fortes avec la Commission de consolidation de la paix, conformément à sa résolution 1645 (2005), et, à cet égard, compte solliciter régulièrement ses conseils spécifiques, stratégiques et ciblés, les étudier et s’en inspirer, y compris pour ce qui est de prendre en considération la perspective à long terme nécessaire pour préserver la paix lors de la création, de l’examen et de la liquidation du mandat des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales;

      9.    Insiste sur le fait qu’il importe de prendre conseil auprès de la Commission de consolidation de la paix dès qu’un accord important relatif au mandat ou à la transition d’une mission des Nations Unies est conclu entre l’Organisation, un gouvernement ou des autorités nationales ou tout autre partie concernée;

      10.   Souligne qu’il faut resserrer la coopération entre le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix, conformément à leur mandat, notamment mettre en place un dialogue approfondi afin de promouvoir la cohérence et la complémentarité des activités menées par l’Organisation dans les domaines de la paix et de la sécurité, d’une part, et du développement, des droits de l’homme et des secours humanitaires, de l’autre, et encourage la Commission à faire appel aux compétences spécialisées des organes subsidiaires compétents du Conseil économique et social, selon qu’il convient;

      11.   Encourage les États Membres de l’Organisation des Nations Unies qui participent à l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme de considérer la consolidation de la paix sous l’angle des droits de l’homme, selon qu’il conviendra;

      12.   Souligne que l’adoption d’une démarche envisageant la justice transitionnelle sous tous ses aspects, visant notamment à favoriser l’apaisement et la réconciliation, la mise en place d’institutions de sécurité qui soient professionnelles, efficaces et responsables, y compris grâce à la réforme du secteur de la sécurité, et la mise en œuvre de programmes de démobilisation, de désarmement et de réintégration qui soient inclusifs et efficaces et qui assurent la transition de la démobilisation et du désarmement à la réinsertion sont fondamentales du point de vue de la consolidation de la paix et de la stabilité, de la réduction de la pauvreté, de la promotion de l’état de droit, de l’accès à la justice et de la bonne gouvernance, de l’extension de l’autorité légitime de l’État et de la prévention de l’émergence ou de la reprise d’un conflit;

      13.   Est conscient que pour être efficaces, les activités de consolidation de la paix doivent bénéficier du soutien de l’ensemble du système des Nations Unies et, à cet égard, souligne que la conduite d’analyses conjointes et la planification de stratégies efficaces par tous les organismes du système sont importantes du point de vue de leur engagement à long terme dans les pays touchés par un conflit et, le cas échéant, de leur coopération et de la coordination de leur action avec les organisations régionales et sous-régionales;

      14.   Insiste sur le fait qu’une direction efficace et dynamique dans les opérations des Nations Unies peut contribuer à rassembler les organismes du système autour d’une stratégie commune de préservation de la paix et, à cet égard, souligne que pour accroître l’efficacité des principales activités de consolidation de la paix, il faut renforcer la coordination, la cohérence et l’intégration des efforts déployés dans ce domaine, y compris par les missions et les équipes de pays des Nations Unies ainsi que par les acteurs nationaux, régionaux et internationaux du développement;

      15.   Estime qu’il faut revitaliser les travaux du Bureau d’appui à la consolidation de la paix de façon à ce qu’il puisse appuyer la Commission de consolidation de la paix, accroître les synergies avec les autres entités du système des Nations Unies et fournir des conseils stratégiques au Secrétaire général, en tirant parti des compétences spécialisées des organismes des Nations Unies, afin de permettre une action cohérente à l’échelle du système et d’appuyer les partenariats au service de la préservation de la paix, et souligne que le Secrétaire général doit apporter son plein soutien à cette entreprise;

      16.   Considère que le développement est en soi un objectif essentiel et salue l’important concours apporté par le système des Nations Unies pour le développement à la consolidation de la paix, notamment par ses activités de développement économique et d’élimination de la pauvreté, et souligne qu’il convient de continuer à renforcer la coopération et la coordination à cet effet par l’intermédiaire des équipes de pays des Nations Unies sur le terrain ainsi qu’au siège de l’Organisation, compte tenu du mandat de chacun et dans le respect du principe de prise en main des programmes par les pays et des priorités fixées par les pays touchés par un conflit, y compris dans le cadre global des activités opérationnelles de développement de l’Organisation des Nations Unies;

      17.   Prend note de la décision du Secrétaire général de demander au Groupe des Nations Unies pour le développement de faire avancer l’examen des capacités actuelles des organismes, fonds et programmes des Nations Unies et, en particulier, attend avec intérêt les conclusions qui pourront déboucher sur le renforcement des capacités de l’Organisation des Nations Unies en matière de préservation de la paix;

      18.   Souligne qu’il est possible de relever le défi que constitue la préservation de la paix, malgré son ampleur et sa nature, au moyen de partenariats stratégiques et opérationnels étroits établis entre les gouvernements, l’Organisation des Nations Unies et d’autres parties prenantes essentielles, notamment les organisations internationales, régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, les banques de développement, régionales notamment, les organisations de la société civile, les groupes de femmes, les organisations de jeunes et, le cas échéant, le secteur privé, et engage la Commission de consolidation de la paix à examiner les possibilités d’avoir des échanges réguliers et de prendre des initiatives communes avec les principales parties prenantes pour promouvoir une paix durable, y compris dans le cadre de ses sessions annuelles;

      19.   Souligne l’importance des partenariats et de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, notamment l’Union africaine, pour ce qui est d’améliorer la coopération et la coordination en matière de consolidation de la paix, d’accroître les synergies et d’assurer la cohérence et la complémentarité des activités et, à cet égard, demande instamment à la Commission de consolidation de la paix d’organiser régulièrement des échanges de vues avec les organisations régionales et sous-régionales intéressées, et encourage les échanges réguliers, les initiatives conjointes et les échanges d’informations entre le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et les organes compétents des organisations régionales et sous-régionales, telles que la Commission de l’Union africaine;

      20.   Prie le Secrétaire général d’étudier les possibilités de renforcement de la collaboration entre l’Organisation des Nations Unies et la Banque mondiale dans les pays touchés par un conflit en vue :

      a)    D’aider ceux de ces pays qui en font la demande à mettre en place des conditions propices à la croissance économique, à l’investissement étranger et à la création d’emplois, ainsi qu’à mobiliser les ressources nationales et à en faire un usage efficace, dans le respect des priorités nationales et du principe de la prise en main des programme par les pays,

      b)    De canaliser les ressources et de faire coïncider les stratégies nationales et régionales pour mieux servir l’établissement d’une paix durable,

      c)    D’appuyer la création de plateformes de financement élargies rassemblant le Groupe de la Banque mondiale, les donateurs multilatéraux et bilatéraux et les acteurs régionaux de façon à mettre en commun les ressources, à partager et atténuer les risques et à maximiser les résultat en matière de préservation de la paix,

      d)    De rendre possibles et d’encourager des échanges réguliers au sujet des questions prioritaires de consolidation de la paix;

      21.   Souligne qu’il importe que les femmes participent à la prévention et au règlement des conflits, ainsi qu’à la consolidation de la paix, et qu’elles ont un rôle moteur à jouer à cet égard, constate qu’il demeure nécessaire d’accroître la représentation des femmes à tous les niveaux de décision dans les instances et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention et de règlement des conflits, et rappelle qu’il convient de prendre en compte la problématique hommes-femmes dans tous les débats ayant trait à la préservation de la paix;

      22.   Engage le Secrétaire général à promouvoir le rôle des femmes dans la consolidation de la paix, notamment en élaborant des programmes ciblés tenant compte de l’égalité des sexes, en permettant aux femmes de participer plus utilement à la consolidation de la paix, en soutenant les organisations de femmes et en menant des activités de contrôle, de suivi et d’établissement de rapports;

      23.   Demande aux États Membres et aux organes et entités compétents de l’Organisation des Nations Unies d’examiner les moyens d’accroître et de diversifier la participation des jeunes aux efforts de consolidation de la paix grâce à l’élaboration, y compris en partenariat avec le secteur privé s’il y a lieu, de politiques à même de renforcer les capacités et les compétences des jeunes, et à créer des emplois pour les jeunes de manière à contribuer activement à la préservation de la paix et, à cet égard, prie le Secrétaire général et la Commission de consolidation de la paix d’inclure dans leurs recommandations des moyens de faire participer les jeunes à la consolidation de la paix;

      24.   Souligne qu’un financement prévisible et durable des activités de consolidation de la paix des Nations Unies, notamment grâce à l’augmentation des contributions, est nécessaire, de même que le renforcement des partenariats avec les principales parties prenantes, tout en notant l’importance que les contributions non pécuniaires peuvent revêtir pour les activités de consolidation de la paix;

      25.   Se félicite des contributions versées au Fonds pour la consolidation de la paix, prend note des propositions formulées à ce sujet par le Groupe consultatif d’experts dans son rapport et demande instamment à tous les États Membres, y compris les donateurs non traditionnels et les autres partenaires, à envisager de verser des contributions volontaires au Fonds suivant, par exemple, la logique des engagements pluriannuels;

      26.   Considère qu’il importe que les composantes consolidation de la paix des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies reçoivent les ressources dont elles ont besoin, y compris pendant les phases de transition et de retrait, afin de garantir la stabilité et la continuité des activités de consolidation de la paix;

      27.   Souligne qu’il importe d’accroître la mobilisation de ressources destinées à financer les initiatives qui répondent aux besoins particuliers des femmes dans les situations de consolidation de la paix et qui favorisent l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes;

      28.   Prend note de la décision de l’Assemblée générale d’inscrire à l’ordre du jour de sa soixante et onzième session la question intitulée « consolidation et préservation de la paix »;

      29.   Prend note de la décision prise par l’Assemblée générale de tenir, à sa soixante-douzième session, au titre du point de l’ordre du jour intitulé « consolidation et préservation de la paix », une réunion de haut niveau consacrée aux efforts entrepris pour renforcer les activités de préservation de la paix de l’Organisation des Nations Unies et aux perspectives dans ce domaine, à une date et selon des modalités dont le Président de l’Assemblée décidera;

      30.   Prend note de la décision de l’Assemblée générale d’inviter le Secrétaire général à lui rendre compte à sa soixante-deuxième session, soixante jours au moins avant la réunion de haut niveau sur la consolidation et la préservation de la paix, de ce qui a aura été fait pour appliquer la présente résolution, y compris dans les domaines suivants :

      a)    Renforcer la cohérence des politiques et des opérations menées par le système des Nations Unies en faveur de la préservation de la paix, y compris le renforcement de la planification stratégique à l’échelle du système;

      b)    Améliorer, en interne, la force de mobilisation, les capacités et l’application du principe de responsabilité – au Siège comme sur le terrain – pour ce qui est des activités de préservation de la paix;

      c)    Assurer une certaine continuité en ce qui concerne les programmes de consolidation de la paix, les postes de direction et le personnel, selon qu’il conviendra, au fil des différentes phases de l’intervention de l’Organisation des Nations Unies, afin d’améliorer les transitions;

      d)    Renforcer les partenariats entre l’Organisation des Nations Unies et les principales parties prenantes, parmi lesquelles les organisations internationales, régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales et les organisations de la société civile;

      e)    Proposer, pour examen par les États Membres, des mesures destinées à accroître le financement des activités de consolidation de la paix des Nations Unies, à le restructurer et à mieux hiérarchiser les priorités, au moyen notamment de contributions statutaires et volontaires;

      f)    Proposer, pour examen par les États Membres, des mesures destinées à adapter le financement des activités de consolidation de la paix menées par les équipes de pays des Nations Unies et les composantes consolidation de la paix des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, y compris pendant les phases de transition et de retrait;

      g)    Renforcer la capacité de la direction de l’équipe de pays des Nations Unies d’absorber les fonctions de consolidation de la paix après le retrait d’une mission mandatée par le Conseil de sécurité;

      h)    Appuyer la participation des femmes et des jeunes à la consolidation de la paix, y compris par des activités de sensibilisation des parties prenantes nationales, et soutenir les organisations de femmes et de jeunes;

      i)    Revitaliser le Bureau d’appui à la consolidation de la paix;

      31.   Demande qu’un nouvel examen d’ensemble des activités de consolidation de la paix des Nations Unies soit effectué à sa soixante-quatorzième session.

      32.   Décide de rester saisi de la question.

*A/70/95-S/2015/446; **A/70/357–S/2015/682; ***S/2015/716

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Hervé Ladsous prévient le Conseil de sécurité des conditions à mettre en place pour le succès du processus de paix au Soudan du Sud

Conseil de sécurité,
7678e séance – matin
CS/12339

Hervé Ladsous prévient le Conseil de sécurité des conditions à mettre en place pour le succès du processus de paix au Soudan du Sud

La prestation de serment du Premier Vice-Président devrait être suivie par la formation du gouvernement de transition d’unité nationale

La situation au Soudan du Sud est « extrêmement préoccupante », a constaté, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, au moment où M. Riek Machar, qui doit être investi Premier Vice-Président aujourd’hui, vient d’arriver à Juba.  M. Ladsous a prévenu le Conseil de sécurité que, malgré les développements positifs de ces dernières 48 heures et le retour de M. Machar à Juba, il est impératif que les dynamiques politiques et sécuritaires actuellement en cours dans le pays changent rapidement si l’on veut que le processus de paix ait une réelle chance de succès.

Le retour du Premier Vice-Président à Juba devrait ouvrir un nouveau chapitre pour le pays et permettre de commencer véritablement la transition.  M. Machar est arrivé aujourd’hui à Juba à bord d’un avion de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), après l’arrivée du Chef d’état-major de l’APLS en opposition, hier, qui était accompagné de 195 membres du personnel de sécurité.  Il est essentiel, a dit M. Ladsous, que les parties saisissent cette opportunité pour véritablement marquer leur détermination à faire avancer le processus de paix.

Il a loué, à cet égard, les efforts du Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation (JMEC), M. Festus Mogae, du Haut Représentant de l’Union africaine, M. Alpha Omar Konaré, des partenaires régionaux et internationaux, ainsi que de la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Ellen Margrethe Løj, qui ont permis de trouver les compromis nécessaires à la réalisation de cette étape décisive du processus de paix.

M. Ladsous a ensuite identifié deux étapes supplémentaires qui sont primordiales pour le début de la transition: la création du gouvernement de transition et d’union nationale, ainsi que la mise en œuvre complète des arrangements sécuritaires transitoires.  Il a espéré que la formation de ce gouvernement aurait lieu rapidement après l’investiture de M. Machar. 

C’est aussi le vœu qu’a formé le représentant du Soudan du Sud, M. Joseph Moum Malok, en annonçant que la prestation de serment de M. Machar serait suivie par la formation du gouvernement de transition d’unité nationale, « un jour ou deux après des consultations entre les différentes parties dans le pays ».

M. Malok a en effet reconnu la nécessité et l’urgence pour les parties à l’Accord de paix dans son pays de former ce gouvernement.  Malgré les retards, a-t-il assuré, le Gouvernement du Soudan du Sud reste fermement déterminé à mettre pleinement en œuvre l’Accord.  L’investiture de M. Riek Machar en tant que Premier Vice-Président ouvre un nouveau chapitre dans la mise en œuvre de l’Accord.

Alors que nous approchons de la première étape dans la mise en œuvre du processus de l’Accord de paix, nous appelons le Conseil de sécurité à rester saisi de la question, a déclaré M. Malok en saluant l’appui de la communauté internationale.

M. Ladsous a expliqué que la deuxième phase du retour à Juba des membres du personnel de sécurité de l’opposition serait ensuite finalisée et permettrait la mise en route rapide du Centre conjoint des opérations, chargé de coordonner les déplacements de personnel de sécurité dans la capitale et de la police mixte intégrée (JIP), avec le soutien de la MINUSS et des autres partenaires internationaux.

Le Secrétaire général adjoint a averti que le Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité (CTSAMM), même s’il a vérifié le nombre et l’arsenal des forces militaires du gouvernement sur les six positions autorisées par l’Accord à Juba, n’a toujours pas pu inspecter les sites se trouvant à 25 km de la capitale, ni vérifier le redéploiement effectif des personnels militaires et armements de la SPLA.  

Il a donc estimé que la situation en matière de sécurité restait précaire au Soudan du Sud.  Il s’est inquiété, en particulier, des incidents récents entre l’APLS et les groupes armés dans le comté de Wau, dans l’ouest de Bahar El Ghazal, qui ont causé des morts et des déplacements de civils, ainsi que d’autres affrontements au cours des dernières semaines dans les États du Haut-Nil et de l’Unité et dans les régions de l’Équatoria. 

Le Gouvernement, a aussi noté M. Ladsous, a continué d’imposer des restrictions aux déplacements des membres de la MINUSS et du personnel humanitaire, violant ainsi l’Accord sur le statut des forces et empêchant la Mission de protéger au mieux les civils et ses propres locaux.  Il a demandé au Conseil de sécurité d’adresser un message fort tant au Gouvernement qu’à l’opposition pour remédier à cette situation.

M. Ladsous a fait part des résultats de l’enquête préliminaire sur les violences qui ont éclaté, les 17 et 18 février, dans le site de protection des civils de la MINUSS à Malakal: 25 personnes déplacées ont été tuées et 140 autres blessées.  Compte tenu de la gravité de cette crise, le Secrétariat de l’ONU a constitué un Conseil indépendant d’enquête pour élaborer la réponse de la MINUSS.  Le Secrétaire général a également décidé de lancer une enquête spéciale pour examiner tous les facteurs qui ont contribué à la violence et déterminer les responsabilités de chacun, M. Abiodun Oluremi Bashua étant chargé de diriger l’enquête.

Passant à la situation humanitaire, il a regretté sa détérioration importante en termes d’échelle et d’urgence.  Après plus de deux années de conflit et de déclin économique, plus de la moitié de la population sud-soudanaise a besoin d’aide humanitaire, a-t-il souligné avant de s’inquiéter de l’aggravation prévue avec le début de la saison des pluies.  Le Conseil de sécurité doit exiger des parties et de tous les intervenants qu’ils respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme.

La situation relative aux droits de l’homme demeure aussi gravement préoccupante, a mis en garde M. Ladsous.  Il a dénoncé la pratique systématique qui consiste à viser les civils sur la base de leur appartenance ethnique, tout en détruisant leurs logements et moyens de subsistance.  Pour sa part, a-t-il rappelé, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme dénonce le niveau d’atrocités commises.  M. Ladsous a également dénoncé les poursuites pénales qui vont à l’encontre de la liberté d’expression.

Le gouvernement de transition, a-t-il ensuite recommandé, devra s’atteler sans délai aux problèmes relatifs à la gouvernance, au détournement de fonds et à l’état de droit.  Il a averti que le risque d’effondrement de l’économie, lié à la chute des prix du pétrole, ne sera pas écarté tant que le pays ne mènera pas des réformes importantes, ni sans aide internationale.

M. Ladsous a aussi exhorté le Conseil de sécurité, en coordination avec l’Union africaine, à inviter le Président du Soudan du Sud, M. Salva Kiir, à suspendre la mise en œuvre de la décision de créer 28 nouveau États, en estimant que de tels facteurs de conflit devraient être traités conformément à la décision du Sommet de l’ Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et à la position de la Commission mixte de suivi et d’évaluation.

Enfin, il a appelé les parties à se mettre d’accord sur la question de la justice transitionnelle et de la réconciliation nationale, notamment en créant un tribunal hybride dans les délais prévus et en réhabilitant le système national de justice.

Il a conclu en avertissant que le processus de paix au Soudan du Sud était extrêmement fragile, en préconisant des efforts concertés et soutenus, aux plans national, régional et international.  Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, doit travailler en lien étroit avec l’IGAD et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour mobiliser le soutien nécessaire à MM. Mogae et Konaré.

Le Conseil était saisi du rapport du Secrétaire général sur l’assistance technique* fournie à la Commission de l’Union africaine et au Gouvernement provisoire d’union nationale en vue de l’application du chapitre V de l’Accord pour le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, ainsi que du dernier rapport** en date du Secrétaire général sur le Soudan du Sud.

* S/2016/328

** S/2016/341

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission de l’ONU en République centrafricaine jusqu’au 31 juillet 2016

Conseil de sécurité,
7677e séance – matin
CS/12238

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission de l’ONU en République centrafricaine jusqu’au 31 juillet 2016

Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité, ce matin, la résolution 2281(2016), par laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), jusqu’au 31 juillet 2016.   

Le Conseil autorise la MINUSCA à user de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat dans les limites de ses capacités et de ses zones de déploiement.

Il prie le Secrétaire général de procéder à un examen stratégique de la Mission pour s’assurer que le futur mandat de la MINUSCA est « formulé de façon adéquate et adaptée à un contexte de stabilisation post-transition propice aux efforts de consolidation de la paix en République centrafricaine », et de lui présenter des recommandations le 22 juin au plus tard.

Le Conseil de sécurité était saisi du rapport* du Secrétaire général en date du 1er avril 2016 faisant le point sur la situation en République centrafricaine. 

Le Secrétaire général indique, dans ce rapport, son intention de consulter le Gouvernement de la République centrafricaine, une fois qu’il sera formé, sur la base d’un examen stratégique de la Mission, avant de faire toute recommandation au Conseil de sécurité concernant le futur mandat de la Mission.  Il avait donc recommandé que le Conseil de sécurité envisage une reconduction technique du mandat de la Mission en attendant l’entrée en fonctions du nouveau gouvernement.

Le Conseil était également saisi d’un rapport** sur les actions menées du 15 novembre 2015 au 15 mars 2016 par les forces françaises en soutien à la MINUSCA, dans le cadre de l’opération Sangaris.

* S/2016/305

**S/2016/342

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Texte du projet de résolution S/2016/378

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations sur la République centrafricaine, en particulier ses résolutions 2121 (2013), 2127 (2013), 2134 (2014), 2149 (2014), 2181 (2014), 2196 (2015), 2212 (2015), 2217 (2015), 2262 (2016) et 2264 (2016), ainsi que la résolution 2272 (2016), et les déclarations du Président S/PRST/2014/28 du 18 décembre 2014 et S/PRST/2015/17 du 20 octobre 2015,

Prenant note du rapport du Secrétaire général sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) (S/2016/305),

Se félicitant de l’organisation pacifique d’un référendum constitutionnel le 13 décembre 2015 et des élections législatives et présidentielles tenues en décembre 2015 et février et mars 2016, ainsi que de l’investiture du Président Faustin-Archange Touadera le 30 mars 2016,

Conscient que le futur mandat de la MINUSCA doit être adapté aux nouvelles circonstances découlant de la fin de la Transition, et que cela doit se faire en étroite consultation avec les autorités nouvellement élues,

Estimant qu’il est nécessaire, étant donné les circonstances, de proroger pour une courte période le mandat de la MINUSCA, afin de permettre la conduite d’un examen stratégique de la Mission, comme stipulé au paragraphe 4 de la présente résolution,

Constatant que la situation en République centrafricaine constitue toujours une menace contre la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.  Décide de proroger le mandat de la MINUSCA, tel qu’énoncé dans la résolution 2217 (2015), jusqu’au 31 juillet 2016;

2.  Autorise la MINUSCA à user de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat dans les limites de ses capacités et de ses zones de déploiement;

3.  Décide de proroger l’autorisation qu’il a accordée au paragraphe 50 de sa résolution 2217 (2015), à compter de la date d’adoption de la présente résolution jusqu’à la fin du mandat de la MINUSCA, tel qu’autorisé par la présente résolution;

4.  Prie le Secrétaire général de procéder à un examen stratégique de la MINUSCA pour s’assurer, en consultation avec le Gouvernement centrafricain, que le futur mandat de la MINUSCA est formulé de façon adéquate et adaptée à un contexte de stabilisation post-transition propice aux efforts de consolidation de la paix en République centrafricaine, et de lui présenter des recommandations le 22 juin 2016 au plus tard;

5.  Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Trentième Anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl: Plusieurs États demandent l’achèvement de la construction du sarcophage du réacteur numéro 4

92ème séance plénière - matin
AG/11779

Trentième Anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl: Plusieurs États demandent l’achèvement de la construction du sarcophage du réacteur numéro 4

« Tchernobyl n’est pas une histoire du passé, car il est impossible d’anéantir l’impact d’un accident nucléaire », témoigne un survivant

L’Assemblée générale a commémoré ce matin le trentième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, l’occasion pour la douzaine de délégations qui ont pris la parole de rappeler la gravité de ses conséquences et la nécessité d’achever la construction du sarcophage du quatrième réacteur nucléaire de la centrale.

Après avoir fait observer une minute de silence à la mémoire des victimes de la catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril 1986, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, a rappelé que ce fut l’accident le plus grave dans l’histoire de l’énergie nucléaire.  Une énorme quantité d’éléments radioactifs a été déversée sur une grande partie du Bélarus, de la Fédération de Russie et de l’Ukraine, détruisant l’économie essentiellement rurale de la région et entraînant le déplacement de plus de 300 000 personnes, a précisé le Président de l’Assemblée générale.

 Le Secrétaire général adjoint et Chef de cabinet du Secrétaire général, M. Edmond Mulet, qui s’exprimait au nom de M. Ban Ki-moon, a affirmé que ce drame eut de graves conséquences humaines, environnementales et sanitaires pour les pays de la région.

Mais c’est le témoignage de Mme Adi Roche, une ressortissante du Bélarus, qui a travaillé pendant 30 ans dans les régions touchées, qui a ému l’Assemblée générale.  « Il y a trente ans exactement, un nouveau terme, Tchernobyl, est entré dans l’histoire de notre langue, dans l’histoire des catastrophes qui ont marqué le monde », a-t-elle déclaré.  « Tchernobyl n’est pas une histoire du passé, Tchernobyl reste malheureusement pour toujours parce qu’il est impossible d’anéantir l’impact d’un accident nucléaire », a-t-elle dit.

Elle a souligné que l’empreinte radioactive de la catastrophe resterait ancrée à jamais dans le monde et que des millions de personnes en seraient affectées sans compter qu’il est quasiment impossible de prendre toute la mesure de la contamination.  Rendant un vibrant hommage aux secouristes et aux « liquidateurs » qui ont travaillé sur le site dès le lendemain de la catastrophe pour contenir le feu radioactif et la contamination et pour assurer l’évacuation des villes et des villages aux alentours, Mme Roche a comparé le site de Tchernobyl au « Ground Zero » de New York.

C’est ainsi qu’elle a demandé aux Nations Unies de consacrer le 26 avril « Journée de Tchernobyl », pour « renouveler chaque année la volonté commune de trouver de nouvelles façons et de nouvelles initiatives pour alléger les souffrances des personnes et des terres affectées par la catastrophe ».  Elle a aussi insisté sur la nécessité pour l’ONU « d’exercer sa pression pour terminer au plus vite le sarcophage du quatrième réacteur de la centrale et éviter ainsi un autre « Tchernobyl ».

Le représentant de l’Ukraine a également souligné l’importance de convertir l’installation actuelle du réacteur numéro 4 en un système respectueux de l’environnement et d’achever la construction du sarcophage.  La coopération internationale est essentielle à cet effet, a-t-il estimé. 

La représentante des États-Unis a assuré son homologue que son pays appuierait l’achèvement de la construction du nouveau confinement tout en rappelant que le Gouvernement américain avait déjà consacré, depuis 1986, 400 millions de dollars au relèvement après la catastrophe. 

Pour M. Mulet, la catastrophe a provoqué une nouvelle prise de conscience des dangers nucléaires au niveau mondial et, depuis, la communauté internationale s’est unie par des efforts de coopération pour sécuriser les installations nucléaires, comme en témoigne la nouvelle structure qui entoure le site de Tchernobyl, susceptible de le rendre plus sûr du point de vue écologique et sanitaire.

Depuis 1986, a poursuivi M. Mulet, l’ONU a fourni des informations essentielles sur la persistance des effets de la radiation sur les communautés locales, et les connaissances tirées de cette tragédie ont pu bénéficier à d’autres communautés exposées aux risques nucléaires, comme à Fukushima, au Japon. 

Le délégué de la Fédération de Russie a appelé la communauté internationale à trouver collectivement des moyens pour prévenir d’éventuelles autres catastrophes nucléaires.  En Russie, l’amélioration des soins médicaux et de la situation sociale du million de personnes affectées par Tchernobyl, ainsi que la réhabilitation des terres contaminées, reste la priorité.

Selon le représentant du Bélarus, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d'Europe orientale, c’est à cause de la catastrophe de Tchernobyl que la sécurité et la sûreté des installations nucléaires ne cessent d’être améliorées, et que les normes internationales dans ce domaine ont évolué.  Cette catastrophe a encouragé les pays à souscrire à la Convention sur la sûreté nucléaire, puis, après l’accident de Fukushima, à adopter la Déclaration de Vienne, a-t-il rappelé.

 Son homologue de l’Ukraine s’est réjoui du fait que la communauté internationale se concentre désormais sur la protection physique des matériels nucléaires et l’entrée en vigueur de l’Accord sur la sécurité nucléaire le 8 mai 2016.  Cet Accord aidera à réduire les risques d’attaques terroristes contre les centrales nucléaires, a estimé le représentant.  

Les représentants de la République islamique d’Iran, de Malte et de l’Ouganda, qui ont parlé respectivement aux noms du Groupe régional de l’Asie-Pacifique, du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États et du Groupe des États africains, ont mis l’accent sur l’importance de la Décennie du relèvement et du développement durable des régions touchées pour la période 2006-2016 et les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Plan d’action des Nations Unies sur Tchernobyl de 2008. 

Pour le représentant du Bélarus, « la commémoration du trentième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl doit être orientée vers le futur en renforçant les partenariats et la coopération, et en assurant collectivement un monde plus sûr et moins exposé aux risques d’une catastrophe nucléaire.  « En rendant hommage au passé, nous devons regarder vers l’avenir », a-t-il lancé.

À la demande du Secrétaire général, l’Assemblée générale a aussi décidé, ce matin, d’inscrire à l’ordre du jour de sa soixante-dixième session une question additionnelle intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation internationale pour la migration ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: le succès médiatique de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris montre la capacité du DPI à relever les défis

Trente-huitième session,
1re séance – matin
PI/2162

Comité de l’information: le succès médiatique de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris montre la capacité du DPI à relever les défis

Le défi du Département de l’information de l’ONU (DPI), a confié la Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, est de mettre ensemble tous nos actifs et outils pour raconter l’histoire de l’ONU le plus efficacement possible.  La semaine dernière qui fut une semaine très intense en activités, avec la signature de l’Accord de Paris sur le climat, le DPI a prouvé sa force de mieux faire comprendre la mission de l’ONU, a diagnostiqué le Président du Comité de l’information.

Nous vivons dans un monde où les gens consomment l’information d’une manière qui n’a jamais été aussi diversifiée et où les ressources des institutions publiques sont limitées.  Nous devons donc, avec stratégie et créativité, équilibrer le traditionnel et le digital, impliquer un large éventail de partenaires et rechercher les moyens de parler aux auditoires dans les langues qu’ils comprennent.

C’est ainsi que s’est expliquée ce matin la Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, Mme Cristina Gallach, devant le Comité de l’information, qui entamait sa trente-huitième session au Siège de l’ONU à New York.  La haut-fonctionnaire est venue présenter les rapports* sur les activités menées, entre septembre 2015 et février 2016, par le Département de l’information (DPI) et ses trois fers de lance: les Divisions de la communication stratégique*, de l’information et des médias** et de la sensibilisation du public***.

Cette vision stratégique et intégrée de la communication et de l’information, dont Mme Gallach a vanté les mérites, a trouvé à s’illustrer vendredi dernier à l’occasion de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris sur le climat par 175 États –un « record », avait dit le Secrétaire général de l’ONU–.  Le Département a œuvré à mieux sensibiliser l’opinion publique à l’urgente nécessité de ratifier et de mettre en œuvre l’Accord et à la manière dont l’action sur le climat influe sur la plupart des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est félicitée Mme Gallach, en invoquant les plus de 8 000 articles de presse parus dans le monde entier dans la foulée de cet évènement.

La force du Département de présenter un tableau complet des activités de l’ONU sur les droits de l’homme, le développement et la paix et la sécurité s’est vue dans ses productions quotidiennes à l’intention des médias, de la société civile, des États Membres et du grand public, a confirmé le Président du Comité de l’information, M. Kaha Imnadze, de la Géorgie.

La cérémonie de signature n’était que la consécration d’une « véritable approche multidimensionnelle » qui a débuté, a expliqué la Secrétaire générale adjointe, il y a plusieurs mois, avec la recherche des partenaires les plus adéquats, des radios aux chaînes télévisuelles, en passant par les autres médias.

Faire en sorte que les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris sur le climat soient connus et commencent à être mis en œuvre dans le monde entier n’est qu’un des trois axes sur lesquels a œuvré sans relâche le DPI au cours de la période à l’examen, a poursuivi Mme Gallach.  Les deux autres?  « Mieux sensibiliser l’opinion publique à la nécessité d’une approche globale humaine et coordonnée pour répondre aux vastes mouvements de réfugiés et de migrants; et expliquer et rendre visible le travail plus large de l’ONU et son impact au moment où nous nous dirigeons vers une transition dans le leadership de l’Organisation », a-t-elle précisé, en faisant référence à l’arrivée d’un nouveau Secrétaire général en janvier 2016.

Soulignant à quel point les thèmes retenus par le DPI sont étroitement liés entre eux « et se renforcent mutuellement », Mme Gallach a indiqué que l’agenda actuel du Département peut être vu comme « une seule et même histoire ».  Les prochains chapitres sont déjà en préparation dont le Sommet humanitaire mondial à Istanbul fin mai.

Émissions radio, articles du Centre d’actualités, retransmission du Webcast et mobilisation des médias sociaux comme Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat ou encore YouTube: la multiplicité des produits proposés par le DPI ne l’empêche pas de garder pour « fil conducteur » le multilinguisme.  « L’objectif est d’assurer une couverture équitable dans toutes les langues officielles, bien que la faculté de le faire soit limitée par les ressources », a nuancé Mme Gallach.

Parmi les 10 membres du Comité qui sont intervenus aujourd’hui, beaucoup ont exprimé leur préoccupation devant la disparité persistante entre les six langues officielles de l’ONU, en particulier sur le site Internet de l’ONU et dans les communiqués de presse.  Au nom du Groupe des Amis de l’espagnol, la représentante du Mexique a rappelé que l’espagnol est la deuxième langue dans laquelle le site Web est le plus consulté et a demandé des données ventilées par langue officielle. 

Elle a promis de toujours appuyer les efforts du Département pour élaborer une stratégie avec d’autres Départements en vue de produire des communiqués de presse dans toutes les langues officielles « sans coûts supplémentaires ».

Madame Gallach ayant en effet rappelé que l’Assemblée générale n’a pas approuvé les postes supplémentaires que le DPI demandait pour le multilinguisme, le Président du Comité s’est demandé si les États font vraiment tout ce qu’il faut pour obtenir de ceux qui sont chargés des questions budgétaires un appui à la mise en œuvre de leurs décisions?  Il a dit voir du « populisme » dans les résolutions que le Comité remplit d’attentes sans pour autant évaluer la capacité du DPI de les réaliser.  Il a espéré pour cette année une résolution pratique que les délégations seront prêtes à défendre dans leur mission permanente.

Le Comité de l’information poursuivra son débat général demain, mercredi 27 avril, à 10 heures.

*A/AC.198/2016/2; **A/AC.198/2016/3; ***A/AC.198/2016/4

OUVERTURE DE LA SESSION

Déclarations

M. KAHA IMNADZE, (Géorgie), Président du Comité de l’information, a déclaré que pas plus loin que la semaine dernière qui fut une semaine très intense en activités, le Département de l’information (DPI) a prouvé sa force de mieux faire comprendre la mission de l’ONU.  Cette force de présenter un tableau complet des activités de l’ONU sur les droits de l’homme, le développement et la paix et la sécurité s’est vue dans ses productions quotidiennes à l’intention des médias, de la société civile, des États Membres et du grand public.  Cette force, a ajouté le Président, s’est vue dans son recours accru aux médias sociaux et aux multimédias, pour attirer l’attention du « citoyen ordinaire » dans les pays développés et en développement.  Cette force s’est vue dans les livres, la bibliothèque virtuelle, « I-Library » et les Centres d’information.

Il y a de quoi être fier et pourtant quelque chose manque, a avoué M. Imnadze.  Le Comité de l’information, s’est-il expliqué, attend légitimement du DPI une stratégie de communication robuste et réalisable.  Mais, s’est-il demandé, ne serait-il pas juste que le DPI attende à son tour du Comité un plan de travail intégré, robuste et réalisable?  Le Président a dit voir du « populisme » dans des résolutions que le Comité remplit d’attentes sans pour autant évaluer la capacité du DPI de les réaliser.  Le Comité, a tancé le Président, doit se demander si le but de ses résolutions est d’être tout simplement « politiquement attrayantes » mais irréalisables.  Le Comité fait-il vraiment tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir de ceux qui sont chargés des questions budgétaires un appui à la mise en œuvre de ses décisions?  Pour illustrer son propos, le Président a invoqué le paragraphe 22 de la dernière résolution sur les « Questions relatives à l’information » qui souligne l’importance qu’il y a à utiliser toutes les langues officielles de l’ONU, en veillant à ce que tous les bureaux du Département les traitent sur un pied d’égalité et en demandant au Secrétaire général de faire en sorte que le Département en ait les moyens.  Le DPI, a rappelé le Président, a fait des propositions budgétaires pour appliquer cette résolution, mais elles n’ont pas été approuvées.  Il a plaidé pour une plus grande cohérence dans les mandats et pour davantage de consultations entre le Comité et ceux qui sont impliqués dans la mise en œuvre des résolutions.  Il a espéré pour cette année une résolution pratique que les délégations seront prêtes à défendre dans leur mission permanente.

Mme CHRISTINA GALLACH, Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’infirmation, a déclaré que le Département avait mis l’accent sur trois domaines principaux: faire en sorte, grâce aux moyens de communication, que les objectifs de développement durable – y compris l’Accord de Paris sur le climat, soient connus et commencent à être mis en œuvre dans le monde entier; mieux sensibiliser l’opinion publique à la nécessité d’une approche globale humaine et coordonnée pour répondre aux vastes mouvements de réfugiés et de migrants; et expliquer et rendre visible le travail plus large de l’ONU et son impact au moment où nous nous dirigeons vers une transition dans le leadership de l’ONU.  Nous nous efforçons, a insisté la Secrétaire générale adjointe, de refléter les priorités des États Membres et de l’Organisation en général au cours d’une année qui doit être l’année de l’action et de la mise en œuvre, à commencer par le développement durable. 

Tous ces thèmes, a-t-elle dit, sont étroitement liés entre eux.  Le Département œuvre non seulement à sensibiliser l’opinion publique à ces questions mais aussi à montrer comment ils se renforcent mutuellement.  L’agenda de cette année peut être vu comme une « même histoire » dont les échéances offrent une chance de communiquer.  Parmi ces échéances, la Secrétaire générale adjointe a cité le Sommet humanitaire mondial à Istanbul le mois prochain; la quatorzième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à Nairobi en juillet; le Sommet sur la réponse aux vastes mouvements de réfugiés et de migrants à New York en septembre; et la troisième Conférence internationale sur les établissements humains (Habitat III) à Quito en octobre.  Un autre effort majeur du Département pour sensibiliser l’opinion publique à l’agenda du développement durable aura lieu le mois prochain, avec la soixante-sixième Conférence annuelle DPI/ONG à Gyeongju, en République de Corée, du 30 mai au 1er juin, sur le thème « Éduquer le citoyen du monde: Réaliser les objectifs de développement durable ».

Le défi du Département, a déclaré Mme Gallach, consiste à mettre ensemble tous nos actifs et outils pour raconter l’histoire de l’ONU le plus efficacement possible.  « Nous vivons dans un monde où les gens consomment l’information d’une manière jamais autant diversifiée où les ressources des institutions publiques sont limitées.  Nous devons donc penser, avec stratégie et créativité, pour équilibrer le traditionnel et le digital, maintenant que nous impliquons un large éventail de partenaires et recherchons les moyens de parler aux auditoires dans des langues qu’ils comprennent. 

Comment le faisons-nous?  En coordonnant la manière de faire passer les messages avec tout le système de l’ONU et les principaux partenaires extérieurs, a expliqué la haute fonctionnaire.  Le Département crée et partage régulièrement des dossiers de presse, des vidéos et autres contenus numériques avec les collègues du système de l’ONU, dans une plateforme de partage en ligne.

Grâce à une série de sessions abordable de vidéoconférences WebEx, a relevé Mme Gallach, les collègues du DPI au Siège et sur le terrain discutent de la promotion des objectifs de développement durable au niveau des pays et ont mis en contact des experts à New York avec des journalistes dans le monde entier pour qu’ils puissent mieux rendre compte des activités de l’ONU.  Notre réseau mondial de 63 Centres d’information des Nations Unies a joué un rôle de chef de file avec les équipes de pays des Nations Unies pour faire connaître les objectifs aux communautés locales et montrer leur pertinence.  Les Centres ont traduit les objectifs et leurs icônes dans au moins 45 langues locales, de l’afrikaans à l’arménien, en passant par l’allemand, le grec, le hausa ou encore le sotho.

Les Centres se sont embarqués dans des partenariats et initiatives novateurs au Sénégal, en Argentine, en Égypte, à Madagascar, au Liban ou encore au Mexique.  L’universalité du Programme à l’horizon 2030 signifie que le développement durable fait partie intégrante de toutes nos activités.  Vendredi dernier, par exemple, le Département a œuvré à mieux sensibiliser l’opinion publique sur l’urgente nécessité de ratifier et de mettre en œuvre l’Accord de Paris et sur la manière dont l’action sur le climat influe sur la plupart des 17 objectifs de développement durable, a indiqué la Secrétaire générale adjointe.  Ce fut, selon elle, une véritable approche multidimensionnelle qui a débuté, il y a plusieurs mois, avec la recherche des partenaires les plus adéquats, des radios, des chaînes télévisuelles et autres médias.  Il s’agissait aussi de créer un contenu multilingue et multimédia original.

Alors que 175 pays signaient l’Accord de Paris, plus de 8 000 articles de presse paraissaient pendant la semaine dans le monde entier.  Rien que sur le réseau social Snapchat, pas moins de 1,4 million de personnes ont vu les « snaps » de l’ONU vendredi.  En ce moment, le Département travaille en étroite collaboration avec les autres bureaux et Départements de l’ONU pour sensibiliser l’opinion publique aux efforts de l’Organisation pour trouver une solution durable et mutuellement acceptable aux vastes mouvements de réfugiés et de migrants.  Le Sommet ayant lieu en septembre, le Département fera pendant toute l’année la promotion des questions que ledit Sommet examinera.  Il est en train de mettre en place sur le Web une présence unique et multilingue pour principaux documents de l’ONU sur la question.

Au DPI, le multilinguisme est un « fil » qui relie tout ce que nous faisons, a affirmé la Secrétaire générale adjointe.  Nos nouvelles platesformes d’information, y compris la Radio, le Centre d’actualités, le Webcast et les réseaux sociaux, fonctionnent dans plusieurs langues.  L’objectif est d’assurer une couverture équitable dans toutes les langues officielles, bien que la faculté de le faire soit limitée par les ressources.  Le projet de budget-programme du Secrétaire général pour l’exercice biennal 2016-2017 comprenait une demande de postes linguistiques supplémentaires pour les réseaux sociaux, le Webcast et ailleurs.  L’Assemblée générale, a-t-elle rappelé au Comité, a décidé de ne pas approuver ces postes même si elle a approuvé des ressources non liées à des postes pour le multilinguisme.

« Le DPI continue de réfléchir à des moyens de maximiser la portée et l’impact du multilinguisme », a assuré Mme Gallach, qui a par exemple parlé des partenariats avec les États Membres et les instituts d’enseignement pour créer, traduire et adapter les productions dans plusieurs langues. 

Quelle qu’en soit la langue, les réseaux sociaux de l’ONU continuent de gagner en popularité.  Par exemple, les vœux du Secrétaire général pour le Nouvel An chinois ont été vus plus d’un milliard de fois sur diverses platesformes combinées, a relevé Mme Gallach.  Le compte Twitter de l’ONU en anglais vient de franchir le cap des sept millions d’abonnés.  De fortes augmentations ont également été enregistrées sur les pages de l’ONU sur YouTube, Facebook et Instagram.  De nouvelles platesformes du Département font aussi un usage croissant des nouvelles technologies, avec des infographies, des vidéos intégrées, des photos et autres outils numériques disséminés dans les articles et messages diffusés sur les réseaux sociaux.  Le DPI a également lancé des podcasts, y compris cette année sur les réfugiés et les migrants.

Alors que les téléchargements de programmes audio ont augmenté dans toutes les langues au cours de l’année écoulée, avec une croissance moyenne de 9%, le contenu multimédia devient aussi de plus en plus populaire, a expliqué la Secrétaire générale adjointe.  Ainsi, un clip vidéo en arabe sur les réfugiés, produit par la Radio des Nations Unies, a été vu plus de 200 000 fois.  UNifeed, qui fournit des programmes « prêt-à-diffuser » aux chaînes de télévision du monde entier, connait également une hausse de popularité.  Ses reportages ont été utilisés plus de 7 000 fois en janvier dernier, soit une croissance de 74% par rapport à janvier 2015.

La haut-fonctionnaire a souligné que le travail du DPI œuvre dûment sur les trois piliers de l’ordre du jour de l’ONU.  Son effort de communication s’étend à la grave question de l’exploitation et des abus sexuels.  En collaboration avec les Départements des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions, et avec le Coordonnateur spécial sur l’amélioration de la réponse de l’ONU à cette question, le DPI prend des mesures immédiates pour expliquer et faire connaître le plus largement possible l’action de l’ONU pour prévenir ces abus, pour enquêter sur les allégations dès qu’elles sont connues, pour traduire les auteurs en justice et pour offrir des conseils et d’autres formes de soutien aux victimes.  Le DPI travaille aussi avec les opérations de maintien de la paix pour mieux sensibiliser leur personnel et les populations locales à la politique de « tolérance zéro » du Secrétaire général.  Du personnel de DPI a été déployé en République centrafricaine pour contribuer à la communication de la Mission sur cette question. 

Le Département cherche activement à élargir ses partenariats avec le monde des créatifs afin de sensibiliser davantage encore aux activités l’ONU et à amplifier ses messages clefs.  Les collaborations avec des productions cinématographiques et télévisuelles offrent la possibilité de toucher un large public à travers le monde, qui autrement ne serait pas informé de ce que fait l’Organisation.  À cette fin, le Département travaille avec des sociétés de production aux États-Unis qui créent une série télévisée intitulée « In Harm’s Way », qui racontera des histoires vraies de collègues de l’ONU sur le terrain.  Le tournage devrait commencer au début de l’année prochaine.

La Secrétaire générale adjointe a conclu sur les activités du DPI liées à la jeunesse, l’initiative « Impact universitaire », les partenariats avec le monde de l’édition pour créer des contenus sur les objectifs de développement et toucher une audience encore plus large, le lancement de la « iLibrary » et de l’action pour la liberté de la presse, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’elle vient d’approuver la « première politique d’examen officielle du Département » pour mettre à jour la façon dont le DPI procède à ses évaluations et les rendre conformes aux normes en vigueur dans le système des Nations Unies.  Cette politique s’applique déjà à l’évaluation de la campagne « 2015: Année d’action mondiale pour les peuples et la planète » et s’appliquera à la toute première Stratégie du DPI sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes (2016-19).  

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a salué les activités que le DPI a menées en 2015, en partenariat avec les gouvernements, le monde universitaire et la société civile, pour organiser les manifestations et activités liées au soixante-dixième anniversaire de l’ONU.  Il s’est également réjoui des campagnes de communication et de sensibilisation, à travers divers médias, sur la question du développement durable, en particulier le Sommet sur l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et celui sur les changements climatiques.  Le représentant a encouragé DPI à continuer de promouvoir, par ses campagnes, les décisions et accords clefs de la communauté internationale, y compris sur le développement durable, la décolonisation, le dialogue entre les civilisations et la culture de la paix, tout comme l’initiative sur un monde contre la violence et l’extrémisme violent, le maintien de la paix, le désarmement, l’éradication de la pauvreté et les changements climatiques.

Poursuivant, M. Plasai a avoué être toujours préoccupé par la disparité entre les langues officielles dans les matériels et plateformes d’information, y compris les campagnes menées sur les médias sociaux.  Il a encouragé le DPI à intensifier ses efforts pour réduire le fossé entre les langues officielles sur les sites Internet de l’Organisation et prioritairement, de définir une stratégie pour publier les communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles de l’ONU, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  

Le représentant a réitéré son appui aux Centres d’information des Nations Unies qui diffusent les informations relatives au travail des Nations Unies dans les langues locales.  Il a appelé le DPI à continuer d’appuyer ces Centres et de renforcer leur personnel et leurs équipements.

S’il a reconnu le potentiel des médias sociaux pour amplifier considérablement les messages de l’ONU auprès des audiences les plus larges possibles et pour améliorer les interactions avec l’ONU, notamment avec les jeunes, le représentant a néanmoins réclamé le maintien des médias traditionnels, comme la télévision, la radio et la presse écrite, parce qu’ils demeurent le premier moyen de s’informer dans les pays en développement.  

Il a aussi souligné que les technologies de l’information et des communications, y compris les médias sociaux, risquent d’être mal utilisées voire abusées.  Les informations fausses et biaisées peuvent avoir un impact négatif sur les nations et leurs citoyens.  Le représentant a donc voulu que le recours à ces technologies soit pleinement compatible avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies, du droit international, en particulier les principes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, et les règles internationalement agréées de coexistence civiles entre États.

En conclusion, M. Plasai n’a pas manqué de souligner l’importance du Programme spécial d’information sur la question de Palestine et de saluer le Programme annuel de formation des journalistes palestiniens dont il a réclamé la poursuite.

M. GERTON VAN DEN AKKER, Union européenne, a prévenu qu’au cours de cette session, l’UE va particulièrement focaliser son attention sur les questions qu’elle juge importantes.  Il a cité la recherche de moyens innovants pour rationaliser l’administration et pour utiliser des moyens abordables de communication directs entre le Siège et les bureaux sur le terrain et éviter ainsi les chevauchements tout en maximisant la sensibilisation de l’opinion publique.  Le représentant a aussi cité l’amélioration de la fourniture des programmes, à la fois sur des plateformes digitales que traditionnelles et grâce à des partenariats renforcés avec les acteurs internationaux et locaux, particulièrement les équipes pays de l’ONU.  Il a également cité l’identification de publics qu’on n’a jamais touchés, avec un accent particulier sur les jeunes et les questions des droits de l’homme.  Le représentant a poursuivi en citant le développement d’alliances stratégiques avec la société civile, le monde universitaire, les fondations, le secteur privé et les institutions culturelles qui peuvent être des facilitateurs influents pour les messages de l’ONU.  Il a, dans ce cadre, mis l’accent sur le rôle des Centres régionaux d’information des Nations Unies, en particulier le Centre régional de Bruxelles qui ne cesse d’élargir son impact, dans les limites des ressources existantes, en mettant en œuvre une stratégie innovante de communication.  À ce jour, le site Web du Centre est en 13 langues, y compris trois langues officielles de l’ONU. 

Le représentant a souligné que le multilinguisme est prioritaire pour l’UE et ses États Membres où sont parlées 24 langues officielles et deux fois plus de langues régionales et minoritaires.  Il a indiqué que le multilinguisme est essentiel si l’ONU veut réussir à informer tous les citoyens du monde sur les actions qu’elle entreprend, faire preuve de responsabilité, de transparence et de contrôle, et assurer la pérennité de ses activités.  Le multilinguisme est également vital dans un système multilatéral efficace, a—t-il noté, se disant convaincu que l’extraordinaire diversité linguistique du personnel du Secrétariat permet au DPI de mieux accomplir son mandat de la manière la plus économique et la plus efficace possible. 

Le représentant a conclu sur la liberté d’opinion et d’expression, « une autre priorité pour l’Union européenne ».  Il est, a-t-il souligné, de la responsabilité collective de la communauté internationale de mettre un terme aux risques qu’encourent les journalistes et ne traduire en justice leurs assassins.  Les attaques contre les journalistes et les gens des médias sont des attaques contre la pierre angulaire de nos sociétés et visent les droits de l’homme et les libertés et valeurs fondamentales qui sont au cœur même de l’UE, de ses membres et des Nations Unies, à savoir la solidarité, la liberté, la tolérance et la dignité humaine.  Le représentant a remercié l’ONU, y compris le DPI, de braquer tous les ans les projecteurs sur la Journée mondiale de la liberté de la presse et la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.  

Les questions liées à l’information doivent respecter les normes du droit international et la Charte des Nations Unies, a souligné M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).  La CELAC reconnaît les efforts déployés par le DPI pour promouvoir les objectifs et les activités de l’ONU.  Elle insiste sur le rôle du Comité de l’information dans la création d’un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication plus juste et plus efficace.

Préoccupé par le fossé numérique qui ne cesse de se creuser entre les pays développés et en développement, le représentant a jugé important de continuer à utiliser les méthodes traditionnelles pour transmettre les messages de l’Organisation, à savoir la radio, la télévision et la presse écrite.  Il a encouragé le Secrétaire général et le DPI à renforcer leur appui aux Centres d’information des Nations Unies.  Il a cité la Déclaration spéciale sur les processus de gouvernance d’Internet adoptée par les chefs d’État et de gouvernement lors du troisième Sommet de la CELAC, qui s’est tenu en janvier 2015 au Costa Rica.  La CELAC, a poursuivi le représentant, s’inquiète des violations des fréquences radio et dénonce une utilisation d’Internet contraire au droit international.

M. Cortorreal a longuement défendu le multilinguisme.  Il a jugé essentiel que l’information soit disséminée dans le plus grand nombre de langues possibles, y compris le portugais et les langues autochtones, et par les médias classiques comme la radio.  À cet égard, il a déploré que les communiqués de presse quotidiens ne soient toujours pas publiés dans les six langues officielles de l’ONU, conformément au principe de parité, réaffirmé dans les deux résolutions de l’Assemblée générale sur l’information.  Les langues officielles doivent être traitées équitablement dans toutes les activités de toutes les Divisions du DPI, afin d’éliminer la disparité avec l’anglais, a-t-il ajouté.

La CELAC demande au Secrétaire général de faire en sorte que le DPI puisse mener ses activités dans toutes les langues officielles, et que cela se reflète dans les futures propositions de budget-programme pour le Département, a insisté le représentant.  Il a souhaité que les ressources financières et en personnel soient dûment réparties en fonction des six langues.  Il a salué les efforts entrepris par le Groupe des Amis de l’espagnol aux Nations Unies (GAE).         

Au nom du Groupe des Amis de l’espagnol, Mme LORENA ALVARADO QUEZADA (Mexique) s’est déclarée convaincue de l’importance du multilinguisme dans le travail du Département de l’information.  Les chiffres pour l’année 2015 nous confortent dans l’idée de préserver la parité linguistique, a-t-elle dit.  En ce qui concerne les pages du site Internet, le trafic a augmenté par rapport à 2014, et « l’espagnol ne fait pas exception ».  Sur 60 millions de sessions, 32 millions étaient en anglais et 15 en espagnol.

Si elle s’est félicitée de la création de nouveaux portails, la représentante s’est toutefois dite préoccupée par la baisse des « capacités structurelles » pour créer des contenus hispanophones.  Il est important que chaque campagne conçue par le Département prenne en compte la problématique du multilinguisme dès la phase de planification.  Un « hashtag » doit être envisagé pour chacune des langues, a poursuivi Mme Alvarado.  Alors que le site Web des Nations Unies en espagnol est le deuxième le plus consulté, avec 25% des visites totales, elle a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour présenter davantage de contenus dans cette langue.  Si elle a salué les efforts déployés en ce sens par le DPI, elle a plaidé pour la diffusion de données ventilées dans les six langues officielles.  « La parité doit prévaloir dans tous les contenus, traditionnels et numériques, et nous devons agir dans le respect du principe de l’équité et venir à bout des problèmes de ressources », a préconisé la représentante.

En ce qui concerne les communiqués de presse quotidiens, a-t-elle poursuivi, ils doivent être disponibles en espagnol.  Elle a relevé que le mandat impose au DPI de produire les communiqués dans toutes les langues officielles.  Elle a regretté qu’en 2015, l’Assemblée générale n’ait pas approuvé les ressources demandées à cette fin et a promis d’appuyer les efforts du Département pour élaborer une stratégie avec les autres Départements en vue de produire des communiqués de presse dans toutes les langues officielles « sans coûts supplémentaires ».  Le moment est venu de revoir notre modus operandi pour offrir des infos stratégiques, a poursuivi Mme Alvarado, en soulignant que, même dans les limites des ressources budgétaires, il est possible d’agir.  Elle a par exemple suggéré de reprendre les pratiques optimales sur le Web et de travailler avec des points focaux pour faire en sorte que chaque langue devienne le point focal de certaines questions.  Nous souhaitons défendre le multilinguisme, et le fait que rien ne se fasse au détriment des autres langues officielles, a assuré la représentante mexicaine.

Au nom du Groupe francophone de New York, un groupe de 80 pays membres de la Francophonie dont 77 sont Membres des Nations Unies, M. ÉRIC TIARÉ (Burkina Faso) a rappelé que son Groupe a été à l’initiative, en 1990, de l’inscription à l’ordre du jour de la plénière de l’Assemblée générale d’un point sur le multilinguisme, en juste reconnaissance de la nature transversale de cette question.  Il a estimé que le multilinguisme n’est que le corolaire du multilatéralisme, rappelant ainsi que ce principe est d’ailleurs inscrit dans la Charte des Nations Unies qui fait également foi en cinq autres langues.  « Le multilinguisme est aussi le garant du respect de la diversité culturelle et linguistique dans les organisations internationales, de la participation du plus grand nombre aux débats et de l’égalité souveraine des États », a-t-il expliqué.  Il a de ce fait invité tous les Départements du Secrétariat de l’ONU à intégrer le multilinguisme dans l’ensemble de leurs activités d’information et de communication, et de chercher chaque jour à élargir leur public.

Il a ensuite souligné que les nouvelles technologies de l’information et des communications, y compris l’Internet mobile, représentent des opportunités inestimables pour l’ONU d’élargir son rayon d’action et la portée de son message.  Il a tout de même estimé que pour ne laisser personne sur le côté, il importe de continuer d’accorder une attention particulière aux peuples du monde qui restent à l’écart des circuits de l’information, et pour qui les moyens traditionnels de communication gardent toujours leur pertinence.  Le représentant a enfin salué la collaboration fructueuse entre le Groupe francophone de New York et le DPI.

M. MARTÍN GARCIA MORITÁN (Argentine) a déclaré que le multilinguisme devait être réaffirmé dans toute l’Organisation.  Il s’est félicité de ce que l’espagnol reste une des premières langues des usagers du site Web de l’ONU, avec 25% des sessions et 28% des utilisateurs.  Il a donc plaidé pour la diffusion de données ventilées par langue.  Il a fait part de ses inquiétudes devant la disparité des langues officielles dans la création des contenus, sans égard pour le mandat du DPI.  Le représentant a regretté que les ressources demandées en 2015 n’aient pas été approuvées pour la création de postes supplémentaires.  Lui aussi a plaidé pour la parité dans les communiqués de presse, exhortant le DPI à redoubler d’efforts pour trouver les moyens de les diffuser dans les six langues officielles.  M. Moritan s’est dit préoccupé par les tentatives de faire un lien entre cette question et celle des ressources existantes, étant donné que l’Assemblée générale s’est prononcée sur cette question.  Il s’est félicité de la montée en puissance des réseaux sociaux, au sein desquels le multilinguisme doit être garanti en utilisant différents hashtags pour chaque langue.

M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a salué les efforts du DPI pour sensibiliser le monde sur l’importance des objectifs de développement durable.  Il a aussi salué les efforts du DPI pour vulgariser le travail des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il s’est réjoui des programmes de la Radio des Nations Unies en hindi, en bengali et en ourdou, qui permettent ainsi de sensibiliser le public indien sur le travail des Nations Unies.  Il a appelé à la création d’un centre d’information des Nations Unies en Inde, avant de saluer le renforcement de la présence de l’ONU dans les médias sociaux.  Il a encouragé le DPI à communiquer avec les jeunes, en particulier sur les objectifs de développement durable.

M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a déclaré que la promotion du multilinguisme est une préoccupation persistante, en particulier au regard de l’écart dans l’utilisation de toutes les langues officielles des Nations Unies.  Il ne s’agit pas d’une question de fierté nationale ou de « rhétorique » mais d’une question d’information du public sur l’important travail de l’Organisation dans divers domaines, a assuré le représentant.  Il a voulu que les efforts déployés par le Département grâce à son programme sur la question de Palestine se poursuivent.

Pour M. ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba), toute stratégie de communication et d’information doit « s’ajuster aux réalités de chaque audience ».  Le message diffusé doit être accessible à tous, sans barrière de la langue et sans fossé numérique.  La défense du multilinguisme et de la parité entre les six langues officielles de l’ONU représentent une tâche cruciale pour le DPI.  Dans cet esprit, le représentant a salué les travaux du Groupe des Amis de l’espagnol et noté que la page en espagnol du site Web des Nations Unies est la deuxième page la plus visitée, et celle du Centre des nouvelles, la troisième place.  Le représentant a prévenu que les nouvelles technologies de l’information et des communications ne se sont pas encore substituées aux médias traditionnels.  Il faut trouver un équilibre avec les nouveaux médias pour toucher tout le monde.  De même, il a prôné un équilibre dans les campagnes d’information sur les questions prioritaires de l’ONU.  Le DPI, a-t-il jugé, doit rester centré sur l’élimination du colonialisme et d’autres formes d’occupation étrangère, comme la cause palestinienne.  Par ailleurs, il a dénoncé « l’agression radiophonique et télévisuelle permanente des États-Unis contre Cuba » et la manipulation de l’information pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États.   

M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran), a mis en avant le rôle du Département de l’information.  « La voix de l’Organisation » qui a pour mission de promouvoir une image positive de l’ONU et ce, de manière impartiale.  Il a encouragé le Département à communiquer sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et sur la réforme de l’ONU, l’éradication de la pauvreté et l’initiative de l’Assemblée générale pour un monde sans violence et sans extrémisme violent, une initiative proposée par le Président iranien lors de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale.  Le représentant est également revenu sur une autre initiative proposée par l’Iran, à savoir le dialogue entre les civilisations, et appelé le Département à inclure ces deux initiatives dans ses campagnes mondiales de communication.  En outre, le représentant s’est dit d’avis que le Département a la responsabilité d’informer le public sur l’impact négatif de l’occupation de la terre de Palestine et de l’embargo imposé à des millions de Palestiniens.  S’agissant des Centres d’information de l’ONU, le représentant a estimé que leur rôle essentiel est de diffuser les messages de l’ONU sur le terrain.  Il faut par conséquent, selon lui, leur donner plus de moyens, en particulier dans les pays en développement.

Mme YUMAIRA COROMONTO RODRÍGUEZ SILVA (Venezuela) a salué les activités menées par le DPI pour le soixante-dixième anniversaire de l’ONU.  Elle a appelé à combler la fracture numérique entre pays du Sud et ceux du Nord, étant donné que les technologies de l’information et des communications constituent un outil précieux de promotion de la paix et du développement.  La représentante a aussi félicité le DPI pour les campagnes lancées à travers le monde sur les droits de l’homme et la lutte contre le virus Ebola.  Elle a souhaité une campagne de la même ampleur sur le virus Zika qui se propage en Amérique latine et centrale, et dans les Caraïbes.  La représentante a également salué la coopération entre le DPI et le Département des opérations de maintien de la paix et a appuyé les programmes en appui à la cause palestinienne.

La représentante a à son tour défendu le multilinguisme au sein de l’ONU, regrettant que l’Assemblée générale n’ait pas adopté une résolution qui aurait permis de fournir davantage de ressources au DPI.  Elle a déploré le fait que les grands médias contrôlent les informations sur les pays en développement.  Elle a donc encouragé les « médias alternatifs » dans les pays en développement et estimé

que les moyens de communication modernes, notamment les médias sociaux, doivent être mis au service de la diversité culturelle, de la justice sociale et du développement durable, et ne pas servir d’outils de propagande, de déstabilisation et d’ingérence dans les affaires intérieures des États.

M. FRANÇOIS-XAVIER ZABAVY (Côte d’Ivoire) a salué le rôle des 63 Centres d’information des Nations Unies qui permettent une dissémination plus aisée de l’information, notamment dans les pays en développement.  Il a ensuite noté l’importance et l’utilité des moyens de communication traditionnels, notamment pour les pays en développement où les canaux d’information classiques tels que la télévision et la radio conservent une place prépondérante, particulièrement en Afrique.  Il a aussi souligné la nécessité d’une coopération plus accrue entre États Membres et le système des Nations Unies afin de réduire le fossé numérique.  Il a présenté un certain nombre d’initiatives de son gouvernement dans cette optique.  Il a en outre salué le travail du DPI dans le contexte des missions de maintien de la paix, se félicitant notamment du travail d’ONUCI-FM, la radio de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), communément appelée « la fréquence de la paix », et qui a accompagné le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.  Il a fait part de la volonté de son gouvernement de conserver cet outil d’information du public bien après la fin du mandat de l’ONUCI l’an prochain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Lutte contre la piraterie: le Conseil de sécurité engage les États du golfe de Guinée et leurs partenaires à actionner les mécanismes régionaux

Conseil de sécurité,
7675e séance – matin & après-midi
CS/12236

Lutte contre la piraterie: le Conseil de sécurité engage les États du golfe de Guinée et leurs partenaires à actionner les mécanismes régionaux

Dans une déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui à l’issue de son débat public intitulé « Consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest: piraterie et vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée », le Conseil de sécurité engage les États du golfe de Guinée, en Afrique de l’Ouest, ainsi que les organisations régionales et les partenaires internationaux, à « faire fonctionner à plein » tous les mécanismes régionaux de lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

En particulier, le Conseil se félicite de la tenue de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre interrégional de coordination, organisée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la Commission du golfe de Guinée, du 8 au 12 février à Yaoundé (Cameroun), à l’issue de laquelle les textes relatifs au Centre ont été adoptés en vue, espère-t-on, de sa mise en service complète d’ici à juillet 2016.

Le Conseil de sécurité note que des ressources logistiques et financières sont nécessaires pour mettre en œuvre les projets et programmes du Centre interrégional de coordination et, à cet égard, il se félicite de l’intention exprimée lors de la réunion d’organiser une conférence des donateurs à Yaoundé.  Le Conseil encourage les organisations régionales et la communauté internationale à soutenir le Centre.

Préoccupé par le nombre et la violence de tels actes, le Conseil condamne les assassinats, enlèvements, prises d’otages et vols que commettent les pirates qui sévissent dans le golfe de Guinée.  Il demande aux États de la région de coopérer, selon qu’il convient, en vue d’engager des poursuites à l’encontre des pirates auteurs présumés de prises d’otages et demande à tous les États de la région et à toutes les parties prenantes concernées de redoubler d’efforts pour obtenir que tous les gens de mer otages dans le golfe de Guinée ou aux alentours soient libérés immédiatement sains et saufs.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à élaborer un cadre régional de prévention et de répression des actes de piraterie et des vols à main armée commis en mer.  Il exhorte également les États et les organisations internationales, ainsi que le secteur privé, à échanger selon qu’il convient des informations liées à la lutte contre de tels actes et à renforcer la coordination des échanges de renseignements régionaux.

Il se félicite de l’initiative prise par l’Union africaine d’organiser un Sommet extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, à Lomé, au Togo, le 15 octobre 2016, en vue notamment d’adopter un texte sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement économique et social en Afrique, et invite la communauté internationale et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à y participer activement et à l’appuyer.

Le golfe de Guinée est l’une des régions les plus durement touchées par ce problème, a rappelé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Tayé-Brook Zerihoun, qui a fait un exposé au Conseil, avant de céder la parole à une trentaine de délégations dont certaines étaient représentées au niveau ministériel.

M. Zerihoun a expliqué que le Centre interrégional de coordination a été inauguré à Yaoundé, au Cameroun, en 2014, afin de coordonner toutes les opérations en vue d’éliminer les actes de piraterie et autres activités criminelles dans le golfe de Guinée.  Le Centre interrégional de coopération devra lui-même coordonner le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC), basé à Pointe-Noire, au Congo, et le futur centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest(CRESMAO), à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Malheureusement, a-t-il regretté, le Centre n’est pas complètement opérationnel, pour des raisons d’effectifs, financières et logistiques. 

Pour combattre la piraterie, les vols et la traite des personnes, il faut comprendre que leur suppression, même si elle est nécessaire, ne suffit pas, a souligné le Sous-Secrétaire général.  Ceux qui commettent de tels actes savent s’adapter, usent de méthodes de plus en plus sophistiquées et sont souvent bien informés.  Il faut donc que les efforts nationaux, régionaux et mondiaux soient « flexibles et proactifs », a-t-il insisté.  Des initiatives ciblées sur le développement économique et social et la création d’emplois sont nécessaires pour offrir des opportunités aux populations marginalisées, notamment les jeunes, susceptibles de se tourner vers la piraterie. 

La majorité des intervenants ont reconnu la nécessité de donner aux pays de la région les moyens de lutter contre la piraterie, compte tenu des difficultés qu’ils rencontrent et de leurs besoins, afin d’assurer la paix et le développement pour tous. 

Le représentant du Sénégal a voulu que l’on n’oublie pas que les principales causes de l’insécurité maritime sont à chercher sur la terre ferme, à savoir les vastes réseaux d’activités illicites qui se construisent progressivement sur fond de mauvaise gouvernance, d’extrême pauvreté et de violence sociopolitique.  Il faut aussi, a-t-il souligné, envisager l’existence de liens entre la piraterie dans le golfe de Guinée et le financement des activités des groupes terroristes implantés dans la région.

Outre la piraterie, a relevé son homologue de l’Angola, les pays de l’Atlantique Sud et de la côte sont confrontés à des menaces de perturbation des routes maritimes.  Il a évoqué les frontières poreuses, les pêches illégales, l’immigration illégale, la contrebande de drogues, la traite d’êtres humains et les délits environnementaux.  Grâce à l’adoption de la déclaration présidentielle aujourd’hui, le Conseil de sécurité envoie un message fort à la communauté internationale, s’est-il félicité.

Enfin, le Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine du Togo a indiqué que son pays se préparait à accueillir à Lomé, le 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur « la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique ».  Le Sommet, a-t-il expliqué, débouchera sur l’adoption et la signature d’une charte africaine, future « Charte de Lomé ».  Cet instrument juridique, a précisé le Ministre, faciliterait la règlementation et la coordination des interventions en mer tout en favorisant une gouvernance maritime harmonieuse et efficace au profit du progrès économique et social. 

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Actes de piraterie et les vols à main armée dans le golfe de Guinée

Lettre datée du 6 avril 2016, adressée au Secrétaire général par les représentants de l’Angola, de la Chine et du Sénégal auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/321)

Exposé

M. TAYÉ-BROOK ZERIHOUN (Éthiopie) Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a fait remarquer que c’est la première fois depuis presque cinq ans que le Conseil de sécurité consacre une réunion à la question de la piraterie et des vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée.  Au cours de ces dernières années, le nombre d’incidents enregistrés a décliné, mais la sécurité en mer reste un sujet de préoccupation dans la région.

Au cours du premier trimestre 2016, le Bureau maritime international a signalé six attaques et six tentatives d’attaques dans le golfe de Guinée, dont neuf au Nigéria, et deux dans les eaux territoriales de la République démocratique du Congo (RDC).  Des cas de détournement de navires à des fins politiques par des militants se disant du « Biafra » et des enlèvements le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale ont également été enregistrés.

M. Zerihoun a rappelé que le Centre interrégional de coordination a été inauguré à Yaoundé, au Cameroun, en 2014, afin de coordonner toutes les opérations en vue d’éliminer les actes de piraterie et autres activités criminelles dans le golfe de Guinée.  Le Centre interrégional de coopération devra lui-même coordonner le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC), basé à Pointe-Noire, au Congo, et le futur Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO), à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Malheureusement, a-t-il regretté, le Centre interrégional de coopération n’est pas complètement opérationnel, pour des raisons d’effectifs, financières et logistiques.  

Le Sous-Secrétaire général s’est félicité de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre qui s’est tenue à Yaoundé le 12 février dernier.  Il a été recommandé que les États Membres fournissent 40% des ressources nécessaires, complétées par les partenaires bilatéraux et internationaux.  Il a également été recommandé que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Commission du golfe de Guinée (CGG) et ses États Membres accélèrent le déboursement des fonds pour permettre l’opérationnalisation du Centre entre juillet et décembre 2016.

La mobilisation des ressources demeure une priorité pour garantir la mise en service complète du Centre interrégional de coopération, a insisté M. Zerihoun. C’est pour cette raison que les chefs d’État et de gouvernement de la région ont décidé, en principe, d’organiser à Yaoundé une conférence des partenaires et des contributeurs, qui se tiendrait immédiatement après la réunion du G-7 et des amis du golfe de Guinée, prévue les 6 et 7 juin à Lisbonne, au Portugal. 

Pour combattre la piraterie, les vols et la traite des personnes, il faut comprendre que leur suppression, même si elle est nécessaire, ne suffit pas, a souligné le Sous-Secrétaire général.  Ceux qui commettent de tels actes savent s’adapter, usent de méthodes de plus en plus sophistiquées et sont souvent bien informés.  Il faut donc que les efforts nationaux, régionaux et mondiaux soient « flexibles et proactifs », a-t-il dit.  Des initiatives ciblées sur le développement économique social et la création d’emplois sont aussi nécessaires pour offrir des opportunités aux populations marginalisées, notamment les jeunes, susceptibles de se tourner vers la piraterie. 

De plus, a continué M. Zerihoun, il faut améliorer la collecte de renseignements, le partage de l’analyse des données et renforcer les capacités des services répressifs locaux.  En conclusion, il a espéré que le Sommet extraordinaire sur la sécurité maritime et le développement organisé par l’Union africaine à Lomé, au Togo, les 15 et 16 octobre 2016, donnera aux pays de la région l’opportunité de renforcer l’architecture de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée.  

Déclarations

M. GORGUI CISS (Sénégal) a indiqué que face à la complexité grandissante de la criminalité dans le Golfe de Guinée, le Sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes de 2013 à Yaoundé avait constitué un véritable déclic et une manifestation tangible de l’engagement collectif des États de la région.  Au regard du chemin parcouru depuis lors, le représentant a estimé qu’il y a des raisons d’être satisfait de la mobilisation continue des États et des organisations sous-régionales qui ont accompli des progrès substantiels dans la mise en place des institutions et l’adoption des cadres juridiques relatifs à l’architecture de sûreté et de sécurité maritimes. 

L’opération de cette architecture, a admis le représentant, dépend du renforcement de la coordination et de l’harmonisation des législations aux niveaux interétatique et interrégional, et de la délimitation des frontières maritimes, sans oublier le financement qui est un « élément central ».  Le soutien des partenaires techniques et financiers s’avère donc indispensable pour la consolidation et la viabilité des systèmes intégrés de sécurité maritime en gestation. 

Le représentant a tout de même voulu que l’on n’oublie pas que les principales causes de l’insécurité maritime sont à chercher sur la terre ferme, à savoir les vastes réseaux d’activités illicites qui se construisent progressivement sur fond de mauvaise gouvernance, d’extrême pauvreté et de violence sociopolitique.  Il faut aussi, a souligné le représentant, envisager l’existence de liens entre la piraterie dans le golfe de Guinée et le financement des activités des groupes terroristes implantés dans la région. 

Pour étouffer les sources potentielles de conflit, il a jugé essentiel de renforcer les partenariats en matière d’exploitation rationnelle des ressources halieutiques, de gouvernance et de partage des ressources marines transnationales, en tenant compte toutefois des spécificités des pays.  Pour le représentant, les orientations du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, organisé en 2015, méritent une appropriation africaine ainsi qu’un soutien actif de la communauté internationale.  Après s’être explicité en sept points, le représentant a, à son tour, insisté sur le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité maritime qui se tiendra à Lomé en octobre 2016. 

M. JULIO HELDR MOURA LUCAS (Angola) a relevé le rôle stratégique crucial que joue le golfe de Guinée dans le commerce maritime.  Il a souligné, en particulier, le lien stratégique qui s’est établi au siècle dernier entre les deux rives de l’Atlantique.  Outre la piraterie, les pays de l’Atlantique Sud et de sa côte Est sont confrontés à des menaces de perturbation des routes maritimes, a-t-il dit en citant notamment les frontières poreuses, les pèches illégales, l’immigration illégale, la contrebande de drogues, la traite d’êtres humains et les délits environnementaux.  Grâce à l’adoption de la Déclaration présidentielle aujourd’hui, le Conseil de sécurité envoie un message fort à la communauté internationale, s’est-il félicité.

Le représentant a appelé à coordonner l’assistance internationale pour aider les pays concernés à faire face à ces menaces.  En 2009, a-t-il rappelé, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avait adopté une stratégie régionale maritime et créé un Centre interrégional de sécurité maritime.  Le représentant a cependant prévenu des capacités insuffisantes de la CEEAC dans ce domaine.  L’Angola, qui a une longue côte maritime, est profondément engagé dans la Stratégie intégrée de l’Union africaine prévue jusqu’en 2050.  L’Angola, a-t-il assuré, a renforcé les dispositions prises en faveur de la sécurité maritime au plan national et coopère avec les pays de la région.  L’Organisation maritime internationale et l’Angola avaient organisé conjointement, en 2009, une réunion sur la piraterie en Afrique de l’Ouest et du Centre. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a estimé que même si les chiffres faisaient état d’une baisse du phénomène de la piraterie dans le golfe de Guinée, il ne faudrait pas oublier que selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les propriétaires des navires attaqués ont tendance à ne pas divulguer ces incidents de peur de voir leur police d’assurance augmenter. 

Il a fait observer que contrairement au golfe d’Aden, où les pirates attaquent les navires en haute mer, dans le golfe de Guinée, ceux-ci n’hésitent pas à opérer dans les eaux territoriales des pays de la région.  De ce fait, les forces navales internationales font face à des obstacles d’ordre légal pour répondre à ces attaques, alors que dans le même temps, les autorités des États côtiers ne semblent pas avoir la volonté de poursuivre les pirates en justice, a-t-il déploré.  Il a souligné que cette situation de frontières maritimes incontrôlées pourrait profiter aux groupes terroristes comme cela s’est vu au cours des récentes attaques terroristes qui ont eu lieu en Afrique de l’Ouest.

Face à cette situation, le représentant a appelé l’ONU à apporter son assistance aux pays de la région afin qu’ils mettent en œuvre leur stratégie intégrée sur la sécurité maritime.  Il a également plaidé pour le renforcement des capacités des pays de la région en matière de sécurité maritime, ainsi que pour le renforcement de leurs infrastructures et de leurs capacités à mener des patrouilles conjointes en mer.  Il a noté que ces actions nécessitaient le renforcement de la coordination entre l’ONU, les pays de la région, les organisations régionales et sous-régionales telles que l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée.  Le délégué a en outre indiqué que quatre Ukrainiens avaient été enlevés, deux en août 2015 et deux le 26 mars dernier, les négociations pour leur libération étant toujours en cours.

Il a ensuite déclaré qu’en vue de réduire l’impact de la piraterie moderne, il serait opportun que les gouvernements, les propriétaires des navires, les assurances et toutes les parties prenantes dans le commerce maritime traitent les marins comme des partenaires sociaux en s’occupant véritablement de leur sécurité.  À ce propos, il a invité les États Membres à rendre universels les amendements de la Convention du travail maritime de 2006 qui a été approuvée par l’Organisation internationale du Travail (OIT) en 2014.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a indiqué que le golfe de Guinée représentait plus de 20% de la criminalité maritime mondiale, en recensant le nombre en hausse des attaques dans cette région.  On estime en outre que seulement la moitié des incidents sont dénoncés, a-t-il fait observer.  En 2013, le Sommet de Yaoundé avait établi les bases de l’architecture maritime dans le golfe de Guinée, en reconnaissant notamment le rôle crucial de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), a rappelé le représentant.  Il a souligné la participation de l’Espagne dans ce domaine, notamment à travers des programmes de formation, d’entraînement ou la collaboration policière.  Outre sa proximité physique de la région concernée, l’Espagne est fermement engagée en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique.  Il reste encore beaucoup à faire, a-t-il cependant prévenu en citant l’augmentation du nombre des attaques.  Il a appelé les pays concernés à accepter le principe d’appropriation et la collaboration judiciaire.  Il a également plaidé en faveur de partenariats en Afrique en adoptant des accords régionaux.  Sa délégation insiste aussi sur la prévention de ces crimes, en mettant l’accent sur l’examen des causes profondes du problème. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a qualifié de majeurs les enjeux sécuritaires, économiques et politiques liés à l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée.  Les chiffres parlent d’eux-mêmes, a-t-il dit, en précisant que cette zone maritime qui s’étend sur 6 000 kilomètres de littoral constitue un des plus grands gisements de pétrole offshore au monde, avec 24 milliards de barils de réserve, soit 5% des réserves mondiales.  Depuis 10 ans, près de 600 attaques contre des navires en haute mer ou dans les eaux territoriales des états côtiers ont été commises et entre 20 et 40 tonnes de cocaïne transitent chaque année par le golfe de Guinée, en provenance de l’Amérique du Sud et à destination de l’Europe.

Insistant sur la mobilisation des États de la région, le représentant a rappelé que les résolutions 2018 (2011) et 2039 (2012) du Conseil de sécurité avaient appelé les États du golfe de Guinée à se doter d’outils, de capacités et de politiques afin d’éradiquer l’insécurité maritime croissante dans la région.  « Le sommet de l’Union africaine qui doit se tenir à Lomé en octobre 2016 et l’adoption prévue, à cette occasion, d’une charte de l’Union africaine sur la sûreté et la sécurité maritime et le développement économique et social, seront à cet égard essentiels », a souligné M. Delattre, en souhaitant l’opérationnalisation, dès que possible, du processus de Yaoundé.

Pour sa part, a-t-il ajouté, la France accompagnera l’initiative des pays d’Afrique occidentale et centrale dans le golfe de Guinée.  Présente depuis 25 ans dans la zone, à travers la mission Corymbe et la coopération de sécurité et de défense, elle a lancé depuis 2011 le projet ASECMAR, qui appuie la réforme du secteur de la sûreté maritime dans le golfe de Guinée.  De plus, un plan de soutien français pour la sécurisation des espaces maritimes dans le golfe de Guinée a été élaboré, a poursuivi le représentant, en faisant aussi valoir la stratégie pour le golfe de Guinée adoptée en mars 2014 par l’Union européenne.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a rappelé que la piraterie sapait les échanges et renforçait la criminalité organisée et le terrorisme.  Il faut mieux coordonner les efforts, affiner les stratégies et améliorer la coopération en haute mer.  À cette fin, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit appuyer les initiatives régionales pour le golfe de Guinée.  Il faut permettre aux États de mieux exploiter leurs ressources naturelles conformément au droit, a dit le représentant, en insistant sur les liens entre la sécurité, l’état de droit et le développement.

Selon la délégation, il est nécessaire de traiter les symptômes pour résoudre le problème à long terme et garantir le développement durable des pays africains.  Il faut commencer par surmonter les obstacles de financement.  Grâce à l’Organisation maritime internationale (OMI), l’ONU met m’accent sur cette question, s’est-il félicité.  Disposée à partager son expérience, il a expliqué que la Malaisie menait des patrouilles coordonnées avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans le détroit de Malacca pour améliorer la sécurité maritime.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a rappelé que son pays était une nation maritime exportatrice, dont 99% du volume commercial passe par la navigation commerciale.  Il s’intéresse donc de près à la sécurité maritime, en particulier pour les petits États insulaires en développement de sa région.  Les pays du golfe de Guinée font face à des défis similaires, a-t-il fait remarquer en expliquant que leurs capacités limitées les rendent vulnérables à la criminalité transnationale dont la piraterie.  Il a partagé une leçon apprise dans sa région sur l’importance de la coopération et la coordination efficaces entre les pays, comme le font le Forum des îles du Pacifique et les agences de surveillance et de maintien de l’ordre. 

Pour étendre cette collaboration au plan international, les frégates néozélandaises ont participé à une opération multinationale de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden et au large de la côte est de la Somalie, tandis que l’armée de l’air a participé à une opération de l’OTAN antipiraterie.  L’an dernier, la Nouvelle-Zélande a aussi travaillé avec des pays d’Afrique de l’Ouest pour partager des informations sur des navires impliqués dans les pêches illégales dans l’Océan au sud de la Nouvelle-Zélande.  Le représentant a fait valoir l’importance de lutter, en aval, pour éliminer les causes profondes de ces activités criminelles.  Cela exige des institutions fortes et efficaces, ainsi qu’une solide volonté politique.  Il a relevé que le problème de piraterie dans le golfe de Guinée trouvait sa cause dans les doléances de longue date de groupes marginalisés du delta du Niger.  Il a aussi recommandé de mettre en place des cadres juridiques nationaux qui permettent de poursuivre en justice ceux qui sont directement ou indirectement impliqués dans la piraterie, avant de plaider à nouveau en faveur de la coopération régionale.

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déploré les incidences négatives de la piraterie sur la stabilité des pays du golfe de Guinée et leur développement.  « Nous ne pouvons pas faire preuve de complaisance aujourd’hui », a-t-il averti.  Les réseaux criminels continuent de fonctionner et, à cet égard, il a salué les efforts entrepris par les pays et l’Union africaine pour combattre ce problème.  Pour que leurs efforts soient efficaces, a-t-il continué, il faut aider les pays à sécuriser leurs côtes et à renforcer l’échange de renseignements.  L’industrie maritime doit également s’engager à appliquer des normes élevées de sécurité, et les personnes qui financent les réseaux de piraterie doivent être poursuivies et sanctionnées.

Les stratégies doivent s’adapter aux modes opératoires qui varient d’une région à l’autre, a recommandé le représentant.  Dans le golfe d’Aden et au large des côtes somaliennes, les pirates profitent de l’absence d’une autorité forte depuis plusieurs années.  Dans le golfe de Guinée, il y a davantage de saisies de cargos, a-t-il comparé.  Il a jugé important de délimiter les zones à haut risque qui connaissent une activité accrue, afin notamment de veiller à ce que l’utilisation des ressources soit la plus judicieuse possible.

Par ailleurs, la stratégie maritime africaine à l’horizon 2050 est ambitieuse, a-t-il déclaré.  Elle vise aussi à encourager le commerce et le développement de l’infrastructure portuaire.  La pauvreté et le sous-développement ne font qu’alimenter la piraterie, la criminalité organisée et le terrorisme.  Il faut donc que la communauté internationale aide les pays à diagnostiquer les causes profondes des problèmes et à renforcer leurs capacités.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a indiqué que le 11 avril dernier, des pirates avaient attaqué un navire au large des côtes nigérianes, en précisant que ce n’était pas le seul incident de cette journée.  En 2016, 32 attaques de pirates avaient été perpétrées en 2016 au large de ces côtes, a-t-elle rappelé, en soulignant que cette situation affectait tous les pays, y compris les États-Unis.  Elle a fait remarquer que des quantités très importantes de pétrole brut avaient été volées dans le golfe de Guinée.  Quant à la pêche illégale, elle représente aussi des pertes massives, alors que des communautés dépendent de cette ressource pour vivre.  Les défaillances dans tous les systèmes sont responsables de cette situation, a-t-elle dit avant de plaider en faveur de la coopération régionale et internationale, ainsi que du renforcement des structures de gouvernance. 

De l’avis de la représentante des États-Unis, le Centre interrégional de coopération de l’Afrique centrale joue un rôle essentiel dans ce domaine, ainsi que d’autres instances régionales comme la CEEAC et la CEDEAO.  Elle a invité à appuyer les efforts des partenaires africains, et ce, dans trois domaines: prévention maritime, riposte et renforcement de la gouvernance.  Elle a aussi appelé les pays de la région à appliquer le Code de conduite de Yaoundé.  Les États-Unis forment du personnel local et conduisent des exercices dans le cadre de partenariats avec d’autres pays pour forger une tactique commune et mieux sécuriser les eaux du golfe de Guinée.  Ils ont aussi mené des opérations au large du Sénégal, du Cameroun et de Cabo Verde.  En outre, les États-Unis contribuent au renforcement du secteur judiciaire dans le golfe de Guinée, notamment en appuyant les activités de l’ONUDC.  Avant de conclure, la représentante a prôné l’adoption d’une stratégie globale dans la région contre ce fléau.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a fait remarquer que la Déclaration de Montevideo faisait des recommandations précises contre la piraterie dans le golfe de Guinée.  Il a salué le rôle joué par les organisations économiques régionales qui ont coordonné leurs efforts pour combattre ce problème, mais il a noté que les réseaux criminels profitent de la vulnérabilité des États au niveau de leurs capacités maritimes et de répression.

À court terme, a résumé le représentant, il faut accroître la présence en mer des pays concernés, et, à long terme, il faut se pencher sur les causes profondes de la piraterie.  Il a blâmé la pauvreté, le chômage, les inégalités, le trafic d’armes, de drogues et de personnes, la pollution, la pêche illégale et la présence de groupes de plus en plus extrémistes.  Il a préconisé le renforcement des institutions nationales.  « Près de la moitié des incidents ne sont pas dénoncés et, par conséquent, ils ne sont pas enregistrés », a-t-il en outre noté.  Le système multilatéral, notamment les Nations Unies, doivent jouer un rôle central contre la piraterie, a-t-il conclu.   

M. KOICHI MIZUSHIMA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a rappelé le rôle joué par son pays dans le maintien et la stabilité de l’ordre maritime mondial, y compris dans les détroits de Malacca et de Singapour, ainsi qu’au large des côtes somaliennes.  Si les pays côtiers portent la responsabilité première de résoudre les problèmes qui se posent dans le golfe de Guinée, ils se heurtent toutefois à l’insuffisance des ressources humaines et financières nécessaires pour mettre en œuvre le Code de conduite concernant la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre – connu sous le nom de Code de conduite de Yaoundé, a fait remarquer le Chef de la diplomatie japonaise.  C’est la raison pour laquelle le Japon soutient sa mise en œuvre, en étant le plus important bailleur de fonds au Fonds d’affectation spéciale pour la sûreté maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre.  En outre, a souligné M. Mizushima, le Japon envisage de fournir une assistance de façon à ce que le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique puisse se dérouler à Lomé, au Togo, en octobre 2016.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a rappelé que deux attaques avaient eu lieu récemment contre des navires qui ont perdu 8 membres d’équipage toujours portés disparus.  S’inquiétant de ce que ce phénomène frappe les intérêts de tous les pays en menaçant la sécurité du commerce, il a conseillé de l’aborder conjointement par le biais d’un leadership national et d’un appui international coordonné.  Il a dit appuyer le Code de conduite de Yaoundé, en se félicitant des efforts régionaux menés dans ce sens.  Il a également appelé à développer un cadre régional pour le partage d’information et la coordination nécessaire pour faire vraiment la différence dans le golfe de Guinée.  Il est important que les réseaux de coordination comme les centres interrégionaux de coopération deviennent opérationnels, a-t-il insisté.

Le Royaume-Uni joue son rôle notamment par le biais de l’Union européenne et du G-7 dans le golfe de Guinée qui va bientôt se réunir sous la présidence portugaise.  Il faut déployer davantage d’efforts à cette lutte, a-t-il reconnu en expliquant que son pays était engagé à assister les pays de la région en matière de police.  Le Royaume-Uni essaye notamment de créer une plateforme pour les activités policières maritimes, a assuré son représentant.  Il a aussi plaidé en faveur de la justice, en invitant à mener les enquêtes nécessaires et à poursuivre les auteurs de la piraterie.  Cela implique le renforcement de l’état de droit, a-t-il dit avant de souhaiter que les capacités des pays de la région soient renforcées afin de leur permettre de poursuivre efficacement les auteurs de ces crimes. 

M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATEROL (Venezuela) a reconnu que les pays du golfe de Guinée étaient victimes de nombreux actes de piraterie.  Il faut mobiliser les efforts dans le cadre de la coopération internationale pour aider les États à faire face à cette situation problématiques et parvenir au développement durable et inclusif de la région.  À cette fin, il a appuyé toutes les initiatives qui promeuvent la stabilité dans les domaines économique et politique.   

Le représentant a salué les efforts entrepris par les pays de la région qui ont institutionnalisé une réponse conjointe.  Il a appuyé le fonds d’affectation spéciale créé par l’Organisation maritime internationale pour renforcer les capacités des États côtiers concernés.  Il a appelé tous les États à respecter leurs engagements financiers, « strictement et dans les délais prévus ».  Tout en respectant la souveraineté nationale, l’indépendance et l’intégrité territoriale des États, l’on doit aussi trouver des formules pour éviter que les manifestations du terrorisme dans le Sahel, aggravées par l’intervention en Libye, ne s’étendent.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par l’intensification des activités de la piraterie au large de l’Afrique de l’Ouest.  Il s’est notamment inquiété de l’insécurité que subissent les gens de mer, en précisant que des ressortissants russes en avaient été victimes.  Il a aussi déploré les pertes économiques énormes que cela représente.  Sachant que les attaques ont lieu généralement près des côtes, parfois même dans les eaux territoriales d’un État, il a appelé à renforcer les capacités des garde-côtes et à faciliter les poursuites en justice des pirates et de leurs responsables.  Il faut aussi intercepter les canaux de financement des activités de piraterie, a-t-il insisté.

Le représentant russe s’est ensuite félicité des mécanismes régionaux de coordination mis en place pour lutter contre les attaques en mer, en demandant qu’une stratégie commune soit élaborée pour mobiliser toutes les ressources disponibles.  Il a espéré que le Centre interrégional de coopération créé au Cameroun serait bientôt opérationnel.  Il a aussi attiré l’attention sur ce que fait son pays pour contribuer à la lutte contre la piraterie dans l’océan Indien.

M. LIU JIEYI (Chine) a considéré que la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée constituaient « un enjeu majeur » pour la région.  Il a dénoncé la brutalité des incidents qui sapent les efforts entrepris par les pays concernés pour leur développement économique et social.  La piraterie représente aussi une grave menace pour le passage maritime et les échanges internationaux, qui sont une composante essentielle de la paix globale.  La consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest est une question de responsabilité qui doit être assumée par tous les pays.

Les pays côtiers ont déployé d’immenses efforts en créant un mécanisme de lutte contre la piraterie, a reconnu le représentant.  Toutefois, la communauté internationale doit tenir compte de leur manque de ressources financières, d’infrastructures et d’équipements.  Pour lui, les efforts doivent se concentrer, dans le respect de la souveraineté nationale, sur le renforcement des capacités des pays et sur la sécurisation des installations portuaires.  Il faudrait ainsi améliorer la formation des forces de sécurité maritimes, les activités de répression en consultation avec les pays concernés, et les systèmes juridiques et judiciaires, en veillant à ce que les mécanismes pertinents existants soient pleinement opérationnels.  Le représentant a souhaité la mobilisation de ressources supplémentaires pour aider les pays à accélérer leur développement, en favorisant notamment l’emploi des jeunes.  Enfin, a-t-il souligné, il faudrait renforcer la lutte contre le terrorisme.

M. ROBERT DUSSEY, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine du Togo, a indiqué que son pays se préparait à accueillir à Lomé, le 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur « la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique ».  Le Sommet, a-t-il expliqué, débouchera sur l’adoption et la signature d’une charte africaine, future « Charte de Lomé ».  Cet instrument juridique, a précisé le Ministre, faciliterait la règlementation et la coordination des interventions en mer tout en favorisant une gouvernance maritime harmonieuse et efficace au profit du progrès économique et social. 

Appelée à contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050, la charte mettrait en relief l’importance de la coopération régionale et internationale contre la piraterie maritime, les trafics illégaux transitant par la mer, la pêche illicite non déclarée et non réglementée et la pollution de l’environnement marin.  La charte encouragerait le partage des informations entre États et l’entraide judiciaire.  Elle ferait aussi la promotion d’une économie bleue florissante, durable et respectueuse de l’environnement dans un espace bien sécurisé.  La charte innoverait en ce sens qu’elle appréhenderait la thématique de la sécurité maritime sous l’angle du développement économique avec des mesures appropriées pour la protection des océans et des mers, a insisté le Ministre.

Mme ANNIKA SÖDER, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Suède, s’exprimant au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), s’est demandé comment la communauté internationale pouvait joindre ses forces pour traiter le problème de la piraterie au large de l’Afrique de l’Ouest.  Elle a proposé trois domaines d’action en particulier, le premier étant la coopération régionale.  Elle s’est dite encouragée par l’adoption d’un Code de conduite sur la prévention et la répression des actes de piraterie et les vols à main armée en mer dans la région de l’Afrique de l’Ouest et centrale, par les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Commission du golfe de Guinée. 

Le Code de conduite et les institutions nécessaires à la sécurité maritime ne sont cependant pas encore opérationnels, a-t-elle relevé en appelant à soutenir ces efforts.  La représentante a également plaidé en faveur d’une coopération plus étroite entre les navires marchands et les garde-côtes de la région, suggérant de mener des patrouilles conjointes.  Il faut aussi, a-t-elle ajouté, garantir des poursuites en justice et l’incarcération des auteurs.

Les expériences de l’opération NAVFOR Atalante de l’Union européenne montrent les résultats qui peuvent être atteints grâce à des efforts coordonnés, a-t-elle poursuivi.  Elle a ensuite invité à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité et de l’insécurité dans la région.  En outre, elle a recommandé de développer l’économie bleue dans la région, espérant que les ressources maritimes bénéficient davantage aux pays, ce à quoi la Suède tente de contribuer.  L’ONU doit continuer à appuyer les efforts de lutte contre la piraterie des entités de la région, tout en luttant pour la stabilité de la région, a assuré Mme Söder.

M. ALVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) a fait observer que la question de la piraterie dans le golfe de Guinée constituait une ramification de la menace plus large que représente le crime organisé en Afrique de l’Ouest.  Il a expliqué que le trafic transrégional des drogues, des armes, des êtres humains et d’autres produits et services contribuait à renforcer l’insécurité et l’instabilité dans le golfe de Guinée et à travers l’Afrique de l’Ouest.  Il a ajouté que la pêche illégale, le déversement de déchets en mer étaient autant de phénomènes qui infligent des dommages dramatiques aux écosystèmes marins, avec des conséquences de longue durée sur les économies locales.

Le représentant a ensuite souligné qu’avec la mondialisation et le fait que près de 90% du commerce international se faisait par voie maritime, ce qui se passe dans le golfe de Guinée affecte également les pays directement impliqués dans le commerce maritime. 

Il a souligné la nécessité d’agir sur trois plans: renforcer les moyens technologiques nécessaires à la sécurité; renforcer la coordination de différents acteurs et initiatives; et promouvoir la volonté politique et l’engagement à produire des résultats.  Il a aussi rappelé que le Sommet de Yaoundé de 2013 avait proposé la mise en place d’une architecture interrégionale intégrée, affirmant que cette suggestion devait être la base de tout effort international visant à soutenir les pays de la région dans leur lutte contre la piraterie. 

Il a aussi appelé au renforcement de la coopération entre les pays de la région, notamment par le biais de l’échange d’informations.  Il a aussi dit l’engagement du Portugal à lutter contre ce fléau, rappelant sa coopération technique et militaire avec l’Angola, Cabo Verde et Sao Tomé-et-Principe, des pays lusophones.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a invité la communauté internationale à apporter son assistance aux pays de la région, ainsi qu’aux organisations régionales et sous-régionales dans leurs efforts de renforcement de la coopération visant à mettre en œuvre la stratégie commune de sécurité maritime.  Il a estimé que pour venir à bout de ce fléau de la piraterie dans le golfe de Guinée, l’on pourrait s’inspirer de ce qui s’est fait dans le golfe d’Aden.  Il a ainsi expliqué que dans ce dernier cas, la réduction des incidents avait été possible du fait des patrouilles navales internationales conjointes dans les zones à haut risque et par le respect des meilleures pratiques en matière de lutte contre la piraterie, lesquelles ont été développées par l’industrie navale et l’Organisation maritime internationale (OMI).

M. Plasai a également souhaité que la lutte contre la piraterie soit engagée dans le respect du droit international, notamment de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Il a aussi appelé à trouver des solutions qui tiennent compte des causes profondes de cette insécurité.  Il a ainsi prôné de s’attaquer aux causes socioéconomiques qui pourraient expliquer ce fléau, notamment en créant des conditions de vie alternatives pour les communautés locales vivant sur les côtes.  Il a fait observer que la marine royale de la Thaïlande avait joué un rôle majeur dans la lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden et en Asie notamment.

M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a regretté que, jusqu’à présent, les résolutions 2018 et 2039 du Conseil de sécurité avaient eu un impact limité pour réduire les actes de piraterie dans le golfe de Guinée, en raison aussi d’une assistance technique encore insuffisante de la part de la communauté internationale.  De son côté, l’Union africaine continue de travailler en étroite coopération avec les acteurs sous-régionaux pour prendre toutes les mesures appropriées afin de combattre la criminalité et l’insécurité maritimes, a-t-il assuré.  M. António a ainsi fait valoir la stratégie maritime intégrée Afrique 2050 de l’Union africaine et le Plan d’action qui lui est associé, à l’appui des efforts déployés par les États.

Il a indiqué que l’Union africaine avait l’intention d’organiser un sommet extraordinaire sur la sécurité maritime à Lomé, au Togo, en octobre prochain.  M. António a ensuite souligné l’importance du Sommet régional qui avait réuni à Yaoundé, au Cameroun, en juin 2013, les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEA) et de la Commission du Golfe de Guinée, et débouché sur l’adoption d’un ambitieux mémorandum portant création d’un Code de conduite et d’un Centre interrégional de coordination, destiné à mettre en œuvre une stratégie régionale de sûreté et de sécurité maritimes.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que l’Italie était membre du groupe G7 des amis du golfe de Guinée, une initiative qui entend faciliter la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’ONU sur la question de la piraterie dans le golfe de Guinée et du Sommet de Yaoundé sur la même question.  Il a indiqué que l’appropriation nationale et le leadership national étaient essentiels pour assurer le soutien international et l’orienter là où il est le plus nécessaire. 

Il a salué la réunion de haut niveau de Yaoundé en février dernier, laquelle a notamment rappelé l’importance du Centre interrégional de coordination basé au Cameroun.  Il a affirmé que la formation et le renforcement des capacités étaient essentiels, soulignant à cet effet l’engagement de la marine italienne dans ces activités de formation, en collaboration avec une vingtaine de pays africains et 21 ports, dont certains du golfe de Guinée.

M. Lambertini a par ailleurs souligné que l’Italie soutenait les efforts de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) visant à combattre la piraterie, ajoutant que pour combattre ce fléau, il fallait en examiner ses causes profondes, notamment en considérant des domaines d’intervention tels que le développement socioéconomique, la création d’emplois, la lutte contre les inégalités, la promotion de l’éducation, de l’engament des jeunes et de l’autonomisation des femmes.  

Il a déclaré que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine serait de la plus grande importance dans cette optique.  L’Italie, a-t-il dit, envisage les moyens de renforcer son engagement auprès de ses partenaires africains.  Il a ainsi annoncé la tenue de la Conférence ministérielle Italie-Afrique, le 18 mai prochain à Rome.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé que les pays de la région devraient jouer le rôle de chef de file dans la question des actes de piraterie et des vols à main armée dans le golfe de Guinée.  Toute stratégie devrait être globale et prendre en considération non seulement les questions sécuritaires mais aussi le renforcement des institutions et le développement durable de la région.  La communauté internationale devrait aider la région par des activités de coopération qui respectent l’appropriation nationale.  « C’est ce qu’a fait le Brésil », a indiqué son représentant, qui a rappelé que son pays avait signé des accords de coopération militaire avec neuf pays de la côte ouest de l’Afrique.  Des nouvelles missions ont été récemment ouvertes à Cabo Verde et à Sao Tomé-et-Principe. 

La coopération brésilienne se focalise sur le renforcement de capacité, la formation, la doctrine militaire et les exercices maritimes.  Toute initiative dans le golfe de Guinée doit être en harmonie avec les objectifs de la Zone de paix et de coopération du Pacifique Sud (ZOPACAS) qui est composée de 24 pays, y compris tous les pays de la côte ouest de l’Afrique, du Cabo Verde et Sénégal, dans le nord, en Afrique du Sud, ainsi que trois pays sud-américains, le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay.  Les membres de la ZOPACAS se sont mis d’accord pour consolider la région en tant que zone de paix et de coopération pour assurer qu’elle reste une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive ainsi que le respect de l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique de ces pays. 

Le représentant a rappelé que depuis 1986, l’Assemblée générale avait adopté 22 résolutions sur la ZOPACAS.  Considérant que la question des actes de piraterie et de vols à main armée dans le golfe de Guinée est une question de coopération entre les États, le représentant a estimé que l’Assemblée générale était l’instance appropriée pour cette discussion. 

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) s’est inquiétée de l’augmentation de la piraterie dans le golfe de Guinée, notant que cette situation est porteuse d’instabilité à un moment où l’Afrique de l’Ouest doit faire face aux défis posés par les trafics illicites et à la proximité de la menace terroriste dans le Sahel.  Elle a remarqué l’importance de la lutte contre l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée en termes de sécurité mais aussi parce que c’est le lieu d’une intense activité économique et commerciale.

L’appropriation de cet enjeu par les États côtiers est donc essentielle, a-t-elle estimé en plaidant en faveur de la mise en place de structures de coopération régionale.  Elle a salué, à cet égard, la décision de créer un « centre interrégional de coordination pour la sécurité maritime dans le golfe de Guinée », avant d’assurer de l’aide de son pays dans cette lutte contre la criminalité maritime.  La Belgique est ainsi membre du « Groupe du G-7 des amis du golfe de Guinée » qui vise à coordonner les initiatives de renforcement des capacités maritimes des divers partenaires internationaux.

En outre, la représentante a mentionné la part active prise par la Belgique dans l’élaboration de la stratégie de l’Union européenne pour le golfe de Guinée et du Plan d’action 2015-2020 qui s’y rapporte, ainsi qu’au renforcement des capacités maritimes nationales, militaires et civiles de plusieurs pays côtiers du golfe de Guinée par le biais d’activités de formation.  Dans le cadre de l’initiative internationale « Africa Partnership Station », la Belgique met à disposition des navires de sa flotte, afin de développer l’expertise des militaires, garde-côtes et marins des nations côtières africaines.

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a rappelé que le processus de Yaoundé, créé en 2013, soulignait la nécessité d’agir conjointement contre la piraterie.  Il a prévenu que, sans appropriation locale et régionale forte, on ne pourrait pas régler ce problème.  Cela exige un soutien régional, politique et financier, ainsi qu’en termes de ressources humaines, a-t-il dit, avant de mentionner la contribution de son pays de plus d’un million d’euros dans ce cadre.  Il a précisé aider en fournissant un équipement de communication conçu pour améliorer les opérations de surveillance dans le golfe entre le Sénégal et l’Angola.

Le représentant a également conseillé d’élargir le champ des partenariats en impliquant le secteur privé dans la sécurité du golfe de Guinée.  Il a rappelé que le secteur réclame plus de transparence et de pragmatisme dans la coopération entre toutes les parties prenantes au processus de Yaoundé.  Enfin, étant donné le caractère plus que jamais mondial de la sécurité en mer, il a rappelé que l’an dernier, les ministres des affaires étrangères du G7, sous les auspices de la présidence allemande, avaient adopté la « Déclaration de Lübeck » pour faire de cette sécurité une priorité.  Ce texte appelle à une approche transsectorielle, coopérative et basée sur des règles pour garantir la sécurité maritime.  Elle souligne également l’importance des cadres juridiques comme la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré que la sécurité des zones maritimes pour assurer la pêche et le passage des navires était importante pour le développement économique et humain des pays du golfe de Guinée.  Le domaine maritime est un facteur de prospérité et de développement durable.  La menace croissante de la piraterie et des attaques armées dans le golfe de Guinée est ainsi une menace contre les États riverains de la région et leur développement.  Au-delà de la menace directe contre le transport maritime, la nature transfrontalière et interconnectée de cette menace est aussi inquiétante et constitue un danger potentiel pour les autorités et la stabilité de certains États de la région.

L’Union européenne et ses États membres sont engagés à poursuivre leur aide aux pays du golfe de Guinée pour la réussite du Code de conduite de Yaoundé.  Ils sont également actifs dans la mise en œuvre de projets nationaux et régionaux.  Avant la fin de cette année, des projets supplémentaires qui appuieront ce Code de conduite, seront élaborés conformément à la Stratégie maritime intégrée de 2050 de l’Union africaine.  En outre, le Sommet de l’Union africaine sur la sécurité maritime et le développement en Afrique qui aura lieu à Lomé le 15 octobre prochain, donnera une occasion de maintenir la dynamique et la sensibilisation en ce qui concerne le golfe de Guinée.  L’Union européenne appuie le Gouvernement togolais et l’Union africaine à obtenir des résultats concrets à la fin du Sommet.

M. WOUTER ZAAYMAN (Afrique du Sud) a estimé que la stratégie africaine commune de sécurité maritime - horizon 2050 était un instrument important pour répondre aux défis qui se posent dans le golfe de guinée.  Mais il a rappelé la décision prise par l’Assemblée de l’Union africaine en janvier 2014, par laquelle elle a souligné le besoin de partenariats afin de mettre en œuvre la Stratégie.  « Les récentes expériences dans le golfe d’Aden démontrent les conséquences sur les plans sécuritaire et économique pour la communauté internationale si les défis de la piraterie, y compris ses causes profondes, ne sont pas relevés de façon collaborative et déterminée », a prévenu le représentant.  

Son pays, a-t-il ajouté, est convaincu qu’il est temps pour le Conseil de sécurité d’adresser un signal fort et sans équivoques aux consommateurs de biens issus de la piraterie.  À cet égard, a assuré la délégation, il faudrait explorer le lien entre l’économie illicite alimentée par la piraterie et les « acteurs d’envergure mondiale », notamment dans le domaine des hydrocarbures.

M. PAUL ALEX MENKVELD (Pays-Bas) s’est inquiété de l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée et des attaques violentes qui ont eu lieu depuis le début de l’année.  Les activités maritimes illégales dans le golfe de Guinée ne sont pas seulement le problème des États de l’Afrique de l’Ouest.  « C’est notre problème également », a-t-il insisté, dans la mesure où ces activités nuisent au commerce régional et au développement économique.  Elles entravent le commerce entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest et la prospérité au sens large.  C’est la raison pour laquelle il a recommandé une réponse globale au problème.

Le représentant a salué le Code de conduite de Yaoundé et souhaité la prompte mise en service complète du Centre interrégional de coordination, créé en 2014.  Pour leur part, les Pays-Bas appuient activement le Plan d’action de l’Union européenne relatif au golfe de Guinée.  

Ensuite, M. Menkveld a souligné l’importance d’adopter une approche intégrée qui tienne compte du développement inclusif des communautés côtières, notamment pour empêcher qu’elles ne recourent à la criminalité maritime.  Les Pays-Bas entreprennent des activités de formation pour renforcer les capacités maritimes des pays, en mettant notamment l’accent sur la prévention du trafic des stupéfiants et de la traite des personnes.    

Mme EKATERINI FOUNTOULAKI (Grèce) a fait remarquer l’importance de la sécurité de la navigation en mer pour un pays maritime comme le sien.  La Grèce, a-t-elle ajouté, a contribué à l’adoption de la Stratégie européenne de sécurité maritime.  Elle a aussi indiqué soutenir pleinement les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la piraterie dans le golfe de Guinée, ainsi que celles de l’Organisation maritime internationale (OMI) et le Plan d’action 2015-2020 de l’Union européenne sur la question.

La représentante s’est inquiétée des menaces qui pèsent à cause de ce problème sur la sécurité des gens de mer.  Elle a invité à une coopération étroite de la communauté internationale avec les États de pavillon et les organisations régionales, pour assurer que les pirates et les auteurs de vols à main armée soient traduits en justice.  Elle a également demandé de renforcer les efforts de prévention. 

La communauté internationale, a-t-elle ajouté, doit soutenir les pays de la région à élaborer leur propre stratégie maritime de lutte contre la piraterie.  Elle a parlé de l’expertise que fournit à cet égard le Centre de formation opérationnelle d’interdiction maritime de l’OTAN à Crète (Grèce), qui a formé 364 officiers et experts de 30 États Membres, dont 16 officiers de 9 pays de l’Afrique de l’Ouest.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a déploré le fait que les pirates du golfe de Guinée soient de plus en plus enclins à des actes de violence, incluant des enlèvements, la torture ou encore l’assassinat des membres d’équipage des navires.  Il a déploré que ces actes de piraterie aient conduit à la baisse des activités des ports de la région, alors même que la pauvreté est un défi majeur en Afrique de l’Ouest.  

Il a rappelé que le Kazakhstan avait signé un accord avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en vue d’apporter une assistance technique à 45 pays africains, dont ceux de l’Afrique de l’Ouest.  Il dit que certaines des mesures comprises dans cet accord allaient permettre de lutter contre la piraterie et les vols en haute mer dans le golfe du Guinée.  Il a estimé que la situation du golfe de Guinée nécessitait d’aller au-delà de l’approche classique de coopération Nord-Sud pour également tenir compte de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a déclaré que le défi auquel fait face le golfe de Guinée est celui de la mise en place d’un cadre permettant la mutualisation des moyens techniques et humains des États de la sous-région, l’adoption de dispositions règlementaires adéquates et de mécanismes de financement prévisibles et récurrents.  Selon lui, il est temps que le golfe de Guinée jouisse d’une mobilisation internationale aussi efficace et engagée que celle du golfe d’Aden.  « Pour gagner la bataille contre la piraterie, la communauté internationale se doit de répondre positivement à l’appel lancé par les États de la région à l’aide internationale », a poursuivi le représentant. 

Observant que l’absence de coopération se fait toujours sentir, le représentant a indiqué que les États de la sous-région devraient trouver des alternatives pour financer durablement le fonctionnement de leurs structures maritimes, y compris les centres de coordination régionaux qui pâtissent du manque de moyens logistiques et humains.  Il serait de plus, selon la délégation, utile que chaque État œuvre davantage à renforcer son dispositif législatif et à se doter des structures nationales de gestion et de coordination de sûreté et de sécurité maritimes. 

La délégation a enfin rappelé l’initiative lancée par le Maroc, en mai 2009, de créer la Conférence ministérielle des États africains riverains de l’Atlantique, qui se veut un espace de concertation intra-africain, « ouvert aux interventions des différents pays dans les domaines de la coopération au développement, de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits ». 

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a déclaré que l’enlèvement de membres d’équipage d’un navire turc, et la tentative des pirates de monter à bord d’un autre navire battant pavillon turc montraient que ce fléau n’épargnait aucun pays.  Au vu de cette situation, il a estimé que la communauté internationale devait démontrer la cohésion et la solidarité nécessaires pour éliminer ce fléau.  Il a souligné que de telles actions devaient se faire en complément et avec le soutien d’initiatives régionales, notamment le Sommet de Yaoundé de 2013, la réunion extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale sur la question, ainsi que celle de la Commission du golfe de Guinée qui s’est tenue en février dernier à Yaoundé.

Le représentant a en outre relevé que la lutte contre la piraterie était inefficace dans le golfe de Guinée du fait de la faible coopération et de coordination entre les organismes maritimes.  Il a également dit que l’absence d’accord sur le droit de poursuite entre pays de la région était un obstacle à la lutte pour éradiquer ce fléau.  Il a invité ces pays à adapter leur législation nationale afin de poursuivre les pirates en justice. 

Il a appelé au renforcement des capacités des pays du golfe de Guinée, plaidant également pour la mise en place d’un fonds d’affectation spéciale au sein de l’ONU, afin de recevoir les contributions volontaires d’États Membres et d’entreprises privées dont les activités souffrent de ce fléau.

Faisant porter son intervention sur le partage des expériences nationales et des pratiques optimales, M. MENELAOS MENELAOU (Chypre) a rappelé que les efforts de son pays contre la piraterie et les vols à main armée en mer étaient règlementés par une loi spécifique qui inclut l’Afrique de l’Ouest et le golfe de Guinée parmi les zones à haut risque.  Cette loi donne au ministre compétent l’autorité pour interdire le passage de navires à travers les zones à risques. 

De plus, si un navire se trouve dans une zone dangereuse, le capitaine d’équipage et son opérateur sont dans l’obligation de mettre en œuvre des mesures additionnelles et d’user de tous les moyens pour garantir la sécurité du bateau et de son personnel.  Toutefois, a affirmé le représentant, les mesures d’autoprotection appliquées à bord des navires et de leurs équipages en danger seront sans effet si elles ne sont pas combinées avec des mesures préventives aux niveaux régional et international.

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a déclaré qu’il était urgent d’assister les pays du golfe de Guinée afin qu’ils mettent en œuvre leur stratégie commune de sécurité maritime.  Il a aussi noté qu’il était important pour les pays de la région de pouvoir s’attaquer aux activités des pirates sur terre.  Il a ensuite relevé que la stratégie maritime intégrée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui s’inscrit en droite ligne des résolutions 2018 (2011) et 2039 (2012), constituait un cadre politique maritime global pour l’action et la coopération au sein de la sous-région. 

Le représentant a affirmé que l’une des étapes de la mise en œuvre de cette stratégie maritime fut l’inauguration, en mars 2015, du Centre multinational de coordination maritime pour la zone pilote E, incluant le Nigéria, le Niger, le Togo et le Bénin.  Il a estimé que la lutte contre la piraterie nécessitait des fonds pour assurer la surveillance des mers.  

Sur le plan national, il a affirmé que l’administration pour la sécurité maritime du Nigéria et la marine nigériane avaient renforcé leur collaboration, ce qui a conduit à la baisse des attaques autour du port de Lagos.  Il a assuré que son pays était disposé à renforcer sa collaboration avec les partenaires internationaux, notamment en matière d’échange d’informations et de savoir-faire.

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il tient de la Charte des Nations Unies la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et estime que la responsabilité première de l’éradication de la piraterie et des vols à main armée commis en mer incombe aux États.

Le Conseil réaffirme à cet égard que c’est aux États de la région qu’il incombe au premier chef de lutter contre la menace que constituent les actes de piraterie et vols à main armée commis dans le golfe de Guinée et de s’attaquer à leurs causes sous-jacentes, en étroite coopération avec les organisations de la région, ainsi que leurs partenaires.

Le Conseil réaffirme son attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale des États concernés.

Le Conseil demeure profondément préoccupé par la menace que les actes de piraterie et les vols à main armée commis dans le golfe de Guinée font peser sur la navigation internationale, la sécurité et le développement économique des États de la région, la sécurité et le bien-être des gens de mer et d’autres personnes, ainsi que la sécurité des routes maritimes commerciales.

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par le nombre et la violence des actes de piraterie et vols à main armée qui auraient été perpétrés en mer dans le golfe de Guinée depuis 2014, et condamne énergiquement les assassinats, enlèvements, prises d’otages et vols que commettent les pirates qui sévissent dans le golfe de Guinée. Il demande aux États de la région de coopérer, selon qu’il convient, en vue d’engager des poursuites à l’encontre des pirates auteurs présumés de prises d’otages et demande à tous les États de la région et à toutes les parties prenantes concernées de redoubler d’efforts pour obtenir que tous les gens de mer otages dans le golfe de Guinée ou aux alentours soient libérés immédiatement sains et saufs.

Le Conseil prend note du lien qui existe entre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer et la criminalité transnationale organisée dans le golfe de Guinée et se déclare préoccupé par le fait que les pirates en tirent profit.

Le Conseil souligne qu’il importe d’établir s’il existe des liens entre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer et les groupes terroristes d’Afrique de l’Ouest et de la région du Sahel, et prie instamment les États Membres et les organisations internationales compétentes d’aider les États de la région et les organisations régionales et sous-régionales à veiller à ce que les mesures nécessaires soient prises pour empêcher que les produits d’actes de piraterie et de vols à main armée commis en mer contribuent au financement du terrorisme.

Le Conseil prend note avec préoccupation du préjudice que subit actuellement le développement économique et de la destruction d’infrastructures essentielles, et souhaite vivement qu’un soutien soit apporté aux mesures multilatérales visant à mettre sur pied un cadre multilatéral aux fins du règlement des problèmes que sont les vols de pétrole brut et les actes de piraterie et vols à main armée commis en mer.

Le Conseil insiste sur le fait qu’il importe d’appliquer une approche globale dirigée par les États de la région pour lutter contre la menace que représentent les actes de piraterie et vols à main armée commis dans le golfe de Guinée, ainsi que les activités criminelles connexes, s’attaquer à leurs causes profondes et renforcer tant les systèmes de justice que la coopération judiciaire dans la région. Il salue les efforts déployés par les pays de la région pour adopter, dans le respect du cadre établi par le droit international, des mesures destinées à lutter contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer et à combattre la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de stupéfiants, ainsi que d’autres mesures propres à améliorer la sûreté et la sécurité maritimes.

Le Conseil souligne que la paix et la stabilité régionales, le renforcement des institutions de l’État, le développement économique et social et le respect des droits de l’homme et de l’état de droit sont nécessaires pour créer les conditions qui permettront de faire cesser durablement les actes de piraterie et vols à main armée dans le golfe de Guinée.

Le Conseil souligne qu’il est essentiel de coordonner l’action menée au niveau régional pour lutter contre la menace que représentent les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer, et constate qu’il faut mobiliser l’aide internationale à l’appui des efforts déployés à l’échelle nationale et régionale pour aider les États Membres à prendre des mesures pour faire face à cette menace. Il engage les organisations régionales, y compris la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Commission du golfe de Guinée et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, à renforcer la coopération sous-régionale, régionale et internationale en ce qui concerne la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée.

Le Conseil se félicite de la tenue du Sommet des chefs d’État et de gouvernement des États de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée, qui a eu lieu à Yaoundé (Cameroun) les 24 et 25 juin 2013, ainsi que des suites données à cette manifestations et de l’adoption, à cette occasion, du Code de conduite relatif à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre, et du Mémorandum d’entente entre la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et la Commission du golfe de Guinée sur la sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest, qui favorise la mise en œuvre du Code de conduite dans la perspective de faciliter l’adoption d’un accord multilatéral visant à mettre un terme aux activités illégales menées au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.

Le Conseil se félicite également de la création, au Cameroun en 2014, du Centre interrégional de coordination, qui concrétise la stratégie régionale de sûreté et de sécurité et établit un cadre de collaboration entre les institutions régionales et les mécanismes de coopération, à savoir la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Commission du golfe de Guinée et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, et accueille avec satisfaction la création du Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale, à Pointe-Noire (République du Congo), et du Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest, à Abidjan (Côte d’Ivoire), qui coordonneront les activités menées par les centres multinationaux de coordination en vue d’exécuter la mission du Centre interrégional de coordination dans différentes zones, l’objectif étant de mettre en place un mécanisme régional de coordination de la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée dans tout le golfe de Guinée. Il engage les États de la région à préciser le mandat de ces entités et les relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres afin de renforcer la coordination et la coopération.

Le Conseil engage, à cet égard, les États de la région, les organisations régionales et les partenaires internationaux à faire fonctionner à plein tous les mécanismes régionaux de lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer, à savoir le Centre interrégional de coordination, le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale, le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et les Centres multinationaux de coordination dès que possible, et demande instamment aux partenaires bilatéraux et multilatéraux de continuer d’aider les États du golfe de Guinée pour ce qui est des fonds, des compétences, de la formation et de l’équipement.

Le Conseil se félicite également de la tenue de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre interrégional de coordination, organisée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la Commission du golfe de Guinée, du 8 au 12 février à Yaoundé (Cameroun), à l’issue de laquelle les textes relatifs au Centre ont été adoptés en vue, espère-t-on, de sa mise en service complète d’ici à juillet 2016. Le Conseil note que des ressources logistiques et financières sont nécessaires pour mettre en œuvre les projets et programmes du Centre interrégional de coordination et, à cet égard, il se félicite de l’intention exprimée lors de la réunion d’organiser une conférence des donateurs à Yaoundé. Le Conseil encourage les organisations régionales et la communauté internationale à soutenir le Centre.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à élaborer un cadre régional de prévention et de répression des actes de piraterie et des vols à main armée commis en mer; demande à nouveau à tous les États de la région d’ériger les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer en infractions pénales dans leur droit interne, et de poursuivre les auteurs de telles infractions en respectant le droit international applicable, en particulier le droit international des droits de l’homme. Le Conseil réaffirme qu’il est urgent d’ouvrir des enquêtes et d’engager des poursuites, dans le respect du droit international, notamment le droit international des droits de l’homme, contre quiconque encourage ou facilite intentionnellement ces infractions, y compris les responsables de réseaux criminels engagés dans des actes de piraterie et des vols à main armée en mer qui planifient, organisent, facilitent ou financent de tels actes ou en tirent profit.

Le Conseil exhorte les États et les organisations internationales, ainsi que le secteur privé, à échanger selon qu’il convient des informations liées à la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis dans le golfe de Guinée et à renforcer la coordination des échanges de renseignements régionaux.

Le Conseil encourage les partenaires bilatéraux et multilatéraux qui sont en mesure de le faire à fournir aux États et organisations régionales du golfe de Guinée qui en font la demande un appui en matière de personnel, de fonds, de technologie, de formation et de matériel afin de les aider à renforcer leurs moyens de combattre ensemble les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer dans la région, à savoir des patrouilles régionales communes, des activités répressives menées conjointement en mer, des exercices communs de lutte contre la piraterie, des opérations de surveillance aérienne et d’autres opérations conformes au droit international. À cet égard, le Conseil engage les États de la région et les organisations régionales à renforcer le dialogue et la coopération avec les partenaires internationaux, si on le leur demande et qu’ils sont en mesure de le faire, et à élaborer et mettre en œuvre leurs plans d’action sur la lutte contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à continuer de renforcer leurs capacités pour protéger les eaux de la région contre les actes de piraterie et les vols à main armée et demande instamment aux États Membres, si les États de la région le leur demandent et qu’ils sont à même de le faire, d’aider ces derniers à améliorer la construction et la gestion des infrastructures maritimes, telles que les ports du littoral, les installations d’approvisionnement et de réparation, et les dépôts de carburant, ainsi que les compétences du personnel, afin de renforcer leur capacité de mener des opérations maritimes conjointes contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil de sécurité exprime sa gratitude au Secrétaire général pour le solide appui qu’il a offert aux activités menées par les États de la région pour lutter contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer par l’intermédiaire du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel; engage à cet égard les deux bureaux à continuer d’aider les États et les organisations sous-régionales, conformément à leurs mandats respectifs.

Le Conseil remercie le Fonds d’affectation spéciale pour la sûreté maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre, créé par l’Organisation maritime internationale, de ses efforts à l’appui du renforcement des capacités en matière de sécurité maritime en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale et, à cet égard, invite les États Membres à verser des contributions financières au Fonds et à aider les États de la région, aux côtés de l’Organisation maritime internationale et à sa demande, à développer leurs capacités nationales et régionales de manière à améliorer la gouvernance maritime dans les eaux relevant de leur juridiction et à prévenir, dans le respect du droit international, les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil se félicite de l’initiative prise par l’Union africaine d’organiser un Sommet extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, à Lomé, au Togo, le 15 octobre 2016, en vue notamment d’adopter un texte sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement économique et social en Afrique, et invite la communauté internationale et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à y participer activement et à l’appuyer.

Le Conseil prie le Secrétaire général de soutenir les efforts de mobilisation de ressources à l’appui du renforcement des capacités nationales et régionales en étroite concertation avec les États et les organisations régionales et sous-régionales, et de continuer de le tenir régulièrement informé, par l’intermédiaire du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel et du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, de la situation dans le golfe de Guinée en ce qui concerne les actes de piraterie et les vols à main armée, notamment de l’application des mesures mentionnées dans la présente déclaration de son président, en particulier les progrès accomplis dans la mise en service des mécanismes régionaux, la sécurité maritime à long terme, la gouvernance maritime, la coordination en matière de droit maritime, ainsi que la coopération régionale et internationale aux fins de la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Lutte contre la piraterie: le Conseil de sécurité engage les États du golfe de Guinée et leurs partenaires à actionner les mécanismes régionaux

7675e séance – matin
CS/12336

Lutte contre la piraterie: le Conseil de sécurité engage les États du golfe de Guinée et leurs partenaires à actionner les mécanismes régionaux

Dans une déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui à l’issue de son débat public intitulé « Consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest: piraterie et vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée », le Conseil de sécurité engage les États du golfe de Guinée, en Afrique de l’Ouest, ainsi que les organisations régionales et les partenaires internationaux, à « faire fonctionner à plein » tous les mécanismes régionaux de lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

En particulier, le Conseil se félicite de la tenue de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre interrégional de coordination, organisée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la Commission du golfe de Guinée, du 8 au 12 février à Yaoundé (Cameroun), à l’issue de laquelle les textes relatifs au Centre ont été adoptés en vue, espère-t-on, de sa mise en service complète d’ici à juillet 2016.

Le Conseil de sécurité note que des ressources logistiques et financières sont nécessaires pour mettre en œuvre les projets et programmes du Centre interrégional de coordination et, à cet égard, il se félicite de l’intention exprimée lors de la réunion d’organiser une conférence des donateurs à Yaoundé.  Le Conseil encourage les organisations régionales et la communauté internationale à soutenir le Centre.

Préoccupé par le nombre et la violence de tels actes, le Conseil condamne les assassinats, enlèvements, prises d’otages et vols que commettent les pirates qui sévissent dans le golfe de Guinée.  Il demande aux États de la région de coopérer, selon qu’il convient, en vue d’engager des poursuites à l’encontre des pirates auteurs présumés de prises d’otages et demande à tous les États de la région et à toutes les parties prenantes concernées de redoubler d’efforts pour obtenir que tous les gens de mer otages dans le golfe de Guinée ou aux alentours soient libérés immédiatement sains et saufs.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à élaborer un cadre régional de prévention et de répression des actes de piraterie et des vols à main armée commis en mer.  Il exhorte également les États et les organisations internationales, ainsi que le secteur privé, à échanger selon qu’il convient des informations liées à la lutte contre de tels actes et à renforcer la coordination des échanges de renseignements régionaux.

Il se félicite de l’initiative prise par l’Union africaine d’organiser un Sommet extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, à Lomé, au Togo, le 15 octobre 2016, en vue notamment d’adopter un texte sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement économique et social en Afrique, et invite la communauté internationale et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à y participer activement et à l’appuyer.

Le golfe de Guinée est l’une des régions les plus durement touchées par ce problème, a rappelé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Tayé-Brook Zerihoun, qui a fait un exposé au Conseil, avant de céder la parole à une trentaine de délégations dont certaines étaient représentées au niveau ministériel.

M. Zerihoun a expliqué que le Centre interrégional de coordination a été inauguré à Yaoundé, au Cameroun, en 2014, afin de coordonner toutes les opérations en vue d’éliminer les actes de piraterie et autres activités criminelles dans le golfe de Guinée.  Le Centre interrégional de coopération devra lui-même coordonner le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC), basé à Pointe-Noire, au Congo, et le futur centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest(CRESMAO), à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Malheureusement, a-t-il regretté, le Centre n’est pas complètement opérationnel, pour des raisons d’effectifs, financières et logistiques. 

Pour combattre la piraterie, les vols et la traite des personnes, il faut comprendre que leur suppression, même si elle est nécessaire, ne suffit pas, a souligné le Sous-Secrétaire général.  Ceux qui commettent de tels actes savent s’adapter, usent de méthodes de plus en plus sophistiquées et sont souvent bien informés.  Il faut donc que les efforts nationaux, régionaux et mondiaux soient « flexibles et proactifs », a-t-il insisté.  Des initiatives ciblées sur le développement économique et social et la création d’emplois sont nécessaires pour offrir des opportunités aux populations marginalisées, notamment les jeunes, susceptibles de se tourner vers la piraterie. 

La majorité des intervenants ont reconnu la nécessité de donner aux pays de la région les moyens de lutter contre la piraterie, compte tenu des difficultés qu’ils rencontrent et de leurs besoins, afin d’assurer la paix et le développement pour tous. 

Le représentant du Sénégal a voulu que l’on n’oublie pas que les principales causes de l’insécurité maritime sont à chercher sur la terre ferme, à savoir les vastes réseaux d’activités illicites qui se construisent progressivement sur fond de mauvaise gouvernance, d’extrême pauvreté et de violence sociopolitique.  Il faut aussi, a-t-il souligné, envisager l’existence de liens entre la piraterie dans le golfe de Guinée et le financement des activités des groupes terroristes implantés dans la région.

Outre la piraterie, a relevé son homologue de l’Angola, les pays de l’Atlantique Sud et de la côte sont confrontés à des menaces de perturbation des routes maritimes.  Il a évoqué les frontières poreuses, les pêches illégales, l’immigration illégale, la contrebande de drogues, la traite d’êtres humains et les délits environnementaux.  Grâce à l’adoption de la déclaration présidentielle aujourd’hui, le Conseil de sécurité envoie un message fort à la communauté internationale, s’est-il félicité.

Enfin, le Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine du Togo a indiqué que son pays se préparait à accueillir à Lomé, le 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur « la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique ».  Le Sommet, a-t-il expliqué, débouchera sur l’adoption et la signature d’une charte africaine, future « Charte de Lomé ».  Cet instrument juridique, a précisé le Ministre, faciliterait la règlementation et la coordination des interventions en mer tout en favorisant une gouvernance maritime harmonieuse et efficace au profit du progrès économique et social. 

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Actes de piraterie et les vols à main armée dans le golfe de Guinée

Lettre datée du 6 avril 2016, adressée au Secrétaire général par les représentants de l’Angola, de la Chine et du Sénégal auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/321)

Exposé

M. TAYÉ-BROOK ZERIHOUN (Éthiopie) Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a fait remarquer que c’est la première fois depuis presque cinq ans que le Conseil de sécurité consacre une réunion à la question de la piraterie et des vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée.  Au cours de ces dernières années, le nombre d’incidents enregistrés a décliné, mais la sécurité en mer reste un sujet de préoccupation dans la région.

Au cours du premier trimestre 2016, le Bureau maritime international a signalé six attaques et six tentatives d’attaques dans le golfe de Guinée, dont neuf au Nigéria, et deux dans les eaux territoriales de la République démocratique du Congo (RDC).  Des cas de détournement de navires à des fins politiques par des militants se disant du « Biafra » et des enlèvements le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale ont également été enregistrés.

M. Zerihoun a rappelé que le Centre interrégional de coordination a été inauguré à Yaoundé, au Cameroun, en 2014, afin de coordonner toutes les opérations en vue d’éliminer les actes de piraterie et autres activités criminelles dans le golfe de Guinée.  Le Centre interrégional de coopération devra lui-même coordonner le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC), basé à Pointe-Noire, au Congo, et le futur Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO), à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Malheureusement, a-t-il regretté, le Centre interrégional de coopération n’est pas complètement opérationnel, pour des raisons d’effectifs, financières et logistiques. 

Le Sous-Secrétaire général s’est félicité de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre qui s’est tenue à Yaoundé le 12 février dernier.  Il a été recommandé que les États Membres fournissent 40% des ressources nécessaires, complétées par les partenaires bilatéraux et internationaux.  Il a également été recommandé que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Commission du golfe de Guinée (CGG) et ses États Membres accélèrent le déboursement des fonds pour permettre l’opérationnalisation du Centre entre juillet et décembre 2016.

La mobilisation des ressources demeure une priorité pour garantir la mise en service complète du Centre interrégional de coopération, a insisté M. Zerihoun. C’est pour cette raison que les chefs d’État et de gouvernement de la région ont décidé, en principe, d’organiser à Yaoundé une conférence des partenaires et des contributeurs, qui se tiendrait immédiatement après la réunion du G-7 et des amis du golfe de Guinée, prévue les 6 et 7 juin à Lisbonne, au Portugal. 

Pour combattre la piraterie, les vols et la traite des personnes, il faut comprendre que leur suppression, même si elle est nécessaire, ne suffit pas, a souligné le Sous-Secrétaire général.  Ceux qui commettent de tels actes savent s’adapter, usent de méthodes de plus en plus sophistiquées et sont souvent bien informés.  Il faut donc que les efforts nationaux, régionaux et mondiaux soient « flexibles et proactifs », a-t-il dit.  Des initiatives ciblées sur le développement économique social et la création d’emplois sont aussi nécessaires pour offrir des opportunités aux populations marginalisées, notamment les jeunes, susceptibles de se tourner vers la piraterie. 

De plus, a continué M. Zerihoun, il faut améliorer la collecte de renseignements, le partage de l’analyse des données et renforcer les capacités des services répressifs locaux.  En conclusion, il a espéré que le Sommet extraordinaire sur la sécurité maritime et le développement organisé par l’Union africaine à Lomé, au Togo, les 15 et 16 octobre 2016, donnera aux pays de la région l’opportunité de renforcer l’architecture de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée. 

Déclarations

M. GORGUI CISS (Sénégal) a indiqué que face à la complexité grandissante de la criminalité dans le Golfe de Guinée, le Sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes de 2013 à Yaoundé avait constitué un véritable déclic et une manifestation tangible de l’engagement collectif des États de la région.  Au regard du chemin parcouru depuis lors, le représentant a estimé qu’il y a des raisons d’être satisfait de la mobilisation continue des États et des organisations sous-régionales qui ont accompli des progrès substantiels dans la mise en place des institutions et l’adoption des cadres juridiques relatifs à l’architecture de sûreté et de sécurité maritimes. 

L’opération de cette architecture, a admis le représentant, dépend du renforcement de la coordination et de l’harmonisation des législations aux niveaux interétatique et interrégional, et de la délimitation des frontières maritimes, sans oublier le financement qui est un « élément central ».  Le soutien des partenaires techniques et financiers s’avère donc indispensable pour la consolidation et la viabilité des systèmes intégrés de sécurité maritime en gestation. 

Le représentant a tout de même voulu que l’on n’oublie pas que les principales causes de l’insécurité maritime sont à chercher sur la terre ferme, à savoir les vastes réseaux d’activités illicites qui se construisent progressivement sur fond de mauvaise gouvernance, d’extrême pauvreté et de violence sociopolitique.  Il faut aussi, a souligné le représentant, envisager l’existence de liens entre la piraterie dans le golfe de Guinée et le financement des activités des groupes terroristes implantés dans la région. 

Pour étouffer les sources potentielles de conflit, il a jugé essentiel de renforcer les partenariats en matière d’exploitation rationnelle des ressources halieutiques, de gouvernance et de partage des ressources marines transnationales, en tenant compte toutefois des spécificités des pays.  Pour le représentant, les orientations du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, organisé en 2015, méritent une appropriation africaine ainsi qu’un soutien actif de la communauté internationale.  Après s’être explicité en sept points, le représentant a, à son tour, insisté sur le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité maritime qui se tiendra à Lomé en octobre 2016. 

M. JULIO HELDR MOURA LUCAS (Angola) a relevé le rôle stratégique crucial que joue le golfe de Guinée dans le commerce maritime.  Il a souligné, en particulier, le lien stratégique qui s’est établi au siècle dernier entre les deux rives de l’Atlantique.  Outre la piraterie, les pays de l’Atlantique Sud et de sa côte Est sont confrontés à des menaces de perturbation des routes maritimes, a-t-il dit en citant notamment les frontières poreuses, les pèches illégales, l’immigration illégale, la contrebande de drogues, la traite d’êtres humains et les délits environnementaux.  Grâce à l’adoption de la Déclaration présidentielle aujourd’hui, le Conseil de sécurité envoie un message fort à la communauté internationale, s’est-il félicité.

Le représentant a appelé à coordonner l’assistance internationale pour aider les pays concernés à faire face à ces menaces.  En 2009, a-t-il rappelé, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avait adopté une stratégie régionale maritime et créé un Centre interrégional de sécurité maritime.  Le représentant a cependant prévenu des capacités insuffisantes de la CEEAC dans ce domaine.  L’Angola, qui a une longue côte maritime, est profondément engagé dans la Stratégie intégrée de l’Union africaine prévue jusqu’en 2050.  L’Angola, a-t-il assuré, a renforcé les dispositions prises en faveur de la sécurité maritime au plan national et coopère avec les pays de la région.  L’Organisation maritime internationale et l’Angola avaient organisé conjointement, en 2009, une réunion sur la piraterie en Afrique de l’Ouest et du Centre. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a estimé que même si les chiffres faisaient état d’une baisse du phénomène de la piraterie dans le golfe de Guinée, il ne faudrait pas oublier que selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les propriétaires des navires attaqués ont tendance à ne pas divulguer ces incidents de peur de voir leur police d’assurance augmenter. 

Il a fait observer que contrairement au golfe d’Aden, où les pirates attaquent les navires en haute mer, dans le golfe de Guinée, ceux-ci n’hésitent pas à opérer dans les eaux territoriales des pays de la région.  De ce fait, les forces navales internationales font face à des obstacles d’ordre légal pour répondre à ces attaques, alors que dans le même temps, les autorités des États côtiers ne semblent pas avoir la volonté de poursuivre les pirates en justice, a-t-il déploré.  Il a souligné que cette situation de frontières maritimes incontrôlées pourrait profiter aux groupes terroristes comme cela s’est vu au cours des récentes attaques terroristes qui ont eu lieu en Afrique de l’Ouest.

Face à cette situation, le représentant a appelé l’ONU à apporter son assistance aux pays de la région afin qu’ils mettent en œuvre leur stratégie intégrée sur la sécurité maritime.  Il a également plaidé pour le renforcement des capacités des pays de la région en matière de sécurité maritime, ainsi que pour le renforcement de leurs infrastructures et de leurs capacités à mener des patrouilles conjointes en mer.  Il a noté que ces actions nécessitaient le renforcement de la coordination entre l’ONU, les pays de la région, les organisations régionales et sous-régionales telles que l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée.  Le délégué a en outre indiqué que quatre Ukrainiens avaient été enlevés, deux en août 2015 et deux le 26 mars dernier, les négociations pour leur libération étant toujours en cours.

Il a ensuite déclaré qu’en vue de réduire l’impact de la piraterie moderne, il serait opportun que les gouvernements, les propriétaires des navires, les assurances et toutes les parties prenantes dans le commerce maritime traitent les marins comme des partenaires sociaux en s’occupant véritablement de leur sécurité.  À ce propos, il a invité les États Membres à rendre universels les amendements de la Convention du travail maritime de 2006 qui a été approuvée par l’Organisation internationale du Travail (OIT) en 2014.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a indiqué que le golfe de Guinée représentait plus de 20% de la criminalité maritime mondiale, en recensant le nombre en hausse des attaques dans cette région.  On estime en outre que seulement la moitié des incidents sont dénoncés, a-t-il fait observer.  En 2013, le Sommet de Yaoundé avait établi les bases de l’architecture maritime dans le golfe de Guinée, en reconnaissant notamment le rôle crucial de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), a rappelé le représentant.  Il a souligné la participation de l’Espagne dans ce domaine, notamment à travers des programmes de formation, d’entraînement ou la collaboration policière.  Outre sa proximité physique de la région concernée, l’Espagne est fermement engagée en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique.  Il reste encore beaucoup à faire, a-t-il cependant prévenu en citant l’augmentation du nombre des attaques.  Il a appelé les pays concernés à accepter le principe d’appropriation et la collaboration judiciaire.  Il a également plaidé en faveur de partenariats en Afrique en adoptant des accords régionaux.  Sa délégation insiste aussi sur la prévention de ces crimes, en mettant l’accent sur l’examen des causes profondes du problème. 

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a rappelé que son pays était une nation maritime exportatrice, dont 99% du volume commercial passe par la navigation commerciale.  Il s’intéresse donc de près à la sécurité maritime, en particulier pour les petits États insulaires en développement de sa région.  Les pays du golfe de Guinée font face à des défis similaires, a-t-il fait remarquer en expliquant que leurs capacités limitées les rendent vulnérables à la criminalité transnationale dont la piraterie.  Il a partagé une leçon apprise dans sa région sur l’importance de la coopération et la coordination efficaces entre les pays, comme le font le Forum des îles du Pacifique et les agences de surveillance et de maintien de l’ordre.  

Pour étendre cette collaboration au plan international, les frégates néozélandaises ont participé à une opération multinationale de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden et au large de la côte est de la Somalie, tandis que l’armée de l’air a participé à une opération de l’OTAN antipiraterie.  L’an dernier, la Nouvelle-Zélande a aussi travaillé avec des pays d’Afrique de l’Ouest pour partager des informations sur des navires impliqués dans les pêches illégales dans l’Océan au sud de la Nouvelle-Zélande.  Le représentant a fait valoir l’importance de lutter, en aval, pour éliminer les causes profondes de ces activités criminelles.  Cela exige des institutions fortes et efficaces, ainsi qu’une solide volonté politique.  Il a relevé que le problème de piraterie dans le golfe de Guinée trouvait sa cause dans les doléances de longue date de groupes marginalisés du delta du Niger.  Il a aussi recommandé de mettre en place des cadres juridiques nationaux qui permettent de poursuivre en justice ceux qui sont directement ou indirectement impliqués dans la piraterie, avant de plaider à nouveau en faveur de la coopération régionale.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a rappelé que la piraterie sapait les échanges et renforçait la criminalité organisée et le terrorisme.  Il faut mieux coordonner les efforts, affiner les stratégies et améliorer la coopération en haute mer.  À cette fin, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit appuyer les initiatives régionales pour le golfe de Guinée.  Il faut permettre aux États de mieux exploiter leurs ressources naturelles conformément au droit, a dit le représentant, en insistant sur les liens entre la sécurité, l’état de droit et le développement.

Selon la délégation, il est nécessaire de traiter les symptômes pour résoudre le problème à long terme et garantir le développement durable des pays africains.  Il faut commencer par surmonter les obstacles de financement.  Grâce à l’Organisation maritime internationale (OMI), l’ONU met m’accent sur cette question, s’est-il félicité.  Disposée à partager son expérience, il a expliqué que la Malaisie menait des patrouilles coordonnées avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans le détroit de Malacca pour améliorer la sécurité maritime.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a qualifié de majeurs les enjeux sécuritaires, économiques et politiques liés à l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée.  Les chiffres parlent d’eux-mêmes, a-t-il dit, en précisant que cette zone maritime qui s’étend sur 6 000 kilomètres de littoral constitue un des plus grands gisements de pétrole offshore au monde, avec 24 milliards de barils de réserve, soit 5% des réserves mondiales.  Depuis 10 ans, près de 600 attaques contre des navires en haute mer ou dans les eaux territoriales des états côtiers ont été commises et entre 20 et 40 tonnes de cocaïne transitent chaque année par le golfe de Guinée, en provenance de l’Amérique du Sud et à destination de l’Europe.

Insistant sur la mobilisation des États de la région, le représentant a rappelé que les résolutions 2018 (2011) et 2039 (2012) du Conseil de sécurité avaient appelé les États du golfe de Guinée à se doter d’outils, de capacités et de politiques afin d’éradiquer l’insécurité maritime croissante dans la région.  « Le sommet de l’Union africaine qui doit se tenir à Lomé en octobre 2016 et l’adoption prévue, à cette occasion, d’une charte de l’Union africaine sur la sûreté et la sécurité maritime et le développement économique et social, seront à cet égard essentiels », a souligné M. Delattre, en souhaitant l’opérationnalisation, dès que possible, du processus de Yaoundé.

Pour sa part, a-t-il ajouté, la France accompagnera l’initiative des pays d’Afrique occidentale et centrale dans le golfe de Guinée.  Présente depuis 25 dans la zone, à travers la mission Corymbe et la coopération de sécurité et de défense, elle a lancé depuis 2011 le projet ASECMAR, qui appuie la réforme du secteur de la sûreté maritime dans le golfe de Guinée.  De plus, un plan de soutien français pour la sécurisation des espaces maritimes dans le golfe de Guinée a été élaboré, a poursuivi le représentant, en faisant aussi valoir la stratégie pour le golfe de Guinée adoptée en mars 2014 par l’Union européenne.

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déploré les incidences négatives de la piraterie sur la stabilité des pays du golfe de Guinée et leur développement.  « Nous ne pouvons pas faire preuve de complaisance aujourd’hui », a-t-il averti.  Les réseaux criminels continuent de fonctionner et, à cet égard, il a salué les efforts entrepris par les pays et l’Union africaine pour combattre ce problème.  Pour que leurs efforts soient efficaces, a-t-il continué, il faut aider les pays à sécuriser leurs côtes et à renforcer l’échange de renseignements.  L’industrie maritime doit également s’engager à appliquer des normes élevées de sécurité, et les personnes qui financent les réseaux de piraterie doivent être poursuivies et sanctionnées.

Les stratégies doivent s’adapter aux modes opératoires qui varient d’une région à l’autre, a recommandé le représentant.  Dans le golfe d’Aden et au large des côtes somaliennes, les pirates profitent de l’absence d’une autorité forte depuis plusieurs années.  Dans le golfe de Guinée, il y a davantage de saisies de cargos, a-t-il comparé.  Il a jugé important de délimiter les zones à haut risque qui connaissent une activité accrue, afin notamment de veiller à ce que l’utilisation des ressources soit la plus judicieuse possible.

Par ailleurs, la stratégie maritime africaine à l’horizon 2050 est ambitieuse, a-t-il déclaré.  Elle vise aussi à encourager le commerce et le développement de l’infrastructure portuaire.  La pauvreté et le sous-développement ne font qu’alimenter la piraterie, la criminalité organisée et le terrorisme.  Il faut donc que la communauté internationale aide les pays à diagnostiquer les causes profondes des problèmes et à renforcer leurs capacités.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a indiqué que le 11 avril dernier, des pirates avaient attaqué un navire au large des côtes nigérianes, en précisant que ce n’était pas le seul incident de cette journée.  En 2016, 32 attaques de pirates avaient été perpétrées en 2016 au large de ces côtes, a-t-elle rappelé, en soulignant que cette situation affectait tous les pays, y compris les États-Unis.  Elle a fait remarquer que des quantités très importantes de pétrole brut avaient été volées dans le golfe de Guinée.  Quant à la pêche illégale, elle représente aussi des pertes massives, alors que des communautés dépendent de cette ressource pour vivre.  Les défaillances dans tous les systèmes sont responsables de cette situation, a-t-elle dit avant de plaider en faveur de la coopération régionale et internationale, ainsi que du renforcement des structures de gouvernance. 

De l’avis de la représentante des États-Unis, le Centre interrégional de coopération de l’Afrique centrale joue un rôle essentiel dans ce domaine, ainsi que d’autres instances régionales comme la CEEAC et la CEDEAO.  Elle a invité à appuyer les efforts des partenaires africains, et ce, dans trois domaines: prévention maritime, riposte et renforcement de la gouvernance.  Elle a aussi appelé les pays de la région à appliquer le Code de conduite de Yaoundé.  Les États-Unis forment du personnel local et conduisent des exercices dans le cadre de partenariats avec d’autres pays pour forger une tactique commune et mieux sécuriser les eaux du golfe de Guinée.  Ils ont aussi mené des opérations au large du Sénégal, du Cameroun et de Cabo Verde.  En outre, les États-Unis contribuent au renforcement du secteur judiciaire dans le golfe de Guinée, notamment en appuyant les activités de l’ONUDC.  Avant de conclure, la représentante a prôné l’adoption d’une stratégie globale dans la région contre ce fléau.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a fait remarquer que la Déclaration de Montevideo faisait des recommandations précises contre la piraterie dans le golfe de Guinée.  Il a salué le rôle joué par les organisations économiques régionales qui ont coordonné leurs efforts pour combattre ce problème, mais il a noté que les réseaux criminels profitent de la vulnérabilité des États au niveau de leurs capacités maritimes et de répression.

À court terme, a résumé le représentant, il faut accroître la présence en mer des pays concernés, et, à long terme, il faut se pencher sur les causes profondes de la piraterie.  Il a blâmé la pauvreté, le chômage, les inégalités, le trafic d’armes, de drogues et de personnes, la pollution, la pêche illégale et la présence de groupes de plus en plus extrémistes.  Il a préconisé le renforcement des institutions nationales.  « Près de la moitié des incidents ne sont pas dénoncés et, par conséquent, ils ne sont pas enregistrés », a-t-il en outre noté.  Le système multilatéral, notamment les Nations Unies, doivent jouer un rôle central contre la piraterie, a-t-il conclu.  

M. KOICHI MIZUSHIMA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a rappelé le rôle joué par son pays dans le maintien et la stabilité de l’ordre maritime mondial, y compris dans les détroits de Malacca et de Singapour, ainsi qu’au large des côtes somaliennes.  Si les pays côtiers portent la responsabilité première de résoudre les problèmes qui se posent dans le golfe de Guinée, ils se heurtent toutefois à l’insuffisance des ressources humaines et financières nécessaires pour mettre en œuvre le Code de conduite concernant la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre – connu sous le nom de Code de conduite de Yaoundé, a fait remarquer le Chef de la diplomatie japonaise.  C’est la raison pour laquelle le Japon soutient sa mise en œuvre, en étant le plus important bailleur de fonds au Fonds d’affectation spéciale pour la sûreté maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre.  En outre, a souligné M. Mizushima, le Japon envisage de fournir une assistance de façon à ce que le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique puisse se dérouler à Lomé, au Togo, en octobre 2016.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par l’intensification des activités de la piraterie au large de l’Afrique de l’Ouest.  Il s’est notamment inquiété de l’insécurité que subissent les gens de mer, en précisant que des ressortissants russes en avaient été victimes.  Il a aussi déploré les pertes économiques énormes que cela représente.  Sachant que les attaques ont lieu généralement près des côtes, parfois même dans les eaux territoriales d’un État, il a appelé à renforcer les capacités des garde-côtes et à faciliter les poursuites en justice des pirates et de leurs responsables.  Il faut aussi intercepter les canaux de financement des activités de piraterie, a-t-il insisté.

Le représentant russe s’est ensuite félicité des mécanismes régionaux de coordination mis en place pour lutter contre les attaques en mer, en demandant qu’une stratégie commune soit élaborée pour mobiliser toutes les ressources disponibles.  Il a espéré que le Centre inter-régional de coopération créé au Cameroun serait bientôt opérationnel.  Il a aussi attiré l’attention sur ce que fait son pays pour contribuer à la lutte contre la piraterie dans l’Océan indien.

M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATEROL (Venezuela) a reconnu que les pays du golfe de Guinée étaient victimes de nombreux actes de piraterie.  Il faut mobiliser les efforts dans le cadre de la coopération internationale pour aider les États à faire face à cette situation problématiques et parvenir au développement durable et inclusif de la région.  À cette fin, il a appuyé toutes les initiatives qui promeuvent la stabilité dans les domaines économique et politique.  

Le représentant a salué les efforts entrepris par les pays de la région qui ont institutionnalisé une réponse conjointe.  Il a appuyé le fonds d’affectation spéciale créé par l’Organisation maritime internationale pour renforcer les capacités des États côtiers concernés.  Il a appelé tous les États à respecter leurs engagements financiers, « strictement et dans les délais prévus ».  Tout en respectant la souveraineté nationale, l’indépendance et l’intégrité territoriale des États, l’on doit aussi trouver des formules pour éviter que les manifestations du terrorisme dans le Sahel, aggravées par l’intervention en Libye, ne s’étendent.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a rappelé que deux attaques avaient eu lieu récemment contre des navires qui ont perdu 8 membres d’équipage toujours portés disparus.  S’inquiétant de ce que ce phénomène frappe les intérêts de tous les pays en menaçant la sécurité du commerce, il a conseillé de l’aborder conjointement par le biais d’un leadership national et d’un appui international coordonné.  Il a dit appuyer le Code de conduite de Yaoundé, en se félicitant des efforts régionaux menés dans ce sens.  Il a également appelé à développer un cadre régional pour le partage d’information et la coordination nécessaire pour faire vraiment la différence dans le golfe de Guinée.  Il est important que les réseaux de coordination comme les centres interrégionaux de coopération deviennent opérationnels, a-t-il insisté.

Le Royaume-Uni joue son rôle notamment par le biais de l’Union européenne et du G-7 dans le golfe de Guinée qui va bientôt se réunir sous la présidence portugaise.  Il faut déployer davantage d’efforts à cette lutte, a-t-il reconnu en expliquant que son pays était engagé à assister les pays de la région en matière de police.  Le Royaume-Uni essaye notamment de créer une plateforme pour les activités policières maritimes, a assuré son représentant.  Il a aussi plaidé en faveur de la justice, en invitant à mener les enquêtes nécessaires et à poursuivre les auteurs de la piraterie.  Cela implique le renforcement de l’état de droit, a-t-il dit avant de souhaiter que les capacités des pays de la région soient renforcées afin de leur permettre de poursuivre efficacement les auteurs de ces crimes. 

M. LIU JIEYI (Chine) a considéré que la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée constituaient « un enjeu majeur » pour la région.  Il a dénoncé la brutalité des incidents qui sapent les efforts entrepris par les pays concernés pour leur développement économique et social.  La piraterie représente aussi une grave menace pour le passage maritime et les échanges internationaux, qui sont une composante essentielle de la paix globale.  La consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest est une question de responsabilité qui doit être assumée par tous les pays.

Les pays côtiers ont déployé d’immenses efforts en créant un mécanisme de lutte contre la piraterie, a reconnu le représentant.  Toutefois, la communauté internationale doit tenir compte de leur manque de ressources financières, d’infrastructures et d’équipements.  Pour lui, les efforts doivent se concentrer, dans le respect de la souveraineté nationale, sur le renforcement des capacités des pays et sur la sécurisation des installations portuaires.  Il faudrait ainsi améliorer la formation des forces de sécurité maritimes, les activités de répression en consultation avec les pays concernés, et les systèmes juridiques et judiciaires, en veillant à ce que les mécanismes pertinents existants soient pleinement opérationnels.  Le représentant a souhaité la mobilisation de ressources supplémentaires pour aider les pays à accélérer leur développement, en favorisant notamment l’emploi des jeunes.  Enfin, a-t-il souligné, il faudrait renforcer la lutte contre le terrorisme.

M. ROBERT DUSSEY, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine du Togo, a indiqué que son pays se préparait à accueillir à Lomé, le 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur « la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique ».  Le Sommet, a-t-il expliqué, débouchera sur l’adoption et la signature d’une charte africaine, future « Charte de Lomé ».  Cet instrument juridique, a précisé le Ministre, faciliterait la règlementation et la coordination des interventions en mer tout en favorisant une gouvernance maritime harmonieuse et efficace au profit du progrès économique et social. 

Appelée à contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050, la charte mettrait en relief l’importance de la coopération régionale et internationale contre la piraterie maritime, les trafics illégaux transitant par la mer, la pêche illicite non déclarée et non réglementée et la pollution de l’environnement marin.  La charte encouragerait le partage des informations entre États et l’entraide judiciaire.  Elle ferait aussi la promotion d’une économie bleue florissante, durable et respectueuse de l’environnement dans un espace bien sécurisé.  La charte innoverait en ce sens qu’elle appréhenderait la thématique de la sécurité maritime sous l’angle du développement économique avec des mesures appropriées pour la protection des océans et des mers, a insisté le Ministre.

Mme ANNIKA SÖDER, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Suède, s’exprimant au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), s’est demandé comment la communauté internationale pouvait joindre ses forces pour traiter le problème de la piraterie au large de l’Afrique de l’Ouest.  Elle a proposé trois domaines d’action en particulier, le premier étant la coopération régionale.  Elle s’est dite encouragée par l’adoption d’un Code de conduite sur la prévention et la répression des actes de piraterie et les vols à main armée en mer dans la région de l’Afrique de l’Ouest et centrale, par les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Commission du golfe de Guinée. 

Le Code de conduite et les institutions nécessaires à la sécurité maritime ne sont cependant pas encore opérationnels, a-t-elle relevé en appelant à soutenir ces efforts.  La représentante a également plaidé en faveur d’une coopération plus étroite entre les navires marchands et les garde-côtes de la région, suggérant de mener des patrouilles conjointes.  Il faut aussi, a-t-elle ajouté, garantir des poursuites en justice et l’incarcération des auteurs.

Les expériences de l’opération NAVFOR Atalante de l’Union européenne montrent les résultats qui peuvent être atteints grâce à des efforts coordonnés, a-t-elle poursuivi.  Elle a ensuite invité à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité et de l’insécurité dans la région.  En outre, elle a recommandé de développer l’économie bleue dans la région, espérant que les ressources maritimes bénéficient davantage aux pays, ce à quoi la Suède tente de contribuer.  L’ONU doit continuer à appuyer les efforts de lutte contre la piraterie des entités de la région, tout en luttant pour la stabilité de la région, a assuré Mme Söder.

M. ALVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) a fait observer que la question de la piraterie dans le golfe de Guinée constituait une ramification de la menace plus large que représente le crime organisé en Afrique de l’Ouest.  Il a expliqué que le trafic transrégional des drogues, des armes, des êtres humains et d’autres produits et services contribuait à renforcer l’insécurité et l’instabilité dans le golfe de Guinée et à travers l’Afrique de l’Ouest.  Il a ajouté que la pêche illégale, le déversement de déchets en mer étaient autant de phénomènes qui infligent des dommages dramatiques aux écosystèmes marins, avec des conséquences de longue durée sur les économies locales.

Le représentant a ensuite souligné qu’avec la mondialisation et le fait que près de 90% du commerce international se faisait par voie maritime, ce qui se passe dans le golfe de Guinée affecte également les pays directement impliqués dans le commerce maritime. 

Il a souligné la nécessité d’agir sur trois plans: renforcer les moyens technologiques nécessaires à la sécurité; renforcer la coordination de différents acteurs et initiatives; et promouvoir la volonté politique et l’engagement à produire des résultats.  Il a aussi rappelé que le Sommet de Yaoundé de 2013 avait proposé la mise en place d’une architecture interrégionale intégrée, affirmant que cette suggestion devait être la base de tout effort international visant à soutenir les pays de la région dans leur lutte contre la piraterie. 

Il a aussi appelé au renforcement de la coopération entre les pays de la région, notamment par le biais de l’échange d’informations.  Il a aussi dit l’engagement du Portugal à lutter contre ce fléau, rappelant sa coopération technique et militaire avec l’Angola, Cabo Verde et Sao Tomé-et-Principe, des pays lusophones.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a invité la communauté internationale à apporter son assistance aux pays de la région, ainsi qu’aux organisations régionales et sous-régionales dans leurs efforts de renforcement de la coopération visant à mettre en œuvre la stratégie commune de sécurité maritime.  Il a estimé que pour venir à bout de ce fléau de la piraterie dans le golfe de Guinée, l’on pourrait s’inspirer de ce qui s’est fait dans le golfe d’Aden.  Il a ainsi expliqué que dans ce dernier cas, la réduction des incidents avait été possible du fait des patrouilles navales internationales conjointes dans les zones à haut risque et par le respect des meilleures pratiques en matière de lutte contre la piraterie, lesquelles ont été développées par l’industrie navale et l’Organisation maritime internationale (OMI).

M. Plasai a également souhaité que la lutte contre la piraterie soit engagée dans le respect du droit international, notamment de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Il a aussi appelé à trouver des solutions qui tiennent compte des causes profondes de cette insécurité.  Il a ainsi prôné de s’attaquer aux causes socioéconomiques qui pourraient expliquer ce fléau, notamment en créant des conditions de vie alternatives pour les communautés locales vivant sur les côtes.  Il a fait observer que la marine royale de la Thaïlande avait joué un rôle majeur dans la lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden et en Asie notamment.

M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a regretté que, jusqu’à présent, les résolutions 2018 et 2039 du Conseil de sécurité avaient eu un impact limité pour réduire les actes de piraterie dans le golfe de Guinée, en raison aussi d’une assistance technique encore insuffisante de la part de la communauté internationale.  De son côté, l’Union africaine continue de travailler en étroite coopération avec les acteurs sous-régionaux pour prendre toutes les mesures appropriées afin de combattre la criminalité et l’insécurité maritimes, a-t-il assuré.  M. António a ainsi fait valoir la stratégie maritime intégrée Afrique 2050 de l’Union africaine et le Plan d’action qui lui est associé, à l’appui des efforts déployés par les États.

Il a indiqué que l’Union africaine avait l’intention d’organiser un sommet extraordinaire sur la sécurité maritime à Lomé, au Togo, en octobre prochain.  M. António a ensuite souligné l’importance du Sommet régional qui avait réuni à Yaoundé, au Cameroun, en juin 2013, les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEA) et de la Commission du Golfe de Guinée, et débouché sur l’adoption d’un ambitieux mémorandum portant création d’un Code de conduite et d’un Centre interrégional de coordination, destiné à mettre en œuvre une stratégie régionale de sûreté et de sécurité maritimes.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que l’Italie était membre du groupe G7 des amis du golfe de Guinée, une initiative qui entend faciliter la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’ONU sur la question de la piraterie dans le golfe de Guinée et du Sommet de Yaoundé sur la même question.  Il a indiqué que l’appropriation nationale et le leadership national étaient essentiels pour assurer le soutien international et l’orienter là où il est le plus nécessaire. 

Il a salué la réunion de haut niveau de Yaoundé en février dernier, laquelle a notamment rappelé l’importance du Centre interrégional de coordination basé au Cameroun.  Il a affirmé que la formation et le renforcement des capacités étaient essentiels, soulignant à cet effet l’engagement de la marine italienne dans ces activités de formation, en collaboration avec une vingtaine de pays africains et 21 ports, dont certains du golfe de Guinée.

M. Lambertini a par ailleurs souligné que l’Italie soutenait les efforts de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) visant à combattre la piraterie, ajoutant que pour combattre ce fléau, il fallait en examiner ses causes profondes, notamment en considérant des domaines d’intervention tels que le développement socioéconomique, la création d’emplois, la lutte contre les inégalités, la promotion de l’éducation, de l’engament des jeunes et de l’autonomisation des femmes. 

Il a déclaré que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine serait de la plus grande importance dans cette optique.  L’Italie, a-t-il dit, envisage les moyens de renforcer son engagement auprès de ses partenaires africains.  Il a ainsi annoncé la tenue de la Conférence ministérielle Italie-Afrique, le 18 mai prochain à Rome.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé que les pays de la région devraient jouer le rôle de chef de file dans la question des actes de piraterie et des vols à main armée dans le golfe de Guinée.  Toute stratégie devrait être globale et prendre en considération non seulement les questions sécuritaires mais aussi le renforcement des institutions et le développement durable de la région.  La communauté internationale devrait aider la région par des activités de coopération qui respectent l’appropriation nationale.  « C’est ce qu’a fait le Brésil », a indiqué son représentant, qui a rappelé que son pays avait signé des accords de coopération militaire avec neuf pays de la côte ouest de l’Afrique.  Des nouvelles missions ont été récemment ouvertes à Cabo Verde et à Sao Tomé-et-Principe. 

La coopération brésilienne se focalise sur le renforcement de capacité, la formation, la doctrine militaire et les exercices maritimes.  Toute initiative dans le golfe de Guinée doit être en harmonie avec les objectifs de la Zone de paix et de coopération du Pacifique Sud (ZOPACAS) qui est composée de 24 pays, y compris tous les pays de la côte ouest de l’Afrique, du Cabo Verde et Sénégal, dans le nord, en Afrique du Sud, ainsi que trois pays sud-américains, le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay.  Les membres de la ZOPACAS se sont mis d’accord pour consolider la région en tant que zone de paix et de coopération pour assurer qu’elle reste une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive ainsi que le respect de l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique de ces pays. 

Le représentant a rappelé que depuis 1986, l’Assemblée générale avait adopté 22 résolutions sur la ZOPACAS.  Considérant que la question des actes de piraterie et de vols à main armée dans le golfe de Guinée est une question de coopération entre les États, le représentant a estimé que l’Assemblée générale était l’instance appropriée pour cette discussion. 

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) s’est inquiétée de l’augmentation de la piraterie dans le golfe de Guinée, notant que cette situation est porteuse d’instabilité à un moment où l’Afrique de l’Ouest doit faire face aux défis posés par les trafics illicites et à la proximité de la menace terroriste dans le Sahel.  Elle a remarqué l’importance de la lutte contre l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée en termes de sécurité mais aussi parce que c’est le lieu d’une intense activité économique et commerciale.

L’appropriation de cet enjeu par les États côtiers est donc essentielle, a-t-elle estimé en plaidant en faveur de la mise en place de structures de coopération régionale.  Elle a salué, à cet égard, la décision de créer un « centre interrégional de coordination pour la sécurité maritime dans le golfe de Guinée », avant d’assurer de l’aide de son pays dans cette lutte contre la criminalité maritime.  La Belgique est ainsi membre du « Groupe du G-7 des amis du golfe de Guinée » qui vise à coordonner les initiatives de renforcement des capacités maritimes des divers partenaires internationaux.

En outre, la représentante a mentionné la part active prise par la Belgique dans l’élaboration de la stratégie de l’Union européenne pour le golfe de Guinée et du Plan d’action 2015-2020 qui s’y rapporte, ainsi qu’au renforcement des capacités maritimes nationales, militaires et civiles de plusieurs pays côtiers du golfe de Guinée par le biais d’activités de formation.  Dans le cadre de l’initiative internationale « Africa Partnership Station », la Belgique met à disposition des navires de sa flotte, afin de développer l’expertise des militaires, garde-côtes et marins des nations côtières africaines.

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a rappelé que le processus de Yaoundé, créé en 2013, soulignait la nécessité d’agir conjointement contre la piraterie.  Il a prévenu que, sans appropriation locale et régionale forte, on ne pourrait pas régler ce problème.  Cela exige un soutien régional, politique et financier, ainsi qu’en termes de ressources humaines, a-t-il dit, avant de mentionner la contribution de son pays de plus d’un million d’euros dans ce cadre.  Il a précisé aider en fournissant un équipement de communication conçu pour améliorer les opérations de surveillance dans le golfe entre le Sénégal et l’Angola.

Le représentant a également conseillé d’élargir le champ des partenariats en impliquant le secteur privé dans la sécurité du golfe de Guinée.  Il a rappelé que le secteur réclame plus de transparence et de pragmatisme dans la coopération entre toutes les parties prenantes au processus de Yaoundé.  Enfin, étant donné le caractère plus que jamais mondial de la sécurité en mer, il a rappelé que l’an dernier, les ministres des affaires étrangères du G7, sous les auspices de la présidence allemande, avaient adopté la « Déclaration de Lübeck » pour faire de cette sécurité une priorité.  Ce texte appelle à une approche transsectorielle, coopérative et basée sur des règles pour garantir la sécurité maritime.  Elle souligne également l’importance des cadres juridiques comme la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré que la sécurité des zones maritimes pour assurer la pêche et le passage des navires était importante pour le développement économique et humain des pays du golfe de Guinée.  Le domaine maritime est un facteur de prospérité et de développement durable.  La menace croissante de la piraterie et des attaques armées dans le golfe de Guinée est ainsi une menace contre les États riverains de la région et leur développement.  Au-delà de la menace directe contre le transport maritime, la nature transfrontalière et interconnectée de cette menace est aussi inquiétante et constitue un danger potentiel pour les autorités et la stabilité de certains États de la région.

L’Union européenne et ses États membres sont engagés à poursuivre leur aide aux pays du golfe de Guinée pour la réussite du Code de conduite de Yaoundé.  Ils sont également actifs dans la mise en œuvre de projets nationaux et régionaux.  Avant la fin de cette année, des projets supplémentaires qui appuieront ce Code de conduite, seront élaborés conformément à la Stratégie maritime intégrée de 2050 de l’Union africaine.  En outre, le Sommet de l’Union africaine sur la sécurité maritime et le développement en Afrique qui aura lieu à Lomé le 15 octobre prochain, donnera une occasion de maintenir la dynamique et la sensibilisation en ce qui concerne le golfe de Guinée.  L’Union européenne appuie le Gouvernement togolais et l’Union africaine à obtenir des résultats concrets à la fin du Sommet.

M. WOUTER ZAAYMAN (Afrique du Sud) a estimé que la stratégie africaine commune de sécurité maritime - horizon 2050 était un instrument important pour répondre aux défis qui se posent dans le golfe de guinée.  Mais il a rappelé la décision prise par l’Assemblée de l’Union africaine en janvier 2014, par laquelle elle a souligné le besoin de partenariats afin de mettre en œuvre la Stratégie.  « Les récentes expériences dans le golfe d’Aden démontrent les conséquences sur les plans sécuritaire et économique pour la communauté internationale si les défis de la piraterie, y compris ses causes profondes, ne sont pas relevés de façon collaborative et déterminée », a prévenu le représentant.  

Son pays, a-t-il ajouté, est convaincu qu’il est temps pour le Conseil de sécurité d’adresser un signal fort et sans équivoques aux consommateurs de biens issus de la piraterie.  À cet égard, a assuré la délégation, il faudrait explorer le lien entre l’économie illicite alimentée par la piraterie et les « acteurs d’envergure mondiale », notamment dans le domaine des hydrocarbures.

M. PAUL ALEX MENKVELD (Pays-Bas) s’est inquiété de l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée et des attaques violentes qui ont eu lieu depuis le début de l’année.  Les activités maritimes illégales dans le golfe de Guinée ne sont pas seulement le problème des États de l’Afrique de l’Ouest.  « C’est notre problème également », a-t-il insisté, dans la mesure où ces activités nuisent au commerce régional et au développement économique.  Elles entravent le commerce entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest et la prospérité au sens large.  C’est la raison pour laquelle il a recommandé une réponse globale au problème.

Le représentant a salué le Code de conduite de Yaoundé et souhaité la prompte mise en service complète du Centre interrégional de coordination, créé en 2014.  Pour leur part, les Pays-Bas appuient activement le Plan d’action de l’Union européenne relatif au golfe de Guinée. 

Ensuite, M. Menkveld a souligné l’importance d’adopter une approche intégrée qui tienne compte du développement inclusif des communautés côtières, notamment pour empêcher qu’elles ne recourent à la criminalité maritime.  Les Pays-Bas entreprennent des activités de formation pour renforcer les capacités maritimes des pays, en mettant notamment l’accent sur la prévention du trafic des stupéfiants et de la traite des personnes.   

Mme EKATERINI FOUNTOULAKI (Grèce) a fait remarquer l’importance de la sécurité de la navigation en mer pour un pays maritime comme le sien.  La Grèce, a-t-elle ajouté, a contribué à l’adoption de la Stratégie européenne de sécurité maritime.  Elle a aussi indiqué soutenir pleinement les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la piraterie dans le golfe de Guinée, ainsi que celles de l’Organisation maritime internationale (OMI) et le Plan d’action 2015-2020 de l’Union européenne sur la question.

La représentante s’est inquiétée des menaces qui pèsent à cause de ce problème sur la sécurité des gens de mer.  Elle a invité à une coopération étroite de la communauté internationale avec les États de pavillon et les organisations régionales, pour assurer que les pirates et les auteurs de vols à main armée soient traduits en justice.  Elle a également demandé de renforcer les efforts de prévention. 

La communauté internationale, a-t-elle ajouté, doit soutenir les pays de la région à élaborer leur propre stratégie maritime de lutte contre la piraterie.  Elle a parlé de l’expertise que fournit à cet égard le Centre de formation opérationnelle d’interdiction maritime de l’OTAN à Crète (Grèce), qui a formé 364 officiers et experts de 30 États Membres, dont 16 officiers de 9 pays de l’Afrique de l’Ouest.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a déploré le fait que les pirates du golfe de Guinée soient de plus en plus enclins à des actes de violence, incluant des enlèvements, la torture ou encore l’assassinat des membres d’équipage des navires.  Il a déploré que ces actes de piraterie aient conduit à la baisse des activités des ports de la région, alors même que la pauvreté est un défi majeur en Afrique de l’Ouest. 

Il a rappelé que le Kazakhstan avait signé un accord avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en vue d’apporter une assistance technique à 45 pays africains, dont ceux de l’Afrique de l’Ouest.  Il dit que certaines des mesures comprises dans cet accord allaient permettre de lutter contre la piraterie et les vols en haute mer dans le golfe du Guinée.  Il a estimé que la situation du golfe de Guinée nécessitait d’aller au-delà de l’approche classique de coopération Nord-Sud pour également tenir compte de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a déclaré que le défi auquel fait face le golfe de Guinée est celui de la mise en place d’un cadre permettant la mutualisation des moyens techniques et humains des États de la sous-région, l’adoption de dispositions règlementaires adéquates et de mécanismes de financement prévisible et récurrents.  Selon lui, il est temps que le golfe de Guinée jouisse d’une mobilisation internationale aussi efficace et engagée que celle du golfe d’Aden.  « Pour gagner la bataille contre la piraterie, la communauté internationale se doit de répondre positivement à l’appel lancé par les États de la région à l’aide internationale », a poursuivi le représentant. 

Observant que l’absence de coopération se fait toujours sentir, le représentant a indiqué que les États de la sous-région devraient trouver des alternatives pour financer durablement le fonctionnement de leurs structures maritimes, y compris les centres de coordination régionaux qui pâtissent du manque de moyens logistiques et humains.  Il serait de plus, selon la délégation, utile que chaque État œuvre davantage à renforcer son dispositif législatif et à se doter des structures nationales de gestion et de coordination de sûreté et de sécurité maritimes. 

La délégation a enfin rappelé l’initiative lancée par le Maroc, en mai 2009, de créer la Conférence ministérielle des États africains riverains de l’Atlantique, qui se veut un espace de concertation intra-africain, « ouvert aux interventions des différents pays dans les domaines de la coopération au développement, de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits ». 

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a déclaré que l’enlèvement de membres d’équipage d’un navire turc, et la tentative des pirates de monter à bord d’un autre navire battant pavillon turc montraient que ce fléau n’épargnait aucun pays.  Au vu de cette situation, il a estimé que la communauté internationale devait démontrer la cohésion et la solidarité nécessaires pour éliminer ce fléau.  Il a souligné que de telles actions devaient se faire en complément et avec le soutien d’initiatives régionales, notamment le Sommet de Yaoundé de 2013, la réunion extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale sur la question, ainsi que celle de la Commission du golfe de Guinée qui s’est tenue en février dernier à Yaoundé.

Le représentant a en outre relevé que la lutte contre la piraterie était inefficace dans le golfe de Guinée du fait de la faible coopération et de coordination entre les organismes maritimes.  Il a également dit que l’absence d’accord sur le droit de poursuite entre pays de la région était un obstacle à la lutte pour éradiquer ce fléau.  Il a invité ces pays à adapter leur législation nationale afin de poursuivre les pirates en justice. 

Il a appelé au renforcement des capacités des pays du golfe de Guinée, plaidant également pour la mise en place d’un fonds d’affectation spéciale au sein de l’ONU, afin de recevoir les contributions volontaires d’États Membres et d’entreprises privées dont les activités souffrent de ce fléau.

Faisant porter son intervention sur le partage des expériences nationales et des pratiques optimales, M. MENELAOS MENELAOU (Chypre) a rappelé que les efforts de son pays contre la piraterie et les vols à main armée en mer étaient règlementés par une loi spécifique qui inclut l’Afrique de l’Ouest et le golfe de Guinée parmi les zones à haut risque.  Cette loi donne au ministre compétent l’autorité pour interdire le passage de navires à travers les zones à risques. 

De plus, si un navire se trouve dans une zone dangereuse, le capitaine d’équipage et son opérateur sont dans l’obligation de mettre en œuvre des mesures additionnelles et d’user de tous les moyens pour garantir la sécurité du bateau et de son personnel.  Toutefois, a affirmé le représentant, les mesures d’autoprotection appliquées à bord des navires et de leurs équipages en danger seront sans effet si elles ne sont pas combinées avec des mesures préventives aux niveaux régional et international.

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a déclaré qu’il était urgent d’assister les pays du golfe de Guinée afin qu’ils mettent en œuvre leur stratégie commune de sécurité maritime.  Il a aussi noté qu’il était important pour les pays de la région de pouvoir s’attaquer aux activités des pirates sur terre.  Il a ensuite relevé que la stratégie maritime intégrée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui s’inscrit en droite ligne des résolutions 2018 (2011) et 2039 (2012), constituait un cadre politique maritime global pour l’action et la coopération au sein de la sous-région. 

Le représentant a affirmé que l’une des étapes de la mise en œuvre de cette stratégie maritime fut l’inauguration, en mars 2015, du Centre multinational de coordination maritime pour la zone pilote E, incluant le Nigéria, le Niger, le Togo et le Bénin.  Il a estimé que la lutte contre la piraterie nécessitait des fonds pour assurer la surveillance des mers. 

Sur le plan national, il a affirmé que l’administration pour la sécurité maritime du Nigéria et la marine nigériane avaient renforcé leur collaboration, ce qui a conduit à la baisse des attaques autour du port de Lagos.  Il a assuré que son pays était disposé à renforcer sa collaboration avec les partenaires internationaux, notamment en matière d’échange d’informations et de savoir-faire.

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il tient de la Charte des Nations Unies la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et estime que la responsabilité première de l’éradication de la piraterie et des vols à main armée commis en mer incombe aux États.

Le Conseil réaffirme à cet égard que c’est aux États de la région qu’il incombe au premier chef de lutter contre la menace que constituent les actes de piraterie et vols à main armée commis dans le golfe de Guinée et de s’attaquer à leurs causes sous-jacentes, en étroite coopération avec les organisations de la région, ainsi que leurs partenaires.

Le Conseil réaffirme son attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale des États concernés.

Le Conseil demeure profondément préoccupé par la menace que les actes de piraterie et les vols à main armée commis dans le golfe de Guinée font peser sur la navigation internationale, la sécurité et le développement économique des États de la région, la sécurité et le bien-être des gens de mer et d’autres personnes, ainsi que la sécurité des routes maritimes commerciales.

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par le nombre et la violence des actes de piraterie et vols à main armée qui auraient été perpétrés en mer dans le golfe de Guinée depuis 2014, et condamne énergiquement les assassinats, enlèvements, prises d’otages et vols que commettent les pirates qui sévissent dans le golfe de Guinée. Il demande aux États de la région de coopérer, selon qu’il convient, en vue d’engager des poursuites à l’encontre des pirates auteurs présumés de prises d’otages et demande à tous les États de la région et à toutes les parties prenantes concernées de redoubler d’efforts pour obtenir que tous les gens de mer otages dans le golfe de Guinée ou aux alentours soient libérés immédiatement sains et saufs.

Le Conseil prend note du lien qui existe entre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer et la criminalité transnationale organisée dans le golfe de Guinée et se déclare préoccupé par le fait que les pirates en tirent profit.

Le Conseil souligne qu’il importe d’établir s’il existe des liens entre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer et les groupes terroristes d’Afrique de l’Ouest et de la région du Sahel, et prie instamment les États Membres et les organisations internationales compétentes d’aider les États de la région et les organisations régionales et sous-régionales à veiller à ce que les mesures nécessaires soient prises pour empêcher que les produits d’actes de piraterie et de vols à main armée commis en mer contribuent au financement du terrorisme.

Le Conseil prend note avec préoccupation du préjudice que subit actuellement le développement économique et de la destruction d’infrastructures essentielles, et souhaite vivement qu’un soutien soit apporté aux mesures multilatérales visant à mettre sur pied un cadre multilatéral aux fins du règlement des problèmes que sont les vols de pétrole brut et les actes de piraterie et vols à main armée commis en mer.

Le Conseil insiste sur le fait qu’il importe d’appliquer une approche globale dirigée par les États de la région pour lutter contre la menace que représentent les actes de piraterie et vols à main armée commis dans le golfe de Guinée, ainsi que les activités criminelles connexes, s’attaquer à leurs causes profondes et renforcer tant les systèmes de justice que la coopération judiciaire dans la région. Il salue les efforts déployés par les pays de la région pour adopter, dans le respect du cadre établi par le droit international, des mesures destinées à lutter contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer et à combattre la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de stupéfiants, ainsi que d’autres mesures propres à améliorer la sûreté et la sécurité maritimes.

Le Conseil souligne que la paix et la stabilité régionales, le renforcement des institutions de l’État, le développement économique et social et le respect des droits de l’homme et de l’état de droit sont nécessaires pour créer les conditions qui permettront de faire cesser durablement les actes de piraterie et vols à main armée dans le golfe de Guinée.

Le Conseil souligne qu’il est essentiel de coordonner l’action menée au niveau régional pour lutter contre la menace que représentent les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer, et constate qu’il faut mobiliser l’aide internationale à l’appui des efforts déployés à l’échelle nationale et régionale pour aider les États Membres à prendre des mesures pour faire face à cette menace. Il engage les organisations régionales, y compris la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Commission du golfe de Guinée et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, à renforcer la coopération sous-régionale, régionale et internationale en ce qui concerne la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée.

Le Conseil se félicite de la tenue du Sommet des chefs d’État et de gouvernement des États de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée, qui a eu lieu à Yaoundé (Cameroun) les 24 et 25 juin 2013, ainsi que des suites données à cette manifestations et de l’adoption, à cette occasion, du Code de conduite relatif à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre, et du Mémorandum d’entente entre la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et la Commission du golfe de Guinée sur la sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest, qui favorise la mise en œuvre du Code de conduite dans la perspective de faciliter l’adoption d’un accord multilatéral visant à mettre un terme aux activités illégales menées au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.

Le Conseil se félicite également de la création, au Cameroun en 2014, du Centre interrégional de coordination, qui concrétise la stratégie régionale de sûreté et de sécurité et établit un cadre de collaboration entre les institutions régionales et les mécanismes de coopération, à savoir la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Commission du golfe de Guinée et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, et accueille avec satisfaction la création du Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale, à Pointe-Noire (République du Congo), et du Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest, à Abidjan (Côte d’Ivoire), qui coordonneront les activités menées par les centres multinationaux de coordination en vue d’exécuter la mission du Centre interrégional de coordination dans différentes zones, l’objectif étant de mettre en place un mécanisme régional de coordination de la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée dans tout le golfe de Guinée. Il engage les États de la région à préciser le mandat de ces entités et les relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres afin de renforcer la coordination et la coopération.

Le Conseil engage, à cet égard, les États de la région, les organisations régionales et les partenaires internationaux à faire fonctionner à plein tous les mécanismes régionaux de lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer, à savoir le Centre interrégional de coordination, le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale, le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et les Centres multinationaux de coordination dès que possible, et demande instamment aux partenaires bilatéraux et multilatéraux de continuer d’aider les États du golfe de Guinée pour ce qui est des fonds, des compétences, de la formation et de l’équipement.

Le Conseil se félicite également de la tenue de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre interrégional de coordination, organisée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la Commission du golfe de Guinée, du 8 au 12 février à Yaoundé (Cameroun), à l’issue de laquelle les textes relatifs au Centre ont été adoptés en vue, espère-t-on, de sa mise en service complète d’ici à juillet 2016. Le Conseil note que des ressources logistiques et financières sont nécessaires pour mettre en œuvre les projets et programmes du Centre interrégional de coordination et, à cet égard, il se félicite de l’intention exprimée lors de la réunion d’organiser une conférence des donateurs à Yaoundé. Le Conseil encourage les organisations régionales et la communauté internationale à soutenir le Centre.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à élaborer un cadre régional de prévention et de répression des actes de piraterie et des vols à main armée commis en mer; demande à nouveau à tous les États de la région d’ériger les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer en infractions pénales dans leur droit interne, et de poursuivre les auteurs de telles infractions en respectant le droit international applicable, en particulier le droit international des droits de l’homme. Le Conseil réaffirme qu’il est urgent d’ouvrir des enquêtes et d’engager des poursuites, dans le respect du droit international, notamment le droit international des droits de l’homme, contre quiconque encourage ou facilite intentionnellement ces infractions, y compris les responsables de réseaux criminels engagés dans des actes de piraterie et des vols à main armée en mer qui planifient, organisent, facilitent ou financent de tels actes ou en tirent profit.

Le Conseil exhorte les États et les organisations internationales, ainsi que le secteur privé, à échanger selon qu’il convient des informations liées à la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis dans le golfe de Guinée et à renforcer la coordination des échanges de renseignements régionaux.

Le Conseil encourage les partenaires bilatéraux et multilatéraux qui sont en mesure de le faire à fournir aux États et organisations régionales du golfe de Guinée qui en font la demande un appui en matière de personnel, de fonds, de technologie, de formation et de matériel afin de les aider à renforcer leurs moyens de combattre ensemble les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer dans la région, à savoir des patrouilles régionales communes, des activités répressives menées conjointement en mer, des exercices communs de lutte contre la piraterie, des opérations de surveillance aérienne et d’autres opérations conformes au droit international. À cet égard, le Conseil engage les États de la région et les organisations régionales à renforcer le dialogue et la coopération avec les partenaires internationaux, si on le leur demande et qu’ils sont en mesure de le faire, et à élaborer et mettre en œuvre leurs plans d’action sur la lutte contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à continuer de renforcer leurs capacités pour protéger les eaux de la région contre les actes de piraterie et les vols à main armée et demande instamment aux États Membres, si les États de la région le leur demandent et qu’ils sont à même de le faire, d’aider ces derniers à améliorer la construction et la gestion des infrastructures maritimes, telles que les ports du littoral, les installations d’approvisionnement et de réparation, et les dépôts de carburant, ainsi que les compétences du personnel, afin de renforcer leur capacité de mener des opérations maritimes conjointes contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil de sécurité exprime sa gratitude au Secrétaire général pour le solide appui qu’il a offert aux activités menées par les États de la région pour lutter contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer par l’intermédiaire du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel; engage à cet égard les deux bureaux à continuer d’aider les États et les organisations sous-régionales, conformément à leurs mandats respectifs.

Le Conseil remercie le Fonds d’affectation spéciale pour la sûreté maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre, créé par l’Organisation maritime internationale, de ses efforts à l’appui du renforcement des capacités en matière de sécurité maritime en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale et, à cet égard, invite les États Membres à verser des contributions financières au Fonds et à aider les États de la région, aux côtés de l’Organisation maritime internationale et à sa demande, à développer leurs capacités nationales et régionales de manière à améliorer la gouvernance maritime dans les eaux relevant de leur juridiction et à prévenir, dans le respect du droit international, les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil se félicite de l’initiative prise par l’Union africaine d’organiser un Sommet extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, à Lomé, au Togo, le 15 octobre 2016, en vue notamment d’adopter un texte sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement économique et social en Afrique, et invite la communauté internationale et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à y participer activement et à l’appuyer.

Le Conseil prie le Secrétaire général de soutenir les efforts de mobilisation de ressources à l’appui du renforcement des capacités nationales et régionales en étroite concertation avec les États et les organisations régionales et sous-régionales, et de continuer de le tenir régulièrement informé, par l’intermédiaire du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel et du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, de la situation dans le golfe de Guinée en ce qui concerne les actes de piraterie et les vols à main armée, notamment de l’application des mesures mentionnées dans la présente déclaration de son président, en particulier les progrès accomplis dans la mise en service des mécanismes régionaux, la sécurité maritime à long terme, la gouvernance maritime, la coordination en matière de droit maritime, ainsi que la coopération régionale et internationale aux fins de la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: le Conseil de sécurité demande à toutes les parties d’établir une feuille de route pour l’application des mesures se sécurité provisoires

7676e séance – matin 
CS/12337

Yémen: le Conseil de sécurité demande à toutes les parties d’établir une feuille de route pour l’application des mesures se sécurité provisoires

Il prie le Secrétaire général de lui présenter sous un mois le plan du Bureau de son Envoyé spécial pour appuyer la prochaine phase d’action

Au moment où se déroulent, au Koweït, les pourparlers de paix entre les parties au conflit au Yémen, le Conseil de sécurité a adopté cet après-midi une déclaration présidentielle* par laquelle il demande à toutes les parties yéménites d’établir une feuille de route concernant l’application de mesures de sécurité provisoires, les retraits, la remise des armes lourdes, le rétablissement des institutions publiques et la reprise du dialogue politique.

« Les parties devraient s’engager à faire en sorte que les mécanismes de sécurité, y compris les comités de sécurité mis en place, facilitent et supervisent le retrait négocié des milices et des groupes armés et veillent à la remise sans heurt à l’État des armes lourdes et de moyen calibre », note le Conseil.

En ce qui concerne le Secrétaire général, il devra présenter au Conseil, dans un délai de 30 jours, un plan exposant la façon dont le Bureau de son Envoyé spécial pourrait appuyer la prochaine phase de son action auprès des parties.

Dans cette déclaration adoptée à l’unanimité, le Conseil se félicite de la cessation des hostilités entamée le 10 avril 2016 à minuit dans tout le pays, ainsi que de l’ouverture, le 21 avril au Koweït, de pourparlers de paix entre les parties yéménites, sous les auspices et la direction de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed.

* S/PRST/2016/5

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions 2014 (2011), 2051 (2012), 2140 (2014), 2201 (2015), 2204 (2015), 2216 (2015) et 2266 (2016) et les déclarations de son président des 15 février 2013, 29 août 2014 et 22 mars 2015.

Le Conseil rappelle que l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et son mécanisme de mise en œuvre, les textes issus de la Conférence de dialogue national sans exclusive et les résolutions du Conseil de sécurité applicables constituent le fondement de négociations inclusives en vue d’un règlement politique de la crise au Yémen.

Le Conseil se félicite de la cessation des hostilités entamée le 10 avril 2016 à minuit dans tout le pays, ainsi que de l’ouverture, le 21 avril au Koweït, de pourparlers de paix entre les parties yéménites, sous les auspices et la direction de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed.  Il exhorte les parties à respecter pleinement la cessation des hostilités et à faire preuve de retenue face à toutes les informations faisant état de violations.  Il se félicite de la création d’un comité de coordination et de désescalade au Koweït, chargé de faire respecter la cessation des hostilités dans tout le pays, et demande aux parties de collaborer avec lui en cas d’informations faisant état de violations de la cessation des hostilités.  En outre, il demande de nouveau à toutes les parties d’entamer des pourparlers de paix de manière souple et constructive, sans condition préalable et de bonne foi.

Le Conseil note par ailleurs qu’il importe de s’entendre sur un ensemble de principes, de mécanismes et de procédures en vue de parvenir à un accord global qui permettra de mettre fin définitivement au conflit.

Le Conseil demande aussi à toutes les parties yéménites d’établir une feuille de route concernant l’application de mesures de sécurité provisoires, en particulier au niveau local, les retraits, la remise des armes lourdes, le rétablissement des institutions publiques et la reprise du dialogue politique, dans le droit fil de ses décisions applicables, de l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et de son mécanisme de mise en œuvre et des textes issus de la Conférence de dialogue national sans exclusive.

Le Conseil note que, conformément à sa résolution 2216 (2015) et aux textes issus de la Conférence de dialogue national sans exclusive, les parties devraient s’engager à faire en sorte que les mécanismes de sécurité, y compris les comités de sécurité mis en place, facilitent et supervisent le retrait négocié des milices et des groupes armés et veillent à la remise sans heurt à l’État des armes lourdes et de moyen calibre.

Le Conseil rappelle qu’il importe que les femmes et la société civile participent pleinement au processus de paix (y compris en ce qui concerne les arrangements de sécurité), conformément aux textes issus de la Conférence de dialogue national.

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par l’intensification des attaques terroristes, notamment par Al-Qaida dans la péninsule arabique et l’État islamique d’Iraq et du Levant (également connu sous le nom de Daech) et encourage toutes les parties yéménites à parer à tout vide sécuritaire qui pourrait être

exploité par des terroristes ou d’autres groupes violents.  Il insiste sur le fait qu’une solution politique s’impose pour contrer de manière durable et globale la menace terroriste au Yémen.

Le Conseil souligne qu’il importe de rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble des institutions publiques, et notamment d’en faire respecter les structures hiérarchiques légalement établies, de lever tous les obstacles et entraves à leur bon fonctionnement et de faire en sorte d’ouvrir les institutions politiques.

Le Conseil réaffirme que la reprise de la transition politique pacifique du Yémen vers un État gouverné démocratiquement, conformément à l’initiative du Conseil de coopération du Golfe, devrait se faire dans le cadre d’une nouvelle constitution et de la tenue d’élections parlementaires et présidentielle, et qu’elle devrait être menée d’une manière inclusive associant pleinement les diverses communautés de toutes les régions du Yémen, notamment les jeunes et les femmes, la participation de ces dernières devant être générale et effective.

Le Conseil prend note des conséquences humanitaires dévastatrices du conflit pour le peuple yéménite et souligne qu’en l’absence de solution politique, la situation humanitaire va se détériorer.  Il demande à toutes les parties de respecter le droit international humanitaire, notamment de prendre toutes les précautions possibles pour réduire au minimum les dommages causés aux civils et aux biens de caractère civil afin d’épargner de nouvelles souffrances aux habitants du Yémen.  Il souligne qu’il est nécessaire d’assurer la sécurité des agents humanitaires et du personnel des Nations Unies.  Il demande à toutes les parties de respecter et de protéger les installations sanitaires et le personnel médical.  Il leur demande également de prendre par anticipation des mesures de protection des civils et des biens de caractère civil, afin d’épargner de nouvelles souffrances au peuple yéménite.  Il engage les parties à laisser les fournitures humanitaires parvenir sans entrave, de façon sûre et rapide, à toutes les provinces touchées, et à faciliter l’accès au pays et la distribution sur le territoire des denrées alimentaires, du carburant et des fournitures médicales d’importation essentiels.  À cet égard, il demande à tous les États de respecter le mandat et les procédures du mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, basé à Djibouti, et de faciliter la mise en œuvre intégrale de son mandat sans plus tarder.

Le Conseil rappelle sa résolution 2266 (2016), dans laquelle il a exprimé son appui et son attachement à l’action menée par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, en vue de contribuer au processus de transition yéménite.

Le Conseil prie le Secrétaire général de lui présenter, dans un délai de 30 jours, un plan exposant la façon dont le Bureau de l’Envoyé spécial pourrait appuyer la prochaine phase de son action auprès des parties, en particulier en ce qui concerne les éléments énoncés au paragraphe 5 ci-dessus.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Yémen.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.